1
nous guérit des fausses peurs Au dessert nous
étions
d’accord : ce qui manque le plus aux démocraties en général, et à l’A
2
rte de l’ascenseur s’ouvrait, nous entrâmes. — Ce
serait
enfin une situation tragique nouvelle : se faire diable soi-même pour
3
iquait à son auditoire de paysans que les martyrs
sont
nos meilleurs intercesseurs auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse a
4
auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse alpestre
sont
des gens simples et réalistes. Ils crurent l’apôtre. Ils le crurent s
5
ut de ces paraboles pour nous rappeler combien il
est
dangereux de dire la vérité en général, et la vérité chrétienne en pa
6
Dangereux pour celui qui la dit ! Si nous voulons
être
chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-n
7
elui qui la dit ! Si nous voulons être chrétiens,
soit
, mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-neuf siècles que
8
la se paye. Il y a dix-neuf siècles que ce Prix a
été
fixé… On était arrivé au fumoir. Et tout le monde se remit à parler d
9
l y a dix-neuf siècles que ce Prix a été fixé… On
était
arrivé au fumoir. Et tout le monde se remit à parler des nouvelles du
10
e ? J’y songeais depuis quelques instants. ⁂ Ce n’
est
pas sans quelque inquiétude que j’ai senti ce livre se proposer à moi
11
isi l’autre ? Parler du diable, écrire sur lui, n’
était
-ce pas une manière impudente de le provoquer publiquement ? Je songea
12
it. » Mais on n’écrit jamais impunément, quel que
soit
le sujet en cause. Il est vrai que pour certains auteurs, l’acte d’éc
13
s impunément, quel que soit le sujet en cause. Il
est
vrai que pour certains auteurs, l’acte d’écrire résulte simplement d’
14
ossent toujours un certain risque. Nulle vérité n’
est
bonne à dire, dans ce sens que chaque vérité comporte une part d’accu
15
ait impossible »… L’eau, remarquait un humoriste,
est
ce liquide si impur qu’une seule goutte en suffit pour troubler une a
16
ndant, publier pose un autre problème. L’époque n’
est
-elle pas assez consternante et consternée, les esprits pas assez égar
17
Montrer la réalité du diable dans ce monde, ce n’
est
pas augmenter la peur, c’est lui donner son véritable Objet. C’est fa
18
ralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’
est
jamais plus en danger que dans les moments où l’on se trompe sur la v
19
e. Identifier l’Ennemi, mesurer sa puissance, tel
est
le sujet de ce petit ouvrage. Toutefois, qu’on ne s’attende pas à un
20
e s’attende pas à un portrait du diable : il faut
tenir
tous ses portraits pour autant de victoires qu’il remporte sur notre
21
r notre complaisance ou nos crédulités. Le diable
est
l’anti-modèle absolu, son essence étant précisément le déguisement, l
22
. Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence
étant
précisément le déguisement, l’usurpation des apparences, le bluff ého
23
le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se
sont
occupés du diable, au cours des siècles, me paraissent d’accord sur c
24
a délicatesse, à la grandeur, à l’âme, — le Malin
est
un homme à trucs. C’est l’agent double, triple, centuple, l’agent mul
25
notre temps, en les rapportant à l’action du seul
être
qui s’en réjouisse.
26
moderne sur Satan : La plus belle ruse du diable
est
de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’Incognito Reconnaiss
27
onsacrer tout un livre. Le premier tour du diable
est
son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis ». Mais le diable
28
our du diable est son incognito. Dieu dit : « Je
suis
celui qui suis ». Mais le diable, qui a la manie de vouloir imiter la
29
st son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui
suis
». Mais le diable, qui a la manie de vouloir imiter la vérité en la r
30
e diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne
suis
personne. De quoi aurais-tu peur ? Vas-tu trembler devant l’inexistan
31
mes et de souffre avec ses faux prophètes, pour y
être
tourmenté nuit et jour, au siècle des siècles. La Bible, notez-le, pa
32
inaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il
est
impossible de douter un seul instant de la réalité objective du diabl
33
r. Luc 10.18. La Bible nous apprend que Lucifer
est
un ange tombé du ciel. Les anges sont des créatures spirituelles viva
34
que Lucifer est un ange tombé du ciel. Les anges
sont
des créatures spirituelles vivant et agissant sur les frontières de l
35
et de la Création, de l’éternité et du temps. Ce
sont
des intentions divines, des messagers, — comme le dit leur nom grec :
36
serviteurs à la fulgurante volée, dont la vitesse
est
celle de la pensée — c’est pourquoi ils nous sont invisibles ; des in
37
est celle de la pensée — c’est pourquoi ils nous
sont
invisibles ; des intelligences sans fraude, participant de l’omniscie
38
est pourquoi nous les comprenons mal. « Tout ange
est
terrible ! », dit Rilke. Mais tout ange est bon, servant Dieu. Au som
39
ange est terrible ! », dit Rilke. Mais tout ange
est
bon, servant Dieu. Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. U
40
t bon, servant Dieu. Au sommet de leur hiérarchie
sont
les archanges. Un seul archange a trahi sa mission, son message et so
41
l archange a trahi sa mission, son message et son
être
même, c’est Lucifer, le Porteur de Lumière. Satan s’est révolté, il a
42
me, c’est Lucifer, le Porteur de Lumière. Satan s’
est
révolté, il a refusé de servir, il a refusé de transmettre son messag
43
ières à lui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’
être
, il est « tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu
44
ui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’être, il
est
« tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne ab
45
is mêmes de l’être, il est « tombé » du Ciel, qui
est
le Royaume où l’intention de Dieu règne absolue. (Coupez la communica
46
oupez la communication, le courant « tombe ».) Il
est
devenu le messager de soi, et comme il n’est qu’un esprit pur, une fo
47
) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’
est
qu’un esprit pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il est dev
48
pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il
est
devenu le messager du Néant et de ses mystères. Mais quoique déchu, i
49
, mais qui a conservé son « métier » et l’envie d’
être
à l’avant-garde. Satan connaît encore l’Esprit et les esprits, mais n
50
mais non plus la fin et la gloire à laquelle ils
sont
destinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est deven
51
Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il
est
devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui ne sert
52
mbé de l’éternel, Satan veut l’infini. Tombé de l’
Être
, il veut l’Avoir. Mais le problème est insoluble à tout jamais. Car p
53
ombé de l’Être, il veut l’Avoir. Mais le problème
est
insoluble à tout jamais. Car pour avoir et posséder, il faudrait être
54
t jamais. Car pour avoir et posséder, il faudrait
être
, et il n’est plus. Tout ce qu’il s’annexe, il le détruit. (Le Néant n
55
pour avoir et posséder, il faudrait être, et il n’
est
plus. Tout ce qu’il s’annexe, il le détruit. (Le Néant néantit, dit H
56
ger.) Et certes, il pourra tout avoir — puisqu’il
est
appelé Prince de ce monde dans l’Évangile — mais il n’aura jamais que
57
e monde-ci. Il ne reconquerra jamais le Ciel, qui
est
proprement l’âme de ce monde et le mystère du transcendant dans l’imm
58
gster obsédé par le kidnapping. Ses victoires, il
est
vrai, seront toujours stériles. Car on ne devient pas père en volant
59
dé par le kidnapping. Ses victoires, il est vrai,
seront
toujours stériles. Car on ne devient pas père en volant un enfant. On
60
ndant, nous pouvons perdre toutes ces choses, qui
sont
notre héritage d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable
61
a manquera pas… 5. Le Tentateur Le serpent
était
le plus rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait
62
res du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui
est
au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez point et vous n’
63
us en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous
serez
comme des dieux, connaissant le bien et le mal1. Voyez : avant la te
64
l réellement dit ?… » Sitôt que cette incertitude
est
insinuée dans un esprit, la possibilité d’une tentation s’entrouvre.
65
. On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’
êtes
pas tenté d’aller dans la Lune, parce que vous savez que c’est absolu
66
savez que c’est absolument impossible. Mais vous
seriez
probablement tenté d’y aller, si l’on vous suggérait quelque moyen de
67
temps de la tentation : La femme vit que l’arbre
était
bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvri
68
était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il
était
précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et en ma
69
e prit de son fruit et en mangea.2 Voyez : ce n’
est
pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien qu’on imagin
70
ue l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne
fut
pas tentée par une chose mauvaise, mais par une fort belle et bonne p
71
able à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne
fut
pas tentée par le désir de nuire, mais par l’idée de se diviniser, ce
72
x yeux de Dieu c’était le mal… Ainsi la tentation
est
toujours utopie, — si l’utopie est l’imagination, puis le désir, d’un
73
i la tentation est toujours utopie, — si l’utopie
est
l’imagination, puis le désir, d’un bien que le réel condamne et que l
74
entier du Golgotha. À l’origine, le « méchant » n’
est
pas celui qui agit par méchanceté (à ses propres yeux tout au moins).
75
ité méprisée se vengera automatiquement. Le péché
est
une faute, mais faute signifie tout à la fois erreur et chute. C’est
76
t dans la certitude de faire le mal. Mais ici se
sont
déclenchés les mécanismes compliqués de la perversion, de l’autopunit
77
on, la suprême utopie. 6. L’Accusateur Il n’
est
peut-être au monde qu’une seule chose pire que de douter du bien et d
78
n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable
est
cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous f
79
prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il
est
le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoya
80
’on condamne sans pitié son prochain ou soi-même,
soyez
sûrs que c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon
81
s que c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui
tient
le pardon pour une simple faute de logique, la grâce pour une erreur
82
seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’
est
pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé, la
83
et mentir par ses actes. Le minéral repose où il
fut
composé, la plante pousse où se fixa la graine, les animaux muets son
84
te pousse où se fixa la graine, les animaux muets
sont
prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue et infaillible de l’
85
il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut
être
un agent responsable de la nature naturante, mais il peut aussi faire
86
de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en
est
à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire
87
la fois le signe et la condition nécessaire. Elle
est
notre gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans
88
e un mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme
est
libre. Par le langage il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pé
89
ar sa liberté seule il peut pécher. Et le péché n’
est
qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie. La liberté jouée s
90
sissant la proie, l’on perd l’ombre, mais l’ombre
était
la créativité, le foisonnement enthousiasmant, c’est-à-dire « endieus
91
u’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas
été
libre de manger cette pomme interdite, Ève n’aurait pu pécher, ni Ada
92
r, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de l’homme
étant
sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin devait at
93
. Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il
est
clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgue
94
ns nos défenses les plus secrètes. La parole nous
étant
donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre et confirmer par
95
endre et confirmer par la vertu du témoignage, il
est
clair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la
96
est clair que la grande ambition satanique devait
être
de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoigna
97
qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il
est
deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un cli
98
». Mais il est deux manières de mentir, comme il
est
deux manières de tromper un client. Si la balance marque 980 grammes,
99
a balance elle-même, c’est le critère du vrai qui
est
dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oubli
100
a mesure même de la vérité, toutes vos « vertus »
sont
au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable
101
, toutes vos « vertus » sont au service du mal et
sont
complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est Menteur, et le Père du
102
t sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable
est
Menteur, et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d
103
d’exister). Mais le texte original de ce passage
est
infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il
104
passage est infiniment plus étrange. « Le diable
est
menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par
105
ange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il
est
le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du
106
ntrons au mystère du mal. Le père de son mensonge
est
celui qui l’engendre, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d
107
tion du mensonge, car le mensonge, par essence, n’
est
pas ! C’est une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le son
108
tion bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable
est
le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni ma
109
le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne
sont
« ni bien ni mal », parce que l’acte dont elles naquirent supprime le
110
sir d’innocence utopique. Le mensonge ordinaire n’
était
que l’omission ou la contradiction d’une vérité, qui subsistait aille
111
s suivrons tout au travers du livre. Si le diable
est
Légion, cela signifie d’abord que tout en étant un, il peut revêtir a
112
ble est Légion, cela signifie d’abord que tout en
étant
un, il peut revêtir autant d’aspects divers qu’il y a d’individus de
113
nde. Mais cela peut signifier aussi que le diable
est
la masse anonyme. Et finalement, qu’étant tout le monde, ou n’importe
114
le diable est la masse anonyme. Et finalement, qu’
étant
tout le monde, ou n’importe qui, il va nous apparaître comme n’étant
115
, ou n’importe qui, il va nous apparaître comme n’
étant
Personne en particulier. Et ceci nous ramène au premier de ses tours,
116
Et ceci nous ramène au premier de ses tours, qui
était
de nous faire douter de son existence même. 9. Le sophisme L’An
117
. 9. Le sophisme L’Ange déchu nous dit : je
suis
ton ciel, il n’y a pas d’autre espérance. Le Prince de ce monde nous
118
vies, moins nous pouvons le reconnaître. Plus il
est
effectif, moins il paraît dangereux. Sa propre action le dissimule au
119
e. Il s’évanouit dans son succès, et son triomphe
est
son incognito. La preuve que le diable existe, agit et réussit, c’est
120
que nous n’y croyons plus. Mais à l’inverse, il n’
est
pas douteux que ce Dissimulé ne perde sa puissance à mesure qu’on le
121
yeux de la plupart d’entre nous. Car si le diable
est
simplement le démon rouge et cornu des mystères médiévaux, ou le faun
122
vre et à longue queue des légendes populaires, il
est
vraiment trop facile d’y croire : qui s’en donnerait encore la peine
123
emps avec ces balivernes d’un autre âge ? » Or ce
sont
eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par l’image traditionnelle et
124
mains peut-être… Ce qui me paraît incroyable ce n’
est
pas le diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et l
125
araît incroyable ce n’est pas le diable, et ce ne
sont
pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de ces « sceptiqu
126
e dont ils se montrent les victimes : « Le diable
est
un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire
127
ux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce
sont
ceux qui refusent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’en
128
iable à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui
est
tirée des contes de bonnes femmes. 11. Diable et péché Mais voi
129
qu’il n’a point d’existence personnelle, qu’il n’
est
en somme qu’une figuration mythologique du mal : ce serait un excelle
130
somme qu’une figuration mythologique du mal : ce
serait
un excellent calcul. Car il sait bien qu’il nous terroriserait s’il s
131
à leurs yeux), mentent sans le moindre scrupule,
sont
égoïstes avec passion, et n’ont en général aucune espèce de trouble d
132
eut du mal. Elles ne se doutent pas que le diable
est
sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par lui
133
i nous savions voir le diable dans le péché, nous
serions
beaucoup plus prudents, car le péché attire, mais le diable fait peur
134
ire, mais le diable fait peur. L’astuce du diable
est
donc de se rendre invisible dans nos tentations. Il s’arrange pour mo
135
e conte du Chaperon rouge. En vérité, le diable n’
est
pas dangereux là où il se montre et nous fait peur, mais là seulement
136
pas, c’est encore lui qui parle. Certes, le péché
étant
devenu notre seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même e
137
des péchés, qui n’ont rien de très mystérieux et
sont
exactement catalogués : lâchetés et mensonges, actes d’orgueil ou d’é
138
le pointue : c’est au moment précis où le péché n’
est
plus reconnu pour tel et veut se justifier. Dans les mécanismes hérit
139
le ou conditionnement social insuffisant… Nous ne
sommes
responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais malades… 1
140
ant… Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne
sommes
pas méchants, mais malades… 12. Le psychanalyste confondu La ps
141
dance générale — sans doute inconsciente ! — peut
être
définie comme une tentative de ramener le « péché » et le « Mal » à d
142
able dans les eaux troubles du subconscient. Ce n’
est
encore qu’une variante scientifique du sophisme de l’incognito. Point
143
royance au diable, ni donc de diable. Le démon ne
serait
qu’une image de névrose, quelque chose qui se soigne, se guérit, et s
144
par ses complexes. Or la chute de l’ange Lucifer
est
justement l’Accident absolu qui survint dans l’histoire du monde. J’a
145
re vraie, et que je trouve trop belle pour ne pas
être
vraie. Comme on demandait à C. G. Jung s’il croyait aux phénomènes oc
146
ttaquée par les oiseaux. Depuis des mois, elle en
était
réduite à ne sortir qu’en voiture fermée. Jugeant elle-même qu’il s’a
147
eux ou trois mois, l’état général de cette dame s’
était
notablement amélioré. Elle dormait mieux, l’appétit revenait, les mig
148
e d’un psychanalyste !) Enfin, par un beau jour d’
été
, la malade vint pour une dernière tentative. Il faisait une chaleur t
149
i 13. Où paraît la nécessité d’un alibi Il
est
étrange de constater que depuis la fin du Moyen Âge, depuis que Luthe
150
oujours. Or il faut que cela continue, mais je ne
tiens
pas à ce que l’on me reconnaisse. Délaissons donc cet insoutenable in
151
à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il
était
simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre. Ce fut son second to
152
mplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre. Ce
fut
son second tour. 15. Hitler est-il l’Antéchrist ? Je tiens l’ac
153
ne d’autre. Ce fut son second tour. 15. Hitler
est
-il l’Antéchrist ? Je tiens l’action d’Hitler pour plus réellement
154
d tour. 15. Hitler est-il l’Antéchrist ? Je
tiens
l’action d’Hitler pour plus réellement diabolique que ne l’imaginent
155
que que ne l’imaginent ceux qui croient qu’Hitler
est
le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist,
156
qu’Hitler est le diable en personne. Si le Führer
était
le diable ou l’Antéchrist, ce serait peut-être un peu trop simple. Il
157
Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce
serait
peut-être un peu trop simple. Il suffirait de le supprimer pour suppr
158
it de le supprimer pour supprimer tout le mal qui
est
dans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable était le Führer, i
159
ans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable
était
le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous fi
160
me pardonne, si le diable était le Führer, il ne
serait
qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le
161
pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler
est
le diable, nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autr
162
réelle stature de Satan. N’oublions pas que Satan
est
Légion ! Supprimer un dictateur ne suffirait nullement à débarrasser
163
ma mémoire ne le trahit pas : — « Cet homme qu’il
est
inutile de nommer, et dont la censure d’ailleurs m’a fait oublier le
164
censure d’ailleurs m’a fait oublier le nom, ce n’
est
certainement pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur notre sa
165
rist lui-même ! Mais l’homme auquel vous pensez n’
est
encore qu’un petit monsieur, un premier avant-coureur de l’Antéchrist
166
il mène contre les Églises et le monde chrétien n’
est
qu’un premier avertissement à nous armer pour le Combat final, pour l
167
ci bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’
être
pas le diable en personne, on peut être tout de même passablement dia
168
! Pour n’être pas le diable en personne, on peut
être
tout de même passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’a
169
ue. 16. Le diable en chemise brune Hitler n’
est
pas le grand ange déchu. Mais certains pensent pour l’avoir éprouvé e
170
par une espèce de frisson d’horreur sacrée, qu’il
est
le siège d’une « domination », d’un « trône » ou d’une « puissance »,
171
Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’
étais
au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu t
172
descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’
est
jamais trouvé, dans cent occasions analogues. Voilà le principal de c
173
u même délirer. On ne tire pas sur un homme qui n’
est
rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est l
174
On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui
est
tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 mil
175
t tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui
est
le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi,
176
n, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion
sont
réservés à d’autres catastrophes. Certes il y a des fous, des acciden
177
tège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il
soit
un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un f
178
ent de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il
soit
un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des h
179
À plus forte raison, notre jugement sur lui doit
être
indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathie ou des ha
180
rgie de cette nature, on sent très bien qu’elle n’
est
pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant
181
fester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’
est
que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que
182
qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là
serait
du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par c
183
ntends bien par cette puissance à travers lui — n’
était
pas une réalité qui provoque la stupeur du siècle. On demande s’il es
184
ui provoque la stupeur du siècle. On demande s’il
est
intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit tr
185
Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le
soit
très peu ou follement, si cela compte en lui le moins du monde, il ne
186
l ne vaut rien pour un destin pareil ? Un génie n’
est
ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a
187
de compte en banque, et à peine un état civil. Il
est
le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces for
188
l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà
sont
dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans r
189
ouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’
est
fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à toute réalité
190
ar un trône… On a ri. On a cessé de rire. Et ce n’
était
pourtant qu’un petit envoyé… 17. Le directeur d’inconscience L’
191
ccident depuis des millénaires ? C’est qu’Hitler
est
assez démoniaque pour avoir su réveiller nos démons, par une espèce d
192
slogans du diable : « Vous ne mourrez pas ! Vous
serez
comme des dieux ! » En combattant le traité de Versailles, « cette Go
193
ocence première. Enfin, en condamnant tout ce qui
est
universel ou du moins supranational, le christianisme, le judaïsme, l
194
nce somnambulique, dans lequel le moins courageux
sera
capable d’exécuter des actes étonnants d’énergie et de discipline méc
195
uide », le directeur de l’inconscience allemande,
est
en même temps conscient de ce qu’il fait, maître de sa technique, luc
196
érer. « Tous les grands mouvements de l’Histoire,
sont
des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles p
197
passions et de sensations spirituelles provoquées
soit
par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole j
198
ovoquées soit par la cruelle déesse de la Misère,
soit
par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête d
199
uit les plus grands changements dans le monde ont
été
trouvées non pas dans la connaissance scientifique, mais dans le fana
200
satanique, le terme d’État totalitaire. Un régime
est
totalitaire lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvo
201
ace, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle
est
intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut mêm
202
rigines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’
est
pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que «
203
te religion n’admet pas que « les choses vieilles
sont
passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion
204
is-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels
sont
tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, reli
205
tout, il ne gagne rien. Les religions de la terre
sont
religions de la mort. Vieille vérité théologique, que les malheurs du
206
découvert le sens de cette parole quand le Führer
est
entré dans Paris. Pour ma part, j’écrivis ce jour-là une page qui tro
207
ile sa face d’un nuage, et se tait, que son deuil
soit
le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints.
208
it le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous
sommes
tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en perdrai
209
sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris
est
détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’
210
it : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’
être
un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte
211
ai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’
est
pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme,
212
éen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’
est
éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur
213
trerai dans Paris. Il y entre en effet, mais ce n’
est
plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, dev
214
ntre en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle
est
sa défaite irrémédiable devant l’esprit, devant le sentiment, devant
215
jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’
est
privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chos
216
tation stupéfiante de cet homme et de cette Ville
était
peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est
217
saire pour faire comprendre au monde entier qu’il
est
des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les don
218
as. Et l’hitlérisme enseigne de le mépriser. Ce n’
est
pas l’aspect le moins diabolique de l’œuvre du Führer, que le caractè
219
itlérienne. La tactique et la stratégie d’Hitler
sont
en somme très simples. Il est apparu dans le monde comme un maniaque
220
stratégie d’Hitler sont en somme très simples. Il
est
apparu dans le monde comme un maniaque qui entrerait dans une maison
221
qu’il s’écroule. Ainsi, partout où quelque chose
était
vermoulu dans notre monde, dans son économie ou dans sa morale, Hitle
222
ce que tout s’écroule. Partout où une faiblesse s’
est
révélée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il est le châtiment
223
élée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il
est
le châtiment automatique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau
224
re Beaucoup de gens pensent que le Führer doit
être
très méchant pour faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce n’es
225
faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce n’
est
pas sa plus ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’est pas
226
n’est pas sa plus ou moins grande méchanceté qui
est
en cause. Ce n’est pas elle qui serait particulièrement diabolique. C
227
ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’
est
pas elle qui serait particulièrement diabolique. Ce sont les justific
228
échanceté qui est en cause. Ce n’est pas elle qui
serait
particulièrement diabolique. Ce sont les justifications qu’il en donn
229
s elle qui serait particulièrement diabolique. Ce
sont
les justifications qu’il en donne, et c’est l’espèce de douceur médiu
230
que dont il la revêt aux yeux de son peuple. Ce n’
est
pas d’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de to
231
peuple. Ce n’est pas d’envahir un petit pays qui
est
diabolique, cela s’est fait de tous les temps, c’était, si l’on peut
232
’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’
est
fait de tous les temps, c’était, si l’on peut dire, égoïsme normal, s
233
soif de richesses, vulgaire impérialisme ; ce qui
est
diabolique, c’est d’appeler cela « consolider la paix » ou « fonder l
234
der la paix » ou « fonder le nouvel ordre ». Ce n’
est
pas d’annexer la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le
235
». Ce n’est pas d’annexer la Tchécoslovaquie qui
est
diabolique, mais c’est de le faire au lendemain d’un discours où l’on
236
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ce n’
est
pas de transformer le territoire du voisin en champ de carnage et de
237
d’appeler ce champ de mort « espace vital ». Ce n’
est
pas de violer les traités, mais c’est de vouloir s’innocenter en proc
238
proclamant en tête d’un nouveau Code : « Le Droit
est
ce qui sert le peuple allemand. » Ce n’est pas d’attaquer les Églises
239
Droit est ce qui sert le peuple allemand. » Ce n’
est
pas d’attaquer les Églises, mais c’est de le faire en nationalisant l
240
ationalisant la Providence, et en son Nom. Ce qui
est
proprement diabolique, c’est moins de faire le mal que de le baptiser
241
à dépister Légion, celui qui dit toujours : ce n’
est
pas moi, c’est l’autre ! c’est la masse ! je n’y étais pas ! Celui qu
242
pas moi, c’est l’autre ! c’est la masse ! je n’y
étais
pas ! Celui qui n’est jamais où vous croyez le prendre, où les sancti
243
! c’est la masse ! je n’y étais pas ! Celui qui n’
est
jamais où vous croyez le prendre, où les sanctions l’attendent, où le
244
s l’attendent, où le mal se confesse. Eh bien, ce
sera
vite fait, nous connaissons le tour : ce qu’il y a finalement de plus
245
es délégués. Mais ici, prenons garde ! (Ce livre
est
plein de pièges.) Si l’on vient d’accepter les phrases qui précèdent,
246
e ce monde et par Légion lui-même. « Voyez, je ne
suis
qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trou
247
nous ne voyons plus le démon parmi nous. Le tour
est
joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon cô
248
. Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable
est
Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diabl
249
é, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous
sommes
du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas
250
diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous
sommes
donc quittes ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore notre bon
251
accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce
soit
un sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de
252
jours la cause du mal dont souffrent ces sauvages
est
indépendante d’eux-mêmes, et doit donc être combattue et anéantie hor
253
uvages est indépendante d’eux-mêmes, et doit donc
être
combattue et anéantie hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme
254
hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme s’
est
efforcé depuis des siècles de nous faire comprendre que le Royaume de
255
s de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu
est
en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur batail
256
le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi
est
en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans
257
i est en nous, et que le champ de leur bataille n’
est
pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation a largement échoué.
258
n face, toujours, ou la force des choses. Si nous
sommes
révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition de cert
259
pprimerons les causes des maux du siècle. Si nous
sommes
des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes ob
260
us ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous
sommes
de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’en rôti
261
, nous rétablirons la paix et la prospérité. Nous
sommes
encore en pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en colère
262
olère, nous battons la table à laquelle nous nous
sommes
heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont, à
263
s. Anéantir les signes extérieurs de la menace ne
serait
nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signes — Hitler, Stali
264
de quelque déséquilibre temporaire. L’adversaire
est
toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense que le chrétien véritabl
265
e pense que le chrétien véritable, s’il existait,
serait
cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge
266
e que celui qu’il loge en lui-même. 23. « Nous
sommes
tous coupables » Voici une remarque des plus simples : personne n’
267
rétendu qu’il agissait par mauvaise volonté. Nous
sommes
tous, Hitler y compris, des « hommes de bonne volonté »4. Pourtant vo
268
des inégalités dans la responsabilité. Mais nous
sommes
tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus grands resp
269
sabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous
sommes
tous les complices des plus grands responsables du monde. Cependant,
270
menaçant. L’intention des remarques précédentes n’
est
nullement de justifier « les autres », que l’on avait d’abord accusés
271
tulait non sans une curieuse présomption : « Nous
sommes
tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans
272
sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous
sommes
tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et ne cond
273
et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils le
sont
toujours…). Il est juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’es
274
rêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Il
est
juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’est pas seulement hit
275
t juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’
est
pas seulement hitlérien, que l’hitlérisme n’est pas seulement alleman
276
n’est pas seulement hitlérien, que l’hitlérisme n’
est
pas seulement allemand, qu’ici aussi nous sommes déjà plus ou moins h
277
e n’est pas seulement allemand, qu’ici aussi nous
sommes
déjà plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensées. Mai
278
r empêcher le criminel de poursuivre ses méfaits,
sont
une seule et même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi s
279
zis et chez nous. C’est le même diable. Et ceci n’
est
qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous c
280
post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous
sommes
tous coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral d
281
roit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous
sommes
tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous
282
us sommes tous coupables, certes, mais si nous en
sommes
persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et ho
283
ous des saints. Cela n’implique même pas que nous
soyons
« meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous
284
us soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous
serons
sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Signalemen
285
out le mal à l’étranger, pour s’innocenter — nous
sommes
tombés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’Hitler une ima
286
endant que nous la regardions, fascinés, le démon
est
revenu par-derrière nous tourmenter sous des déguisements qui ne pouv
287
uasi universelle dans les masses et l’élite, l’on
est
induit à reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’un déguise
288
induit à reconnaître que le Progrès automatique n’
était
qu’un déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabo
289
uisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel
soit
diabolique en soi ! Mais si l’on s’abandonne au rêve du Progrès, lais
290
libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal
était
relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvaise répartition des
291
ou de refoulements et d’injustices qui pouvaient
être
éliminés par des mesures adroites. Toutes ces croyances, en grande pa
292
dans la définition même de l’homme en tant qu’il
est
humain. Nous avons été optimistes par principe, et presque par savoir
293
e de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons
été
optimistes par principe, et presque par savoir-vivre, dirait-on, malg
294
tous les démentis de la réalité. Cet optimisme n’
est
pas la confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. Exac
295
e celui qui dénonce le mal comme fondamental doit
être
lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le cré
296
que la compensation fatale de nos défauts, Hitler
est
le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils étai
297
t de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils
étaient
irréalistes, utopiques comme tout ce qui néglige le tragique, plateme
298
avaient plus l’air de rien, et leur insignifiance
était
leur diabolisme. Il est trop clair que les démocraties, en tant que t
299
, et leur insignifiance était leur diabolisme. Il
est
trop clair que les démocraties, en tant que telles, n’ont pas produit
300
. Ce qui a paru de grand, dans notre camp n’a pas
été
le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétiens comme Niemölle
301
out, dira-t-on, c’est normal, car la démocratie n’
est
rien en soi. Elle n’est que le régime qui permet aux croyants, comme
302
rmal, car la démocratie n’est rien en soi. Elle n’
est
que le régime qui permet aux croyants, comme aux incroyants, de se ma
303
ants, comme aux incroyants, de se manifester sans
être
massacrés6. Oui, mais encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or no
304
encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or nous
étions
devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en présenc
305
en présence d’un miracle du bien : trop beau pour
être
vrai ! nous disions en présence de certaines descriptions du mal : tr
306
certaines descriptions du mal : trop affreux pour
être
vrai 7 ! Cependant, c’était vrai, mais cela nous gênait. Nous l’écart
307
nt de nos pensées… Car si ce « trop affreux » eût
été
vraiment vrai, il eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si no
308
agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous
étions
mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait d
309
le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ils
étaient
bons et les autres méchants, et que c’était tellement simple… Comme j
310
tait tellement simple… Comme je voudrais que cela
soit
aussi simple ! Ne fût-ce que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’a
311
Comme je voudrais que cela soit aussi simple ! Ne
fût
-ce que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un
312
trichien, Conrad von Hötzendorf : « Tout ce qui n’
est
pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. » C’est sa
313
C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle
sera
perdue si nous perdons d’abord le sens de la réalité morale. Et certa
314
ocratique et de conversion au fascisme. La France
était
démocratique dans son ensemble en 1939 ; presque chacun de ses citoye
315
Il avait sa bonne conscience de démocrate. Hitler
est
venu, le pays a capitulé, et aujourd’hui, certains ci-devant « intell
316
Paris découvrent soudain qu’au fond, le nazisme n’
est
pas si mal que cela ; qu’en somme, ils avaient toujours désiré quelqu
317
lait assez à cela ; et qu’après tout, « les nazis
sont
des hommes comme nous ». Voilà le danger que court la démocratie amér
318
s. Elle aussi a cru et croit encore que les nazis
sont
des animaux d’une tout autre race que les Américains. Elle aussi risq
319
risque de découvrir un jour qu’« après tout, ils
sont
des hommes comme nous ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes com
320
des hommes comme nous ». Et c’est bien vrai : ils
sont
des hommes comme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous,
321
des hommes comme nous dans ce sens que leur péché
est
aussi en nous, secrètement. L’une des leçons claires qui se dégagent
322
ui se dégagent des événements européens me paraît
être
celle-ci : la haine purement sentimentale du mal qui est chez autrui
323
le-ci : la haine purement sentimentale du mal qui
est
chez autrui peut aveugler sur le mal que l’on porte en soi, et sur le
324
néral. La condamnation trop facile du méchant qui
est
en face peut recouvrir et favoriser beaucoup de complaisance intime à
325
inavouée. Devant des antifascistes qui ne veulent
être
que des antis — sans méfiance pour leur propre cas ! —, je ne puis m’
326
aux braves démocrates : — Regardez le diable qui
est
parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou
327
le prendrez sur le fait. Et alors seulement, vous
serez
en état de le dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès.
328
combattre avec succès. Car alors seulement, vous
serez
guéris de votre naïveté invraisemblable devant le danger totalitaire.
329
d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable
était
Hitler. Et le diable se frotte les mains. (Hitler aussi.) Peut-être s
330
le se frotte les mains. (Hitler aussi.) Peut-être
serait
-il plus fécond maintenant, plus amusant aussi, et finalement plus vra
331
et optimiste, vierge de toute pensée. Ou, si nous
sommes
par hasard des intellectuels libéraux, sous les traits d’un intellect
332
de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable
est
partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’en ai donnée
333
penser, finissent par se neutraliser. Le diable n’
est
pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’est pas non plus la dé
334
raliser. Le diable n’est pas Hitler, qui pourtant
est
démoniaque ; il n’est pas non plus la démocratie, qui pourtant n’est
335
st pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’
est
pas non plus la démocratie, qui pourtant n’est pas sainte ; mais il a
336
n’est pas non plus la démocratie, qui pourtant n’
est
pas sainte ; mais il agit partout, il est dans tout… Vos descriptions
337
rtant n’est pas sainte ; mais il agit partout, il
est
dans tout… Vos descriptions, me dira-t-on, ne sont pas bien claires.
338
est dans tout… Vos descriptions, me dira-t-on, ne
sont
pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image nette et faci
339
ble de la personne de Satan ? C’est que le diable
est
justement celui qui n’est jamais clairement et honnêtement définissab
340
n ? C’est que le diable est justement celui qui n’
est
jamais clairement et honnêtement définissable. Il est celui qui s’arr
341
jamais clairement et honnêtement définissable. Il
est
celui qui s’arrange toujours pour être à la fois juge et partie dans
342
issable. Il est celui qui s’arrange toujours pour
être
à la fois juge et partie dans le procès de sa définition. Un être par
343
uge et partie dans le procès de sa définition. Un
être
paradoxal par essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui
344
sa définition. Un être paradoxal par essence. Il
est
, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néa
345
être paradoxal par essence. Il est, oui, mais il
est
dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhait
346
l par essence. Il est, oui, mais il est dans tout
être
ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement l
347
Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’
est
pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement la destruction
348
e des autres ou la sienne propre. Sa qualité de n’
être
pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’action,
349
la fois, repoussant mais non moins fascinant, il
est
sans doute la créature la plus poétique du monde, au sens romantique
350
ique du monde, au sens romantique de ce terme. Il
est
beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal doit toujours être lai
351
ux des naïfs qui croient que le mal doit toujours
être
laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux de
352
roient que le mal doit toujours être laid ; et il
est
d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés ou de
353
yeux des désabusés ou des raffinés. En bref, il n’
est
jamais où vous pensiez le trouver. Il imite en la caricaturant l’acti
354
ies ! Le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler
est
l’âme de la cinquième colonne du siècle, mais Satan est l’essence mêm
355
âme de la cinquième colonne du siècle, mais Satan
est
l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enfin —
356
t me rendre prudent, personnellement —, le diable
est
l’être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette,
357
endre prudent, personnellement —, le diable est l’
être
qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va se
358
préférence chez celui qui l’a dénoncé, et qui se
tient
pour assuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez l’attr
359
z un autre et lui régler son compte — voici qu’il
est
devenu vous-même ! Mais alors ?… 26. Une bonne adresse — Si vou
360
diable, et son second tour du même coup, si vous
tenez
sérieusement à l’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le
361
verez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous
êtes
assis. 4. Expression empruntée à l’Évangile par une erreur de trad
362
nne volonté (de Dieu) envers les hommes ». Ce qui
est
complètement différent. 5. Je ne parle pas des héros de la guerre, m
363
pas des héros de la guerre, mais de la paix. 6.
Est
-ce un si grand bien ? Pour le grand nombre, oui, probablement. Pour l
364
œurs totalitaires. Notre incrédulité bourgeoise a
été
l’une des meilleures chances d’Hitler.
365
de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable
sont
exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dis
366
ient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en
étaient
réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans l
367
inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on
est
sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi con
368
s le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui
était
le moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une image de leur im
369
ou une compensation rêvée de leurs défauts. Et ce
fut
le Dieu de la Raison pour les tempéraments rationalistes, le Dieu de
370
asse. Dans ces trois entités divinisées, le moi n’
est
plus déguisé qu’en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commun :
371
t ces trois entités ont ceci de commun : elles ne
sont
responsables de rien devant personne, s’étant faites elles-mêmes les
372
s ne sont responsables de rien devant personne, s’
étant
faites elles-mêmes les critères de toute vérité purement humaine, et
373
ute vérité purement humaine, et décrétant qu’il n’
est
plus d’autre vérité. Or aux yeux de ceux qui les servent, l’homme n’e
374
s. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne
sommes
donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place
375
onc plus responsables de nos actes, mais elles le
sont
à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre auprès d’aucune
376
dons pas avec l’entité divinisée — parce que nous
sommes
d’une autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génération physi
377
le que celle qui détient le pouvoir —, alors nous
sommes
des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publiquement. A
378
us recevons une balle dans la nuque, ou bien nous
sommes
décapités à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Class
379
dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes
sont
sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute
380
u Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce
sont
des diables. Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lors
381
pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable
est
sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il prétend n
382
us tue que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il
est
moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… 28
383
, dont la fumée montait comme un encens et devait
être
en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelqu
384
ble, il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans
sont
irréprochables, paraît-il : intelligents et généreux, idéalistes, réa
385
issé tomber en donnant un quarter au mendiant. Il
est
parfait, ce plan, comme tu le craignais. Mais moi je vais l’organiser
386
e homme du monde Qui donc disait que le diable
est
un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de ce mo
387
t monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’
est
pas à craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vi
388
overbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il
est
si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce que l’on peut pen
389
ndre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il
est
si vieux. C’est ce que l’on peut penser aussi des gens du monde, et d
390
ral. Elle a son charme et son utilité ; mais elle
est
vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées
391
arme et son utilité ; mais elle est vieille, elle
est
trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit par
392
compris ». La fonction normale de la vie mondaine
serait
de maintenir et d’illustrer un certain nombre de devises d’élégance m
393
abolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’il
est
bien joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose, dit-on, d’hypoc
394
reposant des formes fixes. Mais le mondain qui n’
est
que cela inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’une présence
395
nces ; sa capacité d’éliminer froidement ce qui n’
est
pas conforme aux goûts appris ; sa propension presque maniaque à n’at
396
er de l’importance qu’à un détail fortuit dans un
être
ou une œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter l’exigence d’un
397
s stérilisants qu’entraîne sa fréquentation. Ce n’
est
pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c’es
398
pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui
est
satanique, c’est le goût de la forme imitée. Le milieu mondain le plu
399
le plus suavement correct et moral peut fort bien
être
préféré par le diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui
400
Boehme raconte qu’on demandait à Satan : Pourquoi
es
-tu sorti du Paradis ? — J’ai voulu me faire auteur, dit-il. Réponse g
401
s sens du nom d’auteur. L’Auteur de toutes choses
est
leur autorité. Il s’autorise à l’infini dans Sa Création déployée. Il
402
mains. Et c’est pourquoi l’artiste et l’écrivain
sont
terriblement exposés : dès qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le
403
qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le diable
est
là pour les guider. Et comment faire la part de son incitation ? Tout
404
re auteur, s’autoriser dans un monde autonome. Il
est
fatal que le diable s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés
405
et très bien les cohortes infernales. C’est qu’il
était
un vrai poète et du parti du diable sans le savoir. » Cette opinion s
406
parti du diable sans le savoir. » Cette opinion s’
est
curieusement vulgarisée, dans notre siècle. Et l’on apporte à son app
407
cile d’innombrables ouvrages édifiants. Non, ce n’
est
pas la vraie beauté des sentiments mais leur fausse beauté (donc leur
408
ts pervertis, tout aussi faux que ceux dont ils n’
étaient
que l’inversion. Nous ne savions plus concevoir et illustrer de vrais
409
ttérature immoraliste sécrétée par la bourgeoisie
est
tributaire de la morale bourgeoise : elle reste hélas au niveau de l’
410
a rêverie aux yeux fixes qui la médite, le diable
est
là. Il n’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire
411
yeux fixes qui la médite, le diable est là. Il n’
est
pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire travailler a
412
ite, le diable est là. Il n’est pas seul, mais il
est
là. La solution, c’est de le faire travailler autrement qu’il ne l’en
413
diable collabore, tant pis pour lui : la dédicace
est
le vrai sens de l’œuvre. Elle ravit au démon le bénéfice de ses conse
414
ice de ses conseils intéressés. Un écrivain, s’il
est
bon artisan, vaudra tout juste ce que vaut la mission qu’il accepte e
415
a mission qu’il accepte et s’assigne. Le diable y
sera
sans doute encore, dans tous les artifices du délire créateur, mais e
416
ers un but qu’il ignore ; car sa faiblesse unique
est
de ne pas croire au bien. 31. Le pacte avec le diable Peter Sch
417
es plus tristes dans sa fantaisie géniale, et peu
sont
plus profondes avec autant de grâce. Que signifie cette ombre dans le
418
ourquoi l’un des premiers malheurs de notre héros
est
de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’
419
rs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni
être
aimé.) J’ai dit que la liberté de l’homme réside dans son pouvoir uni
420
e mentir. Mais une fois que vous avez menti, vous
êtes
lié par le mensonge, et les vérités mêmes que vous articulerez servir
421
e en termes physiques et corporels. Tant que vous
êtes
en train de gravir la montagne, à grand effort, vous conservez la pos
422
de la vallée, où vit le commun des mortels. Vous
êtes
délivré de votre effort, tout est facile, il n’y a qu’à se laisser al
423
mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout
est
facile, il n’y a qu’à se laisser aller. Vous « arriverez » plus vite
424
rté de monter ou de descendre à votre choix. Vous
êtes
pris dans un mécanisme à sens unique, vous n’êtes qu’un corps abandon
425
êtes pris dans un mécanisme à sens unique, vous n’
êtes
qu’un corps abandonné aux lois de la gravitation, et toutes vos gesti
426
onclu avec le Prince de ce monde, et dont le prix
est
notre liberté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vrai
427
berté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui
fut
la vraie morale américaine depuis un siècle, m’a toujours paru diabol
428
toujours paru diabolique8. Ses signes extérieurs
sont
propres à donner le change : optimisme et cordialité, confiance en so
429
e humeur et ce goût de mieux vivre pourraient-ils
être
diaboliques ? Les démons, ce sont les nazis, vêtus de noir, grinçant
430
pourraient-ils être diaboliques ? Les démons, ce
sont
les nazis, vêtus de noir, grinçant des dents, mal nourris et semant l
431
Vous pensez que le premier système a l’avantage d’
être
plus hygiénique. C’est peut-être vrai. Mais je doute que ce soit moin
432
nique. C’est peut-être vrai. Mais je doute que ce
soit
moins dangereux pour vos âmes. Ah, j’aimerais tant votre assurance, s
433
rais tant votre assurance, si seulement ses bases
étaient
sûres ! Je ne vais pas prêcher une morale de l’échec. Succès ou insuc
434
que le plus grand succès de toute l’Histoire, ce
fut
la mort ignominieuse du Christ en croix. Ce sacrifice a rompu le Pact
435
et l’homme qui réussit, cette galerie de victimes
est
classique au point d’en être presque démodée. Car Satan marche avec s
436
e galerie de victimes est classique au point d’en
être
presque démodée. Car Satan marche avec son temps, et paraît se soucie
437
prétation des phénomènes collectifs d’aujourd’hui
fut
donnée vers 1848 par l’écrivain danois Søren Kierkegaard, le penseur
438
més et hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg
sont
le pendant exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se per
439
ayant perdu son moi, on ne sait plus ce que l’on
est
en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à travers
440
créateur de la masse : fuir sa propre personne, n’
être
plus responsable, donc plus coupable, et devenir du même coup partici
441
e de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’
être
celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu
442
des chances d’être celui qui aime à dire : Je ne
suis
Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fu
443
ommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’
est
personne et tire de là son assurance dans le crime. Il ne s’est pas
444
tire de là son assurance dans le crime. Il ne s’
est
pas trouvé un seul soldat pour porter la main sur Caius Marius, telle
445
oldat pour porter la main sur Caius Marius, telle
est
la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une fo
446
é. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’
être
une foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait
447
ient eu, ce courage ! Ô mensonge !… Car une foule
est
une abstraction, qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dan
448
et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce
sont
ses mains, non celles du voisin, et non celles de la foule qui n’a pa
449
unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n’
est
pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu
450
responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi
est
douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois le coup réu
451
s, et que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on
sera
Dieu soi-même, donc maître de fixer le Bien et le Mal à sa guise. A
452
ais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où
es
-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu pe
453
oix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je
suis
nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que t
454
, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me
suis
caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce q
455
hé. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu
es
nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de man
456
’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ?
Est
-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’h
457
ai mangé.10 Voyez : ils vont se cacher, ils n’y
sont
plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi
458
dire : c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on
est
, à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y
459
éponse, je dis qu’il n’y a personne ; la personne
est
en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse »
460
ne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui
est
« capable de réponse », ou responsable ; dans une foule il n’y a plus
461
t une masse. Satan va donc créer les masses. Nous
tenons
ici le secret de sa grande stratégie : produire le péché en série et
462
e cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’
être
une personne responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un
463
maux en patience. D’une part, l’individu moderne
est
incité à juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est as
464
r sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il
est
aspiré par les grandes émotions collectives. Cette répulsion et cette
465
les poussent l’homme à rechercher les occasions d’
être
dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à
466
tout fait : l’homme les a faits d’abord, et ce n’
est
point par hasard qu’il a fait ceux-là et non d’autres. Les véritables
467
causes et racines du phénomène moderne des masses
sont
dans notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seule
468
sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’
est
pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce t
469
e. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle
est
dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus int
470
perd dans le monde moderne, c’est que les cadres
sont
devenus trop grands. Mais pourquoi les avoir agrandis, depuis un sièc
471
e le rappelle l’histoire de la tour de Babel, qui
est
le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans
472
est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne
soit
pas mentionné dans le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable
473
le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable
est
de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive et d
474
au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne
soyons
pas dispersés sur la face de toute la terre. » Vous reconnaissez Sata
475
. Le résultat, que l’Ange pervers devait prévoir,
sera
nécessairement l’inverse de ce qu’ils voulaient. Si vous mangez la po
476
e de toute la terre ». Cette déconvenue mémorable
est
attribuée par le récit biblique à la colère de l’Éternel, qui « desce
477
nt entrepris ! » On dirait qu’il veut les punir d’
être
aussi bêtes. Mais le Dante imagine qu’ils se seraient bien punis tous
478
être aussi bêtes. Mais le Dante imagine qu’ils se
seraient
bien punis tous seuls. Il n’y avait qu’à les laisser aller ! Dans son
479
ène de confusion des langues. Si les hommes ne se
sont
plus entendus lors de la construction de ce premier gratte-ciel, c’es
480
de ce premier gratte-ciel, c’est que l’entreprise
était
trop vaste, simplement. En effet, pour mener à chef l’édification de
481
, pour mener à chef l’édification de la tour, ils
furent
obligés de se diviser en équipes spécialisées. Les uns faisaient la b
482
me qui leur servait de ciment ; d’autres encore n’
étaient
chargés que de monter les matériaux, d’autres de bâtir les murs, de c
483
ne se comprirent plus. La multiplicité de langues
était
née du travail lui-même. Mais ce travail bientôt traîna, puis s’arrêt
484
dans un langage commun. Il me paraît que nous en
sommes
à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulaire, en pol
485
emin la règle d’or, l’étalon-homme. Et pour avoir
été
trop vite en tout, nous avons perdu de vue la mesure et le sens des f
486
mène le plus notable des débuts du siècle dernier
fut
, en effet, le brusque agrandissement, ou pour mieux dire la babélisat
487
issait depuis des millénaires. Dans ces villes se
sont
entassées des masses humaines informes, noyant et dissolvant les grou
488
tites entreprises. Les richesses, elles aussi, se
sont
tant agrandies qu’elles ont échappé aux regards : elles sont devenues
489
grandies qu’elles ont échappé aux regards : elles
sont
devenues chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les économis
490
s, puissances lointaines, dont les économistes se
sont
mis à étudier les mœurs étranges, plus mystérieuses que celles des mo
491
a plus que doublé en cent ans ; ses richesses ont
été
décuplées ; sa production industrielle centuplée. Et le concours enfi
492
dans l’espace de cinquante à cent ans, la société
est
devenue trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard. Une seul
493
ans, la société est devenue trop gigantesque pour
être
dominée d’un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comp
494
oit de voter et de dire leur mot sur tout : ce ne
sera
pas pire.) Alors le vertige de Babel s’empare de l’esprit humain. Com
495
qu’en termes de contradiction. Jamais l’homme ne
fut
plus puissant, et jamais il ne s’est senti, en tant qu’individu, plus
496
s l’homme ne fut plus puissant, et jamais il ne s’
est
senti, en tant qu’individu, plus impuissant. Jamais il ne fut plus sa
497
n tant qu’individu, plus impuissant. Jamais il ne
fut
plus savant, et jamais il n’eut l’impression de comprendre aussi mal
498
e pour les détruire. « Montez ! dit le diable, et
soyez
comme des dieux, oubliez votre mesure d’hommes ! » Mais plus on monte
499
olique. « En effet, disait-il, une maison devrait
être
conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’est pas naturel de l
500
conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’
est
pas naturel de lui ajouter des étages. Car en tombant du quatrième, p
501
u quatrième, par exemple, on se tue. Mais cela ne
serait
rien. Ce qui est grave, c’est que l’invention des étages a permis la
502
mple, on se tue. Mais cela ne serait rien. Ce qui
est
grave, c’est que l’invention des étages a permis la grande ville. La
503
a permis la formation des masses. Avec les masses
sont
nés les grands problèmes sociaux. Et ceux-ci sont à l’origine des gue
504
sont nés les grands problèmes sociaux. Et ceux-ci
sont
à l’origine des guerres du xxe siècle. Tout le mal vient des étages
505
ir s’échapper pour ne point s’avouer responsable,
soit
que l’on court se cacher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu
506
arbres avec le sot espoir que Dieu nous y oublie,
soit
que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on se renfonce dans la
507
ir irresponsable. Tout lui sert d’alibi, tout lui
est
bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’est pas lui, qu’il n’y
508
d’alibi, tout lui est bon pour prouver qu’il n’y
était
pas, que ce n’est pas lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit :
509
st bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’
est
pas lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit : tu étais déterminé
510
lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit : tu
étais
déterminé, ce n’est pas ta faute ; et sa passion lui dit : c’était vi
511
en. Sa science lui dit : tu étais déterminé, ce n’
est
pas ta faute ; et sa passion lui dit : c’était vital, il n’y a pas de
512
utonome et responsable. Le mal ou le « péché » ne
sont
plus, à leur vue, que les effets d’un trouble temporaire ou chronique
513
s découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous
sommes
aussitôt obsédés par l’idée que « cela explique tout ». Étrange psych
514
ge le foie, tout aussi bien. Qui a commencé ? Qui
est
responsable de cette méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous s
515
te méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous
sommes
bien trop intéressés à nier le péché personnel pour que j’accorde à l
516
les époques classiques, on considère qu’une chose
est
vraie ou fausse, bonne ou mauvaise. Si l’on dit un mensonge, on sait
517
cesse de relever de la vérité ou du mensonge. Il
est
admis, de nos jours, que la passion, l’émotion et l’hystérie même vou
518
, elles n’ont plus à se justifier. J’avais juré d’
être
fidèle, dit un conjoint, mais je m’aperçois que c’est incompatible av
519
u’il lèse mes intérêts vitaux. Alors plus rien ne
tient
, naturellement. Mais voici qui est nouveau : l’on s’en vante, avec l’
520
plus rien ne tient, naturellement. Mais voici qui
est
nouveau : l’on s’en vante, avec l’appui de tous les romanciers, des j
521
nt : notre respect de la passion et de « la vie »
sont
des signes de décadence des passions mêmes et de la vraie vie. J’empr
522
al » au secret d’une conscience moderne : Mais j’
étais
scrupuleux et, devant que je m’abandonne, le démon qui m’entreprenait
523
avait à me persuader que ce qui me sollicitait m’
était
permis, que ce permis m’était nécessaire. Parfois le Malin retournait
524
ui me sollicitait m’était permis, que ce permis m’
était
nécessaire. Parfois le Malin retournait les propositions, commençait
525
le Malin c’est le Raisonneur : « Comment ce qui t’
est
nécessaire ne te serait-il pas permis ? Consens à appeler nécessaire
526
sonneur : « Comment ce qui t’est nécessaire ne te
serait
-il pas permis ? Consens à appeler nécessaire ce dont tu ne peux te pa
527
xhortation, de diabolique. Je croyais alors que j’
étais
le seul à parler et que ce dialogue spécieux je l’engageais avec moi-
528
la théorie de l’espace vital. « Comment ce qui t’
est
nécessaire ne te serait-il pas permis ? Qu’est-ce que le bien, sinon
529
ce vital. « Comment ce qui t’est nécessaire ne te
serait
-il pas permis ? Qu’est-ce que le bien, sinon ta plus grande soif ? Un
530
t’est nécessaire ne te serait-il pas permis ? Qu’
est
-ce que le bien, sinon ta plus grande soif ? Une grande force te viend
531
ande force te viendrait si plutôt que de t’user à
tenir
tes engagements, tu ne luttais plus que contre l’étranger qui t’a for
532
contre l’étranger qui t’a forcé à les signer. Qu’
est
-ce que la vérité contre ton dynamisme ? Qu’est-ce que le droit figé c
533
Qu’est-ce que la vérité contre ton dynamisme ? Qu’
est
-ce que le droit figé contre la vie changeante ? Je vais te le dire :
534
m deutsche Volke nützt ». Autrement dit : ce qui
est
légal, c’est ce qui sert tes intérêts. N’est-ce pas ici le moment de
535
qui est légal, c’est ce qui sert tes intérêts. N’
est
-ce pas ici le moment de se demander au nom de quoi nos moralistes de
536
in very times of weakness. Francis Bacon. Il n’
est
pas de domaine où l’argument de l’espace vital, individuel, cette foi
537
n’y a d’unions à jamais légitimes que celles qui
sont
commandées par la vraie passion11. » La chanson dit plus simplement q
538
on11. » La chanson dit plus simplement que « tout
est
permis quand on s’aime ». La première conséquence de cette grande per
539
a première conséquence de cette grande permission
est
de faire sauter l’alliance du mariage. Dans la morale que pratiquent
540
branle un monde. Car attaquer au plus intime de l’
être
le sens de l’alliance jurée, c’est faire le lit d’une éthique de barb
541
iendront que l’amour excuse et magnifie ce qui ne
serait
ailleurs qu’impérialisme pur. Il est vrai que l’Évangile lui-même par
542
ce qui ne serait ailleurs qu’impérialisme pur. Il
est
vrai que l’Évangile lui-même pardonne beaucoup à celle qui a beaucoup
543
si cet amour, dont on prétend qu’il permet tout,
est
véritablement de l’amour, ou s’il n’est pas plutôt quelque hantise ab
544
met tout, est véritablement de l’amour, ou s’il n’
est
pas plutôt quelque hantise abusivement parée de ce beau nom. Or chacu
545
beau nom. Or chacun voit que « l’amour » moderne
est
une immense faillite intime de notre civilisation. C’est une affaire
546
ffaire si tragiquement confuse que le diable seul
est
sûr de s’y retrouver. Niera-t-on qu’il s’en donne à cœur joie ? Mais
547
dans « l’amour », c’est simplement tout ce qui n’
est
pas de l’amour. C’est tout ce qui se glisse en nous sous le couvert d
548
sse en nous sous le couvert du mot. Car le diable
est
celui qui n’aime pas, et qui n’aime pas qu’on aime, et dont tout le p
549
ui n’aime pas qu’on aime, et dont tout le plaisir
est
d’altérer nos vertus dans leur source. Vous le sentirez présent, dans
550
, dans sa force immobile, derrière le regard de l’
être
sans amour. Et partout où l’amour est contrefait, vous le connaîtrez
551
egard de l’être sans amour. Et partout où l’amour
est
contrefait, vous le connaîtrez à ses fruits. S’il est vrai que tout o
552
contrefait, vous le connaîtrez à ses fruits. S’il
est
vrai que tout ordre humain repose sur l’alliance, et si l’alliance pr
553
c’est que le plus beau mot de toutes les langues
est
pipé sur nos lèvres par Satan. Nulle époque n’a parlé davantage de l’
554
sion contagieuse dont le foyer dans l’ère moderne
fut
la littérature romantique, et dont les romans et les films sont les a
555
ature romantique, et dont les romans et les films
sont
les agents de diffusion. Cette obsession était devenue la grande affa
556
lms sont les agents de diffusion. Cette obsession
était
devenue la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — l
557
ion de ceux qui n’en voulaient plus. Son empire s’
est
étendu sur les domaines les plus hétéroclites, du mysticisme littérai
558
es vertus viriles et dures. Le bonheur individuel
est
devenu notre tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste o
559
’approbation des foules. La décadence de la vertu
est
un thème millénaire de l’éloquence sacrée. Mais je signale ici un tra
560
naissante, on espère, on provoque sa fièvre : ce
serait
vivre ! (Faut-il qu’on vive peu.) Plus tard on dit : « C’était fatal.
561
u.) Plus tard on dit : « C’était fatal. Voilà, je
suis
un obsédé. » On y voit une excuse et non plus une défaite, — et moins
562
ridicule. Certes l’amour, de tous les sentiments,
est
celui qui se prête le mieux à justifier l’abdication de soi, puisqu’à
563
plus d’une pente insensible. Il sait que l’amour
est
le domaine par excellence des quiproquos entre le vice et la vertu. N
564
’ailleurs, l’un des premiers effets de la passion
est
de nous empêcher de nous sentir coupables, dans l’instant même où nou
565
’instant même où nous savons le mieux que nous le
sommes
. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus aucune illusi
566
nts où elle osait se livrer à tout son amour : je
suis
damnée, irrémissiblement damnée… Mais au fond, je ne me repens point.
567
point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle
était
à commettre. » C’est l’un des plus vieux cris de l’humanité, le plus
568
me, bêtise ou lâcheté, vous avez fait souffrir un
être
, vous pouvez éprouver du remords et le désir de réparer la faute. Mai
569
eussiez-vous fait souffrir dix fois plus le même
être
. Vous voyez le mal, vous le déplorez sans doute, mais « honnêtement »
570
ou même de la haine. Non seulement la lucidité y
est
plus rare et difficile qu’au sein de toute autre passion, mais elle y
571
le qu’au sein de toute autre passion, mais elle y
est
de surcroît parfaitement inutile. « Je vois bien le mal que je fais e
572
u de maladie psychique tout amour dont les fruits
sont
amers, le privant aussitôt de ses droits absolus. Mais nous avons une
573
romantique exaltant la passion « fatale » : c’en
est
fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « f
574
nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’
est
qu’une manière de parler romanesque, mais combien d’amoureux s’en aut
575
volontés secrètes ? C’est l’alibi rêvé : « Je n’y
étais
pas, la fatalité seule est responsable. » Il faudrait un critère abso
576
libi rêvé : « Je n’y étais pas, la fatalité seule
est
responsable. » Il faudrait un critère absolu… Mais justement le diabl
577
la loi ou devant Dieu, vous prenez l’engagement d’
être
fidèle « dans les bons et les mauvais jours », quoi qu’il advienne, p
578
té, quand elle s’oppose à la loi même de la Vie ?
Est
-il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais je ne suis plu
579
? Est-il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré,
soit
, mais je ne suis plus le même. Et dès l’instant que j’aime une autre
580
” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais je ne
suis
plus le même. Et dès l’instant que j’aime une autre femme, rester fid
581
ne autre femme, rester fidèle à la fiction légale
serait
une pure hypocrisie.12 » Par malheur, ce beau raisonnement détruit le
582
t de la possibilité de s’entendre sur quoi que ce
soit
. Car pourquoi fait-on des serments ? Précisément parce que l’on sait
583
acent l’intérêt général. Mais si l’on pense qu’il
est
plus « sincère » de suivre son instinct que de garder parole, que le
584
loi, alors on entre dans un monde où l’hitlérisme
est
justifié. L’ordre et la paix n’ont jamais existé qu’en vertu d’un eff
585
r le cœur que le diable nous a pris. Certes, ce n’
est
pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu’on trahit ses serments par am
586
oaths are straw to the fire in the blood. » Ce n’
est
pas la faute qui me paraît nouvelle, c’est la manière de l’accepter a
587
de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’
être
dépossédé de soi, donc possédé par l’extérieur ou l’étranger, par une
588
u contraire par les faiblesses qu’il autorise, il
est
grand temps de le disqualifier au nom et pour l’amour de l’amour même
589
lifier au nom et pour l’amour de l’amour même. Il
est
temps de décourager les innombrables amateurs sans vocation qui l’app
590
magazines à gros tirage. Car cette insignifiance
est
en train de dissoudre les structures qui nous protégeaient contre les
591
les paniques de l’instinct. La morale bourgeoise
est
trop faible. Quand les romanciers attardés attaquent encore ses étroi
592
glante, des démons de la jungle intérieure. Telle
est
la leçon de notre crise. C’est une question de physique sociale plus
593
notre civilisation et pour tout ordre, quel qu’il
soit
, qui mérite l’épithète d’humain. 36. La passion Je parlerai mai
594
sion, signe particulier de la psyché occidentale,
est
né d’un retour de flamme du christianisme dans les marges de l’hérési
595
uée par la croyance en la valeur unique de chaque
être
. Il suppose un objet irremplaçable, et comme prédestiné par un acte d
596
de sang pour toi. » Mais l’idée du divin dans un
être
, source et objet de tout amour profond, va faire naître l’idolâtrie p
597
ue souffre l’infini désir séduit et arrêté par un
être
fini, ne peut se résoudre que dans l’évasion vers le néant. Cette ori
598
rigine et cette catastrophe ne cesseront jamais d’
être
instantes au cœur secret de la passion occidentale. L’une, ignorée ou
599
m de passion. C’est pourquoi la passion peut bien
être
le lieu de la plus grande intensité vitale, en même temps qu’elle se
600
s terrestres et du bonheur. Ce composé ne saurait
être
aussi commun que les romans et l’opéra nous l’ont fait croire. Je met
601
grands amants que de vrais mystiques, la passion
étant
au sentimentalisme normal ce que la mystique est à la religion moyenn
602
tant au sentimentalisme normal ce que la mystique
est
à la religion moyenne. Mais la passion comme la mystique sont de ces
603
ligion moyenne. Mais la passion comme la mystique
sont
de ces attitudes capitales dont les très rares moments de pureté suff
604
e présence et d’absence infinie, créent chez tout
être
passionné l’illusion d’un transport mystique dans l’au-delà du bien e
605
, et la nature elle-même, — que ces interdictions
soient
« légitimes » ou non. Passer outre est le fait de la passion. Mais sa
606
ictions soient « légitimes » ou non. Passer outre
est
le fait de la passion. Mais sacrifie-t-on l’autre ou soi ? Et dans so
607
s soi, le meilleur ou le pire ? Tous les critères
sont
annulés par l’intensité même des paradoxes qui sont l’amour humain da
608
nt annulés par l’intensité même des paradoxes qui
sont
l’amour humain dans sa réalité magnifique et désespérée. Considérez c
609
métamorphose. Celui qui aime veut tout donner à l’
être
aimé. Il donne ce qu’il a de plus beau, il donne ce qu’il n’a pas en
610
qui naît de l’exaltation, il donne enfin ce qu’il
est
, sans réserve. Mais à ce point, il donne aussi le pire. Le pire en lu
611
t, il donne aussi le pire. Le pire en lui, il s’y
était
accoutumé, établissant une sorte d’équilibre du microbe et de la mala
612
be et de la maladie. Mais s’il le communique à un
être
plus faible, ou plus pur, ou qui n’est pas armé pour composer avec ce
613
ique à un être plus faible, ou plus pur, ou qui n’
est
pas armé pour composer avec cette espèce-là de mal, il risque d’altér
614
gnorés de nous-mêmes, que notre passion livre à l’
être
aimé dans la contagion du délire, voici qu’ils apparaissent comme des
615
u’ils apparaissent comme des dons de la haine. Il
est
rare que l’amour ne soit pas criminel, d’une manière invisible peut-ê
616
des dons de la haine. Il est rare que l’amour ne
soit
pas criminel, d’une manière invisible peut-être, quand il dépasse les
617
ser les bornes… Ainsi l’extrême du don, si l’on n’
est
pas un saint, rejoint le viol spirituel. Et si l’on veut tout posséde
618
iol spirituel. Et si l’on veut tout posséder d’un
être
, on risque bien d’en faire un possédé… Où donc le diable est-il inter
619
que bien d’en faire un possédé… Où donc le diable
est
-il intervenu ? Ce Désir qui prenait son essor comme une question arde
620
cible Vérité, comme un élan vers la guérison de l’
être
blessé, vers la plénitude et vers la rédemption, voici qu’il se fait
621
s plus épuisantes tortures. À quel moment l’amour
est
-il devenu souffrance ? Dans le langage de la théologie, il est aisé d
622
souffrance ? Dans le langage de la théologie, il
est
aisé de définir le point : c’est à l’instant où la passion transgress
623
à la diviniser, que le Tentateur a parlé. « Vous
serez
comme des dieux, vous êtes seuls au monde, désormais tout vous est pe
624
ateur a parlé. « Vous serez comme des dieux, vous
êtes
seuls au monde, désormais tout vous est permis… » Mais encore, ce mou
625
ux, vous êtes seuls au monde, désormais tout vous
est
permis… » Mais encore, ce mouvement de l’orgueil fantastique, comment
626
oi… Poursuivons cette analogie. Le coup de foudre
est
le reflet d’une conversion. Il ne se discute pas davantage. Vous êtes
627
conversion. Il ne se discute pas davantage. Vous
êtes
élu « parce que c’est vous, parce que c’est elle ». L’amour accepte a
628
ugustinienne de l’élection. Pour la passion, tout
est
destin, rien n’est mérite, et le « scandale » de la double prédestina
629
lection. Pour la passion, tout est destin, rien n’
est
mérite, et le « scandale » de la double prédestination, au salut ou à
630
ue fois que l’on accueille ou que l’on rejette un
être
, dans le temps d’un premier regard. Voici l’accueil, et l’on entre en
631
clot avec l’image de l’objet aimé. Mais le diable
est
assis dans un coin de la cellule. Il ne fait rien, il vous attend. Il
632
france, son seul baume. Il a cessé de sourire, il
est
à son affaire, guettant les premiers plis de la panique à votre front
633
front. Que va devenir votre bonheur ? Pourquoi l’
être
aimé vous manque-t-il ? Pourquoi s’éloigne-t-il de l’image adorée ? S
634
Alors vous l’accuserez d’une injustice dont il n’
est
pas plus responsable que vous ne l’étiez de votre choix. Qu’il se dét
635
dont il n’est pas plus responsable que vous ne l’
étiez
de votre choix. Qu’il se détourne de vous pour un temps, voici le mon
636
alité. Mais il y a pire. La passion la plus forte
est
celle qui se nourrit d’obstacles, et qui bientôt les crée s’ils vienn
637
faut. Cet usage mystifiant de la réalité, qu’elle
soit
sociale, morale, ou naturelle, entraîne un mensonge essentiel qui cor
638
que ; mais qu’elle ne voulait pas que ses laquais
fussent
mis dans le cas de répéter ce même mensonge, car, dit-elle avec naïve
639
t peu dire, car les vrais tourments de la passion
sont
indicibles par essence, ou ne trouveraient à s’exprimer que par les p
640
endresse avide tyrannise ou méprise, que ses dons
sont
autant de violences intimes, et qu’il en vient à souffrir davantage p
641
en vient à souffrir davantage par l’absence de l’
être
aimé qu’il n’a de joie par sa présence… Dans ce dédale de nos enfers
642
r pour déjouer les ruses sataniques ? Il faudrait
être
un saint pour traverser une grande passion sans réjouir le diable ou
643
ait une abnégation dont les plus grands mystiques
furent
seuls capables. Il faudrait surtout conserver la règle d’or de l’amou
644
es de la déficiente réalité, avec la liberté de l’
être
aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffirait pour co
645
chef-d’œuvre de l’amour vrai : l’alliance de deux
êtres
qui s’acceptent, qui ne sont plus l’un pour l’autre des prétextes, ou
646
l’alliance de deux êtres qui s’acceptent, qui ne
sont
plus l’un pour l’autre des prétextes, ou des images du délire intime,
647
u délire intime, mais des amis jurés dont l’amour
est
confiance. Contre cette alliance-là, le diable ne peut rien. « L’amou
648
que je n’aie déjà dites sous d’autres formes. Il
est
vrai que tout le monde s’imagine que le péché par excellence réside d
649
perçoit d’une manière assez simple : la sexualité
est
le domaine des tentations à la fois les plus sensibles et les plus co
650
ensibles et les plus communes. Assez peu d’hommes
sont
réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais presque to
651
portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’
est
vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons
652
mme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin,
soit
en recourant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! » — soit en se
653
ant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! » —
soit
en se persuadant que « ça n’a pas d’importance » ; ou les deux ensemb
654
s deux ensemble. En vérité, la sexualité en soi n’
est
pas plus diabolique que la digestion ou la respiration. Si la majorit
655
des Occidentaux se figurent que le péché originel
fut
l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme serait le symbole, c’
656
t l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme
serait
le symbole, c’est parce qu’ils assimilent le péché en général à la te
657
éral à la tentation par excellence, qui se trouve
être
à leurs yeux la sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car m
658
ve signifierait ce que l’on croit, notez que ce n’
est
pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éter
659
que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui
était
mauvais aux yeux de l’Éternel, ni la pomme en soi (au contraire), mai
660
tour source de perversion. La paillardise joyeuse
est
certainement l’une des formes les moins diaboliques du péché. Je n’en
661
naturelles par un certain manque de nécessité. Il
est
nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang
662
Il est nécessaire de manger et de respirer, et il
est
nécessaire que le sang circule, mais on peut vivre en restant chaste.
663
on peut vivre en restant chaste. L’usage du sexe
est
donc en grande partie libre et conscient. D’autre part, il est lié à
664
rande partie libre et conscient. D’autre part, il
est
lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbo
665
art, il est lié à la créativité de l’homme, il en
est
l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savons qu
666
l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il
est
libre, c’est-à-dire parce qu’il peut choisir de créer selon l’ordre d
667
que dans nos créations les plus abstraites. Il y
est
même plus aisément reconnaissable, et dans cette mesure moins dangere
668
pruderie morbide du langage et des bonnes mœurs,
est
certes pour beaucoup dans la crise sexuelle dont souffre toute la bou
669
tanique et les névroses nées de troubles sexuels,
serait
simplement la franchise, non pas « scientifique » mais gaillarde. Mai
670
rime secrètement l’humanité de l’homme. Le sexe n’
est
pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fo
671
de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’
est
honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus humaines d
672
n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il
est
lié intimement aux fonctions les plus humaines de l’homme, à ses pouv
673
damentaux. En présence de cet affadissement, l’on
serait
tenté de regretter le temps où Satan proposait des combats plus fécon
674
us féconds… 38. L’Éternel féminin L’amour n’
est
pas un crime, mais le diable s’en sert, et de préférence à toute autr
675
, pour aveugler notre sens des valeurs. Le sexe n’
est
pas une honte, mais le diable y trouve l’occasion la plus commune de
676
traîne vers les hauteurs »… En vérité, la femme n’
est
porte de l’Enfer que pour ceux qui se laissent aller à voir en elle u
677
romantiques de tous les temps : « Entre nous, ce
sont
choses que j’ai toujours vues de singulier accord : les opinions supe
678
le, ou de laisser les autres s’y tromper. Qu’elle
soit
moins bien armée que l’homme contre Satan, c’est ce que fait voir le
679
t voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’
est
point par politesse que le serpent s’adresse à Ève en premier lieu. I
680
mord dans la pomme. C’est à ce moment que le mal
est
vraiment « consommé ». La femme n’est pas plus diabolique que l’homme
681
que le mal est vraiment « consommé ». La femme n’
est
pas plus diabolique que l’homme, mais plus facilement égarée, parce q
682
es ont si mal tourné. Saint Paul dit que le mari
est
le chef de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut être sauvée
683
de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut
être
sauvée. C’est une constatation bien plus qu’une prescription. (Saint
684
tation bien plus qu’une prescription. (Saint Paul
est
le plus grand réaliste de tous les temps.) Mais le culte romantique d
685
r son rôle de chef. La femme l’a persuadé qu’elle
était
opprimée. Il la croit, par fatigue, par gain de paix, ou par idéalism
686
multiplient des conflits inextricables. « L’amour
est
à réinventer », comme toujours, mais pourra-t-on restaurer le mariage
687
passer à l’échelle de la société. La femme qui n’
est
plus dominée par l’homme — que la faute en soit à l’homme ou à elle-m
688
n’est plus dominée par l’homme — que la faute en
soit
à l’homme ou à elle-même — perd sa féminité ou devient son esclave. D
689
-vis d’elle-même et d’autrui, sa première défense
est
de dire « qu’elle ne sait pas ce qui lui arrive ». C’est une feinte,
690
mant romantique parle ici comme une femme, s’il n’
est
plus maîtrisé par l’homme en lui. Contre les romans et les films, et
691
lles-mêmes finiront par s’y tromper, et le gâchis
sera
sans remède. Qu’elles rusent, bien, mais cela doit vous amuser. Si vo
692
près quelques semaines, il dit : — Mon œil gauche
est
perdu, et mes côtes cassées me font encore souffrir, ne m’en veux pas
693
en t’embrassant. — Ah ! fit-elle, j’ai peut-être
été
sotte, mais les épreuves nous grandissent. Dis-moi maintenant pourquo
694
un coup de poing sur l’œil droit. Maintenant, il
est
presque aveugle. — Pourquoi donc t’ai-je battu ? lui dit-elle chaque
695
t’ai-je battu ? lui dit-elle chaque matin. Je ne
suis
pas méchante, et je t’aimais. Pourtant je t’ai battu, je te battrai e
696
elle le croira. Si je lui dis : — « Cesse donc d’
être
méchante », elle me demandera pourquoi elle est méchante. Or je l’ign
697
’être méchante », elle me demandera pourquoi elle
est
méchante. Or je l’ignore. Elle me battra de nouveau. Quand elle m’aur
698
me battra de nouveau. Quand elle m’aura tué, elle
sera
désespérée et je ne veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux serait
699
é, elle sera désespérée et je ne veux pas qu’elle
soit
désespérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors nous ne saurons
700
je ne veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux
serait
de la quitter. Mais alors nous ne saurons jamais. Il se tait. — Cet
701
s issue L’histoire que l’on vient de lire peut
être
celle d’un couple, mais aussi, d’une certaine manière, celle des rela
702
sources, avec la crise de nos vies privées. Nous
sommes
au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre cœur. L
703
lance d’un saint. Ah ! mais jamais un saint ne se
fût
laissé tomber dans une situation pareille ! Descendons maintenant au
704
oup de pistolet Je me crois en Enfer, donc j’y
suis
. Rimbaud. Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de ces bê
705
e ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je
suis
entré, c’était tout juste pour voir si par hasard elle était là. Vous
706
, c’était tout juste pour voir si par hasard elle
était
là. Vous savez que c’est compliqué, ce bâtiment. Des couloirs et des
707
r les tables, et tout le monde lisait. Je dis : —
Est
-elle ici ? Quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent d’un air vexé. U
708
ement et me dit à voix basse : — Puisque Monsieur
est
venu, et puisque Monsieur demande si elle est ici, elle y est évidemm
709
eur est venu, et puisque Monsieur demande si elle
est
ici, elle y est évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du c
710
puisque Monsieur demande si elle est ici, elle y
est
évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du club : ni questio
711
me si je n’avais dit que : Fine day to-day, c’eût
été
une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait d
712
e question ou de réponse. Je pensais que le mieux
serait
de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne
713
ous connaissez ces couloirs. Et je ne voulais pas
être
mis à la porte ! Naturellement, j’aurais dû pousser la première porte
714
ser la première porte venue, sans y penser, et je
serais
sorti comme j’étais entré. Mais le fait est que je pensais à sortir,
715
venue, sans y penser, et je serais sorti comme j’
étais
entré. Mais le fait est que je pensais à sortir, et par la bonne port
716
je serais sorti comme j’étais entré. Mais le fait
est
que je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute. L’iné
717
itable se produisit au bout de quelques heures. J’
étais
épuisé, j’avais faim et soif, je ne rencontrais plus personne. Je sui
718
faim et soif, je ne rencontrais plus personne. Je
suis
un fumeur invétéré. Ma dernière cigarette était brûlée. Je me dis : —
719
Je suis un fumeur invétéré. Ma dernière cigarette
était
brûlée. Je me dis : — Puisque c’est absurde, pourquoi ménager quoi qu
720
isque c’est absurde, pourquoi ménager quoi que ce
soit
? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreu
721
mme un fou et je crie : — Pourquoi ? Le directeur
était
assis face à la porte et me regardait comme s’il n’avait rien entendu
722
ardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous
sommes
dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regard, il me sem
723
où je l’ai compris, il a tiré. — Eh bien oui, je
suis
là, dit-elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvr
724
a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit-elle. (Je
tenais
sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que
725
a main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je
suis
là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez no
726
elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que tu
es
venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais comb
727
is là parce que tu es venu, tout simplement. Nous
étions
couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle dé
728
e c’est une vraie balle que j’ai dans le cœur, il
est
évident que je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas
729
alle que j’ai dans le cœur, il est évident que je
suis
mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas plus réelle que ce q
730
je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’
est
pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la maison, vous supprimez
731
s que la balle n’est pas plus réelle que ce qui s’
est
passé dans la maison, vous supprimez à la fois toutes les questions p
732
t donc toute possibilité de réponse à quoi que ce
soit
. Laissez-moi donc seul. C’est mon ordre. Et si vous ne me croyez pas,
733
ne me croyez pas, je vais tirer ! 42. Ce livre
est
-il sans issue ? Le monde va finir. La seule raison pour laquelle i
734
rrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison
est
faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particul
735
nt le contraire, particulièrement à celle-ci : qu’
est
-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel ? Baudelaire Que
736
à faire sous le ciel ? Baudelaire Que ce Rien
soit
enfin mon ordre ! C’est le cri même du désespoir, et c’est l’autosadi
737
espoir, et c’est l’autosadisme de ce siècle. Tout
est
faux mais tout est réel. Puisqu’on en meurt de plus en plus. C’est un
738
autosadisme de ce siècle. Tout est faux mais tout
est
réel. Puisqu’on en meurt de plus en plus. C’est un cauchemar mais san
739
la réalité. La guerre existe autour de nous, elle
est
fausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’avons créée
740
ous n’y avons pas cru. Peut-être aussi que rien n’
était
possible. Ces pensées augmentent l’amertume. Elles nous suggèrent l’i
741
me. Elles nous suggèrent l’idée d’une possession…
Est
-ce nous vraiment qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’es
742
qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’
est
pas nous, qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors p
743
là ? Si ce n’est pas nous, qui d’Autre ? Ah, nous
sommes
tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce passé qu
744
surprenant. Cela paraît absurde et révoltant. Il
est
dur de se défaire de l’idée qu’on était né pour vivre heureux. Jadis
745
voltant. Il est dur de se défaire de l’idée qu’on
était
né pour vivre heureux. Jadis la tragédie n’était qu’un accident, une
746
était né pour vivre heureux. Jadis la tragédie n’
était
qu’un accident, une chose qui arrive aux autres, et dans les livres ;
747
n of casualties… », les familles des victimes ont
été
informées. (Grand développement de l’information dans notre siècle !)
748
nous informe donc, une fois pour toutes, que nous
sommes
tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous êt
749
, que nous sommes tous de la famille, et que nous
sommes
aussi les victimes ! « Vous êtes tous membres les uns des autres », d
750
e, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous
êtes
tous membres les uns des autres », dit l’Évangile. Nous sommes tous d
751
embres les uns des autres », dit l’Évangile. Nous
sommes
tous dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes tous dans
752
s dans le bateau qui coule, et en même temps nous
sommes
tous dans le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’est pas une
753
s le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’
est
pas une image, hélas, c’est simplement une vue d’ensemble. (Tôt et ta
754
mprenions l’étendue de la catastrophe, et qu’elle
est
vraiment sans limites ? Et qu’il n’y a qu’une humanité ? Et que c’est
755
elle qui se torpille et se bombarde ? Et que tout
est
inextricable et sans issue ? Que tout est faux, impossible, et réel.
756
ue tout est inextricable et sans issue ? Que tout
est
faux, impossible, et réel. On me dit : « Il y a les bons et les mécha
757
me dit : « Il y a les bons et les méchants, nous
sommes
les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes en guer
758
ons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous
sommes
en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avo
759
quoi lutterez-vous jusqu’à la mort ? Car la mort
est
un absolu… Avec quel bien pensez-vous triompher du mal immense qui en
760
mal immense qui envahit la terre ? Le moindre mal
sera-t
-il plus fort que le mal même dans son éclat ? Et si vous croyez à Sat
761
Et si vous croyez à Satan, vous savez bien qu’il
est
aussi dans vous : intelligence avec l’ennemi ! Et si j’y crois, je sa
762
ce avec l’ennemi ! Et si j’y crois, je sais qu’il
est
aussi dans moi. Il est donc aussi dans mon livre. Alors pourquoi l’éc
763
i j’y crois, je sais qu’il est aussi dans moi. Il
est
donc aussi dans mon livre. Alors pourquoi l’écrire ? Comment s’en dél
764
écrire ? Comment s’en délivrer ? Dira-t-on que je
suis
un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir
765
N’auraient-ils pas regardé l’époque ? Or ce livre
est
l’époque, je le crains. Un peu plus clair seulement, un peu plus dépo
766
on — c’est peut-être sa cruauté. Mais si l’époque
est
sans issue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’est plus de r
767
Mais si l’époque est sans issue, si le cauchemar
est
vrai cette fois, s’il n’est plus de réveil possible, pourquoi le dire
768
ssue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’
est
plus de réveil possible, pourquoi le dire et troubler davantage ? « Ô
769
ah ! taisons-nous, le voici qui revient, et ce n’
est
pas encore notre consolation, mais il est plus dur que la mort et le
770
et ce n’est pas encore notre consolation, mais il
est
plus dur que la mort et le mutisme de la mort, il est plus pur que no
771
plus dur que la mort et le mutisme de la mort, il
est
plus pur que nos douleurs, je l’ai nommé : cantique au bleu du ciel.
772
morale du succès, dans l’Amérique contemporaine,
est
une laïcisation de l’hérésie des puritains, qui déformèrent le calvin
773
au point de lui faire dire que le succès matériel
est
une marque d’élection. Il se peut que les grandes fortunes puritaines
774
n. Il se peut que les grandes fortunes puritaines
soient
nées d’un pacte avec le diable, béni et enregistré par les pasteurs.
775
l. 12. Selon cette conception de la sincérité il
serait
hypocrite de dire la vérité quand on a fort envie de mentir. 13. Pro
776
r méchants, c’est-à-dire que plus vous cherchez à
être
forts à la manière du diable, plus vous lui donnez d’avantages, son s
777
e, plus vous lui donnez d’avantages, son seul but
étant
de vous rendre semblables à lui. Mais si vous ne le faites pas, vous
778
lables à lui. Mais si vous ne le faites pas, vous
serez
joués, le mal triomphera, et il se fera passer pour le bien. Alors to
779
ra, et il se fera passer pour le bien. Alors tout
sera
perdu. Si les démocraties opposent à Hitler des tanks, des avions, de
780
litaires, c’est-à-dire que plus elles cherchent à
être
fortes à la manière d’Hitler, plus elles lui donnent raison en princi
781
en principe. Mais si elles ne le font pas, elles
seront
annexées, le « nouvel ordre » se fera passer pour l’ordre. Tout sera
782
nouvel ordre » se fera passer pour l’ordre. Tout
sera
perdu. La solution est de répondre à l’insensé à la fois selon sa fol
783
passer pour l’ordre. Tout sera perdu. La solution
est
de répondre à l’insensé à la fois selon sa folie et selon la sagesse
784
s nous, nous ne deviendrons pas fous. La solution
est
de résister au diable par la ruse et la subtilité, par l’ironie et l’
785
é, dont il ignore la puissance. Car ainsi nous ne
serons
pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous préserver de l’
786
où le diable pourrait nous asservir. La solution
est
d’attaquer Hitler — puisqu’il nous attaque — avec des tanks, des avio
787
’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi nous ne
serons
pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non plus par
788
rons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le
serons
pas non plus par l’intérieur. J’ai tenté jusqu’ici de dénoncer l’acti
789
souffle doucement sur le visage du patient. Ce n’
est
peut-être que d’un souffle de l’Esprit, passant sur le visage torturé
790
des hommes… Mais cette attente encore, qu’elle ne
soit
point passive parmi les vigilants, les survivants ! Que l’Esprit vien
791
it vienne, certes je parlerai ! Mais si je parle,
est
-il déjà venu ? Lui seul le sait. Somnium narrare vigilantis est, dis
792
u ? Lui seul le sait. Somnium narrare vigilantis
est
, disait Sénèque : conter le rêve est le fait de l’homme qui ne dort p
793
e vigilantis est, disait Sénèque : conter le rêve
est
le fait de l’homme qui ne dort plus. C’est un écho lointain du grand
794
r ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? Et quelle
est
la vision qui m’éveille ? Je m’essaierai à la décrire, parlant désorm
795
irituel Le secret de la seule confiance qui ne
soit
pas une illusion réside dans la simple certitude que nous ne sommes p
796
usion réside dans la simple certitude que nous ne
sommes
pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dép
797
que nous ne sommes pas des dieux, et que nous ne
sommes
pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le principe et la f
798
t la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final,
sont
dans la main de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout était da
799
on, le sens final, sont dans la main de Dieu, qui
est
le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme le serpent
800
n de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout
était
dans nos mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout s
801
mme le serpent tentait de nous en persuader, tout
serait
bientôt gâché et dans les mains du diable. Si nous étions des dieux,
802
ientôt gâché et dans les mains du diable. Si nous
étions
des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présente étan
803
’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présente
étant
notre œuvre à tous, l’échec des dieux serait avéré, leur faillibilité
804
sente étant notre œuvre à tous, l’échec des dieux
serait
avéré, leur faillibilité démontrée sans recours. C’est pourquoi l’aid
805
change Michel, chef suprême des milices célestes,
est
la plus grande qui nous fut donnée dans le combat contre Satan. Car s
806
des milices célestes, est la plus grande qui nous
fut
donnée dans le combat contre Satan. Car saint Michel irrésistiblement
807
e son nom qui veut dire : Quis sicut Deus ? « Qui
est
comme Dieu ? » Et ce cri terrasse le diable, cette lance transperce l
808
lance transperce le serpent qui sifflait : « Vous
serez
comme des dieux. » Le nom même de Michel formule et définit l’ordre c
809
: Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel. Ton cœur s’
est
élevé et tu as dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu
810
l’Éternel. Ton cœur s’est élevé et tu as dit : Je
suis
Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es
811
cœur s’est élevé et tu as dit : Je suis Dieu, Je
suis
assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non
812
is sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu
es
homme, et non Dieu. Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’es ac
813
Dieu. Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’
es
acquis des richesses Tu as amassé de l’or et de l’argent Dans tes cof
814
ccru tes capitaux, Et par tes capitaux ton cœur s’
est
élevé. C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Parce que
815
des mers. En face de ton meurtrier, diras-tu : Je
suis
Dieu ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera
816
ce de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu ? Tu
seras
homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. En face d’Hit
817
pour tout l’or du monde je ne souhaiterais pas d’
être
né dans un autre temps ! Tout signifie, autour de nous, tout s’amplif
818
imensions de la plus vaste poésie ! Tout ce qui m’
est
arrivé ces jours-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos
819
te poésie ! Tout ce qui m’est arrivé ces jours-ci
est
à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne furent plus
820
e de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne
furent
plus manifestes. Hitler m’indique en lettres gigantesques tout ce qu’
821
ons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en
est
pas moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est de coïncider av
822
Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui nous
est
demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire finale. L
823
plan de Satan en nous forçant à voir ce que nous
sommes
. Nous voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre
824
qu’il arrive, le grand Ordre subsiste, la Partie
est
déjà gagnée, — le bleu du ciel n’est pas terni par les nuées de notre
825
e, la Partie est déjà gagnée, — le bleu du ciel n’
est
pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez : le jugement fin
826
qu’ils savent naturellement, comme des brutes… Ce
sont
des nuées sans eau, poussées par les vents ; des arbres d’automne san
827
astres errants, auxquels l’obscurité des ténèbres
est
réservée pour l’éternité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à
828
ur l’éternité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il
tient
à nous que ce ne soit pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre per
829
qui parle-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne
soit
pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et
830
gnité, mais qui ont déserté leur propre demeure »
sont
déjà dans l’étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en est fai
831
étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en
est
fait, la partie est gagnée. Mais ce qui nous importe dans ce siècle,
832
nt de vue de l’éternité, c’en est fait, la partie
est
gagnée. Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de nous rendre
833
danger commun. Mais dans le fond, ces plaintes ne
sont
pas fondées. Une coalition entre souverains, faite sur les principes
834
les principes d’une morale pure et désintéressée,
serait
un miracle. Dieu, qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait
835
tacle irréductible, c’est le saint. Seul un saint
serait
à la hauteur de cette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de no
836
us éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne
sommes
pas des saints. Et qui donc oserait même, sérieusement, souhaiter d’e
837
re avec passion vers la sainteté : autrement nous
serons
balayés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’ob
838
la sainteté : autrement nous serons balayés ! Qu’
est
-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en nous l
839
Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable
étant
d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire
840
lité qui ont fait tout le mal, l’action contraire
sera
seule sanctifiante. Baudelaire disait que la vraie civilisation consi
841
consiste dans l’augmentation de notre sentiment d’
être
complices de tout le mal qui se fait dans le monde. Dans la Confessio
842
umain non équivoque15. Le sommet de la sainteté n’
est
pas dans la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous est au con
843
sainteté n’est pas dans la certitude illusoire d’
être
sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il a
844
la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous
est
au contraire révélé par le Christ lorsqu’il accepte de mourir en assu
845
rir en assumant tout le péché du monde. Le monde
est
plein de démons, ils sévissent par millions, et nous n’arriverons pas
846
n homme, c’est d’en devenir un soi-même. (Si ce n’
est
pas le seul moyen, c’est assurément le plus court.) Chaque homme viva
847
rt.) Chaque homme vivant une vie plus responsable
est
une défaite pour le diable, d’ores et déjà, et pour Hitler aussi ; un
848
e réaliser dans un ordre social ; le premier nous
étant
donné, le second étant à donner ; le premier figurant la condition de
849
e social ; le premier nous étant donné, le second
étant
à donner ; le premier figurant la condition de possibilité de tout or
850
st-à-dire la conscience immédiate d’un absolu qui
serait
, hors de nous, le gage universel du bien et du mal. Et nous voici cou
851
ous voici coupés des deux sources de l’Ordre, qui
sont
les lois ordonnées de la Création et les interventions ordonnatrices
852
réées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous
sommes
entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur nous affo
853
n vu que la philosophie de ce monde-là ne pouvait
être
que le nihilisme. Et tôt après, Hitler en a tiré des conséquences imp
854
irai la réponse « chrétienne » — le christianisme
est
à réinventer — comme la seule que je sente admirable au-delà des fasc
855
ondamentale, déterminée et révélée par Dieu comme
étant
l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’un bie
856
et d’un mal déterminés et révélés par Dieu comme
étant
l’ordre de sa Volonté. Toute ma confiance repose dans la certitude qu
857
l point qu’un savant, un peintre, un visionnaire,
sont
capables de réinventer le « réel » à sa ressemblance ; mais nous ne p
858
t l’existant à la quête éternelle d’un accord qui
sera
le nom secret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclur
859
, et provoquer ma catastrophe particulière, ce ne
sera
qu’au prix de ma perte, et sans le savoir, que je contribuerai au pla
860
aincu, me voici relié ! Avec les choses, avec les
êtres
, avec leur science, avec leur mystère, et le mien, — un voisinage m’e
861
, avec leur mystère, et le mien, — un voisinage m’
est
rendu ! 47. L’ordre social C’est au désert que le démon tenta l
862
porte un cœur dénué d’amour et d’espérance. Il n’
est
pas bon que l’homme soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme
863
mour et d’espérance. Il n’est pas bon que l’homme
soit
seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être se
864
nce. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il n’
est
pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’es
865
soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme
soit
foule, c’est être seul encore, c’est être seuls en masse. La solitude
866
st pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est
être
seul encore, c’est être seuls en masse. La solitude est un état divin
867
l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’est
être
seuls en masse. La solitude est un état divin qui chez l’homme tourne
868
ul encore, c’est être seuls en masse. La solitude
est
un état divin qui chez l’homme tourne vite au diabolique. « En la sol
869
verse avec lui-même, et comme a dit un sage, il n’
est
pas toujours sûr qu’il ne converse point là avec son ennemi. »16 Tou
870
ocial véritable repose sur le voisinage vécu, qui
est
la relation de prochain à prochain.17 Sans voisinage réel, vous n’ête
871
rochain à prochain.17 Sans voisinage réel, vous n’
êtes
plus responsable de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la
872
e la responsabilité de chacun envers autrui, il n’
est
point de liberté civique possible : la dictature devient inévitable d
873
ient inévitable dans toute société dont la maxime
est
le « chacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas e
874
randes distances, des masses et de l’anonymat, ne
sont
plus que d’abstraites contraintes, qui d’ailleurs ne contraignent bie
875
la police. Mais cet ordre imposé par l’extérieur
est
en réalité le souverain désordre. Il n’y a d’ordre vrai que dans la l
876
leur vocation et qui la servent. Et l’homme libre
est
le seul qui respecte la liberté de ses semblables. Tout cela se tient
877
specte la liberté de ses semblables. Tout cela se
tient
. Sens du prochain, responsabilité, et liberté sont choses intimement
878
ent. Sens du prochain, responsabilité, et liberté
sont
choses intimement liées ; elles s’engendrent mutuellement et ne peuve
879
Ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté
est
le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut être donnée à person
880
le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut
être
donnée à personne, mais seulement conquise par chacun ; qu’elle est «
881
nne, mais seulement conquise par chacun ; qu’elle
est
« incompatible avec la faiblesse », comme le disait Vauvenargues, c’e
882
ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté
est
foncièrement incompatible avec tout cela ; ceux qui ne savent pas pro
883
u’envie s’ils en savaient les conditions. Mais il
serait
insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démoc
884
et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en
sont
une, pitoyable ou scandaleuse, dans la bouche de milliers de nigauds
885
de nigauds ou de cyniques qui s’en prévalent. Ce
serait
insuffisant et même dangereux. Car cette hypocrisie est encore un hom
886
suffisant et même dangereux. Car cette hypocrisie
est
encore un hommage que la faiblesse des foules rend à quelque idéal tr
887
echerche de moyens d’incorporer cet idéal, qui ne
soient
point eux-mêmes des trahisons de leur fin. Il faut aider les hommes s
888
ir un peu plus responsables, un peu plus dignes d’
être
libres, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en somme
889
plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en
sommes
là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu » représen
890
ssant le ton, sans nul effort de persuader. Je me
tiens
l’argument suivant : le gigantisme moderne prive les hommes de la pos
891
isme moderne prive les hommes de la possibilité d’
être
et de se sentir responsables dans la société et dans la politique, do
892
bles dans la société et dans la politique, donc d’
être
libres ; cette irresponsabilité anxieuse appelle la dictature par l’i
893
changer de méthodes ou d’attitude ; mais quelles
sont
les méthodes et l’attitude contraires au gigantisme et capables de le
894
u se faire entendre. Les conséquences des actions
sont
visibles, l’amour et la haine sont tangibles, et les pouvoirs peuvent
895
es des actions sont visibles, l’amour et la haine
sont
tangibles, et les pouvoirs peuvent être contrôlés et soutenus par le
896
la haine sont tangibles, et les pouvoirs peuvent
être
contrôlés et soutenus par le citoyen, en connaissance de cause et de
897
e cette « utopie », qui s’appelle le fédéralisme,
est
la seule qui permette aux mots de liberté, d’ordre, d’humanité et de
898
hors de la guerre et de l’État totalitaire, qui n’
est
rien d’autre que l’état de guerre en permanence ? Beaucoup de choses
899
« impossibles » nous arrivent. Un beau jour elles
sont
là, malgré nous. Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de
900
vent. Un beau jour elles sont là, malgré nous. Ne
serait
-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’impossible favora
901
dans nos volontés égarées : tous les mots clairs
sont
des mots d’ordre. Or que voyons-nous aujourd’hui ? « Liberté », « ord
902
titulent très sincèrement démocraties, mais qu’il
tient
, comme Hitler, pour des ploutocraties. Faut-il penser qu’on se tue po
903
a-t-il derrière ces mots des réalités simples qui
seraient
d’une part la tyrannie et d’autre part la liberté ? Mais dites-moi do
904
autre part la liberté ? Mais dites-moi donc ce qu’
est
la liberté, pour vous ? Vous hésitez, c’est compliqué, et plus vous y
905
garder cette liberté, et c’est très bien. Mais ce
serait
mieux encore si le mot avait un sens que l’on pût déclarer sans hésit
906
es nazis aussi se font tuer.) Les mots ne peuvent
être
efficaces que s’ils ont un sens défini. Et ce qui définit le sens d’u
907
ent des actes. Or cette correspondance ne cesse d’
être
arbitraire qu’en vertu d’un accord unanime. C’est dire qu’elle ne peu
908
tion, un droit, une foi et une autorité communes,
sont
seules capables de définir le sens de ce qu’on appelle les mots coura
909
urent partout ne mènent nulle part. Notre langage
est
débrayé. Plus on parle, moins on s’entend. La mort seule met tout le
910
uvent plus se taire ni nuit ni jour, où la parole
est
débitée à tant la seconde, qu’il y ait ou non des auditeurs, qu’il y
911
la grande prostitution de cette parole qui devait
être
la mesure du vrai, et dont l’Évangile dit que, dans sa source, elle e
912
et dont l’Évangile dit que, dans sa source, elle
est
« la vie et la lumière des hommes » ! Hélas, qu’avons-nous fait de la
913
ait plus même mentir dans certaines bouches, elle
est
tombée plus bas que le mensonge, je veux dire dans l’insignifiance. A
914
u bavardage aimable ou ému des speakers ! Lui qui
est
le grand confusionniste, lui qui n’aime rien tant que l’équivoque fla
915
l, le gâtisme des fins de banquet ; et quand nous
sommes
abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’indicib
916
i, le romantique qui nous suggère que l’indicible
est
peut-être plus vrai que la parole claire et nette ! Il sait qu’en con
917
rganise enfin cette inflation verbale, les mots n’
étant
plus « couverts » par des actes, dont il espère, non sans raison, qu’
918
re sens moral… J’allais écrire que le seul remède
serait
de lui opposer la sémantique, qui est la science des significations,
919
l remède serait de lui opposer la sémantique, qui
est
la science des significations, du langage précis et nuancé, gagé par
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ièrement ment fondé sur les mots.18 (Ce ministère
était
jadis l’Église. Une analyse de nos vocabulaires montrerait que le peu
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gt remèdes de ce genre : mais je sais trop qu’ils
seront
sans vertu dans le monde informe et gigantique où nous vivons. Et pui
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proposer après mille autres mes réformes. Le mal
est
trop profond, le désespoir trop vrai, les hommes trop occupés à se dé
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ment, trop dépourvus de prises pour qu’un conseil
soit
encore entendu. Mais voici la confiance indestructible, qui remonte à
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rumeurs et rétablit le silence adorant : nous ne
sommes
pas maîtres de détruire la vraie Parole ! Tous les mensonges du diabl
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s qu’on ne pourrait plus s’entendre. Mais si deux
êtres
communiquent, si ces mots tout d’un coup me mettent en mouvement, si
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à me rendre à ma force, par ce miracle le langage
est
restauré dans sa puissance originelle et créatrice. Un tyran ou l’Éta
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étouffer la libre parole » : au point où elle en
est
, ce ne serait pas un grand mal. Mais ils ne pourront rien sur le myst
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a libre parole » : au point où elle en est, ce ne
serait
pas un grand mal. Mais ils ne pourront rien sur le mystère qui fait q
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nts, certains mots nous parlent, et non d’autres,
fût
-ce à voix basse, au secret d’un cachot. Ils pourront réduire au silen
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s aller plus loin. Car voici Pâques, et la Parole
est
à jamais ressuscitée ; et dans la confusion des langues et des menson
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temps, et peut-être nous fait pleurer, puis tout
est
clair et juste de nouveau. N’opposons pas au diable des injures, qu’i
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e désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’
être
vertueux. Il nous suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous
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u si triste chose qu’il paraissait mesquin de s’y
tenir
. Personne n’osait plus en parler : elle n’était plus que la moralité.
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y tenir. Personne n’osait plus en parler : elle n’
était
plus que la moralité. Je ne sais quel ridicule s’attachait au mot mêm
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trisé jadis les héros de la Révolution. La morale
était
ennuyeuse, et le gangster plein de prestige. Le bon ton consistait en
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’une manière convaincante que l’homme « moral » n’
était
qu’un hypocrite, un faible, un refoulé ou un raseur. Mais la guerre n
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foules, la démission sans élégance de nos élites,
est
-ce que c’est cela qu’il faut sauver au prix de sa vie ? Je réponds pa
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Je réponds paisiblement non. Que tout ce qui peut
être
détruit, le soit. Que tous les sourds trop sourds pour entendre l’ale
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lement non. Que tout ce qui peut être détruit, le
soit
. Que tous les sourds trop sourds pour entendre l’alerte périssent dan
940
nt dans la surdité. Qu’y pouvons-nous ? La bêtise
est
inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de se détruire. Et s
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l’empêcher de se détruire. Et si l’on tue ce qui
était
déjà mort, je n’y vois pas d’inconvénient. Tout cela ne m’empêchera p
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plus doucement et sans rien condamner : l’heure n’
est
-elle pas trop grande pour nos cris ? Je voudrais dire le bien et les
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de vivre, et d’assumer un destin neuf. La vertu n’
est
plus ennuyeuse quand les vertueux ont disparu avec les vieilles quere
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e ce ton : « L’égoïsme a aussi sa niaiserie, il n’
est
pas moins ignorant sur ce qui est bon que l’honnêteté sur ce qui est
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niaiserie, il n’est pas moins ignorant sur ce qui
est
bon que l’honnêteté sur ce qui est mauvais. » « Pour connaître les ho
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ant sur ce qui est bon que l’honnêteté sur ce qui
est
mauvais. » « Pour connaître les hommes, il ne suffit pas de les mépri
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mépriser. »21 « Les personnes faibles ne peuvent
être
sincères. »22 Et je rêve d’une anthologie de ces maximes d’une virtu
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et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’
être
libres comme ceux qui n’ont plus rien à perdre. Je pense à cette pure
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e malheur nous rendra sobres, et que l’empire qui
était
échu aux plus bavards sera restitué aux taciturnes par l’éducation du
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, et que l’empire qui était échu aux plus bavards
sera
restitué aux taciturnes par l’éducation du danger et la coutume de la
951
e avait raison, « les hommes ne savent rien, tout
est
devant eux, tout arrive également à tous : même sort pour le juste et
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et le Sang, « qui rendent témoignage et les trois
sont
d’accord ».24 Je lui oppose le Feu des langues, le Sel et l’Huile. Je
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lui oppose aussi les œuvres d’hommes où sa part a
été
consumée. Je lui oppose le bleu du ciel. Le bleu des ciels que j’ai a
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éfutent les sophismes de l’Abîme comme une aube d’
été
évapore les brumes ! On dit que le démon aime l’heure de minuit. Ah !
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ue lui donne la parabole du bon Samaritain. — Qui
est
mon prochain ? — Celui qui a besoin de ton aide, ou celui qui t’en do
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oin de ton aide, ou celui qui t’en donne. Ce peut
être
n’importe quel homme, — celui qui passe sur ton chemin et qui s’arrêt
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presse libre, meetings, conférences. La monarchie
était
fondée sur le rite, les formules consacrées, la cérémonie plastique.
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consacrées, la cérémonie plastique. La dictature
est
le régime des coups et la parole n’y est plus que mensonge dirigé. 1
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ictature est le régime des coups et la parole n’y
est
plus que mensonge dirigé. 19. Je ne parle pas de l’immoralité, j’ign
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Je ne parle pas de l’immoralité, j’ignore si elle
était
plus grande qu’en d’autres temps. Je dis seulement qu’on n’avait même