1 1942, La Part du diable. Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 nous guérit des fausses peurs Au dessert nous étions d’accord : ce qui manque le plus aux démocraties en général, et à l’A
2 rte de l’ascenseur s’ouvrait, nous entrâmes. — Ce serait enfin une situation tragique nouvelle : se faire diable soi-même pour
3 iquait à son auditoire de paysans que les martyrs sont nos meilleurs intercesseurs auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse a
4 auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse alpestre sont des gens simples et réalistes. Ils crurent l’apôtre. Ils le crurent s
5 ut de ces paraboles pour nous rappeler combien il est dangereux de dire la vérité en général, et la vérité chrétienne en pa
6 Dangereux pour celui qui la dit ! Si nous voulons être chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-n
7 elui qui la dit ! Si nous voulons être chrétiens, soit , mais sachons de quel prix cela se paye. Il y a dix-neuf siècles que
8 la se paye. Il y a dix-neuf siècles que ce Prix a été fixé… On était arrivé au fumoir. Et tout le monde se remit à parler d
9 l y a dix-neuf siècles que ce Prix a été fixé… On était arrivé au fumoir. Et tout le monde se remit à parler des nouvelles du
10 e ? J’y songeais depuis quelques instants. ⁂ Ce n’ est pas sans quelque inquiétude que j’ai senti ce livre se proposer à moi
11 isi l’autre ? Parler du diable, écrire sur lui, n’ était -ce pas une manière impudente de le provoquer publiquement ? Je songea
12 it. » Mais on n’écrit jamais impunément, quel que soit le sujet en cause. Il est vrai que pour certains auteurs, l’acte d’éc
13 s impunément, quel que soit le sujet en cause. Il est vrai que pour certains auteurs, l’acte d’écrire résulte simplement d’
14 ossent toujours un certain risque. Nulle vérité n’ est bonne à dire, dans ce sens que chaque vérité comporte une part d’accu
15 ait impossible »… L’eau, remarquait un humoriste, est ce liquide si impur qu’une seule goutte en suffit pour troubler une a
16 ndant, publier pose un autre problème. L’époque n’ est -elle pas assez consternante et consternée, les esprits pas assez égar
17 Montrer la réalité du diable dans ce monde, ce n’ est pas augmenter la peur, c’est lui donner son véritable Objet. C’est fa
18 ralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’ est jamais plus en danger que dans les moments où l’on se trompe sur la v
19 e. Identifier l’Ennemi, mesurer sa puissance, tel est le sujet de ce petit ouvrage. Toutefois, qu’on ne s’attende pas à un
20 e s’attende pas à un portrait du diable : il faut tenir tous ses portraits pour autant de victoires qu’il remporte sur notre
21 r notre complaisance ou nos crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence étant précisément le déguisement, l
22 . Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence étant précisément le déguisement, l’usurpation des apparences, le bluff ého
23 le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se sont occupés du diable, au cours des siècles, me paraissent d’accord sur c
24 a délicatesse, à la grandeur, à l’âme, — le Malin est un homme à trucs. C’est l’agent double, triple, centuple, l’agent mul
25 notre temps, en les rapportant à l’action du seul être qui s’en réjouisse.
2 1942, La Part du diable. Première partie. L’Incognito et la Révélation
26 moderne sur Satan : La plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’Incognito Reconnaiss
27 onsacrer tout un livre. Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis ». Mais le diable
28 our du diable est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis ». Mais le diable, qui a la manie de vouloir imiter la
29 st son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis  ». Mais le diable, qui a la manie de vouloir imiter la vérité en la r
30 e diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quoi aurais-tu peur ? Vas-tu trembler devant l’inexistan
31 mes et de souffre avec ses faux prophètes, pour y être tourmenté nuit et jour, au siècle des siècles. La Bible, notez-le, pa
32 inaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant de la réalité objective du diabl
33 r. Luc 10.18. La Bible nous apprend que Lucifer est un ange tombé du ciel. Les anges sont des créatures spirituelles viva
34 que Lucifer est un ange tombé du ciel. Les anges sont des créatures spirituelles vivant et agissant sur les frontières de l
35 et de la Création, de l’éternité et du temps. Ce sont des intentions divines, des messagers, — comme le dit leur nom grec :
36 serviteurs à la fulgurante volée, dont la vitesse est celle de la pensée — c’est pourquoi ils nous sont invisibles ; des in
37 est celle de la pensée — c’est pourquoi ils nous sont invisibles ; des intelligences sans fraude, participant de l’omniscie
38 est pourquoi nous les comprenons mal. « Tout ange est terrible ! », dit Rilke. Mais tout ange est bon, servant Dieu. Au som
39 ange est terrible ! », dit Rilke. Mais tout ange est bon, servant Dieu. Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. U
40 t bon, servant Dieu. Au sommet de leur hiérarchie sont les archanges. Un seul archange a trahi sa mission, son message et so
41 l archange a trahi sa mission, son message et son être même, c’est Lucifer, le Porteur de Lumière. Satan s’est révolté, il a
42 me, c’est Lucifer, le Porteur de Lumière. Satan s’ est révolté, il a refusé de servir, il a refusé de transmettre son messag
43 ières à lui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’ être , il est « tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu
44 ui. Et aussitôt, par les lois mêmes de l’être, il est « tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne ab
45 is mêmes de l’être, il est « tombé » du Ciel, qui est le Royaume où l’intention de Dieu règne absolue. (Coupez la communica
46 oupez la communication, le courant « tombe ».) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’est qu’un esprit pur, une fo
47 ) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’ est qu’un esprit pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il est dev
48 pur, une fois coupé de la source de l’Esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses mystères. Mais quoique déchu, i
49 , mais qui a conservé son « métier » et l’envie d’ être à l’avant-garde. Satan connaît encore l’Esprit et les esprits, mais n
50 mais non plus la fin et la gloire à laquelle ils sont destinés. Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est deven
51 Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui ne sert
52 mbé de l’éternel, Satan veut l’infini. Tombé de l’ Être , il veut l’Avoir. Mais le problème est insoluble à tout jamais. Car p
53 ombé de l’Être, il veut l’Avoir. Mais le problème est insoluble à tout jamais. Car pour avoir et posséder, il faudrait être
54 t jamais. Car pour avoir et posséder, il faudrait être , et il n’est plus. Tout ce qu’il s’annexe, il le détruit. (Le Néant n
55 pour avoir et posséder, il faudrait être, et il n’ est plus. Tout ce qu’il s’annexe, il le détruit. (Le Néant néantit, dit H
56 ger.) Et certes, il pourra tout avoir — puisqu’il est appelé Prince de ce monde dans l’Évangile — mais il n’aura jamais que
57 e monde-ci. Il ne reconquerra jamais le Ciel, qui est proprement l’âme de ce monde et le mystère du transcendant dans l’imm
58 gster obsédé par le kidnapping. Ses victoires, il est vrai, seront toujours stériles. Car on ne devient pas père en volant
59 dé par le kidnapping. Ses victoires, il est vrai, seront toujours stériles. Car on ne devient pas père en volant un enfant. On
60 ndant, nous pouvons perdre toutes ces choses, qui sont notre héritage d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable
61 a manquera pas… 5. Le Tentateur Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait
62 res du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez point et vous n’
63 us en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal1. Voyez : avant la te
64 l réellement dit ?… » Sitôt que cette incertitude est insinuée dans un esprit, la possibilité d’une tentation s’entrouvre.
65 . On dit bien : l’occasion fait le larron. Vous n’ êtes pas tenté d’aller dans la Lune, parce que vous savez que c’est absolu
66 savez que c’est absolument impossible. Mais vous seriez probablement tenté d’y aller, si l’on vous suggérait quelque moyen de
67 temps de la tentation : La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvri
68 était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence : elle prit de son fruit et en ma
69 e prit de son fruit et en mangea.2 Voyez : ce n’ est pas le mal en soi qui tente, mais c’est toujours un bien qu’on imagin
70 ue l’on se figure « mieux fait pour soi ». Ève ne fut pas tentée par une chose mauvaise, mais par une fort belle et bonne p
71 able à la vue et précieuse pour l’esprit. Elle ne fut pas tentée par le désir de nuire, mais par l’idée de se diviniser, ce
72 x yeux de Dieu c’était le mal… Ainsi la tentation est toujours utopie, — si l’utopie est l’imagination, puis le désir, d’un
73 i la tentation est toujours utopie, — si l’utopie est l’imagination, puis le désir, d’un bien que le réel condamne et que l
74 entier du Golgotha. À l’origine, le « méchant » n’ est pas celui qui agit par méchanceté (à ses propres yeux tout au moins).
75 ité méprisée se vengera automatiquement. Le péché est une faute, mais faute signifie tout à la fois erreur et chute. C’est
76 t dans la certitude de faire le mal. Mais ici se sont déclenchés les mécanismes compliqués de la perversion, de l’autopunit
77 on, la suprême utopie. 6. L’Accusateur Il n’ est peut-être au monde qu’une seule chose pire que de douter du bien et d
78 n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous f
79 prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoya
80 ’on condamne sans pitié son prochain ou soi-même, soyez sûrs que c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon
81 s que c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour une simple faute de logique, la grâce pour une erreur
82 seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’ est pas et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé, la
83 et mentir par ses actes. Le minéral repose où il fut composé, la plante pousse où se fixa la graine, les animaux muets son
84 te pousse où se fixa la graine, les animaux muets sont prisonniers de l’ordre intarissablement prodigue et infaillible de l’
85 il peut aussi créer à tort et à travers. Il peut être un agent responsable de la nature naturante, mais il peut aussi faire
86 de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire
87 la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans
88 e un mensonge ou l’opérer. Par le langage l’homme est libre. Par le langage il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pé
89 ar sa liberté seule il peut pécher. Et le péché n’ est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie. La liberté jouée s
90 sissant la proie, l’on perd l’ombre, mais l’ombre était la créativité, le foisonnement enthousiasmant, c’est-à-dire « endieus
91 u’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme interdite, Ève n’aurait pu pécher, ni Ada
92 r, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin devait at
93 . Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgue
94 ns nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre et confirmer par
95 endre et confirmer par la vertu du témoignage, il est clair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la
96 est clair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoigna
97 qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un cli
98  ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un client. Si la balance marque 980 grammes,
99 a balance elle-même, c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oubli
100 a mesure même de la vérité, toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable
101 , toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est Menteur, et le Père du
102 t sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est Menteur, et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cite d
103 d’exister). Mais le texte original de ce passage est infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il
104 passage est infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par
105 ange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du
106 ntrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’engendre, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d
107 tion du mensonge, car le mensonge, par essence, n’ est pas ! C’est une espèce de décréation. C’est le trompe-l’œil et le son
108 tion bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni ma
109 le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien ni mal », parce que l’acte dont elles naquirent supprime le
110 sir d’innocence utopique. Le mensonge ordinaire n’ était que l’omission ou la contradiction d’une vérité, qui subsistait aille
111 s suivrons tout au travers du livre. Si le diable est Légion, cela signifie d’abord que tout en étant un, il peut revêtir a
112 ble est Légion, cela signifie d’abord que tout en étant un, il peut revêtir autant d’aspects divers qu’il y a d’individus de
113 nde. Mais cela peut signifier aussi que le diable est la masse anonyme. Et finalement, qu’étant tout le monde, ou n’importe
114 le diable est la masse anonyme. Et finalement, qu’ étant tout le monde, ou n’importe qui, il va nous apparaître comme n’étant
115 , ou n’importe qui, il va nous apparaître comme n’ étant Personne en particulier. Et ceci nous ramène au premier de ses tours,
116 Et ceci nous ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son existence même. 9. Le sophisme L’An
117 . 9. Le sophisme L’Ange déchu nous dit : je suis ton ciel, il n’y a pas d’autre espérance. Le Prince de ce monde nous
118 vies, moins nous pouvons le reconnaître. Plus il est effectif, moins il paraît dangereux. Sa propre action le dissimule au
119 e. Il s’évanouit dans son succès, et son triomphe est son incognito. La preuve que le diable existe, agit et réussit, c’est
120 que nous n’y croyons plus. Mais à l’inverse, il n’ est pas douteux que ce Dissimulé ne perde sa puissance à mesure qu’on le
121 yeux de la plupart d’entre nous. Car si le diable est simplement le démon rouge et cornu des mystères médiévaux, ou le faun
122 vre et à longue queue des légendes populaires, il est vraiment trop facile d’y croire : qui s’en donnerait encore la peine 
123 emps avec ces balivernes d’un autre âge ? » Or ce sont eux qui s’y laissent prendre ! Fascinés par l’image traditionnelle et
124 mains peut-être… Ce qui me paraît incroyable ce n’ est pas le diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et l
125 araît incroyable ce n’est pas le diable, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de ces « sceptiqu
126 e dont ils se montrent les victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire
127 ux qui en restent aux contes de bonnes femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’en
128 iable à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui est tirée des contes de bonnes femmes. 11. Diable et péché Mais voi
129 qu’il n’a point d’existence personnelle, qu’il n’ est en somme qu’une figuration mythologique du mal : ce serait un excelle
130 somme qu’une figuration mythologique du mal : ce serait un excellent calcul. Car il sait bien qu’il nous terroriserait s’il s
131 à leurs yeux), mentent sans le moindre scrupule, sont égoïstes avec passion, et n’ont en général aucune espèce de trouble d
132 eut du mal. Elles ne se doutent pas que le diable est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par lui
133 i nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents, car le péché attire, mais le diable fait peur
134 ire, mais le diable fait peur. L’astuce du diable est donc de se rendre invisible dans nos tentations. Il s’arrange pour mo
135 e conte du Chaperon rouge. En vérité, le diable n’ est pas dangereux là où il se montre et nous fait peur, mais là seulement
136 pas, c’est encore lui qui parle. Certes, le péché étant devenu notre seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même e
137 des péchés, qui n’ont rien de très mystérieux et sont exactement catalogués : lâchetés et mensonges, actes d’orgueil ou d’é
138 le pointue : c’est au moment précis où le péché n’ est plus reconnu pour tel et veut se justifier. Dans les mécanismes hérit
139 le ou conditionnement social insuffisant… Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais malades… 1
140 ant… Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais malades… 12. Le psychanalyste confondu La ps
141 dance générale — sans doute inconsciente ! — peut être définie comme une tentative de ramener le « péché » et le « Mal » à d
142 able dans les eaux troubles du subconscient. Ce n’ est encore qu’une variante scientifique du sophisme de l’incognito. Point
143 royance au diable, ni donc de diable. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelque chose qui se soigne, se guérit, et s
144 par ses complexes. Or la chute de l’ange Lucifer est justement l’Accident absolu qui survint dans l’histoire du monde. J’a
145 re vraie, et que je trouve trop belle pour ne pas être vraie. Comme on demandait à C. G. Jung s’il croyait aux phénomènes oc
146 ttaquée par les oiseaux. Depuis des mois, elle en était réduite à ne sortir qu’en voiture fermée. Jugeant elle-même qu’il s’a
147 eux ou trois mois, l’état général de cette dame s’ était notablement amélioré. Elle dormait mieux, l’appétit revenait, les mig
148 e d’un psychanalyste !) Enfin, par un beau jour d’ été , la malade vint pour une dernière tentative. Il faisait une chaleur t
3 1942, La Part du diable. Deuxième partie. Hitler ou l’alibi
149 i 13. Où paraît la nécessité d’un alibi Il est étrange de constater que depuis la fin du Moyen Âge, depuis que Luthe
150 oujours. Or il faut que cela continue, mais je ne tiens pas à ce que l’on me reconnaisse. Délaissons donc cet insoutenable in
151 à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre. Ce fut son second to
152 mplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre. Ce fut son second tour. 15. Hitler est-il l’Antéchrist ? Je tiens l’ac
153 ne d’autre. Ce fut son second tour. 15. Hitler est -il l’Antéchrist ? Je tiens l’action d’Hitler pour plus réellement
154 d tour. 15. Hitler est-il l’Antéchrist ? Je tiens l’action d’Hitler pour plus réellement diabolique que ne l’imaginent
155 que que ne l’imaginent ceux qui croient qu’Hitler est le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist,
156 qu’Hitler est le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce serait peut-être un peu trop simple. Il
157 Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce serait peut-être un peu trop simple. Il suffirait de le supprimer pour suppr
158 it de le supprimer pour supprimer tout le mal qui est dans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable était le Führer, i
159 ans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable était le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous fi
160 me pardonne, si le diable était le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le
161 pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autr
162 réelle stature de Satan. N’oublions pas que Satan est Légion ! Supprimer un dictateur ne suffirait nullement à débarrasser
163 ma mémoire ne le trahit pas : — « Cet homme qu’il est inutile de nommer, et dont la censure d’ailleurs m’a fait oublier le
164 censure d’ailleurs m’a fait oublier le nom, ce n’ est certainement pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur notre sa
165 rist lui-même ! Mais l’homme auquel vous pensez n’ est encore qu’un petit monsieur, un premier avant-coureur de l’Antéchrist
166 il mène contre les Églises et le monde chrétien n’ est qu’un premier avertissement à nous armer pour le Combat final, pour l
167 ci bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’ être pas le diable en personne, on peut être tout de même passablement dia
168  ! Pour n’être pas le diable en personne, on peut être tout de même passablement diabolique. Et je vois peu d’aspects de l’a
169 ue. 16. Le diable en chemise brune Hitler n’ est pas le grand ange déchu. Mais certains pensent pour l’avoir éprouvé e
170 par une espèce de frisson d’horreur sacrée, qu’il est le siège d’une « domination », d’un « trône » ou d’une « puissance »,
171 Une seule chaîne de SS le séparait de la foule. J’ étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu t
172 descendu très facilement. Mais ce bon tireur ne s’ est jamais trouvé, dans cent occasions analogues. Voilà le principal de c
173 u même délirer. On ne tire pas sur un homme qui n’ est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est l
174 On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 mil
175 t tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un roi,
176 n, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion sont réservés à d’autres catastrophes. Certes il y a des fous, des acciden
177 tège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un f
178 ent de la Providence comme il l’affirme, ou qu’il soit un fléau de Dieu (c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des h
179 À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathie ou des ha
180 rgie de cette nature, on sent très bien qu’elle n’ est pas de l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifester qu’autant
181 fester qu’autant que l’individu ne compte plus, n’ est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que
182 qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplorable espèce si l’œuvre accomplie par c
183 ntends bien par cette puissance à travers lui — n’ était pas une réalité qui provoque la stupeur du siècle. On demande s’il es
184 ui provoque la stupeur du siècle. On demande s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit tr
185 Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement, si cela compte en lui le moins du monde, il ne
186 l ne vaut rien pour un destin pareil ? Un génie n’ est ni fou ni bête, ni sensé ni intelligent. Il ne s’appartient pas, n’a
187 de compte en banque, et à peine un état civil. Il est le lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur de ces for
188 l’Histoire, le catalyseur de ces forces qui déjà sont dressées devant vous ; et après cela, vous pouvez le supprimer sans r
189 ouvez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’ est fait par lui. Qu’il y ait eu dans ces temps aveugles à toute réalité
190 ar un trône… On a ri. On a cessé de rire. Et ce n’ était pourtant qu’un petit envoyé… 17. Le directeur d’inconscience L’
191 ccident depuis des millénaires ? C’est qu’Hitler est assez démoniaque pour avoir su réveiller nos démons, par une espèce d
192 slogans du diable : « Vous ne mourrez pas ! Vous serez comme des dieux ! » En combattant le traité de Versailles, « cette Go
193 ocence première. Enfin, en condamnant tout ce qui est universel ou du moins supranational, le christianisme, le judaïsme, l
194 nce somnambulique, dans lequel le moins courageux sera capable d’exécuter des actes étonnants d’énergie et de discipline méc
195 uide », le directeur de l’inconscience allemande, est en même temps conscient de ce qu’il fait, maître de sa technique, luc
196 érer. « Tous les grands mouvements de l’Histoire, sont des éruptions volcaniques de passions et de sensations spirituelles p
197 passions et de sensations spirituelles provoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole j
198 ovoquées soit par la cruelle déesse de la Misère, soit par la torche de la parole jetée dans les masses. Seule une tempête d
199 uit les plus grands changements dans le monde ont été trouvées non pas dans la connaissance scientifique, mais dans le fana
200 satanique, le terme d’État totalitaire. Un régime est totalitaire lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvo
201 ace, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut mêm
202 rigines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’ est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que «
203 te religion n’admet pas que « les choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion
204 is-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, reli
205 tout, il ne gagne rien. Les religions de la terre sont religions de la mort. Vieille vérité théologique, que les malheurs du
206 découvert le sens de cette parole quand le Führer est entré dans Paris. Pour ma part, j’écrivis ce jour-là une page qui tro
207 ile sa face d’un nuage, et se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints.
208 it le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en perdrai
209 sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’
210 it : Si Paris est détruit, j’en perdrai le goût d’ être un Européen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’est éteinte
211 ai le goût d’être un Européen. La Ville Lumière n’ est pas détruite : elle s’est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme,
212 éen. La Ville Lumière n’est pas détruite : elle s’ est éteinte. Désert de hautes pierres sans âme, cimetière… L’envahisseur
213 trerai dans Paris. Il y entre en effet, mais ce n’ est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, dev
214 ntre en effet, mais ce n’est plus Paris. Et telle est sa défaite irrémédiable devant l’esprit, devant le sentiment, devant
215 jamais. Il ne verra que d’aveugles façades. Il s’ est privé à tout jamais de quelque chose d’irremplaçable, de quelque chos
216 tation stupéfiante de cet homme et de cette Ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au monde entier qu’il est
217 saire pour faire comprendre au monde entier qu’il est des victoires impossibles. On ne conquiert pas avec des chars les don
218 as. Et l’hitlérisme enseigne de le mépriser. Ce n’ est pas l’aspect le moins diabolique de l’œuvre du Führer, que le caractè
219 itlérienne. La tactique et la stratégie d’Hitler sont en somme très simples. Il est apparu dans le monde comme un maniaque
220 stratégie d’Hitler sont en somme très simples. Il est apparu dans le monde comme un maniaque qui entrerait dans une maison
221 qu’il s’écroule. Ainsi, partout où quelque chose était vermoulu dans notre monde, dans son économie ou dans sa morale, Hitle
222 ce que tout s’écroule. Partout où une faiblesse s’ est révélée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il est le châtiment
223 élée, il l’a châtiée sans scrupules ni pardon. Il est le châtiment automatique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau
224 re Beaucoup de gens pensent que le Führer doit être très méchant pour faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce n’es
225 faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce n’ est pas sa plus ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’est pas
226 n’est pas sa plus ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’est pas elle qui serait particulièrement diabolique. C
227 ou moins grande méchanceté qui est en cause. Ce n’ est pas elle qui serait particulièrement diabolique. Ce sont les justific
228 échanceté qui est en cause. Ce n’est pas elle qui serait particulièrement diabolique. Ce sont les justifications qu’il en donn
229 s elle qui serait particulièrement diabolique. Ce sont les justifications qu’il en donne, et c’est l’espèce de douceur médiu
230 que dont il la revêt aux yeux de son peuple. Ce n’ est pas d’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de to
231 peuple. Ce n’est pas d’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’est fait de tous les temps, c’était, si l’on peut
232 ’envahir un petit pays qui est diabolique, cela s’ est fait de tous les temps, c’était, si l’on peut dire, égoïsme normal, s
233 soif de richesses, vulgaire impérialisme ; ce qui est diabolique, c’est d’appeler cela « consolider la paix » ou « fonder l
234 der la paix » ou « fonder le nouvel ordre ». Ce n’ est pas d’annexer la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le
235  ». Ce n’est pas d’annexer la Tchécoslovaquie qui est diabolique, mais c’est de le faire au lendemain d’un discours où l’on
236 droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Ce n’ est pas de transformer le territoire du voisin en champ de carnage et de
237 d’appeler ce champ de mort « espace vital ». Ce n’ est pas de violer les traités, mais c’est de vouloir s’innocenter en proc
238 proclamant en tête d’un nouveau Code : « Le Droit est ce qui sert le peuple allemand. » Ce n’est pas d’attaquer les Églises
239 Droit est ce qui sert le peuple allemand. » Ce n’ est pas d’attaquer les Églises, mais c’est de le faire en nationalisant l
240 ationalisant la Providence, et en son Nom. Ce qui est proprement diabolique, c’est moins de faire le mal que de le baptiser
4 1942, La Part du diable. Troisième partie. Le diable démocrate
241 à dépister Légion, celui qui dit toujours : ce n’ est pas moi, c’est l’autre ! c’est la masse ! je n’y étais pas ! Celui qu
242 pas moi, c’est l’autre ! c’est la masse ! je n’y étais pas ! Celui qui n’est jamais où vous croyez le prendre, où les sancti
243 ! c’est la masse ! je n’y étais pas ! Celui qui n’ est jamais où vous croyez le prendre, où les sanctions l’attendent, où le
244 s l’attendent, où le mal se confesse. Eh bien, ce sera vite fait, nous connaissons le tour : ce qu’il y a finalement de plus
245 es délégués. Mais ici, prenons garde ! (Ce livre est plein de pièges.) Si l’on vient d’accepter les phrases qui précèdent,
246 e ce monde et par Légion lui-même. « Voyez, je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trou
247 nous ne voyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon cô
248 . Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diabl
249 é, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas
250 diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore notre bon
251 accidents, de la stérilité ou de la mort. Que ce soit un sorcier, un profanateur du sacré, un animal, un nuage, un bout de
252 jours la cause du mal dont souffrent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes, et doit donc être combattue et anéantie hor
253 uvages est indépendante d’eux-mêmes, et doit donc être combattue et anéantie hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme
254 hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le christianisme s’ est efforcé depuis des siècles de nous faire comprendre que le Royaume de
255 s de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur batail
256 le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans
257 i est en nous, et que le champ de leur bataille n’ est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation a largement échoué.
258 n face, toujours, ou la force des choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition de cert
259 pprimerons les causes des maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes ob
260 us ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’en rôti
261 , nous rétablirons la paix et la prospérité. Nous sommes encore en pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en colère
262 olère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont, à
263 s. Anéantir les signes extérieurs de la menace ne serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signes — Hitler, Stali
264 de quelque déséquilibre temporaire. L’adversaire est toujours en nous. Et c’est pourquoi je pense que le chrétien véritabl
265 e pense que le chrétien véritable, s’il existait, serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge
266 e que celui qu’il loge en lui-même. 23. « Nous sommes tous coupables » Voici une remarque des plus simples : personne n’
267 rétendu qu’il agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tous, Hitler y compris, des « hommes de bonne volonté »4. Pourtant vo
268 des inégalités dans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus grands resp
269 sabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus grands responsables du monde. Cependant,
270 menaçant. L’intention des remarques précédentes n’ est nullement de justifier « les autres », que l’on avait d’abord accusés
271 tulait non sans une curieuse présomption : « Nous sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans
272 sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et ne cond
273 et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Il est juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’es
274 rêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Il est juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’est pas seulement hit
275 t juste et nécessaire de dire que le diabolisme n’ est pas seulement hitlérien, que l’hitlérisme n’est pas seulement alleman
276 n’est pas seulement hitlérien, que l’hitlérisme n’ est pas seulement allemand, qu’ici aussi nous sommes déjà plus ou moins h
277 e n’est pas seulement allemand, qu’ici aussi nous sommes déjà plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensées. Mai
278 r empêcher le criminel de poursuivre ses méfaits, sont une seule et même lutte. Que servirait de gagner cette lutte en moi s
279 zis et chez nous. C’est le même diable. Et ceci n’ est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous c
280 post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nous sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral d
281 roit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous
282 us sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et ho
283 ous des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous
284 us soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Signalemen
285 out le mal à l’étranger, pour s’innocenter — nous sommes tombés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’Hitler une ima
286 endant que nous la regardions, fascinés, le démon est revenu par-derrière nous tourmenter sous des déguisements qui ne pouv
287 uasi universelle dans les masses et l’élite, l’on est induit à reconnaître que le Progrès automatique n’était qu’un déguise
288 induit à reconnaître que le Progrès automatique n’ était qu’un déguisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabo
289 uisement du diable. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais si l’on s’abandonne au rêve du Progrès, lais
290 libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvaise répartition des
291 ou de refoulements et d’injustices qui pouvaient être éliminés par des mesures adroites. Toutes ces croyances, en grande pa
292 dans la définition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par principe, et presque par savoir
293 e de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par principe, et presque par savoir-vivre, dirait-on, malg
294 tous les démentis de la réalité. Cet optimisme n’ est pas la confiance naïve de l’enfant, mais une espèce de mensonge. Exac
295 e celui qui dénonce le mal comme fondamental doit être lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le cré
296 que la compensation fatale de nos défauts, Hitler est le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils étai
297 t de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils étaient irréalistes, utopiques comme tout ce qui néglige le tragique, plateme
298 avaient plus l’air de rien, et leur insignifiance était leur diabolisme. Il est trop clair que les démocraties, en tant que t
299 , et leur insignifiance était leur diabolisme. Il est trop clair que les démocraties, en tant que telles, n’ont pas produit
300 . Ce qui a paru de grand, dans notre camp n’a pas été le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétiens comme Niemölle
301 out, dira-t-on, c’est normal, car la démocratie n’ est rien en soi. Elle n’est que le régime qui permet aux croyants, comme
302 rmal, car la démocratie n’est rien en soi. Elle n’ est que le régime qui permet aux croyants, comme aux incroyants, de se ma
303 ants, comme aux incroyants, de se manifester sans être massacrés6. Oui, mais encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or no
304 encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or nous étions devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en présenc
305 en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous disions en présence de certaines descriptions du mal : tr
306 certaines descriptions du mal : trop affreux pour être vrai 7 ! Cependant, c’était vrai, mais cela nous gênait. Nous l’écart
307 nt de nos pensées… Car si ce « trop affreux » eût été vraiment vrai, il eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si no
308 agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait d
309 le mal, qu’ils ne le désiraient nullement, qu’ils étaient bons et les autres méchants, et que c’était tellement simple… Comme j
310 tait tellement simple… Comme je voudrais que cela soit aussi simple ! Ne fût-ce que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’a
311 Comme je voudrais que cela soit aussi simple ! Ne fût -ce que pour le moral militaire. Car, ainsi qu’aimait à le répéter un
312 trichien, Conrad von Hötzendorf : « Tout ce qui n’ est pas aussi simple qu’une gifle ne vaut rien pour la guerre. » C’est sa
313 C’est une espèce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’abord le sens de la réalité morale. Et certa
314 ocratique et de conversion au fascisme. La France était démocratique dans son ensemble en 1939 ; presque chacun de ses citoye
315 Il avait sa bonne conscience de démocrate. Hitler est venu, le pays a capitulé, et aujourd’hui, certains ci-devant « intell
316 Paris découvrent soudain qu’au fond, le nazisme n’ est pas si mal que cela ; qu’en somme, ils avaient toujours désiré quelqu
317 lait assez à cela ; et qu’après tout, « les nazis sont des hommes comme nous ». Voilà le danger que court la démocratie amér
318 s. Elle aussi a cru et croit encore que les nazis sont des animaux d’une tout autre race que les Américains. Elle aussi risq
319 risque de découvrir un jour qu’« après tout, ils sont des hommes comme nous ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes com
320 des hommes comme nous ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous,
321 des hommes comme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous, secrètement. L’une des leçons claires qui se dégagent
322 ui se dégagent des événements européens me paraît être celle-ci : la haine purement sentimentale du mal qui est chez autrui
323 le-ci : la haine purement sentimentale du mal qui est chez autrui peut aveugler sur le mal que l’on porte en soi, et sur le
324 néral. La condamnation trop facile du méchant qui est en face peut recouvrir et favoriser beaucoup de complaisance intime à
325 inavouée. Devant des antifascistes qui ne veulent être que des antis — sans méfiance pour leur propre cas ! —, je ne puis m’
326 aux braves démocrates : — Regardez le diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou
327 le prendrez sur le fait. Et alors seulement, vous serez en état de le dépister chez autrui, et de l’y combattre avec succès.
328 combattre avec succès. Car alors seulement, vous serez guéris de votre naïveté invraisemblable devant le danger totalitaire.
329 d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable se frotte les mains. (Hitler aussi.) Peut-être s
330 le se frotte les mains. (Hitler aussi.) Peut-être serait -il plus fécond maintenant, plus amusant aussi, et finalement plus vra
331 et optimiste, vierge de toute pensée. Ou, si nous sommes par hasard des intellectuels libéraux, sous les traits d’un intellect
332 de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’en ai donnée
333 penser, finissent par se neutraliser. Le diable n’ est pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’est pas non plus la dé
334 raliser. Le diable n’est pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’est pas non plus la démocratie, qui pourtant n’est
335 st pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’ est pas non plus la démocratie, qui pourtant n’est pas sainte ; mais il a
336 n’est pas non plus la démocratie, qui pourtant n’ est pas sainte ; mais il agit partout, il est dans tout… Vos descriptions
337 rtant n’est pas sainte ; mais il agit partout, il est dans tout… Vos descriptions, me dira-t-on, ne sont pas bien claires.
338 est dans tout… Vos descriptions, me dira-t-on, ne sont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image nette et faci
339 ble de la personne de Satan ? C’est que le diable est justement celui qui n’est jamais clairement et honnêtement définissab
340 n ? C’est que le diable est justement celui qui n’ est jamais clairement et honnêtement définissable. Il est celui qui s’arr
341 jamais clairement et honnêtement définissable. Il est celui qui s’arrange toujours pour être à la fois juge et partie dans
342 issable. Il est celui qui s’arrange toujours pour être à la fois juge et partie dans le procès de sa définition. Un être par
343 uge et partie dans le procès de sa définition. Un être paradoxal par essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui
344 sa définition. Un être paradoxal par essence. Il est , oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néa
345 être paradoxal par essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhait
346 l par essence. Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement l
347 Il est, oui, mais il est dans tout être ce qui n’ est pas, ce qui tend au néant, ce qui souhaite secrètement la destruction
348 e des autres ou la sienne propre. Sa qualité de n’ être pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’action,
349 la fois, repoussant mais non moins fascinant, il est sans doute la créature la plus poétique du monde, au sens romantique
350 ique du monde, au sens romantique de ce terme. Il est beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal doit toujours être lai
351 ux des naïfs qui croient que le mal doit toujours être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux de
352 roient que le mal doit toujours être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attirante aux yeux des désabusés ou de
353 yeux des désabusés ou des raffinés. En bref, il n’ est jamais où vous pensiez le trouver. Il imite en la caricaturant l’acti
354 ies ! Le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler est l’âme de la cinquième colonne du siècle, mais Satan est l’essence mêm
355 âme de la cinquième colonne du siècle, mais Satan est l’essence même de la Cinquième Colonne au siècle des siècles. Enfin —
356 t me rendre prudent, personnellement —, le diable est l’être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette,
357 endre prudent, personnellement —, le diable est l’ être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cachette, va se
358 préférence chez celui qui l’a dénoncé, et qui se tient pour assuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez l’attr
359 z un autre et lui régler son compte — voici qu’il est devenu vous-même ! Mais alors ?… 26. Une bonne adresse — Si vou
360 diable, et son second tour du même coup, si vous tenez sérieusement à l’attraper, je vais vous dire où vous le trouverez le
361 verez le plus sûrement : dans le fauteuil où vous êtes assis. 4. Expression empruntée à l’Évangile par une erreur de trad
362 nne volonté (de Dieu) envers les hommes ». Ce qui est complètement différent. 5. Je ne parle pas des héros de la guerre, m
363 pas des héros de la guerre, mais de la paix. 6. Est -ce un si grand bien ? Pour le grand nombre, oui, probablement. Pour l
364 œurs totalitaires. Notre incrédulité bourgeoise a été l’une des meilleures chances d’Hitler.
5 1942, La Part du diable. Quatrième partie. Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
365 de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dis
366 ient pas ont renié la Révélation. Dès lors ils en étaient réduits à inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans l
367 inventer Dieu. Mais on n’invente que ce que l’on est sans le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi con
368 s le savoir. Ils ont donc inventé un « Dieu » qui était le moi conscient ou inconscient de ses croyants. Une image de leur im
369 ou une compensation rêvée de leurs défauts. Et ce fut le Dieu de la Raison pour les tempéraments rationalistes, le Dieu de
370 asse. Dans ces trois entités divinisées, le moi n’ est plus déguisé qu’en un nous. Et ces trois entités ont ceci de commun :
371 t ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables de rien devant personne, s’étant faites elles-mêmes les
372 s ne sont responsables de rien devant personne, s’ étant faites elles-mêmes les critères de toute vérité purement humaine, et
373 ute vérité purement humaine, et décrétant qu’il n’ est plus d’autre vérité. Or aux yeux de ceux qui les servent, l’homme n’e
374 s. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place
375 onc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre auprès d’aucune
376 dons pas avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’une autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génération physi
377 le que celle qui détient le pouvoir —, alors nous sommes des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publiquement. A
378 us recevons une balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du dieu Class
379 dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute
380 u Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lors
381 pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il prétend n
382 us tue que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… 28
383 , dont la fumée montait comme un encens et devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelqu
384 ble, il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans sont irréprochables, paraît-il : intelligents et généreux, idéalistes, réa
385 issé tomber en donnant un quarter au mendiant. Il est parfait, ce plan, comme tu le craignais. Mais moi je vais l’organiser
386 e homme du monde Qui donc disait que le diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de ce mo
387 t monoclé. Le diable, dit un proverbe espagnol, n’ est pas à craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vi
388 overbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce que l’on peut pen
389 ndre parce qu’il est si méchant, mais parce qu’il est si vieux. C’est ce que l’on peut penser aussi des gens du monde, et d
390 ral. Elle a son charme et son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées
391 arme et son utilité ; mais elle est vieille, elle est trop avertie, elle offre trop de recettes éprouvées : elle finit par
392 compris ». La fonction normale de la vie mondaine serait de maintenir et d’illustrer un certain nombre de devises d’élégance m
393 abolique, tout au contraire. Le jeu mondain, s’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il ne suppose, dit-on, d’hypoc
394 reposant des formes fixes. Mais le mondain qui n’ est que cela inspire une sorte d’effroi furtif, révélateur d’une présence
395 nces ; sa capacité d’éliminer froidement ce qui n’ est pas conforme aux goûts appris ; sa propension presque maniaque à n’at
396 er de l’importance qu’à un détail fortuit dans un être ou une œuvre ; tous ces traits qui pourraient dénoter l’exigence d’un
397 s stérilisants qu’entraîne sa fréquentation. Ce n’ est pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c’es
398 pas le goût ni même le pédantisme de la forme qui est satanique, c’est le goût de la forme imitée. Le milieu mondain le plu
399 le plus suavement correct et moral peut fort bien être préféré par le diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui
400 Boehme raconte qu’on demandait à Satan : Pourquoi es -tu sorti du Paradis ? — J’ai voulu me faire auteur, dit-il. Réponse g
401 s sens du nom d’auteur. L’Auteur de toutes choses est leur autorité. Il s’autorise à l’infini dans Sa Création déployée. Il
402 mains. Et c’est pourquoi l’artiste et l’écrivain sont terriblement exposés : dès qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le
403 qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le diable est là pour les guider. Et comment faire la part de son incitation ? Tout
404 re auteur, s’autoriser dans un monde autonome. Il est fatal que le diable s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés
405 et très bien les cohortes infernales. C’est qu’il était un vrai poète et du parti du diable sans le savoir. » Cette opinion s
406 parti du diable sans le savoir. » Cette opinion s’ est curieusement vulgarisée, dans notre siècle. Et l’on apporte à son app
407 cile d’innombrables ouvrages édifiants. Non, ce n’ est pas la vraie beauté des sentiments mais leur fausse beauté (donc leur
408 ts pervertis, tout aussi faux que ceux dont ils n’ étaient que l’inversion. Nous ne savions plus concevoir et illustrer de vrais
409 ttérature immoraliste sécrétée par la bourgeoisie est tributaire de la morale bourgeoise : elle reste hélas au niveau de l’
410 a rêverie aux yeux fixes qui la médite, le diable est là. Il n’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire
411 yeux fixes qui la médite, le diable est là. Il n’ est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire travailler a
412 ite, le diable est là. Il n’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le faire travailler autrement qu’il ne l’en
413 diable collabore, tant pis pour lui : la dédicace est le vrai sens de l’œuvre. Elle ravit au démon le bénéfice de ses conse
414 ice de ses conseils intéressés. Un écrivain, s’il est bon artisan, vaudra tout juste ce que vaut la mission qu’il accepte e
415 a mission qu’il accepte et s’assigne. Le diable y sera sans doute encore, dans tous les artifices du délire créateur, mais e
416 ers un but qu’il ignore ; car sa faiblesse unique est de ne pas croire au bien. 31. Le pacte avec le diable Peter Sch
417 es plus tristes dans sa fantaisie géniale, et peu sont plus profondes avec autant de grâce. Que signifie cette ombre dans le
418 ourquoi l’un des premiers malheurs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’
419 rs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’homme réside dans son pouvoir uni
420 e mentir. Mais une fois que vous avez menti, vous êtes lié par le mensonge, et les vérités mêmes que vous articulerez servir
421 e en termes physiques et corporels. Tant que vous êtes en train de gravir la montagne, à grand effort, vous conservez la pos
422 de la vallée, où vit le commun des mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout est facile, il n’y a qu’à se laisser al
423 mortels. Vous êtes délivré de votre effort, tout est facile, il n’y a qu’à se laisser aller. Vous « arriverez » plus vite
424 rté de monter ou de descendre à votre choix. Vous êtes pris dans un mécanisme à sens unique, vous n’êtes qu’un corps abandon
425 êtes pris dans un mécanisme à sens unique, vous n’ êtes qu’un corps abandonné aux lois de la gravitation, et toutes vos gesti
426 onclu avec le Prince de ce monde, et dont le prix est notre liberté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vrai
427 berté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vraie morale américaine depuis un siècle, m’a toujours paru diabol
428 toujours paru diabolique8. Ses signes extérieurs sont propres à donner le change : optimisme et cordialité, confiance en so
429 e humeur et ce goût de mieux vivre pourraient-ils être diaboliques ? Les démons, ce sont les nazis, vêtus de noir, grinçant
430 pourraient-ils être diaboliques ? Les démons, ce sont les nazis, vêtus de noir, grinçant des dents, mal nourris et semant l
431 Vous pensez que le premier système a l’avantage d’ être plus hygiénique. C’est peut-être vrai. Mais je doute que ce soit moin
432 nique. C’est peut-être vrai. Mais je doute que ce soit moins dangereux pour vos âmes. Ah, j’aimerais tant votre assurance, s
433 rais tant votre assurance, si seulement ses bases étaient sûres ! Je ne vais pas prêcher une morale de l’échec. Succès ou insuc
434 que le plus grand succès de toute l’Histoire, ce fut la mort ignominieuse du Christ en croix. Ce sacrifice a rompu le Pact
435 et l’homme qui réussit, cette galerie de victimes est classique au point d’en être presque démodée. Car Satan marche avec s
436 e galerie de victimes est classique au point d’en être presque démodée. Car Satan marche avec son temps, et paraît se soucie
437 prétation des phénomènes collectifs d’aujourd’hui fut donnée vers 1848 par l’écrivain danois Søren Kierkegaard, le penseur
438 més et hors d’eux-mêmes. Les scènes du Blocksberg sont le pendant exact de ces plaisirs démoniaques, qui consistent à se per
439 ayant perdu son moi, on ne sait plus ce que l’on est en train de faire ou de dire, on ne sait plus ce qui parle à travers
440 créateur de la masse : fuir sa propre personne, n’ être plus responsable, donc plus coupable, et devenir du même coup partici
441 e de l’Anonyme. Or l’Anonyme a bien des chances d’ être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu
442 des chances d’être celui qui aime à dire : Je ne suis Personne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fu
443 ommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’ est personne et tire de là son assurance dans le crime. Il ne s’est pas
444 tire de là son assurance dans le crime. Il ne s’ est pas trouvé un seul soldat pour porter la main sur Caius Marius, telle
445 oldat pour porter la main sur Caius Marius, telle est la vérité. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’être une fo
446 é. Mais trois ou quatre femmes, dans l’illusion d’ être une foule, et que personne peut-être ne saurait dire qui l’avait fait
447 ient eu, ce courage ! Ô mensonge !… Car une foule est une abstraction, qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dan
448 et lorsqu’il porte ces deux mains sur Marius, ce sont ses mains, non celles du voisin, et non celles de la foule qui n’a pa
449 unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n’ est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu
450 responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est douteuse, qu’on ne saura pas, et que d’ailleurs, une fois le coup réu
451 s, et que d’ailleurs, une fois le coup réussi, on sera Dieu soi-même, donc maître de fixer le Bien et le Mal à sa guise. A
452 ais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui dit : Où es -tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai eu pe
453 oix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que t
454 , et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce q
455 hé. Et l’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de man
456 ’Éternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Est -ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’h
457 ai mangé.10 Voyez : ils vont se cacher, ils n’y sont plus. Et quand on les attrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi
458 dire : c’était l’autre ! Et dans le lieu où l’on est , à coup sûr, le plus « loin de la face de l’Éternel ». Pour qu’il n’y
459 éponse, je dis qu’il n’y a personne ; la personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse »
460 ne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou responsable ; dans une foule il n’y a plus
461 t une masse. Satan va donc créer les masses. Nous tenons ici le secret de sa grande stratégie : produire le péché en série et
462 e cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’ être une personne responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un
463 maux en patience. D’une part, l’individu moderne est incité à juger sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est as
464 r sa vie mesquine, et à la fuir ; d’autre part il est aspiré par les grandes émotions collectives. Cette répulsion et cette
465 les poussent l’homme à rechercher les occasions d’ être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à
466 tout fait : l’homme les a faits d’abord, et ce n’ est point par hasard qu’il a fait ceux-là et non d’autres. Les véritables
467 causes et racines du phénomène moderne des masses sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seule
468 sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’ est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce t
469 e. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus int
470 perd dans le monde moderne, c’est que les cadres sont devenus trop grands. Mais pourquoi les avoir agrandis, depuis un sièc
471 e le rappelle l’histoire de la tour de Babel, qui est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans
472 est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable
473 le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable est de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive et d
474 au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. » Vous reconnaissez Sata
475 . Le résultat, que l’Ange pervers devait prévoir, sera nécessairement l’inverse de ce qu’ils voulaient. Si vous mangez la po
476 e de toute la terre ». Cette déconvenue mémorable est attribuée par le récit biblique à la colère de l’Éternel, qui « desce
477 nt entrepris ! » On dirait qu’il veut les punir d’ être aussi bêtes. Mais le Dante imagine qu’ils se seraient bien punis tous
478 être aussi bêtes. Mais le Dante imagine qu’ils se seraient bien punis tous seuls. Il n’y avait qu’à les laisser aller ! Dans son
479 ène de confusion des langues. Si les hommes ne se sont plus entendus lors de la construction de ce premier gratte-ciel, c’es
480 de ce premier gratte-ciel, c’est que l’entreprise était trop vaste, simplement. En effet, pour mener à chef l’édification de
481 , pour mener à chef l’édification de la tour, ils furent obligés de se diviser en équipes spécialisées. Les uns faisaient la b
482 me qui leur servait de ciment ; d’autres encore n’ étaient chargés que de monter les matériaux, d’autres de bâtir les murs, de c
483 ne se comprirent plus. La multiplicité de langues était née du travail lui-même. Mais ce travail bientôt traîna, puis s’arrêt
484 dans un langage commun. Il me paraît que nous en sommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulaire, en pol
485 emin la règle d’or, l’étalon-homme. Et pour avoir été trop vite en tout, nous avons perdu de vue la mesure et le sens des f
486 mène le plus notable des débuts du siècle dernier fut , en effet, le brusque agrandissement, ou pour mieux dire la babélisat
487 issait depuis des millénaires. Dans ces villes se sont entassées des masses humaines informes, noyant et dissolvant les grou
488 tites entreprises. Les richesses, elles aussi, se sont tant agrandies qu’elles ont échappé aux regards : elles sont devenues
489 grandies qu’elles ont échappé aux regards : elles sont devenues chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les économis
490 s, puissances lointaines, dont les économistes se sont mis à étudier les mœurs étranges, plus mystérieuses que celles des mo
491 a plus que doublé en cent ans ; ses richesses ont été décuplées ; sa production industrielle centuplée. Et le concours enfi
492 dans l’espace de cinquante à cent ans, la société est devenue trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard. Une seul
493 ans, la société est devenue trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard. Une seule intelligence ne peut plus en comp
494 oit de voter et de dire leur mot sur tout : ce ne sera pas pire.) Alors le vertige de Babel s’empare de l’esprit humain. Com
495 qu’en termes de contradiction. Jamais l’homme ne fut plus puissant, et jamais il ne s’est senti, en tant qu’individu, plus
496 s l’homme ne fut plus puissant, et jamais il ne s’ est senti, en tant qu’individu, plus impuissant. Jamais il ne fut plus sa
497 n tant qu’individu, plus impuissant. Jamais il ne fut plus savant, et jamais il n’eut l’impression de comprendre aussi mal
498 e pour les détruire. « Montez ! dit le diable, et soyez comme des dieux, oubliez votre mesure d’hommes ! » Mais plus on monte
499 olique. « En effet, disait-il, une maison devrait être conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’est pas naturel de l
500 conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’ est pas naturel de lui ajouter des étages. Car en tombant du quatrième, p
501 u quatrième, par exemple, on se tue. Mais cela ne serait rien. Ce qui est grave, c’est que l’invention des étages a permis la
502 mple, on se tue. Mais cela ne serait rien. Ce qui est grave, c’est que l’invention des étages a permis la grande ville. La
503 a permis la formation des masses. Avec les masses sont nés les grands problèmes sociaux. Et ceux-ci sont à l’origine des gue
504 sont nés les grands problèmes sociaux. Et ceux-ci sont à l’origine des guerres du xxe siècle. Tout le mal vient des étages 
505 ir s’échapper pour ne point s’avouer responsable, soit que l’on court se cacher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu
506 arbres avec le sot espoir que Dieu nous y oublie, soit que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on se renfonce dans la
507 ir irresponsable. Tout lui sert d’alibi, tout lui est bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’est pas lui, qu’il n’y
508 d’alibi, tout lui est bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’est pas lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit :
509 st bon pour prouver qu’il n’y était pas, que ce n’ est pas lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit : tu étais déterminé
510 lui, qu’il n’y peut rien. Sa science lui dit : tu étais déterminé, ce n’est pas ta faute ; et sa passion lui dit : c’était vi
511 en. Sa science lui dit : tu étais déterminé, ce n’ est pas ta faute ; et sa passion lui dit : c’était vital, il n’y a pas de
512 utonome et responsable. Le mal ou le « péché » ne sont plus, à leur vue, que les effets d’un trouble temporaire ou chronique
513 s découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous sommes aussitôt obsédés par l’idée que « cela explique tout ». Étrange psych
514 ge le foie, tout aussi bien. Qui a commencé ? Qui est responsable de cette méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous s
515 te méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous sommes bien trop intéressés à nier le péché personnel pour que j’accorde à l
516 les époques classiques, on considère qu’une chose est vraie ou fausse, bonne ou mauvaise. Si l’on dit un mensonge, on sait
517 cesse de relever de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de nos jours, que la passion, l’émotion et l’hystérie même vou
518 , elles n’ont plus à se justifier. J’avais juré d’ être fidèle, dit un conjoint, mais je m’aperçois que c’est incompatible av
519 u’il lèse mes intérêts vitaux. Alors plus rien ne tient , naturellement. Mais voici qui est nouveau : l’on s’en vante, avec l’
520 plus rien ne tient, naturellement. Mais voici qui est nouveau : l’on s’en vante, avec l’appui de tous les romanciers, des j
521 nt : notre respect de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence des passions mêmes et de la vraie vie. J’empr
522 al » au secret d’une conscience moderne : Mais j’ étais scrupuleux et, devant que je m’abandonne, le démon qui m’entreprenait
523 avait à me persuader que ce qui me sollicitait m’ était permis, que ce permis m’était nécessaire. Parfois le Malin retournait
524 ui me sollicitait m’était permis, que ce permis m’ était nécessaire. Parfois le Malin retournait les propositions, commençait
525 le Malin c’est le Raisonneur : « Comment ce qui t’ est nécessaire ne te serait-il pas permis ? Consens à appeler nécessaire
526 sonneur : « Comment ce qui t’est nécessaire ne te serait -il pas permis ? Consens à appeler nécessaire ce dont tu ne peux te pa
527 xhortation, de diabolique. Je croyais alors que j’ étais le seul à parler et que ce dialogue spécieux je l’engageais avec moi-
528 la théorie de l’espace vital. « Comment ce qui t’ est nécessaire ne te serait-il pas permis ? Qu’est-ce que le bien, sinon
529 ce vital. « Comment ce qui t’est nécessaire ne te serait -il pas permis ? Qu’est-ce que le bien, sinon ta plus grande soif ? Un
530 t’est nécessaire ne te serait-il pas permis ? Qu’ est -ce que le bien, sinon ta plus grande soif ? Une grande force te viend
531 ande force te viendrait si plutôt que de t’user à tenir tes engagements, tu ne luttais plus que contre l’étranger qui t’a for
532 contre l’étranger qui t’a forcé à les signer. Qu’ est -ce que la vérité contre ton dynamisme ? Qu’est-ce que le droit figé c
533 Qu’est-ce que la vérité contre ton dynamisme ? Qu’ est -ce que le droit figé contre la vie changeante ? Je vais te le dire :
534 m deutsche Volke nützt ». Autrement dit : ce qui est légal, c’est ce qui sert tes intérêts. N’est-ce pas ici le moment de
535 qui est légal, c’est ce qui sert tes intérêts. N’ est -ce pas ici le moment de se demander au nom de quoi nos moralistes de
536 in very times of weakness. Francis Bacon. Il n’ est pas de domaine où l’argument de l’espace vital, individuel, cette foi
537 n’y a d’unions à jamais légitimes que celles qui sont commandées par la vraie passion11. » La chanson dit plus simplement q
538 on11. » La chanson dit plus simplement que « tout est permis quand on s’aime ». La première conséquence de cette grande per
539 a première conséquence de cette grande permission est de faire sauter l’alliance du mariage. Dans la morale que pratiquent
540 branle un monde. Car attaquer au plus intime de l’ être le sens de l’alliance jurée, c’est faire le lit d’une éthique de barb
541 iendront que l’amour excuse et magnifie ce qui ne serait ailleurs qu’impérialisme pur. Il est vrai que l’Évangile lui-même par
542 ce qui ne serait ailleurs qu’impérialisme pur. Il est vrai que l’Évangile lui-même pardonne beaucoup à celle qui a beaucoup
543 si cet amour, dont on prétend qu’il permet tout, est véritablement de l’amour, ou s’il n’est pas plutôt quelque hantise ab
544 met tout, est véritablement de l’amour, ou s’il n’ est pas plutôt quelque hantise abusivement parée de ce beau nom. Or chacu
545 beau nom. Or chacun voit que « l’amour » moderne est une immense faillite intime de notre civilisation. C’est une affaire
546 ffaire si tragiquement confuse que le diable seul est sûr de s’y retrouver. Niera-t-on qu’il s’en donne à cœur joie ? Mais
547 dans « l’amour », c’est simplement tout ce qui n’ est pas de l’amour. C’est tout ce qui se glisse en nous sous le couvert d
548 sse en nous sous le couvert du mot. Car le diable est celui qui n’aime pas, et qui n’aime pas qu’on aime, et dont tout le p
549 ui n’aime pas qu’on aime, et dont tout le plaisir est d’altérer nos vertus dans leur source. Vous le sentirez présent, dans
550 , dans sa force immobile, derrière le regard de l’ être sans amour. Et partout où l’amour est contrefait, vous le connaîtrez
551 egard de l’être sans amour. Et partout où l’amour est contrefait, vous le connaîtrez à ses fruits. S’il est vrai que tout o
552 contrefait, vous le connaîtrez à ses fruits. S’il est vrai que tout ordre humain repose sur l’alliance, et si l’alliance pr
553 c’est que le plus beau mot de toutes les langues est pipé sur nos lèvres par Satan. Nulle époque n’a parlé davantage de l’
554 sion contagieuse dont le foyer dans l’ère moderne fut la littérature romantique, et dont les romans et les films sont les a
555 ature romantique, et dont les romans et les films sont les agents de diffusion. Cette obsession était devenue la grande affa
556 lms sont les agents de diffusion. Cette obsession était devenue la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — l
557 ion de ceux qui n’en voulaient plus. Son empire s’ est étendu sur les domaines les plus hétéroclites, du mysticisme littérai
558 es vertus viriles et dures. Le bonheur individuel est devenu notre tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste o
559 ’approbation des foules. La décadence de la vertu est un thème millénaire de l’éloquence sacrée. Mais je signale ici un tra
560 naissante, on espère, on provoque sa fièvre : ce serait vivre ! (Faut-il qu’on vive peu.) Plus tard on dit : « C’était fatal.
561 u.) Plus tard on dit : « C’était fatal. Voilà, je suis un obsédé. » On y voit une excuse et non plus une défaite, — et moins
562 ridicule. Certes l’amour, de tous les sentiments, est celui qui se prête le mieux à justifier l’abdication de soi, puisqu’à
563 plus d’une pente insensible. Il sait que l’amour est le domaine par excellence des quiproquos entre le vice et la vertu. N
564 ’ailleurs, l’un des premiers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables, dans l’instant même où nou
565 ’instant même où nous savons le mieux que nous le sommes . Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus aucune illusi
566 nts où elle osait se livrer à tout son amour : je suis damnée, irrémissiblement damnée… Mais au fond, je ne me repens point.
567 point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle était à commettre. » C’est l’un des plus vieux cris de l’humanité, le plus
568 me, bêtise ou lâcheté, vous avez fait souffrir un être , vous pouvez éprouver du remords et le désir de réparer la faute. Mai
569 eussiez-vous fait souffrir dix fois plus le même être . Vous voyez le mal, vous le déplorez sans doute, mais « honnêtement »
570 ou même de la haine. Non seulement la lucidité y est plus rare et difficile qu’au sein de toute autre passion, mais elle y
571 le qu’au sein de toute autre passion, mais elle y est de surcroît parfaitement inutile. « Je vois bien le mal que je fais e
572 u de maladie psychique tout amour dont les fruits sont amers, le privant aussitôt de ses droits absolus. Mais nous avons une
573 romantique exaltant la passion « fatale » : c’en est fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « f
574 nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’ est qu’une manière de parler romanesque, mais combien d’amoureux s’en aut
575 volontés secrètes ? C’est l’alibi rêvé : « Je n’y étais pas, la fatalité seule est responsable. » Il faudrait un critère abso
576 libi rêvé : « Je n’y étais pas, la fatalité seule est responsable. » Il faudrait un critère absolu… Mais justement le diabl
577 la loi ou devant Dieu, vous prenez l’engagement d’ être fidèle « dans les bons et les mauvais jours », quoi qu’il advienne, p
578 té, quand elle s’oppose à la loi même de la Vie ? Est -il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais je ne suis plu
579 ? Est-il “sincère” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit , mais je ne suis plus le même. Et dès l’instant que j’aime une autre
580 ” de s’y cramponner ? J’ai juré, soit, mais je ne suis plus le même. Et dès l’instant que j’aime une autre femme, rester fid
581 ne autre femme, rester fidèle à la fiction légale serait une pure hypocrisie.12 » Par malheur, ce beau raisonnement détruit le
582 t de la possibilité de s’entendre sur quoi que ce soit . Car pourquoi fait-on des serments ? Précisément parce que l’on sait
583 acent l’intérêt général. Mais si l’on pense qu’il est plus « sincère » de suivre son instinct que de garder parole, que le
584 loi, alors on entre dans un monde où l’hitlérisme est justifié. L’ordre et la paix n’ont jamais existé qu’en vertu d’un eff
585 r le cœur que le diable nous a pris. Certes, ce n’ est pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu’on trahit ses serments par am
586 oaths are straw to the fire in the blood. » Ce n’ est pas la faute qui me paraît nouvelle, c’est la manière de l’accepter a
587 de névrose ou de vertige épidémique : le besoin d’ être dépossédé de soi, donc possédé par l’extérieur ou l’étranger, par une
588 u contraire par les faiblesses qu’il autorise, il est grand temps de le disqualifier au nom et pour l’amour de l’amour même
589 lifier au nom et pour l’amour de l’amour même. Il est temps de décourager les innombrables amateurs sans vocation qui l’app
590 magazines à gros tirage. Car cette insignifiance est en train de dissoudre les structures qui nous protégeaient contre les
591 les paniques de l’instinct. La morale bourgeoise est trop faible. Quand les romanciers attardés attaquent encore ses étroi
592 glante, des démons de la jungle intérieure. Telle est la leçon de notre crise. C’est une question de physique sociale plus
593 notre civilisation et pour tout ordre, quel qu’il soit , qui mérite l’épithète d’humain. 36. La passion Je parlerai mai
594 sion, signe particulier de la psyché occidentale, est né d’un retour de flamme du christianisme dans les marges de l’hérési
595 uée par la croyance en la valeur unique de chaque être . Il suppose un objet irremplaçable, et comme prédestiné par un acte d
596 de sang pour toi. » Mais l’idée du divin dans un être , source et objet de tout amour profond, va faire naître l’idolâtrie p
597 ue souffre l’infini désir séduit et arrêté par un être fini, ne peut se résoudre que dans l’évasion vers le néant. Cette ori
598 rigine et cette catastrophe ne cesseront jamais d’ être instantes au cœur secret de la passion occidentale. L’une, ignorée ou
599 m de passion. C’est pourquoi la passion peut bien être le lieu de la plus grande intensité vitale, en même temps qu’elle se
600 s terrestres et du bonheur. Ce composé ne saurait être aussi commun que les romans et l’opéra nous l’ont fait croire. Je met
601 grands amants que de vrais mystiques, la passion étant au sentimentalisme normal ce que la mystique est à la religion moyenn
602 tant au sentimentalisme normal ce que la mystique est à la religion moyenne. Mais la passion comme la mystique sont de ces
603 ligion moyenne. Mais la passion comme la mystique sont de ces attitudes capitales dont les très rares moments de pureté suff
604 e présence et d’absence infinie, créent chez tout être passionné l’illusion d’un transport mystique dans l’au-delà du bien e
605 , et la nature elle-même, — que ces interdictions soient « légitimes » ou non. Passer outre est le fait de la passion. Mais sa
606 ictions soient « légitimes » ou non. Passer outre est le fait de la passion. Mais sacrifie-t-on l’autre ou soi ? Et dans so
607 s soi, le meilleur ou le pire ? Tous les critères sont annulés par l’intensité même des paradoxes qui sont l’amour humain da
608 nt annulés par l’intensité même des paradoxes qui sont l’amour humain dans sa réalité magnifique et désespérée. Considérez c
609 métamorphose. Celui qui aime veut tout donner à l’ être aimé. Il donne ce qu’il a de plus beau, il donne ce qu’il n’a pas en
610 qui naît de l’exaltation, il donne enfin ce qu’il est , sans réserve. Mais à ce point, il donne aussi le pire. Le pire en lu
611 t, il donne aussi le pire. Le pire en lui, il s’y était accoutumé, établissant une sorte d’équilibre du microbe et de la mala
612 be et de la maladie. Mais s’il le communique à un être plus faible, ou plus pur, ou qui n’est pas armé pour composer avec ce
613 ique à un être plus faible, ou plus pur, ou qui n’ est pas armé pour composer avec cette espèce-là de mal, il risque d’altér
614 gnorés de nous-mêmes, que notre passion livre à l’ être aimé dans la contagion du délire, voici qu’ils apparaissent comme des
615 u’ils apparaissent comme des dons de la haine. Il est rare que l’amour ne soit pas criminel, d’une manière invisible peut-ê
616 des dons de la haine. Il est rare que l’amour ne soit pas criminel, d’une manière invisible peut-être, quand il dépasse les
617 ser les bornes… Ainsi l’extrême du don, si l’on n’ est pas un saint, rejoint le viol spirituel. Et si l’on veut tout posséde
618 iol spirituel. Et si l’on veut tout posséder d’un être , on risque bien d’en faire un possédé… Où donc le diable est-il inter
619 que bien d’en faire un possédé… Où donc le diable est -il intervenu ? Ce Désir qui prenait son essor comme une question arde
620 cible Vérité, comme un élan vers la guérison de l’ être blessé, vers la plénitude et vers la rédemption, voici qu’il se fait
621 s plus épuisantes tortures. À quel moment l’amour est -il devenu souffrance ? Dans le langage de la théologie, il est aisé d
622 souffrance ? Dans le langage de la théologie, il est aisé de définir le point : c’est à l’instant où la passion transgress
623 à la diviniser, que le Tentateur a parlé. « Vous serez comme des dieux, vous êtes seuls au monde, désormais tout vous est pe
624 ateur a parlé. « Vous serez comme des dieux, vous êtes seuls au monde, désormais tout vous est permis… » Mais encore, ce mou
625 ux, vous êtes seuls au monde, désormais tout vous est permis… » Mais encore, ce mouvement de l’orgueil fantastique, comment
626 oi… Poursuivons cette analogie. Le coup de foudre est le reflet d’une conversion. Il ne se discute pas davantage. Vous êtes
627 conversion. Il ne se discute pas davantage. Vous êtes élu « parce que c’est vous, parce que c’est elle ». L’amour accepte a
628 ugustinienne de l’élection. Pour la passion, tout est destin, rien n’est mérite, et le « scandale » de la double prédestina
629 lection. Pour la passion, tout est destin, rien n’ est mérite, et le « scandale » de la double prédestination, au salut ou à
630 ue fois que l’on accueille ou que l’on rejette un être , dans le temps d’un premier regard. Voici l’accueil, et l’on entre en
631 clot avec l’image de l’objet aimé. Mais le diable est assis dans un coin de la cellule. Il ne fait rien, il vous attend. Il
632 france, son seul baume. Il a cessé de sourire, il est à son affaire, guettant les premiers plis de la panique à votre front
633 front. Que va devenir votre bonheur ? Pourquoi l’ être aimé vous manque-t-il ? Pourquoi s’éloigne-t-il de l’image adorée ? S
634 Alors vous l’accuserez d’une injustice dont il n’ est pas plus responsable que vous ne l’étiez de votre choix. Qu’il se dét
635 dont il n’est pas plus responsable que vous ne l’ étiez de votre choix. Qu’il se détourne de vous pour un temps, voici le mon
636 alité. Mais il y a pire. La passion la plus forte est celle qui se nourrit d’obstacles, et qui bientôt les crée s’ils vienn
637 faut. Cet usage mystifiant de la réalité, qu’elle soit sociale, morale, ou naturelle, entraîne un mensonge essentiel qui cor
638 que ; mais qu’elle ne voulait pas que ses laquais fussent mis dans le cas de répéter ce même mensonge, car, dit-elle avec naïve
639 t peu dire, car les vrais tourments de la passion sont indicibles par essence, ou ne trouveraient à s’exprimer que par les p
640 endresse avide tyrannise ou méprise, que ses dons sont autant de violences intimes, et qu’il en vient à souffrir davantage p
641 en vient à souffrir davantage par l’absence de l’ être aimé qu’il n’a de joie par sa présence… Dans ce dédale de nos enfers
642 r pour déjouer les ruses sataniques ? Il faudrait être un saint pour traverser une grande passion sans réjouir le diable ou
643 ait une abnégation dont les plus grands mystiques furent seuls capables. Il faudrait surtout conserver la règle d’or de l’amou
644 es de la déficiente réalité, avec la liberté de l’ être aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffirait pour co
645 chef-d’œuvre de l’amour vrai : l’alliance de deux êtres qui s’acceptent, qui ne sont plus l’un pour l’autre des prétextes, ou
646 l’alliance de deux êtres qui s’acceptent, qui ne sont plus l’un pour l’autre des prétextes, ou des images du délire intime,
647 u délire intime, mais des amis jurés dont l’amour est confiance. Contre cette alliance-là, le diable ne peut rien. « L’amou
648 que je n’aie déjà dites sous d’autres formes. Il est vrai que tout le monde s’imagine que le péché par excellence réside d
649 perçoit d’une manière assez simple : la sexualité est le domaine des tentations à la fois les plus sensibles et les plus co
650 ensibles et les plus communes. Assez peu d’hommes sont réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais presque to
651 portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’ est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons
652 mme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! » — soit en se
653 ant aux raisons pathétiques — « c’est vital ! » —  soit en se persuadant que « ça n’a pas d’importance » ; ou les deux ensemb
654 s deux ensemble. En vérité, la sexualité en soi n’ est pas plus diabolique que la digestion ou la respiration. Si la majorit
655 des Occidentaux se figurent que le péché originel fut l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme serait le symbole, c’
656 t l’acte sexuel, dont la consommation de la pomme serait le symbole, c’est parce qu’ils assimilent le péché en général à la te
657 éral à la tentation par excellence, qui se trouve être à leurs yeux la sexualité. C’est une vue bien bornée du péché ! Car m
658 ve signifierait ce que l’on croit, notez que ce n’ est pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éter
659 que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, ni la pomme en soi (au contraire), mai
660 tour source de perversion. La paillardise joyeuse est certainement l’une des formes les moins diaboliques du péché. Je n’en
661 naturelles par un certain manque de nécessité. Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang
662 Il est nécessaire de manger et de respirer, et il est nécessaire que le sang circule, mais on peut vivre en restant chaste.
663 on peut vivre en restant chaste. L’usage du sexe est donc en grande partie libre et conscient. D’autre part, il est lié à
664 rande partie libre et conscient. D’autre part, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbo
665 art, il est lié à la créativité de l’homme, il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savons qu
666 l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est libre, c’est-à-dire parce qu’il peut choisir de créer selon l’ordre d
667 que dans nos créations les plus abstraites. Il y est même plus aisément reconnaissable, et dans cette mesure moins dangere
668 pruderie morbide du langage et des bonnes mœurs, est certes pour beaucoup dans la crise sexuelle dont souffre toute la bou
669 tanique et les névroses nées de troubles sexuels, serait simplement la franchise, non pas « scientifique » mais gaillarde. Mai
670 rime secrètement l’humanité de l’homme. Le sexe n’ est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fo
671 de l’homme. Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’ est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus humaines d
672 n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié intimement aux fonctions les plus humaines de l’homme, à ses pouv
673 damentaux. En présence de cet affadissement, l’on serait tenté de regretter le temps où Satan proposait des combats plus fécon
674 us féconds… 38. L’Éternel féminin L’amour n’ est pas un crime, mais le diable s’en sert, et de préférence à toute autr
675 , pour aveugler notre sens des valeurs. Le sexe n’ est pas une honte, mais le diable y trouve l’occasion la plus commune de
676 traîne vers les hauteurs »… En vérité, la femme n’ est porte de l’Enfer que pour ceux qui se laissent aller à voir en elle u
677 romantiques de tous les temps : « Entre nous, ce sont choses que j’ai toujours vues de singulier accord : les opinions supe
678 le, ou de laisser les autres s’y tromper. Qu’elle soit moins bien armée que l’homme contre Satan, c’est ce que fait voir le
679 t voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’ est point par politesse que le serpent s’adresse à Ève en premier lieu. I
680 mord dans la pomme. C’est à ce moment que le mal est vraiment « consommé ». La femme n’est pas plus diabolique que l’homme
681 que le mal est vraiment « consommé ». La femme n’ est pas plus diabolique que l’homme, mais plus facilement égarée, parce q
682 es ont si mal tourné. Saint Paul dit que le mari est le chef de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut être sauvée
683 de la femme, et que la femme sans l’homme ne peut être sauvée. C’est une constatation bien plus qu’une prescription. (Saint
684 tation bien plus qu’une prescription. (Saint Paul est le plus grand réaliste de tous les temps.) Mais le culte romantique d
685 r son rôle de chef. La femme l’a persuadé qu’elle était opprimée. Il la croit, par fatigue, par gain de paix, ou par idéalism
686 multiplient des conflits inextricables. « L’amour est à réinventer », comme toujours, mais pourra-t-on restaurer le mariage
687 passer à l’échelle de la société. La femme qui n’ est plus dominée par l’homme — que la faute en soit à l’homme ou à elle-m
688 n’est plus dominée par l’homme — que la faute en soit à l’homme ou à elle-même — perd sa féminité ou devient son esclave. D
689 -vis d’elle-même et d’autrui, sa première défense est de dire « qu’elle ne sait pas ce qui lui arrive ». C’est une feinte,
690 mant romantique parle ici comme une femme, s’il n’ est plus maîtrisé par l’homme en lui. Contre les romans et les films, et
691 lles-mêmes finiront par s’y tromper, et le gâchis sera sans remède. Qu’elles rusent, bien, mais cela doit vous amuser. Si vo
692 près quelques semaines, il dit : — Mon œil gauche est perdu, et mes côtes cassées me font encore souffrir, ne m’en veux pas
693 en t’embrassant. — Ah ! fit-elle, j’ai peut-être été sotte, mais les épreuves nous grandissent. Dis-moi maintenant pourquo
694 un coup de poing sur l’œil droit. Maintenant, il est presque aveugle. — Pourquoi donc t’ai-je battu ? lui dit-elle chaque
695 t’ai-je battu ? lui dit-elle chaque matin. Je ne suis pas méchante, et je t’aimais. Pourtant je t’ai battu, je te battrai e
696 elle le croira. Si je lui dis : — « Cesse donc d’ être méchante », elle me demandera pourquoi elle est méchante. Or je l’ign
697 ’être méchante », elle me demandera pourquoi elle est méchante. Or je l’ignore. Elle me battra de nouveau. Quand elle m’aur
698 me battra de nouveau. Quand elle m’aura tué, elle sera désespérée et je ne veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux serait
699 é, elle sera désespérée et je ne veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors nous ne saurons
700 je ne veux pas qu’elle soit désespérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors nous ne saurons jamais. Il se tait. — Cet
701 s issue L’histoire que l’on vient de lire peut être celle d’un couple, mais aussi, d’une certaine manière, celle des rela
702 sources, avec la crise de nos vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre cœur. L
703 lance d’un saint. Ah ! mais jamais un saint ne se fût laissé tomber dans une situation pareille ! Descendons maintenant au
704 oup de pistolet Je me crois en Enfer, donc j’y suis . Rimbaud. Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de ces bê
705 e ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je suis entré, c’était tout juste pour voir si par hasard elle était là. Vous
706 , c’était tout juste pour voir si par hasard elle était là. Vous savez que c’est compliqué, ce bâtiment. Des couloirs et des
707 r les tables, et tout le monde lisait. Je dis : —  Est -elle ici ? Quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent d’un air vexé. U
708 ement et me dit à voix basse : — Puisque Monsieur est venu, et puisque Monsieur demande si elle est ici, elle y est évidemm
709 eur est venu, et puisque Monsieur demande si elle est ici, elle y est évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du c
710 puisque Monsieur demande si elle est ici, elle y est évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du club : ni questio
711 me si je n’avais dit que : Fine day to-day, c’eût été une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait d
712 e question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne
713 ous connaissez ces couloirs. Et je ne voulais pas être mis à la porte ! Naturellement, j’aurais dû pousser la première porte
714 ser la première porte venue, sans y penser, et je serais sorti comme j’étais entré. Mais le fait est que je pensais à sortir,
715 venue, sans y penser, et je serais sorti comme j’ étais entré. Mais le fait est que je pensais à sortir, et par la bonne port
716 je serais sorti comme j’étais entré. Mais le fait est que je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute. L’iné
717 itable se produisit au bout de quelques heures. J’ étais épuisé, j’avais faim et soif, je ne rencontrais plus personne. Je sui
718 faim et soif, je ne rencontrais plus personne. Je suis un fumeur invétéré. Ma dernière cigarette était brûlée. Je me dis : —
719 Je suis un fumeur invétéré. Ma dernière cigarette était brûlée. Je me dis : — Puisque c’est absurde, pourquoi ménager quoi qu
720 isque c’est absurde, pourquoi ménager quoi que ce soit  ? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreu
721 mme un fou et je crie : — Pourquoi ? Le directeur était assis face à la porte et me regardait comme s’il n’avait rien entendu
722 ardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regard, il me sem
723 où je l’ai compris, il a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit-elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvr
724 a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit-elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que
725 a main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez no
726 elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais comb
727 is là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle dé
728 e c’est une vraie balle que j’ai dans le cœur, il est évident que je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas
729 alle que j’ai dans le cœur, il est évident que je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas plus réelle que ce q
730 je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’ est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la maison, vous supprimez
731 s que la balle n’est pas plus réelle que ce qui s’ est passé dans la maison, vous supprimez à la fois toutes les questions p
732 t donc toute possibilité de réponse à quoi que ce soit . Laissez-moi donc seul. C’est mon ordre. Et si vous ne me croyez pas,
733 ne me croyez pas, je vais tirer ! 42. Ce livre est -il sans issue ? Le monde va finir. La seule raison pour laquelle i
734 rrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particul
735 nt le contraire, particulièrement à celle-ci : qu’ est -ce que le monde a désormais à faire sous le ciel ? Baudelaire Que
736 à faire sous le ciel ? Baudelaire Que ce Rien soit enfin mon ordre ! C’est le cri même du désespoir, et c’est l’autosadi
737 espoir, et c’est l’autosadisme de ce siècle. Tout est faux mais tout est réel. Puisqu’on en meurt de plus en plus. C’est un
738 autosadisme de ce siècle. Tout est faux mais tout est réel. Puisqu’on en meurt de plus en plus. C’est un cauchemar mais san
739 la réalité. La guerre existe autour de nous, elle est fausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’avons créée
740 ous n’y avons pas cru. Peut-être aussi que rien n’ était possible. Ces pensées augmentent l’amertume. Elles nous suggèrent l’i
741 me. Elles nous suggèrent l’idée d’une possession… Est -ce nous vraiment qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’es
742 qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’ est pas nous, qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors p
743 là ? Si ce n’est pas nous, qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce passé qu
744 surprenant. Cela paraît absurde et révoltant. Il est dur de se défaire de l’idée qu’on était né pour vivre heureux. Jadis
745 voltant. Il est dur de se défaire de l’idée qu’on était né pour vivre heureux. Jadis la tragédie n’était qu’un accident, une
746 était né pour vivre heureux. Jadis la tragédie n’ était qu’un accident, une chose qui arrive aux autres, et dans les livres ;
747 n of casualties… », les familles des victimes ont été informées. (Grand développement de l’information dans notre siècle !)
748 nous informe donc, une fois pour toutes, que nous sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous êt
749 , que nous sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous êtes tous membres les uns des autres », d
750 e, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous êtes tous membres les uns des autres », dit l’Évangile. Nous sommes tous d
751 embres les uns des autres », dit l’Évangile. Nous sommes tous dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes tous dans
752 s dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes tous dans le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’est pas une
753 s le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’ est pas une image, hélas, c’est simplement une vue d’ensemble. (Tôt et ta
754 mprenions l’étendue de la catastrophe, et qu’elle est vraiment sans limites ? Et qu’il n’y a qu’une humanité ? Et que c’est
755 elle qui se torpille et se bombarde ? Et que tout est inextricable et sans issue ? Que tout est faux, impossible, et réel.
756 ue tout est inextricable et sans issue ? Que tout est faux, impossible, et réel. On me dit : « Il y a les bons et les mécha
757 me dit : « Il y a les bons et les méchants, nous sommes les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes en guer
758 ons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avo
759 quoi lutterez-vous jusqu’à la mort ? Car la mort est un absolu… Avec quel bien pensez-vous triompher du mal immense qui en
760 mal immense qui envahit la terre ? Le moindre mal sera-t -il plus fort que le mal même dans son éclat ? Et si vous croyez à Sat
761 Et si vous croyez à Satan, vous savez bien qu’il est aussi dans vous : intelligence avec l’ennemi ! Et si j’y crois, je sa
762 ce avec l’ennemi ! Et si j’y crois, je sais qu’il est aussi dans moi. Il est donc aussi dans mon livre. Alors pourquoi l’éc
763 i j’y crois, je sais qu’il est aussi dans moi. Il est donc aussi dans mon livre. Alors pourquoi l’écrire ? Comment s’en dél
764 écrire ? Comment s’en délivrer ? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir
765 N’auraient-ils pas regardé l’époque ? Or ce livre est l’époque, je le crains. Un peu plus clair seulement, un peu plus dépo
766 on — c’est peut-être sa cruauté. Mais si l’époque est sans issue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’est plus de r
767 Mais si l’époque est sans issue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’est plus de réveil possible, pourquoi le dire
768 ssue, si le cauchemar est vrai cette fois, s’il n’ est plus de réveil possible, pourquoi le dire et troubler davantage ? « Ô
769 ah ! taisons-nous, le voici qui revient, et ce n’ est pas encore notre consolation, mais il est plus dur que la mort et le
770 et ce n’est pas encore notre consolation, mais il est plus dur que la mort et le mutisme de la mort, il est plus pur que no
771 plus dur que la mort et le mutisme de la mort, il est plus pur que nos douleurs, je l’ai nommé : cantique au bleu du ciel.
772 morale du succès, dans l’Amérique contemporaine, est une laïcisation de l’hérésie des puritains, qui déformèrent le calvin
773 au point de lui faire dire que le succès matériel est une marque d’élection. Il se peut que les grandes fortunes puritaines
774 n. Il se peut que les grandes fortunes puritaines soient nées d’un pacte avec le diable, béni et enregistré par les pasteurs.
775 l. 12. Selon cette conception de la sincérité il serait hypocrite de dire la vérité quand on a fort envie de mentir. 13. Pro
6 1942, La Part du diable. Cinquième partie. Le Bleu du Ciel
776 r méchants, c’est-à-dire que plus vous cherchez à être forts à la manière du diable, plus vous lui donnez d’avantages, son s
777 e, plus vous lui donnez d’avantages, son seul but étant de vous rendre semblables à lui. Mais si vous ne le faites pas, vous
778 lables à lui. Mais si vous ne le faites pas, vous serez joués, le mal triomphera, et il se fera passer pour le bien. Alors to
779 ra, et il se fera passer pour le bien. Alors tout sera perdu. Si les démocraties opposent à Hitler des tanks, des avions, de
780 litaires, c’est-à-dire que plus elles cherchent à être fortes à la manière d’Hitler, plus elles lui donnent raison en princi
781 en principe. Mais si elles ne le font pas, elles seront annexées, le « nouvel ordre » se fera passer pour l’ordre. Tout sera
782  nouvel ordre » se fera passer pour l’ordre. Tout sera perdu. La solution est de répondre à l’insensé à la fois selon sa fol
783 passer pour l’ordre. Tout sera perdu. La solution est de répondre à l’insensé à la fois selon sa folie et selon la sagesse
784 s nous, nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la ruse et la subtilité, par l’ironie et l’
785 é, dont il ignore la puissance. Car ainsi nous ne serons pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous préserver de l’
786 où le diable pourrait nous asservir. La solution est d’attaquer Hitler — puisqu’il nous attaque — avec des tanks, des avio
787 ’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi nous ne serons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non plus par
788 rons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non plus par l’intérieur. J’ai tenté jusqu’ici de dénoncer l’acti
789 souffle doucement sur le visage du patient. Ce n’ est peut-être que d’un souffle de l’Esprit, passant sur le visage torturé
790 des hommes… Mais cette attente encore, qu’elle ne soit point passive parmi les vigilants, les survivants ! Que l’Esprit vien
791 it vienne, certes je parlerai ! Mais si je parle, est -il déjà venu ? Lui seul le sait. Somnium narrare vigilantis est, dis
792 u ? Lui seul le sait. Somnium narrare vigilantis est , disait Sénèque : conter le rêve est le fait de l’homme qui ne dort p
793 e vigilantis est, disait Sénèque : conter le rêve est le fait de l’homme qui ne dort plus. C’est un écho lointain du grand
794 r ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? Et quelle est la vision qui m’éveille ? Je m’essaierai à la décrire, parlant désorm
795 irituel Le secret de la seule confiance qui ne soit pas une illusion réside dans la simple certitude que nous ne sommes p
796 usion réside dans la simple certitude que nous ne sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dép
797 que nous ne sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le principe et la f
798 t la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final, sont dans la main de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout était da
799 on, le sens final, sont dans la main de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme le serpent
800 n de Dieu, qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout s
801 mme le serpent tentait de nous en persuader, tout serait bientôt gâché et dans les mains du diable. Si nous étions des dieux,
802 ientôt gâché et dans les mains du diable. Si nous étions des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présente étan
803 ’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présente étant notre œuvre à tous, l’échec des dieux serait avéré, leur faillibilité
804 sente étant notre œuvre à tous, l’échec des dieux serait avéré, leur faillibilité démontrée sans recours. C’est pourquoi l’aid
805 change Michel, chef suprême des milices célestes, est la plus grande qui nous fut donnée dans le combat contre Satan. Car s
806 des milices célestes, est la plus grande qui nous fut donnée dans le combat contre Satan. Car saint Michel irrésistiblement
807 e son nom qui veut dire : Quis sicut Deus ? « Qui est comme Dieu ? » Et ce cri terrasse le diable, cette lance transperce l
808 lance transperce le serpent qui sifflait : « Vous serez comme des dieux. » Le nom même de Michel formule et définit l’ordre c
809  : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel. Ton cœur s’ est élevé et tu as dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu
810 l’Éternel. Ton cœur s’est élevé et tu as dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es
811 cœur s’est élevé et tu as dit : Je suis Dieu, Je suis assis sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non
812 is sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme, et non Dieu. Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’es ac
813 Dieu. Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’ es acquis des richesses Tu as amassé de l’or et de l’argent Dans tes cof
814 ccru tes capitaux, Et par tes capitaux ton cœur s’ est élevé. C’est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Parce que
815 des mers. En face de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera
816 ce de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu ? Tu seras homme, et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. En face d’Hit
817 pour tout l’or du monde je ne souhaiterais pas d’ être né dans un autre temps ! Tout signifie, autour de nous, tout s’amplif
818 imensions de la plus vaste poésie ! Tout ce qui m’ est arrivé ces jours-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos
819 te poésie ! Tout ce qui m’est arrivé ces jours-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne furent plus
820 e de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne furent plus manifestes. Hitler m’indique en lettres gigantesques tout ce qu’
821 ons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est de coïncider av
822 Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire finale. L
823 plan de Satan en nous forçant à voir ce que nous sommes . Nous voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre
824 qu’il arrive, le grand Ordre subsiste, la Partie est déjà gagnée, — le bleu du ciel n’est pas terni par les nuées de notre
825 e, la Partie est déjà gagnée, — le bleu du ciel n’ est pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez : le jugement fin
826 qu’ils savent naturellement, comme des brutes… Ce sont des nuées sans eau, poussées par les vents ; des arbres d’automne san
827 astres errants, auxquels l’obscurité des ténèbres est réservée pour l’éternité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à
828 ur l’éternité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre per
829 qui parle-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et
830 gnité, mais qui ont déserté leur propre demeure » sont déjà dans l’étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en est fai
831 étang de feu. Du point de vue de l’éternité, c’en est fait, la partie est gagnée. Mais ce qui nous importe dans ce siècle,
832 nt de vue de l’éternité, c’en est fait, la partie est gagnée. Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de nous rendre
833 danger commun. Mais dans le fond, ces plaintes ne sont pas fondées. Une coalition entre souverains, faite sur les principes
834 les principes d’une morale pure et désintéressée, serait un miracle. Dieu, qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait
835 tacle irréductible, c’est le saint. Seul un saint serait à la hauteur de cette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de no
836 us éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints. Et qui donc oserait même, sérieusement, souhaiter d’e
837 re avec passion vers la sainteté : autrement nous serons balayés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’ob
838 la sainteté : autrement nous serons balayés ! Qu’ est -ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en nous l
839 Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire
840 lité qui ont fait tout le mal, l’action contraire sera seule sanctifiante. Baudelaire disait que la vraie civilisation consi
841 consiste dans l’augmentation de notre sentiment d’ être complices de tout le mal qui se fait dans le monde. Dans la Confessio
842 umain non équivoque15. Le sommet de la sainteté n’ est pas dans la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous est au con
843 sainteté n’est pas dans la certitude illusoire d’ être sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il a
844 la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il accepte de mourir en assu
845 rir en assumant tout le péché du monde. Le monde est plein de démons, ils sévissent par millions, et nous n’arriverons pas
846 n homme, c’est d’en devenir un soi-même. (Si ce n’ est pas le seul moyen, c’est assurément le plus court.) Chaque homme viva
847 rt.) Chaque homme vivant une vie plus responsable est une défaite pour le diable, d’ores et déjà, et pour Hitler aussi ; un
848 e réaliser dans un ordre social ; le premier nous étant donné, le second étant à donner ; le premier figurant la condition de
849 e social ; le premier nous étant donné, le second étant à donner ; le premier figurant la condition de possibilité de tout or
850 st-à-dire la conscience immédiate d’un absolu qui serait , hors de nous, le gage universel du bien et du mal. Et nous voici cou
851 ous voici coupés des deux sources de l’Ordre, qui sont les lois ordonnées de la Création et les interventions ordonnatrices
852 réées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur nous affo
853 n vu que la philosophie de ce monde-là ne pouvait être que le nihilisme. Et tôt après, Hitler en a tiré des conséquences imp
854 irai la réponse « chrétienne » — le christianisme est à réinventer — comme la seule que je sente admirable au-delà des fasc
855 ondamentale, déterminée et révélée par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’un bie
856 et d’un mal déterminés et révélés par Dieu comme étant l’ordre de sa Volonté. Toute ma confiance repose dans la certitude qu
857 l point qu’un savant, un peintre, un visionnaire, sont capables de réinventer le « réel » à sa ressemblance ; mais nous ne p
858 t l’existant à la quête éternelle d’un accord qui sera le nom secret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclur
859 , et provoquer ma catastrophe particulière, ce ne sera qu’au prix de ma perte, et sans le savoir, que je contribuerai au pla
860 aincu, me voici relié ! Avec les choses, avec les êtres , avec leur science, avec leur mystère, et le mien, — un voisinage m’e
861 , avec leur mystère, et le mien, — un voisinage m’ est rendu ! 47. L’ordre social C’est au désert que le démon tenta l
862 porte un cœur dénué d’amour et d’espérance. Il n’ est pas bon que l’homme soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme
863 mour et d’espérance. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être se
864 nce. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il n’ est pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’es
865 soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’est être seuls en masse. La solitude
866 st pas bon non plus que l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’est être seuls en masse. La solitude est un état divin
867 l’homme soit foule, c’est être seul encore, c’est être seuls en masse. La solitude est un état divin qui chez l’homme tourne
868 ul encore, c’est être seuls en masse. La solitude est un état divin qui chez l’homme tourne vite au diabolique. « En la sol
869 verse avec lui-même, et comme a dit un sage, il n’ est pas toujours sûr qu’il ne converse point là avec son ennemi. »16 Tou
870 ocial véritable repose sur le voisinage vécu, qui est la relation de prochain à prochain.17 Sans voisinage réel, vous n’ête
871 rochain à prochain.17 Sans voisinage réel, vous n’ êtes plus responsable de rien ni de personne. Mais sans le sentiment de la
872 e la responsabilité de chacun envers autrui, il n’ est point de liberté civique possible : la dictature devient inévitable d
873 ient inévitable dans toute société dont la maxime est le « chacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas e
874 randes distances, des masses et de l’anonymat, ne sont plus que d’abstraites contraintes, qui d’ailleurs ne contraignent bie
875 la police. Mais cet ordre imposé par l’extérieur est en réalité le souverain désordre. Il n’y a d’ordre vrai que dans la l
876 leur vocation et qui la servent. Et l’homme libre est le seul qui respecte la liberté de ses semblables. Tout cela se tient
877 specte la liberté de ses semblables. Tout cela se tient . Sens du prochain, responsabilité, et liberté sont choses intimement
878 ent. Sens du prochain, responsabilité, et liberté sont choses intimement liées ; elles s’engendrent mutuellement et ne peuve
879 Ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté est le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut être donnée à person
880 le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut être donnée à personne, mais seulement conquise par chacun ; qu’elle est «
881 nne, mais seulement conquise par chacun ; qu’elle est « incompatible avec la faiblesse », comme le disait Vauvenargues, c’e
882 ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté est foncièrement incompatible avec tout cela ; ceux qui ne savent pas pro
883 u’envie s’ils en savaient les conditions. Mais il serait insuffisant de démasquer l’hypocrisie, et Dieu sait si les mots démoc
884 et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en sont une, pitoyable ou scandaleuse, dans la bouche de milliers de nigauds
885 de nigauds ou de cyniques qui s’en prévalent. Ce serait insuffisant et même dangereux. Car cette hypocrisie est encore un hom
886 suffisant et même dangereux. Car cette hypocrisie est encore un hommage que la faiblesse des foules rend à quelque idéal tr
887 echerche de moyens d’incorporer cet idéal, qui ne soient point eux-mêmes des trahisons de leur fin. Il faut aider les hommes s
888 ir un peu plus responsables, un peu plus dignes d’ être libres, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en somme
889 plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu » représen
890 ssant le ton, sans nul effort de persuader. Je me tiens l’argument suivant : le gigantisme moderne prive les hommes de la pos
891 isme moderne prive les hommes de la possibilité d’ être et de se sentir responsables dans la société et dans la politique, do
892 bles dans la société et dans la politique, donc d’ être libres ; cette irresponsabilité anxieuse appelle la dictature par l’i
893 changer de méthodes ou d’attitude ; mais quelles sont les méthodes et l’attitude contraires au gigantisme et capables de le
894 u se faire entendre. Les conséquences des actions sont visibles, l’amour et la haine sont tangibles, et les pouvoirs peuvent
895 es des actions sont visibles, l’amour et la haine sont tangibles, et les pouvoirs peuvent être contrôlés et soutenus par le
896 la haine sont tangibles, et les pouvoirs peuvent être contrôlés et soutenus par le citoyen, en connaissance de cause et de
897 e cette « utopie », qui s’appelle le fédéralisme, est la seule qui permette aux mots de liberté, d’ordre, d’humanité et de
898 hors de la guerre et de l’État totalitaire, qui n’ est rien d’autre que l’état de guerre en permanence ? Beaucoup de choses
899 « impossibles » nous arrivent. Un beau jour elles sont là, malgré nous. Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de
900 vent. Un beau jour elles sont là, malgré nous. Ne serait -il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’impossible favora
901 dans nos volontés égarées : tous les mots clairs sont des mots d’ordre. Or que voyons-nous aujourd’hui ? « Liberté », « ord
902 titulent très sincèrement démocraties, mais qu’il tient , comme Hitler, pour des ploutocraties. Faut-il penser qu’on se tue po
903 a-t-il derrière ces mots des réalités simples qui seraient d’une part la tyrannie et d’autre part la liberté ? Mais dites-moi do
904 autre part la liberté ? Mais dites-moi donc ce qu’ est la liberté, pour vous ? Vous hésitez, c’est compliqué, et plus vous y
905 garder cette liberté, et c’est très bien. Mais ce serait mieux encore si le mot avait un sens que l’on pût déclarer sans hésit
906 es nazis aussi se font tuer.) Les mots ne peuvent être efficaces que s’ils ont un sens défini. Et ce qui définit le sens d’u
907 ent des actes. Or cette correspondance ne cesse d’ être arbitraire qu’en vertu d’un accord unanime. C’est dire qu’elle ne peu
908 tion, un droit, une foi et une autorité communes, sont seules capables de définir le sens de ce qu’on appelle les mots coura
909 urent partout ne mènent nulle part. Notre langage est débrayé. Plus on parle, moins on s’entend. La mort seule met tout le
910 uvent plus se taire ni nuit ni jour, où la parole est débitée à tant la seconde, qu’il y ait ou non des auditeurs, qu’il y
911 la grande prostitution de cette parole qui devait être la mesure du vrai, et dont l’Évangile dit que, dans sa source, elle e
912 et dont l’Évangile dit que, dans sa source, elle est « la vie et la lumière des hommes » ! Hélas, qu’avons-nous fait de la
913 ait plus même mentir dans certaines bouches, elle est tombée plus bas que le mensonge, je veux dire dans l’insignifiance. A
914 u bavardage aimable ou ému des speakers ! Lui qui est le grand confusionniste, lui qui n’aime rien tant que l’équivoque fla
915 l, le gâtisme des fins de banquet ; et quand nous sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’indicib
916 i, le romantique qui nous suggère que l’indicible est peut-être plus vrai que la parole claire et nette ! Il sait qu’en con
917 rganise enfin cette inflation verbale, les mots n’ étant plus « couverts » par des actes, dont il espère, non sans raison, qu’
918 re sens moral… J’allais écrire que le seul remède serait de lui opposer la sémantique, qui est la science des significations,
919 l remède serait de lui opposer la sémantique, qui est la science des significations, du langage précis et nuancé, gagé par
920 ièrement ment fondé sur les mots.18 (Ce ministère était jadis l’Église. Une analyse de nos vocabulaires montrerait que le peu
921 gt remèdes de ce genre : mais je sais trop qu’ils seront sans vertu dans le monde informe et gigantique où nous vivons. Et pui
922 proposer après mille autres mes réformes. Le mal est trop profond, le désespoir trop vrai, les hommes trop occupés à se dé
923 ment, trop dépourvus de prises pour qu’un conseil soit encore entendu. Mais voici la confiance indestructible, qui remonte à
924 rumeurs et rétablit le silence adorant : nous ne sommes pas maîtres de détruire la vraie Parole ! Tous les mensonges du diabl
925 s qu’on ne pourrait plus s’entendre. Mais si deux êtres communiquent, si ces mots tout d’un coup me mettent en mouvement, si
926 à me rendre à ma force, par ce miracle le langage est restauré dans sa puissance originelle et créatrice. Un tyran ou l’Éta
927  étouffer la libre parole » : au point où elle en est , ce ne serait pas un grand mal. Mais ils ne pourront rien sur le myst
928 a libre parole » : au point où elle en est, ce ne serait pas un grand mal. Mais ils ne pourront rien sur le mystère qui fait q
929 nts, certains mots nous parlent, et non d’autres, fût -ce à voix basse, au secret d’un cachot. Ils pourront réduire au silen
930 s aller plus loin. Car voici Pâques, et la Parole est à jamais ressuscitée ; et dans la confusion des langues et des menson
931 temps, et peut-être nous fait pleurer, puis tout est clair et juste de nouveau. N’opposons pas au diable des injures, qu’i
932 e désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’ être vertueux. Il nous suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous
933 u si triste chose qu’il paraissait mesquin de s’y tenir . Personne n’osait plus en parler : elle n’était plus que la moralité.
934 y tenir. Personne n’osait plus en parler : elle n’ était plus que la moralité. Je ne sais quel ridicule s’attachait au mot mêm
935 trisé jadis les héros de la Révolution. La morale était ennuyeuse, et le gangster plein de prestige. Le bon ton consistait en
936 ’une manière convaincante que l’homme « moral » n’ était qu’un hypocrite, un faible, un refoulé ou un raseur. Mais la guerre n
937 foules, la démission sans élégance de nos élites, est -ce que c’est cela qu’il faut sauver au prix de sa vie ? Je réponds pa
938 Je réponds paisiblement non. Que tout ce qui peut être détruit, le soit. Que tous les sourds trop sourds pour entendre l’ale
939 lement non. Que tout ce qui peut être détruit, le soit . Que tous les sourds trop sourds pour entendre l’alerte périssent dan
940 nt dans la surdité. Qu’y pouvons-nous ? La bêtise est inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de se détruire. Et s
941 l’empêcher de se détruire. Et si l’on tue ce qui était déjà mort, je n’y vois pas d’inconvénient. Tout cela ne m’empêchera p
942 plus doucement et sans rien condamner : l’heure n’ est -elle pas trop grande pour nos cris ? Je voudrais dire le bien et les
943 de vivre, et d’assumer un destin neuf. La vertu n’ est plus ennuyeuse quand les vertueux ont disparu avec les vieilles quere
944 e ce ton : « L’égoïsme a aussi sa niaiserie, il n’ est pas moins ignorant sur ce qui est bon que l’honnêteté sur ce qui est
945 niaiserie, il n’est pas moins ignorant sur ce qui est bon que l’honnêteté sur ce qui est mauvais. » « Pour connaître les ho
946 ant sur ce qui est bon que l’honnêteté sur ce qui est mauvais. » « Pour connaître les hommes, il ne suffit pas de les mépri
947 mépriser. »21 « Les personnes faibles ne peuvent être sincères. »22 Et je rêve d’une anthologie de ces maximes d’une virtu
948 et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’ être libres comme ceux qui n’ont plus rien à perdre. Je pense à cette pure
949 e malheur nous rendra sobres, et que l’empire qui était échu aux plus bavards sera restitué aux taciturnes par l’éducation du
950 , et que l’empire qui était échu aux plus bavards sera restitué aux taciturnes par l’éducation du danger et la coutume de la
951 e avait raison, « les hommes ne savent rien, tout est devant eux, tout arrive également à tous : même sort pour le juste et
952 et le Sang, « qui rendent témoignage et les trois sont d’accord ».24 Je lui oppose le Feu des langues, le Sel et l’Huile. Je
953 lui oppose aussi les œuvres d’hommes où sa part a été consumée. Je lui oppose le bleu du ciel. Le bleu des ciels que j’ai a
954 éfutent les sophismes de l’Abîme comme une aube d’ été évapore les brumes ! On dit que le démon aime l’heure de minuit. Ah !
955 ue lui donne la parabole du bon Samaritain. — Qui est mon prochain ? — Celui qui a besoin de ton aide, ou celui qui t’en do
956 oin de ton aide, ou celui qui t’en donne. Ce peut être n’importe quel homme, — celui qui passe sur ton chemin et qui s’arrêt
957 presse libre, meetings, conférences. La monarchie était fondée sur le rite, les formules consacrées, la cérémonie plastique.
958 consacrées, la cérémonie plastique. La dictature est le régime des coups et la parole n’y est plus que mensonge dirigé. 1
959 ictature est le régime des coups et la parole n’y est plus que mensonge dirigé. 19. Je ne parle pas de l’immoralité, j’ign
960 Je ne parle pas de l’immoralité, j’ignore si elle était plus grande qu’en d’autres temps. Je dis seulement qu’on n’avait même