1 1942, La Part du diable. Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 Introduction Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs Au dessert nous étions d’accord : ce qui
2 anger nous guérit des fausses peurs Au dessert nous étions d’accord : ce qui manque le plus aux démocraties en général, e
3 . On sortit de table. C’était au club. Tandis que nous attendions l’ascenseur, je dis au Philosophe : — Fort bien, mais si j
4 u qui sait, pour le diable lui-même ! — Peut-être devriez -vous accepter le risque ? répondit-il avec sa grande douceur. La port
5 rande douceur. La porte de l’ascenseur s’ouvrait, nous entrâmes. — Ce serait enfin une situation tragique nouvelle : se fair
6 t à son auditoire de paysans que les martyrs sont nos meilleurs intercesseurs auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse alpes
7 c’est que cela réussit : ils devinrent chrétiens. Nous suivions le groupe qui se dirigeait vers les salons. Et je pensais :
8 se dirigeait vers les salons. Et je pensais : il nous faut de ces paraboles pour nous rappeler combien il est dangereux de
9 t je pensais : il nous faut de ces paraboles pour nous rappeler combien il est dangereux de dire la vérité en général, et la
10 particulier. Dangereux pour celui qui la dit ! Si nous voulons être chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye.
11 séduction les plus efficaces du diable, c’est de nous provoquer au combat. C’est comme la lutte avec une femme, qui finit a
12 chaque vérité comporte une part d’accusation pour notre vie, et tend à déranger cet équilibre de pieux mensonges tacitement a
13 core jeter le diable dans la bagarre à l’heure où nous aurions besoin, dit-on, d’un « message positif » et rassurant ? Eh bi
14 ’on a peur de regarder en face ses vraies causes. Nous croyons à trente-six-mille maux, redoutons trente-six-mille périls, m
15 lle maux, redoutons trente-six-mille périls, mais nous avons cessé de croire au Mal et de redouter le vrai Péril. Montrer la
16 la bonne manière. Et c’est peut-être le moyen de nous guérir des fausses angoisses qui nous paralysaient, ou de l’angoisse
17 le moyen de nous guérir des fausses angoisses qui nous paralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’est jamais plus e
18 raits pour autant de victoires qu’il remporte sur notre complaisance ou nos crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, s
19 ictoires qu’il remporte sur notre complaisance ou nos crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence étant pré
20 re l’œuvre du diable au temps présent, en face de nous et parmi nous : le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se sont
21 diable au temps présent, en face de nous et parmi nous  : le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se sont occupés du di
22 e, centuple, l’agent multiple à l’infini. Bornons- nous à ses tours les plus simples, ceux qui prennent à coup sûr le plus gr
23 que d’un essai d’interpréter certains déboires de notre temps, en les rapportant à l’action du seul être qui s’en réjouisse.
2 1942, La Part du diable. Première partie. L’Incognito et la Révélation
24 e sur Satan : La plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’Incognito Reconnaissons que
25 éussi que dans l’époque contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’
26 aine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obscurant
27 loir imiter la vérité en la retournant, le diable nous dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quoi aurais-tu
28 la forme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où nous voyons Satan lié pour mille ans, puis délié et déchaîné sur les quatr
29 onologie assez complète. À tout le moins vont-ils nous permettre de repérer le diable sous ses déguisements quotidiens, dans
30 er du ciel comme un éclair. Luc 10.18. La Bible nous apprend que Lucifer est un ange tombé du ciel. Les anges sont des cré
31 tesse est celle de la pensée — c’est pourquoi ils nous sont invisibles ; des intelligences sans fraude, participant de l’omn
32 ant de l’omniscience du Créateur — c’est pourquoi nous les comprenons mal. « Tout ange est terrible ! », dit Rilke. Mais tou
33 son « métier » d’esprit pur. Il en sait plus que nous sur les mystères du monde et le secret des âmes qu’il abuse… 4. Le
34 re du transcendant dans l’immanence. Il n’aura de notre univers que la carcasse matérielle. Et c’est probablement de ces débr
35 son désir et sa jalousie forcenée se portent sur nos âmes individuelles. Il rôde autour de nous comme un lion rugissant en
36 ent sur nos âmes individuelles. Il rôde autour de nous comme un lion rugissant en quête de sa proie, dit la Bible. Il rôde a
37 uête de sa proie, dit la Bible. Il rôde autour de nous comme un gangster obsédé par le kidnapping. Ses victoires, il est vra
38 ut voler ce monde, non sa divinité. Et cependant, nous pouvons perdre toutes ces choses, qui sont notre héritage d’« enfants
39 , nous pouvons perdre toutes ces choses, qui sont notre héritage d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable. Il n
40 arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbr
41 a trahi le bien et le réel. Car douter du pardon nous replonge dans le mal, avec la sombre jouissance masochiste des « aprè
42 l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes
43 est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse
44 r qui veut nous faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme
45 . L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de nos frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nuit »3. C’est lui q
46 de Job devant le tribunal céleste. Non content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nou
47 content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la
48 èges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par amour
49 le. Non par amour de la justice mais par amour de notre châtiment, par haine froide. Pour le stérile plaisir d’avoir raison.
50 cul statistique. La duplicité infernale, c’est de nous faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et au
51 e juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi l
52 vin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la morale laïque, mora
53 devant le Juge. Ainsi la morale laïque, morale du devoir kantien et des routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel, nous
54 routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardon
55 oises, excluant le Dieu personnel, nous accuse et nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle ne lai
56 uer l’anti-nature ou dénature. Cette duplicité de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et l
57 nature. Cette duplicité de nos pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. E
58 ois le signe et la condition nécessaire. Elle est notre gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle,
59 par la liberté, à cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, op
60 est tricher avec l’ordre, opposer à la loi divine nos dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes vues intéressées. P
61 hé n’est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie. La liberté jouée selon la Loi s’accroît ; jouée contre la Loi se
62 ns maintenant que le diable ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’
63 e pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de
64 t dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre
65 provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme inter
66 ant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme interdite, Èv
67 , il est clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrè
68 e c’est en ce point que le Malin devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole n
69 devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répondre
70 er dans nos défenses les plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre et confirme
71 ge, il est clair que la grande ambition satanique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le tém
72 anique devait être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le témoignage dans sa source. Et c’est pourquoi
73 pourquoi la Bible dit, énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans notre lan
74 ’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux mani
75 infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entr
76 il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’en
77 où n’existe pas de Loi. Peut-être ici découvrons- nous la raison dernière du mensonge : c’est toujours le désir d’innocence
78 adiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs et nous jugeait encore. Mais le mensonge diabolique tue le juge. Il ne part q
79 Enfin la Bible appelle le diable : Légion. Ici nous n’en finirions pas de commenter, conformément à la nature du sujet. B
80 enter, conformément à la nature du sujet. Bornons- nous à marquer trois directions de pensée : nous les suivrons tout au trav
81 rnons-nous à marquer trois directions de pensée : nous les suivrons tout au travers du livre. Si le diable est Légion, cela
82 , qu’étant tout le monde, ou n’importe qui, il va nous apparaître comme n’étant Personne en particulier. Et ceci nous ramène
83 re comme n’étant Personne en particulier. Et ceci nous ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son
84 nous ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son existence même. 9. Le sophisme L’Ange déchu
85 existence même. 9. Le sophisme L’Ange déchu nous dit : je suis ton ciel, il n’y a pas d’autre espérance. Le Prince de
86 ’y a pas d’autre espérance. Le Prince de ce monde nous dit : il n’y a pas d’autre monde. Le Tentateur nous dit : il n’y a po
87 us dit : il n’y a pas d’autre monde. Le Tentateur nous dit : il n’y a point de juge. L’Accusateur : il n’y a point de pardon
88 n’y a point de pardon. Le Menteur résume tout en nous offrant un monde sans obligations ni sanctions, fermé sur soi mais re
89 fermé sur soi mais recréé sans cesse à l’image de nos complaisances : il n’y a pas de réalité. Enfin Légion dit le dernier
90 il n’y a Personne. Le monde moderne (et chacun de nous en lui) dans la mesure où il cultive un rêve de déification de l’homm
91 e irresponsable, — le monde moderne (et chacun de nous en lui) se rend à la loi de Satan. Mais du même coup il devient incap
92 apable de connaître celui qu’il sert ! Satan veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si nous le croyons, il se
93 us faire croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si nous le croyons, il se trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Di
94 nde. Si nous le croyons, il se trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, co
95 à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme nous le dit Satan, il n’y a pas non plus d’enfer, ni de Maître de l’enfer.
96 y a pas non plus lui ! Ainsi, plus il existe dans nos vies, moins nous pouvons le reconnaître. Plus il est effectif, moins
97 lui ! Ainsi, plus il existe dans nos vies, moins nous pouvons le reconnaître. Plus il est effectif, moins il paraît dangere
98 able existe, agit et réussit, c’est justement que nous n’y croyons plus. Mais à l’inverse, il n’est pas douteux que ce Dissi
99 de l’attaque par surprise, sa tactique favorite. Nous avons donc soumis l’incognito de Satan au réactif de la Révélation, q
100 à l’œil spirituel. L’objectif repéré, poursuivons notre approche. 10. Pour ceux qui n’en voient que la queue Une remarq
101 le rend inoffensif aux yeux de la plupart d’entre nous . Car si le diable est simplement le démon rouge et cornu des mystères
102 e diable aille se cacher dans le péché même, pour nous faire croire qu’il n’a point d’existence personnelle, qu’il n’est en
103 erait un excellent calcul. Car il sait bien qu’il nous terroriserait s’il se montrait, tandis que le péché nous fait moins p
104 rroriserait s’il se montrait, tandis que le péché nous fait moins peur qu’envie. Nous connaissons tous de ces dames qui se r
105 andis que le péché nous fait moins peur qu’envie. Nous connaissons tous de ces dames qui se récrient quand on leur parle du
106 tent pas que le diable est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir
107 est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir le diable dans le péché,
108 illeurs que dans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prud
109 ul… Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents, car le péché attire, mais le diable f
110 ce du diable est donc de se rendre invisible dans nos tentations. Il s’arrange pour montrer patte blanche, comme le grand m
111 diable n’est pas dangereux là où il se montre et nous fait peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir. Mais d’a
112 se montre et nous fait peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir. Mais d’autres disent, au camp des vertuistes 
113 istes : « Pourquoi parler d’un diable personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on pas en faire l’é
114 core lui qui parle. Certes, le péché étant devenu notre seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même et sans Auteur
115 tie ou de force de l’habitude. Une coutume du mal nous habite, que l’on pourrait nommer le péché habituel, ou presque le péc
116 péché habituel, ou presque le péché normal. C’est notre propension toute mécanique à violer les dix commandements, c’est-à-di
117 veut se justifier. Dans les mécanismes hérités de nos petits péchés quotidiens, nous sentons quelquefois intervenir comme u
118 canismes hérités de nos petits péchés quotidiens, nous sentons quelquefois intervenir comme un moment d’accélération panique
119 qui a pris le jeu en main ! C’est lui qui invente nos sophismes moraux, efface nos catégories, transforme ce péché habituel
120 ’est lui qui invente nos sophismes moraux, efface nos catégories, transforme ce péché habituel en une « vertu » délirante,
121 ie mentale ou conditionnement social insuffisant… Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais mal
122 insuffisant… Nous ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais malades… 12. Le psychanalyste confond
123 re philosophale dans les cornues des alchimistes. Nous essayons de dissoudre le diable dans les eaux troubles du subconscien
3 1942, La Part du diable. Deuxième partie. Hitler ou l’alibi
124 jeta son encrier en pleine figure, à la Wartburg, nous n’avons pas su composer une vision moderne du diable. Seul Kierkegaar
125 ifficile à maintenir au cours du premier tiers de notre siècle, tandis que des catastrophes trop voyantes ébranlaient les bas
126 tastrophes trop voyantes ébranlaient les bases de notre optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive du mal
127 es ébranlaient les bases de notre optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive du mal par la Science et l’É
128 ressive du mal par la Science et l’Éducation. Sur nos têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bo
129 Science et l’Éducation. Sur nos têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bourdonnement sinistre,
130 nt avec un bourdonnement sinistre, et ces oiseaux nous attaquaient ! — Si cela continue, se dit le diable, les hommes s’ape
131 Et c’est ainsi qu’à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autr
132 er, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d
133 l ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d’honn
134 Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais su
135 ’honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout nous nous faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas
136 eur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout nous nous faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas que S
137 un dictateur ne suffirait nullement à débarrasser notre époque des maux profonds qui la travaillent. Il me souvient d’avoir e
138 t pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur notre salut éternel. Le véritable Antéchrist ne se révélera qu’à la fin des
139 hrist ne se révélera qu’à la fin des temps, comme notre accusateur impitoyable. Et alors, nous n’aurons plus d’autre interces
140 ps, comme notre accusateur impitoyable. Et alors, nous n’aurons plus d’autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même
141 onde chrétien n’est qu’un premier avertissement à nous armer pour le Combat final, pour le Jugement dernier. » Réponse à la
142 Mais ce « petit monsieur » et cet avertissement, nous voici bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le diab
143 ême de l’homme Adolf Hitler. À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas
144 tler. À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathie ou d
145 ’est que le support d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplor
146 teur d’inconscience L’hitlérisme se présente à nous comme une catastrophe cosmique, comme un malheur plus étendu et plus
147 tler est assez démoniaque pour avoir su réveiller nos démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’induction spirituell
148 ent d’impuissance qu’éprouvent les individus dans notre monde démesuré, font qu’ils demandent et se donnent aujourd’hui des d
149 nts sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représente « l’Ordre » ? Qui ne voit qu’une te
150 du péché d’origine ? 18. Midas prolétarien Nous disions que le Prince de ce monde peut tout avoir du monde sauf son â
151 t se tait, que son deuil soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Par
152 il soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en p
153 divisionen. Quelque chose d’indéfinissable et que nous appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant vi
154 our le diable et son angoisse…) Mais le pardon ne nous appartient pas. Et l’hitlérisme enseigne de le mépriser. Ce n’est pas
155 nsi, partout où quelque chose était vermoulu dans notre monde, dans son économie ou dans sa morale, Hitler a poussé à fond, j
156 don. Il est le châtiment automatique, l’Attila de notre civilisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié, juste
157 de Dieu. Mais cette absence de pitié, justement, nous rappelle l’un des noms du diable que nous citions plus haut : l’accus
158 tement, nous rappelle l’un des noms du diable que nous citions plus haut : l’accusateur. Nous ne savions plus distinguer le
159 diable que nous citions plus haut : l’accusateur. Nous ne savions plus distinguer le mal dans la paix et la prospérité. Nous
160 distinguer le mal dans la paix et la prospérité. Nous avons mérité qu’Hitler nous le fasse voir, et par le seul moyen propo
161 aix et la prospérité. Nous avons mérité qu’Hitler nous le fasse voir, et par le seul moyen proportionné à notre insensibilit
162 e fasse voir, et par le seul moyen proportionné à notre insensibilité morale et spirituelle : par les bombes. 20. Le Fauss
163 ussaire Beaucoup de gens pensent que le Führer doit être très méchant pour faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce
4 1942, La Part du diable. Troisième partie. Le diable démocrate
164 ù le mal se confesse. Eh bien, ce sera vite fait, nous connaissons le tour : ce qu’il y a finalement de plus diabolique chez
165 s qui précèdent, c’est peut-être assez grave pour nous . Car voici le point précis où tout se renverse, le point où nos accus
166 le point précis où tout se renverse, le point où nos accusations, délaissant le Führer et les siens, vont porter de plein
167 sincèrement qu’Hitler incarne seul tout le mal de notre temps. Or ce disant, ils usent en vérité d’un procédé exactement semb
168 gion lui-même. « Voyez, je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous
169  Voyez, je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. No
170 er ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. Nous lui opposons avec plus
171 s ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. Nous lui opposons avec plus ou moins de détermination n
172 er. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. Nous lui opposons avec plus ou moins de détermination nos vieilles vertus
173 lui opposons avec plus ou moins de détermination nos vieilles vertus démocratiques, — et nous ne voyons plus le démon parm
174 rmination nos vieilles vertus démocratiques, — et nous ne voyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué, nous voilà pris
175 ratiques, — et nous ne voyons plus le démon parmi nous . Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous som
176 oyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous s
177 t joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demand
178 i le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore no
179 es ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore notre bonne conscience. C’est la grande porte par laquelle il entre en nous
180 e. C’est la grande porte par laquelle il entre en nous de préférence, en se faisant annoncer sous un faux nom. 22. Notre
181 , en se faisant annoncer sous un faux nom. 22. Notre primitivisme Chacun sait que les « primitifs » de la Mélanésie, vi
182 ent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes, et doit donc être combattue et anéantie hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le chr
183 christianisme s’est efforcé depuis des siècles de nous faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi
184 us faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous , que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est
185 aume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en nous , et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœu
186 hamp de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœurs. Cette éducation a largement échoué. Nous persistons dans notre
187 ns nos cœurs. Cette éducation a largement échoué. Nous persistons dans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos
188 ducation a largement échoué. Nous persistons dans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’en fac
189 échoué. Nous persistons dans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’en face, toujours, ou la
190 notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’en face, toujours, ou la force des choses. Si nous so
191 s d’en face, toujours, ou la force des choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition
192 orce des choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition de certains objets — en déplaç
193 bjets — en déplaçant les richesses, par exemple — nous supprimerons les causes des maux du siècle. Si nous sommes des capita
194 us supprimerons les causes des maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces m
195 maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons to
196 s capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démoc
197 oyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démocrates, inquiets ou opti
198 rs nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’
199 mes de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, o
200 ctateurs, profanateurs du droit, ou « sorciers », nous rétablirons la paix et la prospérité. Nous sommes encore en pleine me
201 ers », nous rétablirons la paix et la prospérité. Nous sommes encore en pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en
202 alité magique. Comme de petits enfants en colère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès
203 fants en colère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’H
204 en colère, nous battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Helles
205 quelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur l
206 à grands coups de discours sur les ondes courtes. Nous oublions ce fait fondamental : c’est qu’en réalité nos adversaires ne
207 ublions ce fait fondamental : c’est qu’en réalité nos adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Car tout homme
208 s adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous . Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les microbes d
209 s de la menace ne serait nullement suffisant pour nous en délivrer. Ces signes — Hitler, Staline, ou les capitalistes, selon
210 es personnifient des possibilités qui existent en nous aussi, des tentations latentes qui pourraient fort bien se développer
211 quilibre temporaire. L’adversaire est toujours en nous . Et c’est pourquoi je pense que le chrétien véritable, s’il existait,
212 aindre que celui qu’il loge en lui-même. 23. «  Nous sommes tous coupables » Voici une remarque des plus simples : pers
213 ais prétendu qu’il agissait par mauvaise volonté. Nous sommes tous, Hitler y compris, des « hommes de bonne volonté »4. Pour
214 et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slog
215 l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocratiq
216 nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Cert
217 nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Certes, il y a des
218 l y a des inégalités dans la responsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus gran
219 esponsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus grands responsables du monde. Cepe
220 l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de nous fourrer tous dans le même sac, sans distinctions, comme semblait le f
221 ’intitulait non sans une curieuse présomption : «  Nous sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupabl
222 Nous sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et
223 ci : nous sommes tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi la mentalité
224 nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi la mentalité des totalitaires, c’est-à-dire : la présence activ
225 : la présence active et personnelle du démon dans nos passions ; dans notre besoin de sensation ; dans notre crainte des re
226 et personnelle du démon dans nos passions ; dans notre besoin de sensation ; dans notre crainte des responsabilités ; dans n
227 passions ; dans notre besoin de sensation ; dans notre crainte des responsabilités ; dans notre inertie civique ; dans notre
228 n ; dans notre crainte des responsabilités ; dans notre inertie civique ; dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de se
229 sponsabilités ; dans notre inertie civique ; dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses slogans ; d
230 and nombre, de ses modes et de ses slogans ; dans notre ignorance du prochain ; dans notre refus enfin de tout Absolu qui tra
231 slogans ; dans notre ignorance du prochain ; dans notre refus enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge nos intérêts « 
232 s enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge nos intérêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Il est juste et né
233 érisme n’est pas seulement allemand, qu’ici aussi nous sommes déjà plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensé
234 si nous sommes déjà plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensées. Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là 
235 à plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensées. Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là ! Cela nous accuse
236 Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là ! Cela nous accuse. Si je ressemble à un criminel, cela ne justifie pas le crimin
237 de moi ; qu’un hitlérisme, chez les nazis et chez nous . C’est le même diable. Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse
238 u’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : «  Nous sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas le droit
239 « Nous sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous som
240 sent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si
241 le droit moral de nous battre contre Hitler. » —  Nous sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il n
242 . » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en
243 , certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous, c’est le m
244 , il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous, c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituel
245 te plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous , c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituels et moraux, hor
246 , en nous et hors de nous, c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituels et moraux, hors de nous par des moyens maté
247 nous par des moyens spirituels et moraux, hors de nous par des moyens matériels et militaires, conformément à la nature du p
248 ou non, pour arrêter l’incendiaire. Or l’Histoire nous a mis, bon gré mal gré, dans le rôle technique des pompiers et des ge
249 es pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de nous des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons « meilleurs que
250 de nous des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires
251 ue nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Sig
252 les autres ». Mais nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Signalement du diable déguisé en
253 nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Signalement du diable déguisé en démocrate N’ayant
254 ser tout le mal à l’étranger, pour s’innocenter — nous sommes tombés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’Hitler
255 nous sommes tombés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’Hitler une image du démon tout extérieure à notre réalit
256 ait d’Hitler une image du démon tout extérieure à notre réalité. Et pendant que nous la regardions, fascinés, le démon est re
257 n tout extérieure à notre réalité. Et pendant que nous la regardions, fascinés, le démon est revenu par-derrière nous tourme
258 dions, fascinés, le démon est revenu par-derrière nous tourmenter sous des déguisements qui ne pouvaient éveiller nos soupço
259 r sous des déguisements qui ne pouvaient éveiller nos soupçons. Le xixe siècle, sans s’en douter, a remplacé la Providence
260 table drogue du démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les au
261 Et donc enfin de lui laisser le champ libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il p
262 in de lui laisser le champ libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’u
263 e superstitieuses, ont eu pour principal effet de nous aveugler sur la réalité de l’homme, c’est-à-dire sur la réalité essen
264 e sur la réalité essentielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la défini
265 entielle du mal enraciné dans notre liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la définition même de l’hom
266 inition même de l’homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par principe, et presque par savoir-vivre, dirai
267 ent : une fuite devant le réel. Car dans le réel, nous savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela
268 a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en
269 l’action du diable. Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’est e
270 Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’est encore la mentalité m
271 en le niant : c’est encore la mentalité magique. Nous pensons que celui qui dénonce le mal comme fondamental doit être lui-
272 ns que celui qui dénonce le mal comme fondamental doit être lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous l
273 omme fondamental doit être lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière.
274 très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nou
275 nt le mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fu
276 certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients
277 it Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients nous rendent incapables de comprendre ce qui se passe dans le monde, et no
278 s de comprendre ce qui se passe dans le monde, et nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de no
279 nous livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tragique, pour
280 les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tragique, pour nous tourner exclusive
281 re existence bourgeoise le sens du tragique, pour nous tourner exclusivement vers la recherche du confort et des vertus moye
282 herche du confort et des vertus moyennes. Par là, nous avons provoqué Hitler et l’éruption des « forces mystérieuses » qu’il
283 représente. Autant que la compensation fatale de nos défauts, Hitler est le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans l
284 le de nos défauts, Hitler est le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans la mesure où ils étaient irréalistes, utopiqu
285 olution concentrée) de divinisation prométhéenne. Nos vertus comme nos vices n’avaient plus l’air de rien, et leur insignif
286 e) de divinisation prométhéenne. Nos vertus comme nos vices n’avaient plus l’air de rien, et leur insignifiance était leur
287 sme au nom d’Hitler. Ce qui a paru de grand, dans notre camp n’a pas été le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétie
288 mais encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or nous étions devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en
289 ions devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai 
290 d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai ! nous disions en présence de certaines descriptions du mal : trop affreux p
291 être vrai 7 ! Cependant, c’était vrai, mais cela nous gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce «
292 ! Cependant, c’était vrai, mais cela nous gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce « trop affreux
293 nous gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce « trop affreux » eût été vraiment vrai, il eût fal
294 eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce
295 fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal
296 ; et si nous nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi
297 ns vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi, et que d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le
298 ns nos vies aussi, et que d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire
299 ce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si nous perdons d’abord le sens de la réalité morale. Et certaines simplifica
300 qu’après tout, « les nazis sont des hommes comme nous  ». Voilà le danger que court la démocratie américaine, après toutes l
301 n jour qu’« après tout, ils sont des hommes comme nous  ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dans ce sens q
302 ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous, secrètement. L’une des
303 mme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous , secrètement. L’une des leçons claires qui se dégagent des événements
304 cœur se réveillera brusquement et les renversera. Nous avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avo
305 op de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avons vu la population de la Sarre se jeter dans les bras d’Hitler en
306 la Sarre se jeter dans les bras d’Hitler en 1935. Nous avons vu la Vienne sozialdemokrat se transformer dans l’espace de vin
307 s en une Vienne délirante de passion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement le
308 assion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement les « bons côtés » du système t
309 ns côtés » du système totalitaire. C’est pourquoi nous dirons aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le diable qui e
310 s démocrates : — Regardez le diable qui est parmi nous  ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou à ses émul
311 r totalitaire. Vous pourrez échapper à l’hypnose. Nous manquions d’une représentation moderne du démon. Nous avions donc ces
312 manquions d’une représentation moderne du démon. Nous avions donc cessé d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable é
313 du démon. Nous avions donc cessé d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable se frotte les
314 sant aussi, et finalement plus vrai, d’essayer de nous représenter le diable sous les traits d’un playboy dynamique et optim
315 ique et optimiste, vierge de toute pensée. Ou, si nous sommes par hasard des intellectuels libéraux, sous les traits d’un in
316 des hitlériens et des démocrates, des autres, de nous , et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se br
317 a-t-on, ne sont pas bien claires. Pourquoi ne pas nous donner une image nette et facilement reconnaissable de la personne de
318 st beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal doit toujours être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attiran
319 ction même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour notre doute et déconcertante pour notre raison. On sait assez que le procéd
320 rs ambiguë pour notre doute et déconcertante pour notre raison. On sait assez que le procédé favori de la Cinquième Colonne c
321 fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies ! Le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler est l’âme de la ci
322 me Colonne au siècle des siècles. Enfin — et ceci doit me rendre prudent, personnellement —, le diable est l’être qui, lorsq
323 documentaires publiés sur les mœurs totalitaires. Notre incrédulité bourgeoise a été l’une des meilleures chances d’Hitler.
5 1942, La Part du diable. Quatrième partie. Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
324 Quatrième partieLe diable dans nos dieux et dans nos maladies 27. Le diable dans nos dieux Certes
325 Quatrième partieLe diable dans nos dieux et dans nos maladies 27. Le diable dans nos dieux Certes, il existe aussi
326 dieux et dans nos maladies 27. Le diable dans nos dieux Certes, il existe aussi un incognito divin, et c’est l’Incar
327 sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vé
328 nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous c
329 a se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons en deh
330 nos vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche de re
331 onfabulons en dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il n
332 ître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les
333 hrist, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent au
334 e, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent aux dieux qu’ils créent
335 eoisie et le siècle individualiste. Les suivants, nos contemporains, n’ont pas dit « Dieu », moins hypocrites. Mais ils ont
336 és divinisées, le moi n’est plus déguisé qu’en un nous . Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables
337 xiste qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, m
338 par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à n
339 éissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à
340 s responsables de nos actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre auprès d’aucune instance
341 nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse, que nous ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’u
342 oïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’une autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génératio
343 mentale que celle qui détient le pouvoir —, alors nous sommes des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publique
344 —, alors nous sommes des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle
345 ors nous sommes des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle dans la
346 nous devons le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la
347 oi nous recevons une balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du die
348 e diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux da
349 angereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertu
350 end nous faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… 28. Le diable et le philant
351 e. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertus satisfaites… 28. Le diable et le philanthrope Un jour un
352 e cents, dont la fumée montait comme un encens et devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À q
353 voulu me faire auteur, dit-il. Réponse géniale si nous considérons les divers sens du nom d’auteur. L’Auteur de toutes chose
354 on propre Ouvrage. Mais il ne peut œuvrer que par nos mains. Et c’est pourquoi l’artiste et l’écrivain sont terriblement ex
355 Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans notre siècle. Et l’on apporte à son appui l’exemple un peu facile d’innombr
356 eux monde. Aux « beaux sentiments » conformistes, nous ne savions plus ou n’osions opposer que des sentiments pervertis, tou
357 faux que ceux dont ils n’étaient que l’inversion. Nous ne savions plus concevoir et illustrer de vrais beaux sentiments, de
358 geoise. La guerre actuelle balaye tout cela, mais nous laissera Les Sept Piliers de la Sagesse. Fermons cette parenthèse. Le
359 sions là-dessus. « Aux sources du poème » et dans nos encriers, dans cette rature ou dans la rêverie aux yeux fixes qui la
360 (Et c’est pourquoi l’un des premiers malheurs de notre héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la lib
361 consiste exactement à gagner le monde au prix de notre âme et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans l
362 ment à gagner le monde au prix de notre âme et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans le réel — ou à cô
363 u prix de notre âme et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans le réel — ou à côté. Tant que vous faites
364 bscurément qu’un succès trop rapide dans le monde doit provenir d’une sorte de marché conclu avec le Prince de ce monde, et
365 u avec le Prince de ce monde, et dont le prix est notre liberté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vraie mora
366 Ce sacrifice a rompu le Pacte entre le diable et notre humanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que nous avions vendue
367 umanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que nous avions vendue pour un peu de plaisir… 32. Le mal du siècle : la dé
368 ère. Son ambition se tourne vers les masses. Ici, nous abordons enfin la Grande Stratégie du diable dans ce siècle. La meill
369 n danois Søren Kierkegaard, le penseur capital de notre ère. Voici ce que l’on peut lire dans son journal intime : En opposi
370 rer comment l’humanité qui se donne au diable, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassemblent
371 ul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres —  les nôtres , à nous, nations démocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt n
372 diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à nous , nations démocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt nous réve
373 émocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt nous réveiller en portant aux excès les plus grandioses nos propres découv
374 éveiller en portant aux excès les plus grandioses nos propres découvertes, « vertus » et idéaux. Kierkegaard a compris mieu
375 s disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité » et fuyant devan
376 je dis qu’il n’y a personne ; la personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou res
377 rsonne ; la personne est en nous ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou responsable ; dans une f
378 y ait une masse. Satan va donc créer les masses. Nous tenons ici le secret de sa grande stratégie : produire le péché en sé
379 hasse aux âmes. Il faut avouer que presque toutes nos inventions techniques, la plupart de nos idéaux, enfin l’évolution gé
380 e toutes nos inventions techniques, la plupart de nos idéaux, enfin l’évolution générale du temps, favorisent ce Plan de mi
381 e mille manières. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nou
382 ères. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons tous
383 ver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un monde de transe collective. Nou
384 plus en plus, dans un monde de transe collective. Nous participons tous, de plus en plus, à des formes de vie étrangères à n
385 de plus en plus, à des formes de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu m
386 s de vie étrangères à notre sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à courir
387 d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de nous un sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victime virtuelle des
388 racines du phénomène moderne des masses sont dans notre attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle
389 utes ces choses trop vastes et trop complexes qui nous entourent sans nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous
390 vastes et trop complexes qui nous entourent sans nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il y a
391 omplexes qui nous entourent sans nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il y a sans doute des ra
392 nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il y a sans doute des raisons assez précises, toutes les
393 ne de ces « nécessités » elles-mêmes, je pressens notre obscur désir de fuite dans l’anonyme irresponsable, et la très vieill
394 nsable, et la très vieille tentation de compenser nos inquiétudes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous nous pe
395 udes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper
396 par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à no
397 . Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulons deveni
398 diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le diable enco
399 trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le diable encore qui nous accu
400 venir comme des dieux, c’est le diable encore qui nous accueille au sommet de notre ascension. Comme le rappelle l’histoire
401 le diable encore qui nous accueille au sommet de notre ascension. Comme le rappelle l’histoire de la tour de Babel, qui est
402 re de la tour de Babel, qui est le grand mythe de notre temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans le récit du chapitre onz
403 es et toujours un peu bêtes, mais à l’ensemble de nos entreprises économiques, politiques et urbaines.) Reprenons ce récit
404 tation : « Ils dirent encore : Allons ! bâtissons- nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous
405 ne tour dont le sommet touche au ciel, et faisons- nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la
406 touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. » Vous reconna
407 x à leur manière. Le résultat, que l’Ange pervers devait prévoir, sera nécessairement l’inverse de ce qu’ils voulaient. Si vou
408 t, et ils entrent dans le Temps où l’on meurt. Si nous nous faisons une ville nous resterons unis, se disent les hommes. Ils
409 ils entrent dans le Temps où l’on meurt. Si nous nous faisons une ville nous resterons unis, se disent les hommes. Ils la f
410 mps où l’on meurt. Si nous nous faisons une ville nous resterons unis, se disent les hommes. Ils la font, et c’est là précis
411 son sens dans un langage commun. Il me paraît que nous en sommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulai
412 ommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulaire, en politique surtout, suffirait à trahir l’absence de to
413 t à trahir l’absence de toute commune mesure dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu
414 bsence de toute commune mesure dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la
415 dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’or, l’étalon-homme. E
416 ècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’or, l’étalon-homme. Et pour avoir ét
417 talon-homme. Et pour avoir été trop vite en tout, nous avons perdu de vue la mesure et le sens des fins dernières de l’œuvre
418 une section pour le sauver. Faudra-t-il détruire notre monde, pour que l’homme s’y retrouve et se refasse un habitacle à sa
419 ieux dire la babélisation des cadres matériels de notre vie. L’invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’
420 vie. L’invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont
421 ion diabolique. « En effet, disait-il, une maison devrait être conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’est pas naturel
422 acher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu nous y oublie, soit que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on se r
423 es. Ils ont lu cela quelque part. Chaque fois que nous découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous sommes aussitôt obséd
424 e nous découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous sommes aussitôt obsédés par l’idée que « cela explique tout ». Étrang
425 e cette méchante décision ? L’homme ou son foie ? Nous sommes bien trop intéressés à nier le péché personnel pour que j’acco
426 le diable qui m’intéresse, et les prétextes qu’il nous sert pour justifier nos démissions morales. Mais en fait de prétextes
427 , et les prétextes qu’il nous sert pour justifier nos démissions morales. Mais en fait de prétextes, il en a de meilleurs q
428 une vérité et à un bien généralement admis. Mais notre époque a remplacé les critères de la vérité par des valeurs d’intensi
429 ver de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de nos jours, que la passion, l’émotion et l’hystérie même vous mettent de d
430 grandes époques, on eût doublé la peine. Bornons- nous à le noter en passant : notre respect de la passion et de « la vie »
431 lé la peine. Bornons-nous à le noter en passant : notre respect de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence d
432 e pas ici le moment de se demander au nom de quoi nos moralistes de la passion combattent Hitler ? 35. Le diable au cœur
433 lliance du mariage. Dans la morale que pratiquent nos contemporains, la force de l’amour prime le droit du serment. Mais ce
434 les mêmes principes dont s’autorise l’anarchie de nos mœurs privées. Toutefois les partisans du romantisme maintiendront qu
435 mour » moderne est une immense faillite intime de notre civilisation. C’est une affaire si tragiquement confuse que le diable
436 st pas de l’amour. C’est tout ce qui se glisse en nous sous le couvert du mot. Car le diable est celui qui n’aime pas, et qu
437 qu’on aime, et dont tout le plaisir est d’altérer nos vertus dans leur source. Vous le sentirez présent, dans sa force immo
438 plus beau mot de toutes les langues est pipé sur nos lèvres par Satan. Nulle époque n’a parlé davantage de l’amour, avec s
439 l’amour, avec si peu d’exigence réelle. Le diable nous a fait nommer « amour » une vague obsession contagieuse dont le foyer
440 ette obsession était devenue la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — la religion de ceux qui n’en voulaie
441 de modes. Sur beaucoup plus ! Car elle a modifié notre échelle des valeurs. La surestimation extravagante de l’amour — j’ent
442 e Lyon à un lion — a déprimé progressivement dans notre époque le sens et le respect de la tenue morale, du sacrifice au bien
443 iriles et dures. Le bonheur individuel est devenu notre tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste obligé de choi
444 t plus inquiétant : la décadence de la virtu dans notre siècle, sous l’effet de la publicité faite à l’amour vulgarisé. En to
445 l’œuvre du diable. Ce qui distingue l’amour dans notre siècle, ce qui devrait disqualifier le très grand nombre de ceux qui
446 e qui distingue l’amour dans notre siècle, ce qui devrait disqualifier le très grand nombre de ceux qui s’en prévalent, c’est j
447 ifier l’abdication de soi, puisqu’à son comble il nous porte à donner notre vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don
448 e soi, puisqu’à son comble il nous porte à donner notre vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don viril et l’abandon,
449 nous porte à donner notre vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don viril et l’abandon, Satan ménage plus d’une pent
450 rs, l’un des premiers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables, dans l’instant même où nous savons
451 iers effets de la passion est de nous empêcher de nous sentir coupables, dans l’instant même où nous savons le mieux que nou
452 de nous sentir coupables, dans l’instant même où nous savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal :
453 , dans l’instant même où nous savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus auc
454 , le privant aussitôt de ses droits absolus. Mais nous avons une morale romantique exaltant la passion « fatale » : c’en est
455 est fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’est qu’une manière de par
456 absolu… Mais justement le diable a substitué dans nos esprits le respect de la sincérité au respect — même distant et théor
457  J’ai changé, elle aussi. Quel sens aurait encore notre fidélité, quand elle s’oppose à la loi même de la Vie ? Est-il “sincè
458 cisément parce que l’on sait que la vie change et nous aussi ; précisément pour s’assurer contre ces variations prévues ; pr
459 nstante « hypocrisie » s’efforçant de subordonner nos petits bonheurs à la justice, nos désirs à l’amour du prochain, et le
460 de subordonner nos petits bonheurs à la justice, nos désirs à l’amour du prochain, et le cœur (pour parler noblement) à la
461 ugle penchant ? » C’est par le cœur que le diable nous a pris. Certes, ce n’est pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu’on t
462 ises de faibles. ⁂ L’amour moderne, si j’en crois nos romanciers et les statistiques de divorce, atteint un degré de comple
463 en moins de passions fortes, simplement parce que nous cherchons la passion pour elle-même et comme un abandon. Les passions
464 stent. L’importance démesurée de « l’amour » dans nos mœurs, moins comme réalité que comme arrière-pensée, allusion perpétu
465 rpétuelle et nostalgie, révèle toute l’étendue de notre ennui, le dégoût de l’homme moyen pour sa vie quotidienne, l’absence
466 buts et d’intérêts puissants capables d’absorber nos rêves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’u
467 ance est en train de dissoudre les structures qui nous protégeaient contre les paniques de l’instinct. La morale bourgeoise
468 plus juste dédain. Une société déprimée comme la nôtre doit recourir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de rest
469 juste dédain. Une société déprimée comme la nôtre doit recourir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de restaurer
470 courir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de restaurer d’urgence des interdits drastiques, des préjugés solides
471 ns de la jungle intérieure. Telle est la leçon de notre crise. C’est une question de physique sociale plus que de vertu, une
472 que de vertu, une question de vie ou de mort pour notre civilisation et pour tout ordre, quel qu’il soit, qui mérite l’épithè
473 origine, et dont cette phrase du Mystère de Jésus nous donne peut-être l’expression la plus poignante : « Je pensais à toi d
474 urait être aussi commun que les romans et l’opéra nous l’ont fait croire. Je mets en fait qu’il n’y a guère plus de grands a
475 es secrets monstrueux, ignorés de nous-mêmes, que notre passion livre à l’être aimé dans la contagion du délire, voici qu’ils
476 a rédemption, voici qu’il se fait l’instrument de nos plus épuisantes tortures. À quel moment l’amour est-il devenu souffra
477 inséparable de toute vraie passion — et la grâce nous délivre de la loi… Poursuivons cette analogie. Le coup de foudre est
478 éserver sa passion. Madame Guyon rapporte qu’elle dut mentir un jour à son confesseur même, pour lui cacher un incident qui
479 ice, état de mensonge constant, perte du sens des devoirs immédiats, faiblesses exaltées mimant l’inspiration, — c’est peu dire
480 il n’a de joie par sa présence… Dans ce dédale de nos enfers privés, quel talisman pourrions-nous emporter pour déjouer les
481 ale de nos enfers privés, quel talisman pourrions- nous emporter pour déjouer les ruses sataniques ? Il faudrait être un sain
482 mour du prochain, de l’Agapè qui seul peut brider notre Éros et le sauver de ses propres fureurs. Rien de moins ne saurait co
483 ect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nous savons que si l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est l
484 utopies. C’est donc en tant qu’elle participe de notre libre créativité, comme le langage et les activités de l’esprit, que
485 certes il ne s’y intrigue pas davantage que dans nos créations les plus abstraites. Il y est même plus aisément reconnaiss
486 gueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on devrait déduire que le meilleur moyen de prévenir les états de possession sat
487 e préférence à toute autre passion, pour aveugler notre sens des valeurs. Le sexe n’est pas une honte, mais le diable y trouv
488 le diable y trouve l’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’homme ne se las
489 ’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’homme ne se lassera jamais de faire u
490 on. « Instrument dont use le diable pour posséder nos âmes », dit saint Cyprien, et Tertullien plus énergique : « Porte de
491 tion finale du Second Faust : « L’Éternel féminin nous entraîne vers les hauteurs »… En vérité, la femme n’est porte de l’En
492 ontre les romantiques de tous les temps : « Entre nous , ce sont choses que j’ai toujours vues de singulier accord : les opin
493 alisme mal placé. Tous ces facteurs ont créé dans nos mœurs un malaise fondamental. Une espèce de révolte sourde anime la f
494 era sans remède. Qu’elles rusent, bien, mais cela doit vous amuser. Si vous le prenez trop au sérieux, vous les perdrez et v
495 elle, j’ai peut-être été sotte, mais les épreuves nous grandissent. Dis-moi maintenant pourquoi je t’ai battu ? Comme il ouv
496 spérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors nous ne saurons jamais. Il se tait. — Cet homme ne m’aime pas, pense la f
497 rce qu’elle a les mêmes sources, avec la crise de nos vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’att
498 mêmes sources, avec la crise de nos vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre
499 ées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre cœur. Lorsque nos circonstances individuelles
500 tre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre cœur. Lorsque nos circonstances individuelles ou politiques, nos dram
501 ès que nous l’atteignons dans notre cœur. Lorsque nos circonstances individuelles ou politiques, nos drames intimes ou cett
502 ue nos circonstances individuelles ou politiques, nos drames intimes ou cette guerre universelle, se révèlent comme des sit
503 j’y suis. Rimbaud. Évidemment, je n’aurais pas entrer. On fait de ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je su
504 pas être mis à la porte ! Naturellement, j’aurais pousser la première porte venue, sans y penser, et je serais sorti co
505 et me regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regar
506 e regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regard, il
507 Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer.
508 s venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous . Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette
509 uchemar de la réalité. La guerre existe autour de nous , elle est fausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’a
510 nous, elle est fausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’avons créée. À tel et tel moment, dans un passé réc
511 ausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’avons créée. À tel et tel moment, dans un passé récent, pouvions-no
512 tel et tel moment, dans un passé récent, pouvions- nous arrêter le glissement, renverser les fatalités ? Nous le pouvions, no
513 arrêter le glissement, renverser les fatalités ? Nous le pouvions, nous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous
514 ment, renverser les fatalités ? Nous le pouvions, nous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru.
515 atalités ? Nous le pouvions, nous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru. Peut-être aussi que
516 ous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru. Peut-être aussi que rien n’était possible. Ces pen
517 ossible. Ces pensées augmentent l’amertume. Elles nous suggèrent l’idée d’une possession… Est-ce nous vraiment qui avons lai
518 es nous suggèrent l’idée d’une possession… Est-ce nous vraiment qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’est pas no
519 s laissé les choses en venir là ? Si ce n’est pas nous , qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors pourquoi m
520 enir là ? Si ce n’est pas nous, qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce p
521 mes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons- nous  ? Pour ce passé que nous n’avons pas aimé assez pour l’empêcher de se
522 alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce passé que nous n’avons pas aimé assez pour l’empêcher de se perdre ? Pour un avenir
523 pour l’empêcher de se perdre ? Pour un avenir que nous devinons à peine et savons encore moins créer ? Pour cette démocratie
524 ? Pour quelle foi plus valable que la vie ? Et si nous ne voulons pas de foi, pour quelle vie plus valable que la foi ? C’es
525 quelle vie plus valable que la foi ? C’est couru, notre monde agonise, il a sa balle dans le cœur, quoi qu’il arrive. Mais po
526 e cœur, quoi qu’il arrive. Mais pour quoi vivions- nous naguère, et pour quoi mourrons-nous demain ? Nous ne pouvons plus rec
527 quoi vivions-nous naguère, et pour quoi mourrons- nous demain ? Nous ne pouvons plus reculer, c’est clair, on nous attaque !
528 nous naguère, et pour quoi mourrons-nous demain ? Nous ne pouvons plus reculer, c’est clair, on nous attaque ! En avant donc
529 n ? Nous ne pouvons plus reculer, c’est clair, on nous attaque ! En avant donc, il n’y a plus rien à perdre ! Cet « en avant
530 pas où il va… Je me souviens des temps heureux —  notre illusion. « Vous ne mourrez plus ! », nous disait l’Autre. Et cela du
531 eux — notre illusion. « Vous ne mourrez plus ! », nous disait l’Autre. Et cela du moins nous paraissait imaginable, cela res
532 z plus ! », nous disait l’Autre. Et cela du moins nous paraissait imaginable, cela ressemblait à quelque chose dont nous avi
533 imaginable, cela ressemblait à quelque chose dont nous avions une idée naturelle, le bonheur, le progrès, la durée vers le m
534 bonheur, le progrès, la durée vers le mieux… Mais nous mourons, c’est toujours surprenant. Cela paraît absurde et révoltant.
535 es, et dans les livres ; et la voilà substance de nos vies. Encore un navire torpillé et comme le dit l’Amirauté : « The ne
536 rmées. (Grand développement de l’information dans notre siècle !) Qu’on nous informe donc, une fois pour toutes, que nous som
537 ement de l’information dans notre siècle !) Qu’on nous informe donc, une fois pour toutes, que nous sommes tous de la famill
538 u’on nous informe donc, une fois pour toutes, que nous sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! « 
539 outes, que nous sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! « Vous êtes tous membres les uns des autr
540 ous membres les uns des autres », dit l’Évangile. Nous sommes tous dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes to
541 s tous dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes tous dans le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’est
542 ’un seul regard.) Que faudra-t-il encore pour que nous comprenions l’étendue de la catastrophe, et qu’elle est vraiment sans
543 l. On me dit : « Il y a les bons et les méchants, nous sommes les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes
544 les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à quel
545 t de gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avons- nous cru, pour montrer tout d’un coup tant d’assurance ? Se faire tuer pou
546 ns à bien haut prix. Valaient-elles le grabuge où nous sombrons ?… J’ai décrit l’œuvre de Satan, et cela finit dans un cauch
547 dans un cauchemar qui ressemble à s’y méprendre à notre époque. Mais si vous ne croyez pas au diable, je me demande à quel Ma
548 sse jamais, inaltérable et dominant, ah ! taisons- nous , le voici qui revient, et ce n’est pas encore notre consolation, mais
549 ous, le voici qui revient, et ce n’est pas encore notre consolation, mais il est plus dur que la mort et le mutisme de la mor
550 ort et le mutisme de la mort, il est plus pur que nos douleurs, je l’ai nommé : cantique au bleu du ciel. 8. La morale d
6 1942, La Part du diable. Cinquième partie. Le Bleu du Ciel
551 ainsi l’insensé ne passera point pour sage ; mais nous , nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable
552 l’insensé ne passera point pour sage ; mais nous, nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la
553 a charité, dont il ignore la puissance. Car ainsi nous ne serons pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous prése
554 pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous préserver de l’abus des vertus mineures, par où le diable pourrait no
555 us des vertus mineures, par où le diable pourrait nous asservir. La solution est d’attaquer Hitler — puisqu’il nous attaque 
556 ir. La solution est d’attaquer Hitler — puisqu’il nous attaque — avec des tanks, des avions, de la propagande massive, et un
557 mps de l’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi nous ne serons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non
558 nous ne serons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non plus par l’intérieur. J’ai tenté jusqu’ici de dé
559 de pour propagande, et GPU pour Gestapo. Occupons- nous maintenant du deuxième temps de l’attaque. Il y faut des hommes révei
560 ra-t-il à réveiller ce peuple, et tous ceux parmi nous qui ont cédé au vertige de l’Abîme politique ou moral ? Pour dissiper
561 rit, passant sur le visage torturé du siècle, que nous devons attendre un vrai réveil des hommes… Mais cette attente encore,
562 passant sur le visage torturé du siècle, que nous devons attendre un vrai réveil des hommes… Mais cette attente encore, qu’ell
563 ait permis d’articuler ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? Et quelle est la vision qui m’éveille ? Je m’essaierai à la dé
564 une illusion réside dans la simple certitude que nous ne sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, t
565 ertitude que nous ne sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le princi
566 sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous  ! Le principe et la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final, sont
567 qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans nos mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout serait bie
568 était dans nos mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout serait bientôt gâché et dans les mains du diable.
569 ait bientôt gâché et dans les mains du diable. Si nous étions des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présen
570 ait plus d’espoir : la catastrophe présente étant notre œuvre à tous, l’échec des dieux serait avéré, leur faillibilité démon
571 rême des milices célestes, est la plus grande qui nous fut donnée dans le combat contre Satan. Car saint Michel irrésistible
572 sque plus longtemps le moment décisif du drame de notre histoire, le principe même de toute victoire sur le Malin ! Aux grand
573 te victoire sur le Malin ! Aux grandes époques de notre évolution, c’est l’événement lui-même qui répercute le cri de guerre
574 utez le prophète Ézéchiel, lorsqu’il s’adresse à nos démocraties capitalistes et commerçantes : Fils de l’homme, dis au p
575 décisif. À l’épreuve de la guerre et du meurtre, nos illusions, immédiatement châtiées, se dénoncent comme illusions. La t
576 tes, la tactique et la stratégie du diable. Elles nous aident, elles nous forcent à reconnaître, par la plus évidente analog
577 la stratégie du diable. Elles nous aident, elles nous forcent à reconnaître, par la plus évidente analogie, l’action de Sat
578 la plus évidente analogie, l’action de Satan dans nos vies et le mensonge de l’éternelle Tentation. C’est déjà la moitié de
579 né dans un autre temps ! Tout signifie, autour de nous , tout s’amplifie aux dimensions de la plus vaste poésie ! Tout ce qui
580 s-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais nos objectifs ne furent plus manifestes. Hitler m’indique en lettres giga
581 lète sa « grande stratégie » dans la confusion de nos mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdon
582 nde stratégie » dans la confusion de nos mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos b
583 nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en est pas moins s
584 eu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui
585 n de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui nous est demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire final
586 ompe : Hitler déjoue lui-même le plan de Satan en nous forçant à voir ce que nous sommes. Nous voici délivrés du souci monst
587 me le plan de Satan en nous forçant à voir ce que nous sommes. Nous voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de
588 Satan en nous forçant à voir ce que nous sommes. Nous voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre destin
589 élivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inconsciem
590 ins dernières de notre destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inconsciemment. Quoi qu’il arrive, le grand
591 tre destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inconsciemment. Quoi qu’il arrive, le grand Ordre subsiste, l
592  le bleu du ciel n’est pas terni par les nuées de notre angoisse. Et voyez : le jugement final lui-même ne nous appartient pa
593 ngoisse. Et voyez : le jugement final lui-même ne nous appartient pas, non plus que le souci de la victoire décisive. Car ai
594 rnité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel
595 -il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de nous … 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et sa colonne
596 c’en est fait, la partie est gagnée. Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de nous rendre immédiatement participan
597 Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de nous rendre immédiatement participants de cette victoire. Un des prophètes
598 et désintéressée, serait un miracle. Dieu, qui ne doit de miracle à personne et qui n’en fait point d’inutiles, emploie pour
599 oncellement de terre qui le détourne. Je dis que nous pouvons participer à cette victoire réellement totale en devenant cha
600 ictoire réellement totale en devenant chacun pour notre compte cet « obstacle imperceptible » au mal, et ce « faible roseau »
601 dis que la condition de cette victoire, c’est que nous devenions, chacun pour notre compte, un homme, une personne responsab
602 e victoire, c’est que nous devenions, chacun pour notre compte, un homme, une personne responsable. Le seul obstacle irréduct
603 ette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de nos jours l’adversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais nous conda
604 ie de nos jours l’adversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints.
605 dversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints. Et qui donc oserai
606 é qui nous éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints. Et qui donc oserait même, sérieusement, sou
607 ment, dans l’érosion universelle par le néant, il nous faut tendre avec passion vers la sainteté : autrement nous serons bal
608 tendre avec passion vers la sainteté : autrement nous serons balayés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable éta
609 ctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’a
610 ler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’autre toujours, la force des choses ou la fa
611 ie sanctification consiste dans l’augmentation de notre sentiment d’être complices de tout le mal qui se fait dans le monde.
612 Bèze, ces mots : « reconnaissant de plus en plus nos fautes » m’indiquent le sens du seul progrès humain non équivoque15.
613 dans la certitude illusoire d’être sans péché. Il nous est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il accepte de mourir en
614 t plein de démons, ils sévissent par millions, et nous n’arriverons pas à les chasser. Mais en réalité, l’on ne peut jamais
615 de l’ordre impérissable. Or cet élément personnel doit s’encadrer dans un ordre cosmique, et se réaliser dans un ordre socia
616 et se réaliser dans un ordre social ; le premier nous étant donné, le second étant à donner ; le premier figurant la condit
617 L’ordre cosmique Le développement aberrant de nos techniques et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a fait
618 pement aberrant de nos techniques et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a fait perdre, depuis quelques siècles,
619 ues et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a fait perdre, depuis quelques siècles, le sens cosmique, c’est-à-dir
620 cosmique, c’est-à-dire la conscience immédiate de nos liens avec l’ensemble de l’Univers, ses lois connues et ses mystères.
621 . Dans le même temps le développement aberrant de nos morales rationalistes, puis individualistes, puis irrationalistes, to
622 fait côte à côte, indiscernablement mélangés dans nos vies, nous a fait perdre le sens moral élémentaire, c’est-à-dire la c
623 à côte, indiscernablement mélangés dans nos vies, nous a fait perdre le sens moral élémentaire, c’est-à-dire la conscience i
624 science immédiate d’un absolu qui serait, hors de nous , le gage universel du bien et du mal. Et nous voici coupés des deux s
625 de nous, le gage universel du bien et du mal. Et nous voici coupés des deux sources de l’Ordre, qui sont les lois ordonnées
626 n et les interventions ordonnatrices du Créateur. Nous avons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les cho
627 ordonnatrices du Créateur. Nous avons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les choses créées, et de notre
628 nterdépendance de toutes les choses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbit
629 ses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur no
630 s le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur nous affole à plaisir. Nietzsche a bien vu que la philosophie de ce monde-
631 a tiré des conséquences implacables. Que pouvons- nous faire maintenant ? Je dirai la réponse « chrétienne » — le christiani
632 -delà des fascinations de ma plus secrète utopie. Nous avons à redécouvrir la catholicité fondamentale, déterminée et révélé
633 e par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et nous avons à redécouvrir l’absolu d’un bien et d’un mal non relatifs à nos
634 rir l’absolu d’un bien et d’un mal non relatifs à nos idées morales, aux suggestions aveuglantes de l’instinct ou aux press
635 . Toute ma confiance repose dans la certitude que nos méfaits et ceux du diable, et ceux d’Hitler, ne changent rien à l’Ord
636 pas, simple illusion d’une impatience oblitérant nos sens spirituels, mais qui ne peut empêcher l’Esprit d’agir plus qu’el
637 s qu’elle ne peut influencer le cours des astres. Nous pouvons certes nous détruire, mais nous ne pouvons détruire davantage
638 fluencer le cours des astres. Nous pouvons certes nous détruire, mais nous ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes. Nou
639 s astres. Nous pouvons certes nous détruire, mais nous ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes. Nous pouvons certes nou
640 ous ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes. Nous pouvons certes nous rendre insensibles à cette intuition poétique qui
641 ire davantage que nous-mêmes. Nous pouvons certes nous rendre insensibles à cette intuition poétique qui sonde les abîmes mi
642 e réinventer le « réel » à sa ressemblance ; mais nous ne pouvons prévenir toutes ces choses d’exister, de graviter, de naît
643 d’un accord qui sera le nom secret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire de pitoyabl
644 ecret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de néglig
645 Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de négligence ou de cal
646 autes d’orgueil, de négligence ou de calcul, mais nous ne pouvons rien, à jamais, sur le miracle perpétuel qui fait coïncide
647 de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voyons se produire dans les États atteints de gigantisme, où les rela
648 ns le cadre des lois. Alors l’État pour subsister doit devenir totalitaire, c’est-à-dire que l’abstraite contrainte doit se
649 alitaire, c’est-à-dire que l’abstraite contrainte doit se doubler d’une contrainte physique, seule efficace désormais : la p
650 out ce qui caractérise les mœurs politiciennes de nos pseudo-démocraties, et les goûts de leur « grand public » tels que le
651 déal très obscurément pressenti. L’effort présent doit se porter vers une définition intransigeante et claire de l’idéal qui
652 ansigeante et claire de l’idéal qui seul justifie notre lutte ; et vers la recherche de moyens d’incorporer cet idéal, qui ne
653 , un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu 
654 nt les conclusions qui m’apparaissent résulter de notre état. Je crois à la vertu de l’élucidation, qui dit le vrai en baissa
655 anxieuse appelle la dictature par l’intérieur, et nous rend impuissants contre les dictatures de l’extérieur ; notre désordr
656 mpuissants contre les dictatures de l’extérieur ; notre désordre intime nous livre donc nécessairement et infailliblement au
657 dictatures de l’extérieur ; notre désordre intime nous livre donc nécessairement et infailliblement au « nouvel ordre » des
658 blement au « nouvel ordre » des totalitaires ; si nous n’aimons pas ça, il faut changer de méthodes ou d’attitude ; mais que
659 n permanence ? Beaucoup de choses « impossibles » nous arrivent. Un beau jour elles sont là, malgré nous. Ne serait-il pas t
660 nous arrivent. Un beau jour elles sont là, malgré nous . Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’imposs
661 é et compris de la même manière par tous ceux qui devront l’exécuter. Un plan qui s’exprime par des mots, et par des mots qui m
662 mots, et par des mots qui mettent de l’ordre dans nos volontés égarées : tous les mots clairs sont des mots d’ordre. Or que
663 mots clairs sont des mots d’ordre. Or que voyons- nous aujourd’hui ? « Liberté », « ordre », « esprit », « démocratie » pren
664 courants. Mais toutes ces choses ont disparu dans notre siècle. Alors les mots qui courent partout ne mènent nulle part. Notr
665 es mots qui courent partout ne mènent nulle part. Notre langage est débrayé. Plus on parle, moins on s’entend. La mort seule
666 mps de la grande prostitution de cette parole qui devait être la mesure du vrai, et dont l’Évangile dit que, dans sa source, e
667 vie et la lumière des hommes » ! Hélas, qu’avons- nous fait de la parole ! Elle ne saurait plus même mentir dans certaines b
668 ficiel, le gâtisme des fins de banquet ; et quand nous sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’
669 sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’indicible est peut-être plus vrai que la parole claire
670 parole claire et nette ! Il sait qu’en confondant notre langage, il détruit la communauté. Il sait qu’en détruisant nos struc
671 l détruit la communauté. Il sait qu’en détruisant nos structures sociales, il précipite la confusion de notre langage. Il s
672 structures sociales, il précipite la confusion de notre langage. Il sait que les hommes ne peuvent s’engager que par des paro
673 mant le sens des mots, il détruit la base même de nos fidélités. Il sait que partout où l’on appelle un chat un chat, le ma
674 eurs insanes. Il sait que rien au monde ne pourra nous faire taire, maintenant que nous avons la radio, et il se loge dans t
675 monde ne pourra nous faire taire, maintenant que nous avons la radio, et il se loge dans tous les microphones. Il organise
676 e achèvera mieux que les pires tyrannies d’ahurir notre sens moral… J’allais écrire que le seul remède serait de lui opposer
677 Ce ministère était jadis l’Église. Une analyse de nos vocabulaires montrerait que le peu de sens commun qu’ils conservent v
678 sans vertu dans le monde informe et gigantique où nous vivons. Et puis enfin, je n’écris pas ces pages pour proposer après m
679 a confiance indestructible, qui remonte à travers nos rumeurs et rétablit le silence adorant : nous ne sommes pas maîtres d
680 vers nos rumeurs et rétablit le silence adorant : nous ne sommes pas maîtres de détruire la vraie Parole ! Tous les mensonge
681 ie Parole ! Tous les mensonges du diable, et tous nos bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit nous parle, par une phras
682 s nos bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit nous parle, par une phrase de la Bible ou de nos liturgies, par un mot que
683 prit nous parle, par une phrase de la Bible ou de nos liturgies, par un mot que dit un passant, par une prière née dans un
684 une prière née dans un cœur. Il ne dépend pas de nous que ces syllabes vivent : tout d’un coup elles nous ont parlé. (La na
685 us que ces syllabes vivent : tout d’un coup elles nous ont parlé. (La naissance d’un poème ou d’un rythme de phrase, quelque
686 ’un rythme de phrase, quelque part en nous-mêmes, nous donne une faible idée de ces surprises.) Si le langage nous appartena
687 une faible idée de ces surprises.) Si le langage nous appartenait, il y a longtemps qu’on ne pourrait plus s’entendre. Mais
688 trice. Un tyran ou l’État pourront bien interdire nos discours et nos discussions, « étouffer la libre parole » : au point
689 ou l’État pourront bien interdire nos discours et nos discussions, « étouffer la libre parole » : au point où elle en est,
690 qui fait qu’à de certains moments, certains mots nous parlent, et non d’autres, fût-ce à voix basse, au secret d’un cachot.
691 nges, quand la peur, la souffrance et la honte ne nous permettent plus d’articuler même une plainte intelligible, — c’est el
692 plainte intelligible, — c’est elle à présent qui nous parle ! 49. Vertus J’ai désigné les dimensions de l’Ordre indes
693 l’Ordre indestructible au sein duquel le drame de nos destins s’encadre. Ainsi armés et appuyés, nous pouvons porter sur Sa
694 de nos destins s’encadre. Ainsi armés et appuyés, nous pouvons porter sur Satan et sur ses sinistres desseins un regard qui
695 qui obscurcit le ciel pour un temps, et peut-être nous fait pleurer, puis tout est clair et juste de nouveau. N’opposons pas
696 u’il prendrait pour autant d’hommages. Détournons- nous et regardons le Bien. Armons-nous de cette grande Confiance qui survi
697 ges. Détournons-nous et regardons le Bien. Armons- nous de cette grande Confiance qui survit à la catastrophe, parce qu’en ay
698 our ne cessent d’attendre, intacts et souverains, notre désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nou
699 ’attendre, intacts et souverains, notre désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nous suffit de ren
700 uffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nous suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous avions fait de la
701 us suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous avions fait de la vertu si triste chose qu’il paraissait mesquin de s
702 cela s’explique et des générations de romanciers nous ont montré d’une manière convaincante que l’homme « moral » n’était q
703 n faible, un refoulé ou un raseur. Mais la guerre nous montre autre chose. Quand une démocratie rougit de ses vertus, sur qu
704 er aux barbares ? La barbarie débile et bébête de nos foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’est ce
705 bête de nos foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’est cela qu’il faut sauver au prix de sa vie ? J
706 l’alerte périssent dans la surdité. Qu’y pouvons- nous  ? La bêtise est inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de s
707 ne m’empêchera pas d’avoir confiance ! Le malheur nous rend au sérieux. Il nous apprend à opposer au mal le bien, et non pas
708 r confiance ! Le malheur nous rend au sérieux. Il nous apprend à opposer au mal le bien, et non pas le demi-mal de petites p
709 et non pas le demi-mal de petites perversions. Il nous rend le courage d’opposer à cet orgueil prôné par les totalitaires, l
710 ndamner : l’heure n’est-elle pas trop grande pour nos cris ? Je voudrais dire le bien et les vertus que j’aime, et la libér
711 rtueux ont disparu avec les vieilles querelles où nous nous attardions. Il ne s’agit plus de leur morale qui mourut sur la d
712 x ont disparu avec les vieilles querelles où nous nous attardions. Il ne s’agit plus de leur morale qui mourut sur la défens
713 défendue, il s’agit simplement de la grandeur que nous saurons imaginer, et d’une vision nouvelle de la force. Assis sur nos
714 , et d’une vision nouvelle de la force. Assis sur nos ruines, j’esquisse… Je me plais à inscrire ces mots : lucidité-sérieu
715 à travers les murs de la cellule que bâtissaient nos craintes et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’être libres
716 urs de la cellule que bâtissaient nos craintes et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’être libres comme ceux qui
717 t nos craintes et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’être libres comme ceux qui n’ont plus rien à perdre. Je pens
718 le consiste « à vouloir une seule chose », et qui nous rend insensible au vertige. Je pense que l’homme le plus lucide au mo
719 ui le courage de l’amour. Je pense que le malheur nous rendra sobres, et que l’empire qui était échu aux plus bavards sera r
720 le méchant ». Mais dans cette leçon, que l’époque nous rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réal
721 cette leçon, que l’époque nous rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies vertus n
722 rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies vertus ne vont pas au bonheur, mais à l
723 nergie calme, brillante et indomptable, telle que nous pouvons l’imaginer d’un large fleuve d’or fondu »… O da quod jubes,
724 res et larvaires où le Prince des ténèbres attend notre fatigue ; qu’elles fassent s’évanouir les profondeurs trompeuses qu’i
725 s qu’il ouvre à l’aventure du désir, embrouillant nos vertus dans nos vices et notre goût naturel du bonheur dans le vertig
726 l’aventure du désir, embrouillant nos vertus dans nos vices et notre goût naturel du bonheur dans le vertige du malheur ; e
727 désir, embrouillant nos vertus dans nos vices et notre goût naturel du bonheur dans le vertige du malheur ; et qu’elles réfu
728 ue le démon aime l’heure de minuit. Ah ! tournons- nous , le visage levé, vers le symbole universel de la rigueur et de la pai
729 e virile clairvoyance, c’est la vraie guérison de nos fameux « complexes de culpabilité ». 16. Daniel Defoe. 17. Je prend