1
Introduction Que la connaissance du vrai danger
nous
guérit des fausses peurs Au dessert nous étions d’accord : ce qui
2
anger nous guérit des fausses peurs Au dessert
nous
étions d’accord : ce qui manque le plus aux démocraties en général, e
3
. On sortit de table. C’était au club. Tandis que
nous
attendions l’ascenseur, je dis au Philosophe : — Fort bien, mais si j
4
u qui sait, pour le diable lui-même ! — Peut-être
devriez
-vous accepter le risque ? répondit-il avec sa grande douceur. La port
5
rande douceur. La porte de l’ascenseur s’ouvrait,
nous
entrâmes. — Ce serait enfin une situation tragique nouvelle : se fair
6
t à son auditoire de paysans que les martyrs sont
nos
meilleurs intercesseurs auprès de Dieu. Les pâtres de la Suisse alpes
7
c’est que cela réussit : ils devinrent chrétiens.
Nous
suivions le groupe qui se dirigeait vers les salons. Et je pensais :
8
se dirigeait vers les salons. Et je pensais : il
nous
faut de ces paraboles pour nous rappeler combien il est dangereux de
9
t je pensais : il nous faut de ces paraboles pour
nous
rappeler combien il est dangereux de dire la vérité en général, et la
10
particulier. Dangereux pour celui qui la dit ! Si
nous
voulons être chrétiens, soit, mais sachons de quel prix cela se paye.
11
séduction les plus efficaces du diable, c’est de
nous
provoquer au combat. C’est comme la lutte avec une femme, qui finit a
12
chaque vérité comporte une part d’accusation pour
notre
vie, et tend à déranger cet équilibre de pieux mensonges tacitement a
13
core jeter le diable dans la bagarre à l’heure où
nous
aurions besoin, dit-on, d’un « message positif » et rassurant ? Eh bi
14
’on a peur de regarder en face ses vraies causes.
Nous
croyons à trente-six-mille maux, redoutons trente-six-mille périls, m
15
lle maux, redoutons trente-six-mille périls, mais
nous
avons cessé de croire au Mal et de redouter le vrai Péril. Montrer la
16
la bonne manière. Et c’est peut-être le moyen de
nous
guérir des fausses angoisses qui nous paralysaient, ou de l’angoisse
17
le moyen de nous guérir des fausses angoisses qui
nous
paralysaient, ou de l’angoisse de faux périls. On n’est jamais plus e
18
raits pour autant de victoires qu’il remporte sur
notre
complaisance ou nos crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, s
19
ictoires qu’il remporte sur notre complaisance ou
nos
crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence étant pré
20
re l’œuvre du diable au temps présent, en face de
nous
et parmi nous : le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se sont
21
diable au temps présent, en face de nous et parmi
nous
: le grand Truquage. La plupart des auteurs qui se sont occupés du di
22
e, centuple, l’agent multiple à l’infini. Bornons-
nous
à ses tours les plus simples, ceux qui prennent à coup sûr le plus gr
23
que d’un essai d’interpréter certains déboires de
notre
temps, en les rapportant à l’action du seul être qui s’en réjouisse.
24
e sur Satan : La plus belle ruse du diable est de
nous
persuader qu’il n’existe pas. 2. L’Incognito Reconnaissons que
25
éussi que dans l’époque contemporaine. Même quand
nous
croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’
26
aine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu,
nous
croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obscurant
27
loir imiter la vérité en la retournant, le diable
nous
dit comme Ulysse au Cyclope : Je ne suis personne. De quoi aurais-tu
28
la forme du serpent, jusqu’à l’avant-dernière où
nous
voyons Satan lié pour mille ans, puis délié et déchaîné sur les quatr
29
onologie assez complète. À tout le moins vont-ils
nous
permettre de repérer le diable sous ses déguisements quotidiens, dans
30
er du ciel comme un éclair. Luc 10.18. La Bible
nous
apprend que Lucifer est un ange tombé du ciel. Les anges sont des cré
31
tesse est celle de la pensée — c’est pourquoi ils
nous
sont invisibles ; des intelligences sans fraude, participant de l’omn
32
ant de l’omniscience du Créateur — c’est pourquoi
nous
les comprenons mal. « Tout ange est terrible ! », dit Rilke. Mais tou
33
son « métier » d’esprit pur. Il en sait plus que
nous
sur les mystères du monde et le secret des âmes qu’il abuse… 4. Le
34
re du transcendant dans l’immanence. Il n’aura de
notre
univers que la carcasse matérielle. Et c’est probablement de ces débr
35
son désir et sa jalousie forcenée se portent sur
nos
âmes individuelles. Il rôde autour de nous comme un lion rugissant en
36
ent sur nos âmes individuelles. Il rôde autour de
nous
comme un lion rugissant en quête de sa proie, dit la Bible. Il rôde a
37
uête de sa proie, dit la Bible. Il rôde autour de
nous
comme un gangster obsédé par le kidnapping. Ses victoires, il est vra
38
ut voler ce monde, non sa divinité. Et cependant,
nous
pouvons perdre toutes ces choses, qui sont notre héritage d’« enfants
39
, nous pouvons perdre toutes ces choses, qui sont
notre
héritage d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable. Il n
40
arbres du jardin ? La femme répondit au serpent :
nous
mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbr
41
a trahi le bien et le réel. Car douter du pardon
nous
replonge dans le mal, avec la sombre jouissance masochiste des « aprè
42
l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui veut
nous
faire douter de notre pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes
43
est cet Accusateur qui veut nous faire douter de
notre
pardon pour nous forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse
44
r qui veut nous faire douter de notre pardon pour
nous
forcer à fuir dans les remèdes du pire. L’Apocalypse le désigne comme
45
. L’Apocalypse le désigne comme « l’Accusateur de
nos
frères, celui qui les accuse devant Dieu jour et nuit »3. C’est lui q
46
de Job devant le tribunal céleste. Non content de
nous
prendre à ses pièges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à nou
47
content de nous prendre à ses pièges, sitôt qu’il
nous
a pris il est le premier à nous dénoncer devant Dieu de la manière la
48
èges, sitôt qu’il nous a pris il est le premier à
nous
dénoncer devant Dieu de la manière la plus impitoyable. Non par amour
49
le. Non par amour de la justice mais par amour de
notre
châtiment, par haine froide. Pour le stérile plaisir d’avoir raison.
50
cul statistique. La duplicité infernale, c’est de
nous
faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et au
51
e juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que
nous
l’avons cru, de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi l
52
vin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru, de
nous
accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la morale laïque, mora
53
devant le Juge. Ainsi la morale laïque, morale du
devoir
kantien et des routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel, nous
54
routines bourgeoises, excluant le Dieu personnel,
nous
accuse et nous prive en même temps de tout recours à Celui qui pardon
55
oises, excluant le Dieu personnel, nous accuse et
nous
prive en même temps de tout recours à Celui qui pardonne. Elle ne lai
56
uer l’anti-nature ou dénature. Cette duplicité de
nos
pouvoirs constitue notre liberté. Elle en est à la fois le signe et l
57
nature. Cette duplicité de nos pouvoirs constitue
notre
liberté. Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. E
58
ois le signe et la condition nécessaire. Elle est
notre
gloire équivoque. C’est par la liberté, à cause d’elle, et dans elle,
59
par la liberté, à cause d’elle, et dans elle, que
nous
avons le pouvoir de pécher. Car pécher c’est tricher avec l’ordre, op
60
est tricher avec l’ordre, opposer à la loi divine
nos
dérogations égoïstes, fautes de calcul et courtes vues intéressées. P
61
hé n’est qu’un mensonge. Mais le mensonge proféré
nous
lie. La liberté jouée selon la Loi s’accroît ; jouée contre la Loi se
62
ns maintenant que le diable ne pourrait rien sans
notre
liberté. Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’
63
e pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par
nous
seulement qu’il agit dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de
64
t dans le monde, et c’est en provoquant l’abus de
notre
liberté qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre
65
provoquant l’abus de notre liberté qu’il agit en
nous
et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme inter
66
ant l’abus de notre liberté qu’il agit en nous et
nous
lie. Si Ève n’avait pas été libre de manger cette pomme interdite, Èv
67
, il est clair que c’est en ce point que le Malin
devait
atteindre notre orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrè
68
e c’est en ce point que le Malin devait atteindre
notre
orgueil et s’insérer dans nos défenses les plus secrètes. La parole n
69
devait atteindre notre orgueil et s’insérer dans
nos
défenses les plus secrètes. La parole nous étant donnée pour répondre
70
er dans nos défenses les plus secrètes. La parole
nous
étant donnée pour répondre à la vérité, et pour l’étendre et confirme
71
ge, il est clair que la grande ambition satanique
devait
être de s’emparer de la parole dans notre bouche, pour altérer le tém
72
anique devait être de s’emparer de la parole dans
notre
bouche, pour altérer le témoignage dans sa source. Et c’est pourquoi
73
pourquoi la Bible dit, énergiquement, que lorsque
nous
mentons, c’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans notre lan
74
’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans
notre
langue ». Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux mani
75
infiniment plus étrange. « Le diable est menteur,
nous
dit-il, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entr
76
il est le père de son propre mensonge. » Par ici
nous
entrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’en
77
où n’existe pas de Loi. Peut-être ici découvrons-
nous
la raison dernière du mensonge : c’est toujours le désir d’innocence
78
adiction d’une vérité, qui subsistait ailleurs et
nous
jugeait encore. Mais le mensonge diabolique tue le juge. Il ne part q
79
Enfin la Bible appelle le diable : Légion. Ici
nous
n’en finirions pas de commenter, conformément à la nature du sujet. B
80
enter, conformément à la nature du sujet. Bornons-
nous
à marquer trois directions de pensée : nous les suivrons tout au trav
81
rnons-nous à marquer trois directions de pensée :
nous
les suivrons tout au travers du livre. Si le diable est Légion, cela
82
, qu’étant tout le monde, ou n’importe qui, il va
nous
apparaître comme n’étant Personne en particulier. Et ceci nous ramène
83
re comme n’étant Personne en particulier. Et ceci
nous
ramène au premier de ses tours, qui était de nous faire douter de son
84
nous ramène au premier de ses tours, qui était de
nous
faire douter de son existence même. 9. Le sophisme L’Ange déchu
85
existence même. 9. Le sophisme L’Ange déchu
nous
dit : je suis ton ciel, il n’y a pas d’autre espérance. Le Prince de
86
’y a pas d’autre espérance. Le Prince de ce monde
nous
dit : il n’y a pas d’autre monde. Le Tentateur nous dit : il n’y a po
87
us dit : il n’y a pas d’autre monde. Le Tentateur
nous
dit : il n’y a point de juge. L’Accusateur : il n’y a point de pardon
88
n’y a point de pardon. Le Menteur résume tout en
nous
offrant un monde sans obligations ni sanctions, fermé sur soi mais re
89
fermé sur soi mais recréé sans cesse à l’image de
nos
complaisances : il n’y a pas de réalité. Enfin Légion dit le dernier
90
il n’y a Personne. Le monde moderne (et chacun de
nous
en lui) dans la mesure où il cultive un rêve de déification de l’homm
91
e irresponsable, — le monde moderne (et chacun de
nous
en lui) se rend à la loi de Satan. Mais du même coup il devient incap
92
apable de connaître celui qu’il sert ! Satan veut
nous
faire croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si nous le croyons, il se
93
us faire croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si
nous
le croyons, il se trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Di
94
nde. Si nous le croyons, il se trouve qu’aussitôt
nous
ne pouvons plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, co
95
à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme
nous
le dit Satan, il n’y a pas non plus d’enfer, ni de Maître de l’enfer.
96
y a pas non plus lui ! Ainsi, plus il existe dans
nos
vies, moins nous pouvons le reconnaître. Plus il est effectif, moins
97
lui ! Ainsi, plus il existe dans nos vies, moins
nous
pouvons le reconnaître. Plus il est effectif, moins il paraît dangere
98
able existe, agit et réussit, c’est justement que
nous
n’y croyons plus. Mais à l’inverse, il n’est pas douteux que ce Dissi
99
de l’attaque par surprise, sa tactique favorite.
Nous
avons donc soumis l’incognito de Satan au réactif de la Révélation, q
100
à l’œil spirituel. L’objectif repéré, poursuivons
notre
approche. 10. Pour ceux qui n’en voient que la queue Une remarq
101
le rend inoffensif aux yeux de la plupart d’entre
nous
. Car si le diable est simplement le démon rouge et cornu des mystères
102
e diable aille se cacher dans le péché même, pour
nous
faire croire qu’il n’a point d’existence personnelle, qu’il n’est en
103
erait un excellent calcul. Car il sait bien qu’il
nous
terroriserait s’il se montrait, tandis que le péché nous fait moins p
104
rroriserait s’il se montrait, tandis que le péché
nous
fait moins peur qu’envie. Nous connaissons tous de ces dames qui se r
105
andis que le péché nous fait moins peur qu’envie.
Nous
connaissons tous de ces dames qui se récrient quand on leur parle du
106
tent pas que le diable est sans aucun pouvoir sur
nous
ailleurs que dans notre péché, et par lui seul… Si nous savions voir
107
est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans
notre
péché, et par lui seul… Si nous savions voir le diable dans le péché,
108
illeurs que dans notre péché, et par lui seul… Si
nous
savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prud
109
ul… Si nous savions voir le diable dans le péché,
nous
serions beaucoup plus prudents, car le péché attire, mais le diable f
110
ce du diable est donc de se rendre invisible dans
nos
tentations. Il s’arrange pour montrer patte blanche, comme le grand m
111
diable n’est pas dangereux là où il se montre et
nous
fait peur, mais là seulement où nous ne savons pas le voir. Mais d’a
112
se montre et nous fait peur, mais là seulement où
nous
ne savons pas le voir. Mais d’autres disent, au camp des vertuistes
113
istes : « Pourquoi parler d’un diable personnel ?
Nous
voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on pas en faire l’é
114
core lui qui parle. Certes, le péché étant devenu
notre
seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même et sans Auteur
115
tie ou de force de l’habitude. Une coutume du mal
nous
habite, que l’on pourrait nommer le péché habituel, ou presque le péc
116
péché habituel, ou presque le péché normal. C’est
notre
propension toute mécanique à violer les dix commandements, c’est-à-di
117
veut se justifier. Dans les mécanismes hérités de
nos
petits péchés quotidiens, nous sentons quelquefois intervenir comme u
118
canismes hérités de nos petits péchés quotidiens,
nous
sentons quelquefois intervenir comme un moment d’accélération panique
119
qui a pris le jeu en main ! C’est lui qui invente
nos
sophismes moraux, efface nos catégories, transforme ce péché habituel
120
’est lui qui invente nos sophismes moraux, efface
nos
catégories, transforme ce péché habituel en une « vertu » délirante,
121
ie mentale ou conditionnement social insuffisant…
Nous
ne sommes responsables de rien. Nous ne sommes pas méchants, mais mal
122
insuffisant… Nous ne sommes responsables de rien.
Nous
ne sommes pas méchants, mais malades… 12. Le psychanalyste confond
123
re philosophale dans les cornues des alchimistes.
Nous
essayons de dissoudre le diable dans les eaux troubles du subconscien
124
jeta son encrier en pleine figure, à la Wartburg,
nous
n’avons pas su composer une vision moderne du diable. Seul Kierkegaar
125
ifficile à maintenir au cours du premier tiers de
notre
siècle, tandis que des catastrophes trop voyantes ébranlaient les bas
126
tastrophes trop voyantes ébranlaient les bases de
notre
optimisme et de notre foi naïve dans l’élimination progressive du mal
127
es ébranlaient les bases de notre optimisme et de
notre
foi naïve dans l’élimination progressive du mal par la Science et l’É
128
ressive du mal par la Science et l’Éducation. Sur
nos
têtes, au ciel de nos villes, de grands oiseaux tournaient avec un bo
129
Science et l’Éducation. Sur nos têtes, au ciel de
nos
villes, de grands oiseaux tournaient avec un bourdonnement sinistre,
130
nt avec un bourdonnement sinistre, et ces oiseaux
nous
attaquaient ! — Si cela continue, se dit le diable, les hommes s’ape
131
Et c’est ainsi qu’à partir de 1933, le diable
nous
fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autr
132
er, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand
nous
nous figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d
133
l ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous
nous
figurons qu’Hitler est le diable, nous faisons évidemment trop d’honn
134
Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable,
nous
faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais su
135
’honneur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout
nous
nous faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas
136
eur à l’ex-caporal autrichien ; mais surtout nous
nous
faisons illusion sur la réelle stature de Satan. N’oublions pas que S
137
un dictateur ne suffirait nullement à débarrasser
notre
époque des maux profonds qui la travaillent. Il me souvient d’avoir e
138
t pas l’Antéchrist. Car il n’a pas de pouvoir sur
notre
salut éternel. Le véritable Antéchrist ne se révélera qu’à la fin des
139
hrist ne se révélera qu’à la fin des temps, comme
notre
accusateur impitoyable. Et alors, nous n’aurons plus d’autre interces
140
ps, comme notre accusateur impitoyable. Et alors,
nous
n’aurons plus d’autre intercesseur auprès de Dieu que Christ lui-même
141
onde chrétien n’est qu’un premier avertissement à
nous
armer pour le Combat final, pour le Jugement dernier. » Réponse à la
142
Mais ce « petit monsieur » et cet avertissement,
nous
voici bien forcés de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le diab
143
ême de l’homme Adolf Hitler. À plus forte raison,
notre
jugement sur lui doit être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas
144
tler. À plus forte raison, notre jugement sur lui
doit
être indépendant des mérites qu’il a ou n’a pas, de la sympathie ou d
145
’est que le support d’une puissance qui échappe à
nos
psychologies. Ce que je dis là serait du romantisme de la plus déplor
146
teur d’inconscience L’hitlérisme se présente à
nous
comme une catastrophe cosmique, comme un malheur plus étendu et plus
147
tler est assez démoniaque pour avoir su réveiller
nos
démons, par une espèce de contagion, ou plutôt d’induction spirituell
148
ent d’impuissance qu’éprouvent les individus dans
notre
monde démesuré, font qu’ils demandent et se donnent aujourd’hui des d
149
nts sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore
nous
soutenir que ce délire représente « l’Ordre » ? Qui ne voit qu’une te
150
du péché d’origine ? 18. Midas prolétarien
Nous
disions que le Prince de ce monde peut tout avoir du monde sauf son â
151
t se tait, que son deuil soit le deuil du monde !
Nous
sentons bien que nous sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Par
152
il soit le deuil du monde ! Nous sentons bien que
nous
sommes tous atteints. Quelqu’un disait : Si Paris est détruit, j’en p
153
divisionen. Quelque chose d’indéfinissable et que
nous
appelions Paris. C’est ici l’impuissance tragique de ce conquérant vi
154
our le diable et son angoisse…) Mais le pardon ne
nous
appartient pas. Et l’hitlérisme enseigne de le mépriser. Ce n’est pas
155
nsi, partout où quelque chose était vermoulu dans
notre
monde, dans son économie ou dans sa morale, Hitler a poussé à fond, j
156
don. Il est le châtiment automatique, l’Attila de
notre
civilisation, — son Fléau de Dieu. Mais cette absence de pitié, juste
157
de Dieu. Mais cette absence de pitié, justement,
nous
rappelle l’un des noms du diable que nous citions plus haut : l’accus
158
tement, nous rappelle l’un des noms du diable que
nous
citions plus haut : l’accusateur. Nous ne savions plus distinguer le
159
diable que nous citions plus haut : l’accusateur.
Nous
ne savions plus distinguer le mal dans la paix et la prospérité. Nous
160
distinguer le mal dans la paix et la prospérité.
Nous
avons mérité qu’Hitler nous le fasse voir, et par le seul moyen propo
161
aix et la prospérité. Nous avons mérité qu’Hitler
nous
le fasse voir, et par le seul moyen proportionné à notre insensibilit
162
e fasse voir, et par le seul moyen proportionné à
notre
insensibilité morale et spirituelle : par les bombes. 20. Le Fauss
163
ussaire Beaucoup de gens pensent que le Führer
doit
être très méchant pour faire ainsi la guerre à tout le monde. Mais ce
164
ù le mal se confesse. Eh bien, ce sera vite fait,
nous
connaissons le tour : ce qu’il y a finalement de plus diabolique chez
165
s qui précèdent, c’est peut-être assez grave pour
nous
. Car voici le point précis où tout se renverse, le point où nos accus
166
le point précis où tout se renverse, le point où
nos
accusations, délaissant le Führer et les siens, vont porter de plein
167
sincèrement qu’Hitler incarne seul tout le mal de
notre
temps. Or ce disant, ils usent en vérité d’un procédé exactement semb
168
gion lui-même. « Voyez, je ne suis qu’Hitler ! »,
nous
dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous
169
Voyez, je ne suis qu’Hitler ! », nous dit Satan.
Nous
ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons. No
170
er ! », nous dit Satan. Nous ne voyons qu’Hitler.
Nous
le trouvons terrible. Nous le détestons. Nous lui opposons avec plus
171
s ne voyons qu’Hitler. Nous le trouvons terrible.
Nous
le détestons. Nous lui opposons avec plus ou moins de détermination n
172
er. Nous le trouvons terrible. Nous le détestons.
Nous
lui opposons avec plus ou moins de détermination nos vieilles vertus
173
lui opposons avec plus ou moins de détermination
nos
vieilles vertus démocratiques, — et nous ne voyons plus le démon parm
174
rmination nos vieilles vertus démocratiques, — et
nous
ne voyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué, nous voilà pris
175
ratiques, — et nous ne voyons plus le démon parmi
nous
. Le tour est joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous som
176
oyons plus le démon parmi nous. Le tour est joué,
nous
voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? Nous s
177
t joué, nous voilà pris. Si le diable est Hitler,
nous
sommes du bon côté ? Nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demand
178
i le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ?
Nous
sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore no
179
es ? Le diable n’en demandait pas plus : il adore
notre
bonne conscience. C’est la grande porte par laquelle il entre en nous
180
e. C’est la grande porte par laquelle il entre en
nous
de préférence, en se faisant annoncer sous un faux nom. 22. Notre
181
, en se faisant annoncer sous un faux nom. 22.
Notre
primitivisme Chacun sait que les « primitifs » de la Mélanésie, vi
182
ent ces sauvages est indépendante d’eux-mêmes, et
doit
donc être combattue et anéantie hors d’eux-mêmes. À l’inverse, le chr
183
christianisme s’est efforcé depuis des siècles de
nous
faire comprendre que le Royaume de Dieu est en nous, que le Mal aussi
184
us faire comprendre que le Royaume de Dieu est en
nous
, que le Mal aussi est en nous, et que le champ de leur bataille n’est
185
aume de Dieu est en nous, que le Mal aussi est en
nous
, et que le champ de leur bataille n’est pas ailleurs que dans nos cœu
186
hamp de leur bataille n’est pas ailleurs que dans
nos
cœurs. Cette éducation a largement échoué. Nous persistons dans notre
187
ns nos cœurs. Cette éducation a largement échoué.
Nous
persistons dans notre primitivisme. Nous rendons responsables de nos
188
ducation a largement échoué. Nous persistons dans
notre
primitivisme. Nous rendons responsables de nos maux les gens d’en fac
189
échoué. Nous persistons dans notre primitivisme.
Nous
rendons responsables de nos maux les gens d’en face, toujours, ou la
190
notre primitivisme. Nous rendons responsables de
nos
maux les gens d’en face, toujours, ou la force des choses. Si nous so
191
s d’en face, toujours, ou la force des choses. Si
nous
sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition
192
orce des choses. Si nous sommes révolutionnaires,
nous
croyons qu’en changeant la disposition de certains objets — en déplaç
193
bjets — en déplaçant les richesses, par exemple —
nous
supprimerons les causes des maux du siècle. Si nous sommes des capita
194
us supprimerons les causes des maux du siècle. Si
nous
sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces m
195
maux du siècle. Si nous sommes des capitalistes,
nous
croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons to
196
s capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers
nous
ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si nous sommes de braves démoc
197
oyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets,
nous
sauverons tout. Si nous sommes de braves démocrates, inquiets ou opti
198
rs nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si
nous
sommes de braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’
199
mes de braves démocrates, inquiets ou optimistes,
nous
croyons qu’en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, o
200
ctateurs, profanateurs du droit, ou « sorciers »,
nous
rétablirons la paix et la prospérité. Nous sommes encore en pleine me
201
ers », nous rétablirons la paix et la prospérité.
Nous
sommes encore en pleine mentalité magique. Comme de petits enfants en
202
alité magique. Comme de petits enfants en colère,
nous
battons la table à laquelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès
203
fants en colère, nous battons la table à laquelle
nous
nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’H
204
en colère, nous battons la table à laquelle nous
nous
sommes heurtés. Ou comme Xerxès, nous flagellons les eaux de l’Helles
205
quelle nous nous sommes heurtés. Ou comme Xerxès,
nous
flagellons les eaux de l’Hellespont, à grands coups de discours sur l
206
à grands coups de discours sur les ondes courtes.
Nous
oublions ce fait fondamental : c’est qu’en réalité nos adversaires ne
207
ublions ce fait fondamental : c’est qu’en réalité
nos
adversaires ne diffèrent pas essentiellement de nous. Car tout homme
208
s adversaires ne diffèrent pas essentiellement de
nous
. Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les microbes d
209
s de la menace ne serait nullement suffisant pour
nous
en délivrer. Ces signes — Hitler, Staline, ou les capitalistes, selon
210
es personnifient des possibilités qui existent en
nous
aussi, des tentations latentes qui pourraient fort bien se développer
211
quilibre temporaire. L’adversaire est toujours en
nous
. Et c’est pourquoi je pense que le chrétien véritable, s’il existait,
212
aindre que celui qu’il loge en lui-même. 23. «
Nous
sommes tous coupables » Voici une remarque des plus simples : pers
213
ais prétendu qu’il agissait par mauvaise volonté.
Nous
sommes tous, Hitler y compris, des « hommes de bonne volonté »4. Pour
214
et dites qui l’a fait. Le diable ? Oui, mais par
nos
mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slog
215
l’a fait. Le diable ? Oui, mais par nos mains et
nos
pensées. C’est ici le moment de nous rappeler notre slogan démocratiq
216
nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de
nous
rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Cert
217
nos pensées. C’est ici le moment de nous rappeler
notre
slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Certes, il y a des
218
l y a des inégalités dans la responsabilité. Mais
nous
sommes tous dans le mal, nous sommes tous les complices des plus gran
219
esponsabilité. Mais nous sommes tous dans le mal,
nous
sommes tous les complices des plus grands responsables du monde. Cepe
220
l’on avait d’abord accusés de tout le mal ; ni de
nous
fourrer tous dans le même sac, sans distinctions, comme semblait le f
221
’intitulait non sans une curieuse présomption : «
Nous
sommes tous coupables. » Je veux dire ceci : nous sommes tous coupabl
222
Nous sommes tous coupables. » Je veux dire ceci :
nous
sommes tous coupables dans la mesure où nous ne reconnaissons pas et
223
ci : nous sommes tous coupables dans la mesure où
nous
ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en nous aussi la mentalité
224
nous ne reconnaissons pas et ne condamnons pas en
nous
aussi la mentalité des totalitaires, c’est-à-dire : la présence activ
225
: la présence active et personnelle du démon dans
nos
passions ; dans notre besoin de sensation ; dans notre crainte des re
226
et personnelle du démon dans nos passions ; dans
notre
besoin de sensation ; dans notre crainte des responsabilités ; dans n
227
passions ; dans notre besoin de sensation ; dans
notre
crainte des responsabilités ; dans notre inertie civique ; dans notre
228
n ; dans notre crainte des responsabilités ; dans
notre
inertie civique ; dans notre lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de se
229
sponsabilités ; dans notre inertie civique ; dans
notre
lâcheté vis-à-vis du grand nombre, de ses modes et de ses slogans ; d
230
and nombre, de ses modes et de ses slogans ; dans
notre
ignorance du prochain ; dans notre refus enfin de tout Absolu qui tra
231
slogans ; dans notre ignorance du prochain ; dans
notre
refus enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge nos intérêts «
232
s enfin de tout Absolu qui transcende et qui juge
nos
intérêts « vitaux » (comme ils le sont toujours…). Il est juste et né
233
érisme n’est pas seulement allemand, qu’ici aussi
nous
sommes déjà plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans nos pensé
234
si nous sommes déjà plus ou moins hitlérisés dans
nos
mœurs et dans nos pensées. Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là
235
à plus ou moins hitlérisés dans nos mœurs et dans
nos
pensées. Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là ! Cela nous accuse
236
Mais cela n’excuse pas Hitler. Loin de là ! Cela
nous
accuse. Si je ressemble à un criminel, cela ne justifie pas le crimin
237
de moi ; qu’un hitlérisme, chez les nazis et chez
nous
. C’est le même diable. Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse
238
u’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : «
Nous
sommes tous coupables, me disent-ils, donc nous n’avons pas le droit
239
« Nous sommes tous coupables, me disent-ils, donc
nous
n’avons pas le droit moral de nous battre contre Hitler. » — Nous som
240
sent-ils, donc nous n’avons pas le droit moral de
nous
battre contre Hitler. » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si
241
le droit moral de nous battre contre Hitler. » —
Nous
sommes tous coupables, certes, mais si nous en sommes persuadés, il n
242
. » — Nous sommes tous coupables, certes, mais si
nous
en sommes persuadés, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en
243
, certes, mais si nous en sommes persuadés, il ne
nous
reste plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de nous, c’est le m
244
, il ne nous reste plus qu’à combattre le mal, en
nous
et hors de nous, c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituel
245
te plus qu’à combattre le mal, en nous et hors de
nous
, c’est le même mal ! En nous par des moyens spirituels et moraux, hor
246
, en nous et hors de nous, c’est le même mal ! En
nous
par des moyens spirituels et moraux, hors de nous par des moyens maté
247
nous par des moyens spirituels et moraux, hors de
nous
par des moyens matériels et militaires, conformément à la nature du p
248
ou non, pour arrêter l’incendiaire. Or l’Histoire
nous
a mis, bon gré mal gré, dans le rôle technique des pompiers et des ge
249
es pompiers et des gendarmes. Cela ne fait pas de
nous
des saints. Cela n’implique même pas que nous soyons « meilleurs que
250
de nous des saints. Cela n’implique même pas que
nous
soyons « meilleurs que les autres ». Mais nous serons sûrement pires
251
ue nous soyons « meilleurs que les autres ». Mais
nous
serons sûrement pires si nous ne faisons pas notre métier. 24. Sig
252
les autres ». Mais nous serons sûrement pires si
nous
ne faisons pas notre métier. 24. Signalement du diable déguisé en
253
nous serons sûrement pires si nous ne faisons pas
notre
métier. 24. Signalement du diable déguisé en démocrate N’ayant
254
ser tout le mal à l’étranger, pour s’innocenter —
nous
sommes tombés dans la même erreur que lui : nous avons fait d’Hitler
255
nous sommes tombés dans la même erreur que lui :
nous
avons fait d’Hitler une image du démon tout extérieure à notre réalit
256
ait d’Hitler une image du démon tout extérieure à
notre
réalité. Et pendant que nous la regardions, fascinés, le démon est re
257
n tout extérieure à notre réalité. Et pendant que
nous
la regardions, fascinés, le démon est revenu par-derrière nous tourme
258
dions, fascinés, le démon est revenu par-derrière
nous
tourmenter sous des déguisements qui ne pouvaient éveiller nos soupço
259
r sous des déguisements qui ne pouvaient éveiller
nos
soupçons. Le xixe siècle, sans s’en douter, a remplacé la Providence
260
table drogue du démon, l’un de ses nouveaux noms.
Nous
avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les au
261
Et donc enfin de lui laisser le champ libre pour
nous
duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il p
262
in de lui laisser le champ libre pour nous duper.
Nous
avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’u
263
e superstitieuses, ont eu pour principal effet de
nous
aveugler sur la réalité de l’homme, c’est-à-dire sur la réalité essen
264
e sur la réalité essentielle du mal enraciné dans
notre
liberté, dans nos données premières, dans la nature et dans la défini
265
entielle du mal enraciné dans notre liberté, dans
nos
données premières, dans la nature et dans la définition même de l’hom
266
inition même de l’homme en tant qu’il est humain.
Nous
avons été optimistes par principe, et presque par savoir-vivre, dirai
267
ent : une fuite devant le réel. Car dans le réel,
nous
savons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela
268
a du mal, qu’il y a l’action du diable. Mais cela
nous
scandalise et nous effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en
269
l’action du diable. Mais cela nous scandalise et
nous
effraye. Alors nous essayons de conjurer le mal en le niant : c’est e
270
Mais cela nous scandalise et nous effraye. Alors
nous
essayons de conjurer le mal en le niant : c’est encore la mentalité m
271
en le niant : c’est encore la mentalité magique.
Nous
pensons que celui qui dénonce le mal comme fondamental doit être lui-
272
ns que celui qui dénonce le mal comme fondamental
doit
être lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous l
273
omme fondamental doit être lui-même très méchant.
Nous
croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière.
274
très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal,
nous
le créons d’une certaine manière. Nous préférons ne pas insister. Nou
275
nt le mal, nous le créons d’une certaine manière.
Nous
préférons ne pas insister. Nous « refoulons », dirait Freud. Cette fu
276
certaine manière. Nous préférons ne pas insister.
Nous
« refoulons », dirait Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients
277
it Freud. Cette fuite et ce mensonge inconscients
nous
rendent incapables de comprendre ce qui se passe dans le monde, et no
278
s de comprendre ce qui se passe dans le monde, et
nous
livrent aux ruses les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de no
279
nous livrent aux ruses les plus simples du Malin.
Nous
avons éliminé de notre existence bourgeoise le sens du tragique, pour
280
les plus simples du Malin. Nous avons éliminé de
notre
existence bourgeoise le sens du tragique, pour nous tourner exclusive
281
re existence bourgeoise le sens du tragique, pour
nous
tourner exclusivement vers la recherche du confort et des vertus moye
282
herche du confort et des vertus moyennes. Par là,
nous
avons provoqué Hitler et l’éruption des « forces mystérieuses » qu’il
283
représente. Autant que la compensation fatale de
nos
défauts, Hitler est le négatif exact de nos idéaux optimistes, dans l
284
le de nos défauts, Hitler est le négatif exact de
nos
idéaux optimistes, dans la mesure où ils étaient irréalistes, utopiqu
285
olution concentrée) de divinisation prométhéenne.
Nos
vertus comme nos vices n’avaient plus l’air de rien, et leur insignif
286
e) de divinisation prométhéenne. Nos vertus comme
nos
vices n’avaient plus l’air de rien, et leur insignifiance était leur
287
sme au nom d’Hitler. Ce qui a paru de grand, dans
notre
camp n’a pas été le fait de la démocratie bourgeoise, mais de chrétie
288
mais encore faut-il qu’il y ait des croyants ! Or
nous
étions devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en
289
ions devenus d’incurables sceptiques. De même que
nous
disions, en présence d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai
290
d’un miracle du bien : trop beau pour être vrai !
nous
disions en présence de certaines descriptions du mal : trop affreux p
291
être vrai 7 ! Cependant, c’était vrai, mais cela
nous
gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce «
292
! Cependant, c’était vrai, mais cela nous gênait.
Nous
l’écartions irrésistiblement de nos pensées… Car si ce « trop affreux
293
nous gênait. Nous l’écartions irrésistiblement de
nos
pensées… Car si ce « trop affreux » eût été vraiment vrai, il eût fal
294
eût fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si
nous
nous étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce
295
fallu agir d’urgence et sans réserve ; et si nous
nous
étions mis à agir sans réserve, nous aurions vu très vite que ce mal
296
; et si nous nous étions mis à agir sans réserve,
nous
aurions vu très vite que ce mal avait des racines dans nos vies aussi
297
ns vu très vite que ce mal avait des racines dans
nos
vies aussi, et que d’une certaine manière, nous l’aimions ! Voilà le
298
ns nos vies aussi, et que d’une certaine manière,
nous
l’aimions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire
299
ce de guerre civile mondiale. Elle sera perdue si
nous
perdons d’abord le sens de la réalité morale. Et certaines simplifica
300
qu’après tout, « les nazis sont des hommes comme
nous
». Voilà le danger que court la démocratie américaine, après toutes l
301
n jour qu’« après tout, ils sont des hommes comme
nous
». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dans ce sens q
302
». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme
nous
dans ce sens que leur péché est aussi en nous, secrètement. L’une des
303
mme nous dans ce sens que leur péché est aussi en
nous
, secrètement. L’une des leçons claires qui se dégagent des événements
304
cœur se réveillera brusquement et les renversera.
Nous
avons vu trop de cas de ce genre, individuels ou collectifs. Nous avo
305
op de cas de ce genre, individuels ou collectifs.
Nous
avons vu la population de la Sarre se jeter dans les bras d’Hitler en
306
la Sarre se jeter dans les bras d’Hitler en 1935.
Nous
avons vu la Vienne sozialdemokrat se transformer dans l’espace de vin
307
s en une Vienne délirante de passion hitlérienne.
Nous
avons vu quelques-uns de nos amis « occupés » découvrir subitement le
308
assion hitlérienne. Nous avons vu quelques-uns de
nos
amis « occupés » découvrir subitement les « bons côtés » du système t
309
ns côtés » du système totalitaire. C’est pourquoi
nous
dirons aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le diable qui e
310
s démocrates : — Regardez le diable qui est parmi
nous
! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou à ses émul
311
r totalitaire. Vous pourrez échapper à l’hypnose.
Nous
manquions d’une représentation moderne du démon. Nous avions donc ces
312
manquions d’une représentation moderne du démon.
Nous
avions donc cessé d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable é
313
du démon. Nous avions donc cessé d’y croire. Puis
nous
avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable se frotte les
314
sant aussi, et finalement plus vrai, d’essayer de
nous
représenter le diable sous les traits d’un playboy dynamique et optim
315
ique et optimiste, vierge de toute pensée. Ou, si
nous
sommes par hasard des intellectuels libéraux, sous les traits d’un in
316
des hitlériens et des démocrates, des autres, de
nous
, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se br
317
a-t-on, ne sont pas bien claires. Pourquoi ne pas
nous
donner une image nette et facilement reconnaissable de la personne de
318
st beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal
doit
toujours être laid ; et il est d’une laideur irrésistiblement attiran
319
ction même du Saint-Esprit, toujours ambiguë pour
notre
doute et déconcertante pour notre raison. On sait assez que le procéd
320
rs ambiguë pour notre doute et déconcertante pour
notre
raison. On sait assez que le procédé favori de la Cinquième Colonne c
321
fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans
nos
vies ! Le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler est l’âme de la ci
322
me Colonne au siècle des siècles. Enfin — et ceci
doit
me rendre prudent, personnellement —, le diable est l’être qui, lorsq
323
documentaires publiés sur les mœurs totalitaires.
Notre
incrédulité bourgeoise a été l’une des meilleures chances d’Hitler.
324
Quatrième partieLe diable dans
nos
dieux et dans nos maladies 27. Le diable dans nos dieux Certes
325
Quatrième partieLe diable dans nos dieux et dans
nos
maladies 27. Le diable dans nos dieux Certes, il existe aussi
326
dieux et dans nos maladies 27. Le diable dans
nos
dieux Certes, il existe aussi un incognito divin, et c’est l’Incar
327
sont exactement inverses : c’est dans l’image de
nos
dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de nos vé
328
nos dieux qu’il va se dissimuler, au cœur même de
nos
idéaux et de nos vérités trop humaines, dans les religions que nous c
329
a se dissimuler, au cœur même de nos idéaux et de
nos
vérités trop humaines, dans les religions que nous confabulons en deh
330
nos vérités trop humaines, dans les religions que
nous
confabulons en dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche de re
331
onfabulons en dehors de la foi révélée. Le diable
nous
empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il n
332
ître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse, il
nous
empêche aussi de nous reconnaître dans nos idoles. Voici comment les
333
hrist, mais à l’inverse, il nous empêche aussi de
nous
reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent au
334
e, il nous empêche aussi de nous reconnaître dans
nos
idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent aux dieux qu’ils créent
335
eoisie et le siècle individualiste. Les suivants,
nos
contemporains, n’ont pas dit « Dieu », moins hypocrites. Mais ils ont
336
és divinisées, le moi n’est plus déguisé qu’en un
nous
. Et ces trois entités ont ceci de commun : elles ne sont responsables
337
xiste qu’en elles et par elles. Dans la mesure où
nous
leur obéissons, nous ne sommes donc plus responsables de nos actes, m
338
par elles. Dans la mesure où nous leur obéissons,
nous
ne sommes donc plus responsables de nos actes, mais elles le sont à n
339
éissons, nous ne sommes donc plus responsables de
nos
actes, mais elles le sont à notre place. Et comme elles-mêmes n’ont à
340
s responsables de nos actes, mais elles le sont à
notre
place. Et comme elles-mêmes n’ont à répondre auprès d’aucune instance
341
nulle part. Mais s’il apparaît, à l’inverse, que
nous
ne coïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que nous sommes d’u
342
oïncidons pas avec l’entité divinisée — parce que
nous
sommes d’une autre race, d’une autre classe, ou d’une autre génératio
343
mentale que celle qui détient le pouvoir —, alors
nous
sommes des « vipères lubriques » et nous devons le confesser publique
344
—, alors nous sommes des « vipères lubriques » et
nous
devons le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle
345
ors nous sommes des « vipères lubriques » et nous
devons
le confesser publiquement. Après quoi nous recevons une balle dans la
346
nous devons le confesser publiquement. Après quoi
nous
recevons une balle dans la nuque, ou bien nous sommes décapités à la
347
oi nous recevons une balle dans la nuque, ou bien
nous
sommes décapités à la hache, selon qu’il s’agit respectivement du die
348
e diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il
nous
tue que lorsqu’il prétend nous faire vivre. Il est moins dangereux da
349
angereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il prétend
nous
faire vivre. Il est moins dangereux dans nos vices que dans nos vertu
350
end nous faire vivre. Il est moins dangereux dans
nos
vices que dans nos vertus satisfaites… 28. Le diable et le philant
351
e. Il est moins dangereux dans nos vices que dans
nos
vertus satisfaites… 28. Le diable et le philanthrope Un jour un
352
e cents, dont la fumée montait comme un encens et
devait
être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À q
353
voulu me faire auteur, dit-il. Réponse géniale si
nous
considérons les divers sens du nom d’auteur. L’Auteur de toutes chose
354
on propre Ouvrage. Mais il ne peut œuvrer que par
nos
mains. Et c’est pourquoi l’artiste et l’écrivain sont terriblement ex
355
Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans
notre
siècle. Et l’on apporte à son appui l’exemple un peu facile d’innombr
356
eux monde. Aux « beaux sentiments » conformistes,
nous
ne savions plus ou n’osions opposer que des sentiments pervertis, tou
357
faux que ceux dont ils n’étaient que l’inversion.
Nous
ne savions plus concevoir et illustrer de vrais beaux sentiments, de
358
geoise. La guerre actuelle balaye tout cela, mais
nous
laissera Les Sept Piliers de la Sagesse. Fermons cette parenthèse. Le
359
sions là-dessus. « Aux sources du poème » et dans
nos
encriers, dans cette rature ou dans la rêverie aux yeux fixes qui la
360
(Et c’est pourquoi l’un des premiers malheurs de
notre
héros est de ne plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la lib
361
consiste exactement à gagner le monde au prix de
notre
âme et de notre ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans l
362
ment à gagner le monde au prix de notre âme et de
notre
ombre, au prix de notre libre faculté de créer dans le réel — ou à cô
363
u prix de notre âme et de notre ombre, au prix de
notre
libre faculté de créer dans le réel — ou à côté. Tant que vous faites
364
bscurément qu’un succès trop rapide dans le monde
doit
provenir d’une sorte de marché conclu avec le Prince de ce monde, et
365
u avec le Prince de ce monde, et dont le prix est
notre
liberté. Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vraie mora
366
Ce sacrifice a rompu le Pacte entre le diable et
notre
humanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que nous avions vendue
367
umanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que
nous
avions vendue pour un peu de plaisir… 32. Le mal du siècle : la dé
368
ère. Son ambition se tourne vers les masses. Ici,
nous
abordons enfin la Grande Stratégie du diable dans ce siècle. La meill
369
n danois Søren Kierkegaard, le penseur capital de
notre
ère. Voici ce que l’on peut lire dans son journal intime : En opposi
370
rer comment l’humanité qui se donne au diable, de
nos
jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rassemblent
371
ul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres —
les nôtres
, à nous, nations démocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt n
372
diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à
nous
, nations démocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt nous réve
373
émocratiques —, un siècle avant qu’Hitler ne vînt
nous
réveiller en portant aux excès les plus grandioses nos propres découv
374
éveiller en portant aux excès les plus grandioses
nos
propres découvertes, « vertus » et idéaux. Kierkegaard a compris mieu
375
s disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de
notre
temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité » et fuyant devan
376
je dis qu’il n’y a personne ; la personne est en
nous
ce qui répond de nos actes, ce qui est « capable de réponse », ou res
377
rsonne ; la personne est en nous ce qui répond de
nos
actes, ce qui est « capable de réponse », ou responsable ; dans une f
378
y ait une masse. Satan va donc créer les masses.
Nous
tenons ici le secret de sa grande stratégie : produire le péché en sé
379
hasse aux âmes. Il faut avouer que presque toutes
nos
inventions techniques, la plupart de nos idéaux, enfin l’évolution gé
380
e toutes nos inventions techniques, la plupart de
nos
idéaux, enfin l’évolution générale du temps, favorisent ce Plan de mi
381
e mille manières. Tout concourt, dans le cadre de
nos
vies, à nous priver du sentiment d’être une personne responsable. Nou
382
ères. Tout concourt, dans le cadre de nos vies, à
nous
priver du sentiment d’être une personne responsable. Nous vivons tous
383
ver du sentiment d’être une personne responsable.
Nous
vivons tous, de plus en plus, dans un monde de transe collective. Nou
384
plus en plus, dans un monde de transe collective.
Nous
participons tous, de plus en plus, à des formes de vie étrangères à n
385
de plus en plus, à des formes de vie étrangères à
notre
sort particulier et à nos aptitudes normales. Au cinéma, l’individu m
386
s de vie étrangères à notre sort particulier et à
nos
aptitudes normales. Au cinéma, l’individu moderne s’habitue à courir
387
d’être dépossédé de soi. Elles font de chacun de
nous
un sujet prédisposé à l’hypnose collective, une victime virtuelle des
388
racines du phénomène moderne des masses sont dans
notre
attitude spirituelle. La foule n’est pas dans la rue seulement. Elle
389
utes ces choses trop vastes et trop complexes qui
nous
entourent sans nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous
390
vastes et trop complexes qui nous entourent sans
nous
encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il y a
391
omplexes qui nous entourent sans nous encadrer et
nous
oppriment plus qu’elles ne nous soutiennent, il y a sans doute des ra
392
nous encadrer et nous oppriment plus qu’elles ne
nous
soutiennent, il y a sans doute des raisons assez précises, toutes les
393
ne de ces « nécessités » elles-mêmes, je pressens
notre
obscur désir de fuite dans l’anonyme irresponsable, et la très vieill
394
nsable, et la très vieille tentation de compenser
nos
inquiétudes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous nous pe
395
udes par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand
nous
nous perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper
396
par l’utopie de l’eritis sicut dii. Or quand nous
nous
perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à no
397
. Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui
nous
trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulons deveni
398
diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à
notre
condition, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le diable enco
399
trouve. Et quand pour échapper à notre condition,
nous
voulons devenir comme des dieux, c’est le diable encore qui nous accu
400
venir comme des dieux, c’est le diable encore qui
nous
accueille au sommet de notre ascension. Comme le rappelle l’histoire
401
le diable encore qui nous accueille au sommet de
notre
ascension. Comme le rappelle l’histoire de la tour de Babel, qui est
402
re de la tour de Babel, qui est le grand mythe de
notre
temps. Bien qu’il ne soit pas mentionné dans le récit du chapitre onz
403
es et toujours un peu bêtes, mais à l’ensemble de
nos
entreprises économiques, politiques et urbaines.) Reprenons ce récit
404
tation : « Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-
nous
une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous
405
ne tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-
nous
un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la
406
touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que
nous
ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. » Vous reconna
407
x à leur manière. Le résultat, que l’Ange pervers
devait
prévoir, sera nécessairement l’inverse de ce qu’ils voulaient. Si vou
408
t, et ils entrent dans le Temps où l’on meurt. Si
nous
nous faisons une ville nous resterons unis, se disent les hommes. Ils
409
ils entrent dans le Temps où l’on meurt. Si nous
nous
faisons une ville nous resterons unis, se disent les hommes. Ils la f
410
mps où l’on meurt. Si nous nous faisons une ville
nous
resterons unis, se disent les hommes. Ils la font, et c’est là précis
411
son sens dans un langage commun. Il me paraît que
nous
en sommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de notre vocabulai
412
ommes à peu près là. L’anarchie sans précédent de
notre
vocabulaire, en politique surtout, suffirait à trahir l’absence de to
413
t à trahir l’absence de toute commune mesure dans
notre
siècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu
414
bsence de toute commune mesure dans notre siècle.
Nous
avons vu trop grand pour nos pouvoirs, nous avons perdu en chemin la
415
dans notre siècle. Nous avons vu trop grand pour
nos
pouvoirs, nous avons perdu en chemin la règle d’or, l’étalon-homme. E
416
ècle. Nous avons vu trop grand pour nos pouvoirs,
nous
avons perdu en chemin la règle d’or, l’étalon-homme. Et pour avoir ét
417
talon-homme. Et pour avoir été trop vite en tout,
nous
avons perdu de vue la mesure et le sens des fins dernières de l’œuvre
418
une section pour le sauver. Faudra-t-il détruire
notre
monde, pour que l’homme s’y retrouve et se refasse un habitacle à sa
419
ieux dire la babélisation des cadres matériels de
notre
vie. L’invention des machines a brusquement accru nos possibilités d’
420
vie. L’invention des machines a brusquement accru
nos
possibilités d’action sur la matière. L’industrie et le commerce ont
421
ion diabolique. « En effet, disait-il, une maison
devrait
être conçue normalement pour abriter les hommes. Il n’est pas naturel
422
acher dans les arbres avec le sot espoir que Dieu
nous
y oublie, soit que l’on monte dans les nues ou qu’à l’inverse on se r
423
es. Ils ont lu cela quelque part. Chaque fois que
nous
découvrons un nouveau mécanisme de la vie, nous sommes aussitôt obséd
424
e nous découvrons un nouveau mécanisme de la vie,
nous
sommes aussitôt obsédés par l’idée que « cela explique tout ». Étrang
425
e cette méchante décision ? L’homme ou son foie ?
Nous
sommes bien trop intéressés à nier le péché personnel pour que j’acco
426
le diable qui m’intéresse, et les prétextes qu’il
nous
sert pour justifier nos démissions morales. Mais en fait de prétextes
427
, et les prétextes qu’il nous sert pour justifier
nos
démissions morales. Mais en fait de prétextes, il en a de meilleurs q
428
une vérité et à un bien généralement admis. Mais
notre
époque a remplacé les critères de la vérité par des valeurs d’intensi
429
ver de la vérité ou du mensonge. Il est admis, de
nos
jours, que la passion, l’émotion et l’hystérie même vous mettent de d
430
grandes époques, on eût doublé la peine. Bornons-
nous
à le noter en passant : notre respect de la passion et de « la vie »
431
lé la peine. Bornons-nous à le noter en passant :
notre
respect de la passion et de « la vie » sont des signes de décadence d
432
e pas ici le moment de se demander au nom de quoi
nos
moralistes de la passion combattent Hitler ? 35. Le diable au cœur
433
lliance du mariage. Dans la morale que pratiquent
nos
contemporains, la force de l’amour prime le droit du serment. Mais ce
434
les mêmes principes dont s’autorise l’anarchie de
nos
mœurs privées. Toutefois les partisans du romantisme maintiendront qu
435
mour » moderne est une immense faillite intime de
notre
civilisation. C’est une affaire si tragiquement confuse que le diable
436
st pas de l’amour. C’est tout ce qui se glisse en
nous
sous le couvert du mot. Car le diable est celui qui n’aime pas, et qu
437
qu’on aime, et dont tout le plaisir est d’altérer
nos
vertus dans leur source. Vous le sentirez présent, dans sa force immo
438
plus beau mot de toutes les langues est pipé sur
nos
lèvres par Satan. Nulle époque n’a parlé davantage de l’amour, avec s
439
l’amour, avec si peu d’exigence réelle. Le diable
nous
a fait nommer « amour » une vague obsession contagieuse dont le foyer
440
ette obsession était devenue la grande affaire de
notre
civilisation en temps de paix, — la religion de ceux qui n’en voulaie
441
de modes. Sur beaucoup plus ! Car elle a modifié
notre
échelle des valeurs. La surestimation extravagante de l’amour — j’ent
442
e Lyon à un lion — a déprimé progressivement dans
notre
époque le sens et le respect de la tenue morale, du sacrifice au bien
443
iriles et dures. Le bonheur individuel est devenu
notre
tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste obligé de choi
444
t plus inquiétant : la décadence de la virtu dans
notre
siècle, sous l’effet de la publicité faite à l’amour vulgarisé. En to
445
l’œuvre du diable. Ce qui distingue l’amour dans
notre
siècle, ce qui devrait disqualifier le très grand nombre de ceux qui
446
e qui distingue l’amour dans notre siècle, ce qui
devrait
disqualifier le très grand nombre de ceux qui s’en prévalent, c’est j
447
ifier l’abdication de soi, puisqu’à son comble il
nous
porte à donner notre vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don
448
e soi, puisqu’à son comble il nous porte à donner
notre
vie même pour ceux que nous aimons. Entre ce don viril et l’abandon,
449
nous porte à donner notre vie même pour ceux que
nous
aimons. Entre ce don viril et l’abandon, Satan ménage plus d’une pent
450
rs, l’un des premiers effets de la passion est de
nous
empêcher de nous sentir coupables, dans l’instant même où nous savons
451
iers effets de la passion est de nous empêcher de
nous
sentir coupables, dans l’instant même où nous savons le mieux que nou
452
de nous sentir coupables, dans l’instant même où
nous
savons le mieux que nous le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal :
453
, dans l’instant même où nous savons le mieux que
nous
le sommes. Voyez cette héroïne de Stendhal : « Je ne me fais plus auc
454
, le privant aussitôt de ses droits absolus. Mais
nous
avons une morale romantique exaltant la passion « fatale » : c’en est
455
est fait de la toute petite chance de liberté qui
nous
restait. Cette « fatalité » de la passion n’est qu’une manière de par
456
absolu… Mais justement le diable a substitué dans
nos
esprits le respect de la sincérité au respect — même distant et théor
457
J’ai changé, elle aussi. Quel sens aurait encore
notre
fidélité, quand elle s’oppose à la loi même de la Vie ? Est-il “sincè
458
cisément parce que l’on sait que la vie change et
nous
aussi ; précisément pour s’assurer contre ces variations prévues ; pr
459
nstante « hypocrisie » s’efforçant de subordonner
nos
petits bonheurs à la justice, nos désirs à l’amour du prochain, et le
460
de subordonner nos petits bonheurs à la justice,
nos
désirs à l’amour du prochain, et le cœur (pour parler noblement) à la
461
ugle penchant ? » C’est par le cœur que le diable
nous
a pris. Certes, ce n’est pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu’on t
462
ises de faibles. ⁂ L’amour moderne, si j’en crois
nos
romanciers et les statistiques de divorce, atteint un degré de comple
463
en moins de passions fortes, simplement parce que
nous
cherchons la passion pour elle-même et comme un abandon. Les passions
464
stent. L’importance démesurée de « l’amour » dans
nos
mœurs, moins comme réalité que comme arrière-pensée, allusion perpétu
465
rpétuelle et nostalgie, révèle toute l’étendue de
notre
ennui, le dégoût de l’homme moyen pour sa vie quotidienne, l’absence
466
buts et d’intérêts puissants capables d’absorber
nos
rêves. Ce culte de la passion toujours fuyante, j’y vois le signe d’u
467
ance est en train de dissoudre les structures qui
nous
protégeaient contre les paniques de l’instinct. La morale bourgeoise
468
plus juste dédain. Une société déprimée comme la
nôtre
doit recourir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de rest
469
juste dédain. Une société déprimée comme la nôtre
doit
recourir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se doit de restaurer
470
courir aux valeurs dures et rationnelles. Elle se
doit
de restaurer d’urgence des interdits drastiques, des préjugés solides
471
ns de la jungle intérieure. Telle est la leçon de
notre
crise. C’est une question de physique sociale plus que de vertu, une
472
que de vertu, une question de vie ou de mort pour
notre
civilisation et pour tout ordre, quel qu’il soit, qui mérite l’épithè
473
origine, et dont cette phrase du Mystère de Jésus
nous
donne peut-être l’expression la plus poignante : « Je pensais à toi d
474
urait être aussi commun que les romans et l’opéra
nous
l’ont fait croire. Je mets en fait qu’il n’y a guère plus de grands a
475
es secrets monstrueux, ignorés de nous-mêmes, que
notre
passion livre à l’être aimé dans la contagion du délire, voici qu’ils
476
a rédemption, voici qu’il se fait l’instrument de
nos
plus épuisantes tortures. À quel moment l’amour est-il devenu souffra
477
inséparable de toute vraie passion — et la grâce
nous
délivre de la loi… Poursuivons cette analogie. Le coup de foudre est
478
éserver sa passion. Madame Guyon rapporte qu’elle
dut
mentir un jour à son confesseur même, pour lui cacher un incident qui
479
ice, état de mensonge constant, perte du sens des
devoirs
immédiats, faiblesses exaltées mimant l’inspiration, — c’est peu dire
480
il n’a de joie par sa présence… Dans ce dédale de
nos
enfers privés, quel talisman pourrions-nous emporter pour déjouer les
481
ale de nos enfers privés, quel talisman pourrions-
nous
emporter pour déjouer les ruses sataniques ? Il faudrait être un sain
482
mour du prochain, de l’Agapè qui seul peut brider
notre
Éros et le sauver de ses propres fureurs. Rien de moins ne saurait co
483
ect corporel, le symbole ou le signe physique. Or
nous
savons que si l’homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est l
484
utopies. C’est donc en tant qu’elle participe de
notre
libre créativité, comme le langage et les activités de l’esprit, que
485
certes il ne s’y intrigue pas davantage que dans
nos
créations les plus abstraites. Il y est même plus aisément reconnaiss
486
gueur dans son milieu, et de son temps. D’où l’on
devrait
déduire que le meilleur moyen de prévenir les états de possession sat
487
e préférence à toute autre passion, pour aveugler
notre
sens des valeurs. Le sexe n’est pas une honte, mais le diable y trouv
488
le diable y trouve l’occasion la plus commune de
nous
faire abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’homme ne se las
489
’occasion la plus commune de nous faire abuser de
notre
liberté. Reste la femme, dont l’homme ne se lassera jamais de faire u
490
on. « Instrument dont use le diable pour posséder
nos
âmes », dit saint Cyprien, et Tertullien plus énergique : « Porte de
491
tion finale du Second Faust : « L’Éternel féminin
nous
entraîne vers les hauteurs »… En vérité, la femme n’est porte de l’En
492
ontre les romantiques de tous les temps : « Entre
nous
, ce sont choses que j’ai toujours vues de singulier accord : les opin
493
alisme mal placé. Tous ces facteurs ont créé dans
nos
mœurs un malaise fondamental. Une espèce de révolte sourde anime la f
494
era sans remède. Qu’elles rusent, bien, mais cela
doit
vous amuser. Si vous le prenez trop au sérieux, vous les perdrez et v
495
elle, j’ai peut-être été sotte, mais les épreuves
nous
grandissent. Dis-moi maintenant pourquoi je t’ai battu ? Comme il ouv
496
spérée. Le mieux serait de la quitter. Mais alors
nous
ne saurons jamais. Il se tait. — Cet homme ne m’aime pas, pense la f
497
rce qu’elle a les mêmes sources, avec la crise de
nos
vies privées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que nous l’att
498
mêmes sources, avec la crise de nos vies privées.
Nous
sommes au centre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans notre
499
ées. Nous sommes au centre de tout le mal dès que
nous
l’atteignons dans notre cœur. Lorsque nos circonstances individuelles
500
tre de tout le mal dès que nous l’atteignons dans
notre
cœur. Lorsque nos circonstances individuelles ou politiques, nos dram
501
ès que nous l’atteignons dans notre cœur. Lorsque
nos
circonstances individuelles ou politiques, nos drames intimes ou cett
502
ue nos circonstances individuelles ou politiques,
nos
drames intimes ou cette guerre universelle, se révèlent comme des sit
503
j’y suis. Rimbaud. Évidemment, je n’aurais pas
dû
entrer. On fait de ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je su
504
pas être mis à la porte ! Naturellement, j’aurais
dû
pousser la première porte venue, sans y penser, et je serais sorti co
505
et me regardait comme s’il n’avait rien entendu.
Nous
nous sommes dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regar
506
e regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous
nous
sommes dévisagés un certain temps : je ne trouvais pas son regard, il
507
Je suis là parce que tu es venu, tout simplement.
Nous
étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer.
508
s venu, tout simplement. Nous étions couchés chez
nous
. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette
509
uchemar de la réalité. La guerre existe autour de
nous
, elle est fausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et nous l’a
510
nous, elle est fausse, impossible et réelle. Elle
nous
dépasse et nous l’avons créée. À tel et tel moment, dans un passé réc
511
ausse, impossible et réelle. Elle nous dépasse et
nous
l’avons créée. À tel et tel moment, dans un passé récent, pouvions-no
512
tel et tel moment, dans un passé récent, pouvions-
nous
arrêter le glissement, renverser les fatalités ? Nous le pouvions, no
513
arrêter le glissement, renverser les fatalités ?
Nous
le pouvions, nous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous
514
ment, renverser les fatalités ? Nous le pouvions,
nous
n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru.
515
atalités ? Nous le pouvions, nous n’avons pas su.
Nous
le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru. Peut-être aussi que
516
ous n’avons pas su. Nous le pouvions peut-être et
nous
n’y avons pas cru. Peut-être aussi que rien n’était possible. Ces pen
517
ossible. Ces pensées augmentent l’amertume. Elles
nous
suggèrent l’idée d’une possession… Est-ce nous vraiment qui avons lai
518
es nous suggèrent l’idée d’une possession… Est-ce
nous
vraiment qui avons laissé les choses en venir là ? Si ce n’est pas no
519
s laissé les choses en venir là ? Si ce n’est pas
nous
, qui d’Autre ? Ah, nous sommes tous complices ! Mais alors pourquoi m
520
enir là ? Si ce n’est pas nous, qui d’Autre ? Ah,
nous
sommes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce p
521
mes tous complices ! Mais alors pourquoi mourrons-
nous
? Pour ce passé que nous n’avons pas aimé assez pour l’empêcher de se
522
alors pourquoi mourrons-nous ? Pour ce passé que
nous
n’avons pas aimé assez pour l’empêcher de se perdre ? Pour un avenir
523
pour l’empêcher de se perdre ? Pour un avenir que
nous
devinons à peine et savons encore moins créer ? Pour cette démocratie
524
? Pour quelle foi plus valable que la vie ? Et si
nous
ne voulons pas de foi, pour quelle vie plus valable que la foi ? C’es
525
quelle vie plus valable que la foi ? C’est couru,
notre
monde agonise, il a sa balle dans le cœur, quoi qu’il arrive. Mais po
526
e cœur, quoi qu’il arrive. Mais pour quoi vivions-
nous
naguère, et pour quoi mourrons-nous demain ? Nous ne pouvons plus rec
527
quoi vivions-nous naguère, et pour quoi mourrons-
nous
demain ? Nous ne pouvons plus reculer, c’est clair, on nous attaque !
528
nous naguère, et pour quoi mourrons-nous demain ?
Nous
ne pouvons plus reculer, c’est clair, on nous attaque ! En avant donc
529
n ? Nous ne pouvons plus reculer, c’est clair, on
nous
attaque ! En avant donc, il n’y a plus rien à perdre ! Cet « en avant
530
pas où il va… Je me souviens des temps heureux —
notre
illusion. « Vous ne mourrez plus ! », nous disait l’Autre. Et cela du
531
eux — notre illusion. « Vous ne mourrez plus ! »,
nous
disait l’Autre. Et cela du moins nous paraissait imaginable, cela res
532
z plus ! », nous disait l’Autre. Et cela du moins
nous
paraissait imaginable, cela ressemblait à quelque chose dont nous avi
533
imaginable, cela ressemblait à quelque chose dont
nous
avions une idée naturelle, le bonheur, le progrès, la durée vers le m
534
bonheur, le progrès, la durée vers le mieux… Mais
nous
mourons, c’est toujours surprenant. Cela paraît absurde et révoltant.
535
es, et dans les livres ; et la voilà substance de
nos
vies. Encore un navire torpillé et comme le dit l’Amirauté : « The ne
536
rmées. (Grand développement de l’information dans
notre
siècle !) Qu’on nous informe donc, une fois pour toutes, que nous som
537
ement de l’information dans notre siècle !) Qu’on
nous
informe donc, une fois pour toutes, que nous sommes tous de la famill
538
u’on nous informe donc, une fois pour toutes, que
nous
sommes tous de la famille, et que nous sommes aussi les victimes ! «
539
outes, que nous sommes tous de la famille, et que
nous
sommes aussi les victimes ! « Vous êtes tous membres les uns des autr
540
ous membres les uns des autres », dit l’Évangile.
Nous
sommes tous dans le bateau qui coule, et en même temps nous sommes to
541
s tous dans le bateau qui coule, et en même temps
nous
sommes tous dans le bateau qui vient d’envoyer la torpille. Ce n’est
542
’un seul regard.) Que faudra-t-il encore pour que
nous
comprenions l’étendue de la catastrophe, et qu’elle est vraiment sans
543
l. On me dit : « Il y a les bons et les méchants,
nous
sommes les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais, nous sommes
544
les bons, n’embrouillez donc pas tout. » Je sais,
nous
sommes en guerre, et il s’agit de gagner. Mais à quel Bien et à quel
545
t de gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avons-
nous
cru, pour montrer tout d’un coup tant d’assurance ? Se faire tuer pou
546
ns à bien haut prix. Valaient-elles le grabuge où
nous
sombrons ?… J’ai décrit l’œuvre de Satan, et cela finit dans un cauch
547
dans un cauchemar qui ressemble à s’y méprendre à
notre
époque. Mais si vous ne croyez pas au diable, je me demande à quel Ma
548
sse jamais, inaltérable et dominant, ah ! taisons-
nous
, le voici qui revient, et ce n’est pas encore notre consolation, mais
549
ous, le voici qui revient, et ce n’est pas encore
notre
consolation, mais il est plus dur que la mort et le mutisme de la mor
550
ort et le mutisme de la mort, il est plus pur que
nos
douleurs, je l’ai nommé : cantique au bleu du ciel. 8. La morale d
551
ainsi l’insensé ne passera point pour sage ; mais
nous
, nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable
552
l’insensé ne passera point pour sage ; mais nous,
nous
ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la
553
a charité, dont il ignore la puissance. Car ainsi
nous
ne serons pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront nous prése
554
pas joués, mais les trois grandes Vertus sauront
nous
préserver de l’abus des vertus mineures, par où le diable pourrait no
555
us des vertus mineures, par où le diable pourrait
nous
asservir. La solution est d’attaquer Hitler — puisqu’il nous attaque
556
ir. La solution est d’attaquer Hitler — puisqu’il
nous
attaque — avec des tanks, des avions, de la propagande massive, et un
557
mps de l’attaquer avec un nouvel idéal. Car ainsi
nous
ne serons pas annexés par l’extérieur, mais nous ne le serons pas non
558
nous ne serons pas annexés par l’extérieur, mais
nous
ne le serons pas non plus par l’intérieur. J’ai tenté jusqu’ici de dé
559
de pour propagande, et GPU pour Gestapo. Occupons-
nous
maintenant du deuxième temps de l’attaque. Il y faut des hommes révei
560
ra-t-il à réveiller ce peuple, et tous ceux parmi
nous
qui ont cédé au vertige de l’Abîme politique ou moral ? Pour dissiper
561
rit, passant sur le visage torturé du siècle, que
nous
devons attendre un vrai réveil des hommes… Mais cette attente encore,
562
passant sur le visage torturé du siècle, que nous
devons
attendre un vrai réveil des hommes… Mais cette attente encore, qu’ell
563
ait permis d’articuler ce peu que j’ai pu dire de
nos
maux ? Et quelle est la vision qui m’éveille ? Je m’essaierai à la dé
564
une illusion réside dans la simple certitude que
nous
ne sommes pas des dieux, et que nous ne sommes pas Dieu. Car alors, t
565
ertitude que nous ne sommes pas des dieux, et que
nous
ne sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de nous ! Le princi
566
sommes pas Dieu. Car alors, tout ne dépend pas de
nous
! Le principe et la fin de l’Ordre, la sommation, le sens final, sont
567
qui est le Bien. Si au contraire, tout était dans
nos
mains, comme le serpent tentait de nous en persuader, tout serait bie
568
était dans nos mains, comme le serpent tentait de
nous
en persuader, tout serait bientôt gâché et dans les mains du diable.
569
ait bientôt gâché et dans les mains du diable. Si
nous
étions des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrophe présen
570
ait plus d’espoir : la catastrophe présente étant
notre
œuvre à tous, l’échec des dieux serait avéré, leur faillibilité démon
571
rême des milices célestes, est la plus grande qui
nous
fut donnée dans le combat contre Satan. Car saint Michel irrésistible
572
sque plus longtemps le moment décisif du drame de
notre
histoire, le principe même de toute victoire sur le Malin ! Aux grand
573
te victoire sur le Malin ! Aux grandes époques de
notre
évolution, c’est l’événement lui-même qui répercute le cri de guerre
574
utez le prophète Ézéchiel, lorsqu’il s’adresse à
nos
démocraties capitalistes et commerçantes : Fils de l’homme, dis au p
575
décisif. À l’épreuve de la guerre et du meurtre,
nos
illusions, immédiatement châtiées, se dénoncent comme illusions. La t
576
tes, la tactique et la stratégie du diable. Elles
nous
aident, elles nous forcent à reconnaître, par la plus évidente analog
577
la stratégie du diable. Elles nous aident, elles
nous
forcent à reconnaître, par la plus évidente analogie, l’action de Sat
578
la plus évidente analogie, l’action de Satan dans
nos
vies et le mensonge de l’éternelle Tentation. C’est déjà la moitié de
579
né dans un autre temps ! Tout signifie, autour de
nous
, tout s’amplifie aux dimensions de la plus vaste poésie ! Tout ce qui
580
s-ci est à l’image de l’histoire mondiale. Jamais
nos
objectifs ne furent plus manifestes. Hitler m’indique en lettres giga
581
lète sa « grande stratégie » dans la confusion de
nos
mœurs. À nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdon
582
nde stratégie » dans la confusion de nos mœurs. À
nous
l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes nos b
583
nous l’effort, à Dieu l’issue et le jugement. Si
nous
perdons toutes nos batailles, le destin de Satan n’en est pas moins s
584
eu l’issue et le jugement. Si nous perdons toutes
nos
batailles, le destin de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui
585
n de Satan n’en est pas moins scellé. Tout ce qui
nous
est demandé, c’est de coïncider avec l’esprit de cette victoire final
586
ompe : Hitler déjoue lui-même le plan de Satan en
nous
forçant à voir ce que nous sommes. Nous voici délivrés du souci monst
587
me le plan de Satan en nous forçant à voir ce que
nous
sommes. Nous voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de
588
Satan en nous forçant à voir ce que nous sommes.
Nous
voici délivrés du souci monstrueux des fins dernières de notre destin
589
élivrés du souci monstrueux des fins dernières de
notre
destinée, du souci même de notre orgueil, qui nous accable inconsciem
590
ins dernières de notre destinée, du souci même de
notre
orgueil, qui nous accable inconsciemment. Quoi qu’il arrive, le grand
591
tre destinée, du souci même de notre orgueil, qui
nous
accable inconsciemment. Quoi qu’il arrive, le grand Ordre subsiste, l
592
le bleu du ciel n’est pas terni par les nuées de
notre
angoisse. Et voyez : le jugement final lui-même ne nous appartient pa
593
ngoisse. Et voyez : le jugement final lui-même ne
nous
appartient pas, non plus que le souci de la victoire décisive. Car ai
594
rnité. Mais de qui parle-t-il ainsi ? Il tient à
nous
que ce ne soit pas de nous… 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel
595
-il ainsi ? Il tient à nous que ce ne soit pas de
nous
… 45. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et sa colonne
596
c’en est fait, la partie est gagnée. Mais ce qui
nous
importe dans ce siècle, c’est de nous rendre immédiatement participan
597
Mais ce qui nous importe dans ce siècle, c’est de
nous
rendre immédiatement participants de cette victoire. Un des prophètes
598
et désintéressée, serait un miracle. Dieu, qui ne
doit
de miracle à personne et qui n’en fait point d’inutiles, emploie pour
599
oncellement de terre qui le détourne. Je dis que
nous
pouvons participer à cette victoire réellement totale en devenant cha
600
ictoire réellement totale en devenant chacun pour
notre
compte cet « obstacle imperceptible » au mal, et ce « faible roseau »
601
dis que la condition de cette victoire, c’est que
nous
devenions, chacun pour notre compte, un homme, une personne responsab
602
e victoire, c’est que nous devenions, chacun pour
notre
compte, un homme, une personne responsable. Le seul obstacle irréduct
603
ette espèce d’héroïsme dans le mal que déploie de
nos
jours l’adversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais nous conda
604
ie de nos jours l’adversaire. Voilà la vérité qui
nous
éclaire, mais nous condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints.
605
dversaire. Voilà la vérité qui nous éclaire, mais
nous
condamne aussi, car nous ne sommes pas des saints. Et qui donc oserai
606
é qui nous éclaire, mais nous condamne aussi, car
nous
ne sommes pas des saints. Et qui donc oserait même, sérieusement, sou
607
ment, dans l’érosion universelle par le néant, il
nous
faut tendre avec passion vers la sainteté : autrement nous serons bal
608
tendre avec passion vers la sainteté : autrement
nous
serons balayés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable éta
609
ctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en
nous
le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’a
610
ler en nous le sentiment de la culpabilité, et de
nous
faire croire que c’est l’autre toujours, la force des choses ou la fa
611
ie sanctification consiste dans l’augmentation de
notre
sentiment d’être complices de tout le mal qui se fait dans le monde.
612
Bèze, ces mots : « reconnaissant de plus en plus
nos
fautes » m’indiquent le sens du seul progrès humain non équivoque15.
613
dans la certitude illusoire d’être sans péché. Il
nous
est au contraire révélé par le Christ lorsqu’il accepte de mourir en
614
t plein de démons, ils sévissent par millions, et
nous
n’arriverons pas à les chasser. Mais en réalité, l’on ne peut jamais
615
de l’ordre impérissable. Or cet élément personnel
doit
s’encadrer dans un ordre cosmique, et se réaliser dans un ordre socia
616
et se réaliser dans un ordre social ; le premier
nous
étant donné, le second étant à donner ; le premier figurant la condit
617
L’ordre cosmique Le développement aberrant de
nos
techniques et par elles de notre impérialisme rationnel, nous a fait
618
pement aberrant de nos techniques et par elles de
notre
impérialisme rationnel, nous a fait perdre, depuis quelques siècles,
619
ues et par elles de notre impérialisme rationnel,
nous
a fait perdre, depuis quelques siècles, le sens cosmique, c’est-à-dir
620
cosmique, c’est-à-dire la conscience immédiate de
nos
liens avec l’ensemble de l’Univers, ses lois connues et ses mystères.
621
. Dans le même temps le développement aberrant de
nos
morales rationalistes, puis individualistes, puis irrationalistes, to
622
fait côte à côte, indiscernablement mélangés dans
nos
vies, nous a fait perdre le sens moral élémentaire, c’est-à-dire la c
623
à côte, indiscernablement mélangés dans nos vies,
nous
a fait perdre le sens moral élémentaire, c’est-à-dire la conscience i
624
science immédiate d’un absolu qui serait, hors de
nous
, le gage universel du bien et du mal. Et nous voici coupés des deux s
625
de nous, le gage universel du bien et du mal. Et
nous
voici coupés des deux sources de l’Ordre, qui sont les lois ordonnées
626
n et les interventions ordonnatrices du Créateur.
Nous
avons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les cho
627
ordonnatrices du Créateur. Nous avons cru pouvoir
nous
libérer de l’interdépendance de toutes les choses créées, et de notre
628
nterdépendance de toutes les choses créées, et de
notre
dépendance de Dieu. Alors nous sommes entrés dans le monde de l’arbit
629
ses créées, et de notre dépendance de Dieu. Alors
nous
sommes entrés dans le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur no
630
s le monde de l’arbitraire, où l’Arbitre tricheur
nous
affole à plaisir. Nietzsche a bien vu que la philosophie de ce monde-
631
a tiré des conséquences implacables. Que pouvons-
nous
faire maintenant ? Je dirai la réponse « chrétienne » — le christiani
632
-delà des fascinations de ma plus secrète utopie.
Nous
avons à redécouvrir la catholicité fondamentale, déterminée et révélé
633
e par Dieu comme étant l’ordre de sa Création. Et
nous
avons à redécouvrir l’absolu d’un bien et d’un mal non relatifs à nos
634
rir l’absolu d’un bien et d’un mal non relatifs à
nos
idées morales, aux suggestions aveuglantes de l’instinct ou aux press
635
. Toute ma confiance repose dans la certitude que
nos
méfaits et ceux du diable, et ceux d’Hitler, ne changent rien à l’Ord
636
pas, simple illusion d’une impatience oblitérant
nos
sens spirituels, mais qui ne peut empêcher l’Esprit d’agir plus qu’el
637
s qu’elle ne peut influencer le cours des astres.
Nous
pouvons certes nous détruire, mais nous ne pouvons détruire davantage
638
fluencer le cours des astres. Nous pouvons certes
nous
détruire, mais nous ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes. Nou
639
s astres. Nous pouvons certes nous détruire, mais
nous
ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes. Nous pouvons certes nou
640
ous ne pouvons détruire davantage que nous-mêmes.
Nous
pouvons certes nous rendre insensibles à cette intuition poétique qui
641
ire davantage que nous-mêmes. Nous pouvons certes
nous
rendre insensibles à cette intuition poétique qui sonde les abîmes mi
642
e réinventer le « réel » à sa ressemblance ; mais
nous
ne pouvons prévenir toutes ces choses d’exister, de graviter, de naît
643
d’un accord qui sera le nom secret de Dieu. Ah !
nous
pouvons mentir, tuer, et nous exclure, nous pouvons faire de pitoyabl
644
ecret de Dieu. Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et
nous
exclure, nous pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de néglig
645
Ah ! nous pouvons mentir, tuer, et nous exclure,
nous
pouvons faire de pitoyables fautes d’orgueil, de négligence ou de cal
646
autes d’orgueil, de négligence ou de calcul, mais
nous
ne pouvons rien, à jamais, sur le miracle perpétuel qui fait coïncide
647
de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que
nous
voyons se produire dans les États atteints de gigantisme, où les rela
648
ns le cadre des lois. Alors l’État pour subsister
doit
devenir totalitaire, c’est-à-dire que l’abstraite contrainte doit se
649
alitaire, c’est-à-dire que l’abstraite contrainte
doit
se doubler d’une contrainte physique, seule efficace désormais : la p
650
out ce qui caractérise les mœurs politiciennes de
nos
pseudo-démocraties, et les goûts de leur « grand public » tels que le
651
déal très obscurément pressenti. L’effort présent
doit
se porter vers une définition intransigeante et claire de l’idéal qui
652
ansigeante et claire de l’idéal qui seul justifie
notre
lutte ; et vers la recherche de moyens d’incorporer cet idéal, qui ne
653
, un peu plus dignes de se faire tuer ou de tuer,
nous
en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu
654
nt les conclusions qui m’apparaissent résulter de
notre
état. Je crois à la vertu de l’élucidation, qui dit le vrai en baissa
655
anxieuse appelle la dictature par l’intérieur, et
nous
rend impuissants contre les dictatures de l’extérieur ; notre désordr
656
mpuissants contre les dictatures de l’extérieur ;
notre
désordre intime nous livre donc nécessairement et infailliblement au
657
dictatures de l’extérieur ; notre désordre intime
nous
livre donc nécessairement et infailliblement au « nouvel ordre » des
658
blement au « nouvel ordre » des totalitaires ; si
nous
n’aimons pas ça, il faut changer de méthodes ou d’attitude ; mais que
659
n permanence ? Beaucoup de choses « impossibles »
nous
arrivent. Un beau jour elles sont là, malgré nous. Ne serait-il pas t
660
nous arrivent. Un beau jour elles sont là, malgré
nous
. Ne serait-il pas temps de vouloir ce qui arrive, de vouloir l’imposs
661
é et compris de la même manière par tous ceux qui
devront
l’exécuter. Un plan qui s’exprime par des mots, et par des mots qui m
662
mots, et par des mots qui mettent de l’ordre dans
nos
volontés égarées : tous les mots clairs sont des mots d’ordre. Or que
663
mots clairs sont des mots d’ordre. Or que voyons-
nous
aujourd’hui ? « Liberté », « ordre », « esprit », « démocratie » pren
664
courants. Mais toutes ces choses ont disparu dans
notre
siècle. Alors les mots qui courent partout ne mènent nulle part. Notr
665
es mots qui courent partout ne mènent nulle part.
Notre
langage est débrayé. Plus on parle, moins on s’entend. La mort seule
666
mps de la grande prostitution de cette parole qui
devait
être la mesure du vrai, et dont l’Évangile dit que, dans sa source, e
667
vie et la lumière des hommes » ! Hélas, qu’avons-
nous
fait de la parole ! Elle ne saurait plus même mentir dans certaines b
668
ficiel, le gâtisme des fins de banquet ; et quand
nous
sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui nous suggère que l’
669
sommes abêtis de discours, lui, le romantique qui
nous
suggère que l’indicible est peut-être plus vrai que la parole claire
670
parole claire et nette ! Il sait qu’en confondant
notre
langage, il détruit la communauté. Il sait qu’en détruisant nos struc
671
l détruit la communauté. Il sait qu’en détruisant
nos
structures sociales, il précipite la confusion de notre langage. Il s
672
structures sociales, il précipite la confusion de
notre
langage. Il sait que les hommes ne peuvent s’engager que par des paro
673
mant le sens des mots, il détruit la base même de
nos
fidélités. Il sait que partout où l’on appelle un chat un chat, le ma
674
eurs insanes. Il sait que rien au monde ne pourra
nous
faire taire, maintenant que nous avons la radio, et il se loge dans t
675
monde ne pourra nous faire taire, maintenant que
nous
avons la radio, et il se loge dans tous les microphones. Il organise
676
e achèvera mieux que les pires tyrannies d’ahurir
notre
sens moral… J’allais écrire que le seul remède serait de lui opposer
677
Ce ministère était jadis l’Église. Une analyse de
nos
vocabulaires montrerait que le peu de sens commun qu’ils conservent v
678
sans vertu dans le monde informe et gigantique où
nous
vivons. Et puis enfin, je n’écris pas ces pages pour proposer après m
679
a confiance indestructible, qui remonte à travers
nos
rumeurs et rétablit le silence adorant : nous ne sommes pas maîtres d
680
vers nos rumeurs et rétablit le silence adorant :
nous
ne sommes pas maîtres de détruire la vraie Parole ! Tous les mensonge
681
ie Parole ! Tous les mensonges du diable, et tous
nos
bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit nous parle, par une phras
682
s nos bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit
nous
parle, par une phrase de la Bible ou de nos liturgies, par un mot que
683
prit nous parle, par une phrase de la Bible ou de
nos
liturgies, par un mot que dit un passant, par une prière née dans un
684
une prière née dans un cœur. Il ne dépend pas de
nous
que ces syllabes vivent : tout d’un coup elles nous ont parlé. (La na
685
us que ces syllabes vivent : tout d’un coup elles
nous
ont parlé. (La naissance d’un poème ou d’un rythme de phrase, quelque
686
’un rythme de phrase, quelque part en nous-mêmes,
nous
donne une faible idée de ces surprises.) Si le langage nous appartena
687
une faible idée de ces surprises.) Si le langage
nous
appartenait, il y a longtemps qu’on ne pourrait plus s’entendre. Mais
688
trice. Un tyran ou l’État pourront bien interdire
nos
discours et nos discussions, « étouffer la libre parole » : au point
689
ou l’État pourront bien interdire nos discours et
nos
discussions, « étouffer la libre parole » : au point où elle en est,
690
qui fait qu’à de certains moments, certains mots
nous
parlent, et non d’autres, fût-ce à voix basse, au secret d’un cachot.
691
nges, quand la peur, la souffrance et la honte ne
nous
permettent plus d’articuler même une plainte intelligible, — c’est el
692
plainte intelligible, — c’est elle à présent qui
nous
parle ! 49. Vertus J’ai désigné les dimensions de l’Ordre indes
693
l’Ordre indestructible au sein duquel le drame de
nos
destins s’encadre. Ainsi armés et appuyés, nous pouvons porter sur Sa
694
de nos destins s’encadre. Ainsi armés et appuyés,
nous
pouvons porter sur Satan et sur ses sinistres desseins un regard qui
695
qui obscurcit le ciel pour un temps, et peut-être
nous
fait pleurer, puis tout est clair et juste de nouveau. N’opposons pas
696
u’il prendrait pour autant d’hommages. Détournons-
nous
et regardons le Bien. Armons-nous de cette grande Confiance qui survi
697
ges. Détournons-nous et regardons le Bien. Armons-
nous
de cette grande Confiance qui survit à la catastrophe, parce qu’en ay
698
our ne cessent d’attendre, intacts et souverains,
notre
désir. Il nous suffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nou
699
’attendre, intacts et souverains, notre désir. Il
nous
suffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il nous suffit de ren
700
uffit de retrouver le courage d’être vertueux. Il
nous
suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes, nous avions fait de la
701
us suffit de rendre à la vertu sa gloire. Certes,
nous
avions fait de la vertu si triste chose qu’il paraissait mesquin de s
702
cela s’explique et des générations de romanciers
nous
ont montré d’une manière convaincante que l’homme « moral » n’était q
703
n faible, un refoulé ou un raseur. Mais la guerre
nous
montre autre chose. Quand une démocratie rougit de ses vertus, sur qu
704
er aux barbares ? La barbarie débile et bébête de
nos
foules, la démission sans élégance de nos élites, est-ce que c’est ce
705
bête de nos foules, la démission sans élégance de
nos
élites, est-ce que c’est cela qu’il faut sauver au prix de sa vie ? J
706
l’alerte périssent dans la surdité. Qu’y pouvons-
nous
? La bêtise est inexorable : rien au monde ne saurait l’empêcher de s
707
ne m’empêchera pas d’avoir confiance ! Le malheur
nous
rend au sérieux. Il nous apprend à opposer au mal le bien, et non pas
708
r confiance ! Le malheur nous rend au sérieux. Il
nous
apprend à opposer au mal le bien, et non pas le demi-mal de petites p
709
et non pas le demi-mal de petites perversions. Il
nous
rend le courage d’opposer à cet orgueil prôné par les totalitaires, l
710
ndamner : l’heure n’est-elle pas trop grande pour
nos
cris ? Je voudrais dire le bien et les vertus que j’aime, et la libér
711
rtueux ont disparu avec les vieilles querelles où
nous
nous attardions. Il ne s’agit plus de leur morale qui mourut sur la d
712
x ont disparu avec les vieilles querelles où nous
nous
attardions. Il ne s’agit plus de leur morale qui mourut sur la défens
713
défendue, il s’agit simplement de la grandeur que
nous
saurons imaginer, et d’une vision nouvelle de la force. Assis sur nos
714
, et d’une vision nouvelle de la force. Assis sur
nos
ruines, j’esquisse… Je me plais à inscrire ces mots : lucidité-sérieu
715
à travers les murs de la cellule que bâtissaient
nos
craintes et nos vanités faibles, et qu’elle nous permet d’être libres
716
urs de la cellule que bâtissaient nos craintes et
nos
vanités faibles, et qu’elle nous permet d’être libres comme ceux qui
717
t nos craintes et nos vanités faibles, et qu’elle
nous
permet d’être libres comme ceux qui n’ont plus rien à perdre. Je pens
718
le consiste « à vouloir une seule chose », et qui
nous
rend insensible au vertige. Je pense que l’homme le plus lucide au mo
719
ui le courage de l’amour. Je pense que le malheur
nous
rendra sobres, et que l’empire qui était échu aux plus bavards sera r
720
le méchant ». Mais dans cette leçon, que l’époque
nous
rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle nous rend à la réal
721
cette leçon, que l’époque nous rappelle, je vois
notre
chance de grandeur : elle nous rend à la réalité. Les vraies vertus n
722
rappelle, je vois notre chance de grandeur : elle
nous
rend à la réalité. Les vraies vertus ne vont pas au bonheur, mais à l
723
nergie calme, brillante et indomptable, telle que
nous
pouvons l’imaginer d’un large fleuve d’or fondu »… O da quod jubes,
724
res et larvaires où le Prince des ténèbres attend
notre
fatigue ; qu’elles fassent s’évanouir les profondeurs trompeuses qu’i
725
s qu’il ouvre à l’aventure du désir, embrouillant
nos
vertus dans nos vices et notre goût naturel du bonheur dans le vertig
726
l’aventure du désir, embrouillant nos vertus dans
nos
vices et notre goût naturel du bonheur dans le vertige du malheur ; e
727
désir, embrouillant nos vertus dans nos vices et
notre
goût naturel du bonheur dans le vertige du malheur ; et qu’elles réfu
728
ue le démon aime l’heure de minuit. Ah ! tournons-
nous
, le visage levé, vers le symbole universel de la rigueur et de la pai
729
e virile clairvoyance, c’est la vraie guérison de
nos
fameux « complexes de culpabilité ». 16. Daniel Defoe. 17. Je prend