1 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 1. Le silence de Goethe
1 e « l’arrière-monde » et le rejette, en ceci plus chrétienne , plus tragique que l’époque romantique — Nietzsche plus chrétien que
2 tragique que l’époque romantique — Nietzsche plus chrétien que son idée du christianisme. Plus goethéenne aussi. Mais gardons-no
3 autres points de vision qu’humains. La révélation chrétienne déborde notre condition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère d
2 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 3. Kierkegaard
4 exprimaient pas encore la totalité de son message chrétien , et qu’il ne pouvait pas en assumer l’entière responsabilité devant D
5 à la mort parce qu’elle accomplissait sa vocation chrétienne . ⁂ On a comparé Kierkegaard à Nietzsche, à Dostoïevski, à Pascal. Lui
6 t clairement que nul homme ne peut jamais se dire chrétien . Cette position paradoxale a permis les interprétations les plus dive
7 le pour Kierkegaard était : Comment deviendrai-je chrétien  ? Seul, un protestant pouvait trouver pareille formule… L’œuvre la pl
8 ui sont allés si loin dans la passion de l’absolu chrétien , mais seul Kierkegaard en est mort. Une pureté presque inhumaine, voi
9 désespoir, jamais de défi, ni d’hybris. Pureté du chrétien , non du surhomme. 2.« La pureté du cœur, c’est vouloir une seule c
10 istence apparemment la moins « jouée », celle des chrétiens , ou qui se disent tels, que Kierkegaard dégagera finalement la seule
11 cercle. L’enseignement est devenu autre… » On est chrétien jusqu’à un certain point… Or « tout jusqu’à un certain point est théâ
12 n étreint réellement l’absolu. » La situation des chrétiens qui ne le sont que le dimanche, ou dans un certain secteur délimité d
13 ort et de sa responsabilité : c’est là l’héroïsme chrétien … » Kierkegaard ajoute aussitôt : « … et avouons-le, sa rareté probabl
14 se rapporte à ce seul problème : comment devenir chrétien . » Car on ne naît pas chrétien, et même dans un sens strict, on ne pe
15  : comment devenir chrétien. » Car on ne naît pas chrétien , et même dans un sens strict, on ne peut pas l’être, mais il faut san
16 ouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et son chemin29, lumière qui
17 ns nulle préparation. Comment un homme devient-il chrétien  ? « Tout simplement : prend n’importe quelle règle d’action chrétienn
18 implement : prend n’importe quelle règle d’action chrétienne , — ose la mettre en pratique. L’action que tu introduiras ainsi dans
19 c’est la marque de tout ce qui est véritablement chrétien . » (Journal) Vend ton bien et le donne aux pauvres, par exemple, ou s
20 cesse d’en désirer la possession, et vis comme un chrétien  : au jour le jour, sans assurances et sans préparation, à la grâce de
21 n qui commence à ses pas, — c’est là le destin du chrétien . C’est son « impossible » destin, le seul acte possible à l’homme. Et
22 il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie chrétienne  », cette histoire de Dieu dans le temps, cette histoire de l’éternité
23 L’audace religieuse, à plus forte raison l’audace chrétienne , est au-delà de toute vraisemblance, là où précisément l’on renonce à
24 ar le « monde », il faut choisir. Il faut être un chrétien ou bien un philistin. Le philistin est l’homme sans vocation. Il ne c
25 e est seulement la moins invraisemblable. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté ne prend mesure que de ce qu’il transfor
26 secret dernier de l’acte, et le sceau de l’amour chrétien . IIINécessité du solitaire 1.On appelle l’esprit… De quoi
27 le, puisqu’elles impliquent le martyre des braves chrétiens , comme si la religion, de toute éternité, n’était pas au contraire la
28 au dénombrer tout l’horrible, et tout épuiser, le chrétien se rit du bilan ! » Pourquoi ce rire scandaleux ? Parce que « la crai
29 r peut-elle encore, sérieusement, caractériser le chrétien moyen de ce temps ? C’est ici que l’ironie de Kierkegaard tourne son
30 Kierkegaard tourne son aiguillon contre le monde chrétien , contre le monde qui se réclame de l’esprit, ou qui fait profession d
31 ause du Christ. Il suppose, sans méfiance, que le chrétien souffre pour sa doctrine… » Et c’est la tragi-comédie du christianism
32 comédie du christianisme de la chrétienté. Pauvre chrétien moyen, qu’as-tu souffert pour ta doctrine ? Tu souffres, il est vrai,
33 question brûlante, c’est de savoir si toi, tu es chrétien , — ou bien tu vitupères les sans-Dieu de Russie. Mais sais-tu bien de
34 Le Nouveau Testament suppose sans méfiance que le chrétien souffre pour sa doctrine… (Mais non ! il souffre simplement de ce que
35 vidu. Il n’est que de les confronter à la réalité chrétienne de l’homme. Le solitaire que Kierkegaard appelle, c’est l’homme isolé
36 est s’enfoncer dans le néant. Seule la révolte du chrétien est position, obéissance. Et si l’appel de Dieu isole du monde un hom
37 ant, « sous le regard de Dieu », comme disent les chrétiens  ? (Est-ce facile ? ou bien même possible ? Est-ce un effet de notre c
38 de notre vie ? Ils en parlent bien aisément, les chrétiens …) Quelques athées ont entrevu le péril, mais sans voir l’homme dans l
39 ectivités mensongères à l’utopie d’une communauté chrétienne , par l’artifice indispensable, mais peut-être aussi tout formel, de l
40 sse, c’est de la mienne. Kierkegaard s’adresse au chrétien comme au seul responsable parmi nous. Il sait bien qu’en tous temps l
41 e ce qui « se fait se faisant » est une antilogie chrétienne au premier chef, plutôt qu’hindoue. Chez les Hindous, elle n’est enco
42 core qu’une forme de l’agitation humaine. Pour le chrétien elle signifie une transformation effective. Ou mieux encore, pour l’H
43 se la primauté d’un Esprit sans contenu ; pour le chrétien , la primauté d’une Personne. 29. « Ta parole est une lampe à mes pie
3 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 4. Franz Kafka, ou l’aveu de la réalité
44 te question : — Est-ce pur hasard si la théologie chrétienne rend compte de presque toutes les situations de ce livre ? Est-ce pur
45 ire obscurément troublé par une certaine ambiance chrétienne — précisons : judéo-chrétienne. Il sait que Dieu et sa Justice existe
46 inséparable de la foi, dans le concret d’une vie chrétienne . Ce cri d’une femme devant Jésus : « Je crois, Seigneur, subviens toi
47 utres la foi, — quand lui-même ne l’avait pas. Le chrétien se reconnaît dans cette œuvre, et en même temps il s’y sent mal à l’a
48 sa délivrance. De fait, on ne voit guère que les chrétiens pour avouer le péché du monde, car c’est leur foi qui le révèle dans
49 de personnalités… D’où la méfiance où beaucoup de chrétiens tiennent le sobre activisme de Faust. Au lieu d’y voir une modestie v
50 s le fait de toute morale, de toute sagesse, même chrétienne d’inspiration ? Et la personne kierkegaardienne, fondée dans la pure
4 1944, Les Personnes du drame. II. Liberté et fatum — 5. Luther et la liberté de la personne
51 sme. Comme s’il était l’ancêtre non de Niemöller, chrétien et luthérien, mais de Hitler, païen né catholique. Pour l’opinion moy
52 simplement connues !) par nos contemporains, même chrétiens . Il s’en faut de beaucoup, de presque tout, que les arguments d’un Ér
53 udissent ouvertement, mais encore jusque chez les chrétiens , ces arguments se voient réinventés, admis, parfois même prêchés. Le
54 exégétiques discutables, suffit à établir pour le chrétien la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais qui est au c
55 que non plus de l’individu mais de la personne du chrétien  : « Le chrétien est un maître libre sur toutes choses, et n’est soumi
56 l’individu mais de la personne du chrétien : « Le chrétien est un maître libre sur toutes choses, et n’est soumis à personne. Le
57 sur toutes choses, et n’est soumis à personne. Le chrétien est en toutes choses un serviteur, et dépend de tout le monde ». L’éd
58 péché ! Autant dire, d’autre part, que la liberté chrétienne que prêche Luther se confond avec l’idée rationaliste et toute modern
5 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — 6. Le Journal d’André Gide
59 ’à quel point « l’antichristianisme » de Gide est chrétien dans ses déterminations ? Je crois qu’on s’est trop laissé prendre à
60 nel, que Gide retient de cette première éducation chrétienne , l’a mis en garde contre certaines altérations, les plus fréquentes,
61 consiste à se délivrer de cela même que certains chrétiens désireraient lui « révéler ». Le problème de la conversion devient po
62 tisme est intolérable. Et je me sens profondément chrétien . » Ou encore : « Je ne suis ni protestant, ni catholique ; je suis ch
63 Je ne suis ni protestant, ni catholique ; je suis chrétien , tout simplement. » Position caractéristique du protestantisme libéra
64 Kierkegaard, lui aussi, répétait : je ne suis pas chrétien . Mais c’était par désir de sauver une conception pure de la foi, dont
6 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — L’Art poétique de Claudel
65 on de l’homme, la charité cosmique de la personne chrétienne identiquement, c’est alors d’embrasser d’un seul geste, de réunir, de
7 1944, Les Personnes du drame. IV. Une maladie de la personne — 8. Le romantisme allemand
66 ait bien que les mystiques hindous, musulmans, ou chrétiens , ont de tous temps réinventé les mêmes figures de langage pour tradui
67 xpérience mystique générale ne devient proprement chrétienne que dans le cas où l’être aimé, sur la mort duquel on médite, est la