1
ïncidence d’une vocation et d’un individu ; et si
notre
personne toujours impure consiste dans l’approche d’une vocation qui
2
tagonistes de ce drame, l’un seulement tombe sous
notre
sens : c’est l’individu naturel. Encore n’est-il guère isolable de ce
3
e cette œuvre où l’« autre » l’engage. Finalement
nous
ne voyons que l’œuvre, c’est-à-dire le champ clos de la lutte. Nous n
4
l’œuvre, c’est-à-dire le champ clos de la lutte.
Nous
ne serions assurés de voir la personne intégrale dans ses actes, que
5
voir la personne intégrale dans ses actes, que si
nous
étions assurés d’une parfaite identité entre les gestes de l’individu
6
tion (encore faudrait-il croire cette vocation…).
Nous
voyons au contraire une lutte, des résistances et des coups bas. Tout
7
alité historique, telle que l’atteste l’Évangile,
nous
apparaît foncièrement inconcevable. Et les disciples mêmes, qui le vo
8
du Christ incarnée dans Jésus, la foi seule peut
nous
révéler notre vocation singulière, dans le temps qu’agissant par nos
9
carnée dans Jésus, la foi seule peut nous révéler
notre
vocation singulière, dans le temps qu’agissant par nos mains, elle no
10
ocation singulière, dans le temps qu’agissant par
nos
mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous
11
re, dans le temps qu’agissant par nos mains, elle
nous
personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée —
12
u’agissant par nos mains, elle nous personnifie à
notre
tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée — demeure « cachée ave
13
mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi
notre
personne nous demeure cachée — demeure « cachée avec le Christ en Die
14
us personnifie à notre tour. Ainsi notre personne
nous
demeure cachée — demeure « cachée avec le Christ en Dieu » — et ce n’
15
et ce n’est qu’aux yeux de la foi que certains de
nos
actes apparaissent comme attestant notre obéissance à l’Éternel. Cepe
16
ertains de nos actes apparaissent comme attestant
notre
obéissance à l’Éternel. Cependant que l’analyse positiviste pourra to
17
tes des déterminations purement humaines. Mais si
notre
personne reste à nos propres yeux un mystère et une promesse, qu’en s
18
purement humaines. Mais si notre personne reste à
nos
propres yeux un mystère et une promesse, qu’en sera-t-il aux yeux d’a
19
aux yeux d’autrui ? Et de quel droit prétendrons-
nous
discerner dans une œuvre écrite les témoignages d’une vocation qui re
20
n sympathie, de préférence peut-être, avec ce qui
nous
déconcerte en ses démarches. En un mot c’est l’aimer. Réinventer son
21
ormules, elles me parlent, m’expriment. Elles ont
dû
naître, sous la main de leur auteur, d’un mouvement de foi ou de dout
22
econnaît l’Esprit, mais certains signes matériels
nous
serons toujours nécessaires pour fortifier et pour nourrir ses intuit
23
ivains dont la pensée a transformé les données de
nos
vies, je distingue deux grandes familles. Les uns n’agissent que par
24
s oublier d’ailleurs que, selon le mot de Luther,
nous
croyons jouer à la chasse quand, bien souvent, c’est nous qui sommes
25
yons jouer à la chasse quand, bien souvent, c’est
nous
qui sommes chassés ! ⁂ Et ceci sera plutôt une manière de postface :
26
oir. Initiation au drame dont, maintenant c’est à
nous
d’être les personnes. Incipit tragœdia ! Août 1939 1. Rudolf Kassne
27
confrontation serait absurde, j’en conviens. Mais
notre
optique n’est-elle point faussée par un état d’esprit qui voudrait qu
28
nc pas l’aspect littéraire de ces expériences qui
doit
conditionner notre vision. Non point qu’il soit un seul instant négli
29
ttéraire de ces expériences qui doit conditionner
notre
vision. Non point qu’il soit un seul instant négligeable, s’agissant
30
aiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de
notre
condition. Et c’est seulement en passant par une application matériel
31
e la retenue même de l’expression. C’est pourquoi
nous
l’éprouvons plus vivement dans certains passages des Affinités électi
32
uir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je
dois
expier tout cela ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais la vi
33
es viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que
nous
sommes à l’Occident. ». L’Occident, c’est l’esprit incarné. L’incarna
34
sé de toute morale, je suis rendu pu sol, avec un
devoir
à chercher et la réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de
35
tre. Sa vie en Afrique est un second renoncement.
Nous
aurions, nous, combiné tout cela avec un compte-rendu littéraire de l
36
Afrique est un second renoncement. Nous aurions,
nous
, combiné tout cela avec un compte-rendu littéraire de l’aventure… Car
37
é dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est
notre
mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentatio
38
à l’Orient évasif, c’est cela même qui constitue
notre
Occident spirituel. C’est le refus de la « magie »6 qui fonde notre é
39
rituel. C’est le refus de la « magie »6 qui fonde
notre
éthique, et ce dilemme est peut-être le plus important qui se pose à
40
ythe dialectique soit profondément constitutif de
notre
être, l’extension et la diversité de ses aspects le suggèrent. C’est
41
de la définition même d’un tel yoga. Tout savoir
doit
être confirmé par un faire, qui le tait et l’exprime à la fois. Le fa
42
lus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de
notre
vie ne vaut pas en tant qu’il est vrai, mais en tant qu’il signifie q
43
être quelque chose ici-bas, et qui par conséquent
doit
tous les jours travailler, combattre, agir, laisse en paix le monde f
44
te d’être actif et utile en celui-ci. 11 » À quoi
nous
saurons opposer cette confession mémorable : « Nous ne devons profére
45
us saurons opposer cette confession mémorable : «
Nous
ne devons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont ut
46
ns opposer cette confession mémorable : « Nous ne
devons
proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont utiles pour
47
les sont utiles pour le bien du monde. Les autres
nous
devons les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser
48
ont utiles pour le bien du monde. Les autres nous
devons
les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser leur éc
49
du monde. Les autres nous devons les garder pour
nous
; elles seront toujours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que n
50
jours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que
nous
ferons, comme la douce lumière d’un soleil caché 12 ». Écrire, tout e
51
tions de vivre, vers un au-delà de ce temps. Mais
notre
époque veut-elle encore ces évasions ? Elle les reproche au christian
52
hristianisme. Plus goethéenne aussi. Mais gardons-
nous
de tirer de là je ne sais quel critère de jugement qui permettrait de
53
Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui
nous
juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ?
54
e cette pureté et cette grandeur ne tenteront pas
nos
âmes jusqu’à l’agonie ? L’homme ne peut juger que plus bas que lui. C
55
sion qu’humains. La révélation chrétienne déborde
notre
condition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette
56
rtes du Royaume des Cieux… Il reste que les temps
nous
pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous
57
us pressent de toutes parts au choix, jusque dans
nos
admirations, nous pressent d’affecter toute chose, même spirituelle,
58
utes parts au choix, jusque dans nos admirations,
nous
pressent d’affecter toute chose, même spirituelle, d’une sorte de coe
59
des cadres d’une logique statique et cartésienne
nous
porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notr
60
gions nouvelles de l’esprit où l’action redevient
notre
seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres q
61
t notre seul critère de cohérence. C’est dire que
nous
demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine forc
62
nce. C’est dire que nous demandons aux œuvres que
nous
aimons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mo
63
ons de témoigner d’une certaine force de révolte.
Notre
premier mouvement nous porte vers Rimbaud, nous détourne de Goethe. M
64
ertaine force de révolte. Notre premier mouvement
nous
porte vers Rimbaud, nous détourne de Goethe. Mais prenons garde de to
65
Notre premier mouvement nous porte vers Rimbaud,
nous
détourne de Goethe. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme
66
ales héritées des temps révolus. Prenons garde de
nous
laisser convaincre par les seuls éclats d’un fanatisme à vrai dire sp
67
ndre, que l’imprécation de Rimbaud ; et tous deux
nous
contraignent aux tâches immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation
68
s immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation de
notre
réalité. « Il faut être absolument moderne. » 2. Rimbaud a-t-il lu
69
voyer le Faust de Goethe, biblioth. populaire. Ça
doit
coûter un sou de transport. » 3. Conversation avec Eckermann, 4 fév
70
n. 5. Celui qui toujours fait effort. Celui-là
nous
pouvons le sauver. 6. Entendons ici par magie non seulement le reco
71
ecours à des pouvoirs occultes, mais aussi toutes
nos
évasions, idéalistes, spiritualistes, religieuses (il faudrait mettre
72
l’inconnu. Goethe est grand par le rapport, pour
nous
visible, de sa vie et de son œuvre se donnant l’une à l’autre un sens
73
e un sens et une mesure. De nul homme, peut-être,
nous
ne connaissons aussi bien la vie dans son développement organique et
74
e nulle vie, la loi de développement n’apparaît à
nos
yeux plus harmonieuse et plus puissante, au travers d’une richesse in
75
étations et de poussées adventices. Il semble que
nous
assistions au spectacle grandiose de la croissance d’un chêne géant.
76
ne, tout est nature. Et Goethe l’a su. Mais quand
nous
contemplons de loin cet arbre vénérable, aux basses branches parfois
77
omber dans la hauteur comme dans la profondeur. »
Nous
aurons une antithèse presque parfaite. Devant Goethe comme devant Höl
78
rouve être difficilement traduisible en français.
Nous
touchons ici à la constante nationale la moins discutable, le langage
79
que le remède que Goethe s’applique est l’action.
Nous
sommes obligés, si nous voulons éviter tout malentendu, de recourir,
80
s’applique est l’action. Nous sommes obligés, si
nous
voulons éviter tout malentendu, de recourir, pour caractériser sa thé
81
ais cette formule risque de rester assez vague si
nous
ne lui trouvons tout de suite une illustration concrète. Je ne la voi
82
s d’agir sur les choses, quelle utilisation avons-
nous
le droit de faire de ces vérités ? En quoi la magie peut-elle contrib
83
ie des choses, sur lesquelles principalement elle
devait
agir au Moyen Âge. Ce n’est plus pour lui un truc qui opère d’une faç
84
a magie est ainsi, pour Goethe, un remède dont il
doit
arriver à se délivrer. Personne moins que lui n’a choyé son mal. C’es
85
n « individu ». ⁂ Telle est la sagesse de Faust :
nous
n’avons pas besoin d’autres révélations que de celles-là qui nous pou
86
besoin d’autres révélations que de celles-là qui
nous
poussent à réaliser en action notre loi personnelle. Sagesse, pourrai
87
celles-là qui nous poussent à réaliser en action
notre
loi personnelle. Sagesse, pourrait-on dire, médiatrice. Sagesse qui j
88
irrationnelle et d’une utilité générale, il peut
nous
offrir le modèle, la formule et comme le thème dynamique d’une médiat
89
e grandeur. C’est parce que Goethe est grand — et
nous
venons de dire de quelle grandeur, nationale en son origine — qu’il v
90
ndeur, nationale en son origine — qu’il vaut pour
nous
aussi. C’est parce qu’il a été grand qu’une certaine unité allemande
91
e affirmation n’était réellement qu’un truisme de
nos
jours, le problème international se poserait d’une façon très différe
92
es se battent dans la confusion18. C’est pourquoi
notre
tâche — que Goethe eût approuvée — reste de fédérer des différences a
93
toute son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi
nous
pouvons ajouter dix-huit volumes de papiers posthumes, fut composée e
94
que à la lutte contre l’Église établie, lutte qui
devait
le mener à la mort parce qu’elle accomplissait sa vocation chrétienne
95
loppement promis à l’influence de Kierkegaard sur
notre
temps, qui le redécouvre après cent ans. Ce qui est sûr, c’est qu’à l
96
l’époque, comme la plus radicale dénonciation de
nos
lâchetés collectives, de nos compromis spirituels, de nos passions co
97
cale dénonciation de nos lâchetés collectives, de
nos
compromis spirituels, de nos passions courtes et agitées. Sur une pie
98
etés collectives, de nos compromis spirituels, de
nos
passions courtes et agitées. Sur une pierre de cimetière danois, l’on
99
message d’amour meurtri de Kierkegaard traversent
notre
âge comme cette pierre et ce mot gravé, qui ne cessent de nous accuse
100
e cette pierre et ce mot gravé, qui ne cessent de
nous
accuser dans leur silence d’éternité. Trois rapsodies sur des thèmes
101
mir — car pour l’amour, la politique, etc., il ne
doit
pas, bien entendu, rester la moindre place dans une telle existence.
102
dire une propreté d’assez grand style. Cet homme
doit
s’être purifié de cette espèce répugnante de « sérieux » qui s’attach
103
gnante de « sérieux » qui s’attache à certains de
nos
contemporains, de ce « sérieux » qui fait qu’on les salue comme s’ils
104
n respectable, d’une fortune respectée. Mais pour
notre
maniaque, rien n’est sérieux, sinon le jeu, qui est l’affaire de sa v
105
es — ni la duperie qu’elles figurent souvent — ne
doit
pas faire douter de l’existence de la question. À plus forte raison,
106
istence de la question. À plus forte raison, chez
notre
homme, dont l’exigence éthique n’apparaît pas médiocre. Mais s’il s’e
107
eux qui ne peut aboutir qu’à l’échec. Sans cesse,
nous
essayons de « jouer » la vie, de la réduire à un système de conventio
108
ie, de la réduire à un système de conventions qui
nous
rassurent, de la découper en « parties » indépendantes les unes des a
109
règles inventées, et ce découpage arbitraire, que
nous
appelons maintenant la « vie sérieuse ». Aussi n’est-il plus guère po
110
connaître et de séparer le sérieux et le jeu dans
nos
vies, ce qui est vraiment de la personne et ce qui n’est que masque o
111
sérieux. C’était bien vu. Mais en écrivant cela,
notre
auteur était-il sérieux, ou bien ne faisait-il qu’une phrase ? Ce qui
112
e laquelle le temps finira bien par succomber : à
notre
mort, au jugement dernier. Ayant tué en lui toute autre vanité que ce
113
ec ce sérieux infini dont le seul Nietzsche, dans
notre
ère, paraît avoir gardé le sens. Encore, le philosophe du Retour éter
114
fait accompli de l’acte de la foi jette sur tous
nos
sérieux, poses et amusettes, un soupçon d’ironie infiniment plus grav
115
au fond des choses ? C’est toucher les limites de
notre
condition et des idéaux qu’elle invente, et c’est connaître aussi tou
116
qu’elle invente, et c’est connaître aussi toutes
nos
puissances de désordre. Il n’y a de grandeur que dans une vie simple,
117
à la simplicité, jamais native, jamais naïve. Car
nous
naissons dans le péché, c’est-à-dire dans l’inextricable. En sorte qu
118
cable. En sorte que chaque exigence qui paraît en
nous
, nous révèle un complexe nouveau. Et la simplicité ne résulte jamais
119
En sorte que chaque exigence qui paraît en nous,
nous
révèle un complexe nouveau. Et la simplicité ne résulte jamais que d’
120
la simplicité ne résulte jamais que d’un refus de
nous
complaire dans nos données et dans nos virtualités rêvées. La grandeu
121
ulte jamais que d’un refus de nous complaire dans
nos
données et dans nos virtualités rêvées. La grandeur n’entre pas dans
122
refus de nous complaire dans nos données et dans
nos
virtualités rêvées. La grandeur n’entre pas dans une vie par l’extéri
123
s avec un sérieux décisif. Une seule réalité pour
nous
menacer de grandeur. Et c’est la foi, « qui ne vient pas de nous. »
124
grandeur. Et c’est la foi, « qui ne vient pas de
nous
. » Tant que je vis, je vis dans la contradiction, car la vie même es
125
Cela ne résout rien, ou plutôt cela résout toutes
nos
contradictions dans le seul risque d’une dignité ou d’une indignité d
126
est pas une solution, mais la mise en question de
nos
problèmes Simplement parce qu’elle introduit dans notre vie l’exig
127
blèmes Simplement parce qu’elle introduit dans
notre
vie l’exigence incommensurable de l’acte. Ou encore, parce qu’à ce su
128
à ce suprême degré d’accord avec soi-même, auquel
nous
porte notre vocation, correspond le suprême désaccord avec notre vie
129
e degré d’accord avec soi-même, auquel nous porte
notre
vocation, correspond le suprême désaccord avec notre vie dans le mond
130
re vocation, correspond le suprême désaccord avec
notre
vie dans le monde. Qu’est-ce alors que la foi ? Une exagération démes
131
ans sa liberté, et ne connaît plus rien de ce qui
nous
mesure. Cet homme qui marche dans le monde, contre le monde qui ne se
132
estion se pose : qu’est-ce alors qu’un fidèle ? «
Nous
ne pouvons pourtant pas être tous des martyrs ! » — Réponse de Kierke
133
e ne le puis pas. Si c’est folie que tous croient
devoir
l’être, — c’est une folie aussi que nul ne veuille l’être. » 7« Sa
134
lon Kierkegaard « Toute mon activité d’auteur,
nous
dit Kierkegaard, se rapporte à ce seul problème : comment devenir chr
135
vérité, toutes les démonstrations savantes qu’on
nous
a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible
136
avantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour
nous
prouver que l’acte est impossible et que le tout de l’homme est soumi
137
Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin
nous
ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de che
138
a pas de chemin nous ne pouvons marcher, mais si
nous
ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet
139
ons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ
nous
permet seule de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’argum
140
us permet seule de franchir ce cercle enchanté où
nous
maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La f
141
possible, et sur ces lieux règne le désespoir. Il
nous
faut donc agir, si nous voulons la vérité ; agir en vérité, c’est-à-d
142
ux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si
nous
voulons la vérité ; agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ.
143
re que cette forme peut être transformée. Certes,
nous
ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela seul donne u
144
u de l’absurde » ; mais cela seul donne un sens à
nos
vies. Alors, les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’
145
s. Alors, les règles, les morales et les lois qui
nous
disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout po
146
nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles
nous
privaient de tout pouvoir, s’évanouissent et meurent aux pages des li
147
meurent aux pages des livres. Au premier pas que
nous
faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les per
148
des livres. Au premier pas que nous faisons dans
notre
nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les perspectives se dégage
149
s’éclaire et que les perspectives se dégagent. Et
nous
allons connaître maintenant que seul l’acte de foi est création, tran
150
nne attestée, prophétie de l’éternité qui vient à
nous
. 2.Il n’est d’action que prophétique Qu’est-ce que prophétiser,
151
e prophétiser, sinon dire la Parole qui détermine
notre
avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe q
152
existe que dans l’acte, et cet acte devient alors
notre
chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous
153
l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et
notre
loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le
154
te devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi
nous
ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche
155
e loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que
nous
prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et
156
ombres, esclave des lois d’un monde sur lequel il
devrait
régner. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advien
157
pas d’autre tâche31. Le chemin est imprévisible ;
le nôtre
, disons-nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question
158
31. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-
nous
, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : co
159
i prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que
nous
connaissons, c’est pourtant son point de départ. Le chemin commence à
160
rt. Le chemin commence à tout homme qui se met en
devoir
d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe q
161
, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que
nous
considérons le Christ avec des yeux de moralistes, comme une personna
162
, une abstraction, c’est-à-dire quelque chose que
nous
pouvons concevoir sans pour autant nous transformer, et c’est bien la
163
chose que nous pouvons concevoir sans pour autant
nous
transformer, et c’est bien la définition de « l’inactuel ». Se confor
164
il n’existe qu’un seul temps : le présent »33
Nous
ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de
165
de foi qui, supprimant toute distance historique,
nous
rend contemporains de son incarnation. Ainsi l’acte de foi détruit le
166
. Il est ce contact impensable de l’éternité avec
notre
durée, et l’on n’en peut rien dire sinon qu’il s’est produit, et qu’i
167
out instant. C’est là la santé de la foi. 34 » Si
nous
vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y aurait ni passé ni f
168
erait sur le monde et l’unité du genre humain. Si
nous
vivions dans l’obéissance et dans la foi, l’histoire s’arrêterait com
169
ur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais
nous
avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquo
170
st le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et
nous
lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’histoire,
171
nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons
nos
vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’histoire, et dans l’absence,
172
l et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi
nous
vivons dans l’histoire, et dans l’absence, ou dans la nostalgie des t
173
nostalgie des temps qui viennent : c’est pourquoi
nous
n’avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées »
174
pérées », et c’est pourquoi enfin la Parole parmi
nous
, n’est que promesse et vigilante prophétie de l’invisible. De Séir, u
175
ui meurt à ce qui naît, — par le réel. Celui qui
doit
agir, s’il veut juger de soi selon le succès qu’il remporte, n’arrive
176
6.Le contraire de l’acte, c’est le désespoir
Nous
savons tout cela comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire.
177
c’est le désespoir Nous savons tout cela comme
nous
savons qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons tou
178
s qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire,
nous
avons toutes raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est révo
179
oi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple
nos
cités, l’homme sans visage et sans prochain, — sans vocation ! — s’im
180
t ! — soit saisi… Mais l’absolu qui vient toucher
nos
vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs,
181
t saisi… Mais l’absolu qui vient toucher nos vies
nous
meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs, une ruptu
182
d’ailleurs, une rupture de tout drame humain que
nous
puissions prévoir, désirer et décrire ; une rupture et une vision. La
183
mais je vois des visages, où s’agitait la foule.
Nous
ne voyons aucun visage ailleurs que dans l’acte d’aimer. 7.Toute v
184
ssion que les bourgeois ne l’affirment. D’un côté
nous
voyons une foi, de l’autre une mauvaise humeur — et certains pensent
185
n ridicule défaut de sens pratique. Et que disent
nos
auteurs depuis le xixe siècle ? Les mêmes phrases, à peu près, mais
186
ion de défendre ? La biographie de Kierkegaard va
nous
l’apprendre. On commencera par mettre en doute son sérieux : « Qui es
187
orgueil ; n’a-t-il pas écrit que la presse est de
nos
jours l’obstacle décisif à la prédication du christianisme véritable
188
e, mais il faut prendre garde de laisser croire à
nos
contemporains que ce pire ne puisse être aggravé, pour si peu qu’ils
189
onnent. 2.Qu’est-ce que l’esprit ? Donc, on
nous
parle de sauver l’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? « L’esprit, c’est
190
: ce n’est pas une distinction. Et lequel d’entre
nous
peut dire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien savoir de quo
191
Mais tout cela va au martyre, dans le monde qu’on
nous
prépare ? Il se peut, si pourtant Dieu le veut. L’exigence de Kierkeg
192
ouvelle grandeur, la nouvelle mesure de l’esprit.
Nous
irons donc à ce grand solitaire, à ce témoin extrême et décisif dont
193
l’époque, et la terreur que commencent d’y semer
nos
faux dieux, ont réveillé quelques esprits, dont témoigne la renaissan
194
aissance, ou pour mieux dire, la découverte parmi
nous
de cette pensée impitoyable. Remède du pire ? Il fallait bien qu’on s
195
ns le déploiement des faits les plus marquants de
notre
époque, la vérité de l’anathème dont Kierkegaard salua leur naissance
196
l’anathème dont Kierkegaard salua leur naissance.
Nous
nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’o
197
thème dont Kierkegaard salua leur naissance. Nous
nous
tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’origin
198
naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de
nos
malheurs, nous retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en
199
s nous tournons vers ce prophète de nos malheurs,
nous
retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espo
200
eurs, nous retournons à l’origine où il se tient,
nous
mettons en lui notre espoir de trouver un autre chemin : un chemin qu
201
s à l’origine où il se tient, nous mettons en lui
notre
espoir de trouver un autre chemin : un chemin qui ne mène à Rome, ni
202
Kierkegaard est sans doute le penseur capital de
notre
époque, je veux dire : l’objection la plus absolue, la plus fondament
203
applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui
nous
perce ; et si nous sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scand
204
ses pour apaiser ce regard qui nous perce ; et si
nous
sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scandale de cette mort q
205
ette mort qui définit le destin de l’esprit parmi
nous
? Si l’Opinion publique a tué Kierkegaard, elle n’a pas eu de prise s
206
s en l’honneur du Progrès : car tout l’honneur de
notre
temps sera peut-être, par une compensation mystérieuse, d’avoir compr
207
e angoissante mimique. Le rire de Kierkegaard sur
notre
temps ! Dans un monde où règne la masse, règne aussi le sérieux le pl
208
assaut. Ah ! si le rire est le propre de l’homme,
nous
voici devenus bien inhumains. Il semble que chacun porte le poids du
209
? Parce que « la crainte infinie d’un seul danger
nous
rendrait tous les autres inexistants. » Mais cette crainte d’un seul
210
ctement comme si l’Esprit n’existait pas î Serons-
nous
des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons-nous toujours le «
211
des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons-
nous
toujours le « réveil de la masse » pour affirmer que tous ses dieux s
212
es faux dieux ? Mais sont-ils des faux dieux pour
nous
? Appelons-nous vraiment l’esprit ? — Mais non, nous appelons « le rè
213
Mais sont-ils des faux dieux pour nous ? Appelons-
nous
vraiment l’esprit ? — Mais non, nous appelons « le règne de l’esprit
214
s ? Appelons-nous vraiment l’esprit ? — Mais non,
nous
appelons « le règne de l’esprit », c’est bien moins dangereux ; tous
215
ierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) ce qu’on
nous
prêche, est-ce possible ? 2) puis-je le faire ? Deux questions témoig
216
en l’a-t-il fait ? l’a-t-il réellement fait ?49
Nous
posons toujours la dernière question. Nous ne croyons pas à l’Esprit,
217
?49 Nous posons toujours la dernière question.
Nous
ne croyons pas à l’Esprit, nous préférons ne pas scandaliser ; nous c
218
ernière question. Nous ne croyons pas à l’Esprit,
nous
préférons ne pas scandaliser ; nous croyons réellement à l’Opinion pu
219
s à l’Esprit, nous préférons ne pas scandaliser ;
nous
croyons réellement à l’Opinion publique. Nous lisons les journaux, vo
220
r ; nous croyons réellement à l’Opinion publique.
Nous
lisons les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche, nous allons qu
221
Opinion publique. Nous lisons les journaux, voilà
notre
réalité. Le dimanche, nous allons quelquefois à l’église déplorer l’a
222
s les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche,
nous
allons quelquefois à l’église déplorer l’athéisme du monde. « Le Nouv
223
et il apporte sa consolation, et sur ce texte on
nous
fait des sermons, à nous qui n’avons pas voulu souffrir. » Dans l’ég
224
tion, et sur ce texte on nous fait des sermons, à
nous
qui n’avons pas voulu souffrir. » Dans l’église somptueuse paraît le
225
d’un autre. » Car l’apparence de la contradiction
nous
oblige à choisir, fait à la foi sa place, et nous contraint à l’origi
226
nous oblige à choisir, fait à la foi sa place, et
nous
contraint à l’originalité. « Mais quoi, professeurs et disciples ne s
227
siècle, pas d’autre révolution créatrice. Et tous
nos
appels à l’esprit, s’ils ne sont pas ce retour au Réel, ne sont que p
228
ntastique. 5.Le solitaire et les faux dieux
Nous
croyons à la foule, aux races, à l’Histoire (ou plutôt à l’Évolution
229
, au Capital, au jugement de l’Opinion publique ;
nous
croyons au passé, au collectif, à l’avenir, et tout cela n’est rien q
230
’avenir, et tout cela n’est rien que fuite devant
notre
éternel présent, et tout cela n’est que mythologie. Les dieux du sièc
231
oule, c’est qu’elle n’exige rien de lui. La foule
nous
veut tout simplement irresponsables ; par cela seul, nous la flattons
232
t tout simplement irresponsables ; par cela seul,
nous
la flattons, et elle nous reconnaît pour siens. Elle est le lieu de r
233
sables ; par cela seul, nous la flattons, et elle
nous
reconnaît pour siens. Elle est le lieu de rendez-vous des hommes qui
234
time de l’existence individuelle. Chaque fois que
nous
disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre
235
individuelle. Chaque fois que nous disons d’un de
nos
dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démission. La foul
236
nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant,
nous
témoignons de notre démission. La foule n’a pas d’autre existence et
237
nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de
notre
démission. La foule n’a pas d’autre existence et d’autre pouvoir que
238
pas lu Hegel, bien sûr, mais Hegel est dans tous
nos
journaux, Hegel domine le marxisme et le fascisme, il domine l’athéol
239
cile ? ou bien même possible ? Est-ce un effet de
notre
choix, ou un moment de notre vie ? Ils en parlent bien aisément, les
240
? Est-ce un effet de notre choix, ou un moment de
notre
vie ? Ils en parlent bien aisément, les chrétiens…) Quelques athées o
241
s choses afin d’y exaucer (comment et pourquoi ?)
nos
désirs. Cette sorte de providence brute, tout à fait inintelligible,
242
ui ne voit que cette Âme du Monde le tient aussi,
notre
censeur, et jusque dans son scepticisme, lorsqu’il proclame après Aug
243
a d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait
nous
la désigner : elle est dans le refus moderne de cette « catégorie du
244
aux lois de l’Évolution. Kierkegaard au contraire
nous
répète : La subjectivité est la vérité. La liberté, la dignité de l’h
245
puis rêver ma vocation et ses périls… Kierkegaard
nous
attend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis où tous les systè
246
ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. Il
nous
saisit à ce moment précis où tous les systèmes s’évanouissent devant
247
u agiras, si tu agis. Un « moi pur », son premier
devoir
, c’est de persévérer dans son être agissant : en cette extrémité, le
248
i présence au monde. Dans ce temps de la masse où
nous
vivons, le « solitaire devant Dieu » est aussi l’homme le plus réel,
249
. Pour deux raisons, je crois. Qui, d’abord parmi
nous
, oserait affirmer que cette catégorie lui soit si familière qu’il pui
250
rt l’acte du « solitaire » n’est pas de ceux dont
nous
ayons à développer les conséquences. Ou bien il est, et c’est l’acte
251
resse au chrétien comme au seul responsable parmi
nous
. Il sait bien qu’en tous temps le malheur de l’époque ne provient pas
252
: il faut être le solitaire. Kierkegaard peut-il
nous
aider ? Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derniers prétex
253
ierkegaard peut-il nous aider ? Ou bien seulement
nous
a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de nos dernières incertitu
254
aider ? Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de
nos
derniers prétextes, de nos dernières incertitudes sur la nature et su
255
ous a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de
nos
dernières incertitudes sur la nature et sur les exigences concrètes d
256
il pas qu’il ait connu de grandes aides pour oser
nous
montrer la vanité de toutes les nôtres ? Somnium narrare vigilantis e
257
aides pour oser nous montrer la vanité de toutes
les nôtres
? Somnium narrare vigilantis est, dit Sénèque. L’aveu total de notre
258
rare vigilantis est, dit Sénèque. L’aveu total de
notre
désespoir témoigne seul de la consolation. 19. Alleluia : Louez l
259
omplexes, jusqu’à réintroduire dans cette vie que
nous
imaginions si dépouillée, toute la confusion de l’époque. 24. Vie e
260
e sens, la catégorie récemment « découverte » par
nos
psychologues de ce qui « se fait se faisant » est une antilogie chrét
261
ans les choses, mais dans le sujet connaissant »,
nous
retrouvons cette définition du temps comme refus de l’instant et de l
262
d’autre qu’un dernier méfait de la « foule » dans
notre
existence morale. Une question mal posée. Un regard trouble.
263
ne précision proprement angoissante. Il considère
notre
vie quotidienne avec une minutie qu’elle ne supporte guère. L’état d’
264
e guère. L’état d’extrême lucidité que suscite en
nous
cette vision ressemble à s’y méprendre à un cauchemar. Mais alors que
265
la même époque, de délirer méthodiquement, Kafka
nous
ramène sans cesse, avec une sorte d’humour inflexible, à la conscienc
266
mour inflexible, à la conscience la plus sobre de
notre
humaine condition. On dirait qu’il incite ses héros à pratiquer contr
267
strueux55 survenu dans la vie de son héros, Kafka
nous
amène à penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d
268
les préoccupations sociales de Kafka, telles que
nous
les décrit son biographe Max Brod, peuvent nous aider à deviner la na
269
e nous les décrit son biographe Max Brod, peuvent
nous
aider à deviner la nature de son dessein énigmatique. Sa passion de l
270
né le bénéfice d’un mystère dont il s’amuserait à
nous
cacher la clé. Le Procès n’est nullement un conte. Joseph K. pose tou
271
is pas que Kafka ait vécu dans un autre monde que
nous
tous. Tout au plus dans une autre vision, celle de l’homme « arrêté »
272
i laissera plus jamais qu’une liberté provisoire.
Nous
sommes tous arrêtés, il vaudrait mieux le savoir : car nous saurions
273
s tous arrêtés, il vaudrait mieux le savoir : car
nous
saurions alors que réellement il n’y a rien à faire pour nous sauver.
274
s alors que réellement il n’y a rien à faire pour
nous
sauver. (À moins qu’une main nous soit tendue d’ailleurs, et que quel
275
en à faire pour nous sauver. (À moins qu’une main
nous
soit tendue d’ailleurs, et que quelqu’un nous aime et nous « appelle
276
ain nous soit tendue d’ailleurs, et que quelqu’un
nous
aime et nous « appelle », nous adresse une vocation…) Or, pour avouer
277
tendue d’ailleurs, et que quelqu’un nous aime et
nous
« appelle », nous adresse une vocation…) Or, pour avouer le sérieux d
278
, et que quelqu’un nous aime et nous « appelle »,
nous
adresse une vocation…) Or, pour avouer le sérieux dernier, le tragiqu
279
avouer le sérieux dernier, le tragique absolu de
notre
condition, pour avouer qu’on ne peut pas se réveiller de ce cauchemar
280
e Kafka ? ⁂ Dans un appendice au Procès, Max Brod
nous
dit comment il dut arracher à Kafka les écrits que son ami se refusai
281
appendice au Procès, Max Brod nous dit comment il
dut
arracher à Kafka les écrits que son ami se refusait à publier — dont
282
à l’échelle de ses préoccupations religieuses »,
nous
dit-on. Et la critique, gênée, passe outre, ou fait de la psychologie
283
ituations de ce livre ? Est-ce pur hasard si elle
nous
offre les formules qui paraissent le mieux aptes à résumer les princi
284
un juste, pas même un seul », dit l’Écriture. Que
nous
le sachions ou non, nous avons tous failli, et nous sommes tous, virt
285
l », dit l’Écriture. Que nous le sachions ou non,
nous
avons tous failli, et nous sommes tous, virtuellement, des prévenus :
286
us le sachions ou non, nous avons tous failli, et
nous
sommes tous, virtuellement, des prévenus : ce point de départ du Proc
287
-il inaccessible ? Parce qu’il réside au ciel, et
nous
sommes sur la terre : l’instance suprême existe et délibère au-delà d
288
ance suprême existe et délibère au-delà de toutes
nos
imaginations. Comment pourrions-nous lui parler, et que sert de se ju
289
elà de toutes nos imaginations. Comment pourrions-
nous
lui parler, et que sert de se justifier ? Dans cet état d’impuissance
290
justifier ? Dans cet état d’impuissance tragique,
nous
sommes prêts à saisir la moindre invite du mystère. Voici les avocats
291
pirent pas précisément confiance, mais qui sait ?
Nous
n’avons pas le droit de négliger cette chance minime et humiliante. E
292
r cette chance minime et humiliante. Et peu à peu
nous
croyons pressentir qu’ils sont de mèche avec le Juge ! Du moins nous
293
ntir qu’ils sont de mèche avec le Juge ! Du moins
nous
le laissent-ils entendre. C’est peut-être une nouvelle imposture. Mai
294
de prestige, et même d’autant plus envoûtant que
nous
n’avons aucun moyen de vérifier s’il est fondé. Prêtres et mages, der
295
ar moi ». C’est par le Fils que Dieu devient pour
nous
le Père et cesse d’être le Juge lointain. Mais alors l’acquittement e
296
l’arrêt ». Mais c’est aussi grâce à cette foi que
nous
connaissons notre état — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que
297
’est aussi grâce à cette foi que nous connaissons
notre
état — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que nous mesurons le
298
i que nous connaissons notre état — parce qu’elle
nous
permet d’en sortir —, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons
299
at — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que
nous
mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. Or voici la difficult
300
d’en sortir —, que nous mesurons le réel, et que
nous
pouvons l’avouer. Or voici la difficulté : je vois bien dans le Procè
301
lté : je vois bien dans le Procès l’aveu voilé de
notre
état, je vois bien que cet aveu suppose au moins l’entrevision d’une
302
à cette conscience claire du péché que peut seul
nous
donner le pardon, ni à cette certitude du pardon que peut seule nous
303
on, ni à cette certitude du pardon que peut seule
nous
donner la foi. Joseph K. reste donc enfermé dans le cercle mortel de
304
nue du Christ dans l’histoire. Kafka savait qu’il
devait
y avoir un chemin, et cela suffisait à lui faire prendre une conscien
305
libérations mystérieuses qui planent au-dessus de
nous
. Le Procès et Le Château nous présenteraient donc les deux formes — J
306
lanent au-dessus de nous. Le Procès et Le Château
nous
présenteraient donc les deux formes — Justice et Grâce — sous lesquel
307
squelles, selon la Kabbale, la Divinité s’offre à
nous
. » Sans doute peut-on préciser davantage certains éléments de l’allég
308
issidents illuminés. L’auberge inspire le respect
dû
à la richesse et aux coutumes ancestrales, mais Barnabé le réprouvé e
309
uels échecs de la bonne volonté, succès décevants
dus
au hasard ou au caprice d’un fonctionnaire généralement incompétent,
310
Il semble bien que le Château, roman posthume,
devait
se terminer sur un échec de K. qui serait mort d’épuisement sans avoi
311
taines circonstances accessoires. » Max Brod, qui
nous
rapporte cette conclusion projetée par son ami, veut y voir un écho d
312
entiments et des idées demeure seul perceptible à
nos
diverses facultés, et reste le seul monde où nous avons à vivre. Mais
313
nos diverses facultés, et reste le seul monde où
nous
avons à vivre. Mais bien que rien n’y soit changé en apparences, tout
314
ceptés ne sont pas clairs… La transcendance, dans
notre
vie, ne saurait se manifester que sous une forme négative : dans l’an
315
ituels, c’est le rayon traversant la pénombre qui
nous
fait voir les millions de poussières en suspension dans l’air qu’on c
316
l répète avec les sages — lui, le fou — quæ super
nos
, nihil ad nos, et il en tire les conséquences pratiques. Il se canton
317
les sages — lui, le fou — quæ super nos, nihil ad
nos
, et il en tire les conséquences pratiques. Il se cantonne dans la « r
318
crainte d’un Dieu inaccessible, et qui se rit de
notre
lucidité, sans parler de nos efforts tragi-comiques pour le séduire o
319
, et qui se rit de notre lucidité, sans parler de
nos
efforts tragi-comiques pour le séduire ou le duper. Le chevalier de l
320
il est, en fait, autre chose qu’un percepteur61 ?
Nous
sommes ici dans un domaine où l’on ne saurait imaginer de certitude n
321
ut vérifier l’œuvre faite en son nom. Tout ce que
nous
pouvons dire revient à dire au nom de quoi nous agissons, malgré l’«
322
e nous pouvons dire revient à dire au nom de quoi
nous
agissons, malgré l’« absurdité » de notre action, ou ses apparences r
323
de quoi nous agissons, malgré l’« absurdité » de
notre
action, ou ses apparences raisonnables. Le témoignage de bouche, dont
324
motifs derniers, voilà le seul critère humain qui
nous
autoriserait à distinguer chez Goethe, chez Kierkegaard et chez Kafka
325
de Kierkegaard sur son activité d’auteur. Si donc
nous
fûmes parfois tentés d’inférer de ces trois œuvres géniales je ne sai
326
ahissent, l’exemple de Kafka est le plus propre à
nous
rappeler l’avertissement apostolique : « Le Seigneur seul connaît les
327
neur seul connaît les siens. » Tout autrement que
nous
ne les connaissons, voire qu’eux-mêmes ne se sont connus. 55. Par
328
Procès. Il se peut que la tuberculose, dont Kafka
devait
mourir, ait aussi joué un certain rôle. Pourtant, à supposer que l’on
329
revenu maintes fois sur cette idée : que la Bible
doit
être lue comme une lettre qui nous est personnellement adressée, et n
330
: que la Bible doit être lue comme une lettre qui
nous
est personnellement adressée, et non pas comme un récit purement obje
331
59. Celui qui toujours fait effort — Celui-là,
nous
pouvons le sauver. 60. Qu’on lise bien K. et non Kafka. Il ne serai
332
eut-être le De servo arbitrio et le Catéchisme. »
Nous
voici donc, avec le Serf arbitre, de l’aveu même de son auteur, au ce
333
t de la Réforme et de son effort dogmatique. Mais
nous
touchons du même coup au centre du problème le plus ardu que pose l’a
334
sis que dans l’unique et perpétuelle question que
nous
posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité
335
ne sont que les reflets diversement réfractés par
nos
mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, mainte
336
n’ébranlent plus que le vieil homme, celui qu’il
nous
faut dépouiller. Mais il s’en faut de presque tout que les grandes th
337
me soient acceptées (ou simplement connues !) par
nos
contemporains, même chrétiens. Il s’en faut de beaucoup, de presque t
338
p, de presque tout, que les arguments d’un Érasme
nous
apparaissent comme autant de sophismes. Non seulement tous les humani
339
en a pas du tout le monopole : tout catholique se
doit
, en bonne logique, de les faire siens, puisqu’il croit au mérite des
340
raité ? Une verdeur polémique qui peut flatter en
nous
le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une cert
341
subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. (
Nous
ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme ;
342
ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien,
nous
modernes, séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand nous cond
343
séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand
nous
condamnons l’autre, et vice versa.) Mais une fois reconnue cette maît
344
rait le jargon d’aujourd’hui), tout est fait dans
notre
Traité pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne pa
345
r nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire, et
doit
suffire en droit à réfuter l’objection d’un moderne, l’objection parf
346
egaard. La Conscience moderne. — Selon Luther,
nous
n’avons aucune liberté car, en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’
347
uquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors
notre
effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus. Nous refuson
348
ent alors notre effort ? Il ne sert plus de rien.
Nous
n’en ferons plus. Nous refusons de jouer si d’avance le vainqueur a é
349
? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus.
Nous
refusons de jouer si d’avance le vainqueur a été désigné par un arbit
350
désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de
nos
exploits ! Un luthérien. — Mais connais-tu seulement les vraies règl
351
eu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de
nos
actions passées, présentes et futures ; car elles sont dans le temps,
352
u temps sans fin, et refuser l’éternité qui vient
nous
délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant et plein de nou
353
le c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-
nous
de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer qu
354
on ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible
nous
dit qu’elle est la Vie, et notre vie présente n’est qu’une mort à ses
355
te. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et
notre
vie présente n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éter
356
re vie présente n’est qu’une mort à ses yeux. Qui
nous
prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
357
é est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
nous
dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute
358
» de temps, comme l’écrit Paul). Qui t’assure que
notre
raison, tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est cons
359
). Qui t’assure que notre raison, tout attachée à
notre
chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concev
360
que notre raison, tout attachée à notre chair, à
notre
temps où elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce paradoxe
361
eule actuelle ? C’est un mystère plus profond que
notre
vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un m
362
e vie, et la raison n’est qu’un faible élément de
notre
vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment d
363
ndez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui
nous
prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternel
364
l ne connaît pas de temps, il n’est pas lié comme
nous
à une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions
365
é comme nous à une succession. Mais au contraire,
nos
divers temps et successions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
366
essions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
nous
venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit
367
l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui,
nous
retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans
368
s venons de lui, nous retournons à lui, il est en
nous
lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusi
369
l est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans
notre
cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l
370
a Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion
nous
ferait croire qu’une décision de l’Éternel est une décision dans le p
371
le passé ! Alors que c’est elle seule qui définit
notre
présent ! Est-ce que nos objections philosophiques et notre crainte d
372
elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que
nos
objections philosophiques et notre crainte du « fatalisme » ne repose
373
ent ! Est-ce que nos objections philosophiques et
notre
crainte du « fatalisme » ne reposent pas le plus souvent sur cette er
374
ussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe
notre
temps. Dans ce cas tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce
375
e, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut
nous
conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué
376
t nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et
nous
n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative
377
cision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si
nous
avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pos
378
ujours très moraux, et même très pieux qu’invoque
notre
révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois a
379
Credo et son fondement, qui est la Parole dite en
nous
par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or cette Parole est Christ
380
il. II, 12-13) C’est parce que Dieu fait tout que
nous
devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu prév
381
I, 12-13) C’est parce que Dieu fait tout que nous
devons
agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tou
382
Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il
nous
l’a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tout que nous avons en lui
383
a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tout que
nous
avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à c
384
dans les choses du salut. Mais que le Christ ait
dû
mourir pour nous sauver — et la mort est un acte extrême, non pas une
385
s du salut. Mais que le Christ ait dû mourir pour
nous
sauver — et la mort est un acte extrême, non pas une médiation flatte
386
tion flatteuse et humaniste —, cela fait voir que
nous
n’avons aucune liberté possible, que dans la grâce que Dieu nous fait
387
cune liberté possible, que dans la grâce que Dieu
nous
fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision,
388
sque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout
notre
faculté psychologique de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse s
389
loir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à
nous
obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est p
390
e fille publique, comme le répète Luther — ce que
nous
nommons ici un paradoxe demeure une pure et simple absurdité. « Cela
391
ombre ; et que ce Dieu est juste, dont la volonté
nous
rend nécessairement damnables… Mais quoi ! si nous arrivions à compre
392
ous rend nécessairement damnables… Mais quoi ! si
nous
arrivions à comprendre par la raison de quelle manière Dieu est misér
393
e une si terrible colère et injustice, qu’aurions-
nous
besoin de la foi ?… Ce serait un Dieu stupide qui révélerait aux homm
394
rme, à celui que Luther et Paul posent ensemble à
notre
foi. C’est que Nietzsche a poussé comme Luther jusqu’aux extrêmes lim
395
jusqu’aux questions dernières que peut envisager
notre
pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint dès lors que « Dieu
396
luctable. C’est dans cette volonté de reconnaître
notre
irresponsabilité totale, qu’il croit trouver et regagner la dignité s
397
n vient à une épreuve radicale de la vie. Au « tu
dois
» prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme divin
398
ifficulté fondamentale que posent les rapports de
notre
volonté et de l’éternité souveraine, demeure entière. La différence,
399
meure entière. La différence, c’est que Nietzsche
nous
propose d’adorer un Destin muet, tandis que Luther adore une Providen
400
la Parole vivante s’est incarnée. Renversement du
devoir
de la Loi — qui nous condamne, car nous sommes asservis — en un pouvo
401
incarnée. Renversement du devoir de la Loi — qui
nous
condamne, car nous sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui nous l
402
ment du devoir de la Loi — qui nous condamne, car
nous
sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui nous libère, et qui est l
403
nous sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui
nous
libère, et qui est le contenu de la Grâce : « Emmanuel ! Dieu avec no
404
t le contenu de la Grâce : « Emmanuel ! Dieu avec
nous
! » 62. Le paradoxe qui faisait le sujet du court traité de libert
405
le de Dieu est une décision qui a été prise avant
nos
actes, — il y a très longtemps — « de toute éternité, » comme on dit
406
le fixer dans l’une ou l’autre des figures qu’il
nous
révèle au cours de Journal ; mais le malaise du critique commence au-
407
pages s’appliquent à dénoncer d’avance, réduisons-
nous
à des notes de lecture, à quelques réactions impressionnistes. Ce qu
408
onner de soi une idée fausse », c’est bien ce que
devait
éviter Gide, plus jalousement qu’aucun autre. Est-ce vraiment pour le
409
ltérer le naturel ; mais par son excès même, elle
nous
rend attentifs aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous
410
aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est
nous
donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois le secret d’une v
411
toportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter
nos
retouches. ⁂ Parfois le secret d’une vie s’épuise dans l’œuvre : il n
412
a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’il
nous
y livre de lui-même68 — il se peut qu’elles soient dites dans les Cah
413
lettre du dogme l’esprit qui inspire et qualifie
nos
actions quotidiennes, fussent-elles non conformistes. Mais toute mora
414
tholique à un pasteur : « Vous, vous croyez, mais
nous
savons ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de déb
415
e comme une illustration de sa sincérité. Mais il
nous
donne de son auteur une image finalement déformée, faute de retouches
416
ée, faute de retouches « artificielles. » 2. Gide
nous
dit qu’il a supprimé de ses carnets les pages qu’il jugeait trop « éc
417
semble-t-elle dire après Montaigne. Et cependant,
nous
pressentons qu’elle masque une arrière-pensée polémique, certain dési
418
me, elle insinue que la morale est fausse, et que
nos
contradictions sont légitimes. Elle porte ainsi, malgré son intention
419
, bien au contraire, que de déclarer ses valeurs.
Nos
contradictions sont réelles, nos hiérarchies éthiques ne le sont pas
420
rer ses valeurs. Nos contradictions sont réelles,
nos
hiérarchies éthiques ne le sont pas moins, mais celles-ci tendent à r
421
péter que le style est de l’homme même. Il est en
nous
le trait révélateur d’une unité intentionnelle, d’un parti pris aussi
422
Gide reste un puritain du style. Peut-être tenons-
nous
ici le principe de l’intime hiérarchie révélatrice de sa personne. Ce
423
qui sépare de la sienne ma génération littéraire.
Notre
culture est beaucoup plus philosophique — je simplifie — que littérai
424
e, loin de là. Mais les problèmes qui se posent à
nous
, nous n’avons pas pu les choisir, et moins encore les circonscrire da
425
n de là. Mais les problèmes qui se posent à nous,
nous
n’avons pas pu les choisir, et moins encore les circonscrire dans un
426
r morale, qui est l’esthétique. Les problèmes qui
nous
sont posés nous contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos
427
t l’esthétique. Les problèmes qui nous sont posés
nous
contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts naturels.
428
contraignent parfois davantage qu’ils ne servent
nos
goûts naturels. D’où le danger de didactisme que nous courons tous pl
429
goûts naturels. D’où le danger de didactisme que
nous
courons tous plus ou moins. À cet égard, il m’apparaît que la leçon d
430
e-artisan de la langue plus que l’immoraliste qui
nous
importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Ceci n’exclut d
431
e plus que l’immoraliste qui nous importe, et qui
nous
intéresse au double sens du mot. Ceci n’exclut d’ailleurs aucun revir
432
illeurs aucun revirement dans les générations qui
nous
suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple
433
rations qui nous suivront : je prévois le jour où
nos
cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies
434
nous suivront : je prévois le jour où nos cadets
nous
opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies orgueilleuse
435
eut plus le distinguer des formes qu’il propose à
notre
vue. Il s’est transformé en domaine. Il faut le lire comme un visage.
436
la lumière qui crée les formes en même temps que
notre
œil. « La vérité est une pensée matérialisée, la vérité doit exister
437
La vérité est une pensée matérialisée, la vérité
doit
exister non seulement en nous, mais devant nous. Non seulement elle d
438
rialisée, la vérité doit exister non seulement en
nous
, mais devant nous. Non seulement elle doit avoir un commencement et u
439
é doit exister non seulement en nous, mais devant
nous
. Non seulement elle doit avoir un commencement et une fin, mais des c
440
ent en nous, mais devant nous. Non seulement elle
doit
avoir un commencement et une fin, mais des contours, et non seulement
441
t des contours, mais un relief et un volume. Elle
doit
non seulement être vue, mais touchée et puis embrassée, puis finaleme
442
z : les choses « viennent », le monde « vient » à
nous
, le ciel, le lac et les montagnes « viennent » ; et on les voit venir
443
’est d’abord une apparition, — une image venant à
nous
. « …On les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour et ils
444
nt tangible, le matériel lisible et significatif.
Nous
sommes au foyer permanent de l’incarnation des images — ou de la créa
445
non la nature naturée, mais la nature naturante. (
Nous
pourrons dire aussi, un peu plus tard, que l’imagination figure le se
446
ment ne point penser au livre de Job — dont Ramuz
nous
a traduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime entièr
447
us de choses, c’est une tromperie. C’est pourquoi
nos
journaux contiennent tant de mensonges, surtout lorsqu’ils essaient d
448
ver la langue à son état naissant, dont la chimie
nous
dit qu’il est l’état de virulence extrême. Les journalistes et l’écol
449
e ont décontenancé le langage, et par là même ils
nous
démoralisent plus sûrement que ne font les scandales qu’ils dénoncent
450
, je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et
nous
aurions enfin un langage châtié, comme on disait dans les salons, au
451
redouté était celui du goût. (On le dit encore de
nos
jours, mais le goût n’est plus que poncif.) La même volonté d’incarna
452
e, non point sur les modèles généraux que l’école
nous
a mis dans la tête. Presque toutes les singularités de son style s’ex
453
xpliquent par cette seule intention de concentrer
notre
vision sur l’objet brut et sur le sentiment élémentaire. Ainsi ses ch
454
n du monde (Présence de la mort, Les Signes parmi
nous
), mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial (Séparation des race
455
e du génie racial (Séparation des races, Chant de
notre
Rhône), mythe de la rédemption par la souffrance d’une femme (La Guér
456
giner et de penser dans l’ordre de l’incarnation,
devait
le conduire à créer un milieu où tout être se traduisît immédiatement
457
nd mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple
nous
parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit de celle du pays
458
l’incarnation du mythe. ⁂ Voyez les Signes parmi
nous
. Dans la simplicité de son sujet, ce récit réalise d’une manière exem
459
fascinante monotonie73. Un art dont la mesure ne
doit
pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans
460
e de ce livre lue avec la lenteur qu’elle impose,
nous
replace dans une vision grande et efficace des gestes les plus simple
461
l’arrêt absolu : le Jugement dernier. Le sens de
notre
crise du xxe siècle apparaît ainsi manifeste : un jugement sur tous
462
e l’interrogation que la réussite couvrait. Où va
notre
or, en réalité ? (dans quelle direction principale ?) Où tend notre a
463
té ? (dans quelle direction principale ?) Où tend
notre
action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et n
464
re action centuplée par les machines ? Où tendent
nos
métaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés
465
ar les machines ? Où tendent nos métaphysiques et
nos
philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés aux questions simple
466
étaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?…
Nous
voici ramenés aux questions simples, et réputées grossières. Nous ver
467
és aux questions simples, et réputées grossières.
Nous
verrons tout à l’heure dans quel esprit Ramuz les pose, et que précis
468
uable que ceux dont la fonction serait d’exprimer
notre
civilisation, en un temps où elle se trouve brutalement mise en quest
469
le entendre pour la première fois la voix d’un de
nos
aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions d’u
470
ière fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant
notre
destin, lui poser en face des questions d’une accablante simplicité.
471
rte qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de
nous
rien d’exquis ni d’original, mais qui bien au contraire nous plongent
472
’exquis ni d’original, mais qui bien au contraire
nous
plongent dans l’humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le t
473
emple, non plus en termes curieux ou convenables.
Nous
recherchons désormais ceux qui savent dévisager notre condition la pl
474
s recherchons désormais ceux qui savent dévisager
notre
condition la plus nue. « Alors on voit paraître le grand, c’est-à-dir
475
e le sentiment de savoir par avance tout ce qu’il
doit
en dire. Je n’ai pu me défendre de cette impression à la lecture de T
476
et une portée humaine dont les bourgeois eussent
dû
concevoir plus de crainte que de satisfaction. Ramuz fait au système
477
figurent la réalité. Une œuvre comme Adam et Ève
nous
le fait voir tout aussi bien que Taille de l’homme : Ramuz est présen
478
rises avec certaine idée de l’homme dans sa tête,
nous
dirons que ce sont les deux moitiés d’une figure. Mais cette figure e
479
le, ce n’est guère celui que les photos du modèle
nous
montrent. Le nez est d’ordinaire l’élément le plus impersonnel dans u
480
peut-être russe, nullement vaudois. Ceci marqué,
nous
restons en présence d’une espèce de symbole de Ramuz. Je dirai presqu
481
te large bouche que la moustache ne réussit pas à
nous
cacher, trahit une sensualité qui s’opposera chez Ramuz à tout excès
482
le résumé critique de la figure n’a pas su dire,
nous
le retrouvons indiqué dans le chapeau, le verre, la lampe. Nous retro
483
vons indiqué dans le chapeau, le verre, la lampe.
Nous
retrouvons le petit café vaudois autour duquel tourne la vie du pays
484
ne la vie du pays recréé par Ramuz. Le « chant de
notre
Rhône », le vin blanc du Valais, des côtes de Laveaux et de la vallée
485
re. Mais il ne faut pas oublier que la culture de
notre
temps n’est plus du tout ce qu’elle était au temps de Goethe. Plus en
486
réactionnaire de Ramuz, dans les contingences où
nous
sommes soit, plus qu’il n’y paraît, conforme à l’éducation goethéenne
487
, aux objets de vitrines, à la poésie poétique, à
nos
formes habituées. Il prétend qu’il lui a fallu quinze ans pour découv
488
n coule en bronze, — à cela, à nulle autre chose.
Nous
atteignons pour un instant à l’homme des commencements, à l’homme d’a
489
on, où on sent bien qu’on est (car rien autour de
nous
n’est vraiment éclos, vraiment abouti ; aucune musique n’est parfaite
490
de son apparition. Aussi bien la suite du passage
nous
ramène au niveau proprement ramuzien : « J’ai la haine du confort. J’
491
est sa présence active au monde. Toute résistance
nous
oblige à être présent. Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue
492
et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe à
nos
prises. Ainsi fait Goethe ; et telle est sa vertu. Mais notre siècle
493
. Ainsi fait Goethe ; et telle est sa vertu. Mais
notre
siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas e
494
lte, mais au nom d’une Vérité plus forte que tous
nos
idéals. Maintenant il y va de notre tout. La question dernière est po
495
forte que tous nos idéals. Maintenant il y va de
notre
tout. La question dernière est posée : celle de notre origine décisiv
496
e tout. La question dernière est posée : celle de
notre
origine décisive. Le silence perd alors son pouvoir ; mais la parole
497
mble de nous-mêmes il s’agit d’autre chose que de
nous
. « Tout notre embrassement n’est qu’une question81 ». Or une question
498
mêmes il s’agit d’autre chose que de nous. « Tout
notre
embrassement n’est qu’une question81 ». Or une question ne peut être
499
ue si l’on sait que la réponse existe. Il fallait
nous
apprendre cet embrassement, cette saisie des choses et des êtres, cet
500
omme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de
nos
maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, nous attendons qu’il ai
501
nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre,
nous
attendons qu’il aille jusqu’au tenue. Le fondement dernier de la pers
502
oncret. Mais ses racines plongent dans la vérité.
Nous
aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que
503
ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi,
nous
dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se
504
té. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ».
Nous
ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secret, fût-
505
laïque. Rien n’est plus facile à concevoir, dans
notre
état social, qu’un patriote qui, entre deux discours nationalistes, s
506
oit s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de
nos
loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de faire. Un gémis
507
que de Port-Royal, dont Claudel s’il est réaliste
doit
récuser la principale82, peut néanmoins servir à préciser ce qui oppo
508
rmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à
nos
pensées de circuler. Claudel se donne un règlement, et il observe les
509
ord la parole ! Mais l’usure des mots les édente,
notre
langage est débrayé. Comment rétablir le contact ? Claudel n’écrira p
510
e serait aggraver d’une sottise cette Séparation,
notre
péché, contre laquelle toute l’œuvre de Claudel se soulève à l’appel
511
que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est pas
notre
monde tel qu’il est 84 mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié so
512
e. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est 84 mais
notre
monde tel qu’il est sauvé, relié solidement par la Promesse et remis
513
ole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en
nous
l’état de co-naissance qui répond à la présence sensible des choses m
514
ète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. »
Nous
voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est le « sceau de l
515
iennent « mettre au pas » le langage — ou saurons-
nous
à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 84. Il importe
516
tre au pas » le langage — ou saurons-nous à temps
nous
débrouiller et nous entendre librement ? 84. Il importe de le soulig
517
age — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et
nous
entendre librement ? 84. Il importe de le souligner, précisément à p
518
originel entre la nature et la grâce. L’Évangile
nous
le dit formellement : la chair n’héritera pas le Royaume à venir. a.
519
nd après le siècle des Lumières. Ainsi renaissent
nos
soifs mystiques élémentaires après un siècle de science positiviste.
520
, l’angoisse et la folie soient moins réelles que
nos
sagesses tyranniques ? « Songe est mensonge » décrétait la raison. Ma
521
nge est mensonge » décrétait la raison. Mais elle
nous
a laissés sur notre faim. Le songe, au contraire, nous propose des pa
522
décrétait la raison. Mais elle nous a laissés sur
notre
faim. Le songe, au contraire, nous propose des paradis et des terreur
523
a laissés sur notre faim. Le songe, au contraire,
nous
propose des paradis et des terreurs d’une intensité séduisante. Serai
524
e individuelle ». Mais quelle est cette réalité ?
Notre
Nature profonde ou la Divinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mê
525
é ? Notre Nature profonde ou la Divinité ? « Plus
nous
nous retirons en nous-mêmes, nous détournant des apparences, et plus
526
otre Nature profonde ou la Divinité ? « Plus nous
nous
retirons en nous-mêmes, nous détournant des apparences, et plus nous
527
vinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mêmes,
nous
détournant des apparences, et plus nous pénétrons dans la nature des
528
us-mêmes, nous détournant des apparences, et plus
nous
pénétrons dans la nature des choses qui sont hors de nous », affirme
529
étrons dans la nature des choses qui sont hors de
nous
», affirme un des théoriciens du romantisme, Ignaz Troxler. Mais enco
530
: s’agit-il vraiment des choses qui sont hors de
nous
, ou bien seulement des choses qui, en nous, étaient restées secrètes
531
ors de nous, ou bien seulement des choses qui, en
nous
, étaient restées secrètes pour la conscience ? Tieck pose très nettem
532
ce ? Tieck pose très nettement la question : « Il
nous
faudrait savoir jusqu’à quel point nos songes nous appartiennent ». Q
533
on : « Il nous faudrait savoir jusqu’à quel point
nos
songes nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous
534
ous faudrait savoir jusqu’à quel point nos songes
nous
appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous jouons de n
535
quel point nos songes nous appartiennent ». Quand
nous
rêvons « est-ce nous qui nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main
536
nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce
nous
qui nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main d’en haut brasse-t-el
537
artiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui
nous
jouons de nous-mêmes, ou bien une main d’en haut brasse-t-elle les ca
538
images inconnues, qui se jettent à la traverse de
nos
idées d’une manière si brusque et si saisissante ? » De là à penser q
539
supra-terrestre » ; ou encore : « Ce qui rêve en
nous
, c’est l’Esprit à l’instant où il descend dans la matière », mais c’e
540
nt il vit ! Croire que le rêve ne révèle rien que
nos
secrets, ce serait tomber dans le freudisme. Croire qu’il révèle auss
541
toute clarté — ruse vitale pour des poètes — tout
nous
porte à penser qu’ils sont plus proches des mystiques que des psychan
542
e crucial de toute définition de la personne. Car
nous
sommes constamment tentés d’assimiler le Moi profond et ses secrètes
543
à l’affût des « surprises pleines de sens » dont
nous
parlent aussi les mystiques. Une autre analogie assez frappante, c’es
544
r traduire l’ineffable qu’ils vivaient86. Et ceci
nous
amène au problème central : celui de l’expression d’un indicible. Il
545
entral : celui de l’expression d’un indicible. Il
nous
faut dépasser ici le domaine circonscrit du rêve. Les romantiques, d’
546
ilence absolu ; et pourtant — voici le paradoxe —
nous
voyons bien que les grands mystiques, et après eux les grands romanti
547
par des figures, qui, n’étant jamais suffisantes,
doivent
être inépuisablement multipliées. Disons-le sans la moindre irrévéren
548
ment me souleva tout entier… » Peut-être touchons-
nous
ici le mystère même, la source inépuisable, le point originel et fasc
549
héorie de l’Inspiration — tellement vulgarisée de
nos
jours qu’on en oublie l’origine mystique. « Le poète et le rêveur son
550
st plus permis : l’analogie purement formelle que
nous
décrivions jusqu’ici devient une profonde identité. L’intervention de
551
ité. L’intervention de la catégorie « passivité »
nous
fait comprendre la nature du Silence et de l’indicible dont nous parl
552
endre la nature du Silence et de l’indicible dont
nous
parlaient mystiques et romantiques : c’est la négation et la mort du
553
’Absence de toute créature, de toute forme. » Car
nous
ne percevons et n’exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pr
554
ivers et le distinct, ce qui a pris forme, ce que
notre
conscience a séparé du Tout. Et c’est cela qui constitue notre réalit
555
nce a séparé du Tout. Et c’est cela qui constitue
notre
réalité de tous les jours. Pour rejoindre le Tout et l’Unité, il s’ag
556
» IIL’Être en exil Ce sentiment d’exil que
nous
trouvons à l’origine des expériences mystiques les plus diverses, d’o
557
e ? On aura bientôt fait de répondre en alléguant
notre
double nature, corporelle et spirituelle. Mais d’une constatation si
558
rmis — comme on l’admet un peu trop facilement de
nos
jours — de tirer de l’étude des maladies une vue nouvelle sur les str
559
sur les structures de l’homme, peut-être pouvons-
nous
demander à la biographie des romantiques quelques lumières sur les my
560
Moritz écrivit deux romans autobiographiques qui
nous
permettent de pénétrer l’intimité d’une expérience prémystique. (Ou f
561
ec le fait de vivre en général. D’où l’idée qu’il
doit
expier la faute qu’il n’a commise que par son existence même. Un phil
562
si le poids de son existence l’eût accablé. Qu’il
dût
, jour pour jour, se lever avec lui-même, se coucher avec lui-même, tr
563
r avec lui, à chaque pas, son moi détesté … qu’il
dût
désormais inexorablement être lui-même … cette idée le plongea peu à
564
t douloureux. Il faudra donc chercher au-delà. Et
nous
avons vu que le rêve, ou la descente au fond de l’inconscient, représ
565
’individu naturel. Revenons une dernière fois sur
nos
définitions. La personne est en nous l’être spirituel, responsable d’
566
ière fois sur nos définitions. La personne est en
nous
l’être spirituel, responsable d’une vocation, et trouvant là son unit
567
à une réalité qui souvent ne tient pas compte de
nos
raisons, il s’impose une sorte d’ascèse qui le libère des servitudes
568
lieu que le romantique voulait s’en évader. Elle
nous
rend enfin responsable vis-à-vis de notre prochain, et c’est à quoi l
569
er. Elle nous rend enfin responsable vis-à-vis de
notre
prochain, et c’est à quoi l’on peut reconnaître la légitimité d’une v
570
la santé de la foi fonde la vraie personne, elle
doit
fonder aussi la vraie communauté. Et à l’inverse, toute maladie de la
571
uté. Et à l’inverse, toute maladie de la personne
doit
affecter la collectivité. Ainsi décrire un phénomène de masses en ter
572
national-socialiste en partant des catégories que
nous
venons de dégager, et qui signalent la maladie romantico-mystique de
573
rde et injurieux pour ces poètes. Mais je dis que
nous
pouvons retrouver au niveau inférieur et collectif qui est celui de l
574
naziste, des processus fort analogues à ceux que
nous
avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de rev
575
cause de l’orgueil national). C’est le monde qui
doit
être mal fait, car nous y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les
576
onal). C’est le monde qui doit être mal fait, car
nous
y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les fils des vertueux Germa
577
qui doit être mal fait, car nous y sommes brimés,
nous
qui pourtant sommes les fils des vertueux Germains ! Et de ce sentime
578
but que les Allemands n’ont pas perdu la guerre),
doit
résulter un sentiment de manque d’assurance nationale. La vraie Allem
579
Ersatz de l’au-delà. Nions donc cette réalité qui
nous
opprime si méticuleusement, tous ces articles du traité qui nous accu
580
méticuleusement, tous ces articles du traité qui
nous
accusent, toutes ces règles du jeu politique inventées par des ration
581
itique inventées par des rationalistes, alors que
nous
voulons une passion nouvelle ! Et de même que le romantique oubliait
582
remplace la vérité mesquine des juristes. Et cela
nous
fait comprendre bien des choses à première vue sans liens intimes : l
583
faitement les vrais ressorts du régime hitlérien.
Nous
n’étions plus en présence de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par s
584
a vie, et qui était sa mission millénaire. « Chez
nous
, proclamait Goebbels, on n’impose pas au peuple des opinions diverses
585
peuple des opinions diverses entre lesquelles il
devrait
choisir : le peuple n’aime pas à choisir, il aime qu’on lui présente
586
qu’on lui présente une opinion juste… D’ailleurs
notre
politique est une politique d’artistes. Le Führer est un artiste de l
587
ieuse bien plus que politique, et dont les causes
doivent
être recherchées au plus secret de la conscience allemande, dans le d
588
la réalité quand il retrouve dans les figures de
nos
rêves les symboles religieux fondamentaux des époques les plus reculé
589
e la mort », et c’est uniquement dans la mort que
nous
pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 89. On ne saurait trop insis