1 1944, Les Personnes du drame. Introduction
1 ïncidence d’une vocation et d’un individu ; et si notre personne toujours impure consiste dans l’approche d’une vocation qui
2 tagonistes de ce drame, l’un seulement tombe sous notre sens : c’est l’individu naturel. Encore n’est-il guère isolable de ce
3 e cette œuvre où l’« autre » l’engage. Finalement nous ne voyons que l’œuvre, c’est-à-dire le champ clos de la lutte. Nous n
4 l’œuvre, c’est-à-dire le champ clos de la lutte. Nous ne serions assurés de voir la personne intégrale dans ses actes, que
5 voir la personne intégrale dans ses actes, que si nous étions assurés d’une parfaite identité entre les gestes de l’individu
6 tion (encore faudrait-il croire cette vocation…). Nous voyons au contraire une lutte, des résistances et des coups bas. Tout
7 alité historique, telle que l’atteste l’Évangile, nous apparaît foncièrement inconcevable. Et les disciples mêmes, qui le vo
8 du Christ incarnée dans Jésus, la foi seule peut nous révéler notre vocation singulière, dans le temps qu’agissant par nos
9 carnée dans Jésus, la foi seule peut nous révéler notre vocation singulière, dans le temps qu’agissant par nos mains, elle no
10 ocation singulière, dans le temps qu’agissant par nos mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous
11 re, dans le temps qu’agissant par nos mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée — 
12 u’agissant par nos mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée — demeure « cachée ave
13 mains, elle nous personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée — demeure « cachée avec le Christ en Die
14 us personnifie à notre tour. Ainsi notre personne nous demeure cachée — demeure « cachée avec le Christ en Dieu » — et ce n’
15 et ce n’est qu’aux yeux de la foi que certains de nos actes apparaissent comme attestant notre obéissance à l’Éternel. Cepe
16 ertains de nos actes apparaissent comme attestant notre obéissance à l’Éternel. Cependant que l’analyse positiviste pourra to
17 tes des déterminations purement humaines. Mais si notre personne reste à nos propres yeux un mystère et une promesse, qu’en s
18 purement humaines. Mais si notre personne reste à nos propres yeux un mystère et une promesse, qu’en sera-t-il aux yeux d’a
19 aux yeux d’autrui ? Et de quel droit prétendrons- nous discerner dans une œuvre écrite les témoignages d’une vocation qui re
20 n sympathie, de préférence peut-être, avec ce qui nous déconcerte en ses démarches. En un mot c’est l’aimer. Réinventer son
21 ormules, elles me parlent, m’expriment. Elles ont naître, sous la main de leur auteur, d’un mouvement de foi ou de dout
22 econnaît l’Esprit, mais certains signes matériels nous serons toujours nécessaires pour fortifier et pour nourrir ses intuit
23 ivains dont la pensée a transformé les données de nos vies, je distingue deux grandes familles. Les uns n’agissent que par
24 s oublier d’ailleurs que, selon le mot de Luther, nous croyons jouer à la chasse quand, bien souvent, c’est nous qui sommes
25 yons jouer à la chasse quand, bien souvent, c’est nous qui sommes chassés ! ⁂ Et ceci sera plutôt une manière de postface :
26 oir. Initiation au drame dont, maintenant c’est à nous d’être les personnes. Incipit tragœdia ! Août 1939 1. Rudolf Kassne
2 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 1. Le silence de Goethe
27 confrontation serait absurde, j’en conviens. Mais notre optique n’est-elle point faussée par un état d’esprit qui voudrait qu
28 nc pas l’aspect littéraire de ces expériences qui doit conditionner notre vision. Non point qu’il soit un seul instant négli
29 ttéraire de ces expériences qui doit conditionner notre vision. Non point qu’il soit un seul instant négligeable, s’agissant
30 aiblesse du corps le ramène à l’aspect concret de notre condition. Et c’est seulement en passant par une application matériel
31 e la retenue même de l’expression. C’est pourquoi nous l’éprouvons plus vivement dans certains passages des Affinités électi
32 uir de la vie des dieux et m’y égaler… combien je dois expier tout cela ! » Faust se reprend au seuil de la mort. Mais la vi
33 es viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. ». L’Occident, c’est l’esprit incarné. L’incarna
34 sé de toute morale, je suis rendu pu sol, avec un devoir à chercher et la réalité rugueuse à étreindre. » C’est le cri même de
35 tre. Sa vie en Afrique est un second renoncement. Nous aurions, nous, combiné tout cela avec un compte-rendu littéraire de l
36 Afrique est un second renoncement. Nous aurions, nous , combiné tout cela avec un compte-rendu littéraire de l’aventure… Car
37 é dans la réalisation de leur destin. Rimbaud est notre mythe occidental : mythe faustien. Il a vécu tragiquement la tentatio
38 à l’Orient évasif, c’est cela même qui constitue notre Occident spirituel. C’est le refus de la « magie »6 qui fonde notre é
39 rituel. C’est le refus de la « magie »6 qui fonde notre éthique, et ce dilemme est peut-être le plus important qui se pose à
40 ythe dialectique soit profondément constitutif de notre être, l’extension et la diversité de ses aspects le suggèrent. C’est
41 de la définition même d’un tel yoga. Tout savoir doit être confirmé par un faire, qui le tait et l’exprime à la fois. Le fa
42 lus hautes de l’existence terrestre. « Un fait de notre vie ne vaut pas en tant qu’il est vrai, mais en tant qu’il signifie q
43 être quelque chose ici-bas, et qui par conséquent doit tous les jours travailler, combattre, agir, laisse en paix le monde f
44 te d’être actif et utile en celui-ci. 11 » À quoi nous saurons opposer cette confession mémorable : « Nous ne devons profére
45 us saurons opposer cette confession mémorable : «  Nous ne devons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont ut
46 ns opposer cette confession mémorable : « Nous ne devons proférer les plus hautes maximes qu’autant qu’elles sont utiles pour
47 les sont utiles pour le bien du monde. Les autres nous devons les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser
48 ont utiles pour le bien du monde. Les autres nous devons les garder pour nous ; elles seront toujours là pour diffuser leur éc
49 du monde. Les autres nous devons les garder pour nous  ; elles seront toujours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que n
50 jours là pour diffuser leur éclat sur tout ce que nous ferons, comme la douce lumière d’un soleil caché 12 ». Écrire, tout e
51 tions de vivre, vers un au-delà de ce temps. Mais notre époque veut-elle encore ces évasions ? Elle les reproche au christian
52 hristianisme. Plus goethéenne aussi. Mais gardons- nous de tirer de là je ne sais quel critère de jugement qui permettrait de
53 Rimbaud. C’est la pureté démesurée de Rimbaud qui nous juge, et la grandeur humaine de Goethe. Et qui voudrait les opposer ?
54 e cette pureté et cette grandeur ne tenteront pas nos âmes jusqu’à l’agonie ? L’homme ne peut juger que plus bas que lui. C
55 sion qu’humains. La révélation chrétienne déborde notre condition, si elle la comble par ailleurs. Ce critère du salut, cette
56 rtes du Royaume des Cieux… Il reste que les temps nous pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous
57 us pressent de toutes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous pressent d’affecter toute chose, même spirituelle,
58 utes parts au choix, jusque dans nos admirations, nous pressent d’affecter toute chose, même spirituelle, d’une sorte de coe
59 des cadres d’une logique statique et cartésienne nous porte en des régions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notr
60 gions nouvelles de l’esprit où l’action redevient notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres q
61 t notre seul critère de cohérence. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine forc
62 nce. C’est dire que nous demandons aux œuvres que nous aimons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mo
63 ons de témoigner d’une certaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porte vers Rimbaud, nous détourne de Goethe. M
64 ertaine force de révolte. Notre premier mouvement nous porte vers Rimbaud, nous détourne de Goethe. Mais prenons garde de to
65 Notre premier mouvement nous porte vers Rimbaud, nous détourne de Goethe. Mais prenons garde de tomber dans un conformisme
66 ales héritées des temps révolus. Prenons garde de nous laisser convaincre par les seuls éclats d’un fanatisme à vrai dire sp
67 ndre, que l’imprécation de Rimbaud ; et tous deux nous contraignent aux tâches immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation
68 s immédiates, c’est-à-dire : à l’actualisation de notre réalité. « Il faut être absolument moderne. » 2. Rimbaud a-t-il lu
69 voyer le Faust de Goethe, biblioth. populaire. Ça doit coûter un sou de transport. » 3. Conversation avec Eckermann, 4 fév
70 n. 5. Celui qui toujours fait effort. Celui-là nous pouvons le sauver. 6. Entendons ici par magie non seulement le reco
71 ecours à des pouvoirs occultes, mais aussi toutes nos évasions, idéalistes, spiritualistes, religieuses (il faudrait mettre
3 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 2. Goethe médiateur
72 l’inconnu. Goethe est grand par le rapport, pour nous visible, de sa vie et de son œuvre se donnant l’une à l’autre un sens
73 e un sens et une mesure. De nul homme, peut-être, nous ne connaissons aussi bien la vie dans son développement organique et
74 e nulle vie, la loi de développement n’apparaît à nos yeux plus harmonieuse et plus puissante, au travers d’une richesse in
75 étations et de poussées adventices. Il semble que nous assistions au spectacle grandiose de la croissance d’un chêne géant.
76 ne, tout est nature. Et Goethe l’a su. Mais quand nous contemplons de loin cet arbre vénérable, aux basses branches parfois
77 omber dans la hauteur comme dans la profondeur. » Nous aurons une antithèse presque parfaite. Devant Goethe comme devant Höl
78 rouve être difficilement traduisible en français. Nous touchons ici à la constante nationale la moins discutable, le langage
79 que le remède que Goethe s’applique est l’action. Nous sommes obligés, si nous voulons éviter tout malentendu, de recourir,
80 s’applique est l’action. Nous sommes obligés, si nous voulons éviter tout malentendu, de recourir, pour caractériser sa thé
81 ais cette formule risque de rester assez vague si nous ne lui trouvons tout de suite une illustration concrète. Je ne la voi
82 s d’agir sur les choses, quelle utilisation avons- nous le droit de faire de ces vérités ? En quoi la magie peut-elle contrib
83 ie des choses, sur lesquelles principalement elle devait agir au Moyen Âge. Ce n’est plus pour lui un truc qui opère d’une faç
84 a magie est ainsi, pour Goethe, un remède dont il doit arriver à se délivrer. Personne moins que lui n’a choyé son mal. C’es
85 n « individu ». ⁂ Telle est la sagesse de Faust : nous n’avons pas besoin d’autres révélations que de celles-là qui nous pou
86 besoin d’autres révélations que de celles-là qui nous poussent à réaliser en action notre loi personnelle. Sagesse, pourrai
87 celles-là qui nous poussent à réaliser en action notre loi personnelle. Sagesse, pourrait-on dire, médiatrice. Sagesse qui j
88 irrationnelle et d’une utilité générale, il peut nous offrir le modèle, la formule et comme le thème dynamique d’une médiat
89 e grandeur. C’est parce que Goethe est grand — et nous venons de dire de quelle grandeur, nationale en son origine — qu’il v
90 ndeur, nationale en son origine — qu’il vaut pour nous aussi. C’est parce qu’il a été grand qu’une certaine unité allemande
91 e affirmation n’était réellement qu’un truisme de nos jours, le problème international se poserait d’une façon très différe
92 es se battent dans la confusion18. C’est pourquoi notre tâche — que Goethe eût approuvée — reste de fédérer des différences a
4 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 3. Kierkegaard
93 toute son œuvre, une vingtaine de volumes, à quoi nous pouvons ajouter dix-huit volumes de papiers posthumes, fut composée e
94 que à la lutte contre l’Église établie, lutte qui devait le mener à la mort parce qu’elle accomplissait sa vocation chrétienne
95 loppement promis à l’influence de Kierkegaard sur notre temps, qui le redécouvre après cent ans. Ce qui est sûr, c’est qu’à l
96 l’époque, comme la plus radicale dénonciation de nos lâchetés collectives, de nos compromis spirituels, de nos passions co
97 cale dénonciation de nos lâchetés collectives, de nos compromis spirituels, de nos passions courtes et agitées. Sur une pie
98 etés collectives, de nos compromis spirituels, de nos passions courtes et agitées. Sur une pierre de cimetière danois, l’on
99 message d’amour meurtri de Kierkegaard traversent notre âge comme cette pierre et ce mot gravé, qui ne cessent de nous accuse
100 e cette pierre et ce mot gravé, qui ne cessent de nous accuser dans leur silence d’éternité. Trois rapsodies sur des thèmes
101 mir — car pour l’amour, la politique, etc., il ne doit pas, bien entendu, rester la moindre place dans une telle existence.
102 dire une propreté d’assez grand style. Cet homme doit s’être purifié de cette espèce répugnante de « sérieux » qui s’attach
103 gnante de « sérieux » qui s’attache à certains de nos contemporains, de ce « sérieux » qui fait qu’on les salue comme s’ils
104 n respectable, d’une fortune respectée. Mais pour notre maniaque, rien n’est sérieux, sinon le jeu, qui est l’affaire de sa v
105 es — ni la duperie qu’elles figurent souvent — ne doit pas faire douter de l’existence de la question. À plus forte raison,
106 istence de la question. À plus forte raison, chez notre homme, dont l’exigence éthique n’apparaît pas médiocre. Mais s’il s’e
107 eux qui ne peut aboutir qu’à l’échec. Sans cesse, nous essayons de « jouer » la vie, de la réduire à un système de conventio
108 ie, de la réduire à un système de conventions qui nous rassurent, de la découper en « parties » indépendantes les unes des a
109 règles inventées, et ce découpage arbitraire, que nous appelons maintenant la « vie sérieuse ». Aussi n’est-il plus guère po
110 connaître et de séparer le sérieux et le jeu dans nos vies, ce qui est vraiment de la personne et ce qui n’est que masque o
111 sérieux. C’était bien vu. Mais en écrivant cela, notre auteur était-il sérieux, ou bien ne faisait-il qu’une phrase ? Ce qui
112 e laquelle le temps finira bien par succomber : à notre mort, au jugement dernier. Ayant tué en lui toute autre vanité que ce
113 ec ce sérieux infini dont le seul Nietzsche, dans notre ère, paraît avoir gardé le sens. Encore, le philosophe du Retour éter
114 fait accompli de l’acte de la foi jette sur tous nos sérieux, poses et amusettes, un soupçon d’ironie infiniment plus grav
115 au fond des choses ? C’est toucher les limites de notre condition et des idéaux qu’elle invente, et c’est connaître aussi tou
116 qu’elle invente, et c’est connaître aussi toutes nos puissances de désordre. Il n’y a de grandeur que dans une vie simple,
117 à la simplicité, jamais native, jamais naïve. Car nous naissons dans le péché, c’est-à-dire dans l’inextricable. En sorte qu
118 cable. En sorte que chaque exigence qui paraît en nous , nous révèle un complexe nouveau. Et la simplicité ne résulte jamais
119 En sorte que chaque exigence qui paraît en nous, nous révèle un complexe nouveau. Et la simplicité ne résulte jamais que d’
120 la simplicité ne résulte jamais que d’un refus de nous complaire dans nos données et dans nos virtualités rêvées. La grandeu
121 ulte jamais que d’un refus de nous complaire dans nos données et dans nos virtualités rêvées. La grandeur n’entre pas dans
122 refus de nous complaire dans nos données et dans nos virtualités rêvées. La grandeur n’entre pas dans une vie par l’extéri
123 s avec un sérieux décisif. Une seule réalité pour nous menacer de grandeur. Et c’est la foi, « qui ne vient pas de nous. »
124 grandeur. Et c’est la foi, « qui ne vient pas de nous . » Tant que je vis, je vis dans la contradiction, car la vie même es
125 Cela ne résout rien, ou plutôt cela résout toutes nos contradictions dans le seul risque d’une dignité ou d’une indignité d
126 est pas une solution, mais la mise en question de nos problèmes Simplement parce qu’elle introduit dans notre vie l’exig
127 blèmes Simplement parce qu’elle introduit dans notre vie l’exigence incommensurable de l’acte. Ou encore, parce qu’à ce su
128 à ce suprême degré d’accord avec soi-même, auquel nous porte notre vocation, correspond le suprême désaccord avec notre vie
129 e degré d’accord avec soi-même, auquel nous porte notre vocation, correspond le suprême désaccord avec notre vie dans le mond
130 re vocation, correspond le suprême désaccord avec notre vie dans le monde. Qu’est-ce alors que la foi ? Une exagération démes
131 ans sa liberté, et ne connaît plus rien de ce qui nous mesure. Cet homme qui marche dans le monde, contre le monde qui ne se
132 estion se pose : qu’est-ce alors qu’un fidèle ? «  Nous ne pouvons pourtant pas être tous des martyrs ! » — Réponse de Kierke
133 e ne le puis pas. Si c’est folie que tous croient devoir l’être, — c’est une folie aussi que nul ne veuille l’être. » 7« Sa
134 lon Kierkegaard « Toute mon activité d’auteur, nous dit Kierkegaard, se rapporte à ce seul problème : comment devenir chr
135 vérité, toutes les démonstrations savantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible
136 avantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible et que le tout de l’homme est soumi
137 Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de che
138 a pas de chemin nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet
139 ons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’argum
140 us permet seule de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La f
141 possible, et sur ces lieux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité ; agir en vérité, c’est-à-d
142 ux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité ; agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ.
143 re que cette forme peut être transformée. Certes, nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela seul donne u
144 u de l’absurde » ; mais cela seul donne un sens à nos vies. Alors, les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’
145 s. Alors, les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout po
146 nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout pouvoir, s’évanouissent et meurent aux pages des li
147 meurent aux pages des livres. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les per
148 des livres. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les perspectives se dégage
149 s’éclaire et que les perspectives se dégagent. Et nous allons connaître maintenant que seul l’acte de foi est création, tran
150 nne attestée, prophétie de l’éternité qui vient à nous . 2.Il n’est d’action que prophétique Qu’est-ce que prophétiser,
151 e prophétiser, sinon dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe q
152 existe que dans l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous
153 l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le
154 te devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche
155 e loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et
156 ombres, esclave des lois d’un monde sur lequel il devrait régner. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advien
157 pas d’autre tâche31. Le chemin est imprévisible ; le nôtre , disons-nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question
158 31. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons- nous , n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : co
159 i prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous connaissons, c’est pourtant son point de départ. Le chemin commence à
160 rt. Le chemin commence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe q
161 , mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des yeux de moralistes, comme une personna
162 , une abstraction, c’est-à-dire quelque chose que nous pouvons concevoir sans pour autant nous transformer, et c’est bien la
163 chose que nous pouvons concevoir sans pour autant nous transformer, et c’est bien la définition de « l’inactuel ». Se confor
164 il n’existe qu’un seul temps : le présent »33 Nous ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de
165 de foi qui, supprimant toute distance historique, nous rend contemporains de son incarnation. Ainsi l’acte de foi détruit le
166 . Il est ce contact impensable de l’éternité avec notre durée, et l’on n’en peut rien dire sinon qu’il s’est produit, et qu’i
167 out instant. C’est là la santé de la foi. 34 » Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y aurait ni passé ni f
168 erait sur le monde et l’unité du genre humain. Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, l’histoire s’arrêterait com
169 ur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquo
170 st le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’histoire,
171 nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’histoire, et dans l’absence,
172 l et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’histoire, et dans l’absence, ou dans la nostalgie des t
173 nostalgie des temps qui viennent : c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées »
174 pérées », et c’est pourquoi enfin la Parole parmi nous , n’est que promesse et vigilante prophétie de l’invisible. De Séir, u
175 ui meurt à ce qui naît, — par le réel. Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi selon le succès qu’il remporte, n’arrive
176 6.Le contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous savons tout cela comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire.
177 c’est le désespoir Nous savons tout cela comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons tou
178 s qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons toutes raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est révo
179 oi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’homme sans visage et sans prochain, — sans vocation ! — s’im
180 t ! — soit saisi… Mais l’absolu qui vient toucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs,
181 t saisi… Mais l’absolu qui vient toucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs, une ruptu
182 d’ailleurs, une rupture de tout drame humain que nous puissions prévoir, désirer et décrire ; une rupture et une vision. La
183 mais je vois des visages, où s’agitait la foule. Nous ne voyons aucun visage ailleurs que dans l’acte d’aimer. 7.Toute v
184 ssion que les bourgeois ne l’affirment. D’un côté nous voyons une foi, de l’autre une mauvaise humeur — et certains pensent 
185 n ridicule défaut de sens pratique. Et que disent nos auteurs depuis le xixe siècle ? Les mêmes phrases, à peu près, mais
186 ion de défendre ? La biographie de Kierkegaard va nous l’apprendre. On commencera par mettre en doute son sérieux : « Qui es
187 orgueil ; n’a-t-il pas écrit que la presse est de nos jours l’obstacle décisif à la prédication du christianisme véritable 
188 e, mais il faut prendre garde de laisser croire à nos contemporains que ce pire ne puisse être aggravé, pour si peu qu’ils
189 onnent. 2.Qu’est-ce que l’esprit ? Donc, on nous parle de sauver l’esprit. Qu’est-ce que l’esprit ? « L’esprit, c’est
190 : ce n’est pas une distinction. Et lequel d’entre nous peut dire qu’il a calculé la dépense ? Il faudrait bien savoir de quo
191 Mais tout cela va au martyre, dans le monde qu’on nous prépare ? Il se peut, si pourtant Dieu le veut. L’exigence de Kierkeg
192 ouvelle grandeur, la nouvelle mesure de l’esprit. Nous irons donc à ce grand solitaire, à ce témoin extrême et décisif dont
193 l’époque, et la terreur que commencent d’y semer nos faux dieux, ont réveillé quelques esprits, dont témoigne la renaissan
194 aissance, ou pour mieux dire, la découverte parmi nous de cette pensée impitoyable. Remède du pire ? Il fallait bien qu’on s
195 ns le déploiement des faits les plus marquants de notre époque, la vérité de l’anathème dont Kierkegaard salua leur naissance
196 l’anathème dont Kierkegaard salua leur naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’o
197 thème dont Kierkegaard salua leur naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’origin
198 naissance. Nous nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en
199 s nous tournons vers ce prophète de nos malheurs, nous retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espo
200 eurs, nous retournons à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espoir de trouver un autre chemin : un chemin qu
201 s à l’origine où il se tient, nous mettons en lui notre espoir de trouver un autre chemin : un chemin qui ne mène à Rome, ni
202 Kierkegaard est sans doute le penseur capital de notre époque, je veux dire : l’objection la plus absolue, la plus fondament
203 applaudir à ses thèses pour apaiser ce regard qui nous perce ; et si nous sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scand
204 ses pour apaiser ce regard qui nous perce ; et si nous sommes sourds à sa voix, comment étouffer le scandale de cette mort q
205 ette mort qui définit le destin de l’esprit parmi nous  ? Si l’Opinion publique a tué Kierkegaard, elle n’a pas eu de prise s
206 s en l’honneur du Progrès : car tout l’honneur de notre temps sera peut-être, par une compensation mystérieuse, d’avoir compr
207 e angoissante mimique. Le rire de Kierkegaard sur notre temps ! Dans un monde où règne la masse, règne aussi le sérieux le pl
208 assaut. Ah ! si le rire est le propre de l’homme, nous voici devenus bien inhumains. Il semble que chacun porte le poids du
209 ? Parce que « la crainte infinie d’un seul danger nous rendrait tous les autres inexistants. » Mais cette crainte d’un seul
210 ctement comme si l’Esprit n’existait pas î Serons- nous des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons-nous toujours le « 
211 des témoins ou des espions craintifs ? Attendrons- nous toujours le « réveil de la masse » pour affirmer que tous ses dieux s
212 es faux dieux ? Mais sont-ils des faux dieux pour nous  ? Appelons-nous vraiment l’esprit ? — Mais non, nous appelons « le rè
213 Mais sont-ils des faux dieux pour nous ? Appelons- nous vraiment l’esprit ? — Mais non, nous appelons « le règne de l’esprit 
214 s ? Appelons-nous vraiment l’esprit ? — Mais non, nous appelons « le règne de l’esprit », c’est bien moins dangereux ; tous
215 ierkegaard — témoignent de l’esprit : 1) ce qu’on nous prêche, est-ce possible ? 2) puis-je le faire ? Deux questions témoig
216 en l’a-t-il fait ? l’a-t-il réellement fait ?49 Nous posons toujours la dernière question. Nous ne croyons pas à l’Esprit,
217  ?49 Nous posons toujours la dernière question. Nous ne croyons pas à l’Esprit, nous préférons ne pas scandaliser ; nous c
218 ernière question. Nous ne croyons pas à l’Esprit, nous préférons ne pas scandaliser ; nous croyons réellement à l’Opinion pu
219 s à l’Esprit, nous préférons ne pas scandaliser ; nous croyons réellement à l’Opinion publique. Nous lisons les journaux, vo
220 r ; nous croyons réellement à l’Opinion publique. Nous lisons les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche, nous allons qu
221 Opinion publique. Nous lisons les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche, nous allons quelquefois à l’église déplorer l’a
222 s les journaux, voilà notre réalité. Le dimanche, nous allons quelquefois à l’église déplorer l’athéisme du monde. « Le Nouv
223 et il apporte sa consolation, et sur ce texte on nous fait des sermons, à nous qui n’avons pas voulu souffrir. » Dans l’ég
224 tion, et sur ce texte on nous fait des sermons, à nous qui n’avons pas voulu souffrir. » Dans l’église somptueuse paraît le
225 d’un autre. » Car l’apparence de la contradiction nous oblige à choisir, fait à la foi sa place, et nous contraint à l’origi
226 nous oblige à choisir, fait à la foi sa place, et nous contraint à l’originalité. « Mais quoi, professeurs et disciples ne s
227 siècle, pas d’autre révolution créatrice. Et tous nos appels à l’esprit, s’ils ne sont pas ce retour au Réel, ne sont que p
228 ntastique. 5.Le solitaire et les faux dieux Nous croyons à la foule, aux races, à l’Histoire (ou plutôt à l’Évolution
229 , au Capital, au jugement de l’Opinion publique ; nous croyons au passé, au collectif, à l’avenir, et tout cela n’est rien q
230 ’avenir, et tout cela n’est rien que fuite devant notre éternel présent, et tout cela n’est que mythologie. Les dieux du sièc
231 oule, c’est qu’elle n’exige rien de lui. La foule nous veut tout simplement irresponsables ; par cela seul, nous la flattons
232 t tout simplement irresponsables ; par cela seul, nous la flattons, et elle nous reconnaît pour siens. Elle est le lieu de r
233 sables ; par cela seul, nous la flattons, et elle nous reconnaît pour siens. Elle est le lieu de rendez-vous des hommes qui
234 time de l’existence individuelle. Chaque fois que nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre
235 individuelle. Chaque fois que nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démission. La foul
236 nous disons d’un de nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démission. La foule n’a pas d’autre existence et
237 nos dieux qu’il est puissant, nous témoignons de notre démission. La foule n’a pas d’autre existence et d’autre pouvoir que
238 pas lu Hegel, bien sûr, mais Hegel est dans tous nos journaux, Hegel domine le marxisme et le fascisme, il domine l’athéol
239 cile ? ou bien même possible ? Est-ce un effet de notre choix, ou un moment de notre vie ? Ils en parlent bien aisément, les
240 ? Est-ce un effet de notre choix, ou un moment de notre vie ? Ils en parlent bien aisément, les chrétiens…) Quelques athées o
241 s choses afin d’y exaucer (comment et pourquoi ?) nos désirs. Cette sorte de providence brute, tout à fait inintelligible,
242 ui ne voit que cette Âme du Monde le tient aussi, notre censeur, et jusque dans son scepticisme, lorsqu’il proclame après Aug
243 a d’en revoir l’origine. » Seul, Kierkegaard sait nous la désigner : elle est dans le refus moderne de cette « catégorie du
244 aux lois de l’Évolution. Kierkegaard au contraire nous répète : La subjectivité est la vérité. La liberté, la dignité de l’h
245 puis rêver ma vocation et ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis où tous les systè
246 ses périls… Kierkegaard nous attend au réveil. Il nous saisit à ce moment précis où tous les systèmes s’évanouissent devant
247 u agiras, si tu agis. Un « moi pur », son premier devoir , c’est de persévérer dans son être agissant : en cette extrémité, le
248 i présence au monde. Dans ce temps de la masse où nous vivons, le « solitaire devant Dieu » est aussi l’homme le plus réel,
249 . Pour deux raisons, je crois. Qui, d’abord parmi nous , oserait affirmer que cette catégorie lui soit si familière qu’il pui
250 rt l’acte du « solitaire » n’est pas de ceux dont nous ayons à développer les conséquences. Ou bien il est, et c’est l’acte
251 resse au chrétien comme au seul responsable parmi nous . Il sait bien qu’en tous temps le malheur de l’époque ne provient pas
252  : il faut être le solitaire. Kierkegaard peut-il nous aider ? Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derniers prétex
253 ierkegaard peut-il nous aider ? Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de nos dernières incertitu
254 aider ? Ou bien seulement nous a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de nos dernières incertitudes sur la nature et su
255 ous a-t-il délivrés de nos derniers prétextes, de nos dernières incertitudes sur la nature et sur les exigences concrètes d
256 il pas qu’il ait connu de grandes aides pour oser nous montrer la vanité de toutes les nôtres ? Somnium narrare vigilantis e
257 aides pour oser nous montrer la vanité de toutes les nôtres  ? Somnium narrare vigilantis est, dit Sénèque. L’aveu total de notre
258 rare vigilantis est, dit Sénèque. L’aveu total de notre désespoir témoigne seul de la consolation. 19. Alleluia : Louez l
259 omplexes, jusqu’à réintroduire dans cette vie que nous imaginions si dépouillée, toute la confusion de l’époque. 24. Vie e
260 e sens, la catégorie récemment « découverte » par nos psychologues de ce qui « se fait se faisant » est une antilogie chrét
261 ans les choses, mais dans le sujet connaissant », nous retrouvons cette définition du temps comme refus de l’instant et de l
262 d’autre qu’un dernier méfait de la « foule » dans notre existence morale. Une question mal posée. Un regard trouble.
5 1944, Les Personnes du drame. I. Sagesse et folie de la personne — 4. Franz Kafka, ou l’aveu de la réalité
263 ne précision proprement angoissante. Il considère notre vie quotidienne avec une minutie qu’elle ne supporte guère. L’état d’
264 e guère. L’état d’extrême lucidité que suscite en nous cette vision ressemble à s’y méprendre à un cauchemar. Mais alors que
265 la même époque, de délirer méthodiquement, Kafka nous ramène sans cesse, avec une sorte d’humour inflexible, à la conscienc
266 mour inflexible, à la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il incite ses héros à pratiquer contr
267 strueux55 survenu dans la vie de son héros, Kafka nous amène à penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d
268 les préoccupations sociales de Kafka, telles que nous les décrit son biographe Max Brod, peuvent nous aider à deviner la na
269 e nous les décrit son biographe Max Brod, peuvent nous aider à deviner la nature de son dessein énigmatique. Sa passion de l
270 né le bénéfice d’un mystère dont il s’amuserait à nous cacher la clé. Le Procès n’est nullement un conte. Joseph K. pose tou
271 is pas que Kafka ait vécu dans un autre monde que nous tous. Tout au plus dans une autre vision, celle de l’homme « arrêté »
272 i laissera plus jamais qu’une liberté provisoire. Nous sommes tous arrêtés, il vaudrait mieux le savoir : car nous saurions
273 s tous arrêtés, il vaudrait mieux le savoir : car nous saurions alors que réellement il n’y a rien à faire pour nous sauver.
274 s alors que réellement il n’y a rien à faire pour nous sauver. (À moins qu’une main nous soit tendue d’ailleurs, et que quel
275 en à faire pour nous sauver. (À moins qu’une main nous soit tendue d’ailleurs, et que quelqu’un nous aime et nous « appelle 
276 ain nous soit tendue d’ailleurs, et que quelqu’un nous aime et nous « appelle », nous adresse une vocation…) Or, pour avouer
277 tendue d’ailleurs, et que quelqu’un nous aime et nous « appelle », nous adresse une vocation…) Or, pour avouer le sérieux d
278 , et que quelqu’un nous aime et nous « appelle », nous adresse une vocation…) Or, pour avouer le sérieux dernier, le tragiqu
279 avouer le sérieux dernier, le tragique absolu de notre condition, pour avouer qu’on ne peut pas se réveiller de ce cauchemar
280 e Kafka ? ⁂ Dans un appendice au Procès, Max Brod nous dit comment il dut arracher à Kafka les écrits que son ami se refusai
281 appendice au Procès, Max Brod nous dit comment il dut arracher à Kafka les écrits que son ami se refusait à publier — dont
282 à l’échelle de ses préoccupations religieuses », nous dit-on. Et la critique, gênée, passe outre, ou fait de la psychologie
283 ituations de ce livre ? Est-ce pur hasard si elle nous offre les formules qui paraissent le mieux aptes à résumer les princi
284 un juste, pas même un seul », dit l’Écriture. Que nous le sachions ou non, nous avons tous failli, et nous sommes tous, virt
285 l », dit l’Écriture. Que nous le sachions ou non, nous avons tous failli, et nous sommes tous, virtuellement, des prévenus :
286 us le sachions ou non, nous avons tous failli, et nous sommes tous, virtuellement, des prévenus : ce point de départ du Proc
287 -il inaccessible ? Parce qu’il réside au ciel, et nous sommes sur la terre : l’instance suprême existe et délibère au-delà d
288 ance suprême existe et délibère au-delà de toutes nos imaginations. Comment pourrions-nous lui parler, et que sert de se ju
289 elà de toutes nos imaginations. Comment pourrions- nous lui parler, et que sert de se justifier ? Dans cet état d’impuissance
290 justifier ? Dans cet état d’impuissance tragique, nous sommes prêts à saisir la moindre invite du mystère. Voici les avocats
291 pirent pas précisément confiance, mais qui sait ? Nous n’avons pas le droit de négliger cette chance minime et humiliante. E
292 r cette chance minime et humiliante. Et peu à peu nous croyons pressentir qu’ils sont de mèche avec le Juge ! Du moins nous
293 ntir qu’ils sont de mèche avec le Juge ! Du moins nous le laissent-ils entendre. C’est peut-être une nouvelle imposture. Mai
294 de prestige, et même d’autant plus envoûtant que nous n’avons aucun moyen de vérifier s’il est fondé. Prêtres et mages, der
295 ar moi ». C’est par le Fils que Dieu devient pour nous le Père et cesse d’être le Juge lointain. Mais alors l’acquittement e
296 l’arrêt ». Mais c’est aussi grâce à cette foi que nous connaissons notre état — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que
297 ’est aussi grâce à cette foi que nous connaissons notre état — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que nous mesurons le
298 i que nous connaissons notre état — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons
299 at — parce qu’elle nous permet d’en sortir —, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. Or voici la difficult
300 d’en sortir —, que nous mesurons le réel, et que nous pouvons l’avouer. Or voici la difficulté : je vois bien dans le Procè
301 lté : je vois bien dans le Procès l’aveu voilé de notre état, je vois bien que cet aveu suppose au moins l’entrevision d’une
302 à cette conscience claire du péché que peut seul nous donner le pardon, ni à cette certitude du pardon que peut seule nous
303 on, ni à cette certitude du pardon que peut seule nous donner la foi. Joseph K. reste donc enfermé dans le cercle mortel de
304 nue du Christ dans l’histoire. Kafka savait qu’il devait y avoir un chemin, et cela suffisait à lui faire prendre une conscien
305 libérations mystérieuses qui planent au-dessus de nous . Le Procès et Le Château nous présenteraient donc les deux formes — J
306 lanent au-dessus de nous. Le Procès et Le Château nous présenteraient donc les deux formes — Justice et Grâce — sous lesquel
307 squelles, selon la Kabbale, la Divinité s’offre à nous . » Sans doute peut-on préciser davantage certains éléments de l’allég
308 issidents illuminés. L’auberge inspire le respect à la richesse et aux coutumes ancestrales, mais Barnabé le réprouvé e
309 uels échecs de la bonne volonté, succès décevants dus au hasard ou au caprice d’un fonctionnaire généralement incompétent,
310 Il semble bien que le Château, roman posthume, devait se terminer sur un échec de K. qui serait mort d’épuisement sans avoi
311 taines circonstances accessoires. » Max Brod, qui nous rapporte cette conclusion projetée par son ami, veut y voir un écho d
312 entiments et des idées demeure seul perceptible à nos diverses facultés, et reste le seul monde où nous avons à vivre. Mais
313 nos diverses facultés, et reste le seul monde où nous avons à vivre. Mais bien que rien n’y soit changé en apparences, tout
314 ceptés ne sont pas clairs… La transcendance, dans notre vie, ne saurait se manifester que sous une forme négative : dans l’an
315 ituels, c’est le rayon traversant la pénombre qui nous fait voir les millions de poussières en suspension dans l’air qu’on c
316 l répète avec les sages — lui, le fou — quæ super nos , nihil ad nos, et il en tire les conséquences pratiques. Il se canton
317 les sages — lui, le fou — quæ super nos, nihil ad nos , et il en tire les conséquences pratiques. Il se cantonne dans la « r
318 crainte d’un Dieu inaccessible, et qui se rit de notre lucidité, sans parler de nos efforts tragi-comiques pour le séduire o
319 , et qui se rit de notre lucidité, sans parler de nos efforts tragi-comiques pour le séduire ou le duper. Le chevalier de l
320 il est, en fait, autre chose qu’un percepteur61 ? Nous sommes ici dans un domaine où l’on ne saurait imaginer de certitude n
321 ut vérifier l’œuvre faite en son nom. Tout ce que nous pouvons dire revient à dire au nom de quoi nous agissons, malgré l’« 
322 e nous pouvons dire revient à dire au nom de quoi nous agissons, malgré l’« absurdité » de notre action, ou ses apparences r
323 de quoi nous agissons, malgré l’« absurdité » de notre action, ou ses apparences raisonnables. Le témoignage de bouche, dont
324 motifs derniers, voilà le seul critère humain qui nous autoriserait à distinguer chez Goethe, chez Kierkegaard et chez Kafka
325 de Kierkegaard sur son activité d’auteur. Si donc nous fûmes parfois tentés d’inférer de ces trois œuvres géniales je ne sai
326 ahissent, l’exemple de Kafka est le plus propre à nous rappeler l’avertissement apostolique : « Le Seigneur seul connaît les
327 neur seul connaît les siens. » Tout autrement que nous ne les connaissons, voire qu’eux-mêmes ne se sont connus. 55. Par
328 Procès. Il se peut que la tuberculose, dont Kafka devait mourir, ait aussi joué un certain rôle. Pourtant, à supposer que l’on
329 revenu maintes fois sur cette idée : que la Bible doit être lue comme une lettre qui nous est personnellement adressée, et n
330 : que la Bible doit être lue comme une lettre qui nous est personnellement adressée, et non pas comme un récit purement obje
331 59. Celui qui toujours fait effort —  Celui-là, nous pouvons le sauver. 60. Qu’on lise bien K. et non Kafka. Il ne serai
6 1944, Les Personnes du drame. II. Liberté et fatum — 5. Luther et la liberté de la personne
332 eut-être le De servo arbitrio et le Catéchisme. » Nous voici donc, avec le Serf arbitre, de l’aveu même de son auteur, au ce
333 t de la Réforme et de son effort dogmatique. Mais nous touchons du même coup au centre du problème le plus ardu que pose l’a
334 sis que dans l’unique et perpétuelle question que nous posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité
335 ne sont que les reflets diversement réfractés par nos mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, mainte
336 n’ébranlent plus que le vieil homme, celui qu’il nous faut dépouiller. Mais il s’en faut de presque tout que les grandes th
337 me soient acceptées (ou simplement connues !) par nos contemporains, même chrétiens. Il s’en faut de beaucoup, de presque t
338 p, de presque tout, que les arguments d’un Érasme nous apparaissent comme autant de sophismes. Non seulement tous les humani
339 en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit , en bonne logique, de les faire siens, puisqu’il croit au mérite des
340 raité ? Une verdeur polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une cert
341 subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. ( Nous ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme ;
342 ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand nous cond
343 séparer le fond de la forme ; admirer l’une quand nous condamnons l’autre, et vice versa.) Mais une fois reconnue cette maît
344 rait le jargon d’aujourd’hui), tout est fait dans notre Traité pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne pa
345 r nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire, et doit suffire en droit à réfuter l’objection d’un moderne, l’objection parf
346 egaard. La Conscience moderne. — Selon Luther, nous n’avons aucune liberté car, en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’
347 uquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus. Nous refuson
348 ent alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus. Nous refusons de jouer si d’avance le vainqueur a é
349 ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus. Nous refusons de jouer si d’avance le vainqueur a été désigné par un arbit
350 désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de nos exploits ! Un luthérien. — Mais connais-tu seulement les vraies règl
351 eu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, présentes et futures ; car elles sont dans le temps,
352 u temps sans fin, et refuser l’éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant et plein de nou
353 le c’est l’image même de la mort. L. — Que savons- nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer qu
354 on ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et notre vie présente n’est qu’une mort à ses
355 te. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et notre vie présente n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éter
356 re vie présente n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
357 é est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute
358 » de temps, comme l’écrit Paul). Qui t’assure que notre raison, tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est cons
359 ). Qui t’assure que notre raison, tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concev
360 que notre raison, tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce paradoxe
361 eule actuelle ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un m
362 e vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment d
363 ndez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternel
364 l ne connaît pas de temps, il n’est pas lié comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions
365 é comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
366 essions procèdent de l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit
367 l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans
368 s venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusi
369 l est en nous lorsque l’Esprit dit la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l
370 a Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l’Éternel est une décision dans le p
371 le passé ! Alors que c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections philosophiques et notre crainte d
372 elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections philosophiques et notre crainte du « fatalisme » ne repose
373 ent ! Est-ce que nos objections philosophiques et notre crainte du « fatalisme » ne reposent pas le plus souvent sur cette er
374 ussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans ce cas tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce
375 e, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué
376 t nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative
377 cision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pos
378 ujours très moraux, et même très pieux qu’invoque notre révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois a
379 Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or cette Parole est Christ
380 il. II, 12-13) C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu prév
381 I, 12-13) C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tou
382 Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tout que nous avons en lui
383 a commandé. C’est parce que Dieu prévoit tout que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à c
384 dans les choses du salut. Mais que le Christ ait mourir pour nous sauver — et la mort est un acte extrême, non pas une
385 s du salut. Mais que le Christ ait dû mourir pour nous sauver — et la mort est un acte extrême, non pas une médiation flatte
386 tion flatteuse et humaniste —, cela fait voir que nous n’avons aucune liberté possible, que dans la grâce que Dieu nous fait
387 cune liberté possible, que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision,
388 sque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté psychologique de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse s
389 loir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est p
390 e fille publique, comme le répète Luther — ce que nous nommons ici un paradoxe demeure une pure et simple absurdité. « Cela
391 ombre ; et que ce Dieu est juste, dont la volonté nous rend nécessairement damnables… Mais quoi ! si nous arrivions à compre
392 ous rend nécessairement damnables… Mais quoi ! si nous arrivions à comprendre par la raison de quelle manière Dieu est misér
393 e une si terrible colère et injustice, qu’aurions- nous besoin de la foi ?… Ce serait un Dieu stupide qui révélerait aux homm
394 rme, à celui que Luther et Paul posent ensemble à notre foi. C’est que Nietzsche a poussé comme Luther jusqu’aux extrêmes lim
395 jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint dès lors que « Dieu
396 luctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre irresponsabilité totale, qu’il croit trouver et regagner la dignité s
397 n vient à une épreuve radicale de la vie. Au « tu dois  » prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme divin
398 ifficulté fondamentale que posent les rapports de notre volonté et de l’éternité souveraine, demeure entière. La différence,
399 meure entière. La différence, c’est que Nietzsche nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que Luther adore une Providen
400 la Parole vivante s’est incarnée. Renversement du devoir de la Loi — qui nous condamne, car nous sommes asservis — en un pouvo
401 incarnée. Renversement du devoir de la Loi — qui nous condamne, car nous sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui nous l
402 ment du devoir de la Loi — qui nous condamne, car nous sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui nous libère, et qui est l
403 nous sommes asservis — en un pouvoir d’aimer qui nous libère, et qui est le contenu de la Grâce : « Emmanuel ! Dieu avec no
404 t le contenu de la Grâce : « Emmanuel ! Dieu avec nous  ! » 62. Le paradoxe qui faisait le sujet du court traité de libert
405 le de Dieu est une décision qui a été prise avant nos actes, — il y a très longtemps — « de toute éternité, » comme on dit
7 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — 6. Le Journal d’André Gide
406 le fixer dans l’une ou l’autre des figures qu’il nous révèle au cours de Journal ; mais le malaise du critique commence au-
407 pages s’appliquent à dénoncer d’avance, réduisons- nous à des notes de lecture, à quelques réactions impressionnistes. Ce qu
408 onner de soi une idée fausse », c’est bien ce que devait éviter Gide, plus jalousement qu’aucun autre. Est-ce vraiment pour le
409 ltérer le naturel ; mais par son excès même, elle nous rend attentifs aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous
410 aux défauts réguliers de tout autoportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois le secret d’une v
411 toportrait. C’est nous donner le moyen d’y porter nos retouches. ⁂ Parfois le secret d’une vie s’épuise dans l’œuvre : il n
412 a marqué qu’une grave lacune mutile l’image qu’il nous y livre de lui-même68 — il se peut qu’elles soient dites dans les Cah
413 lettre du dogme l’esprit qui inspire et qualifie nos actions quotidiennes, fussent-elles non conformistes. Mais toute mora
414 tholique à un pasteur : « Vous, vous croyez, mais nous savons ! ») Ceci explique que le souci central de Gide ait été de déb
415 e comme une illustration de sa sincérité. Mais il nous donne de son auteur une image finalement déformée, faute de retouches
416 ée, faute de retouches « artificielles. » 2. Gide nous dit qu’il a supprimé de ses carnets les pages qu’il jugeait trop « éc
417 semble-t-elle dire après Montaigne. Et cependant, nous pressentons qu’elle masque une arrière-pensée polémique, certain dési
418 me, elle insinue que la morale est fausse, et que nos contradictions sont légitimes. Elle porte ainsi, malgré son intention
419 , bien au contraire, que de déclarer ses valeurs. Nos contradictions sont réelles, nos hiérarchies éthiques ne le sont pas
420 rer ses valeurs. Nos contradictions sont réelles, nos hiérarchies éthiques ne le sont pas moins, mais celles-ci tendent à r
421 péter que le style est de l’homme même. Il est en nous le trait révélateur d’une unité intentionnelle, d’un parti pris aussi
422 Gide reste un puritain du style. Peut-être tenons- nous ici le principe de l’intime hiérarchie révélatrice de sa personne. Ce
423 qui sépare de la sienne ma génération littéraire. Notre culture est beaucoup plus philosophique — je simplifie — que littérai
424 e, loin de là. Mais les problèmes qui se posent à nous , nous n’avons pas pu les choisir, et moins encore les circonscrire da
425 n de là. Mais les problèmes qui se posent à nous, nous n’avons pas pu les choisir, et moins encore les circonscrire dans un
426 r morale, qui est l’esthétique. Les problèmes qui nous sont posés nous contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos
427 t l’esthétique. Les problèmes qui nous sont posés nous contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts naturels.
428 contraignent parfois davantage qu’ils ne servent nos goûts naturels. D’où le danger de didactisme que nous courons tous pl
429 goûts naturels. D’où le danger de didactisme que nous courons tous plus ou moins. À cet égard, il m’apparaît que la leçon d
430 e-artisan de la langue plus que l’immoraliste qui nous importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Ceci n’exclut d
431 e plus que l’immoraliste qui nous importe, et qui nous intéresse au double sens du mot. Ceci n’exclut d’ailleurs aucun revir
432 illeurs aucun revirement dans les générations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple
433 rations qui nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies
434 nous suivront : je prévois le jour où nos cadets nous opposeront l’exemple du probe adversaire des orthodoxies orgueilleuse
8 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — 7. Vues sur Ramuz
435 eut plus le distinguer des formes qu’il propose à notre vue. Il s’est transformé en domaine. Il faut le lire comme un visage.
436 la lumière qui crée les formes en même temps que notre œil. « La vérité est une pensée matérialisée, la vérité doit exister
437  La vérité est une pensée matérialisée, la vérité doit exister non seulement en nous, mais devant nous. Non seulement elle d
438 rialisée, la vérité doit exister non seulement en nous , mais devant nous. Non seulement elle doit avoir un commencement et u
439 é doit exister non seulement en nous, mais devant nous . Non seulement elle doit avoir un commencement et une fin, mais des c
440 ent en nous, mais devant nous. Non seulement elle doit avoir un commencement et une fin, mais des contours, et non seulement
441 t des contours, mais un relief et un volume. Elle doit non seulement être vue, mais touchée et puis embrassée, puis finaleme
442 z : les choses « viennent », le monde « vient » à nous , le ciel, le lac et les montagnes « viennent » ; et on les voit venir
443 ’est d’abord une apparition, — une image venant à nous . « …On les voit sortir des bois dans le rose du lever du jour et ils
444 nt tangible, le matériel lisible et significatif. Nous sommes au foyer permanent de l’incarnation des images — ou de la créa
445 non la nature naturée, mais la nature naturante. ( Nous pourrons dire aussi, un peu plus tard, que l’imagination figure le se
446 ment ne point penser au livre de Job — dont Ramuz nous a traduit quelques passages — où toute une théologie s’exprime entièr
447 us de choses, c’est une tromperie. C’est pourquoi nos journaux contiennent tant de mensonges, surtout lorsqu’ils essaient d
448 ver la langue à son état naissant, dont la chimie nous dit qu’il est l’état de virulence extrême. Les journalistes et l’écol
449 e ont décontenancé le langage, et par là même ils nous démoralisent plus sûrement que ne font les scandales qu’ils dénoncent
450 , je nommerais Ramuz président de ce tribunal. Et nous aurions enfin un langage châtié, comme on disait dans les salons, au
451 redouté était celui du goût. (On le dit encore de nos jours, mais le goût n’est plus que poncif.) La même volonté d’incarna
452 e, non point sur les modèles généraux que l’école nous a mis dans la tête. Presque toutes les singularités de son style s’ex
453 xpliquent par cette seule intention de concentrer notre vision sur l’objet brut et sur le sentiment élémentaire. Ainsi ses ch
454 n du monde (Présence de la mort, Les Signes parmi nous ), mythe de l’or (Farinet), mythe du génie racial (Séparation des race
455 e du génie racial (Séparation des races, Chant de notre Rhône), mythe de la rédemption par la souffrance d’une femme (La Guér
456 giner et de penser dans l’ordre de l’incarnation, devait le conduire à créer un milieu où tout être se traduisît immédiatement
457 nd mythologique de la race. (Si Ramuz par exemple nous parle d’une Antiquité, il faut entendre qu’il s’agit de celle du pays
458 l’incarnation du mythe. ⁂ Voyez les Signes parmi nous . Dans la simplicité de son sujet, ce récit réalise d’une manière exem
459 fascinante monotonie73. Un art dont la mesure ne doit pas être cherchée dans le pittoresque, ni dans l’ingéniosité, ni dans
460 e de ce livre lue avec la lenteur qu’elle impose, nous replace dans une vision grande et efficace des gestes les plus simple
461 l’arrêt absolu : le Jugement dernier. Le sens de notre crise du xxe siècle apparaît ainsi manifeste : un jugement sur tous
462 e l’interrogation que la réussite couvrait. Où va notre or, en réalité ? (dans quelle direction principale ?) Où tend notre a
463 té ? (dans quelle direction principale ?) Où tend notre action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et n
464 re action centuplée par les machines ? Où tendent nos métaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés
465 ar les machines ? Où tendent nos métaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés aux questions simple
466 étaphysiques et nos philosophies mal embrayées ?… Nous voici ramenés aux questions simples, et réputées grossières. Nous ver
467 és aux questions simples, et réputées grossières. Nous verrons tout à l’heure dans quel esprit Ramuz les pose, et que précis
468 uable que ceux dont la fonction serait d’exprimer notre civilisation, en un temps où elle se trouve brutalement mise en quest
469 le entendre pour la première fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions d’u
470 ière fois la voix d’un de nos aînés, interrogeant notre destin, lui poser en face des questions d’une accablante simplicité.
471 rte qui pourrait poser et qui ne peuvent tirer de nous rien d’exquis ni d’original, mais qui bien au contraire nous plongent
472 ’exquis ni d’original, mais qui bien au contraire nous plongent dans l’humiliation, dans l’effroi ou dans la violence ? Le t
473 emple, non plus en termes curieux ou convenables. Nous recherchons désormais ceux qui savent dévisager notre condition la pl
474 s recherchons désormais ceux qui savent dévisager notre condition la plus nue. « Alors on voit paraître le grand, c’est-à-dir
475 e le sentiment de savoir par avance tout ce qu’il doit en dire. Je n’ai pu me défendre de cette impression à la lecture de T
476 et une portée humaine dont les bourgeois eussent concevoir plus de crainte que de satisfaction. Ramuz fait au système
477 figurent la réalité. Une œuvre comme Adam et Ève nous le fait voir tout aussi bien que Taille de l’homme : Ramuz est présen
478 rises avec certaine idée de l’homme dans sa tête, nous dirons que ce sont les deux moitiés d’une figure. Mais cette figure e
479 le, ce n’est guère celui que les photos du modèle nous montrent. Le nez est d’ordinaire l’élément le plus impersonnel dans u
480 peut-être russe, nullement vaudois. Ceci marqué, nous restons en présence d’une espèce de symbole de Ramuz. Je dirai presqu
481 te large bouche que la moustache ne réussit pas à nous cacher, trahit une sensualité qui s’opposera chez Ramuz à tout excès
482 le résumé critique de la figure n’a pas su dire, nous le retrouvons indiqué dans le chapeau, le verre, la lampe. Nous retro
483 vons indiqué dans le chapeau, le verre, la lampe. Nous retrouvons le petit café vaudois autour duquel tourne la vie du pays
484 ne la vie du pays recréé par Ramuz. Le « chant de notre Rhône », le vin blanc du Valais, des côtes de Laveaux et de la vallée
485 re. Mais il ne faut pas oublier que la culture de notre temps n’est plus du tout ce qu’elle était au temps de Goethe. Plus en
486 réactionnaire de Ramuz, dans les contingences où nous sommes soit, plus qu’il n’y paraît, conforme à l’éducation goethéenne
487 , aux objets de vitrines, à la poésie poétique, à nos formes habituées. Il prétend qu’il lui a fallu quinze ans pour découv
488 n coule en bronze, — à cela, à nulle autre chose. Nous atteignons pour un instant à l’homme des commencements, à l’homme d’a
489 on, où on sent bien qu’on est (car rien autour de nous n’est vraiment éclos, vraiment abouti ; aucune musique n’est parfaite
490 de son apparition. Aussi bien la suite du passage nous ramène au niveau proprement ramuzien : « J’ai la haine du confort. J’
491 est sa présence active au monde. Toute résistance nous oblige à être présent. Je vois ce grand exemple d’une volonté tendue
492 et qu’on taise le reste, tout cela qui échappe à nos prises. Ainsi fait Goethe ; et telle est sa vertu. Mais notre siècle
493 . Ainsi fait Goethe ; et telle est sa vertu. Mais notre siècle pose d’autres questions, des questions que Ramuz ne veut pas e
494 lte, mais au nom d’une Vérité plus forte que tous nos idéals. Maintenant il y va de notre tout. La question dernière est po
495 forte que tous nos idéals. Maintenant il y va de notre tout. La question dernière est posée : celle de notre origine décisiv
496 e tout. La question dernière est posée : celle de notre origine décisive. Le silence perd alors son pouvoir ; mais la parole
497 mble de nous-mêmes il s’agit d’autre chose que de nous . « Tout notre embrassement n’est qu’une question81 ». Or une question
498 mêmes il s’agit d’autre chose que de nous. « Tout notre embrassement n’est qu’une question81 ». Or une question ne peut être
499 ue si l’on sait que la réponse existe. Il fallait nous apprendre cet embrassement, cette saisie des choses et des êtres, cet
500 omme « radical ». Ramuz l’a fait plus qu’aucun de nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, nous attendons qu’il ai
501 nos maîtres. De lui donc, plus que d’aucun autre, nous attendons qu’il aille jusqu’au tenue. Le fondement dernier de la pers
502 oncret. Mais ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que
503 ses racines plongent dans la vérité. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se
504 té. Nous aussi, nous dirons qu’il faut « faire ». Nous ajoutons : tout ce que l’on fait se voit. L’acte le plus secret, fût-
505 laïque. Rien n’est plus facile à concevoir, dans notre état social, qu’un patriote qui, entre deux discours nationalistes, s
9 1944, Les Personnes du drame. III. Sincérité et authenticité — L’Art poétique de Claudel
506 oit s’il est aimable. Ou bien c’est l’ornement de nos loisirs. Mais Claudel dit : l’art poétique est art de faire. Un gémis
507 que de Port-Royal, dont Claudel s’il est réaliste doit récuser la principale82, peut néanmoins servir à préciser ce qui oppo
508 rmi d’autres fonctions, a celle-là de permettre à nos pensées de circuler. Claudel se donne un règlement, et il observe les
509 ord la parole ! Mais l’usure des mots les édente, notre langage est débrayé. Comment rétablir le contact ? Claudel n’écrira p
510 e serait aggraver d’une sottise cette Séparation, notre péché, contre laquelle toute l’œuvre de Claudel se soulève à l’appel
511 que de la fin totale qu’il glorifie. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est 84 mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié so
512 e. Ce n’est pas notre monde tel qu’il est 84 mais notre monde tel qu’il est sauvé, relié solidement par la Promesse et remis
513 ole. Comment cela ? « Le mot appelle, provoque en nous l’état de co-naissance qui répond à la présence sensible des choses m
514 ète l’ordre qui l’a créée, s’appelle la parole. » Nous voici donc « chargés du rôle d’origine ». L’homme est le « sceau de l
515 iennent « mettre au pas » le langage — ou saurons- nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 84. Il importe
516 tre au pas » le langage — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 84. Il importe de le soulig
517 age — ou saurons-nous à temps nous débrouiller et nous entendre librement ? 84. Il importe de le souligner, précisément à p
518 originel entre la nature et la grâce. L’Évangile nous le dit formellement : la chair n’héritera pas le Royaume à venir. a.
10 1944, Les Personnes du drame. IV. Une maladie de la personne — 8. Le romantisme allemand
519 nd après le siècle des Lumières. Ainsi renaissent nos soifs mystiques élémentaires après un siècle de science positiviste.
520 , l’angoisse et la folie soient moins réelles que nos sagesses tyranniques ? « Songe est mensonge » décrétait la raison. Ma
521 nge est mensonge » décrétait la raison. Mais elle nous a laissés sur notre faim. Le songe, au contraire, nous propose des pa
522 décrétait la raison. Mais elle nous a laissés sur notre faim. Le songe, au contraire, nous propose des paradis et des terreur
523 a laissés sur notre faim. Le songe, au contraire, nous propose des paradis et des terreurs d’une intensité séduisante. Serai
524 e individuelle ». Mais quelle est cette réalité ? Notre Nature profonde ou la Divinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mê
525 é ? Notre Nature profonde ou la Divinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mêmes, nous détournant des apparences, et plus
526 otre Nature profonde ou la Divinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mêmes, nous détournant des apparences, et plus nous
527 vinité ? « Plus nous nous retirons en nous-mêmes, nous détournant des apparences, et plus nous pénétrons dans la nature des
528 us-mêmes, nous détournant des apparences, et plus nous pénétrons dans la nature des choses qui sont hors de nous », affirme
529 étrons dans la nature des choses qui sont hors de nous  », affirme un des théoriciens du romantisme, Ignaz Troxler. Mais enco
530  : s’agit-il vraiment des choses qui sont hors de nous , ou bien seulement des choses qui, en nous, étaient restées secrètes
531 ors de nous, ou bien seulement des choses qui, en nous , étaient restées secrètes pour la conscience ? Tieck pose très nettem
532 ce ? Tieck pose très nettement la question : « Il nous faudrait savoir jusqu’à quel point nos songes nous appartiennent ». Q
533 on : « Il nous faudrait savoir jusqu’à quel point nos songes nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous
534 ous faudrait savoir jusqu’à quel point nos songes nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous jouons de n
535 quel point nos songes nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main
536 nous appartiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main d’en haut brasse-t-el
537 artiennent ». Quand nous rêvons « est-ce nous qui nous jouons de nous-mêmes, ou bien une main d’en haut brasse-t-elle les ca
538 images inconnues, qui se jettent à la traverse de nos idées d’une manière si brusque et si saisissante ? » De là à penser q
539 supra-terrestre » ; ou encore : « Ce qui rêve en nous , c’est l’Esprit à l’instant où il descend dans la matière », mais c’e
540 nt il vit ! Croire que le rêve ne révèle rien que nos secrets, ce serait tomber dans le freudisme. Croire qu’il révèle auss
541 toute clarté — ruse vitale pour des poètes — tout nous porte à penser qu’ils sont plus proches des mystiques que des psychan
542 e crucial de toute définition de la personne. Car nous sommes constamment tentés d’assimiler le Moi profond et ses secrètes
543 à l’affût des « surprises pleines de sens » dont nous parlent aussi les mystiques. Une autre analogie assez frappante, c’es
544 r traduire l’ineffable qu’ils vivaient86. Et ceci nous amène au problème central : celui de l’expression d’un indicible. Il
545 entral : celui de l’expression d’un indicible. Il nous faut dépasser ici le domaine circonscrit du rêve. Les romantiques, d’
546 ilence absolu ; et pourtant — voici le paradoxe — nous voyons bien que les grands mystiques, et après eux les grands romanti
547 par des figures, qui, n’étant jamais suffisantes, doivent être inépuisablement multipliées. Disons-le sans la moindre irrévéren
548 ment me souleva tout entier… » Peut-être touchons- nous ici le mystère même, la source inépuisable, le point originel et fasc
549 héorie de l’Inspiration — tellement vulgarisée de nos jours qu’on en oublie l’origine mystique. « Le poète et le rêveur son
550 st plus permis : l’analogie purement formelle que nous décrivions jusqu’ici devient une profonde identité. L’intervention de
551 ité. L’intervention de la catégorie « passivité » nous fait comprendre la nature du Silence et de l’indicible dont nous parl
552 endre la nature du Silence et de l’indicible dont nous parlaient mystiques et romantiques : c’est la négation et la mort du
553 ’Absence de toute créature, de toute forme. » Car nous ne percevons et n’exprimons que le divers et le distinct, ce qui a pr
554 ivers et le distinct, ce qui a pris forme, ce que notre conscience a séparé du Tout. Et c’est cela qui constitue notre réalit
555 nce a séparé du Tout. Et c’est cela qui constitue notre réalité de tous les jours. Pour rejoindre le Tout et l’Unité, il s’ag
556  » IIL’Être en exil Ce sentiment d’exil que nous trouvons à l’origine des expériences mystiques les plus diverses, d’o
557 e ? On aura bientôt fait de répondre en alléguant notre double nature, corporelle et spirituelle. Mais d’une constatation si
558 rmis — comme on l’admet un peu trop facilement de nos jours — de tirer de l’étude des maladies une vue nouvelle sur les str
559 sur les structures de l’homme, peut-être pouvons- nous demander à la biographie des romantiques quelques lumières sur les my
560 Moritz écrivit deux romans autobiographiques qui nous permettent de pénétrer l’intimité d’une expérience prémystique. (Ou f
561 ec le fait de vivre en général. D’où l’idée qu’il doit expier la faute qu’il n’a commise que par son existence même. Un phil
562 si le poids de son existence l’eût accablé. Qu’il dût , jour pour jour, se lever avec lui-même, se coucher avec lui-même, tr
563 r avec lui, à chaque pas, son moi détesté … qu’il dût désormais inexorablement être lui-même … cette idée le plongea peu à
564 t douloureux. Il faudra donc chercher au-delà. Et nous avons vu que le rêve, ou la descente au fond de l’inconscient, représ
565 ’individu naturel. Revenons une dernière fois sur nos définitions. La personne est en nous l’être spirituel, responsable d’
566 ière fois sur nos définitions. La personne est en nous l’être spirituel, responsable d’une vocation, et trouvant là son unit
567 à une réalité qui souvent ne tient pas compte de nos raisons, il s’impose une sorte d’ascèse qui le libère des servitudes
568 lieu que le romantique voulait s’en évader. Elle nous rend enfin responsable vis-à-vis de notre prochain, et c’est à quoi l
569 er. Elle nous rend enfin responsable vis-à-vis de notre prochain, et c’est à quoi l’on peut reconnaître la légitimité d’une v
570 la santé de la foi fonde la vraie personne, elle doit fonder aussi la vraie communauté. Et à l’inverse, toute maladie de la
571 uté. Et à l’inverse, toute maladie de la personne doit affecter la collectivité. Ainsi décrire un phénomène de masses en ter
572 national-socialiste en partant des catégories que nous venons de dégager, et qui signalent la maladie romantico-mystique de
573 rde et injurieux pour ces poètes. Mais je dis que nous pouvons retrouver au niveau inférieur et collectif qui est celui de l
574 naziste, des processus fort analogues à ceux que nous avons décrits. Il ne s’agit pas d’influences, il ne s’agit que de rev
575 cause de l’orgueil national). C’est le monde qui doit être mal fait, car nous y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les
576 onal). C’est le monde qui doit être mal fait, car nous y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les fils des vertueux Germa
577 qui doit être mal fait, car nous y sommes brimés, nous qui pourtant sommes les fils des vertueux Germains ! Et de ce sentime
578 but que les Allemands n’ont pas perdu la guerre), doit résulter un sentiment de manque d’assurance nationale. La vraie Allem
579 Ersatz de l’au-delà. Nions donc cette réalité qui nous opprime si méticuleusement, tous ces articles du traité qui nous accu
580 méticuleusement, tous ces articles du traité qui nous accusent, toutes ces règles du jeu politique inventées par des ration
581 itique inventées par des rationalistes, alors que nous voulons une passion nouvelle ! Et de même que le romantique oubliait
582 remplace la vérité mesquine des juristes. Et cela nous fait comprendre bien des choses à première vue sans liens intimes : l
583 faitement les vrais ressorts du régime hitlérien. Nous n’étions plus en présence de Bismarck, mais d’un peuple envoûté par s
584 a vie, et qui était sa mission millénaire. « Chez nous , proclamait Goebbels, on n’impose pas au peuple des opinions diverses
585 peuple des opinions diverses entre lesquelles il devrait choisir : le peuple n’aime pas à choisir, il aime qu’on lui présente
586 qu’on lui présente une opinion juste… D’ailleurs notre politique est une politique d’artistes. Le Führer est un artiste de l
587 ieuse bien plus que politique, et dont les causes doivent être recherchées au plus secret de la conscience allemande, dans le d
588 la réalité quand il retrouve dans les figures de nos rêves les symboles religieux fondamentaux des époques les plus reculé
589 e la mort », et c’est uniquement dans la mort que nous pouvons rejoindre l’Autre, l’indicible. 89. On ne saurait trop insis