1 1946, Lettres sur la bombe atomique. I . La nouvelle
1 st accouru sur la galerie, à la nouvelle, et j’ai raconter l’histoire comme si je revenais d’Hiroshima, comme si j’en é
2 shima, comme si j’en étais responsable. À minuit, nous en parlions encore. Le choc nous avait jetés dans l’élucubration, plu
3 sable. À minuit, nous en parlions encore. Le choc nous avait jetés dans l’élucubration, plutôt que dans la terreur ou la méd
4 ante qu’affecte Sherlock Holmes devant Watson. Il nous donnait ainsi, d’un mot, la clé de ses mystérieuses disparitions dans
5 du genre Look. La marquise s’écria que l’idée que nous mourrons tous dans une grande explosion la hantait depuis son enfance
6 ystère en plein plexus solaire… Il va se venger ! Notre peintre surréaliste voulut bien s’interrompre dans un problème d’éche
7 (La Mort lente) il avait disparu dans les bois et nous revint au bout d’une heure, pâle et défait, disant que sa vie n’avait
8 une manière toute nouvelle de traiter le monde où nous vivons. J’admire que la plus grande explosion de l’Histoire n’ait pas
9 ition. Ce matin, le docteur a voulu se rattraper. Nous prenions le breakfast sur la jetée. Conduit semblait-il à deux rênes
10 nde et vint faire une large embardée tout près de nous . « Voilà la bombe anatomique ! », cria le docteur tandis qu’une vague
11 je les gagne en un an. Privés de petit déjeuner, nous avons vainement tenté l’analyse étymologique et comparée d’anatomie e
12 t l’avouer, dépasse les limites de la décence. Il nous laisse comme privés de réflexes, moins inquiets qu’excités, et hilare
2 1946, Lettres sur la bombe atomique. II . La guerre est morte
13 morte Lake George (N. Y.), le 12 août 1945. On nous parle d’armistice depuis hier. Est-ce encore une de ces fausses nouve
14 itale de la guerre. De même la victoire en Europe nous fut annoncée en deux temps, laissant la foule de Times Square perplex
15 et de souci. L’explosion vitale et délirante qui devait marquer la fin d’une ère, a fait long feu. On dit que les accidents d
16 in de la guerre se trouve déclassée par la Bombe. Nous n’aurons pas de Onze Novembre, parce que nous venons d’avoir un Six A
17 be. Nous n’aurons pas de Onze Novembre, parce que nous venons d’avoir un Six Août, et que c’est à partir de la Bombe, non de
18 naire du mot. « Il y aura toujours des guerres », nous disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, les « vra
19 ec une mâle vertu au-devant de la bombe atomique, nous reviendraient après quelques minutes sous forme de buée légère. N’ins
20 s carnavals mondiaux remplaceront désormais, pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de no
21 als mondiaux remplaceront désormais, pour nous et nos enfants, les « grandes parades » qui firent le principal de notre His
22 es « grandes parades » qui firent le principal de notre Histoire ? Tel est l’un des problèmes psychologiques que pose au sièc
23 rtition d’un seul atome. Il en est d’autres, dont nous avons parlé abondamment ces derniers jours : les maisons à hélicoptèr
3 1946, Lettres sur la bombe atomique. III . Le point de vue moral
24 éricains ont accueilli la nouvelle de la Bombe. —  Nous avons perdu la face, s’écriaient-ils, nous avons moralement perdu la
25 mbe. — Nous avons perdu la face, s’écriaient-ils, nous avons moralement perdu la guerre. Nous avons en tous cas terni notre
26 aient-ils, nous avons moralement perdu la guerre. Nous avons en tous cas terni notre victoire, et le prestige américain ne s
27 ent perdu la guerre. Nous avons en tous cas terni notre victoire, et le prestige américain ne s’en relèvera pas. — Pas du tou
28 n relèvera pas. — Pas du tout, disent les autres, nous avons abrégé la guerre, nous l’avons peut-être tuée, et nous avons sa
29 , disent les autres, nous avons abrégé la guerre, nous l’avons peut-être tuée, et nous avons sauvé un million de vies. Voilà
30 abrégé la guerre, nous l’avons peut-être tuée, et nous avons sauvé un million de vies. Voilà du beau travail américain. — Êt
31 t sans défenses sérieuses contre un débarquement. Notre presse s’est gardée d’insister sur les informations de ce genre. — M
32 ui a fait cesser la guerre ? — Bien au contraire, nous pensons que la guerre allait se terminer de toute façon. La Bombe n’a
33 nte ? Ils auraient eu leur prétexte honorable, et nous aurions la conscience nette. Mais certains, qui ne disent rien, ont l
34 air de dire : — Parlez toujours ! Le fait est que nous l’avons, la Bombe ! Et nous sommes décidés à en garder le secret. Le
35 urs ! Le fait est que nous l’avons, la Bombe ! Et nous sommes décidés à en garder le secret. Le président, après quelques ph
36 ce qu’il eût fallu faire, mais bien de ce qui va nous arriver. Car personne, sérieusement, n’ose opiner qu’il était préféra
37 énement soit oublié, supprimé, interdit à jamais. Nous sommes tous dans l’état du spectateur à l’approche du climax d’un bon
38 pproche du climax d’un bon film policier. Si l’on nous privait de la Bombe, je suis sûr que la déception surpasserait de bea
39 âge de folie pure peut-être, mais c’en est fait, nous sommes embarqués. Et toutes nos discussions rétrospectives sont vaine
40 s c’en est fait, nous sommes embarqués. Et toutes nos discussions rétrospectives sont vaines. Il s’agit de faire face à ce
4 1946, Lettres sur la bombe atomique. IV . Utopies
41 en porter une dizaine. Le gouvernement américain nous annonce comme « certaine » la fabrication d’appareils volant plus vit
42 de la durée d’agonie d’une population. L’idéal de nos contemporains paraît bien être de mourir sans le savoir, et sans avoi
43 ar 1 du poète latin. Mais trêve de vains regrets. Nous sommes en pleine folie. Et je décide de m’y abandonner le temps de ce
44 t la paresse et la mollesse de l’imagination dans notre siècle. Une Emily Brontë qui ne savait rien du monde et qui n’avait p
45 l’être se consume et se consomme en s’engageant, nous donne les Hauts de Hurlevent. Mais nous qui avons connu par la perséc
46 ngageant, nous donne les Hauts de Hurlevent. Mais nous qui avons connu par la persécution Hitler, Staline, et l’exil et la g
47 taline, et l’exil et la guerre, et le cinéma pour notre information si les camps ne nous ont pas eus, nous restons plus stupi
48 le cinéma pour notre information si les camps ne nous ont pas eus, nous restons plus stupides qu’une vache au seuil de l’èr
49 tre information si les camps ne nous ont pas eus, nous restons plus stupides qu’une vache au seuil de l’ère des miracles pré
50 r le second chef.) La seule idée qui soit venue à nos experts en urbanisme, du moins la seule qu’ils aient osé communiquer,
51 erpétuelle. Ainsi l’ennemi ne saura pas où viser. Nous voici condamnés au nomadisme. Mais après tout, si vous prenez les sta
52 on de rails ou d’hélices. Car je ne doute pas que nos constructeurs d’avions, utilisant l’énergie atomique, n’arrivent à tr
53 ndroit.) Vous allez me dire : mais c’est affreux, nous n’aurions plus de racines nulle part ! Avez-vous remarqué que toute l
54 , n’est qu’un immense complot mondial pour couper nos racines paysannes ? La machine à vapeur, la concentration urbaine, l’
55  » contre la Bombe, tout va dans le même sens. On nous a tout d’abord invités ou forcés à quitter nos campagnes pour les vil
56 n nous a tout d’abord invités ou forcés à quitter nos campagnes pour les villes. Ces villes, dont nous pensions devenir les
57 r nos campagnes pour les villes. Ces villes, dont nous pensions devenir les paysans, seront les premiers objectifs de la bom
58 ysans, seront les premiers objectifs de la bombe. Nous ne les abandonnerons pas pour si peu. Nous les transporterons à la ca
59 bombe. Nous ne les abandonnerons pas pour si peu. Nous les transporterons à la campagne. Il n’y aura plus de campagne ni de
60 ’Histoire dure encore (mais pour qu’elle dure, il nous faudra changer de gouvernants). Si mes arguments, jusqu’ici, n’ont pa
61 Les médecins américains estiment que le fait est à la fin des hostilités, plutôt qu’à la Bombe. » — « Alamogordo (New
62 ts sont les déchets de l’imagination. Et ceux que nous voyons aujourd’hui, et que nous étudions et mesurons, sont en réalité
63 tion. Et ceux que nous voyons aujourd’hui, et que nous étudions et mesurons, sont en réalité déterminés par l’angle obtus so
64 réalité déterminés par l’angle obtus sous lequel nous approchons le réel. Changeons d’angle et le monde changera. Nous verr
65 le réel. Changeons d’angle et le monde changera. Nous verrons d’autres « faits », nous trouverons d’autres « lois ». À ce s
66 monde changera. Nous verrons d’autres « faits », nous trouverons d’autres « lois ». À ce sujet, je vous envoie une petite p
67 ussisse et qui progresse. Vous semblez croire que nous sommes libres désormais de penser n’importe quoi, et que cela changer
68 amais une fée n’a fait tourner le moindre moteur. Nous vous laissons à vos enfantillages. — Bien, dis-je, la preuve que la s
69 uve que la science n’est pas folle, c’est qu’elle nous permet aujourd’hui d’aller beaucoup plus vite qu’il y a cent ans. Voi
70 nventent mille tours sentimentaux insoupçonnés de notre barbarie, créent l’immobilité dont le sous-produit nommé lenteur est
71 ais un moteur atomique n’a évoqué la moindre fée. Nous vous laissons à vos enfantillages. 1. « Plaise aux dieux que je meu
5 1946, Lettres sur la bombe atomique. V . Ni secret, ni défense
72 vec des agrafes de dossiers : c’est un secret que nous garderons, c’est un dépôt sacré, disent-ils. Et sans l’avis d’aucun s
73 plus folle qu’on ne l’imagine. Car non seulement nous sommes sans défense, mais encore le secret de la Bombe sera demain ce
74 main celui de Polichinelle, et enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons pas qui a tiré. Supposez qu’un petit pays,
75 Polichinelle, et enfin si quelqu’un nous attaque, nous ne saurons pas qui a tiré. Supposez qu’un petit pays, disons la Suis
76 xpression est devenue si vraie qu’elle a cessé de nous frapper. Une apathie étrange me semble s’établir dans les masses comm
77 . Je ne suis pas sûr que les nations en aient. Et nous restons les bras ballants, pensant aux achats de Noël… J’ai trouvé qu
6 1946, Lettres sur la bombe atomique. VI . Le savant et le général
78 affectent. Comme partout en Amérique — mais dans notre réserve d’intellectuels avec plus de compétence qu’ailleurs — la disc
79 il faut des troupes pour s’emparer d’une île qui nous servira de base de tir. » Et il conclut que les conditions fondamenta
80 tort, si le docteur Oppenheimer a raison. Mettons- nous dans la situation. Pour transporter l’infanterie et les chars nécessa
81 te, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des guerres considérées comme jeux réglés. Si l’un
7 1946, Lettres sur la bombe atomique. VII . Tout est changé, personne ne bouge
82 s jugements fort graves, en vérité. Je crains que nous n’ayons plus la même notion du sérieux et de la gravité. Vous êtes en
83 st pas seulement un océan, mais toute une ère qui nous sépare. Non, c’en est trop ! Écoutez-moi, venez ici et regardez avec
84 avec moi. Quand je vois que tout est changé dans notre monde depuis Hiroshima, et que cependant les responsables du sort com
85 voyons clairement la situation. — C’est tout vu, nous y sommes, quel est votre système ? — Cherchons ensemble… — Oh l’ennuy
86 monde ? Si les savants pensent vraiment ce qu’ils nous disent, le progrès scientifique est en vue de son terme. » Vous trouv
8 1946, Lettres sur la bombe atomique. VIII . Un salon atomique
87 lée. C’est qu’on croyait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’imaginati
88 yait alors, me dit le savant. Nous n’avons devant nous que des faits mesurables. Et cela tue l’imagination. Pensez-vous, dit
89 maison de mes hôtes, d’où je vous écris. En fait, nous sommes devant l’An Mil. Tous les problèmes derniers nous sont posés,
90 mmes devant l’An Mil. Tous les problèmes derniers nous sont posés, dans des termes urgents et concrets. Quel est le sens de
91 e d’un naufrage commun ou d’une explosion unanime nous paraît plutôt rassurante. C’est le danger ou le malheur individuel qu
92 bilité de comparaison. Les événements mondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques réper
93 ondiaux ne nous saisissent que par les franges de notre vanité, ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amours ou
94 , ou par quelques répercussions accidentelles sur nos amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi ind
95 ues répercussions accidentelles sur nos amours ou notre compte en banque. Rien ne laisse les hommes aussi indifférents que le
9 1946, Lettres sur la bombe atomique. IX . Paralysie des hommes d’État
96 e des hommes d’État Princeton, 9 novembre 1945. Notre monde du milieu du xxe siècle est gouverné par ceux qu’on nomme les
97 ve Garçon, et de l’Esprit Bourgeois, que la Bombe doit être administrée. Notez que si elle ne l’est pas, quelqu’un va nous l
98 rée. Notez que si elle ne l’est pas, quelqu’un va nous l’administrer. L’alternative est entre ces deux sens du verbe. Et sou
99 es contemporaines : que les chefs responsables de notre sort sont en réalité irresponsables ? Et qu’ils usurpent le nom de go
100 . Staline voudrait la paix, car sa Russie blessée doit d’abord être reconstruite, mais il ne renonce pas aux plans de Pierre
101 on voit ce qu’ils vont faire ou laisser faire de nos vies. Irresponsables moins par incapacité — ils suffiraient aux tâche
102 , me disent-ils. — Eh quoi, c’est pourtant ce que nous offre, à quelques nuances près, le plan des Nations unies. Vos États
103 ferment, et les esprits en état de siège. Sommes- nous fous ? Allons-nous continuer ce jeu jusqu’à l’explosion de la Terre ?
104 prits en état de siège. Sommes-nous fous ? Allons- nous continuer ce jeu jusqu’à l’explosion de la Terre ? Allons-nous confie
105 r ce jeu jusqu’à l’explosion de la Terre ? Allons- nous confier le destin de la planète à trois hommes surchargés, débordés,
10 1946, Lettres sur la bombe atomique. X . La tâche politique du siècle
106 avait pas les menaces de guerre ! Et que ferions- nous sans la Bombe ? Depuis des mois, les grandes manchettes sur huit colo
107 . S’il n’y a rien dans le journal, cherchons dans notre tête. Nous y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc
108 rien dans le journal, cherchons dans notre tête. Nous y trouverons d’abord une grande question : qu’est-il donc sorti de ce
109 utés, ces trois grands résultats de la lutte dont nous sortons, semblent donc converger vers un seul et même but, indiquer u
110 pratique d’un gouvernement fédéral de la planète nous sont apparues simultanément. Elles se proposent à l’esprit avec tant
111 : il n’est pas d’autre voie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles
112 ie praticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives th
113 aticable, la raison nous pousse à la suivre, nous devons donc arriver très vite au but… Telles sont les perspectives théorique
114 s vastes, ni de plus pacifiantes. Mais l’histoire nous apprend aussi que l’homme est stupide et mauvais, qu’il a peur de voi
115 te solution revêt un caractère de destinée : tout nous y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré nous si ce n’est par n
116 us y mène, et tôt ou tard elle s’imposera, malgré nous si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les obs
117 tard elle s’imposera, malgré nous si ce n’est par notre action. Ensuite, il s’agit de combattre les obstacles à cette union.
118 cles à cette union. Ils sont dans l’étroitesse de nos esprits, non pas dans la raison, ni dans les faits. Au premier rang,
11 1946, Lettres sur la bombe atomique. XI . Tous démocrates
119 son parti.) Il avait l’air un peu nerveux. Voici notre conversation. Moi. — Contre qui écrivez-vous aujourd’hui ? Lui. — J
120 e rire.) Moi. — Quel beau programme ! Avouez que nous sortons enfin des petitesses de l’ère bourgeoise, succédant aux ténèb
121 onde, se déclarent formellement démocrates. Donc, nous voici tous démocrates, dans le monde entier, exception faite de deux
122 ption faite de deux pays de langue espagnole, que nous appellerons secondaires. Et voici mon espoir, dans cette situation :
123 e une étiquette, contre ses adversaires déclarés, nous allons enfin pouvoir, entre nous, discuter le contenu véritable de la
124 saires déclarés, nous allons enfin pouvoir, entre nous , discuter le contenu véritable de la démocratie, sans passer aussitôt
125 s vois sourire diaboliquement, à votre tour. Mais nous sommes peut-être d’accord, en réalité. Puisque tous sont devenus « dé
126 nt devenus « démocrates », dans le monde de 1945, nous pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre effort, désor
127 monde de 1945, nous pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre effort, désormais, non plus sur la défense d’un
128 pouvons parler d’autre chose. Nous pouvons porter notre effort, désormais, non plus sur la défense d’un mot, d’un terme vague
129 is dissimule : Qu’est-ce que la liberté ? Et cela nous amènera bientôt à nous demander : Qu’est-ce que l’homme ? C’est le vr
130 e que la liberté ? Et cela nous amènera bientôt à nous demander : Qu’est-ce que l’homme ? C’est le vrai débat. Si nous le re
131 : Qu’est-ce que l’homme ? C’est le vrai débat. Si nous le reconnaissons, nous aurons fait un grand progrès, le seul peut-êtr
132  ? C’est le vrai débat. Si nous le reconnaissons, nous aurons fait un grand progrès, le seul peut-être que la guerre pouvait
133 la liberté. N’est-ce pas le problème numéro un de notre temps ? Car les problèmes se posent quand les choses s’en vont…
12 1946, Lettres sur la bombe atomique. XII . Les Quatre Libertés
134 vous entretenir des lieux communs qui enchantent notre âge, comme la Bombe, la Guerre et la Paix, la Démocratie et le gouver
135 m fear, ce qui se traduit un peu malaisément dans notre langue par liberté de parole et de religion, libération de la misère
136 ions unies ayant gagné la guerre, il est temps de nous demander quel est l’état présent des libertés qui faisaient l’enjeu d
137 t pas mauvaise. J’ignore d’ailleurs si ce progrès doit être attribué à moins de fanatisme de la part des masses religieuses,
138 de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent non sans raison les gouvernants, n’est que le résultat déplora
139 riple tout ce qu’elle s’est épuisée à combattre ? Doit -elle accepter de se passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec
140 s recevront plus tard, — données par qui ? Sommes- nous voués à l’esclavage d’État par nécessité matérielle ? Vous m’en voud
141 ruines. Or le rappel des fameuses quatre libertés nous y rabat impitoyablement, par la comparaison qu’il nous oblige à faire
142 y rabat impitoyablement, par la comparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous cha
143 ire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut être immédiatement changé : notre idéal, en att
144 changions ce qui peut être immédiatement changé : notre idéal, en attendant le reste. Je propose que nous remplacions la reve
145 otre idéal, en attendant le reste. Je propose que nous remplacions la revendication des quatre libertés pour le moment inacc
146 ue de liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que la
147 d, c’est celle de se réaliser personnellement. Or nous ne pourrons jamais la recevoir d’autrui. Sans elle, les autres libert
148 re. Par elle seule, elles peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous la démontrons par notre lutte contre toutes les «
149 elles peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous la démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’
150 uises. Nous l’affirmons et nous la démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’y opposent sans relâche.
151 . Cette Résistance ne fait que commencer. Mais si nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals,
152 i nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous les ren
153 sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État a
154 umains, aussitôt nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous
155 e libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’a
156 les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs . Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’abord un monde bien arrangé autou
157 ue nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’abord un monde bien arrangé autour de nous. (Les
158 n’est pas d’abord un monde bien arrangé autour de nous . (Les prisons sont bien arrangées.) Ce qu’il nous faut pour être libr
159 nous. (Les prisons sont bien arrangées.) Ce qu’il nous faut pour être libres, uniquement et tout simplement, c’est du courag
160 quement et tout simplement, c’est du courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qu
161 ent, c’est du courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qui sera toujours : payer
162 ourne le bouton de sa radio. Ils combattaient. Et nous  ? Nous ne serons libres dans la paix que si nous combattons encore.
163 e bouton de sa radio. Ils combattaient. Et nous ? Nous ne serons libres dans la paix que si nous combattons encore.
164 nous ? Nous ne serons libres dans la paix que si nous combattons encore.
13 1946, Lettres sur la bombe atomique. XIII . La pensée planétaire
165 Oui, chère amie. N’oubliez pas qu’ils risquent de nous écraser. Mais vos critiques ne sont jamais perdues pour moi. Elles re
166 que chose d’important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos m
167 ortant : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent
168 st que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle p
169 voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre
170 uerre planétaire, c’est-à-dire : à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimens
171 dire : à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté norm
172 reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et intégrer cette pensée-là, il aura fait une
173 du globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit,
174 Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire, qui est celle
175 gique : la formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. No
176 lanétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provincia
177 ardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, M
178 a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Pari
179 nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains
180 ondoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquen
181 Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec
182 Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusio
183 omains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou
184 t nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’on s
185 ibles pour qui ne peut y aller voir et sentir. Et notre époque n’est pas celle des voyages, mais seulement celle des « missio
186 t rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le
187 comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psycholo
188 issants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inexplorées. Hic sunt leones i
189 s marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces lions sont des hommes, qu
190 our que ces lions sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pou
191 ns sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour se demander :
192 estion de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous nos écrivains, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et
193 Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur prose et dans leurs longs verse
194 longs versets, quel qu’en soit le sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé d’un français riche
14 1946, Lettres sur la bombe atomique. XIV . Problème curieux que pose le gouvernement mondial
195 nt j’explique, pour ma part, cette difficulté que nous éprouvons tous. Un cabinet privé de ministère des Affaires étrangères
196 abinet privé de ministère des Affaires étrangères nous paraît comme puni et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nou
197 i et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or le gouvernement mondial devrait se pas
198 t dépourvu de sérieux. Or le gouvernement mondial devrait se passer de ces deux ministères, en vertu de sa définition. De plus,
199 je m’en excuse. Vous représentez ici l’humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imaginer le bien que
200 l’humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imaginer le bien que par contraste avec un mal dont nous
201 aginer le bien que par contraste avec un mal dont nous souffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une
202 ffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c’est-à-dire, soyons francs, le c
203 que la guerre était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la tenaient encore pour une nécessité, voire
204 s un primaire. Il m’assure que « à chaque guerre, nous , cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est b
205 chaque guerre, nous, cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est bien la preuve que j’ai tort, et d’
206 e, nous, cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est bien la preuve que j’ai tort, et d’ailleurs de n
207 z pas que je plaisantais. Car la Bombe seule peut nous débarrasser des armées, des souverainetés nationales, et de l’anarchi
208 tiennent sur la planète. Je dis que la Bombe peut nous en délivrer de deux manières : soit en faisant sauter le tout, soit e
209 anières : soit en faisant sauter le tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer les hommes au-delà des nations. Vous cher
210 ns. Vous cherchiez l’Autre contre qui s’unir ? Il nous fallait une menace planétaire pour provoquer l’union sacrée du genre
15 1946, Lettres sur la bombe atomique. XV . L’État-nation
211 a culture y perdraient quelque chose de précieux. Nous serions tous fondus dans un magma informe de races, de langues, de re
212 en de l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les guerres qui le produisent. Et
213 s… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équivoque. Il a deux sens bien différents. Je n’ai parlé que du m
16 1946, Lettres sur la bombe atomique. XVI . Le goût de la guerre
214 21 décembre 1945. Enfin ! Après quinze lettres nous y sommes. Je tiens l’aveu : « Que voulez-vous, j’aime l’armée ! », éc
215 elques mots cette querelle démodée, mais qui peut nous mener à certaines conclusions plus importantes et actuelles. J’ai aim
216 sert plus à rien. Pleurons-le brièvement, séchons nos yeux et regardons vite ce qui se passe aujourd’hui. C’est très pressé
217 taires, ce qui a permis la guerre dont on dit que nous sortons. Et je ne nierai pas que jusqu’à nos jours, toute arme nouvel
218 que nous sortons. Et je ne nierai pas que jusqu’à nos jours, toute arme nouvelle ait trouvé sa parade, pour le grand soulag
219 quoi. Tenez-vous bien : c’est parce que la guerre nous plaît, et que nous sommes portés par cette passion à nous rendre sour
220 en : c’est parce que la guerre nous plaît, et que nous sommes portés par cette passion à nous rendre sourds et aveugles deva
221 ît, et que nous sommes portés par cette passion à nous rendre sourds et aveugles devant tout ce qui menace de la rendre impo
222 tout ce qui menace de la rendre impossible. Ainsi nous défendons l’idée de nation souveraine parce qu’au secret de notre con
223 l’idée de nation souveraine parce qu’au secret de notre conscience elle est liée à l’idée de guerre. Des millénaires de guerr
224 iée à l’idée de guerre. Des millénaires de guerre nous ont intoxiqués. Et la fureur instantanée que provoque, chez beaucoup,
225 s même s’avouer. J’insiste sur ces derniers mots. Notre goût de la guerre est si bien refoulé que tous, sans exception, juren
226 ’absence de guerre ? Voici la tragédie nouvelle : nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rien contre son absence, pou
227 st la chance du diable pour demain. Hitler battu, nous n’aurons plus d’ennemi. Une dimension de la vie nous fera défaut. Ima
228 s n’aurons plus d’ennemi. Une dimension de la vie nous fera défaut. Imaginons les conséquences de cette déception planétaire
229 l n’y a plus de paroxysmes ? La guerre était pour nous la grande permission, le grand ajournement de nos problèmes, la justi
230 ous la grande permission, le grand ajournement de nos problèmes, la justification par l’opinion publique de l’irresponsabil
231 inion publique de l’irresponsabilité universelle. Nous l’aimions sans le savoir, pour une raison précise : elle était l’état
232 aines de l’existence publique. Elle figurait pour nous l’équivalent de la Fête chez les peuples anciens, elle en avait les a
233 emps » de l’humanité moderne, la seule excuse que notre esprit pût accepter pour suspendre le cours d’une existence de plus e
234 cène vide, l’ennemi déchu ? » Au lieu de la Fête, nous avons eu le Drame. Ou plutôt nous allons l’avoir. Deux grands coups o
235 ieu de la Fête, nous avons eu le Drame. Ou plutôt nous allons l’avoir. Deux grands coups ont été frappés, annonçant le lever
17 1946, Lettres sur la bombe atomique. XVII . La fin du monde
236 bombe atomique allaient être tentés sur l’Océan, notre savant a cru de son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses
237 tre tentés sur l’Océan, notre savant a cru de son devoir d’avertir aussitôt Washington. D’après ses calculs, disait-il, cet es
238 e fort approchée de la fin du monde. C’est à quoi nous en sommes, et c’est comique. On avait tout prévu sauf le comique, à p
239 a paix et pour faire régner l’ordre universel que nous allons courir le risque d’inonder ou de brûler la terre entière. Pers
240 es essais seront faits « dans un but militaire ». Nous sommes donc dans le domaine du sacré. Glissez mortels, mourez sans in
241 s de Corinthe : « Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, e
242 un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompe
243 ions occultistes, décrivant l’âge matérialiste où nous vivons, l’âge de l’extrême solidification des seules réalités qui nou
244 l’extrême solidification des seules réalités qui nous restent sensibles, prévoient la fin du monde par désintégration, diss
245 s rochers fracassés qui retombent sur les villes. Nous voici ramenés aux calculs du savant dont je vous parlais tout à l’heu
246 désormais. Ses données immédiates sont dans tous nos journaux. Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la f
247 ées immédiates sont dans tous nos journaux. Entre nous , qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur du m
248 tous nos journaux. Entre nous, qu’est-ce que cela nous ferait ? Ce serait la fin de la douleur du monde. Certains jours, il
249 des militaires, et de tous les irresponsables qui nous mènent, obéit secrètement au bon sens. Elle nous mène à la mort, c’es
250 nous mènent, obéit secrètement au bon sens. Elle nous mène à la mort, c’est clair. Mais c’est peut-être aussi qu’elle a com
251 souffrances humaines est devenue si grande, avec notre progrès, qu’il y a bien plus de gens au monde qui souhaitent d’en fin
18 1946, Lettres sur la bombe atomique. XVIII . La paix ou la mort
252 XVIII La paix ou la mort Fin décembre 1945. Notre monde est sans doute perdu, et c’est la raison de Noël. Dans cette nu
253 tout de l’homme qu’elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions mentales ou sensorielles en seront touj
254 elle suscite : voilà pourquoi nos instruments, et nos fonctions mentales ou sensorielles en seront toujours incapables. Ce
255 ue tout autrement que les formules d’Einstein que notre univers est fini, et que les seuls messages d’espoir qui passent enco
256 s accidents d’ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore, et que la guerre militaire y prospère d’
257 La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos chefs savent à peine ce qu’il
258 parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce d’organisation mond
259 majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouv
260 ous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous . Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos
261 ndez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis n
262 es au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma l
263 n : imaginez qu’il vous réponde ? S’il permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
264 sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », il nous attend. P.-S. — Un dernier mot, et dire que j’allais l’oublier ! La B
265 le se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
266 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme.
19 1946, Lettres sur la bombe atomique. Appendice I. Les cochons en uniforme ou. Le nouveau déluge
267 bres de machines et sur les ponts. Et ceci encore nous ramène, irrésistiblement, à la légende de l’arche de Noé. Souvenez-vo
268 oé. Souvenez-vous d’autre part des prédictions de notre physicien touchant la probabilité d’une fin du monde par raz-de-marée
269 sion supplémentaire, donnée à propos des cochons, nous ramène d’autre part à ma lettre deuxième, où j’annonçais la mort de l
270 peut renseigner sur celle de l’autre. Aussi bien nos marins ou capitaines cochons seront-ils revêtus pour l’occasion d’uni
271 l que soit le résultat de l’opération, sur lequel nos savants se perdent en conjectures, j’en tire une conclusion définitiv
272 n’avais pas pensé à l’uniforme et au respect que nous lui devions naguère. Les savants, eux, ne l’ont pas raté. Ce n’est pa
273 pas pensé à l’uniforme et au respect que nous lui devions naguère. Les savants, eux, ne l’ont pas raté. Ce n’est pas ma faute,
20 1946, Lettres sur la bombe atomique. Appendice II. Point de vue d’un général
274 riorité d’armement. S’il fallait parler chiffres, nous dirions que le facteur armement entre pour 99 pour cent et les autres
21 1946, Lettres sur la bombe atomique. Appendice III. La guerre des gaz n’a pas eu lieu
275 « Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Apocalypse. Mais
276 s ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Et beaucoup d’entre nous pressentent déjà que
277 en ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Et beaucoup d’entre nous pressentent déjà que la Bombe est en t
278 , nous avons repris nos sens. Et beaucoup d’entre nous pressentent déjà que la Bombe est en train de se dégonfler, pour ains
279 ain de se dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des
280 e se dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tou
281 si dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tout le monde s’y prépar
282 é subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaient rip
283 a donc les scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent, en général, d’une rapide évaluation des conséquen
284 ion des conséquences fâcheuses pour nous-mêmes de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition
22 1946, Lettres sur la bombe atomique. Appendice IV. La vérité n’est plus du côté des canons
285 ui qui accomplirait l’Évolution, c’était Staline, nous disaient-ils, comme disposant du plus grand nombre de mitrailleuses a
286 jourd’hui 1500 bombes en magasin, dont certaines, nous affirme-t-on, sont mille fois plus puissantes que celle d’Hiroshima.
287 vérité » n’est donc qu’une personne déplacée dans notre siècle, pitoyable caricature de cette tout autre Vérité qui n’a point