1 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 1. L’engagement politique
1 t politique J’ai, pour la politique, une espèce d’ aversion naturelle. L’aveu paraîtra maladroit au seuil du livre que vo
2 que voici. Mais faut-il aimer davantage l’espèce d’ adresse au jour le jour qui tient lieu de vertu politique à ce siècle
3 e siècle débile et fiévreux ? On se demande alors de quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été f
4 nds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intell
5 e malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’ aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs
6 tuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de rép
7 i un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dan
8 r ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a n
9 ndre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en
10 intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens de venir la brimer. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’elle
11 us perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’intellectuel une adhésion sentimentale, un enthousiasme sans réserv
12 ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur de logique dans l’application du système. L’État, sa politique, ses décr
13 ésentent dans notre siècle un monstrueux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par
14 ux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. S’il me
15 e qu’on me fait sur le territoire ennemi. Je fais de la politique pour qu’on n’en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour de
16 r violence. Ou plus exactement encore, si je fais de la politique, c’est bien moins pour sauver le monde que pour accompli
17 voirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques
18 emps où certain humanitarisme verbeux couvre plus d’ exactions que jamais le cynisme d’un Talleyrand n’en jugea nécessaires
19 eux couvre plus d’exactions que jamais le cynisme d’ un Talleyrand n’en jugea nécessaires ? L’amour du peuple et des victim
20 a nécessaires ? L’amour du peuple et des victimes d’ une société affolée s’étale sur les affiches électorales : j’y vois la
21 nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait
22 ot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui e
23 u qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’ en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut
24 ’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel d’ aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par aille
25 ger cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa dé
26 u’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bo
27 a chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en qu
28 crit contribue en quelque façon au bien ou au mal de beaucoup. Lorsque l’intelligence, dégoûtée, déserte le Forum, c’est l
29 liques et tout finit en dictature : plus question de pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligen
30 ture : plus question de pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligence, passant outre à son dégoû
31 at tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’
32 y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle p
33 x choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ailleurs, la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
34 la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît d’ une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle about
35 ne n’est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle aboutit à des traité
36  ». Entre deux, il se passe quelque chose qui n’a de nom dans aucune langue. 3. Dans le cas le plus favorable, et sous ré
2 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
37 ce du clerc qui s’engage Le risque est la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans illusion ni
38 e l’envisage sans illusion ni romantisme. L’enjeu d’ une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération
39 celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’exc
40 s de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’excuse pas du sérieux peut-être pesant des considér
41 Nietzsche, déjà, ne scandalise plus, fait figure de Don Quichotte littérateur. Qu’un homme cherche à juger quelque folie
42 it naguère lucidité, il se voit simplement traité d’ « intellectuel impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est f
43 ain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des intellectuels. Ils ont si bien habitué le
44 e grand public à leur manière toute désintéressée de traiter les questions humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
45 ns humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié d’ accueillir leurs « au loup ! » avec un scepticisme réaliste. L’intelli
46 entsia citadine s’est mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le récite », répète-t-el
47 ps. Ils ont su former l’homme et même le déformer de telle sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l
48 sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’ oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent da
49 st plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des néce
50 ’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre èr
51 vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les aut
52 ce assez puissante. D’une part, les « réalistes » de la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dé
53 te. D’une part, les « réalistes » de la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dépourvu, au beau
54 de leurs calculs : ils avaient oublié l’humanité de l’homme, et tout échoue devant une révolte qui leur paraît irrationne
55 e révolte qui leur paraît irrationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il fa
56 de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur offre un programme, d
57 ur cela qu’on leur offre un programme, des moyens d’ en sortir, une nouvelle direction d’activité. Vont-ils se tourner vers
58 e, des moyens d’en sortir, une nouvelle direction d’ activité. Vont-ils se tourner vers les sages, vers les clercs dont on
59 lercs dont on pouvait croire que la mission était de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’on
60 s délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’ être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les
61 t le risque d’être homme, et se réservent le rôle d’ assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la sép
62 les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise a
63 t c’est ainsi que la séparation de la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la concep
64 pensée bourgeoise aboutit à la conception brutale d’ une politique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’autre aut
65 ique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’ autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d
66 connaît plus d’autre autorité que la police, plus d’ autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui conce
67 és que celles qui concernent la moitié inférieure de l’homme. (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils4 ;
68 ls4 ; en attendant, ils les veulent soumis.) Dans de telles conjonctures, on comprendra sans peine qu’un intellectuel hési
69 u’un intellectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est pl
70 ectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de
71 s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, ma
72 ronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le jeu commun. C
73 rtante entreprise, faire appel à toute la rigueur d’ un « esprit » par essence impondérable et volatil ? Dirait-on pas qu’i
74 ginent exercer sur le cours des choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés d’hypothèses, ils se croient facilement d
75 choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés d’ hypothèses, ils se croient facilement démiurges, cependant qu’ils négl
76 e troupier qu’un capitaine rencontre saoul, comme d’ habitude. « Si tu ne buvais pas tant, dit l’officier, tu pourrais pass
77  solutions pratiques » qu’affirme un autre groupe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de v
78 ’affirme un autre groupe de clercs, fort désireux d’ aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratiq
79 sireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
80 pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais
81 boutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais se contente,
82 « entrer dans l’action », et cela se traduit par de généreux manifestes, des formules vagues, à peine sonores et toujours
83 atique, laïque, progressiste, etc. », ni l’effort de signer quelques appels à l’Opinion publique, n’engagent à rien, perso
84 iblement troublées ; il se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas
85 la n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’ agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicul
86 ert à rien et détourne d’agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-
87 ? Existe-t-il pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus,
88 -il pour l’intellectuel une possibilité de sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’av
89 ous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous, se croit enco
90 ps. 4. Voir plus loin : Précédence ou primauté de l’économique  ?
3 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
91 et la pensée inefficace, cela provient, je crois, d’ une seule et même cause, d’une seule et même erreur initiale sur l’hom
92 la provient, je crois, d’une seule et même cause, d’ une seule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal p
93 e répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes.
94 cs, ils oublient ce qu’est l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs effor
95 s ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au ma
96 efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’homme. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme a
97 . Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’autre cause
98 e agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’ autre cause à la crise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de
99 rise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui no
100 uels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul pouvoir. C’est à e
101 seul pouvoir. C’est à eux seuls qu’il appartient de l’exercer dans le désordre politique. Pratiquement et spirituellement
102 uement et spirituellement, il n’y a pas pour nous de tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous p
103 cune autre puissance. C’est dans cette recherche d’ une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il f
104 issance. C’est dans cette recherche d’une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’in
105 t dans cette recherche d’une mesure de l’homme et d’ une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention généra
106 ne mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention générale des essais réunis dans
107 e me fais aucune illusion sur la portée immédiate de mon effort. La situation présente me l’interdirait, toute question d’
108 tuation présente me l’interdirait, toute question d’ habileté mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas cond
109 que par le bourgeois. Deux-cents pages de plus ou de moins n’y changeront rien, dit le bon sens. Mais j’ai ma petite folie
110 ns son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas une raison,
111 redoutable dès que l’on considère que le concret de l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes. Il faut rec
112 nnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit d’ aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défen
113 ’état d’esprit d’aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus. On le
114 défendent sont petits, mal connus. On les accuse d’ utopie. Ils tablent, en effet, sur la chance de l’homme concret, de la
115 se d’utopie. Ils tablent, en effet, sur la chance de l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécess
116 lent, en effet, sur la chance de l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécessités historiques » q
117 s « nécessités historiques » qui, selon l’opinion de nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, d
118 à gauche et à droite pour justifier les trahisons de la personne, n’existent réellement qu’à partir du moment où l’homme n
119 des lois diminue aussitôt. Aussi bien convient-il d’ opposer un scepticisme méthodique aux calculs ingénieux des sociologue
120 s probable que la sociologie n’est qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement.
121 ience de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’ une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocat
122 omanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocation personnel
123 cation personnelle, on voit paraître toute espèce de troubles dans ses activités et ses pensées : l’un des plus caractéris
124 pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’ évolution des « masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ho
125 masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est ce
126 asses n’étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’ éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’
127 isibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’humanité particulière tell
128 in visible. Sociologues et humanitaires souffrent d’ une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tan
129 Sociologues et humanitaires souffrent d’une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tant qu’homme,
130 (hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu d’ insister sur ce point après tant d’autres. Ce qu’on n’a peut-être pas
131 du refoulement personnaliste, le symptôme évident de la débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en es
132 débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bour
133 l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bourgeoisie libérale ne sait plus honorer l’esprit qui fi
134 cisme tardif l’abstraction toujours plus irréelle de sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’es
135 bstraction toujours plus irréelle de sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’est qu’elle a perd
136 s. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons d’ une manière plus concrète à propos de situations précises — on peut en
137 remière tâche des intellectuels est, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de
138 nduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition
139 tique des mythes collectivistes nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de l
140 nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduir
141 is il s’agit de retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, to
142 ver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’indique
143 e en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’ indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions.
144 s, d’indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions.
4 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
145 4.Pour une politique à hauteur d’ homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le co
146 litique à hauteur d’homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les pouvo
147 entendent mener les hommes. Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politiqu
148 Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette
149 qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé de poser dans le monde des politiciens. Si la Politique est l’art de go
150 monde des politiciens. Si la Politique est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exe
151 ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de s
152 rd ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui
153 il faut se plier pour respecter en lui sa raison d’ être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni
154 vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme5. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces
155 ncent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou emp
156 r cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais
157 en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ ignorance par quelques centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
158 ée sur un fond d’ignorance par quelques centaines d’ arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Dé
159 s centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse d
160 tes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’ arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme
161 d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme et combine ; cesse de croire, par exemple, qu’un b
162 se cesse de confondre réalisme et combine ; cesse de croire, par exemple, qu’un bon agent électoral est un homme qui conna
163 toral est un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que
164 ’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découv
165 r par les fameuses « nécessités de l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans les coulo
166 nts croyaient naguère découvrir dans les couloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle
167 ouloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habilet
168 a Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’ action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habileté politicien
169 ouchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font.
170 leurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont
171 lus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordr
172 se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu d’ imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcher
173 ge trop durement responsables. Mais prenons garde de borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce
174 que dansent les droites et les gauches. Changeons de plan ! Reposons la question politique dans une perspective humaine, e
175 ’optique parlementaire ». Une politique à hauteur d’ homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la
176 eur d’homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’au
177 principe de cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont cha
178 uvent subordonnés à la défense et à l’affirmation de la personne, module universel de toutes les institutions. Cette polit
179 à l’affirmation de la personne, module universel de toutes les institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme total
180 otalitaire ; elle s’oppose à l’émiettement social de la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ho
181 e individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse
182 e refuse la dictature, parce que le centre vivant d’ un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en c
183 ntre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent
184 nt-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’ hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit reven
185 r, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une po
186 art à ce niveau. 5. Jean-Richard Bloch, parlant de « l’iniquité capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’est elle-
187 is cette iniquité n’est elle-même que le résultat d’ une erreur plus profonde. Elle traduit, dans l’ordre social, une mécon
188 social, une méconnaissance intime des valeurs et de leur hiérarchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la déf
189 rchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la définition humaine. » (Offrande à la Politique, p. 255.) Ignorance
5 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 5. En dernier ressort
190 pensée à son terme ; enfin je crois que la vision d’ un homme non point parfait mais librement humain, ne peut exister autr
191 main, ne peut exister autrement que sous l’espèce d’ un appel à restaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’agir q
192 estaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’ agir que je viens d’exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèven
193 re dégradée. Les trois motifs d’agir que je viens d’ exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèvent, pourrait-on dire,
194 main, et relèvent, pourrait-on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au m
195 it-on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces
196 s motifs peuvent très bien revêtir les apparences d’ une politique supérieure, et comme tels se voir adoptés par des clercs
197 es jugent suffisants, et n’éprouvent aucun besoin de les étayer autrement. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’
198 ent. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’ une foi en l’homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’homme, c’est c
199 era la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à
200 le plus attirant, l’imagination la plus dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’at
201 éalité, la puissance, la vérité. Nul idéal humain de l’homme n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défa
202 n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défaites une espérance plus certaine, une féconde humiliation. L’
203 e féconde humiliation. L’homme des foules n’a que de la haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour pers
204 pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomph
205 ngtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdica
206 ort périlleux de le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal pr
207 us : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exige
208 e par l’abdication de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exigences trop réelles, on leur acco
209 n de l’idéal premier. En échange de leur promesse d’ abandonner leurs exigences trop réelles, on leur accorde un triomphe f
210 riomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoires, du
211 provisoirement dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’ héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameu
212 dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameux : l’homme ne
213 teur. Elle contient tout ensemble, dans l’instant de son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justificat
214 dans l’instant de son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision d
215 absolu de l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ai
216 en, la justification de cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raiso
217 uts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons » d’agir sur le plan politique, si d’une part toute foi
218 rais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons » d’ agir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il e
219 l est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ ordre intellectuel, par exemple, ébranle nécessairement une suite de c
220 el, par exemple, ébranle nécessairement une suite de conséquences qu’on ne peut limiter au domaine « privé ». Mais la posi
221 ivé ». Mais la position du chrétien dans le monde d’ aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu
222 nt veut-on que le chrétien échappe à cette espèce d’ équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parl
223 happe à cette espèce d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et ce
224 ès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend autrement ; il e
225 endant il l’entend autrement ; il est bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’objet de ces re
226 es revendications concrètes, et cependant l’objet de ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transce
227 osés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’ équivoque, c’est dans l’espoir qu’on voudra bien ne pas oublier les ra
228 s oublier les raisons qui m’empêchent honnêtement d’ en sortir. Une équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’être t
229 ne équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’ être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, d
230 telle cesse d’ailleurs d’être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficulté
231 rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller
232 n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assu
233 primer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assumer le risque, sobrement. ⁂
234 encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’ en assumer le risque, sobrement. ⁂ J’imagine assez bien la gêne du lec
235 l voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute
236 e de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très pe
237 ux dire qu’elle a conduit ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui sont, je crois, ceux qui se posent. À qui se p
238 il me faut indiquer pour finir.   I. — Le malheur de l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essai
239 t bien aussi qu’elles servent à distraire l’homme de son sort personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que p
240 sens, toutes les politiques ne sont que politique d’ autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est pour oublier les f
241 nt vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on se
242 signé à la vie de l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on sert peut sembler très naïf au politi
243 l qu’on sert peut sembler très naïf au politicien de métier : c’est qu’il ne prend pas au sérieux le fait humain et la des
244 d pas au sérieux le fait humain et la destination de l’homme. Il ne connaît, dans ses calculs « pratiques », ni la misère
245 « pratiques », ni la misère réelle ni la grandeur de l’homme. Il porte rarement le poids des injustices du régime social.
246 —, surtout si cette légèreté devient la condition de son succès pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la polit
247 ès pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne
248 ilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursuivie. On n’aboutit pas à l’humain en agissant au mépris
249 is l’état du chrétien dans ce monde est justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espérance, la véritab
250 oisse et dans l’espérance, la véritable condition de l’homme, et les conditions qu’elle impose. C’est pourquoi, seul, il p
251 mettant sous une même couverture quelques essais de circonstance qui n’ont parfois rien d’autre en commun pour la forme q
252 ues essais de circonstance qui n’ont parfois rien d’ autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je n
253 n d’autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’art
254 on, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’ art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévue
255 crois pas un instant faire une œuvre ni d’art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévues — confé
256 lics, enquêtes — m’invitèrent à traiter sans trop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développement
257 rop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développements. C’est que la politique, redisons-le, n’est
258 ogique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis
259 it de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer u
260 à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépend
261 moignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politiqu
262 , plutôt que de leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est u
263 imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi
264 re du temps. L’occasion seule, sous la contrainte de la foi, légitime à mes yeux cette action : il fallait que cela parais
265 il fallait que cela paraisse dans la disposition de ce recueil. 6. C’est dans ce jusqu’au bout que réside en dernière a
266 it toujours par opposer au chrétien qui le presse de conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qu
267 tien qui le presse de conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
268 ra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases de départ du marxisme.
6 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
269 ns toutes les conférences, dans tous les journaux d’ opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expressi
270 les journaux d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hanti
271 d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hantise, comme le
272 une véritable hantise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « 
273 rle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’ expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et
274 s’affrontent au milieu du désordre. Il n’est pas d’ expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut prendre
275 ent pour une dictature qui tire son seul prestige de la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruin
276 tature qui tire son seul prestige de la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des expl
277 dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures de panique boursière. Les inventeurs se voient refuser des brevets parce
278 urs, crée du chômage8. Et, cependant, les peuples de toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la
279 pendant, les peuples de toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se v
280 continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se vident ; les jeunes gens n’ont plus goû
281 misère fiévreuse. Et, cependant, les politiciens de tous bords consacrent leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
282 e avec grandiloquence par des journaux qui vivent de fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle
283 ue, jusqu’à ces dernières années, la civilisation de l’Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux a
284 es, la civilisation de l’Occident ait permis plus d’ espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les
285 Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les rapports normaux entre le
286 » soit seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsque les valeurs boursières et la tranquillité pu
287 La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis l
288 ériodes dites « prospères » ne sont que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusions et la dégradat
289 a culture des illusions et la dégradation du sens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’un pro
290 ens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’ être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une s
291 L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’ un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringo
292 comme une solennelle dégringolade, une contagion de déséquilibres, dévorant successivement toutes les possibilités d’amén
293 , dévorant successivement toutes les possibilités d’ aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la gran
294 cessivement toutes les possibilités d’aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne fu
295 a grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement r
296 èche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le
297 chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre » qui couvait sous des a
298 soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un lang
299 Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fu
300 nt un langage clair. Jamais il ne fut plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et plus grand que j
301 s presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe
302 u contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin d
303 nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se si
304 uestion de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se simplifie aussitôt ; et
305 , faisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel, en face des destins collectifs, le choix néce
306 avec une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous ap
307 décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insiste sur le mo
308 es simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaiss
309 st difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’ oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop sou
310 souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’ évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde con
311 in esprit simpliste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cess
312 iste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et d’ engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réf
313 t concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui
314 ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là,
315 tuation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là, déjà, prendre une posit
316 és ont été trop souvent pour nous des professeurs d’ abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un bea
317 seurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusq
318 hoisir. La pensée redevient un danger, un facteur de choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons
319 ensée redevient un danger, un facteur de choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le ri
320 Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression est courante, mais suspe
321 est courante, mais suspecte9. Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, des
322 e près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et siècle, contient peut-être le secret du mal
323 s souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple question : comment un siècle peut-il avoir un dest
324 le peut-il avoir un destin ? En réalité, il n’y a de destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme se
325 n, César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison
326 cun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude pa
327 ns la mesure où chacun de nous possède une raison d’ être, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui
328 ien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitu
329 e ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d’ attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je
330 que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous
331 ’humanité, et dont les éléments sont presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’histoire des colle
332 ont presque tous de nature collective. L’histoire d’ un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des pe
333 que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nou
334 un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lo
335 ns pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre d
336 e, leur destinée. Autant dire que nous avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles, des divinité
337 s menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les intentions secrètes, — les
338 uperstitieux au dernier degré. La grande majorité de nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas.
339 t pas. Mais elle garde chevillé au cœur le besoin d’ obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. To
340 cœur le besoin d’obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, n
341 des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et c
342 nt prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation,
343 … Sans doute n’avons-nous pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe
344 . Vous jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’ incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres
345 vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cet
346 ités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même d’ adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’incroya
347 . Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’ incroyants, et ce sont, par exemple, l’opinion publique et la presse,
348 a race : voilà peut-être les divinités maîtresses de cette première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’e
349 première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui so
350 ociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits marxistes, plus intelligents et plus
351 fascistes et racistes. Prenez le dernier article de Trotski contre Hitler. C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîn
352 e dernier article de Trotski contre Hitler. C’est d’ une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inattaqua
353 oltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’ une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée.
354 que entièrement par le fait qu’il était, à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de
355 al dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’une armée vaincue. L
356 de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’ une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que
357 sse ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se
358 irent une conclusion inattendue. Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous con
359 ous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonnez votre cher petit moi, fondez votre destin dans
360 fondez votre destin dans celui du prolétariat ou de la race aryenne, et toutes vos inquiétudes s’apaiseront. Bien. Mais i
361 iseront. Bien. Mais il faut prendre garde d’abord de confondre le sacrifice et le suicide. L’élan qui jette des millions d
362 fice et le suicide. L’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
363 ans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’ une fuite devant le destin particulier et la responsabilité de chacun.
364 devant le destin particulier et la responsabilité de chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignen
365 er et la responsabilité de chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous
366 s de choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas
367 ec raison, que leur action n’a pas les apparences d’ une évasion, d’une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’
368 leur action n’a pas les apparences d’une évasion, d’ une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’ils ont exposé
369 fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à sa base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réal
370 es ou hitlériens, ce sont des réalités générales, d’ ordre statistique ; des considérations, par exemple, sur le développem
371 les passés, quand ce ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, ach
372 nd du terme, la seule chose qui intéresse chacune de nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’
373 ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générale
374 ours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure ex
375 ans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’ hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre
376 se disputent énormément. J’estime qu’ils ont tort de se disputer, parce qu’ils ont raison les uns et les autres. Ma théori
377 e s’applique pas seulement aux partisans attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est
378 attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxi
379 Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du r
380 classe ou la race, et c’est perdre son temps que de contester leur croyance. Ces hommes-là savent au moins ce qui les mèn
381 lettantes qui tombent, eux aussi, mais continuent d’ évoquer la liberté et les idéaux supérieurs dont ils s’éloignent de pl
382 beau ne pas croire, pour mon compte, à la réalité de tous ces mythes, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de dis
383 es, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait,
384 u ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dom
385 roit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
386 it, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que les journaux disposent de
387 t dire, sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute gu
388 du siècle, et peut-être aurions-nous un peu plus d’ attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux
389 un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispo
390 èmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau d
391 dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en f
392 journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas.
393 cette description a pu faire naître dans l’esprit de quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milieux bien-pens
394 ilieux bien-pensants, veut qu’on dénonce le règne de la masse. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir
395 ents sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée
396 mme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’ un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs.
397 e droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs. On prétend qu
398 nonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle, l’homme is
399 it jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri de la Déclaration des droits de l’homme, ne mérite pas qu’on le pleure.
400 mme sans destin, un homme sans vocation ni raison d’ être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement,
401 rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître l
402 -là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal
403 plus dégradant. On vit alors, chez les meilleurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pa
404 eurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pas toujours la forme romantique du coup de rev
405 ne prit pas toujours la forme romantique du coup de revolver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlemen
406 ver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’ un enrôlement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une e
407 vent la forme d’un enrôlement dans quelque troupe d’ assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salu
408 t. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu
409 serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la
410 destin des autres ; c’est parce qu’il n’avait pas de vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meill
411 vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste
412 tion de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’abo
413 ythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement de ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté no
414 ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’ une communauté nouvelle que l’individualisme avait dissoute. Il n’y a
415 ualisme avait dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, m
416 it dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi j
417 n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’ac
418 eu autant de ligues, de groupements, de partis et d’ associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’accord réel, ja
419 ais aussi jamais moins d’accord réel, jamais plus de haine déclarée. L’amour des hommes, transposé dans la collectivité, d
420 osé dans la collectivité, devient automatiquement de la haine. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormai
421 ue désormais le globe entier apparaisse solidaire d’ une même civilisation. Mais cette solidarité, que vaut-elle ? Le premi
422 dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’ une banque à Paris peut ruiner des petits rentiers belges et jeter sur
423 ntiers belges et jeter sur la paille des milliers d’ ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la soli
424 , le destin des ismes ne nous laisse rien prévoir d’ autre qu’un monde chaotique hautement organisé, une monstrueuse agglom
425 hautement organisé, une monstrueuse agglomération d’ individus assemblés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans
426 la haine, parqués dans des casernes ou des camps de travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du sièc
427 des casernes ou des camps de travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est-elle pessimiste
428 à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux maintenant dé
429 nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsable ou respons
430 et simplement, ou désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La
431 Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’ être. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’inst
432 ignorés. Les voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croi
433 voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croire qu’ils ont
434 , et que le mieux à faire pour nous, c’est encore de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est pas abdiquer sous
435 e qui les poussait, je vois bien ce qu’il y avait d’ émouvant dans leur élan vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils
436 uté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fal
437 t très simple : que la société doit être composée d’ hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalc
438 é, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui
439 mme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme :
440 ci notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant le
441 e des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connais
442 ts de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connaissant aussi l
443 mais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’ être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâch
444 parle tant depuis quelques années ? Permettez-moi de renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs s
445 us lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièremen
446 essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, a
447 ont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, assez lâche, qu’on appelle l’indi
448 ’une certaine attitude, l’attitude démissionnaire de l’homme en fuite devant sa vocation. Les fantômes collectifs, comme
449 ntômes collectifs, comme tous les fantômes, n’ont de réalité que celle qu’on leur prête. Si personne n’y croyait, ils n’ex
450 ces mythes représentent l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la person
451 nt l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la personne, au contraire, rep
452 ire, représente l’attitude créatrice, la vocation de l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à
453 à sa réalité. Dans l’homme, la masse n’a pas plus de puissance que la personne. Et c’est dans l’homme qu’a lieu le choix,
454 on pas dans la rue, dans l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. E
455 l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’étudiants
456 cision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’ étudiants, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans toute s
457 personne. Et votre rôle d’étudiants, c’est-à-dire d’ intellectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous d
458 paraît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous de rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands fait
459 echercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler,
460 nds faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des dictature
461 ctatures, dans un fléchissement, en vous, du sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
462 u sens de votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’a
463 onnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfug
464 tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire10, qu
465 e l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire10, qui pense par périodes sécula
466 ul éveillé et conscient des réalités. J’ai essayé de vous montrer qu’en ne pensant qu’historiquement, il fonde en lui la d
467 uement, il fonde en lui la dictature du nombre et de l’irresponsable. Je pourrais maintenant vous donner une contrepartie,
468 s maintenant vous donner une contrepartie, tenter de vous décrire la pensée personnaliste, la pensée qui ne veut s’attache
469 ontraire de l’individu perdu dans l’Histoire, vit d’ instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte
470 perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant, d’ une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte, toujours imprévisibl
471 it d’instant en instant, d’une tâche à une autre, d’ un acte à un autre acte, toujours imprévisible, toujours aventureux. E
472 el. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude niet
473 réponse à toutes ces questions, c’est la réponse de l’Évangile. Faites toutes les sociétés que vous voudrez, bouleversez
474 seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu c
475 voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, n
476 deux ne sont possibles que dans cet acte, unique d’ obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je di
477 que dans cet acte, unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il fa
478 rance à l’égard du voisin, une façon plus commode de vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
479 onne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’ être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver
480 donne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit 
481 parabole, celle du Bon Samaritain. Et le docteur de la loi découvrit cette vérité que toute sa religion n’avait pas pu lu
482 ce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’i
483 Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire,
484 ire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et
485 société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais p
486 mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peu
487 ques et révolutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au se
488 olutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de no
489 uvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’ arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matér
490 de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pé
491 ’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimi
492 e. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas s
493 intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré,
494 ’est pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ;
495 aissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une
496 ant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant d’ avoir rencontré Dieu. 7. Conférence donnée à Genève, le 12 février 1
497 ichard Bloch intitula Destin du siècle un recueil d’ essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici l
498 tentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’une
499 e vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’ une expression qui en dit plus long que son auteur ne voulait sans dou
7 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (d’après une discussion)
500 question. — Vous parlez beaucoup de la personne… De mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cou
501 rs disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je
502 idu et personne. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout d’en conclure qu’entre individualistes et
503 as qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout d’ en conclure qu’entre individualistes et personnalistes, la différence
504 ort à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie d’ un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cel
505 ent à dire, sur le plan politique, que les droits de l’État priment ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de l
506 ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individu
507 qui découle normalement de la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’est pas j
508 vidualistes à la mode du xixe siècle font figure de révoltés non seulement contre l’État, mais aussi contre la définition
509 ntre l’État, mais aussi contre la définition même de l’individu, et, en fin de compte, contre la raison, — dont ils aiment
510 se réclamer par ailleurs. La conséquence logique de l’individu, c’est l’étatisme, le fascisme ou la dictature stalinienne
511 ature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duquel légiféra la Convention
512 it du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’ abdication logique des doctrines libérales. Laissons aux communistes l
513 rines libérales. Laissons aux communistes le soin de s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vo
514 créatrice, la situation se renverse. La vocation d’ un homme n’est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus :
515 arge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’ être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne p
516 re. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le
517 de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normal
518 r qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La pe
519 ire, sur le plan politique, que l’État n’est rien d’ autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des personnes.
520 née à subvenir à l’entretien des personnes. Privé de toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie e
521 ignité mystique, il doit devenir un simple organe d’ économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien
522 e, il doit devenir un simple organe d’économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien encore, une a
523 niques, ou bien encore, une administration, dotée d’ une police minime. Une autre conséquence politique du personnalisme, q
524 ue du personnalisme, qui marque bien l’opposition de ce système à ceux qu’on a fondés sur l’individu libéral, c’est le féd
525 ses droits dépendent, en pratique, du bon plaisir de l’État. Tout au contraire, des lois fondées sur la personne sont obli
526 e, des lois fondées sur la personne sont obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles, puis locale
527 puis locales, puis régionales… On pourrait dire, d’ une manière un peu paradoxale, que ces lois perdent en puissance à mes
528 esure qu’elles s’éloignent du foyer vivant. Mais, de la sorte, le centre de l’autorité n’est pas dans les bureaux d’État,
529 ent du foyer vivant. Mais, de la sorte, le centre de l’autorité n’est pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activit
530 e centre de l’autorité n’est pas dans les bureaux d’ État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de g
531 s bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont m
532 ité réelle de chaque personne, au sein de groupes d’ autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples po
533 ques seront-ils plus probants que les définitions d’ un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans j
534 mettons. Mais vous trouverez un très grand nombre d’ hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probabl
535 mbre d’hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bie
536 t profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’ être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens vo
537 . Tout système comporte en réalité une difficulté de ce genre. Le plus souvent, on la passe sous silence, et le système s’
538 blit sur une équivoque fondamentale. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu
539 ocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réalité humaine. Elle a pourt
540 avantage sur l’individualisme qui serait en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l’homme n’éta
541 nnes. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’ hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons
542 Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons deux remarques : 1. La vocation n’e
543 eux remarques : 1. La vocation n’est pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’une vocation. La
544 l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’ une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme
545 t ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche entreprise, refus
546 découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté
547 ide dans l’exercice de cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il
548 comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves.
549 sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous le
550 es hommes, croyants ou non. Je pense que beaucoup d’ incroyants acceptent cet appel, obscurément — inconsciemment, diraient
551 — dans la mesure où ils agissent sous l’impulsion d’ un absolu12. Je connais plusieurs incroyants qui croient très fermemen
552 ncroyants qui croient très fermement à la mission de leur vie : ils l’appellent leur dignité. Ils savent que c’est là ce q
553 e sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
554 , je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner
555 ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel »
556 dre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu d
557 ôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’ éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu de personnes. Mais
558 es lois sur la personne, c’est assurer la liberté d’ action des hommes les plus humains, les plus capables, par là même, de
559 les plus humains, les plus capables, par là même, de travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter
560 plus capables, par là même, de travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter les différences, les
561 ettre le pouvoir à quelques-uns… Mais le seul mot d’ oligarchie introduit tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
562 tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici. D’ autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’une démocratie minimum,
563 i. D’autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’ une démocratie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’attein
564 ie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’ atteindre un maximum. Troisième question. — Il y a dans votre positio
565 personnaliste un danger bien plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’ente
566 plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’entendent les chrétiens est impré
567 évisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréducti
568 é principale de prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréductible. Si chacun prétend suivre sa voca
569 nnent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette objection réside dans une vue rationaliste du monde. Dans la ré
570 s reçues s’insèrent naturellement dans le concret de la vie, et revêtent par là même une espèce de… régularité. L’Esprit s
571 ret de la vie, et revêtent par là même une espèce de … régularité. L’Esprit souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocatio
572 vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair »
573 prit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on pe
574 it, peut très bien n’être que la fixation brutale d’ un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisammen
575 le d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques «
576 te à la merci de la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus
577 olte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus, à un moment donné, le
578 , supportent beaucoup plus facilement l’irruption de l’imprévisible, et la prévoient en quelque sorte. C’est ainsi que les
579 ment personnalistes, s’accommodent assez aisément de l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État
580 stes, s’accommodent assez aisément de l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transf
581 on de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transforment aussitôt cette objection de conscience e
582 at français transforment aussitôt cette objection de conscience en un péril pour la défense nationale et l’ordre public.
583 ion. — Les personnalistes se réclament volontiers de l’esprit. Ils revendiquent la primauté du spirituel, reprenant l’expr
584 lui qui réside, comme disait Bernanos, en l’hôtel de la nonciature. Je ne crois pas que les personnalistes puissent se tar
585 is pas que les personnalistes puissent se targuer d’ un « esprit » aussi rigoureusement administré et contrôlé. Je crains a
586 ns alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la «
587 rgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe po
588 ualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour end
589  belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour endormir le peuple,
590 el ne connaît que la « chair » selon l’expression de l’Apôtre. Cette « chair » signifie aussi bien la raison et l’intellig
591 t souffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un de nous, et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il s
592 uelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’est rien d’ autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justemen
593 est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’ obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté d
594 auté du spirituel, c’est pratiquement la primauté de la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la se
595 tiquement la primauté de la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonna
596 . La primauté de la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonnante, et qui ne se fonde pas sur la c
597 . L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invis
598 rlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’ autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas n
599 trième, à la notion que les personnalités se font de l’individu ; la troisième, à la confusion courante de l’individu et d
600 ’individu ; la troisième, à la confusion courante de l’individu et de la personne. 12. Ceci demanderait quelques précisio
601 oisième, à la confusion courante de l’individu et de la personne. 12. Ceci demanderait quelques précisions. Dès que l’abs
602 t qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’ être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyan
8 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
603 IIIPrécédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cerc
604 à un débat dans un cercle privé) L’affirmation de l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à
605 e l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait «
606 tance décisive du fait économique servit de point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait « spiritua
607 spiritualiste » ou « idéaliste » au sens vulgaire de ces termes. Marx révélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature d
608 évélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature de la société moderne. Aux grands bourgeois libéraux, philanthropes et d
609 es, par-dessus tout leur religion, étaient autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement
610 nt de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement le monde — et peut-être eux-mêmes — sur la vér
611 es bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la
612 e du primat de l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
613 moment de l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une a
614 êmement efficace et qui tirait sa vérité relative de l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout d
615 ficace et qui tirait sa vérité relative de l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout de suite qu
616 e suite que cette vérité relative subsiste encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Q
617 te encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxiste
618 arxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d’ indignation en présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de ce
619 présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de l
620 lus ou moins consciente de certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écr
621 listes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seule
622 porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous
623 t nous verrons ensuite si tu attaches encore tant d’ importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence
624 i tu attaches encore tant d’importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature !
625 té, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature ! » Mais le marxisme, à la suite surtout des derniers écrit
626 marxisme, à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet a
627 beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou
628 indignation première. De cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou tout au moins à un aspect
629 ique — et légitime en raison même du grand nombre de faits dont l’argument paraissait rendre compte ; mais ensuite constru
630 bref, Marx démontra d’abord le matérialisme réel de la bourgeoisie qui se croyait idéaliste. Puis il systématisa sa criti
631 et homme réduit au minimum matériel, sur cet état de l’homme précisément qu’à l’origine il jugeait inhumain. Il condamna d
632 ues siècles peut-être, à un homme nouveau capable de créer un « spirituel » également rénové. C’était là, très exactement,
633 tement, comme le dit l’expression courante, faire de nécessité vertu. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de l
634 . Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de la Révolution un primat du déterminisme dont je dirai, sans plus de p
635  ? Parce qu’il fait abstraction du facteur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de v
636 ait abstraction du facteur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le
637 teur homme, de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le matérialisme a joué un
638 accompli, le déterminisme s’est révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction
639 fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec
640 ont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre.
641 x encore : les moyens du marxisme sont incapables d’ engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas en eux-mêmes
642 tent pas en eux-mêmes l’image et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne cr
643 e et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le
644 on de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le moyen des dictature
645 r le moyen des dictatures, pas plus qu’on ne fait de l’éternité en accumulant siècles sur siècles. Le matérialisme bourgeo
646 en charge par le marxisme, empêche la Révolution de s’arracher du plan capitaliste. Il alourdit, il entrave, finalement i
647 finalement il paralyse brutalement, par le moyen de la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. O
648 la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. On peut dire, très exactement, que le matérialisme est
649 très exactement, que le matérialisme est l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres éléments q
650 d’autres éléments que cette affirmation du primat de l’économique : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait
651 essentielle. Et ce serait une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter sous réserves, limiter se
652 us réserves, limiter ses dégâts ou même se passer d’ elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la
653 passer d’elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme r
654 autres parties de la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affi
655 de du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les th
656 ns la cohérence de ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les thèses marxistes reposent sur une co
657 e. On ne sait jamais très bien, en présence d’une de ces thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si e
658 thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si elle le condamne, ou si elle le revendique. C’est un des
659 cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fai
660 pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en
661 l est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en montrant qu’elles n’atteignent
662 », comme il l’a dit lui-même. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui préciséme
663 ment parce que, contre lui, ils se sentent privés de défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur incons
664 se intérieure : il est comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur natu
665 conscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur nature réelle. Prenons donc d’abord la thèse matérialiste en ell
666 correctifs que pourrait lui apporter telle lettre de Marx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialec
667 rx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’objections que j
668 ascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’ objections que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort con
669 t montrer que le capitalisme est bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi15 qu’un fait spirituel,
670 sif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyance
671 onomique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées mais réellement agissantes qui définisse
672 uler brutalement et systématiser ; 3° La primauté de l’économique implique une foi au déterminisme, une croyance en la seu
673 tains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de l’économique suppose une anthropologie particulière, qui considère l’
674 son dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimu
675 ous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré
676 de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité.
677 imum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du p
678 e n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du pain à tout
679 s du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’
680 el vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’ éluder le vrai problème. » Mais cette réponse simpliste, valable tout
681 ’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’ hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en
682 le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’ habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de
683 t d’hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réal
684 de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là m
685 e la réalité de l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là même, il paraît plus capable que le ma
686 r là même, il paraît plus capable que le marxisme d’ entraîner les classes moyennes, d’utiliser leur « idéalisme » impénite
687 que le marxisme d’entraîner les classes moyennes, d’ utiliser leur « idéalisme » impénitent. D’autre part, la réalisation
688 pénitent. D’autre part, la réalisation partielle de l’économie marxiste en Russie fait apparaître désormais la nécessité
689 en Russie fait apparaître désormais la nécessité d’ une spiritualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’être théo
690 tualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’ être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il fa
691 avait pas définie, il faut maintenant la préciser d’ urgence, ne fût-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaie
692 ains socialistes français, « pour n’être pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaître, au cour
693 Que le but final était bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’était
694 ste indique une orientation nouvelle du marxisme. De tous côtés la préoccupation dite culturelle apparaît là où naguère on
695 italisme, les marxistes revendiquaient les droits de la matière. Maintenant que la critique marxiste s’est vulgarisée et q
696 ont intérêt à revendiquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudra
697 ts de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer en quelques thèses rapid
698 s philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensu
699 iennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs reven
700 qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs revendications éc
701 e spirituelle. Mais ce passage serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le détermin
702 ge serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le déterminisme. Si le mot « spirituel 
703 urément par opposition avec les lois inéluctables d’ une nature tyrannique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est
704 n hors du déterminisme, la dialectique hégélienne de Marx l’a cependant prévue. On se souvient des phrases fameuses concer
705 phrases fameuses concernant « le saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révo
706 t « le saut du royaume de la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or, ce
707 rée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppressio
708 -à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un rêve d’ intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cet
709 êve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement
710 a réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules
711 naire opération de rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matériel
712 rs matérielles et quantitatives, figure une sorte de conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne v
713 figure une sorte de conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur
714 l dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’une giga
715 ans le passé de l’humanité ne peut permettre même d’ imaginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chréti
716 é ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’ une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existe
717 aginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existence que pour la personne huma
718 que caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’ existence que pour la personne humaine, et qui supposent une Personne
719 onne divine comme auteur. Si l’on refuse cet acte de foi en la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’imaginer po
720 la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’ imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les no
721 raisons d’imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les nouvelles valeurs instituées pendant la pér
722 s nouvelles valeurs instituées pendant la période de transition au socialisme ont, d’ores et déjà, une existence concrète,
723 d’ores et déjà, une existence concrète, une durée d’ action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitu
724 jà, une existence concrète, une durée d’action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensé
725 lles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la mati
726 l’homme, elles créent des habitudes de pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne
727 de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisé
728 ois du nombre et de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’i
729 de la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’un
730 anisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’ une spiritualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés
731 sormais dans un milieu de plus en plus stérilisé, de moins en moins favorable à une révolution réelle, surtout brusque. Un
732 ette anthropologie marxiste — qui n’est pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obéissant aux se
733 els, au sens étymologique. Des hommes, incapables d’ actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spiri
734 ’actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spirituel véritable. Seule une anthropologie établie dès
735 veau de l’acte, et non du fait, me paraît capable de préparer une révolution libératrice. Il y a plus. À supposer que le
736 ue ne pourrait être qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à
737 justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’ avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil
738 ituel qui ne vient qu’ensuite, c’est un spirituel de luxe, « gratuit » comme on disait naguère, sans efficace, sans respon
739 à fait digne des éloges du « clerc parfait », et de l’approbation des bourgeois les plus vilipendés par le marxisme dans
740 l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précédence évoque encore autre chose que la séparation bourgeoise et
741 ertain optimisme évolutionniste, tout un ensemble de doctrines qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanen
742 es qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons
743 que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’es
744 t pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’ un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme es
745 ine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’ une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
746 pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’ une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminism
747 oyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni auc
748 e déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni aucun esprit. À moins qu’un Dieu transcendant ne les y
749 ire, semblablement, que s’il n’y a pas, à la base d’ une doctrine politique un principe d’actualité, nulle « période de tra
750 s, à la base d’une doctrine politique un principe d’ actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engend
751 olitique un principe d’actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si, par exemple, la p
752 , nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si, par exemple, la personne humaine est comptée pour
753 sitions fondamentales du collectivisme, le succès de cette doctrine ne préparera nullement un terrain plus favorable à l’é
754 n terrain plus favorable à l’épanouissement futur de la personne. Quand on perd sur la personne, on ne peut pas se rattrap
755 ous séparez vous aussi, dans le temps, ce qui n’a d’ existence réelle que dans l’unité, dans l’instant. Faisons ici une dis
756 l’économique d’abord des marxistes. Il a un sens de primauté non pas chronologique et transitoire, mais absolue. Primauté
757 n chrétienne et la conception marxiste-hégélienne de la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que
758 tion marxiste-hégélienne de la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que la croyance à la période
759 dire, dans ce sens, que la croyance à la période de transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens e
760 ales irrationnelles, et qui l’ont exploité. (Mais d’ où vient cet esprit d’exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégrad
761 t qui l’ont exploité. (Mais d’où vient cet esprit d’ exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard
762 a fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades successifs. Notre
763 t à l’Esprit qui agit dans l’instant bouleversant de la foi, comme il agit à l’Origine et à la Fin. Le marxisme apparaît a
764 Sombart. Cf. encore sur cette question l’article de Louis Febvre, in Foi et Vie , n° 58-59 : Capitalisme et Réforme. 16
765 alisme et Réforme. 16. La publication des écrits de Marx Sur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 17.
766 ur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 17. Affirmation due à P. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet
767 a matière. L’esprit suivra quand on aura le temps de s’en occuper, c’est-à-dire à la fin du dernier plan quinquennal. Ce r
768 nous apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens tout humain du mot — et que, si Stephenson n’avait
769 n’avait pas inventé la locomotive, ceux qui font de la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. No
770 agande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque no
771 ons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette thèse matér
9 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite, (Fondements théologiques d’une action politique)
772 e : ni gauche ni droite (Fondements théologiques d’ une action politique) 18 En dépit de la vieille polémique des bien-
773 des bien-pensants, il n’existe guère, parmi nous, de théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût-ell
774 fût-elle même la plus subversive, est la doctrine d’ un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
775 ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’ un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
776 errestre, d’un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
777 ines. Tout ordre terrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
778 nception réactionnaire, ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
779 ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
780 ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
781 sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
782 doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
783 onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
784 ue si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
785 ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte d’ humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
786 i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
787 s, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
788 s caractérisée par deux traits qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
789 ue seule elle pose la question dernière du destin de l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
790 aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
791 sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
792 instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être d’ avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
793 i ne veut connaître que les fins, et risque ainsi de sous-estimer les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’agit
794 ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours d’ un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
795 ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou d’ un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
796 blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’ un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
797 dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
798 l’origine et à la fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que l
799 ait que cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
800 tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
801 dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
802 l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
803 dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’ être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
804 , mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
805 stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
806 , se confondre avec un progrès du salut. Principe d’ une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume,
807 d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
808 sens, le fondement et la seule direction possible de toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
809 enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isol
810 ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
811 ujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
812 politiques qui revendiquent les droits supérieurs de la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
813 e est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la relation concrète et humainement bien
814 fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’ où découle la relation concrète et humainement bienfaisante que l’Évan
815 t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité de l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
816 ution sans illusions. 18. Réponse à une enquête de la Revue du christianisme social, sur l’attitude des jeunes protestan
817  : à tout système qui tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
818 omme, succède une dictature. Certain fascisme est d’ autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
10 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
819 exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l
820 rationaliste, romaine, ou marxiste, c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en re
821 nelle et immédiate avec Dieu : et que la relation d’ un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela es
822 ur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’ une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avio
823 lement accessible au plus profond du désespoir et de la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la d
824 elle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seu
825 serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en
826 ofondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« 
827 clatant de la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien,
828 n. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le s
829 u monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous e
830 d pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son
831 ne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde
832 ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individual
833 t qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait m
834 ique ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optim
835 rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’ avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contrai
836 a nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américai
837 cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tou
838 ent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit
839 refuse, comme le marxisme, l’antinomie spécifique de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans
840 fermant les conflits purement humains dans le jeu de synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilibre final,
841 rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l
842 que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mai
843 nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effor
844 ire de l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne no
845 son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout
846 nt jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi.
847 t la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert de rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
848 ésence de l’accusation plus subtile des partisans de la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther,
849 s de la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites
850 èse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pou
851 i se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pourrait-il, s’il prend au
852 un effort politique quelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui n
853 e ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que
854 s), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’ accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de ré
855 est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de sy
856 relations dans le sens de la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son off
857 facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’
858 st un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais l
859 iques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien souvent, ne peu
860 s physiques et morales. Doit-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de
861 olitique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droi
862 ent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit de conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’est
863 s au même ordre. Mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul
864 ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder
865 i vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouv
866 t jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’ une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre
867 mes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’ une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout auta
868 nt besoin tout autant qu’on leur montre la vanité d’ une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitu
869 politique du pessimisme actif, — ou si l’on veut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime so
870 calviniste par excellence : « Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette abse
871 oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’illusions quant à la valeu
872 e, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence d’ illusions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est
873 ions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
874 de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples
875 t de l’action. La preuve est dans tous les livres d’ histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temp
876 principe animateur — n’en continuaient pas moins d’ agir en vertu du principe d’inertie (tout corps en mouvement tend à co
877 ontinuaient pas moins d’agir en vertu du principe d’ inertie (tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’es
878 ientés ont développé le capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Cor
879 e capitalisme, symbole même de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima.
880 ême de l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des ê
881 ssion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis d’ eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la de
882 olitique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc
883 mme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations
884 lles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec
885 ont pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament des dividendes ; ils réclament aussi des sacrifi
886 es humains. Le dieu-nation respire la bonne odeur d’ onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redo
887 ieu-nation respire la bonne odeur d’onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en appar
888 e, le dieu-production se contente des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de c
889 uction se contente des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus.
890 te des macérations de 30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’
891 ions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il
892 chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se conf
893 de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’ obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses
894 blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses œuvres, et qu’il adore ses puiss
895 prime, par son paradoxe, une espérance qui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, n
896 ui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout
897 en un Dieu transcendant, et qui n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, d
898 ieu transcendant, et qui n’est point fait de main d’ homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le f
899 n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salu
900 nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes déf
901 joue des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit
902 efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échec
903 l’homme, comme avant. On ne peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et
904 rétien est iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’est
905 etuent : capitalisme ou stalinisme, nationalismes de toutes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur
906 au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit de se dire révolutionnaire. Quelle autre voie s’ouvrirait donc au christ
907 oie s’ouvrirait donc au christianisme, hors celle de la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques
908 nd bien même nous aurions des raisons dogmatiques d’ admettre le régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est p
909 la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais, d’autre part, le réformisme suppose trop de
910 e. Mais, d’autre part, le réformisme suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude c
911 rt, le réformisme suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’orig
912 c une attitude chrétienne. À l’origine permanente de toute action vraiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de r
913 aiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de réforme, mais une révolution totale : la conversion. Et la Réforme el
914 le, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car l’Église, elle aussi, peut devenir une idole, dès qu’e
915 s où ils trouvent la sécurité, mais qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promis
916 qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’ action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respec
917 s de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résulta
918 isme rétablissant sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un ra
919 sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux d’ humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule
920 qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succ
921 les idoles menaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous
922 ux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’ assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance p
923 « chrétien » qu’on le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est
924 jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’ obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de
925 d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs q
926 res imprévisibles et concrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre ac
927 ncrets de la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« an
928 u’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance ».21 21. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un
929 naud Dandieu opposait dans un intéressant article de la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du
930 opposait dans un intéressant article de la Revue d’ Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
931 e formule ne désigne en réalité qu’un des moments de la dialectique du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de
932 u désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi.
11 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
933 d des conflits du monde, et qu’elle s’éprouve par de bien autres mines que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de
934 s que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendan
935 lles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la
936 ux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pa
937 qui se connaît entièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pas du monde,
938 tes sont menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne res
939 de l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne respectent que la vie, ils savent trop bien jouer le
940 à perdre quelques coups, pour se prouver que rien de ce qui compte n’en dépend. Il tire un peu sur la ficelle du destin po
941 on maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en re
942 ne à ceci : quel est le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette question, l’on pourrait tirer un
943 à cette question, l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison,
944 l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison, à leur manière, qu
945 les cyniques ont raison, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, i
946 ir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de la révolte, et c’est ce qu’ils cherchent. Comme une femelle cherche l
947 bourgeoisie attend son dictateur. Qu’il s’agisse de la masse, des prolétaires ou des bourgeois, la seule méthode qui réus
948 ec juge toute tentative transformatrice. Il n’est de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en sou
949 e politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils
950 ns tels que nous les voyons : ils se moquent bien de vos sollicitudes » ! Un chrétien n’entre pas dans ces astuces à court
951 traitable, et qui juge toutes ces petites raisons d’ État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le c
952 simiste que les cyniques sur le compte des hommes d’ aujourd’hui et des méthodes opportunistes que l’on vante. Il a considé
953 oi ? Parce qu’il connaît un autre bien. La vision de cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des
954 re bien. La vision de cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des échecs humains ; mais c’est un
955 homme qui a mesuré dans un instant l’échec total de ses activités, — et qui a cru à autre chose. C’est un homme pour qui
956 été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolution même des choses les plus douloureusement incer
957 par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique de cette phrase, — sur son humour à deux tranchants. Le chrétien ne peut
958 ut pas prendre totalement au tragique le problème de l’aménagement des intérêts terrestres. Il les prend au sérieux dans l
959 a mesure où il croit : c’est une des conséquences de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule s
960 croit : c’est une des conséquences de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’
961 s de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’est là un sérieux subordonné, et l
962 royant qui joue tout sur la politique, et se voit de la sorte contraint d’accorder une valeur absolue à des problèmes inso
963 ur la politique, et se voit de la sorte contraint d’ accorder une valeur absolue à des problèmes insondablement relatifs. L
964 risques endossés. Voilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mai
965 ilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mais elle ouvre une autr
966 . C’est que le salut, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les
967 t, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les hommes n’arrivent
968 as au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien
969 ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques,
970 risques que je cours. Le pire des risques, c’est de manquer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’est promis22, sa
971 m’est promis22, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon ac
972 , salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste
973 fait historique de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste à m’en rendre conte
974 ion consiste à m’en rendre contemporain. Au terme de mon action, il y aura un échec ou un succès terrestre, peu importe :
975 — faut-il le répéter encore ? — n’est pas l’acte d’ un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le
976 n’est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’a
977 de miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’acte personnel qui fonde la seule communauté vivan
12 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
978 re ?23 Le jugement va commencer par la maison de Dieu. I. Pierre, 4, 17. Le faux rapport entre le christianisme et
979 apport entre le christianisme et le christianisme de la chrétienté réside en ceci : que le christianisme parle sans cesse
980 e en ceci : que le christianisme parle sans cesse de l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté
981 à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle de la même façon, mais pense à cette vie terrestre. Kierkegaard (Journa
982 ie terrestre. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’appari
983 me du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’ une volonté contraire définit exactement, pour la chrétienté, le début
984 définit exactement, pour la chrétienté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux voulo
985 nté, le début de la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le ch
986 la lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’ être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les
987 le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et
988 utte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,
989 u’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’im
990 à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent d’ une autorité que seule leur conférait la rupture initiale, — qu’enfin
991 aussi de par la souveraineté, désormais usurpée, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille
992 ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient buter. On
993 it mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était
994 l qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — l
995 de. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de
996 ns pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les partie
997 la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoi
998 i, des imprécations montent de toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoir maudit la guerre et
999 rties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’ avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore d
1000 ur l’Europe, et ne peut maintenir cette apparence de règne qu’en confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux
1001 confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’
1002 un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bi
1003 e de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’ un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns
1004 faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’ une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté,
1005 y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le c
1006 ous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ?
1007 pu se faire entre le christianisme et l’injustice de ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
1008 christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant pe
1009 e la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêt
1010 chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et
1011 plus voyant, le plus officiel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
1012 n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis
1013 réalité n’est plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
1014 ler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel au
1015 plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant
1016 la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels24
1017 tués et officiels24. Non, en présence du scandale de la chrétienté embourgeoisée, patriotarde, riche et peureuse, les égli
1018 t plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtem
1019 incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtemps qu’elles parlent maintenant sa langu
1020 . Bien moins encore que tout cela, attendons-nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctri
1021 ée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’ aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chr
1022 écularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture poss
1023 eut demander à ce siècle de rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évang
1024 re avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évangile25. Elle ne peut se produire
1025 le sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une imposture, partout où l
1026 r lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’ une imposture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers,
1027 e que les hommes auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrét
1028 auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiq
1029 l utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiques, constituées, existant en elles-mê
1030 esse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « forces du monde ». Le chrétien ne connaî
1031 s « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas d’ autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui a
1032 ien ne connaît pas d’autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas ; tout au plus le
1033 lui appartient pas ; tout au plus le saisit-elle, d’ une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à
1034 qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une p
1035 est en réalité sur une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou
1036 que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un i
1037 foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire
1038 e de puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ;
1039 r ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ; ou sur des intérêts plus bassement optimistes encore. Tout
1040 bassement optimistes encore. Toutes ces formules d’ « ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent da
1041 manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’ avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à
1042 établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La
1043 rouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voul
1044 eur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan r
1045 posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ;
1046 la religion. Les églises qui se crurent en droit d’ édicter un « ordre chrétien », se fondaient toutes, et se fondent enco
1047 fondent encore, sur une conception antichrétienne de la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se pro
1048 C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples,
1049 monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre d’ accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvret
1050 ejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bient
1051 r la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêt
1052 ue, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul n
1053 ur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une particip
1054 me qui se dit chrétien. (On ne peut dire cela que d’ un point de vue chrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une suprêm
1055 politique humaine organisée — fût-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de D
1056 ieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église :
1057 ursuivrait son plan sans se soucier de la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église : « Tes amis t’o
1058 — Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle, quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précip
1059 je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.)
1060 ns cette politique, la théologie se fait servante de la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement ? — On voit
1061 Goyau et autres « croyants » décorés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primaut
1062 corés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe
1063 er à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe »26. L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lourd
1064 , délégués par l’industrie lourde au gouvernement d’ une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense d
1065 pour célébrer le même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots demeurer agressifs dans leur volonté de confon
1066 e même massacre. On voit une nuée de piétistes et de bigots demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale pe
1067 et de bigots demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l
1068 ondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvr
1069 n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal de Paris. Un discours chaleureux du Père de la Brière27 voudrait nous en
1070 rière27 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dans cette philosophie et cette mo
1071 ette morale est délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énuméra
1072 ément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’
1073 e de liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’à ceci] : Chose plus atro
1074 l’idée chrétienne, l’idée religieuse l’idée même de Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soi
1075 nnera 50 000 francs au mieux pensant. Et Figaro de conclure : « En terminant l’éminent religieux déclara que ce concours
1076 lara que ce concours international avait pour but de contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vér
1077 pirituelles et des vérités saintes que l’Académie d’ éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire r
1078 des vérités saintes que l’Académie d’éducation et d’ entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’
1079 d’éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétien
1080 et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne28, les hau
1081 ission de servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne28, les hautes valeurs, les vérités saint
1082 hautes valeurs, les vérités saintes, — l’Académie d’ entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 fra
1083 lte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice ét
1084 une autre plus profonde : celle de voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois
1085 rdinaire sottise (s’il faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissanc
1086 l faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on
1087 défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’
1088 andale, en faisant du christianisme quelque chose de si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompr
1089 abli, c’est faire en sorte simplement qu’il cesse d’ être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mai
1090 christianisme ; à cette défection élevée au rang d’ Institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défend
1091 dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglemen
1092 ment de la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglement. »31 Et pourtant, nous n’avons jamais à dr
1093 ce positive contre une force de même ordre. Assez de cette « politique chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dan
1094 ndue foi dans les plus discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : T
1095 discutables déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c
1096 l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire
1097 onde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic e
1098 e moi-même, hic et nunc. La politique est affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir s
1099 s ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’es
1100 , c’est le choix et non pas le système : il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de port
1101  : il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent
1102 rsonnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent et enseignant ; tandis que
1103 nant ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a de nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance privilégié pou
1104 le a de nécessairement constructif, reste le lieu d’ obéissance privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’
1105 le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christian
1106 en collusion avec aucune durée, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la ruptur
1107 urée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque
1108 bli. Cet article y parut, « confronté » avec ceux de MM. Mounier, Maritain, Philip, Berdiaev et Dulot. 24. L’Église « cor
1109 se, par définition, le christianisme n’étant rien d’ autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 29. Parce qu’o
13 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
1110 t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
1111 ion existentielle — pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?33 L’un
1112  pour employer un terme favori de la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?33 L’une des caractéristiq
1113 es contemporaines ?33 L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
1114 e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
1115 décisions qu’ils comportent, hic et nunc. Avant d’ aller plus loin, cherchons donc à serrer les deux termes de notre suje
1116 lus loin, cherchons donc à serrer les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
1117 ut de suite dissiper un malentendu : par le terme d’ humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
1118 moins précis, qui désigne une conception générale de la vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au s
1119 omique, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
1120 , si celui-ci est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
1121 a croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
1122 i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
1123 eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle de salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
1124 e dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
1125 immanent. Les humanistes accusent les chrétiens d’ une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
1126 Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
1127 hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’ avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
1128 recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
1129 re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
1130 té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle de la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
1131 rend absolument vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait
1132 t de diminuer l’homme par la promesse débilitante d’ un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « 
1133 serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
1134 ettant, sur cette terre, une scandaleuse économie d’ énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
1135 ette terre, une scandaleuse économie d’énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
1136 origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
1137 tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression d’ avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
1138 aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
1139 u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
1140 s plus importantes du monde : l’origine et la fin de son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
1141 re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux d
1142 fameux baron de Crac qui prétendait se tirer hors d’ un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
1143 contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit d’ amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
1144 en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation a priori, fonda
1145 rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte d’ obligation a priori, fondamentale : l’humanisme, c’est le péché même,
1146 nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme, d’ agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
1147 r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
1148 our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste d’ endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
1149 ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
1150 e chrétien le considère comme un homme qui refuse d’ accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
1151 rme encore plus précise, il devient l’antagonisme de deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
1152 perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté de se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
1153 ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
1154 z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
1155 n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera une solution humaine qui
1156 cherchera une solution humaine qui lui permettra d’ assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux
1157 st sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
1158 obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
1159 e même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, do
1160 is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lu
1161 tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lui un révolutio
1162 sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lui un révolutionnaire, un fou d’abord et non pas d’abord un sage, l’
1163 ’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’ assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
1164 dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne de sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
1165 un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri d’ un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est
1166 se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’ un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et
1167 l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’ humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
1168 , — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
1169 n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
1170 l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté de Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse bea
1171 ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’ humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
1172 i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
1173 uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
1174 faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’ être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
1175 expression politique cohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits de MM. Fernandez34 et Guéhenno. Si intéressant et
1176 ohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits de MM. Fernandez34 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un d
1177 ntéressant et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
1178 uteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant.35 Le communisme seul a poussé jusqu’aux
1179 ’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
1180 à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’individu considéré comme autonome, et « calculable » humainement. L
1181 est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’ assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
1182 relever maintenant la vraie défense de l’homme, —  de l’homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’an
1183 idéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
1184 e lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
1185 aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’ être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
1186 es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
1187 e nom qu’il leur donne ; et il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
1188 ; et il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
1189 pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
1190 l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’ enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
1191 ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
1192 mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
1193 elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exi
1194 t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une
1195 r se réaliser. 34. « Le chrétien est un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 35. On sait que la secousse du
14 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
1196 en36 Je crois qu’il est tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en public, surtout pour l’attaquer
1197 tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’ en parler en public, surtout pour l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné
1198 r l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné auparavant de son dégoût pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilis
1199 t pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilisation capitaliste. Je crois, comme André Philip l’écrivait un
1200 uré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir condamner le marxisme, ceux-là ne puissent pas un instant cro
1201 Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume d’ opposer christianisme et communisme sur le plan des réalisations humai
1202 ines. Je ne vois pas l’avantage qui peut résulter d’ une comparaison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ordre es
1203 aison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ ordre essentiellement différent. D’une façon générale, cela n’a aucun
1204 t inégales, et d’ordre essentiellement différent. D’ une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations
1205 férent. D’une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire q
1206 deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. N
1207 qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop co
1208 xes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix,
1209 lusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, es
1210 rnative christianisme-communisme. Si vous essayez de mettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d
1211 ettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d’une part, les avantages et les déficiences du soviéti
1212 ulez. Le christianisme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus :
1213 isme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
1214 On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite
1215 l ne l’ignore, c’est l’établissement sur la terre d’ un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son te
1216 ore, c’est l’établissement sur la terre d’un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son temps à essa
1217 seulement les modes de vie, mais encore les buts de la vie humaine, il faut croire à cette doctrine. Y croire, c’est-à-di
1218 et sans retour. Y croire, c’est-à-dire en assumer d’ avance toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur
1219 toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’en triompher, mais
1220 e l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’ en triompher, mais pour faire triompher la cause à tout prix. Si je ra
1221 r souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une locution moderne
1222 is discuter sa théorie économique ; sa conception de l’histoire ; sa dialectique ; ses méthodes politiques et sociales. Je
1223 les. Je puis leur reconnaître une part importante de vérité, surtout dans leur aspect critique, qui me paraît désormais ac
1224 réunies. Il est avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à cette conception totale, à cette vie,
1225 , que je ne puis participer, même en imagination, d’ une manière efficace, ou mieux : d’une manière consciente et volontair
1226 n imagination, d’une manière efficace, ou mieux : d’ une manière consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sen
1227 consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que n
1228 ous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à accepter, à prendre sur soi et assumer en toute conscience la co
1229 eption communiste, il y a un abîme. Seul, un acte d’ adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il n
1230 y a un abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’ acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à é
1231 abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à énumérer
1232 on pas que, sur ce terrain, les graves objections de méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là enc
1233 circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement
1234 rès frappant : c’est qu’il est étrangement facile d’ opposer terme à terme les expressions chrétiennes et les expressions c
1235 n vont, dans une aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à
1236 isque matériel qui se retrouve à tous les moments de la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’assurance matériell
1237 e la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’ assurance matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’a
1238 oyait d’ailleurs pas. Le mérite du communisme est de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. Pour
1239 C’est exactement le contraire du commandement et de la promesse biblique : « Croyez premièrement au Royaume, et tout le r
1240 ne les dit pas, il n’en parle pas : ils n’ont pas d’ importance en eux-mêmes. Ils resteront toujours purement symboliques d
1241 êmes. Ils resteront toujours purement symboliques de l’obéissance à Dieu, immédiats à l’origine et à la fin. Le marxiste,
1242 que d’abord les moyens. Il leur confère une sorte d’ autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujou
1243 orte d’autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont, en l’es
1244 lle collective. D’autres vous montreront l’erreur de cette méthode, et qu’en réalité, si la libération n’est pas déjà prés
1245 est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire
1246 tes. Il est purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite. L’épitaphe laïque qu’on voit dans certai
1247 ne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de choc. Staline a fait du travail une vertu absolue, qui a sa fin en el
1248 i a sa fin en elle-même, et qui mesure la dignité de l’homme. On me dira que j’exagère, que le travail du brigadier de cho
1249 e dira que j’exagère, que le travail du brigadier de choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fai
1250 vie au service du plan quinquennal, le brigadier de choc travaille pour des avantages humains, pour assurer un bien-être
1251 éfinitive. Il n’est qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est à cet égard le contraire du service chrét
1252 ce chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui ne peut avoir aucune raison h
1253 ut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’ une réalité transcendante. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens
1254 d’une réalité transcendante. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens s’extasier devant « le magnifique élan qui soulève
1255 qui soulève la jeunesse russe et la porte au-delà d’ elle-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme
1256 e-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos ac
1257 christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits p
1258 r Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’ être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, ce
1259 ieu. Sinon il suffirait d’être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain
1260 de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour es
1261 in vers autrui passe par Dieu. Et il n’y en a pas d’ autre. Il n’y a pas d’autre communion humaine. Il faut, hélas ! que le
1262 ar Dieu. Et il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas d’ autre communion humaine. Il faut, hélas ! que les chrétiens l’aient bi
1263 u’ils aient bien oublié et bien perdu la lucidité d’ un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français.
1264 t bien perdu la lucidité d’un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français. Toutes les hypocrisies qu
1265 est précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, aujourd’hui, le problème de la personne chrétienne en face du c
1266 e. Je laisserai de côté, aujourd’hui, le problème de la personne chrétienne en face du collectif marxiste. C’est l’opposit
1267 est aussi celle qui entraîne le plus grand nombre de malentendus. En définitive et selon les écoles marxistes, il est très
1268 selon les écoles marxistes, il est très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruction des personnes.
1269 tout cas, il sera toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrases finales du Manifeste communiste,
1270 ales du Manifeste communiste, à certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-d
1271 certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair
1272 Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’ être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons m
1273 deux religions, celle qui concerne le sens total de la vie terrestre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vi
1274 estre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizo
1275 e sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est d
1276 e sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie individuelle pour s’ordo
1277 t horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie individuelle pour s’ordonner au transcendant dès ici
1278 al. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie individuelle pour s’ordonner au transcendant dès ici-bas. C’es
1279 ranscendant dès ici-bas. C’est la mort à soi-même de celui qui prononce : Que Ton règne vienne ! Le sens de la vie du marx
1280 lui qui prononce : Que Ton règne vienne ! Le sens de la vie du marxiste, c’est d’organiser cette vie-ci pour elle-même : n
1281 gne vienne ! Le sens de la vie du marxiste, c’est d’ organiser cette vie-ci pour elle-même : notre règne arrive ! Mais les
1282 avent-ils encore que, pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut mourir ? Que toutes les promesses du Christ concernent
1283 toutes les promesses du Christ concernent la vie de celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jam
1284 t le Royaume ne sera jamais réalisé dans la forme de ce monde, mais encore qu’il consiste précisément dans l’acte de sorti
1285 ais encore qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir de ce monde pour le transformer ? Cette dialectique inconcevab
1286 qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir de ce monde pour le transformer ? Cette dialectique inconcevable de la v
1287 r le transformer ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans
1288 mer ? Cette dialectique inconcevable de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde com
1289 t de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’ être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno
1290 sses du Christ concernent une vie qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nu
1291 rois littéralement qu’il n’y a aucun point commun de doctrine entre un communiste sincère et un chrétien obéissant. Ils pa
1292 et un chrétien obéissant. Ils parleront toujours de choses radicalement différentes, même s’ils semblent parler des mêmes
1293 chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux d’ une chrétienté qui s’endormait dans l’illusion humaniste, que ce monde
1294 onde-ci n’a rien en lui-même qui puisse permettre d’ accéder à l’autre monde. Trop longtemps les chrétiens ont cru pouvoir
1295 les chrétiens ont cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le command
1296 tiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’ intérêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandem
1297 que le commandement du Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits
1298 Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagr
1299 us avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la prospérité et l
1300 confortables entre les humains. Voilà une erreur de belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de co
1301 et que désormais le fait marxiste nous dispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le mon
1302 ommettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort
1303 monde, au sens où le christianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que d
1304 e est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la suite du
1305 ivait récemment André Gide38. La religion n’a pas de sens humain : jamais les hommes n’arriveront à donner un sens réel au
1306 es n’arriveront à donner un sens réel aux paroles de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évident
1307 s de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence
1308 tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous appa
1309 sse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme. Je crois que toute autre solution, et
1310 hrétien un mauvais marxiste, sans cesse soupçonné de « sabotage idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chr
1311 e idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chrétiens incertains, dont justement l’incertitude a provoqué l’i
1312 ertitude a provoqué l’inévitable et juste révolte de nos camarades athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui
1313 t juste révolte de nos camarades athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
1314 lui-même pâtira. 36. Causerie donnée au cercle d’ études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de m
1315 36. Causerie donnée au cercle d’études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 37. Cf. A
1316 d’études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 37. Cf. Aron et Dandieu, La Révolution n
1317 de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 37. Cf. Aron et Dandieu, La Révolution nécessaire (Grasset
15 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
1318 sme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe de devenir la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est d’autan
1319 isme est en passe de devenir la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe
1320 ouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est d’ autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de t
1321 qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions.
1322 de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’est jamais puissante que dans le va
1323 s en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore n
1324 sme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’ éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous trai
1325 fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les opini
1326 ignifie pas que cet individu partage les opinions d’ Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que
1327 que cet individu partage les opinions d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum su
1328 Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’ un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre en
1329 ettre en vacances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, u
1330 e fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’ injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de
1331 dement une espèce d’injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans
1332 d’injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique
1333 un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique, mais dont je crain
1334 es esprits est telle qu’il est presque impossible d’ envisager froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’opinion po
1335 r froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’ opinion populaire, guidé par quelques professeurs, peut retarder la fo
1336 quelques professeurs, peut retarder la formation d’ un parti ouvertement fasciste, et c’est très bien. Il peut aussi distr
1337 ainsi la naissance et les premiers développements d’ une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » con
1338 t les premiers développements d’une intolérance «  de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyran
1339 s développements d’une intolérance « de gauche », d’ un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
1340 ’une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’un anti-« grand
1341 l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’ un anti-« grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascism
1342 yrannie étatique, d’un anti-« grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascisme. On dit à l’homme du peuple :
1343 « grand capitalisme » de petits bourgeois, bref —  d’ un fascisme. On dit à l’homme du peuple : tout ce que tu crains, tout
1344 me, groupez-vous ! », proclament alors les ligues de gauche. On se groupe. Pour se reconnaître, on adopte un insigne, une
1345 hemise. On cherche des chefs. Les chefs demandent de la discipline. La discipline exige le sacrifice des libertés personne
1346 ectif. Le bien collectif, c’est l’État. Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On install
1347 Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On installe au pouvoir le leader des antifascistes
1348 au pouvoir le leader des antifascistes, un homme de gauche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme
1349 uche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’est
1350 tifascisme, en France, ignore la véritable nature de son adversaire. 2° Les politiciens antifascistes, comme tous les poli
1351 nt leur tactique à l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les
1352 litique, et leur carence doctrinale les empêchera de remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. J
1353 it par la radio. Et comment concevoir l’avènement d’ un fascisme sans discours diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il
1354 un fascisme sans discours diffusés par les postes d’ État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus
1355 iffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain
1356 s postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce
1357 Dans ce livre où je cherche à juger les moyens de la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur
1358 juger les moyens de la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réal
1359 humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réalité première qu’est la personne, je ne m’attarderai pas à déno
1360 m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus de certaines méthodes « d’ordre ». Il y a des excès partout41 ; la malfa
1361 cer les excès trop connus de certaines méthodes «  d’ ordre ». Il y a des excès partout41 ; la malfaisance d’un régime ne sa
1362 re ». Il y a des excès partout41 ; la malfaisance d’ un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce ré
1363 nce d’un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons pl
1364 régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’ hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons plutôt à q
1365 t justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’ application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. M
1366 a des points d’application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. Malgré certaines apparences sur lesqu
1367 esquelles il faudra revenir, et malgré l’épithète de totalitaire dont il s’orne, le fascisme n’a pas une conception totale
1368 scisme n’a pas une conception totale et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’est cohérent que dans un domaine rest
1369 isme et l’hitlérisme42 se ramène à cette exigence d’ un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant don
1370 exigence d’un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant donc tous les sacrifices. Si l’on admet cett
1371 tous les sacrifices. Si l’on admet cette primauté de l’État, les violences nécessaires à son établissement se trouvent aus
1372 s ? Il répond en tout premier lieu à la nostalgie d’ unité qui s’empare des peuples fatigués — démoralisés par la politique
1373 gués — démoralisés par la politique —, incertains de leur mission. Reprenons ces trois caractéristiques. L’État fasciste s
1374 ment l’idéal national que la culture et les mœurs de l’élite devenaient impuissantes à incarner aux yeux du peuple43. Cet
1375 radictoires. Il satisfait d’abord les adversaires de l’individualisme44 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un c
1376 bord les adversaires de l’individualisme44 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un cadre rigide et logique, une h
1377 rarchie primant les libertés individuelles ; ceux de gauche, parce qu’il concrétise certaines aspirations collectivistes.
1378 èrent un pays comme une entreprise dont il s’agit de tirer le rendement matériel maximum. Il satisfait enfin à certaines a
1379 it enfin à certaines aspirations « spirituelles » de deux espèces d’hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et
1380 ines aspirations « spirituelles » de deux espèces d’ hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et les ultramontai
1381 laïque, et contre la papauté, un des vieux rêves de la papauté. Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’est
1382 s hommes ont toujours appelé « dieu » le principe de cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc néc
1383 toujours appelé « dieu » le principe de cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc nécessairement à
1384 sme aboutit donc nécessairement à la divinisation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors su
1385 sation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors suspect, hérétique, coupable — à moins qu’on
1386 s qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût-ce au prix d’ un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable brutalité du fa
1387 tique. La véritable brutalité du fascisme, c’est d’ avoir voulu renverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’avoi
1388 nverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’ avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablemen
1389 d’avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablement divinisé, les libertés fondamentales de la pers
1390 réalablement divinisé, les libertés fondamentales de la personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirit
1391 a personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’avoir
1392 rituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’ avoir voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un pr
1393 r voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toute
1394 force, à tous les domaines de la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toutes les méthodes fasciste
1395 rilisant. Toutes les méthodes fascistes procèdent de cette erreur fondamentale, erreur spirituelle analogue à celle du sta
1396 le. Un mot résume le fascisme en tant que méthode d’ extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est l
1397 me en tant que méthode d’extension, par la force, d’ un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschalt
1398 méthode d’extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschaltung — mise au
1399 ltung — mise au pas — qui justifia tous les coups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux d
1400 a tous les coups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne ser
1401 ups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais qu
1402 Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bot
1403 e Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés45 ». On n
1404 nnable où, pour la première fois, dans l’histoire de l’Europe, la passion unitaire se donna libre cours. L’ancêtre du fasc
1405  mise au pas », une inversion du spirituel soumis de force à la raison d’État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal
1406 nversion du spirituel soumis de force à la raison d’ État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal fasciste, qui pousse
1407 , à décapiter ses élites pour le plaisir maniaque d’ établir l’uniformité aux dépens de la vie multiple du pays. Cet exempl
1408 a vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’ un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasciste
1409 le s’attaque, c’est là qu’elle inocule une espèce de paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs au
1410 e inocule une espèce de paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs aux premiers temps, cet activis
1411 cette stérilité verbeuse, puis toute cette suite de décompositions morales que les historiens vont décrire mais que d’aut
1412 e : ceux qu’on nomme aujourd’hui les psychiatres. De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus
1413 isé) et son culte orthodoxe, le marxisme, exigent de l’humanité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissan
1414 anité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondé
1415 ont fondées, en effet, sur une notion « ouverte » de l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux d
1416 du fascisme, fondées sur une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble, p
1417 tien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’athéisme conséquent, que le fascisme. Il vaut bien mieux repousser
1418 e fascisme. Il vaut bien mieux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le
1419 ux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer
1420 le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de l’héroïsme personnel. L’État fasciste a réussi à faire prendre pour u
1421 fasciste a réussi à faire prendre pour une fièvre d’ héroïsme le conformisme tremblant des militants. Mais qui ne voit la l
1422 . Les fusillades, les passages à tabac et l’huile de ricin les indignent ; mais l’exactitude des trains les rassure, au mo
1423 arxisme. Ils croient que le fascisme est le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s’établit cet
1424 — unitaire ! — travaillait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’est pas que je croie un seul instant à la duplici
1425 rinale dont leurs manifestes font preuve favorise de toute évidence le développement des confusions les plus propres à la
1426 t ? Où chercher la doctrine efficace qui permette de déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’
1427 r la doctrine efficace qui permette de déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’expérience hit
1428 te présent ? L’expérience hitlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’
1429 qui gagnent encore en secret le plus grand nombre d’ adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un chr
1430 ret le plus grand nombre d’adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un chrétien resté fidèle à la d
1431 t claires. Un chrétien resté fidèle à la doctrine de la Réforme48 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu s
1432 Réforme48 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu seul, et non pas Dieu et la Patrie, Hitler et Dieu, la ra
1433 e péché majeur est celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du christianisme et du fascisme, c’e
1434 christianisme et du fascisme, c’est l’opposition d’ une foi par excellence totalitaire, à la prétention d’un organe qui se
1435 e foi par excellence totalitaire, à la prétention d’ un organe qui se veut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d
1436 ut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d’ honneurs divins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décr
1437 ivins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le vé
1438 de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est
1439 onne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle
1440 ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle que toute réalité coll
1441 réalité collective. Elle ne croit pas à la valeur d’ une unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessair
1442 unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de
1443 iversité. Elle veut que l’État soit une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes h
1444 ord des hommes humains, ensuite l’État au service de ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais tot
1445 l, l’État ne sera jamais totalitaire. 39. Ici, d’ une manière plus pressante qu’à l’occasion de tout autre chapitre de c
1446 Ici, d’une manière plus pressante qu’à l’occasion de tout autre chapitre de ce livre, il convient de rappeler sa date : dé
1447 pressante qu’à l’occasion de tout autre chapitre de ce livre, il convient de rappeler sa date : début de 1934. L’hitléris
1448 n de tout autre chapitre de ce livre, il convient de rappeler sa date : début de 1934. L’hitlérisme ne faisait que s’insta
1449 ce livre, il convient de rappeler sa date : début de 1934. L’hitlérisme ne faisait que s’installer dans le pouvoir conquis
1450 plus tôt. Et le fascisme italien jouissait encore de toutes les faveurs de nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu
1451 me italien jouissait encore de toutes les faveurs de nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’in
1452 ncore de toutes les faveurs de nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’invitant à adhérer à l’u
1453 e nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’ une circulaire m’invitant à adhérer à l’une d’entre elles, que j’éprou
1454 er à l’une d’entre elles, que j’éprouve le besoin de mettre au point, ici, quelques définitions. 41. Ceux qui s’indignent
1455 , comme le prouve l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’est non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les U
1456 eunes ». 43. La confiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la sub
1457 fiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel d’ une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insig
1458 on » est clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux anciennes couleurs nationales. 44. Voilà sans
1459 on pour laquelle le fascisme échoue dans les pays d’ esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hié
1460 ns civique a faibli. Voir à ce sujet la Ve Partie de cet ouvrage. 45. C’est ainsi qu’on nomma les dragons de Villars et N
1461 ouvrage. 45. C’est ainsi qu’on nomma les dragons de Villars et Noailles massacreurs des huguenots dans les Cévennes. 46.
1462 total, les raisons dernières du choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 47. Des considérat
1463 choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 47. Des considérations qu’on devine m’empêchent ma
1464 érations qu’on devine m’empêchent malheureusement de préciser. 48. Je ne reviens pas sur l’aventure du parti des Deutsche
16 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
1465 XID’un Cahier de revendications En décembre 1932, la Nouvelle Revue française publia
1466 la Nouvelle Revue française publiait un ensemble de témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolu
1467 e publiait un ensemble de témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes e
1468 moignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de re
1469 tionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de revendications confrontait pour la première fois, devant le grand pub
1470 tions du mouvement personnaliste naissant, celles de la jeune droite, et celles du communisme. Je l’introduisais en ces te
1471 l’introduisais en ces termes :   Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’
1472  :   Est-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il sem
1473 commune de la jeunesse française, une communauté d’ attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en no
1474 que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un hom
1475 nes, unité de refus devant la consternante misère d’ une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup
1476 qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes t
1477 prit, Plans, Réaction, par leur volonté proclamée de rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèl
1478 t-être, dans leur diversité, les premières lignes de force d’une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est
1479 ans leur diversité, les premières lignes de force d’ une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celu
1480 n française. Leur anticapitalisme n’est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en deho
1481 elle s’est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques a
1482 stitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasion
1483 tifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nou
1484 firme dans l’attitude de tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels
1485 xandre Marc, René Dupuis, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien d’harmonieux. On pouvait cependant y distinguer de
1486 is, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien d’ harmonieux. On pouvait cependant y distinguer deux thèmes que je tenta
1487 cependant y distinguer deux thèmes que je tentai d’ analyser dans les conclusions que voici. Nous sommes une génération c
1488 ici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
1489 sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le
1490 mblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le pa
1491 , et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existen
1492 ues mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise d
1493 932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise dans une « nécessité » révolutionna
1494 pleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais p
1495 ns précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’ idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, en
1496 ulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
1497 onflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’ intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
1498 . Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’ une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre q
1499 ous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :
1500 menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul
1501 de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’ autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’
1502 planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper
1503 : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’ en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que no
1504 durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irrite
1505 que ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos c
1506 depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et d’ aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est
1507 aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont tr
1508 nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tr
1509 ues. Littérature et mauvais caractère. Il y avait de quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux
1510 fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande d
1511 vous pensiez que la révolution, c’était une bande de méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangere
1512 vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes de sauvetage. Ici paraît le communisme, comme une constatation de la fai
1513 Ici paraît le communisme, comme une constatation de la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, pr
1514 cette « raison » déjà qui se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous so
1515 gine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ;
1516 ouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la
1517 est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’ homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme,
1518 sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de misère qui appelle. Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou
1519 ’on lui offre il faudrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux,
1520 espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’ accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation
1521 une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, ty
1522 s qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que, dans le désordre rég
1523 tyrannique et privée de toute résistance interne, de cela justement que, dans le désordre régnant, nous détestons de toute
1524 ent que, dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment pense
1525 ésordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si penser est
1526 ériel. Comment penser — si penser est inséparable d’ une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ? Il res
1527 y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux que réci
1528 s. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’ autre, dont la réalité échappe encore à ceux que récitent Marx : une u
1529 iste, l’autre personnaliste ; la première en voie de réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de g
1530 éalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifi
1531 URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie politiquemen
1532 à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caract
1533 te de foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les b
1534 es bases doctrinales exposées ici par des membres d’ Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales
1535 trinales exposées ici par des membres d’Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales, ne peuvent
1536 re pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un c
1537 manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et u
1538 disé. Les marxistes détiennent l’avantage certain de tabler sur une utopie partiellement traduite en faits. C’est même, à
1539 traduite en faits. C’est même, à voir les choses de près, leur meilleur argument contre les révolutionnaires non marxiste
1540 les voir déjà préparer en sous-main des terrains d’ entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’é
1541 e en vain quelle idéologie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui sou
1542 ie les empêcherait encore de répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réus
1543 s naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intér
1544 de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’ intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas l
1545 N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’ intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réel
1546 as les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’ un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’h
1547 s avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’ hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une
1548 maine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et
1549 plement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité d’ une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de
1550 rnaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équilibre final, t
1551 ique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas de « troisième terme », — ou c’est la mort49. Mais la co-efficience de d
1552 me », — ou c’est la mort49. Mais la co-efficience de deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposi
1553 sumés comme tels, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’
1554 s, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de K
1555 rrain économique, traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira dema
1556 traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition de
1557 s patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous
1558 ntaires : elle n’est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « moral
1559 nflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de pers
1560 tions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de personne ! — aux forces politiques et historiques qui, selon eux, dét
1561 ntièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est de la mythomanie : les « Forces économiques », dont ils parlent avec tre
1562 ec tremblement, n’existent pas. Elles font partie de ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un monde athée. Que
1563 évolutionnaire, et que nier cette valeur décisive de la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la pe
1564 i la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des f
1565 se agir sur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme r
1566 ur les faits autrement que par une suite de coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
1567 ts autrement que par une suite de coups de force, d’ actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la mati
1568 teurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois
1569 mps est une arbitraire projection dans les choses d’ un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme in
1570 itraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît
1571 révolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’opium de la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’é
1572 3° La conception personnaliste est seule capable d’ édifier un monde culturel, économique et social qu’anime un risque per
1573 duit l’aventure humaine à un déroulement indéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les ma
1574 ndéfini de changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce ter
1575 ction ? Est-ce un opportunisme purement tactique, d’ allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur
1576 s sur la classe révolutionnaire ne comportent pas de points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion 
1577 lasse révolutionnaire ne comportent pas de points d’ application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos i
1578 », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les
1579 de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
1580 mains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ être conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêve
1581 tement, avait besoin d’être conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui o
1582 s les révolutions ! Lénine réussit une révolution d’ intellectuels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millio
1583 uels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bo
1584 ays qui compte à cette époque moins de 3 millions d’ ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie exis
1585 moins de 3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe,
1586 1932, le parti ne compte encore que deux millions de membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
1587 contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’ un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de
1588 t pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la
1589 Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fond
1590 rique dont le fondement matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindr
1591 ent matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ?
1592 tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des com
1593 ns la ligne des forces révolutionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans
1594 utionnaires profondes de la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable
1595 e. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à pr
1596 ne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvel
1597 évolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle révolution
1598 et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle révolution française. La volonté, la possibilité de ruptu
1599 révolution française. La volonté, la possibilité de rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-ma
1600 es, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois 
1601 vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons dav
1602 oient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donne
1603 à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux
1604 octrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jam
1605 iques et leurs créations politiques, condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), d
1606 créations politiques, condamnation de l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes pol
1607 abli. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie natu
1608 sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que n
1609 du mot, le salut n’est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seu
1610 ielles permettent à ce suprême et quotidien débat d’ avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est, en derni
1611 rême et quotidien débat d’avoir un sens, un point d’ application : la personne. Tel est, en dernière analyse, le fondement,
1612 l est, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle. Ici ; je ne dirai plus nous mais je. À la que
1613 sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle, u
1614 cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système d’ idées en elles-mêmes justes et opportunes, c’est une violence spiritue
1615 seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesan
1616 dées une masse volontaire, une pesante contrainte de foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des
1617 sée que par des arguments nous pourrons triompher d’ autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retr
1618 guments nous pourrons triompher d’autre chose que d’ arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur
1619 tique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’
1620 Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste.
1621 ntendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne
1622 rifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme
1623 rité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’ une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutisme formida
1624 peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vie
1625 e. Je parle de la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me cho
1626 mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle de cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juge
1627 e cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’ arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour l
1628 soin d’arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour laquelle j’accepterais la mort, parce que ce n
1629 la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon
1630 mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds
1631  ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’ autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de l
1632 ien d’autre à attendre que cette force surhumaine d’ entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions
1633 que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir fai
1634 tre la construction entreprise par le capitalisme d’ État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la
1635 américaine en particulier. 51. Exemple frappant de l’Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions th
1636 n éclate. Il ne se passe rien. Parce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie
1637 rce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan
1638 nnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dits « popu
1639 onnaires russes dits « populistes », aux environs de 1900. Lénine a eu des sarcasmes terribles à l’adresse de ces « héréti
1640 aire ?) 52. Le succès du communisme serait-il «  de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic e
1641 s du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nunc , n° 1).
17 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
1642 maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque c
1643 as sur l’idée de sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’est pas une
1644 lisation, elle n’est rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tienne
1645 n d’insister, une fois de plus, sur cette absence de tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre t
1646 e plus, sur cette absence de tout principe vivant d’ unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de not
1647 cette absence de tout principe vivant d’unité et d’ union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose
1648 cipe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cett
1649 on, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne se
1650 que de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, r
1651 n temps à dénoncer et à combattre les instruments de la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. L
1652 nts de la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dé
1653 a guerre. Les communistes ont parfaitement raison de soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la g
1654 profond : il est dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré c
1655 de l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré comme individu indifférencié. Or ces deux conceptio
1656 Or ces deux conceptions sont également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureuse
1657 le communisme comme l’agent le plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’abou
1658 le plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la rui
1659 gation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, tandis qu’il était
1660 t fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, tandis qu’il était, en régime capitaliste, l
1661 ait, en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simplifications résument des études que nous avons, a
1662 poussées dans le détail53. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi
1663 tion au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa réelle et pratique importance, dans l’ordre des sanctions i
1664 ’ordre des sanctions immédiates, à une opposition d’ apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne.
1665 pposition d’apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Co
1666 ence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Considérer l’homme
1667 r l’homme en tant qu’individu abstrait (principes de 89) et fonder sur cet individu toutes les institutions, et la morale,
1668 t la morale, c’est méconnaître la nature concrète de l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions, n’ayant pas compt
1669 ’homme concret, n’ont pas compté avec le principe de tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent.
1670 les conflits qui surgissent. Elles essaient alors de déshumaniser les hommes. Elles cherchent la paix par la stérilisation
1671 qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue p
1672 sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’ individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous
1673 sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’ homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenion
1674 volution de la notion d’individu, d’homme en soi, d’ homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait c
1675 aveur des théories rationalistes et matérialistes de l’Encyclopédie. Les théoriciens des droits de l’homme, ayant cru rema
1676 férences entre les hommes, conçurent cette utopie de supprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’établir une paix
1677 upprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’ établir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible
1678 ablir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible une telle égalisation, c’était peut-être l’importance
1679 l’argent. L’argent devenait le principal facteur de différenciation entre les hommes. Du moins le plus visible. Il se peu
1680 lles et méprisables. Les premières revendications d’ égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un
1681 emières revendications d’égalité furent néanmoins d’ ordre strictement politique. On voulait un système fondé sur l’homme-e
1682 battit pour ce système et on l’obtint. On perdit de vue les hommes, dans leur diversité. L’État devint une réalité indépe
1683 tat devint une réalité indépendante, l’expression de la collectivité des égaux. Or ces égaux n’existaient pas. Il fallait
1684 tout prix. À la fois pour dissimuler la brutalité de cette action, et pour la rendre populaire, on eut recours à des mots
1685 ble au moment même où elle l’imposait sur le plan de l’État. On ne le vit pas tout de suite : l’État commença par détruire
1686 aines injustices criantes, détournant l’attention de l’injustice permanente et sournoise qu’il établissait parmi les homme
1687 qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan
1688 ait pas le besoin qu’on avait créé55. Dans la vie de tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire
1689 . Dans la vie de tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire que par un mécontentement confus et
1690 n mécontentement confus et inextinguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion
1691 nguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion publique, c’est-à-dire à la Press
1692 le capital) et à la Publicité. L’homme n’eut plus de « prochain », mais seulement, comme le dit Keyserling, des « voisins
1693 ces insupportables et scandaleuses. L’homme cessa de croire à ses besoins, à ses désirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée d
1694 sirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée du standard de vie, défini par comparaison avec « les autres », déterminé par une sé
1695 ison avec « les autres », déterminé par une série de facteurs plus ou moins abstraits, artificiels, imposés du dehors et p
1696 homme. Il n’est plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale q
1697 ponsabilité de chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale que créent la Presse et la Publicité, e
1698 et détruit la fraternité. Capital, police, lutte de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’être. La Personne : f
1699 paraître sur l’être. La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l’homme en acte, c’est-à-dire l’h
1700 nstitutions, c’est reconnaître la nature concrète de l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions qui comptent avec
1701 t avec l’homme concret, comptent avec le principe de tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour
1702 avec le principe de tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour l’ensemble du corps social. Elle
1703 ’union par et dans la diversité créatrice. Fortes de leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’écla
1704 s de leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’éclater en désordres sanglants. Si le dernier parag
1705 e, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’ éclater en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thè
1706 en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thèse peut paraître encore utopique, remarquons toutefois qu’il
1707 brimées. L’individu n’a jamais existé qu’à l’état de définition. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts e
1708 ion. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’ intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des ré
1709 s conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et d’ idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des r
1710 d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est
1711 r les utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’e
1712 ation : c’est qu’il ne s’agit pas pour le légiste d’ établir des équilibres stériles ou forcés, ni des compromis dégradants
1713 mis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais d’ assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a
1714 d’assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comm
1715 pe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces te
1716 dre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces tensions créa
1717 d’une part, le centre directeur du service civil de l’autre. Tension organique entre la commune ou la région d’une part,
1718 commune ou la région d’une part, et la fédération de l’autre.) Je ne puis m’attacher ici qu’à définir une attitude spiritu
1719 spirituelle. Les principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seron
1720 s principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la
1721 elles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction thé
1722 a vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction théorique et inopérante entre la vie privée et la vie pub
1723 e dans la mesure où il se manifeste concrètement, d’ une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre
1724 des théories dans le monde abstrait et juridique de l’égalité, la personne s’enracine au contraire dans le concret d’une
1725 personne s’enracine au contraire dans le concret d’ une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’u
1726 ire dans le concret d’une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car, d’une part, e
1727 apparition de la personne est liée à l’apparition d’ une tension. Car, d’une part, elle est déterminée par les conditions d
1728 conditions données, d’autre part, elle a pour but de les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle te
1729 d’autre part, elle a pour but de les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui
1730 épasser et de les rendre créatrices. Le type même d’ une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se ren
1731 me n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’ être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté,
1732 dignité consiste à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irres
1733 à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’ être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « pr
1734 st d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’ irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme e
1735 ère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour nous, la liberté ne consiste
1736 obligations, mais dans la possibilité pour chacun de courir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’
1737 ourir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce
1738 alifier. Ils ont assimilé l’héroïsme au sacrifice de toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le gro
1739 de toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inver
1740 de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer
1741 . Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa va
1742 hera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme véritable, c’est
1743 il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’ appel. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c
1744 el. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à
1745 tion, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à persévérer dans sa mission particulière en dépit de toutes
1746 rréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homm
1747 ue rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homme le plus uti
1748 ain. C’est aussi l’homme le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en a
1749 . La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un
1750 dre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de v
1751 . Non pas une morale qui impose un certain nombre de vertus officielles, et qui prenne pour modèle le Citoyen-Respectable
1752 le Travailleur en soi. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il a
1753 la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a d’ ordre qu’à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaib
1754 à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaiblissement systématique des antagonismes. La paix, l’ordre, la
1755 es droits de l’homme et savent si bien l’empêcher d’ en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur l
18 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
1756 Doctrines et passions Je parle, dans ce livre, de philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans d
1757 parle, dans ce livre, de philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité o
1758 nes sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ ingénuité ou d’ironie — au choix — à toutes les personnes averties de
1759 cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité ou d’ ironie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politiqu
1760 onie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, m
1761 toutes les personnes averties de l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour u
1762 ens « réalistes ». Voilà pour l’utilité immédiate de ce recueil. Qu’est-ce qui conduit les peuples ? me disent les politic
1763 uns ni les autres. Elle prétend agir à l’encontre de toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vo
1764 que les tyrannies les plus absurdes ont la vertu d’ exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne cro
1765 appe : c’est que vos « réalismes » n’ont pas plus d’ effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous ren
1766 s ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vous, je n’y songe pas. La cri
1767 re davantage s’il se peut. Le monde actuel est né d’ une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez
1768 alisme » voudrait simplement que l’homme s’arrête de penser, et crie avec les loups. Le « réalisme » ainsi conçu et certai
1769 on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leu
1770 ce. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais
1771 auvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais qu’on parle de ce dont ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
1772 t ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’ éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radic
1773  : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà q
1774 hes électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’e
1775 e ? — Ceci, et cela, pour telles raisons déduites de la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voy
1776 ons déduites de la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voyez-vous, je préfère encore Léon Blum,
1777 ours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose d’ électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des ch
1778 tif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usag
1779 plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous
1780 lons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons obje
1781 plus « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’ être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les
1782 dignes d’être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de
1783 esponsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nou
1784 on activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humai
1785 e sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des chos
1786 n métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Ma
1787 choses les plus pratiques… Mais eux, ils veulent de la mystique, des discours et des revendications « excitantes ». Toute
1788 excitantes ». Toute la politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objec
1789 ’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent d’ utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocable
1790 ls se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocables que l’école p
1791 cole primaire leur a mis dans la tête. — Problème d’ éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération p
1792 e d’éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération politique Les fins qu’on veut atteindre par l’
1793 le réactionnaire allègue la défense des intérêts d’ une civilisation, ce qui peut apparaître « spirituel », mais il se tro
1794 l », mais il se trouve qu’à ses yeux les intérêts de la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui
1795 térêts de la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste a
1796 tuelle, dont le présent état social ne permet pas de prévoir la nature. Et je ne donne ici que deux exemples extrêmes, c’e
1797 ule chose paraît claire : il y a des gens qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction
1798 qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction « matérielle » ne se confond nullement a
1799 ue droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’ être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et n
1800 cer la mise en ordre du monde moderne. Importance d’ une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution e
1801 dre du monde moderne. Importance d’une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humi
1802 ’une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bi
1803 spirituel pour qu’il s’agisse encore, chez elles, d’ un spirituel vraiment vivant. Le spirituel dont je me réclame a sa réa
1804 est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d’ un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre
1805 e » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est ce
1806 bles dans leur abaissement. C’est cela qu’on perd de vue lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt
1807 lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré
1808 our le spirituel une primauté de droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’u
1809 rait que le spirituel soit honoré comme souverain d’ une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de d
1810 ntangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fonder s
1811 rait fonder son pouvoir que sur l’exercice fidèle de sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par
1812 s sociaux des groupes personnalistes, ont coutume de les ranger sous une rubrique dont le titre me plaît : Calligrafia pol
1813 me plaît : Calligrafia politica. C’est très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à éc
1814 dèles, qui prévoient les déformations nécessaires de l’écriture courante. Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
1815 tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut l’éclairer, cruel et
1816 liquement ? Qui donc oserait encourir la disgrâce de l’Opinion, comme Fénelon avait encouru celle du roi ? Qui donc oserai
1817 à l’État personnifié, lui déclarer sans artifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente pl
1818 e, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contra
1819 nne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour
1820 latteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits
1821 lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouv
1822 lérance qu’on accorde aux flatteurs. Le plus beau de l’affaire, c’est qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de
1823 qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailli
1824 udrait témoigner par des actes de son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailliblement pour le plu
1825 s. La seule opposition sérieuse La violence de leurs écrits s’accroît, l’aigreur des polémiques s’accroît, les revue
1826 de des lettres, qui me parviennent, me paraissent de jour en jour plus absurdes. Ils ont perdu la tête, me dis-je. Pourtan
1827 u la tête, me dis-je. Pourtant non, je n’apprends d’ aucun d’entre eux qu’il ait commis la plus minime folie. Beaucoup « ad
1828 à quelque argent. Beaucoup proclament la faillite de la culture bourgeoise, aucun ne renonce à l’ambition d’y faire figure
1829 culture bourgeoise, aucun ne renonce à l’ambition d’ y faire figure. Aucun ne rompt, aucun ne risque, tous abondent en just
1830 ndent en justifications éloquentes. Justification de leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revir
1831 ustification de leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés
1832 actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs
1833 eurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de le
1834 ements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-
1835 intérieures, de leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-ce que peut-être ils ne croient pas
1836 mets pas en cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le pe
1837 dit le peuple. N’oublions pas que l’intellectuel d’ aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’a
1838 t avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’action que proposent le
1839 eu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’ action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa t
1840 croyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scan
1841 Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scandaliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les
1842 aliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une faço
1843 n réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais d
1844 t : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme appre
1845 e. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’ agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il co
1846 açon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses
1847 , ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpliste, qui soulève généralement la méfian
1848 i retourne le reproche. Il accepte, en vertu même de sa foi, qu’on le condamne ; alors que tous les autres veulent se just
1849 eule opposition réelle, la seule qu’il y ait lieu de prendre au sérieux. Autocritique Qu’y a-t-il donc sous cette ré
1850 s assurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement » de nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apoca
1851 s ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apocalypse, le dieu glacé État qu’ils édifient pour le Grand Soir f
1852 u crépuscule qui se prépare, c’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les homme
1853 ’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les hommes en rangs serrés sans fin mar
1854  ! Mais ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dan
1855 spéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas ce
1856 s bien plutôt que les autres ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur
1857 res ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais d’ où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’i
1858 mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’ une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné
1859 s d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là
1860 ne peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là dans leurs rangs, serrant les coudes, ent
1861 rangs, serrant les coudes, entraîné par l’ivresse de la fraternité indifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été
1862 r un homme. Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le li
1863 sme, et le libertinage bourgeois. Dans la révolte de la personne contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’un nouv
1864 e contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’ un nouvel ordre et d’une franchise plus énergique, il y a aussi une dé
1865 ’y a pas seulement la vision d’un nouvel ordre et d’ une franchise plus énergique, il y a aussi une défense contre certaine
1866 certaines complaisances intimes. Je les condamne d’ autant plus fort que je les comprends mieux, que je les comprends trop
1867 je les comprends trop bien ! J’appelle au secours de ma foi cette Révolution qui me fortifiera contre moi-même. J’appelle
1868 tre moi-même. J’appelle ce témoignage irrévocable de ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de
1869 révocable de ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de fo
1870 ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies
1871 ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « fol
1872 in de fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » pol
1873 histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation qu
1874 olies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’ indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière
1875 . Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la
1876 indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la folie demande plutôt des soins que
1877 itié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’ injure. Mais la folie demande plutôt des soins que des injures. Cruaut
1878 demande plutôt des soins que des injures. Cruauté de la politique : non point que les gens qui la font soient très méchant
1879 la font soient très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’humour.) Anonyma
1880 e sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’ humour.) Anonymat Ils ont un « front commun », mais ils n’ont pl
1881 Ils ont un « front commun », mais ils n’ont plus de visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’es
1882 r est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assura
1883 ent pressenti de réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assurance contre tous risques. On n’en peu
1884 rance contre tous risques. On n’en peut rien dire de précis, sauf à tomber dans la trivialité (heureux les ventres pleins,
1885 ventres pleins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanoui
1886 s, éthérées ! La carotte qu’on fixe devant le nez de l’âne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporain
1887 uivent presque tous nos contemporains, l’avantage d’ être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un
1888 qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité promise à ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la
1889 ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la force de croire, mais on voudrait que la félicité subsiste. Bien plus, on la v
1890 it dès cette vie. Aussi bien n’en espère-t-on pas d’ autre. L’Évangile ne parle jamais du bonheur57. Il indique à chaque ho
1891 entreprise qui ne laisse aucune place au tourment de la recherche du bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est
1892 chacun le sait, elle est surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus qu’ils ne sont58, et qui s’en tr
1893 ns laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insaisissable et le plus gén
1894 plus insaisissable et le plus généralement révéré de nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau co
1895 re n’a su le définir et fixer son niveau concret. D’ où sa vitalité et son pouvoir mystique. On dit souvent (surtout les in
1896 stique. On dit souvent (surtout les intellectuels de gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’
1897 ». C’est inexact, parce qu’il n’y a aucune espèce d’ égalité en France, — en France moins que partout ailleurs. Il faudrait
1898 çais est passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant plus passionnément que ses coutumes sociales s
1899 ément attaché à la revendication de l’égalité, et d’ autant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniq
1900 r ce que cela signifie. Être social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et conventions sociales, les a
1901 s, les honneurs qui s’attachent au rang, au degré de fortune, à la charge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela es
1902 a tout Français pour les allusions, les tournures de langage convenues, les « façons » discrètes qui mettent ou qui remett
1903 un à son rang. Et le Français veut bien se vanter d’ une telle finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronte
1904 e finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’est plus contradic
1905 moyen, né social, et décidé à le rester, a besoin d’ affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’es
1906 se met à légiférer pratiquement sur le fondement de cette égalité abstraite. Car toutes les lois que l’on édicte alors (é
1907 ar toutes les lois que l’on édicte alors (égalité de droits) contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et
1908 contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison,
1909 Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre p
1910 nt aux exigences de la raison, ou à certaine idée d’ une « dignité » de l’homme, d’autre part, elles entravent le cours hab
1911 e la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre part, elles entravent le cours habituel de la vie. E
1912 , d’autre part, elles entravent le cours habituel de la vie. Elles créent une aigreur permanente, surtout sensible dans la
1913 la petite bourgeoisie. L’Évangile ne parle jamais d’ égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et le
1914 s, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu. Il adresse à chaque homme une vocation : là s’arrête son égalit
1915  : là s’arrête son égalitarisme. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas d’égalité humaine concevable entre deux voc
1916 me. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas d’ égalité humaine concevable entre deux vocations, une fois qu’elles son
1917 ns, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » d
1918 t de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral
1919 les hommes ont grand-peur de se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral a misé sur la lâcheté
1920 a misé sur la lâcheté humaine. C’est le contraire d’ un idéal. Perspectives (I) Si l’Amérique se soviétise à son tour
1921 vingt ans tombe sous la domination des compagnies d’ assurances étatisées, notre chance « personnaliste »reste entière. Ou
1922 ersonnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse d’ être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La p
1923 e une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La personne deviendra la revendication unique d’un monde pa
1924 in. La personne deviendra la revendication unique d’ un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomp
1925 vendication unique d’un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi f
1926 personnalisme est aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’es
1927 vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’une élite, aux dépens de l
1928 ation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’ une élite, aux dépens de laquelle vivent les hommes, et dont tout le p
1929 e plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (Mais
1930 moyen imposé par l’État détend tous les ressorts de la création personnelle ? S’il n’y a plus d’élite ? Il n’y aura plus
1931 orts de la création personnelle ? S’il n’y a plus d’ élite ? Il n’y aura plus personne pour s’en plaindre ; mais plus perso
1932 ; mais plus personne non plus pour rien connaître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.)
1933 ître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du personnalism
1934 socialiste n’est pas encore imaginable. Il dépend d’ un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinque
1935 L’avènement du régime idéal demandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’
1936 du régime idéal demandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n
1937 emandera des siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu po
1938 fices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’ Europe qui n’a pas attendu pour vivre la permission du marxisme orthod
1939 depuis quelques années, comme une première vision d’ un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de l
1940 ques années, comme une première vision d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et
1941 personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas ce sérieux engourd
1942 ler en prison, se taire, négliger les précautions d’ usage, épouser par amour, faire scandale sans épiloguer, là où il faut
1943 sans épiloguer, là où il faut, mépriser, admirer. D’ une manière générale, elle admire plutôt les « caractères » que les dé
1944 que les députés ou les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-gu
1945 u les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va p
1946 rateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur d’ âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va plus à la re
1947 plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’ après-guerre. Elle ne va plus à la recherche du bonheur, elle ne s’eff
1948 qu’elle est en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabilités, c’est renoncer à justifier ses acte
1949 ens fort et littéral, s’autoriser dans l’exercice d’ une vocation incomparable. Un trait peut-être résume tous les autres :
1950 jeunesse reste sobre devant la mort, à la mesure de sa violence devant la vie. Sobre et prodigue. Grattez un peu le confo
1951 retrouverez ce visage, cette allure, ce sentiment de la vie immédiate que vous voyez grandir dans les nouvelles génération
1952 vous voyez grandir dans les nouvelles générations de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen
1953 andir dans les nouvelles générations de France et d’ Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ?59 Aven
1954 ons de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’ un nouvel Ordre européen ?59 Aventures ? La révolution n’est pa
1955 n n’est pas une aventure. Elle est la réalisation d’ une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, m
1956 aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, mais une action
1957 être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendr
1958 n humanité totale que là où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’est point un « homme nouveau » que la révolution
1959 n « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui l
1960 s ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’ un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise.
1961 Délivré d’un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise. Une révolution qui part à l’aventure about
1962 t au risque pour le risque ! La conclusion fatale de leur désespoir s’appelle toujours l’État totalitaire. Pessimisme a
1963 simisme actif Quand on part pour une promenade de deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on pa
1964 la première heure. Quand on part pour une marche de dix-huit heures, on n’est fatigué que vers la cinquième heure. Vers l
1965 fatigue s’étale, devient beaucoup moins sensible. De la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmente
1966 me à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’ augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenad
1967 par exemple, elle est loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà
1968 ter autant que de la première à la deuxième heure d’ une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alp
1969 e la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de to
1970 romenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied.
1971 oilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expl
1972 n total indécomposable, et que l’effort le mesure d’ avance et à chaque moment, comme tel, c’est-à-dire comme un tout. C’es
1973 vous dise : partez pour une course qui n’aura pas de fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
1974 evrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir d’ atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant
1975 royant — celui qui ne croit pas au but — refusera de partir, ou tentera de se suicider. Le croyant, au contraire, trouvera
1976 croit pas au but — refusera de partir, ou tentera de se suicider. Le croyant, au contraire, trouvera des forces infinies d
1977 mort », portant en lui à chaque moment la mesure d’ un effort infini. 56. Cela signifie : une vocation concrète, non pa
1978 ion du Christ, opposée à sa réprobation. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pa
1979 on. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agi
1980 ar rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’ être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui
1981 s d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’ obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus q
1982 our être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus qui est le contenu
1983 il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revend
1984 re. 58. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle es
1985 qui est le contenu paradoxal de la revendication d’ égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insa
1986 la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibil
1987 on. Curieuse incompatibilité, dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mys
1988 dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès u
1989 de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la
1990 t une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
1991 ogrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
1992 uche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
19 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
1993 te la moindre réflexion : ils tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du c
1994 tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous le
1995 tion pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêm
1996 e ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat,
1997 , nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat, exciter des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’i
1998 des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’ imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes li
1999 nt pas leurs moyens ; secundo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que soient, par ailleurs, leur conviction et leur s
2000 dés sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’ être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de
2001 nous reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent,
2002  » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet, d’autre force que la pass
2003  : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet, d’ autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantag
2004 core qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’ autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le mond
2005 utre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique
2006 s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est
2007 pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on tra
2008 lle dans le médiocre, on aurait tort, évidemment, de raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’importance quand le
2009 e raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’ importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts
2010 ne faut pas épauler au hasard. Le grand problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite d
2011 problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pou
2012 liste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous di
2013 ormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la f
2014 te de la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pou
2015 , l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’imagine volonti
2016 , des personnes animées par une certitude qui est de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
2017 l. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’est plus une arme entre les mains des gouvernants
2018 é qu’il soit, s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaillant. Car, en fait comme en droit, l’auto
2019 t, l’autorité revient à ceux qui savent témoigner de la plus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne
2020 lus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne le prouve. Schleicher et la République de Weimar disposai
2021 hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyst
2022 rsé presque sans coup férir par quelques milliers de bolchéviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique
2023 éviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personn
2024 tique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une
2025 raduire « pouvoir de la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une image autorisée, me semble-t-il
2026 par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’ une image autorisée, me semble-t-il, par toute l’histoire des révoluti
2027 jugements et des décisions, c’est toujours autour d’ un petit noyau solide et fixe que s’opère le rassemblement. En d’autre
2028 rovoqué lui-même l’insurrection. La première arme d’ une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend
2029 rme d’une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument
2030 ge certaines opportunités imprévues, il n’y a pas d’ exemple que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. L
2031 és imprévues, il n’y a pas d’exemple que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalini
2032 Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » f
2033 URSS stalinienne est très typique. La dictature «  de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre po
2034 ture « de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau
2035 ion » fut installée au lendemain de la révolution d’ Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau dans des positio
2036 préparées. Cette tactique, infidèle au but final de la doctrine de Marx (anarchique), n’a pas tardé à poser des problèmes
2037 te tactique, infidèle au but final de la doctrine de Marx (anarchique), n’a pas tardé à poser des problèmes pratiques tout
2038 problèmes pratiques tout à fait étrangers au but de la révolution. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se sont rév
2039 i urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’ excellents prétextes, a fini par perdre toute sa virulence. La révolut
2040 toute sa virulence. La révolution russe, perdant de vue ses objectifs véritables, s’égare sur des voies de manœuvres qui
2041 e ses objectifs véritables, s’égare sur des voies de manœuvres qui conduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’u
2042 nduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’ un groupe numériquement restreint réside tout entière dans sa bonne co
2043 dans la cohésion, la lucidité et l’intransigeance de ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
2044 ucidité et l’intransigeance de ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être ri
2045 propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien d’ autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques m
2046 et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques maximes tactiques déduites de
2047 t de proposer quelques maximes tactiques déduites de notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelqu
2048 otre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelques remarques sur la fonction générale — indépendante d
2049 générale — indépendante du contenu particulier — d’ une doctrine révolutionnaire. 1° La doctrine situe les faits au fur et
2050 1° La doctrine situe les faits au fur et à mesure de leur apparition. Elle constitue le sûr appui grâce auquel on peut rés
2051 appui grâce auquel on peut résister au choc moral de la surprise. Dans la panique générale, dans le désordre inévitable, e
2052 , dans le désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls
2053 désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeure
2054 ent tout seuls et dans tous les sens — mais celle d’ un regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révol
2055 ns tous les sens — mais celle d’un regard précis, d’ une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’est pas
2056 regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’ un groupe révolutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est auss
2057 e conscience. C’est là, dit-on, l’aspect primaire de toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution so
2058 toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité de
2059 révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C
2060 et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révolution qui les rassemble, les oriente et leur donne à la fois
2061 lution véritable. La doctrine est seule créatrice d’ une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute
2062 ’une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute sa brutalité, ses injustices et ses colères désordo
2063 sure toujours l’imperfection du travail doctrinal de la révolution. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est ins
2064 on peut bien dire que la doctrine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oubl
2065 trine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oublie pas en route, et qu’on sac
2066 ragiquement cette thèse. Que se passait-il, place de la Concorde, au moment où les gardes mobiles s’ébranlèrent ? Pour rés
2067 ule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De pa
2068 ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; d
2069 Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’
2070 mbattants) et des gardiens de l’ordre. De part et d’ autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucu
2071 re. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine coh
2072 t d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et luc
2073 une conception très vague de l’ordre ; de part et d’ autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et lucide. Les un
2074 ommander. Attaque improvisée, mauvaise conscience de la défense : trente morts attestent cette double carence61. Maxime
2075 orts attestent cette double carence61. Maximes d’ une tactique personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin.
2076 ue personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin. (Les staliniens me paraissent prisonniers d’une maxime invers
2077 la fin. (Les staliniens me paraissent prisonniers d’ une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà sa place prévu
2078 nation des partis purement électoraux, des moyens de propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute cen
2079 tis purement électoraux, des moyens de propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute centrale bureaucr
2080 égard de toute centrale bureaucratique. Nécessité d’ un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir qu
2081 lit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.) 4. Mieux vaut un c
2082 le dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces fameux « impondérables », et l’on persiste néanmoins à travailler
2083 comme mise en ordre. Cela signifie que la période de transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’in
2084 conduisent fatalement à stabiliser la « dictature de transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses
2085 t à stabiliser la « dictature de transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses premiers succès.) 6.
2086 ses premiers succès.) 6. Les « centres nerveux » d’ un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceu
2087 Les « centres nerveux » d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais s
2088 s.) 7. Ce n’est pas la masse informe qu’il s’agit d’ émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les fo
2089 personnes responsables, chacune pour son compte, de postes définis.) Le combat singulier La troupe d’assaut reste l
2090 tes définis.) Le combat singulier La troupe d’ assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antip
2091 La troupe d’assaut reste l’expression adéquate d’ une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais
2092 ’assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais sens du terme
2093 urrait revendiquer à juste titre l’usage exclusif de l’épithète « démocratique », si le mot n’était perverti par l’usage q
2094 individualistes et les collectivistes.) La troupe d’ assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre à
2095 collectivistes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un
2096 e d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux a
2097 uments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’ un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur :
2098 ’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur : le combat singulier. C’est-à-dire la conquê
2099 dans leur situation particulière. L’établissement de relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pa
2100 ticulière. L’établissement de relations concrètes d’ homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richess
2101 lissement de relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse consistant à sa
2102 ue le monde n’est jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune d
2103 lus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’ une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune des bourgeois, qui se révèl
2104 des bourgeois, qui se révèle par les témoignages de la liberté qu’elle assure. Ordre secret et fraternel au milieu de la
2105 1. Je conserve ce petit exemple, comme symbolique de bagarres ultérieures, dont nous ne sommes pas près de sortir ! (1946.
2106 é « l’impondérable » qui a déclenché le mouvement de résistance en 1940, alors que le souvenir des meetings de « masses an
2107 tance en 1940, alors que le souvenir des meetings de « masses antifascistes » n’évoquait plus que la rancœur de l’impuissa
2108 es antifascistes » n’évoquait plus que la rancœur de l’impuissance. (Note de 1940.)
2109 quait plus que la rancœur de l’impuissance. (Note de 1940.)
20 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 1. Liberté ou chômage ?
2110 ail, ou la superstition du loisir — c’est affaire d’ accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce c
2111 accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée
2112 nd membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette
2113 quivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette équivoque, sans doute pensa-t-elle pouvoir rester longtemps la
2114 mps la dernière à souffrir. Elle risque cependant de se voir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement
2115 sait en 1933 à quel morne cauchemar aux sursauts de mitraille conduisent ces deux revendications confusément mêlées dans
2116 les citadines. Nous ne manquerons aucune occasion de critiquer dans cette revue71 la morale du travail sur laquelle le mon
2117 sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente de cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline pre
2118 rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benjamin Franklin. Pour cette fois, utilisant un exemple que l’angois
2119 r cette fois, utilisant un exemple que l’angoisse de l’heure rend particulièrement concret, celui du chômage, bornons-nous
2120 , bornons-nous à montrer les conséquences fatales d’ une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est d
2121 s d’une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
2122 devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur industriel. Le « travailleur » des réunions électorales,
2123 lleur » des réunions électorales, c’est l’ouvrier d’ usine, l’homme lié à la machine. Cette assimilation en dit long sur la
2124 ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe,
2125 fet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe, destiné à créer du loisir, d
2126 tte société n’accorde pas au loisir, but secret72 de la plupart de ses membres, la dignité morale qu’elle attribue au trav
2127 rt à créer des possibilités toujours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation
2128 r. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son effort pratique aboutit : au
2129 où son effort pratique aboutit : au lieu de créer de la liberté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’es
2130 du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait prévoir ses effets dès
2131 absorbés par des activités nouvelles. À la faveur de l’optimisme puéril qui caractérise le xixe siècle, capitalistes et i
2132 — comme se l’imaginent aujourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait
2133 ourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieu
2134 production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où, une certaine limite d’absorption é
2135 ir sérieusement le moment où, une certaine limite d’ absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir rée
2136 nte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libération ». La liberté fait plus peur qu’envie au commun des mort
2137 purement théorique, on la célébrait, sous le nom de Progrès, comme une possibilité perpétuellement future. Le jour où ell
2138 é perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’ être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage,
2139 elle a cessé d’être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est
2140 bourgeois ou « quinquennal ». Il n’y aura jamais de liberté possible, efficace, pratique, que dans un monde où le spiritu
2141 régime capitaliste. Si nous examinons les courbes d’ accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons
2142 te. Si nous examinons les courbes d’accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascens
2143 rbes d’accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et
2144 lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’index 100 en 1899 à l’index 104 en 191973. Durant toute cette pério
2145 en 191973. Durant toute cette période, la courbe de la production poursuit une ascension à peu près parallèle, de même qu
2146 diquant le nombre des employés. Il n’y a pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’augmenter les salaires, preuv
2147 pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’ augmenter les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excell
2148 les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excellence d’un système dont il importe que les victimes ne mettent
2149 reuves grossières et démagogiques de l’excellence d’ un système dont il importe que les victimes ne mettent jamais en quest
2150 ue réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe de productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouveau puisse
2151 é qui tient du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. Si l’on considère l’une après l’autre les
2152 e. En prenant pour base l’année la plus favorable de la période précédente, c’est-à-dire 1914, on passe ainsi pour la méta
2153 -à-dire 1914, on passe ainsi pour la métallurgie, de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pou
2154 , de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, q
2155 pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l
2156 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’ un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de no
2157 ’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contri
2158 oudrais insister maintenant que sur son caractère de jugement du système. Les circonstances actuelles y prêtent, il faut l
2159 re plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage technologique provoqué par l’augm
2160 30, dans une mesure à vrai dire décroissante, par de multiples facteurs temporaires74 qui en masquent les effets statistiq
2161 guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie tout son pouvoir « libérateur ». Et voici le capitalisme
2162 dustriel, placé soudain devant le succès inespéré de ses efforts techniques, qui prend peur et porte lui-même les première
2163 partout la rationalisation et rachète les brevets d’ invention comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On s
2164 n et rachète les brevets d’invention comme autant d’ emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scept
2165 on comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scepticisme d’ailleurs, s’il admettra u
2166 ra un jour qu’il conviendrait aussi, par exemple, de faire sauter le tabou du profit, lequel ne tarderait pas à entraîner
2167 ait pris une conscience vraiment révolutionnaire de son vice interne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la
2168 rne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la valeur du travail et, conséquemment, du loisir. Il ne semble pas q
2169 , associée à une conception purement quantitative de l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quas
2170 antitative de l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » s
2171 ière inerte, une quantité calculable, justiciable de la statistique, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en
2172 est en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de ma
2173 a production machiniste, et comme s’il s’agissait d’ une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’
2174 machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’à partir du j
2175 onstitue au contraire la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est lo
2176 la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’ avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en R
2177 ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’ absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre
2178 vancer : parce que le champ d’absorption est loin d’ être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux mach
2179 à tous bouche bée devant la plus inhumaine erreur de l’Histoire. Tout a commencé par les philosophes, le jour où, à la per
2180 nne créatrice, ils ont substitué pour les besoins de leurs systèmes l’individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et
2181 trait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu de résistance active. Alors le travail créateur, seul travail qui n’impl
2182 la négation du loisir, qui ne vide pas le loisir de toute signification positive mais bien au contraire en figure la plén
2183 travail véritable a fait place dans les desseins de l’homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’est mis à calcule
2184 l’infini. Du peuple on a fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des att
2185 fait une masse, — comme de la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des attachements humains, des cha
2186 ciales. Du travailleur on a fait un salarié, — et de sa liberté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel
2187 pleine efficacité ceux pour lesquels il n’est pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et proprement
2188 que du travail quantitatif tend à vider le loisir de tout contenu concret. 73. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous uti
2189 Economic Service. 74. Tels que l’accroissement de l’embauche dans le bâtiment, la construction des voies de communicati
2190 auche dans le bâtiment, la construction des voies de communication, ou la création d’innombrables industries, accessoires
2191 uction des voies de communication, ou la création d’ innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 75. Ca
2192 a création d’innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 75. Car la protestation contre le scandale du
2193 n d’innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 75. Car la protestation contre le scandale du profit p
2194 n contre le scandale du profit patronal s’émousse d’ autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise.
2195 plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise. 76. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’
2196 s écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’ une casserole en treize minutes. — « Nous ferons mieux que l’Amérique 
21 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 2. Loisir ou temps vide ?
2197 dernier mérite et conditionne le « matérialisme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière
2198 isme » de ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et l
2199 ècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et la matière, et r
2200 s l’esprit et la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
2201 la matière, et risque, à la limite, de les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corrupt
2202 isque, à la limite, de les priver de toute raison d’ être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle
2203 raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption
2204  : « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases d’ esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’h
2205 joie. Une totalité. Et s’il divise alors le temps de ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais
2206 roduis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’iso
2207 en « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’imp
2208 autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de no
2209 uptures et de séparations hargneuses, de constats d’ injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées e
2210 séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’ isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de
2211 rgneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’ impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 h
2212 ustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dér
2213 uissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes cr
2214 e nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime s
2215 ateurs. Elle exprime simplement l’état accidentel d’ un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le cont
2216 en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remet
2217 onymes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie
2218 missions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « tra
2219 nelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est pl
2220 il » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’ accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Frankl
2221 ce. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Stal
2222 t cette démission en dignité nouvelle. La dignité de l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « ga
2223 ieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas d’ histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux.
2224 d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni
2225 n a voulu mettre l’esprit au service du « minimum de vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre f
2226 vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République,
2227 moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons i
2228 ce. Morale officielle de la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme
2229 e et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perd
2230 vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre se
2231 e nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’ autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité
2232 sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du
2233 nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cette oppositi
2234 le, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du communisme et du c
2235 du communisme et du capitalisme. Ils partent donc de la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein.
2236 loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine d’ un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une
2237 e ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’ une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la néce
2238 a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité d’ assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais s
2239 qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécess
2240 s loisir, sans liberté, laisse s’étendre l’empire de la nécessité. On aura beau l’intensifier77 : la tâche grandira d’auta
2241 On aura beau l’intensifier77 : la tâche grandira d’ autant. Et la tristesse. « Le temps vuide » Il semble que la con
2242 sur le travail-nécessité frappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux
2243 rappe toutes les règles de vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce
2244 du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation d
2245 gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF
2246 e socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la con
2247 e la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propag
2248 e chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de
2249 agande électorale. Prendre le travail comme point de départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la ba
2250 ctorale. Prendre le travail comme point de départ d’ un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes
2251 comme point de départ d’un système économique ou d’ une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir q
2252 se toutes les conceptions du loisir qui découlent de cette erreur spirituelle ; et principalement la conception abstraite
2253 . On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie de 1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette no
2254 n reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’ égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinis
2255 le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si
2256 que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si l’on convient que la
2257 ant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’ inflation mécanique, si l’on convient que la mesure du travail ne peut
2258 être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’ utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temp
2259 s vuide. » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’ une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont touj
2260 t chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’ une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexe
2261 ant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien d’ un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créa
2262 Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte, d’ une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps
2263 ’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sort
2264 « temps plein ». En sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’
2265 est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’ un temps rempli, d’un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé.
2266 emps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’ un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé. (La logique du lan
2267 isirs que ses ancêtres consacraient à la création de leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le travail des cl
2268 décrète « forcé » le travail des classes chargées d’ assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si l
2269 et son but ; si le labeur et le repos n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de tr
2270 n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus
2271 ne ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
2272 sir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité p
2273 s rien dans l’un qui permette de saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les
2274 sir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du dés
2275 onnateur, ou révolution La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente :
2276 rons d’abord l’erreur rationaliste, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en homm
2277 r rationaliste, la séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à p
2278 ommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nou
2279 retrouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude
2280 tre, où ils ne seront plus que les temps alternés d’ une plénitude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses de
2281 lon sa loi pour créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creu
2282 Est-ce un long loisir créateur ? Un long travail d’ enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté.
2283 , et fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui
2284 ignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce r
2285 pinceaux. » On fait cela, on déroule une soie. Et d’ un seul trait miraculeux… 77. On aura beau l’appeler « travail de c
2286 raculeux… 77. On aura beau l’appeler « travail de choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature d
2287 avail créateur, l’émulation socialiste n’est rien d’ autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle
2288 ’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c
2289 maginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée de Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la n
2290 e joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 1917
2291 ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 1917, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américa
2292 lte de 1917, qui décréta l’instauration en Russie d’ une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de sa
2293 ivilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles.
2294 n américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de satisfaire les exigences artificielles.
22 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 3. Groupements personnalistes
2295 3Groupements personnalistes Le drame de la France politique, c’est la carence du socialisme véritable. L’espr
2296 re a détourné la tradition du socialisme français de ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti néga
2297 rançais de ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti négatif, anticlérical d’abord. Il a créé dans
2298 lancs et rouges s’opposent aujourd’hui exactement de la même manière qu’ils s’opposaient en 1848. Mais le monde a changé d
2299 nçais porte deux tares qui l’empêcheront toujours d’ agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une tr
2300 e deux tares qui l’empêcheront toujours d’agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une trop françai
2301 ique dans une large mesure l’impuissance du parti de gauche à penser le monde moderne et la situation concrète de la Franc
2302 penser le monde moderne et la situation concrète de la France en termes révolutionnaires et politiquement créateurs. Deva
2303 se cherche une tradition, plutôt que des modèles d’ importation récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays
2304 France est le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y éta
2305 s y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise
2306 plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soi
2307 ent que l’on peut fonder raisonnablement l’espoir d’ une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon,
2308 spoir d’une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’un
2309 Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’ une révolution réellement française et humaine. Proudhon qui s’opposai
2310 Proudhon qui s’opposait à Marx au nom des droits de la personne. Proudhon qui dénonçait, dans le matérialisme historique,
2311 Kierkegaard critiquait chez Hegel cette mécanique de l’histoire qui supprime l’individu, le conflit tragique et la respons
2312 ule vivante encore que peu visible dans la France d’ aujourd’hui, que se placent les « groupes personnalistes ». Anticapita
2313 on brutale du capitalisme en crise. L’originalité de ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questi
2314 ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
2315 eul refus, ils opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un ac
2316 abulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Ils se dressent ainsi
2317 se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif de la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
2318 u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
2319 surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà d’ innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
2320 lement elles s’étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion senti
2321 s’étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
2322 ite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’ adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
2323 ntale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’ où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
2324 , parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
2325 s marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
2326 se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
2327 s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
2328 y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
2329 quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’ irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
2330 tés dans les travées du Palais-Bourbon. Le Cahier de revendications que publiait en 1932, la Nouvelle Revue française , m
2331 ise , manifesta pour la première fois l’existence de cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
2332 rs s’est précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent à ce jour Esprit et l’Ordre nouveau. Cherch
2333 ques refus massifs, refus du capitalisme créateur d’ injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
2334 efus du capitalisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
2335 talisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
2336 teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’ immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
2337 de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’ un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
2338 e général qui se manifeste jusque dans le domaine de la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
2339 ystique, considéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
2340 idéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
2341 inance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
2342 ique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
2343 affirmations doctrinales : affirmation des droits de la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
2344 e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
2345 it normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
2346 ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
2347 assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
2348 de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
2349 base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
2350 rganisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
2351 tenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’ un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
2352 rit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
2353 nautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
2354 dé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
2355 jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
2356 s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
2357 s aux prises dans la presse évitent avec ensemble de poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
2358 les, et se cantonnent dans des luttes périmées et de polémiques malhonnêtes, Esprit et L’Ordre nouveau affirment la né
2359 prit et L’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
2360 affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins b
2361 me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent. D’ où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
2362 acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force d’ entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
2363 en plus visiblement à mesure que le développement de la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
2364 urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
2365 it juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
2366 érile des clercs bourgeois. C’est ici la question de la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
2367 uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule de base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
2368 ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’ indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
2369 . Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre no
2370 ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre nouveau suspe
2371 engagé dans un conflit concret). Sur cette notion de l’homme actif et créateur, se fondait une analyse du pouvoir et des v
2372 ver la première synthèse dans l’ouvrage important d’ Aron et Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentiel
2373 saire. Sa revendication essentielle : l’abolition de la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail78
2374 ition prolétarienne par le moyen du service civil de travail78. L’analyse du aboutissait d’autre part à une conception de
2375 lyse du aboutissait d’autre part à une conception de l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
2376 édéraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation de la personne à un acte, tel est donc le fait spirituel, le fait humain
2377 llence auquel L’Ordre nouveau voulait rattacher d’ une façon immédiate toutes les institutions. Telle est la « primauté d
2378 e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cessa d’ invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
2379 l ne cessa d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
2380 les plus graves malentendus. (On a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
2381 u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’ un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
2382 comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur de la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
2383 numéro une conception spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
2384 avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
2385 ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
2386 le les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
2387 capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ail
2388 est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’ inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
2389 ésordre établi. Elle n’en reste pas moins le lieu de rencontre de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incr
2390 i. Elle n’en reste pas moins le lieu de rencontre de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
2391 moins le lieu de rencontre de jeunes écrivains «  de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le l
2392 ntre de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête perma
2393 toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’ une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
2394 apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’ un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
2395 bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
2396 era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
2397 de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
2398 listiques, des attaques personnelles qui assurent d’ ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
2399 aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture, aux dépens de toute adhésion durable. 78. Celui-ci a fait
2400 78. Celui-ci a fait l’objet des études patientes d’ un groupe d’ingénieurs et de jeunes industriels. Il a donné lieu à plu
2401 i a fait l’objet des études patientes d’un groupe d’ ingénieurs et de jeunes industriels. Il a donné lieu à plusieurs expér
2402 des études patientes d’un groupe d’ingénieurs et de jeunes industriels. Il a donné lieu à plusieurs expériences concluant
2403 à plusieurs expériences concluantes. Des membres de l’ON accomplirent plusieurs périodes de travail dans des usines, où i
2404 s membres de l’ON accomplirent plusieurs périodes de travail dans des usines, où ils remplacèrent les ouvriers. Il s’agiss
2405 , où ils remplacèrent les ouvriers. Il s’agissait de démontrer par l’exemple la possibilité d’un service de travail analog
2406 gissait de démontrer par l’exemple la possibilité d’ un service de travail analogue au service militaire, et destiné à assu
2407 montrer par l’exemple la possibilité d’un service de travail analogue au service militaire, et destiné à assurer toute la
2408 ute la production mécanisée, c’est-à-dire la part de labeur qui revient dans l’ordre actuel aux manœuvres, aux ouvriers no
2409 aboli, et la production dégagée des lois fatales de la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le servi
2410 ée des lois fatales de la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait
2411 e la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait, en effet, d’un office central qui aurait pour tâc
2412 le service civil de travail dépendrait, en effet, d’ un office central qui aurait pour tâche d’ajuster exactement la produc
2413 effet, d’un office central qui aurait pour tâche d’ ajuster exactement la production à la consommation. Le rôle de l’État
2414 actement la production à la consommation. Le rôle de l’État se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office.
2415 at se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre
2416 oses près avec celui de cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabi
2417 e » serait libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ainsi l’État se trouverait-il réduit à sa pl
2418 il réduit à sa plus simple expression : un bureau de statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées
2419 simple expression : un bureau de statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération de
23 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 4. Qu’est-ce que la politique ?
2420 ipe ce qui intéresse la cité. Aucun des habitants de la cité n’a donc le droit de s’en désintéresser. Ou, s’il le fait, il
2421 Aucun des habitants de la cité n’a donc le droit de s’en désintéresser. Ou, s’il le fait, il perd le droit de se plaindre
2422 désintéresser. Ou, s’il le fait, il perd le droit de se plaindre quand les affaires, à son avis, vont mal. Ainsi parle un
2423 2. Nous voyons aujourd’hui un nombre grandissant d’ intellectuels proclamer avec émotion leur volonté de s’intéresser à la
2424 intellectuels proclamer avec émotion leur volonté de s’intéresser à la cité dont ils sont membres. Cette émotion est celle
2425 té dont ils sont membres. Cette émotion est celle d’ une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, dont ils a
2426 lle d’une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, dont ils avaient toujours usé, entraîne le devoir de mod
2427 dont ils avaient toujours usé, entraîne le devoir de modifier la situation dont ils se plaignent. Conséquence pour eux si
2428 pour eux si nouvelle, qu’ils éprouvent le besoin de « justifier » leurs interventions politiques, — comme si cela n’allai
2429 i cela n’allait pas de soi ! (Exemple : les Pages de journal d’André Gide.) Cette fausse honte ou cette mauvaise conscienc
2430 lait pas de soi ! (Exemple : les Pages de journal d’ André Gide.) Cette fausse honte ou cette mauvaise conscience, cette cr
2431 honte ou cette mauvaise conscience, cette crainte de « trahir » en servant, ces raisons que l’on s’efforce de donner, non
2432 ahir » en servant, ces raisons que l’on s’efforce de donner, non sans maladresse, avant d’assumer un devoir qui paraîtrait
2433 n s’efforce de donner, non sans maladresse, avant d’ assumer un devoir qui paraîtrait, en temps normaux, incomber à tout ho
2434 olitique qui fait défaut, mais c’est le sens même de la politique en général qui n’est plus clairement aperçu, dans l’élit
2435 al qui n’est plus clairement aperçu, dans l’élite de la nation. On sent qu’un homme humain, intelligent, honnête et doué
2436 qu’un homme humain, intelligent, honnête et doué de sens critique, se devrait en tout temps de participer à la chose civi
2437 t doué de sens critique, se devrait en tout temps de participer à la chose civique ; mais on sent aussi que la politique,
2438 politique, telle qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son i
2439 s jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intelligence, son honneur et ses facultés critiques. À l
2440 ses facultés critiques. À la question qui résulte de ce malaise : « faut-il ou non faire de la politique ? », on ne peut r
2441 ui résulte de ce malaise : « faut-il ou non faire de la politique ? », on ne peut répondre avec sécurité que si l’on a d’a
2442 raisonnements qui voudraient nous y engager sont de misérables sophismes. Mais si la politique devient ce que nous voulon
2443 ent ce que nous voulons qu’elle soit, la question d’ en faire ou de n’en pas faire ne se pose même plus. 3. La politique, e
2444 s voulons qu’elle soit, la question d’en faire ou de n’en pas faire ne se pose même plus. 3. La politique, en France, revê
2445 ats totalitaires (URSS et fascismes). J’essaierai de la définir par quatre de ses principaux caractères. a) Elle consiste
2446 fascismes). J’essaierai de la définir par quatre de ses principaux caractères. a) Elle consiste d’abord dans la lutte de
2447 ns la lutte des partis. Pour un très grand nombre de citoyens, le but à atteindre n’est pas d’abord d’assurer le bon fonct
2448 de citoyens, le but à atteindre n’est pas d’abord d’ assurer le bon fonctionnement de l’État, la paix publique, la grandeur
2449 n’est pas d’abord d’assurer le bon fonctionnement de l’État, la paix publique, la grandeur morale de la nation et le libre
2450 t de l’État, la paix publique, la grandeur morale de la nation et le libre déploiement de ses forces créatrices. Le but es
2451 ndeur morale de la nation et le libre déploiement de ses forces créatrices. Le but est d’abord de faire triompher tel part
2452 ment de ses forces créatrices. Le but est d’abord de faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le parti pour
2453 nd que le tout. Ou encore : le but est simplement de militer bruyamment dans le parti, moins par amour passionné pour son
2454 moins par haine des autres partis que par besoin d’ entretenir de vieux débats dont on connaît par cœur tous les arguments
2455 ine des autres partis que par besoin d’entretenir de vieux débats dont on connaît par cœur tous les arguments, et qu’on ai
2456 arguments, et qu’on aime répéter comme le refrain d’ une chanson idiote mais « qui fait toujours plaisir ». À droite on as
2457 le volontiers la France, « la vraie », aux partis de droite. À gauche, on fait volontiers passer la fidélité au parti avan
2458 idélité au parti avant la fidélité au bien commun de la nation. Ainsi, quand tout va bien, quand la machine paraît rouler
2459 uand tout va bien, quand la machine paraît rouler d’ elle-même, dans l’intervalle des crises économiques, les partis devien
2460 les partis deviennent des académies ou des écoles de rhétorique vulgaire, et les questions de personnes, le jeu des vieill
2461 s écoles de rhétorique vulgaire, et les questions de personnes, le jeu des vieilles rancunes, y priment nécessairement tou
2462 s rancunes, y priment nécessairement toute espèce de souci de la cité dans son ensemble, et de son destin créateur. Et qua
2463 s, y priment nécessairement toute espèce de souci de la cité dans son ensemble, et de son destin créateur. Et quand tout v
2464 espèce de souci de la cité dans son ensemble, et de son destin créateur. Et quand tout va mal, quand la crise est là, les
2465 se mettent à déchirer la nation avec une absence de scrupules qui rappelle des temps fort décriés : ceux de la grande féo
2466 upules qui rappelle des temps fort décriés : ceux de la grande féodalité guerrière, le pillage du pays par les barons. Je
2467 arons. Je dis que pratiquement — donc en laissant de côté les déclarations des congrès — la moderne féodalité des partis n
2468 is n’agit pas autrement vis-à-vis de la nation et de ses intérêts supérieurs, que la moderne féodalité des trusts et des b
2469 ’un honnête homme, et, de plus, patriote, se doit de rejeter tous les partis. Prétendre entrer dans un parti — le moins ma
2470 dans un parti — le moins mauvais ! — pour essayer de le réformer ou de l’influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que
2471 moins mauvais ! — pour essayer de le réformer ou de l’influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que de prétendre entr
2472 influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que de prétendre entrer au Conseil d’administration des Forges pour essayer
2473 st aussi malin que de prétendre entrer au Conseil d’ administration des Forges pour essayer de rendre les canons inoffensif
2474 Conseil d’administration des Forges pour essayer de rendre les canons inoffensifs : c’est l’instrument même du parti qui
2475 x comités électoraux et aux députés, des millions de citoyens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et de gauche, où
2476 ions de citoyens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et de gauche, où s’expriment ces idéologies. L’influence de ce
2477 ens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et de gauche, où s’expriment ces idéologies. L’influence de ces feuilles n’
2478 auche, où s’expriment ces idéologies. L’influence de ces feuilles n’est plus niable. J’attends encore l’homme sain qui ose
2479 ne dans leurs échos et leurs leaders l’anthologie de la mauvaise foi, de l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancu
2480 et leurs leaders l’anthologie de la mauvaise foi, de l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancunes de personnes méd
2481 gnorance, des préjugés crétinisants, des rancunes de personnes médiocres et des plaisanteries à tant la ligne la plus prop
2482 e à nous faire envier la suppression des libertés de la presse. (Si les journaux des pays fascistes ou communiste se livre
2483 te se livrent parfois, eux aussi, à des débauches de mensonges haineux du même calibre, du moins sait-on que la dictature
2484 ibres » !) À lire les revues et les hebdomadaires de gauche ou de droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé
2485 lire les revues et les hebdomadaires de gauche ou de droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé d’avouer qu’
2486 rédigés par des intellectuels, on est bien forcé d’ avouer qu’il n’y a plus en France de véritable idéologie politique. Ce
2487 st bien forcé d’avouer qu’il n’y a plus en France de véritable idéologie politique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’est
2488 offre sous ce nom n’est qu’un lamentable ramassis de phrases empruntées à des révolutions étrangères ou périmées, et de mo
2489 tées à des révolutions étrangères ou périmées, et de mots d’ordre soi-disant « tactiques », mis au service non point d’un
2490 oi-disant « tactiques », mis au service non point d’ un idéal communautaire, mais de passions et d’intérêts sans grande por
2491 service non point d’un idéal communautaire, mais de passions et d’intérêts sans grande portée. Pour réfuter le colonel de
2492 int d’un idéal communautaire, mais de passions et d’ intérêts sans grande portée. Pour réfuter le colonel de la Rocque — pe
2493  petit jeu pour les débutants — les intellectuels de gauche n’ont rien trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui est
2494 s — les intellectuels de gauche n’ont rien trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui est ridicule en l’occurrence, e
2495 s de gauche n’ont rien trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’êtr
2496 qui est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’ être comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et p
2497 en l’occurrence, et l’accusation d’être comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et pour réfuter le c
2498 affirmer, contre toute évidence, que la doctrine de Marx est un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la fa
2499 évidence, que la doctrine de Marx est un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille.79 Si la politi
2500 facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille.79 Si la politique, c’est cela, je dis qu’un honnête hom
2501 honnête homme, et au surplus intelligent, se doit de n’y pas tremper fût-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés pa
2502 ligent, se doit de n’y pas tremper fût-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés par les politiciens, comitards ou « 
2503 à définir la politique comme une simple technique de gouvernement. Il serait souhaitable en effet que le ministère des Col
2504 un homme qui connaisse autre chose que les potins de sa circonscription ; et celui des finances par un homme honnête ; et
2505 connaisse la langue des pays voisins et l’esprit de leurs institutions. Mais ceux qui veulent des techniciens, des ingéni
2506 des ingénieurs et des banquiers dans les Conseils de l’État et qui pensent que dès lors tout marcherait de soi, ceux qui e
2507 ’État et qui pensent que dès lors tout marcherait de soi, ceux qui envient le brain trust de Roosevelt, oublient que la mi
2508 archerait de soi, ceux qui envient le brain trust de Roosevelt, oublient que la mission d’un peuple n’est pas une affaire
2509 brain trust de Roosevelt, oublient que la mission d’ un peuple n’est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la poli
2510 que la mission d’un peuple n’est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la politique au jeu subalterne des foncti
2511 En somme, ils donnent à la majorité des citoyens d’ excellentes raisons de se désintéresser de la conduite de leur cité. E
2512 à la majorité des citoyens d’excellentes raisons de se désintéresser de la conduite de leur cité. Et bien qu’ils se recru
2513 itoyens d’excellentes raisons de se désintéresser de la conduite de leur cité. Et bien qu’ils se recrutent en général parm
2514 lentes raisons de se désintéresser de la conduite de leur cité. Et bien qu’ils se recrutent en général parmi les « gens de
2515 n qu’ils se recrutent en général parmi les « gens de droite », ils représentent la tendance la plus rigoureusement matéria
2516 ureusement matérialiste. d) À l’inverse du désir de ces nouveaux « physiocrates », nous voyons, depuis peu, la politique
2517 voyons, depuis peu, la politique prendre l’aspect d’ un mysticisme, et cela surtout chez les intellectuels du Front populai
2518 z les intellectuels du Front populaire. On attend d’ elle la création d’un « homme nouveau », d’une humanité riche, heureus
2519 du Front populaire. On attend d’elle la création d’ un « homme nouveau », d’une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de
2520 attend d’elle la création d’un « homme nouveau », d’ une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée de tou
2521 u », d’une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée de tout tragique, et comme délivrée par l’État de l
2522 iche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée de tout tragique, et comme délivrée par l’État de l’oppression du péché
2523 ée de tout tragique, et comme délivrée par l’État de l’oppression du péché originel, sombre invention « réactionnaire ». O
2524 bscurantistes, on prophétise le règne du Bonheur, de la Raison, de la Richesse et du Progrès. Et l’on se croit pour autant
2525 on prophétise le règne du Bonheur, de la Raison, de la Richesse et du Progrès. Et l’on se croit pour autant « révolutionn
2526 que cette « politique » sentimentale, cet ersatz de religion, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’un mau
2527 ianisme ; 2° ne peut mener qu’à une forme avachie de fascisme, car le fascisme et surtout le national-socialisme préconise
2528 ussi toutes ces « valeurs », et y ajoutent celles de la race et de la nation, qui donnent à l’ensemble un dynamisme physiq
2529 s « valeurs », et y ajoutent celles de la race et de la nation, qui donnent à l’ensemble un dynamisme physique autrement i
2530 à l’étatisme le plus tyrannique. Si donc « faire de la politique » consiste à recouvrir de fleurs de rhétorique rationalo
2531 nc « faire de la politique » consiste à recouvrir de fleurs de rhétorique rationalo-sentimentale une opération très précis
2532 de la politique » consiste à recouvrir de fleurs de rhétorique rationalo-sentimentale une opération très précise de spoli
2533 rationalo-sentimentale une opération très précise de spoliation des libertés de la personne par l’État (que ce soit au nom
2534 opération très précise de spoliation des libertés de la personne par l’État (que ce soit au nom d’une classe ou de la race
2535 ne par l’État (que ce soit au nom d’une classe ou de la race n’y change rien), j’estime être plus utile à la cité en faisa
2536 n), j’estime être plus utile à la cité en faisant de la philosophie et de la théologie pures. 4. Mais — la politique est
2537 s utile à la cité en faisant de la philosophie et de la théologie pures. 4. Mais — la politique est à nos yeux toute autr
2538 yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume d’ appeler ainsi, quand on se demande s’il faut en faire ou non. Traditio
2539 olitique est, d’une part, la science des rapports de l’individu et de l’État — politique intérieure —, d’autre part la sci
2540 ne part, la science des rapports de l’individu et de l’État — politique intérieure —, d’autre part la science des rapports
2541 ntérieure —, d’autre part la science des rapports de la nation et des autres nations — politique extérieure. Dans le cas d
2542 utres nations — politique extérieure. Dans le cas de la France, si un homme se sent poussé à l’action publique par des mot
2543 ui auraient conservé la conception traditionnelle de la politique, l’homme se voit entraîné dans la vie civique par devoir
2544 a vie civique par devoir, au nom des « intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la nation. La politique reste q
2545  intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la nation. La politique reste quelque chose d’extérieur à son être vé
2546  » de la nation. La politique reste quelque chose d’ extérieur à son être véritable. D’où la distinction bien connue entre
2547 e quelque chose d’extérieur à son être véritable. D’ où la distinction bien connue entre la vie publique et la vie privée.
2548 distinction conduit nécessairement à la création d’ une caste de politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se
2549 conduit nécessairement à la création d’une caste de politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se désintéresse
2550 oliticiens, permettant à la majorité des citoyens de se désintéresser, en pratique, du bien commun. Et l’on admet alors qu
2551 vraie politique ne saurait être qu’une expression de la personne même. Elle s’enracine dans l’homme, en tant qu’il est act
2552 e les émanations, les représentations extérieures de la tension personnelle de chaque homme, de chaque membre d’une commun
2553 ésentations extérieures de la tension personnelle de chaque homme, de chaque membre d’une communauté. Toute personne, lors
2554 ieures de la tension personnelle de chaque homme, de chaque membre d’une communauté. Toute personne, lorsqu’elle se manife
2555 ion personnelle de chaque homme, de chaque membre d’ une communauté. Toute personne, lorsqu’elle se manifeste comme telle,
2556 veau. Cette double activité aboutit à la création de l’État — secteur organisé — et de la nation, idéal commun. Elle impli
2557 t à la création de l’État — secteur organisé — et de la nation, idéal commun. Elle implique une hiérarchie : l’organisatio
2558 normalement subordonnée à la création. Il résulte de cette définition de la politique que tout homme, dans la mesure où il
2559 née à la création. Il résulte de cette définition de la politique que tout homme, dans la mesure où il agit personnellemen
2560 s la vraie politique. Car d’une part, il a besoin de la base matérielle assurée par l’État, d’autre part, il ne peut créer
2561 ur dans le domaine national80. Les grandes lignes de la politique personnaliste se trouvent ainsi déterminées. C’est en ve
2562 i déterminées. C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons subordonner l’État à la liberté créatric
2563 voulons subordonner l’État à la liberté créatrice de ceux qui forment la nation. C’est en vertu de notre conception de la
2564 ent la nation. C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons assurer à chacun un « minimum vital », c
2565 minimum vital », c’est-à-dire une base matérielle de départ. (D’où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et
2566 l », c’est-à-dire une base matérielle de départ. ( D’ où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et l’institutio
2567 érielle de départ. (D’où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et l’institution du service civil.) C’est en
2568 ervice civil.) C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons restaurer le sens de la mission national
2569 de la personne que nous voulons restaurer le sens de la mission nationale des Français. C’est en vertu de notre conception
2570 des Français. C’est en vertu de notre conception de la personne, enfin, que nous jugeons désirable et féconde la pluralit
2571 déaux et des nations, et leur fédération sur pied d’ égalité. Ainsi encore, notre méthode dichotomique — que beaucoup ont t
2572 personnes aussi bien que dans celle des peuples, de ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à subordonner
2573 celle des peuples, de ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à subordonner à tous les étages les moyens a
2574 tat à la nation. Dès lors il ne peut plus y avoir d’ opposition entre la morale privée et la morale publique. Car la politi
2575 reproduire à une vaste échelle le mouvement même de la personne en exercice, ce double mouvement d’organisation des appui
2576 e de la personne en exercice, ce double mouvement d’ organisation des appuis matériels, et d’élan vers des buts que l’espri
2577 mouvement d’organisation des appuis matériels, et d’ élan vers des buts que l’esprit imagine. La politique véritable, de mê
2578 pirituel. Et la plus haute réussite sera toujours d’ adapter avec souplesse la technique aux buts qu’elle doit servir. 6. O
2579 ment, les uns s’en détournent avec dégoût et font de la littérature ou du commerce, les autres s’y abandonnent avec délice
2580 iques qu’on nomme des politiciens, ou ces espèces d’ obsédés maniaques qu’on nomme des vieux militants. — On nous dira auss
2581 ausses, malfaisantes, dégradantes, pour continuer de gaieté de cœur à les pratiquer, ou au contraire pour commettre cette
2582 lfaisantes, dégradantes, pour continuer de gaieté de cœur à les pratiquer, ou au contraire pour commettre cette espèce de
2583 quer, ou au contraire pour commettre cette espèce de suicide que nous recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes-no
2584 eux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics de faillites, ni aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous somme
2585 s de faillites, ni aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que no
2586 , dans ce sens que nous voulons nous servir aussi de notre intelligence pour travailler à mettre en marche un ordre neuf.
2587 ordre neuf. Quant à ceux qui nous reprocheraient d’ être ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des être
2588 qui nous reprocheraient d’être ce qu’on appelle «  de purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ignorants des conditions
2589 dire des êtres ignorants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les invitons cordialement à participer à notre
2590 alement à participer à notre prochaine expérience de service civil : remplacer un manœuvre dans une usine pendant 15 jours
2591 ances payées, tout en contribuant à l’élaboration d’ un nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intell
2592 nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intellectualisme » ! En vérité, il serait temps que les homme
2593 En vérité, il serait temps que les hommes, doués de raison, qui s’intéressent au sort de la cité, reconnaissent l’évidenc
2594 nnaissent l’évidence suivante : la cause profonde de la crise mondiale n’est autre que la bêtise des « réalistes » et de l
2595 le n’est autre que la bêtise des « réalistes » et de leurs politiciens. Bêtise qui se traduit d’une part par un attachemen
2596 s capitalistes n’ont pas vu plus loin que le bout de leur nez — d’autre part par une effrayante absence d’imagination — d’
2597 eur nez — d’autre part par une effrayante absence d’ imagination — d’où l’étroitesse, la timidité, la puérilité des réforme
2598 e part par une effrayante absence d’imagination —  d’ où l’étroitesse, la timidité, la puérilité des réformes que l’on nous
2599 ncore plus simplement, à ceux qui nous reprochent de vouloir une politique vraie, et même intelligente : — Continuez donc 
2600 le front populaire ou le front national ! Faites de la « politique » en dépit de toute dignité humaine et de toute réalit
2601  politique » en dépit de toute dignité humaine et de toute réalité européenne et mondiale. Si vous aimez ça, restez dedans
2602 examinez notre doctrine. Et ne vous contentez pas de traiter de « fascistes » des hommes qui veulent subordonner l’État au
2603 tre doctrine. Et ne vous contentez pas de traiter de « fascistes » des hommes qui veulent subordonner l’État aux libertés
2604 donner l’État aux libertés — ce qui est l’inverse de l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veulent la liber
2605 — ce qui est l’inverse de l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veulent la liberté de l’esprit. Les grande
2606 de communistes des hommes qui veulent la liberté de l’esprit. Les grandes politiques naissent de grandes visions, d’utopi
2607 erté de l’esprit. Les grandes politiques naissent de grandes visions, d’utopies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeu
2608 s grandes politiques naissent de grandes visions, d’ utopies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’u
2609 aissent de grandes visions, d’utopies créatrices, d’ idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’une large considération
2610 pies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’une large considération des réalités mondiales. Elles ne
2611 s, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’ une large considération des réalités mondiales. Elles ne sont pas le f
2612 omitards, des techniciens électoraux, des requins d’ affaires ou des vieux routiers du parlementarisme. Et encore moins de
2613 ieux routiers du parlementarisme. Et encore moins de chefs de partis aveuglés par les intérêts peut-être valables, mais li
2614 iers du parlementarisme. Et encore moins de chefs de partis aveuglés par les intérêts peut-être valables, mais limités et
2615 peut-être valables, mais limités et provisoires, de leurs électeurs. Plusieurs puissances pratiquent dans le monde d’aujo
2616 rs. Plusieurs puissances pratiquent dans le monde d’ aujourd’hui de grandes politiques et même des politiques démesurées. Q
2617 puissances pratiquent dans le monde d’aujourd’hui de grandes politiques et même des politiques démesurées. Que va faire la
2618 dans ce monde ? Quelle est sa mission, sa raison d’ être, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique inté
2619 uelle est sa mission, sa raison d’être, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieure qui corresp
2620 sion, sa raison d’être, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieure qui corresponde au rôle que
2621 rôle que les autres puissances la mettent au défi de jouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui soit propre, et qu
2622 ettent au défi de jouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui soit propre, et qu’elle puisse opposer victorieusemen
2623 xaltent ? Toutes ces questions sont des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront
2624 Toutes ces questions sont des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront une répons
2625 t des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront une réponse efficace, donneront du
2626 donneront du même coup un but commun aux efforts de tous les citoyens, par-dessus les partis et leurs pauvres vieilles id
2627 que, à la culture, à toutes les forces créatrices de ce pays. (paru dans L’Ordre nouveau , 1936.) 79. Le gouvernement
2628 ue la famille c’est l’héritage. 80. Les lecteurs de cette revue savent que la nation n’est une expression de l’universel
2629 e revue savent que la nation n’est une expression de l’universel qu’en raison de l’impuissance humaine à atteindre pleinem
2630 t et d’emblée l’universel. Aussi se garderont-ils d’ eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens abso
2631 e l’universel. Aussi se garderont-ils d’eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens absolu de nation
2632 ls d’eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qui est à l’oppo
2633 e que nous disons ici de la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qui est à l’opposé de notre pensée.
24 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 5. Trop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels)
2634 5Trop d’ irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels) Cho
2635 Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons enragés. F
2636 e inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués de leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds e
2637 it rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils
2638 s et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le
2639 n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur d’ une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier par
2640 nu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent d’ une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes
2641 x aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef
2642 s deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés, d’ une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de ré
2643 des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix, d’ une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’
2644 , les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et d’ un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un
2645 e faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’e
2646 un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’ un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte c
2647 vec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’ un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mo
2648 vivre en marge de tous les conflits et refusaient d’ être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins
2649 étaient au moins en accord avec l’esprit général de l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne m
2650 avec l’esprit général de l’époque : intelligence d’ un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
2651 éral de l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’une culture don
2652 autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’ une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des con
2653 aires d’une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans le
2654 ent au moins purs dans leur erreur. Les modalités de leur retrait ne contredisaient nullement les postulats fondamentaux d
2655 ntredisaient nullement les postulats fondamentaux de leur métaphysique inconsciente. Et leur style traduisait fidèlement l
2656 . Et leur style traduisait fidèlement les nuances d’ une pensée détachée, irresponsable par définition. Ii n’y a pas que du
2657 héritées du libéralisme conduisaient à ce régime de faillite qu’on nomme l’État totalitaire. Nous avons constaté que rien
2658 lité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illus
2659 berté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale,
2660 t ne laissaient même plus espérer une possibilité de concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes. « Lorsque j’ent
2661 réglaient les comptes. « Lorsque j’entends parler d’ esprit, je dégaine mon revolver », disait un officier nazi. Les stalin
2662 s faisaient de même en présence du libéralisme et de la culture « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous le m
2663 qu’on lança parmi nous le mot d’ordre : « Défense de la Culture ». Toute la confusion vient de là. Car la culture qu’on n
2664 on vient de là. Car la culture qu’on nous propose de défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalit
2665 dre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladi
2666 de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène nécessairement.
2667 aire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser
2668 ation énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est
2669 les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libérale entre la pensé
2670 action. Au lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot d’engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui81. ⁂ Pour qu
2671 lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot d’ engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui81. ⁂ Pour qu’une pensé
2672 le ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’ un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et
2673 pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’ une pensée que réside son engagement. C’est, au contraire, dans sa dém
2674 ier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pa
2675 ans sa volonté de le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est p
2676 pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas
2677 plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’ une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout deveni
2678 ’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’ une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doc
2679 e politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’ une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risqu
2680 ontraire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’
2681 risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En véri
2682 ut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’ une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui
2683 t être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait
2684 bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’ engagement. Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devient
2685 gissante. Un libéral qui se soumet aux directives d’ un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudra
2686 ces trahisons insignes ridiculisent toute espèce d’ engagement. Une pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, e
2687 nsable du seul fait qu’elle se met « au service » d’ une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un
2688 fait qu’elle se met « au service » d’une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu p
2689 ion, cela demande un effort un peu plus grand, et d’ une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire
2690 u plus grand, et d’une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On r
2691 re nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels
2692 gner un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’ une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien
2693 s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
2694 dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelli
2695 uismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelligentsia française. Précisons donc encore : la première tâche
2696 tellectuels qui ont compris le péril totalitaire ( de droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascism
2697 ui ont compris le péril totalitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’
2698 talitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas «  d’ adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pen
2699 st pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fa
2700 elque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme.
2701 fascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée d’ où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme. Et c’est l
2702 ibérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent d’ eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se précise con
2703 es ! Le réflexe du libéral devant le péril, c’est de faire un fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-
2704 me. Et peut-être surtout dans ce cas ! La panique de « l’union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahu
2705 t l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usa
2706 bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir
2707 i ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soi
2708 e devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux
2709 Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés83, égarés pour un temps dans les v
2710 sables nés83, égarés pour un temps dans les voies de « l’engagement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient
2711 faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se son
2712 e des philosophes libéraux — fût partiale, pleine de partis pris, et même politique ! 83. Je fais exception pour deux ou
25 1940, Politique de la personne (1946). Ve partie. À la fois libre et engagé — Le protestantisme créateur de personnes
2713 Le protestantisme créateur de personnes63 Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant le t
2714 te que beaucoup d’entre vous, apercevant le titre de cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhaite que be
2715 urieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas digne de réflexion, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre
2716 n, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la vale
2717 e propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment
2718 u zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire 
2719 aleur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité d
2720 curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant d’ auteurs incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Depui
2721 loire peut-être intempestive ? Depuis une dizaine d’ années, une discussion générale s’est instituée sur les notions de per
2722 scussion générale s’est instituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement perso
2723 rale s’est instituée sur les notions de personne, d’ individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui
2724 tituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâ
2725 un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche de démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé.
2726 e qui a pris pour tâche de démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé. Des philosophes tels que
2727 ue, Berdiaev du côté orthodoxe, un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de
2728 un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup d’ agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d
2729 s, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour to
2730 se sont efforcés de montrer l’importance concrète d’ une définition de la personne pour toute action dans la cité64. Ces di
2731 de montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour toute action dans la cité64. Ces discussions, souven
2732 ns la cité64. Ces discussions, souvent encombrées de jargon philosophique, peuvent apparaître byzantines au grand public.
2733 n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes
2734 sans équivoques. Les dissiper me paraît une tâche d’ une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trou
2735 nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc
2736 s fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il
2737 de dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre m
2738 notions par des exemples historiques susceptibles de faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons commen
2739 comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’ individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verron
2740 pparues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux commen
2741 ieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours
2742 e, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Con
2743 n’est pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et
2744 recque, et sa naissance signale la naissance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un cou
2745 e même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qu
2746 e. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’ un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, s
2747 coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le groupe p
2748 le lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, ob
2749 , et par celui de la terreur sacrée. C’est autour d’ un tabou et autour des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble la
2750 autour d’un tabou et autour des tombeaux, objets d’ effroi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’elle adore, c’est
2751 phobe. Mais supposez maintenant qu’un des membres de la tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord do
2752 s sacrés du groupe, et par là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’empire des
2753 là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement d’ arrachement au sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dis
2754 sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la
2755 à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le
2756 la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les
2757 st important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour constituer d
2758 à peu, ces individus se groupent pour constituer de nouvelles communautés (les thiases), comparables à la cité au sens mo
2759 erne. Alors que la tribu était liée par des liens d’ origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commu
2760 térêt commun et les contrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. T
2761 u dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière
2762 dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite pa
2763 roits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute con
2764 chacun cherche à se distinguer. On met son point d’ honneur à faire mieux que le voisin, ou tout au moins à faire autremen
2765 utonome et conscient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous d
2766 is-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de ton existence individuelle, libère-toi des déterminations sacrées et
2767 eut-être peut-on rapprocher cette tendance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome
2768 endance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le pri
2769 ussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’ atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les lég
2770 n d’atome, les philosophes à formuler le principe d’ individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur atte
2771 attention sur l’homme et son destin particulier. D’ où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux
2772 l’homme et son destin particulier. D’où le héros, d’ où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacr
2773 estin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’ où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ;
2774 agique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade cou
2775 e s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; —  d’ où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de
2776 décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu
2777 rées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de
2778 gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encor
2779 iade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encore, bien qu’aux antipodes de So
2780 distingue. C’est là encore, bien qu’aux antipodes de Socrate, une définition de l’individu… Toutefois, ce mouvement centri
2781 bien qu’aux antipodes de Socrate, une définition de l’individu… Toutefois, ce mouvement centrifuge par rapport à la commu
2782 mouvement centrifuge par rapport à la communauté d’ origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence e
2783 duit fatalement ce que j’appellerais un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
2784 rais un sentiment de vide social. C’est une sorte d’ angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
2785 e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’ où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
2786 Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliq
2787 éternel de cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l
2788 ce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et milit
2789 son appareil rigide, devait fatalement triompher d’ une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’ind
2790 bureaucratie, sa police, fonctionnera d’ailleurs d’ autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’
2791 ment qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’ individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous vo
2792 e poussière d’individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous voyez qu’entre individualisme et dictatu
2793 pposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succe
2794 te : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu n
2795 tre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière do
2796 gards, l’étatisme ne fait qu’achever le processus de dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’individu s’était
2797 structure organique ne s’oppose plus à son action d’ unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus
2798 ique ne s’oppose plus à son action d’unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fer
2799 éraciner pour mieux discipliner, cela seul permet de constituer un bloc puissant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui pr
2800 à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’allure d’ une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu t
2801 ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’ un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les initiatives
2802 tes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque
2803 de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’
2804 ajorité des citoyens se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de
2805 se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homm
2806 onctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’État romain, c’es
2807 de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’État romain, c’est donc l’individ
2808 e est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’ homme que suppose l’État romain, c’est donc l’individu embrigadé, le f
2809 rsona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’
2810 esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de
2811 sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens
2812 puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne.
2813 rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirais volontiers
2814 uirais volontiers en langage moderne par le terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellemen
2815 vocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté b
2816 otre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
2817 te. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles
2818 ecréer la communauté primitive, à base de sang et de liens sacrés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte
2819 et les passions, et satisfait le rêve nostalgique d’ un retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communio
2820 fait le rêve nostalgique d’un retour à la nature, d’ une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le m
2821 our à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’ une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs,
2822 gies, rites magiques, culte ancestral ou religion d’ État. C’est là ce que j’appellerai une communauté régressive. L’autre
2823 i une communauté régressive. L’autre possibilité de communauté, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d
2824 celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d’ une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur l
2825 ne l’être spirituel. C’est l’espoir d’une société d’ un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes
2826 lois, mais sur l’attente commune et enthousiaste d’ un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c
2827 lus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’ un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attent
2828 aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’ une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté pr
2829 éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de
2830 ne révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’ une communauté progressive. La réalisation historique de la première
2831 ommunauté progressive. La réalisation historique de la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République rom
2832 la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’éch
2833 quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’une socié
2834 evenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’ État, confondu avec l’échec plus général d’une société bureaucratisée,
2835 ligion d’État, confondu avec l’échec plus général d’ une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du chr
2836 Mais je demeure persuadé que la seule possibilité d’ une communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la
2837 progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait h
2838 pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un a
2839 r la volonté de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transforme
2840 dynamique. Et ce fait, c’est l’événement central de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’in
2841 l de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une socié
2842 uveauté absolue de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église.
2843 ace ici ? C’est une communauté spirituelle formée d’ un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appe
2844 e communauté spirituelle formée d’un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appeler d’un terme mod
2845 es communautés locales, que l’on pourrait appeler d’ un terme moderne : des cellules. Ces communautés ne sont pas fondées s
2846  », écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni de la race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des escla
2847 as terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elle
2848 autés étranges constituent bel et bien les germes d’ une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
2849 ielle, mais ils y trouvent aussi des possibilités de servir leurs frères. Ils se voient donc libérés, et du même coup enga
2850 agés dans un corps social nouveau. Prenons le cas de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait t
2851 t spontanée, l’Église lui rend sa dignité humaine d’ individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement,
2852 maine d’individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement, il se produit un phénomène parallèle : le p
2853 païen qui se convertit se voit d’une part racheté de son péché ; et d’autre part, il reçoit une mission nouvelle, une voca
2854 ement et socialement, l’Église est une communauté d’ hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les
2855 ctoires, n’étant que deux aspects complémentaires d’ une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé
2856 as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du d
2857 grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, p
2858 oit une vocation possède une dignité indépendante de son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plu
2859 le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs de l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce
2860 e l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce même terme qui va servir aux premiers philosophes c
2861 miers philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trou
2862 mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieu
2863 ns chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations de l’Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans l
2864 et dans leur genèse historique, les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne.
2865 les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction
2866 inction entre ces deux vocables si courants, loin d’ être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts
2867 in d’être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l
2868 nt posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Ré
2869 ècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église prim
2870 L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés
2871 aux cadres sclérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure
2872 clérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire d’ Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure unitaire, e
2873 mes liturgiques, tout cela fait partie intégrante de la chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de
2874 diévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge,
2875 tte collusion peut-être inévitable de l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de co
2876 rel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fall
2877 ong du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En eff
2878 ne sorte de communauté sacrée, de société sacrale d’ allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chr
2879 En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona ou fonction s
2880 mmunauté fondée sur la personne courait le danger d’ une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’autre part
2881 le et collective. » C’est-à-dire que la collusion de l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la
2882 u pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagemen
2883 situation quelque peu analogue à celle des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se m
2884 des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Rena
2885 r quelques traits qui rappelleront ma description de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un
2886 escription de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres
2887 qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le
2888 sacrés de la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoi
2889 e droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre
2890 le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse,
2891 en de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elle
2892 choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises au
2893 de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises aux dépens de sa famille e
2894 ussent-elles acquises aux dépens de sa famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crime
2895 pens de sa famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Itali
2896 famille et de sa cité, aux dépens même de la vie d’ autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve
2897 x dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acqué
2898 t commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’ acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capit
2899 ns l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme comm
2900 cial, sont souvent cités comme les premiers types d’ individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieu
2901 ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se
2902 e l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimenta
2903 érimentation scientifique libre. Tout cela relève d’ une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et se
2904 t cela relève d’une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre e
2905 sabilité par rapport à la société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expé
2906 ort à la société. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles qu
2907 ciété. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissec
2908 u’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du
2909 de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du corps humain,
2910 de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’ expériences telles que la dissection du corps humain, c’est toujours u
2911 te une réaction inévitable à la déviation romaine de la communauté catholique65. Entre ces deux déviations, contre l’oppre
2912 ntre l’oppression collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les dev
2913 dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même
2914 ersonnaliste. Bien au contraire : je vais essayer de vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
2915 pourrait et devrait être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n
2916 spiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils
2917 ême pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt d’ un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de
2918 un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités qu
2919 Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces t
2920 mes sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des r
2921 ont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de res
2922 ommairement. Le but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’o
2923 e des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés
2924 de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des novateurs. « 
2925 glise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’ être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit
2926 teurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition si
2927 elles à la place de l’exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je
2928 e l’exposition simple et fidèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
2929 vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église
2930 consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan p
2931 ouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individuali
2932 était la révolte de la Renaissance, et les sectes d’ illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux. Calvin c
2933 nt pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spir
2934 Église primitive était une communauté spirituelle de personnes, d’hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituan
2935 ve était une communauté spirituelle de personnes, d’ hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une multitud
2936 fois libres et engagés, constituant une multitude de communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. P
2937 les seront à nouveau les Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et fo
2938 Églises réformées. Point de centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et forcée. Dès le début, la R
2939 Point de centralisation, point de capitale, point d’ unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère co
2940 ont des députés à des synodes, et il n’y aura pas de pape pour unifier temporellement toutes ces cellules vivantes, autono
2941 s, l’Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la di
2942 e Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des Églises et des personnes particulière
2943 Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précisio
2944 rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de l
2945 il apporte une précision capitale à la définition de la personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition p
2946 e dirais volontiers que la définition protestante de la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle j
2947 c’était le rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à c
2948 ien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouve
2949 communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiq
2950 fait qu’il peut incarner une volonté particulière de Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respec
2951 Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’ être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il
2952 ’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’ agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la soc
2953 urtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’ une responsabilité unique dans la société, à sa juste place. Notons qu
2954 igure en particulier dans le serment des pasteurs de Genève, et dont l’actualité vous frappera certainement. « Je promets,
2955 ppera certainement. « Je promets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne
2956 le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à D
2957 manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à m
2958 onstitutionnel existant, qui puisse être qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité des Églises,
2959 ù je l’entends. Diversité des Églises, fédération de ces diversités, multiplicité des vocations personnelles : tout cela,
2960 ai. Mais il était inévitable et juste que ce type de relations influençât peu à peu toutes les autres relations humaines,
2961 culier les relations politiques. Toute l’histoire de l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les fo
2962 lus loin. Quelle fut donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? J
2963 a traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire :
2964 quelle fut l’action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle principa
2965 ils le purent, proposèrent au contraire des plans d’ allure et d’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collus
2966 t, proposèrent au contraire des plans d’allure et d’ intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collusion des pouv
2967 ébrera « la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme
2968 , centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée de ses meilleures forces créatrices. Mais dès que le parti protestant re
2969 oute différente. Il ne tombe jamais dans le piège d’ opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Q
2970 absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la ré
2971 anie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provin
2972 ies des Pays-Bas ; qu’il s’agisse des fédérations de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’u
2973 ons de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amériq
2974 ées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’ une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire angla
2975 manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les p
2976 s, c’est-à-dire fédéraliste. Les synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs repris
2977 e, préconisèrent à plusieurs reprises des projets d’ organisation fédérative du Royaume, comportant une large autonomie des
2978 mier ; sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein » d’ une fédération européenne ? Certes, les historiens attribuent à ces fa
2979 dans les petits États qui éprouveraient le besoin de se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent
2980 siècle. Mais je maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre pr
2981 ce fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui expli
2982 ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier d’ une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, dit préoccupa
2983 Qui dit respect des personnes, dit préoccupation de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès l
2984 n de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’ éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fond
2985 grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par cont
2986 lvin fonde le Collège de Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par contre, on sait que les jésuites
2987 ocations chez leurs élèves… Mais je m’en voudrais d’ insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-
2988 qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doc
2989 e l’État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois libre e
2990 le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté de chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des tons complémen
2991 intenant que voici définies, ou plutôt illustrées d’ exemples historiques, certaines notions fondamentales telles que l’ind
2992 et l’histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il s’agit. L’histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux
2993 is qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions ci
2994 in cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’ aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale personna
2995 ans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale personnaliste ? Calvin, vous le savez, ne s’e
2996 Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait
2997 oligarchies et républiques sont également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marqu
2998 Une fois cependant il marque une préférence, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état d
2999 néral. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour
3000 durer longuement. » Il me semble que le spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pa
3001 ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme d’ un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et
3002 n la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue
3003 nous plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départa
3004 oint de vue : condition de l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de ré
3005 ous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des
3006 Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que possible : d’abord les cinq monarch
3007 le bloc des trois États totalitaires — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que
3008 res — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces t
3009 que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent d’ année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux t
3010 atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ces régimes :
3011 assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En
3012 ris de la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, l
3013 tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’ une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple, était à la fois chef
3014 r exemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses d
3015 rés divers, et pour mille raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le t
3016 et pour mille raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y
3017 lle raisons très complexes, de l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas
3018 donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef de la révolution triomphante, dans chacun de ces pays, se trouvait comme
3019 le chef de la révolution triomphante, dans chacun de ces pays, se trouvait comme contraint par le sentiment général de rep
3020 trouvait comme contraint par le sentiment général de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et le
3021 al de reprendre à son compte à la fois l’autorité d’ un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Ré
3022 endre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’ Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution c
3023 fois l’autorité d’un chef d’Église et le pouvoir d’ un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujours inconscie
3024 césaropapistes comme les régimes qu’ils venaient d’ abattre, et même beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont il
3025 ion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des corps chimiques à l’état nai
3026 s à l’état naissant. D’autre part, l’instauration de ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et même appelée, par
3027 et même appelée, par l’absence dans tous ces pays d’ élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1
3028 dans tous ces pays d’élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé l’Espagne inv
3029 beaucoup de points, écrit-il, elles offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque évident et perm
3030 ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’ un manque évident et permanent d’individualités marquantes, […] de per
3031 toutes les deux d’un manque évident et permanent d’ individualités marquantes, […] de personnalités autonomes. » Et de la
3032 ent et permanent d’individualités marquantes, […] de personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que
3033 marquantes, […] de personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait d
3034 de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne s
3035 aisse entendre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’abs
3036 tre part, il a toujours favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on compre
3037 développement de la personne et donc la formation d’ élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait suivant qui,
3038 jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme de totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une autre correspo
3039 ts calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas de la France sous la Troisième République67. Cela ne signifie pas, bien
3040 l reste dans le pays une empreinte césaropapiste, d’ où l’État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi
3041 tat totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’ être une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait
3042 une empreinte tout à fait différente : une forme d’ individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car
3043 ne forme d’individualisme. Nous aurons l’occasion d’ y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale
3044 bien, une description désintéressée et académique de divers régimes également soutenables dans l’abstrait. Je considère l’
3045 ises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certa
3046 ns qui se demandent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrét
3047 andent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous
3048 nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
3049 se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de
3050 ut quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrèt
3051 de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs.
3052 en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du
3053 eraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui men
3054 s dangers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de
3055 ais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Ég
3056 première question est capitale. Car la politique d’ un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il pren
3057 e d’un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en
3058 ne religion politique, ou encore en une politique d’ allure religieuse. Et cela d’autant plus que la religion qu’il adopte
3059 ore en une politique d’allure religieuse. Et cela d’ autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fa
3060 cas des fascismes et du communisme, une religion de l’ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement ter
3061 ent terrestres ne divergent plus du tout des buts de la politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de
3062 confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut
3063 vec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à
3064 tique religieuse totalitaire, a créé le type même d’ une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur le
3065 pe même d’une communauté régressive, c’est-à-dire d’ une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, l
3066 on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les ch
3067 es choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laq
3068 quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des c
3069 des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies d’ imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours l
3070 propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres, d’ hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous souten
3071 tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représ
3072 s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché d’ origine ? Second point : quelle est la condition faite à la personne d
3073 est très simple. On a détruit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout r
3074 étruit l’un des deux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle :
3075 eux pôles de la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engage
3076 mie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit
3077 alement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transce
3078 t limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous
3079 il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personn
3080 eviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer
3081 tes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et
3082 sonnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui les créent.
3083 sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse d’ initiative que dans les cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent
3084 les ne valent rien par elles-mêmes. Cette manière de créer des personnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la per
3085 vidu embrigadé, et non pas une vocation. Milliers de masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques
3086 Milliers de masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’héro
3087 le, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus de courage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le
3088 qui n’ont plus de courage civique. Militarisation d’ un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civi
3089 un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’ une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simp
3090 cette force reste pure ! Car de même que le culte de la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de
3091 orts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine
3092 voie directe au fascisme, une certaine déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un cert
3093 taine déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi
3094 en soi, un certain individualisme, risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fai
3095 risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci d’ une manière indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résista
3096 istances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier.
3097 t nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une cer
3098 lise. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôn
3099 mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’ une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le pr
3100 Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalit
3101 d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre dan
3102 r ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme,
3103 intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de loue
3104 ns purement humaines. À force de louer la Réforme d’ avoir été, comme on dit « une pépinière d’individualités et de caractè
3105 Réforme d’avoir été, comme on dit « une pépinière d’ individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque
3106 comme on dit « une pépinière d’individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Ré
3107 caractères bien trempés », nous courons le risque d’ oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force d
3108 force de louer ses effets humains, nous risquons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalité n’est bien
3109 ité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’ une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a
3110 e ambiance protestante. Nous n’en avons que trop, de ces gloires « protestantes », laborieusement annexées et recensées pa
3111 aborieusement annexées et recensées par une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis
3112 recensées par une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Cer
3113 rotestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse
3114 de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’ être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela co
3115 us rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est
3116 isme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi de la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c
3117 oderne, avec sa concurrence sans frein, phénomène de piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement in
3118 rence sans frein, phénomène de piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement individualiste69. Un der
3119 era sentir, je crois, toute l’importance pratique de cette distinction entre personne et personnalité. Hitler peut former,
3120 ocations irréductibles aux ambitions spirituelles de l’État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seu
3121 ux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’est point parce q
3122 i reproche son énergie ou ses talents, ses traits de caractère, son héroïsme durant la dernière guerre, bref, sa personnal
3123 e, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opér
3124 ersonne et personnalité. Je ne vois aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance.   Il est t
3125 aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’ une telle clairvoyance.   Il est temps de tirer, en deux mots, la conc
3126 exclusif d’une telle clairvoyance.   Il est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point.
3127 l est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l
3128 tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l
3129 sion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflit
3130 J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer
3131 rope, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l
3132 représente, en sa pureté, le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il e
3133 , le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme
3134 ppelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 70. Ceci nous
3135 ns notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 70. Ceci nous charge d’une respons
3136 ance au paganisme politique 70. Ceci nous charge d’ une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous
3137 ns-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans la ple
3138 , et dans la pleine virulence du terme, redevenir de véritables protestants. Un véritable protestant, les faits le prouven
3139 vent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au série
3140 s reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à propose
3141 dre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme
3142 vendications conformes au Décalogue et à l’esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens
3143 aussi et d’abord contre les déviations humanistes de la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocra
3144 nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi
3145 ade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’ autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-même. Car un e
3146 e et extérieur, ce n’est jamais que l’incarnation d’ une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souffre dans son c
3147 mais que l’incarnation d’une possibilité secrète, d’ une tentation que chacun souffre dans son cœur. Alors seulement, purif
3148 s et lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « perso
3149 force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors
3150 vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéte
3151 de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise
3152 « Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use. » 63. Conférence prononcée au mois de janvier
3153 l’on y use. » 63. Conférence prononcée au mois de janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et
3154 is de janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensé
3155 l, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur
3156 Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des ét
3157 ée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette
3158 ’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 64. En Suisse,
3159 a demande de l’Association générale des étudiants de cette ville. 64. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspruch)
3160 m Widerspruch) et Gonzague de Reynold (Conscience de la Suisse). 65. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 66. Je
3161 iècle surtout. 66. Je rappelle que ce texte date de janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne
3162 e que ce texte date de janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne déduise pas de ces remarques q
3163 rague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne déduise pas de ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des troi
3164 is bien que ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune de ces Églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encor
3165 ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune de ces Églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénom
3166 de chacune de ces Églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. L
3167 ique n’est pas fasciste. 68. Sur la distinction, d’ une importance capitale, entre les deux termes soulignés dans cette ph
3168 oir Penser avec les mains, IIe partie : La vertu d’ autorité, pages 209 et suivantes. 69. Max Weber, luthérien « détaché 
3169 holique « détaché », l’attribue aux accumulations de capitaux dans les couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient
3170 , c’est que l’invention du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre
3171 siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre siècles. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’attri
3172 es. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’ attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther !
3173 tlérisme à Luther ! 70. Je dis bien le type même de sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remèd
3174 seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine de la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain
3175 e opération. Et les remèdes sont souvent composés de poisons…
26 1946, Politique de la personne (1946). Préface pour l’édition de 1946
3176 Préface pour l’édition de 1946 Daté ne veut pas dire nécessairement caduc. Ce recueil « d’ess
3177 veut pas dire nécessairement caduc. Ce recueil «  d’ essais de circonstances » porte en toute évidence la marque des années
3178 dire nécessairement caduc. Ce recueil « d’essais de circonstances » porte en toute évidence la marque des années au cours
3179 ont été coupées, parce qu’elles contenaient trop d’ allusions à des incidents oubliés ; et j’ajoute une Ve partie, qui pré
3180 te une Ve partie, qui précise la visée religieuse de ma conception propre du personnalisme.) Bien sûr, après une douzaine
3181 e du personnalisme.) Bien sûr, après une douzaine d’ années — cette douzaine-là ! —, l’insuffisance de plusieurs pages, l’o
3182 d’années — cette douzaine-là ! —, l’insuffisance de plusieurs pages, l’outrance ou l’étroitesse de tel jugement que je co
3183 ce de plusieurs pages, l’outrance ou l’étroitesse de tel jugement que je confondais sans doute avec de la rigueur, ne vont
3184 de tel jugement que je confondais sans doute avec de la rigueur, ne vont-elles pas sans me gêner. Mais on ne récrit pas un
3185 pas sans me gêner. Mais on ne récrit pas un livre de ce genre sans lui faire perdre sa vertu de prise de position dans le
3186 livre de ce genre sans lui faire perdre sa vertu de prise de position dans le vif, à tous risques. Et surtout, je n’ai pa
3187 ce genre sans lui faire perdre sa vertu de prise de position dans le vif, à tous risques. Et surtout, je n’ai pas éprouvé
3188 l instant, tout en relisant ce recueil, le besoin de corriger ses diagnostics pour les rendre après coup plus conformes au
3189 traits pour s’appliquer à n’importe quelle époque de l’histoire. Mais, au contraire, je tiens la situation présente pour e
3190 n présente pour essentiellement identique à celle de l’entre-deux-guerres. Le danger totalitaire n’est pas moindre, les er
3191 e, ne les rend que plus redoutables. Quelques-uns de nos adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais
3192 est vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais d’ envahir à la fois leurs vainqueurs et leurs victimes épuisées, cependa
3193 t que la misère et les ruines aggravent l’urgence d’ instaurer un ordre libertaire, personnaliste. Sinon, nous subirons la
3194 non, nous subirons la police imbécile, au service de régimes qui n’osent pas dire leur nom. ⁂ Ce qui a beaucoup évolué, pa
3195 t personnaliste lui-même. En tant qu’organisation de groupes ou d’embryons de groupes d’action (en France, en Belgique et
3196 e lui-même. En tant qu’organisation de groupes ou d’ embryons de groupes d’action (en France, en Belgique et en Suisse, pri
3197 En tant qu’organisation de groupes ou d’embryons de groupes d’action (en France, en Belgique et en Suisse, principalement
3198 ’organisation de groupes ou d’embryons de groupes d’ action (en France, en Belgique et en Suisse, principalement), il s’est
3199 la guerre. En tant que doctrine, je serais tenté de dire qu’il a subi le même destin ; mais la dispersion des idées n’ent
3200 en au contraire. Qu’un Ribbentrop, lecteur assidu de nos revues, ait volé à l’une d’elles le terme d’« Ordre nouveau », au
3201 p, lecteur assidu de nos revues, ait volé à l’une d’ elles le terme d’« Ordre nouveau », aux fins que l’on sait, c’est un a
3202 de nos revues, ait volé à l’une d’elles le terme d’ « Ordre nouveau », aux fins que l’on sait, c’est un accident bien vexa
3203 ui relève en fin de compte du calembour. La ville de Lyon n’est pas tenue pour responsable des méfaits perpétrés par un li
3204 son monde en abusant, surtout aux premiers jours, de quelques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à c
3205 sant, surtout aux premiers jours, de quelques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à certaines révisio
3206 ar le fait que la Résistance, dans plusieurs pays de l’Europe, absorba le mouvement personnaliste, son esprit, ses mots-cl
3207 ommes. Soit qu’il s’agît dans quelques cas précis d’ influences personnelles exercées par nos militants, soit que la situat
3208 e la Résistance européenne redécouvrit bon nombre de nos positions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique,
3209 sitions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de n
3210 dépossédés par cette mise dans le domaine public de nos idées. D’autre part, le succès que rencontre aujourd’hui la doctr
3211 iquer que les esprits s’éveillent à certain ordre de réalités que nous tenions dès le début pour décisives. Le personnalis
3212 s l’atmosphère philosophique définie par les noms de Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. No
3213 hilosophique définie par les noms de Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance s
3214 finie par les noms de Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité
3215 es noms de Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engag
3216 egaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engagement et notre c
3217 et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engagement et notre conception de la personne comme être à la fois
3218 la nécessité de l’engagement et notre conception de la personne comme être à la fois libre et engagé, contrebattues de to
3219 mme être à la fois libre et engagé, contrebattues de tous côtés et peu comprises avant la guerre, sont devenues comme on s
3220 rre, sont devenues comme on sait le pont aux ânes d’ une école dont on parle beaucoup. (Je ne vois pas cette école, il est
3221 etour, après six ans, dans une Europe mal relevée d’ une grave opération à chaud, les symptômes du même mal, localement ext
3222 corps entier. Je trouve aussi qu’en divers points de ce corps malade, certaines antitoxines commencent à « prendre ». Et p
3223  prendre ». Et peu importe qu’elles soient ou non de notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préconisions. Q
3224 ut à publier mon livre. C’est ainsi que le numéro de janvier 1946 d’ Esprit nous apprend qu’en Hollande « le personnalism
3225 livre. C’est ainsi que le numéro de janvier 1946 d’ Esprit nous apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’est constitu
3226 is fort encourageants, nous parviennent également de Pologne, d’Italie, de Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnali
3227 urageants, nous parviennent également de Pologne, d’ Italie, de Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnalistes viennen
3228 nous parviennent également de Pologne, d’Italie, de Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnalistes viennent d’appara
3229 , du Danemark. Des revues personnalistes viennent d’ apparaître, deux en Suisse, une en Angleterre… Partout le mot ; la cho
3230 elle ? Que peut encore l’Europe, terre des droits de la personne, prise entre l’Amérique et la Russie ? Mais les faits son
3231 même qu’ils ne peuvent prévaloir contre la vérité de l’homme créateur, celui-ci se gardera d’en tirer ses vrais motifs d’e
3232 a vérité de l’homme créateur, celui-ci se gardera d’ en tirer ses vrais motifs d’espérance ou de doute. Quoi qu’il arrive d
3233 , celui-ci se gardera d’en tirer ses vrais motifs d’ espérance ou de doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en tiens, pour m
3234 ardera d’en tirer ses vrais motifs d’espérance ou de doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en tiens, pour ma part, au pess
3235 me actif qui inspira ces essais. 1. Citons l’un de ces derniers, M. Brugmans : « Le mouvement personnaliste néerlandais
3236 ent personnaliste néerlandais est né dans un camp d’ otages, dans un séminaire transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel.
3237 l. Nous nous y trouvions, avec quelques centaines de camarades, internés par les Allemands sans forme de procès, sous la m
3238 camarades, internés par les Allemands sans forme de procès, sous la menace de la fusillade… Mais un souffle étrange anima
3239 es Allemands sans forme de procès, sous la menace de la fusillade… Mais un souffle étrange animait des jeunes et les rasse
3240 ange animait des jeunes et les rassemblait autour d’ une table… Pendant des mois, ils travaillèrent… La doctrine était là,
3241 e mot personnalisme n’était connu en Hollande que d’ une petite minorité d’intellectuels francophiles. À présent, on retrou
3242 était connu en Hollande que d’une petite minorité d’ intellectuels francophiles. À présent, on retrouve le mot — sinon la c