1
t politique J’ai, pour la politique, une espèce
d’
aversion naturelle. L’aveu paraîtra maladroit au seuil du livre que vo
2
que voici. Mais faut-il aimer davantage l’espèce
d’
adresse au jour le jour qui tient lieu de vertu politique à ce siècle
3
e siècle débile et fiévreux ? On se demande alors
de
quoi je me mêle. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été f
4
nds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé
de
m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intell
5
e malheur des temps : pour peu que l’intellectuel
d’
aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir de colère, et par ailleurs
6
tuel d’aujourd’hui ait préservé en lui un pouvoir
de
colère, et par ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé de rép
7
i un pouvoir de colère, et par ailleurs le besoin
de
penser, il se voit obligé de répondre activement aux empiètements dan
8
r ailleurs le besoin de penser, il se voit obligé
de
répondre activement aux empiètements dans son domaine de ce qu’on a n
9
ndre activement aux empiètements dans son domaine
de
ce qu’on a nommé le désordre établi. Si « privée » que se veuille en
10
intérieur, l’État moderne a su trouver les moyens
de
venir la brimer. Non tant, d’ailleurs, par des interdictions qu’elle
11
us perfide : elle consiste, en principe, à exiger
de
l’intellectuel une adhésion sentimentale, un enthousiasme sans réserv
12
ont plus guère à lui envier qu’un degré supérieur
de
logique dans l’application du système. L’État, sa politique, ses décr
13
ésentent dans notre siècle un monstrueux complexe
de
bêtise officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par
14
ux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus
de
cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. S’il me
15
e qu’on me fait sur le territoire ennemi. Je fais
de
la politique pour qu’on n’en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour de
16
r violence. Ou plus exactement encore, si je fais
de
la politique, c’est bien moins pour sauver le monde que pour accompli
17
voirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre
de
l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques
18
emps où certain humanitarisme verbeux couvre plus
d’
exactions que jamais le cynisme d’un Talleyrand n’en jugea nécessaires
19
eux couvre plus d’exactions que jamais le cynisme
d’
un Talleyrand n’en jugea nécessaires ? L’amour du peuple et des victim
20
a nécessaires ? L’amour du peuple et des victimes
d’
une société affolée s’étale sur les affiches électorales : j’y vois la
21
nobles. Est-ce que tout se ramène à des querelles
de
gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait
22
ot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte
de
sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui e
23
u qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé
d’
en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut
24
’est pour aider à changer cela qu’un intellectuel
d’
aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par aille
25
ger cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit
de
sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa dé
26
u’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir
de
sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bo
27
a chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité
de
sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que l’on écrit contribue en qu
28
crit contribue en quelque façon au bien ou au mal
de
beaucoup. Lorsque l’intelligence, dégoûtée, déserte le Forum, c’est l
29
liques et tout finit en dictature : plus question
de
pensée libre, j’entends : de pensée responsable. Mais si l’intelligen
30
ture : plus question de pensée libre, j’entends :
de
pensée responsable. Mais si l’intelligence, passant outre à son dégoû
31
at tel qu’il lui est offert, elle court le risque
de
s’y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique de l’autruche. L’
32
y dégrader. J’ai préféré ce risque à la politique
de
l’autruche. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle p
33
x choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas
de
guerre. D’ailleurs, la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
34
la guerre moderne n’est plus la guerre. Elle naît
d’
une mainmise de la finance sur les sentiments patriotiques. Elle about
35
ne n’est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise
de
la finance sur les sentiments patriotiques. Elle aboutit à des traité
36
». Entre deux, il se passe quelque chose qui n’a
de
nom dans aucune langue. 3. Dans le cas le plus favorable, et sous ré
37
ce du clerc qui s’engage Le risque est la santé
de
la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans illusion ni
38
e l’envisage sans illusion ni romantisme. L’enjeu
d’
une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération
39
celle que doit jouer notre génération, n’est pas
de
ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je ne m’exc
40
s de ceux dont on puisse parler avec une légèreté
de
bon aloi. Je ne m’excuse pas du sérieux peut-être pesant des considér
41
Nietzsche, déjà, ne scandalise plus, fait figure
de
Don Quichotte littérateur. Qu’un homme cherche à juger quelque folie
42
it naguère lucidité, il se voit simplement traité
d’
« intellectuel impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est f
43
ain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque
de
la plus juste pénitence des intellectuels. Ils ont si bien habitué le
44
e grand public à leur manière toute désintéressée
de
traiter les questions humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
45
ns humaines, qu’on se trouve aujourd’hui justifié
d’
accueillir leurs « au loup ! » avec un scepticisme réaliste. L’intelli
46
entsia citadine s’est mise tout entière à l’école
de
Montaigne : « Les autres forment l’homme, je le récite », répète-t-el
47
ps. Ils ont su former l’homme et même le déformer
de
telle sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l
48
sorte que la pensée n’est plus pour lui qu’un jeu
d’
oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent da
49
st plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité
de
ceux qui n’en ont point, de ceux qui vivent dans l’ignorance des néce
50
’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont point,
de
ceux qui vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre èr
51
vivent dans l’ignorance des nécessités pratiques
de
notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les aut
52
ce assez puissante. D’une part, les « réalistes »
de
la petite et de la grande économie capitaliste se trouvent pris au dé
53
te. D’une part, les « réalistes » de la petite et
de
la grande économie capitaliste se trouvent pris au dépourvu, au beau
54
de leurs calculs : ils avaient oublié l’humanité
de
l’homme, et tout échoue devant une révolte qui leur paraît irrationne
55
e révolte qui leur paraît irrationnelle. La ruine
de
leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il fa
56
de leurs finances va-t-elle être le commencement
de
leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur offre un programme, d
57
ur cela qu’on leur offre un programme, des moyens
d’
en sortir, une nouvelle direction d’activité. Vont-ils se tourner vers
58
e, des moyens d’en sortir, une nouvelle direction
d’
activité. Vont-ils se tourner vers les sages, vers les clercs dont on
59
lercs dont on pouvait croire que la mission était
de
penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’on
60
s délèguent au chef inconnu le droit et le risque
d’
être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les
61
t le risque d’être homme, et se réservent le rôle
d’
assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la sép
62
les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation
de
la doctrine et de l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise a
63
t c’est ainsi que la séparation de la doctrine et
de
l’action proclamée par toute la pensée bourgeoise aboutit à la concep
64
pensée bourgeoise aboutit à la conception brutale
d’
une politique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus d’autre aut
65
ique stalinienne ou fasciste, qui ne connaît plus
d’
autre autorité que la police, plus d’autre unité que l’État, et plus d
66
connaît plus d’autre autorité que la police, plus
d’
autre unité que l’État, et plus d’autres réalités que celles qui conce
67
és que celles qui concernent la moitié inférieure
de
l’homme. (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils4 ;
68
ls4 ; en attendant, ils les veulent soumis.) Dans
de
telles conjonctures, on comprendra sans peine qu’un intellectuel hési
69
u’un intellectuel hésite à s’engager. En ce temps
de
partis, de faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est pl
70
ectuel hésite à s’engager. En ce temps de partis,
de
faisceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de
71
s’engager. En ce temps de partis, de faisceaux et
de
fronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire de la doctrine, ma
72
ronts, opposer des doctrines, ce n’est plus faire
de
la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le jeu commun. C
73
rtante entreprise, faire appel à toute la rigueur
d’
un « esprit » par essence impondérable et volatil ? Dirait-on pas qu’i
74
ginent exercer sur le cours des choses une espèce
de
magie phénoménale ? Enivrés d’hypothèses, ils se croient facilement d
75
choses une espèce de magie phénoménale ? Enivrés
d’
hypothèses, ils se croient facilement démiurges, cependant qu’ils négl
76
e troupier qu’un capitaine rencontre saoul, comme
d’
habitude. « Si tu ne buvais pas tant, dit l’officier, tu pourrais pass
77
solutions pratiques » qu’affirme un autre groupe
de
clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de v
78
’affirme un autre groupe de clercs, fort désireux
d’
aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratiq
79
sireux d’aller au peuple. On est frappé cependant
de
voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
80
pratique n’aboutit, pratiquement, qu’à une espèce
de
négation de la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais
81
boutit, pratiquement, qu’à une espèce de négation
de
la pensée. Le peuple veut des programmes pratiques, mais se contente,
82
« entrer dans l’action », et cela se traduit par
de
généreux manifestes, des formules vagues, à peine sonores et toujours
83
atique, laïque, progressiste, etc. », ni l’effort
de
signer quelques appels à l’Opinion publique, n’engagent à rien, perso
84
iblement troublées ; il se peut que cela dispense
de
porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas
85
la n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne
d’
agir au moins autant que de penser. Entre ces deux écueils, le ridicul
86
ert à rien et détourne d’agir au moins autant que
de
penser. Entre ces deux écueils, le ridicule et l’impuissance, existe-
87
? Existe-t-il pour l’intellectuel une possibilité
de
sortir de sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus,
88
-il pour l’intellectuel une possibilité de sortir
de
sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’av
89
ous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce
de
liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous, se croit enco
90
ps. 4. Voir plus loin : Précédence ou primauté
de
l’économique ?
91
et la pensée inefficace, cela provient, je crois,
d’
une seule et même cause, d’une seule et même erreur initiale sur l’hom
92
la provient, je crois, d’une seule et même cause,
d’
une seule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal p
93
e répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes
de
ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes.
94
cs, ils oublient ce qu’est l’homme. Ils ont perdu
de
vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs effor
95
s ont perdu de vue sa définition même. Leur point
de
départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au ma
96
efforts les plus sincères aboutissent au malheur
de
l’homme. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme a
97
. Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité
de
l’homme agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’autre cause
98
e agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas
d’
autre cause à la crise présente : l’homme moderne a perdu la mesure de
99
rise présente : l’homme moderne a perdu la mesure
de
l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui no
100
uels, dans la situation qui nous est faite, c’est
de
rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul pouvoir. C’est à e
101
seul pouvoir. C’est à eux seuls qu’il appartient
de
l’exercer dans le désordre politique. Pratiquement et spirituellement
102
uement et spirituellement, il n’y a pas pour nous
de
tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous p
103
cune autre puissance. C’est dans cette recherche
d’
une mesure de l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il f
104
issance. C’est dans cette recherche d’une mesure
de
l’homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’in
105
t dans cette recherche d’une mesure de l’homme et
d’
une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention généra
106
ne mesure de l’homme et d’une définition concrète
de
l’humain qu’il faut voir l’intention générale des essais réunis dans
107
e me fais aucune illusion sur la portée immédiate
de
mon effort. La situation présente me l’interdirait, toute question d’
108
tuation présente me l’interdirait, toute question
d’
habileté mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas cond
109
que par le bourgeois. Deux-cents pages de plus ou
de
moins n’y changeront rien, dit le bon sens. Mais j’ai ma petite folie
110
ns son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades
de
la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas une raison,
111
redoutable dès que l’on considère que le concret
de
l’homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes. Il faut rec
112
nnaître que ce point de vue, dans l’état d’esprit
d’
aujourd’hui, provoque une espèce de scandale. Les groupes qui le défen
113
’état d’esprit d’aujourd’hui, provoque une espèce
de
scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus. On le
114
défendent sont petits, mal connus. On les accuse
d’
utopie. Ils tablent, en effet, sur la chance de l’homme concret, de la
115
se d’utopie. Ils tablent, en effet, sur la chance
de
l’homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécess
116
lent, en effet, sur la chance de l’homme concret,
de
la personne. Ils réputent abstraites ces « nécessités historiques » q
117
s « nécessités historiques » qui, selon l’opinion
de
nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, d
118
à gauche et à droite pour justifier les trahisons
de
la personne, n’existent réellement qu’à partir du moment où l’homme n
119
des lois diminue aussitôt. Aussi bien convient-il
d’
opposer un scepticisme méthodique aux calculs ingénieux des sociologue
120
s probable que la sociologie n’est qu’une science
de
mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce de refoulement.
121
ience de mythomanes. J’y verrais même le symptôme
d’
une espèce de refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocat
122
omanes. J’y verrais même le symptôme d’une espèce
de
refoulement. Dès que l’homme, en effet, refoule sa vocation personnel
123
cation personnelle, on voit paraître toute espèce
de
troubles dans ses activités et ses pensées : l’un des plus caractéris
124
pensée sociologique qui voudrait codifier la loi
d’
évolution des « masses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ho
125
masses » comme si les masses n’étaient pas faites
d’
hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est ce
126
asses n’étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire
d’
éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’
127
isibles. Un autre trouble est cet amour théorique
de
l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’humanité particulière tell
128
in visible. Sociologues et humanitaires souffrent
d’
une sorte de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tan
129
Sociologues et humanitaires souffrent d’une sorte
de
daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’homme en tant qu’homme,
130
(hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu
d’
insister sur ce point après tant d’autres. Ce qu’on n’a peut-être pas
131
du refoulement personnaliste, le symptôme évident
de
la débilité spirituelle qui favorise la dissociation de l’homme en es
132
débilité spirituelle qui favorise la dissociation
de
l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bour
133
l’homme en esprit et en corps irresponsables l’un
de
l’autre. La bourgeoisie libérale ne sait plus honorer l’esprit qui fi
134
cisme tardif l’abstraction toujours plus irréelle
de
sa pensée et de ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’es
135
bstraction toujours plus irréelle de sa pensée et
de
ses rêves. Elle pense trop haut, agit trop bas : c’est qu’elle a perd
136
s. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons
d’
une manière plus concrète à propos de situations précises — on peut en
137
remière tâche des intellectuels est, aujourd’hui,
de
conduire une critique des mythes collectivistes nés de la maladie de
138
nduire une critique des mythes collectivistes nés
de
la maladie de la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition
139
tique des mythes collectivistes nés de la maladie
de
la personne. Puis il s’agit de retrouver une définition concrète de l
140
nés de la maladie de la personne. Puis il s’agit
de
retrouver une définition concrète de la personne. Enfin de la traduir
141
is il s’agit de retrouver une définition concrète
de
la personne. Enfin de la traduire en institutions et coutumes. Ou, to
142
ver une définition concrète de la personne. Enfin
de
la traduire en institutions et coutumes. Ou, tout au moins, d’indique
143
e en institutions et coutumes. Ou, tout au moins,
d’
indiquer les limites, la formule et les buts de ces institutions.
144
s, d’indiquer les limites, la formule et les buts
de
ces institutions.
145
4.Pour une politique à hauteur
d’
homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le co
146
litique à hauteur d’homme Toute la question est
de
savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les pouvo
147
entendent mener les hommes. Toute la question est
de
savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politiqu
148
Toute la question est de savoir quelle définition
de
l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette
149
qu’on défend. C’est cette question qu’on a cessé
de
poser dans le monde des politiciens. Si la Politique est l’art de go
150
monde des politiciens. Si la Politique est l’art
de
gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exe
151
ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent
de
connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de s
152
rd ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions
de
son humanité, à quelles règles il faut se plier pour respecter en lui
153
il faut se plier pour respecter en lui sa raison
d’
être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni
154
vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition
de
l’homme5. C’est peut-être une raison suffisante pour estimer que ces
155
ncent à sentir cela. Beaucoup commencent à douter
de
la valeur de ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou emp
156
r cela. Beaucoup commencent à douter de la valeur
de
ces méthodes qui se disent réaliste, opportuniste ou empirique, mais
157
en fait qu’une énorme combine montée sur un fond
d’
ignorance par quelques centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
158
ée sur un fond d’ignorance par quelques centaines
d’
arrivistes appuyés par les intérêts de quelques milliers d’arrivés. Dé
159
s centaines d’arrivistes appuyés par les intérêts
de
quelques milliers d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse d
160
tes appuyés par les intérêts de quelques milliers
d’
arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse de confondre réalisme
161
d’arrivés. Déjà certaine jeunesse française cesse
de
confondre réalisme et combine ; cesse de croire, par exemple, qu’un b
162
se cesse de confondre réalisme et combine ; cesse
de
croire, par exemple, qu’un bon agent électoral est un homme qui conna
163
toral est un homme qui connaît les hommes ; cesse
de
s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’action » que
164
’en laisser imposer par les fameuses « nécessités
de
l’action » que de petits ambitieux débutants croyaient naguère découv
165
r par les fameuses « nécessités de l’action » que
de
petits ambitieux débutants croyaient naguère découvrir dans les coulo
166
nts croyaient naguère découvrir dans les couloirs
de
la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre d’action là. Elle
167
ouloirs de la Chambre. Cette jeunesse ne veut pas
de
ce genre d’action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habilet
168
a Chambre. Cette jeunesse ne veut pas de ce genre
d’
action là. Elle n’a plus le moindre respect pour l’habileté politicien
169
ouchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs
de
jouer dès qu’on ne prendra plus la peine de croire à ce qu’ils font.
170
leurs de jouer dès qu’on ne prendra plus la peine
de
croire à ce qu’ils font. Victimes de l’obscurantisme laïque, ils ont
171
lus la peine de croire à ce qu’ils font. Victimes
de
l’obscurantisme laïque, ils ont cru pouvoir vivre sur des mots d’ordr
172
se posent pas beaucoup de questions, ils ont peu
d’
imagination. Leur médiocrité même, leur petite taille morale, empêcher
173
ge trop durement responsables. Mais prenons garde
de
borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce
174
que dansent les droites et les gauches. Changeons
de
plan ! Reposons la question politique dans une perspective humaine, e
175
’optique parlementaire ». Une politique à hauteur
d’
homme, c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la
176
eur d’homme, c’est une politique dont le principe
de
cohérence s’appelle la responsabilité de la personne humaine. En d’au
177
principe de cohérence s’appelle la responsabilité
de
la personne humaine. En d’autres termes, c’est une politique dont cha
178
uvent subordonnés à la défense et à l’affirmation
de
la personne, module universel de toutes les institutions. Cette polit
179
à l’affirmation de la personne, module universel
de
toutes les institutions. Cette politique s’oppose au gigantisme total
180
otalitaire ; elle s’oppose à l’émiettement social
de
la démocratie individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ho
181
e individualiste ; elle s’oppose à l’exploitation
de
l’homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse
182
e refuse la dictature, parce que le centre vivant
d’
un pays n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en c
183
ntre vivant d’un pays n’est pas dans un organisme
de
contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent
184
nt-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu
d’
hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit reven
185
r, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but
de
la société, c’est la personne. On n’y atteindra jamais que par une po
186
art à ce niveau. 5. Jean-Richard Bloch, parlant
de
« l’iniquité capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’est elle-
187
is cette iniquité n’est elle-même que le résultat
d’
une erreur plus profonde. Elle traduit, dans l’ordre social, une mécon
188
social, une méconnaissance intime des valeurs et
de
leur hiérarchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable de la déf
189
rchie. Elle trahit une ignorance à peine croyable
de
la définition humaine. » (Offrande à la Politique, p. 255.) Ignorance
190
pensée à son terme ; enfin je crois que la vision
d’
un homme non point parfait mais librement humain, ne peut exister autr
191
main, ne peut exister autrement que sous l’espèce
d’
un appel à restaurer cette stature dégradée. Les trois motifs d’agir q
192
estaurer cette stature dégradée. Les trois motifs
d’
agir que je viens d’exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèven
193
re dégradée. Les trois motifs d’agir que je viens
d’
exposer appartiennent à l’ordre humain, et relèvent, pourrait-on dire,
194
main, et relèvent, pourrait-on dire, des intérêts
de
la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au m
195
it-on dire, des intérêts de la pensée protectrice
de
notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces
196
s motifs peuvent très bien revêtir les apparences
d’
une politique supérieure, et comme tels se voir adoptés par des clercs
197
es jugent suffisants, et n’éprouvent aucun besoin
de
les étayer autrement. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité d’
198
ent. Je ne saurais croire pourtant à l’efficacité
d’
une foi en l’homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’homme, c’est c
199
era la valeur du modèle que l’homme peut imaginer
de
lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à
200
le plus attirant, l’imagination la plus dynamique
de
l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’at
201
éalité, la puissance, la vérité. Nul idéal humain
de
l’homme n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défa
202
n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer
de
ses défaites une espérance plus certaine, une féconde humiliation. L’
203
e féconde humiliation. L’homme des foules n’a que
de
la haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour pers
204
pour persister longtemps dans l’effort périlleux
de
le lui imposer de force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomph
205
ngtemps dans l’effort périlleux de le lui imposer
de
force. On a vu de ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdica
206
ort périlleux de le lui imposer de force. On a vu
de
ces fous : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication de l’idéal pr
207
us : mais ils n’ont triomphé que par l’abdication
de
l’idéal premier. En échange de leur promesse d’abandonner leurs exige
208
e par l’abdication de l’idéal premier. En échange
de
leur promesse d’abandonner leurs exigences trop réelles, on leur acco
209
n de l’idéal premier. En échange de leur promesse
d’
abandonner leurs exigences trop réelles, on leur accorde un triomphe f
210
riomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées
de
tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoires, du
211
provisoirement dans sa bassesse, ou du tyran vidé
d’
héroïsme et de rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameu
212
dans sa bassesse, ou du tyran vidé d’héroïsme et
de
rêves. Toute l’histoire le démontre avec le conte fameux : l’homme ne
213
teur. Elle contient tout ensemble, dans l’instant
de
son existence, le motif absolu de l’action du chrétien, la justificat
214
dans l’instant de son existence, le motif absolu
de
l’action du chrétien, la justification de cette action et la vision d
215
absolu de l’action du chrétien, la justification
de
cette action et la vision de ses buts immédiats. J’aurais pu faire ai
216
en, la justification de cette action et la vision
de
ses buts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie de mes « raiso
217
uts immédiats. J’aurais pu faire ainsi l’économie
de
mes « raisons » d’agir sur le plan politique, si d’une part toute foi
218
rais pu faire ainsi l’économie de mes « raisons »
d’
agir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il e
219
l est vrai d’autre part qu’une action quelconque,
d’
ordre intellectuel, par exemple, ébranle nécessairement une suite de c
220
el, par exemple, ébranle nécessairement une suite
de
conséquences qu’on ne peut limiter au domaine « privé ». Mais la posi
221
ivé ». Mais la position du chrétien dans le monde
d’
aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu
222
nt veut-on que le chrétien échappe à cette espèce
d’
équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parl
223
happe à cette espèce d’équivoque ? Dès qu’il fait
de
la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et ce
224
ès qu’il fait de la politique, il est bien obligé
de
parler le langage du monde, et cependant il l’entend autrement ; il e
225
endant il l’entend autrement ; il est bien obligé
de
formuler des revendications concrètes, et cependant l’objet de ces re
226
es revendications concrètes, et cependant l’objet
de
ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transce
227
osés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler
d’
équivoque, c’est dans l’espoir qu’on voudra bien ne pas oublier les ra
228
s oublier les raisons qui m’empêchent honnêtement
d’
en sortir. Une équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’être t
229
ne équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs
d’
être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, d
230
telle cesse d’ailleurs d’être trompeuse. Le rôle
de
la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de supprimer les difficulté
231
rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois,
de
supprimer les difficultés de cet ordre, encore moins de les maquiller
232
n’est pas, je crois, de supprimer les difficultés
de
cet ordre, encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt d’en assu
233
primer les difficultés de cet ordre, encore moins
de
les maquiller ; mais bien plutôt d’en assumer le risque, sobrement. ⁂
234
encore moins de les maquiller ; mais bien plutôt
d’
en assumer le risque, sobrement. ⁂ J’imagine assez bien la gêne du lec
235
l voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle
de
la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute
236
e de la personne : il veut qu’elle soit la mesure
de
tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très pe
237
ux dire qu’elle a conduit ce lecteur au carrefour
de
quelques problèmes qui sont, je crois, ceux qui se posent. À qui se p
238
il me faut indiquer pour finir. I. — Le malheur
de
l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essai
239
t bien aussi qu’elles servent à distraire l’homme
de
son sort personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que p
240
sens, toutes les politiques ne sont que politique
d’
autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est pour oublier les f
241
nt vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie
de
l’homme. Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on se
242
signé à la vie de l’homme. Le souci des moyens et
de
leur convenance à l’idéal qu’on sert peut sembler très naïf au politi
243
l qu’on sert peut sembler très naïf au politicien
de
métier : c’est qu’il ne prend pas au sérieux le fait humain et la des
244
d pas au sérieux le fait humain et la destination
de
l’homme. Il ne connaît, dans ses calculs « pratiques », ni la misère
245
« pratiques », ni la misère réelle ni la grandeur
de
l’homme. Il porte rarement le poids des injustices du régime social.
246
—, surtout si cette légèreté devient la condition
de
son succès pratique. J’estime que seuls ont droit à faire de la polit
247
ès pratique. J’estime que seuls ont droit à faire
de
la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne
248
ilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image
de
la fin poursuivie. On n’aboutit pas à l’humain en agissant au mépris
249
is l’état du chrétien dans ce monde est justement
de
connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espérance, la véritab
250
oisse et dans l’espérance, la véritable condition
de
l’homme, et les conditions qu’elle impose. C’est pourquoi, seul, il p
251
mettant sous une même couverture quelques essais
de
circonstance qui n’ont parfois rien d’autre en commun pour la forme q
252
ues essais de circonstance qui n’ont parfois rien
d’
autre en commun pour la forme que les défauts de l’improvisation, je n
253
n d’autre en commun pour la forme que les défauts
de
l’improvisation, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni d’art
254
on, je ne crois pas un instant faire une œuvre ni
d’
art ni de philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévue
255
crois pas un instant faire une œuvre ni d’art ni
de
philosophie. Les objets que diverses occasions tout imprévues — confé
256
lics, enquêtes — m’invitèrent à traiter sans trop
de
précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à de rigoureux développement
257
rop de précautions, se prêtaient peu d’ailleurs à
de
rigoureux développements. C’est que la politique, redisons-le, n’est
258
ogique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était
de
conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de partis
259
it de conserver à ces écrits leur possible valeur
de
témoignages, de partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer u
260
à ces écrits leur possible valeur de témoignages,
de
partis pris accidentels, plutôt que de leur imposer un style indépend
261
moignages, de partis pris accidentels, plutôt que
de
leur imposer un style indépendant de leur objet. Faire de la politiqu
262
, plutôt que de leur imposer un style indépendant
de
leur objet. Faire de la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est u
263
imposer un style indépendant de leur objet. Faire
de
la politique, ce n’est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi
264
re du temps. L’occasion seule, sous la contrainte
de
la foi, légitime à mes yeux cette action : il fallait que cela parais
265
il fallait que cela paraisse dans la disposition
de
ce recueil. 6. C’est dans ce jusqu’au bout que réside en dernière a
266
it toujours par opposer au chrétien qui le presse
de
conclure sur la destination de l’homme, un « on verra plus tard », qu
267
tien qui le presse de conclure sur la destination
de
l’homme, un « on verra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
268
ra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases
de
départ du marxisme.
269
ns toutes les conférences, dans tous les journaux
d’
opinion, dans tous les manifestes de partis ou de ligues, une expressi
270
les journaux d’opinion, dans tous les manifestes
de
partis ou de ligues, une expression revient comme une véritable hanti
271
d’opinion, dans tous les manifestes de partis ou
de
ligues, une expression revient comme une véritable hantise, comme le
272
une véritable hantise, comme le grand lieu commun
de
la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du «
273
rle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas
d’
expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et
274
s’affrontent au milieu du désordre. Il n’est pas
d’
expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut prendre
275
ent pour une dictature qui tire son seul prestige
de
la misère et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruin
276
tature qui tire son seul prestige de la misère et
de
la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des expl
277
dont les bénéfices s’engloutissent en deux heures
de
panique boursière. Les inventeurs se voient refuser des brevets parce
278
urs, crée du chômage8. Et, cependant, les peuples
de
toute la terre continuent de croire au Progrès et aux bienfaits de la
279
pendant, les peuples de toute la terre continuent
de
croire au Progrès et aux bienfaits de la richesse. Les campagnes se v
280
continuent de croire au Progrès et aux bienfaits
de
la richesse. Les campagnes se vident ; les jeunes gens n’ont plus goû
281
misère fiévreuse. Et, cependant, les politiciens
de
tous bords consacrent leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
282
e avec grandiloquence par des journaux qui vivent
de
fonds secrets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle
283
ue, jusqu’à ces dernières années, la civilisation
de
l’Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus de vertu, mieux a
284
es, la civilisation de l’Occident ait permis plus
d’
espoirs, favorisé plus de vertu, mieux assuré la paix du monde et les
285
Occident ait permis plus d’espoirs, favorisé plus
de
vertu, mieux assuré la paix du monde et les rapports normaux entre le
286
» soit seulement « actuel », et ne veut-on parler
de
« désarroi » que lorsque les valeurs boursières et la tranquillité pu
287
La vérité, c’est que la situation du monde a été
de
tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depuis l
288
ériodes dites « prospères » ne sont que les temps
de
répit, souvent déshonorés par la culture des illusions et la dégradat
289
a culture des illusions et la dégradation du sens
de
la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire d’un pro
290
ens de la révolte. L’histoire du monde, bien loin
d’
être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une s
291
L’histoire du monde, bien loin d’être l’histoire
d’
un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringo
292
comme une solennelle dégringolade, une contagion
de
déséquilibres, dévorant successivement toutes les possibilités d’amén
293
, dévorant successivement toutes les possibilités
d’
aménagement de la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la gran
294
cessivement toutes les possibilités d’aménagement
de
la terre. Pourtant, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne fu
295
a grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues
de
l’histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement r
296
èche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance
de
grandeur. Je dirai même qu’elle a plus de chances qu’aucune autre. Le
297
chance de grandeur. Je dirai même qu’elle a plus
de
chances qu’aucune autre. Le vieux « désordre » qui couvait sous des a
298
soudain devenu flagrant. Il promène par les rues
de
nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un lang
299
Il promène par les rues de nos villes européennes
de
grands panneaux-réclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fu
300
nt un langage clair. Jamais il ne fut plus facile
de
reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et plus grand que j
301
s presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan
de
la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe
302
u contraire, dès que nous nous posons la question
de
l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin d
303
nous nous posons la question de l’homme, du rôle
de
l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se si
304
uestion de l’homme, du rôle de l’homme, du destin
de
l’homme en face du destin du siècle, tout se simplifie aussitôt ; et
305
, faisant un pas de plus, nous posons la question
de
notre destin personnel, en face des destins collectifs, le choix néce
306
avec une netteté qui, je le répète, est la chance
de
notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous ap
307
décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
de
ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insiste sur le mo
308
es simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas
de
voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaiss
309
st difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est
d’
oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop sou
310
souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes
d’
évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde con
311
in esprit simpliste », qui est, au vrai, l’esprit
de
décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cess
312
iste », qui est, au vrai, l’esprit de décision et
d’
engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réf
313
t concret dont nous avons le plus besoin. Cessons
de
nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui
314
ne sont pas dans la situation et qui sont autant
de
prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’était pas là,
315
tuation et qui sont autant de prétextes à refuser
de
prendre position, comme si ce n’était pas là, déjà, prendre une posit
316
és ont été trop souvent pour nous des professeurs
d’
abstention distinguée, des grands prêtres de l’insoluble. Mais, un bea
317
seurs d’abstention distinguée, des grands prêtres
de
l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusq
318
hoisir. La pensée redevient un danger, un facteur
de
choix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons
319
ensée redevient un danger, un facteur de choix et
de
risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le ri
320
Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé
de
la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression est courante, mais suspe
321
est courante, mais suspecte9. Si nous y regardons
de
près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, des
322
e près, nous allons voir que le simple assemblage
de
ces deux mots, destin et siècle, contient peut-être le secret du mal
323
s souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître,
de
poser cette simple question : comment un siècle peut-il avoir un dest
324
le peut-il avoir un destin ? En réalité, il n’y a
de
destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme se
325
n, César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun
de
nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison
326
cun de nous a un destin, dans la mesure où chacun
de
nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude pa
327
ns la mesure où chacun de nous possède une raison
d’
être, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui
328
ien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement
de
nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitu
329
e ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude
d’
attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je
330
que l’on a pris l’habitude d’attribuer une sorte
de
valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous
331
’humanité, et dont les éléments sont presque tous
de
nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’histoire des colle
332
ont presque tous de nature collective. L’histoire
d’
un siècle, c’est l’histoire des collectivités, c’est l’histoire des pe
333
que très accessoirement l’histoire des personnes,
de
quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nou
334
un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude
de
les considérer comme autant de réalités autonomes, possédant leurs lo
335
ns pris l’habitude de les considérer comme autant
de
réalités autonomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre d
336
e, leur destinée. Autant dire que nous avons fait
de
toutes les réalités collectives des divinités nouvelles, des divinité
337
s menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse
de
scruter les caractères, les habitudes, les intentions secrètes, — les
338
uperstitieux au dernier degré. La grande majorité
de
nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas.
339
t pas. Mais elle garde chevillé au cœur le besoin
d’
obéir à des forces invisibles et de leur rendre un culte de latrie. To
340
cœur le besoin d’obéir à des forces invisibles et
de
leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, n
341
des forces invisibles et de leur rendre un culte
de
latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et c
342
nt prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms
de
ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation,
343
… Sans doute n’avons-nous pas toujours conscience
de
les servir. Vous me direz peut-être que, pour votre compte, la classe
344
. Vous jouez, vis-à-vis de ces divinités, le rôle
d’
incroyants, de sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres
345
vis-à-vis de ces divinités, le rôle d’incroyants,
de
sceptiques ou même d’adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cet
346
ités, le rôle d’incroyants, de sceptiques ou même
d’
adversaires. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là d’incroya
347
. Mais il y a d’autres dieux pour cette espèce-là
d’
incroyants, et ce sont, par exemple, l’opinion publique et la presse,
348
a race : voilà peut-être les divinités maîtresses
de
cette première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’e
349
première moitié du siècle. Qu’il s’agisse bien là
de
dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui so
350
ociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples
de
cette théologie dans les écrits marxistes, plus intelligents et plus
351
fascistes et racistes. Prenez le dernier article
de
Trotski contre Hitler. C’est d’une logique parfaite. Tout s’y enchaîn
352
e dernier article de Trotski contre Hitler. C’est
d’
une logique parfaite. Tout s’y enchaîne en une démonstration inattaqua
353
oltes, toute notre attitude pratique s’expliquent
d’
une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée.
354
que entièrement par le fait qu’il était, à la fin
de
la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien de
355
al dans l’armée allemande. Son idéologie n’a rien
de
personnel, c’est l’idéologie des petits gradés d’une armée vaincue. L
356
de personnel, c’est l’idéologie des petits gradés
d’
une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que
357
sse ou notre race. Destin du siècle contre destin
de
l’homme. Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se
358
irent une conclusion inattendue. Reprenant le mot
de
Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous con
359
ous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme
de
l’histoire, abandonnez votre cher petit moi, fondez votre destin dans
360
fondez votre destin dans celui du prolétariat ou
de
la race aryenne, et toutes vos inquiétudes s’apaiseront. Bien. Mais i
361
iseront. Bien. Mais il faut prendre garde d’abord
de
confondre le sacrifice et le suicide. L’élan qui jette des millions d
362
fice et le suicide. L’élan qui jette des millions
de
nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
363
ans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan
d’
une fuite devant le destin particulier et la responsabilité de chacun.
364
devant le destin particulier et la responsabilité
de
chacun. Les brigadiers de choc et les miliciens hitlériens s’indignen
365
er et la responsabilité de chacun. Les brigadiers
de
choc et les miliciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous
366
s de choc et les miliciens hitlériens s’indignent
de
ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas
367
ec raison, que leur action n’a pas les apparences
d’
une évasion, d’une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’
368
leur action n’a pas les apparences d’une évasion,
d’
une démission ; qu’ils n’ont pas fui les risques et qu’ils ont exposé
369
fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à sa base ?
De
l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réal
370
es ou hitlériens, ce sont des réalités générales,
d’
ordre statistique ; des considérations, par exemple, sur le développem
371
les passés, quand ce ne sont pas des statistiques
de
phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, ach
372
nd du terme, la seule chose qui intéresse chacune
de
nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’
373
ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrête
de
boire, ne fût-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générale
374
ours justes, dans la mesure où nous démissionnons
de
notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure ex
375
ans la mesure où nous démissionnons de notre rôle
d’
hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre
376
se disputent énormément. J’estime qu’ils ont tort
de
se disputer, parce qu’ils ont raison les uns et les autres. Ma théori
377
e s’applique pas seulement aux partisans attardés
de
Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est
378
attardés de Darwin, mais aussi bien aux partisans
de
Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxi
379
Darwin, mais aussi bien aux partisans de Marx et
de
Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du r
380
classe ou la race, et c’est perdre son temps que
de
contester leur croyance. Ces hommes-là savent au moins ce qui les mèn
381
lettantes qui tombent, eux aussi, mais continuent
d’
évoquer la liberté et les idéaux supérieurs dont ils s’éloignent de pl
382
beau ne pas croire, pour mon compte, à la réalité
de
tous ces mythes, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit de dis
383
es, j’ai beau ne pas croire qu’ils aient le droit
de
disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait,
384
u ne pas croire qu’ils aient le droit de disposer
de
nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dom
385
roit de disposer de nos vies, je suis bien obligé
de
reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
386
it, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen
de
la presse. On peut dire, sans exagérer, que les journaux disposent de
387
t dire, sans exagérer, que les journaux disposent
de
nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute gu
388
du siècle, et peut-être aurions-nous un peu plus
d’
attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux
389
un peu plus d’attention pour les vrais problèmes
de
nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispo
390
èmes de nos vies. Mais si les journaux disposent
de
nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau d
391
dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau
de
la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en f
392
journaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne
de
notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas.
393
cette description a pu faire naître dans l’esprit
de
quelques-uns. Je sais que le bon ton, dans certains milieux bien-pens
394
ilieux bien-pensants, veut qu’on dénonce le règne
de
la masse. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir
395
ents sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit
de
sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille avant la date fixée
396
mme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
d’
un chapeau de paille avant la date fixée par les grands fournisseurs.
397
e droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau
de
paille avant la date fixée par les grands fournisseurs. On prétend qu
398
nonyme. Je crois que c’est là ce qu’il peut faire
de
mieux. L’individu, tel que le concevait le dernier siècle, l’homme is
399
it jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri
de
la Déclaration des droits de l’homme, ne mérite pas qu’on le pleure.
400
mme sans destin, un homme sans vocation ni raison
d’
être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement,
401
rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer
de
soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître l
402
-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et
de
tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal
403
plus dégradant. On vit alors, chez les meilleurs
de
ces jeunes gens, se déclarer une épidémie de suicides, qui ne prit pa
404
eurs de ces jeunes gens, se déclarer une épidémie
de
suicides, qui ne prit pas toujours la forme romantique du coup de rev
405
ne prit pas toujours la forme romantique du coup
de
revolver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme d’un enrôlemen
406
ver, qui prit même beaucoup plus souvent la forme
d’
un enrôlement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une e
407
vent la forme d’un enrôlement dans quelque troupe
d’
assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salu
408
t. En vérité, ce serait une erreur insondable que
de
voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu
409
serait une erreur insondable que de voir le salut
de
notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la
410
destin des autres ; c’est parce qu’il n’avait pas
de
vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation de sa race. La meill
411
vocation, qu’il a voulu servir la seule vocation
de
sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs, de l’origine individualiste
412
tion de sa race. La meilleure preuve, d’ailleurs,
de
l’origine individualiste des mythes collectifs, je la vois dans l’abo
413
ythes collectifs, je la vois dans l’aboutissement
de
ces mythes. On a cru trouver en eux les principes d’une communauté no
414
ces mythes. On a cru trouver en eux les principes
d’
une communauté nouvelle que l’individualisme avait dissoute. Il n’y a
415
ualisme avait dissoute. Il n’y a jamais eu autant
de
ligues, de groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, m
416
it dissoute. Il n’y a jamais eu autant de ligues,
de
groupements, de partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi j
417
n’y a jamais eu autant de ligues, de groupements,
de
partis et d’associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’ac
418
eu autant de ligues, de groupements, de partis et
d’
associations qu’aujourd’hui, mais aussi jamais moins d’accord réel, ja
419
ais aussi jamais moins d’accord réel, jamais plus
de
haine déclarée. L’amour des hommes, transposé dans la collectivité, d
420
osé dans la collectivité, devient automatiquement
de
la haine. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormai
421
ue désormais le globe entier apparaisse solidaire
d’
une même civilisation. Mais cette solidarité, que vaut-elle ? Le premi
422
dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach
d’
une banque à Paris peut ruiner des petits rentiers belges et jeter sur
423
ntiers belges et jeter sur la paille des milliers
d’
ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la soli
424
, le destin des ismes ne nous laisse rien prévoir
d’
autre qu’un monde chaotique hautement organisé, une monstrueuse agglom
425
hautement organisé, une monstrueuse agglomération
d’
individus assemblés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans
426
la haine, parqués dans des casernes ou des camps
de
travail — et mourant de solitude. J’ai terminé ma description du sièc
427
des casernes ou des camps de travail — et mourant
de
solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est-elle pessimiste
428
à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe
de
savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux maintenant dé
429
nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin
de
l’homme ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsable ou respons
430
et simplement, ou désirer leur destruction, c’est
de
l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La
431
Ils sont là, et ils ont probablement leur raison
d’
être. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’inst
432
ignorés. Les voilà qui reviennent sous le couvert
de
ce cheval de Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croi
433
voilà qui reviennent sous le couvert de ce cheval
de
Troie qui se nomme déterminisme historique. Il faut croire qu’ils ont
434
, et que le mieux à faire pour nous, c’est encore
de
compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est pas abdiquer sous
435
e qui les poussait, je vois bien ce qu’il y avait
d’
émouvant dans leur élan vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils
436
uté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés
de
porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’homme qu’il fal
437
t très simple : que la société doit être composée
d’
hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalc
438
é, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte
de
l’homme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui
439
mme. Mais le temps vient où les hommes se lassent
de
théories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme :
440
ci notre dilemme : voulons-nous être des éléments
de
statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant le
441
e des éléments de statistique, ou bien des hommes
de
chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connais
442
ts de statistique, ou bien des hommes de chair et
de
sang, reconnaissant leur condition concrète, mais connaissant aussi l
443
mais connaissant aussi leur dignité, leur raison
d’
être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâch
444
parle tant depuis quelques années ? Permettez-moi
de
renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs s
445
us lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé
de
vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièremen
446
essayé de vous montrer qu’ils sont des créations
de
l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, a
447
ont des créations de l’homme, et particulièrement
de
ce personnage égoïste et, en somme, assez lâche, qu’on appelle l’indi
448
’une certaine attitude, l’attitude démissionnaire
de
l’homme en fuite devant sa vocation. Les fantômes collectifs, comme
449
ntômes collectifs, comme tous les fantômes, n’ont
de
réalité que celle qu’on leur prête. Si personne n’y croyait, ils n’ex
450
ces mythes représentent l’attitude démissionnaire
de
l’homme, la somme de toutes les démissions particulières, — la person
451
nt l’attitude démissionnaire de l’homme, la somme
de
toutes les démissions particulières, — la personne, au contraire, rep
452
ire, représente l’attitude créatrice, la vocation
de
l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à
453
à sa réalité. Dans l’homme, la masse n’a pas plus
de
puissance que la personne. Et c’est dans l’homme qu’a lieu le choix,
454
on pas dans la rue, dans l’opinion, dans les lois
de
l’évolution. Le lieu de toute décision qui crée, c’est la personne. E
455
l’opinion, dans les lois de l’évolution. Le lieu
de
toute décision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle d’étudiants
456
cision qui crée, c’est la personne. Et votre rôle
d’
étudiants, c’est-à-dire d’intellectuels, m’apparaît alors dans toute s
457
personne. Et votre rôle d’étudiants, c’est-à-dire
d’
intellectuels, m’apparaît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous d
458
paraît alors dans toute sa grandeur. C’est à vous
de
rechercher dans vos pensées les origines concrètes de ces grands fait
459
echercher dans vos pensées les origines concrètes
de
ces grands faits qui bouleversent le monde. C’est à vous de déceler,
460
nds faits qui bouleversent le monde. C’est à vous
de
déceler, par exemple, l’origine permanente et virtuelle des dictature
461
ctatures, dans un fléchissement, en vous, du sens
de
votre destinée personnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
462
u sens de votre destinée personnelle. À l’origine
de
tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’a
463
onnelle. À l’origine de tout, il y a une attitude
de
l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfug
464
tout, il y a une attitude de l’homme. J’ai essayé
de
vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans l’Histoire10, qu
465
e l’homme. J’ai essayé de vous montrer l’attitude
de
celui qui se réfugie dans l’Histoire10, qui pense par périodes sécula
466
ul éveillé et conscient des réalités. J’ai essayé
de
vous montrer qu’en ne pensant qu’historiquement, il fonde en lui la d
467
uement, il fonde en lui la dictature du nombre et
de
l’irresponsable. Je pourrais maintenant vous donner une contrepartie,
468
s maintenant vous donner une contrepartie, tenter
de
vous décrire la pensée personnaliste, la pensée qui ne veut s’attache
469
ontraire de l’individu perdu dans l’Histoire, vit
d’
instant en instant, d’une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte
470
perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant,
d’
une tâche à une autre, d’un acte à un autre acte, toujours imprévisibl
471
it d’instant en instant, d’une tâche à une autre,
d’
un acte à un autre acte, toujours imprévisible, toujours aventureux. E
472
el. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel
de
la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude niet
473
réponse à toutes ces questions, c’est la réponse
de
l’Évangile. Faites toutes les sociétés que vous voudrez, bouleversez
474
seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne
de
l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu c
475
voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu
de
Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, n
476
deux ne sont possibles que dans cet acte, unique
d’
obéissance à l’ordre de Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je di
477
que dans cet acte, unique d’obéissance à l’ordre
de
Dieu, qui s’appelle l’amour du prochain. Je dis bien : acte, et il fa
478
rance à l’égard du voisin, une façon plus commode
de
vivre en société. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
479
onne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne
d’
être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver
480
donne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs
de
la loi voulurent éprouver Jésus, l’un d’entre eux se leva et lui dit
481
parabole, celle du Bon Samaritain. Et le docteur
de
la loi découvrit cette vérité que toute sa religion n’avait pas pu lu
482
ce, en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun
de
nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’i
483
Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur
de
l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire,
484
ire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
de
le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et
485
société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte
de
la miséricorde, c’est l’acte le plus révolutionnaire qui ait jamais p
486
mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond
de
notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peu
487
ques et révolutionnaires peuvent bien nous servir
de
refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au se
488
olutionnaires peuvent bien nous servir de refuge,
de
prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de no
489
uvent bien nous servir de refuge, de prétextes et
d’
arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matér
490
de refuge, de prétextes et d’arguments au service
de
nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pé
491
’arguments au service de nos passions, au secours
de
notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimi
492
e. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité
de
notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas s
493
intimité de notre être, là où réside le désespoir
de
l’homme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré,
494
’est pas la connaissance intellectuelle du destin
de
sa classe ou de sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ;
495
aissance intellectuelle du destin de sa classe ou
de
sa race qui va suffire pour l’arracher à sa misère ; il lui faut une
496
ant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant
d’
avoir rencontré Dieu. 7. Conférence donnée à Genève, le 12 février 1
497
ichard Bloch intitula Destin du siècle un recueil
d’
essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici l
498
tentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre
de
M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide vulgarisation d’une
499
e vise, mais le succès et la rapide vulgarisation
d’
une expression qui en dit plus long que son auteur ne voulait sans dou
500
question. — Vous parlez beaucoup de la personne…
De
mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cou
501
rs disant : individu ! Individu ! Je suis heureux
de
notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je
502
idu et personne. Je ne pense pas qu’il y ait lieu
de
s’en féliciter, ni surtout d’en conclure qu’entre individualistes et
503
as qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni surtout
d’
en conclure qu’entre individualistes et personnalistes, la différence
504
ort à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie
d’
un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cel
505
ent à dire, sur le plan politique, que les droits
de
l’État priment ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement de l
506
ceux du citoyen. Voilà ce qui découle normalement
de
la définition courante de l’individu. Dans ces conditions, l’individu
507
qui découle normalement de la définition courante
de
l’individu. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’est pas j
508
vidualistes à la mode du xixe siècle font figure
de
révoltés non seulement contre l’État, mais aussi contre la définition
509
ntre l’État, mais aussi contre la définition même
de
l’individu, et, en fin de compte, contre la raison, — dont ils aiment
510
se réclamer par ailleurs. La conséquence logique
de
l’individu, c’est l’étatisme, le fascisme ou la dictature stalinienne
511
ature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux
de
la démocratie laïque. L’individu au nom duquel légiféra la Convention
512
it du plus grand des deux et aboutît à une espèce
d’
abdication logique des doctrines libérales. Laissons aux communistes l
513
rines libérales. Laissons aux communistes le soin
de
s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vo
514
créatrice, la situation se renverse. La vocation
d’
un homme n’est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus :
515
arge ; disons plus : elle est sa véritable raison
d’
être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne p
516
re. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien
de
l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien de chaque personne. Le
517
de l’ensemble ne peut exister qu’à partir du bien
de
chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normal
518
r qu’à partir du bien de chaque personne. Le bien
de
l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La pe
519
ire, sur le plan politique, que l’État n’est rien
d’
autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des personnes.
520
née à subvenir à l’entretien des personnes. Privé
de
toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie e
521
ignité mystique, il doit devenir un simple organe
d’
économie et de distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien
522
e, il doit devenir un simple organe d’économie et
de
distribution des tâches serviles et mécaniques, ou bien encore, une a
523
niques, ou bien encore, une administration, dotée
d’
une police minime. Une autre conséquence politique du personnalisme, q
524
ue du personnalisme, qui marque bien l’opposition
de
ce système à ceux qu’on a fondés sur l’individu libéral, c’est le féd
525
ses droits dépendent, en pratique, du bon plaisir
de
l’État. Tout au contraire, des lois fondées sur la personne sont obli
526
e, des lois fondées sur la personne sont obligées
de
tenir compte en premier lieu des diversités personnelles, puis locale
527
puis locales, puis régionales… On pourrait dire,
d’
une manière un peu paradoxale, que ces lois perdent en puissance à mes
528
esure qu’elles s’éloignent du foyer vivant. Mais,
de
la sorte, le centre de l’autorité n’est pas dans les bureaux d’État,
529
ent du foyer vivant. Mais, de la sorte, le centre
de
l’autorité n’est pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activit
530
e centre de l’autorité n’est pas dans les bureaux
d’
État, il reste dans l’activité réelle de chaque personne, au sein de g
531
s bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle
de
chaque personne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont m
532
ité réelle de chaque personne, au sein de groupes
d’
autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples po
533
ques seront-ils plus probants que les définitions
d’
un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans j
534
mettons. Mais vous trouverez un très grand nombre
d’
hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probabl
535
mbre d’hommes qui vous diront : je ne me sens pas
de
vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bie
536
t profession, et vous diront : ma vocation, c’est
d’
être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens vo
537
. Tout système comporte en réalité une difficulté
de
ce genre. Le plus souvent, on la passe sous silence, et le système s’
538
blit sur une équivoque fondamentale. C’est le cas
de
la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu
539
ocratie libérale ; elle est fondée sur une notion
de
l’individu qui défie l’expérience et la réalité humaine. Elle a pourt
540
avantage sur l’individualisme qui serait en peine
de
montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l’homme n’éta
541
nnes. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu
d’
hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons
542
Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charges
de
leur vocation. Mais, ici, faisons deux remarques : 1. La vocation n’e
543
eux remarques : 1. La vocation n’est pas un choix
de
l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’une vocation. La
544
l’homme. On ne saurait proprement parler du choix
d’
une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme
545
t ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose
de
très modeste : se marier, persévérer dans une tâche entreprise, refus
546
découvre que son vrai moi réside dans l’exercice
de
cette vocation. L’exercice de sa vocation figure désormais sa liberté
547
ide dans l’exercice de cette vocation. L’exercice
de
sa vocation figure désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il
548
comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas
de
sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans de fortes réserves.
549
sens pour l’incroyant. Je ne puis l’accorder sans
de
fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous le
550
es hommes, croyants ou non. Je pense que beaucoup
d’
incroyants acceptent cet appel, obscurément — inconsciemment, diraient
551
— dans la mesure où ils agissent sous l’impulsion
d’
un absolu12. Je connais plusieurs incroyants qui croient très fermemen
552
ncroyants qui croient très fermement à la mission
de
leur vie : ils l’appellent leur dignité. Ils savent que c’est là ce q
553
e sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté
de
lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
554
, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance
de
cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner
555
ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce
de
refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver son courage « personnel »
556
dre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun
de
s’examiner et d’éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu d
557
ôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et
d’
éprouver son courage « personnel ». Il y a très peu de personnes. Mais
558
es lois sur la personne, c’est assurer la liberté
d’
action des hommes les plus humains, les plus capables, par là même, de
559
les plus humains, les plus capables, par là même,
de
travailler au bien de tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter
560
plus capables, par là même, de travailler au bien
de
tous. C’est, pratiquement, prévoir et respecter les différences, les
561
ettre le pouvoir à quelques-uns… Mais le seul mot
d’
oligarchie introduit tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
562
tant de confusions qu’il vaut mieux l’éviter ici.
D’
autant plus qu’on pourrait aussi bien parler d’une démocratie minimum,
563
i. D’autant plus qu’on pourrait aussi bien parler
d’
une démocratie minimum, exercée par quelques personnes en vue d’attein
564
ie minimum, exercée par quelques personnes en vue
d’
atteindre un maximum. Troisième question. — Il y a dans votre positio
565
personnaliste un danger bien plus grand que celui
de
l’oligarchie. C’est celui de l’anarchie. La vocation telle que l’ente
566
plus grand que celui de l’oligarchie. C’est celui
de
l’anarchie. La vocation telle que l’entendent les chrétiens est impré
567
évisible. Or les lois ont pour utilité principale
de
prévoir. Il y a là une opposition de principe qui me paraît irréducti
568
é principale de prévoir. Il y a là une opposition
de
principe qui me paraît irréductible. Si chacun prétend suivre sa voca
569
nnent forcément inopérantes. Réponse. — La force
de
cette objection réside dans une vue rationaliste du monde. Dans la ré
570
s reçues s’insèrent naturellement dans le concret
de
la vie, et revêtent par là même une espèce de… régularité. L’Esprit s
571
ret de la vie, et revêtent par là même une espèce
de
… régularité. L’Esprit souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocatio
572
vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation
de
l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair »
573
prit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités
de
la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on pe
574
it, peut très bien n’être que la fixation brutale
d’
un désordre réel. Cet ordre reste à la merci de la révolte suffisammen
575
le d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merci
de
la révolte suffisamment violente de quelques vocations, de quelques «
576
te à la merci de la révolte suffisamment violente
de
quelques vocations, de quelques « personnalités » qui ne peuvent plus
577
olte suffisamment violente de quelques vocations,
de
quelques « personnalités » qui ne peuvent plus, à un moment donné, le
578
, supportent beaucoup plus facilement l’irruption
de
l’imprévisible, et la prévoient en quelque sorte. C’est ainsi que les
579
ment personnalistes, s’accommodent assez aisément
de
l’objection de conscience, alors que les lois rationnelles de l’État
580
stes, s’accommodent assez aisément de l’objection
de
conscience, alors que les lois rationnelles de l’État français transf
581
on de conscience, alors que les lois rationnelles
de
l’État français transforment aussitôt cette objection de conscience e
582
at français transforment aussitôt cette objection
de
conscience en un péril pour la défense nationale et l’ordre public.
583
ion. — Les personnalistes se réclament volontiers
de
l’esprit. Ils revendiquent la primauté du spirituel, reprenant l’expr
584
lui qui réside, comme disait Bernanos, en l’hôtel
de
la nonciature. Je ne crois pas que les personnalistes puissent se tar
585
is pas que les personnalistes puissent se targuer
d’
un « esprit » aussi rigoureusement administré et contrôlé. Je crains a
586
ns alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme
de
l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spiritualisme, de la «
587
rgeois, une dernière survivance du spiritualisme,
de
la « belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie de la classe po
588
ualisme, de la « belle âme », et, pour tout dire,
de
l’hypocrisie de la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour end
589
belle âme », et, pour tout dire, de l’hypocrisie
de
la classe possédante. Ils célèbrent l’esprit pour endormir le peuple,
590
el ne connaît que la « chair » selon l’expression
de
l’Apôtre. Cette « chair » signifie aussi bien la raison et l’intellig
591
t souffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un
de
nous, et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il s
592
uelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’est rien
d’
autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justemen
593
est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte
d’
obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté d
594
auté du spirituel, c’est pratiquement la primauté
de
la personne. La primauté de la personne, voilà la définition de la se
595
tiquement la primauté de la personne. La primauté
de
la personne, voilà la définition de la seule autorité réelle, rayonna
596
. La primauté de la personne, voilà la définition
de
la seule autorité réelle, rayonnante, et qui ne se fonde pas sur la c
597
. L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce
de
fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invis
598
rlons n’est pas une espèce de fluide très subtil,
d’
autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas n
599
trième, à la notion que les personnalités se font
de
l’individu ; la troisième, à la confusion courante de l’individu et d
600
’individu ; la troisième, à la confusion courante
de
l’individu et de la personne. 12. Ceci demanderait quelques précisio
601
oisième, à la confusion courante de l’individu et
de
la personne. 12. Ceci demanderait quelques précisions. Dès que l’abs
602
t qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse
d’
être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyan
603
IIIPrécédence ou primauté
de
l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cerc
604
à un débat dans un cercle privé) L’affirmation
de
l’importance décisive du fait économique servit de point de départ à
605
e l’importance décisive du fait économique servit
de
point de départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait «
606
tance décisive du fait économique servit de point
de
départ à Marx dans une époque où la bourgeoisie se croyait « spiritua
607
spiritualiste » ou « idéaliste » au sens vulgaire
de
ces termes. Marx révélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature d
608
évélait ainsi à cette bourgeoisie la vraie nature
de
la société moderne. Aux grands bourgeois libéraux, philanthropes et d
609
es, par-dessus tout leur religion, étaient autant
de
moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systématiquement
610
nt de moyens hypocrites — ou peut-être sincères —
de
duper systématiquement le monde — et peut-être eux-mêmes — sur la vér
611
es bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat
de
l’économique intervint à ce moment de l’histoire comme un rappel à la
612
e du primat de l’économique intervint à ce moment
de
l’histoire comme un rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
613
moment de l’histoire comme un rappel à la réalité
de
la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une a
614
êmement efficace et qui tirait sa vérité relative
de
l’état de mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout d
615
ficace et qui tirait sa vérité relative de l’état
de
mensonge dans lequel vivait la bourgeoisie. Ajoutons tout de suite qu
616
e suite que cette vérité relative subsiste encore
de
nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Q
617
te encore de nos jours dans la mesure où cet état
de
mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxiste
618
arxistes, il nous arrive à tous, dans des moments
d’
indignation en présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente de ce
619
présence de l’hypocrisie plus ou moins consciente
de
certains capitalistes, de certains porte-paroles ou porte-plumes de l
620
lus ou moins consciente de certains capitalistes,
de
certains porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écr
621
listes, de certains porte-paroles ou porte-plumes
de
la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seule
622
porte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie,
de
nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous
623
t nous verrons ensuite si tu attaches encore tant
d’
importance aux ventes de charité, à la poésie pure ou à la contingence
624
i tu attaches encore tant d’importance aux ventes
de
charité, à la poésie pure ou à la contingence des lois de la nature !
625
té, à la poésie pure ou à la contingence des lois
de
la nature ! » Mais le marxisme, à la suite surtout des derniers écrit
626
marxisme, à la suite surtout des derniers écrits
de
Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet a
627
beaucoup plus loin que son indignation première.
De
cet argument polémique, de ce rappel à la vraie nature des choses, ou
628
indignation première. De cet argument polémique,
de
ce rappel à la vraie nature des choses, ou tout au moins à un aspect
629
ique — et légitime en raison même du grand nombre
de
faits dont l’argument paraissait rendre compte ; mais ensuite constru
630
bref, Marx démontra d’abord le matérialisme réel
de
la bourgeoisie qui se croyait idéaliste. Puis il systématisa sa criti
631
et homme réduit au minimum matériel, sur cet état
de
l’homme précisément qu’à l’origine il jugeait inhumain. Il condamna d
632
ues siècles peut-être, à un homme nouveau capable
de
créer un « spirituel » également rénové. C’était là, très exactement,
633
tement, comme le dit l’expression courante, faire
de
nécessité vertu. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine de l
634
. Mais c’était aussi introduire dans la doctrine
de
la Révolution un primat du déterminisme dont je dirai, sans plus de p
635
? Parce qu’il fait abstraction du facteur homme,
de
la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point de v
636
ait abstraction du facteur homme, de la personne,
de
l’origine concrète de toute révolution. Du point de vue tactique, le
637
teur homme, de la personne, de l’origine concrète
de
toute révolution. Du point de vue tactique, le matérialisme a joué un
638
accompli, le déterminisme s’est révélé incapable
de
soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction
639
fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération
de
l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec
640
ont la libération de l’individu et la suppression
de
l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre.
641
x encore : les moyens du marxisme sont incapables
d’
engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas en eux-mêmes
642
tent pas en eux-mêmes l’image et la préfiguration
de
ces fins. On ne fait pas de la liberté avec de la nécessité, on ne cr
643
e et la préfiguration de ces fins. On ne fait pas
de
la liberté avec de la nécessité, on ne crée pas des personnes par le
644
on de ces fins. On ne fait pas de la liberté avec
de
la nécessité, on ne crée pas des personnes par le moyen des dictature
645
r le moyen des dictatures, pas plus qu’on ne fait
de
l’éternité en accumulant siècles sur siècles. Le matérialisme bourgeo
646
en charge par le marxisme, empêche la Révolution
de
s’arracher du plan capitaliste. Il alourdit, il entrave, finalement i
647
finalement il paralyse brutalement, par le moyen
de
la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel de la Révolution. O
648
la dictature étatiste, l’élan créateur, spirituel
de
la Révolution. On peut dire, très exactement, que le matérialisme est
649
très exactement, que le matérialisme est l’opium
de
la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres éléments q
650
d’autres éléments que cette affirmation du primat
de
l’économique : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait
651
essentielle. Et ce serait une grande duperie que
de
croire comme certains qu’on peut l’accepter sous réserves, limiter se
652
us réserves, limiter ses dégâts ou même se passer
d’
elle, tout en acceptant d’autres parties de la doctrine. Car toute la
653
passer d’elle, tout en acceptant d’autres parties
de
la doctrine. Car toute la force de propagande du marxisme-léninisme r
654
autres parties de la doctrine. Car toute la force
de
propagande du marxisme-léninisme réside dans la cohérence de ses affi
655
de du marxisme-léninisme réside dans la cohérence
de
ses affirmations polémiques et de ses analyses théoriques. Que les th
656
ns la cohérence de ses affirmations polémiques et
de
ses analyses théoriques. Que les thèses marxistes reposent sur une co
657
e. On ne sait jamais très bien, en présence d’une
de
ces thèses, si elle veut exprimer simplement un état de fait, ou si e
658
thèses, si elle veut exprimer simplement un état
de
fait, ou si elle le condamne, ou si elle le revendique. C’est un des
659
cet égard. L’URSS étant encore en pleine période
de
transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fai
660
pleine période de transition, il est trop facile
de
rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan quinquennal en
661
l est trop facile de rejeter toutes les critiques
de
fait adressées au plan quinquennal en montrant qu’elles n’atteignent
662
», comme il l’a dit lui-même. Force nous est donc
de
partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui préciséme
663
ment parce que, contre lui, ils se sentent privés
de
défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur incons
664
se intérieure : il est comme l’expression brutale
de
leur inconscient, il décrit sans pudeur la part honteuse de leur natu
665
conscient, il décrit sans pudeur la part honteuse
de
leur nature réelle. Prenons donc d’abord la thèse matérialiste en ell
666
correctifs que pourrait lui apporter telle lettre
de
Marx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu de bascule dialec
667
rx à Engels, ou telle conséquence imprévue du jeu
de
bascule dialectique. On a pu lui opposer une série d’objections que j
668
ascule dialectique. On a pu lui opposer une série
d’
objections que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort con
669
t montrer que le capitalisme est bien à l’origine
de
l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi15 qu’un fait spirituel,
670
sif du développement capitaliste ; 2° La primauté
de
l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyance
671
onomique est au fond une croyance bourgeoise, une
de
ces croyances jamais avouées mais réellement agissantes qui définisse
672
uler brutalement et systématiser ; 3° La primauté
de
l’économique implique une foi au déterminisme, une croyance en la seu
673
tains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté
de
l’économique suppose une anthropologie particulière, qui considère l’
674
son dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous,
de
la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimu
675
ous nous occupons, nous, de la situation présente
de
l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré
676
de l’homme, et nous disons : tant que le minimum
de
vie n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité.
677
imum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre que
de
parler de spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du p
678
e n’est pas assuré, c’est un leurre que de parler
de
spiritualité. Commençons par le commencement : donnons du pain à tout
679
s du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite
de
ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’
680
el vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet
d’
éluder le vrai problème. » Mais cette réponse simpliste, valable tout
681
’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant
d’
hypocrisie sans doute que d’habileté, et même de sagesse, proclamé en
682
le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que
d’
habileté, et même de sagesse, proclamé en même temps que la réalité de
683
t d’hypocrisie sans doute que d’habileté, et même
de
sagesse, proclamé en même temps que la réalité de l’économie, la réal
684
de sagesse, proclamé en même temps que la réalité
de
l’économie, la réalité supérieure de la vie « spirituelle ». Par là m
685
e la réalité de l’économie, la réalité supérieure
de
la vie « spirituelle ». Par là même, il paraît plus capable que le ma
686
r là même, il paraît plus capable que le marxisme
d’
entraîner les classes moyennes, d’utiliser leur « idéalisme » impénite
687
que le marxisme d’entraîner les classes moyennes,
d’
utiliser leur « idéalisme » impénitent. D’autre part, la réalisation
688
pénitent. D’autre part, la réalisation partielle
de
l’économie marxiste en Russie fait apparaître désormais la nécessité
689
en Russie fait apparaître désormais la nécessité
d’
une spiritualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’être théo
690
tualité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse
d’
être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il fa
691
avait pas définie, il faut maintenant la préciser
d’
urgence, ne fût-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaie
692
ains socialistes français, « pour n’être pas pris
de
vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaître, au cour
693
Que le but final était bel et bien la libération
de
l’homme complet, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’était
694
ste indique une orientation nouvelle du marxisme.
De
tous côtés la préoccupation dite culturelle apparaît là où naguère on
695
italisme, les marxistes revendiquaient les droits
de
la matière. Maintenant que la critique marxiste s’est vulgarisée et q
696
ont intérêt à revendiquer à leur tour les droits
de
« l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état de la question, je voudra
697
ts de « l’esprit ». Tel étant, à peu près, l’état
de
la question, je voudrais maintenant indiquer en quelques thèses rapid
698
s philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle
de
précédence plutôt que de primauté de l’économique, c’est donc qu’ensu
699
iennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que
de
primauté de l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs reven
700
qu’on parle de précédence plutôt que de primauté
de
l’économique, c’est donc qu’ensuite, une fois leurs revendications éc
701
e spirituelle. Mais ce passage serait la négation
de
leurs principales thèses de combat actuelles, fondées sur le détermin
702
ge serait la négation de leurs principales thèses
de
combat actuelles, fondées sur le déterminisme. Si le mot « spirituel
703
urément par opposition avec les lois inéluctables
d’
une nature tyrannique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est
704
n hors du déterminisme, la dialectique hégélienne
de
Marx l’a cependant prévue. On se souvient des phrases fameuses concer
705
phrases fameuses concernant « le saut du royaume
de
la nécessité dans celui de la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révo
706
t « le saut du royaume de la nécessité dans celui
de
la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or, ce
707
rée en Russie. Nous ne sommes que dans la période
de
préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppressio
708
-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un rêve
d’
intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cet
709
êve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte
de
la réalité humaine. Cette extraordinaire opération de rétablissement
710
a réalité humaine. Cette extraordinaire opération
de
rétablissement du spirituel et de la liberté, dans un monde où seules
711
naire opération de rétablissement du spirituel et
de
la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matériel
712
rs matérielles et quantitatives, figure une sorte
de
conversion profonde et subite de toute une civilisation, dont on ne v
713
figure une sorte de conversion profonde et subite
de
toute une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur
714
l dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé
de
l’humanité ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là d’une giga
715
ans le passé de l’humanité ne peut permettre même
d’
imaginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature de réalités chréti
716
é ne peut permettre même d’imaginer. Il s’agit là
d’
une gigantesque caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont d’existe
717
aginer. Il s’agit là d’une gigantesque caricature
de
réalités chrétiennes, qui n’ont d’existence que pour la personne huma
718
que caricature de réalités chrétiennes, qui n’ont
d’
existence que pour la personne humaine, et qui supposent une Personne
719
onne divine comme auteur. Si l’on refuse cet acte
de
foi en la dialectique marxiste, il reste peu de raisons d’imaginer po
720
la dialectique marxiste, il reste peu de raisons
d’
imaginer possible le saut dans l’ordre de la liberté. En effet, les no
721
raisons d’imaginer possible le saut dans l’ordre
de
la liberté. En effet, les nouvelles valeurs instituées pendant la pér
722
s nouvelles valeurs instituées pendant la période
de
transition au socialisme ont, d’ores et déjà, une existence concrète,
723
d’ores et déjà, une existence concrète, une durée
d’
action et de réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitu
724
jà, une existence concrète, une durée d’action et
de
réaction. Elles modèlent l’homme, elles créent des habitudes de pensé
725
lles modèlent l’homme, elles créent des habitudes
de
pensée et de vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la mati
726
l’homme, elles créent des habitudes de pensée et
de
vie entièrement soumise aux lois du nombre et de la matière, pour ne
727
de vie entièrement soumise aux lois du nombre et
de
la matière, pour ne rien dire de la police et de la délation organisé
728
ois du nombre et de la matière, pour ne rien dire
de
la police et de la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’i
729
de la matière, pour ne rien dire de la police et
de
la délation organisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration d’un
730
anisée. Atmosphère peu favorable à l’instauration
d’
une spiritualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés
731
sormais dans un milieu de plus en plus stérilisé,
de
moins en moins favorable à une révolution réelle, surtout brusque. Un
732
ette anthropologie marxiste — qui n’est pas celle
de
Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obéissant aux se
733
els, au sens étymologique. Des hommes, incapables
d’
actualiser une création, c’est-à-dire incapables de concevoir un spiri
734
’actualiser une création, c’est-à-dire incapables
de
concevoir un spirituel véritable. Seule une anthropologie établie dès
735
veau de l’acte, et non du fait, me paraît capable
de
préparer une révolution libératrice. Il y a plus. À supposer que le
736
ue ne pourrait être qu’une réédition standardisée
de
« l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à
737
justement nous étions reconnaissants à Karl Marx
d’
avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil
738
ituel qui ne vient qu’ensuite, c’est un spirituel
de
luxe, « gratuit » comme on disait naguère, sans efficace, sans respon
739
à fait digne des éloges du « clerc parfait », et
de
l’approbation des bourgeois les plus vilipendés par le marxisme dans
740
l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot
de
précédence évoque encore autre chose que la séparation bourgeoise et
741
ertain optimisme évolutionniste, tout un ensemble
de
doctrines qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine de l’immanen
742
es qui trouvent leur lieu commun dans la doctrine
de
l’immanence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons
743
que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme
de
l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’es
744
t pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin
d’
un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme es
745
ine, il n’est pas non plus à la fin d’un système,
d’
une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
746
pas non plus à la fin d’un système, d’une action,
d’
une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminism
747
oyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble
de
déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son effort, ni auc
748
e déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais
de
son effort, ni aucun esprit. À moins qu’un Dieu transcendant ne les y
749
ire, semblablement, que s’il n’y a pas, à la base
d’
une doctrine politique un principe d’actualité, nulle « période de tra
750
s, à la base d’une doctrine politique un principe
d’
actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engend
751
olitique un principe d’actualité, nulle « période
de
transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si, par exemple, la p
752
, nulle « période de transition » ne sera capable
de
l’engendrer. Et si, par exemple, la personne humaine est comptée pour
753
sitions fondamentales du collectivisme, le succès
de
cette doctrine ne préparera nullement un terrain plus favorable à l’é
754
n terrain plus favorable à l’épanouissement futur
de
la personne. Quand on perd sur la personne, on ne peut pas se rattrap
755
ous séparez vous aussi, dans le temps, ce qui n’a
d’
existence réelle que dans l’unité, dans l’instant. Faisons ici une dis
756
l’économique d’abord des marxistes. Il a un sens
de
primauté non pas chronologique et transitoire, mais absolue. Primauté
757
n chrétienne et la conception marxiste-hégélienne
de
la réalité humaine et de l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que
758
tion marxiste-hégélienne de la réalité humaine et
de
l’histoire. On peut dire, dans ce sens, que la croyance à la période
759
dire, dans ce sens, que la croyance à la période
de
transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens e
760
ales irrationnelles, et qui l’ont exploité. (Mais
d’
où vient cet esprit d’exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégrad
761
t qui l’ont exploité. (Mais d’où vient cet esprit
d’
exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard
762
a fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible
de
distinguer dans le temps une précédence, des stades successifs. Notre
763
t à l’Esprit qui agit dans l’instant bouleversant
de
la foi, comme il agit à l’Origine et à la Fin. Le marxisme apparaît a
764
Sombart. Cf. encore sur cette question l’article
de
Louis Febvre, in Foi et Vie , n° 58-59 : Capitalisme et Réforme. 16
765
alisme et Réforme. 16. La publication des écrits
de
Marx Sur la dialectique hégélienne ne date en effet que de 1932. 17.
766
ur la dialectique hégélienne ne date en effet que
de
1932. 17. Affirmation due à P. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet
767
a matière. L’esprit suivra quand on aura le temps
de
s’en occuper, c’est-à-dire à la fin du dernier plan quinquennal. Ce r
768
nous apprend que les hommes vivent des inventions
de
l’esprit — au sens tout humain du mot — et que, si Stephenson n’avait
769
n’avait pas inventé la locomotive, ceux qui font
de
la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. No
770
agande parmi les cheminots seraient bien en peine
de
vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque no
771
ons la primauté du spirituel. Mais il est curieux
de
remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette thèse matér
772
e : ni gauche ni droite (Fondements théologiques
d’
une action politique) 18 En dépit de la vieille polémique des bien-
773
des bien-pensants, il n’existe guère, parmi nous,
de
théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût-ell
774
fût-elle même la plus subversive, est la doctrine
d’
un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
775
ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre,
d’
un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
776
errestre, d’un certain aménagement des activités,
de
la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
777
ines. Tout ordre terrestre suppose une conception
de
l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
778
nception réactionnaire, ou statique, la politique
de
la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
779
ou statique, la politique de la contrainte armée,
de
l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
780
ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable,
de
la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
781
sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique
de
la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
782
doctrine pessimiste, une politique de la camisole
de
force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
783
onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et
de
l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
784
ue si l’homme est une bête, son but est toutefois
de
devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
785
ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte
d’
humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
786
i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté
de
Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
787
s, peut se fonder une politique qui mérite le nom
de
chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
788
s caractérisée par deux traits qui nous serviront
de
critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
789
ue seule elle pose la question dernière du destin
de
l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
790
aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres
de
la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
791
sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point
d’
être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
792
instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être
d’
avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
793
i ne veut connaître que les fins, et risque ainsi
de
sous-estimer les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’agit
794
ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours
d’
un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
795
ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou
d’
un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
796
blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que
d’
un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
797
dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit
de
l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
798
l’origine et à la fin, est cependant inséparable
de
celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que l
799
ait que cette transformation s’appelle le Royaume
de
Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
800
tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume
de
l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
801
dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche
de
déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
802
l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance
de
sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
803
dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse
d’
être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
804
, mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés
de
son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
805
stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura
de
droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
806
, se confondre avec un progrès du salut. Principe
d’
une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume,
807
d’une politique du pessimisme actif. Une phrase
de
Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
808
sens, le fondement et la seule direction possible
de
toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
809
enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus
de
la collectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isol
810
ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler
de
la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
811
ujours être subordonnée à cette fin la plus haute
de
l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
812
politiques qui revendiquent les droits supérieurs
de
la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
813
e est celle qui se fonde dans ce rapport originel
de
l’homme à Dieu, d’où découle la relation concrète et humainement bien
814
fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu,
d’
où découle la relation concrète et humainement bienfaisante que l’Évan
815
t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité
de
l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
816
ution sans illusions. 18. Réponse à une enquête
de
la Revue du christianisme social, sur l’attitude des jeunes protestan
817
: à tout système qui tend à l’anarchie par excès
de
confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
818
omme, succède une dictature. Certain fascisme est
d’
autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
819
exactement le paradoxe est la marque et la preuve
de
toute réalité en tant que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l
820
rationaliste, romaine, ou marxiste, c’est sortir
de
la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en re
821
nelle et immédiate avec Dieu : et que la relation
d’
un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela es
822
ur ne puisse être que paradoxale, cela est clair,
d’
une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avio
823
lement accessible au plus profond du désespoir et
de
la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la d
824
elle est la démarche paradoxale, « dialectique »,
de
la vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seu
825
serait pas la seule promesse : espoir et promesse
de
la foi, — et la foi naît au cœur du désespoir. Mais, d’autre part, en
826
ofondeurs dernières où l’attend l’espoir éclatant
de
la révélation. La Croix, signe éternel de la contradiction et de l’«
827
clatant de la révélation. La Croix, signe éternel
de
la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien,
828
n. La Croix, signe éternel de la contradiction et
de
l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le s
829
u monde chrétien, parce qu’elle est le signe même
de
notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous e
830
d pas au sérieux ce qu’impliquent les deux termes
de
l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son
831
ne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir
de
salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde
832
ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est
de
salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individual
833
t qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe
de
l’individualisme anarchique ; point de vue qui rend absurde le fait m
834
ique ; point de vue qui rend absurde le fait même
d’
être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optim
835
rend absurde le fait même d’être né, c’est-à-dire
d’
avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contrai
836
a nous est à jamais impossible. C’est le principe
de
cet activisme que les Européens trouvent commode de nommer « américai
837
cet activisme que les Européens trouvent commode
de
nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tou
838
ent commode de nommer « américain ». 3° L’hérésie
de
la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit
839
refuse, comme le marxisme, l’antinomie spécifique
de
notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans
840
fermant les conflits purement humains dans le jeu
de
synthèses successives, il achemine l’espèce vers un équilibre final,
841
rende à leur tour intenables les dernières ruses
de
la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l
842
que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire
de
l’âme, son actualisation, la raison d’être de son incorporation ; mai
843
nécessaire de l’âme, son actualisation, la raison
d’
être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effor
844
ire de l’âme, son actualisation, la raison d’être
de
son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne no
845
son incorporation ; mais les résultats terrestres
de
cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout
846
nt jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus
d’
être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi.
847
t la foi. Agissez donc, mais votre action ne sert
de
rien. L’hérésie pessimiste et l’hérésie optimiste ainsi renvoyées dos
848
ésence de l’accusation plus subtile des partisans
de
la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther,
849
s de la synthèse. Comment un homme qui se réclame
de
Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites
850
èse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et
de
Luther, c’est-à-dire de contempteurs absolus des mérites humains, pou
851
i se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire
de
contempteurs absolus des mérites humains, pourrait-il, s’il prend au
852
un effort politique quelconque ? Ayons le courage
de
l’affirmer ; il n’est pas de réponse à cette question pour ceux qui n
853
e ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’est pas
de
réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’est que
854
s), tandis qu’au contraire la politique est l’art
d’
accommoder les relations dans le sens de la plus grande facilité de ré
855
est l’art d’accommoder les relations dans le sens
de
la plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de sy
856
relations dans le sens de la plus grande facilité
de
réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son off
857
facilité de réalisation. La politique est un art
de
synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’
858
st un art de synthèses pratiques ; son office est
de
résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mais l
859
iques ; son office est de résoudre dans la mesure
de
l’utile des difficultés naturelles. Mais la foi, bien souvent, ne peu
860
s physiques et morales. Doit-on conclure au refus
de
toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de
861
olitique ? Ce serait admettre que les deux termes
de
l’antinomie s’équivalent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droi
862
ent et peuvent s’annuler. La logique n’a le droit
de
conclure qu’à partir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’est
863
s au même ordre. Mais ce n’est pas ici du concept
de
la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul
864
ici du concept de la foi que nous parlons. C’est
de
la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder
865
i vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable
de
la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouv
866
t jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme
d’
une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre
867
mes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin
d’
une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui ont besoin tout auta
868
nt besoin tout autant qu’on leur montre la vanité
d’
une chose si nécessaire. Telle est, dans son principe, la seule attitu
869
politique du pessimisme actif, — ou si l’on veut
de
l’activisme sans illusions. Et sa devise n’est autre que la maxime so
870
calviniste par excellence : « Point n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. » Cette abse
871
oint n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni
de
réussir pour persévérer. » Cette absence d’illusions quant à la valeu
872
e, ni de réussir pour persévérer. » Cette absence
d’
illusions quant à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est
873
ions quant à la valeur absolue du résultat, sinon
de
l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
874
de l’acte, est en même temps le meilleur ressort
de
l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples
875
t de l’action. La preuve est dans tous les livres
d’
histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temp
876
principe animateur — n’en continuaient pas moins
d’
agir en vertu du principe d’inertie (tout corps en mouvement tend à co
877
ontinuaient pas moins d’agir en vertu du principe
d’
inertie (tout corps en mouvement tend à conserver son mouvement). C’es
878
ientés ont développé le capitalisme, symbole même
de
l’action dépourvue de fins transcendantes, de l’action optimiste. Cor
879
e capitalisme, symbole même de l’action dépourvue
de
fins transcendantes, de l’action optimiste. Corruptio optimi pessima.
880
ême de l’action dépourvue de fins transcendantes,
de
l’action optimiste. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des ê
881
ssion et sans appel. Et c’est peut-être vis-à-vis
d’
eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la de
882
olitique pourra se fixer un programme : la devise
de
Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc
883
mme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt
de
mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations
884
lles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations
de
nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec
885
ont pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux
de
l’Occident réclament des dividendes ; ils réclament aussi des sacrifi
886
es humains. Le dieu-nation respire la bonne odeur
d’
onze millions de morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redo
887
ieu-nation respire la bonne odeur d’onze millions
de
morts sacrifiés en quatre ans à sa gloire. Moins redoutable, en appar
888
e, le dieu-production se contente des macérations
de
30 millions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de c
889
uction se contente des macérations de 30 millions
de
chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus.
890
te des macérations de 30 millions de chômeurs, et
de
super-holocaustes annuels de blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’
891
ions de chômeurs, et de super-holocaustes annuels
de
blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il
892
chômeurs, et de super-holocaustes annuels de blé,
de
coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se conf
893
de super-holocaustes annuels de blé, de coton et
d’
obus. C’est ainsi qu’il en va de l’homme lorsqu’il se confie dans ses
894
blé, de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va
de
l’homme lorsqu’il se confie dans ses œuvres, et qu’il adore ses puiss
895
prime, par son paradoxe, une espérance qui se rit
de
nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, n
896
ui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit
de
nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout
897
en un Dieu transcendant, et qui n’est point fait
de
main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, d
898
ieu transcendant, et qui n’est point fait de main
d’
homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le f
899
n’est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait
de
nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salu
900
nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond
de
nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes déf
901
joue des ultimes efforts et des ultimes défaites
de
notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit
902
efforts et des ultimes défaites de notre volonté
de
vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échec
903
l’homme, comme avant. On ne peut pas lui demander
de
bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et
904
rétien est iconoclaste. C’est là le premier temps
de
son action rénovatrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’est
905
etuent : capitalisme ou stalinisme, nationalismes
de
toutes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur
906
au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit
de
se dire révolutionnaire. Quelle autre voie s’ouvrirait donc au christ
907
oie s’ouvrirait donc au christianisme, hors celle
de
la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques
908
nd bien même nous aurions des raisons dogmatiques
d’
admettre le régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est p
909
la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres
de
l’État totalitaire. Mais, d’autre part, le réformisme suppose trop de
910
e. Mais, d’autre part, le réformisme suppose trop
de
calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude c
911
rt, le réformisme suppose trop de calculs et trop
de
compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’orig
912
c une attitude chrétienne. À l’origine permanente
de
toute action vraiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté de r
913
aiment évangélique, il n’y a pas une sage volonté
de
réforme, mais une révolution totale : la conversion. Et la Réforme el
914
le, sinon une révolution, une nouvelle conversion
de
l’Église ? Car l’Église, elle aussi, peut devenir une idole, dès qu’e
915
s où ils trouvent la sécurité, mais qui n’ont pas
de
vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et de révolution est promis
916
qui n’ont pas de vérité. ⁂ La plus grande liberté
d’
action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respec
917
s de vérité. ⁂ La plus grande liberté d’action et
de
révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résulta
918
isme rétablissant sur un plan supérieur une sorte
de
jeu, ou mieux d’humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un ra
919
sur un plan supérieur une sorte de jeu, ou mieux
d’
humour, qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel de la seule
920
qui se mêle au tragique quotidien comme un rappel
de
la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succ
921
les idoles menaçantes. Et puis rester aux ordres
de
l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous
922
ux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre
d’
assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance p
923
« chrétien » qu’on le veuille. Un certain nombre
de
compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est
924
jamais impossibles : et tout le reste est affaire
d’
obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parole. Point de
925
d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets
de
la Parole. Point de « synthèse », point de « consolation » ailleurs q
926
res imprévisibles et concrets de la Parole. Point
de
« synthèse », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre ac
927
ncrets de la Parole. Point de « synthèse », point
de
« consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« an
928
u’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse
de
l’espérance ».21 21. Expression qu’Arnaud Dandieu opposait dans un
929
naud Dandieu opposait dans un intéressant article
de
la Revue d’Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du
930
opposait dans un intéressant article de la Revue
d’
Allemagne (oct. 1932), à la conception kierkegaardienne du désespoir.
931
e formule ne désigne en réalité qu’un des moments
de
la dialectique du désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a de
932
u désespoir : le moment décisif, l’acte. Elle n’a
de
sens, pour nous, que parce qu’il y a la foi.
933
d des conflits du monde, et qu’elle s’éprouve par
de
bien autres mines que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées de
934
s que celles qu’on voit aux pieuses gens chargées
de
trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendan
935
lles qu’on voit aux pieuses gens chargées de trop
de
soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la
936
ux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant
de
la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pa
937
qui se connaît entièrement dépendant de la grâce
de
son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pas du monde,
938
tes sont menacées, à ces particuliers qui parlent
de
l’« esprit » comme si son existence dépendait de la leur ? Ils ne res
939
de l’« esprit » comme si son existence dépendait
de
la leur ? Ils ne respectent que la vie, ils savent trop bien jouer le
940
à perdre quelques coups, pour se prouver que rien
de
ce qui compte n’en dépend. Il tire un peu sur la ficelle du destin po
941
on maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant
de
Dieu n’est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en re
942
ne à ceci : quel est le sens des échecs humains ?
De
la réponse qu’un homme fait à cette question, l’on pourrait tirer un
943
à cette question, l’on pourrait tirer un critère
de
l’incroyance ou de la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison,
944
l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance ou
de
la foi. Tout compte fait, les cyniques ont raison, à leur manière, qu
945
les cyniques ont raison, à leur manière, qui est
de
réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, i
946
ir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir
de
la révolte, et c’est ce qu’ils cherchent. Comme une femelle cherche l
947
bourgeoisie attend son dictateur. Qu’il s’agisse
de
la masse, des prolétaires ou des bourgeois, la seule méthode qui réus
948
ec juge toute tentative transformatrice. Il n’est
de
politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en sou
949
e politique que celle qui réussit. Vous avez tort
de
vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils
950
ns tels que nous les voyons : ils se moquent bien
de
vos sollicitudes » ! Un chrétien n’entre pas dans ces astuces à court
951
traitable, et qui juge toutes ces petites raisons
d’
État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le c
952
simiste que les cyniques sur le compte des hommes
d’
aujourd’hui et des méthodes opportunistes que l’on vante. Il a considé
953
oi ? Parce qu’il connaît un autre bien. La vision
de
cet autre bien lui a permis de mesurer la vanité des réussites ou des
954
re bien. La vision de cet autre bien lui a permis
de
mesurer la vanité des réussites ou des échecs humains ; mais c’est un
955
homme qui a mesuré dans un instant l’échec total
de
ses activités, — et qui a cru à autre chose. C’est un homme pour qui
956
été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit
de
parler avec résolution même des choses les plus douloureusement incer
957
par exemple. J’insiste sur l’aspect humoristique
de
cette phrase, — sur son humour à deux tranchants. Le chrétien ne peut
958
ut pas prendre totalement au tragique le problème
de
l’aménagement des intérêts terrestres. Il les prend au sérieux dans l
959
a mesure où il croit : c’est une des conséquences
de
sa foi que de s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule s
960
croit : c’est une des conséquences de sa foi que
de
s’occuper sérieusement du sort de la cité où s’écoule sa vie. Mais c’
961
s de sa foi que de s’occuper sérieusement du sort
de
la cité où s’écoule sa vie. Mais c’est là un sérieux subordonné, et l
962
royant qui joue tout sur la politique, et se voit
de
la sorte contraint d’accorder une valeur absolue à des problèmes inso
963
ur la politique, et se voit de la sorte contraint
d’
accorder une valeur absolue à des problèmes insondablement relatifs. L
964
risques endossés. Voilà son paradoxe et l’humour
de
sa lutte. L’issue de la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mai
965
ilà son paradoxe et l’humour de sa lutte. L’issue
de
la bataille, il peut bien la prévoir fatale, mais elle ouvre une autr
966
. C’est que le salut, pour lui, est lié au succès
de
son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les
967
t, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas
d’
ironie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les hommes n’arrivent
968
as au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève
de
faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien
969
ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever
de
faim n’est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques,
970
risques que je cours. Le pire des risques, c’est
de
manquer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’est promis22, sa
971
m’est promis22, salut gagé sur le fait historique
de
la mort et de la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon ac
972
, salut gagé sur le fait historique de la mort et
de
la résurrection de Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste
973
fait historique de la mort et de la résurrection
de
Jésus-Christ. Ce fait existe. Mon action consiste à m’en rendre conte
974
ion consiste à m’en rendre contemporain. Au terme
de
mon action, il y aura un échec ou un succès terrestre, peu importe :
975
— faut-il le répéter encore ? — n’est pas l’acte
d’
un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel je deviens le
976
n’est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte
de
miséricorde par lequel je deviens le prochain de mon frère. C’est l’a
977
de miséricorde par lequel je deviens le prochain
de
mon frère. C’est l’acte personnel qui fonde la seule communauté vivan
978
re ?23 Le jugement va commencer par la maison
de
Dieu. I. Pierre, 4, 17. Le faux rapport entre le christianisme et
979
apport entre le christianisme et le christianisme
de
la chrétienté réside en ceci : que le christianisme parle sans cesse
980
e en ceci : que le christianisme parle sans cesse
de
l’Éternité, pense continuellement à l’Éternel, — et que la chrétienté
981
à l’Éternel, — et que la chrétienté ensuite parle
de
la même façon, mais pense à cette vie terrestre. Kierkegaard (Journa
982
ie terrestre. Kierkegaard (Journal). La volonté
de
rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’appari
983
me du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition
d’
une volonté contraire définit exactement, pour la chrétienté, le début
984
définit exactement, pour la chrétienté, le début
de
la décadence. Il y a des siècles de lutte sourde entre ces deux voulo
985
nté, le début de la décadence. Il y a des siècles
de
lutte sourde entre ces deux vouloirs, et tant que dure la lutte le ch
986
la lutte le christianisme vainc : sa victoire est
d’
être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les
987
le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués
de
la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et
988
utte, viennent à croire qu’il est une autre façon
de
vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à une paix avantageuse,
989
u’il est une autre façon de vaincre, et que c’est
de
réduire l’adversaire à une paix avantageuse, à une paix dont ils s’im
990
à la lutte, qu’ils l’organisent, la sanctionnent
d’
une autorité que seule leur conférait la rupture initiale, — qu’enfin
991
aussi de par la souveraineté, désormais usurpée,
de
l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille
992
». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts
de
cette confusion. C’est contre eux dès l’abord qu’elle vient buter. On
993
it mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé
de
nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était
994
l qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire
de
l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — l
995
de. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps
de
nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de
996
ns pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir
de
la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toutes les partie
997
la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent
de
toutes les parties de la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoi
998
i, des imprécations montent de toutes les parties
de
la terre contre une chrétienté qui, loin d’avoir maudit la guerre et
999
rties de la terre contre une chrétienté qui, loin
d’
avoir maudit la guerre et surtout ce qui l’a permise, prétend encore d
1000
ur l’Europe, et ne peut maintenir cette apparence
de
règne qu’en confondant scandaleusement sa cause avec la cause de ceux
1001
confondant scandaleusement sa cause avec la cause
de
ceux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont.) Il faut qu’
1002
un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme
de
la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bi
1003
e de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
d’
un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns
1004
faire qu’il n’y ait eu cette preuve, aujourd’hui,
d’
une volonté de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté,
1005
y ait eu cette preuve, aujourd’hui, d’une volonté
de
rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le c
1006
ous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra
de
la violence. Mais où porter le coup ? qui dénoncer ? au nom de quoi ?
1007
pu se faire entre le christianisme et l’injustice
de
ce monde, l’un n’existant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
1008
christianisme qui a confondu sa cause avec celle
de
la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti de gens qui, ayant pe
1009
e la bourgeoisie capitaliste. Mais c’est un parti
de
gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêt
1010
chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent
de
ce qu’ils considèrent comme un privilège, le perdent par là même, et
1011
plus voyant, le plus officiel et le plus puissant
de
la chrétienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
1012
n’est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui
de
rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, et qui, depuis
1013
réalité n’est plus l’Église et n’a plus le droit
de
parler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
1014
ler ; elle n’est plus qu’une précieuse auxiliaire
de
la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel au
1015
plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture
de
police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant
1016
la préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas
de
nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels24
1017
tués et officiels24. Non, en présence du scandale
de
la chrétienté embourgeoisée, patriotarde, riche et peureuse, les égli
1018
t plus le christianisme, qu’elles sont incapables
de
rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et depuis si longtem
1019
incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp
de
l’ennemi, et depuis si longtemps qu’elles parlent maintenant sa langu
1020
. Bien moins encore que tout cela, attendons-nous
de
nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctri
1021
ée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien
d’
aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à désolidariser la « chr
1022
écularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle
de
rompre avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture poss
1023
eut demander à ce siècle de rompre avec lui-même,
de
s’arracher le cœur. Il n’y a de rupture possible qu’au nom de l’Évang
1024
re avec lui-même, de s’arracher le cœur. Il n’y a
de
rupture possible qu’au nom de l’Évangile25. Elle ne peut se produire
1025
le sera donc la forme et tel sera le premier lieu
de
la rupture nécessaire : la dénonciation d’une imposture, partout où l
1026
r lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation
d’
une imposture, partout où la chrétienté, ayant touché ses 30 deniers,
1027
e que les hommes auraient eu le tort, simplement,
de
mal utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrét
1028
auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser,
de
négliger. Il n’y a pas, en vérité, de « forces chrétiennes » spécifiq
1029
l utiliser, de négliger. Il n’y a pas, en vérité,
de
« forces chrétiennes » spécifiques, constituées, existant en elles-mê
1030
esse, et que nous pourrions, par exemple, dégager
de
leurs complicités avec les « forces du monde ». Le chrétien ne connaî
1031
s « forces du monde ». Le chrétien ne connaît pas
d’
autre force réelle que celle de la foi. Or cette unique force ne lui a
1032
ien ne connaît pas d’autre force réelle que celle
de
la foi. Or cette unique force ne lui appartient pas ; tout au plus le
1033
lui appartient pas ; tout au plus le saisit-elle,
d’
une manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à
1034
qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est
de
la refuser. Comment dès lors l’utiliserait-il à son gré ? Car d’une p
1035
est en réalité sur une tout autre force que celle
de
la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou
1036
que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique
de
puissance et de service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un i
1037
foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et
de
service ; ou sur une éthique de bonheur ; ou sur un idéal humanitaire
1038
e de puissance et de service ; ou sur une éthique
de
bonheur ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal de sécurité ;
1039
r ; ou sur un idéal humanitaire ; ou sur un idéal
de
sécurité ; ou sur des intérêts plus bassement optimistes encore. Tout
1040
bassement optimistes encore. Toutes ces formules
d’
« ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent da
1041
manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas
d’
avoir recours ici à des formules théologiques, puisque précisément, à
1042
établissement, nous trouvons ce désir trop humain
de
parler des choses de la foi dans le langage du bonheur terrestre. La
1043
rouvons ce désir trop humain de parler des choses
de
la foi dans le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voul
1044
eur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura
de
conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan r
1045
posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu
de
sa décision n’est pas le lieu des décisions et des calculs humains ;
1046
la religion. Les églises qui se crurent en droit
d’
édicter un « ordre chrétien », se fondaient toutes, et se fondent enco
1047
fondent encore, sur une conception antichrétienne
de
la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se pro
1048
C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée
de
rejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine de ses disciples,
1049
monde ait trouvée de rejeter le Christ : feindre
d’
accepter la doctrine de ses disciples, se faire un avoir de la Pauvret
1050
ejeter le Christ : feindre d’accepter la doctrine
de
ses disciples, se faire un avoir de la Pauvreté évangélique, et bient
1051
r la doctrine de ses disciples, se faire un avoir
de
la Pauvreté évangélique, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêt
1052
ue, et bientôt ne plus vivre que sur les intérêts
de
cet avoir. Mais si la foi, don de Dieu, et gratuit — « afin que nul n
1053
ur les intérêts de cet avoir. Mais si la foi, don
de
Dieu, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une particip
1054
me qui se dit chrétien. (On ne peut dire cela que
d’
un point de vue chrétien.) Mais c’est aussi pourquoi il y a une suprêm
1055
politique humaine organisée — fût-ce à la gloire
de
Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier de la justice de D
1056
ieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
de
la justice de Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église :
1057
ursuivrait son plan sans se soucier de la justice
de
Dieu. Et la voix du prophète s’élève contre l’Église : « Tes amis t’o
1058
— Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui
de
l’aigle, quand tu placerais ton nid parmi les étoiles, je t’en précip
1059
je t’en précipiterai, dit l’Éternel… Car le jour
de
l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.)
1060
ns cette politique, la théologie se fait servante
de
la chose publique. Et que voit-on dès lors ? Présentement ? — On voit
1061
Goyau et autres « croyants » décorés, s’indigner
de
ce que les sans-Dieu parlent de confisquer à leur profit « la primaut
1062
corés, s’indigner de ce que les sans-Dieu parlent
de
confisquer à leur profit « la primauté du Christ et celle de l’Europe
1063
er à leur profit « la primauté du Christ et celle
de
l’Europe »26. L’on voit des von Papen, délégués par l’industrie lourd
1064
, délégués par l’industrie lourde au gouvernement
d’
une nation « chrétienne » revendiquer dans leurs discours la défense d
1065
pour célébrer le même massacre. On voit une nuée
de
piétistes et de bigots demeurer agressifs dans leur volonté de confon
1066
e même massacre. On voit une nuée de piétistes et
de
bigots demeurer agressifs dans leur volonté de confondre la morale pe
1067
et de bigots demeurer agressifs dans leur volonté
de
confondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres de la foi. Et l
1068
ondre la morale petite-bourgeoise avec les ordres
de
la foi. Et l’on a vu Babitt. Mais n’allons pas chercher si loin. Ouvr
1069
n’allons pas chercher si loin. Ouvrons un journal
de
Paris. Un discours chaleureux du Père de la Brière27 voudrait nous en
1070
rière27 voudrait nous enflammer contre une espèce
de
bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dans cette philosophie et cette mo
1071
ette morale est délibérément supprimée toute idée
de
liberté, toute idée de propriété, toute idée de patrie… [et l’énuméra
1072
ément supprimée toute idée de liberté, toute idée
de
propriété, toute idée de patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’
1073
e de liberté, toute idée de propriété, toute idée
de
patrie… [et l’énumération se poursuit jusqu’à ceci] : Chose plus atro
1074
l’idée chrétienne, l’idée religieuse l’idée même
de
Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soi
1075
nnera 50 000 francs au mieux pensant. Et Figaro
de
conclure : « En terminant l’éminent religieux déclara que ce concours
1076
lara que ce concours international avait pour but
de
contribuer à la sauvegarde des hautes valeurs spirituelles et des vér
1077
pirituelles et des vérités saintes que l’Académie
d’
éducation et d’entraide sociale a pour mission de servir et de faire r
1078
des vérités saintes que l’Académie d’éducation et
d’
entraide sociale a pour mission de servir et de faire rayonner. » — L’
1079
d’éducation et d’entraide sociale a pour mission
de
servir et de faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétien
1080
et d’entraide sociale a pour mission de servir et
de
faire rayonner. » — L’idée de propriété, l’idée chrétienne28, les hau
1081
ission de servir et de faire rayonner. » — L’idée
de
propriété, l’idée chrétienne28, les hautes valeurs, les vérités saint
1082
hautes valeurs, les vérités saintes, — l’Académie
d’
entraide sociale enfin ! Contribution à la « sauvegarde » : 50 000 fra
1083
lte. Mais j’en ai une autre plus profonde : celle
de
voir qualifier de « chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice ét
1084
une autre plus profonde : celle de voir qualifier
de
« chrétienne » une « idée » qui sert l’injustice établie. Tu ne crois
1085
rdinaire sottise (s’il faut lui laisser toutefois
de
l’extraordinaire) de défendre le christianisme, la piètre connaissanc
1086
l faut lui laisser toutefois de l’extraordinaire)
de
défendre le christianisme, la piètre connaissance de l’homme que l’on
1087
défendre le christianisme, la piètre connaissance
de
l’homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’
1088
andale, en faisant du christianisme quelque chose
de
si lamentable, qu’il faille à la fin plaider pour le sauver. » Rompr
1089
abli, c’est faire en sorte simplement qu’il cesse
d’
être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mai
1090
christianisme ; à cette défection élevée au rang
d’
Institution ecclésiastique, qui aujourd’hui prétend durer et se défend
1091
dominait. « Car le péché n’est pas le dérèglement
de
la chair et du sang, mais le consentement de l’esprit à ce dérèglemen
1092
ment de la chair et du sang, mais le consentement
de
l’esprit à ce dérèglement. »31 Et pourtant, nous n’avons jamais à dr
1093
ce positive contre une force de même ordre. Assez
de
cette « politique chrétienne » où l’on embarque une prétendue foi dan
1094
ndue foi dans les plus discutables déterminations
de
l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : T
1095
discutables déterminations de l’avenir. L’office
de
l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c
1096
l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps
de
dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire
1097
onde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule
de
me dire : Tu dois ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic e
1098
e moi-même, hic et nunc. La politique est affaire
de
systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir s
1099
s ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours
de
vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste la foi, c’es
1100
, c’est le choix et non pas le système : il n’est
de
choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de port
1101
: il n’est de choix que personnel. Ainsi le rôle
de
l’Église doit-il rester de porter sur le monde un jugement permanent
1102
rsonnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester
de
porter sur le monde un jugement permanent et enseignant ; tandis que
1103
nant ; tandis que la révolution dans ce qu’elle a
de
nécessairement constructif, reste le lieu d’obéissance privilégié pou
1104
le a de nécessairement constructif, reste le lieu
d’
obéissance privilégié pour le chrétien, mais ne se confond pas avec l’
1105
le chrétien, mais ne se confond pas avec l’enjeu
de
son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christian
1106
en collusion avec aucune durée, étant la rupture
de
toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la ruptur
1107
urée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom
de
la rupture, son lieu, son mode et son enjeu total : rétablir à chaque
1108
bli. Cet article y parut, « confronté » avec ceux
de
MM. Mounier, Maritain, Philip, Berdiaev et Dulot. 24. L’Église « cor
1109
se, par définition, le christianisme n’étant rien
d’
autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 29. Parce qu’o
1110
t-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun
de
nous, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avan
1111
ion existentielle — pour employer un terme favori
de
la théologie et de la philosophie allemandes contemporaines ?33 L’un
1112
pour employer un terme favori de la théologie et
de
la philosophie allemandes contemporaines ?33 L’une des caractéristiq
1113
es contemporaines ?33 L’une des caractéristiques
de
notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question
1114
e notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a
de
mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de
1115
décisions qu’ils comportent, hic et nunc. Avant
d’
aller plus loin, cherchons donc à serrer les deux termes de notre suje
1116
lus loin, cherchons donc à serrer les deux termes
de
notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il no
1117
ut de suite dissiper un malentendu : par le terme
d’
humanisme, on se borne trop souvent encore, en France, à désigner la c
1118
moins précis, qui désigne une conception générale
de
la vie — politique, économique, éthique — fondée sur la croyance au s
1119
omique, éthique — fondée sur la croyance au salut
de
l’homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoure
1120
, si celui-ci est avant tout la croyance au salut
de
l’homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas,
1121
a croyance au salut de l’homme par la seule force
de
Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit de
1122
i. Dans les deux cas, marquons-le bien, il s’agit
de
salut. Certains humanistes le nieront. Ils me diront que, là où le ch
1123
eront. Ils me diront que, là où le chrétien parle
de
salut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes, la justice
1124
e dans l’un et l’autre cas, il s’agit bel et bien
de
savoir quel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre
1125
immanent. Les humanistes accusent les chrétiens
d’
une sorte de lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité s
1126
Les humanistes accusent les chrétiens d’une sorte
de
lâcheté. Ils les accusent d’avoir recours à une réalité surhumaine qu
1127
hrétiens d’une sorte de lâcheté. Ils les accusent
d’
avoir recours à une réalité surhumaine qui les dispense de mettre en œ
1128
recours à une réalité surhumaine qui les dispense
de
mettre en œuvre toutes leurs forces humaines. Ils les accusent de fai
1129
re toutes leurs forces humaines. Ils les accusent
de
faire appel à une Volonté dont l’opération, à leurs yeux, anéantit ce
1130
té dont l’opération, à leurs yeux, anéantit celle
de
la volonté humaine, ou la rend absolument vaine. En somme, ils les ac
1131
rend absolument vaine. En somme, ils les accusent
de
diminuer l’homme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait
1132
t de diminuer l’homme par la promesse débilitante
d’
un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de «
1133
serait comme une revanche contre tout l’imparfait
de
« ce bas-monde », mais une revanche à bon marché, permettant, sur cet
1134
ettant, sur cette terre, une scandaleuse économie
d’
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme.
1135
ette terre, une scandaleuse économie d’énergie et
de
courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, le
1136
origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé »
de
Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « originel » — i
1137
tendus, sans cesse renaissants. Il a l’impression
d’
avoir perdu la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidit
1138
aissants. Il a l’impression d’avoir perdu la clef
de
ce qui lui apparaît, dans ses heures de lucidité, comme une effroyabl
1139
u la clef de ce qui lui apparaît, dans ses heures
de
lucidité, comme une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme
1140
s plus importantes du monde : l’origine et la fin
de
son existence terrestre. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoi
1141
re. Dès lors, ceux qui croient détenir le pouvoir
de
sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux d
1142
fameux baron de Crac qui prétendait se tirer hors
d’
un puits en se soulevant par la chevelure. 3. Humanisme contre christi
1143
contre christianisme, n’est-ce donc qu’un conflit
d’
amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme
1144
en, non ; le conflit est plus grave, car le rejet
de
l’humanisme constitue pour lui une sorte d’obligation a priori, fonda
1145
rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
d’
obligation a priori, fondamentale : l’humanisme, c’est le péché même,
1146
nir le péché par la volonté, naturelle à l’homme,
d’
agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’humanis
1147
r soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour
de
l’humaniste d’endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considè
1148
our Dieu. C’est maintenant au tour de l’humaniste
d’
endosser le reproche de lâcheté. Le chrétien le considère comme un hom
1149
ant au tour de l’humaniste d’endosser le reproche
de
lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepte
1150
e chrétien le considère comme un homme qui refuse
d’
accepter, dans toute sa violence, la question que lui pose sans cesse
1151
rme encore plus précise, il devient l’antagonisme
de
deux volontés qui ne s’opposent pas front à front sur le même plan, m
1152
perpendiculairement. Chez les chrétiens, volonté
de
se soumettre à ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté de vi
1153
ce qui juge la vie. Chez les humanistes, volonté
de
vivre par eux-mêmes, de vivre à tout prix, le plus possible, comme si
1154
z les humanistes, volonté de vivre par eux-mêmes,
de
vivre à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien ab
1155
n absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre
de
l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera une solution humaine qui
1156
cherchera une solution humaine qui lui permettra
d’
assurer ce bien absolu qu’est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux
1157
st sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres
de
sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’a
1158
obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même au mépris
de
sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrific
1159
e même au mépris de sa vie : tel est le fondement
de
l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, do
1160
is de sa vie : tel est le fondement de l’attitude
de
service et de sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lu
1161
tel est le fondement de l’attitude de service et
de
sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lui un révolutio
1162
sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire
de
lui un révolutionnaire, un fou d’abord et non pas d’abord un sage, l’
1163
’est, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise
d’
assurance-vie. L’humaniste pourra répondre qu’à ses yeux, le christian
1164
dans cet acte ; il agit en humaniste. Il témoigne
de
sa défiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un
1165
un « bonheur » imprévu, pousse en réalité le cri
d’
un humaniste, c’est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est
1166
se en réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire
d’
un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et
1167
l, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement
d’
humaniste, mange du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du
1168
, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit
de
l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’hom
1169
n jugement d’humaniste, mange du fruit de l’arbre
de
la connaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’homme pieux qu
1170
l les nommer, s’il n’a d’abord cherché la volonté
de
Dieu, si souvent contraire à la sienne ?) Prier pour qu’il fasse bea
1171
ce n’est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu
d’
humaniste. Si je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir de provo
1172
i je vous donne ces exemples, c’est dans l’espoir
de
provoquer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir de vous faire
1173
uer quelques réactions. C’est aussi dans l’espoir
de
vous faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’être une sim
1174
faire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin
d’
être une simple conception philosophique, est une attitude devant la «
1175
expression politique cohérente. Qu’il me suffise
de
rappeler les écrits de MM. Fernandez34 et Guéhenno. Si intéressant et
1176
ohérente. Qu’il me suffise de rappeler les écrits
de
MM. Fernandez34 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un d
1177
ntéressant et précis que soit l’un dans le détail
de
sa dialectique critique, et si généreux que se veuille le second dans
1178
uteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences
de
leur refus du transcendant.35 Le communisme seul a poussé jusqu’aux
1179
’humain. Le communisme est le véritable humanisme
de
notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour
1180
à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure
de
l’individu considéré comme autonome, et « calculable » humainement. L
1181
est d’ores et déjà la plus formidable entreprise
d’
assurance-vie que l’humanité ait jamais conçue. C’est à ce titre que l
1182
relever maintenant la vraie défense de l’homme, —
de
l’homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’an
1183
idéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit
de
l’ange et de la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux con
1184
e lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et
de
la bête ? L’homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturel
1185
aturelles, sur ce conflit qui constitue la raison
d’
être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il enc
1186
es, sur ce conflit qui constitue la raison d’être
de
la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un
1187
e nom qu’il leur donne ; et il y trouve sa raison
de
vivre, c’est-à-dire de lutter pour devenir une personne devant Dieu.
1188
; et il y trouve sa raison de vivre, c’est-à-dire
de
lutter pour devenir une personne devant Dieu. Le succès de l’humanism
1189
pour devenir une personne devant Dieu. Le succès
de
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’homme
1190
l’humanisme triomphant serait-il tout simplement
d’
enlever à l’homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’h
1191
ment d’enlever à l’homme toute raison personnelle
de
vivre ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en dé
1192
mme toute raison personnelle de vivre ? Le succès
de
l’homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide
1193
elle, c’est-à-dire : qui concerne « l’existence »
de
chacun de nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exi
1194
t-à-dire : qui concerne « l’existence » de chacun
de
nous, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une
1195
r se réaliser. 34. « Le chrétien est un embusqué
de
l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 35. On sait que la secousse du
1196
en36 Je crois qu’il est tout à fait illégitime
de
s’occuper du marxisme, d’en parler en public, surtout pour l’attaquer
1197
tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme,
d’
en parler en public, surtout pour l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné
1198
r l’attaquer, si l’on n’a pas témoigné auparavant
de
son dégoût pour toutes les formes existantes ou théoriques de civilis
1199
t pour toutes les formes existantes ou théoriques
de
civilisation capitaliste. Je crois, comme André Philip l’écrivait un
1200
uré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent
de
me voir condamner le marxisme, ceux-là ne puissent pas un instant cro
1201
Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume
d’
opposer christianisme et communisme sur le plan des réalisations humai
1202
ines. Je ne vois pas l’avantage qui peut résulter
d’
une comparaison entre deux réalités à ce point inégales, et d’ordre es
1203
aison entre deux réalités à ce point inégales, et
d’
ordre essentiellement différent. D’une façon générale, cela n’a aucun
1204
t inégales, et d’ordre essentiellement différent.
D’
une façon générale, cela n’a aucun sens de comparer deux civilisations
1205
férent. D’une façon générale, cela n’a aucun sens
de
comparer deux civilisations, et c’est une grande illusion de croire q
1206
deux civilisations, et c’est une grande illusion
de
croire qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs de choisir. N
1207
qu’on trouvera dans cette comparaison des motifs
de
choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop co
1208
xes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
de
croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix,
1209
lusion serait de croire que le choix est au terme
de
ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, es
1210
rnative christianisme-communisme. Si vous essayez
de
mettre en balance les avantages et les déficiences de la chrétienté d
1211
ettre en balance les avantages et les déficiences
de
la chrétienté d’une part, les avantages et les déficiences du soviéti
1212
ulez. Le christianisme ne sera jamais justiciable
de
sa réussite ou de son échec terrestre. On peut et on doit dire plus :
1213
isme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou
de
son échec terrestre. On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
1214
On peut et on doit dire plus : l’issue terrestre
de
l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite
1215
l ne l’ignore, c’est l’établissement sur la terre
d’
un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son te
1216
ore, c’est l’établissement sur la terre d’un état
de
bonheur « moyen » pour tous les hommes. On perd donc son temps à essa
1217
seulement les modes de vie, mais encore les buts
de
la vie humaine, il faut croire à cette doctrine. Y croire, c’est-à-di
1218
et sans retour. Y croire, c’est-à-dire en assumer
d’
avance toutes les imperfections, décidé à les combattre de l’intérieur
1219
toutes les imperfections, décidé à les combattre
de
l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir d’en triompher, mais
1220
e l’intérieur, et non pas du tout pour le plaisir
d’
en triompher, mais pour faire triompher la cause à tout prix. Si je ra
1221
r souligner l’impossibilité où nous nous trouvons
de
« choisir en toute impartialité », comme le veut une locution moderne
1222
is discuter sa théorie économique ; sa conception
de
l’histoire ; sa dialectique ; ses méthodes politiques et sociales. Je
1223
les. Je puis leur reconnaître une part importante
de
vérité, surtout dans leur aspect critique, qui me paraît désormais ac
1224
réunies. Il est avant tout une conception totale
de
la destinée humaine. Et c’est à cette conception totale, à cette vie,
1225
, que je ne puis participer, même en imagination,
d’
une manière efficace, ou mieux : d’une manière consciente et volontair
1226
n imagination, d’une manière efficace, ou mieux :
d’
une manière consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé de « sen
1227
consciente et volontaire. Certes, il m’est arrivé
de
« sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que n
1228
ous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais
de
là à accepter, à prendre sur soi et assumer en toute conscience la co
1229
eption communiste, il y a un abîme. Seul, un acte
d’
adhésion, une sorte d’acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il n
1230
y a un abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte
d’
acte de foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à é
1231
abîme. Seul, un acte d’adhésion, une sorte d’acte
de
foi, pourrait me le faire franchir. Il ne me reste donc qu’à énumérer
1232
on pas que, sur ce terrain, les graves objections
de
méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là enc
1233
circonscrite, les positions sont nettes, connues
de
tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement
1234
rès frappant : c’est qu’il est étrangement facile
d’
opposer terme à terme les expressions chrétiennes et les expressions c
1235
n vont, dans une aventure qui ne ressemble à rien
de
connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à
1236
isque matériel qui se retrouve à tous les moments
de
la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal d’assurance matériell
1237
e la vie chrétienne, le marxiste oppose son idéal
d’
assurance matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’a
1238
oyait d’ailleurs pas. Le mérite du communisme est
de
réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. Pour
1239
C’est exactement le contraire du commandement et
de
la promesse biblique : « Croyez premièrement au Royaume, et tout le r
1240
ne les dit pas, il n’en parle pas : ils n’ont pas
d’
importance en eux-mêmes. Ils resteront toujours purement symboliques d
1241
êmes. Ils resteront toujours purement symboliques
de
l’obéissance à Dieu, immédiats à l’origine et à la fin. Le marxiste,
1242
que d’abord les moyens. Il leur confère une sorte
d’
autonomie. Et le but final : la libération de l’individu, reste toujou
1243
orte d’autonomie. Et le but final : la libération
de
l’individu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont, en l’es
1244
lle collective. D’autres vous montreront l’erreur
de
cette méthode, et qu’en réalité, si la libération n’est pas déjà prés
1245
est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas
de
valeur en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire
1246
tes. Il est purement symbolique du péché d’abord,
de
l’obéissance à Dieu ensuite. L’épitaphe laïque qu’on voit dans certai
1247
ne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier
de
choc. Staline a fait du travail une vertu absolue, qui a sa fin en el
1248
i a sa fin en elle-même, et qui mesure la dignité
de
l’homme. On me dira que j’exagère, que le travail du brigadier de cho
1249
e dira que j’exagère, que le travail du brigadier
de
choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fai
1250
vie au service du plan quinquennal, le brigadier
de
choc travaille pour des avantages humains, pour assurer un bien-être
1251
éfinitive. Il n’est qu’une extension intelligente
de
l’intérêt personnel. Il est à cet égard le contraire du service chrét
1252
ce chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien
de
l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui ne peut avoir aucune raison h
1253
ut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique
d’
une réalité transcendante. Je m’étonne toujours de voir des chrétiens
1254
d’une réalité transcendante. Je m’étonne toujours
de
voir des chrétiens s’extasier devant « le magnifique élan qui soulève
1255
qui soulève la jeunesse russe et la porte au-delà
d’
elle-même », comme si cet élan manifestait une sorte de christianisme
1256
e-même », comme si cet élan manifestait une sorte
de
christianisme inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos ac
1257
christianisme inconscient. C’est là une illusion
de
moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits p
1258
r Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait
d’
être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, ce
1259
ieu. Sinon il suffirait d’être pharisien. Inutile
de
s’étendre plus sur le troisième exemple, celui de l’amour du prochain
1260
de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
de
l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour es
1261
in vers autrui passe par Dieu. Et il n’y en a pas
d’
autre. Il n’y a pas d’autre communion humaine. Il faut, hélas ! que le
1262
ar Dieu. Et il n’y en a pas d’autre. Il n’y a pas
d’
autre communion humaine. Il faut, hélas ! que les chrétiens l’aient bi
1263
u’ils aient bien oublié et bien perdu la lucidité
d’
un La Rochefoucauld et de l’école des moralistes sceptiques français.
1264
t bien perdu la lucidité d’un La Rochefoucauld et
de
l’école des moralistes sceptiques français. Toutes les hypocrisies qu
1265
est précisément le plan du marxisme. Je laisserai
de
côté, aujourd’hui, le problème de la personne chrétienne en face du c
1266
e. Je laisserai de côté, aujourd’hui, le problème
de
la personne chrétienne en face du collectif marxiste. C’est l’opposit
1267
est aussi celle qui entraîne le plus grand nombre
de
malentendus. En définitive et selon les écoles marxistes, il est très
1268
selon les écoles marxistes, il est très difficile
de
savoir si oui ou non le communisme veut la destruction des personnes.
1269
tout cas, il sera toujours possible à un marxiste
de
le nier, en se référant aux phrases finales du Manifeste communiste,
1270
ales du Manifeste communiste, à certaines lettres
de
Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-d
1271
certaines lettres de Engels, etc. Les philosophes
de
Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair
1272
Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin
d’
être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons m
1273
deux religions, celle qui concerne le sens total
de
la vie terrestre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens de la vi
1274
estre. Je dis bien le sens, la direction. Le sens
de
la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizo
1275
e sens de la vie chrétienne est vertical, le sens
de
la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est d
1276
e sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens
de
la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie individuelle pour s’ordo
1277
t horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est
de
sortir de sa vie individuelle pour s’ordonner au transcendant dès ici
1278
al. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir
de
sa vie individuelle pour s’ordonner au transcendant dès ici-bas. C’es
1279
ranscendant dès ici-bas. C’est la mort à soi-même
de
celui qui prononce : Que Ton règne vienne ! Le sens de la vie du marx
1280
lui qui prononce : Que Ton règne vienne ! Le sens
de
la vie du marxiste, c’est d’organiser cette vie-ci pour elle-même : n
1281
gne vienne ! Le sens de la vie du marxiste, c’est
d’
organiser cette vie-ci pour elle-même : notre règne arrive ! Mais les
1282
avent-ils encore que, pour entrer dans le Royaume
de
Dieu, il faut mourir ? Que toutes les promesses du Christ concernent
1283
toutes les promesses du Christ concernent la vie
de
celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jam
1284
t le Royaume ne sera jamais réalisé dans la forme
de
ce monde, mais encore qu’il consiste précisément dans l’acte de sorti
1285
ais encore qu’il consiste précisément dans l’acte
de
sortir de ce monde pour le transformer ? Cette dialectique inconcevab
1286
qu’il consiste précisément dans l’acte de sortir
de
ce monde pour le transformer ? Cette dialectique inconcevable de la v
1287
r le transformer ? Cette dialectique inconcevable
de
la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans
1288
mer ? Cette dialectique inconcevable de la vie et
de
la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde com
1289
t de la mort, ce commandement que nous avons reçu
d’
être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno
1290
sses du Christ concernent une vie qui est au-delà
de
la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nu
1291
rois littéralement qu’il n’y a aucun point commun
de
doctrine entre un communiste sincère et un chrétien obéissant. Ils pa
1292
et un chrétien obéissant. Ils parleront toujours
de
choses radicalement différentes, même s’ils semblent parler des mêmes
1293
chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux
d’
une chrétienté qui s’endormait dans l’illusion humaniste, que ce monde
1294
onde-ci n’a rien en lui-même qui puisse permettre
d’
accéder à l’autre monde. Trop longtemps les chrétiens ont cru pouvoir
1295
les chrétiens ont cru pouvoir utiliser la morale
de
ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le command
1296
tiliser la morale de ce monde, qui est une morale
d’
intérêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandem
1297
que le commandement du Christ est un commandement
de
sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits
1298
Christ est un commandement de sacrifice total, et
de
mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagr
1299
us avons cru que le christianisme était une règle
de
vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la prospérité et l
1300
confortables entre les humains. Voilà une erreur
de
belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de co
1301
et que désormais le fait marxiste nous dispensera
de
commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le mon
1302
ommettre. Car c’est le marxisme qui est une règle
de
vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort
1303
monde, au sens où le christianisme est une règle
de
mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que d
1304
e est une règle de mort au monde. Et il est temps
de
voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la suite du
1305
ivait récemment André Gide38. La religion n’a pas
de
sens humain : jamais les hommes n’arriveront à donner un sens réel au
1306
es n’arriveront à donner un sens réel aux paroles
de
l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évident
1307
s de l’Évangile. Dieu seul le peut. La conclusion
de
tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence
1308
tout cela est évidente. Si nous sommes conscients
de
toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous appa
1309
sse à notre christianisme. Il nous met en demeure
de
radicaliser ce christianisme. Je crois que toute autre solution, et
1310
hrétien un mauvais marxiste, sans cesse soupçonné
de
« sabotage idéaliste » par les camarades du parti, — ou un de ces chr
1311
e idéaliste » par les camarades du parti, — ou un
de
ces chrétiens incertains, dont justement l’incertitude a provoqué l’i
1312
ertitude a provoqué l’inévitable et juste révolte
de
nos camarades athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui
1313
t juste révolte de nos camarades athées. Il n’est
de
charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
1314
lui-même pâtira. 36. Causerie donnée au cercle
d’
études marxistes de la Fédération des étudiants de Paris, au mois de m
1315
36. Causerie donnée au cercle d’études marxistes
de
la Fédération des étudiants de Paris, au mois de mai 1933. 37. Cf. A
1316
d’études marxistes de la Fédération des étudiants
de
Paris, au mois de mai 1933. 37. Cf. Aron et Dandieu, La Révolution n
1317
de la Fédération des étudiants de Paris, au mois
de
mai 1933. 37. Cf. Aron et Dandieu, La Révolution nécessaire (Grasset
1318
sme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe
de
devenir la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est d’autan
1319
isme est en passe de devenir la nouvelle mystique
de
la gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe
1320
ouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est
d’
autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri de t
1321
qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri
de
toutes sanctions et périls concrets — à l’abri de toutes précisions.
1322
de toutes sanctions et périls concrets — à l’abri
de
toutes précisions. Une mystique n’est jamais puissante que dans le va
1323
s en France. Nous nous élevons contre une méthode
de
gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore n
1324
sme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus
d’
éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous trai
1325
fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu
de
« fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les opini
1326
ignifie pas que cet individu partage les opinions
d’
Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que
1327
que cet individu partage les opinions d’Hitler ou
de
Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum su
1328
Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est
d’
un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre en
1329
ettre en vacances la légalité ». Ainsi l’épithète
de
fasciste est-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, u
1330
e fasciste est-elle devenue rapidement une espèce
d’
injure politique, un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple, de
1331
dement une espèce d’injure politique, un synonyme
de
méchant homme, d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans
1332
d’injure politique, un synonyme de méchant homme,
d’
ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique
1333
un synonyme de méchant homme, d’ennemi du peuple,
de
bourgeois brutal. Réaction sans doute sympathique, mais dont je crain
1334
es esprits est telle qu’il est presque impossible
d’
envisager froidement la nature réelle du danger. Cet élan d’opinion po
1335
r froidement la nature réelle du danger. Cet élan
d’
opinion populaire, guidé par quelques professeurs, peut retarder la fo
1336
quelques professeurs, peut retarder la formation
d’
un parti ouvertement fasciste, et c’est très bien. Il peut aussi distr
1337
ainsi la naissance et les premiers développements
d’
une intolérance « de gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » con
1338
t les premiers développements d’une intolérance «
de
gauche », d’un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyran
1339
s développements d’une intolérance « de gauche »,
d’
un goût morbide de « l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
1340
’une intolérance « de gauche », d’un goût morbide
de
« l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique, d’un anti-« grand
1341
l’autorité » confondue avec la tyrannie étatique,
d’
un anti-« grand capitalisme » de petits bourgeois, bref — d’un fascism
1342
yrannie étatique, d’un anti-« grand capitalisme »
de
petits bourgeois, bref — d’un fascisme. On dit à l’homme du peuple :
1343
« grand capitalisme » de petits bourgeois, bref —
d’
un fascisme. On dit à l’homme du peuple : tout ce que tu crains, tout
1344
me, groupez-vous ! », proclament alors les ligues
de
gauche. On se groupe. Pour se reconnaître, on adopte un insigne, une
1345
hemise. On cherche des chefs. Les chefs demandent
de
la discipline. La discipline exige le sacrifice des libertés personne
1346
ectif. Le bien collectif, c’est l’État. Il s’agit
de
s’en emparer. Un jour, vient l’ordre de marcher sur Paris. On install
1347
Il s’agit de s’en emparer. Un jour, vient l’ordre
de
marcher sur Paris. On installe au pouvoir le leader des antifascistes
1348
au pouvoir le leader des antifascistes, un homme
de
gauche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifascisme
1349
uche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe
de
l’antifascisme s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’est
1350
tifascisme, en France, ignore la véritable nature
de
son adversaire. 2° Les politiciens antifascistes, comme tous les poli
1351
nt leur tactique à l’adversaire. Les conséquences
de
ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les
1352
litique, et leur carence doctrinale les empêchera
de
remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. J
1353
it par la radio. Et comment concevoir l’avènement
d’
un fascisme sans discours diffusés par les postes d’État ? Dès qu’il
1354
un fascisme sans discours diffusés par les postes
d’
État ? Dès qu’il s’agit de propagande de masses, le triomphe du plus
1355
iffusés par les postes d’État ? Dès qu’il s’agit
de
propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain
1356
s postes d’État ? Dès qu’il s’agit de propagande
de
masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce
1357
Dans ce livre où je cherche à juger les moyens
de
la politique du point de vue de ses fins humaines, et ces fins à leur
1358
juger les moyens de la politique du point de vue
de
ses fins humaines, et ces fins à leur tour du point de vue de la réal
1359
humaines, et ces fins à leur tour du point de vue
de
la réalité première qu’est la personne, je ne m’attarderai pas à déno
1360
m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
de
certaines méthodes « d’ordre ». Il y a des excès partout41 ; la malfa
1361
cer les excès trop connus de certaines méthodes «
d’
ordre ». Il y a des excès partout41 ; la malfaisance d’un régime ne sa
1362
re ». Il y a des excès partout41 ; la malfaisance
d’
un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce ré
1363
nce d’un régime ne saurait être mesurée au nombre
de
vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons pl
1364
régime ne saurait être mesurée au nombre de vies
d’
hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons plutôt à q
1365
t justifiée, voire nécessaire : elle a des points
d’
application vraiment vitaux. Rien de pareil dans le cas du fascisme. M
1366
a des points d’application vraiment vitaux. Rien
de
pareil dans le cas du fascisme. Malgré certaines apparences sur lesqu
1367
esquelles il faudra revenir, et malgré l’épithète
de
totalitaire dont il s’orne, le fascisme n’a pas une conception totale
1368
scisme n’a pas une conception totale et cohérente
de
la vie humaine. Ou plutôt, il n’est cohérent que dans un domaine rest
1369
isme et l’hitlérisme42 se ramène à cette exigence
d’
un État fort, centralisé, dispensateur de tous les biens, méritant don
1370
exigence d’un État fort, centralisé, dispensateur
de
tous les biens, méritant donc tous les sacrifices. Si l’on admet cett
1371
tous les sacrifices. Si l’on admet cette primauté
de
l’État, les violences nécessaires à son établissement se trouvent aus
1372
s ? Il répond en tout premier lieu à la nostalgie
d’
unité qui s’empare des peuples fatigués — démoralisés par la politique
1373
gués — démoralisés par la politique —, incertains
de
leur mission. Reprenons ces trois caractéristiques. L’État fasciste s
1374
ment l’idéal national que la culture et les mœurs
de
l’élite devenaient impuissantes à incarner aux yeux du peuple43. Cet
1375
radictoires. Il satisfait d’abord les adversaires
de
l’individualisme44 ; ceux de droite parce qu’il propose un chef, un c
1376
bord les adversaires de l’individualisme44 ; ceux
de
droite parce qu’il propose un chef, un cadre rigide et logique, une h
1377
rarchie primant les libertés individuelles ; ceux
de
gauche, parce qu’il concrétise certaines aspirations collectivistes.
1378
èrent un pays comme une entreprise dont il s’agit
de
tirer le rendement matériel maximum. Il satisfait enfin à certaines a
1379
it enfin à certaines aspirations « spirituelles »
de
deux espèces d’hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et
1380
ines aspirations « spirituelles » de deux espèces
d’
hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et les ultramontai
1381
laïque, et contre la papauté, un des vieux rêves
de
la papauté. Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’est
1382
s hommes ont toujours appelé « dieu » le principe
de
cohérence de leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc néc
1383
toujours appelé « dieu » le principe de cohérence
de
leur vie sociale et privée. Le fascisme aboutit donc nécessairement à
1384
sme aboutit donc nécessairement à la divinisation
de
l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise de l’État devient dès lors su
1385
sation de l’État. Tout ce qui échappe à l’emprise
de
l’État devient dès lors suspect, hérétique, coupable — à moins qu’on
1386
s qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût-ce au prix
d’
un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable brutalité du fa
1387
tique. La véritable brutalité du fascisme, c’est
d’
avoir voulu renverser toute l’échelle des valeurs occidentales, d’avoi
1388
nverser toute l’échelle des valeurs occidentales,
d’
avoir voulu subordonner à l’organisme matériel de l’État, préalablemen
1389
d’avoir voulu subordonner à l’organisme matériel
de
l’État, préalablement divinisé, les libertés fondamentales de la pers
1390
réalablement divinisé, les libertés fondamentales
de
la personne et des églises, ainsi que toute espèce de création spirit
1391
a personne et des églises, ainsi que toute espèce
de
création spirituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est d’avoir
1392
rituelle. Le véritable malheur du fascisme, c’est
d’
avoir voulu étendre par la force, à tous les domaines de la vie, un pr
1393
r voulu étendre par la force, à tous les domaines
de
la vie, un principe de cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toute
1394
force, à tous les domaines de la vie, un principe
de
cohérence étroit, pauvre et stérilisant. Toutes les méthodes fasciste
1395
rilisant. Toutes les méthodes fascistes procèdent
de
cette erreur fondamentale, erreur spirituelle analogue à celle du sta
1396
le. Un mot résume le fascisme en tant que méthode
d’
extension, par la force, d’un principe de soi sans puissance : c’est l
1397
me en tant que méthode d’extension, par la force,
d’
un principe de soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschalt
1398
méthode d’extension, par la force, d’un principe
de
soi sans puissance : c’est le mot allemand Gleichschaltung — mise au
1399
ltung — mise au pas — qui justifia tous les coups
de
force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux d
1400
a tous les coups de force hitlériens. Les hérauts
de
Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne ser
1401
ups de force hitlériens. Les hérauts de Hitler ou
de
Mussolini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais qu
1402
Les hérauts de Hitler ou de Mussolini, après ceux
de
Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bot
1403
e Hitler ou de Mussolini, après ceux de Lénine et
de
la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés45 ». On n
1404
nnable où, pour la première fois, dans l’histoire
de
l’Europe, la passion unitaire se donna libre cours. L’ancêtre du fasc
1405
mise au pas », une inversion du spirituel soumis
de
force à la raison d’État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal
1406
nversion du spirituel soumis de force à la raison
d’
État ? C’est bien déjà la folie unitaire, le mal fasciste, qui pousse
1407
, à décapiter ses élites pour le plaisir maniaque
d’
établir l’uniformité aux dépens de la vie multiple du pays. Cet exempl
1408
a vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous
d’
un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasciste
1409
le s’attaque, c’est là qu’elle inocule une espèce
de
paralysie progressive. Et de là viennent cette folie des grandeurs au
1410
e inocule une espèce de paralysie progressive. Et
de
là viennent cette folie des grandeurs aux premiers temps, cet activis
1411
cette stérilité verbeuse, puis toute cette suite
de
décompositions morales que les historiens vont décrire mais que d’aut
1412
e : ceux qu’on nomme aujourd’hui les psychiatres.
De
toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus
1413
isé) et son culte orthodoxe, le marxisme, exigent
de
l’humanité un déploiement plus généreux, plus intégral de ses puissan
1414
anité un déploiement plus généreux, plus intégral
de
ses puissances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondé
1415
ont fondées, en effet, sur une notion « ouverte »
de
l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux d
1416
du fascisme, fondées sur une notion disciplinaire
de
l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble, p
1417
tien un adversaire plus noble, plus représentatif
de
l’athéisme conséquent, que le fascisme. Il vaut bien mieux repousser
1418
e fascisme. Il vaut bien mieux repousser Dieu que
de
l’admettre comme soutien de l’État. La comédie spiritualiste, que le
1419
ux repousser Dieu que de l’admettre comme soutien
de
l’État. La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer
1420
le décret du Parti, c’est à peu près le contraire
de
l’héroïsme personnel. L’État fasciste a réussi à faire prendre pour u
1421
fasciste a réussi à faire prendre pour une fièvre
d’
héroïsme le conformisme tremblant des militants. Mais qui ne voit la l
1422
. Les fusillades, les passages à tabac et l’huile
de
ricin les indignent ; mais l’exactitude des trains les rassure, au mo
1423
arxisme. Ils croient que le fascisme est le parti
de
l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s’établit cet
1424
— unitaire ! — travaillait à l’éducation fasciste
de
ses militants. Ce n’est pas que je croie un seul instant à la duplici
1425
rinale dont leurs manifestes font preuve favorise
de
toute évidence le développement des confusions les plus propres à la
1426
t ? Où chercher la doctrine efficace qui permette
de
déceler et de combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’
1427
r la doctrine efficace qui permette de déceler et
de
combattre à sa naissance le péril fasciste présent ? L’expérience hit
1428
te présent ? L’expérience hitlérienne nous permet
de
répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’
1429
qui gagnent encore en secret le plus grand nombre
d’
adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un chr
1430
ret le plus grand nombre d’adhérents. Les raisons
de
cette double résistance sont claires. Un chrétien resté fidèle à la d
1431
t claires. Un chrétien resté fidèle à la doctrine
de
la Réforme48 sait que le premier commandement, c’est de servir Dieu s
1432
Réforme48 sait que le premier commandement, c’est
de
servir Dieu seul, et non pas Dieu et la Patrie, Hitler et Dieu, la ra
1433
e péché majeur est celui qui consiste à se servir
de
Dieu en le servant. L’opposition du christianisme et du fascisme, c’e
1434
christianisme et du fascisme, c’est l’opposition
d’
une foi par excellence totalitaire, à la prétention d’un organe qui se
1435
e foi par excellence totalitaire, à la prétention
d’
un organe qui se veut plus grand que le tout, et qui réclame sa part d
1436
ut plus grand que le tout, et qui réclame sa part
d’
honneurs divins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé de le décr
1437
ivins. Pour le personnalisme, tel que j’ai essayé
de
le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le vé
1438
de le décrire plus haut, il n’est pas moins aisé
de
voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est
1439
onne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres
de
sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle
1440
ordres de sa vocation, elle est seule responsable
de
son risque ; surtout, elle se sait plus réelle que toute réalité coll
1441
réalité collective. Elle ne croit pas à la valeur
d’
une unité obtenue aux dépens des unités concrètes et de leur nécessair
1442
unité obtenue aux dépens des unités concrètes et
de
leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de
1443
iversité. Elle veut que l’État soit une émanation
de
l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes h
1444
ord des hommes humains, ensuite l’État au service
de
ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais tot
1445
l, l’État ne sera jamais totalitaire. 39. Ici,
d’
une manière plus pressante qu’à l’occasion de tout autre chapitre de c
1446
Ici, d’une manière plus pressante qu’à l’occasion
de
tout autre chapitre de ce livre, il convient de rappeler sa date : dé
1447
pressante qu’à l’occasion de tout autre chapitre
de
ce livre, il convient de rappeler sa date : début de 1934. L’hitléris
1448
n de tout autre chapitre de ce livre, il convient
de
rappeler sa date : début de 1934. L’hitlérisme ne faisait que s’insta
1449
ce livre, il convient de rappeler sa date : début
de
1934. L’hitlérisme ne faisait que s’installer dans le pouvoir conquis
1450
plus tôt. Et le fascisme italien jouissait encore
de
toutes les faveurs de nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu
1451
me italien jouissait encore de toutes les faveurs
de
nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’in
1452
ncore de toutes les faveurs de nos droites. (Note
de
1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’invitant à adhérer à l’u
1453
e nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu
d’
une circulaire m’invitant à adhérer à l’une d’entre elles, que j’éprou
1454
er à l’une d’entre elles, que j’éprouve le besoin
de
mettre au point, ici, quelques définitions. 41. Ceux qui s’indignent
1455
, comme le prouve l’exemple italien. La dictature
de
la jeunesse n’est non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les U
1456
eunes ». 43. La confiscation par l’État fasciste
de
l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la sub
1457
fiscation par l’État fasciste de l’idéal culturel
d’
une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insig
1458
on » est clairement symbolisé par la substitution
de
l’insigne du Parti aux anciennes couleurs nationales. 44. Voilà sans
1459
on pour laquelle le fascisme échoue dans les pays
d’
esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hié
1460
ns civique a faibli. Voir à ce sujet la Ve Partie
de
cet ouvrage. 45. C’est ainsi qu’on nomma les dragons de Villars et N
1461
ouvrage. 45. C’est ainsi qu’on nomma les dragons
de
Villars et Noailles massacreurs des huguenots dans les Cévennes. 46.
1462
total, les raisons dernières du choix que chacun
de
nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 47. Des considérat
1463
choix que chacun de nous va se trouver contraint
de
faire, d’ici peu. 47. Des considérations qu’on devine m’empêchent ma
1464
érations qu’on devine m’empêchent malheureusement
de
préciser. 48. Je ne reviens pas sur l’aventure du parti des Deutsche
1465
XID’un Cahier
de
revendications En décembre 1932, la Nouvelle Revue française publia
1466
la Nouvelle Revue française publiait un ensemble
de
témoignages rédigés par de jeunes écrivains membres de groupes révolu
1467
e publiait un ensemble de témoignages rédigés par
de
jeunes écrivains membres de groupes révolutionnaires personnalistes e
1468
moignages rédigés par de jeunes écrivains membres
de
groupes révolutionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier de re
1469
tionnaires personnalistes et marxistes. Ce Cahier
de
revendications confrontait pour la première fois, devant le grand pub
1470
tions du mouvement personnaliste naissant, celles
de
la jeune droite, et celles du communisme. Je l’introduisais en ces te
1471
l’introduisais en ces termes : Est-il possible
de
définir une cause commune de la jeunesse française, une communauté d’
1472
: Est-il possible de définir une cause commune
de
la jeunesse française, une communauté d’attitude essentielle ? Il sem
1473
commune de la jeunesse française, une communauté
d’
attitude essentielle ? Il semble que la solidarité du péril crée en no
1474
que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité
de
refus devant la consternante misère d’une époque où tout ce qu’un hom
1475
nes, unité de refus devant la consternante misère
d’
une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coup
1476
qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé
de
son origine vivante, flétri, dénaturé, inverti, saboté. Des groupes t
1477
prit, Plans, Réaction, par leur volonté proclamée
de
rupture, et plus encore par leurs revendications constructives, révèl
1478
t-être, dans leur diversité, les premières lignes
de
force d’une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est
1479
ans leur diversité, les premières lignes de force
d’
une nouvelle révolution française. Leur anticapitalisme n’est pas celu
1480
n française. Leur anticapitalisme n’est pas celui
de
la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marxiste, en deho
1481
elle s’est constitué ce nouveau front, forme l’un
de
ses points de repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques a
1482
stitué ce nouveau front, forme l’un de ses points
de
repère principaux. Il se peut qu’il y trouve quelques appuis occasion
1483
tifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude
de
tous ces groupes un acte de présence à la misère du siècle, assez nou
1484
firme dans l’attitude de tous ces groupes un acte
de
présence à la misère du siècle, assez nouveau parmi les intellectuels
1485
xandre Marc, René Dupuis, Robert Aron. Ce concert
de
refus n’avait rien d’harmonieux. On pouvait cependant y distinguer de
1486
is, Robert Aron. Ce concert de refus n’avait rien
d’
harmonieux. On pouvait cependant y distinguer deux thèmes que je tenta
1487
cependant y distinguer deux thèmes que je tentai
d’
analyser dans les conclusions que voici. Nous sommes une génération c
1488
ici. Nous sommes une génération comblée. Comblée
de
chances de grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
1489
sommes une génération comblée. Comblée de chances
de
grandeur, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le
1490
mblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée
de
risques mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit de vivre, le pa
1491
, et comblée de risques mortels. Pour la jeunesse
de
1932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental de toute « existen
1492
ues mortels. Pour la jeunesse de 1932, le conflit
de
vivre, le paradoxe fondamental de toute « existence » se concrétise d
1493
932, le conflit de vivre, le paradoxe fondamental
de
toute « existence » se concrétise dans une « nécessité » révolutionna
1494
pleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement
de
conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais p
1495
ns précédent. Ce n’est plus seulement de conflits
d’
idées qu’il s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous, en
1496
ulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même
de
conflits d’intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
1497
onflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
d’
intérêts. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
1498
. Mais pour nous, entrés dans la vie sous le coup
d’
une menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre q
1499
ous, entrés dans la vie sous le coup d’une menace
de
faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que de ceci :
1500
menace de faillite planétaire, il ne peut s’agir
de
rien d’autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul
1501
de faillite planétaire, il ne peut s’agir de rien
d’
autre que de ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’
1502
planétaire, il ne peut s’agir de rien d’autre que
de
ceci : s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen d’en réchapper
1503
: s’entendre sur le meilleur ou sur le seul moyen
d’
en réchapper, — l’imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que no
1504
durer, puisque ça dure depuis si longtemps. Masse
de
sourds, de muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irrite
1505
que ça dure depuis si longtemps. Masse de sourds,
de
muets et d’aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos c
1506
depuis si longtemps. Masse de sourds, de muets et
d’
aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est
1507
aveugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent
de
nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont tr
1508
nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain
de
la guerre, ont trop souvent crié au loup, par goût des atmosphères tr
1509
ues. Littérature et mauvais caractère. Il y avait
de
quoi vous fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien de mieux
1510
fâcher, braves gens, vous n’aviez après tout rien
de
mieux à faire. Et vous pensiez que la révolution, c’était une bande d
1511
vous pensiez que la révolution, c’était une bande
de
méchants garçons. Puis vous avez pensé que c’étaient des gens dangere
1512
vos maîtres. Bientôt vous chercherez des équipes
de
sauvetage. Ici paraît le communisme, comme une constatation de la fai
1513
Ici paraît le communisme, comme une constatation
de
la faillite, une liquidation à un taux sous-humain. Voici le Plan, pr
1514
cette « raison » déjà qui se trouvait à l’origine
de
tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous so
1515
gine de tout le mal ? Telles sont les composantes
de
notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ;
1516
ouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter
de
nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la
1517
est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches
d’
homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme,
1518
sens le plus banal du terme, et aussi à son sens
de
misère qui appelle. Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou
1519
’on lui offre il faudrait qu’elle le paie du prix
de
l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux,
1520
espérance, une utopie, qu’il nous est impossible
d’
accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation
1521
une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter
de
« bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, ty
1522
s qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée
de
toute résistance interne, de cela justement que, dans le désordre rég
1523
tyrannique et privée de toute résistance interne,
de
cela justement que, dans le désordre régnant, nous détestons de toute
1524
ent que, dans le désordre régnant, nous détestons
de
toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment pense
1525
ésordre régnant, nous détestons de toute la force
de
notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si penser est
1526
ériel. Comment penser — si penser est inséparable
d’
une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxisme faux ? Il res
1527
y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine
de
quelque chose d’autre, dont la réalité échappe encore à ceux que réci
1528
s. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose
d’
autre, dont la réalité échappe encore à ceux que récitent Marx : une u
1529
iste, l’autre personnaliste ; la première en voie
de
réalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période de g
1530
éalisation en URSS, la seconde encore mal dégagée
de
sa période de gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifi
1531
URSS, la seconde encore mal dégagée de sa période
de
gestation doctrinale. Tout le monde sait ce que signifie politiquemen
1532
à la lutte des classes, ce pragmatisme, cet acte
de
foi optimiste dans le cours « dialectique » de l’Histoire, qui caract
1533
te de foi optimiste dans le cours « dialectique »
de
l’Histoire, qui caractérisent la position marxiste. Par contre, les b
1534
es bases doctrinales exposées ici par des membres
d’
Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales
1535
trinales exposées ici par des membres d’Esprit ou
de
L’Ordre nouveau , pour n’être pas entièrement originales, ne peuvent
1536
re pas entièrement originales, ne peuvent manquer
de
déconcerter tous ceux qui n’imaginent de choix possible qu’entre un c
1537
manquer de déconcerter tous ceux qui n’imaginent
de
choix possible qu’entre un capitalisme plus ou moins fascistisé, et u
1538
disé. Les marxistes détiennent l’avantage certain
de
tabler sur une utopie partiellement traduite en faits. C’est même, à
1539
traduite en faits. C’est même, à voir les choses
de
près, leur meilleur argument contre les révolutionnaires non marxiste
1540
les voir déjà préparer en sous-main des terrains
d’
entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’é
1541
e en vain quelle idéologie les empêcherait encore
de
répondre aux invites de ces parents naguère inavouables, mais qui sou
1542
ie les empêcherait encore de répondre aux invites
de
ces parents naguère inavouables, mais qui soudain font mine de « réus
1543
s naguère inavouables, mais qui soudain font mine
de
« réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intér
1544
de « réussir ». N’est-ce donc plus qu’un conflit
d’
intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas l
1545
N’est-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et
d’
intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réel
1546
as les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels
d’
un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’h
1547
s avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge
d’
hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une
1548
maine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni pour celui
de
demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et
1549
plement. Les uns croient, avec Marx, à la réalité
d’
une dialectique ternaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement de
1550
rnaire ; ils placent leur espoir dans l’avènement
de
synthèses successives, acheminant l’espèce vers un équilibre final, t
1551
ique du conflit nécessaire et vital. Il n’y a pas
de
« troisième terme », — ou c’est la mort49. Mais la co-efficience de d
1552
me », — ou c’est la mort49. Mais la co-efficience
de
deux termes vrais, et assumés comme tels, c’est la personne. L’opposi
1553
sumés comme tels, c’est la personne. L’opposition
de
Proudhon et de Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’
1554
s, c’est la personne. L’opposition de Proudhon et
de
Marx, sur le terrain économique, traduit exactement l’opposition de K
1555
rrain économique, traduit exactement l’opposition
de
Kierkegaard et de Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira dema
1556
traduit exactement l’opposition de Kierkegaard et
de
Hegel dans le domaine religieux. Elle traduira demain l’opposition de
1557
s patries personnalistes. Mais où sont les motifs
de
notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous
1558
ntaires : elle n’est qu’une projection du conflit
de
la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « moral
1559
nflit de la personne. Les marxistes nous accusent
de
mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la notion de pers
1560
tions « morales » — ainsi désignent-ils la notion
de
personne ! — aux forces politiques et historiques qui, selon eux, dét
1561
ntièrement le devenir révolutionnaire. Mais c’est
de
la mythomanie : les « Forces économiques », dont ils parlent avec tre
1562
ec tremblement, n’existent pas. Elles font partie
de
ces créations pseudo-mystiques qui pullulent dans un monde athée. Que
1563
évolutionnaire, et que nier cette valeur décisive
de
la personne, c’est désarmer la révolution. Mais il y a plus. Si la pe
1564
i la personne est véritablement l’élément décisif
de
la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des f
1565
se agir sur les faits autrement que par une suite
de
coups de force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme r
1566
ur les faits autrement que par une suite de coups
de
force, d’actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
1567
ts autrement que par une suite de coups de force,
d’
actes créateurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux de la mati
1568
teurs, — révolutionnant le déterminisme rigoureux
de
la matière abandonnée à elle-même ? La dialectique historique à trois
1569
mps est une arbitraire projection dans les choses
d’
un mécanisme de « l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme in
1570
itraire projection dans les choses d’un mécanisme
de
« l’intelligence-outil ». Théorie dont le fatalisme interne reparaît
1571
révolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’opium
de
la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’é
1572
3° La conception personnaliste est seule capable
d’
édifier un monde culturel, économique et social qu’anime un risque per
1573
duit l’aventure humaine à un déroulement indéfini
de
changements, justiciables tout au plus de la statistique. Mais les ma
1574
ndéfini de changements, justiciables tout au plus
de
la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce ter
1575
ction ? Est-ce un opportunisme purement tactique,
d’
allure électorale ? « Toutes les tentatives qui ne se fondent pas sur
1576
s sur la classe révolutionnaire ne comportent pas
de
points d’application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion
1577
lasse révolutionnaire ne comportent pas de points
d’
application », écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos i
1578
», écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion »
de
nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les
1579
de nos intellectuels, même marxistes. Abdication
de
la pensée entre les mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
1580
mains du prolétaire qui, justement, avait besoin
d’
être conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêve
1581
tement, avait besoin d’être conduit par la pensée
de
quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui o
1582
s les révolutions ! Lénine réussit une révolution
d’
intellectuels dans un pays qui compte à cette époque moins de 3 millio
1583
uels dans un pays qui compte à cette époque moins
de
3 millions d’ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bo
1584
ays qui compte à cette époque moins de 3 millions
d’
ouvriers sur une population de 160 millions, et où la bourgeoisie exis
1585
moins de 3 millions d’ouvriers sur une population
de
160 millions, et où la bourgeoisie existe à peine en tant que classe,
1586
1932, le parti ne compte encore que deux millions
de
membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
1587
contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions
d’
un Lénine n’étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de
1588
t pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement
de
l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la
1589
Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme
de
la réussite, à un fatalisme, à un pragmatisme historique dont le fond
1590
rique dont le fondement matérialiste n’exige rien
de
moins qu’un acte de foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindr
1591
ent matérialiste n’exige rien de moins qu’un acte
de
foi. Un tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance de succès ?
1592
tel mysticisme a-t-il en France la moindre chance
de
succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des com
1593
ns la ligne des forces révolutionnaires profondes
de
la France. Cette révolte de la personne, c’est la révolte de 89, dans
1594
utionnaires profondes de la France. Cette révolte
de
la personne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable
1595
e. Cette révolte de la personne, c’est la révolte
de
89, dans ce qu’elle garde de valable et de dynamique ; c’est dès à pr
1596
ne, c’est la révolte de 89, dans ce qu’elle garde
de
valable et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvel
1597
évolte de 89, dans ce qu’elle garde de valable et
de
dynamique ; c’est dès à présent le ressort de la nouvelle révolution
1598
et de dynamique ; c’est dès à présent le ressort
de
la nouvelle révolution française. La volonté, la possibilité de ruptu
1599
révolution française. La volonté, la possibilité
de
rupture, affirmée par les politiciens marxistes, mais niée en sous-ma
1600
es, mais niée en sous-main par leur doctrine, est
de
leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeois
1601
vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation
de
leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons dav
1602
oient ainsi triompher à la fois des bourgeois, et
de
la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donne
1603
à la fois des bourgeois, et de la vérité humaine
de
nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux
1604
octrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas
de
pain. Ceux qui ne promettent que du pain, finalement n’en donnent jam
1605
iques et leurs créations politiques, condamnation
de
l’individu, de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), d
1606
créations politiques, condamnation de l’individu,
de
la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes pol
1607
abli. Mais nous allons plus loin dans la critique
de
ce désordre : jusqu’à ce point où le marxisme, révélant sa vraie natu
1608
sa vraie nature, apparaît comme un cas privilégié
de
la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que n
1609
du mot, le salut n’est pas à débattre sur le plan
de
l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seu
1610
ielles permettent à ce suprême et quotidien débat
d’
avoir un sens, un point d’application : la personne. Tel est, en derni
1611
rême et quotidien débat d’avoir un sens, un point
d’
application : la personne. Tel est, en dernière analyse, le fondement,
1612
l est, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu
de
la révolution nouvelle. Ici ; je ne dirai plus nous mais je. À la que
1613
sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes
de
ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle, u
1614
cherche. Ce qu’il faut pour légitimer un système
d’
idées en elles-mêmes justes et opportunes, c’est une violence spiritue
1615
seule chose que les hommes éprouvent dans le fond
de
leur être. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesan
1616
dées une masse volontaire, une pesante contrainte
de
foi, une pureté terrible et humble. Loin de moi la pensée que par des
1617
sée que par des arguments nous pourrons triompher
d’
autre chose que d’arguments. À l’effort admirable du peuple russe retr
1618
guments nous pourrons triompher d’autre chose que
d’
arguments. À l’effort admirable du peuple russe retrouvant la grandeur
1619
tique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront
de
nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’
1620
Les hommes n’entendront de nous que notre volonté
de
sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste.
1621
ntendront de nous que notre volonté de sacrifice,
de
pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de penser juste. La vérité ne
1622
rifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave
de
penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme
1623
rité ne peut exister parmi nous que sous la forme
d’
une accusation personnelle. Il faut savoir entendre ce mutisme formida
1624
peut en donner jusqu’au bout le courage. Je parle
de
la foi chrétienne où je veux être, de ce suprême « choix » qui ne vie
1625
e. Je parle de la foi chrétienne où je veux être,
de
ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me cho
1626
mais qui soudain me choisit, me saisit. Je parle
de
cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin d’arguments pour juge
1627
e cette seule chose au monde qui n’ait pas besoin
d’
arguments pour juger les idoles du monde ; de cette seule chose pour l
1628
soin d’arguments pour juger les idoles du monde ;
de
cette seule chose pour laquelle j’accepterais la mort, parce que ce n
1629
la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit
de
la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pardon
1630
mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est
de
pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me perds
1631
! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien
d’
autre à attendre que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre de l
1632
ien d’autre à attendre que cette force surhumaine
d’
entrer dans l’Ordre de la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions
1633
que cette force surhumaine d’entrer dans l’Ordre
de
la Pauvreté, qui vaincra toutes les révolutions — après les avoir fai
1634
tre la construction entreprise par le capitalisme
d’
État soviétique, contre la mystique productiviste déjà « niée » par la
1635
américaine en particulier. 51. Exemple frappant
de
l’Allemagne : voici un pays enfin qui réunit toutes les conditions th
1636
n éclate. Il ne se passe rien. Parce qu’on manque
de
chefs. Parce qu’il n’y a plus de « personnes ». — La position définie
1637
rce qu’on manque de chefs. Parce qu’il n’y a plus
de
« personnes ». — La position définie par la phrase citée de M. Nizan
1638
nnes ». — La position définie par la phrase citée
de
M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dits « popu
1639
onnaires russes dits « populistes », aux environs
de
1900. Lénine a eu des sarcasmes terribles à l’adresse de ces « héréti
1640
aire ?) 52. Le succès du communisme serait-il «
de
nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic e
1641
s du communisme serait-il « de nous rendre la vie
de
caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nunc , n° 1).
1642
maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée
de
sécurité. Il demande un principe de grandeur, ou simplement quelque c
1643
as sur l’idée de sécurité. Il demande un principe
de
grandeur, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’est pas une
1644
lisation, elle n’est rien que l’absence obsédante
de
la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tienne
1645
n d’insister, une fois de plus, sur cette absence
de
tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre t
1646
e plus, sur cette absence de tout principe vivant
d’
unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de not
1647
cette absence de tout principe vivant d’unité et
d’
union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose
1648
cipe vivant d’unité et d’union, qui est la marque
de
notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cett
1649
on, qui est la marque de notre temps, et la cause
de
notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne se
1650
que de notre temps, et la cause de notre psychose
de
sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, r
1651
n temps à dénoncer et à combattre les instruments
de
la guerre menaçante : politiciens, maîtres de forges, journalistes. L
1652
nts de la guerre menaçante : politiciens, maîtres
de
forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dé
1653
a guerre. Les communistes ont parfaitement raison
de
soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la g
1654
profond : il est dans la conception rationaliste
de
l’État moderne et dans la conception abstraite de l’homme considéré c
1655
de l’État moderne et dans la conception abstraite
de
l’homme considéré comme individu indifférencié. Or ces deux conceptio
1656
Or ces deux conceptions sont également à la base
de
tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureuse
1657
le communisme comme l’agent le plus perfectionné
de
la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’abou
1658
le plus perfectionné de la désagrégation atomique
de
notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la rui
1659
gation dont l’aboutissement fatal serait la ruine
de
toute vie organique et de toute solidarité réelle, tandis qu’il était
1660
t fatal serait la ruine de toute vie organique et
de
toute solidarité réelle, tandis qu’il était, en régime capitaliste, l
1661
ait, en régime capitaliste, la guerre du droit et
de
la justice. Ces simplifications résument des études que nous avons, a
1662
poussées dans le détail53. Elles nous permettent
de
situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi
1663
tion au monde actuel. Elles nous permettent aussi
de
donner sa réelle et pratique importance, dans l’ordre des sanctions i
1664
’ordre des sanctions immédiates, à une opposition
d’
apparence toute philosophique : celle de l’individu et de la personne.
1665
pposition d’apparence toute philosophique : celle
de
l’individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Co
1666
ence toute philosophique : celle de l’individu et
de
la personne. L’égalité contre la fraternité Considérer l’homme
1667
r l’homme en tant qu’individu abstrait (principes
de
89) et fonder sur cet individu toutes les institutions, et la morale,
1668
t la morale, c’est méconnaître la nature concrète
de
l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions, n’ayant pas compt
1669
’homme concret, n’ont pas compté avec le principe
de
tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent.
1670
les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
de
déshumaniser les hommes. Elles cherchent la paix par la stérilisation
1671
qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution
de
la notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue p
1672
sont alors sanglants. L’évolution de la notion
d’
individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous
1673
sanglants. L’évolution de la notion d’individu,
d’
homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenion
1674
volution de la notion d’individu, d’homme en soi,
d’
homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait c
1675
aveur des théories rationalistes et matérialistes
de
l’Encyclopédie. Les théoriciens des droits de l’homme, ayant cru rema
1676
férences entre les hommes, conçurent cette utopie
de
supprimer les différences. Ils se flattaient ainsi d’établir une paix
1677
upprimer les différences. Ils se flattaient ainsi
d’
établir une paix définitive. Ce qui leur permettait de croire possible
1678
ablir une paix définitive. Ce qui leur permettait
de
croire possible une telle égalisation, c’était peut-être l’importance
1679
l’argent. L’argent devenait le principal facteur
de
différenciation entre les hommes. Du moins le plus visible. Il se peu
1680
lles et méprisables. Les premières revendications
d’
égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un
1681
emières revendications d’égalité furent néanmoins
d’
ordre strictement politique. On voulait un système fondé sur l’homme-e
1682
battit pour ce système et on l’obtint. On perdit
de
vue les hommes, dans leur diversité. L’État devint une réalité indépe
1683
tat devint une réalité indépendante, l’expression
de
la collectivité des égaux. Or ces égaux n’existaient pas. Il fallait
1684
tout prix. À la fois pour dissimuler la brutalité
de
cette action, et pour la rendre populaire, on eut recours à des mots
1685
ble au moment même où elle l’imposait sur le plan
de
l’État. On ne le vit pas tout de suite : l’État commença par détruire
1686
aines injustices criantes, détournant l’attention
de
l’injustice permanente et sournoise qu’il établissait parmi les homme
1687
qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui
de
la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan
1688
ait pas le besoin qu’on avait créé55. Dans la vie
de
tous les jours, la revendication de l’égalité ne pouvait se traduire
1689
. Dans la vie de tous les jours, la revendication
de
l’égalité ne pouvait se traduire que par un mécontentement confus et
1690
n mécontentement confus et inextinguible. Le soin
de
fixer empiriquement le niveau de l’égalité idéale revint à l’Opinion
1691
nguible. Le soin de fixer empiriquement le niveau
de
l’égalité idéale revint à l’Opinion publique, c’est-à-dire à la Press
1692
le capital) et à la Publicité. L’homme n’eut plus
de
« prochain », mais seulement, comme le dit Keyserling, des « voisins
1693
ces insupportables et scandaleuses. L’homme cessa
de
croire à ses besoins, à ses désirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée d
1694
sirs réels, et s’hypnotisa sur l’idée du standard
de
vie, défini par comparaison avec « les autres », déterminé par une sé
1695
ison avec « les autres », déterminé par une série
de
facteurs plus ou moins abstraits, artificiels, imposés du dehors et p
1696
homme. Il n’est plus assuré par la responsabilité
de
chacun, mais par le cadre policier de l’État, par l’ambiance morale q
1697
ponsabilité de chacun, mais par le cadre policier
de
l’État, par l’ambiance morale que créent la Presse et la Publicité, e
1698
et détruit la fraternité. Capital, police, lutte
de
classes, guerre. Primauté du paraître sur l’être. La Personne : f
1699
paraître sur l’être. La Personne : fondement
de
la Communauté La personne, c’est l’homme en acte, c’est-à-dire l’h
1700
nstitutions, c’est reconnaître la nature concrète
de
l’homme, qui comporte le conflit. Les institutions qui comptent avec
1701
t avec l’homme concret, comptent avec le principe
de
tout conflit, et ont pour but de rendre les antagonismes féconds pour
1702
avec le principe de tout conflit, et ont pour but
de
rendre les antagonismes féconds pour l’ensemble du corps social. Elle
1703
’union par et dans la diversité créatrice. Fortes
de
leur souplesse, elles empêchent les conflits de s’accumuler et d’écla
1704
s de leur souplesse, elles empêchent les conflits
de
s’accumuler et d’éclater en désordres sanglants. Si le dernier parag
1705
e, elles empêchent les conflits de s’accumuler et
d’
éclater en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe de cette thè
1706
en désordres sanglants. Si le dernier paragraphe
de
cette thèse peut paraître encore utopique, remarquons toutefois qu’il
1707
brimées. L’individu n’a jamais existé qu’à l’état
de
définition. Partir des conflits quotidiens, des conflits d’intérêts e
1708
ion. Partir des conflits quotidiens, des conflits
d’
intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des ré
1709
s conflits quotidiens, des conflits d’intérêts et
d’
idéaux, des conflits qui naissent de la diversité des régions et des r
1710
d’intérêts et d’idéaux, des conflits qui naissent
de
la diversité des régions et des races, — pour les utiliser. Telle est
1711
r les utiliser. Telle est la formule fondamentale
de
notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’e
1712
ation : c’est qu’il ne s’agit pas pour le légiste
d’
établir des équilibres stériles ou forcés, ni des compromis dégradants
1713
mis dégradants pour l’une et l’autre partie, mais
d’
assurer le jeu des tensions normales. Le groupe de L’Ordre nouveau a
1714
d’assurer le jeu des tensions normales. Le groupe
de
L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux de détail comm
1715
pe de L’Ordre nouveau a exposé dans un ensemble
de
travaux de détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces te
1716
dre nouveau a exposé dans un ensemble de travaux
de
détail comment il entendait sauvegarder et orienter ces tensions créa
1717
d’une part, le centre directeur du service civil
de
l’autre. Tension organique entre la commune ou la région d’une part,
1718
commune ou la région d’une part, et la fédération
de
l’autre.) Je ne puis m’attacher ici qu’à définir une attitude spiritu
1719
spirituelle. Les principes qui seront à la base
de
l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seron
1720
s principes qui seront à la base de l’économie et
de
politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la
1721
elles sont identiques à ceux qui seront à la base
de
la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction thé
1722
a vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas
de
distinction théorique et inopérante entre la vie privée et la vie pub
1723
e dans la mesure où il se manifeste concrètement,
d’
une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre
1724
des théories dans le monde abstrait et juridique
de
l’égalité, la personne s’enracine au contraire dans le concret d’une
1725
personne s’enracine au contraire dans le concret
d’
une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’u
1726
ire dans le concret d’une vocation. L’apparition
de
la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car, d’une part, e
1727
apparition de la personne est liée à l’apparition
d’
une tension. Car, d’une part, elle est déterminée par les conditions d
1728
conditions données, d’autre part, elle a pour but
de
les dépasser et de les rendre créatrices. Le type même d’une telle te
1729
d’autre part, elle a pour but de les dépasser et
de
les rendre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui
1730
épasser et de les rendre créatrices. Le type même
d’
une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se ren
1731
me n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison
d’
être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté,
1732
dignité consiste à assumer ce risque. La dignité
de
l’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irres
1733
à assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est
d’
être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « pr
1734
st d’être responsable. Le monde actuel est peuplé
d’
irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme e
1735
ère plus que celle du bourgeois attaché à son bas
de
laine ou prisonnier des assurances. Pour nous, la liberté ne consiste
1736
obligations, mais dans la possibilité pour chacun
de
courir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême de la personne, c’
1737
ourir son risque propre. Ainsi, la valeur suprême
de
la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce
1738
alifier. Ils ont assimilé l’héroïsme au sacrifice
de
toute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’homme dans le gro
1739
de toute vocation personnelle, à l’anéantissement
de
l’homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inver
1740
de l’homme dans le groupe pour le plus grand bien
de
l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer
1741
. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas
de
prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa va
1742
hera pas de prononcer un mot auquel il est urgent
de
rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme véritable, c’est
1743
il est urgent de rendre son prestige et sa valeur
d’
appel. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême de la vocation, c
1744
el. L’héroïsme véritable, c’est la pointe extrême
de
la vocation, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’homme à
1745
tion, c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité
de
l’homme à persévérer dans sa mission particulière en dépit de toutes
1746
rréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit
de
Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homm
1747
ue rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou
de
Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’homme le plus uti
1748
ain. C’est aussi l’homme le plus utile. La morale
de
l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en a
1749
. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale
de
l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un
1750
dre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout,
de
l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de v
1751
. Non pas une morale qui impose un certain nombre
de
vertus officielles, et qui prenne pour modèle le Citoyen-Respectable
1752
le Travailleur en soi. Mais une morale qui exige
de
chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il a
1753
la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
d’
ordre qu’à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter de l’affaib
1754
à ce prix. Une paix véritable ne saurait résulter
de
l’affaiblissement systématique des antagonismes. La paix, l’ordre, la
1755
es droits de l’homme et savent si bien l’empêcher
d’
en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur l
1756
Doctrines et passions Je parle, dans ce livre,
de
philosophie politique et de doctrines sociales ; cela paraîtra sans d
1757
parle, dans ce livre, de philosophie politique et
de
doctrines sociales ; cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité o
1758
nes sociales ; cela paraîtra sans doute un comble
d’
ingénuité ou d’ironie — au choix — à toutes les personnes averties de
1759
cela paraîtra sans doute un comble d’ingénuité ou
d’
ironie — au choix — à toutes les personnes averties de l’état politiqu
1760
onie — au choix — à toutes les personnes averties
de
l’état politique de l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, m
1761
toutes les personnes averties de l’état politique
de
l’Europe ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour u
1762
ens « réalistes ». Voilà pour l’utilité immédiate
de
ce recueil. Qu’est-ce qui conduit les peuples ? me disent les politic
1763
uns ni les autres. Elle prétend agir à l’encontre
de
toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vo
1764
que les tyrannies les plus absurdes ont la vertu
d’
exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne cro
1765
appe : c’est que vos « réalismes » n’ont pas plus
d’
effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous ren
1766
s ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables
de
la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vous, je n’y songe pas. La cri
1767
re davantage s’il se peut. Le monde actuel est né
d’
une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez
1768
alisme » voudrait simplement que l’homme s’arrête
de
penser, et crie avec les loups. Le « réalisme » ainsi conçu et certai
1769
on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle
de
ce qui vit, de ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leu
1770
ce. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit,
de
ce qu’ils vivent. (C’est trop pauvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais
1771
auvre, peut-être, à leurs yeux.) Mais qu’on parle
de
ce dont ils parlent : en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
1772
t ils parlent : en termes d’affiches électorales,
d’
éditoriaux de l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radic
1773
: en termes d’affiches électorales, d’éditoriaux
de
l’Ami du Peuple, de « justifications » aux congrès radicaux : voilà q
1774
hes électorales, d’éditoriaux de l’Ami du Peuple,
de
« justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’e
1775
e ? — Ceci, et cela, pour telles raisons déduites
de
la nature des choses et du destin de l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voy
1776
ons déduites de la nature des choses et du destin
de
l’homme. — Utopie ! Utopie ! Voyez-vous, je préfère encore Léon Blum,
1777
ours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose
d’
électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des ch
1778
tif » Dans nos plans, nous parlons des choses,
de
leur nature et de leurs lois, de leur production, répartition et usag
1779
plans, nous parlons des choses, de leur nature et
de
leurs lois, de leur production, répartition et usage humain, et nous
1780
lons des choses, de leur nature et de leurs lois,
de
leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons obje
1781
plus « élevés » ? Non point, mais les plus dignes
d’
être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les
1782
dignes d’être revendiqués par l’homme responsable
de
son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de
1783
esponsable de son activité : ce sont les intérêts
de
son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nou
1784
on activité : ce sont les intérêts de son métier,
de
son ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humai
1785
e sont les intérêts de son métier, de son ménage,
de
sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des chos
1786
n métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux
de
son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Ma
1787
choses les plus pratiques… Mais eux, ils veulent
de
la mystique, des discours et des revendications « excitantes ». Toute
1788
excitantes ». Toute la politique qu’on leur sert,
de
Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objec
1789
’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent
d’
utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocable
1790
ls se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et
de
gens peu pratiques. Ils répètent au hasard les vocables que l’école p
1791
cole primaire leur a mis dans la tête. — Problème
d’
éducation civique. Incertitude essentielle de toute considération p
1792
e d’éducation civique. Incertitude essentielle
de
toute considération politique Les fins qu’on veut atteindre par l’
1793
le réactionnaire allègue la défense des intérêts
d’
une civilisation, ce qui peut apparaître « spirituel », mais il se tro
1794
l », mais il se trouve qu’à ses yeux les intérêts
de
la civilisation se confondent avec ceux de la classe possédante, qui
1795
térêts de la civilisation se confondent avec ceux
de
la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste a
1796
tuelle, dont le présent état social ne permet pas
de
prévoir la nature. Et je ne donne ici que deux exemples extrêmes, c’e
1797
ule chose paraît claire : il y a des gens qui ont
de
quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas de quoi. Mais cette distinction
1798
qui ont de quoi vivre, et d’autres qui n’ont pas
de
quoi. Mais cette distinction « matérielle » ne se confond nullement a
1799
ue droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas
d’
être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et n
1800
cer la mise en ordre du monde moderne. Importance
d’
une définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution e
1801
dre du monde moderne. Importance d’une définition
de
la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humi
1802
’une définition de la personne. Toute la tactique
de
notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bi
1803
spirituel pour qu’il s’agisse encore, chez elles,
d’
un spirituel vraiment vivant. Le spirituel dont je me réclame a sa réa
1804
est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang
d’
un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre
1805
e » humain et rien qu’humain sera au dernier rang
de
l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est ce
1806
bles dans leur abaissement. C’est cela qu’on perd
de
vue lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté de droit plutôt
1807
lorsqu’on réclame pour le spirituel une primauté
de
droit plutôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré
1808
our le spirituel une primauté de droit plutôt que
de
service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’u
1809
rait que le spirituel soit honoré comme souverain
d’
une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il de d
1810
ntangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût-il
de
droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fonder s
1811
rait fonder son pouvoir que sur l’exercice fidèle
de
sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par
1812
s sociaux des groupes personnalistes, ont coutume
de
les ranger sous une rubrique dont le titre me plaît : Calligrafia pol
1813
me plaît : Calligrafia politica. C’est très bien
de
se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à éc
1814
dèles, qui prévoient les déformations nécessaires
de
l’écriture courante. Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
1815
tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux
de
son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut l’éclairer, cruel et
1816
liquement ? Qui donc oserait encourir la disgrâce
de
l’Opinion, comme Fénelon avait encouru celle du roi ? Qui donc oserai
1817
à l’État personnifié, lui déclarer sans artifices
de
langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente pl
1818
e, l’état où vous êtes ! » Personne ne tente plus
de
délivrer le peuple souverain de ses flatteurs. Il se trouve au contra
1819
nne ne tente plus de délivrer le peuple souverain
de
ses flatteurs. Il se trouve au contraire des centaines de Marat pour
1820
latteurs. Il se trouve au contraire des centaines
de
Marat pour lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines de petits
1821
lui dire qu’il a raison toujours ; des centaines
de
petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouv
1822
lérance qu’on accorde aux flatteurs. Le plus beau
de
l’affaire, c’est qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de
1823
qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes
de
son amour réel, de sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailli
1824
udrait témoigner par des actes de son amour réel,
de
sa pitié pour le peuple trompé, passerait infailliblement pour le plu
1825
s. La seule opposition sérieuse La violence
de
leurs écrits s’accroît, l’aigreur des polémiques s’accroît, les revue
1826
de des lettres, qui me parviennent, me paraissent
de
jour en jour plus absurdes. Ils ont perdu la tête, me dis-je. Pourtan
1827
u la tête, me dis-je. Pourtant non, je n’apprends
d’
aucun d’entre eux qu’il ait commis la plus minime folie. Beaucoup « ad
1828
à quelque argent. Beaucoup proclament la faillite
de
la culture bourgeoise, aucun ne renonce à l’ambition d’y faire figure
1829
culture bourgeoise, aucun ne renonce à l’ambition
d’
y faire figure. Aucun ne rompt, aucun ne risque, tous abondent en just
1830
ndent en justifications éloquentes. Justification
de
leurs actes ? Non. Justifications de leurs intentions, de leurs revir
1831
ustification de leurs actes ? Non. Justifications
de
leurs intentions, de leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés
1832
actes ? Non. Justifications de leurs intentions,
de
leurs revirements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures, de leurs
1833
eurs intentions, de leurs revirements intérieurs,
de
leurs anxiétés intérieures, de leurs préférences individuelles, de le
1834
ements intérieurs, de leurs anxiétés intérieures,
de
leurs préférences individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est-
1835
intérieures, de leurs préférences individuelles,
de
leurs virtualités imaginées. Est-ce que peut-être ils ne croient pas
1836
mets pas en cause leur sincérité, je ne parle que
de
ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le pe
1837
dit le peuple. N’oublions pas que l’intellectuel
d’
aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’a
1838
t avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu
de
s’agiter. Je me méfie toujours des théories d’action que proposent le
1839
eu de s’agiter. Je me méfie toujours des théories
d’
action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa t
1840
croyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie
de
l’inaction. Tous les autres calculent, jusque dans leur désir de scan
1841
Tous les autres calculent, jusque dans leur désir
de
scandaliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle de mettre les
1842
aliser le bourgeois. Il n’y a qu’une façon réelle
de
mettre les pieds dans le plat : c’est de croire. Il n’y a qu’une faço
1843
n réelle de mettre les pieds dans le plat : c’est
de
croire. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est d’agir. Mais d
1844
t : c’est de croire. Il n’y a qu’une façon réelle
de
croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme appre
1845
e. Il n’y a qu’une façon réelle de croire : c’est
d’
agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il co
1846
açon réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel
de
nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses
1847
, ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit
de
faire cette observation simpliste, qui soulève généralement la méfian
1848
i retourne le reproche. Il accepte, en vertu même
de
sa foi, qu’on le condamne ; alors que tous les autres veulent se just
1849
eule opposition réelle, la seule qu’il y ait lieu
de
prendre au sérieux. Autocritique Qu’y a-t-il donc sous cette ré
1850
s assurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement »
de
nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apoca
1851
s ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête
de
l’Apocalypse, le dieu glacé État qu’ils édifient pour le Grand Soir f
1852
u crépuscule qui se prépare, c’est l’Inauguration
de
la Statue du dieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les homme
1853
’est l’Inauguration de la Statue du dieu au seuil
de
la nuit sans histoire où tous les hommes en rangs serrés sans fin mar
1854
! Mais ne le suis-je pas par cette seule volonté
de
l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dan
1855
spéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance
de
grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas ce
1856
s bien plutôt que les autres ne meurent bassement
de
n’en pas mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur
1857
res ne meurent bassement de n’en pas mourir. Mais
d’
où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur de moi-même ? C’est qu’i
1858
mourir. Mais d’où vient encore la révolte ? Sinon
d’
une peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné
1859
s d’où vient encore la révolte ? Sinon d’une peur
de
moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore de me voir entraîné ce soir-là
1860
ne peur de moi-même ? C’est qu’il m’arrive encore
de
me voir entraîné ce soir-là dans leurs rangs, serrant les coudes, ent
1861
rangs, serrant les coudes, entraîné par l’ivresse
de
la fraternité indifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été
1862
r un homme. Et peut-être que tous les jeunes gens
de
ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le li
1863
sme, et le libertinage bourgeois. Dans la révolte
de
la personne contre l’État, il n’y a pas seulement la vision d’un nouv
1864
e contre l’État, il n’y a pas seulement la vision
d’
un nouvel ordre et d’une franchise plus énergique, il y a aussi une dé
1865
’y a pas seulement la vision d’un nouvel ordre et
d’
une franchise plus énergique, il y a aussi une défense contre certaine
1866
certaines complaisances intimes. Je les condamne
d’
autant plus fort que je les comprends mieux, que je les comprends trop
1867
je les comprends trop bien ! J’appelle au secours
de
ma foi cette Révolution qui me fortifiera contre moi-même. J’appelle
1868
tre moi-même. J’appelle ce témoignage irrévocable
de
ma force contre ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin de
1869
révocable de ma force contre ma faiblesse. Misère
de
l’homme, qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de fo
1870
ma faiblesse. Misère de l’homme, qu’il ait besoin
de
fomenter contre lui-même les coups de force de l’histoire ! Folies
1871
ait besoin de fomenter contre lui-même les coups
de
force de l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « fol
1872
in de fomenter contre lui-même les coups de force
de
l’histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois de « folies » pol
1873
histoire ! Folies J’ai parlé plusieurs fois
de
« folies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation qu
1874
olies » politiques. Ne l’ai-je pas fait avec plus
d’
indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière
1875
. Ne l’ai-je pas fait avec plus d’indignation que
de
pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la
1876
indignation que de pitié ? Les hommes se traitent
de
fous par manière d’injure. Mais la folie demande plutôt des soins que
1877
itié ? Les hommes se traitent de fous par manière
d’
injure. Mais la folie demande plutôt des soins que des injures. Cruaut
1878
demande plutôt des soins que des injures. Cruauté
de
la politique : non point que les gens qui la font soient très méchant
1879
la font soient très méchants ; mais ils manquent
de
sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent d’humour.) Anonyma
1880
e sérieux humain. (J’ai dit aussi qu’ils manquent
d’
humour.) Anonymat Ils ont un « front commun », mais ils n’ont pl
1881
Ils ont un « front commun », mais ils n’ont plus
de
visages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’es
1882
r est un mythe. C’est un état vaguement pressenti
de
réussite permanente, un ensemble de facilités matérielles, une assura
1883
ent pressenti de réussite permanente, un ensemble
de
facilités matérielles, une assurance contre tous risques. On n’en peu
1884
rance contre tous risques. On n’en peut rien dire
de
précis, sauf à tomber dans la trivialité (heureux les ventres pleins,
1885
ventres pleins, etc.), car chacun sait que l’état
de
bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanoui
1886
s, éthérées ! La carotte qu’on fixe devant le nez
de
l’âne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporain
1887
uivent presque tous nos contemporains, l’avantage
d’
être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un
1888
qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble,
de
cette félicité promise à ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la
1889
ceux qui auront gardé la foi. On a perdu la force
de
croire, mais on voudrait que la félicité subsiste. Bien plus, on la v
1890
it dès cette vie. Aussi bien n’en espère-t-on pas
d’
autre. L’Évangile ne parle jamais du bonheur57. Il indique à chaque ho
1891
entreprise qui ne laisse aucune place au tourment
de
la recherche du bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est
1892
chacun le sait, elle est surtout la revendication
de
ceux qui voudraient être un peu plus qu’ils ne sont58, et qui s’en tr
1893
ns laquelle ils sont nés, soit par la nature même
de
leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insaisissable et le plus gén
1894
plus insaisissable et le plus généralement révéré
de
nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau co
1895
re n’a su le définir et fixer son niveau concret.
D’
où sa vitalité et son pouvoir mystique. On dit souvent (surtout les in
1896
stique. On dit souvent (surtout les intellectuels
de
gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’
1897
». C’est inexact, parce qu’il n’y a aucune espèce
d’
égalité en France, — en France moins que partout ailleurs. Il faudrait
1898
çais est passionnément attaché à la revendication
de
l’égalité, et d’autant plus passionnément que ses coutumes sociales s
1899
ément attaché à la revendication de l’égalité, et
d’
autant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniq
1900
r ce que cela signifie. Être social, dans le sens
de
sociable, c’est honorer les catégories et conventions sociales, les a
1901
s, les honneurs qui s’attachent au rang, au degré
de
fortune, à la charge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela es
1902
a tout Français pour les allusions, les tournures
de
langage convenues, les « façons » discrètes qui mettent ou qui remett
1903
un à son rang. Et le Français veut bien se vanter
d’
une telle finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit de confronte
1904
e finesse. Jusqu’au moment toutefois où il s’agit
de
confronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’est plus contradic
1905
moyen, né social, et décidé à le rester, a besoin
d’
affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’es
1906
se met à légiférer pratiquement sur le fondement
de
cette égalité abstraite. Car toutes les lois que l’on édicte alors (é
1907
ar toutes les lois que l’on édicte alors (égalité
de
droits) contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité de fait). Et
1908
contredisent aux coutumes dont on vit (inégalité
de
fait). Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences de la raison,
1909
Et si, d’une part, elles satisfont aux exigences
de
la raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’homme, d’autre p
1910
nt aux exigences de la raison, ou à certaine idée
d’
une « dignité » de l’homme, d’autre part, elles entravent le cours hab
1911
e la raison, ou à certaine idée d’une « dignité »
de
l’homme, d’autre part, elles entravent le cours habituel de la vie. E
1912
, d’autre part, elles entravent le cours habituel
de
la vie. Elles créent une aigreur permanente, surtout sensible dans la
1913
la petite bourgeoisie. L’Évangile ne parle jamais
d’
égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et le
1914
s, et les derniers les premiers — dans le Royaume
de
Dieu. Il adresse à chaque homme une vocation : là s’arrête son égalit
1915
: là s’arrête son égalitarisme. Car il n’y a pas
de
comparaison possible, pas d’égalité humaine concevable entre deux voc
1916
me. Car il n’y a pas de comparaison possible, pas
d’
égalité humaine concevable entre deux vocations, une fois qu’elles son
1917
ns, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit
de
les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » d
1918
t de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur
de
se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral
1919
les hommes ont grand-peur de se « différencier »
de
cette façon. À cet égard, l’égalitarisme moral a misé sur la lâcheté
1920
a misé sur la lâcheté humaine. C’est le contraire
d’
un idéal. Perspectives (I) Si l’Amérique se soviétise à son tour
1921
vingt ans tombe sous la domination des compagnies
d’
assurances étatisées, notre chance « personnaliste »reste entière. Ou
1922
ersonnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse
d’
être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La p
1923
e une chance pour devenir la seule chance humaine
de
l’humain. La personne deviendra la revendication unique d’un monde pa
1924
in. La personne deviendra la revendication unique
d’
un monde par ailleurs comblé de biens qu’il ne saura goûter. Le triomp
1925
vendication unique d’un monde par ailleurs comblé
de
biens qu’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi f
1926
personnalisme est aussi fatal que la continuation
de
la vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation de la vie ? C’es
1927
vie. Pas davantage. Qu’est-ce que la continuation
de
la vie ? C’est la renaissance permanente d’une élite, aux dépens de l
1928
ation de la vie ? C’est la renaissance permanente
d’
une élite, aux dépens de laquelle vivent les hommes, et dont tout le p
1929
e plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient
de
faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (Mais
1930
moyen imposé par l’État détend tous les ressorts
de
la création personnelle ? S’il n’y a plus d’élite ? Il n’y aura plus
1931
orts de la création personnelle ? S’il n’y a plus
d’
élite ? Il n’y aura plus personne pour s’en plaindre ; mais plus perso
1932
; mais plus personne non plus pour rien connaître
de
la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.)
1933
ître de la nature du litige humain. Nous mourrons
de
la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du personnalism
1934
socialiste n’est pas encore imaginable. Il dépend
d’
un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinque
1935
L’avènement du régime idéal demandera des siècles
de
travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’
1936
du régime idéal demandera des siècles de travail,
de
sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n
1937
emandera des siècles de travail, de sacrifices et
de
police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu po
1938
fices et de police. Nous connaissons une jeunesse
d’
Europe qui n’a pas attendu pour vivre la permission du marxisme orthod
1939
depuis quelques années, comme une première vision
d’
un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de l
1940
ques années, comme une première vision d’un style
de
vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et
1941
personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût
de
la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas ce sérieux engourd
1942
ler en prison, se taire, négliger les précautions
d’
usage, épouser par amour, faire scandale sans épiloguer, là où il faut
1943
sans épiloguer, là où il faut, mépriser, admirer.
D’
une manière générale, elle admire plutôt les « caractères » que les dé
1944
que les députés ou les littérateurs. Elle a plus
de
dureté et plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-gu
1945
u les littérateurs. Elle a plus de dureté et plus
de
chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va p
1946
rateurs. Elle a plus de dureté et plus de chaleur
d’
âme que la jeunesse bourgeoise d’après-guerre. Elle ne va plus à la re
1947
plus de chaleur d’âme que la jeunesse bourgeoise
d’
après-guerre. Elle ne va plus à la recherche du bonheur, elle ne s’eff
1948
qu’elle est en train de se créer un nouveau style
de
vie. Prendre ses responsabilités, c’est renoncer à justifier ses acte
1949
ens fort et littéral, s’autoriser dans l’exercice
d’
une vocation incomparable. Un trait peut-être résume tous les autres :
1950
jeunesse reste sobre devant la mort, à la mesure
de
sa violence devant la vie. Sobre et prodigue. Grattez un peu le confo
1951
retrouverez ce visage, cette allure, ce sentiment
de
la vie immédiate que vous voyez grandir dans les nouvelles génération
1952
vous voyez grandir dans les nouvelles générations
de
France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen
1953
andir dans les nouvelles générations de France et
d’
Angleterre. Est-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ?59 Aven
1954
ons de France et d’Angleterre. Est-ce l’avènement
d’
un nouvel Ordre européen ?59 Aventures ? La révolution n’est pa
1955
n n’est pas une aventure. Elle est la réalisation
d’
une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, m
1956
aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine
de
l’homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, mais une action
1957
être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi
de
la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendr
1958
n humanité totale que là où il se montre créateur
de
lui-même. Non, ce n’est point un « homme nouveau » que la révolution
1959
n « homme nouveau » que la révolution fait sortir
de
nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui l
1960
s ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré
d’
un régime qui le déshumanise, et dénudé de son hypocrisie bourgeoise.
1961
Délivré d’un régime qui le déshumanise, et dénudé
de
son hypocrisie bourgeoise. Une révolution qui part à l’aventure about
1962
t au risque pour le risque ! La conclusion fatale
de
leur désespoir s’appelle toujours l’État totalitaire. Pessimisme a
1963
simisme actif Quand on part pour une promenade
de
deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on pa
1964
la première heure. Quand on part pour une marche
de
dix-huit heures, on n’est fatigué que vers la cinquième heure. Vers l
1965
fatigue s’étale, devient beaucoup moins sensible.
De
la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmente
1966
me à la dixième heure, par exemple, elle est loin
d’
augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une promenad
1967
par exemple, elle est loin d’augmenter autant que
de
la première à la deuxième heure d’une promenade de deux heures. Voilà
1968
ter autant que de la première à la deuxième heure
d’
une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alp
1969
e la première à la deuxième heure d’une promenade
de
deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de to
1970
romenade de deux heures. Voilà qui est bien connu
de
tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des voyages à pied.
1971
oilà qui est bien connu de tous les alpinistes et
de
tous ceux qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expl
1972
n total indécomposable, et que l’effort le mesure
d’
avance et à chaque moment, comme tel, c’est-à-dire comme un tout. C’es
1973
vous dise : partez pour une course qui n’aura pas
de
fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
1974
evrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir
d’
atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant
1975
royant — celui qui ne croit pas au but — refusera
de
partir, ou tentera de se suicider. Le croyant, au contraire, trouvera
1976
croit pas au but — refusera de partir, ou tentera
de
se suicider. Le croyant, au contraire, trouvera des forces infinies d
1977
mort », portant en lui à chaque moment la mesure
d’
un effort infini. 56. Cela signifie : une vocation concrète, non pa
1978
ion du Christ, opposée à sa réprobation. Elle n’a
de
sens que par rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pa
1979
on. Elle n’a de sens que par rapport à la volonté
de
Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agi
1980
ar rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas
d’
être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui
1981
s d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit
d’
obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus q
1982
our être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ;
de
Lui plaire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus qui est le contenu
1983
il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas
de
se plaire. 58. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revend
1984
re. 58. Par ce plus qui est le contenu paradoxal
de
la revendication d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle es
1985
qui est le contenu paradoxal de la revendication
d’
égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insa
1986
la revendication d’égalité, s’introduit la notion
de
progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibil
1987
on. Curieuse incompatibilité, dans l’état actuel,
de
la mystique du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mys
1988
dans l’état actuel, de la mystique du bonheur et
de
celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès u
1989
de celle du progrès. Le bonheur est une mystique
de
droite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la
1990
t une mystique de droite, le progrès une mystique
de
gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
1991
ogrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre
de
la Résistance. (Note de 1946.)
1992
uche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note
de
1946.)
1993
te la moindre réflexion : ils tiennent les moyens
de
l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du c
1994
tiennent les moyens de l’action pour indépendants
de
ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous le
1995
tion pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient
de
gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêm
1996
e ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou
de
la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat,
1997
, nous les voyons préconiser les mêmes formations
de
combat, exciter des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit d’i
1998
des passions sans rapport aux idéaux qu’il s’agit
d’
imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes li
1999
nt pas leurs moyens ; secundo : qu’ils se moquent
de
ces fins, quelles que soient, par ailleurs, leur conviction et leur s
2000
dés sur cette erreur commune, ils nous reprochent
d’
être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de
2001
nous reprochent d’être sans « force » au service
de
nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent,
2002
» au service de nos vérités. (Ils disent alors :
de
nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet, d’autre force que la pass
2003
: de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet,
d’
autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantag
2004
core qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit
d’
autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le mond
2005
utre chose, comme il s’agit précisément pour nous
de
purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique
2006
s’agit précisément pour nous de purifier le monde
de
leurs moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est
2007
pour nous de purifier le monde de leurs moyens et
de
leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on tra
2008
lle dans le médiocre, on aurait tort, évidemment,
de
raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas d’importance quand le
2009
e raffiner sur la technique. Les moyens n’ont pas
d’
importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts
2010
ne faut pas épauler au hasard. Le grand problème
de
la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite d
2011
problème de la pensée personnaliste est désormais
de
créer une tactique déduite de la nature de la personne en acte. Pou
2012
liste est désormais de créer une tactique déduite
de
la nature de la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous di
2013
ormais de créer une tactique déduite de la nature
de
la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la f
2014
te de la nature de la personne en acte. Pouvoir
de
la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pou
2015
, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage
de
la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’imagine volonti
2016
, des personnes animées par une certitude qui est
de
l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
2017
l. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à douter
de
lui-même, l’armée n’est plus une arme entre les mains des gouvernants
2018
é qu’il soit, s’écroule, dès lors que le principe
de
son pouvoir se montre défaillant. Car, en fait comme en droit, l’auto
2019
t, l’autorité revient à ceux qui savent témoigner
de
la plus grande violence spirituelle. L’exemple récent de l’Allemagne
2020
lus grande violence spirituelle. L’exemple récent
de
l’Allemagne le prouve. Schleicher et la République de Weimar disposai
2021
hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier
de
tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyst
2022
rsé presque sans coup férir par quelques milliers
de
bolchéviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan de la tactique
2023
éviques mal armés, mais bien dirigés. Sur le plan
de
la tactique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir de la personn
2024
tique révolutionnaire, il faut traduire « pouvoir
de
la personne » par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une
2025
raduire « pouvoir de la personne » par « solidité
de
la doctrine ». Je m’aiderai ici d’une image autorisée, me semble-t-il
2026
par « solidité de la doctrine ». Je m’aiderai ici
d’
une image autorisée, me semble-t-il, par toute l’histoire des révoluti
2027
jugements et des décisions, c’est toujours autour
d’
un petit noyau solide et fixe que s’opère le rassemblement. En d’autre
2028
rovoqué lui-même l’insurrection. La première arme
d’
une révolution véritable, c’est la doctrine de l’ordre qu’elle entend
2029
rme d’une révolution véritable, c’est la doctrine
de
l’ordre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument
2030
ge certaines opportunités imprévues, il n’y a pas
d’
exemple que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. L
2031
és imprévues, il n’y a pas d’exemple que les buts
de
la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalini
2032
Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas
de
l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » f
2033
URSS stalinienne est très typique. La dictature «
de
transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre po
2034
ture « de transition » fut installée au lendemain
de
la révolution d’Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau
2035
ion » fut installée au lendemain de la révolution
d’
Octobre pour assurer provisoirement le régime nouveau dans des positio
2036
préparées. Cette tactique, infidèle au but final
de
la doctrine de Marx (anarchique), n’a pas tardé à poser des problèmes
2037
te tactique, infidèle au but final de la doctrine
de
Marx (anarchique), n’a pas tardé à poser des problèmes pratiques tout
2038
problèmes pratiques tout à fait étrangers au but
de
la révolution. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se sont rév
2039
i urgents que la doctrine, toujours ajournée sous
d’
excellents prétextes, a fini par perdre toute sa virulence. La révolut
2040
toute sa virulence. La révolution russe, perdant
de
vue ses objectifs véritables, s’égare sur des voies de manœuvres qui
2041
e ses objectifs véritables, s’égare sur des voies
de
manœuvres qui conduisent à l’État totalitaire. La force véritable d’u
2042
nduisent à l’État totalitaire. La force véritable
d’
un groupe numériquement restreint réside tout entière dans sa bonne co
2043
dans la cohésion, la lucidité et l’intransigeance
de
ses constructions, de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
2044
ucidité et l’intransigeance de ses constructions,
de
ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être ri
2045
propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien
d’
autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer quelques m
2046
et ne peut être rien d’autre que l’actualisation
de
sa doctrine. Avant de proposer quelques maximes tactiques déduites de
2047
t de proposer quelques maximes tactiques déduites
de
notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelqu
2048
otre position personnaliste, il n’est pas inutile
de
formuler quelques remarques sur la fonction générale — indépendante d
2049
générale — indépendante du contenu particulier —
d’
une doctrine révolutionnaire. 1° La doctrine situe les faits au fur et
2050
1° La doctrine situe les faits au fur et à mesure
de
leur apparition. Elle constitue le sûr appui grâce auquel on peut rés
2051
appui grâce auquel on peut résister au choc moral
de
la surprise. Dans la panique générale, dans le désordre inévitable, e
2052
, dans le désordre inévitable, elle est la pierre
de
touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls
2053
désordre inévitable, elle est la pierre de touche
de
l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeure
2054
ent tout seuls et dans tous les sens — mais celle
d’
un regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révol
2055
ns tous les sens — mais celle d’un regard précis,
d’
une visée ferme ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’est pas
2056
regard précis, d’une visée ferme ; 2° La doctrine
d’
un groupe révolutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est auss
2057
e conscience. C’est là, dit-on, l’aspect primaire
de
toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts de la révolution so
2058
toute doctrine militante. Qu’importe, si les buts
de
la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité de
2059
révolution sont assez hauts ? Les revendications
de
la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C
2060
et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine
de
la révolution qui les rassemble, les oriente et leur donne à la fois
2061
lution véritable. La doctrine est seule créatrice
d’
une liberté que l’homme des rues reste incapable de forger avec toute
2062
’une liberté que l’homme des rues reste incapable
de
forger avec toute sa brutalité, ses injustices et ses colères désordo
2063
sure toujours l’imperfection du travail doctrinal
de
la révolution. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est ins
2064
on peut bien dire que la doctrine est instrument
de
paix, au moins autant que de rénovation : à condition qu’on ne l’oubl
2065
trine est instrument de paix, au moins autant que
de
rénovation : à condition qu’on ne l’oublie pas en route, et qu’on sac
2066
ragiquement cette thèse. Que se passait-il, place
de
la Concorde, au moment où les gardes mobiles s’ébranlèrent ? Pour rés
2067
ule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs
de
l’ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre. De pa
2068
ordre » (les Anciens Combattants) et des gardiens
de
l’ordre. De part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; d
2069
Anciens Combattants) et des gardiens de l’ordre.
De
part et d’autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’
2070
mbattants) et des gardiens de l’ordre. De part et
d’
autre, une conception très vague de l’ordre ; de part et d’autre, aucu
2071
re. De part et d’autre, une conception très vague
de
l’ordre ; de part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine coh
2072
t d’autre, une conception très vague de l’ordre ;
de
part et d’autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et luc
2073
une conception très vague de l’ordre ; de part et
d’
autre, aucun pouvoir réel, aucune doctrine cohérente et lucide. Les un
2074
ommander. Attaque improvisée, mauvaise conscience
de
la défense : trente morts attestent cette double carence61. Maxime
2075
orts attestent cette double carence61. Maximes
d’
une tactique personnaliste 1. Il faut déduire les moyens de la fin.
2076
ue personnaliste 1. Il faut déduire les moyens
de
la fin. (Les staliniens me paraissent prisonniers d’une maxime invers
2077
la fin. (Les staliniens me paraissent prisonniers
d’
une maxime inverse.) 2. Ne rien utiliser qui n’ait déjà sa place prévu
2078
nation des partis purement électoraux, des moyens
de
propagande de masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute cen
2079
tis purement électoraux, des moyens de propagande
de
masses, etc. Méfiance méthodique à l’égard de toute centrale bureaucr
2080
égard de toute centrale bureaucratique. Nécessité
d’
un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir qu
2081
lit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire
de
beaucoup discourir sur les autres vertus morales.) 4. Mieux vaut un c
2082
le dont dépendra la décision. On parle volontiers
de
ces fameux « impondérables », et l’on persiste néanmoins à travailler
2083
comme mise en ordre. Cela signifie que la période
de
transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’in
2084
conduisent fatalement à stabiliser la « dictature
de
transition » et, de la sorte, elles étranglent la révolution dès ses
2085
t à stabiliser la « dictature de transition » et,
de
la sorte, elles étranglent la révolution dès ses premiers succès.) 6.
2086
ses premiers succès.) 6. Les « centres nerveux »
d’
un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceu
2087
Les « centres nerveux » d’un pays, dont il s’agit
de
se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais s
2088
s.) 7. Ce n’est pas la masse informe qu’il s’agit
d’
émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les fo
2089
personnes responsables, chacune pour son compte,
de
postes définis.) Le combat singulier La troupe d’assaut reste l
2090
tes définis.) Le combat singulier La troupe
d’
assaut reste l’expression adéquate d’une méthode de gouvernement antip
2091
La troupe d’assaut reste l’expression adéquate
d’
une méthode de gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais
2092
’assaut reste l’expression adéquate d’une méthode
de
gouvernement antipersonnaliste, démocratique au mauvais sens du terme
2093
urrait revendiquer à juste titre l’usage exclusif
de
l’épithète « démocratique », si le mot n’était perverti par l’usage q
2094
individualistes et les collectivistes.) La troupe
d’
assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre à
2095
collectivistes.) La troupe d’assaut et la brigade
de
choc sont instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un
2096
e d’assaut et la brigade de choc sont instruments
de
dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux a
2097
uments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre
d’
un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son honneur :
2098
’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres
de
chevalerie. Son honneur : le combat singulier. C’est-à-dire la conquê
2099
dans leur situation particulière. L’établissement
de
relations concrètes d’homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pa
2100
ticulière. L’établissement de relations concrètes
d’
homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richess
2101
lissement de relations concrètes d’homme à homme,
de
prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse consistant à sa
2102
ue le monde n’est jamais plus fort qu’une volonté
de
pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune d
2103
lus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais
d’
une pauvreté qui ne se mesure pas à l’aune des bourgeois, qui se révèl
2104
des bourgeois, qui se révèle par les témoignages
de
la liberté qu’elle assure. Ordre secret et fraternel au milieu de la
2105
1. Je conserve ce petit exemple, comme symbolique
de
bagarres ultérieures, dont nous ne sommes pas près de sortir ! (1946.
2106
é « l’impondérable » qui a déclenché le mouvement
de
résistance en 1940, alors que le souvenir des meetings de « masses an
2107
tance en 1940, alors que le souvenir des meetings
de
« masses antifascistes » n’évoquait plus que la rancœur de l’impuissa
2108
es antifascistes » n’évoquait plus que la rancœur
de
l’impuissance. (Note de 1940.)
2109
quait plus que la rancœur de l’impuissance. (Note
de
1940.)
2110
ail, ou la superstition du loisir — c’est affaire
d’
accent mis sur le premier ou sur le second membre de la phrase —, ce c
2111
accent mis sur le premier ou sur le second membre
de
la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée
2112
nd membre de la phrase —, ce cri est significatif
de
l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste. De cette
2113
quivoque cultivée par la bourgeoisie capitaliste.
De
cette équivoque, sans doute pensa-t-elle pouvoir rester longtemps la
2114
mps la dernière à souffrir. Elle risque cependant
de
se voir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement
2115
sait en 1933 à quel morne cauchemar aux sursauts
de
mitraille conduisent ces deux revendications confusément mêlées dans
2116
les citadines. Nous ne manquerons aucune occasion
de
critiquer dans cette revue71 la morale du travail sur laquelle le mon
2117
sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente
de
cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline pre
2118
rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite
de
Benjamin Franklin. Pour cette fois, utilisant un exemple que l’angois
2119
r cette fois, utilisant un exemple que l’angoisse
de
l’heure rend particulièrement concret, celui du chômage, bornons-nous
2120
, bornons-nous à montrer les conséquences fatales
d’
une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est d
2121
s d’une erreur à peu près universelle. ⁂ Le terme
de
« travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
2122
devenu dans le monde moderne à peu près synonyme
de
travailleur industriel. Le « travailleur » des réunions électorales,
2123
lleur » des réunions électorales, c’est l’ouvrier
d’
usine, l’homme lié à la machine. Cette assimilation en dit long sur la
2124
ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but
de
la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en principe,
2125
fet, quel est le but de la machine ? Une économie
de
travail. Le machinisme est, en principe, destiné à créer du loisir, d
2126
tte société n’accorde pas au loisir, but secret72
de
la plupart de ses membres, la dignité morale qu’elle attribue au trav
2127
rt à créer des possibilités toujours plus grandes
de
loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation
2128
r. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce
de
dégradation, dans la mesure même où son effort pratique aboutit : au
2129
où son effort pratique aboutit : au lieu de créer
de
la liberté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’es
2130
du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même
de
la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait prévoir ses effets dès
2131
absorbés par des activités nouvelles. À la faveur
de
l’optimisme puéril qui caractérise le xixe siècle, capitalistes et i
2132
— comme se l’imaginent aujourd’hui les brigadiers
de
choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait
2133
ourd’hui les brigadiers de choc — que, le domaine
de
la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieu
2134
production étant illimité, il n’y avait pas lieu
de
prévoir sérieusement le moment où, une certaine limite d’absorption é
2135
ir sérieusement le moment où, une certaine limite
d’
absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir rée
2136
nte, le machinisme développerait son pouvoir réel
de
« libération ». La liberté fait plus peur qu’envie au commun des mort
2137
purement théorique, on la célébrait, sous le nom
de
Progrès, comme une possibilité perpétuellement future. Le jour où ell
2138
é perpétuellement future. Le jour où elle a cessé
d’
être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage,
2139
elle a cessé d’être illusoire, on s’est vu forcé
de
la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est
2140
bourgeois ou « quinquennal ». Il n’y aura jamais
de
liberté possible, efficace, pratique, que dans un monde où le spiritu
2141
régime capitaliste. Si nous examinons les courbes
d’
accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons
2142
te. Si nous examinons les courbes d’accroissement
de
la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascens
2143
rbes d’accroissement de la productivité par homme
de
1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et
2144
lente et passe, par exemple, pour les États-Unis,
de
l’index 100 en 1899 à l’index 104 en 191973. Durant toute cette pério
2145
en 191973. Durant toute cette période, la courbe
de
la production poursuit une ascension à peu près parallèle, de même qu
2146
diquant le nombre des employés. Il n’y a pas lieu
de
douter du Progrès. Il y a plutôt lieu d’augmenter les salaires, preuv
2147
pas lieu de douter du Progrès. Il y a plutôt lieu
d’
augmenter les salaires, preuves grossières et démagogiques de l’excell
2148
les salaires, preuves grossières et démagogiques
de
l’excellence d’un système dont il importe que les victimes ne mettent
2149
reuves grossières et démagogiques de l’excellence
d’
un système dont il importe que les victimes ne mettent jamais en quest
2150
ue réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe
de
productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouveau puisse
2151
é qui tient du fantastique. L’index général passe
de
104 en 1919 à 125 en 1923. Si l’on considère l’une après l’autre les
2152
e. En prenant pour base l’année la plus favorable
de
la période précédente, c’est-à-dire 1914, on passe ainsi pour la méta
2153
-à-dire 1914, on passe ainsi pour la métallurgie,
de
100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole, de 100 à 183 ; enfin pou
2154
, de 100 en 1914 à 159 en 1925 ; pour le pétrole,
de
100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311. D’un tel fait, q
2155
pétrole, de 100 à 183 ; enfin pour le caoutchouc,
de
100 à 311. D’un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l
2156
à 183 ; enfin pour le caoutchouc, de 100 à 311.
D’
un tel fait, qu’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire de no
2157
’on peut bien dire sans précédent dans l’histoire
de
notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contri
2158
oudrais insister maintenant que sur son caractère
de
jugement du système. Les circonstances actuelles y prêtent, il faut l
2159
re plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté
de
la démonstration. Car si le chômage technologique provoqué par l’augm
2160
30, dans une mesure à vrai dire décroissante, par
de
multiples facteurs temporaires74 qui en masquent les effets statistiq
2161
guère que depuis trois ou quatre ans que le saut
de
1921 déploie tout son pouvoir « libérateur ». Et voici le capitalisme
2162
dustriel, placé soudain devant le succès inespéré
de
ses efforts techniques, qui prend peur et porte lui-même les première
2163
partout la rationalisation et rachète les brevets
d’
invention comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On s
2164
n et rachète les brevets d’invention comme autant
d’
emplâtres à coller sur sa jambe de bois. On se demande, non sans scept
2165
on comme autant d’emplâtres à coller sur sa jambe
de
bois. On se demande, non sans scepticisme d’ailleurs, s’il admettra u
2166
ra un jour qu’il conviendrait aussi, par exemple,
de
faire sauter le tabou du profit, lequel ne tarderait pas à entraîner
2167
ait pris une conscience vraiment révolutionnaire
de
son vice interne, vice qui affecte dès l’origine sa conception de la
2168
rne, vice qui affecte dès l’origine sa conception
de
la valeur du travail et, conséquemment, du loisir. Il ne semble pas q
2169
, associée à une conception purement quantitative
de
l’activité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quas
2170
antitative de l’activité, n’est plus une mystique
de
classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » s
2171
ière inerte, une quantité calculable, justiciable
de
la statistique, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en
2172
est en URSS) selon les seules nécessités internes
de
la production machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce de ma
2173
a production machiniste, et comme s’il s’agissait
d’
une espèce de macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’
2174
machiniste, et comme s’il s’agissait d’une espèce
de
macaroni informe, voilà qui ne scandalise les masses qu’à partir du j
2175
onstitue au contraire la contre-épreuve éclatante
de
ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est lo
2176
la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons
d’
avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en R
2177
ce que nous venons d’avancer : parce que le champ
d’
absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre
2178
vancer : parce que le champ d’absorption est loin
d’
être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux mach
2179
à tous bouche bée devant la plus inhumaine erreur
de
l’Histoire. Tout a commencé par les philosophes, le jour où, à la per
2180
nne créatrice, ils ont substitué pour les besoins
de
leurs systèmes l’individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et
2181
trait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu
de
résistance active. Alors le travail créateur, seul travail qui n’impl
2182
la négation du loisir, qui ne vide pas le loisir
de
toute signification positive mais bien au contraire en figure la plén
2183
travail véritable a fait place dans les desseins
de
l’homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’est mis à calcule
2184
l’infini. Du peuple on a fait une masse, — comme
de
la personne un numéro. De la patrie on a fait la nation, — et des att
2185
fait une masse, — comme de la personne un numéro.
De
la patrie on a fait la nation, — et des attachements humains, des cha
2186
ciales. Du travailleur on a fait un salarié, — et
de
sa liberté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel
2187
pleine efficacité ceux pour lesquels il n’est pas
de
salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et proprement
2188
que du travail quantitatif tend à vider le loisir
de
tout contenu concret. 73. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous uti
2189
Economic Service. 74. Tels que l’accroissement
de
l’embauche dans le bâtiment, la construction des voies de communicati
2190
auche dans le bâtiment, la construction des voies
de
communication, ou la création d’innombrables industries, accessoires
2191
uction des voies de communication, ou la création
d’
innombrables industries, accessoires de celle de l’automobile. 75. Ca
2192
a création d’innombrables industries, accessoires
de
celle de l’automobile. 75. Car la protestation contre le scandale du
2193
n d’innombrables industries, accessoires de celle
de
l’automobile. 75. Car la protestation contre le scandale du profit p
2194
n contre le scandale du profit patronal s’émousse
d’
autant plus que la misère grandit. C’est une des leçons de la crise.
2195
plus que la misère grandit. C’est une des leçons
de
la crise. 76. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’
2196
s écrivains courent admirer là-bas la fabrication
d’
une casserole en treize minutes. — « Nous ferons mieux que l’Amérique
2197
dernier mérite et conditionne le « matérialisme »
de
ce siècle, de même que cette séparation de l’esprit et de la matière
2198
isme » de ce siècle, de même que cette séparation
de
l’esprit et de la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et l
2199
ècle, de même que cette séparation de l’esprit et
de
la matière dénature et dégrade à la fois l’esprit et la matière, et r
2200
s l’esprit et la matière, et risque, à la limite,
de
les priver de toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
2201
la matière, et risque, à la limite, de les priver
de
toute raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corrupt
2202
isque, à la limite, de les priver de toute raison
d’
être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle
2203
raison d’être efficace, — ainsi et parallèlement,
de
la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption
2204
: « je turbine » ou « je ne fous rien ». Phrases
d’
esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’h
2205
joie. Une totalité. Et s’il divise alors le temps
de
ses journées, c’est pour mieux dominer ses moyens. Selon sa loi. Mais
2206
roduis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant
de
ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’iso
2207
en « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et
de
séparations hargneuses, de constats d’injustice, d’isolement et d’imp
2208
autant de ruptures et de séparations hargneuses,
de
constats d’injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de no
2209
uptures et de séparations hargneuses, de constats
d’
injustice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées e
2210
séparations hargneuses, de constats d’injustice,
d’
isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de
2211
rgneuses, de constats d’injustice, d’isolement et
d’
impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 h
2212
ustice, d’isolement et d’impuissance. La division
de
nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dér
2213
uissance. La division de nos journées en 8 heures
de
travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes cr
2214
e nos journées en 8 heures de travail et 8 heures
de
loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime s
2215
ateurs. Elle exprime simplement l’état accidentel
d’
un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le cont
2216
en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle
de
la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remet
2217
onymes naissent et grandissent à la mesure exacte
de
nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie
2218
missions personnelles : genèse des mythiques lois
de
l’économie, de l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « tra
2219
nelles : genèse des mythiques lois de l’économie,
de
l’histoire. Lorsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’est pl
2220
il » n’est plus que souffrance. Il ne s’agit plus
d’
accoucher, mais seulement de purger sa peine. C’est alors qu’un Frankl
2221
ce. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement
de
purger sa peine. C’est alors qu’un Franklin, qu’un Guizot, qu’un Stal
2222
t cette démission en dignité nouvelle. La dignité
de
l’homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « ga
2223
ieure. Les singes gagnent leur vie et ne font pas
d’
histoires. Ils ne font pas tant de publicité et de plans quinquennaux.
2224
d’histoires. Ils ne font pas tant de publicité et
de
plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni
2225
n a voulu mettre l’esprit au service du « minimum
de
vie » que n’importe quel animal s’assure à moins de frais. Sinistre f
2226
vie » que n’importe quel animal s’assure à moins
de
frais. Sinistre farce. Morale officielle de la Troisième République,
2227
moins de frais. Sinistre farce. Morale officielle
de
la Troisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons i
2228
ce. Morale officielle de la Troisième République,
de
l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme
2229
e et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité
de
l’homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perd
2230
vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure
de
notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre se
2231
e nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas
d’
autre sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité
2232
sens pour nous. Bourgeois et marxistes partent
de
la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du
2233
nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons
de
la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cette oppositi
2234
le, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit
de
prendre au tragique l’opposition toute relative du communisme et du c
2235
du communisme et du capitalisme. Ils partent donc
de
la nécessité. Ils n’arriveront jamais à la liberté, au loisir plein.
2236
loisir plein. Si la liberté n’est pas à l’origine
d’
un système, elle ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins d’une
2237
e ne s’introduira jamais dans ses effets (à moins
d’
une révolution). Mais il y a plus. Tout travail qu’on limite à la néce
2238
a plus. Tout travail qu’on limite à la nécessité
d’
assurer le minimum de vie se trouve condamné par là même à ne jamais s
2239
qu’on limite à la nécessité d’assurer le minimum
de
vie se trouve condamné par là même à ne jamais suffire à cette nécess
2240
s loisir, sans liberté, laisse s’étendre l’empire
de
la nécessité. On aura beau l’intensifier77 : la tâche grandira d’auta
2241
On aura beau l’intensifier77 : la tâche grandira
d’
autant. Et la tristesse. « Le temps vuide » Il semble que la con
2242
sur le travail-nécessité frappe toutes les règles
de
vie que l’homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux
2243
rappe toutes les règles de vie que l’homme essaie
de
se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glorifier ce
2244
du cynisme grossier — « Je gagne mon bifteck » —
de
la morale bourgeoise, et de l’idéalisme socialiste, démocratisation d
2245
gagne mon bifteck » — de la morale bourgeoise, et
de
l’idéalisme socialiste, démocratisation du confort moyen et de la TSF
2246
e socialiste, démocratisation du confort moyen et
de
la TSF dans un monde où le libre divertissement de chacun sera la con
2247
e la TSF dans un monde où le libre divertissement
de
chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propag
2248
e chacun sera la condition du libre abrutissement
de
tous par la propagande électorale. Prendre le travail comme point de
2249
agande électorale. Prendre le travail comme point
de
départ d’un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la ba
2250
ctorale. Prendre le travail comme point de départ
d’
un système économique ou d’une culture, c’est vicier à la base toutes
2251
comme point de départ d’un système économique ou
d’
une culture, c’est vicier à la base toutes les conceptions du loisir q
2252
se toutes les conceptions du loisir qui découlent
de
cette erreur spirituelle ; et principalement la conception abstraite
2253
. On peut en dater l’origine. Dans l’Encyclopédie
de
1765, vous trouverez loisir défini comme « le temps vuide ». Cette no
2254
n reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle
d’
égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinis
2255
le siècle d’égarement que nous tentons maintenant
de
solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si
2256
que nous tentons maintenant de solder. Un siècle
de
machinisme, ou plutôt d’inflation mécanique, si l’on convient que la
2257
ant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt
d’
inflation mécanique, si l’on convient que la mesure du travail ne peut
2258
être prise ailleurs que dans la capacité humaine
d’
utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temp
2259
s vuide. » et c’est chômage. Tout le mal est venu
d’
une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont touj
2260
t chômage. Tout le mal est venu d’une séparation,
d’
une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexe
2261
ant déceler la lâcheté originelle. Car c’est bien
d’
un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience de cette tension créa
2262
Car c’est bien d’un relâchement qu’elle résulte,
d’
une déficience de cette tension créatrice qui seule définit un « temps
2263
’un relâchement qu’elle résulte, d’une déficience
de
cette tension créatrice qui seule définit un « temps plein ». En sort
2264
« temps plein ». En sorte que le « temps vuide »
de
l’Encyclopédie n’est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’
2265
est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement
d’
un temps rempli, d’un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé.
2266
emps vidé, irréel renversement d’un temps rempli,
d’
un travail sans jeu, c’est-à-dire du travail forcé. (La logique du lan
2267
isirs que ses ancêtres consacraient à la création
de
leur puissance, du même coup elle décrète « forcé » le travail des cl
2268
décrète « forcé » le travail des classes chargées
d’
assurer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre. Car si l
2269
et son but ; si le labeur et le repos n’ont plus
de
finalité commune ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni de tr
2270
n’ont plus de finalité commune ; s’il n’y a plus
de
loisir dans le travail ni de travail dans le loisir ; s’il n’y a plus
2271
ne ; s’il n’y a plus de loisir dans le travail ni
de
travail dans le loisir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
2272
sir ; s’il n’y a plus rien dans l’un qui permette
de
saisir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité p
2273
s rien dans l’un qui permette de saisir la nature
de
l’autre, il n’y a plus alors que de l’absurdité pour l’esprit qui les
2274
sir la nature de l’autre, il n’y a plus alors que
de
l’absurdité pour l’esprit qui les confronte, il n’y a plus que du dés
2275
onnateur, ou révolution La tâche restauratrice
de
l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente :
2276
rons d’abord l’erreur rationaliste, la séparation
de
la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en homm
2277
r rationaliste, la séparation de la « pensée » et
de
l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à p
2278
ommes responsables, à penser dans le risque total
de
l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nou
2279
retrouveront leur commun sens : dans l’actualité
de
l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude
2280
tre, où ils ne seront plus que les temps alternés
d’
une plénitude joyeusement renouvelée. L’homme tendu assume dans ses de
2281
lon sa loi pour créer un risque nouveau. Le temps
de
cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creu
2282
Est-ce un long loisir créateur ? Un long travail
d’
enfantement ? Cela ne va pas sans douleur, non plus que sans volupté.
2283
, et fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps
de
l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui
2284
ignité du temps de l’homme. ⁂ Un jour, l’empereur
de
la Chine fait appeler auprès de lui son peintre. « Peins-moi sur ce r
2285
pinceaux. » On fait cela, on déroule une soie. Et
d’
un seul trait miraculeux… 77. On aura beau l’appeler « travail de c
2286
raculeux… 77. On aura beau l’appeler « travail
de
choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature d
2287
avail créateur, l’émulation socialiste n’est rien
d’
autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une échelle
2288
’est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage
de
crâne réalisé sur une échelle que Ford n’avait imaginée qu’en rêve, c
2289
maginée qu’en rêve, c’est la tentative désespérée
de
Staline pour introduire un peu de joie dans une activité qui est la n
2290
e joie dans une activité qui est la négation même
de
la création ; activité purement « nécessitée » par la révolte de 1917
2291
; activité purement « nécessitée » par la révolte
de
1917, qui décréta l’instauration en Russie d’une civilisation américa
2292
lte de 1917, qui décréta l’instauration en Russie
d’
une civilisation américaine dont on s’efforce, à coups de plans, de sa
2293
ivilisation américaine dont on s’efforce, à coups
de
plans, de satisfaire les exigences artificielles.
2294
n américaine dont on s’efforce, à coups de plans,
de
satisfaire les exigences artificielles.
2295
3Groupements personnalistes Le drame
de
la France politique, c’est la carence du socialisme véritable. L’espr
2296
re a détourné la tradition du socialisme français
de
ses buts proprement sociaux. Il a fait de la « gauche » un parti néga
2297
rançais de ses buts proprement sociaux. Il a fait
de
la « gauche » un parti négatif, anticlérical d’abord. Il a créé dans
2298
lancs et rouges s’opposent aujourd’hui exactement
de
la même manière qu’ils s’opposaient en 1848. Mais le monde a changé d
2299
nçais porte deux tares qui l’empêcheront toujours
d’
agir et de créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une tr
2300
e deux tares qui l’empêcheront toujours d’agir et
de
créer : la mystique parlementaire et le marxisme — l’une trop françai
2301
ique dans une large mesure l’impuissance du parti
de
gauche à penser le monde moderne et la situation concrète de la Franc
2302
penser le monde moderne et la situation concrète
de
la France en termes révolutionnaires et politiquement créateurs. Deva
2303
se cherche une tradition, plutôt que des modèles
d’
importation récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays
2304
France est le pays qui a vu le plus grand nombre
de
révolutions depuis cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y éta
2305
s y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait
de
l’échec de la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise
2306
plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec
de
la Réforme. Il n’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soi
2307
ent que l’on peut fonder raisonnablement l’espoir
d’
une rénovation sociale et même culturelle de ce pays. C’est Proudhon,
2308
spoir d’une rénovation sociale et même culturelle
de
ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’un
2309
Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète
d’
une révolution réellement française et humaine. Proudhon qui s’opposai
2310
Proudhon qui s’opposait à Marx au nom des droits
de
la personne. Proudhon qui dénonçait, dans le matérialisme historique,
2311
Kierkegaard critiquait chez Hegel cette mécanique
de
l’histoire qui supprime l’individu, le conflit tragique et la respons
2312
ule vivante encore que peu visible dans la France
d’
aujourd’hui, que se placent les « groupes personnalistes ». Anticapita
2313
on brutale du capitalisme en crise. L’originalité
de
ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu de poser les questi
2314
ces groupes réside d’abord dans leur refus absolu
de
poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
2315
eul refus, ils opèrent déjà ce que le vocabulaire
de
l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un ac
2316
abulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement
de
plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Ils se dressent ainsi
2317
se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif
de
la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
2318
u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits
de
ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
2319
surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà
d’
innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
2320
lement elles s’étaient données pour des doctrines
de
droite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion senti
2321
s’étaient données pour des doctrines de droite ou
de
gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
2322
ite ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre
d’
adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
2323
ntale que les deux groupes refusent avec rigueur.
D’
où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
2324
, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués
de
tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
2325
s marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié
de
fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
2326
se voit qualifié de fasciste par les gauches, et
de
bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
2327
s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes
de
jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
2328
y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose
de
vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
2329
quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose
d’
irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
2330
tés dans les travées du Palais-Bourbon. Le Cahier
de
revendications que publiait en 1932, la Nouvelle Revue française , m
2331
ise , manifesta pour la première fois l’existence
de
cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
2332
rs s’est précisée et développée. Les deux groupes
de
tête du mouvement restent à ce jour Esprit et l’Ordre nouveau. Cherch
2333
ques refus massifs, refus du capitalisme créateur
d’
injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
2334
efus du capitalisme créateur d’injustice sociale,
de
guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
2335
talisme créateur d’injustice sociale, de guerres,
de
chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
2336
teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage,
d’
immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
2337
de guerres, de chômage, d’immoralité publique et
d’
un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
2338
e général qui se manifeste jusque dans le domaine
de
la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
2339
ystique, considéré comme une captation, au profit
de
l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
2340
idéré comme une captation, au profit de l’État et
de
la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
2341
inance, du sentiment patriotique originel ; refus
de
la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
2342
ique originel ; refus de la culture bourgeoise et
de
la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
2343
affirmations doctrinales : affirmation des droits
de
la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
2344
e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux
de
l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
2345
it normalement leur être subordonné ; affirmation
de
la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
2346
ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation
de
la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
2347
assez diversement) ; affirmation de la nécessité
de
reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
2348
de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble
de
l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
2349
base l’ensemble de l’organisation économique, et
de
ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
2350
rganisation économique, et de ne pas se contenter
de
réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
2351
tenter de réformes partielles ; affirmation enfin
d’
un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
2352
rit communautaire, fondé non pas sur une mystique
de
race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
2353
nautaire, fondé non pas sur une mystique de race,
de
classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
2354
dé non pas sur une mystique de race, de classe ou
de
parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
2355
jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté
de
leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
2356
s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point
de
départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
2357
s aux prises dans la presse évitent avec ensemble
de
poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
2358
les, et se cantonnent dans des luttes périmées et
de
polémiques malhonnêtes, Esprit et L’Ordre nouveau affirment la né
2359
prit et L’Ordre nouveau affirment la nécessité
de
s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
2360
affirment la nécessité de s’attaquer au problème
de
l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins b
2361
me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent.
D’
où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
2362
acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force
d’
entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
2363
en plus visiblement à mesure que le développement
de
la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
2364
urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point
de
départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
2365
it juste. Il faut encore partir, — sinon le point
de
départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
2366
érile des clercs bourgeois. C’est ici la question
de
la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
2367
uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule
de
base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
2368
ensuite, Politique à leur service. Il est facile
d’
indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
2369
. Il est facile d’indiquer rapidement le principe
de
cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre no
2370
ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion
de
ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, L’Ordre nouveau suspe
2371
engagé dans un conflit concret). Sur cette notion
de
l’homme actif et créateur, se fondait une analyse du pouvoir et des v
2372
ver la première synthèse dans l’ouvrage important
d’
Aron et Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentiel
2373
saire. Sa revendication essentielle : l’abolition
de
la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail78
2374
ition prolétarienne par le moyen du service civil
de
travail78. L’analyse du aboutissait d’autre part à une conception de
2375
lyse du aboutissait d’autre part à une conception
de
l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
2376
édéraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation
de
la personne à un acte, tel est donc le fait spirituel, le fait humain
2377
llence auquel L’Ordre nouveau voulait rattacher
d’
une façon immédiate toutes les institutions. Telle est la « primauté d
2378
e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cessa
d’
invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
2379
l ne cessa d’invoquer au risque, il faut le dire,
de
créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
2380
les plus graves malentendus. (On a cru, ou feint
de
croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
2381
u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que
d’
un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
2382
comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur
de
la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
2383
numéro une conception spiritualiste qui n’a rien
de
commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
2384
avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques
de
droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
2385
ont voulu voir en elle les critiques de droite et
de
gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
2386
le les critiques de droite et de gauche, victimes
de
la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
2387
capitale —, il est incontestable que l’« esprit »
d’
Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ail
2388
est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est
d’
inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
2389
ésordre établi. Elle n’en reste pas moins le lieu
de
rencontre de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incr
2390
i. Elle n’en reste pas moins le lieu de rencontre
de
jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
2391
moins le lieu de rencontre de jeunes écrivains «
de
toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le l
2392
ntre de jeunes écrivains « de toutes croyances et
de
toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête perma
2393
toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu
d’
une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
2394
apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin
d’
un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
2395
bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort
de
reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
2396
era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers
de
la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
2397
de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien
de
la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
2398
listiques, des attaques personnelles qui assurent
d’
ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
2399
aux publications dites révolutionnaires un succès
de
lecture, aux dépens de toute adhésion durable. 78. Celui-ci a fait
2400
78. Celui-ci a fait l’objet des études patientes
d’
un groupe d’ingénieurs et de jeunes industriels. Il a donné lieu à plu
2401
i a fait l’objet des études patientes d’un groupe
d’
ingénieurs et de jeunes industriels. Il a donné lieu à plusieurs expér
2402
des études patientes d’un groupe d’ingénieurs et
de
jeunes industriels. Il a donné lieu à plusieurs expériences concluant
2403
à plusieurs expériences concluantes. Des membres
de
l’ON accomplirent plusieurs périodes de travail dans des usines, où i
2404
s membres de l’ON accomplirent plusieurs périodes
de
travail dans des usines, où ils remplacèrent les ouvriers. Il s’agiss
2405
, où ils remplacèrent les ouvriers. Il s’agissait
de
démontrer par l’exemple la possibilité d’un service de travail analog
2406
gissait de démontrer par l’exemple la possibilité
d’
un service de travail analogue au service militaire, et destiné à assu
2407
montrer par l’exemple la possibilité d’un service
de
travail analogue au service militaire, et destiné à assurer toute la
2408
ute la production mécanisée, c’est-à-dire la part
de
labeur qui revient dans l’ordre actuel aux manœuvres, aux ouvriers no
2409
aboli, et la production dégagée des lois fatales
de
la concurrence libérale et de la concentration capitaliste : le servi
2410
ée des lois fatales de la concurrence libérale et
de
la concentration capitaliste : le service civil de travail dépendrait
2411
e la concentration capitaliste : le service civil
de
travail dépendrait, en effet, d’un office central qui aurait pour tâc
2412
le service civil de travail dépendrait, en effet,
d’
un office central qui aurait pour tâche d’ajuster exactement la produc
2413
effet, d’un office central qui aurait pour tâche
d’
ajuster exactement la production à la consommation. Le rôle de l’État
2414
actement la production à la consommation. Le rôle
de
l’État se confondrait à peu de choses près avec celui de cet office.
2415
at se confondrait à peu de choses près avec celui
de
cet office. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre
2416
oses près avec celui de cet office. Tout le reste
de
la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabi
2417
e » serait libre, et placé sous la responsabilité
de
corporations régionales. Ainsi l’État se trouverait-il réduit à sa pl
2418
il réduit à sa plus simple expression : un bureau
de
statistiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées
2419
simple expression : un bureau de statistiques et
de
répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération de
2420
ipe ce qui intéresse la cité. Aucun des habitants
de
la cité n’a donc le droit de s’en désintéresser. Ou, s’il le fait, il
2421
Aucun des habitants de la cité n’a donc le droit
de
s’en désintéresser. Ou, s’il le fait, il perd le droit de se plaindre
2422
désintéresser. Ou, s’il le fait, il perd le droit
de
se plaindre quand les affaires, à son avis, vont mal. Ainsi parle un
2423
2. Nous voyons aujourd’hui un nombre grandissant
d’
intellectuels proclamer avec émotion leur volonté de s’intéresser à la
2424
intellectuels proclamer avec émotion leur volonté
de
s’intéresser à la cité dont ils sont membres. Cette émotion est celle
2425
té dont ils sont membres. Cette émotion est celle
d’
une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, dont ils a
2426
lle d’une découverte. Ils découvrent que le droit
de
se plaindre, dont ils avaient toujours usé, entraîne le devoir de mod
2427
dont ils avaient toujours usé, entraîne le devoir
de
modifier la situation dont ils se plaignent. Conséquence pour eux si
2428
pour eux si nouvelle, qu’ils éprouvent le besoin
de
« justifier » leurs interventions politiques, — comme si cela n’allai
2429
i cela n’allait pas de soi ! (Exemple : les Pages
de
journal d’André Gide.) Cette fausse honte ou cette mauvaise conscienc
2430
lait pas de soi ! (Exemple : les Pages de journal
d’
André Gide.) Cette fausse honte ou cette mauvaise conscience, cette cr
2431
honte ou cette mauvaise conscience, cette crainte
de
« trahir » en servant, ces raisons que l’on s’efforce de donner, non
2432
ahir » en servant, ces raisons que l’on s’efforce
de
donner, non sans maladresse, avant d’assumer un devoir qui paraîtrait
2433
n s’efforce de donner, non sans maladresse, avant
d’
assumer un devoir qui paraîtrait, en temps normaux, incomber à tout ho
2434
olitique qui fait défaut, mais c’est le sens même
de
la politique en général qui n’est plus clairement aperçu, dans l’élit
2435
al qui n’est plus clairement aperçu, dans l’élite
de
la nation. On sent qu’un homme humain, intelligent, honnête et doué
2436
qu’un homme humain, intelligent, honnête et doué
de
sens critique, se devrait en tout temps de participer à la chose civi
2437
t doué de sens critique, se devrait en tout temps
de
participer à la chose civique ; mais on sent aussi que la politique,
2438
politique, telle qu’elle est conçue et pratiquée
de
nos jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son i
2439
s jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité
de
l’homme, son intelligence, son honneur et ses facultés critiques. À l
2440
ses facultés critiques. À la question qui résulte
de
ce malaise : « faut-il ou non faire de la politique ? », on ne peut r
2441
ui résulte de ce malaise : « faut-il ou non faire
de
la politique ? », on ne peut répondre avec sécurité que si l’on a d’a
2442
raisonnements qui voudraient nous y engager sont
de
misérables sophismes. Mais si la politique devient ce que nous voulon
2443
ent ce que nous voulons qu’elle soit, la question
d’
en faire ou de n’en pas faire ne se pose même plus. 3. La politique, e
2444
s voulons qu’elle soit, la question d’en faire ou
de
n’en pas faire ne se pose même plus. 3. La politique, en France, revê
2445
ats totalitaires (URSS et fascismes). J’essaierai
de
la définir par quatre de ses principaux caractères. a) Elle consiste
2446
fascismes). J’essaierai de la définir par quatre
de
ses principaux caractères. a) Elle consiste d’abord dans la lutte de
2447
ns la lutte des partis. Pour un très grand nombre
de
citoyens, le but à atteindre n’est pas d’abord d’assurer le bon fonct
2448
de citoyens, le but à atteindre n’est pas d’abord
d’
assurer le bon fonctionnement de l’État, la paix publique, la grandeur
2449
n’est pas d’abord d’assurer le bon fonctionnement
de
l’État, la paix publique, la grandeur morale de la nation et le libre
2450
t de l’État, la paix publique, la grandeur morale
de
la nation et le libre déploiement de ses forces créatrices. Le but es
2451
ndeur morale de la nation et le libre déploiement
de
ses forces créatrices. Le but est d’abord de faire triompher tel part
2452
ment de ses forces créatrices. Le but est d’abord
de
faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le parti pour
2453
nd que le tout. Ou encore : le but est simplement
de
militer bruyamment dans le parti, moins par amour passionné pour son
2454
moins par haine des autres partis que par besoin
d’
entretenir de vieux débats dont on connaît par cœur tous les arguments
2455
ine des autres partis que par besoin d’entretenir
de
vieux débats dont on connaît par cœur tous les arguments, et qu’on ai
2456
arguments, et qu’on aime répéter comme le refrain
d’
une chanson idiote mais « qui fait toujours plaisir ». À droite on as
2457
le volontiers la France, « la vraie », aux partis
de
droite. À gauche, on fait volontiers passer la fidélité au parti avan
2458
idélité au parti avant la fidélité au bien commun
de
la nation. Ainsi, quand tout va bien, quand la machine paraît rouler
2459
uand tout va bien, quand la machine paraît rouler
d’
elle-même, dans l’intervalle des crises économiques, les partis devien
2460
les partis deviennent des académies ou des écoles
de
rhétorique vulgaire, et les questions de personnes, le jeu des vieill
2461
s écoles de rhétorique vulgaire, et les questions
de
personnes, le jeu des vieilles rancunes, y priment nécessairement tou
2462
s rancunes, y priment nécessairement toute espèce
de
souci de la cité dans son ensemble, et de son destin créateur. Et qua
2463
s, y priment nécessairement toute espèce de souci
de
la cité dans son ensemble, et de son destin créateur. Et quand tout v
2464
espèce de souci de la cité dans son ensemble, et
de
son destin créateur. Et quand tout va mal, quand la crise est là, les
2465
se mettent à déchirer la nation avec une absence
de
scrupules qui rappelle des temps fort décriés : ceux de la grande féo
2466
upules qui rappelle des temps fort décriés : ceux
de
la grande féodalité guerrière, le pillage du pays par les barons. Je
2467
arons. Je dis que pratiquement — donc en laissant
de
côté les déclarations des congrès — la moderne féodalité des partis n
2468
is n’agit pas autrement vis-à-vis de la nation et
de
ses intérêts supérieurs, que la moderne féodalité des trusts et des b
2469
’un honnête homme, et, de plus, patriote, se doit
de
rejeter tous les partis. Prétendre entrer dans un parti — le moins ma
2470
dans un parti — le moins mauvais ! — pour essayer
de
le réformer ou de l’influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que
2471
moins mauvais ! — pour essayer de le réformer ou
de
l’influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que de prétendre entr
2472
influencer par l’intérieur, c’est aussi malin que
de
prétendre entrer au Conseil d’administration des Forges pour essayer
2473
st aussi malin que de prétendre entrer au Conseil
d’
administration des Forges pour essayer de rendre les canons inoffensif
2474
Conseil d’administration des Forges pour essayer
de
rendre les canons inoffensifs : c’est l’instrument même du parti qui
2475
x comités électoraux et aux députés, des millions
de
citoyens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et de gauche, où
2476
ions de citoyens s’excitent sur les hebdomadaires
de
droite et de gauche, où s’expriment ces idéologies. L’influence de ce
2477
ens s’excitent sur les hebdomadaires de droite et
de
gauche, où s’expriment ces idéologies. L’influence de ces feuilles n’
2478
auche, où s’expriment ces idéologies. L’influence
de
ces feuilles n’est plus niable. J’attends encore l’homme sain qui ose
2479
ne dans leurs échos et leurs leaders l’anthologie
de
la mauvaise foi, de l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancu
2480
et leurs leaders l’anthologie de la mauvaise foi,
de
l’ignorance, des préjugés crétinisants, des rancunes de personnes méd
2481
gnorance, des préjugés crétinisants, des rancunes
de
personnes médiocres et des plaisanteries à tant la ligne la plus prop
2482
e à nous faire envier la suppression des libertés
de
la presse. (Si les journaux des pays fascistes ou communiste se livre
2483
te se livrent parfois, eux aussi, à des débauches
de
mensonges haineux du même calibre, du moins sait-on que la dictature
2484
ibres » !) À lire les revues et les hebdomadaires
de
gauche ou de droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé
2485
lire les revues et les hebdomadaires de gauche ou
de
droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé d’avouer qu’
2486
rédigés par des intellectuels, on est bien forcé
d’
avouer qu’il n’y a plus en France de véritable idéologie politique. Ce
2487
st bien forcé d’avouer qu’il n’y a plus en France
de
véritable idéologie politique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’est
2488
offre sous ce nom n’est qu’un lamentable ramassis
de
phrases empruntées à des révolutions étrangères ou périmées, et de mo
2489
tées à des révolutions étrangères ou périmées, et
de
mots d’ordre soi-disant « tactiques », mis au service non point d’un
2490
oi-disant « tactiques », mis au service non point
d’
un idéal communautaire, mais de passions et d’intérêts sans grande por
2491
service non point d’un idéal communautaire, mais
de
passions et d’intérêts sans grande portée. Pour réfuter le colonel de
2492
int d’un idéal communautaire, mais de passions et
d’
intérêts sans grande portée. Pour réfuter le colonel de la Rocque — pe
2493
petit jeu pour les débutants — les intellectuels
de
gauche n’ont rien trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui est
2494
s — les intellectuels de gauche n’ont rien trouvé
de
mieux que le mot de « fasciste », qui est ridicule en l’occurrence, e
2495
s de gauche n’ont rien trouvé de mieux que le mot
de
« fasciste », qui est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’êtr
2496
qui est ridicule en l’occurrence, et l’accusation
d’
être comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et p
2497
en l’occurrence, et l’accusation d’être comte et
de
s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et pour réfuter le c
2498
affirmer, contre toute évidence, que la doctrine
de
Marx est un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la fa
2499
évidence, que la doctrine de Marx est un facteur
de
désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille.79 Si la politi
2500
facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine
de
la famille.79 Si la politique, c’est cela, je dis qu’un honnête hom
2501
honnête homme, et au surplus intelligent, se doit
de
n’y pas tremper fût-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés pa
2502
ligent, se doit de n’y pas tremper fût-ce du bout
de
son stylo. c) Justement écœurés par les politiciens, comitards ou «
2503
à définir la politique comme une simple technique
de
gouvernement. Il serait souhaitable en effet que le ministère des Col
2504
un homme qui connaisse autre chose que les potins
de
sa circonscription ; et celui des finances par un homme honnête ; et
2505
connaisse la langue des pays voisins et l’esprit
de
leurs institutions. Mais ceux qui veulent des techniciens, des ingéni
2506
des ingénieurs et des banquiers dans les Conseils
de
l’État et qui pensent que dès lors tout marcherait de soi, ceux qui e
2507
’État et qui pensent que dès lors tout marcherait
de
soi, ceux qui envient le brain trust de Roosevelt, oublient que la mi
2508
archerait de soi, ceux qui envient le brain trust
de
Roosevelt, oublient que la mission d’un peuple n’est pas une affaire
2509
brain trust de Roosevelt, oublient que la mission
d’
un peuple n’est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la poli
2510
que la mission d’un peuple n’est pas une affaire
de
calcul. Ils réduisent toute la politique au jeu subalterne des foncti
2511
En somme, ils donnent à la majorité des citoyens
d’
excellentes raisons de se désintéresser de la conduite de leur cité. E
2512
à la majorité des citoyens d’excellentes raisons
de
se désintéresser de la conduite de leur cité. Et bien qu’ils se recru
2513
itoyens d’excellentes raisons de se désintéresser
de
la conduite de leur cité. Et bien qu’ils se recrutent en général parm
2514
lentes raisons de se désintéresser de la conduite
de
leur cité. Et bien qu’ils se recrutent en général parmi les « gens de
2515
n qu’ils se recrutent en général parmi les « gens
de
droite », ils représentent la tendance la plus rigoureusement matéria
2516
ureusement matérialiste. d) À l’inverse du désir
de
ces nouveaux « physiocrates », nous voyons, depuis peu, la politique
2517
voyons, depuis peu, la politique prendre l’aspect
d’
un mysticisme, et cela surtout chez les intellectuels du Front populai
2518
z les intellectuels du Front populaire. On attend
d’
elle la création d’un « homme nouveau », d’une humanité riche, heureus
2519
du Front populaire. On attend d’elle la création
d’
un « homme nouveau », d’une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de
2520
attend d’elle la création d’un « homme nouveau »,
d’
une humanité riche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée de tou
2521
u », d’une humanité riche, heureuse, orgueilleuse
de
sa force, libérée de tout tragique, et comme délivrée par l’État de l
2522
iche, heureuse, orgueilleuse de sa force, libérée
de
tout tragique, et comme délivrée par l’État de l’oppression du péché
2523
ée de tout tragique, et comme délivrée par l’État
de
l’oppression du péché originel, sombre invention « réactionnaire ». O
2524
bscurantistes, on prophétise le règne du Bonheur,
de
la Raison, de la Richesse et du Progrès. Et l’on se croit pour autant
2525
on prophétise le règne du Bonheur, de la Raison,
de
la Richesse et du Progrès. Et l’on se croit pour autant « révolutionn
2526
que cette « politique » sentimentale, cet ersatz
de
religion, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’est qu’un mau
2527
ianisme ; 2° ne peut mener qu’à une forme avachie
de
fascisme, car le fascisme et surtout le national-socialisme préconise
2528
ussi toutes ces « valeurs », et y ajoutent celles
de
la race et de la nation, qui donnent à l’ensemble un dynamisme physiq
2529
s « valeurs », et y ajoutent celles de la race et
de
la nation, qui donnent à l’ensemble un dynamisme physique autrement i
2530
à l’étatisme le plus tyrannique. Si donc « faire
de
la politique » consiste à recouvrir de fleurs de rhétorique rationalo
2531
nc « faire de la politique » consiste à recouvrir
de
fleurs de rhétorique rationalo-sentimentale une opération très précis
2532
de la politique » consiste à recouvrir de fleurs
de
rhétorique rationalo-sentimentale une opération très précise de spoli
2533
rationalo-sentimentale une opération très précise
de
spoliation des libertés de la personne par l’État (que ce soit au nom
2534
opération très précise de spoliation des libertés
de
la personne par l’État (que ce soit au nom d’une classe ou de la race
2535
ne par l’État (que ce soit au nom d’une classe ou
de
la race n’y change rien), j’estime être plus utile à la cité en faisa
2536
n), j’estime être plus utile à la cité en faisant
de
la philosophie et de la théologie pures. 4. Mais — la politique est
2537
s utile à la cité en faisant de la philosophie et
de
la théologie pures. 4. Mais — la politique est à nos yeux toute autr
2538
yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume
d’
appeler ainsi, quand on se demande s’il faut en faire ou non. Traditio
2539
olitique est, d’une part, la science des rapports
de
l’individu et de l’État — politique intérieure —, d’autre part la sci
2540
ne part, la science des rapports de l’individu et
de
l’État — politique intérieure —, d’autre part la science des rapports
2541
ntérieure —, d’autre part la science des rapports
de
la nation et des autres nations — politique extérieure. Dans le cas d
2542
utres nations — politique extérieure. Dans le cas
de
la France, si un homme se sent poussé à l’action publique par des mot
2543
ui auraient conservé la conception traditionnelle
de
la politique, l’homme se voit entraîné dans la vie civique par devoir
2544
a vie civique par devoir, au nom des « intérêts »
de
l’État, ou au nom des « intérêts » de la nation. La politique reste q
2545
intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts »
de
la nation. La politique reste quelque chose d’extérieur à son être vé
2546
» de la nation. La politique reste quelque chose
d’
extérieur à son être véritable. D’où la distinction bien connue entre
2547
e quelque chose d’extérieur à son être véritable.
D’
où la distinction bien connue entre la vie publique et la vie privée.
2548
distinction conduit nécessairement à la création
d’
une caste de politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se
2549
conduit nécessairement à la création d’une caste
de
politiciens, permettant à la majorité des citoyens de se désintéresse
2550
oliticiens, permettant à la majorité des citoyens
de
se désintéresser, en pratique, du bien commun. Et l’on admet alors qu
2551
vraie politique ne saurait être qu’une expression
de
la personne même. Elle s’enracine dans l’homme, en tant qu’il est act
2552
e les émanations, les représentations extérieures
de
la tension personnelle de chaque homme, de chaque membre d’une commun
2553
ésentations extérieures de la tension personnelle
de
chaque homme, de chaque membre d’une communauté. Toute personne, lors
2554
ieures de la tension personnelle de chaque homme,
de
chaque membre d’une communauté. Toute personne, lorsqu’elle se manife
2555
ion personnelle de chaque homme, de chaque membre
d’
une communauté. Toute personne, lorsqu’elle se manifeste comme telle,
2556
veau. Cette double activité aboutit à la création
de
l’État — secteur organisé — et de la nation, idéal commun. Elle impli
2557
t à la création de l’État — secteur organisé — et
de
la nation, idéal commun. Elle implique une hiérarchie : l’organisatio
2558
normalement subordonnée à la création. Il résulte
de
cette définition de la politique que tout homme, dans la mesure où il
2559
née à la création. Il résulte de cette définition
de
la politique que tout homme, dans la mesure où il agit personnellemen
2560
s la vraie politique. Car d’une part, il a besoin
de
la base matérielle assurée par l’État, d’autre part, il ne peut créer
2561
ur dans le domaine national80. Les grandes lignes
de
la politique personnaliste se trouvent ainsi déterminées. C’est en ve
2562
i déterminées. C’est en vertu de notre conception
de
la personne que nous voulons subordonner l’État à la liberté créatric
2563
voulons subordonner l’État à la liberté créatrice
de
ceux qui forment la nation. C’est en vertu de notre conception de la
2564
ent la nation. C’est en vertu de notre conception
de
la personne que nous voulons assurer à chacun un « minimum vital », c
2565
minimum vital », c’est-à-dire une base matérielle
de
départ. (D’où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et
2566
l », c’est-à-dire une base matérielle de départ. (
D’
où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et l’institutio
2567
érielle de départ. (D’où notre définition du rôle
de
l’État, limité et fort, et l’institution du service civil.) C’est en
2568
ervice civil.) C’est en vertu de notre conception
de
la personne que nous voulons restaurer le sens de la mission national
2569
de la personne que nous voulons restaurer le sens
de
la mission nationale des Français. C’est en vertu de notre conception
2570
des Français. C’est en vertu de notre conception
de
la personne, enfin, que nous jugeons désirable et féconde la pluralit
2571
déaux et des nations, et leur fédération sur pied
d’
égalité. Ainsi encore, notre méthode dichotomique — que beaucoup ont t
2572
personnes aussi bien que dans celle des peuples,
de
ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à subordonner
2573
celle des peuples, de ce qui est organisation et
de
ce qui est création ; et à subordonner à tous les étages les moyens a
2574
tat à la nation. Dès lors il ne peut plus y avoir
d’
opposition entre la morale privée et la morale publique. Car la politi
2575
reproduire à une vaste échelle le mouvement même
de
la personne en exercice, ce double mouvement d’organisation des appui
2576
e de la personne en exercice, ce double mouvement
d’
organisation des appuis matériels, et d’élan vers des buts que l’espri
2577
mouvement d’organisation des appuis matériels, et
d’
élan vers des buts que l’esprit imagine. La politique véritable, de mê
2578
pirituel. Et la plus haute réussite sera toujours
d’
adapter avec souplesse la technique aux buts qu’elle doit servir. 6. O
2579
ment, les uns s’en détournent avec dégoût et font
de
la littérature ou du commerce, les autres s’y abandonnent avec délice
2580
iques qu’on nomme des politiciens, ou ces espèces
d’
obsédés maniaques qu’on nomme des vieux militants. — On nous dira auss
2581
ausses, malfaisantes, dégradantes, pour continuer
de
gaieté de cœur à les pratiquer, ou au contraire pour commettre cette
2582
lfaisantes, dégradantes, pour continuer de gaieté
de
cœur à les pratiquer, ou au contraire pour commettre cette espèce de
2583
quer, ou au contraire pour commettre cette espèce
de
suicide que nous recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes-no
2584
eux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics
de
faillites, ni aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous somme
2585
s de faillites, ni aux faillis qui se réjouissent
de
l’être. 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que no
2586
, dans ce sens que nous voulons nous servir aussi
de
notre intelligence pour travailler à mettre en marche un ordre neuf.
2587
ordre neuf. Quant à ceux qui nous reprocheraient
d’
être ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des être
2588
qui nous reprocheraient d’être ce qu’on appelle «
de
purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ignorants des conditions
2589
dire des êtres ignorants des conditions concrètes
de
la vie actuelle, nous les invitons cordialement à participer à notre
2590
alement à participer à notre prochaine expérience
de
service civil : remplacer un manœuvre dans une usine pendant 15 jours
2591
ances payées, tout en contribuant à l’élaboration
d’
un nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intell
2592
nouveau régime du travail, voilà l’un des aspects
de
notre « intellectualisme » ! En vérité, il serait temps que les homme
2593
En vérité, il serait temps que les hommes, doués
de
raison, qui s’intéressent au sort de la cité, reconnaissent l’évidenc
2594
nnaissent l’évidence suivante : la cause profonde
de
la crise mondiale n’est autre que la bêtise des « réalistes » et de l
2595
le n’est autre que la bêtise des « réalistes » et
de
leurs politiciens. Bêtise qui se traduit d’une part par un attachemen
2596
s capitalistes n’ont pas vu plus loin que le bout
de
leur nez — d’autre part par une effrayante absence d’imagination — d’
2597
eur nez — d’autre part par une effrayante absence
d’
imagination — d’où l’étroitesse, la timidité, la puérilité des réforme
2598
e part par une effrayante absence d’imagination —
d’
où l’étroitesse, la timidité, la puérilité des réformes que l’on nous
2599
ncore plus simplement, à ceux qui nous reprochent
de
vouloir une politique vraie, et même intelligente : — Continuez donc
2600
le front populaire ou le front national ! Faites
de
la « politique » en dépit de toute dignité humaine et de toute réalit
2601
politique » en dépit de toute dignité humaine et
de
toute réalité européenne et mondiale. Si vous aimez ça, restez dedans
2602
examinez notre doctrine. Et ne vous contentez pas
de
traiter de « fascistes » des hommes qui veulent subordonner l’État au
2603
tre doctrine. Et ne vous contentez pas de traiter
de
« fascistes » des hommes qui veulent subordonner l’État aux libertés
2604
donner l’État aux libertés — ce qui est l’inverse
de
l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veulent la liber
2605
— ce qui est l’inverse de l’effort fasciste — ni
de
communistes des hommes qui veulent la liberté de l’esprit. Les grande
2606
de communistes des hommes qui veulent la liberté
de
l’esprit. Les grandes politiques naissent de grandes visions, d’utopi
2607
erté de l’esprit. Les grandes politiques naissent
de
grandes visions, d’utopies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeu
2608
s grandes politiques naissent de grandes visions,
d’
utopies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’u
2609
aissent de grandes visions, d’utopies créatrices,
d’
idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et d’une large considération
2610
pies créatrices, d’idéaux jaillis des profondeurs
de
l’homme et d’une large considération des réalités mondiales. Elles ne
2611
s, d’idéaux jaillis des profondeurs de l’homme et
d’
une large considération des réalités mondiales. Elles ne sont pas le f
2612
omitards, des techniciens électoraux, des requins
d’
affaires ou des vieux routiers du parlementarisme. Et encore moins de
2613
ieux routiers du parlementarisme. Et encore moins
de
chefs de partis aveuglés par les intérêts peut-être valables, mais li
2614
iers du parlementarisme. Et encore moins de chefs
de
partis aveuglés par les intérêts peut-être valables, mais limités et
2615
peut-être valables, mais limités et provisoires,
de
leurs électeurs. Plusieurs puissances pratiquent dans le monde d’aujo
2616
rs. Plusieurs puissances pratiquent dans le monde
d’
aujourd’hui de grandes politiques et même des politiques démesurées. Q
2617
puissances pratiquent dans le monde d’aujourd’hui
de
grandes politiques et même des politiques démesurées. Que va faire la
2618
dans ce monde ? Quelle est sa mission, sa raison
d’
être, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique inté
2619
uelle est sa mission, sa raison d’être, sa raison
de
subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieure qui corresp
2620
sion, sa raison d’être, sa raison de subsister et
de
créer ? A-t-elle une politique intérieure qui corresponde au rôle que
2621
rôle que les autres puissances la mettent au défi
de
jouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui soit propre, et qu
2622
ettent au défi de jouer ? A-t-elle une conception
de
l’homme qui lui soit propre, et qu’elle puisse opposer victorieusemen
2623
xaltent ? Toutes ces questions sont des questions
de
vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront
2624
Toutes ces questions sont des questions de vie ou
de
mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qui leur donneront une répons
2625
t des questions de vie ou de mort pour l’ensemble
de
la nation. Ceux qui leur donneront une réponse efficace, donneront du
2626
donneront du même coup un but commun aux efforts
de
tous les citoyens, par-dessus les partis et leurs pauvres vieilles id
2627
que, à la culture, à toutes les forces créatrices
de
ce pays. (paru dans L’Ordre nouveau , 1936.) 79. Le gouvernement
2628
ue la famille c’est l’héritage. 80. Les lecteurs
de
cette revue savent que la nation n’est une expression de l’universel
2629
e revue savent que la nation n’est une expression
de
l’universel qu’en raison de l’impuissance humaine à atteindre pleinem
2630
t et d’emblée l’universel. Aussi se garderont-ils
d’
eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens abso
2631
e l’universel. Aussi se garderont-ils d’eux-mêmes
de
donner à ce que nous disons ici de la nation un sens absolu de nation
2632
ls d’eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici
de
la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qui est à l’oppo
2633
e que nous disons ici de la nation un sens absolu
de
nationalisme autarchique qui est à l’opposé de notre pensée.
2634
5Trop
d’
irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels) Cho
2635
Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date
de
l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des moutons enragés. F
2636
e inaugura le temps des moutons enragés. Fatigués
de
leur innocence, voyant que l’herbe se faisait rare sous leurs pieds e
2637
it rare sous leurs pieds et qu’ils n’avaient plus
de
berger, aux éclairs de chaleur d’une révolution encore lointaine, ils
2638
s et qu’ils n’avaient plus de berger, aux éclairs
de
chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le
2639
n’avaient plus de berger, aux éclairs de chaleur
d’
une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier par
2640
nu, à gauche ou à droite, et depuis lors y bêlent
d’
une voix aigre et anxieuse, tout en signant une quantité de manifestes
2641
x aigre et anxieuse, tout en signant une quantité
de
manifestes. Ils ont signé pour le négus et contre lui ; pour le chef
2642
s deux mains, des quatre pattes, les yeux fermés,
d’
une croix, d’une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de ré
2643
des quatre pattes, les yeux fermés, d’une croix,
d’
une faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’
2644
, les yeux fermés, d’une croix, d’une faucille et
d’
un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu, d’un
2645
e faucille et d’un marteau, ou avec plus ou moins
de
réticences ; d’un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’e
2646
un marteau, ou avec plus ou moins de réticences ;
d’
un nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte c
2647
vec plus ou moins de réticences ; d’un nom connu,
d’
un nom à faire connaître… Bref, il n’est pas un acte commis dans le mo
2648
vivre en marge de tous les conflits et refusaient
d’
être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins
2649
étaient au moins en accord avec l’esprit général
de
l’époque : intelligence d’un côté, action de l’autre, et surtout ne m
2650
avec l’esprit général de l’époque : intelligence
d’
un côté, action de l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
2651
éral de l’époque : intelligence d’un côté, action
de
l’autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires d’une culture don
2652
autre, et surtout ne mélangeons rien. Tributaires
d’
une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des con
2653
aires d’une culture dont l’ambition suprême était
de
se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans le
2654
ent au moins purs dans leur erreur. Les modalités
de
leur retrait ne contredisaient nullement les postulats fondamentaux d
2655
ntredisaient nullement les postulats fondamentaux
de
leur métaphysique inconsciente. Et leur style traduisait fidèlement l
2656
. Et leur style traduisait fidèlement les nuances
d’
une pensée détachée, irresponsable par définition. Ii n’y a pas que du
2657
héritées du libéralisme conduisaient à ce régime
de
faillite qu’on nomme l’État totalitaire. Nous avons constaté que rien
2658
lité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté
de
penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illus
2659
berté de penser n’importe quoi, sans tenir compte
de
l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale,
2660
t ne laissaient même plus espérer une possibilité
de
concordat. Déjà les dictatures réglaient les comptes. « Lorsque j’ent
2661
réglaient les comptes. « Lorsque j’entends parler
d’
esprit, je dégaine mon revolver », disait un officier nazi. Les stalin
2662
s faisaient de même en présence du libéralisme et
de
la culture « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous le m
2663
qu’on lança parmi nous le mot d’ordre : « Défense
de
la Culture ». Toute la confusion vient de là. Car la culture qu’on n
2664
on vient de là. Car la culture qu’on nous propose
de
défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalit
2665
dre, c’est elle, précisément, qui est responsable
de
la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladi
2666
de la brutalité totalitaire. On nous propose donc
de
défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène nécessairement.
2667
aire une santé. Au lieu de nous proposer une cure
de
désintoxication énergique. Au lieu de rechercher les moyens de penser
2668
ation énergique. Au lieu de rechercher les moyens
de
penser dans le réel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’est
2669
les moyens de penser dans le réel et l’actuel, et
de
surmonter enfin ce vice qu’est la distinction libérale entre la pensé
2670
action. Au lieu de préciser, par exemple, le sens
de
ce mot d’engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui81. ⁂ Pour qu
2671
lieu de préciser, par exemple, le sens de ce mot
d’
engagement dont tout le monde abuse aujourd’hui81. ⁂ Pour qu’une pensé
2672
le ignore ou répudie la loi interne : la tactique
d’
un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et
2673
pas dans l’utilisation accidentelle et partisane
d’
une pensée que réside son engagement. C’est, au contraire, dans sa dém
2674
ier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté
de
le transformer, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’est pa
2675
ans sa volonté de le transformer, donc finalement
de
le dominer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est p
2676
pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer
de
l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas
2677
plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage
d’
une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout deveni
2678
’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui
d’
une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doc
2679
e politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave
d’
une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risqu
2680
ontraire, c’est se libérer et assumer les risques
de
sa liberté. Il peut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement d’
2681
risques de sa liberté. Il peut sembler paradoxal
de
soutenir que l’engagement d’une pensée suppose sa libération. En véri
2682
ut sembler paradoxal de soutenir que l’engagement
d’
une pensée suppose sa libération. En vérité, c’est le libéralisme qui
2683
t être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas
de
pires ennemis que les libéraux ; sinon en intention, du moins en fait
2684
bien à définir le sens que nous donnons à ce mot
d’
engagement. Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se retourne ne devient
2685
gissante. Un libéral qui se soumet aux directives
d’
un parti ne devient pas pour si peu un penseur engagé. Et il ne faudra
2686
ces trahisons insignes ridiculisent toute espèce
d’
engagement. Une pensée qui, par sa nature et son mouvement originel, e
2687
nsable du seul fait qu’elle se met « au service »
d’
une doctrine de lutte politique. Faire la révolution, cela demande un
2688
fait qu’elle se met « au service » d’une doctrine
de
lutte politique. Faire la révolution, cela demande un effort un peu p
2689
ion, cela demande un effort un peu plus grand, et
d’
une autre nature, que l’effort de signer un manifeste ou de s’inscrire
2690
u plus grand, et d’une autre nature, que l’effort
de
signer un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On r
2691
re nature, que l’effort de signer un manifeste ou
de
s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler de tels
2692
gner un manifeste ou de s’inscrire dans les rangs
d’
une ligue. On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien
2693
s’inscrire dans les rangs d’une ligue. On rougit
de
rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
2694
dans les rangs d’une ligue. On rougit de rappeler
de
tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelli
2695
uismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle
de
l’intelligentsia française. Précisons donc encore : la première tâche
2696
tellectuels qui ont compris le péril totalitaire (
de
droite ou de gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascism
2697
ui ont compris le péril totalitaire (de droite ou
de
gauche) ce n’est pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’
2698
talitaire (de droite ou de gauche) ce n’est pas «
d’
adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme de pen
2699
st pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais
de
s’attaquer à la forme de pensée d’où vont nécessairement sortir le fa
2700
elque antifascisme, mais de s’attaquer à la forme
de
pensée d’où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme.
2701
fascisme, mais de s’attaquer à la forme de pensée
d’
où vont nécessairement sortir le fascisme et le stalinisme. Et c’est l
2702
ibérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent
d’
eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’une menace se précise con
2703
es ! Le réflexe du libéral devant le péril, c’est
de
faire un fascisme. Fût-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-
2704
me. Et peut-être surtout dans ce cas ! La panique
de
« l’union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahu
2705
t l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela
de
bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment de renoncer à l’usa
2706
bon : les écrivains qui ont décidé tout récemment
de
renoncer à l’usage de leur pensée devant la menace hitlérienne (voir
2707
i ont décidé tout récemment de renoncer à l’usage
de
leur pensée devant la menace hitlérienne (voir le manifeste de Ce Soi
2708
e devant la menace hitlérienne (voir le manifeste
de
Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux
2709
Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient
de
vrais libéraux, irresponsables nés83, égarés pour un temps dans les v
2710
sables nés83, égarés pour un temps dans les voies
de
« l’engagement » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient
2711
faisant amende honorable. Ils étaient en rupture
de
bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se son
2712
e des philosophes libéraux — fût partiale, pleine
de
partis pris, et même politique ! 83. Je fais exception pour deux ou
2713
Le protestantisme créateur
de
personnes63 Je souhaite que beaucoup d’entre vous, apercevant le t
2714
te que beaucoup d’entre vous, apercevant le titre
de
cette conférence, aient ressenti quelque méfiance. Je souhaite que be
2715
urieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas digne
de
réflexion, car c’est à elle précisément que je me propose de répondre
2716
n, car c’est à elle précisément que je me propose
de
répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Dieu à la vale
2717
e propose de répondre ici. Comment passer du zéro
de
l’homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment
2718
u zéro de l’homme devant Dieu à la valeur infinie
de
la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire
2719
aleur infinie de la personnalité ? Comment passer
de
notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité d
2720
curieusement entre zéro et l’infini, et dont tant
d’
auteurs incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Depui
2721
loire peut-être intempestive ? Depuis une dizaine
d’
années, une discussion générale s’est instituée sur les notions de per
2722
scussion générale s’est instituée sur les notions
de
personne, d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement perso
2723
rale s’est instituée sur les notions de personne,
d’
individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui
2724
tituée sur les notions de personne, d’individu et
de
personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâ
2725
un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche
de
démêler ces notions et de fonder sur elles un ordre social renouvelé.
2726
e qui a pris pour tâche de démêler ces notions et
de
fonder sur elles un ordre social renouvelé. Des philosophes tels que
2727
ue, Berdiaev du côté orthodoxe, un certain nombre
de
jeunes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de
2728
un certain nombre de jeunes protestants, beaucoup
d’
agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d
2729
s, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés
de
montrer l’importance concrète d’une définition de la personne pour to
2730
se sont efforcés de montrer l’importance concrète
d’
une définition de la personne pour toute action dans la cité64. Ces di
2731
de montrer l’importance concrète d’une définition
de
la personne pour toute action dans la cité64. Ces discussions, souven
2732
ns la cité64. Ces discussions, souvent encombrées
de
jargon philosophique, peuvent apparaître byzantines au grand public.
2733
n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense
de
la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes
2734
sans équivoques. Les dissiper me paraît une tâche
d’
une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trou
2735
nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens
de
la personnalité, tantôt pour de dangereux individualistes. C’est donc
2736
s fermes soutiens de la personnalité, tantôt pour
de
dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il
2737
de dangereux individualistes. C’est donc vraiment
de
nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre m
2738
notions par des exemples historiques susceptibles
de
faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons commen
2739
comment sont apparues dans l’Histoire les notions
d’
individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verron
2740
pparues dans l’Histoire les notions d’individu et
de
personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux commen
2741
ieux comment se situe la Réforme dans l’évolution
de
l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours
2742
e, et quel principe central elle doit y incarner,
de
nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Con
2743
n’est pas une invention du siècle des Lumières et
de
la Déclaration des droits de l’homme. C’est une invention grecque, et
2744
recque, et sa naissance signale la naissance même
de
l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un cou
2745
e même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’homme
de
la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qu
2746
e. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout
d’
un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait même, s
2747
coup se met à réfléchir pour son compte, et qui,
de
ce fait même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le groupe p
2748
le lien du sang, des morts communs, et par celui
de
la terreur sacrée. C’est autour d’un tabou et autour des tombeaux, ob
2749
, et par celui de la terreur sacrée. C’est autour
d’
un tabou et autour des tombeaux, objets d’effroi, que se rassemble la
2750
autour d’un tabou et autour des tombeaux, objets
d’
effroi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’elle adore, c’est
2751
phobe. Mais supposez maintenant qu’un des membres
de
la tribu se mette à raisonner à part soi. Raisonner, c’est d’abord do
2752
s sacrés du groupe, et par là même à son principe
de
tyrannie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’empire des
2753
là même à son principe de tyrannie. Ce mouvement
d’
arrachement au sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dis
2754
sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement
de
dissolution de la communauté primitive, c’est la naissance même de la
2755
à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution
de
la communauté primitive, c’est la naissance même de la Grèce. Sur le
2756
la communauté primitive, c’est la naissance même
de
la Grèce. Sur le fond indistinct des peuplades indo-germaniques, les
2757
st important : à l’origine, individu est synonyme
de
criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour constituer d
2758
à peu, ces individus se groupent pour constituer
de
nouvelles communautés (les thiases), comparables à la cité au sens mo
2759
erne. Alors que la tribu était liée par des liens
d’
origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commu
2760
térêt commun et les contrats. Alors que la morale
de
la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. T
2761
u dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle
de
droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière
2762
dans la cité on parle de droits. Tous les membres
de
la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite pa
2763
roits. Tous les membres de la tribu devaient agir
de
la même manière minutieusement prescrite par les usages, et toute con
2764
chacun cherche à se distinguer. On met son point
d’
honneur à faire mieux que le voisin, ou tout au moins à faire autremen
2765
utonome et conscient. La définition la plus noble
de
l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous d
2766
is-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience
de
ton existence individuelle, libère-toi des déterminations sacrées et
2767
eut-être peut-on rapprocher cette tendance morale
de
celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome
2768
endance morale de celle qui poussa les physiciens
de
la Grèce à créer la notion d’atome, les philosophes à formuler le pri
2769
ussa les physiciens de la Grèce à créer la notion
d’
atome, les philosophes à formuler le principe d’individuation, les lég
2770
n d’atome, les philosophes à formuler le principe
d’
individuation, les législateurs et les artistes à concentrer leur atte
2771
attention sur l’homme et son destin particulier.
D’
où le héros, d’où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux
2772
l’homme et son destin particulier. D’où le héros,
d’
où la statue, d’où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacr
2773
estin particulier. D’où le héros, d’où la statue,
d’
où le tragique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ;
2774
agique (Antigone s’opposant aux décisions sacrées
de
l’État) ; — d’où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade cou
2775
e s’opposant aux décisions sacrées de l’État) ; —
d’
où les notions de gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de
2776
décisions sacrées de l’État) ; — d’où les notions
de
gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu
2777
rées de l’État) ; — d’où les notions de gloire et
de
record. Et Alcibiade coupe la queue de son chien pour qu’on parle de
2778
gloire et de record. Et Alcibiade coupe la queue
de
son chien pour qu’on parle de lui, qu’on le distingue. C’est là encor
2779
iade coupe la queue de son chien pour qu’on parle
de
lui, qu’on le distingue. C’est là encore, bien qu’aux antipodes de So
2780
distingue. C’est là encore, bien qu’aux antipodes
de
Socrate, une définition de l’individu… Toutefois, ce mouvement centri
2781
bien qu’aux antipodes de Socrate, une définition
de
l’individu… Toutefois, ce mouvement centrifuge par rapport à la commu
2782
mouvement centrifuge par rapport à la communauté
d’
origine, s’il se confond d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence e
2783
duit fatalement ce que j’appellerais un sentiment
de
vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse d’où naît l’appel à u
2784
rais un sentiment de vide social. C’est une sorte
d’
angoisse diffuse d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus s
2785
e vide social. C’est une sorte d’angoisse diffuse
d’
où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individ
2786
Empire romain qui nous donnera le symbole éternel
de
cette réaction collective. La victoire de Rome sur la Grèce, symboliq
2787
éternel de cette réaction collective. La victoire
de
Rome sur la Grèce, symboliquement interprétée, c’est la victoire de l
2788
ce, symboliquement interprétée, c’est la victoire
de
l’étatisme sur l’individualisme social. L’État romain, rural et milit
2789
son appareil rigide, devait fatalement triompher
d’
une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’ind
2790
bureaucratie, sa police, fonctionnera d’ailleurs
d’
autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’
2791
ment qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière
d’
individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous vo
2792
e poussière d’individus déracinés, n’offrant plus
de
résistance appréciable. Vous voyez qu’entre individualisme et dictatu
2793
pposition n’est qu’apparente : en réalité, il y a
de
l’un à l’autre un lien de cause à effet, ou plus exactement, de succe
2794
te : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien
de
cause à effet, ou plus exactement, de succession fatale. L’individu n
2795
tre un lien de cause à effet, ou plus exactement,
de
succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière do
2796
gards, l’étatisme ne fait qu’achever le processus
de
dissolution sociale commencé par l’individualisme. L’individu s’était
2797
structure organique ne s’oppose plus à son action
d’
unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus
2798
ique ne s’oppose plus à son action d’unification,
de
« mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fer
2799
éraciner pour mieux discipliner, cela seul permet
de
constituer un bloc puissant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui pr
2800
à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’allure
d’
une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu t
2801
; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice
d’
un tel système, c’est qu’il stérilise peu à peu toutes les initiatives
2802
tes, et qu’il finit par s’effondrer sous le poids
de
son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas de se produire lorsque
2803
de son appareil dévorateur. Et cela ne manque pas
de
se produire lorsque la majorité des citoyens se trouvent réduits à l’
2804
ajorité des citoyens se trouvent réduits à l’état
de
fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de
2805
se trouvent réduits à l’état de fonctionnaires ou
de
soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homm
2806
onctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire
de
la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’État romain, c’es
2807
de soldats. Telle est l’histoire de la décadence
de
Rome. Le type d’homme que suppose l’État romain, c’est donc l’individ
2808
e est l’histoire de la décadence de Rome. Le type
d’
homme que suppose l’État romain, c’est donc l’individu embrigadé, le f
2809
rsona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque
de
l’acteur, signifiera bientôt le « rôle » que joue le citoyen. Dans l’
2810
esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers
de
la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de
2811
sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas
de
rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens
2812
puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages
de
l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne.
2813
rôle dans les rouages de l’État. Il est important
de
rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirais volontiers
2814
uirais volontiers en langage moderne par le terme
de
soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellemen
2815
vocabulaire chrétien. Car voici le moment décisif
de
notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté b
2816
otre histoire. La Grèce individualiste a triomphé
de
la communauté barbare du sang. Mais plus tard elle a sombré dans l’an
2817
te. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point
de
l’évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraissent possibles
2818
ecréer la communauté primitive, à base de sang et
de
liens sacrés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte
2819
et les passions, et satisfait le rêve nostalgique
d’
un retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communio
2820
fait le rêve nostalgique d’un retour à la nature,
d’
une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le m
2821
our à la nature, d’une fraternité plus charnelle,
d’
une communion avec la masse dans le mystère des origines : souvenirs,
2822
gies, rites magiques, culte ancestral ou religion
d’
État. C’est là ce que j’appellerai une communauté régressive. L’autre
2823
i une communauté régressive. L’autre possibilité
de
communauté, c’est celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir d
2824
celle qu’imagine l’être spirituel. C’est l’espoir
d’
une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur l
2825
ne l’être spirituel. C’est l’espoir d’une société
d’
un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes
2826
lois, mais sur l’attente commune et enthousiaste
d’
un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c
2827
lus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve
d’
un avenir éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attent
2828
aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel,
d’
une révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente d’une communauté pr
2829
éternel, d’une révélation inouïe. Il s’agit donc
de
l’attente d’une communauté progressive. La réalisation historique de
2830
ne révélation inouïe. Il s’agit donc de l’attente
d’
une communauté progressive. La réalisation historique de la première
2831
ommunauté progressive. La réalisation historique
de
la première possibilité s’est amorcée dès la fin de la République rom
2832
la première possibilité s’est amorcée dès la fin
de
la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’éch
2833
quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec
de
cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’une socié
2834
evenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion
d’
État, confondu avec l’échec plus général d’une société bureaucratisée,
2835
ligion d’État, confondu avec l’échec plus général
d’
une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du chr
2836
Mais je demeure persuadé que la seule possibilité
d’
une communauté progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté de la
2837
progressive n’eût pas suffi à éveiller la volonté
de
la réaliser et de la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait h
2838
pas suffi à éveiller la volonté de la réaliser et
de
la faire sortir de l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un a
2839
r la volonté de la réaliser et de la faire sortir
de
l’utopie. Il fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transforme
2840
dynamique. Et ce fait, c’est l’événement central
de
toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue de tous les temps : l’in
2841
l de toute l’Histoire, la seule nouveauté absolue
de
tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’homme fondant une socié
2842
uveauté absolue de tous les temps : l’incarnation
de
Dieu dans l’homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église.
2843
ace ici ? C’est une communauté spirituelle formée
d’
un grand nombre de petites communautés locales, que l’on pourrait appe
2844
e communauté spirituelle formée d’un grand nombre
de
petites communautés locales, que l’on pourrait appeler d’un terme mod
2845
es communautés locales, que l’on pourrait appeler
d’
un terme moderne : des cellules. Ces communautés ne sont pas fondées s
2846
», écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni
de
la race, ni des traditions, ni du rang social : on y trouve des escla
2847
as terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite
de
Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elle
2848
autés étranges constituent bel et bien les germes
d’
une société véritable. Elles ont leur organisation sociale, leurs chef
2849
ielle, mais ils y trouvent aussi des possibilités
de
servir leurs frères. Ils se voient donc libérés, et du même coup enga
2850
agés dans un corps social nouveau. Prenons le cas
de
l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait t
2851
t spontanée, l’Église lui rend sa dignité humaine
d’
individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement,
2852
maine d’individu en même temps que son rôle actif
de
persona. Spirituellement, il se produit un phénomène parallèle : le p
2853
païen qui se convertit se voit d’une part racheté
de
son péché ; et d’autre part, il reçoit une mission nouvelle, une voca
2854
ement et socialement, l’Église est une communauté
d’
hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les
2855
ctoires, n’étant que deux aspects complémentaires
d’
une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé
2856
as l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage
de
servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du d
2857
grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que
de
se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, p
2858
oit une vocation possède une dignité indépendante
de
son rôle social. Comment le baptiser ? Il faut un mot nouveau. Ou plu
2859
le Père, le Fils et le Saint-Esprit, les docteurs
de
l’Église grecque avaient adopté le terme romain de persona. C’est ce
2860
e l’Église grecque avaient adopté le terme romain
de
persona. C’est ce même terme qui va servir aux premiers philosophes c
2861
miers philosophes chrétiens à désigner la réalité
de
l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trou
2862
mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale
de
la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieu
2863
ns chrétiennes ou, pour mieux dire, des créations
de
l’Église chrétienne. Voici donc définis par leurs origines, et dans l
2864
et dans leur genèse historique, les maîtres mots
de
notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne.
2865
les maîtres mots de notre conception occidentale
de
l’homme : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction
2866
inction entre ces deux vocables si courants, loin
d’
être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts
2867
in d’être une querelle byzantine, ne traduit rien
de
moins, dans les débuts, que la distinction entre l’homme naturel et l
2868
nt posées, faisons dans nos pensées un petit saut
de
quelques siècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque de la Ré
2869
ècles, pour retomber tout à la fois dans l’époque
de
la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église prim
2870
L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage
de
l’Empire romain. Elle s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés
2871
aux cadres sclérosés du vieux régime. La capitale
de
l’Empire d’Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure
2872
clérosés du vieux régime. La capitale de l’Empire
d’
Occident, ses hiérarchies, sa centralisation, sa structure unitaire, e
2873
mes liturgiques, tout cela fait partie intégrante
de
la chrétienté médiévale. Or, cette collusion peut-être inévitable de
2874
diévale. Or, cette collusion peut-être inévitable
de
l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge,
2875
tte collusion peut-être inévitable de l’Église et
de
l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de co
2876
rel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte
de
communauté sacrée, de société sacrale d’allure collectiviste. Il fall
2877
ong du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée,
de
société sacrale d’allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En eff
2878
ne sorte de communauté sacrée, de société sacrale
d’
allure collectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chr
2879
En effet, la personne chrétienne était une sorte
de
paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona ou fonction s
2880
mmunauté fondée sur la personne courait le danger
d’
une double déviation : d’une part vers l’individualisme, d’autre part
2881
le et collective. » C’est-à-dire que la collusion
de
l’Église et du pouvoir politique tendait à opprimer la liberté de la
2882
u pouvoir politique tendait à opprimer la liberté
de
la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagemen
2883
situation quelque peu analogue à celle des débuts
de
la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se m
2884
des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte
de
l’individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Rena
2885
r quelques traits qui rappelleront ma description
de
la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un
2886
escription de la Grèce individualiste. L’individu
de
la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres
2887
qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés
de
la collectivité. Il revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le
2888
sacrés de la collectivité. Il revendique le droit
de
discuter, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoi
2889
e droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen
de
toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre
2890
le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé
de
gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse,
2891
en de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et
de
richesse, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elle
2892
choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse,
de
sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent-elles acquises au
2893
de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et
de
sa propre richesse, fussent-elles acquises aux dépens de sa famille e
2894
ussent-elles acquises aux dépens de sa famille et
de
sa cité, aux dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre de crime
2895
pens de sa famille et de sa cité, aux dépens même
de
la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Itali
2896
famille et de sa cité, aux dépens même de la vie
d’
autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve
2897
x dépens même de la vie d’autrui. Un grand nombre
de
crimes furent commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acqué
2898
t commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin
d’
acquérir de la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capit
2899
ns l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir
de
la renommée. Et les pirates siciliens, fondateurs du capitalisme comm
2900
cial, sont souvent cités comme les premiers types
d’
individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieu
2901
ici cette liaison mystérieuse entre la naissance
de
l’individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se
2902
e l’individu et le crime social. Enfin l’individu
de
la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérimenta
2903
érimentation scientifique libre. Tout cela relève
d’
une seule et même volonté : celle de profaner le sacré collectif et se
2904
t cela relève d’une seule et même volonté : celle
de
profaner le sacré collectif et ses tabous, afin de s’affirmer libre e
2905
sabilité par rapport à la société. Qu’il s’agisse
de
libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expé
2906
ort à la société. Qu’il s’agisse de libre examen,
de
crimes, de soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles qu
2907
ciété. Qu’il s’agisse de libre examen, de crimes,
de
soif de gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissec
2908
u’il s’agisse de libre examen, de crimes, de soif
de
gloire et de richesses, ou d’expériences telles que la dissection du
2909
de libre examen, de crimes, de soif de gloire et
de
richesses, ou d’expériences telles que la dissection du corps humain,
2910
de crimes, de soif de gloire et de richesses, ou
d’
expériences telles que la dissection du corps humain, c’est toujours u
2911
te une réaction inévitable à la déviation romaine
de
la communauté catholique65. Entre ces deux déviations, contre l’oppre
2912
ntre l’oppression collective et contre la révolte
de
l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les dev
2913
dresser pour proclamer les droits et les devoirs
de
la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même
2914
ersonnaliste. Bien au contraire : je vais essayer
de
vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
2915
pourrait et devrait être un personnalisme inspiré
de
la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n
2916
spiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé
de
la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils
2917
ême pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt
d’
un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de
2918
un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus
de
l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités qu
2919
Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou
de
la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent ces t
2920
mes sont présentes, et sont en conflit à l’époque
de
la Réforme. Essayons de les dégager sommairement. Le but unique des r
2921
ont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons
de
les dégager sommairement. Le but unique des réformateurs était de res
2922
ommairement. Le but unique des réformateurs était
de
restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’o
2923
e des réformateurs était de restaurer la fidélité
de
l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés
2924
de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole
de
Dieu. Jamais ils n’ont admis d’être présentés comme des novateurs. «
2925
glise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis
d’
être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit
2926
teurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin,
de
ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition si
2927
elles à la place de l’exposition simple et fidèle
de
la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je
2928
e l’exposition simple et fidèle de la pure Parole
de
Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
2929
vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre
de
Calvin a consisté essentiellement à restaurer la doctrine de l’Église
2930
consisté essentiellement à restaurer la doctrine
de
l’Église, de même qu’elle a consisté accidentellement, dans le plan p
2931
ouvoir temporel. L’anarchisme, c’était la révolte
de
la Renaissance, et les sectes d’illuminés, c’est-à-dire l’individuali
2932
était la révolte de la Renaissance, et les sectes
d’
illuminés, c’est-à-dire l’individualisme social et religieux. Calvin c
2933
nt pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté
de
la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spir
2934
Église primitive était une communauté spirituelle
de
personnes, d’hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituan
2935
ve était une communauté spirituelle de personnes,
d’
hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une multitud
2936
fois libres et engagés, constituant une multitude
de
communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. P
2937
les seront à nouveau les Églises réformées. Point
de
centralisation, point de capitale, point d’unification formelle et fo
2938
Églises réformées. Point de centralisation, point
de
capitale, point d’unification formelle et forcée. Dès le début, la R
2939
Point de centralisation, point de capitale, point
d’
unification formelle et forcée. Dès le début, la Réforme considère co
2940
ont des députés à des synodes, et il n’y aura pas
de
pape pour unifier temporellement toutes ces cellules vivantes, autono
2941
s, l’Église une et sainte, l’Una Sancta, le Corps
de
Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la di
2942
e Christ, nous apparaît, selon les propres termes
de
Calvin, dans la diversité « des Églises et des personnes particulière
2943
Avec ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité
de
l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précisio
2944
rien à la réalité de l’homme chrétien, du membre
de
l’Église, mais il apporte une précision capitale à la définition de l
2945
il apporte une précision capitale à la définition
de
la personne. À tel point que je dirais volontiers que la définition p
2946
e dirais volontiers que la définition protestante
de
la personne, c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle j
2947
c’était le rôle joué par un individu dans le plan
de
l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à c
2948
ien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel
de
la personne : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouve
2949
communication avec son prochain. Ainsi la dignité
de
chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiq
2950
fait qu’il peut incarner une volonté particulière
de
Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respec
2951
Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit
d’
être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il
2952
’être respecté par l’État, il a surtout le devoir
d’
agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la soc
2953
urtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé
d’
une responsabilité unique dans la société, à sa juste place. Notons qu
2954
igure en particulier dans le serment des pasteurs
de
Genève, et dont l’actualité vous frappera certainement. « Je promets,
2955
ppera certainement. « Je promets, dit le pasteur,
de
servir la Seigneurie et le peuple de telle manière que par cela je ne
2956
le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple
de
telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à D
2957
manière que par cela je ne sois nullement empêché
de
rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à m
2958
onstitutionnel existant, qui puisse être qualifié
de
personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité des Églises,
2959
ù je l’entends. Diversité des Églises, fédération
de
ces diversités, multiplicité des vocations personnelles : tout cela,
2960
ai. Mais il était inévitable et juste que ce type
de
relations influençât peu à peu toutes les autres relations humaines,
2961
culier les relations politiques. Toute l’histoire
de
l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les fo
2962
lus loin. Quelle fut donc la traduction politique
de
la doctrine calvinienne de l’Église et des vocations personnelles ? J
2963
a traduction politique de la doctrine calvinienne
de
l’Église et des vocations personnelles ? Je n’hésite pas à le dire :
2964
quelle fut l’action historique des hommes d’État
de
la Réforme calviniste ? Partout, et dès le début, l’obstacle principa
2965
ils le purent, proposèrent au contraire des plans
d’
allure et d’intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collus
2966
t, proposèrent au contraire des plans d’allure et
d’
intention nettement fédéralistes. L’absolutisme, la collusion des pouv
2967
ébrera « la France toute catholique sous le règne
de
Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme
2968
, centralisée, déjà presque totalitaire, et vidée
de
ses meilleures forces créatrices. Mais dès que le parti protestant re
2969
oute différente. Il ne tombe jamais dans le piège
d’
opposer à l’absolutisme romain un absolutisme réformé. Au contraire. Q
2970
absolutisme réformé. Au contraire. Qu’il s’agisse
de
la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la ré
2971
anie convertie au calvinisme et qui devient l’âme
de
la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provin
2972
ies des Pays-Bas ; qu’il s’agisse des fédérations
de
défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’u
2973
ons de défense constituées par les huguenots ; ou
de
nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amériq
2974
ées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que
d’
une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire angla
2975
manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et
de
l’Empire anglais avec ses libres Dominions, — partout l’on voit les p
2976
s, c’est-à-dire fédéraliste. Les synodes réformés
de
France, vers la fin du xvie siècle, préconisèrent à plusieurs repris
2977
e, préconisèrent à plusieurs reprises des projets
d’
organisation fédérative du Royaume, comportant une large autonomie des
2978
mier ; sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein »
d’
une fédération européenne ? Certes, les historiens attribuent à ces fa
2979
dans les petits États qui éprouveraient le besoin
de
se fédérer contre l’Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent
2980
siècle. Mais je maintiens que la cause profonde
de
la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre pr
2981
ce fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est
d’
ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui expli
2982
ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier
d’
une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, dit préoccupa
2983
Qui dit respect des personnes, dit préoccupation
de
les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès l
2984
n de les éduquer. Et vous savez que les problèmes
d’
éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fond
2985
grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège
de
Genève en pleine période de guerre, dans une ville assiégée. Par cont
2986
lvin fonde le Collège de Genève en pleine période
de
guerre, dans une ville assiégée. Par contre, on sait que les jésuites
2987
ocations chez leurs élèves… Mais je m’en voudrais
d’
insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-
2988
qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous
de
le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la doc
2989
e l’État lui-même, dans certains cas, par le fait
de
sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois libre e
2990
le paradoxe politique du fédéralisme : la liberté
de
chacun dans une action commune, l’équilibre vivant des tons complémen
2991
intenant que voici définies, ou plutôt illustrées
d’
exemples historiques, certaines notions fondamentales telles que l’ind
2992
et l’histoire présente. Car en définitive, c’est
de
cela qu’il s’agit. L’histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux
2993
is qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur
de
l’actuel. Comment situer dans l’Europe d’aujourd’hui les positions ci
2994
in cœur de l’actuel. Comment situer dans l’Europe
d’
aujourd’hui les positions civiques de la Réforme et sa morale personna
2995
ans l’Europe d’aujourd’hui les positions civiques
de
la Réforme et sa morale personnaliste ? Calvin, vous le savez, ne s’e
2996
Calvin, vous le savez, ne s’est jamais préoccupé
de
la forme des gouvernements. Il insiste à maintes reprises sur le fait
2997
oligarchies et républiques sont également voulues
de
Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marqu
2998
Une fois cependant il marque une préférence, mais
de
l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état d
2999
néral. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état
de
gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour
3000
durer longuement. » Il me semble que le spectacle
de
l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pa
3001
ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme
d’
un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et
3002
n la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée
de
l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue
3003
nous plaçant à ce double point de vue : condition
de
l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départa
3004
oint de vue : condition de l’Église et conception
de
l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de ré
3005
ous pourrons le mieux départager les deux groupes
de
régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des
3006
Église et la personne. Nous y trouvons des formes
de
gouvernement aussi disparates que possible : d’abord les cinq monarch
3007
le bloc des trois États totalitaires — que menace
de
rejoindre l’Espagne. Laissons de côté les différences politiques que
3008
res — que menace de rejoindre l’Espagne. Laissons
de
côté les différences politiques que l’on pourrait marquer entre ces t
3009
que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent
d’
année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux t
3010
atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe
de
souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ces régimes :
3011
assez forts pour lever le masque, et leur mépris
de
la personne. Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En
3012
ris de la personne. Voici, à mon avis, les causes
de
ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, l
3013
tre l’Église et l’État n’avait jamais été établie
d’
une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple, était à la fois chef
3014
r exemple, était à la fois chef de l’État et chef
de
l’Église : c’est ce qu’on nomme le césaropapisme. D’autre part, ses d
3015
rés divers, et pour mille raisons très complexes,
de
l’un ou de l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le t
3016
et pour mille raisons très complexes, de l’un ou
de
l’autre de ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y
3017
lle raisons très complexes, de l’un ou de l’autre
de
ces maux. La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas
3018
donc fatalement s’attaquer à l’autre. Et le chef
de
la révolution triomphante, dans chacun de ces pays, se trouvait comme
3019
le chef de la révolution triomphante, dans chacun
de
ces pays, se trouvait comme contraint par le sentiment général de rep
3020
trouvait comme contraint par le sentiment général
de
reprendre à son compte à la fois l’autorité d’un chef d’Église et le
3021
al de reprendre à son compte à la fois l’autorité
d’
un chef d’Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Ré
3022
endre à son compte à la fois l’autorité d’un chef
d’
Église et le pouvoir d’un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution c
3023
fois l’autorité d’un chef d’Église et le pouvoir
d’
un chef d’État. Chacun sait qu’une Révolution copie toujours inconscie
3024
césaropapistes comme les régimes qu’ils venaient
d’
abattre, et même beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont il
3025
ion dont ils étaient les chefs était une religion
de
guerre, possédant toute la virulence des corps chimiques à l’état nai
3026
s à l’état naissant. D’autre part, l’instauration
de
ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et même appelée, par
3027
et même appelée, par l’absence dans tous ces pays
d’
élites civiques conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1
3028
dans tous ces pays d’élites civiques conscientes
de
leur mission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé l’Espagne inv
3029
beaucoup de points, écrit-il, elles offrent ceci
de
commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque évident et perm
3030
ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux
d’
un manque évident et permanent d’individualités marquantes, […] de per
3031
toutes les deux d’un manque évident et permanent
d’
individualités marquantes, […] de personnalités autonomes. » Et de la
3032
ent et permanent d’individualités marquantes, […]
de
personnalités autonomes. » Et de la sorte, Ortega laisse entendre que
3033
marquantes, […] de personnalités autonomes. » Et
de
la sorte, Ortega laisse entendre que le destin de ces pays, du fait d
3034
de la sorte, Ortega laisse entendre que le destin
de
ces pays, du fait de ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne s
3035
aisse entendre que le destin de ces pays, du fait
de
ce qu’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’abs
3036
tre part, il a toujours favorisé le développement
de
la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on compre
3037
développement de la personne et donc la formation
d’
élites civiques actives, on comprendra sans peine le fait suivant qui,
3038
jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme
de
totalitarisme correspondant à la Russie orthodoxe, une autre correspo
3039
ts calvinistes, même laïcisés, comme c’est le cas
de
la France sous la Troisième République67. Cela ne signifie pas, bien
3040
l reste dans le pays une empreinte césaropapiste,
d’
où l’État totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’être une foi
3041
tat totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse
d’
être une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait
3042
une empreinte tout à fait différente : une forme
d’
individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car
3043
ne forme d’individualisme. Nous aurons l’occasion
d’
y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une opposition aussi radicale
3044
bien, une description désintéressée et académique
de
divers régimes également soutenables dans l’abstrait. Je considère l’
3045
ises. Je considère que nous n’avons plus le droit
de
l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certa
3046
ns qui se demandent encore, par exemple, s’il est
de
gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrét
3047
andent encore, par exemple, s’il est de gauche ou
de
droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous
3048
nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen
de
se défendre — surtout quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
3049
se défendre — surtout quand il s’agit des choses
de
l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de
3050
ut quand il s’agit des choses de l’esprit — c’est
de
connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrèt
3051
de connaître l’adversaire afin de reconnaître et
de
tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs.
3052
en est temps, des déviations qui feraient le jeu
de
l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fasciste, c’est définir du
3053
eraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine
de
l’homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui men
3054
s dangers qui menacent en permanence notre morale
de
la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de
3055
ais le montrer par deux exemples dont j’essaierai
de
tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Ég
3056
première question est capitale. Car la politique
d’
un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il pren
3057
e d’un régime est toujours étroitement dépendante
de
l’attitude qu’il prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en
3058
ne religion politique, ou encore en une politique
d’
allure religieuse. Et cela d’autant plus que la religion qu’il adopte
3059
ore en une politique d’allure religieuse. Et cela
d’
autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fa
3060
cas des fascismes et du communisme, une religion
de
l’ici-bas sans transcendance, une religion dont les buts purement ter
3061
ent terrestres ne divergent plus du tout des buts
de
la politique, se confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus de
3062
confondent même avec ceux-ci. Alors il n’y a plus
de
recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut
3063
vec ceux-ci. Alors il n’y a plus de recours, plus
de
pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à
3064
tique religieuse totalitaire, a créé le type même
d’
une communauté régressive, c’est-à-dire d’une communauté fondée sur le
3065
pe même d’une communauté régressive, c’est-à-dire
d’
une communauté fondée sur le passé : le sang, la race, la tradition, l
3066
on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’est pas
de
sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que « les ch
3067
es choses vieilles sont passées » selon la parole
de
l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laq
3068
quels sont tes morts ? Religion du sang, religion
de
la terre et des morts, religion sanglante et mortelle, religion des c
3069
des morts, des cortèges funèbres, des cérémonies
d’
imprécations, des sacrifices propitiatoires, le tam-tam des tambours l
3070
propitiatoires, le tam-tam des tambours lugubres,
d’
hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous souten
3071
tam des tambours lugubres, d’hallucinants sabbats
de
nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représ
3072
s le pardon, le futur éternel, le rachat du péché
d’
origine ? Second point : quelle est la condition faite à la personne d
3073
est très simple. On a détruit l’un des deux pôles
de
la personne : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout r
3074
étruit l’un des deux pôles de la personne : celui
de
la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle :
3075
eux pôles de la personne : celui de la liberté ou
de
l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui de l’engage
3076
mie, et l’on a tout réduit à l’autre pôle : celui
de
l’engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit
3077
alement engagé, corps et esprit, dans les rouages
de
l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transce
3078
t limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours
de
l’individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous
3079
il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus
de
pouvoir deviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personn
3080
eviennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz
de
personnes, ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer
3081
tes, l’on crée des ersatz de personnes, ou plutôt
de
personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’est l’État et
3082
sonnes, ou plutôt de personnalités — des milliers
de
petits Führer — mais c’est l’État et sa « mystique » qui les créent.
3083
sa « mystique » qui les créent. On ne leur laisse
d’
initiative que dans les cadres qu’on leur a prescrits. Elles ne valent
3084
les ne valent rien par elles-mêmes. Cette manière
de
créer des personnalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la per
3085
vidu embrigadé, et non pas une vocation. Milliers
de
masques durs, volontairement durcis, de ces jeunes soldats politiques
3086
Milliers de masques durs, volontairement durcis,
de
ces jeunes soldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’héro
3087
le, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus
de
courage civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire, le
3088
qui n’ont plus de courage civique. Militarisation
d’
un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique, d’une véritable civi
3089
un peuple ! C’est le contraire, le mot l’indique,
d’
une véritable civilisation. Qu’allons-nous opposer à cela ? Tout simp
3090
cette force reste pure ! Car de même que le culte
de
la terre et des morts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de
3091
orts, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque
de
nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine
3092
voie directe au fascisme, une certaine déviation
de
notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un cert
3093
taine déviation de notre morale, un certain culte
de
la « personnalité » en soi, un certain individualisme, risquent aussi
3094
en soi, un certain individualisme, risquent aussi
de
nous y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fai
3095
risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci
d’
une manière indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résista
3096
istances spirituelles et nous font perdre le sens
de
l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier.
3097
t nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici
de
nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une cer
3098
lise. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe
de
nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôn
3099
mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous
d’
une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le pr
3100
Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine
de
prôner ou de laisser prôner le protestantisme créateur de personnalit
3101
d’une certaine manière trop humaine de prôner ou
de
laisser prôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre dan
3102
r ou de laisser prôner le protestantisme créateur
de
personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme,
3103
intime et permanent, c’est le moralisme, le culte
de
nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de loue
3104
ns purement humaines. À force de louer la Réforme
d’
avoir été, comme on dit « une pépinière d’individualités et de caractè
3105
Réforme d’avoir été, comme on dit « une pépinière
d’
individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque
3106
comme on dit « une pépinière d’individualités et
de
caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Ré
3107
caractères bien trempés », nous courons le risque
d’
oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’homme d’abord. À force d
3108
force de louer ses effets humains, nous risquons
de
trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalité n’est bien
3109
ité n’est bien souvent que le résidu, l’empreinte
d’
une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a
3110
e ambiance protestante. Nous n’en avons que trop,
de
ces gloires « protestantes », laborieusement annexées et recensées pa
3111
aborieusement annexées et recensées par une sorte
de
nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis
3112
recensées par une sorte de nationalisme huguenot,
de
ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Cer
3113
rotestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir
de
ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse
3114
de ce que la foi réformée, même quand elle cesse
d’
être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela co
3115
us rares si nous laissons tarir les sources vives
de
la Réforme. Et puis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’est
3116
isme à l’individualisme, dès que l’on perd la foi
de
la Réforme pour ne garder que ses vertus humaines et activistes. Et c
3117
oderne, avec sa concurrence sans frein, phénomène
de
piraterie sociale, de mépris du bien commun, phénomène typiquement in
3118
rence sans frein, phénomène de piraterie sociale,
de
mépris du bien commun, phénomène typiquement individualiste69. Un der
3119
era sentir, je crois, toute l’importance pratique
de
cette distinction entre personne et personnalité. Hitler peut former,
3120
ocations irréductibles aux ambitions spirituelles
de
l’État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seu
3121
ux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp
de
concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’est point parce q
3122
i reproche son énergie ou ses talents, ses traits
de
caractère, son héroïsme durant la dernière guerre, bref, sa personnal
3123
e, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est
de
prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement opér
3124
ersonne et personnalité. Je ne vois aucune raison
de
lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il est t
3125
aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif
d’
une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conc
3126
exclusif d’une telle clairvoyance. Il est temps
de
tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point.
3127
l est temps de tirer, en deux mots, la conclusion
de
cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l
3128
tirer, en deux mots, la conclusion de cette série
de
mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l
3129
sion de cette série de mises au point. J’ai tenté
de
situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans les conflit
3130
J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution
de
l’Europe, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé de vous montrer
3131
rope, puis dans les conflits actuels. J’ai essayé
de
vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l
3132
représente, en sa pureté, le centre et l’axe même
de
la notion chrétienne de la personne, à la fois libre et engagée. Il e
3133
, le centre et l’axe même de la notion chrétienne
de
la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme
3134
ppelée à figurer, dans notre siècle, le type même
de
la sûre doctrine de résistance au paganisme politique 70. Ceci nous
3135
ns notre siècle, le type même de la sûre doctrine
de
résistance au paganisme politique 70. Ceci nous charge d’une respons
3136
ance au paganisme politique 70. Ceci nous charge
d’
une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous
3137
ns-nous faire pour nous montrer à peu près dignes
de
cette mission ? Simplement, mais aussi rigoureusement, et dans la ple
3138
, et dans la pleine virulence du terme, redevenir
de
véritables protestants. Un véritable protestant, les faits le prouven
3139
vent, sera toujours l’adversaire le plus efficace
de
l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au série
3140
s reste à prendre au sérieux la doctrine réformée
de
l’homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à propose
3141
dre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et
de
l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un programme
3142
vendications conformes au Décalogue et à l’esprit
de
l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens
3143
aussi et d’abord contre les déviations humanistes
de
la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocra
3144
nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce
de
croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi
3145
ade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas
d’
autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-même. Car un e
3146
e et extérieur, ce n’est jamais que l’incarnation
d’
une possibilité secrète, d’une tentation que chacun souffre dans son c
3147
mais que l’incarnation d’une possibilité secrète,
d’
une tentation que chacun souffre dans son cœur. Alors seulement, purif
3148
s et lucides, quand nous aurons repris conscience
de
notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « perso
3149
force véritable, celle qui ne vient pas de nous,
de
nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors
3150
vient pas de nous, de nos « personnalités », mais
de
nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéte
3151
de nos « personnalités », mais de nos vocations,
de
nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise
3152
« Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus
de
marteaux l’on y use. » 63. Conférence prononcée au mois de janvier
3153
l’on y use. » 63. Conférence prononcée au mois
de
janvier 1939 dans les aulas des universités de Neuchâtel, Lausanne et
3154
is de janvier 1939 dans les aulas des universités
de
Neuchâtel, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis de la pensé
3155
l, Lausanne et Genève, sous les auspices des Amis
de
la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université de Bâle, sur
3156
Amis de la pensée protestante, ainsi qu’à l’aula
de
l’Université de Bâle, sur la demande de l’Association générale des ét
3157
ée protestante, ainsi qu’à l’aula de l’Université
de
Bâle, sur la demande de l’Association générale des étudiants de cette
3158
’à l’aula de l’Université de Bâle, sur la demande
de
l’Association générale des étudiants de cette ville. 64. En Suisse,
3159
a demande de l’Association générale des étudiants
de
cette ville. 64. En Suisse, Emil Brunner (Der Mensch im Widerspruch)
3160
m Widerspruch) et Gonzague de Reynold (Conscience
de
la Suisse). 65. À partir de la fin du xiie siècle surtout. 66. Je
3161
iècle surtout. 66. Je rappelle que ce texte date
de
janvier 1939. L’occupation de Prague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne
3162
e que ce texte date de janvier 1939. L’occupation
de
Prague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne déduise pas de ces remarques q
3163
rague eut lieu en mars. 67. Qu’on ne déduise pas
de
ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des troi
3164
is bien que ces mouvements ont revêtu les erreurs
de
chacune de ces Églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encor
3165
ces mouvements ont revêtu les erreurs de chacune
de
ces Églises pour en faire la forme de leur doctrine. Encore le phénom
3166
de chacune de ces Églises pour en faire la forme
de
leur doctrine. Encore le phénomène s’est-il limité aux grands pays. L
3167
ique n’est pas fasciste. 68. Sur la distinction,
d’
une importance capitale, entre les deux termes soulignés dans cette ph
3168
oir Penser avec les mains, IIe partie : La vertu
d’
autorité, pages 209 et suivantes. 69. Max Weber, luthérien « détaché
3169
holique « détaché », l’attribue aux accumulations
de
capitaux dans les couvents anglais ; selon Werner Sombart, tout vient
3170
, c’est que l’invention du système est antérieure
de
plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur de quatre
3171
siècles à la Réforme, et son triomphe postérieur
de
quatre siècles. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu d’attri
3172
es. Ce qui n’empêchera pas le premier ignare venu
d’
attribuer le tout à Calvin. On attribue bien l’hitlérisme à Luther !
3173
tlérisme à Luther ! 70. Je dis bien le type même
de
sûre doctrine, et non pas la seule doctrine, et non pas le seul remèd
3174
seul remède efficace dans l’immédiat. La doctrine
de
la Réforme représente à mes yeux la santé chrétienne. Un régime sain
3175
e opération. Et les remèdes sont souvent composés
de
poisons…
3176
Préface pour l’édition
de
1946 Daté ne veut pas dire nécessairement caduc. Ce recueil « d’ess
3177
veut pas dire nécessairement caduc. Ce recueil «
d’
essais de circonstances » porte en toute évidence la marque des années
3178
dire nécessairement caduc. Ce recueil « d’essais
de
circonstances » porte en toute évidence la marque des années au cours
3179
ont été coupées, parce qu’elles contenaient trop
d’
allusions à des incidents oubliés ; et j’ajoute une Ve partie, qui pré
3180
te une Ve partie, qui précise la visée religieuse
de
ma conception propre du personnalisme.) Bien sûr, après une douzaine
3181
e du personnalisme.) Bien sûr, après une douzaine
d’
années — cette douzaine-là ! —, l’insuffisance de plusieurs pages, l’o
3182
d’années — cette douzaine-là ! —, l’insuffisance
de
plusieurs pages, l’outrance ou l’étroitesse de tel jugement que je co
3183
ce de plusieurs pages, l’outrance ou l’étroitesse
de
tel jugement que je confondais sans doute avec de la rigueur, ne vont
3184
de tel jugement que je confondais sans doute avec
de
la rigueur, ne vont-elles pas sans me gêner. Mais on ne récrit pas un
3185
pas sans me gêner. Mais on ne récrit pas un livre
de
ce genre sans lui faire perdre sa vertu de prise de position dans le
3186
livre de ce genre sans lui faire perdre sa vertu
de
prise de position dans le vif, à tous risques. Et surtout, je n’ai pa
3187
ce genre sans lui faire perdre sa vertu de prise
de
position dans le vif, à tous risques. Et surtout, je n’ai pas éprouvé
3188
l instant, tout en relisant ce recueil, le besoin
de
corriger ses diagnostics pour les rendre après coup plus conformes au
3189
traits pour s’appliquer à n’importe quelle époque
de
l’histoire. Mais, au contraire, je tiens la situation présente pour e
3190
n présente pour essentiellement identique à celle
de
l’entre-deux-guerres. Le danger totalitaire n’est pas moindre, les er
3191
e, ne les rend que plus redoutables. Quelques-uns
de
nos adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais
3192
est vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais
d’
envahir à la fois leurs vainqueurs et leurs victimes épuisées, cependa
3193
t que la misère et les ruines aggravent l’urgence
d’
instaurer un ordre libertaire, personnaliste. Sinon, nous subirons la
3194
non, nous subirons la police imbécile, au service
de
régimes qui n’osent pas dire leur nom. ⁂ Ce qui a beaucoup évolué, pa
3195
t personnaliste lui-même. En tant qu’organisation
de
groupes ou d’embryons de groupes d’action (en France, en Belgique et
3196
e lui-même. En tant qu’organisation de groupes ou
d’
embryons de groupes d’action (en France, en Belgique et en Suisse, pri
3197
En tant qu’organisation de groupes ou d’embryons
de
groupes d’action (en France, en Belgique et en Suisse, principalement
3198
’organisation de groupes ou d’embryons de groupes
d’
action (en France, en Belgique et en Suisse, principalement), il s’est
3199
la guerre. En tant que doctrine, je serais tenté
de
dire qu’il a subi le même destin ; mais la dispersion des idées n’ent
3200
en au contraire. Qu’un Ribbentrop, lecteur assidu
de
nos revues, ait volé à l’une d’elles le terme d’« Ordre nouveau », au
3201
p, lecteur assidu de nos revues, ait volé à l’une
d’
elles le terme d’« Ordre nouveau », aux fins que l’on sait, c’est un a
3202
de nos revues, ait volé à l’une d’elles le terme
d’
« Ordre nouveau », aux fins que l’on sait, c’est un accident bien vexa
3203
ui relève en fin de compte du calembour. La ville
de
Lyon n’est pas tenue pour responsable des méfaits perpétrés par un li
3204
son monde en abusant, surtout aux premiers jours,
de
quelques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à c
3205
sant, surtout aux premiers jours, de quelques-uns
de
nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à certaines révisio
3206
ar le fait que la Résistance, dans plusieurs pays
de
l’Europe, absorba le mouvement personnaliste, son esprit, ses mots-cl
3207
ommes. Soit qu’il s’agît dans quelques cas précis
d’
influences personnelles exercées par nos militants, soit que la situat
3208
e la Résistance européenne redécouvrit bon nombre
de
nos positions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique,
3209
sitions, mit au point dans la lutte nos principes
de
tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de n
3210
dépossédés par cette mise dans le domaine public
de
nos idées. D’autre part, le succès que rencontre aujourd’hui la doctr
3211
iquer que les esprits s’éveillent à certain ordre
de
réalités que nous tenions dès le début pour décisives. Le personnalis
3212
s l’atmosphère philosophique définie par les noms
de
Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. No
3213
hilosophique définie par les noms de Kierkegaard,
de
Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance s
3214
finie par les noms de Kierkegaard, de Berdiaev et
de
Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité
3215
es noms de Kierkegaard, de Berdiaev et de Marcel,
de
Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engag
3216
egaard, de Berdiaev et de Marcel, de Heidegger et
de
Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engagement et notre c
3217
et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité
de
l’engagement et notre conception de la personne comme être à la fois
3218
la nécessité de l’engagement et notre conception
de
la personne comme être à la fois libre et engagé, contrebattues de to
3219
mme être à la fois libre et engagé, contrebattues
de
tous côtés et peu comprises avant la guerre, sont devenues comme on s
3220
rre, sont devenues comme on sait le pont aux ânes
d’
une école dont on parle beaucoup. (Je ne vois pas cette école, il est
3221
etour, après six ans, dans une Europe mal relevée
d’
une grave opération à chaud, les symptômes du même mal, localement ext
3222
corps entier. Je trouve aussi qu’en divers points
de
ce corps malade, certaines antitoxines commencent à « prendre ». Et p
3223
prendre ». Et peu importe qu’elles soient ou non
de
notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préconisions. Q
3224
ut à publier mon livre. C’est ainsi que le numéro
de
janvier 1946 d’ Esprit nous apprend qu’en Hollande « le personnalism
3225
livre. C’est ainsi que le numéro de janvier 1946
d’
Esprit nous apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’est constitu
3226
is fort encourageants, nous parviennent également
de
Pologne, d’Italie, de Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnali
3227
urageants, nous parviennent également de Pologne,
d’
Italie, de Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnalistes viennen
3228
nous parviennent également de Pologne, d’Italie,
de
Yougoslavie, du Danemark. Des revues personnalistes viennent d’appara
3229
, du Danemark. Des revues personnalistes viennent
d’
apparaître, deux en Suisse, une en Angleterre… Partout le mot ; la cho
3230
elle ? Que peut encore l’Europe, terre des droits
de
la personne, prise entre l’Amérique et la Russie ? Mais les faits son
3231
même qu’ils ne peuvent prévaloir contre la vérité
de
l’homme créateur, celui-ci se gardera d’en tirer ses vrais motifs d’e
3232
a vérité de l’homme créateur, celui-ci se gardera
d’
en tirer ses vrais motifs d’espérance ou de doute. Quoi qu’il arrive d
3233
, celui-ci se gardera d’en tirer ses vrais motifs
d’
espérance ou de doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en tiens, pour m
3234
ardera d’en tirer ses vrais motifs d’espérance ou
de
doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en tiens, pour ma part, au pess
3235
me actif qui inspira ces essais. 1. Citons l’un
de
ces derniers, M. Brugmans : « Le mouvement personnaliste néerlandais
3236
ent personnaliste néerlandais est né dans un camp
d’
otages, dans un séminaire transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel.
3237
l. Nous nous y trouvions, avec quelques centaines
de
camarades, internés par les Allemands sans forme de procès, sous la m
3238
camarades, internés par les Allemands sans forme
de
procès, sous la menace de la fusillade… Mais un souffle étrange anima
3239
es Allemands sans forme de procès, sous la menace
de
la fusillade… Mais un souffle étrange animait des jeunes et les rasse
3240
ange animait des jeunes et les rassemblait autour
d’
une table… Pendant des mois, ils travaillèrent… La doctrine était là,
3241
e mot personnalisme n’était connu en Hollande que
d’
une petite minorité d’intellectuels francophiles. À présent, on retrou
3242
était connu en Hollande que d’une petite minorité
d’
intellectuels francophiles. À présent, on retrouve le mot — sinon la c