1 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 1. L’engagement politique
1 e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
2 n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
3 s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique est beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
4 officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait été loué par ses plus conscientes victimes. S’il me faut obéir aux décret
5 crets du tyran, je ne veux pas qu’on exige que ce soit de bon cœur. Je me défends en attaquant. Je préfère porter cette guer
6 ngagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vr
7 égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vrai. Mais ne vaut-il pas mieux les taire, dans un temps où certain h
8 ans un conflit concret, et découvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
9 ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’ était pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
10 tances, et provoquer des adversaires plus nobles. Est -ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
11 que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est -ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
12 uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison, est -ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
13 Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
14 morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on est presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est
15 presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
16 d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
17 tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui est offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
18 é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue fût -elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 2. Je ne suis pas
19 e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’ est -elle pas. 2. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi d
20 pérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 2. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « mo
21 te par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et just
22 quoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et
23 st « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ail
24 ît pas de guerre. D’ailleurs, la guerre moderne n’ est plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentim
2 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
25 et impuissance du clerc qui s’engage Le risque est la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans
26 agée que celle que doit jouer notre génération, n’ est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je n
27 impénitent ». L’expression, dans un certain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des in
28 scepticisme réaliste. L’intelligentsia citadine s’ est mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’hom
29 t même le déformer de telle sorte que la pensée n’ est plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont p
30 rationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle être le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur of
31 les clercs dont on pouvait croire que la mission était de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’
32 délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’ être homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dic
33 tre homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doc
34 isceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’ est plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le
35 ites par les clercs pour « repenser l’époque » ne sont point trop encourageantes. Ne les voyons-nous pas, pour cette importa
36 meurt soldat, ivre ou lucide, peu importe, ce ne sera pas dans son lit. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sér
37 pe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On est frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquem
38 ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
39 usement nos angoisses ; il est certain que cela n’ est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
40 sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’ est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
3 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
41 r des intellectuels et son usage Si le désordre est tel que la pensée n’engrène plus à rien ; et si la pensée « débrayée 
42 eule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni
43 nsant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’ est ni ange ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant qu
44 nt que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas
45 taient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pen
46 l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’est l’homme
47 pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’ est l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de dépar
48 u de vue sa définition même. Leur point de départ est faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’
49 oir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul po
50 dirait, toute question d’habileté mise à part. Il est clair que le monde moderne n’est pas conduit par des raisons, plus ou
51 mise à part. Il est clair que le monde moderne n’ est pas conduit par des raisons, plus ou moins bonnes, mais par des folie
52 i se croit dans son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas u
53 la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’ est pas une raison, si l’on en sait la cause, pour la taire, et pour reno
54 t pour renoncer à vanter le remède que l’on pense tenir . Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour
55 ncer à vanter le remède que l’on pense tenir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour renoncer à
56 enir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’ est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour reno
57 ’est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on
58 er à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et
59 et devant lesquelles on se courbe parce qu’elles sont soi-disant fatales, perdent beaucoup de leur majesté redoutable dès q
60 espèce de scandale. Les groupes qui le défendent sont petits, mal connus. On les accuse d’utopie. Ils tablent, en effet, su
61 Ils constatent que, dans la réalité politique, ce sont encore des hommes qui agissent, et non pas du tout ces faux dieux qu’
62 hodique aux calculs ingénieux des sociologues. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’est qu’une science de mythoma
63 s. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’ est qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espè
64 s et ses pensées : l’un des plus caractéristiques est justement cette pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’év
65 d’évolution des « masses » comme si les masses n’ étaient pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre
66 à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’hum
67 uite devant l’humanité particulière telle qu’elle est incarnée par le prochain visible. Sociologues et humanitaires souffre
68 nds mouvements sociaux contemporains (hitlérisme) est très frappant. Il n’y a pas lieu d’insister sur ce point après tant d
69 éduire ceci : La première tâche des intellectuels est , aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
4 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
70 e politique à hauteur d’homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les po
71 irs entendent mener les hommes. Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle polit
72 estion est de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’
73 r dans le monde des politiciens. Si la Politique est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux
74 est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’ho
75 à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’ est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règle
76 t de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pou
77 l faut se plier pour respecter en lui sa raison d’ être . Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à dr
78 on d’être. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme5. C’est p
79 une raison suffisante pour estimer que ces partis sont tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela
80 réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne sont en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ignorance par quel
81 de croire, par exemple, qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par l
82 s. Et je la vois trop ignorante dans cet art pour être en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer d
83 dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’ est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
84 st pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
85 mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent -ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
86 le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
87 té capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’ est elle-même que le résultat d’une erreur plus profonde. Elle traduit, d
5 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 5. En dernier ressort
88 5.En dernier ressort Quel que soit le dégoût qu’inspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit
89 mes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne s
90 e que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée dès sa naissance à la dégradation commune.
91 me historique n’a existé dans l’absolu, ni n’a pu être imaginé dans un absolu existant. Le plus sublime modèle et le plus at
92 agination la plus dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la pui
93 a haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait être fou pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui impose
94 corde un triomphe fictif. Les dictatures modernes sont nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoi
95 un bras se tende. Le chrétien sait que ce bras s’ est tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient t
96 Le chrétien sait que ce bras s’est tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient tout ensemble, dans
97 ir sur le plan politique, si d’une part toute foi est action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre
98 litique, si d’une part toute foi est action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre intellectuel, par
99 position du chrétien dans le monde d’aujourd’hui est trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu’on puisse négl
100 d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il est bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend a
101 du monde, et cependant il l’entend autrement ; il est bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’
102 rètes, et cependant l’objet de ces revendications est toujours relatif, subordonné à une fin transcendante, jugé par elle,
103 désillusionné ! C’est dans cette situation qu’ont été composés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’équivoque, c’
104 équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’ être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de su
105 être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’ est pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moin
106 veut-il en venir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est -il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascist
107 nir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est-il rouge, est -il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi
108 uche ? à droite ? Est-il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi contre « l’ordre
109 e. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous l
110 le soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se
111 ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui sont , je crois, ceux qui se posent. À qui se posent-ils ? Et comment les a
112 indiquer pour finir.   I. — Le malheur de l’homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essais politiques
113 raît sous un jour nouveau : on voit bien qu’elles sont sans rapport à la misère réelle des hommes, mais on voit bien aussi q
114 personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont que politique d’autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est p
115 fins dernières. Pourtant la seule politique vraie serait celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but ass
116 politique vraie serait celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci d
117 e la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait être utilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursui
118 condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde est justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espéranc
119 oppements. C’est que la politique, redisons-le, n’ est pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte
120 t pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte-à-faux, appuyée sur des faits qu’on n’a pas à chois
121 choisir, penchant vers des idées que la logique n’ est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur p
122 e la logique n’est pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de par
123 endant de leur objet. Faire de la politique, ce n’ est pas là mon choix, c’est une obligation à quoi je me résous en maudiss
6 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
124 tise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’ est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ».
125 nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’ est pas d’expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre épo
126 ires qui s’affrontent au milieu du désordre. Il n’ est pas d’expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut
127 t tyrannique, comme une divinité qui, depuis peu, serait devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature qui
128 et de la lâcheté publique. Des provinces entières sont ruinées par des exploitations dont les bénéfices s’engloutissent en d
129 nt leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils seront les seuls bénéficiaires. La corruption s’étale, flétrie avec grandilo
130 ésarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si nouveau ? Croit-on vraiment que, jusqu’à ces dernières années, la
131 es hommes ? Croit-on vraiment que le « désarroi » soit seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsqu
132 es valeurs boursières et la tranquillité publique sont menacées ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout t
133 es ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depui
134 ne crise dont les périodes dites « prospères » ne sont que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusio
135 s de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’ être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solen
136 t, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne furent pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption
137 histoire, mais celles où la corruption permanente fut ouvertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, ell
138 ordre » qui couvait sous des apparences paisibles est soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes europé
139 éclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne fut plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et p
140 s grand que jamais. Désarroi ? Non. Les doctrines sont contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impos
141 es sont contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connai
142 aire apparaît avec une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu
143 répète que les événements nous dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pas vrai ! C’est encore un
144 u’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’ est pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons tr
145 t faire, nous répondent : attention ! le problème est plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réali
146 roblème est plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont, osons les simplifier
147 e sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont , osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le
148 , ou, s’ils le sont, osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il
149 osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’ est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous c
150 garde contre un « certain esprit simpliste », qui est , au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avon
151 des complexités que nous créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de pr
152 plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’étai
153 xtes à refuser de prendre position, comme si ce n’ était pas là, déjà, prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous
154 e position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent
155 ssés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des g
156 efuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression est courante
157 é de la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression est courante, mais suspecte9. Si nous y regardons de près, nous allons vo
158 eut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il est différent des autres hommes. Napoléon, César, Lénine ont un destin. M
159 la mesure où chacun de nous possède une raison d’ être , quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui est
160 de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit , une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une voca
161 soit, une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’u
162 ’attribuer une sorte de valeur indépendante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siè
163 ui englobe toute l’humanité, et dont les éléments sont presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’hi
164 races, des entreprises publiques ou privées. Ce n’ est que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies,
165 destin du siècle, c’est le destin des ismes, qui sont — en fin de compte — des abstractions. Et, je le répète, pour que ces
166 — les destins. Notre siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemment athée. Mais, en même temps,
167 e, et consciemment athée. Mais, en même temps, il est polythéiste et superstitieux au dernier degré. La grande majorité de
168 us, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous
169 s de ces divinités, vous les connaissez bien : ce sont l’État, la nation, la classe, la race, l’argent et l’opinion publique
170 lique. Elles ont encore un autre nom, et qui leur est commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute
171 es dieux pour cette espèce-là d’incroyants, et ce sont , par exemple, l’opinion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
172 ue nous prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les sacrifices humains. Ces dieux ont même leur thé
173 entendu, et dont les deux disciplines principales sont l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples d
174 taquable, une fois les prémisses admises. Quelles sont ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toute
175 Trotski, s’explique entièrement par le fait qu’il était , à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie
176 es petits gradés d’une armée vaincue. L’hypothèse est séduisante, vraisemblable même. Que répondra Hitler ? Il répondra que
177 ski s’explique simplement par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’est-ce pas, deux points de vue inconciliables et co
178 ent par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’ est -ce pas, deux points de vue inconciliables et contradictoires ? Sur le
179 rtaine violence ; mais par rapport à l’homme, ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et
180 l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’ est rien, mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le monde
181 nt à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et détermin
182 os révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. De
183 es et qu’ils ont exposé leurs vies. Enfin, qu’ils sont animés par une foi constructive que bien des jeunes bourgeois railleu
184 à savoir si la foi des marxistes et des racistes est vraie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à sa base ?
185 aie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à sa base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, c
186 même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce sont des réalités générales, d’ordre statistique ; des considérations, par
187 pement économique des siècles passés, quand ce ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités p
188 ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités passées, historiques, achevées, mortes comme to
189 bien se fonder une loi historique ? Sur ce qui a été fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose sur le
190 par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne fût -ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générales, économiques
191 rbe. Les lois générales, économiques ou sociales, sont toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d
192 omme descend du singe, les autres croient qu’il a été créé par Dieu. Ils se disputent énormément. J’estime qu’ils ont tort
193 ’ils ont raison les uns et les autres. Ma théorie est la suivante : ceux qui pensent que l’homme descend du singe, descende
194 r Dieu, et qui, eux, croient et savent qu’ils ont été créés par Dieu. Cette petite histoire ne s’applique pas seulement au
195 ssi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il est tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entiè
196 it vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entièrement dominés par la classe ou la race, et c’est perdre son tem
197 fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes qui tombent, eux
198 qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce q
199 de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût -ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que le
200 qui prélude à toute guerre moderne bien comprise serait impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les
201 erait impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les luttes sociales perdraient beaucoup de leur violence.
202 avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin d
203 nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin
204 s pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin des ismes, dévora
205 emise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un hom
206 , est impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
207 e sans destin, un homme sans vocation ni raison d’ être , un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, dev
208 être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être -là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîm
209 ement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce serait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un re
210 re époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce que l’
211 s masses. C’est parce que l’individu des libéraux était sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’est parce qu’il n’a
212 e. On me dira que la solidarité entre les peuples est désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au prog
213 sprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se tient  » dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Pa
214 lliers d’ouvriers annamites. Oui, certes, tout se tient désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité
215 se tient désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité catastrophique. Oui, le destin du siècle, le
216 solitude. J’ai terminé ma description du siècle. Est -elle pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de s
217 n du siècle. Est-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’ est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau,
218 personnel ? Irresponsable ou responsable ? Telle est , je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque.
219 ifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore
220 puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’ est pas encore leur échapper. Les nier purement et simplement, ou désirer
221 désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils sont là, et ils ont probablement leur raison d’être. La classe, la race, j
222 ls sont là, et ils ont probablement leur raison d’ être . La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’instinct
223 de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’ est pas abdiquer sous leur implacable destin. Ceux qui l’ont fait et qui
224 vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils se sont cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’
225 oublié ce fait très simple : que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en
226 ommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les
227 f l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang,
228 ais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’ être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. J
229 té, leur raison d’être personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l’accu
230 rien à proposer que votre chétive personne ? Vous serez emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au dan
231 s serez emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’est-ce que cette personn
232 est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’ est -ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années
233 es ? Permettez-moi de renverser la question : que sont ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous cour
234 nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïst
235 révolutions, enfin réelles, elle prépare. Mais ce serait là une autre conférence. ⁂ Il reste une question grave, une question
236 oudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue
237 , nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est -ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce
238 l de la personne ? Est-ce une vue philosophique ? Est -ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce un choix subjectif ? Vous préf
239 ilosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est -ce un choix subjectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’homme qui
240 nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’ être . Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordr
241 une vocation personnelle. Personne et vocation ne sont point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte,
242 ation ne sont point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte, unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, q
243 : acte, et il faut insister là-dessus. Le monde s’ est emparé des paroles du Christ et il les a complètement perverties. On
244 n a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence et en
245 ne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’ être  : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jés
246 s, l’un d’entre eux se leva et lui dit : mais qui est mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son prochain,
247 la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
248 de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin per
249 siècle, lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois histori
250 atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutio
251 lles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être , là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin.
252 près tout, l’homme désespéré, ce qu’il veut, ce n’ est pas une explication du désespoir qui le possède, mais c’est une conso
253 , c’est littéralement : rendre complet, unifier l’ être , réunir. L’homme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est
254 nnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’ est pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa ra
255 ecueil d’essais politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le suc
256 politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’ est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide
7 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (d’après une discussion)
257 elle se taira sans doute pour vous, quand vous ne serez plus ; mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortel
258 mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortelle malgré vous, elle s’en va et s’en ira toujours disant : in
259 en ira toujours disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux e
260 s heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je vous entendais confirmer mon point de vue.
261 dais confirmer mon point de vue. Réponse. — J’en suis fâché, mais la personne dont je parle n’a rien à voir avec l’individu
262 individualistes et personnalistes, la différence est purement verbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défi
263 rbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie d’un
264 défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord
265 e partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord, et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous
266 retenir. La logique nous enseigne que la partie n’ est pas plus grande que le tout. Ce qui revient à dire, sur le plan polit
267 . Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’ est pas justifié, et les individualistes à la mode du xixe siècle font f
268 sme, le fascisme ou la dictature stalinienne. Tel est le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duq
269 L’individu au nom duquel légiféra la Convention n’ était en somme défini que par des droits — et par des droits tout relatifs
270 s tout relatifs à l’ensemble dont il dérivait. Il était donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus
271 Il était donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’abd
272 a situation se renverse. La vocation d’un homme n’ est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa vé
273 it pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le
274 ge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’ être . Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut
275 du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble est comme une extension normale du bien particulier. La personne est prem
276 xtension normale du bien particulier. La personne est première ou n’est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, qu
277 u bien particulier. La personne est première ou n’ est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, que l’État n’est rie
278 vient à dire, sur le plan politique, que l’État n’ est rien d’autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des per
279 ndividu libéral, c’est le fédéralisme. L’individu étant conçu par les juristes à partir de l’ensemble, ses droits dépendent,
280 ut au contraire, des lois fondées sur la personne sont obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles,
281 ant. Mais, de la sorte, le centre de l’autorité n’ est pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaqu
282 ne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils sont moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront-ils plus prob
283 moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront -ils plus probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à ma
284 probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophi
285 ilosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophiques, voire même théologiques… mais
286 arlerons une autre fois. Deuxième question. — Qu’ est -ce que cela signifie : « Fonder les lois sur la personne » ? Vous dit
287 i vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bien ce que c’est qu
288 profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’ être gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens votre
289 le. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réal
290 fait le bonheur, — si par malheur cette maxime n’ était fausse. Ceci dit, la difficulté du personnalisme subsiste. Il y a trè
291 re public. Mais ce peu de personnes existantes, n’ est -ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de m
292 -ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l
293 individu réel, l’individu des droits de l’homme n’ étant rien qu’un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’est-ce que
294 un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’ est -ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charg
295 s, ici, faisons deux remarques : 1. La vocation n’ est pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’u
296 ement parler du choix d’une vocation. La vocation est un appel, une mission confiée à un homme, — une parole que Dieu lui a
297 oir une vocation, où qu’il se trouve, quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se
298 , quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche
299 er telle compromission. Pour l’autre, la vocation sera comme une puissance qui fond sur lui, puissance trop forte pour ses f
300 tre même mortelle. Dans tous les cas, la vocation est une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective,
301 ion est une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective, mais qu’il faut aussitôt s’approprier. Une fo
302 aussitôt s’approprier. Une fois que l’homme se l’ est appropriée, il découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de ce
303 2. Mais on me dira que la vocation ainsi comprise est une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne p
304 l arrive qu’ils se sacrifient à la tâche qui leur est assignée par une force pour eux insondable, et qu’ils ne sauraient qu
305 ’un vient dire maintenant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet o
306 enant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt u
307 nté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver
308 . La vocation telle que l’entendent les chrétiens est imprévisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il
309 lois, si détaillées et si particulières qu’elles soient , deviennent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette obje
310 souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocation est avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux
311 nt tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’i
312 st soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’infini. D’autre part, on peut renverser l’objection.
313 . Les lois rigides, rationnelles et générales, ne sont pas celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas
314 moyen des violences qu’on sait, peut très bien n’ être que la fixation brutale d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merc
315 spirituel auquel songeait le philosophe thomiste est très bien défini : c’est le pouvoir du pape ; c’est celui qui réside,
316 contrôlé. Je crains alors que leur « esprit » ne soit qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spirit
317 onnaît pas l’Esprit, le seul auquel je croie, qui est le Saint-Esprit. L’homme naturel ne connaît que la « chair » selon l’
318 e corps et les passions. L’Esprit auquel je crois est justement celui que l’homme ne peut connaître, sinon en lui obéissant
319 ut voir quelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’ est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte
320 éateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’ est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
321 uide très subtil, d’autant plus respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’est pas non plus l’intelligence, ni la pensée
322 respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’ est pas non plus l’intelligence, ni la pensée, ni les fameuses « valeurs
323 ’Esprit qui vient s’incarner parmi nous. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 11. Littré donne « Indi
324 s. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’ est rien. 11. Littré donne « Individu : 1° Tout corps considéré comme u
325 laquelle il appartient. Ex. : « Les individus ne sont rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’être per
326 x. : « Les individus ne sont rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’être personnel considéré par oppos
327 s espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’ être personnel considéré par opposition à l’état ou à la société ; 4° homm
328 ques précisions. Dès que l’absolu auquel on obéit est qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’être un homme qui n
329 qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’ être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyant, c
330 tice humaine, nation, peuple, etc.), cet absolu n’ est plus le Dieu caché, mais une croyance morale divinisée, une idole mal
8 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
331 es gens », Marx montrait que leur activité réelle était l’exploitation économique du prolétaire, que leur libéralisme c’était
332 ûts démocratiques, par-dessus tout leur religion, étaient autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systém
333 des rapports humains et du statut social dont ils étaient les bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique in
334 rappel à la réalité de la condition humaine. Elle fut d’abord pour Marx et pour Engels une affirmation polémique extrêmemen
335 cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d
336 à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a été beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polé
337 le prolétaire. Puis il affirma que ce prolétaire était l’homme véritable, et duquel il fallait partir pour aboutir, dans que
338 le critique, une fois accompli, le déterminisme s’ est révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle e
339 e soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle est la contradiction centrale du marxisme : les fins qu’il veut atteindre
340 du marxisme : les fins qu’il veut atteindre, qui sont la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans co
341 ration de l’individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre. Ou mieux enco
342 n œuvre. Ou mieux encore : les moyens du marxisme sont incapables d’engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas
343 n peut dire, très exactement, que le matérialisme est l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres
344  : elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce serait une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter
345 hégélienne. Les réalisations marxistes en URSS ne sont guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en plei
346 guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter
347 étant encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan
348 atteignent pas le marxisme authentique, lequel ne sera réalisé que dans quelques siècles peut-être. Où donc irons-nous cherc
349 marxiste », comme il l’a dit lui-même. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui p
350 ils se sentent privés de défense intérieure : il est comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur
351 ons que je ne ferai ici que mentionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on pe
352 ionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme e
353 tiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme est bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi15 q
354 r aussi15 qu’un fait spirituel, la Réforme, avait été un facteur décisif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l
355 ment capitaliste ; 2° La primauté de l’économique est au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées
356 croyance en la seule valeur des faits tels qu’ils sont , qui paraît à certains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de
357 me, et nous disons : tant que le minimum de vie n’ est pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons
358 parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce qu’il vous permet d’éluder le vrai problème. » Mais ce
359 nant, et ceci à cause de deux faits nouveaux, qui sont  : 1° l’instauration du régime soviétique en Russie ; 2° la naissance
360 éalité économique proclamé par Marx. Mais il ne s’ est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute
361 conomique proclamé par Marx. Mais il ne s’est pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’hab
362 alité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’ être théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il faut m
363 nie, il faut maintenant la préciser d’urgence, ne fût -ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaient récemment ce
364 récemment certains socialistes français, « pour n’ être pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaî
365 d’ordre assez nouveau parmi les communistes. On s’ est mis à citer les textes du jeune Marx16. On s’est fondé sur eux pour a
366 ’est mis à citer les textes du jeune Marx16. On s’ est fondé sur eux pour affirmer que la primauté du matériel n’avait qu’un
367 ique, et tout à fait provisoire. Que le but final était bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfi
368 t, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’ était en réalité qu’une précédence 17 dans le temps, et qu’elle n’avait qu’
369 t qu’un sens chronologique. Tout cela, certes, n’ est pas bien nouveau. On n’a eu qu’à reprendre des textes anciens. Mais l
370 upation dite culturelle apparaît là où naguère on était surtout occupé à dogmatiser sur le matérialisme plus ou moins pur. Ce
371 la matière. Maintenant que la critique marxiste s’ est vulgarisée et que l’on commence à comprendre : 1° que la bourgeoisie
372 prendre : 1° que la bourgeoisie et le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon
373 le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon, — les marxistes ont intérêt à r
374 iquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel étant , à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer e
375 lle tactique. Si les jeunes philosophes marxistes tiennent à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique
376 t passer à une œuvre spirituelle. Mais ce passage serait la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées
377 ique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit est d’abord jeu, liberté, création imprévue. Mais cette évasion hors du d
378 e révolution, nous dit-on. Or, cette révolution n’ est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de pr
379 lution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » u
380 utosuppression de l’État, au moment où la société sera devenue homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un r
381 homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’ est qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalit
382 Tout cela n’est qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opérati
383 irituel et de la liberté, dans un monde où seules sont admises les valeurs matérielles et quantitatives, figure une sorte de
384 e une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu serait l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre m
385 ualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel sont semés, ils tomberont désormais dans un milieu de plus en plus stérili
386 mpose actuellement le marxisme-léninisme, ne peut être que conservatrice. Elle s’établit au niveau du fait, c’est-à-dire du
387 rne une réalité totalement déterminée qui ne peut être , même par avance, que du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’
388 ue du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’ est pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obé
389 que le passage au spirituel (selon les marxistes) soit possible, je me refuse à croire que ce passage constituera un progrès
390 ge constituera un progrès sur notre état présent. Étant admises les « valeurs » rationnelles, laïques et collectives, le spir
391 collectives, le spirituel soviétique ne pourrait être qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justem
392 e de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
393 rl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là serait tout bonnement le vieil individualisme français, dont les marxistes s
394 vieil individualisme français, dont les marxistes seraient ainsi les derniers défenseurs au xxe siècle. Un spirituel qui ne vie
395 inction entre l’action et la vie spirituelle, qui est pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précéde
396 es moralismes) que l’« esprit » et la « liberté » sont au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le sp
397 Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’ est pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’une a
398 , que si le spirituel n’est pas à l’origine, il n’ est pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’une croyance. S’i
399 d’un système, d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne
400 action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son
401 e d’actualité, nulle « période de transition » ne sera capable de l’engendrer. Et si, par exemple, la personne humaine est c
402 ngendrer. Et si, par exemple, la personne humaine est comptée pour rien dans les suppositions fondamentales du collectivism
403 marxistes croient que l’homme primitivement bon a été gâté par des institutions sociales irrationnelles, et qui l’ont explo
404 exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-mêm
405 la venue. Nous croyons, au contraire — mais ce n’ est pas exactement le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé
406 ment le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé,
407 que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit poss
408 uellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades succe
409 précédence, des stades successifs. Notre réalité est dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions d
410 rions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mais la pr
411 ns. Les communistes du Midi ne savent guère ce qu’ est le marxisme. 15. Max Weber, contredit d’ailleurs par Werner Sombart.
412 motive qui a inventé Stephenson, que Stephenson n’ est qu’une superstructure, une malicieuse « machination » des exploiteurs
413 eux qui font de la propagande parmi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « es
414 nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette
9 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite, (Fondements théologiques d’une action politique)
415 du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût -elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terr
416 e, aujourd’hui, fût-elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement de
417 stre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réact
418 on de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être . Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la
419 l qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est  : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique de la
420 tique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être  : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politique du
421 e. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’ est pas dans le présent injuste, mais dans le futur libérateur. Politique
422 tique millénariste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche,
423 bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir . À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois
424 l faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme
425 uche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette
426 ndant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’ est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la
427 ut que qui veut faire l’ange fait la bête19. » Qu’ est l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comm
428 , et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’ est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé,
429 si l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu.
430 adoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le rend hu
431 eut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu,
432 t qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc a
433 ester sa dignité proprement humaine. La foi seule est un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce parado
434 qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du terme ; d’autre part, elle para
435 tre part, elle paraît à peu près intenable. Elle est seule humaine, parce que seule elle pose la question dernière du dest
436 ition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles
437 lle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ê
438 bles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ être d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions
439 ’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu
440 ’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est da
441 t, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est dans l’évolution, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’insè
442 l doit rester subordonné à l’origine et à la fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possibl
443 a fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien prenne
444 éactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’il est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa do
445 onnaire, il affirme que l’ordre établi ne saurait être en aucun cas définitif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme
446 ar ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au mond
447 l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant
448 comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’ étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’êtr
449 ans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’ être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme m
450 tre sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un systèm
451 litique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant
452 unauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa
453 bordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’ est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le chré
454 ule communauté réelle et humainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où d
455 l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d’autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’i
456 es débuts que la doctrine libérale qu’il renverse était plus « angélique » dans ses prétentions. 20. Rencontre curieuse avec
10 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
457 Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
458 doxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve
459 xe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue,
460 , c’est sortir de la réalité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec
461 et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair
462 ation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et
463 son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si n
464 r la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle
465 vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promess
466 serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naî
467 lectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne serait pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusq
468 e éternel de la contradiction et de l’« agonie », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre
469 », est au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-c
470 tructive reste vaine, évasive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique
471 sive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend pas au séri
472 es de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer, est antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois
473 qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’ est de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individ
474 ue ; point de vue qui rend absurde le fait même d’ être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste
475 urde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire que « 
476 érésie optimiste constate au contraire que « nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
477 aume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europ
478 nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse est inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende,
479 t inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans
480 un équilibre durable, même si la foi disparaît ; soit qu’il refuse, comme le marxisme, l’antinomie spécifique de notre cond
481 u’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur t
482 tenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’ est -ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire d
483 cessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’ être de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne
484 jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’ être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agis
485 uelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’ est pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’
486 e, mais l’ensemble des relations humaines, la foi est ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu
487 es absolues), tandis qu’au contraire la politique est l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facil
488 plus grande facilité de réalisation. La politique est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la me
489 ue est un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mai
490 onclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s
491 rtir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’ est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivant
492 est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’ est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais n
493 ons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont , — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur fai
494 montre la vanité d’une chose si nécessaire. Telle est , dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le
495 eut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’ est autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime calviniste par
496 , la maxime calviniste par excellence : « Point n’ est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
497 à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte, est en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tou
498 temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les
499 es livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit ceci, q
500 été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’ est même produit ceci, que ceux d’entre eux qui perdaient la foi — c’est-
501 . Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des êtres que l’attitude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans a
502 er un programme : la devise de Guillaume d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont le
503 d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce s
504 ort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nou
505 Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nou
506 s invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup po
507 ieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées !
508 age. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament
509 qu’elle espère en un Dieu transcendant, et qui n’ est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nou
510 dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré sans partage ! On ne peut pas espérer en son nom, et croire aus
511 udes : les adorer ou les fracasser. Tout chrétien est iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Ser
512 atrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’ est pas déplorer ses excès et toucher par ailleurs les bénéfices provisoi
513 ime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus,
514 uement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais, d’
515 suppose trop de calculs et trop de compromis pour être compatible avec une attitude chrétienne. À l’origine permanente de to
516 ion. Et la Réforme elle-même, malgré son nom, que fut -elle, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car
517 La plus grande liberté d’action et de révolution est promise à celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessi
518 appel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde, et pa
519 veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux
520 nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parol
11 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
521 ôtres dont la ferveur s’excite dès que les rentes sont menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son
522 ficelle du destin pour se prouver que le destin n’ est plus son maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est
523 que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’ est plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en rend grâces à
524 point ; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin
525 ; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’ est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ra
526 ous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel est le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette q
527 ait, les cyniques ont raison, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables
528 , à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain
529 est de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
530 , injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent être battus et en gémir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de
531 ou des bourgeois, la seule méthode qui réussisse est la violence. L’idéalisme et la révolution, toutes les doctrines qui v
532 échec juge toute tentative transformatrice. Il n’ est de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en
533 ge toutes ces petites raisons d’État. C’est qu’il est encore plus pessimiste que les cyniques sur le compte des hommes d’au
534 ou des échecs humains ; mais c’est un bien qui n’ est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’est-ce qu’un homme conve
535 ’est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’ est -ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant
536 a cru à autre chose. C’est un homme pour qui tout est accompli : le péché, et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mor
537 et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a l
538 liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolutio
539 r Qui il combat. Bien plus, il sait que l’affaire est réglée ; j’ajoute qu’il ne le sait qu’au plus fort du combat, une foi
540 ans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu est ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme ne peut pas
541 son sort terrestre. C’est que le salut, pour lui, est lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œ
542 les hommes n’arrivent pas au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout e
543 moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous n
544 de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà
545 et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours
546 mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’ est pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques, c’est de m
547 quer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’ est promis22, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résur
548 importe : ce qui importe, c’est que l’action ait été faite en vertu de la foi, car « c’est la foi qui sauve ». 22. Cet a
549 22. Cet acte — faut-il le répéter encore ? — n’ est pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel
12 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
550 e. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture est l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’une v
551 ure la lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que l
552 lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’ être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chré
553 nisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués d
554 ns, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il est une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à un
555 tout dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’ est fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire cro
556 mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social q
557 eux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils sont .) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la
558 qu’ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
559 it du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que
560 témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n
561 é de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il est porté, rétablit le christianisme et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la
562 pourra s’opérer qu’au lieu même où la collusion s’ est faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injust
563 istant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’ est pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeo
564 Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être été chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils consid
565 ter un titre désormais irrecevable. Ce parti peut être aussi nombreux que l’on voudra, il peut représenter la grande majorit
566 ciel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’ est pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustic
567 étienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’ est pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, e
568 st pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’ est fait le soutien, et qui, depuis, assure son succès relatif. Une églis
569 uste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité n’ est plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une
570 l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’ est plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’
571 s ne pourront qu’attester par là même qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles
572 qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et dep
573 ut à fait impossible, parce que la « chrétienté » est sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui
574 éclame encore au moment où elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire :
575 elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une impo
576 ore au nom du christianisme. ⁂ Le christianisme n’ est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes aurai
577 onstituées, existant en elles-mêmes, qui auraient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, co
578 ne manière imprévisible. La seule liberté qui lui soit accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l
579 une tout autre force que celle de la foi. Ce peut être sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bo
580 re. Toutes ces formules d’ « ordre chrétien » ont été plus ou moins réalisées, et constituent dans leur ensemble, du Moyen
581 e sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’ est pas le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérie
582 le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérieur de la religion. Les églises qui se crurent en droit d’é
583 ion antichrétienne de la foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’homme peut se procurer, apprivoiser, réglementer,
584 aurait, une fois pour toutes. Et cette possession serait en quelque sorte garantie par des institutions de plus en plus humain
585 u, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » — est une participation instantanée à l’éternel, elle juge et condamne ceux
586 hrétien, dans toute politique humaine organisée —  fût -ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
587 ipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel est proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.) Ils ont préten
588 ainsi : « Dans cette philosophie et cette morale est délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété
589 chrétienne, l’idée religieuse l’idée même de Dieu est abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie,
590  » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie, le Père de la Brière lance un vibrant appel aux écrivains : q
591 ns, menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte est la mienne, mon humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde 
592 uffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je suis encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu, à ces docteur
593 sais quelles régions spirituelles dont tout leur être — et cette maladie même ! — prouvent l’inexistence ou la disparition.
594 n leur répond qu’il y a prescription : l’Esprit n’ est plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus ave
595 ec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’ est plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais
596 c ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’ est jamais avec ceux qui le défendent29, mais peut-être avec ceux qu’il e
597 li, c’est faire en sorte simplement qu’il cesse d’ être « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à
598 ent qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait pu l’ être , la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ;
599 re « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection é
600 la seule force qui le dominait. « Car le péché n’ est pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’
601 déterminations de l’avenir. L’office de l’Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi
602 s engager que moi-même, hic et nunc. La politique est affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours d
603 ire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste
604 foi, c’est le choix et non pas le système : il n’ est de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de p
605 ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel est le paradoxe, qui remonte au cœur même du christianisme, si le christi
606 u cœur même du christianisme, si le christianisme est la foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inaliénable.
607 foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inaliénable. Elle ne constitue pas un ordre : elle donne des ordres,
608 ordre : elle donne des ordres, simplement. Elle n’ est jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de tou
609 est jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable no
610 christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Ru
611 prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Rupture effective surpasse absolum
612 pitaliste ou marxiste. Car la révolte du chrétien est immédiate, indubitable ; mais l’ordre chrétien, dont certains parlent
613 mais l’ordre chrétien, dont certains parlent, où est -il aujourd’hui ? Faudrait-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 26. Fig
614 e idée fausse, par définition, le christianisme n’ étant rien d’autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 29. Pa
615 it ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a été admirablement défini par la Sorbonne, entre autres. 30. Traité du d
13 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
616 VIIIHumanisme et christianisme32 Je ne suis pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mai
617 rées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est -elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question
618 qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est -elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que
619 réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot, est -ce une question existentielle — pour employer un terme favori de la t
620 ’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on est décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils c
621 pose rigoureusement au christianisme, si celui-ci est avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu
622 ement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut est transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes
623 omme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais
624 énergie et de courage. Pour eux, le christianisme est contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme
625 l’homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché « 
626 es, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il est au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu ven
627 tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son
628 voir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui préte
629 a chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’ est -ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui so
630 t-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est -ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir
631 soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de certains humanistes, peut-être
632 peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit est plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
633 re à tout prix, le plus possible, comme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique
634 ine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’ est sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même
635 Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût -ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de s
636 de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous
637 pposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’ est , aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’human
638 pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’ est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est misérable, si l’on son
639 n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est misérable, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du
640 misérable, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires,
641 e l’histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contr
642 toire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute
643 est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des
644 , parlant des autres ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humanist
645 ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
646 enne ?) Prier pour qu’il fasse beau demain, ce n’ est pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donn
647 ire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’ être une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie
648 loin d’être une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t
649 mment à l’existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’ est pas à dire que l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expre
650 andez34 et Guéhenno. Si intéressant et précis que soit l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se
651 re », il ne semble pas que ces deux auteurs aient été jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant.35 Le
652 nder une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement
653 autonome, et « calculable » humainement. Le Plan est d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’hu
654 est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut être opposé utilement au christianisme, comme une « question » réelle et f
655 ntre la nature définitivement asservie. Cet homme sera-t -il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa
656 urelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’ être de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore
657 te ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie
658 devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant serait -il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vi
659 re ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs serait -il, en définitive, un suicide supérieurement organisé du « genre huma
660 ion concrète pour se réaliser. 34. « Le chrétien est un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 35. On sait que
14 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
661 timarxiste parce que chrétien36 Je crois qu’il est tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en publi
662 dré Philip l’écrivait un jour, que le capitalisme est un système radicalement imperméable au christianisme. J’ajoute aussit
663 est dans la mesure même où je le repousse, que je suis amené à me méfier du communisme. Je ne reprendrai pas ici la critique
664 ici la critique du capitalisme. Mais je voudrais être assuré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir conda
665 ire que c’est au profit du désordre établi. (Ceci soit dit une fois pour toutes.) On a coutume d’opposer christianisme et co
666 e choisir. Non seulement les éléments en présence sont beaucoup trop complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
667 complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choi
668 surtout, l’illusion serait de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan
669 atif. Le choix, la décision, sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un
670 sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alte
671 ue, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christian
672 ’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christianisme-communisme. Si
673 au marxisme : vous calculez. Le christianisme ne sera jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut
674 plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apoca
675 re chrétienne est connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apocalypse — c’est une catastrophe. Tandi
676 ui me paraît désormais acquis. Mais le communisme est bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une concep
677 e est bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à c
678 ne manière consciente et volontaire. Certes, il m’ est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus sou
679 ste donc qu’à énumérer les réactions que je crois être celles du chrétien en présence des thèses communistes. Il y a des adv
680 tions de méthode que je faisais tout à l’heure ne soient plus valables. Là encore, le choix précède. Mais du moins la lutte es
681 encore, le choix précède. Mais du moins la lutte est circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même
682 du moins la lutte est circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu
683 . Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il est étrangement facile d’opposer terme à terme les expressions chrétienne
684 que sur le plan métaphysique. 1° Le christianisme est d’abord risque et folie. Le Christ dit à deux pécheurs, qu’il surpren
685 ne aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui est la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à tous les moment
686 e croyait d’ailleurs pas. Le mérite du communisme est de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. P
687 ez premièrement au Royaume, et tout le reste vous sera donné par-dessus. » 2° Le « Suis-moi » du Christ affirme que le début
688 ut le reste vous sera donné par-dessus. » 2° Le «  Suis -moi » du Christ affirme que le début, c’est l’obéissance à Dieu, mais
689 à Dieu, mais que c’est aussi le vrai but. La fin est déjà présente dans l’origine. Les moyens, les modes de vie que cela e
690 vidu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont , en l’espèce, l’organisation matérielle collective. D’autres vous mon
691 tte méthode, et qu’en réalité, si la libération n’ est pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue
692 st pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue possible par les moyens mis en œuvre37. Je veux simp
693 vail, le service, l’amour du prochain. Le travail est pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’e
694 n pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’ est pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin
695 croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il est purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite.
696 qu’on voit dans certains cimetières : Le travail fut sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le bri
697 dans certains cimetières : Le travail fut sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de ch
698 ue j’exagère, que le travail du brigadier de choc est d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fait qu’aggr
699 -être général et matériel d’abord. Ce « service » est donc intéressé, en définitive. Il n’est qu’une extension intelligente
700 service » est donc intéressé, en définitive. Il n’ est qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est à cet ég
701 extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est à cet égard le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacr
702 et égard le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui
703 ne peut avoir aucune raison humaine, qui ne peut être qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’une réalité transcendante
704 te. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits pour Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’être pha
705 Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’ être pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
706 oisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il est évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible
707 in. Il est évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu
708 ien que cet amour est inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu. Le plus court chemin vers autr
709 ite au plan humaniste, au plan psychologique. Qui est précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, aujourd’hui, l
710 . En définitive et selon les écoles marxistes, il est très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruct
711 eut la destruction des personnes. En tout cas, il sera toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrase
712 lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous for
713 ngels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’ être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maint
714 sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vi
715 rétienne est vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie i
716 du Christ concernent la vie de celui qui d’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans la fo
717 ’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans la forme de ce monde, mais encore qu’il consiste
718 de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’ être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomm
719 avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme, voilà en d
720 es les promesses du Christ concernent une vie qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui
721 qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui ne veut nullement dire : futures au sens temp
722 futures au sens temporel du terme. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seule
723 e. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle es
724 rs proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’ est pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promes
725 Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être app
726 ant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être appelées eschatologiques. Mais dans un tout autre sens, dans le sens
727 sens futur. La réalisation du paradis socialiste est promise aux foules dans mille ans, deux-mille ans. La réalisation des
728 mille ans. La réalisation des promesses du Christ est promise à ses disciples pour l’instant même où ils obéissent au « sui
729 -moi », meurent au monde, et le suivent. Les unes sont historiques, les autres éternelles. En somme, ce qui oppose irréduct
730 ervice que le marxisme peut rendre aux chrétiens, est là. Il a fait apparaître aux yeux d’une chrétienté qui s’endormait da
731 t cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui est une morale d’intérêts humains, alors que le commandement du Christ es
732 rêts humains, alors que le commandement du Christ est un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant,
733 total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois va
734 les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clair
735 sans la foi. Nous avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la pr
736 ispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une r
737 de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi,
738 ristianisme est une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la
739 le. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christiani
740 La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut
741 u un appel à la compromission avec le monde. Il n’ est plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme.
742 le et juste révolte de nos camarades athées. Il n’ est de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce
743 e que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui est à Dieu. Sinon, César lui-même pâtira. 36. Causerie donnée au cercle
15 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
744 , l’antifascisme l’aurait inventé. L’antifascisme est en passe de devenir la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique
745 la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique est d’autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri d
746 s — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’ est jamais puissante que dans le vague. Or, celle-ci s’alimente à l’étran
747 a pleine signification humaine : le fait fasciste étant avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allem
748 rsonne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que serait un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence
749 s d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il est d’un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre
750 ances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste est -elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, un synonyme de
751 ns doute sympathique, mais dont je crains qu’elle soit insuffisante pour combattre le péril éventuel : elle ne contribue pas
752 els se déchaînent : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature r
753 t : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature réelle du danger.
754 s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’ est pas gratuite. Elle s’appuie sur deux constatations : 1° L’antifascism
755 ntifascistes, comme tous les politiciens, croient être réalistes quand ils empruntent leur tactique à l’adversaire. Les cons
756 l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits sont faciles à prévoir : la tactique utilisée par les antifascistes va leu
757 pêchera de remarquer que cette attitude politique est précisément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons tr
758 de propagande de masses, le triomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’est-ce que le fascisme ? Dans ce livre o
759 iomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’ est -ce que le fascisme ? Dans ce livre où je cherche à juger les moyen
760 ur tour du point de vue de la réalité première qu’ est la personne, je ne m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
761 partout41 ; la malfaisance d’un régime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’
762 stifier ses moyens. Le problème des fins humaines est assez clairement posé et résolu par le marxisme. Contre le communisme
763 e. Contre le communisme, une polémique doctrinale est justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’application vraimen
764 e et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’ est cohérent que dans un domaine restreint. Si l’on cherche à décrire le
765 evendication commune : l’étatisme. Tout ce qui n’ est pas accidentel dans le fascisme et l’hitlérisme42 se ramène à cette e
766 iste subvient aux défaillances particulières : il est impersonnel et jamais fatigué. L’État fasciste met fin aux luttes pol
767 Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’ est réelle et organique qu’à partir de l’État. Mais depuis l’origine du m
768 upable — à moins qu’on ne parvienne à l’intégrer, fût -ce au prix d’un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable b
769 solini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne seront jamais que des « missionnaires bottés45 ». On ne peut convertir perso
770 n toutefois au mensonge officiel. Et quand l’État tiendrait la vérité, il en fait un mensonge dès qu’il y convertit par ses décre
771 songe dès qu’il y convertit par ses décrets. Ce n’ est pas par hasard que me revient, ici, le souvenir du siècle raisonnable
772 ours. L’ancêtre du fascisme, c’est Louis XIV. Que furent les dragonnades, sinon une « mise au pas », une inversion du spiritue
773 ux dépens de la vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expéri
774 rissement spirituel dont les conséquences peuvent être séculaires : car c’est aux moelles du pays qu’elle s’attaque, c’est l
775 De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire est peut-être la plus décevante. L’idole des humanistes (l’homme divinisé
776 ances. Les prétentions totalitaires du communisme sont fondées, en effet, sur une notion « ouverte » de l’homme naturel. Par
777  ouverte » de l’homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux de l’incroyant du moins, que les prétentio
778 une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’at
779 devoir jouer pour entraîner les classes moyennes, est un danger plus grand pour les Églises que la tragédie soviétique. Et
780 ogues, l’humanisme fasciste et le culte des héros sont pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme
781 déclaré. Célébrer des héros dont l’authenticité n’ est établie que par le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de
782 es héros ? — Le héros vrai n’imite personne. Il n’ est conforme qu’à sa vocation. Qui n’est pas fasciste ? Le danger r
783 nne. Il n’est conforme qu’à sa vocation. Qui n’ est pas fasciste ? Le danger réel du fascisme n’apparaît pas à la majo
784 parence) du marxisme. Ils croient que le fascisme est le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s
785 ait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’ est pas que je croie un seul instant à la duplicité des ligues antifascis
786 principe fédéraliste. Dans l’ordre politique, ce sont les groupes « personnalistes » qui ont résisté le plus longtemps47 et
787 adhérents. Les raisons de cette double résistance sont claires. Un chrétien resté fidèle à la doctrine de la Réforme48 sait
788 ire des Prophètes lui apprend que le péché majeur est celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du
789 tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’ est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique.
790 plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique. La personne n’est jamais « au pa
791 e véritable antifascisme politique. La personne n’ est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule
792 itique. La personne n’est jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ;
793 u pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle q
794 e leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État soit une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’a
795 tat au service de ces hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 39. Ici, d’une manière p
796 hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 39. Ici, d’une manière plus pressante qu’à l’o
797 stes en Indochine, par exemple. 42. Le racisme n’ est pas essentiellement fasciste, comme le prouve l’exemple italien. La d
798 l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’ est non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi des
799 plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi des États « jeunes ». 43. La confiscation par l’État fasciste
800 tat fasciste de l’idéal culturel d’une « nation » est clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux an
801 houe dans les pays d’esprit « personnaliste » que sont les pays protestants. Réaction « hiérarchiste » contre l’individualis
802 s bonnes raisons du fascisme, italien surtout, ne sont pas niables. Mais je n’ai pas ici à marquer des points, bons ou mauva
803 des points, bons ou mauvais. Ce qui m’importe, ce sont les fins spirituelles, l’enjeu total, les raisons dernières du choix
804 utsche Christen… À l’heure où j’écris, le schisme est imminent entre ces pseudo-protestants et les églises fidèles à l’Évan
16 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
805 u communisme. Je l’introduisais en ces termes :   Est -il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, un
806 elle révolution française. Leur anticapitalisme n’ est pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
807 is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’ est constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
808 lques appuis occasionnels ; et certains objectifs sont communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
809 paraître suffisant pour définir un front unique, fût -il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement,
810 e, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement, car tout nous presse — les déclarations que l’o
811 d’analyser dans les conclusions que voici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de
812 une « nécessité » révolutionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’a
813 tionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’ est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
814 r le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’ est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais
815 as si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié a
816 i se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
817 les sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous b
818 otre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et d
819 r quoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’ est plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
820 it, ni un refus des tâches d’homme. La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de
821 t aussi à son sens de misère qui appelle. Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-des-riches
822 ’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’u
823 égnant, nous détestons de toute la force de notre être  : la primauté du matériel. Comment penser — si penser est inséparable
824 primauté du matériel. Comment penser — si penser est inséparable d’une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxism
825 membres d’Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’ être pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ce
826 rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est , sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de
827 tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capital
828 on vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien comp
829 te avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit , comme l’écrit Henri Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes.
830 bvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en est une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser convain
831 les, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’ est -ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas
832 s qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux pris
833 Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine
834 s nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni
835 ectivistes et des patries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révol
836 ’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’ est qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accus
837 ues qui pullulent dans un monde athée. Quelle que soit d’ailleurs la conception historique que l’on ait, il faut pourtant re
838 ait, il faut pourtant reconnaître que la personne est un facteur décisif, sinon suffisant, du processus révolutionnaire, et
839 r la révolution. Mais il y a plus. Si la personne est véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révoluti
840 t décisif de la réalité humaine, toute révolution est vaine qui se fonde sur des faits mortels pour la personne, même si « 
841 its mortels pour la personne, même si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’
842 elque chose : elle se fera contre ces faits. Elle sera « acte ». 2° Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où
843 le-même ? La dialectique historique à trois temps est une arbitraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intel
844 te toute efficacité créatrice et par là même doit être dénoncée comme antirévolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’opium
845 e la révolution. 3° La conception personnaliste est seule capable d’édifier un monde culturel, économique et social qu’an
846  rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est -ce un opportunisme purement tactique, d’allure électorale ? « Toutes
847 ains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’ être conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêveries
848 conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêveries » des « penseurs » qui ont fait toutes les révolutions
849 illeurs brimée. En février 1917, les bolchévistes sont 200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En
850 ais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’ étaient pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous
851 a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où est sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes françai
852 este le plus souvent verbale, électorale ; elle n’ est pas dans leur doctrine constructive. Elle se fonde sur des apparences
853 mais insuffisamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous. L’Ordre nouveau , Esprit , travaillent dans la ligne des
854 xistes, mais niée en sous-main par leur doctrine, est de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeo
855 as en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’
856 n l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte
857 é de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’ est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son
858 e menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’ est pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des entreprises, de
859 omme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’ est pas sauver des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. O
860 e monde » ? Rien. Au sens fort du mot, le salut n’ est pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre t
861 l homme et la Réalité qui seule peut garantir son être . — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce supr
862 n sens, un point d’application : la personne. Tel est , en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle
863 s ; une substance, une exigence impossible et qui est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il
864 ose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être . Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesante contrai
865 courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux être , de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me
866 r laquelle j’accepterais la mort, parce que ce ne serait pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans
867 erait pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans lequel je posséderais toute ma vie, d’un seul coup
868 , en la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce soit de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pard
869 rre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’ est de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me pe
870 évolution qu’elle légitimerait, en bonne logique, serait une révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d
871 position définie par la phrase citée de M. Nizan est exactement celle des révolutionnaires russes dits « populistes », aux
872 . (Cf. Que faire ?) 52. Le succès du communisme serait -il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dan
17 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
873 ordre, ou l’aventure, ou le plaisir. Cette ardeur est évidemment maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécur
874 r, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’ est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle
875 un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’ est rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu,
876 n que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le rép
877 e de tout principe vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité.
878 sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas dénoncée, reconnue et combattue, on perdra son temps à dénoncer e
879 s, maîtres de forges, journalistes. La corruption est tellement générale que ces dénonciations perdent toute efficacité. El
880 ces dénonciations perdent toute efficacité. Elles sont d’ailleurs filtrées et maquillées par la Presse, c’est-à-dire par l’u
881 ont parfaitement raison de soutenir que le régime est organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces in
882 t organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrê
883 nonciation des moyens et des personnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’É
884 rsonnes. Le danger est beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la concepti
885 e individu indifférencié. Or ces deux conceptions sont également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y so
886 se de tout le système marxiste-stalinien. Elles y sont même plus rigoureusement formulées que dans le système parlementaire.
887 monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, tandis
888 nique et de toute solidarité réelle, tandis qu’il était , en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simp
889 t pas compté avec le principe de tout conflit, et sont sans forces contre les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
890 lleurs, elles échouent. Les conflits qui éclatent sont alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en so
891 notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette no
892 s différences humaines et à faire croire qu’elles étaient accidentelles et méprisables. Les premières revendications d’égalité
893 prisables. Les premières revendications d’égalité furent néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un système fondé
894 istaient pas. Il fallait les créer. L’égalité, ce fut en fait l’égalisation à tout prix. À la fois pour dissimuler la bruta
895 Liberté et la Fraternité. En fait, l’égalisation était une atteinte à la liberté, et la rendait humainement impossible au mo
896 urnoise qu’il établissait parmi les hommes. Ce ne fut que lorsque les citoyens eurent compris que leur égalité purement pol
897 urent compris que leur égalité purement politique était fictive54 qu’ils commencèrent à soupçonner la duperie. Il leur reste
898 perie. Il leur reste à comprendre que l’Égalité n’ est pas seulement fictive, mais encore que sa revendication est nécessair
899 ulement fictive, mais encore que sa revendication est nécessairement tyrannique. D’autre part, et ceci est plus grave, l’ég
900 nécessairement tyrannique. D’autre part, et ceci est plus grave, l’égalisation rendait impossible toute fraternité véritab
901 introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il est , un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle
902 i de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il être égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne
903 -il être égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne satisfaisait pas le besoin qu’on avait créé55.
904 , que sur des valeurs extérieures à l’homme. Il n’ est plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre polici
905 te de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’ être . La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l
906 encore utopique, remarquons toutefois qu’il ne l’ est pas davantage que la prétention égalitaire. D’autre part, il exprime
907 régions et des races, — pour les utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiateme
908 inir une attitude spirituelle. Les principes qui seront à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à c
909 à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne.
910 de politique nouvelles sont identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de di
911 ue nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit en institutions économiques par exemple. Dans l
912 est la personne, et non point la famille, qui lui est subordonnée. La personne, telle que je viens de la définir, n’est pas
913 La personne, telle que je viens de la définir, n’ est pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où
914 il se manifeste concrètement, d’une façon qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il e
915 qui lui est particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu »
916 une tâche qui lui est propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu » se balade au gré des théories d
917 cret d’une vocation. L’apparition de la personne est liée à l’apparition d’une tension. Car, d’une part, elle est détermin
918 l’apparition d’une tension. Car, d’une part, elle est déterminée par les conditions données, d’autre part, elle a pour but
919 ndre créatrices. Le type même d’une telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencontrent pour exécute
920 i se rencontrent pour exécuter une tâche commune, soit que l’un vienne en aide à l’autre (c’est la définition chrétienne du
921 (c’est la définition chrétienne du « prochain »), soit que tous deux, apportant des aptitudes différentes, les composent en
922 s, les composent en une force nouvelle. L’homme n’ est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’être particulière. Mais dè
923 n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’ être particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté, c’e
924 assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’ être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolét
925 ’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le cap
926 « prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme est défini par son irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est d
927 irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’est guère plus que celle du bourgeois atta
928 rquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’ est guère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou priso
929 nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme vérita
930 cle irréductible que rencontre le fascisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’h
931 e le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale q
932 . Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
933 , et par là même solidariste : il faut que chacun soit à sa place. Est-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui
934 solidariste : il faut que chacun soit à sa place. Est -ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent 
935 es évasifs et les désespérés qui nous entourent ? Est -ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « théorique » pour le
936 her d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des homme
937 ltent, par exemple. 55. Le fait que l’égalité ne soit possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’éco
938 possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie
18 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
939 urope ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ».
940  ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ». Voilà
941 Voilà pour l’utilité immédiate de ce recueil. Qu’ est -ce qui conduit les peuples ? me disent les politiciens. Les intérêts
942 lectorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’ êtes rien ! Des artistes, des philosophes, des esthètes ! Des philanthrope
943 losophes, des esthètes ! Des philanthropes ! — Je suis d’accord, sauf pour esthètes. Je vois comme vous, d’autre part, que l
944 ont la vertu d’exciter l’enthousiasme. Mais vous êtes moins réalistes que vous ne croyez. Il y a par exemple une chose qui
945 le ignore davantage s’il se peut. Le monde actuel est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous
946 est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous savez bien utiliser dans vos discours Machiavel o
947 Maurras, voire Guesde et Jaurès. Leurs doctrines sont passées dans les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’étaient
948 les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’ étaient pas « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à
949 i ne dépendent pas du rendement électoral, et qui sont justement les plus concrètes, les modernes, qu’il faut plaindre, dise
950 il faut plaindre, disent et croient presque qu’on est inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’il
951 justifications » aux congrès radicaux : voilà qui est pratique, c’est-à-dire électoral. « Vous critiquez, c’est bien facile
952 moins, il fait quelque chose. Que fait-il ? — Il est dans l’action politique, dans la lutte… — Dans la lutte électorale ?
953 ue ! — Dans la réalité électorale ? — Ah ! Vous n’ êtes que des intellectuels ! » Cela signifie : vous cherchez la vérité pol
954 que », c’est-à-dire quelque chose d’électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur natu
955 e bien irritant. Le parti pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à
956 pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts
957 us « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’ être revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les int
958 qués par l’homme responsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux d
959 politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ;
960 ue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils no
961 ’on veut atteindre par l’action politique peuvent être clairement définies, mais elles restent diverses et incommensurables
962 confondent avec ceux de la classe possédante, qui sont franchement matériels. Le communiste affirme : économique d’abord ! m
963 droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’ être ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et ne pa
964 donc bien admettre que les facteurs « matériels » sont singulièrement troublés par des facteurs « spirituels », et même que
965 ble vient de là. L’économie purement matérialiste serait simple, mais elle n’existe pas et c’est à cause de l’« esprit ». C’es
966 gélique. Que dit donc l’Évangile ? « Les premiers seront les derniers », c’est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d
967 mier rang d’un « ordre » humain et rien qu’humain sera au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : l
968 tuel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand est celui qui s’abaisse à servir les plus humbles dans leur abaissement.
969 utôt que de service. On voudrait que le spirituel soit honoré comme souverain d’une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu
970 rchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain, fût -il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fo
971 charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La pri
972 ce dans l’abaissement. La primauté du spirituel n’ est donc active et justifiée que pour autant que la personne se met au se
973 la personne se met au service du prochain. Elle n’ est pas une « valeur », mais un acte. Et cet acte n’a lieu que dans l’hum
974 très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui p
975 Il y a des gens qui estiment que la « pratique » étant très infidèle aux théories, on aurait pu tout aussi bien se passer de
976 rait, dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut
977 ifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous êtes  ! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses fla
978 ntaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il est infaillible ; et pour gouverner à sa place, sans raison et sans loyau
979 es individuelles, de leurs virtualités imaginées. Est -ce que peut-être ils ne croient pas plus que ça à ce qu’ils disent ?
980 n cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui est contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le peuple. N’oub
981 . N’oublions pas que l’intellectuel d’aujourd’hui est avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me mé
982 ries d’action que proposent les incroyants. Benda est plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculen
983 e sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne sont pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpli
984 ourquoi le chrétien a-t-il ce droit ? Parce qu’il est plus actif que les autres ? Non, hélas ! Mais parce que, en tant que
985 r mécanique. Je veux rester un homme ! Mais ne le suis -je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et
986 is ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’ être  ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vé
987 nté de l’être ? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vérité que je sais. Je voudrais un aveu plu
988 que je sais. Je voudrais un aveu plus profond. Qu’ est -ce qu’un homme ? J’ai dit : un risque personnel56. Le règne qu’ils pr
989 orter à notre audace un défi presque inespéré ? N’ est -ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront !
990 e chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais
991 ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’ est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les
992 ndifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été tentés une fois au moins par presque tout ce qui peut tenter un homme
993 Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps sont tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le libertinage bour
994 la politique : non point que les gens qui la font soient très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi
995 isages particuliers. Deux mythes Le Bonheur est un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, u
996 ins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt q
997 l’état de bonheur est une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre é
998 vent presque tous nos contemporains, l’avantage d’ être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un ref
999 d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’ est qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité pr
1000 bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle est surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus qu’i
1001 t surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus qu’ils ne sont58, et qui s’en trouvent empêchés soit par
1002 s qu’ils ne sont58, et qui s’en trouvent empêchés soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même
1003 empêchés soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le p
1004 soit par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insais
1005 tout les intellectuels de gauche) que le Français est « passionnément attaché à l’égalité ». C’est inexact, parce qu’il n’y
1006 artout ailleurs. Il faudrait dire que le Français est passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant pl
1007 tant plus passionnément que ses coutumes sociales sont plus tyranniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être
1008 nniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il fa
1009 ment hiérarchisées et honorées. Le Français est l’ être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il faut voir
1010 lontiers, mais il faut voir ce que cela signifie. Être social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et con
1011 rge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela est nécessaire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemme
1012 ire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemment français. L’Allemand, par exemple, enviera toujours ce sen
1013 onfronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’ est plus contradictoire. Le Français moyen, né social, et décidé à le res
1014 à le rester, a besoin d’affirmer hautement qu’il est égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’est assez normalement humain.
1015 ais d’égalité. Il dit simplement que les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu.
1016 oncevable entre deux vocations, une fois qu’elles sont reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peu
1017 sonnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse d’ être une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La perso
1018 ’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme est aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce q
1019 que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’ est -ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’
1020 tout le plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (M
1021 orthodoxes, le mode de vie purement socialiste n’ est pas encore imaginable. Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jam
1022 Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’est qu’une première transition. L’
1023 n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’ est qu’une première transition. L’avènement du régime idéal demandera des
1024 n d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse est pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas
1025 l’argent, elle l’utilise quand il y en a. Elle n’ est pas excitée, révoltée, ni droguée, elle ne croit plus à la vertu des
1026 rce plus au désespoir. Elle veut connaître ce qui est . Surtout, elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le pl
1027 elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nou
1028 ela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabil
1029 nouvelles générations de France et d’Angleterre. Est -ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ?59 Aventures ? La r
1030 e européen ?59 Aventures ? La révolution n’ est pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme v
1031 s ? La révolution n’est pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’e
1032 ne doctrine de l’homme véritable. La révolution n’ est pas un mythe, mais une action vigoureusement conditionnée par des but
1033 r des buts humains définis. Si ces buts pouvaient être atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolu
1034 te, sans nul emploi de la violence, la révolution serait pure, — si pure qu’elle en deviendrait invisible et qu’on pourrait n’
1035 ent durer, elles se défendent par la force, et ce sont elles qui provoquent les désordres et peignent en rouge la révolution
1036 et peignent en rouge la révolution. La révolution est créatrice. Mais elle ne crée pas n’importe quoi, elle ne crée pas à l
1037 s à l’aventure. Elle veut créer l’homme tel qu’il est . L’homme n’est égal à son humanité totale que là où il se montre créa
1038 Elle veut créer l’homme tel qu’il est. L’homme n’ est égal à son humanité totale que là où il se montre créateur de lui-mêm
1039 à où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’ est point un « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombre
1040 and on part pour une promenade de deux heures, on est fatigué au bout de la première heure. Quand on part pour une marche d
1041 on part pour une marche de dix-huit heures, on n’ est fatigué que vers la cinquième heure. Vers la huitième heure, la fatig
1042 la huitième à la dixième heure, par exemple, elle est loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une
1043 e heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui est bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des vo
1044 qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas être expliqué par les dispositions prises au départ, encore qu’elles jouen
1045 nt un certain rôle, mais non pas décisif. Le fait est que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure
1046 , mais non pas décisif. Le fait est que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure d’avance et à chaq
1047 c’est-à-dire comme un tout. C’est donc la fin qui est décisive. (La distance du but.) Supposez maintenant qu’on vous dise :
1048 ort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce but étant caché dans la mort même.) L’incroyant — celui qui ne croit pas au but
1049 rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’ être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plai
1050 onté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se
1051 laire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus qui est le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la no
1052 d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle est donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibilité, dans l’état a
1053 que du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur est une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fu
1054 roite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fut l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
19 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
1055 trange si l’on y prête la moindre réflexion : ils tiennent les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient d
1056 de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les
1057 rapport aux idéaux qu’il s’agit d’imposer — et ce sont les mêmes passions —, discourir dans les mêmes lieux et prétendre aux
1058 undo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que soient , par ailleurs, leur conviction et leur sincérité. Fondés sur cette er
1059 s sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’ être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos
1060 ectorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’au
1061 de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort, évidemmen
1062 Les moyens n’ont pas d’importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas
1063 ard. Le grand problème de la pensée personnaliste est désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne e
1064 ns que la force, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’im
1065 onne, des personnes animées par une certitude qui est de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à dout
1066 vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’ est plus une arme entre les mains des gouvernants. Tout régime, si bien a
1067 des gouvernants. Tout régime, si bien armé qu’il soit , s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaill
1068 tuelle » — par opposition à la force matérielle — était passée du côté hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de t
1069 lté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne serait pas celui du régime kérenskyste, renversé presque sans coup férir par
1070 upement le plus ferme en doctrine, si petit qu’il soit , que revient la décision finale. Peu importe que ce groupement ait ou
1071 rdre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique sont absolument inséparables dans la Révolution. Et si l’on vient à les sé
1072 a pas d’exemple que les buts de la Révolution ne soient du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. L
1073 du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendema
1074 est très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provis
1075 on. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se sont révélés si urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’excellen
1076 de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’ est et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avan
1077 tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer qu
1078 es déduites de notre position personnaliste, il n’ est pas inutile de formuler quelques remarques sur la fonction générale —
1079 nique générale, dans le désordre inévitable, elle est la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent ser
1080 che de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent seront les seuls à demeurer calmes parmi les foules affolées, à l’heure où l
1081 foules affolées, à l’heure où la force efficace n’ est plus celle des fusils — qui partent tout seuls et dans tous les sens 
1082 me ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’ est pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à
1083 volutionnaire n’est pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à interpréter tous les faits en vue
1084 ter tous les faits en vue de la révolution : elle est donc un choix perpétuel et partial dans la réalité. Elle possède ains
1085 sans cesse aux actes nécessaires ; 3° La doctrine est enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout
1086 t enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout d’abord enseignement, orientation — prise de conscie
1087 litante. Qu’importe, si les buts de la révolution sont assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont court
1088 ts ? Les revendications de la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révol
1089 s confuses, une révolution véritable. La doctrine est seule créatrice d’une liberté que l’homme des rues reste incapable de
1090 et ses colères désordonnées ; 4° « Une révolution est sanglante dans la mesure où elle est mal préparée. »60 C’est dire que
1091 e révolution est sanglante dans la mesure où elle est mal préparée. »60 C’est dire que le sang versé par les émeutes mesure
1092 n. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine est instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition q
1093 umer la situation en une formule, je dirai que ce fut le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et de
1094 é d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
1095 vre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres
1096 e la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’ est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.)
1097 iers du désordre établi. (Car cet homme convaincu sera l’impondérable dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces
1098 ue la période de transition au nouvel état social est dès maintenant inaugurée, à l’intérieur du désordre établi. (Condamna
1099 d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne sont pas seulement ceux du régime actuel, mais surtout ceux du régime nouv
1100 mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne sommes pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas la masse
1101 s des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’ est pas la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut attei
1102 lusif de l’épithète « démocratique », si le mot n’ était perverti par l’usage qu’en ont fait les individualistes et les collec
1103 vistes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc sont instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un « ordre »
1104 oc sont instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son
1105 non par refus du monde, mais parce que le monde n’ est jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvr
1106 econnaissent à ce signe invisible et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands qu
1107 et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands que leur mission. 60. Aron et Dandi
1108 des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands que leur mission. 60. Aron et Dandieu : La Révolution
1109 symbolique de bagarres ultérieures, dont nous ne sommes pas près de sortir ! (1946.) 62. Un seul homme convaincu, Charles de
1110 62. Un seul homme convaincu, Charles de Gaulle, a été « l’impondérable » qui a déclenché le mouvement de résistance en 1940
20 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 1. Liberté ou chômage ?
1111 er ou sur le second membre de la phrase —, ce cri est significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capit
1112 oir bientôt réveillée par une brutalité dont elle est entièrement responsable. Droit au travail, droit au loisir, on sait e
1113 ins consciente de cette morale, que le soviétisme est en train de rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benja
1114 u près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur » est devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur indus
1115 médiatement ressortir le paradoxe. En effet, quel est le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en
1116 machine ? Une économie de travail. Le machinisme est , en principe, destiné à créer du loisir, dans une société dont la rel
1117 isir, dans une société dont la religion dominante est la religion du travail mécanique. Cette société n’accorde pas au lois
1118 jours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle est condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son eff
1119 berté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe est lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait
1120 adiers de choc — que, le domaine de la production étant illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où,
1121 nt le moment où, une certaine limite d’absorption étant atteinte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libératio
1122 perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’ être illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, tell
1123 e. Le jour où elle a cessé d’être illusoire, on s’ est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable f
1124 u forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde
1125 mage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde dont le matérialisme fonci
1126 monde dont le matérialisme foncier ne pourra plus être longtemps masqué par le moralisme bourgeois ou « quinquennal ». Il n’
1127 me de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’i
1128 par homme se met à croître avec une rapidité qui tient du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. S
1129 ctuelles y prêtent, il faut le dire plus qu’il ne serait nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage tech
1130 uvoir productif se manifeste dès l’année 1923, il est neutralisé jusque vers 1929-1930, dans une mesure à vrai dire décrois
1131 squent les effets statistiques, sinon réels. Ce n’ est donc guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie
1132 conception purement quantitative de l’activité, n’ est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que
1133 ctivité, n’est plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comm
1134 devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justicia
1135 e, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on est en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machin
1136 enons d’avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde
1137 ncer : parce que le champ d’absorption est loin d’ être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux machines
1138 homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’ est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes
1139 est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’ étaient plus des hommes. On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte,
1140 rté on a fait le chômage. Mais la misère présente est un appel à l’homme. Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceu
1141 ndre en pleine efficacité ceux pour lesquels il n’ est pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et pro
21 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 2. Loisir ou temps vide ?
1142 que, à la limite, de les priver de toute raison d’ être efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des
1143 èlement, de la corruption spirituelle des loisirs est née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus n
1144  » ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce sont autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injust
1145 nées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime simplement l
1146 a production et la consommation. Cette division n’ est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons d
1147 dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’ est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que
1148 orsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’ est plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de
1149 publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens sont plus simples, plus élégants. Ni plus ni moins efficaces d’ailleurs. O
1150 — c’est peut-être perdre sa vie. Cette opposition est tellement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de
1151 is à la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’ est pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses ef
1152 ans un monde où le libre divertissement de chacun sera la condition du libre abrutissement de tous par la propagande élector
1153 si l’on convient que la mesure du travail ne peut être prise ailleurs que dans la capacité humaine d’utiliser les effets du
1154 du « temps vuide. » et c’est chômage. Tout le mal est venu d’une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses s
1155 ion, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses sont toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est s
1156 complexes que nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction du travail et du loisir, dont il faut
1157 sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’ est au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’un
1158 r un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but ; si le labeur et le r
1159 responsables, à penser dans le risque total de l’ être , qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous diron
1160 les, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le bu
1161 créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’ est pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la
1162 isir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’ est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide
1163 ouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’ être , où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeuse
1164 mmun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeusement renouvelée. L
1165 ur créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creuses » ou des e
1166 r des heures « creuses » ou des efforts stériles. Est -ce un long loisir créateur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne
1167 ntemple, il apprend, il calcule. Au terme qu’il s’ était fixé, le voici devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on m’app
1168 ure du travail créateur, l’émulation socialiste n’ est rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une
1169 r introduire un peu de joie dans une activité qui est la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » pa
22 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 3. Groupements personnalistes
1170 ion récente. Il ne faut pas oublier que la France est le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinq
1171 is cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y étaient plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’
1172 ’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle soit et qu’elle apparaisse aux yeux du monde entier, la France possède une
1173 e ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui sera le prophète d’une révolution réellement française et humaine. Proudho
1174 jà d’innombrables adhésions, si seulement elles s’ étaient données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisé
1175 on marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’ est précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent
1176 ieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’i
1177 même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beauc
1178 ant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c’est aux racin
1179 ions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transform
1180 Économique ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ord
1181 ste. L’assimilation de la personne à un acte, tel est donc le fait spirituel, le fait humain par excellence auquel L’Ordre
1182 ne façon immédiate toutes les institutions. Telle est la « primauté du spirituel » qu’il ne cessa d’invoquer au risque, il
1183 , victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais tandis que L’Ordre nou
1184 l » qualifiant l’acte personnel — et cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’in
1185 te personnel — et cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiqu
1186  il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs franch
1187 ice. Tout le reste de la production « qualifiée » serait libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ai
1188 stiques et de répartition ; les tâches politiques étant confiées à la fédération des « petites patries régionales ».
23 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 4. Qu’est-ce que la politique ?
1189 4Qu’est-ce que la politique ? 1. La politique est en principe ce qui intéresse la cité. Aucun des habitants de la cité
1190 n leur volonté de s’intéresser à la cité dont ils sont membres. Cette émotion est celle d’une découverte. Ils découvrent que
1191 er à la cité dont ils sont membres. Cette émotion est celle d’une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, d
1192 est le sens même de la politique en général qui n’ est plus clairement aperçu, dans l’élite de la nation. On sent qu’un hom
1193 ais on sent aussi que la politique, telle qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’inté
1194 lle qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intelligence, so
1195 ’on a d’abord répondu à cette autre question : qu’ est -ce que la politique ? Car si la politique est ce que l’on pense ordin
1196 qu’est-ce que la politique ? Car si la politique est ce que l’on pense ordinairement, c’est une peste, et tous les raisonn
1197 s les raisonnements qui voudraient nous y engager sont de misérables sophismes. Mais si la politique devient ce que nous vou
1198 la politique devient ce que nous voulons qu’elle soit , la question d’en faire ou de n’en pas faire ne se pose même plus. 3.
1199 ès grand nombre de citoyens, le but à atteindre n’ est pas d’abord d’assurer le bon fonctionnement de l’État, la paix publiq
1200 ibre déploiement de ses forces créatrices. Le but est d’abord de faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le
1201 est d’abord de faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le parti pour plus grand que le tout. Ou encore : le
1202 faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le parti pour plus grand que le tout. Ou encore : le but est simpleme
1203 i pour plus grand que le tout. Ou encore : le but est simplement de militer bruyamment dans le parti, moins par amour passi
1204 in créateur. Et quand tout va mal, quand la crise est là, les partis se mettent à déchirer la nation avec une absence de sc
1205 noffensifs : c’est l’instrument même du parti qui est meurtrier. b) On appelle aussi « politique » la rumeur confuse des i
1206 ent ces idéologies. L’influence de ces feuilles n’ est plus niable. J’attends encore l’homme sain qui osera faire leur éloge
1207 ême calibre, du moins sait-on que la dictature en est seule responsable. La honte n’en retombe pas sur des hommes « libres 
1208 e ou de droite, rédigés par des intellectuels, on est bien forcé d’avouer qu’il n’y a plus en France de véritable idéologie
1209 ogie politique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’ est qu’un lamentable ramassis de phrases empruntées à des révolutions étr
1210 n trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’être comte et de s’appele
1211 i est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’ être comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et pour
1212 u subtile. Et pour réfuter le communisme — ce qui serait plus intéressant tout de même — les droites se bornent à affirmer, co
1213 r, contre toute évidence, que la doctrine de Marx est un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille.79
1214 u surplus intelligent, se doit de n’y pas tremper fût -ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés par les politiciens, c
1215 ue comme une simple technique de gouvernement. Il serait souhaitable en effet que le ministère des Colonies soit géré par un h
1216 ouhaitable en effet que le ministère des Colonies soit géré par un homme qui connaisse autre chose que les potins de sa circ
1217 Roosevelt, oublient que la mission d’un peuple n’ est pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la politique au jeu su
1218 on, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’ est qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne peut mener qu’à une fo
1219 on des libertés de la personne par l’État (que ce soit au nom d’une classe ou de la race n’y change rien), j’estime être plu
1220 e classe ou de la race n’y change rien), j’estime être plus utile à la cité en faisant de la philosophie et de la théologie
1221 et de la théologie pures. 4. Mais — la politique est à nos yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume d’appeler ains
1222 en faire ou non. Traditionnellement, la politique est , d’une part, la science des rapports de l’individu et de l’État — pol
1223 alement dégradantes. Bien peu y échappent : ce ne sont pas ceux qui réussissent. Dans le cas d’autres pays, qui auraient con
1224 a politique reste quelque chose d’extérieur à son être véritable. D’où la distinction bien connue entre la vie publique et l
1225 tout le contraire : la vraie politique ne saurait être qu’une expression de la personne même. Elle s’enracine dans l’homme,
1226 même. Elle s’enracine dans l’homme, en tant qu’il est actif, créateur et responsable vis-à-vis de la communauté. Elle n’est
1227 et responsable vis-à-vis de la communauté. Elle n’ est pas une obligation imposée par l’État ou la nation, mais, au contrair
1228 ation, mais, au contraire, l’État et la nation ne sont que les émanations, les représentations extérieures de la tension per
1229 e implique une hiérarchie : l’organisation devant être normalement subordonnée à la création. Il résulte de cette définition
1230 réer dans le vide, et sa création, quelle qu’elle soit , se répercute et prend toute sa valeur dans le domaine national80. Le
1231 e — que beaucoup ont tant de peine à comprendre — est la méthode politique par excellence, au sens que nous venons de donne
1232 aussi bien que dans celle des peuples, de ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à subordonner à tous les
1233 peuples, de ce qui est organisation et de ce qui est création ; et à subordonner à tous les étages les moyens aux fins, le
1234 et un effort spirituel. Et la plus haute réussite sera toujours d’adapter avec souplesse la technique aux buts qu’elle doit
1235 qu’elle doit servir. 6. On nous dira : tout cela est bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel est le peuple qui ait
1236 t bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel est le peuple qui ait jamais pratiqué une telle politique, dans l’histoir
1237 es s’y abandonnent avec délices et deviennent ces êtres absurdes et maléfiques qu’on nomme des politiciens, ou ces espèces d’
1238 es vieux militants. — On nous dira aussi : vous n’ êtes que des intellectuels… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1° E
1239 els… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1° Est -ce une raison, parce que personne au monde n’a jamais mené une vie pa
1240 ent morale, pour renoncer à affirmer une morale ? Est -ce une raison, parce que les « politiques » pratiquées jusqu’ici avec
1241 succès que l’on sait, voir la crise présente, ont été fausses, malfaisantes, dégradantes, pour continuer de gaieté de cœur
1242 e nous recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes -nous en pleine crise ? Oui ou non, cette crise couronne-t-elle la « p
1243 faillites, ni aux faillis qui se réjouissent de l’ être . 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voul
1244 aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous servir
1245 rdre neuf. Quant à ceux qui nous reprocheraient d’ être ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ig
1246 pelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ignorants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les invit
1247 cts de notre « intellectualisme » ! En vérité, il serait temps que les hommes, doués de raison, qui s’intéressent au sort de l
1248 ivante : la cause profonde de la crise mondiale n’ est autre que la bêtise des « réalistes » et de leurs politiciens. Bêtise
1249 veulent subordonner l’État aux libertés — ce qui est l’inverse de l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veu
1250 ge considération des réalités mondiales. Elles ne sont pas le fait des petits calculateurs locaux, des comitards, des techni
1251 es. Que va faire la France dans ce monde ? Quelle est sa mission, sa raison d’être, sa raison de subsister et de créer ? A-
1252 ans ce monde ? Quelle est sa mission, sa raison d’ être , sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieu
1253 ouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui soit propre, et qu’elle puisse opposer victorieusement aux conceptions nou
1254 autres puissances exaltent ? Toutes ces questions sont des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qu
1255 e publicité tapageuse. Et l’adultère, Messieurs ? serait -ce une spécialité russe ? — Ou alors, dites clairement que la famille
1256 es lecteurs de cette revue savent que la nation n’ est une expression de l’universel qu’en raison de l’impuissance humaine à
1257 on un sens absolu de nationalisme autarchique qui est à l’opposé de notre pensée.
24 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 5. Trop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels)
1258 ntellectuels) Chose étrange, le 6 février 1934 fut une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des mouton
1259 chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se sont jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors
1260 nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’ est pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été ve
1261 ommis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le mond
1262 vre en marge de tous les conflits et refusaient d’ être considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins en a
1263 e considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins en accord avec l’esprit général de l’époque : intelligence d
1264 Tributaires d’une culture dont l’ambition suprême était de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans
1265 était de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans leur erreur. Les modalités de leur retrait ne cont
1266 é que rien, ni la pensée, ni l’acte individuel, n’ est en réalité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté de penser n’i
1267 er n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, était une illusion entretenue par l’apparente paix sociale, mais que l’éché
1268 ente paix sociale, mais que l’échéance ne pouvait être indéfiniment repoussée, et que les dettes contractées par l’esprit ne
1269 propose de défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défe
1270 éel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’ est la distinction libérale entre la pensée et l’action. Au lieu de préci
1271 terne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’ est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que rés
1272 r, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’ est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son aut
1273 engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’ est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas faire payer sa p
1274 ’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’ est pas faire payer sa prose par Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant.
1275 par Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant. Ce n’ est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’un
1276 eant. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’ est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique
1277 d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’ est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est
1278 sme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut être qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les l
1279 n Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire82, ont été les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à
1280 sée qui, par sa nature et son mouvement originel, est libérale, irresponsable, ne devient pas libératrice et responsable du
1281 On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y est bien forcé par le spectacle de l’intelligentsia française. Précisons
1282 e péril totalitaire (de droite ou de gauche) ce n’ est pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la for
1283 éral devant le péril, c’est de faire un fascisme. Fût -ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-être surtout dans ce ca
1284 sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon : les écrivain
1285 te de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils étaient de vrais libéraux, irresponsables nés83, égarés pour un temps dans le
1286 ent » politique, et faisant amende honorable. Ils étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les
1287 s étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’é
1288 ant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais
1289 qu’il opposait à celle des philosophes libéraux — fût partiale, pleine de partis pris, et même politique ! 83. Je fais exc
1290 que Bernanos et Schlumberger, dont la bonne foi a été surprise, — comme on dit. Peu importent d’ailleurs les personnes : c’
1291 d’ailleurs les personnes : c’est la tendance qui est significative.
25 1940, Politique de la personne (1946). Ve partie. À la fois libre et engagé — Le protestantisme créateur de personnes
1292 quelque méfiance. Je souhaite que beaucoup aient tenu le petit raisonnement que voici : pour les réformateurs, l’homme deva
1293 en signifier cette contradiction affligeante ? Je serais heureux que la question vous ait paru curieuse, ou peut-être grave, o
1294 t passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’ est -ce que cette personnalité dont la valeur varie si curieusement entre
1295 s une dizaine d’années, une discussion générale s’ est instituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité.
1296 nes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se sont efforcés de montrer l’importance concrète d’une définition de la pers
1297 le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes d’État démocratiques. Tout
1298 remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne, et le
1299 ne certaine polémique réactionnaire, l’individu n’ est pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration des dro
1300 aturel, et s’isole. Le groupe primitif, la tribu, est lié par le lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreu
1301 l’intolérance radicale. (On ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, elle est radicalement grégaire et xénophobe. Mais su
1302 n ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, elle est radicalement grégaire et xénophobe. Mais supposez maintenant qu’un de
1303 istinct des peuplades indo-germaniques, les Grecs sont les premiers à se détacher, à prendre figure, donc à s’individualiser
1304 les expulse : voilà les premiers individus. Ceci est important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu
1305 vidus. Ceci est important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour
1306 les à la cité au sens moderne. Alors que la tribu était liée par des liens d’origine — le sang, la famille — la cité est fond
1307 s liens d’origine — le sang, la famille — la cité est fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de l
1308 t. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi toi
1309 misée ». Le vide social créé par l’individualisme est toujours un appel à l’État dictatorial. Et cet État aux cadres géomét
1310 entre individualisme et dictature, l’opposition n’ est qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause
1311 ère dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne f
1312 au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever le process
1313 ciale commencé par l’individualisme. L’individu s’ était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les groupes naturels subs
1314 s à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’Éta
1315 par sa fonction dans la cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’origine le m
1316 que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’ est pas une persona, il s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment
1317 , qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages
1318 jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirai
1319 rannie, successivement, ont fait faillite. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse
1320 ssibilité de communauté, c’est celle qu’imagine l’ être spirituel. C’est l’espoir d’une société d’un type absolument nouveau,
1321 ’une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur l’
1322 une et enthousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’ est plus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éterne
1323 alisation historique de la première possibilité s’ est amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu u
1324 dès la fin de la République romaine, quand César est devenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’État, confondu a
1325 nt une société absolument nouvelle : l’Église. Qu’ est -ce que l’Église primitive, du point de vue sociologique où je me plac
1326 terme moderne : des cellules. Ces communautés ne sont pas fondées sur le passé ni sur des origines communes. « Il n’y a plu
1327 des esclaves et des citoyens riches. Leur lien n’ est pas terrestre : il est dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre 
1328 toyens riches. Leur lien n’est pas terrestre : il est dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au Cie
1329 as terrestre : il est dans l’au-delà. Leur chef n’ est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs amb
1330 s l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’ est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont p
1331 à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elles attendent, c’est la fin des temps. Et
1332 . Ainsi, spirituellement et socialement, l’Église est une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés
1333 alement, l’Église est une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engage à son s
1334 avons bien que leur libération et leur service ne sont nullement contradictoires, n’étant que deux aspects complémentaires d
1335 leur service ne sont nullement contradictoires, n’ étant que deux aspects complémentaires d’une seule et même réalité : la con
1336 d’une seule et même réalité : la conversion. Tel est l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu g
1337 l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’ est pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de s
1338 davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’ est pas non plus la persona du droit romain, puisque l’homme qui reçoit u
1339 christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trouve être à la fois autonome et en relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau
1340 ns nouveau, et la réalité sociale de la personne, sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieux dire, des créati
1341 ction entre ces deux vocables si courants, loin d’ être une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts, qu
1342 re l’homme naturel et l’homme chrétien. Ces hases étant posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, p
1343 s peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Elle s’ est peu à peu substituée aux cadres sclérosés du vieux régime. La capital
1344 lait le prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona
1345 ociété et tend à s’imposer par la force, comme ce fut le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque
1346 rèce individualiste. L’individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés d
1347 c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa prop
1348 e, de sa propre gloire, et de sa propre richesse, fussent -elles acquises aux dépens de sa famille et de sa cité, aux dépens mêm
1349 ême de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes furent commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la reno
1350 siciliens, fondateurs du capitalisme commercial, sont souvent cités comme les premiers types d’individus au sens moderne. N
1351 e profanation que l’on opère. Du moins ces gestes sont -ils ressentis comme tels à cette époque. Or il est évident que cet in
1352 nt-ils ressentis comme tels à cette époque. Or il est évident que cet individualisme est un retour du paganisme grec. Mais
1353 époque. Or il est évident que cet individualisme est un retour du paganisme grec. Mais il est non moins évident qu’il repr
1354 dualisme est un retour du paganisme grec. Mais il est non moins évident qu’il représente une réaction inévitable à la dévia
1355 ssayer de vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé
1356 dant toutes les réalités que désignent ces termes sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de l
1357 lités que désignent ces termes sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommaire
1358 ager sommairement. Le but unique des réformateurs était de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils
1359 ise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’ être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Cal
1360 d’être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à
1361 mbarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spirituelle de per
1362 té de la foi serait confuse. » L’Église primitive était une communauté spirituelle de personnes, d’hommes nouveaux, à la fois
1363 uant une multitude de communautés locales. Telles seront à nouveau les Églises réformées. Point de centralisation, point de ca
1364 ans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son plan. Notez bien qu
1365 son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiquement, mais du fait
1366 dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’ être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est
1367 tat, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la société, à sa juste place.
1368 à sa juste place. Notons que si la personne doit être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel « droit
1369 la personne doit être respectée par l’État, ce n’ est pas en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à la désobéissance !
1370 béissance ! Calvin précise que l’État, quel qu’il soit , doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable,
1371 Calvin précise que l’État, quel qu’il soit, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable, qui figure
1372 et le peuple de telle manière que par cela je ne sois nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma
1373 e seul texte constitutionnel existant, qui puisse être qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité
1374 n strictement ecclésiastique, c’est vrai. Mais il était inévitable et juste que ce type de relations influençât peu à peu tou
1375 elations politiques. Toute l’histoire de l’Europe serait à refaire à partir de cette constatation : que les formes et structur
1376 errons quelques exemples un peu plus loin. Quelle fut donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église e
1377 on réfléchit aux deux questions suivantes : quels furent les régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action his
1378 régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Part
1379 s le début, l’obstacle principal à la Réforme, ce fut l’absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les
1380 ou moins inspiré du stathoudérat hollandais. Et n’ est -ce pas le huguenot Sully qui, le premier ; sous Henry IV, conçut le «
1381 ndance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui ex
1382 quer. Et vous savez que les problèmes d’éducation furent dès le début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de
1383 e sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il est à la fois libre et engagé, autonome et pourtant responsable au sein d
1384 initive, c’est de cela qu’il s’agit. L’histoire n’ est jamais qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de l’actuel. Co
1385 orale personnaliste ? Calvin, vous le savez, ne s’ est jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il insiste à maintes
1386 e fait que monarchies, oligarchies et républiques sont également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fo
1387 bliques sont également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marque une préférence, mai
1388 squ’il écrit : « Le meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour durer longuement
1389 e donne raison au réformateur. Et je ne crois pas être infidèle à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’est pas la
1390 à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’ est pas la forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménag
1391 s qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trou
1392 er entre ces trois États : d’abord parce que ce n’ est pas notre sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s
1393 année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ces régimes : leur opposition brutal
1394 ur opposition brutale au christianisme dès qu’ils sont assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voic
1395 stinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été établie d’une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple, était à la
1396 ’une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple, était à la fois chef de l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme l
1397 ropapisme. D’autre part, ses décisions politiques étaient fortement influencées par le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocra
1398 La coupure entre le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal faite, ou pas faite du tout. Il en r
1399 oup plus rigoureusement, car la religion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence
1400 ement, car la religion dont ils étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence des corps chimiq
1401 e part, l’instauration de ces régimes tyranniques fut largement facilitée, et même appelée, par l’absence dans tous ces pay
1402 ’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a tou
1403 e fait suivant qui, à ma connaissance, n’a jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme de totalitarisme correspondant
1404 catholiques, alors qu’il n’en existe point qui se soit développée en pays « calvinistes » ou simplement influencés par des é
1405 que le calvinisme ne puisse dévier lui aussi, et soit sans défauts. Mais cela signifie que ses défauts et déviations n’entr
1406 t totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’ être une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait dif
1407 rtains qui se demandent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en ch
1408 ple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous
1409 enant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quan
1410 condition pour éviter chez nous, pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la d
1411 aierai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition faite à l’Église dans les pays totalitaires ? Cette prem
1412 s les pays totalitaires ? Cette première question est capitale. Car la politique d’un régime est toujours étroitement dépen
1413 estion est capitale. Car la politique d’un régime est toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis d
1414 Église et du fait religieux en général. Un régime est totalitaire lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvo
1415 t cela d’autant plus que la religion qu’il adopte est , comme dans le cas des fascismes et du communisme, une religion de l’
1416 ace, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut mêm
1417 rigines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’ est pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que «
1418 te religion n’admet pas que « les choses vieilles sont passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion
1419 is-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, reli
1420 rachat du péché d’origine ? Second point : quelle est la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est t
1421 utre pôle : celui de l’engagement social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État, et ce
1422 : caporalisation. Et la personne ainsi comprise n’ est plus qu’à peine une persona au sens romain, un rôle, un masque, une f
1423 à l’héroïsme collectif — le plus facile, si c’en est encore un ! — mais qui n’ont plus de courage civique. Militarisation
1424 ent humaines. À force de louer la Réforme d’avoir été , comme on dit « une pépinière d’individualités et de caractères bien
1425 nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’ est pas faite pour l’homme d’abord. À force de louer ses effets humains,
1426 ause divine. N’oublions pas que la personnalité n’ est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une personne sur un individ
1427 ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par une éducation et une ambiance protestante. Nous n’en avons
1428 te de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous
1429 e ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’ être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela consti
1430 aut alors rappeler que la personnalité, si grande soit -elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on se borne au point de vue soc
1431 uis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’ est rien de plus, après tout, qu’un individu aux caractères accusés. Ains
1432 t c’est pourquoi l’on a pu dire que le calvinisme était à l’origine du capitalisme moderne, avec sa concurrence sans frein, p
1433 is ce qu’il ne peut ni surtout ne veut former, ce sont justement des personnes, des vocations irréductibles aux ambitions sp
1434 ions spirituelles de l’État. Ces personnes-là, ce sont ses véritables adversaires, les seuls sérieux, et il le sait ! Si Nie
1435 , les seuls sérieux, et il le sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’e
1436 ncentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’ est point parce qu’on lui reproche son énergie ou ses talents, ses traits
1437 sonnalité, car bien d’autres en ont autant qui ne sont pas pour cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que l’on ne peut p
1438 sonne, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement o
1439 bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance.   Il est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises a
1440 Réforme, et spécialement sa tendance calviniste, est appelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrin
1441 . Un véritable protestant, les faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà,
1442 ar une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte
1443 ui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce n’ est jamais que l’incarnation d’une possibilité secrète, d’une tentation q
1444 pas de ces remarques que les trois Églises citées sont responsables des trois mouvements totalitaires, mais bien que ces mou
1445 la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’ est -il limité aux grands pays. Les États balkaniques orthodoxes ne sont p
1446 grands pays. Les États balkaniques orthodoxes ne sont pas communistes ; les États scandinaves luthériens ne sont pas nation
1447 communistes ; les États scandinaves luthériens ne sont pas nationaux-socialistes ; la Belgique catholique n’est pas fasciste
1448 nationaux-socialistes ; la Belgique catholique n’ est pas fasciste. 68. Sur la distinction, d’une importance capitale, ent
1449 fs ; selon Marx, tout vient des bourgeois… Ce qui est certain, c’est que l’invention du système est antérieure de plusieurs
1450 qui est certain, c’est que l’invention du système est antérieure de plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postéri
1451 faut des remèdes ou une opération. Et les remèdes sont souvent composés de poisons…
26 1946, Politique de la personne (1946). Préface pour l’édition de 1946
1452 dence la marque des années au cours desquelles il fut écrit et dit. Cependant, je ne l’ai guère modifié. (Quelques pages on
1453 nt, je ne l’ai guère modifié. (Quelques pages ont été coupées, parce qu’elles contenaient trop d’allusions à des incidents
1454 ais historique, des maladies que j’étudiais. Ce n’ est point que je considère mes essais comme assez abstraits pour s’appliq
1455 elle époque de l’histoire. Mais, au contraire, je tiens la situation présente pour essentiellement identique à celle de l’ent
1456 de l’entre-deux-guerres. Le danger totalitaire n’ est pas moindre, les erreurs du marxisme stalinien ne sont pas corrigées,
1457 pas moindre, les erreurs du marxisme stalinien ne sont pas corrigées, le régime bourgeois-capitaliste subsiste dans beaucoup
1458 ques-uns de nos adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais d’envah
1459 adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais d’envahir à la fois leu
1460 , en Belgique et en Suisse, principalement), il s’ est dissout et dispersé pendant la guerre. En tant que doctrine, je serai
1461 persé pendant la guerre. En tant que doctrine, je serais tenté de dire qu’il a subi le même destin ; mais la dispersion des id
1462 aliste, son esprit, ses mots-clés, et ses hommes. Soit qu’il s’agît dans quelques cas précis d’influences personnelles exerc
1463 fluences personnelles exercées par nos militants, soit que la situation dictât des réactions fort analogues à celles dont ét
1464 dictât des réactions fort analogues à celles dont étaient nés nos groupes, il est certain que la Résistance européenne redécouv
1465 alogues à celles dont étaient nés nos groupes, il est certain que la Résistance européenne redécouvrit bon nombre de nos po
1466 e tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de nous sentir dépossédés par cette mise dans le domaine pu
1467 s’éveillent à certain ordre de réalités que nous tenions dès le début pour décisives. Le personnalisme s’est formé dans l’atmo
1468 s dès le début pour décisives. Le personnalisme s’ est formé dans l’atmosphère philosophique définie par les noms de Kierkeg
1469 gagement et notre conception de la personne comme être à la fois libre et engagé, contrebattues de tous côtés et peu compris
1470 s de tous côtés et peu comprises avant la guerre, sont devenues comme on sait le pont aux ânes d’une école dont on parle bea
1471 n parle beaucoup. (Je ne vois pas cette école, il est vrai, bien engagée dans le drame politique du siècle : mais elle ne p
1472 commencent à « prendre ». Et peu importe qu’elles soient ou non de notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préco
1473 ssent dans le sens que nous préconisions. Quelles sont les perspectives du personnalisme en l’année 1946 ? Les faits ont con
1474 nous apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’ est constitué en force autonome et occupe aujourd’hui le pouvoir. Le mouv
1475 se entre l’Amérique et la Russie ? Mais les faits sont des preuves ambiguës. Et de même qu’ils ne peuvent prévaloir contre l
1476 ce ou de doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en tiens , pour ma part, au pessimisme actif qui inspira ces essais. 1. Citon
1477 ugmans : « Le mouvement personnaliste néerlandais est né dans un camp d’otages, dans un séminaire transformé en prison, à S
1478 Pendant des mois, ils travaillèrent… La doctrine était là, « invisible et présente ». Il fallait la préciser. À ce moment-là
1479 cessaire… Avant la guerre, le mot personnalisme n’ était connu en Hollande que d’une petite minorité d’intellectuels francophi