1
e. Je réponds que je voudrais bien n’avoir jamais
été
forcé de m’en mêler. Mais tel est le malheur des temps : pour peu que
2
n’avoir jamais été forcé de m’en mêler. Mais tel
est
le malheur des temps : pour peu que l’intellectuel d’aujourd’hui ait
3
s rusée que les bureaucrates. La brimade étatique
est
beaucoup plus perfide : elle consiste, en principe, à exiger de l’int
4
officielle, et qui n’a plus de cesse qu’il n’ait
été
loué par ses plus conscientes victimes. S’il me faut obéir aux décret
5
crets du tyran, je ne veux pas qu’on exige que ce
soit
de bon cœur. Je me défends en attaquant. Je préfère porter cette guer
6
ngagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce
sont
là des motifs égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il est vr
7
égoïstes, dira-t-on. J’en ai quelques autres, il
est
vrai. Mais ne vaut-il pas mieux les taire, dans un temps où certain h
8
ans un conflit concret, et découvre bientôt qu’il
est
social ou politique. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait, elle avait
9
ouvre bientôt qu’il est social ou politique. Ce n’
était
pas ce qu’elle cherchait, elle avait cru voir autre chose, pouvoir ch
10
tances, et provoquer des adversaires plus nobles.
Est
-ce que tout se ramène à des querelles de gros sous ? Est-ce que Marx
11
que tout se ramène à des querelles de gros sous ?
Est
-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique serait le dernier mot d
12
uerelles de gros sous ? Est-ce que Marx a raison,
est
-ce que l’économique serait le dernier mot des souffrances morales ? P
13
Est-ce que Marx a raison, est-ce que l’économique
serait
le dernier mot des souffrances morales ? Pour peu qu’on sorte de sa c
14
morales ? Pour peu qu’on sorte de sa chambre, on
est
presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui est révoltant, c’est
15
presque forcé d’en convenir. Mais c’est cela qui
est
révoltant, c’est cela qu’il faut dénoncer. C’est pour aider à changer
16
d’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que
soit
par ailleurs l’utilité de sa démarche. Bon gré, mal gré, tout ce que
17
tre à son dégoût, accepte le combat tel qu’il lui
est
offert, elle court le risque de s’y dégrader. J’ai préféré ce risque
18
é ce risque à la politique de l’autruche. L’issue
fût
-elle désespérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 2. Je ne suis pas
19
e. L’issue fût-elle désespérée. Et peut-être ne l’
est
-elle pas. 2. Je ne suis pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi d
20
pérée. Et peut-être ne l’est-elle pas. 2. Je ne
suis
pas pacifiste par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre est « mo
21
te par doctrine. Mais pourquoi dire que la guerre
est
« morale » ou qu’elle est « juste et nécessaire » ? Nécessité et just
22
quoi dire que la guerre est « morale » ou qu’elle
est
« juste et nécessaire » ? Nécessité et justice sont deux choses ; et
23
st « juste et nécessaire » ? Nécessité et justice
sont
deux choses ; et la morale voudrait qu’on ne fît pas de guerre. D’ail
24
ît pas de guerre. D’ailleurs, la guerre moderne n’
est
plus la guerre. Elle naît d’une mainmise de la finance sur les sentim
25
et impuissance du clerc qui s’engage Le risque
est
la santé de la pensée, à condition toutefois qu’elle l’envisage sans
26
agée que celle que doit jouer notre génération, n’
est
pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté de bon aloi. Je n
27
impénitent ». L’expression, dans un certain sens,
est
fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des in
28
scepticisme réaliste. L’intelligentsia citadine s’
est
mise tout entière à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’hom
29
t même le déformer de telle sorte que la pensée n’
est
plus pour lui qu’un jeu d’oisifs, — l’activité de ceux qui n’en ont p
30
rationnelle. La ruine de leurs finances va-t-elle
être
le commencement de leur sagesse ? Il faudrait pour cela qu’on leur of
31
les clercs dont on pouvait croire que la mission
était
de penser leur époque ? Ils s’en garderont bien, pour les raisons qu’
32
délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’
être
homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dic
33
tre homme, et se réservent le rôle d’assurés. Ils
sont
prêts pour les dictatures. Et c’est ainsi que la séparation de la doc
34
isceaux et de fronts, opposer des doctrines, ce n’
est
plus faire de la doctrine, mais bien, et quoi qu’on veuille, jouer le
35
ites par les clercs pour « repenser l’époque » ne
sont
point trop encourageantes. Ne les voyons-nous pas, pour cette importa
36
meurt soldat, ivre ou lucide, peu importe, ce ne
sera
pas dans son lit. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sér
37
pe de clercs, fort désireux d’aller au peuple. On
est
frappé cependant de voir que ce goût du pratique n’aboutit, pratiquem
38
ispense de porter sérieusement nos angoisses ; il
est
certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agi
39
usement nos angoisses ; il est certain que cela n’
est
pas pratique, ne sert à rien et détourne d’agir au moins autant que d
40
sa chambre ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’
est
plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté s
41
r des intellectuels et son usage Si le désordre
est
tel que la pensée n’engrène plus à rien ; et si la pensée « débrayée
42
eule et même erreur initiale sur l’homme. L’homme
est
un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni
43
nsant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’
est
ni ange ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant qu
44
nt que les hommes de ce temps pensent comme s’ils
étaient
anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui est dans l’action n’a pas
45
taient anges, et agissent comme bêtes. Le mal qui
est
dans l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui est dans la pen
46
l’action n’a pas d’autres racines que le mal qui
est
dans la pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’est l’homme
47
pensée. Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’
est
l’homme. Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de dépar
48
u de vue sa définition même. Leur point de départ
est
faux, et leurs efforts les plus sincères aboutissent au malheur de l’
49
oir des intellectuels, dans la situation qui nous
est
faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seul po
50
dirait, toute question d’habileté mise à part. Il
est
clair que le monde moderne n’est pas conduit par des raisons, plus ou
51
mise à part. Il est clair que le monde moderne n’
est
pas conduit par des raisons, plus ou moins bonnes, mais par des folie
52
i se croit dans son bon sens, à elle ! Les hommes
sont
malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est pas u
53
la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’
est
pas une raison, si l’on en sait la cause, pour la taire, et pour reno
54
t pour renoncer à vanter le remède que l’on pense
tenir
. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour
55
ncer à vanter le remède que l’on pense tenir. Ils
sont
en train de se déshumaniser : ce n’est pas une raison pour renoncer à
56
enir. Ils sont en train de se déshumaniser : ce n’
est
pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait être l’humain, pour reno
57
’est pas une raison pour renoncer à ce qu’on sait
être
l’humain, pour renoncer à être un homme. La plupart des folies qu’on
58
er à ce qu’on sait être l’humain, pour renoncer à
être
un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et
59
et devant lesquelles on se courbe parce qu’elles
sont
soi-disant fatales, perdent beaucoup de leur majesté redoutable dès q
60
espèce de scandale. Les groupes qui le défendent
sont
petits, mal connus. On les accuse d’utopie. Ils tablent, en effet, su
61
Ils constatent que, dans la réalité politique, ce
sont
encore des hommes qui agissent, et non pas du tout ces faux dieux qu’
62
hodique aux calculs ingénieux des sociologues. Il
est
d’ailleurs probable que la sociologie n’est qu’une science de mythoma
63
s. Il est d’ailleurs probable que la sociologie n’
est
qu’une science de mythomanes. J’y verrais même le symptôme d’une espè
64
s et ses pensées : l’un des plus caractéristiques
est
justement cette pensée sociologique qui voudrait codifier la loi d’év
65
d’évolution des « masses » comme si les masses n’
étaient
pas faites d’hommes, c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre
66
à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble
est
cet amour théorique de l’Humanité, qui traduit une fuite devant l’hum
67
uite devant l’humanité particulière telle qu’elle
est
incarnée par le prochain visible. Sociologues et humanitaires souffre
68
nds mouvements sociaux contemporains (hitlérisme)
est
très frappant. Il n’y a pas lieu d’insister sur ce point après tant d
69
éduire ceci : La première tâche des intellectuels
est
, aujourd’hui, de conduire une critique des mythes collectivistes nés
70
e politique à hauteur d’homme Toute la question
est
de savoir à quel niveau l’on situe le concret ; à quelles fins les po
71
irs entendent mener les hommes. Toute la question
est
de savoir quelle définition de l’homme est impliquée dans telle polit
72
estion est de savoir quelle définition de l’homme
est
impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question qu’
73
r dans le monde des politiciens. Si la Politique
est
l’art de gouverner les hommes, il ne saurait être indifférent à ceux
74
est l’art de gouverner les hommes, il ne saurait
être
indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’ho
75
à ceux qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’
est
l’homme, quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règle
76
t de connaître d’abord ce qu’est l’homme, quelles
sont
les conditions de son humanité, à quelles règles il faut se plier pou
77
l faut se plier pour respecter en lui sa raison d’
être
. Les partis politiques ne possèdent, il est vrai, ni à gauche ni à dr
78
on d’être. Les partis politiques ne possèdent, il
est
vrai, ni à gauche ni à droite, aucune définition de l’homme5. C’est p
79
une raison suffisante pour estimer que ces partis
sont
tous également malfaisants. Beaucoup de gens commencent à sentir cela
80
réaliste, opportuniste ou empirique, mais qui ne
sont
en fait qu’une énorme combine montée sur un fond d’ignorance par quel
81
de croire, par exemple, qu’un bon agent électoral
est
un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par l
82
s. Et je la vois trop ignorante dans cet art pour
être
en rien touchée par ces artistes. Ils cesseront d’ailleurs de jouer d
83
dictature, parce que le centre vivant d’un pays n’
est
pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des cit
84
st pas dans un organisme de contrainte, mais doit
être
en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas, une
85
mais doit être en chacun des citoyens conscients,
fussent
-ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’hommes réellement hu
86
le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut
être
humanisé. Le but de la société, c’est la personne. On n’y atteindra j
87
té capitaliste », écrit : « Mais cette iniquité n’
est
elle-même que le résultat d’une erreur plus profonde. Elle traduit, d
88
5.En dernier ressort Quel que
soit
le dégoût qu’inspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit
89
mes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle
sera
la valeur du modèle que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne s
90
e que l’homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne
sera
jamais que relative, vouée dès sa naissance à la dégradation commune.
91
me historique n’a existé dans l’absolu, ni n’a pu
être
imaginé dans un absolu existant. Le plus sublime modèle et le plus at
92
agination la plus dynamique de l’homme parfait ne
sera
jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la pui
93
a haine pour tout idéal un peu haut : il faudrait
être
fou pour persister longtemps dans l’effort périlleux de le lui impose
94
corde un triomphe fictif. Les dictatures modernes
sont
nées de tels chantages. Et l’on ne sait qui perd le plus à ces victoi
95
un bras se tende. Le chrétien sait que ce bras s’
est
tendu. La foi est un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient t
96
Le chrétien sait que ce bras s’est tendu. La foi
est
un ordre reçu, obéi et ordonnateur. Elle contient tout ensemble, dans
97
ir sur le plan politique, si d’une part toute foi
est
action, s’il est vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre
98
litique, si d’une part toute foi est action, s’il
est
vrai d’autre part qu’une action quelconque, d’ordre intellectuel, par
99
position du chrétien dans le monde d’aujourd’hui
est
trop exceptionnelle — sinon même scandaleuse — pour qu’on puisse négl
100
d’équivoque ? Dès qu’il fait de la politique, il
est
bien obligé de parler le langage du monde, et cependant il l’entend a
101
du monde, et cependant il l’entend autrement ; il
est
bien obligé de formuler des revendications concrètes, et cependant l’
102
rètes, et cependant l’objet de ces revendications
est
toujours relatif, subordonné à une fin transcendante, jugé par elle,
103
désillusionné ! C’est dans cette situation qu’ont
été
composés les essais qu’on va lire. Et si j’ose parler d’équivoque, c’
104
équivoque définie comme telle cesse d’ailleurs d’
être
trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’est pas, je crois, de su
105
être trompeuse. Le rôle de la pensée chrétienne n’
est
pas, je crois, de supprimer les difficultés de cet ordre, encore moin
106
veut-il en venir ? Va-t-il à gauche ? à droite ?
Est
-il rouge, est-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascist
107
nir ? Va-t-il à gauche ? à droite ? Est-il rouge,
est
-il blanc ? Il est contre les communistes et les fascistes, mais aussi
108
uche ? à droite ? Est-il rouge, est-il blanc ? Il
est
contre les communistes et les fascistes, mais aussi contre « l’ordre
109
e. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle
soit
la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous l
110
le soit la mesure de tout, mais il ajoute qu’elle
est
très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se
111
ce lecteur au carrefour de quelques problèmes qui
sont
, je crois, ceux qui se posent. À qui se posent-ils ? Et comment les a
112
indiquer pour finir. I. — Le malheur de l’homme
est
toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essais politiques
113
raît sous un jour nouveau : on voit bien qu’elles
sont
sans rapport à la misère réelle des hommes, mais on voit bien aussi q
114
personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne
sont
que politique d’autruche. On se passionne pour des moyens, et c’est p
115
fins dernières. Pourtant la seule politique vraie
serait
celle dont tous les moyens seraient vraiment ordonnés au vrai but ass
116
politique vraie serait celle dont tous les moyens
seraient
vraiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’homme. Le souci d
117
e la politique ceux pour qui nul moyen ne saurait
être
utilisé, qui ne porte en lui-même la loi et l’image de la fin poursui
118
condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde
est
justement de connaître sans cesse, dans l’angoisse et dans l’espéranc
119
oppements. C’est que la politique, redisons-le, n’
est
pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle est toujours en porte
120
t pas un art : toute forme pure lui échappe. Elle
est
toujours en porte-à-faux, appuyée sur des faits qu’on n’a pas à chois
121
choisir, penchant vers des idées que la logique n’
est
pas seule à ordonner. Le mieux était de conserver à ces écrits leur p
122
e la logique n’est pas seule à ordonner. Le mieux
était
de conserver à ces écrits leur possible valeur de témoignages, de par
123
endant de leur objet. Faire de la politique, ce n’
est
pas là mon choix, c’est une obligation à quoi je me résous en maudiss
124
tise, comme le grand lieu commun de la peur qui s’
est
emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ».
125
nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’
est
pas d’expression plus juste, pour qui se borne à considérer notre épo
126
ires qui s’affrontent au milieu du désordre. Il n’
est
pas d’expression plus fausse, et même plus dangereuse, pour qui veut
127
t tyrannique, comme une divinité qui, depuis peu,
serait
devenue folle. Des peuples entiers s’exaltent pour une dictature qui
128
et de la lâcheté publique. Des provinces entières
sont
ruinées par des exploitations dont les bénéfices s’engloutissent en d
129
nt leur astuce à équilibrer des budgets, dont ils
seront
les seuls bénéficiaires. La corruption s’étale, flétrie avec grandilo
130
ésarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela
soit
si nouveau ? Croit-on vraiment que, jusqu’à ces dernières années, la
131
es hommes ? Croit-on vraiment que le « désarroi »
soit
seulement « actuel », et ne veut-on parler de « désarroi » que lorsqu
132
es valeurs boursières et la tranquillité publique
sont
menacées ? La vérité, c’est que la situation du monde a été de tout t
133
es ? La vérité, c’est que la situation du monde a
été
de tout temps désespérée. Seulement, maintenant, cela se voit. Depui
134
ne crise dont les périodes dites « prospères » ne
sont
que les temps de répit, souvent déshonorés par la culture des illusio
135
s de la révolte. L’histoire du monde, bien loin d’
être
l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solen
136
t, certaines époques ont connu la grandeur. Ce ne
furent
pas les moins corrompues de l’histoire, mais celles où la corruption
137
histoire, mais celles où la corruption permanente
fut
ouvertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, ell
138
ordre » qui couvait sous des apparences paisibles
est
soudain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes europé
139
éclame qui parlent un langage clair. Jamais il ne
fut
plus facile de reconnaître les choix nécessaires. Désordre, oui, et p
140
s grand que jamais. Désarroi ? Non. Les doctrines
sont
contradictoires ? Les évaluations morales sont devenues presque impos
141
es sont contradictoires ? Les évaluations morales
sont
devenues presque impossibles ? Oui, certes ! Sur le plan de la connai
142
aire apparaît avec une netteté qui, je le répète,
est
la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu
143
répète que les événements nous dominent et qu’ils
sont
incompréhensibles et impensables. Ce n’est pas vrai ! C’est encore un
144
u’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’
est
pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons tr
145
t faire, nous répondent : attention ! le problème
est
plus complexe ! Non, les problèmes ne sont pas si complexes, en réali
146
roblème est plus complexe ! Non, les problèmes ne
sont
pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le sont, osons les simplifier
147
e sont pas si complexes, en réalité, ou, s’ils le
sont
, osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’est pas de voir le
148
, ou, s’ils le sont, osons les simplifier. Ce qui
est
difficile, ce n’est pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il
149
osons les simplifier. Ce qui est difficile, ce n’
est
pas de voir le vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous c
150
garde contre un « certain esprit simpliste », qui
est
, au vrai, l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avon
151
des complexités que nous créons à plaisir, qui ne
sont
pas dans la situation et qui sont autant de prétextes à refuser de pr
152
plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui
sont
autant de prétextes à refuser de prendre position, comme si ce n’étai
153
xtes à refuser de prendre position, comme si ce n’
était
pas là, déjà, prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous
154
e position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous
sommes
laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent
155
ssés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont
été
trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des g
156
efuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque
est
la santé de la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression est courante
157
é de la pensée. ⁂ Destin du siècle : l’expression
est
courante, mais suspecte9. Si nous y regardons de près, nous allons vo
158
eut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il
est
différent des autres hommes. Napoléon, César, Lénine ont un destin. M
159
la mesure où chacun de nous possède une raison d’
être
, quelle qu’elle soit, une servitude particulière, une passion qui est
160
de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle
soit
, une servitude particulière, une passion qui est bien à lui, une voca
161
soit, une servitude particulière, une passion qui
est
bien à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’u
162
’attribuer une sorte de valeur indépendante à des
êtres
collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siè
163
ui englobe toute l’humanité, et dont les éléments
sont
presque tous de nature collective. L’histoire d’un siècle, c’est l’hi
164
races, des entreprises publiques ou privées. Ce n’
est
que très accessoirement l’histoire des personnes, de quelques génies,
165
destin du siècle, c’est le destin des ismes, qui
sont
— en fin de compte — des abstractions. Et, je le répète, pour que ces
166
— les destins. Notre siècle, en tant que siècle,
est
athée, totalement athée, et consciemment athée. Mais, en même temps,
167
e, et consciemment athée. Mais, en même temps, il
est
polythéiste et superstitieux au dernier degré. La grande majorité de
168
us, nous leur obéissons, et certains d’entre nous
sont
prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités, vous
169
s de ces divinités, vous les connaissez bien : ce
sont
l’État, la nation, la classe, la race, l’argent et l’opinion publique
170
lique. Elles ont encore un autre nom, et qui leur
est
commun à toutes : c’est le Nombre, c’est peut-être Légion… Sans doute
171
es dieux pour cette espèce-là d’incroyants, et ce
sont
, par exemple, l’opinion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
172
ue nous prouvent abondamment leurs exigences, qui
sont
la foi aveugle et les sacrifices humains. Ces dieux ont même leur thé
173
entendu, et dont les deux disciplines principales
sont
l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples d
174
taquable, une fois les prémisses admises. Quelles
sont
ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toute
175
Trotski, s’explique entièrement par le fait qu’il
était
, à la fin de la guerre, caporal dans l’armée allemande. Son idéologie
176
es petits gradés d’une armée vaincue. L’hypothèse
est
séduisante, vraisemblable même. Que répondra Hitler ? Il répondra que
177
ski s’explique simplement par le fait que Trotski
est
un Juif. Voilà, n’est-ce pas, deux points de vue inconciliables et co
178
ent par le fait que Trotski est un Juif. Voilà, n’
est
-ce pas, deux points de vue inconciliables et contradictoires ? Sur le
179
rtaine violence ; mais par rapport à l’homme, ils
sont
absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et
180
l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’
est
rien, mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le monde
181
nt à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes
sont
sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévues et détermin
182
os révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes
sont
elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. De
183
es et qu’ils ont exposé leurs vies. Enfin, qu’ils
sont
animés par une foi constructive que bien des jeunes bourgeois railleu
184
à savoir si la foi des marxistes et des racistes
est
vraie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités sont à sa base ?
185
aie. Sur quoi se fonde-t-elle ? Quelles réalités
sont
à sa base ? De l’aveu même des sociologues marxistes ou hitlériens, c
186
même des sociologues marxistes ou hitlériens, ce
sont
des réalités générales, d’ordre statistique ; des considérations, par
187
pement économique des siècles passés, quand ce ne
sont
pas des statistiques de phrénologues. Ce sont toujours des réalités p
188
ne sont pas des statistiques de phrénologues. Ce
sont
toujours des réalités passées, historiques, achevées, mortes comme to
189
bien se fonder une loi historique ? Sur ce qui a
été
fait. Toute loi qu’on découvre dans la société humaine repose sur le
190
par exemple, un ivrogne qui s’arrête de boire, ne
fût
-ce que pour faire mentir le proverbe. Les lois générales, économiques
191
rbe. Les lois générales, économiques ou sociales,
sont
toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d
192
omme descend du singe, les autres croient qu’il a
été
créé par Dieu. Ils se disputent énormément. J’estime qu’ils ont tort
193
’ils ont raison les uns et les autres. Ma théorie
est
la suivante : ceux qui pensent que l’homme descend du singe, descende
194
r Dieu, et qui, eux, croient et savent qu’ils ont
été
créés par Dieu. Cette petite histoire ne s’applique pas seulement au
195
ssi bien aux partisans de Marx et de Gobineau. Il
est
tout à fait vrai que les adeptes du marxisme et du racisme sont entiè
196
it vrai que les adeptes du marxisme et du racisme
sont
entièrement dominés par la classe ou la race, et c’est perdre son tem
197
fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils
sont
peut-être supérieurs aux libéraux et aux dilettantes qui tombent, eux
198
qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je
suis
bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce q
199
de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne
fût
-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans exagérer, que le
200
qui prélude à toute guerre moderne bien comprise
serait
impossible. Sans eux, les partis politiques seraient sans force, les
201
erait impossible. Sans eux, les partis politiques
seraient
sans force, les luttes sociales perdraient beaucoup de leur violence.
202
avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent
est
partout, il est dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin d
203
nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il
est
dans tout, il est tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin
204
s pas. L’argent est partout, il est dans tout, il
est
tout et tous le servent. ⁂ Destin du siècle, destin des ismes, dévora
205
emise brune. On nous dit que la vie, en Amérique,
est
impossible, parce que tous les appartements sont pareils et qu’un hom
206
, est impossible, parce que tous les appartements
sont
pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé
207
e sans destin, un homme sans vocation ni raison d’
être
, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, dev
208
être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet
être
-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîm
209
ement dans quelque troupe d’assaut. En vérité, ce
serait
une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un re
210
re époque dans un retour à l’individu. L’individu
est
l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce que l’
211
s masses. C’est parce que l’individu des libéraux
était
sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’est parce qu’il n’a
212
e. On me dira que la solidarité entre les peuples
est
désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au prog
213
sprit, lorsqu’on vous dit que désormais « tout se
tient
» dans le monde, c’est l’exemple suivant : le krach d’une banque à Pa
214
lliers d’ouvriers annamites. Oui, certes, tout se
tient
désormais. Mais la solidarité des masses est toujours une solidarité
215
se tient désormais. Mais la solidarité des masses
est
toujours une solidarité catastrophique. Oui, le destin du siècle, le
216
solitude. J’ai terminé ma description du siècle.
Est
-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de s
217
n du siècle. Est-elle pessimiste à l’excès ? Ce n’
est
pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau,
218
personnel ? Irresponsable ou responsable ? Telle
est
, je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque.
219
ifs, cette fois. Les dieux, les mythes du siècle,
sont
tout puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore
220
puissants sur nous. Dénoncer leurs méfaits, ce n’
est
pas encore leur échapper. Les nier purement et simplement, ou désirer
221
désirer leur destruction, c’est de l’utopie. Ils
sont
là, et ils ont probablement leur raison d’être. La classe, la race, j
222
ls sont là, et ils ont probablement leur raison d’
être
. La classe, la race, jouent dans le monde le même rôle que l’instinct
223
de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’
est
pas abdiquer sous leur implacable destin. Ceux qui l’ont fait et qui
224
vers une nouvelle communauté humaine. Mais ils se
sont
cruellement trompés de porte en s’adressant aux mythes collectifs. C’
225
oublié ce fait très simple : que la société doit
être
composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en
226
ommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui
est
en effet incalculable : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les
227
f l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous
être
des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang,
228
ais connaissant aussi leur dignité, leur raison d’
être
personnelle ? Voulons-nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. J
229
té, leur raison d’être personnelle ? Voulons-nous
être
des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l’accu
230
rien à proposer que votre chétive personne ? Vous
serez
emportés comme les autres. Votre réaction est disproportionnée au dan
231
s serez emportés comme les autres. Votre réaction
est
disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’est-ce que cette personn
232
est disproportionnée au danger. Et d’ailleurs qu’
est
-ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années
233
es ? Permettez-moi de renverser la question : que
sont
ces dieux et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous cour
234
nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils
sont
des créations de l’homme, et particulièrement de ce personnage égoïst
235
révolutions, enfin réelles, elle prépare. Mais ce
serait
là une autre conférence. ⁂ Il reste une question grave, une question
236
oudrais y répondre ici en mon nom personnel. Quel
est
donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue
237
, nous dit-on, le fondement réel de la personne ?
Est
-ce une vue philosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce
238
l de la personne ? Est-ce une vue philosophique ?
Est
-ce une attitude nietzschéenne ? Est-ce un choix subjectif ? Vous préf
239
ilosophique ? Est-ce une attitude nietzschéenne ?
Est
-ce un choix subjectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’homme qui
240
nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’
être
. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordr
241
une vocation personnelle. Personne et vocation ne
sont
point séparables. Et toutes deux ne sont possibles que dans cet acte,
242
ation ne sont point séparables. Et toutes deux ne
sont
possibles que dans cet acte, unique d’obéissance à l’ordre de Dieu, q
243
: acte, et il faut insister là-dessus. Le monde s’
est
emparé des paroles du Christ et il les a complètement perverties. On
244
n a transporté dans l’histoire cet amour qui doit
être
un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence et en
245
ne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’
être
: le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulurent éprouver Jés
246
s, l’un d’entre eux se leva et lui dit : mais qui
est
mon prochain ? Ce docteur se disait sans doute : aimer son prochain,
247
la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous, peut
être
vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné
248
de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous
est
donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin per
249
siècle, lui seul atteint le mal à sa racine, qui
est
en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois histori
250
atteint le mal à sa racine, qui est en nous, qui
est
au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutio
251
lles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre
être
, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son destin.
252
près tout, l’homme désespéré, ce qu’il veut, ce n’
est
pas une explication du désespoir qui le possède, mais c’est une conso
253
, c’est littéralement : rendre complet, unifier l’
être
, réunir. L’homme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est
254
nnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’
est
pas la connaissance intellectuelle du destin de sa classe ou de sa ra
255
ecueil d’essais politiques dont le retentissement
fut
grand. Ce n’est pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le suc
256
politiques dont le retentissement fut grand. Ce n’
est
pas ici le titre de M. Bloch que je vise, mais le succès et la rapide
257
elle se taira sans doute pour vous, quand vous ne
serez
plus ; mais c’est elle que vous entendez à présent, elle est immortel
258
mais c’est elle que vous entendez à présent, elle
est
immortelle malgré vous, elle s’en va et s’en ira toujours disant : in
259
en ira toujours disant : individu ! Individu ! Je
suis
heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux e
260
s heureux de notre accord, malgré les mots, et je
serais
plus heureux encore si je vous entendais confirmer mon point de vue.
261
dais confirmer mon point de vue. Réponse. — J’en
suis
fâché, mais la personne dont je parle n’a rien à voir avec l’individu
262
individualistes et personnalistes, la différence
est
purement verbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu est défi
263
rbale. Reprenons l’origine des termes. L’individu
est
défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie d’un
264
défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce11. Il
est
une partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui est donné d’abord
265
e partie d’un tout : mais alors c’est le tout qui
est
donné d’abord, et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous
266
retenir. La logique nous enseigne que la partie n’
est
pas plus grande que le tout. Ce qui revient à dire, sur le plan polit
267
. Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’
est
pas justifié, et les individualistes à la mode du xixe siècle font f
268
sme, le fascisme ou la dictature stalinienne. Tel
est
le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’individu au nom duq
269
L’individu au nom duquel légiféra la Convention n’
était
en somme défini que par des droits — et par des droits tout relatifs
270
s tout relatifs à l’ensemble dont il dérivait. Il
était
donc fatal que le conflit individu-État fût résolu au profit du plus
271
Il était donc fatal que le conflit individu-État
fût
résolu au profit du plus grand des deux et aboutît à une espèce d’abd
272
a situation se renverse. La vocation d’un homme n’
est
pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est sa vé
273
it pour lui, mais une charge ; disons plus : elle
est
sa véritable raison d’être. Il apparaît dès lors à l’évidence que le
274
ge ; disons plus : elle est sa véritable raison d’
être
. Il apparaît dès lors à l’évidence que le bien de l’ensemble ne peut
275
du bien de chaque personne. Le bien de l’ensemble
est
comme une extension normale du bien particulier. La personne est prem
276
xtension normale du bien particulier. La personne
est
première ou n’est pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, qu
277
u bien particulier. La personne est première ou n’
est
pas. Cela revient à dire, sur le plan politique, que l’État n’est rie
278
vient à dire, sur le plan politique, que l’État n’
est
rien d’autre qu’une machine destinée à subvenir à l’entretien des per
279
ndividu libéral, c’est le fédéralisme. L’individu
étant
conçu par les juristes à partir de l’ensemble, ses droits dépendent,
280
ut au contraire, des lois fondées sur la personne
sont
obligées de tenir compte en premier lieu des diversités personnelles,
281
ant. Mais, de la sorte, le centre de l’autorité n’
est
pas dans les bureaux d’État, il reste dans l’activité réelle de chaqu
282
ne, au sein de groupes d’autant plus forts qu’ils
sont
moins étendus. Peut-être ces exemples politiques seront-ils plus prob
283
moins étendus. Peut-être ces exemples politiques
seront
-ils plus probants que les définitions d’un philosophe ? Je tiens à ma
284
probants que les définitions d’un philosophe ? Je
tiens
à marquer toutefois qu’ils ne sont pas sans justifications philosophi
285
ilosophe ? Je tiens à marquer toutefois qu’ils ne
sont
pas sans justifications philosophiques, voire même théologiques… mais
286
arlerons une autre fois. Deuxième question. — Qu’
est
-ce que cela signifie : « Fonder les lois sur la personne » ? Vous dit
287
i vous diront : je ne me sens pas de vocation, il
est
probable que je n’en ai pas, je ne sais pas très bien ce que c’est qu
288
profession, et vous diront : ma vocation, c’est d’
être
gangster. Encore une fois, que signifierait pour tous ces gens votre
289
le. C’est le cas de la démocratie libérale ; elle
est
fondée sur une notion de l’individu qui défie l’expérience et la réal
290
fait le bonheur, — si par malheur cette maxime n’
était
fausse. Ceci dit, la difficulté du personnalisme subsiste. Il y a trè
291
re public. Mais ce peu de personnes existantes, n’
est
-ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui serait en peine de m
292
-ce pas déjà un avantage sur l’individualisme qui
serait
en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l
293
individu réel, l’individu des droits de l’homme n’
étant
rien qu’un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’est-ce que
294
un concept juridique. Il y a peu de personnes. Qu’
est
-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’hommes qui acceptent les charg
295
s, ici, faisons deux remarques : 1. La vocation n’
est
pas un choix de l’homme. On ne saurait proprement parler du choix d’u
296
ement parler du choix d’une vocation. La vocation
est
un appel, une mission confiée à un homme, — une parole que Dieu lui a
297
oir une vocation, où qu’il se trouve, quelles que
soient
ses capacités. Pour l’un, ce sera quelque chose de très modeste : se
298
, quelles que soient ses capacités. Pour l’un, ce
sera
quelque chose de très modeste : se marier, persévérer dans une tâche
299
er telle compromission. Pour l’autre, la vocation
sera
comme une puissance qui fond sur lui, puissance trop forte pour ses f
300
tre même mortelle. Dans tous les cas, la vocation
est
une mission qui vient de l’extérieur, qui est d’abord tout objective,
301
ion est une mission qui vient de l’extérieur, qui
est
d’abord tout objective, mais qu’il faut aussitôt s’approprier. Une fo
302
aussitôt s’approprier. Une fois que l’homme se l’
est
appropriée, il découvre que son vrai moi réside dans l’exercice de ce
303
2. Mais on me dira que la vocation ainsi comprise
est
une réalité chrétienne, qui n’a pas de sens pour l’incroyant. Je ne p
304
l arrive qu’ils se sacrifient à la tâche qui leur
est
assignée par une force pour eux insondable, et qu’ils ne sauraient qu
305
’un vient dire maintenant : je ne sais pas quelle
est
ma vocation, je serai tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet o
306
enant : je ne sais pas quelle est ma vocation, je
serai
tenté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre est bien plutôt u
307
nté de lui répondre qu’une ignorance de cet ordre
est
bien plutôt une espèce de refus… À chacun de s’examiner et d’éprouver
308
. La vocation telle que l’entendent les chrétiens
est
imprévisible. Or les lois ont pour utilité principale de prévoir. Il
309
lois, si détaillées et si particulières qu’elles
soient
, deviennent forcément inopérantes. Réponse. — La force de cette obje
310
souffle où il veut, c’est vrai. Mais la vocation
est
avant tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation est soumise aux
311
nt tout incarnation de l’Esprit. Et l’incarnation
est
soumise aux nécessités de la « chair », qui ne sont pas variées à l’i
312
st soumise aux nécessités de la « chair », qui ne
sont
pas variées à l’infini. D’autre part, on peut renverser l’objection.
313
. Les lois rigides, rationnelles et générales, ne
sont
pas celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas
314
moyen des violences qu’on sait, peut très bien n’
être
que la fixation brutale d’un désordre réel. Cet ordre reste à la merc
315
spirituel auquel songeait le philosophe thomiste
est
très bien défini : c’est le pouvoir du pape ; c’est celui qui réside,
316
contrôlé. Je crains alors que leur « esprit » ne
soit
qu’une forme de l’esprit bourgeois, une dernière survivance du spirit
317
onnaît pas l’Esprit, le seul auquel je croie, qui
est
le Saint-Esprit. L’homme naturel ne connaît que la « chair » selon l’
318
e corps et les passions. L’Esprit auquel je crois
est
justement celui que l’homme ne peut connaître, sinon en lui obéissant
319
ut voir quelque chose. Je dis donc que l’Esprit n’
est
rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte
320
éateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’
est
pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
321
uide très subtil, d’autant plus respectable qu’il
serait
plus invisible. Et ce n’est pas non plus l’intelligence, ni la pensée
322
respectable qu’il serait plus invisible. Et ce n’
est
pas non plus l’intelligence, ni la pensée, ni les fameuses « valeurs
323
’Esprit qui vient s’incarner parmi nous. L’Esprit
est
autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 11. Littré donne « Indi
324
s. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’
est
rien. 11. Littré donne « Individu : 1° Tout corps considéré comme u
325
laquelle il appartient. Ex. : « Les individus ne
sont
rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’être per
326
x. : « Les individus ne sont rien, et les espèces
sont
éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’être personnel considéré par oppos
327
s espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’
être
personnel considéré par opposition à l’état ou à la société ; 4° homm
328
ques précisions. Dès que l’absolu auquel on obéit
est
qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’être un homme qui n
329
qualifié humainement, dès que l’incroyant cesse d’
être
un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyant, c
330
tice humaine, nation, peuple, etc.), cet absolu n’
est
plus le Dieu caché, mais une croyance morale divinisée, une idole mal
331
es gens », Marx montrait que leur activité réelle
était
l’exploitation économique du prolétaire, que leur libéralisme c’était
332
ûts démocratiques, par-dessus tout leur religion,
étaient
autant de moyens hypocrites — ou peut-être sincères — de duper systém
333
des rapports humains et du statut social dont ils
étaient
les bénéficiaires. L’affirmation brutale du primat de l’économique in
334
rappel à la réalité de la condition humaine. Elle
fut
d’abord pour Marx et pour Engels une affirmation polémique extrêmemen
335
cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous
soyons
marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d
336
à la suite surtout des derniers écrits de Marx, a
été
beaucoup plus loin que son indignation première. De cet argument polé
337
le prolétaire. Puis il affirma que ce prolétaire
était
l’homme véritable, et duquel il fallait partir pour aboutir, dans que
338
le critique, une fois accompli, le déterminisme s’
est
révélé incapable de soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle e
339
e soutenir l’élan révolutionnaire originel. Telle
est
la contradiction centrale du marxisme : les fins qu’il veut atteindre
340
du marxisme : les fins qu’il veut atteindre, qui
sont
la libération de l’individu et la suppression de l’État, sont sans co
341
ration de l’individu et la suppression de l’État,
sont
sans commune mesure avec les moyens qu’il met en œuvre. Ou mieux enco
342
n œuvre. Ou mieux encore : les moyens du marxisme
sont
incapables d’engendrer les fins désirées, parce qu’ils ne portent pas
343
n peut dire, très exactement, que le matérialisme
est
l’opium de la Révolution. Certes, le marxisme contient bien d’autres
344
: elle n’en demeure pas moins essentielle. Et ce
serait
une grande duperie que de croire comme certains qu’on peut l’accepter
345
hégélienne. Les réalisations marxistes en URSS ne
sont
guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en plei
346
guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS
étant
encore en pleine période de transition, il est trop facile de rejeter
347
étant encore en pleine période de transition, il
est
trop facile de rejeter toutes les critiques de fait adressées au plan
348
atteignent pas le marxisme authentique, lequel ne
sera
réalisé que dans quelques siècles peut-être. Où donc irons-nous cherc
349
marxiste », comme il l’a dit lui-même. Force nous
est
donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, celui p
350
ils se sentent privés de défense intérieure : il
est
comme l’expression brutale de leur inconscient, il décrit sans pudeur
351
ons que je ne ferai ici que mentionner, car elles
sont
fort connues : 1° La thèse est historiquement critiquable. Si l’on pe
352
ionner, car elles sont fort connues : 1° La thèse
est
historiquement critiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme e
353
tiquable. Si l’on peut montrer que le capitalisme
est
bien à l’origine de l’idéologie bourgeoise, on a pu montrer aussi15 q
354
r aussi15 qu’un fait spirituel, la Réforme, avait
été
un facteur décisif du développement capitaliste ; 2° La primauté de l
355
ment capitaliste ; 2° La primauté de l’économique
est
au fond une croyance bourgeoise, une de ces croyances jamais avouées
356
croyance en la seule valeur des faits tels qu’ils
sont
, qui paraît à certains égards antirévolutionnaire ; 4° La primauté de
357
me, et nous disons : tant que le minimum de vie n’
est
pas assuré, c’est un leurre que de parler de spiritualité. Commençons
358
parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne
tenez
tant que parce qu’il vous permet d’éluder le vrai problème. » Mais ce
359
nant, et ceci à cause de deux faits nouveaux, qui
sont
: 1° l’instauration du régime soviétique en Russie ; 2° la naissance
360
éalité économique proclamé par Marx. Mais il ne s’
est
pas tenu là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute
361
conomique proclamé par Marx. Mais il ne s’est pas
tenu
là. Il a, dès le début, avec autant d’hypocrisie sans doute que d’hab
362
alité nouvelle. Le problème, en tout cas, cesse d’
être
théorique. Cette spiritualité que Marx n’avait pas définie, il faut m
363
nie, il faut maintenant la préciser d’urgence, ne
fût
-ce que pour des fins démagogiques, ou, comme le disaient récemment ce
364
récemment certains socialistes français, « pour n’
être
pas pris de vitesse par les fascistes ». Aussi bien a-t-on vu apparaî
365
d’ordre assez nouveau parmi les communistes. On s’
est
mis à citer les textes du jeune Marx16. On s’est fondé sur eux pour a
366
’est mis à citer les textes du jeune Marx16. On s’
est
fondé sur eux pour affirmer que la primauté du matériel n’avait qu’un
367
ique, et tout à fait provisoire. Que le but final
était
bel et bien la libération de l’homme complet, spirituel compris. Enfi
368
t, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’
était
en réalité qu’une précédence 17 dans le temps, et qu’elle n’avait qu’
369
t qu’un sens chronologique. Tout cela, certes, n’
est
pas bien nouveau. On n’a eu qu’à reprendre des textes anciens. Mais l
370
upation dite culturelle apparaît là où naguère on
était
surtout occupé à dogmatiser sur le matérialisme plus ou moins pur. Ce
371
la matière. Maintenant que la critique marxiste s’
est
vulgarisée et que l’on commence à comprendre : 1° que la bourgeoisie
372
prendre : 1° que la bourgeoisie et le capitalisme
sont
liés ; 2° que le capitalisme est une doctrine matérialiste à sa façon
373
le capitalisme sont liés ; 2° que le capitalisme
est
une doctrine matérialiste à sa façon, — les marxistes ont intérêt à r
374
iquer à leur tour les droits de « l’esprit ». Tel
étant
, à peu près, l’état de la question, je voudrais maintenant indiquer e
375
lle tactique. Si les jeunes philosophes marxistes
tiennent
à ce qu’on parle de précédence plutôt que de primauté de l’économique
376
t passer à une œuvre spirituelle. Mais ce passage
serait
la négation de leurs principales thèses de combat actuelles, fondées
377
ique, entièrement livrée à la nécessité. L’esprit
est
d’abord jeu, liberté, création imprévue. Mais cette évasion hors du d
378
e révolution, nous dit-on. Or, cette révolution n’
est
pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de pr
379
lution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne
sommes
que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » u
380
utosuppression de l’État, au moment où la société
sera
devenue homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’est qu’un r
381
homogène, c’est-à-dire sans classes.) Tout cela n’
est
qu’un rêve d’intellectuel qui ne tient plus aucun compte de la réalit
382
Tout cela n’est qu’un rêve d’intellectuel qui ne
tient
plus aucun compte de la réalité humaine. Cette extraordinaire opérati
383
irituel et de la liberté, dans un monde où seules
sont
admises les valeurs matérielles et quantitatives, figure une sorte de
384
e une civilisation, dont on ne voit pas quel dieu
serait
l’auteur, et que rien dans le passé de l’humanité ne peut permettre m
385
ualité nouvelle ! Même si les germes du spirituel
sont
semés, ils tomberont désormais dans un milieu de plus en plus stérili
386
mpose actuellement le marxisme-léninisme, ne peut
être
que conservatrice. Elle s’établit au niveau du fait, c’est-à-dire du
387
rne une réalité totalement déterminée qui ne peut
être
, même par avance, que du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’
388
ue du passé. Cette anthropologie marxiste — qui n’
est
pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’homme irresponsable, obé
389
que le passage au spirituel (selon les marxistes)
soit
possible, je me refuse à croire que ce passage constituera un progrès
390
ge constituera un progrès sur notre état présent.
Étant
admises les « valeurs » rationnelles, laïques et collectives, le spir
391
collectives, le spirituel soviétique ne pourrait
être
qu’une réédition standardisée de « l’esprit » bourgeois — dont justem
392
e de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous
étions
reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
393
rl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirituel-là
serait
tout bonnement le vieil individualisme français, dont les marxistes s
394
vieil individualisme français, dont les marxistes
seraient
ainsi les derniers défenseurs au xxe siècle. Un spirituel qui ne vie
395
inction entre l’action et la vie spirituelle, qui
est
pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précéde
396
es moralismes) que l’« esprit » et la « liberté »
sont
au terme de l’effort humain. Or, je crois, au contraire, que si le sp
397
Or, je crois, au contraire, que si le spirituel n’
est
pas à l’origine, il n’est pas non plus à la fin d’un système, d’une a
398
, que si le spirituel n’est pas à l’origine, il n’
est
pas non plus à la fin d’un système, d’une action, d’une croyance. S’i
399
d’un système, d’une action, d’une croyance. S’il
est
vrai que l’homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne
400
action, d’une croyance. S’il est vrai que l’homme
est
un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de son
401
e d’actualité, nulle « période de transition » ne
sera
capable de l’engendrer. Et si, par exemple, la personne humaine est c
402
ngendrer. Et si, par exemple, la personne humaine
est
comptée pour rien dans les suppositions fondamentales du collectivism
403
marxistes croient que l’homme primitivement bon a
été
gâté par des institutions sociales irrationnelles, et qui l’ont explo
404
exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé
sera
sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-mêm
405
la venue. Nous croyons, au contraire — mais ce n’
est
pas exactement le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé
406
ment le contraire — que l’homme pécheur, déchu, a
été
sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé,
407
que l’homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il
est
ainsi, actuellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il soit poss
408
uellement, à la fois pécheur et sauvé, sans qu’il
soit
possible de distinguer dans le temps une précédence, des stades succe
409
précédence, des stades successifs. Notre réalité
est
dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions d
410
rions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous
sommes
charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mais la pr
411
ns. Les communistes du Midi ne savent guère ce qu’
est
le marxisme. 15. Max Weber, contredit d’ailleurs par Werner Sombart.
412
motive qui a inventé Stephenson, que Stephenson n’
est
qu’une superstructure, une malicieuse « machination » des exploiteurs
413
eux qui font de la propagande parmi les cheminots
seraient
bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « es
414
nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il
est
curieux de remarquer que, même sur le plan purement humaniste, cette
415
du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui,
fût
-elle même la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terr
416
e, aujourd’hui, fût-elle même la plus subversive,
est
la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement de
417
stre suppose une conception de l’homme, tel qu’il
est
ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réact
418
on de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait
être
. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la
419
l qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il
est
: c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique de la
420
tique de la camisole de force. Tel qu’il devrait
être
: c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politique du
421
e. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’
est
pas dans le présent injuste, mais dans le futur libérateur. Politique
422
tique millénariste. À droite, on dit que l’homme
est
une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche,
423
bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y
tenir
. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois
424
l faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme
est
une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme
425
uche, on dit que si l’homme est une bête, son but
est
toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette
426
ndant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’
est
ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la
427
ut que qui veut faire l’ange fait la bête19. » Qu’
est
l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comm
428
, et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’
est
humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé,
429
si l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il
est
perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu.
430
adoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il
est
sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le rend hu
431
eut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il
est
dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu,
432
t qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais
être
dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc a
433
ester sa dignité proprement humaine. La foi seule
est
un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce parado
434
qui nous serviront de critères : d’une part, elle
est
seule humaine, au sens évangélique du terme ; d’autre part, elle para
435
tre part, elle paraît à peu près intenable. Elle
est
seule humaine, parce que seule elle pose la question dernière du dest
436
ition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’elle
est
intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles
437
lle est intenable, parce que les ordres de la foi
sont
toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ê
438
bles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’
être
d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions
439
’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre
est
véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu
440
’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien
est
dans l’instant, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est da
441
t, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique
est
dans l’évolution, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’insè
442
l doit rester subordonné à l’origine et à la fin,
est
cependant inséparable de celles-ci. Il est donc non seulement possibl
443
a fin, est cependant inséparable de celles-ci. Il
est
donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien prenne
444
éactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’il
est
— seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa do
445
onnaire, il affirme que l’ordre établi ne saurait
être
en aucun cas définitif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme
446
ar ignorance de sa nature véritable. Certes, nous
sommes
dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au mond
447
l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous
sommes
au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant
448
comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’
étant
pas du monde ; dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’êtr
449
ans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’
être
sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme m
450
tre sauvés de son empire. L’action politique nous
est
nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un systèm
451
litique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu)
est
au-dessus de la collectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant
452
unauté, mais bien que la communauté doit toujours
être
subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa
453
bordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’
est
sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le chré
454
ule communauté réelle et humainement bienfaisante
est
celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où d
455
l’homme, succède une dictature. Certain fascisme
est
d’autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’i
456
es débuts que la doctrine libérale qu’il renverse
était
plus « angélique » dans ses prétentions. 20. Rencontre curieuse avec
457
Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous
est
paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
458
doxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe
est
la réalité, ou plus exactement le paradoxe est la marque et la preuve
459
xe est la réalité, ou plus exactement le paradoxe
est
la marque et la preuve de toute réalité en tant que saisie et vécue,
460
, c’est sortir de la réalité même. Car la réalité
est
précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec
461
et immédiate avec Dieu : et que la relation d’un
être
déchu avec son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela est clair
462
ation d’un être déchu avec son Créateur ne puisse
être
que paradoxale, cela est clair, d’une clarté proprement aveuglante et
463
son Créateur ne puisse être que paradoxale, cela
est
clair, d’une clarté proprement aveuglante et même insupportable, si n
464
r la foi seule, — qui ne vient pas de nous. Telle
est
la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétienne : elle
465
vie chrétienne : elle rejette tout espoir qui ne
serait
pas le seul espoir, toute promesse qui ne serait pas la seule promess
466
serait pas le seul espoir, toute promesse qui ne
serait
pas la seule promesse : espoir et promesse de la foi, — et la foi naî
467
lectique chrétienne rejette tout désespoir qui ne
serait
pas le seul désespoir réel : celui qui dévaste la nature humaine jusq
468
e éternel de la contradiction et de l’« agonie »,
est
au centre du monde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre
469
», est au centre du monde chrétien, parce qu’elle
est
le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-c
470
tructive reste vaine, évasive et mortelle. « Nous
sommes
au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique
471
sive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne
sommes
pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend pas au séri
472
es de l’antinomie, ou qui cherche à la supprimer,
est
antichrétienne en son principe. Ainsi se trouvent définies les trois
473
qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’
est
de salut qu’en la foi, qui transcende le monde. Principe de l’individ
474
ue ; point de vue qui rend absurde le fait même d’
être
né, c’est-à-dire d’avoir été « mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste
475
urde le fait même d’être né, c’est-à-dire d’avoir
été
« mis au monde ». 2° L’hérésie optimiste constate au contraire que «
476
érésie optimiste constate au contraire que « nous
sommes
au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
477
aume sur la terre, mais elle oublie que cela nous
est
à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les Europ
478
nommer « américain ». 3° L’hérésie de la synthèse
est
inhérente à tout système rationaliste du monde, soit qu’il prétende,
479
t inhérente à tout système rationaliste du monde,
soit
qu’il prétende, comme le système romain, enfermer les antinomies dans
480
un équilibre durable, même si la foi disparaît ;
soit
qu’il refuse, comme le marxisme, l’antinomie spécifique de notre cond
481
u’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir
est
dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur t
482
tenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’
est
-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire d
483
cessaire de l’âme, son actualisation, la raison d’
être
de son incorporation ; mais les résultats terrestres de cet effort ne
484
jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’
être
eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agis
485
uelconque ? Ayons le courage de l’affirmer ; il n’
est
pas de réponse à cette question pour ceux qui ne savent pas ce que c’
486
e, mais l’ensemble des relations humaines, la foi
est
ce qui rend la vie impossible (par ses exigences absolues), tandis qu
487
es absolues), tandis qu’au contraire la politique
est
l’art d’accommoder les relations dans le sens de la plus grande facil
488
plus grande facilité de réalisation. La politique
est
un art de synthèses pratiques ; son office est de résoudre dans la me
489
ue est un art de synthèses pratiques ; son office
est
de résoudre dans la mesure de l’utile des difficultés naturelles. Mai
490
onclure au refus de toute activité politique ? Ce
serait
admettre que les deux termes de l’antinomie s’équivalent et peuvent s
491
rtir de concepts réduits au même ordre. Mais ce n’
est
pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivant
492
est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’
est
capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et jamais n
493
ons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils
sont
, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur fai
494
montre la vanité d’une chose si nécessaire. Telle
est
, dans son principe, la seule attitude politique que puisse adopter le
495
eut de l’activisme sans illusions. Et sa devise n’
est
autre que la maxime souveraine du Taciturne, la maxime calviniste par
496
, la maxime calviniste par excellence : « Point n’
est
besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
497
à la valeur absolue du résultat, sinon de l’acte,
est
en même temps le meilleur ressort de l’action. La preuve est dans tou
498
temps le meilleur ressort de l’action. La preuve
est
dans tous les livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont été les
499
es livres d’histoire. Les peuples calvinistes ont
été
les plus « actifs » des temps modernes. Il s’est même produit ceci, q
500
été les plus « actifs » des temps modernes. Il s’
est
même produit ceci, que ceux d’entre eux qui perdaient la foi — c’est-
501
. Corruptio optimi pessima. ⁂ Mais il existe des
êtres
que l’attitude du pessimisme actif condamne sans discussion et sans a
502
er un programme : la devise de Guillaume d’Orange
est
l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont le
503
d’Orange est l’arrêt de mort des idoles. Quelles
sont
donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce s
504
ort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce
sont
les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nou
505
Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce
sont
les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nou
506
s invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce
sont
les dieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup po
507
ieux que l’homme fait à son image. Or, si l’homme
est
un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisées !
508
age. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que
seront
pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occident réclament
509
qu’elle espère en un Dieu transcendant, et qui n’
est
point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nou
510
dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut
être
adoré sans partage ! On ne peut pas espérer en son nom, et croire aus
511
udes : les adorer ou les fracasser. Tout chrétien
est
iconoclaste. C’est là le premier temps de son action rénovatrice. Ser
512
atrice. Servir Dieu, c’est combattre Mammon, ce n’
est
pas déplorer ses excès et toucher par ailleurs les bénéfices provisoi
513
ime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous
est
pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont absolus,
514
uement interdit : car les ordres que donne la foi
sont
absolus, et ils s’opposent aux ordres de l’État totalitaire. Mais, d’
515
suppose trop de calculs et trop de compromis pour
être
compatible avec une attitude chrétienne. À l’origine permanente de to
516
ion. Et la Réforme elle-même, malgré son nom, que
fut
-elle, sinon une révolution, une nouvelle conversion de l’Église ? Car
517
La plus grande liberté d’action et de révolution
est
promise à celui que n’empêtre aucun respect du résultat en soi. Pessi
518
appel de la seule grandeur transcendante. Nous ne
sommes
pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absurde, et pa
519
veuille. Un certain nombre de compromissions nous
sont
à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance aux
520
nous sont à jamais impossibles : et tout le reste
est
affaire d’obéissance aux ordres imprévisibles et concrets de la Parol
521
ôtres dont la ferveur s’excite dès que les rentes
sont
menacées, à ces particuliers qui parlent de l’« esprit » comme si son
522
ficelle du destin pour se prouver que le destin n’
est
plus son maître, que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’est
523
que ça ne marche plus, et qu’un enfant de Dieu n’
est
plus un pauvre pantin du hasard ! Vienne l’échec, il en rend grâces à
524
point ; mais parce que cet échec, si grand qu’il
soit
n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin
525
; mais parce que cet échec, si grand qu’il soit n’
est
rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ra
526
ous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel
est
le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette q
527
ait, les cyniques ont raison, à leur manière, qui
est
de réussir. « Le peuple est bête, les masses sont aveugles, instables
528
, à leur manière, qui est de réussir. « Le peuple
est
bête, les masses sont aveugles, instables, injustes, inertes, soudain
529
est de réussir. « Le peuple est bête, les masses
sont
aveugles, instables, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
530
, injustes, inertes, soudain féroces. Ils veulent
être
battus et en gémir. Ils n’ont un peu de vie que dans le désespoir de
531
ou des bourgeois, la seule méthode qui réussisse
est
la violence. L’idéalisme et la révolution, toutes les doctrines qui v
532
échec juge toute tentative transformatrice. Il n’
est
de politique que celle qui réussit. Vous avez tort de vous mettre en
533
ge toutes ces petites raisons d’État. C’est qu’il
est
encore plus pessimiste que les cyniques sur le compte des hommes d’au
534
ou des échecs humains ; mais c’est un bien qui n’
est
réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’est-ce qu’un homme conve
535
’est réel que pour celui qui veut l’atteindre. Qu’
est
-ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant
536
a cru à autre chose. C’est un homme pour qui tout
est
accompli : le péché, et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mor
537
et le salut en Christ. Voilà sa liberté : sa mort
est
derrière lui. Le problème a été résolu, c’est pourquoi le croyant a l
538
liberté : sa mort est derrière lui. Le problème a
été
résolu, c’est pourquoi le croyant a le droit de parler avec résolutio
539
r Qui il combat. Bien plus, il sait que l’affaire
est
réglée ; j’ajoute qu’il ne le sait qu’au plus fort du combat, une foi
540
ans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu
est
ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme ne peut pas
541
son sort terrestre. C’est que le salut, pour lui,
est
lié au succès de son effort. Pas d’ironie possible vis-à-vis de son œ
542
les hommes n’arrivent pas au bonheur moyen, tout
sera
perdu. Si je crève de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout e
543
moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim, tout
sera
perdu. Le chrétien dit : tout est déjà perdu, et bien plus que vous n
544
de faim, tout sera perdu. Le chrétien dit : tout
est
déjà perdu, et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout est déjà
545
et bien plus que vous ne croyez, mais aussi tout
est
déjà sauvé. Crever de faim n’est pas le pire des risques que je cours
546
mais aussi tout est déjà sauvé. Crever de faim n’
est
pas le pire des risques que je cours. Le pire des risques, c’est de m
547
quer cet acte par lequel je saisis le salut qui m’
est
promis22, salut gagé sur le fait historique de la mort et de la résur
548
importe : ce qui importe, c’est que l’action ait
été
faite en vertu de la foi, car « c’est la foi qui sauve ». 22. Cet a
549
22. Cet acte — faut-il le répéter encore ? — n’
est
pas l’acte d’un solitaire, mais bien l’acte de miséricorde par lequel
550
e. Kierkegaard (Journal). La volonté de rupture
est
l’origine même du christianisme ; c’est pourquoi l’apparition d’une v
551
ure la lutte le christianisme vainc : sa victoire
est
d’être éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que l
552
lutte le christianisme vainc : sa victoire est d’
être
éveillé. Tel est pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chré
553
nisme vainc : sa victoire est d’être éveillé. Tel
est
pour lui l’ordre, le commandement. Mais que les chrétiens, fatigués d
554
ns, fatigués de la lutte, viennent à croire qu’il
est
une autre façon de vaincre, et que c’est de réduire l’adversaire à un
555
tout dit pour la rendormir, mais en vain : elle s’
est
fait mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire cro
556
mais en vain : elle s’est fait mal, et la douleur
tient
réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social q
557
eux qui réellement gouvernent. (On sait ce qu’ils
sont
.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en est fait du christianisme de la
558
qu’ils sont.) Il faut qu’un cri jaillisse : c’en
est
fait du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri est le témoignage
559
it du christianisme de la chrétienté ! Car ce cri
est
le témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne serait poussé que
560
témoignage d’un réveil. Et quand bien même il ne
serait
poussé que par quelques-uns, rien ni personne ne pourra faire qu’il n
561
é de rupture, ce témoignage qui chaque fois qu’il
est
porté, rétablit le christianisme et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la
562
pourra s’opérer qu’au lieu même où la collusion s’
est
faite. Or elle n’a pas pu se faire entre le christianisme et l’injust
563
istant que pour autant qu’il exclut l’autre. Ce n’
est
pas le christianisme qui a confondu sa cause avec celle de la bourgeo
564
Mais c’est un parti de gens qui, ayant peut-être
été
chrétiens, veulent en tirer des intérêts, abusent de ce qu’ils consid
565
ter un titre désormais irrecevable. Ce parti peut
être
aussi nombreux que l’on voudra, il peut représenter la grande majorit
566
ciel et le plus puissant de la chrétienté, — il n’
est
pas le christianisme, et ce n’est pas à lui de rompre avec l’injustic
567
étienté, — il n’est pas le christianisme, et ce n’
est
pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’est fait le soutien, e
568
st pas à lui de rompre avec l’injustice dont il s’
est
fait le soutien, et qui, depuis, assure son succès relatif. Une églis
569
uste du monde et s’appuyant sur lui, en réalité n’
est
plus l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’est plus qu’une
570
l’Église et n’a plus le droit de parler ; elle n’
est
plus qu’une précieuse auxiliaire de la préfecture de police. Qu’on n’
571
s ne pourront qu’attester par là même qu’elles ne
sont
plus le christianisme, qu’elles sont incapables de rupture, qu’elles
572
qu’elles ne sont plus le christianisme, qu’elles
sont
incapables de rupture, qu’elles ont passé au camp de l’ennemi, et dep
573
ut à fait impossible, parce que la « chrétienté »
est
sécularisée, et qu’on ne peut demander à ce siècle de rompre avec lui
574
éclame encore au moment où elle le trahit. Telle
sera
donc la forme et tel sera le premier lieu de la rupture nécessaire :
575
elle le trahit. Telle sera donc la forme et tel
sera
le premier lieu de la rupture nécessaire : la dénonciation d’une impo
576
ore au nom du christianisme. ⁂ Le christianisme n’
est
pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes aurai
577
onstituées, existant en elles-mêmes, qui auraient
été
introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, co
578
ne manière imprévisible. La seule liberté qui lui
soit
accordée vis-à-vis de la foi, c’est de la refuser. Comment dès lors l
579
une tout autre force que celle de la foi. Ce peut
être
sur une éthique de puissance et de service ; ou sur une éthique de bo
580
re. Toutes ces formules d’ « ordre chrétien » ont
été
plus ou moins réalisées, et constituent dans leur ensemble, du Moyen
581
e sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’
est
pas le lieu des décisions et des calculs humains ; il est à l’intérie
582
le lieu des décisions et des calculs humains ; il
est
à l’intérieur de la religion. Les églises qui se crurent en droit d’é
583
ion antichrétienne de la foi. La foi, pour elles,
est
une « force » que l’homme peut se procurer, apprivoiser, réglementer,
584
aurait, une fois pour toutes. Et cette possession
serait
en quelque sorte garantie par des institutions de plus en plus humain
585
u, et gratuit — « afin que nul ne se glorifie » —
est
une participation instantanée à l’éternel, elle juge et condamne ceux
586
hrétien, dans toute politique humaine organisée —
fût
-ce à la gloire de Dieu ! — qui poursuivrait son plan sans se soucier
587
ipiterai, dit l’Éternel… Car le jour de l’Éternel
est
proche pour toutes les nations. » (Abdias, 3-4 et 15.) Ils ont préten
588
ainsi : « Dans cette philosophie et cette morale
est
délibérément supprimée toute idée de liberté, toute idée de propriété
589
chrétienne, l’idée religieuse l’idée même de Dieu
est
abolie… » Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée » soit abolie,
590
» Ne pouvant supporter l’idée que cette « idée »
soit
abolie, le Père de la Brière lance un vibrant appel aux écrivains : q
591
ns, menteurs ! — et je lui répondrai : Ta révolte
est
la mienne, mon humaine révolte. Mais j’en ai une autre plus profonde
592
uffres ; mais j’ai encore plus à souffrir, car je
suis
encore plus sceptique que toi… Tu ne crois pas, dis-tu, à ces docteur
593
sais quelles régions spirituelles dont tout leur
être
— et cette maladie même ! — prouvent l’inexistence ou la disparition.
594
n leur répond qu’il y a prescription : l’Esprit n’
est
plus avec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’est plus ave
595
ec ceux qui ont intérêt à le défendre. L’Esprit n’
est
plus avec ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’est jamais
596
c ceux qui ont cru pouvoir l’utiliser. L’esprit n’
est
jamais avec ceux qui le défendent29, mais peut-être avec ceux qu’il e
597
li, c’est faire en sorte simplement qu’il cesse d’
être
« établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en est pas à lui, mais à
598
ent qu’il cesse d’être « établi ». Qu’il ait pu l’
être
, la faute n’en est pas à lui, mais à la défection du christianisme ;
599
re « établi ». Qu’il ait pu l’être, la faute n’en
est
pas à lui, mais à la défection du christianisme ; à cette défection é
600
la seule force qui le dominait. « Car le péché n’
est
pas le dérèglement de la chair et du sang, mais le consentement de l’
601
déterminations de l’avenir. L’office de l’Église
est
en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi
602
s engager que moi-même, hic et nunc. La politique
est
affaire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien, sera toujours d
603
ire de systèmes ; mais l’ordre, pour le chrétien,
sera
toujours de vouloir sur le champ le plus juste. Car ce qui manifeste
604
foi, c’est le choix et non pas le système : il n’
est
de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit-il rester de p
605
ne se confond pas avec l’enjeu de son salut. Tel
est
le paradoxe, qui remonte au cœur même du christianisme, si le christi
606
u cœur même du christianisme, si le christianisme
est
la foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi est inaliénable.
607
foi au Christ « éternellement actuel ». Cette foi
est
inaliénable. Elle ne constitue pas un ordre : elle donne des ordres,
608
ordre : elle donne des ordres, simplement. Elle n’
est
jamais entrée en collusion avec aucune durée, étant la rupture de tou
609
est jamais entrée en collusion avec aucune durée,
étant
la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable no
610
christianisme, dans sa nouveauté prophétique, tel
est
l’Acte — le seul ! — et tel est aussi le mystère ; car cette seule Ru
611
prophétique, tel est l’Acte — le seul ! — et tel
est
aussi le mystère ; car cette seule Rupture effective surpasse absolum
612
pitaliste ou marxiste. Car la révolte du chrétien
est
immédiate, indubitable ; mais l’ordre chrétien, dont certains parlent
613
mais l’ordre chrétien, dont certains parlent, où
est
-il aujourd’hui ? Faudrait-il attendre qu’on l’ait trouvé ? 26. Fig
614
e idée fausse, par définition, le christianisme n’
étant
rien d’autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’homme. 29. Pa
615
it ce que c’est que l’esprit, en ce siècle ! Il a
été
admirablement défini par la Sorbonne, entre autres. 30. Traité du d
616
VIIIHumanisme et christianisme32 Je ne
suis
pas venu pour vous apporter un exposé systématique ou historique, mai
617
rées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici
est
-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous, une question
618
qui nous occupe ici est-elle une vraie question ?
Est
-elle, pour chacun de nous, une question qui se pose dans la vie, que
619
réellement, vous cherchez à répondre ? En un mot,
est
-ce une question existentielle — pour employer un terme favori de la t
620
’existent, en réalité, que dans la mesure où l’on
est
décidé à refuser tous les conflits concrets et les décisions qu’ils c
621
pose rigoureusement au christianisme, si celui-ci
est
avant tout la croyance au salut de l’homme par la seule force de Dieu
622
ement ? C’est en ceci que, pour les uns, le salut
est
transcendant à l’humanité, pour les autres, immanent. Les humanistes
623
omme par la promesse débilitante d’un au-delà qui
serait
comme une revanche contre tout l’imparfait de « ce bas-monde », mais
624
énergie et de courage. Pour eux, le christianisme
est
contre l’homme. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme
625
l’homme dans son origine et dans sa fin. L’homme
étant
« séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le péché «
626
es, par exemple : il ne sait même pas pourquoi il
est
au monde, ni pour quoi ; il se demande parfois ce qu’il a bien pu ven
627
tragi-comédie. Au fond, ce que l’homme ignore, ce
sont
les choses les plus importantes du monde : l’origine et la fin de son
628
voir de sauver l’homme en se fondant sur l’homme,
sont
semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui préte
629
a chevelure. 3. Humanisme contre christianisme, n’
est
-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ? Est-ce à celui qui so
630
t-ce donc qu’un conflit d’amour, assez touchant ?
Est
-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir
631
soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à
tenir
pour malade actuellement ? Aux yeux de certains humanistes, peut-être
632
peut-être. Aux yeux du chrétien, non ; le conflit
est
plus grave, car le rejet de l’humanisme constitue pour lui une sorte
633
re à tout prix, le plus possible, comme si la vie
était
le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique
634
ine qui lui permettra d’assurer ce bien absolu qu’
est
sa vie. Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi, fût-ce même
635
Le chrétien cherche à obéir aux ordres de sa foi,
fût
-ce même au mépris de sa vie : tel est le fondement de l’attitude de s
636
de sa foi, fût-ce même au mépris de sa vie : tel
est
le fondement de l’attitude de service et de sacrifice qui, dans tous
637
pposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’
est
, aux yeux de la foi, qu’une vaste entreprise d’assurance-vie. L’human
638
pourra répondre qu’à ses yeux, le christianisme n’
est
qu’une assurance-paradis. Mais le reproche est misérable, si l’on son
639
n’est qu’une assurance-paradis. Mais le reproche
est
misérable, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du
640
misérable, si l’on songe que ce « paradis » doit
être
payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentaires,
641
e l’histoire des martyrs en témoigne. Un chrétien
est
un être qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contr
642
toire des martyrs en témoigne. Un chrétien est un
être
qui joue tout sur la foi, c’est-à-dire sur l’invisible, contre toute
643
est-à-dire d’un homme, pour qui la valeur absolue
est
la vie, non l’obéissance. Et de même un chrétien qui dit, parlant des
644
, parlant des autres ou parlant en général : ceci
est
bon, moral, cela est mauvais, immoral, — porte un jugement d’humanist
645
ou parlant en général : ceci est bon, moral, cela
est
mauvais, immoral, — porte un jugement d’humaniste, mange du fruit de
646
enne ?) Prier pour qu’il fasse beau demain, ce n’
est
pas prier, c’est exprimer un vœu, un vœu d’humaniste. Si je vous donn
647
ire mieux sentir à quel point l’humanisme, loin d’
être
une simple conception philosophique, est une attitude devant la « vie
648
loin d’être une simple conception philosophique,
est
une attitude devant la « vie pratique » — comme on dit, mais y en a-t
649
mment à l’existence des chrétiens eux-mêmes. Ce n’
est
pas à dire que l’humanisme n’ait pas ses doctrines, et même une expre
650
andez34 et Guéhenno. Si intéressant et précis que
soit
l’un dans le détail de sa dialectique critique, et si généreux que se
651
re », il ne semble pas que ces deux auteurs aient
été
jusqu’aux dernières conséquences de leur refus du transcendant.35 Le
652
nder une foi véritable en l’humain. Le communisme
est
le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement
653
autonome, et « calculable » humainement. Le Plan
est
d’ores et déjà la plus formidable entreprise d’assurance-vie que l’hu
654
est à ce titre que le « marxisme-léninisme » peut
être
opposé utilement au christianisme, comme une « question » réelle et f
655
ntre la nature définitivement asservie. Cet homme
sera-t
-il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré par sa
656
urelles, sur ce conflit qui constitue la raison d’
être
de la plupart des hommes ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore
657
te ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chrétien
est
à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il trouve sa joie
658
devant Dieu. Le succès de l’humanisme triomphant
serait
-il tout simplement d’enlever à l’homme toute raison personnelle de vi
659
re ? Le succès de l’homme abandonné à ses calculs
serait
-il, en définitive, un suicide supérieurement organisé du « genre huma
660
ion concrète pour se réaliser. 34. « Le chrétien
est
un embusqué de l’infini », écrivait Ramon Fernandez. 35. On sait que
661
timarxiste parce que chrétien36 Je crois qu’il
est
tout à fait illégitime de s’occuper du marxisme, d’en parler en publi
662
dré Philip l’écrivait un jour, que le capitalisme
est
un système radicalement imperméable au christianisme. J’ajoute aussit
663
est dans la mesure même où je le repousse, que je
suis
amené à me méfier du communisme. Je ne reprendrai pas ici la critique
664
ici la critique du capitalisme. Mais je voudrais
être
assuré que si parmi vous quelques-uns se réjouissent de me voir conda
665
ire que c’est au profit du désordre établi. (Ceci
soit
dit une fois pour toutes.) On a coutume d’opposer christianisme et co
666
e choisir. Non seulement les éléments en présence
sont
beaucoup trop complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion serait
667
complexes, mais encore, mais surtout, l’illusion
serait
de croire que le choix est au terme de ce travail comparatif. Le choi
668
surtout, l’illusion serait de croire que le choix
est
au terme de ce travail comparatif. Le choix, la décision, sur le plan
669
atif. Le choix, la décision, sur le plan éthique,
est
toujours à l’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il est un
670
sur le plan éthique, est toujours à l’origine. Il
est
immédiat. Il est sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alte
671
ue, est toujours à l’origine. Il est immédiat. Il
est
sans raison. Il est un acte véritable. Prenez l’alternative christian
672
’origine. Il est immédiat. Il est sans raison. Il
est
un acte véritable. Prenez l’alternative christianisme-communisme. Si
673
au marxisme : vous calculez. Le christianisme ne
sera
jamais justiciable de sa réussite ou de son échec terrestre. On peut
674
plus : l’issue terrestre de l’aventure chrétienne
est
connue depuis le Christ, elle a été prédite par l’Évangile et l’Apoca
675
re chrétienne est connue depuis le Christ, elle a
été
prédite par l’Évangile et l’Apocalypse — c’est une catastrophe. Tandi
676
ui me paraît désormais acquis. Mais le communisme
est
bien plus que toutes ces choses réunies. Il est avant tout une concep
677
e est bien plus que toutes ces choses réunies. Il
est
avant tout une conception totale de la destinée humaine. Et c’est à c
678
ne manière consciente et volontaire. Certes, il m’
est
arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus sou
679
ste donc qu’à énumérer les réactions que je crois
être
celles du chrétien en présence des thèses communistes. Il y a des adv
680
tions de méthode que je faisais tout à l’heure ne
soient
plus valables. Là encore, le choix précède. Mais du moins la lutte es
681
encore, le choix précède. Mais du moins la lutte
est
circonscrite, les positions sont nettes, connues de tous. Il y a même
682
du moins la lutte est circonscrite, les positions
sont
nettes, connues de tous. Il y a même un fait très frappant : c’est qu
683
. Il y a même un fait très frappant : c’est qu’il
est
étrangement facile d’opposer terme à terme les expressions chrétienne
684
que sur le plan métaphysique. 1° Le christianisme
est
d’abord risque et folie. Le Christ dit à deux pécheurs, qu’il surpren
685
ne aventure qui ne ressemble à rien de connu, qui
est
la folie même. À ce risque matériel qui se retrouve à tous les moment
686
e croyait d’ailleurs pas. Le mérite du communisme
est
de réduire crûment l’idéal qu’il propose à ce but le plus prochain. P
687
ez premièrement au Royaume, et tout le reste vous
sera
donné par-dessus. » 2° Le « Suis-moi » du Christ affirme que le début
688
ut le reste vous sera donné par-dessus. » 2° Le «
Suis
-moi » du Christ affirme que le début, c’est l’obéissance à Dieu, mais
689
à Dieu, mais que c’est aussi le vrai but. La fin
est
déjà présente dans l’origine. Les moyens, les modes de vie que cela e
690
vidu, reste toujours hétérogène à ces moyens, qui
sont
, en l’espèce, l’organisation matérielle collective. D’autres vous mon
691
tte méthode, et qu’en réalité, si la libération n’
est
pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne sera nullement rendue
692
st pas déjà présente dans l’acte initial, elle ne
sera
nullement rendue possible par les moyens mis en œuvre37. Je veux simp
693
vail, le service, l’amour du prochain. Le travail
est
pour le chrétien un pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’e
694
n pur exercice. Il n’a pas de valeur en soi. Il n’
est
pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin
695
croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il
est
purement symbolique du péché d’abord, de l’obéissance à Dieu ensuite.
696
qu’on voit dans certains cimetières : Le travail
fut
sa vie, est purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le bri
697
dans certains cimetières : Le travail fut sa vie,
est
purement païenne. Or, c’est l’épitaphe idéale pour le brigadier de ch
698
ue j’exagère, que le travail du brigadier de choc
est
d’abord un service rendu à la collectivité. Mais cela ne fait qu’aggr
699
-être général et matériel d’abord. Ce « service »
est
donc intéressé, en définitive. Il n’est qu’une extension intelligente
700
service » est donc intéressé, en définitive. Il n’
est
qu’une extension intelligente de l’intérêt personnel. Il est à cet ég
701
extension intelligente de l’intérêt personnel. Il
est
à cet égard le contraire du service chrétien, lequel est d’abord sacr
702
et égard le contraire du service chrétien, lequel
est
d’abord sacrifice au bien de l’autre en tant qu’autre, sacrifice qui
703
ne peut avoir aucune raison humaine, qui ne peut
être
qu’obéissance ; qui reste donc symbolique d’une réalité transcendante
704
te. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils
sont
faits pour Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’être pha
705
Dieu, c’est-à-dire par Dieu. Sinon il suffirait d’
être
pharisien. Inutile de s’étendre plus sur le troisième exemple, celui
706
oisième exemple, celui de l’amour du prochain. Il
est
évident pour un chrétien que cet amour est inconcevable et impossible
707
in. Il est évident pour un chrétien que cet amour
est
inconcevable et impossible, est une pure hypocrisie en dehors de Dieu
708
ien que cet amour est inconcevable et impossible,
est
une pure hypocrisie en dehors de Dieu. Le plus court chemin vers autr
709
ite au plan humaniste, au plan psychologique. Qui
est
précisément le plan du marxisme. Je laisserai de côté, aujourd’hui, l
710
. En définitive et selon les écoles marxistes, il
est
très difficile de savoir si oui ou non le communisme veut la destruct
711
eut la destruction des personnes. En tout cas, il
sera
toujours possible à un marxiste de le nier, en se référant aux phrase
712
lettres de Engels, etc. Les philosophes de Moscou
sont
loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous for
713
ngels, etc. Les philosophes de Moscou sont loin d’
être
d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maint
714
sens, la direction. Le sens de la vie chrétienne
est
vertical, le sens de la vie marxiste est horizontal. Le sens de la vi
715
rétienne est vertical, le sens de la vie marxiste
est
horizontal. Le sens de la vie du chrétien c’est de sortir de sa vie i
716
du Christ concernent la vie de celui qui d’abord
est
mort ? Que non seulement le Royaume ne sera jamais réalisé dans la fo
717
’abord est mort ? Que non seulement le Royaume ne
sera
jamais réalisé dans la forme de ce monde, mais encore qu’il consiste
718
de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’
être
dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomm
719
avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y
étions
pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme, voilà en d
720
es les promesses du Christ concernent une vie qui
est
au-delà de la mort. Toutes ces promesses sont eschatologiques. Ce qui
721
qui est au-delà de la mort. Toutes ces promesses
sont
eschatologiques. Ce qui ne veut nullement dire : futures au sens temp
722
futures au sens temporel du terme. Car le Royaume
est
toujours proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’est pas seule
723
e. Car le Royaume est toujours proche. L’Éternité
est
toujours proche. Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle es
724
rs proche. L’Éternité est toujours proche. Elle n’
est
pas seulement au terme des temps, elle est dans l’instant. Les promes
725
Elle n’est pas seulement au terme des temps, elle
est
dans l’instant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu être app
726
ant. Les promesses du marxisme elles aussi ont pu
être
appelées eschatologiques. Mais dans un tout autre sens, dans le sens
727
sens futur. La réalisation du paradis socialiste
est
promise aux foules dans mille ans, deux-mille ans. La réalisation des
728
mille ans. La réalisation des promesses du Christ
est
promise à ses disciples pour l’instant même où ils obéissent au « sui
729
-moi », meurent au monde, et le suivent. Les unes
sont
historiques, les autres éternelles. En somme, ce qui oppose irréduct
730
ervice que le marxisme peut rendre aux chrétiens,
est
là. Il a fait apparaître aux yeux d’une chrétienté qui s’endormait da
731
t cru pouvoir utiliser la morale de ce monde, qui
est
une morale d’intérêts humains, alors que le commandement du Christ es
732
rêts humains, alors que le commandement du Christ
est
un commandement de sacrifice total, et de mort au monde. Maintenant,
733
total, et de mort au monde. Maintenant, les jeux
sont
faits. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois va
734
les jeux sont faits. L’abîme devient flagrant. Il
serait
temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clair
735
sans la foi. Nous avons cru que le christianisme
était
une règle de vie, valable en soi et propre à maintenir l’ordre, la pr
736
ispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui
est
une règle de vie dans le monde, au sens où le christianisme est une r
737
de vie dans le monde, au sens où le christianisme
est
une règle de mort au monde. Et il est temps de voir que sans la foi,
738
ristianisme est une règle de mort au monde. Et il
est
temps de voir que sans la foi, tout ce que disent les chrétiens à la
739
le. Dieu seul le peut. La conclusion de tout cela
est
évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christiani
740
La conclusion de tout cela est évidente. Si nous
sommes
conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme ne peut
741
u un appel à la compromission avec le monde. Il n’
est
plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme.
742
le et juste révolte de nos camarades athées. Il n’
est
de charité bien ordonnée que celle qui commence par rendre à Dieu ce
743
e que celle qui commence par rendre à Dieu ce qui
est
à Dieu. Sinon, César lui-même pâtira. 36. Causerie donnée au cercle
744
, l’antifascisme l’aurait inventé. L’antifascisme
est
en passe de devenir la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique
745
la nouvelle mystique de la gauche. Cette mystique
est
d’autant plus vive qu’elle se développe — provisoirement — à l’abri d
746
s — à l’abri de toutes précisions. Une mystique n’
est
jamais puissante que dans le vague. Or, celle-ci s’alimente à l’étran
747
a pleine signification humaine : le fait fasciste
étant
avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allem
748
rsonne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que
serait
un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence
749
s d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il
est
d’un autre avis que Léon Blum sur les moyens à employer pour « mettre
750
ances la légalité ». Ainsi l’épithète de fasciste
est
-elle devenue rapidement une espèce d’injure politique, un synonyme de
751
ns doute sympathique, mais dont je crains qu’elle
soit
insuffisante pour combattre le péril éventuel : elle ne contribue pas
752
els se déchaînent : déjà la nervosité des esprits
est
telle qu’il est presque impossible d’envisager froidement la nature r
753
t : déjà la nervosité des esprits est telle qu’il
est
presque impossible d’envisager froidement la nature réelle du danger.
754
s’appelle le fascisme français. Cette hypothèse n’
est
pas gratuite. Elle s’appuie sur deux constatations : 1° L’antifascism
755
ntifascistes, comme tous les politiciens, croient
être
réalistes quand ils empruntent leur tactique à l’adversaire. Les cons
756
l’adversaire. Les conséquences de ces deux faits
sont
faciles à prévoir : la tactique utilisée par les antifascistes va leu
757
pêchera de remarquer que cette attitude politique
est
précisément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons tr
758
de propagande de masses, le triomphe du plus bête
est
à peu près certain. Qu’est-ce que le fascisme ? Dans ce livre o
759
iomphe du plus bête est à peu près certain. Qu’
est
-ce que le fascisme ? Dans ce livre où je cherche à juger les moyen
760
ur tour du point de vue de la réalité première qu’
est
la personne, je ne m’attarderai pas à dénoncer les excès trop connus
761
partout41 ; la malfaisance d’un régime ne saurait
être
mesurée au nombre de vies d’hommes que ce régime a supprimées pour s’
762
stifier ses moyens. Le problème des fins humaines
est
assez clairement posé et résolu par le marxisme. Contre le communisme
763
e. Contre le communisme, une polémique doctrinale
est
justifiée, voire nécessaire : elle a des points d’application vraimen
764
e et cohérente de la vie humaine. Ou plutôt, il n’
est
cohérent que dans un domaine restreint. Si l’on cherche à décrire le
765
evendication commune : l’étatisme. Tout ce qui n’
est
pas accidentel dans le fascisme et l’hitlérisme42 se ramène à cette e
766
iste subvient aux défaillances particulières : il
est
impersonnel et jamais fatigué. L’État fasciste met fin aux luttes pol
767
Dangers du fascisme La cohérence du fascisme n’
est
réelle et organique qu’à partir de l’État. Mais depuis l’origine du m
768
upable — à moins qu’on ne parvienne à l’intégrer,
fût
-ce au prix d’un mensonge, dans le mécanisme étatique. La véritable b
769
solini, après ceux de Lénine et de la Guépéou, ne
seront
jamais que des « missionnaires bottés45 ». On ne peut convertir perso
770
n toutefois au mensonge officiel. Et quand l’État
tiendrait
la vérité, il en fait un mensonge dès qu’il y convertit par ses décre
771
songe dès qu’il y convertit par ses décrets. Ce n’
est
pas par hasard que me revient, ici, le souvenir du siècle raisonnable
772
ours. L’ancêtre du fascisme, c’est Louis XIV. Que
furent
les dragonnades, sinon une « mise au pas », une inversion du spiritue
773
ux dépens de la vie multiple du pays. Cet exemple
est
pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expéri
774
rissement spirituel dont les conséquences peuvent
être
séculaires : car c’est aux moelles du pays qu’elle s’attaque, c’est l
775
De toutes les idoles modernes, l’État totalitaire
est
peut-être la plus décevante. L’idole des humanistes (l’homme divinisé
776
ances. Les prétentions totalitaires du communisme
sont
fondées, en effet, sur une notion « ouverte » de l’homme naturel. Par
777
ouverte » de l’homme naturel. Par là même, elles
sont
mieux justifiées, aux yeux de l’incroyant du moins, que les prétentio
778
une notion disciplinaire de l’homme. Le marxisme
est
pour le chrétien un adversaire plus noble, plus représentatif de l’at
779
devoir jouer pour entraîner les classes moyennes,
est
un danger plus grand pour les Églises que la tragédie soviétique. Et
780
ogues, l’humanisme fasciste et le culte des héros
sont
pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme
781
déclaré. Célébrer des héros dont l’authenticité n’
est
établie que par le décret du Parti, c’est à peu près le contraire de
782
es héros ? — Le héros vrai n’imite personne. Il n’
est
conforme qu’à sa vocation. Qui n’est pas fasciste ? Le danger r
783
nne. Il n’est conforme qu’à sa vocation. Qui n’
est
pas fasciste ? Le danger réel du fascisme n’apparaît pas à la majo
784
parence) du marxisme. Ils croient que le fascisme
est
le parti de l’ordre. Ils ne voient pas à quel niveau ni à quel prix s
785
ait à l’éducation fasciste de ses militants. Ce n’
est
pas que je croie un seul instant à la duplicité des ligues antifascis
786
principe fédéraliste. Dans l’ordre politique, ce
sont
les groupes « personnalistes » qui ont résisté le plus longtemps47 et
787
adhérents. Les raisons de cette double résistance
sont
claires. Un chrétien resté fidèle à la doctrine de la Réforme48 sait
788
ire des Prophètes lui apprend que le péché majeur
est
celui qui consiste à se servir de Dieu en le servant. L’opposition du
789
tel que j’ai essayé de le décrire plus haut, il n’
est
pas moins aisé de voir qu’il est le véritable antifascisme politique.
790
plus haut, il n’est pas moins aisé de voir qu’il
est
le véritable antifascisme politique. La personne n’est jamais « au pa
791
e véritable antifascisme politique. La personne n’
est
jamais « au pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle est seule
792
itique. La personne n’est jamais « au pas ». Elle
est
aux ordres de sa vocation, elle est seule responsable de son risque ;
793
u pas ». Elle est aux ordres de sa vocation, elle
est
seule responsable de son risque ; surtout, elle se sait plus réelle q
794
e leur nécessaire diversité. Elle veut que l’État
soit
une émanation de l’homme, et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’a
795
tat au service de ces hommes. Là où l’homme veut
être
total, l’État ne sera jamais totalitaire. 39. Ici, d’une manière p
796
hommes. Là où l’homme veut être total, l’État ne
sera
jamais totalitaire. 39. Ici, d’une manière plus pressante qu’à l’o
797
stes en Indochine, par exemple. 42. Le racisme n’
est
pas essentiellement fasciste, comme le prouve l’exemple italien. La d
798
l’exemple italien. La dictature de la jeunesse n’
est
non plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA sont aussi des
799
plus le fait du seul fascisme : l’URSS et les USA
sont
aussi des États « jeunes ». 43. La confiscation par l’État fasciste
800
tat fasciste de l’idéal culturel d’une « nation »
est
clairement symbolisé par la substitution de l’insigne du Parti aux an
801
houe dans les pays d’esprit « personnaliste » que
sont
les pays protestants. Réaction « hiérarchiste » contre l’individualis
802
s bonnes raisons du fascisme, italien surtout, ne
sont
pas niables. Mais je n’ai pas ici à marquer des points, bons ou mauva
803
des points, bons ou mauvais. Ce qui m’importe, ce
sont
les fins spirituelles, l’enjeu total, les raisons dernières du choix
804
utsche Christen… À l’heure où j’écris, le schisme
est
imminent entre ces pseudo-protestants et les églises fidèles à l’Évan
805
u communisme. Je l’introduisais en ces termes :
Est
-il possible de définir une cause commune de la jeunesse française, un
806
elle révolution française. Leur anticapitalisme n’
est
pas celui de la Troisième Internationale. Toutefois, la doctrine marx
807
is, la doctrine marxiste, en dehors de laquelle s’
est
constitué ce nouveau front, forme l’un de ses points de repère princi
808
lques appuis occasionnels ; et certains objectifs
sont
communs… Déjà s’affirme dans l’attitude de tous ces groupes un acte d
809
paraître suffisant pour définir un front unique,
fût
-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont été réunies — rapidement,
810
e, fût-il provisoire. C’est dans cette vue qu’ont
été
réunies — rapidement, car tout nous presse — les déclarations que l’o
811
d’analyser dans les conclusions que voici. Nous
sommes
une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et comblée de
812
une « nécessité » révolutionnaire dont l’ampleur
est
sans précédent. Ce n’est plus seulement de conflits d’idées qu’il s’a
813
tionnaire dont l’ampleur est sans précédent. Ce n’
est
plus seulement de conflits d’idées qu’il s’agit, ni même de conflits
814
r le seul moyen d’en réchapper, — l’imposer. Ce n’
est
plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais
815
as si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il
est
vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop souvent crié a
816
i se trouvait à l’origine de tout le mal ? Telles
sont
les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
817
les sont les composantes de notre situation. Nous
sommes
là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous b
818
otre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus
tenir
longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et d
819
r quoi la supporterons-nous ? La révolution, ce n’
est
plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
820
it, ni un refus des tâches d’homme. La révolution
est
une nécessité au sens le plus banal du terme, et aussi à son sens de
821
t aussi à son sens de misère qui appelle. Nous ne
sommes
pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-des-riches
822
’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous
est
impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’u
823
égnant, nous détestons de toute la force de notre
être
: la primauté du matériel. Comment penser — si penser est inséparable
824
primauté du matériel. Comment penser — si penser
est
inséparable d’une action — entre une bourgeoisie déchue et un marxism
825
membres d’Esprit ou de L’Ordre nouveau , pour n’
être
pas entièrement originales, ne peuvent manquer de déconcerter tous ce
826
rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il
est
, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’est en train de
827
tout sur une révolution vraie. Les catastrophes
sont
proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capital
828
on vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne
sommes
plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si bien comp
829
te avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre
soit
, comme l’écrit Henri Lefebvre, la seule « chance » des capitalistes.
830
bvre, la seule « chance » des capitalistes. Il en
est
une moins coûteuse à risquer et qui consisterait à se laisser convain
831
les, mais qui soudain font mine de « réussir ». N’
est
-ce donc plus qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas
832
s qu’un conflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne
sont
pas les nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux pris
833
Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, qui ne
sont
pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la condition humaine
834
s nôtres, qui ne sont pas les intérêts réels d’un
être
aux prises avec la condition humaine ? Ni pour le mensonge d’hier, ni
835
ectivistes et des patries personnalistes. Mais où
sont
les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révol
836
’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’
est
qu’une projection du conflit de la personne. Les marxistes nous accus
837
ues qui pullulent dans un monde athée. Quelle que
soit
d’ailleurs la conception historique que l’on ait, il faut pourtant re
838
ait, il faut pourtant reconnaître que la personne
est
un facteur décisif, sinon suffisant, du processus révolutionnaire, et
839
r la révolution. Mais il y a plus. Si la personne
est
véritablement l’élément décisif de la réalité humaine, toute révoluti
840
t décisif de la réalité humaine, toute révolution
est
vaine qui se fonde sur des faits mortels pour la personne, même si «
841
its mortels pour la personne, même si « ces faits
sont
les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’
842
elque chose : elle se fera contre ces faits. Elle
sera
« acte ». 2° Le matérialisme décrit un monde tel qu’on ne voit pas où
843
le-même ? La dialectique historique à trois temps
est
une arbitraire projection dans les choses d’un mécanisme de « l’intel
844
te toute efficacité créatrice et par là même doit
être
dénoncée comme antirévolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’opium
845
e la révolution. 3° La conception personnaliste
est
seule capable d’édifier un monde culturel, économique et social qu’an
846
rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ?
Est
-ce un opportunisme purement tactique, d’allure électorale ? « Toutes
847
ains du prolétaire qui, justement, avait besoin d’
être
conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce sont les « rêveries
848
conduit par la pensée de quelques-uns51 ! Mais ce
sont
les « rêveries » des « penseurs » qui ont fait toutes les révolutions
849
illeurs brimée. En février 1917, les bolchévistes
sont
200. En octobre, ils s’emparent du pouvoir sur toutes les Russies. En
850
ais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’
étaient
pas songes, elles s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous
851
a-t-il en France la moindre chance de succès ? Où
est
sa tradition vivante en ce pays ? La violence des communistes françai
852
este le plus souvent verbale, électorale ; elle n’
est
pas dans leur doctrine constructive. Elle se fonde sur des apparences
853
mais insuffisamment analysés. Les faits, demain,
seront
pour nous. L’Ordre nouveau , Esprit , travaillent dans la ligne des
854
xistes, mais niée en sous-main par leur doctrine,
est
de leur part une duperie manifeste. Je les entends menacer le bourgeo
855
as en quoi la tyrannie du matériel qu’ils prônent
est
meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’
856
n l’accumulation de leurs griefs, — dont beaucoup
sont
les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte
857
é de la folie capitaliste-matérialiste. Non, ce n’
est
pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son
858
e menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’
est
pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des entreprises, de
859
omme, ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’
est
pas sauver des entreprises, des nations, les intérêts (?) du monde. O
860
e monde » ? Rien. Au sens fort du mot, le salut n’
est
pas à débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre t
861
l homme et la Réalité qui seule peut garantir son
être
. — Encore faut-il que les conditions matérielles permettent à ce supr
862
n sens, un point d’application : la personne. Tel
est
, en dernière analyse, le fondement, l’enjeu de la révolution nouvelle
863
s ; une substance, une exigence impossible et qui
est
la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il
864
ose que les hommes éprouvent dans le fond de leur
être
. Il faut derrière ces idées une masse volontaire, une pesante contrai
865
courage. Je parle de la foi chrétienne où je veux
être
, de ce suprême « choix » qui ne vient pas de moi, mais qui soudain me
866
r laquelle j’accepterais la mort, parce que ce ne
serait
pas crever bassement dans la haine, mais ce serait un acte enfin dans
867
erait pas crever bassement dans la haine, mais ce
serait
un acte enfin dans lequel je posséderais toute ma vie, d’un seul coup
868
, en la donnant. Je n’ai pas à sauver quoi que ce
soit
de la terre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’est de pard
869
rre, mais seulement à recevoir le pardon. Or il n’
est
de pardon que pour celui qui agit. On me dira sans doute que je me pe
870
évolution qu’elle légitimerait, en bonne logique,
serait
une révolution contre la construction entreprise par le capitalisme d
871
position définie par la phrase citée de M. Nizan
est
exactement celle des révolutionnaires russes dits « populistes », aux
872
. (Cf. Que faire ?) 52. Le succès du communisme
serait
-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dan
873
ordre, ou l’aventure, ou le plaisir. Cette ardeur
est
évidemment maladive. L’homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécur
874
r, ou simplement quelque chose à faire. La paix n’
est
pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle
875
un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’
est
rien que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela est assez connu,
876
n que l’absence obsédante de la guerre. Tout cela
est
assez connu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le rép
877
e de tout principe vivant d’unité et d’union, qui
est
la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité.
878
sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne
sera
pas dénoncée, reconnue et combattue, on perdra son temps à dénoncer e
879
s, maîtres de forges, journalistes. La corruption
est
tellement générale que ces dénonciations perdent toute efficacité. El
880
ces dénonciations perdent toute efficacité. Elles
sont
d’ailleurs filtrées et maquillées par la Presse, c’est-à-dire par l’u
881
ont parfaitement raison de soutenir que le régime
est
organiquement lié à la guerre, et que la guerre est une des pièces in
882
t organiquement lié à la guerre, et que la guerre
est
une des pièces indispensables du système capitaliste. Mais ils s’arrê
883
nonciation des moyens et des personnes. Le danger
est
beaucoup plus profond : il est dans la conception rationaliste de l’É
884
rsonnes. Le danger est beaucoup plus profond : il
est
dans la conception rationaliste de l’État moderne et dans la concepti
885
e individu indifférencié. Or ces deux conceptions
sont
également à la base de tout le système marxiste-stalinien. Elles y so
886
se de tout le système marxiste-stalinien. Elles y
sont
même plus rigoureusement formulées que dans le système parlementaire.
887
monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal
serait
la ruine de toute vie organique et de toute solidarité réelle, tandis
888
nique et de toute solidarité réelle, tandis qu’il
était
, en régime capitaliste, la guerre du droit et de la justice. Ces simp
889
t pas compté avec le principe de tout conflit, et
sont
sans forces contre les conflits qui surgissent. Elles essaient alors
890
lleurs, elles échouent. Les conflits qui éclatent
sont
alors sanglants. L’évolution de la notion d’individu, d’homme en so
891
notion d’individu, d’homme en soi, d’homme type,
est
trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette no
892
s différences humaines et à faire croire qu’elles
étaient
accidentelles et méprisables. Les premières revendications d’égalité
893
prisables. Les premières revendications d’égalité
furent
néanmoins d’ordre strictement politique. On voulait un système fondé
894
istaient pas. Il fallait les créer. L’égalité, ce
fut
en fait l’égalisation à tout prix. À la fois pour dissimuler la bruta
895
Liberté et la Fraternité. En fait, l’égalisation
était
une atteinte à la liberté, et la rendait humainement impossible au mo
896
urnoise qu’il établissait parmi les hommes. Ce ne
fut
que lorsque les citoyens eurent compris que leur égalité purement pol
897
urent compris que leur égalité purement politique
était
fictive54 qu’ils commencèrent à soupçonner la duperie. Il leur reste
898
perie. Il leur reste à comprendre que l’Égalité n’
est
pas seulement fictive, mais encore que sa revendication est nécessair
899
ulement fictive, mais encore que sa revendication
est
nécessairement tyrannique. D’autre part, et ceci est plus grave, l’ég
900
nécessairement tyrannique. D’autre part, et ceci
est
plus grave, l’égalisation rendait impossible toute fraternité véritab
901
introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il
est
, un principe entre tous néfaste : celui de la comparaison perpétuelle
902
i de la comparaison perpétuelle. À qui fallait-il
être
égal ? Sur le plan politique, la réponse était facile ; mais elle ne
903
-il être égal ? Sur le plan politique, la réponse
était
facile ; mais elle ne satisfaisait pas le besoin qu’on avait créé55.
904
, que sur des valeurs extérieures à l’homme. Il n’
est
plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le cadre polici
905
te de classes, guerre. Primauté du paraître sur l’
être
. La Personne : fondement de la Communauté La personne, c’est l
906
encore utopique, remarquons toutefois qu’il ne l’
est
pas davantage que la prétention égalitaire. D’autre part, il exprime
907
régions et des races, — pour les utiliser. Telle
est
la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiateme
908
inir une attitude spirituelle. Les principes qui
seront
à la base de l’économie et de politique nouvelles sont identiques à c
909
à la base de l’économie et de politique nouvelles
sont
identiques à ceux qui seront à la base de la vie sociale quotidienne.
910
de politique nouvelles sont identiques à ceux qui
seront
à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de di
911
ue nous disons sur la morale sociale doit et peut
être
immédiatement traduit en institutions économiques par exemple. Dans l
912
est la personne, et non point la famille, qui lui
est
subordonnée. La personne, telle que je viens de la définir, n’est pas
913
La personne, telle que je viens de la définir, n’
est
pas un état, mais un acte. L’homme devient personne dans la mesure où
914
il se manifeste concrètement, d’une façon qui lui
est
particulière, dans une tâche qui lui est propre et pour laquelle il e
915
qui lui est particulière, dans une tâche qui lui
est
propre et pour laquelle il est responsable. Alors que « l’individu »
916
une tâche qui lui est propre et pour laquelle il
est
responsable. Alors que « l’individu » se balade au gré des théories d
917
cret d’une vocation. L’apparition de la personne
est
liée à l’apparition d’une tension. Car, d’une part, elle est détermin
918
l’apparition d’une tension. Car, d’une part, elle
est
déterminée par les conditions données, d’autre part, elle a pour but
919
ndre créatrices. Le type même d’une telle tension
est
celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencontrent pour exécute
920
i se rencontrent pour exécuter une tâche commune,
soit
que l’un vienne en aide à l’autre (c’est la définition chrétienne du
921
(c’est la définition chrétienne du « prochain »),
soit
que tous deux, apportant des aptitudes différentes, les composent en
922
s, les composent en une force nouvelle. L’homme n’
est
humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’être particulière. Mais dè
923
n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’
être
particulière. Mais dès qu’il la manifeste, il crée une nouveauté, c’e
924
assumer ce risque. La dignité de l’homme, c’est d’
être
responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsables. Le « prolét
925
’homme, c’est d’être responsable. Le monde actuel
est
peuplé d’irresponsables. Le « prolétaire » tel que le fabrique le cap
926
« prolétaire » tel que le fabrique le capitalisme
est
défini par son irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition est d
927
irresponsabilité, et c’est pourquoi sa condition
est
dégradante. Mais elle ne l’est guère plus que celle du bourgeois atta
928
rquoi sa condition est dégradante. Mais elle ne l’
est
guère plus que celle du bourgeois attaché à son bas de laine ou priso
929
nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il
est
urgent de rendre son prestige et sa valeur d’appel. L’héroïsme vérita
930
cle irréductible que rencontre le fascisme, qu’il
soit
de Berlin ou de Moscou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’h
931
e le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce
sera
la morale de l’homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale q
932
. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il
tienne
sa place unique dans la communauté. Qu’il ait à en répondre. Il n’y a
933
, et par là même solidariste : il faut que chacun
soit
à sa place. Est-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui
934
solidariste : il faut que chacun soit à sa place.
Est
-ce trop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent
935
es évasifs et les désespérés qui nous entourent ?
Est
-ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « théorique » pour le
936
her d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne
seront
jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des homme
937
ltent, par exemple. 55. Le fait que l’égalité ne
soit
possible que sur le plan politique, bien qu’elle soit prêchée à l’éco
938
possible que sur le plan politique, bien qu’elle
soit
prêchée à l’école comme une valeur morale, crée un abîme entre la vie
939
urope ; cela ne paraîtra pas même un comble, mais
sera
tenu pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ».
940
; cela ne paraîtra pas même un comble, mais sera
tenu
pour un rien et moins encore par les politiciens « réalistes ». Voilà
941
Voilà pour l’utilité immédiate de ce recueil. Qu’
est
-ce qui conduit les peuples ? me disent les politiciens. Les intérêts
942
lectorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’
êtes
rien ! Des artistes, des philosophes, des esthètes ! Des philanthrope
943
losophes, des esthètes ! Des philanthropes ! — Je
suis
d’accord, sauf pour esthètes. Je vois comme vous, d’autre part, que l
944
ont la vertu d’exciter l’enthousiasme. Mais vous
êtes
moins réalistes que vous ne croyez. Il y a par exemple une chose qui
945
le ignore davantage s’il se peut. Le monde actuel
est
né d’une révolution. Cette révolution n’a pas été sans théories. Vous
946
est né d’une révolution. Cette révolution n’a pas
été
sans théories. Vous savez bien utiliser dans vos discours Machiavel o
947
Maurras, voire Guesde et Jaurès. Leurs doctrines
sont
passées dans les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’étaient
948
les mœurs, c’est pourquoi vous pensez qu’elles n’
étaient
pas « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à
949
i ne dépendent pas du rendement électoral, et qui
sont
justement les plus concrètes, les modernes, qu’il faut plaindre, dise
950
il faut plaindre, disent et croient presque qu’on
est
inefficace. Ils ne veulent pas qu’on parle de ce qui vit, de ce qu’il
951
justifications » aux congrès radicaux : voilà qui
est
pratique, c’est-à-dire électoral. « Vous critiquez, c’est bien facile
952
moins, il fait quelque chose. Que fait-il ? — Il
est
dans l’action politique, dans la lutte… — Dans la lutte électorale ?
953
ue ! — Dans la réalité électorale ? — Ah ! Vous n’
êtes
que des intellectuels ! » Cela signifie : vous cherchez la vérité pol
954
que », c’est-à-dire quelque chose d’électoral.
Être
« objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur natu
955
e bien irritant. Le parti pris que nous affirmons
est
bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à
956
pris que nous affirmons est bien connu : il n’en
est
pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts
957
us « élevés » ? Non point, mais les plus dignes d’
être
revendiqués par l’homme responsable de son activité : ce sont les int
958
qués par l’homme responsable de son activité : ce
sont
les intérêts de son métier, de son ménage, de sa terre ; enfin ceux d
959
politique qu’on leur sert, de Doumergue à Cachin,
est
romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ;
960
ue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous
sommes
objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils no
961
’on veut atteindre par l’action politique peuvent
être
clairement définies, mais elles restent diverses et incommensurables
962
confondent avec ceux de la classe possédante, qui
sont
franchement matériels. Le communiste affirme : économique d’abord ! m
963
droite-gauche. Chacun sait qu’il ne suffit pas d’
être
ruiné pour devenir marxiste, et qu’on peut posséder une auto et ne pa
964
donc bien admettre que les facteurs « matériels »
sont
singulièrement troublés par des facteurs « spirituels », et même que
965
ble vient de là. L’économie purement matérialiste
serait
simple, mais elle n’existe pas et c’est à cause de l’« esprit ». C’es
966
gélique. Que dit donc l’Évangile ? « Les premiers
seront
les derniers », c’est-à-dire : ce que l’homme place au premier rang d
967
mier rang d’un « ordre » humain et rien qu’humain
sera
au dernier rang de l’ordre spirituel, que Dieu ordonne. Et encore : l
968
tuel, que Dieu ordonne. Et encore : le plus grand
est
celui qui s’abaisse à servir les plus humbles dans leur abaissement.
969
utôt que de service. On voudrait que le spirituel
soit
honoré comme souverain d’une hiérarchie intangible, et l’on oublie qu
970
rchie intangible, et l’on oublie qu’un souverain,
fût
-il de droit divin — et peut-être surtout dans ce cas —, ne saurait fo
971
charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous
est
prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La pri
972
ce dans l’abaissement. La primauté du spirituel n’
est
donc active et justifiée que pour autant que la personne se met au se
973
la personne se met au service du prochain. Elle n’
est
pas une « valeur », mais un acte. Et cet acte n’a lieu que dans l’hum
974
très bien de se moquer des calligraphes. Mais ce
sont
eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui p
975
Il y a des gens qui estiment que la « pratique »
étant
très infidèle aux théories, on aurait pu tout aussi bien se passer de
976
rait, dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne
fut
à ce degré jaloux de son aveuglement, impatient à l’égard de qui veut
977
ifices de langage : « Voilà, Sire, l’état où vous
êtes
! » Personne ne tente plus de délivrer le peuple souverain de ses fla
978
ntaines de petits Robespierre pour lui dire qu’il
est
infaillible ; et pour gouverner à sa place, sans raison et sans loyau
979
es individuelles, de leurs virtualités imaginées.
Est
-ce que peut-être ils ne croient pas plus que ça à ce qu’ils disent ?
980
n cause leur sincérité, je ne parle que de ce qui
est
contrôlable. « Si c’était vrai, ça se verrait », dit le peuple. N’oub
981
. N’oublions pas que l’intellectuel d’aujourd’hui
est
avant tout un incroyant. Il n’y a donc pas lieu de s’agiter. Je me mé
982
ries d’action que proposent les incroyants. Benda
est
plus honnête, dans sa théorie de l’inaction. Tous les autres calculen
983
e sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne
sont
pas sérieux. Un chrétien a le droit de faire cette observation simpli
984
ourquoi le chrétien a-t-il ce droit ? Parce qu’il
est
plus actif que les autres ? Non, hélas ! Mais parce que, en tant que
985
r mécanique. Je veux rester un homme ! Mais ne le
suis
-je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut croire que non, et
986
is ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’
être
? Il faut croire que non, et que je suis encore mal assuré dans la vé
987
nté de l’être ? Il faut croire que non, et que je
suis
encore mal assuré dans la vérité que je sais. Je voudrais un aveu plu
988
que je sais. Je voudrais un aveu plus profond. Qu’
est
-ce qu’un homme ? J’ai dit : un risque personnel56. Le règne qu’ils pr
989
orter à notre audace un défi presque inespéré ? N’
est
-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront !
990
e chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole
est
absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais
991
? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’
est
pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les
992
ndifférente et lâche. Presque tous les hommes ont
été
tentés une fois au moins par presque tout ce qui peut tenter un homme
993
Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps
sont
tentés à la fois par le marxisme, le fascisme, et le libertinage bour
994
la politique : non point que les gens qui la font
soient
très méchants ; mais ils manquent de sérieux humain. (J’ai dit aussi
995
isages particuliers. Deux mythes Le Bonheur
est
un mythe. C’est un état vaguement pressenti de réussite permanente, u
996
ins, etc.), car chacun sait que l’état de bonheur
est
une chose trop fragile pour être définie et qui s’évanouit aussitôt q
997
l’état de bonheur est une chose trop fragile pour
être
définie et qui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre é
998
vent presque tous nos contemporains, l’avantage d’
être
comestible. Le mythe moderne du bonheur n’est qu’un reflet, et un ref
999
d’être comestible. Le mythe moderne du bonheur n’
est
qu’un reflet, et un reflet terrestre et trouble, de cette félicité pr
1000
bonheur. Quant à l’Égalité, chacun le sait, elle
est
surtout la revendication de ceux qui voudraient être un peu plus qu’i
1001
t surtout la revendication de ceux qui voudraient
être
un peu plus qu’ils ne sont58, et qui s’en trouvent empêchés soit par
1002
s qu’ils ne sont58, et qui s’en trouvent empêchés
soit
par la condition dans laquelle ils sont nés, soit par la nature même
1003
empêchés soit par la condition dans laquelle ils
sont
nés, soit par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le p
1004
soit par la condition dans laquelle ils sont nés,
soit
par la nature même de leurs aptitudes. C’est à la fois le plus insais
1005
tout les intellectuels de gauche) que le Français
est
« passionnément attaché à l’égalité ». C’est inexact, parce qu’il n’y
1006
artout ailleurs. Il faudrait dire que le Français
est
passionnément attaché à la revendication de l’égalité, et d’autant pl
1007
tant plus passionnément que ses coutumes sociales
sont
plus tyranniquement hiérarchisées et honorées. Le Français est l’être
1008
nniquement hiérarchisées et honorées. Le Français
est
l’être le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il fa
1009
ment hiérarchisées et honorées. Le Français est l’
être
le plus « social » du monde. On l’admet volontiers, mais il faut voir
1010
lontiers, mais il faut voir ce que cela signifie.
Être
social, dans le sens de sociable, c’est honorer les catégories et con
1011
rge, à la tradition, au nom, au métier. Tout cela
est
nécessaire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela est éminemme
1012
ire, légitime jusqu’à un certain point. Tout cela
est
éminemment français. L’Allemand, par exemple, enviera toujours ce sen
1013
onfronter ses coutumes avec son idéal, car rien n’
est
plus contradictoire. Le Français moyen, né social, et décidé à le res
1014
à le rester, a besoin d’affirmer hautement qu’il
est
égalitaire. C’est à peine paradoxal, c’est assez normalement humain.
1015
ais d’égalité. Il dit simplement que les premiers
seront
les derniers, et les derniers les premiers — dans le Royaume de Dieu.
1016
oncevable entre deux vocations, une fois qu’elles
sont
reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peu
1017
sonnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse d’
être
une chance pour devenir la seule chance humaine de l’humain. La perso
1018
’il ne saura goûter. Le triomphe du personnalisme
est
aussi fatal que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’est-ce q
1019
que la continuation de la vie. Pas davantage. Qu’
est
-ce que la continuation de la vie ? C’est la renaissance permanente d’
1020
tout le plaisir, tout l’honneur, toute la morale
soient
de faire vivre ceux-là mêmes qui lui refusent leur reconnaissance. (M
1021
orthodoxes, le mode de vie purement socialiste n’
est
pas encore imaginable. Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jam
1022
Il dépend d’un ensemble économique qui n’a jamais
été
réalisé. Car le plan quinquennal n’est qu’une première transition. L’
1023
n’a jamais été réalisé. Car le plan quinquennal n’
est
qu’une première transition. L’avènement du régime idéal demandera des
1024
n d’un style de vie personnaliste. Cette jeunesse
est
pauvre par goût de la force et du risque. Elle rit bien. Elle n’a pas
1025
l’argent, elle l’utilise quand il y en a. Elle n’
est
pas excitée, révoltée, ni droguée, elle ne croit plus à la vertu des
1026
rce plus au désespoir. Elle veut connaître ce qui
est
. Surtout, elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui est le pl
1027
elle prend ses responsabilités, et c’est cela qui
est
le plus nouveau et qui prouve qu’elle est en train de se créer un nou
1028
ela qui est le plus nouveau et qui prouve qu’elle
est
en train de se créer un nouveau style de vie. Prendre ses responsabil
1029
nouvelles générations de France et d’Angleterre.
Est
-ce l’avènement d’un nouvel Ordre européen ?59 Aventures ? La r
1030
e européen ?59 Aventures ? La révolution n’
est
pas une aventure. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’homme v
1031
s ? La révolution n’est pas une aventure. Elle
est
la réalisation d’une doctrine de l’homme véritable. La révolution n’e
1032
ne doctrine de l’homme véritable. La révolution n’
est
pas un mythe, mais une action vigoureusement conditionnée par des but
1033
r des buts humains définis. Si ces buts pouvaient
être
atteints sans nulle émeute, sans nul emploi de la violence, la révolu
1034
te, sans nul emploi de la violence, la révolution
serait
pure, — si pure qu’elle en deviendrait invisible et qu’on pourrait n’
1035
ent durer, elles se défendent par la force, et ce
sont
elles qui provoquent les désordres et peignent en rouge la révolution
1036
et peignent en rouge la révolution. La révolution
est
créatrice. Mais elle ne crée pas n’importe quoi, elle ne crée pas à l
1037
s à l’aventure. Elle veut créer l’homme tel qu’il
est
. L’homme n’est égal à son humanité totale que là où il se montre créa
1038
Elle veut créer l’homme tel qu’il est. L’homme n’
est
égal à son humanité totale que là où il se montre créateur de lui-mêm
1039
à où il se montre créateur de lui-même. Non, ce n’
est
point un « homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombre
1040
and on part pour une promenade de deux heures, on
est
fatigué au bout de la première heure. Quand on part pour une marche d
1041
on part pour une marche de dix-huit heures, on n’
est
fatigué que vers la cinquième heure. Vers la huitième heure, la fatig
1042
la huitième à la dixième heure, par exemple, elle
est
loin d’augmenter autant que de la première à la deuxième heure d’une
1043
e heure d’une promenade de deux heures. Voilà qui
est
bien connu de tous les alpinistes et de tous ceux qui ont fait des vo
1044
qui ont fait des voyages à pied. Cela ne peut pas
être
expliqué par les dispositions prises au départ, encore qu’elles jouen
1045
nt un certain rôle, mais non pas décisif. Le fait
est
que la course est un total indécomposable, et que l’effort le mesure
1046
, mais non pas décisif. Le fait est que la course
est
un total indécomposable, et que l’effort le mesure d’avance et à chaq
1047
c’est-à-dire comme un tout. C’est donc la fin qui
est
décisive. (La distance du but.) Supposez maintenant qu’on vous dise :
1048
ort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce but
étant
caché dans la mort même.) L’incroyant — celui qui ne croit pas au but
1049
rapport à la volonté de Dieu. Il ne s’agit pas d’
être
pauvre pour être heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plai
1050
onté de Dieu. Il ne s’agit pas d’être pauvre pour
être
heureux, mais il s’agit d’obéir à Dieu ; de Lui plaire, non pas de se
1051
laire, non pas de se plaire. 58. Par ce plus qui
est
le contenu paradoxal de la revendication d’égalité, s’introduit la no
1052
d’égalité, s’introduit la notion de progrès. Elle
est
donc liée à l’insatisfaction. Curieuse incompatibilité, dans l’état a
1053
que du bonheur et de celle du progrès. Le bonheur
est
une mystique de droite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce fu
1054
roite, le progrès une mystique de gauche. 59. Ce
fut
l’Ordre de la Résistance. (Note de 1946.)
1055
trange si l’on y prête la moindre réflexion : ils
tiennent
les moyens de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils soient d
1056
de l’action pour indépendants de ses fins. Qu’ils
soient
de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les
1057
rapport aux idéaux qu’il s’agit d’imposer — et ce
sont
les mêmes passions —, discourir dans les mêmes lieux et prétendre aux
1058
undo : qu’ils se moquent de ces fins, quelles que
soient
, par ailleurs, leur conviction et leur sincérité. Fondés sur cette er
1059
s sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’
être
sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos
1060
ectorale. Si nous briguions leurs avantages, nous
serions
plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’agit d’au
1061
de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font
est
naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort, évidemmen
1062
Les moyens n’ont pas d’importance quand les fins
sont
mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas
1063
ard. Le grand problème de la pensée personnaliste
est
désormais de créer une tactique déduite de la nature de la personne e
1064
ns que la force, l’autorité valable et le pouvoir
sont
l’apanage de la personne, en fin de compte, et non du nombre. On s’im
1065
onne, des personnes animées par une certitude qui
est
de l’ordre du spirituel. Que ce spirituel-là vienne à faiblir, à dout
1066
vienne à faiblir, à douter de lui-même, l’armée n’
est
plus une arme entre les mains des gouvernants. Tout régime, si bien a
1067
des gouvernants. Tout régime, si bien armé qu’il
soit
, s’écroule, dès lors que le principe de son pouvoir se montre défaill
1068
tuelle » — par opposition à la force matérielle —
était
passée du côté hitlérien. On pourrait sans difficulté multiplier de t
1069
lté multiplier de tels exemples. Et le moindre ne
serait
pas celui du régime kérenskyste, renversé presque sans coup férir par
1070
upement le plus ferme en doctrine, si petit qu’il
soit
, que revient la décision finale. Peu importe que ce groupement ait ou
1071
rdre qu’elle entend établir. Doctrine et tactique
sont
absolument inséparables dans la Révolution. Et si l’on vient à les sé
1072
a pas d’exemple que les buts de la Révolution ne
soient
du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne est très typique. L
1073
du même coup trahis. Le cas de l’URSS stalinienne
est
très typique. La dictature « de transition » fut installée au lendema
1074
est très typique. La dictature « de transition »
fut
installée au lendemain de la révolution d’Octobre pour assurer provis
1075
on. Et ces problèmes « autonomes » à leur tour se
sont
révélés si urgents que la doctrine, toujours ajournée sous d’excellen
1076
de ses buts. La tactique propre à un tel groupe n’
est
et ne peut être rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avan
1077
tactique propre à un tel groupe n’est et ne peut
être
rien d’autre que l’actualisation de sa doctrine. Avant de proposer qu
1078
es déduites de notre position personnaliste, il n’
est
pas inutile de formuler quelques remarques sur la fonction générale —
1079
nique générale, dans le désordre inévitable, elle
est
la pierre de touche de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent ser
1080
che de l’événement imprévu. Ceux qui la possèdent
seront
les seuls à demeurer calmes parmi les foules affolées, à l’heure où l
1081
foules affolées, à l’heure où la force efficace n’
est
plus celle des fusils — qui partent tout seuls et dans tous les sens
1082
me ; 2° La doctrine d’un groupe révolutionnaire n’
est
pas seulement théorique, elle est aussi militante. Elle s’applique à
1083
volutionnaire n’est pas seulement théorique, elle
est
aussi militante. Elle s’applique à interpréter tous les faits en vue
1084
ter tous les faits en vue de la révolution : elle
est
donc un choix perpétuel et partial dans la réalité. Elle possède ains
1085
sans cesse aux actes nécessaires ; 3° La doctrine
est
enseignante par nature, comme la révolution qui est toujours et tout
1086
t enseignante par nature, comme la révolution qui
est
toujours et tout d’abord enseignement, orientation — prise de conscie
1087
litante. Qu’importe, si les buts de la révolution
sont
assez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont court
1088
ts ? Les revendications de la majorité des hommes
sont
courtes, et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la révol
1089
s confuses, une révolution véritable. La doctrine
est
seule créatrice d’une liberté que l’homme des rues reste incapable de
1090
et ses colères désordonnées ; 4° « Une révolution
est
sanglante dans la mesure où elle est mal préparée. »60 C’est dire que
1091
e révolution est sanglante dans la mesure où elle
est
mal préparée. »60 C’est dire que le sang versé par les émeutes mesure
1092
n. À cet égard, on peut bien dire que la doctrine
est
instrument de paix, au moins autant que de rénovation : à condition q
1093
umer la situation en une formule, je dirai que ce
fut
le choc des « défenseurs de l’ordre » (les Anciens Combattants) et de
1094
é d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit
être
pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
1095
vre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela
est
admis, il n’est plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres
1096
e la richesse affaiblit. (Si cela est admis, il n’
est
plus nécessaire de beaucoup discourir sur les autres vertus morales.)
1097
iers du désordre établi. (Car cet homme convaincu
sera
l’impondérable dont dépendra la décision. On parle volontiers de ces
1098
ue la période de transition au nouvel état social
est
dès maintenant inaugurée, à l’intérieur du désordre établi. (Condamna
1099
d’un pays, dont il s’agit de se rendre maître, ne
sont
pas seulement ceux du régime actuel, mais surtout ceux du régime nouv
1100
mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne
sommes
pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas la masse
1101
s des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’
est
pas la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut attei
1102
lusif de l’épithète « démocratique », si le mot n’
était
perverti par l’usage qu’en ont fait les individualistes et les collec
1103
vistes.) La troupe d’assaut et la brigade de choc
sont
instruments de dictature. L’ordre à créer sera l’œuvre d’un « ordre »
1104
oc sont instruments de dictature. L’ordre à créer
sera
l’œuvre d’un « ordre » analogue aux anciens ordres de chevalerie. Son
1105
non par refus du monde, mais parce que le monde n’
est
jamais plus fort qu’une volonté de pauvreté. Pauvre, mais d’une pauvr
1106
econnaissent à ce signe invisible et certain : ce
sont
des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands qu
1107
et certain : ce sont des hommes, si grands qu’ils
soient
parfois, qui sont moins grands que leur mission. 60. Aron et Dandi
1108
des hommes, si grands qu’ils soient parfois, qui
sont
moins grands que leur mission. 60. Aron et Dandieu : La Révolution
1109
symbolique de bagarres ultérieures, dont nous ne
sommes
pas près de sortir ! (1946.) 62. Un seul homme convaincu, Charles de
1110
62. Un seul homme convaincu, Charles de Gaulle, a
été
« l’impondérable » qui a déclenché le mouvement de résistance en 1940
1111
er ou sur le second membre de la phrase —, ce cri
est
significatif de l’étrange équivoque cultivée par la bourgeoisie capit
1112
oir bientôt réveillée par une brutalité dont elle
est
entièrement responsable. Droit au travail, droit au loisir, on sait e
1113
ins consciente de cette morale, que le soviétisme
est
en train de rajeunir, Staline prenant glorieusement la suite de Benja
1114
u près universelle. ⁂ Le terme de « travailleur »
est
devenu dans le monde moderne à peu près synonyme de travailleur indus
1115
médiatement ressortir le paradoxe. En effet, quel
est
le but de la machine ? Une économie de travail. Le machinisme est, en
1116
machine ? Une économie de travail. Le machinisme
est
, en principe, destiné à créer du loisir, dans une société dont la rel
1117
isir, dans une société dont la religion dominante
est
la religion du travail mécanique. Cette société n’accorde pas au lois
1118
jours plus grandes de loisir. C’est pourquoi elle
est
condamnée à une espèce de dégradation, dans la mesure même où son eff
1119
berté, le machinisme crée du chômage. Ce paradoxe
est
lié à l’essence même de la société capitaliste-bourgeoise. On pouvait
1120
adiers de choc — que, le domaine de la production
étant
illimité, il n’y avait pas lieu de prévoir sérieusement le moment où,
1121
nt le moment où, une certaine limite d’absorption
étant
atteinte, le machinisme développerait son pouvoir réel de « libératio
1122
perpétuellement future. Le jour où elle a cessé d’
être
illusoire, on s’est vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, tell
1123
e. Le jour où elle a cessé d’être illusoire, on s’
est
vu forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle est la véritable f
1124
u forcé de la baptiser chômage. Le chômage, telle
est
la véritable fin, tel est le véritable nom du Progrès, dans un monde
1125
mage. Le chômage, telle est la véritable fin, tel
est
le véritable nom du Progrès, dans un monde dont le matérialisme fonci
1126
monde dont le matérialisme foncier ne pourra plus
être
longtemps masqué par le moralisme bourgeois ou « quinquennal ». Il n’
1127
me de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension
est
relativement lente et passe, par exemple, pour les États-Unis, de l’i
1128
par homme se met à croître avec une rapidité qui
tient
du fantastique. L’index général passe de 104 en 1919 à 125 en 1923. S
1129
ctuelles y prêtent, il faut le dire plus qu’il ne
serait
nécessaire pour la clarté de la démonstration. Car si le chômage tech
1130
uvoir productif se manifeste dès l’année 1923, il
est
neutralisé jusque vers 1929-1930, dans une mesure à vrai dire décrois
1131
squent les effets statistiques, sinon réels. Ce n’
est
donc guère que depuis trois ou quatre ans que le saut de 1921 déploie
1132
conception purement quantitative de l’activité, n’
est
plus une mystique de classe : elle est devenue quasi universelle. Que
1133
ctivité, n’est plus une mystique de classe : elle
est
devenue quasi universelle. Que le « travailleur » soit considéré comm
1134
devenue quasi universelle. Que le « travailleur »
soit
considéré comme une matière inerte, une quantité calculable, justicia
1135
e, qu’on puisse en couper (ou en remettre si l’on
est
en URSS) selon les seules nécessités internes de la production machin
1136
enons d’avancer : parce que le champ d’absorption
est
loin d’être couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde
1137
ncer : parce que le champ d’absorption est loin d’
être
couvert en Russie, parce qu’on peut mettre tout le monde aux machines
1138
homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’
est
mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes
1139
est mis à calculer avec les hommes, comme s’ils n’
étaient
plus des hommes. On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte,
1140
rté on a fait le chômage. Mais la misère présente
est
un appel à l’homme. Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceu
1141
ndre en pleine efficacité ceux pour lesquels il n’
est
pas de salut hors de cette réalité perpétuellement réparatrice et pro
1142
que, à la limite, de les priver de toute raison d’
être
efficace, — ainsi et parallèlement, de la corruption spirituelle des
1143
èlement, de la corruption spirituelle des loisirs
est
née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus n
1144
» ou « Je produis », ou bien « Je chôme », et ce
sont
autant de ruptures et de séparations hargneuses, de constats d’injust
1145
nées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir
est
une dérision brutale des rythmes créateurs. Elle exprime simplement l
1146
a production et la consommation. Cette division n’
est
pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons d
1147
dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’
est
pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que
1148
orsque l’homme renonce à créer, son « travail » n’
est
plus que souffrance. Il ne s’agit plus d’accoucher, mais seulement de
1149
publicité et de plans quinquennaux. Leurs moyens
sont
plus simples, plus élégants. Ni plus ni moins efficaces d’ailleurs. O
1150
— c’est peut-être perdre sa vie. Cette opposition
est
tellement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de
1151
is à la liberté, au loisir plein. Si la liberté n’
est
pas à l’origine d’un système, elle ne s’introduira jamais dans ses ef
1152
ans un monde où le libre divertissement de chacun
sera
la condition du libre abrutissement de tous par la propagande élector
1153
si l’on convient que la mesure du travail ne peut
être
prise ailleurs que dans la capacité humaine d’utiliser les effets du
1154
du « temps vuide. » et c’est chômage. Tout le mal
est
venu d’une séparation, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses s
1155
ion, d’une disjonction. Ou plutôt, car les choses
sont
toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est s
1156
complexes que nos sommations, tout le mal moderne
est
symbolisé par cette disjonction du travail et du loisir, dont il faut
1157
sorte que le « temps vuide » de l’Encyclopédie n’
est
au vrai qu’un temps vidé, irréel renversement d’un temps rempli, d’un
1158
r un monde impensable, le nôtre. Car si le loisir
est
simplement le contraire du travail, et son but ; si le labeur et le r
1159
responsables, à penser dans le risque total de l’
être
, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous diron
1160
les, à penser dans le risque total de l’être, qui
est
l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le bu
1161
créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’
est
pas le loisir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’est pas la
1162
isir, mais la création. Et le but du loisir, ce n’
est
pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide
1163
ouveront leur commun sens : dans l’actualité de l’
être
, où ils ne seront plus que les temps alternés d’une plénitude joyeuse
1164
mmun sens : dans l’actualité de l’être, où ils ne
seront
plus que les temps alternés d’une plénitude joyeusement renouvelée. L
1165
ur créer un risque nouveau. Le temps de cet homme
est
plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creuses » ou des e
1166
r des heures « creuses » ou des efforts stériles.
Est
-ce un long loisir créateur ? Un long travail d’enfantement ? Cela ne
1167
ntemple, il apprend, il calcule. Au terme qu’il s’
était
fixé, le voici devant son seigneur. « Ton tableau ? » — « Qu’on m’app
1168
ure du travail créateur, l’émulation socialiste n’
est
rien d’autre qu’un nouvel opium. Ce bourrage de crâne réalisé sur une
1169
r introduire un peu de joie dans une activité qui
est
la négation même de la création ; activité purement « nécessitée » pa
1170
ion récente. Il ne faut pas oublier que la France
est
le pays qui a vu le plus grand nombre de révolutions depuis cent-cinq
1171
is cent-cinquante ans. C’est peut-être qu’elles y
étaient
plus nécessaires qu’ailleurs, du fait de l’échec de la Réforme. Il n’
1172
’en reste pas moins que, toute bourgeoise qu’elle
soit
et qu’elle apparaisse aux yeux du monde entier, la France possède une
1173
e ce pays. C’est Proudhon, et non point Marx, qui
sera
le prophète d’une révolution réellement française et humaine. Proudho
1174
jà d’innombrables adhésions, si seulement elles s’
étaient
données pour des doctrines de droite ou de gauche. Mais c’est précisé
1175
on marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’
est
précisée et développée. Les deux groupes de tête du mouvement restent
1176
ieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur
être
subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’i
1177
même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour
être
moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beauc
1178
ant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent
est
beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c’est aux racin
1179
ions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ
soit
juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transform
1180
Économique ensuite, Politique à leur service. Il
est
facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ord
1181
ste. L’assimilation de la personne à un acte, tel
est
donc le fait spirituel, le fait humain par excellence auquel L’Ordre
1182
ne façon immédiate toutes les institutions. Telle
est
la « primauté du spirituel » qu’il ne cessa d’invoquer au risque, il
1183
, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
sont
pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais tandis que L’Ordre nou
1184
l » qualifiant l’acte personnel — et cette nuance
est
capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’in
1185
te personnel — et cette nuance est capitale —, il
est
incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiqu
1186
il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit
est
d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs franch
1187
ice. Tout le reste de la production « qualifiée »
serait
libre, et placé sous la responsabilité de corporations régionales. Ai
1188
stiques et de répartition ; les tâches politiques
étant
confiées à la fédération des « petites patries régionales ».
1189
4Qu’est-ce que la politique ? 1. La politique
est
en principe ce qui intéresse la cité. Aucun des habitants de la cité
1190
n leur volonté de s’intéresser à la cité dont ils
sont
membres. Cette émotion est celle d’une découverte. Ils découvrent que
1191
er à la cité dont ils sont membres. Cette émotion
est
celle d’une découverte. Ils découvrent que le droit de se plaindre, d
1192
est le sens même de la politique en général qui n’
est
plus clairement aperçu, dans l’élite de la nation. On sent qu’un hom
1193
ais on sent aussi que la politique, telle qu’elle
est
conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’inté
1194
lle qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours,
est
une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intelligence, so
1195
’on a d’abord répondu à cette autre question : qu’
est
-ce que la politique ? Car si la politique est ce que l’on pense ordin
1196
qu’est-ce que la politique ? Car si la politique
est
ce que l’on pense ordinairement, c’est une peste, et tous les raisonn
1197
s les raisonnements qui voudraient nous y engager
sont
de misérables sophismes. Mais si la politique devient ce que nous vou
1198
la politique devient ce que nous voulons qu’elle
soit
, la question d’en faire ou de n’en pas faire ne se pose même plus. 3.
1199
ès grand nombre de citoyens, le but à atteindre n’
est
pas d’abord d’assurer le bon fonctionnement de l’État, la paix publiq
1200
ibre déploiement de ses forces créatrices. Le but
est
d’abord de faire triompher tel parti dont on est membre. On tient le
1201
est d’abord de faire triompher tel parti dont on
est
membre. On tient le parti pour plus grand que le tout. Ou encore : le
1202
faire triompher tel parti dont on est membre. On
tient
le parti pour plus grand que le tout. Ou encore : le but est simpleme
1203
i pour plus grand que le tout. Ou encore : le but
est
simplement de militer bruyamment dans le parti, moins par amour passi
1204
in créateur. Et quand tout va mal, quand la crise
est
là, les partis se mettent à déchirer la nation avec une absence de sc
1205
noffensifs : c’est l’instrument même du parti qui
est
meurtrier. b) On appelle aussi « politique » la rumeur confuse des i
1206
ent ces idéologies. L’influence de ces feuilles n’
est
plus niable. J’attends encore l’homme sain qui osera faire leur éloge
1207
ême calibre, du moins sait-on que la dictature en
est
seule responsable. La honte n’en retombe pas sur des hommes « libres
1208
e ou de droite, rédigés par des intellectuels, on
est
bien forcé d’avouer qu’il n’y a plus en France de véritable idéologie
1209
ogie politique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’
est
qu’un lamentable ramassis de phrases empruntées à des révolutions étr
1210
n trouvé de mieux que le mot de « fasciste », qui
est
ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’être comte et de s’appele
1211
i est ridicule en l’occurrence, et l’accusation d’
être
comte et de s’appeler Casimir, qui me paraît un peu subtile. Et pour
1212
u subtile. Et pour réfuter le communisme — ce qui
serait
plus intéressant tout de même — les droites se bornent à affirmer, co
1213
r, contre toute évidence, que la doctrine de Marx
est
un facteur de désordre et qu’elle entraîne la ruine de la famille.79
1214
u surplus intelligent, se doit de n’y pas tremper
fût
-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés par les politiciens, c
1215
ue comme une simple technique de gouvernement. Il
serait
souhaitable en effet que le ministère des Colonies soit géré par un h
1216
ouhaitable en effet que le ministère des Colonies
soit
géré par un homme qui connaisse autre chose que les potins de sa circ
1217
Roosevelt, oublient que la mission d’un peuple n’
est
pas une affaire de calcul. Ils réduisent toute la politique au jeu su
1218
on, cette renaissance des mythes bourgeois : 1° n’
est
qu’un mauvais négatif du christianisme ; 2° ne peut mener qu’à une fo
1219
on des libertés de la personne par l’État (que ce
soit
au nom d’une classe ou de la race n’y change rien), j’estime être plu
1220
e classe ou de la race n’y change rien), j’estime
être
plus utile à la cité en faisant de la philosophie et de la théologie
1221
et de la théologie pures. 4. Mais — la politique
est
à nos yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume d’appeler ains
1222
en faire ou non. Traditionnellement, la politique
est
, d’une part, la science des rapports de l’individu et de l’État — pol
1223
alement dégradantes. Bien peu y échappent : ce ne
sont
pas ceux qui réussissent. Dans le cas d’autres pays, qui auraient con
1224
a politique reste quelque chose d’extérieur à son
être
véritable. D’où la distinction bien connue entre la vie publique et l
1225
tout le contraire : la vraie politique ne saurait
être
qu’une expression de la personne même. Elle s’enracine dans l’homme,
1226
même. Elle s’enracine dans l’homme, en tant qu’il
est
actif, créateur et responsable vis-à-vis de la communauté. Elle n’est
1227
et responsable vis-à-vis de la communauté. Elle n’
est
pas une obligation imposée par l’État ou la nation, mais, au contrair
1228
ation, mais, au contraire, l’État et la nation ne
sont
que les émanations, les représentations extérieures de la tension per
1229
e implique une hiérarchie : l’organisation devant
être
normalement subordonnée à la création. Il résulte de cette définition
1230
réer dans le vide, et sa création, quelle qu’elle
soit
, se répercute et prend toute sa valeur dans le domaine national80. Le
1231
e — que beaucoup ont tant de peine à comprendre —
est
la méthode politique par excellence, au sens que nous venons de donne
1232
aussi bien que dans celle des peuples, de ce qui
est
organisation et de ce qui est création ; et à subordonner à tous les
1233
peuples, de ce qui est organisation et de ce qui
est
création ; et à subordonner à tous les étages les moyens aux fins, le
1234
et un effort spirituel. Et la plus haute réussite
sera
toujours d’adapter avec souplesse la technique aux buts qu’elle doit
1235
qu’elle doit servir. 6. On nous dira : tout cela
est
bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel est le peuple qui ait
1236
t bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel
est
le peuple qui ait jamais pratiqué une telle politique, dans l’histoir
1237
es s’y abandonnent avec délices et deviennent ces
êtres
absurdes et maléfiques qu’on nomme des politiciens, ou ces espèces d’
1238
es vieux militants. — On nous dira aussi : vous n’
êtes
que des intellectuels… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1° E
1239
els… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1°
Est
-ce une raison, parce que personne au monde n’a jamais mené une vie pa
1240
ent morale, pour renoncer à affirmer une morale ?
Est
-ce une raison, parce que les « politiques » pratiquées jusqu’ici avec
1241
succès que l’on sait, voir la crise présente, ont
été
fausses, malfaisantes, dégradantes, pour continuer de gaieté de cœur
1242
e nous recommandent les clercs purs ? Oui ou non,
sommes
-nous en pleine crise ? Oui ou non, cette crise couronne-t-elle la « p
1243
faillites, ni aux faillis qui se réjouissent de l’
être
. 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voul
1244
aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous
sommes
« intellectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous servir
1245
rdre neuf. Quant à ceux qui nous reprocheraient d’
être
ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des êtres ig
1246
pelle « de purs intellectuels », c’est-à-dire des
êtres
ignorants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les invit
1247
cts de notre « intellectualisme » ! En vérité, il
serait
temps que les hommes, doués de raison, qui s’intéressent au sort de l
1248
ivante : la cause profonde de la crise mondiale n’
est
autre que la bêtise des « réalistes » et de leurs politiciens. Bêtise
1249
veulent subordonner l’État aux libertés — ce qui
est
l’inverse de l’effort fasciste — ni de communistes des hommes qui veu
1250
ge considération des réalités mondiales. Elles ne
sont
pas le fait des petits calculateurs locaux, des comitards, des techni
1251
es. Que va faire la France dans ce monde ? Quelle
est
sa mission, sa raison d’être, sa raison de subsister et de créer ? A-
1252
ans ce monde ? Quelle est sa mission, sa raison d’
être
, sa raison de subsister et de créer ? A-t-elle une politique intérieu
1253
ouer ? A-t-elle une conception de l’homme qui lui
soit
propre, et qu’elle puisse opposer victorieusement aux conceptions nou
1254
autres puissances exaltent ? Toutes ces questions
sont
des questions de vie ou de mort pour l’ensemble de la nation. Ceux qu
1255
e publicité tapageuse. Et l’adultère, Messieurs ?
serait
-ce une spécialité russe ? — Ou alors, dites clairement que la famille
1256
es lecteurs de cette revue savent que la nation n’
est
une expression de l’universel qu’en raison de l’impuissance humaine à
1257
on un sens absolu de nationalisme autarchique qui
est
à l’opposé de notre pensée.
1258
ntellectuels) Chose étrange, le 6 février 1934
fut
une date de l’histoire littéraire : elle inaugura le temps des mouton
1259
chaleur d’une révolution encore lointaine, ils se
sont
jetés dans le premier parc venu, à gauche ou à droite, et depuis lors
1260
nom connu, d’un nom à faire connaître… Bref, il n’
est
pas un acte commis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait été ve
1261
ommis dans le monde, depuis quatre ans, qui n’ait
été
vertement dénoncé par des « intellectuels » français. Mais si le mond
1262
vre en marge de tous les conflits et refusaient d’
être
considérés comme des citoyens responsables, ils étaient au moins en a
1263
e considérés comme des citoyens responsables, ils
étaient
au moins en accord avec l’esprit général de l’époque : intelligence d
1264
Tributaires d’une culture dont l’ambition suprême
était
de se « distinguer » des contingences, ils étaient au moins purs dans
1265
était de se « distinguer » des contingences, ils
étaient
au moins purs dans leur erreur. Les modalités de leur retrait ne cont
1266
é que rien, ni la pensée, ni l’acte individuel, n’
est
en réalité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté de penser n’i
1267
er n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque,
était
une illusion entretenue par l’apparente paix sociale, mais que l’éché
1268
ente paix sociale, mais que l’échéance ne pouvait
être
indéfiniment repoussée, et que les dettes contractées par l’esprit ne
1269
propose de défendre, c’est elle, précisément, qui
est
responsable de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défe
1270
éel et l’actuel, et de surmonter enfin ce vice qu’
est
la distinction libérale entre la pensée et l’action. Au lieu de préci
1271
terne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’
est
pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que rés
1272
r, donc finalement de le dominer. S’engager, ce n’
est
pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son aut
1273
engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’
est
pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas faire payer sa p
1274
’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’
est
pas faire payer sa prose par Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant.
1275
par Ce Soir plutôt que par l’Intransigeant. Ce n’
est
pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’un
1276
eant. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’
est
pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique
1277
d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’
est
pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est
1278
sme qui a répandu l’idée que l’engagement ne peut
être
qu’un esclavage. La liberté réelle n’a pas de pires ennemis que les l
1279
n Nietzsche, un Kierkegaard, un Baudelaire82, ont
été
les plus violemment engagés dans la réalité. Et cela suffirait bien à
1280
sée qui, par sa nature et son mouvement originel,
est
libérale, irresponsable, ne devient pas libératrice et responsable du
1281
On rougit de rappeler de tels truismes. Mais on y
est
bien forcé par le spectacle de l’intelligentsia française. Précisons
1282
e péril totalitaire (de droite ou de gauche) ce n’
est
pas « d’adhérer » à quelque antifascisme, mais de s’attaquer à la for
1283
éral devant le péril, c’est de faire un fascisme.
Fût
-ce même pour se défendre du fascisme. Et peut-être surtout dans ce ca
1284
sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en
est
l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon : les écrivain
1285
te de Ce Soir) ont exprimé en toute clarté qu’ils
étaient
de vrais libéraux, irresponsables nés83, égarés pour un temps dans le
1286
ent » politique, et faisant amende honorable. Ils
étaient
en rupture de bercail. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre, les
1287
s étaient en rupture de bercail. Maintenant, tout
est
rentré dans l’ordre, les moutons se sont apaisés, et la situation s’é
1288
ant, tout est rentré dans l’ordre, les moutons se
sont
apaisés, et la situation s’éclaircit. Voici venir le temps des vrais
1289
qu’il opposait à celle des philosophes libéraux —
fût
partiale, pleine de partis pris, et même politique ! 83. Je fais exc
1290
que Bernanos et Schlumberger, dont la bonne foi a
été
surprise, — comme on dit. Peu importent d’ailleurs les personnes : c’
1291
d’ailleurs les personnes : c’est la tendance qui
est
significative.
1292
quelque méfiance. Je souhaite que beaucoup aient
tenu
le petit raisonnement que voici : pour les réformateurs, l’homme deva
1293
en signifier cette contradiction affligeante ? Je
serais
heureux que la question vous ait paru curieuse, ou peut-être grave, o
1294
t passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’
est
-ce que cette personnalité dont la valeur varie si curieusement entre
1295
s une dizaine d’années, une discussion générale s’
est
instituée sur les notions de personne, d’individu et de personnalité.
1296
nes protestants, beaucoup d’agnostiques aussi, se
sont
efforcés de montrer l’importance concrète d’une définition de la pers
1297
le mot d’ordre « Défense de la personne humaine »
est
devenu le slogan par excellence des hommes d’État démocratiques. Tout
1298
remontons aux origines, si nous cherchons comment
sont
apparues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne, et le
1299
ne certaine polémique réactionnaire, l’individu n’
est
pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration des dro
1300
aturel, et s’isole. Le groupe primitif, la tribu,
est
lié par le lien du sang, des morts communs, et par celui de la terreu
1301
l’intolérance radicale. (On ne discute pas ce qui
est
sacré.) De plus, elle est radicalement grégaire et xénophobe. Mais su
1302
n ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, elle
est
radicalement grégaire et xénophobe. Mais supposez maintenant qu’un de
1303
istinct des peuplades indo-germaniques, les Grecs
sont
les premiers à se détacher, à prendre figure, donc à s’individualiser
1304
les expulse : voilà les premiers individus. Ceci
est
important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu
1305
vidus. Ceci est important : à l’origine, individu
est
synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour
1306
les à la cité au sens moderne. Alors que la tribu
était
liée par des liens d’origine — le sang, la famille — la cité est fond
1307
s liens d’origine — le sang, la famille — la cité
est
fondée sur l’intérêt commun et les contrats. Alors que la morale de l
1308
t. La définition la plus noble de l’individu nous
est
fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi toi
1309
misée ». Le vide social créé par l’individualisme
est
toujours un appel à l’État dictatorial. Et cet État aux cadres géomét
1310
entre individualisme et dictature, l’opposition n’
est
qu’apparente : en réalité, il y a de l’un à l’autre un lien de cause
1311
ère dont le vide s’oppose au plein : plus le vide
est
absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne f
1312
au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel
est
puissant. À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’achever le process
1313
ciale commencé par l’individualisme. L’individu s’
était
abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les groupes naturels subs
1314
s à l’état de fonctionnaires ou de soldats. Telle
est
l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’homme que suppose l’Éta
1315
par sa fonction dans la cité. C’est celui-là qui
sera
nommé juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’origine le m
1316
que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’
est
pas une persona, il s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment
1317
, qui forment les deux tiers de la population, ne
sont
pas des personnes, puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages
1318
jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il
est
important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le traduirai
1319
rannie, successivement, ont fait faillite. Quelle
sera
la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse
1320
ssibilité de communauté, c’est celle qu’imagine l’
être
spirituel. C’est l’espoir d’une société d’un type absolument nouveau,
1321
’une société d’un type absolument nouveau, qui ne
soit
pas fondée sur les contraintes du passé, ni sur des lois, mais sur l’
1322
une et enthousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’
est
plus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éterne
1323
alisation historique de la première possibilité s’
est
amorcée dès la fin de la République romaine, quand César est devenu u
1324
dès la fin de la République romaine, quand César
est
devenu un dieu. Et c’est l’échec de cette religion d’État, confondu a
1325
nt une société absolument nouvelle : l’Église. Qu’
est
-ce que l’Église primitive, du point de vue sociologique où je me plac
1326
terme moderne : des cellules. Ces communautés ne
sont
pas fondées sur le passé ni sur des origines communes. « Il n’y a plu
1327
des esclaves et des citoyens riches. Leur lien n’
est
pas terrestre : il est dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre
1328
toyens riches. Leur lien n’est pas terrestre : il
est
dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au Cie
1329
as terrestre : il est dans l’au-delà. Leur chef n’
est
pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs amb
1330
s l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’
est
assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont p
1331
à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne
sont
pas terrestres, car ce qu’elles attendent, c’est la fin des temps. Et
1332
. Ainsi, spirituellement et socialement, l’Église
est
une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés
1333
alement, l’Église est une communauté d’hommes qui
sont
à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engage à son s
1334
avons bien que leur libération et leur service ne
sont
nullement contradictoires, n’étant que deux aspects complémentaires d
1335
leur service ne sont nullement contradictoires, n’
étant
que deux aspects complémentaires d’une seule et même réalité : la con
1336
d’une seule et même réalité : la conversion. Tel
est
l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu g
1337
l’homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’
est
pas l’individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de s
1338
davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’
est
pas non plus la persona du droit romain, puisque l’homme qui reçoit u
1339
christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trouve
être
à la fois autonome et en relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau
1340
ns nouveau, et la réalité sociale de la personne,
sont
bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieux dire, des créati
1341
ction entre ces deux vocables si courants, loin d’
être
une querelle byzantine, ne traduit rien de moins, dans les débuts, qu
1342
re l’homme naturel et l’homme chrétien. Ces hases
étant
posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, p
1343
s peu à peu l’héritage de l’Empire romain. Elle s’
est
peu à peu substituée aux cadres sclérosés du vieux régime. La capital
1344
lait le prévoir. En effet, la personne chrétienne
était
une sorte de paradoxe : elle unissait l’individu libre et la persona
1345
ociété et tend à s’imposer par la force, comme ce
fut
le cas dès le xiie siècle, on se retrouve dans une situation quelque
1346
rèce individualiste. L’individu de la Renaissance
est
d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés d
1347
c’est-à-dire le libre examen de toutes choses. Il
est
assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire, et de sa prop
1348
e, de sa propre gloire, et de sa propre richesse,
fussent
-elles acquises aux dépens de sa famille et de sa cité, aux dépens mêm
1349
ême de la vie d’autrui. Un grand nombre de crimes
furent
commis dans l’Italie du xve siècle à seule fin d’acquérir de la reno
1350
siciliens, fondateurs du capitalisme commercial,
sont
souvent cités comme les premiers types d’individus au sens moderne. N
1351
e profanation que l’on opère. Du moins ces gestes
sont
-ils ressentis comme tels à cette époque. Or il est évident que cet in
1352
nt-ils ressentis comme tels à cette époque. Or il
est
évident que cet individualisme est un retour du paganisme grec. Mais
1353
époque. Or il est évident que cet individualisme
est
un retour du paganisme grec. Mais il est non moins évident qu’il repr
1354
dualisme est un retour du paganisme grec. Mais il
est
non moins évident qu’il représente une réaction inévitable à la dévia
1355
ssayer de vous montrer ce que pourrait et devrait
être
un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé
1356
dant toutes les réalités que désignent ces termes
sont
présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de l
1357
lités que désignent ces termes sont présentes, et
sont
en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommaire
1358
ager sommairement. Le but unique des réformateurs
était
de restaurer la fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais ils
1359
ise à la Parole de Dieu. Jamais ils n’ont admis d’
être
présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Cal
1360
d’être présentés comme des novateurs. « Nous nous
sommes
efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à
1361
mbarrer ces deux vices, toute la pureté de la foi
serait
confuse. » L’Église primitive était une communauté spirituelle de per
1362
té de la foi serait confuse. » L’Église primitive
était
une communauté spirituelle de personnes, d’hommes nouveaux, à la fois
1363
uant une multitude de communautés locales. Telles
seront
à nouveau les Églises réformées. Point de centralisation, point de ca
1364
ans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce
sera
le rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son plan. Notez bien qu
1365
son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu
est
garantie non pas du seul fait qu’il existe physiquement, mais du fait
1366
dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’
être
respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est
1367
tat, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il
est
chargé d’une responsabilité unique dans la société, à sa juste place.
1368
à sa juste place. Notons que si la personne doit
être
respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel « droit
1369
la personne doit être respectée par l’État, ce n’
est
pas en vertu d’on ne sait quel « droit naturel » à la désobéissance !
1370
béissance ! Calvin précise que l’État, quel qu’il
soit
, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable,
1371
Calvin précise que l’État, quel qu’il soit, doit
être
obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable, qui figure
1372
et le peuple de telle manière que par cela je ne
sois
nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma
1373
e seul texte constitutionnel existant, qui puisse
être
qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité
1374
n strictement ecclésiastique, c’est vrai. Mais il
était
inévitable et juste que ce type de relations influençât peu à peu tou
1375
elations politiques. Toute l’histoire de l’Europe
serait
à refaire à partir de cette constatation : que les formes et structur
1376
errons quelques exemples un peu plus loin. Quelle
fut
donc la traduction politique de la doctrine calvinienne de l’Église e
1377
on réfléchit aux deux questions suivantes : quels
furent
les régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action his
1378
régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle
fut
l’action historique des hommes d’État de la Réforme calviniste ? Part
1379
s le début, l’obstacle principal à la Réforme, ce
fut
l’absolutisme, la passion unitaire et centralisatrice, tant chez les
1380
ou moins inspiré du stathoudérat hollandais. Et n’
est
-ce pas le huguenot Sully qui, le premier ; sous Henry IV, conçut le «
1381
ndance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours,
est
d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui ex
1382
quer. Et vous savez que les problèmes d’éducation
furent
dès le début le grand souci des réformés. Calvin fonde le Collège de
1383
e sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’il
est
à la fois libre et engagé, autonome et pourtant responsable au sein d
1384
initive, c’est de cela qu’il s’agit. L’histoire n’
est
jamais qu’un tremplin pour mieux sauter en plein cœur de l’actuel. Co
1385
orale personnaliste ? Calvin, vous le savez, ne s’
est
jamais préoccupé de la forme des gouvernements. Il insiste à maintes
1386
e fait que monarchies, oligarchies et républiques
sont
également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fo
1387
bliques sont également voulues de Dieu et doivent
être
obéies comme telles. Une fois cependant il marque une préférence, mai
1388
squ’il écrit : « Le meilleur état de gouvernement
est
celui-là où il y a une liberté bien tempérée et pour durer longuement
1389
e donne raison au réformateur. Et je ne crois pas
être
infidèle à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’est pas la
1390
à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’
est
pas la forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménag
1391
s qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe
est
celui des nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trou
1392
er entre ces trois États : d’abord parce que ce n’
est
pas notre sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s
1393
année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce
sont
deux traits évidemment communs à ces régimes : leur opposition brutal
1394
ur opposition brutale au christianisme dès qu’ils
sont
assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne. Voic
1395
stinction entre l’Église et l’État n’avait jamais
été
établie d’une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple, était à la
1396
’une manière satisfaisante. Le tsar, par exemple,
était
à la fois chef de l’État et chef de l’Église : c’est ce qu’on nomme l
1397
ropapisme. D’autre part, ses décisions politiques
étaient
fortement influencées par le clergé : c’est ce qu’on nomme la théocra
1398
La coupure entre le spirituel et le temporel n’y
était
pas faite au bon endroit, ou mal faite, ou pas faite du tout. Il en r
1399
oup plus rigoureusement, car la religion dont ils
étaient
les chefs était une religion de guerre, possédant toute la virulence
1400
ement, car la religion dont ils étaient les chefs
était
une religion de guerre, possédant toute la virulence des corps chimiq
1401
e part, l’instauration de ces régimes tyranniques
fut
largement facilitée, et même appelée, par l’absence dans tous ces pay
1402
’il nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait
être
que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a tou
1403
e fait suivant qui, à ma connaissance, n’a jamais
été
signalé : c’est qu’il existe une forme de totalitarisme correspondant
1404
catholiques, alors qu’il n’en existe point qui se
soit
développée en pays « calvinistes » ou simplement influencés par des é
1405
que le calvinisme ne puisse dévier lui aussi, et
soit
sans défauts. Mais cela signifie que ses défauts et déviations n’entr
1406
t totalitaire. Mais lorsque le calvinisme cesse d’
être
une foi vivante, il laisse derrière lui une empreinte tout à fait dif
1407
rtains qui se demandent encore, par exemple, s’il
est
de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en ch
1408
ple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’il
est
du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous
1409
enant à nous défendre, dans cette guerre qui nous
est
déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout quan
1410
condition pour éviter chez nous, pendant qu’il en
est
temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la d
1411
aierai de tirer des conclusions pratiques. Quelle
est
la condition faite à l’Église dans les pays totalitaires ? Cette prem
1412
s les pays totalitaires ? Cette première question
est
capitale. Car la politique d’un régime est toujours étroitement dépen
1413
estion est capitale. Car la politique d’un régime
est
toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’il prend vis-à-vis d
1414
Église et du fait religieux en général. Un régime
est
totalitaire lorsqu’il prétend centraliser radicalement tous les pouvo
1415
t cela d’autant plus que la religion qu’il adopte
est
, comme dans le cas des fascismes et du communisme, une religion de l’
1416
ace, la tradition, les morts. Voilà pourquoi elle
est
intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut mêm
1417
rigines, on ne pourra jamais y entrer — si l’on n’
est
pas de sang aryen, par exemple — car cette religion n’admet pas que «
1418
te religion n’admet pas que « les choses vieilles
sont
passées » selon la parole de l’Apôtre. Elle n’admet pas la conversion
1419
is-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels
sont
tes morts ? Religion du sang, religion de la terre et des morts, reli
1420
rachat du péché d’origine ? Second point : quelle
est
la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est t
1421
utre pôle : celui de l’engagement social. L’homme
étant
totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État, et ce
1422
: caporalisation. Et la personne ainsi comprise n’
est
plus qu’à peine une persona au sens romain, un rôle, un masque, une f
1423
à l’héroïsme collectif — le plus facile, si c’en
est
encore un ! — mais qui n’ont plus de courage civique. Militarisation
1424
ent humaines. À force de louer la Réforme d’avoir
été
, comme on dit « une pépinière d’individualités et de caractères bien
1425
nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’
est
pas faite pour l’homme d’abord. À force de louer ses effets humains,
1426
ause divine. N’oublions pas que la personnalité n’
est
bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une personne sur un individ
1427
ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement
été
formé par une éducation et une ambiance protestante. Nous n’en avons
1428
te de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne
sont
en fait que « sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous
1429
e ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’
être
vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela consti
1430
aut alors rappeler que la personnalité, si grande
soit
-elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on se borne au point de vue soc
1431
uis, une personnalité en soi, sans vocation, ce n’
est
rien de plus, après tout, qu’un individu aux caractères accusés. Ains
1432
t c’est pourquoi l’on a pu dire que le calvinisme
était
à l’origine du capitalisme moderne, avec sa concurrence sans frein, p
1433
is ce qu’il ne peut ni surtout ne veut former, ce
sont
justement des personnes, des vocations irréductibles aux ambitions sp
1434
ions spirituelles de l’État. Ces personnes-là, ce
sont
ses véritables adversaires, les seuls sérieux, et il le sait ! Si Nie
1435
, les seuls sérieux, et il le sait ! Si Niemöller
est
dans un camp de concentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’e
1436
ncentration, prisonnier personnel du Führer, ce n’
est
point parce qu’on lui reproche son énergie ou ses talents, ses traits
1437
sonnalité, car bien d’autres en ont autant qui ne
sont
pas pour cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que l’on ne peut p
1438
sonne, c’est-à-dire sa vocation particulière, qui
est
de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaitement o
1439
bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance. Il
est
temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises a
1440
Réforme, et spécialement sa tendance calviniste,
est
appelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrin
1441
. Un véritable protestant, les faits le prouvent,
sera
toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà,
1442
ar une espèce de croisade intérieure. Le chrétien
est
celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte
1443
ui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce n’
est
jamais que l’incarnation d’une possibilité secrète, d’une tentation q
1444
pas de ces remarques que les trois Églises citées
sont
responsables des trois mouvements totalitaires, mais bien que ces mou
1445
la forme de leur doctrine. Encore le phénomène s’
est
-il limité aux grands pays. Les États balkaniques orthodoxes ne sont p
1446
grands pays. Les États balkaniques orthodoxes ne
sont
pas communistes ; les États scandinaves luthériens ne sont pas nation
1447
communistes ; les États scandinaves luthériens ne
sont
pas nationaux-socialistes ; la Belgique catholique n’est pas fasciste
1448
nationaux-socialistes ; la Belgique catholique n’
est
pas fasciste. 68. Sur la distinction, d’une importance capitale, ent
1449
fs ; selon Marx, tout vient des bourgeois… Ce qui
est
certain, c’est que l’invention du système est antérieure de plusieurs
1450
qui est certain, c’est que l’invention du système
est
antérieure de plusieurs siècles à la Réforme, et son triomphe postéri
1451
faut des remèdes ou une opération. Et les remèdes
sont
souvent composés de poisons…
1452
dence la marque des années au cours desquelles il
fut
écrit et dit. Cependant, je ne l’ai guère modifié. (Quelques pages on
1453
nt, je ne l’ai guère modifié. (Quelques pages ont
été
coupées, parce qu’elles contenaient trop d’allusions à des incidents
1454
ais historique, des maladies que j’étudiais. Ce n’
est
point que je considère mes essais comme assez abstraits pour s’appliq
1455
elle époque de l’histoire. Mais, au contraire, je
tiens
la situation présente pour essentiellement identique à celle de l’ent
1456
de l’entre-deux-guerres. Le danger totalitaire n’
est
pas moindre, les erreurs du marxisme stalinien ne sont pas corrigées,
1457
pas moindre, les erreurs du marxisme stalinien ne
sont
pas corrigées, le régime bourgeois-capitaliste subsiste dans beaucoup
1458
ques-uns de nos adversaires les plus bruyants ont
été
abattus, il est vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais d’envah
1459
adversaires les plus bruyants ont été abattus, il
est
vrai. Mais leur esprit menace plus que jamais d’envahir à la fois leu
1460
, en Belgique et en Suisse, principalement), il s’
est
dissout et dispersé pendant la guerre. En tant que doctrine, je serai
1461
persé pendant la guerre. En tant que doctrine, je
serais
tenté de dire qu’il a subi le même destin ; mais la dispersion des id
1462
aliste, son esprit, ses mots-clés, et ses hommes.
Soit
qu’il s’agît dans quelques cas précis d’influences personnelles exerc
1463
fluences personnelles exercées par nos militants,
soit
que la situation dictât des réactions fort analogues à celles dont ét
1464
dictât des réactions fort analogues à celles dont
étaient
nés nos groupes, il est certain que la Résistance européenne redécouv
1465
alogues à celles dont étaient nés nos groupes, il
est
certain que la Résistance européenne redécouvrit bon nombre de nos po
1466
e tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous
sommes
bien loin de nous sentir dépossédés par cette mise dans le domaine pu
1467
s’éveillent à certain ordre de réalités que nous
tenions
dès le début pour décisives. Le personnalisme s’est formé dans l’atmo
1468
s dès le début pour décisives. Le personnalisme s’
est
formé dans l’atmosphère philosophique définie par les noms de Kierkeg
1469
gagement et notre conception de la personne comme
être
à la fois libre et engagé, contrebattues de tous côtés et peu compris
1470
s de tous côtés et peu comprises avant la guerre,
sont
devenues comme on sait le pont aux ânes d’une école dont on parle bea
1471
n parle beaucoup. (Je ne vois pas cette école, il
est
vrai, bien engagée dans le drame politique du siècle : mais elle ne p
1472
commencent à « prendre ». Et peu importe qu’elles
soient
ou non de notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préco
1473
ssent dans le sens que nous préconisions. Quelles
sont
les perspectives du personnalisme en l’année 1946 ? Les faits ont con
1474
nous apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’
est
constitué en force autonome et occupe aujourd’hui le pouvoir. Le mouv
1475
se entre l’Amérique et la Russie ? Mais les faits
sont
des preuves ambiguës. Et de même qu’ils ne peuvent prévaloir contre l
1476
ce ou de doute. Quoi qu’il arrive demain, je m’en
tiens
, pour ma part, au pessimisme actif qui inspira ces essais. 1. Citon
1477
ugmans : « Le mouvement personnaliste néerlandais
est
né dans un camp d’otages, dans un séminaire transformé en prison, à S
1478
Pendant des mois, ils travaillèrent… La doctrine
était
là, « invisible et présente ». Il fallait la préciser. À ce moment-là
1479
cessaire… Avant la guerre, le mot personnalisme n’
était
connu en Hollande que d’une petite minorité d’intellectuels francophi