1 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 1. L’engagement politique
1 que, ses décrets, ses brimades, représentent dans notre siècle un monstrueux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus d
2 moins pour sauver le monde que pour accomplir les devoirs du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là d
3 sait plus le prendre au sérieux. Gardons secrets nos élans vertueux. Il vaut mieux faire plus qu’on ne dit, et si l’on fai
4 ne dit, et si l’on fait peu, ne rien dire. Voici notre désordre. On ne peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemm
5 changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se doit de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa
2 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 2. Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
6 njeu d’une partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec
7 partie aussi mal engagée que celle que doit jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté
8 e pesant des considérations qui suivent. Dire que notre époque a renversé toutes les valeurs, c’est trop peu dire. Elle les a
9 xpression, dans un certain sens, est fort exacte. Nous vivons à l’époque de la plus juste pénitence des intellectuels. Ils o
10 vent dans l’ignorance des nécessités pratiques de notre ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les autres. L
11 ne sont point trop encourageantes. Ne les voyons- nous pas, pour cette importante entreprise, faire appel à toute la rigueur
12 dans son lit. Certaines réalités se rappellent à nous avec un sérieux décisif, et qui coupe court aux dernières pirouettes.
13 se peut que cela dispense de porter sérieusement nos angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rie
14  ? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus, nous l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditi
15 liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez nous , se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien l
3 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 3. Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
16 tiale sur l’homme. L’homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni ange ni bête, on se plaî
17 est ni ange ni bête, on se plaît à le répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaien
18 e moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul devoir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rec
19 l devoir des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seu
20 ratiquement et spirituellement, il n’y a pas pour nous de tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nou
21 gente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nous puissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons a
22 rave, et c’est la seule à laquelle nous puissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons aucune autre pui
23 uissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons aucune autre puissance. C’est dans cette recherche d’une
24 ncer à être un homme. La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et devant lesquelles on se courbe parce qu’ell
25  nécessités historiques » qui, selon l’opinion de nos maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, dans
26 la crise finale s’appelle dictature, réside dans notre culte du « pratique », dans la confiance naïve que nous donnons aux t
27 ulte du « pratique », dans la confiance naïve que nous donnons aux techniciens. Je distingue dans ce culte le premier temps
28 ue les opportunistes. Ces faits bien établis — et nous y reviendrons d’une manière plus concrète à propos de situations préc
4 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 4. Pour une politique à hauteur d’homme
29 vivre sur des mots d’ordre « progressistes » que nos enfants mettront au nombre des superstitions les plus étranges du siè
30 rement responsables. Mais prenons garde de borner notre vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce ballet si ma
31 s n’est pas dans un organisme de contrainte, mais doit être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas,
32 llement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société
5 1934, Politique de la personne (1946). Introduction — 5. En dernier ressort
33 nspire au clerc l’action publique, je pense qu’il doit le surmonter en premier lieu pour se défendre ; en second lieu pour s
34 on dire, des intérêts de la pensée protectrice de notre condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces motifs
35 oire en un modèle à quoi les hommes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’homme peut imagi
36 dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la puissance, la vérité
37 tique, et il voudrait que la Pensée s’en mêle. Il nous parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais i
38 tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il nous laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se pose ces questions-là,
39 humains. On n’agit pas humainement si l’on ignore notre vraie condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde est justement
6 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — I. Destin du siècle ou vocation personnelle ?
40 un de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’expression plus
41 ession plus juste, pour qui se borne à considérer notre époque et les doctrines infiniment contradictoires qui s’affrontent a
42 désordre et la contradiction. L’argent règne sur notre monde, comme une puissance occulte et pourtant méticuleusement tyrann
43 crets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on nous parle du « désarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si
44 bien loin d’être l’histoire d’un progrès continu, nous apparaît plutôt comme une solennelle dégringolade, une contagion de d
45 vertement reconnue, dénoncée et battue en brèche. Notre époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’e
46 udain devenu flagrant. Il promène par les rues de nos villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage
47 s ! Sur le plan de la connaissance désintéressée, nous ne trouvons jamais aucun principe qui unifie. Mais, au contraire, dès
48 principe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de
49 cipe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’hom
50 mplifie aussitôt ; et si, faisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel, en face des destins col
51 aisant un pas de plus, nous posons la question de notre destin personnel, en face des destins collectifs, le choix nécessaire
52 c une netteté qui, je le répète, est la chance de notre époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
53 . Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insis
54 ste sur le mot simple, qui me paraît caractériser notre siècle. On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répèt
55 ut, je le sais bien. On répète que les événements nous dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pa
56 pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que nous connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la significatio
57 sonnement que nous connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la signification réelle. C’est l’argument des gens
58 l’argument des gens en place qui, chaque fois que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : attention !
59 que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : attention ! le problème est plus complexe ! Non, les prob
60 e vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que nous connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des
61 et que nous connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Tr
62 connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Trop souvent il
63 es d’évasion dans la complexité. Trop souvent ils nous ont mis en garde contre un « certain esprit simpliste », qui est, au
64 l’esprit de décision et d’engagement concret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexit
65 oncret dont nous avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne s
66 ons de nous réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autan
67 prendre une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été
68 re une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop
69 sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des profess
70 tres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des professeurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’inso
71 e l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements nous réveillent brusquement. Maintenant, il va falloir choisir. La pensée
72 oix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne nous en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du s
73 e : l’expression est courante, mais suspecte9. Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces
74 nte, mais suspecte9. Si nous y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et sièc
75 siècle, contient peut-être le secret du mal dont nous souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple
76 César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’êt
77 de nous a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude particu
78 à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de nos jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d
79 ante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand nous disons : le siècle, le xxe siècle, par exemple, nous entendons par l
80 disons : le siècle, le xxe siècle, par exemple, nous entendons par là une réalité historique très composite, très générale
81 personnes, de quelques génies, par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du pr
82 par exemple. Quand nous disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du capitalis
83 ns. Et, je le répète, pour que ces ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les consid
84 s ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités auto
85 onomes, possédant leurs lois propres, échappant à notre domination et poursuivant, en dehors de nos prises personnelles, leur
86 t à notre domination et poursuivant, en dehors de nos prises personnelles, leur évolution fatale, leur destinée. Autant dir
87 évolution fatale, leur destinée. Autant dire que nous avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles
88 es divinités presque toujours menaçantes, et dont nous essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les
89 abitudes, les intentions secrètes, — les destins. Notre siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemm
90 rstitieux au dernier degré. La grande majorité de nos contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas. Mai
91 ibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nou
92 te de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier
93 x, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités,
94 ombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons- nous pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, p
95 ion publique et la presse, auxquelles nul d’entre nous n’échappe, ni ne songe à échapper. La classe et la race : voilà peut-
96 le. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que nous prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les
97 nes principales sont l’Histoire et la Sociologie. Nous trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits
98 nt ces prémisses ? La principale, c’est que toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expli
99 incipale, c’est que toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière su
100 toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre app
101 ratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre appartenance à une classe déterminée. Hitler, selon Trotski, s’expliq
102 port à l’homme, ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire
103 les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire croire que l’homme n’est rien, mais moins que rien, et que tout
104 des lois générales et historiques qui échappent à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces r
105 s qui échappent à notre volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévu
106 oltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il f
107 -mêmes prévues et déterminées par notre classe ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconna
108 it-il, quand il adore tout ce qui veut sa perte ? Nos camarades marxistes ou racistes ont bien vu le danger. Mais ils en ti
109 . Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au dét
110 s le savoir, ils nous enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonn
111 e et le suicide. L’élan qui jette des millions de nos contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’un
112 iciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils nous répondent, avec raison, que leur action n’a pas les apparences d’une
113 structive que bien des jeunes bourgeois railleurs devraient leur envier. C’est juste. Aussi bien la question revient-elle en défi
114 du terme, la seule chose qui intéresse chacune de nos vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrê
115 sociales, sont toujours justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur
116 s justes, dans la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exacteme
117 bles et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre dégénérescence. Le philosophe Léon Chestov disait un jour à quelques
118 ne, ils poussent le monde dans la direction où il doit tomber fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-êtr
119 e pas croire qu’ils aient le droit de disposer de nos vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominen
120 e suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans
121 ire, sans exagérer, que les journaux disposent de nos vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute guerre
122 s perdraient beaucoup de leur violence. Sans eux, nous ne saurions pas grand-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions
123 d-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions- nous un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais s
124 peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose d
125 s de nos vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la
126 rnaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’arg
127 e de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est to
128 se. On s’indigne du nivellement universel, à quoi doit aboutir le communisme. On raille le caporalisme des jeunes miliciens
129 ralisme des jeunes miliciens en chemise brune. On nous dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appar
130 e monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre
131 ent, devait désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal du siècle ». L
132 ait une erreur insondable que de voir le salut de notre époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus
133 désormais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse
134 mais un fait acquis, une réalité économique. Nous devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse solidai
135 Oui, le destin du siècle, le destin des ismes ne nous laisse rien prévoir d’autre qu’un monde chaotique hautement organisé,
136 le pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il nous importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux ma
137 dégager le choix, la décision que chacun d’entre nous peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historiq
138 , je crois, en définitive, la question simple que nous pose l’époque. Vous avez pressenti le parti que j’embrasse. Il me res
139 ux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur nous . Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore leur échapper. Les nier
140 La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et nous assistons à leur vengeance. Le spiritualisme les a déclarés vulgaires
141 ils ont la vie dure, et que le mieux à faire pour nous , c’est encore de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est p
142 ollectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée
143 avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui es
144 que la société doit être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de
145 ories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des
146 t sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons- nous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de s
147 dignité, leur raison d’être personnelle ? Voulons- nous être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l
148 d’ailleurs qu’est-ce que cette personne, dont on nous parle tant depuis quelques années ? Permettez-moi de renverser la que
149 et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend nous courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’
150 répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc, nous dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophiq
151 à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalit
152 , l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reç
153 ne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même
154 u aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particuliè
155 me toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnel
156 nc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnelle. Personne et vo
157 du Christ et il les a complètement perverties. On nous a présenté cet amour du prochain comme un sentiment bienveillant, une
158 té. On a transporté dans l’histoire cet amour qui doit être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence
159 ssent la personne, mais aussi ce que Jésus-Christ nous ordonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulure
160 en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de nous , peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nou
161 ueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nous est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin
162 né de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin personnel et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y
163 nnel et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révol
164 le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans notre monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle, lui seul atte
165 , lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en nous , qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et
166 à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peuvent b
167 lois historiques et révolutionnaires peuvent bien nous servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passi
168 refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètr
169 guments au service de nos passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
170 Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de notre être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son des
171 mystère devant lequel je vous laisse maintenant. Nous ne rencontrons personne au monde, avant d’avoir rencontré Dieu. 7.
7 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — II. Personne ou individu ? (d’après une discussion)
172 ous parlez beaucoup de la personne… De mon temps, nous disions : individu. Les termes changent, selon le cours des modes, ma
173 disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je vous
174 ont je parle n’a rien à voir avec l’individu dont nous parlait le xixe  ! Le langage courant confond volontiers individu et
175 et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique nous enseigne que la partie n’est pas plus grande que le tout. Ce qui revi
176 ommunistes le soin de s’en réjouir. Si maintenant nous définissons la personne comme une vocation créatrice, la situation se
177 es personnes. Privé de toute dignité mystique, il doit devenir un simple organe d’économie et de distribution des tâches ser
178 ons philosophiques, voire même théologiques… mais nous en parlerons une autre fois. Deuxième question. — Qu’est-ce que cela
179 ée à un homme, — une parole que Dieu lui adresse. Nous en avons le type le plus pur dans la vocation des prophètes. Tout hom
180 désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il doit défendre contre l’empiètement des lois trop générales. 2. Mais on me
181 is l’accorder sans de fortes réserves. L’Évangile nous apprend que Dieu s’adresse à tous les hommes, croyants ou non. Je pen
182 s une vue rationaliste du monde. Dans la réalité, nous voyons, au contraire, que les vocations reçues s’insèrent naturelleme
183 as celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne nous laissons pas envoûter par l’exemple des dictatures ! L’ordre extérieu
184 l veut, nul ne sait où il va. Mais c’est Dieu qui nous dit cela, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observat
185 Mais c’est Dieu qui nous dit cela, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observations. En fait, l’homme nature
186 a, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observations. En fait, l’homme naturel ne connaît pas l’Esprit, le se
187 ouffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un de nous , et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il se pas
188 Je dis donc que l’Esprit n’est rien d’autre pour nous qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde not
189 n acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde notre personne. La primauté du spirituel, c’est pratiquement la primauté de
190 r le pouvoir créateur, ordonnateur. L’Esprit dont nous parlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus res
191 n. Mais c’est l’Esprit qui vient s’incarner parmi nous . L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 11. Littr
8 1934, Politique de la personne (1946). Première partie. Primauté du spirituel ? — III. Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
192 uite que cette vérité relative subsiste encore de nos jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que n
193 re où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des mo
194 e. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des moments d’indignation en présence de l’hypocr
195 rte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de nous écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous tes
196 Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres, et nous verrons ensuite si tu attaches encore tant d’importance aux ventes de
197 tions marxistes en URSS ne sont guère utiles pour nous fixer à cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transitio
198 ue dans quelques siècles peut-être. Où donc irons- nous chercher ce marxisme authentique ? Chez Marx ? On y trouve tout ce qu
199 ne « marxiste », comme il l’a dit lui-même. Force nous est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, cel
200 nt que l’on expose aux masses. C’est bien lui que nous rencontrons dans toutes nos discussions avec les militants du Parti14
201 . C’est bien lui que nous rencontrons dans toutes nos discussions avec les militants du Parti14, c’est lui qui fait tremble
202 « Vous avez peut-être raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous dis
203 us avez peut-être raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons :
204 re raison dans l’absolu, mais nous nous occupons, nous , de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le mi
205 ns, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre
206 e commencement : donnons du pain à tout le monde. Nous parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce
207 la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution, nous dit-on. Or, cette révolution n’est pas encore opérée en Russie. Nous
208 tte révolution n’est pas encore opérée en Russie. Nous ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se
209 ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se « nier » un jour. (Autosuppression de l’État, au moment
210 croire que ce passage constituera un progrès sur notre état présent. Étant admises les « valeurs » rationnelles, laïques et
211 rdisée de « l’esprit » bourgeois — dont justement nous étions reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirit
212 r le marxisme dans sa période critique virulente. Nous préférons encore le matérialisme le plus plat et le plus grossier, ma
213 ntre l’action et la vie spirituelle, qui est pour nous l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précédence évoque
214 manence. Au fond du débat précédence ou primauté, nous retrouvons le débat immanence ou transcendance, c’est-à-dire une oppo
215 une distinction importante que j’aurais peut-être faire plus tôt. Quand nous disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a p
216 e que j’aurais peut-être dû faire plus tôt. Quand nous disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a pas le même sens temporel, h
217 bsolue. Primauté éternelle et non pas temporelle. Nous touchons ici à la divergence irréductible qui existe entre la concept
218 e la croyance à la période de transition résume à nos yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens et les marxistes croient
219 et les marxistes croient à une succession, là où nous croyons à une simultanéité. Les marxistes croient que l’homme primiti
220 a sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit préparer lui-même la venue. Nous croyons, au contraire — mais ce n’es
221 illenium dont il doit préparer lui-même la venue. Nous croyons, au contraire — mais ce n’est pas exactement le contraire — q
222 s le temps une précédence, des stades successifs. Notre réalité est dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous
223 s une dialectique simultanée, non pas successive. Nous pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels
224 pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mai
225 ne ne date en effet que de 1932. 17. Affirmation due à P. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet auteur veut « commencer par
226 iteurs. Malheureusement pour M. Nizan, l’histoire nous apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens to
227 mi les cheminots seraient bien en peine de vivre. Nous ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque nous affirmons
228 rlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque nous affirmons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer
9 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — IV. Ni ange ni bête : ni gauche ni droite, (Fondements théologiques d’une action politique)
229 mique des bien-pensants, il n’existe guère, parmi nous , de théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût
230 conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique
231 une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politiqu
232 enne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens é
233 endu qui s’institue partout entre la politique et notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les fins,
234 dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, est cependant inséparable
235 tiques. S’il rejette les partis pris, c’est qu’il doit sans cesse, à nouveau prendre parti. Comme le réactionnaire, il veut
236 ux. Comme le marxiste, il sait que sa doctrine ne doit pas se borner à interpréter le monde, mais doit plutôt le transformer
237 e doit pas se borner à interpréter le monde, mais doit plutôt le transformer. Seulement il sait que cette transformation s’a
238 me, par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes
239 dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comm
240 e d’être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un sy
241 ue ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout, jamais un succ
242 rtout, jamais un succès politique ne pourra, pour nous , se confondre avec un progrès du salut. Principe d’une politique du p
243 ectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours
244 ler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est
245 devant Dieu. Non seulement le chrétien pourra et devra collaborer avec tous les « mouvements » politiques qui revendiquent l
246 r rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfaisante e
10 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — V. Sur la devise du Taciturne
247 VSur la devise du Taciturne Faisons- nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la
248 urne Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le para
249 alité même. Car la réalité est précisément ce qui nous met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relati
250 é proprement aveuglante et même insupportable, si nous n’avions le Christ, seul méditateur et seul espoir, seulement accessi
251 la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de nous . Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétie
252 onde chrétien, parce qu’elle est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimo
253 est le signe même de notre condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots contra
254 on. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots contradictoires l’antinomie hors de laque
255 constructive reste vaine, évasive et mortelle. «  Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction po
256 ine, évasive et mortelle. « Nous sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend p
257 iste abandonne à lui-même un monde qui ne saurait nous offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcend
258 ° L’hérésie optimiste constate au contraire que «  nous sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque
259 e chose », mais elle oublie que ce quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous de
260 quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royau
261 vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie
262 rien pour notre salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie que ce
263 e Royaume sur la terre, mais elle oublie que cela nous est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les E
264 use, comme le marxisme, l’antinomie spécifique de notre condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans le je
265 ibre final, morne réplique du millenium chrétien. Nous voici donc en face de deux solutions synthétiques « possibles », impo
266 s « possibles », imposantes, établies. Qu’aurions- nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « 
267 , établies. Qu’aurions-nous à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous ren
268 dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu
269 ières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour nous que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actua
270  ; mais les résultats terrestres de cet effort ne nous mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’être eux-
271 t tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui nous assure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action ne se
272 n paix à ses déterminations physiques et morales. Doit -on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre
273 e. Mais ce n’est pas ici du concept de la foi que nous parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capa
274 éder dans la durée ; elle « survient », et jamais nous ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ;
275 ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevon
276 tion ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des ho
277 et c’est alors un ordre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d
278 Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que notre politique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Ora
279 est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les d
280 s sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec tou
281 ns de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre
282 nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos d
283 nt les dieux que nous nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce s
284 us nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’
285 c toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’homme fait à son imag
286 me, par son paradoxe, une espérance qui se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous
287 se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout espo
288 -à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout espoir, parce qu’elle espère en u
289 est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qu
290 in d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes
291 s idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes défaite
292 ue des ultimes efforts et des ultimes défaites de notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tou
293 notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré
294 is aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré sans partage ! On ne peut p
295 peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il nous délivre. On ne peut pas adorer Dieu et la nation, Dieu et l’argent, D
296 visoires qu’il dispense. Une politique chrétienne doit d’abord condamner toutes les « solutions » que nous avons divinisées,
297 it d’abord condamner toutes les « solutions » que nous avons divinisées, toutes les idolâtries flatteuses ou basses ou génér
298 tes farines, révolutions qui prétendraient fonder notre salut sur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations, nous les déc
299 ur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations, nous les déclarerons au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit de
300 me, hors celle de la révolution ? Quand bien même nous aurions des raisons dogmatiques d’admettre le régime et les pouvoirs
301 e régime et les pouvoirs régnants, le conformisme nous est pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont abso
302 mme un rappel de la seule grandeur transcendante. Nous ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absu
303 e la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui nous paraît la « défier ». ⁂ Que faire donc ? Briser d’abord les idoles me
304 enaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit. Nous n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à n
305 n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétie
306 dre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le veuill
307 n le veuille. Un certain nombre de compromissions nous sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance
308 », point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu : notre action baigne dans l’« angoisse de l’espérance ».21 21. Expression
309 le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour nous , que parce qu’il y a la foi.
11 1934, Politique de la personne (1946). Deuxième partie. Principes d’une politique du pessimisme actif — VI. Note sur un certain humour
310 l soit n’est rien, en regard du péché dont la foi nous délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel est le sens des échecs
311 de vous mettre en souci pour les humains tels que nous les voyons : ils se moquent bien de vos sollicitudes » ! Un chrétien
312 i l’a jeté dans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂ Notre enjeu est ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme n
12 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VII. Comment rompre ?
313 e, de l’Église, le désordre se trouve « établi ». Notre jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est co
314 mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un a
315 de nous faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du mon
316 pect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde. Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerr
317 Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toute
318 e et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons
319 açante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savon
320 e ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où
321 si lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dé
322 préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de nous un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels24. Non
323 anons. Bien moins encore que tout cela, attendons- nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doc
324 ien moins encore que tout cela, attendons-nous de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctrines
325 doctrine sociale opposée aux doctrines régnantes. Nous n’attendons rien d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à dé
326 sme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simplement
327 aient été introduites dans le monde par Dieu, que nous aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrio
328 mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « force
329 ge à l’Amérique moderne, la grande Imposture dont nous avons à dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles
330 permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne nous excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque
331 désordre, et plus encore dans son établissement, nous trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le
332 s le langage du bonheur terrestre. La rupture que nous voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le probl
333 voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’es
334 scours chaleureux du Père de la Brière27 voudrait nous enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dan
335 ère lance un vibrant appel aux écrivains : qu’ils nous écrivent des romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50 000 fra
336 t de l’esprit à ce dérèglement. »31 Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme u
337 . »31 Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme une force positive contre une fo
338 Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne dois pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je
339 s pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois  ! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et nunc. La politiq
340 de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église doit -il rester de porter sur le monde un jugement permanent et enseignant 
341 , étant la rupture de toute durée. Mais dès lors, nous savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enje
342 cette seule Rupture effective surpasse absolument nos forces, en même temps qu’elle en exige tout : c’est la conversion.
343 ésespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est nous qui soulignons. 31. Ibid., p. 170.
13 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — VIII. Humanisme et christianisme
344 prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui nous occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nou
345 lle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nous , une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de
346 contemporaines ?33 L’une des caractéristiques de notre temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les q
347 de mettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiq
348 ettre en question les questions elles-mêmes. Nous nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiques a
349 loin, cherchons donc à serrer les deux termes de notre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous fau
350 otre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le t
351 chons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme,
352 e, en France, à désigner la culture gréco-latine. Nous n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités.
353 ntendu, à discuter ici la question des humanités. Nous prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qu
354 uel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’op
355 mme si la vie était le bien absolu. C’est ici que nous entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera
356 vice et de sacrifice qui, dans tous les domaines, doit faire de lui un révolutionnaire, un fou d’abord et non pas d’abord un
357 e est misérable, si l’on songe que ce « paradis » doit être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentai
358 éfiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut nous fournir un autre exemple. Un chrétien qui s’écrie : c’est providentie
359 ussé jusqu’aux réalisations effectives que semble devoir commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritab
360 main. Le communisme est le véritable humanisme de notre temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustr
361 -dire : qui concerne « l’existence » de chacun de nous , en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une décis
14 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — IX. Antimarxiste parce que chrétien
362 ’est simplement pour souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une
363 simplement pour souligner l’impossibilité où nous nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une locu
364 s, il m’est arrivé de « sentir communiste ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à a
365 e ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à accepter, à prendre sur soi et assumer en
366 nce matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous , nous t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capita
367 térielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous, nous t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capitaliste
368 r en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent nous le faire croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il est puremen
369 inconscient. C’est là une illusion de moraliste. Nos actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits pour Dieu, c’est
370 hypocrisies que ces moralistes ont décelées dans nos beaux sentiments, toute cette critique reste valable quand on se limi
371 es de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maintenant la divergence plus
372 d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si nous formulons maintenant la divergence plus profonde, l’ultime et crucial
373 , c’est d’organiser cette vie-ci pour elle-même : notre règne arrive ! Mais les chrétiens le savent-ils encore ? Savent-ils e
374 able de la vie et de la mort, ce commandement que nous avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet éta
375 que nous avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme,
376 ts. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que nos bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clairement. Nous av
377 guement chrétiens s’en rendent compte clairement. Nous avons longtemps cru que le « point de vue mystique » pouvait servir à
378 servir à la vie dans le monde, même sans la foi. Nous avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi
379 e belle taille, et que désormais le fait marxiste nous dispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de v
380 peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si nous sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme n
381 igence du christianisme, le marxisme ne peut plus nous apparaître comme un problème difficile, une tentation ou un appel à l
382 plus que le défi que l’humanisme total adresse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme
383 humanisme total adresse à notre christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme. Je crois que toute a
384 itude a provoqué l’inévitable et juste révolte de nos camarades athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui com
15 1934, Politique de la personne (1946). Troisième partie. Idoles — X. Fascisme
385 e qu’elle s’élève contre un fait dont malgré tout nous ignorons la pleine signification humaine : le fait fasciste étant ava
386 ine : le fait fasciste étant avant tout national. Nous ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allemands, ni le fascisme comme
387 des Allemands, ni le fascisme comme des Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de
388 des Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposé
389 Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposée dan
390 thode de gouverner imaginairement transposée dans nos mœurs. Personne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que serait un
391 d savoir ce que serait un fascisme français, mais nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que nous baptisons « un fasc
392 nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de «
393 e que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet in
394 sément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais nous voyons trois peuples occidentaux obéir à des déterminations guère plu
395 de la vie multiple du pays. Cet exemple est pour nous d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasci
396 . La comédie spiritualiste, que le fascisme croit devoir jouer pour entraîner les classes moyennes, est un danger plus grand p
397 umanisme fasciste et le culte des héros sont pour notre personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme déclaré. C
398 péril fasciste présent ? L’expérience hitlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne
399 tlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’ordre ecclésiastique, c’est l’
400 italien jouissait encore de toutes les faveurs de nos droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’invita
401 rsécutions hitlériennes contre les Juifs auraient s’indigner aussi des persécutions soviétiques contre les chrétiens, e
402 tal, les raisons dernières du choix que chacun de nous va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 47. Des considérations
16 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XI. D’un Cahier de revendications
403 le ? Il semble que la solidarité du péril crée en nous une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus
404 tte vue qu’ont été réunies — rapidement, car tout nous presse — les déclarations que l’on va lire. Suivaient onze « témoign
405 entai d’analyser dans les conclusions que voici. Nous sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et com
406 s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour nous , entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire,
407 imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeure
408 ugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de nos cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop s
409 e de tout le mal ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pou
410 ? Telles sont les composantes de notre situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de
411 ant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de nous battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerr
412 x » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons- nous  ? pour qui ? Il y a la misère présente : pour quoi la supporterons-no
413 a la misère présente : pour quoi la supporterons- nous  ? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni un refus des tâch
414 terme, et aussi à son sens de misère qui appelle. Nous ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-
415 audrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On nous donne à choisir entre un régime bourgeois odieux, raté, dont beaucoup
416  et d’autre part une espérance, une utopie, qu’il nous est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons
417 impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute r
418 de cela justement que, dans le désordre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel.
419 rdre régnant, nous détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel. Comment penser — si penser est insépa
420 aie. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous . Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réal
421 i à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité éc
422 auche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe
423 les révolutionnaires non marxistes. Mais comment nous laisser convaincre par une réussite matérielle, temporaire, et d’aill
424 eurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’h
425 nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se h
426 hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher. Nous jouerons tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proche
427 révolution vraie. Les catastrophes sont proches. Nous ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si
428 en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS. Nous ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Henri Lefebvre, la s
429 onflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas les nôtres , qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la cond
430 pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tou
431 d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tout cela. Entre le c
432 atries personnalistes. Mais où sont les motifs de notre choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous impor
433 ’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous importe concerne l’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’e
434 ojection du conflit de la personne. Les marxistes nous accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la no
435 si « ces faits sont les faits » comme on voudrait nous le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre
436 l’acte toute efficacité créatrice et par là même doit être dénoncée comme antirévolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’o
437 de la statistique. Mais les marxistes répugnent à nous suivre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à n
438 ain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à nos « rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est-ce un opportun
439 écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de nos intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les main
440 illions de membres, sévèrement contrôlés. « Mais, nous dit-on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’a
441 es s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. » Nous avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fata
442 isamment analysés. Les faits, demain, seront pour nous . L’Ordre nouveau , Esprit , travaillent dans la ligne des forces ré
443 ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que nous . Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs
444 ccumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres , mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes
445 urs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes contre le c
446 la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de nos doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui
447 tent que du pain, finalement n’en donnent jamais. Nous avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte cont
448 auxquelles se maintient le désordre établi. Mais nous allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point o
449 te-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homm
450 térialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n
451 rises, des nations, les intérêts (?) du monde. On nous demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mo
452 de la révolution nouvelle. Ici ; je ne dirai plus nous mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-v
453 mble. Loin de moi la pensée que par des arguments nous pourrons triompher d’autre chose que d’arguments. À l’effort admirabl
454 nt la grandeur des luttes élémentaires, n’aurions- nous à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendro
455 ue « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est g
456 e trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de pe
457 de penser juste. La vérité ne peut exister parmi nous que sous la forme d’une accusation personnelle. Il faut savoir entend
458 e ?) 52. Le succès du communisme serait-il « de nous rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nun
17 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XII. Communauté révolutionnaire
459 XIICommunauté révolutionnaire L’époque où nous vivons cherche la paix comme d’autres ont cherché la puissance, ou l’
460 ’est pas une occupation, ni un but. Du moins pour notre civilisation, elle n’est rien que l’absence obsédante de la guerre. T
461 nnu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si nous le répétons, c’est afin d’insister, une fois de plus, sur cette absen
462 e vivant d’unité et d’union, qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette care
463 qui est la marque de notre temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas
464 que dans le système parlementaire. C’est pourquoi nous considérons le communisme comme l’agent le plus perfectionné de la dé
465 plus perfectionné de la désagrégation atomique de notre monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de
466 tice. Ces simplifications résument des études que nous avons, ailleurs, poussées dans le détail53. Elles nous permettent de
467 avons, ailleurs, poussées dans le détail53. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous per
468 dans le détail53. Elles nous permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa
469 de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa réelle et pratique importance, dans l’o
470 me en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait comment cette notion a passé dans les mœur
471 rnité véritable. Elle introduisait en effet, dans notre monde tel qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la com
472 mépriser. Ainsi, la revendication égalitaire, qui devait dans l’esprit des théoriciens supprimer les conflits en supprimant le
473 un espoir fondé sur la réalité humaine telle que nous la constatons parfois réalisée, alors que l’utopie individualiste fon
474 es utiliser. Telle est la formule fondamentale de notre politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’est qu’
475 i seront à la base de la vie sociale quotidienne. Nous n’établissons pas de distinction théorique et inopérante entre la vie
476 nopérante entre la vie privée et la vie publique. Nous n’avons pas deux morales. Et tout ce que nous disons sur la morale so
477 ue. Nous n’avons pas deux morales. Et tout ce que nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit
478 Et tout ce que nous disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit en institutions économiques par ex
479 n bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour nous , la liberté ne consistera jamais dans la suppression des obligations,
480 de la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme. Nous savons bien que ce mot introduit une équivoque grave. Les fascismes r
481 rand bien de l’État. Cette inversion flagrante ne nous empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son
482 antagonismes. La paix, l’ordre, la solidarité que nous voulons se fonderont sur cette affirmation antiégalitaire, personnali
483 rop simple pour les évasifs et les désespérés qui nous entourent ? Est-ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « thé
484 ent si bien l’empêcher d’en user ? Sans doute. Et nos « valeurs » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous
485 » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, n
486 seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des
487 Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On n
18 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIII. Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
488 s autres. Elle prétend agir à l’encontre de toute notre expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’êtes ri
489 ismes » n’ont pas plus d’effet, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise
490 t, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vo
491 ’étaient pas « philosophiques » au même titre que les nôtres . Nous revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover
492 « philosophiques » au même titre que les nôtres. Nous revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover. Ce q
493 signifie : vous cherchez la vérité politique, et nous , nous voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque cho
494 fie : vous cherchez la vérité politique, et nous, nous voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose d’é
495 e chose d’électoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de l
496 lectoral. Être « objectif » Dans nos plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur producti
497 leur production, répartition et usage humain, et nous en parlons objectivement, mais non sans parti pris. Et voilà qui para
498 coup un paradoxe bien irritant. Le parti pris que nous affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ra
499 t bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’homme et à ses intérêts humains. Quel homme ? Le me
500 on ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre. Nous parlons humainement des choses les plus pratiques… Mais eux, ils veul
501 umergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que nous sommes objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu
502 se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils nous traitent d’utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard
503 t ». C’est donc par les facteurs spirituels qu’il nous faut commencer la mise en ordre du monde moderne. Importance d’une dé
504 e définition de la personne. Toute la tactique de notre révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bien-pen
505 de sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel nous est prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La
506 se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui prévoient les
507 ais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui prévoient les déformations nécessaires de l’
508 t pu tout aussi bien se passer des théoriciens… «  Nous avons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » « Nous avons l’URSS
509 ons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » «  Nous avons l’URSS, à quoi sert Marx ? »… Le peuple souverain On devr
510 quoi sert Marx ? »… Le peuple souverain On devrait , dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de
511 n réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses réce
512 ais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons- nous qu’il conforme sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne sont p
513 ssurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement » de nos ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apocalyps
514 règne qu’ils préparent ne va-t-il point porter à notre audace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là notre plus belle
515 dace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolu
516 oint là notre plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il no
517 est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il nous faut craindre, mais bien plutôt que les autres ne meurent bassement d
518 ui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment, notre époque vit sur des données fragiles, éthérées ! La carotte qu’on fixe
519 ne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous nos contemporains, l’avantage d’être comestible. Le mythe moderne du bonh
520 s insaisissable et le plus généralement révéré de nos mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concre
521 domination des compagnies d’assurances étatisées, notre chance « personnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse d’être un
522 our rien connaître de la nature du litige humain. Nous mourrons de la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du
523 s siècles de travail, de sacrifices et de police. Nous connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu pour vivre la p
524 u pour vivre la permission du marxisme orthodoxe. Nous avons eu, depuis quelques années, comme une première vision d’un styl
525  homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui le dé
526 ur une course qui n’aura pas de fin, puisque vous devrez marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce
19 1934, Politique de la personne (1946). Quatrième partie. Problèmes de la révolution personnaliste — XIV. Tactique personnaliste
527 ’ils soient de gauche, du centre ou de la droite, nous les voyons préconiser les mêmes formations de combat, exciter des pas
528 dre aux faveurs du même « peuple » conventionnel. Nous les voyons utiliser la même tactique, pour des visées qui se voudraie
529 r sincérité. Fondés sur cette erreur commune, ils nous reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils dise
530 us reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en
531 au service de nos vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet, d’autre force que la passion
532 ffet, d’autre force que la passion électorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne
533 on électorale. Si nous briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’a
534 t d’autre chose, comme il s’agit précisément pour nous de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critiq
535 moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils nous font est naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort,
536 importance quand les fins sont mal définies. Mais nous visons des buts bien définis : il ne faut pas épauler au hasard. Le g
537 la personne en acte. Pouvoir de la doctrine Nous disons que la force, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage
538 e proposer quelques maximes tactiques déduites de notre position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelques rem
539 essité d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef doit être pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis,
540 iller avec « les masses »62 !) 5. L’ordre à créer doit se manifester dès maintenant comme mise en ordre. Cela signifie que l
541 actuel, mais surtout ceux du régime nouveau. (Car nous ne sommes pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas
542 la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes, un à un, — et les former. (Notre action su
543 atteindre des hommes, un à un, — et les former. ( Notre action sur les masses consiste à dissocier ces masses en personnes re
544 nnaliste, démocratique au mauvais sens du terme. ( Notre personnalisme pourrait revendiquer à juste titre l’usage exclusif de
545 e, comme symbolique de bagarres ultérieures, dont nous ne sommes pas près de sortir ! (1946.) 62. Un seul homme convaincu,
20 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 1. Liberté ou chômage ?
546 1Liberté ou chômage ? Nous entendions l’autre jour, en buvant un café sur le zinc : « Le travail
547 ment mêlées dans les pauvres cervelles citadines. Nous ne manquerons aucune occasion de critiquer dans cette revue71 la mora
548 onde bourgeois prétend fonder la dignité humaine. Nous dénoncerons sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente de cette
549 rticulièrement concret, celui du chômage, bornons- nous à montrer les conséquences fatales d’une erreur à peu près universell
550 té que récemment, à la suite de circonstances que nous préciserons tout à l’heure. Durant plusieurs décades, la production a
551 cessaires du machinisme en régime capitaliste. Si nous examinons les courbes d’accroissement de la productivité par homme de
552 ment de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente et passe, par exempl
553 prévoir ce que réservait l’année 1921. Reprenons notre courbe de productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouve
554 peut bien dire sans précédent dans l’histoire de notre civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contribuer à
555 civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contribuer à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos proc
556 nnelle devrait contribuer à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos prochains numéros, les conclusions pratiques
557 à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos prochains numéros, les conclusions pratiques et les significations ré
558 u contraire la contre-épreuve éclatante de ce que nous venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être co
559 u concret. 73. Après avoir touché à 107 en 1914. Nous utilisons les chiffres donnés par le Federal Reserve Board d’une part
560 e grandit. C’est une des leçons de la crise. 76. Nos écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’une casserole en tr
561 abrication d’une casserole en treize minutes. — «  Nous ferons mieux que l’Amérique ! »
21 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 2. Loisir ou temps vide ?
562 oisirs est née la présente corruption du travail. Notre siècle ne connaît plus ni le travail ni le loisir depuis qu’il a coup
563 loisir depuis qu’il a coupé leurs liens vivants. Nous le voyons se débattre dans une amère contradiction : labeur forcé ou
564 d’esclaves, consternante misère : une misère qui nous rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa me
565 ice, d’isolement et d’impuissance. La division de nos journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérisio
566 l d’un conflit absurde entre deux opérations dont nous avons perdu le contrôle, pour les avoir follement décrétées autonomes
567 sommation. Cette division n’est pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’es
568 pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation p
569 qui n’est pas celle de la condamnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travai
570 damnation portée sur notre race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travail Les nécessités anonymes
571 mes naissent et grandissent à la mesure exacte de nos démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de
572 oisième République, de l’Amérique et des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie
573 e, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pou
574 quer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous.
575 Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous . Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner s
576 partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie. Nous partons de la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cet
577 llement radicale, tellement fondamentale, qu’elle nous interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du commun
578 ier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine. Nous assistons au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne mon biftec
579 ’un libéral voudra bien reconnaître insuffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. U
580 suffisante, nous a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’in
581 té humaine d’utiliser les effets du travail. Mais nous savons le vrai nom du « temps vuide. » et c’est chômage. Tout le mal
582 , car les choses sont toujours plus complexes que nos sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction d
583 dire du travail forcé. (La logique du langage ici nous guide sûrement.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à déc
584 surer ce loisir. C’est créer un monde impensable, le nôtre . Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but 
585 La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à notre génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racine du m
586 intenant évidente : remontant à la racine du mal, nous réduirons d’abord l’erreur rationaliste, la séparation de la « pensée
587 a séparation de la « pensée » et de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risqu
588 r dans le risque total de l’être, qui est l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail,
589 l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création.
590 ir, ce n’est pas la jouissance, mais la création. Nous n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouve
22 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 3. Groupements personnalistes
591 tica fascista déclare à propos du même groupe : «  Nous préférons encore les marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié
592 umaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessa
593 rialisme dialectique.) « Primauté du spirituel », nous retrouvons cette affirmation dans la revue Esprit. S’agit-il là, enco
23 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 4. Qu’est-ce que la politique ?
594 s, vont mal. Ainsi parle un grossier bon sens. 2. Nous voyons aujourd’hui un nombre grandissant d’intellectuels proclamer av
595 indre, dont ils avaient toujours usé, entraîne le devoir de modifier la situation dont ils se plaignent. Conséquence pour eux
596 e donner, non sans maladresse, avant d’assumer un devoir qui paraîtrait, en temps normaux, incomber à tout homme normal, révèl
597 intelligent, honnête et doué de sens critique, se devrait en tout temps de participer à la chose civique ; mais on sent aussi q
598 litique, telle qu’elle est conçue et pratiquée de nos jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intel
599 e peste, et tous les raisonnements qui voudraient nous y engager sont de misérables sophismes. Mais si la politique devient
600 es sophismes. Mais si la politique devient ce que nous voulons qu’elle soit, la question d’en faire ou de n’en pas faire ne
601 te qu’un honnête homme, et, de plus, patriote, se doit de rejeter tous les partis. Prétendre entrer dans un parti — le moins
602 e l’homme sain qui osera faire leur éloge ! Elles nous présentent chaque semaine dans leurs échos et leurs leaders l’antholo
603 es plaisanteries à tant la ligne la plus propre à nous faire envier la suppression des libertés de la presse. (Si les journa
604 France de véritable idéologie politique. Ce qu’on nous offre sous ce nom n’est qu’un lamentable ramassis de phrases emprunté
605 u’un honnête homme, et au surplus intelligent, se doit de n’y pas tremper fût-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés
606 nverse du désir de ces nouveaux « physiocrates », nous voyons, depuis peu, la politique prendre l’aspect d’un mysticisme, et
607 la théologie pures. 4. Mais — la politique est à nos yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume d’appeler ainsi, qua
608 l’homme se voit entraîné dans la vie civique par devoir , au nom des « intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la
609 es, ou en tous cas, sans commune mesure. 5. Pour nous , personnalistes, c’est tout le contraire : la vraie politique ne saur
610 se trouvent ainsi déterminées. C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons subordonner l’État à la li
611 t en vertu de notre conception de la personne que nous voulons subordonner l’État à la liberté créatrice de ceux qui forment
612 de ceux qui forment la nation. C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons assurer à chacun un « mini
613 t en vertu de notre conception de la personne que nous voulons assurer à chacun un « minimum vital », c’est-à-dire une base
614 c’est-à-dire une base matérielle de départ. (D’où notre définition du rôle de l’État, limité et fort, et l’institution du ser
615 ’institution du service civil.) C’est en vertu de notre conception de la personne que nous voulons restaurer le sens de la mi
616 t en vertu de notre conception de la personne que nous voulons restaurer le sens de la mission nationale des Français. C’est
617 mission nationale des Français. C’est en vertu de notre conception de la personne, enfin, que nous jugeons désirable et fécon
618 tu de notre conception de la personne, enfin, que nous jugeons désirable et féconde la pluralité des vocations, des idéaux e
619 leur fédération sur pied d’égalité. Ainsi encore, notre méthode dichotomique — que beaucoup ont tant de peine à comprendre —
620 la méthode politique par excellence, au sens que nous venons de donner du politique. Elle consiste à faire la part, dans l’
621 pter avec souplesse la technique aux buts qu’elle doit servir. 6. On nous dira : tout cela est bien beau, bien cohérent, — t
622 la technique aux buts qu’elle doit servir. 6. On nous dira : tout cela est bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel
623 s maniaques qu’on nomme des vieux militants. — On nous dira aussi : vous n’êtes que des intellectuels… À ceux qui nous diron
624 i : vous n’êtes que des intellectuels… À ceux qui nous diront cela, je demande : 1° Est-ce une raison, parce que personne au
625 traire pour commettre cette espèce de suicide que nous recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes-nous en pleine cris
626 recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes- nous en pleine crise ? Oui ou non, cette crise couronne-t-elle la « politi
627 ronne-t-elle la « politique » des « réalistes » ? Nous nous adressons à ceux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics d
628 -t-elle la « politique » des « réalistes » ? Nous nous adressons à ceux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics de fai
629 , ni aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2° Nous sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous
630 ommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous servir aussi de notre intelligence pour travailler à met
631 lectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous servir aussi de notre intelligence pour travailler à mettre en marche
632 ans ce sens que nous voulons nous servir aussi de notre intelligence pour travailler à mettre en marche un ordre neuf. Quant
633 mettre en marche un ordre neuf. Quant à ceux qui nous reprocheraient d’être ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’e
634 ants des conditions concrètes de la vie actuelle, nous les invitons cordialement à participer à notre prochaine expérience d
635 le, nous les invitons cordialement à participer à notre prochaine expérience de service civil : remplacer un manœuvre dans un
636 veau régime du travail, voilà l’un des aspects de notre « intellectualisme » ! En vérité, il serait temps que les hommes, dou
637 , la timidité, la puérilité des réformes que l’on nous propose à gauche et à droite. Nous dirons, encore plus simplement, à
638 ormes que l’on nous propose à gauche et à droite. Nous dirons, encore plus simplement, à ceux qui nous reprochent de vouloir
639 . Nous dirons, encore plus simplement, à ceux qui nous reprochent de vouloir une politique vraie, et même intelligente : — C
640 dedans. Mais alors, ne vous plaignez plus. Et si notre mariée vous paraît trop belle, nous la réserverons pour une nouvelle
641 plus. Et si notre mariée vous paraît trop belle, nous la réserverons pour une nouvelle jeunesse. Mais si vous n’aimez pas ç
642 si vous voulez en sortir, réfléchissez, examinez notre doctrine. Et ne vous contentez pas de traiter de « fascistes » des ho
643 viétique lutte contre le divorce, alors que toute notre presse bourgeoise lui fait une publicité tapageuse. Et l’adultère, Me
644 i se garderont-ils d’eux-mêmes de donner à ce que nous disons ici de la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qu
645 de nationalisme autarchique qui est à l’opposé de notre pensée.
24 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — 5. Trop d’irresponsables s’engagent ! (Responsabilité des intellectuels)
646 inition. Ii n’y a pas que du mal à en dire : cela nous a valu quelques œuvres durables, mineures sans doute, mais délicates
647 ieuses. Cependant, les temps ont changé. La crise nous a fait voir soudain que les positions intellectuelles héritées du lib
648 égime de faillite qu’on nomme l’État totalitaire. Nous avons constaté que rien, ni la pensée, ni l’acte individuel, n’est en
649 , n’est en réalité gratuit. Que tout se paye. Que notre liberté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, étai
650 « désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi nous le mot d’ordre : « Défense de la Culture ». Toute la confusion vient
651 te la confusion vient de là. Car la culture qu’on nous propose de défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de
652 i est responsable de la brutalité totalitaire. On nous propose donc de défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène
653 mort, à quoi elle mène nécessairement. Au lieu de nous refaire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxicati
654 nt. Au lieu de nous refaire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher
655 ité. Et cela suffirait bien à définir le sens que nous donnons à ce mot d’engagement. Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se
656 me. Et c’est la pensée libérale. Voyez donc comme nos libéraux se mettent d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’un
657 e de « l’union sacrée » qui vient de souffler sur notre élite en est l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon :
25 1940, Politique de la personne (1946). Ve partie. À la fois libre et engagé — Le protestantisme créateur de personnes
658 ur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la
659 ersonnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la valeur varie si c
660 ro et l’infini, et dont tant d’auteurs incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Depuis une dizaine d’années,
661 raît une tâche d’une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants,
662 pour notre pensée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la pers
663 nsée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tant
664 dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à
665 nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veu
666 qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veut éviter les p
667 mples historiques susceptibles de faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans
668 e faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’individ
669 et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europ
670 lution de l’Europe, et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord
671 et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Contrai
672 s d’abord l’individu. Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine polémique réactionnaire, l’individu n’est p
673 ntrats. Alors que la morale de la tribu dicte des devoirs sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu
674 on parle de droits. Tous les membres de la tribu devaient agir de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et t
675 scient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi
676 us est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de ton e
677 elle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire
678 in, rural et militaire, avec son appareil rigide, devait fatalement triompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vi
679 gide, devait fatalement triompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’individualisme est to
680 langage moderne par le terme de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire c
681 abulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare
682 nt donc comme des paradoxes vivants, et cependant nous savons bien que leur libération et leur service ne sont nullement con
683 dans leur genèse historique, les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vou
684 me chrétien. Ces hases étant posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, pour retomber tout à la fo
685 que de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire
686 e les premiers types d’individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’indi
687 ui va se dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur m
688 irs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien : je ne prétends
689 e vais essayer de vous montrer ce que pourrait et devrait être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont p
690 ont admis d’être présentés comme des novateurs. «  Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions per
691 dmis d’être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personne
692 s sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition simple et fidèle de
693 de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellem
694 une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ, nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des
695 ibue à chaque homme dans Son plan. Notez bien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre
696 droit d’être respecté par l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la
697 iété, à sa juste place. Notons que si la personne doit être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel « 
698 nce ! Calvin précise que l’État, quel qu’il soit, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable, qui f
699 nt empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance le seul texte constitution
700 te contaminé les formes et structures politiques. Nous en verrons quelques exemples un peu plus loin. Quelle fut donc la tra
701 collusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous les trouvons chez un Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et
702 le parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différente. Il ne tombe jamais
703 de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique e
704 de de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’es
705 un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des p
706 mple qui me ferait la part trop belle. Contentons- nous de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la
707 es telles que l’individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il
708 et républiques sont également voulues de Dieu et doivent être obéies comme telles. Une fois cependant il marque une préférence
709 ise, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et conceptio
710 ndition de l’Église et conception de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affron
711 s nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que possible :
712 ces trois États : d’abord parce que ce n’est pas notre sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent
713 e le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ce
714 eurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la
715 », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la disti
716 t à fait différente : une forme d’individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une oppo
717 talité totalitaire et la mentalité calviniste, va nous permettre une confrontation utile des deux doctrines. Je dis bien uti
718 esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n
719 rible pour notre civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en
720 et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en o
721 u’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est décl
722 ue c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le
723 maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout
724 plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Connaître la religion totalitaire, c’est la première conditio
725 ire, c’est la première condition pour éviter chez nous , pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’
726 coup certains dangers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’es
727 elle communauté, reprenons une des catégories que nous définissions en débutant. La religion politique, ou la politique reli
728 nts sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représente l’ordre ? Qui ne voit qu’une telle
729 indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons- nous opposer à cela ? Tout simplement, la force préventive, inattaquable t
730 s, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine dévia
731 ie directe au fascisme, une certaine déviation de notre morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un certain in
732 soi, un certain individualisme, risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fait qu’
733 re indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résistances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’e
734 ils affaiblissent nos résistances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il
735 ous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certain
736 e. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou
737 ertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions- nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le
738 ôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertu
739 ime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de louer la
740 d’individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’hom
741 mme d’abord. À force de louer ses effets humains, nous risquons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalit
742 mé par une éducation et une ambiance protestante. Nous n’en avons que trop, de ces gloires « protestantes », laborieusement
743 n fait que « sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse
744 sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivan
745 bien trempés, se feront de plus en plus rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personna
746 tendance calviniste, est appelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme p
747 ne de résistance au paganisme politique 70. Ceci nous charge d’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire
748 harge d’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons -nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Sim
749 ’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons- nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Simpleme
750 ité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Simplement, mais aussi r
751 e de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre
752 s ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’Ét
753 programme comme tant d’autres, mais bien qu’elle doit marquer en toute clarté certaines limites, et, d’autre part, qu’elle
754 é certaines limites, et, d’autre part, qu’elle ne doit pas hésiter à appuyer certaines revendications conformes au Décalogue
755 Décalogue et à l’esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens du hic et mine chrétien. Or
756 e chrétien. Or il se trouve qu’ici et maintenant, notre situation ressemble fort à celle qu’eut à résoudre la Réforme. Calvin
757 ’une position non point centriste, mais centrale. Nous , de même, reprenons le combat contre l’esprit collectiviste, mais aus
758 viations humanistes de la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocraties vraiment personnalistes. E
759 oublions jamais que l’ennemi qui se dresse devant nous , c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, pa
760 que l’ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de
761 resse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure.
762 devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chré
763 ous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous , par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a
764 cœur. Alors seulement, purifiés et lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient
765 t lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalit
766 notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous , de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, a
767 rce véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seu
768 nt pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la
769 nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise des
770 nos vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à
26 1946, Politique de la personne (1946). Préface pour l’édition de 1946
771 e bourgeois-capitaliste subsiste dans beaucoup de nos démocraties. Que ce danger, que ces erreurs, que ce régime aient surv
772 ne les rend que plus redoutables. Quelques-uns de nos adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais leur
773 taurer un ordre libertaire, personnaliste. Sinon, nous subirons la police imbécile, au service de régimes qui n’osent pas di
774 au contraire. Qu’un Ribbentrop, lecteur assidu de nos revues, ait volé à l’une d’elles le terme d’« Ordre nouveau », aux fi
775 t, surtout aux premiers jours, de quelques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à certaines révisions d
776 ques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à certaines révisions du vocabulaire primitif. Cette mise au
777 cas précis d’influences personnelles exercées par nos militants, soit que la situation dictât des réactions fort analogues
778 éactions fort analogues à celles dont étaient nés nos groupes, il est certain que la Résistance européenne redécouvrit bon
779 a Résistance européenne redécouvrit bon nombre de nos positions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique, et l
780 mbre de nos positions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes b
781 pes de tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de nous sentir dépossédés par cette mise dans le dom
782 donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de nous sentir dépossédés par cette mise dans le domaine public de nos idées.
783 possédés par cette mise dans le domaine public de nos idées. D’autre part, le succès que rencontre aujourd’hui la doctrine
784 prits s’éveillent à certain ordre de réalités que nous tenions dès le début pour décisives. Le personnalisme s’est formé dan
785 erdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers. Notre insistance sur la nécessité de l’engagement et notre conception de la
786 re insistance sur la nécessité de l’engagement et notre conception de la personne comme être à la fois libre et engagé, contr
787 endre ». Et peu importe qu’elles soient ou non de notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préconisions. Quelles
788 notre marque, si elles agissent dans le sens que nous préconisions. Quelles sont les perspectives du personnalisme en l’ann
789 st ainsi que le numéro de janvier 1946 d’ Esprit nous apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’est constitué en force au
790 Des échos moins sonores, mais fort encourageants, nous parviennent également de Pologne, d’Italie, de Yougoslavie, du Danema
791 aire transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel. Nous nous y trouvions, avec quelques centaines de camarades, internés par
792 transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel. Nous nous y trouvions, avec quelques centaines de camarades, internés par les A
793 ésente ». Il fallait la préciser. À ce moment-là, nous avons fait la connaissance du personnalisme français. Esprit passai