1
que, ses décrets, ses brimades, représentent dans
notre
siècle un monstrueux complexe de bêtise officielle, et qui n’a plus d
2
moins pour sauver le monde que pour accomplir les
devoirs
du clerc engagé malgré lui dans le désordre de l’époque. Ce sont là d
3
sait plus le prendre au sérieux. Gardons secrets
nos
élans vertueux. Il vaut mieux faire plus qu’on ne dit, et si l’on fai
4
ne dit, et si l’on fait peu, ne rien dire. Voici
notre
désordre. On ne peut plus penser sans buter aussitôt contre un dilemm
5
changer cela qu’un intellectuel d’aujourd’hui se
doit
de sortir de sa chambre, quelle que soit par ailleurs l’utilité de sa
6
njeu d’une partie aussi mal engagée que celle que
doit
jouer notre génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec
7
partie aussi mal engagée que celle que doit jouer
notre
génération, n’est pas de ceux dont on puisse parler avec une légèreté
8
e pesant des considérations qui suivent. Dire que
notre
époque a renversé toutes les valeurs, c’est trop peu dire. Elle les a
9
xpression, dans un certain sens, est fort exacte.
Nous
vivons à l’époque de la plus juste pénitence des intellectuels. Ils o
10
vent dans l’ignorance des nécessités pratiques de
notre
ère. Situation aussi néfaste pour les penseurs que pour les autres. L
11
ne sont point trop encourageantes. Ne les voyons-
nous
pas, pour cette importante entreprise, faire appel à toute la rigueur
12
dans son lit. Certaines réalités se rappellent à
nous
avec un sérieux décisif, et qui coupe court aux dernières pirouettes.
13
se peut que cela dispense de porter sérieusement
nos
angoisses ; il est certain que cela n’est pas pratique, ne sert à rie
14
? Car il y dépérit, — et sa sécurité n’est plus,
nous
l’avons vu en maint autre pays, qu’une espèce de liberté sous conditi
15
liberté sous conditions. Le clerc bourgeois, chez
nous
, se croit encore tranquille. On ne le laissera plus tranquille bien l
16
tiale sur l’homme. L’homme est un animal pensant,
nous
apprend-on dès l’école primaire. Il n’est ni ange ni bête, on se plaî
17
est ni ange ni bête, on se plaît à le répéter. Et
nous
voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaien
18
e moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul
devoir
des intellectuels, dans la situation qui nous est faite, c’est de rec
19
l devoir des intellectuels, dans la situation qui
nous
est faite, c’est de rechercher l’homme perdu. C’est aussi là leur seu
20
ratiquement et spirituellement, il n’y a pas pour
nous
de tâche plus urgente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle nou
21
gente ni plus grave, et c’est la seule à laquelle
nous
puissions nous employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons a
22
rave, et c’est la seule à laquelle nous puissions
nous
employer sans ridicule ni trahison, nous qui n’avons aucune autre pui
23
uissions nous employer sans ridicule ni trahison,
nous
qui n’avons aucune autre puissance. C’est dans cette recherche d’une
24
ncer à être un homme. La plupart des folies qu’on
nous
dit toutes-puissantes, et devant lesquelles on se courbe parce qu’ell
25
nécessités historiques » qui, selon l’opinion de
nos
maîtres, dicteraient à l’homme ses destins. Ils constatent que, dans
26
la crise finale s’appelle dictature, réside dans
notre
culte du « pratique », dans la confiance naïve que nous donnons aux t
27
ulte du « pratique », dans la confiance naïve que
nous
donnons aux techniciens. Je distingue dans ce culte le premier temps
28
ue les opportunistes. Ces faits bien établis — et
nous
y reviendrons d’une manière plus concrète à propos de situations préc
29
vivre sur des mots d’ordre « progressistes » que
nos
enfants mettront au nombre des superstitions les plus étranges du siè
30
rement responsables. Mais prenons garde de borner
notre
vision aux proportions du spectacle qu’ils offrent, à ce ballet si ma
31
s n’est pas dans un organisme de contrainte, mais
doit
être en chacun des citoyens conscients, fussent-ils, et c’est le cas,
32
llement humains : mais c’est à eux que le pouvoir
doit
revenir, c’est par eux qu’il peut être humanisé. Le but de la société
33
nspire au clerc l’action publique, je pense qu’il
doit
le surmonter en premier lieu pour se défendre ; en second lieu pour s
34
on dire, des intérêts de la pensée protectrice de
notre
condition. En tant qu’intéressés, au meilleur sens du mot, ces motifs
35
oire en un modèle à quoi les hommes pourraient ou
devraient
s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’homme peut imagi
36
dynamique de l’homme parfait ne sera jamais pour
nous
qu’une utopie dont rien n’atteste la réalité, la puissance, la vérité
37
tique, et il voudrait que la Pensée s’en mêle. Il
nous
parle de la personne : il veut qu’elle soit la mesure de tout, mais i
38
tout, mais il ajoute qu’elle est très rare, et il
nous
laisse très perplexes, etc. » Si le lecteur se pose ces questions-là,
39
humains. On n’agit pas humainement si l’on ignore
notre
vraie condition. Mais l’état du chrétien dans ce monde est justement
40
un de la peur qui s’est emparée des hommes. On ne
nous
parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’expression plus
41
ession plus juste, pour qui se borne à considérer
notre
époque et les doctrines infiniment contradictoires qui s’affrontent a
42
désordre et la contradiction. L’argent règne sur
notre
monde, comme une puissance occulte et pourtant méticuleusement tyrann
43
crets. C’est à tout cela que l’on pense lorsqu’on
nous
parle du « désarroi actuel ». Croit-on vraiment que tout cela soit si
44
bien loin d’être l’histoire d’un progrès continu,
nous
apparaît plutôt comme une solennelle dégringolade, une contagion de d
45
vertement reconnue, dénoncée et battue en brèche.
Notre
époque, elle aussi, possède sa chance de grandeur. Je dirai même qu’e
46
udain devenu flagrant. Il promène par les rues de
nos
villes européennes de grands panneaux-réclame qui parlent un langage
47
s ! Sur le plan de la connaissance désintéressée,
nous
ne trouvons jamais aucun principe qui unifie. Mais, au contraire, dès
48
principe qui unifie. Mais, au contraire, dès que
nous
nous posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de
49
cipe qui unifie. Mais, au contraire, dès que nous
nous
posons la question de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’hom
50
mplifie aussitôt ; et si, faisant un pas de plus,
nous
posons la question de notre destin personnel, en face des destins col
51
aisant un pas de plus, nous posons la question de
notre
destin personnel, en face des destins collectifs, le choix nécessaire
52
c une netteté qui, je le répète, est la chance de
notre
époque. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle nous apparaît
53
. Je voudrais décrire cette époque, telle qu’elle
nous
apparaît de ce point de vue, en quelques traits fort simples. J’insis
54
ste sur le mot simple, qui me paraît caractériser
notre
siècle. On dit le contraire un peu partout, je le sais bien. On répèt
55
ut, je le sais bien. On répète que les événements
nous
dominent et qu’ils sont incompréhensibles et impensables. Ce n’est pa
56
pas vrai ! C’est encore un vieux raisonnement que
nous
connaissons trop bien, et dont nous connaissons aussi la significatio
57
sonnement que nous connaissons trop bien, et dont
nous
connaissons aussi la signification réelle. C’est l’argument des gens
58
l’argument des gens en place qui, chaque fois que
nous
venons dire : voici ce qu’il faut faire, nous répondent : attention !
59
que nous venons dire : voici ce qu’il faut faire,
nous
répondent : attention ! le problème est plus complexe ! Non, les prob
60
e vrai, c’est d’oser les actes qu’il faut, et que
nous
connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres nous ont fourni des
61
et que nous connaissons très bien. Trop souvent,
nos
maîtres nous ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Tr
62
connaissons très bien. Trop souvent, nos maîtres
nous
ont fourni des méthodes d’évasion dans la complexité. Trop souvent il
63
es d’évasion dans la complexité. Trop souvent ils
nous
ont mis en garde contre un « certain esprit simpliste », qui est, au
64
l’esprit de décision et d’engagement concret dont
nous
avons le plus besoin. Cessons de nous réfugier derrière des complexit
65
oncret dont nous avons le plus besoin. Cessons de
nous
réfugier derrière des complexités que nous créons à plaisir, qui ne s
66
ons de nous réfugier derrière des complexités que
nous
créons à plaisir, qui ne sont pas dans la situation et qui sont autan
67
prendre une position, mais, à coup sûr, la pire !
Nous
nous sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été
68
re une position, mais, à coup sûr, la pire ! Nous
nous
sommes laissés endormir. Nos maîtres les plus respectés ont été trop
69
sûr, la pire ! Nous nous sommes laissés endormir.
Nos
maîtres les plus respectés ont été trop souvent pour nous des profess
70
tres les plus respectés ont été trop souvent pour
nous
des professeurs d’abstention distinguée, des grands prêtres de l’inso
71
e l’insoluble. Mais, un beau jour, les événements
nous
réveillent brusquement. Maintenant, il va falloir choisir. La pensée
72
oix et de risque, et non plus un refuge idéal. Ne
nous
en plaignons pas : le risque est la santé de la pensée. ⁂ Destin du s
73
e : l’expression est courante, mais suspecte9. Si
nous
y regardons de près, nous allons voir que le simple assemblage de ces
74
nte, mais suspecte9. Si nous y regardons de près,
nous
allons voir que le simple assemblage de ces deux mots, destin et sièc
75
siècle, contient peut-être le secret du mal dont
nous
souffrons. Il suffit, pour le faire apparaître, de poser cette simple
76
César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de
nous
a un destin, dans la mesure où chacun de nous possède une raison d’êt
77
de nous a un destin, dans la mesure où chacun de
nous
possède une raison d’être, quelle qu’elle soit, une servitude particu
78
à lui, une vocation. Si l’on admet facilement de
nos
jours, qu’un siècle ait un destin, c’est que l’on a pris l’habitude d
79
ante à des êtres collectifs. Je m’explique. Quand
nous
disons : le siècle, le xxe siècle, par exemple, nous entendons par l
80
disons : le siècle, le xxe siècle, par exemple,
nous
entendons par là une réalité historique très composite, très générale
81
personnes, de quelques génies, par exemple. Quand
nous
disons destin du siècle, nous disons destin des nations, destin du pr
82
par exemple. Quand nous disons destin du siècle,
nous
disons destin des nations, destin du prolétariat, destin du capitalis
83
ns. Et, je le répète, pour que ces ismes aient, à
nos
yeux, un destin, il faut que nous ayons pris l’habitude de les consid
84
s ismes aient, à nos yeux, un destin, il faut que
nous
ayons pris l’habitude de les considérer comme autant de réalités auto
85
onomes, possédant leurs lois propres, échappant à
notre
domination et poursuivant, en dehors de nos prises personnelles, leur
86
t à notre domination et poursuivant, en dehors de
nos
prises personnelles, leur évolution fatale, leur destinée. Autant dir
87
évolution fatale, leur destinée. Autant dire que
nous
avons fait de toutes les réalités collectives des divinités nouvelles
88
es divinités presque toujours menaçantes, et dont
nous
essayons avec angoisse de scruter les caractères, les habitudes, les
89
abitudes, les intentions secrètes, — les destins.
Notre
siècle, en tant que siècle, est athée, totalement athée, et consciemm
90
rstitieux au dernier degré. La grande majorité de
nos
contemporains ne croit pas en Dieu et sait qu’elle n’y croit pas. Mai
91
ibles et de leur rendre un culte de latrie. Tous,
nous
servons ces dieux, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre nou
92
te de latrie. Tous, nous servons ces dieux, tous,
nous
leur obéissons, et certains d’entre nous sont prêts à leur sacrifier
93
x, tous, nous leur obéissons, et certains d’entre
nous
sont prêts à leur sacrifier leur vie même. Les noms de ces divinités,
94
ombre, c’est peut-être Légion… Sans doute n’avons-
nous
pas toujours conscience de les servir. Vous me direz peut-être que, p
95
ion publique et la presse, auxquelles nul d’entre
nous
n’échappe, ni ne songe à échapper. La classe et la race : voilà peut-
96
le. Qu’il s’agisse bien là de dieux, c’est ce que
nous
prouvent abondamment leurs exigences, qui sont la foi aveugle et les
97
nes principales sont l’Histoire et la Sociologie.
Nous
trouverons les meilleurs exemples de cette théologie dans les écrits
98
nt ces prémisses ? La principale, c’est que toute
notre
idéologie, toutes nos révoltes, toute notre attitude pratique s’expli
99
incipale, c’est que toute notre idéologie, toutes
nos
révoltes, toute notre attitude pratique s’expliquent d’une manière su
100
toute notre idéologie, toutes nos révoltes, toute
notre
attitude pratique s’expliquent d’une manière suffisante par notre app
101
ratique s’expliquent d’une manière suffisante par
notre
appartenance à une classe déterminée. Hitler, selon Trotski, s’expliq
102
port à l’homme, ils sont absolument semblables et
nous
pouvons les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à nous faire
103
les renvoyer dos à dos. L’un et l’autre tendent à
nous
faire croire que l’homme n’est rien, mais moins que rien, et que tout
104
des lois générales et historiques qui échappent à
notre
volonté et sur lesquelles nos révoltes sont sans prise, puisque ces r
105
s qui échappent à notre volonté et sur lesquelles
nos
révoltes sont sans prise, puisque ces révoltes sont elles-mêmes prévu
106
oltes sont elles-mêmes prévues et déterminées par
notre
classe ou notre race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il f
107
-mêmes prévues et déterminées par notre classe ou
notre
race. Destin du siècle contre destin de l’homme. Il faut bien reconna
108
it-il, quand il adore tout ce qui veut sa perte ?
Nos
camarades marxistes ou racistes ont bien vu le danger. Mais ils en ti
109
. Reprenant le mot de Goethe, sans le savoir, ils
nous
enseignent que la loi seule nous conduit à la liberté. Adhérez au dét
110
s le savoir, ils nous enseignent que la loi seule
nous
conduit à la liberté. Adhérez au déterminisme de l’histoire, abandonn
111
e et le suicide. L’élan qui jette des millions de
nos
contemporains dans les destins du siècle, c’est peut-être l’élan d’un
112
iciens hitlériens s’indignent de ce reproche. Ils
nous
répondent, avec raison, que leur action n’a pas les apparences d’une
113
structive que bien des jeunes bourgeois railleurs
devraient
leur envier. C’est juste. Aussi bien la question revient-elle en défi
114
du terme, la seule chose qui intéresse chacune de
nos
vies —, c’est qu’il y ait parfois, par exemple, un ivrogne qui s’arrê
115
sociales, sont toujours justes, dans la mesure où
nous
démissionnons de notre rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur
116
s justes, dans la mesure où nous démissionnons de
notre
rôle d’hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exacteme
117
bles et créateurs. Leur rigueur mesure exactement
notre
dégénérescence. Le philosophe Léon Chestov disait un jour à quelques
118
ne, ils poussent le monde dans la direction où il
doit
tomber fatalement, si on le laisse tomber. En cela, ils sont peut-êtr
119
e pas croire qu’ils aient le droit de disposer de
nos
vies, je suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils nous dominen
120
e suis bien obligé de reconnaître qu’en fait, ils
nous
dominent. Ne fût-ce que par le moyen de la presse. On peut dire, sans
121
ire, sans exagérer, que les journaux disposent de
nos
vies. Sans eux, la préparation des esprits qui prélude à toute guerre
122
s perdraient beaucoup de leur violence. Sans eux,
nous
ne saurions pas grand-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions
123
d-chose des dieux du siècle, et peut-être aurions-
nous
un peu plus d’attention pour les vrais problèmes de nos vies. Mais s
124
peu plus d’attention pour les vrais problèmes de
nos
vies. Mais si les journaux disposent de nos vies, l’argent dispose d
125
s de nos vies. Mais si les journaux disposent de
nos
vies, l’argent dispose des journaux. Et voilà le dernier anneau de la
126
rnaux. Et voilà le dernier anneau de la chaîne de
notre
destin. Abrégeons, car, avec l’argent, nous n’en finirions pas. L’arg
127
e de notre destin. Abrégeons, car, avec l’argent,
nous
n’en finirions pas. L’argent est partout, il est dans tout, il est to
128
se. On s’indigne du nivellement universel, à quoi
doit
aboutir le communisme. On raille le caporalisme des jeunes miliciens
129
ralisme des jeunes miliciens en chemise brune. On
nous
dit que la vie, en Amérique, est impossible, parce que tous les appar
130
e monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement,
devait
désespérer de soi-même et de tout. Et nous vîmes, tôt après la guerre
131
ent, devait désespérer de soi-même et de tout. Et
nous
vîmes, tôt après la guerre, reparaître le fameux « mal du siècle ». L
132
ait une erreur insondable que de voir le salut de
notre
époque dans un retour à l’individu. L’individu est l’origine la plus
133
désormais un fait acquis, une réalité économique.
Nous
devons au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse
134
mais un fait acquis, une réalité économique. Nous
devons
au progrès mécanique que désormais le globe entier apparaisse solidai
135
Oui, le destin du siècle, le destin des ismes ne
nous
laisse rien prévoir d’autre qu’un monde chaotique hautement organisé,
136
le pessimiste à l’excès ? Ce n’est pas cela qu’il
nous
importe de savoir. Si j’ai simplifié le tableau, c’est que je veux ma
137
dégager le choix, la décision que chacun d’entre
nous
peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’homme ? Loi historiq
138
, je crois, en définitive, la question simple que
nous
pose l’époque. Vous avez pressenti le parti que j’embrasse. Il me res
139
ux, les mythes du siècle, sont tout puissants sur
nous
. Dénoncer leurs méfaits, ce n’est pas encore leur échapper. Les nier
140
La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et
nous
assistons à leur vengeance. Le spiritualisme les a déclarés vulgaires
141
ils ont la vie dure, et que le mieux à faire pour
nous
, c’est encore de compter avec eux. Mais, compter avec eux, ce n’est p
142
ollectifs. C’était l’homme qu’il fallait refaire.
Nous
avons oublié ce fait très simple : que la société doit être composée
143
avons oublié ce fait très simple : que la société
doit
être composée d’hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui es
144
que la société doit être composée d’hommes réels.
Nous
avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable : l’acte de
145
ories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici
notre
dilemme : voulons-nous être des éléments de statistique, ou bien des
146
t sauf l’essentiel. Voici notre dilemme : voulons-
nous
être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de s
147
dignité, leur raison d’être personnelle ? Voulons-
nous
être des personnes ? Voilà le mot lâché. Je connais la réaction qui l
148
d’ailleurs qu’est-ce que cette personne, dont on
nous
parle tant depuis quelques années ? Permettez-moi de renverser la que
149
et ces mythes collectifs sous lesquels on prétend
nous
courber ? J’ai essayé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’
150
répondre ici en mon nom personnel. Quel est donc,
nous
dit-on, le fondement réel de la personne ? Est-ce une vue philosophiq
151
à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul
nous
le désigne, bien plus : il nous ordonne de l’être. Et voilà la réalit
152
, l’Évangile seul nous le désigne, bien plus : il
nous
ordonne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous, nous avons reç
153
ne de l’être. Et voilà la réalité décisive. Tous,
nous
avons reçu de Dieu cet ordre : tu aimeras ton prochain comme toi-même
154
u aimeras ton prochain comme toi-même. Tous donc,
nous
avons reçu, chacun à notre place et dans nos circonstances particuliè
155
me toi-même. Tous donc, nous avons reçu, chacun à
notre
place et dans nos circonstances particulières, une vocation personnel
156
nc, nous avons reçu, chacun à notre place et dans
nos
circonstances particulières, une vocation personnelle. Personne et vo
157
du Christ et il les a complètement perverties. On
nous
a présenté cet amour du prochain comme un sentiment bienveillant, une
158
té. On a transporté dans l’histoire cet amour qui
doit
être un acte, une présence et un engagement immédiat. Acte, présence
159
ssent la personne, mais aussi ce que Jésus-Christ
nous
ordonne d’être : le prochain. Lorsque les docteurs de la loi voulure
160
en actes, la miséricorde. Cet acte, en chacun de
nous
, peut être vainqueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il nou
161
ueur de l’Histoire. Cet acte, à chaque fois qu’il
nous
est donné de le faire, rétablit le rapport humain, fonde notre destin
162
né de le faire, rétablit le rapport humain, fonde
notre
destin personnel et fonde aussi la seule société possible. Ne nous y
163
nnel et fonde aussi la seule société possible. Ne
nous
y trompons pas : l’acte de la miséricorde, c’est l’acte le plus révol
164
le plus révolutionnaire qui ait jamais paru dans
notre
monde. Lui seul suffit à vaincre les destins du siècle, lui seul atte
165
, lui seul atteint le mal à sa racine, qui est en
nous
, qui est au fond de notre désespoir. Les grandes lois historiques et
166
à sa racine, qui est en nous, qui est au fond de
notre
désespoir. Les grandes lois historiques et révolutionnaires peuvent b
167
lois historiques et révolutionnaires peuvent bien
nous
servir de refuge, de prétextes et d’arguments au service de nos passi
168
refuge, de prétextes et d’arguments au service de
nos
passions, au secours de notre misère matérielle. Mais elles ne pénètr
169
guments au service de nos passions, au secours de
notre
misère matérielle. Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
170
Mais elles ne pénètrent jamais dans l’intimité de
notre
être, là où réside le désespoir de l’homme qui ne connaît pas son des
171
mystère devant lequel je vous laisse maintenant.
Nous
ne rencontrons personne au monde, avant d’avoir rencontré Dieu. 7.
172
ous parlez beaucoup de la personne… De mon temps,
nous
disions : individu. Les termes changent, selon le cours des modes, ma
173
disant : individu ! Individu ! Je suis heureux de
notre
accord, malgré les mots, et je serais plus heureux encore si je vous
174
ont je parle n’a rien à voir avec l’individu dont
nous
parlait le xixe ! Le langage courant confond volontiers individu et
175
et c’est cela qu’il faut bien retenir. La logique
nous
enseigne que la partie n’est pas plus grande que le tout. Ce qui revi
176
ommunistes le soin de s’en réjouir. Si maintenant
nous
définissons la personne comme une vocation créatrice, la situation se
177
es personnes. Privé de toute dignité mystique, il
doit
devenir un simple organe d’économie et de distribution des tâches ser
178
ons philosophiques, voire même théologiques… mais
nous
en parlerons une autre fois. Deuxième question. — Qu’est-ce que cela
179
ée à un homme, — une parole que Dieu lui adresse.
Nous
en avons le type le plus pur dans la vocation des prophètes. Tout hom
180
désormais sa liberté concrète et c’est cela qu’il
doit
défendre contre l’empiètement des lois trop générales. 2. Mais on me
181
is l’accorder sans de fortes réserves. L’Évangile
nous
apprend que Dieu s’adresse à tous les hommes, croyants ou non. Je pen
182
s une vue rationaliste du monde. Dans la réalité,
nous
voyons, au contraire, que les vocations reçues s’insèrent naturelleme
183
as celles qui assurent l’ordre le plus vivant. Ne
nous
laissons pas envoûter par l’exemple des dictatures ! L’ordre extérieu
184
l veut, nul ne sait où il va. Mais c’est Dieu qui
nous
dit cela, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par nos observat
185
Mais c’est Dieu qui nous dit cela, par la Bible.
Nous
ne l’aurions pas trouvé par nos observations. En fait, l’homme nature
186
a, par la Bible. Nous ne l’aurions pas trouvé par
nos
observations. En fait, l’homme naturel ne connaît pas l’Esprit, le se
187
ouffle où il veut. Mais lorsqu’il parle à l’un de
nous
, et que celui qui le reçoit dans cette parole croit en lui, il se pas
188
Je dis donc que l’Esprit n’est rien d’autre pour
nous
qu’un acte, et un acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde not
189
n acte d’obéissance. Cet acte justement qui fonde
notre
personne. La primauté du spirituel, c’est pratiquement la primauté de
190
r le pouvoir créateur, ordonnateur. L’Esprit dont
nous
parlons n’est pas une espèce de fluide très subtil, d’autant plus res
191
n. Mais c’est l’Esprit qui vient s’incarner parmi
nous
. L’Esprit est autorité, disait Rimbaud. Ou il n’est rien. 11. Littr
192
uite que cette vérité relative subsiste encore de
nos
jours dans la mesure où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que n
193
re où cet état de mensonge subsiste lui-même. Que
nous
soyons marxistes ou antimarxistes, il nous arrive à tous, dans des mo
194
e. Que nous soyons marxistes ou antimarxistes, il
nous
arrive à tous, dans des moments d’indignation en présence de l’hypocr
195
rte-paroles ou porte-plumes de la bourgeoisie, de
nous
écrier, trop souvent, hélas ! en pensée seulement : « Vends tous tes
196
Vends tous tes biens et donne-les aux pauvres, et
nous
verrons ensuite si tu attaches encore tant d’importance aux ventes de
197
tions marxistes en URSS ne sont guère utiles pour
nous
fixer à cet égard. L’URSS étant encore en pleine période de transitio
198
ue dans quelques siècles peut-être. Où donc irons-
nous
chercher ce marxisme authentique ? Chez Marx ? On y trouve tout ce qu
199
ne « marxiste », comme il l’a dit lui-même. Force
nous
est donc de partir du marxisme « moyen », théorique et vulgarisé, cel
200
nt que l’on expose aux masses. C’est bien lui que
nous
rencontrons dans toutes nos discussions avec les militants du Parti14
201
. C’est bien lui que nous rencontrons dans toutes
nos
discussions avec les militants du Parti14, c’est lui qui fait tremble
202
« Vous avez peut-être raison dans l’absolu, mais
nous
nous occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous dis
203
us avez peut-être raison dans l’absolu, mais nous
nous
occupons, nous, de la situation présente de l’homme, et nous disons :
204
re raison dans l’absolu, mais nous nous occupons,
nous
, de la situation présente de l’homme, et nous disons : tant que le mi
205
ns, nous, de la situation présente de l’homme, et
nous
disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est un leurre
206
e commencement : donnons du pain à tout le monde.
Nous
parlerons ensuite de ce spirituel auquel vous ne tenez tant que parce
207
la liberté ». Ce saut, c’est la vraie révolution,
nous
dit-on. Or, cette révolution n’est pas encore opérée en Russie. Nous
208
tte révolution n’est pas encore opérée en Russie.
Nous
ne sommes que dans la période de préparation, qui doit fatalement se
209
ne sommes que dans la période de préparation, qui
doit
fatalement se « nier » un jour. (Autosuppression de l’État, au moment
210
croire que ce passage constituera un progrès sur
notre
état présent. Étant admises les « valeurs » rationnelles, laïques et
211
rdisée de « l’esprit » bourgeois — dont justement
nous
étions reconnaissants à Karl Marx d’avoir montré l’inanité. Ce spirit
212
r le marxisme dans sa période critique virulente.
Nous
préférons encore le matérialisme le plus plat et le plus grossier, ma
213
ntre l’action et la vie spirituelle, qui est pour
nous
l’origine même du désordre actuel. ⁂ Mais ce mot de précédence évoque
214
manence. Au fond du débat précédence ou primauté,
nous
retrouvons le débat immanence ou transcendance, c’est-à-dire une oppo
215
une distinction importante que j’aurais peut-être
dû
faire plus tôt. Quand nous disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a p
216
e que j’aurais peut-être dû faire plus tôt. Quand
nous
disons spirituel d’abord, ce d’abord n’a pas le même sens temporel, h
217
bsolue. Primauté éternelle et non pas temporelle.
Nous
touchons ici à la divergence irréductible qui existe entre la concept
218
e la croyance à la période de transition résume à
nos
yeux toute l’erreur marxiste. Les hégéliens et les marxistes croient
219
et les marxistes croient à une succession, là où
nous
croyons à une simultanéité. Les marxistes croient que l’homme primiti
220
a sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il
doit
préparer lui-même la venue. Nous croyons, au contraire — mais ce n’es
221
illenium dont il doit préparer lui-même la venue.
Nous
croyons, au contraire — mais ce n’est pas exactement le contraire — q
222
s le temps une précédence, des stades successifs.
Notre
réalité est dans une dialectique simultanée, non pas successive. Nous
223
s une dialectique simultanée, non pas successive.
Nous
pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps, nous sommes charnels
224
pourrions dire : dans l’histoire, dans ce temps,
nous
sommes charnels, non seulement d’abord, mais ensuite et toujours. Mai
225
ne ne date en effet que de 1932. 17. Affirmation
due
à P. Nizan, dans Europe (avril 1933). Cet auteur veut « commencer par
226
iteurs. Malheureusement pour M. Nizan, l’histoire
nous
apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens to
227
mi les cheminots seraient bien en peine de vivre.
Nous
ne parlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque nous affirmons
228
rlons pas, d’ailleurs, du même « esprit » lorsque
nous
affirmons la primauté du spirituel. Mais il est curieux de remarquer
229
mique des bien-pensants, il n’existe guère, parmi
nous
, de théoriciens du désordre. Toute doctrine sociale, aujourd’hui, fût
230
conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il
devrait
être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique
231
une politique de la camisole de force. Tel qu’il
devrait
être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la politiqu
232
enne. Je la vois caractérisée par deux traits qui
nous
serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens é
233
endu qui s’institue partout entre la politique et
notre
foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les fins,
234
dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il
doit
rester subordonné à l’origine et à la fin, est cependant inséparable
235
tiques. S’il rejette les partis pris, c’est qu’il
doit
sans cesse, à nouveau prendre parti. Comme le réactionnaire, il veut
236
ux. Comme le marxiste, il sait que sa doctrine ne
doit
pas se borner à interpréter le monde, mais doit plutôt le transformer
237
e doit pas se borner à interpréter le monde, mais
doit
plutôt le transformer. Seulement il sait que cette transformation s’a
238
me, par ignorance de sa nature véritable. Certes,
nous
sommes dans l’histoire, mais non pas comme la subissant. Nous sommes
239
dans l’histoire, mais non pas comme la subissant.
Nous
sommes au monde comme n’étant pas du monde ; dans le péché, mais comm
240
e d’être sauvés de son empire. L’action politique
nous
est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un sy
241
ue ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur
nous
en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout, jamais un succ
242
rtout, jamais un succès politique ne pourra, pour
nous
, se confondre avec un progrès du salut. Principe d’une politique du p
243
ectivité20. » Cela ne signifie pas que le croyant
doive
s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours
244
ler de la communauté, mais bien que la communauté
doit
toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est
245
devant Dieu. Non seulement le chrétien pourra et
devra
collaborer avec tous les « mouvements » politiques qui revendiquent l
246
r rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et
devra
affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfaisante e
247
VSur la devise du Taciturne Faisons-
nous
donc du paradoxe ? Non : Dieu nous est paradoxal. Le paradoxe est la
248
urne Faisons-nous donc du paradoxe ? Non : Dieu
nous
est paradoxal. Le paradoxe est la réalité, ou plus exactement le para
249
alité même. Car la réalité est précisément ce qui
nous
met en relation personnelle et immédiate avec Dieu : et que la relati
250
é proprement aveuglante et même insupportable, si
nous
n’avions le Christ, seul méditateur et seul espoir, seulement accessi
251
la nuit, par la foi seule, — qui ne vient pas de
nous
. Telle est la démarche paradoxale, « dialectique », de la vie chrétie
252
onde chrétien, parce qu’elle est le signe même de
notre
condition. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien », nous exprimo
253
est le signe même de notre condition. Et lorsque
nous
disons le « monde-chrétien », nous exprimons par ces deux mots contra
254
on. Et lorsque nous disons le « monde-chrétien »,
nous
exprimons par ces deux mots contradictoires l’antinomie hors de laque
255
constructive reste vaine, évasive et mortelle. «
Nous
sommes au monde, nous ne sommes pas du monde. » Toute construction po
256
ine, évasive et mortelle. « Nous sommes au monde,
nous
ne sommes pas du monde. » Toute construction politique qui ne prend p
257
iste abandonne à lui-même un monde qui ne saurait
nous
offrir de salut, puisqu’il n’est de salut qu’en la foi, qui transcend
258
° L’hérésie optimiste constate au contraire que «
nous
sommes au monde pour quelque chose », mais elle oublie que ce quelque
259
e chose », mais elle oublie que ce quelque chose,
notre
activité, ne vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que nous de
260
quelque chose, notre activité, ne vaut rien pour
notre
salut. Elle se souvient que nous devons travailler à établir le Royau
261
vaut rien pour notre salut. Elle se souvient que
nous
devons travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie
262
rien pour notre salut. Elle se souvient que nous
devons
travailler à établir le Royaume sur la terre, mais elle oublie que ce
263
e Royaume sur la terre, mais elle oublie que cela
nous
est à jamais impossible. C’est le principe de cet activisme que les E
264
use, comme le marxisme, l’antinomie spécifique de
notre
condition, et que, enfermant les conflits purement humains dans le je
265
ibre final, morne réplique du millenium chrétien.
Nous
voici donc en face de deux solutions synthétiques « possibles », impo
266
s « possibles », imposantes, établies. Qu’aurions-
nous
à leur opposer ? Tout notre espoir est dans un désespoir tellement «
267
, établies. Qu’aurions-nous à leur opposer ? Tout
notre
espoir est dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il nous ren
268
dans un désespoir tellement « substantiel » qu’il
nous
rende à leur tour intenables les dernières ruses de la sécurité. ⁂ Qu
269
ières ruses de la sécurité. ⁂ Qu’est-ce donc pour
nous
que l’effort humain ? Sinon l’exercice nécessaire de l’âme, son actua
270
; mais les résultats terrestres de cet effort ne
nous
mériteront jamais le Pardon ; ils mériteront tout au plus d’être eux-
271
t tout au plus d’être eux-mêmes pardonnés. Ce qui
nous
assure le Pardon, c’est la foi. Agissez donc, mais votre action ne se
272
n paix à ses déterminations physiques et morales.
Doit
-on conclure au refus de toute activité politique ? Ce serait admettre
273
e. Mais ce n’est pas ici du concept de la foi que
nous
parlons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capa
274
éder dans la durée ; elle « survient », et jamais
nous
ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à notre disposition ;
275
ne pouvons en tirer argument, comme d’une force à
notre
disposition ; elle survient, et c’est alors un ordre que nous recevon
276
tion ; elle survient, et c’est alors un ordre que
nous
recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des ho
277
et c’est alors un ordre que nous recevons et qui
nous
meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d
278
Et c’est peut-être vis-à-vis d’eux seulement que
notre
politique pourra se fixer un programme : la devise de Guillaume d’Ora
279
est l’arrêt de mort des idoles. Quelles sont donc
nos
idoles ? Ce sont les créations de nos désirs divinisés, ce sont les d
280
s sont donc nos idoles ? Ce sont les créations de
nos
désirs divinisés, ce sont les dieux que nous nous fabriquons avec tou
281
ns de nos désirs divinisés, ce sont les dieux que
nous
nous fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre
282
nos désirs divinisés, ce sont les dieux que nous
nous
fabriquons avec toutes nos folies, et que nous invoquons contre nos d
283
nt les dieux que nous nous fabriquons avec toutes
nos
folies, et que nous invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce s
284
us nous fabriquons avec toutes nos folies, et que
nous
invoquons contre nos désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’
285
c toutes nos folies, et que nous invoquons contre
nos
désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’homme fait à son imag
286
me, par son paradoxe, une espérance qui se rit de
nos
espoirs, c’est-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire, nous
287
se rit de nos espoirs, c’est-à-dire qui se rit de
nos
idoles, et par ce rire, nous en délivre. Elle espère contre tout espo
288
-à-dire qui se rit de nos idoles, et par ce rire,
nous
en délivre. Elle espère contre tout espoir, parce qu’elle espère en u
289
est point fait de main d’homme. Quel Dieu fait de
nos
idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qu
290
in d’homme. Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait
nous
certifier, dans le fond de nos âmes, un salut qui se joue des ultimes
291
s idéaux pourrait nous certifier, dans le fond de
nos
âmes, un salut qui se joue des ultimes efforts et des ultimes défaite
292
ue des ultimes efforts et des ultimes défaites de
notre
volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tou
293
notre volonté de vivre ? Mais aussi, ce Dieu qui
nous
sauve en dépit de tous nos échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré
294
is aussi, ce Dieu qui nous sauve en dépit de tous
nos
échecs, c’est un Dieu qui veut être adoré sans partage ! On ne peut p
295
peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il
nous
délivre. On ne peut pas adorer Dieu et la nation, Dieu et l’argent, D
296
visoires qu’il dispense. Une politique chrétienne
doit
d’abord condamner toutes les « solutions » que nous avons divinisées,
297
it d’abord condamner toutes les « solutions » que
nous
avons divinisées, toutes les idolâtries flatteuses ou basses ou génér
298
tes farines, révolutions qui prétendraient fonder
notre
salut sur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations, nous les déc
299
ur un ordre terrestre. Mais toutes ces négations,
nous
les déclarerons au nom d’une espérance qui, elle, a bien le droit de
300
me, hors celle de la révolution ? Quand bien même
nous
aurions des raisons dogmatiques d’admettre le régime et les pouvoirs
301
e régime et les pouvoirs régnants, le conformisme
nous
est pratiquement interdit : car les ordres que donne la foi sont abso
302
mme un rappel de la seule grandeur transcendante.
Nous
ne sommes pas condamnés au succès, mais à l’obéissance jusqu’à l’absu
303
e la Promesse et le péché, entre la foi et ce qui
nous
paraît la « défier ». ⁂ Que faire donc ? Briser d’abord les idoles me
304
enaçantes. Et puis rester aux ordres de l’esprit.
Nous
n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à n
305
n’avons pas à prendre d’assurances sur l’avenir.
Nous
n’avons pas à nous garantir à l’avance par un programme, si « chrétie
306
dre d’assurances sur l’avenir. Nous n’avons pas à
nous
garantir à l’avance par un programme, si « chrétien » qu’on le veuill
307
n le veuille. Un certain nombre de compromissions
nous
sont à jamais impossibles : et tout le reste est affaire d’obéissance
308
», point de « consolation » ailleurs qu’en Dieu :
notre
action baigne dans l’« angoisse de l’espérance ».21 21. Expression
309
le moment décisif, l’acte. Elle n’a de sens, pour
nous
, que parce qu’il y a la foi.
310
l soit n’est rien, en regard du péché dont la foi
nous
délivre. ⁂ Tout enfin se ramène à ceci : quel est le sens des échecs
311
de vous mettre en souci pour les humains tels que
nous
les voyons : ils se moquent bien de vos sollicitudes » ! Un chrétien
312
i l’a jeté dans la bataille, et qu’il rejoint. ⁂
Notre
enjeu est ailleurs, si tout se joue ici. C’est ce que le communisme n
313
e, de l’Église, le désordre se trouve « établi ».
Notre
jeunesse s’éveille au milieu des statuts de cette confusion. C’est co
314
mal, et la douleur tient réveillé. On a essayé de
nous
faire croire que cet « ordre » social qui nous blessait, c’était un a
315
de nous faire croire que cet « ordre » social qui
nous
blessait, c’était un aspect nécessaire de l’« ordre chrétien » du mon
316
pect nécessaire de l’« ordre chrétien » du monde.
Nous
ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de nous souvenir de la guerr
317
Nous ne l’avons pas cru longtemps, — le temps de
nous
souvenir de la guerre. Aujourd’hui, des imprécations montent de toute
318
e et sa nouveauté menaçante. ⁂ Que la passion qui
nous
arrache ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons
319
açante. ⁂ Que la passion qui nous arrache ce cri,
nous
rende aussi lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et nous savon
320
e ce cri, nous rende aussi lucides et efficaces !
Nous
voulons rompre, et nous savons qu’il y faudra de la violence. Mais où
321
si lucides et efficaces ! Nous voulons rompre, et
nous
savons qu’il y faudra de la violence. Mais où porter le coup ? qui dé
322
préfecture de police. Qu’on n’attende donc pas de
nous
un appel aux Églises en tant que corps constitués et officiels24. Non
323
anons. Bien moins encore que tout cela, attendons-
nous
de nos églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doc
324
ien moins encore que tout cela, attendons-nous de
nos
églises qu’elles énoncent une doctrine sociale opposée aux doctrines
325
doctrine sociale opposée aux doctrines régnantes.
Nous
n’attendons rien d’aucun acte délibéré, pesé et calculé, tendant à dé
326
sme. ⁂ Le christianisme n’est pas une puissance à
notre
disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simplement
327
aient été introduites dans le monde par Dieu, que
nous
aurions mal dirigées, compromises par maladresse, et que nous pourrio
328
mal dirigées, compromises par maladresse, et que
nous
pourrions, par exemple, dégager de leurs complicités avec les « force
329
ge à l’Amérique moderne, la grande Imposture dont
nous
avons à dénoncer l’origine permanente et les manifestations actuelles
330
permanente et les manifestations actuelles. ⁂ Ne
nous
excusons pas d’avoir recours ici à des formules théologiques, puisque
331
désordre, et plus encore dans son établissement,
nous
trouvons ce désir trop humain de parler des choses de la foi dans le
332
s le langage du bonheur terrestre. La rupture que
nous
voulons n’aura de conséquences politiques que si nous posons le probl
333
voulons n’aura de conséquences politiques que si
nous
posons le problème sur son plan réel. Or, le lieu de sa décision n’es
334
scours chaleureux du Père de la Brière27 voudrait
nous
enflammer contre une espèce de bolchévisme qu’il décrit ainsi : « Dan
335
ère lance un vibrant appel aux écrivains : qu’ils
nous
écrivent des romans contre le bolchévisme, et l’on donnera 50 000 fra
336
t de l’esprit à ce dérèglement. »31 Et pourtant,
nous
n’avons jamais à dresser notre christianisme contre le monde, comme u
337
. »31 Et pourtant, nous n’avons jamais à dresser
notre
christianisme contre le monde, comme une force positive contre une fo
338
Église est en tout temps de dire au monde : Tu ne
dois
pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu dois ! En son nom je
339
s pas ! Mais c’est à la foi seule de me dire : Tu
dois
! En son nom je ne puis engager que moi-même, hic et nunc. La politiq
340
de choix que personnel. Ainsi le rôle de l’Église
doit
-il rester de porter sur le monde un jugement permanent et enseignant
341
, étant la rupture de toute durée. Mais dès lors,
nous
savons le véritable nom de la rupture, son lieu, son mode et son enje
342
cette seule Rupture effective surpasse absolument
nos
forces, en même temps qu’elle en exige tout : c’est la conversion.
343
ésespoir, trad. Gateau (Gallimard), p. 178. C’est
nous
qui soulignons. 31. Ibid., p. 170.
344
prudemment mesurées. Et d’abord, la question qui
nous
occupe ici est-elle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de nou
345
lle une vraie question ? Est-elle, pour chacun de
nous
, une question qui se pose dans la vie, que vous vous posiez avant de
346
contemporaines ?33 L’une des caractéristiques de
notre
temps, c’est sans doute le besoin qu’il a de mettre en question les q
347
de mettre en question les questions elles-mêmes.
Nous
nous refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiq
348
ettre en question les questions elles-mêmes. Nous
nous
refusons, de plus en plus, à discuter sur des nuances métaphysiques a
349
loin, cherchons donc à serrer les deux termes de
notre
sujet, cherchons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il nous fau
350
otre sujet, cherchons à dégager leur réalité dans
nos
vies. 1. Il nous faut tout de suite dissiper un malentendu : par le t
351
chons à dégager leur réalité dans nos vies. 1. Il
nous
faut tout de suite dissiper un malentendu : par le terme d’humanisme,
352
e, en France, à désigner la culture gréco-latine.
Nous
n’avons pas, bien entendu, à discuter ici la question des humanités.
353
ntendu, à discuter ici la question des humanités.
Nous
prendrons le mot humanisme au sens plus général, non moins précis, qu
354
uel sens l’homme veut donner à sa vie, comment il
doit
vivre pour mieux vivre. Mais alors, en quoi les deux conceptions s’op
355
mme si la vie était le bien absolu. C’est ici que
nous
entrons dans l’ordre de l’éthique quotidienne. L’humaniste cherchera
356
vice et de sacrifice qui, dans tous les domaines,
doit
faire de lui un révolutionnaire, un fou d’abord et non pas d’abord un
357
e est misérable, si l’on songe que ce « paradis »
doit
être payé ici-bas du mépris des garanties humaines les plus élémentai
358
éfiance à l’endroit de la Providence. Ce mot peut
nous
fournir un autre exemple. Un chrétien qui s’écrie : c’est providentie
359
ussé jusqu’aux réalisations effectives que semble
devoir
commander une foi véritable en l’humain. Le communisme est le véritab
360
main. Le communisme est le véritable humanisme de
notre
temps. La seule tentative pleinement consciente et avouée pour soustr
361
-dire : qui concerne « l’existence » de chacun de
nous
, en tant qu’elle se trouve engagée dans un conflit exigeant une décis
362
’est simplement pour souligner l’impossibilité où
nous
nous trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une
363
simplement pour souligner l’impossibilité où nous
nous
trouvons de « choisir en toute impartialité », comme le veut une locu
364
s, il m’est arrivé de « sentir communiste ». Cela
nous
arrive à tous, et plus souvent que nous ne le pensons. Mais de là à a
365
e ». Cela nous arrive à tous, et plus souvent que
nous
ne le pensons. Mais de là à accepter, à prendre sur soi et assumer en
366
nce matérielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec
nous
, nous t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capita
367
térielle. Il dit à l’ouvrier : « Viens avec nous,
nous
t’assurerons le travail, la nourriture et le logis. » Le capitaliste
368
r en soi. Il n’est pas une vertu, comme voulurent
nous
le faire croire Benjamin Franklin et les capitalistes. Il est puremen
369
inconscient. C’est là une illusion de moraliste.
Nos
actes ne valent que dans la mesure où ils sont faits pour Dieu, c’est
370
hypocrisies que ces moralistes ont décelées dans
nos
beaux sentiments, toute cette critique reste valable quand on se limi
371
es de Moscou sont loin d’être d’accord là-dessus.
Nous
y verrons plus clair si nous formulons maintenant la divergence plus
372
d’accord là-dessus. Nous y verrons plus clair si
nous
formulons maintenant la divergence plus profonde, l’ultime et crucial
373
, c’est d’organiser cette vie-ci pour elle-même :
notre
règne arrive ! Mais les chrétiens le savent-ils encore ? Savent-ils e
374
able de la vie et de la mort, ce commandement que
nous
avons reçu d’être dans ce monde comme si nous n’y étions pas, cet éta
375
que nous avons reçu d’être dans ce monde comme si
nous
n’y étions pas, cet état que Unamuno nomme l’agonie du christianisme,
376
ts. L’abîme devient flagrant. Il serait temps que
nos
bourgeois vaguement chrétiens s’en rendent compte clairement. Nous av
377
guement chrétiens s’en rendent compte clairement.
Nous
avons longtemps cru que le « point de vue mystique » pouvait servir à
378
servir à la vie dans le monde, même sans la foi.
Nous
avons cru que le christianisme était une règle de vie, valable en soi
379
e belle taille, et que désormais le fait marxiste
nous
dispensera de commettre. Car c’est le marxisme qui est une règle de v
380
peut. La conclusion de tout cela est évidente. Si
nous
sommes conscients de toute l’exigence du christianisme, le marxisme n
381
igence du christianisme, le marxisme ne peut plus
nous
apparaître comme un problème difficile, une tentation ou un appel à l
382
plus que le défi que l’humanisme total adresse à
notre
christianisme. Il nous met en demeure de radicaliser ce christianisme
383
humanisme total adresse à notre christianisme. Il
nous
met en demeure de radicaliser ce christianisme. Je crois que toute a
384
itude a provoqué l’inévitable et juste révolte de
nos
camarades athées. Il n’est de charité bien ordonnée que celle qui com
385
e qu’elle s’élève contre un fait dont malgré tout
nous
ignorons la pleine signification humaine : le fait fasciste étant ava
386
ine : le fait fasciste étant avant tout national.
Nous
ne sentons pas l’hitlérisme comme des Allemands, ni le fascisme comme
387
des Allemands, ni le fascisme comme des Italiens.
Nous
ne les sentons pas en France. Nous nous élevons contre une méthode de
388
des Italiens. Nous ne les sentons pas en France.
Nous
nous élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposé
389
Italiens. Nous ne les sentons pas en France. Nous
nous
élevons contre une méthode de gouverner imaginairement transposée dan
390
thode de gouverner imaginairement transposée dans
nos
mœurs. Personne encore ne sait ni ne prétend savoir ce que serait un
391
d savoir ce que serait un fascisme français, mais
nous
ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que nous baptisons « un fasc
392
nous ne dénonçons qu’avec plus d’éloquence ce que
nous
baptisons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de «
393
e que nous baptisons « un fascisme larvé ». Quand
nous
traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet in
394
sément le fascisme. Je simplifie à l’excès ? Mais
nous
voyons trois peuples occidentaux obéir à des déterminations guère plu
395
de la vie multiple du pays. Cet exemple est pour
nous
d’un rude enseignement. Toute Gleichschaltung, toute expérience fasci
396
. La comédie spiritualiste, que le fascisme croit
devoir
jouer pour entraîner les classes moyennes, est un danger plus grand p
397
umanisme fasciste et le culte des héros sont pour
notre
personnalisme une menace plus perfide que le collectivisme déclaré. C
398
péril fasciste présent ? L’expérience hitlérienne
nous
permet de répondre à coup sûr. Que nous montre, en effet, l’Allemagne
399
tlérienne nous permet de répondre à coup sûr. Que
nous
montre, en effet, l’Allemagne ? Dans l’ordre ecclésiastique, c’est l’
400
italien jouissait encore de toutes les faveurs de
nos
droites. (Note de 1946.) 40. C’est au reçu d’une circulaire m’invita
401
rsécutions hitlériennes contre les Juifs auraient
dû
s’indigner aussi des persécutions soviétiques contre les chrétiens, e
402
tal, les raisons dernières du choix que chacun de
nous
va se trouver contraint de faire, d’ici peu. 47. Des considérations
403
le ? Il semble que la solidarité du péril crée en
nous
une unité que n’ont su faire ni maîtres ni doctrines, unité de refus
404
tte vue qu’ont été réunies — rapidement, car tout
nous
presse — les déclarations que l’on va lire. Suivaient onze « témoign
405
entai d’analyser dans les conclusions que voici.
Nous
sommes une génération comblée. Comblée de chances de grandeur, et com
406
s’agit, ni même de conflits d’intérêts. Mais pour
nous
, entrés dans la vie sous le coup d’une menace de faillite planétaire,
407
imposer. Ce n’est plus pour quelque « idéal » que
nous
avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeure
408
ugles, mais pas si sourds qu’ils ne s’irritent de
nos
cris. Il est vrai que certains, au lendemain de la guerre, ont trop s
409
e de tout le mal ? Telles sont les composantes de
notre
situation. Nous sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pou
410
? Telles sont les composantes de notre situation.
Nous
sommes là : n’y pouvant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de
411
ant plus tenir longtemps ; ne pouvant accepter de
nous
battre pour un « ordre » et des « idéaux » criminels. Il y a la guerr
412
x » criminels. Il y a la guerre proche. La ferons-
nous
? pour qui ? Il y a la misère présente : pour quoi la supporterons-no
413
a la misère présente : pour quoi la supporterons-
nous
? La révolution, ce n’est plus un état d’esprit, ni un refus des tâch
414
terme, et aussi à son sens de misère qui appelle.
Nous
ne sommes pas « des bourgeois-dégoûtés » ou des « prolétaires-avides-
415
audrait qu’elle le paie du prix de l’âme même. On
nous
donne à choisir entre un régime bourgeois odieux, raté, dont beaucoup
416
et d’autre part une espérance, une utopie, qu’il
nous
est impossible d’accepter de « bon cœur », parce que nous n’y voyons
417
impossible d’accepter de « bon cœur », parce que
nous
n’y voyons qu’une réalisation épurée, tyrannique et privée de toute r
418
de cela justement que, dans le désordre régnant,
nous
détestons de toute la force de notre être : la primauté du matériel.
419
rdre régnant, nous détestons de toute la force de
notre
être : la primauté du matériel. Comment penser — si penser est insépa
420
aie. Ni à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour
nous
. Nous nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réal
421
i à gauche, ni à droite, il n’y a rien pour nous.
Nous
nous plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité éc
422
auche, ni à droite, il n’y a rien pour nous. Nous
nous
plaçons à l’origine de quelque chose d’autre, dont la réalité échappe
423
les révolutionnaires non marxistes. Mais comment
nous
laisser convaincre par une réussite matérielle, temporaire, et d’aill
424
eurs discutable ? C’est l’homme qui se révolte en
nous
contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’h
425
nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et
nous
ne trahirons pas l’homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se h
426
hâter, et qu’en Russie c’est en train de marcher.
Nous
jouerons tout sur une révolution vraie. Les catastrophes sont proche
427
révolution vraie. Les catastrophes sont proches.
Nous
ne sommes plus les seuls à le dire. Beaucoup de capitalistes l’ont si
428
en sous-main des terrains d’entente avec l’URSS.
Nous
ne pensons pas que la guerre soit, comme l’écrit Henri Lefebvre, la s
429
onflit d’intérêts ? Et d’intérêts qui ne sont pas
les nôtres
, qui ne sont pas les intérêts réels d’un être aux prises avec la cond
430
pour le mensonge d’hier, ni pour celui de demain
nous
ne verserons notre sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tou
431
d’hier, ni pour celui de demain nous ne verserons
notre
sang. Il y a une vérité qui domine et condamne tout cela. Entre le c
432
atries personnalistes. Mais où sont les motifs de
notre
choix ? J’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui nous impor
433
’en indiquerai trois : 1° La seule révolution qui
nous
importe concerne l’homme, exprime ses données élémentaires : elle n’e
434
ojection du conflit de la personne. Les marxistes
nous
accusent de mêler des notions « morales » — ainsi désignent-ils la no
435
si « ces faits sont les faits » comme on voudrait
nous
le faire croire. Une révolution n’agit pas dans le vide, mais contre
436
l’acte toute efficacité créatrice et par là même
doit
être dénoncée comme antirévolutionnaire50. Le matérialisme, c’est l’o
437
de la statistique. Mais les marxistes répugnent à
nous
suivre sur ce terrain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à n
438
ain. Suivons-les donc sur le leur. Ils opposent à
nos
« rêveries » l’action. Qu’appellent-ils l’action ? Est-ce un opportun
439
écrit Nizan. Voilà bien la suprême « évasion » de
nos
intellectuels, même marxistes. Abdication de la pensée entre les main
440
illions de membres, sévèrement contrôlés. « Mais,
nous
dit-on, les constructions d’un Lénine n’étaient pas songes, elles s’a
441
es s’appuyaient sur le mouvement de l’histoire. »
Nous
avons affaire ici à un véritable mysticisme de la réussite, à un fata
442
isamment analysés. Les faits, demain, seront pour
nous
. L’Ordre nouveau , Esprit , travaillent dans la ligne des forces ré
443
ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mieux que
nous
. Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumulation de leurs
444
ccumulation de leurs griefs, — dont beaucoup sont
les nôtres
, mais nous en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes
445
urs griefs, — dont beaucoup sont les nôtres, mais
nous
en avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes contre le c
446
la fois des bourgeois, et de la vérité humaine de
nos
doctrines antibourgeoises. Mais ils ne donnent pas de pain. Ceux qui
447
tent que du pain, finalement n’en donnent jamais.
Nous
avons en commun avec eux certains mots d’ordre immédiats : lutte cont
448
auxquelles se maintient le désordre établi. Mais
nous
allons plus loin dans la critique de ce désordre : jusqu’à ce point o
449
te-matérialiste. Non, ce n’est pas une classe que
nous
devons sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homm
450
térialiste. Non, ce n’est pas une classe que nous
devons
sauver, c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n
451
rises, des nations, les intérêts (?) du monde. On
nous
demande : que signifie « sauver le monde » ? Rien. Au sens fort du mo
452
de la révolution nouvelle. Ici ; je ne dirai plus
nous
mais je. À la question « Prenez-vous au sérieux vos idées, y croyez-v
453
mble. Loin de moi la pensée que par des arguments
nous
pourrons triompher d’autre chose que d’arguments. À l’effort admirabl
454
nt la grandeur des luttes élémentaires, n’aurions-
nous
à répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendro
455
ue « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de
nous
que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est g
456
e trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que
notre
volonté de sacrifice, de pauvreté. C’est dangereux, c’est grave de pe
457
de penser juste. La vérité ne peut exister parmi
nous
que sous la forme d’une accusation personnelle. Il faut savoir entend
458
e ?) 52. Le succès du communisme serait-il « de
nous
rendre la vie de caserne acceptable » ? (R. de Pury, dans Hic et Nun
459
XIICommunauté révolutionnaire L’époque où
nous
vivons cherche la paix comme d’autres ont cherché la puissance, ou l’
460
’est pas une occupation, ni un but. Du moins pour
notre
civilisation, elle n’est rien que l’absence obsédante de la guerre. T
461
nnu, mais peu de personnes en tiennent compte. Si
nous
le répétons, c’est afin d’insister, une fois de plus, sur cette absen
462
e vivant d’unité et d’union, qui est la marque de
notre
temps, et la cause de notre psychose de sécurité. Tant que cette care
463
qui est la marque de notre temps, et la cause de
notre
psychose de sécurité. Tant que cette carence fondamentale ne sera pas
464
que dans le système parlementaire. C’est pourquoi
nous
considérons le communisme comme l’agent le plus perfectionné de la dé
465
plus perfectionné de la désagrégation atomique de
notre
monde, — désagrégation dont l’aboutissement fatal serait la ruine de
466
tice. Ces simplifications résument des études que
nous
avons, ailleurs, poussées dans le détail53. Elles nous permettent de
467
avons, ailleurs, poussées dans le détail53. Elles
nous
permettent de situer notre opposition au monde actuel. Elles nous per
468
dans le détail53. Elles nous permettent de situer
notre
opposition au monde actuel. Elles nous permettent aussi de donner sa
469
de situer notre opposition au monde actuel. Elles
nous
permettent aussi de donner sa réelle et pratique importance, dans l’o
470
me en soi, d’homme type, est trop connue pour que
nous
la reprenions ici. On sait comment cette notion a passé dans les mœur
471
rnité véritable. Elle introduisait en effet, dans
notre
monde tel qu’il est, un principe entre tous néfaste : celui de la com
472
mépriser. Ainsi, la revendication égalitaire, qui
devait
dans l’esprit des théoriciens supprimer les conflits en supprimant le
473
un espoir fondé sur la réalité humaine telle que
nous
la constatons parfois réalisée, alors que l’utopie individualiste fon
474
es utiliser. Telle est la formule fondamentale de
notre
politique. Elle entraîne immédiatement cette constatation : c’est qu’
475
i seront à la base de la vie sociale quotidienne.
Nous
n’établissons pas de distinction théorique et inopérante entre la vie
476
nopérante entre la vie privée et la vie publique.
Nous
n’avons pas deux morales. Et tout ce que nous disons sur la morale so
477
ue. Nous n’avons pas deux morales. Et tout ce que
nous
disons sur la morale sociale doit et peut être immédiatement traduit
478
Et tout ce que nous disons sur la morale sociale
doit
et peut être immédiatement traduit en institutions économiques par ex
479
n bas de laine ou prisonnier des assurances. Pour
nous
, la liberté ne consistera jamais dans la suppression des obligations,
480
de la personne, c’est, à la limite, l’héroïsme.
Nous
savons bien que ce mot introduit une équivoque grave. Les fascismes r
481
rand bien de l’État. Cette inversion flagrante ne
nous
empêchera pas de prononcer un mot auquel il est urgent de rendre son
482
antagonismes. La paix, l’ordre, la solidarité que
nous
voulons se fonderont sur cette affirmation antiégalitaire, personnali
483
rop simple pour les évasifs et les désespérés qui
nous
entourent ? Est-ce « trop subtil », trop « intellectuel », trop « thé
484
ent si bien l’empêcher d’en user ? Sans doute. Et
nos
« valeurs » ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous nous
485
» ne seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais
nous
nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, n
486
seront jamais cotées sur leurs marchés. Mais nous
nous
adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des
487
Mais nous nous adressons à des hommes réveillés.
Nous
n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On n
488
s autres. Elle prétend agir à l’encontre de toute
notre
expérience électorale. — C’est bien cela. — Mais alors vous n’êtes ri
489
ismes » n’ont pas plus d’effet, pratiquement, que
nos
« utopies ». Ou sinon je devrais vous rendre responsables de la crise
490
t, pratiquement, que nos « utopies ». Ou sinon je
devrais
vous rendre responsables de la crise actuelle ? Mais tranquillisez-vo
491
’étaient pas « philosophiques » au même titre que
les nôtres
. Nous revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover
492
« philosophiques » au même titre que les nôtres.
Nous
revenons à ces doctrines pour les combattre ou pour les rénover. Ce q
493
signifie : vous cherchez la vérité politique, et
nous
, nous voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque cho
494
fie : vous cherchez la vérité politique, et nous,
nous
voulons des discours, du « pratique », c’est-à-dire quelque chose d’é
495
e chose d’électoral. Être « objectif » Dans
nos
plans, nous parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de l
496
lectoral. Être « objectif » Dans nos plans,
nous
parlons des choses, de leur nature et de leurs lois, de leur producti
497
leur production, répartition et usage humain, et
nous
en parlons objectivement, mais non sans parti pris. Et voilà qui para
498
coup un paradoxe bien irritant. Le parti pris que
nous
affirmons est bien connu : il n’en est pas de plus simpliste. Nous ra
499
t bien connu : il n’en est pas de plus simpliste.
Nous
ramenons tout à l’homme et à ses intérêts humains. Quel homme ? Le me
500
on ménage, de sa terre ; enfin ceux de son œuvre.
Nous
parlons humainement des choses les plus pratiques… Mais eux, ils veul
501
umergue à Cachin, est romantisme. C’est parce que
nous
sommes objectifs qu’ils se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu
502
se méfient ; c’est parce qu’ils se méfient qu’ils
nous
traitent d’utopistes et de gens peu pratiques. Ils répètent au hasard
503
t ». C’est donc par les facteurs spirituels qu’il
nous
faut commencer la mise en ordre du monde moderne. Importance d’une dé
504
e définition de la personne. Toute la tactique de
notre
révolution en dépend. Humilité du spirituel Les revues bien-pen
505
de sa charge. Or, l’exercice du pouvoir spirituel
nous
est prescrit, par l’Évangile, comme un service dans l’abaissement. La
506
se moquer des calligraphes. Mais ce sont eux qui
nous
apprennent à écrire, qui nous donnent les modèles, qui prévoient les
507
ais ce sont eux qui nous apprennent à écrire, qui
nous
donnent les modèles, qui prévoient les déformations nécessaires de l’
508
t pu tout aussi bien se passer des théoriciens… «
Nous
avons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » « Nous avons l’URSS
509
ons les locomotives, à quoi sert Stephenson ? » «
Nous
avons l’URSS, à quoi sert Marx ? »… Le peuple souverain On devr
510
quoi sert Marx ? »… Le peuple souverain On
devrait
, dire : le peuple tyran. Jamais souverain ne fut à ce degré jaloux de
511
n réelle de croire : c’est d’agir. Mais duquel de
nos
coryphées du marxisme apprenons-nous qu’il conforme sa vie à ses réce
512
ais duquel de nos coryphées du marxisme apprenons-
nous
qu’il conforme sa vie à ses récentes opinions ? Allons, ils ne sont p
513
ssurés, et qui sortent, dit-on, « fatalement » de
nos
ombres ? Je vois naître dans un lent cauchemar la Bête de l’Apocalyps
514
règne qu’ils préparent ne va-t-il point porter à
notre
audace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là notre plus belle
515
dace un défi presque inespéré ? N’est-ce point là
notre
plus belle chance de grandeur ? Ils nous tueront ! L’Idole est absolu
516
oint là notre plus belle chance de grandeur ? Ils
nous
tueront ! L’Idole est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il no
517
est absolue. Et ce n’est pas cette mort-là qu’il
nous
faut craindre, mais bien plutôt que les autres ne meurent bassement d
518
ui s’évanouit aussitôt qu’on l’atteint. Vraiment,
notre
époque vit sur des données fragiles, éthérées ! La carotte qu’on fixe
519
ne a, sur le bonheur que poursuivent presque tous
nos
contemporains, l’avantage d’être comestible. Le mythe moderne du bonh
520
s insaisissable et le plus généralement révéré de
nos
mythes : personne encore n’a su le définir et fixer son niveau concre
521
domination des compagnies d’assurances étatisées,
notre
chance « personnaliste »reste entière. Ou plutôt elle cesse d’être un
522
our rien connaître de la nature du litige humain.
Nous
mourrons de la mort des singes.) Perspectives (II) Avantage du
523
s siècles de travail, de sacrifices et de police.
Nous
connaissons une jeunesse d’Europe qui n’a pas attendu pour vivre la p
524
u pour vivre la permission du marxisme orthodoxe.
Nous
avons eu, depuis quelques années, comme une première vision d’un styl
525
homme nouveau » que la révolution fait sortir de
nos
ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui le dé
526
ur une course qui n’aura pas de fin, puisque vous
devrez
marcher jusqu’à votre mort, sans nul espoir d’atteindre le but ! (Ce
527
’ils soient de gauche, du centre ou de la droite,
nous
les voyons préconiser les mêmes formations de combat, exciter des pas
528
dre aux faveurs du même « peuple » conventionnel.
Nous
les voyons utiliser la même tactique, pour des visées qui se voudraie
529
r sincérité. Fondés sur cette erreur commune, ils
nous
reprochent d’être sans « force » au service de nos vérités. (Ils dise
530
us reprochent d’être sans « force » au service de
nos
vérités. (Ils disent alors : de nos rêveries.) Ils ne conçoivent, en
531
au service de nos vérités. (Ils disent alors : de
nos
rêveries.) Ils ne conçoivent, en effet, d’autre force que la passion
532
ffet, d’autre force que la passion électorale. Si
nous
briguions leurs avantages, nous serions plus nigauds encore qu’ils ne
533
on électorale. Si nous briguions leurs avantages,
nous
serions plus nigauds encore qu’ils ne le croient ; mais, comme il s’a
534
t d’autre chose, comme il s’agit précisément pour
nous
de purifier le monde de leurs moyens et de leurs idéaux, cette critiq
535
moyens et de leurs idéaux, cette critique qu’ils
nous
font est naïve. Quand on travaille dans le médiocre, on aurait tort,
536
importance quand les fins sont mal définies. Mais
nous
visons des buts bien définis : il ne faut pas épauler au hasard. Le g
537
la personne en acte. Pouvoir de la doctrine
Nous
disons que la force, l’autorité valable et le pouvoir sont l’apanage
538
e proposer quelques maximes tactiques déduites de
notre
position personnaliste, il n’est pas inutile de formuler quelques rem
539
essité d’un certain puritanisme, etc.) 3. Un chef
doit
être pauvre et savoir que la richesse affaiblit. (Si cela est admis,
540
iller avec « les masses »62 !) 5. L’ordre à créer
doit
se manifester dès maintenant comme mise en ordre. Cela signifie que l
541
actuel, mais surtout ceux du régime nouveau. (Car
nous
ne sommes pas des émeutiers, mais des constructeurs.) 7. Ce n’est pas
542
la masse informe qu’il s’agit d’émouvoir, mais il
nous
faut atteindre des hommes, un à un, — et les former. (Notre action su
543
atteindre des hommes, un à un, — et les former. (
Notre
action sur les masses consiste à dissocier ces masses en personnes re
544
nnaliste, démocratique au mauvais sens du terme. (
Notre
personnalisme pourrait revendiquer à juste titre l’usage exclusif de
545
e, comme symbolique de bagarres ultérieures, dont
nous
ne sommes pas près de sortir ! (1946.) 62. Un seul homme convaincu,
546
1Liberté ou chômage ?
Nous
entendions l’autre jour, en buvant un café sur le zinc : « Le travail
547
ment mêlées dans les pauvres cervelles citadines.
Nous
ne manquerons aucune occasion de critiquer dans cette revue71 la mora
548
onde bourgeois prétend fonder la dignité humaine.
Nous
dénoncerons sans cesse l’hypocrisie plus ou moins consciente de cette
549
rticulièrement concret, celui du chômage, bornons-
nous
à montrer les conséquences fatales d’une erreur à peu près universell
550
té que récemment, à la suite de circonstances que
nous
préciserons tout à l’heure. Durant plusieurs décades, la production a
551
cessaires du machinisme en régime capitaliste. Si
nous
examinons les courbes d’accroissement de la productivité par homme de
552
ment de la productivité par homme de 1899 à 1919,
nous
voyons que leur ascension est relativement lente et passe, par exempl
553
prévoir ce que réservait l’année 1921. Reprenons
notre
courbe de productivité. À partir de 1921, et sans qu’aucun fait nouve
554
peut bien dire sans précédent dans l’histoire de
notre
civilisation, et que son apparence irrationnelle devrait contribuer à
555
civilisation, et que son apparence irrationnelle
devrait
contribuer à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans nos proc
556
nnelle devrait contribuer à rendre plus frappant,
nous
comptons tirer, dans nos prochains numéros, les conclusions pratiques
557
à rendre plus frappant, nous comptons tirer, dans
nos
prochains numéros, les conclusions pratiques et les significations ré
558
u contraire la contre-épreuve éclatante de ce que
nous
venons d’avancer : parce que le champ d’absorption est loin d’être co
559
u concret. 73. Après avoir touché à 107 en 1914.
Nous
utilisons les chiffres donnés par le Federal Reserve Board d’une part
560
e grandit. C’est une des leçons de la crise. 76.
Nos
écrivains courent admirer là-bas la fabrication d’une casserole en tr
561
abrication d’une casserole en treize minutes. — «
Nous
ferons mieux que l’Amérique ! »
562
oisirs est née la présente corruption du travail.
Notre
siècle ne connaît plus ni le travail ni le loisir depuis qu’il a coup
563
loisir depuis qu’il a coupé leurs liens vivants.
Nous
le voyons se débattre dans une amère contradiction : labeur forcé ou
564
d’esclaves, consternante misère : une misère qui
nous
rabat au sol. L’homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa me
565
ice, d’isolement et d’impuissance. La division de
nos
journées en 8 heures de travail et 8 heures de loisir est une dérisio
566
l d’un conflit absurde entre deux opérations dont
nous
avons perdu le contrôle, pour les avoir follement décrétées autonomes
567
sommation. Cette division n’est pas humaine. Elle
nous
asservit. Je veux dire que nous en pâtissons dans une mesure qui n’es
568
pas humaine. Elle nous asservit. Je veux dire que
nous
en pâtissons dans une mesure qui n’est pas celle de la condamnation p
569
qui n’est pas celle de la condamnation portée sur
notre
race. On peut dire que nous en remettons. Fausse dignité du travai
570
damnation portée sur notre race. On peut dire que
nous
en remettons. Fausse dignité du travail Les nécessités anonymes
571
mes naissent et grandissent à la mesure exacte de
nos
démissions personnelles : genèse des mythiques lois de l’économie, de
572
oisième République, de l’Amérique et des Soviets.
Nous
croyons ici que la dignité de l’homme consiste à mettre en jeu sa vie
573
e, à la risquer jusqu’à la perdre si la mesure de
notre
acte nous dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pou
574
quer jusqu’à la perdre si la mesure de notre acte
nous
dépasse. « Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour nous.
575
Primauté du spirituel » n’a pas d’autre sens pour
nous
. Bourgeois et marxistes partent de la nécessité du gain, — gagner s
576
partent de la nécessité du gain, — gagner sa vie.
Nous
partons de la liberté du risque, — c’est peut-être perdre sa vie. Cet
577
llement radicale, tellement fondamentale, qu’elle
nous
interdit de prendre au tragique l’opposition toute relative du commun
578
ier ce qu’il répugne à considérer comme sa peine.
Nous
assistons au triple échec du cynisme grossier — « Je gagne mon biftec
579
’un libéral voudra bien reconnaître insuffisante,
nous
a valu le siècle d’égarement que nous tentons maintenant de solder. U
580
suffisante, nous a valu le siècle d’égarement que
nous
tentons maintenant de solder. Un siècle de machinisme, ou plutôt d’in
581
té humaine d’utiliser les effets du travail. Mais
nous
savons le vrai nom du « temps vuide. » et c’est chômage. Tout le mal
582
, car les choses sont toujours plus complexes que
nos
sommations, tout le mal moderne est symbolisé par cette disjonction d
583
dire du travail forcé. (La logique du langage ici
nous
guide sûrement.) Qu’une classe possédante en vienne par fatigue à déc
584
surer ce loisir. C’est créer un monde impensable,
le nôtre
. Car si le loisir est simplement le contraire du travail, et son but
585
La tâche restauratrice de l’esprit, dévolue à
notre
génération, apparaît maintenant évidente : remontant à la racine du m
586
intenant évidente : remontant à la racine du mal,
nous
réduirons d’abord l’erreur rationaliste, la séparation de la « pensée
587
a séparation de la « pensée » et de l’« action ».
Nous
réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risqu
588
r dans le risque total de l’être, qui est l’acte.
Nous
penserons avec des mains créatrices. Nous dirons : le but du travail,
589
l’acte. Nous penserons avec des mains créatrices.
Nous
dirons : le but du travail, ce n’est pas le loisir, mais la création.
590
ir, ce n’est pas la jouissance, mais la création.
Nous
n’avons pas le goût du vide. Par cet acte, travail et loisir retrouve
591
tica fascista déclare à propos du même groupe : «
Nous
préférons encore les marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié
592
umaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui
doit
normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessa
593
rialisme dialectique.) « Primauté du spirituel »,
nous
retrouvons cette affirmation dans la revue Esprit. S’agit-il là, enco
594
s, vont mal. Ainsi parle un grossier bon sens. 2.
Nous
voyons aujourd’hui un nombre grandissant d’intellectuels proclamer av
595
indre, dont ils avaient toujours usé, entraîne le
devoir
de modifier la situation dont ils se plaignent. Conséquence pour eux
596
e donner, non sans maladresse, avant d’assumer un
devoir
qui paraîtrait, en temps normaux, incomber à tout homme normal, révèl
597
intelligent, honnête et doué de sens critique, se
devrait
en tout temps de participer à la chose civique ; mais on sent aussi q
598
litique, telle qu’elle est conçue et pratiquée de
nos
jours, est une menace sérieuse pour l’intégrité de l’homme, son intel
599
e peste, et tous les raisonnements qui voudraient
nous
y engager sont de misérables sophismes. Mais si la politique devient
600
es sophismes. Mais si la politique devient ce que
nous
voulons qu’elle soit, la question d’en faire ou de n’en pas faire ne
601
te qu’un honnête homme, et, de plus, patriote, se
doit
de rejeter tous les partis. Prétendre entrer dans un parti — le moins
602
e l’homme sain qui osera faire leur éloge ! Elles
nous
présentent chaque semaine dans leurs échos et leurs leaders l’antholo
603
es plaisanteries à tant la ligne la plus propre à
nous
faire envier la suppression des libertés de la presse. (Si les journa
604
France de véritable idéologie politique. Ce qu’on
nous
offre sous ce nom n’est qu’un lamentable ramassis de phrases emprunté
605
u’un honnête homme, et au surplus intelligent, se
doit
de n’y pas tremper fût-ce du bout de son stylo. c) Justement écœurés
606
nverse du désir de ces nouveaux « physiocrates »,
nous
voyons, depuis peu, la politique prendre l’aspect d’un mysticisme, et
607
la théologie pures. 4. Mais — la politique est à
nos
yeux toute autre chose que ce que l’on a coutume d’appeler ainsi, qua
608
l’homme se voit entraîné dans la vie civique par
devoir
, au nom des « intérêts » de l’État, ou au nom des « intérêts » de la
609
es, ou en tous cas, sans commune mesure. 5. Pour
nous
, personnalistes, c’est tout le contraire : la vraie politique ne saur
610
se trouvent ainsi déterminées. C’est en vertu de
notre
conception de la personne que nous voulons subordonner l’État à la li
611
t en vertu de notre conception de la personne que
nous
voulons subordonner l’État à la liberté créatrice de ceux qui forment
612
de ceux qui forment la nation. C’est en vertu de
notre
conception de la personne que nous voulons assurer à chacun un « mini
613
t en vertu de notre conception de la personne que
nous
voulons assurer à chacun un « minimum vital », c’est-à-dire une base
614
c’est-à-dire une base matérielle de départ. (D’où
notre
définition du rôle de l’État, limité et fort, et l’institution du ser
615
’institution du service civil.) C’est en vertu de
notre
conception de la personne que nous voulons restaurer le sens de la mi
616
t en vertu de notre conception de la personne que
nous
voulons restaurer le sens de la mission nationale des Français. C’est
617
mission nationale des Français. C’est en vertu de
notre
conception de la personne, enfin, que nous jugeons désirable et fécon
618
tu de notre conception de la personne, enfin, que
nous
jugeons désirable et féconde la pluralité des vocations, des idéaux e
619
leur fédération sur pied d’égalité. Ainsi encore,
notre
méthode dichotomique — que beaucoup ont tant de peine à comprendre —
620
la méthode politique par excellence, au sens que
nous
venons de donner du politique. Elle consiste à faire la part, dans l’
621
pter avec souplesse la technique aux buts qu’elle
doit
servir. 6. On nous dira : tout cela est bien beau, bien cohérent, — t
622
la technique aux buts qu’elle doit servir. 6. On
nous
dira : tout cela est bien beau, bien cohérent, — trop cohérent… Quel
623
s maniaques qu’on nomme des vieux militants. — On
nous
dira aussi : vous n’êtes que des intellectuels… À ceux qui nous diron
624
i : vous n’êtes que des intellectuels… À ceux qui
nous
diront cela, je demande : 1° Est-ce une raison, parce que personne au
625
traire pour commettre cette espèce de suicide que
nous
recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes-nous en pleine cris
626
recommandent les clercs purs ? Oui ou non, sommes-
nous
en pleine crise ? Oui ou non, cette crise couronne-t-elle la « politi
627
ronne-t-elle la « politique » des « réalistes » ?
Nous
nous adressons à ceux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics d
628
-t-elle la « politique » des « réalistes » ? Nous
nous
adressons à ceux qui veulent en sortir, et non pas aux syndics de fai
629
, ni aux faillis qui se réjouissent de l’être. 2°
Nous
sommes « intellectuels », certes, dans ce sens que nous voulons nous
630
ommes « intellectuels », certes, dans ce sens que
nous
voulons nous servir aussi de notre intelligence pour travailler à met
631
lectuels », certes, dans ce sens que nous voulons
nous
servir aussi de notre intelligence pour travailler à mettre en marche
632
ans ce sens que nous voulons nous servir aussi de
notre
intelligence pour travailler à mettre en marche un ordre neuf. Quant
633
mettre en marche un ordre neuf. Quant à ceux qui
nous
reprocheraient d’être ce qu’on appelle « de purs intellectuels », c’e
634
ants des conditions concrètes de la vie actuelle,
nous
les invitons cordialement à participer à notre prochaine expérience d
635
le, nous les invitons cordialement à participer à
notre
prochaine expérience de service civil : remplacer un manœuvre dans un
636
veau régime du travail, voilà l’un des aspects de
notre
« intellectualisme » ! En vérité, il serait temps que les hommes, dou
637
, la timidité, la puérilité des réformes que l’on
nous
propose à gauche et à droite. Nous dirons, encore plus simplement, à
638
ormes que l’on nous propose à gauche et à droite.
Nous
dirons, encore plus simplement, à ceux qui nous reprochent de vouloir
639
. Nous dirons, encore plus simplement, à ceux qui
nous
reprochent de vouloir une politique vraie, et même intelligente : — C
640
dedans. Mais alors, ne vous plaignez plus. Et si
notre
mariée vous paraît trop belle, nous la réserverons pour une nouvelle
641
plus. Et si notre mariée vous paraît trop belle,
nous
la réserverons pour une nouvelle jeunesse. Mais si vous n’aimez pas ç
642
si vous voulez en sortir, réfléchissez, examinez
notre
doctrine. Et ne vous contentez pas de traiter de « fascistes » des ho
643
viétique lutte contre le divorce, alors que toute
notre
presse bourgeoise lui fait une publicité tapageuse. Et l’adultère, Me
644
i se garderont-ils d’eux-mêmes de donner à ce que
nous
disons ici de la nation un sens absolu de nationalisme autarchique qu
645
de nationalisme autarchique qui est à l’opposé de
notre
pensée.
646
inition. Ii n’y a pas que du mal à en dire : cela
nous
a valu quelques œuvres durables, mineures sans doute, mais délicates
647
ieuses. Cependant, les temps ont changé. La crise
nous
a fait voir soudain que les positions intellectuelles héritées du lib
648
égime de faillite qu’on nomme l’État totalitaire.
Nous
avons constaté que rien, ni la pensée, ni l’acte individuel, n’est en
649
, n’est en réalité gratuit. Que tout se paye. Que
notre
liberté de penser n’importe quoi, sans tenir compte de l’époque, étai
650
« désintéressée ». C’est alors qu’on lança parmi
nous
le mot d’ordre : « Défense de la Culture ». Toute la confusion vient
651
te la confusion vient de là. Car la culture qu’on
nous
propose de défendre, c’est elle, précisément, qui est responsable de
652
i est responsable de la brutalité totalitaire. On
nous
propose donc de défendre une maladie contre la mort, à quoi elle mène
653
mort, à quoi elle mène nécessairement. Au lieu de
nous
refaire une santé. Au lieu de nous proposer une cure de désintoxicati
654
nt. Au lieu de nous refaire une santé. Au lieu de
nous
proposer une cure de désintoxication énergique. Au lieu de rechercher
655
ité. Et cela suffirait bien à définir le sens que
nous
donnons à ce mot d’engagement. Je l’ai dit ailleurs : un gant qui se
656
me. Et c’est la pensée libérale. Voyez donc comme
nos
libéraux se mettent d’eux-mêmes en rangs et marquent le pas dès qu’un
657
e de « l’union sacrée » qui vient de souffler sur
notre
élite en est l’ahurissant exemple. Du moins a-t-elle eu cela de bon :
658
ur infinie de la personnalité ? Comment passer de
notre
théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la
659
ersonnalité ? Comment passer de notre théologie à
notre
histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la valeur varie si c
660
ro et l’infini, et dont tant d’auteurs incroyants
nous
font une gloire peut-être intempestive ? Depuis une dizaine d’années,
661
raît une tâche d’une importance particulière pour
notre
pensée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants,
662
pour notre pensée réformée. Car il se trouve que
nous
passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la pers
663
nsée réformée. Car il se trouve que nous passons,
nous
protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tant
664
dangereux individualistes. C’est donc vraiment de
nos
affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à
665
nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion.
Nous
y avons notre mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veu
666
qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons
notre
mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veut éviter les p
667
mples historiques susceptibles de faire image. Si
nous
remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans
668
e faire image. Si nous remontons aux origines, si
nous
cherchons comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’individ
669
et de personne, et les systèmes qui s’y opposent,
nous
verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europ
670
lution de l’Europe, et quel principe central elle
doit
y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord
671
et quel principe central elle doit y incarner, de
nos
jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Contrai
672
s d’abord l’individu. Contrairement à ce que peut
nous
faire croire une certaine polémique réactionnaire, l’individu n’est p
673
ntrats. Alors que la morale de la tribu dicte des
devoirs
sacrés, dans la cité on parle de droits. Tous les membres de la tribu
674
on parle de droits. Tous les membres de la tribu
devaient
agir de la même manière minutieusement prescrite par les usages, et t
675
scient. La définition la plus noble de l’individu
nous
est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi
676
us est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il
nous
dit : Connais-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de ton e
677
elle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain qui
nous
donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire
678
in, rural et militaire, avec son appareil rigide,
devait
fatalement triompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vi
679
gide, devait fatalement triompher d’une Grèce que
nous
dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’individualisme est to
680
langage moderne par le terme de soldat politique.
Nous
allons le voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire c
681
abulaire chrétien. Car voici le moment décisif de
notre
histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare
682
nt donc comme des paradoxes vivants, et cependant
nous
savons bien que leur libération et leur service ne sont nullement con
683
dans leur genèse historique, les maîtres mots de
notre
conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vou
684
me chrétien. Ces hases étant posées, faisons dans
nos
pensées un petit saut de quelques siècles, pour retomber tout à la fo
685
que de la Réformation et dans le sujet précis qui
nous
occupe. L’Église primitive a repris peu à peu l’héritage de l’Empire
686
e les premiers types d’individus au sens moderne.
Nous
retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’indi
687
ui va se dresser pour proclamer les droits et les
devoirs
de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur m
688
irs de la personne chrétienne — c’est la Réforme.
Nous
touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien : je ne prétends
689
e vais essayer de vous montrer ce que pourrait et
devrait
être un personnalisme inspiré de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont p
690
ont admis d’être présentés comme des novateurs. «
Nous
nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions per
691
dmis d’être présentés comme des novateurs. « Nous
nous
sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personne
692
s sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre
nos
opinions personnelles à la place de l’exposition simple et fidèle de
693
de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui
nous
intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellem
694
une et sainte, l’Una Sancta, le Corps de Christ,
nous
apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des
695
ibue à chaque homme dans Son plan. Notez bien que
nous
retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre
696
droit d’être respecté par l’État, il a surtout le
devoir
d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabilité unique dans la
697
iété, à sa juste place. Notons que si la personne
doit
être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait quel «
698
nce ! Calvin précise que l’État, quel qu’il soit,
doit
être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable, qui f
699
nt empêché de rendre à Dieu le service que je lui
dois
par ma vocation. » C’est à ma connaissance le seul texte constitution
700
te contaminé les formes et structures politiques.
Nous
en verrons quelques exemples un peu plus loin. Quelle fut donc la tra
701
collusion des pouvoirs politiques et spirituels,
nous
les trouvons chez un Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et
702
le parti protestant relève la tête, en tous pays,
nous
le voyons adopter une politique toute différente. Il ne tombe jamais
703
de défense constituées par les huguenots ; ou de
nos
jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique e
704
de de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à
nos
jours, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’es
705
un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autre.
Nous
pouvons le vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des p
706
mple qui me ferait la part trop belle. Contentons-
nous
de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la
707
es telles que l’individu et la personne, abordons
notre
siècle et l’histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il
708
et républiques sont également voulues de Dieu et
doivent
être obéies comme telles. Une fois cependant il marque une préférence
709
ise, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en
nous
plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et conceptio
710
ndition de l’Église et conception de l’homme, que
nous
pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affron
711
s nations qui respectent l’Église et la personne.
Nous
y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que possible :
712
ces trois États : d’abord parce que ce n’est pas
notre
sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent
713
e le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’il
nous
importe de souligner ici, ce sont deux traits évidemment communs à ce
714
eurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si
nous
nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la
715
», ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous
nous
rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la disti
716
t à fait différente : une forme d’individualisme.
Nous
aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car, en effet, une oppo
717
talité totalitaire et la mentalité calviniste, va
nous
permettre une confrontation utile des deux doctrines. Je dis bien uti
718
esprit totalitaire comme une menace terrible pour
notre
civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n
719
rible pour notre civilisation et plus encore pour
nos
Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en
720
et plus encore pour nos Églises. Je considère que
nous
n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en o
721
u’il est du diable, et que c’est en chrétiens que
nous
avons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est décl
722
ue c’est en chrétiens que nous avons maintenant à
nous
défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le
723
maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui
nous
est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout
724
plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans
nos
cœurs. Connaître la religion totalitaire, c’est la première conditio
725
ire, c’est la première condition pour éviter chez
nous
, pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’
726
coup certains dangers qui menacent en permanence
notre
morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’es
727
elle communauté, reprenons une des catégories que
nous
définissions en débutant. La religion politique, ou la politique reli
728
nts sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore
nous
soutenir que ce délire représente l’ordre ? Qui ne voit qu’une telle
729
indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons-
nous
opposer à cela ? Tout simplement, la force préventive, inattaquable t
730
s, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de
nous
conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine dévia
731
ie directe au fascisme, une certaine déviation de
notre
morale, un certain culte de la « personnalité » en soi, un certain in
732
soi, un certain individualisme, risquent aussi de
nous
y conduire, cette fois-ci d’une manière indirecte, du simple fait qu’
733
re indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent
nos
résistances spirituelles et nous font perdre le sens de l’Église. C’e
734
ils affaiblissent nos résistances spirituelles et
nous
font perdre le sens de l’Église. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il
735
ous font perdre le sens de l’Église. C’est ici de
nos
vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certain
736
e. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de
nous
méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou
737
ertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-
nous
d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le
738
ôner le protestantisme créateur de personnalités.
Notre
danger intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertu
739
ime et permanent, c’est le moralisme, le culte de
nos
vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de louer la
740
d’individualités et de caractères bien trempés »,
nous
courons le risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’hom
741
mme d’abord. À force de louer ses effets humains,
nous
risquons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalit
742
mé par une éducation et une ambiance protestante.
Nous
n’en avons que trop, de ces gloires « protestantes », laborieusement
743
n fait que « sortis » du protestantisme… Certes,
nous
pouvons nous réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse
744
sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons
nous
réjouir de ce que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivan
745
bien trempés, se feront de plus en plus rares si
nous
laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personna
746
tendance calviniste, est appelée à figurer, dans
notre
siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme p
747
ne de résistance au paganisme politique 70. Ceci
nous
charge d’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire
748
harge d’une responsabilité devant l’Histoire. Que
devons
-nous faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Sim
749
’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-
nous
faire pour nous montrer à peu près dignes de cette mission ? Simpleme
750
ité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour
nous
montrer à peu près dignes de cette mission ? Simplement, mais aussi r
751
e de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre
nous
ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre
752
s ont repris au sérieux la théologie réformée. Il
nous
reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’Ét
753
programme comme tant d’autres, mais bien qu’elle
doit
marquer en toute clarté certaines limites, et, d’autre part, qu’elle
754
é certaines limites, et, d’autre part, qu’elle ne
doit
pas hésiter à appuyer certaines revendications conformes au Décalogue
755
Décalogue et à l’esprit de l’Évangile. Tout cela
doit
rester « occasionnel », mais dans le sens du hic et mine chrétien. Or
756
e chrétien. Or il se trouve qu’ici et maintenant,
notre
situation ressemble fort à celle qu’eut à résoudre la Réforme. Calvin
757
’une position non point centriste, mais centrale.
Nous
, de même, reprenons le combat contre l’esprit collectiviste, mais aus
758
viations humanistes de la personne : transformons
nos
démocraties individualistes en démocraties vraiment personnalistes. E
759
oublions jamais que l’ennemi qui se dresse devant
nous
, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, pa
760
que l’ennemi qui se dresse devant nous, c’est en
nous
tout d’abord que nous devons le vaincre, chez nous, par une espèce de
761
resse devant nous, c’est en nous tout d’abord que
nous
devons le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure.
762
devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous
devons
le vaincre, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chré
763
ous tout d’abord que nous devons le vaincre, chez
nous
, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a
764
cœur. Alors seulement, purifiés et lucides, quand
nous
aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient
765
t lucides, quand nous aurons repris conscience de
notre
force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalit
766
notre force véritable, celle qui ne vient pas de
nous
, de nos « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, a
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rce véritable, celle qui ne vient pas de nous, de
nos
« personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes, alors seu
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nt pas de nous, de nos « personnalités », mais de
nos
vocations, de nos personnes, alors seulement nous pourrons répéter la
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nos « personnalités », mais de nos vocations, de
nos
personnes, alors seulement nous pourrons répéter la fière devise des
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nos vocations, de nos personnes, alors seulement
nous
pourrons répéter la fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à
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e bourgeois-capitaliste subsiste dans beaucoup de
nos
démocraties. Que ce danger, que ces erreurs, que ce régime aient surv
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ne les rend que plus redoutables. Quelques-uns de
nos
adversaires les plus bruyants ont été abattus, il est vrai. Mais leur
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taurer un ordre libertaire, personnaliste. Sinon,
nous
subirons la police imbécile, au service de régimes qui n’osent pas di
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au contraire. Qu’un Ribbentrop, lecteur assidu de
nos
revues, ait volé à l’une d’elles le terme d’« Ordre nouveau », aux fi
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t, surtout aux premiers jours, de quelques-uns de
nos
slogans personnalistes, voilà qui nous oblige à certaines révisions d
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ques-uns de nos slogans personnalistes, voilà qui
nous
oblige à certaines révisions du vocabulaire primitif. Cette mise au
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cas précis d’influences personnelles exercées par
nos
militants, soit que la situation dictât des réactions fort analogues
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éactions fort analogues à celles dont étaient nés
nos
groupes, il est certain que la Résistance européenne redécouvrit bon
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a Résistance européenne redécouvrit bon nombre de
nos
positions, mit au point dans la lutte nos principes de tactique, et l
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mbre de nos positions, mit au point dans la lutte
nos
principes de tactique, et leur donna le baptême du feu. Nous sommes b
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pes de tactique, et leur donna le baptême du feu.
Nous
sommes bien loin de nous sentir dépossédés par cette mise dans le dom
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donna le baptême du feu. Nous sommes bien loin de
nous
sentir dépossédés par cette mise dans le domaine public de nos idées.
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possédés par cette mise dans le domaine public de
nos
idées. D’autre part, le succès que rencontre aujourd’hui la doctrine
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prits s’éveillent à certain ordre de réalités que
nous
tenions dès le début pour décisives. Le personnalisme s’est formé dan
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erdiaev et de Marcel, de Heidegger et de Jaspers.
Notre
insistance sur la nécessité de l’engagement et notre conception de la
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re insistance sur la nécessité de l’engagement et
notre
conception de la personne comme être à la fois libre et engagé, contr
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endre ». Et peu importe qu’elles soient ou non de
notre
marque, si elles agissent dans le sens que nous préconisions. Quelles
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notre marque, si elles agissent dans le sens que
nous
préconisions. Quelles sont les perspectives du personnalisme en l’ann
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st ainsi que le numéro de janvier 1946 d’ Esprit
nous
apprend qu’en Hollande « le personnalisme s’est constitué en force au
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Des échos moins sonores, mais fort encourageants,
nous
parviennent également de Pologne, d’Italie, de Yougoslavie, du Danema
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aire transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel.
Nous
nous y trouvions, avec quelques centaines de camarades, internés par
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transformé en prison, à Saint-Michel-Gestel. Nous
nous
y trouvions, avec quelques centaines de camarades, internés par les A
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ésente ». Il fallait la préciser. À ce moment-là,
nous
avons fait la connaissance du personnalisme français. Esprit passai