1
rticles pour un hebdomadaire français. L’Amérique
est
indescriptible. On peut en prendre mille instantanés sur la côte de l
2
e et Washington… Quand on revient à New York tout
est
changé. Il n’y a plus qu’à recommencer. Et trop de faits collectionné
3
ime les jeux. Ce petit jeu de société mondiale qu’
est
la comparaison des peuples, deux à deux, voilà qui serait, me dis-je,
4
a comparaison des peuples, deux à deux, voilà qui
serait
, me dis-je, un thème possible. Jeu moins frivole d’ailleurs qu’il n’y
5
paraît, car l’une des grandes questions du siècle
est
sans doute celle de ne point laisser nos moyens matériels de transpor
6
s décisions graves — s’en aller ou rester… Telle,
est
l’origine de, ce recueil1. Je ne prétends donc pas un instant peindre
7
La table des matières non traitées dans le volume
tiendrait
plus de place que celle qui le termine. Mes articles n’ont d’autre un
8
des résultats. Honnêtement, j’ignore si mon livre
est
au total plus favorable à l’un des continents qu’à l’autre. La répons
9
atique, des vocations. J’ai choisi pour ma part d’
être
agent de liaison, Européen quoi qu’il m’arrive, et persuadé que l’ami
10
ures. 1. La plupart des articles ici réunis ont
été
publiés en première version par les journaux et revues dont les noms
11
e, en Allemagne et en France : quelques mois et j’
étais
acclimaté. J’oubliais que le pays n’était pas le mien. C’était l’Euro
12
is et j’étais acclimaté. J’oubliais que le pays n’
était
pas le mien. C’était l’Europe. C’est ici l’Amérique, et je n’ai pas f
13
en dire, tout ce que l’on peut en dire en général
sera
vrai selon les temps et les lieux, et tout sera contradictoire, et ri
14
l sera vrai selon les temps et les lieux, et tout
sera
contradictoire, et rien ne sera suffisant. New York a les plus hauts
15
es lieux, et tout sera contradictoire, et rien ne
sera
suffisant. New York a les plus hauts gratte-ciel du monde, c’est vrai
16
chitecte, répondit, m’assure-t-on : « Les maisons
sont
trop basses. » Et c’était vrai, car la plupart ont trois étages. Ains
17
i religieux n’a guère le sens du spirituel ; on y
est
tour à tour plus formaliste et plus sans-façons qu’en Europe ; plus a
18
l’Amérique dans ces photos et ces livres, où elle
est
. Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une douzaine
19
autre chose — une autre civilisation. L’Amérique
est
un continent dont je tiens pour possible et même facile de parler for
20
ivilisation. L’Amérique est un continent dont je
tiens
pour possible et même facile de parler fort correctement sans y être
21
et même facile de parler fort correctement sans y
être
jamais allé ; la plupart des lieux communs qui circulent à son sujet
22
upart des lieux communs qui circulent à son sujet
sont
justifiés, de même que les critiques à la Duhamel et les enthousiasme
23
entement les passes de l’Hudson vers Manhattan, d’
être
saisi par l’émotion d’une nouveauté qui, dans mon cas, après cinq ans
24
ne, comme celle du mythe politique et planétaire,
est
un immense glissement à travers le temps et l’espace. Tout glisse et
25
u fond du Pacifique. Je pense aussi à celle qui s’
était
remariée croyant son mari tué en Chine. On le retrouve. Elle déclare
26
n le retrouve. Elle déclare aux reporters : « Jim
est
simplement épatant, mais c’est Joe que j’aimais, je l’attends, je vai
27
, je l’attends, je vais me séparer de Jim, et, je
suis
sûre qu’il comprendra très bien… » Un mois plus tard, Jim et Joe boiv
28
aissant, dans le rêve du bonheur d’un autre… Tout
est
possible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie n’est pas américa
29
ible. Il y en a pour tout le monde. La jalousie n’
est
pas américaine. Comment décrire ces légers déplacements d’accent, ver
30
, une atmosphère si différente de l’Europe ? Cela
tient
à des riens ; mais de ces riens multipliés dans la vie quotidienne, n
31
e aisance générale. L’Américain ne supporte pas d’
être
gêné aux entournures, matériellement ou moralement. Dès l’enfance, il
32
our tout dire moins vu qu’en Europe. Parce qu’ils
sont
moins conscients de leur vie et d’autrui, ils me tolèrent davantage.
33
vie et d’autrui, ils me tolèrent davantage. Ce n’
est
pas qu’ils m’ignorent ou le feignent, mais ils m’acceptent avant tout
34
d’efforts gaspillés pour se faire remarquer, pour
être
différent, car ici différent veut dire original ; et crazy, qui veut
35
inal ; et crazy, qui veut dire toqué, loufoque, n’
est
pas un adjectif dépréciatif, bien au contraire, qu’on l’applique à un
36
et sortaient sans saluer, sans dire pourquoi ils
étaient
venus ; ils se versaient à boire, et les pieds sur une chaise, me pos
37
e la main, un so long, un bye bye négligent… Je m’
étais
à peine habitué, non sans plaisir, à cette suppression générale de no
38
rien. Mais personne ne paraît s’en étonner, tant
est
puissant le sens des conventions publiques dans ce peuple qui, par ai
39
. Giraudoux a écrit quelque part que l’Amérique n’
est
pas une nation comme les autres, mais un club. Cette remarque expliqu
40
oxe qu’on vient de relever. L’entrée dans le club
est
un acte public qui s’accompagne tout naturellement d’opérations conve
41
l’orgueil d’y appartenir. Mais aussitôt que vous
serez
un membre régulier, vous aurez tous les droits, on ne s’occupera plus
42
e qu’on ne dit pas dans les dépêches, de ce qui n’
est
pas matière d’enquêtes et de reportages, de ces nuances de sentiments
43
le. Car celle-ci dépend de deux peuples — l’autre
est
le russe — dont toutes les réactions intimes et sautes d’humeur vont
44
e politique Le rêve américain L’Amérique n’
est
pas un pays de rêve, quand on y vit, mais c’est un pays de rêveurs. J
45
ide. Peu ou point de plaisanteries échangées. Ils
sont
ici pour rêver, pour danser. Ils rêvent dans toutes les salles de cin
46
avec un sourire de rêve heureux. Je crois qu’ils
sont
bien moins conscients que nous. À quoi rêvent-ils ? À la vie large, t
47
ent — c’est contraire à sa tradition — sinon pour
être
dépassées. Ses ancêtres ont été amenés sur les rives de l’Hudson et d
48
ion — sinon pour être dépassées. Ses ancêtres ont
été
amenés sur les rives de l’Hudson et du Potomac par le rêve d’un pays
49
tomac par le rêve d’un pays sans limites, et il l’
était
vraiment pour ceux qui triomphaient des famines, des moustiques, des
50
conquête ? Ils se tournèrent vers l’industrie. Ce
fut
leur nouvelle frontière, leur nouveau front, dirait-on de nos jours.
51
leur nouveau front, dirait-on de nos jours. Et ce
fut
l’ère des fortunes, et des cités, et des usines colossales, puis des
52
es, puis des gratte-ciel à cent étages. « Le ciel
est
la limite », disait alors leur dicton favori. La terre avait été dure
53
, disait alors leur dicton favori. La terre avait
été
durement conquise. Le ciel fut conquis en trente ans. Encore une limi
54
ri. La terre avait été durement conquise. Le ciel
fut
conquis en trente ans. Encore une limite atteinte. Et les voici, vers
55
i leur esprit d’aventure ? La terre ni le ciel ne
sont
plus leur limite. Eh bien, disent-ils le monde est ma limite. Et c’es
56
nt plus leur limite. Eh bien, disent-ils le monde
est
ma limite. Et c’est pourquoi la politique américaine, désormais, va s
57
une espèce de rancœur. Je ne pense pas que le mot
soit
trop fort. Je parle de la majorité. Je connais beaucoup d’exceptions.
58
ger dans leurs épreuves. Les jeunes Américains se
sont
trouvés mêlés au grand malheur des peuples qu’ils aimaient de loin. I
59
heur des peuples qu’ils aimaient de loin. Ils ont
été
courageux devant l’ennemi, mais non pas devant la misère de leurs ami
60
leurs amis. Ils rentrent en disant que la France
est
sale et en désordre, que tout y est cher pour eux, et que les WC sont
61
que la France est sale et en désordre, que tout y
est
cher pour eux, et que les WC sont au milieu des places publiques. Ils
62
rdre, que tout y est cher pour eux, et que les WC
sont
au milieu des places publiques. Ils demandent qu’on ne leur parle plu
63
lui qui va dominer, nécessairement. Les vétérans
seront
absorbés par la vie quotidienne d’ici quelques années. Ils finiront b
64
, leurs concurrents… L’homme d’affaires américain
est
le petit-fils des pionniers qui luttaient sur la « frontière ». Il pr
65
re ». Il pressent qu’il a fait son plein ou qu’il
est
bien près de le faire dans les limites de son pays, from coast to coa
66
États-Unis. Il faut donc en sortir, et deux voies
sont
possibles : répandre les produits américains sur tous les marchés du
67
ier les échanges culturels. Or ces deux ambitions
sont
étroitement liées, car seule une atmosphère de démocratie mondiale pe
68
e souvenir. ⁂ Mais ce qui va venir, direz-vous, n’
est
-ce pas tout simplement une grande poussée d’impérialisme américain ?
69
es et à déborder sur le monde, cette expansion ne
sera
pas du tout à base d’impérialisme au sens courant du mot. Je persiste
70
s donné, nous finirons bien par sentir si ce pays
est
sûr de lui ou non, c’est-à-dire s’il a besoin ou non d’écraser les vo
71
Les puissances dangereuses dans le monde moderne
sont
celles qui, comme le Reich d’Hitler, souffrent de tensions intérieure
72
xtérieur suscité pour les besoins de la cause. Ce
sont
les malades qu’il faut craindre, lorsqu’ils refusent d’avouer leur ma
73
ratie américaine (Écrit en novembre 1940.) J’
étais
à Times Square, au cœur de Manhattan, le soir de l’élection président
74
ir de l’élection présidentielle. À 9 heures, nous
étions
deux-cent-mille, à 11 heures, un demi-million. Le tout dans un ordre
75
e remplis mes caves de boîtes de conserve, car ce
sera
, je vous le dis, la famine et le bolchévisme. » Cette dame s’occupe a
76
de propagande. La majorité avait parlé, le match
était
terminé, et parce que la démocratie avait tenu le coup, personne ne s
77
h était terminé, et parce que la démocratie avait
tenu
le coup, personne ne se sentait vraiment battu. On peut dire aujourd’
78
sans exagération que la réélection de Roosevelt a
été
l’une des trois épreuves de force de la démocratie du xxe siècle. La
79
ce de la démocratie du xxe siècle. La première a
été
perdue en France. La seconde a été gagnée en Amérique. En attendant l
80
La première a été perdue en France. La seconde a
été
gagnée en Amérique. En attendant le résultat de la troisième et derni
81
ns de la santé démocratique des USA. Un organisme
est
sain lorsqu’il est capable de cicatriser rapidement ses blessures : s
82
cratique des USA. Un organisme est sain lorsqu’il
est
capable de cicatriser rapidement ses blessures : signe que sa circula
83
pidement ses blessures : signe que sa circulation
est
bonne. Si les oppositions politiques les plus violentes se résolvent
84
a constante circulation d’idées et d’hommes qui s’
est
établie dans ce pays entre le gouvernement et l’opinion publique. L’o
85
le charge officiellement de le réaliser. Nombreux
sont
les professeurs, les industriels, les financiers, les avocats ou les
86
r une période et pour une tâche déterminée. Il en
est
résulté parfois certains flottements dans la politique du New Deal, m
87
olitique du New Deal, mais ces défauts techniques
sont
compensés par un avantage moral considérable : un nombre croissant de
88
qualifiés participe à la vie publique. Celle-ci n’
est
plus l’affaire exclusive des cliques de politiciens de métier. Elle n
89
sive des cliques de politiciens de métier. Elle n’
est
plus l’affaire des partis. Chacun peut s’y intéresser, parce que chac
90
e à faire. Le président et ses secrétaires d’État
tiennent
des conférences régulières avec les journalistes, qui ont le droit de
91
onsable de ses réactions. Lorsqu’on sait que l’on
sera
pris au sérieux, on dit moins de bêtises, on se contrôle davantage. C
92
éalité, il n’y a pas de partis aux États-Unis. Il
serait
en effet absolument faux d’assimiler les républicains et les démocrat
93
es citoyens en deux masses à peu près égales — je
serais
tenté de dire : en deux teams — symbolise simplement le principe de l
94
nérales, signifie pratiquement que les États-Unis
sont
une démocratie sans partis. Entre le citoyen et les autorités, pas d’
95
des manifestes. Sait-on assez que les Américains
sont
très conscients et très jaloux de la qualité de leur esprit public ?
96
⁂ Le vice majeur d’une grande démocratie, c’est d’
être
grande. Cette question de format me paraît capitale. Pendant plusieur
97
nsez qu’on peut tout multiplier par dix et que ce
sera
nécessairement dix fois meilleur et dix fois plus puissant. Vous vous
98
our, les États-Unis deviendront l’État unifié. Ce
sera
violent. Car l’État unifié se fonde sur les masses, si la fédération
99
s-mêmes tyrans, n’obéissent qu’à la tyrannie. Que
serait
une tyrannie américaine ? Une brutalité panique dort au secret de l’â
100
relations mondaines ; voyez leur sentimentalisme…
Est
-ce que tout cela ne signifie pas qu’ils refoulent une violente barbar
101
, par accident, la revanche de la nature profonde
sera
simplement volcanique… Ainsi pensais-je. Et j’oubliais que les gangst
102
t j’oubliais que les gangsters de Chicago avaient
été
réduits par l’effort conjugué de l’Opinion et de quelques citoyens, s
103
ion et de quelques citoyens, sans que l’État s’en
fût
mêlé. Mais je voyais, à Chicago précisément, comme à Jersey City, et
104
r l’après-guerre. Le Grand-Gangster-qui-dort ne s’
est
pas réveillé. (Sauf quand il pressentait du Japonais dans l’air, voir
105
⁂ Dans un pays trop grand, la liberté de parole n’
est
plus qu’un mot, précisément. Vous avez le droit de vous faire entendr
106
c disposer de la radio. Mais la radio demande des
sommes
énormes. Seules de puissantes associations peuvent y louer un petit q
107
rgent et du grand capital ! Oui, mais si la radio
était
gratuite, la situation serait un million de fois pire, et plus person
108
ui, mais si la radio était gratuite, la situation
serait
un million de fois pire, et plus personne ne s’entendrait. Je réitère
109
ui seul, tout compte fait, la liberté de parole n’
est
qu’illusion et se réduit à la liberté d’expliquer le coup à ses voisi
110
la mienne n’aurait pas d’importance puisque je ne
suis
pas un expert ! » Ce dernier mot me tira d’affaire et m’épargna le so
111
stème. Une société qui perd le respect des élites
est
obligée de le compenser par le culte naïf des experts. Il en résulte
112
e et non moins inquiétante, dans un fait que l’on
tient
généralement pour l’un des grands succès sociaux de l’Amérique : l’ab
113
s revendications d’une avant-garde quelle qu’elle
soit
, assurent une paix plus dangereuse pour les âmes, que ne sont pour le
114
nt une paix plus dangereuse pour les âmes, que ne
sont
pour les corps nos luttes exagérées, donc ridicules. ⁂ Ces dangers se
115
s luttes exagérées, donc ridicules. ⁂ Ces dangers
seront
sans doute minimisés par la plupart de mes contemporains. Ils verront
116
crupules culturels démodés. Pourtant ces maladies
sont
plus graves à mes yeux que la question noire, la question juive et la
117
indienne en Amérique du Nord. (Et, vraiment, ce n’
est
pas peu dire !) Car elles sont destinées à s’aggraver et à s’étendre
118
(Et, vraiment, ce n’est pas peu dire !) Car elles
sont
destinées à s’aggraver et à s’étendre avec le temps ; elles sont les
119
à s’aggraver et à s’étendre avec le temps ; elles
sont
les maladies intimes et spécifiques de l’idéal démocratique américain
120
que américain, tandis que le conflit des races en
est
une survivante négation. Oui, les États du Sud sont antinègres, et ce
121
st une survivante négation. Oui, les États du Sud
sont
antinègres, et ceux du Nord antisémites, et ceux de l’Ouest anti-indi
122
t ceux de l’Ouest anti-indiens ; mais leurs excès
sont
dénoncés comme tels, leurs préjugés tournés en ridicule, et leurs vic
123
u monde. Ce qu’il faut redouter plus que tout, ce
sont
les forces d’inertie qui tendent à faire de cette opinion libre, le p
124
plume d’un fermier du Middle West que l’Amérique
est
le seul pays décent au monde, et tandis qu’un agent d’assurances du C
125
ats-Unis écrit de son côté : « Notre gouvernement
est
une vaste pétaudière. » Ce fonctionnaire sait à peu près de quoi il p
126
mités successifs pour étudier cette situation. Il
est
concevable qu’un dixième comité ait pour objet d’examiner l’activité
127
e le tout, avec pouvoirs dictatoriaux. Ce tsar ne
sera
pas choisi parmi la troupe des politiciens sans emploi ou des anciens
128
oi ou des anciens ministres de n’importe quoi. Il
sera
plutôt un homme d’affaires dans la quarantaine, le vice-président d’u
129
oming man va nous sortir. S’il réussit, sa gloire
sera
grande pendant plusieurs semaines au moins, à condition que la presse
130
ndition que la presse l’ait adopté. S’il rate, il
sera
vidé sans autres formes qu’une lettre personnelle du président, qu’il
131
on cher Bill, au moment de me séparer de vous, je
tiens
à vous remercier pour les services (adjectif variable) que vous avez
132
ation. Les circonstances m’obligent, etc. Mais je
serai
toujours heureux de pouvoir compter sur vous en cas de besoin. » Dans
133
tats dont la victoire sur les nazis et le Japon n’
est
que le premier exemple qui me vienne à l’idée. ⁂ J’ai dit désordre, p
134
ésordre, mais seulement des complexités.) Le fait
est
que je n’imagine pas un seul de mes contemporains qui soit capable d’
135
je n’imagine pas un seul de mes contemporains qui
soit
capable d’embrasser dans une seule vue les rouages du gouvernement de
136
nt a plus de pouvoir qu’un roi, dit-on. Mais ce n’
est
pas beaucoup dire, de nos jours. Il choisit ses ministres et ses tsar
137
terrain) ; enfin de l’Opinion publique, car nous
sommes
en démocratie, et il faut bien que cela se marque quelque part et en
138
uelque manière. Or ces agences d’État à initiales
sont
si nombreuses (quelques milliers) ; si provisoires (elles durent de t
139
moyens intellectuels de s’y retrouver : à peine y
serait
-il parvenu que le tableau changerait en quelques jours. D’où la gabeg
140
es années, devant un comité du Sénat, la question
fut
posée de savoir si quelqu’un au monde connaissait réellement le nombr
141
projets financés par le gouvernement fédéral ont
été
néanmoins mis en œuvre par au moins quinze agences différentes. » Le
142
e article m’apprend qu’un cinquième du territoire
est
propriété du gouvernement, c’est-à-dire de trente-quatre agences et d
143
eurent en partie mystérieuses, mais quelques-unes
sont
formulables. Tout d’abord, l’Amérique ne possède pas d’écoles de fonc
144
en fils. Le personnel des bureaux gouvernementaux
est
sans cesse ventilé et renouvelé, au physique comme au figuré. Peu ou
145
s fonctionnaires d’occasion savent qu’ils peuvent
être
aisément révoqués, et l’acceptent non moins aisément, en principe, ca
146
cause. L’Office d’information de guerre (OWI) qui
tenait
le rang d’un ministère, et où j’ai travaillé pendant près de deux ans
147
minorité de fonctionnaires de métier. Le chef en
fut
d’abord un général, puis un commentateur de la radio. Il avait sous s
148
Trente mille en tout. Presque tous, aujourd’hui,
sont
retournés à leurs occupations habituelles. Cet exemple est courant, e
149
rnés à leurs occupations habituelles. Cet exemple
est
courant, et c’est pourquoi je le donne. Si vous prenez au lieu de l’O
150
et l’esprit d’une bureaucratie, pour ceux qui en
sont
comme pour les visiteurs. ⁂ Mais je me pose tout de même la question
151
énie à rédiger de longs rapports prouvant qu’elle
est
indispensable. Ici et là, quelques énergumènes s’aviseront de travail
152
ès peu d’hommes que les choses marchent. Alors un
être
d’exception, comme vous ou moi, se demandera dans un accès de courage
153
clarée. Les bureaux à l’américaine semblent avoir
été
créés pour épargner aux gouvernants cette tragédie. Évitant à la fois
154
tte espèce. Mais l’Opinion publique, chez eux, en
tient
la place. Se pourrait-il qu’un jour prochain cette Opinion publique,
155
e se forme une conscience nationale. Le phénomène
est
-il probable ? Et s’il l’est, devons-nous le redouter ? Je répondrai q
156
tionale. Le phénomène est-il probable ? Et s’il l’
est
, devons-nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène est non seul
157
-nous le redouter ? Je répondrai que le phénomène
est
non seulement probable, mais en train de s’accomplir sous nos yeux. P
158
début de ce siècle. Ces frontières se trouvaient
être
deux océans, au-delà desquels régnaient le Japon et l’Europe ; et deu
159
eil et de volonté de régenter le monde, puisqu’on
est
au surplus victorieux et tout-puissants du premier coup. Imaginez qu’
160
si fortement que possible : It’s unamerican, ce n’
est
pas américain. Nationalisme, direz-vous. Oui, mais non pas à la maniè
161
pas à la manière européenne. Car la phrase « ce n’
est
pas américain » ne veut pas dire : c’est contraire à l’honneur en soi
162
tc., comme lorsqu’on dit dans notre Europe : ce n’
est
pas français, ce n’est pas allemand, ce n’est pas anglais. La phrase
163
t dans notre Europe : ce n’est pas français, ce n’
est
pas allemand, ce n’est pas anglais. La phrase veut dire : cette opini
164
e n’est pas français, ce n’est pas allemand, ce n’
est
pas anglais. La phrase veut dire : cette opinion ou cette action ne v
165
les fait devenir vraiment Américains, quelles que
soient
par ailleurs leurs origines. On ne se réfère pas au passé, mais à l’a
166
un nationalisme « ouvert » et pour qui la nation
est
en avant, dans un élan, un rêve, une liberté future. Non pas comme ch
167
, et de lui faire subir la loi d’un village qui n’
est
pas le sien. Au contraire, ce qu’il y a de rassurant dans le national
168
qu’on vient de découvrir pour son compte, et qui
seront
bien plus efficaces, appliqués à l’échelle mondiale. Ici l’impérialis
169
omme on vient de le voir aux Philippines. ⁂ Quels
sont
donc pour l’Europe les dangers de cet impérialisme américain ? J’ente
170
humanitaire enlisera nos élans spirituels ; nous
serons
noyés par une civilisation qui ne respecte que la quantité ; le dolla
171
ation qui ne respecte que la quantité ; le dollar
sera
roi, etc. Toutes ces méfiances sont sans fondements, toutes ces accus
172
é ; le dollar sera roi, etc. Toutes ces méfiances
sont
sans fondements, toutes ces accusations injustes, à mon avis. Si nous
173
nous vendons nos âmes contre des frigidaires, ce
sera
notre faute et non pas celle de l’industrie américaine, qui aura mis
174
ation semblent avouer par là que cette dernière n’
est
plus très saine, qu’elle « sent » déjà. Il est grand temps qu’on la m
175
n’est plus très saine, qu’elle « sent » déjà. Il
est
grand temps qu’on la mette dans la glace. De même, le commerce améric
176
rapide met en péril certaines coutumes avares, ce
sera
tant mieux. De même encore, la « sottise humanitaire » des États-Unis
177
essaient le machiavélisme. De même enfin, si nous
sommes
un jour noyés par la quantité, ce ne sera pas la faute de la quantité
178
nous sommes un jour noyés par la quantité, ce ne
sera
pas la faute de la quantité, mais bien de l’abaissement de notre qual
179
ce que l’on nomme en Europe « l’américanisme » n’
est
pas un danger américain, mais européen. Je veux dire par là que si un
180
’une contradiction étrange. Il semble bien que ce
sont
les mêmes personnes qui vitupèrent l’impérialisme commercial de l’Amé
181
de l’Amérique, en Europe, l’accusent à la fois d’
être
là et de n’être pas là. Quand elle fait une crise d’isolationnisme, o
182
en Europe, l’accusent à la fois d’être là et de n’
être
pas là. Quand elle fait une crise d’isolationnisme, on l’accuse de my
183
ons d’hommes.) Eh quoi ! Trois mois déjà que nous
sommes
libérés, et ils infestent encore nos bars !… C’est là ce que j’appell
184
itique d’occupation américaine en Allemagne : ils
sont
trop doux, ils sont naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes inté
185
américaine en Allemagne : ils sont trop doux, ils
sont
naïfs, ils ne comprennent rien aux problèmes intérieurs de l’Europe,
186
esures proposées ou soutenues par son pays. « Ils
sont
bien maladroits, disait-il en souriant, car à force de nous contrecar
187
plus objective, du fait même que ses partis pris
étaient
connus et déclarés. Le directeur du journal en question censura cette
188
itique qu’on attribue par erreur à l’autruche. Je
suis
certain qu’il avait tort, comme la suite l’a prouvé d’ailleurs. Le di
189
nion syndicale, dont les déclarations officielles
seront
citées in extenso. Ainsi la controverse réelle est exposée, pièces à
190
nt citées in extenso. Ainsi la controverse réelle
est
exposée, pièces à l’appui, devant le lecteur. Mais ce que vous ne ver
191
les positions des parties en présence n’ayant pas
été
déclarées dans les termes exacts où elles s’arrêtent. Ce que l’on tro
192
empion pense ceci, Durand déclare cela, mais l’un
est
radical et l’autre communiste, je le savais bien, parbleu ! comme dir
193
eu ! comme dirait Gide, et je savais que quel que
fût
le problème posé, ils resteraient attachés « indéfectiblement », comm
194
lieu de quoi Tartempion me ressasse que Durand n’
est
qu’un radical. De quoi donc parlait-on ? Qu’allons-nous faire ? ⁂ Ce
195
i donc parlait-on ? Qu’allons-nous faire ? ⁂ Ce n’
est
pas que les journaux américains craignent la discussion violente, la
196
bles sur la situation. Je doute qu’un seul puisse
être
juste tant que l’information sera remplacée par des jugements pathéti
197
’un seul puisse être juste tant que l’information
sera
remplacée par des jugements pathétiques. On me dit qu’il faudrait êtr
198
s jugements pathétiques. On me dit qu’il faudrait
être
à Paris pour comprendre. Je suis en Amérique, que voulez-vous ! Et le
199
t qu’il faudrait être à Paris pour comprendre. Je
suis
en Amérique, que voulez-vous ! Et les Américains ne comprennent pas n
200
aurez quelques nouvelles du monde. Leur simplisme
est
exaspérant… Mais le fait est qu’une dépêche de Paris par un correspon
201
onde. Leur simplisme est exaspérant… Mais le fait
est
qu’une dépêche de Paris par un correspondant américain, qui occupe ch
202
accord. ⁂ Le correspondant américain à l’étranger
est
une espèce humaine bien définie. Hollywood en a fait un héros qui tra
203
s de ce pays. « Journaliste », aux États-Unis, ne
sera
jamais une épithète dépréciative, bien au contraire. ⁂ Trois remarque
204
ports, contrairement à ce que l’on attendrait, ne
tient
pas plus de place que dans la presse française. Par contre, celle de
205
de pain, qu’ils mangent des brioches. » Le siècle
est
en révolution, l’Europe en ruines, la France en crise pour dire le mo
206
nitor, du New York Times ou du Herald Tribune. Ce
sont
ces grands journaux que j’avais dans l’esprit en écrivant ce qui préc
207
e Middle West, et dont les tares les plus connues
sont
la brutalité de langage, la haine posthume de Roosevelt, l’isolationn
208
vulgarité totale du Journal and American. Mais il
est
difficile d’être à la fois juste et utile en temps de crise. Et j’ai
209
du Journal and American. Mais il est difficile d’
être
à la fois juste et utile en temps de crise. Et j’ai voulu courir au p
210
es, les échos de presse, et même les spectateurs,
sont
unanimes : Hollywood est à court d’inventions. Hollywood achète n’imp
211
t même les spectateurs, sont unanimes : Hollywood
est
à court d’inventions. Hollywood achète n’importe quoi, un roman non t
212
y trouve un germe, le nettoiera. Car Hollywood n’
est
plus qu’une machine. Elle transforme en argent tout ce qu’elle touche
213
, à première vue. Cette technique trop parfaite n’
est
obtenue qu’au prix de telles dépenses et d’une telle quantité de spéc
214
éjugés hérités de trente ans de triomphe, qu’il n’
est
pas de génie assez coriace pour survivre à pareille torture au ralent
215
tout crépitant d’inventions étonnantes. Le rythme
est
cahotant, trop coupé, mais quand il s’établit sur une ou deux séquenc
216
marche et ronronne comme un moteur de luxe, tout
est
faux, tout le monde est beau, jamais on ne voit percer la trame nue d
217
e un moteur de luxe, tout est faux, tout le monde
est
beau, jamais on ne voit percer la trame nue du réel. Jamais un choc,
218
ent les producers, n’accepte pas que Heddy Lamarr
soit
mal habillée si elle joue une pauvresse, qu’Ingrid Bergman ressemble
219
qu’Ingrid Bergman ressemble à la Suédoise qu’elle
est
, plutôt qu’à une star comme les autres. N’insistons pas : la décadenc
220
raisons mystérieuses ou accidentelles. Ses causes
sont
évidentes et inéluctables ; ce sont celles-là mêmes qui firent son su
221
s. Ses causes sont évidentes et inéluctables ; ce
sont
celles-là mêmes qui firent son succès, et non pas d’autres. Pour mes
222
res. Pour mes cadets, d’ici dix ans, Hollywood ne
sera
plus qu’une légende : comme l’est déjà Greta Garbo, symbole d’un âge.
223
, Hollywood ne sera plus qu’une légende : comme l’
est
déjà Greta Garbo, symbole d’un âge. Ô Garbo de notre jeunesse, volupt
224
nt sur des millions de nuits, mythe évasif, que n’
êtes
-vous disparue, comme un ange au matin ? Dans ce petit restaurant fran
225
e préféré ne la voir jamais, mais j’avoue qu’elle
est
très jolie, malgré la minceur de ses lèvres. Un peu plus tard, c’est
226
fait parfois des souverains en voyage. Comme elle
est
gaie ! J’ai passé une demi-heure à causer avec elle, sur un sofa, et
227
en dire qui la rende plus réelle qu’une image. Ne
serait
-ce pas là son secret ? Se prêter à la fantaisie de toutes les imagina
228
fantaisie de toutes les imaginations ? Comme elle
est
belle et comme elle est absente ! Quelle élégance dans l’irréalité !
229
imaginations ? Comme elle est belle et comme elle
est
absente ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme elle est gaie pour
230
e ! Quelle élégance dans l’irréalité ! Comme elle
est
gaie pour un fantôme… ⁂ Revenons à nos moutons de Hollywood. Je ne vo
231
s qu’il permet : c’est Walt Disney. Les autres en
sont
encore à photographier des comédies, des drames, des ameublements ou
232
, nous donnèrent seuls la sensation du Blitz. Ils
sont
de notre temps d’une manière plus profonde que leur auteur, sans dout
233
ur, sans doute, n’eût osé le soupçonner. Car il n’
est
pas intelligent, s’il est génial. Disney, quand il se trompe n’y va p
234
le soupçonner. Car il n’est pas intelligent, s’il
est
génial. Disney, quand il se trompe n’y va pas de main morte. Je pense
235
ccuper ! Son mauvais goût me paraît irrémédiable,
étant
celui de l’Américain moyen en matière d’art et surtout de peinture. (
236
a fin de Fantasia, sur l’Ave Maria de Schubert, n’
est
qu’une suite de cartes de bons vœux comme il s’en envoie des millions
237
tée par tous les nouveaux venus, et qui exige des
sommes
fabuleuses. Pour que ces sommes rapportent, il faut le plus grand pub
238
et qui exige des sommes fabuleuses. Pour que ces
sommes
rapportent, il faut le plus grand public possible. Pour satisfaire ce
239
nner gratis le moyen d’en sortir, et mon « idée »
tient
en trois mots : — Messieurs, sabrez vos budgets ! Essayez de faire po
240
fluer. Quant au public… Eh bien ! pendant que j’y
suis
, un bon conseil : ne croyez pas que le grand public déteste autant qu
241
éens, dès qu’il pourra les voir ? Tous les signes
sont
là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’il est trop tard, et qu’ils s’e
242
nes sont là. Dépêchez-vous ! Mais peut-être qu’il
est
trop tard, et qu’ils s’en doutent. L’importance des studios de New Yo
243
ur à succès, peu ou point de moyen terme, le saut
est
brusque, l’abîme s’ouvre béant. Car on passe de 3000 lecteurs à 300 0
244
« bons écrivains » que vous connaissez en Europe,
sont
dispersés aux quatre coins du continent, ne se connaissent guère entr
245
epuis le temps d’Emerson et de Thoreau, ils ne se
sont
jamais groupés nulle part, et n’ont fondé aucune école. John Dos Pass
246
ne sais où. Hemingway à Cuba, à Hawaï, quand ce n’
est
pas à Paris. Robert Frost dans une ferme de la Nouvelle-Angleterre. R
247
t elle ressort à demi morte d’ennui. Wystan Auden
est
professeur dans un collège du Vermont. Glenway Wescott habite Long Is
248
ue, dans la littérature américaine. Tout le reste
est
promesses, ou best-sellers. Cette dernière expression domine le march
249
journaux : Hemingway et Saint-Exupéry.) Si l’on n’
est
pas un best-seller, on tombe dans la catégorie des écrivains « expéri
250
par les jeunes écrivains, le premier parce qu’il
est
devenu un personnage officiel, le second parce qu’il fait de grosses
251
sur ces « petites revues » ou little mags. Elles
sont
le pôle non commercial de la vie intellectuelle. Dispersées, elles au
252
théâtrales, surtout moins tristes, parce qu’elles
étaient
plus proches d’un public influent. Mais le phénomène américain qui mé
253
ler. Prenons la saison 1944-1945. Trois livres se
sont
disputés la première place (c’est-à-dire la plus forte vente) et tous
254
est-à-dire la plus forte vente) et tous les trois
étaient
les premiers livres de trois femmes inconnues la veille : Betty Smith
255
Smith, et Kathleen Winsor. Je ne pense pas que ce
soient
des noms à retenir. Mais ce n’est pas la durée d’un nom qui compte ic
256
e pas que ce soient des noms à retenir. Mais ce n’
est
pas la durée d’un nom qui compte ici, c’est son éclat instantané, le
257
t son éclat instantané, le chiffre du tirage, les
sommes
payées par Hollywood pour l’achat de « l’idée » et du titre d’un livr
258
nnable. L’auteur d’Autant en emporte le vent ne s’
est
plus manifestée depuis son grand succès : elle se contente d’avoir in
259
de l’édition, sinon de la littérature. Les autres
seront
sages de l’imiter. Hemingway lui-même, ayant gagné dit-on plus d’un m
260
plus rien publié depuis six ans. Cette situation
est
simplement la pire que puisse rêver un écrivain. Jamais on n’a tant l
261
quences — et jamais on n’a si mal lu. Les tirages
sont
montés, pour les grands best-sellers, de 300 à 800 000 exemplaires au
262
art, j’entends avant la mise en vente. La qualité
est
en raison régulièrement inverse du succès. Et les éditeurs le savent
263
éditeurs le savent bien. Or l’éditeur américain n’
est
pas « un monsieur qui aime les livres parce qu’il n’en écrit pas lui-
264
femmes nommées editors, dont la tâche officielle
est
de récrire les manuscrits ; personne n’échappe à leur sollicitude bro
265
le succès immédiat compte seul. Un livre qui ne s’
est
pas vendu dans les six mois disparaît simplement du marché, et ne ser
266
es six mois disparaît simplement du marché, et ne
sera
plus réimprimé. Quant aux best-sellers d’il y a deux ou trois ans, pe
267
uteurs, comme le révélait une récente enquête. Il
est
clair que la seule influence bénéfique que l’Amérique puisse subir, s
268
néfique que l’Amérique puisse subir, sur ce plan,
est
celle de l’édition européenne, des éditeurs qui publient ce qu’ils ai
269
(Je sais bien que les vices américains pouvaient
être
observés avant la guerre, chez nous aussi, mais à une échelle qui, vu
270
rdelaise d’une dissidence du surréalisme, le fait
est
que le lecteur des best-sellers ignore tout de la littérature europée
271
coup d’autres qui le méritent moins. Mais le fait
est
que le grand public américain sait peu de choses de nos bons écrivain
272
retient quatre ou cinq noms, si disparates qu’il
est
comique de les citer, dans l’ordre de leur succès de vente : Ève Curi
273
publient leurs œuvres complètes. Que les Anglais
sont
édités simultanément à Londres et à New York. Que la Good neighbor po
274
ndé un papier de deux-mille mots, il les livra et
fut
payé, mais cinq-cents mots seulement parurent, dont plus aucun n’étai
275
-cents mots seulement parurent, dont plus aucun n’
était
de lui. La signature et l’idée générale permettaient cependant d’iden
276
aible de la nature mais c’est un roseau. Les mots
sont
de Pascal, incontestablement. Mais je doute fort qu’il eût accepté de
277
gnificatifs de sa phrase, homme et pensant, ayant
été
coupés par le même editor, apparemment, qui a pris soin de mon articl
278
vous plaignez-vous ? dit-il enfin. Votre article
était
bon, tel qu’il fut publié. Il a paru, il a porté, trois millions de p
279
dit-il enfin. Votre article était bon, tel qu’il
fut
publié. Il a paru, il a porté, trois millions de personnes ont pu le
280
ns de personnes ont pu le lire. À votre place, je
serais
content. — Mais les interventions de l’editor ont brisé tout le détai
281
nt brisé tout le détail de l’argumentation ! — Qu’
est
-ce que cela fait ? Personne ne l’eût suivie. Vous savez bien que le l
282
ous savez bien que le lecteur moyen, chez nous, n’
est
pas sensible aux artifices de la logique. Ainsi accommodé, votre papi
283
azine un article d’un type différent, il faudrait
être
F. D. R. lui-même. — Ou Einstein ? — On le lui récrirait. — Voulez-vo
284
ots qu’on vous accorde. Et si possible, mais ce n’
est
pas indispensable, terminez sur un bang, un coup de cymbale. Je simpl
285
e simplifie, je schématise évidemment. Comme vous
seriez
contraint de le faire, je pense, pour expliquer à un Américain les pr
286
le but et le sens du cortège. Puis la foule qui n’
est
maintenue que par la plus légère force de police, jouant le rôle de l
287
is vos essais de nous comprendre par images. Ce n’
est
pas toujours aussi puéril… — Mais c’est souvent encore plus mécanique
288
agir sur leurs contemporains. — Toute la question
est
de savoir ce que nous entendons par agir. Je vois bien que vos report
289
ntendons par agir. Je vois bien que vos reporters
sont
les meilleurs du monde, je veux dire les plus efficaces dans le rendu
290
celle du cinéma. Mais la raison de ces succès ne
serait
-elle pas que vos standards de culture sont naturellement accordés au
291
s ne serait-elle pas que vos standards de culture
sont
naturellement accordés au niveau d’un très bon journal ? Ce réglage p
292
ique, vos rythmes et vos procédés. Et pourtant ne
serait
-ce point cela, au sens propre des termes, agir ou opérer ? III J’ai r
293
etit dialogue pour faire sentir que la question n’
est
pas tout à fait aussi simple que je l’avais pensé d’abord. Nos habitu
294
otre goût du style cultivé pour lui-même quel que
soit
le sujet, l’occasion, ou le but précis que l’on vise. Le souci primor
295
savent comment atteindre un grand public. Et s’il
est
un artiste authentique, il écrira intuitivement pour envoûter le lect
296
ge pas seulement au fait que ces « trois grands »
furent
des reporters à leurs débuts et le redeviennent à l’occasion. Ou à ce
297
e surtout au mouvement de l’esprit qui détermine,
soit
chez eux soit chez nous, non seulement une manière d’écrire mais auss
298
ouvement de l’esprit qui détermine, soit chez eux
soit
chez nous, non seulement une manière d’écrire mais aussi une manière
299
nt décrire. Il vise et tend toujours, de tout son
être
, à dégager un sens satisfaisant. Avant tout, il « cherche à comprendr
300
commentaire astucieux. Et le mystère humain peut
être
mieux saisi par un compte rendu décousu que par une patiente analyse.
301
aux dépens de son idéal même de vérité, qu’il se
sera
moins embarrassé d’informations en vrac et de sensations brutes, rech
302
’au point de provoquer une réaction nouvelle de l’
être
… IV Mais il faut élargir ce débat. Il dépasse de beaucoup la techniqu
303
eaucoup la technique littéraire. Le monde moderne
est
ainsi fait que dans tous les plans, littérature, politique et religio
304
l’atteindre, — mais alors ce que l’on transmet n’
est
plus le message original ; ou bien garder la pureté du message — mais
305
e langage des masses, il augmentera ses chances d’
être
entendu, mais que peut-il espérer faire entendre dans les termes que
306
ur, il court le risque de rester inefficace, de n’
être
point compris, peu lu, ou refusé. L’auteur américain, et pour d’autre
307
manière plus générale tous les écrivains engagés
soit
au service de l’opinion soit à celui d’un parti ou d’une secte, sacri
308
es écrivains engagés soit au service de l’opinion
soit
à celui d’un parti ou d’une secte, sacrifient volontiers leur style i
309
échéance. Mais les plus grands, et de tout temps,
sont
ceux qui ont refusé ce choix, confiant à la violence involontaire du
310
j’ai tout lieu de croire qu’il existe à New York.
Serait
-ce cette Église du Centre Absolu dont je vois annoncée la « causerie
311
du samedi ? Remontant ces colonnes d’annonces qui
tiennent
une demi-page du journal, je trouve les rubriques suivantes : Société
312
e spectacle de leurs cultes. Les États-Unis ont
été
fondés par des groupes successifs de colons, la plupart exilés pour c
313
exilés pour cause de religion. Tous ces pionniers
étaient
d’abord les fanatiques d’une foi, rejetés par l’Europe, et qui venaie
314
s ancêtres hollandais ; allemands ou suédois s’il
est
né luthérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’il est catholique
315
s ou suédois s’il est né luthérien ; anglais s’il
est
presbytérien ; et s’il est catholique, italiens, polonais ou irlandai
316
thérien ; anglais s’il est presbytérien ; et s’il
est
catholique, italiens, polonais ou irlandais. À ces différences d’orig
317
olonais ou irlandais. À ces différences d’origine
sont
venues s’ajouter dès le xviiie siècle des différences de classes : l
318
le des différences de classes : l’Église baptiste
est
largement populaire, la méthodiste aussi (elles comptent chacune 9 à
319
se protestante-épiscopale (bien moins nombreuses)
sont
surtout citadines et fashionable. Quant à la fameuse multiplication d
320
grandes confessions.. Ces groupes à leur tour se
sont
morcelés sur leurs ailes gauche et droite, en « libéraux » et « fonda
321
et « fondamentalistes ». Et plus ces groupuscules
étaient
restreints, plus la tendance sectaire s’y faisait virulente, entraîna
322
oudre les sectes purement locales, le processus s’
est
renversé. Les groupuscules ont rejoint les groupes, qui se sont fédér
323
Les groupuscules ont rejoint les groupes, qui se
sont
fédérés ou qui ont fusionné. Les confessions ou dénominations traditi
324
s confessions ou dénominations traditionnelles se
sont
reconstituées en une dizaine de corps qui représentent la grande majo
325
es années un projet d’union organique. Quelle que
soit
par ailleurs l’évolution interne de cette « poussière de sectes » com
326
ces églises, d’ailleurs immenses pour la plupart,
sont
vénérées et fréquentées par la moitié des habitants de ces gratte-cie
327
leurs aucun inconvénient à ce qu’un lieu de culte
soit
moins haut qu’un building, comme une hostie est moins grosse qu’un pa
328
soit moins haut qu’un building, comme une hostie
est
moins grosse qu’un pain ; ils ne sont pas si enfantins que leurs crit
329
e une hostie est moins grosse qu’un pain ; ils ne
sont
pas si enfantins que leurs critiques. On ne m’avait pas dit non plus
330
hœur immense et froid, en mosaïque. Christ Church
est
méthodiste : colonnes de marbre noir, mais un autel et des retables e
331
ux livides et plus sulpiciens que nature. L’autel
est
dominé par des boiseries sombres, ornées de branches de sapin à Noël.
332
iscrètement archéologiques. Le peuple américain —
est
-il puéril ou sain ? — adore plus que tout autre les costumes et la be
333
el, vous vous croirez chez les Romains, mais vous
serez
chez les anglicans si l’officiant est en surplis, ou chez les luthéri
334
mais vous serez chez les anglicans si l’officiant
est
en surplis, ou chez les luthériens s’il est en robe noire. Chez les p
335
ciant est en surplis, ou chez les luthériens s’il
est
en robe noire. Chez les presbytériens, on distribue la Cène sur les p
336
une découverte sur les États-Unis : c’est qu’il n’
est
pas de pays moderne où la religion tienne dans la vie publique une pl
337
st qu’il n’est pas de pays moderne où la religion
tienne
dans la vie publique une place plus importante et plus visible. Il fa
338
ne place plus importante et plus visible. Il faut
être
un Européen pour s’en étonner, me dit-on. De fait, pour un Américain
339
t-on. De fait, pour un Américain qui connaît tant
soit
peu son histoire, rien n’apparaît plus naturel. Ce grand empire a com
340
re a commencé par les prières des émigrants. Il s’
est
fondé sur des groupes religieux qui constituèrent ses premières commu
341
et pour lesquels croyant et citoyen se trouvaient
être
, en fait, des synonymes. On peut apprécier diversement cette interpén
342
pays, remarquons-le, où les Églises ont toujours
été
séparées de l’État). Je me bornerai pour aujourd’hui à la décrire com
343
un fait, un grand fait qui mérite d’autant plus d’
être
connu et médité qu’il s’est vu curieusement négligé par presque. tous
344
rite d’autant plus d’être connu et médité qu’il s’
est
vu curieusement négligé par presque. tous les bons observateurs europ
345
ges qui forment l’opinion moyenne du pays. Ce qui
est
étonnant, c’est précisément que cela n’étonne personne ici. Je songe
346
uide de quartier, d’aspect commercial. Une page y
est
réservée aux lieux de cultes. En tête : « Préservez votre privilège a
347
ue de cadres traditionnels, et dont la population
est
si nomade encore, la vraie cellule sociale, c’est la paroisse. Plus s
348
de lord Halifax comme ambassadeur aux États-Unis
est
particulièrement approuvé, parce que, dit-on, sa piété profonde lui g
349
« l’Inauguration ». La veille, le président avait
été
harangué par des pasteurs et des prêtres des trois grandes religions.
350
s passés… Le président y joint sa voix. » Puis ce
fut
la prestation de serment, à la tribune élevée sur les marches du Capi
351
gural terminé, et à peine les applaudissements se
sont
-ils apaisés, une voix forte prononce : « Au nom du Père, du Fils et d
352
er et de les détailler le lendemain, c’est qu’ils
sont
réellement essentiels à la compréhension de la démocratie américaine.
353
la compréhension de la démocratie américaine. Il
est
important de savoir que les grandes cérémonies civiques et politiques
354
e civique et privée sans lesquels nulle société n’
est
possible. Il ne s’agissait pas de « moralisme » (les ismes n’apparais
355
t d’une lutte pour l’existence, et les pasteurs y
tenaient
une fonction directrice. Elle leur est disputée de nos jours par la s
356
urs y tenaient une fonction directrice. Elle leur
est
disputée de nos jours par la science vulgarisée, les commentateurs de
357
Mais ils en ont gardé le pli : leur christianisme
est
avant tout une force sociale, un moyen d’assurer une vie décente et d
358
parait à la mort plus qu’à la vie.) ⁂ La paroisse
était
la commune. Aujourd’hui, le plus petit village compte deux ou trois é
359
ux ou trois églises différentes, et les paroisses
sont
devenues des clubs. Elles offrent à leurs membres des relations socia
360
à leur fameuse efficiency. Sa fonction principale
sera
donc de parler, et ce n’est pas le dimanche qu’il parlera le plus, ca
361
fonction principale sera donc de parler, et ce n’
est
pas le dimanche qu’il parlera le plus, car son sermon ne dépasse pas
362
nnues par l’église possède une valeur religieuse,
est
la religion même, à leurs yeux. Ce qui implique que le christianisme
363
leurs yeux. Ce qui implique que le christianisme
est
la meilleure manière de vivre, un idéal qu’il faut mettre en pratique
364
que pour jouir du paradis terrestre que pourrait
être
l’Amérique, si seulement tous ses habitants se décidaient à mener une
365
souvent, avec une visible ferveur. Et la musique
est
belle, et les voix justes, et l’ordonnance du culte sans défaut. Au s
366
l’ordonnance du culte sans défaut. Au surplus, ce
sont
de braves gens, plus généreux que les Européens, plus indulgents dans
367
s-je. Les choristes de Christ Church (méthodiste)
sont
vêtus de robes et de barrettes de velours rouge, et siègent en demi-c
368
religieux » des correspondances et des signes. Qu’
est
-ce que le péché, pour eux ? L’inefficacité et l’inadaptation sociale,
369
iale, résultats d’une mauvaise hygiène morale. Qu’
est
-ce que la grâce ? Un optimisme fondamental. La transcendance ? Un ter
370
ts élevés parviendraient à éliminer. ⁂ Personne n’
est
juge même d’une seule âme, même de la sienne. Et je viens de parler e
371
s du « chrétien moyen », quand tout chrétien réel
est
par définition une personne unique, un être exceptionnel. On ne saura
372
n réel est par définition une personne unique, un
être
exceptionnel. On ne saurait aller beaucoup plus loin. Mais, sans prét
373
êcher le pur message de la foi, mais alors elle n’
est
plus dans le monde, qui s’organise sans elle et ne l’entend plus. Ou
374
kegaard répondrait que les masses comme telles ne
seront
jamais chrétiennes, et que la grâce prend les hommes un à un, comme d
375
ste plus qu’à noter que Kierkegaard, précisément,
est
entièrement traduit en Amérique, et que j’ai trouvé partout des étudi
376
Le flirt en public (outdoor love-making) vient d’
être
interdit à la station aéronavale de San Diego, Californie, tant pour
377
ction du genre communément appelé necking 3. S’il
est
vrai que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’agit là d’un p
378
git là d’un passe-temps absorbant et plaisant, il
est
non moins généralement admis que ce n’est pas un sport public et diur
379
ant, il est non moins généralement admis que ce n’
est
pas un sport public et diurne. Cette petite nouvelle, parue dans le
380
Amérique vis-à-vis du problème des sexes. Si vous
tenez
entre vos mains ce texte, comme un graphologue intuitif tient une let
381
vos mains ce texte, comme un graphologue intuitif
tient
une lettre à peine regardée, et que vous tentez de formuler ce qu’il
382
de civilisation, j’imagine que vos conclusions ne
seront
point trop différentes de celles que je voudrais dégager d’un séjour
383
Amérique. Les mœurs sexuelles de l’Europe peuvent
être
définies comme un jeu très complexe opposant un ensemble de règles so
384
es détruire. Les mœurs sexuelles de l’Amérique ne
sont
point si faciles à définir. Comment expliquer le contraste entre le p
385
vices et de vertus, comme chez nous, mais l’autre
étant
un « sport » d’une nature différente — et c’est la seconde que j’essa
386
uée par la croyance en la valeur unique de chaque
être
. Il suppose un objet irremplaçable et comme prédestiné par un acte di
387
stres, et religieusement convaincu que le bonheur
est
le but de la vie : n’est-ce point écrit dans sa Constitution ? Son at
388
convaincu que le bonheur est le but de la vie : n’
est
-ce point écrit dans sa Constitution ? Son attitude vis-à-vis de la pa
389
nstitution ? Son attitude vis-à-vis de la passion
est
peut-être plus saine que la nôtre. En bref, il n’aime point à souffri
390
la nôtre. En bref, il n’aime point à souffrir, et
tient
pour perversion ce goût de la torture exaltante et intéressante qui f
391
spensables au développement d’une grande passion,
sont
à ses yeux autant de preuves que l’affaire est mal engagée et qu’il f
392
, sont à ses yeux autant de preuves que l’affaire
est
mal engagée et qu’il ferait bien d’y renoncer. Si quelque drame se no
393
lexe et qui menace de tirer à conséquence : telle
est
la grande maxime de sa morale nouvelle. Les difficultés sentimentales
394
l’avouer, lui font peur et l’éloignent vite de l’
être
ou des circonstances qui les causent. Il n’a pas le goût de la durée
395
. C’est tout de suite ou jamais. C’est OK ou ce n’
est
rien. Si ce n’est pas vous ce soir, c’était donc une erreur. Ils ne c
396
ite ou jamais. C’est OK ou ce n’est rien. Si ce n’
est
pas vous ce soir, c’était donc une erreur. Ils ne croient guère à la
397
eur. Ils ne croient guère à la valeur unique d’un
être
— et il est vrai qu’il faut beaucoup de soins, de temps perdu, de com
398
roient guère à la valeur unique d’un être — et il
est
vrai qu’il faut beaucoup de soins, de temps perdu, de complaisance et
399
de folies pour composer une telle croyance. Nul n’
est
irremplaçable dans un monde aussi vaste, et où les déplacements sont
400
dans un monde aussi vaste, et où les déplacements
sont
si faciles… Au vrai, l’amour-passion ne saurait exister dans une civi
401
de à l’échec nulle dignité spirituelle, et qui ne
tient
pour vrai que ce qui réussit. Or, l’échec n’est pour eux qu’une perte
402
tient pour vrai que ce qui réussit. Or, l’échec n’
est
pour eux qu’une perte sèche et non la condition d’un approfondissemen
403
ess comme nous disons). Le mariage à l’américaine
est
une institution d’un type nouveau. Il se fonde sur l’égalité économiq
404
gent, en règle générale, mais c’est, la femme qui
tient
les cordons de la bourse, en l’occurrence le carnet de chèques. Elle
405
tout simplement, dans toute la vie, et le foyer n’
est
qu’une partie de ses domaines. Il s’agit de l’aménager pour qu’il fon
406
, point d’esclavage des routines domestiques : ce
serait
être esclave de ses machines. Si ces dernières se multiplient dans un
407
d’esclavage des routines domestiques : ce serait
être
esclave de ses machines. Si ces dernières se multiplient dans une cui
408
la femme des soucis qui l’absorbent chez nous. Il
est
étrange que nous parlions toujours de leur « matérialisme » à ce prop
409
e propos, puisque le but de ces perfectionnements
est
d’alléger les tâches matérielles, auxquelles notre littérature préten
410
ifeste qu’elle sait ce qu’on lui doit. Comme elle
est
installée dans la vie ! Elle s’y avance avec l’autorité, souvent poli
411
es trois quarts de la fortune privée en Amérique,
soit
que le système de l’héritage les favorise, soit qu’elles montrent en
412
, soit que le système de l’héritage les favorise,
soit
qu’elles montrent en affaires comme ailleurs une efficiency sans égal
413
es comme ailleurs une efficiency sans égale. Nous
sommes
donc en présence d’une civilisation qui tend vers le matriarcat, dans
414
es bases vraiment profondes. Et cette psychologie
tient
dans un mot, dans moins qu’un mot, dans l’abréviation familière pour
415
n du foyer, dans ces trois lettres fatidiques qui
sont
le secret de millions de drames matrimoniaux, sexuels et psychiques :
416
» comme la Gorgone du matriarcat américain. « Mom
est
partout, elle est tout et dans tous, et d’elle dépend le reste des Ét
417
du matriarcat américain. « Mom est partout, elle
est
tout et dans tous, et d’elle dépend le reste des États-Unis. Déguisée
418
chère vieille Mom, votre Mom aimante, etc., elle
est
la fiancée à tous les enterrements, le cadavre à tous les mariages. »
419
sert, elle l’endort et le semonce. Au culte qu’il
est
censé lui rendre, elle répond dans le meilleur des cas par cette espè
420
ue le suzerain jadis accordait au vassal. Et ce n’
est
point qu’elle soit moins capable qu’une autre d’amour, de tendresse o
421
is accordait au vassal. Et ce n’est point qu’elle
soit
moins capable qu’une autre d’amour, de tendresse ou même d’aveugle dé
422
évouement. Mais l’attitude de l’homme à son égard
est
faite pour éveiller en elle le goût de la liberté et de l’autonomie,
423
le le plus inquiétant du Nouveau Monde : car nous
sommes
habitués à voir des hommes en masses, à la caserne ou dans une réunio
424
avait qu’un goût modéré pour la femme, dont il ne
serait
que la conquête plus ou moins résignée ou satisfaite. Certains ménage
425
ue la femme couche les enfants, et tous les repas
sont
pris dans la petite cuisine blanche, parfois ornée d’un bar, toujours
426
le rôle de la machine numéro un dans la maison —
soient
ceux qui offrent le plus de garanties contre le divorce américain.
427
x des intéressés, le divorce américain ne saurait
être
, comme chez nous, la douloureuse rupture d’une longue intimité, celle
428
toujours, à conserver4, eux à ouvrir. Le divorce
est
pour nous l’enterrement d’un bonheur, pour eux l’acte de naissance d’
429
se remarier. Il arrive que le nouveau mariage ne
soit
séparé du divorce que par le temps de changer de salle, et c’est le m
430
utre porte — qui légalisera les deux actes. Telle
est
du moins la coutume de Reno. Reno n’est pas une légende pittoresque,
431
es. Telle est du moins la coutume de Reno. Reno n’
est
pas une légende pittoresque, mais une nécessité pratique créée par le
432
tat de New York, la seule cause admise de divorce
est
le flagrant délit d’adultère. Autant dire que le divorce est impossib
433
rant délit d’adultère. Autant dire que le divorce
est
impossible, à moins que l’on accepte d’en passer par une odieuse mise
434
tatée » dans une chambre d’hôtel. Le seul recours
est
donc le voyage de Reno, comédie fort coûteuse basée sur un mensonge :
435
ns le Nevada. Il y reste six semaines, à l’hôtel,
est
alors déclaré résident, obtient son divorce en un quart d’heure, se r
436
seconde fois. Cette éventualité, d’ailleurs, doit
être
envisagée très sérieusement. Chaque jour dans les courriers mondains
437
tout parce qu’elle amuse. Vous penserez que ce n’
est
pas sérieux, et peut-être aurez-vous raison. Si grave que soit un tel
438
eux, et peut-être aurez-vous raison. Si grave que
soit
un tel jugement, j’incline à croire que la facilité avec laquelle l’A
439
our la première fois ! » Deux ans plus tard, elle
était
à Reno et se remariait, « elle pour la seconde fois, lui pour la quat
440
a première définition : le divorce à l’américaine
est
considéré avant tout comme la mise en ordre de deux vies. Derrière to
441
infime minorité. Boston, son ancienne citadelle,
est
aujourd’hui en majorité catholique. Les Juifs, les Noirs, les Irlanda
442
ois quarts au moins de la population de New York,
sont
indemnes de toute trace directe d’éducation puritaine au foyer. Mais
443
les standards moraux créés par les Pionniers leur
sont
transmis sous la forme atténuée de l’American way of life, à l’école,
444
récemment naturalisés. On leur inculque à tous qu’
être
un Américain, c’est être un homme « décent » ; et comme je demandais
445
leur inculque à tous qu’être un Américain, c’est
être
un homme « décent » ; et comme je demandais à quelques étudiants ce q
446
entendaient par là, l’un d’eux me dit : « Décent
est
l’homme qui tient parole et se tient propre, à tous égards. » Cette v
447
là, l’un d’eux me dit : « Décent est l’homme qui
tient
parole et se tient propre, à tous égards. » Cette volonté de vivre un
448
dit : « Décent est l’homme qui tient parole et se
tient
propre, à tous égards. » Cette volonté de vivre une vie nette se comb
449
ous ses tabous. On ne pense plus que la « chair »
soit
le Mal, ni ses désirs des signes de malédiction divine. Peu ou point
450
mmait libertinage. L’Américain, me semble-t-il, n’
est
pas vicieux. Il est moral ou sans morale, mais bien rarement immorali
451
’Américain, me semble-t-il, n’est pas vicieux. Il
est
moral ou sans morale, mais bien rarement immoraliste. Ce qu’il ignore
452
romans européens les moins pensables en Amérique
seraient
sans doute Adolphe et Les Liaisons dangereuses. Ajoutons-y la poésie
453
ais il me paraît vain de l’écrire, car l’Amérique
est
en pleine transition, à cet égard plus qu’à tout autre. Il convient d
454
lée quelques remarques dont on reconnaît qu’elles
sont
par nature discutables. Certains critiques américains déclarent que l
455
américains déclarent que la jeunesse de leur pays
est
sex-obsessed, mais il se peut qu’elle soit tout simplement sexy, et q
456
ur pays est sex-obsessed, mais il se peut qu’elle
soit
tout simplement sexy, et que l’obsession n’existe que chez lesdits cr
457
américaines, c’est qu’on y pressent un avenir qui
sera
sans doute celui de la Russie soviétique et d’une partie de la jeunes
458
moins, trop volontaire et rationnel pour que l’on
soit
en droit d’y voir une « révolte des instincts », ou d’y dénoncer je n
459
uelle « vague de barbarie nouvelle ». Le danger n’
est
sans doute pas là. Car il est très possible qu’au contraire de ce que
460
elle ». Le danger n’est sans doute pas là. Car il
est
très possible qu’au contraire de ce que pensent la jeunesse américain
461
, la violence primitive et la santé de l’instinct
soient
justement les vraies créatrices de tabous, et que la suppression de c
462
ue la morale bourgeoise, issue des puritains, ait
été
l’une des plus perverses qu’ait jamais secrétée l’humanité, et que sa
463
t de faire « comme si » l’instinct sexuel pouvait
être
passé sous silence ou nié ; les sexologues qui tenteront follement de
464
e voie saine et quelques disciplines praticables,
sera
vraiment le génie du siècle et l’objet d’une grâce spéciale. Or c’est
465
’une grâce spéciale. Or c’est bien ce qu’il pense
être
, étant Américain. Je ne l’observe pas sans inquiétude ; non plus sans
466
râce spéciale. Or c’est bien ce qu’il pense être,
étant
Américain. Je ne l’observe pas sans inquiétude ; non plus sans beauco
467
ls « premiers possesseurs du bois et du rocher »,
sont
des anciens Européens. Des gens qui ont voulu oublier leur patrie (pa
468
ez, ne pensez plus, avec le proverbe latin, qu’il
est
doux et honorable de mourir pour la terre des ancêtres, mais, au cont
469
la terre des ancêtres, mais, au contraire, qu’il
est
décent de vivre pour sa descendance. Les deux pays tournés vers l’ave
470
ration américaine et la Confédération soviétique,
sont
aujourd’hui ceux qui paraissent craindre le plus l’intrusion des Euro
471
ion des Européens. Pour entrer dans l’un, il faut
être
communiste ; pour entrer dans l’autre il faut surtout ne pas l’être,
472
pour entrer dans l’autre il faut surtout ne pas l’
être
, mais cela ne suffit pas. N’oubliez jamais que l’Amérique est un pays
473
la ne suffit pas. N’oubliez jamais que l’Amérique
est
un pays d’immigration, non de tourisme. Elle exige, quand vous y entr
474
les six mois. C’est « entre ou sors ». Mais elle
est
aussi un pays en défense contre l’immigration. De ceux qui veulent y
475
ée, enfin toutes les preuves imaginables que vous
êtes
solvable, et de plus soluble dans l’américanisme. Après quoi commence
476
ation de naissance, vous entrerez. Ou plutôt vous
serez
admis à vous présenter pour entrer. Car les visas ne signifient rien
477
souvent de vous indiquer.) L’Immigration Service
est
un pouvoir pratiquement autonome, comme la police. S’il décide, pour
478
près un stage dans la prison d’Ellis Island, vous
serez
déporté ou longtemps détenu, sans trop savoir pourquoi, et dans des c
479
Un Chinois pensera de même que tous les Parisiens
sont
interchangeables. Ces ressemblances universelles n’existent que dans
480
t au premier abord que l’étrangeté justement, qui
est
le seul trait qu’elles possèdent en commun. De fait, New York est une
481
t qu’elles possèdent en commun. De fait, New York
est
une ville de contrastes violents, de population composite à l’extrême
482
ple, ne ressemble à l’Europe. Toutes les maisons
sont
pareilles, fabriquées en série. On se trompe de porte en croyant rent
483
ueillent par une allée de grandes dalles propres,
sont
en règle générale beaucoup plus jolis que nos villas de macaron ocré,
484
barrières de barbelés rébarbatives. Ces cottages
sont
d’une infinie variété d’architecture, et s’ils se ressemblent tous à
485
taires qui se font bâtir une maison à leur idée a
été
centuplé depuis une quinzaine d’années, grâce aux mesures du New Deal
486
ut ailleurs, dans la vie quotidienne, l’Américain
est
plus lent que le Français. L’homme d’affaires arrivé se reconnaît à u
487
industrielle atteint un rythme étourdissant, ce n’
est
pas que les ouvriers travaillent fiévreusement, c’est que l’organisat
488
availlent fiévreusement, c’est que l’organisation
est
bonne. Et dans ces ascenseurs express qui ne mettent que trente secon
489
s décorent luxueusement leurs églises, mais elles
sont
pleines. Ils ont beaucoup plus d’autos que les Français, parce qu’ell
490
oup plus d’autos que les Français, parce qu’elles
sont
moins chères qu’en France et que les distances sont plus grandes. Ils
491
nt moins chères qu’en France et que les distances
sont
plus grandes. Ils parlent constamment d’argent, sans la moindre pudeu
492
que vous y pensez constamment, en le cachant. Ils
sont
matérialistes, vous aussi. La différence est qu’ils ont mieux réussi
493
Ils sont matérialistes, vous aussi. La différence
est
qu’ils ont mieux réussi dans ce domaine. De plus, ils pensent que vou
494
éricaine. L’expression suppose que les Américains
seraient
notablement plus hypocrites que les Européens. Or s’il existe une dif
495
ar tradition, éducation et situation, l’Américain
est
l’un des êtres les plus ouverts et les plus francs de la planète. Il
496
éducation et situation, l’Américain est l’un des
êtres
les plus ouverts et les plus francs de la planète. Il ne vous cachera
497
mais c’est bien à cela que vous pensiez — elle n’
est
hypocrite qu’au niveau des standards collectifs. Je m’explique. Les v
498
ue. Les vieux et les villageois de certains États
sont
demeurés puritains ; la jeunesse et la bourgeoisie des villes, au con
499
ent plus aucun tabou. Ni les uns ni les autres ne
sont
hypocrites lorsqu’ils affirment que la sexualité est le péché, ou au
500
hypocrites lorsqu’ils affirment que la sexualité
est
le péché, ou au contraire qu’elle est une distraction qui ne doit pas
501
a sexualité est le péché, ou au contraire qu’elle
est
une distraction qui ne doit pas tirer à conséquence. Mais lorsqu’un c
502
te » aux yeux des deux partis et de l’Europe. Ce
sont
des barbares. Oui, si la civilisation consiste essentiellement en cec
503
ls le pensent, consiste essentiellement en ceci :
être
une personne décente (c’est-à-dire qui tient sa parole et se tient pr
504
eci : être une personne décente (c’est-à-dire qui
tient
sa parole et se tient propre), s’instruire, aider les voisins et prép
505
e décente (c’est-à-dire qui tient sa parole et se
tient
propre), s’instruire, aider les voisins et préparer des conditions de
506
ail de la vie quotidienne des deux continents. Il
serait
peu civilisé de penser que l’un de ces idéaux tout faits doive exclur
507
érants, pour tout dire peu civilisés. Mon objet n’
est
pas de juger, mais de décrire et d’avertir les candidats à la travers
508
définir une civilisation que de rechercher ce qui
est
« bien vu » ou « mal vu » par ses usagers. Tentons ici un catalogue r
509
n, que nous supposerons moyen pour l’occasion. Il
est
vrai que l’homme moyen n’est qu’une fiction : les romanciers modernes
510
pour l’occasion. Il est vrai que l’homme moyen n’
est
qu’une fiction : les romanciers modernes nous l’ont assez montré, c’e
511
ues sujets brûlants. Les impôts. — En France, il
est
bien vu de tricher avec le fisc. Non seulement on le fait, mais on s’
512
er ce qu’il doit, toutes déductions légales ayant
été
gonflées jusqu’au point d’éclatement. (Ceci avec l’aide bienveillante
513
de sa religion, et qui pour lui vaut plus que les
sommes
qu’en trichant il eût sauvées. L’argent en général. — Tout le mond
514
t. C’est qu’on n’y attache aucune pudeur. Et ce n’
est
pas qu’on y tienne plus qu’en France, mais simplement la richesse est
515
’y attache aucune pudeur. Et ce n’est pas qu’on y
tienne
plus qu’en France, mais simplement la richesse est « bien vue », tand
516
ne plus qu’en France, mais simplement la richesse
est
« bien vue », tandis qu’elle se cache en Europe. Nul jansénisme n’a p
517
pour vous. En Europe, au contraire, il affecte d’
être
« bousculé », « surchargé ». Il voit une preuve de son importance dan
518
si vous ne faites partie d’aucune église, ce qui
est
autant dire d’aucun club, vous serez mal vu de la population. Et soup
519
église, ce qui est autant dire d’aucun club, vous
serez
mal vu de la population. Et soupçonné avant tout autre, en cas de bag
520
emble que les chrétiens, pratiquants ou croyants,
sont
plutôt l’exception. On les excuse, ou bien ils ont à se faire excuser
521
rversité. Il s’agit avant tout, là-bas, de ne pas
être
involved, ou compromis. (Mais c’est un mot très difficile à traduire
522
u’à cet égard les jugements moraux de l’Américain
sont
exactement inverses des nôtres. Le sauteur est bien vu, ou n’est pas
523
n sont exactement inverses des nôtres. Le sauteur
est
bien vu, ou n’est pas vu du tout. Mais qu’il insiste sur un attacheme
524
inverses des nôtres. Le sauteur est bien vu, ou n’
est
pas vu du tout. Mais qu’il insiste sur un attachement, et la Morale e
525
, et il poursuit son but avec ténacité, quels que
soient
les obstacles rencontrés, ou les erreurs, qu’il sait reconnaître à te
526
e pas à se fixer. « Avoir fait tous les métiers »
est
un éloge à leurs yeux. Ils jugent un homme sur son rythme vital. Sur
527
méricains vous apprendront, par voie de fait s’il
est
besoin, à ne jamais couper une file. C’est vulgaire. Ce n’est pas dém
528
à ne jamais couper une file. C’est vulgaire. Ce n’
est
pas démocratique. (Soulignons fortement l’équivalence des deux jugeme
529
ain qui lui a soumis un manuscrit : « Votre livre
est
superbement écrit, c’est une œuvre excellente et dont je vous félicit
530
ue l’Américain ne demande pas d’abord qu’un livre
soit
bon en soi, mais qu’il soit efficace et opportun, selon les prévision
531
s d’abord qu’un livre soit bon en soi, mais qu’il
soit
efficace et opportun, selon les prévisions établies pour les six ou d
532
ue-t-elle la recette des succès de l’an dernier ?
Est
-elle de taille à les déclasser d’un seul coup ? Enfin, sera-t-elle ac
533
de taille à les déclasser d’un seul coup ? Enfin,
sera-t
-elle achetée par Hollywood ? Et il vous pose tout tranquillement cett
534
pose tout tranquillement cette question : « Vous
êtes
écrivain ? Comment vous vendez-vous ? » Encore une fois, je ne voud
535
ger, mais tout simplement faire mieux voir ce qui
est
bien vu, ce qui est mal vu ; et qui est parfois, ne l’oublions pas, m
536
ement faire mieux voir ce qui est bien vu, ce qui
est
mal vu ; et qui est parfois, ne l’oublions pas, moins important que c
537
ir ce qui est bien vu, ce qui est mal vu ; et qui
est
parfois, ne l’oublions pas, moins important que ce qui passe inaperçu
538
ra l’impossible pour vous cacher sa richesse s’il
est
riche, sa pauvreté s’il est pauvre, sa vie privée en général, et ne v
539
cher sa richesse s’il est riche, sa pauvreté s’il
est
pauvre, sa vie privée en général, et ne vous rencontrera qu’au café.
540
ncontre par hasard, on ne se demande pas ce qu’on
est
devenu, on rit, on boit, on ne s’étonne de rien, tout glisse et passe
541
onne de rien, tout glisse et passe, il y a tant d’
êtres
sur la terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bonnes e
542
. 7.Comment ils prennent la vie Le Français
est
profondément sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’homme la plus
543
rtains Américains pressentent enfin que la France
est
le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provincia
544
glo-Saxon puritain du type dynamique, alors qu’il
est
en réalité et neuf fois sur dix, bien plus près du Méridional par son
545
ridional par son goût de l’exagération — Tartarin
serait
bien épaté — son humeur communicative, et son insouciance lyrique. Se
546
le plus rapide du monde. L’industrie française a
tenu
le coup, elle se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’améric
547
dépassé, c’est comme si tous les avions de série
étaient
déjà faits ; il en est fatigué d’avance, et passe à l’invention suiva
548
us les avions de série étaient déjà faits ; il en
est
fatigué d’avance, et passe à l’invention suivante. Vue d’Amérique, l
549
ésidences luxueuses de la campagne ou de la ville
sont
régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de style Renaissan
550
eoises en France. Quant aux gratte-ciel, l’ère en
est
bien passée. Sauf à New York, ils ne sont pas rentables. 10.Commen
551
l’ère en est bien passée. Sauf à New York, ils ne
sont
pas rentables. 10.Comment ils sont scrupuleux ou non L’Américai
552
ork, ils ne sont pas rentables. 10.Comment ils
sont
scrupuleux ou non L’Américain ne pardonne pas une erreur de 2 cent
553
l’excès ? Fumez-vous ? Avez-vous d’autres vices ?
Êtes
-vous partisan de doctrines tendant au renversement des institutions a
554
ons américaines ? » Vous pouvez répondre que vous
êtes
alcoolique et anarchiste, on vous laissera entrer. Mais si vous dites
555
vous dites sous la foi du serment, que vous ne l’
êtes
pas, et que votre vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’amende ou l
556
pas, et que votre vie plus tard prouve que vous l’
êtes
, l’amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur
557
e que vous l’êtes, l’amende ou la peine de prison
seront
triplées. Tout repose ici sur la parole donnée, seul fondement d’une
558
de se produire jamais, puisqu’aucun journaliste n’
est
admis à enquêter sur les mystères d’Ellis Island. 11.Comment ils s
559
Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum
est
pro patria mori, accepte de se faire tuer non point par fanatisme, re
560
aut en matériel — que les batteries d’en face ont
été
écrasées. Cette folie apparente de l’Européen dénote un certain degré
561
les directeurs d’école.) Le reste de la journée n’
est
guère fatigant, et les devoirs à domicile s’expédient en moins d’une
562
moins d’une demi-heure. Quant aux notes, elles ne
sont
pas chiffrées. C’est : excellent, bon, suffisant ou défectueux. Et el
563
t l’intérêt pris aux leçons. Les petits étrangers
sont
mal vus, et fréquemment persécutés, sous l’œil apparemment aveugle de
564
iquement, ils ont démissionné. Souvent, les rôles
sont
renversés. Les enfants préfèrent le Herald Tribune au Times, parce qu
565
Occasion de conflits hebdomadaires, car le père s’
est
jeté le premier sur la suite des hauts faits de Superman. L’enfant do
566
er et lire, et même de leur donner des ordres, ne
serait
-ce pas un système nouveau, qu’il serait criminel d’ignorer ? 13.Co
567
rdres, ne serait-ce pas un système nouveau, qu’il
serait
criminel d’ignorer ? 13.Comment vous réussirez ou non en Amérique
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te idée, réfutée par toutes les statistiques, lui
est
inculquée dès le Kindergarten. Le cinéma l’entretient et l’exporte. V
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cette fortune qu’un juste sort vous doit et vous
tient
en réserve. Or vous avez beaucoup moins de chance de la trouver qu’un
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z mal l’anglais. Vous vous fâchez trop vite. Vous
tenez
à ceci plutôt qu’à cela. Vous travaillez trop bien ou peut-être trop
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availlez trop bien ou peut-être trop vite. Vous n’
êtes
pas ponctuel. Vous croyez aux passe-droits et aux coupe-file. Vous pr
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. De plus, les hommes se méfieront de vous, s’ils
sont
mariés, à cause de la réputation que leurs femmes vous font sur la fo
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de la moustache de Menjou, et de l’intérêt réel —
soit
dit à votre honneur — que vous portez au sexe faible. J’ai vu des Fra
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attribue chez eux à l’homme d’affaires américain.
Soyez
calmes, sans froideur mesquine, n’essayez pas d’en imposer. Supprimez
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rendre un temps précieux », car en effet le temps
est
précieux. Dites d’entrée de jeu ce qui vous amène, ce que vous savez
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devant un refus : les seuls échecs irrémédiables
sont
ceux qu’on a l’air de subir en pensant : voilà bien ma chance ! Si vo
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subir en pensant : voilà bien ma chance ! Si vous
êtes
passionné pour la politique, c’est-à-dire pour le jeu des partis, cac
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z-le. Cette manie française inquiéterait. Si vous
êtes
pauvre ou riche, ne le cachez pas. Cela se saurait. (Point de secret
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ques.) Sur le chapitre de l’argent, l’Américain n’
est
point naïf, ni hâbleur. Il est exact et réaliste, exempt de nos compl
580
ent, l’Américain n’est point naïf, ni hâbleur. Il
est
exact et réaliste, exempt de nos complications paysannes, de nos pude
581
gens, ni les choses, mais vous seul : alors vous
serez
Américain, et vous aurez une chance de réussir. Aux femmes de toute c
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compte en banque et une police d’assurance. Vous
serez
alors à toute épreuve, et respectée. 14.Comment on y devient fou
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York surtout, vous prenez une telle habitude de n’
être
pas regardé, pas vu, et pas jugé, que vous en profitez naturellement
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s ont changé autour d’eux. Les cadres sociaux n’y
sont
plus, pour les maintenir dans une routine protectrice. La femme voit
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r devant elle une liberté qui l’étourdit, et tout
est
disposé pour qu’elle en use. Marques de son autonomie : un job, un co
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un monde qui paraît dépourvu de repères. Ce qu’il
tenait
pour sa valeur bien personnelle ne trouve pas court ici, n’est donc q
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aleur bien personnelle ne trouve pas court ici, n’
est
donc qu’un handicap. Il se voit plongé dans une foule où son bien et
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n et son mal passent inaperçus, et en tout cas ne
sont
pas pris au tragique. « Un homme en vaut un autre », lui dit-on. Il l
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artition des huiles et savons par l’État, et vous
serez
bientôt en plein délire : tous les partis nommeront des commissions p
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inmise moscoutaire. Ces commissions d’ailleurs ne
seront
occupées qu’à clamer, la cravate en bataille, des résolutions farouch
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udre, non pas pour qu’on en parle. Notre tendance
est
de nous en remettre à une agence d’État, qui généralement fait le tra
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ntait environ les 9/10 de la production. Le job a
été
bien fait : l’Allemagne et le Japon ont été battus. Et les agences de
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job a été bien fait : l’Allemagne et le Japon ont
été
battus. Et les agences de contrôle des prix, de la main-d’œuvre et de
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tte des partis. C’est pourquoi les partis ne s’en
sont
point occupés, et n’ont point jugé nécessaire de proclamer l’union sa
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, dans les commissions du Congrès et du Sénat, se
sont
bornés à des échanges d’arguments souvent brutaux, au cours d’enquête
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stration de ces agences. Peu importe : le travail
était
fait. En France, les partis s’arrangent en général pour rendre tous l
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s aussi insolubles que leurs principes respectifs
sont
incompatibles. Cela conduit à des crises mortelles. Alors les chefs d
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n sacrée, et délèguent tout pouvoir à l’État, qui
est
en l’espèce un nouveau chef de gouvernement. Ce dernier, pris au dépo
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en chef et son remplacement à la dernière seconde
soit
par un antifasciste convaincu, soit par un bénéficiaire éprouvé de la
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nière seconde soit par un antifasciste convaincu,
soit
par un bénéficiaire éprouvé de la tradition dite nationale… Et si nou
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uvé de la tradition dite nationale… Et si nous ne
sommes
pas là pour consentir un prêt, payant la casse, vous parlez de notre
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er. C’est d’ailleurs très facile, me semble-t-il.
Soyez
honnêtes dans les négociations, comme le fut votre Herriot, que nous
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l. Soyez honnêtes dans les négociations, comme le
fut
votre Herriot, que nous respectons. Et cessez de répéter sur notre co
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te des sottises pittoresques ou méprisantes. Nous
sommes
adultes. 16.Comment un Américain moyen voit le monde Quels sont
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Comment un Américain moyen voit le monde Quels
sont
, se dit-il, les pays qui marchent le mieux en Europe ? Les États sca
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la Suisse, la Hollande, et la Grande-Bretagne. Ce
sont
des démocraties en majorité socialistes, ce qui peut inquiéter, mais
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, ceux qui ont fondé nos vieilles familles. Quels
sont
les pays qui marchent mal et qui nous créent le plus d’ennuis ? L’Esp
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d’ennuis ? L’Espagne et le Portugal, parce que ce
sont
des dictatures, et peu importe qu’elles réussissent matériellement, e
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és aux Russes, qui les mettent au pillage, ce qui
est
peu rationnel : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce sont le
610
l : ils feraient mieux de les équiper, puisque ce
sont
leurs colonies. L’Allemagne nous plaît mieux que la Pologne : pays de
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ieux que la Pologne : pays de blonds et les noirs
sont
suspects, tous les villains de nos films ont les cheveux noirs. De pl
612
s films ont les cheveux noirs. De plus l’Allemand
est
propre et travailleur, et mon arrière-grand-mère était du Wurtemberg.
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propre et travailleur, et mon arrière-grand-mère
était
du Wurtemberg. Les Italiens ? Nous en aurons bientôt autant chez nous
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i, comme l’ont fait les bourgeois d’Europe : ce n’
était
pas un regular guy. Le Vatican a la plus vieille diplomatie secrète d
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et toujours prêts à se battre. Oui, l’Europe, ce
sont
nos Balkans. Mais il y a l’Amérique du Sud, il y a les Russes, il y a
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d’ouvrir leurs frontières, de l’esclavage où ils
tiennent
leur presse, et de l’orgueil de parvenus de l’industrie et des scienc
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are. Car en réalité, nous touchons à l’Asie. Nous
sommes
une puissance maritime, et cela compense la proximité géographique de
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était un clair avertissement aux Russes. La Chine
est
un de nos grands marchés, le Japon un de nos gros clients. C’est là q
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trois de leurs États, les dernières élections se
sont
passées presque sans coups de fusil. Peut-être atteindront-ils bientô
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: Liberté, Prospérité et Poursuite du Bonheur, ce
sont
là mes trois idéaux. Et je ne les vois réalisés qu’en Amérique. 17
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rique ! Car le contraire, chaque fois, peut aussi
être
vrai. Car ces rêveurs sont aussi, et souvent, de vieux cornichons à l
622
haque fois, peut aussi être vrai. Car ces rêveurs
sont
aussi, et souvent, de vieux cornichons à lunettes, aux lèvres minces,
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matisés munis d’une « grille désodorisante »… Ils
sont
modernes. Car avec une belle énergie et beaucoup moins de naïveté que
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sent mieux que nous la confusion du siècle, ils y
sont
installés carrément, et ils l’exploitent non sans une sorte de bon se
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lites ne s’en approchent qu’en hésitant. Ils nous
sont
supérieurs à tant d’autres égards ; saurons-nous garder au moins cela
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éométriser, typique d’une civilisation mécanisée,
est
signe de lourdeur d’esprit, de paresse d’âme, d’appauvrissement de la
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nt spirituel. La croyance exclusive à la réussite
est
le signe d’une vue bornée de notre condition humaine, de même que le
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église qui a l’air gothique quand plus rien ne l’
est
en nous ni autour d’elle. Un peuple, s’il éduque son sens des formes,
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ffres et se sent aussitôt rassuré. Mais un fait n’
est
qu’un signe dans une équation, une lettre ou une virgule dans une phr
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on ne peut le lire qu’avec tout le contexte. S’en
tenir
aux faits seuls, aux faits bruts, c’est une timidité de l’esprit qui
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s détestent celui qui vient les réveiller. Ils le
tiennent
pour pervers et masochiste. Et il est vrai que la conscience s’éveill
632
Ils le tiennent pour pervers et masochiste. Et il
est
vrai que la conscience s’éveille généralement dans la douleur, mais i
633
’ingéniait à rendre étanche, — inconsciemment. Ce
sont
là des secousses extérieures. Qui sait si une loi de l’esprit ne les
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quentes que les poussées intimes de la conscience
sont
plus méthodiquement refoulées ? Qui sait quels malheurs historiques u
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gagner sans écœurer le vaincu. Apprenons d’eux à
tenir
parole, à nous laver, à boire du lait, à être à l’heure, à ne pas cou
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à tenir parole, à nous laver, à boire du lait, à
être
à l’heure, à ne pas couper les files par principe, à observer les règ
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bserver les règles du jeu dans la mesure où elles
sont
raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger des foncti
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tés de frileux. Enfin, apprenons d’eux le souci d’
être
dignes non seulement d’un passé qui nous a faits, mais surtout d’un a
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ttitude détient le secret de la liberté. Car il n’
est
de liberté réelle qu’en avant, dans tous les ordres, à chaque instant
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transatlantiques américains et français ont tous
été
transformés pendant la guerre en transports de troupes. Tels quels, i
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servent aujourd’hui aux civils. Comme la demande
est
forte, les compagnies de navigation ne se pressent pas trop d’amélior
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vant-guerre. Ces camps de concentration flottants
sont
donc d’un excellent rapport. Quant aux avions, toutes les places y so
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nt rapport. Quant aux avions, toutes les places y
sont
prises plusieurs mois à l’avance, et l’on ne vous permettra d’y empor
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life, littéralement : de sa route de vie. Ce qui
est
pour le Latin concept, forme arrêtée, devient chez eux chemin, voie e
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pour le réaliser. Les autostrades américaines ne
sont
pas une réclame politique, ni même un expédient pour lutter contre le
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un expédient pour lutter contre le chômage. Elles
sont
le produit du rêve et de la vitalité inépuisable d’un peuple libre, e
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, séparées par une large bande gazonnée où l’on s’
est
ingénié à conserver, ici et là, un grand arbre isolé, témoin de la Pr
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é d’une curiosité rêveuse. Mais soudain le regard
est
pris par un panneau rutilant sur la droite, puis mitraillé à bout por
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lui créent enfin des cadres. Quand cette surface
sera
suffisamment organisée, vers quoi pourra bien se tourner l’effort col
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les masses elles-mêmes comprendront-elles qu’il n’
est
qu’un seul infini véritable : celui que chacun porte en soi, celui de