1 1947, Vivre en Amérique. Prologue. Sentiment de l’Amérique
1 ais pas l’Amérique dans ces photos et ces livres, elle est. Et quand j’y ai débarqué, je n’ai rien reconnu de ce qu’une
2 trangement souple avec un sourire parfait, un pas l’on pressent déjà la danse, un sourire gentiment courageux — vous al
3 ait sensation, va plus loin et se perd on ne sait , dans un autre rêve naissant, dans le rêve du bonheur d’un autre… Tou
2 1947, Vivre en Amérique. I. Vie politique
4 r dans les grandes salles populaires de Broadway, des centaines de filles en jupes très courtes se livrent à la danse a
5 séparent un peu. Personne ne parle. Suit un tango ils se glissent joue à joue, avec n’importe qui, comme sans se voir,
6 que l’on nomme à tort l’impérialisme américain. ⁂ trouveront-ils désormais la frontière qui mettrait au défi leur espri
7 er l’établissement de la démocratie dans des pays les difficultés économiques donnent aux dictateurs leurs prétextes le
8 nir. On pourrait définir l’Amérique comme le pays ce qui va venir émeut autant qu’en Europe le souvenir. ⁂ Mais ce qui
9 liarité américaine s’étend, hélas, à des domaines elle devient nécessairement sottise brouillonne ou imprudence. Tel re
10 ronds-de-cuir Dans le même numéro de magazine l’on peut lire sous la plume d’un fermier du Middle West que l’Amériq
11 nu que le tableau changerait en quelques jours. D’ la gabegie littéralement indescriptible dont le Contrôleur général es
12 uerre (OWI) qui tenait le rang d’un ministère, et j’ai travaillé pendant près de deux ans, ne comptait qu’une infinie m
13 ra mis dans un coin de nos cuisines ces appareils tout respire l’innocence et ronronne l’hygiène. Ceux qui voient dans
14 tore, littéralement droguerie, désigne un magasin l’on vend des produits pharmaceutiques, des produits de beauté, mais
3 1947, Vivre en Amérique. II. Vie culturelle et religieuse
15 n’ayant pas été déclarées dans les termes exacts elles s’arrêtent. Ce que l’on trouve dans son journal, c’est un débat
16 éations géniales de Disney remontent à la période il travaillait seul, à l’aventure, avec des moyens peu coûteux. Les p
17 ndres, ou de Berlin avant Hitler. Point de salons l’écrivain se frotte aux gens du monde, et eux à lui ; point de cafés
18 aux gens du monde, et eux à lui ; point de cafés l’on se retrouve en bande à l’heure de l’apéritif ; point d’antichamb
19 e de l’apéritif ; point d’antichambres d’éditeurs se coudoient auteurs, débutants et critiques ; donc point de tribunal
20 MacLeish à Washington. E. E. Cummings je ne sais . Hemingway à Cuba, à Hawaï, quand ce n’est pas à Paris. Robert Frost
21 ocaux — en Virginie, dans l’Arizona, à New York — l’on discute Freud ou Trotski, Auden, Eliot, André Breton, et l’exist
22 Vipers, un grand livre à mon sens, et le premier l’Amérique d’aujourd’hui se reconnaisse, critiquée et jugée d’un poin
23 formes à leurs doctrines morales et politiques. D’ le caractère social très accentué que prit, dès le début, leur vie re
24 é que prit, dès le début, leur vie religieuse ; d’ aussi, le caractère religieux de leur civisme. La structure politique
25 stalles de chœur et leur pupitre pour la Bible, d’ pend un ruban large à la couleur de la saison ou de la fête liturgiqu
26 tats-Unis : c’est qu’il n’est pas de pays moderne la religion tienne dans la vie publique une place plus importante et
27 de la vie publique (dans un pays, remarquons-le, les Églises ont toujours été séparées de l’État). Je me bornerai pour
4 1947, Vivre en Amérique. III. Vie privée
28 n’est irremplaçable dans un monde aussi vaste, et les déplacements sont si faciles… Au vrai, l’amour-passion ne saurait
29 ation qui tend vers le matriarcat, dans la mesure les facteurs économiques la déterminent. Mais c’est dans la psycholog
30 es, près de son bureau ; elle, dans un restaurant des centaines de femmes, par tablées, composent aux yeux de l’étrange
31 ntimité. Il se peut que les mariages de ce type —  l’homme joue le rôle de la machine numéro un dans la maison — soient
32 gués, il y a comme partout l’adultère. En Europe, l’on croit au mariage-sacrement, à la continuité de la famille, à l’h
33 dénoncent. 4. Sauf dans le domaine intellectuel, l’on pourrait fort bien soutenir la thèse inverse. Je l’ai fait aille
5 1947, Vivre en Amérique. IV. Conseil à un Français pour vivre en Amérique
34 -Unis ! Drugstore à part (et ces magasins clairs, l’on peut s’asseoir au bar et déjeuner, n’ont rien que de plaisant) l
35 e. Entrez maintenant dans la réalité du continent vous amène un rêve. Je vous accompagne en sourdine, attentif à vous i
36 de jamais faire comprendre les uns aux autres. D’ les accusations de « manque de sérieux », qu’ils ne cesseront pas d’é
37 tolère pas, c’est le mensonge, et là précisément le Français le considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de
38 qu’un handicap. Il se voit plongé dans une foule son bien et son mal passent inaperçus, et en tout cas ne sont pas pri
39 l lui faut apprendre les règles d’un jeu nouveau, les coups les mieux médités ratent vingt fois ; mais un jour le desti
40 sée, puisqu’il a reçu ses pouvoirs au moment même il devrait en faire un usage maximum, de toute urgence. Ainsi le syst
41 tout étourdi de sa puissance, et qui ne sait pas l’on cache les dossiers, doit juger plus sagement en 24 heures que le
42 e refus d’ouvrir leurs frontières, de l’esclavage ils tiennent leur presse, et de l’orgueil de parvenus de l’industrie
43 atteindront-ils bientôt l’âge de majorité civique la démocratie devient possible… To sum up : Liberté, Prospérité et P
44 cipe, à observer les règles du jeu dans la mesure elles sont raisonnables, à faire crédit, à payer nos impôts, à exiger
6 1947, Vivre en Amérique. Épilogue. La route américaine
45 à ces grandiloquents témoins de la Crise de 1929, les affaires périssent et les bureaux se vident au-dessus du 50e étag
46 ressent l’approche d’une limite infranchissable. s’élancer encore ? Comment sortir de cet embouteillage de richesses m
47 haque sens, séparées par une large bande gazonnée l’on s’est ingénié à conserver, ici et là, un grand arbre isolé, témo