1 1947, Vivre en Amérique. Prologue. Sentiment de l’Amérique
1 insi du reste : ce pays si religieux n’a guère le sens du spirituel ; on y est tour à tour plus formaliste et plus sans-faço
2 ulent à son sujet sont justifiés, de même que les critiques à la Duhamel et les enthousiasmes à la Jules Romains ; mais rien de t
3 ants, les voisins d’autobus ou de train. Et je me sens moins jugé, moins jaugé, pour tout dire moins vu qu’en Europe. Parce
4 onne ne paraît s’en étonner, tant est puissant le sens des conventions publiques dans ce peuple qui, par ailleurs, a poussé
2 1947, Vivre en Amérique. I. Vie politique
5 adway ? Peut-être, mais tout cela va dans le même sens , illustre un même mouvement profond et général vers la vie libre, ver
6 sion ne sera pas du tout à base d’impérialisme au sens courant du mot. Je persiste à penser que nous avons, en Europe, quelq
7 la démocratie perdant sa valeur de combat, je me sens capable de décrire l’envers de tant de vertus cependant bien réelles.
8 tout le contraire d’un développement de l’esprit critique et du jugement. N’importe qui, de nos jours, s’il s’intitule savant,
9 : cette opinion ou cette action ne va pas dans le sens de l’idéal commun vers quoi tendent les Américains, et qui les fait d
10 européens sur l’Amérique. On n’a pas épargné les critiques à la politique d’occupation américaine en Allemagne : ils sont trop d
11 uons que les Russes ne prêtent pas le flanc à des critiques de ce genre parce qu’ils ne publient rien, interdisent les reportages
3 1947, Vivre en Amérique. II. Vie culturelle et religieuse
12 btiles, seulement un dynamisme inépuisable, et le sens des prises de vues multipliées sous les angles les plus imprévus. Le
13 ris à tâche de créer un nouvel esprit, un nouveau sens des devoirs civiques de la presse, une école de reportage, un journal
14 s films américains au lendemain de la guerre. Les critiques , les échos de presse, et même les spectateurs, sont unanimes : Hollyw
15 d’éditeurs où se coudoient auteurs, débutants et critiques  ; donc point de tribunal du goût, de critique parlée, de rumeurs, ou
16 et critiques ; donc point de tribunal du goût, de critique parlée, de rumeurs, ou de réputations fondées sur le pittoresque, l’e
17 fficiels et des bannières, indiquant le but et le sens du cortège. Puis la foule qui n’est maintenue que par la plus légère
18 e avec Generation of Vipers, un grand livre à mon sens , et le premier où l’Amérique d’aujourd’hui se reconnaisse, critiquée
19 manière de poser les problèmes, votre vocabulaire critique , vos rythmes et vos procédés. Et pourtant ne serait-ce point cela, au
20 et tend toujours, de tout son être, à dégager un sens satisfaisant. Avant tout, il « cherche à comprendre ». Et je crois qu
21 omprendre ». Et je crois qu’à son idée, donner un sens c’est généraliser. De même, comprendre c’est classer, ou résumer en u
22 e roman. Et c’est pourquoi l’information, dans le sens large que je viens de suggérer, compte davantage que le jugement aux
23 ’un pain ; ils ne sont pas si enfantins que leurs critiques . On ne m’avait pas dit non plus que New York possède, en plus de ces
24 connaître cet arrière-plan pour donner tout leur sens à certains incidents de la vie politique américaine. Imaginez, par ex
25 s n’allez pas leur poser trop de questions sur le sens symbolique de leurs cérémonies, sur le péché, la grâce, la transcenda
26 bien, et c’est « traditionnel »… Ils n’ont pas le sens proprement « religieux » des correspondances et des signes. Qu’est-ce
4 1947, Vivre en Amérique. III. Vie privée
27 » Ces lignes, écrites en Amérique, trahissent une critique inconsciente de l’atmosphère du Nouveau Monde : elles en peignent le
28 cain divorce, révèle que ses mariages manquent de sens et de sérieux. Il n’y entre pas pour toute la vie, mais pour un bail
29 ît qu’elles sont par nature discutables. Certains critiques américains déclarent que la jeunesse de leur pays est sex-obsessed, m
30 exy, et que l’obsession n’existe que chez lesdits critiques . Certains Européens penseraient plutôt de la même jeunesse qu’elle ma
31 sayons de le définir en quelques traits. Perte du sens tragique de l’amour ; réalisme scientifique et quelque peu pédant, su
5 1947, Vivre en Amérique. IV. Conseil à un Français pour vivre en Amérique
32 il cite l’histoire, d’un ordre spirituel quand il critique un livre. Ce qu’il ne tolère pas, c’est le mensonge, et là précisémen
33 mé, institution spécifiquement américaine dans ce sens qu’on n’en connaît point ailleurs l’équivalent, et cependant bien fai
34 t sur l’histoire et l’arithmétique, mais sur le «  sens social », « l’adaptation au milieu », les sports, les qualités d’init
35 curieusement. Nous n’avons guère plus que lui le sens de la vie privée, nous avons le même goût de la production en masse e
36 de chacun de mes articles trop favorables ou trop critiques sur l’Amérique ! Car le contraire, chaque fois, peut aussi être vrai.
37 e je n’ai pas su la faire sentir autant que je la sens . Et peut-être n’y parviendrai-je que d’une manière négative : en sugg
38 s qui peut seul ménager des libertés réelles. Le sens de l’échec, de sa nécessité métaphysique et de sa valeur d’enseigneme
39 ondies révèle une pauvre conception de l’art. Le sens des formes, des symboles, des signes et des correspondances. On ne pe
40 nous ni autour d’elle. Un peuple, s’il éduque son sens des formes, cesse d’imiter et se met à créer. La réduction du fait à
41 rit qui recule devant son acte propre : donner un sens , voir au-delà, relier les moyens aux fins. La volonté de prendre con
42 ays que je connaisse, l’avantage d’accueillir les critiques avec mieux que de la tolérance : avec une volonté souriante mais séri
43 trahit aussi un vice de l’âme. Apprenons d’eux le sens spirituel de la mise en pratique, à tous risques, d’un idéal même imp
6 1947, Vivre en Amérique. Épilogue. La route américaine
44 rce paisible. Trois pistes parallèles dans chaque sens , séparées par une large bande gazonnée où l’on s’est ingénié à conser