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Orientation
Les
mythes racontent le réel comme un événement permanent. Et leurs fable
2
Orientation Les mythes racontent
le
réel comme un événement permanent. Et leurs fables illustrent les dra
3
n événement permanent. Et leurs fables illustrent
les
drames réguliers de la vie affective et spirituelle, c’est-à-dire pro
4
. Et leurs fables illustrent les drames réguliers
de
la vie affective et spirituelle, c’est-à-dire proprement humaine, tan
5
t leurs fables illustrent les drames réguliers de
la
vie affective et spirituelle, c’est-à-dire proprement humaine, tandis
6
elle, c’est-à-dire proprement humaine, tandis que
les
équations de la physique traduisent les structures de l’énergie consi
7
dire proprement humaine, tandis que les équations
de
la physique traduisent les structures de l’énergie considérée comme o
8
e proprement humaine, tandis que les équations de
la
physique traduisent les structures de l’énergie considérée comme obje
9
andis que les équations de la physique traduisent
les
structures de l’énergie considérée comme objective. Ces deux approche
10
quations de la physique traduisent les structures
de
l’énergie considérée comme objective. Ces deux approches du réel, l’u
11
tions de la physique traduisent les structures de
l’
énergie considérée comme objective. Ces deux approches du réel, l’une
12
la première, dont elle serait un cas particulier.
Les
vrais mythes sont universels. L’histoire de Cendrillon peut être retr
13
as particulier. Les vrais mythes sont universels.
L’
histoire de Cendrillon peut être retrouvée chez les peuples les plus d
14
ier. Les vrais mythes sont universels. L’histoire
de
Cendrillon peut être retrouvée chez les peuples les plus divers de to
15
L’histoire de Cendrillon peut être retrouvée chez
les
peuples les plus divers de tous les temps. (On en a réuni cent-trente
16
e Cendrillon peut être retrouvée chez les peuples
les
plus divers de tous les temps. (On en a réuni cent-trente-et-une vers
17
t être retrouvée chez les peuples les plus divers
de
tous les temps. (On en a réuni cent-trente-et-une versions.) Ces peup
18
etrouvée chez les peuples les plus divers de tous
les
temps. (On en a réuni cent-trente-et-une versions.) Ces peuples n’ava
19
ples n’avaient pas communiqué entre eux mais avec
la
réalité constitutive de notre condition humaine, profond trésor de fo
20
niqué entre eux mais avec la réalité constitutive
de
notre condition humaine, profond trésor de formes dynamiques d’où rem
21
tutive de notre condition humaine, profond trésor
de
formes dynamiques d’où remontent aux moments décisifs, quand nous som
22
tion humaine, profond trésor de formes dynamiques
d’
où remontent aux moments décisifs, quand nous sommes comme on dit remi
23
ifs, quand nous sommes comme on dit remis en jeu,
les
archétypes de nos émotions les plus sincères et les plus surprenantes
24
sommes comme on dit remis en jeu, les archétypes
de
nos émotions les plus sincères et les plus surprenantes. Enfin les my
25
dit remis en jeu, les archétypes de nos émotions
les
plus sincères et les plus surprenantes. Enfin les mythes révèlent les
26
s archétypes de nos émotions les plus sincères et
les
plus surprenantes. Enfin les mythes révèlent les thèmes communs de si
27
les plus sincères et les plus surprenantes. Enfin
les
mythes révèlent les thèmes communs de situations bien différentes en
28
les plus surprenantes. Enfin les mythes révèlent
les
thèmes communs de situations bien différentes en apparences. C’est ai
29
tes. Enfin les mythes révèlent les thèmes communs
de
situations bien différentes en apparences. C’est ainsi que l’on décou
30
s bien différentes en apparences. C’est ainsi que
l’
on découvre Don Juan dans le mouvement de la pensée de Nietzsche, le S
31
nces. C’est ainsi que l’on découvre Don Juan dans
le
mouvement de la pensée de Nietzsche, le Supplice de Tantale dans un r
32
insi que l’on découvre Don Juan dans le mouvement
de
la pensée de Nietzsche, le Supplice de Tantale dans un récit de Jean-
33
i que l’on découvre Don Juan dans le mouvement de
la
pensée de Nietzsche, le Supplice de Tantale dans un récit de Jean-Pau
34
découvre Don Juan dans le mouvement de la pensée
de
Nietzsche, le Supplice de Tantale dans un récit de Jean-Paul. De même
35
Juan dans le mouvement de la pensée de Nietzsche,
le
Supplice de Tantale dans un récit de Jean-Paul. De même nous appliquo
36
mouvement de la pensée de Nietzsche, le Supplice
de
Tantale dans un récit de Jean-Paul. De même nous appliquons les dicto
37
e Nietzsche, le Supplice de Tantale dans un récit
de
Jean-Paul. De même nous appliquons les dictons et proverbes aux occas
38
ns un récit de Jean-Paul. De même nous appliquons
les
dictons et proverbes aux occasions variées de la vie quotidienne, ide
39
ns les dictons et proverbes aux occasions variées
de
la vie quotidienne, identifiées par cette algèbre populaire. Et les p
40
les dictons et proverbes aux occasions variées de
la
vie quotidienne, identifiées par cette algèbre populaire. Et les préd
41
enne, identifiées par cette algèbre populaire. Et
les
prédicateurs ramènent l’actualité à tel verset de l’Évangile du jour,
42
e algèbre populaire. Et les prédicateurs ramènent
l’
actualité à tel verset de l’Évangile du jour, dont l’usage est alors m
43
es prédicateurs ramènent l’actualité à tel verset
de
l’Évangile du jour, dont l’usage est alors mythique, au sens où je l’
44
prédicateurs ramènent l’actualité à tel verset de
l’
Évangile du jour, dont l’usage est alors mythique, au sens où je l’ent
45
ctualité à tel verset de l’Évangile du jour, dont
l’
usage est alors mythique, au sens où je l’entends ici. Il m’a semblé q
46
r, dont l’usage est alors mythique, au sens où je
l’
entends ici. Il m’a semblé que le rapprochement de ces trois mots : my
47
e, au sens où je l’entends ici. Il m’a semblé que
le
rapprochement de ces trois mots : mythe, événement, réalité, était de
48
l’entends ici. Il m’a semblé que le rapprochement
de
ces trois mots : mythe, événement, réalité, était de nature à oriente
49
ces trois mots : mythe, événement, réalité, était
de
nature à orienter le lecteur mieux qu’un discours d’apparence méthodi
50
e, événement, réalité, était de nature à orienter
le
lecteur mieux qu’un discours d’apparence méthodique mais qui aurait e
51
nature à orienter le lecteur mieux qu’un discours
d’
apparence méthodique mais qui aurait eu le tort, au seuil de cet ouvra
52
iscours d’apparence méthodique mais qui aurait eu
le
tort, au seuil de cet ouvrage, de n’être pas lui-même fabuleux.
53
e méthodique mais qui aurait eu le tort, au seuil
de
cet ouvrage, de n’être pas lui-même fabuleux.
54
s qui aurait eu le tort, au seuil de cet ouvrage,
de
n’être pas lui-même fabuleux.
55
Premier dialogue sur
la
carte postale La pluie et le beau temps Lord Artur. Je voudrais
56
Premier dialogue sur la carte postale
La
pluie et le beau temps Lord Artur. Je voudrais vous poser une que
57
remier dialogue sur la carte postale La pluie et
le
beau temps Lord Artur. Je voudrais vous poser une question, Sonne
58
ui signifie, en somme : êtes-vous un être capable
d’
aimer, ou seulement une apparence adorable ? Voici ma question : préfé
59
ence adorable ? Voici ma question : préférez-vous
la
pluie ou le beau temps ? Sonnette. Vous êtes drôle. C’est moi qui fa
60
e ? Voici ma question : préférez-vous la pluie ou
le
beau temps ? Sonnette. Vous êtes drôle. C’est moi qui fais la pluie
61
? Sonnette. Vous êtes drôle. C’est moi qui fais
la
pluie et le beau temps ! Lord Artur. Certes, la réponse serait sage,
62
. Vous êtes drôle. C’est moi qui fais la pluie et
le
beau temps ! Lord Artur. Certes, la réponse serait sage, si seulemen
63
la pluie et le beau temps ! Lord Artur. Certes,
la
réponse serait sage, si seulement vous saviez ce que vous dites. Mais
64
dites. Mais, en vérité, que signifient pour vous
le
beau temps et la pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce qu
65
vérité, que signifient pour vous le beau temps et
la
pluie ? Est-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheu
66
t-ce que c’est rire et pleurer ? Est-ce que c’est
le
bonheur et la tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’autre ?
67
rire et pleurer ? Est-ce que c’est le bonheur et
la
tristesse ? Est-ce que vous préférez l’un à l’autre ? Sonnette. Comm
68
n. Lord Artur. Je pense sérieusement que vous ne
l’
avez jamais su. Pas plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez l
69
plus que vous n’avez jamais su si vous préfériez
le
bonheur ou la tristesse. Vous ne savez pas où est votre bien. Et c’es
70
n’avez jamais su si vous préfériez le bonheur ou
la
tristesse. Vous ne savez pas où est votre bien. Et c’est pourquoi les
71
ne savez pas où est votre bien. Et c’est pourquoi
les
mots vous paraissent simples, évidents et indifférents. Vous admettez
72
ples, évidents et indifférents. Vous admettez que
le
« beau » temps est le contraire du « mauvais » temps, et vous n’avez
73
fférents. Vous admettez que le « beau » temps est
le
contraire du « mauvais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que
74
s, et vous n’avez jamais cherché ce que doit être
le
« bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». Et vous pensez enc
75
cherché ce que doit être le « bon » temps, ni si
les
tempêtes sont « belles ». Et vous pensez encore que le bonheur peut e
76
mpêtes sont « belles ». Et vous pensez encore que
le
bonheur peut exister en dehors de notre souffrance, ou même qu’il est
77
en dehors de notre souffrance, ou même qu’il est
le
contraire de la souffrance, petite fille ! Et vos rêves composent tou
78
notre souffrance, ou même qu’il est le contraire
de
la souffrance, petite fille ! Et vos rêves composent toujours le même
79
tre souffrance, ou même qu’il est le contraire de
la
souffrance, petite fille ! Et vos rêves composent toujours le même pa
80
e, petite fille ! Et vos rêves composent toujours
le
même paysage de carte postale en couleurs, idéal inévitable de ceux q
81
! Et vos rêves composent toujours le même paysage
de
carte postale en couleurs, idéal inévitable de ceux qui n’ont pas de
82
ge de carte postale en couleurs, idéal inévitable
de
ceux qui n’ont pas de point de vue sur le beau temps. Écoutez-moi, So
83
couleurs, idéal inévitable de ceux qui n’ont pas
de
point de vue sur le beau temps. Écoutez-moi, Sonnette : vos actions,
84
vitable de ceux qui n’ont pas de point de vue sur
le
beau temps. Écoutez-moi, Sonnette : vos actions, vos pensées, votre i
85
, Sonnette : vos actions, vos pensées, votre idée
de
l’amour se réfèrent en vérité à une carte postale en couleurs. Et non
86
onnette : vos actions, vos pensées, votre idée de
l’
amour se réfèrent en vérité à une carte postale en couleurs. Et non pa
87
ité à une carte postale en couleurs. Et non pas à
la
réalité. Vous n’aimez pas penser à la souffrance. (Un silence.) Sans
88
t non pas à la réalité. Vous n’aimez pas penser à
la
souffrance. (Un silence.) Sans doute, Sonnette, portez-vous de ces co
89
. (Un silence.) Sans doute, Sonnette, portez-vous
de
ces courtes bottes vernies, quand il pleut ? Sonnette. Quand j’étais
90
uand j’étais petite fille, j’aimais me promener à
la
lisière des forêts, les jambes nues sous la pluie. L’herbe était plei
91
le, j’aimais me promener à la lisière des forêts,
les
jambes nues sous la pluie. L’herbe était pleine de limaces et de peti
92
ner à la lisière des forêts, les jambes nues sous
la
pluie. L’herbe était pleine de limaces et de petits escargots, et les
93
isière des forêts, les jambes nues sous la pluie.
L’
herbe était pleine de limaces et de petits escargots, et les framboise
94
s jambes nues sous la pluie. L’herbe était pleine
de
limaces et de petits escargots, et les framboises humides avaient un
95
sous la pluie. L’herbe était pleine de limaces et
de
petits escargots, et les framboises humides avaient un délicieux goût
96
tait pleine de limaces et de petits escargots, et
les
framboises humides avaient un délicieux goût fade. Je rentrais toute
97
t un délicieux goût fade. Je rentrais toute fière
de
mes genoux griffés comme ceux des garçons, et le soir quand quelqu’un
98
de mes genoux griffés comme ceux des garçons, et
le
soir quand quelqu’un souhaitait invariablement « qu’il fasse beau dem
99
emain », je pensais en dessous que j’aimais mieux
les
herbes mouillées. Lord Artur. On dit souvent des femmes qu’elles son
100
femmes qu’elles sont naturellement païennes. Mais
les
peuples païens sont toujours religieux, alors que les femmes de ce te
101
peuples païens sont toujours religieux, alors que
les
femmes de ce temps sont seulement sournoises. Sonnette. Lord Artur,
102
ens sont toujours religieux, alors que les femmes
de
ce temps sont seulement sournoises. Sonnette. Lord Artur, vous m’amu
103
e jaloux, ce soir. Quand vous cédez à votre manie
de
remuer des métaphysiques à propos de petits riens, c’est toujours par
104
rer qu’il faut être chrétien pour parler sagement
de
la pluie et du beau temps. Lord Artur. J’ai toujours estimé, Sonnett
105
qu’il faut être chrétien pour parler sagement de
la
pluie et du beau temps. Lord Artur. J’ai toujours estimé, Sonnette,
106
Je regrette profondément que vous n’ayez pas plus
de
sens qu’un oiseau. Sonnette, si vous étiez païenne ou si vous étiez c
107
s étiez chrétienne, vous sauriez ce que c’est que
le
beau temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez la lumière, le
108
temps. Si vous étiez païenne et que vous adoriez
la
lumière, le beau temps vous serait un dieu rendu visible et le « bonh
109
ous étiez païenne et que vous adoriez la lumière,
le
beau temps vous serait un dieu rendu visible et le « bonheur » serait
110
e beau temps vous serait un dieu rendu visible et
le
« bonheur » serait le nom de sa présence. Mais un jour, la lumière es
111
it un dieu rendu visible et le « bonheur » serait
le
nom de sa présence. Mais un jour, la lumière est morte autour de nous
112
ieu rendu visible et le « bonheur » serait le nom
de
sa présence. Mais un jour, la lumière est morte autour de nous, elle
113
eur » serait le nom de sa présence. Mais un jour,
la
lumière est morte autour de nous, elle est morte à la surface des cho
114
umière est morte autour de nous, elle est morte à
la
surface des choses pour renaître au centre de l’homme. Et désormais,
115
e à la surface des choses pour renaître au centre
de
l’homme. Et désormais, de tous les événements qui paraissent autour d
116
la surface des choses pour renaître au centre de
l’
homme. Et désormais, de tous les événements qui paraissent autour de n
117
pour renaître au centre de l’homme. Et désormais,
de
tous les événements qui paraissent autour de nous, aucun n’importe, s
118
aître au centre de l’homme. Et désormais, de tous
les
événements qui paraissent autour de nous, aucun n’importe, sinon celu
119
ur de nous, aucun n’importe, sinon celui qui dans
le
même temps se passe à l’intérieur d’un être. Ainsi tout est changé, m
120
te, sinon celui qui dans le même temps se passe à
l’
intérieur d’un être. Ainsi tout est changé, mais peu le savent. Peu sa
121
lui qui dans le même temps se passe à l’intérieur
d’
un être. Ainsi tout est changé, mais peu le savent. Peu savent le chem
122
érieur d’un être. Ainsi tout est changé, mais peu
le
savent. Peu savent le chemin qui va du signe à l’être, le chemin de l
123
i tout est changé, mais peu le savent. Peu savent
le
chemin qui va du signe à l’être, le chemin de l’incarnation. Longues
124
le savent. Peu savent le chemin qui va du signe à
l’
être, le chemin de l’incarnation. Longues pluies de printemps sur la c
125
t. Peu savent le chemin qui va du signe à l’être,
le
chemin de l’incarnation. Longues pluies de printemps sur la campagne
126
ent le chemin qui va du signe à l’être, le chemin
de
l’incarnation. Longues pluies de printemps sur la campagne recueillie
127
le chemin qui va du signe à l’être, le chemin de
l’
incarnation. Longues pluies de printemps sur la campagne recueillie, t
128
’être, le chemin de l’incarnation. Longues pluies
de
printemps sur la campagne recueillie, tempêtes sur les hautes pentes
129
de l’incarnation. Longues pluies de printemps sur
la
campagne recueillie, tempêtes sur les hautes pentes — c’est mon beau
130
rintemps sur la campagne recueillie, tempêtes sur
les
hautes pentes — c’est mon beau temps, le temps de la présence. Car je
131
tes sur les hautes pentes — c’est mon beau temps,
le
temps de la présence. Car je sais pour quel « bien » désiré je les ai
132
es hautes pentes — c’est mon beau temps, le temps
de
la présence. Car je sais pour quel « bien » désiré je les aime. Pourt
133
hautes pentes — c’est mon beau temps, le temps de
la
présence. Car je sais pour quel « bien » désiré je les aime. Pourtant
134
résence. Car je sais pour quel « bien » désiré je
les
aime. Pourtant je sais qu’à l’aube aussi, d’autres fois, je l’ai poss
135
bien » désiré je les aime. Pourtant je sais qu’à
l’
aube aussi, d’autres fois, je l’ai possédé… Maintenant, je n’ai plus à
136
tant je sais qu’à l’aube aussi, d’autres fois, je
l’
ai possédé… Maintenant, je n’ai plus à choisir parmi tant de choses cr
137
nnais où se situe leur lieu, j’établis en ce lieu
la
demeure de mes pensées. Ainsi, nous dit la Fable, fit Myscille, habi
138
situe leur lieu, j’établis en ce lieu la demeure
de
mes pensées. Ainsi, nous dit la Fable, fit Myscille, habitant d’Argo
139
lieu la demeure de mes pensées. Ainsi, nous dit
la
Fable, fit Myscille, habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller le sens
140
Ainsi, nous dit la Fable, fit Myscille, habitant
d’
Argos. N’ayant pu débrouiller le sens de l’Oracle qui lui avait dit d’
141
yscille, habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller
le
sens de l’Oracle qui lui avait dit d’aller bâtir une ville là où il t
142
habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller le sens
de
l’Oracle qui lui avait dit d’aller bâtir une ville là où il trouverai
143
bitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller le sens de
l’
Oracle qui lui avait dit d’aller bâtir une ville là où il trouverait l
144
débrouiller le sens de l’Oracle qui lui avait dit
d’
aller bâtir une ville là où il trouverait la pluie et le beau temps, i
145
t dit d’aller bâtir une ville là où il trouverait
la
pluie et le beau temps, il rencontra en Italie une courtisane qui ple
146
r bâtir une ville là où il trouverait la pluie et
le
beau temps, il rencontra en Italie une courtisane qui pleurait, et en
147
une courtisane qui pleurait, et en ce lieu bâtit
la
ville de Crotone. Sonnette. Dites-moi, Lord Artur, si je pleurais,
148
tisane qui pleurait, et en ce lieu bâtit la ville
de
Crotone. Sonnette. Dites-moi, Lord Artur, si je pleurais, quel temp
149
, quel temps ferait-il pour vous ? Lord Artur. …
le
beau mot : courtisane… Ce n’est pas qu’elle soit belle, peut-être, ma
150
ui me réchauffe. Parce qu’elle se tient là, vêtue
de
son péché — comme une courtisane. Mais vous n’êtes qu’une petite fill
151
Deuxième dialogue sur
la
carte postale La beauté physique Un peintre, riant, … et il disa
152
Deuxième dialogue sur la carte postale
La
beauté physique Un peintre, riant, … et il disait en rajustant se
153
et il disait en rajustant ses écailles oculaires
de
critique d’art : Ça n’est pas étonnant que votre Léda en soit réduite
154
se faire aimer par son cygne. Quel homme voudrait
d’
une femme pareille ? Un mari. Vous lui avez répondu ?… Le peintre. N
155
me pareille ? Un mari. Vous lui avez répondu ?…
Le
peintre. Naturellement, je lui ai dit que mon cygne n’avait pas besoi
156
t, je lui ai dit que mon cygne n’avait pas besoin
de
lunettes. Le mari. Vous auriez pu lui faire observer que votre Léda
157
it que mon cygne n’avait pas besoin de lunettes.
Le
mari. Vous auriez pu lui faire observer que votre Léda n’existe réell
158
erver que votre Léda n’existe réellement que pour
le
cygne, et avec lui. Un critique d’art devrait comprendre au moins cel
159
’art devrait comprendre au moins cela… Que disait
la
charmante Ellen ? Le peintre. Comme vous le dites : une Léda, après
160
e au moins cela… Que disait la charmante Ellen ?
Le
peintre. Comme vous le dites : une Léda, après tout, c’est une femme
161
sait la charmante Ellen ? Le peintre. Comme vous
le
dites : une Léda, après tout, c’est une femme au cygne. Elle est fait
162
lle est faite pour lui. Je n’en dirais pas autant
d’
Ellen. Pas faite pour un critique ! Jolie, oui. Mais je pensais, en le
163
our un critique ! Jolie, oui. Mais je pensais, en
les
voyant ensemble : ma Léda est bien plus « morale » en embrassant son
164
sant leur légitime et monstrueux époux ! Question
de
convenance comme nous le disions hier1. Je trouve leur union déplaisa
165
strueux époux ! Question de convenance comme nous
le
disions hier1. Je trouve leur union déplaisante. Le mari. Vous comme
166
disions hier1. Je trouve leur union déplaisante.
Le
mari. Vous commettez la même erreur que lui, dans l’autre sens. Le p
167
leur union déplaisante. Le mari. Vous commettez
la
même erreur que lui, dans l’autre sens. Le peintre. Vous voulez dire
168
ettez la même erreur que lui, dans l’autre sens.
Le
peintre. Vous voulez dire ? Le mari. Qu’il se trompait en parlant de
169
ns l’autre sens. Le peintre. Vous voulez dire ?
Le
mari. Qu’il se trompait en parlant de votre Léda comme si elle n’eût
170
lez dire ? Le mari. Qu’il se trompait en parlant
de
votre Léda comme si elle n’eût pas été dans un cadre, et que vous vou
171
et que vous vous trompez pareillement en parlant
de
leur couple comme s’il était un tableau. Le peintre. Bien ! Dois-je
172
lant de leur couple comme s’il était un tableau.
Le
peintre. Bien ! Dois-je en déduire qu’il existe une morale du cadre,
173
ste une morale du cadre, et une autre, une espèce
de
morale sans cadre, qui concernerait par exemple ce critique et sa fem
174
ion que je ne m’attendais pas à vous voir faire.
Le
mari. Aussi bien n’est-elle pas dans mon esprit, mais dans le vôtre.
175
ncipe est unique. Mais il porte en lui-même toute
la
diversité du monde. Car la morale concerne la façon d’exister de chaq
176
orte en lui-même toute la diversité du monde. Car
la
morale concerne la façon d’exister de chaque être, et non sa classifi
177
ute la diversité du monde. Car la morale concerne
la
façon d’exister de chaque être, et non sa classification, l’homme de
178
versité du monde. Car la morale concerne la façon
d’
exister de chaque être, et non sa classification, l’homme de chair et
179
monde. Car la morale concerne la façon d’exister
de
chaque être, et non sa classification, l’homme de chair et non pas so
180
exister de chaque être, et non sa classification,
l’
homme de chair et non pas son concept. Le peintre. Pardonnez-moi, je
181
de chaque être, et non sa classification, l’homme
de
chair et non pas son concept. Le peintre. Pardonnez-moi, je ne compr
182
cation, l’homme de chair et non pas son concept.
Le
peintre. Pardonnez-moi, je ne comprends les choses que si je les vois
183
cept. Le peintre. Pardonnez-moi, je ne comprends
les
choses que si je les vois, et je ne vois pas bien ce que vous venez d
184
rdonnez-moi, je ne comprends les choses que si je
les
vois, et je ne vois pas bien ce que vous venez de dire. Un principe u
185
. Un principe unique… qui concerne… ? Aidez-moi.
Le
mari. Une morale qui concerne la façon d’exister particulière et conc
186
e… ? Aidez-moi. Le mari. Une morale qui concerne
la
façon d’exister particulière et concrète de chaque être, une morale q
187
z-moi. Le mari. Une morale qui concerne la façon
d’
exister particulière et concrète de chaque être, une morale qui non se
188
cerne la façon d’exister particulière et concrète
de
chaque être, une morale qui non seulement tienne compte de cette faço
189
être, une morale qui non seulement tienne compte
de
cette façon d’exister, mais encore ait pour seul principe de l’assure
190
le qui non seulement tienne compte de cette façon
d’
exister, mais encore ait pour seul principe de l’assurer — ou plutôt d
191
çon d’exister, mais encore ait pour seul principe
de
l’assurer — ou plutôt d’assurer son risque permanent, si je puis dire
192
d’exister, mais encore ait pour seul principe de
l’
assurer — ou plutôt d’assurer son risque permanent, si je puis dire… M
193
e ait pour seul principe de l’assurer — ou plutôt
d’
assurer son risque permanent, si je puis dire… Mais il faudrait expliq
194
… Mais il faudrait expliquer beaucoup de choses…
Le
peintre. Attendez, attendez ! Revenons à notre Léda. J’essaie de voir
195
endez, attendez ! Revenons à notre Léda. J’essaie
de
voir. Quelle est, selon vous, sa façon d’exister particulière et conc
196
’essaie de voir. Quelle est, selon vous, sa façon
d’
exister particulière et concrète ? Quel est son risque ? Le mari. Vou
197
particulière et concrète ? Quel est son risque ?
Le
mari. Vous avez répondu vous-même à la première question : Léda est f
198
même à la première question : Léda est faite pour
le
cygne, elle n’existe que par rapport au cygne. C’est là toute sa mora
199
e, son esthétique et son existence. Elle est dans
le
tableau, elle ne peut en sortir, elle ne peut pas se déplier de ce ri
200
le ne peut en sortir, elle ne peut pas se déplier
de
ce riche accroupissement que j’admirais tout à l’heure. Et celui qui
201
de ce riche accroupissement que j’admirais tout à
l’
heure. Et celui qui veut la juger comme une femme en général, et non p
202
que j’admirais tout à l’heure. Et celui qui veut
la
juger comme une femme en général, et non pas comme une Léda, comme ce
203
me une Léda, comme cette Léda, celui-là juge dans
le
vide, parle pour ne rien dire et se comporte en moraliste, non point
204
e et se comporte en moraliste, non point en homme
de
sens. Au contraire, celui qui la considère dans son existence propre,
205
n point en homme de sens. Au contraire, celui qui
la
considère dans son existence propre, c’est-à-dire dans son rapport av
206
stence propre, c’est-à-dire dans son rapport avec
le
cygne et dans les limites de ce cadre, celui-là la considère aussi da
207
est-à-dire dans son rapport avec le cygne et dans
les
limites de ce cadre, celui-là la considère aussi dans son risque prop
208
ans son rapport avec le cygne et dans les limites
de
ce cadre, celui-là la considère aussi dans son risque propre, et peut
209
e cygne et dans les limites de ce cadre, celui-là
la
considère aussi dans son risque propre, et peut donc la juger. Le pe
210
sidère aussi dans son risque propre, et peut donc
la
juger. Le peintre. Juger ! Tout cela est bel et bon, mais si l’esthé
211
i dans son risque propre, et peut donc la juger.
Le
peintre. Juger ! Tout cela est bel et bon, mais si l’esthétique et la
212
eintre. Juger ! Tout cela est bel et bon, mais si
l’
esthétique et la morale ne sont qu’une seule et même réalité, je sais
213
Tout cela est bel et bon, mais si l’esthétique et
la
morale ne sont qu’une seule et même réalité, je sais bien ce que ça s
214
même réalité, je sais bien ce que ça signifie !
Le
mari. Dites. Le peintre. Vous allez régenter la peinture au nom de v
215
sais bien ce que ça signifie ! Le mari. Dites.
Le
peintre. Vous allez régenter la peinture au nom de vos dogmes, nous f
216
Le mari. Dites. Le peintre. Vous allez régenter
la
peinture au nom de vos dogmes, nous fabriquer de l’allégorie, du berg
217
la peinture au nom de vos dogmes, nous fabriquer
de
l’allégorie, du bergsonisme de Prix de Rome, une métaphysique pictura
218
peinture au nom de vos dogmes, nous fabriquer de
l’
allégorie, du bergsonisme de Prix de Rome, une métaphysique picturale
219
es, nous fabriquer de l’allégorie, du bergsonisme
de
Prix de Rome, une métaphysique picturale et une picturalité pataphysi
220
fabriquer de l’allégorie, du bergsonisme de Prix
de
Rome, une métaphysique picturale et une picturalité pataphysique ! Mo
221
une picturalité pataphysique ! Moi, j’appelle ça
de
l’académisme. … Je me moque du beau idéal comme du bien moral. Ça ne
222
e picturalité pataphysique ! Moi, j’appelle ça de
l’
académisme. … Je me moque du beau idéal comme du bien moral. Ça ne cor
223
e correspond à aucune couleur connue. Je m’occupe
de
rapports de tons et de masses, je n’en sors pas, et il en sortira ce
224
à aucune couleur connue. Je m’occupe de rapports
de
tons et de masses, je n’en sors pas, et il en sortira ce qu’il en pou
225
ouleur connue. Je m’occupe de rapports de tons et
de
masses, je n’en sors pas, et il en sortira ce qu’il en pourra sortir,
226
u’il en pourra sortir, et vous jugerez comme vous
l’
entendrez. Ce qui m’importe, c’est de faire jouer des valeurs et des l
227
z comme vous l’entendrez. Ce qui m’importe, c’est
de
faire jouer des valeurs et des lignes. Je ne vois là qu’un seul risqu
228
ça ne se vendra pas. Notez que ce risque tient à
la
bêtise du public, ce n’est pas un problème esthétique. Le mari. Bien
229
du public, ce n’est pas un problème esthétique.
Le
mari. Bien, calmez-vous, nous sommes d’accord. Maintenant, si vous m’
230
. Maintenant, si vous m’écoutez, il n’y aura plus
de
malentendu. Vos couleurs existent dans leurs rapports sur une toile :
231
leur risque. Vous existez dans votre rapport avec
le
tableau que vous faites. C’est là votre morale de peintre, et c’est a
232
le tableau que vous faites. C’est là votre morale
de
peintre, et c’est aussi le lieu de votre risque, j’entends le lieu où
233
C’est là votre morale de peintre, et c’est aussi
le
lieu de votre risque, j’entends le lieu où vous créez vous-même vos m
234
à votre morale de peintre, et c’est aussi le lieu
de
votre risque, j’entends le lieu où vous créez vous-même vos mesures,
235
et c’est aussi le lieu de votre risque, j’entends
le
lieu où vous créez vous-même vos mesures, où vous êtes à la fois le c
236
éez vous-même vos mesures, où vous êtes à la fois
le
créateur et le juge de vos difficultés ou de vos succès, ou vous êtes
237
os mesures, où vous êtes à la fois le créateur et
le
juge de vos difficultés ou de vos succès, ou vous êtes votre vérité,
238
es, où vous êtes à la fois le créateur et le juge
de
vos difficultés ou de vos succès, ou vous êtes votre vérité, index su
239
fois le créateur et le juge de vos difficultés ou
de
vos succès, ou vous êtes votre vérité, index sui et falsi… Ainsi vous
240
vous existez vraiment et vous n’êtes justiciable
d’
aucune règle extérieure à votre action. Je dirai plus. L’amateur d’art
241
e règle extérieure à votre action. Je dirai plus.
L’
amateur d’art, en présence de votre tableau, bien loin de le juger sel
242
térieure à votre action. Je dirai plus. L’amateur
d’
art, en présence de votre tableau, bien loin de le juger selon quelque
243
d’art, en présence de votre tableau, bien loin de
le
juger selon quelque canon, doit commencer par découvrir les rapports
244
selon quelque canon, doit commencer par découvrir
les
rapports singuliers qui manifestent la loi intime de ce tableau. Il d
245
découvrir les rapports singuliers qui manifestent
la
loi intime de ce tableau. Il doit commencer, dis-je, par se soumettre
246
rapports singuliers qui manifestent la loi intime
de
ce tableau. Il doit commencer, dis-je, par se soumettre à l’existence
247
au. Il doit commencer, dis-je, par se soumettre à
l’
existence propre du tableau, afin de la laisser agir en lui, qui est l
248
oumettre à l’existence propre du tableau, afin de
la
laisser agir en lui, qui est la laisser entrer avec lui-même dans un
249
tableau, afin de la laisser agir en lui, qui est
la
laisser entrer avec lui-même dans un rapport vivant, et donc imprévis
250
ur est un risque. Et alors, mais alors seulement,
le
jugement peut intervenir. Est-il moral ou esthétique ? Il est réel. I
251
tervient en vertu d’une réalité qui n’est ni dans
le
tableau ni dans mon œil, ni même précisément dans leur rencontre. Je
252
re. Je dirai « beau » si cette rencontre m’évoque
la
réalité en question, m’oriente vers elle, me la désigne, tandis que j
253
e la réalité en question, m’oriente vers elle, me
la
désigne, tandis que je juge « laides » les choses qui m’en détournent
254
lle, me la désigne, tandis que je juge « laides »
les
choses qui m’en détournent ou qui me rendent incertaines son existenc
255
quelque modèle académique ni un canon universel…
Le
peintre. Je vois : ce n’est pas une carte postale. Pour moi, je vous
256
ce n’est pas une carte postale. Pour moi, je vous
l’
ai dit, tout ce qui est académique se rapporte plus ou moins à une car
257
plus ou moins à une carte postale. Notre critique
d’
hier, tenez, nul besoin de gratter beaucoup pour trouver la carte post
258
postale. Notre critique d’hier, tenez, nul besoin
de
gratter beaucoup pour trouver la carte postale au fond de son esprit.
259
enez, nul besoin de gratter beaucoup pour trouver
la
carte postale au fond de son esprit. Le mari. Je vais vous étonner.
260
er beaucoup pour trouver la carte postale au fond
de
son esprit. Le mari. Je vais vous étonner. Le peintre. Essayez. Le
261
trouver la carte postale au fond de son esprit.
Le
mari. Je vais vous étonner. Le peintre. Essayez. Le mari. Tel le pr
262
d de son esprit. Le mari. Je vais vous étonner.
Le
peintre. Essayez. Le mari. Tel le prestidigitateur, je vais extraire
263
ari. Je vais vous étonner. Le peintre. Essayez.
Le
mari. Tel le prestidigitateur, je vais extraire de votre tête à vous
264
vous étonner. Le peintre. Essayez. Le mari. Tel
le
prestidigitateur, je vais extraire de votre tête à vous une magnifiqu
265
e mari. Tel le prestidigitateur, je vais extraire
de
votre tête à vous une magnifique carte postale ! Le peintre. Je comp
266
votre tête à vous une magnifique carte postale !
Le
peintre. Je compte : une ! deux !… Le mari. Trois ! Pourquoi dites-v
267
postale ! Le peintre. Je compte : une ! deux !…
Le
mari. Trois ! Pourquoi dites-vous d’une femme : « Elle est jolie » ?…
268
e ! deux !… Le mari. Trois ! Pourquoi dites-vous
d’
une femme : « Elle est jolie » ?…D’une femme comme Ellen, par exemple,
269
t jolie » ?…D’une femme comme Ellen, par exemple,
d’
une femme qui n’est pas la vôtre, en aucune manière… Le peintre, aprè
270
mme Ellen, par exemple, d’une femme qui n’est pas
la
vôtre, en aucune manière… Le peintre, après un moment de réflexion.
271
femme qui n’est pas la vôtre, en aucune manière…
Le
peintre, après un moment de réflexion. Difficile, à vrai dire. Ne pen
272
, en aucune manière… Le peintre, après un moment
de
réflexion. Difficile, à vrai dire. Ne pensez-vous pas que chacun a «
273
chacun a « son type », comme on dit ? Son « type
de
femme » ? D’ailleurs ce sont les peintres qui créent ces types. Ruben
274
dit ? Son « type de femme » ? D’ailleurs ce sont
les
peintres qui créent ces types. Rubens ou Renoir, Ingres, que sais-je
275
bens ou Renoir, Ingres, que sais-je ? mes Lédas…
Le
mari. Vous n’allez pas vous en tirer à si bon compte. Rubens ou Renoi
276
être illustré vos cartes postales, ou encore vous
les
avez illustrées vous-même ! Elles n’en sont pas moins des cartes post
277
ur ». Et vous jugez à partir de Renoir à peu près
de
la même façon que votre coiffeur à partir d’une de ces cartes qui rep
278
». Et vous jugez à partir de Renoir à peu près de
la
même façon que votre coiffeur à partir d’une de ces cartes qui représ
279
près de la même façon que votre coiffeur à partir
d’
une de ces cartes qui représentent un amoureux au teint de cire penché
280
e la même façon que votre coiffeur à partir d’une
de
ces cartes qui représentent un amoureux au teint de cire penché sur u
281
ces cartes qui représentent un amoureux au teint
de
cire penché sur une beauté bleuâtre, le tout sur fond bistré et artis
282
au teint de cire penché sur une beauté bleuâtre,
le
tout sur fond bistré et artistique. Je parle bien entendu de vos juge
283
fond bistré et artistique. Je parle bien entendu
de
vos jugements désintéressés. Quand il s’agit de faire l’amour, ou seu
284
u de vos jugements désintéressés. Quand il s’agit
de
faire l’amour, ou seulement de faire un portrait, j’aime à croire que
285
jugements désintéressés. Quand il s’agit de faire
l’
amour, ou seulement de faire un portrait, j’aime à croire que vous use
286
s. Quand il s’agit de faire l’amour, ou seulement
de
faire un portrait, j’aime à croire que vous usez d’une mesure plus ré
287
faire un portrait, j’aime à croire que vous usez
d’
une mesure plus réelle. Mais sans doute ne pourriez-vous pas la formul
288
plus réelle. Mais sans doute ne pourriez-vous pas
la
formuler. Le peintre. Peut-être aussi n’ai-je pas du tout de « mesur
289
ais sans doute ne pourriez-vous pas la formuler.
Le
peintre. Peut-être aussi n’ai-je pas du tout de « mesure réelle » ?
290
Le peintre. Peut-être aussi n’ai-je pas du tout
de
« mesure réelle » ? Le mari. Il y a ainsi des hommes qui croient n’a
291
aussi n’ai-je pas du tout de « mesure réelle » ?
Le
mari. Il y a ainsi des hommes qui croient n’avoir aucune éthique, auc
292
oi !… Je vais vous dire comment ils vivent : dans
le
scandale et la mauvaise humeur, s’ils ont du caractère ; ou s’ils en
293
ous dire comment ils vivent : dans le scandale et
la
mauvaise humeur, s’ils ont du caractère ; ou s’ils en sont privés, da
294
ont du caractère ; ou s’ils en sont privés, dans
la
confusion permanente et la dégradation de tous leurs préjugés. La bea
295
s en sont privés, dans la confusion permanente et
la
dégradation de tous leurs préjugés. La beauté, par exemple. La beauté
296
s, dans la confusion permanente et la dégradation
de
tous leurs préjugés. La beauté, par exemple. La beauté physique n’exi
297
manente et la dégradation de tous leurs préjugés.
La
beauté, par exemple. La beauté physique n’existe que dans un rapport
298
n de tous leurs préjugés. La beauté, par exemple.
La
beauté physique n’existe que dans un rapport actuel, mais c’est là pr
299
el, mais c’est là précisément ce qu’ils ignorent.
La
beauté physique, c’est le jugement que l’on porte sur un certain rapp
300
ent ce qu’ils ignorent. La beauté physique, c’est
le
jugement que l’on porte sur un certain rapport qui s’établit entre un
301
norent. La beauté physique, c’est le jugement que
l’
on porte sur un certain rapport qui s’établit entre un sujet d’une par
302
i s’établit entre un sujet d’une part et un objet
de
l’autre, entre un homme et une femme, par exemple. Si le sujet n’a da
303
tre, entre un homme et une femme, par exemple. Si
le
sujet n’a dans l’esprit qu’une carte postale, il s’ignore en tant que
304
e et une femme, par exemple. Si le sujet n’a dans
l’
esprit qu’une carte postale, il s’ignore en tant que sujet. Il croit q
305
tale, il s’ignore en tant que sujet. Il croit que
la
beauté est réellement dans le corps qu’il considère, et qui lui offre
306
sujet. Il croit que la beauté est réellement dans
le
corps qu’il considère, et qui lui offre, ou lui refuse, certains trai
307
offre, ou lui refuse, certains traits conformes à
l’
idéal. Mais il n’a pas conscience, encore une fois, de projeter sur le
308
éal. Mais il n’a pas conscience, encore une fois,
de
projeter sur les objets cet idéal. Il constate seulement qu’aucune fe
309
pas conscience, encore une fois, de projeter sur
les
objets cet idéal. Il constate seulement qu’aucune femme réelle ne lui
310
ype. C’est une souffrance dont on parle trop peu,
la
souffrance des hommes-à-la-carte-postale. Elle est inconsciente aussi
311
, naturellement, mais non point sans effets. Chez
les
âmes fortes, elle provoque cette fuite sans fin, cette curiosité anxi
312
. Chez la plupart, elle se résout en résignation.
Le
sujet cède, se modèle peu à peu à l’objet qu’il a choisi par hasard,
313
résignation. Le sujet cède, se modèle peu à peu à
l’
objet qu’il a choisi par hasard, par nécessité ou par approximation. I
314
it comblé. C’est qu’il n’a plus aucune exigence.
Le
peintre. Qui n’a pas de carte postale dans l’esprit ? ou mieux encore
315
’a plus aucune exigence. Le peintre. Qui n’a pas
de
carte postale dans l’esprit ? ou mieux encore, quelle différence voye
316
e. Le peintre. Qui n’a pas de carte postale dans
l’
esprit ? ou mieux encore, quelle différence voyez-vous entre un homme
317
différence voyez-vous entre un homme qui n’a pas
de
carte postale dans l’esprit, et n’en a jamais eu, et un homme qui n’a
318
entre un homme qui n’a pas de carte postale dans
l’
esprit, et n’en a jamais eu, et un homme qui n’a plus de carte postale
319
it, et n’en a jamais eu, et un homme qui n’a plus
de
carte postale dans l’esprit parce qu’il l’a complètement brouillée et
320
u, et un homme qui n’a plus de carte postale dans
l’
esprit parce qu’il l’a complètement brouillée et qu’il s’est habitué à
321
a plus de carte postale dans l’esprit parce qu’il
l’
a complètement brouillée et qu’il s’est habitué à ce qu’il a, renonçan
322
bitué à ce qu’il a, renonçant à toute exigence ?
Le
mari. Je vous réponds sans hésiter. Le seul homme qui n’a pas une car
323
xigence ? Le mari. Je vous réponds sans hésiter.
Le
seul homme qui n’a pas une carte postale au fond de sa vision, c’est
324
seul homme qui n’a pas une carte postale au fond
de
sa vision, c’est celui qui, devant une femme, non seulement méprise d
325
elui qui, devant une femme, non seulement méprise
de
juger — belle ou laide — non seulement se tait, mais encore se tait f
326
arle — se tait jusqu’à ce qu’il comprenne et juge
le
vrai sens de son trouble. Le peintre. Et alors ? Le mari. Et alors
327
t jusqu’à ce qu’il comprenne et juge le vrai sens
de
son trouble. Le peintre. Et alors ? Le mari. Et alors il se tait pe
328
l comprenne et juge le vrai sens de son trouble.
Le
peintre. Et alors ? Le mari. Et alors il se tait peut-être définitiv
329
rai sens de son trouble. Le peintre. Et alors ?
Le
mari. Et alors il se tait peut-être définitivement, ou bien il sait q
330
s me demanderez sans doute maintenant ce que font
les
autres, ceux qui ont renoncé, ceux qui ne croient plus à l’idéal, ou
331
ceux qui ont renoncé, ceux qui ne croient plus à
l’
idéal, ou plutôt qui croient qu’ils n’y croient plus, parce qu’ils y o
332
pour eux-mêmes ? Naturellement, ils se conduisent
d’
une façon absurde. Et comment pourrait-il en être autrement ? Ils pers
333
ait-il en être autrement ? Ils persistent à juger
de
toutes les femmes, de toutes les autres femmes, selon les canons esth
334
être autrement ? Ils persistent à juger de toutes
les
femmes, de toutes les autres femmes, selon les canons esthétiques de
335
nt ? Ils persistent à juger de toutes les femmes,
de
toutes les autres femmes, selon les canons esthétiques de la masse, s
336
ersistent à juger de toutes les femmes, de toutes
les
autres femmes, selon les canons esthétiques de la masse, selon le pré
337
es les femmes, de toutes les autres femmes, selon
les
canons esthétiques de la masse, selon le préjugé académique en cours,
338
s les autres femmes, selon les canons esthétiques
de
la masse, selon le préjugé académique en cours, selon cette espèce de
339
es autres femmes, selon les canons esthétiques de
la
masse, selon le préjugé académique en cours, selon cette espèce de ty
340
, selon les canons esthétiques de la masse, selon
le
préjugé académique en cours, selon cette espèce de type statistique c
341
e préjugé académique en cours, selon cette espèce
de
type statistique composé des traits raciaux les plus marquants et qu’
342
ce de type statistique composé des traits raciaux
les
plus marquants et qu’il faut appeler la beauté démocratique par excel
343
raciaux les plus marquants et qu’il faut appeler
la
beauté démocratique par excellence, la laideur même. N’allez pas dire
344
ut appeler la beauté démocratique par excellence,
la
laideur même. N’allez pas dire au citoyen Durand, époux d’une femme o
345
r même. N’allez pas dire au citoyen Durand, époux
d’
une femme obèse mais rajeunie par les soins de l’art, que l’idéal n’ex
346
Durand, époux d’une femme obèse mais rajeunie par
les
soins de l’art, que l’idéal n’existe pas, que le beau idéal est une f
347
oux d’une femme obèse mais rajeunie par les soins
de
l’art, que l’idéal n’existe pas, que le beau idéal est une farce, que
348
d’une femme obèse mais rajeunie par les soins de
l’
art, que l’idéal n’existe pas, que le beau idéal est une farce, que la
349
e obèse mais rajeunie par les soins de l’art, que
l’
idéal n’existe pas, que le beau idéal est une farce, que la beauté enf
350
les soins de l’art, que l’idéal n’existe pas, que
le
beau idéal est une farce, que la beauté enfin n’est pas une image mai
351
’existe pas, que le beau idéal est une farce, que
la
beauté enfin n’est pas une image mais un acte, et un acte spirituel.
352
s un acte, et un acte spirituel. N’allez pas même
le
dire en guise de consolation à son voisin Dupont, trop pauvre pour ré
353
à son voisin Dupont, trop pauvre pour réduire par
les
mêmes moyens le poitrail affligeant de Mme Dupont. Vous seriez dénonc
354
nt, trop pauvre pour réduire par les mêmes moyens
le
poitrail affligeant de Mme Dupont. Vous seriez dénoncé, on sourirait
355
duire par les mêmes moyens le poitrail affligeant
de
Mme Dupont. Vous seriez dénoncé, on sourirait avec aigreur à votre ap
356
re approche, peut-être même vous soupçonnerait-on
de
sadisme, ou de quelque horrible projet de subversion sociale… Le pei
357
ut-être même vous soupçonnerait-on de sadisme, ou
de
quelque horrible projet de subversion sociale… Le peintre. Et l’on n
358
rait-on de sadisme, ou de quelque horrible projet
de
subversion sociale… Le peintre. Et l’on n’aurait pas tort. Voyez-vou
359
e quelque horrible projet de subversion sociale…
Le
peintre. Et l’on n’aurait pas tort. Voyez-vous, ces gens-là ne se fâc
360
ble projet de subversion sociale… Le peintre. Et
l’
on n’aurait pas tort. Voyez-vous, ces gens-là ne se fâcheraient jamais
361
se fâcheraient jamais s’ils prenaient au sérieux
la
beauté, comme c’est hélas mon métier. S’ils se fâchent et s’ils perde
362
las mon métier. S’ils se fâchent et s’ils perdent
la
tête à votre approche, c’est plutôt parce qu’ils ne savent pas de quo
363
approche, c’est plutôt parce qu’ils ne savent pas
de
quoi vous leur parlez. L’homme du bourg est ainsi fait : tout ce qu’i
364
ce qu’ils ne savent pas de quoi vous leur parlez.
L’
homme du bourg est ainsi fait : tout ce qu’il ne comprend pas lui para
365
as lui paraît attenter par quelque voie secrète à
la
sécurité de son état. Mais il est trop facile de les railler, c’est d
366
t attenter par quelque voie secrète à la sécurité
de
son état. Mais il est trop facile de les railler, c’est déprimant, on
367
la sécurité de son état. Mais il est trop facile
de
les railler, c’est déprimant, on tape dans le vide. Je sais un cas bi
368
sécurité de son état. Mais il est trop facile de
les
railler, c’est déprimant, on tape dans le vide. Je sais un cas bien p
369
ile de les railler, c’est déprimant, on tape dans
le
vide. Je sais un cas bien plus intéressant : le vôtre. Le cas peut-êt
370
Je sais un cas bien plus intéressant : le vôtre.
Le
cas peut-être unique de l’homme qui soutient vos théories sur la rela
371
s intéressant : le vôtre. Le cas peut-être unique
de
l’homme qui soutient vos théories sur la relativité de la beauté phys
372
ntéressant : le vôtre. Le cas peut-être unique de
l’
homme qui soutient vos théories sur la relativité de la beauté physiqu
373
e unique de l’homme qui soutient vos théories sur
la
relativité de la beauté physique, et qui est cependant l’époux d’une
374
homme qui soutient vos théories sur la relativité
de
la beauté physique, et qui est cependant l’époux d’une jolie femme, p
375
me qui soutient vos théories sur la relativité de
la
beauté physique, et qui est cependant l’époux d’une jolie femme, perm
376
ivité de la beauté physique, et qui est cependant
l’
époux d’une jolie femme, permettez-moi de le dire… Le mari. Je ne vou
377
la beauté physique, et qui est cependant l’époux
d’
une jolie femme, permettez-moi de le dire… Le mari. Je ne vous le per
378
ependant l’époux d’une jolie femme, permettez-moi
de
le dire… Le mari. Je ne vous le permets pas. Je ne le permets à pers
379
ndant l’époux d’une jolie femme, permettez-moi de
le
dire… Le mari. Je ne vous le permets pas. Je ne le permets à personn
380
oux d’une jolie femme, permettez-moi de le dire…
Le
mari. Je ne vous le permets pas. Je ne le permets à personne ! Ma fem
381
e, permettez-moi de le dire… Le mari. Je ne vous
le
permets pas. Je ne le permets à personne ! Ma femme n’est pas jolie !
382
dire… Le mari. Je ne vous le permets pas. Je ne
le
permets à personne ! Ma femme n’est pas jolie ! Elle n’est pas non pl
383
us disiez quoi que ce soit sur sa beauté. Je vous
le
répète : la beauté n’est pas le fait d’une image ou d’une comparaison
384
oi que ce soit sur sa beauté. Je vous le répète :
la
beauté n’est pas le fait d’une image ou d’une comparaison d’images, m
385
a beauté. Je vous le répète : la beauté n’est pas
le
fait d’une image ou d’une comparaison d’images, mais d’un acte de not
386
. Je vous le répète : la beauté n’est pas le fait
d’
une image ou d’une comparaison d’images, mais d’un acte de notre espri
387
pète : la beauté n’est pas le fait d’une image ou
d’
une comparaison d’images, mais d’un acte de notre esprit, d’un acte to
388
’est pas le fait d’une image ou d’une comparaison
d’
images, mais d’un acte de notre esprit, d’un acte tout à fait personne
389
t d’une image ou d’une comparaison d’images, mais
d’
un acte de notre esprit, d’un acte tout à fait personnel. La beauté n’
390
age ou d’une comparaison d’images, mais d’un acte
de
notre esprit, d’un acte tout à fait personnel. La beauté n’est jamais
391
araison d’images, mais d’un acte de notre esprit,
d’
un acte tout à fait personnel. La beauté n’est jamais donnée hors d’un
392
de notre esprit, d’un acte tout à fait personnel.
La
beauté n’est jamais donnée hors d’une situation totale, du rapport d’
393
ait personnel. La beauté n’est jamais donnée hors
d’
une situation totale, du rapport d’un je à un toi au cœur d’une présen
394
is donnée hors d’une situation totale, du rapport
d’
un je à un toi au cœur d’une présence concrète. Si vous ne m’avez pas
395
ation totale, du rapport d’un je à un toi au cœur
d’
une présence concrète. Si vous ne m’avez pas compris, je vais être obl
396
i vous ne m’avez pas compris, je vais être obligé
de
vous considérer à mon tour comme dangereux, insensé et sans pudeur. C
397
reux, insensé et sans pudeur. Car vous n’êtes pas
de
ceux qui renoncent. Vous êtes tout à fait moderne. Les barrières sont
398
eux qui renoncent. Vous êtes tout à fait moderne.
Les
barrières sont faites pour que vous sautiez par-dessus. Le peintre.
399
es sont faites pour que vous sautiez par-dessus.
Le
peintre. Et vos théories sont faites pour vous rendre la vie impossib
400
tre. Et vos théories sont faites pour vous rendre
la
vie impossible ! Le mari. C’est peut-être la preuve qu’elles sont vr
401
sont faites pour vous rendre la vie impossible !
Le
mari. C’est peut-être la preuve qu’elles sont vraies, qu’elles renden
402
dre la vie impossible ! Le mari. C’est peut-être
la
preuve qu’elles sont vraies, qu’elles rendent possible la grandeur, a
403
e qu’elles sont vraies, qu’elles rendent possible
la
grandeur, alors que notre vie n’est qu’une confusion. Oui, je vous le
404
ue notre vie n’est qu’une confusion. Oui, je vous
le
demande maintenant, quelle est cette façon de séparer un mari de sa f
405
ous le demande maintenant, quelle est cette façon
de
séparer un mari de sa femme ? Où prenez-vous le droit de juger l’un c
406
tenant, quelle est cette façon de séparer un mari
de
sa femme ? Où prenez-vous le droit de juger l’un comme s’il ne formai
407
n de séparer un mari de sa femme ? Où prenez-vous
le
droit de juger l’un comme s’il ne formait pas avec l’autre « une seul
408
rer un mari de sa femme ? Où prenez-vous le droit
de
juger l’un comme s’il ne formait pas avec l’autre « une seule chair »
409
e seule chair » ? Ou bien allez-vous soutenir que
la
beauté d’un couple est simplement la somme des deux beautés unies pou
410
air » ? Ou bien allez-vous soutenir que la beauté
d’
un couple est simplement la somme des deux beautés unies pour le forme
411
soutenir que la beauté d’un couple est simplement
la
somme des deux beautés unies pour le former ? Ce serait déraisonner.
412
t simplement la somme des deux beautés unies pour
le
former ? Ce serait déraisonner. Non, la beauté d’un couple est un act
413
nies pour le former ? Ce serait déraisonner. Non,
la
beauté d’un couple est un acte, comme le mariage ; elle est absolumen
414
le former ? Ce serait déraisonner. Non, la beauté
d’
un couple est un acte, comme le mariage ; elle est absolument d’une au
415
er. Non, la beauté d’un couple est un acte, comme
le
mariage ; elle est absolument d’une autre essence que la beauté de l’
416
t un acte, comme le mariage ; elle est absolument
d’
une autre essence que la beauté de l’homme seul et de la femme seule,
417
age ; elle est absolument d’une autre essence que
la
beauté de l’homme seul et de la femme seule, elle les anéantit et les
418
est absolument d’une autre essence que la beauté
de
l’homme seul et de la femme seule, elle les anéantit et les remplace
419
t absolument d’une autre essence que la beauté de
l’
homme seul et de la femme seule, elle les anéantit et les remplace une
420
ne autre essence que la beauté de l’homme seul et
de
la femme seule, elle les anéantit et les remplace une fois pour toute
421
autre essence que la beauté de l’homme seul et de
la
femme seule, elle les anéantit et les remplace une fois pour toutes,
422
beauté de l’homme seul et de la femme seule, elle
les
anéantit et les remplace une fois pour toutes, et si l’on prend le ma
423
e seul et de la femme seule, elle les anéantit et
les
remplace une fois pour toutes, et si l’on prend le mariage au sérieux
424
antit et les remplace une fois pour toutes, et si
l’
on prend le mariage au sérieux, c’est aussi mon métier, on ne se perme
425
s remplace une fois pour toutes, et si l’on prend
le
mariage au sérieux, c’est aussi mon métier, on ne se permet plus de p
426
eux, c’est aussi mon métier, on ne se permet plus
de
parler des conjoints comme de deux célibataires arbitrairement juxtap
427
n ne se permet plus de parler des conjoints comme
de
deux célibataires arbitrairement juxtaposés. C’est pourtant ce que vo
428
ma femme jolie. Elle ne correspond pas du tout à
l’
« idéal » que j’avais dans l’esprit au moment où je l’ai rencontrée. M
429
espond pas du tout à l’« idéal » que j’avais dans
l’
esprit au moment où je l’ai rencontrée. Mais voilà ce qui se passe ent
430
idéal » que j’avais dans l’esprit au moment où je
l’
ai rencontrée. Mais voilà ce qui se passe entre nous, voilà ce qui est
431
ntre nous : quand je regarde ma femme et quand je
l’
aime, c’est-à-dire quand je la comprends dans son être et dans son exi
432
a femme et quand je l’aime, c’est-à-dire quand je
la
comprends dans son être et dans son existence, je me sens tout entier
433
urgente, plus réelle. Cette beauté n’est pas dans
le
visage de ma femme ; pourtant, sans ce visage, je ne la concevrais pa
434
lus réelle. Cette beauté n’est pas dans le visage
de
ma femme ; pourtant, sans ce visage, je ne la concevrais pas. Cette b
435
age de ma femme ; pourtant, sans ce visage, je ne
la
concevrais pas. Cette beauté n’est pas en moi, et pourtant si j’étais
436
pas pour moi. Elle nous dépasse et elle a besoin
de
nous. Elle est tout autre que ce que nous sommes ensemble, mais nous
437
’est pas notre union, mais seule notre union nous
l’
indique, nous la désigne au-delà d’elle-même, et nous ordonne à sa Réa
438
nion, mais seule notre union nous l’indique, nous
la
désigne au-delà d’elle-même, et nous ordonne à sa Réalité. Et s’il n’
439
tre union nous l’indique, nous la désigne au-delà
d’
elle-même, et nous ordonne à sa Réalité. Et s’il n’en était pas ainsi,
440
s ainsi, serions-nous véritablement mariés ? 1.
Le
peintre fait ici allusion à une conversation au cours de laquelle le
441
allusion à une conversation au cours de laquelle
le
mari et lui se sont mis d’accord sur ce point : que la morale et l’es
442
ri et lui se sont mis d’accord sur ce point : que
la
morale et l’esthétique ne sont pas deux réalités opposables, et qu’au
443
sont mis d’accord sur ce point : que la morale et
l’
esthétique ne sont pas deux réalités opposables, et qu’au sens plein d
444
pas deux réalités opposables, et qu’au sens plein
de
ces deux mots, on les peut employer l’un pour l’autre. Dans l’un et l
445
osables, et qu’au sens plein de ces deux mots, on
les
peut employer l’un pour l’autre. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit
446
pour l’autre. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit
de
savoir « ce qui convient ». Mais cette convenance embrasse-t-elle des
447
Troisième dialogue sur
la
carte postale L’homme sans ressemblance L’agent publicitaire. Vo
448
Troisième dialogue sur la carte postale
L’
homme sans ressemblance L’agent publicitaire. Vous connaissez, Mon
449
r la carte postale L’homme sans ressemblance
L’
agent publicitaire. Vous connaissez, Monsieur, sans aucun doute la sér
450
aire. Vous connaissez, Monsieur, sans aucun doute
la
série de portraits en couleurs que publient nos grands magazines : Th
451
s connaissez, Monsieur, sans aucun doute la série
de
portraits en couleurs que publient nos grands magazines : The Man of
452
nt nos grands magazines : The Man of Distinction,
l’
homme distingué. Je suis venu solliciter l’honneur de vous photographi
453
ction, l’homme distingué. Je suis venu solliciter
l’
honneur de vous photographier pour cette série. X., une célébrité du
454
omme distingué. Je suis venu solliciter l’honneur
de
vous photographier pour cette série. X., une célébrité du jour. Je s
455
ue je devrais m’asseoir dans un fauteuil, croiser
les
jambes, regarder l’objectif, et tenir à la main un grand verre de whi
456
ir dans un fauteuil, croiser les jambes, regarder
l’
objectif, et tenir à la main un grand verre de whiskey ? L’agent. Pré
457
oiser les jambes, regarder l’objectif, et tenir à
la
main un grand verre de whiskey ? L’agent. Précisément… Veuillez me p
458
der l’objectif, et tenir à la main un grand verre
de
whiskey ? L’agent. Précisément… Veuillez me permettre… Ces six boute
459
, et tenir à la main un grand verre de whiskey ?
L’
agent. Précisément… Veuillez me permettre… Ces six bouteilles sont un
460
me permettre… Ces six bouteilles sont un présent
de
notre maison. Il y a longtemps que nous désirions vous voir, et seuls
461
longtemps que nous désirions vous voir, et seuls
les
nombreux déplacements que nécessite votre carrière… X. Asseyez-vous,
462
et causons. Qu’appelez-vous un homme distingué ?
L’
agent. Voici la liste de ceux qui ont bien voulu poser pour nous. Un c
463
appelez-vous un homme distingué ? L’agent. Voici
la
liste de ceux qui ont bien voulu poser pour nous. Un coup d’œil va vo
464
ous un homme distingué ? L’agent. Voici la liste
de
ceux qui ont bien voulu poser pour nous. Un coup d’œil va vous assure
465
mpagnie. X. Vous publiez donc ces portraits pour
la
publicité de votre boisson ? Bien. L’idée générale me paraît simple.
466
Vous publiez donc ces portraits pour la publicité
de
votre boisson ? Bien. L’idée générale me paraît simple. On incite le
467
traits pour la publicité de votre boisson ? Bien.
L’
idée générale me paraît simple. On incite le lecteur à penser : si Mr.
468
Bien. L’idée générale me paraît simple. On incite
le
lecteur à penser : si Mr. X., homme distingué, boit ce whiskey, je de
469
ngué, boit ce whiskey, je deviendrai distingué en
le
buvant aussi. Copiez l’homme distingué et vous vous distinguerez… Eh
470
e deviendrai distingué en le buvant aussi. Copiez
l’
homme distingué et vous vous distinguerez… Eh bien, cette petite phras
471
phrase comporte à mon avis une contradiction dans
les
termes. Car comment pourrait-on se distinguer en imitant ? Devenir di
472
guer en imitant ? Devenir distinct en s’efforçant
de
ressembler ? Supposez que votre effort aboutisse, et que tout le mond
473
e tout le monde adopte votre marque. Elle cessera
d’
être une marque de distinction. Vous serez perdu. L’agent. Pas du tou
474
opte votre marque. Elle cessera d’être une marque
de
distinction. Vous serez perdu. L’agent. Pas du tout. Si ce jour béni
475
tre une marque de distinction. Vous serez perdu.
L’
agent. Pas du tout. Si ce jour béni arrive jamais, nous changerons sim
476
ur béni arrive jamais, nous changerons simplement
de
slogan. Au lieu de dire : « Soyez distingué, buvez le Nelson », nous
477
logan. Au lieu de dire : « Soyez distingué, buvez
le
Nelson », nous dirons : « Faites comme tout le monde, buvez le Nelson
478
nous dirons : « Faites comme tout le monde, buvez
le
Nelson. » Tel est notre art, et je me fais fort de vous en faire béné
479
e Nelson. » Tel est notre art, et je me fais fort
de
vous en faire bénéficier bon gré mal gré. X. Ainsi vos hommes de dis
480
bénéficier bon gré mal gré. X. Ainsi vos hommes
de
distinction seront devenus des hommes de la vulgarité, des cartes pos
481
s hommes de distinction seront devenus des hommes
de
la vulgarité, des cartes postales en couleurs montrant les modèles mê
482
ommes de distinction seront devenus des hommes de
la
vulgarité, des cartes postales en couleurs montrant les modèles mêmes
483
lgarité, des cartes postales en couleurs montrant
les
modèles mêmes du commun. Vous voyez le risque que je cours ! L’agent
484
montrant les modèles mêmes du commun. Vous voyez
le
risque que je cours ! L’agent. Tous ceux qui ont une situation en vu
485
s du commun. Vous voyez le risque que je cours !
L’
agent. Tous ceux qui ont une situation en vue l’ont couru jusqu’ici av
486
L’agent. Tous ceux qui ont une situation en vue
l’
ont couru jusqu’ici avec bonne grâce, et d’ailleurs le danger n’est pa
487
t couru jusqu’ici avec bonne grâce, et d’ailleurs
le
danger n’est pas grand. Prenez le vieil empereur d’Autriche, François
488
, et d’ailleurs le danger n’est pas grand. Prenez
le
vieil empereur d’Autriche, François-Joseph : tous les cochers d’opére
489
danger n’est pas grand. Prenez le vieil empereur
d’
Autriche, François-Joseph : tous les cochers d’opérettes viennoises, t
490
vieil empereur d’Autriche, François-Joseph : tous
les
cochers d’opérettes viennoises, tels qu’on les voit encore dans nos f
491
ur d’Autriche, François-Joseph : tous les cochers
d’
opérettes viennoises, tels qu’on les voit encore dans nos films, copia
492
us les cochers d’opérettes viennoises, tels qu’on
les
voit encore dans nos films, copiaient sa tête comme vous le savez, et
493
core dans nos films, copiaient sa tête comme vous
le
savez, et portaient les mêmes favoris. Cela ne l’empêchait pas de res
494
piaient sa tête comme vous le savez, et portaient
les
mêmes favoris. Cela ne l’empêchait pas de rester l’empereur, et un ho
495
le savez, et portaient les mêmes favoris. Cela ne
l’
empêchait pas de rester l’empereur, et un homme parfaitement distingué
496
taient les mêmes favoris. Cela ne l’empêchait pas
de
rester l’empereur, et un homme parfaitement distingué. X. On affirme
497
mêmes favoris. Cela ne l’empêchait pas de rester
l’
empereur, et un homme parfaitement distingué. X. On affirme, en effet
498
X. On affirme, en effet, qu’il était fort poli.
La
politesse est la seule qualité que je connaisse qui rende un homme à
499
en effet, qu’il était fort poli. La politesse est
la
seule qualité que je connaisse qui rende un homme à la fois distingué
500
s. Encore ne suis-je pas sûr du second point. Car
la
conformité aux bons modèles relève plutôt de la correction. Mais la p
501
Car la conformité aux bons modèles relève plutôt
de
la correction. Mais la politesse véritable relève de l’invention et s
502
r la conformité aux bons modèles relève plutôt de
la
correction. Mais la politesse véritable relève de l’invention et surt
503
bons modèles relève plutôt de la correction. Mais
la
politesse véritable relève de l’invention et surtout du courage, dont
504
la correction. Mais la politesse véritable relève
de
l’invention et surtout du courage, dont le premier degré est la maîtr
505
correction. Mais la politesse véritable relève de
l’
invention et surtout du courage, dont le premier degré est la maîtrise
506
et surtout du courage, dont le premier degré est
la
maîtrise de soi. C’est en somme le début de l’héroïsme… À propos, dan
507
du courage, dont le premier degré est la maîtrise
de
soi. C’est en somme le début de l’héroïsme… À propos, dans votre gale
508
mier degré est la maîtrise de soi. C’est en somme
le
début de l’héroïsme… À propos, dans votre galerie d’hommes distingués
509
é est la maîtrise de soi. C’est en somme le début
de
l’héroïsme… À propos, dans votre galerie d’hommes distingués, avez-vo
510
st la maîtrise de soi. C’est en somme le début de
l’
héroïsme… À propos, dans votre galerie d’hommes distingués, avez-vous
511
début de l’héroïsme… À propos, dans votre galerie
d’
hommes distingués, avez-vous aussi des héros ? L’agent. Nous sommes f
512
d’hommes distingués, avez-vous aussi des héros ?
L’
agent. Nous sommes fiers d’avoir pris les portraits du fameux amiral G
513
ous aussi des héros ? L’agent. Nous sommes fiers
d’
avoir pris les portraits du fameux amiral Grandisson et du général Mac
514
héros ? L’agent. Nous sommes fiers d’avoir pris
les
portraits du fameux amiral Grandisson et du général MacAlfred. Mais c
515
, nous avons aussi pris quelques GI tout couverts
de
décorations. X. Bien entendu, ces portraits ont paru pendant la guer
516
X. Bien entendu, ces portraits ont paru pendant
la
guerre ? L’agent. C’est naturel. Depuis la paix, nous nous tournons
517
endu, ces portraits ont paru pendant la guerre ?
L’
agent. C’est naturel. Depuis la paix, nous nous tournons plutôt vers l
518
ndant la guerre ? L’agent. C’est naturel. Depuis
la
paix, nous nous tournons plutôt vers les sportifs, les stars et les g
519
l. Depuis la paix, nous nous tournons plutôt vers
les
sportifs, les stars et les grands hommes d’affaires. X. En un mot, c
520
aix, nous nous tournons plutôt vers les sportifs,
les
stars et les grands hommes d’affaires. X. En un mot, ceux qu’on peut
521
s tournons plutôt vers les sportifs, les stars et
les
grands hommes d’affaires. X. En un mot, ceux qu’on peut imiter. Pend
522
vers les sportifs, les stars et les grands hommes
d’
affaires. X. En un mot, ceux qu’on peut imiter. Pendant la guerre, on
523
s. X. En un mot, ceux qu’on peut imiter. Pendant
la
guerre, on entraînait le public à l’héroïsme. On avait même rendu cet
524
’on peut imiter. Pendant la guerre, on entraînait
le
public à l’héroïsme. On avait même rendu cet héroïsme obligatoire pou
525
ter. Pendant la guerre, on entraînait le public à
l’
héroïsme. On avait même rendu cet héroïsme obligatoire pour des millio
526
rendu cet héroïsme obligatoire pour des millions
de
nos contemporains. C’était encore une contradiction. Car le héros est
527
temporains. C’était encore une contradiction. Car
le
héros est l’homme du grand courage, mais le plus grand courage cesse
528
’était encore une contradiction. Car le héros est
l’
homme du grand courage, mais le plus grand courage cesse aussitôt de l
529
. Car le héros est l’homme du grand courage, mais
le
plus grand courage cesse aussitôt de l’être s’il est officiellement p
530
ourage, mais le plus grand courage cesse aussitôt
de
l’être s’il est officiellement prescrit. J’ajoute qu’il est rarement
531
age, mais le plus grand courage cesse aussitôt de
l’
être s’il est officiellement prescrit. J’ajoute qu’il est rarement bie
532
me faut-il aller plus loin, et déclarer qu’il est
de
son essence d’être mal vu. Ou pire encore, de n’être jamais vu du tou
533
r plus loin, et déclarer qu’il est de son essence
d’
être mal vu. Ou pire encore, de n’être jamais vu du tout, étant toujou
534
est de son essence d’être mal vu. Ou pire encore,
de
n’être jamais vu du tout, étant toujours unique, incomparable, et trè
535
t justement à l’instant où un homme se voit privé
de
toute assurance exemplaire, jeté dans un destin sans précédent, auque
536
ent s’il recourait à un modèle déjà connu, fût-ce
le
plus grand. L’agent. Je vois que vous êtes un amateur de paradoxes.
537
it à un modèle déjà connu, fût-ce le plus grand.
L’
agent. Je vois que vous êtes un amateur de paradoxes. Quel est selon v
538
grand. L’agent. Je vois que vous êtes un amateur
de
paradoxes. Quel est selon vous le héros de l’époque ? X. Quelqu’un,
539
êtes un amateur de paradoxes. Quel est selon vous
le
héros de l’époque ? X. Quelqu’un, Monsieur, dont vous ne prendrez ja
540
mateur de paradoxes. Quel est selon vous le héros
de
l’époque ? X. Quelqu’un, Monsieur, dont vous ne prendrez jamais le p
541
eur de paradoxes. Quel est selon vous le héros de
l’
époque ? X. Quelqu’un, Monsieur, dont vous ne prendrez jamais le port
542
Quelqu’un, Monsieur, dont vous ne prendrez jamais
le
portrait. Et j’ose dire que l’idée ne vous en viendra même pas. Car l
543
ne prendrez jamais le portrait. Et j’ose dire que
l’
idée ne vous en viendra même pas. Car l’époque ne connaît que des tête
544
dire que l’idée ne vous en viendra même pas. Car
l’
époque ne connaît que des têtes de série, tandis que le héros vrai ser
545
a même pas. Car l’époque ne connaît que des têtes
de
série, tandis que le héros vrai serait inimitable, hors série par déf
546
que ne connaît que des têtes de série, tandis que
le
héros vrai serait inimitable, hors série par définition, sans précéde
547
avenir, courant un risque institué par lui seul,
l’
assumant et le consommant sans que rien en parût au-dehors, avec l’aid
548
nt un risque institué par lui seul, l’assumant et
le
consommant sans que rien en parût au-dehors, avec l’aide de la seule
549
consommant sans que rien en parût au-dehors, avec
l’
aide de la seule énergie qu’il aurait lui-même produite. S’il existe,
550
ant sans que rien en parût au-dehors, avec l’aide
de
la seule énergie qu’il aurait lui-même produite. S’il existe, il est
551
sans que rien en parût au-dehors, avec l’aide de
la
seule énergie qu’il aurait lui-même produite. S’il existe, il est l’h
552
’il aurait lui-même produite. S’il existe, il est
l’
homme qui ne ressemble à rien, par conséquent l’homme invisible en tan
553
t l’homme qui ne ressemble à rien, par conséquent
l’
homme invisible en tant que personne, inaperçu en tant qu’individu, ou
554
r quelque trait qui n’est pas lui et qui détourne
l’
attention. C’est peut-être celui qui n’a pas fait tel geste ou telle a
555
ui qui n’a pas fait tel geste ou telle action qui
l’
eût rendu fameux, riche, ou puissant selon le monde, et qui ne l’a pas
556
qui l’eût rendu fameux, riche, ou puissant selon
le
monde, et qui ne l’a pas fait en vertu d’une vocation que sa foi seul
557
eux, riche, ou puissant selon le monde, et qui ne
l’
a pas fait en vertu d’une vocation que sa foi seule pouvait saisir. Et
558
ue sa foi seule pouvait saisir. Et cependant tout
le
tentait, la raison, la morale, le bien de son peuple… L’agent. Dans
559
ule pouvait saisir. Et cependant tout le tentait,
la
raison, la morale, le bien de son peuple… L’agent. Dans ce cas, je p
560
saisir. Et cependant tout le tentait, la raison,
la
morale, le bien de son peuple… L’agent. Dans ce cas, je parlerais pl
561
cependant tout le tentait, la raison, la morale,
le
bien de son peuple… L’agent. Dans ce cas, je parlerais plutôt d’un r
562
nt tout le tentait, la raison, la morale, le bien
de
son peuple… L’agent. Dans ce cas, je parlerais plutôt d’un raté ou d
563
it, la raison, la morale, le bien de son peuple…
L’
agent. Dans ce cas, je parlerais plutôt d’un raté ou d’un orgueilleux
564
euple… L’agent. Dans ce cas, je parlerais plutôt
d’
un raté ou d’un orgueilleux qui refuse de tenir son rôle social. Si le
565
nt. Dans ce cas, je parlerais plutôt d’un raté ou
d’
un orgueilleux qui refuse de tenir son rôle social. Si le héros n’est
566
s plutôt d’un raté ou d’un orgueilleux qui refuse
de
tenir son rôle social. Si le héros n’est pas glorieux, qui le sera ?
567
gueilleux qui refuse de tenir son rôle social. Si
le
héros n’est pas glorieux, qui le sera ? L’attente des masses sera tro
568
rôle social. Si le héros n’est pas glorieux, qui
le
sera ? L’attente des masses sera trompée, nous savons bien qu’elles o
569
al. Si le héros n’est pas glorieux, qui le sera ?
L’
attente des masses sera trompée, nous savons bien qu’elles ont besoin
570
era trompée, nous savons bien qu’elles ont besoin
d’
admiration. Et à mon tour, je me permettrai de signaler une contradict
571
oin d’admiration. Et à mon tour, je me permettrai
de
signaler une contradiction dans les termes, quand vous parlez d’un hé
572
me permettrai de signaler une contradiction dans
les
termes, quand vous parlez d’un héros inconnu… X. C’est bien ici que
573
contradiction dans les termes, quand vous parlez
d’
un héros inconnu… X. C’est bien ici que je vous attendais. Toutes cho
574
eurs, prenez deux physiciens. Ils ont trouvé tous
les
deux, le même jour, le secret de la bombe atomique. Mais l’un renonce
575
ez deux physiciens. Ils ont trouvé tous les deux,
le
même jour, le secret de la bombe atomique. Mais l’un renonce à l’expl
576
iens. Ils ont trouvé tous les deux, le même jour,
le
secret de la bombe atomique. Mais l’un renonce à l’exploiter, brûle s
577
ont trouvé tous les deux, le même jour, le secret
de
la bombe atomique. Mais l’un renonce à l’exploiter, brûle ses papiers
578
trouvé tous les deux, le même jour, le secret de
la
bombe atomique. Mais l’un renonce à l’exploiter, brûle ses papiers, e
579
secret de la bombe atomique. Mais l’un renonce à
l’
exploiter, brûle ses papiers, et s’en va tranquillement faire sa parti
580
apiers, et s’en va tranquillement faire sa partie
de
billard, tandis que le second saisit sa chance de gloire et devient u
581
de billard, tandis que le second saisit sa chance
de
gloire et devient un héros national : vous avez publié récemment son
582
tez que le premier reste inconnu, mais c’est pour
la
raison précise qui fait de lui le héros véritable. Et j’ajoute que c’
583
connu, mais c’est pour la raison précise qui fait
de
lui le héros véritable. Et j’ajoute que c’est lui probablement qui au
584
mais c’est pour la raison précise qui fait de lui
le
héros véritable. Et j’ajoute que c’est lui probablement qui aura le m
585
. Et j’ajoute que c’est lui probablement qui aura
le
mieux tenu son rôle social. L’agent. Avouez que votre idée du héros
586
ablement qui aura le mieux tenu son rôle social.
L’
agent. Avouez que votre idée du héros manque totalement de sex-appeal
587
Avouez que votre idée du héros manque totalement
de
sex-appeal ! De plus, si vous avez vraiment comme idéal celui que vou
588
nez de décrire et que je nommerai plus simplement
le
Méconnu, vous devez être assez malheureux ? X. Attaque trop simple,
589
malheureux ? X. Attaque trop simple, et je garde
le
point. Tout homme connu vous fera remarquer qu’il se sent méconnu dan
590
ins qu’il ne soit très vulgaire et ne tire vanité
d’
une gloire usurpée, plaquée sur lui par la publicité. Mais laissons de
591
vanité d’une gloire usurpée, plaquée sur lui par
la
publicité. Mais laissons de côté ces nuances de scrupule. La différen
592
, plaquée sur lui par la publicité. Mais laissons
de
côté ces nuances de scrupule. La différence capitale entre celui que
593
r la publicité. Mais laissons de côté ces nuances
de
scrupule. La différence capitale entre celui que vous irez voir parce
594
é. Mais laissons de côté ces nuances de scrupule.
La
différence capitale entre celui que vous irez voir parce qu’on le pro
595
pitale entre celui que vous irez voir parce qu’on
le
proclame un homme en vue, et ce héros que personne ne peut voir pour
596
n vue, et ce héros que personne ne peut voir pour
les
raisons que je viens de dire, c’est que le premier croit à la chance
597
ue je viens de dire, c’est que le premier croit à
la
chance et au bonheur, tandis que le second croit au salut. L’agent.
598
au bonheur, tandis que le second croit au salut.
L’
agent. Là encore, je ne vois pas d’opposition, ni de difficulté sérieu
599
oit au salut. L’agent. Là encore, je ne vois pas
d’
opposition, ni de difficulté sérieuse. Si j’étais philosophe ou prêtre
600
agent. Là encore, je ne vois pas d’opposition, ni
de
difficulté sérieuse. Si j’étais philosophe ou prêtre, j’essaierais de
601
se. Si j’étais philosophe ou prêtre, j’essaierais
de
convaincre le public que le vrai bonheur se trouve dans le salut. Le
602
philosophe ou prêtre, j’essaierais de convaincre
le
public que le vrai bonheur se trouve dans le salut. Le tour serait jo
603
prêtre, j’essaierais de convaincre le public que
le
vrai bonheur se trouve dans le salut. Le tour serait joué. X. Mais c
604
ncre le public que le vrai bonheur se trouve dans
le
salut. Le tour serait joué. X. Mais ceux qui vous croiraient seraien
605
blic que le vrai bonheur se trouve dans le salut.
Le
tour serait joué. X. Mais ceux qui vous croiraient seraient peut-êtr
606
onnerai donc un exemple. Vous avez entendu parler
de
Kierkegaard, ce philosophe danois que tous vos magazines se croient o
607
danois que tous vos magazines se croient obligés
de
citer, et quelques-uns déjà se permettent d’en parler. L’un d’entre e
608
igés de citer, et quelques-uns déjà se permettent
d’
en parler. L’un d’entre eux, l’autre jour, me demandait son adresse. J
609
demandait son adresse. Je me suis fait un plaisir
de
la donner. C’est une pierre plate dans un cimetière danois, sur laque
610
andait son adresse. Je me suis fait un plaisir de
la
donner. C’est une pierre plate dans un cimetière danois, sur laquelle
611
ière danois, sur laquelle on peut lire ces mots :
Le
Solitaire. Cet homme-là ne croyait pas au bonheur, mais au salut. Il
612
as au bonheur, mais au salut. Il ne croyait pas à
la
masse, mais au courage personnel, et il ne croyait pas non plus que c
613
urage personnel pût être enseigné à une masse par
la
presse, la radio et la publicité, tant et si bien qu’on obtienne à la
614
nnel pût être enseigné à une masse par la presse,
la
radio et la publicité, tant et si bien qu’on obtienne à la fin du cou
615
e enseigné à une masse par la presse, la radio et
la
publicité, tant et si bien qu’on obtienne à la fin du courage personn
616
et la publicité, tant et si bien qu’on obtienne à
la
fin du courage personnel en masse, et qu’il devienne possible en géné
617
l en masse, et qu’il devienne possible en général
de
mélanger toutes choses impunément. Voyez-vous, cet homme Kierkegaard,
618
ément. Voyez-vous, cet homme Kierkegaard, c’était
le
type même de l’inadapté, du rebut social, de la vipère lubrique, du r
619
vous, cet homme Kierkegaard, c’était le type même
de
l’inadapté, du rebut social, de la vipère lubrique, du résistant qui
620
s, cet homme Kierkegaard, c’était le type même de
l’
inadapté, du rebut social, de la vipère lubrique, du résistant qui ref
621
tait le type même de l’inadapté, du rebut social,
de
la vipère lubrique, du résistant qui refuse de comprendre, et du néga
622
t le type même de l’inadapté, du rebut social, de
la
vipère lubrique, du résistant qui refuse de comprendre, et du négativ
623
l, de la vipère lubrique, du résistant qui refuse
de
comprendre, et du négativiste impénitent qui dit non dans son coin, a
624
n affirme qu’il en est mort. On ne peut donc plus
l’
interviewer, voilà sa chance. Car tel que je vous connais, vous n’auri
625
e. Car tel que je vous connais, vous n’auriez pas
de
cesse que vous ne l’ayez traîné devant un micro pour qu’il explique a
626
s connais, vous n’auriez pas de cesse que vous ne
l’
ayez traîné devant un micro pour qu’il explique aux masses sa grande i
627
plique aux masses sa grande idée qui est que rien
d’
important ne peut être dit aux masses. Et le programme du Solitaire à
628
rien d’important ne peut être dit aux masses. Et
le
programme du Solitaire à la radio serait écouté chaque dimanche par q
629
re dit aux masses. Et le programme du Solitaire à
la
radio serait écouté chaque dimanche par quarante millions de personne
630
rait écouté chaque dimanche par quarante millions
de
personnes avides de faire comme le voisin… Imaginez ce cri suprême d’
631
imanche par quarante millions de personnes avides
de
faire comme le voisin… Imaginez ce cri suprême d’une ironie désespéré
632
rante millions de personnes avides de faire comme
le
voisin… Imaginez ce cri suprême d’une ironie désespérée : « Faites co
633
de faire comme le voisin… Imaginez ce cri suprême
d’
une ironie désespérée : « Faites comme moi, soyez tous l’Exception ! »
634
ronie désespérée : « Faites comme moi, soyez tous
l’
Exception ! » L’agent. Quelle merveilleuse idée d’article ! Je sens q
635
: « Faites comme moi, soyez tous l’Exception ! »
L’
agent. Quelle merveilleuse idée d’article ! Je sens que la photo sera
636
’Exception ! » L’agent. Quelle merveilleuse idée
d’
article ! Je sens que la photo sera bonne, nous l’avons prise pendant
637
Quelle merveilleuse idée d’article ! Je sens que
la
photo sera bonne, nous l’avons prise pendant que vous parliez de votr
638
d’article ! Je sens que la photo sera bonne, nous
l’
avons prise pendant que vous parliez de votre sujet préféré. Vous étie
639
onne, nous l’avons prise pendant que vous parliez
de
votre sujet préféré. Vous étiez animé, dynamique, tout à fait informa
640
out à fait informal — ce sera parfait ! X., ivre
d’
une rage subite, saisit une bouteille de whiskey et fracasse l’apparei
641
X., ivre d’une rage subite, saisit une bouteille
de
whiskey et fracasse l’appareil de photo. L’agent. Je vous tire mon c
642
bite, saisit une bouteille de whiskey et fracasse
l’
appareil de photo. L’agent. Je vous tire mon chapeau, Monsieur ! Et j
643
t une bouteille de whiskey et fracasse l’appareil
de
photo. L’agent. Je vous tire mon chapeau, Monsieur ! Et je parie que
644
ille de whiskey et fracasse l’appareil de photo.
L’
agent. Je vous tire mon chapeau, Monsieur ! Et je parie que ce geste-l
645
geste-là ne servira pas moins votre publicité que
la
photo pleine page et en couleurs que nous prendrons une autre fois. (
646
dez un instant, je crois que je tiens mon titre :
Le
Héros de l’Incognito ! X. fait un geste vers la seconde bouteille, m
647
stant, je crois que je tiens mon titre : Le Héros
de
l’Incognito ! X. fait un geste vers la seconde bouteille, mais l’age
648
nt, je crois que je tiens mon titre : Le Héros de
l’
Incognito ! X. fait un geste vers la seconde bouteille, mais l’agent
649
X. fait un geste vers la seconde bouteille, mais
l’
agent est déjà sorti. Il ne lui reste plus qu’à boire, pour oublier.
650
Quatrième dialogue sur
la
carte postale Ars prophetica ou D’un langage qui ne veut pas être cl
651
dialogue sur la carte postale Ars prophetica ou
D’
un langage qui ne veut pas être clair Un critique. J’ai lu vos tro
652
Un critique. J’ai lu vos trois dialogues sur
la
Carte Postale, je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les
653
i lu vos trois dialogues sur la Carte Postale, je
les
aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les aime bien. Ils m’irrit
654
je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je
les
aime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas. L
655
ime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne
les
oublie pas. L’auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il m
656
rritent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.
L’
auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois
657
m’agacent. Mais je ne les oublie pas. L’auteur.
La
mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’e
658
ublie pas. L’auteur. La mémoire des offenses est
la
plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas de louange préférable
659
a plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas
de
louange préférable à celle-ci : qu’on me fasse grief de mes écrits. J
660
ange préférable à celle-ci : qu’on me fasse grief
de
mes écrits. J’y voudrais voir la preuve d’une certaine grièveté qu’il
661
n me fasse grief de mes écrits. J’y voudrais voir
la
preuve d’une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d
662
grief de mes écrits. J’y voudrais voir la preuve
d’
une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d’une bless
663
ine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit
d’
une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une
664
ls présentent, comme cela se dit d’une blessure…
Le
critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération de m
665
Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument
d’
une exagération de ma critique. Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à
666
oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération
de
ma critique. Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à mon sens vous n’ê
667
u’à mon sens vous n’êtes pas encore assez clair.
L’
auteur. Et pourquoi, je vous prie, être clair ? Vous n’allez pas me di
668
, être clair ? Vous n’allez pas me dire que c’est
la
bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être
669
us n’allez pas me dire que c’est la bonne manière
de
se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être sûr que vous vou
670
c’est la bonne manière de se faire comprendre ?
Le
critique. On voudrait être sûr que vous vous comprenez assez. L’aute
671
voudrait être sûr que vous vous comprenez assez.
L’
auteur. Assez pour quoi ? Le critique. Assez pour n’être point la dup
672
us comprenez assez. L’auteur. Assez pour quoi ?
Le
critique. Assez pour n’être point la dupe de vos phrases. Écrire, et
673
pour quoi ? Le critique. Assez pour n’être point
la
dupe de vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jou
674
i ? Le critique. Assez pour n’être point la dupe
de
vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jouer du vi
675
t en français, ce n’est pas jouer du violon. Tout
d’
un coup vous le prenez à double corde, et l’on distingue mal les passa
676
ce n’est pas jouer du violon. Tout d’un coup vous
le
prenez à double corde, et l’on distingue mal les passages, vous chang
677
Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et
l’
on distingue mal les passages, vous changez de ton et l’on voudrait sa
678
s le prenez à double corde, et l’on distingue mal
les
passages, vous changez de ton et l’on voudrait savoir que vous le sav
679
et l’on distingue mal les passages, vous changez
de
ton et l’on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous
680
istingue mal les passages, vous changez de ton et
l’
on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous manquez de
681
s changez de ton et l’on voudrait savoir que vous
le
savez… Il me semble que vous manquez de méchanceté pour vos idées. El
682
que vous le savez… Il me semble que vous manquez
de
méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous
683
e méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent
de
loin et quand vous nous les présentez, elles ont déjà votre complicit
684
. Elles vous séduisent de loin et quand vous nous
les
présentez, elles ont déjà votre complicité, je ne sais quel air de pa
685
es ont déjà votre complicité, je ne sais quel air
de
passion, un peu trop tôt, qui nous surprend… L’auteur. N’est-ce pas
686
de passion, un peu trop tôt, qui nous surprend…
L’
auteur. N’est-ce pas toujours ainsi ? Je veux dire : tout écrivain n’e
687
ages ou ses idées, avant toute raison avouable ?
Le
critique. Certes, mais il faudrait composer les entrées. Il faudrait
688
? Le critique. Certes, mais il faudrait composer
les
entrées. Il faudrait nous persuader que vos goûts sont bien des raiso
689
ces raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites
de
la poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous p
690
s raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites de
la
poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous parl
691
jouez sur des surprises, ou bien vous nous parlez
d’
idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque instant : «
692
t que nous pensions à chaque instant : « J’allais
le
dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon l’on soupçonnera quelque trich
693
’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon
l’
on soupçonnera quelque tricherie. L’auteur. Voulez-vous que nous parl
694
tout, sinon l’on soupçonnera quelque tricherie.
L’
auteur. Voulez-vous que nous parlions de la clarté ? Je crois deviner
695
icherie. L’auteur. Voulez-vous que nous parlions
de
la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs
696
erie. L’auteur. Voulez-vous que nous parlions de
la
clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs du
697
té ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans
les
environs du sujet de mes deux précédents dialogues. Le critique. Du
698
que cela nous ramènera dans les environs du sujet
de
mes deux précédents dialogues. Le critique. Du moins serez-vous en g
699
irons du sujet de mes deux précédents dialogues.
Le
critique. Du moins serez-vous en garde contre votre obscurité ? L’au
700
ins serez-vous en garde contre votre obscurité ?
L’
auteur. C’est justement ce parti pris de clarté que je voudrais propos
701
curité ? L’auteur. C’est justement ce parti pris
de
clarté que je voudrais proposer maintenant à votre réflexion méfiante
702
er maintenant à votre réflexion méfiante. Si vous
le
permettez, je m’offrirai le ridicule de défendre mon propre point de
703
ion méfiante. Si vous le permettez, je m’offrirai
le
ridicule de défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette ma
704
. Si vous le permettez, je m’offrirai le ridicule
de
défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette maladresse m’e
705
ste nous sommes entre nous et vous n’abuserez pas
de
mes aveux… D’autant qu’ils seront probablement exagérés. Le critique
706
x… D’autant qu’ils seront probablement exagérés.
Le
critique. Que de précautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros d
707
s seront probablement exagérés. Le critique. Que
de
précautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros de je ne sais quel
708
récautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros
de
je ne sais quel album de Tœpffer, qui feint de feindre afin de mieux
709
train d’imiter ce héros de je ne sais quel album
de
Tœpffer, qui feint de feindre afin de mieux dissimuler. Qu’est-ce qu’
710
os de je ne sais quel album de Tœpffer, qui feint
de
feindre afin de mieux dissimuler. Qu’est-ce qu’être clair, à votre av
711
simuler. Qu’est-ce qu’être clair, à votre avis ?
L’
auteur. Dès que l’on pose cette question, il me semble qu’on se voit c
712
qu’être clair, à votre avis ? L’auteur. Dès que
l’
on pose cette question, il me semble qu’on se voit condamné à des répo
713
s ou plates ou mystérieuses. Ne serait-ce pas que
la
clarté n’est qu’une convention de langage ? J’entends : un mot de pas
714
rait-ce pas que la clarté n’est qu’une convention
de
langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de s
715
qu’une convention de langage ? J’entends : un mot
de
passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… Le cr
716
nvention de langage ? J’entends : un mot de passe
de
la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… Le critique. H
717
ntion de langage ? J’entends : un mot de passe de
la
tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… Le critique. Hé q
718
ends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce
de
style garanti par l’usage… Le critique. Hé quoi ! vous savez que tou
719
e de la tribu, ou une espèce de style garanti par
l’
usage… Le critique. Hé quoi ! vous savez que tout notre langage est u
720
ibu, ou une espèce de style garanti par l’usage…
Le
critique. Hé quoi ! vous savez que tout notre langage est un système
721
out notre langage est un système conventionnel !
L’
auteur. Notre langage courant sans aucun doute. Et plus rigoureusement
722
ntifique, qui se distingue du langage courant par
le
souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode
723
qui se distingue du langage courant par le souci
de
contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode d’expres
724
e contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là
le
seul mode d’expression possible. Le critique. Précisément je souhait
725
es conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode
d’
expression possible. Le critique. Précisément je souhaitais de vous v
726
n’est pas là le seul mode d’expression possible.
Le
critique. Précisément je souhaitais de vous voir choisir entre un lan
727
possible. Le critique. Précisément je souhaitais
de
vous voir choisir entre un langage franchement poétique et ce langage
728
air et distinct qui convient au débat des idées.
L’
auteur. … qui convient au débat des idées claires ! Mais il faudrait s
729
es ! Mais il faudrait s’entendre tout d’abord sur
la
nécessité de cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni re
730
faudrait s’entendre tout d’abord sur la nécessité
de
cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter d’aut
731
Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter
d’
autre nécessité en général que celle qu’impose la fin de toute pensée.
732
d’autre nécessité en général que celle qu’impose
la
fin de toute pensée. Le critique. Restons, si vous le voulez, sur le
733
e nécessité en général que celle qu’impose la fin
de
toute pensée. Le critique. Restons, si vous le voulez, sur le plan d
734
éral que celle qu’impose la fin de toute pensée.
Le
critique. Restons, si vous le voulez, sur le plan du langage. N’est-c
735
n de toute pensée. Le critique. Restons, si vous
le
voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons
736
s le voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas
la
cohérence des raisons et à la fois l’exact ajustement de ces raisons
737
’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois
l’
exact ajustement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de
738
rence des raisons et à la fois l’exact ajustement
de
ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? L’a
739
et à la fois l’exact ajustement de ces raisons à
la
réalité, qui constitue la fin de l’expression ? L’auteur. Oui, dans
740
tement de ces raisons à la réalité, qui constitue
la
fin de l’expression ? L’auteur. Oui, dans un monde cartésien, c’est-
741
de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin
de
l’expression ? L’auteur. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire
742
ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de
l’
expression ? L’auteur. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dan
743
réalité, qui constitue la fin de l’expression ?
L’
auteur. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le monde du di
744
. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans
le
monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme
745
sien, c’est-à-dire dans le monde du discours. Car
le
Discours de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours
746
à-dire dans le monde du discours. Car le Discours
de
la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin der
747
ire dans le monde du discours. Car le Discours de
la
méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin derniè
748
e ne définit en somme qu’une méthode du discours.
La
fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence, la vérité el
749
somme qu’une méthode du discours. La fin dernière
d’
un discours n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même s’y trou
750
rs. La fin dernière d’un discours n’est autre que
la
cohérence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de
751
nière d’un discours n’est autre que la cohérence,
la
vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement
752
ence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à
la
logique de l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours car
753
rité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique
de
l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a
754
é elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de
l’
enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas
755
que de l’enchaînement des phrases. Autrement dit,
le
discours cartésien n’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part
756
ses. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas
de
fin qui lui soit transcendante. Il part de ce qu’il suppose clair et
757
’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part
de
ce qu’il suppose clair et facile, et sa marche est une déduction. La
758
clair et facile, et sa marche est une déduction.
La
convention d’un tel langage, c’est que tout est donné au départ, et q
759
le, et sa marche est une déduction. La convention
d’
un tel langage, c’est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit de
760
est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit
de
ne rien introduire dans la chaîne des arguments qui n’ait été d’abord
761
épart, et qu’il s’agit de ne rien introduire dans
la
chaîne des arguments qui n’ait été d’abord jaugé, chiffré, et défini
762
chiffré, et défini en termes simples. À mon tour
de
me défier d’une convention aussi commode. Le critique. Il me semble
763
défini en termes simples. À mon tour de me défier
d’
une convention aussi commode. Le critique. Il me semble qu’il faut y
764
our de me défier d’une convention aussi commode.
Le
critique. Il me semble qu’il faut y voir une garantie contre les illu
765
l me semble qu’il faut y voir une garantie contre
les
illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatien
766
’il faut y voir une garantie contre les illusions
de
la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une all
767
faut y voir une garantie contre les illusions de
la
rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une allure
768
ontre les illusions de la rhétorique flamboyante.
Le
romantisme a pu s’impatienter d’une allure aussi scrupuleuse, mais c’
769
que flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter
d’
une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper
770
’une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a
le
goût de se tromper et de tromper. L’auteur. Pour moi, je crains une
771
ure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût
de
se tromper et de tromper. L’auteur. Pour moi, je crains une duperie
772
euse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper et
de
tromper. L’auteur. Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans
773
est qu’il a le goût de se tromper et de tromper.
L’
auteur. Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans la modestie c
774
Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans
la
modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans le monde rien qui so
775
modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans
le
monde rien qui soit « clair, simple et facile » en soi ? Le monde dan
776
ien qui soit « clair, simple et facile » en soi ?
Le
monde dans lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit
777
lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme
l’
a dit un Russe, « le monde de l’imprécis et du non-résolu » ? Ou comme
778
t parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe, «
le
monde de l’imprécis et du non-résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes l
779
n’est-il pas, comme l’a dit un Russe, « le monde
de
l’imprécis et du non-résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même,
780
est-il pas, comme l’a dit un Russe, « le monde de
l’
imprécis et du non-résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le
781
monde de l’imprécis et du non-résolu » ? Ou comme
l’
écrit Descartes lui-même, le monde des choses « mal compassées » ? L’a
782
n-résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même,
le
monde des choses « mal compassées » ? L’application d’une raison sans
783
ui-même, le monde des choses « mal compassées » ?
L’
application d’une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donn
784
nde des choses « mal compassées » ? L’application
d’
une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donné, n’a-t-elle
785
’il est donné, n’a-t-elle pas pour effet immédiat
de
multiplier le mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me
786
n’a-t-elle pas pour effet immédiat de multiplier
le
mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors
787
s pour effet immédiat de multiplier le mystère et
les
absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si le cartésia
788
és logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si
le
cartésianisme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à l’origine
789
sme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à
l’
origine, en décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté
790
n décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? —
la
clarté et la simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. M
791
au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté et
la
simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance po
792
i, je vous en prie ? — la clarté et la simplicité
d’
un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arri
793
— la clarté et la simplicité d’un certain nombre
de
postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arrière-pensée qui prési
794
bre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur
l’
arrière-pensée qui présida au choix de ces données dites premières. En
795
e porte sur l’arrière-pensée qui présida au choix
de
ces données dites premières. Encore n’est-il pas très exact de recour
796
s dites premières. Encore n’est-il pas très exact
de
recourir ici à l’expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une «
797
Encore n’est-il pas très exact de recourir ici à
l’
expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu
798
-il pas très exact de recourir ici à l’expression
d’
arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu’il faudrait
799
doute une « arrière-image » qu’il faudrait dire.
Le
critique. Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander de précise
800
re. Le critique. Ne serait-il pas trop cartésien
de
vous demander de préciser ? L’auteur. J’essaierai de le faire par un
801
Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander
de
préciser ? L’auteur. J’essaierai de le faire par un exemple. La méth
802
as trop cartésien de vous demander de préciser ?
L’
auteur. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inventée pa
803
ous demander de préciser ? L’auteur. J’essaierai
de
le faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc d
804
demander de préciser ? L’auteur. J’essaierai de
le
faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc deve
805
L’auteur. J’essaierai de le faire par un exemple.
La
méthode inventée par Descartes est donc devenue celle de la science.
806
ode inventée par Descartes est donc devenue celle
de
la science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathém
807
inventée par Descartes est donc devenue celle de
la
science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathémati
808
n. Mais comment obtiennent-ils ces formules ? Par
l’
examen des nombres qui résument leurs expériences, dira-t-on. Je n’en
809
dira-t-on. Je n’en crois rien. Ouvrez un ouvrage
de
science : vous y trouverez au terme de chaque analyse un certain nomb
810
un ouvrage de science : vous y trouverez au terme
de
chaque analyse un certain nombre de phrases traduisant les résultats
811
erez au terme de chaque analyse un certain nombre
de
phrases traduisant les résultats acquis. Or ces phrases ont été chois
812
e analyse un certain nombre de phrases traduisant
les
résultats acquis. Or ces phrases ont été choisies par le savant en ve
813
ltats acquis. Or ces phrases ont été choisies par
le
savant en vertu d’une double exigence : d’une part elles doivent perm
814
ble exigence : d’une part elles doivent permettre
de
passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la
815
elles doivent permettre de passer, par une espèce
de
symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la formule mathématique ; d’a
816
espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à
la
formule mathématique ; d’autre part, et voilà qui est remarquable, il
817
leur ensemble composent un discours cohérent sur
les
propriétés de la matière. Et ce discours n’est qu’un certain système
818
composent un discours cohérent sur les propriétés
de
la matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il
819
posent un discours cohérent sur les propriétés de
la
matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il se
820
tière. Et ce discours n’est qu’un certain système
d’
images. S’il se distingue du parler quotidien, c’est avant tout par ce
821
r cette cohérence, c’est-à-dire par cette volonté
d’
exclure les sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les loi
822
hérence, c’est-à-dire par cette volonté d’exclure
les
sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les lois formulées
823
ens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi
les
lois formulées par la science, ces modèles d’expression claire, se ré
824
adictoires des mots. Ainsi les lois formulées par
la
science, ces modèles d’expression claire, se réfèrent en réalité à de
825
si les lois formulées par la science, ces modèles
d’
expression claire, se réfèrent en réalité à des formes courantes du la
826
réalité à des formes courantes du langage, vidées
de
leurs sens particuliers. Ce procédé est sans danger quand il est appl
827
procédé est sans danger quand il est appliqué par
les
savants, la science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de
828
ans danger quand il est appliqué par les savants,
la
science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler du ré
829
nce légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière
de
parler du réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie
830
ère de parler du réel, et sans cesse corrigée par
les
faits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l
831
s cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à
la
tricherie, c’est quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par la c
832
aits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand
le
philosophe ou l’essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétend
833
crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou
l’
essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétendent partir de vér
834
t quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par
la
clarté axiomatique, prétendent partir de vérités élémentaires qui ne
835
uits par la clarté axiomatique, prétendent partir
de
vérités élémentaires qui ne sont autres que des abstractions opérées
836
utres que des abstractions opérées sur nos formes
de
langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricherie d’une dé
837
e langage. Je voudrais dire cela plus simplement…
La
tricherie d’une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend parti
838
voudrais dire cela plus simplement… La tricherie
d’
une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend partir d’un nombre
839
tion claire consiste en ce qu’elle prétend partir
d’
un nombre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous éch
840
e en ce qu’elle prétend partir d’un nombre limité
de
faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il
841
partir d’un nombre limité de faits acquis, quand
le
tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même
842
mbre limité de faits acquis, quand le tout, quand
la
fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même possible, de pa
843
pent ! Comme s’il était licite, et même possible,
de
partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignor
844
me s’il était licite, et même possible, de partir
de
certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignore méthodiq
845
même possible, de partir de certains éléments et
de
les déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont i
846
me possible, de partir de certains éléments et de
les
déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont ils d
847
s déclarer connus, quand on ignore méthodiquement
l’
ensemble dont ils dépendent et qui est leur seule mesure. Le critique
848
dont ils dépendent et qui est leur seule mesure.
Le
critique. J’avoue que je vous suivrais mieux si vous pouviez me montr
849
vous pouviez me montrer chez Descartes un exemple
de
ce recours aux formes du langage courant. L’auteur. Prenons la 3e rè
850
ple de ce recours aux formes du langage courant.
L’
auteur. Prenons la 3e règle de sa méthode : « Conduire par ordre mes p
851
aux formes du langage courant. L’auteur. Prenons
la
3e règle de sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commença
852
u langage courant. L’auteur. Prenons la 3e règle
de
sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commençant par les o
853
Conduire par ordre mes pensées en commençant par
les
objets les plus simples et les plus aisés à connaître ». Voilà qui pa
854
ar ordre mes pensées en commençant par les objets
les
plus simples et les plus aisés à connaître ». Voilà qui paraît clair,
855
en commençant par les objets les plus simples et
les
plus aisés à connaître ». Voilà qui paraît clair, j’entends conforme
856
mun. Je distingue pourtant, derrière ce jugement,
la
plus étrange illusion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On la
857
t, derrière ce jugement, la plus étrange illusion
de
l’esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement évi
858
derrière ce jugement, la plus étrange illusion de
l’
esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement éviden
859
sion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On
la
tient pour tellement évidente que son rappel, au cours d’une discussi
860
pour tellement évidente que son rappel, au cours
d’
une discussion, figure presque une insolence. Cette maxime affirme en
861
sque une insolence. Cette maxime affirme en effet
la
nécessité générale de « commencer par le commencement ». Descartes qu
862
tte maxime affirme en effet la nécessité générale
de
« commencer par le commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sa
863
en effet la nécessité générale de « commencer par
le
commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller la si
864
mencer par le commencement ». Descartes qui vient
d’
assimiler sans sourciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à le
865
. Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller
la
simplicité d’un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un
866
i vient d’assimiler sans sourciller la simplicité
d’
un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un tour du langa
867
ler sans sourciller la simplicité d’un objet avec
l’
aisance à le connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas r
868
rciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à
le
connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas reculer devan
869
pas reculer devant cet autre exploit : poser que
le
plus simple est aussi le plus proche, et qu’il faut commencer par là.
870
utre exploit : poser que le plus simple est aussi
le
plus proche, et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute le plus
871
et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute
le
plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer pa
872
le plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains
d’
idées ! Commencer par le commencement ! Aller du simple au compliqué !
873
on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer par
le
commencement ! Aller du simple au compliqué ! Que cela paraît plein d
874
er du simple au compliqué ! Que cela paraît plein
de
bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte po
875
u compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens !
Le
beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il e
876
e cela paraît plein de bon sens ! Le beau cliché,
la
belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il est une chose que
877
de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité,
la
magnifique carte postale ! S’il est une chose que l’expérience humain
878
magnifique carte postale ! S’il est une chose que
l’
expérience humaine me paraît avoir établie — je dirais : pour l’éterni
879
umaine me paraît avoir établie — je dirais : pour
l’
éternité ! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par la fin, par
880
! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par
la
fin, par la vision totale, par la révélation des fins dernières. On n
881
ien qu’il faut toujours commencer par la fin, par
la
vision totale, par la révélation des fins dernières. On ne peut conna
882
s commencer par la fin, par la vision totale, par
la
révélation des fins dernières. On ne peut connaître les parties que p
883
vélation des fins dernières. On ne peut connaître
les
parties que par le tout, et non l’inverse. Le critique. J’observe un
884
rnières. On ne peut connaître les parties que par
le
tout, et non l’inverse. Le critique. J’observe une fois de plus avec
885
eut connaître les parties que par le tout, et non
l’
inverse. Le critique. J’observe une fois de plus avec curiosité le gl
886
e les parties que par le tout, et non l’inverse.
Le
critique. J’observe une fois de plus avec curiosité le glissement qui
887
itique. J’observe une fois de plus avec curiosité
le
glissement qui s’opère dans vos propos : je vois que vous allez passe
888
ans vous interrompre davantage aux développements
d’
une pensée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez d’une vision
889
ée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez
d’
une vision totale ?… L’auteur. L’expression vous apparaît privée de s
890
t étrangère. Vous parliez d’une vision totale ?…
L’
auteur. L’expression vous apparaît privée de sens ? Mesurez donc, une
891
e. Vous parliez d’une vision totale ?… L’auteur.
L’
expression vous apparaît privée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois
892
e ?… L’auteur. L’expression vous apparaît privée
de
sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur de ma déraison.
893
vée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute
l’
ampleur de ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir e
894
s ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur
de
ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir eschatologi
895
inte mon sabir eschatologique. Je disais donc que
la
déduction cartésienne travaille sur des cartes postales. Elle dispose
896
re ses repères, et puis s’ébranle à reculons vers
l’
inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit d
897
res, et puis s’ébranle à reculons vers l’inconnu,
les
yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit dès lors qu’e
898
rs l’inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu
d’
évidences. On conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement de préc
899
conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement
de
précautions, vérifiant à chaque pas le chemin parcouru : elle ignore
900
tellement de précautions, vérifiant à chaque pas
le
chemin parcouru : elle ignore tout de son but et tiendrait même pour
901
chaque pas le chemin parcouru : elle ignore tout
de
son but et tiendrait même pour une prévention fâcheuse la croyance qu
902
ut et tiendrait même pour une prévention fâcheuse
la
croyance que ce but existe en tout état de cause. Pour moi, c’est pre
903
cheuse la croyance que ce but existe en tout état
de
cause. Pour moi, c’est presque le contraire. Voilà : je sais que je s
904
te en tout état de cause. Pour moi, c’est presque
le
contraire. Voilà : je sais que je suis dans la nuit. Je ne puis march
905
ue le contraire. Voilà : je sais que je suis dans
la
nuit. Je ne puis marcher que dans la confusion. Mais, si je marche ce
906
je suis dans la nuit. Je ne puis marcher que dans
la
confusion. Mais, si je marche cependant, c’est qu’à certains moments
907
he cependant, c’est qu’à certains moments j’ai vu
le
but. J’ai cru le voir… C’est une vision illuminante, instantanée, don
908
st qu’à certains moments j’ai vu le but. J’ai cru
le
voir… C’est une vision illuminante, instantanée, dont la trace ne tar
909
… C’est une vision illuminante, instantanée, dont
la
trace ne tarde pas à s’évanouir dans mes yeux. Cela suffit pourtant à
910
yeux. Cela suffit pourtant à guider quelques pas.
Les
autres, je les risque dans le noir, dans la nuit de la foi ou du pres
911
it pourtant à guider quelques pas. Les autres, je
les
risque dans le noir, dans la nuit de la foi ou du pressentiment, sout
912
ider quelques pas. Les autres, je les risque dans
le
noir, dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoi
913
pas. Les autres, je les risque dans le noir, dans
la
nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision
914
autres, je les risque dans le noir, dans la nuit
de
la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouve
915
tres, je les risque dans le noir, dans la nuit de
la
foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouvelée
916
a nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par
l’
espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma dém
917
la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir
d’
une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma démarche, et
918
utenu par l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà
le
sens, l’orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais
919
l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens,
l’
orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne
920
e vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation
de
ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut la compre
921
e, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut
la
comprendre qu’à partir de son but. Il est très juste qu’elle paraisse
922
but. Il est très juste qu’elle paraisse absurde à
l’
observateur raisonnable. Le critique. Le propre d’une vision pareille
923
le paraisse absurde à l’observateur raisonnable.
Le
critique. Le propre d’une vision pareille, c’est qu’elle est incommun
924
bsurde à l’observateur raisonnable. Le critique.
Le
propre d’une vision pareille, c’est qu’elle est incommuniquable, j’im
925
’observateur raisonnable. Le critique. Le propre
d’
une vision pareille, c’est qu’elle est incommuniquable, j’imagine ? L
926
, c’est qu’elle est incommuniquable, j’imagine ?
L’
auteur. Il vaut mieux dire indescriptible, et cela tient à sa vérité m
927
eux dire à sa plénitude instantanée qui décourage
l’
analyse. Vous ne donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les s
928
née qui décourage l’analyse. Vous ne donnerez pas
la
sensation du blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le
929
e donnerez pas la sensation du blanc en décrivant
les
sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s
930
nc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi
le
langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument
931
vant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage
de
la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicabl
932
t les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de
la
vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable,
933
uleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou
de
la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. I
934
urs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de
la
foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. Il n
935
er sans fin cette forme significative du tout, et
de
chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun ex
936
e significative du tout, et de chaque partie dans
le
tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple d’une telle perf
937
t. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple
d’
une telle perfection. Mais il fallait indiquer cette limite pour éclai
938
r cette limite pour éclairer — précisément — tout
l’
entre-deux, la pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces d
939
pour éclairer — précisément — tout l’entre-deux,
la
pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ram
940
er — précisément — tout l’entre-deux, la pénombre
de
ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-les po
941
mbre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces
de
langage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes d’expression égale
942
vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-
les
pour simplifier à deux modes d’expression également rigoureux et pour
943
angage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes
d’
expression également rigoureux et pourtant exclusifs l’un de l’autre.
944
on également rigoureux et pourtant exclusifs l’un
de
l’autre. Le premier serait la loi scientifique. Ses conventions sont
945
tant exclusifs l’un de l’autre. Le premier serait
la
loi scientifique. Ses conventions sont la clarté et l’absence de cont
946
serait la loi scientifique. Ses conventions sont
la
clarté et l’absence de contradiction. La seconde forme d’expression,
947
i scientifique. Ses conventions sont la clarté et
l’
absence de contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait cel
948
ique. Ses conventions sont la clarté et l’absence
de
contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait celle dont j’
949
é et l’absence de contradiction. La seconde forme
d’
expression, ce serait celle dont j’essayais de vous faire pressentir l
950
rme d’expression, ce serait celle dont j’essayais
de
vous faire pressentir la limite, en parlant d’un langage inexplicable
951
it celle dont j’essayais de vous faire pressentir
la
limite, en parlant d’un langage inexplicable et pourtant évident. C’e
952
is de vous faire pressentir la limite, en parlant
d’
un langage inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être le verbe
953
inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être
le
verbe impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là de la premièr
954
’est peut-être le verbe impliquer qui distinguera
le
mieux cette forme-là de la première, dont l’office est évidemment d’e
955
impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là
de
la première, dont l’office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opp
956
uera le mieux cette forme-là de la première, dont
l’
office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opposition va nous aider
957
e-là de la première, dont l’office est évidemment
d’
expliquer. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer le réel com
958
. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer
le
réel comme tel, et non pas expliquer certaines manières de le réduire
959
omme tel, et non pas expliquer certaines manières
de
le réduire aux exigences d’un discours cohérent, voilà sans doute le
960
e tel, et non pas expliquer certaines manières de
le
réduire aux exigences d’un discours cohérent, voilà sans doute le rôl
961
er certaines manières de le réduire aux exigences
d’
un discours cohérent, voilà sans doute le rôle du langage parabolique.
962
xigences d’un discours cohérent, voilà sans doute
le
rôle du langage parabolique. De là vient son obscurité. Parler en par
963
voilà sans doute le rôle du langage parabolique.
De
là vient son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter d’exprimer
964
son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter
d’
exprimer un fait ou des idées, en tenant compte du tout qui les englob
965
n fait ou des idées, en tenant compte du tout qui
les
englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les définir autrement
966
les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin
de
les définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on
967
s englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de
les
définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend
968
trement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi
l’
on tend. Le langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les fa
969
en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend.
Le
langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les faits ou les
970
ngage cartésien ou scientifique cherche à réduire
les
faits ou les idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organis
971
en ou scientifique cherche à réduire les faits ou
les
idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organise tout nature
972
les faits ou les idées à quelques éléments isolés
de
mesure. Il s’organise tout naturellement en discours, en phrases liée
973
urellement en discours, en phrases liées par voie
de
conséquence. Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que d’une c
974
Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que
d’
une certaine orientation. C’est à partir du terme, encore une fois, qu
975
on. C’est à partir du terme, encore une fois, que
les
contradictions s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir d’élé
976
s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir
d’
éléments que j’aurais distingués dès le départ. Une parabole se compre
977
s à partir d’éléments que j’aurais distingués dès
le
départ. Une parabole se comprend par la fin. Comme l’expédition de Co
978
ngués dès le départ. Une parabole se comprend par
la
fin. Comme l’expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amériq
979
épart. Une parabole se comprend par la fin. Comme
l’
expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision.
980
rabole se comprend par la fin. Comme l’expédition
de
Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision. Et cette fin,
981
n de Colomb partant pour reconnaître une Amérique
de
vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes les
982
de vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous
les
hiatus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doive
983
fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes
les
obscurités, tous les paralogismes du langage doivent l’indiquer comme
984
los, tous les hiatus, toutes les obscurités, tous
les
paralogismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes…
985
curités, tous les paralogismes du langage doivent
l’
indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des argu
986
ismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà
d’
eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des arguments toujours fondés sur
987
nt faire des arguments toujours fondés sur ce qui
les
précède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est le contraire d’
988
urs fondés sur ce qui les précède. Voilà pourquoi
le
discours d’un prophète est le contraire d’un discours. L’événement se
989
ur ce qui les précède. Voilà pourquoi le discours
d’
un prophète est le contraire d’un discours. L’événement seul lui rendr
990
ède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est
le
contraire d’un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi
991
urquoi le discours d’un prophète est le contraire
d’
un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole
992
urs d’un prophète est le contraire d’un discours.
L’
événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole est une énigme
993
urs. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi
la
parabole est une énigme dont le sens est dans la vision. Le critique
994
sa raison. Ainsi la parabole est une énigme dont
le
sens est dans la vision. Le critique. Comment expliquez-vous le plai
995
la parabole est une énigme dont le sens est dans
la
vision. Le critique. Comment expliquez-vous le plaisir que je prends
996
est une énigme dont le sens est dans la vision.
Le
critique. Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à la lectur
997
s la vision. Le critique. Comment expliquez-vous
le
plaisir que je prends à la lecture de certaines paraboles dont le sen
998
Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à
la
lecture de certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe,
999
liquez-vous le plaisir que je prends à la lecture
de
certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe, je le supp
1000
e prends à la lecture de certaines paraboles dont
le
sens eschatologique m’échappe, je le suppose, absolument ? L’auteur.
1001
raboles dont le sens eschatologique m’échappe, je
le
suppose, absolument ? L’auteur. Je demandais un jour à une petite fi
1002
tologique m’échappe, je le suppose, absolument ?
L’
auteur. Je demandais un jour à une petite fille pourquoi Jésus parlait
1003
ples, sachant qu’ils ne comprendraient pas. Voici
la
réponse qu’elle me fit : Jésus racontait des histoires pour qu’ils s’
1004
ils s’en souviennent mieux plus tard. C’est comme
les
noix qui ont une coquille très dure. On peut les emporter sans qu’ell
1005
les noix qui ont une coquille très dure. On peut
les
emporter sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on les ouvre.
1006
r sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on
les
ouvre. Le critique. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a
1007
les se gâtent, et quand on a faim, on les ouvre.
Le
critique. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit de
1008
. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a
le
droit de parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des proph
1009
une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit
de
parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des prophètes ? L
1010
-vous ? Qui a le droit de parler en paraboles, et
d’
être obscur à la manière des prophètes ? L’auteur. Le droit ? Personn
1011
s, et d’être obscur à la manière des prophètes ?
L’
auteur. Le droit ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit de ce
1012
re obscur à la manière des prophètes ? L’auteur.
Le
droit ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si
1013
t ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit
de
ce genre, si l’on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais i
1014
en sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si
l’
on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez s
1015
n’a aucun droit de ce genre, si l’on nomme droit
la
garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on o
1016
e genre, si l’on nomme droit la garantie formelle
d’
un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie les grandes et
1017
elle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que
l’
on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de p
1018
age. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie
les
grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de parler seuleme
1019
on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a
de
se taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en tou
1020
andes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou
de
parler seulement selon le droit et la décence, en toute clarté. Il ar
1021
’il y a de se taire, ou de parler seulement selon
le
droit et la décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux,
1022
e taire, ou de parler seulement selon le droit et
la
décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux, je ne sais
1023
es ou esprits relâchés, s’abandonnent aux hasards
de
tricheries qui les flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toute
1024
chés, s’abandonnent aux hasards de tricheries qui
les
flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toutefois imaginer une a
1025
ie. On peut toutefois imaginer une autre attitude
de
l’être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C
1026
On peut toutefois imaginer une autre attitude de
l’
être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C’es
1027
e autre attitude de l’être, et qui soit telle que
la
question du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a
1028
e que la question du droit ne se pose plus. C’est
l’
attitude de l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru vo
1029
estion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude
de
l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui
1030
ion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de
l’
homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui vou
1031
cru voir, et qui voudrait retrouver sa vision et
la
faire pressentir à d’autres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’
1032
tres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’est
le
contraire d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit da
1033
Une vision ne se transmet pas, c’est le contraire
d’
une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit dans une certai
1034
le contraire d’une carte postale. Il s’agit donc
de
disposer l’esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et d
1035
e d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer
l’
esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et de phrases qu
1036
dans une certaine orientation au moyen de mots et
de
phrases qui puissent, comme par une ironie, être compris en soi et da
1037
tre compris en soi et dans leur lettre, mais dont
le
sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle de vision quelconque
1038
sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle
de
vision quelconque. Je dis que l’homme qui a vu quelque chose doit par
1039
çu sous un angle de vision quelconque. Je dis que
l’
homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophètes et co
1040
is que l’homme qui a vu quelque chose doit parler
la
langue des prophètes et composer des paraboles. Si ses prophéties son
1041
il n’en est pas moins un prophète. Mais alors on
le
jugera selon sa fin. Vous m’avouerez que dans ces conditions il faut
1042
vouerez que dans ces conditions il faut une sorte
de
naïveté très singulière pour endosser le risque d’être obscur. Passe
1043
ne sorte de naïveté très singulière pour endosser
le
risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait
1044
e naïveté très singulière pour endosser le risque
d’
être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin
1045
dosser le risque d’être obscur. Passe encore pour
l’
homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de
1046
e risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme
de
Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa visio
1047
Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu
la
fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est
1048
ncore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin
de
notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des vis
1049
e Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire :
l’
ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres
1050
qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur
de
sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’em
1051
la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision
le
sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’embrassent pas
1052
des visions moins illustres, qui n’embrassent pas
le
monde de haut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle de visio
1053
ut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle
de
visions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme le Petit Monde au
1054
re. Je parle de visions furtives qui sont à celle
de
l’apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, signes du Tout et de la
1055
Je parle de visions furtives qui sont à celle de
l’
apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, signes du Tout et de la Fi
1056
sions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme
le
Petit Monde au Grand Monde, signes du Tout et de la Fin, mais signes
1057
le Petit Monde au Grand Monde, signes du Tout et
de
la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et signific
1058
Petit Monde au Grand Monde, signes du Tout et de
la
Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et significati
1059
lles et significatives… Certes celui qui pourrait
les
fixer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à
1060
s celui qui pourrait les fixer retrouverait toute
l’
Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir d’une vertèbre isolée
1061
xer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier
la
préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec l
1062
’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir
d’
une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec le premier doute… Petites
1063
préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais
l’
oubli vient avec le premier doute… Petites visions des hommes de peu d
1064
avec le premier doute… Petites visions des hommes
de
peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession
1065
Petites visions des hommes de peu de foi, visions
de
la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissan
1066
ites visions des hommes de peu de foi, visions de
la
fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance
1067
sions des hommes de peu de foi, visions de la fin
de
nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance ; il n’
1068
foi, visions de la fin de nos courtes passions :
la
possession, la beauté, la puissance ; il n’en faut pourtant pas davan
1069
e la fin de nos courtes passions : la possession,
la
beauté, la puissance ; il n’en faut pourtant pas davantage pour nous
1070
nos courtes passions : la possession, la beauté,
la
puissance ; il n’en faut pourtant pas davantage pour nous réduire au
1071
ge pour nous réduire au parler prophétique. C’est
le
même risque, et ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de J
1072
rophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas
la
même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont
1073
le même risque, et ce n’est pas la même grandeur…
Les
« sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans
1074
ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles
de
Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mai
1075
as la même grandeur… Les « sentinelles de Juda »,
les
grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mais un prophèt
1076
iés dans leur délire, mais un prophète des choses
d’
ici-bas, un prophète sans mission divine, quelle défense osera-t-il pr
1077
et soi-même Stéphane est maniaque, comme tous
les
jeunes gens de sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’est pas p
1078
Stéphane est maniaque, comme tous les jeunes gens
de
sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’est pas porté sur les vo
1079
. Seulement chez lui, cela ne s’est pas porté sur
les
voitures. Il préfère s’intéresser aux divers types humains. On lui sa
1080
aux divers types humains. On lui sait peu de grés
de
sa curiosité. Cela ne serait rien, si elle-même ne le décevait. Sans
1081
a curiosité. Cela ne serait rien, si elle-même ne
le
décevait. Sans doute est-il trop impatient, demande-t-il aux êtres pl
1082
en, n’est-ce pas ? Il ne tombe d’accord ; accepte
d’
attendre comme un enfant sage que le monde lui donne, en son temps, sa
1083
ord ; accepte d’attendre comme un enfant sage que
le
monde lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’i
1084
, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait
la
mériter et tâcher de devenir quelqu’un. Il ne lui reste plus qu’à ren
1085
lui a expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher
de
devenir quelqu’un. Il ne lui reste plus qu’à rentrer en lui-même. « I
1086
soi, n’ayant plus où se prendre ». Ainsi parle un
de
nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore qu
1087
». Ainsi parle un de nos classiques. Repoussé par
le
monde parce qu’il n’est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savo
1088
savoir ce qu’il peut être. C’est une autre manie
de
sa génération. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de l
1089
Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas
de
livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se cacher derri
1090
ivre pour y pourchasser un moi qui feint toujours
de
se cacher derrière le feuillet suivant, entraîne le lecteur par ruse
1091
r un moi qui feint toujours de se cacher derrière
le
feuillet suivant, entraîne le lecteur par ruse jusqu’à la dernière pa
1092
se cacher derrière le feuillet suivant, entraîne
le
lecteur par ruse jusqu’à la dernière page, et là déclare froidement n
1093
roidement ne pas exister. Non : il a remarqué que
l’
époque peut être définie par l’abondance des autobiographies, mais aus
1094
il a remarqué que l’époque peut être définie par
l’
abondance des autobiographies, mais aussi bien par celle des miroirs.
1095
rs. C’est pourquoi il en installe un sur sa table
de
travail, de façon à pouvoir s’y surprendre à tout instant. Cet exerci
1096
hane passe des heures entières à se regarder dans
les
yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiments. I
1097
e regarder dans les yeux. Il varie sur son visage
les
jeux de lumière et de sentiments. Il découvre une sorte de rire au co
1098
r dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux
de
lumière et de sentiments. Il découvre une sorte de rire au coin de sa
1099
x. Il varie sur son visage les jeux de lumière et
de
sentiments. Il découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans l
1100
e lumière et de sentiments. Il découvre une sorte
de
rire au coin de sa bouche dans les moments de pire découragement ; et
1101
sentiments. Il découvre une sorte de rire au coin
de
sa bouche dans les moments de pire découragement ; et beaucoup d’autr
1102
ouvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans
les
moments de pire découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce gen
1103
rte de rire au coin de sa bouche dans les moments
de
pire découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce genre, qui l’i
1104
pire découragement ; et beaucoup d’autres hiatus
de
ce genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigu
1105
nt ; et beaucoup d’autres hiatus de ce genre, qui
l’
intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voir e
1106
sur lui-même, il se perd en méditations éléates.
Le
sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchem
1107
me, il se perd en méditations éléates. Le sommeil
l’
en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se p
1108
l se prend en pitié. Ces séances lui font du mal,
l’
énervent, mais l’aveu qu’il en consent l’attache plus secrètement à so
1109
ié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais
l’
aveu qu’il en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous
1110
du mal, l’énervent, mais l’aveu qu’il en consent
l’
attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons dans un décor fla
1111
on aventure. Nous vivons dans un décor flamboyant
de
glaces. À chaque pas, on offre à Stéphane sa tête, son portrait en pi
1112
ne sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans
l’
acte de se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par
1113
ête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte
de
se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par l’asce
1114
rait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser,
de
se baigner ; son image descend en face de lui par l’ascenseur, elle l
1115
se baigner ; son image descend en face de lui par
l’
ascenseur, elle le suit au loin des trottoirs, il l’aperçoit entre des
1116
mage descend en face de lui par l’ascenseur, elle
le
suit au loin des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des éti
1117
ascenseur, elle le suit au loin des trottoirs, il
l’
aperçoit entre des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle le pré
1118
des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle
le
précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos, le
1119
tes, des poupées ; elle le précède au restaurant,
le
nargue brièvement au passage des autos, le ridiculise chez le coiffeu
1120
urant, le nargue brièvement au passage des autos,
le
ridiculise chez le coiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu
1121
ièvement au passage des autos, le ridiculise chez
le
coiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu’il la recherche. I
1122
lise chez le coiffeur. Déjà, c’est avec une sorte
d’
angoisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les a
1123
feur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu’il
la
recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais dès q
1124
la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi
les
autres. Mais dès qu’il lui arrive par jeu de considérer son image com
1125
rmi les autres. Mais dès qu’il lui arrive par jeu
de
considérer son image comme celle d’un quelconque passant, il se sent
1126
rrive par jeu de considérer son image comme celle
d’
un quelconque passant, il se sent aussitôt séparé de soi-même, et si p
1127
un quelconque passant, il se sent aussitôt séparé
de
soi-même, et si profondément différent de son apparence, qu’il doute
1128
séparé de soi-même, et si profondément différent
de
son apparence, qu’il doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux
1129
fondément différent de son apparence, qu’il doute
de
sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une
1130
rent de son apparence, qu’il doute de sa réalité.
Le
mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une révélation et
1131
apparence, qu’il doute de sa réalité. Le mystère
de
voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une révélation et n’y trouve
1132
doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux
l’
épouvante. Il y cherche une révélation et n’y trouve que le désir d’un
1133
te. Il y cherche une révélation et n’y trouve que
le
désir d’une révélation. Peut-on s’hypnotiser par son propre regard ?
1134
cherche une révélation et n’y trouve que le désir
d’
une révélation. Peut-on s’hypnotiser par son propre regard ? Il n’y a
1135
te incantation à soi-même qui pourrait lui rendre
la
certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qu
1136
n à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude
d’
être. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en dim
1137
ude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective
de
reflets qui vont en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa n
1138
reflets qui vont en diminuant vertigineusement et
l’
égarent dans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal de supersti
1139
ans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal
de
superstitions. Enfin cette expérience folle le mène à une découverte
1140
al de superstitions. Enfin cette expérience folle
le
mène à une découverte sur les sept sens de laquelle il conviendra de
1141
tte expérience folle le mène à une découverte sur
les
sept sens de laquelle il conviendra de méditer : la personne se disso
1142
folle le mène à une découverte sur les sept sens
de
laquelle il conviendra de méditer : la personne se dissout dans l’eau
1143
verte sur les sept sens de laquelle il conviendra
de
méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane est
1144
sept sens de laquelle il conviendra de méditer :
la
personne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de
1145
nviendra de méditer : la personne se dissout dans
l’
eau des miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour avoir voulu s
1146
comprend que ce qu’on dépasse ? Qu’il faut sortir
de
soi pour se voir en entier ? Qu’il y faut enfin du courage, et non pa
1147
omplaisance, ce désir impatient et pourtant vague
d’
une consolation2 gratuite. Il y a dans l’homme moderne un besoin de vé
1148
nt vague d’une consolation2 gratuite. Il y a dans
l’
homme moderne un besoin de vérifier qui n’est plus légitime dès l’inst
1149
2 gratuite. Il y a dans l’homme moderne un besoin
de
vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant où il se traduit par l
1150
un besoin de vérifier qui n’est plus légitime dès
l’
instant où il se traduit par la négation de ce qui reste invérifiable.
1151
plus légitime dès l’instant où il se traduit par
la
négation de ce qui reste invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance
1152
me dès l’instant où il se traduit par la négation
de
ce qui reste invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance. Or la pers
1153
invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance. Or
la
personne est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Sem
1154
n’a pas eu confiance. Or la personne est un acte
de
foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, il ne sait p
1155
re ridicule, d’ailleurs vraie, se borne à décrire
l’
aspect psychologique d’une aventure cependant plus profonde. Il est bo
1156
vraie, se borne à décrire l’aspect psychologique
d’
une aventure cependant plus profonde. Il est bon que le lecteur troubl
1157
aventure cependant plus profonde. Il est bon que
le
lecteur troublé par la crainte de n’avoir pas saisi le sens véritable
1158
s profonde. Il est bon que le lecteur troublé par
la
crainte de n’avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve par
1159
Il est bon que le lecteur troublé par la crainte
de
n’avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de son
1160
cteur troublé par la crainte de n’avoir pas saisi
le
sens véritable d’un texte, trouve parfois de son incompréhension des
1161
la crainte de n’avoir pas saisi le sens véritable
d’
un texte, trouve parfois de son incompréhension des marques significat
1162
aisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois
de
son incompréhension des marques significatives. Si le rapport intime
1163
on incompréhension des marques significatives. Si
le
rapport intime qui unit la phrase suivante aux considérations précéde
1164
ues significatives. Si le rapport intime qui unit
la
phrase suivante aux considérations précédentes t’échappe, ô mon lecte
1165
es t’échappe, ô mon lecteur, veuille y voir l’une
de
ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière. Orphée perd Eu
1166
ne de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot
de
prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme faible, par esprit scien
1167
sprit scientifique, par doute méthodique, — manie
de
définir, défiance envers les dieux, avarice du cœur. À chaque regard
1168
e méthodique, — manie de définir, défiance envers
les
dieux, avarice du cœur. À chaque regard dans un miroir, nous perdons
1169
regard dans un miroir, nous perdons une Eurydice.
Les
miroirs sont peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’est pas
1170
perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être
la
mort. La mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort
1171
une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort.
La
mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort dans la t
1172
rt absolue, celle qui n’est pas une vie nouvelle.
La
mort dans la transparence glaciale de l’évidence, qui est celle du mo
1173
elle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort dans
la
transparence glaciale de l’évidence, qui est celle du moi séparé. Un
1174
e nouvelle. La mort dans la transparence glaciale
de
l’évidence, qui est celle du moi séparé. Un jour, Stéphane pense avec
1175
ouvelle. La mort dans la transparence glaciale de
l’
évidence, qui est celle du moi séparé. Un jour, Stéphane pense avec fi
1176
ane pense avec fièvre : « Il faudrait briser tous
les
miroirs. Alors on se verrait en vérité. Peut-être se reconnaîtrait-on
1177
er son visage, ne serait-ce pas devenir un centre
de
pur esprit ?… Ou plutôt — et bien mieux — une pure réponse ? » C’est
1178
ux — une pure réponse ? » C’est un premier filet
d’
eau vive qui perce le sol aride : mais Stéphane n’entend pas encore gr
1179
? » C’est un premier filet d’eau vive qui perce
le
sol aride : mais Stéphane n’entend pas encore gronder les eaux profon
1180
aride : mais Stéphane n’entend pas encore gronder
les
eaux profondes. Le désir de s’hypnotiser l’irrite, toujours vaguement
1181
e n’entend pas encore gronder les eaux profondes.
Le
désir de s’hypnotiser l’irrite, toujours vaguement. Mais il fuit son
1182
d pas encore gronder les eaux profondes. Le désir
de
s’hypnotiser l’irrite, toujours vaguement. Mais il fuit son propre re
1183
nder les eaux profondes. Le désir de s’hypnotiser
l’
irrite, toujours vaguement. Mais il fuit son propre regard, il se cher
1184
es. Un soir, après quelques alcools et un échange
de
pensées au même titre avec une amie d’une beauté de plus en plus frap
1185
un échange de pensées au même titre avec une amie
d’
une beauté de plus en plus frappante, il croit saisir dans un regard d
1186
en plus frappante, il croit saisir dans un regard
de
cette femme l’écho de ce qui serait lui. Et déjà il se perd dans ces
1187
te, il croit saisir dans un regard de cette femme
l’
écho de ce qui serait lui. Et déjà il se perd dans ces yeux, mais comm
1188
croit saisir dans un regard de cette femme l’écho
de
ce qui serait lui. Et déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on me
1189
omme on meurt dans une naissance. Stéphane naît à
l’
amour et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses l’ont envahi, bâ
1190
r et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses
l’
ont envahi, bâillonnent sa raison et l’empêchent de protester contre l
1191
s ivresses l’ont envahi, bâillonnent sa raison et
l’
empêchent de protester contre le miracle. Parmi tous ses mots fous, no
1192
’ont envahi, bâillonnent sa raison et l’empêchent
de
protester contre le miracle. Parmi tous ses mots fous, noms, baisers,
1193
nent sa raison et l’empêchent de protester contre
le
miracle. Parmi tous ses mots fous, noms, baisers, appels qui se donne
1194
ais tu es là ! » Un peu plus tard, ce fut un jour
de
grand soleil sur toutes les verreries de la capitale. Les fenêtres ba
1195
s tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes
les
verreries de la capitale. Les fenêtres battaient. Le soleil et « la m
1196
un jour de grand soleil sur toutes les verreries
de
la capitale. Les fenêtres battaient. Le soleil et « la mort » se conj
1197
jour de grand soleil sur toutes les verreries de
la
capitale. Les fenêtres battaient. Le soleil et « la mort » se conjura
1198
d soleil sur toutes les verreries de la capitale.
Les
fenêtres battaient. Le soleil et « la mort » se conjuraient pour abai
1199
verreries de la capitale. Les fenêtres battaient.
Le
soleil et « la mort » se conjuraient pour abaisser tous les regards.
1200
capitale. Les fenêtres battaient. Le soleil et «
la
mort » se conjuraient pour abaisser tous les regards. Stéphane rendu
1201
et « la mort » se conjuraient pour abaisser tous
les
regards. Stéphane rendu à la santé écrivait : « Ton visage me cache t
1202
pour abaisser tous les regards. Stéphane rendu à
la
santé écrivait : « Ton visage me cache tous les miroirs » — à une fem
1203
à la santé écrivait : « Ton visage me cache tous
les
miroirs » — à une femme qu’il aimait. 2. Consolari signifie propre
1204
L’
ombre perdue L’énigme En 1813, un personnage assez hagard abord
1205
L’ombre perdue
L’
énigme En 1813, un personnage assez hagard aborde l’imagination de
1206
gme En 1813, un personnage assez hagard aborde
l’
imagination de Chamisso, décline son nom, déclare avoir perdu son ombr
1207
, un personnage assez hagard aborde l’imagination
de
Chamisso, décline son nom, déclare avoir perdu son ombre. Le second r
1208
feste une anxiété plus sérieusement troublante. «
L’
homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures d
1209
L’homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans
les
régions obscures de la légende populaire. S’il se risque à paraître d
1210
rôdait depuis longtemps dans les régions obscures
de
la légende populaire. S’il se risque à paraître devant Chamisso, c’es
1211
ait depuis longtemps dans les régions obscures de
la
légende populaire. S’il se risque à paraître devant Chamisso, c’est p
1212
aître devant Chamisso, c’est peut-être poussé par
l’
envie d’être enfin reconnu, expliqué. Car Chamisso est Français de nai
1213
vant Chamisso, c’est peut-être poussé par l’envie
d’
être enfin reconnu, expliqué. Car Chamisso est Français de naissance.
1214
nfin reconnu, expliqué. Car Chamisso est Français
de
naissance. Une excentricité du sort a fait de lui un poète allemand.
1215
ais de naissance. Une excentricité du sort a fait
de
lui un poète allemand. Les autres ont toujours cru à cette fable, mai
1216
ntricité du sort a fait de lui un poète allemand.
Les
autres ont toujours cru à cette fable, mais, dirait-on, sans le savoi
1217
toujours cru à cette fable, mais, dirait-on, sans
le
savoir. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sa
1218
le savoir. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est
le
calcul de l’homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au
1219
. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul
de
l’homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil :
1220
hamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de
l’
homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’e
1221
e souvent qu’un étranger s’initiant aux croyances
d’
un peuple, soit le premier saisi par ce frisson d’absurdité que l’on b
1222
d’un peuple, soit le premier saisi par ce frisson
d’
absurdité que l’on baptise inspiration lorsqu’il excite ou crée chez c
1223
t le premier saisi par ce frisson d’absurdité que
l’
on baptise inspiration lorsqu’il excite ou crée chez celui qui l’éprou
1224
spiration lorsqu’il excite ou crée chez celui qui
l’
éprouve, le désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que
1225
orsqu’il excite ou crée chez celui qui l’éprouve,
le
désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso in
1226
excite ou crée chez celui qui l’éprouve, le désir
de
s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit
1227
celui qui l’éprouve, le désir de s’en délivrer en
l’
exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience
1228
ant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans
la
conscience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous le
1229
e Chamisso introduisit dans la conscience moderne
le
mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques e
1230
o introduisit dans la conscience moderne le mythe
de
l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs d
1231
ntroduisit dans la conscience moderne le mythe de
l’
homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du c
1232
e le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous
les
traits pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso à
1233
pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl.
De
Chamisso à Hofmannsthal, plusieurs ont repris cette histoire. Le dern
1234
êle une assez opaque science, sans détriment pour
le
mystère qui reste entier. Cependant, à voir tant d’auteurs s’exercer
1235
mystère qui reste entier. Cependant, à voir tant
d’
auteurs s’exercer l’imagination sur un sujet qui défie l’expérience, l
1236
ntier. Cependant, à voir tant d’auteurs s’exercer
l’
imagination sur un sujet qui défie l’expérience, l’on s’étonne qu’aucu
1237
rs s’exercer l’imagination sur un sujet qui défie
l’
expérience, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justif
1238
’imagination sur un sujet qui défie l’expérience,
l’
on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justifier. L’on s’ét
1239
qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justifier.
L’
on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formuler le symbole enfe
1240
ier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé
de
formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur d’artiste
1241
étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formuler
le
symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur t
1242
n’ait essayé de formuler le symbole enfermé dans
le
mythe. Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur tout court ? Ou faut-il c
1243
e symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur
d’
artistes ? Pudeur tout court ? Ou faut-il croire qu’ils ont écrit leur
1244
u’ils ont écrit leurs contes sans jamais se poser
de
questions sur le sens d’un tel accident, dont à vrai dire les suites
1245
eurs contes sans jamais se poser de questions sur
le
sens d’un tel accident, dont à vrai dire les suites sont assez pittor
1246
tes sans jamais se poser de questions sur le sens
d’
un tel accident, dont à vrai dire les suites sont assez pittoresques p
1247
s sur le sens d’un tel accident, dont à vrai dire
les
suites sont assez pittoresques pour qu’un « poète » (au sens banal) p
1248
u’un « poète » (au sens banal) préfère en ignorer
la
cause ? L’on s’étonne enfin de ce lien entre le domaine germanique et
1249
e » (au sens banal) préfère en ignorer la cause ?
L’
on s’étonne enfin de ce lien entre le domaine germanique et l’expressi
1250
préfère en ignorer la cause ? L’on s’étonne enfin
de
ce lien entre le domaine germanique et l’expression littéraire du myt
1251
r la cause ? L’on s’étonne enfin de ce lien entre
le
domaine germanique et l’expression littéraire du mythe : Chamisso, An
1252
e enfin de ce lien entre le domaine germanique et
l’
expression littéraire du mythe : Chamisso, Andersen, Hofmannsthal, et
1253
, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont
le
moindre n’est pas Hoffmann… L’énigme commença de m’inquiéter lors d’u
1254
s imitateurs, dont le moindre n’est pas Hoffmann…
L’
énigme commença de m’inquiéter lors d’un séjour allemand, au cours duq
1255
le moindre n’est pas Hoffmann… L’énigme commença
de
m’inquiéter lors d’un séjour allemand, au cours duquel j’observai mai
1256
s Hoffmann… L’énigme commença de m’inquiéter lors
d’
un séjour allemand, au cours duquel j’observai maintes fois la popular
1257
allemand, au cours duquel j’observai maintes fois
la
popularité du bonhomme Schlemihl. Je fus à l’Opéra. On y donnait du S
1258
ois la popularité du bonhomme Schlemihl. Je fus à
l’
Opéra. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’Hofm
1259
a. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas
le
livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans omb
1260
nnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret
d’
Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans ombre. Je voy
1261
sais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris mal
l’
intrigue de la Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la sc
1262
livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue
de
la Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la scène en hurl
1263
vret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de
la
Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la scène en hurlant
1264
Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir
la
scène en hurlant. Elle tirait après soi un grand morceau d’étoffe qui
1265
n hurlant. Elle tirait après soi un grand morceau
d’
étoffe qui figurait son ombre, et qui l’embarrassait. Aux entractes, o
1266
d morceau d’étoffe qui figurait son ombre, et qui
l’
embarrassait. Aux entractes, on parlait de Freud. La musique m’ennuyai
1267
et qui l’embarrassait. Aux entractes, on parlait
de
Freud. La musique m’ennuyait, indéfinie. (Plus tard, j’ai lu le livre
1268
embarrassait. Aux entractes, on parlait de Freud.
La
musique m’ennuyait, indéfinie. (Plus tard, j’ai lu le livre, qui me p
1269
usique m’ennuyait, indéfinie. (Plus tard, j’ai lu
le
livre, qui me parut splendide.) Qu’est-ce qu’une ombre ? me demandais
1270
-ce qu’une ombre ? me demandais-je. Quelque chose
d’
assez méprisable. Les Latins la ridiculisent ! C’est pour eux l’irréal
1271
e demandais-je. Quelque chose d’assez méprisable.
Les
Latins la ridiculisent ! C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est
1272
-je. Quelque chose d’assez méprisable. Les Latins
la
ridiculisent ! C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que
1273
able. Les Latins la ridiculisent ! C’est pour eux
l’
irréalité même. (« Il n’est plus que l’ombre de lui-même… Ce n’est rie
1274
t pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que
l’
ombre de lui-même… Ce n’est rien, dit-on, c’est une ombre… ») Mais je
1275
ux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’ombre
de
lui-même… Ce n’est rien, dit-on, c’est une ombre… ») Mais je vois bie
1276
is je vois bien qu’ils exagèrent : si nous étions
de
purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuv
1277
étions de purs esprits, nous ne projetterions pas
d’
ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la chair humiliante pour ce
1278
purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre.
L’
ombre est la preuve humiliante de la chair humiliante pour ceux, du mo
1279
s, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est
la
preuve humiliante de la chair humiliante pour ceux, du moins, qui, pl
1280
ons pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante
de
la chair humiliante pour ceux, du moins, qui, plaçant la Raison dans
1281
pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de
la
chair humiliante pour ceux, du moins, qui, plaçant la Raison dans le
1282
hair humiliante pour ceux, du moins, qui, plaçant
la
Raison dans le monde des dieux, voudraient bien être pris pour des ge
1283
pour ceux, du moins, qui, plaçant la Raison dans
le
monde des dieux, voudraient bien être pris pour des gens raisonnables
1284
nables. Voilà pourquoi, pensais-je, ils méprisent
l’
ombre et la sous-estiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une
1285
là pourquoi, pensais-je, ils méprisent l’ombre et
la
sous-estiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une, et s’ente
1286
u plaisir que dispense un corps. Ils prisent fort
la
transparence, mais tolèrent très bien cette chair, oui, même ceux-là
1287
ux-là qui déplorent qu’elle se fasse, aux regards
de
la convoitise, « opaque ». Que pouvais-je tirer de tout cela ? Rien q
1288
là qui déplorent qu’elle se fasse, aux regards de
la
convoitise, « opaque ». Que pouvais-je tirer de tout cela ? Rien qu’u
1289
e la convoitise, « opaque ». Que pouvais-je tirer
de
tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ombre est le fait,
1290
e tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre :
l’
ombre est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’es
1291
? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ombre est
le
fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, n’
1292
ence assez pauvre : l’ombre est le fait, en nous,
de
notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, n’en déplaise aux sp
1293
, et cet « infortuné Schlemihl » n’était pas mort
d’
avoir perdu son ombre… Il était même si vivant et sa présence si gênan
1294
i vivant et sa présence si gênante, que je tentai
de
le contraindre, malgré l’auteur, aux suprêmes aveux. Il y avait la ps
1295
ivant et sa présence si gênante, que je tentai de
le
contraindre, malgré l’auteur, aux suprêmes aveux. Il y avait la psych
1296
gênante, que je tentai de le contraindre, malgré
l’
auteur, aux suprêmes aveux. Il y avait la psychanalyse. Mais avant d’e
1297
, malgré l’auteur, aux suprêmes aveux. Il y avait
la
psychanalyse. Mais avant d’en venir à cette extrémité, on pouvait ess
1298
mes aveux. Il y avait la psychanalyse. Mais avant
d’
en venir à cette extrémité, on pouvait essayer d’un pédantisme moins b
1299
d’en venir à cette extrémité, on pouvait essayer
d’
un pédantisme moins barbare. Je rédigeai la note que voici, en m’appli
1300
ssayer d’un pédantisme moins barbare. Je rédigeai
la
note que voici, en m’appliquant à écarter les conseils de pitié que m
1301
geai la note que voici, en m’appliquant à écarter
les
conseils de pitié que me dictait mon cœur. Psychologie de Peter Sc
1302
que voici, en m’appliquant à écarter les conseils
de
pitié que me dictait mon cœur. Psychologie de Peter Schlemihl P
1303
de pitié que me dictait mon cœur. Psychologie
de
Peter Schlemihl Peter est un naïf : il croit à la fortune. Il croi
1304
Peter Schlemihl Peter est un naïf : il croit à
la
fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’homme une dignité.
1305
fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à
l’
homme une dignité. C’est un bourgeois, de la plus dangereuse espèce :
1306
assure à l’homme une dignité. C’est un bourgeois,
de
la plus dangereuse espèce : le bourgeois pauvre qui envie les bourgeo
1307
ure à l’homme une dignité. C’est un bourgeois, de
la
plus dangereuse espèce : le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois
1308
’est un bourgeois, de la plus dangereuse espèce :
le
bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient le sentim
1309
dangereuse espèce : le bourgeois pauvre qui envie
les
bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur. L
1310
bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches.
D’
où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur. Le diable sait cela :
1311
pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient
le
sentiment qu’il a d’être inférieur. Le diable sait cela : c’est par l
1312
bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il a
d’
être inférieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il le tient. Pet
1313
D’où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur.
Le
diable sait cela : c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son o
1314
férieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il
le
tient. Peter lui donne son ombre contre une bourse magique, d’où il p
1315
er lui donne son ombre contre une bourse magique,
d’
où il pourra tirer un or inépuisable. Désormais riche, mais privé d’om
1316
er un or inépuisable. Désormais riche, mais privé
d’
ombre, il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de
1317
Désormais riche, mais privé d’ombre, il se croit
le
maître du monde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici
1318
t le maître du monde. Point du tout : on se moque
de
lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe d’infér
1319
onde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé,
le
voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe d’infériorité à peine d
1320
lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissible.
Le
complexe d’infériorité à peine défait par la fortune subite, se renou
1321
le voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe
d’
infériorité à peine défait par la fortune subite, se renoue, cette foi
1322
ble. Le complexe d’infériorité à peine défait par
la
fortune subite, se renoue, cette fois-ci sans remède. Il ne tarde pas
1323
sans remède. Il ne tarde pas à tourner au délire
de
persécution. Tout effraye Peter et le moleste en mille manières. Les
1324
r au délire de persécution. Tout effraye Peter et
le
moleste en mille manières. Les jeux des enfants dans la rue, les vale
1325
ut effraye Peter et le moleste en mille manières.
Les
jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes q
1326
este en mille manières. Les jeux des enfants dans
la
rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout l
1327
mille manières. Les jeux des enfants dans la rue,
les
valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière
1328
Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui
le
servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et m
1329
s enfants dans la rue, les valets qui le servent,
les
femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et même la clarté
1330
i le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout
la
lumière du jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitu
1331
il rencontre, surtout la lumière du jour, et même
la
clarté de la lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexio
1332
re, surtout la lumière du jour, et même la clarté
de
la lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexions désespé
1333
surtout la lumière du jour, et même la clarté de
la
lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexions désespérée
1334
jour, et même la clarté de la lune. Il recherche
la
solitude pour y mener des réflexions désespérées. Souvent il éclate e
1335
ions désespérées. Souvent il éclate en sanglots à
l’
idée du plus simple bonheur, de ce bonheur dont tous les autres semble
1336
late en sanglots à l’idée du plus simple bonheur,
de
ce bonheur dont tous les autres semblent détenir le secret, jalouseme
1337
e du plus simple bonheur, de ce bonheur dont tous
les
autres semblent détenir le secret, jalousement, méchamment, contre lu
1338
ce bonheur dont tous les autres semblent détenir
le
secret, jalousement, méchamment, contre lui. Je dis bien le secret, c
1339
jalousement, méchamment, contre lui. Je dis bien
le
secret, car c’en est un pour eux, comme toutes les choses trop nature
1340
le secret, car c’en est un pour eux, comme toutes
les
choses trop naturelles que l’on possède. Peter, lui, le connaît, mais
1341
eux, comme toutes les choses trop naturelles que
l’
on possède. Peter, lui, le connaît, mais parce qu’il l’a vendu. (Ne co
1342
ses trop naturelles que l’on possède. Peter, lui,
le
connaît, mais parce qu’il l’a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient
1343
possède. Peter, lui, le connaît, mais parce qu’il
l’
a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que
1344
on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que
l’
on connaît, comme Adam et Ève l’innocence ?) Schlemihl est donc le typ
1345
Et perd-on ce que l’on connaît, comme Adam et Ève
l’
innocence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’homme qui perd
1346
mme Adam et Ève l’innocence ?) Schlemihl est donc
le
type classique de l’homme qui perd le contact social. L’or même ne su
1347
innocence ?) Schlemihl est donc le type classique
de
l’homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétabli
1348
ocence ?) Schlemihl est donc le type classique de
l’
homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir t
1349
hl est donc le type classique de l’homme qui perd
le
contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts.
1350
classique de l’homme qui perd le contact social.
L’
or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les é
1351
t social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous
les
contacts. Ou plutôt il les établit en apparence, mais, dirait-on, san
1352
it pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il
les
établit en apparence, mais, dirait-on, sans réciprocité. La moindre é
1353
en apparence, mais, dirait-on, sans réciprocité.
La
moindre épreuve trahit cette fêlure : on aime Schlemihl pour tout ce
1354
pour tout ce qu’il a, qui n’est pas lui. Ce sont
les
femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le rapport social le
1355
st pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui
le
devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que ce
1356
s femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est
le
rapport social le plus réel ? Admettons que ce soit le mariage, surto
1357
endu, qui le devinent. Quel est le rapport social
le
plus réel ? Admettons que ce soit le mariage, surtout pour ce philist
1358
pport social le plus réel ? Admettons que ce soit
le
mariage, surtout pour ce philistin-là. Toutes les ruses de Peter écho
1359
le mariage, surtout pour ce philistin-là. Toutes
les
ruses de Peter échouent devant cet obstacle dernier. Il a beau n’alle
1360
e, surtout pour ce philistin-là. Toutes les ruses
de
Peter échouent devant cet obstacle dernier. Il a beau n’aller que de
1361
evant cet obstacle dernier. Il a beau n’aller que
de
nuit aux rendez-vous avec la belle Mina. Le jour venu de signer le co
1362
l a beau n’aller que de nuit aux rendez-vous avec
la
belle Mina. Le jour venu de signer le contrat, lorsque son imposture
1363
r que de nuit aux rendez-vous avec la belle Mina.
Le
jour venu de signer le contrat, lorsque son imposture éclate au grand
1364
z-vous avec la belle Mina. Le jour venu de signer
le
contrat, lorsque son imposture éclate au grand soleil, Mina s’écrie :
1365
Mina s’écrie : « Oh ! mon pressentiment ! Oui, je
le
savais depuis longtemps, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un t
1366
! Oui, je le savais depuis longtemps, il n’a pas
d’
ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus
1367
a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ?
Le
suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde serai
1368
ensée. Sa vision du monde serait exactement celle
d’
un philistin sympathique, d’un philistin sans exigences, et qui veut c
1369
rait exactement celle d’un philistin sympathique,
d’
un philistin sans exigences, et qui veut croire à la vertu, s’il n’y a
1370
un philistin sans exigences, et qui veut croire à
la
vertu, s’il n’y avait, au centre de lui-même, cette absence. En tout
1371
veut croire à la vertu, s’il n’y avait, au centre
de
lui-même, cette absence. En tout pareil aux autres, sauf en ce je ne
1372
f en ce je ne sais quoi qui n’est rien et qui est
l’
essentiel, notre philistin méconnu se voit chassé de la communauté des
1373
essentiel, notre philistin méconnu se voit chassé
de
la communauté des siens. Et par sa faute ! C’est là son amertume. Ici
1374
entiel, notre philistin méconnu se voit chassé de
la
communauté des siens. Et par sa faute ! C’est là son amertume. Ici in
1375
sa faute ! C’est là son amertume. Ici intervient
l’
évasion. Il achète — par esprit d’économie — une paire de bottes usagé
1376
Ici intervient l’évasion. Il achète — par esprit
d’
économie — une paire de bottes usagées. Mais voilà bien sa chance, ce
1377
on. Il achète — par esprit d’économie — une paire
de
bottes usagées. Mais voilà bien sa chance, ce sont des bottes de sept
1378
es. Mais voilà bien sa chance, ce sont des bottes
de
sept lieues ! Désormais il échappe à la vie, au voisinage et au dialo
1379
es bottes de sept lieues ! Désormais il échappe à
la
vie, au voisinage et au dialogue. Son existence réelle se confond ave
1380
alogue. Son existence réelle se confond avec tous
les
vagabondages qu’il imagine. Il peut même retrouver une espèce d’activ
1381
qu’il imagine. Il peut même retrouver une espèce
d’
activité, purement descriptive il est vrai, solitaire, presque mécaniq
1382
presque mécanique : il dresse un vaste catalogue
de
toutes les plantes de la terre. C’est à cela qu’il s’occupe, en Théba
1383
écanique : il dresse un vaste catalogue de toutes
les
plantes de la terre. C’est à cela qu’il s’occupe, en Thébaïde, lorsqu
1384
l dresse un vaste catalogue de toutes les plantes
de
la terre. C’est à cela qu’il s’occupe, en Thébaïde, lorsque l’auteur
1385
resse un vaste catalogue de toutes les plantes de
la
terre. C’est à cela qu’il s’occupe, en Thébaïde, lorsque l’auteur et
1386
C’est à cela qu’il s’occupe, en Thébaïde, lorsque
l’
auteur et le lecteur perdent sa trace. Complexe d’infériorité, délire
1387
qu’il s’occupe, en Thébaïde, lorsque l’auteur et
le
lecteur perdent sa trace. Complexe d’infériorité, délire de persécuti
1388
l’auteur et le lecteur perdent sa trace. Complexe
d’
infériorité, délire de persécution, perte du contact social, sentiment
1389
perdent sa trace. Complexe d’infériorité, délire
de
persécution, perte du contact social, sentiment de culpabilité, besoi
1390
e persécution, perte du contact social, sentiment
de
culpabilité, besoin d’évasion, activité maniaque (ou universitaire ér
1391
contact social, sentiment de culpabilité, besoin
d’
évasion, activité maniaque (ou universitaire érudite.) Nul doute n’est
1392
en. Il savait peut-être autre chose. Tentative
d’
interprétation Je reproche pour ma part à la psychanalyse de flatte
1393
ve d’interprétation Je reproche pour ma part à
la
psychanalyse de flatter notre propension à localiser les symboles. Ca
1394
ion Je reproche pour ma part à la psychanalyse
de
flatter notre propension à localiser les symboles. Car, pour la vie s
1395
chanalyse de flatter notre propension à localiser
les
symboles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés
1396
re propension à localiser les symboles. Car, pour
la
vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés ; l’on peut toujours p
1397
boles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas
de
lieux séparés ; l’on peut toujours passer de l’un à l’autre par quelq
1398
vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés ;
l’
on peut toujours passer de l’un à l’autre par quelque ruse de la métam
1399
pas de lieux séparés ; l’on peut toujours passer
de
l’un à l’autre par quelque ruse de la métamorphose, qui est l’acte mê
1400
oujours passer de l’un à l’autre par quelque ruse
de
la métamorphose, qui est l’acte même de la vie. Et pourquoi dire, dès
1401
ours passer de l’un à l’autre par quelque ruse de
la
métamorphose, qui est l’acte même de la vie. Et pourquoi dire, dès lo
1402
utre par quelque ruse de la métamorphose, qui est
l’
acte même de la vie. Et pourquoi dire, dès lors : ceci est cause de ce
1403
lque ruse de la métamorphose, qui est l’acte même
de
la vie. Et pourquoi dire, dès lors : ceci est cause de cela ? Quand l
1404
e ruse de la métamorphose, qui est l’acte même de
la
vie. Et pourquoi dire, dès lors : ceci est cause de cela ? Quand l’in
1405
vie. Et pourquoi dire, dès lors : ceci est cause
de
cela ? Quand l’inverse est au moins aussi probable ? Et quand rien ne
1406
i dire, dès lors : ceci est cause de cela ? Quand
l’
inverse est au moins aussi probable ? Et quand rien ne dépend à coup s
1407
rien ne dépend à coup sûr que du tout ? Ceci dit,
la
psychanalyse peut nous donner des descriptions utiles. Je retiens don
1408
s donner des descriptions utiles. Je retiens donc
de
Freud cette constatation : « Celui qui, dans un domaine quelconque, e
1409
exuelle.3 » Nous venons de voir que Schlemihl est
le
type même de l’inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au so
1410
ous venons de voir que Schlemihl est le type même
de
l’inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qu
1411
venons de voir que Schlemihl est le type même de
l’
inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui n
1412
ver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans
la
compagnie de ses semblables que par un subterfuge toujours menacé. D’
1413
au soleil », et qui ne subsiste dans la compagnie
de
ses semblables que par un subterfuge toujours menacé. D’une incompati
1414
semblables que par un subterfuge toujours menacé.
D’
une incompatibilité sociale aussi parfaite, nous pourrions déduire, se
1415
rration maximum. Pour confirmer notre soupçon sur
la
nature de cette aberration, il conviendrait de rappeler ceci : Peter
1416
ximum. Pour confirmer notre soupçon sur la nature
de
cette aberration, il conviendrait de rappeler ceci : Peter parvient à
1417
ur la nature de cette aberration, il conviendrait
de
rappeler ceci : Peter parvient à la cacher à tous sauf aux deux femme
1418
conviendrait de rappeler ceci : Peter parvient à
la
cacher à tous sauf aux deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais n’all
1419
it épouser. Mais n’allons pas conclure trop vite.
Les
états d’âme d’un malade ou d’un fou diffèrent-ils essentiellement des
1420
. Mais n’allons pas conclure trop vite. Les états
d’
âme d’un malade ou d’un fou diffèrent-ils essentiellement des états d’
1421
n’allons pas conclure trop vite. Les états d’âme
d’
un malade ou d’un fou diffèrent-ils essentiellement des états d’âme d’
1422
onclure trop vite. Les états d’âme d’un malade ou
d’
un fou diffèrent-ils essentiellement des états d’âme d’un homme sain ?
1423
d’un fou diffèrent-ils essentiellement des états
d’
âme d’un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations d’ét
1424
fou diffèrent-ils essentiellement des états d’âme
d’
un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations d’état qui
1425
ts d’âme d’un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt
de
simples fixations d’état qui, normalement, ne tarderaient pas à se mu
1426
ain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations
d’
état qui, normalement, ne tarderaient pas à se muer en leur contraire
1427
s à se muer en leur contraire ? Plus précisément,
l’
état de Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celui d’un esprit ou
1428
muer en leur contraire ? Plus précisément, l’état
de
Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celui d’un esprit ou d’un c
1429
e Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celui
d’
un esprit ou d’un corps sains après l’amour ? Durant quelques moments,
1430
hl n’est-il pas comparable à celui d’un esprit ou
d’
un corps sains après l’amour ? Durant quelques moments, l’homme éprouv
1431
ble à celui d’un esprit ou d’un corps sains après
l’
amour ? Durant quelques moments, l’homme éprouve une sensation de vide
1432
ps sains après l’amour ? Durant quelques moments,
l’
homme éprouve une sensation de vide, de légèreté et en même temps de l
1433
t quelques moments, l’homme éprouve une sensation
de
vide, de légèreté et en même temps de lourdeur, comme s’il était un p
1434
s moments, l’homme éprouve une sensation de vide,
de
légèreté et en même temps de lourdeur, comme s’il était un peu en arr
1435
e sensation de vide, de légèreté et en même temps
de
lourdeur, comme s’il était un peu en arrière des choses, lent à démêl
1436
tait un peu en arrière des choses, lent à démêler
le
monde où il revient, et qui l’accable de présences bizarres, parfois
1437
es, lent à démêler le monde où il revient, et qui
l’
accable de présences bizarres, parfois douces mais parfois hostiles. (
1438
démêler le monde où il revient, et qui l’accable
de
présences bizarres, parfois douces mais parfois hostiles. (Et cela pe
1439
. (Et cela peut-être comme une première influence
de
ce qu’on nommera chez un malade, folie de la persécution.) Il arrive
1440
fluence de ce qu’on nommera chez un malade, folie
de
la persécution.) Il arrive aussi que cet homme se sente trop lucide,
1441
ence de ce qu’on nommera chez un malade, folie de
la
persécution.) Il arrive aussi que cet homme se sente trop lucide, per
1442
ucide, perçant toutes choses à jour, et lui-même,
d’
où l’impression d’être mal défendu contre les regards qu’il rencontre
1443
, perçant toutes choses à jour, et lui-même, d’où
l’
impression d’être mal défendu contre les regards qu’il rencontre ; tra
1444
tes choses à jour, et lui-même, d’où l’impression
d’
être mal défendu contre les regards qu’il rencontre ; transparent, dir
1445
même, d’où l’impression d’être mal défendu contre
les
regards qu’il rencontre ; transparent, dirait-on, sans ombre ! Voilà
1446
Méridionaux, pourrions-nous ajouter, avec toutes
les
réserves qu’on voudra4, mais en nous souvenant de la question que nou
1447
es réserves qu’on voudra4, mais en nous souvenant
de
la question que nous posait l’origine germanique du mythe. Dès le dé
1448
réserves qu’on voudra4, mais en nous souvenant de
la
question que nous posait l’origine germanique du mythe. Dès le début
1449
en nous souvenant de la question que nous posait
l’
origine germanique du mythe. Dès le début, j’avais pressenti qu’une f
1450
e nous posait l’origine germanique du mythe. Dès
le
début, j’avais pressenti qu’une fable à ce point célèbre chez un peup
1451
rimer qu’un fait humain élémentaire. J’étais déçu
de
le voir se réduire à quelque chose d’aussi précis, et que mille préju
1452
er qu’un fait humain élémentaire. J’étais déçu de
le
voir se réduire à quelque chose d’aussi précis, et que mille préjugés
1453
’étais déçu de le voir se réduire à quelque chose
d’
aussi précis, et que mille préjugés, français surtout, concourent à ri
1454
is surtout, concourent à ridiculiser. Un fragment
de
Paracelse lu par hasard à cette époque, vint heureusement me donner l
1455
asard à cette époque, vint heureusement me donner
la
clé d’une interprétation autrement riche et inquiétante. Je le tradui
1456
cette époque, vint heureusement me donner la clé
d’
une interprétation autrement riche et inquiétante. Je le traduis litté
1457
interprétation autrement riche et inquiétante. Je
le
traduis littéralement : « On ne peut comparer la Liquor Vitae dans l’
1458
le traduis littéralement : « On ne peut comparer
la
Liquor Vitae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi,
1459
ment : « On ne peut comparer la Liquor Vitae dans
l’
homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vien
1460
tae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre sur
la
paroi, laquelle (ombre) vient de l’homme et se forme d’après lui : te
1461
une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de
l’
homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est mic
1462
l’homme et se forme d’après lui : telle est aussi
la
Liquor, qui est microcosme, elle est l’ombre intérieure. » Une étude
1463
est aussi la Liquor, qui est microcosme, elle est
l’
ombre intérieure. » Une étude plus poussée de Paracelse devait bientôt
1464
est l’ombre intérieure. » Une étude plus poussée
de
Paracelse devait bientôt m’apprendre, avec bien d’autres choses curie
1465
bien d’autres choses curieuses et profondes, que
la
portée de ce passage était en vérité beaucoup plus vaste que tout ce
1466
tres choses curieuses et profondes, que la portée
de
ce passage était en vérité beaucoup plus vaste que tout ce que permet
1467
té beaucoup plus vaste que tout ce que permettait
d’
imaginer l’obtus physiologisme de ce siècle. La Liquor Vitae, selon Pa
1468
plus vaste que tout ce que permettait d’imaginer
l’
obtus physiologisme de ce siècle. La Liquor Vitae, selon Paracelse, c’
1469
e que permettait d’imaginer l’obtus physiologisme
de
ce siècle. La Liquor Vitae, selon Paracelse, c’est en effet le princi
1470
it d’imaginer l’obtus physiologisme de ce siècle.
La
Liquor Vitae, selon Paracelse, c’est en effet le principe d’activité
1471
La Liquor Vitae, selon Paracelse, c’est en effet
le
principe d’activité vitale répandu dans tous nos organes. Elle figure
1472
itae, selon Paracelse, c’est en effet le principe
d’
activité vitale répandu dans tous nos organes. Elle figure « le miroir
1473
tale répandu dans tous nos organes. Elle figure «
le
miroir auquel la nature se regarde en nous ». Elle est ainsi l’agent
1474
tous nos organes. Elle figure « le miroir auquel
la
nature se regarde en nous ». Elle est ainsi l’agent microcosmique, la
1475
el la nature se regarde en nous ». Elle est ainsi
l’
agent microcosmique, la puissance même de créativité dans tous les ord
1476
en nous ». Elle est ainsi l’agent microcosmique,
la
puissance même de créativité dans tous les ordres. Elle est « ce qu’i
1477
st ainsi l’agent microcosmique, la puissance même
de
créativité dans tous les ordres. Elle est « ce qu’il y a de plus nobl
1478
smique, la puissance même de créativité dans tous
les
ordres. Elle est « ce qu’il y a de plus noble dans le corps tout enti
1479
rdres. Elle est « ce qu’il y a de plus noble dans
le
corps tout entier et dans l’homme ». Je la rapproche alors de ce Selb
1480
a de plus noble dans le corps tout entier et dans
l’
homme ». Je la rapproche alors de ce Selbst ou Soi-même dont parle Cha
1481
e dans le corps tout entier et dans l’homme ». Je
la
rapproche alors de ce Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso à la fin
1482
t entier et dans l’homme ». Je la rapproche alors
de
ce Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso à la fin de son conte. Voil
1483
rs de ce Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso à
la
fin de son conte. Voilà qui peut enfin situer le vrai problème5. La c
1484
e Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso à la fin
de
son conte. Voilà qui peut enfin situer le vrai problème5. La créativi
1485
la fin de son conte. Voilà qui peut enfin situer
le
vrai problème5. La créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui es
1486
e. Voilà qui peut enfin situer le vrai problème5.
La
créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui est vraiment grave da
1487
out ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et
la
fameuse question sexuelle ne tire son importance démesurée que du seu
1488
ue du pouvoir créateur en général. Comme on peut
le
voir par l’examen de la pudeur, ne serait-ce point pour la raison qu’
1489
r créateur en général. Comme on peut le voir par
l’
examen de la pudeur, ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup
1490
r en général. Comme on peut le voir par l’examen
de
la pudeur, ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’hommes
1491
n général. Comme on peut le voir par l’examen de
la
pudeur, ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’hommes la
1492
ar l’examen de la pudeur, ne serait-ce point pour
la
raison qu’en beaucoup d’hommes la créativité paraît avoir son siège d
1493
ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup
d’
hommes la créativité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la
1494
t-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’hommes
la
créativité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la pudeur s’
1495
’hommes la créativité paraît avoir son siège dans
le
seul sexe, que la pudeur s’est localisée là ? Ne serait-ce point pour
1496
ité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que
la
pudeur s’est localisée là ? Ne serait-ce point pour cette raison que
1497
sée là ? Ne serait-ce point pour cette raison que
l’
homme cherche à le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les
1498
-ce point pour cette raison que l’homme cherche à
le
dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les fds de Noé couvri
1499
homme cherche à le dissimuler comme quelque chose
de
sacré, et que les fds de Noé couvrirent la nudité de leur père ivre e
1500
e dissimuler comme quelque chose de sacré, et que
les
fds de Noé couvrirent la nudité de leur père ivre en marchant vers lu
1501
uler comme quelque chose de sacré, et que les fds
de
Noé couvrirent la nudité de leur père ivre en marchant vers lui à rec
1502
chose de sacré, et que les fds de Noé couvrirent
la
nudité de leur père ivre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez
1503
sacré, et que les fds de Noé couvrirent la nudité
de
leur père ivre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez l’homme qu
1504
ivre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez
l’
homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centr
1505
lui à reculons ? Mais chez l’homme qui parvient à
la
conscience de sa mission spirituelle, le centre de la créativité para
1506
? Mais chez l’homme qui parvient à la conscience
de
sa mission spirituelle, le centre de la créativité paraît se déplacer
1507
rvient à la conscience de sa mission spirituelle,
le
centre de la créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le
1508
a conscience de sa mission spirituelle, le centre
de
la créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La
1509
onscience de sa mission spirituelle, le centre de
la
créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La pud
1510
e centre de la créativité paraît se déplacer dans
le
cerveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les se
1511
tivité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans
le
cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle
1512
raît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur.
La
pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle « d’étala
1513
rveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte
la
pensée, les sentiments. On parle « d’étalage impudique » lorsqu’un au
1514
ns le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée,
les
sentiments. On parle « d’étalage impudique » lorsqu’un auteur exhibe
1515
tôt affecte la pensée, les sentiments. On parle «
d’
étalage impudique » lorsqu’un auteur exhibe une excessive sincérité da
1516
Il peut être, d’ailleurs, au sens courant du mot,
le
plus « pudibond » des bourgeois : un Amiel…) Cependant ces remarques
1517
ependant ces remarques n’expliquent pas tout. Que
l’
on sache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir
1518
n’expliquent pas tout. Que l’on sache son secret
le
plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on
1519
tout. Que l’on sache son secret le plus profond,
le
plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est na
1520
on secret le plus profond, le plus sacré, qui est
le
pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel, mais non qu’on e
1521
e plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir
de
création que l’on possède, c’est naturel, mais non qu’on en ait honte
1522
le plus sacré, qui est le pouvoir de création que
l’
on possède, c’est naturel, mais non qu’on en ait honte, semble-t-il. E
1523
is non qu’on en ait honte, semble-t-il. En vérité
la
mauvaise pudeur provient de ce que le corps et l’âme se distinguent,
1524
emble-t-il. En vérité la mauvaise pudeur provient
de
ce que le corps et l’âme se distinguent, et cessent d’être reflets l’
1525
. En vérité la mauvaise pudeur provient de ce que
le
corps et l’âme se distinguent, et cessent d’être reflets l’un de l’au
1526
la mauvaise pudeur provient de ce que le corps et
l’
âme se distinguent, et cessent d’être reflets l’un de l’autre. Alors l
1527
que le corps et l’âme se distinguent, et cessent
d’
être reflets l’un de l’autre. Alors le corps a honte de sa pensée, et
1528
me se distinguent, et cessent d’être reflets l’un
de
l’autre. Alors le corps a honte de sa pensée, et celle-ci des désirs
1529
et cessent d’être reflets l’un de l’autre. Alors
le
corps a honte de sa pensée, et celle-ci des désirs de son corps, comm
1530
e reflets l’un de l’autre. Alors le corps a honte
de
sa pensée, et celle-ci des désirs de son corps, comme d’un embrasseme
1531
orps a honte de sa pensée, et celle-ci des désirs
de
son corps, comme d’un embrassement sans amour ou d’un amour qui se re
1532
ensée, et celle-ci des désirs de son corps, comme
d’
un embrassement sans amour ou d’un amour qui se refuse à l’étreinte. E
1533
son corps, comme d’un embrassement sans amour ou
d’
un amour qui se refuse à l’étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-ell
1534
assement sans amour ou d’un amour qui se refuse à
l’
étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle d’exister, normalement, q
1535
’un amour qui se refuse à l’étreinte. Et pourquoi
la
pudeur cesse-t-elle d’exister, normalement, quand deux êtres s’aiment
1536
à l’étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle
d’
exister, normalement, quand deux êtres s’aiment ? Parce que le sexe re
1537
ormalement, quand deux êtres s’aiment ? Parce que
le
sexe reprend alors sa « propriété » symbolique. (Ce qui est honteux,
1538
i m’est étranger.) Revenons alors à notre mythe :
la
transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le secret «
1539
nons alors à notre mythe : la transparence, c’est
l’
absence d’ombre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lien
1540
à notre mythe : la transparence, c’est l’absence
d’
ombre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lien de la créa
1541
: la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc
de
secret. Or le secret « sacré » étant le lien de la créativité de l’ho
1542
ence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or
le
secret « sacré » étant le lien de la créativité de l’homme, celui qui
1543
bre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant
le
lien de la créativité de l’homme, celui qui a perdu son ombre se prom
1544
c de secret. Or le secret « sacré » étant le lien
de
la créativité de l’homme, celui qui a perdu son ombre se promène parm
1545
e secret. Or le secret « sacré » étant le lien de
la
créativité de l’homme, celui qui a perdu son ombre se promène parmi l
1546
e secret « sacré » étant le lien de la créativité
de
l’homme, celui qui a perdu son ombre se promène parmi les hommes avec
1547
ecret « sacré » étant le lien de la créativité de
l’
homme, celui qui a perdu son ombre se promène parmi les hommes avec l’
1548
mme, celui qui a perdu son ombre se promène parmi
les
hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand jour non son secret,
1549
perdu son ombre se promène parmi les hommes avec
l’
angoisse de voir révélée au grand jour non son secret, mais justement
1550
ombre se promène parmi les hommes avec l’angoisse
de
voir révélée au grand jour non son secret, mais justement l’absence e
1551
élée au grand jour non son secret, mais justement
l’
absence en lui de son secret : sa transparence. Spirituellement ou de
1552
r non son secret, mais justement l’absence en lui
de
son secret : sa transparence. Spirituellement ou de quelque autre sor
1553
son secret : sa transparence. Spirituellement ou
de
quelque autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse, la
1554
e autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À
l’
inverse, la chasteté (corporelle et spirituelle) rénove en l’homme son
1555
te, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse,
la
chasteté (corporelle et spirituelle) rénove en l’homme son élan vers
1556
la chasteté (corporelle et spirituelle) rénove en
l’
homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme u
1557
e et spirituelle) rénove en l’homme son élan vers
le
monde. Elle le porte au-devant de tout, comme un peu en avant de lui-
1558
e) rénove en l’homme son élan vers le monde. Elle
le
porte au-devant de tout, comme un peu en avant de lui-même, là où il
1559
e son élan vers le monde. Elle le porte au-devant
de
tout, comme un peu en avant de lui-même, là où il peut dominer sa vie
1560
vant de lui-même, là où il peut dominer sa vie et
la
construire avec tout son instinct à l’image d’une vision de l’esprit.
1561
sa vie et la construire avec tout son instinct à
l’
image d’une vision de l’esprit. Le corps et l’âme chantent alors à l’u
1562
et la construire avec tout son instinct à l’image
d’
une vision de l’esprit. Le corps et l’âme chantent alors à l’unisson.
1563
ire avec tout son instinct à l’image d’une vision
de
l’esprit. Le corps et l’âme chantent alors à l’unisson. L’esprit offe
1564
avec tout son instinct à l’image d’une vision de
l’
esprit. Le corps et l’âme chantent alors à l’unisson. L’esprit offensi
1565
son instinct à l’image d’une vision de l’esprit.
Le
corps et l’âme chantent alors à l’unisson. L’esprit offensif et joyeu
1566
t à l’image d’une vision de l’esprit. Le corps et
l’
âme chantent alors à l’unisson. L’esprit offensif et joyeux, le corps
1567
it. Le corps et l’âme chantent alors à l’unisson.
L’
esprit offensif et joyeux, le corps qui se sent « plein dans sa peau »
1568
t alors à l’unisson. L’esprit offensif et joyeux,
le
corps qui se sent « plein dans sa peau » partagent les richesses du d
1569
orps qui se sent « plein dans sa peau » partagent
les
richesses du désir. Et l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin
1570
ns sa peau » partagent les richesses du désir. Et
l’
homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schl
1571
Et l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin
de
la fable Peter Schlemihl nous apparaît maintenant une émouvante e
1572
l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de
la
fable Peter Schlemihl nous apparaît maintenant une émouvante et t
1573
ntenant une émouvante et très précise description
de
l’individu romantique, dans ce qu’il a de démissionnaire, d’impuissan
1574
nant une émouvante et très précise description de
l’
individu romantique, dans ce qu’il a de démissionnaire, d’impuissant à
1575
ription de l’individu romantique, dans ce qu’il a
de
démissionnaire, d’impuissant à saisir le monde pour le former à son i
1576
du romantique, dans ce qu’il a de démissionnaire,
d’
impuissant à saisir le monde pour le former à son image, et d’évasif d
1577
qu’il a de démissionnaire, d’impuissant à saisir
le
monde pour le former à son image, et d’évasif devant sa vocation : le
1578
missionnaire, d’impuissant à saisir le monde pour
le
former à son image, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de l’
1579
à saisir le monde pour le former à son image, et
d’
évasif devant sa vocation : le mystère de l’incarnation. Chamisso a do
1580
mer à son image, et d’évasif devant sa vocation :
le
mystère de l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les trait
1581
mage, et d’évasif devant sa vocation : le mystère
de
l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques
1582
e, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de
l’
incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques et
1583
l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous
les
traits physiques et moraux de ce que l’on appellera plus tard le vagu
1584
é à son Peter tous les traits physiques et moraux
de
ce que l’on appellera plus tard le vague à l’âme, qui est aussi bien
1585
ter tous les traits physiques et moraux de ce que
l’
on appellera plus tard le vague à l’âme, qui est aussi bien le vague a
1586
ques et moraux de ce que l’on appellera plus tard
le
vague à l’âme, qui est aussi bien le vague au corps. Le roman d’Hofma
1587
aux de ce que l’on appellera plus tard le vague à
l’
âme, qui est aussi bien le vague au corps. Le roman d’Hofmannsthal — c
1588
ra plus tard le vague à l’âme, qui est aussi bien
le
vague au corps. Le roman d’Hofmannsthal — contre-épreuve — décrit le
1589
ue à l’âme, qui est aussi bien le vague au corps.
Le
roman d’Hofmannsthal — contre-épreuve — décrit le tourment d’une femm
1590
e, qui est aussi bien le vague au corps. Le roman
d’
Hofmannsthal — contre-épreuve — décrit le tourment d’une femme stérile
1591
Le roman d’Hofmannsthal — contre-épreuve — décrit
le
tourment d’une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et
1592
ofmannsthal — contre-épreuve — décrit le tourment
d’
une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte
1593
épreuve — décrit le tourment d’une femme stérile,
l’
impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du
1594
trice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle
d’
une fille du peuple. Mais Andersen, comme on pouvait s’y attendre, fai
1595
rsen, comme on pouvait s’y attendre, fait dominer
l’
aspect « spirituel » du mythe. Son conte de L’Ombre, c’est le symbole
1596
ominer l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte
de
L’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se
1597
ner l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte de
L’
Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se dét
1598
spirituel » du mythe. Son conte de L’Ombre, c’est
le
symbole de la puissance de création qui vient à se détacher de l’aute
1599
du mythe. Son conte de L’Ombre, c’est le symbole
de
la puissance de création qui vient à se détacher de l’auteur pour pre
1600
mythe. Son conte de L’Ombre, c’est le symbole de
la
puissance de création qui vient à se détacher de l’auteur pour prendr
1601
onte de L’Ombre, c’est le symbole de la puissance
de
création qui vient à se détacher de l’auteur pour prendre corps dans
1602
la puissance de création qui vient à se détacher
de
l’auteur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et le poème ensuit
1603
puissance de création qui vient à se détacher de
l’
auteur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et le poème ensuite,
1604
à se détacher de l’auteur pour prendre corps dans
l’
œuvre poétique. Et le poème ensuite, plus beau et plus vivant que l’in
1605
teur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et
le
poème ensuite, plus beau et plus vivant que l’individu qui l’a conçu,
1606
Et le poème ensuite, plus beau et plus vivant que
l’
individu qui l’a conçu, reviendra s’asservir le poète… C’est une des g
1607
uite, plus beau et plus vivant que l’individu qui
l’
a conçu, reviendra s’asservir le poète… C’est une des gloires du roman
1608
ue l’individu qui l’a conçu, reviendra s’asservir
le
poète… C’est une des gloires du romantisme allemand que d’avoir su él
1609
C’est une des gloires du romantisme allemand que
d’
avoir su élever les faiblesses de l’homme, et quelques-unes de ses plu
1610
ires du romantisme allemand que d’avoir su élever
les
faiblesses de l’homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions,
1611
sme allemand que d’avoir su élever les faiblesses
de
l’homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur
1612
allemand que d’avoir su élever les faiblesses de
l’
homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du
1613
lever les faiblesses de l’homme, et quelques-unes
de
ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe, ou de la Fable, plu
1614
et quelques-unes de ses plus folles illusions, à
la
hauteur du mythe, ou de la Fable, plus profondément vrais que la vie
1615
plus folles illusions, à la hauteur du mythe, ou
de
la Fable, plus profondément vrais que la vie (plus riches d’enseignem
1616
us folles illusions, à la hauteur du mythe, ou de
la
Fable, plus profondément vrais que la vie (plus riches d’enseignement
1617
ythe, ou de la Fable, plus profondément vrais que
la
vie (plus riches d’enseignements concrets, et d’invites à la métamorp
1618
, plus profondément vrais que la vie (plus riches
d’
enseignements concrets, et d’invites à la métamorphose). Mettre en for
1619
la vie (plus riches d’enseignements concrets, et
d’
invites à la métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est
1620
s riches d’enseignements concrets, et d’invites à
la
métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe
1621
phose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est
le
paradoxe génial, l’audace comme malgré soi recréatrice d’un Chamisso.
1622
rme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial,
l’
audace comme malgré soi recréatrice d’un Chamisso. Les historiens de l
1623
oxe génial, l’audace comme malgré soi recréatrice
d’
un Chamisso. Les historiens de la littérature devraient se garder d’af
1624
udace comme malgré soi recréatrice d’un Chamisso.
Les
historiens de la littérature devraient se garder d’affadir une telle
1625
gré soi recréatrice d’un Chamisso. Les historiens
de
la littérature devraient se garder d’affadir une telle œuvre, n’y adm
1626
soi recréatrice d’un Chamisso. Les historiens de
la
littérature devraient se garder d’affadir une telle œuvre, n’y admira
1627
historiens de la littérature devraient se garder
d’
affadir une telle œuvre, n’y admirant à leur coutume qu’une fantaisie
1628
rant à leur coutume qu’une fantaisie « gratuite »
de
l’imagination. Nul doute que l’art de Chamisso ne « signifie » et ne
1629
t à leur coutume qu’une fantaisie « gratuite » de
l’
imagination. Nul doute que l’art de Chamisso ne « signifie » et ne soi
1630
isie « gratuite » de l’imagination. Nul doute que
l’
art de Chamisso ne « signifie » et ne soit au sens propre un grand art
1631
gratuite » de l’imagination. Nul doute que l’art
de
Chamisso ne « signifie » et ne soit au sens propre un grand art, tout
1632
it au sens propre un grand art, tout effort digne
de
ce nom étant d’abord une mise en ordre, un sens donné… C’est par là q
1633
sens donné… C’est par là que Chamisso s’est sauvé
de
lui-même : s’il a fait Schlemihl, comme on sait, en grande partie à s
1634
son image, il en diffère toutefois par ceci qu’il
l’
a fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste en
1635
ère toutefois par ceci qu’il l’a fait, témoignant
d’
un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste entière. Et j’y songe :
1636
par ceci qu’il l’a fait, témoignant d’un pouvoir
d’
invention dont la nouveauté reste entière. Et j’y songe : ce Schlemihl
1637
’a fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont
la
nouveauté reste entière. Et j’y songe : ce Schlemihl éternel, ce symb
1638
onge : ce Schlemihl éternel, ce symbole en bottes
de
sept lieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Ch
1639
ieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas
l’
ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais
1640
i traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre
de
Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas
1641
te fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est
le
siècle présent qui n’a plus d’ombre : il ne sait même plus écrire sa
1642
es profonds. C’est le siècle présent qui n’a plus
d’
ombre : il ne sait même plus écrire sa Fable, il n’en veut plus, il ve
1643
us, il veut du vraisemblable… Il est retombé dans
le
roman insignifiant.6 3. Trois Essais sur la Théorie de la Sexua
1644
le roman insignifiant.6 3. Trois Essais sur
la
Théorie de la Sexualité. La définition de normal est donc ici : adapt
1645
signifiant.6 3. Trois Essais sur la Théorie
de
la Sexualité. La définition de normal est donc ici : adapté au milieu
1646
nifiant.6 3. Trois Essais sur la Théorie de
la
Sexualité. La définition de normal est donc ici : adapté au milieu. V
1647
3. Trois Essais sur la Théorie de la Sexualité.
La
définition de normal est donc ici : adapté au milieu. Vérité d’expéri
1648
ais sur la Théorie de la Sexualité. La définition
de
normal est donc ici : adapté au milieu. Vérité d’expérience, nous dit
1649
de normal est donc ici : adapté au milieu. Vérité
d’
expérience, nous dit Freud, et à ce titre elle a sa valeur. Mais qui n
1650
leur. Mais qui ne voit ce que pourraient en tirer
les
conformismes « totalitaires », si l’on faisait une règle de cette con
1651
nt en tirer les conformismes « totalitaires », si
l’
on faisait une règle de cette constatation. On ne doit accepter une vé
1652
ismes « totalitaires », si l’on faisait une règle
de
cette constatation. On ne doit accepter une vérité de ce genre qu’en
1653
ette constatation. On ne doit accepter une vérité
de
ce genre qu’en insistant sur son contraire : « l’anormal » peut être
1654
de ce genre qu’en insistant sur son contraire : «
l’
anormal » peut être créateur d’un nouveau type de rapports sociaux, c’
1655
son contraire : « l’anormal » peut être créateur
d’
un nouveau type de rapports sociaux, c’est-à-dire d’une nouvelle norma
1656
l’anormal » peut être créateur d’un nouveau type
de
rapports sociaux, c’est-à-dire d’une nouvelle normalité. 4. Dans le
1657
un nouveau type de rapports sociaux, c’est-à-dire
d’
une nouvelle normalité. 4. Dans le conte intitulé L’Ombre, Andersen
1658
c’est-à-dire d’une nouvelle normalité. 4. Dans
le
conte intitulé L’Ombre, Andersen raconte comment un philosophe « vena
1659
e nouvelle normalité. 4. Dans le conte intitulé
L’
Ombre, Andersen raconte comment un philosophe « venant des froides rég
1660
à force de rêver à une jeune femme qu’il aperçoit
de
sa fenêtre. « Mais dans ces climats chauds, dit Andersen, les choses
1661
re. « Mais dans ces climats chauds, dit Andersen,
les
choses croissent très vite ; et après qu’une semaine eut passé, il vi
1662
, à sa grande joie, qu’une nouvelle ombre partant
de
ses pieds commençait à croître lorsqu’il se promenait dans le soleil.
1663
commençait à croître lorsqu’il se promenait dans
le
soleil. » Ici donc, pas de fixation morbide, comme dans Schlemihl. Au
1664
u’il se promenait dans le soleil. » Ici donc, pas
de
fixation morbide, comme dans Schlemihl. Aussi bien le diable n’est-il
1665
ixation morbide, comme dans Schlemihl. Aussi bien
le
diable n’est-il pas à l’origine de l’affaire, cette fois. 5. Selon P
1666
ns Schlemihl. Aussi bien le diable n’est-il pas à
l’
origine de l’affaire, cette fois. 5. Selon Paracelse, la semence se d
1667
hl. Aussi bien le diable n’est-il pas à l’origine
de
l’affaire, cette fois. 5. Selon Paracelse, la semence se distingue d
1668
Aussi bien le diable n’est-il pas à l’origine de
l’
affaire, cette fois. 5. Selon Paracelse, la semence se distingue de l
1669
ne de l’affaire, cette fois. 5. Selon Paracelse,
la
semence se distingue de la Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe »
1670
ois. 5. Selon Paracelse, la semence se distingue
de
la Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe ». La créativité se purif
1671
. 5. Selon Paracelse, la semence se distingue de
la
Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe ». La créativité se purifie
1672
a semence se distingue de la Liquor vitae « comme
l’
écume d’une soupe ». La créativité se purifie en l’écartant. Il paraît
1673
e se distingue de la Liquor vitae « comme l’écume
d’
une soupe ». La créativité se purifie en l’écartant. Il paraît donc qu
1674
de la Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe ».
La
créativité se purifie en l’écartant. Il paraît donc que le freudisme
1675
’écume d’une soupe ». La créativité se purifie en
l’
écartant. Il paraît donc que le freudisme ne s’occupe que de l’écume d
1676
vité se purifie en l’écartant. Il paraît donc que
le
freudisme ne s’occupe que de l’écume d’une soupe ? Ou bien l’appelle-
1677
. Il paraît donc que le freudisme ne s’occupe que
de
l’écume d’une soupe ? Ou bien l’appelle-t-il libido ? 6. Cette petit
1678
l paraît donc que le freudisme ne s’occupe que de
l’
écume d’une soupe ? Ou bien l’appelle-t-il libido ? 6. Cette petite é
1679
donc que le freudisme ne s’occupe que de l’écume
d’
une soupe ? Ou bien l’appelle-t-il libido ? 6. Cette petite étude éta
1680
ne s’occupe que de l’écume d’une soupe ? Ou bien
l’
appelle-t-il libido ? 6. Cette petite étude était écrite depuis un an
1681
ait écrite depuis un an lorsque je découvris dans
les
Cahiers de Barrès (tome VIII, p. 86) deux lettres d’un petit-neveu de
1682
epuis un an lorsque je découvris dans les Cahiers
de
Barrès (tome VIII, p. 86) deux lettres d’un petit-neveu de Chamisso q
1683
Cahiers de Barrès (tome VIII, p. 86) deux lettres
d’
un petit-neveu de Chamisso qui paraissait infirmer par avance mon inte
1684
(tome VIII, p. 86) deux lettres d’un petit-neveu
de
Chamisso qui paraissait infirmer par avance mon interprétation. Leur
1685
l, Chamisso « laisse deviner sa destinée tragique
d’
homme incomplet et sans patrie ». Voici quelques souvenirs curieux sur
1686
ns patrie ». Voici quelques souvenirs curieux sur
le
grand-oncle : « C’était, paraît-il, un paquet de nerfs, impressionnab
1687
le grand-oncle : « C’était, paraît-il, un paquet
de
nerfs, impressionnable à l’excès, avec un fond de tristesse en quelqu
1688
paraît-il, un paquet de nerfs, impressionnable à
l’
excès, avec un fond de tristesse en quelque sorte permanent, une déses
1689
de nerfs, impressionnable à l’excès, avec un fond
de
tristesse en quelque sorte permanent, une désespérance perpétuelle. P
1690
inspiré. Un état d’âme, dirions-nous aujourd’hui.
Le
qualificatif « d’homme ayant perdu son ombre » fut trouvé par M. de R
1691
’âme, dirions-nous aujourd’hui. Le qualificatif «
d’
homme ayant perdu son ombre » fut trouvé par M. de Rubulles qui, le vo
1692
du son ombre » fut trouvé par M. de Rubulles qui,
le
voyant dans un de ses noirs habituels, lui dit en riant qu’il ressemb
1693
trouvé par M. de Rubulles qui, le voyant dans un
de
ses noirs habituels, lui dit en riant qu’il ressemblait à un chevalie
1694
ressemblait à un chevalier ayant tout perdu, même
l’
ombre de lui-même. Le mot le frappa et le retint. » — Outre que cette
1695
ait à un chevalier ayant tout perdu, même l’ombre
de
lui-même. Le mot le frappa et le retint. » — Outre que cette interpré
1696
alier ayant tout perdu, même l’ombre de lui-même.
Le
mot le frappa et le retint. » — Outre que cette interprétation ration
1697
yant tout perdu, même l’ombre de lui-même. Le mot
le
frappa et le retint. » — Outre que cette interprétation rationaliste
1698
du, même l’ombre de lui-même. Le mot le frappa et
le
retint. » — Outre que cette interprétation rationaliste (non toute ab
1699
ique aucune particularité du conte, il est permis
de
penser que « l’état d’âme » de Chamisso a joué dans cette affaire un
1700
icularité du conte, il est permis de penser que «
l’
état d’âme » de Chamisso a joué dans cette affaire un rôle plus décisi
1701
nte, il est permis de penser que « l’état d’âme »
de
Chamisso a joué dans cette affaire un rôle plus décisif que « l’à peu
1702
oué dans cette affaire un rôle plus décisif que «
l’
à peu près » du gentilhomme.
1703
Angérone En pleine polémique avec
le
mystère, il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’amour
1704
e polémique avec le mystère, il arrive à certains
de
s’oublier jusqu’à donner de l’amour une ou plusieurs définitions. Ah
1705
il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner
de
l’amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amo
1706
arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de
l’
amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amour
1707
plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer
l’
amour assez pour ne jamais avoir recours à ces remèdes, car définir l’
1708
e jamais avoir recours à ces remèdes, car définir
l’
amour ce n’est point le connaître, mais limiter sa part dans notre vie
1709
à ces remèdes, car définir l’amour ce n’est point
le
connaître, mais limiter sa part dans notre vie, et nul amour ne peut
1710
rice anxieuse. Mais il est une manière imaginable
de
parler de l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de p
1711
use. Mais il est une manière imaginable de parler
de
l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où
1712
. Mais il est une manière imaginable de parler de
l’
amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’i
1713
aginable de parler de l’amour sans malice : c’est
de
former quelques rythmes de phrases où l’indicible jette par moments u
1714
ur sans malice : c’est de former quelques rythmes
de
phrases où l’indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de g
1715
: c’est de former quelques rythmes de phrases où
l’
indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de gêne, non qu’il
1716
rases où l’indicible jette par moments une espèce
d’
émotion ou de gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou
1717
dicible jette par moments une espèce d’émotion ou
de
gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou par symboles
1718
souveraine est annoncée par certain frémissement
de
l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloq
1719
uveraine est annoncée par certain frémissement de
l’
assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloquen
1720
ain frémissement de l’assemblée des mots qui font
la
cour : le Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par
1721
sement de l’assemblée des mots qui font la cour :
le
Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par l’amour qu
1722
roche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par
l’
amour qui la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence
1723
éloquence est amoureuse, excitée par l’amour qui
la
rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence. Cela dont
1724
xcitée par l’amour qui la rend fleurissante. Mais
l’
amour même est chose du silence. Cela dont je ne puis parler sans l’of
1725
hose du silence. Cela dont je ne puis parler sans
l’
offenser dans sa grandeur, c’est ce qui m’enflamme à parler. Rien ne p
1726
ce qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit
de
l’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutef
1727
qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit de
l’
amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutefois
1728
’amour même, mais rien non plus n’est dit que par
l’
amour, si toutefois quelque chose est vraiment dite. La Fable nous app
1729
ur, si toutefois quelque chose est vraiment dite.
La
Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme
1730
ment dite. La Fable nous apprend à sa manière que
l’
amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on
1731
a Fable nous apprend à sa manière que l’amour est
le
lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’el
1732
nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu
d’
un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’elle avait
1733
u Silence : on croit qu’elle avait sa statue dans
le
temple de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la
1734
: on croit qu’elle avait sa statue dans le temple
de
la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Vol
1735
n croit qu’elle avait sa statue dans le temple de
la
Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Volupi
1736
le de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est
la
même que la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloq
1737
upté. Et certains pensent qu’elle est la même que
la
déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque. La Volup
1738
e la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours
de
ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imagination
1739
pie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque.
La
Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imagination active du désir
1740
ux alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas
le
plaisir même, mais l’imagination active du désir qui lentement s’appr
1741
loque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais
l’
imagination active du désir qui lentement s’approche de son terme. Qua
1742
gination active du désir qui lentement s’approche
de
son terme. Quand le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le ren
1743
ésir qui lentement s’approche de son terme. Quand
le
désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive m
1744
s’approche de son terme. Quand le désir s’empare
d’
un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir s
1745
and le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il
le
rende muet. Il arrive même que le désir se manifeste tout d’abord par
1746
il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que
le
désir se manifeste tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’hom
1747
este tout d’abord par ce mutisme. À tel point que
l’
homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esp
1748
ce mutisme. À tel point que l’homme ne retrouvera
l’
usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volu
1749
me. À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage
de
la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté sera
1750
À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage de
la
parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté serait
1751
’homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec
le
« terme » où l’esprit se libère. La volupté serait un phénomène analo
1752
vera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où
l’
esprit se libère. La volupté serait un phénomène analogue à celui de l
1753
arole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère.
La
volupté serait un phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état d
1754
. La volupté serait un phénomène analogue à celui
de
l’hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des
1755
a volupté serait un phénomène analogue à celui de
l’
hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des fa
1756
phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état
de
l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet
1757
nomène analogue à celui de l’hypnose : un état de
l’
âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet un
1758
alogue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou
de
l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et d
1759
gue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de
l’
esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et dans
1760
se : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant
le
champ des facultés vers un objet unique et dans une seule pensée — l’
1761
s vers un objet unique et dans une seule pensée —
l’
identification, par la conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre.
1762
et dans une seule pensée — l’identification, par
la
conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre. Que cette hypnose soi
1763
l’identification, par la conquête chez l’un, par
l’
abandon chez l’autre. Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle
1764
Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle
de
l’esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à suppos
1765
e cette hypnose soit en quelque mesure — celle de
l’
esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer
1766
quelque mesure — celle de l’esprit — indépendante
de
l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations su
1767
lque mesure — celle de l’esprit — indépendante de
l’
instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations suiva
1768
e de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer
les
deux observations suivantes : l’extrême concentration de l’attention
1769
sent à supposer les deux observations suivantes :
l’
extrême concentration de l’attention sur un objet non corporel, œuvre
1770
observations suivantes : l’extrême concentration
de
l’attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ord
1771
servations suivantes : l’extrême concentration de
l’
attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ordre
1772
sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée
d’
un ordre difficile, peut échouer comme par un court-circuit dans le pl
1773
ile, peut échouer comme par un court-circuit dans
le
plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volup
1774
le plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit
d’
avoir perdu la volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfin
1775
andis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu
la
volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’ai
1776
débauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté.
L’
homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela
1777
yeux. (Certaines heures, soirs, aubes, passages.)
L’
ivresse naissante des amants, c’est le silence qui s’établit entre eux
1778
passages.) L’ivresse naissante des amants, c’est
le
silence qui s’établit entre eux. L’approche des yeux, dès qu’ils ont
1779
amants, c’est le silence qui s’établit entre eux.
L’
approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard de l’autre :
1780
L’approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout
le
regard de l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut
1781
e des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard
de
l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut rester li
1782
ard de l’autre : sentiment comparable au vertige.
Le
jugement peut rester libre, mais il semble que l’âme s’extériorise et
1783
Le jugement peut rester libre, mais il semble que
l’
âme s’extériorise et tombe sans fin dans le regard unique. Durant cert
1784
le que l’âme s’extériorise et tombe sans fin dans
le
regard unique. Durant certaines secondes, elle dépasse le temps, s’ap
1785
d unique. Durant certaines secondes, elle dépasse
le
temps, s’approche des bords d’une immobilité sans fond où elle se pen
1786
ndes, elle dépasse le temps, s’approche des bords
d’
une immobilité sans fond où elle se penche… Maintenant un seul œil est
1787
urs lentement mouvantes, un seul œil par où toute
l’
âme regarde et supplie avec une impérieuse tendresse. De plus près enc
1788
ec une impérieuse tendresse. De plus près encore,
l’
œil vient à perdre toute expression, regard absolu de l’angoisse. Si l
1789
il vient à perdre toute expression, regard absolu
de
l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme
1790
vient à perdre toute expression, regard absolu de
l’
angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme hor
1791
solu de l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment,
les
voici vacillants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête
1792
arte à ce moment, les voici vacillants comme hors
d’
eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et la contemple
1793
lants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit
la
tête entre ses bras, et la contemple. Et il la nomme dans sa pensée,
1794
s. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et
la
contemple. Et il la nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolesc
1795
it la tête entre ses bras, et la contemple. Et il
la
nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme du
1796
dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence !
Le
charme du désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme.
1797
désir est celui du silence : il éloigne sans fin
le
terme. Tu n’entends que ce qui s’interrompt. Tu ne sais rien que tu n
1798
u ne sais rien que tu ne perdes. Car ce n’est pas
le
savoir que tu veux, mais la divine connaissance du présent. Or cette
1799
des. Car ce n’est pas le savoir que tu veux, mais
la
divine connaissance du présent. Or cette connaissance est interdite.
1800
nt. Or cette connaissance est interdite. Et c’est
l’
approche du viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fas
1801
ssance est interdite. Et c’est l’approche du viol
de
l’interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horre
1802
nce est interdite. Et c’est l’approche du viol de
l’
interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horreur
1803
t qui impose aux amants leur silence, fascination
de
l’horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du d
1804
ui impose aux amants leur silence, fascination de
l’
horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du dési
1805
lence, fascination de l’horreur sacrée, attirance
de
l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une
1806
ce, fascination de l’horreur sacrée, attirance de
l’
effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une bru
1807
rreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans
le
silence du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues a
1808
ce de l’effroi mortel. Dans le silence du désir,
la
possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées et hostiles
1809
du désir, la possession a fait une brusque rumeur
de
vagues affrontées et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse d’un
1810
eur de vagues affrontées et hostiles. Maintenant,
l’
onde lisse et basse d’un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aime
1811
es et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse
d’
un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’i
1812
s nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point
la
femme qu’ils viennent de posséder, leur silence meurt à cette minute
1813
nt, bavardent. Tristesse platonicienne C’est dans
l’
accomplissement du plus violent amour qu’il nous est accordé de concev
1814
ment du plus violent amour qu’il nous est accordé
de
concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessible. Atteintes
1815
ous est accordé de concevoir un absolu, mais sous
la
forme de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance
1816
ccordé de concevoir un absolu, mais sous la forme
de
l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir,
1817
rdé de concevoir un absolu, mais sous la forme de
l’
inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, su
1818
sous la forme de l’inaccessible. Atteintes enfin
les
limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, É
1819
me de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites
de
la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en
1820
de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de
la
puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en co
1821
s enfin les limites de la puissance du désir, sur
la
solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un désespoir glacial
1822
ne un désespoir glacial : vous n’irez pas au-delà
de
votre union. Ô silence des astres ! Fondues nos âmes ? Deux corps s’e
1823
âmes ? Deux corps s’endorment dans leur paix, et
l’
être enfin comblé ne sait plus où se prendre. Il se ramène en soi, se
1824
ne en soi, se divise en ses ombres. Ainsi passent
les
heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorpho
1825
se divise en ses ombres. Ainsi passent les heures
d’
avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indici
1826
e en ses ombres. Ainsi passent les heures d’avant
l’
aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lu
1827
es. Ainsi passent les heures d’avant l’aube, dans
le
dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille p
1828
nt les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement
de
l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à f
1829
les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de
l’
âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait
1830
s d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et
les
métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait, et ses y
1831
i s’éveille parfois tout à fait, et ses yeux dans
le
noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à l’Infini. Se fondre en
1832
le noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à
l’
Infini. Se fondre en un seul être, mais que cet être accède ensuite au
1833
tre, mais que cet être accède ensuite au commerce
de
ses semblables, qu’à son tour il les aime, les possède ! Ainsi par un
1834
e au commerce de ses semblables, qu’à son tour il
les
aime, les possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la s
1835
rce de ses semblables, qu’à son tour il les aime,
les
possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la splendeur a
1836
ur il les aime, les possède ! Ainsi par une suite
de
vertiges, multipliant la splendeur amoureuse, par mille étreintes suc
1837
de ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant
la
splendeur amoureuse, par mille étreintes successives, il s’élève à la
1838
se, par mille étreintes successives, il s’élève à
la
jouissance imaginaire et désespérément consciente de l’Être. L’aube p
1839
jouissance imaginaire et désespérément consciente
de
l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénom
1840
issance imaginaire et désespérément consciente de
l’
Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme
1841
imaginaire et désespérément consciente de l’Être.
L’
aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un reg
1842
désespérément consciente de l’Être. L’aube point.
L’
esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps
1843
de l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers
les
choses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, m
1844
aube point. L’esprit se tourne vers les choses et
les
dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante
1845
L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme
d’
un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’incom
1846
Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante
de
l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais
1847
corps auprès du mien respire, mémoire pesante de
l’
incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dan
1848
l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà
de
nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point le
1849
as au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite
de
l’étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais n
1850
au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de
l’
étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais nous
1851
dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point
le
souvenir du seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de
1852
désert que désormais nous chercherons ? Au terme
de
la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et no
1853
sert que désormais nous chercherons ? Au terme de
la
fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous
1854
possible fascinant. Et nous vivrons dès lors dans
le
vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que
1855
scinant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige
de
nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et
1856
lors dans le vertige de nous détruire au contact
de
cet infini, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige
1857
ruire au contact de cet infini, plus puissant que
la
joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, se
1858
ntact de cet infini, plus puissant que la joie et
la
douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à ce
1859
ni, plus puissant que la joie et la douleur. Dans
le
vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’ép
1860
issant que la joie et la douleur. Dans le vertige
de
revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu
1861
nir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui
l’
éprouve jusqu’à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’a
1862
solu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu’à
l’
épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt
1863
à celui seul qui l’éprouve jusqu’à l’épouvante :
l’
être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt dans l’instan
1864
à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet
de
l’amour, et qui meurt dans l’instant où il naît. Tout notre platonism
1865
’épouvante : l’être que nous formons au sommet de
l’
amour, et qui meurt dans l’instant où il naît. Tout notre platonisme é
1866
s formons au sommet de l’amour, et qui meurt dans
l’
instant où il naît. Tout notre platonisme échoue dans l’instant de l’é
1867
ant où il naît. Tout notre platonisme échoue dans
l’
instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de sig
1868
naît. Tout notre platonisme échoue dans l’instant
de
l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voi
1869
t. Tout notre platonisme échoue dans l’instant de
l’
étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voit s
1870
choue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors
l’
amour, dirait-on, change de signe. On voit soudain que le désir était
1871
treinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change
de
signe. On voit soudain que le désir était le dialogue des corps, tand
1872
, dirait-on, change de signe. On voit soudain que
le
désir était le dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitair
1873
ange de signe. On voit soudain que le désir était
le
dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitaire, instant où l
1874
le désir était le dialogue des corps, tandis que
le
plaisir est solitaire, instant où les amants sont le plus séparés, ar
1875
, tandis que le plaisir est solitaire, instant où
les
amants sont le plus séparés, arrachés, retirés en soi. Le plaisir est
1876
plaisir est solitaire, instant où les amants sont
le
plus séparés, arrachés, retirés en soi. Le plaisir est la fin du dial
1877
s sont le plus séparés, arrachés, retirés en soi.
Le
plaisir est la fin du dialogue et non pas cette fusion rêvée. Alors p
1878
séparés, arrachés, retirés en soi. Le plaisir est
la
fin du dialogue et non pas cette fusion rêvée. Alors paraissent la co
1879
e et non pas cette fusion rêvée. Alors paraissent
la
conscience, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous somme
1880
fusion rêvée. Alors paraissent la conscience, et
le
sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a q
1881
Alors paraissent la conscience, et le sérieux, et
la
réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a que deux philoso
1882
a que deux philosophies : celle du désir et celle
de
l’acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et
1883
ue deux philosophies : celle du désir et celle de
l’
acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et ce
1884
a que deux doctrines : celle du silence et celle
de
la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomp
1885
que deux doctrines : celle du silence et celle de
la
parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit
1886
ctrines : celle du silence et celle de la parole.
La
négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le
1887
e de la parole. La négation du désir amoureux par
l’
acte même qui l’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’inf
1888
La négation du désir amoureux par l’acte même qui
l’
accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’infinie contradicti
1889
r amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est
le
signe physique, originel, de l’infinie contradiction que nous souffro
1890
i l’accomplit, c’est le signe physique, originel,
de
l’infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte
1891
’accomplit, c’est le signe physique, originel, de
l’
infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte re
1892
l, de l’infinie contradiction que nous souffrons.
Le
désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil d
1893
tradiction que nous souffrons. Le désir divinise,
l’
acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera
1894
nous souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à
l’
humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sé
1895
frons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain.
L’
amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Qu
1896
acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil
de
l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment
1897
e rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de
l’
amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment deu
1898
tons ce temple où dorment deux idoles, et parlons
le
langage du Jour.
1899
Contribution à
l’
étude du coup de foudre Un regard dans un regard et les voilà fixés,
1900
e du coup de foudre Un regard dans un regard et
les
voilà fixés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de
1901
egard et les voilà fixés, cloués sur place, comme
le
coq est cloué sur la ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait t
1902
xés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur
la
ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’étai
1903
és sur place, comme le coq est cloué sur la ligne
de
craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’était trop be
1904
p bête si ce n’était trop beau. Mais rien ne sert
de
n’y pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous
1905
en ne sert de n’y pas croire. C’est un fait, nous
l’
avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de
1906
us avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant
de
sincérité, nous semblait-il, qu’un croyant décrivant sa conversion en
1907
ant décrivant sa conversion en termes de grâce et
de
prédestination. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point
1908
de grâce et de prédestination. Mais s’il est vain
de
nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de d
1909
et de prédestination. Mais s’il est vain de nier
le
fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de destinée
1910
nation. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne
l’
est point de mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette e
1911
s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point
de
mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette espèce de pas
1912
l ne l’est point de mettre en doute son caractère
de
destinée fatale. Cette espèce de passivité que l’on allègue, ne serai
1913
te son caractère de destinée fatale. Cette espèce
de
passivité que l’on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne par
1914
de destinée fatale. Cette espèce de passivité que
l’
on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne parle que du vrai co
1915
e que du vrai coup de foudre, celui qui est suivi
d’
incendie. Car pour ceux que l’on attend, que l’on appelle, ils ne sont
1916
celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux que
l’
on attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’
1917
vi d’incendie. Car pour ceux que l’on attend, que
l’
on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura d’un cœur or
1918
attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs
de
chaleur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l
1919
n appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans
l’
aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entr
1920
le, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura
d’
un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entre deux
1921
leur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières
d’
un train que l’on croise, entre deux stations de métro, dans la foule
1922
a d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que
l’
on croise, entre deux stations de métro, dans la foule où se cherchent
1923
s d’un train que l’on croise, entre deux stations
de
métro, dans la foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aus
1924
e l’on croise, entre deux stations de métro, dans
la
foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aussitôt que frapp
1925
Mais non, si c’était vrai, j’aurais su t’arrêter.
Le
monde entier en eût été changé à l’instant même, sans que nul ne s’en
1926
-là. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs
de
l’Allemagne d’alors) : Le mythe du coup de foudre est sans doute une
1927
. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs de
l’
Allemagne d’alors) : Le mythe du coup de foudre est sans doute une ast
1928
à ce romancier (l’un des meilleurs de l’Allemagne
d’
alors) : Le mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse inve
1929
ier (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’alors) :
Le
mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse invention de Do
1930
de foudre est sans doute une astucieuse invention
de
Don Juan pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous
1931
tant parlé, et vous autres après lui, que toutes
les
femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouve
1932
autres après lui, que toutes les femmes qui vont
le
rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouvements que cette app
1933
s femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant
les
plus légers mouvements que cette apparition fait naître en elles. Trè
1934
apparition fait naître en elles. Très facile que
de
les persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comm
1935
parition fait naître en elles. Très facile que de
les
persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme l’
1936
is si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme
l’
idée que l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seul
1937
intéressées ! Car rien ne flatte comme l’idée que
l’
on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seule a fait to
1938
mme l’idée que l’on va vivre à son tour une scène
de
roman. Oui, l’idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque
1939
l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui,
l’
idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni le Des
1940
ait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni
le
Destin. Il n’y aurait jamais de coup de foudre sans ce désir que vous
1941
quelque dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais
de
coup de foudre sans ce désir que vous entretenez par vos romans… Mais
1942
tenez par vos romans… Mais ce n’est pas assez que
d’
une complaisance acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à la re
1943
e acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à
la
ressemblance du rêve : toute une cérémonie, avec ses rôles prescrits,
1944
e par un héraut, sa lenteur imposante interdisant
la
fuite. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient les rencontres f
1945
a lenteur imposante interdisant la fuite. Admirez
l’
appareil inexorable qui circonvient les rencontres fameuses : Tristan
1946
te. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient
les
rencontres fameuses : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par l
1947
convient les rencontres fameuses : Tristan devant
la
cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étique
1948
les rencontres fameuses : Tristan devant la cour
d’
Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Sie
1949
s : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par
la
fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qu
1950
cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon
l’
usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers
1951
nde est reçu par la fille du roi selon l’usage et
l’
étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, d
1952
Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, dans
la
scène du hanap, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les de
1953
p, ce sont des officiants… Tout se passe comme si
les
deux amants se trouvaient désignés non par un sort aveugle, mais au c
1954
és non par un sort aveugle, mais au contraire par
la
profonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous l
1955
rofonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans
la
société, sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan t
1956
e des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous
l’
égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan triche, une fois d
1957
ue cela se produise à l’improviste, comme au coin
d’
un bois… Il me vient une image dont la netteté pourra faire excuser le
1958
mme au coin d’un bois… Il me vient une image dont
la
netteté pourra faire excuser le prosaïsme : le coup de foudre, en dép
1959
nt une image dont la netteté pourra faire excuser
le
prosaïsme : le coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’
1960
nt la netteté pourra faire excuser le prosaïsme :
le
coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’instantané, il
1961
up de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas
l’
instantané, il veut la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce d
1962
de son nom, ne souffre pas l’instantané, il veut
la
pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint, le sen
1963
la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce
de
gêne me vint, le sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos
1964
que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint,
le
sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon i
1965
s ainsi, une espèce de gêne me vint, le sentiment
de
mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon interlocuteur
1966
embla que mes propos touchaient mon interlocuteur
d’
une manière un peu trop personnelle, et — comment dire ? — qu’il savai
1967
en conclure pour ou contre vos théories. Au début
de
1933, au moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit de donner
1968
moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit
de
donner des conférences à Budapest. Le président de l’organisation qui
1969
on m’offrit de donner des conférences à Budapest.
Le
président de l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, a
1970
e donner des conférences à Budapest. Le président
de
l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettre
1971
onner des conférences à Budapest. Le président de
l’
organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettres.
1972
, ami des lettres. Il vint m’attendre au débarqué
de
l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. No
1973
mi des lettres. Il vint m’attendre au débarqué de
l’
avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. Nous
1974
de l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était
l’
heure du déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibl
1975
depuis quelques instants dans sa bibliothèque, où
d’
un coup d’œil furtif j’avais remarqué mes livres, lorsque sa femme ent
1976
es livres, lorsque sa femme entra en nous saluant
d’
une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, cette dame no
1977
nous saluant d’une mélodieuse formule hongroise.
La
présentation faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêc
1978
se. La présentation faite, cette dame nous offrit
la
rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un seul trait,
1979
faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur
de
pêche dont on vide trois verres d’un seul trait, en se regardant dans
1980
tuelle liqueur de pêche dont on vide trois verres
d’
un seul trait, en se regardant dans les yeux. Je me sentis pâlir viole
1981
rois verres d’un seul trait, en se regardant dans
les
yeux. Je me sentis pâlir violemment. Nous passons à table. Mon hôte b
1982
utie n’importe quoi sur cette traversée en avion…
Le
banquier comprend très bien cela. Il parle beaucoup pour me réconfort
1983
el public j’aurai, et quelles personnes me prient
de
leur réserver un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était la Hong
1984
r un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était
la
Hongrie, cette hospitalité incomparable, cette liberté lyrique dans l
1985
pitalité incomparable, cette liberté lyrique dans
les
relations… Mais rien n’y fait. Je ne puis avaler une seule bouchée. E
1986
ne puis avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment
l’
effet de l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cet
1987
avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet
de
l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-
1988
ler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet de
l’
avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-ci
1989
’aperçois, et cette fois-ci non sans terreur, que
la
femme du banquier, elle aussi, n’a presque pas touché aux mets servis
1990
le aussi, n’a presque pas touché aux mets servis.
Le
déjeuner se termine toutefois sans que mon hôte ait paru remarquer qu
1991
aise est contagieux. Il bavarde encore en prenant
le
café, puis s’excuse d’avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femm
1992
bavarde encore en prenant le café, puis s’excuse
d’
avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femme me promènera dans Bud
1993
femme me promènera dans Buda, et me fera visiter
le
Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et de moi aus
1994
e Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait
de
lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence en
1995
à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et
de
moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans l
1996
s. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans
la
voiture qu’elle conduit avec une expression concentrée, presque rageu
1997
sion concentrée, presque rageuse. Nous traversons
les
grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du D
1998
sque rageuse. Nous traversons les grandes artères
de
Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces rue
1999
use. Nous traversons les grandes artères de Pest,
le
pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de B
2000
grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur
les
eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de Buda, qui montent sur les
2001
s sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles
de
Buda, qui montent sur les flancs d’un énorme rocher en pleine ville,
2002
Danube, puis ces ruelles de Buda, qui montent sur
les
flancs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de sa
2003
s ces ruelles de Buda, qui montent sur les flancs
d’
un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de saint Geller
2004
cs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine
la
statue de saint Gellert, les bras en croix. Elle arrête la voiture pr
2005
orme rocher en pleine ville, que domine la statue
de
saint Gellert, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une b
2006
ine ville, que domine la statue de saint Gellert,
les
bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc pub
2007
ue domine la statue de saint Gellert, les bras en
croix
. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc public, descend,
2008
de saint Gellert, les bras en croix. Elle arrête
la
voiture près d’une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans l
2009
t, les bras en croix. Elle arrête la voiture près
d’
une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gel
2010
croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière
de
parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gelée où ses pas l
2011
barrière de parc public, descend, s’éloigne dans
la
neige bien gelée où ses pas lentement s’enfoncent et se marquent. Je
2012
ses pas lentement s’enfoncent et se marquent. Je
la
rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos pieds : « Mon m
2013
s’enfoncent et se marquent. Je la rejoins. Alors
d’
un geste elle désigne la ville à nos pieds : « Mon mari m’a demandé de
2014
ent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne
la
ville à nos pieds : « Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest.
2015
gne la ville à nos pieds : « Mon mari m’a demandé
de
vous montrer Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autr
2016
Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien
d’
autre à dire. Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. S
2017
ire. Nous remontons en voiture et descendons vers
la
ville. Soudain, je me suis décidé et j’articule : « Vous n’avez rien
2018
se dans un restaurant ? — Bonne idée », fait-elle
d’
une voix basse, sans me regarder. Nous voici attablés devant des sandw
2019
i l’un ni l’autre ne pouvons toucher à rien. Tout
d’
un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrêt
2020
en. Tout d’un coup je me suis mis debout. Je fais
le
tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme
2021
d’un coup je me suis mis debout. Je fais le tour
de
la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela —
2022
un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de
la
table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela — je
2023
ais le tour de la table, je m’arrête devant elle,
les
bras en arrière, comme cela — je me suis retenu de lui toucher l’épau
2024
s bras en arrière, comme cela — je me suis retenu
de
lui toucher l’épaule — et je m’entends prononcer : « Puisqu’il faut q
2025
re, comme cela — je me suis retenu de lui toucher
l’
épaule — et je m’entends prononcer : « Puisqu’il faut que cela soit, e
2026
ce fut ainsi, durant tout mon séjour à Budapest.
L’
après-midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’ava
2027
tout mon séjour à Budapest. L’après-midi, je vous
le
répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou
2028
midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais.
Le
soir, j’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais le reste de
2029
’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais
le
reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nomm
2030
s conférences ou un dîner. Et je passais le reste
de
la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria.
2031
onférences ou un dîner. Et je passais le reste de
la
nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je
2032
ais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie
d’
un peintre réfugié, nommé Maria. Je l’avais connu quelques années aupa
2033
n compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je
l’
avais connu quelques années auparavant dans un groupe politique, à Ber
2034
groupe politique, à Berlin, que je fréquentais à
l’
insu de ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu prè
2035
politique, à Berlin, que je fréquentais à l’insu
de
ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu près incap
2036
entais à l’insu de ma femme. J’étais dans un état
d’
exaltation extrême, à peu près incapable de dormir, sauf quelques heur
2037
n état d’exaltation extrême, à peu près incapable
de
dormir, sauf quelques heures pendant la matinée. Nous parlions, avec
2038
incapable de dormir, sauf quelques heures pendant
la
matinée. Nous parlions, avec mon ami, d’art, de religion, de politiqu
2039
pendant la matinée. Nous parlions, avec mon ami,
d’
art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et
2040
t la matinée. Nous parlions, avec mon ami, d’art,
de
religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du
2041
Nous parlions, avec mon ami, d’art, de religion,
de
politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes
2042
es perspectives du nouveau régime, et pas du tout
de
mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sor
2043
, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu.
La
veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une é
2044
u tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille
de
mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du
2045
, Maria et moi, une édition du matin nous apprend
l’
incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et
2046
n nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide
de
rentrer le jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se mont
2047
end l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer
le
jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se montrait fort i
2048
de rentrer le jour même à Berlin, et prends congé
de
mon ami qui se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi
2049
nds congé de mon ami qui se montrait fort inquiet
de
mon sort. Il y avait de quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette épo
2050
se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait
de
quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette époque, au parti communiste
2051
ue, au parti communiste dissident. Je m’informe :
l’
avion part à 10 heures du matin. Mais il faut que je la revoie une der
2052
on part à 10 heures du matin. Mais il faut que je
la
revoie une dernière fois. Je prendrai donc l’express du soir. J’arriv
2053
je la revoie une dernière fois. Je prendrai donc
l’
express du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre
2054
rendrai donc l’express du soir. J’arrive à Berlin
le
lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’atte
2055
ress du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur
le
seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presq
2056
oir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil
de
notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presque sévère
2057
grave et presque sévère. Moi, je ne pensais qu’à
la
situation politique. Nous nous mettons à table, je l’interroge avec n
2058
ituation politique. Nous nous mettons à table, je
l’
interroge avec nervosité sur les événements de l’avant-veille. Elle ré
2059
ettons à table, je l’interroge avec nervosité sur
les
événements de l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? « Av
2060
je l’interroge avec nervosité sur les événements
de
l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? « Avec qui m’as-tu
2061
l’interroge avec nervosité sur les événements de
l’
avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? « Avec qui m’as-tu tr
2062
« Avec qui m’as-tu trompée », dit-elle enfin. Je
la
regarde longuement, bien en face. Aucun doute n’est possible. Elle sa
2063
le. Elle sait. Monsieur, je puis garder un secret
d’
État, vous le savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter
2064
. Monsieur, je puis garder un secret d’État, vous
le
savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter un mensonge
2065
secret d’État, vous le savez, mais je ne suis pas
de
ceux qui peuvent supporter un mensonge dans leur vie intime. J’ai tou
2066
leur vie intime. J’ai tout avoué sans me chercher
d’
excuse. Et comme elle se taisait encore, je lui ai demandé comment ell
2067
m’a tendu une lettre par avion, arrivée pour moi
le
matin même et qu’elle avait ouverte par crainte d’un malheur. Quelque
2068
e matin même et qu’elle avait ouverte par crainte
d’
un malheur. Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar
2069
malheur. Quelques lignes sur une feuille portant
l’
en-tête d’un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite
2070
Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête
d’
un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nou
2071
lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar
de
Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nouvelles, j
2072
Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite
de
tes nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais les nuits extra
2073
nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais
les
nuits extraordinaires que nous avons encore pu passer ensemble, à la
2074
aires que nous avons encore pu passer ensemble, à
la
veille de ce cataclysme. » La lettre était signée « Maria ». « Un vra
2075
nous avons encore pu passer ensemble, à la veille
de
ce cataclysme. » La lettre était signée « Maria ». « Un vrai drame du
2076
passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. »
La
lettre était signée « Maria ». « Un vrai drame du destin ! » fis-je a
2077
vrai drame du destin ! » fis-je après un moment.
Le
type même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveug
2078
même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais
le
destin aveugle qui présida aux fastes de votre rencontre ne perd-il p
2079
s… Mais le destin aveugle qui présida aux fastes
de
votre rencontre ne perd-il pas un peu de son mystère si l’on songe qu
2080
rencontre ne perd-il pas un peu de son mystère si
l’
on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans d
2081
rd-il pas un peu de son mystère si l’on songe que
la
femme du banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos pro
2082
’on songe que la femme du banquier était lectrice
de
romans — et sans doute de vos propres romans ?… Et ce coup de foudre,
2083
banquier était lectrice de romans — et sans doute
de
vos propres romans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé d’un c
2084
omans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé
d’
un ciel qu’il convient de nommer Littérature ?
2085
udre, n’est-il pas tombé d’un ciel qu’il convient
de
nommer Littérature ?
2086
Don Juan Lorsqu’il paraît brillant
d’
or et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté de
2087
Don Juan Lorsqu’il paraît brillant d’or et
de
soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté de ne voir
2088
t brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots
de
grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du d
2089
et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor,
l’
on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, une espèce
2090
ssé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté
de
ne voir en lui que le feu naturel du désir, une espèce d’animalité vé
2091
grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que
le
feu naturel du désir, une espèce d’animalité véhémente, et comme inno
2092
ir en lui que le feu naturel du désir, une espèce
d’
animalité véhémente, et comme innocente… Mais jamais la Nature n’a rie
2093
malité véhémente, et comme innocente… Mais jamais
la
Nature n’a rien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démo
2094
innocente… Mais jamais la Nature n’a rien produit
de
pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démoniaque dans son cas, une so
2095
n qu’il y a du démoniaque dans son cas, une sorte
de
polémique anxieuse, de méchanceté et de défi : la main tendue au Comm
2096
ue dans son cas, une sorte de polémique anxieuse,
de
méchanceté et de défi : la main tendue au Commandeur, dans le dernier
2097
une sorte de polémique anxieuse, de méchanceté et
de
défi : la main tendue au Commandeur, dans le dernier acte de Mozart.
2098
de polémique anxieuse, de méchanceté et de défi :
la
main tendue au Commandeur, dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’
2099
a main tendue au Commandeur, dans le dernier acte
de
Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais l’homme, et non d’avant, mai
2100
dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’est pas
l’
animal, mais l’homme, et non d’avant, mais d’après la morale. Point de
2101
acte de Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais
l’
homme, et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni ch
2102
Non, ce n’est pas l’animal, mais l’homme, et non
d’
avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sa
2103
nimal, mais l’homme, et non d’avant, mais d’après
la
morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les «
2104
me, et non d’avant, mais d’après la morale. Point
de
Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’o
2105
mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez
les
« bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Ju
2106
de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez
les
« primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombr
2107
us décrit. Don Juan suppose une société encombrée
de
règles précises dont elle rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dan
2108
encombrée de règles précises dont elle rêve moins
de
se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaî
2109
précises dont elle rêve moins de se délivrer que
d’
abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneu
2110
elle rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dans
le
vertige de l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jama
2111
oins de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige
de
l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang
2112
s de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de
l’
anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. S
2113
neur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est
le
mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il se sert de
2114
aturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de
la
nature. Voyez comme il se sert des femmes : incapable de les posséder
2115
re. Voyez comme il se sert des femmes : incapable
de
les posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’anim
2116
Voyez comme il se sert des femmes : incapable de
les
posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal,
2117
e sert des femmes : incapable de les posséder, il
les
viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal, et aussitôt prise
2118
il les viole d’abord moralement pour s’imposer à
l’
animal, et aussitôt prises les rejette, comme si c’était le fait du cr
2119
ent pour s’imposer à l’animal, et aussitôt prises
les
rejette, comme si c’était le fait du crime et non le plaisir qu’il ch
2120
et aussitôt prises les rejette, comme si c’était
le
fait du crime et non le plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel,
2121
rejette, comme si c’était le fait du crime et non
le
plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel, il se trouve entièremen
2122
perpétuel, il se trouve entièrement déterminé par
le
bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient p
2123
il se trouve entièrement déterminé par le bon et
le
juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les
2124
déterminé par le bon et le juste — contre eux. Si
les
lois de la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les viole
2125
par le bon et le juste — contre eux. Si les lois
de
la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’
2126
r le bon et le juste — contre eux. Si les lois de
la
morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est
2127
ux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il
les
inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir l
2128
morale n’existaient pas, il les inventerait pour
les
violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle
2129
es violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir
la
nature spirituelle de son secret, si bien masqué par le prétexte de l
2130
la qui nous fait pressentir la nature spirituelle
de
son secret, si bien masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets
2131
ure spirituelle de son secret, si bien masqué par
le
prétexte de l’instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nie
2132
lle de son secret, si bien masqué par le prétexte
de
l’instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent
2133
de son secret, si bien masqué par le prétexte de
l’
instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent an
2134
masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets
de
l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent ans plus tard, renouveler
2135
qué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets de
l’
esprit révolté, on verra Nietzsche, cent ans plus tard, renouveler ce
2136
défi mortel. Mais quoi ? Faut-il aller si haut ?
La
recherche « toute naturelle » de l’intensité du désir ne peut-elle ex
2137
aller si haut ? La recherche « toute naturelle »
de
l’intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette incons
2138
ler si haut ? La recherche « toute naturelle » de
l’
intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette inconstan
2139
ette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait
l’
homme de la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La n
2140
onstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme
de
la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La nouveauté
2141
Don Juan serait l’homme de la première rencontre,
de
la plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme
2142
Juan serait l’homme de la première rencontre, de
la
plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme »,
2143
ière rencontre, de la plus excitante victoire ? «
La
nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais
2144
e la plus excitante victoire ? « La nouveauté est
le
tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plu
2145
excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran
de
notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme
2146
« La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit
le
vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme du plaisir qui parle
2147
écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus
l’
homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence
2148
ce n’est plus l’homme du plaisir qui parle ainsi.
La
volupté du vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan
2149
insi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà
de
ces moments que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoud
2150
ine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre
le
cas aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Il
2151
soudre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets
de
l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux
2152
dre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de
l’
école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux au
2153
as aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ?
Le
beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait
2154
ets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne
l’
ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que
2155
l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait
le
contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète
2156
qué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire
de
ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine
2157
eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que
l’
on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de l’impui
2158
le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait
d’
une anxiété secrète déjà voisine de l’impuissance. Et il est vrai que
2159
il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine
de
l’impuissance. Et il est vrai que celui qui cède à cet attrait superf
2160
souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de
l’
impuissance. Et il est vrai que celui qui cède à cet attrait superfici
2161
cède à cet attrait superficiel que presque toutes
les
jolies femmes peuvent exercer sur presque tous les hommes, n’évoque p
2162
es jolies femmes peuvent exercer sur presque tous
les
hommes, n’évoque pas une idée de santé. Mais dans cette furie insolen
2163
ur presque tous les hommes, n’évoque pas une idée
de
santé. Mais dans cette furie insolente, dans cette jactance batailleu
2164
critères spirituels ? Don Juan serait par exemple
le
type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait
2165
spirituels ? Don Juan serait par exemple le type
de
l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait se manif
2166
irituels ? Don Juan serait par exemple le type de
l’
homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait se manifest
2167
mple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan
de
la personne où pourrait se manifester ce qu’il y a d’unique dans un ê
2168
e le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de
la
personne où pourrait se manifester ce qu’il y a d’unique dans un être
2169
a personne où pourrait se manifester ce qu’il y a
d’
unique dans un être. Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans
2170
que dans un être. Pourquoi ne peut-il désirer que
la
nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouv
2171
Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans
la
femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, q
2172
eut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, vit
de
sa possession et ne l’abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’
2173
est pas ? Celui qui a, vit de sa possession et ne
l’
abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Do
2174
, vit de sa possession et ne l’abandonne pas pour
l’
incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme
2175
entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait
l’
homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord choisir, et
2176
r choisir il faudrait être, et il n’est pas. Mais
le
contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout
2177
on Juan cherchant partout son idéal, son « type »
de
beauté féminine (souvenir inconscient de la mère) — trop vite séduit
2178
« type » de beauté féminine (souvenir inconscient
de
la mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujou
2179
ype » de beauté féminine (souvenir inconscient de
la
mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujours
2180
ir inconscient de la mère) — trop vite séduit par
la
plus fugitive ressemblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il l’
2181
la plus fugitive ressemblance, toujours déçu par
la
réalité dès qu’il l’approche, et déjà s’élançant vers d’autres appare
2182
semblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il
l’
approche, et déjà s’élançant vers d’autres apparences, de plus en plus
2183
parences, de plus en plus angoissé et cruel… S’il
le
trouvait, ce « type » de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. O
2184
angoissé et cruel… S’il le trouvait, ce « type »
de
femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. On le voit interrompre sa
2185
de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. On
le
voit interrompre sa course, changer soudain de contenance, baisser la
2186
On le voit interrompre sa course, changer soudain
de
contenance, baisser la tête, s’assombrir, comme saisi d’une timidité,
2187
sa course, changer soudain de contenance, baisser
la
tête, s’assombrir, comme saisi d’une timidité, et fasciné pour la pre
2188
enance, baisser la tête, s’assombrir, comme saisi
d’
une timidité, et fasciné pour la première fois par la révélation d’amo
2189
ne timidité, et fasciné pour la première fois par
la
révélation d’amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouver
2190
t fasciné pour la première fois par la révélation
d’
amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est
2191
emière fois par la révélation d’amour, se muer en
l’
image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on
2192
ois par la révélation d’amour, se muer en l’image
de
Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu
2193
sance à se fixer, soit impuissance à se déprendre
d’
une image à lui-même secrète. Et de là vient sa puissance apparente, s
2194
à se déprendre d’une image à lui-même secrète. Et
de
là vient sa puissance apparente, sa furia, son rythme dionysiaque… O
2195
arente, sa furia, son rythme dionysiaque… Or, si
le
don juanisme est une passion de l’esprit, et non pas comme nous aimio
2196
nysiaque… Or, si le don juanisme est une passion
de
l’esprit, et non pas comme nous aimions le croire une exultation de l
2197
iaque… Or, si le don juanisme est une passion de
l’
esprit, et non pas comme nous aimions le croire une exultation de l’in
2198
assion de l’esprit, et non pas comme nous aimions
le
croire une exultation de l’instinct, tout porte à supposer que cette
2199
n pas comme nous aimions le croire une exultation
de
l’instinct, tout porte à supposer que cette passion n’est pas toujour
2200
as comme nous aimions le croire une exultation de
l’
instinct, tout porte à supposer que cette passion n’est pas toujours l
2201
ours liée au sexe. Et même il faut se demander si
la
sensualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révè
2202
nder si la sensualité, précisément, ne serait pas
le
domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici dange
2203
t, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle
le
moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compromettre un cer
2204
peut compromettre un certain équilibre social que
les
mœurs ont pour but de maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon o
2205
rtain équilibre social que les mœurs ont pour but
de
maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que
2206
libre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que
le
désir de nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’esprit insat
2207
nt d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que le désir
de
nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable l’e
2208
n ou mauvais.) C’est que le désir de nouveauté et
de
changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable l’excite, devient u
2209
de nouveauté et de changement perpétuel, dès que
l’
esprit insatiable l’excite, devient une menace pour la vie. En dérivan
2210
changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable
l’
excite, devient une menace pour la vie. En dérivant cette passion vers
2211
prit insatiable l’excite, devient une menace pour
la
vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve
2212
enace pour la vie. En dérivant cette passion vers
le
plaisir, la société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épu
2213
a vie. En dérivant cette passion vers le plaisir,
la
société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épuisent, sans
2214
ciété se trouve lui ménager des satisfactions qui
l’
épuisent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir d’une dépense imp
2215
énager des satisfactions qui l’épuisent, sans que
l’
ordre des choses ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don
2216
isent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir
d’
une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même il
2217
s Don Juan est un tricheur, et même il ne vit que
de
cela. (La banque de pharaon était la source unique des revenus de Cas
2218
est un tricheur, et même il ne vit que de cela. (
La
banque de pharaon était la source unique des revenus de Casanova : sy
2219
icheur, et même il ne vit que de cela. (La banque
de
pharaon était la source unique des revenus de Casanova : symbole dont
2220
l ne vit que de cela. (La banque de pharaon était
la
source unique des revenus de Casanova : symbole dont il nous donne ma
2221
que de pharaon était la source unique des revenus
de
Casanova : symbole dont il nous donne maintes fois la clé.) Mais une
2222
asanova : symbole dont il nous donne maintes fois
la
clé.) Mais une tricherie constante est moins dangereuse que les faibl
2223
une tricherie constante est moins dangereuse que
les
faiblesses subites d’un honnête homme. On est en garde, et l’on conna
2224
e est moins dangereuse que les faiblesses subites
d’
un honnête homme. On est en garde, et l’on connaît le système, entière
2225
s subites d’un honnête homme. On est en garde, et
l’
on connaît le système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginon
2226
n honnête homme. On est en garde, et l’on connaît
le
système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginons un don juan
2227
Imaginons un don juanisme plus secret, une table
de
pharaon où l’on mette sur les cartes des « valeurs » invisibles au li
2228
don juanisme plus secret, une table de pharaon où
l’
on mette sur les cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces s
2229
us secret, une table de pharaon où l’on mette sur
les
cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors
2230
s » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors
la
tricherie cesse d’être une habileté vulgaire et profitable. Elle peut
2231
ieu d’espèces sonnantes. Alors la tricherie cesse
d’
être une habileté vulgaire et profitable. Elle peut devenir l’acte hér
2232
abileté vulgaire et profitable. Elle peut devenir
l’
acte héroïque d’une loyauté sans scrupules, toutefois considérée comme
2233
et profitable. Elle peut devenir l’acte héroïque
d’
une loyauté sans scrupules, toutefois considérée comme criminelle du f
2234
fait qu’elle institue un nouvel ordre, par décret
de
rigueur subversive. Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et l’adver
2235
ersive. Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et
l’
adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids
2236
siècle. Et l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est
l’
esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de re
2237
t l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit
de
lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement
2238
eur, notre poids naturel, notre faculté naturelle
de
retombement dans la coutume. L’immoraliste est comme le moraliste un
2239
urel, notre faculté naturelle de retombement dans
la
coutume. L’immoraliste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l
2240
faculté naturelle de retombement dans la coutume.
L’
immoraliste est comme le moraliste un ennemi vigilant de l’instinct :
2241
ombement dans la coutume. L’immoraliste est comme
le
moraliste un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il le glorifie, c’
2242
raliste est comme le moraliste un ennemi vigilant
de
l’instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit de polémique, c’e
2243
iste est comme le moraliste un ennemi vigilant de
l’
instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit de polémique, c’est
2244
liste un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il
le
glorifie, c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la n
2245
instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit
de
polémique, c’est qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’a f
2246
par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer
la
nature autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui. Polémiste perpétuel,
2247
st qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne
l’
a fait jusqu’à lui. Polémiste perpétuel, Nietzsche se trouve entièreme
2248
el, Nietzsche se trouve entièrement déterminé par
le
bon et le juste — contre eux. Il va de défi en défi, excité puis exas
2249
che se trouve entièrement déterminé par le bon et
le
juste — contre eux. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par l
2250
erminé par le bon et le juste — contre eux. Il va
de
défi en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de
2251
. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par
le
silence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au c
2252
i en défi, excité puis exaspéré par le silence ou
les
lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esp
2253
cité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés
de
l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y
2254
é puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de
l’
adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a
2255
é par le silence ou les lâchetés de l’adversaire.
Les
idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus de vérité
2256
l’adversaire. Les idées se retournent au caprice
de
l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent
2257
adversaire. Les idées se retournent au caprice de
l’
esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou
2258
retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus
de
vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le doute à l
2259
de l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne.
Les
hommes se rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’
2260
qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans
le
doute à la première séduction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a
2261
ou tombent dans le doute à la première séduction
d’
une hypothèse scientifique. Il n’y a plus de foi qui affirme et qui ma
2262
ction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a plus
de
foi qui affirme et qui maintienne en vertu de l’absurde. Ah ! comme o
2263
de foi qui affirme et qui maintienne en vertu de
l’
absurde. Ah ! comme on se lasse de gagner à tout coup pour peu qu’on a
2264
nne en vertu de l’absurde. Ah ! comme on se lasse
de
gagner à tout coup pour peu qu’on ait l’envie de nier des règles que
2265
se lasse de gagner à tout coup pour peu qu’on ait
l’
envie de nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qu
2266
de gagner à tout coup pour peu qu’on ait l’envie
de
nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qui donc s
2267
er pour une vertu dont on ne sait plus quelle est
la
fin ? Et toutes ces vérités qu’ils respectaient, voyez comme elles on
2268
ra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà «
le
Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans la vie du
2269
l est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est, dans
la
vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur !
2270
tre ? C’est, dans la vie du Don Juan des vérités,
l’
heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pa
2271
est, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure
de
l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas le déf
2272
, dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de
l’
invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas le défi.
2273
au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas
le
défi. Nietzsche attend dans la nuit désertique des hauteurs. Une aube
2274
. Il ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans
la
nuit désertique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de
2275
rtique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore
l’
aube de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée,
2276
des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube
de
la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaq
2277
hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de
la
terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaque
2278
de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort !
De
chaque idée, de chaque croyance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu
2279
rsonne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée,
de
chaque croyance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret
2280
eu est mort ! De chaque idée, de chaque croyance,
de
chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret ; et leur défaite r
2281
yance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer
le
secret ; et leur défaite rapide les rend toutes méprisables après la
2282
a voulu violer le secret ; et leur défaite rapide
les
rend toutes méprisables après la première possession. Pourquoi s’atta
2283
’attarderait-il ? Elles n’étaient excitantes pour
l’
esprit que par la fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’el
2284
Elles n’étaient excitantes pour l’esprit que par
la
fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’elles ont trahi leu
2285
ssitôt qu’elles ont trahi leur commune vulgarité,
le
triomphe perd toute saveur. Il faut détruire maintenant les valeurs n
2286
he perd toute saveur. Il faut détruire maintenant
les
valeurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte. Il faut rejeter a
2287
ant les valeurs neuves qu’on avait inventées pour
la
lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait de toute sa f
2288
pour la lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que
l’
on désirait de toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successe
2289
Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait
de
toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successeurs, de ces di
2290
ougue ; et se rire des suiveurs, des successeurs,
de
ces disciples enhardis par le triomphe ardent d’un autre, et qui déjà
2291
s, des successeurs, de ces disciples enhardis par
le
triomphe ardent d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses
2292
de ces disciples enhardis par le triomphe ardent
d’
un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses victimes… Mille et
2293
nt d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser
de
ses victimes… Mille et trois vérités se sont rendues, et pas une seul
2294
vérités se sont rendues, et pas une seule n’a su
le
retenir. Qu’importent les « contradictions » ! Ce n’est pas pour bâti
2295
et pas une seule n’a su le retenir. Qu’importent
les
« contradictions » ! Ce n’est pas pour bâtir un système qu’il réfute,
2296
tème qu’il réfute, dénonce et détruit, c’est pour
la
joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsc
2297
pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan
l’
image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même in
2298
joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image
de
la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même infiniment
2299
e du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de
la
Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même infiniment se
2300
e Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit
l’
image obscure, et à lui-même infiniment secrète, d’une Vérité qui ne s
2301
’image obscure, et à lui-même infiniment secrète,
d’
une Vérité qui ne se rendrait point, mais qui le posséderait à tout ja
2302
, d’une Vérité qui ne se rendrait point, mais qui
le
posséderait à tout jamais, digne enfin de sa vraie Passion ! Il traqu
2303
ais qui le posséderait à tout jamais, digne enfin
de
sa vraie Passion ! Il traque sans relâche tout ce qui bouge, tout ce
2304
ouge, tout ce qui s’arrête, tout ce qui fait mine
de
résister… Voluptés brèves — le temps d’un aphorisme — fulgurations to
2305
t ce qui fait mine de résister… Voluptés brèves —
le
temps d’un aphorisme — fulgurations toujours décevantes : ce n’est pa
2306
fait mine de résister… Voluptés brèves — le temps
d’
un aphorisme — fulgurations toujours décevantes : ce n’est pas elle qu
2307
e n’est pas elle qu’il vient de posséder… Ô haine
de
leurs vérités faibles ! La Vérité est morte ! Revivra-t-elle ? Car si
2308
t de posséder… Ô haine de leurs vérités faibles !
La
Vérité est morte ! Revivra-t-elle ? Car si ce Dieu est mort, à tout j
2309
si ce Dieu est mort, à tout jamais, il n’y a plus
d’
amour possible. Il faut inventer un amour qui permette au moins de haï
2310
. Il faut inventer un amour qui permette au moins
de
haïr tout ce qui passe, tout ce qui cède, toute l’impudeur et la lour
2311
e haïr tout ce qui passe, tout ce qui cède, toute
l’
impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque
2312
qui passe, tout ce qui cède, toute l’impudeur et
la
lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de
2313
’impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point
de
fureur dionysiaque où la joie de détruire devient douleur, et dans l’
2314
du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où
la
joie de détruire devient douleur, et dans l’angoisse d’une puissance
2315
. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie
de
détruire devient douleur, et dans l’angoisse d’une puissance anéantie
2316
e où la joie de détruire devient douleur, et dans
l’
angoisse d’une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a renc
2317
e de détruire devient douleur, et dans l’angoisse
d’
une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a rencontré souda
2318
par son succès, que Nietzsche a rencontré soudain
la
fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le
2319
dain la fascinante idée du Retour éternel. Devant
le
roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de conten
2320
fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc
de
Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de contenance, e
2321
du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on
le
voit interrompre sa course, changer de contenance, et pour la premièr
2322
s-Maria on le voit interrompre sa course, changer
de
contenance, et pour la première fois baisser la tête et adorer. Tout
2323
r de contenance, et pour la première fois baisser
la
tête et adorer. Tout reviendra éternellement à cette minute, à cet in
2324
dra éternellement à cette minute, à cet instant !
L’
Éternité, c’est le retour des temps ; et non plus la victoire sur le t
2325
à cette minute, à cet instant ! L’Éternité, c’est
le
retour des temps ; et non plus la victoire sur le temps… Mais dans le
2326
Éternité, c’est le retour des temps ; et non plus
la
victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort.
2327
le retour des temps ; et non plus la victoire sur
le
temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort
2328
; et non plus la victoire sur le temps… Mais dans
le
temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a
2329
u revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devient
le
Tristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par l’amour éternellem
2330
ternellement ! Ainsi Nietzsche devient le Tristan
d’
un Destin qu’il ne peut posséder que par l’amour éternellement lointai
2331
ristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par
l’
amour éternellement lointain. Don Juan, tricheur, aime sans amour. S’i
2332
ur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant
la
vérité des êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent les règle
2333
êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent
les
règles anciennes, mais qui ne valent que par ces règles et dans la me
2334
es, mais qui ne valent que par ces règles et dans
la
mesure où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose,
2335
ne valent que par ces règles et dans la mesure où
l’
on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent
2336
es règles et dans la mesure où l’on sent qu’elles
les
violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent leur sens, puisque
2337
où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il
les
impose, elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait
2338
u’il les impose, elles perdent leur sens, puisque
le
système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, p
2339
, elles perdent leur sens, puisque le système qui
les
mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes l
2340
système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà
le
bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une pas
2341
i les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et
le
mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion se rév
2342
plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes
les
règles du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou la v
2343
les du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou
la
mort, ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
2344
il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort, ou
la
vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne
2345
uan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus
de
règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé du mystère :
2346
règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être
la
clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne po
2347
la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes
les
règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous sero
2348
s notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent
de
leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le temps de leur
2349
Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce.
Les
voici donc contraints de gagner dans le temps de leur vie — d’où la t
2350
doutent de leur grâce. Les voici donc contraints
de
gagner dans le temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leu
2351
r grâce. Les voici donc contraints de gagner dans
le
temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la
2352
Les voici donc contraints de gagner dans le temps
de
leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des t
2353
contraints de gagner dans le temps de leur vie —
d’
où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps, le règle
2354
raints de gagner dans le temps de leur vie — d’où
la
tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps, le règlement,
2355
e — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier
la
fin des temps, le règlement, le jugement dernier — d’où l’idée du Ret
2356
rie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps,
le
règlement, le jugement dernier — d’où l’idée du Retour éternel. Comme
2357
il leur faut nier la fin des temps, le règlement,
le
jugement dernier — d’où l’idée du Retour éternel. Comme je parlais de
2358
in des temps, le règlement, le jugement dernier —
d’
où l’idée du Retour éternel. Comme je parlais de ces choses à une amie
2359
s temps, le règlement, le jugement dernier — d’où
l’
idée du Retour éternel. Comme je parlais de ces choses à une amie : «
2360
— d’où l’idée du Retour éternel. Comme je parlais
de
ces choses à une amie : « J’ai connu, me dit-elle, un homme marié ave
2361
vous ajoute à ma liste des mille e tre. C’étaient
les
femmes qu’il n’avait pas eues, par fidélité à la sienne. » Où est la
2362
vait pas eues, par fidélité à la sienne. » Où est
la
tricherie ? Dans le défi, installé au cœur de la règle ?
2363
idélité à la sienne. » Où est la tricherie ? Dans
le
défi, installé au cœur de la règle ?
2364
est la tricherie ? Dans le défi, installé au cœur
de
la règle ?
2365
la tricherie ? Dans le défi, installé au cœur de
la
règle ?
2366
La
gloire Nous le connaissions un peu, et pensions le connaître. La l
2367
La gloire Nous
le
connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papi
2368
loire Nous le connaissions un peu, et pensions
le
connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien di
2369
le connaissions un peu, et pensions le connaître.
La
lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fa
2370
ions un peu, et pensions le connaître. La lecture
de
ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fallait certe
2371
nnaître. La lecture de ses papiers posthumes nous
le
révèle bien différent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant l’
2372
rent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant
l’
on demeure surpris. C’est que tout, dans ses livres — surtout les plus
2373
urpris. C’est que tout, dans ses livres — surtout
les
plus sincères — semblait exclure les préoccupations que trahit son jo
2374
es — surtout les plus sincères — semblait exclure
les
préoccupations que trahit son journal intime. Peut-être le secret d’u
2375
upations que trahit son journal intime. Peut-être
le
secret d’une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages
2376
ue trahit son journal intime. Peut-être le secret
d’
une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages de ces ca
2377
d’une différence aussi curieuse est-il caché dans
les
passages de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragme
2378
nce aussi curieuse est-il caché dans les passages
de
ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates
2379
es de ces cahiers que nous allons transcrire ici.
De
ces fragments de dates diverses, l’on ne verra point se dégager de co
2380
que nous allons transcrire ici. De ces fragments
de
dates diverses, l’on ne verra point se dégager de conclusions tout à
2381
anscrire ici. De ces fragments de dates diverses,
l’
on ne verra point se dégager de conclusions tout à fait claires : il y
2382
de dates diverses, l’on ne verra point se dégager
de
conclusions tout à fait claires : il y a trop de contradictions. Mais
2383
de conclusions tout à fait claires : il y a trop
de
contradictions. Mais c’est ce qui peut intéresser. Une attitude aussi
2384
attitude aussi profondément ambiguë, vis-à-vis de
la
gloire, n’est pas sans entretenir les plus curieux malentendus entre
2385
vis-à-vis de la gloire, n’est pas sans entretenir
les
plus curieux malentendus entre un auteur et ses lecteurs. Or il se p
2386
auteur et ses lecteurs. Or il se peut que ce soit
l’
attitude de la plupart des écrivains modernes. « J’ai vécu pour la gl
2387
es lecteurs. Or il se peut que ce soit l’attitude
de
la plupart des écrivains modernes. « J’ai vécu pour la gloire, dit l
2388
plupart des écrivains modernes. « J’ai vécu pour
la
gloire, dit le prince André, et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est
2389
ivains modernes. « J’ai vécu pour la gloire, dit
le
prince André, et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour d
2390
la gloire, dit le prince André, et qu’est-ce que
la
gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être u
2391
ré, et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi
l’
amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louang
2392
la gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain,
le
désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu p
2393
, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir
de
lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les a
2394
’amour du prochain, le désir de lui être utile et
de
mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les autres, et mon existen
2395
et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour
les
autres, et mon existence est perdue, perdue sans retour ; depuis que
2396
; depuis que je vis pour moi, je suis plus calme…
Les
autres, c’est le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’app
2397
s pour moi, je suis plus calme… Les autres, c’est
le
prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain
2398
plus calme… Les autres, c’est le prochain, comme
la
princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain, cette grande sour
2399
le prochain, comme la princesse Marie et toi vous
l’
appelez, le prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le pr
2400
, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez,
le
prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, sai
2401
vous l’appelez, le prochain, cette grande source
d’
iniquité et de mal ! Le prochain, sais-tu, ce sont les paysans de Kiew
2402
z, le prochain, cette grande source d’iniquité et
de
mal ! Le prochain, sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves
2403
chain, cette grande source d’iniquité et de mal !
Le
prochain, sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combl
2404
niquité et de mal ! Le prochain, sais-tu, ce sont
les
paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. » (Tolstoï, La
2405
e mal ! Le prochain, sais-tu, ce sont les paysans
de
Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. » (Tolstoï, La Guerre et
2406
ais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves
de
combler de bienfaits. » (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m
2407
sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler
de
bienfaits. » (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’avait sédu
2408
que tu rêves de combler de bienfaits. » (Tolstoï,
La
Guerre et la Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur.
2409
de combler de bienfaits. » (Tolstoï, La Guerre et
la
Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En la copian
2410
te page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En
la
copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas
2411
la copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non,
la
gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain.
2412
plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas
l’
amour mais au contraire le mépris du prochain. Le prince André n’a pas
2413
la gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire
le
mépris du prochain. Le prince André n’a pas trouvé de prochains, car
2414
l’amour mais au contraire le mépris du prochain.
Le
prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a cherché qu’un pu
2415
épris du prochain. Le prince André n’a pas trouvé
de
prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est le public qui donne
2416
prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est
le
public qui donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatt
2417
a cherché qu’un public. C’est le public qui donne
la
gloire à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la pr
2418
. C’est le public qui donne la gloire à celui qui
le
méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a v
2419
donne la gloire à celui qui le méprise assez pour
le
flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a vraiment aimé son proch
2420
qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que
la
princesse Marie, qui a vraiment aimé son prochain, n’en a pas reçu de
2421
qui a vraiment aimé son prochain, n’en a pas reçu
de
gloire et n’en demandait point. Aussi ne pense-t-elle pas qu’elle a «
2422
e-t-elle pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt, à
la
fin d’un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je su
2423
e pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt, à la fin
d’
un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis le s
2424
phal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis
le
serviteur du public, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la
2425
ic, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne
la
gloire. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre a
2426
’est à cela qu’on donne la gloire. Et ceux qui ne
la
briguent point risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais la fo
2427
e. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort
de
se rendre antipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’on a
2428
risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais
la
foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la gloire même e
2429
ipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que
l’
on affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a.
2430
foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour
de
la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pou
2431
le n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de
la
gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour g
2432
affiche un amour de la gloire même excessif pour
le
talent qu’on a. La foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent
2433
e la gloire même excessif pour le talent qu’on a.
La
foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent le soin de parler
2434
glorieux que ceux qui prennent le soin de parler
de
leur gloire. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Mme d
2435
soin de parler de leur gloire. Chateaubriand eut
de
la gloire, mais non Stendhal. Mme de Staël en eut, mais non Constant
2436
in de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de
la
gloire, mais non Stendhal. Mme de Staël en eut, mais non Constant (co
2437
onstant (comme écrivain). Or personne ne lit plus
les
Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer la Chartreuse et Ado
2438
Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer
la
Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé du tout
2439
er la Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur
le
talent, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement su
2440
sur le talent, changé du tout, n’entraîne pas que
l’
on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’e
2441
t, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change
le
jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que s
2442
t, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur
la
gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa
2443
ne pas que l’on change le jugement sur la gloire.
La
gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa grandeur n
2444
tends que son pouvoir et sa grandeur ne dépendent
d’
aucune raison, et paraissent même n’en point souffrir. Fama crescit eu
2445
entia famam. Toute gloire est donc aliénée. Celle
d’
un Chateaubriand n’est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui l
2446
est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui
la
lui prête parce que d’abord l’auteur s’y est prêté. Quant à moi, je s
2447
mais au public qui la lui prête parce que d’abord
l’
auteur s’y est prêté. Quant à moi, je suis trop égoïste pour me laisse
2448
non point tel que me désire leur goût sentimental
de
« l’Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui ve
2449
oint tel que me désire leur goût sentimental de «
l’
Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui veut la
2450
tout se complique et se retourne ! Celui qui veut
la
gloire, est-ce qu’il manquerait d’orgueil ? Serait-il plus humble que
2451
Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il manquerait
d’
orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et l’orgueilleux que je suis
2452
it d’orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et
l’
orgueilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve d’amour à son au
2453
eilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve
d’
amour à son audience en exigeant d’elle plus de noblesse ? Dire : je n
2454
pas une preuve d’amour à son audience en exigeant
d’
elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je v
2455
ve d’amour à son audience en exigeant d’elle plus
de
noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je vous néglige,
2456
geant d’elle plus de noblesse ? Dire : je néglige
la
gloire, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour
2457
re, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez
la
gloire pour prix d’une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous
2458
vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix
d’
une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous aime, puisque je vou
2459
s vulgaire que vous n’êtes. Celui qui ne veut pas
la
gloire telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’
2460
n’êtes. Celui qui ne veut pas la gloire telle que
la
donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire te
2461
pas la gloire telle que la donne une foule à qui
la
flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire telle que lui seul serait c
2462
ne foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut
la
gloire telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée m
2463
veut la gloire telle que lui seul serait capable
de
se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de l
2464
la gloire telle que lui seul serait capable de se
la
décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Rena
2465
e que lui seul serait capable de se la décerner ?
L’
idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glori
2466
serait capable de se la décerner ? L’idée moderne
de
la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui q
2467
ait capable de se la décerner ? L’idée moderne de
la
gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui
2468
? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on,
de
la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien p
2469
’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de
la
Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien plus
2470
différant, bien plus qu’en excellant. C’est donc
l’
individu qui se distingue, n’importe où. (Crimes commis pour s’acquéri
2471
gue, n’importe où. (Crimes commis pour s’acquérir
la
gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloi
2472
commis pour s’acquérir la gloire, fréquents dans
l’
Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte
2473
gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.)
Le
besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social
2474
réquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin
de
la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le
2475
uents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de
la
gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le co
2476
xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né
d’
une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du
2477
.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte
de
maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’
2478
c né d’une sorte de maladie du sens social. C’est
le
contraire de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’
2479
rte de maladie du sens social. C’est le contraire
de
l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci
2480
de maladie du sens social. C’est le contraire de
l’
amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni
2481
ocial. C’est le contraire de l’amour du prochain.
L’
individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même conscience du vo
2482
re de l’amour du prochain. L’individu qui cherche
la
gloire n’a plus souci ni même conscience du voisin qu’il pourrait aid
2483
conscience du voisin qu’il pourrait aider (c’est
le
prochain), mais seulement du voisin qu’il peut utiliser. Il cherche d
2484
er. Il cherche des admirateurs, des confirmateurs
de
son être. C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou d’une comm
2485
rateurs, des confirmateurs de son être. C’est que
l’
acte de s’écarter d’une communion ou d’une communauté écarte aussi de
2486
, des confirmateurs de son être. C’est que l’acte
de
s’écarter d’une communion ou d’une communauté écarte aussi de soi, et
2487
ateurs de son être. C’est que l’acte de s’écarter
d’
une communion ou d’une communauté écarte aussi de soi, et l’on éprouve
2488
C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou
d’
une communauté écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin de
2489
d’une communion ou d’une communauté écarte aussi
de
soi, et l’on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme
2490
union ou d’une communauté écarte aussi de soi, et
l’
on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communio
2491
unauté écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors
le
besoin de se faire confirmer. Un homme en communion active avec les h
2492
rte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin
de
se faire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui
2493
aire confirmer. Un homme en communion active avec
les
hommes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car l
2494
Un homme en communion active avec les hommes qui
l’
entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloire est c
2495
mes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher
la
gloire. Car la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excell
2496
rent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car
la
gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excellence, à son ran
2497
la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait
l’
excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et les roi
2498
excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi
les
héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne d
2499
son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et
les
rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien
2500
elon ses astres. Ainsi les héros et les rois sont
les
auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils
2501
res. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs
de
leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils donnent fa
2502
e demandent rien. Et ce qu’ils donnent fait toute
la
renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est l’inverse qu’on observe : c’es
2503
t toute la renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est
l’
inverse qu’on observe : c’est ce que donne la foule qui fait la gloire
2504
’est l’inverse qu’on observe : c’est ce que donne
la
foule qui fait la gloire d’un homme.) La gloire antique était virile,
2505
on observe : c’est ce que donne la foule qui fait
la
gloire d’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Ale
2506
: c’est ce que donne la foule qui fait la gloire
d’
un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exe
2507
ue donne la foule qui fait la gloire d’un homme.)
La
gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire, plus
2508
’un homme.) La gloire antique était virile, comme
le
don. Alexandre exemplaire, plus beau que tous, plus fort et plus heur
2509
c’est une rumeur, c’est une publicité, une espèce
d’
inflation provisoire. Elle n’est pas grande, mais exagérée, mobile, ne
2510
ssentie comme flatteuse. C’est donc quelque chose
de
vulgaire. De fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne pui
2511
flatteuse. C’est donc quelque chose de vulgaire.
De
fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne puisse démontrer
2512
que chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas
de
gloire moderne dont on ne puisse démontrer par quels moyens elle fut
2513
quels moyens elle fut acquise : toujours au prix
d’
une vulgarité. (Zones de bassesse chez d’Annunzio : c’est là, non pas
2514
cquise : toujours au prix d’une vulgarité. (Zones
de
bassesse chez d’Annunzio : c’est là, non pas dans la beauté de son œu
2515
au prix d’une vulgarité. (Zones de bassesse chez
d’
Annunzio : c’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que s’est co
2516
bassesse chez d’Annunzio : c’est là, non pas dans
la
beauté de son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, j
2517
hez d’Annunzio : c’est là, non pas dans la beauté
de
son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, je me suis
2518
rer une gloire qui ne m’ennuierait pas. Non point
la
leur, mais celle que je pourrais rejoindre, telle que je la connais d
2519
ais celle que je pourrais rejoindre, telle que je
la
connais depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin d’adorateur
2520
depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin
d’
adorateurs pour rayonner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là
2521
s besoin d’adorateurs pour rayonner et se réjouir
de
son être. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie gloi
2522
ner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là
le
privilège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ?
2523
ouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège
d’
un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là que
2524
re. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et
la
vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a d
2525
lège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que
l’
incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas
2526
st-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a
de
la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’
2527
ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de
la
valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inv
2528
? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne
le
sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne sera
2529
quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas.
La
gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aus
2530
le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près
l’
inverse. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen de sauver son i
2531
à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aussi
le
meilleur moyen de sauver son incognito en se donnant l’air précisémen
2532
se. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen
de
sauver son incognito en se donnant l’air précisément d’y renoncer ? A
2533
lleur moyen de sauver son incognito en se donnant
l’
air précisément d’y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle conf
2534
ver son incognito en se donnant l’air précisément
d’
y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’êtr
2535
t l’air précisément d’y renoncer ? Autre avantage
de
la gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup
2536
’air précisément d’y renoncer ? Autre avantage de
la
gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en
2537
ncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère
le
droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’ex
2538
tre avantage de la gloire : elle confère le droit
d’
être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’expérience
2539
nal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse :
l’
expérience intime de la gloire précède toujours sa manifestation. L’am
2540
ucoup en abusent… Hypothèse : l’expérience intime
de
la gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien
2541
up en abusent… Hypothèse : l’expérience intime de
la
gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien po
2542
e de la gloire précède toujours sa manifestation.
L’
ambitieux ne vaut rien pour la gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès
2543
s sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien pour
la
gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la
2544
e. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous
l’
empire de la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puis
2545
peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire
de
la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer
2546
t aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de
la
comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer sa
2547
l reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup
d’
hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer sa vanité, ou bien ils croi
2548
é, ou bien ils croient que ce serait naïf ; et si
l’
on avoue son orgueil, ils croient que c’est par vanité… Je suis homme
2549
tors, orgueilleux, etc. Quel avantage à feindre ?
La
plus sotte vanité étant assurément d’essayer de faire croire qu’on n’
2550
à feindre ? La plus sotte vanité étant assurément
d’
essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre
2551
? La plus sotte vanité étant assurément d’essayer
de
faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité, l
2552
d’essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si
l’
on condamne sa propre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait d’
2553
n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité,
le
mieux pour s’en débarrasser serait d’en parler ouvertement. Comme un
2554
pre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait
d’
en parler ouvertement. Comme un menteur qui dirait : « Je vous avertis
2555
nstructif et amusant. Je veux ma gloire, et je ne
l’
avoue jamais — je fais le modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne ve
2556
veux ma gloire, et je ne l’avoue jamais — je fais
le
modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vou
2557
e, et je ne l’avoue jamais — je fais le modeste —
d’
où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vous éblouir, vo
2558
odeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas
la
gloire pour vous éblouir, vous que j’aime et qui me connaissez. Vous
2559
ue je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai
de
la gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous
2560
je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai de
la
gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous ne
2561
our que j’ai de la gloire, que sauriez-vous alors
d’
essentiel que dès maintenant vous ne sachiez ? Ou c’est que vous vous
2562
e croyez point par vous-mêmes — et je ne veux pas
l’
erreur. Ou bien veux-je cette erreur-là ? Certes — mais non comme une
2563
je veux cela. Qu’est-ce donc que « gloire », dont
la
prononciation, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir les la
2564
c que « gloire », dont la prononciation, pour peu
d’
emphase que j’y prête, me fait venir les larmes aux yeux ? Gloire et l
2565
, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir
les
larmes aux yeux ? Gloire et lumière, gloire et mystère, gloire et mor
2566
ord clamé, ou cet instant plutôt qui est au seuil
de
sa résolution fondamentale — quel est ce seuil, et que nous ouvrent,
2567
est ce seuil, et que nous ouvrent, sur quel ciel,
les
symphonies ? Je n’ose pas dire que je veux être Dieu. Ce serait là, p
2568
eux être Dieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité,
la
vérité de mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, qu
2569
ieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité, la vérité
de
mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, que je voudr
2570
cause que mon nom est : mensonge, que je voudrais
la
gloire et ne sais pas pourquoi ? Ou n’ose pas savoir pourquoi… Ce que
2571
ue je n’ose pas savoir est angoisse. Angoisse est
le
nom du secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que
2572
goisse est le nom du secret que je sers sans oser
le
servir, parce que je sais que son nom est mensonge, et que c’est moi
2573
s’oppose à ma gloire, et qui me sauve malgré moi
de
mon triomphe. Il n’y a qu’un seul Dieu, celui qui dit Je suis. Ce ser
2574
a tout, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi
de
la gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire !
2575
out, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi de
la
gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire !
2576
a gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme
la
gloire !
2577
Le
nœud gordien renoué Un oracle avait annoncé que serait roi celui qu
2578
out sur son char, pénétrerait au grand galop dans
le
temple de Jupiter. Les quelques-uns qui le savaient étaient exclus de
2579
n char, pénétrerait au grand galop dans le temple
de
Jupiter. Les quelques-uns qui le savaient étaient exclus de la compét
2580
trerait au grand galop dans le temple de Jupiter.
Les
quelques-uns qui le savaient étaient exclus de la compétition par leu
2581
p dans le temple de Jupiter. Les quelques-uns qui
le
savaient étaient exclus de la compétition par leur science même : on
2582
. Les quelques-uns qui le savaient étaient exclus
de
la compétition par leur science même : on exigeait l’innocence de l’â
2583
es quelques-uns qui le savaient étaient exclus de
la
compétition par leur science même : on exigeait l’innocence de l’âme.
2584
a compétition par leur science même : on exigeait
l’
innocence de l’âme. Quant au peuple, il vaquait à ses travaux. Un jour
2585
n par leur science même : on exigeait l’innocence
de
l’âme. Quant au peuple, il vaquait à ses travaux. Un jour, un paysan
2586
ar leur science même : on exigeait l’innocence de
l’
âme. Quant au peuple, il vaquait à ses travaux. Un jour, un paysan nom
2587
jour, un paysan nommé Gordius vient à cette ville
de
Phrygie. Il déclare qu’il voudrait visiter les curiosités de l’endroi
2588
lle de Phrygie. Il déclare qu’il voudrait visiter
les
curiosités de l’endroit. On lui indique le temple et la mairie. Sans
2589
Il déclare qu’il voudrait visiter les curiosités
de
l’endroit. On lui indique le temple et la mairie. Sans hésiter, il en
2590
déclare qu’il voudrait visiter les curiosités de
l’
endroit. On lui indique le temple et la mairie. Sans hésiter, il entre
2591
siter les curiosités de l’endroit. On lui indique
le
temple et la mairie. Sans hésiter, il entre au temple sur son char, e
2592
iosités de l’endroit. On lui indique le temple et
la
mairie. Sans hésiter, il entre au temple sur son char, et les prêtres
2593
Sans hésiter, il entre au temple sur son char, et
les
prêtres s’écrient en chœur : C’est lui le Roi ! Voici le Roi que nous
2594
ar, et les prêtres s’écrient en chœur : C’est lui
le
Roi ! Voici le Roi que nous attendions ! Devenu roi par hasard et gr
2595
res s’écrient en chœur : C’est lui le Roi ! Voici
le
Roi que nous attendions ! Devenu roi par hasard et grâce d’innocence
2596
nous attendions ! Devenu roi par hasard et grâce
d’
innocence, Gordius voulut le rester par astucieuse appropriation d’art
2597
i par hasard et grâce d’innocence, Gordius voulut
le
rester par astucieuse appropriation d’artisan. Il saute à terre, bien
2598
ius voulut le rester par astucieuse appropriation
d’
artisan. Il saute à terre, bien décidé à montrer aux gens de la ville
2599
Il saute à terre, bien décidé à montrer aux gens
de
la ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes de l’autel et le timon
2600
saute à terre, bien décidé à montrer aux gens de
la
ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes de l’autel et le timon du
2601
r aux gens de la ville ce qu’il sait faire. Entre
les
cornes de l’autel et le timon du char, le voilà qui se met à nouer le
2602
de la ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes
de
l’autel et le timon du char, le voilà qui se met à nouer le plus beau
2603
la ville ce qu’il sait faire. Entre les cornes de
l’
autel et le timon du char, le voilà qui se met à nouer le plus beau nœ
2604
qu’il sait faire. Entre les cornes de l’autel et
le
timon du char, le voilà qui se met à nouer le plus beau nœud qu’il ai
2605
Entre les cornes de l’autel et le timon du char,
le
voilà qui se met à nouer le plus beau nœud qu’il ait jamais rêvé. Il
2606
et le timon du char, le voilà qui se met à nouer
le
plus beau nœud qu’il ait jamais rêvé. Il y passe des heures indicible
2607
ait jamais rêvé. Il y passe des heures indicibles
d’
intensité et de concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’at
2608
. Il y passe des heures indicibles d’intensité et
de
concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’inno
2609
indicibles d’intensité et de concentration. C’est
le
temps de sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’innocence du prédestiné et l
2610
s d’intensité et de concentration. C’est le temps
de
sa vie ! Ce nœud l’attestera. L’innocence du prédestiné et la malice
2611
concentration. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud
l’
attestera. L’innocence du prédestiné et la malice du paysan s’y mêlent
2612
. C’est le temps de sa vie ! Ce nœud l’attestera.
L’
innocence du prédestiné et la malice du paysan s’y mêlent dans un vert
2613
Ce nœud l’attestera. L’innocence du prédestiné et
la
malice du paysan s’y mêlent dans un vertige de trouvailles, dans une
2614
et la malice du paysan s’y mêlent dans un vertige
de
trouvailles, dans une embrouille de génie. Les tours les plus retors
2615
ns un vertige de trouvailles, dans une embrouille
de
génie. Les tours les plus retors de cette corde nouent à la grâce l’a
2616
ige de trouvailles, dans une embrouille de génie.
Les
tours les plus retors de cette corde nouent à la grâce l’ambition, ma
2617
uvailles, dans une embrouille de génie. Les tours
les
plus retors de cette corde nouent à la grâce l’ambition, marient au l
2618
ne embrouille de génie. Les tours les plus retors
de
cette corde nouent à la grâce l’ambition, marient au luxe fou l’avari
2619
Les tours les plus retors de cette corde nouent à
la
grâce l’ambition, marient au luxe fou l’avarice ingénieuse, resserren
2620
les plus retors de cette corde nouent à la grâce
l’
ambition, marient au luxe fou l’avarice ingénieuse, resserrent dans le
2621
nouent à la grâce l’ambition, marient au luxe fou
l’
avarice ingénieuse, resserrent dans les liens d’un calcul instinctif l
2622
au luxe fou l’avarice ingénieuse, resserrent dans
les
liens d’un calcul instinctif l’enthousiasme de la grandeur, et son an
2623
u l’avarice ingénieuse, resserrent dans les liens
d’
un calcul instinctif l’enthousiasme de la grandeur, et son angoisse. A
2624
resserrent dans les liens d’un calcul instinctif
l’
enthousiasme de la grandeur, et son angoisse. Ah ! le compère assez ma
2625
s les liens d’un calcul instinctif l’enthousiasme
de
la grandeur, et son angoisse. Ah ! le compère assez malin pour dénoue
2626
es liens d’un calcul instinctif l’enthousiasme de
la
grandeur, et son angoisse. Ah ! le compère assez malin pour dénouer c
2627
nthousiasme de la grandeur, et son angoisse. Ah !
le
compère assez malin pour dénouer ce chef-d’œuvre brut, par Jupiter !
2628
il n’est pas encore né ! On ne sait rien du règne
de
Gordius. Mais le nœud qu’il noua devint célèbre. Un oracle nouveau ne
2629
re né ! On ne sait rien du règne de Gordius. Mais
le
nœud qu’il noua devint célèbre. Un oracle nouveau ne tarda pas à le c
2630
devint célèbre. Un oracle nouveau ne tarda pas à
le
consacrer chez les Grecs : quiconque parviendrait à le dénouer, régne
2631
n oracle nouveau ne tarda pas à le consacrer chez
les
Grecs : quiconque parviendrait à le dénouer, régnerait sur toute l’As
2632
nsacrer chez les Grecs : quiconque parviendrait à
le
dénouer, régnerait sur toute l’Asie. Car un nœud, c’est d’abord un an
2633
ue parviendrait à le dénouer, régnerait sur toute
l’
Asie. Car un nœud, c’est d’abord un anneau : signe d’alliance et de pr
2634
sie. Car un nœud, c’est d’abord un anneau : signe
d’
alliance et de prise du pouvoir. Cercle magique et couronne royale. Si
2635
ud, c’est d’abord un anneau : signe d’alliance et
de
prise du pouvoir. Cercle magique et couronne royale. Signe aussi de f
2636
r. Cercle magique et couronne royale. Signe aussi
de
fécondité. Qu’une intrigue se noue, elle gouverne aussitôt les person
2637
. Qu’une intrigue se noue, elle gouverne aussitôt
les
personnages qui la vivent. Un mariage se noue, une amitié se noue. Qu
2638
noue, elle gouverne aussitôt les personnages qui
la
vivent. Un mariage se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire d’
2639
e se noue, une amitié se noue. Quand on peut dire
d’
un fruit qu’il a noué, il devient graine. Celui qui sait comment se fa
2640
sait comment se fait un nœud, sait aussi comment
le
défaire, et le refaire : il détient le secret du pouvoir. De tous les
2641
e fait un nœud, sait aussi comment le défaire, et
le
refaire : il détient le secret du pouvoir. De tous les pays de la Grè
2642
si comment le défaire, et le refaire : il détient
le
secret du pouvoir. De tous les pays de la Grèce, les rêveurs de couro
2643
et le refaire : il détient le secret du pouvoir.
De
tous les pays de la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contemple
2644
efaire : il détient le secret du pouvoir. De tous
les
pays de la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contempler l’objet
2645
il détient le secret du pouvoir. De tous les pays
de
la Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contempler l’objet. Ils ve
2646
détient le secret du pouvoir. De tous les pays de
la
Grèce, les rêveurs de couronnes vinrent contempler l’objet. Ils venai
2647
secret du pouvoir. De tous les pays de la Grèce,
les
rêveurs de couronnes vinrent contempler l’objet. Ils venaient s’asseo
2648
ouvoir. De tous les pays de la Grèce, les rêveurs
de
couronnes vinrent contempler l’objet. Ils venaient s’asseoir devant l
2649
rèce, les rêveurs de couronnes vinrent contempler
l’
objet. Ils venaient s’asseoir devant lui, pour l’étudier avec passion,
2650
l’objet. Ils venaient s’asseoir devant lui, pour
l’
étudier avec passion, pendant des heures, des jours, des mois. Combien
2651
pendant des heures, des jours, des mois. Combien
de
grandes pensées se nouèrent dans ce piège à méditations symboliques !
2652
dans ce piège à méditations symboliques ! Combien
de
regards aussi, apparemment stupides, apprirent à déchiffrer les circo
2653
ssi, apparemment stupides, apprirent à déchiffrer
les
circonvolutions de cet emblème d’un cerveau, né d’une pensée unique e
2654
pides, apprirent à déchiffrer les circonvolutions
de
cet emblème d’un cerveau, né d’une pensée unique et vraiment souverai
2655
t à déchiffrer les circonvolutions de cet emblème
d’
un cerveau, né d’une pensée unique et vraiment souveraine : la royauté
2656
s circonvolutions de cet emblème d’un cerveau, né
d’
une pensée unique et vraiment souveraine : la royauté dans son état na
2657
, né d’une pensée unique et vraiment souveraine :
la
royauté dans son état naissant. Je me souviens. J’allais m’asseoir au
2658
Je me souviens. J’allais m’asseoir au temple, par
les
jours de colère intraitable. Je dardais un regard de flèche vers ce n
2659
iens. J’allais m’asseoir au temple, par les jours
de
colère intraitable. Je dardais un regard de flèche vers ce nœud de vi
2660
jours de colère intraitable. Je dardais un regard
de
flèche vers ce nœud de vipères impassible. Des vengeances profondes s
2661
able. Je dardais un regard de flèche vers ce nœud
de
vipères impassible. Des vengeances profondes se lovaient dans les tor
2662
ssible. Des vengeances profondes se lovaient dans
les
torsions à peine visibles imaginées à l’intérieur de cet objet monstr
2663
inées à l’intérieur de cet objet monstrueux, fait
d’
une seule corde. Et je passais des heures à contempler ceux qui, à mon
2664
contempler ceux qui, à mon instar, contemplaient
le
nœud gordien. Celui qui le portait en lui-même et qui se faisait anal
2665
instar, contemplaient le nœud gordien. Celui qui
le
portait en lui-même et qui se faisait analyser à Delphes : il venait
2666
nous, renouant par cette fascination tout ce que
le
prêtre avait dénoué en lui, refaisant le nœud d’après nature, l’aiman
2667
t ce que le prêtre avait dénoué en lui, refaisant
le
nœud d’après nature, l’aimant parce qu’il était dans sa nature… Celui
2668
dénoué en lui, refaisant le nœud d’après nature,
l’
aimant parce qu’il était dans sa nature… Celui qui prévoyait la scienc
2669
e qu’il était dans sa nature… Celui qui prévoyait
la
science de nos jours, et me disait : « Il n’est de science que des ph
2670
it dans sa nature… Celui qui prévoyait la science
de
nos jours, et me disait : « Il n’est de science que des phénomènes qu
2671
a science de nos jours, et me disait : « Il n’est
de
science que des phénomènes que l’on peut reproduire à volonté. Quel e
2672
it : « Il n’est de science que des phénomènes que
l’
on peut reproduire à volonté. Quel est ce nœud, réel, unique, inimitab
2673
mitable, cet objet devant moi indubitable, et que
la
science ne saura vérifier ni dénouer, faute de pouvoir le répéter sel
2674
ce ne saura vérifier ni dénouer, faute de pouvoir
le
répéter selon la recette ? Il n’existe donc point à ses yeux. Elle n’
2675
ier ni dénouer, faute de pouvoir le répéter selon
la
recette ? Il n’existe donc point à ses yeux. Elle n’en veut pas. Et s
2676
pas. Et si personne n’en veut, il est à moi ! Je
le
prends : il est ma liberté… » Celui qui murmurait parfois : C’est con
2677
: C’est consolant ! (par allusion à ses malheurs
d’
amour, si simples…) Et la femme de Gordius vint un jour s’acquitter d
2678
allusion à ses malheurs d’amour, si simples…) Et
la
femme de Gordius vint un jour s’acquitter de ses dévotions. Devant le
2679
à ses malheurs d’amour, si simples…) Et la femme
de
Gordius vint un jour s’acquitter de ses dévotions. Devant le nœud, ap
2680
Et la femme de Gordius vint un jour s’acquitter
de
ses dévotions. Devant le nœud, après un long regard, elle dit : Ce n’
2681
vint un jour s’acquitter de ses dévotions. Devant
le
nœud, après un long regard, elle dit : Ce n’est pas si ressemblant qu
2682
la ! (Elle croyait que son mari ne s’occupait que
d’
elle.) Et tant d’autres qui vinrent, et qui restaient longtemps. Et nu
2683
aient longtemps. Et nul ne s’en allait qu’enrichi
d’
un mystère. Tel était le culte de Gordium, religion de l’inextricable.
2684
ne s’en allait qu’enrichi d’un mystère. Tel était
le
culte de Gordium, religion de l’inextricable. Alexandre impatient et
2685
llait qu’enrichi d’un mystère. Tel était le culte
de
Gordium, religion de l’inextricable. Alexandre impatient et tricheur
2686
mystère. Tel était le culte de Gordium, religion
de
l’inextricable. Alexandre impatient et tricheur pénétra dans le templ
2687
stère. Tel était le culte de Gordium, religion de
l’
inextricable. Alexandre impatient et tricheur pénétra dans le temple a
2688
ble. Alexandre impatient et tricheur pénétra dans
le
temple au jour dit par ses astres, trancha le nœud d’un coup d’épée,
2689
ans le temple au jour dit par ses astres, trancha
le
nœud d’un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de la saison. (T
2690
emple au jour dit par ses astres, trancha le nœud
d’
un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de la saison. (Tous les
2691
astres, trancha le nœud d’un coup d’épée, ramassa
le
prix pour la durée de la saison. (Tous les joueurs perdent.) Ce coup
2692
ha le nœud d’un coup d’épée, ramassa le prix pour
la
durée de la saison. (Tous les joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fond
2693
d d’un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée
de
la saison. (Tous les joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fondé le mond
2694
’un coup d’épée, ramassa le prix pour la durée de
la
saison. (Tous les joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fondé le monde m
2695
ramassa le prix pour la durée de la saison. (Tous
les
joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fondé le monde moderne. Monde de l
2696
Tous les joueurs perdent.) Ce coup d’épée a fondé
le
monde moderne. Monde de la simplification hâtive ; de l’expérience qu
2697
.) Ce coup d’épée a fondé le monde moderne. Monde
de
la simplification hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ; de
2698
Ce coup d’épée a fondé le monde moderne. Monde de
la
simplification hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ; de l’
2699
onde moderne. Monde de la simplification hâtive ;
de
l’expérience qui détruit son objet ; de l’action efficace au détrimen
2700
e moderne. Monde de la simplification hâtive ; de
l’
expérience qui détruit son objet ; de l’action efficace au détriment d
2701
hâtive ; de l’expérience qui détruit son objet ;
de
l’action efficace au détriment du sens ; de la tricherie ; de la rupt
2702
tive ; de l’expérience qui détruit son objet ; de
l’
action efficace au détriment du sens ; de la tricherie ; de la rupture
2703
jet ; de l’action efficace au détriment du sens ;
de
la tricherie ; de la rupture des liens. Et depuis lors, je vais crian
2704
; de l’action efficace au détriment du sens ; de
la
tricherie ; de la rupture des liens. Et depuis lors, je vais criant :
2705
efficace au détriment du sens ; de la tricherie ;
de
la rupture des liens. Et depuis lors, je vais criant : Renouez-le ! R
2706
icace au détriment du sens ; de la tricherie ; de
la
rupture des liens. Et depuis lors, je vais criant : Renouez-le ! Reno
2707
s liens. Et depuis lors, je vais criant : Renouez-
le
! Renouez-le ! Car il y va de tout, du sens même de nos vies ! Car vo
2708
epuis lors, je vais criant : Renouez-le ! Renouez-
le
! Car il y va de tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez, no
2709
is criant : Renouez-le ! Renouez-le ! Car il y va
de
tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d
2710
! Renouez-le ! Car il y va de tout, du sens même
de
nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans un monde
2711
de nos vies ! Car vous mourez, nous mourons tous
d’
ennui, dans un monde où rien ne se noue. Car vous mourez, nous mourons
2712
ne se noue. Car vous mourez, nous mourons tous à
la
vie spirituelle, la vie précieuse. Elle n’existe que prise au complex
2713
s mourez, nous mourons tous à la vie spirituelle,
la
vie précieuse. Elle n’existe que prise au complexe d’une âme, dans le
2714
ie précieuse. Elle n’existe que prise au complexe
d’
une âme, dans les détours du plus profond secret noué. Et si vous simp
2715
le n’existe que prise au complexe d’une âme, dans
les
détours du plus profond secret noué. Et si vous simplifiez vous gagne
2716
secret noué. Et si vous simplifiez vous gagnerez
le
monde, mais au prix d’une âme, la vôtre. Car vous mourez, nous mouron
2717
s simplifiez vous gagnerez le monde, mais au prix
d’
une âme, la vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne
2718
z vous gagnerez le monde, mais au prix d’une âme,
la
vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à l’amour qui ne tranche ri
2719
e, la vôtre. Car vous mourez, nous mourons tous à
l’
amour qui ne tranche rien, mais qui épouse, qui accepte, qui pénètre,
2720
ation sans espoir, ces replis infinis qui défient
le
calcul. Car une coupe transversale pratiquée dans un nœud n’apprend
2721
près rien sur sa structure, mais détruit à jamais
l’
espoir de le refaire, de le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’es
2722
sur sa structure, mais détruit à jamais l’espoir
de
le refaire, de le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire
2723
r sa structure, mais détruit à jamais l’espoir de
le
refaire, de le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire de
2724
re, mais détruit à jamais l’espoir de le refaire,
de
le comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou
2725
mais détruit à jamais l’espoir de le refaire, de
le
comprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou d’
2726
amais l’espoir de le refaire, de le comprendre ou
de
s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou d’aimer. On ne peut
2727
omprendre ou de s’y laisser prendre, c’est-à-dire
de
connaître ou d’aimer. On ne peut opposer au mythe du nœud gordien que
2728
s’y laisser prendre, c’est-à-dire de connaître ou
d’
aimer. On ne peut opposer au mythe du nœud gordien que l’histoire du n
2729
. On ne peut opposer au mythe du nœud gordien que
l’
histoire du nœud-le-plus-simple-du-monde. La guerre civile était près
2730
n que l’histoire du nœud-le-plus-simple-du-monde.
La
guerre civile était près d’éclater entre les Suisses, au xve siècle.
2731
plus-simple-du-monde. La guerre civile était près
d’
éclater entre les Suisses, au xve siècle. Un messager fut envoyé à l’
2732
onde. La guerre civile était près d’éclater entre
les
Suisses, au xve siècle. Un messager fut envoyé à l’Ermite qui vivait
2733
Suisses, au xve siècle. Un messager fut envoyé à
l’
Ermite qui vivait dans les Alpes et qui détenait, sans nul pouvoir, l’
2734
Un messager fut envoyé à l’Ermite qui vivait dans
les
Alpes et qui détenait, sans nul pouvoir, l’autorité. En cette extrémi
2735
dans les Alpes et qui détenait, sans nul pouvoir,
l’
autorité. En cette extrémité, et tout espoir perdu, on sollicitait son
2736
espoir perdu, on sollicitait son conseil. Il prit
la
corde qui servait de ceinture à sa pauvre robe. Il en fit une boucle
2737
icitait son conseil. Il prit la corde qui servait
de
ceinture à sa pauvre robe. Il en fit une boucle simple et la tendit a
2738
à sa pauvre robe. Il en fit une boucle simple et
la
tendit au messager : — Va leur donner ce nœud, dit-il, afin qu’ils le
2739
r : — Va leur donner ce nœud, dit-il, afin qu’ils
le
dénouent. — Un faible enfant pourrait le dénouer ! — L’homme le plus
2740
n qu’ils le dénouent. — Un faible enfant pourrait
le
dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il fa
2741
ouent. — Un faible enfant pourrait le dénouer ! —
L’
homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors l’
2742
Un faible enfant pourrait le dénouer ! — L’homme
le
plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors l’épée pou
2743
dénouer ! — L’homme le plus fort ne pourrait pas
le
dénouer, et il faudrait alors l’épée pour le trancher, si chacun tire
2744
ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors
l’
épée pour le trancher, si chacun tire par un bout, de son côté. Quelle
2745
pas le dénouer, et il faudrait alors l’épée pour
le
trancher, si chacun tire par un bout, de son côté. Quelle histoire éd
2746
pée pour le trancher, si chacun tire par un bout,
de
son côté. Quelle histoire édifiante ! dit Alexandre.
2747
Le
supplice de Tantale L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main,
2748
Le supplice
de
Tantale L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le roche
2749
Le supplice de Tantale
L’
eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui surplom
2750
Le supplice de Tantale L’eau fuit ses lèvres,
la
branche fuit sa main, et le rocher qui surplombe sa tête va tomber ma
2751
’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et
le
rocher qui surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’o
2752
ombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour
l’
observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale su
2753
l’observateur non prévenu, tout se passe comme si
le
désir de Tantale suffisait à repousser les objets qu’il désire, et sa
2754
teur non prévenu, tout se passe comme si le désir
de
Tantale suffisait à repousser les objets qu’il désire, et sa crainte
2755
omme si le désir de Tantale suffisait à repousser
les
objets qu’il désire, et sa crainte l’objet qu’il redoute. Quand il se
2756
repousser les objets qu’il désire, et sa crainte
l’
objet qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière
2757
te l’objet qu’il redoute. Quand il se penche vers
la
surface de la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras
2758
qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface
de
la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras vers ces fr
2759
il redoute. Quand il se penche vers la surface de
la
rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras vers ces fruit
2760
la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève
le
bras vers ces fruits mûrs qui font ployer la branche au-dessus de son
2761
lève le bras vers ces fruits mûrs qui font ployer
la
branche au-dessus de son front, on dirait que son geste même déclench
2762
fruits mûrs qui font ployer la branche au-dessus
de
son front, on dirait que son geste même déclenche un mécanisme qui l’
2763
ait que son geste même déclenche un mécanisme qui
l’
annule. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’élève avec an
2764
e. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il
l’
élève avec angoisse vers le rocher, retient le rocher. Étrange lieu qu
2765
son regard, dès qu’il l’élève avec angoisse vers
le
rocher, retient le rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où la
2766
’il l’élève avec angoisse vers le rocher, retient
le
rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où la pesante logique de
2767
e rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où
la
pesante logique de la matière est abolie pour peu que l’homme se mani
2768
ieu que ce coin du Tartare, où la pesante logique
de
la matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un
2769
que ce coin du Tartare, où la pesante logique de
la
matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un pu
2770
nte logique de la matière est abolie pour peu que
l’
homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’i
2771
u que l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu
de
l’esprit ? Oui, car à l’instant même où Tantale est ému, où il forme
2772
ue l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de
l’
esprit ? Oui, car à l’instant même où Tantale est ému, où il forme un
2773
ntale est ému, où il forme un projet, où il agit,
les
lois de la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes
2774
ému, où il forme un projet, où il agit, les lois
de
la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mo
2775
u, où il forme un projet, où il agit, les lois de
la
chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort,
2776
et, où il agit, les lois de la chute des corps et
de
leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort, font place aux lois d
2777
s corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes
de
la mort, font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’esprit ;
2778
orps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de
la
mort, font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’esprit ; et
2779
t, font place aux lois des dieux, qui sont celles
de
l’esprit ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esp
2780
font place aux lois des dieux, qui sont celles de
l’
esprit ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esprit
2781
celles de l’esprit ; et des dieux irrités contre
l’
homme, c’est-à-dire d’un esprit coupable. Regardons bien ce paysage im
2782
et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire
d’
un esprit coupable. Regardons bien ce paysage imaginaire, cette compos
2783
iée comme un arcane du Tarot et non moins chargée
de
symboles : un corps, une eau, une branche et un rocher. C’est l’homme
2784
n corps, une eau, une branche et un rocher. C’est
l’
homme coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise,
2785
r. C’est l’homme coupable, environné des emblèmes
de
sa peur et de sa convoitise, emblèmes ou signes, car tout tient ici à
2786
me coupable, environné des emblèmes de sa peur et
de
sa convoitise, emblèmes ou signes, car tout tient ici à des événement
2787
ent ici à des événements intérieurs. Tout tient à
l’
homme et tout illustre une des structures fondamentales de son être. T
2788
et tout illustre une des structures fondamentales
de
son être. Tantale avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la
2789
e son être. Tantale avait commis deux crimes, dit
la
Fable. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à ses hôtes leur n
2790
e avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à
la
table des dieux, il avait dérobé à ses hôtes leur nectar et leur ambr
2791
é à ses hôtes leur nectar et leur ambroisie, pour
les
faire goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et d’é
2792
ie, pour les faire goûter aux mortels. Puis, dans
l’
idée de défier l’Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué so
2793
r les faire goûter aux mortels. Puis, dans l’idée
de
défier l’Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué son propr
2794
e goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier
l’
Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué son propre fils Pél
2795
mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et
d’
éprouver son omniscience, il avait tué son propre fils Pélops, pour fa
2796
propre fils Pélops, pour faire servir sa chair à
la
table divine. Les liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes de
2797
ps, pour faire servir sa chair à la table divine.
Les
liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un
2798
e servir sa chair à la table divine. Les liqueurs
d’
immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme cherc
2799
liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes
de
la Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin
2800
queurs d’immortalité sont ici comme des signes de
la
Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin de
2801
fin de s’assurer un empire terrestre. Doutons que
la
philanthropie préside au vol de Tantale, quand il est assez clair qu’
2802
stre. Doutons que la philanthropie préside au vol
de
Tantale, quand il est assez clair qu’il jalouse les dieux, leur divin
2803
e Tantale, quand il est assez clair qu’il jalouse
les
dieux, leur divination, leur puissance, et tous les plaisirs qu’ils e
2804
s dieux, leur divination, leur puissance, et tous
les
plaisirs qu’ils en tirent. Quant à la mise à mort du fils, offert ens
2805
e, et tous les plaisirs qu’ils en tirent. Quant à
la
mise à mort du fils, offert ensuite aux dieux comme nourriture meille
2806
eux comme nourriture meilleure, il est surprenant
d’
observer qu’elle invertit exactement le sacrifice du Fils de Dieu. Au
2807
surprenant d’observer qu’elle invertit exactement
le
sacrifice du Fils de Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux homme
2808
qu’elle invertit exactement le sacrifice du Fils
de
Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuen
2809
u du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils
le
tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la consommation de
2810
uent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par
la
consommation de son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils,
2811
pour qu’ensuite ils revivent par la consommation
de
son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils, et donne sa chai
2812
r qu’ils en meurent — s’ils perdent leur divinité
de
s’être une fois laissé surprendre et abuser. À cette double infractio
2813
e et abuser. À cette double infraction aux grâces
de
l’esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un
2814
t abuser. À cette double infraction aux grâces de
l’
esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un châ
2815
aux grâces de l’esprit (comme je voudrais nommer
les
lois spirituelles), répond un châtiment dont on croit deviner qu’il n
2816
u’il n’est qu’une double réfraction du crime dans
l’
ordre humain. Parce qu’il a convoité la nourriture des dieux, Tantale
2817
crime dans l’ordre humain. Parce qu’il a convoité
la
nourriture des dieux, Tantale se voit refuser celle du commun des hom
2818
commun des hommes. Sa jalousie se réfléchit dans
la
frustration du désir. Et son défi au Ciel, ayant failli, s’inverse en
2819
iel, ayant failli, s’inverse en menace suspendue.
Le
monde païen ne conçoit pas de pardon par amour et de salut gratuit, e
2820
n menace suspendue. Le monde païen ne conçoit pas
de
pardon par amour et de salut gratuit, et c’est pourquoi les châtiment
2821
monde païen ne conçoit pas de pardon par amour et
de
salut gratuit, et c’est pourquoi les châtiments qu’infligent les dieu
2822
par amour et de salut gratuit, et c’est pourquoi
les
châtiments qu’infligent les dieux revêtent en général un caractère de
2823
it, et c’est pourquoi les châtiments qu’infligent
les
dieux revêtent en général un caractère de revanche pure et simple, et
2824
ligent les dieux revêtent en général un caractère
de
revanche pure et simple, et comme automatique. C’est autant dire que
2825
et comme automatique. C’est autant dire que dans
le
monde païen, l’homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interve
2826
tique. C’est autant dire que dans le monde païen,
l’
homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’une tra
2827
seul avec lui-même et se ferme aux interventions
d’
une transcendance, ou d’un appel venu d’ailleurs. (Les « dieux » n’éta
2828
e ferme aux interventions d’une transcendance, ou
d’
un appel venu d’ailleurs. (Les « dieux » n’étant, en fait, que ses pro
2829
ne transcendance, ou d’un appel venu d’ailleurs. (
Les
« dieux » n’étant, en fait, que ses propres limites.) Dans l’histoire
2830
n’étant, en fait, que ses propres limites.) Dans
l’
histoire du supplice de Tantale, cet automatisme est si sûr qu’il auto
2831
ses propres limites.) Dans l’histoire du supplice
de
Tantale, cet automatisme est si sûr qu’il autorise à des spéculations
2832
tiques en apparence. Je vois Tantale soutenu dans
la
rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’éca
2833
parence. Je vois Tantale soutenu dans la rivière,
le
rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’écartant de lui
2834
u dans la rivière, le rocher soutenu sur sa tête,
l’
onde et la branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les
2835
rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et
la
branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les atteindre,
2836
u sur sa tête, l’onde et la branche ne s’écartant
de
lui qu’à l’instant où il veut les atteindre, et tout cela ne tient vr
2837
he ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut
les
atteindre, et tout cela ne tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositio
2838
a ne tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositions
de
son âme : c’est que celles-ci n’ont pas changé depuis ses crimes. Nou
2839
é depuis ses crimes. Nourrissant avec obstination
les
mêmes désirs et le même orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux
2840
Nourrissant avec obstination les mêmes désirs et
le
même orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux » qui frustrent ces
2841
n les mêmes désirs et le même orgueil, il nourrit
la
vengeance des « dieux » qui frustrent ces désirs et qui retardent, ir
2842
strent ces désirs et qui retardent, ironiquement,
d’
écraser cet orgueil. Imaginons, maintenant, par impossible, que Tantal
2843
s’abandonne, et qu’il préfère soudain à son amour
d’
un moi coupable et torturé, l’expiation libératrice et son délire. À l
2844
soudain à son amour d’un moi coupable et torturé,
l’
expiation libératrice et son délire. À l’instant même, il s’enfonce da
2845
t son délire. À l’instant même, il s’enfonce dans
les
eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’est précisément c
2846
e, il s’enfonce dans les eaux, il boit à mort, et
le
rocher l’écrase. Mais c’est précisément ce qui n’arrive jamais, et ne
2847
fonce dans les eaux, il boit à mort, et le rocher
l’
écrase. Mais c’est précisément ce qui n’arrive jamais, et ne peut arri
2848
t ce qui n’arrive jamais, et ne peut arriver dans
le
Tartare. Tantale, ne croyant pas à la résurrection, ni au pardon, ni
2849
rriver dans le Tartare. Tantale, ne croyant pas à
la
résurrection, ni au pardon, ni au salut que lui vaudrait un instant d
2850
u pardon, ni au salut que lui vaudrait un instant
de
pur abandon — payé de sa mort, il est vrai, pour quelle indescriptibl
2851
que lui vaudrait un instant de pur abandon — payé
de
sa mort, il est vrai, pour quelle indescriptible renaissance ! — préf
2852
elle indescriptible renaissance ! — préfère subir
le
supplice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’homme : il se
2853
iptible renaissance ! — préfère subir le supplice
de
Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’homme : il se révolte cont
2854
plice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité
d’
homme : il se révolte contre tout, sauf soi. C’est pourquoi rien ne ch
2855
uoi rien ne change autour de lui. Considérons ici
l’
Homme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à sa f
2856
mme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans
la
légende, à sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dan
2857
f et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun
de
nous, préfère le désir même douloureux, d’avoir été mille et mille fo
2858
l est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère
le
désir même douloureux, d’avoir été mille et mille fois déçu — mais c’
2859
chacun de nous, préfère le désir même douloureux,
d’
avoir été mille et mille fois déçu — mais c’est encore son désir, donc
2860
— mais c’est encore son désir, donc lui-même — à
la
proie qu’il ne posséderait qu’en acceptant d’être changé d’abord. Que
2861
— à la proie qu’il ne posséderait qu’en acceptant
d’
être changé d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de gagner le monde
2862
re changé d’abord. Que lui servirait, pense-t-il,
de
gagner le monde s’il y perdait son moi ? Il est certain qu’à sa maniè
2863
d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de gagner
le
monde s’il y perdait son moi ? Il est certain qu’à sa manière il a ra
2864
ertain qu’à sa manière il a raison. Car à gagner,
l’
on perd toujours quelque chose : l’attente, l’espoir, la nostalgie du
2865
Car à gagner, l’on perd toujours quelque chose :
l’
attente, l’espoir, la nostalgie du gain. Supposons un individu qui aur
2866
er, l’on perd toujours quelque chose : l’attente,
l’
espoir, la nostalgie du gain. Supposons un individu qui aurait désiré
2867
erd toujours quelque chose : l’attente, l’espoir,
la
nostalgie du gain. Supposons un individu qui aurait désiré si longtem
2868
reçu. Ou encore : un être nouveau surgirait dans
l’
instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la
2869
tre nouveau surgirait dans l’instant du don, pour
le
recevoir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l
2870
l’instant du don, pour le recevoir en son lieu. À
la
limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une
2871
our le recevoir en son lieu. À la limite, et dans
la
logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances, c
2872
voir en son lieu. À la limite, et dans la logique
d’
un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui ga
2873
eu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où
l’
homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc t
2874
logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une
de
ses tendances, celui qui gagne est donc toujours un autre. Et celui q
2875
tre. Et celui qui désire ne gagnera jamais. C’est
le
sophisme de l’empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais
2876
i qui désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme
de
l’empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un q
2877
ui désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme de
l’
empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un qui
2878
comblé, mais quelqu’un qui s’est substitué, sous
le
manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’être emper
2879
is quelqu’un qui s’est substitué, sous le manteau
d’
hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’être empereur est mor
2880
ubstitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte.
Le
romantique qui rêvait d’être empereur est mort le jour du couronnemen
2881
d’hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait
d’
être empereur est mort le jour du couronnement. Tous nos succès, tous
2882
Le romantique qui rêvait d’être empereur est mort
le
jour du couronnement. Tous nos succès, tous nos actes sans doute, son
2883
ute, sont ainsi à quelque degré des modifications
de
notre identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont
2884
modifications de notre identité, des aliénations
de
nous-mêmes. À la limite, ils sont autant d’usurpations. Changeons mai
2885
notre identité, des aliénations de nous-mêmes. À
la
limite, ils sont autant d’usurpations. Changeons maintenant de plan s
2886
tions de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant
d’
usurpations. Changeons maintenant de plan spirituel, et transposons le
2887
s sont autant d’usurpations. Changeons maintenant
de
plan spirituel, et transposons le mythe de Tantale dans un monde où l
2888
eons maintenant de plan spirituel, et transposons
le
mythe de Tantale dans un monde où l’instant d’abandon ne signifie plu
2889
tenant de plan spirituel, et transposons le mythe
de
Tantale dans un monde où l’instant d’abandon ne signifie plus la mort
2890
transposons le mythe de Tantale dans un monde où
l’
instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage d
2891
ns le mythe de Tantale dans un monde où l’instant
d’
abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie é
2892
un monde où l’instant d’abandon ne signifie plus
la
mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean
2893
l’instant d’abandon ne signifie plus la mort mais
la
vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul7 une hi
2894
d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et
l’
héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul7 une histoire étr
2895
e signifie plus la mort mais la vie et l’héritage
de
la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul7 une histoire étrangement pa
2896
ignifie plus la mort mais la vie et l’héritage de
la
vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul7 une histoire étrangement parab
2897
une histoire étrangement parabolique et qui, dans
le
registre de l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la
2898
étrangement parabolique et qui, dans le registre
de
l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à un
2899
rangement parabolique et qui, dans le registre de
l’
humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à une h
2900
mour profond, reproduit notre fable grecque, mais
la
conduit à une heureuse fin. L’oncle van der Kabel vient de mourir, et
2901
able grecque, mais la conduit à une heureuse fin.
L’
oncle van der Kabel vient de mourir, et devant ses sept héritiers natu
2902
sept héritiers naturels, un notaire ouvre et lit
le
testament. La dernière clause se trouve ainsi conçue : « Tous mes bie
2903
nt reviendront et appartiendront à celui des sept
de
MM. mes Neveux qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la
2904
nt à celui des sept de MM. mes Neveux qui, durant
la
demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, versera avant
2905
. mes Neveux qui, durant la demi-heure qui suivra
la
lecture de la présente clause, versera avant tous les autres, une ou
2906
x qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture
de
la présente clause, versera avant tous les autres, une ou quelques la
2907
ui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de
la
présente clause, versera avant tous les autres, une ou quelques larme
2908
lecture de la présente clause, versera avant tous
les
autres, une ou quelques larmes sur moi, son oncle défunt, et cela en
2909
ésence d’un respectable magistrat qui en dressera
le
protocole. Si tous restent secs, mes biens seront donnés au légataire
2910
s biens seront donnés au légataire universel dont
le
nom va suivre. » À ce point, le notaire pose sa montre sur la table,
2911
re universel dont le nom va suivre. » À ce point,
le
notaire pose sa montre sur la table, elle marque onze heures et demie
2912
ivre. » À ce point, le notaire pose sa montre sur
la
table, elle marque onze heures et demie, et il attend les larmes. Le
2913
e, elle marque onze heures et demie, et il attend
les
larmes. Le marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’une mauv
2914
ue onze heures et demie, et il attend les larmes.
Le
marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’une mauvaise farce,
2915
e marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que
d’
une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent
2916
s’il ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne
d’
un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pas
2917
agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme
de
sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le r
2918
d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens.
Le
fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le rusé libra
2919
me de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer
de
colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu
2920
Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel,
le
rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant da
2921
rer de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie
de
se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte, qu
2922
ibraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a
d’
émouvant dans les livres. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout
2923
de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans
les
livres. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout l’or du monde, u
2924
res. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout
l’
or du monde, une plaisanterie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Su
2925
ure que pour tout l’or du monde, une plaisanterie
de
ce genre ne le ferait pas pleurer. Sur quoi l’inspecteur de police Ha
2926
ut l’or du monde, une plaisanterie de ce genre ne
le
ferait pas pleurer. Sur quoi l’inspecteur de police Harprecht lui fai
2927
ie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Sur quoi
l’
inspecteur de police Harprecht lui fait observer que s’il parvient à p
2928
de rire, ce ne sera qu’un vol pur et simple, mais
l’
Alsacien proteste que s’il rit, « c’est par pure plaisanterie, et non
2929
e, et non pas dans une intention plus sérieuse. »
L’
inspecteur ouvre de gros yeux fixes, où rien ne vient. Le jeune prédic
2930
une intention plus sérieuse. » L’inspecteur ouvre
de
gros yeux fixes, où rien ne vient. Le jeune prédicateur Flachs, lui,
2931
cteur ouvre de gros yeux fixes, où rien ne vient.
Le
jeune prédicateur Flachs, lui, serait tout disposé à se lamenter eccl
2932
ut disposé à se lamenter ecclésiastiquement, mais
la
vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, es
2933
à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision
de
la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien tro
2934
se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de
la
maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop r
2935
r ecclésiastiquement, mais la vision de la maison
de
l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop réjouissant
2936
cclésiastiquement, mais la vision de la maison de
l’
oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop réjouissante…
2937
sur ces flots, est bien trop réjouissante… Glanz,
le
conseiller d’église, se met à faire une allocution, car il sait que c
2938
est bien trop réjouissante… Glanz, le conseiller
d’
église, se met à faire une allocution, car il sait que cela le fait pl
2939
met à faire une allocution, car il sait que cela
le
fait pleurer… Mais Flachs, maintenant, a fermé les yeux. Il évoque so
2940
le fait pleurer… Mais Flachs, maintenant, a fermé
les
yeux. Il évoque son oncle van der Kabel, ses bienfaits, ses redingote
2941
ses redingotes grises, puis Lazare et ses chiens,
la
tête de beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit
2942
ngotes grises, puis Lazare et ses chiens, la tête
de
beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit champ de
2943
s, puis Lazare et ses chiens, la tête de beaucoup
d’
êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit champ de bataille, l
2944
azare et ses chiens, la tête de beaucoup d’êtres,
les
souffrances du jeune Werther, un petit champ de bataille, lui-même en
2945
toyablement à cause du testament, et il s’en faut
de
bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue son discours… Soudai
2946
ent, et il s’en faut de bien peu qu’il ne pleure…
Le
conseiller continue son discours… Soudain : « Je crois, très honorés
2947
ment. Son émotion dûment enregistrée, il héritera
de
tous les biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres,
2948
n émotion dûment enregistrée, il héritera de tous
les
biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seul
2949
dûment enregistrée, il héritera de tous les biens
de
l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée
2950
ent enregistrée, il héritera de tous les biens de
l’
oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée d’a
2951
voir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée
d’
amour pur et gratuit. L’auteur du nouveau Testament n’en demande pas d
2952
’autres, une seule pensée d’amour pur et gratuit.
L’
auteur du nouveau Testament n’en demande pas davantage à l’homme pour
2953
du nouveau Testament n’en demande pas davantage à
l’
homme pour le faire hériter de son royaume : il demande un instant de
2954
stament n’en demande pas davantage à l’homme pour
le
faire hériter de son royaume : il demande un instant de foi. Un insta
2955
nde pas davantage à l’homme pour le faire hériter
de
son royaume : il demande un instant de foi. Un instant d’abandon de s
2956
re hériter de son royaume : il demande un instant
de
foi. Un instant d’abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute
2957
oyaume : il demande un instant de foi. Un instant
d’
abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative po
2958
l demande un instant de foi. Un instant d’abandon
de
soi-même, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter
2959
tant de foi. Un instant d’abandon de soi-même, et
d’
amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Ro
2960
désintéressé. Toute autre tentative pour mériter
la
Vie et le Royaume, gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement l
2961
ssé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et
le
Royaume, gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement le mécanism
2962
gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement
le
mécanisme du supplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule de so
2963
clenche irrésistiblement le mécanisme du supplice
de
Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule de soi-même. Si un homme croit
2964
upplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule
de
soi-même. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de ses œuvr
2965
. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite
de
ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’appr
2966
du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas : car
la
vision de la proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pou
2967
de ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision
de
la proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur
2968
ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de
la
proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, e
2969
sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, et
le
Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée
2970
Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme
la
branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seul
2971
éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée
de
fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir
2972
me la branche chargée de fruits. Si un homme veut
la
Vie éternelle par seule crainte de mourir à cette vie temporelle, les
2973
un homme veut la Vie éternelle par seule crainte
de
mourir à cette vie temporelle, les eaux vives fuiront ses lèvres ; ca
2974
r seule crainte de mourir à cette vie temporelle,
les
eaux vives fuiront ses lèvres ; car il faudrait, pour y être immergé,
2975
; car il faudrait, pour y être immergé, accepter
de
mourir d’abord à ses propres désirs et à soi-même. (Et c’est le symbo
2976
ord à ses propres désirs et à soi-même. (Et c’est
le
symbole du Baptême.) Telle est la ruse de l’Amour insondable. Admiron
2977
même. (Et c’est le symbole du Baptême.) Telle est
la
ruse de l’Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Po
2978
t c’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse
de
l’Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si pe
2979
’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse de
l’
Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu d
2980
le est la ruse de l’Amour insondable. Admirons-en
la
précision miraculeuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’a
2981
dmirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu
d’
égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou la main ver
2982
leuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans
l’
acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits o
2983
Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’acte
de
porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits offerts,
2984
eu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter
les
lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour de
2985
u’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou
la
main vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour de soi domine e
2986
la main vers cette eau, vers ces fruits offerts,
l’
amour de soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit
2987
vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour
de
soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit encore
2988
ces fruits offerts, l’amour de soi domine encore
le
pur Amour, et le plaisir anticipé suffit encore à refouler cette larm
2989
ts, l’amour de soi domine encore le pur Amour, et
le
plaisir anticipé suffit encore à refouler cette larme, qui pouvait se
2990
i pouvait seule, et dans un seul instant, mériter
la
joie éternelle. 7. Dans les Flegeljahre.
2991
eul instant, mériter la joie éternelle. 7. Dans
les
Flegeljahre.
2992
La
fin du monde Parmi toutes les libertés que la pensée se donne lorsq
2993
La fin du monde Parmi toutes
les
libertés que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condit
2994
La fin du monde Parmi toutes les libertés que
la
pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagin
2995
rtés que la pensée se donne lorsque, se dégageant
de
notre condition, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’on
2996
condition, elle imagine des idées qui détruisent
l’
homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l
2997
n, elle imagine des idées qui détruisent l’homme,
l’
on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de
2998
qui détruisent l’homme, l’on rencontre sans trop
d’
effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette i
2999
uisent l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi
l’
idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détr
3000
l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée
de
l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l
3001
omme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de
l’
homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’id
3002
re sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ;
l’
idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qu
3003
trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée
de
l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pense
3004
op d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de
l’
homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pensez,
3005
l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ;
l’
idée que vous, et qui pensez, un jour ne serez plus, un jour serez un
3006
serez un mort. Si « macabre » désigne assez bien
l’
étrangeté de la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire
3007
rt. Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté
de
la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre
3008
Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté de
la
mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre mo
3009
des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire
de
sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditati
3010
e saurait en aucun cas se dire de sa propre mort,
de
la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditation que je poursuis
3011
opre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens,
de
la méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée b
3012
e mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de
la
méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée blan
3013
’arrête avant midi, pour moi ? Je ne sens pas que
l’
idée soit tragique : elle m’appartient, je puis en disposer, feindre a
3014
nt, je puis en disposer, feindre assez facilement
d’
en rire. Elle n’est pas plus forte que moi. Peut-être même n’est-elle
3015
moi. Peut-être même n’est-elle qu’une ruse cousue
de
fil blanc de ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, da
3016
e même n’est-elle qu’une ruse cousue de fil blanc
de
ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques i
3017
qu’une ruse cousue de fil blanc de ma vitalité :
la
seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques instants, s’arrête
3018
oisse — nous y pensons bien plus que nous n’osons
le
croire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n’avons jama
3019
er notre mort. Contester là-dessus serait fournir
l’
aveu d’une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort.
3020
e mort. Contester là-dessus serait fournir l’aveu
d’
une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort. Car pen
3021
ait fournir l’aveu d’une impuissance à comprendre
le
mot penser dans son sens fort. Car penser sa mort réellement, ce sera
3022
e serait aussitôt mourir. Peut-être avons-nous là
le
seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son
3023
t mourir. Peut-être avons-nous là le seul critère
d’
une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son application ne
3024
seul critère d’une perfection intellectuelle, et
l’
on conçoit que son application ne puisse être ni rapportée ni répétée.
3025
t tragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie
de
la fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle si
3026
ragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie de
la
fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle situa
3027
gie de la fin Pour que nous apparaisse parfois
l’
étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’
3028
n Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté
d’
une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance
3029
aisse parfois l’étrangeté d’une telle situation —
la
nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante not
3030
e mystérieuse aimante notre méditation et qu’elle
la
fixe sur cela que le naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si
3031
notre méditation et qu’elle la fixe sur cela que
le
naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si nous restons impuissa
3032
nous restons impuissants à penser notre mort dans
le
vif, ce phénomène doit normalement être aperçu comme négligeable ; et
3033
aperçu comme négligeable ; et s’y attarder serait
le
fait d’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie deva
3034
omme négligeable ; et s’y attarder serait le fait
d’
une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mo
3035
’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à
l’
utopie devant ma mort. De là vient que l’humanité, dans son ensemble,
3036
atuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mort.
De
là vient que l’humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à
3037
e crie à l’utopie devant ma mort. De là vient que
l’
humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la
3038
ité, dans son ensemble, résiste instinctivement à
la
pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bie
3039
son ensemble, résiste instinctivement à la pensée
de
la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’
3040
ensemble, résiste instinctivement à la pensée de
la
Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’app
3041
ste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse
de
toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disq
3042
la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces
de
la « réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre
3043
pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de
la
« réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre ab
3044
orces de la « réaliser », bien plus, s’applique à
la
disqualifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout
3045
ser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à
la
rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout jamais dans un fut
3046
squalifier, à la rendre abstraite et lointaine, à
la
chasser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi
3047
asser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi
de
l’homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l
3048
er à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de
l’
homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’ho
3049
s dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi
de
l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pour
3050
ans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi de
l’
humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pourquo
3051
l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire,
l’
homme meurt. Pourquoi suis-je donc ici à remuer ces choses ? Il est vr
3052
ici à remuer ces choses ? Il est vrai que ce sont
les
seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le t
3053
choses ? Il est vrai que ce sont les seules dont
l’
intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le temps va toujour
3054
ce sont les seules dont l’intérêt grandisse avec
le
temps, si l’on admet que le temps va toujours dans le même sens : ver
3055
seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si
l’
on admet que le temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mai
3056
ntérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que
le
temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mais c’est une mau
3057
emps, si l’on admet que le temps va toujours dans
le
même sens : vers sa fin. Mais c’est une mauvaise raison. Depuis qu’il
3058
aise raison. Depuis qu’il court ainsi, mesuré par
les
saisons régulières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous av
3059
l court ainsi, mesuré par les saisons régulières,
le
temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’
3060
mps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit
de
son but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et d
3061
bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si
l’
homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s
3062
on but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est
de
son destin et de sa liberté, s’il voyait à l’œil nu leur sens dernier
3063
e savait un jour ce qu’il en est de son destin et
de
sa liberté, s’il voyait à l’œil nu leur sens dernier et l’enjeu vérit
3064
est de son destin et de sa liberté, s’il voyait à
l’
œil nu leur sens dernier et l’enjeu véritable de ses choix, à qui revi
3065
erté, s’il voyait à l’œil nu leur sens dernier et
l’
enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ?
3066
à l’œil nu leur sens dernier et l’enjeu véritable
de
ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste o
3067
l’enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait
l’
empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne ra
3068
éritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire
de
ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne rallierait
3069
choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À
l’
Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne rallierait pas avec moins d
3070
de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ?
Le
sage ne rallierait pas avec moins d’envie le débauché, dont il faudra
3071
eune Homme ? Le sage ne rallierait pas avec moins
d’
envie le débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée,
3072
me ? Le sage ne rallierait pas avec moins d’envie
le
débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée, l’impuis
3073
vie le débauché, dont il faudrait encore plaindre
l’
arrière-pensée, l’impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur,
3074
ont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée,
l’
impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non
3075
retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non où va
la
vie, et c’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas notre réal
3076
u’on sache ou non où va la vie, et c’est pourquoi
les
bonnes raisons n’expliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui
3077
pliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui
la
condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du mond
3078
éalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi,
la
pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; to
3079
is seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée
de
la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’
3080
seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de
la
Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’eff
3081
ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a
les
meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier
3082
ensée de la Fin a les meilleures raisons du monde
d’
être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’
3083
leures raisons du monde d’être pensée ; toutefois
l’
effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise
3084
u monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier
de
notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience,
3085
e pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie
la
neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’une menace,
3086
efois l’effort entier de notre vie la neutralise.
D’
où vient alors cette prise de conscience, d’une menace, mais aussi de
3087
lise. D’où vient alors cette prise de conscience,
d’
une menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’homme à penser c
3088
tte prise de conscience, d’une menace, mais aussi
de
l’incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où
3089
prise de conscience, d’une menace, mais aussi de
l’
incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où vi
3090
e menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve
l’
homme à penser concrètement sa fin ? D’où vient qu’imperceptible encor
3091
se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ?
D’
où vient qu’imperceptible encore au plus grand nombre, à tous les lett
3092
imperceptible encore au plus grand nombre, à tous
les
lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentemen
3093
lus grand nombre, à tous les lettrés sans esprit,
la
pensée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sin
3094
nombre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée
de
la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la F
3095
bre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de
la
catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin
3096
la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ?
D’
où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a
3097
he s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon
de
la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’éc
3098
s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de
la
Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrir
3099
’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon
de
la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendr
3100
, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de
la
Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendre i
3101
nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé
d’
écrire ces pages et qui pourrait suspendre ici ma phrase, me jetant da
3102
, me jetant dans mon jugement ? S’il nous vient à
l’
idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est l
3103
tant dans mon jugement ? S’il nous vient à l’idée
de
penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise
3104
l nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est
la
Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous ave
3105
e mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est
la
Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La
3106
e, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit
de
la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en
3107
c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de
la
Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en so
3108
ise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et
l’
atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu
3109
ffleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste.
La
crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de c
3110
s avertit de la Fin, et l’atteste. La crise
Le
Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de ceux qu’une r
3111
de ceux qu’une réalité nouvelle illuminait. Sans
la
vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mai
3112
éalité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire
de
la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle en
3113
ité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de
la
mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encor
3114
inait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans
la
Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nou
3115
e, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire
de
la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme
3116
que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de
la
durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme en
3117
ment. Nous sommes là comme en rêve, empêtrés dans
le
sentiment d’une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec d
3118
mmes là comme en rêve, empêtrés dans le sentiment
d’
une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec des yeux bien
3119
er avec des yeux bien dessillés. C’est assez pour
l’
angoisse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret de crise qui sév
3120
ssez pour l’angoisse et trop peu pour agir. Ainsi
le
grand décret de crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une pre
3121
isse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret
de
crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une première parole, am
3122
Ainsi le grand décret de crise qui sévit au cœur
de
ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de la Fin. Une premi
3123
ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë,
de
la Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt derni
3124
siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de
la
Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt dernier,
3125
parole, ambiguë, de la Fin. Une première demande
d’
informer. Non pas encore l’Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement
3126
. Une première demande d’informer. Non pas encore
l’
Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à la
3127
is déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à
la
conscience obscure d’un danger proche, ce crépuscule qui est peut-êtr
3128
ent qui nous fait accéder à la conscience obscure
d’
un danger proche, ce crépuscule qui est peut-être une aube, et la fran
3129
che, ce crépuscule qui est peut-être une aube, et
la
frange de cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur s
3130
épuscule qui est peut-être une aube, et la frange
de
cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur suspecte, r
3131
chair. Dans cette lueur suspecte, risque un jour
d’
apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, cer
3132
cette lueur suspecte, risque un jour d’apparaître
la
face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, certains ont ent
3133
pecte, risque un jour d’apparaître la face réelle
de
la Terre. Et déjà, par intermittence, certains ont entrevu et tenté d
3134
te, risque un jour d’apparaître la face réelle de
la
Terre. Et déjà, par intermittence, certains ont entrevu et tenté de j
3135
par intermittence, certains ont entrevu et tenté
de
juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du se
3136
rmittence, certains ont entrevu et tenté de juger
les
buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notr
3137
ains ont entrevu et tenté de juger les buts réels
de
notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation
3138
e notre marche séculaire. Que savons-nous du sens
de
notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel est son r
3139
ns de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès
l’
origine, quel est son rêve ? La grandeur ? Nous avons détruit toute me
3140
le est sa fin, dès l’origine, quel est son rêve ?
La
grandeur ? Nous avons détruit toute mesure, et plus rien n’est grand
3141
etit, mais toute chose sans répit nous provoque à
la
dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barriè
3142
ute chose sans répit nous provoque à la dépasser.
La
liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées
3143
e à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré
la
terre entière de barrières destinées à protéger sa course. L’amour ?
3144
La liberté ? Nous avons encombré la terre entière
de
barrières destinées à protéger sa course. L’amour ? La solidarité ? C
3145
ière de barrières destinées à protéger sa course.
L’
amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n
3146
rrières destinées à protéger sa course. L’amour ?
La
solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n’ose plus
3147
rse. L’amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux
de
ligues, des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert. La richesse
3148
des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert.
La
richesse ? Voici qu’elle n’est plus à la portée des mains humaines, e
3149
dessert. La richesse ? Voici qu’elle n’est plus à
la
portée des mains humaines, elle n’est plus qu’un symbole chiffré dési
3150
es lointaines. Toutefois, elle reste liée au rêve
d’
activité qui tourmente l’Occident depuis des siècles. Mais ce rêve à s
3151
elle reste liée au rêve d’activité qui tourmente
l’
Occident depuis des siècles. Mais ce rêve à son tour se trouble ; il f
3152
se trouble ; il faiblit, il ne couvre plus toute
l’
étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conq
3153
e ; il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue
de
la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mai
3154
il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue de
la
conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mais s
3155
conscience humaine… Car notre volonté n’est plus
de
conquérir, mais seulement d’assurer la vie du plus grand nombre contr
3156
e volonté n’est plus de conquérir, mais seulement
d’
assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiqu
3157
n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer
la
vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Hér
3158
ment d’assurer la vie du plus grand nombre contre
les
créations catastrophiques des Héros ou des grands Névrosés. Un doute
3159
epuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales
de
moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer les conquêtes futures. Si
3160
ases banales de moralistes tardivement ressaisis,
d’
évaluer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (
3161
es de moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer
les
conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps
3162
uer les conquêtes futures. Signe évident que nous
les
redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le
3163
utures. Signe évident que nous les redoutons. (Si
le
temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le monde entier s’org
3164
e temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et
le
monde entier s’organise à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir
3165
se à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir à
la
mort, comme à tout acte créateur, le moins de chances. Un vaste systè
3166
aît offrir à la mort, comme à tout acte créateur,
le
moins de chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes no
3167
r à la mort, comme à tout acte créateur, le moins
de
chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes nos activit
3168
e créateur, le moins de chances. Un vaste système
d’
assurances s’étend sur toutes nos activités : plans et pactes, statist
3169
tes nos activités : plans et pactes, statistiques
de
l’imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerr
3170
nos activités : plans et pactes, statistiques de
l’
imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre h
3171
ngévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre hors
la
loi, sécurité d’abord. Nous apprenons à vivre, et non plus à mourir :
3172
: cet effort est contre nature. Il naît au déclin
de
la vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper
3173
et effort est contre nature. Il naît au déclin de
la
vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper au
3174
apper au temps, à sa menace, mais c’est peut-être
le
meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fi
3175
à sa menace, mais c’est peut-être le meilleur ou
le
seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car
3176
mais c’est peut-être le meilleur ou le seul moyen
d’
anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut qu
3177
le meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin :
la
fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondial
3178
seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps,
la
Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tenton
3179
fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que
l’
assurance mondiale que nous tentons d’organiser, aménage notre ruine c
3180
se peut que l’assurance mondiale que nous tentons
d’
organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terre entière s
3181
ganiser, aménage notre ruine collective : lorsque
la
terre entière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra d’une centr
3182
tière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra
d’
une centrale unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les comm
3183
re dépendra d’une centrale unique, il suffira que
l’
Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous
3184
ndra d’une centrale unique, il suffira que l’Ange
de
la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons
3185
a d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de
la
Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pr
3186
unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse
les
commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pris au dépourvu, c
3187
e de la Fin saisisse les commandes pour accomplir
le
Temps… Et nous serons pris au dépourvu, comme nulle autre génération.
3188
vu, comme nulle autre génération. Car, tandis que
le
temps s’écoule, à mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, no
3189
proche, notre foi diminue, notre attente faiblit.
La
primitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la
3190
re attente faiblit. La primitive Église, au début
de
notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous
3191
mitive Église, au début de notre ère, vivait dans
la
pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir él
3192
ise, au début de notre ère, vivait dans la pensée
de
la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cet
3193
, au début de notre ère, vivait dans la pensée de
la
fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cette
3194
ons cru pouvoir éliminer cette dimension tragique
de
notre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. No
3195
notre vie, voici qu’un destin ironique se charge
de
l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la
3196
tre vie, voici qu’un destin ironique se charge de
l’
approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la pre
3197
stin ironique se charge de l’approfondir. Non pas
le
temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’histo
3198
notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans
l’
histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une dest
3199
s dans l’histoire du monde, nous pouvons calculer
le
prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos bud
3200
’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix
de
revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de
3201
u monde, nous pouvons calculer le prix de revient
d’
une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nat
3202
ons calculer le prix de revient d’une destruction
de
l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertis
3203
calculer le prix de revient d’une destruction de
l’
humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissem
3204
prix de revient d’une destruction de l’humanité :
la
somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre
3205
evient d’une destruction de l’humanité : la somme
de
nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge es
3206
struction de l’humanité : la somme de nos budgets
de
Défense nationale. Avertissement Votre refuge est dans la masse
3207
ionale. Avertissement Votre refuge est dans
la
masse et son Histoire. Vous vous dites en secret qu’elle ne peut pas
3208
pas mourir, et il est vrai qu’elle ne possède pas
de
vie réelle, et ne peut donc penser sa fin, ni rien. Elle ne peut être
3209
fin, ni rien. Elle ne peut être en soi pensée, et
l’
homme en elle reste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la F
3210
pensée, et l’homme en elle reste à peu près dénué
de
réalité, jusqu’au jour où la Fin le pense. Et c’est là son tragique e
3211
ste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où
la
Fin le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce
3212
eu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin
le
pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce qui es
3213
r où la Fin le pense. Et c’est là son tragique et
l’
humour de la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la prése
3214
in le pense. Et c’est là son tragique et l’humour
de
la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence étern
3215
le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de
la
Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence éternell
3216
Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste
la
présence éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à
3217
réel, tout ce qui manifeste la présence éternelle
de
la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’
3218
l, tout ce qui manifeste la présence éternelle de
la
Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’app
3219
ce éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens
d’
éternité à vos singeries, vous l’appelez exagéré, démesuré. Écoutez-mo
3220
ui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous
l’
appelez exagéré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que le monde
3221
éré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que
le
monde réellement fût perdu, quel que soit le désir que vous avez qu’i
3222
que le monde réellement fût perdu, quel que soit
le
désir que vous avez qu’il dure, et la persuasion où vous vous entrete
3223
el que soit le désir que vous avez qu’il dure, et
la
persuasion où vous vous entretenez qu’il durera toujours autant que v
3224
a toujours autant que vous ? S’il se trouvait que
la
vérité actuelle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans la honte
3225
elle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans
la
honte et la rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent l
3226
alement démesurée ? Qui périrait dans la honte et
la
rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent leur appui da
3227
t encore aux mesures et cherchent leur appui dans
l’
illusion tomberont en grand nombre dans le vide. Mais ceux qui auront
3228
ui dans l’illusion tomberont en grand nombre dans
le
vide. Mais ceux qui auront vu, et qui auront cru leurs yeux, retrouve
3229
, et qui auront cru leurs yeux, retrouveront dans
la
tempête la coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la m
3230
ront cru leurs yeux, retrouveront dans la tempête
la
coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la mort n’est p
3231
ume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte
la
mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’au
3232
tes. Car celui seul qui accepte la mort n’est pas
le
jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se déf
3233
ui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige.
Le
temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement
3234
n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où
les
hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement à se révéler tels
3235
révéler tels qu’ils sont, où qu’ils soient. Plus
d’
évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit, se
3236
, où qu’ils soient. Plus d’évasions spirituelles.
L’
homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs
3237
ent. Plus d’évasions spirituelles. L’homme fuyant
la
Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que
3238
évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où
le
diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que Dieu y est
3239
uyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur
les
hauteurs et découvre que Dieu y est plus dangereux encore, d’une autr
3240
et découvre que Dieu y est plus dangereux encore,
d’
une autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène du monde vient d
3241
e, d’une autre sorte, fulgurante. Péripétie
La
scène du monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, s
3242
du monde vient de passer à une vaste conversation
de
la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de popula
3243
monde vient de passer à une vaste conversation de
la
mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace
3244
e passer à une vaste conversation de la mort, sur
les
places et dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole r
3245
e conversation de la mort, sur les places et dans
les
grands cafés, aux lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le
3246
ur les places et dans les grands cafés, aux lieux
de
populace et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t
3247
t dans les grands cafés, aux lieux de populace et
de
parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t-il depuis quel
3248
lieux de populace et de parole rapide. Peut-être
le
soleil éteint se promène-t-il depuis quelques instants dans un ciel s
3249
si facilement glisser, tout se trouver changé, et
les
hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans l’horreur sans mémoir
3250
s hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans
l’
horreur sans mémoire ? Il faut croire, aujourd’hui, que cela se peut.
3251
peut. Cela s’est produit comme un rêve, ou comme
la
colère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir la nuit. (Une prem
3252
comme un rêve, ou comme la colère soudain là, ou
le
printemps, ou chaque soir la nuit. (Une première lampe s’est allumée.
3253
olère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir
la
nuit. (Une première lampe s’est allumée. Quelqu’un dit : « Elle est l
3254
dit : « Elle est là. ») Premier jugement, par
la
lumière La fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant,
3255
est là. ») Premier jugement, par la lumière
La
fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait
3256
u monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant,
les
regardait sans indulgence, puis se remettait à marcher, conservant la
3257
dulgence, puis se remettait à marcher, conservant
la
même proximité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air de ne pa
3258
er, conservant la même proximité méprisante… Mais
la
majorité sut garder l’air de ne pas croire à sa mort proche, cet air
3259
proximité méprisante… Mais la majorité sut garder
l’
air de ne pas croire à sa mort proche, cet air petit. On en reviendrai
3260
ité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air
de
ne pas croire à sa mort proche, cet air petit. On en reviendrait bien
3261
rt proche, cet air petit. On en reviendrait bien,
de
cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait d’une indécence inex
3262
cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait
d’
une indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans, l’An Mille était
3263
indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans,
l’
An Mille était passé — « et toutes ses prières perdues ! » — mais ils
3264
prix de cela justement qu’il n’était point permis
d’
imaginer. Celui dont les belles manières sont apprises souffre mal qu’
3265
qu’il n’était point permis d’imaginer. Celui dont
les
belles manières sont apprises souffre mal qu’on y passe outre, et trè
3266
passe outre, et très peu d’entre eux possédaient
la
pleine assurance de l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia
3267
s peu d’entre eux possédaient la pleine assurance
de
l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résult
3268
eu d’entre eux possédaient la pleine assurance de
l’
être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats
3269
re eux possédaient la pleine assurance de l’être.
L’
Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une e
3270
édaient la pleine assurance de l’être. L’Institut
de
l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-écla
3271
ient la pleine assurance de l’être. L’Institut de
l’
opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-éclair
3272
’opinion planétaire publia les premiers résultats
d’
une enquête-éclair : il s’agissait d’une névrose collective, d’une pou
3273
rs résultats d’une enquête-éclair : il s’agissait
d’
une névrose collective, d’une poussée subite de l’instinct de mort. On
3274
-éclair : il s’agissait d’une névrose collective,
d’
une poussée subite de l’instinct de mort. On proposait une cure des ma
3275
it d’une névrose collective, d’une poussée subite
de
l’instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalis
3276
d’une névrose collective, d’une poussée subite de
l’
instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalisati
3277
se collective, d’une poussée subite de l’instinct
de
mort. On proposait une cure des masses et la nationalisation des écol
3278
inct de mort. On proposait une cure des masses et
la
nationalisation des écoles de psychanalyse. Un théologien répondit :
3279
cure des masses et la nationalisation des écoles
de
psychanalyse. Un théologien répondit : « L’affection de la chair, c’e
3280
coles de psychanalyse. Un théologien répondit : «
L’
affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Fre
3281
chanalyse. Un théologien répondit : « L’affection
de
la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux
3282
nalyse. Un théologien répondit : « L’affection de
la
chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. I
3283
ogien répondit : « L’affection de la chair, c’est
la
mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par
3284
’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul
l’
a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de
3285
avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair »
le
tout de l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est poi
3286
eud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout
de
l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que n
3287
, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de
l’
homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que nous
3288
âme comprises. Et ce n’est point que nous aimions
la
mort comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la chair, c’es
3289
comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne
la
chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie
3290
u’affectionne la chair, c’est ce qui, croit-elle,
la
détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui con
3291
e la chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne
de
la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mo
3292
a chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de
la
mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort
3293
ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est
la
vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. N
3294
détourne de la mort. C’est la vie telle que vous
la
cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simple
3295
la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à
la
mort et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. I
3296
le que vous la cultivez, qui conduit à la mort et
la
mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera port
3297
era porté aussi bien sur votre élan vital que sur
l’
élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur
3298
l’élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais
d’
En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’u
3299
Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici
le
futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant
3300
ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant
le
présent. Ici le temps dit oui pour la première fois à l’Instant qui l
3301
tait pour nous qu’un recul devant le présent. Ici
le
temps dit oui pour la première fois à l’Instant qui le juge et l’acco
3302
ent. Ici le temps dit oui pour la première fois à
l’
Instant qui le juge et l’accomplit, notre temps, qui n’était pour nous
3303
mps dit oui pour la première fois à l’Instant qui
le
juge et l’accomplit, notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus d
3304
pour la première fois à l’Instant qui le juge et
l’
accomplit, notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’instant
3305
t, notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus
de
l’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui,
3306
notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de
l’
instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se
3307
it pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et
l’
Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de t
3308
’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans
l’
acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. » Comme il par
3309
t éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte
de
ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. » Comme il parlait en
3310
tière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour
de
tous les jours. » Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut e
3311
ns l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous
les
jours. » Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut et grandit
3312
s les jours. » Comme il parlait encore, une lueur
d’
aube apparut et grandit autour d’eux. Toutes choses replongées dans la
3313
ncore, une lueur d’aube apparut et grandit autour
d’
eux. Toutes choses replongées dans la stupeur originelle, toutes créat
3314
andit autour d’eux. Toutes choses replongées dans
la
stupeur originelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à la viol
3315
inelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à
la
violence de l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur just
3316
es créatures livrées d’un seul coup à la violence
de
l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, l
3317
créatures livrées d’un seul coup à la violence de
l’
acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, leur
3318
raître enfin leur justification, leur être. Voici
l’
instant où les hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis
3319
leur justification, leur être. Voici l’instant où
les
hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis se tournaient
3320
en, vers une Absence douloureuse, alors que c’est
la
seule Présence qui est terrible en sa splendeur et difficile à suppor
3321
errible en sa splendeur et difficile à supporter,
le
seul Amour apparaissant qui menace d’être insoutenable : il nous trou
3322
supporter, le seul Amour apparaissant qui menace
d’
être insoutenable : il nous trouve sans préparation. L’on ne s’était d
3323
e insoutenable : il nous trouve sans préparation.
L’
on ne s’était défendu que de l’autre côté, du côté de ce monde mal fai
3324
uve sans préparation. L’on ne s’était défendu que
de
l’autre côté, du côté de ce monde mal fait… Parut un soleil nouveau.
3325
de mal fait… Parut un soleil nouveau. Et ceux qui
le
voyaient prenaient un visage neuf, leurs yeux devenaient forts et s’a
3326
f, leurs yeux devenaient forts et s’attendaient à
l’
éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait,
3327
yeux devenaient forts et s’attendaient à l’éclat
d’
une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait, toujours
3328
à l’éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré
le
Grand Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans l’univers enti
3329
Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans
l’
univers entier. Ils se sont tout d’abord sentis gênés, balourds, ne s
3330
ds, ne sachant trop quelle contenance prendre. Et
la
lumière ne cesse de grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveu
3331
quelle contenance prendre. Et la lumière ne cesse
de
grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveuglés et cloués sur p
3332
r rangs entiers, aveuglés et cloués sur place par
l’
évidence de l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de mar
3333
iers, aveuglés et cloués sur place par l’évidence
de
l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant
3334
s, aveuglés et cloués sur place par l’évidence de
l’
amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant de
3335
amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent
de
marcher, riant de joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi ave
3336
elques-uns cependant continuent de marcher, riant
de
joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ce
3337
e aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec
le
naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent le
3338
rs du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel
de
ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers
3339
vançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont
la
coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agr
3340
s Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume
de
la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement
3341
idi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de
la
Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement de
3342
ui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent
les
derniers soleils et l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites
3343
Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et
l’
agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où to
3344
utinrent les derniers soleils et l’agrandissement
de
la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éc
3345
nrent les derniers soleils et l’agrandissement de
la
lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éclai
3346
l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites
de
sa perfection, où tout ce qui voit éclaire aussi, où tout œil rend ce
3347
laire aussi, où tout œil rend ce qu’il reçoit, où
le
grand jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut la Salutation.
3348
nd jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut
la
Salutation. Second jugement ou sommation Voici le principe du s
3349
utation. Second jugement ou sommation Voici
le
principe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son e
3350
rincipe du second jugement. Chaque homme poussé à
la
limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son
3351
second jugement. Chaque homme poussé à la limite
de
son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son choix, cri
3352
limite de son expression, et chaque homme forcé à
l’
extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout e
3353
n expression, et chaque homme forcé à l’extrémité
de
son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans
3354
aque homme forcé à l’extrémité de son choix, cria
le
« terme » de sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse uni
3355
rcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme »
de
sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’étern
3356
rémité de son choix, cria le « terme » de sa vie,
la
proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’éternelle sommat
3357
roféra tout entière dans ce cri, réponse unique à
l’
éternelle sommation, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de
3358
nse unique à l’éternelle sommation, somme absolue
de
ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son
3359
nelle sommation, somme absolue de ses journées et
de
ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses ref
3360
n, somme absolue de ses journées et de ses nuits,
de
ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses ave
3361
e ses journées et de ses nuits, de ses pensées et
de
ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa t
3362
et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes,
de
son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est
3363
, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir,
de
ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut
3364
es et de ses gestes, de son savoir, de ses refus,
de
ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’inc
3365
de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements,
de
sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité de
3366
ts, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée
l’
incomparable qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son êtr
3367
est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité
de
son péché et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’avait lib
3368
rée l’incomparable qualité de son péché et mesuré
le
degré d’être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivan
3369
omparable qualité de son péché et mesuré le degré
d’
être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’exam
3370
le qualité de son péché et mesuré le degré d’être
de
son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’examen des
3371
é et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il
l’
avait librement fait en le vivant. L’examen des raisons de survivre et
3372
e de son être tel qu’il l’avait librement fait en
le
vivant. L’examen des raisons de survivre et leur introduction au titr
3373
re tel qu’il l’avait librement fait en le vivant.
L’
examen des raisons de survivre et leur introduction au titre de l’éter
3374
librement fait en le vivant. L’examen des raisons
de
survivre et leur introduction au titre de l’éternité occupa moins de
3375
raisons de survivre et leur introduction au titre
de
l’éternité occupa moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était,
3376
sons de survivre et leur introduction au titre de
l’
éternité occupa moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était, en
3377
introduction au titre de l’éternité occupa moins
de
temps qu’on n’imagine. La procédure était, en effet, des plus simples
3378
l’éternité occupa moins de temps qu’on n’imagine.
La
procédure était, en effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on,
3379
effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on,
de
la vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages
3380
et, des plus simples. — Témoignez, disait-on, de
la
vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages rép
3381
e vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ?
Les
sages répondaient : — Nul ne possède vraiment que ce qu’il peut donne
3382
était bien ce qu’on faisait. Ainsi tous connurent
la
mort, mais les uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur,
3383
qu’on faisait. Ainsi tous connurent la mort, mais
les
uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur, les autres sous
3384
renaissaient au sein de leur plus grande frayeur,
les
autres sous les traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en pr
3385
sein de leur plus grande frayeur, les autres sous
les
traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en présence de la ban
3386
és du Désir. La plupart hésitaient en présence de
la
banalité soudain flagrante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient
3387
ient en présence de la banalité soudain flagrante
de
leurs vœux, et, finalement, murmuraient d’une voix faible : — Vous sa
3388
grante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient
d’
une voix faible : — Vous savez sans doute mieux que moi. Ils renaîtrai
3389
que moi. Ils renaîtraient plantes heureuses, par
l’
effet de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules,
3390
. Ils renaîtraient plantes heureuses, par l’effet
de
quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corp
3391
t de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent
les
somnambules, le corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il dés
3392
é. Un homme vint, comme viennent les somnambules,
le
corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il désirait un palais
3393
viennent les somnambules, le corps en paix, mais
le
visage affreusement nu. Il désirait un palais vide à la mesure de sa
3394
age affreusement nu. Il désirait un palais vide à
la
mesure de sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, emprunt
3395
sement nu. Il désirait un palais vide à la mesure
de
sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, empruntant la for
3396
Il devint donc une tristesse errante, empruntant
la
forme des joies qu’il rencontrait ; et son désir ainsi fut exaucé. Un
3397
qui s’approche avec son parapluie mal fermé sous
le
bras, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus ferven
3398
as, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire
de
la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau
3399
et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de
la
plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau de
3400
onie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau
de
paille8 ? « Qu’il voudrait subsister dans ce moment du choix qu’on lu
3401
aintenant, bien plus violent qu’il n’a jamais osé
l’
imaginer. Car, dit-il, au sein d’un tel choix, je m’approche insondabl
3402
sein d’un tel choix, je m’approche insondablement
de
Celui qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige
3403
choix, je m’approche insondablement de Celui qui
d’
un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours
3404
qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis
d’
un vertige à ce discours d’une furieuse démesure, mais il y eut alors
3405
Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours
d’
une furieuse démesure, mais il y eut alors comme un silence qui s’impo
3406
ce qui s’imposa sur nous et jusqu’assez haut dans
les
cieux, en sorte que plus haut, régnant seul et purifié, l’on put ente
3407
en sorte que plus haut, régnant seul et purifié,
l’
on put entendre le choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que
3408
haut, régnant seul et purifié, l’on put entendre
le
choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était tr
3409
nant seul et purifié, l’on put entendre le choral
d’
une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était très grand.)
3410
homme était très grand.) Troisième jugement ou
le
pardon Toute chose a son lieu, maintenant, toute chair a son temps
3411
air a son temps, tout esprit son essor. Et chacun
de
nous accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de s
3412
acun de nous accède au destin qu’il s’est fait, à
la
parfaite possession de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la c
3413
destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession
de
soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation de tout son
3414
sion de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans
la
consommation de tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé,
3415
, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation
de
tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour
3416
aîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour
l’
éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui
3417
u désir comblé, et comblé pour l’éternité. « Mais
l’
Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Vien
3418
lé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et
l’
Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens ! à celui
3419
entend dise : Viens ! à celui qui porte avec soi
la
rétribution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. C
3420
Viens ! à celui qui porte avec soi la rétribution
de
nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre
3421
— elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence
l’
œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut
3422
elui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne
de
l’eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout e
3423
i qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de
l’
eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est
3424
a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau
de
la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratui
3425
oif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de
la
vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratuit.
3426
ayé. Tout est gratuit. Et c’est alors que toutes
les
voix des justes confondues clameront l’harmonie violente et bienheure
3427
e toutes les voix des justes confondues clameront
l’
harmonie violente et bienheureuse du mot sacrement de toute la créatio
3428
armonie violente et bienheureuse du mot sacrement
de
toute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puis
3429
iolente et bienheureuse du mot sacrement de toute
la
création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l
3430
ment de toute la création, son terme monumental à
la
gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s
3431
e monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, —
l’
Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éternellement. 8. Sœren K
3432
L’
eau ou L’esprit de la tempête 1. — L’Esprit dansait à la surface des
3433
L’eau ou
L’
esprit de la tempête 1. — L’Esprit dansait à la surface des eaux, ca
3434
L’eau ou L’esprit
de
la tempête 1. — L’Esprit dansait à la surface des eaux, car la Temp
3435
L’eau ou L’esprit de
la
tempête 1. — L’Esprit dansait à la surface des eaux, car la Tempête
3436
L’eau ou L’esprit de la tempête 1. —
L’
Esprit dansait à la surface des eaux, car la Tempête n’avait pas encor
3437
L’esprit de la tempête 1. — L’Esprit dansait à
la
surface des eaux, car la Tempête n’avait pas encore pénétré dans les
3438
1. — L’Esprit dansait à la surface des eaux, car
la
Tempête n’avait pas encore pénétré dans les profondeurs. Quand l’Espr
3439
x, car la Tempête n’avait pas encore pénétré dans
les
profondeurs. Quand l’Esprit s’apaisait, les eaux mouraient, heureuses
3440
it pas encore pénétré dans les profondeurs. Quand
l’
Esprit s’apaisait, les eaux mouraient, heureuses. 2. — Lorsque l’Espri
3441
dans les profondeurs. Quand l’Esprit s’apaisait,
les
eaux mouraient, heureuses. 2. — Lorsque l’Esprit descendit sur les ea
3442
sait, les eaux mouraient, heureuses. 2. — Lorsque
l’
Esprit descendit sur les eaux, et que sa danse fut noyée dans la subst
3443
t, heureuses. 2. — Lorsque l’Esprit descendit sur
les
eaux, et que sa danse fut noyée dans la substance sous-marine, la Tem
3444
ndit sur les eaux, et que sa danse fut noyée dans
la
substance sous-marine, la Tempête devint l’âme des eaux. 3. — Les gra
3445
sa danse fut noyée dans la substance sous-marine,
la
Tempête devint l’âme des eaux. 3. — Les grandes eaux portaient à leur
3446
dans la substance sous-marine, la Tempête devint
l’
âme des eaux. 3. — Les grandes eaux portaient à leur surface l’Arche d
3447
us-marine, la Tempête devint l’âme des eaux. 3. —
Les
grandes eaux portaient à leur surface l’Arche de Paix, mais les homme
3448
x. 3. — Les grandes eaux portaient à leur surface
l’
Arche de Paix, mais les hommes qui voulaient encore la danse pour dans
3449
Les grandes eaux portaient à leur surface l’Arche
de
Paix, mais les hommes qui voulaient encore la danse pour danser furen
3450
ux portaient à leur surface l’Arche de Paix, mais
les
hommes qui voulaient encore la danse pour danser furent noyés : ils a
3451
che de Paix, mais les hommes qui voulaient encore
la
danse pour danser furent noyés : ils allèrent la chercher dans cette
3452
la danse pour danser furent noyés : ils allèrent
la
chercher dans cette profondeur où l’Esprit pour la paix l’avait un te
3453
ils allèrent la chercher dans cette profondeur où
l’
Esprit pour la paix l’avait un temps abandonnée. Trouvant la mort aux
3454
a chercher dans cette profondeur où l’Esprit pour
la
paix l’avait un temps abandonnée. Trouvant la mort aux tempêtes profo
3455
er dans cette profondeur où l’Esprit pour la paix
l’
avait un temps abandonnée. Trouvant la mort aux tempêtes profondes. 4.
3456
our la paix l’avait un temps abandonnée. Trouvant
la
mort aux tempêtes profondes. 4. — Les grandes eaux agitées par l’Espr
3457
ée. Trouvant la mort aux tempêtes profondes. 4. —
Les
grandes eaux agitées par l’Esprit submergent le psalmiste, la douleur
3458
êtes profondes. 4. — Les grandes eaux agitées par
l’
Esprit submergent le psalmiste, la douleur l’a noyé, et son salut n’es
3459
Les grandes eaux agitées par l’Esprit submergent
le
psalmiste, la douleur l’a noyé, et son salut n’est plus que dans la m
3460
aux agitées par l’Esprit submergent le psalmiste,
la
douleur l’a noyé, et son salut n’est plus que dans la mort par l’eau.
3461
par l’Esprit submergent le psalmiste, la douleur
l’
a noyé, et son salut n’est plus que dans la mort par l’eau. L’amertume
3462
ouleur l’a noyé, et son salut n’est plus que dans
la
mort par l’eau. L’amertume acceptée jusqu’à la mort le purifie et le
3463
oyé, et son salut n’est plus que dans la mort par
l’
eau. L’amertume acceptée jusqu’à la mort le purifie et le rend à l’Esp
3464
son salut n’est plus que dans la mort par l’eau.
L’
amertume acceptée jusqu’à la mort le purifie et le rend à l’Esprit. 5.
3465
ns la mort par l’eau. L’amertume acceptée jusqu’à
la
mort le purifie et le rend à l’Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est l’e
3466
rt par l’eau. L’amertume acceptée jusqu’à la mort
le
purifie et le rend à l’Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est l’eau morte
3467
L’amertume acceptée jusqu’à la mort le purifie et
le
rend à l’Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est l’eau mortelle de l’Espri
3468
acceptée jusqu’à la mort le purifie et le rend à
l’
Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est l’eau mortelle de l’Esprit, la dans
3469
’à la mort le purifie et le rend à l’Esprit. 5. —
L’
eau du Baptiste est l’eau mortelle de l’Esprit, la danse de l’Esprit d
3470
et le rend à l’Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est
l’
eau mortelle de l’Esprit, la danse de l’Esprit dans l’âme des enfants,
3471
Esprit. 5. — L’eau du Baptiste est l’eau mortelle
de
l’Esprit, la danse de l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et
3472
rit. 5. — L’eau du Baptiste est l’eau mortelle de
l’
Esprit, la danse de l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et l’
3473
L’eau du Baptiste est l’eau mortelle de l’Esprit,
la
danse de l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et l’homme s’y
3474
Baptiste est l’eau mortelle de l’Esprit, la danse
de
l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et l’homme s’y noie et y
3475
tiste est l’eau mortelle de l’Esprit, la danse de
l’
Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et l’homme s’y noie et y me
3476
u mortelle de l’Esprit, la danse de l’Esprit dans
l’
âme des enfants, l’eau-mère. Et l’homme s’y noie et y meurt de douleur
3477
rit, la danse de l’Esprit dans l’âme des enfants,
l’
eau-mère. Et l’homme s’y noie et y meurt de douleur, il est noyé par l
3478
e l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et
l’
homme s’y noie et y meurt de douleur, il est noyé par l’amertume non p
3479
fants, l’eau-mère. Et l’homme s’y noie et y meurt
de
douleur, il est noyé par l’amertume non par l’eau. C’est la saveur d’
3480
e s’y noie et y meurt de douleur, il est noyé par
l’
amertume non par l’eau. C’est la saveur d’une vie nouvelle. 6. — « Vou
3481
rt de douleur, il est noyé par l’amertume non par
l’
eau. C’est la saveur d’une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes le sel de la
3482
, il est noyé par l’amertume non par l’eau. C’est
la
saveur d’une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes le sel de la Terre », leu
3483
oyé par l’amertume non par l’eau. C’est la saveur
d’
une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes le sel de la Terre », leur fut-il d
3484
st la saveur d’une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes
le
sel de la Terre », leur fut-il dit. Mais l’Esprit danse dans les eaux
3485
aveur d’une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes le sel
de
la Terre », leur fut-il dit. Mais l’Esprit danse dans les eaux salées
3486
ur d’une vie nouvelle. 6. — « Vous êtes le sel de
la
Terre », leur fut-il dit. Mais l’Esprit danse dans les eaux salées. M
3487
êtes le sel de la Terre », leur fut-il dit. Mais
l’
Esprit danse dans les eaux salées. Méditez le symbole du Poisson. Lui
3488
erre », leur fut-il dit. Mais l’Esprit danse dans
les
eaux salées. Méditez le symbole du Poisson. Lui seul peut vivre dans
3489
Mais l’Esprit danse dans les eaux salées. Méditez
le
symbole du Poisson. Lui seul peut vivre dans les grandes eaux, dans l
3490
z le symbole du Poisson. Lui seul peut vivre dans
les
grandes eaux, dans l’amertume et dans la danse. 7. — Les grandes eaux
3491
. Lui seul peut vivre dans les grandes eaux, dans
l’
amertume et dans la danse. 7. — Les grandes eaux ne sont pas pour nos
3492
re dans les grandes eaux, dans l’amertume et dans
la
danse. 7. — Les grandes eaux ne sont pas pour nos soifs, car l’assoif
3493
ndes eaux, dans l’amertume et dans la danse. 7. —
Les
grandes eaux ne sont pas pour nos soifs, car l’assoiffé n’y trouve qu
3494
Les grandes eaux ne sont pas pour nos soifs, car
l’
assoiffé n’y trouve qu’un désert. C’est comme un feu. Mourir de soif d
3495
y trouve qu’un désert. C’est comme un feu. Mourir
de
soif dans l’eau de l’amertume, là où l’ivresse est impossible, et où
3496
n désert. C’est comme un feu. Mourir de soif dans
l’
eau de l’amertume, là où l’ivresse est impossible, et où le sel a sa s
3497
rt. C’est comme un feu. Mourir de soif dans l’eau
de
l’amertume, là où l’ivresse est impossible, et où le sel a sa saveur
3498
C’est comme un feu. Mourir de soif dans l’eau de
l’
amertume, là où l’ivresse est impossible, et où le sel a sa saveur de
3499
u. Mourir de soif dans l’eau de l’amertume, là où
l’
ivresse est impossible, et où le sel a sa saveur de mort, c’est la vie
3500
l’amertume, là où l’ivresse est impossible, et où
le
sel a sa saveur de mort, c’est la vie même de l’Esprit, mort de la vi
3501
’ivresse est impossible, et où le sel a sa saveur
de
mort, c’est la vie même de l’Esprit, mort de la vie, et vie de la dan
3502
possible, et où le sel a sa saveur de mort, c’est
la
vie même de l’Esprit, mort de la vie, et vie de la danse profonde. Pu
3503
où le sel a sa saveur de mort, c’est la vie même
de
l’Esprit, mort de la vie, et vie de la danse profonde. Puis il faut v
3504
le sel a sa saveur de mort, c’est la vie même de
l’
Esprit, mort de la vie, et vie de la danse profonde. Puis il faut vivr
3505
veur de mort, c’est la vie même de l’Esprit, mort
de
la vie, et vie de la danse profonde. Puis il faut vivre sur la Terre
3506
r de mort, c’est la vie même de l’Esprit, mort de
la
vie, et vie de la danse profonde. Puis il faut vivre sur la Terre au
3507
t la vie même de l’Esprit, mort de la vie, et vie
de
la danse profonde. Puis il faut vivre sur la Terre au sel aigu. 8. —
3508
a vie même de l’Esprit, mort de la vie, et vie de
la
danse profonde. Puis il faut vivre sur la Terre au sel aigu. 8. — Pou
3509
vie de la danse profonde. Puis il faut vivre sur
la
Terre au sel aigu. 8. — Pour tous les morts par l’eau amère, où l’Esp
3510
ut vivre sur la Terre au sel aigu. 8. — Pour tous
les
morts par l’eau amère, où l’Esprit danse dans les vagues profondes, C
3511
a Terre au sel aigu. 8. — Pour tous les morts par
l’
eau amère, où l’Esprit danse dans les vagues profondes, Christ a promi
3512
igu. 8. — Pour tous les morts par l’eau amère, où
l’
Esprit danse dans les vagues profondes, Christ a promis l’Eau vive gra
3513
les morts par l’eau amère, où l’Esprit danse dans
les
vagues profondes, Christ a promis l’Eau vive gratuitement. L’amertume
3514
danse dans les vagues profondes, Christ a promis
l’
Eau vive gratuitement. L’amertume acceptée, la mort par l’eau, est le
3515
ofondes, Christ a promis l’Eau vive gratuitement.
L’
amertume acceptée, la mort par l’eau, est le prix du Royaume, un don p
3516
mis l’Eau vive gratuitement. L’amertume acceptée,
la
mort par l’eau, est le prix du Royaume, un don pur. 9. — Ainsi pour l
3517
ve gratuitement. L’amertume acceptée, la mort par
l’
eau, est le prix du Royaume, un don pur. 9. — Ainsi pour l’homme deux
3518
ment. L’amertume acceptée, la mort par l’eau, est
le
prix du Royaume, un don pur. 9. — Ainsi pour l’homme deux fois né, mo
3519
t le prix du Royaume, un don pur. 9. — Ainsi pour
l’
homme deux fois né, mort par l’eau et le sel dans la danse, mais ressu
3520
r. 9. — Ainsi pour l’homme deux fois né, mort par
l’
eau et le sel dans la danse, mais ressuscité par l’Eau vive, il n’est
3521
insi pour l’homme deux fois né, mort par l’eau et
le
sel dans la danse, mais ressuscité par l’Eau vive, il n’est plus d’ob
3522
homme deux fois né, mort par l’eau et le sel dans
la
danse, mais ressuscité par l’Eau vive, il n’est plus d’obole de péage
3523
’eau et le sel dans la danse, mais ressuscité par
l’
Eau vive, il n’est plus d’obole de péage. L’Esprit le porte sur les ea
3524
se, mais ressuscité par l’Eau vive, il n’est plus
d’
obole de péage. L’Esprit le porte sur les eaux, vol de colombes.
3525
ressuscité par l’Eau vive, il n’est plus d’obole
de
péage. L’Esprit le porte sur les eaux, vol de colombes.
3526
é par l’Eau vive, il n’est plus d’obole de péage.
L’
Esprit le porte sur les eaux, vol de colombes.
3527
au vive, il n’est plus d’obole de péage. L’Esprit
le
porte sur les eaux, vol de colombes.
3528
’est plus d’obole de péage. L’Esprit le porte sur
les
eaux, vol de colombes.
3529
ole de péage. L’Esprit le porte sur les eaux, vol
de
colombes.
3530
Antée ou
La
terre Antée géant, champion du monde, subit la hantise des forts, q
3531
La terre Antée géant, champion du monde, subit
la
hantise des forts, qui est de ne point faire honneur constamment à sa
3532
ion du monde, subit la hantise des forts, qui est
de
ne point faire honneur constamment à sa force. Noblesse oblige au tou
3533
est fini. Jamais il ne se sent plus angoissé qu’à
la
veille d’une épreuve mondiale, au terme du plus rigoureux des entraîn
3534
Jamais il ne se sent plus angoissé qu’à la veille
d’
une épreuve mondiale, au terme du plus rigoureux des entraînements. So
3535
du plus rigoureux des entraînements. Son manager
l’
a séquestré pendant des mois, ni vin, ni femmes, ni journées de paress
3536
pendant des mois, ni vin, ni femmes, ni journées
de
paresse ou de promenade à l’aventure. Vie à l’horaire, chronométrée,
3537
ois, ni vin, ni femmes, ni journées de paresse ou
de
promenade à l’aventure. Vie à l’horaire, chronométrée, sans rien d’im
3538
femmes, ni journées de paresse ou de promenade à
l’
aventure. Vie à l’horaire, chronométrée, sans rien d’impur. Et pourtan
3539
es de paresse ou de promenade à l’aventure. Vie à
l’
horaire, chronométrée, sans rien d’impur. Et pourtant il se sent impur
3540
venture. Vie à l’horaire, chronométrée, sans rien
d’
impur. Et pourtant il se sent impur et affaibli. Allégé physiquement p
3541
ct et sa vue nette, il s’éprouve cependant chargé
d’
une fièvre. Ce n’est pas l’impatience de combattre, mais au contraire
3542
rouve cependant chargé d’une fièvre. Ce n’est pas
l’
impatience de combattre, mais au contraire un besoin obsédant d’abando
3543
nt chargé d’une fièvre. Ce n’est pas l’impatience
de
combattre, mais au contraire un besoin obsédant d’abandon à quelque d
3544
e combattre, mais au contraire un besoin obsédant
d’
abandon à quelque délire et de dissolution incontrôlée. Ces dispositio
3545
un besoin obsédant d’abandon à quelque délire et
de
dissolution incontrôlée. Ces dispositions, bien connues du manager, o
3546
es du manager, ont été qualifiées par lui, devant
les
journalistes, de « tendance névrotique due à l’hypersensibilité de no
3547
été qualifiées par lui, devant les journalistes,
de
« tendance névrotique due à l’hypersensibilité de notre ami », déclar
3548
les journalistes, de « tendance névrotique due à
l’
hypersensibilité de notre ami », déclaration qui n’a pas peu contribué
3549
de « tendance névrotique due à l’hypersensibilité
de
notre ami », déclaration qui n’a pas peu contribué à la popularité du
3550
re ami », déclaration qui n’a pas peu contribué à
la
popularité du champion. La foule moderne adore que ses héros soient u
3551
’a pas peu contribué à la popularité du champion.
La
foule moderne adore que ses héros soient un peu détraqués, ces faible
3552
ses héros soient un peu détraqués, ces faiblesses
les
rendant plus humains, selon le langage courant. Le fait est qu’Antée,
3553
s, ces faiblesses les rendant plus humains, selon
le
langage courant. Le fait est qu’Antée, jusqu’ici, déployant des tréso
3554
s rendant plus humains, selon le langage courant.
Le
fait est qu’Antée, jusqu’ici, déployant des trésors d’astuce à faire
3555
it est qu’Antée, jusqu’ici, déployant des trésors
d’
astuce à faire pâlir tous ses triomphes musculaires, a toujours réussi
3556
ujours réussi à s’évader, pour quelques heures, à
la
veille d’une épreuve décisive. Mais le lendemain il reparaît peu avan
3557
ssi à s’évader, pour quelques heures, à la veille
d’
une épreuve décisive. Mais le lendemain il reparaît peu avant le match
3558
heures, à la veille d’une épreuve décisive. Mais
le
lendemain il reparaît peu avant le match, affreux à voir, le visage t
3559
décisive. Mais le lendemain il reparaît peu avant
le
match, affreux à voir, le visage taché de boue, les vêtements en loqu
3560
n il reparaît peu avant le match, affreux à voir,
le
visage taché de boue, les vêtements en loques, les mains couvertes d’
3561
u avant le match, affreux à voir, le visage taché
de
boue, les vêtements en loques, les mains couvertes d’éraflures et les
3562
e match, affreux à voir, le visage taché de boue,
les
vêtements en loques, les mains couvertes d’éraflures et les ongles ro
3563
le visage taché de boue, les vêtements en loques,
les
mains couvertes d’éraflures et les ongles rognés ou cassés. Épuisé, s
3564
oue, les vêtements en loques, les mains couvertes
d’
éraflures et les ongles rognés ou cassés. Épuisé, semble-t-il, haletan
3565
nts en loques, les mains couvertes d’éraflures et
les
ongles rognés ou cassés. Épuisé, semble-t-il, haletant et suant, il s
3566
semble-t-il, haletant et suant, il se jette dans
la
lutte et le voici vainqueur. (Nous donnons ici quelques Extraits des
3567
, haletant et suant, il se jette dans la lutte et
le
voici vainqueur. (Nous donnons ici quelques Extraits des notes de l’a
3568
ur. (Nous donnons ici quelques Extraits des notes
de
l’analyste qui a bien voulu se charger du cas, sur la demande répétée
3569
(Nous donnons ici quelques Extraits des notes de
l’
analyste qui a bien voulu se charger du cas, sur la demande répétée du
3570
’analyste qui a bien voulu se charger du cas, sur
la
demande répétée du manager.) « … … …Complexe d’Œdipe : me suis vu con
3571
r la demande répétée du manager.) « … … …Complexe
d’
Œdipe : me suis vu contraint de renoncer à cette hypothèse, après deux
3572
.) « … … …Complexe d’Œdipe : me suis vu contraint
de
renoncer à cette hypothèse, après deux ans de travail acharné… Vie de
3573
int de renoncer à cette hypothèse, après deux ans
de
travail acharné… Vie des parents normale, je dirai même exemplaire9…
3574
xuelle du patient normale, sauf quelques périodes
d’
abstinence prolongée, coïncidant avec les périodes d’entraînement… Lég
3575
périodes d’abstinence prolongée, coïncidant avec
les
périodes d’entraînement… Légère répugnance pour les géantes qu’on vou
3576
bstinence prolongée, coïncidant avec les périodes
d’
entraînement… Légère répugnance pour les géantes qu’on voudrait lui fa
3577
s périodes d’entraînement… Légère répugnance pour
les
géantes qu’on voudrait lui faire rencontrer… Cauchemar typique : il s
3578
béton armé, des constructions métalliques… Phobie
de
perdre pied… Tout cela ne m’eût pas mené très loin. Mais comme il nou
3579
mené très loin. Mais comme il nous arrive parfois
de
le constater, c’est le patient lui-même qui a fini par me donner la c
3580
é très loin. Mais comme il nous arrive parfois de
le
constater, c’est le patient lui-même qui a fini par me donner la clé
3581
mme il nous arrive parfois de le constater, c’est
le
patient lui-même qui a fini par me donner la clé de son mystère. Lors
3582
’est le patient lui-même qui a fini par me donner
la
clé de son mystère. Lors d’une de nos dernières séances, je me suis r
3583
patient lui-même qui a fini par me donner la clé
de
son mystère. Lors d’une de nos dernières séances, je me suis risqué à
3584
a fini par me donner la clé de son mystère. Lors
d’
une de nos dernières séances, je me suis risqué à une allusion courtoi
3585
i par me donner la clé de son mystère. Lors d’une
de
nos dernières séances, je me suis risqué à une allusion courtoise à s
3586
e. Il est entré dans une fureur terrible, a cassé
le
canapé en deux comme une allumette, en hurlant : — C’est le contraire
3587
en deux comme une allumette, en hurlant : — C’est
le
contraire ! C’est tout juste le contraire ! — Le contraire de quoi ?
3588
hurlant : — C’est le contraire ! C’est tout juste
le
contraire ! — Le contraire de quoi ? — Le contraire de ce qu’ils dise
3589
le contraire ! C’est tout juste le contraire ! —
Le
contraire de quoi ? — Le contraire de ce qu’ils disent depuis qu’ils
3590
! C’est tout juste le contraire ! — Le contraire
de
quoi ? — Le contraire de ce qu’ils disent depuis qu’ils parlent de mo
3591
t juste le contraire ! — Le contraire de quoi ? —
Le
contraire de ce qu’ils disent depuis qu’ils parlent de moi, le contra
3592
ntraire ! — Le contraire de quoi ? — Le contraire
de
ce qu’ils disent depuis qu’ils parlent de moi, le contraire de ce qu’
3593
ntraire de ce qu’ils disent depuis qu’ils parlent
de
moi, le contraire de ce qu’il dit, le Petit Larousse, le contraire de
3594
de ce qu’ils disent depuis qu’ils parlent de moi,
le
contraire de ce qu’il dit, le Petit Larousse, le contraire de vous au
3595
disent depuis qu’ils parlent de moi, le contraire
de
ce qu’il dit, le Petit Larousse, le contraire de vous autres, le cont
3596
ils parlent de moi, le contraire de ce qu’il dit,
le
Petit Larousse, le contraire de vous autres, le contraire de vos idée
3597
le contraire de ce qu’il dit, le Petit Larousse,
le
contraire de vous autres, le contraire de vos idées, le contraire de
3598
de ce qu’il dit, le Petit Larousse, le contraire
de
vous autres, le contraire de vos idées, le contraire de tout ! Je n’a
3599
, le Petit Larousse, le contraire de vous autres,
le
contraire de vos idées, le contraire de tout ! Je n’ai pas discuté ce
3600
rousse, le contraire de vous autres, le contraire
de
vos idées, le contraire de tout ! Je n’ai pas discuté ces derniers mo
3601
traire de vous autres, le contraire de vos idées,
le
contraire de tout ! Je n’ai pas discuté ces derniers mots, qui choque
3602
s autres, le contraire de vos idées, le contraire
de
tout ! Je n’ai pas discuté ces derniers mots, qui choquent mon sens d
3603
discuté ces derniers mots, qui choquent mon sens
de
la logique, mais j’ai quelques meubles de prix. J’ai même feint d’app
3604
scuté ces derniers mots, qui choquent mon sens de
la
logique, mais j’ai quelques meubles de prix. J’ai même feint d’approu
3605
on sens de la logique, mais j’ai quelques meubles
de
prix. J’ai même feint d’approuver ce « contraire de tout ». Au cours
3606
is j’ai quelques meubles de prix. J’ai même feint
d’
approuver ce « contraire de tout ». Au cours des séances suivantes, il
3607
prix. J’ai même feint d’approuver ce « contraire
de
tout ». Au cours des séances suivantes, il s’est expliqué plus poséme
3608
il s’est expliqué plus posément. Je déplore, pour
la
clarté de ces notes, que l’appareil conceptuel de mon client soit aus
3609
xpliqué plus posément. Je déplore, pour la clarté
de
ces notes, que l’appareil conceptuel de mon client soit aussi netteme
3610
ent. Je déplore, pour la clarté de ces notes, que
l’
appareil conceptuel de mon client soit aussi nettement déficient, mais
3611
la clarté de ces notes, que l’appareil conceptuel
de
mon client soit aussi nettement déficient, mais mon devoir est de con
3612
it aussi nettement déficient, mais mon devoir est
de
consigner ou de résumer ses paroles (plusieurs expressions argotiques
3613
nt déficient, mais mon devoir est de consigner ou
de
résumer ses paroles (plusieurs expressions argotiques m’ont échappé)
3614
sieurs expressions argotiques m’ont échappé) dans
la
forme, si je puis dire, où il les a, non sans peine, énoncées. — Harr
3615
nt échappé) dans la forme, si je puis dire, où il
les
a, non sans peine, énoncées. — Harry veut me tuer (Harry, c’est son m
3616
son manager)… Veut pas que je me saoule. Veut pas
de
vadrouille. Rien de rien. Toujours propre, qu’il me veut. Moi, quand
3617
as que je me saoule. Veut pas de vadrouille. Rien
de
rien. Toujours propre, qu’il me veut. Moi, quand j’ai de la terre sur
3618
. Toujours propre, qu’il me veut. Moi, quand j’ai
de
la terre sur les doigts, s’ils disent que je suis sale, je l’ai sec.
3619
oujours propre, qu’il me veut. Moi, quand j’ai de
la
terre sur les doigts, s’ils disent que je suis sale, je l’ai sec. Je
3620
e, qu’il me veut. Moi, quand j’ai de la terre sur
les
doigts, s’ils disent que je suis sale, je l’ai sec. Je me lave. Avec
3621
sur les doigts, s’ils disent que je suis sale, je
l’
ai sec. Je me lave. Avec la terre je me lave… C’est le contraire ! Ils
3622
t que je suis sale, je l’ai sec. Je me lave. Avec
la
terre je me lave… C’est le contraire ! Ils disent que j’y prends ma f
3623
sec. Je me lave. Avec la terre je me lave… C’est
le
contraire ! Ils disent que j’y prends ma force. C’est pas vrai. Ça ne
3624
C’est pas vrai. Ça ne coule pas comme qui dirait
de
la terre vers moi, c’est le contraire. C’est les saletés qui vont dan
3625
est pas vrai. Ça ne coule pas comme qui dirait de
la
terre vers moi, c’est le contraire. C’est les saletés qui vont dans l
3626
pas comme qui dirait de la terre vers moi, c’est
le
contraire. C’est les saletés qui vont dans la terre. Il faut se décra
3627
t de la terre vers moi, c’est le contraire. C’est
les
saletés qui vont dans la terre. Il faut se décrasser le dedans, c’est
3628
est le contraire. C’est les saletés qui vont dans
la
terre. Il faut se décrasser le dedans, c’est pas une question de savo
3629
etés qui vont dans la terre. Il faut se décrasser
le
dedans, c’est pas une question de savonnette et d’eau de Cologne. Qua
3630
ut se décrasser le dedans, c’est pas une question
de
savonnette et d’eau de Cologne. Quand j’ai mes humeurs, je me sens fa
3631
e dedans, c’est pas une question de savonnette et
d’
eau de Cologne. Quand j’ai mes humeurs, je me sens faible. Je suis tou
3632
ns, c’est pas une question de savonnette et d’eau
de
Cologne. Quand j’ai mes humeurs, je me sens faible. Je suis tout char
3633
sens faible. Je suis tout chargé. Ça me donne sur
les
nerfs. Plus qu’il m’isole dans mes belles chambres, plus que je m’éne
3634
us sortir et ça me travaille, ça me fermente dans
le
sang. Les humeurs, comme on dit, est-ce qu’on sait seulement ce que c
3635
et ça me travaille, ça me fermente dans le sang.
Les
humeurs, comme on dit, est-ce qu’on sait seulement ce que c’est, les
3636
on dit, est-ce qu’on sait seulement ce que c’est,
les
humeurs ? C’est toujours dans les villes que ça me prend. Quand ils m
3637
t ce que c’est, les humeurs ? C’est toujours dans
les
villes que ça me prend. Quand ils m’ont bien lavé, massé, poudré comm
3638
ien lavé, massé, poudré comme un bébé… et allez !
l’
ascenseur, le marbre, le ciment, l’asphalte, l’auto et les assiettes !
3639
sé, poudré comme un bébé… et allez ! l’ascenseur,
le
marbre, le ciment, l’asphalte, l’auto et les assiettes ! Tout propre,
3640
comme un bébé… et allez ! l’ascenseur, le marbre,
le
ciment, l’asphalte, l’auto et les assiettes ! Tout propre, tout lisse
3641
bé… et allez ! l’ascenseur, le marbre, le ciment,
l’
asphalte, l’auto et les assiettes ! Tout propre, tout lisse, tout asti
3642
! l’ascenseur, le marbre, le ciment, l’asphalte,
l’
auto et les assiettes ! Tout propre, tout lisse, tout astiqué, rien à
3643
seur, le marbre, le ciment, l’asphalte, l’auto et
les
assiettes ! Tout propre, tout lisse, tout astiqué, rien à toucher, vo
3644
’échapper. Harry veut me tuer. Il court dans tous
les
bars. Je me défile en vitesse vers la campagne. Et là, docteur, là je
3645
dans tous les bars. Je me défile en vitesse vers
la
campagne. Et là, docteur, là je m’en paye une tranche ! Je me roule p
3646
nche ! Je me roule par terre et je me creuse dans
la
terre, je cours tout nu, je mords les feuilles, je griffe les arbres,
3647
creuse dans la terre, je cours tout nu, je mords
les
feuilles, je griffe les arbres, j’embrasse la terre, je dors par terr
3648
e cours tout nu, je mords les feuilles, je griffe
les
arbres, j’embrasse la terre, je dors par terre, et quand je me réveil
3649
ds les feuilles, je griffe les arbres, j’embrasse
la
terre, je dors par terre, et quand je me réveille couvert de terre, l
3650
e dors par terre, et quand je me réveille couvert
de
terre, le lendemain matin, je me sens propre ! La forêt, le fouillis,
3651
terre, et quand je me réveille couvert de terre,
le
lendemain matin, je me sens propre ! La forêt, le fouillis, les feuil
3652
de terre, le lendemain matin, je me sens propre !
La
forêt, le fouillis, les feuilles, c’est comme les femmes… C’est ma fa
3653
le lendemain matin, je me sens propre ! La forêt,
le
fouillis, les feuilles, c’est comme les femmes… C’est ma faiblesse qu
3654
matin, je me sens propre ! La forêt, le fouillis,
les
feuilles, c’est comme les femmes… C’est ma faiblesse qui a passé dans
3655
La forêt, le fouillis, les feuilles, c’est comme
les
femmes… C’est ma faiblesse qui a passé dans la terre, pendant la nuit
3656
e les femmes… C’est ma faiblesse qui a passé dans
la
terre, pendant la nuit. Vous voyez, c’est le contraire de ce qu’on di
3657
t ma faiblesse qui a passé dans la terre, pendant
la
nuit. Vous voyez, c’est le contraire de ce qu’on dit. Regardez les mo
3658
dans la terre, pendant la nuit. Vous voyez, c’est
le
contraire de ce qu’on dit. Regardez les morts et toutes leurs maladie
3659
, pendant la nuit. Vous voyez, c’est le contraire
de
ce qu’on dit. Regardez les morts et toutes leurs maladies — comme ell
3660
yez, c’est le contraire de ce qu’on dit. Regardez
les
morts et toutes leurs maladies — comme elle vous les nettoie, la terr
3661
morts et toutes leurs maladies — comme elle vous
les
nettoie, la terre ! » 9. Antée est le fils de Poséidon et de la Ter
3662
tes leurs maladies — comme elle vous les nettoie,
la
terre ! » 9. Antée est le fils de Poséidon et de la Terre. Depuis l
3663
lle vous les nettoie, la terre ! » 9. Antée est
le
fils de Poséidon et de la Terre. Depuis la séparation des Eaux, leurs
3664
les nettoie, la terre ! » 9. Antée est le fils
de
Poséidon et de la Terre. Depuis la séparation des Eaux, leurs dispute
3665
a terre ! » 9. Antée est le fils de Poséidon et
de
la Terre. Depuis la séparation des Eaux, leurs disputes se réduisent
3666
erre ! » 9. Antée est le fils de Poséidon et de
la
Terre. Depuis la séparation des Eaux, leurs disputes se réduisent à d
3667
ée est le fils de Poséidon et de la Terre. Depuis
la
séparation des Eaux, leurs disputes se réduisent à de légers frotteme
3668
éparation des Eaux, leurs disputes se réduisent à
de
légers frottements. Les rapports entre la Terre et le Feu sont beauco
3669
rs disputes se réduisent à de légers frottements.
Les
rapports entre la Terre et le Feu sont beaucoup plus dramatiques.
3670
isent à de légers frottements. Les rapports entre
la
Terre et le Feu sont beaucoup plus dramatiques.
3671
égers frottements. Les rapports entre la Terre et
le
Feu sont beaucoup plus dramatiques.
3672
Le
feu Quelquefois au coin du feu un grand silence appelle une autre h
3673
nd silence appelle une autre histoire, car il met
le
vide sur les têtes. Le vide est quelque chose d’insatiable… Alors ell
3674
ppelle une autre histoire, car il met le vide sur
les
têtes. Le vide est quelque chose d’insatiable… Alors elle se mit à co
3675
autre histoire, car il met le vide sur les têtes.
Le
vide est quelque chose d’insatiable… Alors elle se mit à conter : « L
3676
le vide sur les têtes. Le vide est quelque chose
d’
insatiable… Alors elle se mit à conter : « Les Indiens n’admettaient r
3677
hose d’insatiable… Alors elle se mit à conter : «
Les
Indiens n’admettaient rien. Sauf le Sommeil, le plus profond Oubli, o
3678
à conter : « Les Indiens n’admettaient rien. Sauf
le
Sommeil, le plus profond Oubli, où l’on était en n’étant pas. Pour le
3679
Les Indiens n’admettaient rien. Sauf le Sommeil,
le
plus profond Oubli, où l’on était en n’étant pas. Pour le joindre, il
3680
rien. Sauf le Sommeil, le plus profond Oubli, où
l’
on était en n’étant pas. Pour le joindre, il fallait se jeter dans l’A
3681
profond Oubli, où l’on était en n’étant pas. Pour
le
joindre, il fallait se jeter dans l’Abîme. Tout ce qui n’était que pr
3682
nt pas. Pour le joindre, il fallait se jeter dans
l’
Abîme. Tout ce qui n’était que précipice était admis. Mais bientôt ils
3683
récipice était admis. Mais bientôt ils ont vu que
le
vide, et l’abîme, et le précipice, quelques-uns se mettaient à en dou
3684
it admis. Mais bientôt ils ont vu que le vide, et
l’
abîme, et le précipice, quelques-uns se mettaient à en douter. Tous po
3685
is bientôt ils ont vu que le vide, et l’abîme, et
le
précipice, quelques-uns se mettaient à en douter. Tous pouvaient y en
3686
s ils ne pouvaient pas se rejoindre vraiment dans
l’
Oubli. Ce n’était pas le vrai commencement de tout. Alors des prêtres
3687
e rejoindre vraiment dans l’Oubli. Ce n’était pas
le
vrai commencement de tout. Alors des prêtres leur ont dit que l’on po
3688
dans l’Oubli. Ce n’était pas le vrai commencement
de
tout. Alors des prêtres leur ont dit que l’on pouvait admettre la Lum
3689
ement de tout. Alors des prêtres leur ont dit que
l’
on pouvait admettre la Lumière. Que la Lumière était comme le Vide. Pu
3690
es prêtres leur ont dit que l’on pouvait admettre
la
Lumière. Que la Lumière était comme le Vide. Puis d’autres prêtres on
3691
ont dit que l’on pouvait admettre la Lumière. Que
la
Lumière était comme le Vide. Puis d’autres prêtres ont trouvé que la
3692
t admettre la Lumière. Que la Lumière était comme
le
Vide. Puis d’autres prêtres ont trouvé que la lumière signifie : l’Ea
3693
mme le Vide. Puis d’autres prêtres ont trouvé que
la
lumière signifie : l’Eau, parce que l’Eau rejette les corps et ne les
3694
tres prêtres ont trouvé que la lumière signifie :
l’
Eau, parce que l’Eau rejette les corps et ne les veut pas, c’est le Vi
3695
trouvé que la lumière signifie : l’Eau, parce que
l’
Eau rejette les corps et ne les veut pas, c’est le Vide. L’Eau a été a
3696
lumière signifie : l’Eau, parce que l’Eau rejette
les
corps et ne les veut pas, c’est le Vide. L’Eau a été admise. Et de l’
3697
: l’Eau, parce que l’Eau rejette les corps et ne
les
veut pas, c’est le Vide. L’Eau a été admise. Et de l’Eau est sorti le
3698
l’Eau rejette les corps et ne les veut pas, c’est
le
Vide. L’Eau a été admise. Et de l’Eau est sorti le Monstre-qui-sort-d
3699
ette les corps et ne les veut pas, c’est le Vide.
L’
Eau a été admise. Et de l’Eau est sorti le Monstre-qui-sort-de-l’Eau,
3700
s veut pas, c’est le Vide. L’Eau a été admise. Et
de
l’Eau est sorti le Monstre-qui-sort-de-l’Eau, insatiable, et qui veut
3701
eut pas, c’est le Vide. L’Eau a été admise. Et de
l’
Eau est sorti le Monstre-qui-sort-de-l’Eau, insatiable, et qui veut to
3702
e Vide. L’Eau a été admise. Et de l’Eau est sorti
le
Monstre-qui-sort-de-l’Eau, insatiable, et qui veut tout manger. C’éta
3703
Eau, insatiable, et qui veut tout manger. C’était
le
Vide, le Monstre fut admis. Et le Monstre leur fit craindre le Feu, l
3704
tiable, et qui veut tout manger. C’était le Vide,
le
Monstre fut admis. Et le Monstre leur fit craindre le Feu, l’ennemi d
3705
manger. C’était le Vide, le Monstre fut admis. Et
le
Monstre leur fit craindre le Feu, l’ennemi de l’Eau, en leur disant q
3706
onstre fut admis. Et le Monstre leur fit craindre
le
Feu, l’ennemi de l’Eau, en leur disant que le Feu était le plus puiss
3707
ut admis. Et le Monstre leur fit craindre le Feu,
l’
ennemi de l’Eau, en leur disant que le Feu était le plus puissant de t
3708
Et le Monstre leur fit craindre le Feu, l’ennemi
de
l’Eau, en leur disant que le Feu était le plus puissant de tous, dévo
3709
le Monstre leur fit craindre le Feu, l’ennemi de
l’
Eau, en leur disant que le Feu était le plus puissant de tous, dévoran
3710
dre le Feu, l’ennemi de l’Eau, en leur disant que
le
Feu était le plus puissant de tous, dévorant tout, voulant que rien n
3711
’ennemi de l’Eau, en leur disant que le Feu était
le
plus puissant de tous, dévorant tout, voulant que rien n’existe ou n’
3712
en leur disant que le Feu était le plus puissant
de
tous, dévorant tout, voulant que rien n’existe ou n’apparaisse. Et qu
3713
rien n’existe ou n’apparaisse. Et que partout où
la
forme venait, le Feu se jetait dessus avec ses Flammes : c’était le N
3714
n’apparaisse. Et que partout où la forme venait,
le
Feu se jetait dessus avec ses Flammes : c’était le Néant le plus fort
3715
e Feu se jetait dessus avec ses Flammes : c’était
le
Néant le plus fort. Et la prière a été inventée, avec des chants, pou
3716
jetait dessus avec ses Flammes : c’était le Néant
le
plus fort. Et la prière a été inventée, avec des chants, pour apprivo
3717
c ses Flammes : c’était le Néant le plus fort. Et
la
prière a été inventée, avec des chants, pour apprivoiser Flamme et Fe
3718
avec des chants, pour apprivoiser Flamme et Feu.
Les
femmes se jetaient dans la Flamme parce que seule une destruction peu
3719
voiser Flamme et Feu. Les femmes se jetaient dans
la
Flamme parce que seule une destruction peut nourrir ou détruire une d
3720
pas besoin du Feu pour se chauffer ou pour cuire
les
aliments sous les Tropiques. Le Feu n’était que l’invité qui détruisa
3721
pour se chauffer ou pour cuire les aliments sous
les
Tropiques. Le Feu n’était que l’invité qui détruisait forêts, gens et
3722
er ou pour cuire les aliments sous les Tropiques.
Le
Feu n’était que l’invité qui détruisait forêts, gens et maisons, étan
3723
s aliments sous les Tropiques. Le Feu n’était que
l’
invité qui détruisait forêts, gens et maisons, étant admis… » Nous reg
3724
, gens et maisons, étant admis… » Nous regardions
le
feu dans la cheminée. Je pensais à l’amour insatiable autant que le v
3725
isons, étant admis… » Nous regardions le feu dans
la
cheminée. Je pensais à l’amour insatiable autant que le vide et le fe
3726
regardions le feu dans la cheminée. Je pensais à
l’
amour insatiable autant que le vide et le feu, et j’admettais l’amour,
3727
minée. Je pensais à l’amour insatiable autant que
le
vide et le feu, et j’admettais l’amour, la femme-flamme. Je pensais à
3728
ensais à l’amour insatiable autant que le vide et
le
feu, et j’admettais l’amour, la femme-flamme. Je pensais à la joie qu
3729
able autant que le vide et le feu, et j’admettais
l’
amour, la femme-flamme. Je pensais à la joie qui fait souffrir et qui
3730
nt que le vide et le feu, et j’admettais l’amour,
la
femme-flamme. Je pensais à la joie qui fait souffrir et qui rend seul
3731
’admettais l’amour, la femme-flamme. Je pensais à
la
joie qui fait souffrir et qui rend seul. À l’Occident qui veut le ple
3732
s à la joie qui fait souffrir et qui rend seul. À
l’
Occident qui veut le plein mais crée le vide, nourrissant malgré lui l
3733
souffrir et qui rend seul. À l’Occident qui veut
le
plein mais crée le vide, nourrissant malgré lui les monstres et le fe
3734
nd seul. À l’Occident qui veut le plein mais crée
le
vide, nourrissant malgré lui les monstres et le feu. Et à la voie nég
3735
e plein mais crée le vide, nourrissant malgré lui
les
monstres et le feu. Et à la voie négative des mystiques, témoins du V
3736
e le vide, nourrissant malgré lui les monstres et
le
feu. Et à la voie négative des mystiques, témoins du Vide parmi nous,
3737
urrissant malgré lui les monstres et le feu. Et à
la
voie négative des mystiques, témoins du Vide parmi nous, la voie qui
3738
gative des mystiques, témoins du Vide parmi nous,
la
voie qui mène au Commencement de tout, qui est la vraie Fin.
3739
Vide parmi nous, la voie qui mène au Commencement
de
tout, qui est la vraie Fin.
3740
la voie qui mène au Commencement de tout, qui est
la
vraie Fin.