1
ué entre eux mais avec la réalité constitutive de
notre
condition humaine, profond trésor de formes dynamiques d’où remontent
2
miques d’où remontent aux moments décisifs, quand
nous
sommes comme on dit remis en jeu, les archétypes de nos émotions les
3
mmes comme on dit remis en jeu, les archétypes de
nos
émotions les plus sincères et les plus surprenantes. Enfin les mythes
4
ce de Tantale dans un récit de Jean-Paul. De même
nous
appliquons les dictons et proverbes aux occasions variées de la vie q
5
ais » temps, et vous n’avez jamais cherché ce que
doit
être le « bon » temps, ni si les tempêtes sont « belles ». Et vous pe
6
z encore que le bonheur peut exister en dehors de
notre
souffrance, ou même qu’il est le contraire de la souffrance, petite f
7
ord Artur, vous m’amusez beaucoup. Vraiment, vous
devez
être jaloux, ce soir. Quand vous cédez à votre manie de remuer des mé
8
nce. Mais un jour, la lumière est morte autour de
nous
, elle est morte à la surface des choses pour renaître au centre de l’
9
, de tous les événements qui paraissent autour de
nous
, aucun n’importe, sinon celui qui dans le même temps se passe à l’int
10
lis en ce lieu la demeure de mes pensées. Ainsi,
nous
dit la Fable, fit Myscille, habitant d’Argos. N’ayant pu débrouiller
11
que pour le cygne, et avec lui. Un critique d’art
devrait
comprendre au moins cela… Que disait la charmante Ellen ? Le peintre
12
t monstrueux époux ! Question de convenance comme
nous
le disions hier1. Je trouve leur union déplaisante. Le mari. Vous co
13
comme s’il était un tableau. Le peintre. Bien !
Dois
-je en déduire qu’il existe une morale du cadre, et une autre, une esp
14
ses… Le peintre. Attendez, attendez ! Revenons à
notre
Léda. J’essaie de voir. Quelle est, selon vous, sa façon d’exister pa
15
allez régenter la peinture au nom de vos dogmes,
nous
fabriquer de l’allégorie, du bergsonisme de Prix de Rome, une métaphy
16
problème esthétique. Le mari. Bien, calmez-vous,
nous
sommes d’accord. Maintenant, si vous m’écoutez, il n’y aura plus de m
17
bleau, bien loin de le juger selon quelque canon,
doit
commencer par découvrir les rapports singuliers qui manifestent la lo
18
s qui manifestent la loi intime de ce tableau. Il
doit
commencer, dis-je, par se soumettre à l’existence propre du tableau,
19
tence et sa proximité. Si vous m’avez suivi, vous
devez
voir que cette réalité n’est pas quelque modèle académique ni un cano
20
ue se rapporte plus ou moins à une carte postale.
Notre
critique d’hier, tenez, nul besoin de gratter beaucoup pour trouver l
21
ou d’une comparaison d’images, mais d’un acte de
notre
esprit, d’un acte tout à fait personnel. La beauté n’est jamais donné
22
qu’elles rendent possible la grandeur, alors que
notre
vie n’est qu’une confusion. Oui, je vous le demande maintenant, quell
23
l’ai rencontrée. Mais voilà ce qui se passe entre
nous
, voilà ce qui est réel et unique entre nous : quand je regarde ma fem
24
entre nous, voilà ce qui est réel et unique entre
nous
: quand je regarde ma femme et quand je l’aime, c’est-à-dire quand je
25
s différent, elle n’existerait pas pour moi. Elle
nous
dépasse et elle a besoin de nous. Elle est tout autre que ce que nous
26
s pour moi. Elle nous dépasse et elle a besoin de
nous
. Elle est tout autre que ce que nous sommes ensemble, mais nous ne po
27
a besoin de nous. Elle est tout autre que ce que
nous
sommes ensemble, mais nous ne pouvons y accéder qu’ensemble. Elle n’e
28
tout autre que ce que nous sommes ensemble, mais
nous
ne pouvons y accéder qu’ensemble. Elle n’est pas notre union, mais se
29
ne pouvons y accéder qu’ensemble. Elle n’est pas
notre
union, mais seule notre union nous l’indique, nous la désigne au-delà
30
’ensemble. Elle n’est pas notre union, mais seule
notre
union nous l’indique, nous la désigne au-delà d’elle-même, et nous or
31
lle n’est pas notre union, mais seule notre union
nous
l’indique, nous la désigne au-delà d’elle-même, et nous ordonne à sa
32
tre union, mais seule notre union nous l’indique,
nous
la désigne au-delà d’elle-même, et nous ordonne à sa Réalité. Et s’il
33
’indique, nous la désigne au-delà d’elle-même, et
nous
ordonne à sa Réalité. Et s’il n’en était pas ainsi, serions-nous véri
34
sa Réalité. Et s’il n’en était pas ainsi, serions-
nous
véritablement mariés ? 1. Le peintre fait ici allusion à une conver
35
te la série de portraits en couleurs que publient
nos
grands magazines : The Man of Distinction, l’homme distingué. Je suis
36
ie. X., une célébrité du jour. Je suppose que je
devrais
m’asseoir dans un fauteuil, croiser les jambes, regarder l’objectif,
37
permettre… Ces six bouteilles sont un présent de
notre
maison. Il y a longtemps que nous désirions vous voir, et seuls les n
38
un présent de notre maison. Il y a longtemps que
nous
désirions vous voir, et seuls les nombreux déplacements que nécessite
39
ci la liste de ceux qui ont bien voulu poser pour
nous
. Un coup d’œil va vous assurer que vous êtes en bonne compagnie. X.
40
gent. Pas du tout. Si ce jour béni arrive jamais,
nous
changerons simplement de slogan. Au lieu de dire : « Soyez distingué,
41
u de dire : « Soyez distingué, buvez le Nelson »,
nous
dirons : « Faites comme tout le monde, buvez le Nelson. » Tel est not
42
s comme tout le monde, buvez le Nelson. » Tel est
notre
art, et je me fais fort de vous en faire bénéficier bon gré mal gré.
43
ettes viennoises, tels qu’on les voit encore dans
nos
films, copiaient sa tête comme vous le savez, et portaient les mêmes
44
distingués, avez-vous aussi des héros ? L’agent.
Nous
sommes fiers d’avoir pris les portraits du fameux amiral Grandisson e
45
al Grandisson et du général MacAlfred. Mais comme
nous
sommes dans un pays démocratique, nous avons aussi pris quelques GI t
46
Mais comme nous sommes dans un pays démocratique,
nous
avons aussi pris quelques GI tout couverts de décorations. X. Bien e
47
guerre ? L’agent. C’est naturel. Depuis la paix,
nous
nous tournons plutôt vers les sportifs, les stars et les grands homme
48
e ? L’agent. C’est naturel. Depuis la paix, nous
nous
tournons plutôt vers les sportifs, les stars et les grands hommes d’a
49
ndu cet héroïsme obligatoire pour des millions de
nos
contemporains. C’était encore une contradiction. Car le héros est l’h
50
qui le sera ? L’attente des masses sera trompée,
nous
savons bien qu’elles ont besoin d’admiration. Et à mon tour, je me pe
51
que je nommerai plus simplement le Méconnu, vous
devez
être assez malheureux ? X. Attaque trop simple, et je garde le point
52
idée d’article ! Je sens que la photo sera bonne,
nous
l’avons prise pendant que vous parliez de votre sujet préféré. Vous é
53
icité que la photo pleine page et en couleurs que
nous
prendrons une autre fois. (Il va pour sortir.) Attendez un instant, j
54
idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous
nous
les présentez, elles ont déjà votre complicité, je ne sais quel air d
55
ne sais quel air de passion, un peu trop tôt, qui
nous
surprend… L’auteur. N’est-ce pas toujours ainsi ? Je veux dire : tou
56
ais il faudrait composer les entrées. Il faudrait
nous
persuader que vos goûts sont bien des raisons, et que ces raisons son
57
ts sont bien des raisons, et que ces raisons sont
les nôtres
. Ou bien vous faites de la poésie, et alors vous jouez sur des surpri
58
alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous
nous
parlez d’idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque in
59
nous parlez d’idées, et dans ce cas, il faut que
nous
pensions à chaque instant : « J’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas
60
era quelque tricherie. L’auteur. Voulez-vous que
nous
parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans
61
parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela
nous
ramènera dans les environs du sujet de mes deux précédents dialogues.
62
pprenne davantage qu’une feinte aimable. Au reste
nous
sommes entre nous et vous n’abuserez pas de mes aveux… D’autant qu’il
63
qu’une feinte aimable. Au reste nous sommes entre
nous
et vous n’abuserez pas de mes aveux… D’autant qu’ils seront probablem
64
sage… Le critique. Hé quoi ! vous savez que tout
notre
langage est un système conventionnel ! L’auteur. Notre langage coura
65
langage est un système conventionnel ! L’auteur.
Notre
langage courant sans aucun doute. Et plus rigoureusement encore notre
66
t sans aucun doute. Et plus rigoureusement encore
notre
langage intellectuel et scientifique, qui se distingue du langage cou
67
simple et facile » en soi ? Le monde dans lequel
nous
vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe, « le monde de
68
Kafka… Je me demande alors si le cartésianisme ne
nous
a pas trompés une fois pour toutes, à l’origine, en décrétant — au no
69
evenue celle de la science. C’est elle dont usent
nos
physiciens, chimistes et mathématiciens, pour formuler ce qu’ils appe
70
en vertu d’une double exigence : d’une part elles
doivent
permettre de passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose
71
i ne sont autres que des abstractions opérées sur
nos
formes de langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricheri
72
mité de faits acquis, quand le tout, quand la fin
nous
échappent ! Comme s’il était licite, et même possible, de partir de c
73
évidemment d’expliquer. Oui, cette opposition va
nous
aider : impliquer le réel comme tel, et non pas expliquer certaines m
74
les obscurités, tous les paralogismes du langage
doivent
l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des a
75
conque. Je dis que l’homme qui a vu quelque chose
doit
parler la langue des prophètes et composer des paraboles. Si ses prop
76
re pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin de
notre
Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions m
77
ns des hommes de peu de foi, visions de la fin de
nos
courtes passions : la possession, la beauté, la puissance ; il n’en f
78
ssance ; il n’en faut pourtant pas davantage pour
nous
réduire au parler prophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas
79
us qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui
doit
rien, n’est-ce pas ? Il ne tombe d’accord ; accepte d’attendre comme
80
, n’ayant plus où se prendre ». Ainsi parle un de
nos
classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore quelqu
81
onsent l’attache plus secrètement à son aventure.
Nous
vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à S
82
avarice du cœur. À chaque regard dans un miroir,
nous
perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort. La mort abs
83
ombre… ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si
nous
étions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre es
84
u’ils exagèrent : si nous étions de purs esprits,
nous
ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la
85
e évidence assez pauvre : l’ombre est le fait, en
nous
, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, n’en déplaise au
86
e assez pauvre : l’ombre est le fait, en nous, de
notre
chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, n’en déplaise aux spiritua
87
sais quoi qui n’est rien et qui est l’essentiel,
notre
philistin méconnu se voit chassé de la communauté des siens. Et par s
88
eproche pour ma part à la psychanalyse de flatter
notre
propension à localiser les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il
89
sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut
nous
donner des descriptions utiles. Je retiens donc de Freud cette consta
90
considéré comme anormal dans sa vie sexuelle.3 »
Nous
venons de voir que Schlemihl est le type même de l’inadapté, — celui
91
cé. D’une incompatibilité sociale aussi parfaite,
nous
pourrions déduire, semble-t-il, une aberration maximum. Pour confirme
92
mble-t-il, une aberration maximum. Pour confirmer
notre
soupçon sur la nature de cette aberration, il conviendrait de rappele
93
e à des Nordiques qu’à des Méridionaux, pourrions-
nous
ajouter, avec toutes les réserves qu’on voudra4, mais en nous souvena
94
, avec toutes les réserves qu’on voudra4, mais en
nous
souvenant de la question que nous posait l’origine germanique du myth
95
oudra4, mais en nous souvenant de la question que
nous
posait l’origine germanique du mythe. Dès le début, j’avais pressent
96
intérieure. » Une étude plus poussée de Paracelse
devait
bientôt m’apprendre, avec bien d’autres choses curieuses et profondes
97
t le principe d’activité vitale répandu dans tous
nos
organes. Elle figure « le miroir auquel la nature se regarde en nous
98
figure « le miroir auquel la nature se regarde en
nous
». Elle est ainsi l’agent microcosmique, la puissance même de créativ
99
uoi se ramène tout ce qui est vraiment grave dans
notre
vie ; et la fameuse question sexuelle ne tire son importance démesuré
100
t ce qui en moi m’est étranger.) Revenons alors à
notre
mythe : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or
101
. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl
nous
apparaît maintenant une émouvante et très précise description de l’in
102
nvites à la métamorphose). Mettre en forme ce qui
nous
défait, c’est le paradoxe génial, l’audace comme malgré soi recréatri
103
e d’un Chamisso. Les historiens de la littérature
devraient
se garder d’affadir une telle œuvre, n’y admirant à leur coutume qu’u
104
bole en bottes de sept lieues qui traverse encore
notre
vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son hom
105
donc ici : adapté au milieu. Vérité d’expérience,
nous
dit Freud, et à ce titre elle a sa valeur. Mais qui ne voit ce que po
106
on faisait une règle de cette constatation. On ne
doit
accepter une vérité de ce genre qu’en insistant sur son contraire : «
107
entiments avaient inspiré. Un état d’âme, dirions-
nous
aujourd’hui. Le qualificatif « d’homme ayant perdu son ombre » fut tr
108
mour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-
nous
aimer l’amour assez pour ne jamais avoir recours à ces remèdes, car d
109
est point le connaître, mais limiter sa part dans
notre
vie, et nul amour ne peut survivre à cette méfiance ou à cette avaric
110
utefois quelque chose est vraiment dite. La Fable
nous
apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angé
111
elle est la même que la déesse Volupie. Promenons-
nous
aux alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, m
112
ntenant, l’onde lisse et basse d’un temps nouveau
nous
environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’ils viennent de posséd
113
ans l’accomplissement du plus violent amour qu’il
nous
est accordé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessi
114
là de votre union. Ô silence des astres ! Fondues
nos
âmes ? Deux corps s’endorment dans leur paix, et l’être enfin comblé
115
spire, mémoire pesante de l’incommensurable nuit.
Nous
n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étrei
116
ce point le souvenir du seul désert que désormais
nous
chercherons ? Au terme de la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un i
117
ésormais nous chercherons ? Au terme de la fuite,
nous
ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous vivrons dès
118
toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et
nous
vivrons dès lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet i
119
nant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige de
nous
détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et la do
120
ul qui l’éprouve jusqu’à l’épouvante : l’être que
nous
formons au sommet de l’amour, et qui meurt dans l’instant où il naît.
121
our, et qui meurt dans l’instant où il naît. Tout
notre
platonisme échoue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour
122
e, et le sérieux, et la réalité des vies au jour.
Nous
sommes deux. Il n’y a que deux philosophies : celle du désir et celle
123
hysique, originel, de l’infinie contradiction que
nous
souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’amour rêvé me
124
. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera
notre
tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment deux idoles, et parlons
125
is rien ne sert de n’y pas croire. C’est un fait,
nous
l’avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant
126
pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et
nous
avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité, nous sem
127
dit : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité,
nous
semblait-il, qu’un croyant décrivant sa conversion en termes de grâce
128
duisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner.
Nous
causions depuis quelques instants dans sa bibliothèque, où d’un coup
129
is remarqué mes livres, lorsque sa femme entra en
nous
saluant d’une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, ce
130
mule hongroise. La présentation faite, cette dame
nous
offrit la rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un se
131
ant dans les yeux. Je me sentis pâlir violemment.
Nous
passons à table. Mon hôte bientôt s’inquiète : « Vous êtes pâle et vo
132
très satisfait de lui, et de moi aussi, je crois.
Nous
voici seuls. Silence. Silence encore dans la voiture qu’elle conduit
133
avec une expression concentrée, presque rageuse.
Nous
traversons les grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les e
134
rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à
nos
pieds : « Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest. Voilà, c’est
135
c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autre à dire.
Nous
remontons en voiture et descendons vers la ville. Soudain, je me suis
136
ous non plus… » Je poursuis non sans peine : « Si
nous
allions prendre quelque chose dans un restaurant ? — Bonne idée », fa
137
», fait-elle d’une voix basse, sans me regarder.
Nous
voici attablés devant des sandwiches au caviar rouge. Et là, tout rec
138
bien… que cela soit ! » Elle se lève et me suit.
Nous
allons chez elle. Un vertige, un sombre délire, et sans qu’un mot de
139
jour à Budapest. L’après-midi, je vous le répète,
nous
ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou un dîner. Et
140
dormir, sauf quelques heures pendant la matinée.
Nous
parlions, avec mon ami, d’art, de religion, de politique, des perspec
141
idi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme
nous
sortions du bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’in
142
rtions du bar, Maria et moi, une édition du matin
nous
apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à
143
. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de
notre
villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presque sévère. Moi,
144
. Moi, je ne pensais qu’à la situation politique.
Nous
nous mettons à table, je l’interroge avec nervosité sur les événement
145
, je ne pensais qu’à la situation politique. Nous
nous
mettons à table, je l’interroge avec nervosité sur les événements de
146
n’oublierai jamais les nuits extraordinaires que
nous
avons encore pu passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. » La l
147
« bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on
nous
décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises don
148
es inventerait pour les violer. Et c’est cela qui
nous
fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si bien masqué p
149
citante victoire ? « La nouveauté est le tyran de
notre
âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme du pl
150
sme est une passion de l’esprit, et non pas comme
nous
aimions le croire une exultation de l’instinct, tout porte à supposer
151
unique des revenus de Casanova : symbole dont il
nous
donne maintes fois la clé.) Mais une tricherie constante est moins da
152
e qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur,
notre
poids naturel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume
153
c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel,
notre
faculté naturelle de retombement dans la coutume. L’immoraliste est c
154
stère : c’est qu’en respectant toutes les règles,
nous
ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous serons condamnés,
155
us ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien
nous
serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche
156
e. Alors : ou bien nous serons condamnés, ou bien
nous
recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâ
157
ien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons
notre
grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici do
158
La gloire
Nous
le connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses p
159
le connaître. La lecture de ses papiers posthumes
nous
le révèle bien différent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant
160
est-il caché dans les passages de ces cahiers que
nous
allons transcrire ici. De ces fragments de dates diverses, l’on ne ve
161
e de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire
nous
vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en
162
selle que ses actions comblaient exactement. Mais
notre
gloire ne saurait être mesurée : c’est une rumeur, c’est une publicit
163
solution fondamentale — quel est ce seuil, et que
nous
ouvrent, sur quel ciel, les symphonies ? Je n’ose pas dire que je veu
164
nt en chœur : C’est lui le Roi ! Voici le Roi que
nous
attendions ! Devenu roi par hasard et grâce d’innocence, Gordius vou
165
tre deux séances subrepticement s’accroupir parmi
nous
, renouant par cette fascination tout ce que le prêtre avait dénoué en
166
dans sa nature… Celui qui prévoyait la science de
nos
jours, et me disait : « Il n’est de science que des phénomènes que l’
167
Renouez-le ! Car il y va de tout, du sens même de
nos
vies ! Car vous mourez, nous mourons tous d’ennui, dans un monde où r
168
tout, du sens même de nos vies ! Car vous mourez,
nous
mourons tous d’ennui, dans un monde où rien ne se noue. Car vous mour
169
ans un monde où rien ne se noue. Car vous mourez,
nous
mourons tous à la vie spirituelle, la vie précieuse. Elle n’existe qu
170
ais au prix d’une âme, la vôtre. Car vous mourez,
nous
mourons tous à l’amour qui ne tranche rien, mais qui épouse, qui acce
171
t à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de
nous
, préfère le désir même douloureux, d’avoir été mille et mille fois dé
172
e empereur est mort le jour du couronnement. Tous
nos
succès, tous nos actes sans doute, sont ainsi à quelque degré des mod
173
rt le jour du couronnement. Tous nos succès, tous
nos
actes sans doute, sont ainsi à quelque degré des modifications de not
174
, sont ainsi à quelque degré des modifications de
notre
identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant
175
, dans le registre de l’humour profond, reproduit
notre
fable grecque, mais la conduit à une heureuse fin. L’oncle van der Ka
176
s que la pensée se donne lorsque, se dégageant de
notre
condition, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’on rencon
177
ère ma respiration. Et cela ne signifie point que
nous
n’ayons jamais pensé à notre mort avec une rapide angoisse — nous y p
178
ne signifie point que nous n’ayons jamais pensé à
notre
mort avec une rapide angoisse — nous y pensons bien plus que nous n’o
179
ais pensé à notre mort avec une rapide angoisse —
nous
y pensons bien plus que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons
180
ne rapide angoisse — nous y pensons bien plus que
nous
n’osons le croire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n
181
que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons-
nous
qu’à elle — mais nous n’avons jamais pu penser notre mort. Contester
182
oire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais
nous
n’avons jamais pu penser notre mort. Contester là-dessus serait fourn
183
us qu’à elle — mais nous n’avons jamais pu penser
notre
mort. Contester là-dessus serait fournir l’aveu d’une impuissance à c
184
ement, ce serait aussitôt mourir. Peut-être avons-
nous
là le seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’on conçoit q
185
ire sans appel. Ontologie de la fin Pour que
nous
apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tou
186
se parfois l’étrangeté d’une telle situation — la
nôtre
à tous — ne faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante notre méd
187
e faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante
notre
méditation et qu’elle la fixe sur cela que le naturel se refuse à pre
188
e naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si
nous
restons impuissants à penser notre mort dans le vif, ce phénomène doi
189
érieux ? Car si nous restons impuissants à penser
notre
mort dans le vif, ce phénomène doit normalement être aperçu comme nég
190
nts à penser notre mort dans le vif, ce phénomène
doit
normalement être aperçu comme négligeable ; et s’y attarder serait le
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insi, mesuré par les saisons régulières, le temps
nous
endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’homme savai
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lières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne
nous
avertit de son but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son
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’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas
notre
réalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fi
194
onde d’être pensée ; toutefois l’effort entier de
notre
vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’une
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sée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi
nous
? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qu
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ement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin qui déjà
nous
pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui
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ici ma phrase, me jetant dans mon jugement ? S’il
nous
vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pen
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mon jugement ? S’il nous vient à l’idée de penser
notre
mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui aff
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t à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en
nous
qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fi
200
s qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure,
nous
avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut
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la durée ? Mais tout se mêle encore confusément.
Nous
sommes là comme en rêve, empêtrés dans le sentiment d’une urgence que
202
êve, empêtrés dans le sentiment d’une urgence que
nous
ne parvenons pas à distinguer avec des yeux bien dessillés. C’est ass
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l’Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement qui
nous
fait accéder à la conscience obscure d’un danger proche, ce crépuscul
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peut-être une aube, et la frange de cet éclat qui
doit
consumer toute chair. Dans cette lueur suspecte, risque un jour d’app
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s ont entrevu et tenté de juger les buts réels de
notre
marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation ? Que
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buts réels de notre marche séculaire. Que savons-
nous
du sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, que
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otre marche séculaire. Que savons-nous du sens de
notre
civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel est son rêve ?
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dès l’origine, quel est son rêve ? La grandeur ?
Nous
avons détruit toute mesure, et plus rien n’est grand ni petit, mais t
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n’est grand ni petit, mais toute chose sans répit
nous
provoque à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre ent
210
s répit nous provoque à la dépasser. La liberté ?
Nous
avons encombré la terre entière de barrières destinées à protéger sa
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lus toute l’étendue de la conscience humaine… Car
notre
volonté n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie du p
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Héros ou des grands Névrosés. Un doute règne sur
nous
, depuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales de moralistes tar
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ds Névrosés. Un doute règne sur nous, depuis peu.
Nous
essayons, mais en phrases banales de moralistes tardivement ressaisis
214
’évaluer les conquêtes futures. Signe évident que
nous
les redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et
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tons. (Si le temps, désormais, travaillait contre
nous
?) Et le monde entier s’organise à ce niveau de vie moyenne qui paraî
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Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes
nos
activités : plans et pactes, statistiques de l’imprévu, eugénisme et
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stérilisés, guerre hors la loi, sécurité d’abord.
Nous
apprenons à vivre, et non plus à mourir : cet effort est contre natur
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de la vie, et fatalement se retourne contre elle.
Nous
voulons échapper au temps, à sa menace, mais c’est peut-être le meill
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onde. Car il se peut que l’assurance mondiale que
nous
tentons d’organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terr
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ce mondiale que nous tentons d’organiser, aménage
notre
ruine collective : lorsque la terre entière soumise au seul pouvoir d
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aisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et
nous
serons pris au dépourvu, comme nulle autre génération. Car, tandis qu
222
e temps s’écoule, à mesure que sa fin s’approche,
notre
foi diminue, notre attente faiblit. La primitive Église, au début de
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mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue,
notre
attente faiblit. La primitive Église, au début de notre ère, vivait d
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attente faiblit. La primitive Église, au début de
notre
ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui
225
it dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi
nous
, qui avons cru pouvoir éliminer cette dimension tragique de notre vie
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cru pouvoir éliminer cette dimension tragique de
notre
vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. Non pas
227
e charge de l’approfondir. Non pas le temps, mais
notre
œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’histoire du monde, nous
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. Pour la première fois dans l’histoire du monde,
nous
pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de l’humanité :
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ent d’une destruction de l’humanité : la somme de
nos
budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge est da
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nce et belle âme comprises. Et ce n’est point que
nous
aimions la mort comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la
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la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite.
Nous
sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera porté aussi bien
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tal que sur l’élan mortel. Car il ne vient pas de
nous
, mais d’En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour
233
e vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur
nous
attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant le présent.
234
i le futur nous attend, ce futur qui n’était pour
nous
qu’un recul devant le présent. Ici le temps dit oui pour la première
235
ière fois à l’Instant qui le juge et l’accomplit,
notre
temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et l’H
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uge et l’accomplit, notre temps, qui n’était pour
nous
qu’un refus de l’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’a
237
s d’un seul coup à la violence de l’acte décisif,
nous
allons voir paraître enfin leur justification, leur être. Voici l’ins
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apparaissant qui menace d’être insoutenable : il
nous
trouve sans préparation. L’on ne s’était défendu que de l’autre côté,
239
nsondablement de Celui qui d’un choix me créa. » (
Nous
fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours d’une furieuse démesure,
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il y eut alors comme un silence qui s’imposa sur
nous
et jusqu’assez haut dans les cieux, en sorte que plus haut, régnant s
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t entendre le choral d’une angélique hilarité. Et
nous
sûmes que cet homme était très grand.) Troisième jugement ou le pa
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a son temps, tout esprit son essor. Et chacun de
nous
accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de soi-mê
243
ns ! à celui qui porte avec soi la rétribution de
nos
œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre du
244
ution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans
nos
œuvres. Commence l’œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne,
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la danse. 7. — Les grandes eaux ne sont pas pour
nos
soifs, car l’assoiffé n’y trouve qu’un désert. C’est comme un feu. Mo
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devant les journalistes, de « tendance névrotique
due
à l’hypersensibilité de notre ami », déclaration qui n’a pas peu cont
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« tendance névrotique due à l’hypersensibilité de
notre
ami », déclaration qui n’a pas peu contribué à la popularité du champ
248
il se jette dans la lutte et le voici vainqueur. (
Nous
donnons ici quelques Extraits des notes de l’analyste qui a bien voul
249
t cela ne m’eût pas mené très loin. Mais comme il
nous
arrive parfois de le constater, c’est le patient lui-même qui a fini
250
ar me donner la clé de son mystère. Lors d’une de
nos
dernières séances, je me suis risqué à une allusion courtoise à sa lé
251
n client soit aussi nettement déficient, mais mon
devoir
est de consigner ou de résumer ses paroles (plusieurs expressions arg
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étruisait forêts, gens et maisons, étant admis… »
Nous
regardions le feu dans la cheminée. Je pensais à l’amour insatiable a
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oie négative des mystiques, témoins du Vide parmi
nous
, la voie qui mène au Commencement de tout, qui est la vraie Fin.