1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 de La Haye indiquent l’orientation présente. Tel est le progrès de ce petit ouvrage. S’il est rapide, c’est que les événem
2 nte. Tel est le progrès de ce petit ouvrage. S’il est rapide, c’est que les événements ont marché vite, depuis deux ans. Dè
3 uée dans une philosophie de la personne, que nous étions quelques-uns à construire en pleine marée totalitaire. Je la voyais à
4 isaient : — Nous voudrions bien, mais l’opinion n’ est pas prête à nous suivre. Et les peuples disaient : — L’union ? Bien s
5 s ne se laisseront pas faire. Ce cercle vicieux n’ est pas encore brisé. (Il ne s’en faut peut-être que d’un dernier élan.)
6 d’une pensée qui, d’autre part, dès l’origine, s’ est voulue en puissance d’action. ⁂ À l’automne 1946, sur l’initiative d’
7 es quatre coins du continent. Le sujet des débats était l’Europe. Dans la conférence qu’on va lire, je m’efforçai de confront
8 et si tu veux m’aimer regarde bien d’abord qui je suis devenue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en es-tu ? qui vois
9 enue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en es -tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, après ce petit
10 ène, on dit : « Où en es-tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, après ce petit tour d’horizon, on s’arrête et
11 n demande d’un autre ton : « Et maintenant, quels sont tes projets ? » Je ne saurais échapper ce soir à l’emprise de ce ritu
12 a guerre. Militairement, Hitler et ses séides ont été battus et sont morts, mais dans la lutte ils ont marqué leurs adversa
13 tairement, Hitler et ses séides ont été battus et sont morts, mais dans la lutte ils ont marqué leurs adversaires d’une empr
14 tal. Imaginez deux hommes qui se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’est que la brutalité doit toujours
15 ue la brutalité doit toujours triompher ; l’autre est un parfait gentleman qui croit que les bonnes manières viendront à bo
16 Ainsi d’Hitler et de l’Europe démocratique. Ce ne sont pas seulement les ruines et les désordres matériels qui marquent le p
17 nous a réveillé ces forces parmi nous. L’Europe a été façonnée par le judéo-christianisme, par la notion grecque d’individu
18 truction de tous ces éléments — l’anti-Europe. Qu’ était -il en effet pour ceux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, l
19 près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela qui était chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous, resurgit aujo
20 ement sur ce trait : le fanatisme d’aujourd’hui n’ est plus religieux, mais politique. L’idée que « la fin justifie les moye
21 ique. L’idée que « la fin justifie les moyens » n’ est plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’hypocrisie aussi a cha
22 . L’hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuffe n’ est plus dévot comme jadis, il n’est plus même de droite comme hier, il e
23 camp. Tartuffe n’est plus dévot comme jadis, il n’ est plus même de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne 
24 adis, il n’est plus même de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne », il se range au nouveau conformisme.
25 seil de prudence. Certes, le conformisme en soi n’ est pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est d
26 pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avant-ga
27 ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction
28 e voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles s
29 n. Cette mauvaise foi brutale en service commandé est un nouveau succès de l’esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’é
30 res symptômes d’un mal profond, dont l’hitlérisme fut la première crise ou le premier abcès de fixation, se révèlent à l’ob
31 t, mais aussi d’un espoir exigeant qui attaquait, est en train d’avorter sous nos yeux, et pas un résistant ne me contredir
32 es habitudes prises dans la lutte clandestine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non
33 les aliénés. Si l’on se bat en Europe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le peuple, au nom du peuple contre les
34 es élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’en inventer le
35 trôlés par l’État ou par le parti au pouvoir, qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses.
36 qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses. Mais se faire écouter par ces moyens, c’est a
37 is se faire écouter par ces moyens, c’est aussi n’ être plus entendu, car il s’agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spo
38 ission de la pensée, un alibi. Pour qu’une pensée soit efficace et douée d’une vertu agissante, il ne suffit pas que le pens
39 ne étiquette ou un insigne. Et cependant, s’il se tient seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi
40 de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinzip » n’ est pas mort avec celui qui lui donna son nom. Il se cherche, il se trouv
41 aussi divers que Spengler, Valéry et Huizinga, se soit généralement substituée dans nos esprits à l’idée de progrès automati
42 pide élévation de deux empires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont rep
43 eux qui ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès. Et nous
44 ritique. Je n’ignore pas que l’indignation morale est un genre littéraire, dont la rhétorique fort ancienne peut entraîner
45 traîner à l’injustice. Et qu’enfin, vis-à-vis des êtres que l’on aime, il arrive qu’on manque d’indulgence… Faisons la part d
46 ’est que la situation de l’Europe dans le monde s’ est modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depuis l’automne de
47 l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’ est même totalement renversée depuis l’automne de 1939. Avant cette guerr
48 L’Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’ était . D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de
49 randit mieux ailleurs, chez les voisins où elle s’ est transplantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent et
50 refois religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut nôtre à l’origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créations euro
51 dis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se sont déployées sans frein ni contrepoids. Le capitalisme, chez nous, n’a j
52 nous, n’a jamais pu donner son plein, parce qu’il était sans cesse bridé et contrarié par le nationalisme, par les guerres, e
53 ue ne connaît pas. Et de même le progrès social s’ est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nou
54 a tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’ est libérée. Mais, en même temps, le capitalisme et l’étatisme n’ont pas
55 s forces adverses, critiqués et remis en question soit au nom d’un passé encore vivant, soit au nom d’utopies plus virulente
56 en question soit au nom d’un passé encore vivant, soit au nom d’utopies plus virulentes. Cet état de complexité, d’intricati
57 nception européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équilibre malgré l’attraction
58 é. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexi
59 t de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales, de s
60 u’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi, ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capit
61 lore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement aux conceptions et aux coutumes européennes, que deux clas
62 s conservateurs par profession ou position. Telle est , en gros, notre situation. Une Europe démoralisée par sa victoire dou
63 , dans cette conjoncture plus que défavorable, il est bien légitime de s’obstiner, de parler d’une défense de l’Europe, de
64 et notre angoisse devant un héritage si compromis sont -elles valables et sont-elles justifiables ? Ou bien ne sont-elles rie
65 t un héritage si compromis sont-elles valables et sont -elles justifiables ? Ou bien ne sont-elles rien de mieux que les sent
66 valables et sont-elles justifiables ? Ou bien ne sont -elles rien de mieux que les sentiments égoïstes d’un vieux propriétai
67 pays des pères, mais l’Amérique, ou la Russie, ne serait -ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux ? Ce n’est
68 erland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux ? Ce n’ est pas assez de donner des ancêtres à ses enfants ; ils ont besoin d’un
69 rope réduite à l’état de musée plus ou moins bien tenu , ou au contraire la vision d’une Europe qui aurait cédé aux tentation
70 tranger à son génie, une Europe américanisée — ce serait par goût — soviétisée — ce serait par contrainte — dans les deux cas
71 éricanisée — ce serait par goût — soviétisée — ce serait par contrainte — dans les deux cas colonisée. Un musée ou une colonie
72 es questions une réponse évidente et simple. Elle tient dans un très petit mot, vague et poignant : c’est le mot « âme ». L’E
73 ce de l’humain, oui, l’âme d’une civilisation qui serait perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc p
74 erdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’ est donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen qu’il nous f
75 re voir une très solide réalité spirituelle. S’il est vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’est guère sentie et conçue
76 il est vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’ est guère sentie et conçue comme un tout, comme un corps organisé, c’est
77 se comparer, de s’opposer et de se définir ; elle était seule et reine de la planète. Mais en 1946, elle se voit affrontée à
78 y a ce signe de contradiction par excellence qui est la croix. Au contraire, à l’origine des deux empires nouveaux, il y a
79 et sans drame. Il s’ensuit que le héros européen sera l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience
80 le martyr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, c
81 ui réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il est parfaitement adapté. L’homme exemplaire, pour nous, c’est l’homme exc
82 ns : production et consommation. Tout leur effort est donc de les équilibrer, de les faire jouer sans à-coup ; et le produi
83 ouer sans à-coup ; et le produit de cet équilibre sera le bonheur inévitable, obligatoire. Pour nous, la vie résulte d’un co
84 vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’ est pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sen
85 uë, la découverte d’un sens, d’une signification, fût -ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l
86 nification, fût-ce dans le malheur de la passion, fût -ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et nous à la c
87 même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique sera tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passionné ou un myst
88 un maniaque ou un inventeur. Son bien et son mal sont liés, inextricablement et vitalement. L’Européen connaît donc la vale
89 ble ici. En Amérique, je pense que ces rencontres seraient un four, ou un flop, comme ils disent. La diversité de nos points de
90 ment de la conscience. En Russie, je ne crois pas être injuste en affirmant que ces rencontres seraient simplement interdite
91 pas être injuste en affirmant que ces rencontres seraient simplement interdites, ou conduiraient leurs malheureux initiateurs s
92 rter ainsi, je dis seulement que leurs raisons ne sont pas celles de la culture ; que la culture suppose la libre discussion
93 ue au service d’une plus large vérité ; que telle est bien la vocation de l’Europe, et que l’Europe existe au plus haut poi
94 , la sécurité et le risque, les règles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car
95 gles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen, en tant que tel
96 ’homme européen, en tant que tel, n’accepte pas d’ être réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assumer
97 sions, l’effort principal de l’esprit. Européenne sera donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’
98 our illustrer les valeurs propres de l’Europe. Ce sera peut-être un bon moyen de les définir dans l’actuel. Sauver l’Europe
99 rairement à ce que pensent beaucoup de bourgeois, sont initiées et déclenchées par les élites, ou par quelques meneurs et ma
100 t de l’exercer. Les guerres ni les révolutions ne sont jamais initiées ni déclenchées par les masses, car les masses comme t
101 ’est donc sur les élites qu’il importe d’agir. Ce sont elles que l’on peut utilement éveiller à la claire conscience des cau
102 e agonie permanente dont on vient de voir qu’elle est la condition de l’homme européen, la source vive de sa grandeur et de
103 ment dans le Parti, d’oppression par l’État, ce n’ est pas du tout de prêcher ce qu’on appelle un « individualisme ». C’est,
104 ion collectiviste. Ce que je lui oppose ici, ce n’ est nullement l’excès inverse de l’anarchie et du capitalisme libéral, ma
105 testante. Si nous nous demandons, en effet, quels sont les pays de l’Europe qui « marchent le mieux », nous constatons que c
106 qui « marchent le mieux », nous constatons que ce sont sans contredit : la fédération suisse, et les royaumes démocratiques
107 devenir, en toute liberté, les plus sociaux, ils sont aussi les moins touchés, les moins tentés par le collectivisme autori
108 ntes des guerres civiles, et, par suite, quel que soit le vainqueur, aux dictatures. Or il n’en va pas autrement sur le plan
109 érialisme tout court. Un gouvernement totalitaire sera toujours impérialiste, c’est une loi que je signale en passant. La vo
110 s Napoléon, la naissance des nationalismes. Telle est la cause de presque toutes nos guerres. J’ai dit, et je ne le répéter
111 r d’une nation la riche diversité des groupes, il est prêt à s’ouvrir à des unions plus vastes. Il les appelle, il les espè
112 es amorcer, par la vertu de l’exemple vécu. Telle est la santé de l’Europe, et telles sont ses deux maladies, contradictoir
113 e vécu. Telle est la santé de l’Europe, et telles sont ses deux maladies, contradictoires en apparence, mais également provo
114 vidu sans devoirs ou vers le militant sans droits sont les vraies causes de nos malheurs sociaux. Et notre second office est
115 s de nos malheurs sociaux. Et notre second office est l’invention de structures politiques du type fédéraliste, seules créa
116 lisme, c’est à elle d’inventer son antidote. Elle est seule en mesure de le faire à cause de ses diversités ; et de le fair
117 riptions pessimistes de l’Europe auxquelles je me suis livré en débutant sont exactes, il peut paraître assez étrange de par
118 l’Europe auxquelles je me suis livré en débutant sont exactes, il peut paraître assez étrange de parler après cela d’une vo
119 urope. Pour exercer une vocation, il faut d’abord être vivant, il faut survivre. Or l’Europe démoralisée, coincée entre deux
120 e des chances de vivre encore assez pour qu’il ne soit pas utopique d’envisager sa fonction dans le monde, son avenir et le
121 mystique au sujet de la vocation. Je crois qu’un être est maintenu en vie par la vie même de sa vocation, et qu’il tombe bi
122 ique au sujet de la vocation. Je crois qu’un être est maintenu en vie par la vie même de sa vocation, et qu’il tombe bientô
123 e sa vocation, et qu’il tombe bientôt lorsqu’elle est accomplie. Or, notre vocation européenne me paraît encore loin d’être
124 notre vocation européenne me paraît encore loin d’ être accomplie… Mais cette raison irrationnelle de croire à nos chances de
125 J’en indiquerai rapidement quelques autres, et ce sera ma conclusion. Une raison toute physique, géographique d’abord : l’Eu
126 aphique d’abord : l’Europe, cette Grèce agrandie, est un continent cloisonné, et par nature diversifié, impropre donc et mê
127 t se permettre d’expérimenter. Ma deuxième raison est d’ordre psychologique. Malgré tout, je veux dire malgré la contagion
128 « Vous croyez, leur disais-je, que le plus grand est nécessairement le meilleur. Et que l’on peut impunément multiplier n’
129 es fauteuils… » Ma troisième raison d’espérer, ce sont les crises qu’il faut prévoir dans les deux empires du succès. Leurs
130 es deux empires du succès. Leurs plans, en effet, sont fondés sur une méconnaissance voulue, systématique, de la complexité
131 atique, de la complexité de l’homme total. Ils ne sont que des expériences, et le propre d’une expérience est de rater neuf
132 ue des expériences, et le propre d’une expérience est de rater neuf fois sur dix. Je pense aux crises économiques qui menac
133 . Je pense surtout à l’avenir de l’URSS. Que l’on soit sympathique ou non à l’expérience de dictature si brillamment conduit
134 int qu’on se demande si ce qui les gêne le plus n’ est pas simplement l’homme, dans son humanité rebelle aux chiffres, l’hom
135 cela va compter — à la longue. Un beau jour, il n’ est pas impossible, il est même probable, et c’est là mon espoir, que les
136 longue. Un beau jour, il n’est pas impossible, il est même probable, et c’est là mon espoir, que les Russes, comme les Amér
137 nomme les deux empires sans précédent — l’Europe est la patrie de la mémoire. Elle est même, pratiquement, la mémoire du m
138 dent — l’Europe est la patrie de la mémoire. Elle est même, pratiquement, la mémoire du monde, le lieu du monde où l’on con
139 verre et en ciment armé, tandis que l’Amérique en est encore à bâtir des églises en gothique neuf. C’est parce que l’Europ
140 lises en gothique neuf. C’est parce que l’Europe est la mémoire du monde qu’elle ne cessera pas d’inventer. Elle restera l
141 s de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’il est un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dans une
142 mais pour le monde. Dans une certaine mesure, qui est celle du réalisme politique, et il fallait tout de même que ce fût di
143 isme politique, et il fallait tout de même que ce fût dit ici, la question de l’avenir du monde se résume dans ce simple di
144 -tampon, ou un bloc opposé aux deux autres. Ce ne serait rien résoudre, et, au contraire, ce serait exalter le nationalisme au
145 Ce ne serait rien résoudre, et, au contraire, ce serait exalter le nationalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il nous f
146 s invite à le dire avec moi : Je pense, donc j’en suis  ! Les Rencontres internationales de Genève marquèrent un premier rév
147 e désespérée. Cette époque de prise de conscience fut aussi celle du « double refus ». Il semblait que l’Europe ne pût se c
148 isir l’Europe Les uns nous disent que le choix est fatal entre l’URSS et les USA, et les autres refusent le choix, parce
149 lement à la guerre. Pour les premiers, l’Europe n’ est plus rien par elle-même et devrait s’attacher au plus vite soit au bl
150 par elle-même et devrait s’attacher au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain. Mais les seconds proclament q
151 evrait s’attacher au plus vite soit au bloc russe soit au dollar américain. Mais les seconds proclament qu’ils ne choisiront
152 iront pas entre la peste et le choléra, et qu’ils tiennent la balance égale entre le refus du stalinisme et le refus de « l’amér
153 sme », cette fausse fenêtre pour la symétrie. Tel est le dialogue qui se poursuit depuis des mois : choisir ou non entre le
154 locs. Tout cela repose sur l’idée simple que nous sommes pris entre deux grands empires également impérialistes, également avi
155 yées par la Maison-Blanche. Autrement dit, l’URSS est présente dans toute l’Europe aux élections et dans les parlements, el
156 poser qu’un genre de vie, leur way of life, qui n’ est nullement une arme de combat. Par rapport à l’Europe, les intentions
157 rt à l’Europe, les intentions des deux empires ne sont pas davantage comparables. On l’a bien vu lors de la Conférence des S
158 il donc chercher l’impérialisme ? Avouons qu’il n’ est pas le même des deux côtés. Et si l’on regarde ce qui se passe en réa
159 lité à l’intérieur des deux empires, le contraste est encore plus frappant. En Russie, on liquide l’opposition, en Amérique
160 Russie, on liquide l’opposition, en Amérique elle est entièrement libre, et, mieux que cela : on en tient compte. En Russie
161 idéal qui ne change pas tous les six mois, car il est la morale commune, et non pas une simple tactique. Et ainsi de suite.
162 tire devant le tout un rideau de fer ; la Russie est un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un,
163 dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère les pires indiscrét
164 ou que d’autres déclarent noblement décliner ? Il est parfaitement illusoire. Car la Russie, en refusant de collaborer, en
165 ntre nous, malgré nous. Si nous n’acceptons pas d’ être ses satellites elle nous déclare et nous croit ses ennemis, et les es
2 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. II
166 se de conscience qui forme le sujet de ce recueil fut marquée à Montreux, un an après les Rencontres internationales, par l
167 quel ils se rassemblaient. La conférence qui suit fut prononcée en guise d’introduction aux travaux du Congrès. On y a join
168 ner à des généralisations théoriques ; or, rien n’ est plus contraire à l’essence même du fédéralisme que l’esprit théorique
169 ne manière indirecte, par implication, et je m’en tiendrai le plus possible à ses manifestations concrètes, telles que nous pouv
170 er au départ quelques définitions. Je pense qu’il est vain de parler des problèmes politiques si l’on ne s’est pas entendu
171 n de parler des problèmes politiques si l’on ne s’ est pas entendu d’abord sur une certaine idée de l’homme. Car toute polit
172 le veuille ou non, qu’on le sache ou non. Quelle est donc la définition de l’homme sur laquelle nous pouvons tomber d’acco
173 r d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous sommes d’accord, tacitement, puisqu’en fait nous voici réunis pour parler du
174 voici réunis pour parler du fédéralisme ? Nous ne serions pas ici si nous pensions que le type d’homme le plus souhaitable est
175 pensions que le type d’homme le plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de la comm
176 is-à-vis de la communauté. Car, dans ce cas, nous serions restés chez nous. Mais nous ne serions pas ici non plus si nous pensi
177 cas, nous serions restés chez nous. Mais nous ne serions pas ici non plus si nous pensions avec Hitler que l’homme n’est qu’un
178 n plus si nous pensions avec Hitler que l’homme n’ est qu’un soldat politique, totalement absorbé par le service de la commu
179 é par le service de la communauté. Car alors nous serions de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous so
180 u rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous sommes ici, c’est que nous savons que l’homme est un être doublement respons
181 ous sommes ici, c’est que nous savons que l’homme est un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre et u
182 mes ici, c’est que nous savons que l’homme est un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre et unique, d
183 tes, nous rappelons que les conquêtes sociales ne sont rien si elles n’aboutissent pas à rendre chaque individu plus libre d
184 lus libre dans l’exercice de sa vocation. L’homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire. Il v
185 trois types différents de régimes politiques, et sont en retour favorisés par eux. À l’homme considéré comme pur individu,
186 ispensable. Il ne faut pas penser que la personne soit un moyen terme ou un juste milieu entre l’individu sans responsabilit
187 rsonne, c’est l’homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations morbides, des démissions de l’humanité complète. L
188 démissions de l’humanité complète. La personne n’ est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, mais elle représente la
189 ique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’ est pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie. E
190 é et de centralisation oppressive. Le fédéralisme est sur un autre plan que ces deux erreurs complémentaires. Chacun sait q
191 le lit du collectivisme : ces deux extrêmes, eux, sont dans le même plan, se conditionnent et s’appellent l’un l’autre. C’es
192 ue les résistances que rencontrent les dictateurs sont au contraire le fait des groupes de citoyens responsables, c’est-à-di
193 tution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne serait une sorte de « bon exemple » à suivre. Rien de plus banal que cette r
194 banal que cette référence à la Suisse, dès qu’il est question d’États-Unis d’Europe ou d’un gouvernement mondial. Rien de
195 gouvernement mondial. Rien de plus banal, si ce n’ est les objections qui surgissent aussitôt : « Tout cela, dit-on, est bel
196 ns qui surgissent aussitôt : « Tout cela, dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands.
197 dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’ est pas applicable aux grands. De plus, il a fallu des siècles aux Suisse
198 me rapidité avec laquelle la Constitution de 1848 fut proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle était en
199 crite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle était encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctionnait si bien que
200 chelle continentale, je répondrai que l’objection est valable si l’on ne s’attache qu’aux détails de la mise en pratique du
201 e qu’elle illustre. Une expérience de laboratoire est nécessairement plus réduite de dimensions que ses applications, mais
202 omme toutes les grandes idées, l’idée fédéraliste est très simple, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une f
203 r en quelques mots, en une formule. C’est qu’elle est d’un type organique plutôt que rationnel, et dialectique plutôt que s
204 vement intime de la pensée fédéraliste ne saurait être mieux comparé qu’à un rythme, à une respiration, à l’alternance perpé
205 alectique, cette bipolarité, comme on voudra, qui est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serai
206 ême du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serait se condamner à retomber sans cesse dans un malentendu fondamental, qu
207 ent. En effet, les mots fédération et fédéralisme sont compris de deux manières très différentes par les Suisses alémaniques
208 au contraire, ceux qui se proclament fédéralistes sont en réalité les défenseurs jaloux de l’autonomie des cantons contre la
209 r veut dire simplement : s’unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire simplement : rester libre chez soi. Or les uns
210 vue de leur renforcement mutuel. Ce dernier point est parfaitement exprimé par la devise de la Suisse, devise paradoxale ou
211 apporter à chaque région et à chaque personne. Il est infiniment probable que, sur le plan européen, nous allons voir se de
212 er aux deux partis que le fédéralisme véritable n’ est ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leur c
213 storiens suisses, j’entends ceux d’avant 1848, on est frappé de constater qu’ils n’emploient jamais le terme de fédéralisme
214 ue cette idée, comme je le disais tout à l’heure, est à la fois simple à sentir et très délicate à formuler. Mais c’est peu
215 ionaliser les principes de leur vie politique. Il est incontestable, en effet, que l’idée fédéraliste n’a pas cessé d’inspi
216 mmes d’État suisses, pendant des siècles. Mais il est non moins certain que cette idée est demeurée informulée, et même soi
217 les. Mais il est non moins certain que cette idée est demeurée informulée, et même soigneusement informulée, jusqu’à ce que
218 t forcée à prendre forme et force de loi. Et ce n’ est guère qu’au xxe siècle que nos penseurs et sociologues se sont mis à
219 au xxe siècle que nos penseurs et sociologues se sont mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Jusqu’en 1848, elle
220 , elle allait sans dire, comme la vie même ; elle était la vie du civisme et de la pratique politique des Suisses. C’est le d
221 urer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle est la crise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe ent
222 peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pact
223 ncore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux en fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement
224 utre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefois c
225 des peuples. La guerre dont nous sortons à peine est venue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Euro
226 parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’ être mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans rati
227 a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’ont obligé à rentrer dans le rang, et l’union fé
228 e cet acte de renoncement à l’hégémonie conquise, est résulté la constitution de 1848, véritable base de l’état fédératif m
229 leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe, sont des avertissements utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’on ne p
230 ns l’idée qu’on ne peut pas atteindre la fin, qui est l’union, par des moyens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduire qu
231 ur les minorités, destructeurs des diversités qui sont la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que fédé
232 anique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’ est pas mettre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’un centre
233 ue mal ces réalités concrètes et hétéroclites que sont les nations, les régions économiques, les traditions politiques, et c
234 hesse de l’Europe et l’essence même de sa culture seraient perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de tout y mélanger, e
235 server ses particularités et son autonomie, qu’il serait hors d’état de défendre seul contre la pression des grands empires qu
236 ême corps, elles comprendraient que leur harmonie est une nécessité vitale, et non pas une concession qu’on leur demande, o
237 nner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne serait pas même une question de tolérance, vertu purement négative et qui na
238 aît le plus souvent du scepticisme. Chaque nation serait mise au défi de donner le meilleur d’elle-même, à sa manière et selon
239 rer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’ être un vrai poumon, d’être aussi poumon que possible, et, dans cette mesu
240 qu’on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’ être aussi poumon que possible, et, dans cette mesure même, il aidera le c
241 , et, dans cette mesure même, il aidera le cœur à être un bon cœur.   Cinquième principe. — Le fédéralisme repose sur l’amo
242 elles, psychologiques, et même économiques, telle est la santé du régime fédéraliste. Et ses pires ennemis sont ceux dont l
243 santé du régime fédéraliste. Et ses pires ennemis sont ceux dont le grand Jacob Burckhardt annonçait la venue dès 1880, dans
244 il convient de leur montrer que cette complexité est la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctio
245 bertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires sont constamment rappelés au concret, et que nos législateurs sont obligés
246 ment rappelés au concret, et que nos législateurs sont obligés de garder un contact attentif avec les réalités humaines et n
247 éalités humaines et naturelles du pays. La Suisse est formée d’une multitude de groupes et d’organismes politiques, adminis
248 qui se recoupent de cent manières différentes. Il est clair que des lois ou des institutions conçues dans un esprit unitair
249 sonne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’
250 hit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’ est rien d’autre que la politique tout court, la politique par excellence
251 es citoyens. Tandis que les méthodes totalitaires sont antipolitiques par définition, puisqu’elles consistent simplement à s
252 est une parenté culturelle qui s’affirme. Ici, ce sont deux églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, e
253 s qui forment une union douanière. Et surtout, ce sont des personnes qui créent peu à peu des réseaux variés d’échanges euro
254 variés d’échanges européens. Rien de tout cela n’ est inutile. Et tout cela, qui paraît si dispersé, si peu efficace souven
255 -dessous et au-dessus des gouvernements, l’Europe est beaucoup plus près de s’organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà b
256 plus près de s’organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne le croit. C’est sur l
257 et les rivalités éclatent, et là seulement elles sont irréductibles. Je ne pense pas que les gouvernements puissent jamais
258 is réaliser une union viable. Leurs dirigeants ne sont pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il ser
259 ur arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il serait déraisonnable de choisir comme arbitres d’un match les capitaines des
260 nt bien ce qu’avait tenté de faire la SDN, qui en est morte, et ce que tente à nouveau l’ONU, que cela empêche de vivre. La
261 ela empêche de vivre. La fédération européenne ne sera pas l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts de leur
262 ur nation contre le reste du monde. La fédération sera l’œuvre de groupes et de personnes qui prendront l’initiative de se f
263 érer en dehors des gouvernements nationaux. Et ce sont ces groupes et ces personnes qui formeront le gouvernement de l’Europ
264 s d’autre voie possible et praticable. Les USA ne sont pas dirigés par une assemblée des gouverneurs des quarante-huit États
265 uisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus de leur
266 ons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus de leurs États, et en dehors d’eux, par un exéc
267 our où les peuples d’Europe auront compris qu’ils sont en réalité beaucoup plus solidaires et plus unis que leurs gouverneme
268 unis que leurs gouvernements ne pourront jamais l’ être , ils s’apercevront que la fédération est non seulement possible, mais
269 amais l’être, ils s’apercevront que la fédération est non seulement possible, mais facile à réaliser, et rapidement, comme
270 , mais facile à réaliser, et rapidement, comme le fut celle des cantons suisses en 1848. La nécessité en est évidente, la m
271 elle des cantons suisses en 1848. La nécessité en est évidente, la maturation historique en est fort avancée, les structure
272 sité en est évidente, la maturation historique en est fort avancée, les structures en sont déjà esquissées. Il n’y manque p
273 historique en est fort avancée, les structures en sont déjà esquissées. Il n’y manque plus qu’une charte fédérale, des organ
274 a main aux gouvernements. Souhaitons que cet élan soit spontané et non pas provoqué avant terme par une nouvelle menace exté
275 itiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans leur
276 e indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne sont pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national
277 nt à se faire national et l’autre étatique. Ce ne sont pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la
278 rétendent également défendre la liberté. Et ce ne sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’o
279 sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui — r
280 espérance. Cette antithèse domine le siècle. Elle est son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont se
281 e drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subo
282 s ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subordonnées. Les principes du fédéralisme, tels que je viens de les
283 taires. Tous les systèmes totalitaires, en effet, sont fondés sur l’hégémonie d’un parti ou d’une nation, sur l’esprit de sy
284 itique, et finalement militaire. Le totalitarisme est simple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est
285 e, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Et parce qu’il est s
286 uple, comme la paix, comme la vie. Et parce qu’il est simple et rigide, le totalitarisme est une tentation permanente pour
287 arce qu’il est simple et rigide, le totalitarisme est une tentation permanente pour notre fatigue, notre inquiétude, nos do
288 de démission spirituelle. L’esprit totalitaire n’ est pas dangereux seulement parce qu’il triomphe aujourd’hui dans une diz
289 istes — fédéralistes comme on respire — la partie sera déjà plus qu’à moitié gagnée. Messieurs les délégués, si l’Europe doi
290 nts ont un penchant marqué à persévérer dans leur être , et même à lui survivre aussi longtemps que possible avec l’appui de
291 emps que possible avec l’appui de la police. Or l’ être des gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolu
292 uveraineté absolue. Tous les États-nations qui se sont arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrésistible
293 hant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’ est point que leurs hommes d’État soient particulièrement bêtes ou méchan
294 taires. Et ce n’est point que leurs hommes d’État soient particulièrement bêtes ou méchants, mais leur fonction leur interdit
295 rivalités des partis, ils courraient le risque d’ être accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme
296 que la plupart d’entre eux désirent, ne peut pas être leur affaire, pour des raisons absurdes mais techniques. Il faut donc
297 . Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui est clair, pour qu’ils acceptent un jour de renoncer non pas à la souvera
298 déclarons responsables, par le seul fait que nous sommes ici pour fédérer tous les fédéralistes, dans la conviction sobre et f
299 ats les moins verbeux et les plus réalistes qu’il soit permis d’imaginer de nos jours, et ils portaient sur la question qui
300 e nos jours, et ils portaient sur la question qui est sans nul doute la plus urgente de l’heure. Je le dis à ces personnes,
301 référait la guerre à la fédération (puisque telle est l’alternative), mais toutes étaient victimes d’une manière de penser
302 on (puisque telle est l’alternative), mais toutes étaient victimes d’une manière de penser bien plus tenace qu’une opinion : j’
303 de promesses en l’air, dont chacun sait qu’elles sont purement tactiques, mensongères, et vouées à l’oubli ; l’irréalité mê
304 e notre étourderie.) De même, l’adjectif utopiste est exclusivement réservé à ceux qui luttent pour la paix et l’union. On
305 douanière, de trêve politique, ou de fédération, sera toujours qualifié de prématuré. Mais pour peu qu’il s’agisse de réarm
306 tions ou entre partis, le temps presse, le moment est venu, peut-être même est-il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence
307 temps presse, le moment est venu, peut-être même est -il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence est telle que discuter se
308 e est-il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence est telle que discuter serait faire le jeu de l’ennemi, et que demander à
309 ns tous les cas, l’urgence est telle que discuter serait faire le jeu de l’ennemi, et que demander à voir serait trahir… Ces h
310 faire le jeu de l’ennemi, et que demander à voir serait trahir… Ces habitudes ou manies de langage sont le fait de trois ment
311 serait trahir… Ces habitudes ou manies de langage sont le fait de trois mentalités, de trois espèces de gens fort différente
312 la prospérité, mais qui ont beaucoup plus peur d’ être dupes d’un projet difficile à réaliser, qu’envie de travailler à son
313 réaliser, qu’envie de travailler à son succès. Ce sont les déprimés, les anxieux, les déçus, ceux qui se moquent de l’amour
314 nt leurs théories, déjoueraient leur tactique. Ce furent avant la guerre les maurrassiens, créateurs des clichés que j’examine
315 siens, créateurs des clichés que j’examine, et ce sont aujourd’hui les saboteurs de la fédération européenne, staliniens et
316 ous ceux qui ne réfléchissent à rien, craignent d’ être obligés de réfléchir, et trouvent commode de répéter les slogans iron
317 dénoncer les malfaiteurs conscients ou non. Ce ne serait pas le moyen de les faire changer de conduite. Mais il peut être util
318 en de les faire changer de conduite. Mais il peut être utile d’attirer l’attention sur des tics de langage qu’on croit inoff
319 préparent une guerre comme si une victoire réelle était encore possible, étant donné nos moyens de destruction. Qu’on nomme p
320 mme si une victoire réelle était encore possible, étant donné nos moyens de destruction. Qu’on nomme parlotes les meetings de
321 en, tous les plans basés sur l’idée que la guerre est prochaine ou fatale. Et qu’on traite d’assembleurs de nuées ceux qui
322 son bilan de misères, qu’à voir la place qu’elle tient encore ou ne tient déjà plus dans le monde actuel. Et je propose quel
323 es, qu’à voir la place qu’elle tient encore ou ne tient déjà plus dans le monde actuel. Et je propose quelques observations t
324 dégage. Quelques faits La fédération de l’Europe est inscrite dans les faits les plus neufs de ce siècle, les uns techniqu
325 pas d’un coup d’œil, c’est que « l’homme moderne est démodé » comme l’a dit un Américain : sa conscience est en retard sur
326 modé » comme l’a dit un Américain : sa conscience est en retard sur le milieu nouveau, sur les périls certains et les bienf
327 adre des nations, quand le jeu des forces réelles est international et opère à l’échelle des continents. Il pense encore en
328 nt des points immobiles, quand la mesure pratique est l’heure de vol. Il médite sur la carte des frontières, dont les résea
329 temps qu’elles les rendent plus étroits. L’Europe est plus petite que nous ne pensions, le monde plus grand. Nos descendant
330 léry ait pu nous étonner en notant que l’Europe n’ est qu’un cap de l’Asie. À ces faits matériels vient s’ajouter le grand f
331 nous pousse à l’union. Notre vocation Deux mondes sont en présence, que nous n’approuvons pas, pour des raisons d’ailleurs t
332 , pour des raisons d’ailleurs très inégales. L’un est collectiviste, l’autre individualiste. Dans notre immense majorité, n
333 s nous méfions du second. Notre idée de l’homme n’ est pas celle du Kremlin, ni celle du businessman américain. Nous ne voul
334 u’un quart du corps électoral dans les pays où il est le plus fort, et qui ne peut faire notre unité que sur nos ruines, pa
335 mps. Vis-à-vis de l’Amérique, notre attitude doit être , évidemment, bien différente. Nous avons besoin d’elle matériellement
336 le stade de l’individualisme économique. Son rôle est d’inventer un régime neuf, plus souple et plus humain que la dictatur
337 ous pour un. Voilà la vocation de l’Europe. Or il est clair qu’aucune de nos nations n’est en mesure de la réaliser pour so
338 urope. Or il est clair qu’aucune de nos nations n’ est en mesure de la réaliser pour son seul compte et sans échanges. Aucun
339 r pour son seul compte et sans échanges. Aucune n’ est assez riche et assez forte pour réussir sans ses voisins, ou pour rés
340 ressions impériales. Et l’idée de coopération qui serait au cœur de ce régime social, et qui inspire partout sa recherche, ne
341 tion Il semble à première vue qu’un tel programme soit si clairement inscrit dans les données du siècle, et si lisible aux m
342 sième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment colonisés ! » Personne n’ose dire cela, ou comme cela. Mais ce
343 sme, défaitisme, et stalinisme. Le nationalisme n’ est , en fait, qu’une crispation de névrose féodale, un complexe de repli
344 consiste à déclarer que la guerre des deux blocs est fatale : inutile de rien faire en l’attendant, et surtout pas quelque
345 n le stalinisme a décrété que l’union de l’Europe est antirusse, ce qui est la manière stalinienne de dire que la Russie ne
346 été que l’union de l’Europe est antirusse, ce qui est la manière stalinienne de dire que la Russie ne veut pas la paix de l
347 e. Un grand but commun Le refus sur deux fronts n’ est pas une politique. Quand il est autre chose que l’effet naturel d’une
348 sur deux fronts n’est pas une politique. Quand il est autre chose que l’effet naturel d’une grande affirmation centrale, il
349 t naturel d’une grande affirmation centrale, il n’ est même pas un vrai refus : il ne peut mener qu’à accepter par force ce
350 mbattu dans la faiblesse, au nom de rien. Mais où est la grande affirmation centrale, le grand but de cette drôle de paix ?
351 êmes déclenchée. Et nous savons pourtant que nous sommes plus libres qu’eux, et plus sages que les Américains. Mais nous resto
352 rtés : le but, l’essence de la pensée fédéraliste étant précisément de trouver les moyens d’articuler, d’arranger sans les tu
353 miques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui est la politique par excellence, n’en déplaise aux sectaires de tous bord
354 en déplaise aux sectaires de tous bords. L’heure est venue d’appeler pour ce nouveau destin tous les peuples du continent,
3 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. III
355 III Le congrès de Montreux n’ était pas terminé que l’idée naissait, chez les fédéralistes, d’en élargir
356 plans de travail pour La Haye2. Trois commissions furent constituées (politique, économique, culturelle) ainsi que des comités
357 éparatoires. L’aventure du xxe siècle Je ne suis pas ici, ce soir, pour vous parler d’une utopie, mais au contraire po
358 contraire pour vous parler d’une aventure où nous sommes , dès maintenant, bel et bien engagés : la fédération de l’Europe. Il
359 La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles sont en réalité moins riches d’avenir que le présent. Je dirai même, sans
360 Toynbee, fait observer que les utopies classiques sont , en réalité, et je le cite : « des programmes d’action déguisés en de
361 imaginaires ». Mais l’action qu’elles proposent n’ est rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une socié
362 ère comme bons, et l’on en compose un système qui serait en équilibre permanent, à l’abri des menaces grossières comme des cré
363 pe », définit aujourd’hui l’utopie. Telle qu’elle est , pessimiste et divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent de re
364 enacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie, soit que la gauche réussisse à paralyser la droite, ou l’inverse, l’Europe
365 sse à paralyser la droite, ou l’inverse, l’Europe est pratiquement indéfendable. Je m’explique. Tenter d’unir en une allian
366 alliance défensive nos États-nations tels qu’ils sont , tenter de coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les empire
367 souverainetés pour lutter contre les empires, ce serait vouloir coaliser précisément les facteurs principaux de notre décaden
368 ransformer l’Europe conformément à son génie, qui est celui de la liberté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont
369 berté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminu
370 d témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous sommes engagés, c’est l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation de cet
371 vocation de cette génération. ⁂ Vous n’avez pas été sans remarquer que depuis quelques semaines, ou quelques mois, l’idée
372 ains d’entre vous, j’imagine, pensent que l’union est en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent
373 en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que nos
374 de décrire, et que le sort de l’aventure réelle n’ est pas ailleurs que dans nos mains. Je disais à Montreux, en septembre d
375 e la plupart d’entre eux désirent, ne peuvent pas être leur affaire, pour des raisons absurdes, mais techniques. Il faut don
376 . Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui est clair. » Quelques mois plus tard, parlant au nom des gouvernants, et
377 ns un discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qui se ré
378 ousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qui se réveille, aux citoyens du
379 r ces libertés organisées, certaines institutions seront nécessaires. Nous voulons, au-dessus des États, de toute urgence, un
380 olitique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil soit contrôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil éco
381 ats, nous voulons instituer une Cour suprême, qui soit la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, e
382 es citoyens, les groupes, et les minorités. Ainsi sera garanti le droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire de parle
383 ra garanti le droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire de parler de démocratie. Finalement, nous voulons l’Europe,
384 monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’ est plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou de périr en elle. Sép
385 isolé, aucun de nos pays n’empêchera rien : nous serons colonisés l’un après l’autre en toute souveraineté nationale, et vous
386 s baisseront le ton, et l’on pourra parler. Telle est la vision directrice de l’aventure que nous courons. Et il est clair
387 directrice de l’aventure que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abo
388 que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’ est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abord notre prospérité, bien
389 que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’ est pas d’abord notre prospérité, bien que l’une et l’autre en dépendent,
390 ien que l’une et l’autre en dépendent, mais qu’il est avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’homme au xxe siècl
391 ême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’ est pas la puissance, ni le maintien par la police d’une certaine idéolog
392 ques qu’on peut entretenir à leur sujet. Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
393 ir à leur sujet. Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons tous que les m
394 le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons tous que les menaces qui pèsent aujourd’hu
395 des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous serions assurés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le
396 a valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est
397 t donc une notion de l’homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle que nous possédon
398 de l’Europe. On me dira que ces motifs immédiats sont d’ordre économique et politique, que cela seul compte, et que l’homme
399 politique du continent, je répondrai dans ce cas, soyez sérieux, devenez une colonie américaine, ou bien demandez aux Russes
400 Varsovie. Vous aurez la guerre par surcroît, vous serez sauvés des abstractions… Mais si des résistances se manifestent, croy
401 ent, croyez-m’en, elles prouveront que l’Européen tient , plus qu’à l’ordre, et plus qu’à la richesse, et plus qu’au pain qu’i
402 si l’Europe, petit cap de l’Asie comme on sait, a été tout de même pendant plus de deux-mille ans, la plus grande source d’
403 ions, auxquelles on voudrait la réduire. L’Europe est une culture, ou elle n’est pas grand-chose. J’emploie ici le mot cult
404 t la réduire. L’Europe est une culture, ou elle n’ est pas grand-chose. J’emploie ici le mot culture au sens le plus large e
405 que les choses et ce que la vie veulent dire. Il est typique de l’Europe d’aujourd’hui que la culture y soit encore un but
406 ypique de l’Europe d’aujourd’hui que la culture y soit encore un but, une fin en soi et non pas un moyen. Ailleurs, comme vo
407 pas un moyen. Ailleurs, comme vous le savez, elle est mise au service du développement de l’industrie, et de certaines visé
408 ’industrie, et de certaines visées politiques. Ce sont les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants du Plan économique, qui
409 à la définition de l’Europe. En second lieu, il n’ est pas moins typique de l’Europe, que son unité culturelle ou, pour mieu
410 conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais été , en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
411 tion ou d’une caste choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialog
412 choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce sera , tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien so
413 ler l’idée européenne de l’homme. Cette idée-là n’ est donc pas simple, mais dialectique ; elle n’est pas achevée, mais ouve
414 n’est donc pas simple, mais dialectique ; elle n’ est pas achevée, mais ouverte ; elle est à chaque instant la résultante d
415 que ; elle n’est pas achevée, mais ouverte ; elle est à chaque instant la résultante de couples d’éléments antagonistes, do
416 s les combinaisons, variées à l’infini, qu’il lui est possible d’opérer entre les éléments contradictoires constituant son
417 choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en être responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire illu
418 re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
419 rdre et de l’ordre absolu. Les lois de ce progrès sont assez simples. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et de s
420 vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
421 chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
422 mais de fait ou de droit, antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même quand il accepte le dialogue, assume le drame, et l
423 entation de supprimer l’un des termes du conflit, soit qu’il essaie d’enfermer dans sa particularité, nation, parti, ou idéo
424 s sa particularité, nation, parti, ou idéologie ; soit qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme donc tyranniqu
425 rogrès immédiat vers la fédération européenne. Ce sont , pour parler très clairement : l’opposition de la Russie soviétique ;
426 sant d’un Allemand, qui la destinait aux Anglais. Est -ce à dire que nous ferons l’Europe contre les Russes ? C’est malheure
427 ent un instant que l’un des buts de la fédération soit de faire la guerre à la Russie. Mais le croient-ils ? Il y a un an, e
428 que, je parlais de ces choses avec un homme qu’il serait difficile de soupçonner d’anticommunisme hystérique : Albert Einstein
429 e pourra les persuader que nos intentions ne leur sont pas hostiles. Le seul moyen de sortir de cette impasse, c’est d’organ
430 monde sans eux, et vous verrez que, sans eux, ce sera facile. Et cela fait, comme ils ne sont pas fous, ils comprendront qu
431 s eux, ce sera facile. Et cela fait, comme ils ne sont pas fous, ils comprendront que leur intérêt ne consiste plus à rester
432 intérêt ne consiste plus à rester à l’écart. » Je serais tenté de partager cet optimisme, mais il est à longue échéance. Pour
433 e serais tenté de partager cet optimisme, mais il est à longue échéance. Pour l’instant, si l’on regarde les faits, la situ
434 ’instant, si l’on regarde les faits, la situation est la suivante : pendant que les Soviets nous accusent de préparer un bl
435 qui, à leur tour, font beaucoup plus peur que des êtres en chair et en os. C’est pourquoi la seule cure possible de la grande
436 édération occidentale. Car la question sérieuse n’ est pas pour nous de réfuter l’accusation de bellicisme, mais d’empêcher
437 propos de l’Angleterre et de l’Amérique : « Nous sommes séparés par un langage commun. » Et la question n’est pas non plus d’
438 séparés par un langage commun. » Et la question n’ est pas non plus d’affirmer que nous sommes démocrates, mais d’établir, e
439 a question n’est pas non plus d’affirmer que nous sommes démocrates, mais d’établir, en fait, certaines institutions qui garan
440 s ont la dent dure ! Laissons-leur le mot s’ils y tiennent . Tant qu’ils nous laissent la chose, nous serons contents. Il n’en re
441 iennent. Tant qu’ils nous laissent la chose, nous serons contents. Il n’en reste pas moins que l’opposition des Russes ne se r
442 urope sans eux ? Réponse : l’absence de ceux de l’ Est nous force à faire l’Europe beaucoup plus vite, et beaucoup plus réso
443 plus vite, et beaucoup plus résolument que s’ils étaient là. Tout d’abord il convient d’observer que les satellites de la Russ
444 pas choisi de quitter notre camp. Ces peuples ne sont pas plus soviétiques que nous. Ils le sont moins, si l’on s’en tient
445 les ne sont pas plus soviétiques que nous. Ils le sont moins, si l’on s’en tient au pourcentage de leurs électeurs communist
446 étiques que nous. Ils le sont moins, si l’on s’en tient au pourcentage de leurs électeurs communistes. Là encore, l’adjectif
447 « populaire » dont on a décoré leurs républiques est une captieuse figure de langage. Entendons bien que ces régimes sont
448 figure de langage. Entendons bien que ces régimes sont populaires comme les lois juives de Vichy étaient juives, comme les b
449 es sont populaires comme les lois juives de Vichy étaient juives, comme les bagnes d’enfants sont enfantins. « Populaires », ou
450 Vichy étaient juives, comme les bagnes d’enfants sont enfantins. « Populaires », oui, pour ceux qui appellent un chat l’abs
451 pouvaient la trouver, jusqu’ici, ailleurs qu’à l’ Est . À l’Ouest, qu’avions-nous à offrir ? Nos divisions ; nos expériences
452 venture… J’affirme donc que faire l’Europe sans l’ Est , loin d’être une solution de résignation, c’est le seul moyen que nou
453 ffirme donc que faire l’Europe sans l’Est, loin d’ être une solution de résignation, c’est le seul moyen que nous ayons, aujo
454 oirs. Pour eux, au moins autant que pour nous, il est vital que le congrès de La Haye allume un phare visible au loin. Vous
455 es vrais obstacles à la fédération de l’Europe ne sont pas d’abord à l’Est, mais d’abord parmi nous. Tout nous ramène à nos
456 la fédération de l’Europe ne sont pas d’abord à l’ Est , mais d’abord parmi nous. Tout nous ramène à nos problèmes internes.
457 cas des nations comme dans le cas des partis, il est urgent que nous apprenions à distinguer entre diversité et division ;
458 ons à distinguer entre diversité et division ; il est urgent que nous apprenions à voir et à sentir que l’opposition vérita
459 s à voir et à sentir que l’opposition véritable n’ est pas entre l’union et la diversité, bien au contraire ; mais que nos d
460 e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
461 il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
462 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédéral
463 la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’ est qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. C
464 droit exclusif dans l’organisation du continent n’ est pas moins dangereuse, n’est pas moins utopique, que ne serait l’impér
465 sation du continent n’est pas moins dangereuse, n’ est pas moins utopique, que ne serait l’impérialisme d’une seule nation.
466 oins dangereuse, n’est pas moins utopique, que ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite
467 e ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
468 oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est capable, à lui s
469 capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’ est capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre aven
470 itique, qui leur interdirait d’y prendre part. Je suis heureux de pouvoir vous dire qu’il n’en est rien, que les travaillist
471 . Je suis heureux de pouvoir vous dire qu’il n’en est rien, que les travaillistes viendront. Certes, le congrès des partis
472 ront. Certes, le congrès des partis socialistes s’ est prononcé à Londres, dernièrement, contre la participation « officiell
473 mbres aux états généraux de La Haye. Mais le fait est que les organisateurs de La Haye n’ont jamais demandé, à aucun parti,
474 ucun parti, une délégation officielle. Et le fait est que malgré le refus des socialistes de donner ce que personne ne leur
475 faire aujourd’hui à nous tous seuls. » Voilà qui est clair. Mais il faut ajouter ceci : ce n’est pas sur un compromis que
476 à qui est clair. Mais il faut ajouter ceci : ce n’ est pas sur un compromis que les partis doivent s’unir pour faire l’Europ
477 e l’Europe. Un socialiste qui, en tant que tel, n’ est pas pour la fédération, peut être un homme sincère et respectable, ma
478 tant que tel, n’est pas pour la fédération, peut être un homme sincère et respectable, mais il serait difficile de le consi
479 eut être un homme sincère et respectable, mais il serait difficile de le considérer comme particulièrement logique et réaliste
480 comme particulièrement logique et réaliste. Qu’en est -il des conservateurs ? Conserver ce qui mérite de l’être dans toutes
481 des conservateurs ? Conserver ce qui mérite de l’ être dans toutes nos traditions européennes suppose, implique, commande l’
482 nom de conservateur. Et quant aux libéraux, s’il est certain qu’ils ne représentent plus en Europe un parti politique impo
483 n’en reste pas moins que leur ambition maîtresse est en réalité celle de l’immense majorité des citoyens européens, s’il e
484 e l’immense majorité des citoyens européens, s’il est vrai que le mot libéral veut dire ami de la liberté, non pas seulemen
485 eulement du laisser-faire, et qu’à ce titre, j’en suis bien certain, il retrouvera demain tout son prestige. Les trois motif
486 lus de se livrer à leur distraction favorite, qui est de se battre entre eux au moins autant qu’en faveur de leur idéal. Ce
487 u moins autant qu’en faveur de leur idéal. Ce qui est bien clair, c’est que s’ils échouent à fonder la fédération, ils perd
488 ront fatalement, demain, l’un des droits qui leur est le plus cher : la liberté de se disputer, le droit de querelle… ⁂ Mes
489 succès. Nous avons développé des virus dont nous sommes seuls à pouvoir fabriquer les antitoxines efficaces. Entre un libéral
490 r plus tard sur des terres vierges où leurs excès sont manifestes et menaçants, car leur conflit se déclare sans issue, l’Eu
491 ération européenne. Il se passe quelque chose à l’ Est . Il est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps d
492 européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de réveil
493 temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est
494 er l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne
495 si à nos amis américains la certitude que nous ne sommes pas ce qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes :
496 ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes  : des démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième force, au
497 véritable troisième force, au plan mondial, ce n’ est pas je ne sais quel groupement de doubles négations et de demi-mesure
498 le fédéralisme, qui veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à raje
499 es plis d’un lourd rideau de velours pourpre. Qui sont ces gens autour de moi, dont les visages s’illuminent dans le faiscea
500 t dans le faisceau des projecteurs de cinéma ? Je suis assis derrière deux rangs de dos et de nuques fascinantes qui dépasse
501 n noir qui porte une longue chaîne en sautoir… Où suis -je ? À quelle époque ? Dans un rêve ? Que se passe-t-il ? Quelqu’un p
502 nous, dans cette grande Salle des chevaliers, qui est celle d’un très vieux Parlement, mille personnes, mille Européens. Je
503 u chapelier fou d’Alice in Wonderland (ce ne peut être que Bertrand Russell), le crâne poli de Prieto, les boucles blanches
504 ec eux-mêmes, c’est le lieu où aucune certitude n’ est acceptée comme vérité si elle n’est continuellement découverte. D’aut
505 e certitude n’est acceptée comme vérité si elle n’ est continuellement découverte. D’autres continents se vantent de leur ef
506 use, magnifique et tragique — et, par là, digne d’ être vécue. » (C’est mon ami Brugmans, travailliste hollandais, qui parle
507 je me dis qu’en effet, malgré tout, notre congrès est doublement non conformiste, puisqu’il a su rallier pour une œuvre com
508 taliennes.) Ou bien le mariage de l’Ouest et de l’ Est  ? Non, pas cela : les quelque trente Roumains, Polonais, Tchèques, Ho
509 chèques, Hongrois et Yougoslaves ici présents, ne sont encore, hélas, que des « observateurs ». Attendons : le Congrès comme
510 paix de ma campagne franco-suisse. (La frontière est à douze cents mètres. À chaque passage, je renouvelle in petto l’enga
511 grès. (La presse y fait peu d’allusions.) Et ce n’ était pas un accident, puisqu’au cours de la même séance inaugurale, M. Pau
512 . Paul Ramadier ayant cru devoir dire : « Nous ne sommes pas ici pour faire une révolution fédéraliste ! » — un froid silence
513 une révolution fédéraliste ! » — un froid silence fut seul à lui répondre. Après cela, l’on fut moins surpris de voir quelq
514 silence fut seul à lui répondre. Après cela, l’on fut moins surpris de voir quelques-unes des thèses fédéralistes acceptées
515 rs que la majorité des délégués, pris un à un, se fussent sans doute avoués fort étrangers à la doctrine qui les dictait. Ces v
516 ffensive : la position fédéraliste, qui se trouve être en fait « non-conformiste », dans l’état présent de l’Europe. Certes,
517 peur les pousse, quelle grande calamité publique est annoncée… Gardons-nous cependant de confondre les ordres. Si le fédér
518 t de confondre les ordres. Si le fédéralisme veut être une politique, non pas une secte ou une théologie (quoiqu’il ait, dan
519 avec ceux qui l’acceptent pour des raisons qui ne sont pas les siennes. Dans l’ordre de la politique, c’est le compromis dif
520 vrai succès. La victoire totale d’une doctrine —  fût -elle la bonne, ou disons : la meilleure — ou bien reste sans lendemai
521 , ou bien prépare un lendemain totalitaire. Quels seront les lendemains de La Haye ? Quels résultats tangibles avons-nous obte
522 tait son seul moyen d’action. Pour autant qu’il y soit parvenu, il établit l’union européenne sur des bases qui manquent à l
523 sociaux et l’enthousiasme des individus. Si nous sommes en démocratie, c’est cela qui compte, et le reste suivra. 2. Le Congr
524 ois risquée — ait couronné ces débats passionnés, est un résultat décisif. Il se peut que la bataille la plus dure pour l’u
525 bataille la plus dure pour l’unité européenne ait été gagnée à La Haye, même si les conclusions les plus spectaculaires n’e
526 conclusions les plus spectaculaires n’en doivent être tirées que plus tard et ailleurs. ⁂ La presse continentale dans son e
527 a tendance « unioniste » dominait largement. Elle tenait la plupart des postes de commande. Que voulait-elle ? Il est bien dif
528 art des postes de commande. Que voulait-elle ? Il est bien difficile de le dire clairement sans la trahir. Elle voulait — s
529 que quoi ? C’était trop dire, ou pas assez. Ce n’ était pas une base de travail ou d’accord. Qui donc oserait se déclarer con
530 ormulées dans le rapport du congrès de Montreux — furent acceptées à l’unanimité. Quant à l’action de la tendance unioniste, e
531 om ou l’étiquette avec obstination, mais qui n’en est pas moins le programme fédéraliste. Les grandes institutions que prop
532 s grandes institutions que proposait Montreux ont été adoptées en principe à La Haye : la Cour suprême, chargée de sanction
533 incipes généraux posés au congrès de Montreux ont été repris, presque littéralement, dans les résolutions de La Haye : non
534 nomie. ⁂ Le succès des fédéralistes, à La Haye, n’ est pas celui d’un parti sur un autre. Car l’unionisme n’est pas une doct
535 celui d’un parti sur un autre. Car l’unionisme n’ est pas une doctrine, mais plutôt une étape normale dans l’évolution des
536 partant de la commune et de l’entreprise, qu’il n’ était pas question de proposer à La Haye. Parmi les délégués continentaux,
537 . Parmi les délégués continentaux, l’opposition n’ était ainsi que du moins au plus, de la prudence au dynamisme innovateur, d
538 es, le seul conflit profond qui divisa le congrès fut celui qui opposa sourdement le front commun des Insulaires aux initia
539 tactiquement) des Continentaux. L’opposition peut être résumée en deux répliques, que j’ai notées lors des débats de la comm
540 ynaud : Curieux slogan à proposer à quelqu’un qui est en train de se noyer ! Sur un plan théorique et général, les deux poi
541 plan théorique et général, les deux points de vue sont défendables à l’infini. Même en pratique, ils ne sont pas nécessairem
542 défendables à l’infini. Même en pratique, ils ne sont pas nécessairement contradictoires. Mais dans le cas précis de l’unio
543 l’union européenne, la position des Britanniques est équivoque. Et, dans l’état d’urgence où se trouve l’Europe, l’équivoq
544 pe, l’équivoque peut devenir fatale. Mais le fait est que cet état d’urgence n’est pas senti par la majorité des Insulaires
545 fatale. Mais le fait est que cet état d’urgence n’ est pas senti par la majorité des Insulaires. (Les délégués anglais répét
546 ons ceci ou cela, que nous croyons juste, nous ne serons pas suivis at home, on ne voit pas les choses de cette manière chez n
547 andes vertus politiques de ce peuple ont toujours été la lenteur, la méfiance à l’égard des solutions de principe, et la co
548 tion, favorable aux ententes pratiques. Mais il n’ est pas certain que cette méthode reste valable au plan européen. Et dans
549 t dans ce plan, il faut avouer que les Insulaires sont assez neufs. Leur politique traditionnelle fut d’empêcher l’Europe de
550 s sont assez neufs. Leur politique traditionnelle fut d’empêcher l’Europe de s’unifier sous l’égide d’une nation menaçante.
551 sous l’égide d’une nation menaçante. Le principe était juste, mais le réflexe qu’ils en conservent ne joue pas dans le sens
552 e : — Pour nous, Continentaux, c’est l’Europe qui est en jeu. Pour les Anglais, c’est tout d’abord l’Empire, et l’union de
553 Europe pourrait sauver l’Empire, à condition de n’ être pas trop ceci ou trop cela, de n’être pas trop précise, pas trop cont
554 dition de n’être pas trop ceci ou trop cela, de n’ être pas trop précise, pas trop continentale… Cette description paraîtra d
555 qu’on appelle une « sensation », en proposant que soit élue dans les six mois, par le suffrage universel, et à raison d’un d
556 . En tout cas c’est trop tôt. La grande masse n’y est pas prête. » Or rien n’est plus urgent qu’un Parlement de l’Europe. E
557 t. La grande masse n’y est pas prête. » Or rien n’ est plus urgent qu’un Parlement de l’Europe. Et la grande masse ne se lèv
558 lections européennes. Et faire appel aux masses n’ est pas démagogique, si c’est pour les sauver et non pour les duper. Quan
559 lieu de raisons : « Si le projet se réalise, c’en sera fait pour de bon de la sacro-sainte souveraineté de l’État-nation. No
560 oulons bien la limiter, mais pas à ce point… Nous serons jetés dans l’inconnu, dans l’aventure… Les peuples ne nous suivront p
561 rtout de la part de mes amis fédéralistes. Car il est clair qu’un appel de ce genre était précisément ce qu’on attendait de
562 alistes. Car il est clair qu’un appel de ce genre était précisément ce qu’on attendait de La Haye, tout au moins sur le Conti
563 tout au moins sur le Continent. Le plan Reynaud n’ était pas excellent. Il eût fallu le remplacer par un meilleur, au lieu de
564 e, ou de l’Unesco, ou même de l’ONU. C’est qu’ils sont satisfaits de leur gouvernement. La plupart des continentaux — petits
565 ’Europe doit se faire demain7 : car tout le monde est d’accord sur le principe d’une Assemblée européenne. Mais il est fort
566 r le principe d’une Assemblée européenne. Mais il est fort étrange que personne n’ait songé à le compléter au lieu de l’éli
567 éfaut (à mon avis décisif) qu’il comporte, et qui est celui d’un numérisme aveugle ? En transposant au plan européen le sys
568 mais au contraire pour contribuer, si peu que ce soit , à dégager les perspectives de notre action. Le combat pour l’Europe
569 ope prouve la vie de l’Europe : mes adversaires y sont donc mes amis, car le principe pour lequel je me bats est celui de l’
570 mes amis, car le principe pour lequel je me bats est celui de l’union dans la diversité. Dans la Quête où nous sommes quel
571 l’union dans la diversité. Dans la Quête où nous sommes quelques-uns à nous être engagés à tout risque, il nous arrivera plus
572 Dans la Quête où nous sommes quelques-uns à nous être engagés à tout risque, il nous arrivera plus d’une fois de rompre une
573 ons mais sans hégémonie d’aucune nation. L’Europe est un dialogue, un débat perpétuel. À ceux-là seuls qui prétendraient y
574 seuls la liberté de parole et de propagande peut être absolument déniée, comme on retire ses jetons au tricheur, ou son ras
575 r des dictatures incapables de lui faire face. Où seraient , sinon, les risques de la liberté — sans lesquels il n’est point de l
576 n, les risques de la liberté — sans lesquels il n’ est point de liberté ? 2. Le Comité de coordination groupait les quatr
577 adhérèrent quelques mois plus tard. 3. Ces mots sont de Winston Churchill, dans une lettre adressée à Léon Blum, et à laqu
578 il politique, proposé par des unionistes, n’a pas été retenu par l’assemblée. 5. Cette phrase figure dans la résolution éc
4 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. IV
579 vantes : Il me semble que ce congrès, tel qu’il s’ est déroulé jusqu’ici, se distingue par une double originalité. Premièrem
580 ngue par une double originalité. Premièrement, il est né d’initiatives privées, en toute indépendance de nos gouvernements.
581 une commission de la culture. Et cela aussi ne s’ était jamais vu. Ce simple fait, qu’établit à vos yeux notre séance plénièr
582 résence active. S’ils l’ont fait, c’est qu’ils se sont dit quelque chose qui ressemble à ceci : — Nous sommes tous surchargé
583 t dit quelque chose qui ressemble à ceci : — Nous sommes tous surchargés, c’est entendu. Nous avons tous notre œuvre à continu
584 de vous citer, entre cent, deux réponses qui ont été provoquées par ma lettre invitant les intellectuels d’une douzaine de
585 i, me manque. » Eh bien, le miracle de l’esprit n’ est -il pas justement de créer par quelque opération magique le temps qui
586 s que nous ayons de vouloir une union de l’Europe sont d’un ordre plus terre à terre, sont des questions de politique couran
587 n de l’Europe sont d’un ordre plus terre à terre, sont des questions de politique courante, ou des questions économiques, co
588 rd. Si, avec ce matérialisme-là, aussi naïf qu’il est courant, l’on prétend que la seule chose sérieuse, c’est l’organisati
589 nomique du continent, je répondrai : dans ce cas, soyons sérieux, et laissons-nous coloniser le plus vite possible. Un homme d
590 prévoyait le jour où le désir secret de l’Europe serait de se laisser gouverner par une commission d’experts américains… Et,
591 ivante à cette hiérarchie spirituelle, quelle que soit la valeur des résultats acquis par elle sur le papier, elle aura marq
592 éenne. » ⁂ La commission culturelle pour La Haye fut constituée au mois de mars 1948. Elle avait pour mission (dans un dél
593 unes. Des mémoires, suggestions et critiques nous furent envoyés de toutes parts. Et des contacts étroits furent établis avec
594 envoyés de toutes parts. Et des contacts étroits furent établis avec les autres commissions — politique et économique — aux f
595 Rapport culturel et le Message aux Européens ont été rédigés en plein accord avec le Comité de coordination du congrès. Qu
596 rdination du congrès. Quant à la Résolution, elle fut mise au point, au terme des débats de La Haye, par un comité de six m
597 éenne bien vivante, un sentiment commun auquel il soit possible de faire appel dès maintenant. Notre première contribution à
598 ntribution à l’union que nous voulons former doit être d’éveiller et d’exprimer la conscience de cette unité. 2. Quel que so
599 xprimer la conscience de cette unité. 2. Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
600 cette unité. 2. Quel que soit le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons que la crise p
601 le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons que la crise présente de l’Europe met en c
602 ues : une notion de l’homme et de la liberté, qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est sur elle seule que nous p
603 re. 3. Toutefois, dans une époque où la démagogie est en train de ruiner le langage à force d’abus impunis, rendant tout di
604 logue incertain et tout pacte sujet à caution, il est vain d’essayer de s’unir si l’on n’a pas d’abord rendu leur sens comm
605 redéfinir sur le papier. Cet effort nécessaire ne sera pas suffisant. Il doit être doublé immédiatement d’un effort pour pre
606 effort nécessaire ne sera pas suffisant. Il doit être doublé immédiatement d’un effort pour prendre au sérieux, pratiquemen
607 quement, nos définitions. Notre deuxième objectif sera donc de proposer l’établissement d’institutions propres à garantir l’
608 dent. La conception européenne de l’homme 4. S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique
609 est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’uni
610 union sont d’ordre économique et politique, il n’ est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culture
611 l n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culturelle, si l’on prend le mot dans son sens le plu
612 ns son sens le plus large. La culture véritable n’ est pas un ornement, un simple luxe, ni un ensemble de spécialités qui ne
613 de vue de la géographie, le continent européen n’ est qu’une péninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas mo
614 ninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas moins, depuis plus de deux-mille ans, le foyer d’une puissance d’
615 ssion et l’élaboration de la culture n’ont jamais été , en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
616 re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle est l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
617 vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours été l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
618 chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
619 alables mais pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en cré
620 entation de supprimer l’un des termes du conflit, soit qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou id
621 ns sa particularité (nation, parti ou idéologie), soit qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyranniq
622 e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle est devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
623 il les livrera fatalement à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
624 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union de l’Eu
625 rti du dedans. C’est pourquoi l’union de l’Europe est devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en s
626 la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’ est qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. 7
627 droit exclusif dans l’organisation du continent n’ est pas moins dangereuse et utopique, que ne serait « l’impérialisme » d’
628 nt n’est pas moins dangereuse et utopique, que ne serait « l’impérialisme » d’une seule nation. Il est bien clair que ni la dr
629 serait « l’impérialisme » d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
630 oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne sont capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à
631 capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’ est donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre
632 e l’homme 8. Certains voudraient que cette action fût proclamée au nom de la démocratie. Mais il n’est pas de terme dont n
633 fût proclamée au nom de la démocratie. Mais il n’ est pas de terme dont notre époque ait fait de plus flagrants abus. Les t
634 ui ont fait de la dictature un article de foi. Ce serait d’ailleurs porter atteinte aux tempéraments nationaux que de prétendr
635 crasante majorité des citoyens, le mot démocratie est lié à tout régime (monarchique ou républicain) qui garantit les droit
636 at tolérable de libertés publiques et privées. Ce sont ces libertés, et non des étiquettes que les peuples d’Europe entenden
637 ne peut ni donner, ni retirer ces droits, qui lui sont antérieurs et supérieurs ; mais il doit les servir et les aménager.
638 ais il doit les servir et les aménager. Quel que soit le nom du régime que se donne librement tel peuple de l’Europe, il tr
639 oits et des devoirs de la nation, toutes les deux étant reconnues par une convention solennelle entre les membres de l’Union.
640 fice des personnes, groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être dé
641 soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être info
642 dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle
643 ion réguliers. Elle doit être informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus
644 éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europe et
645 la conscience de l’Europe et des peuples qui lui sont associés. Mais pour cette fin précise les instituts de culture mondia
646 roit. Un Centre européen de la culture devra donc être institué. Il aura pour mission générale d’assurer la mise en œuvre de
647 e usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’ est possible. De plus, le Centre européen offrirait un lieu de rencontre
648 une confiance neuve à sa vocation millénaire, qui est une vocation d’universalité, de rayonnement mais en même temps d’accu
649 ons qu’implique son idéal de la personne. L’heure est venue de rallier pour ce nouveau destin tous les peuples du continent
650 nt représentés ici ou non — en une fédération qui sera le premier pas vers la fédération mondiale. Résolution proposée au
651 e Considérant que l’union européenne a cessé d’ être une utopie pour devenir une nécessité, mais qu’elle ne peut être fond
652 pour devenir une nécessité, mais qu’elle ne peut être fondée durablement que dans une unité déjà vivante ; Considérant que
653 iversités nationales, doctrinales et religieuses, est celle d’un commun héritage de civilisation chrétienne, de valeurs spi
654 onsidérant que les efforts pour nous unir doivent être soutenus et vivifiés par un réveil de la conscience européenne, que c
655 il de la conscience européenne, que celle-ci doit être informée, stimulée, et dotée de moyens d’expression ; Considérant que
656 juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’ est possible ; Et de proclamer : a) le droit qu’a tout citoyen de connaî
657 ment de toute pression, de quelque nature qu’elle soit  ; 4. De favoriser la libre circulation des idées, des publications et
658 sion des manuels d’histoire, telle qu’elle a déjà été accomplie dans les pays scandinaves ; En outre, le Congrès de l’Europ
659 ; Souhaite : A) que les femmes et les éducateurs soient appelés à participer largement à tous les travaux de toutes les assem
660 tes les assemblées et centres de culture ; B) que soit créé un Centre européen de l’enfance et de la jeunesse 1) pour coord
661 Considérant que la défense des droits de l’homme est l’axe même de nos efforts vers une Europe unie ; Considérant qu’une D
662 unie ; Considérant qu’une Déclaration des droits est insuffisante et qu’il faut lui conférer un caractère juridiquement ob
663 our suprême, comme organe de contrôle judiciaire, est indispensable à la garantie des droits ; Le Congrès de l’Europe esti
664 des droits. Message aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
665 e aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
666 ente nous exposera demain à l’unification forcée, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
667 e, soit par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
668 it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
669 . L’heure est venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
670 Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
671 vocation de l’Europe se définit clairement. Elle est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
672 est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
673 rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
674 il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
675 ’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
676 homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
677 ope joue son destin et celui de la paix du monde. Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
678 le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que soit respectée la Charte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soi
679 rte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soient représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous preno
680 al 140 000 000 200 000 000 (?) 340 000 000 ( soit 14,5 % de la population mondiale)   La fédération européenne (sans