1
de La Haye indiquent l’orientation présente. Tel
est
le progrès de ce petit ouvrage. S’il est rapide, c’est que les événem
2
nte. Tel est le progrès de ce petit ouvrage. S’il
est
rapide, c’est que les événements ont marché vite, depuis deux ans. Dè
3
uée dans une philosophie de la personne, que nous
étions
quelques-uns à construire en pleine marée totalitaire. Je la voyais à
4
isaient : — Nous voudrions bien, mais l’opinion n’
est
pas prête à nous suivre. Et les peuples disaient : — L’union ? Bien s
5
s ne se laisseront pas faire. Ce cercle vicieux n’
est
pas encore brisé. (Il ne s’en faut peut-être que d’un dernier élan.)
6
d’une pensée qui, d’autre part, dès l’origine, s’
est
voulue en puissance d’action. ⁂ À l’automne 1946, sur l’initiative d’
7
es quatre coins du continent. Le sujet des débats
était
l’Europe. Dans la conférence qu’on va lire, je m’efforçai de confront
8
et si tu veux m’aimer regarde bien d’abord qui je
suis
devenue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en es-tu ? qui vois
9
enue ! » Ensuite on se promène, on dit : « Où en
es
-tu ? qui vois-tu ? quels sont tes soucis ? » Et puis, après ce petit
10
ène, on dit : « Où en es-tu ? qui vois-tu ? quels
sont
tes soucis ? » Et puis, après ce petit tour d’horizon, on s’arrête et
11
n demande d’un autre ton : « Et maintenant, quels
sont
tes projets ? » Je ne saurais échapper ce soir à l’emprise de ce ritu
12
a guerre. Militairement, Hitler et ses séides ont
été
battus et sont morts, mais dans la lutte ils ont marqué leurs adversa
13
tairement, Hitler et ses séides ont été battus et
sont
morts, mais dans la lutte ils ont marqué leurs adversaires d’une empr
14
tal. Imaginez deux hommes qui se disputent : l’un
est
une brute, et son point de vue, c’est que la brutalité doit toujours
15
ue la brutalité doit toujours triompher ; l’autre
est
un parfait gentleman qui croit que les bonnes manières viendront à bo
16
Ainsi d’Hitler et de l’Europe démocratique. Ce ne
sont
pas seulement les ruines et les désordres matériels qui marquent le p
17
nous a réveillé ces forces parmi nous. L’Europe a
été
façonnée par le judéo-christianisme, par la notion grecque d’individu
18
truction de tous ces éléments — l’anti-Europe. Qu’
était
-il en effet pour ceux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, l
19
près tout cela — moins Hitler. Mais tout cela qui
était
chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous, resurgit aujo
20
ement sur ce trait : le fanatisme d’aujourd’hui n’
est
plus religieux, mais politique. L’idée que « la fin justifie les moye
21
ique. L’idée que « la fin justifie les moyens » n’
est
plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’hypocrisie aussi a cha
22
. L’hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuffe n’
est
plus dévot comme jadis, il n’est plus même de droite comme hier, il e
23
camp. Tartuffe n’est plus dévot comme jadis, il n’
est
plus même de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne
24
adis, il n’est plus même de droite comme hier, il
est
de gauche, ou « dans la ligne », il se range au nouveau conformisme.
25
seil de prudence. Certes, le conformisme en soi n’
est
pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est d
26
pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce qui
est
nouveau, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avant-ga
27
ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui
est
nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction
28
e voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction
serait
de l’attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles s
29
n. Cette mauvaise foi brutale en service commandé
est
un nouveau succès de l’esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’é
30
res symptômes d’un mal profond, dont l’hitlérisme
fut
la première crise ou le premier abcès de fixation, se révèlent à l’ob
31
t, mais aussi d’un espoir exigeant qui attaquait,
est
en train d’avorter sous nos yeux, et pas un résistant ne me contredir
32
es habitudes prises dans la lutte clandestine, ce
sont
les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non
33
les aliénés. Si l’on se bat en Europe demain, ce
sera
au nom de la démocratie contre le peuple, au nom du peuple contre les
34
es élites ? J’entends les hommes dont la fonction
serait
de dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’en inventer le
35
trôlés par l’État ou par le parti au pouvoir, qui
sont
la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses.
36
qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens
sont
à l’échelle des masses. Mais se faire écouter par ces moyens, c’est a
37
is se faire écouter par ces moyens, c’est aussi n’
être
plus entendu, car il s’agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spo
38
ission de la pensée, un alibi. Pour qu’une pensée
soit
efficace et douée d’une vertu agissante, il ne suffit pas que le pens
39
ne étiquette ou un insigne. Et cependant, s’il se
tient
seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi
40
de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinzip » n’
est
pas mort avec celui qui lui donna son nom. Il se cherche, il se trouv
41
aussi divers que Spengler, Valéry et Huizinga, se
soit
généralement substituée dans nos esprits à l’idée de progrès automati
42
pide élévation de deux empires extraeuropéens. Ce
sont
eux qui ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont rep
43
eux qui ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce
sont
eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès. Et nous
44
ritique. Je n’ignore pas que l’indignation morale
est
un genre littéraire, dont la rhétorique fort ancienne peut entraîner
45
traîner à l’injustice. Et qu’enfin, vis-à-vis des
êtres
que l’on aime, il arrive qu’on manque d’indulgence… Faisons la part d
46
’est que la situation de l’Europe dans le monde s’
est
modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depuis l’automne de
47
l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’
est
même totalement renversée depuis l’automne de 1939. Avant cette guerr
48
L’Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’
était
. D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de
49
randit mieux ailleurs, chez les voisins où elle s’
est
transplantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent et
50
refois religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela
fut
nôtre à l’origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créations euro
51
dis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se
sont
déployées sans frein ni contrepoids. Le capitalisme, chez nous, n’a j
52
nous, n’a jamais pu donner son plein, parce qu’il
était
sans cesse bridé et contrarié par le nationalisme, par les guerres, e
53
ue ne connaît pas. Et de même le progrès social s’
est
vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nou
54
a tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’
est
libérée. Mais, en même temps, le capitalisme et l’étatisme n’ont pas
55
s forces adverses, critiqués et remis en question
soit
au nom d’un passé encore vivant, soit au nom d’utopies plus virulente
56
en question soit au nom d’un passé encore vivant,
soit
au nom d’utopies plus virulentes. Cet état de complexité, d’intricati
57
nception européenne de l’homme. Toute la question
est
de savoir si nous saurons maintenir cet équilibre malgré l’attraction
58
é. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens
soient
unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexi
59
t de beaucoup que les Européens soient unanimes à
tenir
activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales, de s
60
u’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi, ce ne
sont
pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capit
61
lore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour
tenir
vitalement aux conceptions et aux coutumes européennes, que deux clas
62
s conservateurs par profession ou position. Telle
est
, en gros, notre situation. Une Europe démoralisée par sa victoire dou
63
, dans cette conjoncture plus que défavorable, il
est
bien légitime de s’obstiner, de parler d’une défense de l’Europe, de
64
et notre angoisse devant un héritage si compromis
sont
-elles valables et sont-elles justifiables ? Ou bien ne sont-elles rie
65
t un héritage si compromis sont-elles valables et
sont
-elles justifiables ? Ou bien ne sont-elles rien de mieux que les sent
66
valables et sont-elles justifiables ? Ou bien ne
sont
-elles rien de mieux que les sentiments égoïstes d’un vieux propriétai
67
pays des pères, mais l’Amérique, ou la Russie, ne
serait
-ce pas ce « Kinderland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux ? Ce n’est
68
erland » qu’appelait Nietzsche de ses vœux ? Ce n’
est
pas assez de donner des ancêtres à ses enfants ; ils ont besoin d’un
69
rope réduite à l’état de musée plus ou moins bien
tenu
, ou au contraire la vision d’une Europe qui aurait cédé aux tentation
70
tranger à son génie, une Europe américanisée — ce
serait
par goût — soviétisée — ce serait par contrainte — dans les deux cas
71
éricanisée — ce serait par goût — soviétisée — ce
serait
par contrainte — dans les deux cas colonisée. Un musée ou une colonie
72
es questions une réponse évidente et simple. Elle
tient
dans un très petit mot, vague et poignant : c’est le mot « âme ». L’E
73
ce de l’humain, oui, l’âme d’une civilisation qui
serait
perdue, perdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’est donc p
74
erdue pour tous et non seulement pour nous ! Ce n’
est
donc pas au nom de je ne sais quel nationalisme européen qu’il nous f
75
re voir une très solide réalité spirituelle. S’il
est
vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’est guère sentie et conçue
76
il est vrai que l’Europe, jusqu’à ce siècle, ne s’
est
guère sentie et conçue comme un tout, comme un corps organisé, c’est
77
se comparer, de s’opposer et de se définir ; elle
était
seule et reine de la planète. Mais en 1946, elle se voit affrontée à
78
y a ce signe de contradiction par excellence qui
est
la croix. Au contraire, à l’origine des deux empires nouveaux, il y a
79
et sans drame. Il s’ensuit que le héros européen
sera
l’homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience
80
le martyr. Tandis que le héros américain ou russe
sera
l’homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, c
81
ui réussit, celui qui ne souffre plus parce qu’il
est
parfaitement adapté. L’homme exemplaire, pour nous, c’est l’homme exc
82
ns : production et consommation. Tout leur effort
est
donc de les équilibrer, de les faire jouer sans à-coup ; et le produi
83
ouer sans à-coup ; et le produit de cet équilibre
sera
le bonheur inévitable, obligatoire. Pour nous, la vie résulte d’un co
84
vie résulte d’un conflit permanent, et son but n’
est
pas le bonheur, mais la conscience plus aiguë, la découverte d’un sen
85
uë, la découverte d’un sens, d’une signification,
fût
-ce dans le malheur de la passion, fût-ce dans l’échec. Ils visent à l
86
nification, fût-ce dans le malheur de la passion,
fût
-ce dans l’échec. Ils visent à l’inconscience heureuse, et nous à la c
87
même mortelles. Voilà pourquoi l’Européen typique
sera
tantôt un révolutionnaire ou un apôtre, un amant passionné ou un myst
88
un maniaque ou un inventeur. Son bien et son mal
sont
liés, inextricablement et vitalement. L’Européen connaît donc la vale
89
ble ici. En Amérique, je pense que ces rencontres
seraient
un four, ou un flop, comme ils disent. La diversité de nos points de
90
ment de la conscience. En Russie, je ne crois pas
être
injuste en affirmant que ces rencontres seraient simplement interdite
91
pas être injuste en affirmant que ces rencontres
seraient
simplement interdites, ou conduiraient leurs malheureux initiateurs s
92
rter ainsi, je dis seulement que leurs raisons ne
sont
pas celles de la culture ; que la culture suppose la libre discussion
93
ue au service d’une plus large vérité ; que telle
est
bien la vocation de l’Europe, et que l’Europe existe au plus haut poi
94
, la sécurité et le risque, les règles du jeu qui
sont
pour tous et la vocation qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car
95
gles du jeu qui sont pour tous et la vocation qui
est
pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’homme européen, en tant que tel
96
’homme européen, en tant que tel, n’accepte pas d’
être
réduit à l’un ou à l’autre de ces termes. Mais il entend les assumer
97
sions, l’effort principal de l’esprit. Européenne
sera
donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’
98
our illustrer les valeurs propres de l’Europe. Ce
sera
peut-être un bon moyen de les définir dans l’actuel. Sauver l’Europe
99
rairement à ce que pensent beaucoup de bourgeois,
sont
initiées et déclenchées par les élites, ou par quelques meneurs et ma
100
t de l’exercer. Les guerres ni les révolutions ne
sont
jamais initiées ni déclenchées par les masses, car les masses comme t
101
’est donc sur les élites qu’il importe d’agir. Ce
sont
elles que l’on peut utilement éveiller à la claire conscience des cau
102
e agonie permanente dont on vient de voir qu’elle
est
la condition de l’homme européen, la source vive de sa grandeur et de
103
ment dans le Parti, d’oppression par l’État, ce n’
est
pas du tout de prêcher ce qu’on appelle un « individualisme ». C’est,
104
ion collectiviste. Ce que je lui oppose ici, ce n’
est
nullement l’excès inverse de l’anarchie et du capitalisme libéral, ma
105
testante. Si nous nous demandons, en effet, quels
sont
les pays de l’Europe qui « marchent le mieux », nous constatons que c
106
qui « marchent le mieux », nous constatons que ce
sont
sans contredit : la fédération suisse, et les royaumes démocratiques
107
devenir, en toute liberté, les plus sociaux, ils
sont
aussi les moins touchés, les moins tentés par le collectivisme autori
108
ntes des guerres civiles, et, par suite, quel que
soit
le vainqueur, aux dictatures. Or il n’en va pas autrement sur le plan
109
érialisme tout court. Un gouvernement totalitaire
sera
toujours impérialiste, c’est une loi que je signale en passant. La vo
110
s Napoléon, la naissance des nationalismes. Telle
est
la cause de presque toutes nos guerres. J’ai dit, et je ne le répéter
111
r d’une nation la riche diversité des groupes, il
est
prêt à s’ouvrir à des unions plus vastes. Il les appelle, il les espè
112
es amorcer, par la vertu de l’exemple vécu. Telle
est
la santé de l’Europe, et telles sont ses deux maladies, contradictoir
113
e vécu. Telle est la santé de l’Europe, et telles
sont
ses deux maladies, contradictoires en apparence, mais également provo
114
vidu sans devoirs ou vers le militant sans droits
sont
les vraies causes de nos malheurs sociaux. Et notre second office est
115
s de nos malheurs sociaux. Et notre second office
est
l’invention de structures politiques du type fédéraliste, seules créa
116
lisme, c’est à elle d’inventer son antidote. Elle
est
seule en mesure de le faire à cause de ses diversités ; et de le fair
117
riptions pessimistes de l’Europe auxquelles je me
suis
livré en débutant sont exactes, il peut paraître assez étrange de par
118
l’Europe auxquelles je me suis livré en débutant
sont
exactes, il peut paraître assez étrange de parler après cela d’une vo
119
urope. Pour exercer une vocation, il faut d’abord
être
vivant, il faut survivre. Or l’Europe démoralisée, coincée entre deux
120
e des chances de vivre encore assez pour qu’il ne
soit
pas utopique d’envisager sa fonction dans le monde, son avenir et le
121
mystique au sujet de la vocation. Je crois qu’un
être
est maintenu en vie par la vie même de sa vocation, et qu’il tombe bi
122
ique au sujet de la vocation. Je crois qu’un être
est
maintenu en vie par la vie même de sa vocation, et qu’il tombe bientô
123
e sa vocation, et qu’il tombe bientôt lorsqu’elle
est
accomplie. Or, notre vocation européenne me paraît encore loin d’être
124
notre vocation européenne me paraît encore loin d’
être
accomplie… Mais cette raison irrationnelle de croire à nos chances de
125
J’en indiquerai rapidement quelques autres, et ce
sera
ma conclusion. Une raison toute physique, géographique d’abord : l’Eu
126
aphique d’abord : l’Europe, cette Grèce agrandie,
est
un continent cloisonné, et par nature diversifié, impropre donc et mê
127
t se permettre d’expérimenter. Ma deuxième raison
est
d’ordre psychologique. Malgré tout, je veux dire malgré la contagion
128
« Vous croyez, leur disais-je, que le plus grand
est
nécessairement le meilleur. Et que l’on peut impunément multiplier n’
129
es fauteuils… » Ma troisième raison d’espérer, ce
sont
les crises qu’il faut prévoir dans les deux empires du succès. Leurs
130
es deux empires du succès. Leurs plans, en effet,
sont
fondés sur une méconnaissance voulue, systématique, de la complexité
131
atique, de la complexité de l’homme total. Ils ne
sont
que des expériences, et le propre d’une expérience est de rater neuf
132
ue des expériences, et le propre d’une expérience
est
de rater neuf fois sur dix. Je pense aux crises économiques qui menac
133
. Je pense surtout à l’avenir de l’URSS. Que l’on
soit
sympathique ou non à l’expérience de dictature si brillamment conduit
134
int qu’on se demande si ce qui les gêne le plus n’
est
pas simplement l’homme, dans son humanité rebelle aux chiffres, l’hom
135
cela va compter — à la longue. Un beau jour, il n’
est
pas impossible, il est même probable, et c’est là mon espoir, que les
136
longue. Un beau jour, il n’est pas impossible, il
est
même probable, et c’est là mon espoir, que les Russes, comme les Amér
137
nomme les deux empires sans précédent — l’Europe
est
la patrie de la mémoire. Elle est même, pratiquement, la mémoire du m
138
dent — l’Europe est la patrie de la mémoire. Elle
est
même, pratiquement, la mémoire du monde, le lieu du monde où l’on con
139
verre et en ciment armé, tandis que l’Amérique en
est
encore à bâtir des églises en gothique neuf. C’est parce que l’Europ
140
lises en gothique neuf. C’est parce que l’Europe
est
la mémoire du monde qu’elle ne cessera pas d’inventer. Elle restera l
141
s de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’il
est
un avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde. Dans une
142
mais pour le monde. Dans une certaine mesure, qui
est
celle du réalisme politique, et il fallait tout de même que ce fût di
143
isme politique, et il fallait tout de même que ce
fût
dit ici, la question de l’avenir du monde se résume dans ce simple di
144
-tampon, ou un bloc opposé aux deux autres. Ce ne
serait
rien résoudre, et, au contraire, ce serait exalter le nationalisme au
145
Ce ne serait rien résoudre, et, au contraire, ce
serait
exalter le nationalisme aux dimensions continentales. Ce qu’il nous f
146
s invite à le dire avec moi : Je pense, donc j’en
suis
! Les Rencontres internationales de Genève marquèrent un premier rév
147
e désespérée. Cette époque de prise de conscience
fut
aussi celle du « double refus ». Il semblait que l’Europe ne pût se c
148
isir l’Europe Les uns nous disent que le choix
est
fatal entre l’URSS et les USA, et les autres refusent le choix, parce
149
lement à la guerre. Pour les premiers, l’Europe n’
est
plus rien par elle-même et devrait s’attacher au plus vite soit au bl
150
par elle-même et devrait s’attacher au plus vite
soit
au bloc russe soit au dollar américain. Mais les seconds proclament q
151
evrait s’attacher au plus vite soit au bloc russe
soit
au dollar américain. Mais les seconds proclament qu’ils ne choisiront
152
iront pas entre la peste et le choléra, et qu’ils
tiennent
la balance égale entre le refus du stalinisme et le refus de « l’amér
153
sme », cette fausse fenêtre pour la symétrie. Tel
est
le dialogue qui se poursuit depuis des mois : choisir ou non entre le
154
locs. Tout cela repose sur l’idée simple que nous
sommes
pris entre deux grands empires également impérialistes, également avi
155
yées par la Maison-Blanche. Autrement dit, l’URSS
est
présente dans toute l’Europe aux élections et dans les parlements, el
156
poser qu’un genre de vie, leur way of life, qui n’
est
nullement une arme de combat. Par rapport à l’Europe, les intentions
157
rt à l’Europe, les intentions des deux empires ne
sont
pas davantage comparables. On l’a bien vu lors de la Conférence des S
158
il donc chercher l’impérialisme ? Avouons qu’il n’
est
pas le même des deux côtés. Et si l’on regarde ce qui se passe en réa
159
lité à l’intérieur des deux empires, le contraste
est
encore plus frappant. En Russie, on liquide l’opposition, en Amérique
160
Russie, on liquide l’opposition, en Amérique elle
est
entièrement libre, et, mieux que cela : on en tient compte. En Russie
161
idéal qui ne change pas tous les six mois, car il
est
la morale commune, et non pas une simple tactique. Et ainsi de suite.
162
tire devant le tout un rideau de fer ; la Russie
est
un bloc dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en est pas un,
163
dans tous les sens du terme. Mais l’Amérique n’en
est
pas un, elle qui vise aux libres échanges, tolère les pires indiscrét
164
ou que d’autres déclarent noblement décliner ? Il
est
parfaitement illusoire. Car la Russie, en refusant de collaborer, en
165
ntre nous, malgré nous. Si nous n’acceptons pas d’
être
ses satellites elle nous déclare et nous croit ses ennemis, et les es
166
se de conscience qui forme le sujet de ce recueil
fut
marquée à Montreux, un an après les Rencontres internationales, par l
167
quel ils se rassemblaient. La conférence qui suit
fut
prononcée en guise d’introduction aux travaux du Congrès. On y a join
168
ner à des généralisations théoriques ; or, rien n’
est
plus contraire à l’essence même du fédéralisme que l’esprit théorique
169
ne manière indirecte, par implication, et je m’en
tiendrai
le plus possible à ses manifestations concrètes, telles que nous pouv
170
er au départ quelques définitions. Je pense qu’il
est
vain de parler des problèmes politiques si l’on ne s’est pas entendu
171
n de parler des problèmes politiques si l’on ne s’
est
pas entendu d’abord sur une certaine idée de l’homme. Car toute polit
172
le veuille ou non, qu’on le sache ou non. Quelle
est
donc la définition de l’homme sur laquelle nous pouvons tomber d’acco
173
r d’accord, ou pour mieux dire, sur laquelle nous
sommes
d’accord, tacitement, puisqu’en fait nous voici réunis pour parler du
174
voici réunis pour parler du fédéralisme ? Nous ne
serions
pas ici si nous pensions que le type d’homme le plus souhaitable est
175
pensions que le type d’homme le plus souhaitable
est
l’individu isolé, dégagé de toute responsabilité vis-à-vis de la comm
176
is-à-vis de la communauté. Car, dans ce cas, nous
serions
restés chez nous. Mais nous ne serions pas ici non plus si nous pensi
177
cas, nous serions restés chez nous. Mais nous ne
serions
pas ici non plus si nous pensions avec Hitler que l’homme n’est qu’un
178
n plus si nous pensions avec Hitler que l’homme n’
est
qu’un soldat politique, totalement absorbé par le service de la commu
179
é par le service de la communauté. Car alors nous
serions
de l’autre côté du rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous so
180
u rideau de fer, en esprit tout au moins. Si nous
sommes
ici, c’est que nous savons que l’homme est un être doublement respons
181
ous sommes ici, c’est que nous savons que l’homme
est
un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre et u
182
mes ici, c’est que nous savons que l’homme est un
être
doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre et unique, d
183
tes, nous rappelons que les conquêtes sociales ne
sont
rien si elles n’aboutissent pas à rendre chaque individu plus libre d
184
lus libre dans l’exercice de sa vocation. L’homme
est
donc à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire. Il v
185
trois types différents de régimes politiques, et
sont
en retour favorisés par eux. À l’homme considéré comme pur individu,
186
ispensable. Il ne faut pas penser que la personne
soit
un moyen terme ou un juste milieu entre l’individu sans responsabilit
187
rsonne, c’est l’homme réel, et les deux autres ne
sont
que des déviations morbides, des démissions de l’humanité complète. L
188
démissions de l’humanité complète. La personne n’
est
pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, mais elle représente la
189
ique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’
est
pas à mi-chemin entre celui qui meurt de soif et celui qui se noie. E
190
é et de centralisation oppressive. Le fédéralisme
est
sur un autre plan que ces deux erreurs complémentaires. Chacun sait q
191
le lit du collectivisme : ces deux extrêmes, eux,
sont
dans le même plan, se conditionnent et s’appellent l’un l’autre. C’es
192
ue les résistances que rencontrent les dictateurs
sont
au contraire le fait des groupes de citoyens responsables, c’est-à-di
193
tution commune. Dans cette vue, la Suisse moderne
serait
une sorte de « bon exemple » à suivre. Rien de plus banal que cette r
194
banal que cette référence à la Suisse, dès qu’il
est
question d’États-Unis d’Europe ou d’un gouvernement mondial. Rien de
195
gouvernement mondial. Rien de plus banal, si ce n’
est
les objections qui surgissent aussitôt : « Tout cela, dit-on, est bel
196
ns qui surgissent aussitôt : « Tout cela, dit-on,
est
bel et bon pour un petit pays, mais n’est pas applicable aux grands.
197
dit-on, est bel et bon pour un petit pays, mais n’
est
pas applicable aux grands. De plus, il a fallu des siècles aux Suisse
198
me rapidité avec laquelle la Constitution de 1848
fut
proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle était en
199
crite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle
était
encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctionnait si bien que
200
chelle continentale, je répondrai que l’objection
est
valable si l’on ne s’attache qu’aux détails de la mise en pratique du
201
e qu’elle illustre. Une expérience de laboratoire
est
nécessairement plus réduite de dimensions que ses applications, mais
202
omme toutes les grandes idées, l’idée fédéraliste
est
très simple, mais non pas simple à définir en quelques mots, en une f
203
r en quelques mots, en une formule. C’est qu’elle
est
d’un type organique plutôt que rationnel, et dialectique plutôt que s
204
vement intime de la pensée fédéraliste ne saurait
être
mieux comparé qu’à un rythme, à une respiration, à l’alternance perpé
205
alectique, cette bipolarité, comme on voudra, qui
est
le battement même du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier serai
206
ême du cœur de tout régime fédéraliste. L’oublier
serait
se condamner à retomber sans cesse dans un malentendu fondamental, qu
207
ent. En effet, les mots fédération et fédéralisme
sont
compris de deux manières très différentes par les Suisses alémaniques
208
au contraire, ceux qui se proclament fédéralistes
sont
en réalité les défenseurs jaloux de l’autonomie des cantons contre la
209
r veut dire simplement : s’unir. Pour les autres,
être
fédéraliste veut dire simplement : rester libre chez soi. Or les uns
210
vue de leur renforcement mutuel. Ce dernier point
est
parfaitement exprimé par la devise de la Suisse, devise paradoxale ou
211
apporter à chaque région et à chaque personne. Il
est
infiniment probable que, sur le plan européen, nous allons voir se de
212
er aux deux partis que le fédéralisme véritable n’
est
ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais bien dans leur c
213
storiens suisses, j’entends ceux d’avant 1848, on
est
frappé de constater qu’ils n’emploient jamais le terme de fédéralisme
214
ue cette idée, comme je le disais tout à l’heure,
est
à la fois simple à sentir et très délicate à formuler. Mais c’est peu
215
ionaliser les principes de leur vie politique. Il
est
incontestable, en effet, que l’idée fédéraliste n’a pas cessé d’inspi
216
mmes d’État suisses, pendant des siècles. Mais il
est
non moins certain que cette idée est demeurée informulée, et même soi
217
les. Mais il est non moins certain que cette idée
est
demeurée informulée, et même soigneusement informulée, jusqu’à ce que
218
t forcée à prendre forme et force de loi. Et ce n’
est
guère qu’au xxe siècle que nos penseurs et sociologues se sont mis à
219
au xxe siècle que nos penseurs et sociologues se
sont
mis à la commenter et à philosopher à son sujet. Jusqu’en 1848, elle
220
, elle allait sans dire, comme la vie même ; elle
était
la vie du civisme et de la pratique politique des Suisses. C’est le d
221
urer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle
est
la crise : ou se nier, ou triompher, mais sur le plan de l’Europe ent
222
peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN
fut
l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un réseau de pact
223
ncore. L’idée d’un réseau de pactes bilatéraux en
fut
un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement
224
utre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste
fut
promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefois c
225
des peuples. La guerre dont nous sortons à peine
est
venue le fouetter. Brusquement, la question se pose de fédérer l’Euro
226
parce qu’elle se pose brusquement, elle risque d’
être
mal posée. J’entends qu’elle risque de ne susciter que des plans rati
227
a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se
sont
ligués contre lui, l’ont obligé à rentrer dans le rang, et l’union fé
228
e cet acte de renoncement à l’hégémonie conquise,
est
résulté la constitution de 1848, véritable base de l’état fédératif m
229
leurs tentatives pour faire l’unité de l’Europe,
sont
des avertissements utiles. Ils nous confirment dans l’idée qu’on ne p
230
ns l’idée qu’on ne peut pas atteindre la fin, qui
est
l’union, par des moyens impérialistes. Ceux-ci ne peuvent conduire qu
231
ur les minorités, destructeurs des diversités qui
sont
la condition de toute vie organique. Rappelons-nous toujours que fédé
232
anique. Rappelons-nous toujours que fédérer, ce n’
est
pas mettre en ordre d’après un plan géométrique à partir d’un centre
233
ue mal ces réalités concrètes et hétéroclites que
sont
les nations, les régions économiques, les traditions politiques, et c
234
hesse de l’Europe et l’essence même de sa culture
seraient
perdues si l’on tentait d’unifier le continent, de tout y mélanger, e
235
server ses particularités et son autonomie, qu’il
serait
hors d’état de défendre seul contre la pression des grands empires qu
236
ême corps, elles comprendraient que leur harmonie
est
une nécessité vitale, et non pas une concession qu’on leur demande, o
237
nner de concert, chacune selon sa vocation. Ce ne
serait
pas même une question de tolérance, vertu purement négative et qui na
238
aît le plus souvent du scepticisme. Chaque nation
serait
mise au défi de donner le meilleur d’elle-même, à sa manière et selon
239
rer » le cœur. Tout ce qu’on lui demande, c’est d’
être
un vrai poumon, d’être aussi poumon que possible, et, dans cette mesu
240
qu’on lui demande, c’est d’être un vrai poumon, d’
être
aussi poumon que possible, et, dans cette mesure même, il aidera le c
241
, et, dans cette mesure même, il aidera le cœur à
être
un bon cœur. Cinquième principe. — Le fédéralisme repose sur l’amo
242
elles, psychologiques, et même économiques, telle
est
la santé du régime fédéraliste. Et ses pires ennemis sont ceux dont l
243
santé du régime fédéraliste. Et ses pires ennemis
sont
ceux dont le grand Jacob Burckhardt annonçait la venue dès 1880, dans
244
il convient de leur montrer que cette complexité
est
la condition même de nos libertés. C’est grâce à elle que nos fonctio
245
bertés. C’est grâce à elle que nos fonctionnaires
sont
constamment rappelés au concret, et que nos législateurs sont obligés
246
ment rappelés au concret, et que nos législateurs
sont
obligés de garder un contact attentif avec les réalités humaines et n
247
éalités humaines et naturelles du pays. La Suisse
est
formée d’une multitude de groupes et d’organismes politiques, adminis
248
qui se recoupent de cent manières différentes. Il
est
clair que des lois ou des institutions conçues dans un esprit unitair
249
sonne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il
est
plus facile de décréter sur table rase, de simplifier les réalités d’
250
hit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’
est
rien d’autre que la politique tout court, la politique par excellence
251
es citoyens. Tandis que les méthodes totalitaires
sont
antipolitiques par définition, puisqu’elles consistent simplement à s
252
est une parenté culturelle qui s’affirme. Ici, ce
sont
deux églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, e
253
s qui forment une union douanière. Et surtout, ce
sont
des personnes qui créent peu à peu des réseaux variés d’échanges euro
254
variés d’échanges européens. Rien de tout cela n’
est
inutile. Et tout cela, qui paraît si dispersé, si peu efficace souven
255
-dessous et au-dessus des gouvernements, l’Europe
est
beaucoup plus près de s’organiser qu’il ne le semble. Elle est déjà b
256
plus près de s’organiser qu’il ne le semble. Elle
est
déjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne le croit. C’est sur l
257
et les rivalités éclatent, et là seulement elles
sont
irréductibles. Je ne pense pas que les gouvernements puissent jamais
258
is réaliser une union viable. Leurs dirigeants ne
sont
pas qualifiés pour arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il ser
259
ur arbitrer le jeu des nations. Chacun sait qu’il
serait
déraisonnable de choisir comme arbitres d’un match les capitaines des
260
nt bien ce qu’avait tenté de faire la SDN, qui en
est
morte, et ce que tente à nouveau l’ONU, que cela empêche de vivre. La
261
ela empêche de vivre. La fédération européenne ne
sera
pas l’œuvre des gouvernants chargés de défendre les intérêts de leur
262
ur nation contre le reste du monde. La fédération
sera
l’œuvre de groupes et de personnes qui prendront l’initiative de se f
263
érer en dehors des gouvernements nationaux. Et ce
sont
ces groupes et ces personnes qui formeront le gouvernement de l’Europ
264
s d’autre voie possible et praticable. Les USA ne
sont
pas dirigés par une assemblée des gouverneurs des quarante-huit États
265
uisse par les délégués des vingt-deux cantons. Ce
serait
impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées, au-dessus de leur
266
ons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations
sont
gouvernées, au-dessus de leurs États, et en dehors d’eux, par un exéc
267
our où les peuples d’Europe auront compris qu’ils
sont
en réalité beaucoup plus solidaires et plus unis que leurs gouverneme
268
unis que leurs gouvernements ne pourront jamais l’
être
, ils s’apercevront que la fédération est non seulement possible, mais
269
amais l’être, ils s’apercevront que la fédération
est
non seulement possible, mais facile à réaliser, et rapidement, comme
270
, mais facile à réaliser, et rapidement, comme le
fut
celle des cantons suisses en 1848. La nécessité en est évidente, la m
271
elle des cantons suisses en 1848. La nécessité en
est
évidente, la maturation historique en est fort avancée, les structure
272
sité en est évidente, la maturation historique en
est
fort avancée, les structures en sont déjà esquissées. Il n’y manque p
273
historique en est fort avancée, les structures en
sont
déjà esquissées. Il n’y manque plus qu’une charte fédérale, des organ
274
a main aux gouvernements. Souhaitons que cet élan
soit
spontané et non pas provoqué avant terme par une nouvelle menace exté
275
itiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne
sont
pas la gauche et la droite, devenues presque indiscernables dans leur
276
e indiscernables dans leurs manifestations. Ce ne
sont
pas le socialisme et le capitalisme, l’un tendant à se faire national
277
nt à se faire national et l’autre étatique. Ce ne
sont
pas la Tradition et le Progrès, qui prétendent également défendre la
278
rétendent également défendre la liberté. Et ce ne
sont
pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il est aussi impossible d’o
279
sont pas non plus la Justice et la Liberté, qu’il
est
aussi impossible d’opposer en réalité qu’en principe. Aujourd’hui — r
280
espérance. Cette antithèse domine le siècle. Elle
est
son véritable drame. Toutes les autres pâlissent devant elle, sont se
281
e drame. Toutes les autres pâlissent devant elle,
sont
secondaires ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui sont subo
282
s ou illusoires, ou dans le meilleur des cas, lui
sont
subordonnées. Les principes du fédéralisme, tels que je viens de les
283
taires. Tous les systèmes totalitaires, en effet,
sont
fondés sur l’hégémonie d’un parti ou d’une nation, sur l’esprit de sy
284
itique, et finalement militaire. Le totalitarisme
est
simple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est
285
e, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme
est
complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Et parce qu’il est s
286
uple, comme la paix, comme la vie. Et parce qu’il
est
simple et rigide, le totalitarisme est une tentation permanente pour
287
arce qu’il est simple et rigide, le totalitarisme
est
une tentation permanente pour notre fatigue, notre inquiétude, nos do
288
de démission spirituelle. L’esprit totalitaire n’
est
pas dangereux seulement parce qu’il triomphe aujourd’hui dans une diz
289
istes — fédéralistes comme on respire — la partie
sera
déjà plus qu’à moitié gagnée. Messieurs les délégués, si l’Europe doi
290
nts ont un penchant marqué à persévérer dans leur
être
, et même à lui survivre aussi longtemps que possible avec l’appui de
291
emps que possible avec l’appui de la police. Or l’
être
des gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolu
292
uveraineté absolue. Tous les États-nations qui se
sont
arrogé ces droits absolus sans devoirs, ont un penchant irrésistible
293
hant irrésistible à devenir totalitaires. Et ce n’
est
point que leurs hommes d’État soient particulièrement bêtes ou méchan
294
taires. Et ce n’est point que leurs hommes d’État
soient
particulièrement bêtes ou méchants, mais leur fonction leur interdit
295
rivalités des partis, ils courraient le risque d’
être
accusés de trahison s’ils transigeaient un seul instant avec le dogme
296
que la plupart d’entre eux désirent, ne peut pas
être
leur affaire, pour des raisons absurdes mais techniques. Il faut donc
297
. Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui
est
clair, pour qu’ils acceptent un jour de renoncer non pas à la souvera
298
déclarons responsables, par le seul fait que nous
sommes
ici pour fédérer tous les fédéralistes, dans la conviction sobre et f
299
ats les moins verbeux et les plus réalistes qu’il
soit
permis d’imaginer de nos jours, et ils portaient sur la question qui
300
e nos jours, et ils portaient sur la question qui
est
sans nul doute la plus urgente de l’heure. Je le dis à ces personnes,
301
référait la guerre à la fédération (puisque telle
est
l’alternative), mais toutes étaient victimes d’une manière de penser
302
on (puisque telle est l’alternative), mais toutes
étaient
victimes d’une manière de penser bien plus tenace qu’une opinion : j’
303
de promesses en l’air, dont chacun sait qu’elles
sont
purement tactiques, mensongères, et vouées à l’oubli ; l’irréalité mê
304
e notre étourderie.) De même, l’adjectif utopiste
est
exclusivement réservé à ceux qui luttent pour la paix et l’union. On
305
douanière, de trêve politique, ou de fédération,
sera
toujours qualifié de prématuré. Mais pour peu qu’il s’agisse de réarm
306
tions ou entre partis, le temps presse, le moment
est
venu, peut-être même est-il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence
307
temps presse, le moment est venu, peut-être même
est
-il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence est telle que discuter se
308
e est-il trop tard ! Dans tous les cas, l’urgence
est
telle que discuter serait faire le jeu de l’ennemi, et que demander à
309
ns tous les cas, l’urgence est telle que discuter
serait
faire le jeu de l’ennemi, et que demander à voir serait trahir… Ces h
310
faire le jeu de l’ennemi, et que demander à voir
serait
trahir… Ces habitudes ou manies de langage sont le fait de trois ment
311
serait trahir… Ces habitudes ou manies de langage
sont
le fait de trois mentalités, de trois espèces de gens fort différente
312
la prospérité, mais qui ont beaucoup plus peur d’
être
dupes d’un projet difficile à réaliser, qu’envie de travailler à son
313
réaliser, qu’envie de travailler à son succès. Ce
sont
les déprimés, les anxieux, les déçus, ceux qui se moquent de l’amour
314
nt leurs théories, déjoueraient leur tactique. Ce
furent
avant la guerre les maurrassiens, créateurs des clichés que j’examine
315
siens, créateurs des clichés que j’examine, et ce
sont
aujourd’hui les saboteurs de la fédération européenne, staliniens et
316
ous ceux qui ne réfléchissent à rien, craignent d’
être
obligés de réfléchir, et trouvent commode de répéter les slogans iron
317
dénoncer les malfaiteurs conscients ou non. Ce ne
serait
pas le moyen de les faire changer de conduite. Mais il peut être util
318
en de les faire changer de conduite. Mais il peut
être
utile d’attirer l’attention sur des tics de langage qu’on croit inoff
319
préparent une guerre comme si une victoire réelle
était
encore possible, étant donné nos moyens de destruction. Qu’on nomme p
320
mme si une victoire réelle était encore possible,
étant
donné nos moyens de destruction. Qu’on nomme parlotes les meetings de
321
en, tous les plans basés sur l’idée que la guerre
est
prochaine ou fatale. Et qu’on traite d’assembleurs de nuées ceux qui
322
son bilan de misères, qu’à voir la place qu’elle
tient
encore ou ne tient déjà plus dans le monde actuel. Et je propose quel
323
es, qu’à voir la place qu’elle tient encore ou ne
tient
déjà plus dans le monde actuel. Et je propose quelques observations t
324
dégage. Quelques faits La fédération de l’Europe
est
inscrite dans les faits les plus neufs de ce siècle, les uns techniqu
325
pas d’un coup d’œil, c’est que « l’homme moderne
est
démodé » comme l’a dit un Américain : sa conscience est en retard sur
326
modé » comme l’a dit un Américain : sa conscience
est
en retard sur le milieu nouveau, sur les périls certains et les bienf
327
adre des nations, quand le jeu des forces réelles
est
international et opère à l’échelle des continents. Il pense encore en
328
nt des points immobiles, quand la mesure pratique
est
l’heure de vol. Il médite sur la carte des frontières, dont les résea
329
temps qu’elles les rendent plus étroits. L’Europe
est
plus petite que nous ne pensions, le monde plus grand. Nos descendant
330
léry ait pu nous étonner en notant que l’Europe n’
est
qu’un cap de l’Asie. À ces faits matériels vient s’ajouter le grand f
331
nous pousse à l’union. Notre vocation Deux mondes
sont
en présence, que nous n’approuvons pas, pour des raisons d’ailleurs t
332
, pour des raisons d’ailleurs très inégales. L’un
est
collectiviste, l’autre individualiste. Dans notre immense majorité, n
333
s nous méfions du second. Notre idée de l’homme n’
est
pas celle du Kremlin, ni celle du businessman américain. Nous ne voul
334
u’un quart du corps électoral dans les pays où il
est
le plus fort, et qui ne peut faire notre unité que sur nos ruines, pa
335
mps. Vis-à-vis de l’Amérique, notre attitude doit
être
, évidemment, bien différente. Nous avons besoin d’elle matériellement
336
le stade de l’individualisme économique. Son rôle
est
d’inventer un régime neuf, plus souple et plus humain que la dictatur
337
ous pour un. Voilà la vocation de l’Europe. Or il
est
clair qu’aucune de nos nations n’est en mesure de la réaliser pour so
338
urope. Or il est clair qu’aucune de nos nations n’
est
en mesure de la réaliser pour son seul compte et sans échanges. Aucun
339
r pour son seul compte et sans échanges. Aucune n’
est
assez riche et assez forte pour réussir sans ses voisins, ou pour rés
340
ressions impériales. Et l’idée de coopération qui
serait
au cœur de ce régime social, et qui inspire partout sa recherche, ne
341
tion Il semble à première vue qu’un tel programme
soit
si clairement inscrit dans les données du siècle, et si lisible aux m
342
sième refus, celui de l’Europe, jusqu’à ce qu’ils
soient
dûment colonisés ! » Personne n’ose dire cela, ou comme cela. Mais ce
343
sme, défaitisme, et stalinisme. Le nationalisme n’
est
, en fait, qu’une crispation de névrose féodale, un complexe de repli
344
consiste à déclarer que la guerre des deux blocs
est
fatale : inutile de rien faire en l’attendant, et surtout pas quelque
345
n le stalinisme a décrété que l’union de l’Europe
est
antirusse, ce qui est la manière stalinienne de dire que la Russie ne
346
été que l’union de l’Europe est antirusse, ce qui
est
la manière stalinienne de dire que la Russie ne veut pas la paix de l
347
e. Un grand but commun Le refus sur deux fronts n’
est
pas une politique. Quand il est autre chose que l’effet naturel d’une
348
sur deux fronts n’est pas une politique. Quand il
est
autre chose que l’effet naturel d’une grande affirmation centrale, il
349
t naturel d’une grande affirmation centrale, il n’
est
même pas un vrai refus : il ne peut mener qu’à accepter par force ce
350
mbattu dans la faiblesse, au nom de rien. Mais où
est
la grande affirmation centrale, le grand but de cette drôle de paix ?
351
êmes déclenchée. Et nous savons pourtant que nous
sommes
plus libres qu’eux, et plus sages que les Américains. Mais nous resto
352
rtés : le but, l’essence de la pensée fédéraliste
étant
précisément de trouver les moyens d’articuler, d’arranger sans les tu
353
miques) dans un corps, non dans un carcan. Ce qui
est
la politique par excellence, n’en déplaise aux sectaires de tous bord
354
en déplaise aux sectaires de tous bords. L’heure
est
venue d’appeler pour ce nouveau destin tous les peuples du continent,
355
III Le congrès de Montreux n’
était
pas terminé que l’idée naissait, chez les fédéralistes, d’en élargir
356
plans de travail pour La Haye2. Trois commissions
furent
constituées (politique, économique, culturelle) ainsi que des comités
357
éparatoires. L’aventure du xxe siècle Je ne
suis
pas ici, ce soir, pour vous parler d’une utopie, mais au contraire po
358
contraire pour vous parler d’une aventure où nous
sommes
, dès maintenant, bel et bien engagés : la fédération de l’Europe. Il
359
La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles
sont
en réalité moins riches d’avenir que le présent. Je dirai même, sans
360
Toynbee, fait observer que les utopies classiques
sont
, en réalité, et je le cite : « des programmes d’action déguisés en de
361
imaginaires ». Mais l’action qu’elles proposent n’
est
rien d’autre que l’arrêt artificiel, à un certain niveau, d’une socié
362
ère comme bons, et l’on en compose un système qui
serait
en équilibre permanent, à l’abri des menaces grossières comme des cré
363
pe », définit aujourd’hui l’utopie. Telle qu’elle
est
, pessimiste et divisée, encombrée de frontières qui l’empêchent de re
364
enacée à chaque instant d’une sorte d’hémiplégie,
soit
que la gauche réussisse à paralyser la droite, ou l’inverse, l’Europe
365
sse à paralyser la droite, ou l’inverse, l’Europe
est
pratiquement indéfendable. Je m’explique. Tenter d’unir en une allian
366
alliance défensive nos États-nations tels qu’ils
sont
, tenter de coaliser leurs souverainetés pour lutter contre les empire
367
souverainetés pour lutter contre les empires, ce
serait
vouloir coaliser précisément les facteurs principaux de notre décaden
368
ransformer l’Europe conformément à son génie, qui
est
celui de la liberté, et dans les conditions du xxe siècle, qui sont
369
berté, et dans les conditions du xxe siècle, qui
sont
celles de l’organisation ; rappeler à cette Europe qui se sent diminu
370
d témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous
sommes
engagés, c’est l’aventure du xxe siècle, et c’est la vocation de cet
371
vocation de cette génération. ⁂ Vous n’avez pas
été
sans remarquer que depuis quelques semaines, ou quelques mois, l’idée
372
ains d’entre vous, j’imagine, pensent que l’union
est
en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent
373
en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste
est
par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que nos
374
de décrire, et que le sort de l’aventure réelle n’
est
pas ailleurs que dans nos mains. Je disais à Montreux, en septembre d
375
e la plupart d’entre eux désirent, ne peuvent pas
être
leur affaire, pour des raisons absurdes, mais techniques. Il faut don
376
. Il faut donc les pousser dans le dos, voilà qui
est
clair. » Quelques mois plus tard, parlant au nom des gouvernants, et
377
ns un discours fameux : « Bousculez-nous ! » Nous
sommes
d’accord. La parole est maintenant aux peuples, à l’opinion qui se ré
378
ousculez-nous ! » Nous sommes d’accord. La parole
est
maintenant aux peuples, à l’opinion qui se réveille, aux citoyens du
379
r ces libertés organisées, certaines institutions
seront
nécessaires. Nous voulons, au-dessus des États, de toute urgence, un
380
olitique de l’Europe. Nous voulons que ce Conseil
soit
contrôlé par un Parlement de l’Europe. Nous voulons qu’un Conseil éco
381
ats, nous voulons instituer une Cour suprême, qui
soit
la gardienne de la Charte des droits et des devoirs de la personne, e
382
es citoyens, les groupes, et les minorités. Ainsi
sera
garanti le droit d’opposition, faute duquel il est dérisoire de parle
383
ra garanti le droit d’opposition, faute duquel il
est
dérisoire de parler de démocratie. Finalement, nous voulons l’Europe,
384
monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’
est
plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou de périr en elle. Sép
385
isolé, aucun de nos pays n’empêchera rien : nous
serons
colonisés l’un après l’autre en toute souveraineté nationale, et vous
386
s baisseront le ton, et l’on pourra parler. Telle
est
la vision directrice de l’aventure que nous courons. Et il est clair
387
directrice de l’aventure que nous courons. Et il
est
clair que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abo
388
que nous courons. Et il est clair que son enjeu n’
est
pas d’abord notre sécurité, n’est pas d’abord notre prospérité, bien
389
que son enjeu n’est pas d’abord notre sécurité, n’
est
pas d’abord notre prospérité, bien que l’une et l’autre en dépendent,
390
ien que l’une et l’autre en dépendent, mais qu’il
est
avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’homme au xxe siècl
391
ême, c’est-à-dire à une institution dont la fin n’
est
pas la puissance, ni le maintien par la police d’une certaine idéolog
392
ques qu’on peut entretenir à leur sujet. Quel que
soit
le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
393
ir à leur sujet. Quel que soit le parti dont nous
sommes
membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons tous que les m
394
le parti dont nous sommes membres, et quelle que
soit
notre patrie, nous sentons tous que les menaces qui pèsent aujourd’hu
395
des siècles le nom d’Europe. En les perdant, nous
serions
assurés de perdre du même coup ce qui fait à nos yeux la valeur et le
396
a valeur et le sens de la vie. Le monde entier en
serait
appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la liberté qui est
397
t donc une notion de l’homme et de la liberté qui
est
en définitive notre vrai bien commun. C’est en elle que nous possédon
398
de l’Europe. On me dira que ces motifs immédiats
sont
d’ordre économique et politique, que cela seul compte, et que l’homme
399
politique du continent, je répondrai dans ce cas,
soyez
sérieux, devenez une colonie américaine, ou bien demandez aux Russes
400
Varsovie. Vous aurez la guerre par surcroît, vous
serez
sauvés des abstractions… Mais si des résistances se manifestent, croy
401
ent, croyez-m’en, elles prouveront que l’Européen
tient
, plus qu’à l’ordre, et plus qu’à la richesse, et plus qu’au pain qu’i
402
si l’Europe, petit cap de l’Asie comme on sait, a
été
tout de même pendant plus de deux-mille ans, la plus grande source d’
403
ions, auxquelles on voudrait la réduire. L’Europe
est
une culture, ou elle n’est pas grand-chose. J’emploie ici le mot cult
404
t la réduire. L’Europe est une culture, ou elle n’
est
pas grand-chose. J’emploie ici le mot culture au sens le plus large e
405
que les choses et ce que la vie veulent dire. Il
est
typique de l’Europe d’aujourd’hui que la culture y soit encore un but
406
ypique de l’Europe d’aujourd’hui que la culture y
soit
encore un but, une fin en soi et non pas un moyen. Ailleurs, comme vo
407
pas un moyen. Ailleurs, comme vous le savez, elle
est
mise au service du développement de l’industrie, et de certaines visé
408
’industrie, et de certaines visées politiques. Ce
sont
les chefs du parti au pouvoir, les dirigeants du Plan économique, qui
409
à la définition de l’Europe. En second lieu, il n’
est
pas moins typique de l’Europe, que son unité culturelle ou, pour mieu
410
conception de l’homme et de sa liberté n’a jamais
été
, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
411
tion ou d’une caste choisie, mais au contraire ce
fut
toujours, et ce sera, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialog
412
choisie, mais au contraire ce fut toujours, et ce
sera
, tant qu’il y aura l’Europe, l’effet d’un dialogue permanent, bien so
413
ler l’idée européenne de l’homme. Cette idée-là n’
est
donc pas simple, mais dialectique ; elle n’est pas achevée, mais ouve
414
n’est donc pas simple, mais dialectique ; elle n’
est
pas achevée, mais ouverte ; elle est à chaque instant la résultante d
415
que ; elle n’est pas achevée, mais ouverte ; elle
est
à chaque instant la résultante de couples d’éléments antagonistes, do
416
s les combinaisons, variées à l’infini, qu’il lui
est
possible d’opérer entre les éléments contradictoires constituant son
417
choix permanent, dans la conscience qu’il a d’en
être
responsable, l’Européen conçoit la liberté. Toute notre histoire illu
418
re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle
est
l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
419
rdre et de l’ordre absolu. Les lois de ce progrès
sont
assez simples. Pour peu que l’individu, abusant de ses droits et de s
420
vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours
été
l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
421
chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme,
est
celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
422
mais de fait ou de droit, antagonistes. Cet homme
est
fidèle à lui-même quand il accepte le dialogue, assume le drame, et l
423
entation de supprimer l’un des termes du conflit,
soit
qu’il essaie d’enfermer dans sa particularité, nation, parti, ou idéo
424
s sa particularité, nation, parti, ou idéologie ;
soit
qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme donc tyranniqu
425
rogrès immédiat vers la fédération européenne. Ce
sont
, pour parler très clairement : l’opposition de la Russie soviétique ;
426
sant d’un Allemand, qui la destinait aux Anglais.
Est
-ce à dire que nous ferons l’Europe contre les Russes ? C’est malheure
427
ent un instant que l’un des buts de la fédération
soit
de faire la guerre à la Russie. Mais le croient-ils ? Il y a un an, e
428
que, je parlais de ces choses avec un homme qu’il
serait
difficile de soupçonner d’anticommunisme hystérique : Albert Einstein
429
e pourra les persuader que nos intentions ne leur
sont
pas hostiles. Le seul moyen de sortir de cette impasse, c’est d’organ
430
monde sans eux, et vous verrez que, sans eux, ce
sera
facile. Et cela fait, comme ils ne sont pas fous, ils comprendront qu
431
s eux, ce sera facile. Et cela fait, comme ils ne
sont
pas fous, ils comprendront que leur intérêt ne consiste plus à rester
432
intérêt ne consiste plus à rester à l’écart. » Je
serais
tenté de partager cet optimisme, mais il est à longue échéance. Pour
433
e serais tenté de partager cet optimisme, mais il
est
à longue échéance. Pour l’instant, si l’on regarde les faits, la situ
434
’instant, si l’on regarde les faits, la situation
est
la suivante : pendant que les Soviets nous accusent de préparer un bl
435
qui, à leur tour, font beaucoup plus peur que des
êtres
en chair et en os. C’est pourquoi la seule cure possible de la grande
436
édération occidentale. Car la question sérieuse n’
est
pas pour nous de réfuter l’accusation de bellicisme, mais d’empêcher
437
propos de l’Angleterre et de l’Amérique : « Nous
sommes
séparés par un langage commun. » Et la question n’est pas non plus d’
438
séparés par un langage commun. » Et la question n’
est
pas non plus d’affirmer que nous sommes démocrates, mais d’établir, e
439
a question n’est pas non plus d’affirmer que nous
sommes
démocrates, mais d’établir, en fait, certaines institutions qui garan
440
s ont la dent dure ! Laissons-leur le mot s’ils y
tiennent
. Tant qu’ils nous laissent la chose, nous serons contents. Il n’en re
441
iennent. Tant qu’ils nous laissent la chose, nous
serons
contents. Il n’en reste pas moins que l’opposition des Russes ne se r
442
urope sans eux ? Réponse : l’absence de ceux de l’
Est
nous force à faire l’Europe beaucoup plus vite, et beaucoup plus réso
443
plus vite, et beaucoup plus résolument que s’ils
étaient
là. Tout d’abord il convient d’observer que les satellites de la Russ
444
pas choisi de quitter notre camp. Ces peuples ne
sont
pas plus soviétiques que nous. Ils le sont moins, si l’on s’en tient
445
les ne sont pas plus soviétiques que nous. Ils le
sont
moins, si l’on s’en tient au pourcentage de leurs électeurs communist
446
étiques que nous. Ils le sont moins, si l’on s’en
tient
au pourcentage de leurs électeurs communistes. Là encore, l’adjectif
447
« populaire » dont on a décoré leurs républiques
est
une captieuse figure de langage. Entendons bien que ces régimes sont
448
figure de langage. Entendons bien que ces régimes
sont
populaires comme les lois juives de Vichy étaient juives, comme les b
449
es sont populaires comme les lois juives de Vichy
étaient
juives, comme les bagnes d’enfants sont enfantins. « Populaires », ou
450
Vichy étaient juives, comme les bagnes d’enfants
sont
enfantins. « Populaires », oui, pour ceux qui appellent un chat l’abs
451
pouvaient la trouver, jusqu’ici, ailleurs qu’à l’
Est
. À l’Ouest, qu’avions-nous à offrir ? Nos divisions ; nos expériences
452
venture… J’affirme donc que faire l’Europe sans l’
Est
, loin d’être une solution de résignation, c’est le seul moyen que nou
453
ffirme donc que faire l’Europe sans l’Est, loin d’
être
une solution de résignation, c’est le seul moyen que nous ayons, aujo
454
oirs. Pour eux, au moins autant que pour nous, il
est
vital que le congrès de La Haye allume un phare visible au loin. Vous
455
es vrais obstacles à la fédération de l’Europe ne
sont
pas d’abord à l’Est, mais d’abord parmi nous. Tout nous ramène à nos
456
la fédération de l’Europe ne sont pas d’abord à l’
Est
, mais d’abord parmi nous. Tout nous ramène à nos problèmes internes.
457
cas des nations comme dans le cas des partis, il
est
urgent que nous apprenions à distinguer entre diversité et division ;
458
ons à distinguer entre diversité et division ; il
est
urgent que nous apprenions à voir et à sentir que l’opposition vérita
459
s à voir et à sentir que l’opposition véritable n’
est
pas entre l’union et la diversité, bien au contraire ; mais que nos d
460
e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle
est
devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
461
il les livrera fatalement à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
462
e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union fédéral
463
la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’
est
qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. C
464
droit exclusif dans l’organisation du continent n’
est
pas moins dangereuse, n’est pas moins utopique, que ne serait l’impér
465
sation du continent n’est pas moins dangereuse, n’
est
pas moins utopique, que ne serait l’impérialisme d’une seule nation.
466
oins dangereuse, n’est pas moins utopique, que ne
serait
l’impérialisme d’une seule nation. Il est bien clair que ni la droite
467
e ne serait l’impérialisme d’une seule nation. Il
est
bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
468
oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne
sont
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est capable, à lui s
469
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’
est
capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre aven
470
itique, qui leur interdirait d’y prendre part. Je
suis
heureux de pouvoir vous dire qu’il n’en est rien, que les travaillist
471
. Je suis heureux de pouvoir vous dire qu’il n’en
est
rien, que les travaillistes viendront. Certes, le congrès des partis
472
ront. Certes, le congrès des partis socialistes s’
est
prononcé à Londres, dernièrement, contre la participation « officiell
473
mbres aux états généraux de La Haye. Mais le fait
est
que les organisateurs de La Haye n’ont jamais demandé, à aucun parti,
474
ucun parti, une délégation officielle. Et le fait
est
que malgré le refus des socialistes de donner ce que personne ne leur
475
faire aujourd’hui à nous tous seuls. » Voilà qui
est
clair. Mais il faut ajouter ceci : ce n’est pas sur un compromis que
476
à qui est clair. Mais il faut ajouter ceci : ce n’
est
pas sur un compromis que les partis doivent s’unir pour faire l’Europ
477
e l’Europe. Un socialiste qui, en tant que tel, n’
est
pas pour la fédération, peut être un homme sincère et respectable, ma
478
tant que tel, n’est pas pour la fédération, peut
être
un homme sincère et respectable, mais il serait difficile de le consi
479
eut être un homme sincère et respectable, mais il
serait
difficile de le considérer comme particulièrement logique et réaliste
480
comme particulièrement logique et réaliste. Qu’en
est
-il des conservateurs ? Conserver ce qui mérite de l’être dans toutes
481
des conservateurs ? Conserver ce qui mérite de l’
être
dans toutes nos traditions européennes suppose, implique, commande l’
482
nom de conservateur. Et quant aux libéraux, s’il
est
certain qu’ils ne représentent plus en Europe un parti politique impo
483
n’en reste pas moins que leur ambition maîtresse
est
en réalité celle de l’immense majorité des citoyens européens, s’il e
484
e l’immense majorité des citoyens européens, s’il
est
vrai que le mot libéral veut dire ami de la liberté, non pas seulemen
485
eulement du laisser-faire, et qu’à ce titre, j’en
suis
bien certain, il retrouvera demain tout son prestige. Les trois motif
486
lus de se livrer à leur distraction favorite, qui
est
de se battre entre eux au moins autant qu’en faveur de leur idéal. Ce
487
u moins autant qu’en faveur de leur idéal. Ce qui
est
bien clair, c’est que s’ils échouent à fonder la fédération, ils perd
488
ront fatalement, demain, l’un des droits qui leur
est
le plus cher : la liberté de se disputer, le droit de querelle… ⁂ Mes
489
succès. Nous avons développé des virus dont nous
sommes
seuls à pouvoir fabriquer les antitoxines efficaces. Entre un libéral
490
r plus tard sur des terres vierges où leurs excès
sont
manifestes et menaçants, car leur conflit se déclare sans issue, l’Eu
491
ération européenne. Il se passe quelque chose à l’
Est
. Il est temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps d
492
européenne. Il se passe quelque chose à l’Est. Il
est
temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il est temps de réveil
493
temps qu’il se passe quelque chose en Europe ! Il
est
temps de réveiller l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il est
494
er l’espoir d’une moitié séparée du continent. Il
est
temps de donner aussi à nos amis américains la certitude que nous ne
495
si à nos amis américains la certitude que nous ne
sommes
pas ce qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes :
496
ils ont parfois presque raison de croire que nous
sommes
: des démissionnaires de l’Histoire. La véritable troisième force, au
497
véritable troisième force, au plan mondial, ce n’
est
pas je ne sais quel groupement de doubles négations et de demi-mesure
498
le fédéralisme, qui veut que la Terre promise ne
soit
pour nous ni l’Amérique ni la Russie, mais cette vieille terre à raje
499
es plis d’un lourd rideau de velours pourpre. Qui
sont
ces gens autour de moi, dont les visages s’illuminent dans le faiscea
500
t dans le faisceau des projecteurs de cinéma ? Je
suis
assis derrière deux rangs de dos et de nuques fascinantes qui dépasse
501
n noir qui porte une longue chaîne en sautoir… Où
suis
-je ? À quelle époque ? Dans un rêve ? Que se passe-t-il ? Quelqu’un p
502
nous, dans cette grande Salle des chevaliers, qui
est
celle d’un très vieux Parlement, mille personnes, mille Européens. Je
503
u chapelier fou d’Alice in Wonderland (ce ne peut
être
que Bertrand Russell), le crâne poli de Prieto, les boucles blanches
504
ec eux-mêmes, c’est le lieu où aucune certitude n’
est
acceptée comme vérité si elle n’est continuellement découverte. D’aut
505
e certitude n’est acceptée comme vérité si elle n’
est
continuellement découverte. D’autres continents se vantent de leur ef
506
use, magnifique et tragique — et, par là, digne d’
être
vécue. » (C’est mon ami Brugmans, travailliste hollandais, qui parle
507
je me dis qu’en effet, malgré tout, notre congrès
est
doublement non conformiste, puisqu’il a su rallier pour une œuvre com
508
taliennes.) Ou bien le mariage de l’Ouest et de l’
Est
? Non, pas cela : les quelque trente Roumains, Polonais, Tchèques, Ho
509
chèques, Hongrois et Yougoslaves ici présents, ne
sont
encore, hélas, que des « observateurs ». Attendons : le Congrès comme
510
paix de ma campagne franco-suisse. (La frontière
est
à douze cents mètres. À chaque passage, je renouvelle in petto l’enga
511
grès. (La presse y fait peu d’allusions.) Et ce n’
était
pas un accident, puisqu’au cours de la même séance inaugurale, M. Pau
512
. Paul Ramadier ayant cru devoir dire : « Nous ne
sommes
pas ici pour faire une révolution fédéraliste ! » — un froid silence
513
une révolution fédéraliste ! » — un froid silence
fut
seul à lui répondre. Après cela, l’on fut moins surpris de voir quelq
514
silence fut seul à lui répondre. Après cela, l’on
fut
moins surpris de voir quelques-unes des thèses fédéralistes acceptées
515
rs que la majorité des délégués, pris un à un, se
fussent
sans doute avoués fort étrangers à la doctrine qui les dictait. Ces v
516
ffensive : la position fédéraliste, qui se trouve
être
en fait « non-conformiste », dans l’état présent de l’Europe. Certes,
517
peur les pousse, quelle grande calamité publique
est
annoncée… Gardons-nous cependant de confondre les ordres. Si le fédér
518
t de confondre les ordres. Si le fédéralisme veut
être
une politique, non pas une secte ou une théologie (quoiqu’il ait, dan
519
avec ceux qui l’acceptent pour des raisons qui ne
sont
pas les siennes. Dans l’ordre de la politique, c’est le compromis dif
520
vrai succès. La victoire totale d’une doctrine —
fût
-elle la bonne, ou disons : la meilleure — ou bien reste sans lendemai
521
, ou bien prépare un lendemain totalitaire. Quels
seront
les lendemains de La Haye ? Quels résultats tangibles avons-nous obte
522
tait son seul moyen d’action. Pour autant qu’il y
soit
parvenu, il établit l’union européenne sur des bases qui manquent à l
523
sociaux et l’enthousiasme des individus. Si nous
sommes
en démocratie, c’est cela qui compte, et le reste suivra. 2. Le Congr
524
ois risquée — ait couronné ces débats passionnés,
est
un résultat décisif. Il se peut que la bataille la plus dure pour l’u
525
bataille la plus dure pour l’unité européenne ait
été
gagnée à La Haye, même si les conclusions les plus spectaculaires n’e
526
conclusions les plus spectaculaires n’en doivent
être
tirées que plus tard et ailleurs. ⁂ La presse continentale dans son e
527
a tendance « unioniste » dominait largement. Elle
tenait
la plupart des postes de commande. Que voulait-elle ? Il est bien dif
528
art des postes de commande. Que voulait-elle ? Il
est
bien difficile de le dire clairement sans la trahir. Elle voulait — s
529
que quoi ? C’était trop dire, ou pas assez. Ce n’
était
pas une base de travail ou d’accord. Qui donc oserait se déclarer con
530
ormulées dans le rapport du congrès de Montreux —
furent
acceptées à l’unanimité. Quant à l’action de la tendance unioniste, e
531
om ou l’étiquette avec obstination, mais qui n’en
est
pas moins le programme fédéraliste. Les grandes institutions que prop
532
s grandes institutions que proposait Montreux ont
été
adoptées en principe à La Haye : la Cour suprême, chargée de sanction
533
incipes généraux posés au congrès de Montreux ont
été
repris, presque littéralement, dans les résolutions de La Haye : non
534
nomie. ⁂ Le succès des fédéralistes, à La Haye, n’
est
pas celui d’un parti sur un autre. Car l’unionisme n’est pas une doct
535
celui d’un parti sur un autre. Car l’unionisme n’
est
pas une doctrine, mais plutôt une étape normale dans l’évolution des
536
partant de la commune et de l’entreprise, qu’il n’
était
pas question de proposer à La Haye. Parmi les délégués continentaux,
537
. Parmi les délégués continentaux, l’opposition n’
était
ainsi que du moins au plus, de la prudence au dynamisme innovateur, d
538
es, le seul conflit profond qui divisa le congrès
fut
celui qui opposa sourdement le front commun des Insulaires aux initia
539
tactiquement) des Continentaux. L’opposition peut
être
résumée en deux répliques, que j’ai notées lors des débats de la comm
540
ynaud : Curieux slogan à proposer à quelqu’un qui
est
en train de se noyer ! Sur un plan théorique et général, les deux poi
541
plan théorique et général, les deux points de vue
sont
défendables à l’infini. Même en pratique, ils ne sont pas nécessairem
542
défendables à l’infini. Même en pratique, ils ne
sont
pas nécessairement contradictoires. Mais dans le cas précis de l’unio
543
l’union européenne, la position des Britanniques
est
équivoque. Et, dans l’état d’urgence où se trouve l’Europe, l’équivoq
544
pe, l’équivoque peut devenir fatale. Mais le fait
est
que cet état d’urgence n’est pas senti par la majorité des Insulaires
545
fatale. Mais le fait est que cet état d’urgence n’
est
pas senti par la majorité des Insulaires. (Les délégués anglais répét
546
ons ceci ou cela, que nous croyons juste, nous ne
serons
pas suivis at home, on ne voit pas les choses de cette manière chez n
547
andes vertus politiques de ce peuple ont toujours
été
la lenteur, la méfiance à l’égard des solutions de principe, et la co
548
tion, favorable aux ententes pratiques. Mais il n’
est
pas certain que cette méthode reste valable au plan européen. Et dans
549
t dans ce plan, il faut avouer que les Insulaires
sont
assez neufs. Leur politique traditionnelle fut d’empêcher l’Europe de
550
s sont assez neufs. Leur politique traditionnelle
fut
d’empêcher l’Europe de s’unifier sous l’égide d’une nation menaçante.
551
sous l’égide d’une nation menaçante. Le principe
était
juste, mais le réflexe qu’ils en conservent ne joue pas dans le sens
552
e : — Pour nous, Continentaux, c’est l’Europe qui
est
en jeu. Pour les Anglais, c’est tout d’abord l’Empire, et l’union de
553
Europe pourrait sauver l’Empire, à condition de n’
être
pas trop ceci ou trop cela, de n’être pas trop précise, pas trop cont
554
dition de n’être pas trop ceci ou trop cela, de n’
être
pas trop précise, pas trop continentale… Cette description paraîtra d
555
qu’on appelle une « sensation », en proposant que
soit
élue dans les six mois, par le suffrage universel, et à raison d’un d
556
. En tout cas c’est trop tôt. La grande masse n’y
est
pas prête. » Or rien n’est plus urgent qu’un Parlement de l’Europe. E
557
t. La grande masse n’y est pas prête. » Or rien n’
est
plus urgent qu’un Parlement de l’Europe. Et la grande masse ne se lèv
558
lections européennes. Et faire appel aux masses n’
est
pas démagogique, si c’est pour les sauver et non pour les duper. Quan
559
lieu de raisons : « Si le projet se réalise, c’en
sera
fait pour de bon de la sacro-sainte souveraineté de l’État-nation. No
560
oulons bien la limiter, mais pas à ce point… Nous
serons
jetés dans l’inconnu, dans l’aventure… Les peuples ne nous suivront p
561
rtout de la part de mes amis fédéralistes. Car il
est
clair qu’un appel de ce genre était précisément ce qu’on attendait de
562
alistes. Car il est clair qu’un appel de ce genre
était
précisément ce qu’on attendait de La Haye, tout au moins sur le Conti
563
tout au moins sur le Continent. Le plan Reynaud n’
était
pas excellent. Il eût fallu le remplacer par un meilleur, au lieu de
564
e, ou de l’Unesco, ou même de l’ONU. C’est qu’ils
sont
satisfaits de leur gouvernement. La plupart des continentaux — petits
565
’Europe doit se faire demain7 : car tout le monde
est
d’accord sur le principe d’une Assemblée européenne. Mais il est fort
566
r le principe d’une Assemblée européenne. Mais il
est
fort étrange que personne n’ait songé à le compléter au lieu de l’éli
567
éfaut (à mon avis décisif) qu’il comporte, et qui
est
celui d’un numérisme aveugle ? En transposant au plan européen le sys
568
mais au contraire pour contribuer, si peu que ce
soit
, à dégager les perspectives de notre action. Le combat pour l’Europe
569
ope prouve la vie de l’Europe : mes adversaires y
sont
donc mes amis, car le principe pour lequel je me bats est celui de l’
570
mes amis, car le principe pour lequel je me bats
est
celui de l’union dans la diversité. Dans la Quête où nous sommes quel
571
l’union dans la diversité. Dans la Quête où nous
sommes
quelques-uns à nous être engagés à tout risque, il nous arrivera plus
572
Dans la Quête où nous sommes quelques-uns à nous
être
engagés à tout risque, il nous arrivera plus d’une fois de rompre une
573
ons mais sans hégémonie d’aucune nation. L’Europe
est
un dialogue, un débat perpétuel. À ceux-là seuls qui prétendraient y
574
seuls la liberté de parole et de propagande peut
être
absolument déniée, comme on retire ses jetons au tricheur, ou son ras
575
r des dictatures incapables de lui faire face. Où
seraient
, sinon, les risques de la liberté — sans lesquels il n’est point de l
576
n, les risques de la liberté — sans lesquels il n’
est
point de liberté ? 2. Le Comité de coordination groupait les quatr
577
adhérèrent quelques mois plus tard. 3. Ces mots
sont
de Winston Churchill, dans une lettre adressée à Léon Blum, et à laqu
578
il politique, proposé par des unionistes, n’a pas
été
retenu par l’assemblée. 5. Cette phrase figure dans la résolution éc
579
vantes : Il me semble que ce congrès, tel qu’il s’
est
déroulé jusqu’ici, se distingue par une double originalité. Premièrem
580
ngue par une double originalité. Premièrement, il
est
né d’initiatives privées, en toute indépendance de nos gouvernements.
581
une commission de la culture. Et cela aussi ne s’
était
jamais vu. Ce simple fait, qu’établit à vos yeux notre séance plénièr
582
résence active. S’ils l’ont fait, c’est qu’ils se
sont
dit quelque chose qui ressemble à ceci : — Nous sommes tous surchargé
583
t dit quelque chose qui ressemble à ceci : — Nous
sommes
tous surchargés, c’est entendu. Nous avons tous notre œuvre à continu
584
de vous citer, entre cent, deux réponses qui ont
été
provoquées par ma lettre invitant les intellectuels d’une douzaine de
585
i, me manque. » Eh bien, le miracle de l’esprit n’
est
-il pas justement de créer par quelque opération magique le temps qui
586
s que nous ayons de vouloir une union de l’Europe
sont
d’un ordre plus terre à terre, sont des questions de politique couran
587
n de l’Europe sont d’un ordre plus terre à terre,
sont
des questions de politique courante, ou des questions économiques, co
588
rd. Si, avec ce matérialisme-là, aussi naïf qu’il
est
courant, l’on prétend que la seule chose sérieuse, c’est l’organisati
589
nomique du continent, je répondrai : dans ce cas,
soyons
sérieux, et laissons-nous coloniser le plus vite possible. Un homme d
590
prévoyait le jour où le désir secret de l’Europe
serait
de se laisser gouverner par une commission d’experts américains… Et,
591
ivante à cette hiérarchie spirituelle, quelle que
soit
la valeur des résultats acquis par elle sur le papier, elle aura marq
592
éenne. » ⁂ La commission culturelle pour La Haye
fut
constituée au mois de mars 1948. Elle avait pour mission (dans un dél
593
unes. Des mémoires, suggestions et critiques nous
furent
envoyés de toutes parts. Et des contacts étroits furent établis avec
594
envoyés de toutes parts. Et des contacts étroits
furent
établis avec les autres commissions — politique et économique — aux f
595
Rapport culturel et le Message aux Européens ont
été
rédigés en plein accord avec le Comité de coordination du congrès. Qu
596
rdination du congrès. Quant à la Résolution, elle
fut
mise au point, au terme des débats de La Haye, par un comité de six m
597
éenne bien vivante, un sentiment commun auquel il
soit
possible de faire appel dès maintenant. Notre première contribution à
598
ntribution à l’union que nous voulons former doit
être
d’éveiller et d’exprimer la conscience de cette unité. 2. Quel que so
599
xprimer la conscience de cette unité. 2. Quel que
soit
le parti dont nous sommes membres, et quelle que soit notre patrie, n
600
cette unité. 2. Quel que soit le parti dont nous
sommes
membres, et quelle que soit notre patrie, nous sentons que la crise p
601
le parti dont nous sommes membres, et quelle que
soit
notre patrie, nous sentons que la crise présente de l’Europe met en c
602
ues : une notion de l’homme et de la liberté, qui
est
en définitive notre vrai bien commun. C’est sur elle seule que nous p
603
re. 3. Toutefois, dans une époque où la démagogie
est
en train de ruiner le langage à force d’abus impunis, rendant tout di
604
logue incertain et tout pacte sujet à caution, il
est
vain d’essayer de s’unir si l’on n’a pas d’abord rendu leur sens comm
605
redéfinir sur le papier. Cet effort nécessaire ne
sera
pas suffisant. Il doit être doublé immédiatement d’un effort pour pre
606
effort nécessaire ne sera pas suffisant. Il doit
être
doublé immédiatement d’un effort pour prendre au sérieux, pratiquemen
607
quement, nos définitions. Notre deuxième objectif
sera
donc de proposer l’établissement d’institutions propres à garantir l’
608
dent. La conception européenne de l’homme 4. S’il
est
vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre économique
609
est vrai que les motifs immédiats de notre union
sont
d’ordre économique et politique, il n’est pas moins certain que l’uni
610
union sont d’ordre économique et politique, il n’
est
pas moins certain que l’unité de l’Europe est essentiellement culture
611
l n’est pas moins certain que l’unité de l’Europe
est
essentiellement culturelle, si l’on prend le mot dans son sens le plu
612
ns son sens le plus large. La culture véritable n’
est
pas un ornement, un simple luxe, ni un ensemble de spécialités qui ne
613
de vue de la géographie, le continent européen n’
est
qu’une péninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en est pas mo
614
ninsule de l’Asie. Si ce petit coin de terre n’en
est
pas moins, depuis plus de deux-mille ans, le foyer d’une puissance d’
615
ssion et l’élaboration de la culture n’ont jamais
été
, en Europe, l’apanage d’une doctrine unique, d’une nation ou d’une ca
616
re ce débat, qui se livre en chacun de nous. Elle
est
l’histoire des risques de la liberté, progressant entre les écueils d
617
vé son nom qu’au xxe siècle, mais qui a toujours
été
l’axe de notre histoire, la vision directrice de nos révolutions : c’
618
chrétienne, acceptée et reprise par l’humanisme,
est
celle de l’homme doublement responsable envers sa vocation et envers
619
alables mais pratiquement antagonistes. Cet homme
est
fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en cré
620
entation de supprimer l’un des termes du conflit,
soit
qu’il essaie de s’enfermer dans sa particularité (nation, parti ou id
621
ns sa particularité (nation, parti ou idéologie),
soit
qu’il prétende l’imposer à tous d’une manière uniforme, donc tyranniq
622
e se recouvrir en fait, cette diversité naturelle
est
devenue division arbitraire. Elle appauvrit nos échanges culturels. E
623
il les livrera fatalement à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
624
e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. C’est pourquoi l’union de l’Eu
625
rti du dedans. C’est pourquoi l’union de l’Europe
est
devenue la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’est qu’en s
626
la seule garantie des autonomies nationales. Ce n’
est
qu’en surmontant nos divisions que nous sauverons notre diversité. 7
627
droit exclusif dans l’organisation du continent n’
est
pas moins dangereuse et utopique, que ne serait « l’impérialisme » d’
628
nt n’est pas moins dangereuse et utopique, que ne
serait
« l’impérialisme » d’une seule nation. Il est bien clair que ni la dr
629
serait « l’impérialisme » d’une seule nation. Il
est
bien clair que ni la droite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui,
630
oite, ni la gauche, ni le centre, aujourd’hui, ne
sont
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’est donc capable, à
631
capables de créer l’union. Aucun de ces partis n’
est
donc capable, à lui seul, de sauver l’Europe, ni par suite son propre
632
e l’homme 8. Certains voudraient que cette action
fût
proclamée au nom de la démocratie. Mais il n’est pas de terme dont n
633
fût proclamée au nom de la démocratie. Mais il n’
est
pas de terme dont notre époque ait fait de plus flagrants abus. Les t
634
ui ont fait de la dictature un article de foi. Ce
serait
d’ailleurs porter atteinte aux tempéraments nationaux que de prétendr
635
crasante majorité des citoyens, le mot démocratie
est
lié à tout régime (monarchique ou républicain) qui garantit les droit
636
at tolérable de libertés publiques et privées. Ce
sont
ces libertés, et non des étiquettes que les peuples d’Europe entenden
637
ne peut ni donner, ni retirer ces droits, qui lui
sont
antérieurs et supérieurs ; mais il doit les servir et les aménager.
638
ais il doit les servir et les aménager. Quel que
soit
le nom du régime que se donne librement tel peuple de l’Europe, il tr
639
oits et des devoirs de la nation, toutes les deux
étant
reconnues par une convention solennelle entre les membres de l’Union.
640
fice des personnes, groupes et nations, que s’ils
sont
approuvés et soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit être dé
641
soutenus par l’opinion européenne. Celle-ci doit
être
désormais dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit être info
642
dotée de moyens d’expression réguliers. Elle doit
être
informée. Elle doit être éduquée dans les nouvelles générations. Elle
643
ion réguliers. Elle doit être informée. Elle doit
être
éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit être rendue de plus
644
éduquée dans les nouvelles générations. Elle doit
être
rendue de plus en plus consciente de l’unité profonde de l’Europe et
645
la conscience de l’Europe et des peuples qui lui
sont
associés. Mais pour cette fin précise les instituts de culture mondia
646
roit. Un Centre européen de la culture devra donc
être
institué. Il aura pour mission générale d’assurer la mise en œuvre de
647
e usage des mots-clés sans lesquels aucun pacte n’
est
possible. De plus, le Centre européen offrirait un lieu de rencontre
648
une confiance neuve à sa vocation millénaire, qui
est
une vocation d’universalité, de rayonnement mais en même temps d’accu
649
ons qu’implique son idéal de la personne. L’heure
est
venue de rallier pour ce nouveau destin tous les peuples du continent
650
nt représentés ici ou non — en une fédération qui
sera
le premier pas vers la fédération mondiale. Résolution proposée au
651
e Considérant que l’union européenne a cessé d’
être
une utopie pour devenir une nécessité, mais qu’elle ne peut être fond
652
pour devenir une nécessité, mais qu’elle ne peut
être
fondée durablement que dans une unité déjà vivante ; Considérant que
653
iversités nationales, doctrinales et religieuses,
est
celle d’un commun héritage de civilisation chrétienne, de valeurs spi
654
onsidérant que les efforts pour nous unir doivent
être
soutenus et vivifiés par un réveil de la conscience européenne, que c
655
il de la conscience européenne, que celle-ci doit
être
informée, stimulée, et dotée de moyens d’expression ; Considérant que
656
juste valeur des mots sans lesquels aucun pacte n’
est
possible ; Et de proclamer : a) le droit qu’a tout citoyen de connaî
657
ment de toute pression, de quelque nature qu’elle
soit
; 4. De favoriser la libre circulation des idées, des publications et
658
sion des manuels d’histoire, telle qu’elle a déjà
été
accomplie dans les pays scandinaves ; En outre, le Congrès de l’Europ
659
; Souhaite : A) que les femmes et les éducateurs
soient
appelés à participer largement à tous les travaux de toutes les assem
660
tes les assemblées et centres de culture ; B) que
soit
créé un Centre européen de l’enfance et de la jeunesse 1) pour coord
661
Considérant que la défense des droits de l’homme
est
l’axe même de nos efforts vers une Europe unie ; Considérant qu’une D
662
unie ; Considérant qu’une Déclaration des droits
est
insuffisante et qu’il faut lui conférer un caractère juridiquement ob
663
our suprême, comme organe de contrôle judiciaire,
est
indispensable à la garantie des droits ; Le Congrès de l’Europe esti
664
des droits. Message aux Européens L’Europe
est
menacée, l’Europe est divisée, et la plus grave menace vient de ses d
665
e aux Européens L’Europe est menacée, l’Europe
est
divisée, et la plus grave menace vient de ses divisions. Appauvrie, e
666
ente nous exposera demain à l’unification forcée,
soit
par l’intervention d’un empire du dehors, soit par l’usurpation d’un
667
e, soit par l’intervention d’un empire du dehors,
soit
par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure est venue d’entreprend
668
it par l’usurpation d’un parti du dedans. L’heure
est
venue d’entreprendre une action qui soit à la mesure du danger. Tous
669
. L’heure est venue d’entreprendre une action qui
soit
à la mesure du danger. Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier av
670
Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront
été
mises en échec par un plus formidable adversaire. Entre ce grand péri
671
vocation de l’Europe se définit clairement. Elle
est
d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui est celui de la diversi
672
est d’unir ses peuples selon leur vrai génie, qui
est
celui de la diversité, et dans les conditions du xxe siècle, qui son
673
rsité, et dans les conditions du xxe siècle, qui
sont
celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche
674
il cherche, la voie des libertés organisées. Elle
est
de ranimer ses pouvoirs d’invention pour la défense et pour l’illustr
675
’appelle la dignité de l’homme, et sa vraie force
est
dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sau
676
homme, et sa vraie force est dans la liberté. Tel
est
l’enjeu final de notre lutte. C’est pour sauver nos libertés acquises
677
ope joue son destin et celui de la paix du monde.
Soit
donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner une v
678
le d’appliquer les sanctions nécessaires pour que
soit
respectée la Charte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où soi
679
rte. 4) Nous voulons une Assemblée européenne, où
soient
représentées les forces vives de toutes nos nations. 5) Et nous preno
680
al 140 000 000 200 000 000 (?) 340 000 000 (
soit
14,5 % de la population mondiale) La fédération européenne (sans