1 1950, Lettres aux députés européens. Première lettre
1 re lettre Messieurs les députés européens, Vous êtes ici pour faire l’Europe, et non pour faire semblant de la faire. Fair
2 récit exact. Au début de 1848, la Confédération n’ était qu’un Pacte d’alliance entre vingt‑cinq États absolument souverains.
3 guerre entre les États membres. Niera‑t‑on que ce fût là, trait pour trait, un état comparable à celui de notre Europe, sau
4 notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’ était rien au regard de celui que nous courons ? Une partie de l’opinion ré
5 t « praticable » aux yeux des réalistes. (Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 février 1848
6 vingt‑cinq États souverains. Le 15 mai, la Diète est saisie du projet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois d’août,
7 septembre, la Diète proclame que la Constitution est acceptée par près de deux tiers des États et plus de deux tiers des c
8 ne exécutif, entre en fonction. Le drapeau suisse est arboré à côté des drapeaux des cantons. Aucun des troubles graves, au
9 un plus grand péril ? Vous me direz que l’Europe est plus grande que la Suisse ; qu’il fallut une bonne guerre pour briser
10 epuis des siècles ; que les problèmes économiques sont plus complexes ; et qu’on ne peut comparer, sans offense, nos modeste
11 mes des grandes Nations contemporaines. Mais il n’ est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d
12 ais il n’est pas exact que l’Europe d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus de Stockholm à St
13 hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en m
14 ouvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’Europe dans l’ensemble du monde. V
15 ns l’ensemble du monde. Vos cordons de douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient les nôt
16 plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l’ étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que celles d
17 que ne l’étaient les nôtres. Et vos économies ne sont pas plus disparates que celles de Zurich, par exemple, et de ses peti
18 ent nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui n
19 cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se soit vérifiée, mais pas une seule non plus qui ne reparaisse dans la bouch
20 ouche même de ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certes, comparaison n’est pas raison, mais qua
21 sont tellement différentes… Certes, comparaison n’ est pas raison, mais quand les raisons de ne rien faire restent les mêmes
22 nd à nous démontrer que la solution fédéraliste n’ est pas seulement praticable en principe, mais pratique. C’est assez pour
23 plier d’y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’ est unie en neuf mois. Il vaut la peine de s’arrêter devant ce fait, pour
24 ’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été , soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non
25 . Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps de modifier non pas de
2 1950, Lettres aux députés européens. Deuxième lettre
26 me lettre Messieurs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou de revendications. Et je n’ai point de
27 mblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients mais ango
28 ilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite p
29 a tout le temps d’aller lentement, et le loisir d’ être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent pas
30 es Coréens n’entendent pas ce latin-là, même s’il est prononcé avec l’accent anglais. Vous allez me parler, je le sais bien
31 és accumulées sur votre route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’
32 route vers l’unité. Elles sont connues. Ce qui l’ est moins, c’est votre volonté de les surmonter. L’un d’entre vous le rap
33 tes motivés sur vos intentions véritables. Elle n’ est pas sûre qu’une fois dotés d’un instrument un peu meilleur — moins as
34 nd. Elle n’a pas l’impression très nette que vous êtes décidés à faire l’Europe envers et contre toutes ses routines décaden
35 us avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa, déconcertés par un éternuement
36 e trompe et méconnaît vos sentiments intimes, qui sont très purs ; qu’elle distingue mal les forces colossales qui paralysen
37 tions peut-être subversives (on chuchote que vous tenez en réserve un projet de timbre-poste européen). Certes, il convient d
38 qu’ils aient tous raison à la fois, quand il n’en est pas deux qui tombent d’accord sur autre chose que ne rien faire. Parl
39 e à voir ce qui peut vous faire peur, ce qui peut être plus dangereux que l’inaction totale où vous glissez, plus utopique q
40 it que vous avez le trac. Vous répétez qu’il faut être prudents quand on s’engage dans une entreprise aussi vaste. Ah ! pour
41 se de parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes , jusqu’ici, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il
42 i, engagés dans rien que l’on sache. Quand vous y serez , il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte
43 dans rien que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps de voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, convien
44 existe depuis plus de 2000 ans. Ce qui lui manque est justement un toit. Pour tout dire en style familier, ces éternelles p
45 s de perles du genre de Festina lente, Paris ne s’ est pas bâti en un jour, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence es
46 ur, petit à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère de sûreté, chi va piano va sano, wait and see, step by step, und
47 ds ont l’humeur proverbiale, mais votre Assemblée est trop jeune. Je lui propose quelques slogans nouveaux et quelques amen
48 la sagesse des peuples. Petit à petit, Paris ne s’ est pas fait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle d’Haussmann, c
49 deux pas, sauf franchir un abîme. Si votre œuvre est de longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématu
50 e haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré, pour celui qui ne veut rien. Chi va piano perd la Corée.
51 ut rien. Chi va piano perd la Corée. La prudence est le vice des timides, et la vertu des audacieux. Je me résume. L’opini
52 rien qui l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été , vous serez oubliés cet automne. Si vous croyez qu’il vaut mieux ne r
53 l’intéresse. Si vous ne faites rien cet été, vous serez oubliés cet automne. Si vous croyez qu’il vaut mieux ne rien faire, o
54 e vous paraît possible : on comprendra que vous n’ êtes plus nécessaires. Mais assez de faire semblant d’être là. Constater l
55 plus nécessaires. Mais assez de faire semblant d’ être là. Constater le néant représente un progrès sur l’entretien d’une il
56 si quelques-uns d’entre vous, comme je le crois, sont fédéralistes, qu’ils le disent, qu’ils proclament leur but, et tout c
57 dans un instant. Il s’agit d’une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés.
3 1950, Lettres aux députés européens. Troisième lettre
58 peuples en face de l’inertie de l’Assemblée. Ce n’ était pas une attaque : je décrivais ce qu’un chacun peut voir de ses yeux.
59 le sais, s’en affligent. (On peut penser que ce n’ est pas suffisant.) Aujourd’hui, je voudrais vous dire l’admiration et le
60 ès jusqu’à cette date, mais pour le rôle qui vous est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient de revendiquer, celui dont
61 quer, celui dont, par avance, je vous salue. Vous êtes , Messieurs, députés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de c
62 gnifie, Messieurs, que vous avez perdu le droit d’ être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme
63 héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’ êtes pas seulement les députés de quinze villes capitales, et de cent-ving
64 tes qui rassemblent ou divisent les vivants, vous êtes les députés d’une aventure humaine qui tente à travers vous, dans l’a
65 iberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la con
66 tre et sculpture : presque tous leurs grands noms sont des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris
67 des noms de l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terra
68 res. Bien plus, le monde moderne tout entier peut être appelé une création européenne. Pour le bien comme pour le mal, d’ail
69 nos armes, quitte à les tourner contre nous. Que sont en fin de compte les deux empires qui prétendent partager notre monde
70 ager notre monde ? L’Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre indu
71 , de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vo
72 de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les députés. On attend de vous l’invention qui sauve la paix du monde
73 oilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de
74 musique est née du contrepoint de l’Europe. Vous êtes , Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, des symphonies et des
75 essieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés. Me voici partagé entre l’envie de rire de vos crai
76 ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut‑ être vous écrase. En vérité, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n
77 té, je ne sais comment j’ose vous parler, si ce n’ est par angoisse et en dernier recours, soulevé par la passion de tous le
78 destin, et malgré tant de crimes, l’honneur de l’ être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur, et cette conscien
79 a grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. Personne n’est assez grand po
80 onfondues avec les chances de l’homme. Personne n’ est assez grand pour répondre au défi d’un tel destin. Groupez‑vous. Dite
81 in. Groupez‑vous. Dites au moins votre but ! Nous sommes plusieurs millions qui n’attendons qu’un signe.
4 1950, Lettres aux députés européens. Quatrième lettre
82 inent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas : il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il
83 e dire, que ce qui n’y est pas : il voit que ça n’ est pas rouge, et que ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble de p
84 pas : il voit que ça n’est pas rouge, et que ça n’ est pas anglais. Il distingue un ensemble de pays peu sûrs, qui d’une par
85 ont point partie du Commonwealth, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir
86 h, d’autre part ne sont pas socialistes, ou ne le sont pas avec le bon accent. Comment s’unir avec des gens pareils ? Leur e
87 ent s’unir avec des gens pareils ? Leur existence est purement négative. J’ai bien lu ce pamphlet, d’une étrange arrogance.
88 pamphlet, d’une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’ est pas toujours clair. Ce qu’il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’
89 il ne dit pas saute aux yeux. L’idée que l’Europe soit une culture, une unité de civilisation, un foyer d’inventions dans to
90 t su le faire : la Grande-Bretagne ; et ce pays n’ est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous somme
91 En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes plus près des Dominions que de l’Europe, « par notre langue et par no
92 mmunes… Le point de vue politique des Dominions n’ est pas celui de l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolut
93 lutions de Colombo ; et pas un seul de ces pays n’ est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… Bref, une seule c
94 ait, car selon sa brochure, ce minimum ne saurait être envisagé que s’il n’affecte pas les intérêts anglais, et que si toute
95 cun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera d’ être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fait l
96 ait la nouveauté du daltonisme, encore qu’elle ne soit pas tout inconnue des Russes. Elle se fonde sur l’axiome que la démoc
97 ses. Elle se fonde sur l’axiome que la démocratie est identique au socialisme anglais. Il en découle primo : qu’une Assembl
98 e Assemblée sans majorité travailliste ne saurait être tolérable que dans la mesure où elle reste impuissante — d’où le refu
99 un régime fédéral fondé sur la majorité « doivent être considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité européenne
100 s alliés inattendus. Les socialistes continentaux seront des premiers, et les conservateurs britanniques des seconds. On devin
101 onclusions négatives. Au Parlement européen, s’il est doté de pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’el
102 stater objectivement que leurs motifs profonds ne sont point ceux qu’ils donnent, mais bien ceux qu’ils subissent plus que d
103 s démasquer sa vraie nature. Car dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les a vues depuis quelques décades ? Qui donc
104  ? Et comment se définissent-elles ? Toynbee, qui est un grand historien, écrit au Times qu’elles ne font point partie de l
105 en somme. On essaie de nous dire que l’opinion y tient . Quelle opinion, et qui l’exprime ? Les peuples, interrogés sur la qu
106 xprime ? Les peuples, interrogés sur la question, seraient bien en peine d’en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étrange
107 C’est tout. Mais s’il faut éviter que l’étranger soit Staline, ils acceptent fort bien que leurs armées soient commandées p
108 Staline, ils acceptent fort bien que leurs armées soient commandées par un Américain. On prétend même qu’ils auraient accepté
109 ue Londres avait dévalué. Je cherche en vain : où sont encore les souverainetés de nos États, quand l’armée et l’économie n’
110 e se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’ est donc plus qu’un prétexte au droit de veto, qui revient à donner le se
111 es totalitaires cyniques. (Ou bien les staliniens seraient -ils naïfs, quand c’est par décision d’un État étranger qu’ils disent
112 souveraineté du leur ?) Messieurs les députés, ce serait pure folie que d’essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’aveni
113 ver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est . La question n’est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — c
114 au prix de l’avenir de ce qui est. La question n’ est pas de renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abando
115 ppression des souverainetés. Ses vingt-cinq États sont souverains sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun d’eux a gardé
5 1950, Lettres aux députés européens. Cinquième lettre
116 ’Europe à sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pas » savent très bien qu’à ce prix elle ne ser
117 x qui disent que « l’Europe sera socialiste ou ne sera pas » savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi,
118 sera pas » savent très bien qu’à ce prix elle ne sera pas. Voilà l’ennemi, et non point Vychinski. Et cela vaut pour tous c
119 ur tous ceux qui pourraient déclarer que l’Europe sera toute catholique, ou protestante, ou française, ou allemande, ou de g
120 ou allemande, ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses dive
121 ou de gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous
122 roite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit , pour qu’elle dure, dans ses diversités de tous les ordres, que l’on
123 ques d’intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas. C’est clair. Seuls, ceux qui veulent passionnément le But se rés
124 ux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez les difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’es
125 voyez les difficultés ! L’Opinion, par exemple, n’ est pas mûre, et chacun sait qu’on ne peut rien faire sans elle. » C’est
126 ent », dit Péguy. Elle ne vous suivra pas si vous êtes daltoniens, et les sceptiques, alors, pourront bien dire : j’avais ra
127 fait des discours, l’autre qui vote. La première est exactement ce que la presse et la radio déclarent qu’elle est. Presse
128 nt ce que la presse et la radio déclarent qu’elle est . Presse et radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il a
129 qu’elle est. Presse et radio voudraient que Dewey soit élu : on dit alors qu’il a pour lui toute l’opinion. Truman élu, l’op
130 inion. Truman élu, l’opinion c’est Truman. Elle l’ était avant cela bien sûr, mais elle n’a pu parler que dans le secret des u
131 oir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’ être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolument à rie
132 cas cela ne peut les conduire absolument à rien. Soyons francs : le Conseil de l’Europe, solidement retranché dans le domaine
133 es assènent. Il faut des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains que les paroles. Lancer un t
134 des actes, dit-on. La phrase est vague. Les actes sont parfois plus vains que les paroles. Lancer un timbre européen, ce ser
135 ns que les paroles. Lancer un timbre européen, ce serait un acte enfin, quelque chose de concret… Et je me garde de sous-estim
136 is si Strasbourg accouche d’un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Voici l’acte que je vous prop
137 Messieurs les députés, vous le savez bien, vous n’ êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplemen
138 , vous n’êtes pas de vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de
139 e vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délégués pour consultation. Décidez de vous faire élire. U
140 ions ait quelque chose à faire. Qu’un but concret soit assigné à ses travaux. Je n’en vois pour ma part qu’un seul : discute
141 urope. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été , en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commission ? Vous pouvez la
142 oment, et sous quelles conditions, cela cessera d’ être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut qu’o
143 ïve, je vous demanderai si quelque chose au monde est plus difficile à concevoir que le maintien du statu quo, que la vie,
144 D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes , il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à tenter l’imp
145 uez-vous à tenter l’impossible ? D’autre part, il est sûr qu’il y aurait tout à perdre, même l’espoir, à ne point risquer l
146 a dernière chance européenne. Voilà le pari. Vous êtes acculés à l’audace. Donnez-nous la Constitution ! Messieurs les déput
147 s les députés, faut-il vous dire encore que je ne suis rien qu’une voix presque désespérée, et sans autre pouvoir que de vou
148 voir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’ êtes pas encore l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets de l’Est
149 oir des peuples libres, ni des peuples muets de l’ Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet ét
150 us pouvez le devenir et sonner le ralliement, cet été , en septembre, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à votre sa
151 iement, cet été, en septembre, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pa
152 septembre, à Strasbourg. Tout tient à cela, tout tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’est pas un grand espoir r
153 tient à votre sage audace. Car si l’Europe unie n’ est pas un grand espoir renaissant dans le cœur des masses, aucune armée
154 ourir, que pour des raisons de vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas une secte politique, une
155 zart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’ est pas une secte politique, une doctrine partisane ou une autre, qui rés
156 -vous élire, et fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg.   De Ferney, 30 juillet-
157 fédérez l’Europe pendant qu’il en est temps. Cet été , en septembre, à Strasbourg.   De Ferney, 30 juillet-6 août 1950.