1
i pour faire l’Europe, et non pour faire semblant
de
la faire. Faire l’Europe signifie la fédérer, ou bien ne signifie pas
2
’avoir vue et s’en va répétant qu’il a fallu plus
de
cinq-cents ans pour sceller son union fédérale. Tout le monde se trom
3
allu neuf mois. En voici le récit exact. Au début
de
1848, la Confédération n’était qu’un Pacte d’alliance entre vingt‑cin
4
but de 1848, la Confédération n’était qu’un Pacte
d’
alliance entre vingt‑cinq États absolument souverains. Point de citoye
5
tre vingt‑cinq États absolument souverains. Point
de
citoyenneté suisse, point de liberté d’établissement ou d’échange com
6
nt souverains. Point de citoyenneté suisse, point
de
liberté d’établissement ou d’échange commercial entre cantons, point
7
ns. Point de citoyenneté suisse, point de liberté
d’
établissement ou d’échange commercial entre cantons, point d’unité mon
8
nneté suisse, point de liberté d’établissement ou
d’
échange commercial entre cantons, point d’unité monétaire, point de re
9
ment ou d’échange commercial entre cantons, point
d’
unité monétaire, point de représentation des peuples. Un seul organe c
10
ial entre cantons, point d’unité monétaire, point
de
représentation des peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte de
11
s peuples. Un seul organe commun, la Diète, sorte
de
Comité des ministres, composé de plénipotentiaires agissant au nom de
12
la Diète, sorte de Comité des ministres, composé
de
plénipotentiaires agissant au nom des États et prenant leurs rares dé
13
là, trait pour trait, un état comparable à celui
de
notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regar
14
au regard de celui que nous courons ? Une partie
de
l’opinion réclamait une Autorité fédérale, dotée de pouvoirs limités
15
l’opinion réclamait une Autorité fédérale, dotée
de
pouvoirs limités mais réels. Rien d’autre, en vérité, ne pouvait assu
16
érale, dotée de pouvoirs limités mais réels. Rien
d’
autre, en vérité, ne pouvait assurer l’indépendance du pays. Mais la D
17
tine rétorquait, chiffres en main, que la liberté
d’
échanges ne manquerait pas de causer quelques dommages locaux. C’était
18
main, que la liberté d’échanges ne manquerait pas
de
causer quelques dommages locaux. C’était répondre, aux utopistes qui
19
. C’était répondre, aux utopistes qui proposaient
d’
éteindre l’incendie, que l’eau peut abîmer les meubles. II y eut une g
20
impuissance du Pacte. Il y eut un long branle‑bas
de
sociétés, de mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la fav
21
u Pacte. Il y eut un long branle‑bas de sociétés,
de
mouvements, de projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette
22
ut un long branle‑bas de sociétés, de mouvements,
de
projets, de discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un p
23
ranle‑bas de sociétés, de mouvements, de projets,
de
discours et de vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
24
ciétés, de mouvements, de projets, de discours et
de
vœux. À la faveur de cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs
25
, de projets, de discours et de vœux. À la faveur
de
cette agitation, un petit groupe de jeunes chefs enthousiastes fit ad
26
. À la faveur de cette agitation, un petit groupe
de
jeunes chefs enthousiastes fit adopter par la Diète le principe d’une
27
nthousiastes fit adopter par la Diète le principe
d’
une révision profonde du pacte. En 1847, notons‑le, rien ne semblait «
28
année suivante. Le 17 février 1848, la Commission
de
révision — nommée par la Diète dans son sein et au-dehors — se réunit
29
rs — se réunit pour la première fois. Elle décide
de
siéger à huis clos cinq fois par semaine. Le 8 avril, elle termine se
30
rojet, qu’elle adopte le 27 juin. Pendant le mois
d’
août, le peuple vote dans les cantons. Le 12 septembre, la Diète procl
31
acceptée par près de deux tiers des États et plus
de
deux tiers des citoyens votants. Le 16 novembre, le premier Conseil f
32
temporaines. Mais il n’est pas exact que l’Europe
d’
aujourd’hui soit plus grande que la Suisse d’alors : vous êtes venus d
33
rope d’aujourd’hui soit plus grande que la Suisse
d’
alors : vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou mêm
34
: vous êtes venus de Stockholm à Strasbourg — ou
de
Rome, ou même d’Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a
35
s de Stockholm à Strasbourg — ou de Rome, ou même
d’
Ankara — en moins de temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour a
36
asbourg — ou de Rome, ou même d’Ankara — en moins
de
temps qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller de Genève ou de
37
s qu’il n’en fallait, il y a cent ans, pour aller
de
Genève ou des Grisons à Berne. Pour la guerre entre vos pays, les deu
38
fisent. Nos Nations vivent ensemble depuis autant
de
siècles, et souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont p
39
ez l’Europe dans l’ensemble du monde. Vos cordons
de
douanes ne sont pas plus nombreux, ni moins strangulatoires, que ne l
40
économies ne sont pas plus disparates que celles
de
Zurich, par exemple, et de ses petits voisins paysans. Les sombres pr
41
disparates que celles de Zurich, par exemple, et
de
ses petits voisins paysans. Les sombres prévisions des réalistes quan
42
sombres prévisions des réalistes quant aux effets
d’
une union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-troi
43
le non plus qui ne reparaisse dans la bouche même
de
ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certe
44
paraison n’est pas raison, mais quand les raisons
de
ne rien faire restent les mêmes quoi qu’il arrive, c’est qu’elles tra
45
ive, c’est qu’elles traduisent une certaine forme
d’
esprit, une cécité partielle devant les leçons de l’Histoire, que j’ai
46
d’esprit, une cécité partielle devant les leçons
de
l’Histoire, que j’ai plus d’une raison de nommer le daltonisme politi
47
le devant les leçons de l’Histoire, que j’ai plus
d’
une raison de nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés,
48
leçons de l’Histoire, que j’ai plus d’une raison
de
nommer le daltonisme politique. Messieurs les députés, n’oubliez pas
49
ratique. C’est assez pour que j’ose vous supplier
d’
y réfléchir quelques minutes. La Suisse s’est unie en neuf mois. Il va
50
Suisse s’est unie en neuf mois. Il vaut la peine
de
s’arrêter devant ce fait, pour mieux se persuader qu’on peut aller tr
51
s n’auriez pas, Staline le prend : c’est le temps
de
méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été,
52
taline le prend : c’est le temps de méditer avant
d’
agir. Mais celui que vous risquez de perdre, cet été, soyez bien sûrs
53
méditer avant d’agir. Mais celui que vous risquez
de
perdre, cet été, soyez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps
54
ez bien sûrs qu’il le retrouvera : c’est le temps
de
modifier non pas des paragraphes mais l’ordre de bataille de l’Armée
55
de modifier non pas des paragraphes mais l’ordre
de
bataille de l’Armée rouge.
56
non pas des paragraphes mais l’ordre de bataille
de
l’Armée rouge.
57
rs les députés, Ces lettres ne sont pas un cahier
de
doléances ou de revendications. Et je n’ai point de conseil à vous do
58
Ces lettres ne sont pas un cahier de doléances ou
de
revendications. Et je n’ai point de conseil à vous donner. Mais je vo
59
doléances ou de revendications. Et je n’ai point
de
conseil à vous donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine de mi
60
donner. Mais je vous écris au nom d’une centaine
de
milliers de militants fédéralistes, qui pensent comme des millions qu
61
s je vous écris au nom d’une centaine de milliers
de
militants fédéralistes, qui pensent comme des millions que le temps p
62
millions que le temps presse et que les lenteurs
de
l’Assemblée, ramenées par les ministres à l’immobilité, sont la pire
63
ans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun motif
de
croire qu’on leur laissera tout le temps d’aller lentement, et le loi
64
motif de croire qu’on leur laissera tout le temps
d’
aller lentement, et le loisir d’être prudents. Festina lente nous dise
65
era tout le temps d’aller lentement, et le loisir
d’
être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent
66
connues. Ce qui l’est moins, c’est votre volonté
de
les surmonter. L’un d’entre vous le rappelait récemment : le premier
67
e vous le rappelait récemment : le premier devoir
de
l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministres n
68
écemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est
de
se laisser vaincre. Votre Comité des ministres néglige donc son premi
69
nternes avec le Comité ministériel. Permettez-moi
de
vous dire que l’opinion s’en moque, parce qu’elle a ses doutes motivé
70
véritables. Elle n’est pas sûre qu’une fois dotés
d’
un instrument un peu meilleur — moins astucieusement combiné pour s’en
71
ontre toutes ses routines décadentes, à la sauver
de
la ruine en l’unissant, et pour tout dire d’un mot, à gouverner. Elle
72
uver de la ruine en l’unissant, et pour tout dire
d’
un mot, à gouverner. Elle vous voit réticents pour la plupart, inquiet
73
lle vous voit réticents pour la plupart, inquiets
de
ne pas vous avancer au-delà de ce qu’on vous a permis, qui est moins
74
plupart, inquiets de ne pas vous avancer au-delà
de
ce qu’on vous a permis, qui est moins que rien, arrêtés par un alinéa
75
niens. Elle voit que votre Assemblée consultative
d’
un Comité lui-même consultatif, formé de ministres qui se refusent d’a
76
sultative d’un Comité lui-même consultatif, formé
de
ministres qui se refusent d’ailleurs à transmettre vos consultations,
77
pinion se demande si tout cela dissimule une idée
de
derrière la tête, ou révèle au contraire, bien clairement, l’absence
78
u révèle au contraire, bien clairement, l’absence
d’
idée maîtresse, de grande vision du but, de volonté. J’entends bien qu
79
ire, bien clairement, l’absence d’idée maîtresse,
de
grande vision du but, de volonté. J’entends bien que l’opinion se tro
80
bsence d’idée maîtresse, de grande vision du but,
de
volonté. J’entends bien que l’opinion se trompe et méconnaît vos sent
81
alysent jusqu’à votre éloquence et vous empêchent
d’
articuler des intentions peut-être subversives (on chuchote que vous t
82
(on chuchote que vous tenez en réserve un projet
de
timbre-poste européen). Certes, il convient de saluer bien bas les In
83
et de timbre-poste européen). Certes, il convient
de
saluer bien bas les Intérêts et les Pouvoirs, de s’agenouiller devant
84
de saluer bien bas les Intérêts et les Pouvoirs,
de
s’agenouiller devant les Constitutions, de ramper devant les Partis,
85
voirs, de s’agenouiller devant les Constitutions,
de
ramper devant les Partis, et de confesser son pur néant devant les Ex
86
es Constitutions, de ramper devant les Partis, et
de
confesser son pur néant devant les Experts. Mais rien ne pourra jamai
87
e coup, je trouve cela « prématuré » (je m’excuse
de
parler comme un ministre). Car vous ne vous êtes, jusqu’ici, engagés
88
que l’on sache. Quand vous y serez, il sera temps
de
voir si la prudence, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à no
89
ent à nos calamités. Ceci me rappelle un argument
de
M. Bevin. On aurait tort, à son avis, de commencer l’Europe par le to
90
argument de M. Bevin. On aurait tort, à son avis,
de
commencer l’Europe par le toit. Je ne sais pourquoi, ni ce qu’il veut
91
commencer. Au reste, l’Europe existe depuis plus
de
2000 ans. Ce qui lui manque est justement un toit. Pour tout dire en
92
les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux
de
votre première session consultative (au second degré) de quoi faire u
93
e première session consultative (au second degré)
de
quoi faire un collier à trois rangs de perles du genre de Festina len
94
ond degré) de quoi faire un collier à trois rangs
de
perles du genre de Festina lente, Paris ne s’est pas bâti en un jour,
95
faire un collier à trois rangs de perles du genre
de
Festina lente, Paris ne s’est pas bâti en un jour, petit à petit l’oi
96
à petit l’oiseau fait son nid, prudence est mère
de
sûreté, chi va piano va sano, wait and see, step by step, und so weit
97
ait. Mais par deux ou trois décisions, dont celle
d’
Haussmann, corrigée d’un coup de crayon par Napoléon III. L’oiseau bât
98
trois décisions, dont celle d’Haussmann, corrigée
d’
un coup de crayon par Napoléon III. L’oiseau bâtit son nid en un jour
99
sions, dont celle d’Haussmann, corrigée d’un coup
de
crayon par Napoléon III. L’oiseau bâtit son nid en un jour — toutes a
100
x pas, sauf franchir un abîme. Si votre œuvre est
de
longue haleine, il n’y a pas une minute à perdre. Tout est prématuré,
101
mieux ne rien faire, ou qu’on ne peut rien faire
de
sérieux, vous pouvez encore rendre un service à l’Europe : allez-vous
102
z-vous-en. Laissez la place à ceux qui ont décidé
d’
agir. Avouez que rien ne vous paraît possible : on comprendra que vous
103
ndra que vous n’êtes plus nécessaires. Mais assez
de
faire semblant d’être là. Constater le néant représente un progrès su
104
es plus nécessaires. Mais assez de faire semblant
d’
être là. Constater le néant représente un progrès sur l’entretien d’un
105
er le néant représente un progrès sur l’entretien
d’
une illusion coûteuse dans un édifice inachevé. Mais si quelques-uns d
106
but, et tout changera dans un instant. Il s’agit
d’
une révolution, qui est le passage des vœux aux volontés.
107
tre Messieurs les députés européens, J’ai tenté
de
traduire le sentiment des peuples en face de l’inertie de l’Assemblée
108
ire le sentiment des peuples en face de l’inertie
de
l’Assemblée. Ce n’était pas une attaque : je décrivais ce qu’un chacu
109
attaque : je décrivais ce qu’un chacun peut voir
de
ses yeux. Et plusieurs d’entre vous, je le sais, s’en affligent. (On
110
us est dévolu, et pour le nom qu’il vous convient
de
revendiquer, celui dont, par avance, je vous salue. Vous êtes, Messie
111
nce, je vous salue. Vous êtes, Messieurs, députés
de
l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’E
112
us êtes, Messieurs, députés de l’Europe. Essayons
de
mesurer la grandeur de ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà q
113
utés de l’Europe. Essayons de mesurer la grandeur
de
ce titre. Députés de l’Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs,
114
ayons de mesurer la grandeur de ce titre. Députés
de
l’Europe entière, voilà qui signifie, Messieurs, que vous avez perdu
115
signifie, Messieurs, que vous avez perdu le droit
d’
être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, co
116
s avez perdu le droit d’être étrangers sur aucune
de
nos terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l
117
re étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun
de
nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’héritage deux fois millén
118
s terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien
de
ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes
119
n de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire
de
nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capi
120
e nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés
de
quinze villes capitales, et de cent-vingt provinces, et de la générat
121
lement les députés de quinze villes capitales, et
de
cent-vingt provinces, et de la génération qui les peuple aujourd’hui,
122
villes capitales, et de cent-vingt provinces, et
de
la génération qui les peuple aujourd’hui, plus de 200 millions d’homm
123
de la génération qui les peuple aujourd’hui, plus
de
200 millions d’hommes et de femmes, mais par-delà tous les accents lo
124
qui les peuple aujourd’hui, plus de 200 millions
d’
hommes et de femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérê
125
ple aujourd’hui, plus de 200 millions d’hommes et
de
femmes, mais par-delà tous les accents locaux, les intérêts et les pa
126
nt ou divisent les vivants, vous êtes les députés
d’
une aventure humaine qui tente à travers vous, dans l’angoisse et l’es
127
l’angoisse et l’espoir, le risque et la grandeur
d’
une liberté nouvelle. Que vous le sachiez ou non, vous êtes les député
128
Que vous le sachiez ou non, vous êtes les députés
d’
Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus
129
sachiez ou non, vous êtes les députés d’Athènes,
de
Rome et de Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète q
130
non, vous êtes les députés d’Athènes, de Rome et
de
Jérusalem. Les députés de la conscience la plus inquiète que l’homme
131
s d’Athènes, de Rome et de Jérusalem. Les députés
de
la conscience la plus inquiète que l’homme ait jamais prise de son de
132
nce la plus inquiète que l’homme ait jamais prise
de
son destin et des chances de le surmonter. Les députés non point d’un
133
mme ait jamais prise de son destin et des chances
de
le surmonter. Les députés non point d’une presqu’île de l’Asie un peu
134
es chances de le surmonter. Les députés non point
d’
une presqu’île de l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne d
135
surmonter. Les députés non point d’une presqu’île
de
l’Asie un peu plus grande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4
136
ande que la Corée, quoique ne dépassant guère 4 %
de
la superficie du globe, mais bien de cela qui a fait au cours des âge
137
nt guère 4 % de la superficie du globe, mais bien
de
cela qui a fait au cours des âges, d’un cap médiocre en dimensions ph
138
, mais bien de cela qui a fait au cours des âges,
d’
un cap médiocre en dimensions physiques, le cœur et le cerveau de l’hu
139
re en dimensions physiques, le cœur et le cerveau
de
l’humanité : notre culture, cette civilisation que rien ne s’offre à
140
mplacer, et qui a su remplacer toutes les autres.
D’
où vient, Messieurs, que le cap de l’Asie ait dominé le monde pendant
141
l’Asie ait dominé le monde pendant des siècles ?
D’
où, sinon d’un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont no
142
dominé le monde pendant des siècles ? D’où, sinon
d’
un pouvoir d’invention et de dépassement du destin dont nous cherchons
143
de pendant des siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir
d’
invention et de dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’ég
144
siècles ? D’où, sinon d’un pouvoir d’invention et
de
dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’égal sur la Planè
145
ou à la Renaissance qui manque aux Russes — sens
de
la mesure et sens critique — qu’avons‑nous inventé, nous les Européen
146
re : presque tous leurs grands noms sont des noms
de
l’Europe, et les très rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
147
ès rares qui n’en sont pas ont appris leur métier
de
nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou pa
148
maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés
de
Paris, ou par nos livres. Bien plus, le monde moderne tout entier peu
149
e à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés
d’
art et de construction, de transport et de gouvernement, d’industrie,
150
is nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et
de
construction, de transport et de gouvernement, d’industrie, de médeci
151
os objets, nos procédés d’art et de construction,
de
transport et de gouvernement, d’industrie, de médecine, — et nos arme
152
rocédés d’art et de construction, de transport et
de
gouvernement, d’industrie, de médecine, — et nos armes, quitte à les
153
de construction, de transport et de gouvernement,
d’
industrie, de médecine, — et nos armes, quitte à les tourner contre no
154
on, de transport et de gouvernement, d’industrie,
de
médecine, — et nos armes, quitte à les tourner contre nous. Que sont
155
L’Amérique, la Russie moderne, sont des produits
de
notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est né
156
ssie moderne, sont des produits de notre culture,
de
Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants e
157
sont des produits de notre culture, de Calvin et
de
Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos phil
158
oduits de notre culture, de Calvin et de Marx, et
de
notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De
159
vin et de Marx, et de notre industrie qui est née
de
nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes
160
de notre industrie qui est née de nos savants et
de
nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les députés. On a
161
qui est née de nos savants et de nos philosophes.
De
tout cela, Messieurs, vous êtes les députés. On attend de vous l’inve
162
cela, Messieurs, vous êtes les députés. On attend
de
vous l’invention qui sauve la paix du monde, et qui maintienne l’Euro
163
ouveau n’ose lui disputer sérieusement. Je viens
d’
entendre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis de Salzbourg. Voi
164
endre à la radio le Don Juan de Mozart retransmis
de
Salzbourg. Voilà ce que l’Europe a su faire. Toute la musique est née
165
su faire. Toute la musique est née du contrepoint
de
l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart, de l’opéra, de
166
nt de l’Europe. Vous êtes, Messieurs, les députés
de
Mozart, de l’opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de G
167
ope. Vous êtes, Messieurs, les députés de Mozart,
de
l’opéra, des symphonies et des Passions ; les députés de Goethe et de
168
éra, des symphonies et des Passions ; les députés
de
Goethe et de la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Ein
169
honies et des Passions ; les députés de Goethe et
de
la littérature ; de Descartes et des philosophes ; d’Einstein et des
170
ns ; les députés de Goethe et de la littérature ;
de
Descartes et des philosophes ; d’Einstein et des savants ; de Rembran
171
a littérature ; de Descartes et des philosophes ;
d’
Einstein et des savants ; de Rembrandt et des peintres ; les députés a
172
et des philosophes ; d’Einstein et des savants ;
de
Rembrandt et des peintres ; les députés aussi des auteurs anonymes de
173
peintres ; les députés aussi des auteurs anonymes
de
la Magna Charta et du Pacte du Grütli, de l’esprit des communes, des
174
nonymes de la Magna Charta et du Pacte du Grütli,
de
l’esprit des communes, des états généraux, et du Serment du jeu de Pa
175
ommunes, des états généraux, et du Serment du jeu
de
Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge de l’avenir. Par l’un,
176
de Paume… Ce grand passé, Messieurs, vous charge
de
l’avenir. Par l’un, vous êtes à l’autre députés. Me voici partagé ent
177
à l’autre députés. Me voici partagé entre l’envie
de
rire de vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très
178
e députés. Me voici partagé entre l’envie de rire
de
vos craintes dérisoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif de
179
entre l’envie de rire de vos craintes dérisoires,
de
vos alinéas, et le sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur d
180
isoires, de vos alinéas, et le sentiment très vif
de
mon néant devant l’ampleur de la mission qui vous anime, ou qui peut‑
181
sentiment très vif de mon néant devant l’ampleur
de
la mission qui vous anime, ou qui peut‑être vous écrase. En vérité, j
182
sse et en dernier recours, soulevé par la passion
de
tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui l
183
passion de tous les hommes, et pas seulement ceux
de
notre continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans
184
eulement ceux de notre continent, pour qui le nom
d’
Europe a représenté la beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets
185
a beauté dans la vie, l’intelligence, les secrets
d’
un bonheur conquis sur le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur
186
ur le destin, et malgré tant de crimes, l’honneur
de
l’être humain. Mais cette beauté, ce bonheur, cet honneur, et cette c
187
tte conscience inquiète aussi, et ce grand risque
de
la liberté, tout cela qui vous délègue en ce lieu décisif, dans l’his
188
ègue en ce lieu décisif, dans l’histoire concrète
de
ce temps, tout cela peut disparaître à tout jamais si vous manquez à
189
mais si vous manquez à une mission précise, celle
de
fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs le
190
opéens, saurez‑vous mériter votre nom ? On attend
de
vous la grandeur. Les chances de l’Europe, aujourd’hui, sont confondu
191
nom ? On attend de vous la grandeur. Les chances
de
l’Europe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances de l’homme. P
192
pe, aujourd’hui, sont confondues avec les chances
de
l’homme. Personne n’est assez grand pour répondre au défi d’un tel de
193
Personne n’est assez grand pour répondre au défi
d’
un tel destin. Groupez‑vous. Dites au moins votre but ! Nous sommes pl
194
Quatrième lettre Messieurs
de
l’Assemblée consultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député de M
195
sultative, Quelqu’un qui ne se sent pas le député
de
Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a p
196
lqu’un qui ne se sent pas le député de Mozart, ni
d’
Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le
197
se sent pas le député de Mozart, ni d’Athènes, ni
de
Rome, ni de rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe,
198
le député de Mozart, ni d’Athènes, ni de Rome, ni
de
rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien
199
ni d’Athènes, ni de Rome, ni de rien à vrai dire
de
ce qu’a pu signifier le nom d’Europe, c’est bien l’auteur du Manifest
200
e rien à vrai dire de ce qu’a pu signifier le nom
d’
Europe, c’est bien l’auteur du Manifeste publié par le Labour Party su
201
ifeste publié par le Labour Party sur le problème
de
l’unité européenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y vo
202
ue ça n’est pas anglais. Il distingue un ensemble
de
pays peu sûrs, qui d’une part ne font point partie du Commonwealth, d
203
est purement négative. J’ai bien lu ce pamphlet,
d’
une étrange arrogance. Ce qu’il dit n’est pas toujours clair. Ce qu’il
204
. L’idée que l’Europe soit une culture, une unité
de
civilisation, un foyer d’inventions dans tous les ordres, un trésor d
205
une culture, une unité de civilisation, un foyer
d’
inventions dans tous les ordres, un trésor de diversités souvent irréd
206
oyer d’inventions dans tous les ordres, un trésor
de
diversités souvent irréductibles mais sans prix, de libertés, de foi,
207
diversités souvent irréductibles mais sans prix,
de
libertés, de foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’ef
208
ouvent irréductibles mais sans prix, de libertés,
de
foi, et de formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. I
209
ductibles mais sans prix, de libertés, de foi, et
de
formes de vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pou
210
mais sans prix, de libertés, de foi, et de formes
de
vie, cette idée par exemple ne l’effleure pas. Il n’y a pour lui qu’u
211
Anglais, nous sommes plus près des Dominions que
de
l’Europe, « par notre langue et par nos origines, nos habitudes socia
212
Canadiens français et même les Irlandais, pensent
de
ces origines communes… Le point de vue politique des Dominions n’est
213
nt de vue politique des Dominions n’est pas celui
de
l’auteur sur la question de l’Europe, — voir les résolutions de Colom
214
nions n’est pas celui de l’auteur sur la question
de
l’Europe, — voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul de ces p
215
r la question de l’Europe, — voir les résolutions
de
Colombo ; et pas un seul de ces pays n’est travailliste… Les habitude
216
voir les résolutions de Colombo ; et pas un seul
de
ces pays n’est travailliste… Les habitudes sociales, les intérêts… Br
217
ose paraît claire, dans tout cela : les habitants
de
la Grande-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et de la Nouvell
218
abitants de la Grande-Bretagne et leurs « parents
de
l’Australie et de la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent un
219
nde-Bretagne et leurs « parents de l’Australie et
de
la Nouvelle-Zélande » (seuls mentionnés) restent unis par une même la
220
tremblons pour la famille ! Tous les adversaires
de
l’Europe méritent d’écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il s
221
mille ! Tous les adversaires de l’Europe méritent
d’
écrire comme M. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’un p
222
. Hugh Dalton. Je vois bien qu’il se dit partisan
d’
un peu d’union tout de même, pour faire face aux Soviets et au déficit
223
lton. Je vois bien qu’il se dit partisan d’un peu
d’
union tout de même, pour faire face aux Soviets et au déficit en dolla
224
à l’étatisme illimité. Ce qui n’offre aucune base
de
compromis, c’est-à-dire d’action positive. À ces deux conditions de l
225
ui n’offre aucune base de compromis, c’est-à-dire
d’
action positive. À ces deux conditions de l’union — les mieux faites p
226
t-à-dire d’action positive. À ces deux conditions
de
l’union — les mieux faites pour la rendre impossible, l’une en esprit
227
aucun pouvoir. Mais le Comité ministériel cessera
d’
être démocratique s’il accepte la loi de la majorité. Cette logique fa
228
l cessera d’être démocratique s’il accepte la loi
de
la majorité. Cette logique fait la nouveauté du daltonisme, encore qu
229
le que dans la mesure où elle reste impuissante —
d’
où le refus d’un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un
230
mesure où elle reste impuissante — d’où le refus
d’
un Parlement européen ; secundo : que les champions d’un régime fédéra
231
Parlement européen ; secundo : que les champions
d’
un régime fédéral fondé sur la majorité « doivent être considérés comm
232
e considérés comme les ennemis les plus dangereux
de
l’unité européenne », — d’où le refus de toute Autorité politique sup
233
mis les plus dangereux de l’unité européenne », —
d’
où le refus de toute Autorité politique supranationale. Cet ami de l’u
234
angereux de l’unité européenne », — d’où le refus
de
toute Autorité politique supranationale. Cet ami de l’unité siège par
235
toute Autorité politique supranationale. Cet ami
de
l’unité siège parmi vous. Il va trouver sur vos banquettes des advers
236
suivent une logique non daltonienne : ils partent
d’
un axiome inverse. Démocratie et socialisme leur apparaissent contradi
237
s négatives. Au Parlement européen, s’il est doté
de
pouvoirs législatifs, à l’Autorité politique, s’il faut qu’elle ait v
238
utorité politique, s’il faut qu’elle ait vraiment
de
l’autorité et ne souffre donc point de veto, les Tories disent non d’
239
t vraiment de l’autorité et ne souffre donc point
de
veto, les Tories disent non d’un seul cœur, dans la même langue que l
240
souffre donc point de veto, les Tories disent non
d’
un seul cœur, dans la même langue que le Chancelier du Lancaster. Oppo
241
recourt à ce mythe que pour garder quelque moyen
d’
agir sans démasquer sa vraie nature. Car dans le fait, où sont nos sou
242
ien, écrit au Times qu’elles ne font point partie
de
la doctrine et des dogmes chrétiens. Suárez et les jésuites pensaient
243
. Personne ne sait très bien, en somme. On essaie
de
nous dire que l’opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’exprime ? L
244
nterrogés sur la question, seraient bien en peine
d’
en comprendre le sens. Ils n’aiment pas que l’étranger commande chez e
245
auraient accepté que leur monnaie perde un tiers
de
sa valeur, parce que Londres avait dévalué. Je cherche en vain : où s
246
herche en vain : où sont encore les souverainetés
de
nos États, quand l’armée et l’économie n’en dépendent plus que pour l
247
riété ait empêché les États des US ou les cantons
de
la Suisse de se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc
248
êché les États des US ou les cantons de la Suisse
de
se fédérer. La souveraineté nationale absolue n’est donc plus qu’un p
249
iens seraient-ils naïfs, quand c’est par décision
d’
un État étranger qu’ils disent vouloir garder la souveraineté du leur
250
) Messieurs les députés, ce serait pure folie que
d’
essayer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. L
251
s les députés, ce serait pure folie que d’essayer
de
sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir de ce qui est. La question
252
yer de sauver ce qui s’en va, au prix de l’avenir
de
ce qui est. La question n’est pas de renoncer à des souverainetés ill
253
de l’avenir de ce qui est. La question n’est pas
de
renoncer à des souverainetés illusoires — comment faire abandon de ce
254
souverainetés illusoires — comment faire abandon
de
ce qu’on n’a plus ? — mais de renoncer, une fois pour toutes, à invoq
255
mment faire abandon de ce qu’on n’a plus ? — mais
de
renoncer, une fois pour toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en ca
256
toutes, à invoquer ce mauvais motif qui en cache
de
pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souve
257
netés, dépassez-les ! Refaites-en une à l’échelle
de
l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et
258
Refaites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va
de
notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabotent. Le
259
rains sur le papier, mais fédérés en fait. Chacun
d’
eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et d’Utop
260
d’eux a gardé sa personnalité, parce qu’un groupe
d’
Imprudents et d’Utopistes, qui voyaient et qui aimaient toutes les cou
261
personnalité, parce qu’un groupe d’Imprudents et
d’
Utopistes, qui voyaient et qui aimaient toutes les couleurs du prisme,
262
e sans qu’ils s’en doutent la force et les moyens
de
l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’attendons rien de plus
263
fédérale. Nous n’attendons rien de plus, ni rien
de
moins de vous.
264
. Nous n’attendons rien de plus, ni rien de moins
de
vous.
265
Cinquième lettre Messieurs les députés
de
l’Europe à sauver ! Ceux qui disent que « l’Europe sera socialiste ou
266
e, ou protestante, ou française, ou allemande, ou
de
gauche, ou de droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit
267
nte, ou française, ou allemande, ou de gauche, ou
de
droite — ou ne sera pas. Vous êtes là pour qu’elle soit, pour qu’elle
268
elle soit, pour qu’elle dure, dans ses diversités
de
tous les ordres, que l’on ne peut préserver que par l’union. Mais san
269
t préserver que par l’union. Mais sans sacrifices
d’
amour-propre, sans replis stratégiques d’intérêts légitimes, sans comp
270
crifices d’amour-propre, sans replis stratégiques
d’
intérêts légitimes, sans compromis elle ne sera pas. C’est clair. Seul
271
itaux. Quant à ceux qui n’ont point cette passion
de
l’Europe, ceux dont le regard s’attarde aux obstacles à l’union, perd
272
regard s’attarde aux obstacles à l’union, perdant
de
vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire o
273
ls se prennent pour l’opinion, qu’ils ont négligé
d’
écouter. Tous les sondages précis réfutent leurs craintes, démasquent
274
leurs arrière-pensées, dénoncent leur parti pris
de
scepticisme. Les deux tiers des Européens se déclarent pour l’union,
275
les obstacles insurmontables. Il y a deux sortes
d’
opinions : celle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert d’alibi
276
lle que l’on invoque, et la vraie. L’une qui sert
d’
alibi aux démagogues, et l’autre qui les laisse tomber ; l’une qui fai
277
pu parler que dans le secret des urnes. L’opinion
d’
aujourd’hui, je la sens, c’est l’Europe. Mais elle ne bougera pas si v
278
rer pudiquement chaque année qu’il reste désireux
d’
envisager l’étude de quelques mesures préalables tendant à renforcer l
279
ue année qu’il reste désireux d’envisager l’étude
de
quelques mesures préalables tendant à renforcer le sentiment d’une So
280
sures préalables tendant à renforcer le sentiment
d’
une Solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement d’une union plus i
281
e Solidarité qui ne saurait nuire à « l’avènement
d’
une union plus intime entre ses membres ». Les manchettes des journaux
282
membres ». Les manchettes des journaux parleront
d’
un « pas important vers l’union ». Et les Anglais jugeront qu’ils ne p
283
ent s’associer à ces engagements téméraires avant
d’
avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en
284
ngagements téméraires avant d’avoir pris le temps
d’
étudier leur contenu, et de s’être assurés qu’en tous les cas cela ne
285
d’avoir pris le temps d’étudier leur contenu, et
de
s’être assurés qu’en tous les cas cela ne peut les conduire absolumen
286
des principes, a fait jusqu’ici pratiquement plus
de
mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se conte
287
es, a fait jusqu’ici pratiquement plus de mal que
de
bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affir
288
cause à tous. On me dira que si l’on se contente
d’
affirmer des principes sans les mettre en pratique, cela ne fait de ma
289
incipes sans les mettre en pratique, cela ne fait
de
mal à personne. Mais cela en fait aux principes. Or une Europe qui se
290
européen, ce serait un acte enfin, quelque chose
de
concret… Et je me garde de sous-estimer la puissance des philatéliste
291
e enfin, quelque chose de concret… Et je me garde
de
sous-estimer la puissance des philatélistes. Mais si Strasbourg accou
292
ce des philatélistes. Mais si Strasbourg accouche
d’
un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. V
293
les députés, vous le savez bien, vous n’êtes pas
de
vrais députés, car les vrais sont élus, et vous êtes simplement délég
294
es simplement délégués pour consultation. Décidez
de
vous faire élire. Un raisonnement très simple appuie cette suggestion
295
rmer ses peuples, et du danger qu’ils courent, et
de
la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’in
296
s une propagande massive. Personne n’a les moyens
de
la financer. La seule solution concevable, c’est une campagne élector
297
vue de nommer leurs députés au premier parlement
de
l’Europe. Les partis présenteront leurs candidats. Et les mouvements
298
les mouvements fédéralistes aussi. Et les groupes
d’
intérêts professionnels, syndicats patronaux et ouvriers. Il en résult
299
. Il en résultera dans nos provinces une campagne
d’
agitation, d’émulation, de polémique européenne, que nulle autre métho
300
tera dans nos provinces une campagne d’agitation,
d’
émulation, de polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait
301
provinces une campagne d’agitation, d’émulation,
de
polémique européenne, que nulle autre méthode ne saurait provoquer. L
302
. La condition à la fois nécessaire et suffisante
d’
une telle campagne, c’est de faire sentir aux peuples qu’elle comporte
303
essaire et suffisante d’une telle campagne, c’est
de
faire sentir aux peuples qu’elle comporte un enjeu, et que leur sort
304
un seul : discuter et voter un projet bien précis
de
Constitution fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élabo
305
er un projet bien précis de Constitution fédérale
de
l’Europe. Ce projet, c’est à vous de l’élaborer. Cet été, en septembr
306
ion fédérale de l’Europe. Ce projet, c’est à vous
de
l’élaborer. Cet été, en septembre, à Strasbourg. Il faut une Commissi
307
s’y opposer ? Vous pouvez passer outre, et jurer
de
rester où vos parlements vous envoient. (Les ministres dépendent auss
308
nts vous envoient. (Les ministres dépendent aussi
de
vos parlements, qui restent les seuls juges d’un conflit éventuel.) S
309
si de vos parlements, qui restent les seuls juges
d’
un conflit éventuel.) Si vous acceptez cela, vous aurez avec vous l’op
310
s l’opinion vraie dans sa majorité, les militants
de
l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si
311
a majorité, les militants de l’Europe, la logique
de
l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vou
312
de l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil
de
notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière v
313
indifférence ; et devant vous, le rire des hommes
d’
acier. Si vous me dites que c’est prématuré, je vous supplierai de déc
314
me dites que c’est prématuré, je vous supplierai
de
déclarer clairement à quel moment, et sous quelles conditions, cela c
315
moment, et sous quelles conditions, cela cessera
d’
être prématuré. Si vous me dites que c’est très joli, mais qu’il faut
316
ut qu’on vous laisse du temps, je vous proposerai
de
l’obtenir de Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites
317
laisse du temps, je vous proposerai de l’obtenir
de
Staline. Car en Europe, il y en a peu. Si vous me dites enfin que c’e
318
enfin que c’est plus difficile que je n’ai l’air
de
le penser dans ma candeur naïve, je vous demanderai si quelque chose
319
ue le maintien du statu quo, que la vie, la durée
de
notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un r
320
la ruine à bref délai, les trois-cents divisions
de
l’Armée rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en somm
321
oix presque désespérée, et sans autre pouvoir que
de
vous adjurer de la part des millions qui se taisent mais qui ont peur
322
et qu’une autre ne dit pas non. Dans un mouvement
de
passion, je m’écriais l’autre jour : si vous ne voulez rien faire, al
323
et je les supplie maintenant, au nom de l’Europe,
de
rester au contraire, de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pou
324
nant, au nom de l’Europe, de rester au contraire,
de
ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe
325
rester au contraire, de ne point se séparer avant
d’
avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’e
326
l’espoir des peuples libres, ni des peuples muets
de
l’Est européen. Mais vous pouvez le devenir et sonner le ralliement,
327
re. Personne ne veut mourir, que pour des raisons
de
vivre. Mozart n’en est plus une pour les chômeurs. Et ce n’est pas un
328
qui résoudra le problème du chômage, mais l’union
de
nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les
329
is légitimes, qui se révèlent contraires au salut
de
l’ensemble ? Je veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous
330
s. Messieurs les députés européens, je vous salue
d’
un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l
331
je vous salue d’un vœu qui voudrait résumer celui
de
tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d
332
ait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes
de
l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espérance : méritez votre nom,
333
nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé
d’
angoisse et d’espérance : méritez votre nom, faites-vous élire, et féd
334
ux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et
d’
espérance : méritez votre nom, faites-vous élire, et fédérez l’Europe
335
st temps. Cet été, en septembre, à Strasbourg.
De
Ferney, 30 juillet-6 août 1950.