1 1950, Lettres aux députés européens. Première lettre
1 , trait pour trait, un état comparable à celui de notre Europe, sauf pour le péril extérieur, qui n’était rien au regard de c
2 xtérieur, qui n’était rien au regard de celui que nous courons ? Une partie de l’opinion réclamait une Autorité fédérale, do
3 semblait « praticable » aux yeux des réalistes. ( Nous en sommes là en 1950.) La décision survint l’année suivante. Le 17 fé
4 plexes ; et qu’on ne peut comparer, sans offense, nos modestes sagesses et les folies sublimes des grandes Nations contempo
5 re vos pays, les deux dont vous sortez suffisent. Nos Nations vivent ensemble depuis autant de siècles, et souvent davantag
6 puis autant de siècles, et souvent davantage, que nos cantons. Leurs sorts ne sont pas moins liés, si vous regardez l’Europ
7 breux, ni moins strangulatoires, que ne l’étaient les nôtres . Et vos économies ne sont pas plus disparates que celles de Zurich, p
8 effets d’une union « trop rapide » remplissaient nos journaux, il y a cent-trois ans : il n’en est pas une seule qui se so
9 sse dans la bouche même de ceux qui affirment que nos réalités sont tellement différentes… Certes, comparaison n’est pas ra
10 aujourd’hui à l’Europe. Son exemple vivant tend à nous démontrer que la solution fédéraliste n’est pas seulement praticable
2 1950, Lettres aux députés européens. Deuxième lettre
11 l’immobilité, sont la pire imprudence du siècle. Nous ne sommes pas impatients mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on ai
12 le. Nous ne sommes pas impatients mais angoissés. Nous ne voulons pas qu’on aille vite par doctrine, par manie ou par tempér
13 par doctrine, par manie ou par tempérament, comme nous le reprochent certains qui, par principe ceux-là, ont décidé une fois
14 u’il faut aller lentement dans tous les cas. Mais nous ne voyons aucun motif de croire qu’on leur laissera tout le temps d’a
15 ment, et le loisir d’être prudents. Festina lente nous disent-ils. Les Coréens n’entendent pas ce latin-là, même s’il est pr
16 d’entre vous le rappelait récemment : le premier devoir de l’obstacle, c’est de se laisser vaincre. Votre Comité des ministre
17 tre Comité des ministres néglige donc son premier devoir . À qui la faute ? L’opinion, sur ce point, entretient des soupçons qu
18 ce, ou au contraire un peu de hâte, conviennent à nos calamités. Ceci me rappelle un argument de M. Bevin. On aurait tort,
19 dire en style familier, ces éternelles prudences nous cassent les pieds. On trouverait dans les procès-verbaux de votre pre
3 1950, Lettres aux députés européens. Troisième lettre
20 vez perdu le droit d’être étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’hér
21 étrangers sur aucune de nos terres, dans aucun de nos peuples, comme à rien de ce qui forme l’héritage deux fois millénaire
22 e ce qui forme l’héritage deux fois millénaire de nos fils. Vous n’êtes pas seulement les députés de quinze villes capitale
23 physiques, le cœur et le cerveau de l’humanité : notre culture, cette civilisation que rien ne s’offre à remplacer, et qui a
24 voir d’invention et de dépassement du destin dont nous cherchons en vain l’égal sur la Planète ? Sans remonter jusqu’au délu
25 s — sens de la mesure et sens critique — qu’avons‑ nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’a
26 mesure et sens critique — qu’avons‑nous inventé, nous les Européens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons‑nous pas
27 ens, depuis cent ans ? Je répondrai : que n’avons‑ nous pas inventé ? Je cite pêle‑mêle : le marxisme et la psychanalyse, la
28 rares qui n’en sont pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par no
29 t pas ont appris leur métier de nos maîtres, dans nos écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par nos livres. Bien plu
30 écoles, aux terrasses des cafés de Paris, ou par nos livres. Bien plus, le monde moderne tout entier peut être appelé une
31 comme pour le mal, d’ailleurs, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transp
32 mal, d’ailleurs, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gou
33 eurs, il imite à la fois nos mœurs et nos objets, nos procédés d’art et de construction, de transport et de gouvernement, d
34 t de gouvernement, d’industrie, de médecine, — et nos armes, quitte à les tourner contre nous. Que sont en fin de compte le
35 cine, — et nos armes, quitte à les tourner contre nous . Que sont en fin de compte les deux empires qui prétendent partager n
36 e compte les deux empires qui prétendent partager notre monde ? L’Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre cul
37 Amérique, la Russie moderne, sont des produits de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de n
38 its de notre culture, de Calvin et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout c
39 et de Marx, et de notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les
40 notre industrie qui est née de nos savants et de nos philosophes. De tout cela, Messieurs, vous êtes les députés. On atten
41 sion de tous les hommes, et pas seulement ceux de notre continent, pour qui le nom d’Europe a représenté la beauté dans la vi
42 s manquez à une mission précise, celle de fédérer nos faiblesses pour en faire la force du siècle. Messieurs les députés eu
43 destin. Groupez‑vous. Dites au moins votre but ! Nous sommes plusieurs millions qui n’attendons qu’un signe.
4 1950, Lettres aux députés européens. Quatrième lettre
44 problème de l’unité européenne. Quand il regarde notre vieux continent, il n’y voit, si j’ose dire, que ce qui n’y est pas :
45 ys n’est pas européen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes plus près des Dominions que de l’Europe, « p
46 éen. En effet, dit le pamphlet, nous les Anglais, nous sommes plus près des Dominions que de l’Europe, « par notre langue et
47 es plus près des Dominions que de l’Europe, « par notre langue et par nos origines, nos habitudes sociales et nos institution
48 inions que de l’Europe, « par notre langue et par nos origines, nos habitudes sociales et nos institutions, notre point de
49 l’Europe, « par notre langue et par nos origines, nos habitudes sociales et nos institutions, notre point de vue politique
50 ue et par nos origines, nos habitudes sociales et nos institutions, notre point de vue politique et nos intérêts économique
51 ines, nos habitudes sociales et nos institutions, notre point de vue politique et nos intérêts économiques… » Je ne sais ce q
52 nos institutions, notre point de vue politique et nos intérêts économiques… » Je ne sais ce que les Hindous, les Boers, les
53 pions d’un régime fédéral fondé sur la majorité «  doivent être considérés comme les ennemis les plus dangereux de l’unité europ
54 out, sauf en cela, conservateurs et travaillistes nous obligent donc à constater objectivement que leurs motifs profonds ne
55 asquer sa vraie nature. Car dans le fait, où sont nos souverainetés ? Qui les a vues depuis quelques décades ? Qui donc ose
56 s ? Qui donc ose les défendre ouvertement, à part nos staliniens sur l’ordre du Kremlin ? Et comment se définissent-elles ?
57 ersonne ne sait très bien, en somme. On essaie de nous dire que l’opinion y tient. Quelle opinion, et qui l’exprime ? Les pe
58 che en vain : où sont encore les souverainetés de nos États, quand l’armée et l’économie n’en dépendent plus que pour la fo
59 f qui en cache de pires, pour arrêter l’élan vers notre union. N’attaquez pas les souverainetés, dépassez-les ! Refaites-en u
60 aites-en une à l’échelle de l’Europe ! Il y va de notre indépendance, qui vaut mieux qu’elles, et qu’elles sabotent. Le peupl
61 moyens de l’indépendance : une Autorité fédérale. Nous n’attendons rien de plus, ni rien de moins de vous.
5 1950, Lettres aux députés européens. Cinquième lettre
62 tacles à l’union, perdant de vue sa nécessité, il nous reste à leur faire comprendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes.
63 rendre que le pire obstacle, c’est eux-mêmes. Ils nous disent : « Je veux bien, je ne suis pas contre, mais voyez les diffic
64 jusqu’ici pratiquement plus de mal que de bien à notre cause à tous. On me dira que si l’on se contente d’affirmer des princ
65 s. Mais si Strasbourg accouche d’un timbre-poste, nous serons un peu déçus, et Staline très content. Voici l’acte que je vo
66 et de la parade puissante que pourrait constituer notre fédération. On n’informera pas les peuples sans une propagande massiv
67 icats patronaux et ouvriers. Il en résultera dans nos provinces une campagne d’agitation, d’émulation, de polémique europée
68 l’Europe, la logique de l’Histoire, le réveil de notre espérance. Si vous n’acceptez pas, vous ne trouverez derrière vous qu
69 le maintien du statu quo, que la vie, la durée de notre Europe divisée, devant toutes les menaces que vous savez : un régime
70 rouge. D’une part, on peut penser qu’au point où nous en sommes, il n’y a presque plus rien à perdre. Que risquez-vous à te
71 ilà le pari. Vous êtes acculés à l’audace. Donnez- nous la Constitution ! Messieurs les députés, faut-il vous dire encore que
72 de ne point se séparer avant d’avoir dressé, pour notre espoir, un signe ! Vous n’êtes pas encore l’espoir des peuples libres
73 résoudra le problème du chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les inté
74 chômage, mais l’union de nos sacrifices. Qui peut nous l’imposer ? Qui peut faire reculer les intérêts puissants, et parfois
75 veux avoir parlé pour ne rien dire, si quelqu’un nous propose une autre solution que l’Autorité fédérale, souveraine au-des
76 salue d’un vœu qui voudrait résumer celui de tous nos peuples aux écoutes de l’avenir, un vœu mêlé d’angoisse et d’espéranc