1
Le drame
de
la liberté, aujourd’hui Si l’on passe en revue tous les arguments a
2
ce milieu du xxe siècle, c’est moins le problème
de
la liberté qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dé
3
me de la liberté qui nous importe, que son drame.
De
l’issue de ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons aujourd’hu
4
berté qui nous importe, que son drame. De l’issue
de
ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons aujourd’hui dans l’an
5
s. Car si nous vivons aujourd’hui dans l’angoisse
d’
une nouvelle guerre mondiale, c’est parce que le monde est divisé en d
6
inissent clairement que par rapport à la liberté.
D’
un côté, les peuples qui se disent libres et qui entendent le rester ;
7
qui se disent libres et qui entendent le rester ;
de
l’autre, ceux qui vivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos
8
qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs
de
conflit que l’on pourrait énumérer sont discutables et peu clairs. Le
9
t réparties entre les deux camps. Les conceptions
de
la justice sociale elle-même ne suffisent pas pour distinguer netteme
10
er nettement les adversaires : il serait possible
de
discuter longtemps pour savoir de quel côté du rideau de fer il y a l
11
serait possible de discuter longtemps pour savoir
de
quel côté du rideau de fer il y a le plus de justice sociale, théoriq
12
uter longtemps pour savoir de quel côté du rideau
de
fer il y a le plus de justice sociale, théorique ou pratique, promise
13
voir de quel côté du rideau de fer il y a le plus
de
justice sociale, théorique ou pratique, promise ou réalisée. Par cont
14
e. Par contre, ce qu’il est absolument impossible
de
discuter, ce qui est évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est
15
concrètes que nous avons ? Si nous voulons gagner
d’
avance — avant une guerre, qui serait perdue par tous — cette lutte où
16
tte où nous sommes engagés, la première condition
de
succès, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos liber
17
s engagés, la première condition de succès, c’est
de
savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-elles
18
s questions. C’est là que gît la force principale
de
l’autre camp. Quand on nous dit : « Qu’avez-vous à opposer à l’idéolo
19
désespérément une réplique, ou que nous essayons
d’
improviser quelque « mystique » nouvelle, nous sommes déjà battus. Pou
20
alors à coup sûr, il faut que nous soyons en état
de
répondre instantanément, avec une conviction totale. Il faut que nous
21
dions ceci : « Nous n’avons pas besoin comme vous
d’
une mystique qui masque les faits, nous n’avons pas besoin d’une idéol
22
que qui masque les faits, nous n’avons pas besoin
d’
une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre pass
23
u’il a conquises, et qui sont la réalité présente
de
nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un avenir meilleur ! » Ce la
24
résente de nos vies, bien plus : qui sont le gage
d’
un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. Encore faut-i
25
sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesure
de
le tenir sans équivoque, et en pleine connaissance de cause. Or beauc
26
es questions : Premièrement : pourquoi les hommes
d’
aujourd’hui ont-ils peur de la liberté et sont-ils tentés d’y renoncer
27
: pourquoi les hommes d’aujourd’hui ont-ils peur
de
la liberté et sont-ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles so
28
hui ont-ils peur de la liberté et sont-ils tentés
d’
y renoncer ? Secondement : quelles sont les libertés réelles que nous
29
L’anxiété
de
l’homme moderne Notre première question : « Pourquoi l’homme de ce
30
ne Notre première question : « Pourquoi l’homme
de
ce temps a-t-il peur de la liberté ? » demanderait un long examen de
31
tion : « Pourquoi l’homme de ce temps a-t-il peur
de
la liberté ? » demanderait un long examen de conscience de notre civi
32
peur de la liberté ? » demanderait un long examen
de
conscience de notre civilisation, une analyse qui remonterait de plus
33
erté ? » demanderait un long examen de conscience
de
notre civilisation, une analyse qui remonterait de plusieurs siècles
34
e notre civilisation, une analyse qui remonterait
de
plusieurs siècles dans notre histoire, et peut-être une psychanalyse.
35
En attendant, prenons tout simplement l’Européen
de
la moitié du xxe siècle dans sa situation pratique. Prenons le jeune
36
métier choisir, par exemple ? Autrefois, le fils
d’
un drapier devenait drapier ; le fils d’un noble, officier ; le fils d
37
, le fils d’un drapier devenait drapier ; le fils
d’
un noble, officier ; le fils d’un paysan, paysan. Aujourd’hui, il peut
38
drapier ; le fils d’un noble, officier ; le fils
d’
un paysan, paysan. Aujourd’hui, il peut devenir n’importe quoi, avec u
39
: c’est ce qu’il appelle se libérer des préjugés
de
sa famille ou de son milieu. Il se libère donc, mais pour quoi ? Voil
40
appelle se libérer des préjugés de sa famille ou
de
son milieu. Il se libère donc, mais pour quoi ? Voilà le problème. Un
41
mais pour quoi ? Voilà le problème. Un sentiment
d’
arbitraire le domine. La morale bourgeoise n’est plus une aide, elle n
42
se n’est plus une aide, elle ne peut plus fournir
de
directives bien claires. Contredite par les pratiques courantes, à ba
43
s de monnaie — mais la monnaie change constamment
de
valeur —, la morale a perdu sa force contraignante et son prestige. N
44
se, pratiquement, ne guident plus le grand nombre
de
nos contemporains. Jamais pourtant la nécessité d’orientations claire
45
e nos contemporains. Jamais pourtant la nécessité
d’
orientations claires et indiscutables n’a semblé plus urgente, dans le
46
plus urgente, dans les vertigineuses complexités
de
la vie moderne. Voici donc notre jeune homme livré à l’anxiété, à l’i
47
ète en province. Comment s’orienter dans le choix
d’
une carrière ? Et comment vivre sans un but, sans une inspiration quel
48
Réponse des dictatures C’est à cette anxiété
de
l’homme déraciné, isolé et désorienté, qu’ont répondu les passions co
49
nt échoué à donner à l’homme des masses une règle
de
vie, une discipline d’action et de pensée — sauf en temps de guerre o
50
homme des masses une règle de vie, une discipline
d’
action et de pensée — sauf en temps de guerre ou de révolution — si l’
51
sses une règle de vie, une discipline d’action et
de
pensée — sauf en temps de guerre ou de révolution — si l’élément soci
52
discipline d’action et de pensée — sauf en temps
de
guerre ou de révolution — si l’élément social n’était venu se conjugu
53
’action et de pensée — sauf en temps de guerre ou
de
révolution — si l’élément social n’était venu se conjuguer avec eux,
54
tous les deux fortement influencés par l’exemple
de
Lénine, ont eu le sombre génie de comprendre les premiers, c’est que
55
s par l’exemple de Lénine, ont eu le sombre génie
de
comprendre les premiers, c’est que l’homme des masses vit dans l’ango
56
c’est que l’homme des masses vit dans l’angoisse
de
l’insécurité, de l’arbitraire, et qu’il en est réduit à désirer qu’on
57
e des masses vit dans l’angoisse de l’insécurité,
de
l’arbitraire, et qu’il en est réduit à désirer qu’on le libère d’une
58
et qu’il en est réduit à désirer qu’on le libère
d’
une liberté sans contenu. Ils ont compris que l’homme moderne cherche
59
justifie, sans discussion possible, sans crainte
d’
erreur, le délivrant ainsi de l’angoisse de choisir et de risquer d’av
60
ssible, sans crainte d’erreur, le délivrant ainsi
de
l’angoisse de choisir et de risquer d’avoir à s’en repentir. Ce n’est
61
rainte d’erreur, le délivrant ainsi de l’angoisse
de
choisir et de risquer d’avoir à s’en repentir. Ce n’est point par méc
62
r, le délivrant ainsi de l’angoisse de choisir et
de
risquer d’avoir à s’en repentir. Ce n’est point par méchanceté ou par
63
rant ainsi de l’angoisse de choisir et de risquer
d’
avoir à s’en repentir. Ce n’est point par méchanceté ou par perversité
64
t point par méchanceté ou par perversité que tant
d’
hommes en Europe sont devenus fascistes et deviennent aujourd’hui comm
65
C’est parce que ces hommes ont senti obscurément,
de
tout leur être, le besoin d’un principe d’unité, d’obligation et de s
66
t senti obscurément, de tout leur être, le besoin
d’
un principe d’unité, d’obligation et de sécurité, que seules les dicta
67
ément, de tout leur être, le besoin d’un principe
d’
unité, d’obligation et de sécurité, que seules les dictatures se décla
68
tout leur être, le besoin d’un principe d’unité,
d’
obligation et de sécurité, que seules les dictatures se déclaraient pr
69
le besoin d’un principe d’unité, d’obligation et
de
sécurité, que seules les dictatures se déclaraient prêtes à fournir.
70
égard, elles ne comprendront pas la vraie nature
de
la tentation qui en résulte, la tentation totalitaire. Leur polémique
71
rance du Zéro et l’infini, il reçut trois lettres
d’
étudiants lui disant en substance ceci : « Monsieur, je crois exacte v
72
c’est précisément une discipline, une efficacité
de
ce genre que je cherchais. » Voilà pourquoi tant d’hommes, de nos jou
73
ce genre que je cherchais. » Voilà pourquoi tant
d’
hommes, de nos jours, fuyant une liberté qui les laisse sans défense e
74
que je cherchais. » Voilà pourquoi tant d’hommes,
de
nos jours, fuyant une liberté qui les laisse sans défense et les ango
75
n ordre tout au moins. Nous touchons là le secret
de
la vraie force, de la seule force de persuasion intime dont disposent
76
ns. Nous touchons là le secret de la vraie force,
de
la seule force de persuasion intime dont disposent les régimes totali
77
là le secret de la vraie force, de la seule force
de
persuasion intime dont disposent les régimes totalitaires. Illustrons
78
omment avez-vous obtenu les licences, permissions
de
quitter le pays, bons pour acheter un billet, certificats politiques,
79
qu’il avait tout bonnement été à l’une des gares
de
Paris, où il avait acheté son billet sans nulle autre formalité. Quan
80
de se sentir plus à l’aise dans notre atmosphère
de
liberté, y souffraient d’une sorte d’inquiétude perpétuelle. Chez eux
81
e dans notre atmosphère de liberté, y souffraient
d’
une sorte d’inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout est dicté, chaque g
82
atmosphère de liberté, y souffraient d’une sorte
d’
inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout est dicté, chaque geste, chaque
83
e. C’est un vertige. C’est épuisant ! Psychose
de
l’homme moderne Nous aurions tort de rire d’une pareille attitude.
84
Psychose de l’homme moderne Nous aurions tort
de
rire d’une pareille attitude. Elle a des motifs très profonds dans la
85
e de l’homme moderne Nous aurions tort de rire
d’
une pareille attitude. Elle a des motifs très profonds dans la psychol
86
le a des motifs très profonds dans la psychologie
de
l’homme moderne, et cela des deux côtés du rideau de fer. Il serait f
87
l’homme moderne, et cela des deux côtés du rideau
de
fer. Il serait faux de croire que ledit homme moderne a le goût de l’
88
a des deux côtés du rideau de fer. Il serait faux
de
croire que ledit homme moderne a le goût de l’esclavage. Il cherche u
89
faux de croire que ledit homme moderne a le goût
de
l’esclavage. Il cherche une discipline qui le rassure. Et ce n’est pa
90
esoin dans la mesure justement où elle le délivre
de
sa liberté. Car sa liberté signifiait l’obligation constante du choix
91
ne l’en délivre ; elle le délivre aussi du risque
d’
erreur toujours impliqué par le choix, risque augmenté par la complexi
92
isque augmenté par la complexité et l’instabilité
de
la vie moderne ; et finalement, la discipline le délivre du sentiment
93
finalement, la discipline le délivre du sentiment
de
sa culpabilité individuelle, survivance d’une morale qui ne sait plus
94
timent de sa culpabilité individuelle, survivance
d’
une morale qui ne sait plus lui donner des raisons positives de vivre.
95
qui ne sait plus lui donner des raisons positives
de
vivre. L’homme qui se sent vaguement coupable, sans trop savoir de qu
96
qui se sent vaguement coupable, sans trop savoir
de
quoi et sans se l’avouer, cet homme recule naturellement devant les r
97
cet homme recule naturellement devant les risques
de
la liberté. Il va se cacher derrière la règle d’un parti, la règle co
98
de la liberté. Il va se cacher derrière la règle
d’
un parti, la règle collective, la discipline rigide, l’infaillibilité
99
ollective, la discipline rigide, l’infaillibilité
d’
un chef. C’est le chef désormais qui assumera toutes les erreurs, tous
100
entes qui le poussent puissamment en sens inverse
de
ses revendications de liberté et de progrès, devenues purement verbal
101
puissamment en sens inverse de ses revendications
de
liberté et de progrès, devenues purement verbales et routinières. Qua
102
sens inverse de ses revendications de liberté et
de
progrès, devenues purement verbales et routinières. Quand on lui vant
103
pas bien profondément. On n’atteint qu’une partie
de
son intellect, et ce sont d’autres forces qui le mènent. Contre les é
104
se l’avoue pas à lui-même. Il donne toutes sortes
de
raisons, pas très plausibles, pour expliquer la supériorité des dicta
105
lles le sont, ce n’est que pour une brève période
de
transition un peu pénible mais indispensable. Il croit enfin que ces
106
celles dont jouit l’Occident. Rien ne sert alors
de
lui montrer qu’en fait c’est justement le contraire qui est vrai. Car
107
t le contraire qui est vrai. Car le motif profond
de
sa conversion aux dictatures, celui qu’il ne peut confesser, c’est qu
108
tre lui-même aussi peut-être, contre l’arbitraire
de
la vie, et qu’il le trouve dans cet Ersatz de l’ordre qu’offrent les
109
ire de la vie, et qu’il le trouve dans cet Ersatz
de
l’ordre qu’offrent les dictatures totalitaires. Cette attitude ne sau
110
présence d’une psychose, qui atteint des millions
d’
hommes en Occident, et dont nul d’entre nous n’est tout à fait indemne
111
ogique et l’évidence ; elle exige d’autres formes
de
traitement. Essayons de les esquisser. Premier remède : réformes s
112
lle exige d’autres formes de traitement. Essayons
de
les esquisser. Premier remède : réformes sociales La fuite deva
113
irconstances matérielles. Avant toute autre forme
de
traitement psychique, ce sont ces circonstances matérielles qu’il s’a
114
ont ces circonstances matérielles qu’il s’agirait
de
modifier : je veux parler de l’insécurité sociale qui règne encore da
115
lles qu’il s’agirait de modifier : je veux parler
de
l’insécurité sociale qui règne encore dans nos démocraties, plus ou m
116
sera pas assuré à tout homme, tant qu’il craindra
de
perdre d’un jour à l’autre son logement, son travail, son salaire et
117
ssuré à tout homme, tant qu’il craindra de perdre
d’
un jour à l’autre son logement, son travail, son salaire et donc la fa
118
ment, son travail, son salaire et donc la faculté
de
former des projets, tant que l’homme moderne sera (ou simplement se s
119
érieux du mal totalitaire doit donc s’accompagner
de
mesures sociales, garantissant à chaque famille ou individu isolé, un
120
nt à chaque famille ou individu isolé, un minimum
de
sécurité matérielle. Ceux qui pensent que de telles mesures sont le c
121
imum de sécurité matérielle. Ceux qui pensent que
de
telles mesures sont le commencement du communisme, ceux-là confondent
122
ins que l’essentiel du traitement est une affaire
d’
éducation. Éduquer un jeune homme, c’est, comme le mot l’indique dans
123
ysiques ; puis le stade anarchique, qui est celui
de
l’inefficacité des efforts contradictoires et irresponsables ; enfin,
124
ntradictoires et irresponsables ; enfin, le stade
de
l’imitation, du conformisme pur, pour le faire accéder au sentiment d
125
nformisme pur, pour le faire accéder au sentiment
de
la responsabilité personnelle, c’est-à-dire, à la possibilité d’être
126
ilité personnelle, c’est-à-dire, à la possibilité
d’
être libre. Le but de toute éducation digne du nom, c’est donc de rend
127
est-à-dire, à la possibilité d’être libre. Le but
de
toute éducation digne du nom, c’est donc de rendre un homme apte à la
128
e but de toute éducation digne du nom, c’est donc
de
rendre un homme apte à la liberté. Il serait vain de décréter toutes
129
rendre un homme apte à la liberté. Il serait vain
de
décréter toutes sortes de libertés légales ou morales pour des hommes
130
liberté. Il serait vain de décréter toutes sortes
de
libertés légales ou morales pour des hommes qui ne connaîtraient pas,
131
îtraient pas, qui n’auraient pas appris leur mode
d’
emploi. Liberté reste un mot vide de sens et d’appel, pour qui n’a pas
132
ris leur mode d’emploi. Liberté reste un mot vide
de
sens et d’appel, pour qui n’a pas le goût du risque, ou n’a pas décou
133
de d’emploi. Liberté reste un mot vide de sens et
d’
appel, pour qui n’a pas le goût du risque, ou n’a pas découvert sa voc
134
a pas découvert sa vocation. Et cela aussi dépend
de
l’éducation, pour une bonne part. Condition nécessaire : survivre
135
cessaire : survivre Cependant, l’élargissement
de
la sécurité matérielle, et l’éducation pour la liberté, — c’est-à-dir
136
u trois. Or, il se trouve que nous sommes menacés
de
l’extérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous sommes menacés d
137
sommes menacés de l’extérieur aussi gravement que
de
l’intérieur. Nous sommes menacés de l’intérieur par ce désordre profo
138
gravement que de l’intérieur. Nous sommes menacés
de
l’intérieur par ce désordre profond que j’ai décrit, par l’anxiété mo
139
ité qui minent et détruisent lentement notre goût
de
la vraie liberté. Mais nous sommes menacés de l’extérieur par quelque
140
oût de la vraie liberté. Mais nous sommes menacés
de
l’extérieur par quelque chose qui mettrait fin d’un coup à tous nos m
141
de l’extérieur par quelque chose qui mettrait fin
d’
un coup à tous nos maux. Nous sommes malades, et il faut commencer not
142
-là certes ont raison ; mais ils ont souvent tort
d’
oublier que l’avenir de notre santé suppose, comme première condition,
143
mais ils ont souvent tort d’oublier que l’avenir
de
notre santé suppose, comme première condition, de sauver notre vie pr
144
de notre santé suppose, comme première condition,
de
sauver notre vie présente. Parlons maintenant sans images. On nous di
145
cialement votre Europe, ce sera le plus sûr moyen
d’
y supprimer la tentation totalitaire. » Mais hélas, il ne s’agit pas s
146
litaire. » Mais hélas, il ne s’agit pas seulement
d’
une tentation ! Avant que nous ayons réformé notre Europe, elle peut b
147
ses profondes du mal interne, il faut se prémunir
d’
urgence contre le danger extérieur. Il faut éduquer la jeunesse, offri
148
voici le cercle vicieux : ce qui retient beaucoup
d’
Européens de s’organiser pour la défense du continent, c’est justement
149
cle vicieux : ce qui retient beaucoup d’Européens
de
s’organiser pour la défense du continent, c’est justement cette psych
150
s qui sont malades, mais notre sens et notre goût
de
la liberté. Ou plutôt, c’est le sens et le goût des défaitistes dont
151
aitistes dont nous venons de parler. Ils ont peur
de
la liberté, ils en sont fatigués, ils désirent secrètement des discip
152
ls ne peuvent pas l’avouer, comme ce dégoût vient
d’
une névrose, ils mentent. Le mécanisme est bien connu, il est absolume
153
sens qu’ils affirment le contraire non seulement
de
la vérité de fait mais aussi de leurs désirs réels. Or le mensonge le
154
affirment le contraire non seulement de la vérité
de
fait mais aussi de leurs désirs réels. Or le mensonge le plus réussi
155
ire non seulement de la vérité de fait mais aussi
de
leurs désirs réels. Or le mensonge le plus réussi qu’ait inventé le d
156
fendre telle qu’elle est. Puisque vous n’avez pas
de
mystique nouvelle à nous proposer sur-le-champ, l’avenir et l’espoir
157
proposer sur-le-champ, l’avenir et l’espoir sont
de
l’autre côté. » Comment se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux, qui
158
en des gens que la tyrannie attire dans le secret
de
leur cœur.
159
de, et méritent bien qu’on les défende ! Essayons
de
nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notr
160
ope, que l’on dit décadente, misérable et pourrie
d’
injustices, se trouvait demain rajeunie à grands coups de règlements d
161
tices, se trouvait demain rajeunie à grands coups
de
règlements dictatoriaux. On nous dit que nos libertés européennes ne
162
s libertés européennes ne sont plus que des mots,
de
grands mots, qu’elles sont devenues purement formelles, et que celles
163
t les dictatures seraient enfin réelles. Essayons
de
voir à quoi cela correspond, objectivement. Supposons tout d’abord qu
164
llusoire. Consultons alors le tableau des niveaux
de
vie matérielle établi par les Nations unies. Nous y lisons ceci : le
165
revenu annuel moyen par habitant est actuellement
de
1453 dollars aux US, de 840 en Suisse, de 482 en France, de 308 en UR
166
habitant est actuellement de 1453 dollars aux US,
de
840 en Suisse, de 482 en France, de 308 en URSS et de 300 en Pologne1
167
llement de 1453 dollars aux US, de 840 en Suisse,
de
482 en France, de 308 en URSS et de 300 en Pologne1. Il faudrait en d
168
llars aux US, de 840 en Suisse, de 482 en France,
de
308 en URSS et de 300 en Pologne1. Il faudrait en déduire logiquement
169
40 en Suisse, de 482 en France, de 308 en URSS et
de
300 en Pologne1. Il faudrait en déduire logiquement que les libertés
170
e et par le plus grand nombre. Il s’agirait alors
d’
illustrer concrètement cette distinction correcte en théorie. Prenons
171
et voyons, dans quelques cas précis, les limites
de
ces libertés, mais aussi ce qu’on nous offre en échange. Nos libert
172
ibertés et les leurs Nous possédons la liberté
de
circuler. Circuler, c’est le contraire d’être en prison ; c’est un sy
173
liberté de circuler. Circuler, c’est le contraire
d’
être en prison ; c’est un symbole concret de la liberté. Qu’en est-il
174
raire d’être en prison ; c’est un symbole concret
de
la liberté. Qu’en est-il de ce droit en Occident ? Nous l’utilisons l
175
st un symbole concret de la liberté. Qu’en est-il
de
ce droit en Occident ? Nous l’utilisons largement, non seulement à l’
176
, non seulement à l’intérieur de notre pays, mais
d’
un pays à l’autre, à pied, en bicyclette, en auto, en train, en avion.
177
l se trouve limité en fait par le prix des moyens
de
transport, et par le système des visas. Cependant l’on n’a jamais ent
178
e dernier pays, on exige le passeport intérieur —
d’
une ville à l’autre — et que l’on n’y connaît pas le droit de sortir d
179
à l’autre — et que l’on n’y connaît pas le droit
de
sortir de ses frontières, sauf pour des raisons politiques. La libert
180
— et que l’on n’y connaît pas le droit de sortir
de
ses frontières, sauf pour des raisons politiques. La liberté de circu
181
res, sauf pour des raisons politiques. La liberté
de
circuler, quoique imparfaite, paraît donc « défendable », chez nous.
182
able », chez nous. Nous possédons, après cent ans
de
luttes menées par les mouvements syndicalistes, le droit de grève. Ce
183
menées par les mouvements syndicalistes, le droit
de
grève. Ce droit n’est pas seulement légal : il est utilisé dans tout
184
primé, et c’est même à cette suppression du droit
de
grève qu’un ouvrier reconnaîtra sans risque d’erreur que le régime qu
185
it de grève qu’un ouvrier reconnaîtra sans risque
d’
erreur que le régime qui lui promet la lune prépare en vérité le moder
186
mme ne sera jamais content s’il n’a plus le droit
de
se dire mécontent. Or, ce droit, nous l’avons conquis. Il a valu à to
187
urable. Il est réel, chez nous. Il est inexistant
de
l’autre côté. Nous pourrions le perdre demain, et il faudrait vraimen
188
tier, par son salaire, par son patron, a le droit
de
donner son congé et de chercher du travail ailleurs. Ce droit lui ser
189
par son patron, a le droit de donner son congé et
de
chercher du travail ailleurs. Ce droit lui serait ôté par le régime q
190
nous que je le trouve. Autre exemple : la liberté
de
l’expression. On ne dira point qu’elle est parfaite en Occident, loin
191
impossibilité où se trouve aujourd’hui l’individu
de
se faire entendre à l’échelle démesurée de la cité moderne, alors que
192
dividu de se faire entendre à l’échelle démesurée
de
la cité moderne, alors que les États, les partis au pouvoir et les pu
193
le cinéma. Cependant, nous avons encore le droit
de
protester contre tout cela. On me dira qu’il n’est pas très efficace
194
n m’offrirait, dans un régime totalitaire, serait
de
m’ôter ce dernier droit, tout le reste étant pareil ou aggravé. En fa
195
e étant pareil ou aggravé. En fait, avec le droit
de
protester, c’est toute la liberté de l’expression qui disparaît. Or l
196
vec le droit de protester, c’est toute la liberté
de
l’expression qui disparaît. Or l’homme qui perd la liberté de l’expre
197
ion qui disparaît. Or l’homme qui perd la liberté
de
l’expression est déjà moralement en prison. Celui qui n’ose même plus
198
me plus parler devant ses enfants sans la crainte
d’
être réveillé deux jours plus tard à 5 heures du matin par la police,
199
ée. Ainsi reclus et désarmé, il est bientôt privé
de
tout moyen de défense contre la propagande massive. Or disons-le fran
200
us et désarmé, il est bientôt privé de tout moyen
de
défense contre la propagande massive. Or disons-le franchement : la p
201
qualifiée, une violence aussi grave que les coups
de
fouet donnés par le maître à l’esclave. En l’absence de moyens légaux
202
et donnés par le maître à l’esclave. En l’absence
de
moyens légaux de défense contre ce fléau, les moyens individuels doiv
203
maître à l’esclave. En l’absence de moyens légaux
de
défense contre ce fléau, les moyens individuels doivent être encourag
204
s-nous bien, en Occident, quelle défense efficace
de
l’homme et de sa dignité intime, représentent en réalité le droit de
205
n Occident, quelle défense efficace de l’homme et
de
sa dignité intime, représentent en réalité le droit de protester (fût
206
dignité intime, représentent en réalité le droit
de
protester (fût-ce tout seul dans son coin), le droit d’opposition dan
207
tester (fût-ce tout seul dans son coin), le droit
d’
opposition dans la vie politique, le droit d’avoir trop de journaux et
208
roit d’opposition dans la vie politique, le droit
d’
avoir trop de journaux et trop de partis, et même le droit de s’en pla
209
tion dans la vie politique, le droit d’avoir trop
de
journaux et trop de partis, et même le droit de s’en plaindre ou de s
210
itique, le droit d’avoir trop de journaux et trop
de
partis, et même le droit de s’en plaindre ou de s’en moquer ? Si nous
211
p de journaux et trop de partis, et même le droit
de
s’en plaindre ou de s’en moquer ? Si nous perdions demain ces droits,
212
p de partis, et même le droit de s’en plaindre ou
de
s’en moquer ? Si nous perdions demain ces droits, qui peuvent paraîtr
213
res, nous verrions qu’ils étaient les protecteurs
de
notre intégrité individuelle, devant la pire menace du siècle. Car j’
214
libertés que nous pouvons perdre : La liberté
de
la pensée J’avoue que dans mes jeunes et folles années, je me suis
215
jeunes et folles années, je me suis souvent moqué
de
cette expression. Je disais : rien au monde ne peut nous en priver ;
216
priver ; même en prison, l’homme garde la liberté
de
penser, de penser ce qu’il veut, de penser à ce qu’il veut. Pourquoi
217
me en prison, l’homme garde la liberté de penser,
de
penser ce qu’il veut, de penser à ce qu’il veut. Pourquoi lui garanti
218
de la liberté de penser, de penser ce qu’il veut,
de
penser à ce qu’il veut. Pourquoi lui garantir ce droit qu’on ne peut
219
lui ôter, alors qu’il s’agirait bien concrètement
de
lui donner nourriture et logis ? Et je parlais des « pâles libertés »
220
ais des « pâles libertés » définies par la Charte
de
l’Atlantique, des libertés inutiles et abstraites que l’on met en ava
221
s et abstraites que l’on met en avant pour éviter
de
faire face aux problèmes gênants. J’avais entièrement tort. Je ne cro
222
, si nous ne sommes plus propriétaires et auteurs
de
nos propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser
223
s pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir
de
penser ce qu’il nous plaît, comme il nous plaît — que ce soit d’aille
224
et des produits chimiques (le penthotal) capables
de
nous faire penser dans le sens voulu par l’État. Ceux qui ont lu le c
225
voulu par l’État. Ceux qui ont lu le chef-d’œuvre
de
George Orwell 1984, savent très bien de quoi l’on parle ici, ou ceux
226
f-d’œuvre de George Orwell 1984, savent très bien
de
quoi l’on parle ici, ou ceux qui ont lu Le Zéro et l’infini de Koestl
227
parle ici, ou ceux qui ont lu Le Zéro et l’infini
de
Koestler, ou la Vingt-Cinquième Heure de Gheorghiu, ou simplement les
228
l’infini de Koestler, ou la Vingt-Cinquième Heure
de
Gheorghiu, ou simplement les études des physiologistes qui prouvent q
229
siologistes qui prouvent qu’en pinçant le cerveau
d’
un nouveau-né au bon endroit, on peut lui faire penser ou ne pas pense
230
ou ne pas penser ce qu’on veut. Il ne s’agit pas
d’
anticipations. L’Enfer des hommes dépossédés de leur propre pensée exi
231
as d’anticipations. L’Enfer des hommes dépossédés
de
leur propre pensée existe près de nous : sa propagande l’appelle un p
232
s et des fours crématoires, la valeur primordiale
de
l’habeas corpus. Il découvre soudain que la liberté humaine par excel
233
l’a dit récemment Ignazio Silone, c’est le droit
de
chaque homme à son âme — habeas animam ! — et nous pouvons le perdre.
234
la Pologne font partie. Il y a toutes les raisons
de
penser que les chiffres réels concernant ces deux derniers pays sont
235
Contre-offensive
de
la liberté Nous avons formulé jusqu’ici deux thèses principales. La
236
. La seconde, c’est que nous possédons un capital
de
libertés réelles dont nous n’avons plus même conscience. Il en résult
237
es, dont ils se disent qu’elles les délivreraient
de
leurs problèmes individuels : ainsi la guerre, les dictatures, les tr
238
ls : ainsi la guerre, les dictatures, les troupes
de
choc militaires et politiques, ou simplement l’anonymat collectiviste
239
révolutions et par nos sciences, décorent du nom
de
« mystiques puissantes » de simples propagandes qui nous promettent l
240
nces, décorent du nom de « mystiques puissantes »
de
simples propagandes qui nous promettent le paradis et la grandeur, la
241
absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin
d’
une mystique « aussi puissante » ou « plus puissante » que les leurs.
242
ées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont
de
notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forc
243
La première, c’est le trésor vivant des droits
de
toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires n
244
us haut et des douzaines d’autres en plus : droit
de
circuler, de travailler, de faire la grève, de créer des coopératives
245
s douzaines d’autres en plus : droit de circuler,
de
travailler, de faire la grève, de créer des coopératives, des syndica
246
utres en plus : droit de circuler, de travailler,
de
faire la grève, de créer des coopératives, des syndicats, des société
247
it de circuler, de travailler, de faire la grève,
de
créer des coopératives, des syndicats, des sociétés d’entraide ; de c
248
éer des coopératives, des syndicats, des sociétés
d’
entraide ; de changer d’habitation, de condition sociale, de professio
249
ratives, des syndicats, des sociétés d’entraide ;
de
changer d’habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’e
250
s syndicats, des sociétés d’entraide ; de changer
d’
habitation, de condition sociale, de profession ; droit d’exprimer tou
251
es sociétés d’entraide ; de changer d’habitation,
de
condition sociale, de profession ; droit d’exprimer toutes les sagess
252
; de changer d’habitation, de condition sociale,
de
profession ; droit d’exprimer toutes les sagesses et toutes les folie
253
tion, de condition sociale, de profession ; droit
d’
exprimer toutes les sagesses et toutes les folies concevables ; droit
254
utes les folies concevables ; droit à la religion
de
notre choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que
255
es ; droit à la religion de notre choix, et droit
de
n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et de les t
256
re choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit
d’
élire ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; d
257
r aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et
de
les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester, d’écrire au Ti
258
e ceux que nous voulons et de les traiter ensuite
de
scélérats ; droit de protester, d’écrire au Times, ou à la Feuille lo
259
ns et de les traiter ensuite de scélérats ; droit
de
protester, d’écrire au Times, ou à la Feuille locale, de faire campag
260
raiter ensuite de scélérats ; droit de protester,
d’
écrire au Times, ou à la Feuille locale, de faire campagne pour n’impo
261
ester, d’écrire au Times, ou à la Feuille locale,
de
faire campagne pour n’importe quoi et le contraire ; droit d’exiger q
262
pagne pour n’importe quoi et le contraire ; droit
d’
exiger que les douaniers mettent des gants blancs avant de fouiller no
263
ants blancs avant de fouiller nos valises ; droit
d’
entrer dans n’importe quels magasin, marché, café, ou restaurant, et d
264
te quels magasin, marché, café, ou restaurant, et
de
composer le menu de notre choix ; droit d’élever nos enfants selon no
265
rché, café, ou restaurant, et de composer le menu
de
notre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes, — et to
266
nt, et de composer le menu de notre choix ; droit
d’
élever nos enfants selon nos principes, — et tous les droits non codif
267
ute quoique les plus inconscients, comme le droit
d’
applaudir ou de siffler selon ses goûts, de prendre à la radio le post
268
plus inconscients, comme le droit d’applaudir ou
de
siffler selon ses goûts, de prendre à la radio le poste qu’on préfère
269
droit d’applaudir ou de siffler selon ses goûts,
de
prendre à la radio le poste qu’on préfère, et de tourner le bouton si
270
de prendre à la radio le poste qu’on préfère, et
de
tourner le bouton si l’on s’ennuie, sans être dénoncé par les voisins
271
uie, sans être dénoncé par les voisins ; le droit
d’
aimer et de haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un s
272
tre dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et
de
haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul de ces
273
s voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit
d’
épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul de ces droits que les dic
274
it d’épouser qui l’on veut… Il n’est pas un seul
de
ces droits que les dictatures n’aient attaqué ou supprimé, n’aient dé
275
des peuples libres qui vivent à l’ouest du rideau
de
fer ; parmi lesquels près de 300 millions d’Européens, dont la masse
276
deau de fer ; parmi lesquels près de 300 millions
d’
Européens, dont la masse représente bien plus que la Russie et deux fo
277
sé, mais un présent ; bien plus, ils sont le gage
d’
un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nous ! L’es
278
e dont nous disposons, et l’une des plus typiques
de
l’Occident, n’est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se p
279
plus jeunes générations. On se lamente sur l’état
de
la jeunesse d’Europe, on déploie ce qu’on nomme son nihilisme. Si l’o
280
érations. On se lamente sur l’état de la jeunesse
d’
Europe, on déploie ce qu’on nomme son nihilisme. Si l’on veut dire par
281
lus pour aucune idéologie, je serais tenté plutôt
de
l’en féliciter. Si cette jeunesse qui a vu les camps comme résultat d
282
t les pires tyrannies comme produit des mystiques
de
« libération », n’avait pas décidé de ne plus croire à rien qu’aux ré
283
s mystiques de « libération », n’avait pas décidé
de
ne plus croire à rien qu’aux réalités immédiates, alors seulement je
284
chrétienne elle-même doit aujourd’hui se réjouir
d’
un tel scepticisme, voir en lui son meilleur allié contre les mystific
285
l’inquiétude du monde moderne ? » Je serais tenté
de
lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à
286
quiétudes personnelles, qui ne se satisfont point
de
réponses collectives. L’Occident n’est pas une Église, n’est pas une
287
dent n’est pas une Église, n’est pas une doctrine
de
salut, comme les partis totalitaires voudraient le devenir à bon marc
288
ir à bon marché. L’Occident est une somme immense
de
réalités, de réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigi
289
hé. L’Occident est une somme immense de réalités,
de
réponses, de questions, de contradictions. Cette prodigieuse diversit
290
t est une somme immense de réalités, de réponses,
de
questions, de contradictions. Cette prodigieuse diversité peut angois
291
e immense de réalités, de réponses, de questions,
de
contradictions. Cette prodigieuse diversité peut angoisser. Mais elle
292
ngoisser. Mais elle est d’autre part la condition
de
nos libertés et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occi
293
est d’autre part la condition de nos libertés et
de
l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occident demeure l’espo
294
s libertés et de l’esprit créateur. C’est à cause
d’
elle que l’Occident demeure l’espoir de l’homme qui pense, qui juge et
295
st à cause d’elle que l’Occident demeure l’espoir
de
l’homme qui pense, qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme es
296
-même. Et cet homme est le but du Progrès, le but
de
toute communauté digne du nom. La personne J’en viens ici à not
297
me force : la personne. Voilà la création majeure
de
l’Occident. L’idée de la personne est certainement la plus originale,
298
. Voilà la création majeure de l’Occident. L’idée
de
la personne est certainement la plus originale, la plus profonde auss
299
otre Europe. La personne, c’est l’individu chargé
d’
une vocation qui le distingue de la masse, mais le relie pratiquement
300
l’individu chargé d’une vocation qui le distingue
de
la masse, mais le relie pratiquement à la communauté. C’est l’homme q
301
nauté. C’est l’homme qui se veut intégral, maître
de
lui et de sa propre pensée, et par là même conscient de ce qu’il doit
302
st l’homme qui se veut intégral, maître de lui et
de
sa propre pensée, et par là même conscient de ce qu’il doit au procha
303
et de sa propre pensée, et par là même conscient
de
ce qu’il doit au prochain. C’est l’homme total, que je veux opposer à
304
qui n’ont pas eu eux-mêmes des raisons efficaces
de
résister à la mise au pas par l’État. Avec l’idée de la personne l’Eu
305
résister à la mise au pas par l’État. Avec l’idée
de
la personne l’Europe est née ; avec elle, elle mourrait. J’indique to
306
it. J’indique tout de suite que le mal spécifique
de
la personne, c’est l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez
307
reaucrates russes, ou que la « sottise qui paye »
de
Hollywood ! Dans l’idée de la personne s’enracine toute liberté concr
308
a « sottise qui paye » de Hollywood ! Dans l’idée
de
la personne s’enracine toute liberté concrète, créatrice et vécue. Au
309
concrète, créatrice et vécue. Au contraire, c’est
de
la masse homogène, uniforme, que naissent toutes les modernes tyranni
310
is que masse égale contrainte. Il n’y aura jamais
de
liberté « en masse ». Il n’y aura jamais de liberté réelle que dans l
311
amais de liberté « en masse ». Il n’y aura jamais
de
liberté réelle que dans le besoin, le droit et la passion de différer
312
réelle que dans le besoin, le droit et la passion
de
différer de son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa
313
ans le besoin, le droit et la passion de différer
de
son voisin, de courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’o
314
le droit et la passion de différer de son voisin,
de
courir sa propre aventure, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu
315
érer de son voisin, de courir sa propre aventure,
de
créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu, et d’accomplir ainsi, en sec
316
e, de créer par sa vie ce qu’on n’a jamais vu, et
d’
accomplir ainsi, en secret bien souvent, une vocation qui n’a pas de c
317
en secret bien souvent, une vocation qui n’a pas
de
comptes à rendre aux hommes, et encore bien moins à l’État, parce qu’
318
t « immédiate à Dieu ». Telle est bien la passion
de
l’homme européen. Elle le met à la pointe du genre humain. Dans cette
319
t à la pointe du genre humain. Dans cette passion
de
différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens,
320
une chose au monde pour laquelle on ne peut faire
de
propagande au sens moderne, c’est justement la liberté, puisqu’elle c
321
c’est justement la liberté, puisqu’elle cesserait
d’
être la liberté si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doi
322
’elle cesserait d’être la liberté si l’on tentait
de
l’imposer. Mais on peut et l’on doit prendre conscience de ses condit
323
ser. Mais on peut et l’on doit prendre conscience
de
ses conditions, de ses risques. Je crois à la vertu de la prise de co
324
t l’on doit prendre conscience de ses conditions,
de
ses risques. Je crois à la vertu de la prise de conscience : c’est d’
325
s conditions, de ses risques. Je crois à la vertu
de
la prise de conscience : c’est d’une part le début de la guérison, qu
326
a prise de conscience : c’est d’une part le début
de
la guérison, quand le mal est d’ordre psychique ; c’est d’autre part
327
ne part le début de la guérison, quand le mal est
d’
ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi, q
328
d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source
de
confiance en soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que notre
329
pensait. Rendus conscients des forces véritables
de
l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renver
330
s conscients des forces véritables de l’Europe et
de
l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde s
331
t de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt,
de
renverser l’absurde situation volontairement créée par les mystiques
332
irement créée par les mystiques adverses. Au défi
de
la propagande, répondons tranquillement par des faits. Nous pouvons p
333
bertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant
de
les répandre. Si nous voyons les faits, et savons les faire voir, nou
334
s l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé
de
se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies liber
335
se mettre sur la défensive, contre le rayonnement
de
nos vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’es
336
ment de nos vraies libertés. Or le meilleur moyen
de
les faire rayonner, c’est de les faire passer du plan des faits à cel
337
Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est
de
les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de n
338
est de les faire passer du plan des faits à celui
de
nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos force
339
r du plan des faits à celui de nos consciences et
de
nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer
340
lui de nos consciences et de nos volontés ; c’est
d’
appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à
341
n s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant
d’
instruments modernes et puissants (politiques, scientifiques, économiq
342
, scientifiques, économiques, sociaux) au service
de
la vocation commune à tous nos peuples, le monde entier verra que l’E
343
es sont nos chances ? je dirai qu’elles dépendent
de
chacun de nous, — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque pe
344
s chances ? je dirai qu’elles dépendent de chacun
de
nous, — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque personne fai
345
dépendent de chacun de nous, — beaucoup plus que
d’
un général américain. Chaque personne fait obstacle à la fatalité. Lév
346
ittons la lutte. Léviathan, c’est la somme exacte
de
nos petites démissions personnelles. Et c’est pourquoi je conclurai,