1 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Le drame de la liberté, aujourd’hui
1 e à ne plus savoir si elle existe ou non, si elle est légitime ou non comme idéal ou comme réalité. Mais un homme en prison
2 ou comme réalité. Mais un homme en prison, qu’il soit intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu. Il n’en dema
3 ouvelle guerre mondiale, c’est parce que le monde est divisé en deux partis, qui ne se définissent clairement que par rappo
4 tres motifs de conflit que l’on pourrait énumérer sont discutables et peu clairs. Les intérêts économiques, par exemple, res
5 plan-là, peut-être. Les passions nationalistes ne sont plus que des survivances, d’ailleurs également réparties entre les de
6 as pour distinguer nettement les adversaires : il serait possible de discuter longtemps pour savoir de quel côté du rideau de
7 atique, promise ou réalisée. Par contre, ce qu’il est absolument impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tou
8 ’il est absolument impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voulons la l
9 prépare une liberté « réelle ». Mais alors, s’il est clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-il pas urgent q
10 réelle ». Mais alors, s’il est clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-il pas urgent que nous prenions une c
11 clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’ est -il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des lib
12 s voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui serait perdue par tous — cette lutte où nous sommes engagés, la première con
13 qui serait perdue par tous — cette lutte où nous sommes engagés, la première condition de succès, c’est de savoir ce que nous
14 s, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-elles purement formelles ? Les voulons-nous vraim
15 e que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont -elles purement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et sommes-nous
16 rement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et sommes -nous prêts aux derniers sacrifices pour les défendre ? Beaucoup d’ent
17 ifices pour les défendre ? Beaucoup d’entre nous, soyons francs, ne savent plus bien répondre à ces questions. C’est là que gî
18 d’improviser quelque « mystique » nouvelle, nous sommes déjà battus. Pour gagner, mais alors à coup sûr, il faut que nous soy
19 r gagner, mais alors à coup sûr, il faut que nous soyons en état de répondre instantanément, avec une conviction totale. Il fa
20 e idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’ est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a co
21 mais bien les libertés qu’il a conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un av
22 la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. En
23 ge seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le tenir sans équivoque, et en pleine connaissance de ca
24 r. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le tenir sans équivoque, et en pleine connaissance de cause. Or beaucoup d’ent
25 ommes d’aujourd’hui ont-ils peur de la liberté et sont -ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles sont les libertés rée
26 t-ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles sont les libertés réelles que nous avons, et que demain nous pourrions per
2 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). L’anxiété de l’homme moderne
27 eté dans un monde où il se sent comme égaré. Tout est trop grand, trop compliqué et trop variable. Tout est possible en thé
28 trop grand, trop compliqué et trop variable. Tout est possible en théorie, mais rien n’indique ce qu’il faut faire, ou les
29 nt d’arbitraire le domine. La morale bourgeoise n’ est plus une aide, elle ne peut plus fournir de directives bien claires.
30 que ? Pourquoi ceci plutôt que cela, puisque tout est possible en principe ? Réponse des dictatures C’est à cette anxi
31 es totalitaires. Le nationalisme, tout d’abord, s’ est substitué au patriotisme local et instinctif ; les passions politique
32 e guerre ou de révolution — si l’élément social n’ était venu se conjuguer avec eux, après la Première Guerre. Ce que Mussolin
33 sse de l’insécurité, de l’arbitraire, et qu’il en est réduit à désirer qu’on le libère d’une liberté sans contenu. Ils ont
34 oisir et de risquer d’avoir à s’en repentir. Ce n’ est point par méchanceté ou par perversité que tant d’hommes en Europe so
35 eté ou par perversité que tant d’hommes en Europe sont devenus fascistes et deviennent aujourd’hui communistes. C’est parce
36 ue ces hommes ont senti obscurément, de tout leur être , le besoin d’un principe d’unité, d’obligation et de sécurité, que se
37 s’y jettent fanatiquement, et s’imaginent qu’elle est un ordre, une mise en ordre tout au moins. Nous touchons là le secret
38 e, que rapporte un diplomate français. « Quand je suis arrivé à mon poste, à Moscou, disait-il, une des premières questions
39 ées les Russes dont je faisais la connaissance, a été la suivante : — Comment avez-vous fait pour venir ici ? Je leur dis,
40 e, j’ai pris le train. —Non, me répondit-on, ce n’ est pas cela que nous voulons savoir. Comment avez-vous obtenu les licenc
41 eter un billet, certificats politiques, etc., qui sont , comme chacun sait, nécessaires pour voyager ? » Il fallut très longt
42 cre ses interlocuteurs qu’il avait tout bonnement été à l’une des gares de Paris, où il avait acheté son billet sans nulle
43 lité. Quand ils le crurent enfin, leur conclusion fut simple mais inattendue : « — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils,
44 « — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils, doit être dans un terrible désordre ! » Ce diplomate ajoutait que les quelques
45 ne sorte d’inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout est dicté, chaque geste, chaque démarche, sont expliqués « scientifiqueme
46 x, tout est dicté, chaque geste, chaque démarche, sont expliqués « scientifiquement » où sont prescrits par le Parti et sa d
47 démarche, sont expliqués « scientifiquement » où sont prescrits par le Parti et sa doctrine. En Occident, il faut sans cess
48 erne, et cela des deux côtés du rideau de fer. Il serait faux de croire que ledit homme moderne a le goût de l’esclavage. Il c
49 Il cherche une discipline qui le rassure. Et ce n’ est pas qu’il aime la discipline en soi, mais il en a besoin dans la mesu
50 n n’atteint qu’une partie de son intellect, et ce sont d’autres forces qui le mènent. Contre les évidences qu’on lui propose
51 périorité des dictatures. Il nie d’abord qu’elles soient des dictatures. Puis il affirme que si elles le sont, ce n’est que po
52 t des dictatures. Puis il affirme que si elles le sont , ce n’est que pour une brève période de transition un peu pénible mai
53 tures. Puis il affirme que si elles le sont, ce n’ est que pour une brève période de transition un peu pénible mais indispen
54 ntrer qu’en fait c’est justement le contraire qui est vrai. Car le motif profond de sa conversion aux dictatures, celui qu’
55 tures, celui qu’il ne peut confesser, c’est qu’il est en pleine fuite devant la liberté, c’est qu’il cherche un refuge cont
56 ictatures totalitaires. Cette attitude ne saurait être modifiée par des arguments. Nous sommes en présence d’une psychose, q
57 ne saurait être modifiée par des arguments. Nous sommes en présence d’une psychose, qui atteint des millions d’hommes en Occi
58 d’hommes en Occident, et dont nul d’entre nous n’ est tout à fait indemne. Une psychose ne se réfute point par la logique e
59 iales La fuite devant la liberté, bien qu’elle soit par essence une attitude mentale et affective, se trouve favorisée ce
60 ant toute autre forme de traitement psychique, ce sont ces circonstances matérielles qu’il s’agirait de modifier : je veux p
61 capitalistes. Tant qu’un certain minimum vital ne sera pas assuré à tout homme, tant qu’il craindra de perdre d’un jour à l’
62 é de former des projets, tant que l’homme moderne sera (ou simplement se sentira) dans une telle situation, la liberté lui f
63 atérielle. Ceux qui pensent que de telles mesures sont le commencement du communisme, ceux-là confondent le remède avec la m
64 ’en reste pas moins que l’essentiel du traitement est une affaire d’éducation. Éduquer un jeune homme, c’est, comme le mot
65 nations physiques ; puis le stade anarchique, qui est celui de l’inefficacité des efforts contradictoires et irresponsables
66 ité personnelle, c’est-à-dire, à la possibilité d’ être libre. Le but de toute éducation digne du nom, c’est donc de rendre u
67 est donc de rendre un homme apte à la liberté. Il serait vain de décréter toutes sortes de libertés légales ou morales pour de
68 même en deux ou trois. Or, il se trouve que nous sommes menacés de l’extérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous somme
69 xtérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous sommes menacés de l’intérieur par ce désordre profond que j’ai décrit, par l
70 ntement notre goût de la vraie liberté. Mais nous sommes menacés de l’extérieur par quelque chose qui mettrait fin d’un coup à
71 qui mettrait fin d’un coup à tous nos maux. Nous sommes malades, et il faut commencer notre traitement qui sera long. Mais il
72 alades, et il faut commencer notre traitement qui sera long. Mais il faut aussi éviter un accident mortel qui pourrait surve
73 sent : « Commençons par retrouver notre santé, ce sera notre meilleure défense ! » ceux-là certes ont raison ; mais ils ont
74 ous dit : « Réformez socialement votre Europe, ce sera le plus sûr moyen d’y supprimer la tentation totalitaire. » Mais héla
75 Il faut donc la défendre d’abord et telle qu’elle est . Sinon demain, elle ne sera pas meilleure, mais morte. En même temps
76 abord et telle qu’elle est. Sinon demain, elle ne sera pas meilleure, mais morte. En même temps qu’on s’attaque aux causes p
77 e qu’on possède encore ne vaut plus rien, qu’elle est malade. Ainsi parlent les défaitistes européens. La vérité est différ
78 insi parlent les défaitistes européens. La vérité est différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre
79 istes européens. La vérité est différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de l
80 est différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de la liberté. Ou plutôt, c’es
81 ons de parler. Ils ont peur de la liberté, ils en sont fatigués, ils désirent secrètement des disciplines massives et des cr
82 ût vient d’une névrose, ils mentent. Le mécanisme est bien connu, il est absolument classique pour les psychiatres. Tous le
83 ose, ils mentent. Le mécanisme est bien connu, il est absolument classique pour les psychiatres. Tous les névrosés mentent,
84 c’est celui qui consiste à dire : « Votre Europe est finie, elle n’est que du passé, on ne peut pas la défendre telle qu’e
85 onsiste à dire : « Votre Europe est finie, elle n’ est que du passé, on ne peut pas la défendre telle qu’elle est. Puisque v
86 u passé, on ne peut pas la défendre telle qu’elle est . Puisque vous n’avez pas de mystique nouvelle à nous proposer sur-le-
87 nous proposer sur-le-champ, l’avenir et l’espoir sont de l’autre côté. » Comment se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux,
88 se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux, qui ne sont pas du tout staliniens ou fascistes, croient sincèrement ce mensonge-
89 t que l’Europe ne mérite pas qu’on la défende, ce sont ou bien des gens qui ont perdu la conscience des libertés réelles don
3 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Libertés « formelles » et libertés « réelles »
90 rs connues, dans cette génération du moins. Elles sont devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles son
91 relles que nous oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Si nous sentions que l’air, demain, que pre
92 iaux. On nous dit que nos libertés européennes ne sont plus que des mots, de grands mots, qu’elles sont devenues purement fo
93 sont plus que des mots, de grands mots, qu’elles sont devenues purement formelles, et que celles que préparent les dictatur
94 elles, et que celles que préparent les dictatures seraient enfin réelles. Essayons de voir à quoi cela correspond, objectivement
95 uit par des résultats mesurables, matériels, et n’ est donc point purement sentimentale ou illusoire. Consultons alors le ta
96 lisons ceci : le revenu annuel moyen par habitant est actuellement de 1453 dollars aux US, de 840 en Suisse, de 482 en Fran
97 berté de circuler. Circuler, c’est le contraire d’ être en prison ; c’est un symbole concret de la liberté. Qu’en est-il de c
98 n ; c’est un symbole concret de la liberté. Qu’en est -il de ce droit en Occident ? Nous l’utilisons largement, non seulemen
99 on n’a jamais entendu dire que les chemins de fer soient gratuits, même en URSS, alors qu’il est certain que dans ce dernier p
100 de fer soient gratuits, même en URSS, alors qu’il est certain que dans ce dernier pays, on exige le passeport intérieur — d
101 ents syndicalistes, le droit de grève. Ce droit n’ est pas seulement légal : il est utilisé dans tout notre Occident — en Eu
102 de grève. Ce droit n’est pas seulement légal : il est utilisé dans tout notre Occident — en Europe et en Amérique — avec de
103 disent ensuite aux ouvriers : maintenant que vous êtes au pouvoir, vous n’allez pas vous mettre en grève contre vous-mêmes !
104 pas vous mettre en grève contre vous-mêmes ! Vous êtes officiellement contents et satisfaits… Elles oublient que l’homme ne
105 ents et satisfaits… Elles oublient que l’homme ne sera jamais content s’il n’a plus le droit de se dire mécontent. Or, ce dr
106 tarienne une ascension constante et mesurable. Il est réel, chez nous. Il est inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le
107 onstante et mesurable. Il est réel, chez nous. Il est inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le perdre demain, et il fa
108 stifiante pour nous convaincre que cette perte-là serait un progrès, un espoir neuf, — pour nous faire croire en somme qu’une
109 — pour nous faire croire en somme qu’une liberté est « formelle » quand on l’a, « réelle » quand on ne l’a plus. L’employé
110 l’a plus. L’employé, l’ouvrier, chez nous, qui n’ est plus satisfait par son métier, par son salaire, par son patron, a le
111 et de chercher du travail ailleurs. Ce droit lui serait ôté par le régime que lui offrent les dictatures. L’idée qu’un ouvrie
112 vrier puisse quitter son usine pour trouver mieux est tout simplement inconnue dans les « républiques soviétiques ». Je che
113 liberté de l’expression. On ne dira point qu’elle est parfaite en Occident, loin de là. Nous connaissons tous les limites q
114 s tous les limites que lui imposent, en pratique, soit les censures secrètes exercées par la presse ou l’État, soit les conf
115 nsures secrètes exercées par la presse ou l’État, soit les conformismes locaux ou nationaux. Et nous sentons surtout l’impos
116 s, les partis au pouvoir et les puissants du jour tiennent la radio, la presse et le cinéma. Cependant, nous avons encore le dro
117 de protester contre tout cela. On me dira qu’il n’ est pas très efficace ? Mais le seul progrès qu’on m’offrirait, dans un r
118 ès qu’on m’offrirait, dans un régime totalitaire, serait de m’ôter ce dernier droit, tout le reste étant pareil ou aggravé. En
119 serait de m’ôter ce dernier droit, tout le reste étant pareil ou aggravé. En fait, avec le droit de protester, c’est toute l
120 t. Or l’homme qui perd la liberté de l’expression est déjà moralement en prison. Celui qui n’ose même plus parler devant se
121 plus parler devant ses enfants sans la crainte d’ être réveillé deux jours plus tard à 5 heures du matin par la police, cet
122 tard à 5 heures du matin par la police, cet homme est en prison dans sa famille. Et celui qui n’ose plus communiquer ses ré
123 plus communiquer ses réactions à ses semblables, est en prison dans sa propre pensée. Ainsi reclus et désarmé, il est bien
124 ans sa propre pensée. Ainsi reclus et désarmé, il est bientôt privé de tout moyen de défense contre la propagande massive.
125 massive. Or disons-le franchement : la propagande est une tyrannie véritable, une contrainte qualifiée, une violence aussi
126 e contre ce fléau, les moyens individuels doivent être encouragés au maximum. Savons-nous bien, en Occident, quelle défense
127 e, représentent en réalité le droit de protester ( fût -ce tout seul dans son coin), le droit d’opposition dans la vie politi
128 euvent paraître secondaires, nous verrions qu’ils étaient les protecteurs de notre intégrité individuelle, devant la pire menac
129 avoue que dans mes jeunes et folles années, je me suis souvent moqué de cette expression. Je disais : rien au monde ne peut
130 les libertés dont les meilleurs ont soif peuvent être vidées d’un seul coup, si nous ne sommes plus propriétaires et auteur
131 if peuvent être vidées d’un seul coup, si nous ne sommes plus propriétaires et auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons
132 ce qu’il nous plaît, comme il nous plaît — que ce soit d’ailleurs juste ou faux — les autres droits qu’on nous accorde seron
133 te ou faux — les autres droits qu’on nous accorde seront nuls. Nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons pe
134 tes sur cette statistique : 1. les chiffres cités sont obtenus en divisant la somme des salaires dans un pays par le nombre
135 illards et chômeurs compris ; 2. ces chiffres ont été établis par les Nations unies, dont l’URSS et la Pologne font partie.
136 chiffres réels concernant ces deux derniers pays sont inférieurs à ceux qu’ils ont fournis.
4 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Contre-offensive de la liberté
137 a liberté, dans notre monde complexe et démesuré, est sentie par beaucoup comme insécurité. La seconde, c’est que nous poss
138 vons plus même conscience. Il en résulte que nous sommes plutôt faibles devant la propagande totalitaire. Beaucoup, angoissés
139 s n’avons rien à opposer à ces « mystiques », qui sont au vrai des mystifications. Le temps est venu de passer à la contre-o
140  », qui sont au vrai des mystifications. Le temps est venu de passer à la contre-offensive. Laissons les « mystiques » synt
141 mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos f
142 drons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses La première, c’est le trésor vivant des droits de toute n
143 e, et de tourner le bouton si l’on s’ennuie, sans être dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’épo
144 de haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’ est pas un seul de ces droits que les dictatures n’aient attaqué ou suppr
145 , n’aient déclaré antisocial ou criminel. Il n’en est pas un seul que n’ait conquis l’immense majorité des peuples libres q
146 s que l’Amérique. Tous ces droits bien vivants ne sont pas un passé, mais un présent ; bien plus, ils sont le gage d’un gran
147 nt pas un passé, mais un présent ; bien plus, ils sont le gage d’un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nou
148 d’un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nous ! L’esprit critique La seconde force dont nous dispos
149 sons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’ est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se perd et l’on en don
150 elle ne « marche » plus pour aucune idéologie, je serais tenté plutôt de l’en féliciter. Si cette jeunesse qui a vu les camps
151 l apporter à l’inquiétude du monde moderne ? » Je serais tenté de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie so
152 sfont point de réponses collectives. L’Occident n’ est pas une Église, n’est pas une doctrine de salut, comme les partis tot
153 s collectives. L’Occident n’est pas une Église, n’ est pas une doctrine de salut, comme les partis totalitaires voudraient l
154 es voudraient le devenir à bon marché. L’Occident est une somme immense de réalités, de réponses, de questions, de contradi
155 e prodigieuse diversité peut angoisser. Mais elle est d’autre part la condition de nos libertés et de l’esprit créateur. C’
156 , qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme est le but du Progrès, le but de toute communauté digne du nom. La per
157 tion majeure de l’Occident. L’idée de la personne est certainement la plus originale, la plus profonde aussi qu’ait élaboré
158 rement privé et à l’homme purement social, qui ne sont que des « mutilés », des hommes partiels qui n’ont pas eu eux-mêmes d
159 s par l’État. Avec l’idée de la personne l’Europe est née ; avec elle, elle mourrait. J’indique tout de suite que le mal sp
160 n siècle ou deux. Mais combien cette maladie même est -elle plus proche de l’idéal humain que le collectivisme « culturel »
161 modernes tyrannies. On ne peut forcer personne à être libre, alors qu’il faut forcer les masses à être masses. Et c’est pou
162 être libre, alors qu’il faut forcer les masses à être masses. Et c’est pourquoi Personne égale Liberté, tandis que masse ég
163 mes, et encore bien moins à l’État, parce qu’elle est « immédiate à Dieu ». Telle est bien la passion de l’homme européen.
164 at, parce qu’elle est « immédiate à Dieu ». Telle est bien la passion de l’homme européen. Elle le met à la pointe du genre
165 L’homme total contre l’État totalitaire Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien v
166 t totalitaire Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir. S’il est une chose au
167 forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir. S’il est une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de propagande au se
168 est justement la liberté, puisqu’elle cesserait d’ être la liberté si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doit pr
169 d’une part le début de la guérison, quand le mal est d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi
170 ce de confiance en soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que notre lassitude ne le pensait. Rendus conscients des fo
171 ces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontairement
172 coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera forcé de se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vra
173 t un plus grand passé. Si vous demandez : quelles sont nos chances ? je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beauco
174 lénaire », mais déjà morte : — Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire.
175 orte : — Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire.