1
e à ne plus savoir si elle existe ou non, si elle
est
légitime ou non comme idéal ou comme réalité. Mais un homme en prison
2
ou comme réalité. Mais un homme en prison, qu’il
soit
intellectuel ou paysan, sait très bien ce qu’il a perdu. Il n’en dema
3
ouvelle guerre mondiale, c’est parce que le monde
est
divisé en deux partis, qui ne se définissent clairement que par rappo
4
tres motifs de conflit que l’on pourrait énumérer
sont
discutables et peu clairs. Les intérêts économiques, par exemple, res
5
plan-là, peut-être. Les passions nationalistes ne
sont
plus que des survivances, d’ailleurs également réparties entre les de
6
as pour distinguer nettement les adversaires : il
serait
possible de discuter longtemps pour savoir de quel côté du rideau de
7
atique, promise ou réalisée. Par contre, ce qu’il
est
absolument impossible de discuter, ce qui est évident aux yeux de tou
8
’il est absolument impossible de discuter, ce qui
est
évident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voulons la l
9
prépare une liberté « réelle ». Mais alors, s’il
est
clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’est-il pas urgent q
10
réelle ». Mais alors, s’il est clair que l’enjeu
est
en définitive la liberté, n’est-il pas urgent que nous prenions une c
11
clair que l’enjeu est en définitive la liberté, n’
est
-il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des lib
12
s voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui
serait
perdue par tous — cette lutte où nous sommes engagés, la première con
13
qui serait perdue par tous — cette lutte où nous
sommes
engagés, la première condition de succès, c’est de savoir ce que nous
14
s, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles
sont
nos libertés ? Sont-elles purement formelles ? Les voulons-nous vraim
15
e que nous défendons. Quelles sont nos libertés ?
Sont
-elles purement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et sommes-nous
16
rement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et
sommes
-nous prêts aux derniers sacrifices pour les défendre ? Beaucoup d’ent
17
ifices pour les défendre ? Beaucoup d’entre nous,
soyons
francs, ne savent plus bien répondre à ces questions. C’est là que gî
18
d’improviser quelque « mystique » nouvelle, nous
sommes
déjà battus. Pour gagner, mais alors à coup sûr, il faut que nous soy
19
r gagner, mais alors à coup sûr, il faut que nous
soyons
en état de répondre instantanément, avec une conviction totale. Il fa
20
e idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’
est
pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a co
21
mais bien les libertés qu’il a conquises, et qui
sont
la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un av
22
la réalité présente de nos vies, bien plus : qui
sont
le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. En
23
ge seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous
soyons
en mesure de le tenir sans équivoque, et en pleine connaissance de ca
24
r. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le
tenir
sans équivoque, et en pleine connaissance de cause. Or beaucoup d’ent
25
ommes d’aujourd’hui ont-ils peur de la liberté et
sont
-ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles sont les libertés rée
26
t-ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles
sont
les libertés réelles que nous avons, et que demain nous pourrions per
27
eté dans un monde où il se sent comme égaré. Tout
est
trop grand, trop compliqué et trop variable. Tout est possible en thé
28
trop grand, trop compliqué et trop variable. Tout
est
possible en théorie, mais rien n’indique ce qu’il faut faire, ou les
29
nt d’arbitraire le domine. La morale bourgeoise n’
est
plus une aide, elle ne peut plus fournir de directives bien claires.
30
que ? Pourquoi ceci plutôt que cela, puisque tout
est
possible en principe ? Réponse des dictatures C’est à cette anxi
31
es totalitaires. Le nationalisme, tout d’abord, s’
est
substitué au patriotisme local et instinctif ; les passions politique
32
e guerre ou de révolution — si l’élément social n’
était
venu se conjuguer avec eux, après la Première Guerre. Ce que Mussolin
33
sse de l’insécurité, de l’arbitraire, et qu’il en
est
réduit à désirer qu’on le libère d’une liberté sans contenu. Ils ont
34
oisir et de risquer d’avoir à s’en repentir. Ce n’
est
point par méchanceté ou par perversité que tant d’hommes en Europe so
35
eté ou par perversité que tant d’hommes en Europe
sont
devenus fascistes et deviennent aujourd’hui communistes. C’est parce
36
ue ces hommes ont senti obscurément, de tout leur
être
, le besoin d’un principe d’unité, d’obligation et de sécurité, que se
37
s’y jettent fanatiquement, et s’imaginent qu’elle
est
un ordre, une mise en ordre tout au moins. Nous touchons là le secret
38
e, que rapporte un diplomate français. « Quand je
suis
arrivé à mon poste, à Moscou, disait-il, une des premières questions
39
ées les Russes dont je faisais la connaissance, a
été
la suivante : — Comment avez-vous fait pour venir ici ? Je leur dis,
40
e, j’ai pris le train. —Non, me répondit-on, ce n’
est
pas cela que nous voulons savoir. Comment avez-vous obtenu les licenc
41
eter un billet, certificats politiques, etc., qui
sont
, comme chacun sait, nécessaires pour voyager ? » Il fallut très longt
42
cre ses interlocuteurs qu’il avait tout bonnement
été
à l’une des gares de Paris, où il avait acheté son billet sans nulle
43
lité. Quand ils le crurent enfin, leur conclusion
fut
simple mais inattendue : « — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils,
44
« — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils, doit
être
dans un terrible désordre ! » Ce diplomate ajoutait que les quelques
45
ne sorte d’inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout
est
dicté, chaque geste, chaque démarche, sont expliqués « scientifiqueme
46
x, tout est dicté, chaque geste, chaque démarche,
sont
expliqués « scientifiquement » où sont prescrits par le Parti et sa d
47
démarche, sont expliqués « scientifiquement » où
sont
prescrits par le Parti et sa doctrine. En Occident, il faut sans cess
48
erne, et cela des deux côtés du rideau de fer. Il
serait
faux de croire que ledit homme moderne a le goût de l’esclavage. Il c
49
Il cherche une discipline qui le rassure. Et ce n’
est
pas qu’il aime la discipline en soi, mais il en a besoin dans la mesu
50
n n’atteint qu’une partie de son intellect, et ce
sont
d’autres forces qui le mènent. Contre les évidences qu’on lui propose
51
périorité des dictatures. Il nie d’abord qu’elles
soient
des dictatures. Puis il affirme que si elles le sont, ce n’est que po
52
t des dictatures. Puis il affirme que si elles le
sont
, ce n’est que pour une brève période de transition un peu pénible mai
53
tures. Puis il affirme que si elles le sont, ce n’
est
que pour une brève période de transition un peu pénible mais indispen
54
ntrer qu’en fait c’est justement le contraire qui
est
vrai. Car le motif profond de sa conversion aux dictatures, celui qu’
55
tures, celui qu’il ne peut confesser, c’est qu’il
est
en pleine fuite devant la liberté, c’est qu’il cherche un refuge cont
56
ictatures totalitaires. Cette attitude ne saurait
être
modifiée par des arguments. Nous sommes en présence d’une psychose, q
57
ne saurait être modifiée par des arguments. Nous
sommes
en présence d’une psychose, qui atteint des millions d’hommes en Occi
58
d’hommes en Occident, et dont nul d’entre nous n’
est
tout à fait indemne. Une psychose ne se réfute point par la logique e
59
iales La fuite devant la liberté, bien qu’elle
soit
par essence une attitude mentale et affective, se trouve favorisée ce
60
ant toute autre forme de traitement psychique, ce
sont
ces circonstances matérielles qu’il s’agirait de modifier : je veux p
61
capitalistes. Tant qu’un certain minimum vital ne
sera
pas assuré à tout homme, tant qu’il craindra de perdre d’un jour à l’
62
é de former des projets, tant que l’homme moderne
sera
(ou simplement se sentira) dans une telle situation, la liberté lui f
63
atérielle. Ceux qui pensent que de telles mesures
sont
le commencement du communisme, ceux-là confondent le remède avec la m
64
’en reste pas moins que l’essentiel du traitement
est
une affaire d’éducation. Éduquer un jeune homme, c’est, comme le mot
65
nations physiques ; puis le stade anarchique, qui
est
celui de l’inefficacité des efforts contradictoires et irresponsables
66
ité personnelle, c’est-à-dire, à la possibilité d’
être
libre. Le but de toute éducation digne du nom, c’est donc de rendre u
67
est donc de rendre un homme apte à la liberté. Il
serait
vain de décréter toutes sortes de libertés légales ou morales pour de
68
même en deux ou trois. Or, il se trouve que nous
sommes
menacés de l’extérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous somme
69
xtérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous
sommes
menacés de l’intérieur par ce désordre profond que j’ai décrit, par l
70
ntement notre goût de la vraie liberté. Mais nous
sommes
menacés de l’extérieur par quelque chose qui mettrait fin d’un coup à
71
qui mettrait fin d’un coup à tous nos maux. Nous
sommes
malades, et il faut commencer notre traitement qui sera long. Mais il
72
alades, et il faut commencer notre traitement qui
sera
long. Mais il faut aussi éviter un accident mortel qui pourrait surve
73
sent : « Commençons par retrouver notre santé, ce
sera
notre meilleure défense ! » ceux-là certes ont raison ; mais ils ont
74
ous dit : « Réformez socialement votre Europe, ce
sera
le plus sûr moyen d’y supprimer la tentation totalitaire. » Mais héla
75
Il faut donc la défendre d’abord et telle qu’elle
est
. Sinon demain, elle ne sera pas meilleure, mais morte. En même temps
76
abord et telle qu’elle est. Sinon demain, elle ne
sera
pas meilleure, mais morte. En même temps qu’on s’attaque aux causes p
77
e qu’on possède encore ne vaut plus rien, qu’elle
est
malade. Ainsi parlent les défaitistes européens. La vérité est différ
78
insi parlent les défaitistes européens. La vérité
est
différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre
79
istes européens. La vérité est différente : ce ne
sont
pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de l
80
est différente : ce ne sont pas nos libertés qui
sont
malades, mais notre sens et notre goût de la liberté. Ou plutôt, c’es
81
ons de parler. Ils ont peur de la liberté, ils en
sont
fatigués, ils désirent secrètement des disciplines massives et des cr
82
ût vient d’une névrose, ils mentent. Le mécanisme
est
bien connu, il est absolument classique pour les psychiatres. Tous le
83
ose, ils mentent. Le mécanisme est bien connu, il
est
absolument classique pour les psychiatres. Tous les névrosés mentent,
84
c’est celui qui consiste à dire : « Votre Europe
est
finie, elle n’est que du passé, on ne peut pas la défendre telle qu’e
85
onsiste à dire : « Votre Europe est finie, elle n’
est
que du passé, on ne peut pas la défendre telle qu’elle est. Puisque v
86
u passé, on ne peut pas la défendre telle qu’elle
est
. Puisque vous n’avez pas de mystique nouvelle à nous proposer sur-le-
87
nous proposer sur-le-champ, l’avenir et l’espoir
sont
de l’autre côté. » Comment se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux,
88
se peut-il que beaucoup, jeunes ou vieux, qui ne
sont
pas du tout staliniens ou fascistes, croient sincèrement ce mensonge-
89
t que l’Europe ne mérite pas qu’on la défende, ce
sont
ou bien des gens qui ont perdu la conscience des libertés réelles don
90
rs connues, dans cette génération du moins. Elles
sont
devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles son
91
relles que nous oublions qu’elles existent. Elles
sont
l’air que nous respirons. Si nous sentions que l’air, demain, que pre
92
iaux. On nous dit que nos libertés européennes ne
sont
plus que des mots, de grands mots, qu’elles sont devenues purement fo
93
sont plus que des mots, de grands mots, qu’elles
sont
devenues purement formelles, et que celles que préparent les dictatur
94
elles, et que celles que préparent les dictatures
seraient
enfin réelles. Essayons de voir à quoi cela correspond, objectivement
95
uit par des résultats mesurables, matériels, et n’
est
donc point purement sentimentale ou illusoire. Consultons alors le ta
96
lisons ceci : le revenu annuel moyen par habitant
est
actuellement de 1453 dollars aux US, de 840 en Suisse, de 482 en Fran
97
berté de circuler. Circuler, c’est le contraire d’
être
en prison ; c’est un symbole concret de la liberté. Qu’en est-il de c
98
n ; c’est un symbole concret de la liberté. Qu’en
est
-il de ce droit en Occident ? Nous l’utilisons largement, non seulemen
99
on n’a jamais entendu dire que les chemins de fer
soient
gratuits, même en URSS, alors qu’il est certain que dans ce dernier p
100
de fer soient gratuits, même en URSS, alors qu’il
est
certain que dans ce dernier pays, on exige le passeport intérieur — d
101
ents syndicalistes, le droit de grève. Ce droit n’
est
pas seulement légal : il est utilisé dans tout notre Occident — en Eu
102
de grève. Ce droit n’est pas seulement légal : il
est
utilisé dans tout notre Occident — en Europe et en Amérique — avec de
103
disent ensuite aux ouvriers : maintenant que vous
êtes
au pouvoir, vous n’allez pas vous mettre en grève contre vous-mêmes !
104
pas vous mettre en grève contre vous-mêmes ! Vous
êtes
officiellement contents et satisfaits… Elles oublient que l’homme ne
105
ents et satisfaits… Elles oublient que l’homme ne
sera
jamais content s’il n’a plus le droit de se dire mécontent. Or, ce dr
106
tarienne une ascension constante et mesurable. Il
est
réel, chez nous. Il est inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le
107
onstante et mesurable. Il est réel, chez nous. Il
est
inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le perdre demain, et il fa
108
stifiante pour nous convaincre que cette perte-là
serait
un progrès, un espoir neuf, — pour nous faire croire en somme qu’une
109
— pour nous faire croire en somme qu’une liberté
est
« formelle » quand on l’a, « réelle » quand on ne l’a plus. L’employé
110
l’a plus. L’employé, l’ouvrier, chez nous, qui n’
est
plus satisfait par son métier, par son salaire, par son patron, a le
111
et de chercher du travail ailleurs. Ce droit lui
serait
ôté par le régime que lui offrent les dictatures. L’idée qu’un ouvrie
112
vrier puisse quitter son usine pour trouver mieux
est
tout simplement inconnue dans les « républiques soviétiques ». Je che
113
liberté de l’expression. On ne dira point qu’elle
est
parfaite en Occident, loin de là. Nous connaissons tous les limites q
114
s tous les limites que lui imposent, en pratique,
soit
les censures secrètes exercées par la presse ou l’État, soit les conf
115
nsures secrètes exercées par la presse ou l’État,
soit
les conformismes locaux ou nationaux. Et nous sentons surtout l’impos
116
s, les partis au pouvoir et les puissants du jour
tiennent
la radio, la presse et le cinéma. Cependant, nous avons encore le dro
117
de protester contre tout cela. On me dira qu’il n’
est
pas très efficace ? Mais le seul progrès qu’on m’offrirait, dans un r
118
ès qu’on m’offrirait, dans un régime totalitaire,
serait
de m’ôter ce dernier droit, tout le reste étant pareil ou aggravé. En
119
serait de m’ôter ce dernier droit, tout le reste
étant
pareil ou aggravé. En fait, avec le droit de protester, c’est toute l
120
t. Or l’homme qui perd la liberté de l’expression
est
déjà moralement en prison. Celui qui n’ose même plus parler devant se
121
plus parler devant ses enfants sans la crainte d’
être
réveillé deux jours plus tard à 5 heures du matin par la police, cet
122
tard à 5 heures du matin par la police, cet homme
est
en prison dans sa famille. Et celui qui n’ose plus communiquer ses ré
123
plus communiquer ses réactions à ses semblables,
est
en prison dans sa propre pensée. Ainsi reclus et désarmé, il est bien
124
ans sa propre pensée. Ainsi reclus et désarmé, il
est
bientôt privé de tout moyen de défense contre la propagande massive.
125
massive. Or disons-le franchement : la propagande
est
une tyrannie véritable, une contrainte qualifiée, une violence aussi
126
e contre ce fléau, les moyens individuels doivent
être
encouragés au maximum. Savons-nous bien, en Occident, quelle défense
127
e, représentent en réalité le droit de protester (
fût
-ce tout seul dans son coin), le droit d’opposition dans la vie politi
128
euvent paraître secondaires, nous verrions qu’ils
étaient
les protecteurs de notre intégrité individuelle, devant la pire menac
129
avoue que dans mes jeunes et folles années, je me
suis
souvent moqué de cette expression. Je disais : rien au monde ne peut
130
les libertés dont les meilleurs ont soif peuvent
être
vidées d’un seul coup, si nous ne sommes plus propriétaires et auteur
131
if peuvent être vidées d’un seul coup, si nous ne
sommes
plus propriétaires et auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons
132
ce qu’il nous plaît, comme il nous plaît — que ce
soit
d’ailleurs juste ou faux — les autres droits qu’on nous accorde seron
133
te ou faux — les autres droits qu’on nous accorde
seront
nuls. Nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons pe
134
tes sur cette statistique : 1. les chiffres cités
sont
obtenus en divisant la somme des salaires dans un pays par le nombre
135
illards et chômeurs compris ; 2. ces chiffres ont
été
établis par les Nations unies, dont l’URSS et la Pologne font partie.
136
chiffres réels concernant ces deux derniers pays
sont
inférieurs à ceux qu’ils ont fournis.
137
a liberté, dans notre monde complexe et démesuré,
est
sentie par beaucoup comme insécurité. La seconde, c’est que nous poss
138
vons plus même conscience. Il en résulte que nous
sommes
plutôt faibles devant la propagande totalitaire. Beaucoup, angoissés
139
s n’avons rien à opposer à ces « mystiques », qui
sont
au vrai des mystifications. Le temps est venu de passer à la contre-o
140
», qui sont au vrai des mystifications. Le temps
est
venu de passer à la contre-offensive. Laissons les « mystiques » synt
141
mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès
sont
de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos f
142
drons sauver notre présent ! Nos forces réelles
sont
immenses La première, c’est le trésor vivant des droits de toute n
143
e, et de tourner le bouton si l’on s’ennuie, sans
être
dénoncé par les voisins ; le droit d’aimer et de haïr, le droit d’épo
144
de haïr, le droit d’épouser qui l’on veut… Il n’
est
pas un seul de ces droits que les dictatures n’aient attaqué ou suppr
145
, n’aient déclaré antisocial ou criminel. Il n’en
est
pas un seul que n’ait conquis l’immense majorité des peuples libres q
146
s que l’Amérique. Tous ces droits bien vivants ne
sont
pas un passé, mais un présent ; bien plus, ils sont le gage d’un gran
147
nt pas un passé, mais un présent ; bien plus, ils
sont
le gage d’un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nou
148
d’un grand avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il
est
chez nous ! L’esprit critique La seconde force dont nous dispos
149
sons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’
est
autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se perd et l’on en don
150
elle ne « marche » plus pour aucune idéologie, je
serais
tenté plutôt de l’en féliciter. Si cette jeunesse qui a vu les camps
151
l apporter à l’inquiétude du monde moderne ? » Je
serais
tenté de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie so
152
sfont point de réponses collectives. L’Occident n’
est
pas une Église, n’est pas une doctrine de salut, comme les partis tot
153
s collectives. L’Occident n’est pas une Église, n’
est
pas une doctrine de salut, comme les partis totalitaires voudraient l
154
es voudraient le devenir à bon marché. L’Occident
est
une somme immense de réalités, de réponses, de questions, de contradi
155
e prodigieuse diversité peut angoisser. Mais elle
est
d’autre part la condition de nos libertés et de l’esprit créateur. C’
156
, qui juge et qui sent par lui-même. Et cet homme
est
le but du Progrès, le but de toute communauté digne du nom. La per
157
tion majeure de l’Occident. L’idée de la personne
est
certainement la plus originale, la plus profonde aussi qu’ait élaboré
158
rement privé et à l’homme purement social, qui ne
sont
que des « mutilés », des hommes partiels qui n’ont pas eu eux-mêmes d
159
s par l’État. Avec l’idée de la personne l’Europe
est
née ; avec elle, elle mourrait. J’indique tout de suite que le mal sp
160
n siècle ou deux. Mais combien cette maladie même
est
-elle plus proche de l’idéal humain que le collectivisme « culturel »
161
modernes tyrannies. On ne peut forcer personne à
être
libre, alors qu’il faut forcer les masses à être masses. Et c’est pou
162
être libre, alors qu’il faut forcer les masses à
être
masses. Et c’est pourquoi Personne égale Liberté, tandis que masse ég
163
mes, et encore bien moins à l’État, parce qu’elle
est
« immédiate à Dieu ». Telle est bien la passion de l’homme européen.
164
at, parce qu’elle est « immédiate à Dieu ». Telle
est
bien la passion de l’homme européen. Elle le met à la pointe du genre
165
L’homme total contre l’État totalitaire Telles
sont
nos maladies. Telles sont nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien v
166
t totalitaire Telles sont nos maladies. Telles
sont
nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir. S’il est une chose au
167
forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir. S’il
est
une chose au monde pour laquelle on ne peut faire de propagande au se
168
est justement la liberté, puisqu’elle cesserait d’
être
la liberté si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doit pr
169
d’une part le début de la guérison, quand le mal
est
d’ordre psychique ; c’est d’autre part une source de confiance en soi
170
ce de confiance en soi, quand les faits objectifs
sont
meilleurs que notre lassitude ne le pensait. Rendus conscients des fo
171
ces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous
serons
en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontairement
172
coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui
sera
forcé de se mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vra
173
t un plus grand passé. Si vous demandez : quelles
sont
nos chances ? je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beauco
174
lénaire », mais déjà morte : — Là où l’homme veut
être
total, l’État ne sera jamais totalitaire.
175
orte : — Là où l’homme veut être total, l’État ne
sera
jamais totalitaire.