1 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Le drame de la liberté, aujourd’hui
1 siècle, c’est moins le problème de la liberté qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos vies. Ca
2 , que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons aujourd’hui dans l’angoisse d’une nouvelle g
3 De l’issue de ce drame dépendent nos vies. Car si nous vivons aujourd’hui dans l’angoisse d’une nouvelle guerre mondiale, c’
4 ui vivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos libertés, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs de conflit
5 ident aux yeux de tous, des deux côtés, c’est que nous voulons la liberté, et que les autres veulent la dictature. Ils la pr
6 Ils la préfèrent — provisoirement disent-ils — à notre liberté qu’ils nomment purement « formelle », affirmant que leur dict
7 en définitive la liberté, n’est-il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte des libertés concrètes que nou
8 science nette et forte des libertés concrètes que nous avons ? Si nous voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui serai
9 forte des libertés concrètes que nous avons ? Si nous voulons gagner d’avance — avant une guerre, qui serait perdue par tou
10 erre, qui serait perdue par tous — cette lutte où nous sommes engagés, la première condition de succès, c’est de savoir ce q
11 mière condition de succès, c’est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-elles purement formelles 
12 est de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos libertés ? Sont-elles purement formelles ? Les voulons-nous vraiment 
13 tés ? Sont-elles purement formelles ? Les voulons- nous vraiment ? Et sommes-nous prêts aux derniers sacrifices pour les défe
14 formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et sommes- nous prêts aux derniers sacrifices pour les défendre ? Beaucoup d’entre no
15 s sacrifices pour les défendre ? Beaucoup d’entre nous , soyons francs, ne savent plus bien répondre à ces questions. C’est l
16 gît la force principale de l’autre camp. Quand on nous dit : « Qu’avez-vous à opposer à l’idéologie stalinienne, à cette gra
17 e des prolétaires, à cette religion nouvelle ? », nous hésitons souvent avant de répondre. Quand on nous dit : « Vous ne pou
18 nous hésitons souvent avant de répondre. Quand on nous dit : « Vous ne pourriez défendre l’Europe qu’en opposant à ses ennem
19 mais hélas, vous n’avez qu’un passé ! », quand on nous dit cela, et que nous cherchons alors désespérément une réplique, ou
20 z qu’un passé ! », quand on nous dit cela, et que nous cherchons alors désespérément une réplique, ou que nous essayons d’im
21 herchons alors désespérément une réplique, ou que nous essayons d’improviser quelque « mystique » nouvelle, nous sommes déjà
22 ayons d’improviser quelque « mystique » nouvelle, nous sommes déjà battus. Pour gagner, mais alors à coup sûr, il faut que n
23 . Pour gagner, mais alors à coup sûr, il faut que nous soyons en état de répondre instantanément, avec une conviction totale
24 tanément, avec une conviction totale. Il faut que nous répondions ceci : « Nous n’avons pas besoin comme vous d’une mystique
25 tion totale. Il faut que nous répondions ceci : «  Nous n’avons pas besoin comme vous d’une mystique qui masque les faits, no
26 n comme vous d’une mystique qui masque les faits, nous n’avons pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et c
27 its, nous n’avons pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, m
28 ’avons pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien l
29 gie, car nous avons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a conquises, e
30 ons nos libertés. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libertés qu’il a conquises, et qui sont la r
31 l a conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien plus : qui sont le gage d’un avenir meilleur ! » Ce langag
32 age d’un avenir meilleur ! » Ce langage seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le tenir sans équ
33 langage seul peut nous sauver. Encore faut-il que nous soyons en mesure de le tenir sans équivoque, et en pleine connaissanc
34 pleine connaissance de cause. Or beaucoup d’entre nous hésitent. C’est pour ceux-là, avec ceux-là, que je voudrais examiner
35 condement : quelles sont les libertés réelles que nous avons, et que demain nous pourrions perdre ?
36 es libertés réelles que nous avons, et que demain nous pourrions perdre ?
2 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). L’anxiété de l’homme moderne
37 L’anxiété de l’homme moderne Notre première question : « Pourquoi l’homme de ce temps a-t-il peur de la
38 é ? » demanderait un long examen de conscience de notre civilisation, une analyse qui remonterait de plusieurs siècles dans n
39 analyse qui remonterait de plusieurs siècles dans notre histoire, et peut-être une psychanalyse. En attendant, prenons tout s
40 pratiquement, ne guident plus le grand nombre de nos contemporains. Jamais pourtant la nécessité d’orientations claires et
41 ineuses complexités de la vie moderne. Voici donc notre jeune homme livré à l’anxiété, à l’insécurité matérielle et morale. O
42 je cherchais. » Voilà pourquoi tant d’hommes, de nos jours, fuyant une liberté qui les laisse sans défense et les angoisse
43 le est un ordre, une mise en ordre tout au moins. Nous touchons là le secret de la vraie force, de la seule force de persuas
44 rain. —Non, me répondit-on, ce n’est pas cela que nous voulons savoir. Comment avez-vous obtenu les licences, permissions de
45 due : « — Un pays comme le vôtre, lui dirent-ils, doit être dans un terrible désordre ! » Ce diplomate ajoutait que les quel
46 en Occident, loin de se sentir plus à l’aise dans notre atmosphère de liberté, y souffraient d’une sorte d’inquiétude perpétu
47 llement. On ne sait jamais exactement ce que l’on doit faire. C’est un vertige. C’est épuisant ! Psychose de l’homme mode
48 ’est épuisant ! Psychose de l’homme moderne Nous aurions tort de rire d’une pareille attitude. Elle a des motifs très
49 itude ne saurait être modifiée par des arguments. Nous sommes en présence d’une psychose, qui atteint des millions d’hommes
50 illions d’hommes en Occident, et dont nul d’entre nous n’est tout à fait indemne. Une psychose ne se réfute point par la log
51 ler de l’insécurité sociale qui règne encore dans nos démocraties, plus ou moins libérales et plus ou moins capitalistes. T
52 envie. Tout traitement sérieux du mal totalitaire doit donc s’accompagner de mesures sociales, garantissant à chaque famille
53 homme, c’est, comme le mot l’indique dans toutes nos langues européennes, le « faire sortir », le conduire au-dehors (e-du
54 n, ni même en deux ou trois. Or, il se trouve que nous sommes menacés de l’extérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nou
55 e l’extérieur aussi gravement que de l’intérieur. Nous sommes menacés de l’intérieur par ce désordre profond que j’ai décrit
56 t l’insécurité qui minent et détruisent lentement notre goût de la vraie liberté. Mais nous sommes menacés de l’extérieur par
57 nt lentement notre goût de la vraie liberté. Mais nous sommes menacés de l’extérieur par quelque chose qui mettrait fin d’un
58 r quelque chose qui mettrait fin d’un coup à tous nos maux. Nous sommes malades, et il faut commencer notre traitement qui
59 chose qui mettrait fin d’un coup à tous nos maux. Nous sommes malades, et il faut commencer notre traitement qui sera long.
60 s maux. Nous sommes malades, et il faut commencer notre traitement qui sera long. Mais il faut aussi éviter un accident morte
61 ait donné ses effets. Et c’est pourquoi ceux qui nous disent : « Commençons par retrouver notre santé, ce sera notre meille
62 ceux qui nous disent : « Commençons par retrouver notre santé, ce sera notre meilleure défense ! » ceux-là certes ont raison 
63 : « Commençons par retrouver notre santé, ce sera notre meilleure défense ! » ceux-là certes ont raison ; mais ils ont souven
64 is ils ont souvent tort d’oublier que l’avenir de notre santé suppose, comme première condition, de sauver notre vie présente
65 anté suppose, comme première condition, de sauver notre vie présente. Parlons maintenant sans images. On nous dit : « Réforme
66 vie présente. Parlons maintenant sans images. On nous dit : « Réformez socialement votre Europe, ce sera le plus sûr moyen
67 s’agit pas seulement d’une tentation ! Avant que nous ayons réformé notre Europe, elle peut bel et bien disparaître sous la
68 nt d’une tentation ! Avant que nous ayons réformé notre Europe, elle peut bel et bien disparaître sous la réalité totalitaire
69 il faut en même temps des mesures plus rapides : nous fédérer et assurer notre défense. Or voici le cercle vicieux : ce qui
70 es mesures plus rapides : nous fédérer et assurer notre défense. Or voici le cercle vicieux : ce qui retient beaucoup d’Europ
71 sychose ou cette névrose qui leur fait dire que «  notre Europe ne vaut plus rien. » Le défaitisme européen Quand on veu
72 opéens. La vérité est différente : ce ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de la libert
73 e ne sont pas nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de la liberté. Ou plutôt, c’est le sens et le goût
74 nos libertés qui sont malades, mais notre sens et notre goût de la liberté. Ou plutôt, c’est le sens et le goût des défaitist
75 ôt, c’est le sens et le goût des défaitistes dont nous venons de parler. Ils ont peur de la liberté, ils en sont fatigués, i
76 t. Puisque vous n’avez pas de mystique nouvelle à nous proposer sur-le-champ, l’avenir et l’espoir sont de l’autre côté. » C
3 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Libertés « formelles » et libertés « réelles »
77 Libertés « formelles » et libertés « réelles » Nos libertés réelles et quotidiennes, en Occident, nous les avons toujour
78 os libertés réelles et quotidiennes, en Occident, nous les avons toujours connues, dans cette génération du moins. Elles son
79 n du moins. Elles sont devenues si naturelles que nous oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Si n
80 oublions qu’elles existent. Elles sont l’air que nous respirons. Si nous sentions que l’air, demain, que presque toutes nos
81 existent. Elles sont l’air que nous respirons. Si nous sentions que l’air, demain, que presque toutes nos libertés peuvent n
82 us sentions que l’air, demain, que presque toutes nos libertés peuvent nous manquer, nous sentirions qu’elles valent toutes
83 , demain, que presque toutes nos libertés peuvent nous manquer, nous sentirions qu’elles valent toutes les « mystiques » du
84 presque toutes nos libertés peuvent nous manquer, nous sentirions qu’elles valent toutes les « mystiques » du monde, et méri
85 et méritent bien qu’on les défende ! Essayons de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vie
86 ssayons de nous imaginer ce qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille Europe, que l’on dit décadente, m
87 e qui se passerait dans nos vies quotidiennes, si notre vieille Europe, que l’on dit décadente, misérable et pourrie d’injust
88 nie à grands coups de règlements dictatoriaux. On nous dit que nos libertés européennes ne sont plus que des mots, de grands
89 coups de règlements dictatoriaux. On nous dit que nos libertés européennes ne sont plus que des mots, de grands mots, qu’el
90 x de vie matérielle établi par les Nations unies. Nous y lisons ceci : le revenu annuel moyen par habitant est actuellement
91 les limites de ces libertés, mais aussi ce qu’on nous offre en échange. Nos libertés et les leurs Nous possédons la li
92 tés, mais aussi ce qu’on nous offre en échange. Nos libertés et les leurs Nous possédons la liberté de circuler. Circu
93 offre en échange. Nos libertés et les leurs Nous possédons la liberté de circuler. Circuler, c’est le contraire d’être
94 a liberté. Qu’en est-il de ce droit en Occident ? Nous l’utilisons largement, non seulement à l’intérieur de notre pays, mai
95 ilisons largement, non seulement à l’intérieur de notre pays, mais d’un pays à l’autre, à pied, en bicyclette, en auto, en tr
96 ique imparfaite, paraît donc « défendable », chez nous . Nous possédons, après cent ans de luttes menées par les mouvements s
97 mparfaite, paraît donc « défendable », chez nous. Nous possédons, après cent ans de luttes menées par les mouvements syndica
98 st pas seulement légal : il est utilisé dans tout notre Occident — en Europe et en Amérique — avec des résultats concrets et
99 plus le droit de se dire mécontent. Or, ce droit, nous l’avons conquis. Il a valu à toute la classe prolétarienne une ascens
100 cension constante et mesurable. Il est réel, chez nous . Il est inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le perdre demain,
101 el, chez nous. Il est inexistant de l’autre côté. Nous pourrions le perdre demain, et il faudrait vraiment une mystique bien
102 t une mystique bien puissante et mystifiante pour nous convaincre que cette perte-là serait un progrès, un espoir neuf, — po
103 erte-là serait un progrès, un espoir neuf, — pour nous faire croire en somme qu’une liberté est « formelle » quand on l’a, «
104 quand on ne l’a plus. L’employé, l’ouvrier, chez nous , qui n’est plus satisfait par son métier, par son salaire, par son pa
105 soviétiques ». Je cherche le progrès. C’est chez nous que je le trouve. Autre exemple : la liberté de l’expression. On ne d
106 int qu’elle est parfaite en Occident, loin de là. Nous connaissons tous les limites que lui imposent, en pratique, soit les
107 at, soit les conformismes locaux ou nationaux. Et nous sentons surtout l’impossibilité où se trouve aujourd’hui l’individu d
108 nent la radio, la presse et le cinéma. Cependant, nous avons encore le droit de protester contre tout cela. On me dira qu’il
109 e défense contre ce fléau, les moyens individuels doivent être encouragés au maximum. Savons-nous bien, en Occident, quelle déf
110 iduels doivent être encouragés au maximum. Savons- nous bien, en Occident, quelle défense efficace de l’homme et de sa dignit
111 le droit de s’en plaindre ou de s’en moquer ? Si nous perdions demain ces droits, qui peuvent paraître secondaires, nous ve
112 ain ces droits, qui peuvent paraître secondaires, nous verrions qu’ils étaient les protecteurs de notre intégrité individuel
113 , nous verrions qu’ils étaient les protecteurs de notre intégrité individuelle, devant la pire menace du siècle. Car j’en arr
114 e, à la plus typiquement humaine des libertés que nous pouvons perdre : La liberté de la pensée J’avoue que dans mes j
115 tte expression. Je disais : rien au monde ne peut nous en priver ; même en prison, l’homme garde la liberté de penser, de pe
116 s ont soif peuvent être vidées d’un seul coup, si nous ne sommes plus propriétaires et auteurs de nos propres pensées. Si no
117 i nous ne sommes plus propriétaires et auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser ce
118 opriétaires et auteurs de nos propres pensées. Si nous perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, comme i
119 perdons le droit et le pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, comme il nous plaît — que ce soit d’ailleurs juste ou faux — l
120 e pouvoir de penser ce qu’il nous plaît, comme il nous plaît — que ce soit d’ailleurs juste ou faux — les autres droits qu’o
121 ’ailleurs juste ou faux — les autres droits qu’on nous accorde seront nuls. Nous ne les sentirons plus comme des droits. Or
122 les autres droits qu’on nous accorde seront nuls. Nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons perdre cette
123 . Nous ne les sentirons plus comme des droits. Or nous pouvons perdre cette liberté, voilà ce que j’ignorais il y a quinze a
124 ce que j’ignorais il y a quinze ans et que nul ne doit plus ignorer. Il existe aujourd’hui des techniques (la propagande), d
125 des produits chimiques (le penthotal) capables de nous faire penser dans le sens voulu par l’État. Ceux qui ont lu le chef-d
126 s dépossédés de leur propre pensée existe près de nous  : sa propagande l’appelle un paradis, bien entendu. Le xxe siècle n’
127 de chaque homme à son âme — habeas animam ! — et nous pouvons le perdre. 1. Deux remarques importantes sur cette statist
4 1951, Les Libertés que nous pouvons perdre (1951). Contre-offensive de la liberté
128 Contre-offensive de la liberté Nous avons formulé jusqu’ici deux thèses principales. La première, c’est q
129 ncipales. La première, c’est que la liberté, dans notre monde complexe et démesuré, est sentie par beaucoup comme insécurité.
130 beaucoup comme insécurité. La seconde, c’est que nous possédons un capital de libertés réelles dont nous n’avons plus même
131 ous possédons un capital de libertés réelles dont nous n’avons plus même conscience. Il en résulte que nous sommes plutôt fa
132 s n’avons plus même conscience. Il en résulte que nous sommes plutôt faibles devant la propagande totalitaire. Beaucoup, ang
133 jusqu’à l’inconscience aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de
134 ce aux libertés conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puiss
135 es par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences, décorent du nom de « mystiques puissantes » de simples prop
136 mystiques puissantes » de simples propagandes qui nous promettent le paradis et la grandeur, la justice et la vraie liberté 
137 ce et la vraie liberté ; et ils vont répétant que nous n’avons rien à opposer à ces « mystiques », qui sont au vrai des myst
138 s qui en ont grand besoin, parce qu’ils n’ont pas nos réalités, — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des slog
139 e qu’ils n’ont pas nos réalités, — et leurs chefs doivent masquer cette absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin d’une
140 fs doivent masquer cette absence par des slogans. Nous n’avons nul besoin d’une mystique « aussi puissante » ou « plus puiss
141 u « plus puissante » que les leurs. Car les faits nous suffisent, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous n’en mé
142 les faits nous suffisent, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous n’en méritons. Quand nous aurons compris que n
143 nt, et quant aux libertés, nous en avons plus que nous n’en méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre,
144 nous en avons plus que nous n’en méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comme d’autres près de no
145 nous n’en méritons. Quand nous aurons compris que nous pouvons les perdre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous
146 e nous pouvons les perdre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand
147 dre, comme d’autres près de nous les ont perdues, nous commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand nous aurons compris c
148 s commencerons à savoir ce qu’elles valent. Quand nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesure
149 s valent. Quand nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les auro
150 d nous aurons compris ce que valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, no
151 valent nos libertés, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et
152 és, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de
153 surer nos forces. Quand nous les aurons mesurées, nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous
154 , nous verrons que l’avenir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces rée
155 venir et le progrès sont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses
156 ont de notre côté. Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses La première, c’est le
157 Et alors, nous voudrons sauver notre présent ! Nos forces réelles sont immenses La première, c’est le trésor vivant d
158 sor vivant des droits de toute nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du
159 e nature conquis par notre Histoire et par toutes nos histoires nationales. Tous les peuples du monde, sans exception, peuv
160 ous les peuples du monde, sans exception, peuvent nous envier à cet égard. Il semble que l’esprit humain, dans tous les temp
161 re. À des degrés divers, parfois jusqu’à l’excès, nous avons tous les droits que nous mentionnons plus haut et des douzaines
162 s jusqu’à l’excès, nous avons tous les droits que nous mentionnons plus haut et des douzaines d’autres en plus : droit de ci
163 s les folies concevables ; droit à la religion de notre choix, et droit de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous
164 t de n’en choisir aucune ; droit d’élire ceux que nous voulons et de les traiter ensuite de scélérats ; droit de protester,
165 aniers mettent des gants blancs avant de fouiller nos valises ; droit d’entrer dans n’importe quels magasin, marché, café,
166 é, café, ou restaurant, et de composer le menu de notre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes, — et tous les
167 composer le menu de notre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes, — et tous les droits non codifiés, non f
168 de notre choix ; droit d’élever nos enfants selon nos principes, — et tous les droits non codifiés, non formulables, les pl
169 nd avenir. Voilà l’espoir des hommes. Il est chez nous  ! L’esprit critique La seconde force dont nous disposons, et l’
170 s ! L’esprit critique La seconde force dont nous disposons, et l’une des plus typiques de l’Occident, n’est autre que
171 l’Occident, n’est autre que l’esprit critique. On nous dit qu’il se perd et l’on en donne pour preuve le succès des publicit
172 impitoyable et sain. La foi chrétienne elle-même doit aujourd’hui se réjouir d’un tel scepticisme, voir en lui son meilleur
173 é de lui dire : l’esprit critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont
174 critique. Car cet esprit nous renvoie sobrement à nos inquiétudes personnelles, qui ne se satisfont point de réponses colle
175 isser. Mais elle est d’autre part la condition de nos libertés et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occident
176 digne du nom. La personne J’en viens ici à notre troisième force : la personne. Voilà la création majeure de l’Occiden
177 originale, la plus profonde aussi qu’ait élaborée notre Europe. La personne, c’est l’individu chargé d’une vocation qui le di
178 opre pensée, et par là même conscient de ce qu’il doit au prochain. C’est l’homme total, que je veux opposer à l’homme purem
179 l’individualisme, qui a fait tant de ravages chez nos intellectuels depuis un siècle ou deux. Mais combien cette maladie mê
180 ans cette passion de différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre ris
181 différer les uns des autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher.
182 s autres, nous trouvons tous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. L’homme total contre
183 ous, nous les Européens, notre commune dignité et notre risque le plus cher. L’homme total contre l’État totalitaire Te
184 me total contre l’État totalitaire Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir.
185 alitaire Telles sont nos maladies. Telles sont nos forces. Je n’ai cherché qu’à les bien voir. S’il est une chose au mon
186 i l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doit prendre conscience de ses conditions, de ses risques. Je crois à la v
187 soi, quand les faits objectifs sont meilleurs que notre lassitude ne le pensait. Rendus conscients des forces véritables de l
188 s forces véritables de l’Europe et de l’Occident, nous serons en mesure, aussitôt, de renverser l’absurde situation volontai
189 opagande, répondons tranquillement par des faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en
190 llement par des faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre.
191 s faits. Nous pouvons perdre toutes nos libertés. Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons
192 aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous voyons les faits, et savons les faire voir, nous aurons du même coup
193 nous voyons les faits, et savons les faire voir, nous aurons du même coup repris l’initiative. C’est l’autre camp qui sera
194 mettre sur la défensive, contre le rayonnement de nos vraies libertés. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de
195 de les faire passer du plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces ép
196 u plan des faits à celui de nos consciences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer sol
197 ences et de nos volontés ; c’est d’appeler toutes nos forces éparses à se fédérer solidement, non point à s’unifier mais à
198 er dans leurs différences essentielles. Si demain notre fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instrume
199 re fédération s’établit à Strasbourg ou ailleurs, nous dotant d’instruments modernes et puissants (politiques, scientifiques
200 sociaux) au service de la vocation commune à tous nos peuples, le monde entier verra que l’Europe c’est l’espoir, qu’elle a
201 plus grand passé. Si vous demandez : quelles sont nos chances ? je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous, — beaucoup p
202 hances ? je dirai qu’elles dépendent de chacun de nous , — beaucoup plus que d’un général américain. Chaque personne fait obs
203 Léviathan ne devient fatal que dans la mesure où nous quittons la lutte. Léviathan, c’est la somme exacte de nos petites dé
204 ons la lutte. Léviathan, c’est la somme exacte de nos petites démissions personnelles. Et c’est pourquoi je conclurai, une