1
Introduction (par Lucien Febvre) Révélation
de
la Suisse : j’intitulerais volontiers ainsi, pour ma part, le beau tr
2
s volontiers ainsi, pour ma part, le beau travail
de
M. Denis de Rougemont. Que de choses, et précieuses à savoir, il appr
3
rt, le beau travail de M. Denis de Rougemont. Que
de
choses, et précieuses à savoir, il apprendra à la masse international
4
nève à Villeneuve, admiré le bleu étonnant du lac
de
Thoune, contemplé d’Interlaken la Jungfrau et peut-être suivi, à la l
5
miré le bleu étonnant du lac de Thoune, contemplé
d’
Interlaken la Jungfrau et peut-être suivi, à la lunette, la marche aud
6
la marche audacieuse et prudente sur les glaciers
d’
une caravane d’encordés — à la question : « Vous connaissez la Suisse
7
ieuse et prudente sur les glaciers d’une caravane
d’
encordés — à la question : « Vous connaissez la Suisse ? » — peuvent r
8
onscience : « Bien sûr ! » D’autant que, ce genre
de
connaissance se fait plus rare aujourd’hui qu’autrefois, au temps de
9
qu’autrefois, au temps de ma jeunesse. La monnaie
de
ce pays alpestre ayant décidé une bonne fois de ne plus descendre dan
10
e de ce pays alpestre ayant décidé une bonne fois
de
ne plus descendre dans les plaines basses où croupissent (avec d’autr
11
aucoup de pèlerins possibles, obligés par « faute
d’
argent » de compter sérieusement ; or, parmi ces ignorants involontair
12
èlerins possibles, obligés par « faute d’argent »
de
compter sérieusement ; or, parmi ces ignorants involontaires des terr
13
des terres et des lacs suisses, figurent beaucoup
d’
hommes capables, en se promenant, d’observer, de réfléchir et de compa
14
rent beaucoup d’hommes capables, en se promenant,
d’
observer, de réfléchir et de comparer. Et quant aux vieilles gens qui,
15
p d’hommes capables, en se promenant, d’observer,
de
réfléchir et de comparer. Et quant aux vieilles gens qui, comme moi,
16
les, en se promenant, d’observer, de réfléchir et
de
comparer. Et quant aux vieilles gens qui, comme moi, pour des raisons
17
ux vieilles gens qui, comme moi, pour des raisons
de
résidence, ont été de bonne heure attirés vers la Suisse — il y a fro
18
s’initier, au cours de séjours répétés, à la vie
d’
un de ces beaux vals qui n’ont point eu que Jean-Jacques pour dévots ;
19
itier, au cours de séjours répétés, à la vie d’un
de
ces beaux vals qui n’ont point eu que Jean-Jacques pour dévots ; quan
20
ues pour dévots ; quant à tous ceux qui ont gardé
de
ces fréquentations assez d’impression pour ne jamais saluer sans tend
21
us ceux qui ont gardé de ces fréquentations assez
d’
impression pour ne jamais saluer sans tendresse, du haut de la grande
22
ion pour ne jamais saluer sans tendresse, du haut
de
la grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sc
23
saluer sans tendresse, du haut de la grande allée
de
tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sculpté par « leur »
24
tendresse, du haut de la grande allée de tilleuls
de
Meudon, le buste fier de l’Helvétie sculpté par « leur » Gustave Cour
25
grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier
de
l’Helvétie sculpté par « leur » Gustave Courbet, en reconnaissance de
26
é par « leur » Gustave Courbet, en reconnaissance
de
l’hospitalité qu’après la Commune il reçut à la Tour de Peilz — ceux-
27
ospitalité qu’après la Commune il reçut à la Tour
de
Peilz — ceux-là mêmes regrettent de ne pouvoir assez rafraîchir leurs
28
çut à la Tour de Peilz — ceux-là mêmes regrettent
de
ne pouvoir assez rafraîchir leurs souvenirs anciens ; ils s’étonnent
29
n Italie leur fait entrevoir, à travers une glace
de
wagon-restaurant, un Valais de plus en plus industrialisé juchant sur
30
isé juchant sur le sommet des plus petites mottes
de
cailloutis glaciaire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords d’
31
tites mottes de cailloutis glaciaire une douzaine
de
pieds de vigne — ou les bords d’un Léman si envahi d’hôtels qu’ils no
32
tes de cailloutis glaciaire une douzaine de pieds
de
vigne — ou les bords d’un Léman si envahi d’hôtels qu’ils noient sans
33
ire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords
d’
un Léman si envahi d’hôtels qu’ils noient sans remords sous un entasse
34
ieds de vigne — ou les bords d’un Léman si envahi
d’
hôtels qu’ils noient sans remords sous un entassement de constructions
35
ls qu’ils noient sans remords sous un entassement
de
constructions disparates de petites villes comme Vevey, cette vignero
36
s sous un entassement de constructions disparates
de
petites villes comme Vevey, cette vigneronne du lac — hier encore si
37
e des États, ce petit pays qui ne compte pas plus
d’
habitants, en tout, que le « Grand Paris » à lui seul : mais il joue c
38
le chose qu’il me laisse à regretter) que l’Essai
de
Denis de Rougemont demeure trop constamment abstrait. Les paysages so
39
bstrait. Les paysages sont, eux aussi, des agents
de
l’histoire. Il semble que les Suisses aient pudeur d’en parler. Compa
40
’histoire. Il semble que les Suisses aient pudeur
d’
en parler. Compartiments, oui. Et qui, souvent, assez malgracieusement
41
s aux pays rhétiques. Mais qui ne voit l’histoire
de
la Suisse que d’en bas, du creux, du fond même du compartiment, la vo
42
ues. Mais qui ne voit l’histoire de la Suisse que
d’
en bas, du creux, du fond même du compartiment, la voit mal. Car les b
43
es bergers de bonne heure sont montés sur l’Alpe.
D’
où se voit, d’où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de
44
bonne heure sont montés sur l’Alpe. D’où se voit,
d’
où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de glaciers. Un m
45
. D’où se voit, d’où se découvre un monde immense
de
pics, de sommets, de glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gr
46
voit, d’où se découvre un monde immense de pics,
de
sommets, de glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gré du sole
47
se découvre un monde immense de pics, de sommets,
de
glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gré du soleil, mais don
48
plus simples gens. Un monde immaculé qu’on ignore
d’
en bas ; mais si les gens de telle vallée close se sont de bonne heure
49
immaculé qu’on ignore d’en bas ; mais si les gens
de
telle vallée close se sont de bonne heure unis, de proche en proche,
50
e telle vallée close se sont de bonne heure unis,
de
proche en proche, aux gens de cette autre vallée — s’il s’est formé p
51
e bonne heure unis, de proche en proche, aux gens
de
cette autre vallée — s’il s’est formé peu à peu un agrégat de compart
52
re vallée — s’il s’est formé peu à peu un agrégat
de
compartiments clos qui s’est nommé la Suisse — c’est que les gens d’e
53
os qui s’est nommé la Suisse — c’est que les gens
d’
en bas étaient montés en haut. Pour le pâturage, pour la chasse, mais
54
pour la chasse, mais aussi pour le simple plaisir
de
monter. Et qu’arrivés au but, ils ont goûté l’ivresse des sommets, li
55
que l’homme puise dans la nature, repu leurs yeux
de
merveilleux horizons, purs, libres et tangibles, dès qu’on dépasse le
56
⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire
de
la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si
57
e nous, cette Suisse : je veux dire de la France,
de
l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si différente ce
58
Suisse : je veux dire de la France, de l’Italie,
de
l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si différente cependant de to
59
ux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche,
de
l’Allemagne rhénane — et si différente cependant de tout ce que nous
60
l’Allemagne rhénane — et si différente cependant
de
tout ce que nous sommes les uns et les autres. Si vraiment originale
61
iment originale en tout ; et d’abord, en son mode
de
formation. La Suisse, c’est la boule de neige. Trois petits cantons q
62
son mode de formation. La Suisse, c’est la boule
de
neige. Trois petits cantons qui se donnent la main. Et puis, une osci
63
a boule reprend son équilibre, elle s’est grossie
de
Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’est cette fois, et c’est Gla
64
is, c’est Saint-Gall, qui restent collés au flanc
de
la masse compacte. Quelques mouvements de bascule encore, et voilà fi
65
u flanc de la masse compacte. Quelques mouvements
de
bascule encore, et voilà finalement agglomérés les treize cantons. Qu
66
omérés les treize cantons. Qui n’ont pas à élever
de
monuments au « Rassembleur de la Terre helvétique », il n’en existe p
67
n’ont pas à élever de monuments au « Rassembleur
de
la Terre helvétique », il n’en existe pas. Mais ils doivent un culte
68
la main dans la main, scellèrent le pacte initial
de
loyauté. Une des plus belles œuvres de l’homme par là même, cette con
69
te initial de loyauté. Une des plus belles œuvres
de
l’homme par là même, cette confédération. Cherchez, d’instinct, la «
70
homme par là même, cette confédération. Cherchez,
d’
instinct, la « famille royale » qui « fit la Suisse ». Vous ne trouver
71
qui « fit la Suisse ». Vous ne trouverez même pas
de
familles qui en aient « fait » les cantons. Mais l’esprit ? Liberté,
72
é, démocratie : rien à ajouter aux fines analyses
de
l’instinctive, de la naturelle réaction de l’homme qui se sent défié
73
en à ajouter aux fines analyses de l’instinctive,
de
la naturelle réaction de l’homme qui se sent défié — même pas, écrasé
74
alyses de l’instinctive, de la naturelle réaction
de
l’homme qui se sent défié — même pas, écrasé en silence, et méprisé p
75
et méprisé par les colosses blancs qu’il ne cesse
de
voir se profiler à son horizon : « Non, vous ne m’aurez pas ; je suis
76
lles point, ces puissances héroïques qui naissent
de
la nature ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’être et d
77
e ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons
d’
être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les gran
78
faut-il prêter au Suisse que les façons d’être et
de
sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les grandes dunes
79
d’être et de sentir du Flamand des plaines, coupé
de
la mer par les grandes dunes et n’ayant d’horizon qu’en profondeur, o
80
coupé de la mer par les grandes dunes et n’ayant
d’
horizon qu’en profondeur, ou si l’on veut qu’en hauteur — dans le ciel
81
maculée des Alpes ; ce ne sont pas des inventions
de
littérateurs, ce sont des réalités qui nourrissent les hommes. Et qui
82
qui expliquent finalement pour partie, la genèse
d’
une des plus belles œuvres de l’homme européen : la Confédération suis
83
ur partie, la genèse d’une des plus belles œuvres
de
l’homme européen : la Confédération suisse. ⁂ Au fond, telle qu’elle
84
lle qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin
d’
être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des États ? Qui
85
loin d’être une nécessité. La détruire, la rayer
de
la carte des États ? Qui saurait, qui pourrait le faire ? Qui se sent
86
plus loin, le Valais ? À qui le Valais ? Au-delà
de
Sion il est de langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, ma
87
Valais ? À qui le Valais ? Au-delà de Sion il est
de
langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, mais les Valaisan
88
les 200 000 Suisses italiens ? et les 3 millions
de
Suisses alémaniques ? — on détruirait la Suisse ? Peut-être, mais sit
89
le lien fédéral. On va disant, avec un haussement
d’
épaule : « C’est un petit pays. Un État joujou, un timbre-poste ». Non
90
a platitude ambiante et projetée dans les steppes
de
l’Eurasie — ce serait en effet, à leur image, un minuscule territoire
91
ur image, un minuscule territoire. 270 kilomètres
de
Genève à Constance. À cent à l’heure, en terrain plat, sur une bonne
92
e, en terrain plat, sur une bonne piste, 3 heures
de
parcours. Mais je dis bien : réduite à la platitude. Compte non tenu
93
is bien : réduite à la platitude. Compte non tenu
de
ces perpétuelles dénivellations qui vous transportent des 197 mètres
94
nivellations qui vous transportent des 197 mètres
de
Locarno aux 4638 du pic Dufour. Et il n’y a pas de platitudes que géo
95
e Locarno aux 4638 du pic Dufour. Et il n’y a pas
de
platitudes que géographiques. Tous les 30 à 40 kilomètres en moyenne
96
e on passe une frontière en Suisse — et on change
d’
État. Ne dites pas que c’est jouer sur les mots. On change de gendarme
97
dites pas que c’est jouer sur les mots. On change
de
gendarmes et de policiers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d
98
est jouer sur les mots. On change de gendarmes et
de
policiers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d’universités sur
99
les mots. On change de gendarmes et de policiers,
d’
écusson et d’étendard, de tribunaux et d’universités surtout. Il y en
100
change de gendarmes et de policiers, d’écusson et
d’
étendard, de tribunaux et d’universités surtout. Il y en a sept actuel
101
ndarmes et de policiers, d’écusson et d’étendard,
de
tribunaux et d’universités surtout. Il y en a sept actuellement — sep
102
liciers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et
d’
universités surtout. Il y en a sept actuellement — sept pour ces 4 mil
103
en a sept actuellement — sept pour ces 4 millions
d’
hommes dispersés sur des 40 000 kilomètres carrés de collines et de mo
104
hommes dispersés sur des 40 000 kilomètres carrés
de
collines et de montagnes ; sept absolument indépendantes l’une de l’a
105
s sur des 40 000 kilomètres carrés de collines et
de
montagnes ; sept absolument indépendantes l’une de l’autre, dépendant
106
e montagnes ; sept absolument indépendantes l’une
de
l’autre, dépendant uniquement des autorités d’un canton — et émouvant
107
ne de l’autre, dépendant uniquement des autorités
d’
un canton — et émouvantes quand on pense à la somme de sacrifices que
108
canton — et émouvantes quand on pense à la somme
de
sacrifices que chacune d’elles représente, à l’effort que représente,
109
and on pense à la somme de sacrifices que chacune
d’
elles représente, à l’effort que représente, pour un canton comme celu
110
effort que représente, pour un canton comme celui
de
Fribourg, la création et l’activité d’une université de style moderne
111
omme celui de Fribourg, la création et l’activité
d’
une université de style moderne, original et assez saisissant — n’oubl
112
bourg, la création et l’activité d’une université
de
style moderne, original et assez saisissant — n’oublions pas que Le C
113
as que Le Corbusier est Suisse — et ce que je dis
de
Fribourg, il faut le redire de toutes les autres, Bâle et Zurich, Ber
114
— et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire
de
toutes les autres, Bâle et Zurich, Berne, Lausanne, Genève… Et le peu
115
lisme universitaire, comme il tient à l’intégrité
de
ses langues ; il en reconnaissait trois en 1937, l’allemand, le franç
116
e réto-roman, avec ses deux branches, le romanche
de
la haute vallée de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De
117
ses deux branches, le romanche de la haute vallée
de
Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De « question des lang
118
romanche de la haute vallée de Min — et le ladin
de
la haute vallée de l’Inn. De « question des langues » dans la Confédé
119
te vallée de Min — et le ladin de la haute vallée
de
l’Inn. De « question des langues » dans la Confédération, il n’y en a
120
de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn.
De
« question des langues » dans la Confédération, il n’y en a point, et
121
é alémanique n’a pensé à faire disparaître, forte
de
ses trois millions de ressortissants, la langue française ni la langu
122
à faire disparaître, forte de ses trois millions
de
ressortissants, la langue française ni la langue italienne, ni même l
123
t cela empêche, ou devrait empêcher les ignorants
de
tous les pays de parler toujours de « la petite Suisse » avec un acce
124
u devrait empêcher les ignorants de tous les pays
de
parler toujours de « la petite Suisse » avec un accent de supériorité
125
les ignorants de tous les pays de parler toujours
de
« la petite Suisse » avec un accent de supériorité comique. Développe
126
r toujours de « la petite Suisse » avec un accent
de
supériorité comique. Développez et étalez sur un plan horizontal ses
127
le plus fort des États dans son absence complète
de
centralisation. Ne cherchez pas la preuve dans des considérations thé
128
pendant, du mérite. Faut-il ajouter un mot ? Pays
de
gens moyens, Denis de Rougemont ne se fait pas faute de le dire et de
129
s de Rougemont ne se fait pas faute de le dire et
de
le répéter. Il est vrai, les Suisses ne se font pas remarquer. À tell
130
istes. Voyez la petite Belgique ; toute une armée
de
détracteurs (des Français surtout, et pas des moindres, de Baudelaire
131
teurs (des Français surtout, et pas des moindres,
de
Baudelaire à Verlaine) s’est exercée sur elle. Avec âcreté parfois et
132
rante. Les Suisses ? Ils ne se sont même pas créé
de
Beulemans. Et personne n’a songé à faire d’eux des caricatures. Ils s
133
créé de Beulemans. Et personne n’a songé à faire
d’
eux des caricatures. Ils se sont caricaturés eux-mêmes, au temps de Tö
134
u niais simplement. Quelques gambades et grimaces
de
vieil enfant. — Pays de gens moyens, oui. Mais quand ils réussissent
135
ques gambades et grimaces de vieil enfant. — Pays
de
gens moyens, oui. Mais quand ils réussissent à se dégager de leur can
136
ens, oui. Mais quand ils réussissent à se dégager
de
leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. C’e
137
ssissent à se dégager de leur canton — alors, pas
de
milieu, ils atteignent à l’universel. C’est ce que je disais tout à l
138
. C’est ce que je disais tout à l’heure. Au fond,
de
son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les ha
139
ais tout à l’heure. Au fond, de son trou, l’homme
de
Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa pri
140
eure. Au fond, de son trou, l’homme de Dissentis,
de
Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il
141
de son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen,
de
Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il monte sur la
142
de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois
de
sa prison. Mais s’il monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des
143
ne… Alors, cette ivresse des sommets. L’intuition
de
la grandeur. Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle
144
des sommets. L’intuition de la grandeur. Et plus
d’
obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appe
145
Note
de
l’auteur Ce petit ouvrage, écrit en mars 1949, fait partie d’une sé
146
Ce petit ouvrage, écrit en mars 1949, fait partie
d’
une série d’études sur les nations modernes, entreprise sous la respon
147
rage, écrit en mars 1949, fait partie d’une série
d’
études sur les nations modernes, entreprise sous la responsabilité de
148
tions modernes, entreprise sous la responsabilité
de
la Conférence permanente des hautes études internationales, dans le c
149
tudes internationales, dans le cadre du programme
de
l’Unesco. L’un des buts de cette série étant de « permettre la compar
150
le cadre du programme de l’Unesco. L’un des buts
de
cette série étant de « permettre la comparaison entre les aspirations
151
e de l’Unesco. L’un des buts de cette série étant
de
« permettre la comparaison entre les aspirations et les institutions
152
scrupuleusement, estimant que l’expérience valait
d’
être tentée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la
153
ée, et qu’il était en somme bien plus intéressant
de
jouer la règle du jeu que de « faire l’écrivain » aux dépens du sujet
154
ien plus intéressant de jouer la règle du jeu que
de
« faire l’écrivain » aux dépens du sujet et de la manière de le trait
155
ue de « faire l’écrivain » aux dépens du sujet et
de
la manière de le traiter qu’on attendait : « scientifique et au moins
156
l’écrivain » aux dépens du sujet et de la manière
de
le traiter qu’on attendait : « scientifique et au moins objective ».
157
out particulièrement M. Charles Burky, professeur
de
géographie humaine à l’Université de Genève, pour les suggestions et
158
, professeur de géographie humaine à l’Université
de
Genève, pour les suggestions et critiques dont il m’a fait bénéficier
159
m’a fait bénéficier. Les professeurs A. Simonius,
de
Bâle, et Paul Mantoux, de Genève, ont également relu mon manuscrit au
160
rofesseurs A. Simonius, de Bâle, et Paul Mantoux,
de
Genève, ont également relu mon manuscrit au nom de la Conférence des
161
la Conférence des hautes études. Je suis heureux
d’
avoir pu tenir compte de leurs très compétentes observations. D. R. S
162
s études. Je suis heureux d’avoir pu tenir compte
de
leurs très compétentes observations. D. R. Septembre 1953
163
peuple et son histoire L’image conventionnelle
de
la Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre de Victor Hugo :
164
Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre
de
Victor Hugo : Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. Mais il
165
ais il se trouve que le même poète, dans un accès
de
prophétisme, a pu écrire : La Suisse, dans l’Histoire, aura le derni
166
l’Histoire, aura le dernier mot. Entre l’idylle
de
carte postale et la vision millénariste, nous allons essayer de décou
167
le et la vision millénariste, nous allons essayer
de
découvrir la Suisse réelle. Disons tout de suite qu’une telle réalité
168
s et faits, ni dans la seule idée que le peuple a
de
lui-même. Elle n’est au vrai ni physique ni morale. Elle consiste plu
169
homme. En d’autres termes, elle est la résultante
d’
une géographie et d’une histoire. Géographiquement, la Suisse ne forme
170
ermes, elle est la résultante d’une géographie et
d’
une histoire. Géographiquement, la Suisse ne forme pas une unité visib
171
emier coup d’œil sur la carte, comme c’est le cas
de
la France, de l’Italie ou de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un e
172
il sur la carte, comme c’est le cas de la France,
de
l’Italie ou de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace d’un seu
173
, comme c’est le cas de la France, de l’Italie ou
de
la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace d’un seul tenant, nette
174
de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace
d’
un seul tenant, nettement délimité par les accidents naturels, mais pl
175
les accidents naturels, mais plutôt comme un nœud
de
chaînes montagneuses d’où quatre fleuves s’écoulent vers les quatre p
176
mais plutôt comme un nœud de chaînes montagneuses
d’
où quatre fleuves s’écoulent vers les quatre points cardinaux, creusan
177
les quatre points cardinaux, creusant des vallées
de
dimensions très inégales. Vers le nord, l’Allemagne et l’Atlantique s
178
viendra le Pô. Vers l’est et l’Autriche, les eaux
de
l’Inn, qui par le Danube iront à la mer Noire. Entre le Jura et les A
179
ent au sud-ouest le lac Léman, au nord-est le lac
de
Constance. Le bassin latin du Rhône consiste en une longue vallée, le
180
pour l’Autriche. Il est remarquable que le degré
d’
importance géographique de ces bassins corresponde au degré d’importan
181
emarquable que le degré d’importance géographique
de
ces bassins corresponde au degré d’importance linguistique et culture
182
géographique de ces bassins corresponde au degré
d’
importance linguistique et culturelle qu’ont en Suisse la civilisation
183
rançaise, l’italienne et l’autrichienne. Le lieu
d’
où sortent (à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre) le Rhône, le
184
utrichienne. Le lieu d’où sortent (à une dizaine
de
kilomètres l’un de l’autre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le
185
eu d’où sortent (à une dizaine de kilomètres l’un
de
l’autre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le nom de massif du Go
186
tre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le nom
de
massif du Gothard. (L’Inn prend sa source à 80 km plus à l’est.) Le G
187
ause du rôle historique qu’il a joué aux origines
de
la Suisse, et du rôle stratégique qu’il conserve de nos jours. C’est
188
la Suisse, et du rôle stratégique qu’il conserve
de
nos jours. C’est autour du massif du Gothard, singulier accident géog
189
départ. ⁂ Les manuels scolaires donnent pour date
de
naissance à la Confédération helvétique le 1er août 1291. Ce jour-là
190
peuples ou « communes » forestières (Waldstätten)
d’
Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce
191
ou « communes » forestières (Waldstätten) d’Uri,
de
Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce qu’aim
192
s » forestières (Waldstätten) d’Uri, de Schwyz et
d’
Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce qu’aimaient à suggé
193
guration des documents qui marquèrent l’avènement
de
la démocratie moderne. Plutôt qu’une déclaration des droits de l’homm
194
C’est chose honnête et profitable au bien public,
de
consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit
195
en public, de consolider les traités dans un état
de
paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de l
196
de consolider les traités dans un état de paix et
de
tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’
197
quillité. Soit donc notoire à tous que les hommes
de
la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de c
198
t donc notoire à tous que les hommes de la vallée
d’
Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la val
199
ous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune
de
la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’U
200
ommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée
de
Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, con
201
, la commune de la vallée de Schwyz et la commune
de
ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des t
202
mune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux
de
la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des temps et
203
wyz et la commune de ceux de la vallée inférieure
d’
Unterwald, considérant la malice des temps et afin de se défendre et m
204
mps et afin de se défendre et maintenir avec plus
d’
efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
205
endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris
de
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
206
us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement
de
s’assister mutuellement de toutes leurs forces, secours et bons offic
207
bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement
de
toutes leurs forces, secours et bons offices, tant au-dedans qu’au-de
208
ors du pays, envers et contre quiconque tenterait
de
leur faire violence, de les inquiéter ou molester en leurs personnes
209
ontre quiconque tenterait de leur faire violence,
de
les inquiéter ou molester en leurs personnes et en leurs biens. Et, à
210
vénement, chacune des diverses communautés promet
de
venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais
211
ses communautés promet de venir à son aide en cas
de
besoin, de la défendre à ses propres frais contre les entreprises de
212
utés promet de venir à son aide en cas de besoin,
de
la défendre à ses propres frais contre les entreprises de ses ennemis
213
fendre à ses propres frais contre les entreprises
de
ses ennemis, et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni
214
s frais contre les entreprises de ses ennemis, et
de
venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
215
dre à son seigneur. Et nous statuons et ordonnons
d’
un accord unanime que nous ne reconnaîtrons dans les susdites vallées
216
é sa charge ou qui ne serait indigène ou habitant
de
ces contrées. Si quelque discorde venait à s’émouvoir entre les confé
217
. (Suivent des clauses relatives à la protection
de
la propriété, à la peine de mort contre les assassins, au bannissemen
218
tives à la protection de la propriété, à la peine
de
mort contre les assassins, au bannissement de leurs receleurs, et à l
219
ine de mort contre les assassins, au bannissement
de
leurs receleurs, et à l’exercice de la justice en commun.) En cas d
220
bannissement de leurs receleurs, et à l’exercice
de
la justice en commun.) En cas de guerre ou de discorde entre conféd
221
t à l’exercice de la justice en commun.) En cas
de
guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refus
222
e de la justice en commun.) En cas de guerre ou
de
discorde entre confédérés, si l’une des parties se refuse à recevoir
223
position, les confédérés devront prendre la cause
de
l’autre partie. Tout ce que dessus, statué pour l’utilité commune, de
224
nt, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité. En foi
de
quoi le présent acte a été dressé, à la requête des prénommés, et mun
225
s. Fait en l’an du Seigneur 1291, au commencement
d’
août. « Devant, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité. » Cette clause
226
ause a joué un rôle capital dans le développement
de
la Confédération. Il n’en est pas de plus fréquemment citée dans les
227
rits politiques suisses. C’est en effet la clause
de
la foi jurée. Or une fédération, comme l’indique l’étymologie (fœdus)
228
entre égaux sous la foi du serment. Le contraire
d’
un pouvoir établi par la force, le contraire de l’impérialisme d’un ho
229
re d’un pouvoir établi par la force, le contraire
de
l’impérialisme d’un homme, d’un groupe ou d’une nation. La Suisse ne
230
abli par la force, le contraire de l’impérialisme
d’
un homme, d’un groupe ou d’une nation. La Suisse ne subsiste que par l
231
force, le contraire de l’impérialisme d’un homme,
d’
un groupe ou d’une nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité d
232
aire de l’impérialisme d’un homme, d’un groupe ou
d’
une nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité de ses cantons à
233
nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité
de
ses cantons à une alliance indiscutée, donc sans terme prévu. C’est p
234
e, donc sans terme prévu. C’est pourquoi le Pacte
de
1291 est resté le document sacré par excellence de la Confédération.
235
e 1291 est resté le document sacré par excellence
de
la Confédération. Une abondante imagerie populaire perpétue jusqu’à n
236
jours dans les foyers suisses et dans les salles
d’
école, le souvenir de trois députés des cantons fondateurs de la Confé
237
s suisses et dans les salles d’école, le souvenir
de
trois députés des cantons fondateurs de la Confédération, croisant le
238
souvenir de trois députés des cantons fondateurs
de
la Confédération, croisant leur main gauche tandis qu’ils lèvent la d
239
orique qui n’enlève rien à la grandeur symbolique
de
l’acte, mais qui explique les conditions de fait et le jeu d’intérêts
240
lique de l’acte, mais qui explique les conditions
de
fait et le jeu d’intérêts qui le rendirent possible. L’Europe du xiii
241
ais qui explique les conditions de fait et le jeu
d’
intérêts qui le rendirent possible. L’Europe du xiiie siècle était la
242
ossible. L’Europe du xiiie siècle était la proie
de
la lutte entre les guelfes et les gibelins. Le Saint-Empire romain de
243
s guelfes et les gibelins. Le Saint-Empire romain
de
nation germanique se voyait au surplus menacé par le mouvement libert
244
e dernière, dont les châteaux s’élevaient au nord
de
la Suisse actuelle, ne cessait d’agrandir ses domaines dans la direct
245
evaient au nord de la Suisse actuelle, ne cessait
d’
agrandir ses domaines dans la direction du Gothard. Uri, Schwyz et Unt
246
mmunes forestières » qui occupaient les approches
de
ce col, avaient tout à redouter d’une telle emprise1. Les Habsbourg a
247
les approches de ce col, avaient tout à redouter
d’
une telle emprise1. Les Habsbourg ayant pris le parti du pape, les « W
248
du pape, les « Waldstätten » cherchèrent l’appui
de
l’empereur. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt de les sou
249
ui de l’empereur. Frédéric II comprit qu’il était
de
son intérêt de les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’être
250
r. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt
de
les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’être ouvert, au déb
251
e les soutenir. Le col du Gothard venait en effet
d’
être ouvert, au début du siècle. Il allait jouer un rôle déterminant d
252
llait jouer un rôle déterminant dans la formation
de
la Suisse. Soulignons le fait que cette route, construite au seul end
253
chaînes — reliait d’un seul coup les deux moitiés
de
l’Empire, le Nord et le Sud. Il était vital pour l’empereur de garder
254
le Nord et le Sud. Il était vital pour l’empereur
de
garder libre ce passage, et de le protéger contre les grands vassaux
255
al pour l’empereur de garder libre ce passage, et
de
le protéger contre les grands vassaux qui convoitaient de s’en assure
256
otéger contre les grands vassaux qui convoitaient
de
s’en assurer le contrôle. Aussi transforma-t-il le pays d’Uri en avou
257
ssurer le contrôle. Aussi transforma-t-il le pays
d’
Uri en avouerie impériale (1231) tandis que son fils Henri accordait à
258
opératives (Markgenossenschaften) devinrent alors
de
petits États libres, possédant un statut comparable à celui des ville
259
possédant un statut comparable à celui des villes
d’
Empire. Les premières libertés des Suisses sont donc nées d’une missio
260
Les premières libertés des Suisses sont donc nées
d’
une mission spéciale, celle de garder le Col libre pour tout l’Empire.
261
sses sont donc nées d’une mission spéciale, celle
de
garder le Col libre pour tout l’Empire. La vocation constante de la S
262
l libre pour tout l’Empire. La vocation constante
de
la Suisse, son statut d’exception au cœur du continent, la nécessité
263
e. La vocation constante de la Suisse, son statut
d’
exception au cœur du continent, la nécessité conjointe de sa force arm
264
tion au cœur du continent, la nécessité conjointe
de
sa force armée et de sa neutralité « dans l’intérêt de l’Europe entiè
265
nent, la nécessité conjointe de sa force armée et
de
sa neutralité « dans l’intérêt de l’Europe entière », tout cela paraî
266
force armée et de sa neutralité « dans l’intérêt
de
l’Europe entière », tout cela paraît en germe dès les premiers traité
267
ätten coïncidait, par ailleurs, avec les intérêts
de
l’Empire. La population de la vallée d’Uri était très dense pour l’ép
268
urs, avec les intérêts de l’Empire. La population
de
la vallée d’Uri était très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouv
269
intérêts de l’Empire. La population de la vallée
d’
Uri était très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouver des débouc
270
er des débouchés favorables face le Nord, le pays
de
Lucerne pratiquant une économie très semblable à la sienne. Vers le s
271
i des clercs. Ceux-ci mettaient les hommes libres
de
Schwyz et d’Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des A
272
Ceux-ci mettaient les hommes libres de Schwyz et
d’
Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes, et leur
273
t les hommes libres de Schwyz et d’Uri au courant
de
ce qui se passait de l’autre côté des Alpes, et leur apportaient les
274
e Schwyz et d’Uri au courant de ce qui se passait
de
l’autre côté des Alpes, et leur apportaient les modèles des alliances
275
s par les communes lombardes. La dernière en date
de
ces alliances jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la
276
ière en date de ces alliances jurées fut le pacte
de
1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fu
277
jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain
de
la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fut aussi la seule qui réussit
278
le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort
de
Rodolphe de Habsbourg). Ce fut aussi la seule qui réussit à subsister
279
Cette réussite unique s’explique par un concours
de
circonstances complexes, comme on vient de le voir. Le fait géographi
280
. Le fait géographique du Gothard, le fait social
de
l’existence des coopératives forestières, le fait économique des écha
281
entre le Nord et le Sud, enfin le fait politique
de
la menace féodale, tels sont les facteurs principaux qui contribuèren
282
ristalliser et à maintenir, en cet endroit précis
de
l’Europe, des institutions conformes à l’esprit du vaste mouvement de
283
es. C’est ainsi que le meilleur historien moderne
de
la Suisse peut écrire : La naissance de la Confédération et sa défen
284
moderne de la Suisse peut écrire : La naissance
de
la Confédération et sa défense victorieuse constituent dans les annal
285
en Âge un cas exceptionnel, et celles des paysans
de
l’Europe occidentale renferment peu de faits aussi surprenants. La sc
286
rique suisse aura toujours pour tâche essentielle
de
rendre cet événement intelligible. La Confédération suisse est le seu
287
munale au Moyen Âge ; elle représente le résultat
d’
une révolution générale qui a été vaincue partout ailleurs : de tous l
288
ion générale qui a été vaincue partout ailleurs :
de
tous les combats livrés par les paysans de l’Europe occidentale en fa
289
eurs : de tous les combats livrés par les paysans
de
l’Europe occidentale en faveur de la liberté, celui-là seul a abouti
290
la suite reçut un enrichissement décisif du fait
de
l’accession d’éléments citadins2. Toute l’histoire suisse, à partir
291
un enrichissement décisif du fait de l’accession
d’
éléments citadins2. Toute l’histoire suisse, à partir de ce temps, il
292
conditions physiques exceptionnelles, la passion
de
l’autonomie, et le service de la communauté continentale. Ce sera la
293
nnelles, la passion de l’autonomie, et le service
de
la communauté continentale. Ce sera la perpétuelle interaction de l’i
294
continentale. Ce sera la perpétuelle interaction
de
l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E
295
la perpétuelle interaction de l’intérêt local et
de
l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de
296
action de l’intérêt local et de l’intérêt commun,
de
la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de l’Europe entière don
297
al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et
de
l’Empire, c’est-à-dire de l’Europe entière dont il faut protéger le c
298
de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire
de
l’Europe entière dont il faut protéger le cœur, pendant que ses membr
299
rent. Les premiers Suisses ne décidèrent donc pas
de
créer un État ou un régime nouveau. Ils s’adaptèrent aux circonstance
300
la fois conforme à leurs goûts et au bien commun
de
l’Europe. De même, ce fut toujours d’une manière réaliste et strictem
301
bien commun de l’Europe. De même, ce fut toujours
d’
une manière réaliste et strictement utilitaire qu’ils élargirent leur
302
girent leur alliance primitive. Les trois groupes
de
communes d’Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécess
303
alliance primitive. Les trois groupes de communes
d’
Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécessité d’englob
304
s d’Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord
de
la nécessité d’englober dans leur pacte la ville de Lucerne. Celle-ci
305
et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécessité
d’
englober dans leur pacte la ville de Lucerne. Celle-ci commandait en e
306
la nécessité d’englober dans leur pacte la ville
de
Lucerne. Celle-ci commandait en effet les débouchés nord et ouest du
307
débouchés nord et ouest du Gothard, et disposait
d’
une force armée apte à tenir en respect les seigneurs voisins. Ainsi f
308
rs voisins. Ainsi fut constitué un noyau primitif
de
quatre cantons. Il ne tarda guère à s’allier avec la ville impériale
309
ne tarda guère à s’allier avec la ville impériale
de
Zurich, et à conquérir les vallées de Glaris et de Zoug, puis à concl
310
e impériale de Zurich, et à conquérir les vallées
de
Glaris et de Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville de Berne, q
311
e Zurich, et à conquérir les vallées de Glaris et
de
Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville de Berne, qui de son côt
312
t de Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville
de
Berne, qui de son côté venait de nouer des liens avec Zurich, et alla
313
s à conclure un pacte avec la ville de Berne, qui
de
son côté venait de nouer des liens avec Zurich, et allait bientôt sou
314
avec Zurich, et allait bientôt soumettre le pays
de
Vaud et les plateaux de l’Argovie — berceau des Habsbourg — dont elle
315
bientôt soumettre le pays de Vaud et les plateaux
de
l’Argovie — berceau des Habsbourg — dont elle fit des bailliages. À l
316
rs des xive et xve siècles trois autres réseaux
d’
alliances ayant pour centre l’un le pays d’Appenzell au nord-est, le s
317
éseaux d’alliances ayant pour centre l’un le pays
d’
Appenzell au nord-est, le second Berne et une partie de l’actuelle Sui
318
enzell au nord-est, le second Berne et une partie
de
l’actuelle Suisse romande à l’ouest, le troisième les Grisons, au sud
319
sud-est. Vers 1500, la Confédération se composait
de
treize cantons souverains, flanqués de nombreux alliés, villes libres
320
composait de treize cantons souverains, flanqués
de
nombreux alliés, villes libres, abbayes, vallées et pays sujets. La t
321
ntrée officielle des cités romandes et du Tessin (
de
langue italienne) portèrent le nombre des États fédérés à 22, en 1815
322
se trouvaient appartenir à deux ou trois réseaux
d’
alliances, lesquelles n’étaient pas toujours réciproques dans toutes l
323
proques dans toutes leurs obligations — comme si,
de
nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assi
324
ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait
d’
assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression. Le fa
325
d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement
de
non-agression. Le fait qu’il convient de souligner, c’est que ce mode
326
eulement de non-agression. Le fait qu’il convient
de
souligner, c’est que ce mode pluraliste de fédération, purement empir
327
nvient de souligner, c’est que ce mode pluraliste
de
fédération, purement empirique et non rationnel, assurait à chaque vi
328
tuations exceptionnelles, augmentait le sentiment
de
liberté de chaque membre et pourtant assurait la cohésion de l’ensemb
329
ceptionnelles, augmentait le sentiment de liberté
de
chaque membre et pourtant assurait la cohésion de l’ensemble, lorsque
330
de chaque membre et pourtant assurait la cohésion
de
l’ensemble, lorsque celle-ci se révélait nécessaire, en temps de guer
331
lorsque celle-ci se révélait nécessaire, en temps
de
guerre. En réalité, ce sont les cantons suisses qui ont créé et prati
332
ns suisses qui ont créé et pratiqué les premiers,
d’
une manière qui n’a plus été égalée depuis lors, la politique de l’ass
333
qui n’a plus été égalée depuis lors, la politique
de
l’assistance mutuelle et de la sécurité collective. Le principal et
334
is lors, la politique de l’assistance mutuelle et
de
la sécurité collective. Le principal et le premier chapitre de toute
335
collective. Le principal et le premier chapitre
de
toutes les alliances et ligues — écrit un chroniqueur du xvie siècle
336
attaquer à tort. Après que l’on a établi l’équité
de
la cause et l’outrage reçu, le canton intéressé peut requérir les Con
337
le canton intéressé peut requérir les Confédérés
de
le secourir. Cependant… chaque canton n’est pas allié à tous les autr
338
outefois, si un canton requiert un ou deux alliés
de
le venir secourir, tous les cantons s’assemblent, les premiers appelé
339
oses, ils envoient leurs ambassades à la chapelle
de
l’ermitage d’un lieu nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens
340
ient leurs ambassades à la chapelle de l’ermitage
d’
un lieu nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens d’apaiser les
341
nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens
d’
apaiser les différends à l’amiable, ou selon le droit ; ou si cela ne
342
nt que ceux qui sont appelés au secours n’useront
d’
aucune fraude et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront de tout l
343
ecours n’useront d’aucune fraude et tromperie, ni
d’
excuse vaine, mais aideront de tout leur pouvoir. Et comme il pourrait
344
de et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront
de
tout leur pouvoir. Et comme il pourrait arriver qu’un canton soit ass
345
et par conséquent le canton n’aurait aucun moyen
de
demander secours par lettres ni par ambassades, ils ont pourvu à cela
346
exprès qu’en un tel cas, et lorsqu’il sera besoin
d’
avoir prompt secours, tous les cantons confédérés aideront de toutes l
347
mpt secours, tous les cantons confédérés aideront
de
toutes leurs forces, comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui
348
à leurs dépens, sans aucun gage. Seule l’alliance
de
Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention d’une solde, assavoi
349
Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention
d’
une solde, assavoir d’un sou par jour à chaque homme de pied. Ce qui
350
z et Unterwald fait mention d’une solde, assavoir
d’
un sou par jour à chaque homme de pied. Ce qui frappe le plus un mode
351
solde, assavoir d’un sou par jour à chaque homme
de
pied. Ce qui frappe le plus un moderne, dans l’histoire de l’ancienn
352
Ce qui frappe le plus un moderne, dans l’histoire
de
l’ancienne Confédération, c’est la force de l’esprit communautaire qu
353
toire de l’ancienne Confédération, c’est la force
de
l’esprit communautaire qui seul put permettre à ce système, aussi peu
354
e à ce système, aussi peu légaliste que possible,
de
fonctionner et de durer. La nature même d’un pays à la fois pauvre et
355
ssi peu légaliste que possible, de fonctionner et
de
durer. La nature même d’un pays à la fois pauvre et compartimenté con
356
sible, de fonctionner et de durer. La nature même
d’
un pays à la fois pauvre et compartimenté contraignait les paysans du
357
é contraignait les paysans du centre à un travail
d’
équipes, à l’entraide mutuelle. La mission politique qui leur fut conf
358
r liberté impériale ne fit qu’accentuer ce besoin
de
solidarité : il fallait se grouper pour se défendre contre l’extérieu
359
endre contre l’extérieur. Mais à l’intérieur même
de
la fédération, l’esprit communautaire se traduisit par deux traits bi
360
égard des « grands hommes ». On croit volontiers,
de
nos jours, qu’une fédération ne peut se constituer que sous l’égide d
361
fédération ne peut se constituer que sous l’égide
d’
une puissance organisatrice. L’exemple du Commonwealth britannique peu
362
t venir à l’appui de cette thèse ; mais l’exemple
de
la Confédération la réfute, et du point de vue fédéraliste il nous pa
363
nt dans la lutte constante contre toute tentative
d’
hégémonie, qu’elle vînt d’une ville plus riche que les campagnes, ou d
364
contre toute tentative d’hégémonie, qu’elle vînt
d’
une ville plus riche que les campagnes, ou d’un groupe de cantons aux
365
vînt d’une ville plus riche que les campagnes, ou
d’
un groupe de cantons aux intérêts communs. Toutes les fois qu’un ou pl
366
ille plus riche que les campagnes, ou d’un groupe
de
cantons aux intérêts communs. Toutes les fois qu’un ou plusieurs des
367
s. Toutes les fois qu’un ou plusieurs des membres
de
la fédération crurent le moment venu d’accaparer le pouvoir et d’impo
368
s membres de la fédération crurent le moment venu
d’
accaparer le pouvoir et d’imposer leur politique particulière, ils tro
369
crurent le moment venu d’accaparer le pouvoir et
d’
imposer leur politique particulière, ils trouvèrent ligués contre eux,
370
les autres membres, — et chaque fois le résultat
de
la lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied d’égalité réelle
371
fois le résultat de la lutte fut un resserrement
de
l’alliance sur pied d’égalité réelle : les petits cantons recevant de
372
lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied
d’
égalité réelle : les petits cantons recevant des avantages de droit qu
373
éelle : les petits cantons recevant des avantages
de
droit qui compensaient les avantages de fait des plus grands. Dans le
374
avantages de droit qui compensaient les avantages
de
fait des plus grands. Dans le plan social, ce refus instinctif de tou
375
grands. Dans le plan social, ce refus instinctif
de
toute hégémonie devait se traduire, dès les premiers temps, par une s
376
e traduire, dès les premiers temps, par une sorte
d’
égalitarisme très particulier, qui a marqué et marque encore profondém
377
sses. Il ne s’agissait nullement, à cette époque,
d’
établir une égalité juridique et théorique entre tous les citoyens, co
378
pas assez leur supériorité, prenaient des allures
de
Führer et menaçaient d’entraîner le pays dans des aventures. Cette mé
379
té, prenaient des allures de Führer et menaçaient
d’
entraîner le pays dans des aventures. Cette méfiance était en somme l’
380
s. Cette méfiance était en somme l’aspect négatif
d’
une conscience diffuse de la mission spéciale de la Ligue, mission qui
381
n somme l’aspect négatif d’une conscience diffuse
de
la mission spéciale de la Ligue, mission qui lui interdisait toute vi
382
f d’une conscience diffuse de la mission spéciale
de
la Ligue, mission qui lui interdisait toute visée impérialiste ou dic
383
at, le second assassiné. Il y avait quelque chose
de
sain et d’authentiquement démocratique dans cette réaction instinctiv
384
nd assassiné. Il y avait quelque chose de sain et
d’
authentiquement démocratique dans cette réaction instinctive des citoy
385
lication la plus favorable que l’on puisse donner
de
certains traits déplaisants du caractère des Suisses modernes : car i
386
tal qu’au cours des âges, et à mesure que le sens
de
la mission spéciale de la Confédération s’atténuait, cet égalitarisme
387
s, et à mesure que le sens de la mission spéciale
de
la Confédération s’atténuait, cet égalitarisme, autrefois vital, dégé
388
à-vis des hommes « trop » entreprenants, en manie
de
tout faire rentrer dans le rang. Nous allons voir que cet état d’espr
389
fuir la sourde et quasi inconsciente persécution
de
l’opinion publique. Mais revenons à la chronique des faits. Du xiiie
390
e des faits. Du xiiie au xve siècle, l’histoire
de
la Suisse se confond avec la lutte des cantons contre les Habsbourg.
391
à la couronne, elle perd du terrain dans son pays
d’
origine. Une série de victoires suisses, plus étonnantes les unes que
392
erd du terrain dans son pays d’origine. Une série
de
victoires suisses, plus étonnantes les unes que les autres, marque ce
393
s que les autres, marque cette période. Au combat
de
Morgarten par exemple, en 1315, 600 Suisses exterminent une « Panzer
394
, 600 Suisses exterminent une « Panzer division »
de
11 000 chevaliers lourdement armés. On a découvert récemment que l’ar
395
récemment que l’armée des Habsbourg se composait
de
seigneurs venus de presque tous les pays d’Europe. Le fait s’explique
396
osait de seigneurs venus de presque tous les pays
d’
Europe. Le fait s’explique par la rumeur qui courait sur les communes
397
sation républicaine, antiféodale, certains traits
d’
anticléricalisme, une volonté presque insolente d’indépendance, avaien
398
d’anticléricalisme, une volonté presque insolente
d’
indépendance, avaient fait du nom de « Suisse » un synonyme d’esprit s
399
que insolente d’indépendance, avaient fait du nom
de
« Suisse » un synonyme d’esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ai
400
ce, avaient fait du nom de « Suisse » un synonyme
d’
esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ainsi que l’empereur Maximil
401
nom de « Suisse » un synonyme d’esprit subversif,
de
mauvaise tête. C’est ainsi que l’empereur Maximilien d’Autriche quali
402
i que l’empereur Maximilien d’Autriche qualifiait
de
« Schwyzer » tous ses sujets rebelles, fussent-ils Croates ou Tchèque
403
tte « période héroïque » culmine dans les guerres
de
Bourgogne, au cours desquelles les Suisses battirent et tuèrent le du
404
Autriche n’avaient pu venir à bout, faisant ainsi
de
leur ligue fédérale la première puissance militaire de l’Europe. Les
405
ur ligue fédérale la première puissance militaire
de
l’Europe. Les Suisses passèrent les Alpes, envahirent la Lombardie, p
406
hin, envahirent la Souabe et battirent les armées
de
l’empereur. « Svizzeri, armatissimi et liberissimi ! » s’écriait avec
407
berissimi ! » s’écriait avec une admiration mêlée
de
crainte, Machiavel. La France, l’Italie, l’Allemagne du Sud, s’ouvrai
408
e. Allaient-ils faillir à leur mission ? La garde
de
l’Europe allait-elle faire un coup d’État et, trahissant l’Empire, de
409
? La garde de l’Europe allait-elle faire un coup
d’
État et, trahissant l’Empire, devenir impérialiste pour son compte ? L
410
on compte ? Le demi-siècle qui sépare les guerres
de
Bourgogne de la Réformation vit la plus grave crise de la Confédérati
411
urgogne de la Réformation vit la plus grave crise
de
la Confédération, en même temps que sa plus grande gloire. Quelques i
412
isent les trois actes du drame où se joua le sort
de
la Suisse moderne. Soldat, puis juge, puis retiré sur sa terre qu’il
413
tout d’abord comme le type idéal du paysan libre
de
la Suisse centrale, de bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur
414
type idéal du paysan libre de la Suisse centrale,
de
bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur la terre, et très pieu
415
aysan libre de la Suisse centrale, de bon sens et
de
bon conseil, les deux pieds sur la terre, et très pieux. Mais une sec
416
. Mais une secrète inquiétude religieuse ne cesse
de
le tourmenter. À cinquante ans, des visions répétées le persuadent en
417
nte ans, des visions répétées le persuadent enfin
de
céder à sa vocation de solitude. À une heure de chez lui dans la mont
418
pétées le persuadent enfin de céder à sa vocation
de
solitude. À une heure de chez lui dans la montagne, il se bâtit un er
419
n de céder à sa vocation de solitude. À une heure
de
chez lui dans la montagne, il se bâtit un ermitage, et il y passera v
420
là. Les pèlerins se succèdent auprès de « l’homme
de
Dieu », bientôt suivis par les envoyés des princes, des rois, du pape
421
enu si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume
de
s’adresser à lui avant de négocier un traité. Cependant, ses mises en
422
, ses mises en garde répétées contre la tentation
de
la gloire militaire n’empêchent pas les Confédérés de se jeter dans l
423
a gloire militaire n’empêchent pas les Confédérés
de
se jeter dans les guerres de Bourgogne, et toutes les prédictions du
424
t pas les Confédérés de se jeter dans les guerres
de
Bourgogne, et toutes les prédictions du saint se réalisent : victoire
425
du saint se réalisent : victoire, pillage, flots
d’
or et disputes sanglantes au sujet du partage. La guerre civile entre
426
adins et les cantons campagnards est sur le point
d’
éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé de Nicolas rassemble la
427
t d’éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé
de
Nicolas rassemble la Diète — qui vient de se dissoudre — et lui trans
428
dissoudre — et lui transmet un mystérieux message
de
l’ermite. Nul n’en a rapporté le contenu, mais les actes de la Diète
429
e. Nul n’en a rapporté le contenu, mais les actes
de
la Diète proclament que « le pieux homme, Frère Claus » vient de sauv
430
sera désormais interdite aux cantons, les villes
de
Soleure et Fribourg sont reçues dans les Ligues, et les liens fédérau
431
prince de l’Église que fut Mathieu Schiner. Fils
de
paysans valaisans, s’élevant avec ténacité et astuce lentement jusqu’
432
mpérialiste contre laquelle Nicolas n’avait cessé
de
mettre en garde les cantons. Son rêve était de constituer au centre d
433
sé de mettre en garde les cantons. Son rêve était
de
constituer au centre du continent un grand État qui eût englobé la Bo
434
reprise. Mais son succès même eût signifié la fin
de
la Confédération. Car un État puissant, centré sur le Gothard, eût ét
435
péenne. Afin d’y faire face, il eût été contraint
de
se donner un pouvoir fort et unifié. Or, depuis deux siècles, la Conf
436
stitution écrite que les Pactes. Sa Diète, formée
de
délégués des gouvernements cantonaux, se réunissait selon l’urgence d
437
dans une ville ou une autre, et ne possédait pas
de
pouvoirs nettement définis. C’était tout ce système souple, organique
438
rit même du fédéralisme helvétique que l’ambition
de
Schiner mettait en péril. Il eut d’abord de grands succès, en conduis
439
ition de Schiner mettait en péril. Il eut d’abord
de
grands succès, en conduisant les troupes suisses en Italie au cours d
440
plusieurs expéditions foudroyantes. À la bataille
de
Novare (1509), le roi François Ier fut complètement battu. Mais à Mar
441
Marignan, en 1515, les Suisses furent contraints
de
quitter le terrain après deux jours d’une bataille géante pour l’époq
442
contraints de quitter le terrain après deux jours
d’
une bataille géante pour l’époque. Leur retraite, lente et solennelle
443
tout en luttant pied à pied — fut le dernier fait
d’
armes de l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant de Marignan
444
luttant pied à pied — fut le dernier fait d’armes
de
l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant de Marignan marque l
445
l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant
de
Marignan marque la fin du rêve héroïque de Schiner. Mais cet échec mi
446
nglant de Marignan marque la fin du rêve héroïque
de
Schiner. Mais cet échec militaire n’eût pas suffi à lui seul à ramene
447
ener les Suisses dans leurs limites. Un phénomène
d’
un tout autre ordre allait les y contraindre, de l’intérieur : la Réf
448
e d’un tout autre ordre allait les y contraindre,
de
l’intérieur : la Réformation. Les historiens modernes accusent parfo
449
Les historiens modernes accusent parfois Zwingli
d’
avoir brisé l’essor de la Confédération, son élan vers la mer et l’ave
450
es accusent parfois Zwingli d’avoir brisé l’essor
de
la Confédération, son élan vers la mer et l’aventure. En vérité, Zwin
451
éforme ont sauvé la Suisse en la ramenant au sens
de
sa mission exceptionnelle. Zwingli avait grandi dans le désordre de c
452
ptionnelle. Zwingli avait grandi dans le désordre
de
cette période de guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieu
453
li avait grandi dans le désordre de cette période
de
guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait
454
ndi dans le désordre de cette période de guerres,
de
corruption générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait vu de près l
455
cette période de guerres, de corruption générale,
de
fièvres ambitieuses. Il en avait vu de près les effets, comme aumônie
456
générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait vu
de
près les effets, comme aumônier dans les campagnes d’Italie. C’était
457
rès les effets, comme aumônier dans les campagnes
d’
Italie. C’était un humaniste, un esprit plus rationaliste que mystique
458
iste que mystique, et un homme d’État né : autant
de
traits qui le distinguent de Luther. Il se signala d’abord par ses pr
459
e d’État né : autant de traits qui le distinguent
de
Luther. Il se signala d’abord par ses prêches violents contre le merc
460
étrangères. Il aimait à citer les avertissements
de
Nicolas de Flue, et ce fut lui qui fit passer dans la réalité l’idéal
461
qui fit passer dans la réalité l’idéal politique
de
l’ermite. Nommé curé de Zurich, il commença à introduire des réformes
462
réalité l’idéal politique de l’ermite. Nommé curé
de
Zurich, il commença à introduire des réformes ecclésiastiques analogu
463
e des réformes ecclésiastiques analogues à celles
de
Luther. Toute la population le soutenait, et lorsque l’empereur, inqu
464
enait, et lorsque l’empereur, inquiet des progrès
de
la Réforme, voulut attaquer Zurich avec l’aide des cantons du centre,
465
demeurés catholiques, Zwingli fut chargé du plan
de
défense. Vainqueur des cantons catholiques dans une première série de
466
r des cantons catholiques dans une première série
de
guerres locales, il devint à partir de 1528 le chef politique et reli
467
ique et religieux le plus important non seulement
de
la Confédération, mais de toute l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luth
468
important non seulement de la Confédération, mais
de
toute l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luther refusa de s’entendre av
469
te l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luther refusa
de
s’entendre avec lui lors du Colloque de Marburg en 1529, et ce désacc
470
er refusa de s’entendre avec lui lors du Colloque
de
Marburg en 1529, et ce désaccord fit échouer le plan grandiose qu’ava
471
diose qu’avait conçu le Zurichois : il s’agissait
d’
un système d’alliance de combourgeoisie entre les cités germaniques et
472
t conçu le Zurichois : il s’agissait d’un système
d’
alliance de combourgeoisie entre les cités germaniques et suisses, sys
473
Zurichois : il s’agissait d’un système d’alliance
de
combourgeoisie entre les cités germaniques et suisses, système auquel
474
tion européenne eût été capable, pensait Zwingli,
d’
abattre la dynastie des Habsbourg qui s’était emparée de l’Empire. Mai
475
tre la dynastie des Habsbourg qui s’était emparée
de
l’Empire. Mais les princes luthériens se montrèrent froids. À Zurich
476
teur. Les catholiques le surnommaient le « bailli
de
tous les Confédérés ». Berne se méfiait de ses ambitions. Finalement,
477
bailli de tous les Confédérés ». Berne se méfiait
de
ses ambitions. Finalement, une armée catholique s’approcha de Zurich.
478
ions. Finalement, une armée catholique s’approcha
de
Zurich. Les protestants désiraient traiter. Zwingli était pour la gue
479
n. Sa fin tragique termina le drame shakespearien
de
la Renaissance helvétique. Affaiblie par ses luttes religieuses, mais
480
ses luttes religieuses, mais suffisamment assurée
de
son indépendance par les victoires qu’elle avait remportées sur les F
481
Français, les Impériaux et les Italiens, agrandie
de
trois côtés, vers le Rhin, la Bourgogne et la Lombardie, la Suisse al
482
, la Suisse allait entrer dans une longue période
de
paix. Au congrès de Munster en 1648, elle obtint des puissances la re
483
ntrer dans une longue période de paix. Au congrès
de
Munster en 1648, elle obtint des puissances la reconnaissance de sa n
484
648, elle obtint des puissances la reconnaissance
de
sa neutralité, et se détacha officiellement de l’Empire. Cet acte san
485
ce de sa neutralité, et se détacha officiellement
de
l’Empire. Cet acte sanctionnait un état de fait déjà ancien. (Bien qu
486
lement de l’Empire. Cet acte sanctionnait un état
de
fait déjà ancien. (Bien que les Suisses déclarassent encore la guerre
487
la guerre au nom de l’empereur, ils avaient cessé
de
se faire représenter aux Diètes d’Empire et de payer le denier impéri
488
sé de se faire représenter aux Diètes d’Empire et
de
payer le denier impérial.) Les grands pays voisins s’orientaient défi
489
ns s’orientaient définitivement vers la politique
de
puissance dynastique, tandis que la Suisse conservait l’ancien idéal
490
c l’Empire, c’était comme on l’a écrit « un refus
de
s’intégrer à un Empire désormais dénaturé », — un acte de fidélité à
491
égrer à un Empire désormais dénaturé », — un acte
de
fidélité à la mission perpétuelle des « gardiens du cœur de l’Europe
492
é à la mission perpétuelle des « gardiens du cœur
de
l’Europe ». La Réformation termine la période d’émancipation héroïque
493
de l’Europe ». La Réformation termine la période
d’
émancipation héroïque de la Suisse, mais elle inaugure une période d’e
494
mation termine la période d’émancipation héroïque
de
la Suisse, mais elle inaugure une période d’expansion spirituelle. La
495
ïque de la Suisse, mais elle inaugure une période
d’
expansion spirituelle. La Confédération s’est stabilisée, elle a conqu
496
is le respect des puissances. Que va-t-elle faire
de
sa paix ? Dès le début du xvie siècle, la vocation spirituelle de la
497
le début du xvie siècle, la vocation spirituelle
de
la Suisse s’était révélée par la création de foyers et de places d’éc
498
elle de la Suisse s’était révélée par la création
de
foyers et de places d’échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devin
499
isse s’était révélée par la création de foyers et
de
places d’échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devint le centre d
500
it révélée par la création de foyers et de places
d’
échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devint le centre des imprime
501
meurs humanistes ; Zurich avec Zwingli, le centre
de
la Réforme suisse ; Genève, avec Calvin, le centre de la Réforme inte
502
a Réforme suisse ; Genève, avec Calvin, le centre
de
la Réforme internationale, dont l’influence devait s’étendre à la moi
503
le, dont l’influence devait s’étendre à la moitié
de
l’Europe, à l’Angleterre, à l’Amérique. Fédéralisée comme elle l’étai
504
a Suisse ne pouvait prétendre à créer une culture
de
type uniforme (ou « national » comme on devait le dire à partir du xi
505
par sa position géographique, pour jouer un rôle
de
catalyseur des grandes cultures voisines. Parfois même, les foyers qu
506
e et social, la période qui sépare la Réformation
de
la Révolution française est un temps de systole, de repliement, de ré
507
formation de la Révolution française est un temps
de
systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centre continuaie
508
la Révolution française est un temps de systole,
de
repliement, de réaction. Les cantons du Centre continuaient à se gouv
509
française est un temps de systole, de repliement,
de
réaction. Les cantons du Centre continuaient à se gouverner selon le
510
les cantons dont le « chef-lieu » était une cité
de
quelque importance, Zurich, Lucerne, Soleure, Berne, Bâle, Fribourg,
511
rne, Bâle, Fribourg, ainsi que les villes alliées
de
Neuchâtel et de Genève, devinrent des républiques oligarchiques. Un c
512
urg, ainsi que les villes alliées de Neuchâtel et
de
Genève, devinrent des républiques oligarchiques. Un certain nombre de
513
des républiques oligarchiques. Un certain nombre
de
familles nobles, anoblies, ou patriciennes, y exerçaient une sorte de
514
anoblies, ou patriciennes, y exerçaient une sorte
de
pouvoir héréditaire, du fait qu’elles seules ou presque fournissaient
515
on journal : Un jour, les Suisses se délivrèrent
d’
un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécon
516
ent : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre
de
l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de
517
d fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim
de
petits tyrans. À présent, ils continuent de répéter le vieux conte. O
518
ssaim de petits tyrans. À présent, ils continuent
de
répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils s
519
re leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que
de
leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préj
520
s, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et
de
leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois.
521
esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes,
de
leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. S’il est probable q
522
lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et
de
leurs préjugés bourgeois. S’il est probable que la mauvaise humeur d
523
rgeois. S’il est probable que la mauvaise humeur
de
Goethe était en partie justifiée, il est certain que son jugement est
524
s en effet que Rousseau, qui avait tâté en France
d’
une tyrannie plus sérieuse que celle des « commérages », vint se réfug
525
s « commérages », vint se réfugier dans le canton
de
Berne — le plus strictement aristocratique de tous —, et qu’à peine l
526
ton de Berne — le plus strictement aristocratique
de
tous —, et qu’à peine la frontière passée, il descendit de sa voiture
527
, et qu’à peine la frontière passée, il descendit
de
sa voiture, se jeta sur le sol pour embrasser la « terre de la libert
528
ure, se jeta sur le sol pour embrasser la « terre
de
la liberté ». Par rapport à l’Europe des monarchies jésuites et des l
529
à l’Europe des monarchies jésuites et des lettres
de
cachet, la Suisse aristocratique et républicaine conservait à la fave
530
tocratique et républicaine conservait à la faveur
d’
un inextricable enchevêtrement d’institutions, une tradition de libert
531
vait à la faveur d’un inextricable enchevêtrement
d’
institutions, une tradition de libertés civiques dont on put mesurer t
532
able enchevêtrement d’institutions, une tradition
de
libertés civiques dont on put mesurer toute l’importance lors de la R
533
enait de Genève — alliée aux Suisses — autant que
de
Londres. Et cela non seulement du fait de Rousseau, « citoyen de Genè
534
ant que de Londres. Et cela non seulement du fait
de
Rousseau, « citoyen de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite
535
cela non seulement du fait de Rousseau, « citoyen
de
Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite de Ferney, aimait à si
536
nt du fait de Rousseau, « citoyen de Genève », ou
de
Voltaire qui, dans sa retraite de Ferney, aimait à signer ses lettres
537
de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite
de
Ferney, aimait à signer ses lettres « le Suisse Voltaire », mais auss
538
», mais aussi grâce à l’influence des conseillers
de
Mirabeau tels qu’Étienne Dumont et Mallet du Pan, qui rédigeaient ses
539
qui jouèrent un rôle important dans les coulisses
de
la Convention. Au repliement politique et social que représentent les
540
eux qui se produisit à la même époque, en manière
de
compensation : le service étranger. On a souvent accusé les Suisses d
541
service étranger. On a souvent accusé les Suisses
de
manquer d’esprit d’aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitess
542
anger. On a souvent accusé les Suisses de manquer
d’
esprit d’aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitesse du territ
543
a souvent accusé les Suisses de manquer d’esprit
d’
aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitesse du territoire obli
544
sens pratique, et ne se prête guère aux violences
d’
imagination et d’action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pay
545
ne se prête guère aux violences d’imagination et
d’
action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pays qui a exporté l
546
la Suisse est l’un des pays qui a exporté le plus
de
têtes chaudes. Dès le xvie siècle, elle commença même à les exporter
547
puisqu’elle était neutre ; mais le sang guerrier
de
ses fils ne s’était pas apaisé. La Diète fédérale autorisa bientôt le
548
vices aux princes étrangers. Il ne s’agissait pas
de
mercenaires. Les nobles qui possédaient un régiment ne se louaient pa
549
s du palais du Louvre, le roi leur ayant interdit
de
tirer sur la foule. On trouvait des troupes des cantons au service de
550
uvait des troupes des cantons au service des rois
de
France, de Prusse, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux de H
551
roupes des cantons au service des rois de France,
de
Prusse, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux de Hollande et
552
cantons au service des rois de France, de Prusse,
d’
Angleterre et d’Espagne, des états généraux de Hollande et des princes
553
ce des rois de France, de Prusse, d’Angleterre et
d’
Espagne, des états généraux de Hollande et des princes d’Orange, du ro
554
se, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux
de
Hollande et des princes d’Orange, du royaume de Naples et des Deux-Si
555
ne, des états généraux de Hollande et des princes
d’
Orange, du royaume de Naples et des Deux-Siciles, des empereurs d’Autr
556
x de Hollande et des princes d’Orange, du royaume
de
Naples et des Deux-Siciles, des empereurs d’Autriche. C’est à la péri
557
aume de Naples et des Deux-Siciles, des empereurs
d’
Autriche. C’est à la période du service étranger que se rapporte le pr
558
vice étranger que se rapporte le proverbe : « Pas
d’
argent, pas de Suisse. » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince
559
que se rapporte le proverbe : « Pas d’argent, pas
de
Suisse. » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince français disa
560
mme un prince français disait un jour au Maréchal
de
camp des Suisses, qui voulait faire payer ses troupes : « Avec l’arge
561
déjà donné, l’on pourrait paver une route allant
de
Paris à Bâle », le maréchal répliqua : « Avec le sang que nos hommes
562
ur la France, on pourrait remplir un canal allant
de
Bâle à Paris. » Il convient toutefois d’ajouter que les 700 généraux,
563
l allant de Bâle à Paris. » Il convient toutefois
d’
ajouter que les 700 généraux, et les milliers d’officiers supérieurs q
564
s d’ajouter que les 700 généraux, et les milliers
d’
officiers supérieurs que la Suisse donna aux armées européennes, ne re
565
mains vides dans leur pays. Beaucoup rapportaient
de
leurs campagnes exotiques, de l’or et de l’argenterie, des vaisselles
566
aucoup rapportaient de leurs campagnes exotiques,
de
l’or et de l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles et des bij
567
ortaient de leurs campagnes exotiques, de l’or et
de
l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles et des bijoux. De con
568
des vaisselles rares, des meubles et des bijoux.
De
considérables richesses s’accumulèrent ainsi dans les châteaux suisse
569
es. Beaucoup aussi revenaient mariés à des filles
de
seigneurs étrangers. L’aristocratie suisse devint ainsi l’une des plu
570
uisse devint ainsi l’une des plus internationales
de
l’Europe, tant par les allégeances que par le sang. Quant aux soldats
571
, ils racontaient leurs souvenirs sous le tilleul
de
la place publique, décrivaient les terres et les mœurs étrangères, et
572
mémorable : elle se termina sur les bords glacés
de
la Bérézina en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’était term
573
rds glacés de la Bérézina en 1813, comme l’épopée
de
l’ancienne Suisse s’était terminée trois siècles auparavant sur la pl
574
t terminée trois siècles auparavant sur la plaine
de
Marignan. ⁂ Lorsque éclata la Révolution française, la Suisse se vit
575
ement dépassée par les événements, et prit figure
d’
État « réactionnaire ». Privée d’armée unifiée comme de pouvoir centra
576
, et prit figure d’État « réactionnaire ». Privée
d’
armée unifiée comme de pouvoir central — les États restaient souverain
577
t « réactionnaire ». Privée d’armée unifiée comme
de
pouvoir central — les États restaient souverains —, livrée aux intrig
578
iés — Prussiens, Autrichiensa, Russes — et celles
de
la Convention nationale ou de Bonaparte. Mais la résistance sourde et
579
Russes — et celles de la Convention nationale ou
de
Bonaparte. Mais la résistance sourde et obstinée des civils, les révo
580
inirent par convaincre Bonaparte qu’il était vain
de
persister dans cette tentative de « mise au pas ». Dans un discours q
581
u’il était vain de persister dans cette tentative
de
« mise au pas ». Dans un discours qu’il adressa aux députés suisses c
582
à Paris en 1802, le conquérant ne se contenta pas
de
faire de considérables concessions aux cantons : il prononça un éloge
583
n 1802, le conquérant ne se contenta pas de faire
de
considérables concessions aux cantons : il prononça un éloge de leur
584
es concessions aux cantons : il prononça un éloge
de
leur fédéralisme, fort surprenant de la part d’un héritier des jacobi
585
tre État fédératif ; vouloir la vaincre n’est pas
d’
un homme sage. » Il ajoutait, en 1803, d’une manière prophétique : Sa
586
’est pas d’un homme sage. » Il ajoutait, en 1803,
d’
une manière prophétique : Sans les démocraties de vos petits cantons,
587
d’une manière prophétique : Sans les démocraties
de
vos petits cantons, vous ne présenteriez rien que ce que l’on trouve
588
e ce que l’on trouve ailleurs ; vous n’auriez pas
de
couleur particulière. Songez bien à l’importance d’avoir des traits c
589
couleur particulière. Songez bien à l’importance
d’
avoir des traits caractéristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’id
590
éristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’idée
de
ressemblance avec les autres États, écartent celle de vous confondre
591
essemblance avec les autres États, écartent celle
de
vous confondre avec eux, et de vous y incorporer. Les traités de 181
592
ts, écartent celle de vous confondre avec eux, et
de
vous y incorporer. Les traités de 1814 et 1815, en effet, ne tentère
593
e avec eux, et de vous y incorporer. Les traités
de
1814 et 1815, en effet, ne tentèrent nullement de démembrer la Suisse
594
de 1814 et 1815, en effet, ne tentèrent nullement
de
démembrer la Suisse. Au contraire, tout en sanctionnant le retour au
595
ntraire, tout en sanctionnant le retour au statut
de
la Ligue des cantons — augmentée de neuf États nouveaux — ils réaffir
596
our au statut de la Ligue des cantons — augmentée
de
neuf États nouveaux — ils réaffirmèrent solennellement l’indépendance
597
l’indépendance, l’inviolabilité et la neutralité
de
la Confédération comme étant « dans les vrais intérêts de la politiqu
598
nfédération comme étant « dans les vrais intérêts
de
la politique de l’Europe entière ». De cette déclaration du 20 novemb
599
e étant « dans les vrais intérêts de la politique
de
l’Europe entière ». De cette déclaration du 20 novembre 1815, Gugliel
600
s intérêts de la politique de l’Europe entière ».
De
cette déclaration du 20 novembre 1815, Guglielmo Ferrero a pu écrire
601
par laquelle la Suisse entre dans le grand siècle
de
son histoire : le siècle où elle créera l’ordre le plus humain que le
602
ralisme libertaire et conservateur, des principes
de
1789, et du parlementarisme anglo-saxon, il fallut une trentaine d’an
603
lementarisme anglo-saxon, il fallut une trentaine
d’
années pour le dégager. L’invasion des armées françaises et les secous
604
ançaises et les secousses politiques qui venaient
d’
agiter toute l’Europe, laissaient la Suisse inquiète, ébranlée, incert
605
Suisse inquiète, ébranlée, incertaine. Le régime
de
la souveraineté absolue des cantons s’était révélé incapable de faire
606
neté absolue des cantons s’était révélé incapable
de
faire face à une menace étrangère. La nécessité d’un pouvoir central
607
e faire face à une menace étrangère. La nécessité
d’
un pouvoir central s’imposait, d’autant plus que par réaction au statu
608
re. La nécessité d’un pouvoir central s’imposait,
d’
autant plus que par réaction au statut centralisé dont on venait de le
609
res, les entraves à la circulation des personnes.
De
1815 à 1847, la Suisse fut en proie à une longue effervescence politi
610
ngue effervescence politique, souvent accompagnée
d’
émeutes. Les idées de la Révolution gagnaient du terrain, le parti des
611
litique, souvent accompagnée d’émeutes. Les idées
de
la Révolution gagnaient du terrain, le parti des « radicaux » réclama
612
s les ordres du général Dufour, triompha au cours
d’
une brève campagne de la rébellion catholique. « Soldats », avait dit
613
al Dufour, triompha au cours d’une brève campagne
de
la rébellion catholique. « Soldats », avait dit Dufour dans sa premiè
614
emière proclamation aux troupes, « il faut sortir
de
cette lutte non seulement victorieux mais encore sans reproches ; il
615
encore sans reproches ; il faut qu’on puisse dire
de
vous : ils ont vaillamment combattu quand il a fallu, mais ils se son
616
Il appliqua lui-même ces principes, au lendemain
de
sa victoire. La guerre du Sonderbund, que l’on a souvent comparée à l
617
nderbund, que l’on a souvent comparée à la guerre
de
Sécession (leurs noms même sont identiques) eut pour effet de resserr
618
(leurs noms même sont identiques) eut pour effet
de
resserrer définitivement l’alliance fédérale des cantons. La Diète de
619
ivement l’alliance fédérale des cantons. La Diète
de
1848 se montra fort généreuse vis-à-vis des vaincus : les protestants
620
: les protestants les aidèrent à payer leur dette
de
guerre, par souscription publique. Et dans l’atmosphère de concorde a
621
, par souscription publique. Et dans l’atmosphère
de
concorde ainsi créée, quelques mois de discussion suffirent pour amen
622
atmosphère de concorde ainsi créée, quelques mois
de
discussion suffirent pour amener la majorité des États et du peuple à
623
peuple à voter la première Constitution fédérale
de
la Suisse : la Ligue des cantons devenait, après cinq-cents ans, un É
624
tons devenait, après cinq-cents ans, un État doté
d’
une armée, d’un budget, d’un Parlement et d’un pouvoir exécutif centra
625
, après cinq-cents ans, un État doté d’une armée,
d’
un budget, d’un Parlement et d’un pouvoir exécutif central. En somme,
626
cents ans, un État doté d’une armée, d’un budget,
d’
un Parlement et d’un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne fut guè
627
doté d’une armée, d’un budget, d’un Parlement et
d’
un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne fut guère qu’à partir de
628
a Suisse devint une « démocratie » au sens actuel
de
ce terme. Mais sa longue tradition de civisme, l’autonomie demeurée c
629
sens actuel de ce terme. Mais sa longue tradition
de
civisme, l’autonomie demeurée considérable de ses communes et de ses
630
ion de civisme, l’autonomie demeurée considérable
de
ses communes et de ses cantons, enfin la lenteur relative avec laquel
631
utonomie demeurée considérable de ses communes et
de
ses cantons, enfin la lenteur relative avec laquelle elle avait assim
632
ec laquelle elle avait assimilé certains éléments
de
la Révolution française, tout devait concourir à assurer à la nouvell
633
on une stabilité exceptionnelle. La Constitution
de
1848 fut adaptée sans difficultés en 1874 aux nécessités nouvelles in
634
e. Ces dernières jouaient évidemment dans le sens
d’
une centralisation toujours plus poussée. Aussi, durant le siècle de p
635
on toujours plus poussée. Aussi, durant le siècle
de
paix que valut à la Suisse sa constitution, le foyer de tous les déba
636
x que valut à la Suisse sa constitution, le foyer
de
tous les débats politiques en Suisse fût-il le problème des droits re
637
le problème des droits respectifs des cantons et
de
la Confédération. Les partis de droite représentaient la tendance rég
638
fs des cantons et de la Confédération. Les partis
de
droite représentaient la tendance régionaliste — abusivement nommée f
639
l et les socialistes insistaient sur la nécessité
d’
étatiser et d’uniformiser davantage l’économie, l’administration, le d
640
listes insistaient sur la nécessité d’étatiser et
d’
uniformiser davantage l’économie, l’administration, le droit civil et
641
t pénal. La période paisible et bourgeoise qui va
de
1848 à 1914 permit à la Suisse de se consacrer de plus en plus à sa m
642
urgeoise qui va de 1848 à 1914 permit à la Suisse
de
se consacrer de plus en plus à sa mission européenne. Tandis qu’un si
643
on, dont les nations voisines devaient tirer plus
d’
avantages matériels que la Suisse. En même temps, des institutions int
644
erselle et l’Union monétaire latine choisissaient
d’
installer en Suisse leur siège central. La mission originelle de la Su
645
Suisse leur siège central. La mission originelle
de
la Suisse trouvait ses formes de réalisation moderne. Elle allait se
646
ssion originelle de la Suisse trouvait ses formes
de
réalisation moderne. Elle allait se manifester d’une manière plus fra
647
de réalisation moderne. Elle allait se manifester
d’
une manière plus frappante encore pendant la guerre de 1914-1918. Aprè
648
e manière plus frappante encore pendant la guerre
de
1914-1918. Après un siècle de nationalisme de plus en plus exaspéré,
649
e pendant la guerre de 1914-1918. Après un siècle
de
nationalisme de plus en plus exaspéré, cette guerre qui opposait le m
650
t représenter pour la Suisse une épreuve décisive
de
son fédéralisme. N’allait-on pas voir les cantons romands et italiens
651
nce des passions politiques n’ébranla pas l’unité
de
la Confédération, pas davantage en tout cas qu’une campagne électoral
652
crate. Pendant quatre ans, malgré les divergences
de
sympathie parfois violentes qui pouvaient se manifester dans le haut
653
nt aux frontières ; et les déplacements fréquents
de
troupes romandes en Suisse alémanique ou de troupes alémaniques en te
654
uents de troupes romandes en Suisse alémanique ou
de
troupes alémaniques en terre romande ne firent qu’augmenter le sentim
655
terre romande ne firent qu’augmenter le sentiment
de
commune appartenance de tous les Suisses à leur idéal « national », o
656
qu’augmenter le sentiment de commune appartenance
de
tous les Suisses à leur idéal « national », ou plus exactement « supr
657
pra-linguistique et supra-racial. Comme aux temps
de
la Réformation, de l’absolutisme monarchique, puis de la Révolution j
658
supra-racial. Comme aux temps de la Réformation,
de
l’absolutisme monarchique, puis de la Révolution jacobine, la Suisse
659
a Réformation, de l’absolutisme monarchique, puis
de
la Révolution jacobine, la Suisse redevint la terre de refuge des exi
660
Révolution jacobine, la Suisse redevint la terre
de
refuge des exilés et des persécutés de tous les belligérants : pacifi
661
t la terre de refuge des exilés et des persécutés
de
tous les belligérants : pacifistes et socialistes, Romain Rolland et
662
une vaste ambulance internationale. Des dizaines
de
milliers de prisonniers, malades ou grands blessés des deux camps, y
663
mbulance internationale. Des dizaines de milliers
de
prisonniers, malades ou grands blessés des deux camps, y furent trans
664
y furent transportés et soignés dans les stations
d’
hiver et d’été abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe
665
ansportés et soignés dans les stations d’hiver et
d’
été abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de
666
r les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps
de
paix, la Suisse se fit Grand Hôpital du continent déchiré par la guer
667
-deux-guerres parut offrir à la Suisse l’occasion
de
couronner sa mission séculaire : en décidant de siéger à Genève, la L
668
n de couronner sa mission séculaire : en décidant
de
siéger à Genève, la Ligue des Nations rendait un hommage éclatant au
669
tains du Saint-Empire. Il semblait que l’histoire
de
ce petit pays allait trouver son accomplissement suprême dans l’insta
670
r son accomplissement suprême dans l’instauration
d’
une fédération mondiale ayant sa capitale en Suisse. Mais une fois le
671
édéralisme, s’aperçurent très vite des faiblesses
d’
un organisme vicié à la base par le maintien des souverainetés nationa
672
conscience des peuples pour offrir des garanties
de
durée. Prudemment, par fidélité à la continuité profonde de son histo
673
Prudemment, par fidélité à la continuité profonde
de
son histoire, la Suisse demanda et obtint un statut spécial dans la L
674
nt un statut spécial dans la Ligue. La Convention
de
Londres, en 1920, lui reconnut le droit de ne point participer aux sa
675
ention de Londres, en 1920, lui reconnut le droit
de
ne point participer aux sanctions militaires prévues par le Pacte, c’
676
ons militaires prévues par le Pacte, c’est-à-dire
de
rester le seul État neutre au sein même de la Ligue. C’est en partie
677
à-dire de rester le seul État neutre au sein même
de
la Ligue. C’est en partie à cette prudence — jugée excessive en son t
678
jugée excessive en son temps — que la Suisse doit
d’
avoir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la
679
oir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale.
De
1940 à 1944, la Suisse se vit plus isolée qu’elle ne l’avait jamais é
680
e son histoire. Cernée par l’Axe, depuis la chute
de
la France en juin 1940 ; unique démocratie indépendante subsistant au
681
au milieu d’un continent envahi ; dernier vestige
d’
une Europe jadis unie sous la couronne du Saint-Empire ; seul germe au
682
us la couronne du Saint-Empire ; seul germe aussi
d’
une Europe à venir où les races et les langues ne lutteraient plus que
683
rielles illustraient aux yeux de tous sa position
de
fait et le sens permanent de son destin. À Genève, le palais de la Li
684
de tous sa position de fait et le sens permanent
de
son destin. À Genève, le palais de la Ligue des Nations, qui venait d
685
sens permanent de son destin. À Genève, le palais
de
la Ligue des Nations, qui venait d’être achevé à la veille de la guer
686
ve, le palais de la Ligue des Nations, qui venait
d’
être achevé à la veille de la guerre, restait vide, battant neuf, prot
687
des Nations, qui venait d’être achevé à la veille
de
la guerre, restait vide, battant neuf, protégé par des canons antiaér
688
mé en bastion puissamment fortifié, les divisions
de
la seule armée intacte du continent (600 000 hommes) veillaient nuit
689
prêtes à opposer à tout envahisseur la certitude
de
pouvoir tenir pendant au moins deux ans le « Réduit national », avec
690
ux ans le « Réduit national », avec ses fabriques
d’
armes et de munitions creusées dans le granit, ses dépôts d’approvisio
691
Réduit national », avec ses fabriques d’armes et
de
munitions creusées dans le granit, ses dépôts d’approvisionnements pr
692
de munitions creusées dans le granit, ses dépôts
d’
approvisionnements protégés par une épaisseur de mille mètres de roche
693
s d’approvisionnements protégés par une épaisseur
de
mille mètres de rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se re
694
ements protégés par une épaisseur de mille mètres
de
rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se resserrait autour
695
s par une épaisseur de mille mètres de rochers et
de
glaciers. Ainsi la Suisse menacée se resserrait autour de ses origine
696
errait autour de ses origines, et des lieux mêmes
d’
où elle avait tiré sa raison d’être. ⁂ Cette esquisse géohistorique no
697
et des lieux mêmes d’où elle avait tiré sa raison
d’
être. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumièr
698
tre. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis
de
mettre en lumière quelques-uns des caractères fondamentaux du peuple
699
qu’il forme une unité. Nous avons vu que le sens
de
la solidarité lui a été comme imposé par la nature même d’une terre c
700
idarité lui a été comme imposé par la nature même
d’
une terre compartimentée, peu productive, et qui appelle une économie
701
mes conditions topographiques jouent dans le sens
de
l’autonomie politique des petites communautés. Enfin, la résultante d
702
que des petites communautés. Enfin, la résultante
de
cette double nécessité d’autonomie et de coopération s’est trouvée co
703
s. Enfin, la résultante de cette double nécessité
d’
autonomie et de coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur de l
704
sultante de cette double nécessité d’autonomie et
de
coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur de l’ouverture du c
705
coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur
de
l’ouverture du col du Gothard — avec les intérêts de l’Empire, puis d
706
l’ouverture du col du Gothard — avec les intérêts
de
l’Empire, puis de l’Europe, c’est-à-dire avec une mission de grand-ga
707
du Gothard — avec les intérêts de l’Empire, puis
de
l’Europe, c’est-à-dire avec une mission de grand-garde au cœur de not
708
, puis de l’Europe, c’est-à-dire avec une mission
de
grand-garde au cœur de notre continent, à la fois autonome à l’égard
709
st-à-dire avec une mission de grand-garde au cœur
de
notre continent, à la fois autonome à l’égard de toute puissance part
710
issance particulière, et prête à coopérer au bien
de
l’ensemble. Ces considérations, il est vrai, ne pouvaient être formul
711
lées qu’a posteriori, dans notre siècle, au terme
d’
une série d’expériences empiriques dont le sens, l’orientation permane
712
steriori, dans notre siècle, au terme d’une série
d’
expériences empiriques dont le sens, l’orientation permanente mais pre
713
ent aux yeux de ceux qui les vécurent. À regarder
de
très près les circonstances de l’histoire suisse et les motifs des ac
714
curent. À regarder de très près les circonstances
de
l’histoire suisse et les motifs des actes principaux qui la jalonnent
715
s actes principaux qui la jalonnent, on est tenté
de
conclure à un utilitarisme assez étroit, que l’on pourrait qualifier
716
tarisme assez étroit, que l’on pourrait qualifier
de
mesquin autant que de réaliste. Par exemple, le refus permanent de s’
717
que l’on pourrait qualifier de mesquin autant que
de
réaliste. Par exemple, le refus permanent de s’agrandir, qui caractér
718
que de réaliste. Par exemple, le refus permanent
de
s’agrandir, qui caractérise la politique générale de la Confédération
719
s’agrandir, qui caractérise la politique générale
de
la Confédération, peut être ramené à des raisons nettement intéressée
720
à des raisons nettement intéressées et témoignant
d’
une certaine pauvreté ou timidité de conception. Les avertissements de
721
et témoignant d’une certaine pauvreté ou timidité
de
conception. Les avertissements de Nicolas de Flue contre l’impérialis
722
eté ou timidité de conception. Les avertissements
de
Nicolas de Flue contre l’impérialisme repris par Zwingli au début du
723
r Zwingli au début du xvie siècle, et la défaite
de
Marignan elle-même n’eussent peut-être pas suffi, si les divisions re
724
vaient contraint la Confédération à une politique
de
repliement et de resserrement territorial. De même, au xxe siècle, o
725
la Confédération à une politique de repliement et
de
resserrement territorial. De même, au xxe siècle, on a vu le peuple
726
au xxe siècle, on a vu le peuple suisse refuser
de
s’annexer le Vorarlberg, qui avait pourtant plébiscité son rattacheme
727
que par la crainte, chez la majorité protestante,
de
voir s’augmenter le nombre des catholiques. Il n’en reste pas moins q
728
e pas moins qu’au total les réflexes du peuple et
de
ses autorités ont constamment joué dans le même sens : aux dépens de
729
e, qui se trouvait être « dans les vrais intérêts
de
la politique de l’Europe tout entière ». C’est un Suisse, Benjamin Co
730
it être « dans les vrais intérêts de la politique
de
l’Europe tout entière ». C’est un Suisse, Benjamin Constant, qui obse
731
servait que les gouvernements, lorsqu’ils parlent
d’
arrondir leurs frontières, l’entendent toujours « au-dehors ». Aucun,
732
ait-il, n’a sacrifié, que l’on sache, une portion
de
son territoire, pour donner au reste une plus grande régularité géomé
733
avantages territoriaux non point à la régularité
de
sa forme, mais bien à sa santé civique. Un autre trait qui se dégage
734
civique. Un autre trait qui se dégage à l’examen
de
l’histoire suisse, c’est une curieuse absence d’idéologie directrice,
735
de l’histoire suisse, c’est une curieuse absence
d’
idéologie directrice, une méfiance prononcée à l’égard de tout système
736
système politique logiquement formulé5. Le terme
de
fédéralisme n’apparaît dans les écrits politiques suisses qu’à une ép
737
ose est partout dans les faits qu’ils rapportent.
D’
où le paradoxe d’une histoire parfaitement cohérente, mais dont les ac
738
ans les faits qu’ils rapportent. D’où le paradoxe
d’
une histoire parfaitement cohérente, mais dont les acteurs semblent év
739
, mais dont les acteurs semblent éviter avec soin
d’
avouer le principe animateur. D’où encore une volonté constante de n’a
740
éviter avec soin d’avouer le principe animateur.
D’
où encore une volonté constante de n’alléguer que des motifs terre à t
741
cipe animateur. D’où encore une volonté constante
de
n’alléguer que des motifs terre à terre, là où d’autres eussent parlé
742
otifs terre à terre, là où d’autres eussent parlé
de
doctrine, d’idéalisme, de grandeur nationale. Il en résulte que la mé
743
terre, là où d’autres eussent parlé de doctrine,
d’
idéalisme, de grandeur nationale. Il en résulte que la médiocrité des
744
d’autres eussent parlé de doctrine, d’idéalisme,
de
grandeur nationale. Il en résulte que la médiocrité des ambitions per
745
par les Suisses se révèle bien souvent la rançon
de
leurs plus sûres vertus civiques. À la base du fédéralisme tel qu’il
746
vaut mieux enfin qu’une victoire acquise au prix
d’
une division durable entre les membres de l’alliance, ou d’une tyranni
747
au prix d’une division durable entre les membres
de
l’alliance, ou d’une tyrannie centralisée destinée à masquer cette di
748
ision durable entre les membres de l’alliance, ou
d’
une tyrannie centralisée destinée à masquer cette division. C’est peu
749
est peut-être en fin de compte dans cette volonté
de
préserver l’équilibre fédéral si longuement recherché, si chèrement p
750
une formule, que l’on peut voir l’unité véritable
de
tous les Suisses. Nous avons indiqué au début que l’unité géographiqu
751
graphique du pays n’est guère évidente. Son unité
de
race est perdue depuis les temps où les Celtes helvètes en occupaient
752
Suisse présente bien peu des caractères reconnus
d’
une nation, et ne se définit pas spontanément comme telle6. La Suisse
753
ne ressent son unité que dans une volonté commune
d’
entretenir ses diversités. Il n’y a guère plus de ressemblance entre l
754
d’entretenir ses diversités. Il n’y a guère plus
de
ressemblance entre les paysans de la Suisse centrale et les citoyens
755
’y a guère plus de ressemblance entre les paysans
de
la Suisse centrale et les citoyens de Genève qu’entre les Grecs et le
756
les paysans de la Suisse centrale et les citoyens
de
Genève qu’entre les Grecs et les Hollandais, les Tchèques et les Port
757
tre jamais, et qui ne sont nullement curieux l’un
de
l’autre, ont en commun leur volonté de rester eux-mêmes, de se gouver
758
rieux l’un de l’autre, ont en commun leur volonté
de
rester eux-mêmes, de se gouverner à leur manière, et savent très bien
759
, ont en commun leur volonté de rester eux-mêmes,
de
se gouverner à leur manière, et savent très bien que leur union fédér
760
ien que leur union fédérale est la seule garantie
d’
une pareille liberté. L’unité de la Suisse, en dernière analyse, est d
761
la seule garantie d’une pareille liberté. L’unité
de
la Suisse, en dernière analyse, est donc proprement politique, soit q
762
’on prenne ce mot au sens étroit et tout pratique
de
science ou d’art des compromis, soit qu’on le prenne au sens plus gén
763
mot au sens étroit et tout pratique de science ou
d’
art des compromis, soit qu’on le prenne au sens plus général de straté
764
promis, soit qu’on le prenne au sens plus général
de
stratégie du bien commun. Nous ne sommes pas en présence d’une nation
765
es pas en présence d’une nation, mais bel et bien
d’
une fédération, c’est-à-dire à la fois d’une fonction et d’un ensemble
766
et bien d’une fédération, c’est-à-dire à la fois
d’
une fonction et d’un ensemble d’institutions. La fonction, nous l’avon
767
ération, c’est-à-dire à la fois d’une fonction et
d’
un ensemble d’institutions. La fonction, nous l’avons définie en décri
768
-à-dire à la fois d’une fonction et d’un ensemble
d’
institutions. La fonction, nous l’avons définie en décrivant le Gothar
769
rivant le Gothard et son rôle décisif à l’origine
de
la Confédération. Celle-ci reste une grand-garde montée perpétuelleme
770
ut ramener la paix entre les peuples, le principe
de
la foi jurée et de l’alliance des égaux : la fédération. Quant aux in
771
entre les peuples, le principe de la foi jurée et
de
l’alliance des égaux : la fédération. Quant aux institutions, leur co
772
ur connaissance sommaire va nous mettre en mesure
d’
apercevoir pourquoi l’on peut parler des Suisses comme d’un seul peupl
773
evoir pourquoi l’on peut parler des Suisses comme
d’
un seul peuple, malgré toutes leurs diversités. 1. Les Habsbourg, co
774
e on sait, devinrent empereurs. Ils s’efforcèrent
de
réduire les Waldstätten en les entourant d’un cercle de châteaux. C’e
775
èrent de réduire les Waldstätten en les entourant
d’
un cercle de châteaux. C’est au cours de la lutte des cantons contre l
776
uire les Waldstätten en les entourant d’un cercle
de
châteaux. C’est au cours de la lutte des cantons contre les baillis d
777
les baillis des Habsbourg que se place l’épisode
de
Guillaume Tell, contesté par les historiens du xixe siècle, confirmé
778
lus récente critique. 2. E. Gagliardi, Histoire
de
la Suisse, 1925, p. 79. 3. L’expression apparaît pour la première fo
779
ion apparaît pour la première fois dans un factum
de
l’époque de la Fronde rédigé par des soldats suisses, qui se plaignai
780
pour la première fois dans un factum de l’époque
de
la Fronde rédigé par des soldats suisses, qui se plaignaient de n’êtr
781
édigé par des soldats suisses, qui se plaignaient
de
n’être pas payés pour leurs services. « Les Suisses ne se payent pas
782
ur leurs services. « Les Suisses ne se payent pas
de
paroles ! », écrivait Montluc. 4. Le fédéralisme, en effet, n’est pa
783
eulement, à l’inverse, l’union des régions autour
d’
un centre, mais l’équilibre vivant entre les droits particuliers et le
784
ble même pour la période qui a précédé l’adoption
de
la Constitution fédérale en 1848. L’idéologie radicale, centralisatri
785
» se soit introduit dans le vocabulaire politique
de
1848, et désigne par exemple le Conseil des députés élus par le peupl
786
n’éveille pas du tout chez les Suisses l’ensemble
de
sentiments et de passions qu’éveille le mot « nation » chez un França
787
tout chez les Suisses l’ensemble de sentiments et
de
passions qu’éveille le mot « nation » chez un Français. a. Par erreu
788
es distinctions fondamentales qu’il y aurait lieu
de
marquer entre le régime fédéraliste de la Suisse et les régimes centr
789
urait lieu de marquer entre le régime fédéraliste
de
la Suisse et les régimes centralistes de la plupart des États moderne
790
éraliste de la Suisse et les régimes centralistes
de
la plupart des États modernes. Pour devenir Américain, il faut si l’o
791
devenir Américain, il faut si l’on habite depuis
de
longues années aux États-Unis, quitter le territoire national, passer
792
Mexique, à la Havane, ou aux Bermudes, y recevoir
d’
un consulat américain les « premiers papiers » qui font de vous un can
793
sulat américain les « premiers papiers » qui font
de
vous un candidat admis à la nationalité américaine, puis rentrer en c
794
esser aux autorités fédérales une demande non pas
de
naturalisation, mais d’autorisation à se faire naturaliser. Après quo
795
rales une demande non pas de naturalisation, mais
d’
autorisation à se faire naturaliser. Après quoi, il doit choisir la co
796
iption des institutions suisses, nous ferons bien
de
suivre le même ordre, celui qui va de bas en haut, de la commune au p
797
ferons bien de suivre le même ordre, celui qui va
de
bas en haut, de la commune au pouvoir fédéral en passant par le canto
798
uivre le même ordre, celui qui va de bas en haut,
de
la commune au pouvoir fédéral en passant par le canton, car c’est sel
799
antonaux… Dès l’origine, comme le prouve le Pacte
de
1291, la Confédération a admis le principe de l’autonomie de la commu
800
cte de 1291, la Confédération a admis le principe
de
l’autonomie de la commune. Les trois communautés alpestres d’Uri, de
801
Confédération a admis le principe de l’autonomie
de
la commune. Les trois communautés alpestres d’Uri, de Schwyz et d’Unt
802
ie de la commune. Les trois communautés alpestres
d’
Uri, de Schwyz et d’Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui
803
a commune. Les trois communautés alpestres d’Uri,
de
Schwyz et d’Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui n’habi
804
s trois communautés alpestres d’Uri, de Schwyz et
d’
Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui n’habiterait pas le
805
ire… C’est à ces origines que nos cantons doivent
de
n’être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, mais
806
us des États bureaucratiques et centralisés, mais
d’
être restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droi
807
et dont la première mission est l’administration
de
la justice8. Un autre auteur, le juriste F. Fleiner, a démontré que
808
ste F. Fleiner, a démontré que la caractéristique
de
l’État populaire suisse « réside dans la dépendance de l’administrati
809
État populaire suisse « réside dans la dépendance
de
l’administration vis-à-vis de la justice »9. Les premières légendes n
810
la justice »9. Les premières légendes nationales
de
la Suisse décrivent en effet la lutte contre les baillis : c’est par
811
les baillis : c’est par exemple l’épisode fameux
de
Guillaume Tell et de Gessler. Or ces baillis jouaient un rôle compara
812
par exemple l’épisode fameux de Guillaume Tell et
de
Gessler. Or ces baillis jouaient un rôle comparable à celui des préfe
813
uvoir central, la commune n’est plus qu’un organe
d’
exécution, et devient à son tour, comme l’observe A. Gasser « un instr
814
n tour, comme l’observe A. Gasser « un instrument
de
la centralisation ». En Suisse, au contraire, les droits de la commun
815
ralisation ». En Suisse, au contraire, les droits
de
la commune ne sont limités que par la loi, jamais par les supérieurs
816
révélé particulièrement efficace dans les époques
de
crise (guerre de 1939-1945) où l’application de mesures générales (te
817
rement efficace dans les époques de crise (guerre
de
1939-1945) où l’application de mesures générales (telles que le plan
818
s de crise (guerre de 1939-1945) où l’application
de
mesures générales (telles que le plan de production agricole, dit pla
819
lication de mesures générales (telles que le plan
de
production agricole, dit plan Wahlen) n’a pu se réaliser qu’à la fave
820
it plan Wahlen) n’a pu se réaliser qu’à la faveur
d’
initiatives locales, appuyées par la population qui était à même de co
821
ales, appuyées par la population qui était à même
de
contrôler la besogne et d’en mesurer la portée par expérience directe
822
ation qui était à même de contrôler la besogne et
d’
en mesurer la portée par expérience directe. L’origine ancienne des co
823
êts, pâturages, vignes, caves, troupeaux). En cas
d’
indigence, ils sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’ori
824
digence, ils sont secourus par la « bourgeoisie »
de
leur lieu d’origine, même s’ils n’ont jamais habité son territoire, e
825
sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu
d’
origine, même s’ils n’ont jamais habité son territoire, et ce droit d’
826
s n’ont jamais habité son territoire, et ce droit
d’
origine ne se perd jamais. (Certaines familles possèdent la bourgeoisi
827
ais. (Certaines familles possèdent la bourgeoisie
d’
honneur de plusieurs communes, et y jouissent de tous les droits qu’on
828
aines familles possèdent la bourgeoisie d’honneur
de
plusieurs communes, et y jouissent de tous les droits qu’on vient de
829
e d’honneur de plusieurs communes, et y jouissent
de
tous les droits qu’on vient de mentionner.) Aujourd’hui un tiers seul
830
ment des Suisses se trouvent habiter leur commune
d’
origine, mais ce phénomène n’a pas affecté jusqu’ici le statut des « b
831
es « bourgeoisies ». La Suisse compte un peu plus
de
3000 communes. Chacune possède son conseil communal ou municipal (c’e
832
idé par le maire (aussi nommé syndic ou président
de
commune, selon les cantons). La commune a le droit de lever des impôt
833
ommune, selon les cantons). La commune a le droit
de
lever des impôts, et parfois même d’exiger des services personnels ou
834
e a le droit de lever des impôts, et parfois même
d’
exiger des services personnels ou corvées. Elle pourvoit aux services
835
tance des pauvres et des malades. Il est curieux
de
noter que la protection des autonomies communales n’est pas mentionné
836
ée dans la Constitution fédérale. On serait tenté
d’
y voir la preuve que cette autonomie va de soi chez les Suisses. Le co
837
t) des municipalités. Le canton L’indigénat
d’
une commune donne droit de cité dans un canton. Et les cantons sont le
838
e canton L’indigénat d’une commune donne droit
de
cité dans un canton. Et les cantons sont les éléments de base sur les
839
dans un canton. Et les cantons sont les éléments
de
base sur lesquels repose l’édifice fédéral. Les cantons suisses sont
840
onstitution fédérale ; ils jouissent, comme tels,
de
tous les droits qui ne sont pas attribués au pouvoir fédéral » (art.
841
e sont pas attribués au pouvoir fédéral » (art. 3
de
la Constitution fédérale). L’exaspération des nationalismes modernes
842
presque contradictoire dans les termes, la notion
d’
une souveraineté limitée. Cependant, un siècle d’expérience heureuse a
843
d’une souveraineté limitée. Cependant, un siècle
d’
expérience heureuse a rendu cette notion familière aux Suisses. Ils n’
844
sont antérieurs à la Confédération, qui a résulté
de
leurs alliances progressivement resserrées. Mais ils voient clairemen
845
t pratiquement résider que dans la mise en commun
de
leurs forces. La centralisation qu’ils acceptent dans certains domain
846
éfinis, n’est donc à leurs yeux que la sauvegarde
d’
une décentralisation très poussée dans d’autres domaines. Chaque canto
847
judiciaire. L’exécutif généralement nommé Conseil
d’
État, est un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun
848
généralement nommé Conseil d’État, est un collège
de
cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun des magistrats qui en
849
n département administratif, et joue donc le rôle
d’
un ministre. Cependant, les décisions importantes émanent du collège d
850
nous retrouverons à l’échelon fédéral. Le Conseil
d’
État prépare les textes qui seront soumis au législatif, et fixe leur
851
et Appenzell) ont conservé l’antique institution
de
la Landsgemeinde : là le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble
852
à le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble
de
la population mâle et majeure, réunie en cercle (Ring) sur une place
853
une place publique, non sans un grand déploiement
de
cérémonies religieuses, de serments et de proclamations solennelles.
854
s un grand déploiement de cérémonies religieuses,
de
serments et de proclamations solennelles. Tous les hommes qui s’y ren
855
oiement de cérémonies religieuses, de serments et
de
proclamations solennelles. Tous les hommes qui s’y rendent portent l’
856
mes qui s’y rendent portent l’épée, signe antique
de
la liberté chez les peuplades germaniques. Un des plus récents et des
857
947, en donne une description qu’il vaut la peine
de
citer ici, parce qu’elle souligne certains traits de tempérament poli
858
citer ici, parce qu’elle souligne certains traits
de
tempérament politique valables pour l’ensemble des Confédérés10. L’o
859
u jour comporte trente-deux questions : un projet
d’
assurance cantonale contre les crises, divers projets sur les congés p
860
les congés payés, le repos du dimanche, le régime
de
l’énergie hydraulique, etc. Le Landamann11, du haut de la tribune, ré
861
énergie hydraulique, etc. Le Landamann11, du haut
de
la tribune, résume chaque projet. Plusieurs citoyens montent ensuite
862
discuter, suggérer des amendements. Quelques-uns
de
ces amendements sont adoptés, d’autres — et justement, je le note, de
863
ndements démagogiques — repoussés. Je suis frappé
de
constater qu’on discute sur le mérite propre des mesures proposées et
864
leurs incidences partisanes. Je suis frappé aussi
de
la facilité de parole des orateurs, qui s’expriment avec aisance, bri
865
s partisanes. Je suis frappé aussi de la facilité
de
parole des orateurs, qui s’expriment avec aisance, brièvement, souven
866
soit fini dans la journée (et puis le ciel, lourd
de
nuages, pourrait tomber sur vos têtes !) La politesse règne néanmoins
867
onsieur le Landamann, très affectionnés et dignes
de
confiance compatriotes. » C’est une discussion de famille, tournée ve
868
de confiance compatriotes. » C’est une discussion
de
famille, tournée vers la pratique autant qu’inspirée par la passion p
869
e par la passion politique… Et pourtant il s’agit
d’
une société politique de notre temps, dans un canton fort évolué : sur
870
ue… Et pourtant il s’agit d’une société politique
de
notre temps, dans un canton fort évolué : sur les 35 000 habitants qu
871
ient, un quart seulement sont des paysans et plus
de
la moitié vivent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et de pol
872
ment sont des paysans et plus de la moitié vivent
de
l’industrie. Avec moins de pittoresque et de politesse patriarcale,
873
s de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins
de
pittoresque et de politesse patriarcale, c’est dans une atmosphère as
874
ent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et
de
politesse patriarcale, c’est dans une atmosphère assez semblable que
875
s pratiques priment, et l’équilibre est respecté,
d’
un accord tacite, entre les intérêts plus ou moins divergents des clas
876
lus ou moins divergents des classes, des régions,
de
la paysannerie, des ouvriers et des bourgeois. « Ce qu’il y a d’intér
877
ie, des ouvriers et des bourgeois. « Ce qu’il y a
d’
intéressant à noter, écrit encore M. Siegfried, c’est que pareil équil
878
ux-mêmes, en raison du développement traditionnel
d’
une vie corporative : tel ouvrier raisonnera non pas exclusivement en
879
non pas exclusivement en ouvrier, mais en membre
de
la commune religieuse, ou de la commune “bourgeoise”, ou encore en me
880
rier, mais en membre de la commune religieuse, ou
de
la commune “bourgeoise”, ou encore en membre de telle ou telle locali
881
u de la commune “bourgeoise”, ou encore en membre
de
telle ou telle localité. » Cette dernière remarque est importante : e
882
t la coïncidence exacte et imposée des frontières
de
tous les domaines dont relève normalement un citoyen : frontières com
883
ontraire, toutes les combinaisons et permutations
de
ces diverses allégeances, augmentées des allégeances communales et ca
884
; et celles des cultures ne sont pas même celles
de
la Confédération. C’est dans le jeu ménagé entre ces éléments, dans l
885
e développent la dispersion et l’interpénétration
de
ces groupes, dans la faculté de choix qui se trouve laissée à chacun,
886
’interpénétration de ces groupes, dans la faculté
de
choix qui se trouve laissée à chacun, que le citoyen suisse court cha
887
e le citoyen suisse court chaque jour les chances
d’
une liberté réelle, dont il ne prend d’ailleurs pas davantage conscien
888
ne prend d’ailleurs pas davantage conscience que
de
l’air qu’il respire. De la souveraineté cantonale à la Confédérati
889
vantage conscience que de l’air qu’il respire.
De
la souveraineté cantonale à la Confédération La structure politiqu
890
nale à la Confédération La structure politique
de
la plupart des cantons telle qu’on vient de la décrire, date du premi
891
sement des Patriciats, dont la subtile hiérarchie
de
conseils fut considérablement simplifiée et aérée. Cette évolution in
892
ans une large mesure, allait faciliter le passage
de
la fédération d’États qu’était l’ancienne Suisse à l’État fédératif q
893
ure, allait faciliter le passage de la fédération
d’
États qu’était l’ancienne Suisse à l’État fédératif qu’elle devint en
894
iècle n’était pas un État, mais un enchevêtrement
d’
alliances entre républiques souveraines, dont plusieurs gouvernaient d
895
lliages. La Diète fédérale n’était qu’une réunion
d’
ambassadeurs des républiques, mandatés par leur gouvernement. Elle n’a
896
voyaient constamment stérilisées par l’opposition
d’
un seul État. Pendant la brève période de la « République helvétique »
897
position d’un seul État. Pendant la brève période
de
la « République helvétique » (1799-1803), la France révolutionnaire t
898
ue » (1799-1803), la France révolutionnaire tenta
d’
imposer aux Suisses un régime totalement unifié, mais la résistance fu
899
ce fut si forte, surtout dans les anciens cantons
de
la Suisse centrale, que Bonaparte se vit contraint de revenir à l’org
900
a Suisse centrale, que Bonaparte se vit contraint
de
revenir à l’organisation fédérative, tout en établissant l’égalité en
901
conserva ces deux réformes, mais le pacte fédéral
de
1815 ne fut de nouveau qu’une alliance conclue entre États souverains
902
ait rapidement intenable. Sous le régime du Pacte
de
1815, écrit l’historien William Martin, « la Suisse ressemblait à l’E
903
illiam Martin, « la Suisse ressemblait à l’Europe
d’
aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres incontestés de
904
antons souverains étaient les maîtres incontestés
de
leur politique économique. On comptait alors en Suisse 11 mesures de
905
conomique. On comptait alors en Suisse 11 mesures
de
pieds, 60 espèces d’aunes, 87 mesures de grains, 81 pour les liquides
906
t alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces
d’
aunes, 87 mesures de grains, 81 pour les liquides, et 50 poids différe
907
mesures de pieds, 60 espèces d’aunes, 87 mesures
de
grains, 81 pour les liquides, et 50 poids différents ». Le régime mon
908
tait guère moins chaotique. De plus, « incapables
de
s’entendre sur aucune mesure commune, les cantons multipliaient les m
909
ue toutes les erreurs que nous avons vu commettre
de
nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration »12.
910
»12. Le commerce étranger qui rencontrait autant
de
barrières douanières que de frontières cantonales lorsqu’il se hasard
911
ui rencontrait autant de barrières douanières que
de
frontières cantonales lorsqu’il se hasardait à transiter de France en
912
res cantonales lorsqu’il se hasardait à transiter
de
France en Autriche, d’Allemagne en Italie, se détourna bientôt du ter
913
l se hasardait à transiter de France en Autriche,
d’
Allemagne en Italie, se détourna bientôt du territoire helvétique, qui
914
endant, les cantons s’obstinaient dans leur refus
de
s’ouvrir les uns aux autres, et croyaient pouvoir se borner à conclur
915
des « concordats » limités, facilitant la liberté
d’
établissement ou les formalités de transit et de douanes13. Enfin la D
916
tant la liberté d’établissement ou les formalités
de
transit et de douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas d’une vérita
917
é d’établissement ou les formalités de transit et
de
douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas d’une véritable armée, mai
918
et de douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas
d’
une véritable armée, mais de contingents cantonaux très diversement ar
919
iète ne disposait pas d’une véritable armée, mais
de
contingents cantonaux très diversement armés et entraînés, qui n’avai
920
rès diversement armés et entraînés, qui n’avaient
de
commun qu’un état-major fédéral. Vis-à-vis de l’étranger, elle était
921
, vraiment, cette Suisse « ressemblait à l’Europe
d’
aujourd’hui ». Son unification n’apparaissait guère plus facile. Pourt
922
pparaissait guère plus facile. Pourtant, au terme
d’
une trentaine d’années de crises, d’agitation populaire et de tentativ
923
e plus facile. Pourtant, au terme d’une trentaine
d’
années de crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme co
924
cile. Pourtant, au terme d’une trentaine d’années
de
crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme constitutio
925
ant, au terme d’une trentaine d’années de crises,
d’
agitation populaire et de tentatives de réforme constitutionnelle, il
926
aine d’années de crises, d’agitation populaire et
de
tentatives de réforme constitutionnelle, il suffit de la très courte
927
de crises, d’agitation populaire et de tentatives
de
réforme constitutionnelle, il suffit de la très courte guerre civile
928
entatives de réforme constitutionnelle, il suffit
de
la très courte guerre civile du Sonderbund pour précipiter la décisio
929
e nécessité : en quelques mois — les six premiers
de
1848 — une Constitution fédérale fut discutée, écrite, votée et mise
930
en vigueur. Elle valut à la Suisse un long siècle
de
paix. Mais non moins que la ressemblance entre l’état de la Suisse an
931
. Mais non moins que la ressemblance entre l’état
de
la Suisse ancienne et celui de l’Europe d’aujourd’hui, ce qui frappe,
932
lance entre l’état de la Suisse ancienne et celui
de
l’Europe d’aujourd’hui, ce qui frappe, c’est la similitude des argume
933
l’état de la Suisse ancienne et celui de l’Europe
d’
aujourd’hui, ce qui frappe, c’est la similitude des arguments échangés
934
la similitude des arguments échangés, à cent ans
de
distance, entre les partisans de la fédération et ceux de la souverai
935
ngés, à cent ans de distance, entre les partisans
de
la fédération et ceux de la souveraineté sans restriction, qu’il s’ag
936
nce, entre les partisans de la fédération et ceux
de
la souveraineté sans restriction, qu’il s’agisse des cantons ou des É
937
s ou des États-nations modernes. Il vaut la peine
de
citer les termes dans lesquels Pellegrino Rossi14, le plus brillant a
938
quels Pellegrino Rossi14, le plus brillant avocat
de
la fédération, critiquait la situation créée par le Pacte de 1815. La
939
ation, critiquait la situation créée par le Pacte
de
1815. La faiblesse du lien fédéral, disait-il, créait « une illusion
940
écrivait la paralysie qui frappe une Diète formée
de
délégués d’États souverains et non de députés des peuples : Lequel d
941
paralysie qui frappe une Diète formée de délégués
d’
États souverains et non de députés des peuples : Lequel de nous n’a d
942
iète formée de délégués d’États souverains et non
de
députés des peuples : Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la form
943
ouverains et non de députés des peuples : Lequel
de
nous n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédé
944
agir les autres… Ces députés obligés quelquefois
de
résister aux vérités les mieux démontrées… Les magistrats directeurs
945
servir deux maîtres, être tour à tour les hommes
de
la Confédération et les hommes du canton… Il n’est, ce me semble, auc
946
es du canton… Il n’est, ce me semble, aucun motif
de
conserver un pareil état de choses… Rien ne milite en sa faveur, pas
947
veur, pas même la raison, d’ailleurs bien faible,
de
l’économie… Et Rossi concluait en montrant les progrès « mémorables
948
édérale dans l’élite et les masses : Oui, l’idée
d’
une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent l
949
acteurs des temps modernes, c’est une des gloires
de
ces temps, que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment pl
950
ires de ces temps, que cette idée ait acquis plus
de
netteté, ce sentiment plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous
951
dée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus
d’
énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les é
952
és littéraires et savantes, les vœux, les projets
d’
un grand nombre de cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise
953
savantes, les vœux, les projets d’un grand nombre
de
cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise général qu’il est
954
-même, et ce malaise général qu’il est impossible
de
méconnaître, et cette espérance que dans un nouveau Pacte, dans une C
955
nt les raisons que pouvaient avancer, contre tant
d’
évidences, les partisans de la souveraineté totale ? Tout d’abord, ils
956
t avancer, contre tant d’évidences, les partisans
de
la souveraineté totale ? Tout d’abord, ils jugeaient que les projets
957
ale ? Tout d’abord, ils jugeaient que les projets
d’
union allaient jeter dans le pays, déjà divisé, un nouveau brandon de
958
ter dans le pays, déjà divisé, un nouveau brandon
de
discorde15. Les cantons, s’ils renonçaient à la souveraineté, perdrai
959
aient leurs traditions. La suppression des tarifs
de
péage donnerait le coup de mort à leurs industries (dont quelques-une
960
suppression des tarifs de péage donnerait le coup
de
mort à leurs industries (dont quelques-unes ne vivaient qu’à la faveu
961
es (dont quelques-unes ne vivaient qu’à la faveur
d’
un protectionnisme croissant). On dressait des listes de faillites que
962
rotectionnisme croissant). On dressait des listes
de
faillites que provoquerait l’union économique. On prédisait tantôt la
963
des autres) et tantôt l’accroissement tyrannique
de
leur prépondérance. On redoutait l’opposition des grandes puissances
964
oisines. On dénonçait enfin le caractère utopique
de
ces rêveries… Il n’est pas un de ces arguments qui ne revive dans les
965
ractère utopique de ces rêveries… Il n’est pas un
de
ces arguments qui ne revive dans les débats actuels sur l’union de l’
966
qui ne revive dans les débats actuels sur l’union
de
l’Europe. Cependant, une commission de révision constitutionnelle se
967
ur l’union de l’Europe. Cependant, une commission
de
révision constitutionnelle se réunit le 17 février 1848. Au terme d’u
968
utionnelle se réunit le 17 février 1848. Au terme
d’
une seule session, qui se termina le 8 avril de la même année, elle av
969
me d’une seule session, qui se termina le 8 avril
de
la même année, elle avait rédigé la nouvelle charte. Celle-ci fut ado
970
la nouvelle charte. Celle-ci fut adoptée au mois
d’
août, par quinze cantons et demi contre six et demi. Le 6 novembre, le
971
nos jours. L’essor économique, social et culturel
de
la Suisse fut immédiat. Aucune des catastrophes prédites et calculées
972
atastrophes prédites et calculées par les tenants
de
l’ordre ancien ne se produisit. Les autorités fédérales C’est l
973
Les autorités fédérales C’est la Constitution
de
1848 qui régit la Suisse d’aujourd’hui, nonobstant un assez grand nom
974
C’est la Constitution de 1848 qui régit la Suisse
d’
aujourd’hui, nonobstant un assez grand nombre de révisions partielles,
975
e d’aujourd’hui, nonobstant un assez grand nombre
de
révisions partielles, dont la plus importante fut votée par le peuple
976
tution mérite non seulement l’épithète officielle
de
« fédérale » mais encore celle de « fédéraliste », et cela pour une r
977
hète officielle de « fédérale » mais encore celle
de
« fédéraliste », et cela pour une raison précise : c’est qu’elle repr
978
représente une synthèse des autonomies locales et
de
l’union. En effet, si la fédération limite en droit la souveraineté d
979
leur existence distincte, elle agrandit le champ
de
leur rayonnement économique et culturel. Cet équilibre, proprement fé
980
fédérale, pouvoir législatif et autorité suprême
de
la Confédération, est composée de deux Chambres : le Conseil national
981
utorité suprême de la Confédération, est composée
de
deux Chambres : le Conseil national, représentant le peuple, et le Co
982
est indispensable pour l’acceptation ou le rejet
d’
une loi. On croit reconnaître ici le système en vigueur dans un certai
983
ici le système en vigueur dans un certain nombre
d’
États modernes, qui possèdent un Sénat à côté de leur Chambre des dépu
984
s États n’est pas du tout l’équivalent du Conseil
de
la République en France ou de la Chambre des Lords. Il ne ressemble q
985
uivalent du Conseil de la République en France ou
de
la Chambre des Lords. Il ne ressemble qu’au Sénat américain, étant co
986
’au Sénat américain, étant comme ce dernier formé
de
représentants des États membres de la fédération, à raison de deux dé
987
dernier formé de représentants des États membres
de
la fédération, à raison de deux députés par État, grand ou petit16. L
988
deux députés par État, grand ou petit16. Le mode
d’
élection des conseillers varie selon les cantons. C’est tantôt le peup
989
i les nomme. Le Conseil national est élu à raison
d’
un député par 22 000 habitants, chaque canton ou demi-canton formant u
990
s, et le général en chef. Elles exercent le droit
de
grâce, et tranchent les conflits de compétence entre les autorités fé
991
cent le droit de grâce, et tranchent les conflits
de
compétence entre les autorités fédérales. L’approbation des alliances
992
l’établissement du budget fédéral et la révision
de
la Constitution sont également de leur compétence. Soulignons enfin q
993
et la révision de la Constitution sont également
de
leur compétence. Soulignons enfin que les membres de l’Assemblée fédé
994
leur compétence. Soulignons enfin que les membres
de
l’Assemblée fédérale ne sont jamais liés par les instructions que leu
995
que leur aurait données le corps politique chargé
de
leur élection. Le mandat impératif est interdit17. « L’autorité direc
996
« L’autorité directoriale et exécutive supérieure
de
la Confédération est exercée par un Conseil fédéral composé de sept m
997
ration est exercée par un Conseil fédéral composé
de
sept membres », dit l’article 95 de la Constitution. Ce collège qui r
998
déral composé de sept membres », dit l’article 95
de
la Constitution. Ce collège qui remplit à la fois les fonctions d’un
999
n. Ce collège qui remplit à la fois les fonctions
d’
un cabinet de ministres et celles d’un chef de l’État, est sans doute
1000
qui remplit à la fois les fonctions d’un cabinet
de
ministres et celles d’un chef de l’État, est sans doute l’institution
1001
les fonctions d’un cabinet de ministres et celles
d’
un chef de l’État, est sans doute l’institution la plus originale de l
1002
t, est sans doute l’institution la plus originale
de
la Suisse. Ses membres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et s
1003
. L’un d’entre eux est élu chaque année président
de
la Confédération. Il ne peut exercer cet office deux années de suite,
1004
ration. Il ne peut exercer cet office deux années
de
suite, et la coutume s’est établie d’une rotation entre les sept cons
1005
deux années de suite, et la coutume s’est établie
d’
une rotation entre les sept conseillers : chacun devient président une
1006
t président une fois tous les sept ans, par ordre
d’
ancienneté dans le collège. Le Conseil fédéral siège à Berne, et tous
1007
Chambres. Berne, cependant, ne porte pas le titre
de
capitale, mais seulement de « ville fédérale ». Elle est en même temp
1008
ne porte pas le titre de capitale, mais seulement
de
« ville fédérale ». Elle est en même temps le chef-lieu du canton auq
1009
du canton auquel elle donne son nom. Ces détails
de
protocole sont significatifs d’une certaine méfiance — fédéraliste au
1010
nom. Ces détails de protocole sont significatifs
d’
une certaine méfiance — fédéraliste autant que proprement helvétique —
1011
’est en vertu du même sentiment que le commandant
d’
une grande unité d’armée suisse n’est pas appelé général, mais colonel
1012
me sentiment que le commandant d’une grande unité
d’
armée suisse n’est pas appelé général, mais colonel commandant de corp
1013
n’est pas appelé général, mais colonel commandant
de
corps (ou de division, ou de brigade) ; que le général en chef, nommé
1014
elé général, mais colonel commandant de corps (ou
de
division, ou de brigade) ; que le général en chef, nommé par les Cham
1015
s colonel commandant de corps (ou de division, ou
de
brigade) ; que le général en chef, nommé par les Chambres, ne reçoit
1016
par les Chambres, ne reçoit ce titre qu’en temps
de
guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée dépend d’une commission de
1017
e titre qu’en temps de guerre, tandis qu’en temps
de
paix l’armée dépend d’une commission de défense nationale ; et enfin
1018
guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée dépend
d’
une commission de défense nationale ; et enfin que l’on aime à soulign
1019
’en temps de paix l’armée dépend d’une commission
de
défense nationale ; et enfin que l’on aime à souligner le fait que le
1020
ue l’on aime à souligner le fait que le président
de
la Confédération n’est, en somme, qu’un primus inter pares. À la véri
1021
pares. À la vérité, le pouvoir, en Suisse, reste
d’
ordre essentiellement collégial, qu’il s’agisse des cantons ou de la C
1022
ellement collégial, qu’il s’agisse des cantons ou
de
la Confédération. Les décisions importantes du gouvernement émanent d
1023
utives. Le Conseil fédéral « présente des projets
de
lois ou d’arrêtés à l’Assemblée fédérale et donne son préavis sur les
1024
Conseil fédéral « présente des projets de lois ou
d’
arrêtés à l’Assemblée fédérale et donne son préavis sur les propositio
1025
les conseils ou par les cantons » (art. 102, § 4
de
la Constitution). Mais si les Chambres repoussent ses projets, ou ref
1026
les Chambres repoussent ses projets, ou refusent
d’
approuver la gestion d’un Département, il ne démissionne pas. La Suiss
1027
t ses projets, ou refusent d’approuver la gestion
d’
un Département, il ne démissionne pas. La Suisse ne connaît pas les cr
1028
portefeuilles qui caractérisent la vie politique
de
tant d’autres États européens. Elle ne connaît pas non plus, comme le
1029
le veto présidentiel et les fréquents changements
de
ministres choisis ou renvoyés par le chef de l’État. Il en résulte un
1030
é réélu bien qu’il fût candidat. La durée moyenne
de
leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonctio
1031
candidat. La durée moyenne de leur carrière a été
de
onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonction pendant trente-deux a
1032
yenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’un
d’
eux est demeuré en fonction pendant trente-deux ans. Dans tout autre p
1033
ion pendant trente-deux ans. Dans tout autre pays
de
structure centralisée, cette inamovibilité pratique de l’exécutif eût
1034
ructure centralisée, cette inamovibilité pratique
de
l’exécutif eût conduit fatalement et très vite à une sorte de dictatu
1035
f eût conduit fatalement et très vite à une sorte
de
dictature de l’appareil gouvernemental. Ce danger existe en Suisse, m
1036
fatalement et très vite à une sorte de dictature
de
l’appareil gouvernemental. Ce danger existe en Suisse, mais il est en
1037
éférendum). Au surplus, quelle que soit l’étendue
de
ses pouvoirs, le Conseil fédéral n’en demeure pas moins soumis à l’op
1038
à l’opinion publique, et se montre très soucieux
de
ne point la bousculer : fait d’autant plus remarquable que le mandat
1039
tre très soucieux de ne point la bousculer : fait
d’
autant plus remarquable que le mandat des conseillers ne dépend pas di
1040
rait guère imaginer magistrats plus démocratiques
d’
allure, plus fréquemment mêlés à la foule de midi sur les plates-forme
1041
iques d’allure, plus fréquemment mêlés à la foule
de
midi sur les plates-formes de tramways, ni plus facilement accessible
1042
nt mêlés à la foule de midi sur les plates-formes
de
tramways, ni plus facilement accessibles aux visites et coups de télé
1043
plus facilement accessibles aux visites et coups
de
téléphone. La composition du Conseil n’est pas moins originale que sa
1044
il n’y a que sept conseillers, il est impossible
de
faire droit à tant d’exigences simultanées d’une manière équitable, p
1045
seillers, il est impossible de faire droit à tant
d’
exigences simultanées d’une manière équitable, proportionnelle aux for
1046
ble de faire droit à tant d’exigences simultanées
d’
une manière équitable, proportionnelle aux forces existantes. Le dosag
1047
nq Alémaniques. La Constitution fédérale interdit
de
choisir plus d’un membre du Conseil dans le même canton, et la coutum
1048
La Constitution fédérale interdit de choisir plus
d’
un membre du Conseil dans le même canton, et la coutume veut que les c
1049
e même canton, et la coutume veut que les cantons
de
Zurich, Berne et Vaud, les plus peuplés, aient droit à un siège en to
1050
disponibles. Quant aux partis, qui sont au nombre
de
sept, et très inégaux en force, ils doivent se contenter d’une cote t
1051
t très inégaux en force, ils doivent se contenter
d’
une cote très mal taillée. Les radicaux, dont les ancêtres furent les
1052
radicaux, dont les ancêtres furent les fondateurs
de
l’État fédéral, gardent aujourd’hui trois représentants au Conseil fé
1053
ire élire par le peuple, ont été repoussées comme
d’
instinct dès leur apparition. Elles visaient à politiser l’exécutif, e
1054
sente le chef de l’État ; il doit rester un corps
de
techniciens, en tant qu’il administre les affaires fédérales ; et il
1055
nt aux cantons, en tant qu’il exerce une fonction
de
vigilance et d’arbitrage pour l’ensemble de la fédération. À ce propo
1056
en tant qu’il exerce une fonction de vigilance et
d’
arbitrage pour l’ensemble de la fédération. À ce propos, il faut remar
1057
ction de vigilance et d’arbitrage pour l’ensemble
de
la fédération. À ce propos, il faut remarquer que les 28 juges compos
1058
t le Tribunal fédéral n’ont pas, comme le Conseil
d’
État français ou la Cour suprême des États-Unis, le droit d’examiner l
1059
nçais ou la Cour suprême des États-Unis, le droit
d’
examiner la conformité des lois nouvelles à la Constitution. Cette com
1060
anton, « ce qui a grandement contribué à l’emploi
de
méthodes correctes dans l’administration » comme le souligne le juge
1061
s partis et la vie politique Un certain nombre
de
partis n’existent que dans un seul canton, ou même dans une seule rég
1062
ans un seul canton, ou même dans une seule région
de
ce canton. Les partis qui ont acquis quelque importance sur le plan f
1063
que importance sur le plan fédéral sont au nombre
de
sept. La droite est formée par les catholiques-conservateurs, puissan
1064
e Berne. À ce titre, et par un curieux glissement
de
sens, ils se proclament « fédéralistes », alors que ce mot pourrait a
1065
ue ce mot pourrait aussi bien désigner la volonté
d’
union des États, et la désigne en effet sur le plan européen, depuis u
1066
effet sur le plan européen, depuis une vingtaine
d’
années. Au reste, les différences de doctrine entre les deux partis co
1067
une vingtaine d’années. Au reste, les différences
de
doctrine entre les deux partis conservateurs sont clairement indiquée
1068
nt été les plus nombreux aux Chambres durant près
d’
un siècle, de 1848 à 1943. Les socialistes les ont supplantés pendant
1069
us nombreux aux Chambres durant près d’un siècle,
de
1848 à 1943. Les socialistes les ont supplantés pendant une législatu
1070
supplantés pendant une législature, mais l’issue
de
la lutte reste indécise, et la faculté d’adaptation qu’on reconnaît a
1071
l’issue de la lutte reste indécise, et la faculté
d’
adaptation qu’on reconnaît au radicalisme peut lui ménager plus d’un r
1072
on reconnaît au radicalisme peut lui ménager plus
d’
un retour. Il reste le mieux représenté à l’exécutif, sans doute parce
1073
sans doute parce qu’il est le plus représentatif
de
l’esprit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le par
1074
parce qu’il est le plus représentatif de l’esprit
de
la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le parti agrarien
1075
présentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née
de
la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’est formé aux dépens des
1076
prit de la Suisse moderne, née de la Constitution
de
1848. Le parti agrarien s’est formé aux dépens des radicaux, pour déf
1077
ux Indépendants, ils se distinguent par un esprit
d’
entreprise qui fait oublier leur effectif restreint, et qui reflète la
1078
ffectif restreint, et qui reflète la personnalité
de
leur chef, G. Duttweiler, commerçant planificateur, publiciste fécond
1079
noncé à l’antimilitarisme, comme à toute velléité
de
violence politique, et l’on ne voit pas pourquoi les partis bourgeois
1080
oi les partis bourgeois persistent à se qualifier
de
« nationaux » pour se distinguer d’elle. La majorité des syndicaliste
1081
se qualifier de « nationaux » pour se distinguer
d’
elle. La majorité des syndicalistes et des membres des coopératives se
1082
le tableau des partis en Suisse ne présente rien
de
très typique, rien qui ne se retrouve à quelques nuances près dans le
1083
ur du débat fédéral, c’est un mouvement perpétuel
de
diastole et de systole, c’est le conflit permanent entre les tendance
1084
éral, c’est un mouvement perpétuel de diastole et
de
systole, c’est le conflit permanent entre les tendances centralisatri
1085
s programmes sociaux des partis ne présentent pas
de
différences aussi profondes que dans d’autres pays, et le critère de
1086
i profondes que dans d’autres pays, et le critère
de
distinction entre la gauche et la droite réelles devrait être cherché
1087
e des députés devant la centralisation croissante
de
la Confédération. Certes, l’autonomie des cantons n’est mise en quest
1088
n par personne. Elle reste totale au point de vue
de
l’éducation et de l’instruction, de la culture, de la politique local
1089
le reste totale au point de vue de l’éducation et
de
l’instruction, de la culture, de la politique locale et des finances.
1090
point de vue de l’éducation et de l’instruction,
de
la culture, de la politique locale et des finances. Mais elle ne peut
1091
e l’éducation et de l’instruction, de la culture,
de
la politique locale et des finances. Mais elle ne peut être que parti
1092
deux guerres mondiales ont accéléré le processus
de
centralisation économique. Elles ont amené l’une et l’autre le régime
1093
ins laissé des traces profondes dans la structure
de
l’économie suisse. Des plis ont été pris, des milliers d’emplois dans
1094
nomie suisse. Des plis ont été pris, des milliers
d’
emplois dans les bureaux fédéraux ont survécu à l’urgence qui les just
1095
tique économique plus ou moins planifiée s’impose
de
toute évidence. On n’en observe pas moins, depuis quelques années, un
1096
La lutte qu’il a entreprise contre l’institution
d’
impôts fédéraux et pour la réduction de l’appareil bureaucratique semb
1097
nstitution d’impôts fédéraux et pour la réduction
de
l’appareil bureaucratique semble jusqu’ici couronnée de succès. Nombr
1098
ppareil bureaucratique semble jusqu’ici couronnée
de
succès. Nombre d’observateurs étrangers ont été frappés par l’allure
1099
ique semble jusqu’ici couronnée de succès. Nombre
d’
observateurs étrangers ont été frappés par l’allure très particulière
1100
es débats aux Chambres fédérales. Ils ont coutume
de
comparer ce Parlement à un conseil d’administration. L’éloquence, à v
1101
és avec une calme compétence par des spécialistes
de
l’économie, des finances, ou de l’administration publique, ne sont pa
1102
des spécialistes de l’économie, des finances, ou
de
l’administration publique, ne sont pas de nature à soulever l’enthous
1103
ces, ou de l’administration publique, ne sont pas
de
nature à soulever l’enthousiasme ou l’indignation. En revanche, le ci
1104
elles qui sont en cause : son salaire, ses primes
d’
assurance, le prix de la viande, la durée des périodes d’instructions
1105
se : son salaire, ses primes d’assurance, le prix
de
la viande, la durée des périodes d’instructions militaires, les impôt
1106
ance, le prix de la viande, la durée des périodes
d’
instructions militaires, les impôts. Il serait donc injuste d’affirmer
1107
ns militaires, les impôts. Il serait donc injuste
d’
affirmer que le Parlement manque de contact avec la population. Allons
1108
t donc injuste d’affirmer que le Parlement manque
de
contact avec la population. Allons plus loin : cette absence d’excita
1109
c la population. Allons plus loin : cette absence
d’
excitation, de fièvre politique, peut très bien signifier que le peupl
1110
n. Allons plus loin : cette absence d’excitation,
de
fièvre politique, peut très bien signifier que le peuple suisse est s
1111
bien signifier que le peuple suisse est satisfait
de
ses institutions et ne se pose pas de question de principe à leur suj
1112
t satisfait de ses institutions et ne se pose pas
de
question de principe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de pr
1113
de ses institutions et ne se pose pas de question
de
principe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité, de
1114
incipe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle
de
prospérité, de sécurité, de dignité gouvernementale. Or, c’est la mis
1115
ujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité,
de
sécurité, de dignité gouvernementale. Or, c’est la misère, la peur et
1116
ui ont valu un siècle de prospérité, de sécurité,
de
dignité gouvernementale. Or, c’est la misère, la peur et le scandale
1117
s tribuns éloquents et qui passionnent les luttes
de
partis, tandis que des institutions saines et qui fonctionnent sans a
1118
e montre avec des arguments sonores, mais au prix
d’
une application soutenue et de fines retouches. Or les rouages de leu
1119
nores, mais au prix d’une application soutenue et
de
fines retouches. Or les rouages de leur État, bizarrement ajustés et
1120
n soutenue et de fines retouches. Or les rouages
de
leur État, bizarrement ajustés et engrenés selon les règles de l’effi
1121
bizarrement ajustés et engrenés selon les règles
de
l’efficacité et non de la logique abstraite, suggèrent l’image d’une
1122
engrenés selon les règles de l’efficacité et non
de
la logique abstraite, suggèrent l’image d’une montre de précision, av
1123
et non de la logique abstraite, suggèrent l’image
d’
une montre de précision, avec ce qu’il faut de tolérance entre les par
1124
logique abstraite, suggèrent l’image d’une montre
de
précision, avec ce qu’il faut de tolérance entre les parties pour que
1125
age d’une montre de précision, avec ce qu’il faut
de
tolérance entre les parties pour que le mécanisme joue. Cette toléran
1126
jeu » est prévu par les lois : ce sont les droits
d’
initiative, et surtout de référendum qui le ménagent. Grâce à eux, le
1127
ois : ce sont les droits d’initiative, et surtout
de
référendum qui le ménagent. Grâce à eux, le peuple suisse n’a jamais
1128
ses élus lui échappent. « Il se réserve toujours
de
dire le dernier mot par le référendum, et éventuellement le premier p
1129
ntuellement le premier par l’initiative19. » Rien
de
ce qui se passe à Berne n’est donc irrémédiable, ne doit être pris au
1130
ion prévoit que « les lois et les arrêts fédéraux
de
portée générale doivent être soumis à l’adoption ou au rejet du peupl
1131
il en va de même pour les traités internationaux
de
longue durée. Tel est le droit de référendum. Le droit d’initiative l
1132
internationaux de longue durée. Tel est le droit
de
référendum. Le droit d’initiative législative et constitutionnelle ex
1133
e durée. Tel est le droit de référendum. Le droit
d’
initiative législative et constitutionnelle existe dans les cantons. S
1134
applique qu’aux révisions (totales ou partielles)
de
la Constitution, demandées par 50 000 citoyens au moins. De 1918 à 19
1135
titution, demandées par 50 000 citoyens au moins.
De
1918 à 1947, il n’y a pas eu moins de 51 demandes de révision, dont u
1136
s au moins. De 1918 à 1947, il n’y a pas eu moins
de
51 demandes de révision, dont une (en 1935) visait à la refonte total
1137
1918 à 1947, il n’y a pas eu moins de 51 demandes
de
révision, dont une (en 1935) visait à la refonte totale de la Constit
1138
on, dont une (en 1935) visait à la refonte totale
de
la Constitution. Vingt-cinq de ces initiatives ont abouti. Là encore,
1139
la refonte totale de la Constitution. Vingt-cinq
de
ces initiatives ont abouti. Là encore, on peut se demander si la mult
1140
encore, on peut se demander si la multiplication
de
ces retouches trahit un mécontentement croissant à l’égard de la Cons
1141
acceptation fondamentale du régime, qu’il suffit
d’
adapter aux circonstances nouvelles. La réponse ne fait pas de doute :
1142
x circonstances nouvelles. La réponse ne fait pas
de
doute : dans son ensemble, le peuple suisse est l’un des moins révolu
1143
révolutionnaires et l’un des plus évolutionnistes
de
l’Europe. Il ne croit pas aux constructions ex nihilo, sur table rase
1144
jours servir », plutôt qu’à s’exposer aux risques
de
détruire le bon usage avec l’abus. Nous verrons au chapitre suivant q
1145
s au chapitre suivant que la situation économique
de
la Suisse lui interdit tout gaspillage, bien loin de l’exiger comme i
1146
il arrive dans des pays plus jeunes et débordant
de
ressources naturelles. Il paraît difficile de déceler un courant géné
1147
ant de ressources naturelles. Il paraît difficile
de
déceler un courant général dans toutes ces réformes, les unes politiq
1148
une révision partielle offrant à la Confédération
de
nouvelles possibilités de légiférer en matière économique et sociale.
1149
rant à la Confédération de nouvelles possibilités
de
légiférer en matière économique et sociale. ⁂ Les penseurs suisses on
1150
ue présentent les « petits États » et les chances
de
grandeur qu’ils trouvent dans leur exiguïté territoriale. Ainsi Jacob
1151
tat existe pour qu’il y ait dans le monde un coin
de
terre où le plus grand nombre des habitants puissent jouir de la qual
1152
le plus grand nombre des habitants puissent jouir
de
la qualité de citoyens au vrai sens du mot. Le petit État ne possède
1153
nombre des habitants puissent jouir de la qualité
de
citoyens au vrai sens du mot. Le petit État ne possède rien d’autre q
1154
u vrai sens du mot. Le petit État ne possède rien
d’
autre que la véritable et réelle liberté par laquelle il compense plei
1155
même Alexandre Vinet : Il ne s’attache ni moins
de
poésie, ni quelquefois moins de célébrité, à l’existence des petites
1156
’attache ni moins de poésie, ni quelquefois moins
de
célébrité, à l’existence des petites sociétés politiques qu’à celle d
1157
celle des empires. Elle est davantage l’histoire
de
la liberté humaine. Et certes, le tableau que nous venons d’esquiss
1158
humaine. Et certes, le tableau que nous venons
d’
esquisser des institutions et coutumes politiques de la Suisse illustr
1159
esquisser des institutions et coutumes politiques
de
la Suisse illustre ces déclarations. Encore faut-il bien préciser que
1160
tesse du territoire n’est pas en soi une garantie
de
liberté pour les peuples qui l’habitent : on a connu de petites tyran
1161
erté pour les peuples qui l’habitent : on a connu
de
petites tyrannies, de petits États unitaires soumis à la dictature d’
1162
qui l’habitent : on a connu de petites tyrannies,
de
petits États unitaires soumis à la dictature d’un homme ou d’un clan.
1163
, de petits États unitaires soumis à la dictature
d’
un homme ou d’un clan. Dans ses limites étroites, la Suisse eût fort b
1164
ats unitaires soumis à la dictature d’un homme ou
d’
un clan. Dans ses limites étroites, la Suisse eût fort bien pu perdre
1165
tonales et leur complexité. On aurait vu le règne
de
la majorité s’y instaurer, et y créer un état d’oppression bien plus
1166
de la majorité s’y instaurer, et y créer un état
d’
oppression bien plus néfaste encore que dans de grands pays moins dive
1167
at d’oppression bien plus néfaste encore que dans
de
grands pays moins diversifiés par la nature et par l’histoire. On aur
1168
les industriels et les masses ouvrières. Si rien
de
tout cela ne s’est produit, le mérite en revient beaucoup plus au res
1169
e l’on a pu écrire : « La Suisse est une victoire
de
l’homme sur l’homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, Guide politique suiss
1170
teur : L’Autonomie communale et la reconstruction
de
l’Europe, trad. française, 1946. 9. Fritz Fleiner, Beamtenstaat und
1171
948, p. 145-146 et 148. 11. Président du Conseil
d’
État. 12. William Martin, Histoire de la Suisse, 1940, p. 241. 13. C
1172
du Conseil d’État. 12. William Martin, Histoire
de
la Suisse, 1940, p. 241. 13. Cf. William Rappard, La Constitution fé
1173
13. Cf. William Rappard, La Constitution fédérale
de
la Suisse, 1948, p. 43 à 49. On pense irrésistiblement aux accords bi
1174
ds bilatéraux ou multilatéraux qui se multiplient
de
nos jours (visas, protectionnisme, unions douanières) sans toucher à
1175
, en 1832. Cet Italien réfugié en Suisse au début
de
la Restauration, devint professeur à l’Université de Genève, député à
1176
la Restauration, devint professeur à l’Université
de
Genève, député à la Diète fédérale, principal rédacteur du premier pr
1177
e fédérale, principal rédacteur du premier projet
de
Constitution dit pacte Rossi ; puis il passa en France, où il fut cré
1178
Rome, étant alors chef du gouvernement pontifical
de
Pie IX : c’était en 1848, l’année qui vit le triomphe de ses idées en
1179
IX : c’était en 1848, l’année qui vit le triomphe
de
ses idées en Suisse. 15. Cf. William Rappard, op. cit. p. 83 et p. 2
1180
, Guide politique suisse, 1947, p. 142 et art. 91
de
la Constitution actuelle (art. 79 de la Constitution de 1848) : « Les
1181
2 et art. 91 de la Constitution actuelle (art. 79
de
la Constitution de 1848) : « Les membres des deux conseils votent san
1182
Constitution actuelle (art. 79 de la Constitution
de
1848) : « Les membres des deux conseils votent sans instructions. »
1183
1948, p. 154. 20. Gonzague de Reynold,Conscience
de
la Suisse, 1938.
1184
miques Nous ne tenterons pas, dans ce chapitre,
de
donner un tableau complet de l’économie suisse, ni d’analyser ses pro
1185
s, dans ce chapitre, de donner un tableau complet
de
l’économie suisse, ni d’analyser ses problèmes actuels : certaines mo
1186
onner un tableau complet de l’économie suisse, ni
d’
analyser ses problèmes actuels : certaines modifications de la situati
1187
r ses problèmes actuels : certaines modifications
de
la situation européenne ou mondiale peuvent les transformer demain da
1188
. On s’imagine volontiers la Suisse comme un pays
de
pâtres pittoresques qui chantent des jodels, font des trous dans le f
1189
mage, et vendent très cher aux étrangers le droit
de
contempler leurs paysages célèbres. En fait, c’est à peine si 22 % de
1190
paysages célèbres. En fait, c’est à peine si 22 %
de
la population vivent de l’agriculture21, tandis que 57 % vivent de l’
1191
it, c’est à peine si 22 % de la population vivent
de
l’agriculture21, tandis que 57 % vivent de l’industrie et du commerce
1192
vivent de l’agriculture21, tandis que 57 % vivent
de
l’industrie et du commerce. La Suisse est un des pays les plus indust
1193
les plus industrialisés du monde. Cependant, près
d’
un quart de son territoire est improductif, les matières premières (ch
1194
dustrialisés du monde. Cependant, près d’un quart
de
son territoire est improductif, les matières premières (charbon, pétr
1195
, son marché intérieur est exigu, et elle n’a pas
de
colonies ni de débouchés sur la mer. Le développement industriel de l
1196
térieur est exigu, et elle n’a pas de colonies ni
de
débouchés sur la mer. Le développement industriel de la Suisse appara
1197
débouchés sur la mer. Le développement industriel
de
la Suisse apparaît donc au plus haut point paradoxal. Rappelons-en d’
1198
nous trouvons une première « constante humaine »
de
la Suisse avec les Markgenossenschaften (corporations forestières ; t
1199
ératives dit-on « à gauche ») puis avec les corps
de
métier. Au xive siècle, l’orfèvrerie apparaît à Genève. Au xvie siè
1200
assés du Tessin introduisent à Zurich l’industrie
de
la soie. Au xviie , les huguenots chassés de France développent l’hor
1201
trie de la soie. Au xviie , les huguenots chassés
de
France développent l’horlogerie à Genève, où elle était née chez les
1202
à Genève, où elle était née chez les orfèvres, et
d’
où elle se répandra vers le nord, dans le Jura. Au xviiie siècle, les
1203
s observateurs étrangers s’étonnent du haut degré
d’
industrialisation de la Suisse. Mais dans l’ensemble, l’économie du pa
1204
gers s’étonnent du haut degré d’industrialisation
de
la Suisse. Mais dans l’ensemble, l’économie du pays reste essentielle
1205
. Les débuts du xixe siècle marquent une période
de
crise (blocus continental, puis multiplication des douanes et taxes i
1206
intérieures). Vers 1830, les premières fabriques
de
machines s’installent dans le canton de Zurich, malgré la résistance
1207
fabriques de machines s’installent dans le canton
de
Zurich, malgré la résistance de la population. Les cens et les dîmes
1208
nt dans le canton de Zurich, malgré la résistance
de
la population. Les cens et les dîmes sont abolis dans les campagnes.
1209
agnes. À partir de 1848, l’unification économique
de
la Confédération étant acquise, l’industrie prend son plein essor, au
1210
l’agriculture. Quels ont été les facteurs humains
de
cet essor, que rien ne faisait prévoir dans la nature des choses ? À
1211
ait prévoir dans la nature des choses ? À la base
de
tout, nous voyons un calcul juste. Il s’agissait, pour les artisans d
1212
xixe siècle que les machines mettaient en mesure
de
se transformer en industriels, d’atténuer ou de compenser les désavan
1213
aient en mesure de se transformer en industriels,
d’
atténuer ou de compenser les désavantages de la situation suisse. Il f
1214
e de se transformer en industriels, d’atténuer ou
de
compenser les désavantages de la situation suisse. Il fallait tout d’
1215
iels, d’atténuer ou de compenser les désavantages
de
la situation suisse. Il fallait tout d’abord se procurer les matières
1216
choix se porta d’une part sur celles qui, venant
de
loin, ne coûtaient pas beaucoup plus cher en Suisse que dans les pays
1217
a laine ; d’autre part, sur celles dont les frais
de
transport étaient minimes par rapport à la valeur intrinsèque : la so
1218
s le départ, vers la spécialisation, les produits
de
luxe, et surtout vers les industries de transformation, dans lesquell
1219
produits de luxe, et surtout vers les industries
de
transformation, dans lesquelles l’habileté de la main-d’œuvre joue un
1220
ies de transformation, dans lesquelles l’habileté
de
la main-d’œuvre joue un rôle essentiel. « C’est sans doute une bonne
1221
de sa naissance a dit à ce pays : Tu n’auras pas
de
houille. Elle lui épargnait ainsi les tentations de la masse et le co
1222
houille. Elle lui épargnait ainsi les tentations
de
la masse et le condamnait à la supériorité. » Le problème était en ef
1223
en effet le suivant : comment augmenter la valeur
de
ces produits coûteux et importés de manière à créer les exportations
1224
e que dans la qualité exceptionnelle du processus
de
transformation. En d’autres termes, ce qu’on allait exporter, c’était
1225
première importée plus du travail. Et telle est,
de
nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. Leurs
1226
le est, de nos jours encore, la principale source
de
richesse des Suisses. Leurs traditions artisanales les préparaient à
1227
avant l’apparition des machines, les populations
de
la Suisse orientale avaient porté l’industrie textile à son plus haut
1228
t porté l’industrie textile à son plus haut point
de
raffinement, tandis que les montagnards de l’Ouest manifestaient un g
1229
point de raffinement, tandis que les montagnards
de
l’Ouest manifestaient un génie très particulier de la mécanique : Rou
1230
e l’Ouest manifestaient un génie très particulier
de
la mécanique : Rousseau les a décrits dans sa Lettre à d’Alembert. Le
1231
canique : Rousseau les a décrits dans sa Lettre à
d’
Alembert. Les uns comme les autres travaillaient à la main et au métie
1232
au métier, dans leurs petits ateliers familiaux.
De
génération en génération, la main se formait, des traditions s’établi
1233
u travail, si elle pouvait assurer la supériorité
de
la production suisse dans certaines branches de l’industrie et pour u
1234
é de la production suisse dans certaines branches
de
l’industrie et pour un certain temps, ne devait pas suffire à la long
1235
r la concurrence des grands voisins européens, ou
de
l’Amérique, qui ne cessaient de perfectionner la production de série.
1236
ins européens, ou de l’Amérique, qui ne cessaient
de
perfectionner la production de série. Au goût méticuleux de la belle
1237
, qui ne cessaient de perfectionner la production
de
série. Au goût méticuleux de la belle ouvrage, à la conscience dans l
1238
ionner la production de série. Au goût méticuleux
de
la belle ouvrage, à la conscience dans le travail et à la précision h
1239
du coup de main, les Suisses se virent contraints
d’
ajouter une qualité nouvelle, un nouveau moyen de compenser la quantit
1240
d’ajouter une qualité nouvelle, un nouveau moyen
de
compenser la quantité : l’ingéniosité technique, l’invention. Ce fut
1241
s (Romands aussi bien qu’Alémaniques) : le besoin
d’
appliquer les résultats de leurs spéculations philosophiques ou scient
1242
lémaniques) : le besoin d’appliquer les résultats
de
leurs spéculations philosophiques ou scientifiques, de les concrétise
1243
urs spéculations philosophiques ou scientifiques,
de
les concrétiser en techniques utiles ; et cela bien moins pour en tir
1244
a bien moins pour en tirer profit que par l’effet
d’
une conviction morale, souvent même religieuse, renforcée par un goût
1245
nt même religieuse, renforcée par un goût naturel
de
l’authenticité et de sa vérification méfiante. Les noms de Paracelse
1246
enforcée par un goût naturel de l’authenticité et
de
sa vérification méfiante. Les noms de Paracelse et de C. G. Jung illu
1247
enticité et de sa vérification méfiante. Les noms
de
Paracelse et de C. G. Jung illustrent cette disposition : ces deux «
1248
a vérification méfiante. Les noms de Paracelse et
de
C. G. Jung illustrent cette disposition : ces deux « voyants » adonné
1249
es mythes, en tirent tous les deux des techniques
de
guérison. De même, le grand mathématicien bâlois Léonard Euler, par a
1250
fférentiel et intégral, trace les plans détaillés
de
la première turbine. À la même époque (xviiie siècle), les trois Ber
1251
me époque (xviiie siècle), les trois Bernouilli,
de
Bâle également, élaborent les lois fondamentales de la mécanique. Auj
1252
Bâle également, élaborent les lois fondamentales
de
la mécanique. Aujourd’hui même, comme le note André Siegfried, l’ind
1253
travaille d’après les formules et les découvertes
de
ces mathématiciens, qui sont également à la base du régime des assura
1254
est mondiale, plonge ses racines dans un terroir
de
haute science, qui ne doit point nous dissimuler un esprit pratique i
1255
industrie sont devenues organiques. Les « bureaux
d’
étude » jouent un rôle essentiel dans toutes les grandes entreprises d
1256
ses du pays. À Genève, la Société des instruments
de
physique naît à titre d’annexe des laboratoires de la Faculté des Sci
1257
Société des instruments de physique naît à titre
d’
annexe des laboratoires de la Faculté des Sciences. Le cœur de la giga
1258
e physique naît à titre d’annexe des laboratoires
de
la Faculté des Sciences. Le cœur de la gigantesque entreprise Nestlé,
1259
laboratoires de la Faculté des Sciences. Le cœur
de
la gigantesque entreprise Nestlé, c’est le laboratoire central de rec
1260
e entreprise Nestlé, c’est le laboratoire central
de
recherches et d’essais installé à Vevey, au siège d’une direction gén
1261
lé, c’est le laboratoire central de recherches et
d’
essais installé à Vevey, au siège d’une direction générale qui contrôl
1262
recherches et d’essais installé à Vevey, au siège
d’
une direction générale qui contrôle 125 sociétés affiliées, dans toute
1263
décisive à Charles Édouard Guillaume, prix Nobel
de
physique, qui invente l’invar, le balancier intégral et le spiral de
1264
vente l’invar, le balancier intégral et le spiral
de
compensation. L’Institut chronométrique de l’Observatoire de Neuchâte
1265
spiral de compensation. L’Institut chronométrique
de
l’Observatoire de Neuchâtel, qui donne l’heure à toute la Suisse, col
1266
tion. L’Institut chronométrique de l’Observatoire
de
Neuchâtel, qui donne l’heure à toute la Suisse, collabore étroitement
1267
Suisse, collabore étroitement avec les fabricants
d’
horlogerie, en soumettant les chronomètres à des épreuves de position
1268
ie, en soumettant les chronomètres à des épreuves
de
position et de température, et en délivrant des bulletins de marche q
1269
nt les chronomètres à des épreuves de position et
de
température, et en délivrant des bulletins de marche quand les résult
1270
et de température, et en délivrant des bulletins
de
marche quand les résultats sont bons. L’Université de Neuchâtel a son
1271
arche quand les résultats sont bons. L’Université
de
Neuchâtel a son laboratoire de recherches horlogères. De son côté, l’
1272
bons. L’Université de Neuchâtel a son laboratoire
de
recherches horlogères. De son côté, l’industrie chimique emploie un t
1273
hâtel a son laboratoire de recherches horlogères.
De
son côté, l’industrie chimique emploie un très grand nombre de savant
1274
l’industrie chimique emploie un très grand nombre
de
savants (parfois professeurs d’Université et prix Nobel, eux aussi),
1275
très grand nombre de savants (parfois professeurs
d’
Université et prix Nobel, eux aussi), chimistes, pharmacologues et bio
1276
ogues et biologistes. Le seul groupe Interpharma,
de
Bâle, disposait en 1939 de 35 instituts de recherches pour 57 fabriqu
1277
ul groupe Interpharma, de Bâle, disposait en 1939
de
35 instituts de recherches pour 57 fabriques. Un économiste anglais,
1278
harma, de Bâle, disposait en 1939 de 35 instituts
de
recherches pour 57 fabriques. Un économiste anglais, H. N. Casson, a
1279
3. Rappelons parmi les plus connues et populaires
de
celles qui sont nées dans les laboratoires industriels de la Suisse :
1280
s qui sont nées dans les laboratoires industriels
de
la Suisse : la crémaillère, la poudre DDT, le nescafé, la fermeture-é
1281
la proportion des ingénieurs (formés par l’École
d’
ingénieurs de Lausanne, et par le Polytechnicum de Zurich) et celle de
1282
n des ingénieurs (formés par l’École d’ingénieurs
de
Lausanne, et par le Polytechnicum de Zurich) et celle des contremaîtr
1283
) et celle des contremaîtres spécialisés, dépasse
de
très loin, dans les usines suisses, tout ce qu’on observe dans le res
1284
monde. À cette stratégie efficace, à ces qualités
de
travail et d’invention, compensant des conditions de départ particuli
1285
stratégie efficace, à ces qualités de travail et
d’
invention, compensant des conditions de départ particulièrement défavo
1286
travail et d’invention, compensant des conditions
de
départ particulièrement défavorables, la nature suisse devait enfin v
1287
suisse devait enfin venir en aide au xxe siècle,
de
la manière la plus imprévisible. Les parties désertiques du territoir
1288
èrent soudain en richesse naturelle. Le « château
d’
eau » des Alpes centrales devint une source inépuisable d’énergie. Il
1289
des Alpes centrales devint une source inépuisable
d’
énergie. Il serait curieux de décrire en détail le contraste entre les
1290
e source inépuisable d’énergie. Il serait curieux
de
décrire en détail le contraste entre les pays de houille noire et les
1291
de décrire en détail le contraste entre les pays
de
houille noire et les pays de houille blanche, entre ceux qui tirent l
1292
raste entre les pays de houille noire et les pays
de
houille blanche, entre ceux qui tirent l’énergie d’en bas, du sous-so
1293
houille blanche, entre ceux qui tirent l’énergie
d’
en bas, du sous-sol, et ceux qui la reçoivent d’en haut, des sommets.
1294
e d’en bas, du sous-sol, et ceux qui la reçoivent
d’
en haut, des sommets. L’exploitation des mines a créé presque partout
1295
ennes relativement misérables, des agglomérations
de
maisonnettes de brique monotones, des conditions d’hygiène pitoyables
1296
nt misérables, des agglomérations de maisonnettes
de
brique monotones, des conditions d’hygiène pitoyables, tandis que la
1297
maisonnettes de brique monotones, des conditions
d’
hygiène pitoyables, tandis que la transformation d’un glacier en énerg
1298
’hygiène pitoyables, tandis que la transformation
d’
un glacier en énergie électrique ne demande que de la main-d’œuvre qua
1299
d’un glacier en énergie électrique ne demande que
de
la main-d’œuvre qualifiée, crée des lacs dans les vallées hautes et s
1300
tes et salubres, des usines presque silencieuses,
de
la lumière et de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un
1301
des usines presque silencieuses, de la lumière et
de
la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un pays propre, et
1302
es astiquées, trains sans fumée, peu de cheminées
d’
usines, luxueuse illumination des villes. Les campagnes elles-mêmes pa
1303
sons suisses sont éclairées à l’électricité, plus
de
la moitié sont pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau
1304
à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues
de
cuisinières électriques et de chauffe-eau à accumulation24. La cadenc
1305
oitié sont pourvues de cuisinières électriques et
de
chauffe-eau à accumulation24. La cadence de la construction d’usines
1306
es et de chauffe-eau à accumulation24. La cadence
de
la construction d’usines hydro-électriques semble devoir s’accélérer
1307
u à accumulation24. La cadence de la construction
d’
usines hydro-électriques semble devoir s’accélérer encore au cours des
1308
ours des années qui viennent, malgré l’opposition
de
quelques communes montagnardes qui refusent — par vote populaire — de
1309
montagnardes qui refusent — par vote populaire —
de
vendre leurs pâturages et vallées hautes pour qu’on y construise des
1310
conditions générales du développement économique
de
la Suisse, telles que nous venons de les esquisser, présentent une ce
1311
s semblent nées les unes des autres par une sorte
de
filiation raisonnable. Il y eut d’abord les artisans du tissage, pend
1312
aux tisserands et filateurs, on créa des ateliers
de
construction mécanique qui devinrent les ancêtres des puissantes entr
1313
les ancêtres des puissantes entreprises modernes
de
la région zurichoise. L’accroissement de la production textile provoq
1314
modernes de la région zurichoise. L’accroissement
de
la production textile provoqua d’autre part la naissance de l’industr
1315
uction textile provoqua d’autre part la naissance
de
l’industrie des colorants, qui engendra les grandes usines de produit
1316
ie des colorants, qui engendra les grandes usines
de
produits chimiques et pharmaceutiques de Bâle. Enfin les progrès de l
1317
s usines de produits chimiques et pharmaceutiques
de
Bâle. Enfin les progrès de l’électrochimie permirent d’exploiter (grâ
1318
ues et pharmaceutiques de Bâle. Enfin les progrès
de
l’électrochimie permirent d’exploiter (grâce à l’une des rares riches
1319
e. Enfin les progrès de l’électrochimie permirent
d’
exploiter (grâce à l’une des rares richesses naturelles de la Suisse,
1320
ter (grâce à l’une des rares richesses naturelles
de
la Suisse, l’eau des montagnes) l’aluminium, dont les usages se multi
1321
se multiplient dans les domaines les plus divers,
de
l’architecture à la mécanique de précision, de l’aviation au mobilier
1322
les plus divers, de l’architecture à la mécanique
de
précision, de l’aviation au mobilier. Peu à peu, la fabrication des t
1323
s, de l’architecture à la mécanique de précision,
de
l’aviation au mobilier. Peu à peu, la fabrication des textiles l’a cé
1324
is elle reste l’une des cinq branches principales
de
l’industrie suisse, qui sont (classées d’après le nombre des personne
1325
du pays, et plus particulièrement dans le canton
de
Zurich. Ces usines ont construit les locomotives et les dynamos les p
1326
r les paquebots. Malgré les dimensions imposantes
de
ces engins, ou à cause d’elles, les techniques mises en œuvre pour le
1327
s dimensions imposantes de ces engins, ou à cause
d’
elles, les techniques mises en œuvre pour les construire restent appar
1328
pour les construire restent apparentées à celles
de
la mécanique de précision, et différent considérablement des techniqu
1329
uire restent apparentées à celles de la mécanique
de
précision, et différent considérablement des techniques américaines,
1330
techniques américaines, adaptées à la production
de
série. L’esprit suisse n’est pas porté à la recherche de la quantité,
1331
e. L’esprit suisse n’est pas porté à la recherche
de
la quantité, des effets de masse, mais à celle de la qualité, des tou
1332
s porté à la recherche de la quantité, des effets
de
masse, mais à celle de la qualité, des tours de force d’ajustage et d
1333
de la quantité, des effets de masse, mais à celle
de
la qualité, des tours de force d’ajustage et de précision. Il n’ambit
1334
s de masse, mais à celle de la qualité, des tours
de
force d’ajustage et de précision. Il n’ambitionne pas le biggest in t
1335
e, mais à celle de la qualité, des tours de force
d’
ajustage et de précision. Il n’ambitionne pas le biggest in the world,
1336
e de la qualité, des tours de force d’ajustage et
de
précision. Il n’ambitionne pas le biggest in the world, mais s’enorgu
1337
biggest in the world, mais s’enorgueillira plutôt
de
mettre au point la plus petite montre qu’on ait jamais vue. Car là où
1338
ns pourraient être faites à propos de l’industrie
de
la soie, des rubans, du coton et de la broderie, qui bien qu’ultraméc
1339
e l’industrie de la soie, des rubans, du coton et
de
la broderie, qui bien qu’ultramécanisée, n’en continue pas moins à dé
1340
ns à dépendre largement des qualités personnelles
de
la main-d’œuvre, et ne doit qu’à ces dernières de garder son rang en
1341
de la main-d’œuvre, et ne doit qu’à ces dernières
de
garder son rang en Europe. Quant à l’industrie des produits alimentai
1342
duits chimiques, leurs succès relèvent avant tout
de
l’esprit d’invention des savants, qui poursuivent leurs recherches da
1343
ues, leurs succès relèvent avant tout de l’esprit
d’
invention des savants, qui poursuivent leurs recherches dans les burea
1344
qui poursuivent leurs recherches dans les bureaux
d’
études. Nous avons déjà mentionné les plus fameuses de ces entreprises
1345
udes. Nous avons déjà mentionné les plus fameuses
de
ces entreprises, la Nestlé et les usines de Bâle. Elles sont symboliq
1346
euses de ces entreprises, la Nestlé et les usines
de
Bâle. Elles sont symboliques du rôle de l’Europe dans le monde, depui
1347
es usines de Bâle. Elles sont symboliques du rôle
de
l’Europe dans le monde, depuis un siècle, en ce sens qu’elles constit
1348
iècle, en ce sens qu’elles constituent des foyers
de
création qui ont intérêt à répandre leurs secrets sur toute la planèt
1349
tard si les peuples ne s’unissent pas. ⁂ L’essor
de
l’industrie suisse, par un nouveau paradoxe, s’est produit dans la pé
1350
entier les mesures protectionnistes. La nécessité
d’
exporter s’est donc accrue en même temps que les barrières douanières
1351
x. Il a fallu tourner la difficulté par une série
de
tours de force. Pour lutter contre la concurrence étrangère soutenue
1352
allu tourner la difficulté par une série de tours
de
force. Pour lutter contre la concurrence étrangère soutenue par des t
1353
tifs, il a fallu se spécialiser dans les produits
de
haute qualité, ou créer des succursales dans les pays les plus fermés
1354
r ses techniques et ses techniciens, ses monteurs
d’
usines électriques, ses procédés de fabrication du chocolat ou du café
1355
, ses monteurs d’usines électriques, ses procédés
de
fabrication du chocolat ou du café soluble. Pour trouver de nouveaux
1356
tion du chocolat ou du café soluble. Pour trouver
de
nouveaux débouchés, il a fallu couvrir la terre entière d’un réseau d
1357
ux débouchés, il a fallu couvrir la terre entière
d’
un réseau de représentation industrielle et de services d’information,
1358
, il a fallu couvrir la terre entière d’un réseau
de
représentation industrielle et de services d’information, doublant la
1359
ère d’un réseau de représentation industrielle et
de
services d’information, doublant la diplomatie proprement dite de tou
1360
eau de représentation industrielle et de services
d’
information, doublant la diplomatie proprement dite de toute une « dip
1361
formation, doublant la diplomatie proprement dite
de
toute une « diplomatie technique ». Enfin, il a fallu s’adapter aux
1362
nfin, il a fallu s’adapter aux circonstances nées
de
deux guerres mondiales, maintenir une monnaie forte pour forcer les f
1363
s la réalité économique, la Suisse s’est éloignée
de
ses voisins européens pour se rapprocher des Amériques et des Dominio
1364
e continent renverse ce mouvement.25 Le résultat
de
ces efforts, la réponse helvétique au challenge du protectionnisme ex
1365
’exprime par un seul chiffre : la Suisse continue
d’
exporter près du tiers de sa production globale, alors que les États-U
1366
fre : la Suisse continue d’exporter près du tiers
de
sa production globale, alors que les États-Unis n’ont jamais dépassé
1367
es pourcentages sont encore plus frappants : 66 %
de
la production chimique, 75 % des machines construites, 96 % des montr
1368
ont pas moins liés au monde entier — bien au-delà
de
l’Europe — par les nécessités vitales de leur économie. Il n’y a guèr
1369
au-delà de l’Europe — par les nécessités vitales
de
leur économie. Il n’y a guère que dans le domaine de l’agriculture qu
1370
leur économie. Il n’y a guère que dans le domaine
de
l’agriculture que la Suisse ait tenté une expérience d’autonomie rela
1371
griculture que la Suisse ait tenté une expérience
d’
autonomie relative, sous la menace d’étranglement créée par la dernièr
1372
e expérience d’autonomie relative, sous la menace
d’
étranglement créée par la dernière guerre. Nous avons vu que la part
1373
ar la dernière guerre. Nous avons vu que la part
de
l’agriculture n’a pas cessé de diminuer, depuis cent ans, dans l’écon
1374
ons vu que la part de l’agriculture n’a pas cessé
de
diminuer, depuis cent ans, dans l’économie générale du pays. La popul
1375
re au pays, la surface des emblavures ayant passé
de
300 000 hectares en 1850 à 114 000 en 1914. Certes, les techniques ag
1376
faisait l’étonnement des étrangers, le phénomène
de
désaffection des campagnes ne se faisait pas sentir avec autant d’acu
1377
es campagnes ne se faisait pas sentir avec autant
d’
acuité que dans les pays voisins, et le régime traditionnel de la peti
1378
dans les pays voisins, et le régime traditionnel
de
la petite et moyenne propriété ne subissait que peu de modifications.
1379
out cela ne compensait pas l’accroissement rapide
de
la population et de ses besoins alimentaires. Pour la Suisse, la mena
1380
it pas l’accroissement rapide de la population et
de
ses besoins alimentaires. Pour la Suisse, la menace d’une guerre euro
1381
s besoins alimentaires. Pour la Suisse, la menace
d’
une guerre européenne constituait donc une menace de famine rapide, mê
1382
une guerre européenne constituait donc une menace
de
famine rapide, même si la neutralité devait être une fois de plus res
1383
matique des surfaces cultivées et la constitution
de
réserves alimentaires. Dès 1940, la Suisse se vit entièrement cernée
1384
isse se vit entièrement cernée par les puissances
de
l’Axe. Pour parer autant qu’il se pouvait à d’éventuelles mesures de
1385
es de l’Axe. Pour parer autant qu’il se pouvait à
d’
éventuelles mesures de blocus, le gouvernement décréta la mise en œuvr
1386
r autant qu’il se pouvait à d’éventuelles mesures
de
blocus, le gouvernement décréta la mise en œuvre immédiate d’un plan
1387
e gouvernement décréta la mise en œuvre immédiate
d’
un plan de culture intensive et extensive, conçu par le Dr Wahlen. Tou
1388
ment décréta la mise en œuvre immédiate d’un plan
de
culture intensive et extensive, conçu par le Dr Wahlen. Toute la popu
1389
rant et ensemençant, jusqu’au dernier mètre carré
de
terrain disponible, pelouses, jardins et même jardins publics. Au bou
1390
roduction agricole (calculée en calories) passait
de
52 à 80 % du total nécessaire à la consommation. Cet effort collectif
1391
rigé, a largement rétabli l’équilibre alimentaire
de
la Suisse. Cependant, l’avenir de la classe paysanne reste inquiétant
1392
bre alimentaire de la Suisse. Cependant, l’avenir
de
la classe paysanne reste inquiétant, en dépit d’un certain nombre de
1393
ne reste inquiétant, en dépit d’un certain nombre
de
facteurs favorables. Le gouvernement fédéral et les cantons subventio
1394
ouvernement fédéral et les cantons subventionnent
de
diverses manières la production agricole. Les paysans peuvent aussi s
1395
Les paysans peuvent aussi s’appuyer sur l’action
de
leurs coopératives locales, qui étaient au nombre de 17 584 en 1940.
1396
leurs coopératives locales, qui étaient au nombre
de
17 584 en 1940. Et l’on peut ajouter que la structure fédérative du p
1397
dépit de tout, une part exceptionnellement élevée
de
sa production. L’appoint nécessaire ne peut être fourni, normalement,
1398
’est dire, une fois de plus, que le sort matériel
de
la Suisse dépend étroitement de l’équilibre européen et mondial. On i
1399
le sort matériel de la Suisse dépend étroitement
de
l’équilibre européen et mondial. On imagine difficilement un pays pou
1400
imagine difficilement un pays pour lequel l’idée
d’
autarcie soit plus utopique. ⁂ Les commentaires et même les chiffres q
1401
que nous avons donnés, concernant les conditions
de
départ et les réalisations de l’économie helvétique, définissent dans
1402
nant les conditions de départ et les réalisations
de
l’économie helvétique, définissent dans leur ensemble ce que l’on pou
1403
tarisme à base de moralisme, et un besoin méfiant
de
certitudes tangibles, ont pu favoriser le développement d’entreprises
1404
udes tangibles, ont pu favoriser le développement
d’
entreprises techniques de plus en plus hardies, mais toujours méticule
1405
pas à pas, et appuyées par les plus sûres données
de
la science. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’est pas, com
1406
’est pas, comme dans les grands pays voisins, une
de
ces créations tentaculaires que le peuple subit, et qui semblent issu
1407
aires que le peuple subit, et qui semblent issues
de
la rencontre accidentelle de grands capitaux et de vastes ressources
1408
qui semblent issues de la rencontre accidentelle
de
grands capitaux et de vastes ressources naturelles. Bien au contraire
1409
e la rencontre accidentelle de grands capitaux et
de
vastes ressources naturelles. Bien au contraire, sa naissance et son
1410
lides. C’est pourquoi l’on peut affirmer qu’à peu
d’
exceptions près, ce peuple se sent à l’aise dans son économie autant q
1411
les a faits à sa mesure. L’examen du budget moyen
d’
une famille suisse moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou d’employés va n
1412
moyen d’une famille suisse moyenne (4 personnes)
d’
ouvriers ou d’employés va nous permettre des recoupements intéressants
1413
amille suisse moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou
d’
employés va nous permettre des recoupements intéressants. Le chaos mon
1414
s intéressants. Le chaos monétaire actuel empêche
de
comparer avec précision les gains et leur pouvoir d’achat dans différ
1415
comparer avec précision les gains et leur pouvoir
d’
achat dans différents pays. Mais l’impression générale, tant des indig
1416
que dans les pays voisins. Dans le budget annuel
d’
une famille d’ouvriers, en 1946, les principales dépenses se décompose
1417
pays voisins. Dans le budget annuel d’une famille
d’
ouvriers, en 1946, les principales dépenses se décomposent comme suit
1418
on 6 % Assurances 7 % Impôts 4,5 % Dépenses
de
société 3,5 % (À quoi s’ajoutent, d’après les statistiques que nous
1419
e.) Ces pour cent sont calculés sur un gain total
de
8222 frs comprenant le salaire, les prestations d’assurances, les rec
1420
e 8222 frs comprenant le salaire, les prestations
d’
assurances, les recettes comptables et un solde de l’année précédente.
1421
d’assurances, les recettes comptables et un solde
de
l’année précédente. Si nous examinons le budget d’une famille de fonc
1422
e l’année précédente. Si nous examinons le budget
d’
une famille de fonctionnaires ou d’employés nous trouverons peu de dif
1423
édente. Si nous examinons le budget d’une famille
de
fonctionnaires ou d’employés nous trouverons peu de différence avec l
1424
nons le budget d’une famille de fonctionnaires ou
d’
employés nous trouverons peu de différence avec le précédent, le total
1425
le précédent, le total des gains étant cette fois
de
10 389 frs. L’employé dépense un peu moins que l’ouvrier pour son ali
1426
s) un peu plus pour son habillement et ses primes
d’
assurances (9 %). Dans les deux cas, on est frappé par la part relativ
1427
as, on est frappé par la part relativement faible
de
l’alimentation et des plaisirs26, relativement forte du logement et d
1428
des plaisirs26, relativement forte du logement et
de
l’habillement. Le Suisse tient donc beaucoup plus que le Français ou
1429
éricain du Nord : ses goûts correspondent au type
d’
économie qui se développe autour de lui, essentiellement industrielle.
1430
en l’est aussi, on l’aura vu, pour les compagnies
d’
assurance. Celles-ci sont au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compa
1431
compagnies d’assurance. Celles-ci sont au nombre
de
48 en Suisse, y compris 7 compagnies de réassurance, qui détiennent l
1432
au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compagnies
de
réassurance, qui détiennent le premier rang dans le monde par leur ch
1433
nt le premier rang dans le monde par leur chiffre
d’
affaires. La plupart de ces sociétés sont établies sur un plan interna
1434
tié des primes qui leur sont payées — un milliard
de
francs suisses par an — provient des polices conclues à l’étranger. L
1435
ance contre les accidents et envisage l’extension
de
mesures analogues aux cas de maladie et de chômage. La loi sur l’assu
1436
envisage l’extension de mesures analogues aux cas
de
maladie et de chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a été votée
1437
ension de mesures analogues aux cas de maladie et
de
chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a été votée par 80 % de la
1438
i sur l’assurance-vieillesse a été votée par 80 %
de
la population en 1947. On pourrait épiloguer longuement sur ces faits
1439
ment sur ces faits. Bornons-nous à les rapprocher
de
ceux que nous avons mentionnés en décrivant les origines de l’industr
1440
e nous avons mentionnés en décrivant les origines
de
l’industrie suisse. Cette combinaison singulière de prudence et de sc
1441
l’industrie suisse. Cette combinaison singulière
de
prudence et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance
1442
isse. Cette combinaison singulière de prudence et
de
science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le desti
1443
combinaison singulière de prudence et de science,
de
matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le destin et de hard
1444
ère de prudence et de science, de matérialisme et
de
moralisme, de méfiance devant le destin et de hardiesse dans l’invent
1445
e et de science, de matérialisme et de moralisme,
de
méfiance devant le destin et de hardiesse dans l’invention pratique,
1446
et de moralisme, de méfiance devant le destin et
de
hardiesse dans l’invention pratique, c’est le génie suisse. Il ne don
1447
sion générale que donne la Suisse. Les inégalités
de
niveau de vie y sont moins marquées que dans les grands pays qui l’en
1448
pas au premier coup d’œil, comme ailleurs, l’état
de
larges quartiers de villes ou sections de la population. Les voyageur
1449
d’œil, comme ailleurs, l’état de larges quartiers
de
villes ou sections de la population. Les voyageurs qui traversent le
1450
l’état de larges quartiers de villes ou sections
de
la population. Les voyageurs qui traversent le pays la croient inexis
1451
ériels que par le raffinement esthétique du cadre
de
l’existence. Dans une large mesure, la population entière bénéficie d
1452
une large mesure, la population entière bénéficie
de
la « richesse suisse ». Les bâtiments publics : postes, gares, salles
1453
». Les bâtiments publics : postes, gares, salles
d’
attente de tramways, les installations d’éclairage et de téléphone, le
1454
timents publics : postes, gares, salles d’attente
de
tramways, les installations d’éclairage et de téléphone, les routes b
1455
, salles d’attente de tramways, les installations
d’
éclairage et de téléphone, les routes bétonnées, les wagons en alumini
1456
nte de tramways, les installations d’éclairage et
de
téléphone, les routes bétonnées, les wagons en aluminium, les distrib
1457
is fleuris, composent un décor luisant et astiqué
de
modernisme, autour des monuments d’un passé soigneusement conservé. L
1458
nt et astiqué de modernisme, autour des monuments
d’
un passé soigneusement conservé. Le peuple suisse n’a pas donné de trè
1459
eusement conservé. Le peuple suisse n’a pas donné
de
très grands peintres et n’a pas créé de grands styles — comme tant d’
1460
pas donné de très grands peintres et n’a pas créé
de
grands styles — comme tant d’autres petits États du Moyen Âge ou de l
1461
comme tant d’autres petits États du Moyen Âge ou
de
la Renaissance — mais il ne tolère pas non plus la laideur des quarti
1462
eur des quartiers lépreux et monotones, la saleté
de
la rue, le détraquement chronique des services publics, la désuétude
1463
a désuétude et le laisser-aller. Cette impression
de
richesse générale, moins inégalement répartie qu’ailleurs, est-elle c
1464
tiques fédérales montrent que le revenu national,
de
1938 à 1947, a passé de 9 à 17,4 milliards. Si l’on soustrait le mont
1465
t que le revenu national, de 1938 à 1947, a passé
de
9 à 17,4 milliards. Si l’on soustrait le montant des impôts directs,
1466
e période, on constate que le revenu réel a passé
de
8409 à 9689 millions. Mais c’est dans sa répartition que se marquent
1467
tion que se marquent les plus grands changements.
De
1942 à 1946, les salaires ont augmenté d’environ 73 %, alors que la h
1468
ements. De 1942 à 1946, les salaires ont augmenté
d’
environ 73 %, alors que la hausse n’était pour les employeurs, que de
1469
rs que la hausse n’était pour les employeurs, que
de
29 à 38 % selon les catégories. Si l’on tenait compte des impôts dire
1470
p d’œil sur le tableau suivant : Sur 1000 francs
de
revenu national Employés et salariés Personnes indépendantes C
1471
553 234 212 La part du capital est donc tombée
de
30 à 20 % environ. Encore faut-il relever qu’elle comprend le revenu
1472
rises publiques, des coopératives et des sociétés
d’
assurances mutuelles, qui ne sont pas précisément « capitalistes ». Ce
1473
mpare à Zurich ou à Bâle, bien qu’il n’y ait plus
de
frontières ni de restrictions d’établissement ou de circulation. Les
1474
à Bâle, bien qu’il n’y ait plus de frontières ni
de
restrictions d’établissement ou de circulation. Les régions pauvres e
1475
’il n’y ait plus de frontières ni de restrictions
d’
établissement ou de circulation. Les régions pauvres et les régions ri
1476
frontières ni de restrictions d’établissement ou
de
circulation. Les régions pauvres et les régions riches sont demeurées
1477
niveau général s’est élevé. On ne peut s’empêcher
de
penser que ce précédent vaut pour l’ensemble de l’Europe. ⁂ Rien ne d
1478
r de penser que ce précédent vaut pour l’ensemble
de
l’Europe. ⁂ Rien ne démontre mieux la vitalité persistante du princip
1479
persistante du principe — et l’on pourrait dire :
de
l’instinct — fédéraliste, chez les Suisses, que la structure des orga
1480
ait en Suisse environ 440 000 syndiqués, sur plus
de
860 000 ouvriers27. Il existait en outre une Union fédérative du pers
1481
personnel des administrations, et des fédérations
d’
employés, d’instituteurs, de techniciens, etc. (environ 200 000 membre
1482
s administrations, et des fédérations d’employés,
d’
instituteurs, de techniciens, etc. (environ 200 000 membres au total).
1483
s, et des fédérations d’employés, d’instituteurs,
de
techniciens, etc. (environ 200 000 membres au total). Ces organisatio
1484
sens qu’elles sont beaucoup plus des associations
d’
entraide sociale que des foyers d’agitation et d’idéologie partisane.
1485
es associations d’entraide sociale que des foyers
d’
agitation et d’idéologie partisane. Leurs activités se manifestent dan
1486
d’entraide sociale que des foyers d’agitation et
d’
idéologie partisane. Leurs activités se manifestent dans trois domaine
1487
pourrait en somme les comparer à des coopératives
d’
assurances. Elles ont institué des caisses de secours en cas de maladi
1488
ives d’assurances. Elles ont institué des caisses
de
secours en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. E
1489
Elles ont institué des caisses de secours en cas
de
maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à l
1490
nstitué des caisses de secours en cas de maladie,
de
chômage, de vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à leurs membres
1491
caisses de secours en cas de maladie, de chômage,
de
vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à leurs membres des avocats
1492
urs en cas de maladie, de chômage, de vieillesse,
d’
invalidité. Elles procurent à leurs membres des avocats et des médecin
1493
s instructives et des publications, des facilités
de
voyage et de vacances, et même des hôtels, dont certaines d’entre ell
1494
s et des publications, des facilités de voyage et
de
vacances, et même des hôtels, dont certaines d’entre elles sont propr
1495
pour l’amélioration des salaires et des contrats
de
travail constitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison d’être pri
1496
onstitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison
d’
être principale, mais on vient de voir que leurs préoccupations vérita
1497
s crises économiques. Chose étrange et bien digne
de
remarque, ces associations, dont la majorité des membres appartiennen
1498
osent l’Union syndicale suisse, et surtout celles
de
la Suisse romande, restent jalouses de leur autonomie, méfiantes à l’
1499
out celles de la Suisse romande, restent jalouses
de
leur autonomie, méfiantes à l’égard des personnalités marquantes du m
1500
du mouvement, et très attachées au cadre cantonal
de
leur activité. C’est au point que les syndicats romands se sont donné
1501
tonaux. Il serait difficile, dans ces conditions,
d’
imaginer qu’une grève puisse s’étendre rapidement au plan national. Le
1502
rofession, il faut mentionner certains organismes
de
coordination très efficaces, tels que le « Vorort », groupement de gr
1503
rès efficaces, tels que le « Vorort », groupement
de
grands industriels et de banquiers, dont la puissance est réputée con
1504
e « Vorort », groupement de grands industriels et
de
banquiers, dont la puissance est réputée considérable. Les grandes Un
1505
ance est réputée considérable. Les grandes Unions
de
paysans ou d’artisans offrent les mêmes caractéristiques que les synd
1506
ée considérable. Les grandes Unions de paysans ou
d’
artisans offrent les mêmes caractéristiques que les syndicats : elles
1507
elles sont et restent avant tout des associations
de
défense des intérêts économiques et professionnels de leurs adhérents
1508
éfense des intérêts économiques et professionnels
de
leurs adhérents. Comme les coopératives, elles tendent à corriger les
1509
uels qu’entraîne la liberté totale du commerce et
de
l’industrie (proclamée en 1874 seulement, lors de la révision de la C
1510
(proclamée en 1874 seulement, lors de la révision
de
la Constitution). Leurs chefs, secrétaires et porte-paroles, s’aventu
1511
ns le domaine des idées générales et des conflits
de
doctrine : ils préfèrent parler chiffres, fixation des prix, subventi
1512
ne sont pas les derniers à revendiquer la « manne
de
l’État ». Les coopératives agricoles méritent une mention particulièr
1513
ent une mention particulière : elles font revivre
de
nos jours la plus ancienne tradition suisse, et répondent comme les M
1514
ssenschaften des premiers cantons, à la nécessité
de
grouper les efforts pour compenser la pauvreté du sol. L’irrigation d
1515
ité collective, dépendant des communes. Le régime
de
la petite propriété rurale ne peut se maintenir que grâce aux coopéra
1516
coopératives. Celles-ci mettent à la disposition
de
leurs membres des machines dont l’achat serait trop onéreux pour l’ex
1517
ur l’exploitant, des caves communes, des services
de
vente et de transport. Elles offrent l’exemple d’une collectivisation
1518
ant, des caves communes, des services de vente et
de
transport. Elles offrent l’exemple d’une collectivisation restreinte,
1519
de vente et de transport. Elles offrent l’exemple
d’
une collectivisation restreinte, au service de la liberté individuelle
1520
ple d’une collectivisation restreinte, au service
de
la liberté individuelle, ou plutôt familiale. Notons enfin que le pro
1521
ou plutôt familiale. Notons enfin que le problème
de
la gestion paritaire des entreprises (comités d’entreprises et commun
1522
de la gestion paritaire des entreprises (comités
d’
entreprises et communautés professionnelles) fait actuellement l’objet
1523
autés professionnelles) fait actuellement l’objet
d’
études et de discussions nourries, tant du côté patronal que du côté d
1524
sionnelles) fait actuellement l’objet d’études et
de
discussions nourries, tant du côté patronal que du côté de l’avant-ga
1525
nous semblent dépendre moins automatiquement l’un
de
l’autre que dans la plupart des grands pays. À la ressemblance des ou
1526
éricains, les ouvriers suisses ont une conception
de
la vie très voisine de celle des patrons : mais c’est une conception
1527
suisses ont une conception de la vie très voisine
de
celle des patrons : mais c’est une conception conservatrice et non pa
1528
aventurière »: les antagonismes entre les classes
de
producteurs ne sont pas d’ordre idéologique, en tout cas le sont moin
1529
smes entre les classes de producteurs ne sont pas
d’
ordre idéologique, en tout cas le sont moins qu’ailleurs en Europe, be
1530
réduit dans le monde moderne par des oppositions
de
doctrine irréductibles, reste beaucoup plus grand entre les Suisses q
1531
lement cette attitude à peu près unanime. Mélange
de
capitalisme libéral et de planisme empirique (si l’on peut risquer l’
1532
u près unanime. Mélange de capitalisme libéral et
de
planisme empirique (si l’on peut risquer l’expression), il correspond
1533
s centralistes. Cependant, l’on ne trouvera guère
de
socialistes qui ne soient en même temps fédéralistes dans une certain
1534
e temps fédéralistes dans une certaine mesure, ou
de
grands industriels qui ne reconnaissent la nécessité d’une organisati
1535
nds industriels qui ne reconnaissent la nécessité
d’
une organisation croissante de l’économie. Depuis 1848, et plus encore
1536
issent la nécessité d’une organisation croissante
de
l’économie. Depuis 1848, et plus encore depuis la révision constituti
1537
plus encore depuis la révision constitutionnelle
de
1874, nul ne conteste les avantages de certaines étatisations, comme
1538
utionnelle de 1874, nul ne conteste les avantages
de
certaines étatisations, comme celle des postes et celle des chemins d
1539
ionalisées » qui aient été parfois bénéficiaires,
de
nos jours). Les forces motrices sont pour 70 % aux mains des corporat
1540
otrices sont pour 70 % aux mains des corporations
de
droit public. L’État fédéral contrôle également le régime des assuran
1541
ue nationale peut opposer son veto aux opérations
de
banques privées avec l’étranger. La Radio suisse est une fédération d
1542
ec l’étranger. La Radio suisse est une fédération
de
studios locaux largement autonomes, mais le Conseil fédéral nomme son
1543
nomme son directeur général, qui possède un droit
de
censure sur les programmes, tandis que l’administrateur relève des PT
1544
tandis que l’administrateur relève des PTT, donc
de
l’État. Ce régime mixte s’est développé en Suisse sous la pression de
1545
Suisse sous la pression des nécessités pratiques
de
l’époque, mais en tenant compte des diversités traditionnelles et des
1546
Son fonctionnement complexe suppose un haut degré
de
sens communautaire, une intelligence quotidienne des exigences contra
1547
ligence quotidienne des exigences contradictoires
de
la libre initiative et du marché élargi. La multiplicité des cellules
1548
et du marché élargi. La multiplicité des cellules
de
base — communes et entreprises, cantons et cartels régionaux — tend à
1549
pe, elle les filtre et les divise par tout un jeu
d’
écluses. Et il apparaît, au total, que la lenteur à s’adapter, qu’on p
1550
reprocher aux Suisses, est une nécessité profonde
de
leur économie, si dangereusement liée, nous l’avons dit, à la conjonc
1551
. La moyenne annuelle des brevets enregistrés est
d’
environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en note
1552
est d’environ 5600. 24. L’Annuaire statistique
de
la Suisse ajoute en note, après le chiffre concernant ces derniers ap
1553
1948 : 59,8 % et 40,2 %. 26. II est intéressant
de
noter que la part de l’alimentation dans le budget a décru de 10 % po
1554
2 %. 26. II est intéressant de noter que la part
de
l’alimentation dans le budget a décru de 10 % pour l’ouvrier (12 % po
1555
la part de l’alimentation dans le budget a décru
de
10 % pour l’ouvrier (12 % pour l’employé) depuis 1912, tandis que la
1556
912, tandis que la part des assurances a augmenté
de
4 %. 27. Union syndicale suisse : 367 119 ; syndicats chrétiens (cat
1557
ats chrétiens (catholiques) 44 720 ; Union suisse
d’
ouvriers et d’employés évangéliques 13 368 ; Union syndicale des ouvri
1558
(catholiques) 44 720 ; Union suisse d’ouvriers et
d’
employés évangéliques 13 368 ; Union syndicale des ouvriers indépendan
1559
l’éducation La famille Dans tous les pays
de
structure sociale très composite, comme ceux qui appartiennent à la c
1560
t à la civilisation occidentale, il est classique
de
distinguer entre familles rurales et citadines, catholiques et protes
1561
trouve singulièrement compliquée par l’adjonction
de
facteurs cantonaux et racio-linguistiques. Il y aurait lieu d’étudier
1562
antonaux et racio-linguistiques. Il y aurait lieu
d’
étudier séparément au moins vingt types de familles suisses, si l’on s
1563
it lieu d’étudier séparément au moins vingt types
de
familles suisses, si l’on s’en tenait aux seuls facteurs énumérés et
1564
alémanique et en Suisse romande ; et dans chacun
de
ces domaines linguistiques, il en est de rurales et de citadines, les
1565
s chacun de ces domaines linguistiques, il en est
de
rurales et de citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce qu
1566
s domaines linguistiques, il en est de rurales et
de
citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce qui donne huit t
1567
es autres riches, ce qui donne huit types. Autant
de
familles catholiques au Tessin. Voilà qui nous oblige à une extrême p
1568
sur « la famille suisse ». L’Annuaire statistique
de
la Suisse indique par exemple pour le nombre d’enfants vivants en 194
1569
e de la Suisse indique par exemple pour le nombre
d’
enfants vivants en 1941 par femme mariée : 2,31. Mais nous voyons auss
1570
be à 1,48 si l’on ne prend que les villes de plus
de
25 000 habitants. Si l’on compare deux demi-cantons contigus, qui se
1571
-cantons contigus, qui se trouvent être à la fois
de
langue allemande, ruraux, relativement pauvres, et qui ne diffèrent d
1572
par la religion, nous trouvons que la moyenne est
de
2,56 pour Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et de 4,10 pour
1573
our Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et
de
4,10 pour Appenzell Rhodes-Intérieures (catholique). Dans l’ensemble
1574
ue). Dans l’ensemble du pays, en 1946, la famille
d’
ouvriers comptait en moyenne 4 personnes (4,5 en 1912), la famille d’e
1575
en moyenne 4 personnes (4,5 en 1912), la famille
d’
employés ou de fonctionnaires 3,8 (4,5 en 1912). Trois exemples précis
1576
personnes (4,5 en 1912), la famille d’employés ou
de
fonctionnaires 3,8 (4,5 en 1912). Trois exemples précis vont nous fai
1577
la complexité et les écarts extrêmes que cachent
de
telles moyennes. Sur 1000 femmes mariées, en 1941, nombre des femmes
1578
ants : 0 1 2 3 4 5 6 7 Et plus Ville
de
Zurich 225 000 protestants 80 000 catholiques 20 000 divers 343 263
1579
ivers 143 125 124 123 107 82 71 225 4,1 Ville
de
Genève 70 000 protestants 50 000 catholiques 6000 divers 406 277 191
1580
mble que ces données ne diffèrent pas notablement
de
celles qu’on pourrait recueillir dans les provinces françaises ou aut
1581
autrichiennes, allemandes ou italiennes voisines
de
la Suisse, et que les mêmes régularités se vérifient ici comme là : l
1582
rurales et pauvres réunissent toutes les chances
d’
avoir le plus d’enfants, les familles protestantes, latines, citadines
1583
res réunissent toutes les chances d’avoir le plus
d’
enfants, les familles protestantes, latines, citadines et moyennement
1584
tantes, latines, citadines et moyennement aisées,
d’
en avoir le moins. Ce qui est particulier à la Suisse, c’est la juxtap
1585
t particulier à la Suisse, c’est la juxtaposition
de
ces extrêmes, entre lesquels s’échelonnent toutes les combinaisons qu
1586
ées plus haut : Pour 1000 femmes mariées, nombre
de
divorces : Ville de Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville
1587
femmes mariées, nombre de divorces : Ville
de
Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’en
1588
le de Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville
de
Genève 9,4 Pour l’ensemble de la Suisse, en 1940, l’indice des divo
1589
-Int. 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’ensemble
de
la Suisse, en 1940, l’indice des divorces était de 3,59 pour 1000 cou
1590
e la Suisse, en 1940, l’indice des divorces était
de
3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’Europe, le Danemark a
1591
es divorces était de 3,59 pour 1000 couples. Seul
de
tous les pays d’Europe, le Danemark accusait une situation pire, avec
1592
de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays
d’
Europe, le Danemark accusait une situation pire, avec un indice de 4,3
1593
emark accusait une situation pire, avec un indice
de
4,32 %. Vers 1940, le mariage en Suisse était donc moins stable qu’en
1594
le, supposent par ailleurs une certaine stabilité
de
la famille et des relations entre parents et enfants. Un exemple typi
1595
ôt que doit payer tout Suisse qui n’accomplit pas
de
service militaire est calculé partiellement d’après la fortune des pa
1596
nts ; le fils est donc censé connaître le montant
de
celle-ci et ses variations, d’année en année. Les droits du père sont
1597
nnaître le montant de celle-ci et ses variations,
d’
année en année. Les droits du père sont demeurés prépondérants. Il est
1598
ère sont demeurés prépondérants. Il est « le chef
de
l’union conjugale ». C’est lui qui administre les biens matrimoniaux,
1599
rimoniaux, choisit le domicile familial et décide
de
l’éducation des enfants. L’épouse ne peut exercer une profession qu’a
1600
e situation provoque les protestations fréquentes
de
plusieurs associations féminines, mais elle ne semble pas près d’être
1601
ociations féminines, mais elle ne semble pas près
d’
être modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui pers
1602
iques à la femme, laquelle se voit exclue en fait
de
presque toutes les fonctions publiques. Les consultations populaires
1603
ires qui se sont multipliées depuis une vingtaine
d’
années donnent des résultats négatifs. Il est frappant de constater qu
1604
s donnent des résultats négatifs. Il est frappant
de
constater que les cantons à majorité socialiste ne se montrent pas pl
1605
que les autres à cet égard. Plus frappant encore
de
découvrir, par les sondages de l’opinion, que les femmes suisses elle
1606
us frappant encore de découvrir, par les sondages
de
l’opinion, que les femmes suisses elles-mêmes dans leur majorité, ne
1607
ar an.) Comment veut-on que les femmes s’occupent
de
leur foyer, de leurs enfants, si elles doivent voter un dimanche sur
1608
veut-on que les femmes s’occupent de leur foyer,
de
leurs enfants, si elles doivent voter un dimanche sur trois, et parti
1609
mais n’est évidemment pas suffisant. À l’origine
de
la méfiance des Suisses, dans ce domaine, on devine certaines traditi
1610
Quant à la femme, repos du guerrier, il lui sied
de
se borner aux trois activités désignées par la fameuse formule : Kind
1611
e, Kirche (les enfants, la cuisine, l’église). Et
de
fait, les femmes suisses, en société, laissent parler leurs maris ou
1612
leurs maris ou parlent entre elles — à l’inverse
de
ce que l’on observe en Amérique. En dépit de cette absence de droits
1613
on observe en Amérique. En dépit de cette absence
de
droits politiques, les femmes suisses jouent un rôle actif dans la vi
1614
t un rôle actif dans la vie professionnelle. Plus
de
800 000 gagnent leur vie, et pour 525 000 d’entre elles, le métier re
1615
pendant, elles attendent encore la reconnaissance
d’
une pleine égalité de droits dans l’exercice de leur profession. Elles
1616
ent encore la reconnaissance d’une pleine égalité
de
droits dans l’exercice de leur profession. Elles revendiquent « un sa
1617
ce d’une pleine égalité de droits dans l’exercice
de
leur profession. Elles revendiquent « un salaire égal à travail égal
1618
ères. L’éducation Il nous paraît impossible
d’
estimer dans quelle mesure la famille, en Suisse, détermine plus ou mo
1619
moins qu’ailleurs la formation morale et civique
de
l’enfant ou de l’adolescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type
1620
urs la formation morale et civique de l’enfant ou
de
l’adolescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type de « famille s
1621
lescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type
de
« famille suisse » que l’on puisse étudier avec un minimum d’objectiv
1622
suisse » que l’on puisse étudier avec un minimum
d’
objectivité scientifique, mais vingt au moins. C’est ensuite que le so
1623
par une cause unique. Dans un petit pays composé
de
vingt-cinq patries minuscules, la tolérance est une nécessité vitale.
1624
ne nécessité vitale. Mais s’il n’est pas question
d’
éliminer le voisin qui diffère, on cherche au moins à le réformer, à l
1625
moins à le réformer, à le convaincre qu’il a tort
de
différer. Faute donc de pouvoir se livrer à une lutte ouverte de prin
1626
e convaincre qu’il a tort de différer. Faute donc
de
pouvoir se livrer à une lutte ouverte de principes et de convictions,
1627
ute donc de pouvoir se livrer à une lutte ouverte
de
principes et de convictions, les Suisses se bornent à un échange insi
1628
oir se livrer à une lutte ouverte de principes et
de
convictions, les Suisses se bornent à un échange insistant de bons co
1629
ns, les Suisses se bornent à un échange insistant
de
bons conseils, d’avis moraux, de recettes d’hygiène, d’admonestations
1630
bornent à un échange insistant de bons conseils,
d’
avis moraux, de recettes d’hygiène, d’admonestations religieuses. Il f
1631
change insistant de bons conseils, d’avis moraux,
de
recettes d’hygiène, d’admonestations religieuses. Il faut bien voir q
1632
tant de bons conseils, d’avis moraux, de recettes
d’
hygiène, d’admonestations religieuses. Il faut bien voir que l’actuel
1633
s conseils, d’avis moraux, de recettes d’hygiène,
d’
admonestations religieuses. Il faut bien voir que l’actuel civisme hel
1634
s dimensions des communautés suisses, il convient
d’
ajouter un second facteur de didactisme : le goût de la technique, l’o
1635
suisses, il convient d’ajouter un second facteur
de
didactisme : le goût de la technique, l’orgueil du savoir-faire. Nous
1636
ajouter un second facteur de didactisme : le goût
de
la technique, l’orgueil du savoir-faire. Nous avons dit que les donné
1637
dit que les données naturelles du pays exigeaient
de
ses habitants une ingéniosité peu commune dans la mise en œuvre la pl
1638
eu commune dans la mise en œuvre la plus efficace
de
ce qu’ils arrivent à se procurer. Or le génie technique, surtout en S
1639
e génie technique, surtout en Suisse, est affaire
de
tradition, de transmission personnelle de père en fils, de maître en
1640
que, surtout en Suisse, est affaire de tradition,
de
transmission personnelle de père en fils, de maître en apprenti : il
1641
affaire de tradition, de transmission personnelle
de
père en fils, de maître en apprenti : il est fait de mille conseils e
1642
ion, de transmission personnelle de père en fils,
de
maître en apprenti : il est fait de mille conseils et petites démonst
1643
père en fils, de maître en apprenti : il est fait
de
mille conseils et petites démonstrations. Ces dispositions psychologi
1644
itudes humaines assez différentes dans le domaine
de
l’éducation et de la pédagogie. La première est celle qui régit l’ens
1645
sez différentes dans le domaine de l’éducation et
de
la pédagogie. La première est celle qui régit l’enseignement primaire
1646
btenu en dépit de tant de diversités ; la volonté
d’
élever lentement les moyennes plutôt que de pousser quelques individus
1647
olonté d’élever lentement les moyennes plutôt que
de
pousser quelques individus exceptionnels30 ; un respect de la discipl
1648
r quelques individus exceptionnels30 ; un respect
de
la discipline qui tourne au fétichisme lorsqu’on l’élève au rang de v
1649
ui tourne au fétichisme lorsqu’on l’élève au rang
de
vertu civique, ou qu’on lui confère une sorte de mérite vaguement rém
1650
de vertu civique, ou qu’on lui confère une sorte
de
mérite vaguement réminiscent de valeurs religieuses, d’ailleurs vidée
1651
confère une sorte de mérite vaguement réminiscent
de
valeurs religieuses, d’ailleurs vidées de leur sens originel. Certes,
1652
niscent de valeurs religieuses, d’ailleurs vidées
de
leur sens originel. Certes, Calvin disait déjà : « La république est
1653
était une école du chrétien, sa discipline celle
de
la vérité biblique transcendante et révélée. L’école primaire laïque
1654
nt à inculquer des connaissances conventionnelles
d’
histoire, d’arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’aut
1655
er des connaissances conventionnelles d’histoire,
d’
arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’autre attitude
1656
nces conventionnelles d’histoire, d’arithmétique,
de
grammaire et de « bonne conduite ». L’autre attitude ou tradition péd
1657
elles d’histoire, d’arithmétique, de grammaire et
de
« bonne conduite ». L’autre attitude ou tradition pédagogique, qui se
1658
développe parallèlement à la première, est celle
de
l’école nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres suisses, Ro
1659
e, est celle de l’école nouvelle. Elle se réclame
de
deux grands ancêtres suisses, Rousseau (avec l’Émile), et Pestalozzi.
1660
ière, Piaget. Ils cherchent avant tout à cultiver
de
libres personnalités, à ménager la spontanéité nécessaire à leur éclo
1661
à leur éclosion, à sauvegarder dans le processus
de
l’instruction et de l’éducation la part du jeu et des instincts fonda
1662
sauvegarder dans le processus de l’instruction et
de
l’éducation la part du jeu et des instincts fondamentaux. Ils se fond
1663
fondamentaux. Ils se fondent sur une psychologie
de
l’enfance beaucoup plus avertie et scientifique que celle qui règne s
1664
réputation universelle des pédagogues suisses et
de
leurs établissements privés. Certes, on a pu accuser certains de ces
1665
ssements privés. Certes, on a pu accuser certains
de
ces théoriciens de placer une confiance excessive dans la bonté natur
1666
rtes, on a pu accuser certains de ces théoriciens
de
placer une confiance excessive dans la bonté naturelle de l’enfant, e
1667
r une confiance excessive dans la bonté naturelle
de
l’enfant, et de négliger la formation intellectuelle ou la discipline
1668
excessive dans la bonté naturelle de l’enfant, et
de
négliger la formation intellectuelle ou la discipline dans le travail
1669
pement harmonieux des facultés ». On s’est gaussé
de
leurs expériences et de l’apparente anarchie qui règne dans leurs cla
1670
cultés ». On s’est gaussé de leurs expériences et
de
l’apparente anarchie qui règne dans leurs classes d’essai. Ils répond
1671
l’apparente anarchie qui règne dans leurs classes
d’
essai. Ils répondent qu’ils visent au contraire à éveiller dans l’enfa
1672
ent au contraire à éveiller dans l’enfant le sens
de
la responsabilité personnelle et sociale, selon la maxime d’Alexandre
1673
nsabilité personnelle et sociale, selon la maxime
d’
Alexandre Vinet31 : « Je veux l’homme maître de lui-même, afin qu’il s
1674
me d’Alexandre Vinet31 : « Je veux l’homme maître
de
lui-même, afin qu’il soit mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aien
1675
e de lui-même, afin qu’il soit mieux le serviteur
de
tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’« école nouvelle » à se
1676
iteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès
de
l’« école nouvelle » à ses débuts, ou les conséquences extrêmes qui f
1677
furent parfois tirées par l’Amérique des théories
de
l’Institut Rousseau, il est incontestable que l’avant-garde pédagogiq
1678
l est incontestable que l’avant-garde pédagogique
de
Genève a contribué à assouplir les méthodes de l’enseignement primair
1679
ue de Genève a contribué à assouplir les méthodes
de
l’enseignement primaire dans plus d’un pays, et même en Suisse. Si l’
1680
les méthodes de l’enseignement primaire dans plus
d’
un pays, et même en Suisse. Si l’on prend pour points de comparaison l
1681
ays, et même en Suisse. Si l’on prend pour points
de
comparaison l’éducation américaine et la française, il apparaît que l
1682
a pris la voie médiane. La musique, la rythmique
de
Jaques-Dalcroze, la gymnastique, les travaux manuels, tiennent beauco
1683
ique, les travaux manuels, tiennent beaucoup plus
de
place dans les programmes suisses que ce n’est le cas en France, mais
1684
mérique. En général, l’élève suisse acquiert plus
de
connaissance précises que l’américain, et ne souffre pas du « gavage
1685
turbulent que le premier, moins brillant et délié
de
langue que le second, il tend à se conformer à cette « honorable moye
1686
des petites démocraties modernes. Les expériences
de
l’« école nouvelle » se sont bornées jusqu’ici au secteur privé (kind
1687
u’ici au secteur privé (kindergarten ou instituts
d’
études secondaires fréquentés surtout par des étrangers). Quant aux ét
1688
des étrangers). Quant aux établissements publics
d’
enseignement, il importe de rappeler tout d’abord qu’ils sont organisé
1689
établissements publics d’enseignement, il importe
de
rappeler tout d’abord qu’ils sont organisés sur une base cantonale, v
1690
ts suisses passent par l’école primaire publique,
de
l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Que
1691
s passent par l’école primaire publique, de l’âge
de
6 ou 7 ans jusqu’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Quel que soi
1692
re publique, de l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à l’âge
de
12 ou 13, selon les cantons. Quel que soit leur niveau social, qu’ils
1693
ils reçoivent donc côte à côte la même formation
de
base, qui leur est donnée dans un esprit non seulement d’égalité, mai
1694
qui leur est donnée dans un esprit non seulement
d’
égalité, mais d’égalitarisme insistant. Ce brassage des classes (renou
1695
nnée dans un esprit non seulement d’égalité, mais
d’
égalitarisme insistant. Ce brassage des classes (renouvelé plus tard d
1696
des classes (renouvelé plus tard dans les écoles
de
recrues) est un des traits particuliers de la démocratie suisse moder
1697
écoles de recrues) est un des traits particuliers
de
la démocratie suisse moderne, née de la Constitution de 1848. La coéd
1698
particuliers de la démocratie suisse moderne, née
de
la Constitution de 1848. La coéducation des sexes est encore combattu
1699
démocratie suisse moderne, née de la Constitution
de
1848. La coéducation des sexes est encore combattue en théorie dans l
1700
t. Quelques cantons laissent aux communes le soin
de
juger de l’opportunité des classes mixtes. On a poussé très loin la g
1701
es cantons laissent aux communes le soin de juger
de
l’opportunité des classes mixtes. On a poussé très loin la gratuité d
1702
classes mixtes. On a poussé très loin la gratuité
de
l’enseignement, car non seulement les « écolages » sont interdits par
1703
cable, dans les cantons pauvres, que par l’octroi
de
subventions fédérales. Il en résulte que les États, sans rien perdre
1704
es. Il en résulte que les États, sans rien perdre
de
leurs droits souverains en matière d’enseignement, sont au contraire
1705
rien perdre de leurs droits souverains en matière
d’
enseignement, sont au contraire mis en mesure de les mieux exercer par
1706
e d’enseignement, sont au contraire mis en mesure
de
les mieux exercer par l’appoint matériel que leur apporte la communau
1707
ommunauté fédérale. Au reste, la décentralisation
de
l’enseignement demeure extrême. Le gouvernement cantonal émet des dir
1708
es, mais ce sont les communes qui gardent le soin
de
l’administration des écoles et de la surveillance des classes. Elles
1709
gardent le soin de l’administration des écoles et
de
la surveillance des classes. Elles nomment à cet effet des « commissi
1710
cet effet des « commissions scolaires », formées
de
simples citoyens du village ou du quartier, qui jouissent d’une grand
1711
citoyens du village ou du quartier, qui jouissent
d’
une grande autorité sur les instituteurs, et se font représenter par q
1712
ont représenter par quelques délégués aux examens
de
fin d’année. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’union ent
1713
résenter par quelques délégués aux examens de fin
d’
année. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’union entre l’éc
1714
de fin d’année. On les a qualifiés à juste titre
de
« traits d’union entre l’école, les familles et la cité »32. Si varié
1715
née. On les a qualifiés à juste titre de « traits
d’
union entre l’école, les familles et la cité »32. Si variés que soient
1716
es et la cité »32. Si variés que soient les types
d’
écoles primaires ou secondaires, partout adaptés aux circonstances loc
1717
es locales, ils baignent néanmoins dans un climat
d’
« helvétisme » très sensible. Cette unité dans la diversité résulte pe
1718
e unité dans la diversité résulte peut-être moins
d’
une histoire commune que d’un enseignement uniforme de cette histoire
1719
ésulte peut-être moins d’une histoire commune que
d’
un enseignement uniforme de cette histoire ; et moins d’une similitude
1720
e histoire commune que d’un enseignement uniforme
de
cette histoire ; et moins d’une similitude de mœurs que de l’empreint
1721
nseignement uniforme de cette histoire ; et moins
d’
une similitude de mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’in
1722
rme de cette histoire ; et moins d’une similitude
de
mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’instruction civique
1723
histoire ; et moins d’une similitude de mœurs que
de
l’empreinte laissée par les leçons d’instruction civique, qui jouent
1724
e mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons
d’
instruction civique, qui jouent le rôle d’une sorte de catéchisme laïq
1725
leçons d’instruction civique, qui jouent le rôle
d’
une sorte de catéchisme laïque. À l’école primaire succèdent d’une par
1726
struction civique, qui jouent le rôle d’une sorte
de
catéchisme laïque. À l’école primaire succèdent d’une part l’école co
1727
cours civique ») où l’on enseigne aux jeunes gens
de
16 à 19 ans des notions essentiellement pratiques de comptabilité, de
1728
16 à 19 ans des notions essentiellement pratiques
de
comptabilité, de correspondance, d’économie, de sciences appliquées ;
1729
otions essentiellement pratiques de comptabilité,
de
correspondance, d’économie, de sciences appliquées ; et d’autre part,
1730
ent pratiques de comptabilité, de correspondance,
d’
économie, de sciences appliquées ; et d’autre part, les écoles seconda
1731
s de comptabilité, de correspondance, d’économie,
de
sciences appliquées ; et d’autre part, les écoles secondaires. Ces de
1732
mmunales ou cantonales, tantôt sous la dépendance
d’
une association privée, religieuse ou laïque. Elles perçoivent des « é
1733
. Certaines sont fort anciennes, comme le Collège
de
Genève, fondé par Calvin, et les collèges de bénédictins ou de capuci
1734
lège de Genève, fondé par Calvin, et les collèges
de
bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La
1735
ndé par Calvin, et les collèges de bénédictins ou
de
capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanité
1736
in, et les collèges de bénédictins ou de capucins
de
Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanités y est très
1737
èges de bénédictins ou de capucins de Fribourg et
de
la Suisse alémanique. La part des humanités y est très variable. Elle
1738
anités y est très variable. Elle définit le style
de
l’établissement, ou de ses subdivisions. On compte aujourd’hui quatre
1739
ble. Elle définit le style de l’établissement, ou
de
ses subdivisions. On compte aujourd’hui quatre types d’études conduis
1740
subdivisions. On compte aujourd’hui quatre types
d’
études conduisant au baccalauréat : le type A (langues anciennes), le
1741
ant d’autres pays, conduit à donner toujours plus
d’
importance aux mathématiques et aux techniques, au détriment des human
1742
ophie généralement négligée. Depuis une vingtaine
d’
années, la Confédération exige une certaine uniformisation des règleme
1743
exige une certaine uniformisation des règlements
de
baccalauréat. Un type d’examens de « maturité fédérale » a été créé,
1744
rmisation des règlements de baccalauréat. Un type
d’
examens de « maturité fédérale » a été créé, et les certificats de « m
1745
des règlements de baccalauréat. Un type d’examens
de
« maturité fédérale » a été créé, et les certificats de « maturité »
1746
aturité fédérale » a été créé, et les certificats
de
« maturité » délivrés par les collèges cantonaux doivent s’y conforme
1747
èges cantonaux doivent s’y conformer. Cet exemple
d’
intervention fédérale dans un domaine jalousement gardé par les canton
1748
te unique à notre connaissance33. La Constitution
de
1848 autorisait la Confédération à « établir une Université et une éc
1749
ai dire, sont fort nombreuses : sept pour un pays
de
4,5 millions d’habitants, et pour un nombre d’étudiants relativement
1750
rt nombreuses : sept pour un pays de 4,5 millions
d’
habitants, et pour un nombre d’étudiants relativement peu élevé, varia
1751
ys de 4,5 millions d’habitants, et pour un nombre
d’
étudiants relativement peu élevé, variant entre 450 et 3000 par établi
1752
les ne sont à aucun degré soumises à une doctrine
d’
État unifiée, mais reflètent fidèlement le genius loci dans les différ
1753
ntes régions linguistiques et religieuses. Celles
de
Genève, Lausanne et Neuchâtel sont françaises et marquées par l’espri
1754
aises et marquées par l’esprit protestant ; celle
de
Fribourg, catholique et bilingue ; celles de Bâle, Zurich et Berne, a
1755
elle de Fribourg, catholique et bilingue ; celles
de
Bâle, Zurich et Berne, allemandes. Si, dans ces conditions, la Conféd
1756
la Constitution, l’on eût assisté à la naissance
d’
un premier modèle, en réduction, d’université européenne. Il faut croi
1757
à la naissance d’un premier modèle, en réduction,
d’
université européenne. Il faut croire que le besoin ne s’en est pas fa
1758
articularistes, qui demeurent extrêmement vivaces
de
nos jours. L’idée même de créer une université romande unique, qui en
1759
ent extrêmement vivaces de nos jours. L’idée même
de
créer une université romande unique, qui engloberait celles de Neuchâ
1760
université romande unique, qui engloberait celles
de
Neuchâtel, Lausanne et Genève, les moins dissemblables, ne ressurgit
1761
que pour être repoussée aussitôt, avec une sorte
d’
indignation, par l’opinion publique des trois cantons. Cependant, tout
1762
s universités suisses s’efforcent de plus en plus
d’
attirer les étudiants étrangers. Elles organisent des séries de cours
1763
étudiants étrangers. Elles organisent des séries
de
cours sur les relations internationales et sur le patrimoine commun à
1764
ains et les plus neufs les principes fédéralistes
de
la Constitution helvétique35. Il est caractéristique que le seul étab
1765
ctéristique que le seul établissement qui dépende
de
l’État fédéral, l’École polytechnique de Zurich, soit un institut de
1766
dépende de l’État fédéral, l’École polytechnique
de
Zurich, soit un institut de recherches et de préparation pratique, da
1767
l’École polytechnique de Zurich, soit un institut
de
recherches et de préparation pratique, dans lequel, par définition, l
1768
ique de Zurich, soit un institut de recherches et
de
préparation pratique, dans lequel, par définition, l’idéologie offici
1769
inition, l’idéologie officielle ne pourrait jouer
de
rôle notable. Quelques-uns des plus grands mathématiciens modernes, d
1770
aux, les banques et les établissements techniques
de
tout le pays. Là encore, on s’apercevra que la « fédéralisation » rép
1771
« fédéralisation » répond en Suisse aux exigences
de
l’efficacité, bien plus qu’à celles d’une doctrine ou d’une idéologie
1772
exigences de l’efficacité, bien plus qu’à celles
d’
une doctrine ou d’une idéologie politique. Le nombre élevé des établis
1773
ficacité, bien plus qu’à celles d’une doctrine ou
d’
une idéologie politique. Le nombre élevé des établissements d’études s
1774
gie politique. Le nombre élevé des établissements
d’
études supérieures36 dans un si petit pays, et leurs solides tradition
1775
olides traditions locales, ont pour effet naturel
de
rendre plus étroites les relations entre professeurs et étudiants. Le
1776
petite, moyenne ou grande bourgeoisie. Le système
de
la ronde des professeurs, et de leur ascension progressive vers la ca
1777
oisie. Le système de la ronde des professeurs, et
de
leur ascension progressive vers la capitale, si typique de la France
1778
scension progressive vers la capitale, si typique
de
la France centralisée, est inconnu en Suisse, puisque aucune des sept
1779
u’une autre. Chacune forme le centre intellectuel
d’
un petit pays, et se sent l’égale en qualité de ses voisines. Les plus
1780
el d’un petit pays, et se sent l’égale en qualité
de
ses voisines. Les plus anciennes sont celle de Bâle, qui florissait à
1781
té de ses voisines. Les plus anciennes sont celle
de
Bâle, qui florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle de Genève
1782
florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle
de
Genève, qui remonte à l’époque de Calvin. ⁂ Cette esquisse du système
1783
rasme, et celle de Genève, qui remonte à l’époque
de
Calvin. ⁂ Cette esquisse du système d’éducation en Suisse resterait p
1784
à l’époque de Calvin. ⁂ Cette esquisse du système
d’
éducation en Suisse resterait par trop incomplète si l’on n’y ajoutait
1785
ait quelques aperçus sur les formes parascolaires
de
l’enseignement et de la formation civique. Le didactisme inhérent à l
1786
sur les formes parascolaires de l’enseignement et
de
la formation civique. Le didactisme inhérent à l’esprit helvétique se
1787
temps, les éditorialistes des principaux journaux
de
Genève, de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire
1788
éditorialistes des principaux journaux de Genève,
de
Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon »
1789
tes des principaux journaux de Genève, de Bâle ou
de
Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon » au monde en
1790
de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation
de
« faire la leçon » au monde entier. À la fin de la guerre de 14-18, C
1791
n de « faire la leçon » au monde entier. À la fin
de
la guerre de 14-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés serai
1792
la leçon » au monde entier. À la fin de la guerre
de
14-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés seraient disposés
1793
faire la paix avec l’Allemagne, mais la Gazette
de
Lausanne le leur interdit. » À voir les choses de près, l’on s’aperç
1794
e Lausanne le leur interdit. » À voir les choses
de
près, l’on s’aperçoit que cette réputation de moralisme prêcheur tien
1795
ses de près, l’on s’aperçoit que cette réputation
de
moralisme prêcheur tient davantage à la légende d’une Suisse calvinis
1796
e moralisme prêcheur tient davantage à la légende
d’
une Suisse calviniste, qu’à la réalité présente. Ce qui distingue la p
1797
alité présente. Ce qui distingue la presse suisse
de
ses voisines, c’est plutôt sa méfiance à l’égard des jugements hâtifs
1798
fiance à l’égard des jugements hâtifs, des prises
de
position passionnées et partisanes, et son goût de l’analyse objectiv
1799
e position passionnées et partisanes, et son goût
de
l’analyse objective des situations. Ce n’est pas une presse de combat
1800
objective des situations. Ce n’est pas une presse
de
combat, mais de commentaires et de prudentes mises au point. Ajoutons
1801
tuations. Ce n’est pas une presse de combat, mais
de
commentaires et de prudentes mises au point. Ajoutons que les article
1802
pas une presse de combat, mais de commentaires et
de
prudentes mises au point. Ajoutons que les articles du genre instruct
1803
les articles du genre instructif, sur des sujets
d’
histoire, de sciences ou de littérature, y tiennent une place importan
1804
s du genre instructif, sur des sujets d’histoire,
de
sciences ou de littérature, y tiennent une place importante, en premi
1805
ructif, sur des sujets d’histoire, de sciences ou
de
littérature, y tiennent une place importante, en première page. Quant
1806
itant sur cinq37, elle consacre à peu près autant
d’
heures à des émissions de musique classique ou moderne qu’à des variét
1807
nsacre à peu près autant d’heures à des émissions
de
musique classique ou moderne qu’à des variétés, causeries religieuses
1808
tifiques, ou conseils pratiques. Elle n’admet pas
de
publicité. La part du folklore, des chansons populaires chantées par
1809
, des chansons populaires chantées par les chœurs
de
village, des retransmissions de cérémonies publiques, y est un peu pl
1810
es par les chœurs de village, des retransmissions
de
cérémonies publiques, y est un peu plus grande qu’ailleurs, comme on
1811
taire. L’armée L’armée suisse est une armée
de
milices. La Constitution fédérale interdit à la Confédération le droi
1812
ion fédérale interdit à la Confédération le droit
d’
entretenir des troupes permanentes (art. 13). Il en résulte qu’à un de
1813
z quelques individus isolés, il n’est pas le fait
de
toute une classe ou d’un parti. Passer pour un bon soldat ou un bon o
1814
olés, il n’est pas le fait de toute une classe ou
d’
un parti. Passer pour un bon soldat ou un bon officier est généralemen
1815
généralement « bien vu » dans toutes les couches
de
la population. La preuve la plus indiscutable de l’intégration parfai
1816
de la population. La preuve la plus indiscutable
de
l’intégration parfaite de l’armée à la nation est fournie par ce simp
1817
ve la plus indiscutable de l’intégration parfaite
de
l’armée à la nation est fournie par ce simple fait : chaque soldat su
1818
le fait : chaque soldat suisse entre les périodes
d’
instruction ou de mobilisation, conserve chez lui dans une armoire son
1819
soldat suisse entre les périodes d’instruction ou
de
mobilisation, conserve chez lui dans une armoire son fusil, son unifo
1820
confiance au citoyen et redoute peu l’éventualité
de
menées subversives. Cette armée ultradémocratique, sans caste militai
1821
uple, est devenue, depuis 1848, l’agent principal
de
l’helvétisation du pays. Au cours des manœuvres annuelles et des long
1822
s des manœuvres annuelles et des longues périodes
de
mobilisation qui ont marqué les deux guerres mondiales, les fréquents
1823
eux guerres mondiales, les fréquents déplacements
de
troupes d’un bout à l’autre du territoire ont appris aux hommes de ca
1824
mondiales, les fréquents déplacements de troupes
d’
un bout à l’autre du territoire ont appris aux hommes de cantons diffé
1825
out à l’autre du territoire ont appris aux hommes
de
cantons différents à se connaître et à collaborer plus étroitement. D
1826
autre part, l’obligation pour tout citoyen valide
de
passer par une école de recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il
1827
pour tout citoyen valide de passer par une école
de
recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il devienne officier, prolo
1828
avant tout, comme une école pour adultes : école
de
civisme, d’égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un gra
1829
comme une école pour adultes : école de civisme,
d’
égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’
1830
école pour adultes : école de civisme, d’égalité,
de
virilité, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’instituteur
1831
cole de civisme, d’égalité, de virilité, et aussi
de
culture physique. Un grand nombre d’instituteurs deviennent officiers
1832
té, et aussi de culture physique. Un grand nombre
d’
instituteurs deviennent officiers, et tout officier subalterne joue pl
1833
ut officier subalterne joue plus ou moins le rôle
d’
un instituteur pour sa section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu
1834
a section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu
de
faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne porte pas
1835
1946, l’indice des divorces pour la Suisse était
de
4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux US o
1836
résent ouvrage le commun dénominateur des Suisses
de
tous les cantons, des deux religions et des quatre langues. 30. Un d
1837
33. En 1882, le peuple suisse a rejeté le projet
de
loi instituant un secrétariat scolaire fédéral, qui eût été chargé de
1838
secrétariat scolaire fédéral, qui eût été chargé
de
préparer une loi uniforme sur l’enseignement primaire. Cette tentativ
1839
ce n’a pas été renouvelée. 34. Pendant la saison
d’
hiver 1946-1947, il y avait un peu moins de 15 000 étudiants en tout d
1840
saison d’hiver 1946-1947, il y avait un peu moins
de
15 000 étudiants en tout dans les sept universités (dont 3250 étudian
1841
tution turque actuellement en vigueur est l’œuvre
d’
un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept
1842
tuellement en vigueur est l’œuvre d’un professeur
de
droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept universités ment
1843
t en vigueur est l’œuvre d’un professeur de droit
de
Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept universités mentionnées,
1844
s, il faut ajouter l’École polytechnique, l’École
d’
ingénieurs de Lausanne, l’Université commerciale de Saint-Gall, l’Inst
1845
outer l’École polytechnique, l’École d’ingénieurs
de
Lausanne, l’Université commerciale de Saint-Gall, l’Institut des haut
1846
’ingénieurs de Lausanne, l’Université commerciale
de
Saint-Gall, l’Institut des hautes études internationales de Genève :
1847
all, l’Institut des hautes études internationales
de
Genève : soit onze établissements de rang universitaire. 37. Un sur
1848
ernationales de Genève : soit onze établissements
de
rang universitaire. 37. Un sur 4 au Danemark, sur 7 en France, sur 2
1849
ristianisme en Suisse, l’historien ne dispose que
de
récits légendaires. Il semble que dès le iiie siècle, la nouvelle do
1850
enne est établie à Genève, Bâle est déjà le siège
d’
un évêché, de même que Martigny en Valais. Au ve siècle, ces territoi
1851
re battue par Aetius et refoulée jusqu’en Savoie,
d’
où elle s’est répandue sur la Bourgogne actuelle pour y fonder un roya
1852
des Burgondes, grands propriétaires terriens, ou
de
leurs prédécesseurs romains. Nombre de traits typiques de la démocrat
1853
rriens, ou de leurs prédécesseurs romains. Nombre
de
traits typiques de la démocratie suisse actuelle (particularisme, rép
1854
prédécesseurs romains. Nombre de traits typiques
de
la démocratie suisse actuelle (particularisme, répugnance à subir l’a
1855
es survivances du passé alémanique. À l’exception
de
la Rhétie (les Grisons d’aujourd’hui) et de l’Ouest resté burgonde, l
1856
émanique. À l’exception de la Rhétie (les Grisons
d’
aujourd’hui) et de l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la
1857
ption de la Rhétie (les Grisons d’aujourd’hui) et
de
l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la Suisse est donc r
1858
de l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie
de
la Suisse est donc redevenue païenne au vie siècle. Lorsque les miss
1859
Lorsque les missionnaires Colomban et Gall, venus
d’
Irlande, visitent vers 610 les environs des lacs de Zurich et de Const
1860
’Irlande, visitent vers 610 les environs des lacs
de
Zurich et de Constance, ils trouvent des idoles de Wotan dans les anc
1861
itent vers 610 les environs des lacs de Zurich et
de
Constance, ils trouvent des idoles de Wotan dans les anciennes église
1862
e Zurich et de Constance, ils trouvent des idoles
de
Wotan dans les anciennes églises romaines. Mais grâce à ces moines pè
1863
à ces moines pèlerins, le christianisme renaîtra
de
ses vestiges. Par-dessous les coutumes alémaniques-païennes, les apôt
1864
rlandais retrouvent non seulement le catholicisme
de
Rome, mais un fonds celtique plus ancien qui leur est congénial, et s
1865
ngénial, et sur lequel ils appuieront leur effort
d’
évangélisation, en sorte que le christianisme, en Suisse, sera le dern
1866
christianisme, en Suisse, sera le dernier rejeton
de
la « civilisation de Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe
1867
sse, sera le dernier rejeton de la « civilisation
de
Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe de Gall s’édifie au
1868
Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe
de
Gall s’édifie au viiie siècle un monastère qui va devenir le grand f
1869
siècle un monastère qui va devenir le grand foyer
de
prospérité matérielle autant que spirituelle38 de la Suisse orientale
1870
de prospérité matérielle autant que spirituelle38
de
la Suisse orientale, avec son hôtellerie et ses fermes, ses écoles et
1871
erie et ses fermes, ses écoles et leurs centaines
d’
étudiants, ses œuvres d’art, ses ateliers, son hôpital, et sa biblioth
1872
rt, ses ateliers, son hôpital, et sa bibliothèque
de
400 volumes enluminés. Les couvents se multiplient dans tout le pays,
1873
tiplient dans tout le pays, et bientôt rivalisent
de
puissance temporelle avec les grands féodaux : les cantons primitifs
1874
tre les Habsbourg. L’un des plus fameux est celui
d’
Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’ailleurs
1875
ameux est celui d’Einsiedeln, situé en plein cœur
de
la Suisse primitive, et d’ailleurs continuellement attaqué par les Sc
1876
nt à Einsiedeln que Zwingli, jeune abbé passionné
d’
humanisme et « chapelain acolyte » du pape, apprend en 1517 ce qui vie
1877
e se passer à Wittemberg : l’affichage des thèses
de
Luther. À cette époque, la Suisse alémanique détenait pour la Curie r
1878
lle en profitait pour se faire accorder une foule
de
droits et grâces ecclésiastiques, ce qui peut expliquer en partie la
1879
les débuts, à l’égard des innovations religieuses
de
Zurich. L’esprit clérical était prononcé, et ses abus non moins crian
1880
lée que tardivement, au xve siècle. L’Université
de
Bâle, fondée en 1460, devenait un foyer d’humanisme avec Érasme. D’au
1881
ersité de Bâle, fondée en 1460, devenait un foyer
d’
humanisme avec Érasme. D’autre part, la mystique allemande du sud trav
1882
lemande du sud travaillait les consciences avides
d’
une religion plus intérieure : c’est ainsi que la secte des Amis de Di
1883
us intérieure : c’est ainsi que la secte des Amis
de
Dieu, dont le centre était à Strasbourg, comptait beaucoup de discipl
1884
Il avait d’autre part montré aux Suisses la voie
de
cette politique de neutralité dans laquelle Zwingli allait conduire s
1885
art montré aux Suisses la voie de cette politique
de
neutralité dans laquelle Zwingli allait conduire ses compatriotes, en
1886
l’empereur, ou la France, pour assurer les droits
de
leur minorité menacée. Nous avons retracé plus haut la carrière polit
1887
richois, sa fin tragique sur le champ de bataille
de
Kappel. Beaucoup plus que Luther et que Calvin, Zwingli a donné sa fo
1888
t son esprit au protestantisme suisse. Les débuts
de
sa réforme, à Zurich, datent de 1518, lorsqu’il déclare, du haut de l
1889
uisse. Les débuts de sa réforme, à Zurich, datent
de
1518, lorsqu’il déclare, du haut de la chaire, qu’il se propose d’exp
1890
urich, datent de 1518, lorsqu’il déclare, du haut
de
la chaire, qu’il se propose d’expliquer la doctrine chrétienne en se
1891
l déclare, du haut de la chaire, qu’il se propose
d’
expliquer la doctrine chrétienne en se basant sur les documents origin
1892
rétienne en se basant sur les documents originaux
de
la Révélation, la Bible et les évangiles. Calvin ne publiera son Inst
1893
e n’est liée aux Suisses que par quelques traités
de
combourgeoisie. Elle ne fait pas partie de la Confédération des XIII
1894
raités de combourgeoisie. Elle ne fait pas partie
de
la Confédération des XIII cantons. Et l’œuvre du réformateur français
1895
jusqu’aux débuts du xviiie siècle. Dès l’époque
de
Zwingli, le partage de la Suisse entre les deux confessions s’est opé
1896
iiie siècle. Dès l’époque de Zwingli, le partage
de
la Suisse entre les deux confessions s’est opéré dans ses grandes lig
1897
finiront par établir leur prépondérance au terme
de
la « seconde guerre de Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’est q
1898
eur prépondérance au terme de la « seconde guerre
de
Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’est qu’après avoir écrasé un
1899
Sonderbund) qu’ils réussiront à établir le régime
de
paix religieuse sous lequel vit l’actuelle confédération. ⁂ Lors du d
1900
Lors du dernier recensement (1941), la population
de
la Suisse, résidents étrangers compris, offrait la composition confes
1901
ns ou sans confession 34 828 8 17 La proportion
de
2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ens
1902
ans confession 34 828 8 17 La proportion de 2/5
de
catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ensemble d
1903
roportion de 2/5 de catholiques pour un peu moins
de
3/5 de protestants dans l’ensemble du pays n’a guère varié depuis la
1904
on de 2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5
de
protestants dans l’ensemble du pays n’a guère varié depuis la Réforme
1905
e du pays n’a guère varié depuis la Réforme. Mais
d’
importantes modifications se sont manifestées dans la répartition géog
1906
ement, et plus tard encore pratiquement, le droit
d’
établissement était refusé par les cantons aux Suisses d’une confessio
1907
issement était refusé par les cantons aux Suisses
d’
une confession différente de celle de la majorité. La Constitution féd
1908
s cantons aux Suisses d’une confession différente
de
celle de la majorité. La Constitution fédérale, conçue dans un esprit
1909
aux Suisses d’une confession différente de celle
de
la majorité. La Constitution fédérale, conçue dans un esprit de récon
1910
. La Constitution fédérale, conçue dans un esprit
de
réconciliation au lendemain de la guerre du Sonderbund, garantit le l
1911
çue dans un esprit de réconciliation au lendemain
de
la guerre du Sonderbund, garantit le libre exercice de tous les culte
1912
guerre du Sonderbund, garantit le libre exercice
de
tous les cultes dans toute la Confédération et supprima les entraves
1913
fessions tel qu’on ne peut plus parler proprement
de
cantons protestants, mais seulement de cantons à majorité protestante
1914
proprement de cantons protestants, mais seulement
de
cantons à majorité protestante (la plus forte étant celle du canton d
1915
protestante (la plus forte étant celle du canton
de
Berne, où l’on ne trouve qu’un catholique pour sept habitants.) En gé
1916
facteurs ont concouru à l’établissement définitif
de
la paix religieuse en Suisse. Et tout d’abord, la renonciation totale
1917
soit avec l’étranger. Les conceptions politiques
de
Nicolas de Flue et de Zwingli ont ainsi triomphé, au terme de plusieu
1918
Les conceptions politiques de Nicolas de Flue et
de
Zwingli ont ainsi triomphé, au terme de plusieurs siècles de luttes s
1919
e Flue et de Zwingli ont ainsi triomphé, au terme
de
plusieurs siècles de luttes sourdes ou déclarées, et d’intrigues dipl
1920
ont ainsi triomphé, au terme de plusieurs siècles
de
luttes sourdes ou déclarées, et d’intrigues diplomatiques avec les pu
1921
sieurs siècles de luttes sourdes ou déclarées, et
d’
intrigues diplomatiques avec les puissances voisines, qui soutenaient
1922
si que le fanatisme a fait place à un large degré
d’
indifférence religieuse, tandis que les conflits économiques et sociau
1923
posées au catholicisme, telles que l’interdiction
de
fonder de nouveaux couvents et ordres, ou de laisser rentrer les jésu
1924
catholicisme, telles que l’interdiction de fonder
de
nouveaux couvents et ordres, ou de laisser rentrer les jésuites, ont
1925
tion de fonder de nouveaux couvents et ordres, ou
de
laisser rentrer les jésuites, ont éliminé des causes traditionnelles
1926
jésuites, ont éliminé des causes traditionnelles
d’
agitation. Cet apaisement, cette paix officielle, traduisent-ils une c
1927
entif à ne pas vexer le voisin, mais peu désireux
de
s’en rapprocher, ou même de perdre les préjugés hérités à son endroit
1928
in, mais peu désireux de s’en rapprocher, ou même
de
perdre les préjugés hérités à son endroit. Un zèle un peu amer et am
1929
oit. Un zèle un peu amer et ambitieux risquerait
de
troubler la paix, et l’on est prudent. On ne rayonne donc pas. On se
1930
f des consciences, il ne comprend plus les moyens
de
pression et de violence en matière de religion. Que nous en soyons ar
1931
es, il ne comprend plus les moyens de pression et
de
violence en matière de religion. Que nous en soyons arrivés là, en qu
1932
soyons arrivés là, en quelques décades, au sortir
d’
un état de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’u
1933
ivés là, en quelques décades, au sortir d’un état
de
guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’un régime d
1934
t de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis
d’
attendre d’un régime de liberté contrôlée, fondé sur la franche reconn
1935
séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre
d’
un régime de liberté contrôlée, fondé sur la franche reconnaissance de
1936
montre ce qu’il est permis d’attendre d’un régime
de
liberté contrôlée, fondé sur la franche reconnaissance des droits de
1937
e, fondé sur la franche reconnaissance des droits
de
tous.40 L’ignorance mutuelle dans laquelle vivent les différents gr
1938
lement, et qu’il existe dans presque chaque bourg
de
quelque importance des églises des deux cultes, le protestant moyen c
1939
cierges sur un autel, et à cultiver toutes sortes
de
superstitions ; tandis que le catholique moyen tient le protestant po
1940
le protestant pour un demi-incrédule, prisonnier
d’
une morale austère. Le plus curieux, c’est que beaucoup de protestants
1941
préjugés du voisin sur leur propre religion. Plus
d’
un changement de confession s’explique par la découverte subite de réa
1942
in sur leur propre religion. Plus d’un changement
de
confession s’explique par la découverte subite de réalités spirituell
1943
de confession s’explique par la découverte subite
de
réalités spirituelles qui existent en vérité des deux côtés, mais qui
1944
t-il un esprit protestant et un esprit catholique
de
nuance proprement helvétique ? La question n’est pas sans intérêt, ca
1945
n. La Réforme, en Suisse, fut l’œuvre personnelle
de
Zwingli, et dans l’ensemble, le protestantisme suisse est resté beauc
1946
point qu’on lise encore les œuvres du réformateur
de
Zurich, ni que ses doctrines soient enseignées. Mais il a proposé aux
1947
nseignées. Mais il a proposé aux Suisses la forme
de
religion qui convenait le mieux au tempérament du plus grand nombre d
1948
es irréductibles. Son esprit juridique, son souci
de
bien distinguer les prérogatives de l’Église de celles de l’État, n’o
1949
ue, son souci de bien distinguer les prérogatives
de
l’Église de celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte
1950
i de bien distinguer les prérogatives de l’Église
de
celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte zwinglien,
1951
distinguer les prérogatives de l’Église de celles
de
l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte zwinglien, au contrai
1952
e n’y sont entrés que plus tard), ce culte paraît
d’
autant plus pur qu’il est plus dépouillé. Les cérémonies pompeuses, le
1953
fêtes, les symboles, les hiérarchies, sont taxés
d’
« hypocrisie »41. L’extrême appauvrissement des formes culturelles, ch
1954
es, ne saurait être attribué à la seule influence
de
Zwingli. Il traduit d’une part la volonté originelle de se distinguer
1955
ngli. Il traduit d’une part la volonté originelle
de
se distinguer du catholicisme romain, d’autre part une tournure d’esp
1956
du catholicisme romain, d’autre part une tournure
d’
esprit positive et volontiers simpliste, une horreur congénitale de la
1957
et volontiers simpliste, une horreur congénitale
de
la rhétorique sous toutes ses formes, un égalitarisme intransigeant,
1958
rellement porté qu’aucun autre Européen à traiter
de
« singerie » toute expression tant soit peu spontanée de la ferveur r
1959
ngerie » toute expression tant soit peu spontanée
de
la ferveur religieuse, et toute dévotion publique lui paraît « théâtr
1960
oitié du xixe siècle, a doté les églises suisses
de
cantiques anglo-saxons aux rythmes tantôt allègres, tantôt traînants
1961
ôt allègres, tantôt traînants et nostalgiques, et
d’
un vocabulaire mystique (« patois de Chanaan ») dont l’habitude seule
1962
talgiques, et d’un vocabulaire mystique (« patois
de
Chanaan ») dont l’habitude seule fait oublier le manque de sobriété.
1963
n ») dont l’habitude seule fait oublier le manque
de
sobriété. L’organisation des églises protestantes est calquée sur la
1964
gouvernées par des synodes régionaux. L’autonomie
de
la paroisse reste considérable, sous la direction du pasteur assisté
1965
la direction du pasteur assisté par un « conseil
d’
église ». Il en résulte que « l’Église suisse » comme telle n’existe g
1966
existe guère, n’est qu’une fédération assez lâche
d’
Églises cantonales, et pourrait difficilement prendre une décision qui
1967
n comprendra dès lors qu’il n’y ait pas en Suisse
de
parti politique protestant. Il existe au contraire un parti catholiqu
1968
aire un parti catholique, nombreux et discipliné,
de
tendance conservatrice42 et « fédéraliste ». (Précisons une fois de p
1969
auteurs, comme Ramuz, il devient presque synonyme
de
séparatiste.) Alors que les églises protestantes, de par leur structu
1970
s nécessairement par sa doctrine. Du point de vue
de
l’organisation, elle est unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépen
1971
unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépendent
de
Rome. Du point de vue politique, elle défend la traditionnelle libert
1972
ons, car elle y voit la garantie la plus certaine
de
ses droits contre les empiètements éventuels du pouvoir central, inst
1973
os jours par la majorité protestante. Il convient
d’
ajouter toutefois que l’attitude des théoriciens du parti catholique n
1974
pas seulement inspirée par le statut minoritaire
de
leur confession. Il existe une doctrine catholique spécifiquement sui
1975
ste une doctrine catholique spécifiquement suisse
de
l’État et du fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Seges
1976
’État et du fédéralisme, illustrée par les œuvres
de
A.-Ph. de Segesser et de Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleur
1977
u fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph.
de
Segesser et de Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleurs sur bien
1978
illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Segesser et
de
Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleurs sur bien des points ess
1979
uns et les autres s’accordent sur une définition
de
l’homme à la fois libre et solidaire, sur une conception de la « libe
1980
à la fois libre et solidaire, sur une conception
de
la « liberté d’obéissance » aussi éloignée de l’individualisme sans f
1981
et solidaire, sur une conception de la « liberté
d’
obéissance » aussi éloignée de l’individualisme sans frein que des fau
1982
ion de la « liberté d’obéissance » aussi éloignée
de
l’individualisme sans frein que des fausses disciplines totalitaires,
1983
ses disciplines totalitaires, et sur une doctrine
de
l’État qui prévient l’extension illimitée de ses pouvoirs et sauvegar
1984
rine de l’État qui prévient l’extension illimitée
de
ses pouvoirs et sauvegarde la pleine autonomie de l’Église. Ils s’acc
1985
de ses pouvoirs et sauvegarde la pleine autonomie
de
l’Église. Ils s’accordent aussi pour préférer à l’idéologie démocrati
1986
e les libertés concrètes du citoyen, inséparables
de
ses responsabilités sociales et spirituelles. Le fédéralisme, au sens
1987
te fois-ci, constitue donc le commun dénominateur
de
la pensée catholique et de la pensée réformée dans le domaine politiq
1988
le commun dénominateur de la pensée catholique et
de
la pensée réformée dans le domaine politique, si bien qu’il n’existe
1989
e politique, si bien qu’il n’existe pas en Suisse
d’
antagonismes profonds et essentiels quant à la doctrine de l’État, ni
1990
nismes profonds et essentiels quant à la doctrine
de
l’État, ni d’écoles ou de factions irréductibles, comme celles dont l
1991
s et essentiels quant à la doctrine de l’État, ni
d’
écoles ou de factions irréductibles, comme celles dont les luttes sécu
1992
els quant à la doctrine de l’État, ni d’écoles ou
de
factions irréductibles, comme celles dont les luttes séculaires ont d
1993
et la vie politique depuis un siècle, n’ont cessé
de
se séculariser. Aux causes générales de ce phénomène, qui agissent da
1994
ont cessé de se séculariser. Aux causes générales
de
ce phénomène, qui agissent dans toute la civilisation occidentale, s’
1995
une cause historique très précise. Les fondateurs
de
la Confédération moderne, c’est-à-dire les radicaux, ont été conduits
1996
-dire les radicaux, ont été conduits par le souci
d’
éliminer le plus possible l’influence politique des confessions : souc
1997
: souci bien compréhensible, puisqu’ils sortaient
d’
une guerre civile d’origine religieuse, et que le conflit religieux, d
1998
ensible, puisqu’ils sortaient d’une guerre civile
d’
origine religieuse, et que le conflit religieux, depuis des siècles, p
1999
on que le cléricalisme a depuis longtemps disparu
de
leur vie publique. Mais dans la partie protestante de la population s
2000
eur vie publique. Mais dans la partie protestante
de
la population subsistent une certaine répugnance à l’endroit des inte
2001
ance à l’endroit des interventions spectaculaires
de
l’Église ou de ses ministres, un goût de la sobriété, une self-consci
2002
t des interventions spectaculaires de l’Église ou
de
ses ministres, un goût de la sobriété, une self-consciousness spiritu
2003
culaires de l’Église ou de ses ministres, un goût
de
la sobriété, une self-consciousness spirituelle, qui ont pour effet d
2004
elf-consciousness spirituelle, qui ont pour effet
de
rendre la religion presque invisible dans les manifestations publique
2005
t demeure officiellement laïque, il ne l’est plus
d’
une manière agressive, ou même volontaire. L’action individuelle d’hom
2006
essive, ou même volontaire. L’action individuelle
d’
hommes politiques chrétiens, sensible dans plus d’un domaine, n’est pa
2007
d’hommes politiques chrétiens, sensible dans plus
d’
un domaine, n’est pas entravée par l’opinion publique ou les partis, b
2008
tée dans les discours officiels que sous l’espèce
de
clichés que l’on ressort pour les grandes occasions, elle ne cesse d’
2009
ressort pour les grandes occasions, elle ne cesse
d’
inspirer, consciemment ou non, la morale civique, l’activité philanthr
2010
vité philanthropique, certaines lois sociales, et
de
brider par des scrupules sincères le matérialisme assez épais qui men
2011
dans leur prospérité. Une seule exception mérite
d’
être signalée à la règle laïque, gage de la paix confessionnelle : c’e
2012
on mérite d’être signalée à la règle laïque, gage
de
la paix confessionnelle : c’est l’institution du « Jeûne fédéral », j
2013
déral », jour fixé pour la repentance et l’action
de
grâces nationale, et que l’on célèbre par la publication et la lectur
2014
que l’on célèbre par la publication et la lecture
de
« mandements » officiels, généralement rédigés par les églises. Elle
2015
églises. Elle est devenue prétexte à des « menus
de
Jeûne » fort abondants, qu’annoncent les meilleurs restaurants. La re
2016
mme la Croix-Rouge ou dans le rayonnement mondial
de
la pensée d’un Karl Barth qu’elle témoigne de sa véritable nature ; o
2017
Rouge ou dans le rayonnement mondial de la pensée
d’
un Karl Barth qu’elle témoigne de sa véritable nature ; ou encore, d’u
2018
ial de la pensée d’un Karl Barth qu’elle témoigne
de
sa véritable nature ; ou encore, d’une manière plus diffuse et collec
2019
elle témoigne de sa véritable nature ; ou encore,
d’
une manière plus diffuse et collective, dans un certain sens de la sol
2020
plus diffuse et collective, dans un certain sens
de
la solidarité humaine, dans l’équilibre des institutions qui en résul
2021
es protestants suisses qui n’accepteraient jamais
d’
avoir des évêques — comme en ont les Allemands, les Hongrois, les Angl
2022
42. Les syndicats catholiques sont indépendants
de
ce parti, et beaucoup plus progressistes.
2023
ixe siècle, et qu’en conséquence, il serait vain
de
chercher, dans son peuple ou sa littérature, les témoignages d’un sen
2024
ans son peuple ou sa littérature, les témoignages
d’
un sentiment proprement national, comparable à celui que les Français,
2025
dans un canton, une région, un domaine essentiel
de
la vie commune. Il arrive même que les majorités conjuguent leurs eff
2026
riser sa survivance. C’est en vertu de ce système
de
« prime à la minorité » que la Confédération a non seulement reconnu
2027
mme langue nationale le romanche (parlé par moins
de
40 000 habitants) mais, par ses subventions, a donné un regain de vit
2028
nts) mais, par ses subventions, a donné un regain
de
vitalité au petit groupe qui le parlait, et qui se voyait menacé de d
2029
it groupe qui le parlait, et qui se voyait menacé
de
décadence rapide. En l’absence de toute autre raison naturelle, cultu
2030
e voyait menacé de décadence rapide. En l’absence
de
toute autre raison naturelle, culturelle ou dynastique, ce qui rassem
2031
devant Dieu sur une prairie des Alpes il y a plus
de
six siècles et demi. Si la Suisse a donné à l’histoire de l’Europe et
2032
iècles et demi. Si la Suisse a donné à l’histoire
de
l’Europe et du monde quelque chose d’unique, une création sans exempl
2033
l’histoire de l’Europe et du monde quelque chose
d’
unique, une création sans exemple et durable, c’est bien cela : cette
2034
exemple et durable, c’est bien cela : cette forme
d’
État non nationale, et cette communauté de peuples différents, inébran
2035
e forme d’État non nationale, et cette communauté
de
peuples différents, inébranlablement fondée sur le serment. Que cet É
2036
s évident que la Suisse moderne a pris conscience
d’
elle-même en tant qu’unité fédérale, et qu’elle voit les gages de sa f
2037
tant qu’unité fédérale, et qu’elle voit les gages
de
sa force et de sa cohésion civique dans cette diversité, précisément,
2038
édérale, et qu’elle voit les gages de sa force et
de
sa cohésion civique dans cette diversité, précisément, qui a fait la
2039
précisément, qui a fait la faiblesse ou la ruine
de
tant de grands États voisins. Sur l’importance vitale de ce lien poli
2040
de grands États voisins. Sur l’importance vitale
de
ce lien politique, tous les auteurs suisses sont d’accord. Citons-en
2041
on du radicalisme dans sa belle époque, président
de
la Confédération à plusieurs reprises, le Neuchâtelois Numa Droz écri
2042
outumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun
de
ses membres, une vitalité et une force de résistance tout autres que
2043
chacun de ses membres, une vitalité et une force
de
résistance tout autres que celles qu’on peut rencontrer dans un pays
2044
ntrer dans un pays centralisé. Le moindre morceau
de
la Suisse qu’un de nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’es
2045
centralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un
de
nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que
2046
s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que
de
grandes provinces habituées à recevoir leur impulsion d’une capitale
2047
des provinces habituées à recevoir leur impulsion
d’
une capitale plus ou moins éloignée. En 1940, pendant la mobilisation
2048
moins éloignée. En 1940, pendant la mobilisation
de
l’armée qu’il commandait en chef, le général Guisan, loin de déplorer
2049
fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain
de
vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler leurs montagnes
2050
ait aussi vain de vouloir unifier les Suisses que
de
tenter de niveler leurs montagnes ! Si les différences sont ineffaçab
2051
vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter
de
niveler leurs montagnes ! Si les différences sont ineffaçables, elles
2052
Sechseläuten, Bâle son Carnaval, Lucerne sa fête
de
Sempach, Glaris son anniversaire de Näfels, Vaud son 24 janvier et so
2053
cerne sa fête de Sempach, Glaris son anniversaire
de
Näfels, Vaud son 24 janvier et son 14 avril, Neuchâtel son 1er mars ;
2054
que le nôtre, peut admettre, l’esprit du régiment
de
Genève n’est cependant pas celui des régiments de Berne ou des Grison
2055
de Genève n’est cependant pas celui des régiments
de
Berne ou des Grisons, pas plus que celui des régiments zurichois ne r
2056
s sont cependant unis sous le même drapeau. Près
d’
un siècle auparavant, Gottfried Keller, le grand romancier de Zurich43
2057
auparavant, Gottfried Keller, le grand romancier
de
Zurich43, voyait déjà, dans cette même diversité la véritable « école
2058
à, dans cette même diversité la véritable « école
de
l’amitié » : Qu’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne soie
2059
u’il y ait des Zurichois et des Bernois, des gens
d’
Unterwald et de Neuchâtel, des Grisons et des Bâlois, et même deux esp
2060
Zurichois et des Bernois, des gens d’Unterwald et
de
Neuchâtel, des Grisons et des Bâlois, et même deux espèces de Bâlois
2061
, des Grisons et des Bâlois, et même deux espèces
de
Bâlois ! Qu’il y ait une histoire de l’Appenzell, et une histoire de
2062
deux espèces de Bâlois ! Qu’il y ait une histoire
de
l’Appenzell, et une histoire de Genève ! Cette variété dans l’unité —
2063
ait une histoire de l’Appenzell, et une histoire
de
Genève ! Cette variété dans l’unité — Dieu veuille nous la conserver
2064
ille nous la conserver — voilà la véritable école
de
l’amitié ! Et quand une même appartenance politique vient à s’épanoui
2065
qu’il y a de plus haut. Nous ne connaissons pas
de
meilleure description de ce que l’on peut appeler le « patriotisme su
2066
Nous ne connaissons pas de meilleure description
de
ce que l’on peut appeler le « patriotisme suisse », mêlant le sentime
2067
er le « patriotisme suisse », mêlant le sentiment
de
la nature à une espèce particulière d’enthousiasme politique, que cet
2068
sentiment de la nature à une espèce particulière
d’
enthousiasme politique, que cette page du même Gottfried Keller, narra
2069
Gottfried Keller, narrant le retour au pays natal
de
son héros Henri le Vert : Je traversai le Rhin et mis le pied sur le
2070
: Je traversai le Rhin et mis le pied sur le sol
de
mon pays au moment même où celui-ci retentissait du bruit de cette ag
2071
au moment même où celui-ci retentissait du bruit
de
cette agitation politique qui se termina par la transformation d’une
2072
on politique qui se termina par la transformation
d’
une confédération d’États vieille de cinq-cents ans, en un État fédéra
2073
termina par la transformation d’une confédération
d’
États vieille de cinq-cents ans, en un État fédératif ; développement
2074
ransformation d’une confédération d’États vieille
de
cinq-cents ans, en un État fédératif ; développement d’un organisme v
2075
q-cents ans, en un État fédératif ; développement
d’
un organisme vivant qui, par son énergie et sa diversité, faisait oubl
2076
confiai mes bagages à l’office postal et décidai
de
faire le reste de mon voyage à pied… Tout le pays reposait dans une v
2077
es à l’office postal et décidai de faire le reste
de
mon voyage à pied… Tout le pays reposait dans une vapeur bleue, où re
2078
dans une vapeur bleue, où resplendissait l’éclat
d’
argent des chaînes de montagnes, des lacs et des fleuves, et le soleil
2079
e, où resplendissait l’éclat d’argent des chaînes
de
montagnes, des lacs et des fleuves, et le soleil se jouait sur la jeu
2080
le soleil se jouait sur la jeune verdure couverte
de
rosée. Je voyais dans toute leur richesse les formes de ma patrie, pa
2081
ée. Je voyais dans toute leur richesse les formes
de
ma patrie, paisibles et horizontales dans les plaines et les eaux, es
2082
t des campagnes très peuplées. Avec l’irréflexion
de
la jeunesse et de l’enfance, je tenais la beauté du pays pour un méri
2083
ès peuplées. Avec l’irréflexion de la jeunesse et
de
l’enfance, je tenais la beauté du pays pour un mérite historique et p
2084
peuple, si j’ose dire, allant même jusqu’à faire
de
cette beauté un synonyme de liberté, et je marchais allègrement à tra
2085
nt même jusqu’à faire de cette beauté un synonyme
de
liberté, et je marchais allègrement à travers les régions catholiques
2086
eprésentais tout cela comme un grand crible plein
de
constitutions, de confessions, de partis, de souverainetés et de bour
2087
ela comme un grand crible plein de constitutions,
de
confessions, de partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à traver
2088
nd crible plein de constitutions, de confessions,
de
partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait
2089
lein de constitutions, de confessions, de partis,
de
souverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisé
2090
s, de confessions, de partis, de souverainetés et
de
bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisée la majorité de dro
2091
à travers lequel devait être tamisée la majorité
de
droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer au combat en tant qu’i
2092
a majorité de droit… je fus saisi du désir exalté
de
m’armer au combat en tant qu’individu, partie et reflet de l’ensemble
2093
r au combat en tant qu’individu, partie et reflet
de
l’ensemble, et de me forger au milieu de la lutte, avec mes forces vi
2094
t qu’individu, partie et reflet de l’ensemble, et
de
me forger au milieu de la lutte, avec mes forces vives, une personnal
2095
inent l’esprit et le statut politique particulier
de
la Confédération ? Nous en nommerons trois auxquelles nous attachons
2096
hons une importance particulière : L’appartenance
de
la Suisse à trois grandes civilisations de l’Occident, et la réunion
2097
enance de la Suisse à trois grandes civilisations
de
l’Occident, et la réunion de ces trois civilisations sur notre territ
2098
randes civilisations de l’Occident, et la réunion
de
ces trois civilisations sur notre territoire. Le lien fédéral, le car
2099
erritoire. Le lien fédéral, le caractère original
de
notre démocratie fédérative. Le respect de la dignité et de la libert
2100
iginal de notre démocratie fédérative. Le respect
de
la dignité et de la liberté humaine. Là encore, il est remarquable q
2101
émocratie fédérative. Le respect de la dignité et
de
la liberté humaine. Là encore, il est remarquable que l’« appartenan
2102
à encore, il est remarquable que l’« appartenance
de
la Suisse à trois grandes civilisations » soit mentionnée précisément
2103
soit mentionnée précisément comme une des raisons
d’
être de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de n
2104
ntionnée précisément comme une des raisons d’être
de
cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas ê
2105
, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison
de
ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances comm
2106
it si bien avoir été sa raison de ne pas être, ou
de
se disloquer. Quelles sont donc les tendances communes qui ont réussi
2107
e aujourd’hui, grosso modo après 1300 ans, l’aire
de
l’allemand et celle du français44. Mais d’autre part, le Rhin marque
2108
et Français. Entre Aar et Rhin vivent 3 millions
d’
habitants ; entre Aar et Jura, 900 000. Les Alémaniques donnent aux Fr
2109
llemands. Ils sont rarement blonds, souvent noirs
de
cheveux et bruns de peau. Dans la vie courante, grands bourgeois ou p
2110
arement blonds, souvent noirs de cheveux et bruns
de
peau. Dans la vie courante, grands bourgeois ou paysans, ils parlent
2111
ain dans les écoles, à partir de 1933, en manière
de
protestation contre l’Allemagne hitlérisée. Il crée entre les citoyen
2112
’Allemagne hitlérisée. Il crée entre les citoyens
d’
un même canton une communauté très vivante, faite de nuances familière
2113
un même canton une communauté très vivante, faite
de
nuances familières, d’allusions locales, d’humour intraduisible. Néan
2114
unauté très vivante, faite de nuances familières,
d’
allusions locales, d’humour intraduisible. Néanmoins, du point de vue
2115
faite de nuances familières, d’allusions locales,
d’
humour intraduisible. Néanmoins, du point de vue culturel, la Suisse a
2116
nt de vue culturel, la Suisse alémanique n’a rien
de
« provincial » au regard de l’Allemagne, beaucoup moins centralisée q
2117
ier rang dans la poésie, le roman, la philosophie
de
l’histoire. De nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à l
2118
a poésie, le roman, la philosophie de l’histoire.
De
nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à la pensée du Bâl
2119
prêt à suivre un Führer, le Suisse particularisé
de
la manière la plus précise — de même que son pays est compartimenté —
2120
nt à l’égard des chefs politiques, des mouvements
de
masse ; l’Allemand du Nord plus ou moins slavisé, le Suisse formé par
2121
la : l’un génial, mystique, excessif, et dépourvu
de
sagesse politique ; l’autre, rationaliste, mesuré, lucide, citoyen au
2122
mesure que l’Allemagne s’unifiait sous la férule
de
la Prusse, la Suisse alémanique s’en distinguait davantage par son cl
2123
itutions. Certes, l’esprit réalisateur et moderne
de
l’industrie et du commerce allemands provoquait encore l’admiration d
2124
quait encore l’admiration des classes dirigeantes
de
Zurich et de Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut d
2125
l’admiration des classes dirigeantes de Zurich et
de
Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut divisée en deu
2126
rigeantes de Zurich et de Bâle. Pendant la guerre
de
14-18, la Suisse neutre fut divisée en deux camps, l’un proallemand à
2127
t divisée en deux camps, l’un proallemand à l’est
de
l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée de Hitler au pouvoi
2128
l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée
de
Hitler au pouvoir provoqua un renversement complet des sympathies alé
2129
l’Amérique, aujourd’hui, que regardent les hommes
d’
affaires et les industriels suisses. Quant aux milieux intellectuels,
2130
suisses. Quant aux milieux intellectuels, coupés
de
leurs bases depuis 1933, ils se sont vu devenir subitement les dernie
2131
t vu devenir subitement les derniers dépositaires
de
la culture germanique, et c’est en son nom qu’ils ont manifesté à l’é
2132
ité beaucoup plus profonde et virulente que celle
de
leurs confédérés romands. Ces derniers se distinguent de la France to
2133
s confédérés romands. Ces derniers se distinguent
de
la France tout autrement que les premiers ne se distinguent de l’Alle
2134
tout autrement que les premiers ne se distinguent
de
l’Allemagne. Il n’y a pas de dialectes romands. Le français de France
2135
rs ne se distinguent de l’Allemagne. Il n’y a pas
de
dialectes romands. Le français de France est la langue de tous les jo
2136
e. Il n’y a pas de dialectes romands. Le français
de
France est la langue de tous les jours et non pas seulement de la lit
2137
ctes romands. Le français de France est la langue
de
tous les jours et non pas seulement de la littérature ou des actes of
2138
la langue de tous les jours et non pas seulement
de
la littérature ou des actes officiels, et les expressions locales, hé
2139
s officiels, et les expressions locales, héritées
d’
anciens patois, ne sont pas plus nombreuses qu’en n’importe quelle aut
2140
ant dans l’évolution littéraire ou intellectuelle
de
la France. Sur ses quatre foyers culturels bien distincts, Genève, La
2141
estants, le quatrième catholique. Cet émiettement
d’
un groupe déjà si restreint — moins d’un million d’habitants, rappelon
2142
émiettement d’un groupe déjà si restreint — moins
d’
un million d’habitants, rappelons-le — n’a jamais permis à la Suisse r
2143
’un groupe déjà si restreint — moins d’un million
d’
habitants, rappelons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande d’être
2144
pelons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande
d’
être à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne
2145
e Romand est un Français, s’il atteint la stature
d’
un Rousseau, d’une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant, d’un Amiel45
2146
Français, s’il atteint la stature d’un Rousseau,
d’
une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, i
2147
int la stature d’un Rousseau, d’une Mme de Staël,
d’
un Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, il est un protestant,
2148
seau, d’une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant,
d’
un Amiel45 ; moralement, il est un protestant, avec tout ce que cela c
2149
est un protestant, avec tout ce que cela comporte
d’
étrangeté par rapport à la France actuelle, laïque mais pénétrée de cu
2150
apport à la France actuelle, laïque mais pénétrée
de
culture catholique46 ; politiquement, enfin, il est un Suisse. Laisso
2151
i a su dire mieux que tout autre comment on voit,
de
son pays, les Suisses romands : Membres de la famille spirituelle fr
2152
voit, de son pays, les Suisses romands : Membres
de
la famille spirituelle française, ils se flattent encore volontiers d
2153
elle française, ils se flattent encore volontiers
de
nous ressembler par une certaine vivacité de réactions, qui les disti
2154
iers de nous ressembler par une certaine vivacité
de
réactions, qui les distingue (c’est eux qui le disent) des Bernois ou
2155
lourds. Ils se vanteraient presque, à l’occasion,
de
partager certains de nos défauts, dont ils se font une élégance, étan
2156
aient presque, à l’occasion, de partager certains
de
nos défauts, dont ils se font une élégance, étant entendu que, ne les
2157
thique, sans péril aucun, ils conservent le droit
de
nous les reprocher. Ils ont raison, car au fond les différences entre
2158
semblances, et nous serions tentés, quant à nous,
de
les voir un peu — qualités et défauts — comme ils voient les Bernois.
2159
les Bernois. Par rapport à nous, je serais tenté
de
chercher la différence essentielle dans le fait que, rattachés politi
2160
nçais : leur démocratie qui n’a rien, ou presque,
de
latin, est une démocratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste
2161
cratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste
de
redouter nos conceptions politiques : ce ne sont chez eux que des min
2162
orités qui s’en réclament, encore que l’influence
de
notre voisinage soit et ait toujours été importante, mais ils finisse
2163
es et, s’ils les absorbent, c’est en les adaptant
de
telle façon qu’ils perdent le plus clair de leur nocivité, c’est-à-di
2164
ptant de telle façon qu’ils perdent le plus clair
de
leur nocivité, c’est-à-dire, en un sens, de leur vertu.47 Quant aux
2165
clair de leur nocivité, c’est-à-dire, en un sens,
de
leur vertu.47 Quant aux Tessinois, rattachés à la Confédération en
2166
r 146 000 Tessinois, mais par un nombre croissant
d’
immigrants de la Péninsule répandus dans tous les cantons suisses. L’h
2167
sinois, mais par un nombre croissant d’immigrants
de
la Péninsule répandus dans tous les cantons suisses. L’helvétisation
2168
ui ont le mieux exprimé la mission traditionnelle
de
la Confédération. Seuls, les Romanches constituent une minorité parfa
2169
langue celto-romane, qu’on ne peut rapprocher que
de
l’ancien provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse est donc cl
2170
e de l’ancien provençal. ⁂ La vocation européenne
de
la Suisse est donc clairement inscrite dans son « appartenance à troi
2171
son « appartenance à trois grandes civilisations
de
l’Occident » et dans leur réunion sur un même territoire. Le Message
2172
un même territoire. Le Message du Conseil fédéral
de
1938 l’exprime avec une force et une lucidité qui font de ce texte l’
2173
l’exprime avec une force et une lucidité qui font
de
ce texte l’un des documents majeurs de la pensée fédéraliste. Citons
2174
é qui font de ce texte l’un des documents majeurs
de
la pensée fédéraliste. Citons encore une de ses pages, qui formule en
2175
jeurs de la pensée fédéraliste. Citons encore une
de
ses pages, qui formule en un raccourci saisissant les principes direc
2176
un raccourci saisissant les principes directeurs
de
l’histoire suisse et la mission internationale qui en découle : Les
2177
fait providentiel a marqué le sens et la mission
de
notre État fédéral. Du Gothard jaillissent le Rhin, le Rhône et le Te
2178
t le Rhin, le Rhône et le Tessin, les trois cours
d’
eau qui nous relient aux territoires culturels les plus importants dan
2179
res culturels les plus importants dans l’histoire
de
l’Occident. Le Gothard divise et unit à la fois ces trois territoires
2180
s territoires. Ce serait une entreprise vaine que
de
vouloir séparer la culture de notre pays de celles auxquelles nous so
2181
ntreprise vaine que de vouloir séparer la culture
de
notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est ch
2182
e que de vouloir séparer la culture de notre pays
de
celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changeant et acc
2183
on le Tessinois Giuseppe Zoppi, le Tessin remplit
d’
autant mieux sa mission suisse qu’il maintient plus purs ses liens spi
2184
s spirituels avec ce qui fait la grandeur durable
de
la culture italienne ; un raisonnement analogue est vrai aussi pour l
2185
alémaniques. Précisément parce que nous refusons
d’
admettre la théorie selon laquelle la race déterminerait l’État et les
2186
le la race déterminerait l’État et les frontières
de
celui-ci, nous gardons la liberté et la force de rester conscients de
2187
de celui-ci, nous gardons la liberté et la force
de
rester conscients de nos affinités avec les trois cultures allemande,
2188
rdons la liberté et la force de rester conscients
de
nos affinités avec les trois cultures allemande, française et italien
2189
et italienne. L’idée suisse n’est pas un produit
de
la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre de l’esprit. C’est
2190
sse n’est pas un produit de la race, c’est-à-dire
de
la chair, mais une œuvre de l’esprit. C’est un fait admirable, qu’aut
2191
la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre
de
l’esprit. C’est un fait admirable, qu’autour du Gothard, montagne qui
2192
issance et devenir une réalité politique : l’idée
d’
une communauté spirituelle des peuples et des cultures occidentales. C
2193
es. Cette idée, qui exprime le sens et la mission
de
notre État fédératif, n’est au fond pas autre chose que la victoire,
2194
tre chose que la victoire, sur le plan politique,
de
la pensée sur la matière, de l’esprit sur la chair. Prendre conscienc
2195
r le plan politique, de la pensée sur la matière,
de
l’esprit sur la chair. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et
2196
ère, de l’esprit sur la chair. Prendre conscience
de
ce qu’il y a de beau et de grand dans notre conception politique, c’e
2197
sur la chair. Prendre conscience de ce qu’il y a
de
beau et de grand dans notre conception politique, c’est déjà un éléme
2198
ir. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et
de
grand dans notre conception politique, c’est déjà un élément essentie
2199
eption politique, c’est déjà un élément essentiel
de
notre défense spirituelle. L’origine permanente de la neutralité sui
2200
notre défense spirituelle. L’origine permanente
de
la neutralité suisse est clairement désignée dans cette page. Comment
2201
ux luttes qui opposent ces cultures dans le reste
de
l’Europe ? Il serait aussitôt dissocié. Il a su vaincre dans son sein
2202
si longtemps déchaînés autour de lui : la volonté
d’
hégémonie, tantôt latine et tantôt germanique. Quelles que soient les
2203
ation commettrait un suicide en épousant la cause
de
l’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de
2204
ttrait un suicide en épousant la cause de l’un ou
de
l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de les unir. E
2205
re, puisque son être et sa formule sont justement
de
les unir. Et ce qui est vrai pour les cultures nationales, dans toute
2206
rincipe politique permanent au cours de la guerre
de
Trente Ans. Mais il faut remonter plus haut encore, pour découvrir la
2207
core, pour découvrir la justification primordiale
de
cette attitude. Il faut remonter à l’origine précise de la première a
2208
te attitude. Il faut remonter à l’origine précise
de
la première alliance fédérale : le Gothard, « montagne qui sépare et
2209
nt « immédiats à l’Empire », et donc indépendants
de
leurs puissants voisins : condition nécessaire de leur mission europé
2210
de leurs puissants voisins : condition nécessaire
de
leur mission européenne. En effet, cette mission ne pouvait être acco
2211
ême qu’une grand-garde, en toute armée, a l’ordre
de
ne se laisser détourner sous aucun prétexte de sa vigilance, et donc
2212
re de ne se laisser détourner sous aucun prétexte
de
sa vigilance, et donc de ne point participer aux actions qui viendrai
2213
rner sous aucun prétexte de sa vigilance, et donc
de
ne point participer aux actions qui viendraient à se dérouler dans so
2214
médiat : elle doit se réserver pour l’éventualité
d’
une attaque sur le point qu’elle protège. Cette mission de grand-garde
2215
taque sur le point qu’elle protège. Cette mission
de
grand-garde au cœur même de l’Europe — d’abord physique, puis symboli
2216
rotège. Cette mission de grand-garde au cœur même
de
l’Europe — d’abord physique, puis symbolique — est antérieure, soulig
2217
’abord la mission impériale, ensuite l’obligation
de
préserver l’alliance. La neutralité affirmée lors de la paix de Westp
2218
’alliance. La neutralité affirmée lors de la paix
de
Westphalie, en 1648, n’est pas absolument la même que celle qui résul
2219
ependant une conséquence pratique. Et les traités
de
1815, qui le confirment, synthétisent ces deux motifs, lorsqu’ils rec
2220
s, lorsqu’ils reconnaissent que « l’inviolabilité
de
la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans
2221
l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance
de
toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politiq
2222
influence étrangère, sont dans les vrais intérêts
de
la politique de l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Sui
2223
ère, sont dans les vrais intérêts de la politique
de
l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Suisse à trois gran
2224
ue de l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance
de
la Suisse à trois grandes civilisations » devient la raison même de s
2225
is grandes civilisations » devient la raison même
de
son « indépendance de toute influence étrangère ». On voit maintenan
2226
ns » devient la raison même de son « indépendance
de
toute influence étrangère ». On voit maintenant comment la neutralit
2227
sse ; et comment elle exprime à la fois la raison
d’
être du pays et l’équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre es
2228
uilibre est renouvelé, la neutralité suisse prend
de
nouveaux aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités de Paris et
2229
ralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités
de
Westphalie en 1648, traités de Paris et de Vienne en 1815, déclaratio
2230
aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités
de
Paris et de Vienne en 1815, déclaration de Londres en 1920, lors de l
2231
raités de Westphalie en 1648, traités de Paris et
de
Vienne en 1815, déclaration de Londres en 1920, lors de l’entrée de l
2232
raités de Paris et de Vienne en 1815, déclaration
de
Londres en 1920, lors de l’entrée de la Suisse dans la Société des Na
2233
déclaration de Londres en 1920, lors de l’entrée
de
la Suisse dans la Société des Nations.) Et l’on comprend enfin pour q
2234
géohistoriques, elle se distingue essentiellement
de
toute autre neutralité pratiquée dans le reste de l’Europe. Elle deme
2235
de toute autre neutralité pratiquée dans le reste
de
l’Europe. Elle demeure une institution unique en son genre. Et il n’e
2236
tée » par aucun autre État isolé. Il n’est permis
d’
imaginer son extension qu’à l’ensemble du continent. Seule, une fédéra
2237
la neutralité suisse : grand-garde montée autour
d’
un principe universel, et sauvegarde d’une alliance entre des éléments
2238
tée autour d’un principe universel, et sauvegarde
d’
une alliance entre des éléments essentiellement divers, qu’une prise d
2239
des éléments essentiellement divers, qu’une prise
de
parti belliqueuse ne manquerait pas de disloquer. Cette perspective n
2240
’une prise de parti belliqueuse ne manquerait pas
de
disloquer. Cette perspective n’est pas absente de l’esprit des gouver
2241
de disloquer. Cette perspective n’est pas absente
de
l’esprit des gouvernants suisses, comme en font foi les lignes suivan
2242
es étrangères suisse : Il n’est pas sans intérêt
de
relever qu’aujourd’hui se manifestent en Europe deux tendances grâce
2243
ve son salut dans une neutralité qui lui permette
de
se tenir à l’écart des conflits qui pourraient opposer des puissances
2244
intérêts essentiels sont ailleurs et, qui sait ?
de
prévenir entre elles une guerre qui n’est pas inévitable ; et dans un
2245
émonie, donnerait à notre continent la conscience
de
son unité et lui ouvrirait la perspective de se relever de ses ruines
2246
ence de son unité et lui ouvrirait la perspective
de
se relever de ses ruines par un effort commun, reprenant au point où
2247
ité et lui ouvrirait la perspective de se relever
de
ses ruines par un effort commun, reprenant au point où il a été inter
2248
au point où il a été interrompu, le développement
de
la civilisation qui a fait sa grandeur.48 ⁂ Dans la communauté des
2249
ur.48 ⁂ Dans la communauté des nations, le rôle
de
la Suisse est donc de maintenir conjointement les deux principes de n
2250
unauté des nations, le rôle de la Suisse est donc
de
maintenir conjointement les deux principes de neutralité et de solida
2251
onc de maintenir conjointement les deux principes
de
neutralité et de solidarité, que l’évolution générale, depuis un sièc
2252
conjointement les deux principes de neutralité et
de
solidarité, que l’évolution générale, depuis un siècle et demi, tenda
2253
al illustre l’interdépendance. Certes, la volonté
de
se maintenir à l’écart des conflits armés, fussent-ils nationalistes
2254
s motifs allégués, a souvent fait taxer la Suisse
d’
égoïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en b
2255
légués, a souvent fait taxer la Suisse d’égoïsme,
d’
isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en bénéficiant
2256
t taxer la Suisse d’égoïsme, d’isolationnisme, et
de
propension à juger de haut, tout en bénéficiant des victoires sur les
2257
oïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger
de
haut, tout en bénéficiant des victoires sur les tyrans, dont d’autres
2258
ys firent les frais. C’est oublier que la volonté
de
neutralité s’accorde en Suisse avec une obligation à la fois constitu
2259
elle et internationale. Au total, il s’agit moins
d’
un choix que d’une nécessité, et d’une fidélité contractuelle. De plus
2260
tionale. Au total, il s’agit moins d’un choix que
d’
une nécessité, et d’une fidélité contractuelle. De plus, à ces reproch
2261
l s’agit moins d’un choix que d’une nécessité, et
d’
une fidélité contractuelle. De plus, à ces reproches d’ordre moral, la
2262
fidélité contractuelle. De plus, à ces reproches
d’
ordre moral, la Suisse a répondu en actes, mieux qu’en paroles. Durant
2263
accueilli sur son petit territoire des centaines
de
milliers de réfugiés, de soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvé
2264
ur son petit territoire des centaines de milliers
de
réfugiés, de soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvés par les bo
2265
territoire des centaines de milliers de réfugiés,
de
soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvés par les bombardements o
2266
nes de milliers de réfugiés, de soldats refoulés,
d’
enfants des pays éprouvés par les bombardements ou la famine. En 1945,
2267
l’œuvre du « Don suisse » en faveur des victimes
de
la guerre ou « Aide à l’Europe » s’est vue dotée de 100 millions de f
2268
la guerre ou « Aide à l’Europe » s’est vue dotée
de
100 millions de francs par les Chambres fédérales49, soit 1 % du reve
2269
Aide à l’Europe » s’est vue dotée de 100 millions
de
francs par les Chambres fédérales49, soit 1 % du revenu national, à q
2270
dans la population ou souscrits par les cantons.
De
1939 à 1947, l’Agence des prisonniers de guerre, installée à Genève p
2271
cantons. De 1939 à 1947, l’Agence des prisonniers
de
guerre, installée à Genève par les soins du Comité international de l
2272
ée à Genève par les soins du Comité international
de
la Croix-Rouge, et qui a compté jusqu’à 3400 collaborateurs, en grand
2273
sonniers et à leurs familles près de 120 millions
de
messages. En même temps, le CICR entretenait 31 délégations permanent
2274
t s’employant à y faire respecter les conventions
de
la Croix-Rouge. Il est significatif que cette dernière œuvre fondée p
2275
ry Dunant en 1863, ait adopté pour pavillon celui
de
la Suisse, en intervertissant simplement ses couleurs. On sait que le
2276
ses couleurs. On sait que le Comité international
de
la Croix-Rouge, qui siège à Genève, est constitué uniquement par des
2277
rnières guerres, procède en grande partie du fait
de
l’impartialité que lui assure sa composition. Un autre témoignage de
2278
ue lui assure sa composition. Un autre témoignage
de
l’interdépendance de la neutralité suisse et de la solidarité europée
2279
osition. Un autre témoignage de l’interdépendance
de
la neutralité suisse et de la solidarité européenne, se révèle dans l
2280
e de l’interdépendance de la neutralité suisse et
de
la solidarité européenne, se révèle dans le choix de la Suisse comme
2281
la solidarité européenne, se révèle dans le choix
de
la Suisse comme siège d’un très grand nombre d’institutions internati
2282
se révèle dans le choix de la Suisse comme siège
d’
un très grand nombre d’institutions internationales. La première en da
2283
x de la Suisse comme siège d’un très grand nombre
d’
institutions internationales. La première en date fut la Croix-Rouge,
2284
rnationaux par chemin de fer, et les deux Bureaux
de
la propriété intellectuelle. Le climat de neutralité semblait à cette
2285
Bureaux de la propriété intellectuelle. Le climat
de
neutralité semblait à cette époque (de 1864 à 1918) offrir des garant
2286
Le climat de neutralité semblait à cette époque (
de
1864 à 1918) offrir des garanties d’indépendance à ces organismes nai
2287
ette époque (de 1864 à 1918) offrir des garanties
d’
indépendance à ces organismes naissants. En 1919, Genève fut choisie c
2288
aissants. En 1919, Genève fut choisie comme siège
de
la Société des Nations et du Bureau international du travail. Ainsi,
2289
vaient mérité du pape Jules II le titre perpétuel
de
« défenseurs du Saint-Siège », de même que les villes de Calvin, de Z
2290
fenseurs du Saint-Siège », de même que les villes
de
Calvin, de Zwingli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la
2291
Saint-Siège », de même que les villes de Calvin,
de
Zwingli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme »,
2292
, de même que les villes de Calvin, de Zwingli et
d’
Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme », de même que l
2293
ngli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles
de
la Réforme », de même que le Conseil œcuménique des Églises allait s’
2294
itique universel, au sein duquel elle bénéficiait
d’
un statut spécial, dans la suite de sa tradition d’« immédiateté impér
2295
le bénéficiait d’un statut spécial, dans la suite
de
sa tradition d’« immédiateté impériale ». Pendant la guerre de 1939-1
2296
’un statut spécial, dans la suite de sa tradition
d’
« immédiateté impériale ». Pendant la guerre de 1939-1945, le gouverne
2297
on d’« immédiateté impériale ». Pendant la guerre
de
1939-1945, le gouvernement suisse accepta de défendre les intérêts de
2298
erre de 1939-1945, le gouvernement suisse accepta
de
défendre les intérêts de 43 États belligérants sur le territoire de l
2299
vernement suisse accepta de défendre les intérêts
de
43 États belligérants sur le territoire de leurs ennemis, et fut obli
2300
térêts de 43 États belligérants sur le territoire
de
leurs ennemis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte de minist
2301
sur le territoire de leurs ennemis, et fut obligé
de
créer à cette fin une sorte de ministère annexe en marge de son Dépar
2302
mis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte
de
ministère annexe en marge de son Département politique. Des millions
2303
marge de son Département politique. Des millions
d’
hommes se trouvaient ainsi dépendre de la protection helvétique. Au le
2304
es millions d’hommes se trouvaient ainsi dépendre
de
la protection helvétique. Au lendemain de la guerre, le Palais des Na
2305
épendre de la protection helvétique. Au lendemain
de
la guerre, le Palais des Nations restant vide, par suite de la dissol
2306
Nations restant vide, par suite de la dissolution
de
la SDN, fut racheté par les Nations unies qui en ont fait le siège de
2307
té par les Nations unies qui en ont fait le siège
de
leur Office européen. L’Organisation mondiale de la santé, et l’Offic
2308
de leur Office européen. L’Organisation mondiale
de
la santé, et l’Office international des réfugiés y ont été adjoints.
2309
ises en Suisse, et ce nombre s’accroît rapidement
d’
année en année. ⁂ Tous ces faits démontrent qu’en Suisse — prototype d
2310
ous ces faits démontrent qu’en Suisse — prototype
d’
une fédération d’États autonomes et librement associés — neutralité et
2311
ontrent qu’en Suisse — prototype d’une fédération
d’
États autonomes et librement associés — neutralité et collaboration in
2312
plus, un petit pays neutre offre aux entreprises
d’
union des peuples un climat politique particulièrement favorable ; à t
2313
tout le moins, il les soustrait aux pressions que
de
grandes puissances risqueraient d’exercer sur elles, en les hébergean
2314
pressions que de grandes puissances risqueraient
d’
exercer sur elles, en les hébergeant. Mais la participation de la Suis
2315
r elles, en les hébergeant. Mais la participation
de
la Suisse aux entreprises même qu’elle accueille, pose un problème bi
2316
rent. Dès le xvie siècle en fait, et dès la paix
de
Westphalie en droit, la Confédération s’était retirée des grandes lut
2317
itiques européennes. Neutralité devenait synonyme
d’
abstention ou de passivité. Pendant tout le xixe siècle, tandis que s
2318
nes. Neutralité devenait synonyme d’abstention ou
de
passivité. Pendant tout le xixe siècle, tandis que se formait et se
2319
l’État fédératif moderne, la politique étrangère
de
la Suisse fut non seulement neutre, mais quasi inexistante. La direct
2320
ment politique revenait chaque année au président
de
la Confédération et prenait ainsi, quelque peu, le caractère d’une ch
2321
ation et prenait ainsi, quelque peu, le caractère
d’
une charge honorifique. La diplomatie se voyait réduite à sa plus simp
2322
ons en tout. Mais le xxe siècle devait provoquer
de
profonds changements dans l’attitude de la Suisse en ce domaine. Le n
2323
provoquer de profonds changements dans l’attitude
de
la Suisse en ce domaine. Le nombre des légations suisses est actuelle
2324
Le nombre des légations suisses est actuellement
de
55. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point de capitale propre
2325
légations suisses est actuellement de 55. (Point
d’
ambassades, de même qu’il n’y a point de capitale proprement dite, et
2326
5. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point
de
capitale proprement dite, et que les généraux sont appelés colonels :
2327
Enfin, la doctrine régnante est aujourd’hui celle
de
la « neutralité active », c’est-à-dire de la politique de présence su
2328
i celle de la « neutralité active », c’est-à-dire
de
la politique de présence sur la scène internationale. Le principe de
2329
neutralité active », c’est-à-dire de la politique
de
présence sur la scène internationale. Le principe de cette présence n
2330
présence sur la scène internationale. Le principe
de
cette présence n’étant plus discuté, reste à déterminer sa nature et
2331
r sa nature et ses limites, dans le cadre général
de
la neutralité. Deux facteurs psychologiques importants tendent à entr
2332
es importants tendent à entraver la participation
de
la Suisse en tant qu’État aux conseils internationaux. C’est tout d’a
2333
ionaux. Rien ne s’oppose, dans la Constitution, à
de
tels déplacements, que la vie politique du xxe siècle rend par aille
2334
nraciné dans la psychologie helvétique, se double
d’
un aspect beaucoup plus sage : une méfiance, raisonnée cette fois-ci,
2335
raisonnée cette fois-ci, à l’égard des tentatives
d’
union ou de fédérations jugées prématurées ou peu sincères. Lorsque la
2336
ette fois-ci, à l’égard des tentatives d’union ou
de
fédérations jugées prématurées ou peu sincères. Lorsque la Suisse fut
2337
ciété des Nations, elle se préoccupa tout d’abord
de
faire reconnaître que sa neutralité perpétuelle et son inviolabilité
2338
iolabilité étaient compatibles avec les principes
de
la Ligue nouvelle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’être
2339
rincipes de la Ligue nouvelle. Par la Déclaration
de
Londres, elle obtint d’être dispensée de toute participation aux sanc
2340
velle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint
d’
être dispensée de toute participation aux sanctions militaires, et ce
2341
laration de Londres, elle obtint d’être dispensée
de
toute participation aux sanctions militaires, et ce n’est que sur la
2342
sanctions militaires, et ce n’est que sur la base
de
ce statut de « neutralité différentielle » que le Conseil fédéral put
2343
itaires, et ce n’est que sur la base de ce statut
de
« neutralité différentielle » que le Conseil fédéral put recommander
2344
fédéral put recommander au peuple la ratification
de
l’entrée dans la SDN. Celle-ci ne fut cependant acquise que par 415 0
2345
gue, la Suisse fut la première à signer la clause
d’
arbitrage obligatoire, mais elle refusa de souscrire à aucune des gara
2346
clause d’arbitrage obligatoire, mais elle refusa
de
souscrire à aucune des garanties territoriales que le Pacte stipulait
2347
des vainqueurs, de même qu’elle refusa plus tard
de
participer aux sanctions économiques contre tel ou tel État. En 1938,
2348
tel ou tel État. En 1938, elle reprit son statut
de
neutralité absolue. L’échec de la Société des Nations vint justifier,
2349
reprit son statut de neutralité absolue. L’échec
de
la Société des Nations vint justifier, l’année suivante, cette pruden
2350
candaleuse à bien des esprits. Cette même volonté
de
se réserver pour certaines tâches précises et réalisables, et de ne p
2351
pour certaines tâches précises et réalisables, et
de
ne point sacrifier le principe vital de la neutralité, même à des ent
2352
ables, et de ne point sacrifier le principe vital
de
la neutralité, même à des entreprises dont la paix est le but, mais d
2353
ies. Elle est entrée dans toutes les institutions
d’
ordre culturel, juridique, humanitaire, ou même économique dépendant d
2354
idique, humanitaire, ou même économique dépendant
de
l’ONU (telles que l’Unesco, l’OMS, l’OIR, le BIT) et dans la Cour de
2355
e l’Unesco, l’OMS, l’OIR, le BIT) et dans la Cour
de
La Haye. Mais il demeure plus que probable que la population rejetter
2356
en vertu d’une longue expérience, les conditions
d’
une véritable fédération, et qu’ils doutent que celles-ci se trouvent
2357
ent que celles-ci se trouvent réunies dans le cas
de
l’ONU. L’hégémonie des « Grands », le droit de veto, le maintien jalo
2358
as de l’ONU. L’hégémonie des « Grands », le droit
de
veto, le maintien jaloux des souverainetés nationales illimitées, les
2359
s souverainetés nationales illimitées, les luttes
de
puissances et de groupes de puissances dans l’impuissance générale, t
2360
ationales illimitées, les luttes de puissances et
de
groupes de puissances dans l’impuissance générale, tout tend à confir
2361
llimitées, les luttes de puissances et de groupes
de
puissances dans l’impuissance générale, tout tend à confirmer, aux ye
2362
ure n’est pas encore venue de sacrifier la raison
d’
être de leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapte
2363
st pas encore venue de sacrifier la raison d’être
de
leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à l’é
2364
acrifier la raison d’être de leur État, au profit
d’
une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à l’échelle mondiale les prin
2365
État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin
d’
adapter à l’échelle mondiale les principes formateurs de la Confédérat
2366
ter à l’échelle mondiale les principes formateurs
de
la Confédération, semble les renier ou les ignorer en fait comme en d
2367
raison, nous n’avons pas à en juger ici, l’échec
de
la SDN, dont ils furent les témoins les plus proches, induit la major
2368
ajorité des Suisses à persister dans une position
d’
attente. « Chat échaudé craint même l’eau froide. » Cependant, le Cons
2369
endant, le Conseil fédéral saisit chaque occasion
de
collaborer dans des secteurs strictement limités, après s’être assuré
2370
uerres totales, nous l’ignorons. Mais le maintien
d’
un principe n’est pas vain. Un problème analogue, mais plus brûlant en
2371
alogue, mais plus brûlant encore, ne manquera pas
de
se poser à la Suisse au cours des années qui viennent, dans le plan p
2372
années qui viennent, dans le plan plus restreint
de
l’Europe. La constitution d’un Conseil de l’Europe et d’une Assemblée
2373
plan plus restreint de l’Europe. La constitution
d’
un Conseil de l’Europe et d’une Assemblée consultative ne peut laisser
2374
rope. La constitution d’un Conseil de l’Europe et
d’
une Assemblée consultative ne peut laisser indifférents les « gardiens
2375
Gothard » et les dépositaires du prototype réduit
de
l’Europe fédérée. Mais sous quelle forme peuvent-ils s’y associer ? I
2376
forme peuvent-ils s’y associer ? Ici, la position
de
la Suisse devient au plus haut point paradoxale. Car, d’une part, on
2377
d’une part, on l’offre en exemple aux fédérateurs
de
l’Europe ; elle a déjà réalisé leur idéal ; mais, d’autre part, c’est
2378
s, d’autre part, c’est elle qui manifeste le plus
de
scepticisme et de réticences lorsqu’on lui propose les plans d’une fé
2379
’est elle qui manifeste le plus de scepticisme et
de
réticences lorsqu’on lui propose les plans d’une fédération de dimens
2380
et de réticences lorsqu’on lui propose les plans
d’
une fédération de dimensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’
2381
lorsqu’on lui propose les plans d’une fédération
de
dimensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’est qu’apparent.
2382
ne conception possible et pratiquement réalisable
de
l’Europe, enfin réconciliée avec elle-même. Mais cette Suisse-là, pré
2383
e qu’elle pourra sacrifier sans danger son statut
d’
exception exemplaire. En renonçant aujourd’hui à sa neutralité pour se
2384
utralité pour se joindre aux alliances militaires
d’
un Pacte à six ou d’un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission de
2385
ndre aux alliances militaires d’un Pacte à six ou
d’
un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission de gardienne d’une trad
2386
d’un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission
de
gardienne d’une tradition féconde et pacifique. Elle reculerait, sans
2387
tlantique, elle trahirait sa mission de gardienne
d’
une tradition féconde et pacifique. Elle reculerait, sans profit pour
2388
éloigner du but commun, au lieu de le signaler et
de
montrer par le fait qu’il est bel et bien accessible. On invoque la s
2389
cher à un pays qui refuse la guerre par principe,
de
ne pas faire sa part dans l’œuvre de la paix ? Certes, sa vocation la
2390
ar principe, de ne pas faire sa part dans l’œuvre
de
la paix ? Certes, sa vocation la plus certaine ne saurait s’accomplir
2391
us certaine ne saurait s’accomplir qu’à l’échelle
de
l’Europe : alors la Suisse s’évanouirait pour ainsi dire dans le succ
2392
isse s’évanouirait pour ainsi dire dans le succès
de
son idée. Mais elle compromettrait cette idée même, aux yeux de l’Eur
2393
de l’Europe et du monde, en cessant avant l’heure
de
se montrer fidèle à ses obligations précises. En ce milieu du xxe si
2394
tte pour préserver au cœur du continent une image
de
l’avenir européen, même lorsqu’elle croit défendre simplement ses int
2395
lus que toute autre au monde entier par la nature
de
son économie et la pluralité de ses cultures, mais sans cesse menacée
2396
ier par la nature de son économie et la pluralité
de
ses cultures, mais sans cesse menacée d’asphyxie par les entraves que
2397
luralité de ses cultures, mais sans cesse menacée
d’
asphyxie par les entraves que mettent ses voisins aux échanges matérie
2398
à l’équilibre pacifique, et qu’elle ne serve pas
de
paravent à des luttes de puissances ou de blocs. Alors seulement la S
2399
et qu’elle ne serve pas de paravent à des luttes
de
puissances ou de blocs. Alors seulement la Suisse pourra, sans renier
2400
rve pas de paravent à des luttes de puissances ou
de
blocs. Alors seulement la Suisse pourra, sans renier sa vocation prof
2401
aux luttes politiques qui marquèrent l’avènement
de
l’État fédéral en 1848. Nietzsche le cite comme un des trois ou quatr
2402
rine, et au nord-ouest jusqu’à la Birse. La ligne
de
démarcation est jalonnée par Delémont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45.
2403
e exception pour Fribourg, qui se tient à l’écart
de
la vie culturelle des cités protestantes, et se rattache plus étroite
2404
8, p. 176. 49. En 1941, l’UNRRA ne disposait pas
d’
un montant supérieur, pour un total de 44 pays des Nations unies.
2405
sposait pas d’un montant supérieur, pour un total
de
44 pays des Nations unies.