1 1953, La Confédération helvétique. Introduction (par Lucien Febvre)
1 Introduction (par Lucien Febvre) Révélation de la Suisse : j’intitulerais volontiers ainsi, pour ma part, le beau tr
2 s volontiers ainsi, pour ma part, le beau travail de M. Denis de Rougemont. Que de choses, et précieuses à savoir, il appr
3 rt, le beau travail de M. Denis de Rougemont. Que de choses, et précieuses à savoir, il apprendra à la masse international
4 nève à Villeneuve, admiré le bleu étonnant du lac de Thoune, contemplé d’Interlaken la Jungfrau et peut-être suivi, à la l
5 miré le bleu étonnant du lac de Thoune, contemplé d’ Interlaken la Jungfrau et peut-être suivi, à la lunette, la marche aud
6 la marche audacieuse et prudente sur les glaciers d’ une caravane d’encordés — à la question : « Vous connaissez la Suisse 
7 ieuse et prudente sur les glaciers d’une caravane d’ encordés — à la question : « Vous connaissez la Suisse ? » — peuvent r
8 onscience : « Bien sûr ! » D’autant que, ce genre de connaissance se fait plus rare aujourd’hui qu’autrefois, au temps de
9 qu’autrefois, au temps de ma jeunesse. La monnaie de ce pays alpestre ayant décidé une bonne fois de ne plus descendre dan
10 e de ce pays alpestre ayant décidé une bonne fois de ne plus descendre dans les plaines basses où croupissent (avec d’autr
11 aucoup de pèlerins possibles, obligés par « faute d’ argent » de compter sérieusement ; or, parmi ces ignorants involontair
12 èlerins possibles, obligés par « faute d’argent » de compter sérieusement ; or, parmi ces ignorants involontaires des terr
13 des terres et des lacs suisses, figurent beaucoup d’ hommes capables, en se promenant, d’observer, de réfléchir et de compa
14 rent beaucoup d’hommes capables, en se promenant, d’ observer, de réfléchir et de comparer. Et quant aux vieilles gens qui,
15 p d’hommes capables, en se promenant, d’observer, de réfléchir et de comparer. Et quant aux vieilles gens qui, comme moi,
16 les, en se promenant, d’observer, de réfléchir et de comparer. Et quant aux vieilles gens qui, comme moi, pour des raisons
17 ux vieilles gens qui, comme moi, pour des raisons de résidence, ont été de bonne heure attirés vers la Suisse — il y a fro
18 s’initier, au cours de séjours répétés, à la vie d’ un de ces beaux vals qui n’ont point eu que Jean-Jacques pour dévots ;
19 itier, au cours de séjours répétés, à la vie d’un de ces beaux vals qui n’ont point eu que Jean-Jacques pour dévots ; quan
20 ues pour dévots ; quant à tous ceux qui ont gardé de ces fréquentations assez d’impression pour ne jamais saluer sans tend
21 us ceux qui ont gardé de ces fréquentations assez d’ impression pour ne jamais saluer sans tendresse, du haut de la grande
22 ion pour ne jamais saluer sans tendresse, du haut de la grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sc
23 saluer sans tendresse, du haut de la grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sculpté par « leur »
24 tendresse, du haut de la grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sculpté par « leur » Gustave Cour
25 grande allée de tilleuls de Meudon, le buste fier de l’Helvétie sculpté par « leur » Gustave Courbet, en reconnaissance de
26 é par « leur » Gustave Courbet, en reconnaissance de l’hospitalité qu’après la Commune il reçut à la Tour de Peilz — ceux-
27 ospitalité qu’après la Commune il reçut à la Tour de Peilz — ceux-là mêmes regrettent de ne pouvoir assez rafraîchir leurs
28 çut à la Tour de Peilz — ceux-là mêmes regrettent de ne pouvoir assez rafraîchir leurs souvenirs anciens ; ils s’étonnent
29 n Italie leur fait entrevoir, à travers une glace de wagon-restaurant, un Valais de plus en plus industrialisé juchant sur
30 isé juchant sur le sommet des plus petites mottes de cailloutis glaciaire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords d’
31 tites mottes de cailloutis glaciaire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords d’un Léman si envahi d’hôtels qu’ils no
32 tes de cailloutis glaciaire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords d’un Léman si envahi d’hôtels qu’ils noient sans
33 ire une douzaine de pieds de vigne — ou les bords d’ un Léman si envahi d’hôtels qu’ils noient sans remords sous un entasse
34 ieds de vigne — ou les bords d’un Léman si envahi d’ hôtels qu’ils noient sans remords sous un entassement de constructions
35 ls qu’ils noient sans remords sous un entassement de constructions disparates de petites villes comme Vevey, cette vignero
36 s sous un entassement de constructions disparates de petites villes comme Vevey, cette vigneronne du lac — hier encore si
37 e des États, ce petit pays qui ne compte pas plus d’ habitants, en tout, que le « Grand Paris » à lui seul : mais il joue c
38 le chose qu’il me laisse à regretter) que l’Essai de Denis de Rougemont demeure trop constamment abstrait. Les paysages so
39 bstrait. Les paysages sont, eux aussi, des agents de l’histoire. Il semble que les Suisses aient pudeur d’en parler. Compa
40 ’histoire. Il semble que les Suisses aient pudeur d’ en parler. Compartiments, oui. Et qui, souvent, assez malgracieusement
41 s aux pays rhétiques. Mais qui ne voit l’histoire de la Suisse que d’en bas, du creux, du fond même du compartiment, la vo
42 ues. Mais qui ne voit l’histoire de la Suisse que d’ en bas, du creux, du fond même du compartiment, la voit mal. Car les b
43 es bergers de bonne heure sont montés sur l’Alpe. D’ où se voit, d’où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de
44 bonne heure sont montés sur l’Alpe. D’où se voit, d’ où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de glaciers. Un m
45 . D’où se voit, d’où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gr
46 voit, d’où se découvre un monde immense de pics, de sommets, de glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gré du sole
47 se découvre un monde immense de pics, de sommets, de glaciers. Un mont tout blanc ou tout rose, au gré du soleil, mais don
48 plus simples gens. Un monde immaculé qu’on ignore d’ en bas ; mais si les gens de telle vallée close se sont de bonne heure
49 immaculé qu’on ignore d’en bas ; mais si les gens de telle vallée close se sont de bonne heure unis, de proche en proche,
50 e telle vallée close se sont de bonne heure unis, de proche en proche, aux gens de cette autre vallée — s’il s’est formé p
51 e bonne heure unis, de proche en proche, aux gens de cette autre vallée — s’il s’est formé peu à peu un agrégat de compart
52 re vallée — s’il s’est formé peu à peu un agrégat de compartiments clos qui s’est nommé la Suisse — c’est que les gens d’e
53 os qui s’est nommé la Suisse — c’est que les gens d’ en bas étaient montés en haut. Pour le pâturage, pour la chasse, mais
54 pour la chasse, mais aussi pour le simple plaisir de monter. Et qu’arrivés au but, ils ont goûté l’ivresse des sommets, li
55 que l’homme puise dans la nature, repu leurs yeux de merveilleux horizons, purs, libres et tangibles, dès qu’on dépasse le
56 ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si
57 e nous, cette Suisse : je veux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si différente ce
58 Suisse : je veux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si différente cependant de to
59 ux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche, de l’Allemagne rhénane — et si différente cependant de tout ce que nous
60 l’Allemagne rhénane — et si différente cependant de tout ce que nous sommes les uns et les autres. Si vraiment originale
61 iment originale en tout ; et d’abord, en son mode de formation. La Suisse, c’est la boule de neige. Trois petits cantons q
62 son mode de formation. La Suisse, c’est la boule de neige. Trois petits cantons qui se donnent la main. Et puis, une osci
63 a boule reprend son équilibre, elle s’est grossie de Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’est cette fois, et c’est Gla
64 is, c’est Saint-Gall, qui restent collés au flanc de la masse compacte. Quelques mouvements de bascule encore, et voilà fi
65 u flanc de la masse compacte. Quelques mouvements de bascule encore, et voilà finalement agglomérés les treize cantons. Qu
66 omérés les treize cantons. Qui n’ont pas à élever de monuments au « Rassembleur de la Terre helvétique », il n’en existe p
67 n’ont pas à élever de monuments au « Rassembleur de la Terre helvétique », il n’en existe pas. Mais ils doivent un culte
68 la main dans la main, scellèrent le pacte initial de loyauté. Une des plus belles œuvres de l’homme par là même, cette con
69 te initial de loyauté. Une des plus belles œuvres de l’homme par là même, cette confédération. Cherchez, d’instinct, la « 
70 homme par là même, cette confédération. Cherchez, d’ instinct, la « famille royale » qui « fit la Suisse ». Vous ne trouver
71 qui « fit la Suisse ». Vous ne trouverez même pas de familles qui en aient « fait » les cantons. Mais l’esprit ? Liberté,
72 é, démocratie : rien à ajouter aux fines analyses de l’instinctive, de la naturelle réaction de l’homme qui se sent défié
73 en à ajouter aux fines analyses de l’instinctive, de la naturelle réaction de l’homme qui se sent défié — même pas, écrasé
74 alyses de l’instinctive, de la naturelle réaction de l’homme qui se sent défié — même pas, écrasé en silence, et méprisé p
75 et méprisé par les colosses blancs qu’il ne cesse de voir se profiler à son horizon : « Non, vous ne m’aurez pas ; je suis
76 lles point, ces puissances héroïques qui naissent de la nature ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’être et d
77 e ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’ être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les gran
78 faut-il prêter au Suisse que les façons d’être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les grandes dunes
79 d’être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les grandes dunes et n’ayant d’horizon qu’en profondeur, o
80 coupé de la mer par les grandes dunes et n’ayant d’ horizon qu’en profondeur, ou si l’on veut qu’en hauteur — dans le ciel
81 maculée des Alpes ; ce ne sont pas des inventions de littérateurs, ce sont des réalités qui nourrissent les hommes. Et qui
82 qui expliquent finalement pour partie, la genèse d’ une des plus belles œuvres de l’homme européen : la Confédération suis
83 ur partie, la genèse d’une des plus belles œuvres de l’homme européen : la Confédération suisse. ⁂ Au fond, telle qu’elle
84 lle qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’ être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des États ? Qui
85 loin d’être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des États ? Qui saurait, qui pourrait le faire ? Qui se sent
86 plus loin, le Valais ? À qui le Valais ? Au-delà de Sion il est de langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, ma
87 Valais ? À qui le Valais ? Au-delà de Sion il est de langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, mais les Valaisan
88 les 200 000 Suisses italiens ? et les 3 millions de Suisses alémaniques ? — on détruirait la Suisse ? Peut-être, mais sit
89 le lien fédéral. On va disant, avec un haussement d’ épaule : « C’est un petit pays. Un État joujou, un timbre-poste ». Non
90 a platitude ambiante et projetée dans les steppes de l’Eurasie — ce serait en effet, à leur image, un minuscule territoire
91 ur image, un minuscule territoire. 270 kilomètres de Genève à Constance. À cent à l’heure, en terrain plat, sur une bonne
92 e, en terrain plat, sur une bonne piste, 3 heures de parcours. Mais je dis bien : réduite à la platitude. Compte non tenu
93 is bien : réduite à la platitude. Compte non tenu de ces perpétuelles dénivellations qui vous transportent des 197 mètres
94 nivellations qui vous transportent des 197 mètres de Locarno aux 4638 du pic Dufour. Et il n’y a pas de platitudes que géo
95 e Locarno aux 4638 du pic Dufour. Et il n’y a pas de platitudes que géographiques. Tous les 30 à 40 kilomètres en moyenne
96 e on passe une frontière en Suisse — et on change d’ État. Ne dites pas que c’est jouer sur les mots. On change de gendarme
97 dites pas que c’est jouer sur les mots. On change de gendarmes et de policiers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d
98 est jouer sur les mots. On change de gendarmes et de policiers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d’universités sur
99 les mots. On change de gendarmes et de policiers, d’ écusson et d’étendard, de tribunaux et d’universités surtout. Il y en
100 change de gendarmes et de policiers, d’écusson et d’ étendard, de tribunaux et d’universités surtout. Il y en a sept actuel
101 ndarmes et de policiers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d’universités surtout. Il y en a sept actuellement — sep
102 liciers, d’écusson et d’étendard, de tribunaux et d’ universités surtout. Il y en a sept actuellement — sept pour ces 4 mil
103 en a sept actuellement — sept pour ces 4 millions d’ hommes dispersés sur des 40 000 kilomètres carrés de collines et de mo
104 hommes dispersés sur des 40 000 kilomètres carrés de collines et de montagnes ; sept absolument indépendantes l’une de l’a
105 s sur des 40 000 kilomètres carrés de collines et de montagnes ; sept absolument indépendantes l’une de l’autre, dépendant
106 e montagnes ; sept absolument indépendantes l’une de l’autre, dépendant uniquement des autorités d’un canton — et émouvant
107 ne de l’autre, dépendant uniquement des autorités d’ un canton — et émouvantes quand on pense à la somme de sacrifices que
108 canton — et émouvantes quand on pense à la somme de sacrifices que chacune d’elles représente, à l’effort que représente,
109 and on pense à la somme de sacrifices que chacune d’ elles représente, à l’effort que représente, pour un canton comme celu
110 effort que représente, pour un canton comme celui de Fribourg, la création et l’activité d’une université de style moderne
111 omme celui de Fribourg, la création et l’activité d’ une université de style moderne, original et assez saisissant — n’oubl
112 bourg, la création et l’activité d’une université de style moderne, original et assez saisissant — n’oublions pas que Le C
113 as que Le Corbusier est Suisse — et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire de toutes les autres, Bâle et Zurich, Ber
114 — et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire de toutes les autres, Bâle et Zurich, Berne, Lausanne, Genève… Et le peu
115 lisme universitaire, comme il tient à l’intégrité de ses langues ; il en reconnaissait trois en 1937, l’allemand, le franç
116 e réto-roman, avec ses deux branches, le romanche de la haute vallée de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De
117 ses deux branches, le romanche de la haute vallée de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De « question des lang
118 romanche de la haute vallée de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De « question des langues » dans la Confédé
119 te vallée de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De « question des langues » dans la Confédération, il n’y en a
120 de Min — et le ladin de la haute vallée de l’Inn. De « question des langues » dans la Confédération, il n’y en a point, et
121 é alémanique n’a pensé à faire disparaître, forte de ses trois millions de ressortissants, la langue française ni la langu
122 à faire disparaître, forte de ses trois millions de ressortissants, la langue française ni la langue italienne, ni même l
123 t cela empêche, ou devrait empêcher les ignorants de tous les pays de parler toujours de « la petite Suisse » avec un acce
124 u devrait empêcher les ignorants de tous les pays de parler toujours de « la petite Suisse » avec un accent de supériorité
125 les ignorants de tous les pays de parler toujours de « la petite Suisse » avec un accent de supériorité comique. Développe
126 r toujours de « la petite Suisse » avec un accent de supériorité comique. Développez et étalez sur un plan horizontal ses
127 le plus fort des États dans son absence complète de centralisation. Ne cherchez pas la preuve dans des considérations thé
128 pendant, du mérite. Faut-il ajouter un mot ? Pays de gens moyens, Denis de Rougemont ne se fait pas faute de le dire et de
129 s de Rougemont ne se fait pas faute de le dire et de le répéter. Il est vrai, les Suisses ne se font pas remarquer. À tell
130 istes. Voyez la petite Belgique ; toute une armée de détracteurs (des Français surtout, et pas des moindres, de Baudelaire
131 teurs (des Français surtout, et pas des moindres, de Baudelaire à Verlaine) s’est exercée sur elle. Avec âcreté parfois et
132 rante. Les Suisses ? Ils ne se sont même pas créé de Beulemans. Et personne n’a songé à faire d’eux des caricatures. Ils s
133 créé de Beulemans. Et personne n’a songé à faire d’ eux des caricatures. Ils se sont caricaturés eux-mêmes, au temps de Tö
134 u niais simplement. Quelques gambades et grimaces de vieil enfant. — Pays de gens moyens, oui. Mais quand ils réussissent
135 ques gambades et grimaces de vieil enfant. — Pays de gens moyens, oui. Mais quand ils réussissent à se dégager de leur can
136 ens, oui. Mais quand ils réussissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. C’e
137 ssissent à se dégager de leur canton — alors, pas de milieu, ils atteignent à l’universel. C’est ce que je disais tout à l
138 . C’est ce que je disais tout à l’heure. Au fond, de son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les ha
139 ais tout à l’heure. Au fond, de son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa pri
140 eure. Au fond, de son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il
141 de son trou, l’homme de Dissentis, de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il monte sur la
142 de Göschenen, de Viège — entre les hautes parois de sa prison. Mais s’il monte sur la montagne… Alors, cette ivresse des
143 ne… Alors, cette ivresse des sommets. L’intuition de la grandeur. Et plus d’obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle
144 des sommets. L’intuition de la grandeur. Et plus d’ obstacle devant la pensée. Le Suisse s’appelle Jean-Jacques. Il s’appe
2 1953, La Confédération helvétique. Note de l’auteur
145 Note de l’auteur Ce petit ouvrage, écrit en mars 1949, fait partie d’une sé
146 Ce petit ouvrage, écrit en mars 1949, fait partie d’ une série d’études sur les nations modernes, entreprise sous la respon
147 rage, écrit en mars 1949, fait partie d’une série d’ études sur les nations modernes, entreprise sous la responsabilité de
148 tions modernes, entreprise sous la responsabilité de la Conférence permanente des hautes études internationales, dans le c
149 tudes internationales, dans le cadre du programme de l’Unesco. L’un des buts de cette série étant de « permettre la compar
150 le cadre du programme de l’Unesco. L’un des buts de cette série étant de « permettre la comparaison entre les aspirations
151 e de l’Unesco. L’un des buts de cette série étant de « permettre la comparaison entre les aspirations et les institutions
152 scrupuleusement, estimant que l’expérience valait d’ être tentée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la
153 ée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la règle du jeu que de « faire l’écrivain » aux dépens du sujet
154 ien plus intéressant de jouer la règle du jeu que de « faire l’écrivain » aux dépens du sujet et de la manière de le trait
155 ue de « faire l’écrivain » aux dépens du sujet et de la manière de le traiter qu’on attendait : « scientifique et au moins
156 l’écrivain » aux dépens du sujet et de la manière de le traiter qu’on attendait : « scientifique et au moins objective ».
157 out particulièrement M. Charles Burky, professeur de géographie humaine à l’Université de Genève, pour les suggestions et
158 , professeur de géographie humaine à l’Université de Genève, pour les suggestions et critiques dont il m’a fait bénéficier
159 m’a fait bénéficier. Les professeurs A. Simonius, de Bâle, et Paul Mantoux, de Genève, ont également relu mon manuscrit au
160 rofesseurs A. Simonius, de Bâle, et Paul Mantoux, de Genève, ont également relu mon manuscrit au nom de la Conférence des
161 la Conférence des hautes études. Je suis heureux d’ avoir pu tenir compte de leurs très compétentes observations. D. R. S
162 s études. Je suis heureux d’avoir pu tenir compte de leurs très compétentes observations. D. R. Septembre 1953
3 1953, La Confédération helvétique. Chapitre I. Le peuple et son histoire
163 peuple et son histoire L’image conventionnelle de la Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre de Victor Hugo :
164 Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre de Victor Hugo : Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. Mais il
165 ais il se trouve que le même poète, dans un accès de prophétisme, a pu écrire : La Suisse, dans l’Histoire, aura le derni
166 l’Histoire, aura le dernier mot. Entre l’idylle de carte postale et la vision millénariste, nous allons essayer de décou
167 le et la vision millénariste, nous allons essayer de découvrir la Suisse réelle. Disons tout de suite qu’une telle réalité
168 s et faits, ni dans la seule idée que le peuple a de lui-même. Elle n’est au vrai ni physique ni morale. Elle consiste plu
169 homme. En d’autres termes, elle est la résultante d’ une géographie et d’une histoire. Géographiquement, la Suisse ne forme
170 ermes, elle est la résultante d’une géographie et d’ une histoire. Géographiquement, la Suisse ne forme pas une unité visib
171 emier coup d’œil sur la carte, comme c’est le cas de la France, de l’Italie ou de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un e
172 il sur la carte, comme c’est le cas de la France, de l’Italie ou de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace d’un seu
173 , comme c’est le cas de la France, de l’Italie ou de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace d’un seul tenant, nette
174 de la Suède. Elle n’apparaît pas comme un espace d’ un seul tenant, nettement délimité par les accidents naturels, mais pl
175 les accidents naturels, mais plutôt comme un nœud de chaînes montagneuses d’où quatre fleuves s’écoulent vers les quatre p
176 mais plutôt comme un nœud de chaînes montagneuses d’ où quatre fleuves s’écoulent vers les quatre points cardinaux, creusan
177 les quatre points cardinaux, creusant des vallées de dimensions très inégales. Vers le nord, l’Allemagne et l’Atlantique s
178 viendra le Pô. Vers l’est et l’Autriche, les eaux de l’Inn, qui par le Danube iront à la mer Noire. Entre le Jura et les A
179 ent au sud-ouest le lac Léman, au nord-est le lac de Constance. Le bassin latin du Rhône consiste en une longue vallée, le
180 pour l’Autriche. Il est remarquable que le degré d’ importance géographique de ces bassins corresponde au degré d’importan
181 emarquable que le degré d’importance géographique de ces bassins corresponde au degré d’importance linguistique et culture
182 géographique de ces bassins corresponde au degré d’ importance linguistique et culturelle qu’ont en Suisse la civilisation
183 rançaise, l’italienne et l’autrichienne. Le lieu d’ où sortent (à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre) le Rhône, le
184 utrichienne. Le lieu d’où sortent (à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le
185 eu d’où sortent (à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le nom de massif du Go
186 tre) le Rhône, le Tessin et le Rhin, porte le nom de massif du Gothard. (L’Inn prend sa source à 80 km plus à l’est.) Le G
187 ause du rôle historique qu’il a joué aux origines de la Suisse, et du rôle stratégique qu’il conserve de nos jours. C’est
188 la Suisse, et du rôle stratégique qu’il conserve de nos jours. C’est autour du massif du Gothard, singulier accident géog
189 départ. ⁂ Les manuels scolaires donnent pour date de naissance à la Confédération helvétique le 1er août 1291. Ce jour-là
190 peuples ou « communes » forestières (Waldstätten) d’ Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce
191 ou « communes » forestières (Waldstätten) d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce qu’aim
192 s » forestières (Waldstätten) d’Uri, de Schwyz et d’ Unterwald. Ce Pacte n’est à aucun degré, malgré ce qu’aimaient à suggé
193 guration des documents qui marquèrent l’avènement de la démocratie moderne. Plutôt qu’une déclaration des droits de l’homm
194 C’est chose honnête et profitable au bien public, de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit
195 en public, de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de l
196 de consolider les traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’
197 quillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de c
198 t donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’ Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la val
199 ous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’U
200 ommes de la vallée d’Uri, la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, con
201 , la commune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des t
202 mune de la vallée de Schwyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’Unterwald, considérant la malice des temps et
203 wyz et la commune de ceux de la vallée inférieure d’ Unterwald, considérant la malice des temps et afin de se défendre et m
204 mps et afin de se défendre et maintenir avec plus d’ efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellemen
205 endre et maintenir avec plus d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs for
206 us d’efficace, ont pris de bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces, secours et bons offic
207 bonne foi l’engagement de s’assister mutuellement de toutes leurs forces, secours et bons offices, tant au-dedans qu’au-de
208 ors du pays, envers et contre quiconque tenterait de leur faire violence, de les inquiéter ou molester en leurs personnes
209 ontre quiconque tenterait de leur faire violence, de les inquiéter ou molester en leurs personnes et en leurs biens. Et, à
210 vénement, chacune des diverses communautés promet de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais
211 ses communautés promet de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais contre les entreprises de
212 utés promet de venir à son aide en cas de besoin, de la défendre à ses propres frais contre les entreprises de ses ennemis
213 fendre à ses propres frais contre les entreprises de ses ennemis, et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni
214 s frais contre les entreprises de ses ennemis, et de venger sa querelle, prêtant un serment sans dol ni fraude, et renouve
215 dre à son seigneur. Et nous statuons et ordonnons d’ un accord unanime que nous ne reconnaîtrons dans les susdites vallées
216 é sa charge ou qui ne serait indigène ou habitant de ces contrées. Si quelque discorde venait à s’émouvoir entre les confé
217 . (Suivent des clauses relatives à la protection de la propriété, à la peine de mort contre les assassins, au bannissemen
218 tives à la protection de la propriété, à la peine de mort contre les assassins, au bannissement de leurs receleurs, et à l
219 ine de mort contre les assassins, au bannissement de leurs receleurs, et à l’exercice de la justice en commun.) En cas d
220 bannissement de leurs receleurs, et à l’exercice de la justice en commun.) En cas de guerre ou de discorde entre conféd
221 t à l’exercice de la justice en commun.) En cas de guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refus
222 e de la justice en commun.) En cas de guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refuse à recevoir
223 position, les confédérés devront prendre la cause de l’autre partie. Tout ce que dessus, statué pour l’utilité commune, de
224 nt, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité. En foi de quoi le présent acte a été dressé, à la requête des prénommés, et mun
225 s. Fait en l’an du Seigneur 1291, au commencement d’ août. « Devant, s’il plaît à Dieu, durer à perpétuité. » Cette clause
226 ause a joué un rôle capital dans le développement de la Confédération. Il n’en est pas de plus fréquemment citée dans les
227 rits politiques suisses. C’est en effet la clause de la foi jurée. Or une fédération, comme l’indique l’étymologie (fœdus)
228 entre égaux sous la foi du serment. Le contraire d’ un pouvoir établi par la force, le contraire de l’impérialisme d’un ho
229 re d’un pouvoir établi par la force, le contraire de l’impérialisme d’un homme, d’un groupe ou d’une nation. La Suisse ne
230 abli par la force, le contraire de l’impérialisme d’ un homme, d’un groupe ou d’une nation. La Suisse ne subsiste que par l
231 force, le contraire de l’impérialisme d’un homme, d’ un groupe ou d’une nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité d
232 aire de l’impérialisme d’un homme, d’un groupe ou d’ une nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité de ses cantons à
233 nation. La Suisse ne subsiste que par la fidélité de ses cantons à une alliance indiscutée, donc sans terme prévu. C’est p
234 e, donc sans terme prévu. C’est pourquoi le Pacte de 1291 est resté le document sacré par excellence de la Confédération.
235 e 1291 est resté le document sacré par excellence de la Confédération. Une abondante imagerie populaire perpétue jusqu’à n
236 jours dans les foyers suisses et dans les salles d’ école, le souvenir de trois députés des cantons fondateurs de la Confé
237 s suisses et dans les salles d’école, le souvenir de trois députés des cantons fondateurs de la Confédération, croisant le
238 souvenir de trois députés des cantons fondateurs de la Confédération, croisant leur main gauche tandis qu’ils lèvent la d
239 orique qui n’enlève rien à la grandeur symbolique de l’acte, mais qui explique les conditions de fait et le jeu d’intérêts
240 lique de l’acte, mais qui explique les conditions de fait et le jeu d’intérêts qui le rendirent possible. L’Europe du xiii
241 ais qui explique les conditions de fait et le jeu d’ intérêts qui le rendirent possible. L’Europe du xiiie siècle était la
242 ossible. L’Europe du xiiie siècle était la proie de la lutte entre les guelfes et les gibelins. Le Saint-Empire romain de
243 s guelfes et les gibelins. Le Saint-Empire romain de nation germanique se voyait au surplus menacé par le mouvement libert
244 e dernière, dont les châteaux s’élevaient au nord de la Suisse actuelle, ne cessait d’agrandir ses domaines dans la direct
245 evaient au nord de la Suisse actuelle, ne cessait d’ agrandir ses domaines dans la direction du Gothard. Uri, Schwyz et Unt
246 mmunes forestières » qui occupaient les approches de ce col, avaient tout à redouter d’une telle emprise1. Les Habsbourg a
247 les approches de ce col, avaient tout à redouter d’ une telle emprise1. Les Habsbourg ayant pris le parti du pape, les « W
248 du pape, les « Waldstätten » cherchèrent l’appui de l’empereur. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt de les sou
249 ui de l’empereur. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt de les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’être
250 r. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt de les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’être ouvert, au déb
251 e les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’ être ouvert, au début du siècle. Il allait jouer un rôle déterminant d
252 llait jouer un rôle déterminant dans la formation de la Suisse. Soulignons le fait que cette route, construite au seul end
253 chaînes — reliait d’un seul coup les deux moitiés de l’Empire, le Nord et le Sud. Il était vital pour l’empereur de garder
254 le Nord et le Sud. Il était vital pour l’empereur de garder libre ce passage, et de le protéger contre les grands vassaux
255 al pour l’empereur de garder libre ce passage, et de le protéger contre les grands vassaux qui convoitaient de s’en assure
256 otéger contre les grands vassaux qui convoitaient de s’en assurer le contrôle. Aussi transforma-t-il le pays d’Uri en avou
257 ssurer le contrôle. Aussi transforma-t-il le pays d’ Uri en avouerie impériale (1231) tandis que son fils Henri accordait à
258 opératives (Markgenossenschaften) devinrent alors de petits États libres, possédant un statut comparable à celui des ville
259 possédant un statut comparable à celui des villes d’ Empire. Les premières libertés des Suisses sont donc nées d’une missio
260 Les premières libertés des Suisses sont donc nées d’ une mission spéciale, celle de garder le Col libre pour tout l’Empire.
261 sses sont donc nées d’une mission spéciale, celle de garder le Col libre pour tout l’Empire. La vocation constante de la S
262 l libre pour tout l’Empire. La vocation constante de la Suisse, son statut d’exception au cœur du continent, la nécessité
263 e. La vocation constante de la Suisse, son statut d’ exception au cœur du continent, la nécessité conjointe de sa force arm
264 tion au cœur du continent, la nécessité conjointe de sa force armée et de sa neutralité « dans l’intérêt de l’Europe entiè
265 nent, la nécessité conjointe de sa force armée et de sa neutralité « dans l’intérêt de l’Europe entière », tout cela paraî
266 force armée et de sa neutralité « dans l’intérêt de l’Europe entière », tout cela paraît en germe dès les premiers traité
267 ätten coïncidait, par ailleurs, avec les intérêts de l’Empire. La population de la vallée d’Uri était très dense pour l’ép
268 urs, avec les intérêts de l’Empire. La population de la vallée d’Uri était très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouv
269 intérêts de l’Empire. La population de la vallée d’ Uri était très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouver des débouc
270 er des débouchés favorables face le Nord, le pays de Lucerne pratiquant une économie très semblable à la sienne. Vers le s
271 i des clercs. Ceux-ci mettaient les hommes libres de Schwyz et d’Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des A
272 Ceux-ci mettaient les hommes libres de Schwyz et d’ Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes, et leur
273 t les hommes libres de Schwyz et d’Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes, et leur apportaient les
274 e Schwyz et d’Uri au courant de ce qui se passait de l’autre côté des Alpes, et leur apportaient les modèles des alliances
275 s par les communes lombardes. La dernière en date de ces alliances jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la
276 ière en date de ces alliances jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fu
277 jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fut aussi la seule qui réussit
278 le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fut aussi la seule qui réussit à subsister
279 Cette réussite unique s’explique par un concours de circonstances complexes, comme on vient de le voir. Le fait géographi
280 . Le fait géographique du Gothard, le fait social de l’existence des coopératives forestières, le fait économique des écha
281 entre le Nord et le Sud, enfin le fait politique de la menace féodale, tels sont les facteurs principaux qui contribuèren
282 ristalliser et à maintenir, en cet endroit précis de l’Europe, des institutions conformes à l’esprit du vaste mouvement de
283 es. C’est ainsi que le meilleur historien moderne de la Suisse peut écrire : La naissance de la Confédération et sa défen
284 moderne de la Suisse peut écrire : La naissance de la Confédération et sa défense victorieuse constituent dans les annal
285 en Âge un cas exceptionnel, et celles des paysans de l’Europe occidentale renferment peu de faits aussi surprenants. La sc
286 rique suisse aura toujours pour tâche essentielle de rendre cet événement intelligible. La Confédération suisse est le seu
287 munale au Moyen Âge ; elle représente le résultat d’ une révolution générale qui a été vaincue partout ailleurs : de tous l
288 ion générale qui a été vaincue partout ailleurs : de tous les combats livrés par les paysans de l’Europe occidentale en fa
289 eurs : de tous les combats livrés par les paysans de l’Europe occidentale en faveur de la liberté, celui-là seul a abouti
290 la suite reçut un enrichissement décisif du fait de l’accession d’éléments citadins2. Toute l’histoire suisse, à partir
291 un enrichissement décisif du fait de l’accession d’ éléments citadins2. Toute l’histoire suisse, à partir de ce temps, il
292 conditions physiques exceptionnelles, la passion de l’autonomie, et le service de la communauté continentale. Ce sera la
293 nnelles, la passion de l’autonomie, et le service de la communauté continentale. Ce sera la perpétuelle interaction de l’i
294 continentale. Ce sera la perpétuelle interaction de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’E
295 la perpétuelle interaction de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de
296 action de l’intérêt local et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de l’Europe entière don
297 al et de l’intérêt commun, de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de l’Europe entière dont il faut protéger le c
298 de la petite patrie et de l’Empire, c’est-à-dire de l’Europe entière dont il faut protéger le cœur, pendant que ses membr
299 rent. Les premiers Suisses ne décidèrent donc pas de créer un État ou un régime nouveau. Ils s’adaptèrent aux circonstance
300 la fois conforme à leurs goûts et au bien commun de l’Europe. De même, ce fut toujours d’une manière réaliste et strictem
301 bien commun de l’Europe. De même, ce fut toujours d’ une manière réaliste et strictement utilitaire qu’ils élargirent leur
302 girent leur alliance primitive. Les trois groupes de communes d’Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécess
303 alliance primitive. Les trois groupes de communes d’ Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécessité d’englob
304 s d’Uri, Schwyz et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécessité d’englober dans leur pacte la ville de Lucerne. Celle-ci
305 et Unterwald s’aperçurent d’abord de la nécessité d’ englober dans leur pacte la ville de Lucerne. Celle-ci commandait en e
306 la nécessité d’englober dans leur pacte la ville de Lucerne. Celle-ci commandait en effet les débouchés nord et ouest du
307 débouchés nord et ouest du Gothard, et disposait d’ une force armée apte à tenir en respect les seigneurs voisins. Ainsi f
308 rs voisins. Ainsi fut constitué un noyau primitif de quatre cantons. Il ne tarda guère à s’allier avec la ville impériale
309 ne tarda guère à s’allier avec la ville impériale de Zurich, et à conquérir les vallées de Glaris et de Zoug, puis à concl
310 e impériale de Zurich, et à conquérir les vallées de Glaris et de Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville de Berne, q
311 e Zurich, et à conquérir les vallées de Glaris et de Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville de Berne, qui de son côt
312 t de Zoug, puis à conclure un pacte avec la ville de Berne, qui de son côté venait de nouer des liens avec Zurich, et alla
313 s à conclure un pacte avec la ville de Berne, qui de son côté venait de nouer des liens avec Zurich, et allait bientôt sou
314 avec Zurich, et allait bientôt soumettre le pays de Vaud et les plateaux de l’Argovie — berceau des Habsbourg — dont elle
315 bientôt soumettre le pays de Vaud et les plateaux de l’Argovie — berceau des Habsbourg — dont elle fit des bailliages. À l
316 rs des xive et xve siècles trois autres réseaux d’ alliances ayant pour centre l’un le pays d’Appenzell au nord-est, le s
317 éseaux d’alliances ayant pour centre l’un le pays d’ Appenzell au nord-est, le second Berne et une partie de l’actuelle Sui
318 enzell au nord-est, le second Berne et une partie de l’actuelle Suisse romande à l’ouest, le troisième les Grisons, au sud
319 sud-est. Vers 1500, la Confédération se composait de treize cantons souverains, flanqués de nombreux alliés, villes libres
320 composait de treize cantons souverains, flanqués de nombreux alliés, villes libres, abbayes, vallées et pays sujets. La t
321 ntrée officielle des cités romandes et du Tessin ( de langue italienne) portèrent le nombre des États fédérés à 22, en 1815
322 se trouvaient appartenir à deux ou trois réseaux d’ alliances, lesquelles n’étaient pas toujours réciproques dans toutes l
323 proques dans toutes leurs obligations — comme si, de nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assi
324 ux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’ assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression. Le fa
325 d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression. Le fait qu’il convient de souligner, c’est que ce mode
326 eulement de non-agression. Le fait qu’il convient de souligner, c’est que ce mode pluraliste de fédération, purement empir
327 nvient de souligner, c’est que ce mode pluraliste de fédération, purement empirique et non rationnel, assurait à chaque vi
328 tuations exceptionnelles, augmentait le sentiment de liberté de chaque membre et pourtant assurait la cohésion de l’ensemb
329 ceptionnelles, augmentait le sentiment de liberté de chaque membre et pourtant assurait la cohésion de l’ensemble, lorsque
330 de chaque membre et pourtant assurait la cohésion de l’ensemble, lorsque celle-ci se révélait nécessaire, en temps de guer
331 lorsque celle-ci se révélait nécessaire, en temps de guerre. En réalité, ce sont les cantons suisses qui ont créé et prati
332 ns suisses qui ont créé et pratiqué les premiers, d’ une manière qui n’a plus été égalée depuis lors, la politique de l’ass
333 qui n’a plus été égalée depuis lors, la politique de l’assistance mutuelle et de la sécurité collective. Le principal et
334 is lors, la politique de l’assistance mutuelle et de la sécurité collective. Le principal et le premier chapitre de toute
335 collective. Le principal et le premier chapitre de toutes les alliances et ligues — écrit un chroniqueur du xvie siècle
336 attaquer à tort. Après que l’on a établi l’équité de la cause et l’outrage reçu, le canton intéressé peut requérir les Con
337 le canton intéressé peut requérir les Confédérés de le secourir. Cependant… chaque canton n’est pas allié à tous les autr
338 outefois, si un canton requiert un ou deux alliés de le venir secourir, tous les cantons s’assemblent, les premiers appelé
339 oses, ils envoient leurs ambassades à la chapelle de l’ermitage d’un lieu nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens
340 ient leurs ambassades à la chapelle de l’ermitage d’ un lieu nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens d’apaiser les
341 nommé Kienholtz. Ils avisent ensemble aux moyens d’ apaiser les différends à l’amiable, ou selon le droit ; ou si cela ne
342 nt que ceux qui sont appelés au secours n’useront d’ aucune fraude et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront de tout l
343 ecours n’useront d’aucune fraude et tromperie, ni d’ excuse vaine, mais aideront de tout leur pouvoir. Et comme il pourrait
344 de et tromperie, ni d’excuse vaine, mais aideront de tout leur pouvoir. Et comme il pourrait arriver qu’un canton soit ass
345 et par conséquent le canton n’aurait aucun moyen de demander secours par lettres ni par ambassades, ils ont pourvu à cela
346 exprès qu’en un tel cas, et lorsqu’il sera besoin d’ avoir prompt secours, tous les cantons confédérés aideront de toutes l
347 mpt secours, tous les cantons confédérés aideront de toutes leurs forces, comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui
348 à leurs dépens, sans aucun gage. Seule l’alliance de Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention d’une solde, assavoi
349 Berne avec Uri, Schwyz et Unterwald fait mention d’ une solde, assavoir d’un sou par jour à chaque homme de pied. Ce qui
350 z et Unterwald fait mention d’une solde, assavoir d’ un sou par jour à chaque homme de pied. Ce qui frappe le plus un mode
351 solde, assavoir d’un sou par jour à chaque homme de pied. Ce qui frappe le plus un moderne, dans l’histoire de l’ancienn
352 Ce qui frappe le plus un moderne, dans l’histoire de l’ancienne Confédération, c’est la force de l’esprit communautaire qu
353 toire de l’ancienne Confédération, c’est la force de l’esprit communautaire qui seul put permettre à ce système, aussi peu
354 e à ce système, aussi peu légaliste que possible, de fonctionner et de durer. La nature même d’un pays à la fois pauvre et
355 ssi peu légaliste que possible, de fonctionner et de durer. La nature même d’un pays à la fois pauvre et compartimenté con
356 sible, de fonctionner et de durer. La nature même d’ un pays à la fois pauvre et compartimenté contraignait les paysans du
357 é contraignait les paysans du centre à un travail d’ équipes, à l’entraide mutuelle. La mission politique qui leur fut conf
358 r liberté impériale ne fit qu’accentuer ce besoin de solidarité : il fallait se grouper pour se défendre contre l’extérieu
359 endre contre l’extérieur. Mais à l’intérieur même de la fédération, l’esprit communautaire se traduisit par deux traits bi
360 égard des « grands hommes ». On croit volontiers, de nos jours, qu’une fédération ne peut se constituer que sous l’égide d
361 fédération ne peut se constituer que sous l’égide d’ une puissance organisatrice. L’exemple du Commonwealth britannique peu
362 t venir à l’appui de cette thèse ; mais l’exemple de la Confédération la réfute, et du point de vue fédéraliste il nous pa
363 nt dans la lutte constante contre toute tentative d’ hégémonie, qu’elle vînt d’une ville plus riche que les campagnes, ou d
364 contre toute tentative d’hégémonie, qu’elle vînt d’ une ville plus riche que les campagnes, ou d’un groupe de cantons aux
365 vînt d’une ville plus riche que les campagnes, ou d’ un groupe de cantons aux intérêts communs. Toutes les fois qu’un ou pl
366 ille plus riche que les campagnes, ou d’un groupe de cantons aux intérêts communs. Toutes les fois qu’un ou plusieurs des
367 s. Toutes les fois qu’un ou plusieurs des membres de la fédération crurent le moment venu d’accaparer le pouvoir et d’impo
368 s membres de la fédération crurent le moment venu d’ accaparer le pouvoir et d’imposer leur politique particulière, ils tro
369 crurent le moment venu d’accaparer le pouvoir et d’ imposer leur politique particulière, ils trouvèrent ligués contre eux,
370 les autres membres, — et chaque fois le résultat de la lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied d’égalité réelle 
371 fois le résultat de la lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied d’égalité réelle : les petits cantons recevant de
372 lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied d’ égalité réelle : les petits cantons recevant des avantages de droit qu
373 éelle : les petits cantons recevant des avantages de droit qui compensaient les avantages de fait des plus grands. Dans le
374 avantages de droit qui compensaient les avantages de fait des plus grands. Dans le plan social, ce refus instinctif de tou
375 grands. Dans le plan social, ce refus instinctif de toute hégémonie devait se traduire, dès les premiers temps, par une s
376 e traduire, dès les premiers temps, par une sorte d’ égalitarisme très particulier, qui a marqué et marque encore profondém
377 sses. Il ne s’agissait nullement, à cette époque, d’ établir une égalité juridique et théorique entre tous les citoyens, co
378 pas assez leur supériorité, prenaient des allures de Führer et menaçaient d’entraîner le pays dans des aventures. Cette mé
379 té, prenaient des allures de Führer et menaçaient d’ entraîner le pays dans des aventures. Cette méfiance était en somme l’
380 s. Cette méfiance était en somme l’aspect négatif d’ une conscience diffuse de la mission spéciale de la Ligue, mission qui
381 n somme l’aspect négatif d’une conscience diffuse de la mission spéciale de la Ligue, mission qui lui interdisait toute vi
382 f d’une conscience diffuse de la mission spéciale de la Ligue, mission qui lui interdisait toute visée impérialiste ou dic
383 at, le second assassiné. Il y avait quelque chose de sain et d’authentiquement démocratique dans cette réaction instinctiv
384 nd assassiné. Il y avait quelque chose de sain et d’ authentiquement démocratique dans cette réaction instinctive des citoy
385 lication la plus favorable que l’on puisse donner de certains traits déplaisants du caractère des Suisses modernes : car i
386 tal qu’au cours des âges, et à mesure que le sens de la mission spéciale de la Confédération s’atténuait, cet égalitarisme
387 s, et à mesure que le sens de la mission spéciale de la Confédération s’atténuait, cet égalitarisme, autrefois vital, dégé
388 à-vis des hommes « trop » entreprenants, en manie de tout faire rentrer dans le rang. Nous allons voir que cet état d’espr
389 fuir la sourde et quasi inconsciente persécution de l’opinion publique. Mais revenons à la chronique des faits. Du xiiie
390 e des faits. Du xiiie au xve siècle, l’histoire de la Suisse se confond avec la lutte des cantons contre les Habsbourg.
391 à la couronne, elle perd du terrain dans son pays d’ origine. Une série de victoires suisses, plus étonnantes les unes que
392 erd du terrain dans son pays d’origine. Une série de victoires suisses, plus étonnantes les unes que les autres, marque ce
393 s que les autres, marque cette période. Au combat de Morgarten par exemple, en 1315, 600 Suisses exterminent une « Panzer
394 , 600 Suisses exterminent une « Panzer division » de 11 000 chevaliers lourdement armés. On a découvert récemment que l’ar
395 récemment que l’armée des Habsbourg se composait de seigneurs venus de presque tous les pays d’Europe. Le fait s’explique
396 osait de seigneurs venus de presque tous les pays d’ Europe. Le fait s’explique par la rumeur qui courait sur les communes
397 sation républicaine, antiféodale, certains traits d’ anticléricalisme, une volonté presque insolente d’indépendance, avaien
398 d’anticléricalisme, une volonté presque insolente d’ indépendance, avaient fait du nom de « Suisse » un synonyme d’esprit s
399 que insolente d’indépendance, avaient fait du nom de « Suisse » un synonyme d’esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ai
400 ce, avaient fait du nom de « Suisse » un synonyme d’ esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ainsi que l’empereur Maximil
401 nom de « Suisse » un synonyme d’esprit subversif, de mauvaise tête. C’est ainsi que l’empereur Maximilien d’Autriche quali
402 i que l’empereur Maximilien d’Autriche qualifiait de « Schwyzer » tous ses sujets rebelles, fussent-ils Croates ou Tchèque
403 tte « période héroïque » culmine dans les guerres de Bourgogne, au cours desquelles les Suisses battirent et tuèrent le du
404 Autriche n’avaient pu venir à bout, faisant ainsi de leur ligue fédérale la première puissance militaire de l’Europe. Les
405 ur ligue fédérale la première puissance militaire de l’Europe. Les Suisses passèrent les Alpes, envahirent la Lombardie, p
406 hin, envahirent la Souabe et battirent les armées de l’empereur. « Svizzeri, armatissimi et liberissimi ! » s’écriait avec
407 berissimi ! » s’écriait avec une admiration mêlée de crainte, Machiavel. La France, l’Italie, l’Allemagne du Sud, s’ouvrai
408 e. Allaient-ils faillir à leur mission ? La garde de l’Europe allait-elle faire un coup d’État et, trahissant l’Empire, de
409  ? La garde de l’Europe allait-elle faire un coup d’ État et, trahissant l’Empire, devenir impérialiste pour son compte ? L
410 on compte ? Le demi-siècle qui sépare les guerres de Bourgogne de la Réformation vit la plus grave crise de la Confédérati
411 urgogne de la Réformation vit la plus grave crise de la Confédération, en même temps que sa plus grande gloire. Quelques i
412 isent les trois actes du drame où se joua le sort de la Suisse moderne. Soldat, puis juge, puis retiré sur sa terre qu’il
413 tout d’abord comme le type idéal du paysan libre de la Suisse centrale, de bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur
414 type idéal du paysan libre de la Suisse centrale, de bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur la terre, et très pieu
415 aysan libre de la Suisse centrale, de bon sens et de bon conseil, les deux pieds sur la terre, et très pieux. Mais une sec
416 . Mais une secrète inquiétude religieuse ne cesse de le tourmenter. À cinquante ans, des visions répétées le persuadent en
417 nte ans, des visions répétées le persuadent enfin de céder à sa vocation de solitude. À une heure de chez lui dans la mont
418 pétées le persuadent enfin de céder à sa vocation de solitude. À une heure de chez lui dans la montagne, il se bâtit un er
419 n de céder à sa vocation de solitude. À une heure de chez lui dans la montagne, il se bâtit un ermitage, et il y passera v
420 là. Les pèlerins se succèdent auprès de « l’homme de Dieu », bientôt suivis par les envoyés des princes, des rois, du pape
421 enu si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser à lui avant de négocier un traité. Cependant, ses mises en
422 , ses mises en garde répétées contre la tentation de la gloire militaire n’empêchent pas les Confédérés de se jeter dans l
423 a gloire militaire n’empêchent pas les Confédérés de se jeter dans les guerres de Bourgogne, et toutes les prédictions du
424 t pas les Confédérés de se jeter dans les guerres de Bourgogne, et toutes les prédictions du saint se réalisent : victoire
425 du saint se réalisent : victoire, pillage, flots d’ or et disputes sanglantes au sujet du partage. La guerre civile entre
426 adins et les cantons campagnards est sur le point d’ éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé de Nicolas rassemble la
427 t d’éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé de Nicolas rassemble la Diète — qui vient de se dissoudre — et lui trans
428 dissoudre — et lui transmet un mystérieux message de l’ermite. Nul n’en a rapporté le contenu, mais les actes de la Diète
429 e. Nul n’en a rapporté le contenu, mais les actes de la Diète proclament que « le pieux homme, Frère Claus » vient de sauv
430 sera désormais interdite aux cantons, les villes de Soleure et Fribourg sont reçues dans les Ligues, et les liens fédérau
431 prince de l’Église que fut Mathieu Schiner. Fils de paysans valaisans, s’élevant avec ténacité et astuce lentement jusqu’
432 mpérialiste contre laquelle Nicolas n’avait cessé de mettre en garde les cantons. Son rêve était de constituer au centre d
433 sé de mettre en garde les cantons. Son rêve était de constituer au centre du continent un grand État qui eût englobé la Bo
434 reprise. Mais son succès même eût signifié la fin de la Confédération. Car un État puissant, centré sur le Gothard, eût ét
435 péenne. Afin d’y faire face, il eût été contraint de se donner un pouvoir fort et unifié. Or, depuis deux siècles, la Conf
436 stitution écrite que les Pactes. Sa Diète, formée de délégués des gouvernements cantonaux, se réunissait selon l’urgence d
437 dans une ville ou une autre, et ne possédait pas de pouvoirs nettement définis. C’était tout ce système souple, organique
438 rit même du fédéralisme helvétique que l’ambition de Schiner mettait en péril. Il eut d’abord de grands succès, en conduis
439 ition de Schiner mettait en péril. Il eut d’abord de grands succès, en conduisant les troupes suisses en Italie au cours d
440 plusieurs expéditions foudroyantes. À la bataille de Novare (1509), le roi François Ier fut complètement battu. Mais à Mar
441 Marignan, en 1515, les Suisses furent contraints de quitter le terrain après deux jours d’une bataille géante pour l’époq
442 contraints de quitter le terrain après deux jours d’ une bataille géante pour l’époque. Leur retraite, lente et solennelle
443 tout en luttant pied à pied — fut le dernier fait d’ armes de l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant de Marignan
444 luttant pied à pied — fut le dernier fait d’armes de l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant de Marignan marque l
445 l’ancienne Confédération. Le crépuscule sanglant de Marignan marque la fin du rêve héroïque de Schiner. Mais cet échec mi
446 nglant de Marignan marque la fin du rêve héroïque de Schiner. Mais cet échec militaire n’eût pas suffi à lui seul à ramene
447 ener les Suisses dans leurs limites. Un phénomène d’ un tout autre ordre allait les y contraindre, de l’intérieur : la  Réf
448 e d’un tout autre ordre allait les y contraindre, de l’intérieur : la  Réformation. Les historiens modernes accusent parfo
449 Les historiens modernes accusent parfois Zwingli d’ avoir brisé l’essor de la Confédération, son élan vers la mer et l’ave
450 es accusent parfois Zwingli d’avoir brisé l’essor de la Confédération, son élan vers la mer et l’aventure. En vérité, Zwin
451 éforme ont sauvé la Suisse en la ramenant au sens de sa mission exceptionnelle. Zwingli avait grandi dans le désordre de c
452 ptionnelle. Zwingli avait grandi dans le désordre de cette période de guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieu
453 li avait grandi dans le désordre de cette période de guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait
454 ndi dans le désordre de cette période de guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait vu de près l
455 cette période de guerres, de corruption générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait vu de près les effets, comme aumônie
456 générale, de fièvres ambitieuses. Il en avait vu de près les effets, comme aumônier dans les campagnes d’Italie. C’était
457 rès les effets, comme aumônier dans les campagnes d’ Italie. C’était un humaniste, un esprit plus rationaliste que mystique
458 iste que mystique, et un homme d’État né : autant de traits qui le distinguent de Luther. Il se signala d’abord par ses pr
459 e d’État né : autant de traits qui le distinguent de Luther. Il se signala d’abord par ses prêches violents contre le merc
460 étrangères. Il aimait à citer les avertissements de Nicolas de Flue, et ce fut lui qui fit passer dans la réalité l’idéal
461 qui fit passer dans la réalité l’idéal politique de l’ermite. Nommé curé de Zurich, il commença à introduire des réformes
462 réalité l’idéal politique de l’ermite. Nommé curé de Zurich, il commença à introduire des réformes ecclésiastiques analogu
463 e des réformes ecclésiastiques analogues à celles de Luther. Toute la population le soutenait, et lorsque l’empereur, inqu
464 enait, et lorsque l’empereur, inquiet des progrès de la Réforme, voulut attaquer Zurich avec l’aide des cantons du centre,
465 demeurés catholiques, Zwingli fut chargé du plan de défense. Vainqueur des cantons catholiques dans une première série de
466 r des cantons catholiques dans une première série de guerres locales, il devint à partir de 1528 le chef politique et reli
467 ique et religieux le plus important non seulement de la Confédération, mais de toute l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luth
468 important non seulement de la Confédération, mais de toute l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luther refusa de s’entendre av
469 te l’Allemagne du Sud. Par malheur, Luther refusa de s’entendre avec lui lors du Colloque de Marburg en 1529, et ce désacc
470 er refusa de s’entendre avec lui lors du Colloque de Marburg en 1529, et ce désaccord fit échouer le plan grandiose qu’ava
471 diose qu’avait conçu le Zurichois : il s’agissait d’ un système d’alliance de combourgeoisie entre les cités germaniques et
472 t conçu le Zurichois : il s’agissait d’un système d’ alliance de combourgeoisie entre les cités germaniques et suisses, sys
473 Zurichois : il s’agissait d’un système d’alliance de combourgeoisie entre les cités germaniques et suisses, système auquel
474 tion européenne eût été capable, pensait Zwingli, d’ abattre la dynastie des Habsbourg qui s’était emparée de l’Empire. Mai
475 tre la dynastie des Habsbourg qui s’était emparée de l’Empire. Mais les princes luthériens se montrèrent froids. À Zurich
476 teur. Les catholiques le surnommaient le « bailli de tous les Confédérés ». Berne se méfiait de ses ambitions. Finalement,
477 bailli de tous les Confédérés ». Berne se méfiait de ses ambitions. Finalement, une armée catholique s’approcha de Zurich.
478 ions. Finalement, une armée catholique s’approcha de Zurich. Les protestants désiraient traiter. Zwingli était pour la gue
479 n. Sa fin tragique termina le drame shakespearien de la Renaissance helvétique. Affaiblie par ses luttes religieuses, mais
480 ses luttes religieuses, mais suffisamment assurée de son indépendance par les victoires qu’elle avait remportées sur les F
481 Français, les Impériaux et les Italiens, agrandie de trois côtés, vers le Rhin, la Bourgogne et la Lombardie, la Suisse al
482 , la Suisse allait entrer dans une longue période de paix. Au congrès de Munster en 1648, elle obtint des puissances la re
483 ntrer dans une longue période de paix. Au congrès de Munster en 1648, elle obtint des puissances la reconnaissance de sa n
484 648, elle obtint des puissances la reconnaissance de sa neutralité, et se détacha officiellement de l’Empire. Cet acte san
485 ce de sa neutralité, et se détacha officiellement de l’Empire. Cet acte sanctionnait un état de fait déjà ancien. (Bien qu
486 lement de l’Empire. Cet acte sanctionnait un état de fait déjà ancien. (Bien que les Suisses déclarassent encore la guerre
487 la guerre au nom de l’empereur, ils avaient cessé de se faire représenter aux Diètes d’Empire et de payer le denier impéri
488 sé de se faire représenter aux Diètes d’Empire et de payer le denier impérial.) Les grands pays voisins s’orientaient défi
489 ns s’orientaient définitivement vers la politique de puissance dynastique, tandis que la Suisse conservait l’ancien idéal
490 c l’Empire, c’était comme on l’a écrit « un refus de s’intégrer à un Empire désormais dénaturé », — un acte de fidélité à
491 égrer à un Empire désormais dénaturé », — un acte de fidélité à la mission perpétuelle des « gardiens du cœur de l’Europe 
492 é à la mission perpétuelle des « gardiens du cœur de l’Europe ». La Réformation termine la période d’émancipation héroïque
493 de l’Europe ». La Réformation termine la période d’ émancipation héroïque de la Suisse, mais elle inaugure une période d’e
494 mation termine la période d’émancipation héroïque de la Suisse, mais elle inaugure une période d’expansion spirituelle. La
495 ïque de la Suisse, mais elle inaugure une période d’ expansion spirituelle. La Confédération s’est stabilisée, elle a conqu
496 is le respect des puissances. Que va-t-elle faire de sa paix ? Dès le début du xvie siècle, la vocation spirituelle de la
497 le début du xvie siècle, la vocation spirituelle de la Suisse s’était révélée par la création de foyers et de places d’éc
498 elle de la Suisse s’était révélée par la création de foyers et de places d’échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devin
499 isse s’était révélée par la création de foyers et de places d’échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devint le centre d
500 it révélée par la création de foyers et de places d’ échanges intellectuels : Bâle avec Érasme devint le centre des imprime
501 meurs humanistes ; Zurich avec Zwingli, le centre de la Réforme suisse ; Genève, avec Calvin, le centre de la Réforme inte
502 a Réforme suisse ; Genève, avec Calvin, le centre de la Réforme internationale, dont l’influence devait s’étendre à la moi
503 le, dont l’influence devait s’étendre à la moitié de l’Europe, à l’Angleterre, à l’Amérique. Fédéralisée comme elle l’étai
504 a Suisse ne pouvait prétendre à créer une culture de type uniforme (ou « national » comme on devait le dire à partir du xi
505 par sa position géographique, pour jouer un rôle de catalyseur des grandes cultures voisines. Parfois même, les foyers qu
506 e et social, la période qui sépare la Réformation de la Révolution française est un temps de systole, de repliement, de ré
507 formation de la Révolution française est un temps de systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centre continuaie
508 la Révolution française est un temps de systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centre continuaient à se gouv
509 française est un temps de systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centre continuaient à se gouverner selon le
510 les cantons dont le « chef-lieu » était une cité de quelque importance, Zurich, Lucerne, Soleure, Berne, Bâle, Fribourg,
511 rne, Bâle, Fribourg, ainsi que les villes alliées de Neuchâtel et de Genève, devinrent des républiques oligarchiques. Un c
512 urg, ainsi que les villes alliées de Neuchâtel et de Genève, devinrent des républiques oligarchiques. Un certain nombre de
513 des républiques oligarchiques. Un certain nombre de familles nobles, anoblies, ou patriciennes, y exerçaient une sorte de
514 anoblies, ou patriciennes, y exerçaient une sorte de pouvoir héréditaire, du fait qu’elles seules ou presque fournissaient
515 on journal : Un jour, les Suisses se délivrèrent d’ un tyran. Ils purent se croire libres un moment : mais le soleil fécon
516 ent : mais le soleil fécond fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de
517 d fit éclore du cadavre de l’oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de répéter le vieux conte. O
518 ssaim de petits tyrans. À présent, ils continuent de répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils s
519 re leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préj
520 s, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois.
521 esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. S’il est probable q
522 lois et de leurs coutumes, de leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois. S’il est probable que la mauvaise humeur d
523 rgeois. S’il est probable que la mauvaise humeur de Goethe était en partie justifiée, il est certain que son jugement est
524 s en effet que Rousseau, qui avait tâté en France d’ une tyrannie plus sérieuse que celle des « commérages », vint se réfug
525 s « commérages », vint se réfugier dans le canton de Berne — le plus strictement aristocratique de tous —, et qu’à peine l
526 ton de Berne — le plus strictement aristocratique de tous —, et qu’à peine la frontière passée, il descendit de sa voiture
527 , et qu’à peine la frontière passée, il descendit de sa voiture, se jeta sur le sol pour embrasser la « terre de la libert
528 ure, se jeta sur le sol pour embrasser la « terre de la liberté ». Par rapport à l’Europe des monarchies jésuites et des l
529 à l’Europe des monarchies jésuites et des lettres de cachet, la Suisse aristocratique et républicaine conservait à la fave
530 tocratique et républicaine conservait à la faveur d’ un inextricable enchevêtrement d’institutions, une tradition de libert
531 vait à la faveur d’un inextricable enchevêtrement d’ institutions, une tradition de libertés civiques dont on put mesurer t
532 able enchevêtrement d’institutions, une tradition de libertés civiques dont on put mesurer toute l’importance lors de la R
533 enait de Genève — alliée aux Suisses — autant que de Londres. Et cela non seulement du fait de Rousseau, « citoyen de Genè
534 ant que de Londres. Et cela non seulement du fait de Rousseau, « citoyen de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite
535 cela non seulement du fait de Rousseau, « citoyen de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite de Ferney, aimait à si
536 nt du fait de Rousseau, « citoyen de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite de Ferney, aimait à signer ses lettres
537 de Genève », ou de Voltaire qui, dans sa retraite de Ferney, aimait à signer ses lettres « le Suisse Voltaire », mais auss
538 », mais aussi grâce à l’influence des conseillers de Mirabeau tels qu’Étienne Dumont et Mallet du Pan, qui rédigeaient ses
539 qui jouèrent un rôle important dans les coulisses de la Convention. Au repliement politique et social que représentent les
540 eux qui se produisit à la même époque, en manière de compensation : le service étranger. On a souvent accusé les Suisses d
541 service étranger. On a souvent accusé les Suisses de manquer d’esprit d’aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitess
542 anger. On a souvent accusé les Suisses de manquer d’ esprit d’aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitesse du territ
543 a souvent accusé les Suisses de manquer d’esprit d’ aventure. On a raison dans ce sens que l’étroitesse du territoire obli
544 sens pratique, et ne se prête guère aux violences d’ imagination et d’action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pay
545 ne se prête guère aux violences d’imagination et d’ action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pays qui a exporté l
546 la Suisse est l’un des pays qui a exporté le plus de têtes chaudes. Dès le xvie siècle, elle commença même à les exporter
547 puisqu’elle était neutre ; mais le sang guerrier de ses fils ne s’était pas apaisé. La Diète fédérale autorisa bientôt le
548 vices aux princes étrangers. Il ne s’agissait pas de mercenaires. Les nobles qui possédaient un régiment ne se louaient pa
549 s du palais du Louvre, le roi leur ayant interdit de tirer sur la foule. On trouvait des troupes des cantons au service de
550 uvait des troupes des cantons au service des rois de France, de Prusse, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux de H
551 roupes des cantons au service des rois de France, de Prusse, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux de Hollande et
552 cantons au service des rois de France, de Prusse, d’ Angleterre et d’Espagne, des états généraux de Hollande et des princes
553 ce des rois de France, de Prusse, d’Angleterre et d’ Espagne, des états généraux de Hollande et des princes d’Orange, du ro
554 se, d’Angleterre et d’Espagne, des états généraux de Hollande et des princes d’Orange, du royaume de Naples et des Deux-Si
555 ne, des états généraux de Hollande et des princes d’ Orange, du royaume de Naples et des Deux-Siciles, des empereurs d’Autr
556 x de Hollande et des princes d’Orange, du royaume de Naples et des Deux-Siciles, des empereurs d’Autriche. C’est à la péri
557 aume de Naples et des Deux-Siciles, des empereurs d’ Autriche. C’est à la période du service étranger que se rapporte le pr
558 vice étranger que se rapporte le proverbe : « Pas d’ argent, pas de Suisse. » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince
559 que se rapporte le proverbe : « Pas d’argent, pas de Suisse. » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince français disa
560 mme un prince français disait un jour au Maréchal de camp des Suisses, qui voulait faire payer ses troupes : « Avec l’arge
561 déjà donné, l’on pourrait paver une route allant de Paris à Bâle », le maréchal répliqua : « Avec le sang que nos hommes
562 ur la France, on pourrait remplir un canal allant de Bâle à Paris. » Il convient toutefois d’ajouter que les 700 généraux,
563 l allant de Bâle à Paris. » Il convient toutefois d’ ajouter que les 700 généraux, et les milliers d’officiers supérieurs q
564 s d’ajouter que les 700 généraux, et les milliers d’ officiers supérieurs que la Suisse donna aux armées européennes, ne re
565 mains vides dans leur pays. Beaucoup rapportaient de leurs campagnes exotiques, de l’or et de l’argenterie, des vaisselles
566 aucoup rapportaient de leurs campagnes exotiques, de l’or et de l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles et des bij
567 ortaient de leurs campagnes exotiques, de l’or et de l’argenterie, des vaisselles rares, des meubles et des bijoux. De con
568 des vaisselles rares, des meubles et des bijoux. De considérables richesses s’accumulèrent ainsi dans les châteaux suisse
569 es. Beaucoup aussi revenaient mariés à des filles de seigneurs étrangers. L’aristocratie suisse devint ainsi l’une des plu
570 uisse devint ainsi l’une des plus internationales de l’Europe, tant par les allégeances que par le sang. Quant aux soldats
571 , ils racontaient leurs souvenirs sous le tilleul de la place publique, décrivaient les terres et les mœurs étrangères, et
572 mémorable : elle se termina sur les bords glacés de la Bérézina en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’était term
573 rds glacés de la Bérézina en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’était terminée trois siècles auparavant sur la pl
574 t terminée trois siècles auparavant sur la plaine de Marignan. ⁂ Lorsque éclata la Révolution française, la Suisse se vit
575 ement dépassée par les événements, et prit figure d’ État « réactionnaire ». Privée d’armée unifiée comme de pouvoir centra
576 , et prit figure d’État « réactionnaire ». Privée d’ armée unifiée comme de pouvoir central — les États restaient souverain
577 t « réactionnaire ». Privée d’armée unifiée comme de pouvoir central — les États restaient souverains —, livrée aux intrig
578 iés — Prussiens, Autrichiensa, Russes — et celles de la Convention nationale ou de Bonaparte. Mais la résistance sourde et
579 Russes — et celles de la Convention nationale ou de Bonaparte. Mais la résistance sourde et obstinée des civils, les révo
580 inirent par convaincre Bonaparte qu’il était vain de persister dans cette tentative de « mise au pas ». Dans un discours q
581 u’il était vain de persister dans cette tentative de « mise au pas ». Dans un discours qu’il adressa aux députés suisses c
582 à Paris en 1802, le conquérant ne se contenta pas de faire de considérables concessions aux cantons : il prononça un éloge
583 n 1802, le conquérant ne se contenta pas de faire de considérables concessions aux cantons : il prononça un éloge de leur
584 es concessions aux cantons : il prononça un éloge de leur fédéralisme, fort surprenant de la part d’un héritier des jacobi
585 tre État fédératif ; vouloir la vaincre n’est pas d’ un homme sage. » Il ajoutait, en 1803, d’une manière prophétique : Sa
586 ’est pas d’un homme sage. » Il ajoutait, en 1803, d’ une manière prophétique : Sans les démocraties de vos petits cantons,
587 d’une manière prophétique : Sans les démocraties de vos petits cantons, vous ne présenteriez rien que ce que l’on trouve
588 e ce que l’on trouve ailleurs ; vous n’auriez pas de couleur particulière. Songez bien à l’importance d’avoir des traits c
589 couleur particulière. Songez bien à l’importance d’ avoir des traits caractéristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’id
590 éristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’idée de ressemblance avec les autres États, écartent celle de vous confondre
591 essemblance avec les autres États, écartent celle de vous confondre avec eux, et de vous y incorporer. Les traités de 181
592 ts, écartent celle de vous confondre avec eux, et de vous y incorporer. Les traités de 1814 et 1815, en effet, ne tentère
593 e avec eux, et de vous y incorporer. Les traités de 1814 et 1815, en effet, ne tentèrent nullement de démembrer la Suisse
594 de 1814 et 1815, en effet, ne tentèrent nullement de démembrer la Suisse. Au contraire, tout en sanctionnant le retour au
595 ntraire, tout en sanctionnant le retour au statut de la Ligue des cantons — augmentée de neuf États nouveaux — ils réaffir
596 our au statut de la Ligue des cantons — augmentée de neuf États nouveaux — ils réaffirmèrent solennellement l’indépendance
597 l’indépendance, l’inviolabilité et la neutralité de la Confédération comme étant « dans les vrais intérêts de la politiqu
598 nfédération comme étant « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». De cette déclaration du 20 novemb
599 e étant « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». De cette déclaration du 20 novembre 1815, Gugliel
600 s intérêts de la politique de l’Europe entière ». De cette déclaration du 20 novembre 1815, Guglielmo Ferrero a pu écrire
601 par laquelle la Suisse entre dans le grand siècle de son histoire : le siècle où elle créera l’ordre le plus humain que le
602 ralisme libertaire et conservateur, des principes de 1789, et du parlementarisme anglo-saxon, il fallut une trentaine d’an
603 lementarisme anglo-saxon, il fallut une trentaine d’ années pour le dégager. L’invasion des armées françaises et les secous
604 ançaises et les secousses politiques qui venaient d’ agiter toute l’Europe, laissaient la Suisse inquiète, ébranlée, incert
605 Suisse inquiète, ébranlée, incertaine. Le régime de la souveraineté absolue des cantons s’était révélé incapable de faire
606 neté absolue des cantons s’était révélé incapable de faire face à une menace étrangère. La nécessité d’un pouvoir central
607 e faire face à une menace étrangère. La nécessité d’ un pouvoir central s’imposait, d’autant plus que par réaction au statu
608 re. La nécessité d’un pouvoir central s’imposait, d’ autant plus que par réaction au statut centralisé dont on venait de le
609 res, les entraves à la circulation des personnes. De 1815 à 1847, la Suisse fut en proie à une longue effervescence politi
610 ngue effervescence politique, souvent accompagnée d’ émeutes. Les idées de la Révolution gagnaient du terrain, le parti des
611 litique, souvent accompagnée d’émeutes. Les idées de la Révolution gagnaient du terrain, le parti des « radicaux » réclama
612 s les ordres du général Dufour, triompha au cours d’ une brève campagne de la rébellion catholique. « Soldats », avait dit
613 al Dufour, triompha au cours d’une brève campagne de la rébellion catholique. « Soldats », avait dit Dufour dans sa premiè
614 emière proclamation aux troupes, « il faut sortir de cette lutte non seulement victorieux mais encore sans reproches ; il
615 encore sans reproches ; il faut qu’on puisse dire de vous : ils ont vaillamment combattu quand il a fallu, mais ils se son
616 Il appliqua lui-même ces principes, au lendemain de sa victoire. La guerre du Sonderbund, que l’on a souvent comparée à l
617 nderbund, que l’on a souvent comparée à la guerre de Sécession (leurs noms même sont identiques) eut pour effet de resserr
618 (leurs noms même sont identiques) eut pour effet de resserrer définitivement l’alliance fédérale des cantons. La Diète de
619 ivement l’alliance fédérale des cantons. La Diète de 1848 se montra fort généreuse vis-à-vis des vaincus : les protestants
620 : les protestants les aidèrent à payer leur dette de guerre, par souscription publique. Et dans l’atmosphère de concorde a
621 , par souscription publique. Et dans l’atmosphère de concorde ainsi créée, quelques mois de discussion suffirent pour amen
622 atmosphère de concorde ainsi créée, quelques mois de discussion suffirent pour amener la majorité des États et du peuple à
623 peuple à voter la première Constitution fédérale de la Suisse : la Ligue des cantons devenait, après cinq-cents ans, un É
624 tons devenait, après cinq-cents ans, un État doté d’ une armée, d’un budget, d’un Parlement et d’un pouvoir exécutif centra
625 , après cinq-cents ans, un État doté d’une armée, d’ un budget, d’un Parlement et d’un pouvoir exécutif central. En somme,
626 cents ans, un État doté d’une armée, d’un budget, d’ un Parlement et d’un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne fut guè
627 doté d’une armée, d’un budget, d’un Parlement et d’ un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne fut guère qu’à partir de
628 a Suisse devint une « démocratie » au sens actuel de ce terme. Mais sa longue tradition de civisme, l’autonomie demeurée c
629 sens actuel de ce terme. Mais sa longue tradition de civisme, l’autonomie demeurée considérable de ses communes et de ses
630 ion de civisme, l’autonomie demeurée considérable de ses communes et de ses cantons, enfin la lenteur relative avec laquel
631 utonomie demeurée considérable de ses communes et de ses cantons, enfin la lenteur relative avec laquelle elle avait assim
632 ec laquelle elle avait assimilé certains éléments de la Révolution française, tout devait concourir à assurer à la nouvell
633 on une stabilité exceptionnelle. La Constitution de 1848 fut adaptée sans difficultés en 1874 aux nécessités nouvelles in
634 e. Ces dernières jouaient évidemment dans le sens d’ une centralisation toujours plus poussée. Aussi, durant le siècle de p
635 on toujours plus poussée. Aussi, durant le siècle de paix que valut à la Suisse sa constitution, le foyer de tous les déba
636 x que valut à la Suisse sa constitution, le foyer de tous les débats politiques en Suisse fût-il le problème des droits re
637 le problème des droits respectifs des cantons et de la Confédération. Les partis de droite représentaient la tendance rég
638 fs des cantons et de la Confédération. Les partis de droite représentaient la tendance régionaliste — abusivement nommée f
639 l et les socialistes insistaient sur la nécessité d’ étatiser et d’uniformiser davantage l’économie, l’administration, le d
640 listes insistaient sur la nécessité d’étatiser et d’ uniformiser davantage l’économie, l’administration, le droit civil et
641 t pénal. La période paisible et bourgeoise qui va de 1848 à 1914 permit à la Suisse de se consacrer de plus en plus à sa m
642 urgeoise qui va de 1848 à 1914 permit à la Suisse de se consacrer de plus en plus à sa mission européenne. Tandis qu’un si
643 on, dont les nations voisines devaient tirer plus d’ avantages matériels que la Suisse. En même temps, des institutions int
644 erselle et l’Union monétaire latine choisissaient d’ installer en Suisse leur siège central. La mission originelle de la Su
645 Suisse leur siège central. La mission originelle de la Suisse trouvait ses formes de réalisation moderne. Elle allait se
646 ssion originelle de la Suisse trouvait ses formes de réalisation moderne. Elle allait se manifester d’une manière plus fra
647 de réalisation moderne. Elle allait se manifester d’ une manière plus frappante encore pendant la guerre de 1914-1918. Aprè
648 e manière plus frappante encore pendant la guerre de 1914-1918. Après un siècle de nationalisme de plus en plus exaspéré,
649 e pendant la guerre de 1914-1918. Après un siècle de nationalisme de plus en plus exaspéré, cette guerre qui opposait le m
650 t représenter pour la Suisse une épreuve décisive de son fédéralisme. N’allait-on pas voir les cantons romands et italiens
651 nce des passions politiques n’ébranla pas l’unité de la Confédération, pas davantage en tout cas qu’une campagne électoral
652 crate. Pendant quatre ans, malgré les divergences de sympathie parfois violentes qui pouvaient se manifester dans le haut
653 nt aux frontières ; et les déplacements fréquents de troupes romandes en Suisse alémanique ou de troupes alémaniques en te
654 uents de troupes romandes en Suisse alémanique ou de troupes alémaniques en terre romande ne firent qu’augmenter le sentim
655 terre romande ne firent qu’augmenter le sentiment de commune appartenance de tous les Suisses à leur idéal « national », o
656 qu’augmenter le sentiment de commune appartenance de tous les Suisses à leur idéal « national », ou plus exactement « supr
657 pra-linguistique et supra-racial. Comme aux temps de la Réformation, de l’absolutisme monarchique, puis de la Révolution j
658 supra-racial. Comme aux temps de la Réformation, de l’absolutisme monarchique, puis de la Révolution jacobine, la Suisse
659 a Réformation, de l’absolutisme monarchique, puis de la Révolution jacobine, la Suisse redevint la terre de refuge des exi
660 Révolution jacobine, la Suisse redevint la terre de refuge des exilés et des persécutés de tous les belligérants : pacifi
661 t la terre de refuge des exilés et des persécutés de tous les belligérants : pacifistes et socialistes, Romain Rolland et
662 une vaste ambulance internationale. Des dizaines de milliers de prisonniers, malades ou grands blessés des deux camps, y
663 mbulance internationale. Des dizaines de milliers de prisonniers, malades ou grands blessés des deux camps, y furent trans
664 y furent transportés et soignés dans les stations d’ hiver et d’été abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe
665 ansportés et soignés dans les stations d’hiver et d’ été abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de
666 r les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de paix, la Suisse se fit Grand Hôpital du continent déchiré par la guer
667 -deux-guerres parut offrir à la Suisse l’occasion de couronner sa mission séculaire : en décidant de siéger à Genève, la L
668 n de couronner sa mission séculaire : en décidant de siéger à Genève, la Ligue des Nations rendait un hommage éclatant au
669 tains du Saint-Empire. Il semblait que l’histoire de ce petit pays allait trouver son accomplissement suprême dans l’insta
670 r son accomplissement suprême dans l’instauration d’ une fédération mondiale ayant sa capitale en Suisse. Mais une fois le
671 édéralisme, s’aperçurent très vite des faiblesses d’ un organisme vicié à la base par le maintien des souverainetés nationa
672 conscience des peuples pour offrir des garanties de durée. Prudemment, par fidélité à la continuité profonde de son histo
673 Prudemment, par fidélité à la continuité profonde de son histoire, la Suisse demanda et obtint un statut spécial dans la L
674 nt un statut spécial dans la Ligue. La Convention de Londres, en 1920, lui reconnut le droit de ne point participer aux sa
675 ention de Londres, en 1920, lui reconnut le droit de ne point participer aux sanctions militaires prévues par le Pacte, c’
676 ons militaires prévues par le Pacte, c’est-à-dire de rester le seul État neutre au sein même de la Ligue. C’est en partie
677 à-dire de rester le seul État neutre au sein même de la Ligue. C’est en partie à cette prudence — jugée excessive en son t
678 jugée excessive en son temps — que la Suisse doit d’ avoir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la
679 oir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la Suisse se vit plus isolée qu’elle ne l’avait jamais é
680 e son histoire. Cernée par l’Axe, depuis la chute de la France en juin 1940 ; unique démocratie indépendante subsistant au
681 au milieu d’un continent envahi ; dernier vestige d’ une Europe jadis unie sous la couronne du Saint-Empire ; seul germe au
682 us la couronne du Saint-Empire ; seul germe aussi d’ une Europe à venir où les races et les langues ne lutteraient plus que
683 rielles illustraient aux yeux de tous sa position de fait et le sens permanent de son destin. À Genève, le palais de la Li
684 de tous sa position de fait et le sens permanent de son destin. À Genève, le palais de la Ligue des Nations, qui venait d
685 sens permanent de son destin. À Genève, le palais de la Ligue des Nations, qui venait d’être achevé à la veille de la guer
686 ve, le palais de la Ligue des Nations, qui venait d’ être achevé à la veille de la guerre, restait vide, battant neuf, prot
687 des Nations, qui venait d’être achevé à la veille de la guerre, restait vide, battant neuf, protégé par des canons antiaér
688 mé en bastion puissamment fortifié, les divisions de la seule armée intacte du continent (600 000 hommes) veillaient nuit
689 prêtes à opposer à tout envahisseur la certitude de pouvoir tenir pendant au moins deux ans le « Réduit national », avec
690 ux ans le « Réduit national », avec ses fabriques d’ armes et de munitions creusées dans le granit, ses dépôts d’approvisio
691  Réduit national », avec ses fabriques d’armes et de munitions creusées dans le granit, ses dépôts d’approvisionnements pr
692 de munitions creusées dans le granit, ses dépôts d’ approvisionnements protégés par une épaisseur de mille mètres de roche
693 s d’approvisionnements protégés par une épaisseur de mille mètres de rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se re
694 ements protégés par une épaisseur de mille mètres de rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se resserrait autour
695 s par une épaisseur de mille mètres de rochers et de glaciers. Ainsi la Suisse menacée se resserrait autour de ses origine
696 errait autour de ses origines, et des lieux mêmes d’ où elle avait tiré sa raison d’être. ⁂ Cette esquisse géohistorique no
697 et des lieux mêmes d’où elle avait tiré sa raison d’ être. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumièr
698 tre. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumière quelques-uns des caractères fondamentaux du peuple
699 qu’il forme une unité. Nous avons vu que le sens de la solidarité lui a été comme imposé par la nature même d’une terre c
700 idarité lui a été comme imposé par la nature même d’ une terre compartimentée, peu productive, et qui appelle une économie
701 mes conditions topographiques jouent dans le sens de l’autonomie politique des petites communautés. Enfin, la résultante d
702 que des petites communautés. Enfin, la résultante de cette double nécessité d’autonomie et de coopération s’est trouvée co
703 s. Enfin, la résultante de cette double nécessité d’ autonomie et de coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur de l
704 sultante de cette double nécessité d’autonomie et de coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur de l’ouverture du c
705 coopération s’est trouvée coïncider — à la faveur de l’ouverture du col du Gothard — avec les intérêts de l’Empire, puis d
706 l’ouverture du col du Gothard — avec les intérêts de l’Empire, puis de l’Europe, c’est-à-dire avec une mission de grand-ga
707 du Gothard — avec les intérêts de l’Empire, puis de l’Europe, c’est-à-dire avec une mission de grand-garde au cœur de not
708 , puis de l’Europe, c’est-à-dire avec une mission de grand-garde au cœur de notre continent, à la fois autonome à l’égard
709 st-à-dire avec une mission de grand-garde au cœur de notre continent, à la fois autonome à l’égard de toute puissance part
710 issance particulière, et prête à coopérer au bien de l’ensemble. Ces considérations, il est vrai, ne pouvaient être formul
711 lées qu’a posteriori, dans notre siècle, au terme d’ une série d’expériences empiriques dont le sens, l’orientation permane
712 steriori, dans notre siècle, au terme d’une série d’ expériences empiriques dont le sens, l’orientation permanente mais pre
713 ent aux yeux de ceux qui les vécurent. À regarder de très près les circonstances de l’histoire suisse et les motifs des ac
714 curent. À regarder de très près les circonstances de l’histoire suisse et les motifs des actes principaux qui la jalonnent
715 s actes principaux qui la jalonnent, on est tenté de conclure à un utilitarisme assez étroit, que l’on pourrait qualifier
716 tarisme assez étroit, que l’on pourrait qualifier de mesquin autant que de réaliste. Par exemple, le refus permanent de s’
717 que l’on pourrait qualifier de mesquin autant que de réaliste. Par exemple, le refus permanent de s’agrandir, qui caractér
718 que de réaliste. Par exemple, le refus permanent de s’agrandir, qui caractérise la politique générale de la Confédération
719 s’agrandir, qui caractérise la politique générale de la Confédération, peut être ramené à des raisons nettement intéressée
720 à des raisons nettement intéressées et témoignant d’ une certaine pauvreté ou timidité de conception. Les avertissements de
721 et témoignant d’une certaine pauvreté ou timidité de conception. Les avertissements de Nicolas de Flue contre l’impérialis
722 eté ou timidité de conception. Les avertissements de Nicolas de Flue contre l’impérialisme repris par Zwingli au début du
723 r Zwingli au début du xvie siècle, et la défaite de Marignan elle-même n’eussent peut-être pas suffi, si les divisions re
724 vaient contraint la Confédération à une politique de repliement et de resserrement territorial. De même, au xxe siècle, o
725 la Confédération à une politique de repliement et de resserrement territorial. De même, au xxe siècle, on a vu le peuple
726 au xxe siècle, on a vu le peuple suisse refuser de s’annexer le Vorarlberg, qui avait pourtant plébiscité son rattacheme
727 que par la crainte, chez la majorité protestante, de voir s’augmenter le nombre des catholiques. Il n’en reste pas moins q
728 e pas moins qu’au total les réflexes du peuple et de ses autorités ont constamment joué dans le même sens : aux dépens de
729 e, qui se trouvait être « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe tout entière ». C’est un Suisse, Benjamin Co
730 it être « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe tout entière ». C’est un Suisse, Benjamin Constant, qui obse
731 servait que les gouvernements, lorsqu’ils parlent d’ arrondir leurs frontières, l’entendent toujours « au-dehors ». Aucun,
732 ait-il, n’a sacrifié, que l’on sache, une portion de son territoire, pour donner au reste une plus grande régularité géomé
733 avantages territoriaux non point à la régularité de sa forme, mais bien à sa santé civique. Un autre trait qui se dégage
734 civique. Un autre trait qui se dégage à l’examen de l’histoire suisse, c’est une curieuse absence d’idéologie directrice,
735 de l’histoire suisse, c’est une curieuse absence d’ idéologie directrice, une méfiance prononcée à l’égard de tout système
736 système politique logiquement formulé5. Le terme de fédéralisme n’apparaît dans les écrits politiques suisses qu’à une ép
737 ose est partout dans les faits qu’ils rapportent. D’ où le paradoxe d’une histoire parfaitement cohérente, mais dont les ac
738 ans les faits qu’ils rapportent. D’où le paradoxe d’ une histoire parfaitement cohérente, mais dont les acteurs semblent év
739 , mais dont les acteurs semblent éviter avec soin d’ avouer le principe animateur. D’où encore une volonté constante de n’a
740 éviter avec soin d’avouer le principe animateur. D’ où encore une volonté constante de n’alléguer que des motifs terre à t
741 cipe animateur. D’où encore une volonté constante de n’alléguer que des motifs terre à terre, là où d’autres eussent parlé
742 otifs terre à terre, là où d’autres eussent parlé de doctrine, d’idéalisme, de grandeur nationale. Il en résulte que la mé
743 terre, là où d’autres eussent parlé de doctrine, d’ idéalisme, de grandeur nationale. Il en résulte que la médiocrité des
744 d’autres eussent parlé de doctrine, d’idéalisme, de grandeur nationale. Il en résulte que la médiocrité des ambitions per
745 par les Suisses se révèle bien souvent la rançon de leurs plus sûres vertus civiques. À la base du fédéralisme tel qu’il
746 vaut mieux enfin qu’une victoire acquise au prix d’ une division durable entre les membres de l’alliance, ou d’une tyranni
747 au prix d’une division durable entre les membres de l’alliance, ou d’une tyrannie centralisée destinée à masquer cette di
748 ision durable entre les membres de l’alliance, ou d’ une tyrannie centralisée destinée à masquer cette division. C’est peu
749 est peut-être en fin de compte dans cette volonté de préserver l’équilibre fédéral si longuement recherché, si chèrement p
750 une formule, que l’on peut voir l’unité véritable de tous les Suisses. Nous avons indiqué au début que l’unité géographiqu
751 graphique du pays n’est guère évidente. Son unité de race est perdue depuis les temps où les Celtes helvètes en occupaient
752 Suisse présente bien peu des caractères reconnus d’ une nation, et ne se définit pas spontanément comme telle6. La Suisse
753 ne ressent son unité que dans une volonté commune d’ entretenir ses diversités. Il n’y a guère plus de ressemblance entre l
754 d’entretenir ses diversités. Il n’y a guère plus de ressemblance entre les paysans de la Suisse centrale et les citoyens
755 ’y a guère plus de ressemblance entre les paysans de la Suisse centrale et les citoyens de Genève qu’entre les Grecs et le
756 les paysans de la Suisse centrale et les citoyens de Genève qu’entre les Grecs et les Hollandais, les Tchèques et les Port
757 tre jamais, et qui ne sont nullement curieux l’un de l’autre, ont en commun leur volonté de rester eux-mêmes, de se gouver
758 rieux l’un de l’autre, ont en commun leur volonté de rester eux-mêmes, de se gouverner à leur manière, et savent très bien
759 , ont en commun leur volonté de rester eux-mêmes, de se gouverner à leur manière, et savent très bien que leur union fédér
760 ien que leur union fédérale est la seule garantie d’ une pareille liberté. L’unité de la Suisse, en dernière analyse, est d
761 la seule garantie d’une pareille liberté. L’unité de la Suisse, en dernière analyse, est donc proprement politique, soit q
762 ’on prenne ce mot au sens étroit et tout pratique de science ou d’art des compromis, soit qu’on le prenne au sens plus gén
763 mot au sens étroit et tout pratique de science ou d’ art des compromis, soit qu’on le prenne au sens plus général de straté
764 promis, soit qu’on le prenne au sens plus général de stratégie du bien commun. Nous ne sommes pas en présence d’une nation
765 es pas en présence d’une nation, mais bel et bien d’ une fédération, c’est-à-dire à la fois d’une fonction et d’un ensemble
766 et bien d’une fédération, c’est-à-dire à la fois d’ une fonction et d’un ensemble d’institutions. La fonction, nous l’avon
767 ération, c’est-à-dire à la fois d’une fonction et d’ un ensemble d’institutions. La fonction, nous l’avons définie en décri
768 -à-dire à la fois d’une fonction et d’un ensemble d’ institutions. La fonction, nous l’avons définie en décrivant le Gothar
769 rivant le Gothard et son rôle décisif à l’origine de la Confédération. Celle-ci reste une grand-garde montée perpétuelleme
770 ut ramener la paix entre les peuples, le principe de la foi jurée et de l’alliance des égaux : la fédération. Quant aux in
771 entre les peuples, le principe de la foi jurée et de l’alliance des égaux : la fédération. Quant aux institutions, leur co
772 ur connaissance sommaire va nous mettre en mesure d’ apercevoir pourquoi l’on peut parler des Suisses comme d’un seul peupl
773 evoir pourquoi l’on peut parler des Suisses comme d’ un seul peuple, malgré toutes leurs diversités. 1. Les Habsbourg, co
774 e on sait, devinrent empereurs. Ils s’efforcèrent de réduire les Waldstätten en les entourant d’un cercle de châteaux. C’e
775 èrent de réduire les Waldstätten en les entourant d’ un cercle de châteaux. C’est au cours de la lutte des cantons contre l
776 uire les Waldstätten en les entourant d’un cercle de châteaux. C’est au cours de la lutte des cantons contre les baillis d
777 les baillis des Habsbourg que se place l’épisode de Guillaume Tell, contesté par les historiens du xixe siècle, confirmé
778 lus récente critique. 2. E. Gagliardi, Histoire de la Suisse, 1925, p. 79. 3. L’expression apparaît pour la première fo
779 ion apparaît pour la première fois dans un factum de l’époque de la Fronde rédigé par des soldats suisses, qui se plaignai
780 pour la première fois dans un factum de l’époque de la Fronde rédigé par des soldats suisses, qui se plaignaient de n’êtr
781 édigé par des soldats suisses, qui se plaignaient de n’être pas payés pour leurs services. « Les Suisses ne se payent pas
782 ur leurs services. « Les Suisses ne se payent pas de paroles ! », écrivait Montluc. 4. Le fédéralisme, en effet, n’est pa
783 eulement, à l’inverse, l’union des régions autour d’ un centre, mais l’équilibre vivant entre les droits particuliers et le
784 ble même pour la période qui a précédé l’adoption de la Constitution fédérale en 1848. L’idéologie radicale, centralisatri
785 » se soit introduit dans le vocabulaire politique de 1848, et désigne par exemple le Conseil des députés élus par le peupl
786 n’éveille pas du tout chez les Suisses l’ensemble de sentiments et de passions qu’éveille le mot « nation » chez un França
787 tout chez les Suisses l’ensemble de sentiments et de passions qu’éveille le mot « nation » chez un Français. a. Par erreu
4 1953, La Confédération helvétique. Chapitre II. Les institutions politiques
788 es distinctions fondamentales qu’il y aurait lieu de marquer entre le régime fédéraliste de la Suisse et les régimes centr
789 urait lieu de marquer entre le régime fédéraliste de la Suisse et les régimes centralistes de la plupart des États moderne
790 éraliste de la Suisse et les régimes centralistes de la plupart des États modernes. Pour devenir Américain, il faut si l’o
791 devenir Américain, il faut si l’on habite depuis de longues années aux États-Unis, quitter le territoire national, passer
792 Mexique, à la Havane, ou aux Bermudes, y recevoir d’ un consulat américain les « premiers papiers » qui font de vous un can
793 sulat américain les « premiers papiers » qui font de vous un candidat admis à la nationalité américaine, puis rentrer en c
794 esser aux autorités fédérales une demande non pas de naturalisation, mais d’autorisation à se faire naturaliser. Après quo
795 rales une demande non pas de naturalisation, mais d’ autorisation à se faire naturaliser. Après quoi, il doit choisir la co
796 iption des institutions suisses, nous ferons bien de suivre le même ordre, celui qui va de bas en haut, de la commune au p
797 ferons bien de suivre le même ordre, celui qui va de bas en haut, de la commune au pouvoir fédéral en passant par le canto
798 uivre le même ordre, celui qui va de bas en haut, de la commune au pouvoir fédéral en passant par le canton, car c’est sel
799 antonaux… Dès l’origine, comme le prouve le Pacte de 1291, la Confédération a admis le principe de l’autonomie de la commu
800 cte de 1291, la Confédération a admis le principe de l’autonomie de la commune. Les trois communautés alpestres d’Uri, de
801 Confédération a admis le principe de l’autonomie de la commune. Les trois communautés alpestres d’Uri, de Schwyz et d’Unt
802 ie de la commune. Les trois communautés alpestres d’ Uri, de Schwyz et d’Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui
803 a commune. Les trois communautés alpestres d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui n’habi
804 s trois communautés alpestres d’Uri, de Schwyz et d’ Unterwald s’engagèrent à n’accepter aucun juge qui n’habiterait pas le
805 ire… C’est à ces origines que nos cantons doivent de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, mais
806 us des États bureaucratiques et centralisés, mais d’ être restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droi
807 et dont la première mission est l’administration de la justice8. Un autre auteur, le juriste F. Fleiner, a démontré que
808 ste F. Fleiner, a démontré que la caractéristique de l’État populaire suisse « réside dans la dépendance de l’administrati
809 État populaire suisse « réside dans la dépendance de l’administration vis-à-vis de la justice »9. Les premières légendes n
810 la justice »9. Les premières légendes nationales de la Suisse décrivent en effet la lutte contre les baillis : c’est par
811 les baillis : c’est par exemple l’épisode fameux de Guillaume Tell et de Gessler. Or ces baillis jouaient un rôle compara
812 par exemple l’épisode fameux de Guillaume Tell et de Gessler. Or ces baillis jouaient un rôle comparable à celui des préfe
813 uvoir central, la commune n’est plus qu’un organe d’ exécution, et devient à son tour, comme l’observe A. Gasser « un instr
814 n tour, comme l’observe A. Gasser « un instrument de la centralisation ». En Suisse, au contraire, les droits de la commun
815 ralisation ». En Suisse, au contraire, les droits de la commune ne sont limités que par la loi, jamais par les supérieurs
816 révélé particulièrement efficace dans les époques de crise (guerre de 1939-1945) où l’application de mesures générales (te
817 rement efficace dans les époques de crise (guerre de 1939-1945) où l’application de mesures générales (telles que le plan
818 s de crise (guerre de 1939-1945) où l’application de mesures générales (telles que le plan de production agricole, dit pla
819 lication de mesures générales (telles que le plan de production agricole, dit plan Wahlen) n’a pu se réaliser qu’à la fave
820 it plan Wahlen) n’a pu se réaliser qu’à la faveur d’ initiatives locales, appuyées par la population qui était à même de co
821 ales, appuyées par la population qui était à même de contrôler la besogne et d’en mesurer la portée par expérience directe
822 ation qui était à même de contrôler la besogne et d’ en mesurer la portée par expérience directe. L’origine ancienne des co
823 êts, pâturages, vignes, caves, troupeaux). En cas d’ indigence, ils sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’ori
824 digence, ils sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’origine, même s’ils n’ont jamais habité son territoire, e
825 sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’ origine, même s’ils n’ont jamais habité son territoire, et ce droit d’
826 s n’ont jamais habité son territoire, et ce droit d’ origine ne se perd jamais. (Certaines familles possèdent la bourgeoisi
827 ais. (Certaines familles possèdent la bourgeoisie d’ honneur de plusieurs communes, et y jouissent de tous les droits qu’on
828 aines familles possèdent la bourgeoisie d’honneur de plusieurs communes, et y jouissent de tous les droits qu’on vient de
829 e d’honneur de plusieurs communes, et y jouissent de tous les droits qu’on vient de mentionner.) Aujourd’hui un tiers seul
830 ment des Suisses se trouvent habiter leur commune d’ origine, mais ce phénomène n’a pas affecté jusqu’ici le statut des « b
831 es « bourgeoisies ». La Suisse compte un peu plus de 3000 communes. Chacune possède son conseil communal ou municipal (c’e
832 idé par le maire (aussi nommé syndic ou président de commune, selon les cantons). La commune a le droit de lever des impôt
833 ommune, selon les cantons). La commune a le droit de lever des impôts, et parfois même d’exiger des services personnels ou
834 e a le droit de lever des impôts, et parfois même d’ exiger des services personnels ou corvées. Elle pourvoit aux services
835 tance des pauvres et des malades. Il est curieux de noter que la protection des autonomies communales n’est pas mentionné
836 ée dans la Constitution fédérale. On serait tenté d’ y voir la preuve que cette autonomie va de soi chez les Suisses. Le co
837 t) des municipalités. Le canton L’indigénat d’ une commune donne droit de cité dans un canton. Et les cantons sont le
838 e canton L’indigénat d’une commune donne droit de cité dans un canton. Et les cantons sont les éléments de base sur les
839 dans un canton. Et les cantons sont les éléments de base sur lesquels repose l’édifice fédéral. Les cantons suisses sont
840 onstitution fédérale ; ils jouissent, comme tels, de tous les droits qui ne sont pas attribués au pouvoir fédéral » (art.
841 e sont pas attribués au pouvoir fédéral » (art. 3 de la Constitution fédérale). L’exaspération des nationalismes modernes
842 presque contradictoire dans les termes, la notion d’ une souveraineté limitée. Cependant, un siècle d’expérience heureuse a
843 d’une souveraineté limitée. Cependant, un siècle d’ expérience heureuse a rendu cette notion familière aux Suisses. Ils n’
844 sont antérieurs à la Confédération, qui a résulté de leurs alliances progressivement resserrées. Mais ils voient clairemen
845 t pratiquement résider que dans la mise en commun de leurs forces. La centralisation qu’ils acceptent dans certains domain
846 éfinis, n’est donc à leurs yeux que la sauvegarde d’ une décentralisation très poussée dans d’autres domaines. Chaque canto
847 judiciaire. L’exécutif généralement nommé Conseil d’ État, est un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun
848 généralement nommé Conseil d’État, est un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun des magistrats qui en
849 n département administratif, et joue donc le rôle d’ un ministre. Cependant, les décisions importantes émanent du collège d
850 nous retrouverons à l’échelon fédéral. Le Conseil d’ État prépare les textes qui seront soumis au législatif, et fixe leur
851 et Appenzell) ont conservé l’antique institution de la Landsgemeinde : là le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble
852 à le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble de la population mâle et majeure, réunie en cercle (Ring) sur une place
853 une place publique, non sans un grand déploiement de cérémonies religieuses, de serments et de proclamations solennelles.
854 s un grand déploiement de cérémonies religieuses, de serments et de proclamations solennelles. Tous les hommes qui s’y ren
855 oiement de cérémonies religieuses, de serments et de proclamations solennelles. Tous les hommes qui s’y rendent portent l’
856 mes qui s’y rendent portent l’épée, signe antique de la liberté chez les peuplades germaniques. Un des plus récents et des
857 947, en donne une description qu’il vaut la peine de citer ici, parce qu’elle souligne certains traits de tempérament poli
858 citer ici, parce qu’elle souligne certains traits de tempérament politique valables pour l’ensemble des Confédérés10. L’o
859 u jour comporte trente-deux questions : un projet d’ assurance cantonale contre les crises, divers projets sur les congés p
860 les congés payés, le repos du dimanche, le régime de l’énergie hydraulique, etc. Le Landamann11, du haut de la tribune, ré
861 énergie hydraulique, etc. Le Landamann11, du haut de la tribune, résume chaque projet. Plusieurs citoyens montent ensuite
862 discuter, suggérer des amendements. Quelques-uns de ces amendements sont adoptés, d’autres — et justement, je le note, de
863 ndements démagogiques — repoussés. Je suis frappé de constater qu’on discute sur le mérite propre des mesures proposées et
864 leurs incidences partisanes. Je suis frappé aussi de la facilité de parole des orateurs, qui s’expriment avec aisance, bri
865 s partisanes. Je suis frappé aussi de la facilité de parole des orateurs, qui s’expriment avec aisance, brièvement, souven
866 soit fini dans la journée (et puis le ciel, lourd de nuages, pourrait tomber sur vos têtes !) La politesse règne néanmoins
867 onsieur le Landamann, très affectionnés et dignes de confiance compatriotes. » C’est une discussion de famille, tournée ve
868 de confiance compatriotes. » C’est une discussion de famille, tournée vers la pratique autant qu’inspirée par la passion p
869 e par la passion politique… Et pourtant il s’agit d’ une société politique de notre temps, dans un canton fort évolué : sur
870 ue… Et pourtant il s’agit d’une société politique de notre temps, dans un canton fort évolué : sur les 35 000 habitants qu
871 ient, un quart seulement sont des paysans et plus de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et de pol
872 ment sont des paysans et plus de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et de politesse patriarcale,
873 s de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et de politesse patriarcale, c’est dans une atmosphère as
874 ent de l’industrie. Avec moins de pittoresque et de politesse patriarcale, c’est dans une atmosphère assez semblable que
875 s pratiques priment, et l’équilibre est respecté, d’ un accord tacite, entre les intérêts plus ou moins divergents des clas
876 lus ou moins divergents des classes, des régions, de la paysannerie, des ouvriers et des bourgeois. « Ce qu’il y a d’intér
877 ie, des ouvriers et des bourgeois. « Ce qu’il y a d’ intéressant à noter, écrit encore M. Siegfried, c’est que pareil équil
878 ux-mêmes, en raison du développement traditionnel d’ une vie corporative : tel ouvrier raisonnera non pas exclusivement en
879 non pas exclusivement en ouvrier, mais en membre de la commune religieuse, ou de la commune “bourgeoise”, ou encore en me
880 rier, mais en membre de la commune religieuse, ou de la commune “bourgeoise”, ou encore en membre de telle ou telle locali
881 u de la commune “bourgeoise”, ou encore en membre de telle ou telle localité. » Cette dernière remarque est importante : e
882 t la coïncidence exacte et imposée des frontières de tous les domaines dont relève normalement un citoyen : frontières com
883 ontraire, toutes les combinaisons et permutations de ces diverses allégeances, augmentées des allégeances communales et ca
884  ; et celles des cultures ne sont pas même celles de la Confédération. C’est dans le jeu ménagé entre ces éléments, dans l
885 e développent la dispersion et l’interpénétration de ces groupes, dans la faculté de choix qui se trouve laissée à chacun,
886 ’interpénétration de ces groupes, dans la faculté de choix qui se trouve laissée à chacun, que le citoyen suisse court cha
887 e le citoyen suisse court chaque jour les chances d’ une liberté réelle, dont il ne prend d’ailleurs pas davantage conscien
888 ne prend d’ailleurs pas davantage conscience que de l’air qu’il respire. De la souveraineté cantonale à la Confédérati
889 vantage conscience que de l’air qu’il respire. De la souveraineté cantonale à la Confédération La structure politiqu
890 nale à la Confédération La structure politique de la plupart des cantons telle qu’on vient de la décrire, date du premi
891 sement des Patriciats, dont la subtile hiérarchie de conseils fut considérablement simplifiée et aérée. Cette évolution in
892 ans une large mesure, allait faciliter le passage de la fédération d’États qu’était l’ancienne Suisse à l’État fédératif q
893 ure, allait faciliter le passage de la fédération d’ États qu’était l’ancienne Suisse à l’État fédératif qu’elle devint en
894 iècle n’était pas un État, mais un enchevêtrement d’ alliances entre républiques souveraines, dont plusieurs gouvernaient d
895 lliages. La Diète fédérale n’était qu’une réunion d’ ambassadeurs des républiques, mandatés par leur gouvernement. Elle n’a
896 voyaient constamment stérilisées par l’opposition d’ un seul État. Pendant la brève période de la « République helvétique »
897 position d’un seul État. Pendant la brève période de la « République helvétique » (1799-1803), la France révolutionnaire t
898 ue » (1799-1803), la France révolutionnaire tenta d’ imposer aux Suisses un régime totalement unifié, mais la résistance fu
899 ce fut si forte, surtout dans les anciens cantons de la Suisse centrale, que Bonaparte se vit contraint de revenir à l’org
900 a Suisse centrale, que Bonaparte se vit contraint de revenir à l’organisation fédérative, tout en établissant l’égalité en
901 conserva ces deux réformes, mais le pacte fédéral de 1815 ne fut de nouveau qu’une alliance conclue entre États souverains
902 ait rapidement intenable. Sous le régime du Pacte de 1815, écrit l’historien William Martin, « la Suisse ressemblait à l’E
903 illiam Martin, « la Suisse ressemblait à l’Europe d’ aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres incontestés de
904 antons souverains étaient les maîtres incontestés de leur politique économique. On comptait alors en Suisse 11 mesures de
905 conomique. On comptait alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’aunes, 87 mesures de grains, 81 pour les liquides
906 t alors en Suisse 11 mesures de pieds, 60 espèces d’ aunes, 87 mesures de grains, 81 pour les liquides, et 50 poids différe
907 mesures de pieds, 60 espèces d’aunes, 87 mesures de grains, 81 pour les liquides, et 50 poids différents ». Le régime mon
908 tait guère moins chaotique. De plus, « incapables de s’entendre sur aucune mesure commune, les cantons multipliaient les m
909 ue toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration »12.
910  »12. Le commerce étranger qui rencontrait autant de barrières douanières que de frontières cantonales lorsqu’il se hasard
911 ui rencontrait autant de barrières douanières que de frontières cantonales lorsqu’il se hasardait à transiter de France en
912 res cantonales lorsqu’il se hasardait à transiter de France en Autriche, d’Allemagne en Italie, se détourna bientôt du ter
913 l se hasardait à transiter de France en Autriche, d’ Allemagne en Italie, se détourna bientôt du territoire helvétique, qui
914 endant, les cantons s’obstinaient dans leur refus de s’ouvrir les uns aux autres, et croyaient pouvoir se borner à conclur
915 des « concordats » limités, facilitant la liberté d’ établissement ou les formalités de transit et de douanes13. Enfin la D
916 tant la liberté d’établissement ou les formalités de transit et de douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas d’une vérita
917 é d’établissement ou les formalités de transit et de douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas d’une véritable armée, mai
918 et de douanes13. Enfin la Diète ne disposait pas d’ une véritable armée, mais de contingents cantonaux très diversement ar
919 iète ne disposait pas d’une véritable armée, mais de contingents cantonaux très diversement armés et entraînés, qui n’avai
920 rès diversement armés et entraînés, qui n’avaient de commun qu’un état-major fédéral. Vis-à-vis de l’étranger, elle était
921 , vraiment, cette Suisse « ressemblait à l’Europe d’ aujourd’hui ». Son unification n’apparaissait guère plus facile. Pourt
922 pparaissait guère plus facile. Pourtant, au terme d’ une trentaine d’années de crises, d’agitation populaire et de tentativ
923 e plus facile. Pourtant, au terme d’une trentaine d’ années de crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme co
924 cile. Pourtant, au terme d’une trentaine d’années de crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme constitutio
925 ant, au terme d’une trentaine d’années de crises, d’ agitation populaire et de tentatives de réforme constitutionnelle, il
926 aine d’années de crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme constitutionnelle, il suffit de la très courte
927 de crises, d’agitation populaire et de tentatives de réforme constitutionnelle, il suffit de la très courte guerre civile
928 entatives de réforme constitutionnelle, il suffit de la très courte guerre civile du Sonderbund pour précipiter la décisio
929 e nécessité : en quelques mois — les six premiers de 1848 — une Constitution fédérale fut discutée, écrite, votée et mise
930 en vigueur. Elle valut à la Suisse un long siècle de paix. Mais non moins que la ressemblance entre l’état de la Suisse an
931 . Mais non moins que la ressemblance entre l’état de la Suisse ancienne et celui de l’Europe d’aujourd’hui, ce qui frappe,
932 lance entre l’état de la Suisse ancienne et celui de l’Europe d’aujourd’hui, ce qui frappe, c’est la similitude des argume
933 l’état de la Suisse ancienne et celui de l’Europe d’ aujourd’hui, ce qui frappe, c’est la similitude des arguments échangés
934 la similitude des arguments échangés, à cent ans de distance, entre les partisans de la fédération et ceux de la souverai
935 ngés, à cent ans de distance, entre les partisans de la fédération et ceux de la souveraineté sans restriction, qu’il s’ag
936 nce, entre les partisans de la fédération et ceux de la souveraineté sans restriction, qu’il s’agisse des cantons ou des É
937 s ou des États-nations modernes. Il vaut la peine de citer les termes dans lesquels Pellegrino Rossi14, le plus brillant a
938 quels Pellegrino Rossi14, le plus brillant avocat de la fédération, critiquait la situation créée par le Pacte de 1815. La
939 ation, critiquait la situation créée par le Pacte de 1815. La faiblesse du lien fédéral, disait-il, créait « une illusion
940 écrivait la paralysie qui frappe une Diète formée de délégués d’États souverains et non de députés des peuples : Lequel d
941 paralysie qui frappe une Diète formée de délégués d’ États souverains et non de députés des peuples : Lequel de nous n’a d
942 iète formée de délégués d’États souverains et non de députés des peuples : Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la form
943 ouverains et non de députés des peuples : Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédé
944 agir les autres… Ces députés obligés quelquefois de résister aux vérités les mieux démontrées… Les magistrats directeurs
945 servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de la Confédération et les hommes du canton… Il n’est, ce me semble, auc
946 es du canton… Il n’est, ce me semble, aucun motif de conserver un pareil état de choses… Rien ne milite en sa faveur, pas
947 veur, pas même la raison, d’ailleurs bien faible, de l’économie… Et Rossi concluait en montrant les progrès « mémorables 
948 édérale dans l’élite et les masses : Oui, l’idée d’ une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent l
949 acteurs des temps modernes, c’est une des gloires de ces temps, que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment pl
950 ires de ces temps, que cette idée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous
951 dée ait acquis plus de netteté, ce sentiment plus d’ énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les é
952 és littéraires et savantes, les vœux, les projets d’ un grand nombre de cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise
953 savantes, les vœux, les projets d’un grand nombre de cantons, et cette anxiété elle-même, et ce malaise général qu’il est
954 -même, et ce malaise général qu’il est impossible de méconnaître, et cette espérance que dans un nouveau Pacte, dans une C
955 nt les raisons que pouvaient avancer, contre tant d’ évidences, les partisans de la souveraineté totale ? Tout d’abord, ils
956 t avancer, contre tant d’évidences, les partisans de la souveraineté totale ? Tout d’abord, ils jugeaient que les projets
957 ale ? Tout d’abord, ils jugeaient que les projets d’ union allaient jeter dans le pays, déjà divisé, un nouveau brandon de
958 ter dans le pays, déjà divisé, un nouveau brandon de discorde15. Les cantons, s’ils renonçaient à la souveraineté, perdrai
959 aient leurs traditions. La suppression des tarifs de péage donnerait le coup de mort à leurs industries (dont quelques-une
960 suppression des tarifs de péage donnerait le coup de mort à leurs industries (dont quelques-unes ne vivaient qu’à la faveu
961 es (dont quelques-unes ne vivaient qu’à la faveur d’ un protectionnisme croissant). On dressait des listes de faillites que
962 rotectionnisme croissant). On dressait des listes de faillites que provoquerait l’union économique. On prédisait tantôt la
963 des autres) et tantôt l’accroissement tyrannique de leur prépondérance. On redoutait l’opposition des grandes puissances
964 oisines. On dénonçait enfin le caractère utopique de ces rêveries… Il n’est pas un de ces arguments qui ne revive dans les
965 ractère utopique de ces rêveries… Il n’est pas un de ces arguments qui ne revive dans les débats actuels sur l’union de l’
966 qui ne revive dans les débats actuels sur l’union de l’Europe. Cependant, une commission de révision constitutionnelle se
967 ur l’union de l’Europe. Cependant, une commission de révision constitutionnelle se réunit le 17 février 1848. Au terme d’u
968 utionnelle se réunit le 17 février 1848. Au terme d’ une seule session, qui se termina le 8 avril de la même année, elle av
969 me d’une seule session, qui se termina le 8 avril de la même année, elle avait rédigé la nouvelle charte. Celle-ci fut ado
970 la nouvelle charte. Celle-ci fut adoptée au mois d’ août, par quinze cantons et demi contre six et demi. Le 6 novembre, le
971 nos jours. L’essor économique, social et culturel de la Suisse fut immédiat. Aucune des catastrophes prédites et calculées
972 atastrophes prédites et calculées par les tenants de l’ordre ancien ne se produisit. Les autorités fédérales C’est l
973 Les autorités fédérales C’est la Constitution de 1848 qui régit la Suisse d’aujourd’hui, nonobstant un assez grand nom
974 C’est la Constitution de 1848 qui régit la Suisse d’ aujourd’hui, nonobstant un assez grand nombre de révisions partielles,
975 e d’aujourd’hui, nonobstant un assez grand nombre de révisions partielles, dont la plus importante fut votée par le peuple
976 tution mérite non seulement l’épithète officielle de « fédérale » mais encore celle de « fédéraliste », et cela pour une r
977 hète officielle de « fédérale » mais encore celle de « fédéraliste », et cela pour une raison précise : c’est qu’elle repr
978 représente une synthèse des autonomies locales et de l’union. En effet, si la fédération limite en droit la souveraineté d
979 leur existence distincte, elle agrandit le champ de leur rayonnement économique et culturel. Cet équilibre, proprement fé
980 fédérale, pouvoir législatif et autorité suprême de la Confédération, est composée de deux Chambres : le Conseil national
981 utorité suprême de la Confédération, est composée de deux Chambres : le Conseil national, représentant le peuple, et le Co
982 est indispensable pour l’acceptation ou le rejet d’ une loi. On croit reconnaître ici le système en vigueur dans un certai
983 ici le système en vigueur dans un certain nombre d’ États modernes, qui possèdent un Sénat à côté de leur Chambre des dépu
984 s États n’est pas du tout l’équivalent du Conseil de la République en France ou de la Chambre des Lords. Il ne ressemble q
985 uivalent du Conseil de la République en France ou de la Chambre des Lords. Il ne ressemble qu’au Sénat américain, étant co
986 ’au Sénat américain, étant comme ce dernier formé de représentants des États membres de la fédération, à raison de deux dé
987 dernier formé de représentants des États membres de la fédération, à raison de deux députés par État, grand ou petit16. L
988 deux députés par État, grand ou petit16. Le mode d’ élection des conseillers varie selon les cantons. C’est tantôt le peup
989 i les nomme. Le Conseil national est élu à raison d’ un député par 22 000 habitants, chaque canton ou demi-canton formant u
990 s, et le général en chef. Elles exercent le droit de grâce, et tranchent les conflits de compétence entre les autorités fé
991 cent le droit de grâce, et tranchent les conflits de compétence entre les autorités fédérales. L’approbation des alliances
992 l’établissement du budget fédéral et la révision de la Constitution sont également de leur compétence. Soulignons enfin q
993 et la révision de la Constitution sont également de leur compétence. Soulignons enfin que les membres de l’Assemblée fédé
994 leur compétence. Soulignons enfin que les membres de l’Assemblée fédérale ne sont jamais liés par les instructions que leu
995 que leur aurait données le corps politique chargé de leur élection. Le mandat impératif est interdit17. « L’autorité direc
996 « L’autorité directoriale et exécutive supérieure de la Confédération est exercée par un Conseil fédéral composé de sept m
997 ration est exercée par un Conseil fédéral composé de sept membres », dit l’article 95 de la Constitution. Ce collège qui r
998 déral composé de sept membres », dit l’article 95 de la Constitution. Ce collège qui remplit à la fois les fonctions d’un
999 n. Ce collège qui remplit à la fois les fonctions d’ un cabinet de ministres et celles d’un chef de l’État, est sans doute
1000 qui remplit à la fois les fonctions d’un cabinet de ministres et celles d’un chef de l’État, est sans doute l’institution
1001 les fonctions d’un cabinet de ministres et celles d’ un chef de l’État, est sans doute l’institution la plus originale de l
1002 t, est sans doute l’institution la plus originale de la Suisse. Ses membres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et s
1003 . L’un d’entre eux est élu chaque année président de la Confédération. Il ne peut exercer cet office deux années de suite,
1004 ration. Il ne peut exercer cet office deux années de suite, et la coutume s’est établie d’une rotation entre les sept cons
1005 deux années de suite, et la coutume s’est établie d’ une rotation entre les sept conseillers : chacun devient président une
1006 t président une fois tous les sept ans, par ordre d’ ancienneté dans le collège. Le Conseil fédéral siège à Berne, et tous
1007 Chambres. Berne, cependant, ne porte pas le titre de capitale, mais seulement de « ville fédérale ». Elle est en même temp
1008 ne porte pas le titre de capitale, mais seulement de « ville fédérale ». Elle est en même temps le chef-lieu du canton auq
1009 du canton auquel elle donne son nom. Ces détails de protocole sont significatifs d’une certaine méfiance — fédéraliste au
1010 nom. Ces détails de protocole sont significatifs d’ une certaine méfiance — fédéraliste autant que proprement helvétique —
1011 ’est en vertu du même sentiment que le commandant d’ une grande unité d’armée suisse n’est pas appelé général, mais colonel
1012 me sentiment que le commandant d’une grande unité d’ armée suisse n’est pas appelé général, mais colonel commandant de corp
1013 n’est pas appelé général, mais colonel commandant de corps (ou de division, ou de brigade) ; que le général en chef, nommé
1014 elé général, mais colonel commandant de corps (ou de division, ou de brigade) ; que le général en chef, nommé par les Cham
1015 s colonel commandant de corps (ou de division, ou de brigade) ; que le général en chef, nommé par les Chambres, ne reçoit
1016 par les Chambres, ne reçoit ce titre qu’en temps de guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée dépend d’une commission de
1017 e titre qu’en temps de guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée dépend d’une commission de défense nationale ; et enfin
1018 guerre, tandis qu’en temps de paix l’armée dépend d’ une commission de défense nationale ; et enfin que l’on aime à soulign
1019 ’en temps de paix l’armée dépend d’une commission de défense nationale ; et enfin que l’on aime à souligner le fait que le
1020 ue l’on aime à souligner le fait que le président de la Confédération n’est, en somme, qu’un primus inter pares. À la véri
1021 pares. À la vérité, le pouvoir, en Suisse, reste d’ ordre essentiellement collégial, qu’il s’agisse des cantons ou de la C
1022 ellement collégial, qu’il s’agisse des cantons ou de la Confédération. Les décisions importantes du gouvernement émanent d
1023 utives. Le Conseil fédéral « présente des projets de lois ou d’arrêtés à l’Assemblée fédérale et donne son préavis sur les
1024 Conseil fédéral « présente des projets de lois ou d’ arrêtés à l’Assemblée fédérale et donne son préavis sur les propositio
1025 les conseils ou par les cantons » (art. 102, § 4 de la Constitution). Mais si les Chambres repoussent ses projets, ou ref
1026 les Chambres repoussent ses projets, ou refusent d’ approuver la gestion d’un Département, il ne démissionne pas. La Suiss
1027 t ses projets, ou refusent d’approuver la gestion d’ un Département, il ne démissionne pas. La Suisse ne connaît pas les cr
1028 portefeuilles qui caractérisent la vie politique de tant d’autres États européens. Elle ne connaît pas non plus, comme le
1029 le veto présidentiel et les fréquents changements de ministres choisis ou renvoyés par le chef de l’État. Il en résulte un
1030 é réélu bien qu’il fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonctio
1031 candidat. La durée moyenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonction pendant trente-deux a
1032 yenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’ eux est demeuré en fonction pendant trente-deux ans. Dans tout autre p
1033 ion pendant trente-deux ans. Dans tout autre pays de structure centralisée, cette inamovibilité pratique de l’exécutif eût
1034 ructure centralisée, cette inamovibilité pratique de l’exécutif eût conduit fatalement et très vite à une sorte de dictatu
1035 f eût conduit fatalement et très vite à une sorte de dictature de l’appareil gouvernemental. Ce danger existe en Suisse, m
1036 fatalement et très vite à une sorte de dictature de l’appareil gouvernemental. Ce danger existe en Suisse, mais il est en
1037 éférendum). Au surplus, quelle que soit l’étendue de ses pouvoirs, le Conseil fédéral n’en demeure pas moins soumis à l’op
1038 à l’opinion publique, et se montre très soucieux de ne point la bousculer : fait d’autant plus remarquable que le mandat
1039 tre très soucieux de ne point la bousculer : fait d’ autant plus remarquable que le mandat des conseillers ne dépend pas di
1040 rait guère imaginer magistrats plus démocratiques d’ allure, plus fréquemment mêlés à la foule de midi sur les plates-forme
1041 iques d’allure, plus fréquemment mêlés à la foule de midi sur les plates-formes de tramways, ni plus facilement accessible
1042 nt mêlés à la foule de midi sur les plates-formes de tramways, ni plus facilement accessibles aux visites et coups de télé
1043 plus facilement accessibles aux visites et coups de téléphone. La composition du Conseil n’est pas moins originale que sa
1044 il n’y a que sept conseillers, il est impossible de faire droit à tant d’exigences simultanées d’une manière équitable, p
1045 seillers, il est impossible de faire droit à tant d’ exigences simultanées d’une manière équitable, proportionnelle aux for
1046 ble de faire droit à tant d’exigences simultanées d’ une manière équitable, proportionnelle aux forces existantes. Le dosag
1047 nq Alémaniques. La Constitution fédérale interdit de choisir plus d’un membre du Conseil dans le même canton, et la coutum
1048 La Constitution fédérale interdit de choisir plus d’ un membre du Conseil dans le même canton, et la coutume veut que les c
1049 e même canton, et la coutume veut que les cantons de Zurich, Berne et Vaud, les plus peuplés, aient droit à un siège en to
1050 disponibles. Quant aux partis, qui sont au nombre de sept, et très inégaux en force, ils doivent se contenter d’une cote t
1051 t très inégaux en force, ils doivent se contenter d’ une cote très mal taillée. Les radicaux, dont les ancêtres furent les
1052 radicaux, dont les ancêtres furent les fondateurs de l’État fédéral, gardent aujourd’hui trois représentants au Conseil fé
1053 ire élire par le peuple, ont été repoussées comme d’ instinct dès leur apparition. Elles visaient à politiser l’exécutif, e
1054 sente le chef de l’État ; il doit rester un corps de techniciens, en tant qu’il administre les affaires fédérales ; et il
1055 nt aux cantons, en tant qu’il exerce une fonction de vigilance et d’arbitrage pour l’ensemble de la fédération. À ce propo
1056 en tant qu’il exerce une fonction de vigilance et d’ arbitrage pour l’ensemble de la fédération. À ce propos, il faut remar
1057 ction de vigilance et d’arbitrage pour l’ensemble de la fédération. À ce propos, il faut remarquer que les 28 juges compos
1058 t le Tribunal fédéral n’ont pas, comme le Conseil d’ État français ou la Cour suprême des États-Unis, le droit d’examiner l
1059 nçais ou la Cour suprême des États-Unis, le droit d’ examiner la conformité des lois nouvelles à la Constitution. Cette com
1060 anton, « ce qui a grandement contribué à l’emploi de méthodes correctes dans l’administration » comme le souligne le juge
1061 s partis et la vie politique Un certain nombre de partis n’existent que dans un seul canton, ou même dans une seule rég
1062 ans un seul canton, ou même dans une seule région de ce canton. Les partis qui ont acquis quelque importance sur le plan f
1063 que importance sur le plan fédéral sont au nombre de sept. La droite est formée par les catholiques-conservateurs, puissan
1064 e Berne. À ce titre, et par un curieux glissement de sens, ils se proclament « fédéralistes », alors que ce mot pourrait a
1065 ue ce mot pourrait aussi bien désigner la volonté d’ union des États, et la désigne en effet sur le plan européen, depuis u
1066 effet sur le plan européen, depuis une vingtaine d’ années. Au reste, les différences de doctrine entre les deux partis co
1067 une vingtaine d’années. Au reste, les différences de doctrine entre les deux partis conservateurs sont clairement indiquée
1068 nt été les plus nombreux aux Chambres durant près d’ un siècle, de 1848 à 1943. Les socialistes les ont supplantés pendant
1069 us nombreux aux Chambres durant près d’un siècle, de 1848 à 1943. Les socialistes les ont supplantés pendant une législatu
1070 supplantés pendant une législature, mais l’issue de la lutte reste indécise, et la faculté d’adaptation qu’on reconnaît a
1071 l’issue de la lutte reste indécise, et la faculté d’ adaptation qu’on reconnaît au radicalisme peut lui ménager plus d’un r
1072 on reconnaît au radicalisme peut lui ménager plus d’ un retour. Il reste le mieux représenté à l’exécutif, sans doute parce
1073 sans doute parce qu’il est le plus représentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le par
1074 parce qu’il est le plus représentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le parti agrarien
1075 présentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’est formé aux dépens des
1076 prit de la Suisse moderne, née de la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’est formé aux dépens des radicaux, pour déf
1077 ux Indépendants, ils se distinguent par un esprit d’ entreprise qui fait oublier leur effectif restreint, et qui reflète la
1078 ffectif restreint, et qui reflète la personnalité de leur chef, G. Duttweiler, commerçant planificateur, publiciste fécond
1079 noncé à l’antimilitarisme, comme à toute velléité de violence politique, et l’on ne voit pas pourquoi les partis bourgeois
1080 oi les partis bourgeois persistent à se qualifier de « nationaux » pour se distinguer d’elle. La majorité des syndicaliste
1081 se qualifier de « nationaux » pour se distinguer d’ elle. La majorité des syndicalistes et des membres des coopératives se
1082 le tableau des partis en Suisse ne présente rien de très typique, rien qui ne se retrouve à quelques nuances près dans le
1083 ur du débat fédéral, c’est un mouvement perpétuel de diastole et de systole, c’est le conflit permanent entre les tendance
1084 éral, c’est un mouvement perpétuel de diastole et de systole, c’est le conflit permanent entre les tendances centralisatri
1085 s programmes sociaux des partis ne présentent pas de différences aussi profondes que dans d’autres pays, et le critère de
1086 i profondes que dans d’autres pays, et le critère de distinction entre la gauche et la droite réelles devrait être cherché
1087 e des députés devant la centralisation croissante de la Confédération. Certes, l’autonomie des cantons n’est mise en quest
1088 n par personne. Elle reste totale au point de vue de l’éducation et de l’instruction, de la culture, de la politique local
1089 le reste totale au point de vue de l’éducation et de l’instruction, de la culture, de la politique locale et des finances.
1090 point de vue de l’éducation et de l’instruction, de la culture, de la politique locale et des finances. Mais elle ne peut
1091 e l’éducation et de l’instruction, de la culture, de la politique locale et des finances. Mais elle ne peut être que parti
1092 deux guerres mondiales ont accéléré le processus de centralisation économique. Elles ont amené l’une et l’autre le régime
1093 ins laissé des traces profondes dans la structure de l’économie suisse. Des plis ont été pris, des milliers d’emplois dans
1094 nomie suisse. Des plis ont été pris, des milliers d’ emplois dans les bureaux fédéraux ont survécu à l’urgence qui les just
1095 tique économique plus ou moins planifiée s’impose de toute évidence. On n’en observe pas moins, depuis quelques années, un
1096 La lutte qu’il a entreprise contre l’institution d’ impôts fédéraux et pour la réduction de l’appareil bureaucratique semb
1097 nstitution d’impôts fédéraux et pour la réduction de l’appareil bureaucratique semble jusqu’ici couronnée de succès. Nombr
1098 ppareil bureaucratique semble jusqu’ici couronnée de succès. Nombre d’observateurs étrangers ont été frappés par l’allure
1099 ique semble jusqu’ici couronnée de succès. Nombre d’ observateurs étrangers ont été frappés par l’allure très particulière
1100 es débats aux Chambres fédérales. Ils ont coutume de comparer ce Parlement à un conseil d’administration. L’éloquence, à v
1101 és avec une calme compétence par des spécialistes de l’économie, des finances, ou de l’administration publique, ne sont pa
1102 des spécialistes de l’économie, des finances, ou de l’administration publique, ne sont pas de nature à soulever l’enthous
1103 ces, ou de l’administration publique, ne sont pas de nature à soulever l’enthousiasme ou l’indignation. En revanche, le ci
1104 elles qui sont en cause : son salaire, ses primes d’ assurance, le prix de la viande, la durée des périodes d’instructions
1105 se : son salaire, ses primes d’assurance, le prix de la viande, la durée des périodes d’instructions militaires, les impôt
1106 ance, le prix de la viande, la durée des périodes d’ instructions militaires, les impôts. Il serait donc injuste d’affirmer
1107 ns militaires, les impôts. Il serait donc injuste d’ affirmer que le Parlement manque de contact avec la population. Allons
1108 t donc injuste d’affirmer que le Parlement manque de contact avec la population. Allons plus loin : cette absence d’excita
1109 c la population. Allons plus loin : cette absence d’ excitation, de fièvre politique, peut très bien signifier que le peupl
1110 n. Allons plus loin : cette absence d’excitation, de fièvre politique, peut très bien signifier que le peuple suisse est s
1111 bien signifier que le peuple suisse est satisfait de ses institutions et ne se pose pas de question de principe à leur suj
1112 t satisfait de ses institutions et ne se pose pas de question de principe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de pr
1113 de ses institutions et ne se pose pas de question de principe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité, de
1114 incipe à leur sujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité, de sécurité, de dignité gouvernementale. Or, c’est la mis
1115 ujet. Elles lui ont valu un siècle de prospérité, de sécurité, de dignité gouvernementale. Or, c’est la misère, la peur et
1116 ui ont valu un siècle de prospérité, de sécurité, de dignité gouvernementale. Or, c’est la misère, la peur et le scandale
1117 s tribuns éloquents et qui passionnent les luttes de partis, tandis que des institutions saines et qui fonctionnent sans a
1118 e montre avec des arguments sonores, mais au prix d’ une application soutenue et de fines retouches. Or les rouages de leu
1119 nores, mais au prix d’une application soutenue et de fines retouches. Or les rouages de leur État, bizarrement ajustés et
1120 n soutenue et de fines retouches. Or les rouages de leur État, bizarrement ajustés et engrenés selon les règles de l’effi
1121 bizarrement ajustés et engrenés selon les règles de l’efficacité et non de la logique abstraite, suggèrent l’image d’une
1122 engrenés selon les règles de l’efficacité et non de la logique abstraite, suggèrent l’image d’une montre de précision, av
1123 et non de la logique abstraite, suggèrent l’image d’ une montre de précision, avec ce qu’il faut de tolérance entre les par
1124 logique abstraite, suggèrent l’image d’une montre de précision, avec ce qu’il faut de tolérance entre les parties pour que
1125 age d’une montre de précision, avec ce qu’il faut de tolérance entre les parties pour que le mécanisme joue. Cette toléran
1126 jeu » est prévu par les lois : ce sont les droits d’ initiative, et surtout de référendum qui le ménagent. Grâce à eux, le
1127 ois : ce sont les droits d’initiative, et surtout de référendum qui le ménagent. Grâce à eux, le peuple suisse n’a jamais
1128 ses élus lui échappent. « Il se réserve toujours de dire le dernier mot par le référendum, et éventuellement le premier p
1129 ntuellement le premier par l’initiative19. » Rien de ce qui se passe à Berne n’est donc irrémédiable, ne doit être pris au
1130 ion prévoit que « les lois et les arrêts fédéraux de portée générale doivent être soumis à l’adoption ou au rejet du peupl
1131 il en va de même pour les traités internationaux de longue durée. Tel est le droit de référendum. Le droit d’initiative l
1132 internationaux de longue durée. Tel est le droit de référendum. Le droit d’initiative législative et constitutionnelle ex
1133 e durée. Tel est le droit de référendum. Le droit d’ initiative législative et constitutionnelle existe dans les cantons. S
1134 applique qu’aux révisions (totales ou partielles) de la Constitution, demandées par 50 000 citoyens au moins. De 1918 à 19
1135 titution, demandées par 50 000 citoyens au moins. De 1918 à 1947, il n’y a pas eu moins de 51 demandes de révision, dont u
1136 s au moins. De 1918 à 1947, il n’y a pas eu moins de 51 demandes de révision, dont une (en 1935) visait à la refonte total
1137 1918 à 1947, il n’y a pas eu moins de 51 demandes de révision, dont une (en 1935) visait à la refonte totale de la Constit
1138 on, dont une (en 1935) visait à la refonte totale de la Constitution. Vingt-cinq de ces initiatives ont abouti. Là encore,
1139 la refonte totale de la Constitution. Vingt-cinq de ces initiatives ont abouti. Là encore, on peut se demander si la mult
1140 encore, on peut se demander si la multiplication de ces retouches trahit un mécontentement croissant à l’égard de la Cons
1141 acceptation fondamentale du régime, qu’il suffit d’ adapter aux circonstances nouvelles. La réponse ne fait pas de doute :
1142 x circonstances nouvelles. La réponse ne fait pas de doute : dans son ensemble, le peuple suisse est l’un des moins révolu
1143 révolutionnaires et l’un des plus évolutionnistes de l’Europe. Il ne croit pas aux constructions ex nihilo, sur table rase
1144 jours servir », plutôt qu’à s’exposer aux risques de détruire le bon usage avec l’abus. Nous verrons au chapitre suivant q
1145 s au chapitre suivant que la situation économique de la Suisse lui interdit tout gaspillage, bien loin de l’exiger comme i
1146 il arrive dans des pays plus jeunes et débordant de ressources naturelles. Il paraît difficile de déceler un courant géné
1147 ant de ressources naturelles. Il paraît difficile de déceler un courant général dans toutes ces réformes, les unes politiq
1148 une révision partielle offrant à la Confédération de nouvelles possibilités de légiférer en matière économique et sociale.
1149 rant à la Confédération de nouvelles possibilités de légiférer en matière économique et sociale. ⁂ Les penseurs suisses on
1150 ue présentent les « petits États » et les chances de grandeur qu’ils trouvent dans leur exiguïté territoriale. Ainsi Jacob
1151 tat existe pour qu’il y ait dans le monde un coin de terre où le plus grand nombre des habitants puissent jouir de la qual
1152 le plus grand nombre des habitants puissent jouir de la qualité de citoyens au vrai sens du mot. Le petit État ne possède
1153 nombre des habitants puissent jouir de la qualité de citoyens au vrai sens du mot. Le petit État ne possède rien d’autre q
1154 u vrai sens du mot. Le petit État ne possède rien d’ autre que la véritable et réelle liberté par laquelle il compense plei
1155 même Alexandre Vinet : Il ne s’attache ni moins de poésie, ni quelquefois moins de célébrité, à l’existence des petites
1156 ’attache ni moins de poésie, ni quelquefois moins de célébrité, à l’existence des petites sociétés politiques qu’à celle d
1157 celle des empires. Elle est davantage l’histoire de la liberté humaine.  Et certes, le tableau que nous venons d’esquiss
1158 humaine.  Et certes, le tableau que nous venons d’ esquisser des institutions et coutumes politiques de la Suisse illustr
1159 esquisser des institutions et coutumes politiques de la Suisse illustre ces déclarations. Encore faut-il bien préciser que
1160 tesse du territoire n’est pas en soi une garantie de liberté pour les peuples qui l’habitent : on a connu de petites tyran
1161 erté pour les peuples qui l’habitent : on a connu de petites tyrannies, de petits États unitaires soumis à la dictature d’
1162 qui l’habitent : on a connu de petites tyrannies, de petits États unitaires soumis à la dictature d’un homme ou d’un clan.
1163 , de petits États unitaires soumis à la dictature d’ un homme ou d’un clan. Dans ses limites étroites, la Suisse eût fort b
1164 ats unitaires soumis à la dictature d’un homme ou d’ un clan. Dans ses limites étroites, la Suisse eût fort bien pu perdre
1165 tonales et leur complexité. On aurait vu le règne de la majorité s’y instaurer, et y créer un état d’oppression bien plus
1166 de la majorité s’y instaurer, et y créer un état d’ oppression bien plus néfaste encore que dans de grands pays moins dive
1167 at d’oppression bien plus néfaste encore que dans de grands pays moins diversifiés par la nature et par l’histoire. On aur
1168 les industriels et les masses ouvrières. Si rien de tout cela ne s’est produit, le mérite en revient beaucoup plus au res
1169 e l’on a pu écrire : « La Suisse est une victoire de l’homme sur l’homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, Guide politique suiss
1170 teur : L’Autonomie communale et la reconstruction de l’Europe, trad. française, 1946. 9. Fritz Fleiner, Beamtenstaat und
1171 948, p. 145-146 et 148. 11. Président du Conseil d’ État. 12. William Martin, Histoire de la Suisse, 1940, p. 241. 13. C
1172 du Conseil d’État. 12. William Martin, Histoire de la Suisse, 1940, p. 241. 13. Cf. William Rappard, La Constitution fé
1173 13. Cf. William Rappard, La Constitution fédérale de la Suisse, 1948, p. 43 à 49. On pense irrésistiblement aux accords bi
1174 ds bilatéraux ou multilatéraux qui se multiplient de nos jours (visas, protectionnisme, unions douanières) sans toucher à
1175 , en 1832. Cet Italien réfugié en Suisse au début de la Restauration, devint professeur à l’Université de Genève, député à
1176 la Restauration, devint professeur à l’Université de Genève, député à la Diète fédérale, principal rédacteur du premier pr
1177 e fédérale, principal rédacteur du premier projet de Constitution dit pacte Rossi ; puis il passa en France, où il fut cré
1178 Rome, étant alors chef du gouvernement pontifical de Pie IX : c’était en 1848, l’année qui vit le triomphe de ses idées en
1179 IX : c’était en 1848, l’année qui vit le triomphe de ses idées en Suisse. 15. Cf. William Rappard, op. cit. p. 83 et p. 2
1180 , Guide politique suisse, 1947, p. 142 et art. 91 de la Constitution actuelle (art. 79 de la Constitution de 1848) : « Les
1181 2 et art. 91 de la Constitution actuelle (art. 79 de la Constitution de 1848) : « Les membres des deux conseils votent san
1182 Constitution actuelle (art. 79 de la Constitution de 1848) : « Les membres des deux conseils votent sans instructions. »
1183 1948, p. 154. 20. Gonzague de Reynold,Conscience de la Suisse, 1938.
5 1953, La Confédération helvétique. Chapitre III. Institutions et aspirations économiques
1184 miques Nous ne tenterons pas, dans ce chapitre, de donner un tableau complet de l’économie suisse, ni d’analyser ses pro
1185 s, dans ce chapitre, de donner un tableau complet de l’économie suisse, ni d’analyser ses problèmes actuels : certaines mo
1186 onner un tableau complet de l’économie suisse, ni d’ analyser ses problèmes actuels : certaines modifications de la situati
1187 r ses problèmes actuels : certaines modifications de la situation européenne ou mondiale peuvent les transformer demain da
1188 . On s’imagine volontiers la Suisse comme un pays de pâtres pittoresques qui chantent des jodels, font des trous dans le f
1189 mage, et vendent très cher aux étrangers le droit de contempler leurs paysages célèbres. En fait, c’est à peine si 22 % de
1190 paysages célèbres. En fait, c’est à peine si 22 % de la population vivent de l’agriculture21, tandis que 57 % vivent de l’
1191 it, c’est à peine si 22 % de la population vivent de l’agriculture21, tandis que 57 % vivent de l’industrie et du commerce
1192 vivent de l’agriculture21, tandis que 57 % vivent de l’industrie et du commerce. La Suisse est un des pays les plus indust
1193 les plus industrialisés du monde. Cependant, près d’ un quart de son territoire est improductif, les matières premières (ch
1194 dustrialisés du monde. Cependant, près d’un quart de son territoire est improductif, les matières premières (charbon, pétr
1195 , son marché intérieur est exigu, et elle n’a pas de colonies ni de débouchés sur la mer. Le développement industriel de l
1196 térieur est exigu, et elle n’a pas de colonies ni de débouchés sur la mer. Le développement industriel de la Suisse appara
1197 débouchés sur la mer. Le développement industriel de la Suisse apparaît donc au plus haut point paradoxal. Rappelons-en d’
1198 nous trouvons une première « constante humaine » de la Suisse avec les Markgenossenschaften (corporations forestières ; t
1199 ératives dit-on « à gauche ») puis avec les corps de métier. Au xive siècle, l’orfèvrerie apparaît à Genève. Au xvie siè
1200 assés du Tessin introduisent à Zurich l’industrie de la soie. Au xviie , les huguenots chassés de France développent l’hor
1201 trie de la soie. Au xviie , les huguenots chassés de France développent l’horlogerie à Genève, où elle était née chez les
1202 à Genève, où elle était née chez les orfèvres, et d’ où elle se répandra vers le nord, dans le Jura. Au xviiie siècle, les
1203 s observateurs étrangers s’étonnent du haut degré d’ industrialisation de la Suisse. Mais dans l’ensemble, l’économie du pa
1204 gers s’étonnent du haut degré d’industrialisation de la Suisse. Mais dans l’ensemble, l’économie du pays reste essentielle
1205 . Les débuts du xixe siècle marquent une période de crise (blocus continental, puis multiplication des douanes et taxes i
1206 intérieures). Vers 1830, les premières fabriques de machines s’installent dans le canton de Zurich, malgré la résistance
1207 fabriques de machines s’installent dans le canton de Zurich, malgré la résistance de la population. Les cens et les dîmes
1208 nt dans le canton de Zurich, malgré la résistance de la population. Les cens et les dîmes sont abolis dans les campagnes.
1209 agnes. À partir de 1848, l’unification économique de la Confédération étant acquise, l’industrie prend son plein essor, au
1210 l’agriculture. Quels ont été les facteurs humains de cet essor, que rien ne faisait prévoir dans la nature des choses ? À
1211 ait prévoir dans la nature des choses ? À la base de tout, nous voyons un calcul juste. Il s’agissait, pour les artisans d
1212 xixe siècle que les machines mettaient en mesure de se transformer en industriels, d’atténuer ou de compenser les désavan
1213 aient en mesure de se transformer en industriels, d’ atténuer ou de compenser les désavantages de la situation suisse. Il f
1214 e de se transformer en industriels, d’atténuer ou de compenser les désavantages de la situation suisse. Il fallait tout d’
1215 iels, d’atténuer ou de compenser les désavantages de la situation suisse. Il fallait tout d’abord se procurer les matières
1216 choix se porta d’une part sur celles qui, venant de loin, ne coûtaient pas beaucoup plus cher en Suisse que dans les pays
1217 a laine ; d’autre part, sur celles dont les frais de transport étaient minimes par rapport à la valeur intrinsèque : la so
1218 s le départ, vers la spécialisation, les produits de luxe, et surtout vers les industries de transformation, dans lesquell
1219 produits de luxe, et surtout vers les industries de transformation, dans lesquelles l’habileté de la main-d’œuvre joue un
1220 ies de transformation, dans lesquelles l’habileté de la main-d’œuvre joue un rôle essentiel. « C’est sans doute une bonne
1221 de sa naissance a dit à ce pays : Tu n’auras pas de houille. Elle lui épargnait ainsi les tentations de la masse et le co
1222 houille. Elle lui épargnait ainsi les tentations de la masse et le condamnait à la supériorité. » Le problème était en ef
1223 en effet le suivant : comment augmenter la valeur de ces produits coûteux et importés de manière à créer les exportations
1224 e que dans la qualité exceptionnelle du processus de transformation. En d’autres termes, ce qu’on allait exporter, c’était
1225 première importée plus du travail. Et telle est, de nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. Leurs
1226 le est, de nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. Leurs traditions artisanales les préparaient à
1227 avant l’apparition des machines, les populations de la Suisse orientale avaient porté l’industrie textile à son plus haut
1228 t porté l’industrie textile à son plus haut point de raffinement, tandis que les montagnards de l’Ouest manifestaient un g
1229 point de raffinement, tandis que les montagnards de l’Ouest manifestaient un génie très particulier de la mécanique : Rou
1230 e l’Ouest manifestaient un génie très particulier de la mécanique : Rousseau les a décrits dans sa Lettre à d’Alembert. Le
1231 canique : Rousseau les a décrits dans sa Lettre à d’ Alembert. Les uns comme les autres travaillaient à la main et au métie
1232 au métier, dans leurs petits ateliers familiaux. De génération en génération, la main se formait, des traditions s’établi
1233 u travail, si elle pouvait assurer la supériorité de la production suisse dans certaines branches de l’industrie et pour u
1234 é de la production suisse dans certaines branches de l’industrie et pour un certain temps, ne devait pas suffire à la long
1235 r la concurrence des grands voisins européens, ou de l’Amérique, qui ne cessaient de perfectionner la production de série.
1236 ins européens, ou de l’Amérique, qui ne cessaient de perfectionner la production de série. Au goût méticuleux de la belle
1237 , qui ne cessaient de perfectionner la production de série. Au goût méticuleux de la belle ouvrage, à la conscience dans l
1238 ionner la production de série. Au goût méticuleux de la belle ouvrage, à la conscience dans le travail et à la précision h
1239 du coup de main, les Suisses se virent contraints d’ ajouter une qualité nouvelle, un nouveau moyen de compenser la quantit
1240 d’ajouter une qualité nouvelle, un nouveau moyen de compenser la quantité : l’ingéniosité technique, l’invention. Ce fut
1241 s (Romands aussi bien qu’Alémaniques) : le besoin d’ appliquer les résultats de leurs spéculations philosophiques ou scient
1242 lémaniques) : le besoin d’appliquer les résultats de leurs spéculations philosophiques ou scientifiques, de les concrétise
1243 urs spéculations philosophiques ou scientifiques, de les concrétiser en techniques utiles ; et cela bien moins pour en tir
1244 a bien moins pour en tirer profit que par l’effet d’ une conviction morale, souvent même religieuse, renforcée par un goût
1245 nt même religieuse, renforcée par un goût naturel de l’authenticité et de sa vérification méfiante. Les noms de Paracelse
1246 enforcée par un goût naturel de l’authenticité et de sa vérification méfiante. Les noms de Paracelse et de C. G. Jung illu
1247 enticité et de sa vérification méfiante. Les noms de Paracelse et de C. G. Jung illustrent cette disposition : ces deux « 
1248 a vérification méfiante. Les noms de Paracelse et de C. G. Jung illustrent cette disposition : ces deux « voyants » adonné
1249 es mythes, en tirent tous les deux des techniques de guérison. De même, le grand mathématicien bâlois Léonard Euler, par a
1250 fférentiel et intégral, trace les plans détaillés de la première turbine. À la même époque (xviiie siècle), les trois Ber
1251 me époque (xviiie siècle), les trois Bernouilli, de Bâle également, élaborent les lois fondamentales de la mécanique. Auj
1252 Bâle également, élaborent les lois fondamentales de la mécanique. Aujourd’hui même, comme le note André Siegfried, l’ind
1253 travaille d’après les formules et les découvertes de ces mathématiciens, qui sont également à la base du régime des assura
1254 est mondiale, plonge ses racines dans un terroir de haute science, qui ne doit point nous dissimuler un esprit pratique i
1255 industrie sont devenues organiques. Les « bureaux d’ étude » jouent un rôle essentiel dans toutes les grandes entreprises d
1256 ses du pays. À Genève, la Société des instruments de physique naît à titre d’annexe des laboratoires de la Faculté des Sci
1257 Société des instruments de physique naît à titre d’ annexe des laboratoires de la Faculté des Sciences. Le cœur de la giga
1258 e physique naît à titre d’annexe des laboratoires de la Faculté des Sciences. Le cœur de la gigantesque entreprise Nestlé,
1259 laboratoires de la Faculté des Sciences. Le cœur de la gigantesque entreprise Nestlé, c’est le laboratoire central de rec
1260 e entreprise Nestlé, c’est le laboratoire central de recherches et d’essais installé à Vevey, au siège d’une direction gén
1261 lé, c’est le laboratoire central de recherches et d’ essais installé à Vevey, au siège d’une direction générale qui contrôl
1262 recherches et d’essais installé à Vevey, au siège d’ une direction générale qui contrôle 125 sociétés affiliées, dans toute
1263 décisive à Charles Édouard Guillaume, prix Nobel de physique, qui invente l’invar, le balancier intégral et le spiral de
1264 vente l’invar, le balancier intégral et le spiral de compensation. L’Institut chronométrique de l’Observatoire de Neuchâte
1265 spiral de compensation. L’Institut chronométrique de l’Observatoire de Neuchâtel, qui donne l’heure à toute la Suisse, col
1266 tion. L’Institut chronométrique de l’Observatoire de Neuchâtel, qui donne l’heure à toute la Suisse, collabore étroitement
1267 Suisse, collabore étroitement avec les fabricants d’ horlogerie, en soumettant les chronomètres à des épreuves de position
1268 ie, en soumettant les chronomètres à des épreuves de position et de température, et en délivrant des bulletins de marche q
1269 nt les chronomètres à des épreuves de position et de température, et en délivrant des bulletins de marche quand les résult
1270 et de température, et en délivrant des bulletins de marche quand les résultats sont bons. L’Université de Neuchâtel a son
1271 arche quand les résultats sont bons. L’Université de Neuchâtel a son laboratoire de recherches horlogères. De son côté, l’
1272 bons. L’Université de Neuchâtel a son laboratoire de recherches horlogères. De son côté, l’industrie chimique emploie un t
1273 hâtel a son laboratoire de recherches horlogères. De son côté, l’industrie chimique emploie un très grand nombre de savant
1274 l’industrie chimique emploie un très grand nombre de savants (parfois professeurs d’Université et prix Nobel, eux aussi),
1275 très grand nombre de savants (parfois professeurs d’ Université et prix Nobel, eux aussi), chimistes, pharmacologues et bio
1276 ogues et biologistes. Le seul groupe Interpharma, de Bâle, disposait en 1939 de 35 instituts de recherches pour 57 fabriqu
1277 ul groupe Interpharma, de Bâle, disposait en 1939 de 35 instituts de recherches pour 57 fabriques. Un économiste anglais,
1278 harma, de Bâle, disposait en 1939 de 35 instituts de recherches pour 57 fabriques. Un économiste anglais, H. N. Casson, a
1279 3. Rappelons parmi les plus connues et populaires de celles qui sont nées dans les laboratoires industriels de la Suisse :
1280 s qui sont nées dans les laboratoires industriels de la Suisse : la crémaillère, la poudre DDT, le nescafé, la fermeture-é
1281 la proportion des ingénieurs (formés par l’École d’ ingénieurs de Lausanne, et par le Polytechnicum de Zurich) et celle de
1282 n des ingénieurs (formés par l’École d’ingénieurs de Lausanne, et par le Polytechnicum de Zurich) et celle des contremaîtr
1283 ) et celle des contremaîtres spécialisés, dépasse de très loin, dans les usines suisses, tout ce qu’on observe dans le res
1284 monde. À cette stratégie efficace, à ces qualités de travail et d’invention, compensant des conditions de départ particuli
1285 stratégie efficace, à ces qualités de travail et d’ invention, compensant des conditions de départ particulièrement défavo
1286 travail et d’invention, compensant des conditions de départ particulièrement défavorables, la nature suisse devait enfin v
1287 suisse devait enfin venir en aide au xxe siècle, de la manière la plus imprévisible. Les parties désertiques du territoir
1288 èrent soudain en richesse naturelle. Le « château d’ eau » des Alpes centrales devint une source inépuisable d’énergie. Il
1289 des Alpes centrales devint une source inépuisable d’ énergie. Il serait curieux de décrire en détail le contraste entre les
1290 e source inépuisable d’énergie. Il serait curieux de décrire en détail le contraste entre les pays de houille noire et les
1291 de décrire en détail le contraste entre les pays de houille noire et les pays de houille blanche, entre ceux qui tirent l
1292 raste entre les pays de houille noire et les pays de houille blanche, entre ceux qui tirent l’énergie d’en bas, du sous-so
1293 houille blanche, entre ceux qui tirent l’énergie d’ en bas, du sous-sol, et ceux qui la reçoivent d’en haut, des sommets.
1294 e d’en bas, du sous-sol, et ceux qui la reçoivent d’ en haut, des sommets. L’exploitation des mines a créé presque partout
1295 ennes relativement misérables, des agglomérations de maisonnettes de brique monotones, des conditions d’hygiène pitoyables
1296 nt misérables, des agglomérations de maisonnettes de brique monotones, des conditions d’hygiène pitoyables, tandis que la
1297 maisonnettes de brique monotones, des conditions d’ hygiène pitoyables, tandis que la transformation d’un glacier en énerg
1298 ’hygiène pitoyables, tandis que la transformation d’ un glacier en énergie électrique ne demande que de la main-d’œuvre qua
1299 d’un glacier en énergie électrique ne demande que de la main-d’œuvre qualifiée, crée des lacs dans les vallées hautes et s
1300 tes et salubres, des usines presque silencieuses, de la lumière et de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un
1301 des usines presque silencieuses, de la lumière et de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un pays propre, et
1302 es astiquées, trains sans fumée, peu de cheminées d’ usines, luxueuse illumination des villes. Les campagnes elles-mêmes pa
1303 sons suisses sont éclairées à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau
1304 à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau à accumulation24. La cadenc
1305 oitié sont pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau à accumulation24. La cadence de la construction d’usines
1306 es et de chauffe-eau à accumulation24. La cadence de la construction d’usines hydro-électriques semble devoir s’accélérer
1307 u à accumulation24. La cadence de la construction d’ usines hydro-électriques semble devoir s’accélérer encore au cours des
1308 ours des années qui viennent, malgré l’opposition de quelques communes montagnardes qui refusent — par vote populaire — de
1309 montagnardes qui refusent — par vote populaire — de vendre leurs pâturages et vallées hautes pour qu’on y construise des
1310 conditions générales du développement économique de la Suisse, telles que nous venons de les esquisser, présentent une ce
1311 s semblent nées les unes des autres par une sorte de filiation raisonnable. Il y eut d’abord les artisans du tissage, pend
1312 aux tisserands et filateurs, on créa des ateliers de construction mécanique qui devinrent les ancêtres des puissantes entr
1313 les ancêtres des puissantes entreprises modernes de la région zurichoise. L’accroissement de la production textile provoq
1314 modernes de la région zurichoise. L’accroissement de la production textile provoqua d’autre part la naissance de l’industr
1315 uction textile provoqua d’autre part la naissance de l’industrie des colorants, qui engendra les grandes usines de produit
1316 ie des colorants, qui engendra les grandes usines de produits chimiques et pharmaceutiques de Bâle. Enfin les progrès de l
1317 s usines de produits chimiques et pharmaceutiques de Bâle. Enfin les progrès de l’électrochimie permirent d’exploiter (grâ
1318 ues et pharmaceutiques de Bâle. Enfin les progrès de l’électrochimie permirent d’exploiter (grâce à l’une des rares riches
1319 e. Enfin les progrès de l’électrochimie permirent d’ exploiter (grâce à l’une des rares richesses naturelles de la Suisse,
1320 ter (grâce à l’une des rares richesses naturelles de la Suisse, l’eau des montagnes) l’aluminium, dont les usages se multi
1321 se multiplient dans les domaines les plus divers, de l’architecture à la mécanique de précision, de l’aviation au mobilier
1322 les plus divers, de l’architecture à la mécanique de précision, de l’aviation au mobilier. Peu à peu, la fabrication des t
1323 s, de l’architecture à la mécanique de précision, de l’aviation au mobilier. Peu à peu, la fabrication des textiles l’a cé
1324 is elle reste l’une des cinq branches principales de l’industrie suisse, qui sont (classées d’après le nombre des personne
1325 du pays, et plus particulièrement dans le canton de Zurich. Ces usines ont construit les locomotives et les dynamos les p
1326 r les paquebots. Malgré les dimensions imposantes de ces engins, ou à cause d’elles, les techniques mises en œuvre pour le
1327 s dimensions imposantes de ces engins, ou à cause d’ elles, les techniques mises en œuvre pour les construire restent appar
1328 pour les construire restent apparentées à celles de la mécanique de précision, et différent considérablement des techniqu
1329 uire restent apparentées à celles de la mécanique de précision, et différent considérablement des techniques américaines,
1330 techniques américaines, adaptées à la production de série. L’esprit suisse n’est pas porté à la recherche de la quantité,
1331 e. L’esprit suisse n’est pas porté à la recherche de la quantité, des effets de masse, mais à celle de la qualité, des tou
1332 s porté à la recherche de la quantité, des effets de masse, mais à celle de la qualité, des tours de force d’ajustage et d
1333 de la quantité, des effets de masse, mais à celle de la qualité, des tours de force d’ajustage et de précision. Il n’ambit
1334 s de masse, mais à celle de la qualité, des tours de force d’ajustage et de précision. Il n’ambitionne pas le biggest in t
1335 e, mais à celle de la qualité, des tours de force d’ ajustage et de précision. Il n’ambitionne pas le biggest in the world,
1336 e de la qualité, des tours de force d’ajustage et de précision. Il n’ambitionne pas le biggest in the world, mais s’enorgu
1337 biggest in the world, mais s’enorgueillira plutôt de mettre au point la plus petite montre qu’on ait jamais vue. Car là où
1338 ns pourraient être faites à propos de l’industrie de la soie, des rubans, du coton et de la broderie, qui bien qu’ultraméc
1339 e l’industrie de la soie, des rubans, du coton et de la broderie, qui bien qu’ultramécanisée, n’en continue pas moins à dé
1340 ns à dépendre largement des qualités personnelles de la main-d’œuvre, et ne doit qu’à ces dernières de garder son rang en
1341 de la main-d’œuvre, et ne doit qu’à ces dernières de garder son rang en Europe. Quant à l’industrie des produits alimentai
1342 duits chimiques, leurs succès relèvent avant tout de l’esprit d’invention des savants, qui poursuivent leurs recherches da
1343 ues, leurs succès relèvent avant tout de l’esprit d’ invention des savants, qui poursuivent leurs recherches dans les burea
1344 qui poursuivent leurs recherches dans les bureaux d’ études. Nous avons déjà mentionné les plus fameuses de ces entreprises
1345 udes. Nous avons déjà mentionné les plus fameuses de ces entreprises, la Nestlé et les usines de Bâle. Elles sont symboliq
1346 euses de ces entreprises, la Nestlé et les usines de Bâle. Elles sont symboliques du rôle de l’Europe dans le monde, depui
1347 es usines de Bâle. Elles sont symboliques du rôle de l’Europe dans le monde, depuis un siècle, en ce sens qu’elles constit
1348 iècle, en ce sens qu’elles constituent des foyers de création qui ont intérêt à répandre leurs secrets sur toute la planèt
1349 tard si les peuples ne s’unissent pas. ⁂ L’essor de l’industrie suisse, par un nouveau paradoxe, s’est produit dans la pé
1350 entier les mesures protectionnistes. La nécessité d’ exporter s’est donc accrue en même temps que les barrières douanières
1351 x. Il a fallu tourner la difficulté par une série de tours de force. Pour lutter contre la concurrence étrangère soutenue
1352 allu tourner la difficulté par une série de tours de force. Pour lutter contre la concurrence étrangère soutenue par des t
1353 tifs, il a fallu se spécialiser dans les produits de haute qualité, ou créer des succursales dans les pays les plus fermés
1354 r ses techniques et ses techniciens, ses monteurs d’ usines électriques, ses procédés de fabrication du chocolat ou du café
1355 , ses monteurs d’usines électriques, ses procédés de fabrication du chocolat ou du café soluble. Pour trouver de nouveaux
1356 tion du chocolat ou du café soluble. Pour trouver de nouveaux débouchés, il a fallu couvrir la terre entière d’un réseau d
1357 ux débouchés, il a fallu couvrir la terre entière d’ un réseau de représentation industrielle et de services d’information,
1358 , il a fallu couvrir la terre entière d’un réseau de représentation industrielle et de services d’information, doublant la
1359 ère d’un réseau de représentation industrielle et de services d’information, doublant la diplomatie proprement dite de tou
1360 eau de représentation industrielle et de services d’ information, doublant la diplomatie proprement dite de toute une « dip
1361 formation, doublant la diplomatie proprement dite de toute une « diplomatie technique ». Enfin, il a fallu s’adapter aux
1362 nfin, il a fallu s’adapter aux circonstances nées de deux guerres mondiales, maintenir une monnaie forte pour forcer les f
1363 s la réalité économique, la Suisse s’est éloignée de ses voisins européens pour se rapprocher des Amériques et des Dominio
1364 e continent renverse ce mouvement.25 Le résultat de ces efforts, la réponse helvétique au challenge du protectionnisme ex
1365 ’exprime par un seul chiffre : la Suisse continue d’ exporter près du tiers de sa production globale, alors que les États-U
1366 fre : la Suisse continue d’exporter près du tiers de sa production globale, alors que les États-Unis n’ont jamais dépassé
1367 es pourcentages sont encore plus frappants : 66 % de la production chimique, 75 % des machines construites, 96 % des montr
1368 ont pas moins liés au monde entier — bien au-delà de l’Europe — par les nécessités vitales de leur économie. Il n’y a guèr
1369 au-delà de l’Europe — par les nécessités vitales de leur économie. Il n’y a guère que dans le domaine de l’agriculture qu
1370 leur économie. Il n’y a guère que dans le domaine de l’agriculture que la Suisse ait tenté une expérience d’autonomie rela
1371 griculture que la Suisse ait tenté une expérience d’ autonomie relative, sous la menace d’étranglement créée par la dernièr
1372 e expérience d’autonomie relative, sous la menace d’ étranglement créée par la dernière guerre. Nous avons vu que la part
1373 ar la dernière guerre. Nous avons vu que la part de l’agriculture n’a pas cessé de diminuer, depuis cent ans, dans l’écon
1374 ons vu que la part de l’agriculture n’a pas cessé de diminuer, depuis cent ans, dans l’économie générale du pays. La popul
1375 re au pays, la surface des emblavures ayant passé de 300 000 hectares en 1850 à 114 000 en 1914. Certes, les techniques ag
1376 faisait l’étonnement des étrangers, le phénomène de désaffection des campagnes ne se faisait pas sentir avec autant d’acu
1377 es campagnes ne se faisait pas sentir avec autant d’ acuité que dans les pays voisins, et le régime traditionnel de la peti
1378 dans les pays voisins, et le régime traditionnel de la petite et moyenne propriété ne subissait que peu de modifications.
1379 out cela ne compensait pas l’accroissement rapide de la population et de ses besoins alimentaires. Pour la Suisse, la mena
1380 it pas l’accroissement rapide de la population et de ses besoins alimentaires. Pour la Suisse, la menace d’une guerre euro
1381 s besoins alimentaires. Pour la Suisse, la menace d’ une guerre européenne constituait donc une menace de famine rapide, mê
1382 une guerre européenne constituait donc une menace de famine rapide, même si la neutralité devait être une fois de plus res
1383 matique des surfaces cultivées et la constitution de réserves alimentaires. Dès 1940, la Suisse se vit entièrement cernée
1384 isse se vit entièrement cernée par les puissances de l’Axe. Pour parer autant qu’il se pouvait à d’éventuelles mesures de
1385 es de l’Axe. Pour parer autant qu’il se pouvait à d’ éventuelles mesures de blocus, le gouvernement décréta la mise en œuvr
1386 r autant qu’il se pouvait à d’éventuelles mesures de blocus, le gouvernement décréta la mise en œuvre immédiate d’un plan
1387 e gouvernement décréta la mise en œuvre immédiate d’ un plan de culture intensive et extensive, conçu par le Dr Wahlen. Tou
1388 ment décréta la mise en œuvre immédiate d’un plan de culture intensive et extensive, conçu par le Dr Wahlen. Toute la popu
1389 rant et ensemençant, jusqu’au dernier mètre carré de terrain disponible, pelouses, jardins et même jardins publics. Au bou
1390 roduction agricole (calculée en calories) passait de 52 à 80 % du total nécessaire à la consommation. Cet effort collectif
1391 rigé, a largement rétabli l’équilibre alimentaire de la Suisse. Cependant, l’avenir de la classe paysanne reste inquiétant
1392 bre alimentaire de la Suisse. Cependant, l’avenir de la classe paysanne reste inquiétant, en dépit d’un certain nombre de
1393 ne reste inquiétant, en dépit d’un certain nombre de facteurs favorables. Le gouvernement fédéral et les cantons subventio
1394 ouvernement fédéral et les cantons subventionnent de diverses manières la production agricole. Les paysans peuvent aussi s
1395 Les paysans peuvent aussi s’appuyer sur l’action de leurs coopératives locales, qui étaient au nombre de 17 584 en 1940.
1396 leurs coopératives locales, qui étaient au nombre de 17 584 en 1940. Et l’on peut ajouter que la structure fédérative du p
1397 dépit de tout, une part exceptionnellement élevée de sa production. L’appoint nécessaire ne peut être fourni, normalement,
1398 ’est dire, une fois de plus, que le sort matériel de la Suisse dépend étroitement de l’équilibre européen et mondial. On i
1399 le sort matériel de la Suisse dépend étroitement de l’équilibre européen et mondial. On imagine difficilement un pays pou
1400 imagine difficilement un pays pour lequel l’idée d’ autarcie soit plus utopique. ⁂ Les commentaires et même les chiffres q
1401 que nous avons donnés, concernant les conditions de départ et les réalisations de l’économie helvétique, définissent dans
1402 nant les conditions de départ et les réalisations de l’économie helvétique, définissent dans leur ensemble ce que l’on pou
1403 tarisme à base de moralisme, et un besoin méfiant de certitudes tangibles, ont pu favoriser le développement d’entreprises
1404 udes tangibles, ont pu favoriser le développement d’ entreprises techniques de plus en plus hardies, mais toujours méticule
1405 pas à pas, et appuyées par les plus sûres données de la science. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’est pas, com
1406 ’est pas, comme dans les grands pays voisins, une de ces créations tentaculaires que le peuple subit, et qui semblent issu
1407 aires que le peuple subit, et qui semblent issues de la rencontre accidentelle de grands capitaux et de vastes ressources
1408 qui semblent issues de la rencontre accidentelle de grands capitaux et de vastes ressources naturelles. Bien au contraire
1409 e la rencontre accidentelle de grands capitaux et de vastes ressources naturelles. Bien au contraire, sa naissance et son
1410 lides. C’est pourquoi l’on peut affirmer qu’à peu d’ exceptions près, ce peuple se sent à l’aise dans son économie autant q
1411 les a faits à sa mesure. L’examen du budget moyen d’ une famille suisse moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou d’employés va n
1412 moyen d’une famille suisse moyenne (4 personnes) d’ ouvriers ou d’employés va nous permettre des recoupements intéressants
1413 amille suisse moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou d’ employés va nous permettre des recoupements intéressants. Le chaos mon
1414 s intéressants. Le chaos monétaire actuel empêche de comparer avec précision les gains et leur pouvoir d’achat dans différ
1415 comparer avec précision les gains et leur pouvoir d’ achat dans différents pays. Mais l’impression générale, tant des indig
1416 que dans les pays voisins. Dans le budget annuel d’ une famille d’ouvriers, en 1946, les principales dépenses se décompose
1417 pays voisins. Dans le budget annuel d’une famille d’ ouvriers, en 1946, les principales dépenses se décomposent comme suit 
1418 on 6 % Assurances 7 % Impôts 4,5 % Dépenses de société 3,5 % (À quoi s’ajoutent, d’après les statistiques que nous
1419 e.) Ces pour cent sont calculés sur un gain total de 8222 frs comprenant le salaire, les prestations d’assurances, les rec
1420 e 8222 frs comprenant le salaire, les prestations d’ assurances, les recettes comptables et un solde de l’année précédente.
1421 d’assurances, les recettes comptables et un solde de l’année précédente. Si nous examinons le budget d’une famille de fonc
1422 e l’année précédente. Si nous examinons le budget d’ une famille de fonctionnaires ou d’employés nous trouverons peu de dif
1423 édente. Si nous examinons le budget d’une famille de fonctionnaires ou d’employés nous trouverons peu de différence avec l
1424 nons le budget d’une famille de fonctionnaires ou d’ employés nous trouverons peu de différence avec le précédent, le total
1425 le précédent, le total des gains étant cette fois de 10 389 frs. L’employé dépense un peu moins que l’ouvrier pour son ali
1426 s) un peu plus pour son habillement et ses primes d’ assurances (9 %). Dans les deux cas, on est frappé par la part relativ
1427 as, on est frappé par la part relativement faible de l’alimentation et des plaisirs26, relativement forte du logement et d
1428 des plaisirs26, relativement forte du logement et de l’habillement. Le Suisse tient donc beaucoup plus que le Français ou
1429 éricain du Nord : ses goûts correspondent au type d’ économie qui se développe autour de lui, essentiellement industrielle.
1430 en l’est aussi, on l’aura vu, pour les compagnies d’ assurance. Celles-ci sont au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compa
1431 compagnies d’assurance. Celles-ci sont au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compagnies de réassurance, qui détiennent l
1432 au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compagnies de réassurance, qui détiennent le premier rang dans le monde par leur ch
1433 nt le premier rang dans le monde par leur chiffre d’ affaires. La plupart de ces sociétés sont établies sur un plan interna
1434 tié des primes qui leur sont payées — un milliard de francs suisses par an — provient des polices conclues à l’étranger. L
1435 ance contre les accidents et envisage l’extension de mesures analogues aux cas de maladie et de chômage. La loi sur l’assu
1436 envisage l’extension de mesures analogues aux cas de maladie et de chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a été votée
1437 ension de mesures analogues aux cas de maladie et de chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a été votée par 80 % de la
1438 i sur l’assurance-vieillesse a été votée par 80 % de la population en 1947. On pourrait épiloguer longuement sur ces faits
1439 ment sur ces faits. Bornons-nous à les rapprocher de ceux que nous avons mentionnés en décrivant les origines de l’industr
1440 e nous avons mentionnés en décrivant les origines de l’industrie suisse. Cette combinaison singulière de prudence et de sc
1441 l’industrie suisse. Cette combinaison singulière de prudence et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance
1442 isse. Cette combinaison singulière de prudence et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le desti
1443 combinaison singulière de prudence et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le destin et de hard
1444 ère de prudence et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le destin et de hardiesse dans l’invent
1445 e et de science, de matérialisme et de moralisme, de méfiance devant le destin et de hardiesse dans l’invention pratique,
1446 et de moralisme, de méfiance devant le destin et de hardiesse dans l’invention pratique, c’est le génie suisse. Il ne don
1447 sion générale que donne la Suisse. Les inégalités de niveau de vie y sont moins marquées que dans les grands pays qui l’en
1448 pas au premier coup d’œil, comme ailleurs, l’état de larges quartiers de villes ou sections de la population. Les voyageur
1449 d’œil, comme ailleurs, l’état de larges quartiers de villes ou sections de la population. Les voyageurs qui traversent le
1450 l’état de larges quartiers de villes ou sections de la population. Les voyageurs qui traversent le pays la croient inexis
1451 ériels que par le raffinement esthétique du cadre de l’existence. Dans une large mesure, la population entière bénéficie d
1452 une large mesure, la population entière bénéficie de la « richesse suisse ». Les bâtiments publics : postes, gares, salles
1453  ». Les bâtiments publics : postes, gares, salles d’ attente de tramways, les installations d’éclairage et de téléphone, le
1454 timents publics : postes, gares, salles d’attente de tramways, les installations d’éclairage et de téléphone, les routes b
1455 , salles d’attente de tramways, les installations d’ éclairage et de téléphone, les routes bétonnées, les wagons en alumini
1456 nte de tramways, les installations d’éclairage et de téléphone, les routes bétonnées, les wagons en aluminium, les distrib
1457 is fleuris, composent un décor luisant et astiqué de modernisme, autour des monuments d’un passé soigneusement conservé. L
1458 nt et astiqué de modernisme, autour des monuments d’ un passé soigneusement conservé. Le peuple suisse n’a pas donné de trè
1459 eusement conservé. Le peuple suisse n’a pas donné de très grands peintres et n’a pas créé de grands styles — comme tant d’
1460 pas donné de très grands peintres et n’a pas créé de grands styles — comme tant d’autres petits États du Moyen Âge ou de l
1461  comme tant d’autres petits États du Moyen Âge ou de la Renaissance — mais il ne tolère pas non plus la laideur des quarti
1462 eur des quartiers lépreux et monotones, la saleté de la rue, le détraquement chronique des services publics, la désuétude
1463 a désuétude et le laisser-aller. Cette impression de richesse générale, moins inégalement répartie qu’ailleurs, est-elle c
1464 tiques fédérales montrent que le revenu national, de 1938 à 1947, a passé de 9 à 17,4 milliards. Si l’on soustrait le mont
1465 t que le revenu national, de 1938 à 1947, a passé de 9 à 17,4 milliards. Si l’on soustrait le montant des impôts directs,
1466 e période, on constate que le revenu réel a passé de 8409 à 9689 millions. Mais c’est dans sa répartition que se marquent
1467 tion que se marquent les plus grands changements. De 1942 à 1946, les salaires ont augmenté d’environ 73 %, alors que la h
1468 ements. De 1942 à 1946, les salaires ont augmenté d’ environ 73 %, alors que la hausse n’était pour les employeurs, que de
1469 rs que la hausse n’était pour les employeurs, que de 29 à 38 % selon les catégories. Si l’on tenait compte des impôts dire
1470 p d’œil sur le tableau suivant : Sur 1000 francs de revenu national Employés et salariés Personnes indépendantes C
1471 553 234 212 La part du capital est donc tombée de 30 à 20 % environ. Encore faut-il relever qu’elle comprend le revenu
1472 rises publiques, des coopératives et des sociétés d’ assurances mutuelles, qui ne sont pas précisément « capitalistes ». Ce
1473 mpare à Zurich ou à Bâle, bien qu’il n’y ait plus de frontières ni de restrictions d’établissement ou de circulation. Les
1474 à Bâle, bien qu’il n’y ait plus de frontières ni de restrictions d’établissement ou de circulation. Les régions pauvres e
1475 ’il n’y ait plus de frontières ni de restrictions d’ établissement ou de circulation. Les régions pauvres et les régions ri
1476 frontières ni de restrictions d’établissement ou de circulation. Les régions pauvres et les régions riches sont demeurées
1477 niveau général s’est élevé. On ne peut s’empêcher de penser que ce précédent vaut pour l’ensemble de l’Europe. ⁂ Rien ne d
1478 r de penser que ce précédent vaut pour l’ensemble de l’Europe. ⁂ Rien ne démontre mieux la vitalité persistante du princip
1479 persistante du principe — et l’on pourrait dire : de l’instinct — fédéraliste, chez les Suisses, que la structure des orga
1480 ait en Suisse environ 440 000 syndiqués, sur plus de 860 000 ouvriers27. Il existait en outre une Union fédérative du pers
1481 personnel des administrations, et des fédérations d’ employés, d’instituteurs, de techniciens, etc. (environ 200 000 membre
1482 s administrations, et des fédérations d’employés, d’ instituteurs, de techniciens, etc. (environ 200 000 membres au total).
1483 s, et des fédérations d’employés, d’instituteurs, de techniciens, etc. (environ 200 000 membres au total). Ces organisatio
1484 sens qu’elles sont beaucoup plus des associations d’ entraide sociale que des foyers d’agitation et d’idéologie partisane.
1485 es associations d’entraide sociale que des foyers d’ agitation et d’idéologie partisane. Leurs activités se manifestent dan
1486 d’entraide sociale que des foyers d’agitation et d’ idéologie partisane. Leurs activités se manifestent dans trois domaine
1487 pourrait en somme les comparer à des coopératives d’ assurances. Elles ont institué des caisses de secours en cas de maladi
1488 ives d’assurances. Elles ont institué des caisses de secours en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. E
1489 Elles ont institué des caisses de secours en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à l
1490 nstitué des caisses de secours en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à leurs membres
1491 caisses de secours en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’invalidité. Elles procurent à leurs membres des avocats
1492 urs en cas de maladie, de chômage, de vieillesse, d’ invalidité. Elles procurent à leurs membres des avocats et des médecin
1493 s instructives et des publications, des facilités de voyage et de vacances, et même des hôtels, dont certaines d’entre ell
1494 s et des publications, des facilités de voyage et de vacances, et même des hôtels, dont certaines d’entre elles sont propr
1495 pour l’amélioration des salaires et des contrats de travail constitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison d’être pri
1496 onstitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison d’ être principale, mais on vient de voir que leurs préoccupations vérita
1497 s crises économiques. Chose étrange et bien digne de remarque, ces associations, dont la majorité des membres appartiennen
1498 osent l’Union syndicale suisse, et surtout celles de la Suisse romande, restent jalouses de leur autonomie, méfiantes à l’
1499 out celles de la Suisse romande, restent jalouses de leur autonomie, méfiantes à l’égard des personnalités marquantes du m
1500 du mouvement, et très attachées au cadre cantonal de leur activité. C’est au point que les syndicats romands se sont donné
1501 tonaux. Il serait difficile, dans ces conditions, d’ imaginer qu’une grève puisse s’étendre rapidement au plan national. Le
1502 rofession, il faut mentionner certains organismes de coordination très efficaces, tels que le « Vorort », groupement de gr
1503 rès efficaces, tels que le « Vorort », groupement de grands industriels et de banquiers, dont la puissance est réputée con
1504 e « Vorort », groupement de grands industriels et de banquiers, dont la puissance est réputée considérable. Les grandes Un
1505 ance est réputée considérable. Les grandes Unions de paysans ou d’artisans offrent les mêmes caractéristiques que les synd
1506 ée considérable. Les grandes Unions de paysans ou d’ artisans offrent les mêmes caractéristiques que les syndicats : elles
1507 elles sont et restent avant tout des associations de défense des intérêts économiques et professionnels de leurs adhérents
1508 éfense des intérêts économiques et professionnels de leurs adhérents. Comme les coopératives, elles tendent à corriger les
1509 uels qu’entraîne la liberté totale du commerce et de l’industrie (proclamée en 1874 seulement, lors de la révision de la C
1510 (proclamée en 1874 seulement, lors de la révision de la Constitution). Leurs chefs, secrétaires et porte-paroles, s’aventu
1511 ns le domaine des idées générales et des conflits de doctrine : ils préfèrent parler chiffres, fixation des prix, subventi
1512 ne sont pas les derniers à revendiquer la « manne de l’État ». Les coopératives agricoles méritent une mention particulièr
1513 ent une mention particulière : elles font revivre de nos jours la plus ancienne tradition suisse, et répondent comme les M
1514 ssenschaften des premiers cantons, à la nécessité de grouper les efforts pour compenser la pauvreté du sol. L’irrigation d
1515 ité collective, dépendant des communes. Le régime de la petite propriété rurale ne peut se maintenir que grâce aux coopéra
1516 coopératives. Celles-ci mettent à la disposition de leurs membres des machines dont l’achat serait trop onéreux pour l’ex
1517 ur l’exploitant, des caves communes, des services de vente et de transport. Elles offrent l’exemple d’une collectivisation
1518 ant, des caves communes, des services de vente et de transport. Elles offrent l’exemple d’une collectivisation restreinte,
1519 de vente et de transport. Elles offrent l’exemple d’ une collectivisation restreinte, au service de la liberté individuelle
1520 ple d’une collectivisation restreinte, au service de la liberté individuelle, ou plutôt familiale. Notons enfin que le pro
1521 ou plutôt familiale. Notons enfin que le problème de la gestion paritaire des entreprises (comités d’entreprises et commun
1522 de la gestion paritaire des entreprises (comités d’ entreprises et communautés professionnelles) fait actuellement l’objet
1523 autés professionnelles) fait actuellement l’objet d’ études et de discussions nourries, tant du côté patronal que du côté d
1524 sionnelles) fait actuellement l’objet d’études et de discussions nourries, tant du côté patronal que du côté de l’avant-ga
1525 nous semblent dépendre moins automatiquement l’un de l’autre que dans la plupart des grands pays. À la ressemblance des ou
1526 éricains, les ouvriers suisses ont une conception de la vie très voisine de celle des patrons : mais c’est une conception
1527 suisses ont une conception de la vie très voisine de celle des patrons : mais c’est une conception conservatrice et non pa
1528 aventurière »: les antagonismes entre les classes de producteurs ne sont pas d’ordre idéologique, en tout cas le sont moin
1529 smes entre les classes de producteurs ne sont pas d’ ordre idéologique, en tout cas le sont moins qu’ailleurs en Europe, be
1530 réduit dans le monde moderne par des oppositions de doctrine irréductibles, reste beaucoup plus grand entre les Suisses q
1531 lement cette attitude à peu près unanime. Mélange de capitalisme libéral et de planisme empirique (si l’on peut risquer l’
1532 u près unanime. Mélange de capitalisme libéral et de planisme empirique (si l’on peut risquer l’expression), il correspond
1533 s centralistes. Cependant, l’on ne trouvera guère de socialistes qui ne soient en même temps fédéralistes dans une certain
1534 e temps fédéralistes dans une certaine mesure, ou de grands industriels qui ne reconnaissent la nécessité d’une organisati
1535 nds industriels qui ne reconnaissent la nécessité d’ une organisation croissante de l’économie. Depuis 1848, et plus encore
1536 issent la nécessité d’une organisation croissante de l’économie. Depuis 1848, et plus encore depuis la révision constituti
1537 plus encore depuis la révision constitutionnelle de 1874, nul ne conteste les avantages de certaines étatisations, comme
1538 utionnelle de 1874, nul ne conteste les avantages de certaines étatisations, comme celle des postes et celle des chemins d
1539 ionalisées » qui aient été parfois bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices sont pour 70 % aux mains des corporat
1540 otrices sont pour 70 % aux mains des corporations de droit public. L’État fédéral contrôle également le régime des assuran
1541 ue nationale peut opposer son veto aux opérations de banques privées avec l’étranger. La Radio suisse est une fédération d
1542 ec l’étranger. La Radio suisse est une fédération de studios locaux largement autonomes, mais le Conseil fédéral nomme son
1543 nomme son directeur général, qui possède un droit de censure sur les programmes, tandis que l’administrateur relève des PT
1544 tandis que l’administrateur relève des PTT, donc de l’État. Ce régime mixte s’est développé en Suisse sous la pression de
1545 Suisse sous la pression des nécessités pratiques de l’époque, mais en tenant compte des diversités traditionnelles et des
1546 Son fonctionnement complexe suppose un haut degré de sens communautaire, une intelligence quotidienne des exigences contra
1547 ligence quotidienne des exigences contradictoires de la libre initiative et du marché élargi. La multiplicité des cellules
1548 et du marché élargi. La multiplicité des cellules de base — communes et entreprises, cantons et cartels régionaux — tend à
1549 pe, elle les filtre et les divise par tout un jeu d’ écluses. Et il apparaît, au total, que la lenteur à s’adapter, qu’on p
1550 reprocher aux Suisses, est une nécessité profonde de leur économie, si dangereusement liée, nous l’avons dit, à la conjonc
1551 . La moyenne annuelle des brevets enregistrés est d’ environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en note
1552 est d’environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en note, après le chiffre concernant ces derniers ap
1553 1948 : 59,8 % et 40,2 %. 26. II est intéressant de noter que la part de l’alimentation dans le budget a décru de 10 % po
1554 2 %. 26. II est intéressant de noter que la part de l’alimentation dans le budget a décru de 10 % pour l’ouvrier (12 % po
1555 la part de l’alimentation dans le budget a décru de 10 % pour l’ouvrier (12 % pour l’employé) depuis 1912, tandis que la
1556 912, tandis que la part des assurances a augmenté de 4 %. 27. Union syndicale suisse : 367 119 ; syndicats chrétiens (cat
1557 ats chrétiens (catholiques) 44 720 ; Union suisse d’ ouvriers et d’employés évangéliques 13 368 ; Union syndicale des ouvri
1558 (catholiques) 44 720 ; Union suisse d’ouvriers et d’ employés évangéliques 13 368 ; Union syndicale des ouvriers indépendan
6 1953, La Confédération helvétique. Chapitre IV. La famille et l’éducation
1559 l’éducation La famille Dans tous les pays de structure sociale très composite, comme ceux qui appartiennent à la c
1560 t à la civilisation occidentale, il est classique de distinguer entre familles rurales et citadines, catholiques et protes
1561 trouve singulièrement compliquée par l’adjonction de facteurs cantonaux et racio-linguistiques. Il y aurait lieu d’étudier
1562 antonaux et racio-linguistiques. Il y aurait lieu d’ étudier séparément au moins vingt types de familles suisses, si l’on s
1563 it lieu d’étudier séparément au moins vingt types de familles suisses, si l’on s’en tenait aux seuls facteurs énumérés et
1564 alémanique et en Suisse romande ; et dans chacun de ces domaines linguistiques, il en est de rurales et de citadines, les
1565 s chacun de ces domaines linguistiques, il en est de rurales et de citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce qu
1566 s domaines linguistiques, il en est de rurales et de citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce qui donne huit t
1567 es autres riches, ce qui donne huit types. Autant de familles catholiques au Tessin. Voilà qui nous oblige à une extrême p
1568 sur « la famille suisse ». L’Annuaire statistique de la Suisse indique par exemple pour le nombre d’enfants vivants en 194
1569 e de la Suisse indique par exemple pour le nombre d’ enfants vivants en 1941 par femme mariée : 2,31. Mais nous voyons auss
1570 be à 1,48 si l’on ne prend que les villes de plus de 25 000 habitants. Si l’on compare deux demi-cantons contigus, qui se
1571 -cantons contigus, qui se trouvent être à la fois de langue allemande, ruraux, relativement pauvres, et qui ne diffèrent d
1572 par la religion, nous trouvons que la moyenne est de 2,56 pour Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et de 4,10 pour
1573 our Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et de 4,10 pour Appenzell Rhodes-Intérieures (catholique). Dans l’ensemble
1574 ue). Dans l’ensemble du pays, en 1946, la famille d’ ouvriers comptait en moyenne 4 personnes (4,5 en 1912), la famille d’e
1575 en moyenne 4 personnes (4,5 en 1912), la famille d’ employés ou de fonctionnaires 3,8 (4,5 en 1912). Trois exemples précis
1576 personnes (4,5 en 1912), la famille d’employés ou de fonctionnaires 3,8 (4,5 en 1912). Trois exemples précis vont nous fai
1577 la complexité et les écarts extrêmes que cachent de telles moyennes. Sur 1000 femmes mariées, en 1941, nombre des femmes
1578 ants : 0 1 2 3 4 5 6 7 Et plus Ville de Zurich 225 000 protestants 80 000 catholiques 20 000 divers 343 263
1579 ivers 143 125 124 123 107 82 71 225 4,1 Ville de Genève 70 000 protestants 50 000 catholiques 6000 divers 406 277 191
1580 mble que ces données ne diffèrent pas notablement de celles qu’on pourrait recueillir dans les provinces françaises ou aut
1581 autrichiennes, allemandes ou italiennes voisines de la Suisse, et que les mêmes régularités se vérifient ici comme là : l
1582 rurales et pauvres réunissent toutes les chances d’ avoir le plus d’enfants, les familles protestantes, latines, citadines
1583 res réunissent toutes les chances d’avoir le plus d’ enfants, les familles protestantes, latines, citadines et moyennement
1584 tantes, latines, citadines et moyennement aisées, d’ en avoir le moins. Ce qui est particulier à la Suisse, c’est la juxtap
1585 t particulier à la Suisse, c’est la juxtaposition de ces extrêmes, entre lesquels s’échelonnent toutes les combinaisons qu
1586 ées plus haut : Pour 1000 femmes mariées, nombre de divorces : Ville de Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville
1587 femmes mariées, nombre de divorces : Ville de Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’en
1588 le de Zurich 8,2 Appenzell Rh.-Int. 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’ensemble de la Suisse, en 1940, l’indice des divo
1589 -Int. 0,9 Ville de Genève 9,4 Pour l’ensemble de la Suisse, en 1940, l’indice des divorces était de 3,59 pour 1000 cou
1590 e la Suisse, en 1940, l’indice des divorces était de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’Europe, le Danemark a
1591 es divorces était de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’Europe, le Danemark accusait une situation pire, avec
1592 de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’ Europe, le Danemark accusait une situation pire, avec un indice de 4,3
1593 emark accusait une situation pire, avec un indice de 4,32 %. Vers 1940, le mariage en Suisse était donc moins stable qu’en
1594 le, supposent par ailleurs une certaine stabilité de la famille et des relations entre parents et enfants. Un exemple typi
1595 ôt que doit payer tout Suisse qui n’accomplit pas de service militaire est calculé partiellement d’après la fortune des pa
1596 nts ; le fils est donc censé connaître le montant de celle-ci et ses variations, d’année en année. Les droits du père sont
1597 nnaître le montant de celle-ci et ses variations, d’ année en année. Les droits du père sont demeurés prépondérants. Il est
1598 ère sont demeurés prépondérants. Il est « le chef de l’union conjugale ». C’est lui qui administre les biens matrimoniaux,
1599 rimoniaux, choisit le domicile familial et décide de l’éducation des enfants. L’épouse ne peut exercer une profession qu’a
1600 e situation provoque les protestations fréquentes de plusieurs associations féminines, mais elle ne semble pas près d’être
1601 ociations féminines, mais elle ne semble pas près d’ être modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui pers
1602 iques à la femme, laquelle se voit exclue en fait de presque toutes les fonctions publiques. Les consultations populaires
1603 ires qui se sont multipliées depuis une vingtaine d’ années donnent des résultats négatifs. Il est frappant de constater qu
1604 s donnent des résultats négatifs. Il est frappant de constater que les cantons à majorité socialiste ne se montrent pas pl
1605 que les autres à cet égard. Plus frappant encore de découvrir, par les sondages de l’opinion, que les femmes suisses elle
1606 us frappant encore de découvrir, par les sondages de l’opinion, que les femmes suisses elles-mêmes dans leur majorité, ne
1607 ar an.) Comment veut-on que les femmes s’occupent de leur foyer, de leurs enfants, si elles doivent voter un dimanche sur
1608 veut-on que les femmes s’occupent de leur foyer, de leurs enfants, si elles doivent voter un dimanche sur trois, et parti
1609 mais n’est évidemment pas suffisant. À l’origine de la méfiance des Suisses, dans ce domaine, on devine certaines traditi
1610 Quant à la femme, repos du guerrier, il lui sied de se borner aux trois activités désignées par la fameuse formule : Kind
1611 e, Kirche (les enfants, la cuisine, l’église). Et de fait, les femmes suisses, en société, laissent parler leurs maris ou
1612 leurs maris ou parlent entre elles — à l’inverse de ce que l’on observe en Amérique. En dépit de cette absence de droits
1613 on observe en Amérique. En dépit de cette absence de droits politiques, les femmes suisses jouent un rôle actif dans la vi
1614 t un rôle actif dans la vie professionnelle. Plus de 800 000 gagnent leur vie, et pour 525 000 d’entre elles, le métier re
1615 pendant, elles attendent encore la reconnaissance d’ une pleine égalité de droits dans l’exercice de leur profession. Elles
1616 ent encore la reconnaissance d’une pleine égalité de droits dans l’exercice de leur profession. Elles revendiquent « un sa
1617 ce d’une pleine égalité de droits dans l’exercice de leur profession. Elles revendiquent « un salaire égal à travail égal 
1618 ères. L’éducation Il nous paraît impossible d’ estimer dans quelle mesure la famille, en Suisse, détermine plus ou mo
1619 moins qu’ailleurs la formation morale et civique de l’enfant ou de l’adolescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type
1620 urs la formation morale et civique de l’enfant ou de l’adolescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type de « famille s
1621 lescent. C’est d’abord qu’il n’existe pas un type de « famille suisse » que l’on puisse étudier avec un minimum d’objectiv
1622 suisse » que l’on puisse étudier avec un minimum d’ objectivité scientifique, mais vingt au moins. C’est ensuite que le so
1623 par une cause unique. Dans un petit pays composé de vingt-cinq patries minuscules, la tolérance est une nécessité vitale.
1624 ne nécessité vitale. Mais s’il n’est pas question d’ éliminer le voisin qui diffère, on cherche au moins à le réformer, à l
1625 moins à le réformer, à le convaincre qu’il a tort de différer. Faute donc de pouvoir se livrer à une lutte ouverte de prin
1626 e convaincre qu’il a tort de différer. Faute donc de pouvoir se livrer à une lutte ouverte de principes et de convictions,
1627 ute donc de pouvoir se livrer à une lutte ouverte de principes et de convictions, les Suisses se bornent à un échange insi
1628 oir se livrer à une lutte ouverte de principes et de convictions, les Suisses se bornent à un échange insistant de bons co
1629 ns, les Suisses se bornent à un échange insistant de bons conseils, d’avis moraux, de recettes d’hygiène, d’admonestations
1630 bornent à un échange insistant de bons conseils, d’ avis moraux, de recettes d’hygiène, d’admonestations religieuses. Il f
1631 change insistant de bons conseils, d’avis moraux, de recettes d’hygiène, d’admonestations religieuses. Il faut bien voir q
1632 tant de bons conseils, d’avis moraux, de recettes d’ hygiène, d’admonestations religieuses. Il faut bien voir que l’actuel
1633 s conseils, d’avis moraux, de recettes d’hygiène, d’ admonestations religieuses. Il faut bien voir que l’actuel civisme hel
1634 s dimensions des communautés suisses, il convient d’ ajouter un second facteur de didactisme : le goût de la technique, l’o
1635 suisses, il convient d’ajouter un second facteur de didactisme : le goût de la technique, l’orgueil du savoir-faire. Nous
1636 ajouter un second facteur de didactisme : le goût de la technique, l’orgueil du savoir-faire. Nous avons dit que les donné
1637 dit que les données naturelles du pays exigeaient de ses habitants une ingéniosité peu commune dans la mise en œuvre la pl
1638 eu commune dans la mise en œuvre la plus efficace de ce qu’ils arrivent à se procurer. Or le génie technique, surtout en S
1639 e génie technique, surtout en Suisse, est affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fils, de maître en
1640 que, surtout en Suisse, est affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fils, de maître en apprenti : il
1641 affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fils, de maître en apprenti : il est fait de mille conseils e
1642 ion, de transmission personnelle de père en fils, de maître en apprenti : il est fait de mille conseils et petites démonst
1643 père en fils, de maître en apprenti : il est fait de mille conseils et petites démonstrations. Ces dispositions psychologi
1644 itudes humaines assez différentes dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie. La première est celle qui régit l’ens
1645 sez différentes dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie. La première est celle qui régit l’enseignement primaire
1646 btenu en dépit de tant de diversités ; la volonté d’ élever lentement les moyennes plutôt que de pousser quelques individus
1647 olonté d’élever lentement les moyennes plutôt que de pousser quelques individus exceptionnels30 ; un respect de la discipl
1648 r quelques individus exceptionnels30 ; un respect de la discipline qui tourne au fétichisme lorsqu’on l’élève au rang de v
1649 ui tourne au fétichisme lorsqu’on l’élève au rang de vertu civique, ou qu’on lui confère une sorte de mérite vaguement rém
1650 de vertu civique, ou qu’on lui confère une sorte de mérite vaguement réminiscent de valeurs religieuses, d’ailleurs vidée
1651 confère une sorte de mérite vaguement réminiscent de valeurs religieuses, d’ailleurs vidées de leur sens originel. Certes,
1652 niscent de valeurs religieuses, d’ailleurs vidées de leur sens originel. Certes, Calvin disait déjà : « La république est
1653 était une école du chrétien, sa discipline celle de la vérité biblique transcendante et révélée. L’école primaire laïque
1654 nt à inculquer des connaissances conventionnelles d’ histoire, d’arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’aut
1655 er des connaissances conventionnelles d’histoire, d’ arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’autre attitude
1656 nces conventionnelles d’histoire, d’arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’autre attitude ou tradition péd
1657 elles d’histoire, d’arithmétique, de grammaire et de « bonne conduite ». L’autre attitude ou tradition pédagogique, qui se
1658 développe parallèlement à la première, est celle de l’école nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres suisses, Ro
1659 e, est celle de l’école nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres suisses, Rousseau (avec l’Émile), et Pestalozzi.
1660 ière, Piaget. Ils cherchent avant tout à cultiver de libres personnalités, à ménager la spontanéité nécessaire à leur éclo
1661 à leur éclosion, à sauvegarder dans le processus de l’instruction et de l’éducation la part du jeu et des instincts fonda
1662 sauvegarder dans le processus de l’instruction et de l’éducation la part du jeu et des instincts fondamentaux. Ils se fond
1663 fondamentaux. Ils se fondent sur une psychologie de l’enfance beaucoup plus avertie et scientifique que celle qui règne s
1664 réputation universelle des pédagogues suisses et de leurs établissements privés. Certes, on a pu accuser certains de ces
1665 ssements privés. Certes, on a pu accuser certains de ces théoriciens de placer une confiance excessive dans la bonté natur
1666 rtes, on a pu accuser certains de ces théoriciens de placer une confiance excessive dans la bonté naturelle de l’enfant, e
1667 r une confiance excessive dans la bonté naturelle de l’enfant, et de négliger la formation intellectuelle ou la discipline
1668 excessive dans la bonté naturelle de l’enfant, et de négliger la formation intellectuelle ou la discipline dans le travail
1669 pement harmonieux des facultés ». On s’est gaussé de leurs expériences et de l’apparente anarchie qui règne dans leurs cla
1670 cultés ». On s’est gaussé de leurs expériences et de l’apparente anarchie qui règne dans leurs classes d’essai. Ils répond
1671 l’apparente anarchie qui règne dans leurs classes d’ essai. Ils répondent qu’ils visent au contraire à éveiller dans l’enfa
1672 ent au contraire à éveiller dans l’enfant le sens de la responsabilité personnelle et sociale, selon la maxime d’Alexandre
1673 nsabilité personnelle et sociale, selon la maxime d’ Alexandre Vinet31 : « Je veux l’homme maître de lui-même, afin qu’il s
1674 me d’Alexandre Vinet31 : « Je veux l’homme maître de lui-même, afin qu’il soit mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aien
1675 e de lui-même, afin qu’il soit mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’« école nouvelle » à se
1676 iteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’« école nouvelle » à ses débuts, ou les conséquences extrêmes qui f
1677 furent parfois tirées par l’Amérique des théories de l’Institut Rousseau, il est incontestable que l’avant-garde pédagogiq
1678 l est incontestable que l’avant-garde pédagogique de Genève a contribué à assouplir les méthodes de l’enseignement primair
1679 ue de Genève a contribué à assouplir les méthodes de l’enseignement primaire dans plus d’un pays, et même en Suisse. Si l’
1680 les méthodes de l’enseignement primaire dans plus d’ un pays, et même en Suisse. Si l’on prend pour points de comparaison l
1681 ays, et même en Suisse. Si l’on prend pour points de comparaison l’éducation américaine et la française, il apparaît que l
1682 a pris la voie médiane. La musique, la rythmique de Jaques-Dalcroze, la gymnastique, les travaux manuels, tiennent beauco
1683 ique, les travaux manuels, tiennent beaucoup plus de place dans les programmes suisses que ce n’est le cas en France, mais
1684 mérique. En général, l’élève suisse acquiert plus de connaissance précises que l’américain, et ne souffre pas du « gavage 
1685 turbulent que le premier, moins brillant et délié de langue que le second, il tend à se conformer à cette « honorable moye
1686 des petites démocraties modernes. Les expériences de l’« école nouvelle » se sont bornées jusqu’ici au secteur privé (kind
1687 u’ici au secteur privé (kindergarten ou instituts d’ études secondaires fréquentés surtout par des étrangers). Quant aux ét
1688 des étrangers). Quant aux établissements publics d’ enseignement, il importe de rappeler tout d’abord qu’ils sont organisé
1689 établissements publics d’enseignement, il importe de rappeler tout d’abord qu’ils sont organisés sur une base cantonale, v
1690 ts suisses passent par l’école primaire publique, de l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Que
1691 s passent par l’école primaire publique, de l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Quel que soi
1692 re publique, de l’âge de 6 ou 7 ans jusqu’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Quel que soit leur niveau social, qu’ils
1693 ils reçoivent donc côte à côte la même formation de base, qui leur est donnée dans un esprit non seulement d’égalité, mai
1694 qui leur est donnée dans un esprit non seulement d’ égalité, mais d’égalitarisme insistant. Ce brassage des classes (renou
1695 nnée dans un esprit non seulement d’égalité, mais d’ égalitarisme insistant. Ce brassage des classes (renouvelé plus tard d
1696 des classes (renouvelé plus tard dans les écoles de recrues) est un des traits particuliers de la démocratie suisse moder
1697 écoles de recrues) est un des traits particuliers de la démocratie suisse moderne, née de la Constitution de 1848. La coéd
1698 particuliers de la démocratie suisse moderne, née de la Constitution de 1848. La coéducation des sexes est encore combattu
1699 démocratie suisse moderne, née de la Constitution de 1848. La coéducation des sexes est encore combattue en théorie dans l
1700 t. Quelques cantons laissent aux communes le soin de juger de l’opportunité des classes mixtes. On a poussé très loin la g
1701 es cantons laissent aux communes le soin de juger de l’opportunité des classes mixtes. On a poussé très loin la gratuité d
1702 classes mixtes. On a poussé très loin la gratuité de l’enseignement, car non seulement les « écolages » sont interdits par
1703 cable, dans les cantons pauvres, que par l’octroi de subventions fédérales. Il en résulte que les États, sans rien perdre
1704 es. Il en résulte que les États, sans rien perdre de leurs droits souverains en matière d’enseignement, sont au contraire
1705 rien perdre de leurs droits souverains en matière d’ enseignement, sont au contraire mis en mesure de les mieux exercer par
1706 e d’enseignement, sont au contraire mis en mesure de les mieux exercer par l’appoint matériel que leur apporte la communau
1707 ommunauté fédérale. Au reste, la décentralisation de l’enseignement demeure extrême. Le gouvernement cantonal émet des dir
1708 es, mais ce sont les communes qui gardent le soin de l’administration des écoles et de la surveillance des classes. Elles
1709 gardent le soin de l’administration des écoles et de la surveillance des classes. Elles nomment à cet effet des « commissi
1710 cet effet des « commissions scolaires », formées de simples citoyens du village ou du quartier, qui jouissent d’une grand
1711 citoyens du village ou du quartier, qui jouissent d’ une grande autorité sur les instituteurs, et se font représenter par q
1712 ont représenter par quelques délégués aux examens de fin d’année. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’union ent
1713 résenter par quelques délégués aux examens de fin d’ année. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’union entre l’éc
1714 de fin d’année. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’union entre l’école, les familles et la cité »32. Si varié
1715 née. On les a qualifiés à juste titre de « traits d’ union entre l’école, les familles et la cité »32. Si variés que soient
1716 es et la cité »32. Si variés que soient les types d’ écoles primaires ou secondaires, partout adaptés aux circonstances loc
1717 es locales, ils baignent néanmoins dans un climat d’ « helvétisme » très sensible. Cette unité dans la diversité résulte pe
1718 e unité dans la diversité résulte peut-être moins d’ une histoire commune que d’un enseignement uniforme de cette histoire 
1719 ésulte peut-être moins d’une histoire commune que d’ un enseignement uniforme de cette histoire ; et moins d’une similitude
1720 e histoire commune que d’un enseignement uniforme de cette histoire ; et moins d’une similitude de mœurs que de l’empreint
1721 nseignement uniforme de cette histoire ; et moins d’ une similitude de mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’in
1722 rme de cette histoire ; et moins d’une similitude de mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’instruction civique
1723 histoire ; et moins d’une similitude de mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’instruction civique, qui jouent
1724 e mœurs que de l’empreinte laissée par les leçons d’ instruction civique, qui jouent le rôle d’une sorte de catéchisme laïq
1725 leçons d’instruction civique, qui jouent le rôle d’ une sorte de catéchisme laïque. À l’école primaire succèdent d’une par
1726 struction civique, qui jouent le rôle d’une sorte de catéchisme laïque. À l’école primaire succèdent d’une part l’école co
1727 cours civique ») où l’on enseigne aux jeunes gens de 16 à 19 ans des notions essentiellement pratiques de comptabilité, de
1728 16 à 19 ans des notions essentiellement pratiques de comptabilité, de correspondance, d’économie, de sciences appliquées ;
1729 otions essentiellement pratiques de comptabilité, de correspondance, d’économie, de sciences appliquées ; et d’autre part,
1730 ent pratiques de comptabilité, de correspondance, d’ économie, de sciences appliquées ; et d’autre part, les écoles seconda
1731 s de comptabilité, de correspondance, d’économie, de sciences appliquées ; et d’autre part, les écoles secondaires. Ces de
1732 mmunales ou cantonales, tantôt sous la dépendance d’ une association privée, religieuse ou laïque. Elles perçoivent des « é
1733 . Certaines sont fort anciennes, comme le Collège de Genève, fondé par Calvin, et les collèges de bénédictins ou de capuci
1734 lège de Genève, fondé par Calvin, et les collèges de bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La
1735 ndé par Calvin, et les collèges de bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanité
1736 in, et les collèges de bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanités y est très
1737 èges de bénédictins ou de capucins de Fribourg et de la Suisse alémanique. La part des humanités y est très variable. Elle
1738 anités y est très variable. Elle définit le style de l’établissement, ou de ses subdivisions. On compte aujourd’hui quatre
1739 ble. Elle définit le style de l’établissement, ou de ses subdivisions. On compte aujourd’hui quatre types d’études conduis
1740 subdivisions. On compte aujourd’hui quatre types d’ études conduisant au baccalauréat : le type A (langues anciennes), le
1741 ant d’autres pays, conduit à donner toujours plus d’ importance aux mathématiques et aux techniques, au détriment des human
1742 ophie généralement négligée. Depuis une vingtaine d’ années, la Confédération exige une certaine uniformisation des règleme
1743 exige une certaine uniformisation des règlements de baccalauréat. Un type d’examens de « maturité fédérale » a été créé,
1744 rmisation des règlements de baccalauréat. Un type d’ examens de « maturité fédérale » a été créé, et les certificats de « m
1745 des règlements de baccalauréat. Un type d’examens de « maturité fédérale » a été créé, et les certificats de « maturité »
1746 aturité fédérale » a été créé, et les certificats de « maturité » délivrés par les collèges cantonaux doivent s’y conforme
1747 èges cantonaux doivent s’y conformer. Cet exemple d’ intervention fédérale dans un domaine jalousement gardé par les canton
1748 te unique à notre connaissance33. La Constitution de 1848 autorisait la Confédération à « établir une Université et une éc
1749 ai dire, sont fort nombreuses : sept pour un pays de 4,5 millions d’habitants, et pour un nombre d’étudiants relativement
1750 rt nombreuses : sept pour un pays de 4,5 millions d’ habitants, et pour un nombre d’étudiants relativement peu élevé, varia
1751 ys de 4,5 millions d’habitants, et pour un nombre d’ étudiants relativement peu élevé, variant entre 450 et 3000 par établi
1752 les ne sont à aucun degré soumises à une doctrine d’ État unifiée, mais reflètent fidèlement le genius loci dans les différ
1753 ntes régions linguistiques et religieuses. Celles de Genève, Lausanne et Neuchâtel sont françaises et marquées par l’espri
1754 aises et marquées par l’esprit protestant ; celle de Fribourg, catholique et bilingue ; celles de Bâle, Zurich et Berne, a
1755 elle de Fribourg, catholique et bilingue ; celles de Bâle, Zurich et Berne, allemandes. Si, dans ces conditions, la Conféd
1756 la Constitution, l’on eût assisté à la naissance d’ un premier modèle, en réduction, d’université européenne. Il faut croi
1757 à la naissance d’un premier modèle, en réduction, d’ université européenne. Il faut croire que le besoin ne s’en est pas fa
1758 articularistes, qui demeurent extrêmement vivaces de nos jours. L’idée même de créer une université romande unique, qui en
1759 ent extrêmement vivaces de nos jours. L’idée même de créer une université romande unique, qui engloberait celles de Neuchâ
1760 université romande unique, qui engloberait celles de Neuchâtel, Lausanne et Genève, les moins dissemblables, ne ressurgit
1761 que pour être repoussée aussitôt, avec une sorte d’ indignation, par l’opinion publique des trois cantons. Cependant, tout
1762 s universités suisses s’efforcent de plus en plus d’ attirer les étudiants étrangers. Elles organisent des séries de cours
1763 étudiants étrangers. Elles organisent des séries de cours sur les relations internationales et sur le patrimoine commun à
1764 ains et les plus neufs les principes fédéralistes de la Constitution helvétique35. Il est caractéristique que le seul étab
1765 ctéristique que le seul établissement qui dépende de l’État fédéral, l’École polytechnique de Zurich, soit un institut de
1766 dépende de l’État fédéral, l’École polytechnique de Zurich, soit un institut de recherches et de préparation pratique, da
1767 l’École polytechnique de Zurich, soit un institut de recherches et de préparation pratique, dans lequel, par définition, l
1768 ique de Zurich, soit un institut de recherches et de préparation pratique, dans lequel, par définition, l’idéologie offici
1769 inition, l’idéologie officielle ne pourrait jouer de rôle notable. Quelques-uns des plus grands mathématiciens modernes, d
1770 aux, les banques et les établissements techniques de tout le pays. Là encore, on s’apercevra que la « fédéralisation » rép
1771 « fédéralisation » répond en Suisse aux exigences de l’efficacité, bien plus qu’à celles d’une doctrine ou d’une idéologie
1772 exigences de l’efficacité, bien plus qu’à celles d’ une doctrine ou d’une idéologie politique. Le nombre élevé des établis
1773 ficacité, bien plus qu’à celles d’une doctrine ou d’ une idéologie politique. Le nombre élevé des établissements d’études s
1774 gie politique. Le nombre élevé des établissements d’ études supérieures36 dans un si petit pays, et leurs solides tradition
1775 olides traditions locales, ont pour effet naturel de rendre plus étroites les relations entre professeurs et étudiants. Le
1776 petite, moyenne ou grande bourgeoisie. Le système de la ronde des professeurs, et de leur ascension progressive vers la ca
1777 oisie. Le système de la ronde des professeurs, et de leur ascension progressive vers la capitale, si typique de la France
1778 scension progressive vers la capitale, si typique de la France centralisée, est inconnu en Suisse, puisque aucune des sept
1779 u’une autre. Chacune forme le centre intellectuel d’ un petit pays, et se sent l’égale en qualité de ses voisines. Les plus
1780 el d’un petit pays, et se sent l’égale en qualité de ses voisines. Les plus anciennes sont celle de Bâle, qui florissait à
1781 té de ses voisines. Les plus anciennes sont celle de Bâle, qui florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle de Genève
1782 florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle de Genève, qui remonte à l’époque de Calvin. ⁂ Cette esquisse du système
1783 rasme, et celle de Genève, qui remonte à l’époque de Calvin. ⁂ Cette esquisse du système d’éducation en Suisse resterait p
1784 à l’époque de Calvin. ⁂ Cette esquisse du système d’ éducation en Suisse resterait par trop incomplète si l’on n’y ajoutait
1785 ait quelques aperçus sur les formes parascolaires de l’enseignement et de la formation civique. Le didactisme inhérent à l
1786 sur les formes parascolaires de l’enseignement et de la formation civique. Le didactisme inhérent à l’esprit helvétique se
1787 temps, les éditorialistes des principaux journaux de Genève, de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire
1788 éditorialistes des principaux journaux de Genève, de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon »
1789 tes des principaux journaux de Genève, de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon » au monde en
1790 de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon » au monde entier. À la fin de la guerre de 14-18, C
1791 n de « faire la leçon » au monde entier. À la fin de la guerre de 14-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés serai
1792 la leçon » au monde entier. À la fin de la guerre de 14-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés seraient disposés
1793 faire la paix avec l’Allemagne, mais la Gazette de Lausanne le leur interdit. » À voir les choses de près, l’on s’aperç
1794 e Lausanne le leur interdit. » À voir les choses de près, l’on s’aperçoit que cette réputation de moralisme prêcheur tien
1795 ses de près, l’on s’aperçoit que cette réputation de moralisme prêcheur tient davantage à la légende d’une Suisse calvinis
1796 e moralisme prêcheur tient davantage à la légende d’ une Suisse calviniste, qu’à la réalité présente. Ce qui distingue la p
1797 alité présente. Ce qui distingue la presse suisse de ses voisines, c’est plutôt sa méfiance à l’égard des jugements hâtifs
1798 fiance à l’égard des jugements hâtifs, des prises de position passionnées et partisanes, et son goût de l’analyse objectiv
1799 e position passionnées et partisanes, et son goût de l’analyse objective des situations. Ce n’est pas une presse de combat
1800 objective des situations. Ce n’est pas une presse de combat, mais de commentaires et de prudentes mises au point. Ajoutons
1801 tuations. Ce n’est pas une presse de combat, mais de commentaires et de prudentes mises au point. Ajoutons que les article
1802 pas une presse de combat, mais de commentaires et de prudentes mises au point. Ajoutons que les articles du genre instruct
1803 les articles du genre instructif, sur des sujets d’ histoire, de sciences ou de littérature, y tiennent une place importan
1804 s du genre instructif, sur des sujets d’histoire, de sciences ou de littérature, y tiennent une place importante, en premi
1805 ructif, sur des sujets d’histoire, de sciences ou de littérature, y tiennent une place importante, en première page. Quant
1806 itant sur cinq37, elle consacre à peu près autant d’ heures à des émissions de musique classique ou moderne qu’à des variét
1807 nsacre à peu près autant d’heures à des émissions de musique classique ou moderne qu’à des variétés, causeries religieuses
1808 tifiques, ou conseils pratiques. Elle n’admet pas de publicité. La part du folklore, des chansons populaires chantées par
1809 , des chansons populaires chantées par les chœurs de village, des retransmissions de cérémonies publiques, y est un peu pl
1810 es par les chœurs de village, des retransmissions de cérémonies publiques, y est un peu plus grande qu’ailleurs, comme on
1811 taire. L’armée L’armée suisse est une armée de milices. La Constitution fédérale interdit à la Confédération le droi
1812 ion fédérale interdit à la Confédération le droit d’ entretenir des troupes permanentes (art. 13). Il en résulte qu’à un de
1813 z quelques individus isolés, il n’est pas le fait de toute une classe ou d’un parti. Passer pour un bon soldat ou un bon o
1814 olés, il n’est pas le fait de toute une classe ou d’ un parti. Passer pour un bon soldat ou un bon officier est généralemen
1815 généralement « bien vu » dans toutes les couches de la population. La preuve la plus indiscutable de l’intégration parfai
1816 de la population. La preuve la plus indiscutable de l’intégration parfaite de l’armée à la nation est fournie par ce simp
1817 ve la plus indiscutable de l’intégration parfaite de l’armée à la nation est fournie par ce simple fait : chaque soldat su
1818 le fait : chaque soldat suisse entre les périodes d’ instruction ou de mobilisation, conserve chez lui dans une armoire son
1819 soldat suisse entre les périodes d’instruction ou de mobilisation, conserve chez lui dans une armoire son fusil, son unifo
1820 confiance au citoyen et redoute peu l’éventualité de menées subversives. Cette armée ultradémocratique, sans caste militai
1821 uple, est devenue, depuis 1848, l’agent principal de l’helvétisation du pays. Au cours des manœuvres annuelles et des long
1822 s des manœuvres annuelles et des longues périodes de mobilisation qui ont marqué les deux guerres mondiales, les fréquents
1823 eux guerres mondiales, les fréquents déplacements de troupes d’un bout à l’autre du territoire ont appris aux hommes de ca
1824 mondiales, les fréquents déplacements de troupes d’ un bout à l’autre du territoire ont appris aux hommes de cantons diffé
1825 out à l’autre du territoire ont appris aux hommes de cantons différents à se connaître et à collaborer plus étroitement. D
1826 autre part, l’obligation pour tout citoyen valide de passer par une école de recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il
1827 pour tout citoyen valide de passer par une école de recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il devienne officier, prolo
1828 avant tout, comme une école pour adultes : école de civisme, d’égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un gra
1829 comme une école pour adultes : école de civisme, d’ égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’
1830 école pour adultes : école de civisme, d’égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’instituteur
1831 cole de civisme, d’égalité, de virilité, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’instituteurs deviennent officiers
1832 té, et aussi de culture physique. Un grand nombre d’ instituteurs deviennent officiers, et tout officier subalterne joue pl
1833 ut officier subalterne joue plus ou moins le rôle d’ un instituteur pour sa section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu
1834 a section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu de faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne porte pas
1835 1946, l’indice des divorces pour la Suisse était de 4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux US o
1836 résent ouvrage le commun dénominateur des Suisses de tous les cantons, des deux religions et des quatre langues. 30. Un d
1837 33. En 1882, le peuple suisse a rejeté le projet de loi instituant un secrétariat scolaire fédéral, qui eût été chargé de
1838 secrétariat scolaire fédéral, qui eût été chargé de préparer une loi uniforme sur l’enseignement primaire. Cette tentativ
1839 ce n’a pas été renouvelée. 34. Pendant la saison d’ hiver 1946-1947, il y avait un peu moins de 15 000 étudiants en tout d
1840 saison d’hiver 1946-1947, il y avait un peu moins de 15 000 étudiants en tout dans les sept universités (dont 3250 étudian
1841 tution turque actuellement en vigueur est l’œuvre d’ un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept
1842 tuellement en vigueur est l’œuvre d’un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept universités ment
1843 t en vigueur est l’œuvre d’un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36. Aux sept universités mentionnées,
1844 s, il faut ajouter l’École polytechnique, l’École d’ ingénieurs de Lausanne, l’Université commerciale de Saint-Gall, l’Inst
1845 outer l’École polytechnique, l’École d’ingénieurs de Lausanne, l’Université commerciale de Saint-Gall, l’Institut des haut
1846 ’ingénieurs de Lausanne, l’Université commerciale de Saint-Gall, l’Institut des hautes études internationales de Genève :
1847 all, l’Institut des hautes études internationales de Genève : soit onze établissements de rang universitaire. 37. Un sur
1848 ernationales de Genève : soit onze établissements de rang universitaire. 37. Un sur 4 au Danemark, sur 7 en France, sur 2
7 1953, La Confédération helvétique. Chapitre V. La vie religieuse
1849 ristianisme en Suisse, l’historien ne dispose que de récits légendaires. Il semble que dès le iiie siècle, la nouvelle do
1850 enne est établie à Genève, Bâle est déjà le siège d’ un évêché, de même que Martigny en Valais. Au ve siècle, ces territoi
1851 re battue par Aetius et refoulée jusqu’en Savoie, d’ où elle s’est répandue sur la Bourgogne actuelle pour y fonder un roya
1852 des Burgondes, grands propriétaires terriens, ou de leurs prédécesseurs romains. Nombre de traits typiques de la démocrat
1853 rriens, ou de leurs prédécesseurs romains. Nombre de traits typiques de la démocratie suisse actuelle (particularisme, rép
1854 prédécesseurs romains. Nombre de traits typiques de la démocratie suisse actuelle (particularisme, répugnance à subir l’a
1855 es survivances du passé alémanique. À l’exception de la Rhétie (les Grisons d’aujourd’hui) et de l’Ouest resté burgonde, l
1856 émanique. À l’exception de la Rhétie (les Grisons d’ aujourd’hui) et de l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la
1857 ption de la Rhétie (les Grisons d’aujourd’hui) et de l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la Suisse est donc r
1858 de l’Ouest resté burgonde, la plus grande partie de la Suisse est donc redevenue païenne au vie siècle. Lorsque les miss
1859 Lorsque les missionnaires Colomban et Gall, venus d’ Irlande, visitent vers 610 les environs des lacs de Zurich et de Const
1860 ’Irlande, visitent vers 610 les environs des lacs de Zurich et de Constance, ils trouvent des idoles de Wotan dans les anc
1861 itent vers 610 les environs des lacs de Zurich et de Constance, ils trouvent des idoles de Wotan dans les anciennes église
1862 e Zurich et de Constance, ils trouvent des idoles de Wotan dans les anciennes églises romaines. Mais grâce à ces moines pè
1863 à ces moines pèlerins, le christianisme renaîtra de ses vestiges. Par-dessous les coutumes alémaniques-païennes, les apôt
1864 rlandais retrouvent non seulement le catholicisme de Rome, mais un fonds celtique plus ancien qui leur est congénial, et s
1865 ngénial, et sur lequel ils appuieront leur effort d’ évangélisation, en sorte que le christianisme, en Suisse, sera le dern
1866 christianisme, en Suisse, sera le dernier rejeton de la « civilisation de Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe
1867 sse, sera le dernier rejeton de la « civilisation de Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe de Gall s’édifie au
1868 Iona » comme dirait Arnold Toynbee. Sur la tombe de Gall s’édifie au viiie siècle un monastère qui va devenir le grand f
1869 siècle un monastère qui va devenir le grand foyer de prospérité matérielle autant que spirituelle38 de la Suisse orientale
1870 de prospérité matérielle autant que spirituelle38 de la Suisse orientale, avec son hôtellerie et ses fermes, ses écoles et
1871 erie et ses fermes, ses écoles et leurs centaines d’ étudiants, ses œuvres d’art, ses ateliers, son hôpital, et sa biblioth
1872 rt, ses ateliers, son hôpital, et sa bibliothèque de 400 volumes enluminés. Les couvents se multiplient dans tout le pays,
1873 tiplient dans tout le pays, et bientôt rivalisent de puissance temporelle avec les grands féodaux : les cantons primitifs
1874 tre les Habsbourg. L’un des plus fameux est celui d’ Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’ailleurs
1875 ameux est celui d’Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’ailleurs continuellement attaqué par les Sc
1876 nt à Einsiedeln que Zwingli, jeune abbé passionné d’ humanisme et « chapelain acolyte » du pape, apprend en 1517 ce qui vie
1877 e se passer à Wittemberg : l’affichage des thèses de Luther. À cette époque, la Suisse alémanique détenait pour la Curie r
1878 lle en profitait pour se faire accorder une foule de droits et grâces ecclésiastiques, ce qui peut expliquer en partie la
1879 les débuts, à l’égard des innovations religieuses de Zurich. L’esprit clérical était prononcé, et ses abus non moins crian
1880 lée que tardivement, au xve siècle. L’Université de Bâle, fondée en 1460, devenait un foyer d’humanisme avec Érasme. D’au
1881 ersité de Bâle, fondée en 1460, devenait un foyer d’ humanisme avec Érasme. D’autre part, la mystique allemande du sud trav
1882 lemande du sud travaillait les consciences avides d’ une religion plus intérieure : c’est ainsi que la secte des Amis de Di
1883 us intérieure : c’est ainsi que la secte des Amis de Dieu, dont le centre était à Strasbourg, comptait beaucoup de discipl
1884 Il avait d’autre part montré aux Suisses la voie de cette politique de neutralité dans laquelle Zwingli allait conduire s
1885 art montré aux Suisses la voie de cette politique de neutralité dans laquelle Zwingli allait conduire ses compatriotes, en
1886 l’empereur, ou la France, pour assurer les droits de leur minorité menacée. Nous avons retracé plus haut la carrière polit
1887 richois, sa fin tragique sur le champ de bataille de Kappel. Beaucoup plus que Luther et que Calvin, Zwingli a donné sa fo
1888 t son esprit au protestantisme suisse. Les débuts de sa réforme, à Zurich, datent de 1518, lorsqu’il déclare, du haut de l
1889 uisse. Les débuts de sa réforme, à Zurich, datent de 1518, lorsqu’il déclare, du haut de la chaire, qu’il se propose d’exp
1890 urich, datent de 1518, lorsqu’il déclare, du haut de la chaire, qu’il se propose d’expliquer la doctrine chrétienne en se
1891 l déclare, du haut de la chaire, qu’il se propose d’ expliquer la doctrine chrétienne en se basant sur les documents origin
1892 rétienne en se basant sur les documents originaux de la Révélation, la Bible et les évangiles. Calvin ne publiera son Inst
1893 e n’est liée aux Suisses que par quelques traités de combourgeoisie. Elle ne fait pas partie de la Confédération des XIII
1894 raités de combourgeoisie. Elle ne fait pas partie de la Confédération des XIII cantons. Et l’œuvre du réformateur français
1895 jusqu’aux débuts du xviiie siècle. Dès l’époque de Zwingli, le partage de la Suisse entre les deux confessions s’est opé
1896 iiie siècle. Dès l’époque de Zwingli, le partage de la Suisse entre les deux confessions s’est opéré dans ses grandes lig
1897 finiront par établir leur prépondérance au terme de la « seconde guerre de Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’est q
1898 eur prépondérance au terme de la « seconde guerre de Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’est qu’après avoir écrasé un
1899 Sonderbund) qu’ils réussiront à établir le régime de paix religieuse sous lequel vit l’actuelle confédération. ⁂ Lors du d
1900 Lors du dernier recensement (1941), la population de la Suisse, résidents étrangers compris, offrait la composition confes
1901 ns ou sans confession 34 828 8 17 La proportion de 2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ens
1902 ans confession 34 828 8 17 La proportion de 2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ensemble d
1903 roportion de 2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ensemble du pays n’a guère varié depuis la
1904 on de 2/5 de catholiques pour un peu moins de 3/5 de protestants dans l’ensemble du pays n’a guère varié depuis la Réforme
1905 e du pays n’a guère varié depuis la Réforme. Mais d’ importantes modifications se sont manifestées dans la répartition géog
1906 ement, et plus tard encore pratiquement, le droit d’ établissement était refusé par les cantons aux Suisses d’une confessio
1907 issement était refusé par les cantons aux Suisses d’ une confession différente de celle de la majorité. La Constitution féd
1908 s cantons aux Suisses d’une confession différente de celle de la majorité. La Constitution fédérale, conçue dans un esprit
1909 aux Suisses d’une confession différente de celle de la majorité. La Constitution fédérale, conçue dans un esprit de récon
1910 . La Constitution fédérale, conçue dans un esprit de réconciliation au lendemain de la guerre du Sonderbund, garantit le l
1911 çue dans un esprit de réconciliation au lendemain de la guerre du Sonderbund, garantit le libre exercice de tous les culte
1912 guerre du Sonderbund, garantit le libre exercice de tous les cultes dans toute la Confédération et supprima les entraves
1913 fessions tel qu’on ne peut plus parler proprement de cantons protestants, mais seulement de cantons à majorité protestante
1914 proprement de cantons protestants, mais seulement de cantons à majorité protestante (la plus forte étant celle du canton d
1915 protestante (la plus forte étant celle du canton de Berne, où l’on ne trouve qu’un catholique pour sept habitants.) En gé
1916 facteurs ont concouru à l’établissement définitif de la paix religieuse en Suisse. Et tout d’abord, la renonciation totale
1917 soit avec l’étranger. Les conceptions politiques de Nicolas de Flue et de Zwingli ont ainsi triomphé, au terme de plusieu
1918 Les conceptions politiques de Nicolas de Flue et de Zwingli ont ainsi triomphé, au terme de plusieurs siècles de luttes s
1919 e Flue et de Zwingli ont ainsi triomphé, au terme de plusieurs siècles de luttes sourdes ou déclarées, et d’intrigues dipl
1920 ont ainsi triomphé, au terme de plusieurs siècles de luttes sourdes ou déclarées, et d’intrigues diplomatiques avec les pu
1921 sieurs siècles de luttes sourdes ou déclarées, et d’ intrigues diplomatiques avec les puissances voisines, qui soutenaient
1922 si que le fanatisme a fait place à un large degré d’ indifférence religieuse, tandis que les conflits économiques et sociau
1923 posées au catholicisme, telles que l’interdiction de fonder de nouveaux couvents et ordres, ou de laisser rentrer les jésu
1924 catholicisme, telles que l’interdiction de fonder de nouveaux couvents et ordres, ou de laisser rentrer les jésuites, ont
1925 tion de fonder de nouveaux couvents et ordres, ou de laisser rentrer les jésuites, ont éliminé des causes traditionnelles
1926 jésuites, ont éliminé des causes traditionnelles d’ agitation. Cet apaisement, cette paix officielle, traduisent-ils une c
1927 entif à ne pas vexer le voisin, mais peu désireux de s’en rapprocher, ou même de perdre les préjugés hérités à son endroit
1928 in, mais peu désireux de s’en rapprocher, ou même de perdre les préjugés hérités à son endroit. Un zèle un peu amer et am
1929 oit. Un zèle un peu amer et ambitieux risquerait de troubler la paix, et l’on est prudent. On ne rayonne donc pas. On se
1930 f des consciences, il ne comprend plus les moyens de pression et de violence en matière de religion. Que nous en soyons ar
1931 es, il ne comprend plus les moyens de pression et de violence en matière de religion. Que nous en soyons arrivés là, en qu
1932 soyons arrivés là, en quelques décades, au sortir d’ un état de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’u
1933 ivés là, en quelques décades, au sortir d’un état de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’un régime d
1934 t de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’ attendre d’un régime de liberté contrôlée, fondé sur la franche reconn
1935 séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’ un régime de liberté contrôlée, fondé sur la franche reconnaissance de
1936 montre ce qu’il est permis d’attendre d’un régime de liberté contrôlée, fondé sur la franche reconnaissance des droits de
1937 e, fondé sur la franche reconnaissance des droits de tous.40 L’ignorance mutuelle dans laquelle vivent les différents gr
1938 lement, et qu’il existe dans presque chaque bourg de quelque importance des églises des deux cultes, le protestant moyen c
1939 cierges sur un autel, et à cultiver toutes sortes de superstitions ; tandis que le catholique moyen tient le protestant po
1940 le protestant pour un demi-incrédule, prisonnier d’ une morale austère. Le plus curieux, c’est que beaucoup de protestants
1941 préjugés du voisin sur leur propre religion. Plus d’ un changement de confession s’explique par la découverte subite de réa
1942 in sur leur propre religion. Plus d’un changement de confession s’explique par la découverte subite de réalités spirituell
1943 de confession s’explique par la découverte subite de réalités spirituelles qui existent en vérité des deux côtés, mais qui
1944 t-il un esprit protestant et un esprit catholique de nuance proprement helvétique ? La question n’est pas sans intérêt, ca
1945 n. La Réforme, en Suisse, fut l’œuvre personnelle de Zwingli, et dans l’ensemble, le protestantisme suisse est resté beauc
1946 point qu’on lise encore les œuvres du réformateur de Zurich, ni que ses doctrines soient enseignées. Mais il a proposé aux
1947 nseignées. Mais il a proposé aux Suisses la forme de religion qui convenait le mieux au tempérament du plus grand nombre d
1948 es irréductibles. Son esprit juridique, son souci de bien distinguer les prérogatives de l’Église de celles de l’État, n’o
1949 ue, son souci de bien distinguer les prérogatives de l’Église de celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte
1950 i de bien distinguer les prérogatives de l’Église de celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte zwinglien,
1951 distinguer les prérogatives de l’Église de celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte zwinglien, au contrai
1952 e n’y sont entrés que plus tard), ce culte paraît d’ autant plus pur qu’il est plus dépouillé. Les cérémonies pompeuses, le
1953 fêtes, les symboles, les hiérarchies, sont taxés d’ « hypocrisie »41. L’extrême appauvrissement des formes culturelles, ch
1954 es, ne saurait être attribué à la seule influence de Zwingli. Il traduit d’une part la volonté originelle de se distinguer
1955 ngli. Il traduit d’une part la volonté originelle de se distinguer du catholicisme romain, d’autre part une tournure d’esp
1956 du catholicisme romain, d’autre part une tournure d’ esprit positive et volontiers simpliste, une horreur congénitale de la
1957 et volontiers simpliste, une horreur congénitale de la rhétorique sous toutes ses formes, un égalitarisme intransigeant,
1958 rellement porté qu’aucun autre Européen à traiter de « singerie » toute expression tant soit peu spontanée de la ferveur r
1959 ngerie » toute expression tant soit peu spontanée de la ferveur religieuse, et toute dévotion publique lui paraît « théâtr
1960 oitié du xixe siècle, a doté les églises suisses de cantiques anglo-saxons aux rythmes tantôt allègres, tantôt traînants
1961 ôt allègres, tantôt traînants et nostalgiques, et d’ un vocabulaire mystique (« patois de Chanaan ») dont l’habitude seule
1962 talgiques, et d’un vocabulaire mystique (« patois de Chanaan ») dont l’habitude seule fait oublier le manque de sobriété.
1963 n ») dont l’habitude seule fait oublier le manque de sobriété. L’organisation des églises protestantes est calquée sur la
1964 gouvernées par des synodes régionaux. L’autonomie de la paroisse reste considérable, sous la direction du pasteur assisté
1965 la direction du pasteur assisté par un « conseil d’ église ». Il en résulte que « l’Église suisse » comme telle n’existe g
1966 existe guère, n’est qu’une fédération assez lâche d’ Églises cantonales, et pourrait difficilement prendre une décision qui
1967 n comprendra dès lors qu’il n’y ait pas en Suisse de parti politique protestant. Il existe au contraire un parti catholiqu
1968 aire un parti catholique, nombreux et discipliné, de tendance conservatrice42 et « fédéraliste ». (Précisons une fois de p
1969 auteurs, comme Ramuz, il devient presque synonyme de séparatiste.) Alors que les églises protestantes, de par leur structu
1970 s nécessairement par sa doctrine. Du point de vue de l’organisation, elle est unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépen
1971 unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépendent de Rome. Du point de vue politique, elle défend la traditionnelle libert
1972 ons, car elle y voit la garantie la plus certaine de ses droits contre les empiètements éventuels du pouvoir central, inst
1973 os jours par la majorité protestante. Il convient d’ ajouter toutefois que l’attitude des théoriciens du parti catholique n
1974 pas seulement inspirée par le statut minoritaire de leur confession. Il existe une doctrine catholique spécifiquement sui
1975 ste une doctrine catholique spécifiquement suisse de l’État et du fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Seges
1976 ’État et du fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Segesser et de Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleur
1977 u fédéralisme, illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Segesser et de Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleurs sur bien
1978 illustrée par les œuvres de A.-Ph. de Segesser et de Gonzague de Reynold : elle rejoint d’ailleurs sur bien des points ess
1979 uns et les autres s’accordent sur une définition de l’homme à la fois libre et solidaire, sur une conception de la « libe
1980 à la fois libre et solidaire, sur une conception de la « liberté d’obéissance » aussi éloignée de l’individualisme sans f
1981 et solidaire, sur une conception de la « liberté d’ obéissance » aussi éloignée de l’individualisme sans frein que des fau
1982 ion de la « liberté d’obéissance » aussi éloignée de l’individualisme sans frein que des fausses disciplines totalitaires,
1983 ses disciplines totalitaires, et sur une doctrine de l’État qui prévient l’extension illimitée de ses pouvoirs et sauvegar
1984 rine de l’État qui prévient l’extension illimitée de ses pouvoirs et sauvegarde la pleine autonomie de l’Église. Ils s’acc
1985 de ses pouvoirs et sauvegarde la pleine autonomie de l’Église. Ils s’accordent aussi pour préférer à l’idéologie démocrati
1986 e les libertés concrètes du citoyen, inséparables de ses responsabilités sociales et spirituelles. Le fédéralisme, au sens
1987 te fois-ci, constitue donc le commun dénominateur de la pensée catholique et de la pensée réformée dans le domaine politiq
1988 le commun dénominateur de la pensée catholique et de la pensée réformée dans le domaine politique, si bien qu’il n’existe
1989 e politique, si bien qu’il n’existe pas en Suisse d’ antagonismes profonds et essentiels quant à la doctrine de l’État, ni
1990 nismes profonds et essentiels quant à la doctrine de l’État, ni d’écoles ou de factions irréductibles, comme celles dont l
1991 s et essentiels quant à la doctrine de l’État, ni d’ écoles ou de factions irréductibles, comme celles dont les luttes sécu
1992 els quant à la doctrine de l’État, ni d’écoles ou de factions irréductibles, comme celles dont les luttes séculaires ont d
1993 et la vie politique depuis un siècle, n’ont cessé de se séculariser. Aux causes générales de ce phénomène, qui agissent da
1994 ont cessé de se séculariser. Aux causes générales de ce phénomène, qui agissent dans toute la civilisation occidentale, s’
1995 une cause historique très précise. Les fondateurs de la Confédération moderne, c’est-à-dire les radicaux, ont été conduits
1996 -dire les radicaux, ont été conduits par le souci d’ éliminer le plus possible l’influence politique des confessions : souc
1997 : souci bien compréhensible, puisqu’ils sortaient d’ une guerre civile d’origine religieuse, et que le conflit religieux, d
1998 ensible, puisqu’ils sortaient d’une guerre civile d’ origine religieuse, et que le conflit religieux, depuis des siècles, p
1999 on que le cléricalisme a depuis longtemps disparu de leur vie publique. Mais dans la partie protestante de la population s
2000 eur vie publique. Mais dans la partie protestante de la population subsistent une certaine répugnance à l’endroit des inte
2001 ance à l’endroit des interventions spectaculaires de l’Église ou de ses ministres, un goût de la sobriété, une self-consci
2002 t des interventions spectaculaires de l’Église ou de ses ministres, un goût de la sobriété, une self-consciousness spiritu
2003 culaires de l’Église ou de ses ministres, un goût de la sobriété, une self-consciousness spirituelle, qui ont pour effet d
2004 elf-consciousness spirituelle, qui ont pour effet de rendre la religion presque invisible dans les manifestations publique
2005 t demeure officiellement laïque, il ne l’est plus d’ une manière agressive, ou même volontaire. L’action individuelle d’hom
2006 essive, ou même volontaire. L’action individuelle d’ hommes politiques chrétiens, sensible dans plus d’un domaine, n’est pa
2007 d’hommes politiques chrétiens, sensible dans plus d’ un domaine, n’est pas entravée par l’opinion publique ou les partis, b
2008 tée dans les discours officiels que sous l’espèce de clichés que l’on ressort pour les grandes occasions, elle ne cesse d’
2009 ressort pour les grandes occasions, elle ne cesse d’ inspirer, consciemment ou non, la morale civique, l’activité philanthr
2010 vité philanthropique, certaines lois sociales, et de brider par des scrupules sincères le matérialisme assez épais qui men
2011 dans leur prospérité. Une seule exception mérite d’ être signalée à la règle laïque, gage de la paix confessionnelle : c’e
2012 on mérite d’être signalée à la règle laïque, gage de la paix confessionnelle : c’est l’institution du « Jeûne fédéral », j
2013 déral », jour fixé pour la repentance et l’action de grâces nationale, et que l’on célèbre par la publication et la lectur
2014 que l’on célèbre par la publication et la lecture de « mandements » officiels, généralement rédigés par les églises. Elle
2015 églises. Elle est devenue prétexte à des « menus de Jeûne » fort abondants, qu’annoncent les meilleurs restaurants. La re
2016 mme la Croix-Rouge ou dans le rayonnement mondial de la pensée d’un Karl Barth qu’elle témoigne de sa véritable nature ; o
2017 Rouge ou dans le rayonnement mondial de la pensée d’ un Karl Barth qu’elle témoigne de sa véritable nature ; ou encore, d’u
2018 ial de la pensée d’un Karl Barth qu’elle témoigne de sa véritable nature ; ou encore, d’une manière plus diffuse et collec
2019 elle témoigne de sa véritable nature ; ou encore, d’ une manière plus diffuse et collective, dans un certain sens de la sol
2020 plus diffuse et collective, dans un certain sens de la solidarité humaine, dans l’équilibre des institutions qui en résul
2021 es protestants suisses qui n’accepteraient jamais d’ avoir des évêques — comme en ont les Allemands, les Hongrois, les Angl
2022 42. Les syndicats catholiques sont indépendants de ce parti, et beaucoup plus progressistes.
8 1953, La Confédération helvétique. Chapitre VI. Le peuple suisse et le monde
2023 ixe siècle, et qu’en conséquence, il serait vain de chercher, dans son peuple ou sa littérature, les témoignages d’un sen
2024 ans son peuple ou sa littérature, les témoignages d’ un sentiment proprement national, comparable à celui que les Français,
2025 dans un canton, une région, un domaine essentiel de la vie commune. Il arrive même que les majorités conjuguent leurs eff
2026 riser sa survivance. C’est en vertu de ce système de « prime à la minorité » que la Confédération a non seulement reconnu
2027 mme langue nationale le romanche (parlé par moins de 40 000 habitants) mais, par ses subventions, a donné un regain de vit
2028 nts) mais, par ses subventions, a donné un regain de vitalité au petit groupe qui le parlait, et qui se voyait menacé de d
2029 it groupe qui le parlait, et qui se voyait menacé de décadence rapide. En l’absence de toute autre raison naturelle, cultu
2030 e voyait menacé de décadence rapide. En l’absence de toute autre raison naturelle, culturelle ou dynastique, ce qui rassem
2031 devant Dieu sur une prairie des Alpes il y a plus de six siècles et demi. Si la Suisse a donné à l’histoire de l’Europe et
2032 iècles et demi. Si la Suisse a donné à l’histoire de l’Europe et du monde quelque chose d’unique, une création sans exempl
2033 l’histoire de l’Europe et du monde quelque chose d’ unique, une création sans exemple et durable, c’est bien cela : cette
2034 exemple et durable, c’est bien cela : cette forme d’ État non nationale, et cette communauté de peuples différents, inébran
2035 e forme d’État non nationale, et cette communauté de peuples différents, inébranlablement fondée sur le serment. Que cet É
2036 s évident que la Suisse moderne a pris conscience d’ elle-même en tant qu’unité fédérale, et qu’elle voit les gages de sa f
2037 tant qu’unité fédérale, et qu’elle voit les gages de sa force et de sa cohésion civique dans cette diversité, précisément,
2038 édérale, et qu’elle voit les gages de sa force et de sa cohésion civique dans cette diversité, précisément, qui a fait la
2039 précisément, qui a fait la faiblesse ou la ruine de tant de grands États voisins. Sur l’importance vitale de ce lien poli
2040 de grands États voisins. Sur l’importance vitale de ce lien politique, tous les auteurs suisses sont d’accord. Citons-en
2041 on du radicalisme dans sa belle époque, président de la Confédération à plusieurs reprises, le Neuchâtelois Numa Droz écri
2042 outumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun de ses membres, une vitalité et une force de résistance tout autres que
2043 chacun de ses membres, une vitalité et une force de résistance tout autres que celles qu’on peut rencontrer dans un pays
2044 ntrer dans un pays centralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un de nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’es
2045 centralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un de nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que
2046 s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que de grandes provinces habituées à recevoir leur impulsion d’une capitale
2047 des provinces habituées à recevoir leur impulsion d’ une capitale plus ou moins éloignée. En 1940, pendant la mobilisation
2048 moins éloignée. En 1940, pendant la mobilisation de l’armée qu’il commandait en chef, le général Guisan, loin de déplorer
2049 fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler leurs montagnes 
2050 ait aussi vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler leurs montagnes ! Si les différences sont ineffaçab
2051 vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler leurs montagnes ! Si les différences sont ineffaçables, elles
2052 Sechseläuten, Bâle son Carnaval, Lucerne sa fête de Sempach, Glaris son anniversaire de Näfels, Vaud son 24 janvier et so
2053 cerne sa fête de Sempach, Glaris son anniversaire de Näfels, Vaud son 24 janvier et son 14 avril, Neuchâtel son 1er mars ;
2054 que le nôtre, peut admettre, l’esprit du régiment de Genève n’est cependant pas celui des régiments de Berne ou des Grison
2055 de Genève n’est cependant pas celui des régiments de Berne ou des Grisons, pas plus que celui des régiments zurichois ne r
2056 s sont cependant unis sous le même drapeau. Près d’ un siècle auparavant, Gottfried Keller, le grand romancier de Zurich43
2057 auparavant, Gottfried Keller, le grand romancier de Zurich43, voyait déjà, dans cette même diversité la véritable « école
2058 à, dans cette même diversité la véritable « école de l’amitié » : Qu’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne soie
2059 u’il y ait des Zurichois et des Bernois, des gens d’ Unterwald et de Neuchâtel, des Grisons et des Bâlois, et même deux esp
2060 Zurichois et des Bernois, des gens d’Unterwald et de Neuchâtel, des Grisons et des Bâlois, et même deux espèces de Bâlois 
2061 , des Grisons et des Bâlois, et même deux espèces de Bâlois ! Qu’il y ait une histoire de l’Appenzell, et une histoire de
2062 deux espèces de Bâlois ! Qu’il y ait une histoire de l’Appenzell, et une histoire de Genève ! Cette variété dans l’unité —
2063 ait une histoire de l’Appenzell, et une histoire de Genève ! Cette variété dans l’unité — Dieu veuille nous la conserver 
2064 ille nous la conserver — voilà la véritable école de l’amitié ! Et quand une même appartenance politique vient à s’épanoui
2065 qu’il y a de plus haut. Nous ne connaissons pas de meilleure description de ce que l’on peut appeler le « patriotisme su
2066 Nous ne connaissons pas de meilleure description de ce que l’on peut appeler le « patriotisme suisse », mêlant le sentime
2067 er le « patriotisme suisse », mêlant le sentiment de la nature à une espèce particulière d’enthousiasme politique, que cet
2068 sentiment de la nature à une espèce particulière d’ enthousiasme politique, que cette page du même Gottfried Keller, narra
2069 Gottfried Keller, narrant le retour au pays natal de son héros Henri le Vert : Je traversai le Rhin et mis le pied sur le
2070 : Je traversai le Rhin et mis le pied sur le sol de mon pays au moment même où celui-ci retentissait du bruit de cette ag
2071 au moment même où celui-ci retentissait du bruit de cette agitation politique qui se termina par la transformation d’une
2072 on politique qui se termina par la transformation d’ une confédération d’États vieille de cinq-cents ans, en un État fédéra
2073 termina par la transformation d’une confédération d’ États vieille de cinq-cents ans, en un État fédératif ; développement
2074 ransformation d’une confédération d’États vieille de cinq-cents ans, en un État fédératif ; développement d’un organisme v
2075 q-cents ans, en un État fédératif ; développement d’ un organisme vivant qui, par son énergie et sa diversité, faisait oubl
2076 confiai mes bagages à l’office postal et décidai de faire le reste de mon voyage à pied… Tout le pays reposait dans une v
2077 es à l’office postal et décidai de faire le reste de mon voyage à pied… Tout le pays reposait dans une vapeur bleue, où re
2078 dans une vapeur bleue, où resplendissait l’éclat d’ argent des chaînes de montagnes, des lacs et des fleuves, et le soleil
2079 e, où resplendissait l’éclat d’argent des chaînes de montagnes, des lacs et des fleuves, et le soleil se jouait sur la jeu
2080 le soleil se jouait sur la jeune verdure couverte de rosée. Je voyais dans toute leur richesse les formes de ma patrie, pa
2081 ée. Je voyais dans toute leur richesse les formes de ma patrie, paisibles et horizontales dans les plaines et les eaux, es
2082 t des campagnes très peuplées. Avec l’irréflexion de la jeunesse et de l’enfance, je tenais la beauté du pays pour un méri
2083 ès peuplées. Avec l’irréflexion de la jeunesse et de l’enfance, je tenais la beauté du pays pour un mérite historique et p
2084 peuple, si j’ose dire, allant même jusqu’à faire de cette beauté un synonyme de liberté, et je marchais allègrement à tra
2085 nt même jusqu’à faire de cette beauté un synonyme de liberté, et je marchais allègrement à travers les régions catholiques
2086 eprésentais tout cela comme un grand crible plein de constitutions, de confessions, de partis, de souverainetés et de bour
2087 ela comme un grand crible plein de constitutions, de confessions, de partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à traver
2088 nd crible plein de constitutions, de confessions, de partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait
2089 lein de constitutions, de confessions, de partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisé
2090 s, de confessions, de partis, de souverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisée la majorité de dro
2091 à travers lequel devait être tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer au combat en tant qu’i
2092 a majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer au combat en tant qu’individu, partie et reflet de l’ensemble
2093 r au combat en tant qu’individu, partie et reflet de l’ensemble, et de me forger au milieu de la lutte, avec mes forces vi
2094 t qu’individu, partie et reflet de l’ensemble, et de me forger au milieu de la lutte, avec mes forces vives, une personnal
2095 inent l’esprit et le statut politique particulier de la Confédération ? Nous en nommerons trois auxquelles nous attachons
2096 hons une importance particulière : L’appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations de l’Occident, et la réunion
2097 enance de la Suisse à trois grandes civilisations de l’Occident, et la réunion de ces trois civilisations sur notre territ
2098 randes civilisations de l’Occident, et la réunion de ces trois civilisations sur notre territoire. Le lien fédéral, le car
2099 erritoire. Le lien fédéral, le caractère original de notre démocratie fédérative. Le respect de la dignité et de la libert
2100 iginal de notre démocratie fédérative. Le respect de la dignité et de la liberté humaine. Là encore, il est remarquable q
2101 émocratie fédérative. Le respect de la dignité et de la liberté humaine. Là encore, il est remarquable que l’« appartenan
2102 à encore, il est remarquable que l’« appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations » soit mentionnée précisément
2103 soit mentionnée précisément comme une des raisons d’ être de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de n
2104 ntionnée précisément comme une des raisons d’être de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas ê
2105 , quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances comm
2106 it si bien avoir été sa raison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances communes qui ont réussi
2107 e aujourd’hui, grosso modo après 1300 ans, l’aire de l’allemand et celle du français44. Mais d’autre part, le Rhin marque
2108 et Français. Entre Aar et Rhin vivent 3 millions d’ habitants ; entre Aar et Jura, 900 000. Les Alémaniques donnent aux Fr
2109 llemands. Ils sont rarement blonds, souvent noirs de cheveux et bruns de peau. Dans la vie courante, grands bourgeois ou p
2110 arement blonds, souvent noirs de cheveux et bruns de peau. Dans la vie courante, grands bourgeois ou paysans, ils parlent
2111 ain dans les écoles, à partir de 1933, en manière de protestation contre l’Allemagne hitlérisée. Il crée entre les citoyen
2112 ’Allemagne hitlérisée. Il crée entre les citoyens d’ un même canton une communauté très vivante, faite de nuances familière
2113 un même canton une communauté très vivante, faite de nuances familières, d’allusions locales, d’humour intraduisible. Néan
2114 unauté très vivante, faite de nuances familières, d’ allusions locales, d’humour intraduisible. Néanmoins, du point de vue
2115 faite de nuances familières, d’allusions locales, d’ humour intraduisible. Néanmoins, du point de vue culturel, la Suisse a
2116 nt de vue culturel, la Suisse alémanique n’a rien de « provincial » au regard de l’Allemagne, beaucoup moins centralisée q
2117 ier rang dans la poésie, le roman, la philosophie de l’histoire. De nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à l
2118 a poésie, le roman, la philosophie de l’histoire. De nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à la pensée du Bâl
2119 prêt à suivre un Führer, le Suisse particularisé de la manière la plus précise — de même que son pays est compartimenté —
2120 nt à l’égard des chefs politiques, des mouvements de masse ; l’Allemand du Nord plus ou moins slavisé, le Suisse formé par
2121 la : l’un génial, mystique, excessif, et dépourvu de sagesse politique ; l’autre, rationaliste, mesuré, lucide, citoyen au
2122 mesure que l’Allemagne s’unifiait sous la férule de la Prusse, la Suisse alémanique s’en distinguait davantage par son cl
2123 itutions. Certes, l’esprit réalisateur et moderne de l’industrie et du commerce allemands provoquait encore l’admiration d
2124 quait encore l’admiration des classes dirigeantes de Zurich et de Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut d
2125 l’admiration des classes dirigeantes de Zurich et de Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut divisée en deu
2126 rigeantes de Zurich et de Bâle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut divisée en deux camps, l’un proallemand à
2127 t divisée en deux camps, l’un proallemand à l’est de l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée de Hitler au pouvoi
2128 l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée de Hitler au pouvoir provoqua un renversement complet des sympathies alé
2129 l’Amérique, aujourd’hui, que regardent les hommes d’ affaires et les industriels suisses. Quant aux milieux intellectuels,
2130 suisses. Quant aux milieux intellectuels, coupés de leurs bases depuis 1933, ils se sont vu devenir subitement les dernie
2131 t vu devenir subitement les derniers dépositaires de la culture germanique, et c’est en son nom qu’ils ont manifesté à l’é
2132 ité beaucoup plus profonde et virulente que celle de leurs confédérés romands. Ces derniers se distinguent de la France to
2133 s confédérés romands. Ces derniers se distinguent de la France tout autrement que les premiers ne se distinguent de l’Alle
2134 tout autrement que les premiers ne se distinguent de l’Allemagne. Il n’y a pas de dialectes romands. Le français de France
2135 rs ne se distinguent de l’Allemagne. Il n’y a pas de dialectes romands. Le français de France est la langue de tous les jo
2136 e. Il n’y a pas de dialectes romands. Le français de France est la langue de tous les jours et non pas seulement de la lit
2137 ctes romands. Le français de France est la langue de tous les jours et non pas seulement de la littérature ou des actes of
2138 la langue de tous les jours et non pas seulement de la littérature ou des actes officiels, et les expressions locales, hé
2139 s officiels, et les expressions locales, héritées d’ anciens patois, ne sont pas plus nombreuses qu’en n’importe quelle aut
2140 ant dans l’évolution littéraire ou intellectuelle de la France. Sur ses quatre foyers culturels bien distincts, Genève, La
2141 estants, le quatrième catholique. Cet émiettement d’ un groupe déjà si restreint — moins d’un million d’habitants, rappelon
2142 émiettement d’un groupe déjà si restreint — moins d’ un million d’habitants, rappelons-le — n’a jamais permis à la Suisse r
2143 ’un groupe déjà si restreint — moins d’un million d’ habitants, rappelons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande d’être
2144 pelons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande d’ être à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne
2145 e Romand est un Français, s’il atteint la stature d’ un Rousseau, d’une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant, d’un Amiel45 
2146 Français, s’il atteint la stature d’un Rousseau, d’ une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, i
2147 int la stature d’un Rousseau, d’une Mme de Staël, d’ un Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, il est un protestant,
2148 seau, d’une Mme de Staël, d’un Benjamin Constant, d’ un Amiel45 ; moralement, il est un protestant, avec tout ce que cela c
2149 est un protestant, avec tout ce que cela comporte d’ étrangeté par rapport à la France actuelle, laïque mais pénétrée de cu
2150 apport à la France actuelle, laïque mais pénétrée de culture catholique46 ; politiquement, enfin, il est un Suisse. Laisso
2151 i a su dire mieux que tout autre comment on voit, de son pays, les Suisses romands : Membres de la famille spirituelle fr
2152 voit, de son pays, les Suisses romands : Membres de la famille spirituelle française, ils se flattent encore volontiers d
2153 elle française, ils se flattent encore volontiers de nous ressembler par une certaine vivacité de réactions, qui les disti
2154 iers de nous ressembler par une certaine vivacité de réactions, qui les distingue (c’est eux qui le disent) des Bernois ou
2155 lourds. Ils se vanteraient presque, à l’occasion, de partager certains de nos défauts, dont ils se font une élégance, étan
2156 aient presque, à l’occasion, de partager certains de nos défauts, dont ils se font une élégance, étant entendu que, ne les
2157 thique, sans péril aucun, ils conservent le droit de nous les reprocher. Ils ont raison, car au fond les différences entre
2158 semblances, et nous serions tentés, quant à nous, de les voir un peu — qualités et défauts — comme ils voient les Bernois.
2159 les Bernois. Par rapport à nous, je serais tenté de chercher la différence essentielle dans le fait que, rattachés politi
2160 nçais : leur démocratie qui n’a rien, ou presque, de latin, est une démocratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste
2161 cratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste de redouter nos conceptions politiques : ce ne sont chez eux que des min
2162 orités qui s’en réclament, encore que l’influence de notre voisinage soit et ait toujours été importante, mais ils finisse
2163 es et, s’ils les absorbent, c’est en les adaptant de telle façon qu’ils perdent le plus clair de leur nocivité, c’est-à-di
2164 ptant de telle façon qu’ils perdent le plus clair de leur nocivité, c’est-à-dire, en un sens, de leur vertu.47 Quant aux
2165 clair de leur nocivité, c’est-à-dire, en un sens, de leur vertu.47 Quant aux Tessinois, rattachés à la Confédération en
2166 r 146 000 Tessinois, mais par un nombre croissant d’ immigrants de la Péninsule répandus dans tous les cantons suisses. L’h
2167 sinois, mais par un nombre croissant d’immigrants de la Péninsule répandus dans tous les cantons suisses. L’helvétisation
2168 ui ont le mieux exprimé la mission traditionnelle de la Confédération. Seuls, les Romanches constituent une minorité parfa
2169 langue celto-romane, qu’on ne peut rapprocher que de l’ancien provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse est donc cl
2170 e de l’ancien provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse est donc clairement inscrite dans son « appartenance à troi
2171 son « appartenance à trois grandes civilisations de l’Occident » et dans leur réunion sur un même territoire. Le Message
2172 un même territoire. Le Message du Conseil fédéral de 1938 l’exprime avec une force et une lucidité qui font de ce texte l’
2173 l’exprime avec une force et une lucidité qui font de ce texte l’un des documents majeurs de la pensée fédéraliste. Citons
2174 é qui font de ce texte l’un des documents majeurs de la pensée fédéraliste. Citons encore une de ses pages, qui formule en
2175 jeurs de la pensée fédéraliste. Citons encore une de ses pages, qui formule en un raccourci saisissant les principes direc
2176 un raccourci saisissant les principes directeurs de l’histoire suisse et la mission internationale qui en découle : Les
2177 fait providentiel a marqué le sens et la mission de notre État fédéral. Du Gothard jaillissent le Rhin, le Rhône et le Te
2178 t le Rhin, le Rhône et le Tessin, les trois cours d’ eau qui nous relient aux territoires culturels les plus importants dan
2179 res culturels les plus importants dans l’histoire de l’Occident. Le Gothard divise et unit à la fois ces trois territoires
2180 s territoires. Ce serait une entreprise vaine que de vouloir séparer la culture de notre pays de celles auxquelles nous so
2181 ntreprise vaine que de vouloir séparer la culture de notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est ch
2182 e que de vouloir séparer la culture de notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changeant et acc
2183 on le Tessinois Giuseppe Zoppi, le Tessin remplit d’ autant mieux sa mission suisse qu’il maintient plus purs ses liens spi
2184 s spirituels avec ce qui fait la grandeur durable de la culture italienne ; un raisonnement analogue est vrai aussi pour l
2185 alémaniques. Précisément parce que nous refusons d’ admettre la théorie selon laquelle la race déterminerait l’État et les
2186 le la race déterminerait l’État et les frontières de celui-ci, nous gardons la liberté et la force de rester conscients de
2187 de celui-ci, nous gardons la liberté et la force de rester conscients de nos affinités avec les trois cultures allemande,
2188 rdons la liberté et la force de rester conscients de nos affinités avec les trois cultures allemande, française et italien
2189 et italienne. L’idée suisse n’est pas un produit de la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre de l’esprit. C’est
2190 sse n’est pas un produit de la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre de l’esprit. C’est un fait admirable, qu’aut
2191 la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre de l’esprit. C’est un fait admirable, qu’autour du Gothard, montagne qui
2192 issance et devenir une réalité politique : l’idée d’ une communauté spirituelle des peuples et des cultures occidentales. C
2193 es. Cette idée, qui exprime le sens et la mission de notre État fédératif, n’est au fond pas autre chose que la victoire,
2194 tre chose que la victoire, sur le plan politique, de la pensée sur la matière, de l’esprit sur la chair. Prendre conscienc
2195 r le plan politique, de la pensée sur la matière, de l’esprit sur la chair. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et
2196 ère, de l’esprit sur la chair. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et de grand dans notre conception politique, c’e
2197 sur la chair. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et de grand dans notre conception politique, c’est déjà un éléme
2198 ir. Prendre conscience de ce qu’il y a de beau et de grand dans notre conception politique, c’est déjà un élément essentie
2199 eption politique, c’est déjà un élément essentiel de notre défense spirituelle. L’origine permanente de la neutralité sui
2200 notre défense spirituelle. L’origine permanente de la neutralité suisse est clairement désignée dans cette page. Comment
2201 ux luttes qui opposent ces cultures dans le reste de l’Europe ? Il serait aussitôt dissocié. Il a su vaincre dans son sein
2202 si longtemps déchaînés autour de lui : la volonté d’ hégémonie, tantôt latine et tantôt germanique. Quelles que soient les
2203 ation commettrait un suicide en épousant la cause de l’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de
2204 ttrait un suicide en épousant la cause de l’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de les unir. E
2205 re, puisque son être et sa formule sont justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les cultures nationales, dans toute
2206 rincipe politique permanent au cours de la guerre de Trente Ans. Mais il faut remonter plus haut encore, pour découvrir la
2207 core, pour découvrir la justification primordiale de cette attitude. Il faut remonter à l’origine précise de la première a
2208 te attitude. Il faut remonter à l’origine précise de la première alliance fédérale : le Gothard, « montagne qui sépare et
2209 nt « immédiats à l’Empire », et donc indépendants de leurs puissants voisins : condition nécessaire de leur mission europé
2210 de leurs puissants voisins : condition nécessaire de leur mission européenne. En effet, cette mission ne pouvait être acco
2211 ême qu’une grand-garde, en toute armée, a l’ordre de ne se laisser détourner sous aucun prétexte de sa vigilance, et donc
2212 re de ne se laisser détourner sous aucun prétexte de sa vigilance, et donc de ne point participer aux actions qui viendrai
2213 rner sous aucun prétexte de sa vigilance, et donc de ne point participer aux actions qui viendraient à se dérouler dans so
2214 médiat : elle doit se réserver pour l’éventualité d’ une attaque sur le point qu’elle protège. Cette mission de grand-garde
2215 taque sur le point qu’elle protège. Cette mission de grand-garde au cœur même de l’Europe — d’abord physique, puis symboli
2216 rotège. Cette mission de grand-garde au cœur même de l’Europe — d’abord physique, puis symbolique — est antérieure, soulig
2217 ’abord la mission impériale, ensuite l’obligation de préserver l’alliance. La neutralité affirmée lors de la paix de Westp
2218 ’alliance. La neutralité affirmée lors de la paix de Westphalie, en 1648, n’est pas absolument la même que celle qui résul
2219 ependant une conséquence pratique. Et les traités de 1815, qui le confirment, synthétisent ces deux motifs, lorsqu’ils rec
2220 s, lorsqu’ils reconnaissent que « l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans
2221  l’inviolabilité de la Suisse et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politiq
2222 influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Sui
2223 ère, sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Suisse à trois gran
2224 ue de l’Europe entière ». Ainsi, « l’appartenance de la Suisse à trois grandes civilisations » devient la raison même de s
2225 is grandes civilisations » devient la raison même de son « indépendance de toute influence étrangère ». On voit maintenan
2226 ns » devient la raison même de son « indépendance de toute influence étrangère ». On voit maintenant comment la neutralit
2227 sse ; et comment elle exprime à la fois la raison d’ être du pays et l’équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre es
2228 uilibre est renouvelé, la neutralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités de Paris et
2229 ralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités de Paris et de Vienne en 1815, déclaratio
2230 aspects. (Traités de Westphalie en 1648, traités de Paris et de Vienne en 1815, déclaration de Londres en 1920, lors de l
2231 raités de Westphalie en 1648, traités de Paris et de Vienne en 1815, déclaration de Londres en 1920, lors de l’entrée de l
2232 raités de Paris et de Vienne en 1815, déclaration de Londres en 1920, lors de l’entrée de la Suisse dans la Société des Na
2233 déclaration de Londres en 1920, lors de l’entrée de la Suisse dans la Société des Nations.) Et l’on comprend enfin pour q
2234 géohistoriques, elle se distingue essentiellement de toute autre neutralité pratiquée dans le reste de l’Europe. Elle deme
2235 de toute autre neutralité pratiquée dans le reste de l’Europe. Elle demeure une institution unique en son genre. Et il n’e
2236 tée » par aucun autre État isolé. Il n’est permis d’ imaginer son extension qu’à l’ensemble du continent. Seule, une fédéra
2237 la neutralité suisse : grand-garde montée autour d’ un principe universel, et sauvegarde d’une alliance entre des éléments
2238 tée autour d’un principe universel, et sauvegarde d’ une alliance entre des éléments essentiellement divers, qu’une prise d
2239 des éléments essentiellement divers, qu’une prise de parti belliqueuse ne manquerait pas de disloquer. Cette perspective n
2240 ’une prise de parti belliqueuse ne manquerait pas de disloquer. Cette perspective n’est pas absente de l’esprit des gouver
2241 de disloquer. Cette perspective n’est pas absente de l’esprit des gouvernants suisses, comme en font foi les lignes suivan
2242 es étrangères suisse : Il n’est pas sans intérêt de relever qu’aujourd’hui se manifestent en Europe deux tendances grâce
2243 ve son salut dans une neutralité qui lui permette de se tenir à l’écart des conflits qui pourraient opposer des puissances
2244 intérêts essentiels sont ailleurs et, qui sait ? de prévenir entre elles une guerre qui n’est pas inévitable ; et dans un
2245 émonie, donnerait à notre continent la conscience de son unité et lui ouvrirait la perspective de se relever de ses ruines
2246 ence de son unité et lui ouvrirait la perspective de se relever de ses ruines par un effort commun, reprenant au point où
2247 ité et lui ouvrirait la perspective de se relever de ses ruines par un effort commun, reprenant au point où il a été inter
2248 au point où il a été interrompu, le développement de la civilisation qui a fait sa grandeur.48 ⁂ Dans la communauté des
2249 ur.48 ⁂ Dans la communauté des nations, le rôle de la Suisse est donc de maintenir conjointement les deux principes de n
2250 unauté des nations, le rôle de la Suisse est donc de maintenir conjointement les deux principes de neutralité et de solida
2251 onc de maintenir conjointement les deux principes de neutralité et de solidarité, que l’évolution générale, depuis un sièc
2252 conjointement les deux principes de neutralité et de solidarité, que l’évolution générale, depuis un siècle et demi, tenda
2253 al illustre l’interdépendance. Certes, la volonté de se maintenir à l’écart des conflits armés, fussent-ils nationalistes
2254 s motifs allégués, a souvent fait taxer la Suisse d’ égoïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en b
2255 légués, a souvent fait taxer la Suisse d’égoïsme, d’ isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en bénéficiant
2256 t taxer la Suisse d’égoïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en bénéficiant des victoires sur les
2257 oïsme, d’isolationnisme, et de propension à juger de haut, tout en bénéficiant des victoires sur les tyrans, dont d’autres
2258 ys firent les frais. C’est oublier que la volonté de neutralité s’accorde en Suisse avec une obligation à la fois constitu
2259 elle et internationale. Au total, il s’agit moins d’ un choix que d’une nécessité, et d’une fidélité contractuelle. De plus
2260 tionale. Au total, il s’agit moins d’un choix que d’ une nécessité, et d’une fidélité contractuelle. De plus, à ces reproch
2261 l s’agit moins d’un choix que d’une nécessité, et d’ une fidélité contractuelle. De plus, à ces reproches d’ordre moral, la
2262 fidélité contractuelle. De plus, à ces reproches d’ ordre moral, la Suisse a répondu en actes, mieux qu’en paroles. Durant
2263 accueilli sur son petit territoire des centaines de milliers de réfugiés, de soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvé
2264 ur son petit territoire des centaines de milliers de réfugiés, de soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvés par les bo
2265 territoire des centaines de milliers de réfugiés, de soldats refoulés, d’enfants des pays éprouvés par les bombardements o
2266 nes de milliers de réfugiés, de soldats refoulés, d’ enfants des pays éprouvés par les bombardements ou la famine. En 1945,
2267 l’œuvre du « Don suisse » en faveur des victimes de la guerre ou « Aide à l’Europe » s’est vue dotée de 100 millions de f
2268 la guerre ou « Aide à l’Europe » s’est vue dotée de 100 millions de francs par les Chambres fédérales49, soit 1 % du reve
2269 Aide à l’Europe » s’est vue dotée de 100 millions de francs par les Chambres fédérales49, soit 1 % du revenu national, à q
2270 dans la population ou souscrits par les cantons. De 1939 à 1947, l’Agence des prisonniers de guerre, installée à Genève p
2271 cantons. De 1939 à 1947, l’Agence des prisonniers de guerre, installée à Genève par les soins du Comité international de l
2272 ée à Genève par les soins du Comité international de la Croix-Rouge, et qui a compté jusqu’à 3400 collaborateurs, en grand
2273 sonniers et à leurs familles près de 120 millions de messages. En même temps, le CICR entretenait 31 délégations permanent
2274 t s’employant à y faire respecter les conventions de la Croix-Rouge. Il est significatif que cette dernière œuvre fondée p
2275 ry Dunant en 1863, ait adopté pour pavillon celui de la Suisse, en intervertissant simplement ses couleurs. On sait que le
2276 ses couleurs. On sait que le Comité international de la Croix-Rouge, qui siège à Genève, est constitué uniquement par des
2277 rnières guerres, procède en grande partie du fait de l’impartialité que lui assure sa composition. Un autre témoignage de
2278 ue lui assure sa composition. Un autre témoignage de l’interdépendance de la neutralité suisse et de la solidarité europée
2279 osition. Un autre témoignage de l’interdépendance de la neutralité suisse et de la solidarité européenne, se révèle dans l
2280 e de l’interdépendance de la neutralité suisse et de la solidarité européenne, se révèle dans le choix de la Suisse comme
2281 la solidarité européenne, se révèle dans le choix de la Suisse comme siège d’un très grand nombre d’institutions internati
2282 se révèle dans le choix de la Suisse comme siège d’ un très grand nombre d’institutions internationales. La première en da
2283 x de la Suisse comme siège d’un très grand nombre d’ institutions internationales. La première en date fut la Croix-Rouge,
2284 rnationaux par chemin de fer, et les deux Bureaux de la propriété intellectuelle. Le climat de neutralité semblait à cette
2285 Bureaux de la propriété intellectuelle. Le climat de neutralité semblait à cette époque (de 1864 à 1918) offrir des garant
2286 Le climat de neutralité semblait à cette époque ( de 1864 à 1918) offrir des garanties d’indépendance à ces organismes nai
2287 ette époque (de 1864 à 1918) offrir des garanties d’ indépendance à ces organismes naissants. En 1919, Genève fut choisie c
2288 aissants. En 1919, Genève fut choisie comme siège de la Société des Nations et du Bureau international du travail. Ainsi,
2289 vaient mérité du pape Jules II le titre perpétuel de « défenseurs du Saint-Siège », de même que les villes de Calvin, de Z
2290 fenseurs du Saint-Siège », de même que les villes de Calvin, de Zwingli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la
2291 Saint-Siège », de même que les villes de Calvin, de Zwingli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme »,
2292 , de même que les villes de Calvin, de Zwingli et d’ Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme », de même que l
2293 ngli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme », de même que le Conseil œcuménique des Églises allait s’
2294 itique universel, au sein duquel elle bénéficiait d’ un statut spécial, dans la suite de sa tradition d’« immédiateté impér
2295 le bénéficiait d’un statut spécial, dans la suite de sa tradition d’« immédiateté impériale ». Pendant la guerre de 1939-1
2296 ’un statut spécial, dans la suite de sa tradition d’ « immédiateté impériale ». Pendant la guerre de 1939-1945, le gouverne
2297 on d’« immédiateté impériale ». Pendant la guerre de 1939-1945, le gouvernement suisse accepta de défendre les intérêts de
2298 erre de 1939-1945, le gouvernement suisse accepta de défendre les intérêts de 43 États belligérants sur le territoire de l
2299 vernement suisse accepta de défendre les intérêts de 43 États belligérants sur le territoire de leurs ennemis, et fut obli
2300 térêts de 43 États belligérants sur le territoire de leurs ennemis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte de minist
2301 sur le territoire de leurs ennemis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte de ministère annexe en marge de son Dépar
2302 mis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte de ministère annexe en marge de son Département politique. Des millions
2303 marge de son Département politique. Des millions d’ hommes se trouvaient ainsi dépendre de la protection helvétique. Au le
2304 es millions d’hommes se trouvaient ainsi dépendre de la protection helvétique. Au lendemain de la guerre, le Palais des Na
2305 épendre de la protection helvétique. Au lendemain de la guerre, le Palais des Nations restant vide, par suite de la dissol
2306 Nations restant vide, par suite de la dissolution de la SDN, fut racheté par les Nations unies qui en ont fait le siège de
2307 té par les Nations unies qui en ont fait le siège de leur Office européen. L’Organisation mondiale de la santé, et l’Offic
2308 de leur Office européen. L’Organisation mondiale de la santé, et l’Office international des réfugiés y ont été adjoints.
2309 ises en Suisse, et ce nombre s’accroît rapidement d’ année en année. ⁂ Tous ces faits démontrent qu’en Suisse — prototype d
2310 ous ces faits démontrent qu’en Suisse — prototype d’ une fédération d’États autonomes et librement associés — neutralité et
2311 ontrent qu’en Suisse — prototype d’une fédération d’ États autonomes et librement associés — neutralité et collaboration in
2312 plus, un petit pays neutre offre aux entreprises d’ union des peuples un climat politique particulièrement favorable ; à t
2313 tout le moins, il les soustrait aux pressions que de grandes puissances risqueraient d’exercer sur elles, en les hébergean
2314 pressions que de grandes puissances risqueraient d’ exercer sur elles, en les hébergeant. Mais la participation de la Suis
2315 r elles, en les hébergeant. Mais la participation de la Suisse aux entreprises même qu’elle accueille, pose un problème bi
2316 rent. Dès le xvie siècle en fait, et dès la paix de Westphalie en droit, la Confédération s’était retirée des grandes lut
2317 itiques européennes. Neutralité devenait synonyme d’ abstention ou de passivité. Pendant tout le xixe siècle, tandis que s
2318 nes. Neutralité devenait synonyme d’abstention ou de passivité. Pendant tout le xixe siècle, tandis que se formait et se
2319 l’État fédératif moderne, la politique étrangère de la Suisse fut non seulement neutre, mais quasi inexistante. La direct
2320 ment politique revenait chaque année au président de la Confédération et prenait ainsi, quelque peu, le caractère d’une ch
2321 ation et prenait ainsi, quelque peu, le caractère d’ une charge honorifique. La diplomatie se voyait réduite à sa plus simp
2322 ons en tout. Mais le xxe siècle devait provoquer de profonds changements dans l’attitude de la Suisse en ce domaine. Le n
2323 provoquer de profonds changements dans l’attitude de la Suisse en ce domaine. Le nombre des légations suisses est actuelle
2324 Le nombre des légations suisses est actuellement de 55. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point de capitale propre
2325 légations suisses est actuellement de 55. (Point d’ ambassades, de même qu’il n’y a point de capitale proprement dite, et
2326 5. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point de capitale proprement dite, et que les généraux sont appelés colonels :
2327 Enfin, la doctrine régnante est aujourd’hui celle de la « neutralité active », c’est-à-dire de la politique de présence su
2328 i celle de la « neutralité active », c’est-à-dire de la politique de présence sur la scène internationale. Le principe de
2329 neutralité active », c’est-à-dire de la politique de présence sur la scène internationale. Le principe de cette présence n
2330 présence sur la scène internationale. Le principe de cette présence n’étant plus discuté, reste à déterminer sa nature et
2331 r sa nature et ses limites, dans le cadre général de la neutralité. Deux facteurs psychologiques importants tendent à entr
2332 es importants tendent à entraver la participation de la Suisse en tant qu’État aux conseils internationaux. C’est tout d’a
2333 ionaux. Rien ne s’oppose, dans la Constitution, à de tels déplacements, que la vie politique du xxe siècle rend par aille
2334 nraciné dans la psychologie helvétique, se double d’ un aspect beaucoup plus sage : une méfiance, raisonnée cette fois-ci,
2335 raisonnée cette fois-ci, à l’égard des tentatives d’ union ou de fédérations jugées prématurées ou peu sincères. Lorsque la
2336 ette fois-ci, à l’égard des tentatives d’union ou de fédérations jugées prématurées ou peu sincères. Lorsque la Suisse fut
2337 ciété des Nations, elle se préoccupa tout d’abord de faire reconnaître que sa neutralité perpétuelle et son inviolabilité
2338 iolabilité étaient compatibles avec les principes de la Ligue nouvelle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’être
2339 rincipes de la Ligue nouvelle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’être dispensée de toute participation aux sanc
2340 velle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’ être dispensée de toute participation aux sanctions militaires, et ce
2341 laration de Londres, elle obtint d’être dispensée de toute participation aux sanctions militaires, et ce n’est que sur la
2342 sanctions militaires, et ce n’est que sur la base de ce statut de « neutralité différentielle » que le Conseil fédéral put
2343 itaires, et ce n’est que sur la base de ce statut de « neutralité différentielle » que le Conseil fédéral put recommander
2344 fédéral put recommander au peuple la ratification de l’entrée dans la SDN. Celle-ci ne fut cependant acquise que par 415 0
2345 gue, la Suisse fut la première à signer la clause d’ arbitrage obligatoire, mais elle refusa de souscrire à aucune des gara
2346 clause d’arbitrage obligatoire, mais elle refusa de souscrire à aucune des garanties territoriales que le Pacte stipulait
2347 des vainqueurs, de même qu’elle refusa plus tard de participer aux sanctions économiques contre tel ou tel État. En 1938,
2348 tel ou tel État. En 1938, elle reprit son statut de neutralité absolue. L’échec de la Société des Nations vint justifier,
2349 reprit son statut de neutralité absolue. L’échec de la Société des Nations vint justifier, l’année suivante, cette pruden
2350 candaleuse à bien des esprits. Cette même volonté de se réserver pour certaines tâches précises et réalisables, et de ne p
2351 pour certaines tâches précises et réalisables, et de ne point sacrifier le principe vital de la neutralité, même à des ent
2352 ables, et de ne point sacrifier le principe vital de la neutralité, même à des entreprises dont la paix est le but, mais d
2353 ies. Elle est entrée dans toutes les institutions d’ ordre culturel, juridique, humanitaire, ou même économique dépendant d
2354 idique, humanitaire, ou même économique dépendant de l’ONU (telles que l’Unesco, l’OMS, l’OIR, le BIT) et dans la Cour de
2355 e l’Unesco, l’OMS, l’OIR, le BIT) et dans la Cour de La Haye. Mais il demeure plus que probable que la population rejetter
2356 en vertu d’une longue expérience, les conditions d’ une véritable fédération, et qu’ils doutent que celles-ci se trouvent
2357 ent que celles-ci se trouvent réunies dans le cas de l’ONU. L’hégémonie des « Grands », le droit de veto, le maintien jalo
2358 as de l’ONU. L’hégémonie des « Grands », le droit de veto, le maintien jaloux des souverainetés nationales illimitées, les
2359 s souverainetés nationales illimitées, les luttes de puissances et de groupes de puissances dans l’impuissance générale, t
2360 ationales illimitées, les luttes de puissances et de groupes de puissances dans l’impuissance générale, tout tend à confir
2361 llimitées, les luttes de puissances et de groupes de puissances dans l’impuissance générale, tout tend à confirmer, aux ye
2362 ure n’est pas encore venue de sacrifier la raison d’ être de leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapte
2363 st pas encore venue de sacrifier la raison d’être de leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à l’é
2364 acrifier la raison d’être de leur État, au profit d’ une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à l’échelle mondiale les prin
2365 État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’ adapter à l’échelle mondiale les principes formateurs de la Confédérat
2366 ter à l’échelle mondiale les principes formateurs de la Confédération, semble les renier ou les ignorer en fait comme en d
2367 raison, nous n’avons pas à en juger ici, l’échec de la SDN, dont ils furent les témoins les plus proches, induit la major
2368 ajorité des Suisses à persister dans une position d’ attente. « Chat échaudé craint même l’eau froide. » Cependant, le Cons
2369 endant, le Conseil fédéral saisit chaque occasion de collaborer dans des secteurs strictement limités, après s’être assuré
2370 uerres totales, nous l’ignorons. Mais le maintien d’ un principe n’est pas vain. Un problème analogue, mais plus brûlant en
2371 alogue, mais plus brûlant encore, ne manquera pas de se poser à la Suisse au cours des années qui viennent, dans le plan p
2372 années qui viennent, dans le plan plus restreint de l’Europe. La constitution d’un Conseil de l’Europe et d’une Assemblée
2373 plan plus restreint de l’Europe. La constitution d’ un Conseil de l’Europe et d’une Assemblée consultative ne peut laisser
2374 rope. La constitution d’un Conseil de l’Europe et d’ une Assemblée consultative ne peut laisser indifférents les « gardiens
2375 Gothard » et les dépositaires du prototype réduit de l’Europe fédérée. Mais sous quelle forme peuvent-ils s’y associer ? I
2376 forme peuvent-ils s’y associer ? Ici, la position de la Suisse devient au plus haut point paradoxale. Car, d’une part, on
2377 d’une part, on l’offre en exemple aux fédérateurs de l’Europe ; elle a déjà réalisé leur idéal ; mais, d’autre part, c’est
2378 s, d’autre part, c’est elle qui manifeste le plus de scepticisme et de réticences lorsqu’on lui propose les plans d’une fé
2379 ’est elle qui manifeste le plus de scepticisme et de réticences lorsqu’on lui propose les plans d’une fédération de dimens
2380 et de réticences lorsqu’on lui propose les plans d’ une fédération de dimensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’
2381 lorsqu’on lui propose les plans d’une fédération de dimensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’est qu’apparent.
2382 ne conception possible et pratiquement réalisable de l’Europe, enfin réconciliée avec elle-même. Mais cette Suisse-là, pré
2383 e qu’elle pourra sacrifier sans danger son statut d’ exception exemplaire. En renonçant aujourd’hui à sa neutralité pour se
2384 utralité pour se joindre aux alliances militaires d’ un Pacte à six ou d’un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission de
2385 ndre aux alliances militaires d’un Pacte à six ou d’ un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission de gardienne d’une trad
2386 d’un Pacte atlantique, elle trahirait sa mission de gardienne d’une tradition féconde et pacifique. Elle reculerait, sans
2387 tlantique, elle trahirait sa mission de gardienne d’ une tradition féconde et pacifique. Elle reculerait, sans profit pour
2388 éloigner du but commun, au lieu de le signaler et de montrer par le fait qu’il est bel et bien accessible. On invoque la s
2389 cher à un pays qui refuse la guerre par principe, de ne pas faire sa part dans l’œuvre de la paix ? Certes, sa vocation la
2390 ar principe, de ne pas faire sa part dans l’œuvre de la paix ? Certes, sa vocation la plus certaine ne saurait s’accomplir
2391 us certaine ne saurait s’accomplir qu’à l’échelle de l’Europe : alors la Suisse s’évanouirait pour ainsi dire dans le succ
2392 isse s’évanouirait pour ainsi dire dans le succès de son idée. Mais elle compromettrait cette idée même, aux yeux de l’Eur
2393 de l’Europe et du monde, en cessant avant l’heure de se montrer fidèle à ses obligations précises. En ce milieu du xxe si
2394 tte pour préserver au cœur du continent une image de l’avenir européen, même lorsqu’elle croit défendre simplement ses int
2395 lus que toute autre au monde entier par la nature de son économie et la pluralité de ses cultures, mais sans cesse menacée
2396 ier par la nature de son économie et la pluralité de ses cultures, mais sans cesse menacée d’asphyxie par les entraves que
2397 luralité de ses cultures, mais sans cesse menacée d’ asphyxie par les entraves que mettent ses voisins aux échanges matérie
2398 à l’équilibre pacifique, et qu’elle ne serve pas de paravent à des luttes de puissances ou de blocs. Alors seulement la S
2399 et qu’elle ne serve pas de paravent à des luttes de puissances ou de blocs. Alors seulement la Suisse pourra, sans renier
2400 rve pas de paravent à des luttes de puissances ou de blocs. Alors seulement la Suisse pourra, sans renier sa vocation prof
2401 aux luttes politiques qui marquèrent l’avènement de l’État fédéral en 1848. Nietzsche le cite comme un des trois ou quatr
2402 rine, et au nord-ouest jusqu’à la Birse. La ligne de démarcation est jalonnée par Delémont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45.
2403 e exception pour Fribourg, qui se tient à l’écart de la vie culturelle des cités protestantes, et se rattache plus étroite
2404 8, p. 176. 49. En 1941, l’UNRRA ne disposait pas d’ un montant supérieur, pour un total de 44 pays des Nations unies.
2405 sposait pas d’un montant supérieur, pour un total de 44 pays des Nations unies.