1
ui, comme moi, pour des raisons de résidence, ont
été
de bonne heure attirés vers la Suisse — il y a frontière commune entr
2
la vie européenne un rôle qui, tout discret qu’il
soit
, dépasse en importance, mille fois, ceux que portent à bout de bras d
3
s vedettes flamboyantes. Pourtant, pourtant, ce n’
est
point par dilettantisme (il serait périmé) que je regrette un peu (c’
4
t, pourtant, ce n’est point par dilettantisme (il
serait
périmé) que je regrette un peu (c’est du reste la seule chose qu’il m
5
t demeure trop constamment abstrait. Les paysages
sont
, eux aussi, des agents de l’histoire. Il semble que les Suisses aient
6
ment, la voit mal. Car les bergers de bonne heure
sont
montés sur l’Alpe. D’où se voit, d’où se découvre un monde immense de
7
n bas ; mais si les gens de telle vallée close se
sont
de bonne heure unis, de proche en proche, aux gens de cette autre val
8
n proche, aux gens de cette autre vallée — s’il s’
est
formé peu à peu un agrégat de compartiments clos qui s’est nommé la S
9
peu à peu un agrégat de compartiments clos qui s’
est
nommé la Suisse — c’est que les gens d’en bas étaient montés en haut.
10
est nommé la Suisse — c’est que les gens d’en bas
étaient
montés en haut. Pour le pâturage, pour la chasse, mais aussi pour le
11
s qu’on dépasse les 2000 mètres ; et dit : « Ceci
est
à nous. Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux
12
es 2000 mètres ; et dit : « Ceci est à nous. Ceci
sera
Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire de la France
13
— et si différente cependant de tout ce que nous
sommes
les uns et les autres. Si vraiment originale en tout ; et d’abord, en
14
— et quand la boule reprend son équilibre, elle s’
est
grossie de Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’est cette fois, e
15
ossie de Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’
est
cette fois, et c’est Glaris, c’est Saint-Gall, qui restent collés au
16
r à son horizon : « Non, vous ne m’aurez pas ; je
suis
l’esprit » — Du romantisme ? Je ne crois pas. N’existent-elles point,
17
? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’
être
et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les grandes
18
Flandres, la candeur immaculée des Alpes ; ce ne
sont
pas des inventions de littérateurs, ce sont des réalités qui nourriss
19
ce ne sont pas des inventions de littérateurs, ce
sont
des réalités qui nourrissent les hommes. Et qui expliquent finalement
20
la Confédération suisse. ⁂ Au fond, telle qu’elle
est
devenue, la Suisse n’est pas loin d’être une nécessité. La détruire,
21
⁂ Au fond, telle qu’elle est devenue, la Suisse n’
est
pas loin d’être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des
22
e qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’
être
une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des États ? Qui saur
23
pothèse grotesque et cependant, naturellement, ce
serait
l’hypothèse la moins folle, puisque Neuchâtel, Fribourg, Vaud et Genè
24
le Valais ? À qui le Valais ? Au-delà de Sion il
est
de langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, mais les Valai
25
la Confédération se reconstituerait comme elle s’
est
constituée : par le lien fédéral. On va disant, avec un haussement d’
26
te et projetée dans les steppes de l’Eurasie — ce
serait
en effet, à leur image, un minuscule territoire. 270 kilomètres de Ge
27
je dis bien : réduite à la platitude. Compte non
tenu
de ces perpétuelles dénivellations qui vous transportent des 197 mètr
28
ssez saisissant — n’oublions pas que Le Corbusier
est
Suisse — et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire de toutes le
29
ich, Berne, Lausanne, Genève… Et le peuple suisse
tient
à ce pluralisme universitaire, comme il tient à l’intégrité de ses la
30
sse tient à ce pluralisme universitaire, comme il
tient
à l’intégrité de ses langues ; il en reconnaissait trois en 1937, l’a
31
se fait pas faute de le dire et de le répéter. Il
est
vrai, les Suisses ne se font pas remarquer. À telle enseigne qu’ils n
32
et pas des moindres, de Baudelaire à Verlaine) s’
est
exercée sur elle. Avec âcreté parfois et injustice flagrante. Les Sui
33
s et injustice flagrante. Les Suisses ? Ils ne se
sont
même pas créé de Beulemans. Et personne n’a songé à faire d’eux des c
34
e n’a songé à faire d’eux des caricatures. Ils se
sont
caricaturés eux-mêmes, au temps de Töpffer. Et ce n’était pas méchant
35
ricaturés eux-mêmes, au temps de Töpffer. Et ce n’
était
pas méchant. Un peu niais simplement. Quelques gambades et grimaces d
36
ogramme de l’Unesco. L’un des buts de cette série
étant
de « permettre la comparaison entre les aspirations et les institutio
37
s institutions diverses des peuples étudiés », il
était
convenu que « les monographies adopteraient, en gros, un même plan qu
38
an qui rende possible cette comparaison ». Je m’y
suis
tenu scrupuleusement, estimant que l’expérience valait d’être tentée,
39
i rende possible cette comparaison ». Je m’y suis
tenu
scrupuleusement, estimant que l’expérience valait d’être tentée, et q
40
rupuleusement, estimant que l’expérience valait d’
être
tentée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la règ
41
t que l’expérience valait d’être tentée, et qu’il
était
en somme bien plus intéressant de jouer la règle du jeu que de « fair
42
rit au nom de la Conférence des hautes études. Je
suis
heureux d’avoir pu tenir compte de leurs très compétentes observation
43
L’image conventionnelle de la Suisse semble avoir
été
fixée par le vers célèbre de Victor Hugo : Le Suisse trait sa vache
44
ons tout de suite qu’une telle réalité ne saurait
être
recherchée ni dans les seuls chiffres et faits, ni dans la seule idée
45
la seule idée que le peuple a de lui-même. Elle n’
est
au vrai ni physique ni morale. Elle consiste plutôt dans le conflit p
46
s imaginées par l’homme. En d’autres termes, elle
est
la résultante d’une géographie et d’une histoire. Géographiquement, l
47
e, les eaux du Tessin qui deviendra le Pô. Vers l’
est
et l’Autriche, les eaux de l’Inn, qui par le Danube iront à la mer No
48
du Rhin — s’étend un long plateau accidenté, qui
est
la partie la plus peuplée du pays, et que limitent au sud-ouest le la
49
Léman jusqu’à Genève. Le bassin italien du Tessin
est
une vallée beaucoup plus courte. Quant à l’Inn, elle quitte très vite
50
le quitte très vite la Suisse pour l’Autriche. Il
est
remarquable que le degré d’importance géographique de ces bassins cor
51
Gothard. (L’Inn prend sa source à 80 km plus à l’
est
.) Le Gothard n’est pas le centre géométrique du pays — celui-ci s’éte
52
end sa source à 80 km plus à l’est.) Le Gothard n’
est
pas le centre géométrique du pays — celui-ci s’étendant surtout vers
53
dant surtout vers l’ouest et le nord — mais il en
est
le point crucial, non seulement à cause de la croix formée par les fl
54
édération helvétique le 1er août 1291. Ce jour-là
fut
signé le Pacte qui liait « à perpétuité » les trois petits peuples ou
55
tten) d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’
est
à aucun degré, malgré ce qu’aimaient à suggérer les historiens du siè
56
traités dans un état de paix et de tranquillité.
Soit
donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de
57
aucun juge qui aurait acheté sa charge ou qui ne
serait
indigène ou habitant de ces contrées. Si quelque discorde venait à s’
58
er à perpétuité. En foi de quoi le présent acte a
été
dressé, à la requête des prénommés, et muni des sceaux des trois comm
59
ans le développement de la Confédération. Il n’en
est
pas de plus fréquemment citée dans les discours, manuels scolaires et
60
fédération, comme l’indique l’étymologie (fœdus),
est
précisément une alliance jurée, un engagement réciproque conclu entre
61
sans terme prévu. C’est pourquoi le Pacte de 1291
est
resté le document sacré par excellence de la Confédération. Une abond
62
’ils lèvent la droite vers le ciel. Avec ce geste
est
née la Suisse. Ce fameux « serment des trois Suisses » doit être sit
63
se. Ce fameux « serment des trois Suisses » doit
être
situé dans un contexte historique qui n’enlève rien à la grandeur sym
64
le rendirent possible. L’Europe du xiiie siècle
était
la proie de la lutte entre les guelfes et les gibelins. Le Saint-Empi
65
l’appui de l’empereur. Frédéric II comprit qu’il
était
de son intérêt de les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’ê
66
les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’
être
ouvert, au début du siècle. Il allait jouer un rôle déterminant dans
67
s deux moitiés de l’Empire, le Nord et le Sud. Il
était
vital pour l’empereur de garder libre ce passage, et de le protéger c
68
lles d’Empire. Les premières libertés des Suisses
sont
donc nées d’une mission spéciale, celle de garder le Col libre pour t
69
êts de l’Empire. La population de la vallée d’Uri
était
très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouver des débouchés favor
70
ttait des échanges fructueux. La route du Gothard
était
donc vitale pour le commerce des Waldstätten. Mais avec les marchands
71
rdes. La dernière en date de ces alliances jurées
fut
le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsb
72
endemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce
fut
aussi la seule qui réussit à subsister à travers les siècles, et à fo
73
nfin le fait politique de la menace féodale, tels
sont
les facteurs principaux qui contribuèrent à cristalliser et à mainten
74
t événement intelligible. La Confédération suisse
est
le seul mouvement qui ait survécu au combat pour l’idée démocratique
75
sente le résultat d’une révolution générale qui a
été
vaincue partout ailleurs : de tous les combats livrés par les paysans
76
, et le service de la communauté continentale. Ce
sera
la perpétuelle interaction de l’intérêt local et de l’intérêt commun,
77
goûts et au bien commun de l’Europe. De même, ce
fut
toujours d’une manière réaliste et strictement utilitaire qu’ils élar
78
du Gothard, et disposait d’une force armée apte à
tenir
en respect les seigneurs voisins. Ainsi fut constitué un noyau primit
79
e à tenir en respect les seigneurs voisins. Ainsi
fut
constitué un noyau primitif de quatre cantons. Il ne tarda guère à s’
80
à deux ou trois réseaux d’alliances, lesquelles n’
étaient
pas toujours réciproques dans toutes leurs obligations — comme si, de
81
urs, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un
serait
d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression. Le
82
it nécessaire, en temps de guerre. En réalité, ce
sont
les cantons suisses qui ont créé et pratiqué les premiers, d’une mani
83
pratiqué les premiers, d’une manière qui n’a plus
été
égalée depuis lors, la politique de l’assistance mutuelle et de la sé
84
édérés de le secourir. Cependant… chaque canton n’
est
pas allié à tous les autres. Mais bien que tous n’aient pas les mêmes
85
cours. Leur alliance porte notamment que ceux qui
sont
appelés au secours n’useront d’aucune fraude et tromperie, ni d’excus
86
ouvoir. Et comme il pourrait arriver qu’un canton
soit
assailli tellement à l’improviste que l’ennemi tiendrait tous les pas
87
it assailli tellement à l’improviste que l’ennemi
tiendrait
tous les passages, et par conséquent le canton n’aurait aucun moyen d
88
ordonné par exprès qu’en un tel cas, et lorsqu’il
sera
besoin d’avoir prompt secours, tous les cantons confédérés aideront d
89
érés aideront de toutes leurs forces, comme s’ils
étaient
nommément appelés… Ceux qui sont appelés au secours viennent à leurs
90
, comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui
sont
appelés au secours viennent à leurs dépens, sans aucun gage. Seule l’
91
’entraide mutuelle. La mission politique qui leur
fut
conférée en même temps que leur liberté impériale ne fit qu’accentuer
92
oncluant. On peut dire que la fédération suisse s’
est
formée et consolidée précisément dans la lutte constante contre toute
93
membres, — et chaque fois le résultat de la lutte
fut
un resserrement de l’alliance sur pied d’égalité réelle : les petits
94
olution française. La plupart des paysans suisses
étaient
des « hommes libres », certes, mais le seigneur restait un seigneur s
95
raîner le pays dans des aventures. Cette méfiance
était
en somme l’aspect négatif d’une conscience diffuse de la mission spéc
96
Waldmann, connurent une fin tragique : le premier
fut
trahi et tué dans un combat, le second assassiné. Il y avait quelque
97
isants du caractère des Suisses modernes : car il
était
fatal qu’au cours des âges, et à mesure que le sens de la mission spé
98
lifiait de « Schwyzer » tous ses sujets rebelles,
fussent
-ils Croates ou Tchèques. Cette « période héroïque » culmine dans les
99
nces, des rois, du pape lui-même, car son conseil
est
devenu si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser à
100
e les cantons citadins et les cantons campagnards
est
sur le point d’éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé de Nicol
101
sauver la Confédération. Toute alliance étrangère
sera
désormais interdite aux cantons, les villes de Soleure et Fribourg so
102
te aux cantons, les villes de Soleure et Fribourg
sont
reçues dans les Ligues, et les liens fédéraux se voient confirmés et
103
t pour trait cet ambitieux prince de l’Église que
fut
Mathieu Schiner. Fils de paysans valaisans, s’élevant avec ténacité e
104
it cessé de mettre en garde les cantons. Son rêve
était
de constituer au centre du continent un grand État qui eût englobé la
105
Car un État puissant, centré sur le Gothard, eût
été
une menace permanente pour les nations voisines, alors en formation,
106
pour la France, que Schiner haïssait. Cet État se
fût
mêlé à toutes les luttes pour l’hégémonie européenne. Afin d’y faire
107
hégémonie européenne. Afin d’y faire face, il eût
été
contraint de se donner un pouvoir fort et unifié. Or, depuis deux siè
108
la bataille de Novare (1509), le roi François Ier
fut
complètement battu. Mais à Marignan, en 1515, les Suisses furent cont
109
ment battu. Mais à Marignan, en 1515, les Suisses
furent
contraints de quitter le terrain après deux jours d’une bataille géan
110
s et leurs blessés, tout en luttant pied à pied —
fut
le dernier fait d’armes de l’ancienne Confédération. Le crépuscule sa
111
iter les avertissements de Nicolas de Flue, et ce
fut
lui qui fit passer dans la réalité l’idéal politique de l’ermite. Nom
112
cantons du centre, demeurés catholiques, Zwingli
fut
chargé du plan de défense. Vainqueur des cantons catholiques dans une
113
ark et Venise. Cette confédération européenne eût
été
capable, pensait Zwingli, d’abattre la dynastie des Habsbourg qui s’é
114
wingli, d’abattre la dynastie des Habsbourg qui s’
était
emparée de l’Empire. Mais les princes luthériens se montrèrent froids
115
rich. Les protestants désiraient traiter. Zwingli
était
pour la guerre. À demi trahi par ses compatriotes, il fut battu à Kap
116
la guerre. À demi trahi par ses compatriotes, il
fut
battu à Kappel, massacré sur le champ de bataille, et son corps fut é
117
, massacré sur le champ de bataille, et son corps
fut
écartelé et brûlé le lendemain. Sa fin tragique termina le drame shak
118
riode d’expansion spirituelle. La Confédération s’
est
stabilisée, elle a conquis le respect des puissances. Que va-t-elle f
119
e siècle, la vocation spirituelle de la Suisse s’
était
révélée par la création de foyers et de places d’échanges intellectue
120
ngleterre, à l’Amérique. Fédéralisée comme elle l’
était
alors, divisée en petits États souverains différents à la fois par la
121
vait le dire à partir du xixe siècle). Mais elle
était
désignée par sa structure même, autant que par sa position géographiq
122
écisive sur la culture en marge de laquelle ils s’
étaient
constitués : ainsi firent Zurich pour l’Allemagne du xviiie siècle,
123
sépare la Réformation de la Révolution française
est
un temps de systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centr
124
sgemeinde. Mais les cantons dont le « chef-lieu »
était
une cité de quelque importance, Zurich, Lucerne, Soleure, Berne, Bâle
125
e. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se
sont
affranchis un jour, et qu’ils sont demeurés libres. En vérité, derriè
126
été, qu’ils se sont affranchis un jour, et qu’ils
sont
demeurés libres. En vérité, derrière leurs murailles, ils ne sont plu
127
bres. En vérité, derrière leurs murailles, ils ne
sont
plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commér
128
commérages et de leurs préjugés bourgeois. S’il
est
probable que la mauvaise humeur de Goethe était en partie justifiée,
129
’il est probable que la mauvaise humeur de Goethe
était
en partie justifiée, il est certain que son jugement est excessif. N’
130
se humeur de Goethe était en partie justifiée, il
est
certain que son jugement est excessif. N’oublions pas en effet que Ro
131
partie justifiée, il est certain que son jugement
est
excessif. N’oublions pas en effet que Rousseau, qui avait tâté en Fra
132
ination et d’action. Mais on oublie que la Suisse
est
l’un des pays qui a exporté le plus de têtes chaudes. Dès le xvie si
133
participer aux luttes des Puissances puisqu’elle
était
neutre ; mais le sang guerrier de ses fils ne s’était pas apaisé. La
134
t neutre ; mais le sang guerrier de ses fils ne s’
était
pas apaisé. La Diète fédérale autorisa bientôt les officiers suisses
135
garde royale. C’est ainsi que les gardes suisses
furent
les derniers à protéger Louis XVI contre l’émeute populaire, le 10 ao
136
le proverbe : « Pas d’argent, pas de Suisse. » Il
est
en partie calomnieux3. Comme un prince français disait un jour au Mar
137
u mélancoliques, naquit du service étranger. Il s’
est
perpétué jusqu’à nos jours dans les campagnes. L’épopée du service ét
138
na en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’
était
terminée trois siècles auparavant sur la plaine de Marignan. ⁂ Lorsqu
139
is sur le type jacobin, c’est-à-dire centraliste,
fut
le théâtre des luttes entre les armées des Alliés — Prussiens, Autric
140
du centre finirent par convaincre Bonaparte qu’il
était
vain de persister dans cette tentative de « mise au pas ». Dans un di
141
fait votre État fédératif ; vouloir la vaincre n’
est
pas d’un homme sage. » Il ajoutait, en 1803, d’une manière prophétiqu
142
portance d’avoir des traits caractéristiques ; ce
sont
eux qui, en éloignant l’idée de ressemblance avec les autres États, é
143
bilité et la neutralité de la Confédération comme
étant
« dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». De c
144
embre 1815, Guglielmo Ferrero a pu écrire qu’elle
est
« la porte par laquelle la Suisse entre dans le grand siècle de son h
145
e régime de la souveraineté absolue des cantons s’
était
révélé incapable de faire face à une menace étrangère. La nécessité d
146
culation des personnes. De 1815 à 1847, la Suisse
fut
en proie à une longue effervescence politique, souvent accompagnée d’
147
aillamment combattu quand il a fallu, mais ils se
sont
montrés généreux et humains ». Il appliqua lui-même ces principes, au
148
omparée à la guerre de Sécession (leurs noms même
sont
identiques) eut pour effet de resserrer définitivement l’alliance féd
149
et d’un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne
fut
guère qu’à partir de 1848 que la Suisse devint une « démocratie » au
150
tabilité exceptionnelle. La Constitution de 1848
fut
adaptée sans difficultés en 1874 aux nécessités nouvelles introduites
151
le foyer de tous les débats politiques en Suisse
fût
-il le problème des droits respectifs des cantons et de la Confédérati
152
ional à Genève, le Conseil fédéral consacrait des
sommes
considérables au percement des tunnels du Gothard, du Lötschberg et d
153
x ? On le vit en effet. Pendant quatre ans, il ne
fut
question en Suisse que du « fossé moral » qui se creusait entre les d
154
entre les deux groupes linguistiques. Le miracle
fut
que la violence des passions politiques n’ébranla pas l’unité de la C
155
iers, malades ou grands blessés des deux camps, y
furent
transportés et soignés dans les stations d’hiver et d’été abandonnées
156
sportés et soignés dans les stations d’hiver et d’
été
abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de pa
157
cessive en son temps — que la Suisse doit d’avoir
été
épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la Suisse s
158
isse se vit plus isolée qu’elle ne l’avait jamais
été
au cours de son histoire. Cernée par l’Axe, depuis la chute de la Fra
159
, le palais de la Ligue des Nations, qui venait d’
être
achevé à la veille de la guerre, restait vide, battant neuf, protégé
160
pposer à tout envahisseur la certitude de pouvoir
tenir
pendant au moins deux ans le « Réduit national », avec ses fabriques
161
des lieux mêmes d’où elle avait tiré sa raison d’
être
. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumière qu
162
Nous avons vu que le sens de la solidarité lui a
été
comme imposé par la nature même d’une terre compartimentée, peu produ
163
double nécessité d’autonomie et de coopération s’
est
trouvée coïncider — à la faveur de l’ouverture du col du Gothard — av
164
rer au bien de l’ensemble. Ces considérations, il
est
vrai, ne pouvaient être formulées qu’a posteriori, dans notre siècle,
165
le. Ces considérations, il est vrai, ne pouvaient
être
formulées qu’a posteriori, dans notre siècle, au terme d’une série d’
166
motifs des actes principaux qui la jalonnent, on
est
tenté de conclure à un utilitarisme assez étroit, que l’on pourrait q
167
e la politique générale de la Confédération, peut
être
ramené à des raisons nettement intéressées et témoignant d’une certai
168
faveur d’un équilibre pacifique, qui se trouvait
être
« dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe tout entière ».
169
e régularité géométrique… Il semble que la Suisse
soit
l’un des rares pays qui ait sacrifié des avantages territoriaux non p
170
iens chroniqueurs ignorent le mot, quand la chose
est
partout dans les faits qu’ils rapportent. D’où le paradoxe d’une hist
171
rtus civiques. À la base du fédéralisme tel qu’il
est
pratiqué dans ce pays, tel qu’il s’est éduqué au cours des siècles, i
172
tel qu’il est pratiqué dans ce pays, tel qu’il s’
est
éduqué au cours des siècles, il y a le sens du compromis vital, il y
173
diqué au début que l’unité géographique du pays n’
est
guère évidente. Son unité de race est perdue depuis les temps où les
174
e du pays n’est guère évidente. Son unité de race
est
perdue depuis les temps où les Celtes helvètes en occupaient la plus
175
tres et y ont fait souche. Son unité religieuse a
été
rompue par la Réforme. Et trois cultures au moins se partagent inégal
176
nit pas spontanément comme telle6. La Suisse peut
être
comparée à l’Europe, en ce sens qu’elle ne conçoit et ne ressent son
177
i ne se rencontreront peut-être jamais, et qui ne
sont
nullement curieux l’un de l’autre, ont en commun leur volonté de rest
178
ière, et savent très bien que leur union fédérale
est
la seule garantie d’une pareille liberté. L’unité de la Suisse, en de
179
berté. L’unité de la Suisse, en dernière analyse,
est
donc proprement politique, soit que l’on prenne ce mot au sens étroit
180
dernière analyse, est donc proprement politique,
soit
que l’on prenne ce mot au sens étroit et tout pratique de science ou
181
tout pratique de science ou d’art des compromis,
soit
qu’on le prenne au sens plus général de stratégie du bien commun. Nou
182
plus général de stratégie du bien commun. Nous ne
sommes
pas en présence d’une nation, mais bel et bien d’une fédération, c’es
183
par des soldats suisses, qui se plaignaient de n’
être
pas payés pour leurs services. « Les Suisses ne se payent pas de paro
184
écrivait Montluc. 4. Le fédéralisme, en effet, n’
est
pas seulement le régionalisme ni seulement, à l’inverse, l’union des
185
du Pacte. 6. Bien que l’adjectif « national » se
soit
introduit dans le vocabulaire politique de 1848, et désigne par exemp
186
t « nation » chez un Français. a. Par erreur, il
est
écrit « Australiens » dans le texte imprimé.
187
nt il désire faire partie. « La naturalisation ne
sera
parfaite que lorsque le candidat aura été agréé par une commune et un
188
ion ne sera parfaite que lorsque le candidat aura
été
agréé par une commune et un canton ; c’est alors seulement qu’il sera
189
ommune et un canton ; c’est alors seulement qu’il
sera
un citoyen suisse »7. Dans notre description des institutions suisses
190
par le canton, car c’est selon ce processus que s’
est
constituée, historiquement, la fédération helvétique. En effet, comme
191
rofesseur Adolf Gasser : Le principe fédéraliste
est
à la base non seulement des relations entre la Confédération et les c
192
C’est à ces origines que nos cantons doivent de n’
être
jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, mais d’être
193
des États bureaucratiques et centralisés, mais d’
être
restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droit et
194
, fondés sur le droit et dont la première mission
est
l’administration de la justice8. Un autre auteur, le juriste F. Flei
195
donne les ordres du pouvoir central, la commune n’
est
plus qu’un organe d’exécution, et devient à son tour, comme l’observe
196
Suisse, au contraire, les droits de la commune ne
sont
limités que par la loi, jamais par les supérieurs administratifs. La
197
t le canton n’intervient qu’en appel. Ce régime s’
est
révélé particulièrement efficace dans les époques de crise (guerre de
198
itiatives locales, appuyées par la population qui
était
à même de contrôler la besogne et d’en mesurer la portée par expérien
199
ignes, caves, troupeaux). En cas d’indigence, ils
sont
secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’origine, même s’ils n’
200
e, à l’assistance des pauvres et des malades. Il
est
curieux de noter que la protection des autonomies communales n’est pa
201
ter que la protection des autonomies communales n’
est
pas mentionnée dans la Constitution fédérale. On serait tenté d’y voi
202
pas mentionnée dans la Constitution fédérale. On
serait
tenté d’y voir la preuve que cette autonomie va de soi chez les Suiss
203
onne droit de cité dans un canton. Et les cantons
sont
les éléments de base sur lesquels repose l’édifice fédéral. Les canto
204
els repose l’édifice fédéral. Les cantons suisses
sont
des États souverains « dans la mesure où leur souveraineté n’est pas
205
ouverains « dans la mesure où leur souveraineté n’
est
pas limitée par la Constitution fédérale ; ils jouissent, comme tels,
206
jouissent, comme tels, de tous les droits qui ne
sont
pas attribués au pouvoir fédéral » (art. 3 de la Constitution fédéral
207
Suisses. Ils n’oublient jamais que leurs cantons
sont
antérieurs à la Confédération, qui a résulté de leurs alliances progr
208
nt dans certains domaines, strictement définis, n’
est
donc à leurs yeux que la sauvegarde d’une décentralisation très pouss
209
re. L’exécutif généralement nommé Conseil d’État,
est
un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun des magi
210
fédéral. Le Conseil d’État prépare les textes qui
seront
soumis au législatif, et fixe leur mise en vigueur lorsqu’ils sont ac
211
gislatif, et fixe leur mise en vigueur lorsqu’ils
sont
acceptés. Le législatif, ou Grand Conseil, est élu par le peuple à la
212
s sont acceptés. Le législatif, ou Grand Conseil,
est
élu par le peuple à la majorité absolue dans quelques cantons, ou sel
213
on de la Landsgemeinde : là le pouvoir législatif
est
exercé par l’ensemble de la population mâle et majeure, réunie en cer
214
des amendements. Quelques-uns de ces amendements
sont
adoptés, d’autres — et justement, je le note, des amendements démagog
215
ote, des amendements démagogiques — repoussés. Je
suis
frappé de constater qu’on discute sur le mérite propre des mesures pr
216
it en France, sur leurs incidences partisanes. Je
suis
frappé aussi de la facilité de parole des orateurs, qui s’expriment a
217
te se prête admirablement. L’auditoire, du reste,
est
difficile : il s’impatiente quand on hésite, il souligne sans bienvei
218
estement ces assises ont leur tradition et l’on n’
est
pas disposé à y supporter les raseurs, car il faut que tout soit fini
219
é à y supporter les raseurs, car il faut que tout
soit
fini dans la journée (et puis le ciel, lourd de nuages, pourrait tomb
220
000 habitants qu’il contient, un quart seulement
sont
des paysans et plus de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins d
221
considérations pratiques priment, et l’équilibre
est
respecté, d’un accord tacite, entre les intérêts plus ou moins diverg
222
elle ou telle localité. » Cette dernière remarque
est
importante : elle nous fait entrevoir la condition des libertés civiq
223
ieurs groupes ou communautés, dont les limites ne
sont
pas les mêmes. La formule du régime totalitaire, c’est la coïncidence
224
mentées des allégeances communales et cantonales,
sont
non seulement possibles, mais courantes. Car les frontières des langu
225
mais courantes. Car les frontières des langues ne
sont
pas celles des religions ; celles des cantons ne sont pas celles des
226
pas celles des religions ; celles des cantons ne
sont
pas celles des régions économiques ; et celles des cultures ne sont p
227
s régions économiques ; et celles des cultures ne
sont
pas même celles de la Confédération. C’est dans le jeu ménagé entre c
228
atriciats, dont la subtile hiérarchie de conseils
fut
considérablement simplifiée et aérée. Cette évolution intérieure des
229
faciliter le passage de la fédération d’États qu’
était
l’ancienne Suisse à l’État fédératif qu’elle devint en 1848. Mais bie
230
ues. Politiquement, la Suisse du xviiie siècle n’
était
pas un État, mais un enchevêtrement d’alliances entre républiques sou
231
s sujets » et des bailliages. La Diète fédérale n’
était
qu’une réunion d’ambassadeurs des républiques, mandatés par leur gouv
232
s un régime totalement unifié, mais la résistance
fut
si forte, surtout dans les anciens cantons de la Suisse centrale, que
233
s deux réformes, mais le pacte fédéral de 1815 ne
fut
de nouveau qu’une alliance conclue entre États souverains. Un lien si
234
onclue entre États souverains. Un lien si lâche n’
était
qu’une faible garantie pour l’indépendance des cantons, en un siècle
235
à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains
étaient
les maîtres incontestés de leur politique économique. On comptait alo
236
, et 50 poids différents ». Le régime monétaire n’
était
guère moins chaotique. De plus, « incapables de s’entendre sur aucune
237
état-major fédéral. Vis-à-vis de l’étranger, elle
était
impuissante. Oui, vraiment, cette Suisse « ressemblait à l’Europe d’
238
six premiers de 1848 — une Constitution fédérale
fut
discutée, écrite, votée et mise en vigueur. Elle valut à la Suisse un
239
a Suisse, comme si la grande forteresse des Alpes
était
un désert livré au premier occupant ». Il décrivait la paralysie qui
240
ls doivent, pour ainsi dire, servir deux maîtres,
être
tour à tour les hommes de la Confédération et les hommes du canton… I
241
de la Confédération et les hommes du canton… Il n’
est
, ce me semble, aucun motif de conserver un pareil état de choses… Rie
242
asses : Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous
est
point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps moder
243
te anxiété elle-même, et ce malaise général qu’il
est
impossible de méconnaître, et cette espérance que dans un nouveau Pac
244
remède aux maux qui affligent la patrie. Quelles
étaient
les raisons que pouvaient avancer, contre tant d’évidences, les parti
245
enfin le caractère utopique de ces rêveries… Il n’
est
pas un de ces arguments qui ne revive dans les débats actuels sur l’u
246
e, elle avait rédigé la nouvelle charte. Celle-ci
fut
adoptée au mois d’août, par quinze cantons et demi contre six et demi
247
Fédéral, inaugurant un régime qui ne devait plus
être
remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, social et cu
248
essor économique, social et culturel de la Suisse
fut
immédiat. Aucune des catastrophes prédites et calculées par les tenan
249
de révisions partielles, dont la plus importante
fut
votée par le peuple en 1874. Cette Constitution mérite non seulement
250
culturel. Cet équilibre, proprement fédéraliste,
est
illustré par le système bicaméral institué en 1848. L’Assemblée fédér
251
gislatif et autorité suprême de la Confédération,
est
composée de deux Chambres : le Conseil national, représentant le peup
252
x conseils ont des pouvoirs égaux, et leur accord
est
indispensable pour l’acceptation ou le rejet d’une loi. On croit reco
253
e des députés. En réalité, le Conseil des États n’
est
pas du tout l’équivalent du Conseil de la République en France ou de
254
des Lords. Il ne ressemble qu’au Sénat américain,
étant
comme ce dernier formé de représentants des États membres de la fédér
255
Landsgemeinde qui les nomme. Le Conseil national
est
élu à raison d’un député par 22 000 habitants, chaque canton ou demi-
256
a droit à un représentant, même si sa population
est
inférieure à 11 000.) Les deux Chambres réunies en Assemblée national
257
budget fédéral et la révision de la Constitution
sont
également de leur compétence. Soulignons enfin que les membres de l’A
258
enfin que les membres de l’Assemblée fédérale ne
sont
jamais liés par les instructions que leur aurait données le corps pol
259
ique chargé de leur élection. Le mandat impératif
est
interdit17. « L’autorité directoriale et exécutive supérieure de la C
260
riale et exécutive supérieure de la Confédération
est
exercée par un Conseil fédéral composé de sept membres », dit l’artic
261
binet de ministres et celles d’un chef de l’État,
est
sans doute l’institution la plus originale de la Suisse. Ses membres
262
ution la plus originale de la Suisse. Ses membres
sont
élus pour quatre ans par l’Assemblée et sont immédiatement rééligible
263
bres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et
sont
immédiatement rééligibles. Chacun d’entre eux dirige un ministère ou
264
inistère ou département fédéral. L’un d’entre eux
est
élu chaque année président de la Confédération. Il ne peut exercer ce
265
cet office deux années de suite, et la coutume s’
est
établie d’une rotation entre les sept conseillers : chacun devient pr
266
l fédéral siège à Berne, et tous ses départements
sont
logés dans le même bâtiment, nommé Palais fédéral. C’est aussi dans c
267
itale, mais seulement de « ville fédérale ». Elle
est
en même temps le chef-lieu du canton auquel elle donne son nom. Ces d
268
quel elle donne son nom. Ces détails de protocole
sont
significatifs d’une certaine méfiance — fédéraliste autant que propre
269
le commandant d’une grande unité d’armée suisse n’
est
pas appelé général, mais colonel commandant de corps (ou de division,
270
er le fait que le président de la Confédération n’
est
, en somme, qu’un primus inter pares. À la vérité, le pouvoir, en Suis
271
onseil fédéral en son entier (même si elles n’ont
été
prises qu’à la majorité des voix), et la Constitution ne définit que
272
s attributions des membres du Conseil, lesquelles
sont
essentiellement administratives et exécutives. Le Conseil fédéral « p
273
et donne son préavis sur les propositions qui lui
sont
adressées par les conseils ou par les cantons » (art. 102, § 4 de la
274
derne. Pratiquement, les conseillers fédéraux ne
sont
jamais renversés. Les Chambres les remplacent lorsqu’ils démissionnen
275
n’a compté que 63 ministres, dont un seul n’a pas
été
réélu bien qu’il fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a ét
276
istres, dont un seul n’a pas été réélu bien qu’il
fût
candidat. La durée moyenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’u
277
fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a
été
de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonction pendant trente-deu
278
de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux
est
demeuré en fonction pendant trente-deux ans. Dans tout autre pays de
279
uvernemental. Ce danger existe en Suisse, mais il
est
en grande partie neutralisé par les droits des cantons et par le cont
280
le populaire (référendum). Au surplus, quelle que
soit
l’étendue de ses pouvoirs, le Conseil fédéral n’en demeure pas moins
281
t coups de téléphone. La composition du Conseil n’
est
pas moins originale que sa fonction. Quatre facteurs entrent en jeu p
282
religion. Comme il n’y a que sept conseillers, il
est
impossible de faire droit à tant d’exigences simultanées d’une manièr
283
xistantes. Le dosage des religions et des langues
est
le moins malaisé : on compte généralement deux conseillers catholique
284
personnalités disponibles. Quant aux partis, qui
sont
au nombre de sept, et très inégaux en force, ils doivent se contenter
285
très mal taillée. Les radicaux, dont les ancêtres
furent
les fondateurs de l’État fédéral, gardent aujourd’hui trois représent
286
représentants au Conseil fédéral, bien qu’ils ne
soient
guère plus nombreux aux chambres que les socialistes, lesquels n’ont
287
embres, ou pour le faire élire par le peuple, ont
été
repoussées comme d’instinct dès leur apparition. Elles visaient à pol
288
nistre les affaires fédérales ; et il ne doit pas
être
lié trop étroitement aux cantons, en tant qu’il exerce une fonction d
289
ont acquis quelque importance sur le plan fédéral
sont
au nombre de sept. La droite est formée par les catholiques-conservat
290
le plan fédéral sont au nombre de sept. La droite
est
formée par les catholiques-conservateurs, puissants dans la Suisse ce
291
s de doctrine entre les deux partis conservateurs
sont
clairement indiquées par leurs noms : l’un est avant tout catholique,
292
s sont clairement indiquées par leurs noms : l’un
est
avant tout catholique, l’autre avant tout libéral. Le Centre comprend
293
), et le parti des Indépendants. Les radicaux ont
été
les plus nombreux aux Chambres durant près d’un siècle, de 1848 à 194
294
x représenté à l’exécutif, sans doute parce qu’il
est
le plus représentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Con
295
e de la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’
est
formé aux dépens des radicaux, pour défendre les droits des agriculte
296
iculteurs dans les cantons où le parti catholique
est
faible ou inexistant, comme Berne. Le groupe des Jeunes paysans const
297
ommuniste) dissous par le gouvernement en 1940, a
été
autorisé à se reformer en 1945. Il n’a que six députés aux Chambres,
298
’a que six députés aux Chambres, et son influence
serait
nulle, si elle n’aboutissait pas, éventuellement, à rapprocher les so
299
rès dans les États environnants. Aussi bien, ce n’
est
pas la lutte des partis comme tels qui domine la vie politique fédéra
300
que fédérale. (Sur le plan cantonal, les disputes
sont
plus âpres et le dogmatisme partisan plus accusé.) Le cœur du débat f
301
et les tendances particularistes. (Ces dernières
étant
inexactement nommées « fédéralistes » comme nous l’avons remarqué plu
302
tion entre la gauche et la droite réelles devrait
être
cherché plutôt dans l’attitude des députés devant la centralisation c
303
Confédération. Certes, l’autonomie des cantons n’
est
mise en question par personne. Elle reste totale au point de vue de l
304
litique locale et des finances. Mais elle ne peut
être
que partielle au point de vue économique, et il est évident que l’évo
305
e que partielle au point de vue économique, et il
est
évident que l’évolution du xxe siècle la rend à cet égard de plus en
306
s la structure de l’économie suisse. Des plis ont
été
pris, des milliers d’emplois dans les bureaux fédéraux ont survécu à
307
i les justifiait, beaucoup de mesures provisoires
sont
devenues des routines. D’autre part, il va de soi que les cantons son
308
tines. D’autre part, il va de soi que les cantons
sont
trop petits pour constituer des marchés distincts. Une politique écon
309
ée de succès. Nombre d’observateurs étrangers ont
été
frappés par l’allure très particulière des débats aux Chambres fédéra
310
l d’administration. L’éloquence, à vrai dire, n’y
est
pas déchaînée, les interruptions rares et mal vues, la diction sans a
311
ir ce qui se passe à Berne, et si le gouvernement
sera
renversé : nous avons vu qu’il ne peut jamais l’être. Les arguments t
312
a renversé : nous avons vu qu’il ne peut jamais l’
être
. Les arguments techniques échangés avec une calme compétence par des
313
des finances, ou de l’administration publique, ne
sont
pas de nature à soulever l’enthousiasme ou l’indignation. En revanche
314
lit les comptes rendus des sessions, voit que ce
sont
ses affaires personnelles qui sont en cause : son salaire, ses primes
315
s, voit que ce sont ses affaires personnelles qui
sont
en cause : son salaire, ses primes d’assurance, le prix de la viande,
316
ériodes d’instructions militaires, les impôts. Il
serait
donc injuste d’affirmer que le Parlement manque de contact avec la po
317
ue, peut très bien signifier que le peuple suisse
est
satisfait de ses institutions et ne se pose pas de question de princi
318
stitutions saines et qui fonctionnent sans accroc
sont
normalement un peu ennuyeuses. Les Suisses savent bien qu’on ne fait
319
ies pour que le mécanisme joue. Cette tolérance n’
est
pas seulement morale, ce « jeu » est prévu par les lois : ce sont les
320
tolérance n’est pas seulement morale, ce « jeu »
est
prévu par les lois : ce sont les droits d’initiative, et surtout de r
321
nt morale, ce « jeu » est prévu par les lois : ce
sont
les droits d’initiative, et surtout de référendum qui le ménagent. Gr
322
initiative19. » Rien de ce qui se passe à Berne n’
est
donc irrémédiable, ne doit être pris au tragique. La Constitution pré
323
se passe à Berne n’est donc irrémédiable, ne doit
être
pris au tragique. La Constitution prévoit que « les lois et les arrêt
324
et les arrêts fédéraux de portée générale doivent
être
soumis à l’adoption ou au rejet du peuple lorsque la demande en est f
325
ption ou au rejet du peuple lorsque la demande en
est
faite par 30 000 citoyens actifs ou par huit cantons » (art. 89) et i
326
r les traités internationaux de longue durée. Tel
est
le droit de référendum. Le droit d’initiative législative et constitu
327
as de doute : dans son ensemble, le peuple suisse
est
l’un des moins révolutionnaires et l’un des plus évolutionnistes de l
328
on finira par prévaloir. L’assurance-vieillesse a
été
récemment votée (6 juillet 1947) à une écrasante majorité (80 % des v
329
ère imposant qui manque à celle des empires. Elle
est
davantage l’histoire de la liberté humaine. Et certes, le tableau q
330
il bien préciser que la petitesse du territoire n’
est
pas en soi une garantie de liberté pour les peuples qui l’habitent :
331
t les masses ouvrières. Si rien de tout cela ne s’
est
produit, le mérite en revient beaucoup plus au respect des principes
332
t dans ce sens que l’on a pu écrire : « La Suisse
est
une victoire de l’homme sur l’homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, Guide
333
dit pacte Rossi ; puis il passa en France, où il
fut
créé pair et ambassadeur, et finalement mourut assassiné à Rome, étan
334
bassadeur, et finalement mourut assassiné à Rome,
étant
alors chef du gouvernement pontifical de Pie IX : c’était en 1848, l’
335
44 députés, puisqu’il y a 22 cantons, dont trois
sont
divisés en demi-cantons n’élisant chacun qu’un seul représentant. 17
336
s qu’elles conditionnent ou qui, au contraire, se
sont
développées en réponse à ce challenge : la pauvreté du sol suisse. On
337
% vivent de l’industrie et du commerce. La Suisse
est
un des pays les plus industrialisés du monde. Cependant, près d’un qu
338
nde. Cependant, près d’un quart de son territoire
est
improductif, les matières premières (charbon, pétrole, fer, métaux pr
339
t presque totalement défaut, son marché intérieur
est
exigu, et elle n’a pas de colonies ni de débouchés sur la mer. Le dév
340
France développent l’horlogerie à Genève, où elle
était
née chez les orfèvres, et d’où elle se répandra vers le nord, dans le
341
ésistance de la population. Les cens et les dîmes
sont
abolis dans les campagnes. À partir de 1848, l’unification économique
342
848, l’unification économique de la Confédération
étant
acquise, l’industrie prend son plein essor, aux dépens de l’agricultu
343
ein essor, aux dépens de l’agriculture. Quels ont
été
les facteurs humains de cet essor, que rien ne faisait prévoir dans l
344
utre part, sur celles dont les frais de transport
étaient
minimes par rapport à la valeur intrinsèque : la soie, les métaux pré
345
et le condamnait à la supériorité. » Le problème
était
en effet le suivant : comment augmenter la valeur de ces produits coû
346
ortations indispensables ? La solution ne pouvait
être
recherchée que dans la qualité exceptionnelle du processus de transfo
347
tière première importée plus du travail. Et telle
est
, de nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. L
348
antité : l’ingéniosité technique, l’invention. Ce
fut
dès lors à leurs traditions scientifiques qu’ils firent appel. Nous d
349
les et les découvertes de ces mathématiciens, qui
sont
également à la base du régime des assurances, par l’utilisation ratio
350
jamais assez que la supériorité technique suisse
est
à base de culture : le fameux Polytechnicum de Zurich, dont la réputa
351
ameux Polytechnicum de Zurich, dont la réputation
est
mondiale, plonge ses racines dans un terroir de haute science, qui ne
352
es relations entre la science pure et l’industrie
sont
devenues organiques. Les « bureaux d’étude » jouent un rôle essentiel
353
vrant des bulletins de marche quand les résultats
sont
bons. L’Université de Neuchâtel a son laboratoire de recherches horlo
354
« proportionnellement à sa population, la Suisse
est
le premier pays du monde pour les inventions… Depuis 1925, on y a com
355
armi les plus connues et populaires de celles qui
sont
nées dans les laboratoires industriels de la Suisse : la crémaillère,
356
rales devint une source inépuisable d’énergie. Il
serait
curieux de décrire en détail le contraste entre les pays de houille n
357
de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse
est
un pays propre, et même propret. Elle le doit en partie à son électri
358
ment à la distribution : 98 % des maisons suisses
sont
éclairées à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cuisini
359
sont éclairées à l’électricité, plus de la moitié
sont
pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau à accumulation2
360
nt une certaine logique : c’est dire qu’elles ont
été
créées par les efforts humains plutôt que données par la nature. Il e
361
q branches principales de l’industrie suisse, qui
sont
(classées d’après le nombre des personnes qu’elles emploient) : la mé
362
ie, la fabrication des machines et des appareils,
sont
concentrées dans la partie orientale du pays, et plus particulièremen
363
le marché mondial les États-Unis eux-mêmes. Elles
tiennent
le second rang pour la fourniture des gros moteurs employés sur les p
364
ptées à la production de série. L’esprit suisse n’
est
pas porté à la recherche de la quantité, des effets de masse, mais à
365
lise l’ouvrier. Les mêmes observations pourraient
être
faites à propos de l’industrie de la soie, des rubans, du coton et de
366
treprises, la Nestlé et les usines de Bâle. Elles
sont
symboliques du rôle de l’Europe dans le monde, depuis un siècle, en c
367
de l’industrie suisse, par un nouveau paradoxe, s’
est
produit dans la période même qui a vu se multiplier dans le monde ent
368
sures protectionnistes. La nécessité d’exporter s’
est
donc accrue en même temps que les barrières douanières s’élevaient au
369
douanières s’élevaient autour de la Suisse. Or il
est
peu de pays qui dépendent aussi étroitement des échanges internationa
370
es pays les plus fermés aux échanges. La Suisse s’
est
donc mise à exporter ses techniques et ses techniciens, ses monteurs
371
uropéens. Dans la réalité économique, la Suisse s’
est
éloignée de ses voisins européens pour se rapprocher des Amériques et
372
tteint. Dans certaines branches, les pourcentages
sont
encore plus frappants : 66 % de la production chimique, 75 % des mach
373
, 75 % des machines construites, 96 % des montres
sont
vendues à l’étranger. Ainsi les Suisses, si jalousement attachés à le
374
locaux et ennemis des aventures politiques qu’ils
soient
demeurés, n’en sont pas moins liés au monde entier — bien au-delà de
375
aventures politiques qu’ils soient demeurés, n’en
sont
pas moins liés au monde entier — bien au-delà de l’Europe — par les n
376
onomie générale du pays. La population agricole s’
est
réduite en nombre absolu comme en pourcentage : 41 % en 1860, 22 % en
377
ce de famine rapide, même si la neutralité devait
être
une fois de plus respectée. C’est pourquoi, dès 1938, le Conseil fédé
378
r sur l’action de leurs coopératives locales, qui
étaient
au nombre de 17 584 en 1940. Et l’on peut ajouter que la structure fé
379
ée de sa production. L’appoint nécessaire ne peut
être
fourni, normalement, que par l’industrie du tourisme. C’est dire, une
380
fficilement un pays pour lequel l’idée d’autarcie
soit
plus utopique. ⁂ Les commentaires et même les chiffres que nous avons
381
nce. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’
est
pas, comme dans les grands pays voisins, une de ces créations tentacu
382
contraire, sa naissance et son développement ont
été
strictement conditionnés par la psychologie profonde du peuple suisse
383
ue dans son régime politique. L’un et l’autre ont
été
faits sur mesure, ou mieux, il les a faits à sa mesure. L’examen du b
384
, tant des indigènes que des visiteurs étrangers,
est
que le niveau de vie moyen (celui du salarié en particulier) est nota
385
au de vie moyen (celui du salarié en particulier)
est
notablement plus élevé en Suisse que dans les pays voisins. Dans le b
386
ansports, les dettes et l’épargne.) Ces pour cent
sont
calculés sur un gain total de 8222 frs comprenant le salaire, les pre
387
différence avec le précédent, le total des gains
étant
cette fois de 10 389 frs. L’employé dépense un peu moins que l’ouvrie
388
primes d’assurances (9 %). Dans les deux cas, on
est
frappé par la part relativement faible de l’alimentation et des plais
389
forte du logement et de l’habillement. Le Suisse
tient
donc beaucoup plus que le Français ou l’Italien au confort matériel,
390
autour de lui, essentiellement industrielle. S’il
est
un « bon client » pour la technique moderne, le Suisse moyen l’est au
391
nt » pour la technique moderne, le Suisse moyen l’
est
aussi, on l’aura vu, pour les compagnies d’assurance. Celles-ci sont
392
ra vu, pour les compagnies d’assurance. Celles-ci
sont
au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compagnies de réassurance, qui
393
ur chiffre d’affaires. La plupart de ces sociétés
sont
établies sur un plan international, et la moitié des primes qui leur
394
n international, et la moitié des primes qui leur
sont
payées — un milliard de francs suisses par an — provient des polices
395
t de chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a
été
votée par 80 % de la population en 1947. On pourrait épiloguer longue
396
ibles, assuré quant aux risques immédiats. ⁂ S’il
est
vrai que le peuple suisse, dans son ensemble est adapté à son économi
397
est vrai que le peuple suisse, dans son ensemble
est
adapté à son économie, celle-ci s’étant développée selon ses goûts et
398
on ensemble est adapté à son économie, celle-ci s’
étant
développée selon ses goûts et ses besoins, il doit en résulter un cer
399
onne la Suisse. Les inégalités de niveau de vie y
sont
moins marquées que dans les grands pays qui l’entourent. Le morcellem
400
pays qui l’entourent. Le morcellement des terres
est
très poussé, la grande propriété inconnue. La misère n’est jamais mas
401
poussé, la grande propriété inconnue. La misère n’
est
jamais massive : elle ne caractérise pas au premier coup d’œil, comme
402
s la croient inexistante. Les grandes fortunes ne
sont
guère plus voyantes. Le luxe ne s’étale pas en fêtes et en extravagan
403
générale, moins inégalement répartie qu’ailleurs,
est
-elle confirmée par les chiffres ? Les dernières statistiques fédérale
404
nt augmenté d’environ 73 %, alors que la hausse n’
était
pour les employeurs, que de 29 à 38 % selon les catégories. Si l’on t
405
n tenait compte des impôts directs, la différence
serait
encore plus frappante. La part du revenu national allant aux salariés
406
1 215 301 1946 553 234 212 La part du capital
est
donc tombée de 30 à 20 % environ. Encore faut-il relever qu’elle comp
407
es et des sociétés d’assurances mutuelles, qui ne
sont
pas précisément « capitalistes ». Ce n’est pas entre les classes que
408
ui ne sont pas précisément « capitalistes ». Ce n’
est
pas entre les classes que l’on observe les plus grands contrastes, ma
409
lation. Les régions pauvres et les régions riches
sont
demeurées relativement les unes aux autres, ce qu’elles étaient en ré
410
ées relativement les unes aux autres, ce qu’elles
étaient
en régime clos, — mais le niveau général s’est élevé. On ne peut s’em
411
taient en régime clos, — mais le niveau général s’
est
élevé. On ne peut s’empêcher de penser que ce précédent vaut pour l’e
412
x CGT française ou italienne, en ce sens qu’elles
sont
beaucoup plus des associations d’entraide sociale que des foyers d’ag
413
et même des hôtels, dont certaines d’entre elles
sont
propriétaires. La lutte pour l’amélioration des salaires et des contr
414
stitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison d’
être
principale, mais on vient de voir que leurs préoccupations véritables
415
vité. C’est au point que les syndicats romands se
sont
donné un secrétariat régional, qui se montre assez frondeur à l’égard
416
ur à l’égard du secrétariat central dont le siège
est
en Suisse alémanique. On se trouve donc en présence d’une double orga
417
ale » par unions locales et cartels cantonaux. Il
serait
difficile, dans ces conditions, d’imaginer qu’une grève puisse s’éten
418
ds industriels et de banquiers, dont la puissance
est
réputée considérable. Les grandes Unions de paysans ou d’artisans off
419
mêmes caractéristiques que les syndicats : elles
sont
et restent avant tout des associations de défense des intérêts économ
420
plus libéraux ou « fédéralistes » d’entre eux ne
sont
pas les derniers à revendiquer la « manne de l’État ». Les coopérativ
421
rairies en Valais, par le système des « bisses »,
est
une activité collective, dépendant des communes. Le régime de la peti
422
sition de leurs membres des machines dont l’achat
serait
trop onéreux pour l’exploitant, des caves communes, des services de v
423
t, la Suisse peut paraître « américanisée », ce n’
est
qu’à certaines apparences matérielles et matérialistes qu’elle le doi
424
t matérialistes qu’elle le doit. En réalité, nous
sommes
en présence d’une société hiérarchisée par des traditions, non par l’
425
antagonismes entre les classes de producteurs ne
sont
pas d’ordre idéologique, en tout cas le sont moins qu’ailleurs en Eur
426
s ne sont pas d’ordre idéologique, en tout cas le
sont
moins qu’ailleurs en Europe, beaucoup moins qu’en France ou en Allema
427
’ils ne semblent le croire eux-mêmes. Il pourrait
être
caractérisé par une tendance générale à préférer l’efficacité immédia
428
ant des institutions politiques. Certes, la lutte
est
serrée entre les libéraux et les dirigistes, comme elle l’est entre l
429
ntre les libéraux et les dirigistes, comme elle l’
est
entre les « fédéralistes » et les centralistes. Cependant, l’on ne tr
430
ant, l’on ne trouvera guère de socialistes qui ne
soient
en même temps fédéralistes dans une certaine mesure, ou de grands ind
431
ostes et celle des chemins de fer (cette dernière
étant
l’une des rares exploitations « nationalisées » qui aient été parfois
432
s rares exploitations « nationalisées » qui aient
été
parfois bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices sont pour 7
433
bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices
sont
pour 70 % aux mains des corporations de droit public. L’État fédéral
434
banques privées avec l’étranger. La Radio suisse
est
une fédération de studios locaux largement autonomes, mais le Conseil
435
relève des PTT, donc de l’État. Ce régime mixte s’
est
développé en Suisse sous la pression des nécessités pratiques de l’ép
436
ur à s’adapter, qu’on peut reprocher aux Suisses,
est
une nécessité profonde de leur économie, si dangereusement liée, nous
437
e 22,2 % et 20,32 % pour les dernières années, et
sont
en baisse constante depuis 1860. 22. André Siegfried, op. cit., p. 7
438
159. La moyenne annuelle des brevets enregistrés
est
d’environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en n
439
ers les USA). En 1948 : 59,8 % et 40,2 %. 26. II
est
intéressant de noter que la part de l’alimentation dans le budget a d
440
i appartiennent à la civilisation occidentale, il
est
classique de distinguer entre familles rurales et citadines, catholiq
441
ins vingt types de familles suisses, si l’on s’en
tenait
aux seuls facteurs énumérés et à leurs combinaisons. Car il existe de
442
dans chacun de ces domaines linguistiques, il en
est
de rurales et de citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce
443
mpare deux demi-cantons contigus, qui se trouvent
être
à la fois de langue allemande, ruraux, relativement pauvres, et qui n
444
que par la religion, nous trouvons que la moyenne
est
de 2,56 pour Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et de 4,10 po
445
t moyennement aisées, d’en avoir le moins. Ce qui
est
particulier à la Suisse, c’est la juxtaposition de ces extrêmes, entr
446
es possibles. Si nous cherchons maintenant quelle
est
la proportion des divorces, nous trouverons pour les trois communauté
447
mble de la Suisse, en 1940, l’indice des divorces
était
de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’Europe, le Danemar
448
indice de 4,32 %. Vers 1940, le mariage en Suisse
était
donc moins stable qu’en France (2,33 %), qu’en Suède (2,63 %), et mêm
449
(2,63 %), et même qu’en Allemagne (3,14 %) s’il l’
était
plus qu’aux États-Unis (8,54 %) où la situation s’est encore aggravée
450
plus qu’aux États-Unis (8,54 %) où la situation s’
est
encore aggravée après la Seconde Guerre mondiale28. Cependant, la fid
451
tant de divorces. La Suisse, divisée en cantons,
est
un pays où « tout le monde se connaît », où le contrôle social et le
452
t Suisse qui n’accomplit pas de service militaire
est
calculé partiellement d’après la fortune des parents ; le fils est do
453
ellement d’après la fortune des parents ; le fils
est
donc censé connaître le montant de celle-ci et ses variations, d’anné
454
variations, d’année en année. Les droits du père
sont
demeurés prépondérants. Il est « le chef de l’union conjugale ». C’es
455
es droits du père sont demeurés prépondérants. Il
est
« le chef de l’union conjugale ». C’est lui qui administre les biens
456
r une profession qu’avec son consentement. Elle n’
est
pas son égale en droit. Cette situation provoque les protestations fr
457
iations féminines, mais elle ne semble pas près d’
être
modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui persiste
458
lle ne semble pas près d’être modifiée. La Suisse
est
en effet l’un des derniers États qui persiste à refuser les droits po
459
ns publiques. Les consultations populaires qui se
sont
multipliées depuis une vingtaine d’années donnent des résultats négat
460
taine d’années donnent des résultats négatifs. Il
est
frappant de constater que les cantons à majorité socialiste ne se mon
461
mmes leur refusent. Une telle anomalie ne saurait
être
expliquée par les seuls motifs rationnels qu’on en donne dans la pres
462
s. En Angleterre ou en France, dit-on, la femme n’
est
guère appelée à voter qu’une fois l’an, ou moins souvent encore, lors
463
et fédérales. (Sur le seul plan fédéral, où elles
sont
pourtant le moins fréquentes, on en compte parfois six par an.) Comme
464
e opinion ? L’argument vaut ce qu’il vaut, mais n’
est
évidemment pas suffisant. À l’origine de la méfiance des Suisses, dan
465
er voter à la Landsgemeinde ; ses droits civiques
sont
liés à sa force, à sa qualité militaire. Quant à la femme, repos du g
466
ngt au moins. C’est ensuite que le souci éducatif
est
comme diffus dans toute l’atmosphère suisse, famille, sociétés, syndi
467
sociétés, syndicats, armée, écoles. « Tout Suisse
est
pédagogue », répètent les auteurs suisses. Et cela s’explique aisémen
468
sé de vingt-cinq patries minuscules, la tolérance
est
une nécessité vitale. Mais s’il n’est pas question d’éliminer le vois
469
a tolérance est une nécessité vitale. Mais s’il n’
est
pas question d’éliminer le voisin qui diffère, on cherche au moins à
470
ocurer. Or le génie technique, surtout en Suisse,
est
affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fils, de
471
nelle de père en fils, de maître en apprenti : il
est
fait de mille conseils et petites démonstrations. Ces dispositions ps
472
ne de l’éducation et de la pédagogie. La première
est
celle qui régit l’enseignement primaire. Elle pourrait être caractéri
473
qui régit l’enseignement primaire. Elle pourrait
être
caractérisée par les traits suivants : un égalitarisme à base de méfi
474
nel. Certes, Calvin disait déjà : « La république
est
au collège. » Mais son collège était une école du chrétien, sa discip
475
La république est au collège. » Mais son collège
était
une école du chrétien, sa discipline celle de la vérité biblique tran
476
anscendante et révélée. L’école primaire laïque n’
est
plus guère inspirée que par une morale toute formelle, et se borne st
477
ue, qui se développe parallèlement à la première,
est
celle de l’école nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres su
478
n « développement harmonieux des facultés ». On s’
est
gaussé de leurs expériences et de l’apparente anarchie qui règne dans
479
« Je veux l’homme maître de lui-même, afin qu’il
soit
mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’«
480
t mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aient pu
être
les excès de l’« école nouvelle » à ses débuts, ou les conséquences e
481
» à ses débuts, ou les conséquences extrêmes qui
furent
parfois tirées par l’Amérique des théories de l’Institut Rousseau, il
482
’Amérique des théories de l’Institut Rousseau, il
est
incontestable que l’avant-garde pédagogique de Genève a contribué à a
483
es-Dalcroze, la gymnastique, les travaux manuels,
tiennent
beaucoup plus de place dans les programmes suisses que ce n’est le ca
484
lus de place dans les programmes suisses que ce n’
est
le cas en France, mais les sports y sont moins envahissants qu’en Amé
485
que ce n’est le cas en France, mais les sports y
sont
moins envahissants qu’en Amérique. En général, l’élève suisse acquier
486
ernes. Les expériences de l’« école nouvelle » se
sont
bornées jusqu’ici au secteur privé (kindergarten ou instituts d’étude
487
ement, il importe de rappeler tout d’abord qu’ils
sont
organisés sur une base cantonale, voire communale, et non pas fédéral
488
ès). Dans toute la Suisse, l’instruction primaire
est
à la fois obligatoire et gratuite. Les écoles privées ou l’enseigneme
489
te. Les écoles privées ou l’enseignement familial
sont
autorisés, mais à la condition que les élèves ainsi formés puissent p
490
’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Quel que
soit
leur niveau social, qu’ils deviennent plus tard ouvriers ou professeu
491
c côte à côte la même formation de base, qui leur
est
donnée dans un esprit non seulement d’égalité, mais d’égalitarisme in
492
(renouvelé plus tard dans les écoles de recrues)
est
un des traits particuliers de la démocratie suisse moderne, née de la
493
la Constitution de 1848. La coéducation des sexes
est
encore combattue en théorie dans les cantons catholiques, mais elle e
494
n théorie dans les cantons catholiques, mais elle
est
pratiquée un peu partout. Quelques cantons laissent aux communes le s
495
’enseignement, car non seulement les « écolages »
sont
interdits par la Constitution, mais encore, dans la plupart des canto
496
des cantons, les manuels et le matériel scolaire
sont
fournis sans frais aux élèves. Ce régime n’est rendu praticable, dans
497
e sont fournis sans frais aux élèves. Ce régime n’
est
rendu praticable, dans les cantons pauvres, que par l’octroi de subve
498
eurs droits souverains en matière d’enseignement,
sont
au contraire mis en mesure de les mieux exercer par l’appoint matérie
499
t cantonal émet des directives générales, mais ce
sont
les communes qui gardent le soin de l’administration des écoles et de
500
école, les familles et la cité »32. Si variés que
soient
les types d’écoles primaires ou secondaires, partout adaptés aux circ
501
autre part, les écoles secondaires. Ces dernières
sont
tantôt communales ou cantonales, tantôt sous la dépendance d’une asso
502
ternats réservés aux jeunes étrangers). Certaines
sont
fort anciennes, comme le Collège de Genève, fondé par Calvin, et les
503
de la Suisse alémanique. La part des humanités y
est
très variable. Elle définit le style de l’établissement, ou de ses su
504
niques, au détriment des humanités. La rhétorique
est
à peu près abandonnée (sauf dans quelques collèges catholiques) et la
505
éat. Un type d’examens de « maturité fédérale » a
été
créé, et les certificats de « maturité » délivrés par les collèges ca
506
r une Université et une école polytechnique ». Il
est
remarquable que seule la seconde ait été créée. Les universités canto
507
ue ». Il est remarquable que seule la seconde ait
été
créée. Les universités cantonales, à vrai dire, sont fort nombreuses
508
é créée. Les universités cantonales, à vrai dire,
sont
fort nombreuses : sept pour un pays de 4,5 millions d’habitants, et p
509
ique et morale aussi large que possible. Elles ne
sont
à aucun degré soumises à une doctrine d’État unifiée, mais reflètent
510
igieuses. Celles de Genève, Lausanne et Neuchâtel
sont
françaises et marquées par l’esprit protestant ; celle de Fribourg, c
511
européenne. Il faut croire que le besoin ne s’en
est
pas fait sentir assez fortement pour surmonter les tendances particul
512
ssemblables, ne ressurgit périodiquement que pour
être
repoussée aussitôt, avec une sorte d’indignation, par l’opinion publi
513
fédéralistes de la Constitution helvétique35. Il
est
caractéristique que le seul établissement qui dépende de l’État fédér
514
l’État fédéral, l’École polytechnique de Zurich,
soit
un institut de recherches et de préparation pratique, dans lequel, pa
515
la capitale, si typique de la France centralisée,
est
inconnu en Suisse, puisque aucune des sept universités ne saurait êtr
516
e, puisque aucune des sept universités ne saurait
être
considérée comme plus ou moins « provinciale » qu’une autre. Chacune
517
le en qualité de ses voisines. Les plus anciennes
sont
celle de Bâle, qui florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle
518
ipaux journaux de Genève, de Bâle ou de Zurich se
sont
acquis la réputation de « faire la leçon » au monde entier. À la fin
519
4-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés
seraient
disposés à faire la paix avec l’Allemagne, mais la Gazette de Lausan
520
erçoit que cette réputation de moralisme prêcheur
tient
davantage à la légende d’une Suisse calviniste, qu’à la réalité prése
521
goût de l’analyse objective des situations. Ce n’
est
pas une presse de combat, mais de commentaires et de prudentes mises
522
jets d’histoire, de sciences ou de littérature, y
tiennent
une place importante, en première page. Quant à la radio, écoutée par
523
e, des retransmissions de cérémonies publiques, y
est
un peu plus grande qu’ailleurs, comme on doit s’y attendre dans un pa
524
profonde que reçoivent les citoyens suisses, leur
est
donnée par le service militaire. L’armée L’armée suisse est une
525
e service militaire. L’armée L’armée suisse
est
une armée de milices. La Constitution fédérale interdit à la Confédér
526
ulte qu’à un degré jamais atteint en Europe, elle
est
vraiment la chose du peuple, et populaire aux deux sens du terme. L’a
527
te guère que chez quelques individus isolés, il n’
est
pas le fait de toute une classe ou d’un parti. Passer pour un bon sol
528
rti. Passer pour un bon soldat ou un bon officier
est
généralement « bien vu » dans toutes les couches de la population. La
529
de l’intégration parfaite de l’armée à la nation
est
fournie par ce simple fait : chaque soldat suisse entre les périodes
530
caste militaire, toute mêlée à la vie du peuple,
est
devenue, depuis 1848, l’agent principal de l’helvétisation du pays. A
531
itoyen valide de passer par une école de recrues,
soit
qu’il reste soldat, soit qu’il devienne officier, prolonge et renouve
532
ar une école de recrues, soit qu’il reste soldat,
soit
qu’il devienne officier, prolonge et renouvelle le brassage des class
533
ur pour sa section ou sa compagnie, à laquelle il
est
tenu de faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne p
534
our sa section ou sa compagnie, à laquelle il est
tenu
de faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne porte
535
l. 28. Cette aggravation, d’ailleurs générale,
est
très inégalement ressentie par les pays qui ont fait la guerre et les
536
es. En 1946, l’indice des divorces pour la Suisse
était
de 4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux U
537
ndice des divorces pour la Suisse était de 4,8 %,
soit
un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux US on comptait,
538
lix Bovet, écrivait : « Cet enfant m’inquiète, il
est
trop avancé, il se développe trop… Il faudra le mettre à l’école, dit
539
stituant un secrétariat scolaire fédéral, qui eût
été
chargé de préparer une loi uniforme sur l’enseignement primaire. Cett
540
primaire. Cette tentative centralisatrice n’a pas
été
renouvelée. 34. Pendant la saison d’hiver 1946-1947, il y avait un p
541
ités (dont 3250 étudiantes). Un cinquième environ
étaient
étrangers. 35. C’est ainsi que la Constitution turque actuellement e
542
ue la Constitution turque actuellement en vigueur
est
l’œuvre d’un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36
543
tut des hautes études internationales de Genève :
soit
onze établissements de rang universitaire. 37. Un sur 4 au Danemark,
544
Rhône. Au ive siècle, une communauté chrétienne
est
établie à Genève, Bâle est déjà le siège d’un évêché, de même que Mar
545
communauté chrétienne est établie à Genève, Bâle
est
déjà le siège d’un évêché, de même que Martigny en Valais. Au ve siè
546
Valais. Au ve siècle, ces territoires romanisés
sont
envahis par les Burgondes, peuplade germanique naguère battue par Aet
547
r Aetius et refoulée jusqu’en Savoie, d’où elle s’
est
répandue sur la Bourgogne actuelle pour y fonder un royaume indépenda
548
tagnes et les cavernes. Leur organisation sociale
est
nettement plus « démocratique » que celle des Burgondes, grands propr
549
esté burgonde, la plus grande partie de la Suisse
est
donc redevenue païenne au vie siècle. Lorsque les missionnaires Colo
550
Rome, mais un fonds celtique plus ancien qui leur
est
congénial, et sur lequel ils appuieront leur effort d’évangélisation,
551
sation, en sorte que le christianisme, en Suisse,
sera
le dernier rejeton de la « civilisation de Iona » comme dirait Arnold
552
nt que contre les Habsbourg. L’un des plus fameux
est
celui d’Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’
553
ovations religieuses de Zurich. L’esprit clérical
était
prononcé, et ses abus non moins criants qu’en Allemagne. La vie intel
554
iants qu’en Allemagne. La vie intellectuelle ne s’
était
éveillée que tardivement, au xve siècle. L’Université de Bâle, fondé
555
nsi que la secte des Amis de Dieu, dont le centre
était
à Strasbourg, comptait beaucoup de disciples chez les Suisses : Nicol
556
a définitivement à Genève qu’en 1540. Or Genève n’
est
liée aux Suisses que par quelques traités de combourgeoisie. Elle ne
557
des premières guerres civiles religieuses. Et ce
sont
les deux villes soumises à son influence, Zurich et Berne, qui prendr
558
partage de la Suisse entre les deux confessions s’
est
opéré dans ses grandes lignes. Il variera très peu au cours des siècl
559
uerre de Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’
est
qu’après avoir écrasé une dernière tentative séparatiste des catholiq
560
s la Réforme. Mais d’importantes modifications se
sont
manifestées dans la répartition géographique des deux principales con
561
ard encore pratiquement, le droit d’établissement
était
refusé par les cantons aux Suisses d’une confession différente de cel
562
de cantons à majorité protestante (la plus forte
étant
celle du canton de Berne, où l’on ne trouve qu’un catholique pour sep
563
n totale aux alliances particulières des cantons,
soit
entre eux, soit avec l’étranger. Les conceptions politiques de Nicola
564
iances particulières des cantons, soit entre eux,
soit
avec l’étranger. Les conceptions politiques de Nicolas de Flue et de
565
ambitieux risquerait de troubler la paix, et l’on
est
prudent. On ne rayonne donc pas. On se respecte à distance et même on
566
ier le fait déjà remarquable que le peuple suisse
est
acquis au respect effectif des consciences, il ne comprend plus les m
567
t de violence en matière de religion. Que nous en
soyons
arrivés là, en quelques décades, au sortir d’un état de guerre sécula
568
ir d’un état de guerre séculaire, montre ce qu’il
est
permis d’attendre d’un régime de liberté contrôlée, fondé sur la fran
569
de superstitions ; tandis que le catholique moyen
tient
le protestant pour un demi-incrédule, prisonnier d’une morale austère
570
e de nuance proprement helvétique ? La question n’
est
pas sans intérêt, car elle soulève celle des rapports entre le régime
571
édéraliste et la religion. La Réforme, en Suisse,
fut
l’œuvre personnelle de Zwingli, et dans l’ensemble, le protestantisme
572
gli, et dans l’ensemble, le protestantisme suisse
est
resté beaucoup plus zwinglien que calviniste. Non point qu’on lise en
573
es du réformateur de Zurich, ni que ses doctrines
soient
enseignées. Mais il a proposé aux Suisses la forme de religion qui co
574
d’entre eux. Calvin, dès son arrivée à Genève, s’
est
heurté à des résistances typiquement suisses, et ne les a jamais surm
575
es formes liturgiques qu’il préconisait n’ont pas
été
adoptées. Sa rigueur doctrinale, toute latine, est restée étrangère à
576
té adoptées. Sa rigueur doctrinale, toute latine,
est
restée étrangère à un peuple qui se méfie des positions tranchées, de
577
ves de l’Église de celles de l’État, n’ont jamais
été
bien compris. Le culte zwinglien, au contraire, correspond au « démoc
578
(le choral luthérien et le psaume calviniste n’y
sont
entrés que plus tard), ce culte paraît d’autant plus pur qu’il est pl
579
us tard), ce culte paraît d’autant plus pur qu’il
est
plus dépouillé. Les cérémonies pompeuses, les vêtements ecclésiastiqu
580
tiques, les fêtes, les symboles, les hiérarchies,
sont
taxés d’« hypocrisie »41. L’extrême appauvrissement des formes cultur
581
urelles, chez les protestants suisses, ne saurait
être
attribué à la seule influence de Zwingli. Il traduit d’une part la vo
582
nsigeant, et aussi une pudeur profonde. Le Suisse
est
plus naturellement porté qu’aucun autre Européen à traiter de « singe
583
n à traiter de « singerie » toute expression tant
soit
peu spontanée de la ferveur religieuse, et toute dévotion publique lu
584
dévotion publique lui paraît « théâtrale ». Ce n’
est
pas que le sentiment, ni même le sentimentalisme, soit absent des cér
585
pas que le sentiment, ni même le sentimentalisme,
soit
absent des cérémonies les plus dépouillées qu’il tolère : le mouvemen
586
sobriété. L’organisation des églises protestantes
est
calquée sur la structure fédéraliste du pays. Elle est presbytérienne
587
alquée sur la structure fédéraliste du pays. Elle
est
presbytérienne, comme l’autre est collégiale. Liées à l’État, ou libr
588
e du pays. Elle est presbytérienne, comme l’autre
est
collégiale. Liées à l’État, ou libres et vivant des dons des fidèles,
589
« l’Église suisse » comme telle n’existe guère, n’
est
qu’une fédération assez lâche d’Églises cantonales, et pourrait diffi
590
églises protestantes, de par leur structure même,
sont
non seulement décentralisées, mais antiunitaires — ce qui n’empêche p
591
ans les villes protestantes — l’Église catholique
est
« fédéraliste » pour des raisons historiques bien déterminées, mais q
592
raisons historiques bien déterminées, mais qui ne
sont
pas dictées nécessairement par sa doctrine. Du point de vue de l’orga
593
doctrine. Du point de vue de l’organisation, elle
est
unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépendent de Rome. Du point de
594
l’attitude des théoriciens du parti catholique n’
est
pas seulement inspirée par le statut minoritaire de leur confession.
595
édération moderne, c’est-à-dire les radicaux, ont
été
conduits par le souci d’éliminer le plus possible l’influence politiq
596
ur la solidité du lien confédéral. Les Suisses ne
sont
pas anticléricaux, pour la raison que le cléricalisme a depuis longte
597
que l’État demeure officiellement laïque, il ne l’
est
plus d’une manière agressive, ou même volontaire. L’action individuel
598
ues chrétiens, sensible dans plus d’un domaine, n’
est
pas entravée par l’opinion publique ou les partis, bien au contraire.
599
es partis, bien au contraire. Et si la religion n’
est
présentée dans les discours officiels que sous l’espèce de clichés qu
600
ans leur prospérité. Une seule exception mérite d’
être
signalée à la règle laïque, gage de la paix confessionnelle : c’est l
601
ciels, généralement rédigés par les églises. Elle
est
devenue prétexte à des « menus de Jeûne » fort abondants, qu’annoncen
602
s restaurants. La religion des Suisses ne saurait
être
mesurée à ses manifestations extérieures. Plus morale que rituelle, e
603
en ont les Allemands, les Hongrois, les Anglais —
sont
aussi impressionnés par un Monseigneur romain que les farouches répub
604
en visite à Paris. 42. Les syndicats catholiques
sont
indépendants de ce parti, et beaucoup plus progressistes.
605
nts, pour établir en toute clarté que la Suisse n’
est
pas une nation, au sens que le terme a pris pendant le xixe siècle,
606
pendant le xixe siècle, et qu’en conséquence, il
serait
vain de chercher, dans son peuple ou sa littérature, les témoignages
607
lème des minorités ne se pose pas : chaque groupe
étant
simultanément minoritaire par rapport à l’ensemble des autres, et maj
608
r le serment. Que cet État et cette communauté se
soient
constitués très lentement, par un processus organique et, semble-t-il
609
prémédité, nul ne songerait à le nier. Mais il n’
est
pas moins évident que la Suisse moderne a pris conscience d’elle-même
610
le de ce lien politique, tous les auteurs suisses
sont
d’accord. Citons-en trois : un homme d’État, un général, un romancier
611
: Un peuple qui a la structure du nôtre, et qui
est
accoutumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun de ses membres,
612
ses, soulignait sa nécessité : Si le fédéralisme
est
la sauvegarde du pays, l’unification serait sa perte. Laissons aux ca
613
éralisme est la sauvegarde du pays, l’unification
serait
sa perte. Laissons aux cantons leur particularisme, comme à nos régim
614
e voulons pas nous fondre dans le même moule ! Il
serait
aussi vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler le
615
r de niveler leurs montagnes ! Si les différences
sont
ineffaçables, elles ne nuisent pas à la cohésion nationale. Genève a
616
; toute la Suisse a son 1er août ! Et si l’armée
est
la seule éducation générale qu’un peuple, aussi divers que le nôtre,
617
, peut admettre, l’esprit du régiment de Genève n’
est
cependant pas celui des régiments de Berne ou des Grisons, pas plus q
618
ui des régiments vaudois ou valaisans ; mais tous
sont
cependant unis sous le même drapeau. Près d’un siècle auparavant, Go
619
rsité la véritable « école de l’amitié » : Qu’il
est
donc réjouissant que tous les Suisses ne soient pas sortis du même mo
620
u’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne
soient
pas sortis du même moule, qu’il y ait des Zurichois et des Bernois, d
621
l’irréflexion de la jeunesse et de l’enfance, je
tenais
la beauté du pays pour un mérite historique et politique, en quelque
622
netés et de bourgeoisies, à travers lequel devait
être
tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer
623
quel devait être tamisée la majorité de droit… je
fus
saisi du désir exalté de m’armer au combat en tant qu’individu, parti
624
ins hitlérien et fasciste, nous lisons : Quelles
sont
les constantes qui déterminent l’esprit et le statut politique partic
625
dignité et de la liberté humaine. Là encore, il
est
remarquable que l’« appartenance de la Suisse à trois grandes civilis
626
ance de la Suisse à trois grandes civilisations »
soit
mentionnée précisément comme une des raisons d’être de cet État, quan
627
it mentionnée précisément comme une des raisons d’
être
de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pa
628
re de cet État, quand elle pourrait si bien avoir
été
sa raison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les t
629
le pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas
être
, ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances communes qui ont
630
aison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles
sont
donc les tendances communes qui ont réussi à compenser les tendances
631
t qu’une telle culture ait jamais existé, qu’elle
soit
possible, ou même souhaitable. Ce qui est vérifiable et certain, c’es
632
u’elle soit possible, ou même souhaitable. Ce qui
est
vérifiable et certain, c’est que chacun des trois groupes romand, alé
633
maniques donnent aux Français l’impression qu’ils
sont
Allemands, mais ne la donnent pas aux Allemands. Ils sont rarement bl
634
emands, mais ne la donnent pas aux Allemands. Ils
sont
rarement blonds, souvent noirs de cheveux et bruns de peau. Dans la v
635
allemand officiel (Hochdeutsch ou Schriftdeutsch)
étant
réservé aux journaux, à la littérature et aux universités. Le dialect
636
ance en ce domaine. Dès le xviiie siècle, elle a
tenu
sa part, au moins à égalité, dans le concert des voix germaniques. Bo
637
eller, un Jeremias Gotthelf, un Jakob Burckhardt,
tiennent
le premier rang dans la poésie, le roman, la philosophie de l’histoir
638
res entre Alémaniques et Allemands ne doivent pas
être
cherchées sur ce plan. Elles se manifestent beaucoup plus clairement
639
la manière la plus précise — de même que son pays
est
compartimenté — et congénitalement méfiant à l’égard des chefs politi
640
âle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre
fut
divisée en deux camps, l’un proallemand à l’est de l’Aar, l’autre pro
641
e fut divisée en deux camps, l’un proallemand à l’
est
de l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée de Hitler au pou
642
ctuels, coupés de leurs bases depuis 1933, ils se
sont
vu devenir subitement les derniers dépositaires de la culture germani
643
a pas de dialectes romands. Le français de France
est
la langue de tous les jours et non pas seulement de la littérature ou
644
xpressions locales, héritées d’anciens patois, ne
sont
pas plus nombreuses qu’en n’importe quelle autre province du domaine
645
usanne, Neuchâtel et Fribourg, les trois premiers
sont
protestants, le quatrième catholique. Cet émiettement d’un groupe déj
646
lons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande d’
être
à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne ; d
647
de d’être à la France ce que la Suisse alémanique
fut
souvent à l’Allemagne ; du moins l’a-t-il protégée dans une large mes
648
tion exercée par Paris. Littérairement, le Romand
est
un Français, s’il atteint la stature d’un Rousseau, d’une Mme de Staë
649
Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, il
est
un protestant, avec tout ce que cela comporte d’étrangeté par rapport
650
e culture catholique46 ; politiquement, enfin, il
est
un Suisse. Laissons ici la parole à un auteur français qui a su dire
651
ns de nos défauts, dont ils se font une élégance,
étant
entendu que, ne les ayant qu’à dose homéopathique, sans péril aucun,
652
portent, je crois, sur les ressemblances, et nous
serions
tentés, quant à nous, de les voir un peu — qualités et défauts — comm
653
me ils voient les Bernois. Par rapport à nous, je
serais
tenté de chercher la différence essentielle dans le fait que, rattach
654
ur démocratie qui n’a rien, ou presque, de latin,
est
une démocratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste de redouter
655
te de redouter nos conceptions politiques : ce ne
sont
chez eux que des minorités qui s’en réclament, encore que l’influence
656
lament, encore que l’influence de notre voisinage
soit
et ait toujours été importante, mais ils finissent le plus souvent pa
657
influence de notre voisinage soit et ait toujours
été
importante, mais ils finissent le plus souvent par désavouer nos prin
658
à la Confédération en 1803 seulement, après avoir
été
longtemps soumis à leurs « magnifiques seigneurs » alémaniques en tan
659
ion, à l’Italie du Nord. Leur esprit libertaire n’
est
pas un héritage suisse, mais il remonte directement au mouvement des
660
mbardes, dont nous avons vu par ailleurs qu’il ne
fut
pas sans influence sur les premiers pactes fédéraux. Leur parler cour
661
les premiers pactes fédéraux. Leur parler courant
est
un dialecte semblable à celui du Milanais. La langue officielle est l
662
mblable à celui du Milanais. La langue officielle
est
l’italien, qui n’est pas seulement utilisé par 146 000 Tessinois, mai
663
lanais. La langue officielle est l’italien, qui n’
est
pas seulement utilisé par 146 000 Tessinois, mais par un nombre crois
664
ès rapidement depuis 1848, et c’est du Tessin que
sont
venus quelques-uns des hommes politiques qui ont le mieux exprimé la
665
s constituent une minorité parfaitement autonome,
étant
seuls dans toute l’Europe à parler et à écrire leur langue celto-roma
666
provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse
est
donc clairement inscrite dans son « appartenance à trois grandes civi
667
n un seul et même point : le Saint-Gothard. Ce n’
est
pas par hasard que les premières ligues suisses ont pris naissance pr
668
ivise et unit à la fois ces trois territoires. Ce
serait
une entreprise vaine que de vouloir séparer la culture de notre pays
669
a culture de notre pays de celles auxquelles nous
sommes
apparentés. Ce qui est changeant et accidentel ne doit pas reléguer d
670
celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui
est
changeant et accidentel ne doit pas reléguer dans l’ombre ce qui est
671
cidentel ne doit pas reléguer dans l’ombre ce qui
est
durable et substantiel. Selon le Tessinois Giuseppe Zoppi, le Tessin
672
e la culture italienne ; un raisonnement analogue
est
vrai aussi pour les Suisses romands et pour les Suisses alémaniques.
673
llemande, française et italienne. L’idée suisse n’
est
pas un produit de la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre d
674
le sens et la mission de notre État fédératif, n’
est
au fond pas autre chose que la victoire, sur le plan politique, de la
675
le. L’origine permanente de la neutralité suisse
est
clairement désignée dans cette page. Comment un pays dont l’essence c
676
osent ces cultures dans le reste de l’Europe ? Il
serait
aussitôt dissocié. Il a su vaincre dans son sein le principe même des
677
, tantôt latine et tantôt germanique. Quelles que
soient
les idéologies, d’ailleurs variables, dont se réclament alternativeme
678
usant la cause de l’un ou de l’autre, puisque son
être
et sa formule sont justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les
679
’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule
sont
justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les cultures nationale
680
sa formule sont justement de les unir. Et ce qui
est
vrai pour les cultures nationales, dans toute la mesure où elles sont
681
ultures nationales, dans toute la mesure où elles
sont
devenues nationalistes, l’était encore davantage pour les confessions
682
la mesure où elles sont devenues nationalistes, l’
était
encore davantage pour les confessions religieuses au temps où elles é
683
our les confessions religieuses au temps où elles
étaient
partisanes : c’est bien pourquoi la neutralité suisse s’est affirmée
684
anes : c’est bien pourquoi la neutralité suisse s’
est
affirmée comme principe politique permanent au cours de la guerre de
685
eçu leurs chartes, au xiiie siècle, et qu’ils se
sont
unis par un Pacte perpétuel. Ces Chartes les rendaient « immédiats à
686
on européenne. En effet, cette mission ne pouvait
être
accomplie qu’en renonçant à prendre une part active aux querelles ent
687
de l’Europe — d’abord physique, puis symbolique —
est
antérieure, soulignons-le, à la diversité des langues et des religion
688
ffirmée lors de la paix de Westphalie, en 1648, n’
est
pas absolument la même que celle qui résultait implicitement des char
689
mplicitement des chartes primitives, mais elle en
est
cependant une conséquence pratique. Et les traités de 1815, qui le co
690
et son indépendance de toute influence étrangère,
sont
dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». Ainsi,
691
ment la neutralité suisse, nécessaire à l’Europe,
est
vitale pour la Suisse ; et comment elle exprime à la fois la raison d
692
e ; et comment elle exprime à la fois la raison d’
être
du pays et l’équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre est re
693
équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre
est
renouvelé, la neutralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités d
694
enfin pour quelles raisons cette neutralité armée
est
devenue au cours des siècles permanente (non pas occasionnelle), conv
695
eure une institution unique en son genre. Et il n’
est
pas concevable qu’elle puisse être « adoptée » par aucun autre État i
696
genre. Et il n’est pas concevable qu’elle puisse
être
« adoptée » par aucun autre État isolé. Il n’est permis d’imaginer so
697
être « adoptée » par aucun autre État isolé. Il n’
est
permis d’imaginer son extension qu’à l’ensemble du continent. Seule,
698
manquerait pas de disloquer. Cette perspective n’
est
pas absente de l’esprit des gouvernants suisses, comme en font foi le
699
l ministre des Affaires étrangères suisse : Il n’
est
pas sans intérêt de relever qu’aujourd’hui se manifestent en Europe d
700
deux tendances grâce auxquelles la Confédération
est
devenue et restée ce qu’elle est : le fédéralisme et la neutralité. O
701
la Confédération est devenue et restée ce qu’elle
est
: le fédéralisme et la neutralité. On ne peut que souhaiter qu’épuisé
702
salut dans une neutralité qui lui permette de se
tenir
à l’écart des conflits qui pourraient opposer des puissances dont les
703
poser des puissances dont les intérêts essentiels
sont
ailleurs et, qui sait ? de prévenir entre elles une guerre qui n’est
704
i sait ? de prévenir entre elles une guerre qui n’
est
pas inévitable ; et dans un fédéralisme qui, en dehors de toute hégém
705
par un effort commun, reprenant au point où il a
été
interrompu, le développement de la civilisation qui a fait sa grandeu
706
s la communauté des nations, le rôle de la Suisse
est
donc de maintenir conjointement les deux principes de neutralité et d
707
nté de se maintenir à l’écart des conflits armés,
fussent
-ils nationalistes ou idéologiques dans leurs motifs allégués, a souve
708
es victimes de la guerre ou « Aide à l’Europe » s’
est
vue dotée de 100 millions de francs par les Chambres fédérales49, soi
709
millions de francs par les Chambres fédérales49,
soit
1 % du revenu national, à quoi sont venus s’ajouter 50 millions colle
710
fédérales49, soit 1 % du revenu national, à quoi
sont
venus s’ajouter 50 millions collectés dans la population ou souscrits
711
e respecter les conventions de la Croix-Rouge. Il
est
significatif que cette dernière œuvre fondée par le Genevois Henry Du
712
ernational de la Croix-Rouge, qui siège à Genève,
est
constitué uniquement par des Suisses : son autorité, si peu contestée
713
institutions internationales. La première en date
fut
la Croix-Rouge, bientôt suivie par l’Union postale universelle, l’Uni
714
dance à ces organismes naissants. En 1919, Genève
fut
choisie comme siège de la Société des Nations et du Bureau internatio
715
les de Calvin, de Zwingli et d’Œcolampade avaient
été
les « citadelles de la Réforme », de même que le Conseil œcuménique d
716
lligérants sur le territoire de leurs ennemis, et
fut
obligé de créer à cette fin une sorte de ministère annexe en marge de
717
tant vide, par suite de la dissolution de la SDN,
fut
racheté par les Nations unies qui en ont fait le siège de leur Office
718
nté, et l’Office international des réfugiés y ont
été
adjoints. Pour la seule année 1946, on a compté que 127 institutions,
719
s, commissions ou conférences internationales ont
tenu
leurs assises en Suisse, et ce nombre s’accroît rapidement d’année en
720
s — neutralité et collaboration internationale ne
sont
pas antinomiques ; et que, de plus, un petit pays neutre offre aux en
721
a paix de Westphalie en droit, la Confédération s’
était
retirée des grandes luttes politiques européennes. Neutralité devenai
722
atif moderne, la politique étrangère de la Suisse
fut
non seulement neutre, mais quasi inexistante. La direction du Départe
723
se en ce domaine. Le nombre des légations suisses
est
actuellement de 55. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point de
724
de capitale proprement dite, et que les généraux
sont
appelés colonels : le tempérament suisse est nettement réfractaire à
725
aux sont appelés colonels : le tempérament suisse
est
nettement réfractaire à l’inflation des titres.) Le Département polit
726
l’inflation des titres.) Le Département politique
est
dirigé par un conseiller fédéral permanent, et ses services ont pris
727
tension considérable. Enfin, la doctrine régnante
est
aujourd’hui celle de la « neutralité active », c’est-à-dire de la pol
728
e internationale. Le principe de cette présence n’
étant
plus discuté, reste à déterminer sa nature et ses limites, dans le ca
729
es prématurées ou peu sincères. Lorsque la Suisse
fut
invitée à entrer dans la Société des Nations, elle se préoccupa tout
730
ue sa neutralité perpétuelle et son inviolabilité
étaient
compatibles avec les principes de la Ligue nouvelle. Par la Déclarati
731
lle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’
être
dispensée de toute participation aux sanctions militaires, et ce n’es
732
e participation aux sanctions militaires, et ce n’
est
que sur la base de ce statut de « neutralité différentielle » que le
733
ratification de l’entrée dans la SDN. Celle-ci ne
fut
cependant acquise que par 415 000 voix contre 323 000, dix cantons et
734
efusant. Une fois entrée dans la Ligue, la Suisse
fut
la première à signer la clause d’arbitrage obligatoire, mais elle ref
735
a neutralité, même à des entreprises dont la paix
est
le but, mais dont l’efficacité ou l’impartialité ne sont pas certaine
736
but, mais dont l’efficacité ou l’impartialité ne
sont
pas certaines, explique le fait que la Suisse n’ait pas encore adhéré
737
e adhéré à l’Organisation des Nations unies. Elle
est
entrée dans toutes les institutions d’ordre culturel, juridique, huma
738
à confirmer, aux yeux des Suisses, que l’heure n’
est
pas encore venue de sacrifier la raison d’être de leur État, au profi
739
e n’est pas encore venue de sacrifier la raison d’
être
de leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à
740
s pas à en juger ici, l’échec de la SDN, dont ils
furent
les témoins les plus proches, induit la majorité des Suisses à persis
741
er dans des secteurs strictement limités, après s’
être
assuré soigneusement que ces secteurs sont légalement étanches, et qu
742
près s’être assuré soigneusement que ces secteurs
sont
légalement étanches, et qu’aucune implication militaire ou politique
743
arrière-plan. Jusqu’à quel point ces distinctions
sont
-elles réelles dans l’ère des guerres totales, nous l’ignorons. Mais l
744
nous l’ignorons. Mais le maintien d’un principe n’
est
pas vain. Un problème analogue, mais plus brûlant encore, ne manquera
745
mensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’
est
qu’apparent. La Suisse fédéraliste, neutre, et armée, représente en e
746
lle-même. Mais cette Suisse-là, précisément, doit
être
la dernière, en bonne logique, à s’intégrer dans l’édifice que l’on p
747
tégrer dans l’édifice que l’on projette, car ce n’
est
qu’au moment où l’ensemble du continent l’aura rejointe, adoptant sa
748
eu de le signaler et de montrer par le fait qu’il
est
bel et bien accessible. On invoque la solidarité, laissant entendre q
749
tons suisses. Encore faut-il que cette fédération
soit
bien réelle et sincèrement voulue : qu’elle contribue effectivement à
750
d-ouest jusqu’à la Birse. La ligne de démarcation
est
jalonnée par Delémont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45. C. F. Ramuz est
751
émont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45. C. F. Ramuz
est
un cas singulier, plus vaudois d’ailleurs que romand. 46. Là encore,
752
re, il faut faire exception pour Fribourg, qui se
tient
à l’écart de la vie culturelle des cités protestantes, et se rattache