1 1953, La Confédération helvétique. Introduction (par Lucien Febvre)
1 ui, comme moi, pour des raisons de résidence, ont été de bonne heure attirés vers la Suisse — il y a frontière commune entr
2 la vie européenne un rôle qui, tout discret qu’il soit , dépasse en importance, mille fois, ceux que portent à bout de bras d
3 s vedettes flamboyantes. Pourtant, pourtant, ce n’ est point par dilettantisme (il serait périmé) que je regrette un peu (c’
4 t, pourtant, ce n’est point par dilettantisme (il serait périmé) que je regrette un peu (c’est du reste la seule chose qu’il m
5 t demeure trop constamment abstrait. Les paysages sont , eux aussi, des agents de l’histoire. Il semble que les Suisses aient
6 ment, la voit mal. Car les bergers de bonne heure sont montés sur l’Alpe. D’où se voit, d’où se découvre un monde immense de
7 n bas ; mais si les gens de telle vallée close se sont de bonne heure unis, de proche en proche, aux gens de cette autre val
8 n proche, aux gens de cette autre vallée — s’il s’ est formé peu à peu un agrégat de compartiments clos qui s’est nommé la S
9 peu à peu un agrégat de compartiments clos qui s’ est nommé la Suisse — c’est que les gens d’en bas étaient montés en haut.
10 est nommé la Suisse — c’est que les gens d’en bas étaient montés en haut. Pour le pâturage, pour la chasse, mais aussi pour le
11 s qu’on dépasse les 2000 mètres ; et dit : « Ceci est à nous. Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux
12 es 2000 mètres ; et dit : « Ceci est à nous. Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire de la France
13 — et si différente cependant de tout ce que nous sommes les uns et les autres. Si vraiment originale en tout ; et d’abord, en
14 — et quand la boule reprend son équilibre, elle s’ est grossie de Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’est cette fois, e
15 ossie de Lucerne. Une seconde oscillation, vers l’ est cette fois, et c’est Glaris, c’est Saint-Gall, qui restent collés au
16 r à son horizon : « Non, vous ne m’aurez pas ; je suis l’esprit » — Du romantisme ? Je ne crois pas. N’existent-elles point,
17 ? Et ne faut-il prêter au Suisse que les façons d’ être et de sentir du Flamand des plaines, coupé de la mer par les grandes
18 Flandres, la candeur immaculée des Alpes ; ce ne sont pas des inventions de littérateurs, ce sont des réalités qui nourriss
19 ce ne sont pas des inventions de littérateurs, ce sont des réalités qui nourrissent les hommes. Et qui expliquent finalement
20 la Confédération suisse. ⁂ Au fond, telle qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’être une nécessité. La détruire,
21 ⁂ Au fond, telle qu’elle est devenue, la Suisse n’ est pas loin d’être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des
22 e qu’elle est devenue, la Suisse n’est pas loin d’ être une nécessité. La détruire, la rayer de la carte des États ? Qui saur
23 pothèse grotesque et cependant, naturellement, ce serait l’hypothèse la moins folle, puisque Neuchâtel, Fribourg, Vaud et Genè
24 le Valais ? À qui le Valais ? Au-delà de Sion il est de langue germanique. On le couperait en deux ? Merci, mais les Valai
25 la Confédération se reconstituerait comme elle s’ est constituée : par le lien fédéral. On va disant, avec un haussement d’
26 te et projetée dans les steppes de l’Eurasie — ce serait en effet, à leur image, un minuscule territoire. 270 kilomètres de Ge
27 je dis bien : réduite à la platitude. Compte non tenu de ces perpétuelles dénivellations qui vous transportent des 197 mètr
28 ssez saisissant — n’oublions pas que Le Corbusier est Suisse — et ce que je dis de Fribourg, il faut le redire de toutes le
29 ich, Berne, Lausanne, Genève… Et le peuple suisse tient à ce pluralisme universitaire, comme il tient à l’intégrité de ses la
30 sse tient à ce pluralisme universitaire, comme il tient à l’intégrité de ses langues ; il en reconnaissait trois en 1937, l’a
31 se fait pas faute de le dire et de le répéter. Il est vrai, les Suisses ne se font pas remarquer. À telle enseigne qu’ils n
32 et pas des moindres, de Baudelaire à Verlaine) s’ est exercée sur elle. Avec âcreté parfois et injustice flagrante. Les Sui
33 s et injustice flagrante. Les Suisses ? Ils ne se sont même pas créé de Beulemans. Et personne n’a songé à faire d’eux des c
34 e n’a songé à faire d’eux des caricatures. Ils se sont caricaturés eux-mêmes, au temps de Töpffer. Et ce n’était pas méchant
35 ricaturés eux-mêmes, au temps de Töpffer. Et ce n’ était pas méchant. Un peu niais simplement. Quelques gambades et grimaces d
2 1953, La Confédération helvétique. Note de l’auteur
36 ogramme de l’Unesco. L’un des buts de cette série étant de « permettre la comparaison entre les aspirations et les institutio
37 s institutions diverses des peuples étudiés », il était convenu que « les monographies adopteraient, en gros, un même plan qu
38 an qui rende possible cette comparaison ». Je m’y suis tenu scrupuleusement, estimant que l’expérience valait d’être tentée,
39 i rende possible cette comparaison ». Je m’y suis tenu scrupuleusement, estimant que l’expérience valait d’être tentée, et q
40 rupuleusement, estimant que l’expérience valait d’ être tentée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la règ
41 t que l’expérience valait d’être tentée, et qu’il était en somme bien plus intéressant de jouer la règle du jeu que de « fair
42 rit au nom de la Conférence des hautes études. Je suis heureux d’avoir pu tenir compte de leurs très compétentes observation
3 1953, La Confédération helvétique. Chapitre I. Le peuple et son histoire
43 L’image conventionnelle de la Suisse semble avoir été fixée par le vers célèbre de Victor Hugo : Le Suisse trait sa vache
44 ons tout de suite qu’une telle réalité ne saurait être recherchée ni dans les seuls chiffres et faits, ni dans la seule idée
45 la seule idée que le peuple a de lui-même. Elle n’ est au vrai ni physique ni morale. Elle consiste plutôt dans le conflit p
46 s imaginées par l’homme. En d’autres termes, elle est la résultante d’une géographie et d’une histoire. Géographiquement, l
47 e, les eaux du Tessin qui deviendra le Pô. Vers l’ est et l’Autriche, les eaux de l’Inn, qui par le Danube iront à la mer No
48 du Rhin — s’étend un long plateau accidenté, qui est la partie la plus peuplée du pays, et que limitent au sud-ouest le la
49 Léman jusqu’à Genève. Le bassin italien du Tessin est une vallée beaucoup plus courte. Quant à l’Inn, elle quitte très vite
50 le quitte très vite la Suisse pour l’Autriche. Il est remarquable que le degré d’importance géographique de ces bassins cor
51 Gothard. (L’Inn prend sa source à 80 km plus à l’ est .) Le Gothard n’est pas le centre géométrique du pays — celui-ci s’éte
52 end sa source à 80 km plus à l’est.) Le Gothard n’ est pas le centre géométrique du pays — celui-ci s’étendant surtout vers
53 dant surtout vers l’ouest et le nord — mais il en est le point crucial, non seulement à cause de la croix formée par les fl
54 édération helvétique le 1er août 1291. Ce jour-là fut signé le Pacte qui liait « à perpétuité » les trois petits peuples ou
55 tten) d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Ce Pacte n’ est à aucun degré, malgré ce qu’aimaient à suggérer les historiens du siè
56 traités dans un état de paix et de tranquillité. Soit donc notoire à tous que les hommes de la vallée d’Uri, la commune de
57 aucun juge qui aurait acheté sa charge ou qui ne serait indigène ou habitant de ces contrées. Si quelque discorde venait à s’
58 er à perpétuité. En foi de quoi le présent acte a été dressé, à la requête des prénommés, et muni des sceaux des trois comm
59 ans le développement de la Confédération. Il n’en est pas de plus fréquemment citée dans les discours, manuels scolaires et
60 fédération, comme l’indique l’étymologie (fœdus), est précisément une alliance jurée, un engagement réciproque conclu entre
61 sans terme prévu. C’est pourquoi le Pacte de 1291 est resté le document sacré par excellence de la Confédération. Une abond
62 ’ils lèvent la droite vers le ciel. Avec ce geste est née la Suisse. Ce fameux « serment des trois Suisses » doit être sit
63 se. Ce fameux « serment des trois Suisses » doit être situé dans un contexte historique qui n’enlève rien à la grandeur sym
64 le rendirent possible. L’Europe du xiiie siècle était la proie de la lutte entre les guelfes et les gibelins. Le Saint-Empi
65 l’appui de l’empereur. Frédéric II comprit qu’il était de son intérêt de les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’ê
66 les soutenir. Le col du Gothard venait en effet d’ être ouvert, au début du siècle. Il allait jouer un rôle déterminant dans
67 s deux moitiés de l’Empire, le Nord et le Sud. Il était vital pour l’empereur de garder libre ce passage, et de le protéger c
68 lles d’Empire. Les premières libertés des Suisses sont donc nées d’une mission spéciale, celle de garder le Col libre pour t
69 êts de l’Empire. La population de la vallée d’Uri était très dense pour l’époque. Elle ne pouvait trouver des débouchés favor
70 ttait des échanges fructueux. La route du Gothard était donc vitale pour le commerce des Waldstätten. Mais avec les marchands
71 rdes. La dernière en date de ces alliances jurées fut le pacte de 1291 (conclu au lendemain de la mort de Rodolphe de Habsb
72 endemain de la mort de Rodolphe de Habsbourg). Ce fut aussi la seule qui réussit à subsister à travers les siècles, et à fo
73 nfin le fait politique de la menace féodale, tels sont les facteurs principaux qui contribuèrent à cristalliser et à mainten
74 t événement intelligible. La Confédération suisse est le seul mouvement qui ait survécu au combat pour l’idée démocratique
75 sente le résultat d’une révolution générale qui a été vaincue partout ailleurs : de tous les combats livrés par les paysans
76 , et le service de la communauté continentale. Ce sera la perpétuelle interaction de l’intérêt local et de l’intérêt commun,
77 goûts et au bien commun de l’Europe. De même, ce fut toujours d’une manière réaliste et strictement utilitaire qu’ils élar
78 du Gothard, et disposait d’une force armée apte à tenir en respect les seigneurs voisins. Ainsi fut constitué un noyau primit
79 e à tenir en respect les seigneurs voisins. Ainsi fut constitué un noyau primitif de quatre cantons. Il ne tarda guère à s’
80 à deux ou trois réseaux d’alliances, lesquelles n’ étaient pas toujours réciproques dans toutes leurs obligations — comme si, de
81 urs, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assistance obligatoire, pour l’autre seulement de non-agression. Le
82 it nécessaire, en temps de guerre. En réalité, ce sont les cantons suisses qui ont créé et pratiqué les premiers, d’une mani
83 pratiqué les premiers, d’une manière qui n’a plus été égalée depuis lors, la politique de l’assistance mutuelle et de la sé
84 édérés de le secourir. Cependant… chaque canton n’ est pas allié à tous les autres. Mais bien que tous n’aient pas les mêmes
85 cours. Leur alliance porte notamment que ceux qui sont appelés au secours n’useront d’aucune fraude et tromperie, ni d’excus
86 ouvoir. Et comme il pourrait arriver qu’un canton soit assailli tellement à l’improviste que l’ennemi tiendrait tous les pas
87 it assailli tellement à l’improviste que l’ennemi tiendrait tous les passages, et par conséquent le canton n’aurait aucun moyen d
88 ordonné par exprès qu’en un tel cas, et lorsqu’il sera besoin d’avoir prompt secours, tous les cantons confédérés aideront d
89 érés aideront de toutes leurs forces, comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui sont appelés au secours viennent à leurs
90 , comme s’ils étaient nommément appelés… Ceux qui sont appelés au secours viennent à leurs dépens, sans aucun gage. Seule l’
91 ’entraide mutuelle. La mission politique qui leur fut conférée en même temps que leur liberté impériale ne fit qu’accentuer
92 oncluant. On peut dire que la fédération suisse s’ est formée et consolidée précisément dans la lutte constante contre toute
93 membres, — et chaque fois le résultat de la lutte fut un resserrement de l’alliance sur pied d’égalité réelle : les petits
94 olution française. La plupart des paysans suisses étaient des « hommes libres », certes, mais le seigneur restait un seigneur s
95 raîner le pays dans des aventures. Cette méfiance était en somme l’aspect négatif d’une conscience diffuse de la mission spéc
96 Waldmann, connurent une fin tragique : le premier fut trahi et tué dans un combat, le second assassiné. Il y avait quelque
97 isants du caractère des Suisses modernes : car il était fatal qu’au cours des âges, et à mesure que le sens de la mission spé
98 lifiait de « Schwyzer » tous ses sujets rebelles, fussent -ils Croates ou Tchèques. Cette « période héroïque » culmine dans les
99 nces, des rois, du pape lui-même, car son conseil est devenu si puissant parmi les Suisses qu’on a coutume de s’adresser à
100 e les cantons citadins et les cantons campagnards est sur le point d’éclater. Mais à la dernière minute, un envoyé de Nicol
101 sauver la Confédération. Toute alliance étrangère sera désormais interdite aux cantons, les villes de Soleure et Fribourg so
102 te aux cantons, les villes de Soleure et Fribourg sont reçues dans les Ligues, et les liens fédéraux se voient confirmés et
103 t pour trait cet ambitieux prince de l’Église que fut Mathieu Schiner. Fils de paysans valaisans, s’élevant avec ténacité e
104 it cessé de mettre en garde les cantons. Son rêve était de constituer au centre du continent un grand État qui eût englobé la
105 Car un État puissant, centré sur le Gothard, eût été une menace permanente pour les nations voisines, alors en formation,
106 pour la France, que Schiner haïssait. Cet État se fût mêlé à toutes les luttes pour l’hégémonie européenne. Afin d’y faire
107 hégémonie européenne. Afin d’y faire face, il eût été contraint de se donner un pouvoir fort et unifié. Or, depuis deux siè
108 la bataille de Novare (1509), le roi François Ier fut complètement battu. Mais à Marignan, en 1515, les Suisses furent cont
109 ment battu. Mais à Marignan, en 1515, les Suisses furent contraints de quitter le terrain après deux jours d’une bataille géan
110 s et leurs blessés, tout en luttant pied à pied — fut le dernier fait d’armes de l’ancienne Confédération. Le crépuscule sa
111 iter les avertissements de Nicolas de Flue, et ce fut lui qui fit passer dans la réalité l’idéal politique de l’ermite. Nom
112 cantons du centre, demeurés catholiques, Zwingli fut chargé du plan de défense. Vainqueur des cantons catholiques dans une
113 ark et Venise. Cette confédération européenne eût été capable, pensait Zwingli, d’abattre la dynastie des Habsbourg qui s’é
114 wingli, d’abattre la dynastie des Habsbourg qui s’ était emparée de l’Empire. Mais les princes luthériens se montrèrent froids
115 rich. Les protestants désiraient traiter. Zwingli était pour la guerre. À demi trahi par ses compatriotes, il fut battu à Kap
116 la guerre. À demi trahi par ses compatriotes, il fut battu à Kappel, massacré sur le champ de bataille, et son corps fut é
117 , massacré sur le champ de bataille, et son corps fut écartelé et brûlé le lendemain. Sa fin tragique termina le drame shak
118 riode d’expansion spirituelle. La Confédération s’ est stabilisée, elle a conquis le respect des puissances. Que va-t-elle f
119 e siècle, la vocation spirituelle de la Suisse s’ était révélée par la création de foyers et de places d’échanges intellectue
120 ngleterre, à l’Amérique. Fédéralisée comme elle l’ était alors, divisée en petits États souverains différents à la fois par la
121 vait le dire à partir du xixe siècle). Mais elle était désignée par sa structure même, autant que par sa position géographiq
122 écisive sur la culture en marge de laquelle ils s’ étaient constitués : ainsi firent Zurich pour l’Allemagne du xviiie siècle,
123 sépare la Réformation de la Révolution française est un temps de systole, de repliement, de réaction. Les cantons du Centr
124 sgemeinde. Mais les cantons dont le « chef-lieu » était une cité de quelque importance, Zurich, Lucerne, Soleure, Berne, Bâle
125 e. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’ils se sont affranchis un jour, et qu’ils sont demeurés libres. En vérité, derriè
126 été, qu’ils se sont affranchis un jour, et qu’ils sont demeurés libres. En vérité, derrière leurs murailles, ils ne sont plu
127 bres. En vérité, derrière leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commér
128 commérages et de leurs préjugés bourgeois. S’il est probable que la mauvaise humeur de Goethe était en partie justifiée,
129 ’il est probable que la mauvaise humeur de Goethe était en partie justifiée, il est certain que son jugement est excessif. N’
130 se humeur de Goethe était en partie justifiée, il est certain que son jugement est excessif. N’oublions pas en effet que Ro
131 partie justifiée, il est certain que son jugement est excessif. N’oublions pas en effet que Rousseau, qui avait tâté en Fra
132 ination et d’action. Mais on oublie que la Suisse est l’un des pays qui a exporté le plus de têtes chaudes. Dès le xvie si
133 participer aux luttes des Puissances puisqu’elle était neutre ; mais le sang guerrier de ses fils ne s’était pas apaisé. La
134 t neutre ; mais le sang guerrier de ses fils ne s’ était pas apaisé. La Diète fédérale autorisa bientôt les officiers suisses
135 garde royale. C’est ainsi que les gardes suisses furent les derniers à protéger Louis XVI contre l’émeute populaire, le 10 ao
136 le proverbe : « Pas d’argent, pas de Suisse. » Il est en partie calomnieux3. Comme un prince français disait un jour au Mar
137 u mélancoliques, naquit du service étranger. Il s’ est perpétué jusqu’à nos jours dans les campagnes. L’épopée du service ét
138 na en 1813, comme l’épopée de l’ancienne Suisse s’ était terminée trois siècles auparavant sur la plaine de Marignan. ⁂ Lorsqu
139 is sur le type jacobin, c’est-à-dire centraliste, fut le théâtre des luttes entre les armées des Alliés — Prussiens, Autric
140 du centre finirent par convaincre Bonaparte qu’il était vain de persister dans cette tentative de « mise au pas ». Dans un di
141 fait votre État fédératif ; vouloir la vaincre n’ est pas d’un homme sage. » Il ajoutait, en 1803, d’une manière prophétiqu
142 portance d’avoir des traits caractéristiques ; ce sont eux qui, en éloignant l’idée de ressemblance avec les autres États, é
143 bilité et la neutralité de la Confédération comme étant « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». De c
144 embre 1815, Guglielmo Ferrero a pu écrire qu’elle est « la porte par laquelle la Suisse entre dans le grand siècle de son h
145 e régime de la souveraineté absolue des cantons s’ était révélé incapable de faire face à une menace étrangère. La nécessité d
146 culation des personnes. De 1815 à 1847, la Suisse fut en proie à une longue effervescence politique, souvent accompagnée d’
147 aillamment combattu quand il a fallu, mais ils se sont montrés généreux et humains ». Il appliqua lui-même ces principes, au
148 omparée à la guerre de Sécession (leurs noms même sont identiques) eut pour effet de resserrer définitivement l’alliance féd
149 et d’un pouvoir exécutif central. En somme, ce ne fut guère qu’à partir de 1848 que la Suisse devint une « démocratie » au
150 tabilité exceptionnelle. La Constitution de 1848 fut adaptée sans difficultés en 1874 aux nécessités nouvelles introduites
151 le foyer de tous les débats politiques en Suisse fût -il le problème des droits respectifs des cantons et de la Confédérati
152 ional à Genève, le Conseil fédéral consacrait des sommes considérables au percement des tunnels du Gothard, du Lötschberg et d
153 x ? On le vit en effet. Pendant quatre ans, il ne fut question en Suisse que du « fossé moral » qui se creusait entre les d
154 entre les deux groupes linguistiques. Le miracle fut que la violence des passions politiques n’ébranla pas l’unité de la C
155 iers, malades ou grands blessés des deux camps, y furent transportés et soignés dans les stations d’hiver et d’été abandonnées
156 sportés et soignés dans les stations d’hiver et d’ été abandonnées par les touristes. Grand Hôtel de l’Europe en temps de pa
157 cessive en son temps — que la Suisse doit d’avoir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944, la Suisse s
158 isse se vit plus isolée qu’elle ne l’avait jamais été au cours de son histoire. Cernée par l’Axe, depuis la chute de la Fra
159 , le palais de la Ligue des Nations, qui venait d’ être achevé à la veille de la guerre, restait vide, battant neuf, protégé
160 pposer à tout envahisseur la certitude de pouvoir tenir pendant au moins deux ans le « Réduit national », avec ses fabriques
161 des lieux mêmes d’où elle avait tiré sa raison d’ être . ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumière qu
162 Nous avons vu que le sens de la solidarité lui a été comme imposé par la nature même d’une terre compartimentée, peu produ
163 double nécessité d’autonomie et de coopération s’ est trouvée coïncider — à la faveur de l’ouverture du col du Gothard — av
164 rer au bien de l’ensemble. Ces considérations, il est vrai, ne pouvaient être formulées qu’a posteriori, dans notre siècle,
165 le. Ces considérations, il est vrai, ne pouvaient être formulées qu’a posteriori, dans notre siècle, au terme d’une série d’
166 motifs des actes principaux qui la jalonnent, on est tenté de conclure à un utilitarisme assez étroit, que l’on pourrait q
167 e la politique générale de la Confédération, peut être ramené à des raisons nettement intéressées et témoignant d’une certai
168 faveur d’un équilibre pacifique, qui se trouvait être « dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe tout entière ».
169 e régularité géométrique… Il semble que la Suisse soit l’un des rares pays qui ait sacrifié des avantages territoriaux non p
170 iens chroniqueurs ignorent le mot, quand la chose est partout dans les faits qu’ils rapportent. D’où le paradoxe d’une hist
171 rtus civiques. À la base du fédéralisme tel qu’il est pratiqué dans ce pays, tel qu’il s’est éduqué au cours des siècles, i
172 tel qu’il est pratiqué dans ce pays, tel qu’il s’ est éduqué au cours des siècles, il y a le sens du compromis vital, il y
173 diqué au début que l’unité géographique du pays n’ est guère évidente. Son unité de race est perdue depuis les temps où les
174 e du pays n’est guère évidente. Son unité de race est perdue depuis les temps où les Celtes helvètes en occupaient la plus
175 tres et y ont fait souche. Son unité religieuse a été rompue par la Réforme. Et trois cultures au moins se partagent inégal
176 nit pas spontanément comme telle6. La Suisse peut être comparée à l’Europe, en ce sens qu’elle ne conçoit et ne ressent son
177 i ne se rencontreront peut-être jamais, et qui ne sont nullement curieux l’un de l’autre, ont en commun leur volonté de rest
178 ière, et savent très bien que leur union fédérale est la seule garantie d’une pareille liberté. L’unité de la Suisse, en de
179 berté. L’unité de la Suisse, en dernière analyse, est donc proprement politique, soit que l’on prenne ce mot au sens étroit
180 dernière analyse, est donc proprement politique, soit que l’on prenne ce mot au sens étroit et tout pratique de science ou
181 tout pratique de science ou d’art des compromis, soit qu’on le prenne au sens plus général de stratégie du bien commun. Nou
182 plus général de stratégie du bien commun. Nous ne sommes pas en présence d’une nation, mais bel et bien d’une fédération, c’es
183 par des soldats suisses, qui se plaignaient de n’ être pas payés pour leurs services. « Les Suisses ne se payent pas de paro
184 écrivait Montluc. 4. Le fédéralisme, en effet, n’ est pas seulement le régionalisme ni seulement, à l’inverse, l’union des
185 du Pacte. 6. Bien que l’adjectif « national » se soit introduit dans le vocabulaire politique de 1848, et désigne par exemp
186 t « nation » chez un Français. a. Par erreur, il est écrit « Australiens » dans le texte imprimé.
4 1953, La Confédération helvétique. Chapitre II. Les institutions politiques
187 nt il désire faire partie. « La naturalisation ne sera parfaite que lorsque le candidat aura été agréé par une commune et un
188 ion ne sera parfaite que lorsque le candidat aura été agréé par une commune et un canton ; c’est alors seulement qu’il sera
189 ommune et un canton ; c’est alors seulement qu’il sera un citoyen suisse »7. Dans notre description des institutions suisses
190 par le canton, car c’est selon ce processus que s’ est constituée, historiquement, la fédération helvétique. En effet, comme
191 rofesseur Adolf Gasser : Le principe fédéraliste est à la base non seulement des relations entre la Confédération et les c
192 C’est à ces origines que nos cantons doivent de n’ être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, mais d’être
193 des États bureaucratiques et centralisés, mais d’ être restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droit et
194 , fondés sur le droit et dont la première mission est l’administration de la justice8. Un autre auteur, le juriste F. Flei
195 donne les ordres du pouvoir central, la commune n’ est plus qu’un organe d’exécution, et devient à son tour, comme l’observe
196 Suisse, au contraire, les droits de la commune ne sont limités que par la loi, jamais par les supérieurs administratifs. La
197 t le canton n’intervient qu’en appel. Ce régime s’ est révélé particulièrement efficace dans les époques de crise (guerre de
198 itiatives locales, appuyées par la population qui était à même de contrôler la besogne et d’en mesurer la portée par expérien
199 ignes, caves, troupeaux). En cas d’indigence, ils sont secourus par la « bourgeoisie » de leur lieu d’origine, même s’ils n’
200 e, à l’assistance des pauvres et des malades. Il est curieux de noter que la protection des autonomies communales n’est pa
201 ter que la protection des autonomies communales n’ est pas mentionnée dans la Constitution fédérale. On serait tenté d’y voi
202 pas mentionnée dans la Constitution fédérale. On serait tenté d’y voir la preuve que cette autonomie va de soi chez les Suiss
203 onne droit de cité dans un canton. Et les cantons sont les éléments de base sur lesquels repose l’édifice fédéral. Les canto
204 els repose l’édifice fédéral. Les cantons suisses sont des États souverains « dans la mesure où leur souveraineté n’est pas
205 ouverains « dans la mesure où leur souveraineté n’ est pas limitée par la Constitution fédérale ; ils jouissent, comme tels,
206 jouissent, comme tels, de tous les droits qui ne sont pas attribués au pouvoir fédéral » (art. 3 de la Constitution fédéral
207 Suisses. Ils n’oublient jamais que leurs cantons sont antérieurs à la Confédération, qui a résulté de leurs alliances progr
208 nt dans certains domaines, strictement définis, n’ est donc à leurs yeux que la sauvegarde d’une décentralisation très pouss
209 re. L’exécutif généralement nommé Conseil d’État, est un collège de cinq à onze membres, élu par le peuple. Chacun des magi
210 fédéral. Le Conseil d’État prépare les textes qui seront soumis au législatif, et fixe leur mise en vigueur lorsqu’ils sont ac
211 gislatif, et fixe leur mise en vigueur lorsqu’ils sont acceptés. Le législatif, ou Grand Conseil, est élu par le peuple à la
212 s sont acceptés. Le législatif, ou Grand Conseil, est élu par le peuple à la majorité absolue dans quelques cantons, ou sel
213 on de la Landsgemeinde : là le pouvoir législatif est exercé par l’ensemble de la population mâle et majeure, réunie en cer
214 des amendements. Quelques-uns de ces amendements sont adoptés, d’autres — et justement, je le note, des amendements démagog
215 ote, des amendements démagogiques — repoussés. Je suis frappé de constater qu’on discute sur le mérite propre des mesures pr
216 it en France, sur leurs incidences partisanes. Je suis frappé aussi de la facilité de parole des orateurs, qui s’expriment a
217 te se prête admirablement. L’auditoire, du reste, est difficile : il s’impatiente quand on hésite, il souligne sans bienvei
218 estement ces assises ont leur tradition et l’on n’ est pas disposé à y supporter les raseurs, car il faut que tout soit fini
219 é à y supporter les raseurs, car il faut que tout soit fini dans la journée (et puis le ciel, lourd de nuages, pourrait tomb
220  000 habitants qu’il contient, un quart seulement sont des paysans et plus de la moitié vivent de l’industrie. Avec moins d
221 considérations pratiques priment, et l’équilibre est respecté, d’un accord tacite, entre les intérêts plus ou moins diverg
222 elle ou telle localité. » Cette dernière remarque est importante : elle nous fait entrevoir la condition des libertés civiq
223 ieurs groupes ou communautés, dont les limites ne sont pas les mêmes. La formule du régime totalitaire, c’est la coïncidence
224 mentées des allégeances communales et cantonales, sont non seulement possibles, mais courantes. Car les frontières des langu
225 mais courantes. Car les frontières des langues ne sont pas celles des religions ; celles des cantons ne sont pas celles des
226 pas celles des religions ; celles des cantons ne sont pas celles des régions économiques ; et celles des cultures ne sont p
227 s régions économiques ; et celles des cultures ne sont pas même celles de la Confédération. C’est dans le jeu ménagé entre c
228 atriciats, dont la subtile hiérarchie de conseils fut considérablement simplifiée et aérée. Cette évolution intérieure des
229 faciliter le passage de la fédération d’États qu’ était l’ancienne Suisse à l’État fédératif qu’elle devint en 1848. Mais bie
230 ues. Politiquement, la Suisse du xviiie siècle n’ était pas un État, mais un enchevêtrement d’alliances entre républiques sou
231 s sujets » et des bailliages. La Diète fédérale n’ était qu’une réunion d’ambassadeurs des républiques, mandatés par leur gouv
232 s un régime totalement unifié, mais la résistance fut si forte, surtout dans les anciens cantons de la Suisse centrale, que
233 s deux réformes, mais le pacte fédéral de 1815 ne fut de nouveau qu’une alliance conclue entre États souverains. Un lien si
234 onclue entre États souverains. Un lien si lâche n’ était qu’une faible garantie pour l’indépendance des cantons, en un siècle
235 à l’Europe d’aujourd’hui. Les cantons souverains étaient les maîtres incontestés de leur politique économique. On comptait alo
236 , et 50 poids différents ». Le régime monétaire n’ était guère moins chaotique. De plus, « incapables de s’entendre sur aucune
237 état-major fédéral. Vis-à-vis de l’étranger, elle était impuissante. Oui, vraiment, cette Suisse « ressemblait à l’Europe d’
238 six premiers de 1848 — une Constitution fédérale fut discutée, écrite, votée et mise en vigueur. Elle valut à la Suisse un
239 a Suisse, comme si la grande forteresse des Alpes était un désert livré au premier occupant ». Il décrivait la paralysie qui
240 ls doivent, pour ainsi dire, servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de la Confédération et les hommes du canton… I
241 de la Confédération et les hommes du canton… Il n’ est , ce me semble, aucun motif de conserver un pareil état de choses… Rie
242 asses : Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps moder
243 te anxiété elle-même, et ce malaise général qu’il est impossible de méconnaître, et cette espérance que dans un nouveau Pac
244 remède aux maux qui affligent la patrie. Quelles étaient les raisons que pouvaient avancer, contre tant d’évidences, les parti
245 enfin le caractère utopique de ces rêveries… Il n’ est pas un de ces arguments qui ne revive dans les débats actuels sur l’u
246 e, elle avait rédigé la nouvelle charte. Celle-ci fut adoptée au mois d’août, par quinze cantons et demi contre six et demi
247 Fédéral, inaugurant un régime qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, social et cu
248 essor économique, social et culturel de la Suisse fut immédiat. Aucune des catastrophes prédites et calculées par les tenan
249 de révisions partielles, dont la plus importante fut votée par le peuple en 1874. Cette Constitution mérite non seulement
250 culturel. Cet équilibre, proprement fédéraliste, est illustré par le système bicaméral institué en 1848. L’Assemblée fédér
251 gislatif et autorité suprême de la Confédération, est composée de deux Chambres : le Conseil national, représentant le peup
252 x conseils ont des pouvoirs égaux, et leur accord est indispensable pour l’acceptation ou le rejet d’une loi. On croit reco
253 e des députés. En réalité, le Conseil des États n’ est pas du tout l’équivalent du Conseil de la République en France ou de
254 des Lords. Il ne ressemble qu’au Sénat américain, étant comme ce dernier formé de représentants des États membres de la fédér
255 Landsgemeinde qui les nomme. Le Conseil national est élu à raison d’un député par 22 000 habitants, chaque canton ou demi-
256 a droit à un représentant, même si sa population est inférieure à 11 000.) Les deux Chambres réunies en Assemblée national
257 budget fédéral et la révision de la Constitution sont également de leur compétence. Soulignons enfin que les membres de l’A
258 enfin que les membres de l’Assemblée fédérale ne sont jamais liés par les instructions que leur aurait données le corps pol
259 ique chargé de leur élection. Le mandat impératif est interdit17. « L’autorité directoriale et exécutive supérieure de la C
260 riale et exécutive supérieure de la Confédération est exercée par un Conseil fédéral composé de sept membres », dit l’artic
261 binet de ministres et celles d’un chef de l’État, est sans doute l’institution la plus originale de la Suisse. Ses membres
262 ution la plus originale de la Suisse. Ses membres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et sont immédiatement rééligible
263 bres sont élus pour quatre ans par l’Assemblée et sont immédiatement rééligibles. Chacun d’entre eux dirige un ministère ou
264 inistère ou département fédéral. L’un d’entre eux est élu chaque année président de la Confédération. Il ne peut exercer ce
265 cet office deux années de suite, et la coutume s’ est établie d’une rotation entre les sept conseillers : chacun devient pr
266 l fédéral siège à Berne, et tous ses départements sont logés dans le même bâtiment, nommé Palais fédéral. C’est aussi dans c
267 itale, mais seulement de « ville fédérale ». Elle est en même temps le chef-lieu du canton auquel elle donne son nom. Ces d
268 quel elle donne son nom. Ces détails de protocole sont significatifs d’une certaine méfiance — fédéraliste autant que propre
269 le commandant d’une grande unité d’armée suisse n’ est pas appelé général, mais colonel commandant de corps (ou de division,
270 er le fait que le président de la Confédération n’ est , en somme, qu’un primus inter pares. À la vérité, le pouvoir, en Suis
271 onseil fédéral en son entier (même si elles n’ont été prises qu’à la majorité des voix), et la Constitution ne définit que
272 s attributions des membres du Conseil, lesquelles sont essentiellement administratives et exécutives. Le Conseil fédéral « p
273 et donne son préavis sur les propositions qui lui sont adressées par les conseils ou par les cantons » (art. 102, § 4 de la
274 derne. Pratiquement, les conseillers fédéraux ne sont jamais renversés. Les Chambres les remplacent lorsqu’ils démissionnen
275 n’a compté que 63 ministres, dont un seul n’a pas été réélu bien qu’il fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a ét
276 istres, dont un seul n’a pas été réélu bien qu’il fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’u
277 fût candidat. La durée moyenne de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonction pendant trente-deu
278 de leur carrière a été de onze ans. Et l’un d’eux est demeuré en fonction pendant trente-deux ans. Dans tout autre pays de
279 uvernemental. Ce danger existe en Suisse, mais il est en grande partie neutralisé par les droits des cantons et par le cont
280 le populaire (référendum). Au surplus, quelle que soit l’étendue de ses pouvoirs, le Conseil fédéral n’en demeure pas moins
281 t coups de téléphone. La composition du Conseil n’ est pas moins originale que sa fonction. Quatre facteurs entrent en jeu p
282 religion. Comme il n’y a que sept conseillers, il est impossible de faire droit à tant d’exigences simultanées d’une manièr
283 xistantes. Le dosage des religions et des langues est le moins malaisé : on compte généralement deux conseillers catholique
284 personnalités disponibles. Quant aux partis, qui sont au nombre de sept, et très inégaux en force, ils doivent se contenter
285 très mal taillée. Les radicaux, dont les ancêtres furent les fondateurs de l’État fédéral, gardent aujourd’hui trois représent
286 représentants au Conseil fédéral, bien qu’ils ne soient guère plus nombreux aux chambres que les socialistes, lesquels n’ont
287 embres, ou pour le faire élire par le peuple, ont été repoussées comme d’instinct dès leur apparition. Elles visaient à pol
288 nistre les affaires fédérales ; et il ne doit pas être lié trop étroitement aux cantons, en tant qu’il exerce une fonction d
289 ont acquis quelque importance sur le plan fédéral sont au nombre de sept. La droite est formée par les catholiques-conservat
290 le plan fédéral sont au nombre de sept. La droite est formée par les catholiques-conservateurs, puissants dans la Suisse ce
291 s de doctrine entre les deux partis conservateurs sont clairement indiquées par leurs noms : l’un est avant tout catholique,
292 s sont clairement indiquées par leurs noms : l’un est avant tout catholique, l’autre avant tout libéral. Le Centre comprend
293 ), et le parti des Indépendants. Les radicaux ont été les plus nombreux aux Chambres durant près d’un siècle, de 1848 à 194
294 x représenté à l’exécutif, sans doute parce qu’il est le plus représentatif de l’esprit de la Suisse moderne, née de la Con
295 e de la Constitution de 1848. Le parti agrarien s’ est formé aux dépens des radicaux, pour défendre les droits des agriculte
296 iculteurs dans les cantons où le parti catholique est faible ou inexistant, comme Berne. Le groupe des Jeunes paysans const
297 ommuniste) dissous par le gouvernement en 1940, a été autorisé à se reformer en 1945. Il n’a que six députés aux Chambres,
298 ’a que six députés aux Chambres, et son influence serait nulle, si elle n’aboutissait pas, éventuellement, à rapprocher les so
299 rès dans les États environnants. Aussi bien, ce n’ est pas la lutte des partis comme tels qui domine la vie politique fédéra
300 que fédérale. (Sur le plan cantonal, les disputes sont plus âpres et le dogmatisme partisan plus accusé.) Le cœur du débat f
301 et les tendances particularistes. (Ces dernières étant inexactement nommées « fédéralistes » comme nous l’avons remarqué plu
302 tion entre la gauche et la droite réelles devrait être cherché plutôt dans l’attitude des députés devant la centralisation c
303 Confédération. Certes, l’autonomie des cantons n’ est mise en question par personne. Elle reste totale au point de vue de l
304 litique locale et des finances. Mais elle ne peut être que partielle au point de vue économique, et il est évident que l’évo
305 e que partielle au point de vue économique, et il est évident que l’évolution du xxe siècle la rend à cet égard de plus en
306 s la structure de l’économie suisse. Des plis ont été pris, des milliers d’emplois dans les bureaux fédéraux ont survécu à
307 i les justifiait, beaucoup de mesures provisoires sont devenues des routines. D’autre part, il va de soi que les cantons son
308 tines. D’autre part, il va de soi que les cantons sont trop petits pour constituer des marchés distincts. Une politique écon
309 ée de succès. Nombre d’observateurs étrangers ont été frappés par l’allure très particulière des débats aux Chambres fédéra
310 l d’administration. L’éloquence, à vrai dire, n’y est pas déchaînée, les interruptions rares et mal vues, la diction sans a
311 ir ce qui se passe à Berne, et si le gouvernement sera renversé : nous avons vu qu’il ne peut jamais l’être. Les arguments t
312 a renversé : nous avons vu qu’il ne peut jamais l’ être . Les arguments techniques échangés avec une calme compétence par des
313 des finances, ou de l’administration publique, ne sont pas de nature à soulever l’enthousiasme ou l’indignation. En revanche
314 lit les comptes rendus des sessions, voit que ce sont ses affaires personnelles qui sont en cause : son salaire, ses primes
315 s, voit que ce sont ses affaires personnelles qui sont en cause : son salaire, ses primes d’assurance, le prix de la viande,
316 ériodes d’instructions militaires, les impôts. Il serait donc injuste d’affirmer que le Parlement manque de contact avec la po
317 ue, peut très bien signifier que le peuple suisse est satisfait de ses institutions et ne se pose pas de question de princi
318 stitutions saines et qui fonctionnent sans accroc sont normalement un peu ennuyeuses. Les Suisses savent bien qu’on ne fait
319 ies pour que le mécanisme joue. Cette tolérance n’ est pas seulement morale, ce « jeu » est prévu par les lois : ce sont les
320 tolérance n’est pas seulement morale, ce « jeu » est prévu par les lois : ce sont les droits d’initiative, et surtout de r
321 nt morale, ce « jeu » est prévu par les lois : ce sont les droits d’initiative, et surtout de référendum qui le ménagent. Gr
322 initiative19. » Rien de ce qui se passe à Berne n’ est donc irrémédiable, ne doit être pris au tragique. La Constitution pré
323 se passe à Berne n’est donc irrémédiable, ne doit être pris au tragique. La Constitution prévoit que « les lois et les arrêt
324 et les arrêts fédéraux de portée générale doivent être soumis à l’adoption ou au rejet du peuple lorsque la demande en est f
325 ption ou au rejet du peuple lorsque la demande en est faite par 30 000 citoyens actifs ou par huit cantons » (art. 89) et i
326 r les traités internationaux de longue durée. Tel est le droit de référendum. Le droit d’initiative législative et constitu
327 as de doute : dans son ensemble, le peuple suisse est l’un des moins révolutionnaires et l’un des plus évolutionnistes de l
328 on finira par prévaloir. L’assurance-vieillesse a été récemment votée (6 juillet 1947) à une écrasante majorité (80 % des v
329 ère imposant qui manque à celle des empires. Elle est davantage l’histoire de la liberté humaine.  Et certes, le tableau q
330 il bien préciser que la petitesse du territoire n’ est pas en soi une garantie de liberté pour les peuples qui l’habitent :
331 t les masses ouvrières. Si rien de tout cela ne s’ est produit, le mérite en revient beaucoup plus au respect des principes
332 t dans ce sens que l’on a pu écrire : « La Suisse est une victoire de l’homme sur l’homme.20 » 7. G. Sauser-Hall, Guide
333 dit pacte Rossi ; puis il passa en France, où il fut créé pair et ambassadeur, et finalement mourut assassiné à Rome, étan
334 bassadeur, et finalement mourut assassiné à Rome, étant alors chef du gouvernement pontifical de Pie IX : c’était en 1848, l’
335 44 députés, puisqu’il y a 22 cantons, dont trois sont divisés en demi-cantons n’élisant chacun qu’un seul représentant. 17
5 1953, La Confédération helvétique. Chapitre III. Institutions et aspirations économiques
336 s qu’elles conditionnent ou qui, au contraire, se sont développées en réponse à ce challenge : la pauvreté du sol suisse. On
337 % vivent de l’industrie et du commerce. La Suisse est un des pays les plus industrialisés du monde. Cependant, près d’un qu
338 nde. Cependant, près d’un quart de son territoire est improductif, les matières premières (charbon, pétrole, fer, métaux pr
339 t presque totalement défaut, son marché intérieur est exigu, et elle n’a pas de colonies ni de débouchés sur la mer. Le dév
340 France développent l’horlogerie à Genève, où elle était née chez les orfèvres, et d’où elle se répandra vers le nord, dans le
341 ésistance de la population. Les cens et les dîmes sont abolis dans les campagnes. À partir de 1848, l’unification économique
342 848, l’unification économique de la Confédération étant acquise, l’industrie prend son plein essor, aux dépens de l’agricultu
343 ein essor, aux dépens de l’agriculture. Quels ont été les facteurs humains de cet essor, que rien ne faisait prévoir dans l
344 utre part, sur celles dont les frais de transport étaient minimes par rapport à la valeur intrinsèque : la soie, les métaux pré
345 et le condamnait à la supériorité. » Le problème était en effet le suivant : comment augmenter la valeur de ces produits coû
346 ortations indispensables ? La solution ne pouvait être recherchée que dans la qualité exceptionnelle du processus de transfo
347 tière première importée plus du travail. Et telle est , de nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. L
348 antité : l’ingéniosité technique, l’invention. Ce fut dès lors à leurs traditions scientifiques qu’ils firent appel. Nous d
349 les et les découvertes de ces mathématiciens, qui sont également à la base du régime des assurances, par l’utilisation ratio
350 jamais assez que la supériorité technique suisse est à base de culture : le fameux Polytechnicum de Zurich, dont la réputa
351 ameux Polytechnicum de Zurich, dont la réputation est mondiale, plonge ses racines dans un terroir de haute science, qui ne
352 es relations entre la science pure et l’industrie sont devenues organiques. Les « bureaux d’étude » jouent un rôle essentiel
353 vrant des bulletins de marche quand les résultats sont bons. L’Université de Neuchâtel a son laboratoire de recherches horlo
354 « proportionnellement à sa population, la Suisse est le premier pays du monde pour les inventions… Depuis 1925, on y a com
355 armi les plus connues et populaires de celles qui sont nées dans les laboratoires industriels de la Suisse : la crémaillère,
356 rales devint une source inépuisable d’énergie. Il serait curieux de décrire en détail le contraste entre les pays de houille n
357 de la propreté. Tout le monde sait que la Suisse est un pays propre, et même propret. Elle le doit en partie à son électri
358 ment à la distribution : 98 % des maisons suisses sont éclairées à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cuisini
359 sont éclairées à l’électricité, plus de la moitié sont pourvues de cuisinières électriques et de chauffe-eau à accumulation2
360 nt une certaine logique : c’est dire qu’elles ont été créées par les efforts humains plutôt que données par la nature. Il e
361 q branches principales de l’industrie suisse, qui sont (classées d’après le nombre des personnes qu’elles emploient) : la mé
362 ie, la fabrication des machines et des appareils, sont concentrées dans la partie orientale du pays, et plus particulièremen
363 le marché mondial les États-Unis eux-mêmes. Elles tiennent le second rang pour la fourniture des gros moteurs employés sur les p
364 ptées à la production de série. L’esprit suisse n’ est pas porté à la recherche de la quantité, des effets de masse, mais à
365 lise l’ouvrier. Les mêmes observations pourraient être faites à propos de l’industrie de la soie, des rubans, du coton et de
366 treprises, la Nestlé et les usines de Bâle. Elles sont symboliques du rôle de l’Europe dans le monde, depuis un siècle, en c
367 de l’industrie suisse, par un nouveau paradoxe, s’ est produit dans la période même qui a vu se multiplier dans le monde ent
368 sures protectionnistes. La nécessité d’exporter s’ est donc accrue en même temps que les barrières douanières s’élevaient au
369 douanières s’élevaient autour de la Suisse. Or il est peu de pays qui dépendent aussi étroitement des échanges internationa
370 es pays les plus fermés aux échanges. La Suisse s’ est donc mise à exporter ses techniques et ses techniciens, ses monteurs
371 uropéens. Dans la réalité économique, la Suisse s’ est éloignée de ses voisins européens pour se rapprocher des Amériques et
372 tteint. Dans certaines branches, les pourcentages sont encore plus frappants : 66 % de la production chimique, 75 % des mach
373 , 75 % des machines construites, 96 % des montres sont vendues à l’étranger. Ainsi les Suisses, si jalousement attachés à le
374 locaux et ennemis des aventures politiques qu’ils soient demeurés, n’en sont pas moins liés au monde entier — bien au-delà de
375 aventures politiques qu’ils soient demeurés, n’en sont pas moins liés au monde entier — bien au-delà de l’Europe — par les n
376 onomie générale du pays. La population agricole s’ est réduite en nombre absolu comme en pourcentage : 41 % en 1860, 22 % en
377 ce de famine rapide, même si la neutralité devait être une fois de plus respectée. C’est pourquoi, dès 1938, le Conseil fédé
378 r sur l’action de leurs coopératives locales, qui étaient au nombre de 17 584 en 1940. Et l’on peut ajouter que la structure fé
379 ée de sa production. L’appoint nécessaire ne peut être fourni, normalement, que par l’industrie du tourisme. C’est dire, une
380 fficilement un pays pour lequel l’idée d’autarcie soit plus utopique. ⁂ Les commentaires et même les chiffres que nous avons
381 nce. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’ est pas, comme dans les grands pays voisins, une de ces créations tentacu
382 contraire, sa naissance et son développement ont été strictement conditionnés par la psychologie profonde du peuple suisse
383 ue dans son régime politique. L’un et l’autre ont été faits sur mesure, ou mieux, il les a faits à sa mesure. L’examen du b
384 , tant des indigènes que des visiteurs étrangers, est que le niveau de vie moyen (celui du salarié en particulier) est nota
385 au de vie moyen (celui du salarié en particulier) est notablement plus élevé en Suisse que dans les pays voisins. Dans le b
386 ansports, les dettes et l’épargne.) Ces pour cent sont calculés sur un gain total de 8222 frs comprenant le salaire, les pre
387 différence avec le précédent, le total des gains étant cette fois de 10 389 frs. L’employé dépense un peu moins que l’ouvrie
388 primes d’assurances (9 %). Dans les deux cas, on est frappé par la part relativement faible de l’alimentation et des plais
389 forte du logement et de l’habillement. Le Suisse tient donc beaucoup plus que le Français ou l’Italien au confort matériel,
390 autour de lui, essentiellement industrielle. S’il est un « bon client » pour la technique moderne, le Suisse moyen l’est au
391 nt » pour la technique moderne, le Suisse moyen l’ est aussi, on l’aura vu, pour les compagnies d’assurance. Celles-ci sont
392 ra vu, pour les compagnies d’assurance. Celles-ci sont au nombre de 48 en Suisse, y compris 7 compagnies de réassurance, qui
393 ur chiffre d’affaires. La plupart de ces sociétés sont établies sur un plan international, et la moitié des primes qui leur
394 n international, et la moitié des primes qui leur sont payées — un milliard de francs suisses par an — provient des polices
395 t de chômage. La loi sur l’assurance-vieillesse a été votée par 80 % de la population en 1947. On pourrait épiloguer longue
396 ibles, assuré quant aux risques immédiats. ⁂ S’il est vrai que le peuple suisse, dans son ensemble est adapté à son économi
397 est vrai que le peuple suisse, dans son ensemble est adapté à son économie, celle-ci s’étant développée selon ses goûts et
398 on ensemble est adapté à son économie, celle-ci s’ étant développée selon ses goûts et ses besoins, il doit en résulter un cer
399 onne la Suisse. Les inégalités de niveau de vie y sont moins marquées que dans les grands pays qui l’entourent. Le morcellem
400 pays qui l’entourent. Le morcellement des terres est très poussé, la grande propriété inconnue. La misère n’est jamais mas
401 poussé, la grande propriété inconnue. La misère n’ est jamais massive : elle ne caractérise pas au premier coup d’œil, comme
402 s la croient inexistante. Les grandes fortunes ne sont guère plus voyantes. Le luxe ne s’étale pas en fêtes et en extravagan
403 générale, moins inégalement répartie qu’ailleurs, est -elle confirmée par les chiffres ? Les dernières statistiques fédérale
404 nt augmenté d’environ 73 %, alors que la hausse n’ était pour les employeurs, que de 29 à 38 % selon les catégories. Si l’on t
405 n tenait compte des impôts directs, la différence serait encore plus frappante. La part du revenu national allant aux salariés
406 1 215 301 1946 553 234 212 La part du capital est donc tombée de 30 à 20 % environ. Encore faut-il relever qu’elle comp
407 es et des sociétés d’assurances mutuelles, qui ne sont pas précisément « capitalistes ». Ce n’est pas entre les classes que
408 ui ne sont pas précisément « capitalistes ». Ce n’ est pas entre les classes que l’on observe les plus grands contrastes, ma
409 lation. Les régions pauvres et les régions riches sont demeurées relativement les unes aux autres, ce qu’elles étaient en ré
410 ées relativement les unes aux autres, ce qu’elles étaient en régime clos, — mais le niveau général s’est élevé. On ne peut s’em
411 taient en régime clos, — mais le niveau général s’ est élevé. On ne peut s’empêcher de penser que ce précédent vaut pour l’e
412 x CGT française ou italienne, en ce sens qu’elles sont beaucoup plus des associations d’entraide sociale que des foyers d’ag
413 et même des hôtels, dont certaines d’entre elles sont propriétaires. La lutte pour l’amélioration des salaires et des contr
414 stitue, aux yeux de la bourgeoisie, leur raison d’ être principale, mais on vient de voir que leurs préoccupations véritables
415 vité. C’est au point que les syndicats romands se sont donné un secrétariat régional, qui se montre assez frondeur à l’égard
416 ur à l’égard du secrétariat central dont le siège est en Suisse alémanique. On se trouve donc en présence d’une double orga
417 ale » par unions locales et cartels cantonaux. Il serait difficile, dans ces conditions, d’imaginer qu’une grève puisse s’éten
418 ds industriels et de banquiers, dont la puissance est réputée considérable. Les grandes Unions de paysans ou d’artisans off
419 mêmes caractéristiques que les syndicats : elles sont et restent avant tout des associations de défense des intérêts économ
420 plus libéraux ou « fédéralistes » d’entre eux ne sont pas les derniers à revendiquer la « manne de l’État ». Les coopérativ
421 rairies en Valais, par le système des « bisses », est une activité collective, dépendant des communes. Le régime de la peti
422 sition de leurs membres des machines dont l’achat serait trop onéreux pour l’exploitant, des caves communes, des services de v
423 t, la Suisse peut paraître « américanisée », ce n’ est qu’à certaines apparences matérielles et matérialistes qu’elle le doi
424 t matérialistes qu’elle le doit. En réalité, nous sommes en présence d’une société hiérarchisée par des traditions, non par l’
425 antagonismes entre les classes de producteurs ne sont pas d’ordre idéologique, en tout cas le sont moins qu’ailleurs en Eur
426 s ne sont pas d’ordre idéologique, en tout cas le sont moins qu’ailleurs en Europe, beaucoup moins qu’en France ou en Allema
427 ’ils ne semblent le croire eux-mêmes. Il pourrait être caractérisé par une tendance générale à préférer l’efficacité immédia
428 ant des institutions politiques. Certes, la lutte est serrée entre les libéraux et les dirigistes, comme elle l’est entre l
429 ntre les libéraux et les dirigistes, comme elle l’ est entre les « fédéralistes » et les centralistes. Cependant, l’on ne tr
430 ant, l’on ne trouvera guère de socialistes qui ne soient en même temps fédéralistes dans une certaine mesure, ou de grands ind
431 ostes et celle des chemins de fer (cette dernière étant l’une des rares exploitations « nationalisées » qui aient été parfois
432 s rares exploitations « nationalisées » qui aient été parfois bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices sont pour 7
433 bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices sont pour 70 % aux mains des corporations de droit public. L’État fédéral
434 banques privées avec l’étranger. La Radio suisse est une fédération de studios locaux largement autonomes, mais le Conseil
435 relève des PTT, donc de l’État. Ce régime mixte s’ est développé en Suisse sous la pression des nécessités pratiques de l’ép
436 ur à s’adapter, qu’on peut reprocher aux Suisses, est une nécessité profonde de leur économie, si dangereusement liée, nous
437 e 22,2 % et 20,32 % pour les dernières années, et sont en baisse constante depuis 1860. 22. André Siegfried, op. cit., p. 7
438 159. La moyenne annuelle des brevets enregistrés est d’environ 5600. 24. L’Annuaire statistique de la Suisse ajoute en n
439 ers les USA). En 1948 : 59,8 % et 40,2 %. 26. II est intéressant de noter que la part de l’alimentation dans le budget a d
6 1953, La Confédération helvétique. Chapitre IV. La famille et l’éducation
440 i appartiennent à la civilisation occidentale, il est classique de distinguer entre familles rurales et citadines, catholiq
441 ins vingt types de familles suisses, si l’on s’en tenait aux seuls facteurs énumérés et à leurs combinaisons. Car il existe de
442 dans chacun de ces domaines linguistiques, il en est de rurales et de citadines, les unes pauvres et les autres riches, ce
443 mpare deux demi-cantons contigus, qui se trouvent être à la fois de langue allemande, ruraux, relativement pauvres, et qui n
444 que par la religion, nous trouvons que la moyenne est de 2,56 pour Appenzell Rhodes-Extérieures (protestant), et de 4,10 po
445 t moyennement aisées, d’en avoir le moins. Ce qui est particulier à la Suisse, c’est la juxtaposition de ces extrêmes, entr
446 es possibles. Si nous cherchons maintenant quelle est la proportion des divorces, nous trouverons pour les trois communauté
447 mble de la Suisse, en 1940, l’indice des divorces était de 3,59 pour 1000 couples. Seul de tous les pays d’Europe, le Danemar
448 indice de 4,32 %. Vers 1940, le mariage en Suisse était donc moins stable qu’en France (2,33 %), qu’en Suède (2,63 %), et mêm
449 (2,63 %), et même qu’en Allemagne (3,14 %) s’il l’ était plus qu’aux États-Unis (8,54 %) où la situation s’est encore aggravée
450 plus qu’aux États-Unis (8,54 %) où la situation s’ est encore aggravée après la Seconde Guerre mondiale28. Cependant, la fid
451 tant de divorces. La Suisse, divisée en cantons, est un pays où « tout le monde se connaît », où le contrôle social et le
452 t Suisse qui n’accomplit pas de service militaire est calculé partiellement d’après la fortune des parents ; le fils est do
453 ellement d’après la fortune des parents ; le fils est donc censé connaître le montant de celle-ci et ses variations, d’anné
454 variations, d’année en année. Les droits du père sont demeurés prépondérants. Il est « le chef de l’union conjugale ». C’es
455 es droits du père sont demeurés prépondérants. Il est « le chef de l’union conjugale ». C’est lui qui administre les biens
456 r une profession qu’avec son consentement. Elle n’ est pas son égale en droit. Cette situation provoque les protestations fr
457 iations féminines, mais elle ne semble pas près d’ être modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui persiste
458 lle ne semble pas près d’être modifiée. La Suisse est en effet l’un des derniers États qui persiste à refuser les droits po
459 ns publiques. Les consultations populaires qui se sont multipliées depuis une vingtaine d’années donnent des résultats négat
460 taine d’années donnent des résultats négatifs. Il est frappant de constater que les cantons à majorité socialiste ne se mon
461 mmes leur refusent. Une telle anomalie ne saurait être expliquée par les seuls motifs rationnels qu’on en donne dans la pres
462 s. En Angleterre ou en France, dit-on, la femme n’ est guère appelée à voter qu’une fois l’an, ou moins souvent encore, lors
463 et fédérales. (Sur le seul plan fédéral, où elles sont pourtant le moins fréquentes, on en compte parfois six par an.) Comme
464 e opinion ? L’argument vaut ce qu’il vaut, mais n’ est évidemment pas suffisant. À l’origine de la méfiance des Suisses, dan
465 er voter à la Landsgemeinde ; ses droits civiques sont liés à sa force, à sa qualité militaire. Quant à la femme, repos du g
466 ngt au moins. C’est ensuite que le souci éducatif est comme diffus dans toute l’atmosphère suisse, famille, sociétés, syndi
467 sociétés, syndicats, armée, écoles. « Tout Suisse est pédagogue », répètent les auteurs suisses. Et cela s’explique aisémen
468 sé de vingt-cinq patries minuscules, la tolérance est une nécessité vitale. Mais s’il n’est pas question d’éliminer le vois
469 a tolérance est une nécessité vitale. Mais s’il n’ est pas question d’éliminer le voisin qui diffère, on cherche au moins à
470 ocurer. Or le génie technique, surtout en Suisse, est affaire de tradition, de transmission personnelle de père en fils, de
471 nelle de père en fils, de maître en apprenti : il est fait de mille conseils et petites démonstrations. Ces dispositions ps
472 ne de l’éducation et de la pédagogie. La première est celle qui régit l’enseignement primaire. Elle pourrait être caractéri
473 qui régit l’enseignement primaire. Elle pourrait être caractérisée par les traits suivants : un égalitarisme à base de méfi
474 nel. Certes, Calvin disait déjà : « La république est au collège. » Mais son collège était une école du chrétien, sa discip
475  La république est au collège. » Mais son collège était une école du chrétien, sa discipline celle de la vérité biblique tran
476 anscendante et révélée. L’école primaire laïque n’ est plus guère inspirée que par une morale toute formelle, et se borne st
477 ue, qui se développe parallèlement à la première, est celle de l’école nouvelle. Elle se réclame de deux grands ancêtres su
478 n « développement harmonieux des facultés ». On s’ est gaussé de leurs expériences et de l’apparente anarchie qui règne dans
479 « Je veux l’homme maître de lui-même, afin qu’il soit mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’«
480 t mieux le serviteur de tous. » Quels qu’aient pu être les excès de l’« école nouvelle » à ses débuts, ou les conséquences e
481  » à ses débuts, ou les conséquences extrêmes qui furent parfois tirées par l’Amérique des théories de l’Institut Rousseau, il
482 ’Amérique des théories de l’Institut Rousseau, il est incontestable que l’avant-garde pédagogique de Genève a contribué à a
483 es-Dalcroze, la gymnastique, les travaux manuels, tiennent beaucoup plus de place dans les programmes suisses que ce n’est le ca
484 lus de place dans les programmes suisses que ce n’ est le cas en France, mais les sports y sont moins envahissants qu’en Amé
485 que ce n’est le cas en France, mais les sports y sont moins envahissants qu’en Amérique. En général, l’élève suisse acquier
486 ernes. Les expériences de l’« école nouvelle » se sont bornées jusqu’ici au secteur privé (kindergarten ou instituts d’étude
487 ement, il importe de rappeler tout d’abord qu’ils sont organisés sur une base cantonale, voire communale, et non pas fédéral
488 ès). Dans toute la Suisse, l’instruction primaire est à la fois obligatoire et gratuite. Les écoles privées ou l’enseigneme
489 te. Les écoles privées ou l’enseignement familial sont autorisés, mais à la condition que les élèves ainsi formés puissent p
490 ’à l’âge de 12 ou 13, selon les cantons. Quel que soit leur niveau social, qu’ils deviennent plus tard ouvriers ou professeu
491 c côte à côte la même formation de base, qui leur est donnée dans un esprit non seulement d’égalité, mais d’égalitarisme in
492 (renouvelé plus tard dans les écoles de recrues) est un des traits particuliers de la démocratie suisse moderne, née de la
493 la Constitution de 1848. La coéducation des sexes est encore combattue en théorie dans les cantons catholiques, mais elle e
494 n théorie dans les cantons catholiques, mais elle est pratiquée un peu partout. Quelques cantons laissent aux communes le s
495 ’enseignement, car non seulement les « écolages » sont interdits par la Constitution, mais encore, dans la plupart des canto
496 des cantons, les manuels et le matériel scolaire sont fournis sans frais aux élèves. Ce régime n’est rendu praticable, dans
497 e sont fournis sans frais aux élèves. Ce régime n’ est rendu praticable, dans les cantons pauvres, que par l’octroi de subve
498 eurs droits souverains en matière d’enseignement, sont au contraire mis en mesure de les mieux exercer par l’appoint matérie
499 t cantonal émet des directives générales, mais ce sont les communes qui gardent le soin de l’administration des écoles et de
500 école, les familles et la cité »32. Si variés que soient les types d’écoles primaires ou secondaires, partout adaptés aux circ
501 autre part, les écoles secondaires. Ces dernières sont tantôt communales ou cantonales, tantôt sous la dépendance d’une asso
502 ternats réservés aux jeunes étrangers). Certaines sont fort anciennes, comme le Collège de Genève, fondé par Calvin, et les
503 de la Suisse alémanique. La part des humanités y est très variable. Elle définit le style de l’établissement, ou de ses su
504 niques, au détriment des humanités. La rhétorique est à peu près abandonnée (sauf dans quelques collèges catholiques) et la
505 éat. Un type d’examens de « maturité fédérale » a été créé, et les certificats de « maturité » délivrés par les collèges ca
506 r une Université et une école polytechnique ». Il est remarquable que seule la seconde ait été créée. Les universités canto
507 ue ». Il est remarquable que seule la seconde ait été créée. Les universités cantonales, à vrai dire, sont fort nombreuses 
508 é créée. Les universités cantonales, à vrai dire, sont fort nombreuses : sept pour un pays de 4,5 millions d’habitants, et p
509 ique et morale aussi large que possible. Elles ne sont à aucun degré soumises à une doctrine d’État unifiée, mais reflètent
510 igieuses. Celles de Genève, Lausanne et Neuchâtel sont françaises et marquées par l’esprit protestant ; celle de Fribourg, c
511 européenne. Il faut croire que le besoin ne s’en est pas fait sentir assez fortement pour surmonter les tendances particul
512 ssemblables, ne ressurgit périodiquement que pour être repoussée aussitôt, avec une sorte d’indignation, par l’opinion publi
513 fédéralistes de la Constitution helvétique35. Il est caractéristique que le seul établissement qui dépende de l’État fédér
514 l’État fédéral, l’École polytechnique de Zurich, soit un institut de recherches et de préparation pratique, dans lequel, pa
515 la capitale, si typique de la France centralisée, est inconnu en Suisse, puisque aucune des sept universités ne saurait êtr
516 e, puisque aucune des sept universités ne saurait être considérée comme plus ou moins « provinciale » qu’une autre. Chacune
517 le en qualité de ses voisines. Les plus anciennes sont celle de Bâle, qui florissait à la Renaissance avec Érasme, et celle
518 ipaux journaux de Genève, de Bâle ou de Zurich se sont acquis la réputation de « faire la leçon » au monde entier. À la fin
519 4-18, Clemenceau disait, paraît-il : « Les Alliés seraient disposés à faire la paix avec l’Allemagne, mais la Gazette de Lausan
520 erçoit que cette réputation de moralisme prêcheur tient davantage à la légende d’une Suisse calviniste, qu’à la réalité prése
521 goût de l’analyse objective des situations. Ce n’ est pas une presse de combat, mais de commentaires et de prudentes mises
522 jets d’histoire, de sciences ou de littérature, y tiennent une place importante, en première page. Quant à la radio, écoutée par
523 e, des retransmissions de cérémonies publiques, y est un peu plus grande qu’ailleurs, comme on doit s’y attendre dans un pa
524 profonde que reçoivent les citoyens suisses, leur est donnée par le service militaire. L’armée L’armée suisse est une
525 e service militaire. L’armée L’armée suisse est une armée de milices. La Constitution fédérale interdit à la Confédér
526 ulte qu’à un degré jamais atteint en Europe, elle est vraiment la chose du peuple, et populaire aux deux sens du terme. L’a
527 te guère que chez quelques individus isolés, il n’ est pas le fait de toute une classe ou d’un parti. Passer pour un bon sol
528 rti. Passer pour un bon soldat ou un bon officier est généralement « bien vu » dans toutes les couches de la population. La
529 de l’intégration parfaite de l’armée à la nation est fournie par ce simple fait : chaque soldat suisse entre les périodes
530 caste militaire, toute mêlée à la vie du peuple, est devenue, depuis 1848, l’agent principal de l’helvétisation du pays. A
531 itoyen valide de passer par une école de recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il devienne officier, prolonge et renouve
532 ar une école de recrues, soit qu’il reste soldat, soit qu’il devienne officier, prolonge et renouvelle le brassage des class
533 ur pour sa section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu de faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne p
534 our sa section ou sa compagnie, à laquelle il est tenu de faire chaque jour une brève causerie ou « théorie », qui ne porte
535 l. 28. Cette aggravation, d’ailleurs générale, est très inégalement ressentie par les pays qui ont fait la guerre et les
536 es. En 1946, l’indice des divorces pour la Suisse était de 4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux U
537 ndice des divorces pour la Suisse était de 4,8 %, soit un divorce pour neuf mariages conclus, tandis qu’aux US on comptait,
538 lix Bovet, écrivait : « Cet enfant m’inquiète, il est trop avancé, il se développe trop… Il faudra le mettre à l’école, dit
539 stituant un secrétariat scolaire fédéral, qui eût été chargé de préparer une loi uniforme sur l’enseignement primaire. Cett
540 primaire. Cette tentative centralisatrice n’a pas été renouvelée. 34. Pendant la saison d’hiver 1946-1947, il y avait un p
541 ités (dont 3250 étudiantes). Un cinquième environ étaient étrangers. 35. C’est ainsi que la Constitution turque actuellement e
542 ue la Constitution turque actuellement en vigueur est l’œuvre d’un professeur de droit de Neuchâtel, M. G. Sauser-Hall. 36
543 tut des hautes études internationales de Genève : soit onze établissements de rang universitaire. 37. Un sur 4 au Danemark,
7 1953, La Confédération helvétique. Chapitre V. La vie religieuse
544 Rhône. Au ive siècle, une communauté chrétienne est établie à Genève, Bâle est déjà le siège d’un évêché, de même que Mar
545 communauté chrétienne est établie à Genève, Bâle est déjà le siège d’un évêché, de même que Martigny en Valais. Au ve siè
546 Valais. Au ve siècle, ces territoires romanisés sont envahis par les Burgondes, peuplade germanique naguère battue par Aet
547 r Aetius et refoulée jusqu’en Savoie, d’où elle s’ est répandue sur la Bourgogne actuelle pour y fonder un royaume indépenda
548 tagnes et les cavernes. Leur organisation sociale est nettement plus « démocratique » que celle des Burgondes, grands propr
549 esté burgonde, la plus grande partie de la Suisse est donc redevenue païenne au vie siècle. Lorsque les missionnaires Colo
550 Rome, mais un fonds celtique plus ancien qui leur est congénial, et sur lequel ils appuieront leur effort d’évangélisation,
551 sation, en sorte que le christianisme, en Suisse, sera le dernier rejeton de la « civilisation de Iona » comme dirait Arnold
552 nt que contre les Habsbourg. L’un des plus fameux est celui d’Einsiedeln, situé en plein cœur de la Suisse primitive, et d’
553 ovations religieuses de Zurich. L’esprit clérical était prononcé, et ses abus non moins criants qu’en Allemagne. La vie intel
554 iants qu’en Allemagne. La vie intellectuelle ne s’ était éveillée que tardivement, au xve siècle. L’Université de Bâle, fondé
555 nsi que la secte des Amis de Dieu, dont le centre était à Strasbourg, comptait beaucoup de disciples chez les Suisses : Nicol
556 a définitivement à Genève qu’en 1540. Or Genève n’ est liée aux Suisses que par quelques traités de combourgeoisie. Elle ne
557 des premières guerres civiles religieuses. Et ce sont les deux villes soumises à son influence, Zurich et Berne, qui prendr
558 partage de la Suisse entre les deux confessions s’ est opéré dans ses grandes lignes. Il variera très peu au cours des siècl
559 uerre de Villmergen », en 1712 seulement. Et ce n’ est qu’après avoir écrasé une dernière tentative séparatiste des catholiq
560 s la Réforme. Mais d’importantes modifications se sont manifestées dans la répartition géographique des deux principales con
561 ard encore pratiquement, le droit d’établissement était refusé par les cantons aux Suisses d’une confession différente de cel
562 de cantons à majorité protestante (la plus forte étant celle du canton de Berne, où l’on ne trouve qu’un catholique pour sep
563 n totale aux alliances particulières des cantons, soit entre eux, soit avec l’étranger. Les conceptions politiques de Nicola
564 iances particulières des cantons, soit entre eux, soit avec l’étranger. Les conceptions politiques de Nicolas de Flue et de
565 ambitieux risquerait de troubler la paix, et l’on est prudent. On ne rayonne donc pas. On se respecte à distance et même on
566 ier le fait déjà remarquable que le peuple suisse est acquis au respect effectif des consciences, il ne comprend plus les m
567 t de violence en matière de religion. Que nous en soyons arrivés là, en quelques décades, au sortir d’un état de guerre sécula
568 ir d’un état de guerre séculaire, montre ce qu’il est permis d’attendre d’un régime de liberté contrôlée, fondé sur la fran
569 de superstitions ; tandis que le catholique moyen tient le protestant pour un demi-incrédule, prisonnier d’une morale austère
570 e de nuance proprement helvétique ? La question n’ est pas sans intérêt, car elle soulève celle des rapports entre le régime
571 édéraliste et la religion. La Réforme, en Suisse, fut l’œuvre personnelle de Zwingli, et dans l’ensemble, le protestantisme
572 gli, et dans l’ensemble, le protestantisme suisse est resté beaucoup plus zwinglien que calviniste. Non point qu’on lise en
573 es du réformateur de Zurich, ni que ses doctrines soient enseignées. Mais il a proposé aux Suisses la forme de religion qui co
574 d’entre eux. Calvin, dès son arrivée à Genève, s’ est heurté à des résistances typiquement suisses, et ne les a jamais surm
575 es formes liturgiques qu’il préconisait n’ont pas été adoptées. Sa rigueur doctrinale, toute latine, est restée étrangère à
576 té adoptées. Sa rigueur doctrinale, toute latine, est restée étrangère à un peuple qui se méfie des positions tranchées, de
577 ves de l’Église de celles de l’État, n’ont jamais été bien compris. Le culte zwinglien, au contraire, correspond au « démoc
578 (le choral luthérien et le psaume calviniste n’y sont entrés que plus tard), ce culte paraît d’autant plus pur qu’il est pl
579 us tard), ce culte paraît d’autant plus pur qu’il est plus dépouillé. Les cérémonies pompeuses, les vêtements ecclésiastiqu
580 tiques, les fêtes, les symboles, les hiérarchies, sont taxés d’« hypocrisie »41. L’extrême appauvrissement des formes cultur
581 urelles, chez les protestants suisses, ne saurait être attribué à la seule influence de Zwingli. Il traduit d’une part la vo
582 nsigeant, et aussi une pudeur profonde. Le Suisse est plus naturellement porté qu’aucun autre Européen à traiter de « singe
583 n à traiter de « singerie » toute expression tant soit peu spontanée de la ferveur religieuse, et toute dévotion publique lu
584 dévotion publique lui paraît « théâtrale ». Ce n’ est pas que le sentiment, ni même le sentimentalisme, soit absent des cér
585 pas que le sentiment, ni même le sentimentalisme, soit absent des cérémonies les plus dépouillées qu’il tolère : le mouvemen
586 sobriété. L’organisation des églises protestantes est calquée sur la structure fédéraliste du pays. Elle est presbytérienne
587 alquée sur la structure fédéraliste du pays. Elle est presbytérienne, comme l’autre est collégiale. Liées à l’État, ou libr
588 e du pays. Elle est presbytérienne, comme l’autre est collégiale. Liées à l’État, ou libres et vivant des dons des fidèles,
589 « l’Église suisse » comme telle n’existe guère, n’ est qu’une fédération assez lâche d’Églises cantonales, et pourrait diffi
590 églises protestantes, de par leur structure même, sont non seulement décentralisées, mais antiunitaires — ce qui n’empêche p
591 ans les villes protestantes — l’Église catholique est « fédéraliste » pour des raisons historiques bien déterminées, mais q
592 raisons historiques bien déterminées, mais qui ne sont pas dictées nécessairement par sa doctrine. Du point de vue de l’orga
593 doctrine. Du point de vue de l’organisation, elle est unitaire, comme ailleurs. Ses diocèses dépendent de Rome. Du point de
594 l’attitude des théoriciens du parti catholique n’ est pas seulement inspirée par le statut minoritaire de leur confession.
595 édération moderne, c’est-à-dire les radicaux, ont été conduits par le souci d’éliminer le plus possible l’influence politiq
596 ur la solidité du lien confédéral. Les Suisses ne sont pas anticléricaux, pour la raison que le cléricalisme a depuis longte
597 que l’État demeure officiellement laïque, il ne l’ est plus d’une manière agressive, ou même volontaire. L’action individuel
598 ues chrétiens, sensible dans plus d’un domaine, n’ est pas entravée par l’opinion publique ou les partis, bien au contraire.
599 es partis, bien au contraire. Et si la religion n’ est présentée dans les discours officiels que sous l’espèce de clichés qu
600 ans leur prospérité. Une seule exception mérite d’ être signalée à la règle laïque, gage de la paix confessionnelle : c’est l
601 ciels, généralement rédigés par les églises. Elle est devenue prétexte à des « menus de Jeûne » fort abondants, qu’annoncen
602 s restaurants. La religion des Suisses ne saurait être mesurée à ses manifestations extérieures. Plus morale que rituelle, e
603 en ont les Allemands, les Hongrois, les Anglais — sont aussi impressionnés par un Monseigneur romain que les farouches répub
604 en visite à Paris. 42. Les syndicats catholiques sont indépendants de ce parti, et beaucoup plus progressistes.
8 1953, La Confédération helvétique. Chapitre VI. Le peuple suisse et le monde
605 nts, pour établir en toute clarté que la Suisse n’ est pas une nation, au sens que le terme a pris pendant le xixe siècle,
606 pendant le xixe siècle, et qu’en conséquence, il serait vain de chercher, dans son peuple ou sa littérature, les témoignages
607 lème des minorités ne se pose pas : chaque groupe étant simultanément minoritaire par rapport à l’ensemble des autres, et maj
608 r le serment. Que cet État et cette communauté se soient constitués très lentement, par un processus organique et, semble-t-il
609 prémédité, nul ne songerait à le nier. Mais il n’ est pas moins évident que la Suisse moderne a pris conscience d’elle-même
610 le de ce lien politique, tous les auteurs suisses sont d’accord. Citons-en trois : un homme d’État, un général, un romancier
611  : Un peuple qui a la structure du nôtre, et qui est accoutumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun de ses membres,
612 ses, soulignait sa nécessité : Si le fédéralisme est la sauvegarde du pays, l’unification serait sa perte. Laissons aux ca
613 éralisme est la sauvegarde du pays, l’unification serait sa perte. Laissons aux cantons leur particularisme, comme à nos régim
614 e voulons pas nous fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain de vouloir unifier les Suisses que de tenter de niveler le
615 r de niveler leurs montagnes ! Si les différences sont ineffaçables, elles ne nuisent pas à la cohésion nationale. Genève a
616  ; toute la Suisse a son 1er août ! Et si l’armée est la seule éducation générale qu’un peuple, aussi divers que le nôtre,
617 , peut admettre, l’esprit du régiment de Genève n’ est cependant pas celui des régiments de Berne ou des Grisons, pas plus q
618 ui des régiments vaudois ou valaisans ; mais tous sont cependant unis sous le même drapeau. Près d’un siècle auparavant, Go
619 rsité la véritable « école de l’amitié » : Qu’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne soient pas sortis du même mo
620 u’il est donc réjouissant que tous les Suisses ne soient pas sortis du même moule, qu’il y ait des Zurichois et des Bernois, d
621 l’irréflexion de la jeunesse et de l’enfance, je tenais la beauté du pays pour un mérite historique et politique, en quelque
622 netés et de bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer
623 quel devait être tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’armer au combat en tant qu’individu, parti
624 ins hitlérien et fasciste, nous lisons : Quelles sont les constantes qui déterminent l’esprit et le statut politique partic
625 dignité et de la liberté humaine. Là encore, il est remarquable que l’« appartenance de la Suisse à trois grandes civilis
626 ance de la Suisse à trois grandes civilisations » soit mentionnée précisément comme une des raisons d’être de cet État, quan
627 it mentionnée précisément comme une des raisons d’ être de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pa
628 re de cet État, quand elle pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les t
629 le pourrait si bien avoir été sa raison de ne pas être , ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances communes qui ont
630 aison de ne pas être, ou de se disloquer. Quelles sont donc les tendances communes qui ont réussi à compenser les tendances
631 t qu’une telle culture ait jamais existé, qu’elle soit possible, ou même souhaitable. Ce qui est vérifiable et certain, c’es
632 u’elle soit possible, ou même souhaitable. Ce qui est vérifiable et certain, c’est que chacun des trois groupes romand, alé
633 maniques donnent aux Français l’impression qu’ils sont Allemands, mais ne la donnent pas aux Allemands. Ils sont rarement bl
634 emands, mais ne la donnent pas aux Allemands. Ils sont rarement blonds, souvent noirs de cheveux et bruns de peau. Dans la v
635 allemand officiel (Hochdeutsch ou Schriftdeutsch) étant réservé aux journaux, à la littérature et aux universités. Le dialect
636 ance en ce domaine. Dès le xviiie siècle, elle a tenu sa part, au moins à égalité, dans le concert des voix germaniques. Bo
637 eller, un Jeremias Gotthelf, un Jakob Burckhardt, tiennent le premier rang dans la poésie, le roman, la philosophie de l’histoir
638 res entre Alémaniques et Allemands ne doivent pas être cherchées sur ce plan. Elles se manifestent beaucoup plus clairement
639 la manière la plus précise — de même que son pays est compartimenté — et congénitalement méfiant à l’égard des chefs politi
640 âle. Pendant la guerre de 14-18, la Suisse neutre fut divisée en deux camps, l’un proallemand à l’est de l’Aar, l’autre pro
641 e fut divisée en deux camps, l’un proallemand à l’ est de l’Aar, l’autre proallié à l’ouest. Mais l’arrivée de Hitler au pou
642 ctuels, coupés de leurs bases depuis 1933, ils se sont vu devenir subitement les derniers dépositaires de la culture germani
643 a pas de dialectes romands. Le français de France est la langue de tous les jours et non pas seulement de la littérature ou
644 xpressions locales, héritées d’anciens patois, ne sont pas plus nombreuses qu’en n’importe quelle autre province du domaine
645 usanne, Neuchâtel et Fribourg, les trois premiers sont protestants, le quatrième catholique. Cet émiettement d’un groupe déj
646 lons-le — n’a jamais permis à la Suisse romande d’ être à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne ; d
647 de d’être à la France ce que la Suisse alémanique fut souvent à l’Allemagne ; du moins l’a-t-il protégée dans une large mes
648 tion exercée par Paris. Littérairement, le Romand est un Français, s’il atteint la stature d’un Rousseau, d’une Mme de Staë
649 Benjamin Constant, d’un Amiel45 ; moralement, il est un protestant, avec tout ce que cela comporte d’étrangeté par rapport
650 e culture catholique46 ; politiquement, enfin, il est un Suisse. Laissons ici la parole à un auteur français qui a su dire
651 ns de nos défauts, dont ils se font une élégance, étant entendu que, ne les ayant qu’à dose homéopathique, sans péril aucun,
652 portent, je crois, sur les ressemblances, et nous serions tentés, quant à nous, de les voir un peu — qualités et défauts — comm
653 me ils voient les Bernois. Par rapport à nous, je serais tenté de chercher la différence essentielle dans le fait que, rattach
654 ur démocratie qui n’a rien, ou presque, de latin, est une démocratie helvétique. Ils ne se cachent pas du reste de redouter
655 te de redouter nos conceptions politiques : ce ne sont chez eux que des minorités qui s’en réclament, encore que l’influence
656 lament, encore que l’influence de notre voisinage soit et ait toujours été importante, mais ils finissent le plus souvent pa
657 influence de notre voisinage soit et ait toujours été importante, mais ils finissent le plus souvent par désavouer nos prin
658 à la Confédération en 1803 seulement, après avoir été longtemps soumis à leurs « magnifiques seigneurs » alémaniques en tan
659 ion, à l’Italie du Nord. Leur esprit libertaire n’ est pas un héritage suisse, mais il remonte directement au mouvement des
660 mbardes, dont nous avons vu par ailleurs qu’il ne fut pas sans influence sur les premiers pactes fédéraux. Leur parler cour
661 les premiers pactes fédéraux. Leur parler courant est un dialecte semblable à celui du Milanais. La langue officielle est l
662 mblable à celui du Milanais. La langue officielle est l’italien, qui n’est pas seulement utilisé par 146 000 Tessinois, mai
663 lanais. La langue officielle est l’italien, qui n’ est pas seulement utilisé par 146 000 Tessinois, mais par un nombre crois
664 ès rapidement depuis 1848, et c’est du Tessin que sont venus quelques-uns des hommes politiques qui ont le mieux exprimé la
665 s constituent une minorité parfaitement autonome, étant seuls dans toute l’Europe à parler et à écrire leur langue celto-roma
666 provençal. ⁂ La vocation européenne de la Suisse est donc clairement inscrite dans son « appartenance à trois grandes civi
667 n un seul et même point : le Saint-Gothard. Ce n’ est pas par hasard que les premières ligues suisses ont pris naissance pr
668 ivise et unit à la fois ces trois territoires. Ce serait une entreprise vaine que de vouloir séparer la culture de notre pays
669 a culture de notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changeant et accidentel ne doit pas reléguer d
670 celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changeant et accidentel ne doit pas reléguer dans l’ombre ce qui est
671 cidentel ne doit pas reléguer dans l’ombre ce qui est durable et substantiel. Selon le Tessinois Giuseppe Zoppi, le Tessin
672 e la culture italienne ; un raisonnement analogue est vrai aussi pour les Suisses romands et pour les Suisses alémaniques.
673 llemande, française et italienne. L’idée suisse n’ est pas un produit de la race, c’est-à-dire de la chair, mais une œuvre d
674 le sens et la mission de notre État fédératif, n’ est au fond pas autre chose que la victoire, sur le plan politique, de la
675 le. L’origine permanente de la neutralité suisse est clairement désignée dans cette page. Comment un pays dont l’essence c
676 osent ces cultures dans le reste de l’Europe ? Il serait aussitôt dissocié. Il a su vaincre dans son sein le principe même des
677 , tantôt latine et tantôt germanique. Quelles que soient les idéologies, d’ailleurs variables, dont se réclament alternativeme
678 usant la cause de l’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les
679 ’un ou de l’autre, puisque son être et sa formule sont justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les cultures nationale
680 sa formule sont justement de les unir. Et ce qui est vrai pour les cultures nationales, dans toute la mesure où elles sont
681 ultures nationales, dans toute la mesure où elles sont devenues nationalistes, l’était encore davantage pour les confessions
682 la mesure où elles sont devenues nationalistes, l’ était encore davantage pour les confessions religieuses au temps où elles é
683 our les confessions religieuses au temps où elles étaient partisanes : c’est bien pourquoi la neutralité suisse s’est affirmée
684 anes : c’est bien pourquoi la neutralité suisse s’ est affirmée comme principe politique permanent au cours de la guerre de
685 eçu leurs chartes, au xiiie siècle, et qu’ils se sont unis par un Pacte perpétuel. Ces Chartes les rendaient « immédiats à
686 on européenne. En effet, cette mission ne pouvait être accomplie qu’en renonçant à prendre une part active aux querelles ent
687 de l’Europe — d’abord physique, puis symbolique — est antérieure, soulignons-le, à la diversité des langues et des religion
688 ffirmée lors de la paix de Westphalie, en 1648, n’ est pas absolument la même que celle qui résultait implicitement des char
689 mplicitement des chartes primitives, mais elle en est cependant une conséquence pratique. Et les traités de 1815, qui le co
690 et son indépendance de toute influence étrangère, sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière ». Ainsi,
691 ment la neutralité suisse, nécessaire à l’Europe, est vitale pour la Suisse ; et comment elle exprime à la fois la raison d
692 e ; et comment elle exprime à la fois la raison d’ être du pays et l’équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre est re
693 équilibre européen. Chaque fois que cet équilibre est renouvelé, la neutralité suisse prend de nouveaux aspects. (Traités d
694 enfin pour quelles raisons cette neutralité armée est devenue au cours des siècles permanente (non pas occasionnelle), conv
695 eure une institution unique en son genre. Et il n’ est pas concevable qu’elle puisse être « adoptée » par aucun autre État i
696 genre. Et il n’est pas concevable qu’elle puisse être « adoptée » par aucun autre État isolé. Il n’est permis d’imaginer so
697 être « adoptée » par aucun autre État isolé. Il n’ est permis d’imaginer son extension qu’à l’ensemble du continent. Seule,
698 manquerait pas de disloquer. Cette perspective n’ est pas absente de l’esprit des gouvernants suisses, comme en font foi le
699 l ministre des Affaires étrangères suisse : Il n’ est pas sans intérêt de relever qu’aujourd’hui se manifestent en Europe d
700 deux tendances grâce auxquelles la Confédération est devenue et restée ce qu’elle est : le fédéralisme et la neutralité. O
701 la Confédération est devenue et restée ce qu’elle est  : le fédéralisme et la neutralité. On ne peut que souhaiter qu’épuisé
702 salut dans une neutralité qui lui permette de se tenir à l’écart des conflits qui pourraient opposer des puissances dont les
703 poser des puissances dont les intérêts essentiels sont ailleurs et, qui sait ? de prévenir entre elles une guerre qui n’est
704 i sait ? de prévenir entre elles une guerre qui n’ est pas inévitable ; et dans un fédéralisme qui, en dehors de toute hégém
705 par un effort commun, reprenant au point où il a été interrompu, le développement de la civilisation qui a fait sa grandeu
706 s la communauté des nations, le rôle de la Suisse est donc de maintenir conjointement les deux principes de neutralité et d
707 nté de se maintenir à l’écart des conflits armés, fussent -ils nationalistes ou idéologiques dans leurs motifs allégués, a souve
708 es victimes de la guerre ou « Aide à l’Europe » s’ est vue dotée de 100 millions de francs par les Chambres fédérales49, soi
709 millions de francs par les Chambres fédérales49, soit 1 % du revenu national, à quoi sont venus s’ajouter 50 millions colle
710 fédérales49, soit 1 % du revenu national, à quoi sont venus s’ajouter 50 millions collectés dans la population ou souscrits
711 e respecter les conventions de la Croix-Rouge. Il est significatif que cette dernière œuvre fondée par le Genevois Henry Du
712 ernational de la Croix-Rouge, qui siège à Genève, est constitué uniquement par des Suisses : son autorité, si peu contestée
713 institutions internationales. La première en date fut la Croix-Rouge, bientôt suivie par l’Union postale universelle, l’Uni
714 dance à ces organismes naissants. En 1919, Genève fut choisie comme siège de la Société des Nations et du Bureau internatio
715 les de Calvin, de Zwingli et d’Œcolampade avaient été les « citadelles de la Réforme », de même que le Conseil œcuménique d
716 lligérants sur le territoire de leurs ennemis, et fut obligé de créer à cette fin une sorte de ministère annexe en marge de
717 tant vide, par suite de la dissolution de la SDN, fut racheté par les Nations unies qui en ont fait le siège de leur Office
718 nté, et l’Office international des réfugiés y ont été adjoints. Pour la seule année 1946, on a compté que 127 institutions,
719 s, commissions ou conférences internationales ont tenu leurs assises en Suisse, et ce nombre s’accroît rapidement d’année en
720 s — neutralité et collaboration internationale ne sont pas antinomiques ; et que, de plus, un petit pays neutre offre aux en
721 a paix de Westphalie en droit, la Confédération s’ était retirée des grandes luttes politiques européennes. Neutralité devenai
722 atif moderne, la politique étrangère de la Suisse fut non seulement neutre, mais quasi inexistante. La direction du Départe
723 se en ce domaine. Le nombre des légations suisses est actuellement de 55. (Point d’ambassades, de même qu’il n’y a point de
724 de capitale proprement dite, et que les généraux sont appelés colonels : le tempérament suisse est nettement réfractaire à
725 aux sont appelés colonels : le tempérament suisse est nettement réfractaire à l’inflation des titres.) Le Département polit
726 l’inflation des titres.) Le Département politique est dirigé par un conseiller fédéral permanent, et ses services ont pris
727 tension considérable. Enfin, la doctrine régnante est aujourd’hui celle de la « neutralité active », c’est-à-dire de la pol
728 e internationale. Le principe de cette présence n’ étant plus discuté, reste à déterminer sa nature et ses limites, dans le ca
729 es prématurées ou peu sincères. Lorsque la Suisse fut invitée à entrer dans la Société des Nations, elle se préoccupa tout
730 ue sa neutralité perpétuelle et son inviolabilité étaient compatibles avec les principes de la Ligue nouvelle. Par la Déclarati
731 lle. Par la Déclaration de Londres, elle obtint d’ être dispensée de toute participation aux sanctions militaires, et ce n’es
732 e participation aux sanctions militaires, et ce n’ est que sur la base de ce statut de « neutralité différentielle » que le
733 ratification de l’entrée dans la SDN. Celle-ci ne fut cependant acquise que par 415 000 voix contre 323 000, dix cantons et
734 efusant. Une fois entrée dans la Ligue, la Suisse fut la première à signer la clause d’arbitrage obligatoire, mais elle ref
735 a neutralité, même à des entreprises dont la paix est le but, mais dont l’efficacité ou l’impartialité ne sont pas certaine
736 but, mais dont l’efficacité ou l’impartialité ne sont pas certaines, explique le fait que la Suisse n’ait pas encore adhéré
737 e adhéré à l’Organisation des Nations unies. Elle est entrée dans toutes les institutions d’ordre culturel, juridique, huma
738 à confirmer, aux yeux des Suisses, que l’heure n’ est pas encore venue de sacrifier la raison d’être de leur État, au profi
739 e n’est pas encore venue de sacrifier la raison d’ être de leur État, au profit d’une Ligue plus vaste qui, loin d’adapter à
740 s pas à en juger ici, l’échec de la SDN, dont ils furent les témoins les plus proches, induit la majorité des Suisses à persis
741 er dans des secteurs strictement limités, après s’ être assuré soigneusement que ces secteurs sont légalement étanches, et qu
742 près s’être assuré soigneusement que ces secteurs sont légalement étanches, et qu’aucune implication militaire ou politique
743 arrière-plan. Jusqu’à quel point ces distinctions sont -elles réelles dans l’ère des guerres totales, nous l’ignorons. Mais l
744 nous l’ignorons. Mais le maintien d’un principe n’ est pas vain. Un problème analogue, mais plus brûlant encore, ne manquera
745 mensions continentales. Le paradoxe, pourtant, n’ est qu’apparent. La Suisse fédéraliste, neutre, et armée, représente en e
746 lle-même. Mais cette Suisse-là, précisément, doit être la dernière, en bonne logique, à s’intégrer dans l’édifice que l’on p
747 tégrer dans l’édifice que l’on projette, car ce n’ est qu’au moment où l’ensemble du continent l’aura rejointe, adoptant sa
748 eu de le signaler et de montrer par le fait qu’il est bel et bien accessible. On invoque la solidarité, laissant entendre q
749 tons suisses. Encore faut-il que cette fédération soit bien réelle et sincèrement voulue : qu’elle contribue effectivement à
750 d-ouest jusqu’à la Birse. La ligne de démarcation est jalonnée par Delémont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45. C. F. Ramuz est
751 émont, Bienne, Fribourg, Sierre. 45. C. F. Ramuz est un cas singulier, plus vaudois d’ailleurs que romand. 46. Là encore,
752 re, il faut faire exception pour Fribourg, qui se tient à l’écart de la vie culturelle des cités protestantes, et se rattache