1 1953, La Confédération helvétique. Introduction (par Lucien Febvre)
1 les plaines basses où croupissent (avec d’autres) nos pauvres « francs français ». Ce qui rend naturellement inaccessible l
2 s Vaudois, les Genevois et ces Francs-Comtois que nos voisins appellent encore parfois « les Bourguignons » —, quant à ces
3 n dépasse les 2000 mètres ; et dit : « Ceci est à nous . Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire d
4 00 mètres ; et dit : « Ceci est à nous. Ceci sera Nous . » ⁂ Si proche de nous, cette Suisse : je veux dire de la France, de
5 Ceci est à nous. Ceci sera Nous. » ⁂ Si proche de nous , cette Suisse : je veux dire de la France, de l’Italie, de l’Autriche
6 énane — et si différente cependant de tout ce que nous sommes les uns et les autres. Si vraiment originale en tout ; et d’ab
7 Terre helvétique », il n’en existe pas. Mais ils doivent un culte (et ils ne le nient point) aux trois anonymes du Grütli qui,
8 réto-romans, au contraire. Tout cela empêche, ou devrait empêcher les ignorants de tous les pays de parler toujours de « la pe
2 1953, La Confédération helvétique. Chapitre I. Le peuple et son histoire
9 dylle de carte postale et la vision millénariste, nous allons essayer de découvrir la Suisse réelle. Disons tout de suite qu
10 Suisse, et du rôle stratégique qu’il conserve de nos jours. C’est autour du massif du Gothard, singulier accident géograph
11 ation des droits de l’homme, c’est une charte des devoirs communaux au sein d’une fédération librement constituée par des égaux
12 dice des services que chacun, selon sa condition, doit rendre à son seigneur. Et nous statuons et ordonnons d’un accord unan
13 elon sa condition, doit rendre à son seigneur. Et nous statuons et ordonnons d’un accord unanime que nous ne reconnaîtrons d
14 ous statuons et ordonnons d’un accord unanime que nous ne reconnaîtrons dans les susdites vallées aucun juge qui aurait ache
15 recevoir jugement ou composition, les confédérés devront prendre la cause de l’autre partie. Tout ce que dessus, statué pour l
16 Une abondante imagerie populaire perpétue jusqu’à nos jours dans les foyers suisses et dans les salles d’école, le souvenir
17 Suisse. Ce fameux « serment des trois Suisses » doit être situé dans un contexte historique qui n’enlève rien à la grandeu
18 ques dans toutes leurs obligations — comme si, de nos jours, deux pays concluaient un pacte qui pour l’un serait d’assistan
19 , Josias Simler — concerne le secours que les uns doivent donner aux autres contre ceux qui les voudraient attaquer à tort. Apr
20 rd des « grands hommes ». On croit volontiers, de nos jours, qu’une fédération ne peut se constituer que sous l’égide d’une
21 tion la réfute, et du point de vue fédéraliste il nous paraît plus concluant. On peut dire que la fédération suisse s’est fo
22 an social, ce refus instinctif de toute hégémonie devait se traduire, dès les premiers temps, par une sorte d’égalitarisme trè
23 nts, en manie de tout faire rentrer dans le rang. Nous allons voir que cet état d’esprit contraignit par la suite les esprit
24 les cités germaniques et suisses, système auquel devaient s’intégrer peu à peu la France, le Danemark et Venise. Cette confédér
25 re de la Réforme internationale, dont l’influence devait s’étendre à la moitié de l’Europe, à l’Angleterre, à l’Amérique. Fédé
26 ulture de type uniforme (ou « national » comme on devait le dire à partir du xixe siècle). Mais elle était désignée par sa st
27 ait faire payer ses troupes : « Avec l’argent que nous vous avons déjà donné, l’on pourrait paver une route allant de Paris
28 Bâle », le maréchal répliqua : « Avec le sang que nos hommes ont versé pour la France, on pourrait remplir un canal allant
29 it du service étranger. Il s’est perpétué jusqu’à nos jours dans les campagnes. L’épopée du service étranger devait trouver
30 dans les campagnes. L’épopée du service étranger devait trouver son couronnement en même temps que son crépuscule dans une re
31 ertains éléments de la Révolution française, tout devait concourir à assurer à la nouvelle Confédération une stabilité excepti
32 tschberg et du Simplon, dont les nations voisines devaient tirer plus d’avantages matériels que la Suisse. En même temps, des in
33 qui opposait le monde germanique au monde latin, devait représenter pour la Suisse une épreuve décisive de son fédéralisme. N
34 ce — jugée excessive en son temps — que la Suisse doit d’avoir été épargnée par la Seconde Guerre mondiale. De 1940 à 1944,
35 sa raison d’être. ⁂ Cette esquisse géohistorique nous a permis de mettre en lumière quelques-uns des caractères fondamentau
36 re où l’on peut considérer qu’il forme une unité. Nous avons vu que le sens de la solidarité lui a été comme imposé par la n
37 à-dire avec une mission de grand-garde au cœur de notre continent, à la fois autonome à l’égard de toute puissance particuliè
38 ne pouvaient être formulées qu’a posteriori, dans notre siècle, au terme d’une série d’expériences empiriques dont le sens, l
39 peut voir l’unité véritable de tous les Suisses. Nous avons indiqué au début que l’unité géographique du pays n’est guère é
40 au sens plus général de stratégie du bien commun. Nous ne sommes pas en présence d’une nation, mais bel et bien d’une fédéra
41 ion et d’un ensemble d’institutions. La fonction, nous l’avons définie en décrivant le Gothard et son rôle décisif à l’origi
42 t aux institutions, leur connaissance sommaire va nous mettre en mesure d’apercevoir pourquoi l’on peut parler des Suisses c
43 libre vivant entre les droits particuliers et les devoirs vis-à-vis de l’ensemble, entre l’un pour tous et le tous pour un. 5.
3 1953, La Confédération helvétique. Chapitre II. Les institutions politiques
44 s. Pour devenir Suisse, au contraire, l’étranger doit d’abord adresser aux autorités fédérales une demande non pas de natur
45 torisation à se faire naturaliser. Après quoi, il doit choisir la commune — et par conséquent le canton — dont il désire fai
46 s seulement qu’il sera un citoyen suisse »7. Dans notre description des institutions suisses, nous ferons bien de suivre le m
47 Dans notre description des institutions suisses, nous ferons bien de suivre le même ordre, celui qui va de bas en haut, de
48 ait pas leur territoire… C’est à ces origines que nos cantons doivent de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et
49 territoire… C’est à ces origines que nos cantons doivent de n’être jamais devenus des États bureaucratiques et centralisés, ma
50 tiques et centralisés, mais d’être restés jusqu’à nos jours des États populaires, fondés sur le droit et dont la première m
51 n des nationalismes modernes fait que beaucoup de nos contemporains jugent étrange, et presque contradictoire dans les term
52 n ensemble, trait particulier à la Suisse, et que nous retrouverons à l’échelon fédéral. Le Conseil d’État prépare les texte
53 Et pourtant il s’agit d’une société politique de notre temps, dans un canton fort évolué : sur les 35 000 habitants qu’il co
54 . » Cette dernière remarque est importante : elle nous fait entrevoir la condition des libertés civiques dans un régime fédé
55 ’égard des autres. Presque toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sou
56 toutes les erreurs que nous avons vu commettre de nos jours en Europe ont eu leurs précédents sous la Restauration »12. Le
57 erains et non de députés des peuples : Lequel de nous n’a dû souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales
58 non de députés des peuples : Lequel de nous n’a souvent déplorer la forme actuelle des délibérations fédérales ? Ces
59 cteurs se trouvent dans une situation fausse. Ils doivent , pour ainsi dire, servir deux maîtres, être tour à tour les hommes de
60 les masses : Oui, l’idée d’une commune patrie ne nous est point étrangère… Et quoi qu’en disent les détracteurs des temps m
61 timent plus d’énergie. Ce mémorable progrès, tout nous le révèle. Les paroles, les écrits, les fêtes nationales, les société
62 ouveau Pacte, dans une Confédération plus solide, doit se trouver le remède aux maux qui affligent la patrie. Quelles étaie
63 mier Conseil Fédéral, inaugurant un régime qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, so
64 qui ne devait plus être remis en question jusqu’à nos jours. L’essor économique, social et culturel de la Suisse fut immédi
65 au nombre de sept, et très inégaux en force, ils doivent se contenter d’une cote très mal taillée. Les radicaux, dont les ancê
66 jorité des Suisses s’y refuse. Le Conseil fédéral doit rester, à leurs yeux, au-dessus des luttes partisanes, en tant qu’il
67 , en tant qu’il représente le chef de l’État ; il doit rester un corps de techniciens, en tant qu’il administre les affaires
68 u’il administre les affaires fédérales ; et il ne doit pas être lié trop étroitement aux cantons, en tant qu’il exerce une f
69 étant inexactement nommées « fédéralistes » comme nous l’avons remarqué plus haut.) Les programmes sociaux des partis ne pré
70 distinction entre la gauche et la droite réelles devrait être cherché plutôt dans l’attitude des députés devant la centralisat
71 se à Berne, et si le gouvernement sera renversé : nous avons vu qu’il ne peut jamais l’être. Les arguments techniques échang
72 qui se passe à Berne n’est donc irrémédiable, ne doit être pris au tragique. La Constitution prévoit que « les lois et les
73 es lois et les arrêts fédéraux de portée générale doivent être soumis à l’adoption ou au rejet du peuple lorsque la demande en
74 aux risques de détruire le bon usage avec l’abus. Nous verrons au chapitre suivant que la situation économique de la Suisse
75 e la liberté humaine.  Et certes, le tableau que nous venons d’esquisser des institutions et coutumes politiques de la Suis
76 bilatéraux ou multilatéraux qui se multiplient de nos jours (visas, protectionnisme, unions douanières) sans toucher à la c
4 1953, La Confédération helvétique. Chapitre III. Institutions et aspirations économiques
77 tre III.Institutions et aspirations économiques Nous ne tenterons pas, dans ce chapitre, de donner un tableau complet de l
78 transformer demain dans une mesure imprévisible. Nous nous attacherons plutôt à dégager quelques constantes naturelles, ain
79 sformer demain dans une mesure imprévisible. Nous nous attacherons plutôt à dégager quelques constantes naturelles, ainsi qu
80 étapes historiques. Aux xviiie et xive siècles, nous trouvons une première « constante humaine » de la Suisse avec les Mar
81 ir dans la nature des choses ? À la base de tout, nous voyons un calcul juste. Il s’agissait, pour les artisans du xixe siè
82 emière importée plus du travail. Et telle est, de nos jours encore, la principale source de richesse des Suisses. Leurs tra
83 nches de l’industrie et pour un certain temps, ne devait pas suffire à la longue pour soutenir la concurrence des grands voisi
84 urs traditions scientifiques qu’ils firent appel. Nous découvrons ici l’un des traits permanents du caractère des Suisses (R
85 racines dans un terroir de haute science, qui ne doit point nous dissimuler un esprit pratique instinctivement tourné vers
86 ns un terroir de haute science, qui ne doit point nous dissimuler un esprit pratique instinctivement tourné vers l’applicati
87 s, dans toutes les parties du monde. L’horlogerie doit une impulsion décisive à Charles Édouard Guillaume, prix Nobel de phy
88 t particulièrement défavorables, la nature suisse devait enfin venir en aide au xxe siècle, de la manière la plus imprévisibl
89 isse est un pays propre, et même propret. Elle le doit en partie à son électrification : cuisines astiquées, trains sans fum
90 la construction d’usines hydro-électriques semble devoir s’accélérer encore au cours des années qui viennent, malgré l’opposit
91 développement économique de la Suisse, telles que nous venons de les esquisser, présentent une certaine logique : c’est dire
92 s qualités personnelles de la main-d’œuvre, et ne doit qu’à ces dernières de garder son rang en Europe. Quant à l’industrie
93 ivent leurs recherches dans les bureaux d’études. Nous avons déjà mentionné les plus fameuses de ces entreprises, la Nestlé
94 il se peut qu’une réorganisation des échanges sur notre continent renverse ce mouvement.25 Le résultat de ces efforts, la ré
95 ace d’étranglement créée par la dernière guerre. Nous avons vu que la part de l’agriculture n’a pas cessé de diminuer, depu
96 ne menace de famine rapide, même si la neutralité devait être une fois de plus respectée. C’est pourquoi, dès 1938, le Conseil
97 campagnes. Il n’en reste pas moins que la Suisse doit importer plus qu’elle n’exporte, et nous avons dit qu’elle exportait,
98 a Suisse doit importer plus qu’elle n’exporte, et nous avons dit qu’elle exportait, en dépit de tout, une part exceptionnell
99 ique. ⁂ Les commentaires et même les chiffres que nous avons donnés, concernant les conditions de départ et les réalisations
100 té suisse, ou l’attitude du Suisse devant la vie. Nous avons vu comment un bon sens souvent un peu étroit, un certain utilit
101 ppuyées par les plus sûres données de la science. Nous avons vu aussi que l’industrie suisse n’est pas, comme dans les grand
102 moyenne (4 personnes) d’ouvriers ou d’employés va nous permettre des recoupements intéressants. Le chaos monétaire actuel em
103 (À quoi s’ajoutent, d’après les statistiques que nous avons sous les yeux, des dépenses pour l’hygiène, le nettoyage, les t
104 comptables et un solde de l’année précédente. Si nous examinons le budget d’une famille de fonctionnaires ou d’employés nou
105 get d’une famille de fonctionnaires ou d’employés nous trouverons peu de différence avec le précédent, le total des gains ét
106 rrait épiloguer longuement sur ces faits. Bornons- nous à les rapprocher de ceux que nous avons mentionnés en décrivant les o
107 faits. Bornons-nous à les rapprocher de ceux que nous avons mentionnés en décrivant les origines de l’industrie suisse. Cet
108 ant développée selon ses goûts et ses besoins, il doit en résulter un certain équilibre social. Et c’est en effet l’impressi
109 une mention particulière : elles font revivre de nos jours la plus ancienne tradition suisse, et répondent comme les Markg
110 pparences matérielles et matérialistes qu’elle le doit . En réalité, nous sommes en présence d’une société hiérarchisée par d
111 les et matérialistes qu’elle le doit. En réalité, nous sommes en présence d’une société hiérarchisée par des traditions, non
112 e statut social et le statut matériel, en Suisse, nous semblent dépendre moins automatiquement l’un de l’autre que dans la p
113 e les autonomies locales et l’union fédérale, que nous avons décrit en parlant des institutions politiques. Certes, la lutte
114 alisées » qui aient été parfois bénéficiaires, de nos jours). Les forces motrices sont pour 70 % aux mains des corporations
115 rofonde de leur économie, si dangereusement liée, nous l’avons dit, à la conjoncture mondiale. 21. Les indices que nous av
116 à la conjoncture mondiale. 21. Les indices que nous avons trouvés dans différentes statistiques varient entre 22,2 % et 2
5 1953, La Confédération helvétique. Chapitre IV. La famille et l’éducation
117 tant de familles catholiques au Tessin. Voilà qui nous oblige à une extrême prudence dans le maniement des données générales
118 nts vivants en 1941 par femme mariée : 2,31. Mais nous voyons aussitôt que cette moyenne, prise sur l’ensemble du pays tombe
119 es, et qui ne diffèrent donc que par la religion, nous trouvons que la moyenne est de 2,56 pour Appenzell Rhodes-Extérieures
120 res 3,8 (4,5 en 1912). Trois exemples précis vont nous faire entrevoir la complexité et les écarts extrêmes que cachent de t
121 6000 divers 406 277 191 71 29 12 6 8 1,15 Il nous semble que ces données ne diffèrent pas notablement de celles qu’on p
122 esquels s’échelonnent toutes les combinaisons que nous avons vues possibles. Si nous cherchons maintenant quelle est la prop
123 es combinaisons que nous avons vues possibles. Si nous cherchons maintenant quelle est la proportion des divorces, nous trou
124 maintenant quelle est la proportion des divorces, nous trouverons pour les trois communautés citées plus haut : Pour 1000 f
125 ts. Un exemple typique le fera voir : l’impôt que doit payer tout Suisse qui n’accomplit pas de service militaire est calcul
126 ccupent de leur foyer, de leurs enfants, si elles doivent voter un dimanche sur trois, et participer aux débats préparatoires p
127 les employées et ouvrières. L’éducation Il nous paraît impossible d’estimer dans quelle mesure la famille, en Suisse,
128 goût de la technique, l’orgueil du savoir-faire. Nous avons dit que les données naturelles du pays exigeaient de ses habita
129 st à ces novateurs, anciens et modernes, que l’on doit attribuer la réputation universelle des pédagogues suisses et de leur
130 « maturité » délivrés par les collèges cantonaux doivent s’y conformer. Cet exemple d’intervention fédérale dans un domaine ja
131 jalousement gardé par les cantons reste unique à notre connaissance33. La Constitution de 1848 autorisait la Confédération à
132 icularistes, qui demeurent extrêmement vivaces de nos jours. L’idée même de créer une université romande unique, qui englob
133 s, y est un peu plus grande qu’ailleurs, comme on doit s’y attendre dans un pays fédéraliste. Mais l’empreinte commune la p
6 1953, La Confédération helvétique. Chapitre V. La vie religieuse
134 e avec les grands féodaux : les cantons primitifs devront s’armer contre eux aussi souvent que contre les Habsbourg. L’un des p
135 pour assurer les droits de leur minorité menacée. Nous avons retracé plus haut la carrière politique autant que religieuse d
136 impossible une nouvelle guerre du Sonderbund dans notre siècle. Mais bien d’autres facteurs ont concouru à l’établissement dé
137 peine à s’exprimer ? Le prêtre catholique auquel nous empruntons ces lignes ajoute d’ailleurs aussitôt : Toutes les consta
138 tions moins réconfortantes que l’on peut faire ne doivent pas laisser oublier le fait déjà remarquable que le peuple suisse est
139 ession et de violence en matière de religion. Que nous en soyons arrivés là, en quelques décades, au sortir d’un état de gue
140 rrespond au « démocratisme » profond et inné dont nous avons vu qu’il se manifeste, en Suisse, par une résistance instinctiv
141 oir central, institué en 1848 et contrôlé jusqu’à nos jours par la majorité protestante. Il convient d’ajouter toutefois qu
7 1953, La Confédération helvétique. Chapitre VI. Le peuple suisse et le monde
142 Chapitre VI.Le peuple suisse et le monde Nous pensons en avoir assez dit, dans les chapitres précédents, pour établ
143 té le leur fait sentir sans scrupules. En Suisse, nous l’avons dit, le problème des minorités ne se pose pas : chaque groupe
144 u xixe siècle : Un peuple qui a la structure du nôtre , et qui est accoutumé à la démocratie fédérative, a, dans chacun de s
145 tralisé. Le moindre morceau de la Suisse qu’un de nos voisins voudrait s’annexer lui pèserait à l’estomac bien plus que de
146 Laissons aux cantons leur particularisme, comme à nos régiments leurs particularités. Nous ne voulons pas nous fondre dans
147 isme, comme à nos régiments leurs particularités. Nous ne voulons pas nous fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain
148 giments leurs particularités. Nous ne voulons pas nous fondre dans le même moule ! Il serait aussi vain de vouloir unifier l
149 éducation générale qu’un peuple, aussi divers que le nôtre , peut admettre, l’esprit du régiment de Genève n’est cependant pas ce
150 enève ! Cette variété dans l’unité — Dieu veuille nous la conserver — voilà la véritable école de l’amitié ! Et quand une mê
151 ors un peuple atteint ce qu’il y a de plus haut. Nous ne connaissons pas de meilleure description de ce que l’on peut appel
152 ouverainetés et de bourgeoisies, à travers lequel devait être tamisée la majorité de droit… je fus saisi du désir exalté de m’
153 ar ses deux grands voisins hitlérien et fasciste, nous lisons : Quelles sont les constantes qui déterminent l’esprit et le
154 tatut politique particulier de la Confédération ? Nous en nommerons trois auxquelles nous attachons une importance particuli
155 onfédération ? Nous en nommerons trois auxquelles nous attachons une importance particulière : L’appartenance de la Suisse à
156 ent, et la réunion de ces trois civilisations sur notre territoire. Le lien fédéral, le caractère original de notre démocrati
157 itoire. Le lien fédéral, le caractère original de notre démocratie fédérative. Le respect de la dignité et de la liberté huma
158 oésie, le roman, la philosophie de l’histoire. De nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à la pensée du Bâlois
159 l’histoire. De nos jours, la théologie allemande doit sa vitalité à la pensée du Bâlois Karl Barth, et C. G. Jung demeure s
160 rences majeures entre Alémaniques et Allemands ne doivent pas être cherchées sur ce plan. Elles se manifestent beaucoup plus cl
161 e française, ils se flattent encore volontiers de nous ressembler par une certaine vivacité de réactions, qui les distingue
162 nt presque, à l’occasion, de partager certains de nos défauts, dont ils se font une élégance, étant entendu que, ne les aya
163 que, sans péril aucun, ils conservent le droit de nous les reprocher. Ils ont raison, car au fond les différences entre eux
164 raison, car au fond les différences entre eux et nous l’emportent, je crois, sur les ressemblances, et nous serions tentés,
165 l’emportent, je crois, sur les ressemblances, et nous serions tentés, quant à nous, de les voir un peu — qualités et défaut
166 es ressemblances, et nous serions tentés, quant à nous , de les voir un peu — qualités et défauts — comme ils voient les Bern
167 uts — comme ils voient les Bernois. Par rapport à nous , je serais tenté de chercher la différence essentielle dans le fait q
168 tique. Ils ne se cachent pas du reste de redouter nos conceptions politiques : ce ne sont chez eux que des minorités qui s’
169 tés qui s’en réclament, encore que l’influence de notre voisinage soit et ait toujours été importante, mais ils finissent le
170 mais ils finissent le plus souvent par désavouer nos principes et, s’ils les absorbent, c’est en les adaptant de telle faç
171 ctement au mouvement des communes lombardes, dont nous avons vu par ailleurs qu’il ne fut pas sans influence sur les premier
172 it providentiel a marqué le sens et la mission de notre État fédéral. Du Gothard jaillissent le Rhin, le Rhône et le Tessin,
173 le Rhône et le Tessin, les trois cours d’eau qui nous relient aux territoires culturels les plus importants dans l’histoire
174 eprise vaine que de vouloir séparer la culture de notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changean
175 rer la culture de notre pays de celles auxquelles nous sommes apparentés. Ce qui est changeant et accidentel ne doit pas rel
176 apparentés. Ce qui est changeant et accidentel ne doit pas reléguer dans l’ombre ce qui est durable et substantiel. Selon le
177 ur les Suisses alémaniques. Précisément parce que nous refusons d’admettre la théorie selon laquelle la race déterminerait l
178 terminerait l’État et les frontières de celui-ci, nous gardons la liberté et la force de rester conscients de nos affinités
179 ns la liberté et la force de rester conscients de nos affinités avec les trois cultures allemande, française et italienne.
180 Cette idée, qui exprime le sens et la mission de notre État fédératif, n’est au fond pas autre chose que la victoire, sur le
181 nscience de ce qu’il y a de beau et de grand dans notre conception politique, c’est déjà un élément essentiel de notre défens
182 ion politique, c’est déjà un élément essentiel de notre défense spirituelle. L’origine permanente de la neutralité suisse es
183 à se dérouler dans son voisinage immédiat : elle doit se réserver pour l’éventualité d’une attaque sur le point qu’elle pro
184 me qui, en dehors de toute hégémonie, donnerait à notre continent la conscience de son unité et lui ouvrirait la perspective
185 sion : six légations en tout. Mais le xxe siècle devait provoquer de profonds changements dans l’attitude de la Suisse en ce
186 norer en fait comme en droit. À tort ou à raison, nous n’avons pas à en juger ici, l’échec de la SDN, dont ils furent les té
187 ont-elles réelles dans l’ère des guerres totales, nous l’ignorons. Mais le maintien d’un principe n’est pas vain. Un problèm
188 vec elle-même. Mais cette Suisse-là, précisément, doit être la dernière, en bonne logique, à s’intégrer dans l’édifice que l