1
Livre premierLe mythe
de
Tristan 1.Triomphe du roman, et ce qu’il cache « Seigneurs, vo
2
, et ce qu’il cache « Seigneurs, vous plaît-il
d’
entendre un beau conte d’amour et de mort ?… » Rien au monde ne saurai
3
Seigneurs, vous plaît-il d’entendre un beau conte
d’
amour et de mort ?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage.
4
vous plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et
de
mort ?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel point
5
ue ce début du Tristan de Bédier doit passer pour
le
type idéal de la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art
6
Tristan de Bédier doit passer pour le type idéal
de
la première phrase d’un roman. C’est le trait d’un art infaillible qu
7
t passer pour le type idéal de la première phrase
d’
un roman. C’est le trait d’un art infaillible qui nous jette dès le se
8
ype idéal de la première phrase d’un roman. C’est
le
trait d’un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans
9
de la première phrase d’un roman. C’est le trait
d’
un art infaillible qui nous jette dès le seuil du conte dans l’état pa
10
le trait d’un art infaillible qui nous jette dès
le
seuil du conte dans l’état passionné d’attente où naît l’illusion rom
11
illible qui nous jette dès le seuil du conte dans
l’
état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce
12
jette dès le seuil du conte dans l’état passionné
d’
attente où naît l’illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quell
13
du conte dans l’état passionné d’attente où naît
l’
illusion romanesque. D’où vient ce charme ? Et quelles complicités cet
14
assionné d’attente où naît l’illusion romanesque.
D’
où vient ce charme ? Et quelles complicités cet artifice de « rhétoriq
15
t ce charme ? Et quelles complicités cet artifice
de
« rhétorique profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’acco
16
profonde » sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que
l’
accord d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
17
» sait-il rejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord
d’
amour et de mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus
18
ejoindre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et
de
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes,
19
d’amour et de mort soit celui qui émeuve en nous
les
résonances les plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vu
20
mort soit celui qui émeuve en nous les résonances
les
plus profondes, c’est un fait qu’établit à première vue le succès pro
21
rofondes, c’est un fait qu’établit à première vue
le
succès prodigieux du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes, d
22
du roman. Il est d’autres raisons, plus secrètes,
d’
y voir comme une définition de la conscience occidentale… Amour et mor
23
ons, plus secrètes, d’y voir comme une définition
de
la conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est
24
, plus secrètes, d’y voir comme une définition de
la
conscience occidentale… Amour et mort, amour mortel : si ce n’est pas
25
our et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute
la
poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il
26
toute la poésie, c’est du moins tout ce qu’il y a
de
populaire, tout ce qu’il y a d’universellement émouvant dans nos litt
27
tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a
d’
universellement émouvant dans nos littératures ; et dans nos plus viei
28
illes légendes, et dans nos plus belles chansons.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de l’amour mor
29
nos plus belles chansons. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire. Il n’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’a
30
ons. L’amour heureux n’a pas d’histoire. Il n’est
de
roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condam
31
heureux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que
de
l’amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie
32
reux n’a pas d’histoire. Il n’est de roman que de
l’
amour mortel, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par la vie mê
33
’est de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire
de
l’amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme
34
t de roman que de l’amour mortel, c’est-à-dire de
l’
amour menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte le lyrisme occ
35
l, c’est-à-dire de l’amour menacé et condamné par
la
vie même. Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisi
36
menacé et condamné par la vie même. Ce qui exalte
le
lyrisme occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni la paix féco
37
Ce qui exalte le lyrisme occidental, ce n’est pas
le
plaisir des sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins l’amour c
38
occidental, ce n’est pas le plaisir des sens, ni
la
paix féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que la passion d’a
39
s sens, ni la paix féconde du couple. C’est moins
l’
amour comblé que la passion d’amour. Et passion signifie souffrance. V
40
féconde du couple. C’est moins l’amour comblé que
la
passion d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondam
41
couple. C’est moins l’amour comblé que la passion
d’
amour. Et passion signifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
42
on d’amour. Et passion signifie souffrance. Voilà
le
fait fondamental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour le roman
43
nifie souffrance. Voilà le fait fondamental. Mais
l’
enthousiasme que nous montrons pour le roman, et pour le film né du ro
44
ental. Mais l’enthousiasme que nous montrons pour
le
roman, et pour le film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans
45
ousiasme que nous montrons pour le roman, et pour
le
film né du roman ; l’érotisme idéalisé diffus dans toute notre cultur
46
rons pour le roman, et pour le film né du roman ;
l’
érotisme idéalisé diffus dans toute notre culture, dans notre éducatio
47
s toute notre culture, dans notre éducation, dans
les
images qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exas
48
e, dans notre éducation, dans les images qui font
le
décor de nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mé
49
otre éducation, dans les images qui font le décor
de
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique,
50
les images qui font le décor de nos vies ; enfin
le
besoin d’évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et auto
51
s qui font le décor de nos vies ; enfin le besoin
d’
évasion exaspéré par l’ennui mécanique, tout en nous et autour de nous
52
nos vies ; enfin le besoin d’évasion exaspéré par
l’
ennui mécanique, tout en nous et autour de nous glorifie à tel point l
53
ut en nous et autour de nous glorifie à tel point
la
passion que nous en sommes venus à voir en elle une promesse de vie p
54
nous en sommes venus à voir en elle une promesse
de
vie plus vivante, une puissance qui transfigure, quelque chose qui se
55
e, quelque chose qui serait au-delà du bonheur et
de
la souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne senton
56
quelque chose qui serait au-delà du bonheur et de
la
souffrance, une béatitude ardente. Dans « passion » nous ne sentons p
57
e » mais « ce qui est passionnant ». Et pourtant,
la
passion d’amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous viv
58
ce qui est passionnant ». Et pourtant, la passion
d’
amour signifie, de fait, un malheur. La société où nous vivons et dont
59
nant ». Et pourtant, la passion d’amour signifie,
de
fait, un malheur. La société où nous vivons et dont les mœurs n’ont g
60
la passion d’amour signifie, de fait, un malheur.
La
société où nous vivons et dont les mœurs n’ont guère changé, sous ce
61
it, un malheur. La société où nous vivons et dont
les
mœurs n’ont guère changé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
62
angé, sous ce rapport, depuis des siècles, réduit
l’
amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de l’adultère. Et
63
uit l’amour-passion, neuf fois sur dix, à revêtir
la
forme de l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tou
64
ur-passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme
de
l’adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas
65
passion, neuf fois sur dix, à revêtir la forme de
l’
adultère. Et j’entends bien que les amants invoqueront tous les cas d’
66
tir la forme de l’adultère. Et j’entends bien que
les
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais la statistique est
67
Et j’entends bien que les amants invoqueront tous
les
cas d’exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre
68
ends bien que les amants invoqueront tous les cas
d’
exception, mais la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie.
69
amants invoqueront tous les cas d’exception, mais
la
statistique est cruelle : elle réfute notre poésie. Vivons-nous dans
70
us exalte à ce qui semblerait combler notre idéal
de
vie harmonieuse ? Serrons de plus près cette contradiction, par un ef
71
squ’il tend à détruire une illusion. Affirmer que
l’
amour-passion signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur la réa
72
illusion. Affirmer que l’amour-passion signifie,
de
fait, l’adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’
73
. Affirmer que l’amour-passion signifie, de fait,
l’
adultère, c’est insister sur la réalité que notre culte de l’amour mas
74
signifie, de fait, l’adultère, c’est insister sur
la
réalité que notre culte de l’amour masque et transfigure à la fois ;
75
re, c’est insister sur la réalité que notre culte
de
l’amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que
76
c’est insister sur la réalité que notre culte de
l’
amour masque et transfigure à la fois ; c’est mettre au jour ce que ce
77
our ce que ce culte dissimule, refoule, et refuse
de
nommer pour nous permettre un abandon ardent à ce que nous n’osions p
78
on ardent à ce que nous n’osions pas revendiquer.
La
résistance même qu’éprouvera le lecteur à reconnaître que passion et
79
pas revendiquer. La résistance même qu’éprouvera
le
lecteur à reconnaître que passion et adultère se confondent le plus s
80
reconnaître que passion et adultère se confondent
le
plus souvent dans la société qui est la nôtre, n’est-ce pas une premi
81
on et adultère se confondent le plus souvent dans
la
société qui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait
82
onfondent le plus souvent dans la société qui est
la
nôtre, n’est-ce pas une première preuve de ce fait paradoxal : que no
83
ui est la nôtre, n’est-ce pas une première preuve
de
ce fait paradoxal : que nous voulons la passion et le malheur à condi
84
re preuve de ce fait paradoxal : que nous voulons
la
passion et le malheur à condition de ne jamais avouer que nous les vo
85
e fait paradoxal : que nous voulons la passion et
le
malheur à condition de ne jamais avouer que nous les voulons en tant
86
malheur à condition de ne jamais avouer que nous
les
voulons en tant que tels ? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératu
87
? ⁂ Pour qui nous jugerait sur nos littératures,
l’
adultère paraîtrait l’une des occupations les plus remarquables auxque
88
ures, l’adultère paraîtrait l’une des occupations
les
plus remarquables auxquelles se livrent les Occidentaux. On aurait vi
89
tions les plus remarquables auxquelles se livrent
les
Occidentaux. On aurait vite dressé la liste des romans qui n’y font a
90
se livrent les Occidentaux. On aurait vite dressé
la
liste des romans qui n’y font aucune allusion ; et le succès remporté
91
iste des romans qui n’y font aucune allusion ; et
le
succès remporté par les autres, les complaisances qu’ils éveillent, l
92
font aucune allusion ; et le succès remporté par
les
autres, les complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on app
93
allusion ; et le succès remporté par les autres,
les
complaisances qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à les c
94
r les autres, les complaisances qu’ils éveillent,
la
passion même qu’on apporte à les condamner quelquefois, tout cela dit
95
qu’ils éveillent, la passion même qu’on apporte à
les
condamner quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent les couples,
96
er quelquefois, tout cela dit assez à quoi rêvent
les
couples, sous un régime qui a fait du mariage un devoir et une commod
97
fait du mariage un devoir et une commodité. Sans
l’
adultère, que seraient toutes nos littératures ? Elles vivent de la «
98
e seraient toutes nos littératures ? Elles vivent
de
la « crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretienne
99
eraient toutes nos littératures ? Elles vivent de
la
« crise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles l’entretiennent,
100
rise du mariage ». Il est probable aussi qu’elles
l’
entretiennent, soit qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que l
101
qu’elles « chantent » en prose et en vers ce que
la
religion tient pour un crime, et la Loi pour une contravention, soit
102
n vers ce que la religion tient pour un crime, et
la
Loi pour une contravention, soit au contraire qu’elles s’en amusent,
103
, et qu’elles en tirent un répertoire inépuisable
de
situations comiques ou cyniques. Droit divin de la passion, psycholog
104
e de situations comiques ou cyniques. Droit divin
de
la passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu
105
e situations comiques ou cyniques. Droit divin de
la
passion, psychologie mondaine, succès du trio au théâtre — soit qu’on
106
ilise, ou ironise, que fait-on si ce n’est trahir
le
tourment innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi ? Ne se
107
n’est trahir le tourment innombrable et obsédant
de
l’amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
108
est trahir le tourment innombrable et obsédant de
l’
amour en rupture de loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de
109
ent innombrable et obsédant de l’amour en rupture
de
loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réali
110
e loi ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader
de
son affreuse réalité ? Tourner la situation en mystique ou en farce,
111
rche à s’évader de son affreuse réalité ? Tourner
la
situation en mystique ou en farce, c’est toujours avouer qu’elle est
112
ou trompés : que ce soit en fait ou en rêve, dans
le
remords ou dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiét
113
soit en fait ou en rêve, dans le remords ou dans
la
crainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation,
114
en rêve, dans le remords ou dans la crainte, dans
le
plaisir de la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’homm
115
ns le remords ou dans la crainte, dans le plaisir
de
la révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne s
116
le remords ou dans la crainte, dans le plaisir de
la
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se r
117
dans la crainte, dans le plaisir de la révolte ou
l’
anxiété de la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent d
118
ainte, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété
de
la tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une
119
te, dans le plaisir de la révolte ou l’anxiété de
la
tentation, il est peu d’hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au
120
révolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu
d’
hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories.
121
ommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins
de
ces catégories. Renoncements, compromis, ruptures, neurasthénies, con
122
neurasthénies, confusions irritantes et mesquines
de
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheu
123
ies, confusions irritantes et mesquines de rêves,
d’
obligations, de complaisances secrètes — la moitié du malheur humain s
124
irritantes et mesquines de rêves, d’obligations,
de
complaisances secrètes — la moitié du malheur humain se résume dans l
125
rêves, d’obligations, de complaisances secrètes —
la
moitié du malheur humain se résume dans le mot d’adultère. Malgré tou
126
ètes — la moitié du malheur humain se résume dans
le
mot d’adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
127
la moitié du malheur humain se résume dans le mot
d’
adultère. Malgré toutes nos littératures — ou peut-être à cause d’elle
128
ré toutes nos littératures — ou peut-être à cause
d’
elles justement — il peut sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit
129
t sembler parfois qu’on n’ait encore rien dit sur
la
réalité de ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en
130
arfois qu’on n’ait encore rien dit sur la réalité
de
ce malheur. Et que certaines questions des plus naïves, en ce domaine
131
té plus souvent résolues que posées… Par exemple,
le
mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur l’institution du mariag
132
Par exemple, le mal constaté, faut-il en rejeter
la
faute sur l’institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque ch
133
le mal constaté, faut-il en rejeter la faute sur
l’
institution du mariage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui la
134
riage, ou au contraire, sur « quelque chose » qui
la
ruine au cœur même de nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
135
, sur « quelque chose » qui la ruine au cœur même
de
nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent, la concep
136
e nos ambitions ? Est-ce vraiment, comme beaucoup
le
pensent, la conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout
137
ons ? Est-ce vraiment, comme beaucoup le pensent,
la
conception dite « chrétienne » du mariage qui cause tout notre tourme
138
tourment, ou au contraire, est-ce une conception
de
l’amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le pri
139
urment, ou au contraire, est-ce une conception de
l’
amour dont on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès le princi
140
on n’a peut-être pas vu qu’elle rend ce lien, dès
le
principe, insupportable ? Je constate que l’Occidental aime au moins
141
dès le principe, insupportable ? Je constate que
l’
Occidental aime au moins autant ce qui détruit que ce qui assure « le
142
u moins autant ce qui détruit que ce qui assure «
le
bonheur des époux ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si le
143
truit que ce qui assure « le bonheur des époux ».
D’
où peut venir une telle contradiction ? Si le secret de la crise du ma
144
x ». D’où peut venir une telle contradiction ? Si
le
secret de la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
145
peut venir une telle contradiction ? Si le secret
de
la crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous
146
t venir une telle contradiction ? Si le secret de
la
crise du mariage est simplement l’attrait de l’interdit, d’où nous vi
147
i le secret de la crise du mariage est simplement
l’
attrait de l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idé
148
t de la crise du mariage est simplement l’attrait
de
l’interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amo
149
e la crise du mariage est simplement l’attrait de
l’
interdit, d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour
150
u mariage est simplement l’attrait de l’interdit,
d’
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de l’amour trahit-il ?
151
d’où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée
de
l’amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit,
152
où nous vient ce goût du malheur ? Quelle idée de
l’
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence, de notre esprit, de
153
? Quelle idée de l’amour trahit-il ? Quel secret
de
notre existence, de notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.
154
amour trahit-il ? Quel secret de notre existence,
de
notre esprit, de notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il exist
155
Quel secret de notre existence, de notre esprit,
de
notre histoire peut-être ? 2.Le mythe Il existe un grand mythe
156
2.Le mythe Il existe un grand mythe européen
de
l’adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre ext
157
.Le mythe Il existe un grand mythe européen de
l’
adultère : le Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrêm
158
Il existe un grand mythe européen de l’adultère :
le
Roman de Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœur
159
un grand mythe européen de l’adultère : le Roman
de
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans l
160
Tristan et Iseut. Au travers du désordre extrême
de
nos mœurs, dans la confusion des morales et des immoralismes qui en v
161
Au travers du désordre extrême de nos mœurs, dans
la
confusion des morales et des immoralismes qui en vivent, aux moments
162
es et des immoralismes qui en vivent, aux moments
les
plus purs d’un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane
163
ralismes qui en vivent, aux moments les plus purs
d’
un drame, il arrive qu’on voie transparaître en filigrane cette forme
164
e. Comme une grande image simple, comme une sorte
de
type primitif de nos tourments les plus complexes. Et de même que pou
165
de image simple, comme une sorte de type primitif
de
nos tourments les plus complexes. Et de même que pour se tirer des co
166
comme une sorte de type primitif de nos tourments
les
plus complexes. Et de même que pour se tirer des confusions de notre
167
exes. Et de même que pour se tirer des confusions
de
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs or
168
que pour se tirer des confusions de notre langue,
les
poètes ont coutume de rapporter les mots à leurs origines lointaines,
169
onfusions de notre langue, les poètes ont coutume
de
rapporter les mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la cho
170
notre langue, les poètes ont coutume de rapporter
les
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à l’acte
171
mots à leurs origines lointaines, c’est-à-dire à
la
chose ou à l’acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais
172
origines lointaines, c’est-à-dire à la chose ou à
l’
acte qu’on pense qu’ils désignaient d’abord, je voudrais rapporter à c
173
oudrais rapporter à ce mythe certaines confusions
de
nos mœurs. Étymologie des passions, moins décevante que celle des mot
174
tion. ⁂ Mais d’abord, dira-t-on, est-il exact que
le
roman de Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruir
175
ais d’abord, dira-t-on, est-il exact que le roman
de
Tristan soit un mythe ? Et dans ce cas, n’est-ce pas détruire son cha
176
dans ce cas, n’est-ce pas détruire son charme que
d’
essayer de l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est s
177
s, n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer
de
l’analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’
178
n’est-ce pas détruire son charme que d’essayer de
l’
analyser ? Nous n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme d’irr
179
n’en sommes plus à croire que mythe est synonyme
d’
irréalité ou d’illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une pui
180
us à croire que mythe est synonyme d’irréalité ou
d’
illusion. Trop de mythes manifestent parmi nous une puissance trop inc
181
ythe est synonyme d’irréalité ou d’illusion. Trop
de
mythes manifestent parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
182
parmi nous une puissance trop incontestable. Mais
l’
abus que l’on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’un
183
une puissance trop incontestable. Mais l’abus que
l’
on fait du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire d’une manière g
184
stable. Mais l’abus que l’on fait du mot oblige à
le
redéfinir. On pourrait dire d’une manière générale qu’un mythe est un
185
it du mot oblige à le redéfinir. On pourrait dire
d’
une manière générale qu’un mythe est une histoire, une fable symboliqu
186
e, simple et frappante, résumant un nombre infini
de
situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d’un co
187
bre infini de situations plus ou moins analogues.
Le
mythe permet de saisir d’un coup d’œil certains types de relations co
188
tuations plus ou moins analogues. Le mythe permet
de
saisir d’un coup d’œil certains types de relations constantes, et de
189
lus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir
d’
un coup d’œil certains types de relations constantes, et de les dégage
190
e permet de saisir d’un coup d’œil certains types
de
relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences qu
191
d’œil certains types de relations constantes, et
de
les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plu
192
œil certains types de relations constantes, et de
les
dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Dans un sens plus ét
193
pparences quotidiennes. Dans un sens plus étroit,
les
mythes traduisent les règles de conduite d’un groupe social ou religi
194
. Dans un sens plus étroit, les mythes traduisent
les
règles de conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent don
195
ens plus étroit, les mythes traduisent les règles
de
conduite d’un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élé
196
oit, les mythes traduisent les règles de conduite
d’
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de l’élément sacré a
197
un groupe social ou religieux. Ils procèdent donc
de
l’élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symb
198
groupe social ou religieux. Ils procèdent donc de
l’
élément sacré autour duquel s’est constitué le groupe. (Récits symboli
199
de l’élément sacré autour duquel s’est constitué
le
groupe. (Récits symboliques de la vie et de la mort des dieux, légend
200
el s’est constitué le groupe. (Récits symboliques
de
la vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
201
s’est constitué le groupe. (Récits symboliques de
la
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’
202
titué le groupe. (Récits symboliques de la vie et
de
la mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine de
203
ué le groupe. (Récits symboliques de la vie et de
la
mort des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des t
204
vie et de la mort des dieux, légendes expliquant
les
sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent :
205
des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou
l’
origine des tabous, etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
206
les sacrifices ou l’origine des tabous, etc.). On
l’
a remarqué souvent : un mythe n’a pas d’auteur. Son origine doit être
207
etc.). On l’a remarqué souvent : un mythe n’a pas
d’
auteur. Son origine doit être obscure. Et son sens même l’est en parti
208
. Son origine doit être obscure. Et son sens même
l’
est en partie. Il se présente comme l’expression tout anonyme de réali
209
n sens même l’est en partie. Il se présente comme
l’
expression tout anonyme de réalités collectives, ou plus exactement :
210
e. Il se présente comme l’expression tout anonyme
de
réalités collectives, ou plus exactement : communes. L’œuvre d’art —
211
lités collectives, ou plus exactement : communes.
L’
œuvre d’art — poème, conte ou roman — se distingue donc radicalement d
212
mythe. Sa valeur ne relève en effet que du talent
de
son créateur. Ce qui importe en elle, c’est justement ce qui n’import
213
n elle, c’est justement ce qui n’importe pas dans
le
cas du mythe : sa « beauté », ou sa « vraisemblance », et toutes ses
214
, ou sa « vraisemblance », et toutes ses qualités
de
réussite singulière (originalité, habileté, style, etc.). Mais le ca
215
lière (originalité, habileté, style, etc.). Mais
le
caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur
216
alité, habileté, style, etc.). Mais le caractère
le
plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, général
217
Mais le caractère le plus profond du mythe, c’est
le
pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait
218
mme telle, n’a pas à proprement parler un pouvoir
de
contrainte sur le public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut
219
à proprement parler un pouvoir de contrainte sur
le
public. Si belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours la criti
220
belle et puissante qu’elle soit, on peut toujours
la
critiquer, ou la goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pa
221
e qu’elle soit, on peut toujours la critiquer, ou
la
goûter pour des raisons individuelles. Il n’en va pas de même pour le
222
aisons individuelles. Il n’en va pas de même pour
le
mythe : son énoncé désarme toute critique, réduit au silence la raiso
223
énoncé désarme toute critique, réduit au silence
la
raison, ou tout au moins, la rend inefficace. Or je me propose d’envi
224
e, réduit au silence la raison, ou tout au moins,
la
rend inefficace. Or je me propose d’envisager Tristan non point comme
225
ut au moins, la rend inefficace. Or je me propose
d’
envisager Tristan non point comme œuvre littéraire, mais comme type de
226
e œuvre littéraire, mais comme type des relations
de
l’homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite soci
227
uvre littéraire, mais comme type des relations de
l’
homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale
228
aire, mais comme type des relations de l’homme et
de
la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la sociét
229
e, mais comme type des relations de l’homme et de
la
femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la société c
230
et de la femme dans un groupe historique donné :
l’
élite sociale, la société courtoise et pénétrée de chevalerie du xiie
231
ans un groupe historique donné : l’élite sociale,
la
société courtoise et pénétrée de chevalerie du xiie et du xiiie siè
232
l’élite sociale, la société courtoise et pénétrée
de
chevalerie du xiie et du xiiie siècle. Ce groupe est à vrai dire di
233
ngtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres
d’
une manière secrète et diffuse. Profanées et reniées par nos codes off
234
iées par nos codes officiels, elles sont devenues
d’
autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus de pouvoir que sur nos
235
d’autant plus contraignantes qu’elles n’ont plus
de
pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan
236
s de pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits
de
la légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
237
e pouvoir que sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de
la
légende de Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le
238
ue sur nos rêves. ⁂ Bien des traits de la légende
de
Tristan sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l
239
. ⁂ Bien des traits de la légende de Tristan sont
de
ceux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que l’auteur — à supp
240
n sont de ceux qui signalent un mythe. Et d’abord
le
fait que l’auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous e
241
ux qui signalent un mythe. Et d’abord le fait que
l’
auteur — à supposer qu’il y en eût un, et un seul — nous est totalemen
242
eût un, et un seul — nous est totalement inconnu.
Les
cinq versions « originales » qui nous restent sont des remaniements a
243
ui nous restent sont des remaniements artistiques
d’
un archétype dont on n’a pu trouver la moindre trace2. Un autre aspect
244
artistiques d’un archétype dont on n’a pu trouver
la
moindre trace2. Un autre aspect mythique de la légende de Tristan, c’
245
ouver la moindre trace2. Un autre aspect mythique
de
la légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise3. Le pro
246
er la moindre trace2. Un autre aspect mythique de
la
légende de Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise3. Le progrè
247
re trace2. Un autre aspect mythique de la légende
de
Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise3. Le progrès de l’acti
248
e aspect mythique de la légende de Tristan, c’est
l’
élément sacré qu’elle utilise3. Le progrès de l’action, et les effets
249
Tristan, c’est l’élément sacré qu’elle utilise3.
Le
progrès de l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’audit
250
’est l’élément sacré qu’elle utilise3. Le progrès
de
l’action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépend
251
t l’élément sacré qu’elle utilise3. Le progrès de
l’
action, et les effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent
252
acré qu’elle utilise3. Le progrès de l’action, et
les
effets qu’elle devait exercer sur l’auditeur, dépendent dans une cert
253
’action, et les effets qu’elle devait exercer sur
l’
auditeur, dépendent dans une certaine mesure (que nous aurons à précis
254
une certaine mesure (que nous aurons à préciser)
d’
un ensemble de règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
255
mesure (que nous aurons à préciser) d’un ensemble
de
règles et de cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevaler
256
ous aurons à préciser) d’un ensemble de règles et
de
cérémonies qui n’est autre que la coutume de la chevalerie médiévale.
257
le de règles et de cérémonies qui n’est autre que
la
coutume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie f
258
s et de cérémonies qui n’est autre que la coutume
de
la chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souve
259
t de cérémonies qui n’est autre que la coutume de
la
chevalerie médiévale. Or les « ordres » de chevalerie furent souvent
260
tre que la coutume de la chevalerie médiévale. Or
les
« ordres » de chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chaste
261
ume de la chevalerie médiévale. Or les « ordres »
de
chevalerie furent souvent appelés « religions ». Chastellain, chroniq
262
t appelés « religions ». Chastellain, chroniqueur
de
la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date)
263
ppelés « religions ». Chastellain, chroniqueur de
la
Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison d’or (dernier en date), e
264
tellain, chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi
l’
ordre de la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un m
265
chroniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre
de
la Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère s
266
roniqueur de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de
la
Toison d’or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacr
267
de la Bourgogne, nomme ainsi l’ordre de la Toison
d’
or (dernier en date), et il en parle comme d’un mystère sacré, en un s
268
ison d’or (dernier en date), et il en parle comme
d’
un mystère sacré, en un siècle où pourtant la chevalerie n’était plus
269
omme d’un mystère sacré, en un siècle où pourtant
la
chevalerie n’était plus guère qu’une survivance4. Enfin la nature mêm
270
erie n’était plus guère qu’une survivance4. Enfin
la
nature même de l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dén
271
us guère qu’une survivance4. Enfin la nature même
de
l’obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté
272
guère qu’une survivance4. Enfin la nature même de
l’
obscurité que nous découvrirons dans la légende, dénote sa parenté pro
273
re même de l’obscurité que nous découvrirons dans
la
légende, dénote sa parenté profonde avec le mythe. L’obscurité du myt
274
dans la légende, dénote sa parenté profonde avec
le
mythe. L’obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’
275
égende, dénote sa parenté profonde avec le mythe.
L’
obscurité du mythe en général ne réside pas dans sa forme d’expression
276
é du mythe en général ne réside pas dans sa forme
d’
expression5. Elle tient d’une part au mystère de son origine, et d’aut
277
e d’expression5. Elle tient d’une part au mystère
de
son origine, et d’autre part à l’importance vitale des faits que le m
278
part au mystère de son origine, et d’autre part à
l’
importance vitale des faits que le mythe symbolise. Si ces faits n’éta
279
d’autre part à l’importance vitale des faits que
le
mythe symbolise. Si ces faits n’étaient pas obscurs, ou s’il n’y avai
280
érêt à obscurcir leur origine et leur portée pour
les
soustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourr
281
leur origine et leur portée pour les soustraire à
la
critique, il n’y aurait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
282
oustraire à la critique, il n’y aurait pas besoin
de
mythe. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité de morale, ou
283
ait pas besoin de mythe. On pourrait se contenter
d’
une loi, d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rô
284
oin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi,
d’
un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résum
285
. On pourrait se contenter d’une loi, d’un traité
de
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechn
286
ntenter d’une loi, d’un traité de morale, ou même
d’
une historiette jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point de myth
287
raité de morale, ou même d’une historiette jouant
le
rôle de résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible
288
morale, ou même d’une historiette jouant le rôle
de
résumé mnémotechnique. Point de mythe tant qu’il est loisible de s’en
289
te jouant le rôle de résumé mnémotechnique. Point
de
mythe tant qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et de les e
290
technique. Point de mythe tant qu’il est loisible
de
s’en tenir aux évidences et de les exprimer d’une manière manifeste o
291
qu’il est loisible de s’en tenir aux évidences et
de
les exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le myt
292
il est loisible de s’en tenir aux évidences et de
les
exprimer d’une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe p
293
le de s’en tenir aux évidences et de les exprimer
d’
une manière manifeste ou directe. Au contraire, le mythe paraît lorsqu
294
d’une manière manifeste ou directe. Au contraire,
le
mythe paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible d’avouer claire
295
e paraît lorsqu’il serait dangereux ou impossible
d’
avouer clairement un certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
296
impossible d’avouer clairement un certain nombre
de
faits sociaux ou religieux, ou de relations affectives, que l’on tien
297
certain nombre de faits sociaux ou religieux, ou
de
relations affectives, que l’on tient cependant à conserver, ou qu’il
298
aux ou religieux, ou de relations affectives, que
l’
on tient cependant à conserver, ou qu’il est impossible de détruire. N
299
nt cependant à conserver, ou qu’il est impossible
de
détruire. Nous n’avons plus besoin de mythes, par exemple, pour expri
300
impossible de détruire. Nous n’avons plus besoin
de
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de la science : nous l
301
plus besoin de mythes, par exemple, pour exprimer
les
vérités de la science : nous les considérons en effet d’une manière p
302
de mythes, par exemple, pour exprimer les vérités
de
la science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement
303
mythes, par exemple, pour exprimer les vérités de
la
science : nous les considérons en effet d’une manière parfaitement «
304
e, pour exprimer les vérités de la science : nous
les
considérons en effet d’une manière parfaitement « profane », et elles
305
tés de la science : nous les considérons en effet
d’
une manière parfaitement « profane », et elles ont donc tout à gagner
306
nt « profane », et elles ont donc tout à gagner à
la
critique individuelle. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprime
307
la critique individuelle. Mais nous avons besoin
d’
un mythe pour exprimer le fait obscur et inavouable que la passion est
308
. Mais nous avons besoin d’un mythe pour exprimer
le
fait obscur et inavouable que la passion est liée à la mort, et qu’el
309
he pour exprimer le fait obscur et inavouable que
la
passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne la destruction pour c
310
it obscur et inavouable que la passion est liée à
la
mort, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnen
311
a passion est liée à la mort, et qu’elle entraîne
la
destruction pour ceux qui s’y abandonnent de toutes leurs forces. C’e
312
aîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent
de
toutes leurs forces. C’est que nous voulons sauver cette passion, et
313
ndant que nos morales officielles et notre raison
les
condamnent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir
314
rales officielles et notre raison les condamnent.
L’
obscurité du mythe nous met donc en mesure d’accueillir son contenu dé
315
ent. L’obscurité du mythe nous met donc en mesure
d’
accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par l’imagination, sans e
316
onc en mesure d’accueillir son contenu déguisé et
d’
en jouir par l’imagination, sans en prendre toutefois une conscience a
317
’accueillir son contenu déguisé et d’en jouir par
l’
imagination, sans en prendre toutefois une conscience assez claire pou
318
tefois une conscience assez claire pour qu’éclate
la
contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de la critique certai
319
clate la contradiction. Ainsi se trouvent mises à
l’
abri de la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pr
320
a contradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri
de
la critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressento
321
ontradiction. Ainsi se trouvent mises à l’abri de
la
critique certaines réalités humaines que nous sentons ou pressentons
322
es que nous sentons ou pressentons fondamentales.
Le
mythe exprime ces réalités, dans la mesure où notre instinct l’exige,
323
ondamentales. Le mythe exprime ces réalités, dans
la
mesure où notre instinct l’exige, mais il les voile aussi dans la mes
324
me ces réalités, dans la mesure où notre instinct
l’
exige, mais il les voile aussi dans la mesure où le grand jour et la r
325
dans la mesure où notre instinct l’exige, mais il
les
voile aussi dans la mesure où le grand jour et la raison6 les menacer
326
re instinct l’exige, mais il les voile aussi dans
la
mesure où le grand jour et la raison6 les menaceraient. ⁂ D’origine i
327
’exige, mais il les voile aussi dans la mesure où
le
grand jour et la raison6 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou ma
328
es voile aussi dans la mesure où le grand jour et
la
raison6 les menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de car
329
ssi dans la mesure où le grand jour et la raison6
les
menaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue — de caractère primi
330
ù le grand jour et la raison6 les menaceraient. ⁂
D’
origine inconnue ou mal connue — de caractère primitivement sacré — vo
331
enaceraient. ⁂ D’origine inconnue ou mal connue —
de
caractère primitivement sacré — voilant le secret qu’il exprime, le R
332
nnue — de caractère primitivement sacré — voilant
le
secret qu’il exprime, le Roman mythique de Tristan posséderait-il au
333
tivement sacré — voilant le secret qu’il exprime,
le
Roman mythique de Tristan posséderait-il au même degré les qualités c
334
oilant le secret qu’il exprime, le Roman mythique
de
Tristan posséderait-il au même degré les qualités contraignantes d’un
335
mythique de Tristan posséderait-il au même degré
les
qualités contraignantes d’un vrai mythe ? Cette question ne peut être
336
rait-il au même degré les qualités contraignantes
d’
un vrai mythe ? Cette question ne peut être esquivée. Elle nous porte
337
esquivée. Elle nous porte au cœur du problème et
de
son actualité. Précisons que les règles chevaleresques qui jouaient b
338
ur du problème et de son actualité. Précisons que
les
règles chevaleresques qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rô
339
qui jouaient bel et bien au xiiie siècle un rôle
de
contrainte absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’obstac
340
rôle de contrainte absolue, n’interviennent dans
le
roman qu’à titre d’obstacle mythique et de figures rituelles de rhéto
341
absolue, n’interviennent dans le roman qu’à titre
d’
obstacle mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, l
342
t dans le roman qu’à titre d’obstacle mythique et
de
figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas tr
343
titre d’obstacle mythique et de figures rituelles
de
rhétorique. Sans elles, la fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à
344
t de figures rituelles de rhétorique. Sans elles,
la
fable n’aurait pas trouvé ses prétextes à rebondissements, et surtout
345
r que ces « cérémonies » sociales sont des moyens
de
faire admettre un contenu antisocial, qui est la passion. Le mot « co
346
de faire admettre un contenu antisocial, qui est
la
passion. Le mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de
347
mettre un contenu antisocial, qui est la passion.
Le
mot « contenu » prend ici toute sa force : la passion de Tristan et d
348
on. Le mot « contenu » prend ici toute sa force :
la
passion de Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les
349
« contenu » prend ici toute sa force : la passion
de
Tristan et d’Iseut est littéralement « contenue » par les règles de l
350
end ici toute sa force : la passion de Tristan et
d’
Iseut est littéralement « contenue » par les règles de la chevalerie.
351
tan et d’Iseut est littéralement « contenue » par
les
règles de la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle po
352
eut est littéralement « contenue » par les règles
de
la chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exp
353
est littéralement « contenue » par les règles de
la
chevalerie. C’est à cette condition seulement qu’elle pourra s’exprim
354
ondition seulement qu’elle pourra s’exprimer dans
le
demi-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut la Nuit et qui t
355
i-jour du mythe. Car en tant que passion qui veut
la
Nuit et qui triomphe dans une Mort transfigurante, elle représente po
356
e menace violemment intolérable. Il faut donc que
les
groupes constitués soient capables de lui opposer une structure forte
357
t donc que les groupes constitués soient capables
de
lui opposer une structure fortement charpentée, pour qu’elle trouve l
358
ructure fortement charpentée, pour qu’elle trouve
l’
occasion de s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la s
359
tement charpentée, pour qu’elle trouve l’occasion
de
s’extérioriser sans causer les pires dégâts. Que, par la suite, le li
360
e trouve l’occasion de s’extérioriser sans causer
les
pires dégâts. Que, par la suite, le lien social vienne à faiblir, ou
361
térioriser sans causer les pires dégâts. Que, par
la
suite, le lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissoci
362
sans causer les pires dégâts. Que, par la suite,
le
lien social vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié, le myth
363
la suite, le lien social vienne à faiblir, ou que
le
groupe soit dissocié, le mythe cessera d’être un mythe au sens strict
364
vienne à faiblir, ou que le groupe soit dissocié,
le
mythe cessera d’être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perd
365
ou que le groupe soit dissocié, le mythe cessera
d’
être un mythe au sens strict. Mais ce qu’il aura perdu en force contra
366
il aura perdu en force contraignante et en moyens
de
se communiquer sous une forme voilée et admissible, il le retrouvera
367
mmuniquer sous une forme voilée et admissible, il
le
retrouvera en influence souterraine et en violence anarchisante. À me
368
erraine et en violence anarchisante. À mesure que
la
chevalerie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre - les usages
369
re que la chevalerie, même sous sa forme profanée
de
savoir-vivre - les usages qu’il faut observer si l’on veut être un ge
370
ie, même sous sa forme profanée de savoir-vivre -
les
usages qu’il faut observer si l’on veut être un gentleman — perdra se
371
savoir-vivre - les usages qu’il faut observer si
l’
on veut être un gentleman — perdra ses dernières vertus, la passion «
372
être un gentleman — perdra ses dernières vertus,
la
passion « contenue » dans le mythe primitif se répandra dans la vie q
373
es dernières vertus, la passion « contenue » dans
le
mythe primitif se répandra dans la vie quotidienne, envahira le subco
374
ontenue » dans le mythe primitif se répandra dans
la
vie quotidienne, envahira le subconscient, appellera de nouvelles con
375
tif se répandra dans la vie quotidienne, envahira
le
subconscient, appellera de nouvelles contraintes, se les inventera au
376
quotidienne, envahira le subconscient, appellera
de
nouvelles contraintes, se les inventera au besoin… Car nous verrons q
377
conscient, appellera de nouvelles contraintes, se
les
inventera au besoin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement la n
378
soin… Car nous verrons que ce n’est pas seulement
la
nature de la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exi
379
nous verrons que ce n’est pas seulement la nature
de
la société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu
380
s verrons que ce n’est pas seulement la nature de
la
société, mais l’ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu ma
381
n’est pas seulement la nature de la société, mais
l’
ardeur même de la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, a
382
ement la nature de la société, mais l’ardeur même
de
la sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict
383
nt la nature de la société, mais l’ardeur même de
la
sombre passion qui exige un aveu masqué. Le mythe, au sens strict du
384
me de la sombre passion qui exige un aveu masqué.
Le
mythe, au sens strict du terme, se constitua au xiie siècle, c’est-à
385
au xiie siècle, c’est-à-dire dans une période où
les
élites faisaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale.
386
e période où les élites faisaient un vaste effort
de
mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait de « contenir », préci
387
de mise en ordre sociale et morale. Il s’agissait
de
« contenir », précisément, les poussées de l’instinct destructeur : c
388
rale. Il s’agissait de « contenir », précisément,
les
poussées de l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
389
issait de « contenir », précisément, les poussées
de
l’instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérai
390
ait de « contenir », précisément, les poussées de
l’
instinct destructeur : car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
391
ent, les poussées de l’instinct destructeur : car
la
religion, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons
392
s de l’instinct destructeur : car la religion, en
l’
attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires
393
ct destructeur : car la religion, en l’attaquant,
l’
exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires de ce siècle
394
: car la religion, en l’attaquant, l’exaspérait.
Les
chroniqueurs, les sermons et les satires de ce siècle nous révèlent q
395
, en l’attaquant, l’exaspérait. Les chroniqueurs,
les
sermons et les satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une pr
396
t, l’exaspérait. Les chroniqueurs, les sermons et
les
satires de ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise
397
ait. Les chroniqueurs, les sermons et les satires
de
ce siècle nous révèlent qu’il connut une première « crise du mariage
398
se du mariage ». Elle appelait une réaction vive.
Le
succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cad
399
le appelait une réaction vive. Le succès du Roman
de
Tristan fut donc d’ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’ex
400
tion vive. Le succès du Roman de Tristan fut donc
d’
ordonner la passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfacti
401
Le succès du Roman de Tristan fut donc d’ordonner
la
passion dans un cadre où elle pût s’exprimer en satisfactions symboli
402
t s’exprimer en satisfactions symboliques. (Ainsi
l’
Église avait « compris » le paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre
403
ns symboliques. (Ainsi l’Église avait « compris »
le
paganisme dans ses rites.) Or si ce cadre disparaît, cette passion n’
404
as moins. Elle est toujours aussi dangereuse pour
la
vie de la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la s
405
s. Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie
de
la société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société,
406
Elle est toujours aussi dangereuse pour la vie de
la
société. Elle tend toujours à provoquer, de la part de la société, un
407
té. Elle tend toujours à provoquer, de la part de
la
société, une mise en ordre équivalente. D’où la permanence historique
408
art de la société, une mise en ordre équivalente.
D’
où la permanence historique non point du mythe sous sa forme première,
409
e la société, une mise en ordre équivalente. D’où
la
permanence historique non point du mythe sous sa forme première, mais
410
e non point du mythe sous sa forme première, mais
de
l’exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre
411
on point du mythe sous sa forme première, mais de
l’
exigence mythique à laquelle répondait le Roman. Élargissant notre déf
412
mais de l’exigence mythique à laquelle répondait
le
Roman. Élargissant notre définition, nous appellerons mythe, désormai
413
us appellerons mythe, désormais, cette permanence
d’
un type de relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tris
414
rons mythe, désormais, cette permanence d’un type
de
relations et des réactions qu’il provoque. Le mythe de Tristan et Ise
415
ype de relations et des réactions qu’il provoque.
Le
mythe de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais l
416
lations et des réactions qu’il provoque. Le mythe
de
Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais le phénomè
417
he de Tristan et Iseut, ce ne sera plus seulement
le
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas
418
t Iseut, ce ne sera plus seulement le Roman, mais
le
phénomène qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé de s’éten
419
Roman, mais le phénomène qu’il illustre, et dont
l’
influence n’a pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la
420
qu’il illustre, et dont l’influence n’a pas cessé
de
s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de la nature obscure, dynamisme
421
pas cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion
de
la nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préform
422
cessé de s’étendre jusqu’à nos jours. Passion de
la
nature obscure, dynamisme excité par l’esprit, possibilité préformée
423
assion de la nature obscure, dynamisme excité par
l’
esprit, possibilité préformée à la recherche d’une contrainte qui l’ex
424
isme excité par l’esprit, possibilité préformée à
la
recherche d’une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : t
425
ar l’esprit, possibilité préformée à la recherche
d’
une contrainte qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le myt
426
ité préformée à la recherche d’une contrainte qui
l’
exalte, charme, terreur ou idéal : tel est le mythe qui nous tourmente
427
qui l’exalte, charme, terreur ou idéal : tel est
le
mythe qui nous tourmente. Qu’il ait perdu sa forme primitive voilà pr
428
perdu sa forme primitive voilà précisément ce qui
le
rend si dangereux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme les vé
429
ve voilà précisément ce qui le rend si dangereux.
Les
mythes déchus deviennent vénéneux comme les vérités mortes dont parle
430
reux. Les mythes déchus deviennent vénéneux comme
les
vérités mortes dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raison
431
arle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raisons
de
notre analyse Nul besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
432
du mythe ; raisons de notre analyse Nul besoin
d’
avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir enten
433
raisons de notre analyse Nul besoin d’avoir lu
le
Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
434
besoin d’avoir lu le Tristan de Béroul, ou celui
de
M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la v
435
u le Tristan de Béroul, ou celui de M. Bédier, ni
d’
avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’
436
Béroul, ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu
l’
opéra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgiq
437
ou celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra
de
Wagner, pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un
438
’avoir entendu l’opéra de Wagner, pour subir dans
la
vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dan
439
éra de Wagner, pour subir dans la vie quotidienne
l’
empire nostalgique d’un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos
440
ubir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique
d’
un tel mythe. Il se trahit dans la plupart de nos romans et de nos fil
441
he. Il se trahit dans la plupart de nos romans et
de
nos films, dans leurs succès auprès des masses, dans les complaisance
442
films, dans leurs succès auprès des masses, dans
les
complaisances qu’ils réveillent au cœur des bourgeois, des poètes, de
443
poètes, des mal mariés, des midinettes qui rêvent
d’
amours miraculeuses. Le mythe agit partout où la passion est rêvée com
444
des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses.
Le
mythe agit partout où la passion est rêvée comme un idéal, non point
445
t d’amours miraculeuses. Le mythe agit partout où
la
passion est rêvée comme un idéal, non point redoutée comme une fièvre
446
rophe, et non point comme une catastrophe. Il vit
de
la vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était
447
he, et non point comme une catastrophe. Il vit de
la
vie même de ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le
448
oint comme une catastrophe. Il vit de la vie même
de
ceux qui croient que l’amour est une destinée (c’était le philtre du
449
he. Il vit de la vie même de ceux qui croient que
l’
amour est une destinée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
450
qui croient que l’amour est une destinée (c’était
le
philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour le
451
ée (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur
l’
homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est
452
; qu’il fond sur l’homme impuissant et ravi pour
le
consumer d’un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bo
453
d sur l’homme impuissant et ravi pour le consumer
d’
un feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur, la so
454
feu pur ; et qu’il est plus fort et plus vrai que
le
bonheur, la société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme
455
qu’il est plus fort et plus vrai que le bonheur,
la
société et la morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; i
456
s fort et plus vrai que le bonheur, la société et
la
morale. Il vit de la vie même du romantisme en nous ; il est le grand
457
i que le bonheur, la société et la morale. Il vit
de
la vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette
458
ue le bonheur, la société et la morale. Il vit de
la
vie même du romantisme en nous ; il est le grand mystère de cette rel
459
vit de la vie même du romantisme en nous ; il est
le
grand mystère de cette religion dont les poètes du siècle passé se fi
460
e du romantisme en nous ; il est le grand mystère
de
cette religion dont les poètes du siècle passé se firent les prêtres
461
; il est le grand mystère de cette religion dont
les
poètes du siècle passé se firent les prêtres et les inspirés. De cett
462
eligion dont les poètes du siècle passé se firent
les
prêtres et les inspirés. De cette influence et de sa nature mythique,
463
s poètes du siècle passé se firent les prêtres et
les
inspirés. De cette influence et de sa nature mythique, la preuve est
464
ècle passé se firent les prêtres et les inspirés.
De
cette influence et de sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs im
465
es prêtres et les inspirés. De cette influence et
de
sa nature mythique, la preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous ser
466
rés. De cette influence et de sa nature mythique,
la
preuve est d’ailleurs immédiate. Elle nous sera donnée ici même par u
467
ine répugnance du lecteur à envisager mon projet.
Le
Roman de Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on est
468
nance du lecteur à envisager mon projet. Le Roman
de
Tristan nous est « sacré » dans la mesure exacte où l’on estimera que
469
ojet. Le Roman de Tristan nous est « sacré » dans
la
mesure exacte où l’on estimera que je commets un « sacrilège » en ten
470
istan nous est « sacré » dans la mesure exacte où
l’
on estimera que je commets un « sacrilège » en tentant de l’analyser.
471
timera que je commets un « sacrilège » en tentant
de
l’analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien
472
era que je commets un « sacrilège » en tentant de
l’
analyser. Certes, ce reproche de sacrilège revêt alors un sens bien an
473
e » en tentant de l’analyser. Certes, ce reproche
de
sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si l’on songe qu’il se tra
474
de sacrilège revêt alors un sens bien anodin, si
l’
on songe qu’il se traduisait, dans les sociétés primitives, non par ce
475
n anodin, si l’on songe qu’il se traduisait, dans
les
sociétés primitives, non par cette répugnance que je prévois, mais pa
476
non par cette répugnance que je prévois, mais par
la
mise à mort du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’
477
je prévois, mais par la mise à mort du coupable.
Le
sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’une survivance obscure et dé
478
nce obscure et déprimée. Je ne courrai donc guère
d’
autre risque que celui de voir le lecteur fermer le volume à cette pag
479
Je ne courrai donc guère d’autre risque que celui
de
voir le lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens in
480
urrai donc guère d’autre risque que celui de voir
le
lecteur fermer le volume à cette page. (Et certes, le sens inconscien
481
’autre risque que celui de voir le lecteur fermer
le
volume à cette page. (Et certes, le sens inconscient d’un tel geste n
482
ecteur fermer le volume à cette page. (Et certes,
le
sens inconscient d’un tel geste n’est rien moins que la mise à mort d
483
ume à cette page. (Et certes, le sens inconscient
d’
un tel geste n’est rien moins que la mise à mort de l’auteur. Pourtant
484
s inconscient d’un tel geste n’est rien moins que
la
mise à mort de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets.) Mais si tu
485
’un tel geste n’est rien moins que la mise à mort
de
l’auteur. Pourtant il demeure sans effets.) Mais si tu m’épargnes, ô
486
tel geste n’est rien moins que la mise à mort de
l’
auteur. Pourtant il demeure sans effets.) Mais si tu m’épargnes, ô lec
487
ô lecteur ! faut-il croire que cela signifie que
la
passion n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’
488
n n’est point sacrée pour toi ? Ou simplement que
les
hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions qu
489
nt sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes
d’
aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions que dans leu
490
débiles dans leurs passions que dans leurs gestes
de
réprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que l’o
491
s que dans leurs gestes de réprobation ? À défaut
d’
ennemis déclarés, où sera le courage que l’on réclame des écrivains ?
492
éprobation ? À défaut d’ennemis déclarés, où sera
le
courage que l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercen
493
défaut d’ennemis déclarés, où sera le courage que
l’
on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils l’exercent contre eux-mê
494
e l’on réclame des écrivains ? Faudra-t-il qu’ils
l’
exercent contre eux-mêmes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’
495
mes ? Et ne peut-on vraiment livrer bataille qu’à
l’
adversaire qu’on porte en soi ? J’avoue que j’ai moi-même éprouvé du d
496
me éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs
de
la légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La for
497
éprouvé du dépit à voir l’un des commentateurs de
la
légende de Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formul
498
dépit à voir l’un des commentateurs de la légende
de
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans
499
r l’un des commentateurs de la légende de Tristan
la
définir « une épopée de l’adultère ». La formule est sans doute exact
500
de la légende de Tristan la définir « une épopée
de
l’adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à co
501
la légende de Tristan la définir « une épopée de
l’
adultère ». La formule est sans doute exacte, si l’on se borne à consi
502
Tristan la définir « une épopée de l’adultère ».
La
formule est sans doute exacte, si l’on se borne à considérer la donné
503
’adultère ». La formule est sans doute exacte, si
l’
on se borne à considérer la donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pa
504
sans doute exacte, si l’on se borne à considérer
la
donnée sèche du Roman. Elle n’en paraît pas moins vexante et « prosaï
505
prosaïquement » restrictive. Peut-on soutenir que
la
faute morale est le vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner p
506
rictive. Peut-on soutenir que la faute morale est
le
vrai sujet de la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serai
507
on soutenir que la faute morale est le vrai sujet
de
la légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opé
508
soutenir que la faute morale est le vrai sujet de
la
légende ? Le Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
509
la faute morale est le vrai sujet de la légende ?
Le
Tristan de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère
510
n de Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra
de
l’adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot
511
e Wagner par exemple, ne serait-il qu’un opéra de
l’
adultère ? Et l’adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? U
512
mple, ne serait-il qu’un opéra de l’adultère ? Et
l’
adultère, enfin, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture de co
513
, n’est-ce que cela ? Un vilain mot ? Une rupture
de
contrat ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop de cas ; mais
514
t ? C’est cela aussi, ce n’est que cela dans trop
de
cas ; mais c’est souvent bien davantage : une atmosphère tragique et
515
: une atmosphère tragique et passionnée, par-delà
le
bien et le mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un dr
516
phère tragique et passionnée, par-delà le bien et
le
mal, un beau drame ou un drame affreux… Enfin, c’est un drame, un rom
517
un drame, un roman. Et romantisme vient de roman…
Le
problème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire d’autant. Je di
518
lème s’élargit magnifiquement — et mon cas empire
d’
autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et l’on jugera si elles so
519
et mon cas empire d’autant. Je dirai mes raisons
de
persévérer, et l’on jugera si elles sont diaboliques. La première est
520
d’autant. Je dirai mes raisons de persévérer, et
l’
on jugera si elles sont diaboliques. La première est que nous sommes p
521
La première est que nous sommes parvenus au point
de
désordre social où l’immoralisme se révèle plus exténuant que les mor
522
us sommes parvenus au point de désordre social où
l’
immoralisme se révèle plus exténuant que les morales anciennes. Le cul
523
ial où l’immoralisme se révèle plus exténuant que
les
morales anciennes. Le culte de l’amour-passion s’est tellement démocr
524
révèle plus exténuant que les morales anciennes.
Le
culte de l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses v
525
lus exténuant que les morales anciennes. Le culte
de
l’amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus est
526
exténuant que les morales anciennes. Le culte de
l’
amour-passion s’est tellement démocratisé qu’il perd ses vertus esthét
527
sé qu’il perd ses vertus esthétiques et sa valeur
de
tragédie spirituelle. Reste une confuse et diffuse souffrance, quelqu
528
une confuse et diffuse souffrance, quelque chose
d’
impur et de triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
529
e et diffuse souffrance, quelque chose d’impur et
de
triste, dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner les causes
530
dont il me semble qu’on ne perdra rien à profaner
les
causes faussement sacrées : cette littérature de la passion, cette pu
531
les causes faussement sacrées : cette littérature
de
la passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure
532
causes faussement sacrées : cette littérature de
la
passion, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue » d’allure com
533
, cette publicité qu’on lui fait, cette « vogue »
d’
allure commerciale de ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaqu
534
on lui fait, cette « vogue » d’allure commerciale
de
ce qui fut un secret religieux… Il faut s’attaquer à tout cela, fût-c
535
t s’attaquer à tout cela, fût-ce même pour sauver
le
mythe des abus de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacr
536
t cela, fût-ce même pour sauver le mythe des abus
de
son extrême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a
537
us de son extrême vulgarisation. Et tant pis pour
le
sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
538
ême vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège.
La
poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
539
e a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas
d’
un défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
540
ances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur
de
la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair
541
es. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de
la
beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, d
542
s d’un défenseur de la beauté, même maudite, mais
d’
un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie
543
de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a
le
goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de
544
auté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût
d’
y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de la vie de ses cont
545
te, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair,
de
prendre conscience de sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je
546
i a le goût d’y voir clair, de prendre conscience
de
sa vie et de la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de
547
’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et
de
la vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’e
548
voir clair, de prendre conscience de sa vie et de
la
vie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est
549
air, de prendre conscience de sa vie et de la vie
de
ses contemporains. Si je m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il p
550
ie de ses contemporains. Si je m’attache au mythe
de
Tristan, c’est qu’il permet de dégager une raison simple de notre con
551
m’attache au mythe de Tristan, c’est qu’il permet
de
dégager une raison simple de notre confusion présente. C’est qu’il pe
552
, c’est qu’il permet de dégager une raison simple
de
notre confusion présente. C’est qu’il permet aussi de formuler certai
553
otre confusion présente. C’est qu’il permet aussi
de
formuler certaines relations permanentes noyées sous les vulgarités m
554
muler certaines relations permanentes noyées sous
les
vulgarités minutieuses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
555
ermanentes noyées sous les vulgarités minutieuses
de
nos psychologies. C’est enfin qu’il permet de mettre à nu certain dil
556
ses de nos psychologies. C’est enfin qu’il permet
de
mettre à nu certain dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et l
557
n dilemme dont notre vie hâtive, notre culture et
le
ronron de nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère r
558
dont notre vie hâtive, notre culture et le ronron
de
nos morales sont en passe de nous faire oublier la sévère réalité. Dr
559
culture et le ronron de nos morales sont en passe
de
nous faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de la passion
560
e nos morales sont en passe de nous faire oublier
la
sévère réalité. Dresser le mythe de la passion dans sa violence primi
561
de nous faire oublier la sévère réalité. Dresser
le
mythe de la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pur
562
faire oublier la sévère réalité. Dresser le mythe
de
la passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monum
563
re oublier la sévère réalité. Dresser le mythe de
la
passion dans sa violence primitive et sacrée, dans sa pureté monument
564
sur notre impuissance à choisir vaillamment entre
la
Norme du Jour et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la M
565
e à choisir vaillamment entre la Norme du Jour et
la
Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’ex
566
vaillamment entre la Norme du Jour et la Passion
de
la Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’ango
567
illamment entre la Norme du Jour et la Passion de
la
Nuit ; dresser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte l’angoiss
568
r et la Passion de la Nuit ; dresser cette figure
de
la Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du
569
t la Passion de la Nuit ; dresser cette figure de
la
Mort des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du sec
570
sser cette figure de la Mort des Amants qu’exalte
l’
angoissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner, tel est l
571
angoissant et vampirique crescendo du second acte
de
Wagner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il
572
u second acte de Wagner, tel est le premier objet
de
cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteu
573
ner, tel est le premier objet de cet ouvrage ; et
le
succès qu’il ambitionne, c’est d’amener un lecteur au seuil du choix
574
et ouvrage ; et le succès qu’il ambitionne, c’est
d’
amener un lecteur au seuil du choix : « J’ai voulu cela ! » ou bien :
575
« Que Dieu m’en garde ! » Je ne suis pas sûr que
la
conscience claire soit utile d’une manière générale, et en soi. Ni qu
576
suis pas sûr que la conscience claire soit utile
d’
une manière générale, et en soi. Ni que les vérités utiles soient avou
577
t utile d’une manière générale, et en soi. Ni que
les
vérités utiles soient avouables sur la place. Mais quelle que soit «
578
i. Ni que les vérités utiles soient avouables sur
la
place. Mais quelle que soit « l’utilité » de mon entreprise, notre so
579
nt avouables sur la place. Mais quelle que soit «
l’
utilité » de mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous
580
sur la place. Mais quelle que soit « l’utilité »
de
mon entreprise, notre sort n’en demeure pas moins, à nous autres Occi
581
’en demeure pas moins, à nous autres Occidentaux,
de
devenir de plus en plus conscients des illusions dont nous vivons. Et
582
des illusions dont nous vivons. Et peut-être que
la
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur de formes idéales,
583
fonction du philosophe, du moraliste, du créateur
de
formes idéales, est simplement d’accroître la conscience, donc la mau
584
te, du créateur de formes idéales, est simplement
d’
accroître la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui s
585
eur de formes idéales, est simplement d’accroître
la
conscience, donc la mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela
586
s, est simplement d’accroître la conscience, donc
la
mauvaise conscience des hommes… Qui sait où cela peut nous mener ? Là
587
où cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps
de
passer à l’opération annoncée. La condition de sa réussite est sans d
588
nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer à
l’
opération annoncée. La condition de sa réussite est sans doute une cer
589
s, il est temps de passer à l’opération annoncée.
La
condition de sa réussite est sans doute une certaine froideur avec la
590
ps de passer à l’opération annoncée. La condition
de
sa réussite est sans doute une certaine froideur avec laquelle nous l
591
ns doute une certaine froideur avec laquelle nous
la
mènerons. Sourds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons de ré
592
ds et aveugles aux « charmes » du récit, essayons
de
résumer « objectivement » les faits qu’il nous rapporte et les raison
593
» du récit, essayons de résumer « objectivement »
les
faits qu’il nous rapporte et les raisons qu’il en propose, ou qu’il o
594
objectivement » les faits qu’il nous rapporte et
les
raisons qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement de nous ind
595
qu’il en propose, ou qu’il omet très curieusement
de
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman de Tristan7 Amo
596
nous indiquer. 4.Le contenu manifeste du Roman
de
Tristan7 Amors par force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît d
597
force vos demeine ! (Béroul.) Tristan naît dans
le
malheur. Son père vient de mourir, et sa mère Blanchefleur ne survit
598
a mère Blanchefleur ne survit pas à sa naissance.
D’
où le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orag
599
e Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’où
le
nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui
600
survit pas à sa naissance. D’où le nom du héros,
la
couleur sombre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légend
601
aissance. D’où le nom du héros, la couleur sombre
de
sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de
602
le nom du héros, la couleur sombre de sa vie, et
le
ciel bas d’orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles,
603
éros, la couleur sombre de sa vie, et le ciel bas
d’
orage qui couvre la légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Bla
604
mbre de sa vie, et le ciel bas d’orage qui couvre
la
légende. Le roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’
605
ie, et le ciel bas d’orage qui couvre la légende.
Le
roi Marc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend l’orphelin à s
606
arc de Cornouailles, frère de Blanchefleur, prend
l’
orphelin à sa cour et l’éduque. Première prouesse ou performance : la
607
re de Blanchefleur, prend l’orphelin à sa cour et
l’
éduque. Première prouesse ou performance : la victoire de Tristan sur
608
r et l’éduque. Première prouesse ou performance :
la
victoire de Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme l
609
e. Première prouesse ou performance : la victoire
de
Tristan sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure,
610
uesse ou performance : la victoire de Tristan sur
le
Morholt. Ce géant irlandais vient, comme le Minotaure, exiger son tri
611
n sur le Morholt. Ce géant irlandais vient, comme
le
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens de Co
612
dais vient, comme le Minotaure, exiger son tribut
de
jeunes filles ou de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la p
613
Minotaure, exiger son tribut de jeunes filles ou
de
jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient la permission de le comb
614
ger son tribut de jeunes filles ou de jeunes gens
de
Cornouailles. Tristan obtient la permission de le combattre, au momen
615
u de jeunes gens de Cornouailles. Tristan obtient
la
permission de le combattre, au moment où il pourrait être armé cheval
616
ns de Cornouailles. Tristan obtient la permission
de
le combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu
617
de Cornouailles. Tristan obtient la permission de
le
combattre, au moment où il pourrait être armé chevalier, donc peu apr
618
tre armé chevalier, donc peu après sa puberté. Il
le
tue, mais il en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir de sur
619
en a reçu un coup d’épée empoisonnée. Sans espoir
de
survivre à son mal, Tristan s’embarque à l’aventure dans un bateau sa
620
spoir de survivre à son mal, Tristan s’embarque à
l’
aventure dans un bateau sans voile ni rames, emportant son épée et sa
621
épée et sa harpe. Il aborde au rivage irlandais.
La
reine d’Irlande détient seule le secret du remède qui peut le sauver.
622
ivage irlandais. La reine d’Irlande détient seule
le
secret du remède qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était le f
623
rlande détient seule le secret du remède qui peut
le
sauver. Mais le géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tr
624
eule le secret du remède qui peut le sauver. Mais
le
géant Morholt était le frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t
625
e qui peut le sauver. Mais le géant Morholt était
le
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
626
t le sauver. Mais le géant Morholt était le frère
de
cette reine, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origin
627
frère de cette reine, aussi Tristan se garde-t-il
d’
avouer son nom et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale, le so
628
, aussi Tristan se garde-t-il d’avouer son nom et
l’
origine de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C
629
istan se garde-t-il d’avouer son nom et l’origine
de
son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est le Pr
630
et l’origine de son mal. Iseut, princesse royale,
le
soigne et le guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le
631
de son mal. Iseut, princesse royale, le soigne et
le
guérit. C’est le Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc déc
632
, princesse royale, le soigne et le guérit. C’est
le
Prologue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide d’épouser la
633
it. C’est le Prologue. Quelques années plus tard,
le
roi Marc décide d’épouser la femme dont un oiseau lui apporta un chev
634
ue. Quelques années plus tard, le roi Marc décide
d’
épouser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tris
635
es années plus tard, le roi Marc décide d’épouser
la
femme dont un oiseau lui apporta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il
636
ser la femme dont un oiseau lui apporta un cheveu
d’
or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de l’inconnue. Une tempê
637
orta un cheveu d’or. C’est Tristan qu’il envoie à
la
« quête » de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande.
638
u d’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête »
de
l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il comba
639
’or. C’est Tristan qu’il envoie à la « quête » de
l’
inconnue. Une tempête rejette le héros vers l’Irlande. Là, il combat e
640
à la « quête » de l’inconnue. Une tempête rejette
le
héros vers l’Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la
641
de l’inconnue. Une tempête rejette le héros vers
l’
Irlande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’e
642
ande. Là, il combat et tue un dragon qui menaçait
la
capitale. (C’est le motif consacré de la vierge délivrée par un jeune
643
et tue un dragon qui menaçait la capitale. (C’est
le
motif consacré de la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé pa
644
ui menaçait la capitale. (C’est le motif consacré
de
la vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tris
645
menaçait la capitale. (C’est le motif consacré de
la
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par le monstre, Tristan
646
vierge délivrée par un jeune paladin.) Blessé par
le
monstre, Tristan est soigné de nouveau par Iseut. Un jour, cette prin
647
par Iseut. Un jour, cette princesse découvre que
le
blessé n’est autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
648
princesse découvre que le blessé n’est autre que
le
meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le
649
couvre que le blessé n’est autre que le meurtrier
de
son oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de le tuer dans so
650
autre que le meurtrier de son oncle. Elle saisit
l’
épée de Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révè
651
que le meurtrier de son oncle. Elle saisit l’épée
de
Tristan et menace de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la m
652
on oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace
de
le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Ma
653
oncle. Elle saisit l’épée de Tristan et menace de
le
tuer dans son bain. Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
654
ce de le tuer dans son bain. Alors, il lui révèle
la
mission dont le roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car ell
655
ns son bain. Alors, il lui révèle la mission dont
le
roi Marc l’a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être rein
656
Alors, il lui révèle la mission dont le roi Marc
l’
a chargé. Et Iseut lui fait grâce, car elle veut être reine. (Selon ce
657
elon certains auteurs, c’est aussi qu’elle admire
la
beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et la princesse voguent
658
a beauté du jeune homme, à ce moment.) Tristan et
la
princesse voguent vers les terres de Marc. En haute mer, le vent tomb
659
ce moment.) Tristan et la princesse voguent vers
les
terres de Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante.
660
) Tristan et la princesse voguent vers les terres
de
Marc. En haute mer, le vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont so
661
se voguent vers les terres de Marc. En haute mer,
le
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangie
662
les terres de Marc. En haute mer, le vent tombe,
la
chaleur est pesante. Ils ont soif. La servante Brangien leur donne à
663
vent tombe, la chaleur est pesante. Ils ont soif.
La
servante Brangien leur donne à boire. Mais elle leur verse par erreur
664
donne à boire. Mais elle leur verse par erreur «
le
vin herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. I
665
in herbé » destiné aux époux, et qu’avait préparé
la
mère d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies d’une d
666
x époux, et qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils
le
boivent. Les voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais
667
qu’avait préparé la mère d’Iseut. Ils le boivent.
Les
voici entrés dans les voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauld
668
re d’Iseut. Ils le boivent. Les voici entrés dans
les
voies d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies,
669
. Ils le boivent. Les voici entrés dans les voies
d’
une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour de leurs vies, car ils
670
d’une destinée « qui jamais ne leur fauldra jour
de
leurs vies, car ils ont beu leur destruction et leur mort ». Ils s’av
671
ouent leur amour et ils y cèdent. (Notons ici que
le
texte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait l’efficacité du ph
672
ent. (Notons ici que le texte primitif, suivi par
le
seul Béroul, limitait l’efficacité du philtre à trois ans8. Thomas, i
673
exte primitif, suivi par le seul Béroul, limitait
l’
efficacité du philtre à trois ans8. Thomas, imbu de fine psychologie,
674
’efficacité du philtre à trois ans8. Thomas, imbu
de
fine psychologie, et plein de méfiance pour le merveilleux, qu’il jug
675
ans8. Thomas, imbu de fine psychologie, et plein
de
méfiance pour le merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que
676
bu de fine psychologie, et plein de méfiance pour
le
merveilleux, qu’il juge grossier, réduit autant que possible l’import
677
, qu’il juge grossier, réduit autant que possible
l’
importance du philtre, et présente l’amour de Tristan et d’Iseut comme
678
que possible l’importance du philtre, et présente
l’
amour de Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
679
ible l’importance du philtre, et présente l’amour
de
Tristan et d’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scèn
680
nce du philtre, et présente l’amour de Tristan et
d’
Iseut comme une affection spontanée, apparue dès la scène du bain. Eil
681
’Iseut comme une affection spontanée, apparue dès
la
scène du bain. Eilhart, Gottfried et la plupart des autres accordent
682
e plus significatif que ces variantes, comme nous
le
verrons.) La faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la
683
icatif que ces variantes, comme nous le verrons.)
La
faute est donc consommée. Mais Tristan reste lié par la mission qu’il
684
te est donc consommée. Mais Tristan reste lié par
la
mission qu’il a reçue du roi. Il conduit donc Iseut à Marc, malgré le
685
par ruse, passera la première nuit nuptiale avec
le
roi, sauvant ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant l’erre
686
ainsi sa maîtresse du déshonneur, tout en expiant
l’
erreur fatale qu’elle a commise. Cependant des barons « félons » dénon
687
Cependant des barons « félons » dénoncent au roi
l’
amour de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une
688
nt des barons « félons » dénoncent au roi l’amour
de
Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvell
689
« félons » dénoncent au roi l’amour de Tristan et
d’
Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur d’une nouvelle ruse (scène
690
de Tristan et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à
la
faveur d’une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son
691
n et d’Iseut. Tristan est banni. Mais à la faveur
d’
une nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc de son innocence
692
nouvelle ruse (scène du verger), il convainc Marc
de
son innocence et revient à la cour. Le nain Frocine, complice des bar
693
), il convainc Marc de son innocence et revient à
la
cour. Le nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les
694
vainc Marc de son innocence et revient à la cour.
Le
nain Frocine, complice des barons, cherche à surprendre les amants et
695
rocine, complice des barons, cherche à surprendre
les
amants et leur tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui de la
696
urprendre les amants et leur tend un piège. Entre
le
lit de Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ».
697
re les amants et leur tend un piège. Entre le lit
de
Tristan et celui de la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan
698
r tend un piège. Entre le lit de Tristan et celui
de
la reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
699
end un piège. Entre le lit de Tristan et celui de
la
reine, il sème de la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’u
700
e le lit de Tristan et celui de la reine, il sème
de
la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle missio
701
e lit de Tristan et celui de la reine, il sème de
la
« fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission,
702
istan et celui de la reine, il sème de la « fleur
de
blé ». Tristan, que Marc a chargé d’une nouvelle mission, veut rejoin
703
e la « fleur de blé ». Tristan, que Marc a chargé
d’
une nouvelle mission, veut rejoindre une dernière fois son amie, penda
704
eut rejoindre une dernière fois son amie, pendant
la
nuit qui précède son départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépar
705
ndant la nuit qui précède son départ. Il franchit
d’
un saut l’espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente q
706
uit qui précède son départ. Il franchit d’un saut
l’
espace qui sépare les deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reç
707
départ. Il franchit d’un saut l’espace qui sépare
les
deux lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à la jambe se rouv
708
x lits. Mais une blessure récente qu’il a reçue à
la
jambe se rouvre par l’effort. Marc et les barons, alertés par le nain
709
re récente qu’il a reçue à la jambe se rouvre par
l’
effort. Marc et les barons, alertés par le nain, font irruption dans l
710
reçue à la jambe se rouvre par l’effort. Marc et
les
barons, alertés par le nain, font irruption dans le dortoir. Ils voie
711
vre par l’effort. Marc et les barons, alertés par
le
nain, font irruption dans le dortoir. Ils voient des traces de sang s
712
barons, alertés par le nain, font irruption dans
le
dortoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
713
irruption dans le dortoir. Ils voient des traces
de
sang sur la fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Is
714
ans le dortoir. Ils voient des traces de sang sur
la
fleur de blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera liv
715
rtoir. Ils voient des traces de sang sur la fleur
de
blé. La preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une
716
ls voient des traces de sang sur la fleur de blé.
La
preuve de l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
717
des traces de sang sur la fleur de blé. La preuve
de
l’adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux
718
traces de sang sur la fleur de blé. La preuve de
l’
adultère est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe de lépreux et
719
e est ainsi faite. Iseut sera livrée à une troupe
de
lépreux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de la chapelle)
720
eux et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène
de
la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
721
et Tristan condamné à mort. Il s’évade (scène de
la
chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt de
722
e). Il délivre Iseut, et avec elle s’enfonce dans
la
forêt de Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et du
723
livre Iseut, et avec elle s’enfonce dans la forêt
de
Morois. Trois ans durant, ils y mènent une vie « aspre et dure ». Un
724
y mènent une vie « aspre et dure ». Un jour, Marc
les
surprend endormis. Mais il se trouve que Tristan a déposé entre leurs
725
on épée nue. Ému par ce qu’il prend pour un signe
de
chasteté, le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de
726
Ému par ce qu’il prend pour un signe de chasteté,
le
roi les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dé
727
ce qu’il prend pour un signe de chasteté, le roi
les
épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à s
728
ur un signe de chasteté, le roi les épargne. Sans
les
réveiller, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place l’épée roy
729
le roi les épargne. Sans les réveiller, il prend
l’
épée de Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans éco
730
les épargne. Sans les réveiller, il prend l’épée
de
Tristan et dépose à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés, l
731
, il prend l’épée de Tristan et dépose à sa place
l’
épée royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Bé
732
e de Tristan et dépose à sa place l’épée royale.
Les
trois ans écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre
733
à sa place l’épée royale. Les trois ans écoulés,
le
philtre cesse d’agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versi
734
royale. Les trois ans écoulés, le philtre cesse
d’
agir (selon Béroul et l’ancêtre commun des cinq versions). Alors seule
735
écoulés, le philtre cesse d’agir (selon Béroul et
l’
ancêtre commun des cinq versions). Alors seulement Tristan se repent,
736
ement Tristan se repent, Iseut se met à regretter
la
cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan
737
seut se met à regretter la cour… Ils vont trouver
l’
ermite Ogrin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendr
738
ter la cour… Ils vont trouver l’ermite Ogrin, par
l’
entremise duquel Tristan offre au roi de lui rendre sa femme. Marc pro
739
grin, par l’entremise duquel Tristan offre au roi
de
lui rendre sa femme. Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
740
i de lui rendre sa femme. Marc promet son pardon.
Les
amants se séparent à l’approche du cortège royal. Iseut supplie encor
741
Marc promet son pardon. Les amants se séparent à
l’
approche du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan de demeurer da
742
he du cortège royal. Iseut supplie encore Tristan
de
demeurer dans le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la trait
743
al. Iseut supplie encore Tristan de demeurer dans
le
pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc la traite bien. Puis, par
744
ns le pays jusqu’à ce qu’il soit certain que Marc
la
traite bien. Puis, par une dernière ruse féminine, exploitant cette c
745
nière ruse féminine, exploitant cette concession,
la
reine déclare qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal de sa
746
te concession, la reine déclare qu’elle rejoindra
le
chevalier au premier signal de sa part, et sans que rien puisse la re
747
qu’elle rejoindra le chevalier au premier signal
de
sa part, et sans que rien puisse la retenir, « ni tour, ni mur, ni fo
748
remier signal de sa part, et sans que rien puisse
la
retenir, « ni tour, ni mur, ni fort chastel. » Chez Orri le forestier
749
, « ni tour, ni mur, ni fort chastel. » Chez Orri
le
forestier, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais les barons
750
, ils ont plusieurs rendez-vous clandestins. Mais
les
barons félons veillent sur la vertu de la reine. Celle-ci demande et
751
clandestins. Mais les barons félons veillent sur
la
vertu de la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu
752
ins. Mais les barons félons veillent sur la vertu
de
la reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour pr
753
. Mais les barons félons veillent sur la vertu de
la
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement de Dieu » pour prouv
754
reine. Celle-ci demande et obtient un « jugement
de
Dieu » pour prouver son innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomp
755
n innocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe
de
l’épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main d
756
nnocence. Grâce à un subterfuge, elle triomphe de
l’
épreuve : avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main de q
757
uge, elle triomphe de l’épreuve : avant de saisir
le
fer rouge qui laisse intacte la main de qui n’a pas menti, elle jure
758
: avant de saisir le fer rouge qui laisse intacte
la
main de qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
759
de saisir le fer rouge qui laisse intacte la main
de
qui n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun
760
n’a pas menti, elle jure n’avoir jamais été dans
les
bras d’aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vien
761
menti, elle jure n’avoir jamais été dans les bras
d’
aucun homme, hors ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’a
762
ceux du roi son maître et du manant qui vient de
l’
aider à descendre de sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais
763
tre et du manant qui vient de l’aider à descendre
de
sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventu
764
nt qui vient de l’aider à descendre de sa barque.
Le
manant, c’est Tristan déguisé… Mais de nouvelles aventures entraînent
765
sa barque. Le manant, c’est Tristan déguisé… Mais
de
nouvelles aventures entraînent au loin le chevalier. Il croit que la
766
é… Mais de nouvelles aventures entraînent au loin
le
chevalier. Il croit que la reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’i
767
res entraînent au loin le chevalier. Il croit que
la
reine a cessé de l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-del
768
loin le chevalier. Il croit que la reine a cessé
de
l’aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « po
769
in le chevalier. Il croit que la reine a cessé de
l’
aimer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de la mer, « pour
770
mer. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà
de
la mer, « pour son nom et pour sa beauté »9, une autre Iseut, l’Iseut
771
. C’est alors qu’il consent à épouser, au-delà de
la
mer, « pour son nom et pour sa beauté »9, une autre Iseut, l’Iseut «
772
ur son nom et pour sa beauté »9, une autre Iseut,
l’
Iseut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan la laissera vierge,
773
seut « aux blanches mains ». Et en effet, Tristan
la
laissera vierge, car il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à
774
istan la laissera vierge, car il regrette « Iseut
la
bloie ». Enfin, blessé à mort, et de nouveau empoisonné par cette ble
775
poisonné par cette blessure, Tristan fait appeler
la
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore le guérir. Elle vie
776
e, Tristan fait appeler la reine de Cornouailles,
la
seule qui puisse encore le guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore
777
reine de Cornouailles, la seule qui puisse encore
le
guérir. Elle vient, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe d
778
, et son vaisseau arbore une voile blanche, signe
d’
espoir. Iseut aux blanches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
779
anches mains guettait son arrivée. Tourmentée par
la
jalousie, elle s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que la voi
780
ourmentée par la jalousie, elle s’en vient au lit
de
Tristan et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut l
781
e s’en vient au lit de Tristan et lui annonce que
la
voile est noire. Tristan meurt. Iseut la blonde débarque à cet instan
782
once que la voile est noire. Tristan meurt. Iseut
la
blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse le corps de
783
ébarque à cet instant, monte au château, embrasse
le
corps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et
784
cet instant, monte au château, embrasse le corps
de
son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « ch
785
ps de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé
de
la sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus
786
de son amant, et meurt. 5.Énigmes Résumé de
la
sorte, et tout « charme » détruit, à considérer froidement le plus en
787
tout « charme » détruit, à considérer froidement
le
plus envoûtant des poèmes, on s’aperçoit que sa donnée ni son progrès
788
it que sa donnée ni son progrès ne sont dépourvus
d’
équivoque. J’ai passé quantité d’épisodes accessoires, mais aucun des
789
e sont dépourvus d’équivoque. J’ai passé quantité
d’
épisodes accessoires, mais aucun des motifs allégués de l’action centr
790
sodes accessoires, mais aucun des motifs allégués
de
l’action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir
791
es accessoires, mais aucun des motifs allégués de
l’
action centrale du Roman. Et je les ai même soulignés. On a pu voir qu
792
ifs allégués de l’action centrale du Roman. Et je
les
ai même soulignés. On a pu voir qu’ils se réduisent à fort peu de cho
793
stan conduit Iseut au roi parce qu’il est lié par
la
fidélité du chevalier ; — les amants se séparent, au terme des trois
794
ce qu’il est lié par la fidélité du chevalier ; —
les
amants se séparent, au terme des trois années dans la forêt, parce qu
795
mants se séparent, au terme des trois années dans
la
forêt, parce que le philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux
796
u terme des trois années dans la forêt, parce que
le
philtre cesse d’agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « po
797
années dans la forêt, parce que le philtre cesse
d’
agir ; — Tristan épouse Iseut aux blanches mains « pour son nom et pou
798
enant, ces « raisons » mises à part — nous aurons
l’
occasion d’y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
799
« raisons » mises à part — nous aurons l’occasion
d’
y revenir — on s’aperçoit que le Roman repose sur une série de contrad
800
aurons l’occasion d’y revenir — on s’aperçoit que
le
Roman repose sur une série de contradictions énigmatiques. Une premiè
801
— on s’aperçoit que le Roman repose sur une série
de
contradictions énigmatiques. Une première remarque m’a frappé, faite
802
é, faite en passant par l’un des éditeurs récents
de
la légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supér
803
faite en passant par l’un des éditeurs récents de
la
légende : tout au long du Roman, Tristan paraît physiquement supérieu
804
, au roi. Aucune force extérieure ne saurait donc
l’
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps s
805
ucune force extérieure ne saurait donc l’empêcher
d’
enlever Iseut et d’obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
806
ure ne saurait donc l’empêcher d’enlever Iseut et
d’
obéir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent le droit du plus f
807
empêcher d’enlever Iseut et d’obéir à son destin.
Les
mœurs du temps sanctionnent le droit du plus fort, elles le divinisen
808
éir à son destin. Les mœurs du temps sanctionnent
le
droit du plus fort, elles le divinisent même sans le moindre scrupule
809
u temps sanctionnent le droit du plus fort, elles
le
divinisent même sans le moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du
810
droit du plus fort, elles le divinisent même sans
le
moindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’un homme sur une
811
oindre scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit
d’
un homme sur une femme : c’est l’enjeu habituel des tournois. Pourquoi
812
s’agit du droit d’un homme sur une femme : c’est
l’
enjeu habituel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas de ce dro
813
uel des tournois. Pourquoi Tristan n’use-t-il pas
de
ce droit ? Mise en éveil par cette première question, notre méfiance
814
igmes, non moins curieuses et obscures. Pourquoi
l’
épée de chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà p
815
non moins curieuses et obscures. Pourquoi l’épée
de
chasteté entre les corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ;
816
s et obscures. Pourquoi l’épée de chasteté entre
les
corps dans la forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se
817
Pourquoi l’épée de chasteté entre les corps dans
la
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce
818
’épée de chasteté entre les corps dans la forêt ?
Les
amants ont déjà péché ; ils refusent de se repentir, à ce moment-là ;
819
forêt ? Les amants ont déjà péché ; ils refusent
de
se repentir, à ce moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que le
820
moment-là ; enfin ils ne prévoient nullement que
le
roi pourrait les surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, da
821
in ils ne prévoient nullement que le roi pourrait
les
surprendre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans les différente
822
endre. Or on ne trouve ni un vers ni un mot, dans
les
différentes versions, qui donne la raison de cet acte10. Pourquoi Tr
823
un mot, dans les différentes versions, qui donne
la
raison de cet acte10. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et c
824
ans les différentes versions, qui donne la raison
de
cet acte10. Pourquoi Tristan rend-il la reine à Marc, et cela même d
825
a raison de cet acte10. Pourquoi Tristan rend-il
la
reine à Marc, et cela même dans les versions où le philtre continue d
826
ristan rend-il la reine à Marc, et cela même dans
les
versions où le philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent
827
a reine à Marc, et cela même dans les versions où
le
philtre continue d’agir ? Si, comme certains le disent, c’est une rep
828
ela même dans les versions où le philtre continue
d’
agir ? Si, comme certains le disent, c’est une repentance sincère qui
829
ù le philtre continue d’agir ? Si, comme certains
le
disent, c’est une repentance sincère qui motive la séparation, pourqu
830
e disent, c’est une repentance sincère qui motive
la
séparation, pourquoi se promettent-ils de se revoir au moment même où
831
motive la séparation, pourquoi se promettent-ils
de
se revoir au moment même où ils acceptent de se quitter ? Pourquoi Tr
832
-ils de se revoir au moment même où ils acceptent
de
se quitter ? Pourquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir de n
833
urquoi Tristan s’éloigne-t-il ensuite pour courir
de
nouvelles aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans la forêt ?
834
s aventures, alors qu’ils ont un rendez-vous dans
la
forêt ? Pourquoi la reine coupable propose-t-elle un « jugement de Di
835
u’ils ont un rendez-vous dans la forêt ? Pourquoi
la
reine coupable propose-t-elle un « jugement de Dieu » ? Elle sait bie
836
oi la reine coupable propose-t-elle un « jugement
de
Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit la perdre. Elle n’en t
837
de Dieu » ? Elle sait bien que cette épreuve doit
la
perdre. Elle n’en triomphe que par une ruse improvisée in extremis, e
838
est donnée comme trompant Dieu lui-même, puisque
le
miracle s’opère11 ! Enfin, ce jugement étant acquis, la reine passe p
839
acle s’opère11 ! Enfin, ce jugement étant acquis,
la
reine passe pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et l’on ne voit
840
nt acquis, la reine passe pour innocente. Tristan
l’
est donc aussi, et l’on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son
841
asse pour innocente. Tristan l’est donc aussi, et
l’
on ne voit plus du tout ce qui s’opposerait à son retour auprès du roi
842
pposerait à son retour auprès du roi, donc auprès
d’
Iseut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que les poètes du xiiie
843
seut… D’autre part, n’est-il pas fort étrange que
les
poètes du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur, de
844
s du xiiie siècle, si exigeants dès qu’il s’agit
d’
honneur, de fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de comme
845
siècle, si exigeants dès qu’il s’agit d’honneur,
de
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot de commentaire tant
846
fidélité au suzerain, laissent passer sans un mot
de
commentaire tant d’actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-il
847
, laissent passer sans un mot de commentaire tant
d’
actions aussi peu défendables ? Comment peuvent-ils nous présenter tel
848
mment peuvent-ils nous présenter tel qu’un modèle
de
chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses les plus cyn
849
de chevalerie ce Tristan qui a trompé son roi par
les
ruses les plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse
850
rie ce Tristan qui a trompé son roi par les ruses
les
plus cyniques ; ou telle qu’une vertueuse dame cette épouse adultère,
851
Pourquoi traitent-ils au contraire de « félons »
les
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut
852
contraire de « félons » les barons qui défendent
l’
honneur de Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni
853
de « félons » les barons qui défendent l’honneur
de
Marc ? Même si la jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni t
854
barons qui défendent l’honneur de Marc ? Même si
la
jalousie les meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est
855
défendent l’honneur de Marc ? Même si la jalousie
les
meut, ils n’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas d
856
’ont du moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas
le
cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des ra
857
moins ni menti ni trompé, et ce n’est pas le cas
de
Tristan… Enfin l’on en vient à douter de la valeur même des rares mot
858
trompé, et ce n’est pas le cas de Tristan… Enfin
l’
on en vient à douter de la valeur même des rares motifs allégués. En e
859
s le cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter
de
la valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de l
860
e cas de Tristan… Enfin l’on en vient à douter de
la
valeur même des rares motifs allégués. En effet, si la morale de la f
861
leur même des rares motifs allégués. En effet, si
la
morale de la fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la f
862
des rares motifs allégués. En effet, si la morale
de
la fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la fiancée qu’
863
rares motifs allégués. En effet, si la morale de
la
fidélité au suzerain exige que Tristan livre à Marc la fiancée qu’il
864
délité au suzerain exige que Tristan livre à Marc
la
fiancée qu’il alla quérir12, on ne peut s’empêcher de penser que ces
865
iancée qu’il alla quérir12, on ne peut s’empêcher
de
penser que ces scrupules sont bien tardifs et peu sincères, puisque T
866
bien tardifs et peu sincères, puisque Tristan n’a
de
cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui ce
867
s, puisque Tristan n’a de cesse qu’il ne rentre à
la
cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas
868
an n’a de cesse qu’il ne rentre à la cour, auprès
d’
Iseut… Et ce philtre qui cesse d’agir, n’était-il pas destiné aux épou
869
la cour, auprès d’Iseut… Et ce philtre qui cesse
d’
agir, n’était-il pas destiné aux époux ? Alors, pourquoi limiter sa du
870
limiter sa durée ? Trois ans, ce n’est guère pour
le
bonheur d’un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son
871
durée ? Trois ans, ce n’est guère pour le bonheur
d’
un couple. Et quand Tristan épouse l’autre Iseut « pour son nom et pou
872
« pour son nom et pour sa beauté » mais cependant
la
laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne l’oblige à ce mariage
873
a laisse vierge, n’est-il pas évident que rien ne
l’
oblige à ce mariage et à cette chasteté injurieuse, et qu’il se met da
874
ieuse, et qu’il se met dans une situation qui n’a
d’
autre issue que la mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne
875
met dans une situation qui n’a d’autre issue que
la
mort ? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne commentateur du R
876
ontre Mariage Un moderne commentateur du Roman
de
Tristan et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
877
et Iseut veut y voir un « conflit cornélien entre
l’
amour et le devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable
878
ut y voir un « conflit cornélien entre l’amour et
le
devoir ». Cette interprétation classique est d’un aimable anachronism
879
t le devoir ». Cette interprétation classique est
d’
un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse de Corneille, elle paraît
880
st d’un aimable anachronisme. Outre qu’elle abuse
de
Corneille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont l’envergure éch
881
elle abuse de Corneille, elle paraît ignorer l’un
de
ces faits dont l’envergure échappe souvent aux prises de l’érudition
882
eille, elle paraît ignorer l’un de ces faits dont
l’
envergure échappe souvent aux prises de l’érudition scrupuleuse. Je ve
883
faits dont l’envergure échappe souvent aux prises
de
l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manife
884
ts dont l’envergure échappe souvent aux prises de
l’
érudition scrupuleuse. Je veux parler de l’opposition qui se manifeste
885
prises de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler
de
l’opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle e
886
ses de l’érudition scrupuleuse. Je veux parler de
l’
opposition qui se manifeste dès la seconde moitié du xiie siècle entr
887
feste dès la seconde moitié du xiie siècle entre
la
règle chevaleresque et les coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas
888
é du xiie siècle entre la règle chevaleresque et
les
coutumes féodales. Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point l
889
Peut-être n’a-t-on pas assez marqué à quel point
les
romans bretons la reflètent et la cultivent. Il est probable que la c
890
pas assez marqué à quel point les romans bretons
la
reflètent et la cultivent. Il est probable que la chevalerie courtois
891
é à quel point les romans bretons la reflètent et
la
cultivent. Il est probable que la chevalerie courtoise ne fut guère q
892
la reflètent et la cultivent. Il est probable que
la
chevalerie courtoise ne fut guère qu’un idéal. Les premiers auteurs q
893
un idéal. Les premiers auteurs qui en parlent ont
l’
habitude de déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’il
894
es premiers auteurs qui en parlent ont l’habitude
de
déplorer sa décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils la souhai
895
a décadence : mais ils oublient que, telle qu’ils
la
souhaitent, elle vient à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il p
896
à peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas
de
l’essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même o
897
peine de naître dans leurs rêves. N’est-il pas de
l’
essence d’un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où i
898
aître dans leurs rêves. N’est-il pas de l’essence
d’
un idéal que l’on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie m
899
s rêves. N’est-il pas de l’essence d’un idéal que
l’
on déplore sa décadence à l’instant même où il essaie maladroitement d
900
ence à l’instant même où il essaie maladroitement
de
se réaliser ? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas d’oppos
901
aie maladroitement de se réaliser ? D’autre part,
la
chance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéa
902
? D’autre part, la chance du roman n’est-elle pas
d’
opposer la fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques
903
part, la chance du roman n’est-elle pas d’opposer
la
fiction d’un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’u
904
ance du roman n’est-elle pas d’opposer la fiction
d’
un certain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme q
905
-elle pas d’opposer la fiction d’un certain idéal
de
vie aux réalités tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose le Rom
906
tain idéal de vie aux réalités tyranniques ? Plus
d’
une énigme que nous pose le Roman nous incite à chercher de ce côté le
907
tés tyranniques ? Plus d’une énigme que nous pose
le
Roman nous incite à chercher de ce côté les éléments d’une première s
908
gme que nous pose le Roman nous incite à chercher
de
ce côté les éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’ave
909
s pose le Roman nous incite à chercher de ce côté
les
éléments d’une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tri
910
an nous incite à chercher de ce côté les éléments
d’
une première solution. Si l’on admet que l’aventure de Tristan devait
911
ce côté les éléments d’une première solution. Si
l’
on admet que l’aventure de Tristan devait servir à illustrer le confli
912
éments d’une première solution. Si l’on admet que
l’
aventure de Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevale
913
e première solution. Si l’on admet que l’aventure
de
Tristan devait servir à illustrer le conflit de la chevalerie et de l
914
e l’aventure de Tristan devait servir à illustrer
le
conflit de la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit d
915
e de Tristan devait servir à illustrer le conflit
de
la chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devo
916
e Tristan devait servir à illustrer le conflit de
la
chevalerie et de la société féodale — donc le conflit de deux devoirs
917
servir à illustrer le conflit de la chevalerie et
de
la société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’
918
vir à illustrer le conflit de la chevalerie et de
la
société féodale — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous l’avo
919
de la chevalerie et de la société féodale — donc
le
conflit de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 16, le conflit
920
alerie et de la société féodale — donc le conflit
de
deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 16, le conflit de deux « r
921
e — donc le conflit de deux devoirs ou même, nous
l’
avons vu page 16, le conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit
922
de deux devoirs ou même, nous l’avons vu page 16,
le
conflit de deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisode
923
oirs ou même, nous l’avons vu page 16, le conflit
de
deux « religions » —, l’on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclaire
924
s vu page 16, le conflit de deux « religions » —,
l’
on s’aperçoit que bien des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
925
n des épisodes s’éclairent, et qu’en tout cas, si
l’
hypothèse ne résout point toutes les difficultés, elle en repousse la
926
n tout cas, si l’hypothèse ne résout point toutes
les
difficultés, elle en repousse la solution d’une manière significative
927
ut point toutes les difficultés, elle en repousse
la
solution d’une manière significative. En quoi le roman breton se dist
928
tes les difficultés, elle en repousse la solution
d’
une manière significative. En quoi le roman breton se distingue-t-il d
929
la solution d’une manière significative. En quoi
le
roman breton se distingue-t-il de la chanson de geste, qu’il supplant
930
cative. En quoi le roman breton se distingue-t-il
de
la chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie s
931
ive. En quoi le roman breton se distingue-t-il de
la
chanson de geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie sièc
932
i le roman breton se distingue-t-il de la chanson
de
geste, qu’il supplanta dès la seconde moitié du xiie siècle avec une
933
ec une étonnante rapidité ? En ceci qu’il donne à
la
femme le rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier bre
934
onnante rapidité ? En ceci qu’il donne à la femme
le
rôle qui revenait précédemment au suzerain. Le chevalier breton, tout
935
me le rôle qui revenait précédemment au suzerain.
Le
chevalier breton, tout comme le troubadour méridional, se reconnaît l
936
ment au suzerain. Le chevalier breton, tout comme
le
troubadour méridional, se reconnaît le vassal d’une Dame élue. Mais e
937
tout comme le troubadour méridional, se reconnaît
le
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seign
938
le troubadour méridional, se reconnaît le vassal
d’
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur. D’où
939
vassal d’une Dame élue. Mais en fait, il demeure
le
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Ro
940
une Dame élue. Mais en fait, il demeure le vassal
d’
un seigneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre
941
Mais en fait, il demeure le vassal d’un seigneur.
D’
où naîtront des conflits de droit, dont le Roman offre plus d’un exemp
942
vassal d’un seigneur. D’où naîtront des conflits
de
droit, dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des
943
igneur. D’où naîtront des conflits de droit, dont
le
Roman offre plus d’un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons «
944
t des conflits de droit, dont le Roman offre plus
d’
un exemple. Reprenons l’épisode des trois barons « félons ». Selon la
945
dont le Roman offre plus d’un exemple. Reprenons
l’
épisode des trois barons « félons ». Selon la morale féodale, le vassa
946
nons l’épisode des trois barons « félons ». Selon
la
morale féodale, le vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qu
947
trois barons « félons ». Selon la morale féodale,
le
vassal est tenu de dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou
948
ns ». Selon la morale féodale, le vassal est tenu
de
dénoncer au seigneur tout ce qui lèse son droit ou son honneur : il e
949
n droit ou son honneur : il est « félon » s’il ne
le
fait pas. Or, dans Tristan, les barons dénoncent Iseut au roi Marc :
950
« félon » s’il ne le fait pas. Or, dans Tristan,
les
barons dénoncent Iseut au roi Marc : ils devraient donc passer pour «
951
aient donc passer pour « féaux » et loyaux. Et si
l’
auteur les traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code
952
c passer pour « féaux » et loyaux. Et si l’auteur
les
traite cependant de félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment
953
» et loyaux. Et si l’auteur les traite cependant
de
félons, c’est en vertu d’un autre code évidemment, qui ne peut être q
954
autre code évidemment, qui ne peut être que celui
de
la chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne e
955
re code évidemment, qui ne peut être que celui de
la
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour de la Gascogne est
956
ne peut être que celui de la chevalerie du Midi.
La
décision des cours d’amour de la Gascogne est bien connue : félon ser
957
i de la chevalerie du Midi. La décision des cours
d’
amour de la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les
958
chevalerie du Midi. La décision des cours d’amour
de
la Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets
959
valerie du Midi. La décision des cours d’amour de
la
Gascogne est bien connue : félon sera celui qui révèle les secrets de
960
gne est bien connue : félon sera celui qui révèle
les
secrets de l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer qu
961
connue : félon sera celui qui révèle les secrets
de
l’amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteu
962
nnue : félon sera celui qui révèle les secrets de
l’
amour courtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que les auteurs
963
urtois. Ce seul exemple suffirait à démontrer que
les
auteurs du Roman avaient choisi en toute conscience pour la chevaleri
964
du Roman avaient choisi en toute conscience pour
la
chevalerie « courtoise » contre le droit féodal. Mais nous avons d’au
965
onscience pour la chevalerie « courtoise » contre
le
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de le croire. La conce
966
le droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons
de
le croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour
967
droit féodal. Mais nous avons d’autres raisons de
le
croire. La conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour cou
968
l. Mais nous avons d’autres raisons de le croire.
La
conception de la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est
969
vons d’autres raisons de le croire. La conception
de
la fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable
970
s d’autres raisons de le croire. La conception de
la
fidélité et du mariage, selon l’amour courtois, est seule capable d’e
971
La conception de la fidélité et du mariage, selon
l’
amour courtois, est seule capable d’expliquer certaines contradictions
972
ariage, selon l’amour courtois, est seule capable
d’
expliquer certaines contradictions frappantes du récit. Selon la thèse
973
rtaines contradictions frappantes du récit. Selon
la
thèse officiellement admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
974
s du récit. Selon la thèse officiellement admise,
l’
amour courtois est né d’une réaction à l’anarchie brutale des mœurs fé
975
se officiellement admise, l’amour courtois est né
d’
une réaction à l’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le m
976
admise, l’amour courtois est né d’une réaction à
l’
anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que le mariage, au xiie
977
’anarchie brutale des mœurs féodales. On sait que
le
mariage, au xiie siècle, était devenu pour les seigneurs une pure et
978
ue le mariage, au xiie siècle, était devenu pour
les
seigneurs une pure et simple occasion de s’enrichir, et d’annexer des
979
nu pour les seigneurs une pure et simple occasion
de
s’enrichir, et d’annexer des terres données en dot ou espérées en hér
980
urs une pure et simple occasion de s’enrichir, et
d’
annexer des terres données en dot ou espérées en héritage. Quand l’« a
981
res données en dot ou espérées en héritage. Quand
l’
« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de l’ince
982
’« affaire » tournait mal, on répudiait sa femme.
Le
prétexte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans
983
tournait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte
de
l’inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance :
984
urnait mal, on répudiait sa femme. Le prétexte de
l’
inceste, curieusement exploité, trouvait l’Église sans résistance : il
985
xte de l’inceste, curieusement exploité, trouvait
l’
Église sans résistance : il suffisait d’alléguer sans trop de preuves,
986
trouvait l’Église sans résistance : il suffisait
d’
alléguer sans trop de preuves, une parenté au quatrième degré, pour ob
987
ns résistance : il suffisait d’alléguer sans trop
de
preuves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir l’annulation. À
988
ves, une parenté au quatrième degré, pour obtenir
l’
annulation. À ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerre
989
our obtenir l’annulation. À ces abus, générateurs
de
querelles infinies et de guerres, l’amour courtois oppose une fidélit
990
À ces abus, générateurs de querelles infinies et
de
guerres, l’amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage
991
générateurs de querelles infinies et de guerres,
l’
amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage légal et fo
992
élité indépendante du mariage légal et fondée sur
le
seul amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et le mariage ne
993
ur le seul amour. Il en vient même à déclarer que
l’
amour et le mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
994
amour. Il en vient même à déclarer que l’amour et
le
mariage ne sont pas compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
995
our et le mariage ne sont pas compatibles : c’est
le
fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagn
996
e sont pas compatibles : c’est le fameux jugement
d’
une cour d’amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) S
997
compatibles : c’est le fameux jugement d’une cour
d’
amour tenue chez la comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan,
998
le fameux jugement d’une cour d’amour tenue chez
la
comtesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et l’auteur du Roma
999
tesse de Champagne. (Appendice 3.) Si Tristan, et
l’
auteur du Roman, partagent une telle manière de voir, la félonie et l’
1000
et l’auteur du Roman, partagent une telle manière
de
voir, la félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magn
1001
ur du Roman, partagent une telle manière de voir,
la
félonie et l’adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés com
1002
artagent une telle manière de voir, la félonie et
l’
adultère sont excusés, et plus qu’excusés, magnifiés comme exprimant u
1003
agnifiés comme exprimant une intrépide fidélité à
la
loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi,
1004
élité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire
de
l’amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relatio
1005
té à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de
l’
amour courtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation d
1006
ourtois. (Donnoi, ou domnei en provençal, désigne
la
relation de vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa Dame, o
1007
nnoi, ou domnei en provençal, désigne la relation
de
vasselage instituée entre l’amant-chevalier et sa Dame, ou domina). F
1008
désigne la relation de vasselage instituée entre
l’
amant-chevalier et sa Dame, ou domina). Fidélité incompatible avec cel
1009
. Fidélité incompatible avec celle du mariage, on
l’
a vu, le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution s
1010
té incompatible avec celle du mariage, on l’a vu,
le
Roman ne manque pas une occasion de rabaisser l’institution sociale,
1011
e, on l’a vu, le Roman ne manque pas une occasion
de
rabaisser l’institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreille
1012
le Roman ne manque pas une occasion de rabaisser
l’
institution sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles de cheval,
1013
une occasion de rabaisser l’institution sociale,
d’
humilier le mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement
1014
on de rabaisser l’institution sociale, d’humilier
le
mari — roi aux oreilles de cheval, toujours si facilement dupé — et d
1015
on sociale, d’humilier le mari — roi aux oreilles
de
cheval, toujours si facilement dupé — et de glorifier la vertu de ceu
1016
illes de cheval, toujours si facilement dupé — et
de
glorifier la vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui
1017
al, toujours si facilement dupé — et de glorifier
la
vertu de ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette
1018
urs si facilement dupé — et de glorifier la vertu
de
ceux qui s’aiment hors du mariage et contre lui. Mais cette fidélité
1019
curieux : elle s’oppose, autant qu’au mariage, à
la
« satisfaction » de l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien cel
1020
pose, autant qu’au mariage, à la « satisfaction »
de
l’amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien celui qui désire l’enti
1021
e, autant qu’au mariage, à la « satisfaction » de
l’
amour. « Il ne sait de donnoi vraiment rien celui qui désire l’entière
1022
e, à la « satisfaction » de l’amour. « Il ne sait
de
donnoi vraiment rien celui qui désire l’entière possession de sa dame
1023
ne sait de donnoi vraiment rien celui qui désire
l’
entière possession de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la
1024
aiment rien celui qui désire l’entière possession
de
sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à la réalité 13. » Voilà q
1025
n de sa dame. Cela n’est plus amour, qui tourne à
la
réalité 13. » Voilà qui nous met sur la voie d’une première explicati
1026
tourne à la réalité 13. » Voilà qui nous met sur
la
voie d’une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de
1027
à la réalité 13. » Voilà qui nous met sur la voie
d’
une première explication d’épisodes tels que ceux de l’épée de chastet
1028
i nous met sur la voie d’une première explication
d’
épisodes tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son
1029
une première explication d’épisodes tels que ceux
de
l’épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite da
1030
première explication d’épisodes tels que ceux de
l’
épée de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
1031
re explication d’épisodes tels que ceux de l’épée
de
chasteté, du retour d’Iseut à son mari après la retraite dans le Moro
1032
es tels que ceux de l’épée de chasteté, du retour
d’
Iseut à son mari après la retraite dans le Morois, ou même du mariage
1033
e de chasteté, du retour d’Iseut à son mari après
la
retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc de Tristan. En effe
1034
retour d’Iseut à son mari après la retraite dans
le
Morois, ou même du mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit de
1035
retraite dans le Morois, ou même du mariage blanc
de
Tristan. En effet, le « droit de la passion » au sens où l’entendent
1036
s, ou même du mariage blanc de Tristan. En effet,
le
« droit de la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettr
1037
du mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit
de
la passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Trist
1038
mariage blanc de Tristan. En effet, le « droit de
la
passion » au sens où l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
1039
. En effet, le « droit de la passion » au sens où
l’
entendent les modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après q
1040
le « droit de la passion » au sens où l’entendent
les
modernes, permettrait à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
1041
ù l’entendent les modernes, permettrait à Tristan
d’
enlever Iseut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il la livre à
1042
it à Tristan d’enlever Iseut, après qu’ils ont bu
le
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle de l’amour
1043
eut, après qu’ils ont bu le philtre. Cependant il
la
livre à Marc : c’est que la règle de l’amour courtois s’oppose à ce q
1044
philtre. Cependant il la livre à Marc : c’est que
la
règle de l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne
1045
Cependant il la livre à Marc : c’est que la règle
de
l’amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réa
1046
endant il la livre à Marc : c’est que la règle de
l’
amour courtois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à la réalit
1047
ois s’oppose à ce qu’une telle passion « tourne à
la
réalité », c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession de sa dame
1048
« tourne à la réalité », c’est-à-dire aboutisse à
l’
« entière possession de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
1049
, c’est-à-dire aboutisse à l’« entière possession
de
sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer la fidélité
1050
de sa dame ». Tristan choisira donc, dans ce cas,
d’
observer la fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fid
1051
». Tristan choisira donc, dans ce cas, d’observer
la
fidélité féodale, masque et complice énigmatique de la fidélité court
1052
fidélité féodale, masque et complice énigmatique
de
la fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons ma
1053
délité féodale, masque et complice énigmatique de
la
fidélité courtoise. Il choisit en toute liberté, car nous avons marqu
1054
ous avons marqué plus haut qu’étant plus fort que
le
Roi et les barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, fai
1055
marqué plus haut qu’étant plus fort que le Roi et
les
barons, il pourrait, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir l
1056
fort que le Roi et les barons, il pourrait, dans
le
plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de la force… Étrange
1057
t, dans le plan féodal qu’il adopte, faire valoir
le
droit de la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux
1058
e plan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit
de
la force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
1059
lan féodal qu’il adopte, faire valoir le droit de
la
force… Étrange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le
1060
our, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui
le
condamnent, afin de mieux se conserver ! D’où peut venir cette préfér
1061
s qui le condamnent, afin de mieux se conserver !
D’
où peut venir cette préférence pour ce qui entrave la passion, pour ce
1062
ù peut venir cette préférence pour ce qui entrave
la
passion, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
1063
ur ce qui entrave la passion, pour ce qui empêche
le
« bonheur » des amants, les sépare et les martyrise ? Répondre : ains
1064
n, pour ce qui empêche le « bonheur » des amants,
les
sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois,
1065
empêche le « bonheur » des amants, les sépare et
les
martyrise ? Répondre : ainsi le veut l’amour courtois, ce n’est pas e
1066
s, les sépare et les martyrise ? Répondre : ainsi
le
veut l’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fonds, car
1067
épare et les martyrise ? Répondre : ainsi le veut
l’
amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur le fonds, car il s’ag
1068
’amour courtois, ce n’est pas encore répondre sur
le
fonds, car il s’agit de savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’au
1069
t pas encore répondre sur le fonds, car il s’agit
de
savoir pourquoi l’on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « ré
1070
re sur le fonds, car il s’agit de savoir pourquoi
l’
on préfère cet amour à l’autre, à celui qui se « réalise », à celui qu
1071
e », à celui qui se « satisfait ». En recourant à
l’
hypothèse, fort vraisemblable, que le Roman illustre un conflit de « r
1072
recourant à l’hypothèse, fort vraisemblable, que
le
Roman illustre un conflit de « religions », nous avons pu préciser et
1073
t vraisemblable, que le Roman illustre un conflit
de
« religions », nous avons pu préciser et cerner les principales diffi
1074
e « religions », nous avons pu préciser et cerner
les
principales difficultés de l’intrigue : mais en fin de compte, la sol
1075
pu préciser et cerner les principales difficultés
de
l’intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement
1076
préciser et cerner les principales difficultés de
l’
intrigue : mais en fin de compte, la solution se trouve simplement rec
1077
ifficultés de l’intrigue : mais en fin de compte,
la
solution se trouve simplement reculée. 7.L’amour du roman Si l’
1078
e simplement reculée. 7.L’amour du roman Si
l’
on se reporte à notre résumé de la légende, on ne peut manquer d’être
1079
our du roman Si l’on se reporte à notre résumé
de
la légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lo
1080
du roman Si l’on se reporte à notre résumé de
la
légende, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois
1081
à notre résumé de la légende, on ne peut manquer
d’
être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie
1082
é de la légende, on ne peut manquer d’être frappé
de
ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féod
1083
de, on ne peut manquer d’être frappé de ce fait :
les
deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féodale, ne sont o
1084
evalerie et morale féodale, ne sont observées par
l’
auteur que dans les seules situations où elles permettent au roman de
1085
féodale, ne sont observées par l’auteur que dans
les
seules situations où elles permettent au roman de rebondir 14. Cette
1086
es seules situations où elles permettent au roman
de
rebondir 14. Cette remarque à son tour ne saurait constituer par elle
1087
nstituer par elle-même une explication. À chacune
de
nos questions, il serait évidemment facile de répondre : les choses s
1088
une de nos questions, il serait évidemment facile
de
répondre : les choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aura
1089
stions, il serait évidemment facile de répondre :
les
choses se passent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus de roma
1090
ssent ainsi parce qu’autrement il n’y aurait plus
de
roman. Mais cette réponse ne paraît convaincante qu’en vertu d’une co
1091
convaincante qu’en vertu d’une coutume paresseuse
de
notre critique littéraire. En vérité, elle ne répond à rien. Elle nou
1092
n roman ? Et ce roman, précisément ? Question que
l’
on dira naïve, non sans une inconsciente sagesse : c’est qu’on pressen
1093
t pas sans danger. Elle nous met en effet au cœur
de
tout le problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas parti
1094
ns danger. Elle nous met en effet au cœur de tout
le
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute le cas particulier d
1095
problème — et sa portée dépasse sans aucun doute
le
cas particulier de notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’ab
1096
ortée dépasse sans aucun doute le cas particulier
de
notre mythe. Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à l’exté
1097
de notre mythe. Pour qui se place, par un effort
d’
abstraction, à l’extérieur du phénomène commun au romancier et au lect
1098
Pour qui se place, par un effort d’abstraction, à
l’
extérieur du phénomène commun au romancier et au lecteur, pour qui ass
1099
aît qu’une convention tacite, ou mieux, une sorte
de
complicité les lie : la volonté que le roman continue, ou comme on di
1100
vention tacite, ou mieux, une sorte de complicité
les
lie : la volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebond
1101
cite, ou mieux, une sorte de complicité les lie :
la
volonté que le roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Sup
1102
une sorte de complicité les lie : la volonté que
le
roman continue, ou comme on dit, qu’il rebondisse. Supprimez cette vo
1103
ndisse. Supprimez cette volonté, il n’y aura plus
de
vraisemblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de l’His
1104
semblance qui tienne : c’est ce qui se passe dans
le
cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux »
1105
ce qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas
de
l’Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’
1106
qui tienne : c’est ce qui se passe dans le cas de
l’
Histoire scientifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’aut
1107
se passe dans le cas de l’Histoire scientifique. (
Le
lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sa
1108
ns le cas de l’Histoire scientifique. (Le lecteur
d’
un ouvrage « sérieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que le d
1109
ifique. (Le lecteur d’un ouvrage « sérieux » sera
d’
autant plus exigeant qu’il sait que le déroulement des faits ne doit d
1110
ieux » sera d’autant plus exigeant qu’il sait que
le
déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantais
1111
que le déroulement des faits ne doit dépendre ni
de
son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette
1112
e doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies
de
l’auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aur
1113
oit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de
l’
auteur.) Supposez au contraire cette volonté toute pure, il n’y aura p
1114
traire cette volonté toute pure, il n’y aura plus
d’
invraisemblance possible : c’est le cas du conte. Entre ces deux extrê
1115
n’y aura plus d’invraisemblance possible : c’est
le
cas du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux de vr
1116
du conte. Entre ces deux extrêmes, il est autant
de
niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemb
1117
Entre ces deux extrêmes, il est autant de niveaux
de
vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépen
1118
es, il est autant de niveaux de vraisemblance que
de
sujets. Ou si l’on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage ro
1119
de niveaux de vraisemblance que de sujets. Ou si
l’
on veut : la vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, d
1120
de vraisemblance que de sujets. Ou si l’on veut :
la
vraisemblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de la nature
1121
mblance dépend, pour un ouvrage romanesque donné,
de
la nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on accept
1122
ance dépend, pour un ouvrage romanesque donné, de
la
nature des passions qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
1123
e des passions qu’il veut flatter. C’est dire que
l’
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il f
1124
qu’il veut flatter. C’est dire que l’on acceptera
le
« coup de pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la
1125
flatter. C’est dire que l’on acceptera le « coup
de
pouce » du créateur, et les entorses qu’il fait subir à la « logique
1126
on acceptera le « coup de pouce » du créateur, et
les
entorses qu’il fait subir à la « logique » d’observation courante, da
1127
» du créateur, et les entorses qu’il fait subir à
la
« logique » d’observation courante, dans la mesure exacte où ces lice
1128
et les entorses qu’il fait subir à la « logique »
d’
observation courante, dans la mesure exacte où ces licences fourniront
1129
bir à la « logique » d’observation courante, dans
la
mesure exacte où ces licences fourniront les prétextes nécessaires à
1130
dans la mesure exacte où ces licences fourniront
les
prétextes nécessaires à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi, l
1131
s licences fourniront les prétextes nécessaires à
la
passion que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre es
1132
niront les prétextes nécessaires à la passion que
l’
on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par la
1133
res à la passion que l’on désire éprouver. Ainsi,
le
vrai sujet d’une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’a
1134
on que l’on désire éprouver. Ainsi, le vrai sujet
d’
une œuvre est révélé par la nature des « trucs » que l’auteur fait int
1135
. Ainsi, le vrai sujet d’une œuvre est révélé par
la
nature des « trucs » que l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne
1136
œuvre est révélé par la nature des « trucs » que
l’
auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où l’o
1137
l’auteur fait intervenir, et qu’on pardonne dans
la
mesure exacte où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que les o
1138
venir, et qu’on pardonne dans la mesure exacte où
l’
on partage ses intentions. Nous avons vu que les obstacles extérieurs
1139
où l’on partage ses intentions. Nous avons vu que
les
obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un
1140
vu que les obstacles extérieurs qui s’opposent à
l’
amour de Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’i
1141
les obstacles extérieurs qui s’opposent à l’amour
de
Tristan sont dans un certain sens gratuits, c’est-à-dire qu’ils ne so
1142
dre, que des artifices romanesques. Or il résulte
de
nos remarques au sujet de la vraisemblance, que la gratuité même des
1143
sques. Or il résulte de nos remarques au sujet de
la
vraisemblance, que la gratuité même des obstacles invoqués peut révél
1144
e nos remarques au sujet de la vraisemblance, que
la
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet d’une
1145
gratuité même des obstacles invoqués peut révéler
le
vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en
1146
des obstacles invoqués peut révéler le vrai sujet
d’
une œuvre, la vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut s
1147
invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre,
la
vraie nature de la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici
1148
évéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature
de
la passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole
1149
ler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de
la
passion qu’elle met en jeu. Il faut sentir qu’ici tout est symbole, t
1150
pose à la manière d’un rêve, et non point à celle
de
nos vies : les prétextes du romancier, les actions de ses deux héros,
1151
ère d’un rêve, et non point à celle de nos vies :
les
prétextes du romancier, les actions de ses deux héros, et les préfére
1152
à celle de nos vies : les prétextes du romancier,
les
actions de ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose
1153
os vies : les prétextes du romancier, les actions
de
ses deux héros, et les préférences secrètes qu’il suppose chez son le
1154
s du romancier, les actions de ses deux héros, et
les
préférences secrètes qu’il suppose chez son lecteur. Les « faits » ne
1155
férences secrètes qu’il suppose chez son lecteur.
Les
« faits » ne sont que les images ou les projections d’un désir, de ce
1156
ppose chez son lecteur. Les « faits » ne sont que
les
images ou les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui
1157
lecteur. Les « faits » ne sont que les images ou
les
projections d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalte
1158
faits » ne sont que les images ou les projections
d’
un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplemen
1159
ont que les images ou les projections d’un désir,
de
ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire d
1160
les projections d’un désir, de ce qui s’y oppose,
de
ce qui peut l’exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste,
1161
d’un désir, de ce qui s’y oppose, de ce qui peut
l’
exalter, ou simplement le faire durer. Tout manifeste, dans le comport
1162
y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement
le
faire durer. Tout manifeste, dans le comportement du chevalier et de
1163
u simplement le faire durer. Tout manifeste, dans
le
comportement du chevalier et de la princesse, une exigence ignorée d’
1164
t manifeste, dans le comportement du chevalier et
de
la princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier
1165
anifeste, dans le comportement du chevalier et de
la
princesse, une exigence ignorée d’eux — et peut-être du romancier — m
1166
hevalier et de la princesse, une exigence ignorée
d’
eux — et peut-être du romancier — mais plus profonde que celle de leur
1167
-être du romancier — mais plus profonde que celle
de
leur bonheur. Pas un des obstacles qu’ils rencontrent ne se révèle, o
1168
! On peut dire qu’ils ne perdent pas une occasion
de
se séparer. Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée
1169
as une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas
d’
obstacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en
1170
Quand il n’y a pas d’obstacle, ils en inventent :
l’
épée nue, le mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — b
1171
a pas d’obstacle, ils en inventent : l’épée nue,
le
mariage de Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils e
1172
stacle, ils en inventent : l’épée nue, le mariage
de
Tristan. Ils en inventent comme à plaisir, — bien qu’ils en souffrent
1173
— bien qu’ils en souffrent. Serait-ce alors pour
le
plaisir du romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
1174
romancier et du lecteur ? Mais c’est tout un, car
le
démon de l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’
1175
et du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon
de
l’amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît l
1176
du lecteur ? Mais c’est tout un, car le démon de
l’
amour courtois qui inspire au cœur des amants les ruses d’où naît leur
1177
e l’amour courtois qui inspire au cœur des amants
les
ruses d’où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que
1178
courtois qui inspire au cœur des amants les ruses
d’
où naît leur souffrance, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
1179
amants les ruses d’où naît leur souffrance, c’est
le
démon même du roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est le vra
1180
souffrance, c’est le démon même du roman tel que
l’
aiment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet de la légende ? La sépa
1181
ce, c’est le démon même du roman tel que l’aiment
les
Occidentaux. Quel est le vrai sujet de la légende ? La séparation des
1182
roman tel que l’aiment les Occidentaux. Quel est
le
vrai sujet de la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au no
1183
l’aiment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet
de
la légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passio
1184
aiment les Occidentaux. Quel est le vrai sujet de
la
légende ? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion,
1185
cidentaux. Quel est le vrai sujet de la légende ?
La
séparation des amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amo
1186
? La séparation des amants ? Oui, mais au nom de
la
passion, et pour l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’ex
1187
amants ? Oui, mais au nom de la passion, et pour
l’
amour de l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le trans
1188
? Oui, mais au nom de la passion, et pour l’amour
de
l’amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer
1189
ui, mais au nom de la passion, et pour l’amour de
l’
amour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — a
1190
e la passion, et pour l’amour de l’amour même qui
les
tourmente, pour l’exalter, pour le transfigurer — au détriment de leu
1191
r l’amour de l’amour même qui les tourmente, pour
l’
exalter, pour le transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leu
1192
mour même qui les tourmente, pour l’exalter, pour
le
transfigurer — au détriment de leur bonheur et de leur vie même… ⁂ No
1193
le transfigurer — au détriment de leur bonheur et
de
leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer le sens secret et inqui
1194
de leur vie même… ⁂ Nous commençons à distinguer
le
sens secret et inquiétant du mythe : le danger qu’il exprime et voile
1195
istinguer le sens secret et inquiétant du mythe :
le
danger qu’il exprime et voile, cette passion qui ressemble au vertige
1196
sion qui ressemble au vertige… Mais ce n’est plus
l’
heure de se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme,
1197
ressemble au vertige… Mais ce n’est plus l’heure
de
se détourner. Nous sommes atteints, nous subissons le charme, nous co
1198
e détourner. Nous sommes atteints, nous subissons
le
charme, nous connaissons au « tourment délicieux ». Toute condamnatio
1199
te condamnation serait vaine : on ne condamne pas
le
vertige. Mais la passion du philosophe n’est-elle point de méditer da
1200
erait vaine : on ne condamne pas le vertige. Mais
la
passion du philosophe n’est-elle point de méditer dans le vertige ? I
1201
e. Mais la passion du philosophe n’est-elle point
de
méditer dans le vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
1202
on du philosophe n’est-elle point de méditer dans
le
vertige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien d’autre que l’e
1203
point de méditer dans le vertige ? Il se peut que
la
connaissance ne soit rien d’autre que l’effort d’un esprit qui résist
1204
ige ? Il se peut que la connaissance ne soit rien
d’
autre que l’effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défen
1205
peut que la connaissance ne soit rien d’autre que
l’
effort d’un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de
1206
la connaissance ne soit rien d’autre que l’effort
d’
un esprit qui résiste à la chute, et qui se défend au sein de la tenta
1207
en d’autre que l’effort d’un esprit qui résiste à
la
chute, et qui se défend au sein de la tentation… 8.L’amour de l’am
1208
i résiste à la chute, et qui se défend au sein de
la
tentation… 8.L’amour de l’amour De tous les maux, le mien diffè
1209
i se défend au sein de la tentation… 8.L’amour
de
l’amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me ré
1210
e défend au sein de la tentation… 8.L’amour de
l’
amour De tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjou
1211
sein de la tentation… 8.L’amour de l’amour
De
tous les maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ;
1212
la tentation… 8.L’amour de l’amour De tous
les
maux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis de lui ; mon mal
1213
ux, le mien diffère ; il me plaît ; je me réjouis
de
lui ; mon mal est ce que je veux et ma douleur est ma santé. Je ne vo
1214
x et ma douleur est ma santé. Je ne vois donc pas
de
quoi je me plains, car mon mal me vient de ma volonté ; c’est mon vou
1215
mon vouloir qui devient mon mal ; mais j’ai tant
d’
aise à vouloir ainsi que je souffre agréablement, et tant de joie dans
1216
avec délices. Chrétien de Troyes. Il faut avoir
l’
audace de poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé pa
1217
ces. Chrétien de Troyes. Il faut avoir l’audace
de
poser la question : Tristan aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ?
1218
aime-t-il Iseut ? Est-il aimé par elle ? (Seules
les
questions « stupides » peuvent nous instruire, et tout ce qui passe p
1219
qui passe pour évident cache quelque chose qui ne
l’
est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît r
1220
ent cache quelque chose qui ne l’est point, comme
l’
a dit à peu près Valéry.) Rien d’humain ne paraît rapprocher nos amant
1221
est point, comme l’a dit à peu près Valéry.) Rien
d’
humain ne paraît rapprocher nos amants, bien au contraire. Lors de leu
1222
ur première rencontre, ils n’ont que des rapports
de
politesse conventionnelle. Et quand Tristan revient en quête d’Iseut,
1223
onventionnelle. Et quand Tristan revient en quête
d’
Iseut, on se souvient que cette politesse fait place à la plus franche
1224
, on se souvient que cette politesse fait place à
la
plus franche hostilité. Tout porte à croire que librement ils ne se f
1225
ils ne se fussent jamais choisis. Mais ils ont bu
le
philtre, et voici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et les u
1226
ais choisis. Mais ils ont bu le philtre, et voici
la
passion. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur de c
1227
ici la passion. Une tendresse va-t-elle naître et
les
unir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces
1228
on. Une tendresse va-t-elle naître et les unir, à
la
faveur de ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers d
1229
ndresse va-t-elle naître et les unir, à la faveur
de
ce destin magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers de vers, je
1230
nir, à la faveur de ce destin magique ? Dans tout
le
Roman, dans ces milliers de vers, je n’en ai trouvé qu’une seule trac
1231
n magique ? Dans tout le Roman, dans ces milliers
de
vers, je n’en ai trouvé qu’une seule trace. C’est quand ils vivent da
1232
é qu’une seule trace. C’est quand ils vivent dans
la
forêt de Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et du
1233
seule trace. C’est quand ils vivent dans la forêt
de
Morois, après l’évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant
1234
t quand ils vivent dans la forêt de Morois, après
l’
évasion de Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de
1235
s vivent dans la forêt de Morois, après l’évasion
de
Tristan. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment de bonne amo
1236
. Aspre vie meinent et dure : Tant s’entr’aiment
de
bonne amor L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes
1237
or L’un par l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que
les
poètes de cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le somme
1238
l’autre ne sent dolor. Dira-t-on que les poètes
de
cette époque furent moins sentimentaux que nous ne le sommes devenus,
1239
ette époque furent moins sentimentaux que nous ne
le
sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin d’insister sur
1240
ne le sommes devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas
le
besoin d’insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivem
1241
es devenus, et qu’ils n’éprouvaient pas le besoin
d’
insister sur ce qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement, le ré
1242
qui va de soi ? Qu’on lise alors, attentivement,
le
récit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes les plus belles, q
1243
alors, attentivement, le récit des trois ans dans
la
forêt. Ses deux scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi les
1244
écit des trois ans dans la forêt. Ses deux scènes
les
plus belles, qui sont peut-être aussi les plus profondes de la légend
1245
scènes les plus belles, qui sont peut-être aussi
les
plus profondes de la légende, ce sont les deux visites que les amants
1246
lles, qui sont peut-être aussi les plus profondes
de
la légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite O
1247
s, qui sont peut-être aussi les plus profondes de
la
légende, ce sont les deux visites que les amants font à l’ermite Ogri
1248
e aussi les plus profondes de la légende, ce sont
les
deux visites que les amants font à l’ermite Ogrin. La première fois,
1249
ondes de la légende, ce sont les deux visites que
les
amants font à l’ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confess
1250
e, ce sont les deux visites que les amants font à
l’
ermite Ogrin. La première fois, c’est pour se confesser. Mais au lieu
1251
se confesser. Mais au lieu d’avouer leur péché et
de
demander l’absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucu
1252
. Mais au lieu d’avouer leur péché et de demander
l’
absolution, ils s’efforcent de démontrer qu’ils n’ont aucune responsab
1253
éché et de demander l’absolution, ils s’efforcent
de
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans l’aventure, puisqu’
1254
démontrer qu’ils n’ont aucune responsabilité dans
l’
aventure, puisqu’en somme ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est p
1255
me ils ne s’aiment pas ! Q’el m’aime, c’est par
la
poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan
1256
! Q’el m’aime, c’est par la poison Ge ne me pus
de
lié partir, N’ele de moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui :
1257
t par la poison Ge ne me pus de lié partir, N’ele
de
moi… Ainsi parle Tristan. Et Iseut après lui : Sire, por Dieu omnip
1258
herbé dont je bui Et il en but : ce fu péchiez.
La
situation dans laquelle ils se trouvent est donc passionnément contra
1259
même implorer leur pardon… En vérité, comme tous
les
grands amants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et le mal », d
1260
es grands amants, ils se sentent ravis « par-delà
le
bien et le mal », dans une sorte de transcendance de nos communes con
1261
mants, ils se sentent ravis « par-delà le bien et
le
mal », dans une sorte de transcendance de nos communes conditions, da
1262
is « par-delà le bien et le mal », dans une sorte
de
transcendance de nos communes conditions, dans un absolu indicible, i
1263
bien et le mal », dans une sorte de transcendance
de
nos communes conditions, dans un absolu indicible, incompatible avec
1264
ions, dans un absolu indicible, incompatible avec
les
lois du monde, mais qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La
1265
is qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde.
La
fatalité qui les presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant
1266
ent comme plus réel que ce monde. La fatalité qui
les
presse, et à laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime l’oppo
1267
laquelle ils s’abandonnent en gémissant, supprime
l’
opposition du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de l’orig
1268
t, supprime l’opposition du bien et du mal ; elle
les
conduit même au-delà de l’origine de toutes valeurs morales, au-delà
1269
du bien et du mal ; elle les conduit même au-delà
de
l’origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souf
1270
bien et du mal ; elle les conduit même au-delà de
l’
origine de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffra
1271
mal ; elle les conduit même au-delà de l’origine
de
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de la souffrance, au-de
1272
de toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et
de
la souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contra
1273
toutes valeurs morales, au-delà du plaisir et de
la
souffrance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où les contraire
1274
laisir et de la souffrance, au-delà du domaine où
l’
on distingue, et où les contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moi
1275
ance, au-delà du domaine où l’on distingue, et où
les
contraires s’excluent. L’aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’a
1276
l’on distingue, et où les contraires s’excluent.
L’
aveu n’en est pas moins formel : « Il ne m’aime pas, ne je lui. » Tout
1277
as, comme s’ils ne se reconnaissaient pas. Ce qui
les
rive au « tourment délicieux » n’appartient ni à l’un ni à l’autre, m
1278
n’appartient ni à l’un ni à l’autre, mais relève
d’
une puissance étrangère, indépendante de leurs qualités, de leurs dési
1279
is relève d’une puissance étrangère, indépendante
de
leurs qualités, de leurs désirs, au moins conscients, et de leur être
1280
ssance étrangère, indépendante de leurs qualités,
de
leurs désirs, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le conn
1281
ualités, de leurs désirs, au moins conscients, et
de
leur être tel qu’ils le connaissent. Les traits physiques et psycholo
1282
, au moins conscients, et de leur être tel qu’ils
le
connaissent. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et d
1283
ients, et de leur être tel qu’ils le connaissent.
Les
traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme son
1284
nnaissent. Les traits physiques et psychologiques
de
cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhéto
1285
raits physiques et psychologiques de cet homme et
de
cette femme sont parfaitement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’e
1286
ement conventionnels et rhétoriques. Lui, c’est «
le
plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la p
1287
hétoriques. Lui, c’est « le plus fort » ; elle, «
la
plus belle ». Lui, le chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment co
1288
« le plus fort » ; elle, « la plus belle ». Lui,
le
chevalier ; elle, la princesse, etc. Comment concevoir une affection
1289
lle, « la plus belle ». Lui, le chevalier ; elle,
la
princesse, etc. Comment concevoir une affection humaine entre deux ty
1290
humaine entre deux types à ce point simplifiés ?
L’
« amistié » dont il est question à propos de la durée du philtre est l
1291
? L’« amistié » dont il est question à propos de
la
durée du philtre est le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
1292
est question à propos de la durée du philtre est
le
contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait
1293
à propos de la durée du philtre est le contraire
d’
une amitié réelle. Bien plus, si l’amitié morale se fait jour, ce n’es
1294
t le contraire d’une amitié réelle. Bien plus, si
l’
amitié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où la passion faibli
1295
tié morale se fait jour, ce n’est qu’au moment où
la
passion faiblit. Et le premier effet de cette amitié naissante n’est
1296
moment où la passion faiblit. Et le premier effet
de
cette amitié naissante n’est pas du tout d’unir davantage les amants,
1297
effet de cette amitié naissante n’est pas du tout
d’
unir davantage les amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils on
1298
itié naissante n’est pas du tout d’unir davantage
les
amants, mais au contraire de leur montrer qu’ils ont tout intérêt à s
1299
ls ont tout intérêt à se quitter. Voyons ce point
d’
un peu plus près. L’endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi
1300
se quitter. Voyons ce point d’un peu plus près.
L’
endemain de la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassai
1301
. Voyons ce point d’un peu plus près. L’endemain
de
la saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la f
1302
oyons ce point d’un peu plus près. L’endemain de
la
saint Jehan Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans la forê
1303
Aconpli furent li troi an. Tristan chassait dans
la
forêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit la cour du roi Mar
1304
orêt. Soudain, il se souvient du monde. Il revoit
la
cour du roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat de
1305
nde. Il revoit la cour du roi Marc. Il regrette «
le
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il p
1306
oit la cour du roi Marc. Il regrette « le vair et
le
gris » et l’apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occ
1307
u roi Marc. Il regrette « le vair et le gris » et
l’
apparat de chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi le
1308
. Il regrette « le vair et le gris » et l’apparat
de
chevalerie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons d
1309
vair et le gris » et l’apparat de chevalerie, et
le
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons de son oncle. Il so
1310
rie, et le haut rang qu’il pourrait occuper parmi
les
barons de son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fo
1311
haut rang qu’il pourrait occuper parmi les barons
de
son oncle. Il songe aussi à son amie, — pour la première fois semble-
1312
lle pourrait être « en beles chambres… portendües
de
dras de soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes
1313
rait être « en beles chambres… portendües de dras
de
soie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit les mêmes regrets.
1314
les chambres… portendües de dras de soie ». Iseut
de
son côté, à la même heure conçoit les mêmes regrets. Le soir venu, il
1315
ortendües de dras de soie ». Iseut de son côté, à
la
même heure conçoit les mêmes regrets. Le soir venu, ils se retrouvent
1316
oie ». Iseut de son côté, à la même heure conçoit
les
mêmes regrets. Le soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouve
1317
côté, à la même heure conçoit les mêmes regrets.
Le
soir venu, ils se retrouvent, et avouent leur nouveau tourment : « En
1318
ouveau tourment : « En mal uson notre jovente… ».
La
décision de se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir
1319
ent : « En mal uson notre jovente… ». La décision
de
se séparer est bientôt prise. Tristan propose de « gerpir » en Bretag
1320
de se séparer est bientôt prise. Tristan propose
de
« gerpir » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin l’ermite pou
1321
r » en Bretagne. Auparavant, ils iront voir Ogrin
l’
ermite pour obtenir son pardon — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici
1322
n — et celui du roi Marc pour Iseut. Ici se place
le
court dialogue si dramatique entre l’ermite et les deux repentants :
1323
ci se place le court dialogue si dramatique entre
l’
ermite et les deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien
1324
le court dialogue si dramatique entre l’ermite et
les
deux repentants : Amors par force vos demeine ! Combien durra vostre
1325
a vostre folie ? Trop avez mené ceste vie. Ainsi
les
admoneste Ogrin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement l’avons
1326
rin. Tristan li dist : or escoutez Si longuement
l’
avons menée Itel fu nostre destinée. (Amors par force vos demeine ! C
1327
e ! Comment ne s’arrêterait-on point pour admirer
la
plus poignante définition qu’un poète ait jamais donnée de la passion
1328
oignante définition qu’un poète ait jamais donnée
de
la passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de l
1329
nante définition qu’un poète ait jamais donnée de
la
passion ! À lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force de lang
1330
lui seul, ce vers exprime tout, et avec une force
de
langage qui fait pâlir le romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce
1331
tout, et avec une force de langage qui fait pâlir
le
romantisme tout entier ! Qui nous rendra ce dur « patois du cœur ? »)
1332
ur ? ») Un dernier trait : lorsque Tristan reçoit
la
réponse favorable du roi acceptant de reprendre Iseut : Dex ! dist T
1333
stan reçoit la réponse favorable du roi acceptant
de
reprendre Iseut : Dex ! dist Tristan, quel departie ! Mot est dolenz
1334
du roi qu’auprès de son ami ; plus heureuse dans
le
malheur d’amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’aill
1335
auprès de son ami ; plus heureuse dans le malheur
d’
amour que dans leur vie commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que pa
1336
e commune du Morois… ⁂ On sait d’ailleurs que par
la
suite, et bien que le philtre n’agisse plus, les amants seront repris
1337
On sait d’ailleurs que par la suite, et bien que
le
philtre n’agisse plus, les amants seront repris par la passion, jusqu
1338
r la suite, et bien que le philtre n’agisse plus,
les
amants seront repris par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdron
1339
iltre n’agisse plus, les amants seront repris par
la
passion, jusqu’au point qu’ils en perdront la vie, « lui par elle, el
1340
par la passion, jusqu’au point qu’ils en perdront
la
vie, « lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent d’un tel amou
1341
perdront la vie, « lui par elle, elle par lui… »
L’
égoïsme apparent d’un tel amour expliquerait à lui seul bien des « has
1342
lui par elle, elle par lui… » L’égoïsme apparent
d’
un tel amour expliquerait à lui seul bien des « hasards », bien des ma
1343
ui s’opposent au bonheur des amants. Mais comment
l’
expliquer lui-même, dans sa profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on,
1344
profonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on, mène à
la
mort, mais c’est par une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut l
1345
ar une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut
la
mort comme son accomplissement parfait, comme son triomphe… Une seule
1346
e du mythe. Tristan et Iseut ne s’aiment pas, ils
l’
ont dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le
1347
n et Iseut ne s’aiment pas, ils l’ont dit et tout
le
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer
1348
dit et tout le confirme. Ce qu’ils aiment, c’est
l’
amour, c’est le fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient
1349
confirme. Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est
le
fait même d’aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que to
1350
qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même
d’
aimer. Et ils agissent comme s’ils avaient compris que tout ce qui s’o
1351
s’ils avaient compris que tout ce qui s’oppose à
l’
amour le garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’in
1352
vaient compris que tout ce qui s’oppose à l’amour
le
garantit et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dan
1353
que tout ce qui s’oppose à l’amour le garantit et
le
consacre dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
1354
r le garantit et le consacre dans leur cœur, pour
l’
exalter à l’infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mor
1355
t et le consacre dans leur cœur, pour l’exalter à
l’
infini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan a
1356
re dans leur cœur, pour l’exalter à l’infini dans
l’
instant de l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir
1357
ur cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant
de
l’obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bie
1358
cœur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de
l’
obstacle absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien p
1359
fini dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est
la
mort. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la B
1360
. Et Iseut ne fait rien pour retenir Tristan près
d’
elle : il lui suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’aut
1361
pour retenir Tristan près d’elle : il lui suffit
d’
un rêve passionné. Ils ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais no
1362
i suffit d’un rêve passionné. Ils ont besoin l’un
de
l’autre pour brûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de la
1363
ont besoin l’un de l’autre pour brûler, mais non
de
l’autre tel qu’il est ; et non de la présence de l’autre, mais bien p
1364
rûler, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non
de
la présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparat
1365
er, mais non de l’autre tel qu’il est ; et non de
la
présence de l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation
1366
de l’autre tel qu’il est ; et non de la présence
de
l’autre, mais bien plutôt de son absence ! La séparation des amants
1367
t non de la présence de l’autre, mais bien plutôt
de
son absence ! La séparation des amants résulte ainsi de leur passion
1368
ce de l’autre, mais bien plutôt de son absence !
La
séparation des amants résulte ainsi de leur passion même, et de l’amo
1369
absence ! La séparation des amants résulte ainsi
de
leur passion même, et de l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt
1370
des amants résulte ainsi de leur passion même, et
de
l’amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, p
1371
amants résulte ainsi de leur passion même, et de
l’
amour qu’ils portent à leur passion plutôt qu’à son contentement, plut
1372
à son contentement, plutôt qu’à son vivant objet.
D’
où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnan
1373
contentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’où
les
obstacles multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de
1374
n vivant objet. D’où les obstacles multipliés par
le
Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve
1375
jet. D’où les obstacles multipliés par le Roman ;
d’
où l’indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein du
1376
D’où les obstacles multipliés par le Roman ; d’où
l’
indifférence étonnante de ces complices d’un même rêve au sein duquel
1377
liés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante
de
ces complices d’un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
1378
; d’où l’indifférence étonnante de ces complices
d’
un même rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où le crescend
1379
es complices d’un même rêve au sein duquel chacun
d’
eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose
1380
ême rêve au sein duquel chacun d’eux reste seul ;
d’
où le crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédia
1381
êve au sein duquel chacun d’eux reste seul ; d’où
le
crescendo romanesque et la mortelle apothéose. Dualité irrémédiable e
1382
’eux reste seul ; d’où le crescendo romanesque et
la
mortelle apothéose. Dualité irrémédiable et désirée ! « Mot est dolen
1383
» soupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond
de
la nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1384
oupire Tristan. Pourtant il sent déjà, au fond de
la
nuit qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par l’absence.
1385
sent déjà, au fond de la nuit qui vient, poindre
la
flamme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la Mort Mai
1386
qui vient, poindre la flamme secrète, ravivée par
l’
absence. 9.L’amour de la Mort Mais il nous faut pousser plus loi
1387
amme secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour
de
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’Aug
1388
e secrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de
la
Mort Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’August
1389
la Mort Mais il nous faut pousser plus loin :
l’
amabam amare d’Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’e
1390
s il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare
d’
Augustin est une émouvante formule dont lui-même ne s’est pas satisfai
1391
nte formule dont lui-même ne s’est pas satisfait.
L’
obstacle dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle p
1392
ait. L’obstacle dont nous avons souvent parlé, et
la
création de l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici
1393
cle dont nous avons souvent parlé, et la création
de
l’obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets a
1394
dont nous avons souvent parlé, et la création de
l’
obstacle par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec
1395
s souvent parlé, et la création de l’obstacle par
la
passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de l’exig
1396
s deux héros (confondant ici ses effets avec ceux
de
l’exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’es
1397
eux héros (confondant ici ses effets avec ceux de
l’
exigence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-i
1398
ses effets avec ceux de l’exigence romanesque et
de
l’attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessa
1399
s effets avec ceux de l’exigence romanesque et de
l’
attente du lecteur) — cet obstacle n’est-il qu’un prétexte, nécessaire
1400
le n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès
de
la passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup p
1401
n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de
la
passion, ou n’est-il pas lié à la passion d’une manière beaucoup plus
1402
e au progrès de la passion, ou n’est-il pas lié à
la
passion d’une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet m
1403
s de la passion, ou n’est-il pas lié à la passion
d’
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de la p
1404
une manière beaucoup plus profonde ? N’est-il pas
l’
objet même de la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous
1405
eaucoup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même
de
la passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
1406
coup plus profonde ? N’est-il pas l’objet même de
la
passion, — si l’on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le
1407
e ? N’est-il pas l’objet même de la passion, — si
l’
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que le progrès du roman
1408
on descend au fond du mythe ? ⁂ Nous avons vu que
le
progrès du roman a pour principe les séparations et les revoirs succe
1409
avons vu que le progrès du roman a pour principe
les
séparations et les revoirs successifs des amants15. Or les causes de
1410
ogrès du roman a pour principe les séparations et
les
revoirs successifs des amants15. Or les causes de séparation sont de
1411
ations et les revoirs successifs des amants15. Or
les
causes de séparation sont de deux sortes : circonstances extérieures
1412
es revoirs successifs des amants15. Or les causes
de
séparation sont de deux sortes : circonstances extérieures adverses,
1413
fs des amants15. Or les causes de séparation sont
de
deux sortes : circonstances extérieures adverses, entraves inventées
1414
ventées par Tristan. Tristan ne se comportera pas
de
la même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dé
1415
tées par Tristan. Tristan ne se comportera pas de
la
même manière dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégag
1416
stan ne se comportera pas de la même manière dans
les
deux cas. Et il n’est pas sans intérêt de dégager cette dialectique d
1417
e dans les deux cas. Et il n’est pas sans intérêt
de
dégager cette dialectique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce son
1418
est pas sans intérêt de dégager cette dialectique
de
l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales
1419
pas sans intérêt de dégager cette dialectique de
l’
obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui
1420
t de dégager cette dialectique de l’obstacle dans
le
Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacent les am
1421
ique de l’obstacle dans le Roman. Lorsque ce sont
les
circonstances sociales qui menacent les amants (présence de Marc, méf
1422
e ce sont les circonstances sociales qui menacent
les
amants (présence de Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.
1423
tances sociales qui menacent les amants (présence
de
Marc, méfiance des barons, jugement de Dieu, etc.), Tristan bondit pa
1424
(présence de Marc, méfiance des barons, jugement
de
Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut d’un lit à
1425
ugement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus
l’
obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souf
1426
ieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (
le
saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa ble
1427
.), Tristan bondit par-dessus l’obstacle (le saut
d’
un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se
1428
sus l’obstacle (le saut d’un lit à l’autre en est
le
symbole). Quitte à souffrir (sa blessure se rouvre) et à risquer sa v
1429
uvre) et à risquer sa vie (il se sait épié). Mais
la
passion est alors si violente, si animale pourrait-on dire, qu’il oub
1430
olente, si animale pourrait-on dire, qu’il oublie
la
douleur et le danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le s
1431
male pourrait-on dire, qu’il oublie la douleur et
le
danger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa bles
1432
n dire, qu’il oublie la douleur et le danger dans
l’
ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit.
1433
’il oublie la douleur et le danger dans l’ivresse
de
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est la
1434
anger dans l’ivresse de son « déduit ». Pourtant,
le
sang de sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le r
1435
ns l’ivresse de son « déduit ». Pourtant, le sang
de
sa blessure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur l
1436
son « déduit ». Pourtant, le sang de sa blessure
le
trahit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’ad
1437
Pourtant, le sang de sa blessure le trahit. C’est
la
« marque rouge » qui met le roi sur la trace de l’adultère. Quant à n
1438
sure le trahit. C’est la « marque rouge » qui met
le
roi sur la trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la tr
1439
hit. C’est la « marque rouge » qui met le roi sur
la
trace de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dess
1440
t la « marque rouge » qui met le roi sur la trace
de
l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secre
1441
a « marque rouge » qui met le roi sur la trace de
l’
adultère. Quant à nous, elle nous met sur la trace du dessein secret d
1442
ce de l’adultère. Quant à nous, elle nous met sur
la
trace du dessein secret des amants : leur recherche du péril pour lui
1443
r recherche du péril pour lui-même. Mais tant que
le
péril n’est qu’une menace tout extérieure, la prouesse par laquelle T
1444
que le péril n’est qu’une menace tout extérieure,
la
prouesse par laquelle Tristan le surmonte est une affirmation de la v
1445
tout extérieure, la prouesse par laquelle Tristan
le
surmonte est une affirmation de la vie. En tout cela, Tristan n’obéit
1446
laquelle Tristan le surmonte est une affirmation
de
la vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des che
1447
quelle Tristan le surmonte est une affirmation de
la
vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à la coutume féodale des cheval
1448
ion de la vie. En tout cela, Tristan n’obéit qu’à
la
coutume féodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve de « valeu
1449
u’à la coutume féodale des chevaliers : il s’agit
de
faire preuve de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus
1450
éodale des chevaliers : il s’agit de faire preuve
de
« valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avon
1451
l s’agit de faire preuve de « valeur », il s’agit
d’
être le plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduira
1452
t de faire preuve de « valeur », il s’agit d’être
le
plus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à en
1453
de « valeur », il s’agit d’être le plus fort, ou
le
plus rusé. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever la reine à
1454
lus fort, ou le plus rusé. Nous avons vu que cela
le
conduirait à enlever la reine à son roi. Et que le droit établi n’est
1455
é. Nous avons vu que cela le conduirait à enlever
la
reine à son roi. Et que le droit établi n’est soudain respecté, à ce
1456
e conduirait à enlever la reine à son roi. Et que
le
droit établi n’est soudain respecté, à ce moment, que parce qu’il fou
1457
parce qu’il fournit un prétexte à faire rebondir
le
roman. Tout autre est l’attitude du chevalier lorsque rien d’extérieu
1458
rétexte à faire rebondir le roman. Tout autre est
l’
attitude du chevalier lorsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare p
1459
ut autre est l’attitude du chevalier lorsque rien
d’
extérieur à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même l’inverse
1460
rsque rien d’extérieur à eux-mêmes ne sépare plus
les
amants. C’est même l’inverse qui se produit alors : l’épée nue déposé
1461
à eux-mêmes ne sépare plus les amants. C’est même
l’
inverse qui se produit alors : l’épée nue déposée par Tristan entre le
1462
ants. C’est même l’inverse qui se produit alors :
l’
épée nue déposée par Tristan entre leurs corps demeurés vêtus, c’est e
1463
leurs corps demeurés vêtus, c’est encore occasion
de
prouesse, mais cette fois-ci contre lui-même, à ses dépens. Puisqu’il
1464
lui-même, à ses dépens. Puisqu’il en est lui-même
le
fauteur, c’est un obstacle qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions p
1465
qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pas que
la
hiérarchie des faits contés traduit exactement la hiérarchie des préf
1466
la hiérarchie des faits contés traduit exactement
la
hiérarchie des préférences du conteur et de son lecteur. L’obstacle l
1467
ement la hiérarchie des préférences du conteur et
de
son lecteur. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préf
1468
hie des préférences du conteur et de son lecteur.
L’
obstacle le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus t
1469
férences du conteur et de son lecteur. L’obstacle
le
plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
1470
r. L’obstacle le plus grave, c’est donc celui que
l’
on préfère par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir la passion.
1471
onc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’est
le
plus propre à grandir la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
1472
e par-dessus tout. C’est le plus propre à grandir
la
passion. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté de se séparer
1473
r la passion. Notons aussi qu’en cette extrémité,
la
volonté de se séparer revêt une valeur affective plus forte que la pa
1474
n. Notons aussi qu’en cette extrémité, la volonté
de
se séparer revêt une valeur affective plus forte que la passion même.
1475
séparer revêt une valeur affective plus forte que
la
passion même. La mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’é
1476
valeur affective plus forte que la passion même.
La
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas
1477
plus forte que la passion même. La mort, qui est
le
but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’express
1478
orte que la passion même. La mort, qui est le but
de
la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression déc
1479
e que la passion même. La mort, qui est le but de
la
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisi
1480
sion même. La mort, qui est le but de la passion,
la
tue. Mais l’épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir
1481
mort, qui est le but de la passion, la tue. Mais
l’
épée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la
1482
passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas encore
l’
expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au
1483
pas encore l’expression décisive du désir sombre,
de
la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable ép
1484
encore l’expression décisive du désir sombre, de
la
fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épiso
1485
pression décisive du désir sombre, de la fin même
de
la passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées
1486
ssion décisive du désir sombre, de la fin même de
la
passion (au double sens du mot fin). L’admirable épisode des épées éc
1487
n même de la passion (au double sens du mot fin).
L’
admirable épisode des épées échangées le fait voir. Quand le roi vient
1488
mot fin). L’admirable épisode des épées échangées
le
fait voir. Quand le roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle
1489
e épisode des épées échangées le fait voir. Quand
le
roi vient surprendre les amants, l’on se rappelle qu’il substitue son
1490
ngées le fait voir. Quand le roi vient surprendre
les
amants, l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son riva
1491
t voir. Quand le roi vient surprendre les amants,
l’
on se rappelle qu’il substitue son arme à celle de son rival. Cela sig
1492
l’on se rappelle qu’il substitue son arme à celle
de
son rival. Cela signifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
1493
son arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à
l’
obstacle désiré et librement créé par les amants, il substitue le sign
1494
ifie qu’à l’obstacle désiré et librement créé par
les
amants, il substitue le signe de son pouvoir social, l’obstacle légal
1495
ré et librement créé par les amants, il substitue
le
signe de son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relè
1496
rement créé par les amants, il substitue le signe
de
son pouvoir social, l’obstacle légal, objectif. Tristan relève ce déf
1497
nts, il substitue le signe de son pouvoir social,
l’
obstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissem
1498
bstacle légal, objectif. Tristan relève ce défi :
d’
où le rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symboliq
1499
le légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où
le
rebondissement de l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
1500
. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement
de
l’action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche l
1501
ristan relève ce défi : d’où le rebondissement de
l’
action. Et ici le mot prend un sens symbolique : l’action empêche la «
1502
défi : d’où le rebondissement de l’action. Et ici
le
mot prend un sens symbolique : l’action empêche la « passion » d’être
1503
’action. Et ici le mot prend un sens symbolique :
l’
action empêche la « passion » d’être totale, car la passion, c’est « c
1504
e mot prend un sens symbolique : l’action empêche
la
« passion » d’être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit
1505
sens symbolique : l’action empêche la « passion »
d’
être totale, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite
1506
’action empêche la « passion » d’être totale, car
la
passion, c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la mort. En
1507
n » d’être totale, car la passion, c’est « ce que
l’
on subit » — à la limite, c’est la mort. En d’autres termes cette acti
1508
, car la passion, c’est « ce que l’on subit » — à
la
limite, c’est la mort. En d’autres termes cette action est un nouveau
1509
c’est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est
la
mort. En d’autres termes cette action est un nouveau délai de la pass
1510
d’autres termes cette action est un nouveau délai
de
la passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la mêm
1511
utres termes cette action est un nouveau délai de
la
passion, c’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera la même d
1512
uveau délai de la passion, c’est-à-dire un retard
de
la Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages
1513
au délai de la passion, c’est-à-dire un retard de
la
Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du
1514
’est-à-dire un retard de la Mort. ⁂ On retrouvera
la
même dialectique entre les deux mariages du Roman : celui d’Iseut la
1515
a Mort. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre
les
deux mariages du Roman : celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celu
1516
lectique entre les deux mariages du Roman : celui
d’
Iseut la Blonde avec le Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec
1517
mariages du Roman : celui d’Iseut la Blonde avec
le
Roi, et celui d’Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de
1518
n : celui d’Iseut la Blonde avec le Roi, et celui
d’
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
1519
Iseut aux blanches mains avec Tristan. Le premier
de
ces mariages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence
1520
ains avec Tristan. Le premier de ces mariages est
l’
obstacle de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, m
1521
ristan. Le premier de ces mariages est l’obstacle
de
fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, méprisé par
1522
ages est l’obstacle de fait. Il est symbolisé par
l’
existence concrète du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion de
1523
isé par l’existence concrète du mari, méprisé par
l’
amour courtois. Occasion de prouesse classique et de rebondissements f
1524
e du mari, méprisé par l’amour courtois. Occasion
de
prouesse classique et de rebondissements faciles. L’existence du mari
1525
amour courtois. Occasion de prouesse classique et
de
rebondissements faciles. L’existence du mari, l’obstacle de l’adultèr
1526
prouesse classique et de rebondissements faciles.
L’
existence du mari, l’obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte
1527
de rebondissements faciles. L’existence du mari,
l’
obstacle de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus nature
1528
ssements faciles. L’existence du mari, l’obstacle
de
l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement ima
1529
ments faciles. L’existence du mari, l’obstacle de
l’
adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement imagin
1530
le de l’adultère, c’est le premier prétexte venu,
le
plus naturellement imaginable, le plus conforme à l’expérience quotid
1531
prétexte venu, le plus naturellement imaginable,
le
plus conforme à l’expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera
1532
plus naturellement imaginable, le plus conforme à
l’
expérience quotidienne. (Le romantisme en trouvera de plus fins.) Il f
1533
le, le plus conforme à l’expérience quotidienne. (
Le
romantisme en trouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan le b
1534
rouvera de plus fins.) Il faut voir comme Tristan
le
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne
1535
bouscule, et comme il s’en joue à plaisir ! Sans
le
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour de Tristan et Iseut
1536
ue à plaisir ! Sans le mari, je ne donne pas plus
de
trois ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sages
1537
Sans le mari, je ne donne pas plus de trois ans à
l’
amour de Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Bér
1538
mari, je ne donne pas plus de trois ans à l’amour
de
Tristan et Iseut. Et en effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’e
1539
s ans à l’amour de Tristan et Iseut. Et en effet,
la
grande sagesse du vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée l’
1540
n effet, la grande sagesse du vieux Béroul, c’est
d’
avoir limité à cette durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui l
1541
vieux Béroul, c’est d’avoir limité à cette durée
l’
action du philtre : « La mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’ami
1542
voir limité à cette durée l’action du philtre : «
La
mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le
1543
e durée l’action du philtre : « La mère Iseut qui
le
bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans le mari, il ne rester
1544
re : « La mère Iseut qui le bollit. — À trois anz
d’
amistié le fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à
1545
mère Iseut qui le bollit. — À trois anz d’amistié
le
fist. » Sans le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier.
1546
e bollit. — À trois anz d’amistié le fist. » Sans
le
mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se marier. Or on ne conçoi
1547
que Tristan puisse jamais épouser Iseut. Elle est
le
type de femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer
1548
tan puisse jamais épouser Iseut. Elle est le type
de
femme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de l’aimer, puisqu
1549
emme qu’on n’épouse point, car alors on cesserait
de
l’aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela :
1550
e qu’on n’épouse point, car alors on cesserait de
l’
aimer, puisqu’elle cesserait d’être ce qu’elle est. Imaginez cela : Ma
1551
rs on cesserait de l’aimer, puisqu’elle cesserait
d’
être ce qu’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est la négatio
1552
’elle est. Imaginez cela : Madame Tristan ! C’est
la
négation de la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’
1553
maginez cela : Madame Tristan ! C’est la négation
de
la passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amour
1554
inez cela : Madame Tristan ! C’est la négation de
la
passion, au moins de celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureus
1555
istan ! C’est la négation de la passion, au moins
de
celle dont nous nous occupons. L’ardeur amoureuse spontanée, couronné
1556
ssion, au moins de celle dont nous nous occupons.
L’
ardeur amoureuse spontanée, couronnée et non combattue, est par essenc
1557
ble. C’est une flambée qui ne peut pas survivre à
l’
éclat de sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’es
1558
st une flambée qui ne peut pas survivre à l’éclat
de
sa consommation. Mais sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle q
1559
sa brûlure demeure inoubliable, et c’est elle que
les
amants veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où les périls no
1560
que les amants veulent prolonger et renouveler à
l’
infini. D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du
1561
mants veulent prolonger et renouveler à l’infini.
D’
où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier
1562
veulent prolonger et renouveler à l’infini. D’où
les
périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais la valeur du chevalier est t
1563
D’où les périls nouveaux qu’ils vont défier. Mais
la
valeur du chevalier est telle qu’il les aura bientôt tous surmontés.
1564
fier. Mais la valeur du chevalier est telle qu’il
les
aura bientôt tous surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête d’
1565
surmontés. C’est alors qu’il s’éloigne, en quête
d’
aventures plus secrètes et plus profondes, l’on dirait même : plus int
1566
uête d’aventures plus secrètes et plus profondes,
l’
on dirait même : plus intérieures. Lorsque Tristan soupire à voix bass
1567
eures. Lorsque Tristan soupire à voix basse après
l’
Iseut perdue, le frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoure
1568
ristan soupire à voix basse après l’Iseut perdue,
le
frère d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux de sa sœur. C
1569
d’Iseut aux blanches mains croit son ami amoureux
de
sa sœur. Cette erreur — provoquée par le nom des deux femmes — est la
1570
amoureux de sa sœur. Cette erreur — provoquée par
le
nom des deux femmes — est la seule « raison » du mariage de Tristan.
1571
reur — provoquée par le nom des deux femmes — est
la
seule « raison » du mariage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait ai
1572
deux femmes — est la seule « raison » du mariage
de
Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une foi
1573
— est la seule « raison » du mariage de Tristan.
L’
on voit qu’il lui serait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus, l
1574
riage de Tristan. L’on voit qu’il lui serait aisé
de
s’expliquer. Mais une fois de plus, l’honneur interviendra, et au seu
1575
erait aisé de s’expliquer. Mais une fois de plus,
l’
honneur interviendra, et au seul titre de prétexte, pour empêcher Tris
1576
de plus, l’honneur interviendra, et au seul titre
de
prétexte, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que l’amant press
1577
au seul titre de prétexte, pour empêcher Tristan
de
se dédire. C’est que l’amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu
1578
te, pour empêcher Tristan de se dédire. C’est que
l’
amant pressent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
1579
sent, dans cette nouvelle épreuve qu’il s’impose,
l’
occasion d’un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il t
1580
cette nouvelle épreuve qu’il s’impose, l’occasion
d’
un progrès décisif. Ce mariage blanc avec une femme qu’il trouve belle
1581
ge blanc avec une femme qu’il trouve belle, c’est
l’
obstacle qu’il ne peut surmonter que par une victoire sur lui-même (au
1582
par une victoire sur lui-même (aussi bien que sur
le
mariage, qu’il ruine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est la
1583
si bien que sur le mariage, qu’il ruine ainsi par
l’
intérieur). Prouesse dont il est la victime ! La chasteté du chevalier
1584
uine ainsi par l’intérieur). Prouesse dont il est
la
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’
1585
r l’intérieur). Prouesse dont il est la victime !
La
chasteté du chevalier marié répond à la déposition de l’épée nue entr
1586
victime ! La chasteté du chevalier marié répond à
la
déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontair
1587
hasteté du chevalier marié répond à la déposition
de
l’épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un su
1588
teté du chevalier marié répond à la déposition de
l’
épée nue entre les corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suici
1589
marié répond à la déposition de l’épée nue entre
les
corps. Mais une chasteté volontaire, c’est un suicide symbolique — (o
1590
taire, c’est un suicide symbolique — (on voit ici
le
sens caché de l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la
1591
n suicide symbolique — (on voit ici le sens caché
de
l’épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradit
1592
uicide symbolique — (on voit ici le sens caché de
l’
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur la robuste tradition
1593
ici le sens caché de l’épée). C’est une victoire
de
l’idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’or
1594
i le sens caché de l’épée). C’est une victoire de
l’
idéal courtois sur la robuste tradition celtique qui affirmait l’orgue
1595
épée). C’est une victoire de l’idéal courtois sur
la
robuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil de vivre. C’est un
1596
s sur la robuste tradition celtique qui affirmait
l’
orgueil de vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsista
1597
obuste tradition celtique qui affirmait l’orgueil
de
vivre. C’est une manière de purification de ce qui subsistait, dans l
1598
i affirmait l’orgueil de vivre. C’est une manière
de
purification de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’anim
1599
gueil de vivre. C’est une manière de purification
de
ce qui subsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et d’actif. V
1600
anière de purification de ce qui subsistait, dans
le
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » s
1601
purification de ce qui subsistait, dans le désir,
de
spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le dési
1602
de ce qui subsistait, dans le désir, de spontané,
d’
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe d
1603
bsistait, dans le désir, de spontané, d’animal et
d’
actif. Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort su
1604
désir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire
de
la « passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi
1605
ir, de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de
la
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi don
1606
animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur
le
désir. Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence
1607
Victoire de la « passion » sur le désir. Triomphe
de
la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstac
1608
toire de la « passion » sur le désir. Triomphe de
la
mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle
1609
« passion » sur le désir. Triomphe de la mort sur
la
vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu, c’éta
1610
la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à
l’
obstacle voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès v
1611
e préférence accordée à l’obstacle voulu, c’était
l’
affirmation de la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers un
1612
ccordée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation
de
la mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour
1613
rdée à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de
la
mort, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, v
1614
l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers
la
Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
1615
tait un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort
d’
amour, vers une mort volontaire au terme d’une série d’épreuves dont T
1616
e mort d’amour, vers une mort volontaire au terme
d’
une série d’épreuves dont Tristan sortira purifié ; vers une mort qui
1617
ur, vers une mort volontaire au terme d’une série
d’
épreuves dont Tristan sortira purifié ; vers une mort qui soit une tra
1618
non pas un hasard brutal. Il s’agit donc toujours
de
ramener la fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assu
1619
hasard brutal. Il s’agit donc toujours de ramener
la
fatalité extérieure à une fatalité interne, librement assumée par les
1620
ure à une fatalité interne, librement assumée par
les
amants. C’est le rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mouran
1621
interne, librement assumée par les amants. C’est
le
rachat de leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’e
1622
librement assumée par les amants. C’est le rachat
de
leur destin qu’ils accomplissent en mourant par amour : c’est une rev
1623
ent en mourant par amour : c’est une revanche sur
le
philtre. Et l’on assiste, in extremis, au renversement de la dialect
1624
ar amour : c’est une revanche sur le philtre. Et
l’
on assiste, in extremis, au renversement de la dialectique passion-obs
1625
e. Et l’on assiste, in extremis, au renversement
de
la dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qu
1626
Et l’on assiste, in extremis, au renversement de
la
dialectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’obstacle qui e
1627
lectique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus
l’
obstacle qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il
1628
iment ce n’est plus l’obstacle qui est au service
de
la passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin dés
1629
nt ce n’est plus l’obstacle qui est au service de
la
passion fatale, mais au contraire il est devenu le but, la fin désiré
1630
a passion fatale, mais au contraire il est devenu
le
but, la fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un
1631
n fatale, mais au contraire il est devenu le but,
la
fin désirée pour elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle d’
1632
devenu le but, la fin désirée pour elle-même. Et
la
passion n’a donc joué qu’un rôle d’épreuve purificatrice on dirait pr
1633
elle-même. Et la passion n’a donc joué qu’un rôle
d’
épreuve purificatrice on dirait presque de pénitence au service de cet
1634
un rôle d’épreuve purificatrice on dirait presque
de
pénitence au service de cette mort qui transfigure. Nous touchons au
1635
catrice on dirait presque de pénitence au service
de
cette mort qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
1636
qui transfigure. Nous touchons au secret dernier.
L’
amour de l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible,
1637
sfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour
de
l’amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volo
1638
gure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de
l’
amour même dissimulait une passion beaucoup plus terrible, une volonté
1639
que se « trahir » par des symboles tels que celui
de
l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants m
1640
se « trahir » par des symboles tels que celui de
l’
épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malg
1641
par des symboles tels que celui de l’épée nue ou
de
la périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont j
1642
r des symboles tels que celui de l’épée nue ou de
la
périlleuse chasteté. Sans le savoir, les amants malgré eux n’ont jama
1643
de l’épée nue ou de la périlleuse chasteté. Sans
le
savoir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
1644
nue ou de la périlleuse chasteté. Sans le savoir,
les
amants malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans le savoir, e
1645
ir, les amants malgré eux n’ont jamais désiré que
la
mort ! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais
1646
malgré eux n’ont jamais désiré que la mort ! Sans
le
savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cherché que le
1647
mpant passionnément, ils n’ont jamais cherché que
le
rachat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initi
1648
nément, ils n’ont jamais cherché que le rachat et
la
revanche de « ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le phi
1649
n’ont jamais cherché que le rachat et la revanche
de
« ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par le philtre. Au fon
1650
hat et la revanche de « ce qu’ils subissaient » —
la
passion initiée par le philtre. Au fond le plus secret de leur cœur,
1651
ce qu’ils subissaient » — la passion initiée par
le
philtre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était la volonté de l
1652
nt » — la passion initiée par le philtre. Au fond
le
plus secret de leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion a
1653
on initiée par le philtre. Au fond le plus secret
de
leur cœur, c’était la volonté de la mort, la passion active de la Nui
1654
tre. Au fond le plus secret de leur cœur, c’était
la
volonté de la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses
1655
d le plus secret de leur cœur, c’était la volonté
de
la mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions
1656
e plus secret de leur cœur, c’était la volonté de
la
mort, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fat
1657
cret de leur cœur, c’était la volonté de la mort,
la
passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales.
1658
c’était la volonté de la mort, la passion active
de
la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre E
1659
était la volonté de la mort, la passion active de
la
Nuit qui leur dictait ses décisions fatales. 10.Le philtre Et v
1660
10.Le philtre Et voici que s’entre-dévoile
la
raison constituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé. Le sens
1661
s’entre-dévoile la raison constituante du mythe,
la
nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de la passion est tellement
1662
ison constituante du mythe, la nécessité même qui
l’
a créé. Le sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouab
1663
ituante du mythe, la nécessité même qui l’a créé.
Le
sens réel de la passion est tellement effrayant et inavouable, que no
1664
the, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel
de
la passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement c
1665
, la nécessité même qui l’a créé. Le sens réel de
la
passion est tellement effrayant et inavouable, que non seulement ceux
1666
frayant et inavouable, que non seulement ceux qui
la
vivent ne sauraient prendre aucune conscience de sa fin, mais que ceu
1667
la vivent ne sauraient prendre aucune conscience
de
sa fin, mais que ceux qui la veulent dépeindre dans sa merveilleuse v
1668
re aucune conscience de sa fin, mais que ceux qui
la
veulent dépeindre dans sa merveilleuse violence se voient contraints
1669
ans sa merveilleuse violence se voient contraints
de
recourir au langage trompeur des symboles. Laissons de côté, pour le
1670
courir au langage trompeur des symboles. Laissons
de
côté, pour le moment, la question de savoir si les auteurs des cinq p
1671
age trompeur des symboles. Laissons de côté, pour
le
moment, la question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitif
1672
r des symboles. Laissons de côté, pour le moment,
la
question de savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient o
1673
es. Laissons de côté, pour le moment, la question
de
savoir si les auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non consci
1674
de côté, pour le moment, la question de savoir si
les
auteurs des cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients de la por
1675
s cinq poèmes primitifs étaient ou non conscients
de
la portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de précis
1676
inq poèmes primitifs étaient ou non conscients de
la
portée de leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser
1677
primitifs étaient ou non conscients de la portée
de
leur œuvre. En tout état de cause, il convient de préciser le sens du
1678
nscients de la portée de leur œuvre. En tout état
de
cause, il convient de préciser le sens du mot « trompeur » que nous v
1679
de leur œuvre. En tout état de cause, il convient
de
préciser le sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La v
1680
e. En tout état de cause, il convient de préciser
le
sens du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
1681
ciser le sens du mot « trompeur » que nous venons
d’
utiliser. La vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir
1682
s du mot « trompeur » que nous venons d’utiliser.
La
vulgarisation de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir
1683
ur » que nous venons d’utiliser. La vulgarisation
de
la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’expr
1684
» que nous venons d’utiliser. La vulgarisation de
la
psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’exprime
1685
« s’exprime » toujours, mais de manière à égarer
le
jugement. La passion interdite, l’amour inavouable, se créent un syst
1686
» toujours, mais de manière à égarer le jugement.
La
passion interdite, l’amour inavouable, se créent un système de symbol
1687
nière à égarer le jugement. La passion interdite,
l’
amour inavouable, se créent un système de symboles, un langage hiérogl
1688
terdite, l’amour inavouable, se créent un système
de
symboles, un langage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas la cl
1689
tème de symboles, un langage hiéroglyphique, dont
la
conscience n’a pas la clé. Langage ambigu par essence, car il « trahi
1690
angage hiéroglyphique, dont la conscience n’a pas
la
clé. Langage ambigu par essence, car il « trahit » au double sens du
1691
» au double sens du terme ce qu’il veut dire sans
le
dire. Il lui arrive de composer en un seul geste ou une seule métapho
1692
me ce qu’il veut dire sans le dire. Il lui arrive
de
composer en un seul geste ou une seule métaphore à la fois l’expressi
1693
en un seul geste ou une seule métaphore à la fois
l’
expression de l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce dés
1694
ste ou une seule métaphore à la fois l’expression
de
l’objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’i
1695
ou une seule métaphore à la fois l’expression de
l’
objet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’inte
1696
phore à la fois l’expression de l’objet désiré et
l’
expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste aff
1697
is l’expression de l’objet désiré et l’expression
de
ce qui condamne ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’o
1698
t l’expression de ce qui condamne ce désir. Ainsi
l’
interdiction reste affirmée, et l’objet reste inavoué, mais tout de mê
1699
ce désir. Ainsi l’interdiction reste affirmée, et
l’
objet reste inavoué, mais tout de même il y est fait allusion, et par
1700
ibles se voient du même coup satisfaites : besoin
de
parler de ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour
1701
oient du même coup satisfaites : besoin de parler
de
ce qu’on aime et besoin de le soustraire au jugement, amour du risque
1702
tes : besoin de parler de ce qu’on aime et besoin
de
le soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. I
1703
: besoin de parler de ce qu’on aime et besoin de
le
soustraire au jugement, amour du risque et instinct de prudence. Inte
1704
ustraire au jugement, amour du risque et instinct
de
prudence. Interrogez celui qui use d’un tel langage, demandez-lui rai
1705
et instinct de prudence. Interrogez celui qui use
d’
un tel langage, demandez-lui raison de sa prédilection, pour telle ou
1706
lui qui use d’un tel langage, demandez-lui raison
de
sa prédilection, pour telle ou telle image d’apparence bizarre, il ré
1707
son de sa prédilection, pour telle ou telle image
d’
apparence bizarre, il répondra que « c’est tout naturel », « qu’il n’e
1708
« qu’il n’en sait rien », « qu’il n’y attache pas
d’
importance ». S’il est poète, il parlera d’inspiration, ou au contrair
1709
he pas d’importance ». S’il est poète, il parlera
d’
inspiration, ou au contraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
1710
ontraire de rhétorique. Il ne sera jamais à court
de
bonnes raisons pour démontrer qu’il n’est responsable de rien… Imagin
1711
es raisons pour démontrer qu’il n’est responsable
de
rien… Imaginons maintenant le problème qui se posait à l’auteur du Ro
1712
l n’est responsable de rien… Imaginons maintenant
le
problème qui se posait à l’auteur du Roman primitif. De quel matériel
1713
Imaginons maintenant le problème qui se posait à
l’
auteur du Roman primitif. De quel matériel symbolique — apte à cacher
1714
blème qui se posait à l’auteur du Roman primitif.
De
quel matériel symbolique — apte à cacher ce qu’il fallait traduire —
1715
fallait traduire — disposait-il au xiie siècle ?
De
la magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d
1716
lait traduire — disposait-il au xiie siècle ? De
la
magie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’ex
1717
e — disposait-il au xiie siècle ? De la magie et
de
la rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression sau
1718
disposait-il au xiie siècle ? De la magie et de
la
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes d’expression saute
1719
? De la magie et de la rhétorique chevaleresque.
L’
avantage de ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade s
1720
gie et de la rhétorique chevaleresque. L’avantage
de
ces modes d’expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner
1721
rhétorique chevaleresque. L’avantage de ces modes
d’
expression saute aux yeux. La magie persuade sans donner de raisons, v
1722
vantage de ces modes d’expression saute aux yeux.
La
magie persuade sans donner de raisons, voire dans la mesure où elle n
1723
ion saute aux yeux. La magie persuade sans donner
de
raisons, voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et la rhétori
1724
magie persuade sans donner de raisons, voire dans
la
mesure où elle n’en donne point. Et la rhétorique chevaleresque, comm
1725
voire dans la mesure où elle n’en donne point. Et
la
rhétorique chevaleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le m
1726
aleresque, comme d’ailleurs toute rhétorique, est
le
moyen de faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositi
1727
, comme d’ailleurs toute rhétorique, est le moyen
de
faire passer pour « naturelles » les plus obscures propositions. Masq
1728
est le moyen de faire passer pour « naturelles »
les
plus obscures propositions. Masque idéal ! Garantie de secret, mais a
1729
us obscures propositions. Masque idéal ! Garantie
de
secret, mais aussi garantie d’approbation sans condition de la part d
1730
e idéal ! Garantie de secret, mais aussi garantie
d’
approbation sans condition de la part du lecteur de roman. La chevaler
1731
’approbation sans condition de la part du lecteur
de
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle
1732
on sans condition de la part du lecteur de roman.
La
chevalerie, c’est la règle sociale que les élites du siècle rêvent d’
1733
la part du lecteur de roman. La chevalerie, c’est
la
règle sociale que les élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « f
1734
roman. La chevalerie, c’est la règle sociale que
les
élites du siècle rêvent d’opposer aux pires « folies » dont elles se
1735
la règle sociale que les élites du siècle rêvent
d’
opposer aux pires « folies » dont elles se sentent menacées. La coutum
1736
pires « folies » dont elles se sentent menacées.
La
coutume de la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avo
1737
lies » dont elles se sentent menacées. La coutume
de
la chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué,
1738
s » dont elles se sentent menacées. La coutume de
la
chevalerie fournira donc le cadre du Roman. Et nous avons marqué, en
1739
nacées. La coutume de la chevalerie fournira donc
le
cadre du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
1740
du Roman. Et nous avons marqué, en maint endroit,
le
caractère de « prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour
1741
nous avons marqué, en maint endroit, le caractère
de
« prétexte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour la magie, vo
1742
xte rêvé » des interdictions qu’elle impose. Pour
la
magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion d
1743
our la magie, voici quel sera son rôle. Il s’agit
de
dépeindre une passion dont la violence fascinante ne peut être accept
1744
son rôle. Il s’agit de dépeindre une passion dont
la
violence fascinante ne peut être acceptée sans scrupules. Elle appara
1745
t barbare dans ses effets. Elle est proscrite par
l’
Église comme un péché ; par la raison comme un excès morbide. On ne po
1746
e est proscrite par l’Église comme un péché ; par
la
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant
1747
raison comme un excès morbide. On ne pourra donc
l’
admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce de lien visibl
1748
ide. On ne pourra donc l’admirer qu’en tant qu’on
l’
aura libérée de toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabi
1749
ra donc l’admirer qu’en tant qu’on l’aura libérée
de
toute espèce de lien visible avec l’humaine responsabilité. L’interve
1750
r qu’en tant qu’on l’aura libérée de toute espèce
de
lien visible avec l’humaine responsabilité. L’intervention du philtre
1751
aura libérée de toute espèce de lien visible avec
l’
humaine responsabilité. L’intervention du philtre, agissant d’une mani
1752
ce de lien visible avec l’humaine responsabilité.
L’
intervention du philtre, agissant d’une manière fatale, et mieux encor
1753
sponsabilité. L’intervention du philtre, agissant
d’
une manière fatale, et mieux encore bu par erreur, se révèle désormais
1754
évèle désormais nécessaire16. Qu’est-ce alors que
le
philtre ? C’est l’alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheu
1755
essaire16. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est
l’
alibi de la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire
1756
6. Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi
de
la passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vou
1757
Qu’est-ce alors que le philtre ? C’est l’alibi de
la
passion. C’est ce qui permet aux malheureux amants de dire : « Vous v
1758
assion. C’est ce qui permet aux malheureux amants
de
dire : « Vous voyez que je n’y suis pour rien, vous voyez que c’est p
1759
rt que moi. » Et cependant, nous voyons bien qu’à
la
faveur de cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés ve
1760
. » Et cependant, nous voyons bien qu’à la faveur
de
cette fatalité trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers le dest
1761
té trompeuse, tous leurs actes sont orientés vers
le
destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte d’astucieuse résolution,
1762
rs le destin mortel qu’ils aiment, avec une sorte
d’
astucieuse résolution, avec une ruse d’autant plus infaillible qu’elle
1763
une sorte d’astucieuse résolution, avec une ruse
d’
autant plus infaillible qu’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos ac
1764
use d’autant plus infaillible qu’elle peut agir à
l’
abri du jugement. Nos actions les moins calculées sont parfois les plu
1765
’elle peut agir à l’abri du jugement. Nos actions
les
moins calculées sont parfois les plus efficaces. La pierre qu’on lanc
1766
ent. Nos actions les moins calculées sont parfois
les
plus efficaces. La pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but.
1767
moins calculées sont parfois les plus efficaces.
La
pierre qu’on lance « sans viser » va droit au but. En vérité, c’est q
1768
u but. En vérité, c’est qu’on visait ce but, mais
la
conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir le geste sp
1769
u’on visait ce but, mais la conscience n’a pas eu
le
temps d’intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
1770
it ce but, mais la conscience n’a pas eu le temps
d’
intervenir et de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus
1771
la conscience n’a pas eu le temps d’intervenir et
de
gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes d
1772
ce n’a pas eu le temps d’intervenir et de gauchir
le
geste spontané. Et c’est pourquoi les plus belles scènes du Roman son
1773
t de gauchir le geste spontané. Et c’est pourquoi
les
plus belles scènes du Roman sont celles que les auteurs n’ont pas su
1774
i les plus belles scènes du Roman sont celles que
les
auteurs n’ont pas su commenter, et qu’ils décrivent comme en toute in
1775
ent comme en toute innocence. ⁂ Il n’y aurait pas
de
mythe, il n’y aurait pas de roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire
1776
. ⁂ Il n’y aurait pas de mythe, il n’y aurait pas
de
roman, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est la fin qu’ils se
1777
an, si Tristan et Iseut pouvaient dire quelle est
la
fin qu’ils se préparent de toute leur volonté profonde, et plus que p
1778
vaient dire quelle est la fin qu’ils se préparent
de
toute leur volonté profonde, et plus que profonde, abyssale. Qui donc
1779
nde, abyssale. Qui donc oserait avouer qu’il veut
la
Mort ? et qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de t
1780
rait avouer qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste
le
Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantisseme
1781
qu’il veut la Mort ? et qu’il déteste le Jour qui
l’
offusque ? et qu’il attend de tout son être l’anéantissement de son êt
1782
déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend
de
tout son être l’anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucou
1783
qui l’offusque ? et qu’il attend de tout son être
l’
anéantissement de son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont
1784
et qu’il attend de tout son être l’anéantissement
de
son être ? Certains poètes, beaucoup plus tard, ont osé cet aveu supr
1785
eaucoup plus tard, ont osé cet aveu suprême. Mais
la
foule dit : ce sont des fous. Et la passion que le romancier désire f
1786
suprême. Mais la foule dit : ce sont des fous. Et
la
passion que le romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ord
1787
a foule dit : ce sont des fous. Et la passion que
le
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît, d’ordinaire, plus dé
1788
t la passion que le romancier désire flatter chez
l’
auditeur paraît, d’ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’ell
1789
romancier désire flatter chez l’auditeur paraît,
d’
ordinaire, plus débile. Il y a peu de chance qu’elle soit jamais pouss
1790
vouer par son excès indubitable, par une mort qui
la
manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiques ont
1791
ndubitable, par une mort qui la manifeste au-delà
de
tout repentir possible ! Certains mystiques ont fait plus qu’avouer :
1792
u et se sont expliqués. Mais s’ils ont affronté «
la
Nuit obscure » avec la plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils av
1793
Mais s’ils ont affronté « la Nuit obscure » avec
la
plus sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par la f
1794
us sévère et lucide passion, c’est qu’ils avaient
le
gage, par la foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » s
1795
lucide passion, c’est qu’ils avaient le gage, par
la
foi, qu’une Volonté toute personnelle et « lumineuse » se substituera
1796
e personnelle et « lumineuse » se substituerait à
la
leur. Ce n’était pas le dieu sans nom du philtre, une force aveugle o
1797
euse » se substituerait à la leur. Ce n’était pas
le
dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou le Néant, qui s’empara
1798
le dieu sans nom du philtre, une force aveugle ou
le
Néant, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais le Dieu qui prom
1799
, une force aveugle ou le Néant, qui s’emparaient
de
leur secret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive f
1800
nt, qui s’emparaient de leur secret vouloir, mais
le
Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme d’amour » éclose aux «
1801
ret vouloir, mais le Dieu qui promet sa grâce, et
la
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, l
1802
le Dieu qui promet sa grâce, et la « vive flamme
d’
amour » éclose aux « déserts » de la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien
1803
la « vive flamme d’amour » éclose aux « déserts »
de
la Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne vou
1804
« vive flamme d’amour » éclose aux « déserts » de
la
Nuit. Tristan, lui, ne peut rien avouer. Il veut comme s’il ne voulai
1805
able, injustifiable, dont il rejette avec horreur
la
connaissance. Il tient son excuse toute prête, et elle le trompe mieu
1806
issance. Il tient son excuse toute prête, et elle
le
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui le « demeine par for
1807
te, et elle le trompe mieux que quiconque : c’est
le
poison qui le « demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi c
1808
trompe mieux que quiconque : c’est le poison qui
le
« demeine par force ». Et cependant, qu’il ait choisi cette destinée,
1809
cependant, qu’il ait choisi cette destinée, qu’il
l’
ait voulue et accueillie par un obscur et souverain assentiment, tout
1810
llie par un obscur et souverain assentiment, tout
le
trahit dans son action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans la s
1811
action, et jusque dans sa fuite désespérée, dans
la
sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel
1812
sa fuite désespérée, dans la sublime coquetterie
de
sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplair
1813
ans la sublime coquetterie de sa fuite ! Et qu’il
l’
ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raison
1814
e sa fuite ! Et qu’il l’ignore, c’est essentiel à
la
grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas cel
1815
’ignore, c’est essentiel à la grandeur exemplaire
de
sa vie. Les raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne s
1816
est essentiel à la grandeur exemplaire de sa vie.
Les
raisons de la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas comm
1817
l à la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons
de
la Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables a
1818
la grandeur exemplaire de sa vie. Les raisons de
la
Nuit ne sont pas celles du Jour, elles ne sont pas communicables au J
1819
elles ne sont pas communicables au Jour17. Elles
le
méprisent. Tristan s’est fait prisonnier d’un délire auprès duquel pâ
1820
Elles le méprisent. Tristan s’est fait prisonnier
d’
un délire auprès duquel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
1821
uel pâlissent toute sagesse, toute « vérité », et
la
vie même. Il est au-delà de nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’él
1822
toute « vérité », et la vie même. Il est au-delà
de
nos bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême
1823
, et la vie même. Il est au-delà de nos bonheurs,
de
nos souffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où la totale joui
1824
os bonheurs, de nos souffrances. Il s’élance vers
l’
instant suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du
1825
ouffrances. Il s’élance vers l’instant suprême où
la
totale jouissance est de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décri
1826
ers l’instant suprême où la totale jouissance est
de
sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « mus
1827
suprême où la totale jouissance est de sombrer. ⁂
Les
mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais la « musique savante »
1828
de sombrer. ⁂ Les mots du Jour ne peuvent décrire
la
Nuit, mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle
1829
Les mots du Jour ne peuvent décrire la Nuit, mais
la
« musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle procède. Leve
1830
sir dont elle procède. Levez-vous, orages sonores
de
la mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le hér
1831
dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de
la
mort de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros,
1832
le procède. Levez-vous, orages sonores de la mort
de
Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes son
1833
vez-vous, orages sonores de la mort de Tristan et
d’
Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes sons lamentables
1834
istan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit
le
héros, tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur les vents du
1835
tes sons lamentables parvenaient jusqu’à moi sur
les
vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la mort du père fut annonc
1836
ur les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain
la
mort du père fut annoncée au fils. Dans l’aube sinistre, tu me cherch
1837
intain la mort du père fut annoncée au fils. Dans
l’
aube sinistre, tu me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque le f
1838
u me cherchais, de plus en plus inquiète, lorsque
le
fils apprit le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut,
1839
de plus en plus inquiète, lorsque le fils apprit
le
sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère m
1840
en plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort
de
la mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
1841
plus inquiète, lorsque le fils apprit le sort de
la
mère… Quand mon père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna le
1842
père m’engendra et mourut, quand ma mère me donna
le
jour en expirant, la vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles,
1843
urut, quand ma mère me donna le jour en expirant,
la
vieille mélodie arrivait aussi à leurs oreilles, languissante et tris
1844
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mour
1845
ète : — Pour désirer et pour mourir ! Pour mourir
de
désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musique e
1846
! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais
la
musique est savante, vraiment, et elle nous chante immensément le bea
1847
avante, vraiment, et elle nous chante immensément
le
beau secret : c’est lui qui a voulu son destin : Ce terrible philtre
1848
me condamne au supplice, c’est moi, moi-même qui
l’
ai composé… Et je l’ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour ré
1849
lice, c’est moi, moi-même qui l’ai composé… Et je
l’
ai bu à longs traits de délice !… 11.L’amour réciproque malheureux
1850
me qui l’ai composé… Et je l’ai bu à longs traits
de
délice !… 11.L’amour réciproque malheureux Passion veut dire so
1851
ffrance, chose subie, prépondérance du destin sur
la
personne libre et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de l’am
1852
estin sur la personne libre et responsable. Aimer
l’
amour plus que l’objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
1853
onne libre et responsable. Aimer l’amour plus que
l’
objet de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d
1854
re et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet
de
l’amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augusti
1855
et responsable. Aimer l’amour plus que l’objet de
l’
amour, aimer la passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin j
1856
Aimer l’amour plus que l’objet de l’amour, aimer
la
passion pour elle-même, de l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romanti
1857
bjet de l’amour, aimer la passion pour elle-même,
de
l’amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et
1858
t de l’amour, aimer la passion pour elle-même, de
l’
amabam amare d’Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et ch
1859
imer la passion pour elle-même, de l’amabam amare
d’
Augustin jusqu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher la souff
1860
qu’au romantisme moderne, c’est aimer et chercher
la
souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéa
1861
et chercher la souffrance. Amour-passion : désir
de
ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe. C’est un secre
1862
s anéantit par son triomphe. C’est un secret dont
l’
Occident n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler,
1863
C’est un secret dont l’Occident n’a jamais toléré
l’
aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, — de préserver ! Il en est p
1864
n’a jamais toléré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé
de
refouler, — de préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa per
1865
éré l’aveu, et qu’il n’a pas cessé de refouler, —
de
préserver ! Il en est peu de plus tragiques, et sa persistance nous i
1866
iques, et sa persistance nous invite à porter sur
l’
avenir de l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incid
1867
sa persistance nous invite à porter sur l’avenir
de
l’Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui
1868
persistance nous invite à porter sur l’avenir de
l’
Europe un jugement très pessimiste. Marquons ici une incidence qui mér
1869
qui méritera plus tard son développement : c’est
la
liaison ou la complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle di
1870
plus tard son développement : c’est la liaison ou
la
complicité de la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’
1871
développement : c’est la liaison ou la complicité
de
la passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mod
1872
eloppement : c’est la liaison ou la complicité de
la
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode d
1873
a liaison ou la complicité de la passion, du goût
de
la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui défi
1874
iaison ou la complicité de la passion, du goût de
la
mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définir
1875
passion, du goût de la mort qu’elle dissimule, et
d’
un certain mode de connaître qui définirait à lui seul notre psyché oc
1876
e la mort qu’elle dissimule, et d’un certain mode
de
connaître qui définirait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquo
1877
ait à lui seul notre psyché occidentale. Pourquoi
l’
homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que tout
1878
i seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’homme
d’
Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa rai
1879
’homme d’Occident veut-il subir cette passion qui
le
blesse et que toute sa raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour d
1880
raison condamne ? Pourquoi veut-il cet amour dont
l’
éclat ne peut être que son suicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprou
1881
uicide ? C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous
le
coup de menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. L
1882
C’est qu’il se connaît et s’éprouve sous le coup
de
menaces vitales, dans la souffrance et au seuil de la mort. Le troisi
1883
t s’éprouve sous le coup de menaces vitales, dans
la
souffrance et au seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagn
1884
e menaces vitales, dans la souffrance et au seuil
de
la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage q
1885
enaces vitales, dans la souffrance et au seuil de
la
mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’u
1886
t au seuil de la mort. Le troisième acte du drame
de
Wagner décrit bien davantage qu’une catastrophe romanesque : il décri
1887
vantage qu’une catastrophe romanesque : il décrit
l’
essentielle catastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la
1888
romanesque : il décrit l’essentielle catastrophe
de
notre sadique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût de se connaî
1889
tastrophe de notre sadique génie, ce goût réprimé
de
la mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision
1890
trophe de notre sadique génie, ce goût réprimé de
la
mort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision ré
1891
adique génie, ce goût réprimé de la mort, ce goût
de
se connaître à la limite, ce goût de la collision révélatrice qui est
1892
oût réprimé de la mort, ce goût de se connaître à
la
limite, ce goût de la collision révélatrice qui est sans doute la plu
1893
ort, ce goût de se connaître à la limite, ce goût
de
la collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des
1894
, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de
la
collision révélatrice qui est sans doute la plus inarrachable des rac
1895
ût de la collision révélatrice qui est sans doute
la
plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ D
1896
i est sans doute la plus inarrachable des racines
de
l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illus
1897
st sans doute la plus inarrachable des racines de
l’
instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustré
1898
te la plus inarrachable des racines de l’instinct
de
la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée e
1899
la plus inarrachable des racines de l’instinct de
la
guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et c
1900
des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂
De
cette extrémité tragique, illustrée, avouée et constatée par la puret
1901
mité tragique, illustrée, avouée et constatée par
la
pureté du mythe originel, redescendons à l’expérience de la passion t
1902
e par la pureté du mythe originel, redescendons à
l’
expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
1903
té du mythe originel, redescendons à l’expérience
de
la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès pr
1904
du mythe originel, redescendons à l’expérience de
la
passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodi
1905
descendons à l’expérience de la passion telle que
la
vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tri
1906
à l’expérience de la passion telle que la vivent
les
hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle
1907
ence de la passion telle que la vivent les hommes
d’
aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous,
1908
ion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui.
Le
succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous le vou
1909
mmes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman
de
Tristan révèle en nous, que nous le voulions ou non, une préférence i
1910
ieux du Roman de Tristan révèle en nous, que nous
le
voulions ou non, une préférence intime pour le malheur. Que ce malheu
1911
us le voulions ou non, une préférence intime pour
le
malheur. Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit la « délic
1912
nce intime pour le malheur. Que ce malheur, selon
la
force de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
1913
e pour le malheur. Que ce malheur, selon la force
de
notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de la décade
1914
Que ce malheur, selon la force de notre âme, soit
la
« délicieuse tristesse » et le spleen de la décadence, ou la souffran
1915
de notre âme, soit la « délicieuse tristesse » et
le
spleen de la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi
1916
me, soit la « délicieuse tristesse » et le spleen
de
la décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’espr
1917
soit la « délicieuse tristesse » et le spleen de
la
décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit
1918
euse tristesse » et le spleen de la décadence, ou
la
souffrance qui transfigure, ou le défi que l’esprit jette au monde, c
1919
a décadence, ou la souffrance qui transfigure, ou
le
défi que l’esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui
1920
ou la souffrance qui transfigure, ou le défi que
l’
esprit jette au monde, ce que nous cherchons, c’est ce qui peut nous e
1921
xalter jusqu’à nous faire accéder, malgré nous, à
la
« vraie vie » dont parlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’es
1922
der, malgré nous, à la « vraie vie » dont parlent
les
poètes. Mais cette « vraie vie », c’est la vie impossible. Ce ciel au
1923
rlent les poètes. Mais cette « vraie vie », c’est
la
vie impossible. Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré d’hé
1924
Ce ciel aux nuées exaltées, crépuscule empourpré
d’
héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ail
1925
s, crépuscule empourpré d’héroïsme, n’annonce pas
le
Jour, mais la Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle
1926
empourpré d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais
la
Nuit ! La « vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un d
1927
d’héroïsme, n’annonce pas le Jour, mais la Nuit !
La
« vraie vie est ailleurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
1928
illeurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms
de
la Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feign
1929
eurs », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de
la
Mort, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
1930
it Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la Mort,
le
seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de la re
1931
ms de la Mort, le seul nom par lequel nous osions
l’
appeler — tout en feignant de la repousser. Pourquoi préférons-nous à
1932
r lequel nous osions l’appeler — tout en feignant
de
la repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un a
1933
equel nous osions l’appeler — tout en feignant de
la
repousser. Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui d’un amou
1934
Pourquoi préférons-nous à tout autre récit celui
d’
un amour impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et la conscien
1935
lui d’un amour impossible ? C’est que nous aimons
la
brûlure, et la conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde d
1936
impossible ? C’est que nous aimons la brûlure, et
la
conscience de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance
1937
’est que nous aimons la brûlure, et la conscience
de
ce qui brûle en nous. Liaison profonde de la souffrance et du savoir.
1938
science de ce qui brûle en nous. Liaison profonde
de
la souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort
1939
ence de ce qui brûle en nous. Liaison profonde de
la
souffrance et du savoir. Complicité de la conscience et de la mort !
1940
rofonde de la souffrance et du savoir. Complicité
de
la conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explica
1941
onde de la souffrance et du savoir. Complicité de
la
conscience et de la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explicatio
1942
ance et du savoir. Complicité de la conscience et
de
la mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de not
1943
e et du savoir. Complicité de la conscience et de
la
mort ! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de notre
1944
gel a pu fonder sur elle une explication générale
de
notre esprit et même de notre Histoire.) Je définirais volontiers le
1945
une explication générale de notre esprit et même
de
notre Histoire.) Je définirais volontiers le romantique occidental co
1946
même de notre Histoire.) Je définirais volontiers
le
romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spéciale
1947
le romantique occidental comme un homme pour qui
la
douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moyen privilégi
1948
mme un homme pour qui la douleur, et spécialement
la
douleur amoureuse, est un moyen privilégié de connaissance. Certes, c
1949
ent la douleur amoureuse, est un moyen privilégié
de
connaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs. Le grand nombre s
1950
rivilégié de connaissance. Certes, cela vaut pour
les
meilleurs. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et de se conna
1951
nnaissance. Certes, cela vaut pour les meilleurs.
Le
grand nombre se soucie peu de connaître, et de se connaître. Il cherc
1952
s. Le grand nombre se soucie peu de connaître, et
de
se connaître. Il cherche simplement l’amour le plus sensible. Mais c’
1953
naître, et de se connaître. Il cherche simplement
l’
amour le plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave
1954
et de se connaître. Il cherche simplement l’amour
le
plus sensible. Mais c’est encore l’amour dont quelque entrave vient r
1955
ement l’amour le plus sensible. Mais c’est encore
l’
amour dont quelque entrave vient retarder l’heureux accomplissement. A
1956
ncore l’amour dont quelque entrave vient retarder
l’
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour le plus cons
1957
heureux accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire
l’
amour le plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on dés
1958
accomplissement. Ainsi, soit qu’on désire l’amour
le
plus conscient, ou simplement l’amour le plus intense, on désire en s
1959
n désire l’amour le plus conscient, ou simplement
l’
amour le plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on l
1960
l’amour le plus conscient, ou simplement l’amour
le
plus intense, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée,
1961
ment l’amour le plus intense, on désire en secret
l’
obstacle. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela e
1962
se, on désire en secret l’obstacle. Au besoin, on
le
crée, on l’imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie d
1963
e en secret l’obstacle. Au besoin, on le crée, on
l’
imagine. Il me paraît que cela explique une bonne partie de notre psyc
1964
. Il me paraît que cela explique une bonne partie
de
notre psychologie. Sans traverses à l’amour, point de « roman ». Or c
1965
nne partie de notre psychologie. Sans traverses à
l’
amour, point de « roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
1966
otre psychologie. Sans traverses à l’amour, point
de
« roman ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
1967
traverses à l’amour, point de « roman ». Or c’est
le
roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité, les variat
1968
man ». Or c’est le roman qu’on aime, c’est-à-dire
la
conscience, l’intensité, les variations et les retards de la passion,
1969
le roman qu’on aime, c’est-à-dire la conscience,
l’
intensité, les variations et les retards de la passion, son crescendo
1970
on aime, c’est-à-dire la conscience, l’intensité,
les
variations et les retards de la passion, son crescendo jusqu’à la cat
1971
ire la conscience, l’intensité, les variations et
les
retards de la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non
1972
ience, l’intensité, les variations et les retards
de
la passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa ra
1973
ce, l’intensité, les variations et les retards de
la
passion, son crescendo jusqu’à la catastrophe — et non point sa rapid
1974
les retards de la passion, son crescendo jusqu’à
la
catastrophe — et non point sa rapide flambée. Considérez notre littér
1975
sa rapide flambée. Considérez notre littérature.
Le
bonheur des amants ne nous émeut que par l’attente du malheur qui le
1976
ture. Le bonheur des amants ne nous émeut que par
l’
attente du malheur qui le guette. Il y faut cette menace de la vie et
1977
ts ne nous émeut que par l’attente du malheur qui
le
guette. Il y faut cette menace de la vie et des hostiles réalités qui
1978
du malheur qui le guette. Il y faut cette menace
de
la vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
1979
malheur qui le guette. Il y faut cette menace de
la
vie et des hostiles réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà. La
1980
tte menace de la vie et des hostiles réalités qui
l’
éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
1981
es réalités qui l’éloignent dans quelque au-delà.
La
nostalgie, le souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La pré
1982
i l’éloignent dans quelque au-delà. La nostalgie,
le
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent. La présence est inex
1983
ue au-delà. La nostalgie, le souvenir, et non pas
la
présence, nous émeuvent. La présence est inexprimable, elle ne possèd
1984
souvenir, et non pas la présence, nous émeuvent.
La
présence est inexprimable, elle ne possède aucune durée sensible, ell
1985
e durée sensible, elle ne peut être qu’un instant
de
grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une id
1986
sible, elle ne peut être qu’un instant de grâce —
le
duo de Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de car
1987
elle ne peut être qu’un instant de grâce — le duo
de
Don Juan et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle de carte post
1988
de grâce — le duo de Don Juan et Zerline. Ou bien
l’
on tombe dans une idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas d’h
1989
an et Zerline. Ou bien l’on tombe dans une idylle
de
carte postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature
1990
bien l’on tombe dans une idylle de carte postale.
L’
amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale. Et l
1991
idylle de carte postale. L’amour heureux n’a pas
d’
histoire dans la littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réc
1992
postale. L’amour heureux n’a pas d’histoire dans
la
littérature occidentale. Et l’amour qui n’est pas réciproque ne passe
1993
as d’histoire dans la littérature occidentale. Et
l’
amour qui n’est pas réciproque ne passe point pour un amour vrai. La g
1994
pas réciproque ne passe point pour un amour vrai.
La
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui les distingue avant
1995
ur un amour vrai. La grande trouvaille des poètes
de
l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondial
1996
un amour vrai. La grande trouvaille des poètes de
l’
Europe, ce qui les distingue avant tout dans la littérature mondiale,
1997
grande trouvaille des poètes de l’Europe, ce qui
les
distingue avant tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime le
1998
de l’Europe, ce qui les distingue avant tout dans
la
littérature mondiale, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
1999
tout dans la littérature mondiale, ce qui exprime
le
plus profondément l’obsession de l’Européen : connaître à travers la
2000
ure mondiale, ce qui exprime le plus profondément
l’
obsession de l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le sec
2001
, ce qui exprime le plus profondément l’obsession
de
l’Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe
2002
e qui exprime le plus profondément l’obsession de
l’
Européen : connaître à travers la douleur, c’est le secret du mythe de
2003
t l’obsession de l’Européen : connaître à travers
la
douleur, c’est le secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fo
2004
’Européen : connaître à travers la douleur, c’est
le
secret du mythe de Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et comb
2005
re à travers la douleur, c’est le secret du mythe
de
Tristan, l’amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un
2006
la douleur, c’est le secret du mythe de Tristan,
l’
amour-passion à la fois partagé et combattu, anxieux d’un bonheur qu’i
2007
ur-passion à la fois partagé et combattu, anxieux
d’
un bonheur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, — l’amour réci
2008
ur qu’il repousse, magnifié par sa catastrophe, —
l’
amour réciproque malheureux. ⁂ Arrêtons-nous sur cette formule du myth
2009
Et il est vrai qu’ils sont, l’un envers l’autre,
d’
une fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui les «
2010
n envers l’autre, d’une fidélité exemplaire. Mais
le
malheur, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l
2011
e fidélité exemplaire. Mais le malheur, c’est que
l’
amour qui les « demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est d
2012
xemplaire. Mais le malheur, c’est que l’amour qui
les
« demeine » n’est pas l’amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalit
2013
, c’est que l’amour qui les « demeine » n’est pas
l’
amour de l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’ai
2014
que l’amour qui les « demeine » n’est pas l’amour
de
l’autre tel qu’il est dans sa réalité concrète. Ils s’entr’aiment, ma
2015
ais chacun n’aime l’autre qu’à partir de soi, non
de
l’autre. Leur malheur prend ainsi sa source dans une fausse réciproci
2016
nsi sa source dans une fausse réciprocité, masque
d’
un double narcissisme. À tel point qu’à certains moments, on sent perc
2017
point qu’à certains moments, on sent percer dans
l’
excès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, b
2018
u’à certains moments, on sent percer dans l’excès
de
leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avan
2019
nt percer dans l’excès de leur passion une espèce
de
haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psy
2020
dans l’excès de leur passion une espèce de haine
de
l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues
2021
ns l’excès de leur passion une espèce de haine de
l’
aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. «
2022
eur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner
l’
a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi, p
2023
ne de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et
les
modernes psychologues. « Élu par moi, perdu par moi ! » chantait Isol
2024
moi ! » chantait Isolde en son amour sauvage. Et
la
chanson du marinier, du haut du mât, prédit leur sort inévitable : Ve
2025
u haut du mât, prédit leur sort inévitable : Vers
l’
Occident erre le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent
2026
rédit leur sort inévitable : Vers l’Occident erre
le
regard ; vers l’Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la
2027
névitable : Vers l’Occident erre le regard ; vers
l’
Orient file le navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô
2028
rs l’Occident erre le regard ; vers l’Orient file
le
navire. Frais, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irland
2029
le regard ; vers l’Orient file le navire. Frais,
le
vent souffle vers la terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-t
2030
rient file le navire. Frais, le vent souffle vers
la
terre natale. Ô fille d’Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma
2031
is, le vent souffle vers la terre natale. Ô fille
d’
Irlande, où t’attardes-tu ? Ce qui gonfle ma voile, sont-ce tes soupir
2032
e, souffle, ô vent ! Malheur, ah ! malheur, fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
2033
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur
de
la passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
2034
Irlande, amoureuse et sauvage ! Double malheur de
la
passion qui fuit le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’
2035
t sauvage ! Double malheur de la passion qui fuit
le
réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on
2036
Double malheur de la passion qui fuit le réel et
la
Norme du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on
2037
it le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel
de
l’amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort —
2038
le réel et la Norme du Jour, malheur essentiel de
l’
amour : ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
2039
me du Jour, malheur essentiel de l’amour : ce que
l’
on désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
2040
essentiel de l’amour : ce que l’on désire, on ne
l’
a pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait — la jou
2041
ce que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est
la
Mort — et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie. Mais
2042
désire, on ne l’a pas encore — c’est la Mort — et
l’
on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie. Mais cette perte
2043
pas encore — c’est la Mort — et l’on perd ce que
l’
on avait — la jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie
2044
c’est la Mort — et l’on perd ce que l’on avait —
la
jouissance de la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appa
2045
— et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance
de
la vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, b
2046
et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de
la
vie. Mais cette perte n’est pas sentie comme un appauvrissement, bien
2047
auvrissement, bien au contraire. On s’imagine que
l’
on vit davantage, plus dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
2048
us dangereusement, plus magnifiquement. C’est que
l’
approche de la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au
2049
sement, plus magnifiquement. C’est que l’approche
de
la mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens
2050
ent, plus magnifiquement. C’est que l’approche de
la
mort est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du
2051
gnifiquement. C’est que l’approche de la mort est
l’
aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le d
2052
. C’est que l’approche de la mort est l’aiguillon
de
la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l
2053
’est que l’approche de la mort est l’aiguillon de
la
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle l’ag
2054
sensualité. Elle aggrave, au plein sens du terme,
le
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
2055
e aggrave, au plein sens du terme, le désir. Elle
l’
aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
2056
désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir
de
tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô
2057
e même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou
de
se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait enco
2058
jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou
de
sombrer dans un commun naufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, seco
2059
naufrage. Ô vents, clamait encore Isolde, secouez
la
léthargie de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implaca
2060
ents, clamait encore Isolde, secouez la léthargie
de
cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs l’implacable convoitis
2061
de cette mer rêveuse, ressuscitez des profondeurs
l’
implacable convoitise, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
2062
profondeurs l’implacable convoitise, montrez-lui
la
proie que je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez les épaves
2063
e, montrez-lui la proie que je lui offre ! Brisez
le
vaisseau, engloutissez les épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô
2064
e je lui offre ! Brisez le vaisseau, engloutissez
les
épaves ! Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous le donne en
2065
Tout ce qui palpite et respire, ô vents, je vous
le
donne en récompense ! Attirés par la mort loin de la vie qui les pous
2066
nts, je vous le donne en récompense ! Attirés par
la
mort loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces con
2067
donne en récompense ! Attirés par la mort loin de
la
vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mai
2068
compense ! Attirés par la mort loin de la vie qui
les
pousse, proies voluptueuses de forces contradictoires mais qui les pr
2069
oin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses
de
forces contradictoires mais qui les précipitent au même vertige, les
2070
s voluptueuses de forces contradictoires mais qui
les
précipitent au même vertige, les amants ne pourront se rejoindre qu’à
2071
ctoires mais qui les précipitent au même vertige,
les
amants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
2072
mants ne pourront se rejoindre qu’à l’instant qui
les
prive à jamais de tout espoir humain, de tout amour possible, au sein
2073
e rejoindre qu’à l’instant qui les prive à jamais
de
tout espoir humain, de tout amour possible, au sein de l’obstacle abs
2074
ant qui les prive à jamais de tout espoir humain,
de
tout amour possible, au sein de l’obstacle absolu et d’une suprême ex
2075
espoir humain, de tout amour possible, au sein de
l’
obstacle absolu et d’une suprême exaltation qui se détruit par son acc
2076
t amour possible, au sein de l’obstacle absolu et
d’
une suprême exaltation qui se détruit par son accomplissement. 12.U
2077
nous a fait pressentir certaines contradictions.
L’
hypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
2078
pressentir certaines contradictions. L’hypothèse
d’
une opposition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de ch
2079
contradictions. L’hypothèse d’une opposition, que
l’
auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutum
2080
ypothèse d’une opposition, que l’auteur eût tenté
d’
illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a
2081
sition, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre
la
loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprend
2082
que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi
de
chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre le m
2083
tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et
les
coutumes féodales, nous a permis de surprendre le mécanisme de ces co
2084
hevalerie et les coutumes féodales, nous a permis
de
surprendre le mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre
2085
es coutumes féodales, nous a permis de surprendre
le
mécanisme de ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du
2086
éodales, nous a permis de surprendre le mécanisme
de
ces contradictions. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
2087
s. Alors a commencé notre recherche du vrai sujet
de
la légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle d
2088
Alors a commencé notre recherche du vrai sujet de
la
légende. Derrière la préférence accordée par l’auteur à la règle de c
2089
e recherche du vrai sujet de la légende. Derrière
la
préférence accordée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a le
2090
e la légende. Derrière la préférence accordée par
l’
auteur à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrièr
2091
e. Derrière la préférence accordée par l’auteur à
la
règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût d
2092
re la préférence accordée par l’auteur à la règle
de
chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanes
2093
dée par l’auteur à la règle de chevalerie, il y a
le
goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de l
2094
hevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière
le
goût du romanesque, il y a celui de l’amour pour lui-même. Et cela su
2095
que. Derrière le goût du romanesque, il y a celui
de
l’amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obs
2096
. Derrière le goût du romanesque, il y a celui de
l’
amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstac
2097
r lui-même. Et cela suppose une recherche secrète
de
l’obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
2098
ui-même. Et cela suppose une recherche secrète de
l’
obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’
2099
e une recherche secrète de l’obstacle favorable à
l’
amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’obstacle
2100
favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que
le
masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
2101
à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque
d’
un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, q
2102
Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour
de
l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèl
2103
is ce n’est encore là que le masque d’un amour de
l’
obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle a
2104
que le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et
l’
obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure
2105
e l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est
la
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le dés
2106
le suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme
de
l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la pas
2107
suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de
l’
aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passio
2108
mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme
la
vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche su
2109
révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin,
le
désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qu
2110
’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès
le
début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui es
2111
comme la vraie fin, le désir désiré dès le début
de
la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin r
2112
mme la vraie fin, le désir désiré dès le début de
la
passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin rach
2113
fin, le désir désiré dès le début de la passion,
la
revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette a
2114
ésiré dès le début de la passion, la revanche sur
le
destin qui fut subi et qui est enfin racheté. Cette analyse du mythe
2115
yse du mythe primitif livre quelques secrets dont
l’
importance est appréciable — mais dont la conscience commune doit reni
2116
ets dont l’importance est appréciable — mais dont
la
conscience commune doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse d
2117
ble — mais dont la conscience commune doit renier
l’
intime évidence. Que la sécheresse d’une description réduite à suivre
2118
cience commune doit renier l’intime évidence. Que
la
sécheresse d’une description réduite à suivre en ses détours la logiq
2119
doit renier l’intime évidence. Que la sécheresse
d’
une description réduite à suivre en ses détours la logique interne du
2120
d’une description réduite à suivre en ses détours
la
logique interne du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je le
2121
du Roman puisse paraître vaguement injurieuse, je
le
sens bien, et m’en console si les résultats sont exacts ; que certain
2122
t injurieuse, je le sens bien, et m’en console si
les
résultats sont exacts ; que certaines conjectures soient discutables,
2123
que certaines conjectures soient discutables, je
l’
admettrai sans peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense d’une
2124
ent discutables, je l’admettrai sans peine devant
les
preuves ; mais quoi qu’on pense d’une interprétation que j’ai stylisé
2125
peine devant les preuves ; mais quoi qu’on pense
d’
une interprétation que j’ai stylisée à dessein, il demeure qu’elle nou
2126
lisée à dessein, il demeure qu’elle nous a permis
de
surprendre à l’état naissant quelques relations fondamentales qui sou
2127
il demeure qu’elle nous a permis de surprendre à
l’
état naissant quelques relations fondamentales qui sous-tendent nos de
2128
s qui sous-tendent nos destinées. Pour autant que
l’
amour-passion rénove le mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus igno
2129
destinées. Pour autant que l’amour-passion rénove
le
mythe dans nos vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais, la cond
2130
os vies, nous ne pouvons plus ignorer, désormais,
la
condamnation radicale qu’il représente pour le mariage. Nous savons,
2131
s, la condamnation radicale qu’il représente pour
le
mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que la passion est une asc
2132
u’il représente pour le mariage. Nous savons, par
la
fin du mythe, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie t
2133
le mariage. Nous savons, par la fin du mythe, que
la
passion est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manièr
2134
e, que la passion est une ascèse. Elle s’oppose à
la
vie terrestre d’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la f
2135
est une ascèse. Elle s’oppose à la vie terrestre
d’
une manière d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et
2136
e. Elle s’oppose à la vie terrestre d’une manière
d’
autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir,
2137
’une manière d’autant plus efficace qu’elle prend
la
forme du désir, et que ce désir, à son tour, se déguise en fatalité.
2138
amour n’est pas sans lien profond avec notre goût
de
la guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la pa
2139
ur n’est pas sans lien profond avec notre goût de
la
guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passi
2140
notre goût de la guerre. Enfin, s’il est vrai que
la
passion, et le besoin de la passion sont des aspects de notre mode oc
2141
a guerre. Enfin, s’il est vrai que la passion, et
le
besoin de la passion sont des aspects de notre mode occidental de con
2142
Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin
de
la passion sont des aspects de notre mode occidental de connaissance,
2143
in, s’il est vrai que la passion, et le besoin de
la
passion sont des aspects de notre mode occidental de connaissance, il
2144
sion, et le besoin de la passion sont des aspects
de
notre mode occidental de connaissance, il faut en venir — au moins so
2145
passion sont des aspects de notre mode occidental
de
connaissance, il faut en venir — au moins sous forme de question — à
2146
tion qui se révélera peut-être, en fin de compte,
la
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est
2147
peut-être, en fin de compte, la plus fondamentale
de
toutes. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même,
2148
plus fondamentale de toutes. Connaître à travers
la
souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques l
2149
. Connaître à travers la souffrance, n’est-ce pas
l’
acte même, et l’audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique a
2150
avers la souffrance, n’est-ce pas l’acte même, et
l’
audace, de nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et
2151
ouffrance, n’est-ce pas l’acte même, et l’audace,
de
nos mystiques les plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique
2152
ce pas l’acte même, et l’audace, de nos mystiques
les
plus lucides ? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une de l’a
2153
? Érotique au sens noble, et mystique : que l’une
de
l’autre soit cause ou effet, ou qu’elles aient une commune origine —
2154
ême langage, et chantent peut-être dans notre âme
la
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner :
2155
même « vieille et grave mélodie » orchestrée par
le
drame de Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me par
2156
ieille et grave mélodie » orchestrée par le drame
de
Wagner : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me parle encore
2157
Pour quel destin suis-je né ? Pour quel destin ?
La
vieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
2158
répète : — Pour désirer et pour mourir. ⁂ Partant
d’
un examen « physionomique » des formes et des structures du Roman, nou
2159
et des structures du Roman, nous avons pu saisir
le
contenu originel du mythe, dans sa pureté fruste et grande. Deux voie
2160
oies nous tentent maintenant : l’une remonte vers
les
arrière-plans historiques et religieux du mythe, — l’autre descend du
2161
re descend du mythe jusqu’à nos jours. Parcourons-
les
l’une après l’autre, librement. Nous ferons halte ici ou là pour véri
2162
nous venons de dégager. 2. Il est assez facile
d’
éliminer, par une comparaison critique, les fantaisies individuelles d
2163
facile d’éliminer, par une comparaison critique,
les
fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu
2164
s fantaisies individuelles des cinq auteurs. Dans
l’
analyse du contenu de la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces var
2165
elles des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu
de
la légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligé
2166
es des cinq auteurs. Dans l’analyse du contenu de
la
légende qu’on trouvera au chapitre 5, ces variantes seront négligées
2167
circonstances passagères, ou des goûts personnels
de
l’auteur. 3. Voir Appendice 1. 4. Appendice 2. 5. Ce serait ici le
2168
constances passagères, ou des goûts personnels de
l’
auteur. 3. Voir Appendice 1. 4. Appendice 2. 5. Ce serait ici le la
2169
r Appendice 1. 4. Appendice 2. 5. Ce serait ici
le
langage du poème : or on sait qu’il est des plus simples. 6. La rais
2170
oème : or on sait qu’il est des plus simples. 6.
La
raison dont je parle ici étant l’activité profanatrice qui s’exerce a
2171
us simples. 6. La raison dont je parle ici étant
l’
activité profanatrice qui s’exerce aux dépens du sacré collectif et qu
2172
ce aux dépens du sacré collectif et qui en libère
l’
individu. Que le rationalisme soit passé au rang de doctrine officiell
2173
sacré collectif et qui en libère l’individu. Que
le
rationalisme soit passé au rang de doctrine officielle ne doit pas no
2174
’individu. Que le rationalisme soit passé au rang
de
doctrine officielle ne doit pas nous faire oublier son efficacité pro
2175
antisociale, « dissociatrice ». 7. Je résumerai
les
principaux événements du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur la
2176
ments du Roman en m’appuyant, sauf exception, sur
la
concordance établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
2177
établie par M. Joseph Bédier (dans son étude sur
le
poème de Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Th
2178
par M. Joseph Bédier (dans son étude sur le poème
de
Thomas) entre les cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eil
2179
ier (dans son étude sur le poème de Thomas) entre
les
cinq versions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tri
2180
rsions du xiie siècle : Béroul, Thomas, Eilhart,
la
Folie Tristan et le Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottf
2181
le : Béroul, Thomas, Eilhart, la Folie Tristan et
le
Roman en prose. Les versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg e
2182
, Eilhart, la Folie Tristan et le Roman en prose.
Les
versions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous les imitat
2183
an et le Roman en prose. Les versions ultérieures
de
Gottfried de Strasbourg et de tous les imitateurs allemands, italiens
2184
ersions ultérieures de Gottfried de Strasbourg et
de
tous les imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, et
2185
ultérieures de Gottfried de Strasbourg et de tous
les
imitateurs allemands, italiens, danois, russes, tchèques, etc., se ra
2186
mpte également des travaux critiques plus récents
de
MM. E. Muret et E. Vinaver. 8. Vers 1412-1415 : A conbien fu déter
2187
ien fu déterminez Li lovendrincs, li vin herbez :
La
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié le fist. 9. Pur b
2188
i lovendrincs, li vin herbez : La mere Yseut, qui
le
bollit, A trois anz d’amistié le fist. 9. Pur belté e pur nun d’Is
2189
erbez : La mere Yseut, qui le bollit, A trois anz
d’
amistié le fist. 9. Pur belté e pur nun d’Isolt (Thomas). 10. Tout
2190
mere Yseut, qui le bollit, A trois anz d’amistié
le
fist. 9. Pur belté e pur nun d’Isolt (Thomas). 10. Toutefois, dan
2191
anz d’amistié le fist. 9. Pur belté e pur nun
d’
Isolt (Thomas). 10. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème de Thom
2192
e pur nun d’Isolt (Thomas). 10. Toutefois, dans
l’
édition Bédier du poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le v
2193
). 10. Toutefois, dans l’édition Bédier du poème
de
Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que le veneur du roi, pénétrant da
2194
u poème de Thomas (t. I, p. 240), nous lisons que
le
veneur du roi, pénétrant dans la retraite des amants « vit Tristan co
2195
nous lisons que le veneur du roi, pénétrant dans
la
retraite des amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de la gr
2196
s la retraite des amants « vit Tristan couché, et
de
l’autre côté de la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour s
2197
s amants « vit Tristan couché, et de l’autre côté
de
la grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à caus
2198
mants « vit Tristan couché, et de l’autre côté de
la
grotte, Isolt. Les amants s’étaient couchés pour se reposer à cause d
2199
n couché, et de l’autre côté de la grotte, Isolt.
Les
amants s’étaient couchés pour se reposer à cause de la forte chaleur,
2200
ants s’étaient couchés pour se reposer à cause de
la
forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un de l’autre parce que…
2201
la forte chaleur, et dormaient ainsi séparés l’un
de
l’autre parce que… » Ici le texte est interrompu ! Et Bédier dit en n
2202
nt ainsi séparés l’un de l’autre parce que… » Ici
le
texte est interrompu ! Et Bédier dit en note : « Passage inintelligib
2203
ance maléfique est donc intervenue pour brouiller
le
seul texte qui pût éclaircir le mystère ? 11. Gottfried de Strasbou
2204
ue pour brouiller le seul texte qui pût éclaircir
le
mystère ? 11. Gottfried de Strasbourg insiste avec cynisme : « Ce f
2205
nsi chose manifeste — Et avérée devant tous — Que
le
très glorieux Christ — Se plie comme une étoffe dont on s’habille — …
2206
e étoffe dont on s’habille — … Il se prête au gré
de
tous — Soit à la sincérité soit à la tromperie — II est toujours ce q
2207
s’habille — … Il se prête au gré de tous — Soit à
la
sincérité soit à la tromperie — II est toujours ce qu’on veut qu’il s
2208
prête au gré de tous — Soit à la sincérité soit à
la
tromperie — II est toujours ce qu’on veut qu’il soit… » 12. Et qu’i
2209
veut qu’il soit… » 12. Et qu’il avait conquise
de
plein droit pour lui-même en la délivrant du dragon — comme ne manque
2210
il avait conquise de plein droit pour lui-même en
la
délivrant du dragon — comme ne manque pas de le souligner Thomas. 13
2211
e en la délivrant du dragon — comme ne manque pas
de
le souligner Thomas. 13. Fauriel, Histoire de la poésie provençale,
2212
n la délivrant du dragon — comme ne manque pas de
le
souligner Thomas. 13. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I,
2213
s de le souligner Thomas. 13. Fauriel, Histoire
de
la poésie provençale, I, p. 512. 14. Précisons que : 1° elles sont o
2214
e le souligner Thomas. 13. Fauriel, Histoire de
la
poésie provençale, I, p. 512. 14. Précisons que : 1° elles sont obse
2215
tour à tour, en vertu d’un calcul secret ; car si
l’
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre, la situa
2216
’un calcul secret ; car si l’on choisissait l’une
d’
elles à l’exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop
2217
secret ; car si l’on choisissait l’une d’elles à
l’
exclusion totale de l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2°
2218
on choisissait l’une d’elles à l’exclusion totale
de
l’autre, la situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas
2219
it l’une d’elles à l’exclusion totale de l’autre,
la
situation se dénouerait trop vite ; 2° elles ne sont pas toujours obs
2220
; 2° elles ne sont pas toujours observées : ainsi
le
péché consommé dès que les amants ont bu le philtre est un péché aux
2221
jours observées : ainsi le péché consommé dès que
les
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois no
2222
ainsi le péché consommé dès que les amants ont bu
le
philtre est un péché aux yeux de l’amour courtois non moins qu’aux ye
2223
amants ont bu le philtre est un péché aux yeux de
l’
amour courtois non moins qu’aux yeux de la morale chrétienne et féodal
2224
yeux de l’amour courtois non moins qu’aux yeux de
la
morale chrétienne et féodale. Mais sans cette faute initiale, il n’y
2225
Mais sans cette faute initiale, il n’y aurait pas
de
roman du tout. 15. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour de Tri
2226
. 15. Rappelons ici ces étapes : Premier séjour
de
Tristan en Irlande. Ils se séparent sans s’aimer. — Second séjour : e
2227
éparent sans s’aimer. — Second séjour : elle veut
le
tuer. — Navigation et philtre, péché consommé ; Iseut livrée. — Trist
2228
e, péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni
de
la cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le «
2229
péché consommé ; Iseut livrée. — Tristan banni de
la
cour. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour. Le « fla
2230
rée. — Tristan banni de la cour. Rendez-vous sous
l’
arbre. — Tristan revient à la cour. Le « flagrant délit ». Ils sont sé
2231
ur. Rendez-vous sous l’arbre. — Tristan revient à
la
cour. Le « flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et
2232
z-vous sous l’arbre. — Tristan revient à la cour.
Le
« flagrant délit ». Ils sont séparés. — Ils se retrouvent et passent
2233
és. — Ils se retrouvent et passent trois ans dans
la
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri le forestier ; Trist
2234
forêt, puis se séparent. — Rendez-vous chez Orri
le
forestier ; Tristan s’éloigne. — Tristan revient déguisé en fou ; s’é
2235
en fou ; s’éloigne. — Longue séparation, mariage
de
Tristan. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort d’Iseut. Résumo
2236
tan. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis mort
d’
Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’aspre
2237
Iseut. Résumons encore : une seule longue période
de
réunion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (
2238
ons encore : une seule longue période de réunion (
l’
aspre vie) à quoi répond la longue période de séparation (le mariage d
2239
ue période de réunion (l’aspre vie) à quoi répond
la
longue période de séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le
2240
ion (l’aspre vie) à quoi répond la longue période
de
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fi
2241
e) à quoi répond la longue période de séparation (
le
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double M
2242
épond la longue période de séparation (le mariage
de
Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre
2243
séparation (le mariage de Tristan). Auparavant :
le
Philtre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencon
2244
mariage de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à
la
fin : la double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 16. Tho
2245
de Tristan). Auparavant : le Philtre ; à la fin :
la
double Mort ; entre-temps, de furtives rencontres. 16. Thomas, qui
2246
hiltre ; à la fin : la double Mort ; entre-temps,
de
furtives rencontres. 16. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle de
2247
rencontres. 16. Thomas, qui cherche à diminuer
le
rôle de cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la pass
2248
res. 16. Thomas, qui cherche à diminuer le rôle
de
cette « emprise » magique, se verra condamné à rendre la passion moin
2249
e « emprise » magique, se verra condamné à rendre
la
passion moins inhumaine, plus acceptable aux yeux du moraliste. Infér
2250
r en ceci à Béroul il sera le premier responsable
de
la dégradation du mythe. 17. Dans le drame de Wagner, quand le roi s
2251
n ceci à Béroul il sera le premier responsable de
la
dégradation du mythe. 17. Dans le drame de Wagner, quand le roi surp
2252
responsable de la dégradation du mythe. 17. Dans
le
drame de Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à s
2253
le de la dégradation du mythe. 17. Dans le drame
de
Wagner, quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questi
2254
ion du mythe. 17. Dans le drame de Wagner, quand
le
roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions douloureuses
2255
7. Dans le drame de Wagner, quand le roi surprend
les
amants, Tristan répond à ses questions douloureuses : « Ce mystère, j
2256
stions douloureuses : « Ce mystère, je ne puis te
le
révéler. Jamais tu ne pourras connaître ce que tu demandes. » Et plus
2257
réveil. Mais où ai-je fait séjour ? Je ne saurais
le
dire… C’était là où je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
2258
je fus toujours, et là où j’irai pour toujours :
le
vaste empire de l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est
2259
, et là où j’irai pour toujours : le vaste empire
de
l’éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le div
2260
t là où j’irai pour toujours : le vaste empire de
l’
éternelle nuit. Là-bas, une science unique nous est donnée : le divin,
2261
uit. Là-bas, une science unique nous est donnée :
le
divin, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si t
2262
s, une science unique nous est donnée : le divin,
l’
éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais
2263
nce unique nous est donnée : le divin, l’éternel,
l’
originel oubli… Oh ! si je pouvais le dire ! Si tu pouvais me comprend
2264
, l’éternel, l’originel oubli… Oh ! si je pouvais
le
dire ! Si tu pouvais me comprendre ! »
2265
autres héritiers du xixe . Qu’on nous montre dans
la
nature, ou dans l’instinct, les esquisses grossières de faits « spiri
2266
xixe . Qu’on nous montre dans la nature, ou dans
l’
instinct, les esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt n
2267
n nous montre dans la nature, ou dans l’instinct,
les
esquisses grossières de faits « spirituels », aussitôt nous croyons t
2268
ure, ou dans l’instinct, les esquisses grossières
de
faits « spirituels », aussitôt nous croyons tenir une explication de
2269
ls », aussitôt nous croyons tenir une explication
de
ces faits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstitio
2270
nous croyons tenir une explication de ces faits.
Le
plus bas nous paraît le plus vrai. C’est la superstition du temps, la
2271
explication de ces faits. Le plus bas nous paraît
le
plus vrai. C’est la superstition du temps, la manie de « ramener » le
2272
aits. Le plus bas nous paraît le plus vrai. C’est
la
superstition du temps, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
2273
aît le plus vrai. C’est la superstition du temps,
la
manie de « ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui pren
2274
us vrai. C’est la superstition du temps, la manie
de
« ramener » le sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour ca
2275
la superstition du temps, la manie de « ramener »
le
sublime à l’infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante
2276
on du temps, la manie de « ramener » le sublime à
l’
infime, l’étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition
2277
s, la manie de « ramener » le sublime à l’infime,
l’
étrange erreur qui prend pour cause suffisante une condition simplemen
2278
une condition simplement nécessaire. C’est aussi
le
scrupule scientifique, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir l
2279
que, nous dit-on. Il fallait cela pour affranchir
l’
esprit des illusions spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt d
2280
s illusions spiritualistes. Mais je distingue mal
l’
intérêt d’un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski
2281
s spiritualistes. Mais je distingue mal l’intérêt
d’
un affranchissement qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par le ha
2282
ment qui consiste à « expliquer » Dostoïevski par
le
haut mal, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière de libérer l
2283
r » Dostoïevski par le haut mal, et Nietzsche par
la
syphilis. Curieuse manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à l
2284
l, et Nietzsche par la syphilis. Curieuse manière
de
libérer l’esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et
2285
sche par la syphilis. Curieuse manière de libérer
l’
esprit, qui se « ramène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
2286
manière de libérer l’esprit, qui se « ramène » à
le
nier. Mais j’ai beau dire et protester d’avance : si je constate que
2287
ène » à le nier. Mais j’ai beau dire et protester
d’
avance : si je constate que l’instinct et le sexe connaissent une dial
2288
u dire et protester d’avance : si je constate que
l’
instinct et le sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à
2289
ester d’avance : si je constate que l’instinct et
le
sexe connaissent une dialectique spontanée, analogue à certains égard
2290
ue spontanée, analogue à certains égards, à celle
de
la passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit…
2291
spontanée, analogue à certains égards, à celle de
la
passion dans notre mythe, beaucoup penseront que voilà qui suffit… Do
2292
que voilà qui suffit… Donnons une page à ce genre
d’
objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse
2293
ffit… Donnons une page à ce genre d’objections. ⁂
L’
obstacle dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est
2294
ce genre d’objections. ⁂ L’obstacle dont on a vu
le
jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas d’origine toute
2295
au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas
d’
origine toute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse la
2296
n’est-il pas d’origine toute naturelle ? Retarder
le
plaisir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’hom
2297
ute naturelle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas
la
ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi f
2298
relle ? Retarder le plaisir, n’est-ce pas la ruse
la
plus élémentaire du désir ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi fait » qu
2299
-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et
l’
homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une certaine
2300
l s’impose parfois une certaine continence, quasi
d’
instinct, dans l’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de S
2301
s une certaine continence, quasi d’instinct, dans
l’
intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait a
2302
continence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même
de
l’espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes marié
2303
tinence, quasi d’instinct, dans l’intérêt même de
l’
espèce ? Lycurgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes mariés u
2304
’intérêt même de l’espèce ? Lycurgue, législateur
de
Sparte, imposait aux jeunes mariés une abstinence prolongée. « C’est
2305
que — qu’ils soient toujours plus forts et dispos
de
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir d’aimer à cœur saoul
2306
leur corps, et qu’en ne jouissant pas du plaisir
d’
aimer à cœur saoul, leur amour en demeure toujours frais, et que leurs
2307
que leurs enfants en viennent plus robustes »18.
La
chevalerie féodale, de même, honorait dans la chasteté un obstacle in
2308
18. La chevalerie féodale, de même, honorait dans
la
chasteté un obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendr
2309
onorait dans la chasteté un obstacle instinctif à
l’
instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or la
2310
obstacle instinctif à l’instinct, ayant pour fin
de
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipli
2311
instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre
les
guerriers plus valeureux. Or la vertu d’une telle discipline est rela
2312
ur fin de rendre les guerriers plus valeureux. Or
la
vertu d’une telle discipline est relative à la vie même, non à l’espr
2313
rendre les guerriers plus valeureux. Or la vertu
d’
une telle discipline est relative à la vie même, non à l’esprit. Elle
2314
Or la vertu d’une telle discipline est relative à
la
vie même, non à l’esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche
2315
elle discipline est relative à la vie même, non à
l’
esprit. Elle cède au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eu
2316
e au succès obtenu. Elle ne cherche rien au-delà.
L’
eugénisme d’un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au c
2317
obtenu. Elle ne cherche rien au-delà. L’eugénisme
d’
un Lycurgue n’est nullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à l
2318
ullement ascétique, puisqu’il vise au contraire à
la
meilleure propagation de l’espèce. On ne saurait voir dans ces proces
2319
u’il vise au contraire à la meilleure propagation
de
l’espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose qu
2320
l vise au contraire à la meilleure propagation de
l’
espèce. On ne saurait voir dans ces processus vitaux autre chose que l
2321
it voir dans ces processus vitaux autre chose que
le
support physiologique de la dialectique passionnelle. Il faut bien qu
2322
s vitaux autre chose que le support physiologique
de
la dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des
2323
itaux autre chose que le support physiologique de
la
dialectique passionnelle. Il faut bien que la passion se serve des co
2324
de la dialectique passionnelle. Il faut bien que
la
passion se serve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais la co
2325
ve des corps, et qu’elle utilise leurs lois. Mais
la
constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour d’un Tris
2326
nstatation des lois du corps n’explique nullement
l’
amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’in
2327
on des lois du corps n’explique nullement l’amour
d’
un Tristan, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente l’interventi
2328
ment l’amour d’un Tristan, par exemple. Elle rend
d’
autant plus évidente l’intervention d’un facteur « étranger » seul cap
2329
an, par exemple. Elle rend d’autant plus évidente
l’
intervention d’un facteur « étranger » seul capable de détourner l’ins
2330
. Elle rend d’autant plus évidente l’intervention
d’
un facteur « étranger » seul capable de détourner l’instinct de son bu
2331
tervention d’un facteur « étranger » seul capable
de
détourner l’instinct de son but naturel et de transformer le désir en
2332
un facteur « étranger » seul capable de détourner
l’
instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspirati
2333
« étranger » seul capable de détourner l’instinct
de
son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfini
2334
ble de détourner l’instinct de son but naturel et
de
transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans f
2335
r l’instinct de son but naturel et de transformer
le
désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans fins vitales, vo
2336
ire à ces fins. Ces mêmes remarques vaudront pour
les
coutumes et les interdictions sacrées chez les peuplades primitives.
2337
Ces mêmes remarques vaudront pour les coutumes et
les
interdictions sacrées chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
2338
ur les coutumes et les interdictions sacrées chez
les
peuplades primitives. C’est un jeu que de retrouver l’« origine » sac
2339
s chez les peuplades primitives. C’est un jeu que
de
retrouver l’« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
2340
uplades primitives. C’est un jeu que de retrouver
l’
« origine » sacrée des motifs caractéristiques du Roman. La quête de l
2341
ne » sacrée des motifs caractéristiques du Roman.
La
quête de la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial
2342
ée des motifs caractéristiques du Roman. La quête
de
la fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt
2343
des motifs caractéristiques du Roman. La quête de
la
fiancée lointaine, par exemple, se rattache au cérémonial du rapt nup
2344
, se rattache au cérémonial du rapt nuptial, chez
les
tribus exogamiques. La morale de la prouesse est une sublimation non
2345
ial du rapt nuptial, chez les tribus exogamiques.
La
morale de la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes be
2346
t nuptial, chez les tribus exogamiques. La morale
de
la prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plu
2347
uptial, chez les tribus exogamiques. La morale de
la
prouesse est une sublimation non déguisée de coutumes beaucoup plus a
2348
e de la prouesse est une sublimation non déguisée
de
coutumes beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité d’une sélect
2349
ée de coutumes beaucoup plus anciennes traduisant
la
nécessité d’une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
2350
s beaucoup plus anciennes traduisant la nécessité
d’
une sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort qu
2351
ection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir
de
la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit pa
2352
ion biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de
la
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par F
2353
ue. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que
l’
on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
2354
désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à
l’
instinct de mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes.
2355
mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct
de
mort décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne
2356
er » à l’instinct de mort décrit par Freud et par
les
plus récents biologistes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
2357
istes. Mais on ne voit pas que tout ceci explique
l’
apparition du mythe, et encore moins sa localisation dans notre histoi
2358
s sa localisation dans notre histoire européenne…
L’
antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut.
2359
e histoire européenne… L’antiquité n’a rien connu
de
semblable à l’amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les
2360
péenne… L’antiquité n’a rien connu de semblable à
l’
amour de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les R
2361
L’antiquité n’a rien connu de semblable à l’amour
de
Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
2362
a rien connu de semblable à l’amour de Tristan et
d’
Iseut. On sait assez que pour les Grecs et les Romains, l’amour est un
2363
our de Tristan et d’Iseut. On sait assez que pour
les
Grecs et les Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesu
2364
n et d’Iseut. On sait assez que pour les Grecs et
les
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il tran
2365
On sait assez que pour les Grecs et les Romains,
l’
amour est une maladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende la vo
2366
Romains, l’amour est une maladie (Ménandre) dans
la
mesure où il transcende la volupté qui est sa fin naturelle. C’est un
2367
aladie (Ménandre) dans la mesure où il transcende
la
volupté qui est sa fin naturelle. C’est une « frénésie », dit Plutarq
2368
ux, il leur faut pardonner comme étant malades… »
D’
où vient alors cette glorification de la passion, qui est justement ce
2369
t malades… » D’où vient alors cette glorification
de
la passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parl
2370
alades… » D’où vient alors cette glorification de
la
passion, qui est justement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
2371
assion, qui est justement ce qui nous touche dans
le
Roman ? Parler de déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’
2372
stement ce qui nous touche dans le Roman ? Parler
de
déviation de l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoi
2373
i nous touche dans le Roman ? Parler de déviation
de
l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisémen
2374
ous touche dans le Roman ? Parler de déviation de
l’
instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit de savoir, précisément,
2375
e l’instinct, c’est ne rien dire puisqu’il s’agit
de
savoir, précisément, quel est le facteur qui a pu causer cette déviat
2376
puisqu’il s’agit de savoir, précisément, quel est
le
facteur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans
2377
ur qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou
le
Désir sans fin (Platonisme, druidisme, manichéisme.) Platon nous
2378
manichéisme.) Platon nous parle dans Phèdre et
le
Banquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’hume
2379
.) Platon nous parle dans Phèdre et le Banquet
d’
une fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler d’humeurs maligne
2380
èdre et le Banquet d’une fureur qui va du corps à
l’
âme, pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’
2381
anquet d’une fureur qui va du corps à l’âme, pour
la
troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue.
2382
fureur qui va du corps à l’âme, pour la troubler
d’
humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il le loue. Mais il est
2383
pour la troubler d’humeurs malignes. Ce n’est pas
l’
amour tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de
2384
’humeurs malignes. Ce n’est pas l’amour tel qu’il
le
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou de délire, qui ne s’
2385
r tel qu’il le loue. Mais il est une autre espèce
de
fureur, ou de délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni
2386
loue. Mais il est une autre espèce de fureur, ou
de
délire, qui ne s’engendre pas sans quelque divinité, ni ne se crée da
2387
dre pas sans quelque divinité, ni ne se crée dans
l’
âme au-dedans de nous : c’est une inspiration tout étrangère, un attra
2388
agit du dehors, un emportement, un rapt indéfini
de
la raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qu
2389
it du dehors, un emportement, un rapt indéfini de
la
raison et du sens naturel. On l’appellera donc enthousiasme, ce qui s
2390
rapt indéfini de la raison et du sens naturel. On
l’
appellera donc enthousiasme, ce qui signifie « endieusement », car ce
2391
signifie « endieusement », car ce délire procède
de
la divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicie
2392
gnifie « endieusement », car ce délire procède de
la
divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est l’amour platonicien :
2393
a divinité et porte notre élan vers Dieu. Tel est
l’
amour platonicien : « délire divin », transport de l’âme, folie et sup
2394
l’amour platonicien : « délire divin », transport
de
l’âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé
2395
mour platonicien : « délire divin », transport de
l’
âme, folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de l’être aimé « c
2396
, transport de l’âme, folie et suprême raison. Et
l’
amant est auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car l’amour es
2397
folie et suprême raison. Et l’amant est auprès de
l’
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est la voie qui monte pa
2398
Et l’amant est auprès de l’être aimé « comme dans
le
ciel », car l’amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’
2399
auprès de l’être aimé « comme dans le ciel », car
l’
amour est la voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique
2400
être aimé « comme dans le ciel », car l’amour est
la
voie qui monte par degrés d’extase vers l’origine unique de tout ce q
2401
l », car l’amour est la voie qui monte par degrés
d’
extase vers l’origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et
2402
ur est la voie qui monte par degrés d’extase vers
l’
origine unique de tout ce qui existe, loin des corps et de la matière,
2403
i monte par degrés d’extase vers l’origine unique
de
tout ce qui existe, loin des corps et de la matière, loin de ce qui d
2404
e unique de tout ce qui existe, loin des corps et
de
la matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’
2405
nique de tout ce qui existe, loin des corps et de
la
matière, loin de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur d’êtr
2406
de ce qui divise et distingue, au-delà du malheur
d’
être soi et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir tota
2407
se et distingue, au-delà du malheur d’être soi et
d’
être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Asp
2408
au-delà du malheur d’être soi et d’être deux dans
l’
amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse
2409
heur d’être soi et d’être deux dans l’amour même.
L’
Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan relig
2410
i et d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est
le
Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel
2411
l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est
l’
Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté à sa plus haute
2412
est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse,
l’
élan religieux originel porté à sa plus haute puissance, à l’extrême e
2413
gieux originel porté à sa plus haute puissance, à
l’
extrême exigence de pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’
2414
é à sa plus haute puissance, à l’extrême exigence
de
pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est
2415
puissance, à l’extrême exigence de pureté qui est
l’
extrême exigence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être
2416
ême exigence de pureté qui est l’extrême exigence
d’
Unité. Mais l’unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa so
2417
e pureté qui est l’extrême exigence d’Unité. Mais
l’
unité dernière est négation de l’être actuel, dans sa souffrante multi
2418
gence d’Unité. Mais l’unité dernière est négation
de
l’être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême
2419
ce d’Unité. Mais l’unité dernière est négation de
l’
être actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême du
2420
re actuel, dans sa souffrante multiplicité. Ainsi
l’
élan suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d
2421
suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir.
La
dialectique d’Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étrang
2422
ir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique
d’
Éros introduit dans la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
2423
t non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans
la
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel :
2424
ctique d’Éros introduit dans la vie quelque chose
de
tout étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retom
2425
la vie quelque chose de tout étranger aux rythmes
de
l’attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peu
2426
vie quelque chose de tout étranger aux rythmes de
l’
attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peut s
2427
ien ne peut satisfaire, qui repousse même et fuit
la
tentation de s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embras
2428
atisfaire, qui repousse même et fuit la tentation
de
s’accomplir dans notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que le To
2429
ns notre monde, parce qu’il ne veut embrasser que
le
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son di
2430
parce qu’il ne veut embrasser que le Tout. C’est
le
dépassement infini, l’ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouve
2431
brasser que le Tout. C’est le dépassement infini,
l’
ascension de l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
2432
le Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension
de
l’homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origine
2433
Tout. C’est le dépassement infini, l’ascension de
l’
homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines i
2434
vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂
Les
origines iraniennes et orphiques du platonisme sont encore mal connue
2435
core mal connues mais certaines. Et par Plotin et
l’
Aréopagite, cette doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi l’
2436
doctrine s’est transmise au monde médiéval. Ainsi
l’
Orient vint rêver dans nos vies, réveillant de très vieux souvenirs. C
2437
nsi l’Orient vint rêver dans nos vies, réveillant
de
très vieux souvenirs. Car au fond de notre Occident, la voix des bard
2438
, réveillant de très vieux souvenirs. Car au fond
de
notre Occident, la voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais s
2439
s vieux souvenirs. Car au fond de notre Occident,
la
voix des bardes celtes lui répondait. Je ne sais si c’était un écho,
2440
armonie ancestrale — toutes nos races sont venues
d’
Orient — ou simplement si la nature humaine n’est point portée en tous
2441
nos races sont venues d’Orient — ou simplement si
la
nature humaine n’est point portée en tous lieux et tous temps à divin
2442
ormes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut
l’
hypothèse qui assimile jusque dans les détails les plus vieux mythes c
2443
ce que vaut l’hypothèse qui assimile jusque dans
les
détails les plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête d
2444
l’hypothèse qui assimile jusque dans les détails
les
plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs — la quête du Graal à ce
2445
es plus vieux mythes celtiques à ceux des Grecs —
la
quête du Graal à celle de la Toison d’or — et les doctrines de Pythag
2446
ques à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle
de
la Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration
2447
s à ceux des Grecs — la quête du Graal à celle de
la
Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des
2448
es Grecs — la quête du Graal à celle de la Toison
d’
or — et les doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à ce
2449
la quête du Graal à celle de la Toison d’or — et
les
doctrines de Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des dr
2450
raal à celle de la Toison d’or — et les doctrines
de
Pythagore sur la transmigration des âmes à celles des druides sur l’i
2451
a Toison d’or — et les doctrines de Pythagore sur
la
transmigration des âmes à celles des druides sur l’immortalité. La my
2452
transmigration des âmes à celles des druides sur
l’
immortalité. La mythologie comparée est la plus périlleuse des science
2453
des âmes à celles des druides sur l’immortalité.
La
mythologie comparée est la plus périlleuse des sciences, si l’on exce
2454
des sur l’immortalité. La mythologie comparée est
la
plus périlleuse des sciences, si l’on excepte l’étymologie dont elle
2455
comparée est la plus périlleuse des sciences, si
l’
on excepte l’étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’au
2456
la plus périlleuse des sciences, si l’on excepte
l’
étymologie dont elle procède bien souvent : l’une et l’autre sans cess
2457
cède bien souvent : l’une et l’autre sans cesse à
la
merci du calembour le plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines con
2458
une et l’autre sans cesse à la merci du calembour
le
plus tentant… Quoi qu’il en soit, certaines convergences générales se
2459
rales se dégagent des travaux récents, renforçant
l’
hypothèse d’une communauté originelle des croyances religieuses en Ori
2460
agent des travaux récents, renforçant l’hypothèse
d’
une communauté originelle des croyances religieuses en Orient et en Oc
2461
uses en Orient et en Occident. ⁂ Bien avant Rome,
les
Celtes avaient conquis une grande partie de l’Europe actuelle. Venus
2462
ome, les Celtes avaient conquis une grande partie
de
l’Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est d
2463
, les Celtes avaient conquis une grande partie de
l’
Europe actuelle. Venus du Sud-Ouest de la Germanie et du Nord-Est de l
2464
avaient mis à sac Rome et Delphes, et soumis tous
les
peuples de l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en
2465
à sac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples
de
l’Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et
2466
ac Rome et Delphes, et soumis tous les peuples de
l’
Atlantique à la mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en
2467
hes, et soumis tous les peuples de l’Atlantique à
la
mer Noire. Ils poussèrent même jusqu’en Ukraine et en Asie Mineure (G
2468
e Mineure (Galates), préfigurant assez exactement
l’
extension de l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation.
2469
alates), préfigurant assez exactement l’extension
de
l’Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaien
2470
tes), préfigurant assez exactement l’extension de
l’
Empire romain. Or les Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient p
2471
sez exactement l’extension de l’Empire romain. Or
les
Celtes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas d’autre « unité »
2472
eltes n’étaient pas une nation. Ils n’avaient pas
d’
autre « unité » que celle d’une civilisation, dont le principe spiritu
2473
on. Ils n’avaient pas d’autre « unité » que celle
d’
une civilisation, dont le principe spirituel était maintenu par le col
2474
utre « unité » que celle d’une civilisation, dont
le
principe spirituel était maintenu par le collège sacerdotal des druid
2475
on, dont le principe spirituel était maintenu par
le
collège sacerdotal des druides. Ce collège à son tour n’était nulleme
2476
druides. Ce collège à son tour n’était nullement
l’
émanation des petits peuples ou tribus, mais « une institution en quel
2477
en quelque sorte internationale », commune à tous
les
peuples d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande ju
2478
orte internationale », commune à tous les peuples
d’
origine celtique, du fond de la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Ital
2479
ne à tous les peuples d’origine celtique, du fond
de
la Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les v
2480
à tous les peuples d’origine celtique, du fond de
la
Bretagne et de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voya
2481
les d’origine celtique, du fond de la Bretagne et
de
l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les renc
2482
d’origine celtique, du fond de la Bretagne et de
l’
Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et les rencont
2483
de l’Irlande jusqu’en Italie et en Asie Mineure.
Les
voyages et les rencontres des druides « cimentaient l’union des peupl
2484
usqu’en Italie et en Asie Mineure. Les voyages et
les
rencontres des druides « cimentaient l’union des peuples celtiques et
2485
yages et les rencontres des druides « cimentaient
l’
union des peuples celtiques et le sentiment de leur parenté19 ». Les d
2486
es « cimentaient l’union des peuples celtiques et
le
sentiment de leur parenté19 ». Les druides formaient des confréries r
2487
ent l’union des peuples celtiques et le sentiment
de
leur parenté19 ». Les druides formaient des confréries religieuses do
2488
es celtiques et le sentiment de leur parenté19 ».
Les
druides formaient des confréries religieuses douées de pouvoirs très
2489
uides formaient des confréries religieuses douées
de
pouvoirs très étendus. Ils étaient à la fois devins, magiciens, médec
2490
ecins, prêtres, confesseurs. Ils n’écrivaient pas
de
livres, mais donnaient un enseignement oral, en vers gnomiques, à des
2491
s gnomiques, à des élèves qu’ils gardaient auprès
d’
eux pendant vingt ans20. On a pu rapprocher ce collège sacerdotal d’in
2492
t ans20. On a pu rapprocher ce collège sacerdotal
d’
institutions tout à fait identiques chez les autres peuples indo-europ
2493
rdotal d’institutions tout à fait identiques chez
les
autres peuples indo-européens : mages iraniens, brahmanes de l’Inde,
2494
euples indo-européens : mages iraniens, brahmanes
de
l’Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le m
2495
les indo-européens : mages iraniens, brahmanes de
l’
Inde, pontifes et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même
2496
aniens, brahmanes de l’Inde, pontifes et flamines
de
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane 21. Il e
2497
rahmanes de l’Inde, pontifes et flamines de Rome.
Le
flamen porte d’ailleurs le même nom que le brahmane 21. Il est certai
2498
s et flamines de Rome. Le flamen porte d’ailleurs
le
même nom que le brahmane 21. Il est certain que les Celtes croyaient
2499
Rome. Le flamen porte d’ailleurs le même nom que
le
brahmane 21. Il est certain que les Celtes croyaient à une vie après
2500
e même nom que le brahmane 21. Il est certain que
les
Celtes croyaient à une vie après la mort. Vie aventureuse, très sembl
2501
certain que les Celtes croyaient à une vie après
la
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épuré
2502
la mort. Vie aventureuse, très semblable à celle
de
la terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous
2503
mort. Vie aventureuse, très semblable à celle de
la
terre, mais épurée, et dont certains héros pouvaient revenir, sous d’
2504
se mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale
de
la survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute do
2505
mêler aux vivants. Par cette doctrine centrale de
la
survie des âmes, les Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctr
2506
ar cette doctrine centrale de la survie des âmes,
les
Celtes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de l’immortalité
2507
ltes s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine
de
l’immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celt
2508
s s’apparentent aux Grecs. Mais toute doctrine de
l’
immortalité suppose une préoccupation tragique de la mort. Les Celtes,
2509
l’immortalité suppose une préoccupation tragique
de
la mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la méta
2510
immortalité suppose une préoccupation tragique de
la
mort. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphy
2511
té suppose une préoccupation tragique de la mort.
Les
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique de l
2512
Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement
la
métaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était u
2513
ubert, « ont cultivé certainement la métaphysique
de
la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne fami
2514
rt, « ont cultivé certainement la métaphysique de
la
mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familiè
2515
étaphysique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur
la
mort. C’était une compagne familière dont ils se sont plu à déguiser
2516
ompagne familière dont ils se sont plu à déguiser
le
caractère inquiétant. » De même, dans leur mythologie, « l’idée de mo
2517
re inquiétant. » De même, dans leur mythologie, «
l’
idée de mort domine tout, et tout la découvre »22. Et cela n’est pas s
2518
iétant. » De même, dans leur mythologie, « l’idée
de
mort domine tout, et tout la découvre »22. Et cela n’est pas sans inc
2519
mythologie, « l’idée de mort domine tout, et tout
la
découvre »22. Et cela n’est pas sans inciter à des rapprochements trè
2520
iter à des rapprochements très précis avec ce que
l’
on a dit plus haut du mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
2521
précis avec ce que l’on a dit plus haut du mythe
de
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre par
2522
mythe de Tristan, qui voile et exprime à la fois
le
désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries
2523
Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir
de
mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées
2524
exprime à la fois le désir de mort. D’autre part,
les
dieux celtiques forment deux séries opposées : dieux lumineux et dieu
2525
dieux lumineux et dieux sombres. Il nous importe
de
souligner ce fait du dualisme fondamental de la religion des druides.
2526
orte de souligner ce fait du dualisme fondamental
de
la religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence d
2527
e de souligner ce fait du dualisme fondamental de
la
religion des druides. Car c’est ici que se révèle la convergence des
2528
religion des druides. Car c’est ici que se révèle
la
convergence des mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec la r
2529
mythes iraniens, gnostiques, et hindouistes avec
la
religion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantiqu
2530
ues, et hindouistes avec la religion fondamentale
de
l’Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprim
2531
, et hindouistes avec la religion fondamentale de
l’
Europe. De l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé,
2532
uistes avec la religion fondamentale de l’Europe.
De
l’Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les f
2533
tes avec la religion fondamentale de l’Europe. De
l’
Inde aux rives de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les form
2534
ion fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives
de
l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diver
2535
fondamentale de l’Europe. De l’Inde aux rives de
l’
Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans les formes les plus diverses
2536
es de l’Atlantique, nous retrouvons exprimé, dans
les
formes les plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et d
2537
antique, nous retrouvons exprimé, dans les formes
les
plus diverses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et de leur lutt
2538
mes les plus diverses, ce même mystère du Jour et
de
la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lu
2539
les plus diverses, ce même mystère du Jour et de
la
Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumiè
2540
verses, ce même mystère du Jour et de la Nuit, et
de
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu de Lumière incréée,
2541
our et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans
l’
homme. Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de
2542
leur lutte mortelle dans l’homme. Il est un dieu
de
Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèbres, auteur du mal,
2543
dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu
de
Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute la Création visible. Des si
2544
dieu de Ténèbres, auteur du mal, qui domine toute
la
Création visible. Des siècles avant l’apparition de Mani, on peut déc
2545
mine toute la Création visible. Des siècles avant
l’
apparition de Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythol
2546
Création visible. Des siècles avant l’apparition
de
Mani, on peut déceler la même opposition dans les mythologies indo-eu
2547
ècles avant l’apparition de Mani, on peut déceler
la
même opposition dans les mythologies indo-européennes. Dieux lumineux
2548
de Mani, on peut déceler la même opposition dans
les
mythologies indo-européennes. Dieux lumineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormu
2549
es mythologies indo-européennes. Dieux lumineux :
l’
Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec, l’Abellion celti
2550
umineux : l’Ahura-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens,
l’
Apollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hin
2551
a-Mazda (ou Ormuzd) des Iraniens, l’Apollon grec,
l’
Abellion celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hindou, l’Ahrriman
2552
ollon grec, l’Abellion celtibère. Dieux sombres :
le
Dyaus Pitar hindou, l’Ahrriman iranien, le Jupiter latin, le Dispater
2553
celtibère. Dieux sombres : le Dyaus Pitar hindou,
l’
Ahrriman iranien, le Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres
2554
bres : le Dyaus Pitar hindou, l’Ahrriman iranien,
le
Jupiter latin, le Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous
2555
tar hindou, l’Ahrriman iranien, le Jupiter latin,
le
Dispater gaulois… Bien d’autres rapprochements nous tentent, dont l’u
2556
tentent, dont l’un au moins intéresse directement
l’
objet de ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pa
2557
dont l’un au moins intéresse directement l’objet
de
ce livre : la conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans r
2558
moins intéresse directement l’objet de ce livre :
la
conception de la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dia
2559
e directement l’objet de ce livre : la conception
de
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique plato
2560
irectement l’objet de ce livre : la conception de
la
femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonic
2561
bjet de ce livre : la conception de la femme chez
les
Celtes n’est pas sans rappeler la dialectique platonicienne de l’Amou
2562
la femme chez les Celtes n’est pas sans rappeler
la
dialectique platonicienne de l’Amour. La femme figure aux yeux des dr
2563
st pas sans rappeler la dialectique platonicienne
de
l’Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophé
2564
pas sans rappeler la dialectique platonicienne de
l’
Amour. La femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétiq
2565
rappeler la dialectique platonicienne de l’Amour.
La
femme figure aux yeux des druides un être divin et prophétique. C’est
2566
x des druides un être divin et prophétique. C’est
la
Velléda des Martyrs, le fantôme lumineux qui apparaît aux regards du
2567
vin et prophétique. C’est la Velléda des Martyrs,
le
fantôme lumineux qui apparaît aux regards du général romain perdu dan
2568
s-tu que je suis fée ? », dit-elle. Éros a revêtu
les
apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qu
2569
s fée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences
de
la Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mé
2570
ée ? », dit-elle. Éros a revêtu les apparences de
la
Femme, symbole de l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépri
2571
Éros a revêtu les apparences de la Femme, symbole
de
l’au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terr
2572
s a revêtu les apparences de la Femme, symbole de
l’
au-delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrest
2573
s apparences de la Femme, symbole de l’au-delà et
de
cette nostalgie qui nous fait mépriser les joies terrestres. Mais sym
2574
delà et de cette nostalgie qui nous fait mépriser
les
joies terrestres. Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre l
2575
Mais symbole équivoque puisqu’il tend à confondre
l’
attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, «
2576
e puisqu’il tend à confondre l’attrait du sexe et
le
Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplati
2577
confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin.
L’
Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, spectacle mysté
2578
sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux », c’était l’invitation à désirer
2579
de contemplation, spectacle mystérieux », c’était
l’
invitation à désirer ce qui est au-delà des formes incarnées. Mais ell
2580
able en soi… Et pourtant sa nature est fuyante. «
L’
Éternel féminin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme
2581
inin nous entraîne », dira Goethe. Et Novalis : «
La
femme est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière pre
2582
raîne », dira Goethe. Et Novalis : « La femme est
le
but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbo
2583
, dira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but
de
l’homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbole l’at
2584
ira Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de
l’
homme. » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbole l’attra
2585
valis : « La femme est le but de l’homme. » Ainsi
l’
aspiration vers la lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des s
2586
est le but de l’homme. » Ainsi l’aspiration vers
la
lumière prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes. Le grand Jou
2587
i l’aspiration vers la lumière prend pour symbole
l’
attrait nocturne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de la chair
2588
prend pour symbole l’attrait nocturne des sexes.
Le
grand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que la Nuit. Mais notr
2589
urne des sexes. Le grand Jour incréé, aux yeux de
la
chair, n’est que la Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui résid
2590
rand Jour incréé, aux yeux de la chair, n’est que
la
Nuit. Mais notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà les étoil
2591
notre jour, aux yeux du dieu qui réside par-delà
les
étoiles, c’est le royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même
2592
ux du dieu qui réside par-delà les étoiles, c’est
le
royaume de Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wa
2593
qui réside par-delà les étoiles, c’est le royaume
de
Dispater, le père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut s
2594
r-delà les étoiles, c’est le royaume de Dispater,
le
père des Ombres. Et de même, le Tristan de Wagner veut sombrer, mais
2595
aume de Dispater, le père des Ombres. Et de même,
le
Tristan de Wagner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumi
2596
agner veut sombrer, mais pour renaître en un ciel
de
Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passio
2597
ombrer, mais pour renaître en un ciel de Lumière.
La
« Nuit » qu’il chante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le
2598
ciel de Lumière. La « Nuit » qu’il chante, c’est
le
Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui mépri
2599
hante, c’est le Jour incréé. Et sa passion, c’est
le
culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volup
2600
est le Jour incréé. Et sa passion, c’est le culte
d’
Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même
2601
our incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros,
le
Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quand il
2602
même quand il croit aimer un être… On parle trop
de
nirvana ou de bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le f
2603
croit aimer un être… On parle trop de nirvana ou
de
bouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l
2604
arle trop de nirvana ou de bouddhisme à propos de
l’
opéra wagnérien. Comme si le fond païen de l’Occident n’avait pas pu f
2605
ouddhisme à propos de l’opéra wagnérien. Comme si
le
fond païen de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléme
2606
opos de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen
de
l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus a
2607
s de l’opéra wagnérien. Comme si le fond païen de
l’
Occident n’avait pas pu fournir au magicien les éléments les plus acti
2608
de l’Occident n’avait pas pu fournir au magicien
les
éléments les plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constate
2609
t n’avait pas pu fournir au magicien les éléments
les
plus actifs de son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs
2610
fournir au magicien les éléments les plus actifs
de
son philtre ! Il est frappant de constater d’ailleurs à quel point le
2611
les plus actifs de son philtre ! Il est frappant
de
constater d’ailleurs à quel point le celtisme originel de l’Europe a
2612
est frappant de constater d’ailleurs à quel point
le
celtisme originel de l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux
2613
ater d’ailleurs à quel point le celtisme originel
de
l’Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques
2614
r d’ailleurs à quel point le celtisme originel de
l’
Europe a survécu à la conquête romaine et aux invasions germaniques. «
2615
oint le celtisme originel de l’Europe a survécu à
la
conquête romaine et aux invasions germaniques. « Les Gallo-Romains so
2616
conquête romaine et aux invasions germaniques. «
Les
Gallo-Romains sont restés pour la plupart des Celtes déguisés. Si bie
2617
la plupart des Celtes déguisés. Si bien qu’après
les
invasions germaniques, on vit reparaître en Gaule des modes et des go
2618
et des goûts qui avaient été ceux des Celtes23. »
L’
art roman et les langues romanes attestent l’importance de l’héritage
2619
i avaient été ceux des Celtes23. » L’art roman et
les
langues romanes attestent l’importance de l’héritage celtique. Plus t
2620
3. » L’art roman et les langues romanes attestent
l’
importance de l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’I
2621
man et les langues romanes attestent l’importance
de
l’héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de
2622
et les langues romanes attestent l’importance de
l’
héritage celtique. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et de Bre
2623
éritage celtique. Plus tard, ce furent des moines
d’
Irlande et de Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conse
2624
que. Plus tard, ce furent des moines d’Irlande et
de
Bretagne — derniers refuges des légendes bardiques conservées justeme
2625
s des légendes bardiques conservées justement par
les
clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et la rappelèrent au culte des
2626
ées justement par les clercs — qui évangélisèrent
l’
Europe, et la rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux
2627
par les clercs — qui évangélisèrent l’Europe, et
la
rappelèrent au culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de l’
2628
culte des lettres. Et ceci nous amène aux abords
de
l’époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon
2629
lte des lettres. Et ceci nous amène aux abords de
l’
époque où se forma notre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
2630
tre mythe… ⁂ Mais plus près de nous que Platon et
les
druides, une sorte d’unité mystique du monde indo-européen se dessine
2631
près de nous que Platon et les druides, une sorte
d’
unité mystique du monde indo-européen se dessine comme en filigrane à
2632
nde indo-européen se dessine comme en filigrane à
l’
arrière-plan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons le domaine
2633
lan des hérésies du Moyen Âge. Si nous embrassons
le
domaine géographique et historique qui va de l’Inde à la Bretagne, no
2634
sons le domaine géographique et historique qui va
de
l’Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandu
2635
s le domaine géographique et historique qui va de
l’
Inde à la Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
2636
ine géographique et historique qui va de l’Inde à
la
Bretagne, nous constatons qu’une religion s’y est répandue, d’une man
2637
nous constatons qu’une religion s’y est répandue,
d’
une manière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle de notre ère,
2638
andue, d’une manière à vrai dire souterraine, dès
le
iiie siècle de notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour
2639
ière à vrai dire souterraine, dès le iiie siècle
de
notre ère, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de la Nuit t
2640
e, dès le iiie siècle de notre ère, syncrétisant
l’
ensemble des mythes du Jour et de la Nuit tels qu’ils s’étaient élabor
2641
re, syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et
de
la Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans le
2642
syncrétisant l’ensemble des mythes du Jour et de
la
Nuit tels qu’ils s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans les s
2643
ls s’étaient élaborés en Perse d’abord, puis dans
les
sectes gnostiques et orphiques : et c’est la foi manichéenne. Les dif
2644
ans les sectes gnostiques et orphiques : et c’est
la
foi manichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours
2645
iques et orphiques : et c’est la foi manichéenne.
Les
difficultés mêmes que l’on éprouve de nos jours à définir cette relig
2646
est la foi manichéenne. Les difficultés mêmes que
l’
on éprouve de nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous
2647
nichéenne. Les difficultés mêmes que l’on éprouve
de
nos jours à définir cette religion ne sont pas sans nous renseigner s
2648
t partout persécutée avec une violence inouïe par
les
pouvoirs ou les orthodoxies. On affecta de voir en elle la pire menac
2649
utée avec une violence inouïe par les pouvoirs ou
les
orthodoxies. On affecta de voir en elle la pire menace sociale. Ses f
2650
e par les pouvoirs ou les orthodoxies. On affecta
de
voir en elle la pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, le
2651
rs ou les orthodoxies. On affecta de voir en elle
la
pire menace sociale. Ses fidèles furent massacrés, leurs écrits dispe
2652
és, leurs écrits dispersés et brûlés. Si bien que
les
témoignages sur lesquels elle a été jugée jusqu’à nos jours émanent p
2653
e jusqu’à nos jours émanent presque exclusivement
de
ses adversaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine de Mani (qui
2654
t de ses adversaires. Ensuite, il semble bien que
la
doctrine de Mani (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon les p
2655
ersaires. Ensuite, il semble bien que la doctrine
de
Mani (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon les peuples et le
2656
ien que la doctrine de Mani (qui était originaire
de
l’Iran) a pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très
2657
que la doctrine de Mani (qui était originaire de
l’
Iran) a pris, selon les peuples et leurs croyances, des formes très di
2658
ni (qui était originaire de l’Iran) a pris, selon
les
peuples et leurs croyances, des formes très diverses, tantôt chrétien
2659
(Zarathustra ou Zoroastre). De plus il est permis
de
penser que les survivances celtiques dans le Midi languedocien offrir
2660
u Zoroastre). De plus il est permis de penser que
les
survivances celtiques dans le Midi languedocien offrirent à certaines
2661
rmis de penser que les survivances celtiques dans
le
Midi languedocien offrirent à certaines sectes manichéennes un terrai
2662
ichéennes un terrain spécialement favorable. Pour
les
développements qui suivront, deux faits surtout doivent être retenus
2663
ont, deux faits surtout doivent être retenus : 1°
Le
dogme fondamental de toutes les sectes manichéennes, c’est la nature
2664
ut doivent être retenus : 1° Le dogme fondamental
de
toutes les sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique d
2665
être retenus : 1° Le dogme fondamental de toutes
les
sectes manichéennes, c’est la nature divine ou angélique de l’âme, pr
2666
damental de toutes les sectes manichéennes, c’est
la
nature divine ou angélique de l’âme, prisonnière des formes créées et
2667
manichéennes, c’est la nature divine ou angélique
de
l’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Is
2668
ichéennes, c’est la nature divine ou angélique de
l’
âme, prisonnière des formes créées et de la nuit de la matière. Issu
2669
élique de l’âme, prisonnière des formes créées et
de
la nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en e
2670
que de l’âme, prisonnière des formes créées et de
la
nuit de la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil
2671
’âme, prisonnière des formes créées et de la nuit
de
la matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et sépa
2672
e, prisonnière des formes créées et de la nuit de
la
matière. Issu de la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
2673
formes créées et de la nuit de la matière. Issu
de
la lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis u
2674
rmes créées et de la nuit de la matière. Issu de
la
lumière et des dieux Me voici en exil et séparé d’eux. Je suis un d
2675
a lumière et des dieux Me voici en exil et séparé
d’
eux. Je suis un dieu, et né des dieux Mais maintenant réduit à souff
2676
Mais maintenant réduit à souffrir. Ainsi lamente
le
Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin d
2677
éduit à souffrir. Ainsi lamente le Moi spirituel
d’
un disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan d
2678
Moi spirituel d’un disciple du sauveur Mani, dans
l’
hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sa
2679
disciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin
de
l’Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une p
2680
sciple du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de
l’
Âme. L’élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
2681
du sauveur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme.
L’
élan de l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « r
2682
eur Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan
de
l’âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminisc
2683
Mani, dans l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de
l’
âme vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscenc
2684
l’hymne du Destin de l’Âme. L’élan de l’âme vers
la
Lumière n’est pas sans évoquer d’une part la « réminiscence du Beau »
2685
vers la Lumière n’est pas sans évoquer d’une part
la
« réminiscence du Beau » dont parlent les dialogues platoniciens, et
2686
une part la « réminiscence du Beau » dont parlent
les
dialogues platoniciens, et d’autre part la nostalgie du héros celte r
2687
rlent les dialogues platoniciens, et d’autre part
la
nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvi
2688
rt la nostalgie du héros celte revenu du Ciel sur
la
terre, et qui se souvient de l’île des immortels. Mais cet élan est s
2689
e revenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient
de
l’île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalo
2690
evenu du Ciel sur la terre, et qui se souvient de
l’
île des immortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par la jalousi
2691
mortels. Mais cet élan est sans cesse entravé par
la
jalousie de Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir
2692
s cet élan est sans cesse entravé par la jalousie
de
Vénus (Dîbat dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans la som
2693
dans le premier hymne cité) qui veut retenir dans
la
sombre matière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
2694
mne cité) qui veut retenir dans la sombre matière
l’
amant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel
2695
tière l’amant en proie au lumineux Désir. Tel est
le
combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fond
2696
ant en proie au lumineux Désir. Tel est le combat
de
l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale d
2697
en proie au lumineux Désir. Tel est le combat de
l’
amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des
2698
eux Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et
de
l’Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans
2699
Désir. Tel est le combat de l’amour sexuel et de
l’
Amour, et il exprime l’angoisse fondamentale des anges déchus dans des
2700
at de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime
l’
angoisse fondamentale des anges déchus dans des corps trop humains… 2°
2701
° Il est très important et significatif pour nous
de
remarquer à la suite d’un travail récent25 que la structure de la foi
2702
mportant et significatif pour nous de remarquer à
la
suite d’un travail récent25 que la structure de la foi manichéenne «
2703
et significatif pour nous de remarquer à la suite
d’
un travail récent25 que la structure de la foi manichéenne « est essen
2704
de remarquer à la suite d’un travail récent25 que
la
structure de la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autr
2705
à la suite d’un travail récent25 que la structure
de
la foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu
2706
a suite d’un travail récent25 que la structure de
la
foi manichéenne « est essentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il
2707
sentiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est
de
la nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rati
2708
tiellement lyrique ». Autrement dit, qu’il est de
la
nature profonde de cette foi de se refuser à toute exposition rationa
2709
». Autrement dit, qu’il est de la nature profonde
de
cette foi de se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnell
2710
dit, qu’il est de la nature profonde de cette foi
de
se refuser à toute exposition rationaliste, impersonnelle et « object
2711
is angoissée et enthousiasmante (au sens littéral
de
ce terme), d’ordre essentiellement poétique. La « vérité » de la cosm
2712
t enthousiasmante (au sens littéral de ce terme),
d’
ordre essentiellement poétique. La « vérité » de la cosmogonie et de l
2713
l de ce terme), d’ordre essentiellement poétique.
La
« vérité » de la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se cons
2714
, d’ordre essentiellement poétique. La « vérité »
de
la cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
2715
’ordre essentiellement poétique. La « vérité » de
la
cosmogonie et de la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la
2716
ement poétique. La « vérité » de la cosmogonie et
de
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attest
2717
nt poétique. La « vérité » de la cosmogonie et de
la
théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans la certitude attestée
2718
la théogonie n’apparaît, ne se constitue que dans
la
certitude attestée par le récitatif du psaume. » Et l’on songe au sec
2719
e se constitue que dans la certitude attestée par
le
récitatif du psaume. » Et l’on songe au secret de Tristan, qu’il ne p
2720
rtitude attestée par le récitatif du psaume. » Et
l’
on songe au secret de Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement c
2721
le récitatif du psaume. » Et l’on songe au secret
de
Tristan, qu’il ne peut « dire » mais seulement chanter… ⁂ Toute conce
2722
Toute conception dualiste, manichéenne, voit dans
la
vie des corps le malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le r
2723
dualiste, manichéenne, voit dans la vie des corps
le
malheur même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de la faute
2724
t dans la vie des corps le malheur même ; et dans
la
mort le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégrati
2725
a vie des corps le malheur même ; et dans la mort
le
bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration dans
2726
e malheur même ; et dans la mort le bien dernier,
le
rachat de la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la l
2727
même ; et dans la mort le bien dernier, le rachat
de
la faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse i
2728
e ; et dans la mort le bien dernier, le rachat de
la
faute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indi
2729
ns la mort le bien dernier, le rachat de la faute
d’
être né, la réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction
2730
le bien dernier, le rachat de la faute d’être né,
la
réintégration dans l’Un et dans la lumineuse indistinction. Dès ici-b
2731
ute d’être né, la réintégration dans l’Un et dans
la
lumineuse indistinction. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, pa
2732
on. Dès ici-bas, par une ascension graduelle, par
la
mort progressive et volontaire que représente l’ascèse (aspect négati
2733
la mort progressive et volontaire que représente
l’
ascèse (aspect négatif de l’illumination), nous pouvons accéder à la L
2734
olontaire que représente l’ascèse (aspect négatif
de
l’illumination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’
2735
ntaire que représente l’ascèse (aspect négatif de
l’
illumination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de l’esp
2736
égatif de l’illumination), nous pouvons accéder à
la
Lumière. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la v
2737
ination), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais
la
fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscu
2738
), nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin
de
l’esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie pa
2739
nous pouvons accéder à la Lumière. Mais la fin de
l’
esprit, son but, c’est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie par l
2740
re. Mais la fin de l’esprit, son but, c’est aussi
la
fin de la vie limitée, obscurcie par la mutiplicité immédiate. Éros,
2741
s la fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin
de
la vie limitée, obscurcie par la mutiplicité immédiate. Éros, notre D
2742
a fin de l’esprit, son but, c’est aussi la fin de
la
vie limitée, obscurcie par la mutiplicité immédiate. Éros, notre Dési
2743
est aussi la fin de la vie limitée, obscurcie par
la
mutiplicité immédiate. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs
2744
notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour
les
sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et
2745
rême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier.
L’
accomplissement de l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur ni
2746
désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement
de
l’Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur ter
2747
sirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de
l’
Amour nie tout amour terrestre. Et son Bonheur nie tout bonheur terres
2748
tout bonheur terrestre. Considéré du point de vue
de
la vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le
2749
t bonheur terrestre. Considéré du point de vue de
la
vie, un tel Amour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est le gra
2750
mour ne saurait être qu’un malheur total. Tel est
le
grand fond du paganisme oriental-occidental sur lequel se détache not
2751
ccidental sur lequel se détache notre mythe. Mais
d’
où vient qu’il s’en soit « détaché » justement ? Quelle menace, quelle
2752
? Quelle menace, quelle interdiction a contraint
la
doctrine à se voiler, à ne plus s’avouer que par symboles trompeurs —
2753
mboles trompeurs — à ne plus nous séduire que par
le
charme et la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour c
2754
urs — à ne plus nous séduire que par le charme et
la
secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Pr
2755
duire que par le charme et la secrète incantation
d’
un mythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
2756
la secrète incantation d’un mythe ? 3.Agapè ou
l’
amour chrétien Prologue de l’Évangile de Jean : Au commencement éta
2757
ythe ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue
de
l’Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole ét
2758
e ? 3.Agapè ou l’amour chrétien Prologue de
l’
Évangile de Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était
2759
apè ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile
de
Jean : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu,
2760
ou l’amour chrétien Prologue de l’Évangile de
Jean
: Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et l
2761
gue de l’Évangile de Jean : Au commencement était
la
Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… en ell
2762
ile de Jean : Au commencement était la Parole, et
la
Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu… en elle était la vie
2763
était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et
la
Parole était Dieu… en elle était la vie, et la vie était la lumière d
2764
avec Dieu, et la Parole était Dieu… en elle était
la
vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les
2765
et la Parole était Dieu… en elle était la vie, et
la
vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, e
2766
était Dieu… en elle était la vie, et la vie était
la
lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbre
2767
it la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La
lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (
2768
était la lumière des hommes. La lumière luit dans
les
ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encor
2769
des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et
les
ténèbres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éte
2770
umière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne
l’
ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore le dualisme éternel, sans rémi
2771
bres ne l’ont pas reçue. (I, 1-5.) Est-ce encore
le
dualisme éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de la Nuit
2772
st-ce encore le dualisme éternel, sans rémission,
l’
irrévocable hostilité de la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? N
2773
éternel, sans rémission, l’irrévocable hostilité
de
la Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite d
2774
ernel, sans rémission, l’irrévocable hostilité de
la
Nuit terrestre et du Jour transcendant ? Non, car voici la suite du p
2775
errestre et du Jour transcendant ? Non, car voici
la
suite du passage : Et la Parole a été faite chair, et elle a habité p
2776
cendant ? Non, car voici la suite du passage : Et
la
Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâc
2777
faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine
de
grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire co
2778
, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et
de
vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloir
2779
nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme
la
gloire du Fils unique venu du Père. (I, 14-15.) L’incarnation de la
2780
gloire du Fils unique venu du Père. (I, 14-15.)
L’
incarnation de la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbr
2781
s unique venu du Père. (I, 14-15.) L’incarnation
de
la Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
2782
nique venu du Père. (I, 14-15.) L’incarnation de
la
Parole dans le monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’é
2783
ère. (I, 14-15.) L’incarnation de la Parole dans
le
monde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï
2784
-15.) L’incarnation de la Parole dans le monde —
de
la Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous dé
2785
.) L’incarnation de la Parole dans le monde — de
la
Lumière dans les Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous déliv
2786
n de la Parole dans le monde — de la Lumière dans
les
Ténèbres —, tel est l’événement inouï qui nous délivre du malheur de
2787
onde — de la Lumière dans les Ténèbres —, tel est
l’
événement inouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est le centr
2788
est l’événement inouï qui nous délivre du malheur
de
vivre. Tel est le centre de tout le christianisme, et le foyer de l’a
2789
ouï qui nous délivre du malheur de vivre. Tel est
le
centre de tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
2790
us délivre du malheur de vivre. Tel est le centre
de
tout le christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture
2791
re du malheur de vivre. Tel est le centre de tout
le
christianisme, et le foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme A
2792
e. Tel est le centre de tout le christianisme, et
le
foyer de l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans
2793
t le centre de tout le christianisme, et le foyer
de
l’amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent
2794
e centre de tout le christianisme, et le foyer de
l’
amour chrétien que l’Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, e
2795
hristianisme, et le foyer de l’amour chrétien que
l’
Écriture nomme Agapè. Événement sans précédent, et « naturellement » i
2796
s précédent, et « naturellement » incroyable. Car
le
fait de l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de rel
2797
ent, et « naturellement » incroyable. Car le fait
de
l’Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. I
2798
, et « naturellement » incroyable. Car le fait de
l’
Incarnation est la négation radicale de toute espèce de religion. Il e
2799
nt » incroyable. Car le fait de l’Incarnation est
la
négation radicale de toute espèce de religion. Il est le suprême scan
2800
le fait de l’Incarnation est la négation radicale
de
toute espèce de religion. Il est le suprême scandale, non seulement p
2801
arnation est la négation radicale de toute espèce
de
religion. Il est le suprême scandale, non seulement pour notre raison
2802
tion radicale de toute espèce de religion. Il est
le
suprême scandale, non seulement pour notre raison qui n’admet point c
2803
ison qui n’admet point cette impensable confusion
de
l’infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. To
2804
n qui n’admet point cette impensable confusion de
l’
infini et du fini, mais surtout pour l’esprit religieux naturel. Toute
2805
nfusion de l’infini et du fini, mais surtout pour
l’
esprit religieux naturel. Toutes les religions connues tendent à subli
2806
s surtout pour l’esprit religieux naturel. Toutes
les
religions connues tendent à sublimer l’homme, et aboutissent à condam
2807
. Toutes les religions connues tendent à sublimer
l’
homme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalt
2808
mme, et aboutissent à condamner sa vie « finie ».
Le
dieu Éros exalte et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir
2809
nie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs,
les
rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but fina
2810
s rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à
les
nier. Le but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du
2811
ant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier.
Le
but final de cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. L
2812
ésir unique, qui aboutit à les nier. Le but final
de
cette dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et le
2813
es nier. Le but final de cette dialectique, c’est
la
non-vie, la mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’
2814
but final de cette dialectique, c’est la non-vie,
la
mort du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé q
2815
dialectique, c’est la non-vie, la mort du corps.
La
Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la
2816
e, c’est la non-vie, la mort du corps. La Nuit et
le
Jour étant incompatibles, l’homme créé qui appartient à la Nuit, ne p
2817
du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles,
l’
homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en ce
2818
tant incompatibles, l’homme créé qui appartient à
la
Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant d’être, en se « perdant
2819
me créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver
de
salut qu’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de la divinité.
2820
à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant
d’
être, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais le christianisme,
2821
u’en cessant d’être, en se « perdant » au sein de
la
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de l’incarnation du Ch
2822
e, en se « perdant » au sein de la divinité. Mais
le
christianisme, par son dogme de l’incarnation du Christ dans Jésus, r
2823
la divinité. Mais le christianisme, par son dogme
de
l’incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fon
2824
divinité. Mais le christianisme, par son dogme de
l’
incarnation du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique de fond e
2825
du Christ dans Jésus, renverse cette dialectique
de
fond en comble. Au lieu que la mort soit le terme dernier, elle devie
2826
cette dialectique de fond en comble. Au lieu que
la
mort soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce qu
2827
tique de fond en comble. Au lieu que la mort soit
le
terme dernier, elle devient la première condition. Ce que l’Évangile
2828
rnier, elle devient la première condition. Ce que
l’
Évangile appelle « mort à soi-même », c’est le début d’une vie nouvell
2829
que l’Évangile appelle « mort à soi-même », c’est
le
début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esp
2830
ngile appelle « mort à soi-même », c’est le début
d’
une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de l’esprit hors
2831
but d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas
la
fuite de l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du
2832
vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite
de
l’esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! U
2833
e nouvelle, dès ici-bas. Ce n’est pas la fuite de
l’
esprit hors du monde, mais son retour en force au sein du monde ! Une
2834
nde ! Une recréation immédiate. Une réaffirmation
de
la vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéal
2835
! Une recréation immédiate. Une réaffirmation de
la
vie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas de la vie idéale,
2836
iate. Une réaffirmation de la vie, non pas certes
de
la vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente
2837
e. Une réaffirmation de la vie, non pas certes de
la
vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de la vie présente qu
2838
ie, non pas certes de la vie ancienne, et non pas
de
la vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
2839
non pas certes de la vie ancienne, et non pas de
la
vie idéale, mais de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le
2840
a vie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais
de
la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est f
2841
ie ancienne, et non pas de la vie idéale, mais de
la
vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait
2842
pas de la vie idéale, mais de la vie présente que
l’
Esprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homm
2843
de la vie présente que l’Esprit ressaisit. Dieu —
le
vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En la personne de Jésus-
2844
e vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme. En
la
personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumiè
2845
— s’est fait homme, et vrai homme. En la personne
de
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout
2846
e, et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ,
les
ténèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme
2847
Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu »
la
lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit
2848
raiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né
de
femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort à soi-
2849
Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît
de
l’esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant qu
2850
tout homme né de femme qui croit cela, renaît de
l’
esprit dès maintenant : mort à soi-même et mort au monde en tant que l
2851
nt : mort à soi-même et mort au monde en tant que
le
moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en t
2852
à soi-même et mort au monde en tant que le moi et
le
monde sont pécheurs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que l’
2853
rs, mais rendu à soi-même et au monde en tant que
l’
Esprit veut les sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétu
2854
à soi-même et au monde en tant que l’Esprit veut
les
sauver. Désormais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’a
2855
en tant que l’Esprit veut les sauver. Désormais,
l’
amour n’est plus fuite et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-de
2856
mais, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus
de
l’acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la v
2857
s, l’amour n’est plus fuite et perpétuel refus de
l’
acte. Il commence au-delà de la mort, mais il se retourne vers la vie.
2858
et perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà
de
la mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’am
2859
perpétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de
la
mort, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour
2860
ence au-delà de la mort, mais il se retourne vers
la
vie. Et cette conversion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
2861
s il se retourne vers la vie. Et cette conversion
de
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était
2862
l se retourne vers la vie. Et cette conversion de
l’
amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu
2863
e. Et cette conversion de l’amour fait apparaître
le
prochain. Pour l’Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire,
2864
sion de l’amour fait apparaître le prochain. Pour
l’
Éros, la créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’
2865
l’amour fait apparaître le prochain. Pour l’Éros,
la
créature n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion de s’enflamme
2866
re n’était qu’un prétexte illusoire, une occasion
de
s’enflammer ; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque le but é
2867
; et il fallait aussitôt s’en déprendre, puisque
le
but était de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’êt
2868
ait aussitôt s’en déprendre, puisque le but était
de
brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulie
2869
re, puisque le but était de brûler toujours plus,
de
brûler jusqu’à en mourir ! L’être particulier n’était guère qu’un déf
2870
ûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir !
L’
être particulier n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement de l
2871
n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement
de
l’Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n
2872
était guère qu’un défaut et un obscurcissement de
l’
Être unique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’ét
2873
t et un obscurcissement de l’Être unique. Comment
l’
aimer vraiment, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’homme
2874
ique. Comment l’aimer vraiment, tel qu’il était ?
Le
salut n’étant qu’au-delà, l’homme religieux se détournait des créatur
2875
t, tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà,
l’
homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mai
2876
ournait des créatures ignorées par son dieu. Mais
le
Dieu des chrétiens — et lui seul, parmi tous les dieux que l’on conna
2877
s le Dieu des chrétiens — et lui seul, parmi tous
les
dieux que l’on connaît — ne s’est pas détourné, au contraire : « Il n
2878
chrétiens — et lui seul, parmi tous les dieux que
l’
on connaît — ne s’est pas détourné, au contraire : « Il nous a aimés l
2879
notre forme et nos limitations. Il a été jusqu’à
les
revêtir. Et revêtant la condition de l’homme pécheur et séparé, mais
2880
ations. Il a été jusqu’à les revêtir. Et revêtant
la
condition de l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se d
2881
été jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition
de
l’homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amo
2882
jusqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de
l’
homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
2883
r et séparé, mais sans pécher et sans se diviser,
l’
Amour de Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
2884
aré, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour
de
Dieu nous a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de la sanct
2885
s a ouvert une voie radicalement nouvelle : celle
de
la sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fu
2886
ouvert une voie radicalement nouvelle : celle de
la
sanctification. Le contraire de la sublimation, qui n’était que fuite
2887
dicalement nouvelle : celle de la sanctification.
Le
contraire de la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà
2888
uvelle : celle de la sanctification. Le contraire
de
la sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
2889
lle : celle de la sanctification. Le contraire de
la
sublimation, qui n’était que fuite illusoire au-delà du concret de la
2890
ui n’était que fuite illusoire au-delà du concret
de
la vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transf
2891
n’était que fuite illusoire au-delà du concret de
la
vie. Aimer devient alors une action positive, une action de transform
2892
mer devient alors une action positive, une action
de
transformation. Éros cherchait le dépassement à l’infini. L’amour chr
2893
ive, une action de transformation. Éros cherchait
le
dépassement à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans le prése
2894
e transformation. Éros cherchait le dépassement à
l’
infini. L’amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Die
2895
mation. Éros cherchait le dépassement à l’infini.
L’
amour chrétien est obéissance dans le présent. Car aimer Dieu, c’est o
2896
à l’infini. L’amour chrétien est obéissance dans
le
présent. Car aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous
2897
r aimer Dieu, c’est obéir à Dieu qui nous ordonne
de
nous aimer les uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’e
2898
c’est obéir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer
les
uns les autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
2899
éir à Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns
les
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïs
2900
autres. Que signifie : Aimez vos ennemis ? C’est
l’
abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
2901
ue signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon
de
l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme i
2902
signifie : Aimez vos ennemis ? C’est l’abandon de
l’
égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isol
2903
os ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi
de
désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est auss
2904
C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et
d’
angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissan
2905
me, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort
de
l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui
2906
du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de
l’
homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui
2907
c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi
la
naissance du prochain. À ceux qui lui demandaient ironiquement : Qui
2908
ent : Qui est mon prochain ? Jésus répond : c’est
l’
homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant
2909
chain ? Jésus répond : c’est l’homme qui a besoin
de
vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, changent de sens. L
2910
répond : c’est l’homme qui a besoin de vous. Tous
les
rapports humains, dès cet instant, changent de sens. Le nouveau symbo
2911
s les rapports humains, dès cet instant, changent
de
sens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie
2912
ports humains, dès cet instant, changent de sens.
Le
nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme
2913
cet instant, changent de sens. Le nouveau symbole
de
l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumièr
2914
instant, changent de sens. Le nouveau symbole de
l’
Amour, ce n’est plus la passion infinie de l’âme en quête de lumière,
2915
ens. Le nouveau symbole de l’Amour, ce n’est plus
la
passion infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage d
2916
bole de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie
de
l’âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Ég
2917
e de l’Amour, ce n’est plus la passion infinie de
l’
âme en quête de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Églis
2918
e n’est plus la passion infinie de l’âme en quête
de
lumière, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église. L’amour huma
2919
infinie de l’âme en quête de lumière, mais c’est
le
mariage du Christ et de l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve
2920
te de lumière, mais c’est le mariage du Christ et
de
l’Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
2921
de lumière, mais c’est le mariage du Christ et de
l’
Église. L’amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les
2922
, mais c’est le mariage du Christ et de l’Église.
L’
amour humain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que les mystiques
2923
umain lui-même s’en trouve transformé. Tandis que
les
mystiques païennes le sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en mêm
2924
uve transformé. Tandis que les mystiques païennes
le
sublimaient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
2925
maient jusqu’à en faire un dieu, et en même temps
le
vouaient à la mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là
2926
en faire un dieu, et en même temps le vouaient à
la
mort, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie
2927
un dieu, et en même temps le vouaient à la mort,
le
christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le m
2928
ême temps le vouaient à la mort, le christianisme
le
replace dans son ordre, et là, le sanctifie par le mariage. Un tel am
2929
e christianisme le replace dans son ordre, et là,
le
sanctifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’am
2930
e replace dans son ordre, et là, le sanctifie par
le
mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de l’amour du Christ pou
2931
tifie par le mariage. Un tel amour, étant conçu à
l’
image de l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vr
2932
r le mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image
de
l’amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vraiment r
2933
e mariage. Un tel amour, étant conçu à l’image de
l’
amour du Christ pour son Église (Éph., 5, 25), peut être vraiment réci
2934
r il aime l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer
l’
idée de l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux
2935
me l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée
de
l’amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se mar
2936
l’autre tel qu’il est — au lieu d’aimer l’idée de
l’
amour ou sa mortelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier
2937
élicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se marier que
de
brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un amour
2938
thiens.) De plus, c’est un amour heureux — malgré
les
entraves du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
2939
es du péché — puisqu’il connaît dès ici-bas, dans
l’
obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la
2940
puisqu’il connaît dès ici-bas, dans l’obéissance,
la
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à
2941
naît dès ici-bas, dans l’obéissance, la plénitude
de
son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême
2942
, dans l’obéissance, la plénitude de son ordre. ⁂
Le
dualisme du Jour et de la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutis
2943
plénitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et
de
la Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue d
2944
énitude de son ordre. ⁂ Le dualisme du Jour et de
la
Nuit, poussé à son extrême logique, aboutissait, du point de vue de l
2945
son extrême logique, aboutissait, du point de vue
de
la vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un
2946
extrême logique, aboutissait, du point de vue de
la
vie, au malheur absolu, qui est la mort. Le christianisme n’est un ma
2947
oint de vue de la vie, au malheur absolu, qui est
la
mort. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme sépar
2948
ue de la vie, au malheur absolu, qui est la mort.
Le
christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de Dieu
2949
Le christianisme n’est un malheur mortel que pour
l’
homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès ce
2950
e n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé
de
Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette vie pour le
2951
heur recréateur et bienheureux dès cette vie pour
le
croyant que « saisit le salut ». 4.Orient et Occident Est-il po
2952
eureux dès cette vie pour le croyant que « saisit
le
salut ». 4.Orient et Occident Est-il possible de définir l’Orie
2953
lut ». 4.Orient et Occident Est-il possible
de
définir l’Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présen
2954
.Orient et Occident Est-il possible de définir
l’
Orient et l’Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un pro
2955
ccident Est-il possible de définir l’Orient et
l’
Occident en dehors de la géographie ? En présence d’un problème aussi
2956
le de définir l’Orient et l’Occident en dehors de
la
géographie ? En présence d’un problème aussi complexe, et en l’absenc
2957
? En présence d’un problème aussi complexe, et en
l’
absence de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivai
2958
nce d’un problème aussi complexe, et en l’absence
de
toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que de s
2959
n l’absence de toute réponse satisfaisante, c’est
l’
honnêteté d’un écrivain que de se borner à déclarer son système person
2960
de toute réponse satisfaisante, c’est l’honnêteté
d’
un écrivain que de se borner à déclarer son système personnel de référ
2961
atisfaisante, c’est l’honnêteté d’un écrivain que
de
se borner à déclarer son système personnel de références. Ce que j’ap
2962
que de se borner à déclarer son système personnel
de
références. Ce que j’appelle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tend
2963
elle Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance
de
l’esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pur
2964
e Orient, dans cet ouvrage, c’est une tendance de
l’
esprit humain qui a trouvé du côté de l’Asie ses plus hautes et pures
2965
ndance de l’esprit humain qui a trouvé du côté de
l’
Asie ses plus hautes et pures expressions. J’entends parler d’une form
2966
lus hautes et pures expressions. J’entends parler
d’
une forme de mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et m
2967
t pures expressions. J’entends parler d’une forme
de
mystique à la fois dualiste dans sa vision du monde, et moniste dans
2968
et moniste dans son accomplissement. À quoi tend
l’
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à l’absorption de tous
2969
lissement. À quoi tend l’ascèse « orientale » ? À
la
négation du divers, à l’absorption de tous en Un, à la fusion totale
2970
ascèse « orientale » ? À la négation du divers, à
l’
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y
2971
ntale » ? À la négation du divers, à l’absorption
de
tous en Un, à la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de die
2972
gation du divers, à l’absorption de tous en Un, à
la
fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le
2973
absorption de tous en Un, à la fusion totale avec
le
dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Êtr
2974
la fusion totale avec le dieu, ou s’il n’y a pas
de
dieu, comme dans le bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Tout cela s
2975
ec le dieu, ou s’il n’y a pas de dieu, comme dans
le
bouddhisme, avec l’Être-Un universel. Tout cela suppose une Sagesse,
2976
n’y a pas de dieu, comme dans le bouddhisme, avec
l’
Être-Un universel. Tout cela suppose une Sagesse, une technique de l’i
2977
sel. Tout cela suppose une Sagesse, une technique
de
l’illumination progressive — les yogas par exemple — une montée de l’
2978
. Tout cela suppose une Sagesse, une technique de
l’
illumination progressive — les yogas par exemple — une montée de l’ind
2979
se, une technique de l’illumination progressive —
les
yogas par exemple — une montée de l’individu vers l’Unité, où il se p
2980
progressive — les yogas par exemple — une montée
de
l’individu vers l’Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale
2981
ogressive — les yogas par exemple — une montée de
l’
individu vers l’Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale »
2982
yogas par exemple — une montée de l’individu vers
l’
Unité, où il se perd. Et j’appellerai « occidentale » une conception r
2983
qu’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et
l’
homme, il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « un
2984
t l’homme, il existe un abîme essentiel, ou comme
le
dira Kierkegaard « une différence qualitative infinie ». Donc point d
2985
une différence qualitative infinie ». Donc point
de
fusion possible, ni d’union substantielle. Mais seulement une communi
2986
tive infinie ». Donc point de fusion possible, ni
d’
union substantielle. Mais seulement une communion, dont le modèle est
2987
substantielle. Mais seulement une communion, dont
le
modèle est dans le mariage de l’Église et de son Seigneur. Cela suppo
2988
seulement une communion, dont le modèle est dans
le
mariage de l’Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination
2989
une communion, dont le modèle est dans le mariage
de
l’Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou
2990
communion, dont le modèle est dans le mariage de
l’
Église et de son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou co
2991
dont le modèle est dans le mariage de l’Église et
de
son Seigneur. Cela suppose une illumination subite, ou conversion, un
2992
illumination subite, ou conversion, une descente
de
la Grâce venant de Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l
2993
lumination subite, ou conversion, une descente de
la
Grâce venant de Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on
2994
e, ou conversion, une descente de la Grâce venant
de
Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de p
2995
ersion, une descente de la Grâce venant de Dieu à
l’
homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de peine à dém
2996
Dieu à l’homme. Ces deux extrêmes ainsi marqués,
l’
on n’aura pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuse
2997
Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas
de
peine à démontrer qu’il existe en Orient de nombreuses tendances occi
2998
a pas de peine à démontrer qu’il existe en Orient
de
nombreuses tendances occidentales ; et l’inverse. (Mais je ne fais pa
2999
Orient de nombreuses tendances occidentales ; et
l’
inverse. (Mais je ne fais pas ici une histoire des religions.) ⁂ Maint
3000
gions.) ⁂ Maintenant, rappelons-nous qu’Éros veut
l’
union, c’est-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
3001
rappelons-nous qu’Éros veut l’union, c’est-à-dire
la
fusion essentielle de l’individu dans le dieu. L’individu distinct —
3002
veut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle
de
l’individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureu
3003
ut l’union, c’est-à-dire la fusion essentielle de
l’
individu dans le dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse
3004
t-à-dire la fusion essentielle de l’individu dans
le
dieu. L’individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever
3005
la fusion essentielle de l’individu dans le dieu.
L’
individu distinct — cette erreur douloureuse — doit s’élever jusqu’à s
3006
ouloureuse — doit s’élever jusqu’à se perdre dans
la
divine perfection. Que l’homme ne s’attache pas aux créatures, puisqu
3007
jusqu’à se perdre dans la divine perfection. Que
l’
homme ne s’attache pas aux créatures, puisqu’elles n’ont aucune excell
3008
ticulières, elles ne représentent que des défauts
de
l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amo
3009
ulières, elles ne représentent que des défauts de
l’
Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de l’Amour
3010
ue des défauts de l’Être. Nous n’avons donc point
de
prochain. Et l’exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, l
3011
e l’Être. Nous n’avons donc point de prochain. Et
l’
exaltation de l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène
3012
s n’avons donc point de prochain. Et l’exaltation
de
l’Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la
3013
’avons donc point de prochain. Et l’exaltation de
l’
Amour sera en même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de la vi
3014
ltation de l’Amour sera en même temps son ascèse,
la
voie qui mène au-delà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l
3015
n même temps son ascèse, la voie qui mène au-delà
de
la vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au
3016
ême temps son ascèse, la voie qui mène au-delà de
la
vie. Agapè au contraire ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-de
3017
elà de la vie. Agapè au contraire ne cherche pas
l’
union qui s’opérerait au-delà de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu
3018
re ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà
de
la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort
3019
ne cherche pas l’union qui s’opérerait au-delà de
la
vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur la terre. » Et ton sort se
3020
à de la vie. « Dieu est au ciel, et toi tu es sur
la
terre. » Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, m
3021
u es sur la terre. » Et ton sort se joue ici-bas.
Le
péché n’est pas d’être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autono
3022
» Et ton sort se joue ici-bas. Le péché n’est pas
d’
être né, mais d’avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne tro
3023
joue ici-bas. Le péché n’est pas d’être né, mais
d’
avoir perdu Dieu en devenant autonome. Or, nous ne trouverons pas Dieu
3024
e trouverons pas Dieu par une élévation indéfinie
de
notre désir. Nous aurons beau sublimer notre Éros, il ne sera jamais
3025
re Éros, il ne sera jamais que nous-mêmes ! Point
d’
illusions ni d’optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais
3026
sera jamais que nous-mêmes ! Point d’illusions ni
d’
optimisme humain, dans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est l
3027
s ! Point d’illusions ni d’optimisme humain, dans
le
christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait l
3028
ans le christianisme orthodoxe. Mais alors, c’est
le
désespoir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouve
3029
odoxe. Mais alors, c’est le désespoir ? Ce serait
le
désespoir, s’il n’y avait pas la Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle,
3030
poir ? Ce serait le désespoir, s’il n’y avait pas
la
Bonne Nouvelle ; et cette nouvelle, c’est que Dieu nous cherche. Et i
3031
béissant. Dieu nous cherche et nous a trouvés par
l’
amour de son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe his
3032
. Dieu nous cherche et nous a trouvés par l’amour
de
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est le signe historique
3033
vés par l’amour de son Fils abaissé jusqu’à nous.
L’
Incarnation est le signe historique d’une création renouvelée, où le c
3034
son Fils abaissé jusqu’à nous. L’Incarnation est
le
signe historique d’une création renouvelée, où le croyant se trouve r
3035
squ’à nous. L’Incarnation est le signe historique
d’
une création renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par l’acte
3036
le signe historique d’une création renouvelée, où
le
croyant se trouve réintégré par l’acte même de sa foi. Désormais, par
3037
renouvelée, où le croyant se trouve réintégré par
l’
acte même de sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire ré
3038
où le croyant se trouve réintégré par l’acte même
de
sa foi. Désormais, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’
3039
, pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié,
l’
homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plu
3040
homme qui ne vit plus pour lui seul. « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
3041
t ton prochain comme toi-même. » C’est ainsi dans
l’
amour du prochain que le chrétien se réalise et s’aime lui-même en vér
3042
-même. » C’est ainsi dans l’amour du prochain que
le
chrétien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
3043
ien se réalise et s’aime lui-même en vérité. Pour
l’
Agapè, point de fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amou
3044
et s’aime lui-même en vérité. Pour l’Agapè, point
de
fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’o
3045
-même en vérité. Pour l’Agapè, point de fusion ni
d’
exaltée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine d’une
3046
e fusion ni d’exaltée dissolution du moi en Dieu.
L’
Amour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’a
3047
tée dissolution du moi en Dieu. L’Amour divin est
l’
origine d’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communio
3048
ution du moi en Dieu. L’Amour divin est l’origine
d’
une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle la communion. Et pour
3049
mour divin est l’origine d’une vie nouvelle, dont
l’
acte créateur s’appelle la communion. Et pour qu’il y ait une communio
3050
’une vie nouvelle, dont l’acte créateur s’appelle
la
communion. Et pour qu’il y ait une communion réelle, il faut bien qu’
3051
présents l’un à l’autre : donc l’un pour l’autre
le
prochain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus
3052
l’autre : donc l’un pour l’autre le prochain. Si
l’
Agapè reconnaît seule le prochain, et l’aime non plus comme un prétext
3053
r l’autre le prochain. Si l’Agapè reconnaît seule
le
prochain, et l’aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel
3054
chain. Si l’Agapè reconnaît seule le prochain, et
l’
aime non plus comme un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans l
3055
un prétexte à s’exalter, mais tel qu’il est dans
la
réalité de sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de
3056
e à s’exalter, mais tel qu’il est dans la réalité
de
sa détresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain —
3057
s tel qu’il est dans la réalité de sa détresse et
de
son espérance ; et si l’Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en dr
3058
éalité de sa détresse et de son espérance ; et si
l’
Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en droit de conclure que cette
3059
tresse et de son espérance ; et si l’Éros n’a pas
de
prochain — n’est-on pas en droit de conclure que cette forme d’amour
3060
’Éros n’a pas de prochain — n’est-on pas en droit
de
conclure que cette forme d’amour nommée passion doit normalement se d
3061
n’est-on pas en droit de conclure que cette forme
d’
amour nommée passion doit normalement se développer au sein des peuple
3062
es peuples qui adorent Éros ? Et qu’au contraire,
les
peuples chrétiens — historiquement les peuples d’Occident — ne devrai
3063
contraire, les peuples chrétiens — historiquement
les
peuples d’Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout a
3064
es peuples chrétiens — historiquement les peuples
d’
Occident — ne devraient pas connaître la passion, ou tout au moins la
3065
s peuples d’Occident — ne devraient pas connaître
la
passion, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nou
3066
raient pas connaître la passion, ou tout au moins
la
traiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’e
3067
connaître la passion, ou tout au moins la traiter
d’
incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est l’invers
3068
on, ou tout au moins la traiter d’incroyance ? Or
l’
Histoire nous oblige à le constater : c’est l’inverse qui s’est réalis
3069
raiter d’incroyance ? Or l’Histoire nous oblige à
le
constater : c’est l’inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orie
3070
Or l’Histoire nous oblige à le constater : c’est
l’
inverse qui s’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient26, et dans la Grèc
3071
’est réalisé. Nous voyons qu’en Orient26, et dans
la
Grèce contemporaine de Platon, l’amour humain est très généralement c
3072
ns qu’en Orient26, et dans la Grèce contemporaine
de
Platon, l’amour humain est très généralement conçu comme le plaisir,
3073
ient26, et dans la Grèce contemporaine de Platon,
l’
amour humain est très généralement conçu comme le plaisir, la simple v
3074
l’amour humain est très généralement conçu comme
le
plaisir, la simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique
3075
ain est très généralement conçu comme le plaisir,
la
simple volupté physique. Et la passion — au sens tragique et douloure
3076
comme le plaisir, la simple volupté physique. Et
la
passion — au sens tragique et douloureux — non seulement y est rare,
3077
t rare, mais encore et surtout y est méprisée par
la
morale courante comme une maladie frénétique. « Aucuns pensent que c’
3078
ous voyons qu’en Occident, au xiie siècle, c’est
le
mariage qui est en butte au mépris, tandis que la passion est glorifi
3079
le mariage qui est en butte au mépris, tandis que
la
passion est glorifiée dans la mesure même où elle est déraisonnable,
3080
mépris, tandis que la passion est glorifiée dans
la
mesure même où elle est déraisonnable, où elle fait souffrir, où elle
3081
où elle exerce ses ravages aux dépens du monde et
de
soi. L’identification des éléments religieux dont nous avions décelé
3082
exerce ses ravages aux dépens du monde et de soi.
L’
identification des éléments religieux dont nous avions décelé la prése
3083
on des éléments religieux dont nous avions décelé
la
présence dans le mythe nous amène donc à constater une contradiction
3084
eligieux dont nous avions décelé la présence dans
le
mythe nous amène donc à constater une contradiction flagrante entre l
3085
onc à constater une contradiction flagrante entre
les
doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette co
3086
ne contradiction flagrante entre les doctrines et
les
mœurs. Serait-ce alors dans le fait même de cette contradiction flagr
3087
les doctrines et les mœurs. Serait-ce alors dans
le
fait même de cette contradiction flagrante que résiderait l’explicati
3088
s et les mœurs. Serait-ce alors dans le fait même
de
cette contradiction flagrante que résiderait l’explication du mythe ?
3089
e de cette contradiction flagrante que résiderait
l’
explication du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans les mœurs
3090
du mythe ? 5.Contrecoup du christianisme dans
les
mœurs occidentales Pour introduire plus de clarté dans ce dédale d
3091
ns les mœurs occidentales Pour introduire plus
de
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai le schéma suivant :
3092
clarté dans ce dédale dialectique, je proposerai
le
schéma suivant : doctrine application théorique réalisation
3093
rare et méprisée. Christianisme Communion (pas
d’
union essentielle). Amour du prochain. (Mariage heureux.) Conflits dou
3094
heureux.) Conflits douloureux, passion exaltée.
Le
principe d’explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme,
3095
nflits douloureux, passion exaltée. Le principe
d’
explication de ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de
3096
eux, passion exaltée. Le principe d’explication
de
ce tableau est assez simple. Le platonisme, au temps de Platon et dur
3097
ipe d’explication de ce tableau est assez simple.
Le
platonisme, au temps de Platon et durant les siècles suivants, ne fut
3098
mple. Le platonisme, au temps de Platon et durant
les
siècles suivants, ne fut jamais une doctrine populaire, mais une sage
3099
e ésotérique. Il en alla de même, plus tard, pour
les
mystères manichéens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi le c
3100
éens, et en partie pour ceux des Celtes. Sur quoi
le
christianisme triompha. La primitive Église fut une communauté de fai
3101
x des Celtes. Sur quoi le christianisme triompha.
La
primitive Église fut une communauté de faibles et de méprisés. Mais à
3102
triompha. La primitive Église fut une communauté
de
faibles et de méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereu
3103
primitive Église fut une communauté de faibles et
de
méprisés. Mais à partir de Constantin, puis des empereurs carolingien
3104
s empereurs carolingiens, ses doctrines devinrent
l’
apanage des princes et des classes dominantes, qui les imposèrent par
3105
panage des princes et des classes dominantes, qui
les
imposèrent par la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les
3106
et des classes dominantes, qui les imposèrent par
la
force à tous les peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances
3107
ominantes, qui les imposèrent par la force à tous
les
peuples d’Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulé
3108
ui les imposèrent par la force à tous les peuples
d’
Occident. Dès lors, les vieilles croyances païennes refoulées devinren
3109
la force à tous les peuples d’Occident. Dès lors,
les
vieilles croyances païennes refoulées devinrent le refuge et l’espéra
3110
s vieilles croyances païennes refoulées devinrent
le
refuge et l’espérance des tendances naturelles, non converties, et br
3111
oyances païennes refoulées devinrent le refuge et
l’
espérance des tendances naturelles, non converties, et brimées par la
3112
dances naturelles, non converties, et brimées par
la
loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’un
3113
, non converties, et brimées par la loi nouvelle.
Le
mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une signification u
3114
i nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour
les
Anciens qu’une signification utilitaire, et limitée. Les coutumes per
3115
iens qu’une signification utilitaire, et limitée.
Les
coutumes permettaient le concubinat27. Tandis que le mariage chrétien
3116
utilitaire, et limitée. Les coutumes permettaient
le
concubinat27. Tandis que le mariage chrétien, en devenant un sacremen
3117
coutumes permettaient le concubinat27. Tandis que
le
mariage chrétien, en devenant un sacrement, imposait une fidélité ins
3118
sacrement, imposait une fidélité insupportable à
l’
homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré l
3119
délité insupportable à l’homme naturel. Supposons
le
cas du converti par force. Engagé malgré lui dans un cadre chrétien,
3120
ui dans un cadre chrétien, mais privé des secours
d’
une foi réelle, un tel homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalt
3121
homme, fatalement, devait sentir en lui s’exalter
la
révolte du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
3122
du sang barbare. Il était prêt à accueillir, sous
le
couvert de formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques
3123
bare. Il était prêt à accueillir, sous le couvert
de
formes catholiques, toutes les reviviscences des mystiques païennes c
3124
ir, sous le couvert de formes catholiques, toutes
les
reviviscences des mystiques païennes capables de le « libérer ». C’es
3125
les reviviscences des mystiques païennes capables
de
le « libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avo
3126
reviviscences des mystiques païennes capables de
le
« libérer ». C’est ainsi que les doctrines secrètes, dont nous avons
3127
ennes capables de le « libérer ». C’est ainsi que
les
doctrines secrètes, dont nous avons rappelé la parenté, ne devinrent
3128
e les doctrines secrètes, dont nous avons rappelé
la
parenté, ne devinrent largement vivantes en Occident que dans les siè
3129
devinrent largement vivantes en Occident que dans
les
siècles où elles se virent condamnées par le christianisme officiel.
3130
ans les siècles où elles se virent condamnées par
le
christianisme officiel. Et c’est ainsi que l’amour-passion, forme ter
3131
par le christianisme officiel. Et c’est ainsi que
l’
amour-passion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit la psyché d
3132
nsi que l’amour-passion, forme terrestre du culte
de
l’Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du m
3133
que l’amour-passion, forme terrestre du culte de
l’
Éros, envahit la psyché des élites mal converties et souffrant du mari
3134
sion, forme terrestre du culte de l’Éros, envahit
la
psyché des élites mal converties et souffrant du mariage. Mais cette
3135
ette ferveur renouvelée pour un dieu condamné par
l’
Église ne pouvait s’avouer au grand jour. Elle revêtit des formes ésot
3136
rmes ésotériques, se déguisa en hérésies secrètes
d’
apparences plus ou moins orthodoxes. Ces hérésies se propagèrent très
3137
. Ces hérésies se propagèrent très rapidement dès
le
début du xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans le clergé,
3138
xiie siècle. Elles s’insinuèrent d’une part dans
le
clergé, où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de la manièr
3139
s’insinuèrent d’une part dans le clergé, où nous
les
retrouverons un peu plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
3140
où nous les retrouverons un peu plus tard mêlées
de
la manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre
3141
nous les retrouverons un peu plus tard mêlées de
la
manière la plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre pa
3142
etrouverons un peu plus tard mêlées de la manière
la
plus complexe à la grande renaissance mystique. D’autre part, elles t
3143
plus tard mêlées de la manière la plus complexe à
la
grande renaissance mystique. D’autre part, elles trouvaient des compl
3144
elles trouvaient des complaisances profondes dans
la
mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt la société féodale. Ce
3145
la mentalité du siècle. Elles pénétrèrent bientôt
la
société féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et la
3146
été féodale. Celle-ci ne connaissait pas toujours
l’
origine et la portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode
3147
Celle-ci ne connaissait pas toujours l’origine et
la
portée mystique de valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle a
3148
sait pas toujours l’origine et la portée mystique
de
valeurs qu’elle prenait pour une mode et qu’elle accommodait à ses pl
3149
laisirs. Elle ne devait pas tarder à matérialiser
les
préceptes d’une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par
3150
ne devait pas tarder à matérialiser les préceptes
d’
une religion qui pourtant s’opposait au christianisme par son refus de
3151
ourtant s’opposait au christianisme par son refus
de
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul
3152
tant s’opposait au christianisme par son refus de
l’
Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul ex
3153
l’Incarnation, précisément ! Je ne donnerai pour
l’
instant qu’un seul exemple de ce processus si typiquement occidental,
3154
Je ne donnerai pour l’instant qu’un seul exemple
de
ce processus si typiquement occidental, et qui consiste à garder le s
3155
typiquement occidental, et qui consiste à garder
le
signe matériel d’une religion dont on trahit l’esprit. Platon liait l
3156
ental, et qui consiste à garder le signe matériel
d’
une religion dont on trahit l’esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté
3157
r le signe matériel d’une religion dont on trahit
l’
esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entenda
3158
ne religion dont on trahit l’esprit. Platon liait
l’
Amour à la Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’e
3159
n dont on trahit l’esprit. Platon liait l’Amour à
la
Beauté. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence int
3160
l’esprit. Platon liait l’Amour à la Beauté. Mais
la
Beauté qu’il entendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de l
3161
. Mais la Beauté qu’il entendait, c’était d’abord
l’
essence intellectuelle de la perfection incréée : l’idée même de toute
3162
tendait, c’était d’abord l’essence intellectuelle
de
la perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est deven
3163
dait, c’était d’abord l’essence intellectuelle de
la
perfection incréée : l’idée même de toute excellence. Qu’est devenue
3164
essence intellectuelle de la perfection incréée :
l’
idée même de toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nou
3165
llectuelle de la perfection incréée : l’idée même
de
toute excellence. Qu’est devenue cette doctrine parmi nous ? « Person
3166
ne saurait dire jusqu’à quelles couches profondes
de
l’humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’h
3167
saurait dire jusqu’à quelles couches profondes de
l’
humanité d’Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homm
3168
e jusqu’à quelles couches profondes de l’humanité
d’
Occident ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme le plus s
3169
es profondes de l’humanité d’Occident ont pénétré
les
conceptions platoniciennes. L’homme le plus simple use couramment d’e
3170
ident ont pénétré les conceptions platoniciennes.
L’
homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui re
3171
t pénétré les conceptions platoniciennes. L’homme
le
plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remontent
3172
oniciennes. L’homme le plus simple use couramment
d’
expressions et de notions qui remontent à Platon28. » Mais il en abuse
3173
me le plus simple use couramment d’expressions et
de
notions qui remontent à Platon28. » Mais il en abuse dans le sens où
3174
qui remontent à Platon28. » Mais il en abuse dans
le
sens où l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonis
3175
nt à Platon28. » Mais il en abuse dans le sens où
l’
incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que le platonisme vulgaire
3176
s il en abuse dans le sens où l’incline sa nature
d’
Occidental. C’est ainsi que le platonisme vulgaire nous a conduits à u
3177
l’incline sa nature d’Occidental. C’est ainsi que
le
platonisme vulgaire nous a conduits à une terrible confusion : à cett
3178
duits à une terrible confusion : à cette idée que
l’
amour dépend avant tout de la beauté physique — alors qu’en fait cette
3179
sion : à cette idée que l’amour dépend avant tout
de
la beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’a
3180
n : à cette idée que l’amour dépend avant tout de
la
beauté physique — alors qu’en fait cette beauté même n’est que l’attr
3181
ue — alors qu’en fait cette beauté même n’est que
l’
attribut conféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérie
3182
ette beauté même n’est que l’attribut conféré par
l’
amant à l’objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre
3183
é même n’est que l’attribut conféré par l’amant à
l’
objet de son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
3184
’est que l’attribut conféré par l’amant à l’objet
de
son choix d’amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour
3185
tribut conféré par l’amant à l’objet de son choix
d’
amour. L’expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son
3186
nféré par l’amant à l’objet de son choix d’amour.
L’
expérience quotidienne montre bien que « l’amour embellit son objet »,
3187
amour. L’expérience quotidienne montre bien que «
l’
amour embellit son objet », et que la beauté « officielle » n’est pas
3188
e bien que « l’amour embellit son objet », et que
la
beauté « officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais le platonis
3189
et que la beauté « officielle » n’est pas un gage
d’
être aimé. Mais le platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend ave
3190
officielle » n’est pas un gage d’être aimé. Mais
le
platonisme dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
3191
e dégénéré, qui nous obsède, nous rend aveugles à
la
réalité de l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la ren
3192
qui nous obsède, nous rend aveugles à la réalité
de
l’objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimab
3193
i nous obsède, nous rend aveugles à la réalité de
l’
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous la rend peu aimable.
3194
objet tel qu’il est dans sa vérité — ou bien nous
la
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite de chimères qui n’e
3195
bien nous la rend peu aimable. Et il nous jette à
la
poursuite de chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vi
3196
rend peu aimable. Et il nous jette à la poursuite
de
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore, d’où vient ce succès
3197
chimères qui n’existent qu’en nous. Mais encore,
d’
où vient ce succès et cette permanence invincible de l’erreur héritée
3198
où vient ce succès et cette permanence invincible
de
l’erreur héritée d’un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans
3199
vient ce succès et cette permanence invincible de
l’
erreur héritée d’un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le
3200
t cette permanence invincible de l’erreur héritée
d’
un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homm
3201
un Platon mal compris ? C’est qu’elle trouve dans
le
cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obs
3202
n mal compris ? C’est qu’elle trouve dans le cœur
de
tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures co
3203
ouve dans le cœur de tout homme — et spécialement
de
tout Occidental — de très obscures complicités. Souvenons-nous du cul
3204
tout homme — et spécialement de tout Occidental —
de
très obscures complicités. Souvenons-nous du culte druidique pour la
3205
mplicités. Souvenons-nous du culte druidique pour
la
Femme, être prophétique, « éternel féminin », « but de l’homme ». Les
3206
mme, être prophétique, « éternel féminin », « but
de
l’homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan div
3207
, être prophétique, « éternel féminin », « but de
l’
homme ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin,
3208
hétique, « éternel féminin », « but de l’homme ».
Les
Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin, à lui donne
3209
. Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser
l’
élan divin, à lui donner un support corporel. Mais il y a plus, nous l
3210
onner un support corporel. Mais il y a plus, nous
le
savons depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dan
3211
. Mais il y a plus, nous le savons depuis Freud :
le
« type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assim
3212
y a plus, nous le savons depuis Freud : le « type
de
femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’inst
3213
haque homme porte dans son cœur et qu’il assimile
d’
instinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la
3214
orte dans son cœur et qu’il assimile d’instinct à
la
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé »
3215
cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition
de
la beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoi
3216
r et qu’il assimile d’instinct à la définition de
la
beauté, n’est-ce pas le souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire
3217
stinct à la définition de la beauté, n’est-ce pas
le
souvenir de la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles so
3218
définition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir
de
la mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les
3219
inition de la beauté, n’est-ce pas le souvenir de
la
mère « fixé » dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les cau
3220
» dans sa mémoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien
les
causes de la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entr
3221
émoire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes
de
la curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doct
3222
ire secrète ? ⁂ Si telles sont bien les causes de
la
curieuse contradiction qui apparaît au xiie siècle entre les doctrin
3223
contradiction qui apparaît au xiie siècle entre
les
doctrines et les mœurs, une première conclusion peut être formulée dè
3224
i apparaît au xiie siècle entre les doctrines et
les
mœurs, une première conclusion peut être formulée dès à présent : L’a
3225
ère conclusion peut être formulée dès à présent :
L’
amour-passion est apparu en Occident comme l’un des contrecoups du chr
3226
des contrecoups du christianisme (et spécialement
de
sa doctrine du mariage) dans les âmes où vivait encore un paganisme n
3227
(et spécialement de sa doctrine du mariage) dans
les
âmes où vivait encore un paganisme naturel ou hérité. Mais tout cela
3228
que et contestable si nous n’étions pas en mesure
de
retracer les voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Ér
3229
stable si nous n’étions pas en mesure de retracer
les
voies et moyens historiques de cette renaissance de l’Éros. Or nous a
3230
esure de retracer les voies et moyens historiques
de
cette renaissance de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers l
3231
voies et moyens historiques de cette renaissance
de
l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le début du xiie sièc
3232
ies et moyens historiques de cette renaissance de
l’
Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers le début du xiie siècle.
3233
de l’Éros. Or nous avons déjà fixé sa date : vers
le
début du xiie siècle. (Date de naissance de l’amour-passion !)29 Et
3234
xé sa date : vers le début du xiie siècle. (Date
de
naissance de l’amour-passion !)29 Et nous allons montrer qu’elle port
3235
vers le début du xiie siècle. (Date de naissance
de
l’amour-passion !)29 Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par
3236
s le début du xiie siècle. (Date de naissance de
l’
amour-passion !)29 Et nous allons montrer qu’elle porte un nom par ail
3237
er qu’elle porte un nom par ailleurs bien connu :
la
cortezia, l’amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et ca
3238
rte un nom par ailleurs bien connu : la cortezia,
l’
amour courtois. 6.L’amour courtois : troubadours et cathares Que
3239
r courtois : troubadours et cathares Que toute
la
poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie si
3240
ares Que toute la poésie européenne soit issue
de
la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne
3241
s Que toute la poésie européenne soit issue de
la
poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne sau
3242
ont personne ne saurait plus douter. « Oui, entre
les
xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagno
3243
s douter. « Oui, entre les xie et xiie siècles,
la
poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande,
3244
« Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie
d’
où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande, sicilienn
3245
ait au préalable languedocienne, c’est-à-dire que
le
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu de parler — et de l
3246
poète, ne pouvant être que troubadour, était tenu
de
parler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du trou
3247
nt être que troubadour, était tenu de parler — et
de
l’apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a
3248
être que troubadour, était tenu de parler — et de
l’
apprendre s’il ne le savait pas — le langage du troubadour, qui n’a ja
3249
était tenu de parler — et de l’apprendre s’il ne
le
savait pas — le langage du troubadour, qui n’a jamais été que le prov
3250
arler — et de l’apprendre s’il ne le savait pas —
le
langage du troubadour, qui n’a jamais été que le provençal30. » Qu’es
3251
le langage du troubadour, qui n’a jamais été que
le
provençal30. » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
3252
’a jamais été que le provençal30. » Qu’est-ce que
la
poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y
3253
al30. » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ?
L’
exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occ
3254
t-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation
de
l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la l
3255
e que la poésie des troubadours ? L’exaltation de
l’
amour malheureux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et la lyri
3256
tion de l’amour malheureux. « Il n’y a dans toute
la
lyrique occitane et la lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème
3257
eux. « Il n’y a dans toute la lyrique occitane et
la
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas l’a
3258
lyrique pétrarquesque et dantesque qu’un thème :
l’
amour ; et pas l’amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne p
3259
esque et dantesque qu’un thème : l’amour ; et pas
l’
amour heureux, comblé ou satisfait (ce spectacle ne peut rien engendre
3260
satisfait (ce spectacle ne peut rien engendrer),
l’
amour perpétuellement insatisfait au contraire ; enfin, que deux perso
3261
fait au contraire ; enfin, que deux personnages :
le
poète qui, huit-cents, neuf-cents, mille fois réédite sa plainte, et
3262
a plainte, et une belle qui toujours dit non31. »
L’
Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seul
3263
qui toujours dit non31. » L’Europe n’a pas connu
de
poésie plus profondément rhétorique : non seulement dans ses formes v
3264
que celle-ci prend sa source dans un système fixe
de
lois, qui seront codifiées sous le nom de leys d’amors. Mais il faut
3265
n système fixe de lois, qui seront codifiées sous
le
nom de leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne
3266
me fixe de lois, qui seront codifiées sous le nom
de
leys d’amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut pl
3267
de lois, qui seront codifiées sous le nom de leys
d’
amors. Mais il faut dire aussi que jamais rhétorique ne fut plus exalt
3268
s exaltante et fervente. Ce qu’elle exalte, c’est
l’
amour hors du mariage, car le mariage ne signifie que l’union des corp
3269
u’elle exalte, c’est l’amour hors du mariage, car
le
mariage ne signifie que l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui
3270
r hors du mariage, car le mariage ne signifie que
l’
union des corps, tandis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’
3271
age ne signifie que l’union des corps, tandis que
l’
« Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’uni
3272
l’union des corps, tandis que l’« Amor », qui est
l’
Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-del
3273
andis que l’« Amor », qui est l’Éros suprême, est
l’
élancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour poss
3274
Amor », qui est l’Éros suprême, est l’élancement
de
l’âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette
3275
or », qui est l’Éros suprême, est l’élancement de
l’
âme vers l’union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vi
3276
st l’Éros suprême, est l’élancement de l’âme vers
l’
union lumineuse, au-delà de tout amour possible en cette vie. Voilà po
3277
ancement de l’âme vers l’union lumineuse, au-delà
de
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la c
3278
tout amour possible en cette vie. Voilà pourquoi
l’
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chaste
3279
ible en cette vie. Voilà pourquoi l’Amour suppose
la
chasteté. E d’amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le tr
3280
ie. Voilà pourquoi l’Amour suppose la chasteté. E
d’
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante le troubadour toulou
3281
Amour suppose la chasteté. E d’amor mou castitaz (
d’
amour vient chasteté) chante le troubadour toulousain Guilhem Montanha
3282
amor mou castitaz (d’amour vient chasteté) chante
le
troubadour toulousain Guilhem Montanhagol. L’amour suppose aussi un r
3283
nte le troubadour toulousain Guilhem Montanhagol.
L’
amour suppose aussi un rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureu
3284
em Montanhagol. L’amour suppose aussi un rituel :
le
domnei ou donnoi, vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par la
3285
rituel : le domnei ou donnoi, vasselage amoureux.
Le
poète a gagné sa dame par la beauté de son hommage musical. Il lui ju
3286
vasselage amoureux. Le poète a gagné sa dame par
la
beauté de son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fid
3287
amoureux. Le poète a gagné sa dame par la beauté
de
son hommage musical. Il lui jure à genoux une éternelle fidélité, com
3288
le fidélité, comme on fait à un suzerain. En gage
d’
amour, la dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoign
3289
té, comme on fait à un suzerain. En gage d’amour,
la
dame donnait à son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait de se
3290
ur, la dame donnait à son paladin-poète un anneau
d’
or, lui enjoignait de se lever, et lui déposait un baiser sur le front
3291
son paladin-poète un anneau d’or, lui enjoignait
de
se lever, et lui déposait un baiser sur le front. Désormais, ces aman
3292
ignait de se lever, et lui déposait un baiser sur
le
front. Désormais, ces amants seront liés par les lois de la cortezia
3293
r le front. Désormais, ces amants seront liés par
les
lois de la cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est
3294
t. Désormais, ces amants seront liés par les lois
de
la cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tou
3295
Désormais, ces amants seront liés par les lois de
la
cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tout à
3296
amants seront liés par les lois de la cortezia :
le
secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme
3297
ont liés par les lois de la cortezia : le secret,
la
patience, et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de la chas
3298
lois de la cortezia : le secret, la patience, et
la
mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de la chasteté, nous le ve
3299
et la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme
de
la chasteté, nous le verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout,
3300
la mesure, qui n’est pas tout à fait synonyme de
la
chasteté, nous le verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout, l’h
3301
est pas tout à fait synonyme de la chasteté, nous
le
verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout, l’homme sera le serva
3302
nyme de la chasteté, nous le verrons, mais plutôt
de
la retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de la femme. D’où vie
3303
e de la chasteté, nous le verrons, mais plutôt de
la
retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de la femme. D’où vient
3304
e verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout,
l’
homme sera le servant de la femme. D’où vient cette conception nouvell
3305
is plutôt de la retenue… Et surtout, l’homme sera
le
servant de la femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour
3306
e la retenue… Et surtout, l’homme sera le servant
de
la femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuel
3307
a retenue… Et surtout, l’homme sera le servant de
la
femme. D’où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellem
3308
Et surtout, l’homme sera le servant de la femme.
D’
où vient cette conception nouvelle de l’amour « perpétuellement insati
3309
de la femme. D’où vient cette conception nouvelle
de
l’amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiast
3310
la femme. D’où vient cette conception nouvelle de
l’
amour « perpétuellement insatisfait », et cette louange enthousiaste e
3311
ait », et cette louange enthousiaste et plaintive
d’
« une belle qui toujours dit non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme q
3312
aintive d’« une belle qui toujours dit non » ? Et
d’
où vient ce savant lyrisme qui tout d’un coup se trouve là pour tradui
3313
non » ? Et d’où vient ce savant lyrisme qui tout
d’
un coup se trouve là pour traduire la passion nouvelle ? On ne saurait
3314
sme qui tout d’un coup se trouve là pour traduire
la
passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner le caractère miracule
3315
a passion nouvelle ? On ne saurait trop souligner
le
caractère miraculeux de cette double naissance, si rapide : en l’espa
3316
ne saurait trop souligner le caractère miraculeux
de
cette double naissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine d’ann
3317
aculeux de cette double naissance, si rapide : en
l’
espace d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme en
3318
e cette double naissance, si rapide : en l’espace
d’
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de la femme entièrement
3319
aissance, si rapide : en l’espace d’une vingtaine
d’
années, naissance d’une vision de la femme entièrement contraire aux m
3320
: en l’espace d’une vingtaine d’années, naissance
d’
une vision de la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles
3321
d’une vingtaine d’années, naissance d’une vision
de
la femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — la femme s
3322
une vingtaine d’années, naissance d’une vision de
la
femme entièrement contraire aux mœurs traditionnelles — la femme se v
3323
entièrement contraire aux mœurs traditionnelles —
la
femme se voit élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient l’idéal
3324
aditionnelles — la femme se voit élevée au-dessus
de
l’homme, dont elle devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une p
3325
tionnelles — la femme se voit élevée au-dessus de
l’
homme, dont elle devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une poés
3326
it élevée au-dessus de l’homme, dont elle devient
l’
idéal nostalgique — et naissance d’une poésie à formes fixes, très com
3327
t elle devient l’idéal nostalgique — et naissance
d’
une poésie à formes fixes, très compliquées et raffinées, sans précéde
3328
mpliquées et raffinées, sans précédent dans toute
l’
Antiquité ni dans les quelques siècles de culture romane qui succèdent
3329
es, sans précédent dans toute l’Antiquité ni dans
les
quelques siècles de culture romane qui succèdent à la renaissance car
3330
ns toute l’Antiquité ni dans les quelques siècles
de
culture romane qui succèdent à la renaissance carolingienne. Ou bien
3331
uelques siècles de culture romane qui succèdent à
la
renaissance carolingienne. Ou bien tout cela « tombe du ciel », c’est
3332
tout cela « tombe du ciel », c’est-à-dire jaillit
d’
une inspiration subite et collective — mais encore faudrait-il expliqu
3333
els lieux bien définis ; ou bien tout cela relève
d’
une cause historique précise — mais alors il s’agit de savoir pour que
3334
e cause historique précise — mais alors il s’agit
de
savoir pour quelles raisons elle est demeurée obscure jusqu’à nos jou
3335
urs. Ce qui est curieux au plus haut point, c’est
l’
embarras des romanistes les plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reco
3336
plus haut point, c’est l’embarras des romanistes
les
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître la question, et la
3337
plus sérieux lorsqu’ils en viennent à reconnaître
la
question, et la facilité avec laquelle ils décident de n’y point répo
3338
squ’ils en viennent à reconnaître la question, et
la
facilité avec laquelle ils décident de n’y point répondre. Tout le mo
3339
estion, et la facilité avec laquelle ils décident
de
n’y point répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie pro
3340
int répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que
la
poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « l
3341
nde admet aujourd’hui que la poésie provençale et
les
conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par le
3342
d’hui que la poésie provençale et les conceptions
de
l’amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où
3343
ui que la poésie provençale et les conceptions de
l’
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par les conditions où el
3344
amour qu’elle illustre, « loin de s’expliquer par
les
conditions où elle naquit, semble en contradiction absolue avec ces c
3345
». « Il est évident qu’elle ne reflète aucunement
la
réalité, la condition de la femme n’ayant pas été, dans les instituti
3346
évident qu’elle ne reflète aucunement la réalité,
la
condition de la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales
3347
le ne reflète aucunement la réalité, la condition
de
la femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moi
3348
ne reflète aucunement la réalité, la condition de
la
femme n’ayant pas été, dans les institutions féodales du Midi, moins
3349
é, la condition de la femme n’ayant pas été, dans
les
institutions féodales du Midi, moins humble et dépendante que dans ce
3350
u Nord. » Or, s’il est à ce point « évident » que
les
troubadours ne tiraient rien de la réalité sociale, il paraît non moi
3351
« évident » que les troubadours ne tiraient rien
de
la réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception d
3352
évident » que les troubadours ne tiraient rien de
la
réalité sociale, il paraît non moins évident que leur conception de l
3353
, il paraît non moins évident que leur conception
de
l’amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même q
3354
l paraît non moins évident que leur conception de
l’
amour venait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ? La même ques
3355
nait d’ailleurs. Quel pouvait être cet ailleurs ?
La
même question se pose pour leur art, j’entends pour leur technique po
3356
», écrit M. Jeanroy (quitte à reprocher à chacun
de
ces poètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce d’originalité
3357
te à reprocher à chacun de ces poètes pris à part
de
n’avoir montré aucune espèce d’originalité et de s’être borné à raffi
3358
oètes pris à part de n’avoir montré aucune espèce
d’
originalité et de s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieu
3359
de n’avoir montré aucune espèce d’originalité et
de
s’être borné à raffiner des formes fixes et des lieux communs : mais
3360
encore fallait-il que l’un d’entre eux, au moins,
les
eût créés !) Or dès qu’un historien se risque à formuler une hypothès
3361
historien se risque à formuler une hypothèse sur
l’
origine de la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des p
3362
se risque à formuler une hypothèse sur l’origine
de
la rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres
3363
risque à formuler une hypothèse sur l’origine de
la
rhétorique courtoise, les spécialistes l’accablent des plus aigres ir
3364
pothèse sur l’origine de la rhétorique courtoise,
les
spécialistes l’accablent des plus aigres ironies, en France surtout.
3365
gine de la rhétorique courtoise, les spécialistes
l’
accablent des plus aigres ironies, en France surtout. Sismondi faisait
3366
nce surtout. Sismondi faisait remonter aux Arabes
le
mysticisme du sentiment : on écarte dédaigneusement « cette énormité3
3367
tte énormité33 ». Diez a montré des ressemblances
de
forme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et la lyrique proven
3368
ressemblances de forme (rythmes et coupes) entre
la
lyrique arabe et la lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous d
3369
rme (rythmes et coupes) entre la lyrique arabe et
la
lyrique provençale : ce n’est pas sérieux, nous dit-on. Brinkmann et
3370
ous dit-on. Brinkmann et d’autres ont supposé que
la
poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles
3371
les : tout compte fait, cela ne se tient pas, car
les
troubadours, paraît-il, avaient trop peu de culture pour connaître ce
3372
peu de culture pour connaître cette poésie. Ainsi
de
chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants paraissant consi
3373
cette poésie. Ainsi de chaque réponse proposée :
le
« sérieux » des savants paraissant consister surtout dans une propens
3374
consister surtout dans une propension à qualifier
d’
énormité ou de fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phéno
3375
out dans une propension à qualifier d’énormité ou
de
fantaisie tout ce qui menace de donner un sens au phénomène qu’ils pa
3376
ier d’énormité ou de fantaisie tout ce qui menace
de
donner un sens au phénomène qu’ils passent leur vie à étudier. Il est
3377
eux34, a cru pouvoir tout éclaircir en décelant à
l’
origine de la lyrique provençale des influences religieuses, néo-plato
3378
ru pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine
de
la lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes
3379
pouvoir tout éclaircir en décelant à l’origine de
la
lyrique provençale des influences religieuses, néo-platoniciennes et
3380
ations hardies » ont aussitôt dressé contre elles
l’
ensemble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire »
3381
ies » ont aussitôt dressé contre elles l’ensemble
de
nos érudits. Wechssler s’est vu traiter de « doctrinaire » — suprême
3382
semble de nos érudits. Wechssler s’est vu traiter
de
« doctrinaire » — suprême injure — et plusieurs ont insinué que la qu
3383
» — suprême injure — et plusieurs ont insinué que
la
qualité d’Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un syst
3384
injure — et plusieurs ont insinué que la qualité
d’
Allemand de ce professeur les dispensait de réfuter un système incompa
3385
t plusieurs ont insinué que la qualité d’Allemand
de
ce professeur les dispensait de réfuter un système incompatible avec
3386
nsinué que la qualité d’Allemand de ce professeur
les
dispensait de réfuter un système incompatible avec le clair génie de
3387
ualité d’Allemand de ce professeur les dispensait
de
réfuter un système incompatible avec le clair génie de notre race. Il
3388
ispensait de réfuter un système incompatible avec
le
clair génie de notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étra
3389
futer un système incompatible avec le clair génie
de
notre race. Il reste donc d’une part un phénomène étrange, et d’autre
3390
d’une part un phénomène étrange, et d’autre part,
de
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend l’expliquer. « Il es
3391
ge, et d’autre part, de fort savantes réfutations
de
tout ce qui prétend l’expliquer. « Il est également impossible — écri
3392
fort savantes réfutations de tout ce qui prétend
l’
expliquer. « Il est également impossible — écrit un de nos professeurs
3393
pliquer. « Il est également impossible — écrit un
de
nos professeurs — de voir dans ces chansons d’amour, qui forment les
3394
lement impossible — écrit un de nos professeurs —
de
voir dans ces chansons d’amour, qui forment les trois quarts de la po
3395
un de nos professeurs — de voir dans ces chansons
d’
amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image
3396
— de voir dans ces chansons d’amour, qui forment
les
trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité
3397
es chansons d’amour, qui forment les trois quarts
de
la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemb
3398
chansons d’amour, qui forment les trois quarts de
la
poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblag
3399
quarts de la poésie provençale, une image fidèle
de
la réalité et un pur assemblage de formules vides de sens ». Certes.
3400
arts de la poésie provençale, une image fidèle de
la
réalité et un pur assemblage de formules vides de sens ». Certes. Mai
3401
e image fidèle de la réalité et un pur assemblage
de
formules vides de sens ». Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu
3402
la réalité et un pur assemblage de formules vides
de
sens ». Certes. Mais là-dessus, l’auteur annonce qu’« en historien sc
3403
formules vides de sens ». Certes. Mais là-dessus,
l’
auteur annonce qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien de se
3404
qu’« en historien scrupuleux », il se garde bien
de
se prononcer. Ce qui revient à dire que la lyrique courtoise dont il
3405
e bien de se prononcer. Ce qui revient à dire que
la
lyrique courtoise dont il s’occupe reste à ses yeux et jusqu’à plus a
3406
eux et jusqu’à plus ample informé « un assemblage
de
formules vides de sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un
3407
s ample informé « un assemblage de formules vides
de
sens ». Excellent « matériel » il est vrai, pour un philologue qui se
3408
ue qui se respecte et n’entend pas « solliciter »
les
textes, fût-ce par le moindre essai de les comprendre. Je ne saurais
3409
’entend pas « solliciter » les textes, fût-ce par
le
moindre essai de les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma
3410
liciter » les textes, fût-ce par le moindre essai
de
les comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypot
3411
iter » les textes, fût-ce par le moindre essai de
les
comprendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part, d’une hypothèse
3412
rendre. Je ne saurais me contenter, pour ma part,
d’
une hypothèse à tel point scrupuleuse. Je me refuse à supposer un seul
3413
euse. Je me refuse à supposer un seul instant que
les
troubadours furent des faibles d’esprit, tout juste bons à répéter sa
3414
ul instant que les troubadours furent des faibles
d’
esprit, tout juste bons à répéter sans se lasser des formules apprises
3415
où. Et je me demande, après Aroux et Péladan, si
le
secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plu
3416
me demande, après Aroux et Péladan, si le secret
de
toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’e
3417
ie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près
d’
elle qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où
3418
s être cherché beaucoup plus près d’elle qu’on ne
l’
a fait — tout près : sur place, dans le milieu même où elle est née. E
3419
e qu’on ne l’a fait — tout près : sur place, dans
le
milieu même où elle est née. Et non pas dans le milieu purement « soc
3420
s le milieu même où elle est née. Et non pas dans
le
milieu purement « social » au sens moderne, mais bien dans l’atmosphè
3421
rement « social » au sens moderne, mais bien dans
l’
atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer les formes, même soci
3422
’atmosphère religieuse qui se trouvait déterminer
les
formes, même sociales, de ce milieu35. Partant de là, constatons qu’u
3423
se trouvait déterminer les formes, même sociales,
de
ce milieu35. Partant de là, constatons qu’un grand fait historique do
3424
es formes, même sociales, de ce milieu35. Partant
de
là, constatons qu’un grand fait historique domine le xiie siècle pro
3425
là, constatons qu’un grand fait historique domine
le
xiie siècle provençal : Dans le même temps que le lyrisme du domnei,
3426
istorique domine le xiie siècle provençal : Dans
le
même temps que le lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces — La
3427
e xiie siècle provençal : Dans le même temps que
le
lyrisme du domnei, et dans les mêmes provinces — Languedoc, Poitou, R
3428
s le même temps que le lyrisme du domnei, et dans
les
mêmes provinces — Languedoc, Poitou, Rhénanie, Catalogne — une hérési
3429
, Catalogne — une hérésie puissante se répandait.
L’
on a pu dire de la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église u
3430
ne hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire
de
la religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi g
3431
hérésie puissante se répandait. L’on a pu dire de
la
religion cathare qu’elle représenta pour l’Église un péril aussi grav
3432
re de la religion cathare qu’elle représenta pour
l’
Église un péril aussi grave que celui de l’arianisme. Certains ne vont
3433
enta pour l’Église un péril aussi grave que celui
de
l’arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit e
3434
a pour l’Église un péril aussi grave que celui de
l’
arianisme. Certains ne vont-ils pas jusqu’à prétendre qu’elle fit en O
3435
’à prétendre qu’elle fit en Occident des millions
de
fidèles secrets, malgré la très sanglante croisade des albigeois, au
3436
Occident des millions de fidèles secrets, malgré
la
très sanglante croisade des albigeois, au xiiie siècle et jusqu’à la
3437
oisade des albigeois, au xiiie siècle et jusqu’à
la
Réforme ? L’on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie les se
3438
bigeois, au xiiie siècle et jusqu’à la Réforme ?
L’
on peut attribuer pour origine précise à l’hérésie les sectes néo-mani
3439
orme ? L’on peut attribuer pour origine précise à
l’
hérésie les sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et les églises bogo
3440
n peut attribuer pour origine précise à l’hérésie
les
sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et les églises bogomiles de Da
3441
e précise à l’hérésie les sectes néo-manichéennes
d’
Asie Mineure et les églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie. Les
3442
sie les sectes néo-manichéennes d’Asie Mineure et
les
églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie. Les « purs » ou cathare
3443
ichéennes d’Asie Mineure et les églises bogomiles
de
Dalmatie et de Bulgarie. Les « purs » ou cathares36 se rattachaient a
3444
e Mineure et les églises bogomiles de Dalmatie et
de
Bulgarie. Les « purs » ou cathares36 se rattachaient aux grands coura
3445
les églises bogomiles de Dalmatie et de Bulgarie.
Les
« purs » ou cathares36 se rattachaient aux grands courants gnostiques
3446
ersent le premier millénaire du christianisme. Et
l’
on sait assez que la Gnose, de même que les doctrines de Mani ou Manès
3447
llénaire du christianisme. Et l’on sait assez que
la
Gnose, de même que les doctrines de Mani ou Manès, plonge des racines
3448
sme. Et l’on sait assez que la Gnose, de même que
les
doctrines de Mani ou Manès, plonge des racines dans la religion duali
3449
ait assez que la Gnose, de même que les doctrines
de
Mani ou Manès, plonge des racines dans la religion dualiste de l’Iran
3450
ctrines de Mani ou Manès, plonge des racines dans
la
religion dualiste de l’Iran. Quelle était la doctrine des cathares ?
3451
nès, plonge des racines dans la religion dualiste
de
l’Iran. Quelle était la doctrine des cathares ? On a répété très long
3452
, plonge des racines dans la religion dualiste de
l’
Iran. Quelle était la doctrine des cathares ? On a répété très longtem
3453
dans la religion dualiste de l’Iran. Quelle était
la
doctrine des cathares ? On a répété très longtemps qu’« on ne le saur
3454
cathares ? On a répété très longtemps qu’« on ne
le
saurait jamais » et cela pour l’excellente raison que l’Inquisition a
3455
temps qu’« on ne le saurait jamais » et cela pour
l’
excellente raison que l’Inquisition avait brûlé tous les livres de cul
3456
ait jamais » et cela pour l’excellente raison que
l’
Inquisition avait brûlé tous les livres de culte et traités de doctrin
3457
ellente raison que l’Inquisition avait brûlé tous
les
livres de culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que les seuls
3458
son que l’Inquisition avait brûlé tous les livres
de
culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que les seuls témoignag
3459
n avait brûlé tous les livres de culte et traités
de
doctrine de l’Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaie
3460
é tous les livres de culte et traités de doctrine
de
l’Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaient les inter
3461
ous les livres de culte et traités de doctrine de
l’
Hérésie, et que les seuls témoignages subsistants étaient les interrog
3462
culte et traités de doctrine de l’Hérésie, et que
les
seuls témoignages subsistants étaient les interrogatoires des accusés
3463
et que les seuls témoignages subsistants étaient
les
interrogatoires des accusés, probablement « sollicités » par les juge
3464
ires des accusés, probablement « sollicités » par
les
juges et déformés par les greffiers. De fait, la découverte et la pub
3465
ment « sollicités » par les juges et déformés par
les
greffiers. De fait, la découverte et la publication, en 1939, d’un ou
3466
és » par les juges et déformés par les greffiers.
De
fait, la découverte et la publication, en 1939, d’un ouvrage théologi
3467
les juges et déformés par les greffiers. De fait,
la
découverte et la publication, en 1939, d’un ouvrage théologique (tard
3468
rmés par les greffiers. De fait, la découverte et
la
publication, en 1939, d’un ouvrage théologique (tardif il est vrai) l
3469
e fait, la découverte et la publication, en 1939,
d’
un ouvrage théologique (tardif il est vrai) le Livre des deux Principe
3470
39, d’un ouvrage théologique (tardif il est vrai)
le
Livre des deux Principes 37 s’ajoutant à la restitution d’un Nouveau
3471
vrai) le Livre des deux Principes 37 s’ajoutant à
la
restitution d’un Nouveau Testament et de rituels utilisés par les Hér
3472
des deux Principes 37 s’ajoutant à la restitution
d’
un Nouveau Testament et de rituels utilisés par les Hérétiques38, perm
3473
outant à la restitution d’un Nouveau Testament et
de
rituels utilisés par les Hérétiques38, permet aujourd’hui de connaîtr
3474
d’un Nouveau Testament et de rituels utilisés par
les
Hérétiques38, permet aujourd’hui de connaître dans leur ensemble et d
3475
utilisés par les Hérétiques38, permet aujourd’hui
de
connaître dans leur ensemble et dans certaines de leurs variations, l
3476
de connaître dans leur ensemble et dans certaines
de
leurs variations, les dogmes de l’« Église d’Amour », nom que l’on a
3477
r ensemble et dans certaines de leurs variations,
les
dogmes de l’« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’héré
3478
et dans certaines de leurs variations, les dogmes
de
l’« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi
3479
dans certaines de leurs variations, les dogmes de
l’
« Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi dit
3480
nes de leurs variations, les dogmes de l’« Église
d’
Amour », nom que l’on a donné parfois à l’hérésie aussi dite « albigeo
3481
ions, les dogmes de l’« Église d’Amour », nom que
l’
on a donné parfois à l’hérésie aussi dite « albigeoise »39. L’origine
3482
Église d’Amour », nom que l’on a donné parfois à
l’
hérésie aussi dite « albigeoise »39. L’origine permanente et toujours
3483
parfois à l’hérésie aussi dite « albigeoise »39.
L’
origine permanente et toujours tragiquement actuelle de l’attitude cat
3484
gine permanente et toujours tragiquement actuelle
de
l’attitude cathare, ou d’une manière plus générale du dualisme, dans
3485
e permanente et toujours tragiquement actuelle de
l’
attitude cathare, ou d’une manière plus générale du dualisme, dans les
3486
s tragiquement actuelle de l’attitude cathare, ou
d’
une manière plus générale du dualisme, dans les religions les plus div
3487
ou d’une manière plus générale du dualisme, dans
les
religions les plus diverses comme dans la réflexion de millions d’ind
3488
ère plus générale du dualisme, dans les religions
les
plus diverses comme dans la réflexion de millions d’individus fut et
3489
, dans les religions les plus diverses comme dans
la
réflexion de millions d’individus fut et demeure le problème du Mal,
3490
ligions les plus diverses comme dans la réflexion
de
millions d’individus fut et demeure le problème du Mal, tel que l’hom
3491
plus diverses comme dans la réflexion de millions
d’
individus fut et demeure le problème du Mal, tel que l’homme spirituel
3492
réflexion de millions d’individus fut et demeure
le
problème du Mal, tel que l’homme spirituel l’expérimente dans ce mond
3493
ividus fut et demeure le problème du Mal, tel que
l’
homme spirituel l’expérimente dans ce monde. Le christianisme apporte
3494
ure le problème du Mal, tel que l’homme spirituel
l’
expérimente dans ce monde. Le christianisme apporte au problème du Mal
3495
ue l’homme spirituel l’expérimente dans ce monde.
Le
christianisme apporte au problème du Mal une réponse dialectique et p
3496
onse dialectique et paradoxale qui se résume dans
les
mots de liberté et de grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus ma
3497
ectique et paradoxale qui se résume dans les mots
de
liberté et de grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus massive, l
3498
adoxale qui se résume dans les mots de liberté et
de
grâce. Plus pessimiste et d’une logique plus massive, le dualisme sta
3499
s mots de liberté et de grâce. Plus pessimiste et
d’
une logique plus massive, le dualisme statue l’existence absolument hé
3500
e. Plus pessimiste et d’une logique plus massive,
le
dualisme statue l’existence absolument hétérogène du Bien et du Mal,
3501
et d’une logique plus massive, le dualisme statue
l’
existence absolument hétérogène du Bien et du Mal, c’est-à-dire de deu
3502
lument hétérogène du Bien et du Mal, c’est-à-dire
de
deux mondes et de deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais le
3503
du Bien et du Mal, c’est-à-dire de deux mondes et
de
deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais le monde est mauvais.
3504
e deux créations. En effet : Dieu est Amour, mais
le
monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde, de se
3505
s le monde est mauvais. Donc Dieu ne saurait être
l’
auteur du monde, de ses ténèbres et du péché qui nous enserre. Sa créa
3506
ais. Donc Dieu ne saurait être l’auteur du monde,
de
ses ténèbres et du péché qui nous enserre. Sa création première dans
3507
péché qui nous enserre. Sa création première dans
l’
ordre spirituel, puis animique, a été achevée dans l’ordre matériel pa
3508
rdre spirituel, puis animique, a été achevée dans
l’
ordre matériel par l’Ange révolté, le Grand Arrogant, le Démiurge, c’e
3509
animique, a été achevée dans l’ordre matériel par
l’
Ange révolté, le Grand Arrogant, le Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou
3510
achevée dans l’ordre matériel par l’Ange révolté,
le
Grand Arrogant, le Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci
3511
e matériel par l’Ange révolté, le Grand Arrogant,
le
Démiurge, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci a tenté les âmes ou
3512
, c’est-à-dire Lucifer ou Satan. Celui-ci a tenté
les
âmes ou anges, en leur disant : « Qu’il leur valait mieux être en bas
3513
valait mieux être en bas, où ils pourraient faire
le
mal et le bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien40.
3514
ux être en bas, où ils pourraient faire le mal et
le
bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien40. » Pour mi
3515
bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que
le
bien40. » Pour mieux séduire les âmes, Lucifer leur a montré « une fe
3516
ur permettait que le bien40. » Pour mieux séduire
les
âmes, Lucifer leur a montré « une femme d’une beauté éclatante, qui l
3517
duire les âmes, Lucifer leur a montré « une femme
d’
une beauté éclatante, qui les a enflammées de désir ». Puis il a quitt
3518
a montré « une femme d’une beauté éclatante, qui
les
a enflammées de désir ». Puis il a quitté le Ciel avec elle, pour des
3519
emme d’une beauté éclatante, qui les a enflammées
de
désir ». Puis il a quitté le Ciel avec elle, pour descendre dans la m
3520
qui les a enflammées de désir ». Puis il a quitté
le
Ciel avec elle, pour descendre dans la matière et dans la manifestati
3521
l a quitté le Ciel avec elle, pour descendre dans
la
matière et dans la manifestation sensible. Les âmes-Anges, ayant suiv
3522
avec elle, pour descendre dans la matière et dans
la
manifestation sensible. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme
3523
ans la matière et dans la manifestation sensible.
Les
âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme d’une beauté éclatante, ont
3524
on sensible. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et
la
femme d’une beauté éclatante, ont été prises dans des corps matériels
3525
le. Les âmes-Anges, ayant suivi Satan et la femme
d’
une beauté éclatante, ont été prises dans des corps matériels, qui leu
3526
me paraît éclairer un sentiment fondamental chez
l’
homme, même de nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée de son e
3527
airer un sentiment fondamental chez l’homme, même
de
nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée de son esprit, qui res
3528
ent fondamental chez l’homme, même de nos jours.)
L’
âme, dès lors, se trouve séparée de son esprit, qui reste au Ciel. Ten
3529
de nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée
de
son esprit, qui reste au Ciel. Tentée par la liberté, elle devient en
3530
arée de son esprit, qui reste au Ciel. Tentée par
la
liberté, elle devient en fait prisonnière d’un corps aux appétits ter
3531
par la liberté, elle devient en fait prisonnière
d’
un corps aux appétits terrestres, soumis aux lois de la procréation et
3532
un corps aux appétits terrestres, soumis aux lois
de
la procréation et de la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pou
3533
corps aux appétits terrestres, soumis aux lois de
la
procréation et de la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour n
3534
terrestres, soumis aux lois de la procréation et
de
la mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le che
3535
rrestres, soumis aux lois de la procréation et de
la
mort. Mais le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le chemin
3536
is aux lois de la procréation et de la mort. Mais
le
Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le chemin du retour à l
3537
le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer
le
chemin du retour à la Lumière. Ce Christ, en cela semblable à celui d
3538
rmi nous, pour nous montrer le chemin du retour à
la
Lumière. Ce Christ, en cela semblable à celui des gnostiques et de Ma
3539
rist, en cela semblable à celui des gnostiques et
de
Manès, ne s’est pas vraiment incarné : il n’a pris que l’apparence d’
3540
, ne s’est pas vraiment incarné : il n’a pris que
l’
apparence d’un homme. C’est ici la grande hérésie docétiste (du grec d
3541
as vraiment incarné : il n’a pris que l’apparence
d’
un homme. C’est ici la grande hérésie docétiste (du grec dokesis, appa
3542
il n’a pris que l’apparence d’un homme. C’est ici
la
grande hérésie docétiste (du grec dokesis, apparence) qui, de Marcion
3543
résie docétiste (du grec dokesis, apparence) qui,
de
Marcion jusqu’à nos jours, traduit notre refus tout « naturel » d’adm
3544
à nos jours, traduit notre refus tout « naturel »
d’
admettre le scandale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le d
3545
, traduit notre refus tout « naturel » d’admettre
le
scandale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de l’I
3546
tre refus tout « naturel » d’admettre le scandale
d’
un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation,
3547
naturel » d’admettre le scandale d’un Dieu-Homme.
Les
cathares rejettent donc le dogme de l’Incarnation, et a fortiori sa t
3548
dale d’un Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc
le
dogme de l’Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le s
3549
Dieu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme
de
l’Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le sacrement
3550
eu-Homme. Les cathares rejettent donc le dogme de
l’
Incarnation, et a fortiori sa traduction romaine dans le sacrement de
3551
rnation, et a fortiori sa traduction romaine dans
le
sacrement de la messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, s
3552
fortiori sa traduction romaine dans le sacrement
de
la messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, symbolisant de
3553
rtiori sa traduction romaine dans le sacrement de
la
messe : ils le remplacent par une cène fraternelle, symbolisant des é
3554
ction romaine dans le sacrement de la messe : ils
le
remplacent par une cène fraternelle, symbolisant des événements tout
3555
s événements tout spirituels. Ils rejettent aussi
le
baptême par l’eau, et ne reconnaissent que le baptême par l’Esprit co
3556
ut spirituels. Ils rejettent aussi le baptême par
l’
eau, et ne reconnaissent que le baptême par l’Esprit consolateur : ce
3557
ssi le baptême par l’eau, et ne reconnaissent que
le
baptême par l’Esprit consolateur : ce consolamentum devient le rite m
3558
par l’eau, et ne reconnaissent que le baptême par
l’
Esprit consolateur : ce consolamentum devient le rite majeur de leur É
3559
r l’Esprit consolateur : ce consolamentum devient
le
rite majeur de leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies d’init
3560
olateur : ce consolamentum devient le rite majeur
de
leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies d’initiation, aux frè
3561
e leur Église. Il se donnait, lors des cérémonies
d’
initiation, aux frères qui acceptaient de renoncer le monde, et s’enga
3562
rémonies d’initiation, aux frères qui acceptaient
de
renoncer le monde, et s’engageaient solennellement à se consacrer à D
3563
nitiation, aux frères qui acceptaient de renoncer
le
monde, et s’engageaient solennellement à se consacrer à Dieu seul, à
3564
ne tuer ni manger nul animal, enfin à s’abstenir
de
tout contact avec leur femme, s’ils étaient mariés. Il semble qu’un j
3565
emme, s’ils étaient mariés. Il semble qu’un jeûne
de
quarante jours41 précédait l’initiation et qu’un autre d’égale durée
3566
semble qu’un jeûne de quarante jours41 précédait
l’
initiation et qu’un autre d’égale durée lui succédait. (Plus tard, au
3567
nte jours41 précédait l’initiation et qu’un autre
d’
égale durée lui succédait. (Plus tard, au xive siècle, ce jeûne ritue
3568
endura conduira quelques-uns des « purs » jusqu’à
la
mort volontaire, mort par amour de Dieu, consommation du détachement
3569
purs » jusqu’à la mort volontaire, mort par amour
de
Dieu, consommation du détachement suprême de toute loi matérielle.) L
3570
mour de Dieu, consommation du détachement suprême
de
toute loi matérielle.) Le Consolamentum était administré par les évêq
3571
du détachement suprême de toute loi matérielle.)
Le
Consolamentum était administré par les évêques, et comportait l’impos
3572
atérielle.) Le Consolamentum était administré par
les
évêques, et comportait l’imposition des mains, au milieu du cercle de
3573
m était administré par les évêques, et comportait
l’
imposition des mains, au milieu du cercle des « purs », puis le baiser
3574
des mains, au milieu du cercle des « purs », puis
le
baiser de paix échangé par les frères. Après quoi, l’initié devenait
3575
au milieu du cercle des « purs », puis le baiser
de
paix échangé par les frères. Après quoi, l’initié devenait objet de v
3576
des « purs », puis le baiser de paix échangé par
les
frères. Après quoi, l’initié devenait objet de vénération pour les si
3577
aiser de paix échangé par les frères. Après quoi,
l’
initié devenait objet de vénération pour les simples croyants non enco
3578
r les frères. Après quoi, l’initié devenait objet
de
vénération pour les simples croyants non encore « consolés » : il ava
3579
quoi, l’initié devenait objet de vénération pour
les
simples croyants non encore « consolés » : il avait droit au « salut
3580
nts, c’est-à-dire à trois « révérences ». On a vu
le
rôle de la Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les co
3581
st-à-dire à trois « révérences ». On a vu le rôle
de
la Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les corps. En
3582
à-dire à trois « révérences ». On a vu le rôle de
la
Femme, appât du diable pour entraîner les âmes dans les corps. En ret
3583
rôle de la Femme, appât du diable pour entraîner
les
âmes dans les corps. En retour (en revanche, dirait-on), un principe
3584
mme, appât du diable pour entraîner les âmes dans
les
corps. En retour (en revanche, dirait-on), un principe féminin, préex
3585
e, dirait-on), un principe féminin, préexistant à
la
création matérielle, joue dans le catharisme un rôle tout analogue à
3586
, préexistant à la création matérielle, joue dans
le
catharisme un rôle tout analogue à celui de la Pistis-Sophia chez les
3587
dans le catharisme un rôle tout analogue à celui
de
la Pistis-Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument de la per
3588
ns le catharisme un rôle tout analogue à celui de
la
Pistis-Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument de la perdit
3589
le tout analogue à celui de la Pistis-Sophia chez
les
gnostiques. À la Femme instrument de la perdition des âmes, répond Ma
3590
celui de la Pistis-Sophia chez les gnostiques. À
la
Femme instrument de la perdition des âmes, répond Marie, symbole de p
3591
Sophia chez les gnostiques. À la Femme instrument
de
la perdition des âmes, répond Marie, symbole de pure Lumière salvatri
3592
hia chez les gnostiques. À la Femme instrument de
la
perdition des âmes, répond Marie, symbole de pure Lumière salvatrice,
3593
t de la perdition des âmes, répond Marie, symbole
de
pure Lumière salvatrice, Mère intacte (immatérielle) de Jésus, et sem
3594
e Lumière salvatrice, Mère intacte (immatérielle)
de
Jésus, et semble-t-il, Juge plein de douceur des esprits délivrés. Le
3595
mmatérielle) de Jésus, et semble-t-il, Juge plein
de
douceur des esprits délivrés. Les manichéens connaissaient depuis des
3596
t-il, Juge plein de douceur des esprits délivrés.
Les
manichéens connaissaient depuis des siècles les mêmes sacrements que
3597
. Les manichéens connaissaient depuis des siècles
les
mêmes sacrements que les cathares : l’imposition des mains, le baiser
3598
aient depuis des siècles les mêmes sacrements que
les
cathares : l’imposition des mains, le baiser de paix, et la vénératio
3599
s siècles les mêmes sacrements que les cathares :
l’
imposition des mains, le baiser de paix, et la vénération des Élus (ou
3600
ements que les cathares : l’imposition des mains,
le
baiser de paix, et la vénération des Élus (ou « purs »). Il est impor
3601
les cathares : l’imposition des mains, le baiser
de
paix, et la vénération des Élus (ou « purs »). Il est important de me
3602
s : l’imposition des mains, le baiser de paix, et
la
vénération des Élus (ou « purs »). Il est important de mentionner ici
3603
nération des Élus (ou « purs »). Il est important
de
mentionner ici la vénération manichéenne s’adressant à la « forme de
3604
(ou « purs »). Il est important de mentionner ici
la
vénération manichéenne s’adressant à la « forme de lumière » qui dans
3605
onner ici la vénération manichéenne s’adressant à
la
« forme de lumière » qui dans chaque homme représente son propre espr
3606
a vénération manichéenne s’adressant à la « forme
de
lumière » qui dans chaque homme représente son propre esprit (demeuré
3607
sente son propre esprit (demeuré au Ciel, hors de
la
manifestation) et qui accueille l’hommage de son âme par un salut et
3608
Ciel, hors de la manifestation) et qui accueille
l’
hommage de son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant la prison
3609
s de la manifestation) et qui accueille l’hommage
de
son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant la prison de la mati
3610
e l’hommage de son âme par un salut et un baiser.
L’
enfer étant la prison de la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut
3611
son âme par un salut et un baiser. L’enfer étant
la
prison de la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que po
3612
ar un salut et un baiser. L’enfer étant la prison
de
la matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour le temp
3613
un salut et un baiser. L’enfer étant la prison de
la
matière, Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour le temps q
3614
. L’enfer étant la prison de la matière, Lucifer,
l’
ange révolté, n’y peut régner que pour le temps que durera « l’erreur
3615
Lucifer, l’ange révolté, n’y peut régner que pour
le
temps que durera « l’erreur » des âmes. Au terme du cycle de leurs ép
3616
é, n’y peut régner que pour le temps que durera «
l’
erreur » des âmes. Au terme du cycle de leurs épreuves — comportant pl
3617
e durera « l’erreur » des âmes. Au terme du cycle
de
leurs épreuves — comportant plusieurs vies, physiques ou autres, pour
3618
portant plusieurs vies, physiques ou autres, pour
les
hommes non encore illuminés — la création sera réintégrée dans l’unit
3619
ou autres, pour les hommes non encore illuminés —
la
création sera réintégrée dans l’unité de l’Esprit originel, les péche
3620
core illuminés — la création sera réintégrée dans
l’
unité de l’Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sa
3621
uminés — la création sera réintégrée dans l’unité
de
l’Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et
3622
nés — la création sera réintégrée dans l’unité de
l’
Esprit originel, les pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et Sa
3623
era réintégrée dans l’unité de l’Esprit originel,
les
pécheurs entraînés par Satan seront sauvés, et Satan lui-même rentrer
3624
an seront sauvés, et Satan lui-même rentrera dans
l’
obéissance du Très-Haut. Le dualisme des cathares se résout donc en un
3625
lui-même rentrera dans l’obéissance du Très-Haut.
Le
dualisme des cathares se résout donc en un véritable monisme eschatol
3626
n un véritable monisme eschatologique, tandis que
l’
orthodoxie chrétienne, décrétant la damnation éternelle du diable et d
3627
ue, tandis que l’orthodoxie chrétienne, décrétant
la
damnation éternelle du diable et des pécheurs endurcis, aboutit à un
3628
ien qu’à l’encontre du manichéisme, elle professe
l’
idée d’une création unique, toute divine et toute bonne aux origines.
3629
à l’encontre du manichéisme, elle professe l’idée
d’
une création unique, toute divine et toute bonne aux origines. Notons
3630
nes. Notons enfin ce dernier trait : comme ce fut
le
cas pour tant de sectes et de religions orientales — jaïnisme, bouddh
3631
rait : comme ce fut le cas pour tant de sectes et
de
religions orientales — jaïnisme, bouddhisme, essénisme, gnosticisme c
3632
me, bouddhisme, essénisme, gnosticisme chrétien —
l’
Église cathare se divisait en deux groupes : les « Parfaits » (perfect
3633
— l’Église cathare se divisait en deux groupes :
les
« Parfaits » (perfecti)42 qui avaient reçu le consolamentum, et les s
3634
: les « Parfaits » (perfecti)42 qui avaient reçu
le
consolamentum, et les simples « croyants » (credentes ou imperfecti).
3635
perfecti)42 qui avaient reçu le consolamentum, et
les
simples « croyants » (credentes ou imperfecti). Seuls les seconds ava
3636
edentes ou imperfecti). Seuls les seconds avaient
le
droit de se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, s
3637
u imperfecti). Seuls les seconds avaient le droit
de
se marier et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’ast
3638
euls les seconds avaient le droit de se marier et
de
vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous l
3639
ds avaient le droit de se marier et de vivre dans
le
monde condamné par les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes d
3640
se marier et de vivre dans le monde condamné par
les
purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de la morale ésotérique
3641
e condamné par les purs, sans s’astreindre à tous
les
préceptes de la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépri
3642
les purs, sans s’astreindre à tous les préceptes
de
la morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la créat
3643
s purs, sans s’astreindre à tous les préceptes de
la
morale ésotérique : mortifications corporelles, mépris de la création
3644
e ésotérique : mortifications corporelles, mépris
de
la création, dissolution de tous les liens mondains. Saint Bernard de
3645
sotérique : mortifications corporelles, mépris de
la
création, dissolution de tous les liens mondains. Saint Bernard de Cl
3646
s corporelles, mépris de la création, dissolution
de
tous les liens mondains. Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a
3647
elles, mépris de la création, dissolution de tous
les
liens mondains. Saint Bernard de Clairvaux (cité par Rahn) a pu dire
3648
a pu dire des cathares, qu’il combattit pourtant
de
toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas de sermons plus chrét
3649
e toutes ses forces : « Il n’y a certainement pas
de
sermons plus chrétiens que les leurs, et leurs mœurs étaient pures… »
3650
a certainement pas de sermons plus chrétiens que
les
leurs, et leurs mœurs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
3651
rs étaient pures… » Ce jugement rachète en partie
les
calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur
3652
es… » Ce jugement rachète en partie les calomnies
de
l’Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier de
3653
» Ce jugement rachète en partie les calomnies de
l’
Inquisition. Mais on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier de «
3654
les calomnies de l’Inquisition. Mais on s’étonne
de
voir ce saint docteur qualifier de « chrétienne » une prédication qui
3655
is on s’étonne de voir ce saint docteur qualifier
de
« chrétienne » une prédication qui nie plusieurs des dogmes fondament
3656
ication qui nie plusieurs des dogmes fondamentaux
de
son Église. Quant à la pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu
3657
rs des dogmes fondamentaux de son Église. Quant à
la
pureté de mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des cr
3658
mes fondamentaux de son Église. Quant à la pureté
de
mœurs des cathares, nous avons vu qu’elle traduisait des croyances fo
3659
qu’elle traduisait des croyances fort différentes
de
celles qui fondent la morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de
3660
croyances fort différentes de celles qui fondent
la
morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de la chair, où certains
3661
elles qui fondent la morale chrétienne orthodoxe.
La
condamnation de la chair, où certains croient voir aujourd’hui une ca
3662
t la morale chrétienne orthodoxe. La condamnation
de
la chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique ch
3663
a morale chrétienne orthodoxe. La condamnation de
la
chair, où certains croient voir aujourd’hui une caractéristique chrét
3664
d’hui une caractéristique chrétienne, est en fait
d’
origine manichéenne et « hérétique ». Car il est essentiel de le rappe
3665
anichéenne et « hérétique ». Car il est essentiel
de
le rappeler ici : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le cor
3666
chéenne et « hérétique ». Car il est essentiel de
le
rappeler ici : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps
3667
ique ». Car il est essentiel de le rappeler ici :
la
« chair » dont parle saint Paul n’est pas le corps physique, mais le
3668
ci : la « chair » dont parle saint Paul n’est pas
le
corps physique, mais le tout de l’homme incroyant, corps, raison, fac
3669
arle saint Paul n’est pas le corps physique, mais
le
tout de l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs — donc l’â
3670
nt Paul n’est pas le corps physique, mais le tout
de
l’homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi
3671
Paul n’est pas le corps physique, mais le tout de
l’
homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂
3672
incroyant, corps, raison, facultés, désirs — donc
l’
âme aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Cîteaux
3673
s, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂
La
croisade des albigeois, conduite par l’abbé de Cîteaux, au commenceme
3674
aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par
l’
abbé de Cîteaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit les cités
3675
eaux, au commencement du xiiie siècle, détruisit
les
cités des cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla les populat
3676
s cathares, brûla leurs livres, massacra et brûla
les
populations qui les aimaient, viola leurs sanctuaires et leur dernier
3677
urs livres, massacra et brûla les populations qui
les
aimaient, viola leurs sanctuaires et leur dernier haut lieu, le châte
3678
iola leurs sanctuaires et leur dernier haut lieu,
le
château-temple de Montségur43 — enfin saccagea brutalement la civilis
3679
ires et leur dernier haut lieu, le château-temple
de
Montségur43 — enfin saccagea brutalement la civilisation très raffiné
3680
emple de Montségur43 — enfin saccagea brutalement
la
civilisation très raffinée dont ils avaient été l’âme austère et secr
3681
a civilisation très raffinée dont ils avaient été
l’
âme austère et secrète. Et cependant, de cette culture et de ses doctr
3682
aient été l’âme austère et secrète. Et cependant,
de
cette culture et de ses doctrines fondamentales, nous sommes encore t
3683
ère et secrète. Et cependant, de cette culture et
de
ses doctrines fondamentales, nous sommes encore tributaires, au-delà
3684
mentales, nous sommes encore tributaires, au-delà
de
ce que l’on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.H
3685
nous sommes encore tributaires, au-delà de ce que
l’
on imagine… (Comme j’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et
3686
, au-delà de ce que l’on imagine… (Comme j’espère
le
montrer par ce livre.) 7.Hérésie et Poésie Doit-on considérer l
3687
re.) 7.Hérésie et Poésie Doit-on considérer
les
troubadours comme des « croyants » de l’Église cathare, et comme des
3688
considérer les troubadours comme des « croyants »
de
l’Église cathare, et comme des chantres de son hérésie ? Cette thèse,
3689
sidérer les troubadours comme des « croyants » de
l’
Église cathare, et comme des chantres de son hérésie ? Cette thèse, qu
3690
ants » de l’Église cathare, et comme des chantres
de
son hérésie ? Cette thèse, que je qualifierai de maxima par contraste
3691
de son hérésie ? Cette thèse, que je qualifierai
de
maxima par contraste avec celle où je crois pouvoir m’arrêter44, fut
3692
par des esprits aventureux comme Otto Rahn45, qui
l’
ont, à mon sens, compromise en cherchant à la rendre trop claire sur u
3693
qui l’ont, à mon sens, compromise en cherchant à
la
rendre trop claire sur un plan historique plutôt que spirituel. Pourt
3694
l. Pourtant, j’en connais peu qui se présentent à
l’
esprit comme à la fois plus irritantes et stimulantes : car il semble
3695
t stimulantes : car il semble également difficile
de
la rejeter et de l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du
3696
timulantes : car il semble également difficile de
la
rejeter et de l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tou
3697
ar il semble également difficile de la rejeter et
de
l’accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tie
3698
il semble également difficile de la rejeter et de
l’
accepter, de la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient
3699
alement difficile de la rejeter et de l’accepter,
de
la démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence
3700
ment difficile de la rejeter et de l’accepter, de
la
démontrer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence mêm
3701
e la rejeter et de l’accepter, de la démontrer et
de
n’y pas croire du tout, et cela tient à l’essence même du phénomène d
3702
rer et de n’y pas croire du tout, et cela tient à
l’
essence même du phénomène dont elle essaie de rendre compte : à la foi
3703
nt à l’essence même du phénomène dont elle essaie
de
rendre compte : à la fois historique et archétypique, psychique et my
3704
ychique et mystique, concret et symbolique, ou si
l’
on veut littéraire et religieux. Les données du problème sont, en gros
3705
bolique, ou si l’on veut littéraire et religieux.
Les
données du problème sont, en gros, les suivantes. D’une part, l’hérés
3706
religieux. Les données du problème sont, en gros,
les
suivantes. D’une part, l’hérésie cathare et l’amour courtois se dével
3707
roblème sont, en gros, les suivantes. D’une part,
l’
hérésie cathare et l’amour courtois se développent simultanément, dans
3708
, les suivantes. D’une part, l’hérésie cathare et
l’
amour courtois se développent simultanément, dans le temps (xiie sièc
3709
amour courtois se développent simultanément, dans
le
temps (xiie siècle) comme dans l’espace (Midi de la France)46. Comme
3710
tanément, dans le temps (xiie siècle) comme dans
l’
espace (Midi de la France)46. Comment croire que ces deux mouvements s
3711
t croire que ces deux mouvements soient dépourvus
de
toute espèce de liens ? S’ils étaient demeurés sans nul rapport, ne s
3712
deux mouvements soient dépourvus de toute espèce
de
liens ? S’ils étaient demeurés sans nul rapport, ne serait-ce pas plu
3713
trange que tout ? Mais en revanche, quelle espèce
de
liens peut-on imaginer entre ces noirs cathares, que leur ascétisme c
3714
ces clairs troubadours, joyeux et fous, chantant
l’
amour, le printemps, l’aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout not
3715
rs troubadours, joyeux et fous, chantant l’amour,
le
printemps, l’aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout notre ration
3716
, joyeux et fous, chantant l’amour, le printemps,
l’
aube, les vergers fleuris et la Dame ? Tout notre rationalisme moderne
3717
et fous, chantant l’amour, le printemps, l’aube,
les
vergers fleuris et la Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie l
3718
our, le printemps, l’aube, les vergers fleuris et
la
Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie les savants romanistes
3719
la Dame ? Tout notre rationalisme moderne appuie
les
savants romanistes dans leur conclusion unanime : rien de commun entr
3720
ts romanistes dans leur conclusion unanime : rien
de
commun entre cathares et troubadours ! Mais l’irrépressible intuition
3721
en de commun entre cathares et troubadours ! Mais
l’
irrépressible intuition des « aventureux » que j’ai cités répond, avec
3722
dans deux mondes absolument étanches, au sein de
la
grande révolution psychique du xiie siècle ! Le refus de comprendre
3723
la grande révolution psychique du xiie siècle !
Le
refus de comprendre l’un par l’autre et par un même mouvement de l’es
3724
e révolution psychique du xiie siècle ! Le refus
de
comprendre l’un par l’autre et par un même mouvement de l’esprit l’hé
3725
prendre l’un par l’autre et par un même mouvement
de
l’esprit l’hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de
3726
ndre l’un par l’autre et par un même mouvement de
l’
esprit l’hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de le
3727
par l’autre et par un même mouvement de l’esprit
l’
hérésie et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de les compren
3728
et par un même mouvement de l’esprit l’hérésie et
l’
amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de les comprendre isolément
3729
e et l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus
de
les comprendre isolément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de la
3730
t l’amour courtois, n’équivaut-il pas au refus de
les
comprendre isolément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de la thès
3731
s au refus de les comprendre isolément ? ⁂ Voyons
les
présomptions en faveur de la thèse. Raimon V, comte de Toulouse et su
3732
solément ? ⁂ Voyons les présomptions en faveur de
la
thèse. Raimon V, comte de Toulouse et suzerain du Languedoc, écrit en
3733
louse et suzerain du Languedoc, écrit en 1177 : «
L’
hérésie a pénétré partout. Elle a jeté la discorde dans toutes les fam
3734
1177 : « L’hérésie a pénétré partout. Elle a jeté
la
discorde dans toutes les familles, divisant le mari et la femme, le f
3735
étré partout. Elle a jeté la discorde dans toutes
les
familles, divisant le mari et la femme, le fils et le père, la bru et
3736
té la discorde dans toutes les familles, divisant
le
mari et la femme, le fils et le père, la bru et la belle-mère. Les pr
3737
rde dans toutes les familles, divisant le mari et
la
femme, le fils et le père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-m
3738
outes les familles, divisant le mari et la femme,
le
fils et le père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèden
3739
amilles, divisant le mari et la femme, le fils et
le
père, la bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tent
3740
divisant le mari et la femme, le fils et le père,
la
bru et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Le
3741
e mari et la femme, le fils et le père, la bru et
la
belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Les églises
3742
mme, le fils et le père, la bru et la belle-mère.
Les
prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation. Les églises sont désertes et
3743
et la belle-mère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à
la
tentation. Les églises sont désertes et tombent en ruines… Les person
3744
ère. Les prêtres eux-mêmes cèdent à la tentation.
Les
églises sont désertes et tombent en ruines… Les personnages les plus
3745
. Les églises sont désertes et tombent en ruines…
Les
personnages les plus importants de ma terre se sont laissé corrompre.
3746
nt désertes et tombent en ruines… Les personnages
les
plus importants de ma terre se sont laissé corrompre. La foule a suiv
3747
nt en ruines… Les personnages les plus importants
de
ma terre se sont laissé corrompre. La foule a suivi leur exemple et a
3748
importants de ma terre se sont laissé corrompre.
La
foule a suivi leur exemple et abandonné la foi (catholique), ce qui f
3749
ompre. La foule a suivi leur exemple et abandonné
la
foi (catholique), ce qui fait que je n’ose ni ne puis rien entreprend
3750
e puis rien entreprendre. » Est-il imaginable que
les
troubadours aient vécu et chanté dans ce monde-là, sans se soucier de
3751
vécu et chanté dans ce monde-là, sans se soucier
de
ce que pensaient, croyaient et sentaient les seigneurs aux dépens des
3752
ucier de ce que pensaient, croyaient et sentaient
les
seigneurs aux dépens desquels ils vivaient ? On a rétorqué à cela que
3753
la que les premiers troubadours sont apparus dans
le
Poitou et le Limousin, tandis que l’hérésie avait son centre plus au
3754
emiers troubadours sont apparus dans le Poitou et
le
Limousin, tandis que l’hérésie avait son centre plus au sud, dans le
3755
apparus dans le Poitou et le Limousin, tandis que
l’
hérésie avait son centre plus au sud, dans le comté de Toulouse. Mais
3756
que l’hérésie avait son centre plus au sud, dans
le
comté de Toulouse. Mais voici que précisément, la langue utilisée dès
3757
le comté de Toulouse. Mais voici que précisément,
la
langue utilisée dès le début par les troubadours limousins (comme ell
3758
ais voici que précisément, la langue utilisée dès
le
début par les troubadours limousins (comme elle le sera bientôt par c
3759
précisément, la langue utilisée dès le début par
les
troubadours limousins (comme elle le sera bientôt par ceux de bien d’
3760
e début par les troubadours limousins (comme elle
le
sera bientôt par ceux de bien d’autres régions de l’Europe), se trouv
3761
rs limousins (comme elle le sera bientôt par ceux
de
bien d’autres régions de l’Europe), se trouve être la langue du comté
3762
le sera bientôt par ceux de bien d’autres régions
de
l’Europe), se trouve être la langue du comté de Toulouse ! On a dit a
3763
sera bientôt par ceux de bien d’autres régions de
l’
Europe), se trouve être la langue du comté de Toulouse ! On a dit auss
3764
ien d’autres régions de l’Europe), se trouve être
la
langue du comté de Toulouse ! On a dit aussi que les cours les plus s
3765
langue du comté de Toulouse ! On a dit aussi que
les
cours les plus souvent citées par les troubadours comme particulièrem
3766
comté de Toulouse ! On a dit aussi que les cours
les
plus souvent citées par les troubadours comme particulièrement accuei
3767
t aussi que les cours les plus souvent citées par
les
troubadours comme particulièrement accueillantes, étaient celles des
3768
ervation n’est pas toujours exacte — il s’en faut
de
beaucoup, comme on va voir ! — et de plus il se peut très bien que le
3769
n va voir ! — et de plus il se peut très bien que
le
seul fait que les troubadours les fréquentassent révèle tout au contr
3770
de plus il se peut très bien que le seul fait que
les
troubadours les fréquentassent révèle tout au contraire les tendances
3771
ut très bien que le seul fait que les troubadours
les
fréquentassent révèle tout au contraire les tendances hérétiques de c
3772
dours les fréquentassent révèle tout au contraire
les
tendances hérétiques de ces cours. Voici le début d’une chanson de Pe
3773
révèle tout au contraire les tendances hérétiques
de
ces cours. Voici le début d’une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se
3774
aire les tendances hérétiques de ces cours. Voici
le
début d’une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du r
3775
tendances hérétiques de ces cours. Voici le début
d’
une chanson de Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du renouveau
3776
tiques de ces cours. Voici le début d’une chanson
de
Peire Vidal : Mon cœur se réjouit à cause du renouveau si agréable et
3777
eau si agréable et si doux, et à cause du château
de
Fanjeaux, qui me semble le Paradis ; car amour et joie s’y enferment,
3778
et à cause du château de Fanjeaux, qui me semble
le
Paradis ; car amour et joie s’y enferment, ainsi que tout ce qui conv
3779
e s’y enferment, ainsi que tout ce qui convient à
l’
honneur, et courtoisie sincère et parfaite. Qui oserait dire, ou qui p
3780
n son « cathare » ? Mais qu’est-ce que ce château
de
Fanjeaux ? L’une des maisons-mères des cathares ! Le plus fameux des
3781
Fanjeaux ? L’une des maisons-mères des cathares !
Le
plus fameux des évêques hérétiques, Guilabert de Castres, la dirigea
3782
eux des évêques hérétiques, Guilabert de Castres,
la
dirigea en personne dès 1193 (notre poème pouvant être daté des envir
3783
1193 (notre poème pouvant être daté des environs
de
1190), et c’est là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame de l’h
3784
ons de 1190), et c’est là qu’Esclarmonde de Foix,
la
plus grande Dame de l’hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde
3785
st là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame
de
l’hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde strophe ne parle que
3786
là qu’Esclarmonde de Foix, la plus grande Dame de
l’
hérésie, recevra le consolamentum ! La seconde strophe ne parle que de
3787
e Foix, la plus grande Dame de l’hérésie, recevra
le
consolamentum ! La seconde strophe ne parle que des « dames » : Je n’
3788
strophe ne parle que des « dames » : Je n’ai pas
d’
ennemi si mortel dont je ne devienne l’ami loyal, s’il me parle des da
3789
e n’ai pas d’ennemi si mortel dont je ne devienne
l’
ami loyal, s’il me parle des dames et m’en dit honneur et louange. Et
3790
je languis. Est-il vraiment possible, se demande
le
lecteur, d’imaginer que Peire Vidal soit autre chose qu’un galant amu
3791
Est-il vraiment possible, se demande le lecteur,
d’
imaginer que Peire Vidal soit autre chose qu’un galant amuseur, un fla
3792
oit autre chose qu’un galant amuseur, un flatteur
de
femmes riches — celles qui forment son public ? Mais la suite du poèm
3793
mes riches — celles qui forment son public ? Mais
la
suite du poème est troublante. Peire Vidal énumère les maisons qui l’
3794
uite du poème est troublante. Peire Vidal énumère
les
maisons qui l’ont bien reçu et les régions qu’hélas ! il doit quitter
3795
t troublante. Peire Vidal énumère les maisons qui
l’
ont bien reçu et les régions qu’hélas ! il doit quitter pour aller en
3796
Vidal énumère les maisons qui l’ont bien reçu et
les
régions qu’hélas ! il doit quitter pour aller en Provence : ce sont l
3797
il doit quitter pour aller en Provence : ce sont
les
châteaux de Laurac, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont l
3798
ter pour aller en Provence : ce sont les châteaux
de
Laurac, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de
3799
ler en Provence : ce sont les châteaux de Laurac,
de
Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeoi
3800
nce : ce sont les châteaux de Laurac, de Gaillac,
de
Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeois et du Carc
3801
les châteaux de Laurac, de Gaillac, de Saissac et
de
Montréal ; ce sont les comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où les
3802
, de Gaillac, de Saissac et de Montréal ; ce sont
les
comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femm
3803
c, de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés
de
l’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femmes du pays
3804
de Saissac et de Montréal ; ce sont les comtés de
l’
Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et les femmes du pays so
3805
nt les comtés de l’Albigeois et du Carcassès « où
les
chevaliers et les femmes du pays sont courtois », et c’est aussi « Da
3806
’Albigeois et du Carcassès « où les chevaliers et
les
femmes du pays sont courtois », et c’est aussi « Dame Louve, qui m’a
3807
vons que tous ces châteaux sont des foyers connus
de
l’hérésie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes de couvents)
3808
s que tous ces châteaux sont des foyers connus de
l’
hérésie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes de couvents) ; q
3809
foyers connus de l’hérésie, ou même des « maisons
d’
hérétiques » (sortes de couvents) ; que ces comtés sont notoirement ca
3810
sie, ou même des « maisons d’hérétiques » (sortes
de
couvents) ; que ces comtés sont notoirement cathares ; et que cette «
3811
notoirement cathares ; et que cette « Louve » est
la
comtesse Stéphanie, dite la Loba, qui fait partie du groupe des hérét
3812
e cette « Louve » est la comtesse Stéphanie, dite
la
Loba, qui fait partie du groupe des hérétiques actives ! Le poème, qu
3813
ui fait partie du groupe des hérétiques actives !
Le
poème, qu’une anthologie moderne intitule en toute innocence « remerc
3814
intitule en toute innocence « remerciements pour
de
gracieuses hospitalités », prend ainsi le caractère imprévu d’une sor
3815
ts pour de gracieuses hospitalités », prend ainsi
le
caractère imprévu d’une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je l
3816
hospitalités », prend ainsi le caractère imprévu
d’
une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je le relis et je me frot
3817
s », prend ainsi le caractère imprévu d’une sorte
de
lettre pastorale ! Et pourtant, je le relis et je me frotte les yeux…
3818
d’une sorte de lettre pastorale ! Et pourtant, je
le
relis et je me frotte les yeux… Comment croire que ce ton badin, ces
3819
torale ! Et pourtant, je le relis et je me frotte
les
yeux… Comment croire que ce ton badin, ces potins de milieu littérair
3820
yeux… Comment croire que ce ton badin, ces potins
de
milieu littéraire… S’agirait-il vraiment de « pures coïncidences » ?
3821
otins de milieu littéraire… S’agirait-il vraiment
de
« pures coïncidences » ? Ce doute et cette question renaissent à l’in
3822
ences » ? Ce doute et cette question renaissent à
l’
infini. Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme les cathares
3823
enaissent à l’infini. Est-ce pure coïncidence, si
les
troubadours comme les cathares glorifient — sans toujours l’exercer —
3824
Est-ce pure coïncidence, si les troubadours comme
les
cathares glorifient — sans toujours l’exercer — la vertu de chasteté
3825
urs comme les cathares glorifient — sans toujours
l’
exercer — la vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les
3826
s cathares glorifient — sans toujours l’exercer —
la
vertu de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les « purs », i
3827
s glorifient — sans toujours l’exercer — la vertu
de
chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme les « purs », ils ne reç
3828
u de chasteté ? Est-ce pure coïncidence si, comme
les
« purs », ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser d’initiatio
3829
ncidence si, comme les « purs », ils ne reçoivent
de
leur Dame qu’un seul baiser d’initiation ? Et s’ils distinguent deux
3830
, ils ne reçoivent de leur Dame qu’un seul baiser
d’
initiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (le prega
3831
nitiation ? Et s’ils distinguent deux degrés dans
le
domnei (le pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue d
3832
Et s’ils distinguent deux degrés dans le domnei (
le
pregaire, ou prière, et l’entendeire) comme on distingue dans l’Églis
3833
degrés dans le domnei (le pregaire, ou prière, et
l’
entendeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour les « croyants »
3834
prière, et l’entendeire) comme on distingue dans
l’
Église d’Amour les « croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillen
3835
et l’entendeire) comme on distingue dans l’Église
d’
Amour les « croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent les lie
3836
endeire) comme on distingue dans l’Église d’Amour
les
« croyants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent les liens du mar
3837
stingue dans l’Église d’Amour les « croyants » et
les
« parfaits » ? Et s’ils raillent les liens du mariage, cette jurata f
3838
royants » et les « parfaits » ? Et s’ils raillent
les
liens du mariage, cette jurata fornicatio, selon les cathares ? Et s’
3839
liens du mariage, cette jurata fornicatio, selon
les
cathares ? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés les féodau
3840
icatio, selon les cathares ? Et s’ils invectivent
les
clercs et leurs alliés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
3841
? Et s’ils invectivent les clercs et leurs alliés
les
féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à la manière errante des « pu
3842
iés les féodaux ? Et s’ils vivent de préférence à
la
manière errante des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur les
3843
des « purs » qui s’en allaient deux par deux sur
les
routes ? Et si l’on retrouve, enfin, dans certains de leurs vers, des
3844
’en allaient deux par deux sur les routes ? Et si
l’
on retrouve, enfin, dans certains de leurs vers, des expressions tirée
3845
outes ? Et si l’on retrouve, enfin, dans certains
de
leurs vers, des expressions tirées de la liturgie cathare ? Il ne ser
3846
ns certains de leurs vers, des expressions tirées
de
la liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile de multiplier ces
3847
certains de leurs vers, des expressions tirées de
la
liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile de multiplier ces que
3848
a liturgie cathare ? Il ne serait que trop facile
de
multiplier ces questions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
3849
facile de multiplier ces questions. Voyons plutôt
les
arguments adverses. Tous les troubadours, dira-t-on, ne furent pas da
3850
tions. Voyons plutôt les arguments adverses. Tous
les
troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de l’hérésie. Plus
3851
us les troubadours, dira-t-on, ne furent pas dans
le
camp de l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents.
3852
roubadours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp
de
l’hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes,
3853
badours, dira-t-on, ne furent pas dans le camp de
l’
hérésie. Plusieurs finirent leurs jours dans des couvents. Certes, et
3854
et même un Folquet de Marseille a pu se joindre à
la
croisade des albigeois. Mais aussi passa-t-il pour un traître, jusqu’
3855
un traître, jusqu’au jour où il fut accusé devant
le
pape Innocent III d’avoir causé la mort de cinq-cents personnes ! D’a
3856
jour où il fut accusé devant le pape Innocent III
d’
avoir causé la mort de cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on dém
3857
accusé devant le pape Innocent III d’avoir causé
la
mort de cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à s
3858
devant le pape Innocent III d’avoir causé la mort
de
cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à supposer
3859
oser que ce fût possible en soi, que tels d’entre
les
troubadours ignoraient les analogies de leur lyrisme et du dogme cath
3860
soi, que tels d’entre les troubadours ignoraient
les
analogies de leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore
3861
d’entre les troubadours ignoraient les analogies
de
leur lyrisme et du dogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
3862
ogme cathare, on n’aurait pas encore démontré que
l’
origine de ce lyrisme n’est pas hérétique. N’oublions pas qu’ils compo
3863
re, on n’aurait pas encore démontré que l’origine
de
ce lyrisme n’est pas hérétique. N’oublions pas qu’ils composaient leu
3864
composaient leurs coblas et leurs sirventés selon
les
canons d’une rhétorique admirablement invariable. On peut concevoir u
3865
leurs coblas et leurs sirventés selon les canons
d’
une rhétorique admirablement invariable. On peut concevoir une poésie
3866
r une poésie — même très belle — qui serait faite
de
lieux communs dont le poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pa
3867
ès belle — qui serait faite de lieux communs dont
le
poète ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plu
3868
t faite de lieux communs dont le poète ne saurait
d’
où ils viennent. N’est-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
3869
ne saurait d’où ils viennent. N’est-ce pas, sauf
la
beauté, plutôt courant ? Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent
3870
st-ce pas, sauf la beauté, plutôt courant ? Et si
l’
on dit : ces troubadours ne parlent point de leurs croyances dans les
3871
Et si l’on dit : ces troubadours ne parlent point
de
leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rapp
3872
ubadours ne parlent point de leurs croyances dans
les
poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares pro
3873
ces dans les poésies qui nous restent — il suffit
de
rappeler que les cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne j
3874
sies qui nous restent — il suffit de rappeler que
les
cathares promettaient, lors de l’initiation, de ne jamais trahir leur
3875
e rappeler que les cathares promettaient, lors de
l’
initiation, de ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mo
3876
les cathares promettaient, lors de l’initiation,
de
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la mort dont ils se
3877
ne jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût
la
mort dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de
3878
rt dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que
les
registres de l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la
3879
verraient menacés. C’est ainsi que les registres
de
l’Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola (ou
3880
rraient menacés. C’est ainsi que les registres de
l’
Inquisition ne portent pas un seul aveu concernant la minesola (ou mal
3881
nquisition ne portent pas un seul aveu concernant
la
minesola (ou malisola, ou encore manisola) suprême initiation des « p
3882
encore manisola) suprême initiation des « purs ».
La
fréquence même de cette question débattue dans les cours d’amour : «
3883
uprême initiation des « purs ». La fréquence même
de
cette question débattue dans les cours d’amour : « Un chevalier peut-
3884
La fréquence même de cette question débattue dans
les
cours d’amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle
3885
ce même de cette question débattue dans les cours
d’
amour : « Un chevalier peut-il être à la fois marié et fidèle à sa dam
3886
à sa dame ? » — Voilà qui nous donne à penser, si
l’
on songe à tous les troubadours qui devaient subir un apparent « maria
3887
ilà qui nous donne à penser, si l’on songe à tous
les
troubadours qui devaient subir un apparent « mariage » avec l’Église
3888
s qui devaient subir un apparent « mariage » avec
l’
Église de Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs
3889
aient subir un apparent « mariage » avec l’Église
de
Rome dont ils étaient les clercs, tout en servant dans leurs « pensée
3890
mariage » avec l’Église de Rome dont ils étaient
les
clercs, tout en servant dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Égli
3891
en servant dans leurs « pensées » une autre Dame,
l’
Église d’Amour… Bernard Gui, dans son Manuel de l’Inquisiteur, n’affir
3892
t dans leurs « pensées » une autre Dame, l’Église
d’
Amour… Bernard Gui, dans son Manuel de l’Inquisiteur, n’affirme-t-il p
3893
n Manuel de l’Inquisiteur, n’affirme-t-il pas que
les
cathares croyaient bien à la Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait
3894
ffirme-t-il pas que les cathares croyaient bien à
la
Sainte Vierge, sauf qu’elle représentait pour eux non pas une femme d
3895
f qu’elle représentait pour eux non pas une femme
de
chair, mère de Jésus, mais leur Église ? Mais certains abjurèrent l’
3896
sus, mais leur Église ? Mais certains abjurèrent
l’
hérésie sans abandonner le « trobar » ? Eh oui ! tout comme tel conver
3897
ais certains abjurèrent l’hérésie sans abandonner
le
« trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans la plus récente po
3898
trobar » ? Eh oui ! tout comme tel converti dans
la
plus récente poésie, voue à la Vierge des images qu’il avait inventée
3899
tel converti dans la plus récente poésie, voue à
la
Vierge des images qu’il avait inventées pour d’autres. Peire d’Auverg
3900
étique. Mais venons-en aux textes, et considérons-
les
dans la très pure nudité et transparence de leur rhétorique amoureuse
3901
ais venons-en aux textes, et considérons-les dans
la
très pure nudité et transparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thèm
3902
rons-les dans la très pure nudité et transparence
de
leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de la mort, que l’on préfère aux d
3903
ransparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème
de
la mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de m
3904
sparence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de
la
mort, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mour
3905
eur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de la mort, que
l’
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joi
3906
on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc
de
mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pou
3907
dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que
de
joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
3908
Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni droit
de
me plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi. La « joie vilaine »
3909
me plaire tant. Ainsi chante Aimeric de Belenoi.
La
« joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir, si justemen
3910
ric de Belenoi. La « joie vilaine », c’est ce qui
le
guérirait de son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal
3911
i. La « joie vilaine », c’est ce qui le guérirait
de
son désir, si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, l
3912
st ce qui le guérirait de son désir, si justement
l’
amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire
3913
son désir, si justement l’amour sans fin n’était
le
mal qu’il aime, la « joy d’amor », le délire qui prévaut : …
3914
ement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime,
la
« joy d’amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou dé
3915
mour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy
d’
amor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occ
3916
fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’amor »,
le
délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que j
3917
t … et ce désir Prévaut — bien que fait
de
délire – Sur tout autre… S’il ne veut pas mourir encore, c’est qu’il
3918
st pas assez détaché du désir, c’est qu’il craint
de
quitter son corps par désespoir, « mortel péché », enfin, c’est qu’il
3919
’il ignore encore à quoi lui peut servir
De
laisser en extase son âme ravir. La doctrine n’exigeait-elle pas qu’
3920
peut servir De laisser en extase son âme ravir.
La
doctrine n’exigeait-elle pas qu’on mît fin à sa vie « non par lassitu
3921
ssitude ni par peur ou douleur, mais dans un état
de
parfait détachement de la matière…48 ». Voici le thème de la séparati
3922
douleur, mais dans un état de parfait détachement
de
la matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tou
3923
leur, mais dans un état de parfait détachement de
la
matière…48 ». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv de tout l
3924
de parfait détachement de la matière…48 ». Voici
le
thème de la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu
3925
it détachement de la matière…48 ». Voici le thème
de
la séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! commen
3926
détachement de la matière…48 ». Voici le thème de
la
séparation, le leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment s
3927
la matière…48 ». Voici le thème de la séparation,
le
leitmotiv de tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire
3928
». Voici le thème de la séparation, le leitmotiv
de
tout l’amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
3929
i le thème de la séparation, le leitmotiv de tout
l’
amour courtois : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’est loin,
3930
omment se peut-il faire Que plus m’est loin, plus
la
désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie la vraie 49 lumière e
3931
a désire ? Et voici Guiraut de Bornheil qui prie
la
vraie 49 lumière en attendant l’aube du jour terrestre : cette aube q
3932
ornheil qui prie la vraie 49 lumière en attendant
l’
aube du jour terrestre : cette aube qui doit le réunir à son « copain
3933
nt l’aube du jour terrestre : cette aube qui doit
le
réunir à son « copain » de route, et donc d’épreuves dans le monde. (
3934
: cette aube qui doit le réunir à son « copain »
de
route, et donc d’épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », serai
3935
doit le réunir à son « copain » de route, et donc
d’
épreuves dans le monde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et le
3936
son « copain » de route, et donc d’épreuves dans
le
monde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et le corps ? L’âme l
3937
dans le monde. (Ces deux « copains », seraient-ce
l’
âme et le corps ? L’âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais s
3938
onde. (Ces deux « copains », seraient-ce l’âme et
le
corps ? L’âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souvenons-
3939
deux « copains », seraient-ce l’âme et le corps ?
L’
âme liée au corps, mais désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi
3940
et le corps ? L’âme liée au corps, mais désirant
l’
esprit ? Mais souvenons-nous aussi de la coutume des missionnaires che
3941
ais désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi
de
la coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux
3942
désirant l’esprit ? Mais souvenons-nous aussi de
la
coutume des missionnaires cheminant deux par deux) : Roi glorieux, l
3943
À mon copain fidèle soit aide et bienvenue Car ne
l’
ai plus revu depuis la nuit venue Et bientôt viendra l’aube.
3944
it aide et bienvenue Car ne l’ai plus revu depuis
la
nuit venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de la ch
3945
u depuis la nuit venue Et bientôt viendra
l’
aube. Mais à la fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœu
3946
venue Et bientôt viendra l’aube. Mais à
la
fin de la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-
3947
Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin
de
la chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trou
3948
Et bientôt viendra l’aube. Mais à la fin de
la
chanson, le troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé
3949
tôt viendra l’aube. Mais à la fin de la chanson,
le
troubadour a-t-il trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de l
3950
trahi ses vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de
la
nuit la Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain,
3951
s vœux ? Ou bien a-t-il trouvé au sein de la nuit
la
Lumière vraie dont il ne faut se séparer ? Beau doux copain, tant ri
3952
our Que ne veux jamais plus voir aube ni jour Car
la
plus belle fille qui de mère naquit La tient dedans mes bras, donc pl
3953
lus voir aube ni jour Car la plus belle fille qui
de
mère naquit La tient dedans mes bras, donc plus ne me soucie
3954
i jour Car la plus belle fille qui de mère naquit
La
tient dedans mes bras, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni
3955
edans mes bras, donc plus ne me soucie Ni
de
jaloux ni d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille
3956
s, donc plus ne me soucie Ni de jaloux ni
d’
aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner
3957
d’aube. Ce rossignol allègrement vient de lancer
le
trille dont Wagner au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime d
3958
de lancer le trille dont Wagner au deuxième acte
de
Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht
3959
lle dont Wagner au deuxième acte de Tristan, fera
le
cri sublime de Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht d
3960
au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime
de
Brengaine : « Habet acht ! Habet acht ! Schon weicht dem Tag die Nach
3961
acht ! (« Prenez garde ! Prenez garde ! Voici que
la
nuit cède au jour ! ») Mais Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternell
3962
is Tristan répond, lui aussi : « Qu’éternellement
la
nuit nous enveloppe ! » Tout comme dans ce début d’une autre « aube »
3963
nuit nous enveloppe ! » Tout comme dans ce début
d’
une autre « aube »50 anonyme : En un verger, sous une loge d’aubépine,
3964
« aube »50 anonyme : En un verger, sous une loge
d’
aubépine, la dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guett
3965
anonyme : En un verger, sous une loge d’aubépine,
la
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que le guetteur ait crié
3966
dame a tenu son ami dans ses bras jusqu’à ce que
le
guetteur ait crié : Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! —
3967
usqu’à ce que le guetteur ait crié : Dieu ! c’est
l’
aube. Qu’elle vient donc vite ! — Combien je voudrais, mon Dieu, que l
3968
donc vite ! — Combien je voudrais, mon Dieu, que
la
nuit ne finît pas, que mon ami pût rester près de moi, et que jamais
3969
que mon ami pût rester près de moi, et que jamais
le
guetteur n’annonçât le lever de l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle
3970
près de moi, et que jamais le guetteur n’annonçât
le
lever de l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! » Ma
3971
oi, et que jamais le guetteur n’annonçât le lever
de
l’aube ! Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! » Mais cette
3972
et que jamais le guetteur n’annonçât le lever de
l’
aube ! Dieu ! c’est l’aube. Qu’elle vient donc vite ! » Mais cette « b
3973
teur n’annonçât le lever de l’aube ! Dieu ! c’est
l’
aube. Qu’elle vient donc vite ! » Mais cette « belle qui toujours dit
3974
qui toujours dit non » — encore que bien souvent
le
doute s’insinue — qui est-elle, femme ou symbole ? Pourquoi sont-ils
3975
sont-ils tous à jurer que jamais ils ne trahiront
le
secret de leur grande passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et d
3976
ous à jurer que jamais ils ne trahiront le secret
de
leur grande passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et d’une foi i
3977
et de leur grande passion — comme s’il s’agissait
d’
une foi, et d’une foi initiatique ? Renoncez, je vous le dis, au nom
3978
nde passion — comme s’il s’agissait d’une foi, et
d’
une foi initiatique ? Renoncez, je vous le dis, au nom d’Amour et au
3979
oi, et d’une foi initiatique ? Renoncez, je vous
le
dis, au nom d’Amour et au mien renoncez, perfides délateurs, accompli
3980
est son pays, s’il est loin ou près, car je vous
le
tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot
3981
us le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que
de
faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mériterait ce sac
3982
plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est
la
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri de Guillaume de Poit
3983
« dame » qui mériterait ce sacrifice ? Ou ce cri
de
Guillaume de Poitiers : Par elle seule je serai sauvé ! Ou cette in
3984
elle seule je serai sauvé ! Ou cette invocation
d’
Uc de Saint-Circ à une Dame sans merci : Je ne désire pas que Dieu m’
3985
ou bonheur, sinon par vous ! S’il ne s’agit que
de
figures de rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? E
3986
, sinon par vous ! S’il ne s’agit que de figures
de
rhétorique, quel est l’esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amou
3987
ne s’agit que de figures de rhétorique, quel est
l’
esprit qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut l’idée platonic
3988
t qui leur donna naissance ? Et quel Amour en fut
l’
idée platonicienne ? Dans sa chanson Du moindre tiers d’Amour — celui
3989
platonicienne ? Dans sa chanson Du moindre tiers
d’
Amour — celui des femmes — Guiraut de Calanson dit des deux autres tie
3990
— Guiraut de Calanson dit des deux autres tiers,
l’
amour des parents et l’amour divin : Au second tiers conviennent Nobl
3991
dit des deux autres tiers, l’amour des parents et
l’
amour divin : Au second tiers conviennent Noblesse et Merci ; et le p
3992
conviennent Noblesse et Merci ; et le premier est
de
telle élévation qu’au-dessus du ciel plane son pouvoir. Cet Amour un
3993
est du genre féminin) qui chez Dante va « mouvoir
le
ciel et toutes les étoiles », et dont Guiraut nous dit ici qu’il plan
3994
in) qui chez Dante va « mouvoir le ciel et toutes
les
étoiles », et dont Guiraut nous dit ici qu’il plane « au-dessus du ci
3995
plane « au-dessus du ciel », n’est-ce point déjà
la
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant la
3996
Divinité en soi des grands mystiques hétérodoxes,
le
Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart,
3997
en soi des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu
d’
avant la Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart, et plus
3998
des grands mystiques hétérodoxes, le Dieu d’avant
la
Trinité dont nous parlent la Gnose et Maître Eckhart, et plus précisé
3999
xes, le Dieu d’avant la Trinité dont nous parlent
la
Gnose et Maître Eckhart, et plus précisément encore, le Dieu « suress
4000
se et Maître Eckhart, et plus précisément encore,
le
Dieu « suressentiel » qui selon Bernard de Chartres (vers 1150 !) « r
4001
réside au-dessus des cieux, » et dont « Noys » —
le
Noûs grec — est l’émanation intellectuelle et féminine ? Et d’où vien
4002
es cieux, » et dont « Noys » — le Noûs grec — est
l’
émanation intellectuelle et féminine ? Et d’où viendrait, sinon, l’inc
4003
— est l’émanation intellectuelle et féminine ? Et
d’
où viendrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment d’équivoque don
4004
lectuelle et féminine ? Et d’où viendrait, sinon,
l’
incertitude, voire le sentiment d’équivoque dont on ne peut se départi
4005
? Et d’où viendrait, sinon, l’incertitude, voire
le
sentiment d’équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces
4006
endrait, sinon, l’incertitude, voire le sentiment
d’
équivoque dont on ne peut se départir à la lecture de ces poèmes amour
4007
ntiment d’équivoque dont on ne peut se départir à
la
lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51
4008
quivoque dont on ne peut se départir à la lecture
de
ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51 — le prétex
4009
a lecture de ces poèmes amoureux ? Il s’agit bien
d’
une femme réelle51 — le prétexte physique est là — mais comme dans le
4010
amoureux ? Il s’agit bien d’une femme réelle51 —
le
prétexte physique est là — mais comme dans le Cantique des Cantiques,
4011
1 — le prétexte physique est là — mais comme dans
le
Cantique des Cantiques, le ton est réellement mystique. Les érudits n
4012
t là — mais comme dans le Cantique des Cantiques,
le
ton est réellement mystique. Les érudits nous ressassent leur formule
4013
ue des Cantiques, le ton est réellement mystique.
Les
érudits nous ressassent leur formule : il n’y aurait là, « tout simpl
4014
n’y aurait là, « tout simplement », qu’une manie
d’
idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette m
4015
là, « tout simplement », qu’une manie d’idéaliser
la
femme et l’amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une
4016
implement », qu’une manie d’idéaliser la femme et
l’
amour naturel. Mais d’où provient donc cette manie ? D’une « humeur id
4017
nie d’idéaliser la femme et l’amour naturel. Mais
d’
où provient donc cette manie ? D’une « humeur idéalisante » ? Lisons p
4018
ur naturel. Mais d’où provient donc cette manie ?
D’
une « humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique de Peire de Rog
4019
humeur idéalisante » ? Lisons plutôt ce cantique
de
Peire de Rogiers : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin d’ell
4020
rs : Âpre tourment je dois souffrir Pour chagrin
d’
elle que j’ai si grand Mon cœur ne s’en doit point défaire Ni jamais j
4021
is rien, car ne sais vouloir qu’ELLE ! Et ce cri
de
Bernart de Ventadour : Elle m’a pris mon cœur, elle m’a pris moi-mêm
4022
s mon cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis elle s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant que mo
4023
ésir et mon cœur assoiffé ! Et ces deux strophes
d’
Arnaut Daniel — un noble qui se fit jongleur errant, et dont les roman
4024
el — un noble qui se fit jongleur errant, et dont
les
romanistes assurent que les poèmes sont « vides de pensée » : n’y tro
4025
gleur errant, et dont les romanistes assurent que
les
poèmes sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche pré
4026
s romanistes assurent que les poèmes sont « vides
de
pensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de la mystique nég
4027
es sont « vides de pensée » : n’y trouve-t-on pas
la
démarche précise de la mystique négative, et ses métaphores invariabl
4028
ensée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise
de
la mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et l
4029
ée » : n’y trouve-t-on pas la démarche précise de
la
mystique négative, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et la r
4030
que négative, et ses métaphores invariables ? Je
l’
aime et la recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je croi
4031
ve, et ses métaphores invariables ? Je l’aime et
la
recherche de si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m
4032
taphores invariables ? Je l’aime et la recherche
de
si grand cœur que, par excès de désir, je crois que je m’enlèverai to
4033
e et la recherche de si grand cœur que, par excès
de
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdr
4034
désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si
l’
on peut rien perdre à force de bien aimer. Car son cœur submerge le mi
4035
aimer. Car son cœur submerge le mien tout entier
d’
un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’o
4036
er d’un flot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni
l’
Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme le pape, si je ne dois pas faire r
4037
lot qui ne s’évapore plus… Je ne veux ni l’Empire
de
Rome, ni qu’on m’en nomme le pape, si je ne dois pas faire retour ver
4038
ne veux ni l’Empire de Rome, ni qu’on m’en nomme
le
pape, si je ne dois pas faire retour vers elle pour qui mon cœur s’em
4039
e ne guérit pas mon tourment avec un baiser avant
le
Nouvel An, elle me détruit et elle se damne. ⁂ Il est temps maintena
4040
ruit et elle se damne. ⁂ Il est temps maintenant
de
pousser à l’extrême l’intuition directrice de cette recherche. Si la
4041
se damne. ⁂ Il est temps maintenant de pousser à
l’
extrême l’intuition directrice de cette recherche. Si la Dame n’est pa
4042
⁂ Il est temps maintenant de pousser à l’extrême
l’
intuition directrice de cette recherche. Si la Dame n’est pas simpleme
4043
ant de pousser à l’extrême l’intuition directrice
de
cette recherche. Si la Dame n’est pas simplement l’Église d’Amour des
4044
ême l’intuition directrice de cette recherche. Si
la
Dame n’est pas simplement l’Église d’Amour des cathares (comme ont pu
4045
cette recherche. Si la Dame n’est pas simplement
l’
Église d’Amour des cathares (comme ont pu le croire Aroux et Péladan),
4046
cherche. Si la Dame n’est pas simplement l’Église
d’
Amour des cathares (comme ont pu le croire Aroux et Péladan), ni la Ma
4047
ement l’Église d’Amour des cathares (comme ont pu
le
croire Aroux et Péladan), ni la Maria-Sophia des hérésies gnostiques
4048
res (comme ont pu le croire Aroux et Péladan), ni
la
Maria-Sophia des hérésies gnostiques (le Principe féminin de la divin
4049
dan), ni la Maria-Sophia des hérésies gnostiques (
le
Principe féminin de la divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus
4050
phia des hérésies gnostiques (le Principe féminin
de
la divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore
4051
a des hérésies gnostiques (le Principe féminin de
la
divinité), ne serait-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore : l
4052
ncipe féminin de la divinité), ne serait-elle pas
l’
Anima, ou plus précisément encore : la part spirituelle de l’homme, ce
4053
it-elle pas l’Anima, ou plus précisément encore :
la
part spirituelle de l’homme, celle que son âme emprisonnée dans le co
4054
ou plus précisément encore : la part spirituelle
de
l’homme, celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amo
4055
plus précisément encore : la part spirituelle de
l’
homme, celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amour
4056
le de l’homme, celle que son âme emprisonnée dans
le
corps appelle d’un amour nostalgique que la mort seule pourra combler
4057
lle que son âme emprisonnée dans le corps appelle
d’
un amour nostalgique que la mort seule pourra combler ? Dans les Képha
4058
dans le corps appelle d’un amour nostalgique que
la
mort seule pourra combler ? Dans les Képhalaïa ou Chapitres de Manès5
4059
stalgique que la mort seule pourra combler ? Dans
les
Képhalaïa ou Chapitres de Manès52, on peut lire au chapitre X comment
4060
pourra combler ? Dans les Képhalaïa ou Chapitres
de
Manès52, on peut lire au chapitre X comment l’élu qui a renoncé au mo
4061
es de Manès52, on peut lire au chapitre X comment
l’
élu qui a renoncé au monde reçoit l’imposition des mains (ce sera chez
4062
tre X comment l’élu qui a renoncé au monde reçoit
l’
imposition des mains (ce sera chez les cathares le consolamentum, géné
4063
monde reçoit l’imposition des mains (ce sera chez
les
cathares le consolamentum, généralement donné à l’approche de la mort
4064
l’imposition des mains (ce sera chez les cathares
le
consolamentum, généralement donné à l’approche de la mort), comment i
4065
s cathares le consolamentum, généralement donné à
l’
approche de la mort), comment il se voit de la sorte « ordonné » dans
4066
le consolamentum, généralement donné à l’approche
de
la mort), comment il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit de
4067
consolamentum, généralement donné à l’approche de
la
mort), comment il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lu
4068
onné à l’approche de la mort), comment il se voit
de
la sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lumière ; comment enfin, au mom
4069
é à l’approche de la mort), comment il se voit de
la
sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lumière ; comment enfin, au moment
4070
, comment il se voit de la sorte « ordonné » dans
l’
Esprit de Lumière ; comment enfin, au moment de sa mort, la forme de L
4071
il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit
de
Lumière ; comment enfin, au moment de sa mort, la forme de Lumière, q
4072
de Lumière ; comment enfin, au moment de sa mort,
la
forme de Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et le console par
4073
e ; comment enfin, au moment de sa mort, la forme
de
Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et le console par un baiser
4074
e de Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et
le
console par un baiser ; comment son ange lui tend la main droite et l
4075
console par un baiser ; comment son ange lui tend
la
main droite et le salue également d’un baiser d’amour ; comment enfin
4076
ser ; comment son ange lui tend la main droite et
le
salue également d’un baiser d’amour ; comment enfin l’élu vénère sa p
4077
nge lui tend la main droite et le salue également
d’
un baiser d’amour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme de lumi
4078
la main droite et le salue également d’un baiser
d’
amour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme de lumière, sa salv
4079
lue également d’un baiser d’amour ; comment enfin
l’
élu vénère sa propre forme de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait
4080
mour ; comment enfin l’élu vénère sa propre forme
de
lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait de la « Dame de ses pensées
4081
forme de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait
de
la « Dame de ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée
4082
me de lumière, sa salvatrice. Or, qu’attendait de
la
« Dame de ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée «
4083
ère, sa salvatrice. Or, qu’attendait de la « Dame
de
ses pensées », inaccessible par essence, toujours placée « en trop ha
4084
toujours placée « en trop haut lieu » pour lui53,
le
troubadour souffrant de l’amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard
4085
p haut lieu » pour lui53, le troubadour souffrant
de
l’amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard, un seul salut. Jaufré
4086
aut lieu » pour lui53, le troubadour souffrant de
l’
amour vrai ? Un seul baiser, un seul regard, un seul salut. Jaufré Rud
4087
eul regard, un seul salut. Jaufré Rudel, au terme
d’
un amour conçu pour une femme qu’il n’a jamais vue, rejoignant enfin c
4088
’a jamais vue, rejoignant enfin cette image après
la
traversée d’une mer, meurt dans les bras de la comtesse de Tripoli dè
4089
, rejoignant enfin cette image après la traversée
d’
une mer, meurt dans les bras de la comtesse de Tripoli dès qu’il en a
4090
te image après la traversée d’une mer, meurt dans
les
bras de la comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de
4091
après la traversée d’une mer, meurt dans les bras
de
la comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et
4092
ès la traversée d’une mer, meurt dans les bras de
la
comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et le
4093
sse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul baiser
de
paix et le salut. Il s’agit d’une légende, mais tirée des poèmes qui
4094
oli dès qu’il en a reçu un seul baiser de paix et
le
salut. Il s’agit d’une légende, mais tirée des poèmes qui chantent be
4095
eçu un seul baiser de paix et le salut. Il s’agit
d’
une légende, mais tirée des poèmes qui chantent bel et bien « l’amour
4096
mais tirée des poèmes qui chantent bel et bien «
l’
amour de loin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais le furent-
4097
rée des poèmes qui chantent bel et bien « l’amour
de
loin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais le furent-elles, e
4098
oin ». Il y eut aussi des dames « réelles »… Mais
le
furent-elles, en vérité, plus que cet événement psychique ? De l’énig
4099
es, en vérité, plus que cet événement psychique ?
De
l’énigme historique, dont plusieurs ont cru voir la solution dans l’h
4100
en vérité, plus que cet événement psychique ? De
l’
énigme historique, dont plusieurs ont cru voir la solution dans l’hypo
4101
l’énigme historique, dont plusieurs ont cru voir
la
solution dans l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité de l’Égl
4102
que, dont plusieurs ont cru voir la solution dans
l’
hypothèse fort excitante d’une clandestinité de l’Église hérétique, do
4103
voir la solution dans l’hypothèse fort excitante
d’
une clandestinité de l’Église hérétique, dont les poètes eussent été l
4104
ns l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité
de
l’Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous pass
4105
l’hypothèse fort excitante d’une clandestinité de
l’
Église hérétique, dont les poètes eussent été les agents, nous passons
4106
e d’une clandestinité de l’Église hérétique, dont
les
poètes eussent été les agents, nous passons maintenant au mystère d’u
4107
e l’Église hérétique, dont les poètes eussent été
les
agents, nous passons maintenant au mystère d’une passion proprement r
4108
té les agents, nous passons maintenant au mystère
d’
une passion proprement religieuse, d’une conception mystique de l’homm
4109
t au mystère d’une passion proprement religieuse,
d’
une conception mystique de l’homme, fortement attestée dans la vie mêm
4110
proprement religieuse, d’une conception mystique
de
l’homme, fortement attestée dans la vie même des âmes. Essayons à nou
4111
oprement religieuse, d’une conception mystique de
l’
homme, fortement attestée dans la vie même des âmes. Essayons à nouvea
4112
tion mystique de l’homme, fortement attestée dans
la
vie même des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre les pointes e
4113
tée dans la vie même des âmes. Essayons à nouveau
de
repérer, entre les pointes et les oscillations extrêmes de cette rech
4114
me des âmes. Essayons à nouveau de repérer, entre
les
pointes et les oscillations extrêmes de cette recherche, la réalité g
4115
sayons à nouveau de repérer, entre les pointes et
les
oscillations extrêmes de cette recherche, la réalité généralement int
4116
r, entre les pointes et les oscillations extrêmes
de
cette recherche, la réalité généralement intermédiaire, donc moins «
4117
et les oscillations extrêmes de cette recherche,
la
réalité généralement intermédiaire, donc moins « claire » et moins «
4118
égagent, presque malgré moi, des conclusions dont
l’
importance risque de se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèv
4119
gré moi, des conclusions dont l’importance risque
de
se mesurer au nombre d’objections qu’elles soulèveront. Je ne songe p
4120
dont l’importance risque de se mesurer au nombre
d’
objections qu’elles soulèveront. Je ne songe pas à esquiver des critiq
4121
squiver des critiques que j’espère fécondes. Mais
le
lecteur me saura gré de tenir compte des doutes qui ont dû s’élever d
4122
e j’espère fécondes. Mais le lecteur me saura gré
de
tenir compte des doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et d’ind
4123
es doutes qui ont dû s’élever dans son esprit, et
d’
indiquer en bref par quelles raisons je crois pouvoir les surmonter. O
4124
quer en bref par quelles raisons je crois pouvoir
les
surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que la religion des cathares n
4125
ir les surmonter. On a dit et on me dira : 1° Que
la
religion des cathares nous est encore mal connue et qu’il est donc au
4126
e mal connue et qu’il est donc au moins prématuré
d’
y voir la source (ou l’une des sources principales) du lyrisme courtoi
4127
nue et qu’il est donc au moins prématuré d’y voir
la
source (ou l’une des sources principales) du lyrisme courtois ; 2° Qu
4128
sources principales) du lyrisme courtois ; 2° Que
les
troubadours n’ont jamais dit qu’ils suivaient cette religion, ou que
4129
t qu’ils suivaient cette religion, ou que c’était
d’
elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n’
4130
ait d’elle qu’ils parlaient ; 3° Qu’au contraire,
l’
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du dé
4131
u’au contraire, l’amour qu’ils exaltent n’est que
l’
idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue ma
4132
amour qu’ils exaltent n’est que l’idéalisation ou
la
sublimation du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de la c
4133
du désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment,
de
la confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platonicienne
4134
désir sexuel ; 4° Qu’on distingue mal comment, de
la
confuse combinaison de doctrines manichéennes et néo-platoniciennes,
4135
distingue mal comment, de la confuse combinaison
de
doctrines manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond de traditio
4136
s manichéennes et néo-platoniciennes, sur un fond
de
traditions celtibériques, aurait pu naître une rhétorique aussi préci
4137
cise que celle des troubadours. Je répondrai dans
l’
ordre à ces critiques. 1. Religion mal connue. Si elle n’était pas con
4138
n mal connue. Si elle n’était pas connue du tout,
le
problème du lyrisme provençal resterait totalement obscur, comme il r
4139
çal resterait totalement obscur, comme il ressort
de
l’aveu même des romanistes. Or je le répète, je me refuse, pour ma pa
4140
resterait totalement obscur, comme il ressort de
l’
aveu même des romanistes. Or je le répète, je me refuse, pour ma part,
4141
e il ressort de l’aveu même des romanistes. Or je
le
répète, je me refuse, pour ma part, à considérer comme absurde une po
4142
sidérer comme absurde une poétique et une éthique
de
l’amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles
4143
érer comme absurde une poétique et une éthique de
l’
amour d’où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuv
4144
me absurde une poétique et une éthique de l’amour
d’
où sont issues, dans les siècles suivants, les plus belles œuvres de l
4145
et une éthique de l’amour d’où sont issues, dans
les
siècles suivants, les plus belles œuvres de la littérature occidental
4146
mour d’où sont issues, dans les siècles suivants,
les
plus belles œuvres de la littérature occidentale. D’autre part, ce qu
4147
dans les siècles suivants, les plus belles œuvres
de
la littérature occidentale. D’autre part, ce que l’on connaît aujourd
4148
s les siècles suivants, les plus belles œuvres de
la
littérature occidentale. D’autre part, ce que l’on connaît aujourd’hu
4149
la littérature occidentale. D’autre part, ce que
l’
on connaît aujourd’hui des croyances et des rites cathares suffit à ét
4150
it à établir sans plus de contestations possibles
les
origines manichéennes de l’hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui f
4151
contestations possibles les origines manichéennes
de
l’hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2)
4152
testations possibles les origines manichéennes de
l’
hérésie. Or, si l’on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
4153
es les origines manichéennes de l’hérésie. Or, si
l’
on se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur la nature essenti
4154
se reporte à ce qui fut dit plus haut (II, 2) sur
la
nature essentiellement lyrique des dogmes manichéens en général, il a
4155
nichéens en général, il apparaît qu’un supplément
d’
information sur telle ou telle nuance ou altération qu’auraient reçues
4156
ou altération qu’auraient reçues ces dogmes dans
l’
Église du Midi, n’apporterait pas grand-chose pour ou contre ma thèse.
4157
lles et exactes du dogme qu’il faut chercher dans
la
rhétorique courtoise, mais bien le développement lyrique et psalmodiq
4158
chercher dans la rhétorique courtoise, mais bien
le
développement lyrique et psalmodique des symboles fondamentaux. De mê
4159
entaux. De même, pour prendre un exemple moderne,
le
« sentiment chrétien » que l’on reconnaît chez un Baudelaire est autr
4160
un exemple moderne, le « sentiment chrétien » que
l’
on reconnaît chez un Baudelaire est autre chose qu’une transposition t
4161
lité (même formelle) qui serait inconcevable sans
le
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et d
4162
dogme catholique ; à quoi s’ajoutent des éléments
de
vocabulaire et de syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On
4163
à quoi s’ajoutent des éléments de vocabulaire et
de
syntaxe dont l’origine est nettement liturgique. On peut imaginer que
4164
nt des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont
l’
origine est nettement liturgique. On peut imaginer que les thèmes que
4165
ne est nettement liturgique. On peut imaginer que
les
thèmes que nous avons relevés chez les poètes provençaux entretiennen
4166
aginer que les thèmes que nous avons relevés chez
les
poètes provençaux entretiennent avec le néo-manichéisme des relations
4167
vés chez les poètes provençaux entretiennent avec
le
néo-manichéisme des relations d’un type analogue54. Au surplus, la to
4168
tretiennent avec le néo-manichéisme des relations
d’
un type analogue54. Au surplus, la tonalité hérétique des lieux commun
4169
e des relations d’un type analogue54. Au surplus,
la
tonalité hérétique des lieux communs de la rhétorique courtoise devie
4170
surplus, la tonalité hérétique des lieux communs
de
la rhétorique courtoise devient sensible dès que l’on compare ces lie
4171
rplus, la tonalité hérétique des lieux communs de
la
rhétorique courtoise devient sensible dès que l’on compare ces lieux
4172
la rhétorique courtoise devient sensible dès que
l’
on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque
4173
ble dès que l’on compare ces lieux communs à ceux
de
la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que J
4174
dès que l’on compare ces lieux communs à ceux de
la
poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jean
4175
e ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale
de
l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
4176
es lieux communs à ceux de la poésie cléricale de
l’
époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans le
4177
iste aussi sceptique que Jeanroy n’a pas été sans
le
remarquer. Parlant de la lyrique abstraite des troubadours du xiiie
4178
ue Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant
de
la lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle et de la confus
4179
Jeanroy n’a pas été sans le remarquer. Parlant de
la
lyrique abstraite des troubadours du xiiie siècle et de la confusion
4180
que abstraite des troubadours du xiiie siècle et
de
la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il
4181
abstraite des troubadours du xiiie siècle et de
la
confusion qu’elle favorise, de Dieu et de la Dame des pensées, il écr
4182
iiie siècle et de la confusion qu’elle favorise,
de
Dieu et de la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on,
4183
e et de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et
de
la Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
4184
t de la confusion qu’elle favorise, de Dieu et de
la
Dame des pensées, il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures de
4185
il écrit : « Il n’y a là, dira-t-on, que figures
de
rhétorique sans conséquences. Soit. Mais les théories que les troubad
4186
gures de rhétorique sans conséquences. Soit. Mais
les
théories que les troubadours développaient avec une si grave applicat
4187
ue sans conséquences. Soit. Mais les théories que
les
troubadours développaient avec une si grave application, ne sont-elle
4188
ourquoi n’y a-t-il dans leurs œuvres aucune trace
de
ce déchirement intérieur, de ce dissidio qui rend si pathétiques cert
4189
œuvres aucune trace de ce déchirement intérieur,
de
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers de Pétrarque55 » ?
4190
ce dissidio qui rend si pathétiques certains vers
de
Pétrarque55 » ? 2. Les troubadours gardent le secret. À la thèse du c
4191
i pathétiques certains vers de Pétrarque55 » ? 2.
Les
troubadours gardent le secret. À la thèse du catharisme secret des tr
4192
ers de Pétrarque55 » ? 2. Les troubadours gardent
le
secret. À la thèse du catharisme secret des troubadours, plusieurs au
4193
que55 » ? 2. Les troubadours gardent le secret. À
la
thèse du catharisme secret des troubadours, plusieurs auteurs récents
4194
ecté que jamais un poète courtois n’avait « vendu
la
mèche » même une fois converti à l’orthodoxie catholique. C’est suppo
4195
avait « vendu la mèche » même une fois converti à
l’
orthodoxie catholique. C’est supposer chez l’homme du xiie siècle une
4196
ti à l’orthodoxie catholique. C’est supposer chez
l’
homme du xiie siècle une forme de conscience qui ne pouvait être la s
4197
t supposer chez l’homme du xiie siècle une forme
de
conscience qui ne pouvait être la sienne. Si l’on essaie de se replac
4198
e de conscience qui ne pouvait être la sienne. Si
l’
on essaie de se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit
4199
nce qui ne pouvait être la sienne. Si l’on essaie
de
se replacer dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absen
4200
tre la sienne. Si l’on essaie de se replacer dans
l’
atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence de signification
4201
dans l’atmosphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que
l’
absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beauco
4202
osphère du Moyen Âge, on s’aperçoit que l’absence
de
signification symbolique d’une poésie serait un fait beaucoup plus sc
4203
perçoit que l’absence de signification symbolique
d’
une poésie serait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut être à
4204
ndaleux que ne peut être à nos yeux, par exemple,
le
symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chos
4205
peut être à nos yeux, par exemple, le symbolisme
de
la Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie aut
4206
ut être à nos yeux, par exemple, le symbolisme de
la
Dame. Dans l’optique de l’homme médiéval, toute chose signifie autre
4207
mple, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de
l’
homme médiéval, toute chose signifie autre chose comme dans les rêves,
4208
éval, toute chose signifie autre chose comme dans
les
rêves, et cela sans qu’intervienne aucun effort de traduction concept
4209
s rêves, et cela sans qu’intervienne aucun effort
de
traduction conceptuelle. En d’autres termes, le médiéval n’a pas beso
4210
t de traduction conceptuelle. En d’autres termes,
le
médiéval n’a pas besoin de se formuler le sens des symboles qu’il emp
4211
e. En d’autres termes, le médiéval n’a pas besoin
de
se formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une c
4212
termes, le médiéval n’a pas besoin de se formuler
le
sens des symboles qu’il emploie, ni d’en prendre une conscience disti
4213
e formuler le sens des symboles qu’il emploie, ni
d’
en prendre une conscience distincte. Il est indemne de ce rationalisme
4214
prendre une conscience distincte. Il est indemne
de
ce rationalisme qui nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
4215
onalisme qui nous permet, à nous autres modernes,
d’
isoler et d’abstraire de toute ambiance significative les objets que n
4216
nous permet, à nous autres modernes, d’isoler et
d’
abstraire de toute ambiance significative les objets que nous considér
4217
, à nous autres modernes, d’isoler et d’abstraire
de
toute ambiance significative les objets que nous considérons56. L’un
4218
er et d’abstraire de toute ambiance significative
les
objets que nous considérons56. L’un des meilleurs historiens des mœur
4219
iques ; celui, entre autres, du mystique Suso : «
La
vie de la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, s
4220
celui, entre autres, du mystique Suso : « La vie
de
la chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée
4221
lui, entre autres, du mystique Suso : « La vie de
la
chrétienté médiévale est, dans toutes ses manifestations, saturée de
4222
vale est, dans toutes ses manifestations, saturée
de
représentations religieuses. Pas de choses ou d’actions, si ordinaire
4223
ions, saturée de représentations religieuses. Pas
de
choses ou d’actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche c
4224
de représentations religieuses. Pas de choses ou
d’
actions, si ordinaires soient-elles, dont on ne cherche constamment à
4225
t-elles, dont on ne cherche constamment à établir
le
rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la ten
4226
ne cherche constamment à établir le rapport avec
la
foi. Mais dans cette atmosphère de saturation, la tension religieuse,
4227
e rapport avec la foi. Mais dans cette atmosphère
de
saturation, la tension religieuse, l’idée transcendantale, l’élan ver
4228
la foi. Mais dans cette atmosphère de saturation,
la
tension religieuse, l’idée transcendantale, l’élan vers le sublime, n
4229
atmosphère de saturation, la tension religieuse,
l’
idée transcendantale, l’élan vers le sublime, ne peuvent être toujours
4230
n, la tension religieuse, l’idée transcendantale,
l’
élan vers le sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils
4231
n religieuse, l’idée transcendantale, l’élan vers
le
sublime, ne peuvent être toujours présents. Viennent-ils à manquer, t
4232
s à manquer, tout ce qui était destiné à stimuler
la
conscience religieuse dégénère en profane banalité, en choquant matér
4233
banalité, en choquant matérialisme à prétentions
d’
au-delà. Même chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso, le subl
4234
me à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique
de
l’envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le
4235
à prétentions d’au-delà. Même chez un mystique de
l’
envergure d’un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ri
4236
s d’au-delà. Même chez un mystique de l’envergure
d’
un Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il e
4237
chez un mystique de l’envergure d’un Henri Suso,
le
sublime nous semble parfois frôler le ridicule. Il est sublime quand,
4238
Henri Suso, le sublime nous semble parfois frôler
le
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers la Vierge, il rend h
4239
ridicule. Il est sublime quand, par piété envers
la
Vierge, il rend hommage à toutes les femmes et marche dans la boue po
4240
piété envers la Vierge, il rend hommage à toutes
les
femmes et marche dans la boue pour laisser passer une pauvresse. Subl
4241
l rend hommage à toutes les femmes et marche dans
la
boue pour laisser passer une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
4242
sser une pauvresse. Sublime encore, quand il suit
les
usages de l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier ma
4243
uvresse. Sublime encore, quand il suit les usages
de
l’amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offra
4244
esse. Sublime encore, quand il suit les usages de
l’
amour profane et célèbre le jour de l’an et le premier mai en offrant
4245
il suit les usages de l’amour profane et célèbre
le
jour de l’an et le premier mai en offrant une couronne et une chanson
4246
offrant une couronne et une chanson à sa fiancée,
la
Sagesse éternelle. Mais que penser du reste ? À table, il mange les t
4247
lle. Mais que penser du reste ? À table, il mange
les
trois quarts d’une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier qu
4248
ser du reste ? À table, il mange les trois quarts
d’
une pomme en l’honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour po
4249
À table, il mange les trois quarts d’une pomme en
l’
honneur de la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céle
4250
l mange les trois quarts d’une pomme en l’honneur
de
la Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui do
4251
ange les trois quarts d’une pomme en l’honneur de
la
Trinité, et le dernier quart par amour pour la Mère céleste qui donna
4252
de la Trinité, et le dernier quart par amour pour
la
Mère céleste qui donnait à manger une pomme à son tendre enfant Jésus
4253
son tendre enfant Jésus ; et ce dernier quart, il
le
mange avec la peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs
4254
ant Jésus ; et ce dernier quart, il le mange avec
la
peau, parce que les petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après
4255
ernier quart, il le mange avec la peau, parce que
les
petits garçons ne pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où l’
4256
pèlent pas leurs pommes. Après Noël, au temps où
l’
Enfant est trop jeune pour manger des fruits, Suso ne mange pas ce der
4257
fruits, Suso ne mange pas ce dernier quart, mais
l’
offre à Marie qui le donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq t
4258
ge pas ce dernier quart, mais l’offre à Marie qui
le
donnera à son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour les cinq
4259
son fils. Il prend sa boisson en cinq traits pour
les
cinq plaies du Seigneur ; mais il double la cinquième gorgée parce qu
4260
il double la cinquième gorgée parce que du flanc
de
Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de la vie p
4261
gée parce que du flanc de Jésus, coula du sang et
de
l’eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limit
4262
parce que du flanc de Jésus, coula du sang et de
l’
eau. Voilà la sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites5
4263
flanc de Jésus, coula du sang et de l’eau. Voilà
la
sanctification de la vie poussée à ses extrêmes limites57. » Dira-t-o
4264
oula du sang et de l’eau. Voilà la sanctification
de
la vie poussée à ses extrêmes limites57. » Dira-t-on que l’on tombe i
4265
a du sang et de l’eau. Voilà la sanctification de
la
vie poussée à ses extrêmes limites57. » Dira-t-on que l’on tombe ici
4266
poussée à ses extrêmes limites57. » Dira-t-on que
l’
on tombe ici du symbole dans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visi
4267
7. » Dira-t-on que l’on tombe ici du symbole dans
l’
allégorie ? Oui, mais par un excès visible. Le même auteur remarque un
4268
ans l’allégorie ? Oui, mais par un excès visible.
Le
même auteur remarque un peu plus loin que « la naïve conscience relig
4269
e. Le même auteur remarque un peu plus loin que «
la
naïve conscience religieuse de la multitude n’avait pas besoin de pre
4270
eu plus loin que « la naïve conscience religieuse
de
la multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière
4271
plus loin que « la naïve conscience religieuse de
la
multitude n’avait pas besoin de preuves intellectuelles en matière de
4272
nce religieuse de la multitude n’avait pas besoin
de
preuves intellectuelles en matière de foi : la seule présence d’une i
4273
in de preuves intellectuelles en matière de foi :
la
seule présence d’une image visible des choses saintes suffisait à en
4274
llectuelles en matière de foi : la seule présence
d’
une image visible des choses saintes suffisait à en démontrer la vérit
4275
sible des choses saintes suffisait à en démontrer
la
vérité » (p. 199). C’est dire que le « secret » des troubadours était
4276
en démontrer la vérité » (p. 199). C’est dire que
le
« secret » des troubadours était en somme une évidence symbolique aux
4277
bolique aux yeux des initiés et des sympathisants
de
l’Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idé
4278
ique aux yeux des initiés et des sympathisants de
l’
Église d’Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée,
4279
yeux des initiés et des sympathisants de l’Église
d’
Amour. Normalement, il ne serait venu à personne cette idée, stricteme
4280
u à personne cette idée, strictement moderne, que
les
symboles, pour être valables, dussent être commentés et expliqués d’u
4281
tre valables, dussent être commentés et expliqués
d’
une manière non symbolique… Une objection inverse a été faite : commen
4282
t-il que jamais un cathare converti n’ait dénoncé
les
troubadours comme propagateurs de l’hérésie ? La réponse me paraît ai
4283
n’ait dénoncé les troubadours comme propagateurs
de
l’hérésie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubado
4284
ait dénoncé les troubadours comme propagateurs de
l’
hérésie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubadours
4285
les troubadours comme propagateurs de l’hérésie ?
La
réponse me paraît aisée. Il est clair que les troubadours n’étaient n
4286
ie ? La réponse me paraît aisée. Il est clair que
les
troubadours n’étaient nullement considérés comme des prédicateurs ni
4287
me des « croyants », et plus souvent encore comme
de
simples sympathisants. Ces distinctions, d’ailleurs, étaient bien moi
4288
illeurs, étaient bien moins tranchées qu’elles ne
le
seraient de nos jours. Ils chantaient, pour un public en majorité fav
4289
ient bien moins tranchées qu’elles ne le seraient
de
nos jours. Ils chantaient, pour un public en majorité favorable à l’h
4290
hantaient, pour un public en majorité favorable à
l’
hérésie, une forme d’amour qui se trouvait correspondre (et répondre)
4291
blic en majorité favorable à l’hérésie, une forme
d’
amour qui se trouvait correspondre (et répondre) à la situation morale
4292
mour qui se trouvait correspondre (et répondre) à
la
situation morale très difficile résultant à la fois de la condamnatio
4293
tuation morale très difficile résultant à la fois
de
la condamnation religieuse portée sur la sexualité par les Parfaits,
4294
tion morale très difficile résultant à la fois de
la
condamnation religieuse portée sur la sexualité par les Parfaits, et
4295
la fois de la condamnation religieuse portée sur
la
sexualité par les Parfaits, et de la révolte naturelle contre la conc
4296
ndamnation religieuse portée sur la sexualité par
les
Parfaits, et de la révolte naturelle contre la conception orthodoxe d
4297
euse portée sur la sexualité par les Parfaits, et
de
la révolte naturelle contre la conception orthodoxe du mariage, récem
4298
e portée sur la sexualité par les Parfaits, et de
la
révolte naturelle contre la conception orthodoxe du mariage, récemmen
4299
r les Parfaits, et de la révolte naturelle contre
la
conception orthodoxe du mariage, récemment réaffirmée par la réforme
4300
on orthodoxe du mariage, récemment réaffirmée par
la
réforme grégorienne. Ils avaient donc à se garder à la fois contre la
4301
ne. Ils avaient donc à se garder à la fois contre
la
sévérité des Parfaits et contre celle des catholiques. Toutefois, par
4302
re celle des catholiques. Toutefois, par suite de
la
situation particulière des hérétiques, l’on conçoit que certains d’en
4303
uite de la situation particulière des hérétiques,
l’
on conçoit que certains d’entre eux aient voulu indiquer discrètement
4304
leurs poèmes avaient un double sens précis, outre
le
symbolisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas, le symbole se
4305
lisme habituel et qui allait de soi. Dans ce cas,
le
symbole se double d’une allégorie, et prend un sens cryptographique.
4306
allait de soi. Dans ce cas, le symbole se double
d’
une allégorie, et prend un sens cryptographique. Je veux parler de l’é
4307
et prend un sens cryptographique. Je veux parler
de
l’école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces
4308
prend un sens cryptographique. Je veux parler de
l’
école du trobar clus, déjà citée, et que M. Jeanroy définit en ces ter
4309
ces termes : « Un autre moyen (pour « embarrasser
le
lecteur ») consistait alors à recouvrir une pensée religieuse d’un vê
4310
onsistait alors à recouvrir une pensée religieuse
d’
un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin les formules consacré
4311
e religieuse d’un vêtement profane, à appliquer à
l’
amour divin les formules consacrées par l’usage à l’expression de l’am
4312
’un vêtement profane, à appliquer à l’amour divin
les
formules consacrées par l’usage à l’expression de l’amour humain58. »
4313
iquer à l’amour divin les formules consacrées par
l’
usage à l’expression de l’amour humain58. » Le trobar clus ne serait a
4314
amour divin les formules consacrées par l’usage à
l’
expression de l’amour humain58. » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un
4315
es formules consacrées par l’usage à l’expression
de
l’amour humain58. » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littérai
4316
formules consacrées par l’usage à l’expression de
l’
amour humain58. » Le trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire,
4317
par l’usage à l’expression de l’amour humain58. »
Le
trobar clus ne serait ainsi qu’un jeu littéraire, un « tarabiscotage
4318
avoir d’autres causes » qu’on « ne se flatte pas
de
débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16). Mais le troubadour Alegret l’a
4319
pas de débrouiller ». (Op. cit., II, p. 16). Mais
le
troubadour Alegret l’a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra in
4320
(Op. cit., II, p. 16). Mais le troubadour Alegret
l’
a fort bien dit : « Mon vers (poème) paraîtra insensé au sot s’il n’a
4321
avance et je lui dirai comment il me fut possible
d’
y mettre deux (var. trois) mots de sens divers. » Cette manière d’embr
4322
me fut possible d’y mettre deux (var. trois) mots
de
sens divers. » Cette manière d’embrouiller les sens (entrebescar disa
4323
(var. trois) mots de sens divers. » Cette manière
d’
embrouiller les sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer
4324
ots de sens divers. » Cette manière d’embrouiller
les
sens (entrebescar disaient les Provençaux : entrelacer) s’expliquerai
4325
ière d’embrouiller les sens (entrebescar disaient
les
Provençaux : entrelacer) s’expliquerait-elle par une « intention d’in
4326
trelacer) s’expliquerait-elle par une « intention
d’
intriguer l’auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
4327
expliquerait-elle par une « intention d’intriguer
l’
auditeur et de lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubad
4328
lle par une « intention d’intriguer l’auditeur et
de
lui poser une énigme » ? On peut penser que les troubadours étaient m
4329
et de lui poser une énigme » ? On peut penser que
les
troubadours étaient mus par des passions moins puériles… « J’entrelac
4330
ur éclaircir ma parole obscure. » Ici se poserait
la
plus grave question, mais elle demeure presque insoluble : comment le
4331
on, mais elle demeure presque insoluble : comment
les
troubadours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et d’une manière
4332
dours entendaient-ils leurs propres symboles ? Et
d’
une manière plus générale, quelle espèce de conscience avons-nous des
4333
s ? Et d’une manière plus générale, quelle espèce
de
conscience avons-nous des métaphores que nous utilisons dans nos écri
4334
nos écrits59 ? Il ne faudrait pas oublier ce que
l’
on vient de dire sur la mentalité « naïvement » symbolique des médiéva
4335
audrait pas oublier ce que l’on vient de dire sur
la
mentalité « naïvement » symbolique des médiévaux : leurs symboles n’é
4336
s prosaïques et rationnels. Ce n’est donc que sur
le
double sens allégorique que devrait porter la question… Et enfin tout
4337
sur le double sens allégorique que devrait porter
la
question… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la p
4338
estion… Et enfin toute cette poésie baignait dans
l’
atmosphère la plus chargée de passions. Les actions que nous rapporten
4339
fin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère
la
plus chargée de passions. Les actions que nous rapportent les chroniq
4340
poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée
de
passions. Les actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps s
4341
it dans l’atmosphère la plus chargée de passions.
Les
actions que nous rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi les
4342
rgée de passions. Les actions que nous rapportent
les
chroniqueurs du temps sont parmi les plus folles, les plus « surréali
4343
s rapportent les chroniqueurs du temps sont parmi
les
plus folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de n
4344
chroniqueurs du temps sont parmi les plus folles,
les
plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire de nos mœurs… Qu’on s
4345
folles, les plus « surréalistes » qu’ait connues
l’
histoire de nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le
4346
s plus « surréalistes » qu’ait connues l’histoire
de
nos mœurs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue le troubadour
4347
urs… Qu’on se rappelle ce seigneur jaloux qui tue
le
troubadour favori de sa femme, et fait servir le cœur de la victime s
4348
e ce seigneur jaloux qui tue le troubadour favori
de
sa femme, et fait servir le cœur de la victime sur un plat. La dame l
4349
le troubadour favori de sa femme, et fait servir
le
cœur de la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c
4350
badour favori de sa femme, et fait servir le cœur
de
la victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le
4351
our favori de sa femme, et fait servir le cœur de
la
victime sur un plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est. Le se
4352
et fait servir le cœur de la victime sur un plat.
La
dame le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit
4353
servir le cœur de la victime sur un plat. La dame
le
mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur le lui ayant dit : — » Me
4354
plat. La dame le mange sans savoir ce que c’est.
Le
seigneur le lui ayant dit : — » Messire, répond la dame, vous m’avez
4355
me le mange sans savoir ce que c’est. Le seigneur
le
lui ayant dit : — » Messire, répond la dame, vous m’avez donné à mang
4356
e seigneur le lui ayant dit : — » Messire, répond
la
dame, vous m’avez donné à manger mets si savoureux que jamais plus ne
4357
ets si savoureux que jamais plus ne mangerai rien
d’
autre ! » et elle se jette par la fenêtre du donjon. On admettra que c
4358
ne mangerai rien d’autre ! » et elle se jette par
la
fenêtre du donjon. On admettra que cette atmosphère suffisait bien à
4359
pour « colorer » un symbolisme même dogmatique à
l’
origine. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation de l’amour charne
4360
r » un symbolisme même dogmatique à l’origine. 3.
L’
Amour courtois serait une idéalisation de l’amour charnel. C’est la th
4361
gine. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation
de
l’amour charnel. C’est la thèse la plus courante. On pourrait se born
4362
e. 3. L’Amour courtois serait une idéalisation de
l’
amour charnel. C’est la thèse la plus courante. On pourrait se borner
4363
serait une idéalisation de l’amour charnel. C’est
la
thèse la plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbo
4364
e idéalisation de l’amour charnel. C’est la thèse
la
plus courante. On pourrait se borner à rappeler que le symbolisme méd
4365
us courante. On pourrait se borner à rappeler que
le
symbolisme médiéval procède généralement de haut en bas — de ciel en
4366
me médiéval procède généralement de haut en bas —
de
ciel en terre — ce qui réfute les conclusions modernes déduites du pr
4367
de haut en bas — de ciel en terre — ce qui réfute
les
conclusions modernes déduites du préjugé matérialiste. Mais il faut a
4368
Contre Wechssler, qui veut voir, lui aussi, dans
la
lyrique courtoise une expression de sentiments religieux de l’époque6
4369
i aussi, dans la lyrique courtoise une expression
de
sentiments religieux de l’époque60, Jeanroy écrit : « Dans ces affirm
4370
courtoise une expression de sentiments religieux
de
l’époque60, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a d
4371
urtoise une expression de sentiments religieux de
l’
époque60, Jeanroy écrit : « Dans ces affirmations hardies, il y a du r
4372
affirmations hardies, il y a du reste une erreur
de
fait aisée à relever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée de so
4373
erreur de fait aisée à relever : qu’à la longue,
la
chanson se soit vidée de son contenu initial, n’ait plus été qu’un ti
4374
elever : qu’à la longue, la chanson se soit vidée
de
son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses o
4375
e son contenu initial, n’ait plus été qu’un tissu
de
formules creuses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin
4376
n’ait plus été qu’un tissu de formules creuses on
le
peut admettre. Mais au début et jusqu’à la fin du xiie siècle, il n’
4377
ses on le peut admettre. Mais au début et jusqu’à
la
fin du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes de cet
4378
n du xiie siècle, il n’en était pas ainsi : chez
les
poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et
4379
siècle, il n’en était pas ainsi : chez les poètes
de
cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois si
4380
tait pas ainsi : chez les poètes de cette époque,
l’
expression du désir charnel est si vive et parfois si brutale qu’il es
4381
parfois si brutale qu’il est vraiment impossible
de
se tromper sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on
4382
e qu’il est vraiment impossible de se tromper sur
la
nature de leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vi
4383
t vraiment impossible de se tromper sur la nature
de
leurs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient la gên
4384
er sur la nature de leurs aspirations. » Si c’est
le
cas, on se demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur
4385
urs aspirations. » Si c’est le cas, on se demande
d’
où vient la gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé d
4386
ions. » Si c’est le cas, on se demande d’où vient
la
gêne et l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaît
4387
c’est le cas, on se demande d’où vient la gêne et
l’
« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivo
4388
se demande d’où vient la gêne et l’« agacement »
de
l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressi
4389
demande d’où vient la gêne et l’« agacement » de
l’
auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître l’équivoque des expressions
4390
l’« agacement » de l’auteur lorsqu’il est obligé
de
reconnaître l’équivoque des expressions courtoises et leurs résonance
4391
» de l’auteur lorsqu’il est obligé de reconnaître
l’
équivoque des expressions courtoises et leurs résonances mystiques. «
4392
ystiques. « Il est certain — doit-il avouer — que
les
idées religieuses d’une époque influent généralement sur la conceptio
4393
tain — doit-il avouer — que les idées religieuses
d’
une époque influent généralement sur la conception qu’on se fait de l’
4394
eligieuses d’une époque influent généralement sur
la
conception qu’on se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
4395
uent généralement sur la conception qu’on se fait
de
l’amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur
4396
t généralement sur la conception qu’on se fait de
l’
amour, et surtout que le vocabulaire de la galanterie se règle sur cel
4397
nception qu’on se fait de l’amour, et surtout que
le
vocabulaire de la galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jo
4398
se fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire
de
la galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jour où adorer de
4399
fait de l’amour, et surtout que le vocabulaire de
la
galanterie se règle sur celui de la dévotion. Du jour où adorer devie
4400
e vocabulaire de la galanterie se règle sur celui
de
la dévotion. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaph
4401
ocabulaire de la galanterie se règle sur celui de
la
dévotion. Du jour où adorer devient synonyme d’aimer, cette métaphore
4402
e la dévotion. Du jour où adorer devient synonyme
d’
aimer, cette métaphore en entraîne une quantité d’autres. » Mais alors
4403
es. » Mais alors pourquoi rejeter sans discussion
l’
ouvrage de Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Mo
4404
alors pourquoi rejeter sans discussion l’ouvrage
de
Wechssler, qui soutient que les « théories amoureuses du Moyen Âge ne
4405
scussion l’ouvrage de Wechssler, qui soutient que
les
« théories amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet de ses idées
4406
ries amoureuses du Moyen Âge ne sont qu’un reflet
de
ses idées religieuses ? » Et pourquoi vouloir à tout prix que les poè
4407
ligieuses ? » Et pourquoi vouloir à tout prix que
les
poèmes des troubadours comportent des notations « réalistes » et des
4408
ations « réalistes » et des descriptions précises
de
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jama
4409
ons « réalistes » et des descriptions précises de
la
Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche de ne recourir jamais,
4410
la Dame aimée, alors qu’ailleurs on leur reproche
de
ne recourir jamais, qu’à des épithètes stéréotypées ? Jaufré Rudel, p
4411
, dit très nettement que sa Dame est une création
de
son esprit, et qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est la « p
4412
réation de son esprit, et qu’elle s’évanouit avec
l’
aube. Ailleurs, c’est la « princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cep
4413
t qu’elle s’évanouit avec l’aube. Ailleurs, c’est
la
« princesse lointaine » qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inqu
4414
qu’il veut aimer. Cependant M. Jeanroy s’inquiète
de
trouver dans ses poèmes « des détails qui paraissent nous plonger dan
4415
es « des détails qui paraissent nous plonger dans
la
réalité et que rien n’explique ». Exemples donnés : « Je suis en dout
4416
». Exemples donnés : « Je suis en doute au sujet
d’
une chose et mon cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que le f
4417
n doute au sujet d’une chose et mon cœur est dans
l’
angoisse : c’est que tout ce que le frère me refuse, j’entends la sœur
4418
cœur est dans l’angoisse : c’est que tout ce que
le
frère me refuse, j’entends la sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rud
4419
est que tout ce que le frère me refuse, j’entends
la
sœur me l’octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame :
4420
t ce que le frère me refuse, j’entends la sœur me
l’
octroyer. » D’autre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a le c
4421
tre part, Rudel « décrit » ainsi sa Dame : elle a
le
corps « gras, delgat et gen ». Or la première phrase, où Jeanroy veut
4422
ique, détient un sens mystique évident : « Ce que
le
corps me refuse, l’âme me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autr
4423
s mystique évident : « Ce que le corps me refuse,
l’
âme me l’octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que c
4424
e évident : « Ce que le corps me refuse, l’âme me
l’
octroie » (par exemple, car il y a d’autres sens encore que celui-ci,
4425
ns encore que celui-ci, qui est franciscain avant
la
lettre). Et quant aux épithètes « réalistes » qui décriraient une dam
4426
alistes » qui décriraient une dame « réelle », on
les
retrouve parfaitement identiques chez une centaine d’autres poètes !
4427
sais plus quel érudit qu’il semblerait que toute
la
poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame u
4428
emblerait que toute la poésie des troubadours fût
l’
œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette ex
4429
t que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre
d’
un seul auteur louant une Dame unique !) Où est alors cette expression
4430
Où est alors cette expression « vive et brutale »
d’
un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mai
4431
et brutale » d’un désir évidemment charnel ? Dans
la
crudité de certains termes ? Mais elle était courante et naturelle av
4432
» d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité
de
certains termes ? Mais elle était courante et naturelle avant le puri
4433
mes ? Mais elle était courante et naturelle avant
le
puritanisme bourgeois. L’argument est anachronique. Voici par contre
4434
ante et naturelle avant le puritanisme bourgeois.
L’
argument est anachronique. Voici par contre un document de poids à l’a
4435
nt est anachronique. Voici par contre un document
de
poids à l’appui de la thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un po
4436
oici par contre un document de poids à l’appui de
la
thèse symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur les femmes. Si
4437
symboliste. Raimbaut d’Orange écrit un poème sur
les
femmes. Si vous voulez faire leur conquête, dit-il, soyez brutaux, «
4438
e, dit-il, soyez brutaux, « donnez-leur des coups
de
poing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est c
4439
yez brutaux, « donnez-leur des coups de poing sur
le
nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-les : car c’est cela qu’elles
4440
ing sur le nez » (est-ce assez « cru » ?), forcez-
les
: car c’est cela qu’elles aiment. Quant à moi, conclut-il, si je me c
4441
comporte autrement, c’est que je ne me soucie pas
d’
aimer. Je ne veux pas me gêner pour les femmes, pas plus que si toutes
4442
soucie pas d’aimer. Je ne veux pas me gêner pour
les
femmes, pas plus que si toutes étaient mes sœurs ; c’est pourquoi je
4443
op parler est pis que péché mortel. Or nous avons
de
ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de la Dame
4444
ortel. Or nous avons de ce même Raimbaut d’Orange
d’
admirables poèmes à la louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs
4445
e ce même Raimbaut d’Orange d’admirables poèmes à
la
louange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé
4446
aimbaut d’Orange d’admirables poèmes à la louange
de
la Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Trista
4447
baut d’Orange d’admirables poèmes à la louange de
la
Dame. Et nous savons par ailleurs que l’anneau (échangé par Tristan e
4448
uange de la Dame. Et nous savons par ailleurs que
l’
anneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe d’une fidélité qui
4449
s que l’anneau (échangé par Tristan et Iseut) est
le
signe d’une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulign
4450
nneau (échangé par Tristan et Iseut) est le signe
d’
une fidélité qui justement n’est pas celle des corps. Soulignons enfin
4451
des corps. Soulignons enfin ce fait capital : que
les
vertus de la cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers
4452
Soulignons enfin ce fait capital : que les vertus
de
la cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame,
4453
lignons enfin ce fait capital : que les vertus de
la
cortezia : humilité, loyauté, respect et fidélité envers la Dame, son
4454
a : humilité, loyauté, respect et fidélité envers
la
Dame, sont ici rapportées expressément au refus de l’amour physique.
4455
a Dame, sont ici rapportées expressément au refus
de
l’amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Da
4456
ame, sont ici rapportées expressément au refus de
l’
amour physique. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes de Dante
4457
mour physique. Au surplus, nous verrons plus tard
les
poèmes de Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans l
4458
ue. Au surplus, nous verrons plus tard les poèmes
de
Dante être d’autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs image
4459
, nous verrons plus tard les poèmes de Dante être
d’
autant plus passionnés et « réalistes » dans leurs images que Béatrice
4460
Béatrice s’élèvera davantage dans une hiérarchie
d’
abstractions mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis la Scien
4461
archie d’abstractions mystiques, figurant d’abord
la
philosophie, puis la Science, puis la Science sacrée. Un petit fait e
4462
mystiques, figurant d’abord la philosophie, puis
la
Science, puis la Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus
4463
ant d’abord la philosophie, puis la Science, puis
la
Science sacrée. Un petit fait encore : deux des plus ardents parmi le
4464
n petit fait encore : deux des plus ardents parmi
les
troubadours à louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’ital
4465
ux des plus ardents parmi les troubadours à louer
les
beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et l’italien Guinizelli sont plac
4466
ardents parmi les troubadours à louer les beautés
de
leur Dame, Arnaut Daniel et l’italien Guinizelli sont placés au chant
4467
louer les beautés de leur Dame, Arnaut Daniel et
l’
italien Guinizelli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans le cer
4468
elli sont placés au chant XXIV du Purgatoire dans
le
cercle des sodomistes61 ! Mais tout cela nous amène à reconnaître enf
4469
1 ! Mais tout cela nous amène à reconnaître enfin
la
réelle complexité d’un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, n
4470
us amène à reconnaître enfin la réelle complexité
d’
un problème dont nous avons souligné jusqu’ici, non sans une volontair
4471
ntaire partialité, l’un des aspects seulement, et
le
plus contesté. On a trop longtemps cru que la cortezia était une simp
4472
et le plus contesté. On a trop longtemps cru que
la
cortezia était une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À l’inve
4473
cru que la cortezia était une simple idéalisation
de
l’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’
4474
que la cortezia était une simple idéalisation de
l’
instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que l’idé
4475
t une simple idéalisation de l’instinct sexuel. À
l’
inverse, il serait excessif de soutenir que l’idéal mystique sur quoi
4476
’instinct sexuel. À l’inverse, il serait excessif
de
soutenir que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fû
4477
. À l’inverse, il serait excessif de soutenir que
l’
idéal mystique sur quoi elle se fondait à l’origine fût toujours et pa
4478
r que l’idéal mystique sur quoi elle se fondait à
l’
origine fût toujours et partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque
4479
t partout observé ; ou qu’il fût en soi univoque.
L’
exaltation de la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux
4480
ervé ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation
de
la chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous a
4481
é ; ou qu’il fût en soi univoque. L’exaltation de
la
chasteté produit presque toujours des excès luxurieux. Sans nous atta
4482
cès luxurieux. Sans nous attarder aux accusations
de
débauche que beaucoup ont portées contre les troubadours — l’on sait
4483
tions de débauche que beaucoup ont portées contre
les
troubadours — l’on sait au vrai peu de choses de leur vie — nous rapp
4484
que beaucoup ont portées contre les troubadours —
l’
on sait au vrai peu de choses de leur vie — nous rappellerons l’exempl
4485
les troubadours — l’on sait au vrai peu de choses
de
leur vie — nous rappellerons l’exemple des sectes gnostiques, qui con
4486
rai peu de choses de leur vie — nous rappellerons
l’
exemple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi la création, et
4487
ple des sectes gnostiques, qui condamnaient aussi
la
création, et en particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient de
4488
condamnaient aussi la création, et en particulier
l’
attrait des sexes, mais déduisaient de cette condamnation une morale é
4489
particulier l’attrait des sexes, mais déduisaient
de
cette condamnation une morale étrangement débridée. Les carpocratiens
4490
tte condamnation une morale étrangement débridée.
Les
carpocratiens par exemple interdisaient la procréation, mais par aill
4491
idée. Les carpocratiens par exemple interdisaient
la
procréation, mais par ailleurs divinisaient le sperme62. Il est proba
4492
nt la procréation, mais par ailleurs divinisaient
le
sperme62. Il est probable que des excès de ce genre se produisirent a
4493
saient le sperme62. Il est probable que des excès
de
ce genre se produisirent aussi chez les cathares, et plus encore chez
4494
des excès de ce genre se produisirent aussi chez
les
cathares, et plus encore chez leurs disciples peu disciplinés, les tr
4495
plus encore chez leurs disciples peu disciplinés,
les
troubadours. Des accusations horrifiantes figurent à cet égard dans l
4496
ccusations horrifiantes figurent à cet égard dans
les
registres de l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent co
4497
rifiantes figurent à cet égard dans les registres
de
l’Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires
4498
iantes figurent à cet égard dans les registres de
l’
Inquisition. Notons toutefois qu’elles sont souvent contradictoires. A
4499
fois qu’elles sont souvent contradictoires. Ainsi
l’
on affirme tantôt que les cathares tiennent pour innocentes les volupt
4500
nt contradictoires. Ainsi l’on affirme tantôt que
les
cathares tiennent pour innocentes les voluptés les plus grossières, t
4501
tantôt que les cathares tiennent pour innocentes
les
voluptés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et
4502
es cathares tiennent pour innocentes les voluptés
les
plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent le mariage et tout commerce
4503
tés les plus grossières, tantôt qu’ils réprouvent
le
mariage et tout commerce sexuel, licite ou non. Mais des accusations
4504
cusations semblables furent portées contre toutes
les
religions nouvelles, sans excepter le christianisme primitif. Et il e
4505
tre toutes les religions nouvelles, sans excepter
le
christianisme primitif. Et il est juste de citer ici le jugement d’un
4506
cepter le christianisme primitif. Et il est juste
de
citer ici le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller
4507
istianisme primitif. Et il est juste de citer ici
le
jugement d’un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les arch
4508
rimitif. Et il est juste de citer ici le jugement
d’
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans les archives du sain
4509
de citer ici le jugement d’un dominicain qui eut
l’
occasion de fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’expri
4510
ci le jugement d’un dominicain qui eut l’occasion
de
fouiller dans les archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au
4511
un dominicain qui eut l’occasion de fouiller dans
les
archives du saint Office, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathare
4512
ice, et qui s’exprime ainsi au sujet des cathares
d’
Italie, ou patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans les procédu
4513
u patarins : « Malgré toutes mes recherches, dans
les
procédures dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que les héréti
4514
s dressées par nos frères, je n’ai pas trouvé que
les
hérétiques « consolés » se livrassent en Toscane à des actes énormes
4515
hommes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si
les
religieux ne se sont pas tus par modestie, ce qui ne me paraît pas cr
4516
à tout, leurs erreurs étaient plutôt des erreurs
d’
intelligence que de sensualité 63. » Retenons donc ceci, qui nuance no
4517
urs étaient plutôt des erreurs d’intelligence que
de
sensualité 63. » Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si les
4518
Retenons donc ceci, qui nuance notre schéma : si
les
erreurs de la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d
4519
nc ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs
de
la passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine re
4520
ceci, qui nuance notre schéma : si les erreurs de
la
passion — au sens précis que je donne à ce mot — sont d’origine relig
4521
ion — au sens précis que je donne à ce mot — sont
d’
origine religieuse et mystique, il est certain qu’elles se trouvent fl
4522
trouvent flatter, par cela même qu’elles veulent
le
transcender, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet :
4523
r, par cela même qu’elles veulent le transcender,
l’
instinct sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour de ga
4524
nder, l’instinct sexuel, ou comme dit Platon dans
le
Banquet : « l’amour de gauche. » ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — que
4525
t sexuel, ou comme dit Platon dans le Banquet : «
l’
amour de gauche. » ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu
4526
, ou comme dit Platon dans le Banquet : « l’amour
de
gauche. » ⁂ Tout ceci m’amène à conclure — quels qu’aient pu être mes
4527
conclure — quels qu’aient pu être mes scrupules à
l’
origine — que le lyrisme courtois fut au moins inspiré par l’atmosphèr
4528
qu’aient pu être mes scrupules à l’origine — que
le
lyrisme courtois fut au moins inspiré par l’atmosphère religieuse du
4529
que le lyrisme courtois fut au moins inspiré par
l’
atmosphère religieuse du catharisme64. C’est là une thèse minimum en a
4530
Pour nous faciliter une représentation analogique
de
ce processus minimum d’inspiration et d’influence, prenons un exemple
4531
représentation analogique de ce processus minimum
d’
inspiration et d’influence, prenons un exemple moderne. Un exemple don
4532
alogique de ce processus minimum d’inspiration et
d’
influence, prenons un exemple moderne. Un exemple dont je crois pouvoi
4533
oderne. Un exemple dont je crois pouvoir dire que
les
données sont entièrement énumérables et très profondément connues (au
4534
ment connues (au sens total) par plusieurs hommes
de
ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de Fr
4535
ma génération : je veux parler du surréalisme et
de
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de
4536
génération : je veux parler du surréalisme et de
l’
influence de Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de no
4537
: je veux parler du surréalisme et de l’influence
de
Freud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur de notre civilisa
4538
l’influence de Freud sur ce mouvement. Supposons
l’
historien futur de notre civilisation détruite : il a devant les yeux
4539
eud sur ce mouvement. Supposons l’historien futur
de
notre civilisation détruite : il a devant les yeux quelques poèmes su
4540
utur de notre civilisation détruite : il a devant
les
yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et les dater.
4541
nt les yeux quelques poèmes surréalistes, il a pu
les
traduire et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du
4542
ques poèmes surréalistes, il a pu les traduire et
les
dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à l’époque du surréalisme flo
4543
et les dater. Par ailleurs, il n’ignore pas qu’à
l’
époque du surréalisme florissait une école psychiatrique dont on n’a p
4544
une école psychiatrique dont on n’a pu retrouver
les
ouvrages : le fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à
4545
hiatrique dont on n’a pu retrouver les ouvrages :
le
fascisme, survenu peu après, les ayant tous détruits à cause de leur
4546
er les ouvrages : le fascisme, survenu peu après,
les
ayant tous détruits à cause de leur inspiration sémite. Du moins sait
4547
de leur inspiration sémite. Du moins sait-on par
les
pamphlets de ses adversaires que cette école proposait une théorie ér
4548
ration sémite. Du moins sait-on par les pamphlets
de
ses adversaires que cette école proposait une théorie érotique des rê
4549
cole proposait une théorie érotique des rêves. Or
les
poèmes surréalistes conservés et traduits ne paraissent présenter auc
4550
t traduits ne paraissent présenter aucun sens, et
l’
on se plaint de leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques e
4551
araissent présenter aucun sens, et l’on se plaint
de
leur monotonie ; toujours les mêmes images érotiques et sanglantes, l
4552
s, et l’on se plaint de leur monotonie ; toujours
les
mêmes images érotiques et sanglantes, la même rhétorique exaltée, et
4553
oujours les mêmes images érotiques et sanglantes,
la
même rhétorique exaltée, et ne dirait-on pas qu’ils n’ont qu’un seul
4554
êves ? Peut-être même sont-ils des rêves écrits ?
Les
spécialistes demeurent sceptiques. Un littérateur « peu sérieux » ima
4555
ues. Un littérateur « peu sérieux » imagine alors
l’
hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréal
4556
érateur « peu sérieux » imagine alors l’hypothèse
d’
une influence de la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïnc
4557
rieux » imagine alors l’hypothèse d’une influence
de
la psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates
4558
ux » imagine alors l’hypothèse d’une influence de
la
psychanalyse sur l’ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, a
4559
’hypothèse d’une influence de la psychanalyse sur
l’
ensemble du surréalisme : coïncidence des dates, analogie de thèmes fo
4560
du surréalisme : coïncidence des dates, analogie
de
thèmes fondamentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent les épa
4561
dence des dates, analogie de thèmes fondamentaux…
Les
spécialistes du xxe siècle haussent les épaules : Prouvez cela par d
4562
mentaux… Les spécialistes du xxe siècle haussent
les
épaules : Prouvez cela par des documents ! — Vous savez bien qu’il n’
4563
u’il n’en existe plus. — Dans ce cas, il convient
de
surseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant, le bon sens suffi
4564
rseoir à toute hypothèse cohérente. En attendant,
le
bon sens suffit à démontrer : 1° que le peu de choses que nous savons
4565
ttendant, le bon sens suffit à démontrer : 1° que
le
peu de choses que nous savons de la psychanalyse n’autorise pas à fai
4566
montrer : 1° que le peu de choses que nous savons
de
la psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source de
4567
trer : 1° que le peu de choses que nous savons de
la
psychanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine la source des t
4568
savons de la psychanalyse n’autorise pas à faire
de
cette doctrine la source des textes connus. (Il semble bien que Freud
4569
hanalyse n’autorise pas à faire de cette doctrine
la
source des textes connus. (Il semble bien que Freud ait été avant tou
4570
nt tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie
de
la libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surré
4571
tout un savant ; qu’il ait soutenu une théorie de
la
libido ; et qu’il ait pris une attitude déterministe : or le surréali
4572
et qu’il ait pris une attitude déterministe : or
le
surréalisme fut une école littéraire avant tout ; on ne retrouve le t
4573
une école littéraire avant tout ; on ne retrouve
le
terme de libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes son
4574
e littéraire avant tout ; on ne retrouve le terme
de
libido dans aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont de tend
4575
aucun des poèmes subsistants ; et ces poèmes sont
de
tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que les surréalistes n’ont jama
4576
sont de tendance idéaliste-anarchisante) ; 2° que
les
surréalistes n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient les di
4577
n’ont jamais dit dans leurs poèmes qu’ils étaient
les
disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire, la liberté qu’ils exalte
4578
les disciples du freudisme ; 3° qu’au contraire,
la
liberté qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous les psychana
4579
qu’ils exaltent est celle que devaient nier tous
les
psychanalystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment, d’une scienc
4580
vaient nier tous les psychanalystes ; 4° qu’enfin
l’
on distingue mal comment, d’une science qui se donnait pour objet l’an
4581
alystes ; 4° qu’enfin l’on distingue mal comment,
d’
une science qui se donnait pour objet l’analyse et la cure des névrose
4582
comment, d’une science qui se donnait pour objet
l’
analyse et la cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la
4583
ne science qui se donnait pour objet l’analyse et
la
cure des névroses, aurait pu naître une rhétorique de la folie, c’est
4584
ure des névroses, aurait pu naître une rhétorique
de
la folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute
4585
des névroses, aurait pu naître une rhétorique de
la
folie, c’est-à-dire un défi à toute science en général et à toute sci
4586
es se sont réellement produites ; nous savons que
les
initiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et l’ont vénéré ; n
4587
tiateurs du mouvement surréaliste ont lu Freud et
l’
ont vénéré ; nous savons que sans lui, leurs théories et leur lyrisme
4588
poètes n’éprouvaient nul besoin et n’avaient pas
la
possibilité de parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même
4589
vaient nul besoin et n’avaient pas la possibilité
de
parler de libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la
4590
besoin et n’avaient pas la possibilité de parler
de
libido dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur d’u
4591
dans leurs poèmes ; nous savons même que c’est à
la
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de F
4592
s poèmes ; nous savons même que c’est à la faveur
d’
une erreur initiale sur la portée exacte de la doctrine de Freud (déte
4593
e que c’est à la faveur d’une erreur initiale sur
la
portée exacte de la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’i
4594
faveur d’une erreur initiale sur la portée exacte
de
la doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tire
4595
eur d’une erreur initiale sur la portée exacte de
la
doctrine de Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer l
4596
reur initiale sur la portée exacte de la doctrine
de
Freud (déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
4597
(déterministe-positiviste) qu’ils ont pu en tirer
les
éléments de leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’a
4598
-positiviste) qu’ils ont pu en tirer les éléments
de
leur lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour l’analogie que
4599
lyrisme (ce dernier trait me paraît capital pour
l’
analogie que je propose) ; et nous savons enfin qu’il a suffi que quel
4600
ns enfin qu’il a suffi que quelques-uns des chefs
de
cette école lisent Freud : les disciples se sont bornés à imiter la r
4601
lques-uns des chefs de cette école lisent Freud :
les
disciples se sont bornés à imiter la rhétorique des maîtres… En outre
4602
ent Freud : les disciples se sont bornés à imiter
la
rhétorique des maîtres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que l
4603
tres… En outre, on aperçoit, par cet exemple, que
l’
action d’une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence dire
4604
outre, on aperçoit, par cet exemple, que l’action
d’
une doctrine sur des poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
4605
poètes s’exerce moins par influence directe qu’à
la
faveur d’une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt,
4606
exerce moins par influence directe qu’à la faveur
d’
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée
4607
ce directe qu’à la faveur d’une certaine ambiance
de
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux.
4608
’à la faveur d’une certaine ambiance de scandale,
de
snobisme et d’intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui expli
4609
une certaine ambiance de scandale, de snobisme et
d’
intérêt, suscitée par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’e
4610
scandale, de snobisme et d’intérêt, suscitée par
les
dogmes centraux. Ce qui explique pas mal d’erreurs, variations et con
4611
par les dogmes centraux. Ce qui explique pas mal
d’
erreurs, variations et contradictions chez les poètes influencés. D’où
4612
mal d’erreurs, variations et contradictions chez
les
poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur la
4613
ons et contradictions chez les poètes influencés.
D’
où résulte qu’un surcroît d’informations sur la nature exacte des théo
4614
es poètes influencés. D’où résulte qu’un surcroît
d’
informations sur la nature exacte des théories de Freud, loin de fourn
4615
s. D’où résulte qu’un surcroît d’informations sur
la
nature exacte des théories de Freud, loin de fournir aux savants futu
4616
d’informations sur la nature exacte des théories
de
Freud, loin de fournir aux savants futurs les apaisements qu’ils, ser
4617
ries de Freud, loin de fournir aux savants futurs
les
apaisements qu’ils, seront en droit d’attendre, paraîtra contredire l
4618
ts futurs les apaisements qu’ils, seront en droit
d’
attendre, paraîtra contredire la thèse de mon littérateur « peu sérieu
4619
, seront en droit d’attendre, paraîtra contredire
la
thèse de mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura
4620
en droit d’attendre, paraîtra contredire la thèse
de
mon littérateur « peu sérieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison c
4621
ieux ». (Eppur ! C’est lui qui aura raison contre
les
« vingtiémistes » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à l’obje
4622
ra raison contre les « vingtiémistes » chevronnés
de
son temps.) On a remarqué qu’à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusq
4623
es » chevronnés de son temps.) On a remarqué qu’à
l’
objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que d’une manière tout indir
4624
à l’objection n° 4, je n’ai répondu jusqu’ici que
d’
une manière tout indirecte et allusive. C’est qu’elle mérite un traite
4625
au chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment
de
la confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manich
4626
chapitre. 9.Les mystiques arabes Comment de
la
confuse combinaison de doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéen
4627
iques arabes Comment de la confuse combinaison
de
doctrines plus ou moins chrétiennes, manichéennes et néo-platonicienn
4628
e aussi précise que celle des troubadours ? C’est
l’
argument que les romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation r
4629
que celle des troubadours ? C’est l’argument que
les
romanistes ont coutume d’opposer à l’interprétation religieuse de l’a
4630
? C’est l’argument que les romanistes ont coutume
d’
opposer à l’interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trou
4631
gument que les romanistes ont coutume d’opposer à
l’
interprétation religieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès l
4632
t coutume d’opposer à l’interprétation religieuse
de
l’art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse
4633
outume d’opposer à l’interprétation religieuse de
l’
art courtois. Or il se trouve que dès le ixe siècle, une synthèse non
4634
gieuse de l’art courtois. Or il se trouve que dès
le
ixe siècle, une synthèse non moins « improbable » de manichéisme ira
4635
xe siècle, une synthèse non moins « improbable »
de
manichéisme iranien, de néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et
4636
non moins « improbable » de manichéisme iranien,
de
néo-platonisme et d’islamisme s’était bel et bien opérée en Arabie, e
4637
le » de manichéisme iranien, de néo-platonisme et
d’
islamisme s’était bel et bien opérée en Arabie, et de plus, s’était ex
4638
, s’était exprimée par une poésie religieuse dont
les
métaphores érotiques offrent les plus frappantes analogies avec les m
4639
religieuse dont les métaphores érotiques offrent
les
plus frappantes analogies avec les métaphores courtoises. ⁂ Lorsque S
4640
tiques offrent les plus frappantes analogies avec
les
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse d’une in
4641
métaphores courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança
l’
hypothèse d’une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schle
4642
courtoises. ⁂ Lorsque Sismondi avança l’hypothèse
d’
une influence arabe sur la lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répo
4643
ondi avança l’hypothèse d’une influence arabe sur
la
lyrique provençale, A. W. Schlegel lui répondit qu’il fallait ignorer
4644
egel lui répondit qu’il fallait ignorer à la fois
la
poésie provençale et l’arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais S
4645
fallait ignorer à la fois la poésie provençale et
l’
arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de la s
4646
utenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait
de
la sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’
4647
nir un pareil paradoxe. Mais Schlegel prouvait de
la
sorte que cette double ignorance était précisément son fait. On l’exc
4648
e double ignorance était précisément son fait. On
l’
excusera d’ailleurs si l’on tient compte de l’état des études arabisan
4649
précisément son fait. On l’excusera d’ailleurs si
l’
on tient compte de l’état des études arabisantes à son époque. Des tra
4650
it. On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte
de
l’état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents
4651
On l’excusera d’ailleurs si l’on tient compte de
l’
état des études arabisantes à son époque. Des travaux plus récents ont
4652
ue. Des travaux plus récents ont décrit en détail
l’
histoire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de
4653
x plus récents ont décrit en détail l’histoire et
l’
œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poèt
4654
s ont décrit en détail l’histoire et l’œuvre, dès
le
ixe siècle, dans l’islam, d’une école de mystiques poètes qui devaie
4655
l l’histoire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans
l’
islam, d’une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard po
4656
ire et l’œuvre, dès le ixe siècle, dans l’islam,
d’
une école de mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour princi
4657
re, dès le ixe siècle, dans l’islam, d’une école
de
mystiques poètes qui devaient avoir plus tard pour principales illust
4658
laj, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours
de
l’Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais
4659
, Al-Ghazali et Sohrawardi d’Alep, troubadours de
l’
Amour suprême, chantres courtois de l’Idée voilée, objet aimé mais en
4660
troubadours de l’Amour suprême, chantres courtois
de
l’Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin.
4661
ubadours de l’Amour suprême, chantres courtois de
l’
Idée voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin. Soh
4662
Platon — qu’il connaissait par Plotin, Proclus et
l’
école d’Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme éta
4663
qu’il connaissait par Plotin, Proclus et l’école
d’
Athènes — un continuateur de Zoroastre. Son néo-platonisme était par a
4664
n, Proclus et l’école d’Athènes — un continuateur
de
Zoroastre. Son néo-platonisme était par ailleurs très fortement pénét
4665
tonisme était par ailleurs très fortement pénétré
de
représentations mythiques iraniennes. En particulier, il empruntait a
4666
ctrines avestiques — dont s’était inspiré Manès —
l’
opposition du monde de la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a
4667
ont s’était inspiré Manès — l’opposition du monde
de
la Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondame
4668
s’était inspiré Manès — l’opposition du monde de
la
Lumière et du monde des Ténèbres, dont on a vu qu’elle est fondamenta
4669
èbres, dont on a vu qu’elle est fondamentale pour
les
cathares. Et tout cela se traduisait — tout comme chez les cathares e
4670
res. Et tout cela se traduisait — tout comme chez
les
cathares encore — par une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
4671
r une rhétorique amoureuse et chevaleresque, dont
les
titres de quelques traités mystiques de cette école donnent une idée
4672
rique amoureuse et chevaleresque, dont les titres
de
quelques traités mystiques de cette école donnent une idée : le Famil
4673
ue, dont les titres de quelques traités mystiques
de
cette école donnent une idée : le Familier des Amants, le Roman des S
4674
aités mystiques de cette école donnent une idée :
le
Familier des Amants, le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occa
4675
école donnent une idée : le Familier des Amants,
le
Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités, les
4676
Amants, le Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À
l’
occasion de ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisire
4677
Roman des Sept Beautés… Il y a plus. À l’occasion
de
ces traités, les mêmes disputes théologiques se produisirent, qui dev
4678
eautés… Il y a plus. À l’occasion de ces traités,
les
mêmes disputes théologiques se produisirent, qui devaient renaître un
4679
rent, qui devaient renaître un peu plus tard dans
le
Moyen Âge occidental. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que l’i
4680
ntal. Elles se compliquent d’ailleurs du fait que
l’
islam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommai
4681
ent d’ailleurs du fait que l’islam contestait que
l’
homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Lo
4682
slam contestait que l’homme pût aimer Dieu (comme
l’
ordonne le sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut
4683
stait que l’homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne
le
sommaire évangélique de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
4684
mer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique
de
la Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta
4685
Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de
la
Loi). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
4686
de la Loi). Une créature finie ne peut aimer que
le
fini. Il en résulta que les mystiques furent obligés de recourir à de
4687
inie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que
les
mystiques furent obligés de recourir à des symboles dont le sens rest
4688
i. Il en résulta que les mystiques furent obligés
de
recourir à des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi la louang
4689
es furent obligés de recourir à des symboles dont
le
sens restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont l’usage était int
4690
des symboles dont le sens restait secret. (Ainsi
la
louange du vin, dont l’usage était interdit, devint le symbole de la
4691
ns restait secret. (Ainsi la louange du vin, dont
l’
usage était interdit, devint le symbole de la divine ivresse d’amour.)
4692
uange du vin, dont l’usage était interdit, devint
le
symbole de la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette diff
4693
n, dont l’usage était interdit, devint le symbole
de
la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette difficulté part
4694
dont l’usage était interdit, devint le symbole de
la
divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu de cette difficulté particu
4695
interdit, devint le symbole de la divine ivresse
d’
amour.) Mais compte tenu de cette difficulté particulière — qui n’est
4696
e de la divine ivresse d’amour.) Mais compte tenu
de
cette difficulté particulière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport
4697
ière — qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec
la
situation courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans le Proche-
4698
courtoise —, nous retrouvons en Occident et dans
le
Proche-Orient les mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus q
4699
s retrouvons en Occident et dans le Proche-Orient
les
mêmes problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique,
4700
ent et dans le Proche-Orient les mêmes problèmes.
L’
orthodoxie musulmane, pas plus que la catholique, ne pouvait admettre
4701
s problèmes. L’orthodoxie musulmane, pas plus que
la
catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’homme une part divin
4702
la catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en
l’
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme e
4703
ettre qu’il y eût en l’homme une part divine dont
l’
exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langa
4704
homme une part divine dont l’exaltation aboutît à
la
fusion de l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux de
4705
part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion
de
l’âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes m
4706
t divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de
l’
âme et de la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes myst
4707
dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et
de
la Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques ten
4708
t l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de
la
Divinité. Or le langage érotico-religieux des poètes mystiques tendai
4709
boutît à la fusion de l’âme et de la Divinité. Or
le
langage érotico-religieux des poètes mystiques tendait à établir cett
4710
tendait à établir cette confusion du Créateur et
de
la créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la
4711
ndait à établir cette confusion du Créateur et de
la
créature. Et l’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la fo
4712
cette confusion du Créateur et de la créature. Et
l’
on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi de leur langag
4713
teur et de la créature. Et l’on accusa ces poètes
de
manichéisme déguisé, sur la foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj
4714
’on accusa ces poètes de manichéisme déguisé, sur
la
foi de leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même
4715
usa ces poètes de manichéisme déguisé, sur la foi
de
leur langage symbolique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
4716
ique. Al-Hallaj et Sohrawardi devaient même payer
de
leur vie cette accusation d’hérésie65. Il est bien émouvant de consta
4717
devaient même payer de leur vie cette accusation
d’
hérésie65. Il est bien émouvant de constater que tous les termes d’une
4718
ette accusation d’hérésie65. Il est bien émouvant
de
constater que tous les termes d’une pareille polémique s’appliquent a
4719
sie65. Il est bien émouvant de constater que tous
les
termes d’une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours,
4720
st bien émouvant de constater que tous les termes
d’
une pareille polémique s’appliquent au cas des troubadours, et plus ta
4721
iquent au cas des troubadours, et plus tard, nous
le
verrons, mutatis mutandis, au cas des grands mystiques occidentaux, d
4722
utandis, au cas des grands mystiques occidentaux,
de
Maître Eckhardt à Jean de la Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « co
4723
Croix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois »
de
la mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme t
4724
oix. ⁂ Une brève revue des thèmes « courtois » de
la
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs le parallélisme trou
4725
mystique arabe fera sentir à quelles profondeurs
le
parallélisme trouve ses origines, et jusque dans quels détails il se
4726
quels détails il se poursuit. a) Sohrawardi nomme
les
amants des Frères de la Vérité, « appellation s’adressant à des amant
4727
» et fondent ainsi une communauté — comparable à
l’
Église d’Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’i
4728
dent ainsi une communauté — comparable à l’Église
d’
Amour des cathares. b) selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraien
4729
parable à l’Église d’Amour des cathares. b) selon
le
manichéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de l’école illu
4730
selon le manichéisme iranien, dont s’inspiraient
les
mystiques de l’école illuminative de Sohrawardi une jeune fille éblou
4731
chéisme iranien, dont s’inspiraient les mystiques
de
l’école illuminative de Sohrawardi une jeune fille éblouissante atten
4732
isme iranien, dont s’inspiraient les mystiques de
l’
école illuminative de Sohrawardi une jeune fille éblouissante attend l
4733
inspiraient les mystiques de l’école illuminative
de
Sohrawardi une jeune fille éblouissante attend le fidèle à la sortie
4734
de Sohrawardi une jeune fille éblouissante attend
le
fidèle à la sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-mêm
4735
i une jeune fille éblouissante attend le fidèle à
la
sortie du pont Chinvat et lui déclare : « Je suis toi-même ! » Or sel
4736
e suis toi-même ! » Or selon certains interprètes
de
la mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
4737
uis toi-même ! » Or selon certains interprètes de
la
mystique des troubadours, la Dame des pensées ne serait autre que la
4738
tains interprètes de la mystique des troubadours,
la
Dame des pensées ne serait autre que la part spirituelle et angélique
4739
ubadours, la Dame des pensées ne serait autre que
la
part spirituelle et angélique de l’homme, son vrai moi. Ce qui pourra
4740
serait autre que la part spirituelle et angélique
de
l’homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréh
4741
ait autre que la part spirituelle et angélique de
l’
homme, son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhens
4742
ait nous orienter vers une compréhension nouvelle
de
ce que nous appelions le « narcissisme de la passion » (à propos de T
4743
e compréhension nouvelle de ce que nous appelions
le
« narcissisme de la passion » (à propos de Tristan, chap. viii du Liv
4744
ouvelle de ce que nous appelions le « narcissisme
de
la passion » (à propos de Tristan, chap. viii du Livre Ier). c) Le F
4745
elle de ce que nous appelions le « narcissisme de
la
passion » (à propos de Tristan, chap. viii du Livre Ier). c) Le Fami
4746
propos de Tristan, chap. viii du Livre Ier). c)
Le
Familier des Amants est construit sur l’allégorie du « Château de l’Â
4747
er). c) Le Familier des Amants est construit sur
l’
allégorie du « Château de l’Âme » et de ses différents étages et loges
4748
Amants est construit sur l’allégorie du « Château
de
l’Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges
4749
nts est construit sur l’allégorie du « Château de
l’
Âme » et de ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges ha
4750
struit sur l’allégorie du « Château de l’Âme » et
de
ses différents étages et loges. Dans l’une de ces loges habite un per
4751
et de ses différents étages et loges. Dans l’une
de
ces loges habite un personnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « con
4752
ne de ces loges habite un personnage qui se nomme
l’
Idée voilée. Elle « connaît les secrets qui guérissent et c’est d’elle
4753
onnage qui se nomme l’Idée voilée. Elle « connaît
les
secrets qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
4754
lle « connaît les secrets qui guérissent et c’est
d’
elle que l’on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une ma
4755
ît les secrets qui guérissent et c’est d’elle que
l’
on apprend la magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, «
4756
s qui guérissent et c’est d’elle que l’on apprend
la
magie ». (L’Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de con
4757
ent et c’est d’elle que l’on apprend la magie ». (
L’
Iseut celtique était aussi une magicienne, « objet de contemplation, s
4758
seut celtique était aussi une magicienne, « objet
de
contemplation, spectacle mystérieux ».) Dans le Château de l’Âme habi
4759
t de contemplation, spectacle mystérieux ».) Dans
le
Château de l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que
4760
plation, spectacle mystérieux ».) Dans le Château
de
l’Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Dé
4761
tion, spectacle mystérieux ».) Dans le Château de
l’
Âme habitent d’autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir
4762
allégoriques, tels que Beauté, Désir et Angoisse,
le
Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Rom
4763
tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné,
le
Probateur, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose
4764
é, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur,
le
Bien connu : comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et le symbol
4765
r, le Bien connu : comment ne pas songer au Roman
de
la Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage d
4766
le Bien connu : comment ne pas songer au Roman de
la
Rose ? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de N
4767
: comment ne pas songer au Roman de la Rose ? Et
le
symbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage de Nizam de Ganja
4768
? Et le symbolisme chevaleresque se retrouve dans
l’
ouvrage de Nizam de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les a
4769
mbolisme chevaleresque se retrouve dans l’ouvrage
de
Nizam de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures d
4770
ue se retrouve dans l’ouvrage de Nizam de Ganja :
le
Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures de sept jeunes filles
4771
m de Ganja : le Roman des Sept Beautés, qui conte
les
aventures de sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et q
4772
e Roman des Sept Beautés, qui conte les aventures
de
sept jeunes filles vêtues aux couleurs des planètes et que visite un
4773
et que visite un roi-chevalier. Nous retrouverons
le
Château de l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une
4774
te un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château
de
l’Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thér
4775
un roi-chevalier. Nous retrouverons le Château de
l’
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse
4776
lier. Nous retrouverons le Château de l’Âme parmi
les
symboles préférés d’un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un
4777
s le Château de l’Âme parmi les symboles préférés
d’
un Ruysbroek et d’une sainte Thérèse… d) Dans un poème du « sultan de
4778
Âme parmi les symboles préférés d’un Ruysbroek et
d’
une sainte Thérèse… d) Dans un poème du « sultan des amoureux », Omar
4779
al Faridh — pour prendre un exemple entre cent —
l’
auteur décrit la passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, ét
4780
r prendre un exemple entre cent — l’auteur décrit
la
passion terrible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir
4781
re cent — l’auteur décrit la passion terrible qui
l’
envoûte : Mes concitoyens, étonnés de me voir esclave, ont dit : Pour
4782
errible qui l’envoûte : Mes concitoyens, étonnés
de
me voir esclave, ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris de
4783
ont dit : Pourquoi ce jeune homme a-t-il été pris
de
folie ? Et que peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe de Nou’
4784
-t-il été pris de folie ? Et que peuvent-ils dire
de
moi, sinon que je m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de
4785
ue peuvent-ils dire de moi, sinon que je m’occupe
de
Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
4786
e m’occupe de Nou’m ? Oui, en vérité, je m’occupe
de
Nou’m. Quand Nou’m me gratifie d’un regard, cela m’est égal que Sou’d
4787
té, je m’occupe de Nou’m. Quand Nou’m me gratifie
d’
un regard, cela m’est égal que Sou’da ne soit pas complaisante67. » «
4788
u’da ne soit pas complaisante67. » « Nou’m » est
le
nom conventionnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les tro
4789
laisante67. » « Nou’m » est le nom conventionnel
de
la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient au
4790
sante67. » « Nou’m » est le nom conventionnel de
la
femme aimée, et signifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
4791
onnel de la femme aimée, et signifie ici Dieu. Or
les
troubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées d’un nom convent
4792
ifie ici Dieu. Or les troubadours nommaient aussi
la
Dame de leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequ
4793
Dieu. Or les troubadours nommaient aussi la Dame
de
leurs pensées d’un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos é
4794
ubadours nommaient aussi la Dame de leurs pensées
d’
un nom conventionnel ou senhal, derrière lequel nos érudits s’épuisent
4795
sent à retrouver des personnages historiques… e)
La
salutation est le salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que
4796
es personnages historiques… e) La salutation est
le
salut que l’initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévena
4797
s historiques… e) La salutation est le salut que
l’
initié voulait donner au Sage, mais que celui-ci, prévenant, donne le
4798
lui-ci, prévenant, donne le premier (Sohrawardi :
le
Bruissement de l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du l
4799
nt, donne le premier (Sohrawardi : le Bruissement
de
l’aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des trou
4800
donne le premier (Sohrawardi : le Bruissement de
l’
aile de Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubad
4801
le premier (Sohrawardi : le Bruissement de l’aile
de
Gabriel), c’est un des thèmes constants du lyrisme des troubadours, p
4802
thèmes constants du lyrisme des troubadours, puis
de
Dante et enfin de Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » d
4803
u lyrisme des troubadours, puis de Dante et enfin
de
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de la Dame une impo
4804
Pétrarque. Tous ces poètes attachent au « salut »
de
la Dame une importance apparemment démesurée, mais qui s’explique for
4805
rarque. Tous ces poètes attachent au « salut » de
la
Dame une importance apparemment démesurée, mais qui s’explique fort b
4806
mment démesurée, mais qui s’explique fort bien si
l’
on prend garde au sens liturgique du salut. f) Les mystiques arabes i
4807
l’on prend garde au sens liturgique du salut. f)
Les
mystiques arabes insistent sur la nécessité de garder le secret de l’
4808
du salut. f) Les mystiques arabes insistent sur
la
nécessité de garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans re
4809
) Les mystiques arabes insistent sur la nécessité
de
garder le secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les ind
4810
iques arabes insistent sur la nécessité de garder
le
secret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qu
4811
es insistent sur la nécessité de garder le secret
de
l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraie
4812
insistent sur la nécessité de garder le secret de
l’
Amour divin. Ils dénoncent sans relâche les indiscrets qui voudraient
4813
cret de l’Amour divin. Ils dénoncent sans relâche
les
indiscrets qui voudraient s’enquérir des mystères sans y participer d
4814
draient s’enquérir des mystères sans y participer
de
toute leur foi. À l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le
4815
s mystères sans y participer de toute leur foi. À
l’
interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? », al-Hal
4816
y participer de toute leur foi. À l’interrogation
d’
un impatient : « Qu’est-ce que le soufisme ? », al-Hallaj répond : « N
4817
l’interrogation d’un impatient : « Qu’est-ce que
le
soufisme ? », al-Hallaj répond : « Ne t’attaque pas à Nous, regarde n
4818
egarde notre doigt que nous avons déjà teint dans
le
sang des amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés d’intentio
4819
ns déjà teint dans le sang des amants. » De plus,
les
indiscrets sont soupçonnés d’intentions mauvaises : ce sont eux qui d
4820
amants. » De plus, les indiscrets sont soupçonnés
d’
intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à l’autori
4821
’intentions mauvaises : ce sont eux qui dénoncent
les
amants à l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure
4822
auvaises : ce sont eux qui dénoncent les amants à
l’
autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
4823
l’autorité orthodoxe, c’est-à-dire qui révèlent à
la
censure dogmatique le sens secret des allégories. Or dans la plupart
4824
c’est-à-dire qui révèlent à la censure dogmatique
le
sens secret des allégories. Or dans la plupart des poèmes provençaux
4825
provençaux apparaissent des personnages qualifiés
de
losengiers (médisants, indiscrets, espions) et que le troubadour couv
4826
osengiers (médisants, indiscrets, espions) et que
le
troubadour couvre d’invectives. Nos savants commentateurs ne savent t
4827
indiscrets, espions) et que le troubadour couvre
d’
invectives. Nos savants commentateurs ne savent trop que faire de ces
4828
os savants commentateurs ne savent trop que faire
de
ces encombrants losengiers, et tentent de s’en débarrasser en affirma
4829
e faire de ces encombrants losengiers, et tentent
de
s’en débarrasser en affirmant que les amants du xiie siècle tenaient
4830
, et tentent de s’en débarrasser en affirmant que
les
amants du xiie siècle tenaient énormément au secret de leurs liaison
4831
nts du xiie siècle tenaient énormément au secret
de
leurs liaisons (ce qui les distinguerait, sans doute, des amants de t
4832
nt énormément au secret de leurs liaisons (ce qui
les
distinguerait, sans doute, des amants de tous les autres siècles) ?
4833
(ce qui les distinguerait, sans doute, des amants
de
tous les autres siècles) ? g) Enfin, la louange de la mort d’amour e
4834
les distinguerait, sans doute, des amants de tous
les
autres siècles) ? g) Enfin, la louange de la mort d’amour est le lei
4835
s amants de tous les autres siècles) ? g) Enfin,
la
louange de la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des A
4836
tous les autres siècles) ? g) Enfin, la louange
de
la mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-
4837
us les autres siècles) ? g) Enfin, la louange de
la
mort d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-
4838
utres siècles) ? g) Enfin, la louange de la mort
d’
amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh :
4839
s) ? g) Enfin, la louange de la mort d’amour est
le
leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos d
4840
du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh :
Le
repos de l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fi
4841
me mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos
de
l’amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort
4842
mystique des Arabes. Ibn-al-Faridh : Le repos de
l’
amour est une fatigue, son commencement une maladie, sa fin la mort. P
4843
une fatigue, son commencement une maladie, sa fin
la
mort. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends grâ
4844
t une maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant
la
mort par amour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’a
4845
mour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée
de
me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vi
4846
st une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me
l’
avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre.
4847
mée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas
de
son amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même de la mystique occ
4848
urt pas de son amour ne peut en vivre. C’est ici
le
cri même de la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal.
4849
on amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même
de
la mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’orai
4850
amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même de
la
mystique occidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est l’oraison
4851
ccidentale mais aussi du lyrisme provençal. C’est
l’
oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! A
4852
du lyrisme provençal. C’est l’oraison jaculatoire
de
sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En m
4853
’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs
de
ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivre,
4854
ous me ferez vivre, car pour moi c’est mourir que
de
vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour terrest
4855
pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que
de
mourir. La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingent
4856
’est mourir que de vivre, et vivre que de mourir.
La
vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et le tou
4857
e, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet
le
jour terrestre des êtres contingents et le tourment de la matière ; m
4858
effet le jour terrestre des êtres contingents et
le
tourment de la matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illuminatio
4859
ur terrestre des êtres contingents et le tourment
de
la matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanoui
4860
terrestre des êtres contingents et le tourment de
la
matière ; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanouisse
4861
s contingents et le tourment de la matière ; mais
la
mort, c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes il
4862
t le tourment de la matière ; mais la mort, c’est
la
nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’uni
4863
rment de la matière ; mais la mort, c’est la nuit
de
l’illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’
4864
nt de la matière ; mais la mort, c’est la nuit de
l’
illumination, l’évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme
4865
; mais la mort, c’est la nuit de l’illumination,
l’
évanouissement des formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé, l
4866
mination, l’évanouissement des formes illusoires,
l’
union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Mo
4867
, l’évanouissement des formes illusoires, l’union
de
l’Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-
4868
’évanouissement des formes illusoires, l’union de
l’
Âme et de l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il
4869
sement des formes illusoires, l’union de l’Âme et
de
l’Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les
4870
ent des formes illusoires, l’union de l’Âme et de
l’
Aimé, la communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mys
4871
formes illusoires, l’union de l’Âme et de l’Aimé,
la
communion avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques a
4872
l’union de l’Âme et de l’Aimé, la communion avec
l’
Être absolu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes le symbole d
4873
union avec l’Être absolu. Aussi Moïse est-il pour
les
mystiques arabes le symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
4874
olu. Aussi Moïse est-il pour les mystiques arabes
le
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Die
4875
symbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant
le
désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l
4876
du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir
de
voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conço
4877
nt, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu sur
le
Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme n
4878
nt le désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima
le
désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie
4879
ir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir
de
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminat
4880
sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et
l’
on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohraw
4881
exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que
le
terme nécessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj
4882
sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire
de
la voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre
4883
mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de
la
voie illuminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre re
4884
t que le terme nécessaire de la voie illuminative
d’
un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de
4885
cessaire de la voie illuminative d’un Sohrawardi,
d’
un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de la joy d’amour :
4886
lluminative d’un Sohrawardi, d’un Hallaj, ait été
le
martyre religieux au sommet de la joy d’amour : Al-Hallaj se rendait
4887
un Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet
de
la joy d’amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui d
4888
Hallaj, ait été le martyre religieux au sommet de
la
joy d’amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis
4889
ait été le martyre religieux au sommet de la joy
d’
amour : Al-Hallaj se rendait au supplice en riant. Je lui dis : Maîtr
4890
is : Maître qu’est cela ? Il répondit : Telle est
la
coquetterie de la Beauté attirant à elle les amoureux68. ⁂ On sait en
4891
est cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie
de
la Beauté attirant à elle les amoureux68. ⁂ On sait enfin que l’amour
4892
cela ? Il répondit : Telle est la coquetterie de
la
Beauté attirant à elle les amoureux68. ⁂ On sait enfin que l’amour pl
4893
e est la coquetterie de la Beauté attirant à elle
les
amoureux68. ⁂ On sait enfin que l’amour platonique fut révéré par une
4894
tirant à elle les amoureux68. ⁂ On sait enfin que
l’
amour platonique fut révéré par une tribu dont le prestige était grand
4895
l’amour platonique fut révéré par une tribu dont
le
prestige était grand dans le monde arabe, celle des Banou Ohdri où l’
4896
é par une tribu dont le prestige était grand dans
le
monde arabe, celle des Banou Ohdri où l’on mourait d’amour à force d’
4897
and dans le monde arabe, celle des Banou Ohdri où
l’
on mourait d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset
4898
onde arabe, celle des Banou Ohdri où l’on mourait
d’
amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset du Coran : «
4899
e des Banou Ohdri où l’on mourait d’amour à force
d’
exalter le désir chaste, selon le verset du Coran : « Celui qui aime,
4900
u Ohdri où l’on mourait d’amour à force d’exalter
le
désir chaste, selon le verset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abst
4901
d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon
le
verset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abstient de tout ce qui est
4902
erset du Coran : « Celui qui aime, qui s’abstient
de
tout ce qui est interdit, qui garde son amour secret, et qui meurt de
4903
nterdit, qui garde son amour secret, et qui meurt
de
son secret, celui-là meurt martyr. » « L’amour ohdri » devint, jusqu’
4904
i meurt de son secret, celui-là meurt martyr. » «
L’
amour ohdri » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même de l’amour qui
4905
» « L’amour ohdri » devint, jusqu’en Andalousie,
le
nom même de l’amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remo
4906
ohdri » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même
de
l’amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers le
4907
dri » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même de
l’
amour qui va s’appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers le no
4908
om même de l’amour qui va s’appeler courtois dans
le
Midi, puis remonter vers le nord celtique, à la rencontre de Tristan…
4909
appeler courtois dans le Midi, puis remonter vers
le
nord celtique, à la rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la po
4910
s le Midi, puis remonter vers le nord celtique, à
la
rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la poétique arabe a réell
4911
is remonter vers le nord celtique, à la rencontre
de
Tristan… ⁂ Peut-on prouver que la poétique arabe a réellement influen
4912
à la rencontre de Tristan… ⁂ Peut-on prouver que
la
poétique arabe a réellement influencé la cortezia ? Renan écrit en 18
4913
uver que la poétique arabe a réellement influencé
la
cortezia ? Renan écrit en 1863 : « Un abîme sépare la forme et l’espr
4914
ortezia ? Renan écrit en 1863 : « Un abîme sépare
la
forme et l’esprit de la poésie romane de la forme et de l’esprit de l
4915
nan écrit en 1863 : « Un abîme sépare la forme et
l’
esprit de la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie ara
4916
en 1863 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit
de
la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un
4917
1863 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit de
la
poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un aut
4918
e sépare la forme et l’esprit de la poésie romane
de
la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy,
4919
épare la forme et l’esprit de la poésie romane de
la
forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déc
4920
me et l’esprit de la poésie romane de la forme et
de
l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette
4921
et l’esprit de la poésie romane de la forme et de
l’
esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette ép
4922
it de la poésie romane de la forme et de l’esprit
de
la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette époque qu’o
4923
de la poésie romane de la forme et de l’esprit de
la
poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette époque qu’on n
4924
Dozy, déclare à cette époque qu’on n’a pas prouvé
l’
influence arabe sur les troubadours, « et qu’on ne la prouvera pas. »
4925
époque qu’on n’a pas prouvé l’influence arabe sur
les
troubadours, « et qu’on ne la prouvera pas. » Ce ton péremptoire fait
4926
nfluence arabe sur les troubadours, « et qu’on ne
la
prouvera pas. » Ce ton péremptoire fait sourire. De Bagdad à l’Andalo
4927
prouvera pas. » Ce ton péremptoire fait sourire.
De
Bagdad à l’Andalousie, la poésie arabe est une, par la langue et l’éc
4928
s. » Ce ton péremptoire fait sourire. De Bagdad à
l’
Andalousie, la poésie arabe est une, par la langue et l’échange contin
4929
remptoire fait sourire. De Bagdad à l’Andalousie,
la
poésie arabe est une, par la langue et l’échange continu. L’Andalousi
4930
gdad à l’Andalousie, la poésie arabe est une, par
la
langue et l’échange continu. L’Andalousie touche aux royaumes espagno
4931
lousie, la poésie arabe est une, par la langue et
l’
échange continu. L’Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont les
4932
rabe est une, par la langue et l’échange continu.
L’
Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont les souverains se mêlen
4933
L’Andalousie touche aux royaumes espagnols, dont
les
souverains se mêlent à ceux du Languedoc et du Poitou. L’épanouisseme
4934
rains se mêlent à ceux du Languedoc et du Poitou.
L’
épanouissement du lyrisme andalou aux xe et xie siècles nous est auj
4935
et xie siècles nous est aujourd’hui bien connu.
La
prosodie précise du zadjal est celle-là même que reproduit le premier
4936
llaume de Poitiers, dans cinq sur onze des poèmes
de
lui qui nous restent. Les « preuves » de l’influence andalouse sur le
4937
cinq sur onze des poèmes de lui qui nous restent.
Les
« preuves » de l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont
4938
s poèmes de lui qui nous restent. Les « preuves »
de
l’influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire69.
4939
oèmes de lui qui nous restent. Les « preuves » de
l’
influence andalouse sur les poètes courtois ne sont plus à faire69. Et
4940
ent. Les « preuves » de l’influence andalouse sur
les
poètes courtois ne sont plus à faire69. Et je pourrais ici remplir de
4941
s à faire69. Et je pourrais ici remplir des pages
de
citations d’Arabes et de Provençaux dont nos grands spécialistes de «
4942
Et je pourrais ici remplir des pages de citations
d’
Arabes et de Provençaux dont nos grands spécialistes de « l’abîme qui
4943
is ici remplir des pages de citations d’Arabes et
de
Provençaux dont nos grands spécialistes de « l’abîme qui sépare » aur
4944
bes et de Provençaux dont nos grands spécialistes
de
« l’abîme qui sépare » auraient parfois peine à deviner de quel côté
4945
t de Provençaux dont nos grands spécialistes de «
l’
abîme qui sépare » auraient parfois peine à deviner de quel côté des P
4946
îme qui sépare » auraient parfois peine à deviner
de
quel côté des Pyrénées elles furent écrites. La cause est entendue. M
4947
r de quel côté des Pyrénées elles furent écrites.
La
cause est entendue. Mais voici ce qui m’importe. L’on assiste au xiie
4948
cause est entendue. Mais voici ce qui m’importe.
L’
on assiste au xiie siècle dans le Languedoc comme dans le Limousin, à
4949
qui m’importe. L’on assiste au xiie siècle dans
le
Languedoc comme dans le Limousin, à l’une des plus extraordinaires co
4950
iste au xiie siècle dans le Languedoc comme dans
le
Limousin, à l’une des plus extraordinaires confluences spirituelles d
4951
des plus extraordinaires confluences spirituelles
de
l’Histoire. D’une part, un grand courant religieux manichéen, qui ava
4952
plus extraordinaires confluences spirituelles de
l’
Histoire. D’une part, un grand courant religieux manichéen, qui avait,
4953
n, qui avait, pris sa source en Iran, remonte par
l’
Asie Mineure et les Balkans jusqu’à l’Italie et la France, apportant s
4954
sa source en Iran, remonte par l’Asie Mineure et
les
Balkans jusqu’à l’Italie et la France, apportant sa doctrine ésotériq
4955
remonte par l’Asie Mineure et les Balkans jusqu’à
l’
Italie et la France, apportant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Mar
4956
l’Asie Mineure et les Balkans jusqu’à l’Italie et
la
France, apportant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et de l’a
4957
ie et la France, apportant sa doctrine ésotérique
de
la Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre p
4958
et la France, apportant sa doctrine ésotérique de
la
Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre part
4959
tant sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et
de
l’amour pour la « forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique ha
4960
t sa doctrine ésotérique de la Sophia-Maria et de
l’
amour pour la « forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique haute
4961
ésotérique de la Sophia-Maria et de l’amour pour
la
« forme de lumière ». D’autre part, une rhétorique hautement raffinée
4962
de la Sophia-Maria et de l’amour pour la « forme
de
lumière ». D’autre part, une rhétorique hautement raffinée, avec ses
4963
aux mêmes endroits, son symbolisme enfin, remonte
de
l’Irak des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à l’Espagne ara
4964
mêmes endroits, son symbolisme enfin, remonte de
l’
Irak des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à l’Espagne arabe,
4965
des soufis platonisants et manichéisants jusqu’à
l’
Espagne arabe, et passant par-dessus les Pyrénées, trouve au Midi de l
4966
ts jusqu’à l’Espagne arabe, et passant par-dessus
les
Pyrénées, trouve au Midi de la France, une société qui, semble-t-il,
4967
qui, semble-t-il, n’attendait plus que ces moyens
de
langage pour dire ce qu’elle n’osait et ne pouvait avouer ni dans la
4968
e ce qu’elle n’osait et ne pouvait avouer ni dans
la
langue des clercs, ni dans le parler vulgaire. La poésie courtoise es
4969
vait avouer ni dans la langue des clercs, ni dans
le
parler vulgaire. La poésie courtoise est née de cette rencontre. Et c
4970
la langue des clercs, ni dans le parler vulgaire.
La
poésie courtoise est née de cette rencontre. Et c’est ainsi qu’au der
4971
s le parler vulgaire. La poésie courtoise est née
de
cette rencontre. Et c’est ainsi qu’au dernier confluent des « hérésie
4972
st ainsi qu’au dernier confluent des « hérésies »
de
l’âme et de celles du désir, venues du même Orient par les deux rives
4973
ainsi qu’au dernier confluent des « hérésies » de
l’
âme et de celles du désir, venues du même Orient par les deux rives de
4974
au dernier confluent des « hérésies » de l’âme et
de
celles du désir, venues du même Orient par les deux rives de la mer c
4975
et de celles du désir, venues du même Orient par
les
deux rives de la mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental
4976
u désir, venues du même Orient par les deux rives
de
la mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental du langage de
4977
ésir, venues du même Orient par les deux rives de
la
mer civilisatrice, naquit le grand modèle occidental du langage de l’
4978
ar les deux rives de la mer civilisatrice, naquit
le
grand modèle occidental du langage de l’amour-passion. 10.Vue d’en
4979
ice, naquit le grand modèle occidental du langage
de
l’amour-passion. 10.Vue d’ensemble du phénomène courtois Revena
4980
, naquit le grand modèle occidental du langage de
l’
amour-passion. 10.Vue d’ensemble du phénomène courtois Revenant
4981
cidental du langage de l’amour-passion. 10.Vue
d’
ensemble du phénomène courtois Revenant après de longues années sur
4982
’ensemble du phénomène courtois Revenant après
de
longues années sur les problèmes soulevés par les pages qui précèdent
4983
courtois Revenant après de longues années sur
les
problèmes soulevés par les pages qui précèdent, j’éprouve le besoin d
4984
de longues années sur les problèmes soulevés par
les
pages qui précèdent, j’éprouve le besoin de rassembler ici tout un fa
4985
s soulevés par les pages qui précèdent, j’éprouve
le
besoin de rassembler ici tout un faisceau d’observations nouvelles. L
4986
par les pages qui précèdent, j’éprouve le besoin
de
rassembler ici tout un faisceau d’observations nouvelles. Le lecteur
4987
ouve le besoin de rassembler ici tout un faisceau
d’
observations nouvelles. Le lecteur va juger si elles infirment, ou si
4988
er ici tout un faisceau d’observations nouvelles.
Le
lecteur va juger si elles infirment, ou si au contraire elles élargis
4989
, ou si au contraire elles élargissent pour mieux
l’
asseoir ma thèse originelle que je réitère : sur la liaison profonde e
4990
’asseoir ma thèse originelle que je réitère : sur
la
liaison profonde entre la cortezia et l’atmosphère religieuse du cath
4991
le que je réitère : sur la liaison profonde entre
la
cortezia et l’atmosphère religieuse du catharisme. On aura sans doute
4992
re : sur la liaison profonde entre la cortezia et
l’
atmosphère religieuse du catharisme. On aura sans doute remarqué que j
4993
ué que je n’indiquais plus haut que par analogies
la
nature des relations possibles entre une mystique, une conception rel
4994
conception religieuse, ou simplement une théorie
de
l’homme — et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre le soufism
4995
nception religieuse, ou simplement une théorie de
l’
homme — et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre le soufisme e
4996
et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre
le
soufisme et la poésie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur l
4997
yrique déterminée. (Rapports entre le soufisme et
la
poésie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur l’école surréali
4998
sme et la poésie courtoise des Arabes ; influence
de
Freud sur l’école surréaliste). Les polémiques parfois fort vives pro
4999
sie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur
l’
école surréaliste). Les polémiques parfois fort vives provoquées par m
5000
es ; influence de Freud sur l’école surréaliste).
Les
polémiques parfois fort vives provoquées par ma thèse, plus ou moins
5001
uées par ma thèse, plus ou moins bien comprise70,
les
découvertes multipliées depuis quinze ans par les spécialistes de l’a
5002
les découvertes multipliées depuis quinze ans par
les
spécialistes de l’amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et
5003
ultipliées depuis quinze ans par les spécialistes
de
l’amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et peut-être l’exp
5004
ipliées depuis quinze ans par les spécialistes de
l’
amour courtois, du catharisme et du manichéisme, et peut-être l’expéri
5005
is, du catharisme et du manichéisme, et peut-être
l’
expérience vécue autant que de nouvelles recherches personnelles, tout
5006
éisme, et peut-être l’expérience vécue autant que
de
nouvelles recherches personnelles, tout cela m’amène aujourd’hui à un
5007
s, tout cela m’amène aujourd’hui à une conception
de
la cortezia à peine moins « historique » que celle que j’esquissais p
5008
tout cela m’amène aujourd’hui à une conception de
la
cortezia à peine moins « historique » que celle que j’esquissais plus
5009
mais sans doute plus psychologique. Je rappelais
la
relation de fait (lieux et dates remarquablement identiques) entre ca
5010
oute plus psychologique. Je rappelais la relation
de
fait (lieux et dates remarquablement identiques) entre cathares et tr
5011
me risquais à dire : il y a là quelque chose, et
l’
absence de rapports entre ces gens me paraîtrait plus étonnante encore
5012
is à dire : il y a là quelque chose, et l’absence
de
rapports entre ces gens me paraîtrait plus étonnante encore que n’imp
5013
mporte quelle hypothèse, « sérieuse » ou non, sur
la
nature de ces rapports. Mais je me gardais de démontrer le détail pré
5014
lle hypothèse, « sérieuse » ou non, sur la nature
de
ces rapports. Mais je me gardais de démontrer le détail précis des in
5015
sur la nature de ces rapports. Mais je me gardais
de
démontrer le détail précis des influences, à la manière de beaucoup d
5016
de ces rapports. Mais je me gardais de démontrer
le
détail précis des influences, à la manière de beaucoup d’historiens p
5017
l précis des influences, à la manière de beaucoup
d’
historiens pour qui le réel n’est défini que par des documents écrits.
5018
s, à la manière de beaucoup d’historiens pour qui
le
réel n’est défini que par des documents écrits. J’irai maintenant un
5019
nt un peu plus loin, mais dans mon sens, non dans
le
leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une de ces solutions textu
5020
le leur. Je ne prétends pas fonder sur pièces une
de
ces solutions textuelles et « scientifiques » après quoi, comme le di
5021
textuelles et « scientifiques » après quoi, comme
le
dit Jaspers, « la question ne s’arrête plus devant le mystère et perd
5022
ientifiques » après quoi, comme le dit Jaspers, «
la
question ne s’arrête plus devant le mystère et perd stupidement son e
5023
it Jaspers, « la question ne s’arrête plus devant
le
mystère et perd stupidement son existence dans la réponse. » Je voudr
5024
le mystère et perd stupidement son existence dans
la
réponse. » Je voudrais au contraire approfondir, tout en la précisant
5025
. » Je voudrais au contraire approfondir, tout en
la
précisant autant qu’il est possible, la problématique de l’amour cour
5026
, tout en la précisant autant qu’il est possible,
la
problématique de l’amour courtois — parce que je la crois vitale pour
5027
isant autant qu’il est possible, la problématique
de
l’amour courtois — parce que je la crois vitale pour l’Occident moder
5028
nt autant qu’il est possible, la problématique de
l’
amour courtois — parce que je la crois vitale pour l’Occident moderne,
5029
problématique de l’amour courtois — parce que je
la
crois vitale pour l’Occident moderne, et pour notre conduite morale e
5030
mour courtois — parce que je la crois vitale pour
l’
Occident moderne, et pour notre conduite morale et religieuse. Je vais
5031
lques faits, comme un piège. J’éviterai à la fois
d’
indiquer des relations de cause à effet, et de formuler expressément d
5032
ge. J’éviterai à la fois d’indiquer des relations
de
cause à effet, et de formuler expressément des conclusions que l’on p
5033
ois d’indiquer des relations de cause à effet, et
de
formuler expressément des conclusions que l’on pourrait citer hors du
5034
, et de formuler expressément des conclusions que
l’
on pourrait citer hors du contexte — accords sans clé — et sur lesquel
5035
« Des preuves ! » ou « Comme c’est vrai ! » ⁂ 1.
La
Révolution psychique du xiie siècle. — Une hérésie néo-manichéenne,
5036
résie néo-manichéenne, venue du Proche-Orient par
l’
Arménie et la Bulgarie bogomile, celle des « bonshommes » ou cathares,
5037
ichéenne, venue du Proche-Orient par l’Arménie et
la
Bulgarie bogomile, celle des « bonshommes » ou cathares, ascètes cond
5038
es « bonshommes » ou cathares, ascètes condamnant
le
mariage mais fondant une « Église d’Amour », opposée à l’Église de Ro
5039
s condamnant le mariage mais fondant une « Église
d’
Amour », opposée à l’Église de Rome71, envahit rapidement la France, d
5040
ge mais fondant une « Église d’Amour », opposée à
l’
Église de Rome71, envahit rapidement la France, de Reims au Nord et de
5041
ondant une « Église d’Amour », opposée à l’Église
de
Rome71, envahit rapidement la France, de Reims au Nord et des confins
5042
opposée à l’Église de Rome71, envahit rapidement
la
France, de Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à l’Espagne
5043
l’Église de Rome71, envahit rapidement la France,
de
Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayo
5044
dement la France, de Reims au Nord et des confins
de
l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. D
5045
ent la France, de Reims au Nord et des confins de
l’
Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans
5046
Reims au Nord et des confins de l’Italie jusqu’à
l’
Espagne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans le même temps, d
5047
fins de l’Italie jusqu’à l’Espagne, pour rayonner
de
là sur toute l’Europe. Dans le même temps, d’autres mouvements hétéro
5048
jusqu’à l’Espagne, pour rayonner de là sur toute
l’
Europe. Dans le même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le
5049
gne, pour rayonner de là sur toute l’Europe. Dans
le
même temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent le peuple et le c
5050
me temps, d’autres mouvements hétérodoxes agitent
le
peuple et le clergé. Opposant aux prélats ambitieux et aux pompes sac
5051
utres mouvements hétérodoxes agitent le peuple et
le
clergé. Opposant aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales de l’Ég
5052
sant aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales
de
l’Église un spiritualisme épuré, ils aboutissent parfois, plus ou moi
5053
t aux prélats ambitieux et aux pompes sacrales de
l’
Église un spiritualisme épuré, ils aboutissent parfois, plus ou moins
5054
octrines naturalistes et même matérialistes avant
la
lettre. Le « qui veut faire l’ange fait la bête » semble illustré par
5055
turalistes et même matérialistes avant la lettre.
Le
« qui veut faire l’ange fait la bête » semble illustré par leurs excè
5056
atérialistes avant la lettre. Le « qui veut faire
l’
ange fait la bête » semble illustré par leurs excès ; mais ceux-ci tra
5057
avant la lettre. Le « qui veut faire l’ange fait
la
bête » semble illustré par leurs excès ; mais ceux-ci traduisent bien
5058
leurs excès ; mais ceux-ci traduisent bien plutôt
la
nature révolutionnaire des problèmes qui surgissent dans l’époque, l’
5059
révolutionnaire des problèmes qui surgissent dans
l’
époque, l’inordinatio profonde du siècle, dont les plus grands saints
5060
naire des problèmes qui surgissent dans l’époque,
l’
inordinatio profonde du siècle, dont les plus grands saints et les plu
5061
l’époque, l’inordinatio profonde du siècle, dont
les
plus grands saints et les plus grands docteurs subissent et souffrent
5062
rofonde du siècle, dont les plus grands saints et
les
plus grands docteurs subissent et souffrent la passion au moins autan
5063
t les plus grands docteurs subissent et souffrent
la
passion au moins autant qu’ils ne parviennent à la transmuer en vertu
5064
a passion au moins autant qu’ils ne parviennent à
la
transmuer en vertus et en vérités théologiques : saint Bernard de Cla
5065
ques : saint Bernard de Clairvaux et Abélard sont
les
pôles de ce drame dans l’Église, et au niveau de la spéculation. Mais
5066
nt Bernard de Clairvaux et Abélard sont les pôles
de
ce drame dans l’Église, et au niveau de la spéculation. Mais hors de
5067
irvaux et Abélard sont les pôles de ce drame dans
l’
Église, et au niveau de la spéculation. Mais hors de l’Église, dans se
5068
pôles de ce drame dans l’Église, et au niveau de
la
spéculation. Mais hors de l’Église, dans ses marges, dans le peuple a
5069
ise, et au niveau de la spéculation. Mais hors de
l’
Église, dans ses marges, dans le peuple auquel ces disputes paraissent
5070
ion. Mais hors de l’Église, dans ses marges, dans
le
peuple auquel ces disputes paraissent lointaines ou incompréhensibles
5071
putes paraissent lointaines ou incompréhensibles,
les
oscillations s’amplifient. D’Henri de Lausanne et Pierre de Bruys jus
5072
incompréhensibles, les oscillations s’amplifient.
D’
Henri de Lausanne et Pierre de Bruys jusqu’à un Amaury de Bène et aux
5073
squ’à un Amaury de Bène et aux frères ortliebiens
de
Strasbourg, tous condamnent le mariage, — que par ailleurs, le pape-m
5074
frères ortliebiens de Strasbourg, tous condamnent
le
mariage, — que par ailleurs, le pape-moine Grégoire VII vient d’inter
5075
, tous condamnent le mariage, — que par ailleurs,
le
pape-moine Grégoire VII vient d’interdire aux prêtres. En revanche, b
5076
ue par ailleurs, le pape-moine Grégoire VII vient
d’
interdire aux prêtres. En revanche, beaucoup professent que l’homme ét
5077
aux prêtres. En revanche, beaucoup professent que
l’
homme étant divin, rien de ce qu’il fait avec son corps — cette part d
5078
beaucoup professent que l’homme étant divin, rien
de
ce qu’il fait avec son corps — cette part du diable — ne saurait enga
5079
corps — cette part du diable — ne saurait engager
le
salut de son âme : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise
5080
ette part du diable — ne saurait engager le salut
de
son âme : « Point de péché au-dessous du nombril ! » précise un évêqu
5081
ne saurait engager le salut de son âme : « Point
de
péché au-dessous du nombril ! » précise un évêque dualiste, excusant
5082
il ! » précise un évêque dualiste, excusant ainsi
la
licence favorisée ou tolérée par plusieurs sectes. Une forme toute no
5083
ée par plusieurs sectes. Une forme toute nouvelle
de
poésie naît dans le Midi de la France, patrie cathare : elle célèbre
5084
tes. Une forme toute nouvelle de poésie naît dans
le
Midi de la France, patrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées,
5085
Midi de la France, patrie cathare : elle célèbre
la
Dame des pensées, l’idée platonicienne du principe féminin, le culte
5086
atrie cathare : elle célèbre la Dame des pensées,
l’
idée platonicienne du principe féminin, le culte de l’Amour contre le
5087
ensées, l’idée platonicienne du principe féminin,
le
culte de l’Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Sa
5088
’idée platonicienne du principe féminin, le culte
de
l’Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Saint Berna
5089
ée platonicienne du principe féminin, le culte de
l’
Amour contre le mariage, en même temps que la chasteté. Saint Bernard
5090
e du principe féminin, le culte de l’Amour contre
le
mariage, en même temps que la chasteté. Saint Bernard de Clairvaux se
5091
e de l’Amour contre le mariage, en même temps que
la
chasteté. Saint Bernard de Clairvaux se met en campagne pour combattr
5092
rd de Clairvaux se met en campagne pour combattre
le
catharisme, fonde un ordre ascétique orthodoxe, face à celui des « bo
5093
lui des « bonshommes » ou Parfaits, puis oppose à
la
cortezia la mystique de l’Amour divin. De nombreux commentaires du Ca
5094
nshommes » ou Parfaits, puis oppose à la cortezia
la
mystique de l’Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des C
5095
u Parfaits, puis oppose à la cortezia la mystique
de
l’Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des Cantiques son
5096
arfaits, puis oppose à la cortezia la mystique de
l’
Amour divin. De nombreux commentaires du Cantique des Cantiques sont é
5097
ppose à la cortezia la mystique de l’Amour divin.
De
nombreux commentaires du Cantique des Cantiques sont écrits pour les
5098
taires du Cantique des Cantiques sont écrits pour
les
nonnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye de Fontevrault si
5099
sont écrits pour les nonnes des premiers couvents
de
femmes, de l’abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour —
5100
pour les nonnes des premiers couvents de femmes,
de
l’abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le co
5101
ur les nonnes des premiers couvents de femmes, de
l’
abbaye de Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte
5102
nnes des premiers couvents de femmes, de l’abbaye
de
Fontevrault si proche du premier troubadour — c’est le comte Guillaum
5103
ntevrault si proche du premier troubadour — c’est
le
comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet d’Héloïse. Cette myst
5104
e comte Guillaume de Poitiers — jusqu’au Paraclet
d’
Héloïse. Cette mystique épithalamique se retrouve à la fois chez Berna
5105
es courtois et en lettres, le premier grand roman
d’
amour-passion de notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras
5106
n lettres, le premier grand roman d’amour-passion
de
notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras de la comtesse d
5107
on de notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans
les
bras de la comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sa
5108
re histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras
de
la comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans l’avo
5109
histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras de
la
comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans l’avoir
5110
Tripoli, « princesse lointaine » qu’il aime sans
l’
avoir jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que l’Esprit Saint, dont
5111
avoir jamais vue. Et Joachim de Flore annonce que
l’
Esprit Saint, dont l’ère est imminente, s’incarnera dans une Femme. To
5112
Joachim de Flore annonce que l’Esprit Saint, dont
l’
ère est imminente, s’incarnera dans une Femme. Tout cela se passe dans
5113
incarnera dans une Femme. Tout cela se passe dans
la
réalité, ou dans les imaginations qui la conforment, aux lieux et au
5114
emme. Tout cela se passe dans la réalité, ou dans
les
imaginations qui la conforment, aux lieux et au temps où se nouent la
5115
sse dans la réalité, ou dans les imaginations qui
la
conforment, aux lieux et au temps où se nouent la légende et le mythe
5116
la conforment, aux lieux et au temps où se nouent
la
légende et le mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée
5117
aux lieux et au temps où se nouent la légende et
le
mythe de la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et c
5118
x et au temps où se nouent la légende et le mythe
de
la passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme univ
5119
t au temps où se nouent la légende et le mythe de
la
passion mortelle : Tristan. À cette montée puissante et comme univers
5120
an. À cette montée puissante et comme universelle
de
l’Amour et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne p
5121
À cette montée puissante et comme universelle de
l’
Amour et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouv
5122
sante et comme universelle de l’Amour et du culte
de
la Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer d’oppo
5123
te et comme universelle de l’Amour et du culte de
la
Femme idéalisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer d’opposer
5124
lle de l’Amour et du culte de la Femme idéalisée,
l’
Église et le clergé ne pouvaient manquer d’opposer une croyance et un
5125
ur et du culte de la Femme idéalisée, l’Église et
le
clergé ne pouvaient manquer d’opposer une croyance et un culte qui ré
5126
lisée, l’Église et le clergé ne pouvaient manquer
d’
opposer une croyance et un culte qui répondissent au même désir profon
5127
lte qui répondissent au même désir profond, surgi
de
l’âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laiss
5128
qui répondissent au même désir profond, surgi de
l’
âme collective. Il fallait « convertir » ce désir, tout en se laissant
5129
se laissant porter par lui, mais comme pour mieux
le
capter dans le courant puissant de l’orthodoxie72. De là les tentativ
5130
ter par lui, mais comme pour mieux le capter dans
le
courant puissant de l’orthodoxie72. De là les tentatives multipliées,
5131
mme pour mieux le capter dans le courant puissant
de
l’orthodoxie72. De là les tentatives multipliées, dès le début du xii
5132
pour mieux le capter dans le courant puissant de
l’
orthodoxie72. De là les tentatives multipliées, dès le début du xiie
5133
apter dans le courant puissant de l’orthodoxie72.
De
là les tentatives multipliées, dès le début du xiie siècle, pour ins
5134
dans le courant puissant de l’orthodoxie72. De là
les
tentatives multipliées, dès le début du xiie siècle, pour instituer
5135
thodoxie72. De là les tentatives multipliées, dès
le
début du xiie siècle, pour instituer un culte de la Vierge. Marie re
5136
le début du xiie siècle, pour instituer un culte
de
la Vierge. Marie reçoit généralement, dès cette époque, le titre de r
5137
début du xiie siècle, pour instituer un culte de
la
Vierge. Marie reçoit généralement, dès cette époque, le titre de regi
5138
rge. Marie reçoit généralement, dès cette époque,
le
titre de regina cœli, et c’est en Reine désormais que l’art va la rep
5139
e reçoit généralement, dès cette époque, le titre
de
regina cœli, et c’est en Reine désormais que l’art va la représenter.
5140
e de regina cœli, et c’est en Reine désormais que
l’
art va la représenter. À la « Dame des Pensées » de la cortezia, on su
5141
na cœli, et c’est en Reine désormais que l’art va
la
représenter. À la « Dame des Pensées » de la cortezia, on substituera
5142
en Reine désormais que l’art va la représenter. À
la
« Dame des Pensées » de la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». E
5143
’art va la représenter. À la « Dame des Pensées »
de
la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et les ordres monastiques
5144
t va la représenter. À la « Dame des Pensées » de
la
cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et les ordres monastiques qu
5145
de la cortezia, on substituera « Notre-Dame ». Et
les
ordres monastiques qui apparaissent alors sont des répliques aux ordr
5146
rs sont des répliques aux ordres chevaleresques :
le
moine est « chevalier de Marie ». En 1140, à Lyon, les chanoines étab
5147
ordres chevaleresques : le moine est « chevalier
de
Marie ». En 1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête de l’Imm
5148
oine est « chevalier de Marie ». En 1140, à Lyon,
les
chanoines établissent une fête de l’Immaculée-Conception de Notre-Dam
5149
1140, à Lyon, les chanoines établissent une fête
de
l’Immaculée-Conception de Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux eut
5150
40, à Lyon, les chanoines établissent une fête de
l’
Immaculée-Conception de Notre-Dame. Saint Bernard de Clairvaux eut bea
5151
e lettre fameuse contre « cette fête nouvelle que
l’
usage de l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la traditi
5152
fameuse contre « cette fête nouvelle que l’usage
de
l’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’aut
5153
meuse contre « cette fête nouvelle que l’usage de
l’
Église ignore, que la raison n’approuve pas, que la tradition n’autori
5154
fête nouvelle que l’usage de l’Église ignore, que
la
raison n’approuve pas, que la tradition n’autorise point… et qui intr
5155
’Église ignore, que la raison n’approuve pas, que
la
tradition n’autorise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de la
5156
e la tradition n’autorise point… et qui introduit
la
nouveauté, sœur de la superstition, fille de l’inconstance ». Et sain
5157
torise point… et qui introduit la nouveauté, sœur
de
la superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau,
5158
ise point… et qui introduit la nouveauté, sœur de
la
superstition, fille de l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cen
5159
duit la nouveauté, sœur de la superstition, fille
de
l’inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
5160
t la nouveauté, sœur de la superstition, fille de
l’
inconstance ». Et saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
5161
saint Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire
de
la manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, el
5162
nt Thomas eut beau, cent ans plus tard, écrire de
la
manière la plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle
5163
ut beau, cent ans plus tard, écrire de la manière
la
plus précise : « Si Marie eût été conçue sans péché, elle n’aurait pa
5164
té conçue sans péché, elle n’aurait pas eu besoin
d’
être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de la Vierge répondait à un
5165
pas eu besoin d’être rachetée par Jésus-Christ. »
Le
culte de la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Égl
5166
soin d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte
de
la Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menac
5167
n d’être rachetée par Jésus-Christ. » Le culte de
la
Vierge répondait à une nécessité d’ordre vital pour l’Église menacée
5168
» Le culte de la Vierge répondait à une nécessité
d’
ordre vital pour l’Église menacée et entraînée… La papauté, plusieurs
5169
erge répondait à une nécessité d’ordre vital pour
l’
Église menacée et entraînée… La papauté, plusieurs siècles plus tard,
5170
d’ordre vital pour l’Église menacée et entraînée…
La
papauté, plusieurs siècles plus tard, ne put que sanctionner un senti
5171
sanctionner un sentiment qui n’avait pas attendu
le
dogme pour triompher dans tous les arts. Enfin, voici un dernier trai
5172
ait pas attendu le dogme pour triompher dans tous
les
arts. Enfin, voici un dernier trait dont on verra qu’il est tout impo
5173
ier trait dont on verra qu’il est tout impossible
de
le rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie siècle que s
5174
trait dont on verra qu’il est tout impossible de
le
rattacher latéralement aux précédents. C’est au xiie siècle que s’at
5175
tteste en Europe une modification radicale du jeu
d’
échecs, originaire de l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient l
5176
modification radicale du jeu d’échecs, originaire
de
l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient le jeu primitif, on vo
5177
ification radicale du jeu d’échecs, originaire de
l’
Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient le jeu primitif, on voit
5178
de l’Inde. Au lieu des quatre rois qui dominaient
le
jeu primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes le
5179
atre rois qui dominaient le jeu primitif, on voit
la
Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf sur le Roi
5180
jeu primitif, on voit la Dame (ou Reine) prendre
le
pas sur toutes les pièces, sauf sur le Roi, celui-ci se trouvant d’ai
5181
voit la Dame (ou Reine) prendre le pas sur toutes
les
pièces, sauf sur le Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa
5182
e) prendre le pas sur toutes les pièces, sauf sur
le
Roi, celui-ci se trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance d’
5183
trouvant d’ailleurs réduit à sa moindre puissance
d’
action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et le personnage sacré.
5184
ndre puissance d’action réelle, tout en demeurant
l’
enjeu final et le personnage sacré. 2. Œdipe et les dieux. — Freud dé
5185
action réelle, tout en demeurant l’enjeu final et
le
personnage sacré. 2. Œdipe et les dieux. — Freud désigne du nom d’Œd
5186
’enjeu final et le personnage sacré. 2. Œdipe et
les
dieux. — Freud désigne du nom d’Œdipe le complexe composé dans l’inco
5187
é. 2. Œdipe et les dieux. — Freud désigne du nom
d’
Œdipe le complexe composé dans l’inconscient par l’agressivité du fils
5188
dipe et les dieux. — Freud désigne du nom d’Œdipe
le
complexe composé dans l’inconscient par l’agressivité du fils contre
5189
d désigne du nom d’Œdipe le complexe composé dans
l’
inconscient par l’agressivité du fils contre le père (obstacle à l’amo
5190
’Œdipe le complexe composé dans l’inconscient par
l’
agressivité du fils contre le père (obstacle à l’amour pour la mère) e
5191
ns l’inconscient par l’agressivité du fils contre
le
père (obstacle à l’amour pour la mère) et par le sentiment de culpabi
5192
l’agressivité du fils contre le père (obstacle à
l’
amour pour la mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résulte.
5193
é du fils contre le père (obstacle à l’amour pour
la
mère) et par le sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids de
5194
le père (obstacle à l’amour pour la mère) et par
le
sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids de l’autorité patri
5195
tacle à l’amour pour la mère) et par le sentiment
de
culpabilité qui en résulte. Le poids de l’autorité patriarcale réduit
5196
t par le sentiment de culpabilité qui en résulte.
Le
poids de l’autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social
5197
sentiment de culpabilité qui en résulte. Le poids
de
l’autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social et moral
5198
timent de culpabilité qui en résulte. Le poids de
l’
autorité patriarcale réduit le fils au conformisme social et moral ; l
5199
ésulte. Le poids de l’autorité patriarcale réduit
le
fils au conformisme social et moral ; le poids de l’interdit lié à la
5200
e réduit le fils au conformisme social et moral ;
le
poids de l’interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l
5201
le fils au conformisme social et moral ; le poids
de
l’interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour :
5202
fils au conformisme social et moral ; le poids de
l’
interdit lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tou
5203
me social et moral ; le poids de l’interdit lié à
la
mère (donc au principe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à
5204
t lié à la mère (donc au principe féminin) inhibe
l’
amour : tout ce qui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe de
5205
pe féminin) inhibe l’amour : tout ce qui touche à
la
femme reste « impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est d’autan
5206
ui touche à la femme reste « impur ». Ce complexe
de
sentiments œdipiens est d’autant plus contraignant que la structure s
5207
« impur ». Ce complexe de sentiments œdipiens est
d’
autant plus contraignant que la structure sociale est plus solide, la
5208
ments œdipiens est d’autant plus contraignant que
la
structure sociale est plus solide, la puissance du père plus assurée,
5209
aignant que la structure sociale est plus solide,
la
puissance du père plus assurée, et le dieu dont le père tient ses pou
5210
lus solide, la puissance du père plus assurée, et
le
dieu dont le père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenan
5211
a puissance du père plus assurée, et le dieu dont
le
père tient ses pouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de
5212
ouvoirs plus révéré. Imaginons maintenant un état
de
la société où le principe de cohésion se relâche ; où la puissance éc
5213
oirs plus révéré. Imaginons maintenant un état de
la
société où le principe de cohésion se relâche ; où la puissance écono
5214
ré. Imaginons maintenant un état de la société où
le
principe de cohésion se relâche ; où la puissance économique détenue
5215
s maintenant un état de la société où le principe
de
cohésion se relâche ; où la puissance économique détenue par le père
5216
ociété où le principe de cohésion se relâche ; où
la
puissance économique détenue par le père se voit divisée ; où la puis
5217
relâche ; où la puissance économique détenue par
le
père se voit divisée ; où la puissance divine se divise elle-même, so
5218
onomique détenue par le père se voit divisée ; où
la
puissance divine se divise elle-même, soit en une pluralité de dieux,
5219
divine se divise elle-même, soit en une pluralité
de
dieux, comme en Grèce, soit en un couple dieu-déesse, comme en Égypte
5220
eu-déesse, comme en Égypte, soit enfin comme dans
le
manichéisme, en un Dieu bon qui est pur esprit et un Démiurge qui dom
5221
bon qui est pur esprit et un Démiurge qui domine
la
matière et la chair. La compulsion qui créait le complexe œdipien fai
5222
ur esprit et un Démiurge qui domine la matière et
la
chair. La compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant.
5223
et un Démiurge qui domine la matière et la chair.
La
compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant. La haine
5224
la matière et la chair. La compulsion qui créait
le
complexe œdipien faiblit d’autant. La haine pour le père se concentre
5225
compulsion qui créait le complexe œdipien faiblit
d’
autant. La haine pour le père se concentre sur le démiurge et sur son
5226
qui créait le complexe œdipien faiblit d’autant.
La
haine pour le père se concentre sur le démiurge et sur son œuvre : ma
5227
complexe œdipien faiblit d’autant. La haine pour
le
père se concentre sur le démiurge et sur son œuvre : matière, chair,
5228
d’autant. La haine pour le père se concentre sur
le
démiurge et sur son œuvre : matière, chair, sexualité procréatrice, —
5229
sexualité procréatrice, — tandis qu’un sentiment
d’
adoration purifiée peut se porter sur le Dieu-Esprit. En même temps, l
5230
sentiment d’adoration purifiée peut se porter sur
le
Dieu-Esprit. En même temps, l’amour pour la femme se trouve partielle
5231
peut se porter sur le Dieu-Esprit. En même temps,
l’
amour pour la femme se trouve partiellement libéré : il peut enfin s’a
5232
r sur le Dieu-Esprit. En même temps, l’amour pour
la
femme se trouve partiellement libéré : il peut enfin s’avouer sous la
5233
artiellement libéré : il peut enfin s’avouer sous
la
forme d’un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition q
5234
ent libéré : il peut enfin s’avouer sous la forme
d’
un culte rendu à l’archétype divin de la femme, à condition que cette
5235
t enfin s’avouer sous la forme d’un culte rendu à
l’
archétype divin de la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cess
5236
ous la forme d’un culte rendu à l’archétype divin
de
la femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virgi
5237
la forme d’un culte rendu à l’archétype divin de
la
femme, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas d’être virginal
5238
e, à condition que cette Déesse-Mère ne cesse pas
d’
être virginale, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur la femm
5239
esse pas d’être virginale, qu’elle échappe donc à
l’
interdit maintenu sur la femme de chair. L’union mystique avec cette d
5240
e, qu’elle échappe donc à l’interdit maintenu sur
la
femme de chair. L’union mystique avec cette divinité féminine devient
5241
e échappe donc à l’interdit maintenu sur la femme
de
chair. L’union mystique avec cette divinité féminine devient alors un
5242
donc à l’interdit maintenu sur la femme de chair.
L’
union mystique avec cette divinité féminine devient alors une particip
5243
vinité féminine devient alors une participation à
la
puissance légitime du Dieu lumineux, un « endieusement », c’est-à-dir
5244
littéralement un enthousiasme libérateur unifiant
l’
être, le « consolant73 ». 3. Une illustration. — Au xiie siècle, l’o
5245
ement un enthousiasme libérateur unifiant l’être,
le
« consolant73 ». 3. Une illustration. — Au xiie siècle, l’on assist
5246
ant73 ». 3. Une illustration. — Au xiie siècle,
l’
on assiste dans le Midi de la France à un relâchement notable du lien
5247
llustration. — Au xiie siècle, l’on assiste dans
le
Midi de la France à un relâchement notable du lien féodal et patriarc
5248
patriarcal (partage égal des domaines entre tous
les
fils, ou « pariage », d’où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sort
5249
des domaines entre tous les fils, ou « pariage »,
d’
où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sorte de pré-Renaissance indi
5250
s entre tous les fils, ou « pariage », d’où perte
d’
autorité du Suzerain) ; à une sorte de pré-Renaissance individualiste
5251
d’où perte d’autorité du Suzerain) ; à une sorte
de
pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion d’une religion dualiste
5252
à une sorte de pré-Renaissance individualiste ; à
l’
invasion d’une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante du
5253
de pré-Renaissance individualiste ; à l’invasion
d’
une religion dualiste ; enfin, à cette montée puissante du culte de l’
5254
aliste ; enfin, à cette montée puissante du culte
de
l’Amour, dont je viens de rappeler les manifestations. Nous voici don
5255
ste ; enfin, à cette montée puissante du culte de
l’
Amour, dont je viens de rappeler les manifestations. Nous voici donc d
5256
te du culte de l’Amour, dont je viens de rappeler
les
manifestations. Nous voici donc devant une réalisation (ou épiphanie
5257
ci donc devant une réalisation (ou épiphanie dans
l’
Histoire) du phénomène que nous venons d’imaginer au paragraphe précéd
5258
nie dans l’Histoire) du phénomène que nous venons
d’
imaginer au paragraphe précédent. Si nous cherchons à nous représenter
5259
e précédent. Si nous cherchons à nous représenter
la
situation psychique et éthique de l’homme en ce temps-là, nous consta
5260
ous représenter la situation psychique et éthique
de
l’homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impli
5261
représenter la situation psychique et éthique de
l’
homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impliqué
5262
ord qu’il se trouve impliqué bon gré mal gré dans
la
lutte qui divise profondément la société, les pouvoirs, les familles,
5263
gré mal gré dans la lutte qui divise profondément
la
société, les pouvoirs, les familles, et les individus eux-mêmes : cel
5264
dans la lutte qui divise profondément la société,
les
pouvoirs, les familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose
5265
qui divise profondément la société, les pouvoirs,
les
familles, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérésie par
5266
dément la société, les pouvoirs, les familles, et
les
individus eux-mêmes : celle qui oppose l’hérésie partout présente et
5267
es, et les individus eux-mêmes : celle qui oppose
l’
hérésie partout présente et l’orthodoxie romaine battue en brèche. Du
5268
: celle qui oppose l’hérésie partout présente et
l’
orthodoxie romaine battue en brèche. Du côté cathare, le mariage et la
5269
odoxie romaine battue en brèche. Du côté cathare,
le
mariage et la sexualité sont condamnés sans rémission par les Parfait
5270
battue en brèche. Du côté cathare, le mariage et
la
sexualité sont condamnés sans rémission par les Parfaits ou « consolé
5271
et la sexualité sont condamnés sans rémission par
les
Parfaits ou « consolés », mais demeurent tolérés dans le cas des simp
5272
aits ou « consolés », mais demeurent tolérés dans
le
cas des simples croyants, c’est-à-dire de l’immense majorité des héré
5273
és dans le cas des simples croyants, c’est-à-dire
de
l’immense majorité des hérétiques. Du côté catholique, le mariage est
5274
dans le cas des simples croyants, c’est-à-dire de
l’
immense majorité des hérétiques. Du côté catholique, le mariage est te
5275
ense majorité des hérétiques. Du côté catholique,
le
mariage est tenu pour sacrement, cependant qu’il repose en fait sur d
5276
ent, cependant qu’il repose en fait sur des bases
d’
intérêt matériel et social, et se voit imposé aux époux sans qu’il soi
5277
voit imposé aux époux sans qu’il soit tenu compte
de
leurs sentiments. En même temps, le relâchement de l’autorité et des
5278
t tenu compte de leurs sentiments. En même temps,
le
relâchement de l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons
5279
e leurs sentiments. En même temps, le relâchement
de
l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons vu, une possibi
5280
eurs sentiments. En même temps, le relâchement de
l’
autorité et des pouvoirs ménage, comme nous l’avons vu, une possibilit
5281
de l’autorité et des pouvoirs ménage, comme nous
l’
avons vu, une possibilité nouvelle d’admettre la femme, mais sous le c
5282
, comme nous l’avons vu, une possibilité nouvelle
d’
admettre la femme, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire d’un
5283
s l’avons vu, une possibilité nouvelle d’admettre
la
femme, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire d’une divinisat
5284
ssibilité nouvelle d’admettre la femme, mais sous
le
couvert d’une idéalisation, voire d’une divinisation du principe fémi
5285
ouvelle d’admettre la femme, mais sous le couvert
d’
une idéalisation, voire d’une divinisation du principe féminin. Ce qui
5286
e, mais sous le couvert d’une idéalisation, voire
d’
une divinisation du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver la cont
5287
ion du principe féminin. Ce qui ne peut qu’aviver
la
contradiction entre les idéaux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité
5288
. Ce qui ne peut qu’aviver la contradiction entre
les
idéaux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité vécue. La psyché et la
5289
tion entre les idéaux (eux-mêmes en conflit !) et
la
réalité vécue. La psyché et la sensualité naturelles se débattent ent
5290
aux (eux-mêmes en conflit !) et la réalité vécue.
La
psyché et la sensualité naturelles se débattent entre ces attaques co
5291
s en conflit !) et la réalité vécue. La psyché et
la
sensualité naturelles se débattent entre ces attaques convergentes, c
5292
ies dans leur fascinante nouveauté… C’est au cœur
de
cette situation inextricable, c’est comme une résultante de tant de c
5293
ituation inextricable, c’est comme une résultante
de
tant de confusions qui devaient s’y nouer, qu’apparaît la cortezia, «
5294
de confusions qui devaient s’y nouer, qu’apparaît
la
cortezia, « religion » littéraire de l’Amour chaste, de la femme idéa
5295
qu’apparaît la cortezia, « religion » littéraire
de
l’Amour chaste, de la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière
5296
’apparaît la cortezia, « religion » littéraire de
l’
Amour chaste, de la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, l
5297
tezia, « religion » littéraire de l’Amour chaste,
de
la femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy d’amors, s
5298
ia, « religion » littéraire de l’Amour chaste, de
la
femme idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy d’amors, ses
5299
femme idéalisée, avec sa « piété » particulière,
la
joy d’amors, ses « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa
5300
idéalisée, avec sa « piété » particulière, la joy
d’
amors, ses « rites » précis, la rhétorique des troubadours, sa morale
5301
rticulière, la joy d’amors, ses « rites » précis,
la
rhétorique des troubadours, sa morale de l’hommage et du service, sa
5302
précis, la rhétorique des troubadours, sa morale
de
l’hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologique
5303
écis, la rhétorique des troubadours, sa morale de
l’
hommage et du service, sa « théologie » et ses disputes théologiques,
5304
» et ses disputes théologiques, ses « initiés »,
les
troubadours, et ses « croyants », le grand public cultivé ou non, qui
5305
initiés », les troubadours, et ses « croyants »,
le
grand public cultivé ou non, qui écoute les troubadours et fait leur
5306
nts », le grand public cultivé ou non, qui écoute
les
troubadours et fait leur gloire mondaine dans toute l’Europe. Or nous
5307
oubadours et fait leur gloire mondaine dans toute
l’
Europe. Or nous voyons cette religion de l’amour ennoblissant célébrée
5308
ans toute l’Europe. Or nous voyons cette religion
de
l’amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à t
5309
toute l’Europe. Or nous voyons cette religion de
l’
amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à teni
5310
tte religion de l’amour ennoblissant célébrée par
les
mêmes hommes qui persistent à tenir la sexualité pour « vilaine » ; e
5311
ébrée par les mêmes hommes qui persistent à tenir
la
sexualité pour « vilaine » ; et nous voyons souvent dans le même poèt
5312
té pour « vilaine » ; et nous voyons souvent dans
le
même poète un adorateur enthousiaste de la Dame, qu’il exalte, et un
5313
vent dans le même poète un adorateur enthousiaste
de
la Dame, qu’il exalte, et un contempteur de la femme, qu’il rabaisse
5314
t dans le même poète un adorateur enthousiaste de
la
Dame, qu’il exalte, et un contempteur de la femme, qu’il rabaisse : q
5315
iaste de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur
de
la femme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers d’un
5316
te de la Dame, qu’il exalte, et un contempteur de
la
femme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers d’un Mar
5317
mme, qu’il rabaisse : qu’on se rappelle seulement
les
vers d’un Marcabru ou ceux d’un Raimbaut d’Orange cités plus haut74.
5318
l rabaisse : qu’on se rappelle seulement les vers
d’
un Marcabru ou ceux d’un Raimbaut d’Orange cités plus haut74. Chose cu
5319
rappelle seulement les vers d’un Marcabru ou ceux
d’
un Raimbaut d’Orange cités plus haut74. Chose curieuse, les troubadour
5320
mbaut d’Orange cités plus haut74. Chose curieuse,
les
troubadours chez lesquels nous constatons cette contradiction, ne s’e
5321
s’en plaignent pas ! On dirait qu’ils ont trouvé
le
secret d’une conciliation vivante des inconciliables. Ils semblent re
5322
gnent pas ! On dirait qu’ils ont trouvé le secret
d’
une conciliation vivante des inconciliables. Ils semblent refléter, ma
5323
es inconciliables. Ils semblent refléter, mais en
la
surmontant, la division des consciences (elle-même productrice de mau
5324
es. Ils semblent refléter, mais en la surmontant,
la
division des consciences (elle-même productrice de mauvaise conscienc
5325
a division des consciences (elle-même productrice
de
mauvaise conscience) dans la grande masse d’une société partagée non
5326
lle-même productrice de mauvaise conscience) dans
la
grande masse d’une société partagée non seulement entre la chair et l
5327
rice de mauvaise conscience) dans la grande masse
d’
une société partagée non seulement entre la chair et l’esprit, mais en
5328
masse d’une société partagée non seulement entre
la
chair et l’esprit, mais encore entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au
5329
société partagée non seulement entre la chair et
l’
esprit, mais encore entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même d
5330
ent entre la chair et l’esprit, mais encore entre
l’
hérésie et l’orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre l’exigenc
5331
chair et l’esprit, mais encore entre l’hérésie et
l’
orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre l’exigence des Parfait
5332
entre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même
de
l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyant
5333
tre l’hérésie et l’orthodoxie, et au sein même de
l’
hérésie, entre l’exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyants…
5334
l’orthodoxie, et au sein même de l’hérésie, entre
l’
exigence des Parfaits et la vie réelle des Croyants… Citons là-dessus
5335
me de l’hérésie, entre l’exigence des Parfaits et
la
vie réelle des Croyants… Citons là-dessus l’un des plus sensibles int
5336
ssus l’un des plus sensibles interprètes modernes
de
la cortezia, René Nelli : « Presque toutes les dames du Carcassès, du
5337
s l’un des plus sensibles interprètes modernes de
la
cortezia, René Nelli : « Presque toutes les dames du Carcassès, du To
5338
nes de la cortezia, René Nelli : « Presque toutes
les
dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix, de l’Albigeois étaient «
5339
s les dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix,
de
l’Albigeois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’elles fussent
5340
es dames du Carcassès, du Toulousain, du Foix, de
l’
Albigeois étaient « croyantes » et savaient — bien qu’elles fussent ma
5341
et savaient — bien qu’elles fussent mariées — que
le
mariage était condamné par leur Église. Beaucoup de troubadours — cel
5342
moins, très au courant des idées qui étaient dans
l’
air depuis deux-cents ans. Dans tous les cas, ils chantaient pour des
5343
aient dans l’air depuis deux-cents ans. Dans tous
les
cas, ils chantaient pour des châtelaines, dont il fallait apaiser par
5344
elaines, dont il fallait apaiser par des chansons
la
mauvaise conscience, et qui leur demandaient non pas tant une illusio
5345
et qui leur demandaient non pas tant une illusion
d’
amour sincère qu’un antipode spirituel au mariage où elles avaient été
5346
el au mariage où elles avaient été contraintes. »
Le
même auteur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question de voir dan
5347
eur ajoute qu’à son avis, « il n’est pas question
de
voir dans la chasteté, ainsi feinte, une habitude réelle ni un reflet
5348
’à son avis, « il n’est pas question de voir dans
la
chasteté, ainsi feinte, une habitude réelle ni un reflet des mœurs »,
5349
n hommage « religieux » (et formaliste) rendu par
l’
imperfection à la perfection », c’est-à-dire par les troubadours et pa
5350
ieux » (et formaliste) rendu par l’imperfection à
la
perfection », c’est-à-dire par les troubadours et par les croyants in
5351
’imperfection à la perfection », c’est-à-dire par
les
troubadours et par les croyants inquiets à la morale des Parfaits. Ma
5352
ection », c’est-à-dire par les troubadours et par
les
croyants inquiets à la morale des Parfaits. Mais enfin, dit le scepti
5353
ar les troubadours et par les croyants inquiets à
la
morale des Parfaits. Mais enfin, dit le sceptique d’aujourd’hui, que
5354
nquiets à la morale des Parfaits. Mais enfin, dit
le
sceptique d’aujourd’hui, que peut bien signifier au concret cette « c
5355
morale des Parfaits. Mais enfin, dit le sceptique
d’
aujourd’hui, que peut bien signifier au concret cette « chasteté » prô
5356
» prônée par des jongleurs ? Et comment expliquer
le
succès si rapide d’une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un L
5357
gleurs ? Et comment expliquer le succès si rapide
d’
une prétendue morale à ce point ambiguë, dans un Languedoc, une Italie
5358
rmanie rhénane, une Europe tout entière enfin, où
les
passions « religieuses » et la théologie n’occupaient tout de même pa
5359
entière enfin, où les passions « religieuses » et
la
théologie n’occupaient tout de même pas le plus clair de la vie, et n
5360
s » et la théologie n’occupaient tout de même pas
le
plus clair de la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute es
5361
logie n’occupaient tout de même pas le plus clair
de
la vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsi
5362
ie n’occupaient tout de même pas le plus clair de
la
vie, et n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce d’impulsions
5363
n’avaient tout de même pas supprimé toute espèce
d’
impulsions naturelles ? Les modernes, en effet, depuis Rousseau, croie
5364
s supprimé toute espèce d’impulsions naturelles ?
Les
modernes, en effet, depuis Rousseau, croient qu’il existe une sorte d
5365
, depuis Rousseau, croient qu’il existe une sorte
de
nature normale, à laquelle la culture et la religion seraient venues
5366
il existe une sorte de nature normale, à laquelle
la
culture et la religion seraient venues surajouter leurs faux problème
5367
sorte de nature normale, à laquelle la culture et
la
religion seraient venues surajouter leurs faux problèmes… Cette illus
5368
urs faux problèmes… Cette illusion touchante peut
les
aider à vivre, mais non pas à comprendre leur vie. Car tous, tant que
5369
re leur vie. Car tous, tant que nous sommes, sans
le
savoir, menons nos vies de civilisés dans une confusion proprement in
5370
que nous sommes, sans le savoir, menons nos vies
de
civilisés dans une confusion proprement insensée de religions jamais
5371
civilisés dans une confusion proprement insensée
de
religions jamais tout à fait mortes, et rarement tout à fait comprise
5372
et rarement tout à fait comprises et pratiquées ;
de
morales jadis exclusives mais qui se superposent ou se combinent à l’
5373
lusives mais qui se superposent ou se combinent à
l’
arrière-plan de nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés mais
5374
i se superposent ou se combinent à l’arrière-plan
de
nos conduites élémentaires ; de complexes ignorés mais d’autant plus
5375
à l’arrière-plan de nos conduites élémentaires ;
de
complexes ignorés mais d’autant plus actifs ; et d’instincts hérités
5376
onduites élémentaires ; de complexes ignorés mais
d’
autant plus actifs ; et d’instincts hérités bien moins de quelque natu
5377
complexes ignorés mais d’autant plus actifs ; et
d’
instincts hérités bien moins de quelque nature animale que de coutumes
5378
t plus actifs ; et d’instincts hérités bien moins
de
quelque nature animale que de coutumes totalement oubliées, devenues
5379
hérités bien moins de quelque nature animale que
de
coutumes totalement oubliées, devenues traces ou cicatrices mentales,
5380
es ou cicatrices mentales, tout inconscientes et,
de
ce fait, aisément confondues avec l’instinct. Elles furent tantôt des
5381
scientes et, de ce fait, aisément confondues avec
l’
instinct. Elles furent tantôt des artifices cruels, tantôt des rites s
5382
orées par des mystiques lointaines à la fois dans
le
temps et dans l’espace. 4. Une technique de la « chasteté ». — À par
5383
tiques lointaines à la fois dans le temps et dans
l’
espace. 4. Une technique de la « chasteté ». — À partir du vie siècl
5384
dans le temps et dans l’espace. 4. Une technique
de
la « chasteté ». — À partir du vie siècle se répand rapidement dans
5385
s le temps et dans l’espace. 4. Une technique de
la
« chasteté ». — À partir du vie siècle se répand rapidement dans l’I
5386
À partir du vie siècle se répand rapidement dans
l’
Inde entière, tant hindouiste que bouddhiste, une école ou mode religi
5387
que bouddhiste, une école ou mode religieuse dont
l’
influence s’épanouira pendant des siècles. « Du point de vue formel, l
5388
ra pendant des siècles. « Du point de vue formel,
le
tantrisme se présente comme une nouvelle manifestation triomphante du
5389
nouvelle manifestation triomphante du shaktisme.
La
force secrète (shakti) qui anime le cosmos et soutient les dieux (en
5390
du shaktisme. La force secrète (shakti) qui anime
le
cosmos et soutient les dieux (en premier lieu Shiva et Bouddha)… est
5391
secrète (shakti) qui anime le cosmos et soutient
les
dieux (en premier lieu Shiva et Bouddha)… est fortement personnifiée
5392
a et Bouddha)… est fortement personnifiée : c’est
la
Déesse, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse… Le
5393
t personnifiée : c’est la Déesse, Épouse et Mère…
Le
dynamisme créateur revient à la Déesse… Le culte se concentre autour
5394
, Épouse et Mère… Le dynamisme créateur revient à
la
Déesse… Le culte se concentre autour de ce principe cosmique féminin
5395
Mère… Le dynamisme créateur revient à la Déesse…
Le
culte se concentre autour de ce principe cosmique féminin ; la médita
5396
oncentre autour de ce principe cosmique féminin ;
la
méditation tient compte de ses « pouvoirs », la délivrance devient po
5397
ipe cosmique féminin ; la méditation tient compte
de
ses « pouvoirs », la délivrance devient possible par la shakti… Dans
5398
; la méditation tient compte de ses « pouvoirs »,
la
délivrance devient possible par la shakti… Dans certaines sectes tant
5399
« pouvoirs », la délivrance devient possible par
la
shakti… Dans certaines sectes tantriques, la femme devient elle-même
5400
par la shakti… Dans certaines sectes tantriques,
la
femme devient elle-même une chose sacrée, une incarnation de la Mère.
5401
vient elle-même une chose sacrée, une incarnation
de
la Mère. L’apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à
5402
nt elle-même une chose sacrée, une incarnation de
la
Mère. L’apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tou
5403
ême une chose sacrée, une incarnation de la Mère.
L’
apothéose religieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous les cou
5404
ne incarnation de la Mère. L’apothéose religieuse
de
la femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du Moye
5405
incarnation de la Mère. L’apothéose religieuse de
la
femme est commune d’ailleurs à tous les courants mystiques du Moyen Â
5406
igieuse de la femme est commune d’ailleurs à tous
les
courants mystiques du Moyen Âge indien… Le tantrisme est par excellen
5407
tous les courants mystiques du Moyen Âge indien…
Le
tantrisme est par excellence une technique, bien que fondamentalement
5408
alement il soit une métaphysique et une mystique…
La
méditation éveille certaines forces occultes qui dorment en chaque ho
5409
ue homme et qui, une fois éveillées, transforment
le
corps humain en un corps mystique75. » Il s’agit, par le cérémonial d
5410
s humain en un corps mystique75. » Il s’agit, par
le
cérémonial du yoga tantrique (contrôle de la respiration, répétitions
5411
it, par le cérémonial du yoga tantrique (contrôle
de
la respiration, répétitions de mantras ou formules sacrées, méditatio
5412
par le cérémonial du yoga tantrique (contrôle de
la
respiration, répétitions de mantras ou formules sacrées, méditation s
5413
antrique (contrôle de la respiration, répétitions
de
mantras ou formules sacrées, méditation sur des mandalas ou images en
5414
, méditation sur des mandalas ou images enfermant
les
symboles du monde et des dieux) de transcender la condition humaine.
5415
ges enfermant les symboles du monde et des dieux)
de
transcender la condition humaine. Le tantrisme bouddhique trouve des
5416
es symboles du monde et des dieux) de transcender
la
condition humaine. Le tantrisme bouddhique trouve des analogies préci
5417
t des dieux) de transcender la condition humaine.
Le
tantrisme bouddhique trouve des analogies précises dans le hatha yoga
5418
sme bouddhique trouve des analogies précises dans
le
hatha yoga hindou, technique du contrôle du corps et de l’énergie vit
5419
ha yoga hindou, technique du contrôle du corps et
de
l’énergie vitale. C’est ainsi que certaines postures (mudras) décrite
5420
yoga hindou, technique du contrôle du corps et de
l’
énergie vitale. C’est ainsi que certaines postures (mudras) décrites p
5421
insi que certaines postures (mudras) décrites par
le
hatha yoga ont pour but « d’utiliser comme moyen de divinisation et e
5422
mudras) décrites par le hatha yoga ont pour but «
d’
utiliser comme moyen de divinisation et ensuite d’intégration, d’unifi
5423
hatha yoga ont pour but « d’utiliser comme moyen
de
divinisation et ensuite d’intégration, d’unification finale, la fonct
5424
d’utiliser comme moyen de divinisation et ensuite
d’
intégration, d’unification finale, la fonction par excellence humaine,
5425
e moyen de divinisation et ensuite d’intégration,
d’
unification finale, la fonction par excellence humaine, celle-là même
5426
n et ensuite d’intégration, d’unification finale,
la
fonction par excellence humaine, celle-là même qui détermine le cycle
5427
r excellence humaine, celle-là même qui détermine
le
cycle incessant des naissances et des morts, la fonction sexuelle76 »
5428
e le cycle incessant des naissances et des morts,
la
fonction sexuelle76 ». Ainsi parle Shiva77 : « Pour mes dévots, je va
5429
arle Shiva77 : « Pour mes dévots, je vais décrire
le
geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et
5430
a77 : « Pour mes dévots, je vais décrire le geste
de
l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et doit être
5431
: « Pour mes dévots, je vais décrire le geste de
l’
Éclair (vajroli mudra) qui détruit la Ténèbre du monde et doit être te
5432
le geste de l’Éclair (vajroli mudra) qui détruit
la
Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secrets. » Les
5433
étruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour
le
secret des secrets. » Les précisions données par le texte font allusi
5434
e et doit être tenu pour le secret des secrets. »
Les
précisions données par le texte font allusion à une technique de l’ac
5435
secret des secrets. » Les précisions données par
le
texte font allusion à une technique de l’acte sexuel sans consommatio
5436
onnées par le texte font allusion à une technique
de
l’acte sexuel sans consommation, car « celui qui garde (ou reprend) s
5437
ées par le texte font allusion à une technique de
l’
acte sexuel sans consommation, car « celui qui garde (ou reprend) sa s
5438
a semence dans son corps, qu’aurait-il à craindre
de
la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna
5439
emence dans son corps, qu’aurait-il à craindre de
la
mort ? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna (u
5440
rps, qu’aurait-il à craindre de la mort ? » comme
le
dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna (union sexuelle céré
5441
re de la mort ? » comme le dit un upanishad. Dans
le
tantrisme, la maithuna (union sexuelle cérémonielle) devient un exerc
5442
? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme,
la
maithuna (union sexuelle cérémonielle) devient un exercice yogique. M
5443
exercice yogique. Mais la plupart des textes qui
la
décrivent « sont écrits dans un langage intentionnel, secret, obscur,
5444
ecret, obscur, à double sens, dans lequel un état
de
conscience est exprimé par un terme érotique78 » — ou l’inverse aussi
5445
cience est exprimé par un terme érotique78 » — ou
l’
inverse aussi bien. À tel point « qu’on ne peut jamais préciser si mai
5446
a est un acte réel ou simplement une allégorie ».
De
toute manière, le but est le « suprême grand bonheur… la joie de l’an
5447
ou simplement une allégorie ». De toute manière,
le
but est le « suprême grand bonheur… la joie de l’anéantissement du mo
5448
ent une allégorie ». De toute manière, le but est
le
« suprême grand bonheur… la joie de l’anéantissement du moi ». Et cet
5449
e manière, le but est le « suprême grand bonheur…
la
joie de l’anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », o
5450
e, le but est le « suprême grand bonheur… la joie
de
l’anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », obtenue p
5451
le but est le « suprême grand bonheur… la joie de
l’
anéantissement du moi ». Et cette « béatitude érotique », obtenue par
5452
i ». Et cette « béatitude érotique », obtenue par
l’
arrêt non du plaisir mais de son effet physique, est utilisée comme ex
5453
otique », obtenue par l’arrêt non du plaisir mais
de
son effet physique, est utilisée comme expérience immédiate pour obte
5454
utilisée comme expérience immédiate pour obtenir
l’
état nirvanique. « Autrement, nous rappellent les textes, le dévot dev
5455
r l’état nirvanique. « Autrement, nous rappellent
les
textes, le dévot devient la proie de la triste loi karmique, comme n’
5456
vanique. « Autrement, nous rappellent les textes,
le
dévot devient la proie de la triste loi karmique, comme n’importe que
5457
ent, nous rappellent les textes, le dévot devient
la
proie de la triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mai
5458
rappellent les textes, le dévot devient la proie
de
la triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais la femm
5459
ppellent les textes, le dévot devient la proie de
la
triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais la femme,
5460
i karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais
la
femme, dans tout cela ? Elle reste objet d’un culte. Considérée comme
5461
Mais la femme, dans tout cela ? Elle reste objet
d’
un culte. Considérée comme « source unique de joie et de repos, l’aman
5462
bjet d’un culte. Considérée comme « source unique
de
joie et de repos, l’amante synthétise toute la nature féminine, elle
5463
ulte. Considérée comme « source unique de joie et
de
repos, l’amante synthétise toute la nature féminine, elle est mère, s
5464
idérée comme « source unique de joie et de repos,
l’
amante synthétise toute la nature féminine, elle est mère, sœur, épous
5465
ue de joie et de repos, l’amante synthétise toute
la
nature féminine, elle est mère, sœur, épouse, fille… elle est le chem
5466
ine, elle est mère, sœur, épouse, fille… elle est
le
chemin du salut79 ». Ainsi le tantrisme apporte cette nouveauté qui c
5467
se, fille… elle est le chemin du salut79 ». Ainsi
le
tantrisme apporte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter la tr
5468
rte cette nouveauté qui consiste à « expérimenter
la
transsubstantialisation du corps humain à l’aide de l’acte même qui,
5469
anssubstantialisation du corps humain à l’aide de
l’
acte même qui, pour n’importe quel ascétisme, symbolise l’état par exc
5470
ême qui, pour n’importe quel ascétisme, symbolise
l’
état par excellence du péché et de la mort : l’acte sexuel80. » Mais l
5471
isme, symbolise l’état par excellence du péché et
de
la mort : l’acte sexuel80. » Mais l’acte est toujours décrit comme ét
5472
e, symbolise l’état par excellence du péché et de
la
mort : l’acte sexuel80. » Mais l’acte est toujours décrit comme étant
5473
se l’état par excellence du péché et de la mort :
l’
acte sexuel80. » Mais l’acte est toujours décrit comme étant celui de
5474
du péché et de la mort : l’acte sexuel80. » Mais
l’
acte est toujours décrit comme étant celui de l’homme. La femme reste
5475
Mais l’acte est toujours décrit comme étant celui
de
l’homme. La femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans vi
5476
s l’acte est toujours décrit comme étant celui de
l’
homme. La femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans visag
5477
est toujours décrit comme étant celui de l’homme.
La
femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans visage et sans
5478
sans nom. Une école mystique du tantrisme tardif,
le
Sahajiyâ, « amplifie l’érotique rituelle jusqu’à des proportions éton
5479
ique du tantrisme tardif, le Sahajiyâ, « amplifie
l’
érotique rituelle jusqu’à des proportions étonnantes… On y accorde une
5480
On y accorde une grande importance à toute sorte
d’
« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme le couronnement d’un
5481
ne grande importance à toute sorte d’« amour » et
le
rituel de maithuna apparaît comme le couronnement d’un lent et diffic
5482
importance à toute sorte d’« amour » et le rituel
de
maithuna apparaît comme le couronnement d’un lent et difficile appren
5483
« amour » et le rituel de maithuna apparaît comme
le
couronnement d’un lent et difficile apprentissage ascétique… Le néoph
5484
rituel de maithuna apparaît comme le couronnement
d’
un lent et difficile apprentissage ascétique… Le néophyte doit servir
5485
t d’un lent et difficile apprentissage ascétique…
Le
néophyte doit servir la « femme dévote » pendant les quatre premiers
5486
apprentissage ascétique… Le néophyte doit servir
la
« femme dévote » pendant les quatre premiers mois, comme un domestiqu
5487
néophyte doit servir la « femme dévote » pendant
les
quatre premiers mois, comme un domestique, dormir dans la même chambr
5488
e premiers mois, comme un domestique, dormir dans
la
même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant les quatre mois suiva
5489
a même chambre qu’elle, puis à ses pieds. Pendant
les
quatre mois suivants et tout en continuant à la servir comme avant, i
5490
les quatre mois suivants et tout en continuant à
la
servir comme avant, il dort dans le même lit, du côté gauche. Pendant
5491
continuant à la servir comme avant, il dort dans
le
même lit, du côté gauche. Pendant encore quatre mois, il dormira du c
5492
lacés, etc. Tous ces préliminaires ont pour but «
l’
autonomisation » de la volupté — considérée comme l’unique expérience
5493
s préliminaires ont pour but « l’autonomisation »
de
la volupté — considérée comme l’unique expérience humaine qui peut ré
5494
réliminaires ont pour but « l’autonomisation » de
la
volupté — considérée comme l’unique expérience humaine qui peut réali
5495
autonomisation » de la volupté — considérée comme
l’
unique expérience humaine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et
5496
mme l’unique expérience humaine qui peut réaliser
la
béatitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e. l’arrêt séminal81
5497
aine qui peut réaliser la béatitude nirvanique et
la
maîtrise des sens, i. e. l’arrêt séminal81 ». Des pratiques similaire
5498
atitude nirvanique et la maîtrise des sens, i. e.
l’
arrêt séminal81 ». Des pratiques similaires sont prescrites par le tao
5499
1 ». Des pratiques similaires sont prescrites par
le
taoïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et la vie en économisan
5500
escrites par le taoïsme, mais en vue de prolonger
la
jeunesse et la vie en économisant le principe vital, plutôt que de co
5501
taoïsme, mais en vue de prolonger la jeunesse et
la
vie en économisant le principe vital, plutôt que de conquérir la libe
5502
de prolonger la jeunesse et la vie en économisant
le
principe vital, plutôt que de conquérir la liberté spirituelle par la
5503
vie en économisant le principe vital, plutôt que
de
conquérir la liberté spirituelle par la déification du corps. La « ch
5504
misant le principe vital, plutôt que de conquérir
la
liberté spirituelle par la déification du corps. La « chasteté » tant
5505
lutôt que de conquérir la liberté spirituelle par
la
déification du corps. La « chasteté » tantrique consiste donc à faire
5506
liberté spirituelle par la déification du corps.
La
« chasteté » tantrique consiste donc à faire l’amour sans le faire, à
5507
. La « chasteté » tantrique consiste donc à faire
l’
amour sans le faire, à rechercher l’exaltation mystique et la béatitud
5508
té » tantrique consiste donc à faire l’amour sans
le
faire, à rechercher l’exaltation mystique et la béatitude à travers u
5509
donc à faire l’amour sans le faire, à rechercher
l’
exaltation mystique et la béatitude à travers une Elle qu’il s’agit de
5510
s le faire, à rechercher l’exaltation mystique et
la
béatitude à travers une Elle qu’il s’agit de « servir » en posture hu
5511
e et la béatitude à travers une Elle qu’il s’agit
de
« servir » en posture humiliée, mais en gardant cette maîtrise de soi
5512
posture humiliée, mais en gardant cette maîtrise
de
soi dont la perte pourrait se traduire par un acte de procréation, le
5513
iliée, mais en gardant cette maîtrise de soi dont
la
perte pourrait se traduire par un acte de procréation, lequel ferait
5514
oi dont la perte pourrait se traduire par un acte
de
procréation, lequel ferait retomber le chevalier servant dans la réal
5515
ar un acte de procréation, lequel ferait retomber
le
chevalier servant dans la réalité fatale du Karma. 5. La joie d’amou
5516
lequel ferait retomber le chevalier servant dans
la
réalité fatale du Karma. 5. La joie d’amour. — En contraste indéniab
5517
lier servant dans la réalité fatale du Karma. 5.
La
joie d’amour. — En contraste indéniable avec ces textes mystiques et
5518
vant dans la réalité fatale du Karma. 5. La joie
d’
amour. — En contraste indéniable avec ces textes mystiques et cette ab
5519
hysiologique, citons maintenant quelques chansons
de
« légers troubadours méridionaux », grands seigneurs amateurs ou jong
5520
ds seigneurs amateurs ou jongleurs besogneux, que
les
romanistes unanimes nous décrivent comme de purs « rhétoriqueurs82 ».
5521
que les romanistes unanimes nous décrivent comme
de
purs « rhétoriqueurs82 ». D’Amour, je sais qu’il donne aisément gran
5522
ous décrivent comme de purs « rhétoriqueurs82 ».
D’
Amour, je sais qu’il donne aisément grande joie à celui qui observe se
5523
neuvième duc d’Aquitaine, qui mourut en 1127. Dès
le
début du xiie siècle, ces « lois d’Amour » sont donc déjà fixées, co
5524
en 1127. Dès le début du xiie siècle, ces « lois
d’
Amour » sont donc déjà fixées, comme un rituel. Ce sont Mesure, Servic
5525
teté, Secret et Merci, et ces vertus conduisent à
la
Joie, qui est signe et garantie de Vray Amor. Voici Mesure et Patienc
5526
s conduisent à la Joie, qui est signe et garantie
de
Vray Amor. Voici Mesure et Patience : De courtoisie peut se vanter ce
5527
garantie de Vray Amor. Voici Mesure et Patience :
De
courtoisie peut se vanter celui qui sait garder Mesure… Le bien-être
5528
isie peut se vanter celui qui sait garder Mesure…
Le
bien-être des amoureux consiste en Joie, Patience et Mesure… J’approu
5529
me fasse longtemps attendre et que je n’aie point
d’
elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de la Dame :
5530
d’elle ce qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici
le
Service de la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle et dure merci, p
5531
qu’elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service
de
la Dame : Prenez ma vie en hommage, belle et dure merci, pourvu que v
5532
elle m’a promis. (Marcabru.) Voici le Service de
la
Dame : Prenez ma vie en hommage, belle et dure merci, pourvu que vous
5533
e m’améliore et me purifie, car je sers et révère
la
plus gente dame du monde. (Arnaut Daniel.) (De même, le troubadour a
5534
gente dame du monde. (Arnaut Daniel.) (De même,
le
troubadour arabe Ibn Dawoud disait : « La soumission à l’aimée est la
5535
e même, le troubadour arabe Ibn Dawoud disait : «
La
soumission à l’aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. »)
5536
adour arabe Ibn Dawoud disait : « La soumission à
l’
aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chastet
5537
Ibn Dawoud disait : « La soumission à l’aimée est
la
marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui qu
5538
« La soumission à l’aimée est la marque naturelle
d’
un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer
5539
la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici
la
Chasteté : Celui qui se dispose à aimer d’amour sensuel se met en gue
5540
Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer
d’
amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car le sot après avoir v
5541
amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car
le
sot après avoir vidé sa bourse fait triste contenance ! (Marcabru.)
5542
iste contenance ! (Marcabru.) Écoutez ! Sa voix (
d’
Amour) paraîtra douce comme le chant de la lyre, si seulement vous lui
5543
Écoutez ! Sa voix (d’Amour) paraîtra douce comme
le
chant de la lyre, si seulement vous lui coupez la queue !83. (Marcabr
5544
! Sa voix (d’Amour) paraîtra douce comme le chant
de
la lyre, si seulement vous lui coupez la queue !83. (Marcabru.) Chas
5545
a voix (d’Amour) paraîtra douce comme le chant de
la
lyre, si seulement vous lui coupez la queue !83. (Marcabru.) Chastet
5546
le chant de la lyre, si seulement vous lui coupez
la
queue !83. (Marcabru.) Chasteté délivre de la tyrannie du désir en p
5547
oupez la queue !83. (Marcabru.) Chasteté délivre
de
la tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par
5548
ez la queue !83. (Marcabru.) Chasteté délivre de
la
tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par ex
5549
asteté délivre de la tyrannie du désir en portant
le
Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir, je crois que je me
5550
yrannie du désir en portant le Désir (courtois) à
l’
extrême : Par excès de désir, je crois que je me l’enlèverai, si l’on
5551
rtant le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès
de
désir, je crois que je me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à for
5552
’extrême : Par excès de désir, je crois que je me
l’
enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut Dan
5553
xcès de désir, je crois que je me l’enlèverai, si
l’
on peut rien perdre à force de bien aimer. (Arnaut Daniel.) (De même,
5554
er. (Arnaut Daniel.) (De même, Ibn Dawoud louait
la
chasteté pour son pouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble
5555
Ibn Dawoud louait la chasteté pour son pouvoir «
d’
éterniser le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « jo
5556
louait la chasteté pour son pouvoir « d’éterniser
le
désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jau
5557
ouvoir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble
de
l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus élo
5558
oir « d’éterniser le désir ».) C’est au comble de
l’
amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloign
5559
le désir ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et
de
sa « joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné de l’amour coupa
5560
(vrai) et de sa « joie » que Jaufré Rudel se sent
le
plus éloigné de l’amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus l
5561
« joie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné
de
l’amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus loin dans la libé
5562
oie » que Jaufré Rudel se sent le plus éloigné de
l’
amour coupable et de son « angoisse ». Il va plus loin dans la libérat
5563
el se sent le plus éloigné de l’amour coupable et
de
son « angoisse ». Il va plus loin dans la libération : la présence ph
5564
able et de son « angoisse ». Il va plus loin dans
la
libération : la présence physique de l’objet aimé lui deviendra bient
5565
angoisse ». Il va plus loin dans la libération :
la
présence physique de l’objet aimé lui deviendra bientôt indifférente
5566
us loin dans la libération : la présence physique
de
l’objet aimé lui deviendra bientôt indifférente : J’ai une amie, mais
5567
loin dans la libération : la présence physique de
l’
objet aimé lui deviendra bientôt indifférente : J’ai une amie, mais je
5568
sais qui elle est, car jamais de par ma foi je ne
la
vis… et je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la possessi
5569
est, car jamais de par ma foi je ne la vis… et je
l’
aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que la possession de cet amou
5570
je l’aime fort… Nulle joie ne me plaît autant que
la
possession de cet amour lointain. La « joie d’Amour » n’est pas seule
5571
… Nulle joie ne me plaît autant que la possession
de
cet amour lointain. La « joie d’Amour » n’est pas seulement libératri
5572
t autant que la possession de cet amour lointain.
La
« joie d’Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par
5573
ue la possession de cet amour lointain. La « joie
d’
Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par Mesure et
5574
é par Mesure et Prouesse, elle est aussi fontaine
de
Jouvence : Je veux garder (ma dame) pour me rafraîchir le cœur et ren
5575
nce : Je veux garder (ma dame) pour me rafraîchir
le
cœur et renouveler mon corps, si bien que je ne puisse vieillir… Celu
5576
… Celui-là vivra cent ans qui réussira à posséder
la
joie de son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poè
5577
là vivra cent ans qui réussira à posséder la joie
de
son amour. (Guillaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes de l
5578
llaume de Poitiers.) Je n’ai cité que des poètes
de
la première et de la seconde génération des troubadours (1120 à 1180
5579
.) Je n’ai cité que des poètes de la première et
de
la seconde génération des troubadours (1120 à 1180 environ). Au xiiie
5580
urs (1120 à 1180 environ). Au xiiie siècle, ceux
de
la dernière génération expliciteront ce que leurs modèles avaient cha
5581
que leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus
de
l’amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se rend comme ré
5582
leurs modèles avaient chanté. « Ce n’est plus de
l’
amour courtois, si on le matérialise ou si la Dame se rend comme récom
5583
hanté. « Ce n’est plus de l’amour courtois, si on
le
matérialise ou si la Dame se rend comme récompense », écrit Daude de
5584
s de l’amour courtois, si on le matérialise ou si
la
Dame se rend comme récompense », écrit Daude de Prades, qui cependant
5585
crit Daude de Prades, qui cependant ne craint pas
de
donner des précisions sur les gestes érotiques que l’on peut se perme
5586
endant ne craint pas de donner des précisions sur
les
gestes érotiques que l’on peut se permettre avec cette Dame. Et Guira
5587
onner des précisions sur les gestes érotiques que
l’
on peut se permettre avec cette Dame. Et Guiraut de Calenson : Dans le
5588
re avec cette Dame. Et Guiraut de Calenson : Dans
le
palais où elle siège (la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvr
5589
iraut de Calenson : Dans le palais où elle siège (
la
Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir les deux premières pas
5590
la Dame) sont cinq portes : celui qui peut ouvrir
les
deux premières passe aisément les trois autres, mais il lui est diffi
5591
qui peut ouvrir les deux premières passe aisément
les
trois autres, mais il lui est difficile d’en sortir, il vit dans la j
5592
ément les trois autres, mais il lui est difficile
d’
en sortir, il vit dans la joie, celui qui peut y rester. On y accède p
5593
ais il lui est difficile d’en sortir, il vit dans
la
joie, celui qui peut y rester. On y accède par quatre degrés très dou
5594
vilains ni malotrus, ces gens-là sont logés dans
le
faubourg, lequel occupe plus de la moitié du monde. Celui que l’on no
5595
à sont logés dans le faubourg, lequel occupe plus
de
la moitié du monde. Celui que l’on nomme parfois le dernier troubadou
5596
ont logés dans le faubourg, lequel occupe plus de
la
moitié du monde. Celui que l’on nomme parfois le dernier troubadour,
5597
quel occupe plus de la moitié du monde. Celui que
l’
on nomme parfois le dernier troubadour, Guiraut Riquier, donnera de ce
5598
s le dernier troubadour, Guiraut Riquier, donnera
de
ces vers le commentaire suivant : « Les cinq portes sont Désir, Prièr
5599
troubadour, Guiraut Riquier, donnera de ces vers
le
commentaire suivant : « Les cinq portes sont Désir, Prière, Servir, B
5600
r, donnera de ces vers le commentaire suivant : «
Les
cinq portes sont Désir, Prière, Servir, Baiser et Faire, par où Amour
5601
e, Servir, Baiser et Faire, par où Amour périt. »
Les
quatre degrés sont « honorer, dissimuler, bien servir, patiemment att
5602
des termes qui peuvent éclairer indirectement sur
la
nature de l’amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et to
5603
qui peuvent éclairer indirectement sur la nature
de
l’amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et tout d’abord
5604
i peuvent éclairer indirectement sur la nature de
l’
amour vrai ou du moins sur certains de ces aspects. Et tout d’abord, d
5605
a nature de l’amour vrai ou du moins sur certains
de
ces aspects. Et tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec le d
5606
tout d’abord, dit Marcabru, « Il lie partie avec
le
diable, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-i
5607
able, celui qui couve Faux Amour ». (Et en effet,
le
diable n’est-il pas le père de la création matérielle… et de la procr
5608
aux Amour ». (Et en effet, le diable n’est-il pas
le
père de la création matérielle… et de la procréation, selon le cathar
5609
r ». (Et en effet, le diable n’est-il pas le père
de
la création matérielle… et de la procréation, selon le catharisme ?)
5610
. (Et en effet, le diable n’est-il pas le père de
la
création matérielle… et de la procréation, selon le catharisme ?) Les
5611
’est-il pas le père de la création matérielle… et
de
la procréation, selon le catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour
5612
t-il pas le père de la création matérielle… et de
la
procréation, selon le catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour son
5613
création matérielle… et de la procréation, selon
le
catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour sont les « homicides, tra
5614
lle… et de la procréation, selon le catharisme ?)
Les
adversaires du vrai Amour sont les « homicides, traîtres, simoniaques
5615
catharisme ?) Les adversaires du vrai Amour sont
les
« homicides, traîtres, simoniaques, enchanteurs, luxurieux, usuriers…
5616
s, simoniaques, enchanteurs, luxurieux, usuriers…
les
maris trompeurs, les faux juges et les faux témoins, les faux prêtres
5617
nteurs, luxurieux, usuriers… les maris trompeurs,
les
faux juges et les faux témoins, les faux prêtres, faux abbés, fausses
5618
usuriers… les maris trompeurs, les faux juges et
les
faux témoins, les faux prêtres, faux abbés, fausses recluses et faux
5619
is trompeurs, les faux juges et les faux témoins,
les
faux prêtres, faux abbés, fausses recluses et faux reclus85 ». Ils se
5620
ble Amour a promis qu’il en serait ainsi, là sera
la
lamentation des désespérés. Ah ! noble Amour, source de bonté, par qu
5621
entation des désespérés. Ah ! noble Amour, source
de
bonté, par qui le monde entier est illuminé, je te crie merci. Contre
5622
pérés. Ah ! noble Amour, source de bonté, par qui
le
monde entier est illuminé, je te crie merci. Contre ces clameurs gémi
5623
ci. Contre ces clameurs gémissantes, défends-moi,
de
peur que je ne sois retenu là-bas (en enfer) ; en tous lieux je me ti
5624
busaient trop souvent des ambiguïtés ménagées par
le
« service » d’amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en metta
5625
ouvent des ambiguïtés ménagées par le « service »
d’
amour courtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant les points s
5626
urtois, Cercamon n’hésite pas à écrire en mettant
les
points sur les i : « Ces troubadours, en mêlant la vérité au mensonge
5627
n n’hésite pas à écrire en mettant les points sur
les
i : « Ces troubadours, en mêlant la vérité au mensonge, corrompent le
5628
s points sur les i : « Ces troubadours, en mêlant
la
vérité au mensonge, corrompent les amants, les femmes et les époux. I
5629
ours, en mêlant la vérité au mensonge, corrompent
les
amants, les femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va de trave
5630
ant la vérité au mensonge, corrompent les amants,
les
femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va de travers, et c’est
5631
au mensonge, corrompent les amants, les femmes et
les
époux. Ils vous disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi les
5632
femmes et les époux. Ils vous disent qu’Amour va
de
travers, et c’est pourquoi les maris deviennent jaloux et les dames s
5633
disent qu’Amour va de travers, et c’est pourquoi
les
maris deviennent jaloux et les dames sont dans l’angoisse… Ces faux s
5634
et c’est pourquoi les maris deviennent jaloux et
les
dames sont dans l’angoisse… Ces faux servants font qu’un grand nombre
5635
es maris deviennent jaloux et les dames sont dans
l’
angoisse… Ces faux servants font qu’un grand nombre abandonnent Mérite
5636
u’un grand nombre abandonnent Mérite et éloignent
d’
eux Jeunesse. » Quelles que soient les réalités ou l’absence de réalit
5637
et éloignent d’eux Jeunesse. » Quelles que soient
les
réalités ou l’absence de réalités « matérielles » qui aient pu corres
5638
ux Jeunesse. » Quelles que soient les réalités ou
l’
absence de réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces
5639
e. » Quelles que soient les réalités ou l’absence
de
réalités « matérielles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à d
5640
lles » qui aient pu correspondre, en ces temps, à
de
telles précisions de langage, la rhétorique courtoise et son système
5641
orrespondre, en ces temps, à de telles précisions
de
langage, la rhétorique courtoise et son système de vertus, de péchés,
5642
en ces temps, à de telles précisions de langage,
la
rhétorique courtoise et son système de vertus, de péchés, de louanges
5643
e langage, la rhétorique courtoise et son système
de
vertus, de péchés, de louanges et d’interdits, demeure un fait patent
5644
la rhétorique courtoise et son système de vertus,
de
péchés, de louanges et d’interdits, demeure un fait patent : il suffi
5645
ue courtoise et son système de vertus, de péchés,
de
louanges et d’interdits, demeure un fait patent : il suffit de lire.
5646
son système de vertus, de péchés, de louanges et
d’
interdits, demeure un fait patent : il suffit de lire. Elle va servir
5647
t d’interdits, demeure un fait patent : il suffit
de
lire. Elle va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle d’Arthur,
5648
e va servir aux romanciers du Nord, ceux du cycle
d’
Arthur, du Graal, et de Tristan, pour décrire des actions et des drame
5649
ers du Nord, ceux du cycle d’Arthur, du Graal, et
de
Tristan, pour décrire des actions et des drames, et non plus seulemen
5650
drames, et non plus seulement pour chanter ce que
l’
on pourrait encore tenir, chez les troubadours du Midi, pour une pure
5651
r chanter ce que l’on pourrait encore tenir, chez
les
troubadours du Midi, pour une pure fantasmagorie sentimentale. 6. Ex
5652
6. Excuse aux historiens. — Je ne crois guère à
l’
histoire « scientifique » comme critère des réalités qui m’intéressent
5653
qui m’intéressent dans cet ouvrage. Je lui laisse
le
soin d’affirmer que telle « filiation » reste indémontrable « dans l’
5654
téressent dans cet ouvrage. Je lui laisse le soin
d’
affirmer que telle « filiation » reste indémontrable « dans l’état act
5655
iation » reste indémontrable « dans l’état actuel
de
nos connaissances », reste donc incroyable jusqu’à nouvel avis. Je ch
5656
nement confirmer une thèse quelconque en appelant
l’
attention du lecteur sur certains faits que la « science sérieuse » ti
5657
ant l’attention du lecteur sur certains faits que
la
« science sérieuse » tient aujourd’hui pour établis. Simplement, je l
5658
» tient aujourd’hui pour établis. Simplement, je
les
crois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits sur
5659
ujourd’hui pour établis. Simplement, je les crois
de
nature à nourrir l’imagination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on
5660
lis. Simplement, je les crois de nature à nourrir
l’
imagination. Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêver. La Pant
5661
ois de nature à nourrir l’imagination. Voici deux
de
ces faits sur quoi l’on peut rêver. La Pantcha Tantra, recueil de con
5662
r l’imagination. Voici deux de ces faits sur quoi
l’
on peut rêver. La Pantcha Tantra, recueil de contes bouddhistes, fut t
5663
Voici deux de ces faits sur quoi l’on peut rêver.
La
Pantcha Tantra, recueil de contes bouddhistes, fut traduite au vie s
5664
quoi l’on peut rêver. La Pantcha Tantra, recueil
de
contes bouddhistes, fut traduite au vie siècle du sanscrit en pehlev
5665
ie siècle du sanscrit en pehlevi, par un médecin
de
Chosroès Ier, roi de Perse. De là, on peut suivre son progrès rapide
5666
vi, par un médecin de Chosroès Ier, roi de Perse.
De
là, on peut suivre son progrès rapide vers l’Europe à travers une sér
5667
se. De là, on peut suivre son progrès rapide vers
l’
Europe à travers une série de traductions en syriaque, en arabe, en la
5668
progrès rapide vers l’Europe à travers une série
de
traductions en syriaque, en arabe, en latin, en espagnol, etc. Au xvi
5669
be, en latin, en espagnol, etc. Au xviie siècle,
La
Fontaine la lira en français, dans une nouvelle traduction du persan
5670
, en espagnol, etc. Au xviie siècle, La Fontaine
la
lira en français, dans une nouvelle traduction du persan faite sur un
5671
n du persan faite sur une ancienne version arabe.
Le
périple du Roman de Barlaam et Josaphat est encore plus surprenant. S
5672
r une ancienne version arabe. Le périple du Roman
de
Barlaam et Josaphat est encore plus surprenant. Sous sa forme connue
5673
est encore plus surprenant. Sous sa forme connue
de
nos jours, c’est l’histoire romancée de l’évolution spirituelle qui c
5674
prenant. Sous sa forme connue de nos jours, c’est
l’
histoire romancée de l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat, pri
5675
me connue de nos jours, c’est l’histoire romancée
de
l’évolution spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découv
5676
connue de nos jours, c’est l’histoire romancée de
l’
évolution spirituelle qui conduit Josaphat, prince indien, à découvrir
5677
t Josaphat, prince indien, à découvrir et adopter
le
christianisme, dont les mystères lui sont communiqués par le « bonhom
5678
en, à découvrir et adopter le christianisme, dont
les
mystères lui sont communiqués par le « bonhomme » Barlaam. La version
5679
nisme, dont les mystères lui sont communiqués par
le
« bonhomme » Barlaam. La version qui nous est restée, en provençal du
5680
lui sont communiqués par le « bonhomme » Barlaam.
La
version qui nous est restée, en provençal du xive siècle, quoique or
5681
provençal du xive siècle, quoique orthodoxe dans
les
grandes lignes, porte des traces indiscutables de manichéisme. Selon
5682
es grandes lignes, porte des traces indiscutables
de
manichéisme. Selon l’école néo-cathare française, les hérétiques du x
5683
te des traces indiscutables de manichéisme. Selon
l’
école néo-cathare française, les hérétiques du xiie siècle auraient c
5684
manichéisme. Selon l’école néo-cathare française,
les
hérétiques du xiie siècle auraient connu une version non amendée par
5685
siècle auraient connu une version non amendée par
les
catholiques, et plus proche de l’original. Que cette hypothèse soit u
5686
on amendée par les catholiques, et plus proche de
l’
original. Que cette hypothèse soit un jour vérifiée ou non, il n’en re
5687
jour vérifiée ou non, il n’en reste pas moins que
l’
origine manichéenne du Roman est attestée par les fragments de son tex
5688
e l’origine manichéenne du Roman est attestée par
les
fragments de son texte original (en langage ouigour du viiie siècle)
5689
nichéenne du Roman est attestée par les fragments
de
son texte original (en langage ouigour du viiie siècle) retrouvés da
5690
langage ouigour du viiie siècle) retrouvés dans
le
Turkestan oriental. Et l’on peut suivre la transformation des noms hi
5691
siècle) retrouvés dans le Turkestan oriental. Et
l’
on peut suivre la transformation des noms hindous « Baghavan » et « Bo
5692
s dans le Turkestan oriental. Et l’on peut suivre
la
transformation des noms hindous « Baghavan » et « Boddisattva » (le B
5693
des noms hindous « Baghavan » et « Boddisattva » (
le
Bouddha) en « Barlaam » et « Josaphat », en passant par les formes ar
5694
a) en « Barlaam » et « Josaphat », en passant par
les
formes arabes « Balawhar va Budhâsaf » (var. Yudhâsaf). Innombrables
5695
va Budhâsaf » (var. Yudhâsaf). Innombrables sont
les
exemples de relations entre l’Orient et l’Occident médiéval. J’ai cho
5696
» (var. Yudhâsaf). Innombrables sont les exemples
de
relations entre l’Orient et l’Occident médiéval. J’ai choisi ces deux
5697
Innombrables sont les exemples de relations entre
l’
Orient et l’Occident médiéval. J’ai choisi ces deux cas, solidement at
5698
sont les exemples de relations entre l’Orient et
l’
Occident médiéval. J’ai choisi ces deux cas, solidement attestés, parc
5699
x cas, solidement attestés, parce qu’ils réfutent
le
préjugé moderne en vertu duquel toute communication entre le tantrism
5700
moderne en vertu duquel toute communication entre
le
tantrisme ou le manichéisme bouddhiste et les hérésies du Midi doit a
5701
duquel toute communication entre le tantrisme ou
le
manichéisme bouddhiste et les hérésies du Midi doit apparaître « haut
5702
ntre le tantrisme ou le manichéisme bouddhiste et
les
hérésies du Midi doit apparaître « hautement fantaisiste et improbabl
5703
7. En lieu et place de conclusions définitives. —
L’
amour courtois ressemble à l’amour encore chaste — et d’autant plus br
5704
sions définitives. — L’amour courtois ressemble à
l’
amour encore chaste — et d’autant plus brûlant — de la première adoles
5705
r courtois ressemble à l’amour encore chaste — et
d’
autant plus brûlant — de la première adolescence. Il ressemble aussi à
5706
’amour encore chaste — et d’autant plus brûlant —
de
la première adolescence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par les
5707
de la première adolescence. Il ressemble aussi à
l’
amour chanté par les poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme
5708
lescence. Il ressemble aussi à l’amour chanté par
les
poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme le furent plusieurs
5709
poètes arabes, homosexuels pour la plupart, comme
le
furent plusieurs troubadours. Il s’exprime dans des termes qui seront
5710
ans des termes qui seront repris par presque tous
les
grands mystiques de l’Occident. Il nous semble parfois se réduire à d
5711
ront repris par presque tous les grands mystiques
de
l’Occident. Il nous semble parfois se réduire à des fadaises sophisti
5712
t repris par presque tous les grands mystiques de
l’
Occident. Il nous semble parfois se réduire à des fadaises sophistiqué
5713
ois se réduire à des fadaises sophistiquées, dans
le
goût des petites cours du Moyen Âge. Il peut être purement rêvé, et b
5714
hose qu’un tournoi verbal. Il peut traduire aussi
les
réalités précises, mais non moins ambiguës, d’une certaine discipline
5715
i les réalités précises, mais non moins ambiguës,
d’
une certaine discipline érotico-mystique dont l’Inde, la Chine et le P
5716
, d’une certaine discipline érotico-mystique dont
l’
Inde, la Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me p
5717
certaine discipline érotico-mystique dont l’Inde,
la
Chine et le Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vr
5718
cipline érotico-mystique dont l’Inde, la Chine et
le
Proche-Orient surent les recettes. Tout cela me paraît vraisemblable,
5719
dont l’Inde, la Chine et le Proche-Orient surent
les
recettes. Tout cela me paraît vraisemblable, tout cela peut être « vr
5720
ai » aux divers sens du mot, et simultanément, et
de
plusieurs manières. Tout cela nous aide à mieux comprendre — si rien
5721
ous aide à mieux comprendre — si rien ne suffit à
l’
« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce de contre-enquê
5722
omprendre — si rien ne suffit à l’« expliquer » —
l’
amour courtois. Au terme de l’espèce de contre-enquête à laquelle je v
5723
it à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme
de
l’espèce de contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compt
5724
à l’« expliquer » — l’amour courtois. Au terme de
l’
espèce de contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compte t
5725
liquer » — l’amour courtois. Au terme de l’espèce
de
contre-enquête à laquelle je viens de me livrer, et compte tenu des o
5726
viens de me livrer, et compte tenu des objections
les
plus sensées que firent à ma thèse minima les partisans d’écoles au m
5727
ons les plus sensées que firent à ma thèse minima
les
partisans d’écoles au moins diverses, me voici ramené par une sorte d
5728
ensées que firent à ma thèse minima les partisans
d’
écoles au moins diverses, me voici ramené par une sorte de spirale au-
5729
au moins diverses, me voici ramené par une sorte
de
spirale au-dessus de mes premières constatations : l’amour courtois e
5730
e voici ramené par une sorte de spirale au-dessus
de
mes premières constatations : l’amour courtois est né au xiie siècle
5731
pirale au-dessus de mes premières constatations :
l’
amour courtois est né au xiie siècle, en pleine révolution de la psyc
5732
tois est né au xiie siècle, en pleine révolution
de
la psyché occidentale. Il a surgi du même mouvement qui fit remonter
5733
s est né au xiie siècle, en pleine révolution de
la
psyché occidentale. Il a surgi du même mouvement qui fit remonter au
5734
i du même mouvement qui fit remonter au demi-jour
de
la conscience et de l’expression lyrique de l’âme, le Principe Fémini
5735
u même mouvement qui fit remonter au demi-jour de
la
conscience et de l’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin d
5736
qui fit remonter au demi-jour de la conscience et
de
l’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le c
5737
fit remonter au demi-jour de la conscience et de
l’
expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le cult
5738
-jour de la conscience et de l’expression lyrique
de
l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la
5739
ur de la conscience et de l’expression lyrique de
l’
âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la Mèr
5740
a conscience et de l’expression lyrique de l’âme,
le
Principe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de l
5741
’expression lyrique de l’âme, le Principe Féminin
de
la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il partici
5742
pression lyrique de l’âme, le Principe Féminin de
la
shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe
5743
rique de l’âme, le Principe Féminin de la shakti,
le
culte de la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette ép
5744
l’âme, le Principe Féminin de la shakti, le culte
de
la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie d
5745
me, le Principe Féminin de la shakti, le culte de
la
Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l
5746
ncipe Féminin de la shakti, le culte de la Femme,
de
la Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qu
5747
pe Féminin de la shakti, le culte de la Femme, de
la
Mère, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui f
5748
n de la shakti, le culte de la Femme, de la Mère,
de
la Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à m
5749
e la shakti, le culte de la Femme, de la Mère, de
la
Vierge. Il participe de cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes
5750
la Femme, de la Mère, de la Vierge. Il participe
de
cette épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occid
5751
re, de la Vierge. Il participe de cette épiphanie
de
l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’
5752
de la Vierge. Il participe de cette épiphanie de
l’
Anima, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour d’un
5753
épiphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans
l’
homme occidental, le retour d’un Orient symbolique. Il nous devient in
5754
, qui figure à mes yeux, dans l’homme occidental,
le
retour d’un Orient symbolique. Il nous devient intelligible par certa
5755
re à mes yeux, dans l’homme occidental, le retour
d’
un Orient symbolique. Il nous devient intelligible par certaines de se
5756
lique. Il nous devient intelligible par certaines
de
ses marques historiques : sa relation littéralement congénitale avec
5757
ques : sa relation littéralement congénitale avec
l’
hérésie des cathares, et son opposition sournoise ou déclarée au conce
5758
ers des nombreux avatars dont nous allons décrire
la
procession, une virulence intime, perpétuellement nouvelle. 11.De
5759
ulence intime, perpétuellement nouvelle. 11.De
l’
Amour courtois au roman breton Remontons maintenant du Midi vers le
5760
roman breton Remontons maintenant du Midi vers
le
nord : nous découvrons dans le roman breton — Lancelot, Tristan et to
5761
enant du Midi vers le nord : nous découvrons dans
le
roman breton — Lancelot, Tristan et tout le cycle arthurien — une tra
5762
dans le roman breton — Lancelot, Tristan et tout
le
cycle arthurien — une transposition romanesque des règles de l’amour
5763
thurien — une transposition romanesque des règles
de
l’amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contac
5764
rien — une transposition romanesque des règles de
l’
amour courtois et de sa rhétorique à double sens. « C’est du contact d
5765
tion romanesque des règles de l’amour courtois et
de
sa rhétorique à double sens. « C’est du contact des légendes exotique
5766
s. « C’est du contact des légendes exotiques avec
les
idées courtoises que naquit le premier roman courtois », écrit M. E.
5767
E. Vinaver. Ces légendes « exotiques », c’étaient
les
vieux mystères sacrés des Celtes, plus qu’à demi oubliés d’ailleurs p
5768
ul ou un Chrétien de Troyes, et quelques éléments
de
mythologie grecque. On a longtemps polémisé sur l’autonomie relative
5769
e mythologie grecque. On a longtemps polémisé sur
l’
autonomie relative des deux littératures du Nord et du Midi. Il semble
5770
ttératures du Nord et du Midi. Il semble bien que
la
question soit actuellement résolue : c’est bien le Midi roman qui a d
5771
a question soit actuellement résolue : c’est bien
le
Midi roman qui a donné son style et sa doctrine de l’amour aux « roma
5772
e Midi roman qui a donné son style et sa doctrine
de
l’amour aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut s
5773
idi roman qui a donné son style et sa doctrine de
l’
amour aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suiv
5774
a doctrine de l’amour aux « romanciers » du cycle
de
la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission d
5775
octrine de l’amour aux « romanciers » du cycle de
la
Table ronde. Et l’on peut suivre les voies de cette transmission dans
5776
aux « romanciers » du cycle de la Table ronde. Et
l’
on peut suivre les voies de cette transmission dans les documents hist
5777
» du cycle de la Table ronde. Et l’on peut suivre
les
voies de cette transmission dans les documents historiques. Aliénor d
5778
de la Table ronde. Et l’on peut suivre les voies
de
cette transmission dans les documents historiques. Aliénor de Poitier
5779
peut suivre les voies de cette transmission dans
les
documents historiques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour d’amour
5780
istoriques. Aliénor de Poitiers, quittant sa cour
d’
amour languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en l’an 1154, Henri
5781
r languedocienne, avait épousé Louis VII, puis en
l’
an 1154, Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre86. Elle emmenait avec
5782
dours. C’est par elle et par eux entre autres que
les
trouvères anglo-normands reçurent le code et le secret de l’amour cou
5783
autres que les trouvères anglo-normands reçurent
le
code et le secret de l’amour courtois87. Chrétien de Troyes déclare t
5784
les trouvères anglo-normands reçurent le code et
le
secret de l’amour courtois87. Chrétien de Troyes déclare tenir le fon
5785
ères anglo-normands reçurent le code et le secret
de
l’amour courtois87. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esp
5786
s anglo-normands reçurent le code et le secret de
l’
amour courtois87. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
5787
mour courtois87. Chrétien de Troyes déclare tenir
le
fond et l’esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fil
5788
is87. Chrétien de Troyes déclare tenir le fond et
l’
esprit de ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliéno
5789
étien de Troyes déclare tenir le fond et l’esprit
de
ses romans de la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbr
5790
s déclare tenir le fond et l’esprit de ses romans
de
la comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour
5791
éclare tenir le fond et l’esprit de ses romans de
la
comtesse Marie de Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’a
5792
s romans de la comtesse Marie de Champagne, fille
d’
Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où le mariage fut condamné. Chrét
5793
e Champagne, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour
d’
amour où le mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tri
5794
, fille d’Aliénor, célèbre par sa cour d’amour où
le
mariage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont l
5795
riage fut condamné. Chrétien avait écrit un Roman
de
Tristan dont les manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas
5796
né. Chrétien avait écrit un Roman de Tristan dont
les
manuscrits sont perdus. Béroul était Normand, Thomas était Anglais. E
5797
tait Normand, Thomas était Anglais. Et en retour,
la
légende de Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette int
5798
d, Thomas était Anglais. Et en retour, la légende
de
Tristan se répandit très largement dans le Midi. Cette interaction si
5799
égende de Tristan se répandit très largement dans
le
Midi. Cette interaction si rapide peut s’expliquer par une ancienne p
5800
e peut s’expliquer par une ancienne parenté entre
le
Midi précathare et les Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
5801
une ancienne parenté entre le Midi précathare et
les
Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
5802
es Celtes gaéliques et bretons. Nous avons vu que
la
religion druidique, d’où sont issues les traditions des bardes et fil
5803
bretons. Nous avons vu que la religion druidique,
d’
où sont issues les traditions des bardes et filids, enseignait une doc
5804
ns vu que la religion druidique, d’où sont issues
les
traditions des bardes et filids, enseignait une doctrine dualiste de
5805
ardes et filids, enseignait une doctrine dualiste
de
l’Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
5806
es et filids, enseignait une doctrine dualiste de
l’
Univers, et faisait de la femme un symbole du divin. Et c’est dans le
5807
it une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait
de
la femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que
5808
une doctrine dualiste de l’Univers, et faisait de
la
femme un symbole du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que l’
5809
it de la femme un symbole du divin. Et c’est dans
le
fonds celtibérique que l’hérésie chrétienne des « purs » a puisé cert
5810
du divin. Et c’est dans le fonds celtibérique que
l’
hérésie chrétienne des « purs » a puisé certains traits de sa mytholog
5811
e chrétienne des « purs » a puisé certains traits
de
sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez les poètes du Nord des co
5812
ts de sa mythologie. Que celle-ci ait revêtu chez
les
poètes du Nord des couleurs assombries et plus tragiques, c’est natur
5813
supplante Lug, dieu du ciel lumineux. Et bien que
la
doctrine courtoise rejoignît et fît ressurgir d’anciennes traditions
5814
la doctrine courtoise rejoignît et fît ressurgir
d’
anciennes traditions autochtones, elle n’en était pas moins pour les t
5815
tions autochtones, elle n’en était pas moins pour
les
trouvères une chose apprise : d’où les erreurs qu’ils commirent bien
5816
pas moins pour les trouvères une chose apprise :
d’
où les erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêm
5817
moins pour les trouvères une chose apprise : d’où
les
erreurs qu’ils commirent bien souvent. Il est d’ailleurs extrêmement
5818
en souvent. Il est d’ailleurs extrêmement délicat
de
préciser les causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un
5819
Il est d’ailleurs extrêmement délicat de préciser
les
causes et l’importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’init
5820
urs extrêmement délicat de préciser les causes et
l’
importance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation ? Est-
5821
cat de préciser les causes et l’importance exacte
de
ces erreurs. Est-ce un défaut d’initiation ? Est-ce une tradition imp
5822
mportance exacte de ces erreurs. Est-ce un défaut
d’
initiation ? Est-ce une tradition imparfaite ? Ou encore une tendance
5823
ite ? Ou encore une tendance hérétique au sein de
l’
hérésie même, un essai plus ou moins sincère de retour vers l’orthodox
5824
de l’hérésie même, un essai plus ou moins sincère
de
retour vers l’orthodoxie88 ? Ou simplement, une « profanation » des t
5825
me, un essai plus ou moins sincère de retour vers
l’
orthodoxie88 ? Ou simplement, une « profanation » des thèmes courtois,
5826
ent, une « profanation » des thèmes courtois, que
les
trouvères auraient utilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
5827
tilisés sans grands scrupules à d’autres fins que
les
troubadours ? Dans l’attente de recherches plus approfondies sur tous
5828
upules à d’autres fins que les troubadours ? Dans
l’
attente de recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-n
5829
’autres fins que les troubadours ? Dans l’attente
de
recherches plus approfondies sur tous ces points, bornons-nous à rema
5830
sur tous ces points, bornons-nous à remarquer que
les
romans bretons sont tantôt plus « chrétiens » et tantôt plus « barbar
5831
lus « chrétiens » et tantôt plus « barbares » que
les
poèmes des troubadours, dont ils sont cependant inspirés de la manièr
5832
des troubadours, dont ils sont cependant inspirés
de
la manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troye
5833
troubadours, dont ils sont cependant inspirés de
la
manière la plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a
5834
s, dont ils sont cependant inspirés de la manière
la
plus incontestable. Nous ne savons si Chrétien de Troyes a bien compr
5835
us ne savons si Chrétien de Troyes a bien compris
les
lois d’amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons da
5836
ons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois
d’
amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans quell
5837
lu que ses romans fussent des chroniques secrètes
de
l’Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples a
5838
que ses romans fussent des chroniques secrètes de
l’
Église persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allé
5839
chroniques secrètes de l’Église persécutée (thèse
de
Rahn, Péladan et Aroux) ou de simples allégories illustrant la morale
5840
e persécutée (thèse de Rahn, Péladan et Aroux) ou
de
simples allégories illustrant la morale et la mystique courtoise (com
5841
dan et Aroux) ou de simples allégories illustrant
la
morale et la mystique courtoise (comme j’inclinerais à le penser). To
5842
ou de simples allégories illustrant la morale et
la
mystique courtoise (comme j’inclinerais à le penser). Toutes les hypo
5843
e et la mystique courtoise (comme j’inclinerais à
le
penser). Toutes les hypothèses sont permises en l’absence de document
5844
urtoise (comme j’inclinerais à le penser). Toutes
les
hypothèses sont permises en l’absence de documents dont on voit bien
5845
e penser). Toutes les hypothèses sont permises en
l’
absence de documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
5846
Toutes les hypothèses sont permises en l’absence
de
documents dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop d’intérêt
5847
dont on voit bien pourquoi ils font défaut : trop
d’
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion de l’hérésie, sans p
5848
aut : trop d’intérêts se trouvaient ligués contre
la
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotéri
5849
intérêts se trouvaient ligués contre la diffusion
de
l’hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’
5850
érêts se trouvaient ligués contre la diffusion de
l’
hérésie, sans parler de sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’il
5851
ués contre la diffusion de l’hérésie, sans parler
de
sa volonté de demeurer ésotérique. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Tr
5852
diffusion de l’hérésie, sans parler de sa volonté
de
demeurer ésotérique. Quoi qu’il en soit, Chrétien de Troyes a notable
5853
en soit, Chrétien de Troyes a notablement déformé
la
signification des mythes qu’il conte. La légende du Graal, par exempl
5854
déformé la signification des mythes qu’il conte.
La
légende du Graal, par exemple : Suhtschek y voit un mythe manichéen v
5855
ple : Suhtschek y voit un mythe manichéen venu de
l’
Iran ; Otto Rahn une chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
5856
chronique déguisée des cathares. (Parzival, fils
d’
Herzeloïde, femme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait le comt
5857
emme du Castis, chez Wolfram d’Eschenbach, serait
le
comte Ramon Roger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et d’Alph
5858
bach, serait le comte Ramon Roger Trencavel, fils
d’
Adélaïde de Carcassonne et d’Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trenc
5859
oger Trencavel, fils d’Adélaïde de Carcassonne et
d’
Alphonse le Chaste, roi d’Aragon. — Trencavel signifie : « qui tranche
5860
e : « qui tranche bellement », et Wolfram traduit
le
nom de Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».)
5861
ui tranche bellement », et Wolfram traduit le nom
de
Parzival par « Schneid mitten durch » : « perce bellement ».) Ces deu
5862
bien moins qu’elles ne se complètent89. Elles ont
l’
avantage décisif de rendre compte de bien des bizarreries de la légend
5863
ne se complètent89. Elles ont l’avantage décisif
de
rendre compte de bien des bizarreries de la légende et de son attirai
5864
89. Elles ont l’avantage décisif de rendre compte
de
bien des bizarreries de la légende et de son attirail symbolique. Fau
5865
décisif de rendre compte de bien des bizarreries
de
la légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un tra
5866
cisif de rendre compte de bien des bizarreries de
la
légende et de son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transc
5867
e compte de bien des bizarreries de la légende et
de
son attirail symbolique. Faut-il penser, avec un transcripteur modern
5868
oyes n’était pas instruit du sens païen et secret
de
ces traits mystérieux qu’il rapportait90 » ? Ou bien se vit-il contra
5869
u’il rapportait90 » ? Ou bien se vit-il contraint
de
déguiser ce sens, en sorte que seuls les initiés pussent démêler la f
5870
contraint de déguiser ce sens, en sorte que seuls
les
initiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine, l’ornement roman
5871
s, en sorte que seuls les initiés pussent démêler
la
fantaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réell
5872
seuls les initiés pussent démêler la fantaisie et
la
doctrine, l’ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le
5873
tiés pussent démêler la fantaisie et la doctrine,
l’
ornement romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y
5874
antaisie et la doctrine, l’ornement romanesque et
la
chronique réelle ? Si ce fut le cas, il n’y réussit que trop bien, pu
5875
ent romanesque et la chronique réelle ? Si ce fut
le
cas, il n’y réussit que trop bien, puisque Robert de Boron, son conti
5876
n, son continuateur, n’hésite pas à christianiser
les
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut le sang du Christ,
5877
christianiser les symboles jusqu’à faire du Graal
le
vase qui reçut le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’au
5878
symboles jusqu’à faire du Graal le vase qui reçut
le
sang du Christ, et de la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte
5879
du Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et
de
la Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte Cène. Cependant, même
5880
Graal le vase qui reçut le sang du Christ, et de
la
Table ronde une sorte d’autel pour la Sainte Cène. Cependant, même da
5881
le sang du Christ, et de la Table ronde une sorte
d’
autel pour la Sainte Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lanc
5882
rist, et de la Table ronde une sorte d’autel pour
la
Sainte Cène. Cependant, même dans le grand roman de Lancelot (qui dat
5883
d’autel pour la Sainte Cène. Cependant, même dans
le
grand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l
5884
Sainte Cène. Cependant, même dans le grand roman
de
Lancelot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont
5885
t, même dans le grand roman de Lancelot (qui date
de
1225 environ) le symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenu
5886
rand roman de Lancelot (qui date de 1225 environ)
le
symbolisme et l’allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent p
5887
celot (qui date de 1225 environ) le symbolisme et
l’
allégorie sont évidents, si saugrenues que puissent paraître les inter
5888
ont évidents, si saugrenues que puissent paraître
les
interprétations que donne l’auteur lui-même, après chaque épisode. Il
5889
e puissent paraître les interprétations que donne
l’
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une de ces interprétatio
5890
auteur lui-même, après chaque épisode. Il est une
de
ces interprétations que je crois utile de citer, car l’origine cathar
5891
est une de ces interprétations que je crois utile
de
citer, car l’origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignora
5892
interprétations que je crois utile de citer, car
l’
origine cathare y transparaît nettement, malgré l’ignorance de l’auteu
5893
l’origine cathare y transparaît nettement, malgré
l’
ignorance de l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à u
5894
thare y transparaît nettement, malgré l’ignorance
de
l’auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour.
5895
re y transparaît nettement, malgré l’ignorance de
l’
auteur. Lancelot errant par la haute forêt parvient à un carrefour. Il
5896
lgré l’ignorance de l’auteur. Lancelot errant par
la
haute forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin de gau
5897
te forêt parvient à un carrefour. Il hésite entre
le
chemin de gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche
5898
arvient à un carrefour. Il hésite entre le chemin
de
gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l
5899
our. Il hésite entre le chemin de gauche et celui
de
droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré l’avertissement grav
5900
gauche et celui de droite. Il s’engage dans celui
de
gauche, malgré l’avertissement gravé sur une croix qui se dresse deva
5901
droite. Il s’engage dans celui de gauche, malgré
l’
avertissement gravé sur une croix qui se dresse devant lui. Bientôt su
5902
i de gauche, malgré l’avertissement gravé sur une
croix
qui se dresse devant lui. Bientôt survient un chevalier à l’armure bl
5903
resse devant lui. Bientôt survient un chevalier à
l’
armure blanche qui le renverse de son cheval et le dépouille de sa cou
5904
ntôt survient un chevalier à l’armure blanche qui
le
renverse de son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout
5905
t un chevalier à l’armure blanche qui le renverse
de
son cheval et le dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit ren
5906
l’armure blanche qui le renverse de son cheval et
le
dépouille de sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre
5907
che qui le renverse de son cheval et le dépouille
de
sa couronne. Lancelot tout déconfit rencontre un prêtre et se confess
5908
ncontre un prêtre et se confesse. « Je vous dirai
la
signifiance de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de
5909
re et se confesse. « Je vous dirai la signifiance
de
ce qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie de droite que vous
5910
rai la signifiance de ce qui vous est advenu, dit
le
prud’homme. La voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, é
5911
nce de ce qui vous est advenu, dit le prud’homme.
La
voie de droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de l
5912
e qui vous est advenu, dit le prud’homme. La voie
de
droite que vous avez dédaignée au carrefour, était celle de la cheval
5913
que vous avez dédaignée au carrefour, était celle
de
la chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de g
5914
vous avez dédaignée au carrefour, était celle de
la
chevalerie terrienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle de gauc
5915
errienne, où vous avez longtemps triomphé ; celle
de
gauche était la voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit pl
5916
s avez longtemps triomphé ; celle de gauche était
la
voie de la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer de
5917
ongtemps triomphé ; celle de gauche était la voie
de
la chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes
5918
temps triomphé ; celle de gauche était la voie de
la
chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
5919
a chevalerie célestielle, et il ne s’agit plus là
de
tuer des hommes et d’abattre des champions par forces d’armes : il s’
5920
le, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et
d’
abattre des champions par forces d’armes : il s’agit des choses spirit
5921
des hommes et d’abattre des champions par forces
d’
armes : il s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronn
5922
s’agit des choses spirituelles. Et vous y prîtes
la
couronne d’orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si fac
5923
choses spirituelles. Et vous y prîtes la couronne
d’
orgueil : c’est pourquoi le chevalier vous renversa si facilement, car
5924
s y prîtes la couronne d’orgueil : c’est pourquoi
le
chevalier vous renversa si facilement, car il représentait justement
5925
ersa si facilement, car il représentait justement
le
péché que vous veniez de commettre91. » Libre après cela aux historie
5926
de commettre91. » Libre après cela aux historiens
de
la littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux faci
5927
commettre91. » Libre après cela aux historiens de
la
littérature de parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
5928
Libre après cela aux historiens de la littérature
de
parler d’aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés to
5929
s cela aux historiens de la littérature de parler
d’
aventures incroyables, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
5930
la littérature de parler d’aventures incroyables,
de
merveilleux facile, de naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, e
5931
r d’aventures incroyables, de merveilleux facile,
de
naïvetés touchantes, de fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérent
5932
s, de merveilleux facile, de naïvetés touchantes,
de
fraîcheur primitive, etc. « Poèmes incohérents, personnages sans cara
5933
ages sans caractères ni couleurs, mannequins dont
les
froides aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit de ces légendes
5934
nequins dont les froides aventures s’enchaînent à
l’
infini », nous dit de ces légendes l’un de leurs meilleurs adaptateurs
5935
des aventures s’enchaînent à l’infini », nous dit
de
ces légendes l’un de leurs meilleurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’e
5936
înent à l’infini », nous dit de ces légendes l’un
de
leurs meilleurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’est répandue l’opinion
5937
leurs adaptateurs modernes ! Ainsi s’est répandue
l’
opinion fort étrange que les poètes bretons n’étaient en somme que des
5938
! Ainsi s’est répandue l’opinion fort étrange que
les
poètes bretons n’étaient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
5939
ient en somme que des amuseurs un peu niais, dont
le
succès demeure incompréhensible à notre esprit si pénétrant et averti
5940
notre esprit si pénétrant et averti. Un peu plus
de
pénétration nous ferait voir au contraire que la vraie barbarie est d
5941
de pénétration nous ferait voir au contraire que
la
vraie barbarie est dans la conception moderne du roman, photographie
5942
voir au contraire que la vraie barbarie est dans
la
conception moderne du roman, photographie truquée de faits insignifia
5943
conception moderne du roman, photographie truquée
de
faits insignifiants, alors que le roman breton procède d’une cohérenc
5944
graphie truquée de faits insignifiants, alors que
le
roman breton procède d’une cohérence intime dont nous avons perdu jus
5945
insignifiants, alors que le roman breton procède
d’
une cohérence intime dont nous avons perdu jusqu’au pressentiment. En
5946
tout est symbole ou délicate allégorie, et seuls
les
ignorants s’arrêtent à l’apparence puérile du conte, destinée justeme
5947
te allégorie, et seuls les ignorants s’arrêtent à
l’
apparence puérile du conte, destinée justement à masquer le sens profo
5948
ce puérile du conte, destinée justement à masquer
le
sens profond aux regards superficiels, non avertis. Mais quand bien m
5949
s superficiels, non avertis. Mais quand bien même
les
trouvères seraient inférieurs aux troubadours dans la connaissance my
5950
rouvères seraient inférieurs aux troubadours dans
la
connaissance mystique, ils n’ont pas introduit dans leurs romans que
5951
s erreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui
de
l’amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la fau
5952
rreurs. Ils ont traité un thème nouveau, celui de
l’
amour physique, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien la faute
5953
nouveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire
de
la faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas a
5954
uveau, celui de l’amour physique, c’est-à-dire de
la
faute. (Et j’entends bien la faute au sens « courtois », non pas au s
5955
que, c’est-à-dire de la faute. (Et j’entends bien
la
faute au sens « courtois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
5956
en la faute au sens « courtois », non pas au sens
de
la morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas
5957
la faute au sens « courtois », non pas au sens de
la
morale chrétienne.) Les ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas se
5958
tois », non pas au sens de la morale chrétienne.)
Les
ouvrages de Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amo
5959
as au sens de la morale chrétienne.) Les ouvrages
de
Chrétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
5960
rétien de Troyes ne sont pas seulement des poèmes
d’
amour, comme on le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la di
5961
e sont pas seulement des poèmes d’amour, comme on
le
répète, mais de véritables romans. C’est qu’à la différence des poème
5962
ment des poèmes d’amour, comme on le répète, mais
de
véritables romans. C’est qu’à la différence des poèmes provençaux, il
5963
le répète, mais de véritables romans. C’est qu’à
la
différence des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire les trahi
5964
des poèmes provençaux, ils s’attachent à décrire
les
trahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passi
5965
ovençaux, ils s’attachent à décrire les trahisons
de
l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa pu
5966
nçaux, ils s’attachent à décrire les trahisons de
l’
amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de la passion dans sa puret
5967
rahisons de l’amour, au lieu d’exprimer seulement
l’
élan de la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lanc
5968
s de l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan
de
la passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot —
5969
e l’amour, au lieu d’exprimer seulement l’élan de
la
passion dans sa pureté mystique. Le point de départ de Lancelot — com
5970
ent l’élan de la passion dans sa pureté mystique.
Le
point de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contr
5971
n de la passion dans sa pureté mystique. Le point
de
départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour
5972
ssion dans sa pureté mystique. Le point de départ
de
Lancelot — comme de Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
5973
mystique. Le point de départ de Lancelot — comme
de
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois, la possession physi
5974
de départ de Lancelot — comme de Tristan — c’est
le
péché contre l’amour courtois, la possession physique d’une femme rée
5975
ncelot — comme de Tristan — c’est le péché contre
l’
amour courtois, la possession physique d’une femme réelle, la « profan
5976
Tristan — c’est le péché contre l’amour courtois,
la
possession physique d’une femme réelle, la « profanation » de l’amour
5977
é contre l’amour courtois, la possession physique
d’
une femme réelle, la « profanation » de l’amour. Et c’est à cause de c
5978
rtois, la possession physique d’une femme réelle,
la
« profanation » de l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale
5979
n physique d’une femme réelle, la « profanation »
de
l’amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne tro
5980
hysique d’une femme réelle, la « profanation » de
l’
amour. Et c’est à cause de cette faute initiale que Lancelot ne trouve
5981
cette faute initiale que Lancelot ne trouvera pas
le
Graal, et sera cent fois humilié quand il errera dans la voie céleste
5982
l, et sera cent fois humilié quand il errera dans
la
voie céleste. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi l’Amour mysti
5983
quand il errera dans la voie céleste. Il a choisi
la
voie terrienne, il a trahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Se
5984
éleste. Il a choisi la voie terrienne, il a trahi
l’
Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et les vrais
5985
ahi l’Amour mystique, il n’est pas « pur ». Seuls
les
« purs » et les vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad pa
5986
ique, il n’est pas « pur ». Seuls les « purs » et
les
vrais « sauvages » comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à l’i
5987
» comme Bohor, Perceval et Galaad parviendront à
l’
initiation. Il est clair que la description de ces errements et de leu
5988
aad parviendront à l’initiation. Il est clair que
la
description de ces errements et de leurs punitions exigeait la forme
5989
t à l’initiation. Il est clair que la description
de
ces errements et de leurs punitions exigeait la forme du récit, et no
5990
est clair que la description de ces errements et
de
leurs punitions exigeait la forme du récit, et non plus de la simple
5991
n de ces errements et de leurs punitions exigeait
la
forme du récit, et non plus de la simple chanson. Dans Tristan, la fa
5992
punitions exigeait la forme du récit, et non plus
de
la simple chanson. Dans Tristan, la faute initiale est douloureusemen
5993
itions exigeait la forme du récit, et non plus de
la
simple chanson. Dans Tristan, la faute initiale est douloureusement r
5994
, et non plus de la simple chanson. Dans Tristan,
la
faute initiale est douloureusement rachetée par une longue pénitence
5995
r une longue pénitence des amants. C’est pourquoi
le
roman finit « bien » — au sens de la mystique cathare — c’est-à-dire
5996
C’est pourquoi le roman finit « bien » — au sens
de
la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontair
5997
est pourquoi le roman finit « bien » — au sens de
la
mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double mort volontaire92
5998
s de la mystique cathare — c’est-à-dire aboutit à
la
double mort volontaire92. Ainsi s’explique par des raisons spirituell
5999
92. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles
la
formation d’un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement
6000
xplique par des raisons spirituelles la formation
d’
un genre nouveau — le roman — qui ne deviendra proprement littéraire q
6001
ns spirituelles la formation d’un genre nouveau —
le
roman — qui ne deviendra proprement littéraire que par la suite, quan
6002
— qui ne deviendra proprement littéraire que par
la
suite, quand il se détachera du mythe provisoirement exténué — au déb
6003
s au roman breton Tristan nous apparaît comme
le
plus purement courtois des romans bretons, en ce sens que la part épi
6004
ement courtois des romans bretons, en ce sens que
la
part épique — combats et intrigues — y est réduite au minimum, tandis
6005
intrigues — y est réduite au minimum, tandis que
le
développement tragique de la doctrine religieuse détermine à lui seul
6006
au minimum, tandis que le développement tragique
de
la doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et si
6007
minimum, tandis que le développement tragique de
la
doctrine religieuse détermine à lui seul la courbe puissante et simpl
6008
ue de la doctrine religieuse détermine à lui seul
la
courbe puissante et simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
6009
simple du récit. Mais en même temps, Tristan est
le
plus « breton » des romans courtois, en ce sens qu’on y trouve incorp
6010
ve incorporés des éléments religieux et mythiques
d’
origine très nettement celtique, bien plus nombreux et plus exactement
6011
ombreux et plus exactement identifiables que dans
les
romans de la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la litt
6012
plus exactement identifiables que dans les romans
de
la Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature ga
6013
s exactement identifiables que dans les romans de
la
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de la littérature gallo
6014
Table ronde. ⁂ Hubert note très bien à propos de
la
littérature galloise que « c’est un miracle qu’elle contienne des élé
6015
« c’est un miracle qu’elle contienne des éléments
de
religion brittonique : elle s’est formée dans un pays chrétien, roman
6016
ans un pays chrétien, romanisé, puis colonisé par
les
Irlandais93 ». Le miracle est cependant attesté par un grand nombre d
6017
n, romanisé, puis colonisé par les Irlandais93 ».
Le
miracle est cependant attesté par un grand nombre d’incidents mis en
6018
miracle est cependant attesté par un grand nombre
d’
incidents mis en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent d’expl
6019
en œuvre par Béroul et Thomas, et qui ne trouvent
d’
explication que dans les récentes découvertes de l’archéologie celtiqu
6020
Thomas, et qui ne trouvent d’explication que dans
les
récentes découvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvo
6021
t d’explication que dans les récentes découvertes
de
l’archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléme
6022
’explication que dans les récentes découvertes de
l’
archéologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique de ces éléments
6023
couvertes de l’archéologie celtique. À vrai dire,
le
pouvoir poétique de ces éléments religieux était tel qu’on s’explique
6024
ologie celtique. À vrai dire, le pouvoir poétique
de
ces éléments religieux était tel qu’on s’explique assez bien leur sur
6025
ur survivance, même dans un monde qui avait perdu
la
foi des druides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans le cycle d
6026
nde qui avait perdu la foi des druides, et oublié
le
sens de leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous
6027
avait perdu la foi des druides, et oublié le sens
de
leurs mystères. Dans le cycle des légendes irlandaises, nous trouvons
6028
ruides, et oublié le sens de leurs mystères. Dans
le
cycle des légendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre de réci
6029
gendes irlandaises, nous trouvons un grand nombre
de
récits qui racontent le voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros
6030
trouvons un grand nombre de récits qui racontent
le
voyage d’un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou O
6031
un grand nombre de récits qui racontent le voyage
d’
un héros au pays des morts. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou Oisin, « es
6032
arvient à une terre merveilleuse. « Il se lasse à
la
fin de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir »94. Nou
6033
à une terre merveilleuse. « Il se lasse à la fin
de
ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir »94. Nous avons
6034
. C’est finalement pour mourir »94. Nous avons là
l’
origine évidente de la première navigation à l’aventure de Tristan mal
6035
pour mourir »94. Nous avons là l’origine évidente
de
la première navigation à l’aventure de Tristan malade, en quête du ba
6036
là l’origine évidente de la première navigation à
l’
aventure de Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, p
6037
e évidente de la première navigation à l’aventure
de
Tristan malade, en quête du baume magique. D’autre part, plusieurs ré
6038
du baume magique. D’autre part, plusieurs récits
de
ce cycle irlandais figurent les prototypes assez exacts des situation
6039
, plusieurs récits de ce cycle irlandais figurent
les
prototypes assez exacts des situations du Roman de Tristan. Far exemp
6040
s prototypes assez exacts des situations du Roman
de
Tristan. Far exemple, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
6041
situations du Roman de Tristan. Far exemple, dans
l’
idylle tragique de Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dan
6042
n de Tristan. Far exemple, dans l’idylle tragique
de
Diarmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans la forêt où le m
6043
e, dans l’idylle tragique de Diarmaid et Grainne,
les
deux amants se sauvent dans la forêt où le mari les poursuit. Dans Ba
6044
rmaid et Grainne, les deux amants se sauvent dans
la
forêt où le mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent
6045
inne, les deux amants se sauvent dans la forêt où
le
mari les poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous
6046
s deux amants se sauvent dans la forêt où le mari
les
poursuit. Dans Bailé et Aillinn, ils se donnent rendez-vous en un lie
6047
ils se donnent rendez-vous en un lieu désert, où
la
mort les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par le
6048
donnent rendez-vous en un lieu désert, où la mort
les
précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par les druides
6049
empêchant leur réunion « car il était prédit par
les
druides qu’ils ne se rencontreraient pas dans leur vie, mais qu’ils s
6050
ns leur vie, mais qu’ils se rencontreraient après
la
mort, pour ne jamais se séparer »95. Il serait aisé de multiplier ces
6051
rt, pour ne jamais se séparer »95. Il serait aisé
de
multiplier ces comparaisons littéraires. Mais certains traits de mœur
6052
es comparaisons littéraires. Mais certains traits
de
mœurs nous incitent à des rapprochements plus précis. On se rappelle
6053
ts plus précis. On se rappelle que Tristan, après
la
mort de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il
6054
précis. On se rappelle que Tristan, après la mort
de
ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il était f
6055
ristan, après la mort de ses parents, fut élevé à
la
cour du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez les plus ancie
6056
du roi Marc son oncle. Or il était fréquent, chez
les
plus anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde d’un p
6057
était fréquent, chez les plus anciens Celtes, que
l’
on confiât les enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une
6058
t, chez les plus anciens Celtes, que l’on confiât
les
enfants « à la garde d’un personnage qualifié dans une grande maison,
6059
anciens Celtes, que l’on confiât les enfants « à
la
garde d’un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des
6060
Celtes, que l’on confiât les enfants « à la garde
d’
un personnage qualifié dans une grande maison, la maison des hommes ».
6061
d’un personnage qualifié dans une grande maison,
la
maison des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement d’un druide, et
6062
maison, la maison des hommes ». Ils y recevaient
l’
enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. «
6063
son des hommes ». Ils y recevaient l’enseignement
d’
un druide, et se trouvaient mis à l’abri des femmes. « Cette instituti
6064
’enseignement d’un druide, et se trouvaient mis à
l’
abri des femmes. « Cette institution qu’on appelle généralement du nom
6065
n qu’on appelle généralement du nom anglo-normand
de
fosterage s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons les enfant
6066
s’est maintenue en pays celtique : nous trouvons
les
enfants confiés à des parents nourriciers, à l’égard desquels ils con
6067
les enfants confiés à des parents nourriciers, à
l’
égard desquels ils contractent de véritables liens de parenté, attesté
6068
s nourriciers, à l’égard desquels ils contractent
de
véritables liens de parenté, attestés par le fait qu’un certain nombr
6069
gard desquels ils contractent de véritables liens
de
parenté, attestés par le fait qu’un certain nombre de personnages por
6070
tent de véritables liens de parenté, attestés par
le
fait qu’un certain nombre de personnages portent dans l’indication de
6071
arenté, attestés par le fait qu’un certain nombre
de
personnages portent dans l’indication de leur filiation le nom de leu
6072
qu’un certain nombre de personnages portent dans
l’
indication de leur filiation le nom de leur père nourricier… On recher
6073
n nombre de personnages portent dans l’indication
de
leur filiation le nom de leur père nourricier… On recherchait comme p
6074
nages portent dans l’indication de leur filiation
le
nom de leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers s
6075
ortent dans l’indication de leur filiation le nom
de
leur père nourricier… On recherchait comme pères nourriciers soit les
6076
cier… On recherchait comme pères nourriciers soit
les
membres de la famille maternelle, soit… des druides96. » Tristan élev
6077
herchait comme pères nourriciers soit les membres
de
la famille maternelle, soit… des druides96. » Tristan élevé par Marc,
6078
chait comme pères nourriciers soit les membres de
la
famille maternelle, soit… des druides96. » Tristan élevé par Marc, so
6079
e maternel, devient ainsi, en vertu du fosterage,
le
« fils » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans l
6080
insi, en vertu du fosterage, le « fils » du roi. (
Les
psychanalystes ne manqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
6081
s » du roi. (Les psychanalystes ne manqueront pas
de
voir dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’
6082
Les psychanalystes ne manqueront pas de voir dans
la
liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œ
6083
anqueront pas de voir dans la liaison malheureuse
de
Tristan et d’Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppos
6084
de voir dans la liaison malheureuse de Tristan et
d’
Iseut le résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le
6085
dans la liaison malheureuse de Tristan et d’Iseut
le
résultat d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait qu
6086
son malheureuse de Tristan et d’Iseut le résultat
d’
un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que les « père
6087
d’un complexe œdipien : à quoi s’oppose toutefois
le
fait que les « pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante
6088
e œdipien : à quoi s’oppose toutefois le fait que
les
« pères nourriciers » avaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiqu
6089
vaient souvent jusqu’à cinquante fils juridiques (
le
lien était donc assez faible), et surtout le fait que l’inceste était
6090
ues (le lien était donc assez faible), et surtout
le
fait que l’inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’a
6091
était donc assez faible), et surtout le fait que
l’
inceste était assez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent de
6092
e fait que l’inceste était assez bien toléré chez
les
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents.) La coutume du potla
6093
te était assez bien toléré chez les Celtes, comme
l’
attestent de nombreux documents.) La coutume du potlatch, don rituel o
6094
ez bien toléré chez les Celtes, comme l’attestent
de
nombreux documents.) La coutume du potlatch, don rituel ou plutôt éch
6095
Celtes, comme l’attestent de nombreux documents.)
La
coutume du potlatch, don rituel ou plutôt échange de dons ostentatoir
6096
coutume du potlatch, don rituel ou plutôt échange
de
dons ostentatoires, accompagné de surenchère, subsiste également dans
6097
plutôt échange de dons ostentatoires, accompagné
de
surenchère, subsiste également dans Tristan et les romans de la Table
6098
de surenchère, subsiste également dans Tristan et
les
romans de la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures début
6099
re, subsiste également dans Tristan et les romans
de
la Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une
6100
subsiste également dans Tristan et les romans de
la
Table ronde. On y voit un grand nombre d’aventures débuter par une pr
6101
mans de la Table ronde. On y voit un grand nombre
d’
aventures débuter par une promesse « en blanc » faite par le roi à que
6102
s débuter par une promesse « en blanc » faite par
le
roi à quelque damoiselle qui lui demande un don, sans dire lequel. Il
6103
de un don, sans dire lequel. Il s’agit en général
d’
un service très périlleux. « Les tournois, note Hubert, font certainem
6104
s’agit en général d’un service très périlleux. «
Les
tournois, note Hubert, font certainement partie de ce vaste système d
6105
s tournois, note Hubert, font certainement partie
de
ce vaste système de concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enf
6106
ert, font certainement partie de ce vaste système
de
concurrence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que le
6107
ment partie de ce vaste système de concurrence et
de
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que les jeunes Celtes au
6108
currence et de surenchère. » (II, p. 234.) Enfin,
l’
on sait que les jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir
6109
surenchère. » (II, p. 234.) Enfin, l’on sait que
les
jeunes Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de la maison de
6110
fin, l’on sait que les jeunes Celtes au moment de
la
puberté, donc au sortir de la maison des hommes, devaient accomplir u
6111
Celtes au moment de la puberté, donc au sortir de
la
maison des hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre d’un étrang
6112
es hommes, devaient accomplir un exploit (meurtre
d’
un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
6113
d’un étranger ou chasse glorieuse) pour acquérir
le
droit de se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illus
6114
anger ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit
de
se marier : le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exact
6115
glorieuse) pour acquérir le droit de se marier :
le
combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette cou
6116
acquérir le droit de se marier : le combat contre
le
Morholt, dans Tristan, illustre exactement cette coutume, sans faire
6117
e exactement cette coutume, sans faire d’ailleurs
la
moindre allusion à son origine sacrée. Tous ces faits rendent vraisem
6118
gine sacrée. Tous ces faits rendent vraisemblable
la
conclusion d’Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est trans
6119
ous ces faits rendent vraisemblable la conclusion
d’
Hubert : à savoir que la mythologie celtique s’est transmise au cycle
6120
aisemblable la conclusion d’Hubert : à savoir que
la
mythologie celtique s’est transmise au cycle courtois non par des voi
6121
on par des voies proprement religieuses, mais par
le
culte plus profane des héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à
6122
uses, mais par le culte plus profane des héros et
de
leurs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans les légendes pop
6123
héros et de leurs prouesses, remplaçant peu à peu
les
dieux dans les légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec p
6124
rs prouesses, remplaçant peu à peu les dieux dans
les
légendes populaires. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que l
6125
s. ⁂ Gaston Paris remarquait avec profondeur que
le
roman de Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve
6126
ton Paris remarquait avec profondeur que le roman
de
Tristan et d’Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve guère da
6127
rquait avec profondeur que le roman de Tristan et
d’
Iseut rend un son particulier, qui ne se trouve guère dans la littérat
6128
d un son particulier, qui ne se trouve guère dans
la
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique d
6129
uve guère dans la littérature du Moyen Âge, et il
l’
expliquait par l’origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et
6130
littérature du Moyen Âge, et il l’expliquait par
l’
origine celtique de ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le
6131
en Âge, et il l’expliquait par l’origine celtique
de
ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que le plus clair et le p
6132
e ces poèmes. C’est par Tristan et par Arthur que
le
plus clair et le plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’
6133
st par Tristan et par Arthur que le plus clair et
le
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à l’esprit européen.
6134
plus précieux du génie celtique s’est incorporé à
l’
esprit européen. (Hubert, II, p. 336.) Ce « son particulier », que Béd
6135
édier sut faire rendre à sa moderne transcription
de
la légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en
6136
er sut faire rendre à sa moderne transcription de
la
légende, est si nettement sensible à notre cœur qu’il nous met en mes
6137
nt sensible à notre cœur qu’il nous met en mesure
d’
isoler l’élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua,
6138
le à notre cœur qu’il nous met en mesure d’isoler
l’
élément non celtique, donc proprement courtois qui provoqua, au xiie
6139
roprement courtois qui provoqua, au xiie siècle,
la
constitution de notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légen
6140
is qui provoqua, au xiie siècle, la constitution
de
notre mythe. Qu’on lise l’une après l’autre une légende irlandaise et
6141
ise l’une après l’autre une légende irlandaise et
la
légende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est u
6142
près l’autre une légende irlandaise et la légende
de
Béroul ou de Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité
6143
une légende irlandaise et la légende de Béroul ou
de
Thomas : et l’on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérie
6144
andaise et la légende de Béroul ou de Thomas : et
l’
on verra que d’un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoqu
6145
égende de Béroul ou de Thomas : et l’on verra que
d’
un côté, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque la catastroph
6146
, c’est une fatalité tout extérieure qui provoque
la
catastrophe, tandis que de l’autre, c’est la volonté secrète, mais in
6147
xtérieure qui provoque la catastrophe, tandis que
de
l’autre, c’est la volonté secrète, mais infaillible, des deux amants
6148
oque la catastrophe, tandis que de l’autre, c’est
la
volonté secrète, mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans le
6149
mais infaillible, des deux amants mystiques. Dans
les
légendes celtiques, c’est l’élément épique qui commande l’action et l
6150
nts mystiques. Dans les légendes celtiques, c’est
l’
élément épique qui commande l’action et le dénouement, tandis que dans
6151
es celtiques, c’est l’élément épique qui commande
l’
action et le dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la
6152
, c’est l’élément épique qui commande l’action et
le
dénouement, tandis que dans les romans courtois, c’est la tragédie in
6153
mmande l’action et le dénouement, tandis que dans
les
romans courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtiqu
6154
ement, tandis que dans les romans courtois, c’est
la
tragédie intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de la sublimat
6155
ns courtois, c’est la tragédie intérieure. Enfin,
l’
amour celtique (en dépit de la sublimation religieuse de la femme par
6156
intérieure. Enfin, l’amour celtique (en dépit de
la
sublimation religieuse de la femme par les druides) est avant tout l’
6157
r celtique (en dépit de la sublimation religieuse
de
la femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel97. Le fait q
6158
eltique (en dépit de la sublimation religieuse de
la
femme par les druides) est avant tout l’amour sensuel97. Le fait que
6159
épit de la sublimation religieuse de la femme par
les
druides) est avant tout l’amour sensuel97. Le fait que dans certaines
6160
ieuse de la femme par les druides) est avant tout
l’
amour sensuel97. Le fait que dans certaines légendes cet amour s’oppos
6161
ar les druides) est avant tout l’amour sensuel97.
Le
fait que dans certaines légendes cet amour s’oppose secrètement à l’a
6162
rtaines légendes cet amour s’oppose secrètement à
l’
amour religieux orthodoxe, et se voit donc contraint de s’exprimer par
6163
ur religieux orthodoxe, et se voit donc contraint
de
s’exprimer par des symboles ésotériques, aide à comprendre que le fon
6164
r des symboles ésotériques, aide à comprendre que
le
fond breton se soit si aisément adapté au symbolisme du roman courtoi
6165
ment formelle. Tout au plus devait-elle favoriser
la
confusion moderne entre la passion de Tristan et la pure sensualité.
6166
devait-elle favoriser la confusion moderne entre
la
passion de Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thoma
6167
e favoriser la confusion moderne entre la passion
de
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus
6168
confusion moderne entre la passion de Tristan et
la
pure sensualité. Quelques citations de Thomas, le plus conscient des
6169
Tristan et la pure sensualité. Quelques citations
de
Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, s
6170
la pure sensualité. Quelques citations de Thomas,
le
plus conscient des cinq auteurs de la légende primitive, suffiront à
6171
ons de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs
de
la légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du my
6172
de Thomas, le plus conscient des cinq auteurs de
la
légende primitive, suffiront à faire concevoir l’originalité du mythe
6173
la légende primitive, suffiront à faire concevoir
l’
originalité du mythe courtois. On y trouve exprimé et commenté en term
6174
xprimé et commenté en termes étonnamment modernes
le
principe de cohésion qu’apporte la mystique courtoise aux éléments re
6175
mmenté en termes étonnamment modernes le principe
de
cohésion qu’apporte la mystique courtoise aux éléments religieux, soc
6176
mment modernes le principe de cohésion qu’apporte
la
mystique courtoise aux éléments religieux, sociologiques ou épiques,
6177
hérités du vieux fond breton. Ce principe, c’est
l’
amour de la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des t
6178
du vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour
de
la douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadou
6179
vieux fond breton. Ce principe, c’est l’amour de
la
douleur considérée comme une ascèse, le « mal aimé » des troubadours.
6180
’amour de la douleur considérée comme une ascèse,
le
« mal aimé » des troubadours. Voici Tristan livré au plus cruel confl
6181
istan livré au plus cruel conflit, lorsqu’au soir
de
ses noces avec Iseut aux blanches mains, il ne peut se résoudre à pos
6182
ns ce nom, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté,
le
désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger d
6183
, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir
de
Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa doul
6184
e s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger
de
sa douleur et de ses peines, et contre son mal, il avise un remède do
6185
té. Ainsi Tristan veut se venger de sa douleur et
de
ses peines, et contre son mal, il avise un remède dont il doublera so
6186
a femme légitime, il ne doit plus et ne peut plus
la
désirer : « Jamais il n’eût méprisé le bien qu’il a, s’il n’eût pas é
6187
peut plus la désirer : « Jamais il n’eût méprisé
le
bien qu’il a, s’il n’eût pas été le sien : son cœur ne prend en avers
6188
s été le sien : son cœur ne prend en aversion que
le
bonheur qu’il est contraint d’avoir. Le lui eût-on refusé, il se sera
6189
nd en aversion que le bonheur qu’il est contraint
d’
avoir. Le lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensan
6190
rsion que le bonheur qu’il est contraint d’avoir.
Le
lui eût-on refusé, il se serait lancé à sa recherche, pensant toujour
6191
a !… Ainsi en advient-il à beaucoup de gens. Dans
d’
amers déboires d’amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’
6192
ient-il à beaucoup de gens. Dans d’amers déboires
d’
amour, angoisses, lourdes peines et tourments, ce qu’ils font pour s’y
6193
ur s’y soustraire, s’en affranchir et s’en venger
les
asservit d’un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
6194
aire, s’en affranchir et s’en venger les asservit
d’
un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs, d’impossible
6195
les asservit d’un lien plus inextricable encore.
D’
irréalisables désirs, d’impossibles convoitises les conduisent à ne ri
6196
plus inextricable encore. D’irréalisables désirs,
d’
impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur détre
6197
D’irréalisables désirs, d’impossibles convoitises
les
conduisent à ne rien faire dans leur détresse qui n’irrite leur amert
6198
c son désir98. » (Encontre désir fait volier, dit
le
texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ail
6199
ir98. » (Encontre désir fait volier, dit le texte
de
Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes religieuses — d’ailleurs trè
6200
ier, dit le texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique
de
légendes religieuses — d’ailleurs très anciennement commun au Midi la
6201
que et au Nord irlandais et breton ; des coutumes
de
chevalerie féodale ; des apparences d’orthodoxie chrétienne ; une sen
6202
s coutumes de chevalerie féodale ; des apparences
d’
orthodoxie chrétienne ; une sensualité parfois très complaisante ; enf
6203
une sensualité parfois très complaisante ; enfin
la
fantaisie individuelle des poètes : tels sont donc en fin de compte l
6204
elle des poètes : tels sont donc en fin de compte
les
éléments sur lesquels la doctrine hérétique de l’Amour, profondément
6205
t donc en fin de compte les éléments sur lesquels
la
doctrine hérétique de l’Amour, profondément manichéenne dans son espr
6206
e les éléments sur lesquels la doctrine hérétique
de
l’Amour, profondément manichéenne dans son esprit, opéra ses transmut
6207
es éléments sur lesquels la doctrine hérétique de
l’
Amour, profondément manichéenne dans son esprit, opéra ses transmutati
6208
on esprit, opéra ses transmutations. Ainsi naquit
le
mythe de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de
6209
, opéra ses transmutations. Ainsi naquit le mythe
de
Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser le processus de cette mé
6210
ns. Ainsi naquit le mythe de Tristan. Loin de moi
la
tentation d’analyser le processus de cette métamorphose : il nous éch
6211
uit le mythe de Tristan. Loin de moi la tentation
d’
analyser le processus de cette métamorphose : il nous échappe doubleme
6212
e de Tristan. Loin de moi la tentation d’analyser
le
processus de cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant p
6213
Loin de moi la tentation d’analyser le processus
de
cette métamorphose : il nous échappe doublement, étant poétique et my
6214
poétique et mystique. Mais nous savons maintenant
d’
où vient le mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais
6215
mystique. Mais nous savons maintenant d’où vient
le
mythe, et où il mène. Et peut-être pressentons-nous — mais alors c’es
6216
du mythe, par un esprit remarquablement conscient
de
ses implications théologiques, fut le fait de Gottfried de Strasbourg
6217
t conscient de ses implications théologiques, fut
le
fait de Gottfried de Strasbourg, vers le début du xiiie siècle. Gott
6218
ent de ses implications théologiques, fut le fait
de
Gottfried de Strasbourg, vers le début du xiiie siècle. Gottfried ét
6219
ues, fut le fait de Gottfried de Strasbourg, vers
le
début du xiiie siècle. Gottfried était un clerc, qui lisait le franç
6220
iie siècle. Gottfried était un clerc, qui lisait
le
français (il cite souvent des vers de Thomas dans son texte), et qui
6221
qui lisait le français (il cite souvent des vers
de
Thomas dans son texte), et qui se passionnait pour les grandes polémi
6222
homas dans son texte), et qui se passionnait pour
les
grandes polémiques où venaient de s’affronter Bernard de Clairvaux et
6223
ù venaient de s’affronter Bernard de Clairvaux et
les
cathares, mais aussi Abélard, l’école de Chartres, et plusieurs hérét
6224
de Clairvaux et les cathares, mais aussi Abélard,
l’
école de Chartres, et plusieurs hérétiques très dangereusement voisins
6225
vaux et les cathares, mais aussi Abélard, l’école
de
Chartres, et plusieurs hérétiques très dangereusement voisins de la «
6226
plusieurs hérétiques très dangereusement voisins
de
la « mystique du cœur » de l’abbé de Cluny. Théologien, poète, et con
6227
usieurs hérétiques très dangereusement voisins de
la
« mystique du cœur » de l’abbé de Cluny. Théologien, poète, et consci
6228
dangereusement voisins de la « mystique du cœur »
de
l’abbé de Cluny. Théologien, poète, et conscient de ses choix, Gottfr
6229
gereusement voisins de la « mystique du cœur » de
l’
abbé de Cluny. Théologien, poète, et conscient de ses choix, Gottfried
6230
l’abbé de Cluny. Théologien, poète, et conscient
de
ses choix, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses modèles l’importan
6231
, Gottfried révèle beaucoup mieux que ses modèles
l’
importance proprement religieuse du mythe dualiste de Tristan. Mais au
6232
mportance proprement religieuse du mythe dualiste
de
Tristan. Mais aussi, pour la même raison, il avoue mieux que tous les
6233
se du mythe dualiste de Tristan. Mais aussi, pour
la
même raison, il avoue mieux que tous les autres cet élément fondament
6234
ssi, pour la même raison, il avoue mieux que tous
les
autres cet élément fondamental du mythe : l’angoisse de la sensualité
6235
ous les autres cet élément fondamental du mythe :
l’
angoisse de la sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui la compense.
6236
res cet élément fondamental du mythe : l’angoisse
de
la sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui la compense. Angoisse :
6237
cet élément fondamental du mythe : l’angoisse de
la
sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui la compense. Angoisse : l’
6238
mental du mythe : l’angoisse de la sensualité, et
l’
orgueil « humaniste » qui la compense. Angoisse : l’instinct sexuel es
6239
de la sensualité, et l’orgueil « humaniste » qui
la
compense. Angoisse : l’instinct sexuel est ressenti comme un destin c
6240
orgueil « humaniste » qui la compense. Angoisse :
l’
instinct sexuel est ressenti comme un destin cruel, une tyrannie ; org
6241
mme une force divinisante — c’est-à-dire dressant
l’
homme contre Dieu — sitôt qu’on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe
6242
ant l’homme contre Dieu — sitôt qu’on aura décidé
de
lui céder. (Ce paradoxe annonce l’amor fati de Nietzsche.) Quand Béro
6243
on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe annonce
l’
amor fati de Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans l’action du
6244
dé de lui céder. (Ce paradoxe annonce l’amor fati
de
Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans l’action du philtre, et
6245
de Nietzsche.) Quand Béroul limitait à trois ans
l’
action du philtre, et quand Thomas faisait du « vin herbé » un symbole
6246
quand Thomas faisait du « vin herbé » un symbole
de
l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin, d’une for
6247
and Thomas faisait du « vin herbé » un symbole de
l’
ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin, d’une force
6248
symbole de l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit
le
signe d’un destin, d’une force aveugle, étrangère aux personnes, d’un
6249
de l’ivresse amoureuse, Gottfried y voit le signe
d’
un destin, d’une force aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté
6250
amoureuse, Gottfried y voit le signe d’un destin,
d’
une force aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté de la Déesse
6251
in, d’une force aveugle, étrangère aux personnes,
d’
une volonté de la Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plu
6252
e aveugle, étrangère aux personnes, d’une volonté
de
la Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plus vieilles rel
6253
veugle, étrangère aux personnes, d’une volonté de
la
Déesse Minne, reviviscence de la Grande Mère des plus vieilles religi
6254
s, d’une volonté de la Déesse Minne, reviviscence
de
la Grande Mère des plus vieilles religions de l’humanité. Mais sitôt
6255
d’une volonté de la Déesse Minne, reviviscence de
la
Grande Mère des plus vieilles religions de l’humanité. Mais sitôt abs
6256
nce de la Grande Mère des plus vieilles religions
de
l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de la passion place ses vi
6257
de la Grande Mère des plus vieilles religions de
l’
humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de la passion place ses victi
6258
lles religions de l’humanité. Mais sitôt absorbé,
le
philtre de la passion place ses victimes dans un au-delà de toute mor
6259
ons de l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre
de
la passion place ses victimes dans un au-delà de toute morale, qui ne
6260
de l’humanité. Mais sitôt absorbé, le philtre de
la
passion place ses victimes dans un au-delà de toute morale, qui ne sa
6261
de la passion place ses victimes dans un au-delà
de
toute morale, qui ne saurait être que divin. Ainsi le philtre à la fo
6262
oute morale, qui ne saurait être que divin. Ainsi
le
philtre à la fois rive à la sexualité, qui est une loi de la vie, et
6263
être que divin. Ainsi le philtre à la fois rive à
la
sexualité, qui est une loi de la vie, et contraint à la dépasser dans
6264
re à la fois rive à la sexualité, qui est une loi
de
la vie, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà
6265
à la fois rive à la sexualité, qui est une loi de
la
vie, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du
6266
ualité, qui est une loi de la vie, et contraint à
la
dépasser dans un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel de la dua
6267
ans un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel
de
la dualité, de la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellem
6268
un hybris libérateur, au-delà du seuil mortel de
la
dualité, de la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement
6269
ibérateur, au-delà du seuil mortel de la dualité,
de
la distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement manichéen s
6270
rateur, au-delà du seuil mortel de la dualité, de
la
distinction des personnes. Ce paradoxe essentiellement manichéen sous
6271
. Ce paradoxe essentiellement manichéen sous-tend
l’
immense poème du Rhénan. Gottfried copie Thomas, mais il en fait ce qu
6272
fait ce qu’il veut. Il modifie — et nous dressons
l’
oreille — trois moments décisifs de l’action : a) il met en relief, n
6273
nous dressons l’oreille — trois moments décisifs
de
l’action : a) il met en relief, non sans férocité, le caractère évid
6274
us dressons l’oreille — trois moments décisifs de
l’
action : a) il met en relief, non sans férocité, le caractère évidemm
6275
action : a) il met en relief, non sans férocité,
le
caractère évidemment blasphématoire de l’épisode du Jugement par le f
6276
férocité, le caractère évidemment blasphématoire
de
l’épisode du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace la forêt du
6277
rocité, le caractère évidemment blasphématoire de
l’
épisode du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace la forêt du Mor
6278
mment blasphématoire de l’épisode du Jugement par
le
fer rouge ; b) il remplace la forêt du Morois par une « Grotte d’Amo
6279
de du Jugement par le fer rouge ; b) il remplace
la
forêt du Morois par une « Grotte d’Amour », la Minnegrotte, qui lui p
6280
) il remplace la forêt du Morois par une « Grotte
d’
Amour », la Minnegrotte, qui lui permet de comparer l’architecture d’u
6281
ce la forêt du Morois par une « Grotte d’Amour »,
la
Minnegrotte, qui lui permet de comparer l’architecture d’une église c
6282
Grotte d’Amour », la Minnegrotte, qui lui permet
de
comparer l’architecture d’une église chrétienne et celle du temple de
6283
our », la Minnegrotte, qui lui permet de comparer
l’
architecture d’une église chrétienne et celle du temple de l’amour ;
6284
grotte, qui lui permet de comparer l’architecture
d’
une église chrétienne et celle du temple de l’amour ; c) il décide qu
6285
ecture d’une église chrétienne et celle du temple
de
l’amour ; c) il décide que le mariage de Tristan avec Iseut aux blan
6286
ure d’une église chrétienne et celle du temple de
l’
amour ; c) il décide que le mariage de Tristan avec Iseut aux blanche
6287
et celle du temple de l’amour ; c) il décide que
le
mariage de Tristan avec Iseut aux blanches mains ne fut pas « blanc »
6288
temple de l’amour ; c) il décide que le mariage
de
Tristan avec Iseut aux blanches mains ne fut pas « blanc », mais cons
6289
hevé — il nous en reste près de 19 000 vers, mais
la
mort des amants, quoique annoncée, ne fut jamais écrite — est à la fo
6290
à la fois plus religieux et plus sensuel que ceux
de
Béroul et de Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que les Breton
6291
s religieux et plus sensuel que ceux de Béroul et
de
Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que les Bretons montraient
6292
de Thomas. Et surtout, il dit et commente ce que
les
Bretons montraient sans l’expliquer ni même s’en étonner, apparemment
6293
it et commente ce que les Bretons montraient sans
l’
expliquer ni même s’en étonner, apparemment. Il développe et révèle ai
6294
r, apparemment. Il développe et révèle ainsi tout
le
catharisme latent de la légende sans auteur99. a) Le « jugement de
6295
veloppe et révèle ainsi tout le catharisme latent
de
la légende sans auteur99. a) Le « jugement de Dieu » est une coutum
6296
oppe et révèle ainsi tout le catharisme latent de
la
légende sans auteur99. a) Le « jugement de Dieu » est une coutume b
6297
tharisme latent de la légende sans auteur99. a)
Le
« jugement de Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église l’admetta
6298
t de la légende sans auteur99. a) Le « jugement
de
Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église l’admettait au xiie si
6299
jugement de Dieu » est une coutume barbare, mais
l’
Église l’admettait au xiie siècle et venait de l’appliquer, préciséme
6300
de Dieu » est une coutume barbare, mais l’Église
l’
admettait au xiie siècle et venait de l’appliquer, précisément, à des
6301
l’Église l’admettait au xiie siècle et venait de
l’
appliquer, précisément, à des femmes de Cologne et de Strasbourg, à ju
6302
venait de l’appliquer, précisément, à des femmes
de
Cologne et de Strasbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme. L’
6303
ppliquer, précisément, à des femmes de Cologne et
de
Strasbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme. L’épreuve consis
6304
logne et de Strasbourg, à juste titre soupçonnées
de
catharisme. L’épreuve consistait à saisir à main nue une barre de fer
6305
asbourg, à juste titre soupçonnées de catharisme.
L’
épreuve consistait à saisir à main nue une barre de fer portée au roug
6306
’épreuve consistait à saisir à main nue une barre
de
fer portée au rouge : seuls les menteurs ou les parjures étaient brûl
6307
main nue une barre de fer portée au rouge : seuls
les
menteurs ou les parjures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée
6308
re de fer portée au rouge : seuls les menteurs ou
les
parjures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée de trahir sa fi
6309
ures étaient brûlés. On sait qu’Iseut, soupçonnée
de
trahir sa fidélité au roi Marc, s’offre au jugement par un mouvement
6310
au roi Marc, s’offre au jugement par un mouvement
d’
orgueil et de défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bra
6311
s’offre au jugement par un mouvement d’orgueil et
de
défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bras d’un autre
6312
défi démesuré. Elle jure n’avoir jamais été dans
les
bras d’un autre homme que son mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en ria
6313
esuré. Elle jure n’avoir jamais été dans les bras
d’
un autre homme que son mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en riant, dans
6314
n mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en riant, dans
les
bras du pauvre passeur qui vient de l’aider à franchir une rivière :
6315
ant, dans les bras du pauvre passeur qui vient de
l’
aider à franchir une rivière : or c’était Tristan déguisé. Elle sort i
6316
e : or c’était Tristan déguisé. Elle sort intacte
de
l’épreuve. Gottfried commente : « Ce fut ainsi chose manifeste et avé
6317
or c’était Tristan déguisé. Elle sort intacte de
l’
épreuve. Gottfried commente : « Ce fut ainsi chose manifeste et avérée
6318
t ainsi chose manifeste et avérée devant tous que
le
très vertueux Christ tourne à tout vent comme girouette et se plie co
6319
ple étoffe… Il se prête et s’adapte à tout, selon
le
cœur de chacun, à la sincérité comme à la tromperie… Il est toujours
6320
fe… Il se prête et s’adapte à tout, selon le cœur
de
chacun, à la sincérité comme à la tromperie… Il est toujours ce que l
6321
te et s’adapte à tout, selon le cœur de chacun, à
la
sincérité comme à la tromperie… Il est toujours ce que l’on veut qu’i
6322
, selon le cœur de chacun, à la sincérité comme à
la
tromperie… Il est toujours ce que l’on veut qu’il soit 100. » L’allus
6323
rité comme à la tromperie… Il est toujours ce que
l’
on veut qu’il soit 100. » L’allusion au « cœur » est nettement dirigée
6324
l est toujours ce que l’on veut qu’il soit 100. »
L’
allusion au « cœur » est nettement dirigée contre Bernard de Clairvaux
6325
ttement dirigée contre Bernard de Clairvaux, dont
les
écrits étaient si familiers au poète qu’il imite bien souvent leur di
6326
u poète qu’il imite bien souvent leur dialectique
de
la souffrance, du désir et de l’extase, quitte à en inverser les conc
6327
oète qu’il imite bien souvent leur dialectique de
la
souffrance, du désir et de l’extase, quitte à en inverser les conclus
6328
nt leur dialectique de la souffrance, du désir et
de
l’extase, quitte à en inverser les conclusions : l’extase finale n’ab
6329
leur dialectique de la souffrance, du désir et de
l’
extase, quitte à en inverser les conclusions : l’extase finale n’about
6330
ce, du désir et de l’extase, quitte à en inverser
les
conclusions : l’extase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à
6331
l’extase, quitte à en inverser les conclusions :
l’
extase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit de la pas
6332
lusions : l’extase finale n’aboutit point au jour
de
Dieu mais à la nuit de la passion, non point au salut de la personne
6333
ase finale n’aboutit point au jour de Dieu mais à
la
nuit de la passion, non point au salut de la personne mais bien à sa
6334
le n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit
de
la passion, non point au salut de la personne mais bien à sa dissolut
6335
n’aboutit point au jour de Dieu mais à la nuit de
la
passion, non point au salut de la personne mais bien à sa dissolution
6336
mais à la nuit de la passion, non point au salut
de
la personne mais bien à sa dissolution. Tout le passage cité trahit d
6337
is à la nuit de la passion, non point au salut de
la
personne mais bien à sa dissolution. Tout le passage cité trahit d’ai
6338
t de la personne mais bien à sa dissolution. Tout
le
passage cité trahit d’ailleurs un virulent ressentiment contre les do
6339
trahit d’ailleurs un virulent ressentiment contre
les
doctrines orthodoxes qui « plient le Christ comme une simple étoffe »
6340
ment contre les doctrines orthodoxes qui « plient
le
Christ comme une simple étoffe » et lui font sanctionner après coup t
6341
ndamnent, aux yeux de Gottfried et des hérétiques
de
son temps, l’Évangile « pur » et la gnose dualiste : le monde manifes
6342
yeux de Gottfried et des hérétiques de son temps,
l’
Évangile « pur » et la gnose dualiste : le monde manifesté, la chair e
6343
es hérétiques de son temps, l’Évangile « pur » et
la
gnose dualiste : le monde manifesté, la chair en général, et dans ce
6344
temps, l’Évangile « pur » et la gnose dualiste :
le
monde manifesté, la chair en général, et dans ce monde l’ordre social
6345
pur » et la gnose dualiste : le monde manifesté,
la
chair en général, et dans ce monde l’ordre social du temps (féodal, c
6346
manifesté, la chair en général, et dans ce monde
l’
ordre social du temps (féodal, clérical, et guerrier), et dans cet ord
6347
féodal, clérical, et guerrier), et dans cet ordre
le
mariage. b) La Minnegrotte nous est décrite comme une église, avec u
6348
, et guerrier), et dans cet ordre le mariage. b)
La
Minnegrotte nous est décrite comme une église, avec une science réell
6349
ec une science réelle du symbolisme liturgique et
de
l’architecture gothique naissante. Mais sur le lit substitué à l’aute
6350
une science réelle du symbolisme liturgique et de
l’
architecture gothique naissante. Mais sur le lit substitué à l’autel,
6351
et de l’architecture gothique naissante. Mais sur
le
lit substitué à l’autel, lit consacré à la déesse Minne comme l’autel
6352
e gothique naissante. Mais sur le lit substitué à
l’
autel, lit consacré à la déesse Minne comme l’autel catholique au Chri
6353
is sur le lit substitué à l’autel, lit consacré à
la
déesse Minne comme l’autel catholique au Christ, s’opère le sacrement
6354
é à l’autel, lit consacré à la déesse Minne comme
l’
autel catholique au Christ, s’opère le sacrement courtois : les amants
6355
Minne comme l’autel catholique au Christ, s’opère
le
sacrement courtois : les amants « communient » dans la passion. En li
6356
olique au Christ, s’opère le sacrement courtois :
les
amants « communient » dans la passion. En lieu et place du miracle eu
6357
crement courtois : les amants « communient » dans
la
passion. En lieu et place du miracle eucharistique, de la transsubsta
6358
ssion. En lieu et place du miracle eucharistique,
de
la transsubstantiation des espèces matérielles et de la divinisation
6359
on. En lieu et place du miracle eucharistique, de
la
transsubstantiation des espèces matérielles et de la divinisation de
6360
la transsubstantiation des espèces matérielles et
de
la divinisation de celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond a
6361
transsubstantiation des espèces matérielles et de
la
divinisation de celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec
6362
ion des espèces matérielles et de la divinisation
de
celui qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec l’esprit en uni
6363
es matérielles et de la divinisation de celui qui
les
reçoit, c’est la chair qui se fond avec l’esprit en unité transcendan
6364
de la divinisation de celui qui les reçoit, c’est
la
chair qui se fond avec l’esprit en unité transcendantale. Et ce sont
6365
i qui les reçoit, c’est la chair qui se fond avec
l’
esprit en unité transcendantale. Et ce sont les amants, non les croyan
6366
vec l’esprit en unité transcendantale. Et ce sont
les
amants, non les croyants, qui vont être divinisés par la « consommati
6367
unité transcendantale. Et ce sont les amants, non
les
croyants, qui vont être divinisés par la « consommation » (spirituell
6368
ts, non les croyants, qui vont être divinisés par
la
« consommation » (spirituelle ou physique ? l’ambiguïté profonde subs
6369
ar la « consommation » (spirituelle ou physique ?
l’
ambiguïté profonde subsiste ici encore) de la substance de l’Amour. Or
6370
sique ? l’ambiguïté profonde subsiste ici encore)
de
la substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur d
6371
ue ? l’ambiguïté profonde subsiste ici encore) de
la
substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des
6372
ïté profonde subsiste ici encore) de la substance
de
l’Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens da
6373
profonde subsiste ici encore) de la substance de
l’
Amour. Or cet Amour s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens dans
6374
la substance de l’Amour. Or cet Amour s’oppose à
la
ferveur du cœur des clunisiens dans les mêmes termes que l’Éros à l’A
6375
s’oppose à la ferveur du cœur des clunisiens dans
les
mêmes termes que l’Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il le
6376
du cœur des clunisiens dans les mêmes termes que
l’
Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il le préciser, avec cet a
6377
des clunisiens dans les mêmes termes que l’Éros à
l’
Agapè… Incompatible au reste, faut-il le préciser, avec cet autre sacr
6378
l’Éros à l’Agapè… Incompatible au reste, faut-il
le
préciser, avec cet autre sacrement « perverti » par l’orthodoxie qui
6379
éciser, avec cet autre sacrement « perverti » par
l’
orthodoxie qui l’a socialisé et matérialisé : le mariage unissant deux
6380
autre sacrement « perverti » par l’orthodoxie qui
l’
a socialisé et matérialisé : le mariage unissant deux corps même sans
6381
r l’orthodoxie qui l’a socialisé et matérialisé :
le
mariage unissant deux corps même sans amour, et que les cathares n’on
6382
riage unissant deux corps même sans amour, et que
les
cathares n’ont pas cessé de dénoncer comme jurata fornicatio. Il para
6383
e sans amour, et que les cathares n’ont pas cessé
de
dénoncer comme jurata fornicatio. Il paraît au surplus possible de re
6384
jurata fornicatio. Il paraît au surplus possible
de
retrouver dans l’épisode de la Minnegrotte toute la dialectique qui s
6385
. Il paraît au surplus possible de retrouver dans
l’
épisode de la Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des gran
6386
t au surplus possible de retrouver dans l’épisode
de
la Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des grands mystiqu
6387
u surplus possible de retrouver dans l’épisode de
la
Minnegrotte toute la dialectique qui sera celle des grands mystiques
6388
retrouver dans l’épisode de la Minnegrotte toute
la
dialectique qui sera celle des grands mystiques du xiiie et du xviie
6389
grands mystiques du xiiie et du xviie siècles :
les
trois voies purgative, illuminative et unitive sont ici très précisém
6390
préfigurées, quoique infléchies ou inverties par
l’
attitude dualiste et même gnostique101 de Gottfried. c) Le mariage «
6391
ties par l’attitude dualiste et même gnostique101
de
Gottfried. c) Le mariage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit
6392
e dualiste et même gnostique101 de Gottfried. c)
Le
mariage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit le parallèle — év
6393
riage « consommé » avec la seconde Iseut rétablit
le
parallèle — évité par Thomas — avec le mariage sans amour d’Iseut la
6394
t rétablit le parallèle — évité par Thomas — avec
le
mariage sans amour d’Iseut la Blonde et du roi Marc. L’un et l’autre
6395
e — évité par Thomas — avec le mariage sans amour
d’
Iseut la Blonde et du roi Marc. L’un et l’autre se voient stigmatisés
6396
n et l’autre se voient stigmatisés comme relevant
de
la nécessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de l’exil des
6397
t l’autre se voient stigmatisés comme relevant de
la
nécessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de l’exil des âme
6398
cessité temporelle et physiologique, c’est-à-dire
de
l’exil des âmes captives dans la prison des corps. C’est ici le jugem
6399
sité temporelle et physiologique, c’est-à-dire de
l’
exil des âmes captives dans la prison des corps. C’est ici le jugement
6400
ue, c’est-à-dire de l’exil des âmes captives dans
la
prison des corps. C’est ici le jugement de la morale courtoise, dans
6401
âmes captives dans la prison des corps. C’est ici
le
jugement de la morale courtoise, dans toute la virulence de son manic
6402
s dans la prison des corps. C’est ici le jugement
de
la morale courtoise, dans toute la virulence de son manichéisme, qui
6403
ans la prison des corps. C’est ici le jugement de
la
morale courtoise, dans toute la virulence de son manichéisme, qui tri
6404
ci le jugement de la morale courtoise, dans toute
la
virulence de son manichéisme, qui triomphe du jugement de l’Église et
6405
t de la morale courtoise, dans toute la virulence
de
son manichéisme, qui triomphe du jugement de l’Église et du siècle, c
6406
ence de son manichéisme, qui triomphe du jugement
de
l’Église et du siècle, complices aux yeux de Gottfried et des cathare
6407
e de son manichéisme, qui triomphe du jugement de
l’
Église et du siècle, complices aux yeux de Gottfried et des cathares.
6408
thares. Mais ceci jette un jour assez étrange sur
la
nature de la « consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Mi
6409
is ceci jette un jour assez étrange sur la nature
de
la « consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Minnegrotte.
6410
ceci jette un jour assez étrange sur la nature de
la
« consommation » érotico-eucharistique opérée dans la Minnegrotte. Fa
6411
consommation » érotico-eucharistique opérée dans
la
Minnegrotte. Faire l’amour sans aimer selon la courtoisie (ici Minne)
6412
o-eucharistique opérée dans la Minnegrotte. Faire
l’
amour sans aimer selon la courtoisie (ici Minne), céder à la sensualit
6413
ns la Minnegrotte. Faire l’amour sans aimer selon
la
courtoisie (ici Minne), céder à la sensualité purement physique, voil
6414
ns aimer selon la courtoisie (ici Minne), céder à
la
sensualité purement physique, voilà le péché suprême, originel, dans
6415
), céder à la sensualité purement physique, voilà
le
péché suprême, originel, dans une vision cathare du monde. Aimer de p
6416
originel, dans une vision cathare du monde. Aimer
de
passion pure, même sans contact physique (l’épée entre les corps et l
6417
imer de passion pure, même sans contact physique (
l’
épée entre les corps et les séparations) voilà la suprême vertu, et la
6418
on pure, même sans contact physique (l’épée entre
les
corps et les séparations) voilà la suprême vertu, et la vraie voie di
6419
sans contact physique (l’épée entre les corps et
les
séparations) voilà la suprême vertu, et la vraie voie divinisante. En
6420
(l’épée entre les corps et les séparations) voilà
la
suprême vertu, et la vraie voie divinisante. Entre ces deux extrêmes
6421
ps et les séparations) voilà la suprême vertu, et
la
vraie voie divinisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par le myth
6422
ivinisante. Entre ces deux extrêmes illustrés par
le
mythe sur l’arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, tout
6423
ntre ces deux extrêmes illustrés par le mythe sur
l’
arrière-plan psychique et religieux du xiie siècle, toutes les confus
6424
an psychique et religieux du xiie siècle, toutes
les
confusions de l’amour deviennent mieux que possibles : inévitables. N
6425
religieux du xiie siècle, toutes les confusions
de
l’amour deviennent mieux que possibles : inévitables. Nous n’en somme
6426
ligieux du xiie siècle, toutes les confusions de
l’
amour deviennent mieux que possibles : inévitables. Nous n’en sommes p
6427
rtis au xxe siècle, sinon ce livre n’aurait plus
d’
objet. Mais on peut poser des repères. Il est bien évident que Gottfri
6428
ent que Gottfried de Strasbourg utilise à son gré
la
« matière de Bretagne », et catharise le mythe de l’amour-pour-la-mor
6429
ried de Strasbourg utilise à son gré la « matière
de
Bretagne », et catharise le mythe de l’amour-pour-la-mort avec une li
6430
son gré la « matière de Bretagne », et catharise
le
mythe de l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore si elle
6431
la « matière de Bretagne », et catharise le mythe
de
l’amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore si elle ne lui a
6432
« matière de Bretagne », et catharise le mythe de
l’
amour-pour-la-mort avec une liberté dont on ignore si elle ne lui a pa
6433
liberté dont on ignore si elle ne lui a pas coûté
la
vie. Mais il est non moins clair que le cadre du roman, son intrigue
6434
pas coûté la vie. Mais il est non moins clair que
le
cadre du roman, son intrigue et ses thèmes directeurs, se prêtaient a
6435
hèmes directeurs, se prêtaient au projet du poète
d’
une manière que l’on doit qualifier de proprement congénitale. Dans so
6436
se prêtaient au projet du poète d’une manière que
l’
on doit qualifier de proprement congénitale. Dans son essence, dans sa
6437
et du poète d’une manière que l’on doit qualifier
de
proprement congénitale. Dans son essence, dans sa structure intime, d
6438
ns sa forme, non moins que dans son enseignement,
le
mythe de Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste.
6439
me, non moins que dans son enseignement, le mythe
de
Tristan se révèle comme foncièrement hérétique et dualiste. Il n’y a
6440
étique et dualiste. Il n’y a pas place, ici, pour
le
moindre hasard, ni pour cette suspension des conclusions que certains
6441
ertains érudits, parfois, semblent confondre avec
la
« science ». Tristan est un roman bien plus profondément et plus ind
6442
ofondément et plus indiscutablement manichéen que
la
Divine Comédie n’est thomiste. Il reste que Gottfried explicite la lé
6443
n’est thomiste. Il reste que Gottfried explicite
la
légende d’une manière toute nouvelle et grosse de conséquences. Il pr
6444
iste. Il reste que Gottfried explicite la légende
d’
une manière toute nouvelle et grosse de conséquences. Il préfigure l’e
6445
la légende d’une manière toute nouvelle et grosse
de
conséquences. Il préfigure l’espèce de trahison géniale opérée par Wa
6446
nouvelle et grosse de conséquences. Il préfigure
l’
espèce de trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus
6447
et grosse de conséquences. Il préfigure l’espèce
de
trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus tard. Mêm
6448
par Wagner six siècles et demi plus tard. Même si
l’
on ignorait que la source de Wagner fut le poème de Gottfried, la seul
6449
cles et demi plus tard. Même si l’on ignorait que
la
source de Wagner fut le poème de Gottfried, la seule comparaison des
6450
mi plus tard. Même si l’on ignorait que la source
de
Wagner fut le poème de Gottfried, la seule comparaison des textes l’é
6451
Même si l’on ignorait que la source de Wagner fut
le
poème de Gottfried, la seule comparaison des textes l’établirait : le
6452
’on ignorait que la source de Wagner fut le poème
de
Gottfried, la seule comparaison des textes l’établirait : les petits
6453
ue la source de Wagner fut le poème de Gottfried,
la
seule comparaison des textes l’établirait : les petits vers pressés,
6454
ème de Gottfried, la seule comparaison des textes
l’
établirait : les petits vers pressés, antithétiques, haletants, du deu
6455
d, la seule comparaison des textes l’établirait :
les
petits vers pressés, antithétiques, haletants, du deuxième acte de l’
6456
essés, antithétiques, haletants, du deuxième acte
de
l’opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche102. Le célèbre duo de Tri
6457
és, antithétiques, haletants, du deuxième acte de
l’
opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche102. Le célèbre duo de Trista
6458
e l’opéra imitent Gottfried jusqu’au pastiche102.
Le
célèbre duo de Tristan et d’Isolde mêlant leurs noms, niant leurs nom
6459
nt Gottfried jusqu’au pastiche102. Le célèbre duo
de
Tristan et d’Isolde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant le
6460
usqu’au pastiche102. Le célèbre duo de Tristan et
d’
Isolde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant le dépassement du
6461
lde mêlant leurs noms, niant leurs noms, chantant
le
dépassement du moi distinct, du temps, de l’espace et du malheur terr
6462
hantant le dépassement du moi distinct, du temps,
de
l’espace et du malheur terrestre, est emprunté presque littéralement
6463
tant le dépassement du moi distinct, du temps, de
l’
espace et du malheur terrestre, est emprunté presque littéralement à d
6464
ème103. Mais bien plus encore que sa forme, c’est
le
contenu philosophique et religieux du poème de Gottfried que Wagner v
6465
st le contenu philosophique et religieux du poème
de
Gottfried que Wagner va ressusciter par l’opération musicale. Le mond
6466
poème de Gottfried que Wagner va ressusciter par
l’
opération musicale. Le monde créé appartient au démon. Tout ce qui dép
6467
e Wagner va ressusciter par l’opération musicale.
Le
monde créé appartient au démon. Tout ce qui dépend de son empire est
6468
onde créé appartient au démon. Tout ce qui dépend
de
son empire est donc voué à la nécessité, et les corps sont voués au d
6469
Tout ce qui dépend de son empire est donc voué à
la
nécessité, et les corps sont voués au désir, dont le philtre d’amour
6470
nd de son empire est donc voué à la nécessité, et
les
corps sont voués au désir, dont le philtre d’amour symbolise l’inéluc
6471
nécessité, et les corps sont voués au désir, dont
le
philtre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas l
6472
et les corps sont voués au désir, dont le philtre
d’
amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas libre. Il es
6473
voués au désir, dont le philtre d’amour symbolise
l’
inéluctable tyrannie. L’homme n’est pas libre. Il est déterminé par le
6474
philtre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie.
L’
homme n’est pas libre. Il est déterminé par le démon. Mais s’il assume
6475
ie. L’homme n’est pas libre. Il est déterminé par
le
démon. Mais s’il assume son destin de malheur jusqu’à la mort, qui le
6476
terminé par le démon. Mais s’il assume son destin
de
malheur jusqu’à la mort, qui le libère du corps, il peut atteindre au
6477
n. Mais s’il assume son destin de malheur jusqu’à
la
mort, qui le libère du corps, il peut atteindre au-delà du temps et d
6478
assume son destin de malheur jusqu’à la mort, qui
le
libère du corps, il peut atteindre au-delà du temps et de l’espace la
6479
e du corps, il peut atteindre au-delà du temps et
de
l’espace la réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant
6480
u corps, il peut atteindre au-delà du temps et de
l’
espace la réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de
6481
il peut atteindre au-delà du temps et de l’espace
la
réalité de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir
6482
eindre au-delà du temps et de l’espace la réalité
de
l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour : l
6483
dre au-delà du temps et de l’espace la réalité de
l’
Amour, cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour : la J
6484
t de l’espace la réalité de l’Amour, cette fusion
de
deux « moi » cessant de souffrir l’amour : la Joie suprême. Ce que Wa
6485
de l’Amour, cette fusion de deux « moi » cessant
de
souffrir l’amour : la Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfrie
6486
cette fusion de deux « moi » cessant de souffrir
l’
amour : la Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfried, c’est tou
6487
ion de deux « moi » cessant de souffrir l’amour :
la
Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfried, c’est tout ce que l
6488
ue Wagner a repris à Gottfried, c’est tout ce que
les
Bretons n’avaient pas voulu dire, ou pas su dire, et s’étaient curieu
6489
pas su dire, et s’étaient curieusement contentés
d’
illustrer en actions romanesques : la nostalgie religieuse-hérétique d
6490
nt contentés d’illustrer en actions romanesques :
la
nostalgie religieuse-hérétique d’une évasion hors de ce monde mauvais
6491
s romanesques : la nostalgie religieuse-hérétique
d’
une évasion hors de ce monde mauvais, la sensualité condamnée en même
6492
hérétique d’une évasion hors de ce monde mauvais,
la
sensualité condamnée en même temps que divinisée, l’effort de l’âme p
6493
sensualité condamnée en même temps que divinisée,
l’
effort de l’âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle,
6494
é condamnée en même temps que divinisée, l’effort
de
l’âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à la cont
6495
ondamnée en même temps que divinisée, l’effort de
l’
âme pour échapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à la contrad
6496
que divinisée, l’effort de l’âme pour échapper à
l’
inordinatio fondamentale du Siècle, à la contradiction tragique entre
6497
chapper à l’inordinatio fondamentale du Siècle, à
la
contradiction tragique entre le Bien — qui ne peut être que l’Amour —
6498
tale du Siècle, à la contradiction tragique entre
le
Bien — qui ne peut être que l’Amour — et le Mal triomphant dans le mo
6499
ion tragique entre le Bien — qui ne peut être que
l’
Amour — et le Mal triomphant dans le monde créé. Ce que Wagner, en som
6500
entre le Bien — qui ne peut être que l’Amour — et
le
Mal triomphant dans le monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris
6501
peut être que l’Amour — et le Mal triomphant dans
le
monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris de Gottfried, c’est son
6502
le monde créé. Ce que Wagner, en somme, a repris
de
Gottfried, c’est son dualisme foncier. Et c’est par là que son œuvre
6503
sidieuse et fascinante pour notre sensibilité que
la
restauration esthétique d’un Bédier. 14.Premières conclusions C
6504
notre sensibilité que la restauration esthétique
d’
un Bédier. 14.Premières conclusions Compte tenu du changement de
6505
remières conclusions Compte tenu du changement
de
registre qui s’opère dans les expressions poétiques de l’amour courto
6506
e tenu du changement de registre qui s’opère dans
les
expressions poétiques de l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi de
6507
gistre qui s’opère dans les expressions poétiques
de
l’amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plu
6508
tre qui s’opère dans les expressions poétiques de
l’
amour courtois, lorsqu’on passe du Midi des troubadours au Nord plus b
6509
plus barbare des trouvères, nous sommes en mesure
de
voir dorénavant dans le chef-d’œuvre de Béroul, Thomas et Gottfried d
6510
es, nous sommes en mesure de voir dorénavant dans
le
chef-d’œuvre de Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutiss
6511
en mesure de voir dorénavant dans le chef-d’œuvre
de
Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutissement de toutes
6512
vre de Béroul, Thomas et Gottfried de Strasbourg,
l’
aboutissement de toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, ce
6513
homas et Gottfried de Strasbourg, l’aboutissement
de
toutes nos pérégrinations. Les religions antiques, certaines mystique
6514
rg, l’aboutissement de toutes nos pérégrinations.
Les
religions antiques, certaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie q
6515
s antiques, certaines mystiques du Proche-Orient,
l’
hérésie qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérés
6516
rtaines mystiques du Proche-Orient, l’hérésie qui
les
fit revivre en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans la cons
6517
ient, l’hérésie qui les fit revivre en Languedoc,
le
contrecoup de cette hérésie dans la conscience occidentale et dans le
6518
e qui les fit revivre en Languedoc, le contrecoup
de
cette hérésie dans la conscience occidentale et dans les coutumes féo
6519
en Languedoc, le contrecoup de cette hérésie dans
la
conscience occidentale et dans les coutumes féodales, tout cela vient
6520
te hérésie dans la conscience occidentale et dans
les
coutumes féodales, tout cela vient sourdement retentir dans le mythe.
6521
éodales, tout cela vient sourdement retentir dans
le
mythe. Nous avons donc rejoint le Roman de Tristan et situé sa nécess
6522
t retentir dans le mythe. Nous avons donc rejoint
le
Roman de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
6523
r dans le mythe. Nous avons donc rejoint le Roman
de
Tristan et situé sa nécessité à telle date, à l’intersection de telle
6524
de Tristan et situé sa nécessité à telle date, à
l’
intersection de telles traditions hérétiques et de telles institutions
6525
situé sa nécessité à telle date, à l’intersection
de
telles traditions hérétiques et de telles institutions qui les condam
6526
l’intersection de telles traditions hérétiques et
de
telles institutions qui les condamnaient farouchement, les obligeant
6527
aditions hérétiques et de telles institutions qui
les
condamnaient farouchement, les obligeant par cette condamnation à s’e
6528
s institutions qui les condamnaient farouchement,
les
obligeant par cette condamnation à s’exprimer en symboles équivoques
6529
à s’exprimer en symboles équivoques et à revêtir
la
forme d’un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de
6530
imer en symboles équivoques et à revêtir la forme
d’
un mythe. De l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la
6531
oles équivoques et à revêtir la forme d’un mythe.
De
l’ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion :
6532
s équivoques et à revêtir la forme d’un mythe. De
l’
ensemble de ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : L’
6533
s et à revêtir la forme d’un mythe. De l’ensemble
de
ces convergences, il est temps de tirer la conclusion : L’amour-passi
6534
. De l’ensemble de ces convergences, il est temps
de
tirer la conclusion : L’amour-passion glorifié par le mythe fut réell
6535
semble de ces convergences, il est temps de tirer
la
conclusion : L’amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au
6536
nvergences, il est temps de tirer la conclusion :
L’
amour-passion glorifié par le mythe fut réellement au xiie siècle, da
6537
irer la conclusion : L’amour-passion glorifié par
le
mythe fut réellement au xiie siècle, date de son apparition, une rel
6538
par le mythe fut réellement au xiie siècle, date
de
son apparition, une religion dans toute la force de ce terme, et spéc
6539
, date de son apparition, une religion dans toute
la
force de ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquem
6540
son apparition, une religion dans toute la force
de
ce terme, et spécialement une hérésie chrétienne historiquement déter
6541
ne hérésie chrétienne historiquement déterminée.
D’
où l’on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée de nos jours pa
6542
résie chrétienne historiquement déterminée. D’où
l’
on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par les
6543
nt déterminée. D’où l’on pourra déduire : 1° que
la
passion, vulgarisée de nos jours par les romans et par le film, n’est
6544
on pourra déduire : 1° que la passion, vulgarisée
de
nos jours par les romans et par le film, n’est rien d’autre que le re
6545
: 1° que la passion, vulgarisée de nos jours par
les
romans et par le film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion
6546
on, vulgarisée de nos jours par les romans et par
le
film, n’est rien d’autre que le reflux et l’invasion anarchique dans
6547
s jours par les romans et par le film, n’est rien
d’
autre que le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérés
6548
les romans et par le film, n’est rien d’autre que
le
reflux et l’invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritual
6549
par le film, n’est rien d’autre que le reflux et
l’
invasion anarchique dans nos vies d’une hérésie spiritualiste dont nou
6550
le reflux et l’invasion anarchique dans nos vies
d’
une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’or
6551
d’une hérésie spiritualiste dont nous avons perdu
la
clef ; 2° qu’à l’origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moin
6552
itualiste dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à
l’
origine de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit d
6553
dont nous avons perdu la clef ; 2° qu’à l’origine
de
notre crise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit de deux tra
6554
de notre crise du mariage, il n’y a pas moins que
le
conflit de deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que
6555
ise du mariage, il n’y a pas moins que le conflit
de
deux traditions religieuses, c’est-à-dire une décision que nous preno
6556
esque toujours inconsciemment, en toute ignorance
de
cause, de fins et de risques encourus, en faveur d’une morale surviva
6557
ours inconsciemment, en toute ignorance de cause,
de
fins et de risques encourus, en faveur d’une morale survivante que no
6558
ciemment, en toute ignorance de cause, de fins et
de
risques encourus, en faveur d’une morale survivante que nous ne savon
6559
savons plus justifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs
de
beaucoup que la passion et le mythe de la passion n’agissent que dans
6560
tifier. ⁂ Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que
la
passion et le mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privée
6561
’en faut d’ailleurs de beaucoup que la passion et
le
mythe de la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
6562
d’ailleurs de beaucoup que la passion et le mythe
de
la passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occide
6563
illeurs de beaucoup que la passion et le mythe de
la
passion n’agissent que dans nos vies privées. La mystique d’Occident
6564
la passion n’agissent que dans nos vies privées.
La
mystique d’Occident est une autre passion dont le langage métaphoriqu
6565
n’agissent que dans nos vies privées. La mystique
d’
Occident est une autre passion dont le langage métaphorique est parfoi
6566
La mystique d’Occident est une autre passion dont
le
langage métaphorique est parfois étrangement semblable à celui de l’a
6567
horique est parfois étrangement semblable à celui
de
l’amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie
6568
ique est parfois étrangement semblable à celui de
l’
amour courtois. Nos grandes littératures sont pour une bonne partie de
6569
ie des laïcisations du mythe, ou comme je préfère
le
dire : des « profanations » successives de son contenu et de sa forme
6570
réfère le dire : des « profanations » successives
de
son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
6571
es « profanations » successives de son contenu et
de
sa forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes les formes militai
6572
successives de son contenu et de sa forme. Enfin,
la
guerre, en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 191
6573
a forme. Enfin, la guerre, en Occident, et toutes
les
formes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait de leur or
6574
ormes militaires, jusque vers 1914, ont gardé par
le
fait de leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-êt
6575
litaires, jusque vers 1914, ont gardé par le fait
de
leur origine chevaleresque — et pour d’autres raisons peut-être — un
6576
raisons peut-être — un parallélisme constant avec
l’
évolution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans les livres qui vi
6577
lélisme constant avec l’évolution du mythe. C’est
de
quoi l’on traitera dans les livres qui viennent. 18. Traduction d’
6578
constant avec l’évolution du mythe. C’est de quoi
l’
on traitera dans les livres qui viennent. 18. Traduction d’Amyot.
6579
lution du mythe. C’est de quoi l’on traitera dans
les
livres qui viennent. 18. Traduction d’Amyot. 19. H. Hubert, les C
6580
a dans les livres qui viennent. 18. Traduction
d’
Amyot. 19. H. Hubert, les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur
6581
nnent. 18. Traduction d’Amyot. 19. H. Hubert,
les
Celtes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur la
6582
19. H. Hubert, les Celtes, II, p. 227, 229, 274. (
Le
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’arch
6583
eltes, II, p. 227, 229, 274. (Le meilleur ouvrage
d’
ensemble sur la civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.)
6584
27, 229, 274. (Le meilleur ouvrage d’ensemble sur
la
civilisation, l’histoire et l’archéologie celtique.) 20. H. d’Arbois
6585
meilleur ouvrage d’ensemble sur la civilisation,
l’
histoire et l’archéologie celtique.) 20. H. d’Arbois de Jubainville,
6586
age d’ensemble sur la civilisation, l’histoire et
l’
archéologie celtique.) 20. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de litté
6587
celtique.) 20. H. d’Arbois de Jubainville, Cours
de
littérature celtique, I, p. 1-65. 21. J. Vendryes, Mémoires de la so
6588
celtique, I, p. 1-65. 21. J. Vendryes, Mémoires
de
la société linguistique, XX, 6, 265. 22. Op. cit., I, p. 18, et II,
6589
ltique, I, p. 1-65. 21. J. Vendryes, Mémoires de
la
société linguistique, XX, 6, 265. 22. Op. cit., I, p. 18, et II, p.
6590
8. 23. - Hubert, op. cit., I, p. 20. Et de même,
les
dieux gaulois prennent des noms latins sans se transformer autrement.
6591
Yggdrasil, 25 août 1937. 25. Henry Corbin, Pour
l’
hymnologie manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 26. Voir l’Appendi
6592
manichéenne. (Yggdrasil, 25 août 1937.) 26. Voir
l’
Appendice 4. 27. Droit d’user et d’abuser des esclaves, qui ne sont p
6593
5 août 1937.) 26. Voir l’Appendice 4. 27. Droit
d’
user et d’abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
6594
7.) 26. Voir l’Appendice 4. 27. Droit d’user et
d’
abuser des esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour le droit r
6595
esclaves, qui ne sont pas des « personnes » pour
le
droit romain : persona est sui juris ; servus non est persona. 28.
6596
er die Liebe. 29. Ceci n’est pas une boutade, on
le
verra bien par la suite. Le premier couple d’amants « passionnés » do
6597
Ceci n’est pas une boutade, on le verra bien par
la
suite. Le premier couple d’amants « passionnés » dont l’histoire soit
6598
on le verra bien par la suite. Le premier couple
d’
amants « passionnés » dont l’histoire soit venue jusqu’à nous, c’est H
6599
e. Le premier couple d’amants « passionnés » dont
l’
histoire soit venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard dont la ren
6600
venue jusqu’à nous, c’est Héloïse et Abélard dont
la
rencontre se situe en 1118, très précisément. 30. Charles-Albert Cin
6601
Provençal » veut dire en réalité : toulousain, en
l’
occurrence. 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 1934.
6602
é : toulousain, en l’occurrence. 31. A. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, 1934. 32. A. Jeanroy, Introduction à
6603
Anthologie des troubadours, 1927. 33. Jeanroy,
La
Poésie lyrique des troubadours, I, p. 69. 34. E. Wechsler, Das Kultu
6604
5. On a tenté quelques explications sociologiques
de
la courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contrad
6605
On a tenté quelques explications sociologiques de
la
courtoisie. Elles se ramènent à des suppositions — souvent contradict
6606
des suppositions — souvent contradictoires — sur
la
condition de la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un
6607
ions — souvent contradictoires — sur la condition
de
la femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitul
6608
s — souvent contradictoires — sur la condition de
la
femme en Languedoc. Vernon Lee, par exemple, dans un essai intitulé M
6609
n essai intitulé Médieval Love, remarque que dans
les
cours médiévales il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ho
6610
s il y avait « une énorme prépondérance numérique
d’
hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
6611
umérique d’hommes » dont peu pouvaient se marier.
D’
où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire.
6612
que d’hommes » dont peu pouvaient se marier. D’où
l’
idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On pe
6613
dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation
de
l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte
6614
t peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de
l’
objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du
6615
uvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet
d’
un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du renseig
6616
u renseignement, mais il n’explique en somme rien
de
précis quant à la rhétorique courtoise. 36. Cathare vient du grec ca
6617
ais il n’explique en somme rien de précis quant à
la
rhétorique courtoise. 36. Cathare vient du grec catharoi, purs. 37.
6618
Cathare vient du grec catharoi, purs. 37. Liber
de
duobus principiis, publié par A. Dondaine, O. P., Rome 1939. Dondaine
6619
ome 1939. Dondaine et Arno Borst datent ce traité
de
la seconde moitié du xiiie siècle. 38. Cf. La Cène secrète, publiée
6620
é de la seconde moitié du xiiie siècle. 38. Cf.
La
Cène secrète, publiée par Döllinger, à Munich, en 1890. 39. Trois ou
6621
nich, en 1890. 39. Trois ouvrages importants sur
le
catharisme ont paru récemment : Études manichéennes et cathares, par
6622
nichéennes et cathares, par Déodat Roché (1952) ;
Le
Catharisme, par René Nelli, Charles Bru, chanoine De Lagger, D. Roché
6623
Catharisme, par René Nelli, Charles Bru, chanoine
De
Lagger, D. Roché, L. Sommariva (1953) ; Die Katharer par Arno Borst (
6624
eur confrontation jette une lumière très vive sur
la
nature exacte comme sur l’évolution et les complexités de l’hérésie.
6625
lumière très vive sur la nature exacte comme sur
l’
évolution et les complexités de l’hérésie. 40. Cf. Prière cathare, ci
6626
ive sur la nature exacte comme sur l’évolution et
les
complexités de l’hérésie. 40. Cf. Prière cathare, citée par Döllinge
6627
e exacte comme sur l’évolution et les complexités
de
l’hérésie. 40. Cf. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que l
6628
xacte comme sur l’évolution et les complexités de
l’
hérésie. 40. Cf. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que la l
6629
. Prière cathare, citée par Döllinger. Notons que
la
liberté de l’homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ain
6630
thare, citée par Döllinger. Notons que la liberté
de
l’homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour ori
6631
re, citée par Döllinger. Notons que la liberté de
l’
homme, le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origin
6632
par Döllinger. Notons que la liberté de l’homme,
le
pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non poi
6633
ger. Notons que la liberté de l’homme, le pouvoir
de
faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, ma
6634
ns que la liberté de l’homme, le pouvoir de faire
le
mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais le dia
6635
liberté de l’homme, le pouvoir de faire le mal ou
le
bien, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais le diable. 41.
6636
n, aurait ainsi pour origine non point Dieu, mais
le
diable. 41. Ce chiffre est archétypique. Jésus est demeuré quarante
6637
ique. Jésus est demeuré quarante jours au Désert.
Les
Hébreux ont erré pendant quarante ans entre l’Égypte et la Terre prom
6638
. Les Hébreux ont erré pendant quarante ans entre
l’
Égypte et la Terre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie de qu
6639
x ont erré pendant quarante ans entre l’Égypte et
la
Terre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie de quarante jours
6640
quarante ans entre l’Égypte et la Terre promise.
Le
Déluge est provoqué par une pluie de quarante jours. Dans le tantrism
6641
rre promise. Le Déluge est provoqué par une pluie
de
quarante jours. Dans le tantrisme bouddhique, le « service » de la Fe
6642
st provoqué par une pluie de quarante jours. Dans
le
tantrisme bouddhique, le « service » de la Femme est divisé en épreuv
6643
de quarante jours. Dans le tantrisme bouddhique,
le
« service » de la Femme est divisé en épreuves de quarante jours, etc
6644
urs. Dans le tantrisme bouddhique, le « service »
de
la Femme est divisé en épreuves de quarante jours, etc., etc. Quarant
6645
. Dans le tantrisme bouddhique, le « service » de
la
Femme est divisé en épreuves de quarante jours, etc., etc. Quarante e
6646
le « service » de la Femme est divisé en épreuves
de
quarante jours, etc., etc. Quarante est le nombre de l’Épreuve. 42.
6647
reuves de quarante jours, etc., etc. Quarante est
le
nombre de l’Épreuve. 42. L’expression de « parfaits » ne se trouve d
6648
quarante jours, etc., etc. Quarante est le nombre
de
l’Épreuve. 42. L’expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs
6649
rante jours, etc., etc. Quarante est le nombre de
l’
Épreuve. 42. L’expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que
6650
., etc. Quarante est le nombre de l’Épreuve. 42.
L’
expression de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les regist
6651
nte est le nombre de l’Épreuve. 42. L’expression
de
« parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de l’Inqu
6652
de « parfaits » ne se trouve d’ailleurs que dans
les
registres de l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de
6653
» ne se trouve d’ailleurs que dans les registres
de
l’Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) pa
6654
ne se trouve d’ailleurs que dans les registres de
l’
Inquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraî
6655
ailleurs que dans les registres de l’Inquisition.
Le
terme de bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été uti
6656
que dans les registres de l’Inquisition. Le terme
de
bonshommes (ou simplement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
6657
nquisition. Le terme de bonshommes (ou simplement
de
chrétiens) paraît avoir été utilisé par les cathares eux-mêmes, et «
6658
lement de chrétiens) paraît avoir été utilisé par
les
cathares eux-mêmes, et « parfaits » serait ironique. 43. Voir l’exce
6659
mêmes, et « parfaits » serait ironique. 43. Voir
l’
excellent ouvrage de Fernand Niel, Montségur, la montagne inspirée, 19
6660
» serait ironique. 43. Voir l’excellent ouvrage
de
Fernand Niel, Montségur, la montagne inspirée, 1955. « Si Montségur n
6661
r l’excellent ouvrage de Fernand Niel, Montségur,
la
montagne inspirée, 1955. « Si Montségur n’a pas été le château du Gra
6662
ntagne inspirée, 1955. « Si Montségur n’a pas été
le
château du Graal [comme l’affirmait Rahn] aucun autre en Europe ne s’
6663
Montségur n’a pas été le château du Graal [comme
l’
affirmait Rahn] aucun autre en Europe ne s’adapte mieux que lui aux lé
6664
que lui aux légendes graaliques. » Pour F. Niel,
la
question tranchée par Rahn reste ouverte. J’ajouterai que les adversa
6665
tranchée par Rahn reste ouverte. J’ajouterai que
les
adversaires les plus virulents de cette hypothèse sont ceux qui n’ont
6666
hn reste ouverte. J’ajouterai que les adversaires
les
plus virulents de cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site
6667
’ajouterai que les adversaires les plus virulents
de
cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site de Montségur. Le c
6668
nts de cette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu
le
site de Montségur. Le choc émotif profond provoqué par l’apparition f
6669
ette hypothèse sont ceux qui n’ont pas vu le site
de
Montségur. Le choc émotif profond provoqué par l’apparition formidabl
6670
sont ceux qui n’ont pas vu le site de Montségur.
Le
choc émotif profond provoqué par l’apparition formidable du pic sacré
6671
de Montségur. Le choc émotif profond provoqué par
l’
apparition formidable du pic sacré comporte une évidence d’un tout aut
6672
ion formidable du pic sacré comporte une évidence
d’
un tout autre ordre que celle que pourraient proposer des « preuves »
6673
rraient proposer des « preuves » écrites. 44. On
la
trouvera formulée page 84, et discutée plus amplement au chapitre 10.
6674
t au chapitre 10. 45. Otto Rahn, Croisade contre
le
Graal, trad. franç. 1934. 46. Le premier troubadour, Guillaume de Po
6675
e Poitiers, meurt en 1127. Les premières mentions
d’
une Église cathare organisée et publique datent de 1160. Mais dès 1145
6676
d’une Église cathare organisée et publique datent
de
1160. Mais dès 1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu de la B
6677
lique datent de 1160. Mais dès 1145, selon Borst,
le
catharisme s’est répandu de la Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom appar
6678
ès 1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu
de
la Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allema
6679
1145, selon Borst, le catharisme s’est répandu de
la
Bulgarie à l’Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allemagne
6680
rst, le catharisme s’est répandu de la Bulgarie à
l’
Angleterre ! Le nom apparaît cette année-là en Allemagne, deux ans plu
6681
sme s’est répandu de la Bulgarie à l’Angleterre !
Le
nom apparaît cette année-là en Allemagne, deux ans plus tard en Langu
6682
plus tard en Languedoc. Arno Borst en déduit que
le
catharisme aurait envahi l’Europe en deux ans ! Il s’en étonne. Je n’
6683
o Borst en déduit que le catharisme aurait envahi
l’
Europe en deux ans ! Il s’en étonne. Je n’y crois pas. Sous d’autres n
6684
crois pas. Sous d’autres noms, ou même sans nom,
le
catharisme existait dans les âmes depuis bien plus longtemps que dans
6685
ms, ou même sans nom, le catharisme existait dans
les
âmes depuis bien plus longtemps que dans les textes « historiques ».
6686
dans les âmes depuis bien plus longtemps que dans
les
textes « historiques ». On condamna ses doctrines en France dès le xi
6687
riques ». On condamna ses doctrines en France dès
le
xie siècle, à Orléans, dans le Poitou, le Périgord et l’Aquitaine, c
6688
nes en France dès le xie siècle, à Orléans, dans
le
Poitou, le Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux
6689
ce dès le xie siècle, à Orléans, dans le Poitou,
le
Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux lieux même
6690
siècle, à Orléans, dans le Poitou, le Périgord et
l’
Aquitaine, c’est-à-dire, notons-le déjà, aux lieux mêmes où paraissent
6691
le Périgord et l’Aquitaine, c’est-à-dire, notons-
le
déjà, aux lieux mêmes où paraissent les premiers troubadours ! 47. A
6692
sent les premiers troubadours ! 47. Au point que
les
Parfaits refusaient de s’asseoir sur un banc que venait de quitter un
6693
dours ! 47. Au point que les Parfaits refusaient
de
s’asseoir sur un banc que venait de quitter une femme. Et cependant,
6694
quitter une femme. Et cependant, un grand nombre
de
femmes de la noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédia
6695
ne femme. Et cependant, un grand nombre de femmes
de
la noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédiaient leurs
6696
femme. Et cependant, un grand nombre de femmes de
la
noblesse étaient cathares, et les troubadours leur dédiaient leurs ch
6697
bre de femmes de la noblesse étaient cathares, et
les
troubadours leur dédiaient leurs chansons ! 48. Déodat Roché, l’un d
6698
48. Déodat Roché, l’un des érudits contemporains
les
plus vitalement intéressés à l’étude du catharisme (voir ses Études m
6699
ts contemporains les plus vitalement intéressés à
l’
étude du catharisme (voir ses Études manichéennes et cathares, 1952, e
6700
oir ses Études manichéennes et cathares, 1952, et
Le
Catharisme, 1938), insiste lui aussi sur « le danger d’une envolée tr
6701
et Le Catharisme, 1938), insiste lui aussi sur «
le
danger d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares,
6702
harisme, 1938), insiste lui aussi sur « le danger
d’
une envolée trop rapide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
6703
si sur « le danger d’une envolée trop rapide vers
le
ciel », selon les cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur
6704
r d’une envolée trop rapide vers le ciel », selon
les
cathares, et oppose le catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai d
6705
ide vers le ciel », selon les cathares, et oppose
le
catharisme au bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49. L’emp
6706
bouddhisme sur ce point à vrai dire capital. 49.
L’
emploi du mot « vraie » devant Dieu, Lumière, Foi, Église, est un indi
6707
ieu, Lumière, Foi, Église, est un indice probable
de
catharisme chez un troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler l
6708
indice probable de catharisme chez un troubadour.
Les
cathares s’appliquaient à parler le langage orthodoxe, moyennant cett
6709
troubadour. Les cathares s’appliquaient à parler
le
langage orthodoxe, moyennant cette petite correction significative po
6710
ennant cette petite correction significative pour
l’
initié. 50. Les « aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa né
6711
tite correction significative pour l’initié. 50.
Les
« aubes » étaient un genre régulier. On conçoit sa nécessité dans une
6712
sa nécessité dans une vision du monde dominée par
l’
hostilité du Jour et de la Nuit. 51. Désignée généralement par un nom
6713
ision du monde dominée par l’hostilité du Jour et
de
la Nuit. 51. Désignée généralement par un nom symbolique ou senhal,
6714
on du monde dominée par l’hostilité du Jour et de
la
Nuit. 51. Désignée généralement par un nom symbolique ou senhal, exa
6715
par un nom symbolique ou senhal, exactement comme
les
mystiques soufis désignent Dieu dans leurs poèmes ! 52. Retrouvés en
6716
en 1935. 53. On sait que l’un des lieux communs
de
la rhétorique courtoise consiste à se plaindre « d’aimer en lieu trop
6717
1935. 53. On sait que l’un des lieux communs de
la
rhétorique courtoise consiste à se plaindre « d’aimer en lieu trop él
6718
la rhétorique courtoise consiste à se plaindre «
d’
aimer en lieu trop élevé ». Les érudits commentent : le pauvre troubad
6719
ste à se plaindre « d’aimer en lieu trop élevé ».
Les
érudits commentent : le pauvre troubadour, de basse extraction social
6720
er en lieu trop élevé ». Les érudits commentent :
le
pauvre troubadour, de basse extraction sociale en général, s’est épri
6721
». Les érudits commentent : le pauvre troubadour,
de
basse extraction sociale en général, s’est épris de la femme d’un hau
6722
basse extraction sociale en général, s’est épris
de
la femme d’un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie da
6723
sse extraction sociale en général, s’est épris de
la
femme d’un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie dans
6724
ction sociale en général, s’est épris de la femme
d’
un haut baron, qui le dédaigne. Certes, cela se vérifie dans quelques
6725
ral, s’est épris de la femme d’un haut baron, qui
le
dédaigne. Certes, cela se vérifie dans quelques cas. Mais comment exp
6726
haut pour lui, c’est évident, s’il ne s’agit que
de
ce monde. En vérité, la question se ramène à savoir pourquoi le poète
6727
ident, s’il ne s’agit que de ce monde. En vérité,
la
question se ramène à savoir pourquoi le poète choisit d’aimer si haut
6728
n vérité, la question se ramène à savoir pourquoi
le
poète choisit d’aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 54. On peut a
6729
tion se ramène à savoir pourquoi le poète choisit
d’
aimer si haut, choisit l’Inaccessible. 54. On peut aussi penser que d
6730
ourquoi le poète choisit d’aimer si haut, choisit
l’
Inaccessible. 54. On peut aussi penser que dans bien des cas, les cor
6731
54. On peut aussi penser que dans bien des cas,
les
correspondances entre doctrine cathare et poétique courtoise sont pré
6732
adours (Peire Cardinal était-il hérétique ? Revue
d’
Histoire des Religions, juin 1938) va jusqu’à proposer que l’on prenne
6733
des Religions, juin 1938) va jusqu’à proposer que
l’
on prenne certains poèmes des troubadours comme sources d’études sur l
6734
nne certains poèmes des troubadours comme sources
d’
études sur l’hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers de Peire Cardenal
6735
poèmes des troubadours comme sources d’études sur
l’
hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers de Peire Cardenal qui reprodui
6736
omme sources d’études sur l’hérésie. Elle cite, à
l’
appui, des vers de Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts d
6737
des sur l’hérésie. Elle cite, à l’appui, des vers
de
Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts d’une Prière cathar
6738
ppui, des vers de Peire Cardenal qui reproduisent
les
termes exacts d’une Prière cathare publiée par Döllinger. Exemple : «
6739
Peire Cardenal qui reproduisent les termes exacts
d’
une Prière cathare publiée par Döllinger. Exemple : « Donne-moi de pou
6740
hare publiée par Döllinger. Exemple : « Donne-moi
de
pouvoir aimer ceux que tu aimes » (Cardenal) et « Donne-nous d’aimer
6741
er ceux que tu aimes » (Cardenal) et « Donne-nous
d’
aimer ceux que Tu aimes » (Prière). Mais il faut également relever que
6742
ire Cardenal, vrai cathare, se montre sévère pour
la
« courtoisie » dans un poème où il dit : « Je ne me livre point à de
6743
ans un poème où il dit : « Je ne me livre point à
de
stupides exploits… j’ai échappé à l’amour. » Je reviendrai sur la sit
6744
ivre point à de stupides exploits… j’ai échappé à
l’
amour. » Je reviendrai sur la situation paradoxale des poètes courtois
6745
oits… j’ai échappé à l’amour. » Je reviendrai sur
la
situation paradoxale des poètes courtois contraints de louvoyer entre
6746
tuation paradoxale des poètes courtois contraints
de
louvoyer entre la double condamnation portée contre l’amour sexuel pa
6747
des poètes courtois contraints de louvoyer entre
la
double condamnation portée contre l’amour sexuel par les Parfaits et
6748
uvoyer entre la double condamnation portée contre
l’
amour sexuel par les Parfaits et contre l’amour idéalisé mais « adultè
6749
ble condamnation portée contre l’amour sexuel par
les
Parfaits et contre l’amour idéalisé mais « adultère » par les catholi
6750
contre l’amour sexuel par les Parfaits et contre
l’
amour idéalisé mais « adultère » par les catholiques. 55. Poésie lyr
6751
et contre l’amour idéalisé mais « adultère » par
les
catholiques. 55. Poésie lyrique des troubadours, II, p. 306. 56. P
6752
ue des troubadours, II, p. 306. 56. Par exemple,
le
médiéval serait trop « naïf » pour étudier une matière qu’il jugerait
6753
l jugerait absurde, c’est-à-dire qui n’aurait pas
de
sens religieux et de situation précise dans l’ensemble des valeurs qu
6754
’est-à-dire qui n’aurait pas de sens religieux et
de
situation précise dans l’ensemble des valeurs qu’il connaît. 57. J.
6755
as de sens religieux et de situation précise dans
l’
ensemble des valeurs qu’il connaît. 57. J. Huizinga, Le Déclin du moy
6756
mble des valeurs qu’il connaît. 57. J. Huizinga,
Le
Déclin du moyen âge, p. 181-182. 58. « Consacrées par l’usage ? » De
6757
n du moyen âge, p. 181-182. 58. « Consacrées par
l’
usage ? » Depuis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est de la p
6758
uis quand ? Rudel utilisait ce procédé, et il est
de
la première moitié du xiie siècle, c’est-à-dire de la première génér
6759
la première moitié du xiie siècle, c’est-à-dire
de
la première génération des troubadours ! Donc l’un des inventeurs de
6760
ration des troubadours ! Donc l’un des inventeurs
de
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple d’anachronisme tenda
6761
ces « formules ». Nous tenons ici un bel exemple
d’
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que le langage des troub
6762
anachronisme tendancieux. On veut à tout prix que
le
langage des troubadours soit le langage naturel de l’amour humain, tr
6763
t à tout prix que le langage des troubadours soit
le
langage naturel de l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors q
6764
e langage des troubadours soit le langage naturel
de
l’amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c
6765
angage des troubadours soit le langage naturel de
l’
amour humain, transposé à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’es
6766
le langage naturel de l’amour humain, transposé à
l’
amour divin. Alors qu’historiquement, c’est le contraire qui s’est pro
6767
é à l’amour divin. Alors qu’historiquement, c’est
le
contraire qui s’est produit. 59. Un amoureux peu lettré qui écrit à
6768
e et authentique ? Ceci pour répondre au reproche
d’
insincérité fait aux troubadours par nos érudits — reproche lui-même s
6769
eproche lui-même stéréotypé… 60. Mais catholique
d’
origine, non hérétique. 61. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que l
6770
que. 61. Faudrait-il rapprocher ceci du fait que
le
chevalier courtois donnait souvent à sa Dame le titre de seigneur au
6771
e le chevalier courtois donnait souvent à sa Dame
le
titre de seigneur au masculin : mi dons (mi dominas) et en Espagne :
6772
alier courtois donnait souvent à sa Dame le titre
de
seigneur au masculin : mi dons (mi dominas) et en Espagne : senhor (n
6773
i dominas) et en Espagne : senhor (non senhorà) ?
Les
troubadours andalous et arabes faisaient de même. Je crois qu’ici enc
6774
aient de même. Je crois qu’ici encore, au moins à
l’
origine, tout est symbole religieux, autant ou plus que traduction de
6775
symbole religieux, autant ou plus que traduction
de
relations humaines. Toutefois, le narcissisme inhérent à tout amour d
6776
que traduction de relations humaines. Toutefois,
le
narcissisme inhérent à tout amour dit platonique entraîne évidemment,
6777
ut amour dit platonique entraîne évidemment, dans
le
plan sexuel, des déviations dont il serait difficile de nier que cert
6778
n sexuel, des déviations dont il serait difficile
de
nier que certains troubadours n’aient été victimes. 62. Textes tradu
6779
toire universelle, t. XI, p. 123. 64. Voir aussi
l’
Appendice 5. 65. Voici le chef principal d’accusation, selon Massigno
6780
p. 123. 64. Voir aussi l’Appendice 5. 65. Voici
le
chef principal d’accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p
6781
aussi l’Appendice 5. 65. Voici le chef principal
d’
accusation, selon Massignon (Passion de al-Hallaj, p. 161) : « Adorer
6782
principal d’accusation, selon Massignon (Passion
de
al-Hallaj, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est le crime d
6783
, p. 161) : « Adorer Dieu par amour seulement est
le
crime des manichéens… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
6784
s… (ceux-ci) adorent Dieu par amour physique, par
l’
attraction magnétique du fer pour le fer, et leurs particules de lumiè
6785
physique, par l’attraction magnétique du fer pour
le
fer, et leurs particules de lumière veulent rejoindre, comme un aiman
6786
agnétique du fer pour le fer, et leurs particules
de
lumière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer de lumière dont
6787
es de lumière veulent rejoindre, comme un aimant,
le
foyer de lumière dont elles sont venues. » 66. H. Corbin : Introduct
6788
ière veulent rejoindre, comme un aimant, le foyer
de
lumière dont elles sont venues. » 66. H. Corbin : Introduction au Fa
6789
oduction au Familier des Amants. 67. « C’est lui
l’
amour… trad. Dermenghem, Hermès, décembre 1933. 68. Cf. Massignon et
6790
gnon et Krauss, Akhbar al-Hallaj, texte relatif à
la
prédication et au supplice de al-Hallaj. 69. Cf. les travaux d’un au
6791
aj, texte relatif à la prédication et au supplice
de
al-Hallaj. 69. Cf. les travaux d’un auteur américain. A. R. Nykl, sa
6792
prédication et au supplice de al-Hallaj. 69. Cf.
les
travaux d’un auteur américain. A. R. Nykl, sa traduction du Collier d
6793
et au supplice de al-Hallaj. 69. Cf. les travaux
d’
un auteur américain. A. R. Nykl, sa traduction du Collier de la colomb
6794
r américain. A. R. Nykl, sa traduction du Collier
de
la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe
6795
méricain. A. R. Nykl, sa traduction du Collier de
la
colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe —
6796
. R. Nykl, sa traduction du Collier de la colombe
d’
Ibn Hazm — qui est une théorie de l’amour courtois arabe — et son ouvr
6797
er de la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie
de
l’amour courtois arabe — et son ouvrage d’ensemble, Hispano-Arabic Po
6798
de la colombe d’Ibn Hazm — qui est une théorie de
l’
amour courtois arabe — et son ouvrage d’ensemble, Hispano-Arabic Poetr
6799
héorie de l’amour courtois arabe — et son ouvrage
d’
ensemble, Hispano-Arabic Poetry and its relations with the old Provenc
6800
rovencal Troubadours, Baltimore, 1946. Voir aussi
les
ouvrages de Louis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Me
6801
badours, Baltimore, 1946. Voir aussi les ouvrages
de
Louis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal
6802
1946. Voir aussi les ouvrages de Louis Massignon,
d’
Henry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal, de Karl Appel, etc
6803
i les ouvrages de Louis Massignon, d’Henry Pérès,
d’
Émile Dermenghem, de Menendez Pidal, de Karl Appel, etc., etc. 70. Il
6804
uis Massignon, d’Henry Pérès, d’Émile Dermenghem,
de
Menendez Pidal, de Karl Appel, etc., etc. 70. Il faut avouer que les
6805
nry Pérès, d’Émile Dermenghem, de Menendez Pidal,
de
Karl Appel, etc., etc. 70. Il faut avouer que les réfutations les pl
6806
de Karl Appel, etc., etc. 70. Il faut avouer que
les
réfutations les plus virulentes qui aient été publiées portaient beau
6807
tc., etc. 70. Il faut avouer que les réfutations
les
plus virulentes qui aient été publiées portaient beaucoup moins sur c
6808
coup moins sur cette thèse que sur sa réduction à
la
seule hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre 7 de ce Livre, à s
6809
le hypothèse que j’avais mentionnée au chapitre 7
de
ce Livre, à savoir que les poèmes des troubadours pouvaient être — se
6810
entionnée au chapitre 7 de ce Livre, à savoir que
les
poèmes des troubadours pouvaient être — selon Rahn, Aroux et Péladan
6811
t être — selon Rahn, Aroux et Péladan — une sorte
de
langage secret du catharisme. Une relecture des chapitres 8 et 9 suff
6812
ables que moi — en dépit de certaines imprudences
d’
expression. (Ce sont elles, par malheur, qui ont le plus fait pour ass
6813
’expression. (Ce sont elles, par malheur, qui ont
le
plus fait pour assurer le succès de l’ouvrage dans un large public pr
6814
s, par malheur, qui ont le plus fait pour assurer
le
succès de l’ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 7
6815
heur, qui ont le plus fait pour assurer le succès
de
l’ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 71. Comme A
6816
r, qui ont le plus fait pour assurer le succès de
l’
ouvrage dans un large public pressé. Comme il arrive.) 71. Comme Amor
6817
omme il arrive.) 71. Comme Amor s’oppose à Roma.
Les
hérétiques reprochaient à l’Église catholique d’avoir inverti le nom
6818
or s’oppose à Roma. Les hérétiques reprochaient à
l’
Église catholique d’avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour.
6819
Les hérétiques reprochaient à l’Église catholique
d’
avoir inverti le nom même du Dieu qui est Amour. 72. Ce qui n’empêche
6820
eprochaient à l’Église catholique d’avoir inverti
le
nom même du Dieu qui est Amour. 72. Ce qui n’empêchera pas l’Église
6821
u Dieu qui est Amour. 72. Ce qui n’empêchera pas
l’
Église de Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’
6822
i est Amour. 72. Ce qui n’empêchera pas l’Église
de
Rome, en la personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’empire du
6823
72. Ce qui n’empêchera pas l’Église de Rome, en
la
personne du pape Innocent III qui rêvait de « l’empire du monde » et
6824
e, en la personne du pape Innocent III qui rêvait
de
« l’empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de l’Italie
6825
la personne du pape Innocent III qui rêvait de «
l’
empire du monde » et ne pouvait tolérer la défection de l’Italie du No
6826
it de « l’empire du monde » et ne pouvait tolérer
la
défection de l’Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209
6827
ire du monde » et ne pouvait tolérer la défection
de
l’Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209 la Croisade c
6828
du monde » et ne pouvait tolérer la défection de
l’
Italie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209 la Croisade cont
6829
la défection de l’Italie du Nord et du Languedoc,
de
déclencher en 1209 la Croisade contre les cathares : le premier génoc
6830
ie du Nord et du Languedoc, de déclencher en 1209
la
Croisade contre les cathares : le premier génocide ou massacre systém
6831
nguedoc, de déclencher en 1209 la Croisade contre
les
cathares : le premier génocide ou massacre systématique d’un peuple,
6832
es : le premier génocide ou massacre systématique
d’
un peuple, enregistré par notre histoire « chrétienne » de l’Occident.
6833
ple, enregistré par notre histoire « chrétienne »
de
l’Occident. 73. Consoler vient de consolari, formée de cum et de so
6834
, enregistré par notre histoire « chrétienne » de
l’
Occident. 73. Consoler vient de consolari, formée de cum et de solus
6835
cident. 73. Consoler vient de consolari, formée
de
cum et de solus (qui veut dire proprement : entier). Consoler signifi
6836
3. Consoler vient de consolari, formée de cum et
de
solus (qui veut dire proprement : entier). Consoler signifie donc éty
6837
nq sens équivalents pour un seul terme ». 79. L.
De
la Vallée-Poussin, Bouddhisme, Études et matériaux, 1898. 80. Eliad
6838
sens équivalents pour un seul terme ». 79. L. De
la
Vallée-Poussin, Bouddhisme, Études et matériaux, 1898. 80. Eliade,
6839
p. 210 et 212. 81. Id., ibid. 82. Je m’excuse
de
ne pouvoir citer ici que des fragments de chansons — de paroles de ch
6840
’excuse de ne pouvoir citer ici que des fragments
de
chansons — de paroles de chansons ! — souvent très pauvrement traduit
6841
pouvoir citer ici que des fragments de chansons —
de
paroles de chansons ! — souvent très pauvrement traduites, et privées
6842
er ici que des fragments de chansons — de paroles
de
chansons ! — souvent très pauvrement traduites, et privées de toute b
6843
! — souvent très pauvrement traduites, et privées
de
toute beauté proprement poétique et rythmique par cette double trahis
6844
n entendu que je n’épingle ici que des dépouilles
de
sens… 83. Note du professeur Jeanroy : « C’est-à-dire, si vous parve
6845
r ses conséquences ». 84. Cf. plus haut (p. 100)
la
description du « service » selon l’école Sahajiya. Cette interprétati
6846
haut (p. 100) la description du « service » selon
l’
école Sahajiya. Cette interprétation de Guiraut Riquier est exacte. On
6847
ce » selon l’école Sahajiya. Cette interprétation
de
Guiraut Riquier est exacte. On peut s’en assurer en lisant cette phra
6848
acte. On peut s’en assurer en lisant cette phrase
d’
Ælius Donatus (commentaire sur Térence, ive siècle) : Quinque lineœ s
6849
um, coitus. (Noter que Désir correspond à visus —
le
fameux premier regard qui enflamme — et Servir à tactus.) Le thème de
6850
remier regard qui enflamme — et Servir à tactus.)
Le
thème des Cinq lignes d’amour peut être suivi à travers toute la poés
6851
e — et Servir à tactus.) Le thème des Cinq lignes
d’
amour peut être suivi à travers toute la poésie latine du Moyen Âge, j
6852
nq lignes d’amour peut être suivi à travers toute
la
poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on le retrouve
6853
vers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à
la
Renaissance, où on le retrouve chez Marot et Ronsard. Les variations
6854
atine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on
le
retrouve chez Marot et Ronsard. Les variations sont très légères. Mai
6855
issance, où on le retrouve chez Marot et Ronsard.
Les
variations sont très légères. Mais en 1510, Jean Lemaire de Belges éc
6856
an Lemaire de Belges écrit dans ses Illustrations
de
Gaule : « Les nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le
6857
Belges écrit dans ses Illustrations de Gaule : «
Les
nobles poètes disent que cinq lignes y a en amours… le regard, le par
6858
bles poètes disent que cinq lignes y a en amours…
le
regard, le parler, l’attouchement, le baiser, et le dernier qui est p
6859
disent que cinq lignes y a en amours… le regard,
le
parler, l’attouchement, le baiser, et le dernier qui est plus désiré,
6860
cinq lignes y a en amours… le regard, le parler,
l’
attouchement, le baiser, et le dernier qui est plus désiré, et auquel
6861
en amours… le regard, le parler, l’attouchement,
le
baiser, et le dernier qui est plus désiré, et auquel tous les autres
6862
et le dernier qui est plus désiré, et auquel tous
les
autres tendent pour leur finale résolution, c’est celui qu’on nomme p
6863
résolution, c’est celui qu’on nomme par honnêteté
le
don de mercy. » Le contraste avec l’amour courtois est clair. Et non
6864
ion, c’est celui qu’on nomme par honnêteté le don
de
mercy. » Le contraste avec l’amour courtois est clair. Et non moins l
6865
elui qu’on nomme par honnêteté le don de mercy. »
Le
contraste avec l’amour courtois est clair. Et non moins le sens donné
6866
ar honnêteté le don de mercy. » Le contraste avec
l’
amour courtois est clair. Et non moins le sens donné à mercy, que plus
6867
ste avec l’amour courtois est clair. Et non moins
le
sens donné à mercy, que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à
6868
que plusieurs auteurs assimilent pour leur part à
la
Grâce, chez les troubadours… 85. Les cathares condamnaient la guerre
6869
uteurs assimilent pour leur part à la Grâce, chez
les
troubadours… 85. Les cathares condamnaient la guerre et toute forme
6870
leur part à la Grâce, chez les troubadours… 85.
Les
cathares condamnaient la guerre et toute forme d’homicide, légal ou n
6871
z les troubadours… 85. Les cathares condamnaient
la
guerre et toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place de faux j
6872
es cathares condamnaient la guerre et toute forme
d’
homicide, légal ou non. Et en place de faux juges, faux prêtres, faux
6873
toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place
de
faux juges, faux prêtres, faux reclus, et de maris trompeurs, les Inq
6874
lace de faux juges, faux prêtres, faux reclus, et
de
maris trompeurs, les Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas man
6875
faux prêtres, faux reclus, et de maris trompeurs,
les
Inquisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué de lire simplemen
6876
quisiteurs du siècle suivant n’eussent pas manqué
de
lire simplement : juges, prêtres, reclus et maris ! 86. Aliénor d’Aq
6877
par Rome ; et pour fille Marie de Champagne. 87.
Le
code « exotérique » le plus complet que nous connaissions fut rédigé
6878
e Marie de Champagne. 87. Le code « exotérique »
le
plus complet que nous connaissions fut rédigé au commencement du xiii
6879
t rédigé au commencement du xiiie siècle : c’est
le
De arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 88. Chez Chrétien de Tr
6880
édigé au commencement du xiiie siècle : c’est le
De
arte honeste amandi d’André Le Chapelain. 88. Chez Chrétien de Troye
6881
u xiiie siècle : c’est le De arte honeste amandi
d’
André Le Chapelain. 88. Chez Chrétien de Troyes en particulier. 89.
6882
avait proposé une autre en 1907 : elle rattachait
le
Graal aux rites secrets du culte d’Adonis. Ce qui est certain, c’est
6883
le rattachait le Graal aux rites secrets du culte
d’
Adonis. Ce qui est certain, c’est qu’un symbole comme celui du roi péc
6884
roi pécheur (Amfortas chez Wolfram d’Eschenbach «
le
roi Pescière » chez Chrétien) est commun aux orphiques, aux manichéen
6885
aux manichéens, et même aux premiers chrétiens ;
la
pierre sacrée du Graal joue un rôle dans les religions hindoue et ira
6886
ens ; la pierre sacrée du Graal joue un rôle dans
les
religions hindoue et iranienne. La coupe sacrée des Celtes peut se co
6887
un rôle dans les religions hindoue et iranienne.
La
coupe sacrée des Celtes peut se confondre facilement avec la coupe de
6888
crée des Celtes peut se confondre facilement avec
la
coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les
6889
Celtes peut se confondre facilement avec la coupe
de
la Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus dive
6890
tes peut se confondre facilement avec la coupe de
la
Cène. Et la lance elle-même revêt les significations les plus diverse
6891
confondre facilement avec la coupe de la Cène. Et
la
lance elle-même revêt les significations les plus diverses selon les
6892
la coupe de la Cène. Et la lance elle-même revêt
les
significations les plus diverses selon les cultes. Je ne pense pas qu
6893
e. Et la lance elle-même revêt les significations
les
plus diverses selon les cultes. Je ne pense pas qu’on doive s’en teni
6894
revêt les significations les plus diverses selon
les
cultes. Je ne pense pas qu’on doive s’en tenir à une seule interpréta
6895
interprétation. Il s’est produit toute une série
de
fusions et de confusions de symboles. 90. Les Romans de la Table ro
6896
n. Il s’est produit toute une série de fusions et
de
confusions de symboles. 90. Les Romans de la Table ronde, nouvellem
6897
oduit toute une série de fusions et de confusions
de
symboles. 90. Les Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés pa
6898
ie de fusions et de confusions de symboles. 90.
Les
Romans de la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV,
6899
ns et de confusions de symboles. 90. Les Romans
de
la Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 9
6900
et de confusions de symboles. 90. Les Romans de
la
Table ronde, nouvellement rédigés par J. Boulenger, IV, p. 238. 91.
6901
oulenger, IV, p. 238. 91. Dans un autre passage,
les
chevaliers ayant communié se donnent les uns aux autres le baiser de
6902
passage, les chevaliers ayant communié se donnent
les
uns aux autres le baiser de paix, selon le rite oriental, que les cat
6903
iers ayant communié se donnent les uns aux autres
le
baiser de paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent a
6904
communié se donnent les uns aux autres le baiser
de
paix, selon le rite oriental, que les cathares paraissent avoir repri
6905
nnent les uns aux autres le baiser de paix, selon
le
rite oriental, que les cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M.
6906
es le baiser de paix, selon le rite oriental, que
les
cathares paraissent avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
6907
avoir repris. — Enfin, M. Anitchkof a montré que
le
« pont évage » que les chevaliers du Graal doivent traverser n’est au
6908
, M. Anitchkof a montré que le « pont évage » que
les
chevaliers du Graal doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
6909
aliers du Graal doivent traverser n’est autre que
le
pont Chinvat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière i
6910
doivent traverser n’est autre que le pont Chinvat
de
la mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que
6911
vent traverser n’est autre que le pont Chinvat de
la
mythologie manichéenne, pont jeté sur la rivière infernale, et que se
6912
invat de la mythologie manichéenne, pont jeté sur
la
rivière infernale, et que seuls les élus peuvent franchir. « Il y a l
6913
pont jeté sur la rivière infernale, et que seuls
les
élus peuvent franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant le milieu
6914
ue seuls les élus peuvent franchir. « Il y a lieu
d’
appeler manichéisant le milieu créateur de la matière de Bretagne », é
6915
nt franchir. « Il y a lieu d’appeler manichéisant
le
milieu créateur de la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim
6916
a lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur
de
la matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291)
6917
lieu d’appeler manichéisant le milieu créateur de
la
matière de Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) apr
6918
ler manichéisant le milieu créateur de la matière
de
Bretagne », écrit Anitchkof (Joachim de Flore, p. 291) après avoir in
6919
Joachim de Flore, p. 291) après avoir insisté sur
les
influences cathares dans tous ces romans. 92. Analysant la « magie é
6920
ces cathares dans tous ces romans. 92. Analysant
la
« magie érotique » du cycle du Graal (dans Lumière du Graal, 1951, re
6921
le du Graal (dans Lumière du Graal, 1951, recueil
d’
une vingtaine d’études par des auteurs divers), René Nelli formule que
6922
s Lumière du Graal, 1951, recueil d’une vingtaine
d’
études par des auteurs divers), René Nelli formule quelques observatio
6923
ions qui seront utilement rapprochées du chap. 10
de
ce livre II : « Cette magie érotique avait sa source d’abord dans la
6924
Cette magie érotique avait sa source d’abord dans
la
croyance que le corps féminin manifestait par sa seule présence des p
6925
ique avait sa source d’abord dans la croyance que
le
corps féminin manifestait par sa seule présence des pouvoirs surnatur
6926
t par sa seule présence des pouvoirs surnaturels,
les
mêmes que ceux que Ton prêtait au Graal… (Le Graal rajeunit ceux qui
6927
ls, les mêmes que ceux que Ton prêtait au Graal… (
Le
Graal rajeunit ceux qui le contemplent)… Ensuite, dans la foi en une
6928
Ton prêtait au Graal… (Le Graal rajeunit ceux qui
le
contemplent)… Ensuite, dans la foi en une force occulte qui naissait
6929
rajeunit ceux qui le contemplent)… Ensuite, dans
la
foi en une force occulte qui naissait de l’élan charnel réprimé… L’am
6930
te, dans la foi en une force occulte qui naissait
de
l’élan charnel réprimé… L’amour pur, c’est celui qui reste tel dans d
6931
dans la foi en une force occulte qui naissait de
l’
élan charnel réprimé… L’amour pur, c’est celui qui reste tel dans des
6932
e occulte qui naissait de l’élan charnel réprimé…
L’
amour pur, c’est celui qui reste tel dans des circonstances périlleuse
6933
onstances périlleuses, provoquées, et qui utilise
l’
énergie de ce Désir pour des fins plus hautes que l’accouplement. Il a
6934
périlleuses, provoquées, et qui utilise l’énergie
de
ce Désir pour des fins plus hautes que l’accouplement. Il admettait t
6935
énergie de ce Désir pour des fins plus hautes que
l’
accouplement. Il admettait toutes les manœuvres charnelles, sauf « l’a
6936
us hautes que l’accouplement. Il admettait toutes
les
manœuvres charnelles, sauf « l’acte »… L’amour contenu est bien le mo
6937
admettait toutes les manœuvres charnelles, sauf «
l’
acte »… L’amour contenu est bien le moteur intérieur de cette Quête, q
6938
toutes les manœuvres charnelles, sauf « l’acte »…
L’
amour contenu est bien le moteur intérieur de cette Quête, qui a bien
6939
nelles, sauf « l’acte »… L’amour contenu est bien
le
moteur intérieur de cette Quête, qui a bien tous les caractères d’une
6940
e »… L’amour contenu est bien le moteur intérieur
de
cette Quête, qui a bien tous les caractères d’une initiation à la Fém
6941
moteur intérieur de cette Quête, qui a bien tous
les
caractères d’une initiation à la Féminité insaisissable aux sens char
6942
ur de cette Quête, qui a bien tous les caractères
d’
une initiation à la Féminité insaisissable aux sens charnels. » L’aute
6943
qui a bien tous les caractères d’une initiation à
la
Féminité insaisissable aux sens charnels. » L’auteur semble avoir dev
6944
à la Féminité insaisissable aux sens charnels. »
L’
auteur semble avoir deviné le caractère « tantrique » que prend l’amou
6945
aux sens charnels. » L’auteur semble avoir deviné
le
caractère « tantrique » que prend l’amour courtois, dans le cycle bre
6946
avoir deviné le caractère « tantrique » que prend
l’
amour courtois, dans le cycle breton, plus réellement, je crois, que d
6947
re « tantrique » que prend l’amour courtois, dans
le
cycle breton, plus réellement, je crois, que dans la poésie des troub
6948
cycle breton, plus réellement, je crois, que dans
la
poésie des troubadours. 93. H. Hubert, les Celtes, II, p. 286. 94.
6949
e dans la poésie des troubadours. 93. H. Hubert,
les
Celtes, II, p. 286. 94. Hubert, op. cit., Il, p. 298. 95. Histoir
6950
94. Hubert, op. cit., Il, p. 298. 95. Histoire
de
Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (L’Épopée irlandaise, Paris, 1
6951
stoire de Bailé au doux langage, trad. G. Dottin (
L’
Épopée irlandaise, Paris, 1926). 96. Hubert, op. cit., II, p. 243-24
6952
96. Hubert, op. cit., II, p. 243-244. 97. Voir
l’
intéressante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de «
6953
., II, p. 243-244. 97. Voir l’intéressante étude
de
M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende de « Tannhäuser » (Mercur
6954
essante étude de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur
la
Légende de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäus
6955
de de M. Alexandre Haggerty-Krappe sur la Légende
de
« Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938). Le Tannhäuser du xvie
6956
de « Tannhäuser » (Mercure de France, juin 1938).
Le
Tannhäuser du xvie siècle est une tardive adaptation allemande de lé
6957
xvie siècle est une tardive adaptation allemande
de
légendes irlando-écossaises ; il ne doit rien aux influences courtois
6958
ises ; il ne doit rien aux influences courtoises.
Le
Montsalvat des chastes (ou cathares) y est remplacé par le Venusberg
6959
lvat des chastes (ou cathares) y est remplacé par
le
Venusberg ! 98. Le Tristan et Iseut de Thomas, traduction française
6960
cathares) y est remplacé par le Venusberg ! 98.
Le
Tristan et Iseut de Thomas, traduction française par J Herbomez et R.
6961
Beaurieux, 1935. 99. Il faudrait lire à ce sujet
les
deux gros volumes parus en 1953 de Gottfried Weber, Tristan und die K
6962
re à ce sujet les deux gros volumes parus en 1953
de
Gottfried Weber, Tristan und die Krise des Hochmittelalterlichen Welt
6963
nfiniment méticuleux (aux répétitions épuisantes)
d’
un savant philologue allemand, apporte sur chacun des points touchés d
6964
emand, apporte sur chacun des points touchés dans
le
présent chapitre une abondance de « preuves scientifiques » dont je m
6965
ts touchés dans le présent chapitre une abondance
de
« preuves scientifiques » dont je m’étais fort bien passé en écrivant
6966
s fort bien passé en écrivant la première édition
de
ce livre, mais qui certes ne gâtent rien ! La comparaison poursuivie
6967
ion de ce livre, mais qui certes ne gâtent rien !
La
comparaison poursuivie pendant des centaines de pages entre les conce
6968
! La comparaison poursuivie pendant des centaines
de
pages entre les conceptions religieuses de Gottfried et les doctrines
6969
n poursuivie pendant des centaines de pages entre
les
conceptions religieuses de Gottfried et les doctrines d’Augustin, de
6970
taines de pages entre les conceptions religieuses
de
Gottfried et les doctrines d’Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-
6971
entre les conceptions religieuses de Gottfried et
les
doctrines d’Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abéla
6972
eptions religieuses de Gottfried et les doctrines
d’
Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait écla
6973
gieuses de Gottfried et les doctrines d’Augustin,
de
Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater le catha
6974
ottfried et les doctrines d’Augustin, de Bernard,
d’
Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater le catharisme profon
6975
Augustin, de Bernard, d’Hughes de Saint-Victor et
d’
Abélard, fait éclater le catharisme profond de Gottfried, et son antic
6976
Hughes de Saint-Victor et d’Abélard, fait éclater
le
catharisme profond de Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateu
6977
et d’Abélard, fait éclater le catharisme profond
de
Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateur de la Renaissance pl
6978
Gottfried, et son anticatholicisme (annonciateur
de
la Renaissance plus que de Luther, à mes yeux). 100. Vers 15.733 à 1
6979
ttfried, et son anticatholicisme (annonciateur de
la
Renaissance plus que de Luther, à mes yeux). 100. Vers 15.733 à 15.7
6980
olicisme (annonciateur de la Renaissance plus que
de
Luther, à mes yeux). 100. Vers 15.733 à 15.747 du poème de Gottfried
6981
à mes yeux). 100. Vers 15.733 à 15.747 du poème
de
Gottfried. 101. Gnosticisme de Gottfried : comme les carpocratiens,
6982
à 15.747 du poème de Gottfried. 101. Gnosticisme
de
Gottfried : comme les carpocratiens, il semble croire que la « purgat
6983
Gottfried. 101. Gnosticisme de Gottfried : comme
les
carpocratiens, il semble croire que la « purgatio » de l’instinct tyr
6984
d : comme les carpocratiens, il semble croire que
la
« purgatio » de l’instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en céda
6985
rpocratiens, il semble croire que la « purgatio »
de
l’instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à l’i
6986
cratiens, il semble croire que la « purgatio » de
l’
instinct tyrannique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à l’inst
6987
nique ne peut être obtenue qu’en cédant d’abord à
l’
instinct, mais en vue d’arriver à l’extase illuminative, qui conduit à
6988
ue qu’en cédant d’abord à l’instinct, mais en vue
d’
arriver à l’extase illuminative, qui conduit à l’union essentielle (no
6989
ant d’abord à l’instinct, mais en vue d’arriver à
l’
extase illuminative, qui conduit à l’union essentielle (non point épit
6990
d’arriver à l’extase illuminative, qui conduit à
l’
union essentielle (non point épithalamique). 102. Et Gottfried n’a-t-
6991
halamique). 102. Et Gottfried n’a-t-il pas imité
le
sic et non d’Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour la Nonne
6992
02. Et Gottfried n’a-t-il pas imité le sic et non
d’
Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de h
6993
ried n’a-t-il pas imité le sic et non d’Abélard ?
L’
exemple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’aute
6994
-il pas imité le sic et non d’Abélard ? L’exemple
de
l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la p
6995
pas imité le sic et non d’Abélard ? L’exemple de
l’
amour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la plus
6996
d’Abélard ? L’exemple de l’amour du docteur pour
la
Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de la plus théologique des version
6997
ple de l’amour du docteur pour la Nonne n’a cessé
de
hanter l’auteur de la plus théologique des versions de Tristan. 103.
6998
mour du docteur pour la Nonne n’a cessé de hanter
l’
auteur de la plus théologique des versions de Tristan. 103. Un seul e
6999
octeur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur
de
la plus théologique des versions de Tristan. 103. Un seul exemple :
7000
eur pour la Nonne n’a cessé de hanter l’auteur de
la
plus théologique des versions de Tristan. 103. Un seul exemple : Got
7001
nter l’auteur de la plus théologique des versions
de
Tristan. 103. Un seul exemple : Gottfried v. 18352 à 57 « Tristan un
7002
in Tristan und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute
la
fin de la scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7003
tan und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute la fin
de
la scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7004
und ein Isot » et Wagner, II, 2, toute la fin de
la
scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr Isolde ! »
7005
1.Position du problème On a souvent tenté
d’
expliquer le mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’am
7006
ion du problème On a souvent tenté d’expliquer
le
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation de l’amour humain,
7007
On a souvent tenté d’expliquer le mysticisme en
le
« ramenant » à quelque déviation de l’amour humain, c’est-à-dire en f
7008
mysticisme en le « ramenant » à quelque déviation
de
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’
7009
ticisme en le « ramenant » à quelque déviation de
l’
amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or l’exa
7010
l’amour humain, c’est-à-dire en fin de compte : à
la
sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et de ses sources historiq
7011
’est-à-dire en fin de compte : à la sexualité. Or
l’
examen du Roman de Tristan et de ses sources historiques nous a condui
7012
de compte : à la sexualité. Or l’examen du Roman
de
Tristan et de ses sources historiques nous a conduit à renverser le r
7013
la sexualité. Or l’examen du Roman de Tristan et
de
ses sources historiques nous a conduit à renverser le rapport. C’est
7014
es sources historiques nous a conduit à renverser
le
rapport. C’est ici la passion mortelle qu’il faut « ramener » à une m
7015
nous a conduit à renverser le rapport. C’est ici
la
passion mortelle qu’il faut « ramener » à une mystique, plus ou moins
7016
es conclusions générales. Mais il permet au moins
de
reposer un problème que le xixe siècle matérialiste s’était cru en m
7017
ais il permet au moins de reposer un problème que
le
xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure de trancher au détrim
7018
e xixe siècle matérialiste s’était cru en mesure
de
trancher au détriment de la mystique. À vrai dire, je ne suis pas trè
7019
s’était cru en mesure de trancher au détriment de
la
mystique. À vrai dire, je ne suis pas très sûr que ce problème compor
7020
définitive et simple. Mais il me paraît important
de
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de la
7021
de reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte
de
la passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre,
7022
reconnaître au moins, sa position. Qu’on parte de
la
passion ou de la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce
7023
moins, sa position. Qu’on parte de la passion ou
de
la mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet
7024
ins, sa position. Qu’on parte de la passion ou de
la
mystique pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet im
7025
parte de la passion ou de la mystique pour tenter
de
ramener l’une à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est l’exi
7026
ue pour tenter de ramener l’une à l’autre, ce que
l’
on admet implicitement, c’est l’existence d’un rapport quelconque entr
7027
à l’autre, ce que l’on admet implicitement, c’est
l’
existence d’un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à sav
7028
e que l’on admet implicitement, c’est l’existence
d’
un rapport quelconque entre ces deux réalités. Reste à savoir dans que
7029
sure ce rapprochement ne nous est pas suggéré par
la
seule nature du langage. On a remarqué depuis longtemps l’analogie de
7030
nature du langage. On a remarqué depuis longtemps
l’
analogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais d’une entière an
7031
ogie des métaphores mystiques et amoureuses. Mais
d’
une entière analogie des mots, peut-on conclure à une entière analogie
7032
sommes-nous pas jusqu’à un certain point victimes
d’
une illusion verbale ? d’une sorte de « calembour continué » ? Quand b
7033
n certain point victimes d’une illusion verbale ?
d’
une sorte de « calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas
7034
int victimes d’une illusion verbale ? d’une sorte
de
« calembour continué » ? Quand bien même ce serait le cas, le problèm
7035
calembour continué » ? Quand bien même ce serait
le
cas, le problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le
7036
ur continué » ? Quand bien même ce serait le cas,
le
problème ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui le rend in
7037
ressurgit ailleurs. Marquons tout de suite ce qui
le
rend inévitable à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas
7038
ble à notre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans
le
cas de la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrai
7039
otre sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas
de
la passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus
7040
e sens. a) S’il n’y avait en jeu, dans le cas de
la
passion, que des facteurs physiologiques, on ne comprendrait plus rie
7041
iologiques, on ne comprendrait plus rien au mythe
de
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim
7042
on ne comprendrait plus rien au mythe de Tristan.
La
sexualité est une faim. Or il est de la nature d’une faim de chercher
7043
de Tristan. La sexualité est une faim. Or il est
de
la nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle
7044
Tristan. La sexualité est une faim. Or il est de
la
nature d’une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est
7045
La sexualité est une faim. Or il est de la nature
d’
une faim de chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, mo
7046
é est une faim. Or il est de la nature d’une faim
de
chercher à tout prix l’apaisement. Plus elle est forte, moins elle se
7047
t de la nature d’une faim de chercher à tout prix
l’
apaisement. Plus elle est forte, moins elle se montre difficile quant
7048
se montre difficile quant aux objets qui peuvent
la
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont la nature est justem
7049
rassasier. Mais nous voyons ici une passion dont
la
nature est justement de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
7050
yons ici une passion dont la nature est justement
de
refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et la guérir. Nous ne somm
7051
ure est justement de refuser tout ce qui pourrait
la
satisfaire et la guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une fa
7052
de refuser tout ce qui pourrait la satisfaire et
la
guérir. Nous ne sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien d’u
7053
sommes donc pas en présence d’une faim, mais bien
d’
une intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves les plu
7054
ence d’une faim, mais bien d’une intoxication. Et
l’
on a soutenu récemment, par les preuves les plus convaincantes, que to
7055
ne intoxication. Et l’on a soutenu récemment, par
les
preuves les plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qu
7056
ion. Et l’on a soutenu récemment, par les preuves
les
plus convaincantes, que tout intoxiqué est un mystique qui s’ignore10
7057
t physique, ou morale, toute intoxication suppose
l’
intervention d’un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même élim
7058
morale, toute intoxication suppose l’intervention
d’
un agent étranger, que l’instinct livré à lui-même éliminerait aussi v
7059
n suppose l’intervention d’un agent étranger, que
l’
instinct livré à lui-même éliminerait aussi vite que possible. Les ani
7060
é à lui-même éliminerait aussi vite que possible.
Les
animaux ne s’intoxiquent pas105… b) Inversement, la mystique à elle
7061
animaux ne s’intoxiquent pas105… b) Inversement,
la
mystique à elle seule, rend-elle compte de la passion ? Il faudrait a
7062
ement, la mystique à elle seule, rend-elle compte
de
la passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour
7063
nt, la mystique à elle seule, rend-elle compte de
la
passion ? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans l’amour sex
7064
? Il faudrait alors expliquer pourquoi c’est dans
l’
amour sexuel, et non pas dans la respiration ou la nutrition, par exem
7065
urquoi c’est dans l’amour sexuel, et non pas dans
la
respiration ou la nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphore
7066
l’amour sexuel, et non pas dans la respiration ou
la
nutrition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores les plus frappan
7067
rition, par exemple, qu’elle puise ses métaphores
les
plus frappantes. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à l’in
7068
. Il faudrait expliquer pourquoi c’est toujours à
l’
instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener » la mystique, et cela b
7069
r pourquoi c’est toujours à l’instinct sexuel que
l’
on a tenté de « ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son
7070
est toujours à l’instinct sexuel que l’on a tenté
de
« ramener » la mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici
7071
l’instinct sexuel que l’on a tenté de « ramener »
la
mystique, et cela bien avant Freud et son école. Voici donc le dilemm
7072
et cela bien avant Freud et son école. Voici donc
le
dilemme que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexuali
7073
reud et son école. Voici donc le dilemme que pose
l’
amour-passion : si l’on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dir
7074
ici donc le dilemme que pose l’amour-passion : si
l’
on n’y voit que de la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pa
7075
e que pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que
de
la sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on par
7076
ue pose l’amour-passion : si l’on n’y voit que de
la
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi l’on parle.
7077
y voit que de la sexualité, c’est autant dire que
l’
on ne sait pas de quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amo
7078
sexualité, c’est autant dire que l’on ne sait pas
de
quoi l’on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chos
7079
é, c’est autant dire que l’on ne sait pas de quoi
l’
on parle. Si au contraire on rapporte cet amour à quelque chose d’étra
7080
u contraire on rapporte cet amour à quelque chose
d’
étranger au sexe — il en résulte des choses bizarres, comme disait à p
7081
es, comme disait à peu près Schopenhauer. Prenons
le
problème tel que nous le pose le mythe, et tel qu’il se posait au xii
7082
ès Schopenhauer. Prenons le problème tel que nous
le
pose le mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en parta
7083
enhauer. Prenons le problème tel que nous le pose
le
mythe, et tel qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant d’un
7084
qu’il se posait au xiie siècle. C’est en partant
d’
un exemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de la grande mys
7085
siècle. C’est en partant d’un exemple précis et
d’
une œuvre antérieure à l’essor de la grande mystique orthodoxe, que no
7086
t d’un exemple précis et d’une œuvre antérieure à
l’
essor de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures
7087
xemple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor
de
la grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
7088
ple précis et d’une œuvre antérieure à l’essor de
la
grande mystique orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances de
7089
de la grande mystique orthodoxe, que nous aurons
les
meilleures chances de surprendre à l’état naissant la dialectique des
7090
orthodoxe, que nous aurons les meilleures chances
de
surprendre à l’état naissant la dialectique des « choses bizarres »…
7091
ous aurons les meilleures chances de surprendre à
l’
état naissant la dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : u
7092
eilleures chances de surprendre à l’état naissant
la
dialectique des « choses bizarres »… 2.Tristan : une aventure myst
7093
une aventure mystique Nous avons constaté que
le
Roman de Tristan est, à bien des égards, une première « profanation »
7094
ture mystique Nous avons constaté que le Roman
de
Tristan est, à bien des égards, une première « profanation » de la my
7095
, à bien des égards, une première « profanation »
de
la mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme,
7096
bien des égards, une première « profanation » de
la
mystique courtoise et de ses sources (néo-platonisme, manichéisme, so
7097
mière « profanation » de la mystique courtoise et
de
ses sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme). La mythification
7098
sources (néo-platonisme, manichéisme, soufisme).
La
mythification a trop bien réussi, soit que Béroul, Thomas, et leur pr
7099
prédécesseur n’aient pas toujours très bien saisi
l’
enseignement courtois dans sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés
7100
ns sa pureté, soit qu’ils aient été entraînés par
l’
ardeur proprement « romanesque » (au sens moderne et littéraire du ter
7101
et par des complaisances bien explicables envers
le
goût de leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère
7102
des complaisances bien explicables envers le goût
de
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi. Le caractère distinc
7103
leurs auditeurs, moins policés que ceux du Midi.
Le
caractère distinctif du Roman est en effet de reposer sur une faute c
7104
di. Le caractère distinctif du Roman est en effet
de
reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout
7105
oman est en effet de reposer sur une faute contre
les
lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère cons
7106
en effet de reposer sur une faute contre les lois
d’
amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé. De
7107
te contre les lois d’amour courtois, puisque tout
le
drame vient de l’adultère consommé. De là que nous ayons un « roman »
7108
d’amour courtois, puisque tout le drame vient de
l’
adultère consommé. De là que nous ayons un « roman » selon la formule
7109
isque tout le drame vient de l’adultère consommé.
De
là que nous ayons un « roman » selon la formule moderne du genre, et
7110
consommé. De là que nous ayons un « roman » selon
la
formule moderne du genre, et non pas un simple poème. Il n’en reste p
7111
un simple poème. Il n’en reste pas moins que dans
l’
ensemble, et si l’on considère surtout le principe interne de l’action
7112
l n’en reste pas moins que dans l’ensemble, et si
l’
on considère surtout le principe interne de l’action, Tristan évoque p
7113
que dans l’ensemble, et si l’on considère surtout
le
principe interne de l’action, Tristan évoque par la plupart de ses si
7114
et si l’on considère surtout le principe interne
de
l’action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques
7115
si l’on considère surtout le principe interne de
l’
action, Tristan évoque par la plupart de ses situations romanesques la
7116
oque par la plupart de ses situations romanesques
la
progression d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la p
7117
part de ses situations romanesques la progression
d’
une vie mystique. Certains « moments » relèvent de la pure tradition c
7118
d’une vie mystique. Certains « moments » relèvent
de
la pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une exp
7119
ne vie mystique. Certains « moments » relèvent de
la
pure tradition cathare, d’autres peuvent être rapprochés d’une expéri
7120
adition cathare, d’autres peuvent être rapprochés
d’
une expérience mystique plus générale, et qu’on retrouve identique, da
7121
etrouve identique, dans sa forme, aussi bien chez
les
orthodoxes que chez les dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes,
7122
sa forme, aussi bien chez les orthodoxes que chez
les
dissidents ou les païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En
7123
en chez les orthodoxes que chez les dissidents ou
les
païens (Iraniens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état de cause
7124
niens et Arabes, voire bouddhistes). En tout état
de
cause, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère : l’i
7125
En tout état de cause, on ne saurait plus parler
d’
un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie,
7126
se, on ne saurait plus parler d’un vulgaire roman
d’
adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mysti
7127
rait plus parler d’un vulgaire roman d’adultère :
l’
infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « pur
7128
ler d’un vulgaire roman d’adultère : l’infidélité
d’
Iseut, c’est l’hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est un
7129
re roman d’adultère : l’infidélité d’Iseut, c’est
l’
hérésie, c’est la vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
7130
re : l’infidélité d’Iseut, c’est l’hérésie, c’est
la
vertu mystique des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de la
7131
rtu mystique des « purs », c’est une vertu, selon
les
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans
7132
des « purs », c’est une vertu, selon les auteurs
de
la légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalis
7133
s « purs », c’est une vertu, selon les auteurs de
la
légende. Et la faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisati
7134
st une vertu, selon les auteurs de la légende. Et
la
faute n’est pas dans l’amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si déli
7135
auteurs de la légende. Et la faute n’est pas dans
l’
amour, mais dans sa « réalisation »… ⁂ Si délicate et périlleuse que s
7136
que se révèle toute comparaison entre deux formes
de
mystique — et d’autant plus qu’ici l’un des termes en présence se tro
7137
te comparaison entre deux formes de mystique — et
d’
autant plus qu’ici l’un des termes en présence se trouve dénaturé par
7138
épique — risquons un parallèle très général entre
le
Roman et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les con
7139
quons un parallèle très général entre le Roman et
l’
aventure mystique. Quitte à rectifier par la suite les conclusions tro
7140
an et l’aventure mystique. Quitte à rectifier par
la
suite les conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un le
7141
venture mystique. Quitte à rectifier par la suite
les
conclusions trop téméraires où nous pourrions induire un lecteur non
7142
nacelle sans gouvernail ni voile, muni seulement
de
son épée et de sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qu
7143
ouvernail ni voile, muni seulement de son épée et
de
sa harpe. Il part à la recherche du baume salutaire qui chassera le p
7144
i seulement de son épée et de sa harpe. Il part à
la
recherche du baume salutaire qui chassera le poison de son sang. C’es
7145
rt à la recherche du baume salutaire qui chassera
le
poison de son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’aband
7146
cherche du baume salutaire qui chassera le poison
de
son sang. C’est le type même du départ mystique, de l’abandon à l’ave
7147
lutaire qui chassera le poison de son sang. C’est
le
type même du départ mystique, de l’abandon à l’aventure surnaturelle.
7148
son sang. C’est le type même du départ mystique,
de
l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheres
7149
n sang. C’est le type même du départ mystique, de
l’
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse,
7150
t le type même du départ mystique, de l’abandon à
l’
aventure surnaturelle. C’est la quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dir
7151
ue, de l’abandon à l’aventure surnaturelle. C’est
la
quête de l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui ren
7152
abandon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête
de
l’âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux
7153
ndon à l’aventure surnaturelle. C’est la quête de
l’
âme pécheresse, c’est-à-dire blessée mortellement, qui renonce aux aid
7154
les et visibles, et s’offre à une grâce inconnue.
La
poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’av
7155
inconnue. La poésie moderne nous a montré combien
d’
exemples de ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents
7156
a poésie moderne nous a montré combien d’exemples
de
ces départs à l’aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiment
7157
nous a montré combien d’exemples de ces départs à
l’
aventure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments d’une recherche
7158
ure, désespérés mais encore éloquents ! Rudiments
d’
une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni l’épée sym
7159
’une recherche mystique, qui ne laisse oublier ni
la
lyre ni l’épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il be
7160
che mystique, qui ne laisse oublier ni la lyre ni
l’
épée symbolique du défi à la société constituée ! Est-il beaucoup de n
7161
oublier ni la lyre ni l’épée symbolique du défi à
la
société constituée ! Est-il beaucoup de nos poètes qui aient trouvé l
7162
e des visions pittoresques. Presque tous publient
le
secret… Tristan, lui, a trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas
7163
e tous publient le secret… Tristan, lui, a trouvé
l’
amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi M
7164
trouvé l’amour. Mais tout d’abord, il n’a pas su
le
reconnaître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie che
7165
tout d’abord, il n’a pas su le reconnaître. Quand
le
roi Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher la princesse loi
7166
il n’a pas su le reconnaître. Quand le roi Marc —
l’
autorité constituée — l’envoie chercher la princesse lointaine qu’il r
7167
ître. Quand le roi Marc — l’autorité constituée —
l’
envoie chercher la princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisi
7168
Marc — l’autorité constituée — l’envoie chercher
la
princesse lointaine qu’il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore
7169
il réserve à son seul plaisir, Tristan ignore que
l’
aventure pourrait aussi le concerner. Survient l’erreur fatale du phil
7170
sir, Tristan ignore que l’aventure pourrait aussi
le
concerner. Survient l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
7171
l’aventure pourrait aussi le concerner. Survient
l’
erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par l’analyse du mythe, qu
7172
l’erreur fatale du philtre bu. Nous avons vu, par
l’
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi : les ama
7173
, par l’analyse du mythe, que cette fatalité joue
le
rôle d’un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur
7174
analyse du mythe, que cette fatalité joue le rôle
d’
un alibi : les amants ne se veulent responsables de rien, leur passion
7175
the, que cette fatalité joue le rôle d’un alibi :
les
amants ne se veulent responsables de rien, leur passion étant inavoua
7176
’un alibi : les amants ne se veulent responsables
de
rien, leur passion étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
7177
n, leur passion étant inavouable tant aux yeux de
la
société (qui la réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (pui
7178
étant inavouable tant aux yeux de la société (qui
la
réprouve comme un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fai
7179
me un crime) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle
les
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voi
7180
x propres (puisqu’elle les fait mourir). C’est là
l’
aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce
7181
les fait mourir). C’est là l’aspect psychologique
de
l’aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévo
7182
fait mourir). C’est là l’aspect psychologique de
l’
aventure. Mais voici l’aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocab
7183
l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici
l’
aspect religieux : ce hasard aussitôt irrévocable, mais dont on distin
7184
is dont on distingue après coup que tout semblait
le
préparer, c’est l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vo
7185
e après coup que tout semblait le préparer, c’est
l’
élection d’une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surpr
7186
p que tout semblait le préparer, c’est l’élection
d’
une âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme m
7187
blait le préparer, c’est l’élection d’une âme par
l’
Amour tout-puissant, la vocation qui la surprend comme malgré elle. Un
7188
t l’élection d’une âme par l’Amour tout-puissant,
la
vocation qui la surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence
7189
ne âme par l’Amour tout-puissant, la vocation qui
la
surprend comme malgré elle. Une vie nouvelle commence ici106. Normale
7190
et décisif appel devrait introduire Tristan dans
la
voie des macérations et le conduire à l’endura. Mais emporté par la v
7191
ntroduire Tristan dans la voie des macérations et
le
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence de la première révé
7192
tan dans la voie des macérations et le conduire à
l’
endura. Mais emporté par la violence de la première révélation, qui pa
7193
tions et le conduire à l’endura. Mais emporté par
la
violence de la première révélation, qui parfois embrase le sang, il e
7194
conduire à l’endura. Mais emporté par la violence
de
la première révélation, qui parfois embrase le sang, il enfreint la r
7195
ce de la première révélation, qui parfois embrase
le
sang, il enfreint la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le
7196
élation, qui parfois embrase le sang, il enfreint
la
règle des « purs ». Le baiser symbolique, il le ravit par force, il l
7197
brase le sang, il enfreint la règle des « purs ».
Le
baiser symbolique, il le ravit par force, il le profane. Et voici déc
7198
t la règle des « purs ». Le baiser symbolique, il
le
ravit par force, il le profane. Et voici déchaînées les puissances ma
7199
. Le baiser symbolique, il le ravit par force, il
le
profane. Et voici déchaînées les puissances mauvaises. « Souffle, sou
7200
vit par force, il le profane. Et voici déchaînées
les
puissances mauvaises. « Souffle, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheu
7201
le, souffle ô vent ! Malheur ! ah malheur ! fille
d’
Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie de pénitence devra mai
7202
d’Irlande, amoureuse et sauvage ! » Toute une vie
de
pénitence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais le malheur ess
7203
te une vie de pénitence devra maintenant racheter
le
sacrilège. Mais le malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
7204
ence devra maintenant racheter le sacrilège. Mais
le
malheur essentiel de cet amour n’est pas seulement la rançon du péché
7205
racheter le sacrilège. Mais le malheur essentiel
de
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché. L’ascèse qui rachèt
7206
alheur essentiel de cet amour n’est pas seulement
la
rançon du péché. L’ascèse qui rachètera la faute commise doit aussi e
7207
cet amour n’est pas seulement la rançon du péché.
L’
ascèse qui rachètera la faute commise doit aussi et surtout délivrer l
7208
lement la rançon du péché. L’ascèse qui rachètera
la
faute commise doit aussi et surtout délivrer l’homme du fait même d’ê
7209
a la faute commise doit aussi et surtout délivrer
l’
homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit cond
7210
it aussi et surtout délivrer l’homme du fait même
d’
être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire au détachement f
7211
vrer l’homme du fait même d’être né dans ce monde
de
ténèbres. Elle doit conduire au détachement final et bienheureux, à l
7212
t conduire au détachement final et bienheureux, à
la
mort volontaire des « parfaits ». Cette pénitence a donc une signific
7213
nitence a donc une signification toute différente
de
celle du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et l’hérésie sem
7214
érente de celle du repentir chrétien. Et bien que
l’
orthodoxie et l’hérésie semblent parfois étrangement confondues dans l
7215
du repentir chrétien. Et bien que l’orthodoxie et
l’
hérésie semblent parfois étrangement confondues dans le Roman, il est
7216
ésie semblent parfois étrangement confondues dans
le
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à de tels traits, la
7217
onfondues dans le Roman, il est toujours possible
de
reconnaître, à de tels traits, la tendance réellement dominante — cel
7218
Roman, il est toujours possible de reconnaître, à
de
tels traits, la tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira
7219
ujours possible de reconnaître, à de tels traits,
la
tendance réellement dominante — celle qui s’épanouira dans la mort de
7220
réellement dominante — celle qui s’épanouira dans
la
mort des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » da
7221
ra dans la mort des amants. Reprenons par exemple
le
récit de l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
7222
a mort des amants. Reprenons par exemple le récit
de
l’« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde,
7223
ort des amants. Reprenons par exemple le récit de
l’
« aspre vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
7224
nons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans
la
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gém
7225
exemple le récit de l’« aspre vie » dans la forêt
de
Morois. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous », gémit Iseut
7226
vie » dans la forêt de Morois. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et T
7227
forêt de Morois. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous », gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan de rép
7228
u le monde, et le monde nous », gémit Iseut (dans
le
Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si le monde entier était
7229
gémit Iseut (dans le Roman en prose). Et Tristan
de
répondre : « Si le monde entier était orendroit avec nous, je ne verr
7230
le Roman en prose). Et Tristan de répondre : « Si
le
monde entier était orendroit avec nous, je ne verrois fors vous seule
7231
, je ne verrois fors vous seule. » Il s’agit bien
d’
une endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes de
7232
Il s’agit bien d’une endura. Cette retraite dans
la
forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et de macération dont nous
7233
e endura. Cette retraite dans la forêt, c’est une
de
ces périodes de jeûne et de macération dont nous connaissons le but c
7234
retraite dans la forêt, c’est une de ces périodes
de
jeûne et de macération dont nous connaissons le but chez les cathares
7235
s la forêt, c’est une de ces périodes de jeûne et
de
macération dont nous connaissons le but chez les cathares : l’absorpt
7236
s de jeûne et de macération dont nous connaissons
le
but chez les cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la c
7237
t de macération dont nous connaissons le but chez
les
cathares : l’absorption de toutes les facultés dans la contemplation
7238
dont nous connaissons le but chez les cathares :
l’
absorption de toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seu
7239
nnaissons le but chez les cathares : l’absorption
de
toutes les facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait p
7240
le but chez les cathares : l’absorption de toutes
les
facultés dans la contemplation de l’amour seul. Un trait profond de l
7241
thares : l’absorption de toutes les facultés dans
la
contemplation de l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de
7242
tion de toutes les facultés dans la contemplation
de
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en g
7243
n de toutes les facultés dans la contemplation de
l’
amour seul. Un trait profond de la passion — et de la mystique en géné
7244
a contemplation de l’amour seul. Un trait profond
de
la passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul
7245
ontemplation de l’amour seul. Un trait profond de
la
passion — et de la mystique en général — paraît ici. « On est seul av
7246
l’amour seul. Un trait profond de la passion — et
de
la mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on
7247
mour seul. Un trait profond de la passion — et de
la
mystique en général — paraît ici. « On est seul avec tout ce qu’on ai
7248
’on aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique
de
la Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, pa
7249
aime », écrira plus tard Novalis, ce mystique de
la
Nuit et de la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi
7250
rira plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et
de
la Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’aut
7251
a plus tard Novalis, ce mystique de la Nuit et de
la
Lumière secrète. Cette maxime traduit d’ailleurs, parmi tant d’autres
7252
eurs, parmi tant d’autres sens possibles, un fait
d’
observation purement psychologique : la passion n’est nullement cette
7253
s, un fait d’observation purement psychologique :
la
passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolesce
7254
n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent
les
adolescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’intensité nue
7255
lescents ; elle est, bien au contraire, une sorte
d’
intensité nue et dénuante, oui vraiment, un amer dénuement, un appauvr
7256
i vraiment, un amer dénuement, un appauvrissement
de
la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imaginatio
7257
raiment, un amer dénuement, un appauvrissement de
la
conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination c
7258
uement, un appauvrissement de la conscience vidée
de
toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une se
7259
onscience vidée de toute diversité, une obsession
de
l’imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde
7260
cience vidée de toute diversité, une obsession de
l’
imagination concentrée sur une seule image, — et dès lors le monde s’é
7261
ion concentrée sur une seule image, — et dès lors
le
monde s’évanouit, « les autres » cessent d’être présents, il n’y a pl
7262
seule image, — et dès lors le monde s’évanouit, «
les
autres » cessent d’être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoir
7263
lors le monde s’évanouit, « les autres » cessent
d’
être présents, il n’y a plus ni prochain ni devoirs, ni liens qui tien
7264
, ni terre ni ciel : on est seul avec tout ce que
l’
on aime. « Nous avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est l’exta
7265
ul avec tout ce que l’on aime. « Nous avons perdu
le
monde, et le monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de
7266
ce que l’on aime. « Nous avons perdu le monde, et
le
monde nous. » C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes les ch
7267
s avons perdu le monde, et le monde nous. » C’est
l’
extase, la fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment,
7268
rdu le monde, et le monde nous. » C’est l’extase,
la
fuite profonde hors de toutes les choses créées. Vraiment, comment se
7269
C’est l’extase, la fuite profonde hors de toutes
les
choses créées. Vraiment, comment se défendre de songer ici aux « dése
7270
les choses créées. Vraiment, comment se défendre
de
songer ici aux « déserts » de la Nuit obscure que décrit saint Jean d
7271
comment se défendre de songer ici aux « déserts »
de
la Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les cho
7272
ment se défendre de songer ici aux « déserts » de
la
Nuit obscure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne les choses
7273
ure que décrit saint Jean de la Croix ? « Éloigne
les
choses, amant ! — Ma voie est fuite. » Et Thérèse d’Avila disait, plu
7274
disait, plusieurs siècles avant Novalis, que dans
l’
extase, l’âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au m
7275
usieurs siècles avant Novalis, que dans l’extase,
l’
âme doit penser « comme s’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-
7276
’il n’y avait que Dieu et elle au monde ». A-t-on
le
droit d’opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier o
7277
vait que Dieu et elle au monde ». A-t-on le droit
d’
opérer ce rapprochement entre un génie religieux du premier ordre et u
7278
n génie religieux du premier ordre et un poème où
l’
élément mystique revêt les formes les plus rudimentaires ? Certes, ce
7279
ier ordre et un poème où l’élément mystique revêt
les
formes les plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte de blasph
7280
t un poème où l’élément mystique revêt les formes
les
plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte de blasphème s’il ne
7281
plus rudimentaires ? Certes, ce serait une sorte
de
blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion d’amour
7282
it une sorte de blasphème s’il ne s’agissait dans
le
Roman que d’une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous
7283
de blasphème s’il ne s’agissait dans le Roman que
d’
une passion d’amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici su
7284
’il ne s’agissait dans le Roman que d’une passion
d’
amour sensuel : mais tout indique que nous sommes ici sur la via mysti
7285
nsuel : mais tout indique que nous sommes ici sur
la
via mystica des « parfaits ». C’est alors le contenu des états d’âme
7286
sur la via mystica des « parfaits ». C’est alors
le
contenu des états d’âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffè
7287
es « parfaits ». C’est alors le contenu des états
d’
âme et leur objet, mais non leur forme, qui diffère107. (Nous allons y
7288
dissiper toute équivoque.) ⁂ Voici un autre point
de
comparaison. On sait combien les mystiques espagnols ont coutume d’in
7289
ci un autre point de comparaison. On sait combien
les
mystiques espagnols ont coutume d’insister sur le récit de leurs souf
7290
sait combien les mystiques espagnols ont coutume
d’
insister sur le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour
7291
es mystiques espagnols ont coutume d’insister sur
le
récit de leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vif
7292
ues espagnols ont coutume d’insister sur le récit
de
leurs souffrances. Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus l
7293
’insister sur le récit de leurs souffrances. Plus
la
lumière et l’amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et mi
7294
le récit de leurs souffrances. Plus la lumière et
l’
amour divin sont vifs, plus l’âme se voit souillée et misérable en sor
7295
Plus la lumière et l’amour divin sont vifs, plus
l’
âme se voit souillée et misérable en sorte qu’« elle se figure être pe
7296
ssion provoque une souffrance si pénible, puisque
l’
âme se croit rejetée par Dieu, qu’elle arracha à Job soumis à une semb
7297
es souffrances corporelles ou morales qu’entraîne
la
mortification des sens et de la volonté, mais l’âme souffre séparatio
7298
morales qu’entraîne la mortification des sens et
de
la volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps
7299
rales qu’entraîne la mortification des sens et de
la
volonté, mais l’âme souffre séparation et réjection, dans le temps mê
7300
la mortification des sens et de la volonté, mais
l’
âme souffre séparation et réjection, dans le temps même de la plus viv
7301
mais l’âme souffre séparation et réjection, dans
le
temps même de la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer c
7302
uffre séparation et réjection, dans le temps même
de
la plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où r
7303
re séparation et réjection, dans le temps même de
la
plus vive ardeur de son amour. Il y aurait à citer cent pages où revi
7304
ection, dans le temps même de la plus vive ardeur
de
son amour. Il y aurait à citer cent pages où revient la même plainte
7305
amour. Il y aurait à citer cent pages où revient
la
même plainte de l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur
7306
ait à citer cent pages où revient la même plainte
de
l’âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profon
7307
à citer cent pages où revient la même plainte de
l’
âme sur « l’abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond…
7308
t pages où revient la même plainte de l’âme sur «
l’
abandon divin, tourment suprême ». Sur « ce vide profond… cruelle dise
7309
ce vide profond… cruelle disette des trois sortes
de
biens qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels, les naturels,
7310
te des trois sortes de biens qui peuvent consoler
l’
âme, savoir les temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin,
7311
ortes de biens qui peuvent consoler l’âme, savoir
les
temporels, les naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette imp
7312
qui peuvent consoler l’âme, savoir les temporels,
les
naturels, et les spirituels » ; enfin, « sur cette impression de reje
7313
ler l’âme, savoir les temporels, les naturels, et
les
spirituels » ; enfin, « sur cette impression de rejet qui compte parm
7314
les spirituels » ; enfin, « sur cette impression
de
rejet qui compte parmi les peines les plus dures de l’état de purific
7315
« sur cette impression de rejet qui compte parmi
les
peines les plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n
7316
e impression de rejet qui compte parmi les peines
les
plus dures de l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une
7317
rejet qui compte parmi les peines les plus dures
de
l’état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et par
7318
jet qui compte parmi les peines les plus dures de
l’
état de purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfoi
7319
compte parmi les peines les plus dures de l’état
de
purification ». (Ibid.) Tristan n’est qu’une impure et parfois équiv
7320
est qu’une impure et parfois équivoque traduction
de
la mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparem
7321
qu’une impure et parfois équivoque traduction de
la
mystique courtoise. (Il arrive que les situations les plus apparemmen
7322
aduction de la mystique courtoise. (Il arrive que
les
situations les plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être i
7323
mystique courtoise. (Il arrive que les situations
les
plus apparemment « mystiques » du Roman doivent être interprétées — s
7324
stiques » du Roman doivent être interprétées — si
l’
on ne veut pas errer gravement à partir de l’amour humain, et par voie
7325
— si l’on ne veut pas errer gravement à partir de
l’
amour humain, et par voie de sublimation, non par la voie inverse, all
7326
gravement à partir de l’amour humain, et par voie
de
sublimation, non par la voie inverse, allant de l’Amour divin aux mét
7327
amour humain, et par voie de sublimation, non par
la
voie inverse, allant de l’Amour divin aux métaphores, qui convient po
7328
e de sublimation, non par la voie inverse, allant
de
l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.
7329
e sublimation, non par la voie inverse, allant de
l’
Amour divin aux métaphores, qui convient pour les grands mystiques.) C
7330
e l’Amour divin aux métaphores, qui convient pour
les
grands mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plu
7331
mystiques.) Ceci dit, nous pouvons retrouver dans
le
mythe plus d’un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de l
7332
ci dit, nous pouvons retrouver dans le mythe plus
d’
un aspect des souffrances mystiques. On se souvient de la plainte du t
7333
aspect des souffrances mystiques. On se souvient
de
la plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus
7334
pect des souffrances mystiques. On se souvient de
la
plainte du troubadour : Dieu ! comment se peut-il faire Que plus m’e
7335
comment se peut-il faire Que plus m’est loin plus
la
désire ? Jamais l’amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’i
7336
aire Que plus m’est loin plus la désire ? Jamais
l’
amour n’enflamme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé de sa «
7337
mme Tristan si follement que lorsqu’il est séparé
de
sa « dame ». La psychologie la plus simple rendrait compte de ce phén
7338
ollement que lorsqu’il est séparé de sa « dame ».
La
psychologie la plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il n
7339
rsqu’il est séparé de sa « dame ». La psychologie
la
plus simple rendrait compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
7340
». La psychologie la plus simple rendrait compte
de
ce phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et d’image matériel
7341
t compte de ce phénomène. Mais il ne sert ici que
de
prétexte et d’image matérielle pour représenter les tourments de l’as
7342
phénomène. Mais il ne sert ici que de prétexte et
d’
image matérielle pour représenter les tourments de l’ascèse purificatr
7343
e prétexte et d’image matérielle pour représenter
les
tourments de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparation
7344
d’image matérielle pour représenter les tourments
de
l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux am
7345
mage matérielle pour représenter les tourments de
l’
ascèse purificatrice. Nous avons vu que les séparations des deux amant
7346
ents de l’ascèse purificatrice. Nous avons vu que
les
séparations des deux amants, dans le Roman, répondent à une nécessité
7347
vons vu que les séparations des deux amants, dans
le
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure de la passion. Iseut
7348
Roman, répondent à une nécessité tout intérieure
de
la passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chos
7349
man, répondent à une nécessité tout intérieure de
la
passion. Iseut est une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
7350
une femme aimée, mais elle est aussi autre chose,
le
symbole de l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime da
7351
imée, mais elle est aussi autre chose, le symbole
de
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et
7352
e, mais elle est aussi autre chose, le symbole de
l’
Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il l’aime davantage, et pl
7353
l’Amour lumineux. Quand Tristan erre au loin, il
l’
aime davantage, et plus il aime, plus il endure de souffrances. Mais n
7354
l’aime davantage, et plus il aime, plus il endure
de
souffrances. Mais nous savons que c’est la souffrance qui est le vrai
7355
endure de souffrances. Mais nous savons que c’est
la
souffrance qui est le vrai but de la séparation voulue… Nous rejoigno
7356
Mais nous savons que c’est la souffrance qui est
le
vrai but de la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation
7357
avons que c’est la souffrance qui est le vrai but
de
la séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (pa
7358
ns que c’est la souffrance qui est le vrai but de
la
séparation voulue… Nous rejoignons alors la situation mystique (par l
7359
ut de la séparation voulue… Nous rejoignons alors
la
situation mystique (par l’autre extrême) : plus Tristan aime, et plus
7360
t plus il se veut séparé, c’est-à-dire rejeté par
l’
amour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il la t
7361
e rejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même
de
l’« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’i
7362
ejeté par l’amour. Au point qu’il doutera même de
l’
« amitié » d’Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il a
7363
mour. Au point qu’il doutera même de l’« amitié »
d’
Iseut, qu’il la tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le «
7364
qu’il doutera même de l’« amitié » d’Iseut, qu’il
la
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera le « mariage blanc
7365
tiendra un temps pour ennemie, et qu’il acceptera
le
« mariage blanc » avec l’autre Iseut — l’autre « foi » — l’autre Égli
7366
tre « foi » — l’autre Église dont il doit refuser
la
communion ! En un seul passage du Roman, l’orthodoxie triomphe provi
7367
user la communion ! En un seul passage du Roman,
l’
orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand, le philtre ayant cess
7368
’orthodoxie triomphe provisoirement. C’est quand,
le
philtre ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Og
7369
ovisoirement. C’est quand, le philtre ayant cessé
d’
agir, Tristan et Iseut vont trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Re
7370
ayant cessé d’agir, Tristan et Iseut vont trouver
l’
ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre de celui qui souffre pour son
7371
trouver l’ermite Ogrin dans sa cellule. Rencontre
de
celui qui souffre pour son Dieu, et des amants qui souffrent pour un
7372
la première et dernière fois). Iseut va revenir à
l’
époux légitime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’
7373
ière fois). Iseut va revenir à l’époux légitime —
l’
hérésie rentrer au giron. Mais tandis que le roi s’approche avec son c
7374
ime — l’hérésie rentrer au giron. Mais tandis que
le
roi s’approche avec son cortège de barons, les amants échangent l’ann
7375
ais tandis que le roi s’approche avec son cortège
de
barons, les amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du s
7376
que le roi s’approche avec son cortège de barons,
les
amants échangent l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La so
7377
avec son cortège de barons, les amants échangent
l’
anneau de l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera don
7378
cortège de barons, les amants échangent l’anneau
de
l’éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’appa
7379
rtège de barons, les amants échangent l’anneau de
l’
éternelle fidélité et du secret. La soumission ne sera donc qu’apparen
7380
nt l’anneau de l’éternelle fidélité et du secret.
La
soumission ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par le fer rouge
7381
cret. La soumission ne sera donc qu’apparente. Et
le
jugement par le fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance con
7382
ion ne sera donc qu’apparente. Et le jugement par
le
fer rouge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du r
7383
parente. Et le jugement par le fer rouge qu’exige
la
reine, ce sera sa vengeance contre le Dieu du roi, deux fois trompé.
7384
ge qu’exige la reine, ce sera sa vengeance contre
le
Dieu du roi, deux fois trompé. ⁂ Pour extérieures et formelles qu’ell
7385
⁂ Pour extérieures et formelles qu’elles soient,
de
telles correspondances ne sauraient être, en toute honnêteté, réduite
7386
e honnêteté, réduites à des coïncidences. Mais si
les
formes sont pareilles, il importe de définir en quoi les contenus res
7387
es. Mais si les formes sont pareilles, il importe
de
définir en quoi les contenus restent incompatibles, et quelle est la
7388
mes sont pareilles, il importe de définir en quoi
les
contenus restent incompatibles, et quelle est la nature de l’abus qui
7389
les contenus restent incompatibles, et quelle est
la
nature de l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrai
7390
us restent incompatibles, et quelle est la nature
de
l’abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ram
7391
restent incompatibles, et quelle est la nature de
l’
abus qui par la suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramene
7392
tibles, et quelle est la nature de l’abus qui par
la
suite a voulu les confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossiè
7393
est la nature de l’abus qui par la suite a voulu
les
confondre. L’on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Cr
7394
de l’abus qui par la suite a voulu les confondre.
L’
on pourrait tout ramener à une grossière confusion du Créateur et de l
7395
ramener à une grossière confusion du Créateur et
de
la créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme »
7396
mener à une grossière confusion du Créateur et de
la
créature, dans le Roman : la fameuse « divinisation de la femme » sel
7397
ère confusion du Créateur et de la créature, dans
le
Roman : la fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des
7398
on du Créateur et de la créature, dans le Roman :
la
fameuse « divinisation de la femme » selon la formule des manuels. Da
7399
éature, dans le Roman : la fameuse « divinisation
de
la femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne sera
7400
ure, dans le Roman : la fameuse « divinisation de
la
femme » selon la formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait
7401
n : la fameuse « divinisation de la femme » selon
la
formule des manuels. Dans le cas où Iseut ne serait qu’une belle femm
7402
de la femme » selon la formule des manuels. Dans
le
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme le croiront les siè
7403
cas où Iseut ne serait qu’une belle femme — comme
le
croiront les siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous ve
7404
ne serait qu’une belle femme — comme le croiront
les
siècles à venir —, les similitudes mystiques que nous venons de dégag
7405
femme — comme le croiront les siècles à venir —,
les
similitudes mystiques que nous venons de dégager ne seraient plus que
7406
s que nous venons de dégager ne seraient plus que
de
l’ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas
7407
ue nous venons de dégager ne seraient plus que de
l’
ordre du langage, et spécialement de la métaphore. Je ne songe pas à n
7408
t plus que de l’ordre du langage, et spécialement
de
la métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera
7409
lus que de l’ordre du langage, et spécialement de
la
métaphore. Je ne songe pas à nier cet aspect du problème, il sera tra
7410
Car s’il n’y avait que cela, ce serait alors tout
l’
arrière-plan religieux de la légende qu’il faudrait nier ou négliger,
7411
la, ce serait alors tout l’arrière-plan religieux
de
la légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence hi
7412
ce serait alors tout l’arrière-plan religieux de
la
légende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de l’évidence histo
7413
ende qu’il faudrait nier ou négliger, en dépit de
l’
évidence historique. On reviendrait donc à zéro pour ce qui est du sen
7414
donc à zéro pour ce qui est du sens du mythe, et
le
Roman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois c
7415
e qui est du sens du mythe, et le Roman cesserait
d’
être un roman courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait d’être ce
7416
oman cesserait d’être un roman courtois ; ou bien
l’
amour courtois cesserait d’être ce qu’il fut, pour se mettre à ressemb
7417
man courtois ; ou bien l’amour courtois cesserait
d’
être ce qu’il fut, pour se mettre à ressembler à ce que nos érudits co
7418
ore une fois, ce qui se trouve en question, c’est
la
passion d’amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, m
7419
s, ce qui se trouve en question, c’est la passion
d’
amour, et non l’amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-
7420
uve en question, c’est la passion d’amour, et non
l’
amour purement profane et naturel. Voici, me semble-t-il, le principe
7421
rement profane et naturel. Voici, me semble-t-il,
le
principe véritable de l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe ab
7422
rel. Voici, me semble-t-il, le principe véritable
de
l’opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spi
7423
. Voici, me semble-t-il, le principe véritable de
l’
opposition des deux mystiques. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirit
7424
ipe véritable de l’opposition des deux mystiques.
L’
orthodoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de l’âme, dès ce
7425
ues. L’orthodoxe aboutit au « mariage spirituel »
de
Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’unio
7426
odoxe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et
de
l’âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fus
7427
xe aboutit au « mariage spirituel » de Dieu et de
l’
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère l’union et la fusion
7428
» de Dieu et de l’âme, dès cette vie, tandis que
l’
hérétique espère l’union et la fusion totale, mais au-delà de la mort
7429
âme, dès cette vie, tandis que l’hérétique espère
l’
union et la fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les
7430
tte vie, tandis que l’hérétique espère l’union et
la
fusion totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour les cathares,
7431
espère l’union et la fusion totale, mais au-delà
de
la mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat poss
7432
père l’union et la fusion totale, mais au-delà de
la
mort des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possibl
7433
n totale, mais au-delà de la mort des corps. Pour
les
cathares, il n’y avait pas de rachat possible de ce monde. Il s’en su
7434
rt des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas
de
rachat possible de ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’
7435
les cathares, il n’y avait pas de rachat possible
de
ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que l’amour profane était
7436
e ce monde. Il s’en suivait — théoriquement — que
l’
amour profane était le malheur absolu, l’attachement impossible et con
7437
ivait — théoriquement — que l’amour profane était
le
malheur absolu, l’attachement impossible et condamnable à la créature
7438
nt — que l’amour profane était le malheur absolu,
l’
attachement impossible et condamnable à la créature imparfaite ; tandi
7439
absolu, l’attachement impossible et condamnable à
la
créature imparfaite ; tandis que pour le chrétien, l’amour divin est
7440
mnable à la créature imparfaite ; tandis que pour
le
chrétien, l’amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amo
7441
réature imparfaite ; tandis que pour le chrétien,
l’
amour divin est un malheur recréateur. Loin de nier l’amour profane, i
7442
our divin est un malheur recréateur. Loin de nier
l’
amour profane, il aboutit à le sanctifier par le mariage. Les amants m
7443
ateur. Loin de nier l’amour profane, il aboutit à
le
sanctifier par le mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront
7444
r l’amour profane, il aboutit à le sanctifier par
le
mariage. Les amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité d
7445
ofane, il aboutit à le sanctifier par le mariage.
Les
amants mystiques du Roman chercheront donc l’intensité de la passion
7446
e. Les amants mystiques du Roman chercheront donc
l’
intensité de la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passi
7447
s mystiques du Roman chercheront donc l’intensité
de
la passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive
7448
ystiques du Roman chercheront donc l’intensité de
la
passion et non son apaisement heureux. Plus leur passion est vive et
7449
heureux. Plus leur passion est vive et plus elle
les
détache des choses créées, et plus facilement ils parviennent à la mo
7450
oses créées, et plus facilement ils parviennent à
la
mort volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens
7451
ilement ils parviennent à la mort volontaire dans
l’
endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans les actes et
7452
à la mort volontaire dans l’endura. Au contraire,
les
mystiques chrétiens voient dans les actes et les œuvres qui découlent
7453
Au contraire, les mystiques chrétiens voient dans
les
actes et les œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de
7454
les mystiques chrétiens voient dans les actes et
les
œuvres qui découlent de l’état mystique les critères de sa vérité109.
7455
voient dans les actes et les œuvres qui découlent
de
l’état mystique les critères de sa vérité109. C’est du moins le mouve
7456
ent dans les actes et les œuvres qui découlent de
l’
état mystique les critères de sa vérité109. C’est du moins le mouvemen
7457
es et les œuvres qui découlent de l’état mystique
les
critères de sa vérité109. C’est du moins le mouvement constant de ceu
7458
res qui découlent de l’état mystique les critères
de
sa vérité109. C’est du moins le mouvement constant de ceux qui ont co
7459
ique les critères de sa vérité109. C’est du moins
le
mouvement constant de ceux qui ont concentré leur oraison sur le Chri
7460
a vérité109. C’est du moins le mouvement constant
de
ceux qui ont concentré leur oraison sur le Christ incarné réellement.
7461
nstant de ceux qui ont concentré leur oraison sur
le
Christ incarné réellement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas à l
7462
ur oraison sur le Christ incarné réellement. Mais
les
« parfaits » ne croyaient pas à l’Incarnation, et ne pouvaient connaî
7463
llement. Mais les « parfaits » ne croyaient pas à
l’
Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour de l’âme à une vie ré
7464
’Incarnation, et ne pouvaient connaître ce retour
de
l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Th
7465
carnation, et ne pouvaient connaître ce retour de
l’
âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérè
7466
ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs
de
ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir asse
7467
e ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est
de
ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir s
7468
ais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute
la
vie nouvelle, et pour obéir sans tourments. Je ne trouve rien, dans T
7469
ts. Je ne trouve rien, dans Tristan, qui rappelle
le
« rejet des dons » dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix. Le
7470
» dont parlent Eckhart et saint Jean de la Croix.
Les
amants se plaignent parfois de leur passion et maudissent le poison f
7471
Jean de la Croix. Les amants se plaignent parfois
de
leur passion et maudissent le poison fatal, cause de leurs terribles
7472
e plaignent parfois de leur passion et maudissent
le
poison fatal, cause de leurs terribles souffrances. « Amor par force
7473
leur passion et maudissent le poison fatal, cause
de
leurs terribles souffrances. « Amor par force les demeine. » Mais fin
7474
de leurs terribles souffrances. « Amor par force
les
demeine. » Mais finalement, c’est la passion totale qu’ils accueiller
7475
r par force les demeine. » Mais finalement, c’est
la
passion totale qu’ils accueilleront comme la révélation dernière, dan
7476
’est la passion totale qu’ils accueilleront comme
la
révélation dernière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers les
7477
accueilleront comme la révélation dernière, dans
la
mort. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrou
7478
comme la révélation dernière, dans la mort. Ainsi
de
leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent pas au-del
7479
ière, dans la mort. Ainsi de leur attitude envers
les
créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et de s
7480
si de leur attitude envers les créatures : ils ne
les
retrouvent pas au-delà de leur passion et de son ascèse. Ils ignorent
7481
les créatures : ils ne les retrouvent pas au-delà
de
leur passion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au
7482
ne les retrouvent pas au-delà de leur passion et
de
son ascèse. Ils ignorent ce mouvement de retour au monde si caractéri
7483
ssion et de son ascèse. Ils ignorent ce mouvement
de
retour au monde si caractéristique du christianisme. Jean de la Croix
7484
aît un détachement parfait : « Lorsqu’on mortifie
les
passions, l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette
7485
ment parfait : « Lorsqu’on mortifie les passions,
l’
âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et de cette façon, elle e
7486
qu’on mortifie les passions, l’âme ne reçoit plus
d’
aliment des créatures ; et de cette façon, elle est remplie d’obscurit
7487
l’âme ne reçoit plus d’aliment des créatures ; et
de
cette façon, elle est remplie d’obscurité, et destituée des objets qu
7488
s créatures ; et de cette façon, elle est remplie
d’
obscurité, et destituée des objets que les passions lui présentaient.
7489
remplie d’obscurité, et destituée des objets que
les
passions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et l’on peut certe
7490
ions lui présentaient. » (Nuit obscure, III). (Et
l’
on peut certes rapprocher ce passage de l’admirable cri de Ventadour :
7491
III). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage
de
l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris
7492
I). (Et l’on peut certes rapprocher ce passage de
l’
admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris mo
7493
t certes rapprocher ce passage de l’admirable cri
de
Ventadour : « Elle m’a pris le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a
7494
de l’admirable cri de Ventadour : « Elle m’a pris
le
cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris le monde, puis s’est elle
7495
is le cœur, elle m’a pris moi-même, elle m’a pris
le
monde, puis s’est elle-même dérobée à moi, ne me laissant rien que mo
7496
e mon désir et mon cœur assoiffé. ») Au-delà même
de
cet état, Jean de la Croix connut la viduité totale, où non seulement
7497
Au-delà même de cet état, Jean de la Croix connut
la
viduité totale, où non seulement le monde et le prochain, et l’amour
7498
Croix connut la viduité totale, où non seulement
le
monde et le prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
7499
t la viduité totale, où non seulement le monde et
le
prochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour s
7500
ale, où non seulement le monde et le prochain, et
l’
amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérob
7501
n, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir
de
l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute con
7502
et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de
l’
amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute convoi
7503
au désir de l’amour semblent se dérober au comble
de
l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut,
7504
désir de l’amour semblent se dérober au comble de
l’
élan : « Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et
7505
semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide
de
toute convoitise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l’attire
7506
e de l’élan : « Vide de toute convoitise, rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le
7507
Vide de toute convoitise, rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arn
7508
itise, rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait a
7509
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas… » (Maximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet «
7510
ut, et rien ne l’attire vers le bas… » (Maximes.)
Le
troubadour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir » qui
7511
ximes.) Le troubadour Arnaut Daniel parlait aussi
de
cet « excès de désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théop
7512
badour Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès
de
désir » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théopathique n’about
7513
opathique n’aboutit point chez Jean de la Croix à
la
condamnation des créatures. Maître Eckhart, que l’on tient cependant
7514
a condamnation des créatures. Maître Eckhart, que
l’
on tient cependant — à tort peut-être — pour platonicien, sait dire en
7515
platonicien, sait dire en termes magnifiques que
l’
âme pure est le lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péc
7516
ait dire en termes magnifiques que l’âme pure est
le
lieu de rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes le
7517
en termes magnifiques que l’âme pure est le lieu
de
rédemption des créatures dénaturées par le péché. « Toutes les créatu
7518
e lieu de rédemption des créatures dénaturées par
le
péché. « Toutes les créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
7519
n des créatures dénaturées par le péché. « Toutes
les
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes les créatures se po
7520
rées par le péché. « Toutes les créatures passent
de
leur vie à leur être. Toutes les créatures se portent dans ma raison
7521
créatures passent de leur vie à leur être. Toutes
les
créatures se portent dans ma raison afin d’être en moi raisonnables.
7522
e en moi raisonnables. Moi seul, je ramène toutes
les
créatures à Dieu. » C’est ce mouvement qui fait défaut, théoriquement
7523
éfaut, théoriquement, à toute mystique fondée sur
l’
Éros lumineux. Mais il faut indiquer la dernière limite, qui est celle
7524
l faut indiquer la dernière limite, qui est celle
de
l’humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère
7525
aut indiquer la dernière limite, qui est celle de
l’
humilité. Et là encore, la clé de l’opposition est dans le mystère de
7526
imite, qui est celle de l’humilité. Et là encore,
la
clé de l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman es
7527
qui est celle de l’humilité. Et là encore, la clé
de
l’opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baign
7528
est celle de l’humilité. Et là encore, la clé de
l’
opposition est dans le mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné p
7529
té. Et là encore, la clé de l’opposition est dans
le
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtiq
7530
ncore, la clé de l’opposition est dans le mystère
de
l’Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’org
7531
re, la clé de l’opposition est dans le mystère de
l’
Incarnation. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orguei
7532
’opposition est dans le mystère de l’Incarnation.
Le
Roman est baigné par l’atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque
7533
mystère de l’Incarnation. Le Roman est baigné par
l’
atmosphère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la
7534
on. Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique
de
l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le mo
7535
Le Roman est baigné par l’atmosphère celtique de
l’
orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteu
7536
phère celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est
le
désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Co
7537
tique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir
de
la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
7538
ue de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de
la
prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les
7539
aleresque : c’est le désir de la prouesse qui est
le
moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous les passionnés, il aime
7540
de la prouesse qui est le moteur des hauts faits
de
Tristan. Comme tous les passionnés, il aime avec témérité la sensatio
7541
le moteur des hauts faits de Tristan. Comme tous
les
passionnés, il aime avec témérité la sensation de puissance qu’il épr
7542
Comme tous les passionnés, il aime avec témérité
la
sensation de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir fi
7543
es passionnés, il aime avec témérité la sensation
de
puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque
7544
rité la sensation de puissance qu’il éprouve dans
le
risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la
7545
sation de puissance qu’il éprouve dans le risque.
D’
où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sa
7546
n de puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où
le
désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans te
7547
que. D’où le désir final du risque pour lui-même,
la
passion de la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour.
7548
e désir final du risque pour lui-même, la passion
de
la passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aper
7549
ésir final du risque pour lui-même, la passion de
la
passion sans terme, la volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoi
7550
ur lui-même, la passion de la passion sans terme,
la
volonté de la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
7551
, la passion de la passion sans terme, la volonté
de
la mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse
7552
a passion de la passion sans terme, la volonté de
la
mort sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse ét
7553
on sans terme, la volonté de la mort sans retour.
L’
on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était le signe matériel
7554
sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que
la
prouesse était le signe matériel d’un processus de divinisation. Les
7555
s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était
le
signe matériel d’un processus de divinisation. Les vrais mystiques, t
7556
e limite, que la prouesse était le signe matériel
d’
un processus de divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire,
7557
a prouesse était le signe matériel d’un processus
de
divinisation. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudenc
7558
le signe matériel d’un processus de divinisation.
Les
vrais mystiques, tout au contraire, sont la prudence même, la rigueur
7559
ion. Les vrais mystiques, tout au contraire, sont
la
prudence même, la rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. S
7560
tiques, tout au contraire, sont la prudence même,
la
rigueur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est
7561
ontraire, sont la prudence même, la rigueur même,
l’
obéissance même dans la lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est
7562
nce même, la rigueur même, l’obéissance même dans
la
lucidité. Si « la mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie
7563
ur même, l’obéissance même dans la lucidité. Si «
la
mort m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie », et Christ s’es
7564
Christ s’est incarné, c’est-à-dire abaissé. Ainsi
le
chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort d’amour transfigu
7565
e abaissé. Ainsi le chrétien ne se jette pas dans
l’
illusion d’une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
7566
Ainsi le chrétien ne se jette pas dans l’illusion
d’
une mort d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites
7567
rétien ne se jette pas dans l’illusion d’une mort
d’
amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa terr
7568
d’amour transfigurante, mais au contraire accepte
les
limites de sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, e
7569
sfigurante, mais au contraire accepte les limites
de
sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne l
7570
e les limites de sa terrestre vocation. « Rien ne
le
pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint
7571
e sa terrestre vocation. « Rien ne le pousse vers
le
haut, et rien ne l’attire vers le bas », disait saint Jean de la Croi
7572
ion. « Rien ne le pousse vers le haut, et rien ne
l’
attire vers le bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce q
7573
le pousse vers le haut, et rien ne l’attire vers
le
bas », disait saint Jean de la Croix, et cela « parce qu’il se tient
7574
a Croix, et cela « parce qu’il se tient au centre
de
son humilité ». 3.Transpositions curieuses, mais inévitables To
7575
anspositions curieuses, mais inévitables Toute
la
poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui
7576
ns curieuses, mais inévitables Toute la poésie
d’
Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en dérive.
7577
inévitables Toute la poésie d’Occident procède
de
l’amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette orig
7578
vitables Toute la poésie d’Occident procède de
l’
amour courtois et du roman breton qui en dérive. C’est à cette origine
7579
seudo-mystique ; et c’est dans ce vocabulaire que
les
amoureux d’aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs m
7580
e ; et c’est dans ce vocabulaire que les amoureux
d’
aujourd’hui puisent encore, en toute inconscience, leurs métaphores le
7581
t encore, en toute inconscience, leurs métaphores
les
plus courantes. Mais de même que le mythe romanesque avait utilisé un
7582
s métaphores les plus courantes. Mais de même que
le
mythe romanesque avait utilisé un « matériel » d’images, de noms et d
7583
le mythe romanesque avait utilisé un « matériel »
d’
images, de noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, d
7584
omanesque avait utilisé un « matériel » d’images,
de
noms et de situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une
7585
vait utilisé un « matériel » d’images, de noms et
de
situations tiré du fonds religieux des Celtes, donc d’une religion dé
7586
tuations tiré du fonds religieux des Celtes, donc
d’
une religion déjà morte, de même notre littérature et nos passions uti
7587
ature et nos passions utilisent par abus, et sans
le
savoir, un langage dont la seule mystique définissait le sens valable
7588
sent par abus, et sans le savoir, un langage dont
la
seule mystique définissait le sens valable. Plus d’une fois, l’ambigu
7589
ir, un langage dont la seule mystique définissait
le
sens valable. Plus d’une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésit
7590
seule mystique définissait le sens valable. Plus
d’
une fois, l’ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel
7591
que définissait le sens valable. Plus d’une fois,
l’
ambiguïté du mythe nous a fait hésiter en présence de tel épisode : s’
7592
ésiter en présence de tel épisode : s’agissait-il
d’
amour profane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros l
7593
l épisode : s’agissait-il d’amour profane — selon
la
lettre du Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Égli
7594
l d’amour profane — selon la lettre du Roman — ou
d’
un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit
7595
fane — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole
de
l’Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par
7596
e — selon la lettre du Roman — ou d’un symbole de
l’
Éros lumineux, voire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la
7597
Roman — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire
de
l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignor
7598
an — ou d’un symbole de l’Éros lumineux, voire de
l’
Église d’Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant
7599
’un symbole de l’Éros lumineux, voire de l’Église
d’
Amour ? On conçoit donc que par la suite, le lecteur ignorant des myst
7600
ire de l’Église d’Amour ? On conçoit donc que par
la
suite, le lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené
7601
glise d’Amour ? On conçoit donc que par la suite,
le
lecteur ignorant des mystères fut presque fatalement amené à transpos
7602
s ces allégories trop bien voilées. Il est facile
d’
imaginer le processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te che
7603
ories trop bien voilées. Il est facile d’imaginer
le
processus. Saint Augustin écrit cette prière : « Je te cherchais hors
7604
, parce que tu étais en moi. » Il parle à Dieu, à
l’
amour éternel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé la même priè
7605
ernel. Mais supposez qu’un troubadour ait exprimé
la
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux
7606
troubadour ait exprimé la même prière en feignant
de
l’adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il
7607
ubadour ait exprimé la même prière en feignant de
l’
adresser à sa Dame. L’amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il en
7608
même prière en feignant de l’adresser à sa Dame.
L’
amant habitué aux métaphores mystiques, qu’il entend à leur sens profa
7609
ues, qu’il entend à leur sens profane, sera tenté
de
voir dans cette même phrase l’expression de la passion qu’il aime : c
7610
rofane, sera tenté de voir dans cette même phrase
l’
expression de la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en
7611
tenté de voir dans cette même phrase l’expression
de
la passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une
7612
té de voir dans cette même phrase l’expression de
la
passion qu’il aime : celle qu’on goûte et savoure en soi, dans une so
7613
lle qu’on goûte et savoure en soi, dans une sorte
d’
indifférence à son objet vivant et extérieur. Ainsi nous avons vu que
7614
s sa réalité, mais en tant qu’elle éveille en lui
la
brûlure délicieuse du désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
7615
le éveille en lui la brûlure délicieuse du désir.
L’
amour-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’un narcissisme…
7616
u désir. L’amour-passion tend à se confondre avec
l’
exaltation d’un narcissisme… Dans cette transposition objectivement ma
7617
our-passion tend à se confondre avec l’exaltation
d’
un narcissisme… Dans cette transposition objectivement mais non pas co
7618
lasphématoire, et qui ne s’est accomplie qu’après
le
xiie siècle, la conscience moderne a cru voir une donnée première. E
7619
qui ne s’est accomplie qu’après le xiie siècle,
la
conscience moderne a cru voir une donnée première. Elle a cru pouvoir
7620
donnée première. Elle a cru pouvoir « expliquer »
le
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par la passion humaine.
7621
lle a cru pouvoir « expliquer » le plus élevé par
le
plus bas, la mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette
7622
voir « expliquer » le plus élevé par le plus bas,
la
mystique pure par la passion humaine. Elle a fondé cette « science »
7623
plus élevé par le plus bas, la mystique pure par
la
passion humaine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur l’observ
7624
aine. Elle a fondé cette « science » nouvelle sur
l’
observation du langage, et spécialement sur la similitude des métaphor
7625
sur l’observation du langage, et spécialement sur
la
similitude des métaphores utilisées dans les deux cas. Or d’où venaie
7626
t sur la similitude des métaphores utilisées dans
les
deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nou
7627
de des métaphores utilisées dans les deux cas. Or
d’
où venaient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous l’avons vu — m
7628
s les deux cas. Or d’où venaient ces métaphores ?
D’
une mystique, comme nous l’avons vu — mais déguisée, persécutée, puis
7629
aient ces métaphores ? D’une mystique, comme nous
l’
avons vu — mais déguisée, persécutée, puis oubliée. À tel point oublié
7630
À tel point oubliée comme hérésie, et passée dans
les
mœurs comme poésie, que les mystiques chrétiens utiliseront ses métap
7631
résie, et passée dans les mœurs comme poésie, que
les
mystiques chrétiens utiliseront ses métaphores devenues profanes comm
7632
nce » reste donc valable à condition qu’on change
le
signe de chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science p
7633
te donc valable à condition qu’on change le signe
de
chacune de ses propositions. Par exemple, là où la science proclame q
7634
able à condition qu’on change le signe de chacune
de
ses propositions. Par exemple, là où la science proclame que la mysti
7635
e chacune de ses propositions. Par exemple, là où
la
science proclame que la mystique résulte d’une sublimation de l’insti
7636
tions. Par exemple, là où la science proclame que
la
mystique résulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira de chang
7637
là où la science proclame que la mystique résulte
d’
une sublimation de l’instinct, il suffira de changer le sens de la rel
7638
roclame que la mystique résulte d’une sublimation
de
l’instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, e
7639
lame que la mystique résulte d’une sublimation de
l’
instinct, il suffira de changer le sens de la relation constatée, et d
7640
sulte d’une sublimation de l’instinct, il suffira
de
changer le sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinc
7641
sublimation de l’instinct, il suffira de changer
le
sens de la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en ques
7642
tion de l’instinct, il suffira de changer le sens
de
la relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question rés
7643
n de l’instinct, il suffira de changer le sens de
la
relation constatée, et d’écrire que « l’instinct » en question résult
7644
a de changer le sens de la relation constatée, et
d’
écrire que « l’instinct » en question résulte d’une profanation de la
7645
sens de la relation constatée, et d’écrire que «
l’
instinct » en question résulte d’une profanation de la mystique primit
7646
t d’écrire que « l’instinct » en question résulte
d’
une profanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience m
7647
’instinct » en question résulte d’une profanation
de
la mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une
7648
stinct » en question résulte d’une profanation de
la
mystique primitive. ⁂ Cependant, la conscience moderne montre une si
7649
rofanation de la mystique primitive. ⁂ Cependant,
la
conscience moderne montre une si grande répugnance à opérer ce renver
7650
épugnance à opérer ce renversement, qu’il est bon
d’
entrer plus avant dans le mécanisme des transpositions, et même de rec
7651
versement, qu’il est bon d’entrer plus avant dans
le
mécanisme des transpositions, et même de reconnaître la valeur de cer
7652
ant dans le mécanisme des transpositions, et même
de
reconnaître la valeur de certaines objections courantes. Car enfin, d
7653
anisme des transpositions, et même de reconnaître
la
valeur de certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la my
7654
transpositions, et même de reconnaître la valeur
de
certaines objections courantes. Car enfin, dira-t-on, la mystique, au
7655
aines objections courantes. Car enfin, dira-t-on,
la
mystique, au moins dans une de ses tendances, ne s’est-elle pas prêté
7656
enfin, dira-t-on, la mystique, au moins dans une
de
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes les confusions ? N’a
7657
ses tendances, ne s’est-elle pas prêtée à toutes
les
confusions ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de l’Éros pa
7658
ons ? N’a-t-elle pas abusé la première du langage
de
l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la pass
7659
? N’a-t-elle pas abusé la première du langage de
l’
Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de la passion
7660
e l’Éros païen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et
le
langage de la passion Le fait central de toute vie religieuse de f
7661
ïen ? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage
de
la passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de
7662
? 4.Les Mystiques orthodoxes et le langage de
la
passion Le fait central de toute vie religieuse de forme et de con
7663
stiques orthodoxes et le langage de la passion
Le
fait central de toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens
7664
es et le langage de la passion Le fait central
de
toute vie religieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est l’événem
7665
assion Le fait central de toute vie religieuse
de
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dè
7666
fait central de toute vie religieuse de forme et
de
contenu chrétiens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que l’on s
7667
eligieuse de forme et de contenu chrétiens, c’est
l’
événement de l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de
7668
forme et de contenu chrétiens, c’est l’événement
de
l’Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’
7669
rme et de contenu chrétiens, c’est l’événement de
l’
Incarnation. Dès que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on
7670
iens, c’est l’événement de l’Incarnation. Dès que
l’
on s’écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
7671
s que l’on s’écarte un tant soit peu de ce foyer,
l’
on encourt le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie
7672
écarte un tant soit peu de ce foyer, l’on encourt
le
double péril de l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares
7673
oit peu de ce foyer, l’on encourt le double péril
de
l’humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à id
7674
peu de ce foyer, l’on encourt le double péril de
l’
humanisme et de l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéal
7675
r, l’on encourt le double péril de l’humanisme et
de
l’idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Éva
7676
l’on encourt le double péril de l’humanisme et de
l’
idéalisme. L’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évangi
7677
le double péril de l’humanisme et de l’idéalisme.
L’
hérésie des cathares consistait à idéaliser tout l’Évangile, et à rega
7678
’hérésie des cathares consistait à idéaliser tout
l’
Évangile, et à regarder l’amour sous toutes ses formes comme un élan h
7679
istait à idéaliser tout l’Évangile, et à regarder
l’
amour sous toutes ses formes comme un élan hors du monde créé. Cette f
7680
omme un élan hors du monde créé. Cette fuite dans
le
divin — ou « enthousiasme » — cette transgression des limites de l’hu
7681
enthousiasme » — cette transgression des limites
de
l’humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d
7682
thousiasme » — cette transgression des limites de
l’
humain, finalement irréalisable, devait se traduire, et se trahir d’un
7683
nt irréalisable, devait se traduire, et se trahir
d’
une manière fatale, par une exaltation en termes divins de l’amour sex
7684
nière fatale, par une exaltation en termes divins
de
l’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les
7685
re fatale, par une exaltation en termes divins de
l’
amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez les mystiques les plu
7686
exaltation en termes divins de l’amour sexuel. À
l’
inverse, on peut observer chez les mystiques les plus « christocentriq
7687
’amour sexuel. À l’inverse, on peut observer chez
les
mystiques les plus « christocentriques » une propension à s’adresser
7688
À l’inverse, on peut observer chez les mystiques
les
plus « christocentriques » une propension à s’adresser à Dieu dans le
7689
triques » une propension à s’adresser à Dieu dans
le
langage des affections humaines : attrait sexuel, faim et soif, volon
7690
im et soif, volonté. Exaltation en termes humains
de
l’amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous ret
7691
et soif, volonté. Exaltation en termes humains de
l’
amour de Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrou
7692
volonté. Exaltation en termes humains de l’amour
de
Dieu. Ainsi se dessinent deux grands courants que nous retrouverons d
7693
t deux grands courants que nous retrouverons dans
la
mystique universelle. Ils seront d’ailleurs rarement purs dans telle
7694
purs dans telle ou telle œuvre donnée. Même chez
les
représentants les plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils
7695
u telle œuvre donnée. Même chez les représentants
les
plus typiques de l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque
7696
ée. Même chez les représentants les plus typiques
de
l’une et de l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût
7697
z les représentants les plus typiques de l’une et
de
l’autre tendance, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à la
7698
, ils coexistent presque toujours, ne fût-ce qu’à
la
manière dont la tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
7699
presque toujours, ne fût-ce qu’à la manière dont
la
tentation coexiste avec la volonté d’obéissance chez le croyant. Hist
7700
e qu’à la manière dont la tentation coexiste avec
la
volonté d’obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est
7701
anière dont la tentation coexiste avec la volonté
d’
obéissance chez le croyant. Historiquement parlant, il est donc malais
7702
tation coexiste avec la volonté d’obéissance chez
le
croyant. Historiquement parlant, il est donc malaisé de les isoler. M
7703
yant. Historiquement parlant, il est donc malaisé
de
les isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier cou
7704
t. Historiquement parlant, il est donc malaisé de
les
isoler. Mais théologiquement, la chose est claire. Le premier courant
7705
donc malaisé de les isoler. Mais théologiquement,
la
chose est claire. Le premier courant est celui de la mystique unitive
7706
la chose est claire. Le premier courant est celui
de
la mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la di
7707
chose est claire. Le premier courant est celui de
la
mystique unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et de la divin
7708
rant est celui de la mystique unitive : il tend à
la
fusion totale de l’âme et de la divinité. Le second courant peut être
7709
la mystique unitive : il tend à la fusion totale
de
l’âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de
7710
mystique unitive : il tend à la fusion totale de
l’
âme et de la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la
7711
unitive : il tend à la fusion totale de l’âme et
de
la divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique
7712
itive : il tend à la fusion totale de l’âme et de
la
divinité. Le second courant peut être appelé celui de la mystique épi
7713
ivinité. Le second courant peut être appelé celui
de
la mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, e
7714
nité. Le second courant peut être appelé celui de
la
mystique épithalamique : il tend au mariage de l’âme et de Dieu, et s
7715
de la mystique épithalamique : il tend au mariage
de
l’âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est ma
7716
la mystique épithalamique : il tend au mariage de
l’
âme et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maint
7717
ue épithalamique : il tend au mariage de l’âme et
de
Dieu, et suppose donc qu’une distinction d’essence est maintenue entr
7718
me et de Dieu, et suppose donc qu’une distinction
d’
essence est maintenue entre la créature et le Créateur. Quelques exemp
7719
qu’une distinction d’essence est maintenue entre
la
créature et le Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls va
7720
tion d’essence est maintenue entre la créature et
le
Créateur. Quelques exemples individuels — les seuls valables en ce do
7721
e et le Créateur. Quelques exemples individuels —
les
seuls valables en ce domaine110 — nous permettront de préciser tout c
7722
euls valables en ce domaine110 — nous permettront
de
préciser tout cela sans excessives simplifications. Ils nous permettr
7723
excessives simplifications. Ils nous permettront
d’
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage
7724
simplifications. Ils nous permettront d’entrevoir
les
raisons de ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en r
7725
ons. Ils nous permettront d’entrevoir les raisons
de
ce curieux phénomène : « l’abus » du langage amoureux en religion doi
7726
entrevoir les raisons de ce curieux phénomène : «
l’
abus » du langage amoureux en religion doit être rattaché, historiquem
7727
on doit être rattaché, historiquement, au courant
le
plus orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage de Rud
7728
s orthodoxe. J’emprunterai mon premier exemple à
l’
ouvrage de Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale111. L’a
7729
e. J’emprunterai mon premier exemple à l’ouvrage
de
Rudolf Otto intitulé Mystique occidentale-orientale111. L’auteur comp
7730
Otto intitulé Mystique occidentale-orientale111.
L’
auteur compare, puis oppose le fondateur de la mystique allemande au x
7731
ntale-orientale111. L’auteur compare, puis oppose
le
fondateur de la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, e
7732
le111. L’auteur compare, puis oppose le fondateur
de
la mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique
7733
11. L’auteur compare, puis oppose le fondateur de
la
mystique allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et le mystique hi
7734
que allemande au xive siècle, Maître Eckhart, et
le
mystique hindou Sankara. Ce qui est intéressant pour notre objet, c’e
7735
pour notre objet, c’est que Rudolf Otto distingue
l’
Orient de l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros
7736
e objet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient
de
l’Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Ag
7737
bjet, c’est que Rudolf Otto distingue l’Orient de
l’
Occident en ramenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè
7738
ccident en ramenant leurs mystiques respectives à
l’
Éros et à l’Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous propo
7739
amenant leurs mystiques respectives à l’Éros et à
l’
Agapè, d’une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-des
7740
eurs mystiques respectives à l’Éros et à l’Agapè,
d’
une manière assez analogue à celle que nous proposions ci-dessus (voir
7741
proposions ci-dessus (voir II, 4). Sankara refuse
le
monde et le condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le sa
7742
i-dessus (voir II, 4). Sankara refuse le monde et
le
condamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui e
7743
nkara refuse le monde et le condamne sans appel :
le
nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est la vie diverse, infini
7744
ndamne sans appel : le nirvana ne peut accueillir
le
samsara (qui est la vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire,
7745
le nirvana ne peut accueillir le samsara (qui est
la
vie diverse, infiniment mouvante). Au contraire, Eckhart verra Dieu p
7746
contraire, Eckhart verra Dieu présent dans toutes
les
créatures, en tant que, par l’âme du croyant, elles « passent de leur
7747
ésent dans toutes les créatures, en tant que, par
l’
âme du croyant, elles « passent de leur vie à leur être ». La confront
7748
n tant que, par l’âme du croyant, elles « passent
de
leur vie à leur être ». La confrontation est rendue possible par le f
7749
oyant, elles « passent de leur vie à leur être ».
La
confrontation est rendue possible par le fait qu’il existe au Moyen Â
7750
être ». La confrontation est rendue possible par
le
fait qu’il existe au Moyen Âge une tradition mystique parallèle à cel
7751
oyen Âge une tradition mystique parallèle à celle
de
Sankara. « Mystique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la fav
7752
mystique parallèle à celle de Sankara. « Mystique
de
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je e
7753
tique parallèle à celle de Sankara. « Mystique de
l’
ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et l
7754
stique de l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à
la
faveur de laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotio
7755
l’ivresse sentimentale — écrit Otto — à la faveur
de
laquelle le Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent
7756
ntimentale — écrit Otto — à la faveur de laquelle
le
Je et le Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’
7757
e — écrit Otto — à la faveur de laquelle le Je et
le
Tu des êtres unis par une forte émotion coulent l’un dans l’autre, do
7758
l’un dans l’autre, donnant naissance à une unité
d’
être. Eckhart ne connaît ni cette ivresse ni cet amour « pathologique
7759
t ni cette ivresse ni cet amour « pathologique ».
L’
amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la
7760
amour « pathologique ». L’amour, pour lui, c’est
la
vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre
7761
e ». L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne
de
l’Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humb
7762
. L’amour, pour lui, c’est la vertu chrétienne de
l’
Agapè, forte comme la mort, mais non point ivre ; intime, mais humble
7763
c’est la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme
la
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’extrême, et en mê
7764
mort, mais non point ivre ; intime, mais humble à
l’
extrême, et en même temps volontaire et active comme le kantien « amou
7765
rême, et en même temps volontaire et active comme
le
kantien « amour pratique ». C’est par ce trait, tout particulièrement
7766
, tout particulièrement, que Eckhart se distingue
d’
une manière radicale de Plotin, dont on persiste à faire son maître. P
7767
, que Eckhart se distingue d’une manière radicale
de
Plotin, dont on persiste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
7768
siste à faire son maître. Plotin lui aussi prêche
l’
amour mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétie
7769
e. Plotin lui aussi prêche l’amour mystique, mais
l’
amour plotinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est l’Éros grec
7770
mystique, mais l’amour plotinien n’est nullement
l’
Agapè chrétienne : c’est l’Éros grec, qui est jouissance, et jouissanc
7771
tinien n’est nullement l’Agapè chrétienne : c’est
l’
Éros grec, qui est jouissance, et jouissance d’une naturelle et surnat
7772
st l’Éros grec, qui est jouissance, et jouissance
d’
une naturelle et surnaturelle Beauté… gardant jusqu’en ses plus subtil
7773
u’en ses plus subtiles sublimations quelque chose
de
l’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l
7774
n ses plus subtiles sublimations quelque chose de
l’
Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de l’in
7775
’Éros du Symposium platonicien, grand Daimon qui,
de
la ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la
7776
os du Symposium platonicien, grand Daimon qui, de
la
ferveur de l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la fe
7777
sium platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur
de
l’instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divin
7778
m platonicien, grand Daimon qui, de la ferveur de
l’
instinct de procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine,
7779
en, grand Daimon qui, de la ferveur de l’instinct
de
procréation, s’élève en se purifiant à la ferveur divine, mais n’en c
7780
nstinct de procréation, s’élève en se purifiant à
la
ferveur divine, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’homme
7781
à la ferveur divine, mais n’en conserve pas moins
les
éléments de l’homme fervent. Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’e
7782
divine, mais n’en conserve pas moins les éléments
de
l’homme fervent. Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle
7783
ine, mais n’en conserve pas moins les éléments de
l’
homme fervent. Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle qu
7784
ns les éléments de l’homme fervent. Pour Eckhart,
la
vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état de senti
7785
raie voie mystique n’est pas celle qui, s’élevant
d’
un état de sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un éla
7786
mystique n’est pas celle qui, s’élevant d’un état
de
sentiment, mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan d’amour
7787
entiment, mènerait à une union suprême, au sommet
d’
un élan d’amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une
7788
mènerait à une union suprême, au sommet d’un élan
d’
amour : L’amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non
7789
une union suprême, au sommet d’un élan d’amour :
L’
amour n’unit point, écrit-il. Il unit bien à une œuvre, non à une esse
7790
l unit bien à une œuvre, non à une essence 112. «
L’
union lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord la possibilité d’u
7791
ion lui apparaît plutôt comme fournissant d’abord
la
possibilité d’une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
7792
t plutôt comme fournissant d’abord la possibilité
d’
une Agapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas le moindre trai
7793
gapè authentique. Non seulement son Agapè n’a pas
le
moindre trait commun avec l’Éros platonicien ou plotinien, mais encor
7794
nt son Agapè n’a pas le moindre trait commun avec
l’
Éros platonicien ou plotinien, mais encore elle figure la pureté même
7795
platonicien ou plotinien, mais encore elle figure
la
pureté même du sentiment chrétien dans sa chasteté et sa simplicité é
7796
simplicité élémentaires, sans exaltation ni ajout
d’
aucune sorte. » Et de cette union résultent « la confiance, la foi, l’
7797
es, sans exaltation ni ajout d’aucune sorte. » Et
de
cette union résultent « la confiance, la foi, l’abandon, le service »
7798
t d’aucune sorte. » Et de cette union résultent «
la
confiance, la foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me
7799
te. » Et de cette union résultent « la confiance,
la
foi, l’abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
7800
de cette union résultent « la confiance, la foi,
l’
abandon, le service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une co
7801
nion résultent « la confiance, la foi, l’abandon,
le
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
7802
service ». Il s’agit donc plutôt, me semble-t-il,
d’
une communion que d’une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart
7803
donc plutôt, me semble-t-il, d’une communion que
d’
une union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme,
7804
, d’une communion que d’une union, puisque, comme
l’
écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu113. L’ac
7805
e union, puisque, comme l’écrit ailleurs Eckhart,
l’
âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu113. L’acte d’amour spirituel est i
7806
sque, comme l’écrit ailleurs Eckhart, l’âme reste
l’
âme, et Dieu reste Dieu113. L’acte d’amour spirituel est initial, et n
7807
ckhart, l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu113.
L’
acte d’amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la
7808
l’âme reste l’âme, et Dieu reste Dieu113. L’acte
d’
amour spirituel est initial, et non final. Pour le chrétien, la mort à
7809
d’amour spirituel est initial, et non final. Pour
le
chrétien, la mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-b
7810
tuel est initial, et non final. Pour le chrétien,
la
mort à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la ca
7811
n final. Pour le chrétien, la mort à soi-même est
le
début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde.
7812
Pour le chrétien, la mort à soi-même est le début
d’
une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe de ce monde. D’ailleur
7813
e est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non
la
catastrophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où
7814
d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastrophe
de
ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage d’Eckhart où il est questio
7815
ophe de ce monde. D’ailleurs Otto cite un passage
d’
Eckhart où il est question non plus d’union mais bien d’égalité de l’â
7816
un passage d’Eckhart où il est question non plus
d’
union mais bien d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’
7817
art où il est question non plus d’union mais bien
d’
égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et av
7818
est question non plus d’union mais bien d’égalité
de
l’âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un es
7819
question non plus d’union mais bien d’égalité de
l’
âme et de Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est s
7820
non plus d’union mais bien d’égalité de l’âme et
de
Dieu : Et cette égalité de l’un dans l’un et avec l’un est source et
7821
d’égalité de l’âme et de Dieu : Et cette égalité
de
l’un dans l’un et avec l’un est source et origine du fleurissant resp
7822
issant amour114. Ce n’est donc pas, conclut Otto,
la
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart l’expression authent
7823
plus haute joie mystique qui figure pour Eckhart
l’
expression authentique de l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne p
7824
qui figure pour Eckhart l’expression authentique
de
l’union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaiss
7825
i figure pour Eckhart l’expression authentique de
l’
union divine, mais bien l’Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent
7826
pression authentique de l’union divine, mais bien
l’
Agapè, dont ne parlent et que ne connaissent ni Plotin ni Sankara. Voi
7827
n ni Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles
de
la mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-
7828
i Sankara. Voici donc, semble-t-il, deux pôles de
la
mystique universelle très nettement caractérisés. L’Orient (c’est-à-d
7829
mystique universelle très nettement caractérisés.
L’
Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et l’Occident (ici figur
7830
’Orient (c’est-à-dire Sankara, Platon, Plotin) et
l’
Occident (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans les termes mêmes
7831
dent (ici figuré par Eckhart) s’opposeraient dans
les
termes mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer la mystique
7832
ns les termes mêmes par lesquels nous avons tenté
de
distinguer la mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’am
7833
mêmes par lesquels nous avons tenté de distinguer
la
mystique des cathares et la doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Ec
7834
s tenté de distinguer la mystique des cathares et
la
doctrine chrétienne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de
7835
a mystique des cathares et la doctrine chrétienne
de
l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean
7836
ystique des cathares et la doctrine chrétienne de
l’
amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape Jean xx
7837
ne de l’amour. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur
de
sainteté. Le pape Jean xxii condamna même ses thèses les plus hardies
7838
. ⁂ Mais Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté.
Le
pape Jean xxii condamna même ses thèses les plus hardies dans une bul
7839
Eckhart ne fut pas en odeur de sainteté. Le pape
Jean
xxii condamna même ses thèses les plus hardies dans une bulle de 1329
7840
nteté. Le pape Jean xxii condamna même ses thèses
les
plus hardies dans une bulle de 1329. L’une des thèses condamnées, la
7841
a même ses thèses les plus hardies dans une bulle
de
1329. L’une des thèses condamnées, la dixième, est ainsi reproduite d
7842
condamnées, la dixième, est ainsi reproduite dans
la
bulle : « Nous nous métamorphosons totalement en Dieu et nous nous co
7843
alement en Dieu et nous nous convertissons en lui
de
la même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du C
7844
ment en Dieu et nous nous convertissons en lui de
la
même manière que le pain dans le sacrement se change en corps du Chri
7845
nous convertissons en lui de la même manière que
le
pain dans le sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi c
7846
issons en lui de la même manière que le pain dans
le
sacrement se change en corps du Christ : je suis ainsi changé en lui
7847
e me fait être sien. Unité et non similitude. Par
le
Dieu vivant, il est vrai qu’il n’y a plus là aucune distinction. » Ce
7848
e distinction. » Cette thèse, extraite des œuvres
d’
Eckhart, paraît contredire formellement l’interprétation précédente. E
7849
œuvres d’Eckhart, paraît contredire formellement
l’
interprétation précédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de « l’
7850
cédente. Elle rejette Maître Eckhart du côté de «
l’
Orient », c’est-à-dire du côté d’une mystique essentiellement unitive,
7851
art du côté de « l’Orient », c’est-à-dire du côté
d’
une mystique essentiellement unitive, et par cela même hérétique… Ce q
7852
Ce qui est certain, c’est que Maître Eckhart est
le
dialecticien par excellence, et qu’il est trop facile d’extraire de s
7853
ecticien par excellence, et qu’il est trop facile
d’
extraire de ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui,
7854
r excellence, et qu’il est trop facile d’extraire
de
ses œuvres les vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu
7855
et qu’il est trop facile d’extraire de ses œuvres
les
vérités les plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négatio
7856
trop facile d’extraire de ses œuvres les vérités
les
plus contradictoires. Chez lui, a-t-on pu dire, « négation et affirma
7857
e, « négation et affirmation forment à elles deux
la
vérité. L’une n’est pas vraie sans l’autre, et ne se peut concevoir q
7858
mation et négation sont inséparables, n’étant que
les
deux aspects d’une même vérité115. » Il n’en est pas moins significat
7859
n sont inséparables, n’étant que les deux aspects
d’
une même vérité115. » Il n’en est pas moins significatif de constater
7860
e vérité115. » Il n’en est pas moins significatif
de
constater que Eckhart souleva dans la mystique flamande une oppositio
7861
ignificatif de constater que Eckhart souleva dans
la
mystique flamande une opposition très violente, et sur les chefs préc
7862
que flamande une opposition très violente, et sur
les
chefs précis dont Otto le montre adversaire : savoir l’union essentie
7863
très violente, et sur les chefs précis dont Otto
le
montre adversaire : savoir l’union essentielle et l’abandon des œuvre
7864
fs précis dont Otto le montre adversaire : savoir
l’
union essentielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
7865
montre adversaire : savoir l’union essentielle et
l’
abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient de quelqu’un ! C’est ai
7866
tielle et l’abandon des œuvres. On est toujours à
l’
Orient de quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie
7867
l’abandon des œuvres. On est toujours à l’Orient
de
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura l’hérésie que j’app
7868
quelqu’un ! C’est ainsi que Maître Eckhart figura
l’
hérésie que j’appelle « orientale » aux yeux de Ruysbroek l’Admirable.
7869
uant à ces gens qui ne veulent pas seulement être
les
égaux de Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus mau
7870
gens qui ne veulent pas seulement être les égaux
de
Dieu, mais Dieu lui-même, ils sont plus méchants et plus maudits que
7871
i désirer, ni posséder… Voilà ce qu’ils appellent
la
parfaite pauvreté d’esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et
7872
r… Voilà ce qu’ils appellent la parfaite pauvreté
d’
esprit… Mais ceux qui sont nés du Saint-Esprit et chantent ses louange
7873
sprit et chantent ses louanges, pratiquent toutes
les
vertus. Ils connaissent et ils aiment ; ils cherchent ; ils trouvent…
7874
herchent ; ils trouvent… » Bref, ils agissent. On
le
voit : Ruysbroek accuse Eckhart de quiétisme. Il revendique contre lu
7875
s agissent. On le voit : Ruysbroek accuse Eckhart
de
quiétisme. Il revendique contre lui un certain activisme de l’amour.
7876
me. Il revendique contre lui un certain activisme
de
l’amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l
7877
Il revendique contre lui un certain activisme de
l’
amour. C’est qu’il ne croit nullement que toute distinction entre l’âm
7878
il ne croit nullement que toute distinction entre
l’
âme et Dieu puisse être abolie : l’âme ne peut se faire divine, mais s
7879
tinction entre l’âme et Dieu puisse être abolie :
l’
âme ne peut se faire divine, mais seulement semblable à Dieu. Elle con
7880
lement semblable à Dieu. Elle contemple Dieu dans
le
miroir d’un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nou
7881
blable à Dieu. Elle contemple Dieu dans le miroir
d’
un esprit entièrement purifié. « Nous contemplons ce que nous sommes e
7882
contemplons ; car notre essence, sans rien perdre
de
sa propre personnalité, est unie à la vérité divine qui respecte la d
7883
rien perdre de sa propre personnalité, est unie à
la
vérité divine qui respecte la distinction. » Et ailleurs : « L’abîme
7884
nnalité, est unie à la vérité divine qui respecte
la
distinction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est pe
7885
ne qui respecte la distinction. » Et ailleurs : «
L’
abîme qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
7886
nction. » Et ailleurs : « L’abîme qui nous sépare
de
Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est l
7887
urs : « L’abîme qui nous sépare de Dieu est perçu
de
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essenti
7888
qui nous sépare de Dieu est perçu de nous au lieu
le
plus secret de nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voi
7889
de Dieu est perçu de nous au lieu le plus secret
de
nous-mêmes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’
7890
nous au lieu le plus secret de nous-mêmes. Il est
la
distance essentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait de mettre
7891
mes. Il est la distance essentielle… » ⁂ Or voici
le
point qu’il importait de mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir esse
7892
ssentielle… » ⁂ Or voici le point qu’il importait
de
mettre en lumière. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amo
7893
le point qu’il importait de mettre en lumière. Si
l’
âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de l’âme pour Dieu est
7894
ère. Si l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu,
l’
amour de l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il n
7895
l’âme peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour
de
l’âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera p
7896
me peut s’unir essentiellement à Dieu, l’amour de
l’
âme pour Dieu est un amour heureux. On peut prévoir qu’il ne sera pas
7897
primer en termes de passion. Et c’est bien ce que
l’
Histoire démontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paq
7898
Et c’est bien ce que l’Histoire démontre. « Chez
les
mystiques eckhartiens — écrit l’abbé Paquier116 —, je ne sais si l’on
7899
émontre. « Chez les mystiques eckhartiens — écrit
l’
abbé Paquier116 —, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de l
7900
rtiens — écrit l’abbé Paquier116 —, je ne sais si
l’
on rencontre jamais le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’
7901
Paquier116 —, je ne sais si l’on rencontre jamais
le
langage de l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir ess
7902
—, je ne sais si l’on rencontre jamais le langage
de
l’amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellemen
7903
je ne sais si l’on rencontre jamais le langage de
l’
amour humain. » À l’inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à
7904
encontre jamais le langage de l’amour humain. » À
l’
inverse, si l’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le sout
7905
s le langage de l’amour humain. » À l’inverse, si
l’
âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient l’orthodo
7906
’âme ne peut s’unir essentiellement à Dieu, comme
le
soutient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme
7907
s’unir essentiellement à Dieu, comme le soutient
l’
orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de l’âme pour Dieu es
7908
utient l’orthodoxie chrétienne, il en résulte que
l’
amour de l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque
7909
’orthodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour
de
l’âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheur
7910
thodoxie chrétienne, il en résulte que l’amour de
l’
âme pour Dieu est, dans ce sens précis, un amour réciproque malheureux
7911
peut alors prévoir que cet amour s’exprimera dans
le
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de l’hérésie cathare
7912
era dans le langage passionnel, c’est-à-dire dans
le
langage de l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adop
7913
langage passionnel, c’est-à-dire dans le langage
de
l’hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les
7914
ngage passionnel, c’est-à-dire dans le langage de
l’
hérésie cathare « profanisé » par la littérature et adopté par les pas
7915
le langage de l’hérésie cathare « profanisé » par
la
littérature et adopté par les passions humaines. Car c’est sa rhétori
7916
re « profanisé » par la littérature et adopté par
les
passions humaines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être la plus
7917
aines. Car c’est sa rhétorique qui se trouve être
la
plus apte à traduire et à communiquer l’essence tout ineffable du sen
7918
uve être la plus apte à traduire et à communiquer
l’
essence tout ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore, les texte
7919
uniquer l’essence tout ineffable du sentiment que
l’
on vit. Là encore, les textes confirment l’exactitude de notre schéma.
7920
t ineffable du sentiment que l’on vit. Là encore,
les
textes confirment l’exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysb
7921
nt que l’on vit. Là encore, les textes confirment
l’
exactitude de notre schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine d
7922
it. Là encore, les textes confirment l’exactitude
de
notre schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine de la distinct
7923
schéma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine
de
la distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le
7924
héma. C’est bien avec Ruysbroek et sa doctrine de
la
distinction essentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord, le lan
7925
e de la distinction essentielle qu’apparaît, dans
la
mystique du Nord, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’i
7926
ssentielle qu’apparaît, dans la mystique du Nord,
le
langage « épithalamique ». « Voici donc venu l’irrésistible désir. S’
7927
, le langage « épithalamique ». « Voici donc venu
l’
irrésistible désir. S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissab
7928
l’irrésistible désir. S’efforcer continuellement
de
saisir l’insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné
7929
tible désir. S’efforcer continuellement de saisir
l’
insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi1
7930
cer continuellement de saisir l’insaisissable… Et
l’
objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi117. L’abandonner est
7931
t du désir ne peut être ni abandonné ni saisi117.
L’
abandonner est chose intolérable, et il est impossible de le conserver
7932
onner est chose intolérable, et il est impossible
de
le conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
7933
er est chose intolérable, et il est impossible de
le
conserver. Le silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de
7934
ntolérable, et il est impossible de le conserver.
Le
silence même n’a pas assez de force pour l’étreindre de ses mains. »
7935
le de le conserver. Le silence même n’a pas assez
de
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’
7936
rver. Le silence même n’a pas assez de force pour
l’
étreindre de ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion
7937
ence même n’a pas assez de force pour l’étreindre
de
ses mains. » Et toutes les métaphores de l’amour-passion se déversent
7938
force pour l’étreindre de ses mains. » Et toutes
les
métaphores de l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de
7939
treindre de ses mains. » Et toutes les métaphores
de
l’amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : i
7940
indre de ses mains. » Et toutes les métaphores de
l’
amour-passion se déversent dans la prose enflammée de Ruysbroek : imme
7941
s métaphores de l’amour-passion se déversent dans
la
prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements,
7942
mour-passion se déversent dans la prose enflammée
de
Ruysbroek : immersion dans l’amour, défaillements, embrassements, our
7943
la prose enflammée de Ruysbroek : immersion dans
l’
amour, défaillements, embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
7944
s l’amour, défaillements, embrassements, ouragans
de
l’impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour,
7945
’amour, défaillements, embrassements, ouragans de
l’
impatience, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, dé
7946
embrassements, ouragans de l’impatience, brûlure
d’
amour qui dévore nuit et jour, orgie d’amour, délices ruisselantes, iv
7947
e, brûlure d’amour qui dévore nuit et jour, orgie
d’
amour, délices ruisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’es
7948
uisselantes, ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu
l’
esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlan
7949
ivresses, meurtrissures… « Il m’a bu l’esprit et
le
cœur » fait dire Ruysbroek à l’une de ses béguines parlant du Christ.
7950
l’esprit et le cœur » fait dire Ruysbroek à l’une
de
ses béguines parlant du Christ. « Je me suis perdue dans sa bouche »,
7951
uche », dit une autre. Et une troisième : « Boire
les
regards de l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l
7952
une autre. Et une troisième : « Boire les regards
de
l’amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de
7953
autre. Et une troisième : « Boire les regards de
l’
amour et s’y engloutir enivrée… » Je me suis arrêté à l’exemple de Ru
7954
Je me suis arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour
la
commodité de l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son
7955
arrêté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité
de
l’exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se s
7956
êté à l’exemple de Ruysbroek pour la commodité de
l’
exposé : le fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soie
7957
mple de Ruysbroek pour la commodité de l’exposé :
le
fait historique que Maître Eckhart et son disciple se soient opposés
7958
tre Eckhart et son disciple se soient opposés sur
le
point précis de l’union divine, rendait possible une confrontation. M
7959
on disciple se soient opposés sur le point précis
de
l’union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture d
7960
disciple se soient opposés sur le point précis de
l’
union divine, rendait possible une confrontation. Mais la lecture des
7961
divine, rendait possible une confrontation. Mais
la
lecture des mystiques franciscains, dès le xiiie siècle, nous eût fo
7962
. Mais la lecture des mystiques franciscains, dès
le
xiiie siècle, nous eût fourni un autre exemple non moins frappant de
7963
us eût fourni un autre exemple non moins frappant
de
l’usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avai
7964
eût fourni un autre exemple non moins frappant de
l’
usage des thèmes courtois. On sait que saint François d’Assise avait a
7965
On sait que saint François d’Assise avait appris
le
français dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
7966
ais dans sa jeunesse et qu’il faisait ses délices
de
nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalie
7967
unesse et qu’il faisait ses délices de nos romans
de
chevalerie. Il rêvait de devenir le « meilleur chevalier du monde » o
7968
es délices de nos romans de chevalerie. Il rêvait
de
devenir le « meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paro
7969
de nos romans de chevalerie. Il rêvait de devenir
le
« meilleur chevalier du monde » ou, selon ses propres paroles, « un g
7970
, « un grand baron adoré du monde entier118. » Et
l’
on sait d’autre part de quelle manière il inaugura son ministère : sur
7971
é du monde entier118. » Et l’on sait d’autre part
de
quelle manière il inaugura son ministère : sur la grande place d’Assi
7972
de quelle manière il inaugura son ministère : sur
la
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense
7973
e il inaugura son ministère : sur la grande place
d’
Assise, en présence de l’évêque et d’une foule immense, il se dépouill
7974
re : sur la grande place d’Assise, en présence de
l’
évêque et d’une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements e
7975
grande place d’Assise, en présence de l’évêque et
d’
une foule immense, il se dépouilla de tous ses vêtements et se dressan
7976
l’évêque et d’une foule immense, il se dépouilla
de
tous ses vêtements et se dressant tout nu devant son père richement h
7977
éclara que désormais Dieu seul serait son Père. «
L’
évêque lui jeta sur les épaules son propre manteau, et François s’enfu
7978
ieu seul serait son Père. « L’évêque lui jeta sur
les
épaules son propre manteau, et François s’enfuit dans la campagne, ch
7979
les son propre manteau, et François s’enfuit dans
la
campagne, chantant à pleine voix des vers français… Le parfait dénuem
7980
mpagne, chantant à pleine voix des vers français…
Le
parfait dénuement avait fait de son corps l’humble serviteur de son â
7981
es vers français… Le parfait dénuement avait fait
de
son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élan
7982
ais… Le parfait dénuement avait fait de son corps
l’
humble serviteur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Sou
7983
uement avait fait de son corps l’humble serviteur
de
son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se s
7984
de son corps l’humble serviteur de son âme ; plus
d’
obstacles à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des roman
7985
ur de son âme ; plus d’obstacles à ses élans vers
le
Souverain Bien !… Se souvenant des romans français, François fit de l
7986
!… Se souvenant des romans français, François fit
de
la Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »119. Cet
7987
Se souvenant des romans français, François fit de
la
Pauvreté sa « Dame », et s’honora d’être son « chevalier »119. Cette
7988
nçois fit de la Pauvreté sa « Dame », et s’honora
d’
être son « chevalier »119. Cette forme de « dénuement », physique mais
7989
s’honora d’être son « chevalier »119. Cette forme
de
« dénuement », physique mais symbolique, est encore pratiquée de nos
7990
», physique mais symbolique, est encore pratiquée
de
nos jours par la secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») do
7991
symbolique, est encore pratiquée de nos jours par
la
secte des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont les croyances
7992
des Doukhobors (« combattants spirituels ») dont
les
croyances sont liées à celles des cathares et gnostiques. En 1929, le
7993
ées à celles des cathares et gnostiques. En 1929,
les
doukhobors réfugiés au Canada voulant protester contre l’obligation d
7994
obors réfugiés au Canada voulant protester contre
l’
obligation de faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcourure
7995
s au Canada voulant protester contre l’obligation
de
faire élever leurs enfants à l’école d’État « parcoururent les campag
7996
ntre l’obligation de faire élever leurs enfants à
l’
école d’État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chan
7997
bligation de faire élever leurs enfants à l’école
d’
État « parcoururent les campagnes complètement dévêtus et chantant des
7998
ver leurs enfants à l’école d’État « parcoururent
les
campagnes complètement dévêtus et chantant des hymnes religieux120 ».
7999
dévêtus et chantant des hymnes religieux120 ». On
les
accusa naturellement d’exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xi
8000
ymnes religieux120 ». On les accusa naturellement
d’
exhibitionnisme et de communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était mo
8001
On les accusa naturellement d’exhibitionnisme et
de
communisme sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus. La chevale
8002
e sexuel. Au xiiie siècle, on était moins obtus.
La
chevalerie errante des Franciscains se répandit en Italie comme les t
8003
ante des Franciscains se répandit en Italie comme
les
troubadours s’étaient répandus dans le Midi de la France : par les ro
8004
lie comme les troubadours s’étaient répandus dans
le
Midi de la France : par les routes, sur les places, de village en châ
8005
’étaient répandus dans le Midi de la France : par
les
routes, sur les places, de village en château. Les poèmes de Jacopone
8006
s dans le Midi de la France : par les routes, sur
les
places, de village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jong
8007
di de la France : par les routes, sur les places,
de
village en château. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Die
8008
es routes, sur les places, de village en château.
Les
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses i
8009
sur les places, de village en château. Les poèmes
de
Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
8010
âteau. Les poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur
de
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine
8011
poèmes de Jacopone da Todi, « jongleur de Dieu »,
les
laudes de ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
8012
acopone da Todi, « jongleur de Dieu », les laudes
de
ses imitateurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre d
8013
jongleur de Dieu », les laudes de ses imitateurs,
les
lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse An
8014
Dieu », les laudes de ses imitateurs, les lettres
de
sainte Catherine de Sienne, le Livre de la bienheureuse Angèle de Fol
8015
teurs, les lettres de sainte Catherine de Sienne,
le
Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fio
8016
s lettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre
de
la bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 121
8017
ettres de sainte Catherine de Sienne, le Livre de
la
bienheureuse Angèle de Foligno, et tant de récits des Fioretti 121, a
8018
et tant de récits des Fioretti 121, attestent que
la
rhétorique des troubadours et des romans courtois sont les sources di
8019
rique des troubadours et des romans courtois sont
les
sources directes du lyrisme franciscain, lequel à son tour devait inf
8020
quel à son tour devait influencer si profondément
le
langage mystique des siècles suivants. Souviens-toi, ô créature, que
8021
res en cette boue, tu devras rester toujours dans
les
ténèbres. lit-on dans une des laudes attribuée à Jacopone da Todi ou
8022
ou à son entourage, et cet « angélisme » rappelle
d’
une manière précise celui des cathares. D’autres laudes, pour être plu
8023
res laudes, pour être plus évidemment catholiques
d’
inspiration, n’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises » de lan
8024
’en sont que plus « érotiques » ou « courtoises »
de
langage : Mon cœur se fond comme la glace au feu lorsque étroitement
8025
courtoises » de langage : Mon cœur se fond comme
la
glace au feu lorsque étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant : L’
8026
que étroitement j’embrasse mon Seigneur, criant :
L’
amour de l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
8027
itement j’embrasse mon Seigneur, criant : L’amour
de
l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les fla
8028
ment j’embrasse mon Seigneur, criant : L’amour de
l’
Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans les flamme
8029
iant : L’amour de l’Amour me consume, je m’unis à
l’
Amour, enivré d’amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en cr
8030
e l’Amour me consume, je m’unis à l’Amour, enivré
d’
amour. Dans les flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant
8031
onsume, je m’unis à l’Amour, enivré d’amour. Dans
les
flammes, je brûle et je languis, en criant ; en vivant, je meurs, et
8032
, je vis. Pourtant, je n’aime pas, mais j’ai soif
d’
aimer, et j’ai faim de m’unir à l’Amour122. 5.La Rhétorique courto
8033
n’aime pas, mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim
de
m’unir à l’Amour122. 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques
8034
mais j’ai soif d’aimer, et j’ai faim de m’unir à
l’
Amour122. 5.La Rhétorique courtoise chez les mystiques espagnols
8035
à l’Amour122. 5.La Rhétorique courtoise chez
les
mystiques espagnols Si maintenant nous parcourons les textes des g
8036
tiques espagnols Si maintenant nous parcourons
les
textes des grands mystiques espagnols, sainte Thérèse et saint Jean d
8037
iècle, nous y retrouvons, jusque dans ses nuances
les
plus précieuses, la rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
8038
ons, jusque dans ses nuances les plus précieuses,
la
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui
8039
uances les plus précieuses, la rhétorique entière
de
l’amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément
8040
ces les plus précieuses, la rhétorique entière de
l’
amour courtois. À défaut d’une anthologie qui tiendrait décidément tro
8041
rhétorique entière de l’amour courtois. À défaut
d’
une anthologie qui tiendrait décidément trop de place123, bornons-nous
8042
ut d’une anthologie qui tiendrait décidément trop
de
place123, bornons-nous à énumérer les principaux thèmes communs aux t
8043
idément trop de place123, bornons-nous à énumérer
les
principaux thèmes communs aux troubadours et aux mystiques orthodoxes
8044
oubadours et aux mystiques orthodoxes : « Mourir
de
ne pas mourir124. » La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui ble
8045
ues orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir124. »
La
« brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « sal
8046
urir de ne pas mourir124. » La « brûlure suave ».
Le
« dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La pa
8047
pas mourir124. » La « brûlure suave ». Le « dard
d’
amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour. La passion qui
8048
uave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer.
Le
« salut » de l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
8049
dard d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut »
de
l’amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion q
8050
d d’amour » qui blesse sans tuer. Le « salut » de
l’
amour. La passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui
8051
» qui blesse sans tuer. Le « salut » de l’amour.
La
passion qui « isole » du monde et des êtres. La passion qui décolore
8052
. La passion qui « isole » du monde et des êtres.
La
passion qui décolore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que l’on
8053
assion qui décolore tout autre amour. Se plaindre
d’
un mal que l’on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestr
8054
colore tout autre amour. Se plaindre d’un mal que
l’
on préfère cependant à toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer q
8055
toute joie et à tout bien terrestre. Déplorer que
les
mots trahissent le sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dir
8056
bien terrestre. Déplorer que les mots trahissent
le
sentiment « ineffable » et qu’il faut pourtant dire. L’amour qui puri
8057
timent « ineffable » et qu’il faut pourtant dire.
L’
amour qui purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de l’amour s
8058
L’amour qui purifie et chasse toute pensée vile.
Le
vouloir de l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’
8059
i purifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir
de
l’amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont
8060
urifie et chasse toute pensée vile. Le vouloir de
l’
amour se substituant au vouloir propre. Le « combat » d’amour, dont il
8061
loir de l’amour se substituant au vouloir propre.
Le
« combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « c
8062
r se substituant au vouloir propre. Le « combat »
d’
amour, dont il faut sortir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », hav
8063
e « combat » d’amour, dont il faut sortir vaincu.
Le
symbolisme des « châteaux », havres de l’amour. Le symbolisme du « mi
8064
ir vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres
de
l’amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’a
8065
vaincu. Le symbolisme des « châteaux », havres de
l’
amour. Le symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amou
8066
e symbolisme des « châteaux », havres de l’amour.
Le
symbolisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait
8067
olisme du « miroir », amour imparfait renvoyant à
l’
amour parfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d
8068
r », amour imparfait renvoyant à l’amour parfait.
Le
« cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour c
8069
it renvoyant à l’amour parfait. Le « cœur volé »,
l’
« entendement ravi », le « rapt » d’amour. L’amour considéré comme « c
8070
arfait. Le « cœur volé », l’« entendement ravi »,
le
« rapt » d’amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (c
8071
cœur volé », l’« entendement ravi », le « rapt »
d’
amour. L’amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en
8072
é », l’« entendement ravi », le « rapt » d’amour.
L’
amour considéré comme « connaissance » suprême (canoscenza en provença
8073
ce » suprême (canoscenza en provençal). Sur quoi
le
psychologue matérialiste (cela va de Voltaire à Freud) conclut avec u
8074
). Sur quoi le psychologue matérialiste (cela va
de
Voltaire à Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur la foi d
8075
Freud) conclut avec une bizarre assurance, et sur
la
foi du seul langage, que tout cela relève d’une déviation sexuelle. E
8076
sur la foi du seul langage, que tout cela relève
d’
une déviation sexuelle. Et l’on sait que les conclusions des savants d
8077
que tout cela relève d’une déviation sexuelle. Et
l’
on sait que les conclusions des savants du xixe siècle sont devenues
8078
relève d’une déviation sexuelle. Et l’on sait que
les
conclusions des savants du xixe siècle sont devenues nos préjugés co
8079
nues nos préjugés courants. Mais sans compter que
le
jugement matérialiste sur les mystiques est plus révélateur de l’obse
8080
ais sans compter que le jugement matérialiste sur
les
mystiques est plus révélateur de l’obsession de ceux qui le portent q
8081
atérialiste sur les mystiques est plus révélateur
de
l’obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le po
8082
rialiste sur les mystiques est plus révélateur de
l’
obsession de ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte
8083
les mystiques est plus révélateur de l’obsession
de
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose
8084
es est plus révélateur de l’obsession de ceux qui
le
portent que de l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une doub
8085
élateur de l’obsession de ceux qui le portent que
de
l’objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur histo
8086
teur de l’obsession de ceux qui le portent que de
l’
objet sur lequel on le porte, il repose sur une double erreur historiq
8087
ceux qui le portent que de l’objet sur lequel on
le
porte, il repose sur une double erreur historique et psychologique. C
8088
uble erreur historique et psychologique. Car : 1°
le
langage de la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’
8089
historique et psychologique. Car : 1° le langage
de
la passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
8090
storique et psychologique. Car : 1° le langage de
la
passion — tel qu’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’o
8091
ue. Car : 1° le langage de la passion — tel qu’on
le
retrouve chez les mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens
8092
angage de la passion — tel qu’on le retrouve chez
les
mystiques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de la nature, m
8093
’on le retrouve chez les mystiques — n’est pas, à
l’
origine, celui des sens et de la nature, mais il est au contraire la r
8094
iques — n’est pas, à l’origine, celui des sens et
de
la nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroit
8095
es — n’est pas, à l’origine, celui des sens et de
la
nature, mais il est au contraire la rhétorique d’une ascèse étroiteme
8096
es sens et de la nature, mais il est au contraire
la
rhétorique d’une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du x
8097
la nature, mais il est au contraire la rhétorique
d’
une ascèse étroitement liée à l’hérésie méridionale du xiie siècle ;
8098
ire la rhétorique d’une ascèse étroitement liée à
l’
hérésie méridionale du xiie siècle ; 2° des génies comme saint Jean d
8099
e étaient mieux avertis que quiconque des dangers
de
la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Cr
8100
taient mieux avertis que quiconque des dangers de
la
« luxure spirituelle ». (C’est l’expression de saint Jean de la Croix
8101
des dangers de la « luxure spirituelle ». (C’est
l’
expression de saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent ave
8102
de la « luxure spirituelle ». (C’est l’expression
de
saint Jean de la Croix.) Or tous les deux en parlent avec une liberté
8103
l’expression de saint Jean de la Croix.) Or tous
les
deux en parlent avec une liberté telle que l’on ne voit plus ce que p
8104
us les deux en parlent avec une liberté telle que
l’
on ne voit plus ce que pourrait signifier, dans leur cas, le soupçon h
8105
it plus ce que pourrait signifier, dans leur cas,
le
soupçon habituel de « refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments.
8106
ait signifier, dans leur cas, le soupçon habituel
de
« refoulement ». ⁂ Reprenons ces deux arguments. Et tout d’abord, sou
8107
x arguments. Et tout d’abord, soulignons bien que
le
langage des mystiques ne saurait être confondu avec la nature profond
8108
ngage des mystiques ne saurait être confondu avec
la
nature profonde de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de
8109
ne saurait être confondu avec la nature profonde
de
l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : «
8110
saurait être confondu avec la nature profonde de
l’
expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On
8111
de l’expérience qu’ils ont vécue. J. Baruzi écrit
de
sainte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre de ses images… M
8112
J. Baruzi écrit de sainte Thérèse : « On a démêlé
les
sources de nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement le
8113
rit de sainte Thérèse : « On a démêlé les sources
de
nombre de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
8114
nte Thérèse : « On a démêlé les sources de nombre
de
ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines de ce lang
8115
de ses images… Mais trouverait-on aussi sûrement
les
origines de ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plu
8116
s… Mais trouverait-on aussi sûrement les origines
de
ce langage psychologique où se traduit sans doute, le plus purement,
8117
e langage psychologique où se traduit sans doute,
le
plus purement, sa nature125 ? » Tous les mystiques, et sainte Thérèse
8118
ns doute, le plus purement, sa nature125 ? » Tous
les
mystiques, et sainte Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
8119
ques, et sainte Thérèse la première, se plaignent
de
n’avoir pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
8120
Thérèse la première, se plaignent de n’avoir pas
de
mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres de Dieu telles
8121
pas de mots nouveaux (nuevas palabras) pour louer
les
œuvres de Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silen
8122
nouveaux (nuevas palabras) pour louer les œuvres
de
Dieu telles qu’ils les vivent dans leur âme. Et leurs silences furent
8123
bras) pour louer les œuvres de Dieu telles qu’ils
les
vivent dans leur âme. Et leurs silences furent plus réels que leurs p
8124
ls que leurs paroles. Il ne s’agit donc, ici, que
de
tenir compte des éléments hérités de leur langage littéraire. Or s’il
8125
nc, ici, que de tenir compte des éléments hérités
de
leur langage littéraire. Or s’il faut se borner à un exemple qui est
8126
’il faut se borner à un exemple qui est à la fois
le
plus fameux, le mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants
8127
er à un exemple qui est à la fois le plus fameux,
le
mieux connu, et celui qui a le plus égaré nos savants, le fait est qu
8128
is le plus fameux, le mieux connu, et celui qui a
le
plus égaré nos savants, le fait est que sainte Thérèse utilise consta
8129
connu, et celui qui a le plus égaré nos savants,
le
fait est que sainte Thérèse utilise constamment, et même raffine la r
8130
inte Thérèse utilise constamment, et même raffine
la
rhétorique courtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou de cour
8131
t même raffine la rhétorique courtoise. S’agit-il
d’
influences littéraires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou d’
8132
ourtoise. S’agit-il d’influences littéraires ? Ou
de
courants hérétiques souterrains ? Ou d’une recréation autonome, qui p
8133
ires ? Ou de courants hérétiques souterrains ? Ou
d’
une recréation autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur la bas
8134
autonome, qui pourrait s’expliquer en partie sur
la
base des remarques que nous faisions au précédent chapitre ? « Commen
8135
e recomposée126 ? » Je ne pense pas que personne,
de
nos jours, soit en mesure de trancher toutes ces questions. Les spéci
8136
se pas que personne, de nos jours, soit en mesure
de
trancher toutes ces questions. Les spécialistes les mieux informés hé
8137
soit en mesure de trancher toutes ces questions.
Les
spécialistes les mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’at
8138
e trancher toutes ces questions. Les spécialistes
les
mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit d’attribuer à tel mys
8139
s mieux informés hésitent encore lorsqu’il s’agit
d’
attribuer à tel mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus le m
8140
mystique fort bien connu, et orthodoxe par-dessus
le
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine de termes
8141
marché (Ruysbroek ou sainte Thérèse par exemple)
l’
origine de termes précis dont Jean de la Croix fait usage. Nous pouvon
8142
uysbroek ou sainte Thérèse par exemple) l’origine
de
termes précis dont Jean de la Croix fait usage. Nous pouvons cependan
8143
uelques sources certaines. « On a souvent signalé
le
goût des mystiques pour la littérature chevaleresque. Sainte Thérèse
8144
« On a souvent signalé le goût des mystiques pour
la
littérature chevaleresque. Sainte Thérèse raffolait dans sa jeunesse
8145
nte Thérèse raffolait dans sa jeunesse des romans
de
chevalerie (voir sa Vie par elle-même, chap. ii) ; elle eut même, par
8146
elle-même, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il,
l’
idée d’en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue127. » N
8147
ême, chap. ii) ; elle eut même, paraît-il, l’idée
d’
en composer un en collaboration avec son frère Rodrigue127. » Nous sav
8148
frère Rodrigue127. » Nous savons d’autre part que
les
auteurs religieux dont elle faisait sa nourriture intellectuelle étai
8149
iture intellectuelle étaient tous fortement imbus
de
rhétorique courtoise et chevaleresque. La question a d’ailleurs été t
8150
t imbus de rhétorique courtoise et chevaleresque.
La
question a d’ailleurs été traitée par un auteur qui offre toutes les
8151
lleurs été traitée par un auteur qui offre toutes
les
garanties de sérieux et d’information128, et en des termes qui me par
8152
itée par un auteur qui offre toutes les garanties
de
sérieux et d’information128, et en des termes qui me paraissent trop
8153
teur qui offre toutes les garanties de sérieux et
d’
information128, et en des termes qui me paraissent trop significatifs
8154
paraissent trop significatifs pour que j’hésite à
les
reproduire : Si l’on se borne à la conception de l’amour dans les ro
8155
ficatifs pour que j’hésite à les reproduire : Si
l’
on se borne à la conception de l’amour dans les romans de chevalerie e
8156
e j’hésite à les reproduire : Si l’on se borne à
la
conception de l’amour dans les romans de chevalerie et dans les trait
8157
es reproduire : Si l’on se borne à la conception
de
l’amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels
8158
reproduire : Si l’on se borne à la conception de
l’
amour dans les romans de chevalerie et dans les traités spirituels du
8159
Si l’on se borne à la conception de l’amour dans
les
romans de chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle,
8160
borne à la conception de l’amour dans les romans
de
chevalerie et dans les traités spirituels du xvie siècle, on observe
8161
de l’amour dans les romans de chevalerie et dans
les
traités spirituels du xvie siècle, on observe d’intéressantes analog
8162
es traités spirituels du xvie siècle, on observe
d’
intéressantes analogies de fond et de forme. a) le noble langage d’Am
8163
vie siècle, on observe d’intéressantes analogies
de
fond et de forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores éroti
8164
, on observe d’intéressantes analogies de fond et
de
forme. a) le noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses s
8165
’intéressantes analogies de fond et de forme. a)
le
noble langage d’Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles précio
8166
alogies de fond et de forme. a) le noble langage
d’
Amadis, ses métaphores érotiques, ses subtiles préciosités se retrouve
8167
, Bernardino de Laredo et Malou de Chaide [maître
de
sainte Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et le Château i
8168
e [maître de sainte Thérèse], aussi bien que dans
les
Exclamations et le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de
8169
Thérèse], aussi bien que dans les Exclamations et
le
Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans de chevaleri
8170
amations et le Château intérieur. b) En Espagne,
les
auteurs de romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se c
8171
le Château intérieur. b) En Espagne, les auteurs
de
romans de chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisen
8172
intérieur. b) En Espagne, les auteurs de romans
de
chevalerie comme ceux des traités mystiques se caractérisent par le m
8173
e ceux des traités mystiques se caractérisent par
le
même réalisme quand ils sacrifient le sentiment du merveilleux à celu
8174
érisent par le même réalisme quand ils sacrifient
le
sentiment du merveilleux à celui d’une intimité plus familière et plu
8175
ls sacrifient le sentiment du merveilleux à celui
d’
une intimité plus familière et plus émouvante, comme ils tendent à met
8176
ère et plus émouvante, comme ils tendent à mettre
l’
humain et le divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec
8177
émouvante, comme ils tendent à mettre l’humain et
le
divin sur le même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux pr
8178
mme ils tendent à mettre l’humain et le divin sur
le
même plan, soit en contemplant le divin avec des yeux profanes, soit
8179
et le divin sur le même plan, soit en contemplant
le
divin avec des yeux profanes, soit en considérant l’humain sous une i
8180
divin avec des yeux profanes, soit en considérant
l’
humain sous une interprétation divine. [C’est moi qui souligne.] c) S
8181
ion divine. [C’est moi qui souligne.] c) Surtout
l’
amour courtois et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la mêm
8182
oi qui souligne.] c) Surtout l’amour courtois et
l’
amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans la même conception héroïqu
8183
et l’amour divin s’exaltent l’un et l’autre dans
la
même conception héroïque de l’obligation morale, de l’action et de la
8184
l’un et l’autre dans la même conception héroïque
de
l’obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des
8185
un et l’autre dans la même conception héroïque de
l’
obligation morale, de l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Ga
8186
même conception héroïque de l’obligation morale,
de
l’action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sain
8187
me conception héroïque de l’obligation morale, de
l’
action et de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte
8188
n héroïque de l’obligation morale, de l’action et
de
la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pour
8189
éroïque de l’obligation morale, de l’action et de
la
foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourrai
8190
de l’obligation morale, de l’action et de la foi.
La
devise d’Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourraient être
8191
ation morale, de l’action et de la foi. La devise
d’
Amadis des Gaules et celle de sainte Thérèse pourraient être également
8192
de la foi. La devise d’Amadis des Gaules et celle
de
sainte Thérèse pourraient être également « aimer pour agir ». [Ici, j
8193
r pour agir ». [Ici, je ferai quelques réserves :
l’
amour courtois, dans sa pureté première, aime pour souffrir, pour « pâ
8194
souffrir, pour « pâtir »…] d) Ce n’est pas dans
les
pauvres extravagances des romans de chevalerie mystique (la Gallarda
8195
est pas dans les pauvres extravagances des romans
de
chevalerie mystique (la Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu
8196
extravagances des romans de chevalerie mystique (
la
Gallarda Espirituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher la syn
8197
rituel, El divino Escarraman) qu’il faut chercher
la
synthèse de l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troub
8198
ivino Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse
de
l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours prove
8199
no Escarraman) qu’il faut chercher la synthèse de
l’
amour divin et de l’amour courtois, mais chez les troubadours provença
8200
’il faut chercher la synthèse de l’amour divin et
de
l’amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècl
8201
faut chercher la synthèse de l’amour divin et de
l’
amour courtois, mais chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
8202
e l’amour divin et de l’amour courtois, mais chez
les
troubadours provençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments de
8203
chez les troubadours provençaux du xiie siècle.
Les
plus féconds éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et de leur
8204
ençaux du xiie siècle. Les plus féconds éléments
de
leur doctrine, de leur symbolisme et de leur terminologie passent dan
8205
ècle. Les plus féconds éléments de leur doctrine,
de
leur symbolisme et de leur terminologie passent dans la mystique du x
8206
éléments de leur doctrine, de leur symbolisme et
de
leur terminologie passent dans la mystique du xiiie siècle par l’int
8207
r symbolisme et de leur terminologie passent dans
la
mystique du xiiie siècle par l’intermédiaire de saint François d’Ass
8208
aire de saint François d’Assise. En se limitant à
l’
évolution de sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie
8209
t François d’Assise. En se limitant à l’évolution
de
sainte Thérèse, on constate que les romans de chevalerie ont eu sur e
8210
à l’évolution de sainte Thérèse, on constate que
les
romans de chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et
8211
ion de sainte Thérèse, on constate que les romans
de
chevalerie ont eu sur elle une influence psychologique, et une influe
8212
ne influence littéraire qui apparaît surtout dans
le
symbolisme guerrier du combat spirituel et du Château intérieur. Ex
8213
intérieur. Extraordinaire retour et assomption
de
l’hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Ég
8214
térieur. Extraordinaire retour et assomption de
l’
hérésie, par le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Églis
8215
aordinaire retour et assomption de l’hérésie, par
le
détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Égl
8216
retour et assomption de l’hérésie, par le détour
d’
une rhétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que l’Église lui re
8217
le détour d’une rhétorique qu’elle a créée contre
l’
Église, et que l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étap
8218
hétorique qu’elle a créée contre l’Église, et que
l’
Église lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure
8219
ue l’Église lui reprend par ses saints ! Résumons
les
étapes de l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à
8220
lui reprend par ses saints ! Résumons les étapes
de
l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, el
8221
i reprend par ses saints ! Résumons les étapes de
l’
aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle
8222
ses saints ! Résumons les étapes de l’aventure :
l’
hérésie des « parfaits » descend de l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se
8223
e l’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend
de
l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amou
8224
’aventure : l’hérésie des « parfaits » descend de
l’
Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amour q
8225
l’Éros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec
la
poésie d’un amour qui serait tout profane ; les confusions qu’elle en
8226
énus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie
d’
un amour qui serait tout profane ; les confusions qu’elle entretient d
8227
ec la poésie d’un amour qui serait tout profane ;
les
confusions qu’elle entretient de la sorte flattent trop bien les dési
8228
tout profane ; les confusions qu’elle entretient
de
la sorte flattent trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérési
8229
ut profane ; les confusions qu’elle entretient de
la
sorte flattent trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie d
8230
qu’elle entretient de la sorte flattent trop bien
les
désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie disparaît aux yeux des mondain
8231
attent trop bien les désirs naturels ; peu à peu,
l’
hérésie disparaît aux yeux des mondains abusés par le charme trompeur
8232
érésie disparaît aux yeux des mondains abusés par
le
charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici
8233
x yeux des mondains abusés par le charme trompeur
de
l’art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et tro
8234
eux des mondains abusés par le charme trompeur de
l’
art : ils n’en gardent que la poésie ; et voici que cent ans et trois-
8235
e charme trompeur de l’art : ils n’en gardent que
la
poésie ; et voici que cent ans et trois-cents ans plus tard, ce vêtem
8236
nt dont on a oublié qu’il cachait autre chose que
la
nature — c’est la mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en
8237
é qu’il cachait autre chose que la nature — c’est
la
mystique chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir l’Agapè !
8238
a nature — c’est la mystique chrétienne qui vient
le
reprendre pour en revêtir l’Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont rel
8239
chrétienne qui vient le reprendre pour en revêtir
l’
Agapè ! ⁂ Quant à la psychologie dont relèverait cette préférence pour
8240
le reprendre pour en revêtir l’Agapè ! ⁂ Quant à
la
psychologie dont relèverait cette préférence pour le langage passionn
8241
psychologie dont relèverait cette préférence pour
le
langage passionnel, elle a été interprétée généralement selon la supe
8242
ionnel, elle a été interprétée généralement selon
la
superstition matérialiste129. On a « ramené » tout ce qu’on pouvait —
8243
mené » tout ce qu’on pouvait — et un peu plus — à
l’
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans l’ensemble, n’est ja
8244
et un peu plus — à l’instinct sexuel « dévoyé ».
Le
xixe siècle, dans l’ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’i
8245
instinct sexuel « dévoyé ». Le xixe siècle, dans
l’
ensemble, n’est jamais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener » le
8246
amais plus heureux que lorsqu’il peut « ramener »
le
supérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à
8247
eux que lorsqu’il peut « ramener » le supérieur à
l’
inférieur, le spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant.
8248
u’il peut « ramener » le supérieur à l’inférieur,
le
spirituel au matériel, le significatif à l’insignifiant. Et c’est ce
8249
upérieur à l’inférieur, le spirituel au matériel,
le
significatif à l’insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer
8250
ieur, le spirituel au matériel, le significatif à
l’
insignifiant. Et c’est ce qu’il appelle « expliquer ». Que ce soit, la
8251
x des pires dénis du sens critique, je n’ai pas à
le
montrer ici dans le détail : j’ai dit ailleurs130 qu’à mon avis, cett
8252
sens critique, je n’ai pas à le montrer ici dans
le
détail : j’ai dit ailleurs130 qu’à mon avis, cette propension moderne
8253
rs130 qu’à mon avis, cette propension moderne est
le
signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en génér
8254
à mon avis, cette propension moderne est le signe
d’
un ressentiment profond à l’endroit de la poésie, et en général, de to
8255
le signe d’un ressentiment profond à l’endroit de
la
poésie, et en général, de toute activité créatrice « donc risquée — d
8256
profond à l’endroit de la poésie, et en général,
de
toute activité créatrice « donc risquée — de l’esprit. Mais il convie
8257
ral, de toute activité créatrice « donc risquée —
de
l’esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes d
8258
, de toute activité créatrice « donc risquée — de
l’
esprit. Mais il convient de préciser encore : que pour les hommes du x
8259
ce « donc risquée — de l’esprit. Mais il convient
de
préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage éro
8260
t. Mais il convient de préciser encore : que pour
les
hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à
8261
ser encore : que pour les hommes du xvie siècle,
le
langage érotique était plus innocent qu’à nos yeux. C’est nous qui so
8262
vrosés, héritiers du « puritanisme » embourgeoisé
d’
un xixe siècle incroyant. Saint Jean de la Croix, qui décrivit en une
8263
de la Croix, qui décrivit en une page remarquable
de
pénétration psychologique les mouvements de la chair attirée par l’él
8264
une page remarquable de pénétration psychologique
les
mouvements de la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nui
8265
uable de pénétration psychologique les mouvements
de
la chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I,
8266
le de pénétration psychologique les mouvements de
la
chair attirée par l’élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v.
8267
chologique les mouvements de la chair attirée par
l’
élan mystique en ses débuts (Nuit obscure, I, v. 3) ne s’exagère pas p
8268
scure, I, v. 3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se
la
dissimule la gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les f
8269
3) ne s’exagère pas plus qu’il ne se la dissimule
la
gravité relative de pareils accidents. Réciter ici les formules « sub
8270
plus qu’il ne se la dissimule la gravité relative
de
pareils accidents. Réciter ici les formules « sublimation » et « refo
8271
ravité relative de pareils accidents. Réciter ici
les
formules « sublimation » et « refoulement », c’est simplement refuser
8272
on » et « refoulement », c’est simplement refuser
de
savoir de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure,
8273
refoulement », c’est simplement refuser de savoir
de
quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Th
8274
ent », c’est simplement refuser de savoir de quoi
l’
on parle. Où est le refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse éc
8275
ment refuser de savoir de quoi l’on parle. Où est
le
refoulement, où est la censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux
8276
de quoi l’on parle. Où est le refoulement, où est
la
censure, lorsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint de ressen
8277
orsque Thérèse écrit à un religieux qui se plaint
de
ressentir une émotion des sens chaque fois qu’il entre en oraison : «
8278
oraison : « Je trouve que cela est indifférent à
l’
oraison, et que le mieux est de n’y faire aucune attention. » De même,
8279
ouve que cela est indifférent à l’oraison, et que
le
mieux est de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frè
8280
est indifférent à l’oraison, et que le mieux est
de
n’y faire aucune attention. » De même, à l’un de ses frères qui ne po
8281
de n’y faire aucune attention. » De même, à l’un
de
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver l’émoi sexuel, et à
8282
ses frères qui ne pouvait communier sans éprouver
l’
émoi sexuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence, de ne plus co
8283
t communier sans éprouver l’émoi sexuel, et à qui
l’
on avait ordonné en conséquence, de ne plus communier qu’une fois l’an
8284
xuel, et à qui l’on avait ordonné en conséquence,
de
ne plus communier qu’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
8285
en conséquence, de ne plus communier qu’une fois
l’
an, saint Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoi
8286
u’une fois l’an, saint Jean de la Croix conseille
de
ne pas s’inquiéter, de recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’
8287
Jean de la Croix conseille de ne pas s’inquiéter,
de
recevoir le sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et le frè
8288
roix conseille de ne pas s’inquiéter, de recevoir
le
sacrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et le frère se trouve
8289
acrement chaque semaine, quoi qu’il advienne — et
le
frère se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à l’excès. S’il
8290
— et le frère se trouve guéri, parce qu’il cesse
de
craindre à l’excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnai
8291
se trouve guéri, parce qu’il cesse de craindre à
l’
excès. S’il faut parler encore de psychanalyse, reconnaissons que Jean
8292
se de craindre à l’excès. S’il faut parler encore
de
psychanalyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici le rôle du
8293
lyse, reconnaissons que Jean de la Croix joue ici
le
rôle du médecin, et non du pauvre névrosé. « Il vous semblera peut-êt
8294
èse, que certaines choses qui se rencontrent dans
le
Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer d’une autre manière. Vu
8295
le Cantique des Cantiques auraient pu s’exprimer
d’
une autre manière. Vu notre grossièreté, je ne serais pas surprise que
8296
é, je ne serais pas surprise que cela nous vînt à
l’
esprit. J’ai même entendu dire à certaines personnes qu’elles évitaien
8297
ndu dire à certaines personnes qu’elles évitaient
de
les entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive c
8298
dire à certaines personnes qu’elles évitaient de
les
entendre. Ô Dieu ! que notre misère est grande ! Il nous arrive comme
8299
ui changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂
De
la comparaison formelle des écrits d’un Eckhart, avec ceux d’un Ruysb
8300
changent en poison tout ce qu’ils mangent… » ⁂ De
la
comparaison formelle des écrits d’un Eckhart, avec ceux d’un Ruysbroe
8301
angent… » ⁂ De la comparaison formelle des écrits
d’
un Eckhart, avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la
8302
aison formelle des écrits d’un Eckhart, avec ceux
d’
un Ruysbroek, d’une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons mai
8303
es écrits d’un Eckhart, avec ceux d’un Ruysbroek,
d’
une Thérèse et d’un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer ce
8304
khart, avec ceux d’un Ruysbroek, d’une Thérèse et
d’
un Jean de la Croix, nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
8305
nous pouvons maintenant tirer cette conclusion :
la
nature des métaphores empruntées au langage courant par les mystiques
8306
des métaphores empruntées au langage courant par
les
mystiques n’est pas sans d’étroites relations avec leur doctrine de l
8307
langage courant par les mystiques n’est pas sans
d’
étroites relations avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans l’In
8308
pas sans d’étroites relations avec leur doctrine
de
l’union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de
8309
s sans d’étroites relations avec leur doctrine de
l’
union ou leur foi dans l’Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la
8310
ns avec leur doctrine de l’union ou leur foi dans
l’
Incarnation. Ruysbroek, Thérèse et Jean de la Croix sont très nettemen
8311
christocentriques ». Tout chez eux part du drame
de
la séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ;
8312
ristocentriques ». Tout chez eux part du drame de
la
séparation instituée par le péché entre l’homme et son Créateur ; tou
8313
eux part du drame de la séparation instituée par
le
péché entre l’homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de
8314
ame de la séparation instituée par le péché entre
l’
homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion activ
8315
mme et son Créateur ; tout aboutit à des instants
de
communion active dans la Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mari
8316
t aboutit à des instants de communion active dans
la
Grâce, et c’est cela qu’ils appellent « mariage » — cette communion d
8317
la qu’ils appellent « mariage » — cette communion
de
l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sé
8318
qu’ils appellent « mariage » — cette communion de
l’
âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’homme sépar
8319
cette communion de l’âme élue et du Christ époux
de
l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la pa
8320
tte communion de l’âme élue et du Christ époux de
l’
Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la passi
8321
e l’âme élue et du Christ époux de l’Église. Mais
la
voie de l’homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout
8322
élue et du Christ époux de l’Église. Mais la voie
de
l’homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout dans leu
8323
e et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de
l’
homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout dans leurs
8324
e l’Église. Mais la voie de l’homme séparé, c’est
la
passion — et la passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle
8325
la voie de l’homme séparé, c’est la passion — et
la
passion est partout dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente de
8326
out dans leurs œuvres, tandis qu’elle est absente
de
celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la mo
8327
eurs œuvres, tandis qu’elle est absente de celles
d’
Eckhart. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspec
8328
bsente de celles d’Eckhart. Voilà pourquoi ce fut
la
mystique orthodoxe — la moins suspecte de troubles complaisances ! —
8329
rt. Voilà pourquoi ce fut la mystique orthodoxe —
la
moins suspecte de troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’
8330
ce fut la mystique orthodoxe — la moins suspecte
de
troubles complaisances ! — qui se vit portée par l’objet même de sa f
8331
troubles complaisances ! — qui se vit portée par
l’
objet même de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amou
8332
plaisances ! — qui se vit portée par l’objet même
de
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de l’amour-passion. Us
8333
de sa foi à user, et parfois à abuser, du langage
de
l’amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait néc
8334
sa foi à user, et parfois à abuser, du langage de
l’
amour-passion. Usage et abus dont la psychologie moderne devait nécess
8335
du langage de l’amour-passion. Usage et abus dont
la
psychologie moderne devait nécessairement tirer des conclusions confo
8336
bon sens, mais qui me paraissent controuvées par
l’
Histoire. 6.Note sur la métaphore Pourtant tout n’est pas expliq
8337
aissent controuvées par l’Histoire. 6.Note sur
la
métaphore Pourtant tout n’est pas expliqué par ces considérations
8338
dérations historiques. Car on peut reculer encore
la
question, et dire : le langage passionnel vient d’une littérature cou
8339
Car on peut reculer encore la question, et dire :
le
langage passionnel vient d’une littérature courtoise née dans l’ambia
8340
a question, et dire : le langage passionnel vient
d’
une littérature courtoise née dans l’ambiance d’une certaine hérésie ;
8341
ionnel vient d’une littérature courtoise née dans
l’
ambiance d’une certaine hérésie ; mais cette hérésie à son tour, ne se
8342
t d’une littérature courtoise née dans l’ambiance
d’
une certaine hérésie ; mais cette hérésie à son tour, ne se ramène-t-e
8343
sitions physiologiques sublimées ? Rien ne permet
de
l’affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste pos
8344
ions physiologiques sublimées ? Rien ne permet de
l’
affirmer historiquement. En théorie cependant l’objection reste possib
8345
e l’affirmer historiquement. En théorie cependant
l’
objection reste possible, et même inévitable. On connaît le casse-tête
8346
on reste possible, et même inévitable. On connaît
le
casse-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ? La mêm
8347
aît le casse-tête philosophique : qui a commencé,
la
poule ou l’œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, qua
8348
-tête philosophique : qui a commencé, la poule ou
l’
œuf ? La même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
8349
ilosophique : qui a commencé, la poule ou l’œuf ?
La
même question se repose, non moins insoluble, quand il s’agit de savo
8350
n se repose, non moins insoluble, quand il s’agit
de
savoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui
8351
d il s’agit de savoir, en fin de compte, si c’est
l’
« esprit » ou la « matière » qui sont la cause des phénomènes où tous
8352
avoir, en fin de compte, si c’est l’« esprit » ou
la
« matière » qui sont la cause des phénomènes où tous les deux sont im
8353
si c’est l’« esprit » ou la « matière » qui sont
la
cause des phénomènes où tous les deux sont impliqués. Par exemple, da
8354
atière » qui sont la cause des phénomènes où tous
les
deux sont impliqués. Par exemple, dans le cas du langage mystique : s
8355
ù tous les deux sont impliqués. Par exemple, dans
le
cas du langage mystique : sommes-nous en présence d’une matérialisati
8356
alisation du spirituel — et celui-ci serait alors
la
cause première — ou au contraire d’une sublimation de phénomènes phys
8357
serait alors la cause première — ou au contraire
d’
une sublimation de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la b
8358
ause première — ou au contraire d’une sublimation
de
phénomènes physiologiques, lesquels seraient à la base de ce qui se t
8359
de phénomènes physiologiques, lesquels seraient à
la
base de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on d
8360
mènes physiologiques, lesquels seraient à la base
de
ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit la réponse qu’on donnera,
8361
ase de ce qui se trouve exprimé ? Quelle que soit
la
réponse qu’on donnera, une chose demeure certaine : c’est que nous so
8362
n empirique. Mais en fait, personne ne s’y tient.
La
conscience moderne, par exemple, victime des réflexes que lui a donné
8363
ar exemple, victime des réflexes que lui a donnés
la
science matérialiste, tranche toujours le débat au bénéfice de ce qui
8364
donnés la science matérialiste, tranche toujours
le
débat au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métap
8365
térialiste, tranche toujours le débat au bénéfice
de
ce qui est le plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un g
8366
anche toujours le débat au bénéfice de ce qui est
le
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est
8367
at au bénéfice de ce qui est le plus bas. Prenons
le
cas des métaphores : on dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aus
8368
plus bas. Prenons le cas des métaphores : on dit
d’
un goût qu’il est amer mais on dira aussi d’une douleur qu’elle est am
8369
n dit d’un goût qu’il est amer mais on dira aussi
d’
une douleur qu’elle est amère. Comment cela peut-il s’expliquer ? Tout
8370
e monde répond, sans hésiter, que lorsqu’on parle
d’
une douleur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré. Le sens prop
8371
eur amère, on s’exprime par métaphore, au figuré.
Le
sens propre du mot « amer » serait alors celui qui concerne la sensat
8372
e du mot « amer » serait alors celui qui concerne
la
sensation physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où le sa
8373
physique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais
d’
où le sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour
8374
ique, tenue pour primitive. Il se peut. Mais d’où
le
sait-on ? Les personnes qui croient cela, le croient-elles pour des r
8375
our primitive. Il se peut. Mais d’où le sait-on ?
Les
personnes qui croient cela, le croient-elles pour des raisons qu’elle
8376
d’où le sait-on ? Les personnes qui croient cela,
le
croient-elles pour des raisons qu’elles seraient capables de donner ?
8377
elles pour des raisons qu’elles seraient capables
de
donner ? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement, le sens « ma
8378
? Ont-elles donc recherché si, chronologiquement,
le
sens « matériel » d’un mot précède toujours le « spirituel », qui ne
8379
erché si, chronologiquement, le sens « matériel »
d’
un mot précède toujours le « spirituel », qui ne serait qu’une transpo
8380
t, le sens « matériel » d’un mot précède toujours
le
« spirituel », qui ne serait qu’une transposition, un à peu près, une
8381
nne ne se livre à ces recherches : on affirme sur
la
foi d’un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé co
8382
se livre à ces recherches : on affirme sur la foi
d’
un préjugé que l’on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste
8383
cherches : on affirme sur la foi d’un préjugé que
l’
on baptise bon sens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que le p
8384
ens ou évidence. Ce préjugé consiste à croire que
le
physique est plus vrai et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc
8385
re que le physique est plus vrai et plus réel que
le
spirituel ; qu’il est donc à la base de tout ; que c’est par lui que
8386
et plus réel que le spirituel ; qu’il est donc à
la
base de tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de
8387
réel que le spirituel ; qu’il est donc à la base
de
tout ; que c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme de ce préj
8388
de tout ; que c’est par lui que tout s’explique.
Le
mécanisme de ce préjugé a été défini et critiqué par le Dr Minkowski1
8389
e c’est par lui que tout s’explique. Le mécanisme
de
ce préjugé a été défini et critiqué par le Dr Minkowski131 et Arnaud
8390
anisme de ce préjugé a été défini et critiqué par
le
Dr Minkowski131 et Arnaud Dandieu d’une manière pertinente et nuancée
8391
critiqué par le Dr Minkowski131 et Arnaud Dandieu
d’
une manière pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs, le sens dit
8392
re pertinente et nuancée. Selon ces deux auteurs,
le
sens dit « propre » et le sens dit « figuré » ne sauraient être « ram
8393
Selon ces deux auteurs, le sens dit « propre » et
le
sens dit « figuré » ne sauraient être « ramenés » l’un à l’autre, car
8394
uraient être « ramenés » l’un à l’autre, car tous
les
deux traduisent « proprement » dans des domaines différents, une réal
8395
ou spirituels. Sinon comment expliquerait-on que
le
même mot puisse servir à désigner des phénomènes aussi divers ? En vé
8396
ènes aussi divers ? En vérité, il n’y a pas moins
d’
amertume dans la douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous dés
8397
s ? En vérité, il n’y a pas moins d’amertume dans
la
douleur que dans le goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’un
8398
y a pas moins d’amertume dans la douleur que dans
le
goût du sel, mais ce que nous désignons dans l’un et l’autre par le m
8399
is ce que nous désignons dans l’un et l’autre par
le
même mot, c’est une même manière d’être affecté, soit par les sens, s
8400
t l’autre par le même mot, c’est une même manière
d’
être affecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans la totalité
8401
, c’est une même manière d’être affecté, soit par
les
sens, soit par la pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
8402
nière d’être affecté, soit par les sens, soit par
la
pensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores
8403
ecté, soit par les sens, soit par la pensée, dans
la
totalité de notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le m
8404
ar les sens, soit par la pensée, dans la totalité
de
notre existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hés
8405
ensée, dans la totalité de notre existence. Ainsi
de
nos métaphores amoureuses. Le moderne n’hésite pas à tenir ce raisonn
8406
re existence. Ainsi de nos métaphores amoureuses.
Le
moderne n’hésite pas à tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour m
8407
tenir ce raisonnement : « Amour désigne pour moi
l’
attrait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse d’amour — donc cet
8408
trait sexuel — or sainte Thérèse parle sans cesse
d’
amour — donc cette mystique est une érotomane qui s’ignore. » Mais nou
8409
sainte Thérèse n’ignore rien, et qu’au contraire,
les
amants « passionnés » sont sans doute des mystiques qui s’ignorent… A
8410
nt sans doute des mystiques qui s’ignorent… Ainsi
les
arguments s’annulent. Nous ne savons rien des origines premières. Ce
8411
s. Ce que nous avons pu dégager, c’est uniquement
le
jeu des deux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-le encore
8412
r, c’est uniquement le jeu des deux facteurs dans
l’
évolution historique. Résumons-le encore une fois, pour plus de clarté
8413
ux facteurs dans l’évolution historique. Résumons-
le
encore une fois, pour plus de clarté. Notre langage passionnel nous v
8414
istorique. Résumons-le encore une fois, pour plus
de
clarté. Notre langage passionnel nous vient de la rhétorique des trou
8415
de clarté. Notre langage passionnel nous vient de
la
rhétorique des troubadours. Rhétorique ambiguë par excellence : une d
8416
une dogmatique manichéenne y compose des symboles
d’
attrait sexuel. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de la re
8417
el. Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant
de
la religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage c
8418
Mais peu à peu, cette rhétorique se détachant de
la
religion qui l’a créée, passe dans les mœurs, et devient langage comm
8419
cette rhétorique se détachant de la religion qui
l’
a créée, passe dans les mœurs, et devient langage commun. Maintenant,
8420
étachant de la religion qui l’a créée, passe dans
les
mœurs, et devient langage commun. Maintenant, quand un mystique veut
8421
imer ses expériences ineffables, il est contraint
de
se servir de métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’e
8422
riences ineffables, il est contraint de se servir
de
métaphores. Il les prend où il les trouve et telles qu’elles sont, qu
8423
, il est contraint de se servir de métaphores. Il
les
prend où il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier
8424
nt de se servir de métaphores. Il les prend où il
les
trouve et telles qu’elles sont, quitte à les modifier par la suite. O
8425
ù il les trouve et telles qu’elles sont, quitte à
les
modifier par la suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores co
8426
t telles qu’elles sont, quitte à les modifier par
la
suite. Or à partir du xiie siècle, les métaphores courantes sont cel
8427
difier par la suite. Or à partir du xiie siècle,
les
métaphores courantes sont celles de la rhétorique courtoise. Que les
8428
iie siècle, les métaphores courantes sont celles
de
la rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter
8429
siècle, les métaphores courantes sont celles de
la
rhétorique courtoise. Que les mystiques s’en emparent sans hésiter ne
8430
antes sont celles de la rhétorique courtoise. Que
les
mystiques s’en emparent sans hésiter ne signifie donc pas du tout qu’
8431
nt » des passions sensuelles, mais simplement que
l’
expression habituelle de ces passions, créée d’ailleurs par une mystiq
8432
lles, mais simplement que l’expression habituelle
de
ces passions, créée d’ailleurs par une mystique, convient à l’express
8433
ns, créée d’ailleurs par une mystique, convient à
l’
expression de l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d
8434
illeurs par une mystique, convient à l’expression
de
l’amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus
8435
eurs par une mystique, convient à l’expression de
l’
amour spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à l
8436
ur spirituel qu’ils vivent. Et elle convient même
d’
autant plus à l’expression des rapports « malheureux » entretenus par
8437
ils vivent. Et elle convient même d’autant plus à
l’
expression des rapports « malheureux » entretenus par l’âme et son Die
8438
ession des rapports « malheureux » entretenus par
l’
âme et son Dieu, qu’elle s’est plus complètement humanisée, c’est-à-di
8439
lus complètement humanisée, c’est-à-dire détachée
de
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme,
8440
complètement humanisée, c’est-à-dire détachée de
l’
hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce
8441
umanisée, c’est-à-dire détachée de l’hérésie. Car
l’
hérésie posait l’union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
8442
-dire détachée de l’hérésie. Car l’hérésie posait
l’
union possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin
8443
l’hérésie. Car l’hérésie posait l’union possible
de
Dieu et de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de
8444
Car l’hérésie posait l’union possible de Dieu et
de
l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour
8445
r l’hérésie posait l’union possible de Dieu et de
l’
âme, ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur de tout amour hu
8446
n possible de Dieu et de l’âme, ce qui entraînait
le
bonheur divin et le malheur de tout amour humain ; tandis que l’ortho
8447
t de l’âme, ce qui entraînait le bonheur divin et
le
malheur de tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’uni
8448
ce qui entraînait le bonheur divin et le malheur
de
tout amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que l’union est impo
8449
n et le malheur de tout amour humain ; tandis que
l’
orthodoxie pose que l’union est impossible, ce qui entraîne le malheur
8450
t amour humain ; tandis que l’orthodoxie pose que
l’
union est impossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend l’amour
8451
pose que l’union est impossible, ce qui entraîne
le
malheur divin et rend l’amour humain possible en ses limites. D’où il
8452
ossible, ce qui entraîne le malheur divin et rend
l’
amour humain possible en ses limites. D’où il résulte que le langage d
8453
n et rend l’amour humain possible en ses limites.
D’
où il résulte que le langage de la passion humaine selon l’hérésie cor
8454
main possible en ses limites. D’où il résulte que
le
langage de la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage d
8455
le en ses limites. D’où il résulte que le langage
de
la passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passio
8456
en ses limites. D’où il résulte que le langage de
la
passion humaine selon l’hérésie correspond au langage de la passion d
8457
ésulte que le langage de la passion humaine selon
l’
hérésie correspond au langage de la passion divine selon l’orthodoxie.
8458
ion humaine selon l’hérésie correspond au langage
de
la passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d
8459
humaine selon l’hérésie correspond au langage de
la
passion divine selon l’orthodoxie. On se trouve donc en présence d’un
8460
correspond au langage de la passion divine selon
l’
orthodoxie. On se trouve donc en présence d’une continuelle interactio
8461
ision tout arbitraire isolerait tel ou tel moment
de
cette dialectique permanente pour en faire la donnée première. 7.L
8462
ent de cette dialectique permanente pour en faire
la
donnée première. 7.Libération finale des mystiques Cette décisi
8463
s Cette décision tout arbitraire, il est temps
de
la prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
8464
Cette décision tout arbitraire, il est temps de
la
prendre ici, et de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de
8465
ut arbitraire, il est temps de la prendre ici, et
de
la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’ell
8466
arbitraire, il est temps de la prendre ici, et de
la
prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle s
8467
de la prendre ici, et de la prendre en faveur de
l’
esprit, c’est-à-dire de sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de
8468
de la prendre en faveur de l’esprit, c’est-à-dire
de
sa primauté. Qu’elle soit arbitraire en fin de compte, ou ce qui revi
8469
nt au même, avant tout compte, n’exclut pas qu’on
l’
appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me p
8470
e, avant tout compte, n’exclut pas qu’on l’appuie
de
raisons. J’en marquerai trois. 1° Le langage passionnel me paraît s’e
8471
’on l’appuie de raisons. J’en marquerai trois. 1°
Le
langage passionnel me paraît s’expliquer à partir de l’esprit, en cec
8472
gage passionnel me paraît s’expliquer à partir de
l’
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de la nature sur l’e
8473
partir de l’esprit, en ceci qu’il exprime non pas
le
triomphe de la nature sur l’esprit132, mais l’excès de l’esprit sur l
8474
esprit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe
de
la nature sur l’esprit132, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
8475
rit, en ceci qu’il exprime non pas le triomphe de
la
nature sur l’esprit132, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’
8476
u’il exprime non pas le triomphe de la nature sur
l’
esprit132, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe l
8477
as le triomphe de la nature sur l’esprit132, mais
l’
excès de l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir es
8478
iomphe de la nature sur l’esprit132, mais l’excès
de
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si gra
8479
phe de la nature sur l’esprit132, mais l’excès de
l’
esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand
8480
ure sur l’esprit132, mais l’excès de l’esprit sur
l’
instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
8481
it132, mais l’excès de l’esprit sur l’instinct. «
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
8482
l’esprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », di
8483
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti,
8484
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie s
8485
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel », disait le troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie sièc
8486
dépasse les limites de l’amour naturel », disait
le
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
8487
troubadour Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or
le
fait de dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant q
8488
ur Guido Cavalcanti, au xiiie siècle. Or le fait
de
dépasser les limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit
8489
alcanti, au xiiie siècle. Or le fait de dépasser
les
limites de l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fa
8490
xiiie siècle. Or le fait de dépasser les limites
de
l’instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui
8491
ie siècle. Or le fait de dépasser les limites de
l’
instinct, définit l’homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui no
8492
it de dépasser les limites de l’instinct, définit
l’
homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler.
8493
ant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet
de
parler. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir de mentir auta
8494
ait seul qui nous permet de parler. Qu’est-ce que
le
langage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’expri
8495
et de parler. Qu’est-ce que le langage en effet ?
Le
pouvoir de mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un ani
8496
r. Qu’est-ce que le langage en effet ? Le pouvoir
de
mentir autant que le pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est inc
8497
angage en effet ? Le pouvoir de mentir autant que
le
pouvoir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de
8498
ffet ? Le pouvoir de mentir autant que le pouvoir
d’
exprimer ce qui est. Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
8499
ir d’exprimer ce qui est. Un animal est incapable
de
mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du néc
8500
er ce qui est. Un animal est incapable de mentir,
de
dire ce que l’instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et
8501
Un animal est incapable de mentir, de dire ce que
l’
instinct ne fait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de la s
8502
de mentir, de dire ce que l’instinct ne fait pas,
d’
aller au-delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
8503
ait pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà
de
la satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l
8504
pas, d’aller au-delà du nécessaire et au-delà de
la
satisfaction. La passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’él
8505
delà du nécessaire et au-delà de la satisfaction.
La
passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
8506
ssaire et au-delà de la satisfaction. La passion,
l’
amour de l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instin
8507
t au-delà de la satisfaction. La passion, l’amour
de
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qu
8508
u-delà de la satisfaction. La passion, l’amour de
l’
amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de l’instinct et qui,
8509
a passion, l’amour de l’amour, c’est au contraire
l’
élan qui va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. L
8510
l’amour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà
de
l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel
8511
mour, c’est au contraire l’élan qui va au-delà de
l’
instinct et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable d’un tel me
8512
i va au-delà de l’instinct et qui, par là, ment à
l’
instinct. Le responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esp
8513
de l’instinct et qui, par là, ment à l’instinct.
Le
responsable d’un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On s
8514
et qui, par là, ment à l’instinct. Le responsable
d’
un tel mensonge ne saurait être que « l’esprit ». (On sent ici à quell
8515
sponsable d’un tel mensonge ne saurait être que «
l’
esprit ». (On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion, l’expressi
8516
ue « l’esprit ». (On sent ici à quelle profondeur
l’
amour-passion, l’expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-
8517
(On sent ici à quelle profondeur l’amour-passion,
l’
expression et le mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
8518
uelle profondeur l’amour-passion, l’expression et
le
mensonge se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique de toute passion
8519
songe se trouvent liés. Et n’est-elle pas typique
de
toute passion, cette volonté de s’exprimer, de se décrire comme pour
8520
-elle pas typique de toute passion, cette volonté
de
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais a
8521
ue de toute passion, cette volonté de s’exprimer,
de
se décrire comme pour mieux jouir de soi-même ? Mais aussi cette conv
8522
s’exprimer, de se décrire comme pour mieux jouir
de
soi-même ? Mais aussi cette conviction que les autres ne comprendront
8523
uir de soi-même ? Mais aussi cette conviction que
les
autres ne comprendront pas, et que s’ils questionnent ou accusent, on
8524
accusent, on ne peut alors que mentir pour sauver
l’
essence même de la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroe
8525
peut alors que mentir pour sauver l’essence même
de
la passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Fra
8526
ut alors que mentir pour sauver l’essence même de
la
passion !) 2° Si Jean de la Croix, et même Ruysbroek, et saint Franço
8527
, et saint François sont évidemment postérieurs à
la
naissance de l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci es
8528
ançois sont évidemment postérieurs à la naissance
de
l’amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur
8529
ois sont évidemment postérieurs à la naissance de
l’
amour-passion, il n’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à l
8530
’en reste pas moins que celui-ci est postérieur à
la
mystique pseudo-chrétienne des cathares. 3° C’est sans doute à tort q
8531
nne des cathares. 3° C’est sans doute à tort qu’à
la
proposition : « Tout érotomane est un mystique qui s’ignore », on a c
8532
qui s’ignore », on a cru pouvoir répondre : « Ou
l’
inverse. » Il se peut que les épigones des grands mystiques133 nous ap
8533
uvoir répondre : « Ou l’inverse. » Il se peut que
les
épigones des grands mystiques133 nous apparaissent parfois comme des
8534
rotomanes qui s’ignorent. Mais il est certain que
l’
érotomanie est une forme d’intoxication, et tout nous prouve que les E
8535
ais il est certain que l’érotomanie est une forme
d’
intoxication, et tout nous prouve que les Eckhart, Ruysbroek, Thérèse,
8536
une forme d’intoxication, et tout nous prouve que
les
Eckhart, Ruysbroek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement le con
8537
broek, Thérèse, Jean de la Croix, sont exactement
le
contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victim
8538
e, Jean de la Croix, sont exactement le contraire
de
ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non de sa p
8539
nt le contraire de ce qu’on nomme des intoxiqués.
L’
intoxiqué est la victime non de sa passion, mais de l’agent matériel q
8540
de ce qu’on nomme des intoxiqués. L’intoxiqué est
la
victime non de sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise p
8541
me des intoxiqués. L’intoxiqué est la victime non
de
sa passion, mais de l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter.
8542
’intoxiqué est la victime non de sa passion, mais
de
l’agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cett
8543
toxiqué est la victime non de sa passion, mais de
l’
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine de cette p
8544
agent matériel qu’elle utilise pour s’exalter. Si
l’
origine de cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
8545
riel qu’elle utilise pour s’exalter. Si l’origine
de
cette passion est un désir, conscient ou non, d’échapper à la conditi
8546
de cette passion est un désir, conscient ou non,
d’
échapper à la condition terrestre insupportable, et si l’on est en dro
8547
sion est un désir, conscient ou non, d’échapper à
la
condition terrestre insupportable, et si l’on est en droit d’y voir l
8548
per à la condition terrestre insupportable, et si
l’
on est en droit d’y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en rest
8549
terrestre insupportable, et si l’on est en droit
d’
y voir le rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’
8550
e insupportable, et si l’on est en droit d’y voir
le
rudiment d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué
8551
ble, et si l’on est en droit d’y voir le rudiment
d’
un appel mystique, il n’en reste pas moins que l’intoxiqué est avant t
8552
d’un appel mystique, il n’en reste pas moins que
l’
intoxiqué est avant tout l’esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’
8553
en reste pas moins que l’intoxiqué est avant tout
l’
esclave de sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les
8554
as moins que l’intoxiqué est avant tout l’esclave
de
sa drogue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont les sens s’ém
8555
gue. Psychologiquement, c’est un être déchu, dont
les
sens s’émoussent, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’i
8556
st un être déchu, dont les sens s’émoussent, dont
la
lucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie. Les grands mystiqu
8557
, dont la lucidité s’affaiblit, et qui finit dans
l’
idiotie. Les grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la néc
8558
ucidité s’affaiblit, et qui finit dans l’idiotie.
Les
grands mystiques, tout au contraire, insistent sur la nécessité de dé
8559
rands mystiques, tout au contraire, insistent sur
la
nécessité de dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité touj
8560
es, tout au contraire, insistent sur la nécessité
de
dépasser l’état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pur
8561
contraire, insistent sur la nécessité de dépasser
l’
état de transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacie
8562
re, insistent sur la nécessité de dépasser l’état
de
transe, d’accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de
8563
nt sur la nécessité de dépasser l’état de transe,
d’
accéder à une lucidité toujours plus pure et audacieuse, de vérifier m
8564
à une lucidité toujours plus pure et audacieuse,
de
vérifier même les plus hautes grâces par leurs répercussions dans la
8565
oujours plus pure et audacieuse, de vérifier même
les
plus hautes grâces par leurs répercussions dans la vie quotidienne. S
8566
s plus hautes grâces par leurs répercussions dans
la
vie quotidienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions
8567
idienne. Sainte Thérèse ne tenait pour bonnes que
les
visions qui la poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les g
8568
Thérèse ne tenait pour bonnes que les visions qui
la
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout, les grands mystiques
8569
poussaient à mieux agir, à mieux aimer. Surtout,
les
grands mystiques s’accordent à voir le terme de leur ascension dans l
8570
Surtout, les grands mystiques s’accordent à voir
le
terme de leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Je
8571
les grands mystiques s’accordent à voir le terme
de
leur ascension dans la liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la
8572
’accordent à voir le terme de leur ascension dans
la
liberté souveraine de l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart
8573
erme de leur ascension dans la liberté souveraine
de
l’âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes diff
8574
e de leur ascension dans la liberté souveraine de
l’
âme. Saint Jean de la Croix et Maître Eckhart disent en termes différe
8575
oix et Maître Eckhart disent en termes différents
la
même chose : il faut que le mystique arrive « à se passer du don », à
8576
en termes différents la même chose : il faut que
le
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus le désirer pour lui
8577
mystique arrive « à se passer du don », à ne plus
le
désirer pour lui-même. Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croi
8578
u don », à ne plus le désirer pour lui-même. Dans
le
mariage spirituel, dit Jean de la Croix, l’âme parvient à aimer Dieu
8579
Dans le mariage spirituel, dit Jean de la Croix,
l’
âme parvient à aimer Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état d’
8580
er Dieu sans plus sentir son amour. C’est un état
d’
indifférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point de perf
8581
fférence parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est
le
point de perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissan
8582
parfaite, croirait-on ; en vérité, c’est le point
de
perfection d’un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédi
8583
rait-on ; en vérité, c’est le point de perfection
d’
un équilibre durement conquis, d’une connaissance immédiatement active
8584
nt de perfection d’un équilibre durement conquis,
d’
une connaissance immédiatement active. Au-delà des transes et au-delà
8585
édiatement active. Au-delà des transes et au-delà
de
l’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désint
8586
atement active. Au-delà des transes et au-delà de
l’
ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxi
8587
tive. Au-delà des transes et au-delà de l’ascèse,
l’
aventure mystique culmine dans un état d’extrême « désintoxication » d
8588
’ascèse, l’aventure mystique culmine dans un état
d’
extrême « désintoxication » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possessi
8589
ulmine dans un état d’extrême « désintoxication »
de
l’âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors
8590
ine dans un état d’extrême « désintoxication » de
l’
âme. Dans la plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors qu
8591
état d’extrême « désintoxication » de l’âme. Dans
la
plus rigoureuse possession de soi-même. Et c’est alors que le mariage
8592
on » de l’âme. Dans la plus rigoureuse possession
de
soi-même. Et c’est alors que le mariage devient possible, qui signifi
8593
ureuse possession de soi-même. Et c’est alors que
le
mariage devient possible, qui signifie non plus jouissance de l’Éros,
8594
evient possible, qui signifie non plus jouissance
de
l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe appara
8595
ent possible, qui signifie non plus jouissance de
l’
Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-
8596
fie non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité
de
l’Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voi
8597
non plus jouissance de l’Éros, mais fécondité de
l’
Agapè. Ainsi la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie p
8598
sance de l’Éros, mais fécondité de l’Agapè. Ainsi
la
mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme la voie purgative par ex
8599
i la mystique orthodoxe apparaît-elle enfin comme
la
voie purgative par excellence, la meilleure discipline qui nous perme
8600
lle enfin comme la voie purgative par excellence,
la
meilleure discipline qui nous permette de transcender l’amour-passion
8601
llence, la meilleure discipline qui nous permette
de
transcender l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycl
8602
leure discipline qui nous permette de transcender
l’
amour-passion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de l’ascèse c
8603
l’amour-passion jusque dans ses formes sublimées.
Le
cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’
8604
assion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle
de
l’ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dir
8605
ion jusque dans ses formes sublimées. Le cycle de
l’
ascèse chrétienne ramène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
8606
sublimées. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène
l’
âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
8607
s. Le cycle de l’ascèse chrétienne ramène l’âme à
l’
obéissance heureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de la cr
8608
ène l’âme à l’obéissance heureuse, c’est-à-dire à
l’
acceptation des limites de la créature, mais dans un esprit renouvelé,
8609
eureuse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites
de
la créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconqui
8610
euse, c’est-à-dire à l’acceptation des limites de
la
créature, mais dans un esprit renouvelé, dans une liberté reconquise.
8611
elé, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule
de
l’amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radi
8612
, dans une liberté reconquise. 8.Crépuscule de
l’
amour-passion C’est le dogme de l’Incarnation qui distingue radical
8613
uise. 8.Crépuscule de l’amour-passion C’est
le
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodo
8614
8.Crépuscule de l’amour-passion C’est le dogme
de
l’Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’h
8615
répuscule de l’amour-passion C’est le dogme de
l’
Incarnation qui distingue radicalement la mystique orthodoxe de l’héré
8616
dogme de l’Incarnation qui distingue radicalement
la
mystique orthodoxe de l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout d
8617
qui distingue radicalement la mystique orthodoxe
de
l’hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour
8618
i distingue radicalement la mystique orthodoxe de
l’
hérétique. C’est lui qui donne un sens tout différent au mot amour dan
8619
ui donne un sens tout différent au mot amour dans
les
deux cas. Les hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le f
8620
ns tout différent au mot amour dans les deux cas.
Les
hérétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
8621
ns les deux cas. Les hérétiques cathares opposent
la
Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour
8622
érétiques cathares opposent la Nuit au Jour comme
le
fait l’Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas re
8623
s cathares opposent la Nuit au Jour comme le fait
l’
Évangile de Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la
8624
opposent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile
de
Jean. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la
8625
osent la Nuit au Jour comme le fait l’Évangile de
Jean
. Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit
8626
it au Jour comme le fait l’Évangile de Jean. Mais
la
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de la Nuit : elle n
8627
Mais la Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu
la
forme de la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent p
8628
Parole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme
de
la Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le
8629
ole du Jour, pour eux, n’a pas revêtu la forme de
la
Nuit : elle n’a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que le Jo
8630
a pas « été faite chair ». Ils ne veulent pas que
le
Jour parfait se communique à nous au travers de la vie. (Ils ne croie
8631
e Jour parfait se communique à nous au travers de
la
vie. (Ils ne croient pas l’humanité du Christ.) Ils veulent aller tou
8632
à nous au travers de la vie. (Ils ne croient pas
l’
humanité du Christ.) Ils veulent aller tout droit à l’Amour par l’amou
8633
manité du Christ.) Ils veulent aller tout droit à
l’
Amour par l’amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombr
8634
rist.) Ils veulent aller tout droit à l’Amour par
l’
amour, et de la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, c
8635
eulent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et
de
la Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare e
8636
ent aller tout droit à l’Amour par l’amour, et de
la
Nuit au Jour sans nul intermédiaire. Sombrant alors, comme Icare est
8637
mbé. (Celui qui veut aller à Dieu sans passer par
le
Christ qui est « le chemin », celui-là va au diable, disait énergique
8638
aller à Dieu sans passer par le Christ qui est «
le
chemin », celui-là va au diable, disait énergiquement Luther.) Ils pr
8639
disait énergiquement Luther.) Ils pressentent que
la
Nuit est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient le secret dern
8640
ssentent que la Nuit est un mystère du Jour, dont
le
Jour seul détient le secret dernier134. Mais ils ignorent que la Nuit
8641
est un mystère du Jour, dont le Jour seul détient
le
secret dernier134. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère de
8642
tient le secret dernier134. Mais ils ignorent que
la
Nuit, c’est la Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pa
8643
dernier134. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est
la
Colère de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un
8644
4. Mais ils ignorent que la Nuit, c’est la Colère
de
Dieu — répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre d’un obscur dém
8645
de Dieu — répondant à notre révolte — et non pas
l’
œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bibl
8646
— répondant à notre révolte — et non pas l’œuvre
d’
un obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de la Bible.) Refu
8647
l’œuvre d’un obscur démiurge. (Telle est du moins
la
doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette v
8648
obscur démiurge. (Telle est du moins la doctrine
de
la Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le
8649
scur démiurge. (Telle est du moins la doctrine de
la
Bible.) Refusant que le Jour les enseigne dans cette vie et par le mo
8650
t du moins la doctrine de la Bible.) Refusant que
le
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », m
8651
ns la doctrine de la Bible.) Refusant que le Jour
les
enseigne dans cette vie et par le moyen de la « matière », méconnaiss
8652
nt que le Jour les enseigne dans cette vie et par
le
moyen de la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la cré
8653
Jour les enseigne dans cette vie et par le moyen
de
la « matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ig
8654
ur les enseigne dans cette vie et par le moyen de
la
« matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie la créature, ignor
8655
matière », méconnaissant une Agapè qui sanctifie
la
créature, ignorant donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le
8656
ne Agapè qui sanctifie la créature, ignorant donc
la
vraie nature de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risq
8657
ctifie la créature, ignorant donc la vraie nature
de
ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent le risque de s’y perdre
8658
t donc la vraie nature de ce qu’ils tiennent pour
le
péché, ils courent le risque de s’y perdre sans retour au moment même
8659
de ce qu’ils tiennent pour le péché, ils courent
le
risque de s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui éc
8660
ils tiennent pour le péché, ils courent le risque
de
s’y perdre sans retour au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
8661
ur au moment même qu’ils croient lui échapper. Et
de
là vient que la confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’É
8662
e qu’ils croient lui échapper. Et de là vient que
la
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier d
8663
t de là vient que la confusion était fatale entre
l’
Éros divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la
8664
confusion était fatale entre l’Éros divinisant et
l’
Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que la passion « enthousias
8665
tale entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier
de
l’instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amo
8666
e entre l’Éros divinisant et l’Éros prisonnier de
l’
instinct. De là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor d
8667
os divinisant et l’Éros prisonnier de l’instinct.
De
là vient que la passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadou
8668
l’Éros prisonnier de l’instinct. De là vient que
la
passion « enthousiaste », la joy d’amor des troubadours, devait fatal
8669
nct. De là vient que la passion « enthousiaste »,
la
joy d’amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion hu
8670
là vient que la passion « enthousiaste », la joy
d’
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à la passion humaine m
8671
amor des troubadours, devait fatalement aboutir à
la
passion humaine malheureuse. Cet amour impossible laissait au cœur de
8672
able, une ardeur vraiment dévorante, une soif que
la
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se
8673
soif que la mort seule pouvait éteindre : ce fut
la
« torture d’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passi
8674
mort seule pouvait éteindre : ce fut la « torture
d’
amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même. La passion des « parf
8675
’amour » qu’ils se mirent à aimer pour elle-même.
La
passion des « parfaits » voulait la mort divinisante. La soif qu’elle
8676
ur elle-même. La passion des « parfaits » voulait
la
mort divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi,
8677
ion des « parfaits » voulait la mort divinisante.
La
soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais bouleversés par
8678
és par sa brûlante poésie, ne cherchera plus dans
la
mort que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu
8679
ûlante poésie, ne cherchera plus dans la mort que
la
suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
8680
ans la mort que la suprême sensation. Et de même,
l’
amour de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
8681
ort que la suprême sensation. Et de même, l’amour
de
la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec le Jour
8682
que la suprême sensation. Et de même, l’amour de
la
Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec le Jour inc
8683
Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il cessera
d’
être un symbole de l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole d
8684
r de la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole
de
l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible uni
8685
e la Dame, dès qu’il cessera d’être un symbole de
l’
union avec le Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union
8686
s qu’il cessera d’être un symbole de l’union avec
le
Jour incréé, deviendra le symbole de l’impossible union avec la femme
8687
symbole de l’union avec le Jour incréé, deviendra
le
symbole de l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines
8688
l’union avec le Jour incréé, deviendra le symbole
de
l’impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques
8689
nion avec le Jour incréé, deviendra le symbole de
l’
impossible union avec la femme ; gardant de ses origines mystiques on
8690
, deviendra le symbole de l’impossible union avec
la
femme ; gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, d
8691
ole de l’impossible union avec la femme ; gardant
de
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin, de faussement transc
8692
gardant de ses origines mystiques on ne sait quoi
de
divin, de faussement transcendant — une illusion de gloire libératric
8693
ses origines mystiques on ne sait quoi de divin,
de
faussement transcendant — une illusion de gloire libératrice dont la
8694
divin, de faussement transcendant — une illusion
de
gloire libératrice dont la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’o
8695
cendant — une illusion de gloire libératrice dont
la
douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère le renversement tragiq
8696
gloire libératrice dont la douleur serait encore
le
signe ! Ainsi s’opère le renversement tragique : se dépasser jusqu’à
8697
la douleur serait encore le signe ! Ainsi s’opère
le
renversement tragique : se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, q
8698
se dépasser jusqu’à s’unir au transcendant, quand
le
but n’est plus la Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se
8699
à s’unir au transcendant, quand le but n’est plus
la
Lumière, et quand on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans l
8700
le but n’est plus la Lumière, et quand on ignore
le
« chemin », c’est se précipiter dans la Nuit. Le dépassement, dès lor
8701
on ignore le « chemin », c’est se précipiter dans
la
Nuit. Le dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissis
8702
le « chemin », c’est se précipiter dans la Nuit.
Le
dépassement, dès lors, n’est plus qu’exaltation du narcissisme. Il ne
8703
s qu’exaltation du narcissisme. Il ne vise plus à
la
libération des sens, mais à la douloureuse intensité du sentiment. In
8704
Il ne vise plus à la libération des sens, mais à
la
douloureuse intensité du sentiment. Intoxication par l’esprit. L’hist
8705
loureuse intensité du sentiment. Intoxication par
l’
esprit. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes litt
8706
ntensité du sentiment. Intoxication par l’esprit.
L’
histoire de la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures,
8707
sentiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire
de
la passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie s
8708
ntiment. Intoxication par l’esprit. L’histoire de
la
passion d’amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie sièc
8709
toxication par l’esprit. L’histoire de la passion
d’
amour, dans toutes les grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à
8710
it. L’histoire de la passion d’amour, dans toutes
les
grandes littératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
8711
ittératures, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est
l’
histoire de la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C
8712
, du xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire
de
la déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le réc
8713
u xiiie siècle jusqu’à nous, c’est l’histoire de
la
déchéance du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est le récit
8714
l’histoire de la déchéance du mythe courtois dans
la
vie « profanée ». C’est le récit des tentatives de plus en plus déses
8715
du mythe courtois dans la vie « profanée ». C’est
le
récit des tentatives de plus en plus désespérées que fait l’Éros pour
8716
s tentatives de plus en plus désespérées que fait
l’
Éros pour remplacer la transcendance mystique par une intensité émue.
8717
n plus désespérées que fait l’Éros pour remplacer
la
transcendance mystique par une intensité émue. Mais grandiloquentes o
8718
tensité émue. Mais grandiloquentes ou plaintives,
les
figures du discours passionné, les « couleurs » de sa rhétorique ne s
8719
ou plaintives, les figures du discours passionné,
les
« couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’
8720
s figures du discours passionné, les « couleurs »
de
sa rhétorique ne seront jamais que les exaltations d’un crépuscule, p
8721
couleurs » de sa rhétorique ne seront jamais que
les
exaltations d’un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 10
8722
a rhétorique ne seront jamais que les exaltations
d’
un crépuscule, promesses de gloire jamais tenues… 104. Philippe de
8723
is que les exaltations d’un crépuscule, promesses
de
gloire jamais tenues… 104. Philippe de Félice, Poisons sacrés, ivr
8724
es divines, essai sur quelques formes inférieures
de
la mystique, Paris, 1936. 105. Il y a bien l’exemple de la formica s
8725
divines, essai sur quelques formes inférieures de
la
mystique, Paris, 1936. 105. Il y a bien l’exemple de la formica sang
8726
es de la mystique, Paris, 1936. 105. Il y a bien
l’
exemple de la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmi
8727
ystique, Paris, 1936. 105. Il y a bien l’exemple
de
la formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un p
8728
ique, Paris, 1936. 105. Il y a bien l’exemple de
la
formica sanguinea. Cet insecte entretient dans sa fourmilière un para
8729
ecte entretient dans sa fourmilière un parasite à
la
sueur délicieuse, lequel finit par tout détruire. On a voulu comparer
8730
ire. On a voulu comparer cette tendance morbide à
l’
alcoolisme. Tant que les fourmis ne parleront pas, toutes les hypothès
8731
r cette tendance morbide à l’alcoolisme. Tant que
les
fourmis ne parleront pas, toutes les hypothèses sont possibles ! 106
8732
me. Tant que les fourmis ne parleront pas, toutes
les
hypothèses sont possibles ! 106. Voir Appendice 7. 107. Voir Append
8733
Voir Appendice 7. 107. Voir Appendice 8. 108.
La
Nuit obscure, de saint Jean de la Croix, II, 1, 1er verset. Trad. Hoo
8734
. 107. Voir Appendice 8. 108. La Nuit obscure,
de
saint Jean de la Croix, II, 1, 1er verset. Trad. Hoornaert. 109. Ce
8735
ute occasion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir
de
lui de grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâc
8736
asion. « Pour plaire à Dieu, pour recevoir de lui
de
grandes grâces, il faut, et telle est sa volonté, que ces grâces pass
8737
telle est sa volonté, que ces grâces passent par
les
mains de cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même pren
8738
sa volonté, que ces grâces passent par les mains
de
cette humanité sacrée en laquelle il a déclaré lui-même prendre sa co
8739
re sa complaisance. » 110. Nulle part, en effet,
les
généralisations ne se révèlent plus décevantes que dans l’étude des m
8740
lisations ne se révèlent plus décevantes que dans
l’
étude des mystiques. Comme l’a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de
8741
décevantes que dans l’étude des mystiques. Comme
l’
a fort bien noté J. Baruzi (Saint Jean de la Croix, p. 613) si nous te
8742
(Saint Jean de la Croix, p. 613) si nous tentions
de
prendre une vue générale des diverses mystiques connues, « l’expérien
8743
ne vue générale des diverses mystiques connues, «
l’
expérience mystique ne nous semblerait d’un type homogène que dans la
8744
nnues, « l’expérience mystique ne nous semblerait
d’
un type homogène que dans la mesure où elle serait banale, dans la mes
8745
ue ne nous semblerait d’un type homogène que dans
la
mesure où elle serait banale, dans la mesure où nous échouerions à la
8746
ne que dans la mesure où elle serait banale, dans
la
mesure où nous échouerions à la saisir. » 111. Gotha 1929. Seul le l
8747
rait banale, dans la mesure où nous échouerions à
la
saisir. » 111. Gotha 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur le S
8748
échouerions à la saisir. » 111. Gotha 1929. Seul
le
livre célèbre de R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction
8749
saisir. » 111. Gotha 1929. Seul le livre célèbre
de
R. Otto sur le Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 112.
8750
Gotha 1929. Seul le livre célèbre de R. Otto sur
le
Sacré a paru jusqu’ici en traduction française. 112. - « Minne eini
8751
n. » 113. Fin du sermon Nisi granum frumenti… «
L’
âme échappe à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans la Divin
8752
à sa nature, à son être et à sa vie, et naît dans
la
Divinité. C’est là qu’est son devenir. Elle devient si totalement un
8753
ent si totalement un seul être qu’il ne reste pas
d’
autre distinction que celle-ci : Lui demeure Dieu et elle demeure âme.
8754
ad. Mayrisch Saint-Hubert.) Il faut bien dire que
l’
on se heurte dans tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le se
8755
.) Il faut bien dire que l’on se heurte dans tous
les
écrits d’Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’unio
8756
bien dire que l’on se heurte dans tous les écrits
d’
Eckhart, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à l’union (Einung)
8757
ns tous les écrits d’Eckhart, à une équivoque sur
le
sens qu’il attribue à l’union (Einung). Toutefois un tel passage incl
8758
art, à une équivoque sur le sens qu’il attribue à
l’
union (Einung). Toutefois un tel passage inclinerait à croire, avec Ot
8759
it à croire, avec Otto, qu’il ne s’agit nullement
d’
une fusion essentielle. 114. - Und diese Gleichheit aus dem Einen in
8760
Cité par Baruzi, Saint Jean de la Croix, p. 642.
L’
absence du langage « épithalamique » pourrait-elle être proposée comme
8761
e être proposée comme un critère lorsqu’il s’agit
de
savoir si tel mystique croyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce
8762
s’agit de savoir si tel mystique croyait ou non à
l’
union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servira
8763
oyait ou non à l’union essentielle ? Dans ce cas,
la
remarque de l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Ott
8764
à l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque
de
l’abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous i
8765
l’union essentielle ? Dans ce cas, la remarque de
l’
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse d’Otto, et nous indu
8766
s ce cas, la remarque de l’abbé Paquier servirait
d’
argument contre la thèse d’Otto, et nous induirait à ranger Maître Eck
8767
que de l’abbé Paquier servirait d’argument contre
la
thèse d’Otto, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi les hér
8768
abbé Paquier servirait d’argument contre la thèse
d’
Otto, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi les hérétiques.
8769
, et nous induirait à ranger Maître Eckhart parmi
les
hérétiques. 117. Un troubadour : « Amour ne me quitte ni bien ne peu
8770
ien ne peut m’avoir. » 118. Th. Labande-Jeanroy,
Les
Mystiques italiens (introduction à une anthologie). 119. ID., ibid.,
8771
nthologie). 119. ID., ibid., et P. Sabatier, Vie
de
saint François d’Assise. 120. B. de Ligt, la Paix créatrice, II, p.
8772
Vie de saint François d’Assise. 120. B. de Ligt,
la
Paix créatrice, II, p. 415. 121. Saint François nommait le frère Gil
8773
éatrice, II, p. 415. 121. Saint François nommait
le
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et les miracles du sai
8774
int François nommait le frère Gilles « un paladin
de
sa Table ronde », et les miracles du saint — comme la conversion du l
8775
frère Gilles « un paladin de sa Table ronde », et
les
miracles du saint — comme la conversion du loup de Gubbio — se produi
8776
a Table ronde », et les miracles du saint — comme
la
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans les mêmes circonsta
8777
s miracles du saint — comme la conversion du loup
de
Gubbio — se produisent dans les mêmes circonstances que les prouesses
8778
conversion du loup de Gubbio — se produisent dans
les
mêmes circonstances que les prouesses des chevaliers errants. Ils son
8779
— se produisent dans les mêmes circonstances que
les
prouesses des chevaliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par l
8780
aliers errants. Ils sont d’ailleurs rapportés par
les
auteurs des Fioretti sous une forme narrative consacrée, qui devait é
8781
rative consacrée, qui devait évidemment souligner
le
parallélisme, avec la chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie siè
8782
devait évidemment souligner le parallélisme, avec
la
chevalerie, aux yeux des lecteurs du xiiie siècle. 122. Ciascun am
8783
rs du xiiie siècle. 122. Ciascun amante, danse
de
l’amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 123. On en trouvera d’ai
8784
du xiiie siècle. 122. Ciascun amante, danse de
l’
amour mystique. Voir aussi l’Appendice 9. 123. On en trouvera d’aille
8785
cun amante, danse de l’amour mystique. Voir aussi
l’
Appendice 9. 123. On en trouvera d’ailleurs quelques éléments aux cha
8786
livre II et III-V, livre IV. 124. Ce cri célèbre
de
sainte Thérèse fait écho à celui de la franciscaine Angèle de Foligno
8787
e cri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui
de
la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. »
8788
ri célèbre de sainte Thérèse fait écho à celui de
la
franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 12
8789
nciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir
de
mourir. » 125. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le langa
8790
125. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur
le
langage mystique. (Recherches philosophiques, I, 19.) 126. Saint Je
8791
phiques, I, 19.) 126. Saint Jean de la Croix et
l’
expérience mystique, p. 343. 127. Maxime de Montmorand, Psychologie d
8792
catholiques orthodoxes. 128. Gaston Etchegoyen,
L’
Amour divin, essai sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’E
8793
128. Gaston Etchegoyen, L’Amour divin, essai sur
les
sources de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin
8794
Etchegoyen, L’Amour divin, essai sur les sources
de
sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de l’amour divin. 129. Tra
8795
i sur les sources de sainte Thérèse, IVe partie :
l’
Expression de l’amour divin. 129. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing
8796
rces de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression
de
l’amour divin. 129. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, L
8797
s de sainte Thérèse, IVe partie : l’Expression de
l’
amour divin. 129. Travaux de Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leub
8798
ie : l’Expression de l’amour divin. 129. Travaux
de
Max Nordau, Krafft-Ebing, Murisier, Leuba, Freud, pour s’en tenir aux
8799
r E. Minkowski, Vers une cosmologie, chapitre sur
la
métaphore. 132. Comme le font croire des expressions courantes telle
8800
osmologie, chapitre sur la métaphore. 132. Comme
le
font croire des expressions courantes telles que « aveuglé par la pas
8801
es expressions courantes telles que « aveuglé par
la
passion », « fou d’amour ». 133. Surtout les épigones féminins : une
8802
ntes telles que « aveuglé par la passion », « fou
d’
amour ». 133. Surtout les épigones féminins : une Marguerite-Marie Al
8803
par la passion », « fou d’amour ». 133. Surtout
les
épigones féminins : une Marguerite-Marie Alacoque au xviie siècle en
8804
uerite-Marie Alacoque au xviie siècle en fournit
le
plus inquiétant exemple (sa description du lit nuptial et de ce qui s
8805
uiétant exemple (sa description du lit nuptial et
de
ce qui s’y passe !). 134. Karl Jaspers a magnifiquement exprimé cett
8806
a magnifiquement exprimé cette assomption finale
de
la Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H.
8807
magnifiquement exprimé cette assomption finale de
la
Nuit par le Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Cor
8808
nt exprimé cette assomption finale de la Nuit par
le
Jour dans sa Philosophie. (Cf. trad. française par H. Corbin dans Her
8809
Livre IVLe mythe dans
la
littérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est le péché ou commen
8810
ittérature On reconnaîtra maintenant ce qu’est
le
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque la volonté humaine s
8811
maintenant ce qu’est le péché ou comment procède
le
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare de Dieu pour être u
8812
péché ou comment procède le péché. C’est lorsque
la
volonté humaine se sépare de Dieu pour être une volonté à soi, qu’ell
8813
péché. C’est lorsque la volonté humaine se sépare
de
Dieu pour être une volonté à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et
8814
à soi, qu’elle suscite sa propre ardeur et brûle
de
sa propre affection, ardeur qui lui est propre et qui n’a rien à voir
8815
ur qui lui est propre et qui n’a rien à voir avec
l’
ardeur divine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de la littér
8816
ivine. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise
de
la littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien d
8817
ne. Jacob Boehme. 1.D’une influence précise de
la
littérature sur les mœurs D’une manière générale, il est bien diff
8818
1.D’une influence précise de la littérature sur
les
mœurs D’une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’
8819
luence précise de la littérature sur les mœurs
D’
une manière générale, il est bien difficile de vérifier l’influence de
8820
D’une manière générale, il est bien difficile
de
vérifier l’influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
8821
nière générale, il est bien difficile de vérifier
l’
influence des arts sur la vie quotidienne d’une époque. « La musique a
8822
en difficile de vérifier l’influence des arts sur
la
vie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit les mœurs ? » Je n
8823
ifier l’influence des arts sur la vie quotidienne
d’
une époque. « La musique adoucit les mœurs ? » Je n’en sais rien, et p
8824
e des arts sur la vie quotidienne d’une époque. «
La
musique adoucit les mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saura
8825
ie quotidienne d’une époque. « La musique adoucit
les
mœurs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
8826
urs ? » Je n’en sais rien, et personne ne saurait
le
démontrer. Et la peinture, quelle peut bien être son action ? L’archi
8827
ais rien, et personne ne saurait le démontrer. Et
la
peinture, quelle peut bien être son action ? L’architecture, au moins
8828
t la peinture, quelle peut bien être son action ?
L’
architecture, au moins, nous pouvons l’habiter, mais là n’est pas son
8829
n action ? L’architecture, au moins, nous pouvons
l’
habiter, mais là n’est pas son caractère d’art. De même pour telle ou
8830
ouvons l’habiter, mais là n’est pas son caractère
d’
art. De même pour telle ou telle philosophie. Mais le cas est tout dif
8831
rt. De même pour telle ou telle philosophie. Mais
le
cas est tout différent lorsqu’il s’agit d’une littérature dont on peu
8832
. Mais le cas est tout différent lorsqu’il s’agit
d’
une littérature dont on peut démontrer, historiquement, qu’elle a donn
8833
trer, historiquement, qu’elle a donné sa langue à
la
passion. Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs d
8834
ement, qu’elle a donné sa langue à la passion. Si
la
littérature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’e
8835
ue à la passion. Si la littérature peut se vanter
d’
avoir agi sur les mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu
8836
Si la littérature peut se vanter d’avoir agi sur
les
mœurs de l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’
8837
térature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs
de
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une maniè
8838
ature peut se vanter d’avoir agi sur les mœurs de
l’
Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit. D’une manière
8839
l’Europe, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle
le
doit. D’une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, hé
8840
, c’est à coup sûr à notre mythe qu’elle le doit.
D’
une manière plus précise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
8841
lle le doit. D’une manière plus précise : c’est à
la
rhétorique du mythe, héritage de l’amour provençal. Il n’est pas néce
8842
récise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage
de
l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque po
8843
ise : c’est à la rhétorique du mythe, héritage de
l’
amour provençal. Il n’est pas nécessaire de supposer ici quelque pouvo
8844
age de l’amour provençal. Il n’est pas nécessaire
de
supposer ici quelque pouvoir magique des sons et du langage sur nos a
8845
oir magique des sons et du langage sur nos actes.
L’
adoption d’un certain langage conventionnel entraîne et favorise natur
8846
des sons et du langage sur nos actes. L’adoption
d’
un certain langage conventionnel entraîne et favorise naturellement l’
8847
conventionnel entraîne et favorise naturellement
l’
essor des sentiments latents qui se trouvent les plus aptes à s’exprim
8848
nt l’essor des sentiments latents qui se trouvent
les
plus aptes à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut
8849
tents qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer
de
la sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucaul
8850
ts qui se trouvent les plus aptes à s’exprimer de
la
sorte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après La Rochefoucauld :
8851
à s’exprimer de la sorte. C’est dans ce sens que
l’
on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s
8852
orte. C’est dans ce sens que l’on peut dire après
La
Rochefoucauld : peu d’hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais
8853
s que l’on peut dire après La Rochefoucauld : peu
d’
hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour
8854
nt amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler
d’
amour. ⁂ Passion et expression ne sont guère séparables. La passion pr
8855
⁂ Passion et expression ne sont guère séparables.
La
passion prend sa source dans cet élan de l’esprit qui par ailleurs fa
8856
arables. La passion prend sa source dans cet élan
de
l’esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
8857
bles. La passion prend sa source dans cet élan de
l’
esprit qui par ailleurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse l’
8858
cet élan de l’esprit qui par ailleurs fait naître
le
langage. Dès qu’elle dépasse l’instinct, dès qu’elle devient vraiment
8859
leurs fait naître le langage. Dès qu’elle dépasse
l’
instinct, dès qu’elle devient vraiment passion, elle tend du même mouv
8860
pour s’exalter, ou simplement pour s’entretenir. (
Le
double sens est significatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier
8861
ens est significatif.) En ce domaine, il est aisé
de
vérifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par im
8862
ficatif.) En ce domaine, il est aisé de vérifier.
Les
sentiments qu’éprouvent l’élite, puis les masses par imitation, sont
8863
est aisé de vérifier. Les sentiments qu’éprouvent
l’
élite, puis les masses par imitation, sont des créations littéraires e
8864
rifier. Les sentiments qu’éprouvent l’élite, puis
les
masses par imitation, sont des créations littéraires en ce sens qu’un
8865
éraires en ce sens qu’une certaine rhétorique est
la
condition suffisante de leur aveu, donc de leur prise de conscience.
8866
e certaine rhétorique est la condition suffisante
de
leur aveu, donc de leur prise de conscience. À défaut de cette rhétor
8867
ue est la condition suffisante de leur aveu, donc
de
leur prise de conscience. À défaut de cette rhétorique, ces sentiment
8868
que, ces sentiments existeraient sans doute, mais
d’
une manière accidentelle, non reconnue, à titre d’étrangetés inavouabl
8869
d’une manière accidentelle, non reconnue, à titre
d’
étrangetés inavouables, en contrebande. Mais on a toujours vu que l’in
8870
uables, en contrebande. Mais on a toujours vu que
l’
invention d’une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puis
8871
ontrebande. Mais on a toujours vu que l’invention
d’
une rhétorique faisait foisonner rapidement certaines puissances laten
8872
rapidement certaines puissances latentes du cœur.
L’
apparition de Werther par exemple a produit une vague de suicides. Rou
8873
rtaines puissances latentes du cœur. L’apparition
de
Werther par exemple a produit une vague de suicides. Rousseau fit boi
8874
rition de Werther par exemple a produit une vague
de
suicides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour de France, et Re
8875
e de suicides. Rousseau fit boire du lait à toute
la
cour de France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour
8876
cides. Rousseau fit boire du lait à toute la cour
de
France, et René désola plusieurs générations. C’est que pour admirer
8877
ola plusieurs générations. C’est que pour admirer
la
nature simple, pour accepter certaines mélancolies, et même pour se s
8878
t même pour se suicider, il faut être en mesure «
d’
expliquer » à soi-même ou aux autres ce qu’on sent. Plus un homme est
8879
sent. Plus un homme est sentimental, plus il y a
de
chances qu’il soit verbeux et bien disant. Et de même, plus un homme
8880
de même, plus un homme est passionné, plus il y a
de
chances qu’il réinvente les figures de la rhétorique ; qu’il redécouv
8881
passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente
les
figures de la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se
8882
lus il y a de chances qu’il réinvente les figures
de
la rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle spo
8883
il y a de chances qu’il réinvente les figures de
la
rhétorique ; qu’il redécouvre leur nécessité ; qu’il se modèle sponta
8884
e leur nécessité ; qu’il se modèle spontanément à
la
ressemblance du « sublime » qu’elles ont su rendre inoubliable. C’est
8885
u’elles ont su rendre inoubliable. C’est pourquoi
l’
on n’aura pas grand-peine à jalonner l’évolution du mythe courtois dan
8886
t pourquoi l’on n’aura pas grand-peine à jalonner
l’
évolution du mythe courtois dans la morale des peuples d’Occident : l’
8887
ine à jalonner l’évolution du mythe courtois dans
la
morale des peuples d’Occident : l’on peut admettre qu’elle est parall
8888
tion du mythe courtois dans la morale des peuples
d’
Occident : l’on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphose
8889
courtois dans la morale des peuples d’Occident :
l’
on peut admettre qu’elle est parallèle à ses métamorphoses littéraires
8890
rtains retards et simplifications.) En esquissant
la
courbe de la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption
8891
ards et simplifications.) En esquissant la courbe
de
la mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe.
8892
s et simplifications.) En esquissant la courbe de
la
mystique classique, nous avons pu décrire une assomption du mythe. C’
8893
avons pu décrire une assomption du mythe. C’était
la
voie montante et elle nous a conduits à une dissolution libératrice d
8894
uits à une dissolution libératrice du « charme ».
La
littérature, au contraire, est la voie qui descend aux mœurs. C’est d
8895
du « charme ». La littérature, au contraire, est
la
voie qui descend aux mœurs. C’est donc la vulgarisation du mythe, ou
8896
re, est la voie qui descend aux mœurs. C’est donc
la
vulgarisation du mythe, ou pour mieux dire : sa « profanation135 » qu
8897
allons décrire maintenant. 2.Les deux Roses
Le
meilleur point de départ nous est donné par le Roman de la Rose, écri
8898
ntenant. 2.Les deux Roses Le meilleur point
de
départ nous est donné par le Roman de la Rose, écrit entre les années
8899
Le meilleur point de départ nous est donné par
le
Roman de la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a
8900
lleur point de départ nous est donné par le Roman
de
la Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans
8901
ur point de départ nous est donné par le Roman de
la
Rose, écrit entre les années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, o
8902
us est donné par le Roman de la Rose, écrit entre
les
années 1237 et 1280 environ. Il y a cent ans, ou presque, que Béroul
8903
ans, ou presque, que Béroul et Thomas ont composé
la
légende de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisati
8904
sque, que Béroul et Thomas ont composé la légende
de
Tristan. La croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtois
8905
roul et Thomas ont composé la légende de Tristan.
La
croisade des albigeois a saccagé la civilisation courtoise du Langued
8906
e de Tristan. La croisade des albigeois a saccagé
la
civilisation courtoise du Languedoc, dispersant les derniers troubado
8907
a civilisation courtoise du Languedoc, dispersant
les
derniers troubadours. Que va devenir la tradition d’Amour ? Il semble
8908
spersant les derniers troubadours. Que va devenir
la
tradition d’Amour ? Il semble bien que dès le xive siècle, les hérét
8909
derniers troubadours. Que va devenir la tradition
d’
Amour ? Il semble bien que dès le xive siècle, les hérétiques répandu
8910
nir la tradition d’Amour ? Il semble bien que dès
le
xive siècle, les hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe,
8911
d’Amour ? Il semble bien que dès le xive siècle,
les
hérétiques répandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église les tr
8912
cle, les hérétiques répandus désormais dans toute
l’
Europe, où l’Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression
8913
tiques répandus désormais dans toute l’Europe, où
l’
Église les traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire d
8914
pandus désormais dans toute l’Europe, où l’Église
les
traque, aient cessé de recourir à l’expression littéraire de leur rel
8915
ute l’Europe, où l’Église les traque, aient cessé
de
recourir à l’expression littéraire de leur religion. Le catharisme se
8916
où l’Église les traque, aient cessé de recourir à
l’
expression littéraire de leur religion. Le catharisme se cachera désor
8917
aient cessé de recourir à l’expression littéraire
de
leur religion. Le catharisme se cachera désormais dans les couches pr
8918
ourir à l’expression littéraire de leur religion.
Le
catharisme se cachera désormais dans les couches profondes et muettes
8919
religion. Le catharisme se cachera désormais dans
les
couches profondes et muettes des peuples, là où la vie sociale ne se
8920
s couches profondes et muettes des peuples, là où
la
vie sociale ne se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus les b
8921
se prête plus aux formes nobles, ne fournit plus
les
beaux symboles de la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrê
8922
formes nobles, ne fournit plus les beaux symboles
de
la grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès
8923
mes nobles, ne fournit plus les beaux symboles de
la
grande féodalité. Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L
8924
Ce mutisme, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès.
L’
Église d’Amour donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins
8925
e, d’ailleurs, n’arrête pas son progrès. L’Église
d’
Amour donnera naissance à d’innombrables sectes plus ou moins secrètes
8926
son progrès. L’Église d’Amour donnera naissance à
d’
innombrables sectes plus ou moins secrètes, plus ou moins révolutionna
8927
secrètes, plus ou moins révolutionnaires, et dont
les
traits constants témoignent d’une origine commune, d’une tradition fi
8928
onnaires, et dont les traits constants témoignent
d’
une origine commune, d’une tradition fidèlement conservée. Toutes ces
8929
raits constants témoignent d’une origine commune,
d’
une tradition fidèlement conservée. Toutes ces sectes en effet sont ca
8930
par leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine
de
la « joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage
8931
leur spiritualisme exalté ; par leur doctrine de
la
« joie rayonnante » ; par leur refus des sacrements et du mariage ; p
8932
nts et du mariage ; par leur condamnation absolue
de
toute participation aux guerres ; par leur anticléricalisme ; par leu
8933
erres ; par leur anticléricalisme ; par leur goût
de
la pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égal
8934
es ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de
la
pauvreté et de l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalita
8935
nticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et
de
l’ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant par
8936
cléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de
l’
ascèse (végétarisme) ; enfin par leur esprit égalitaire, allant parfoi
8937
un communisme total. Nous retrouvons cet ensemble
de
traits non seulement chez les frères du Libre-Esprit et les ortliebie
8938
rouvons cet ensemble de traits non seulement chez
les
frères du Libre-Esprit et les ortliebiens rhénans — qui furent peut-ê
8939
non seulement chez les frères du Libre-Esprit et
les
ortliebiens rhénans — qui furent peut-être en rapport avec les Vaudoi
8940
ns rhénans — qui furent peut-être en rapport avec
les
Vaudois, voisins des cathares — non seulement chez les Vaudois eux-mê
8941
audois, voisins des cathares — non seulement chez
les
Vaudois eux-mêmes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez les b
8942
— non seulement chez les Vaudois eux-mêmes, chez
les
disciples de Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des
8943
nt chez les Vaudois eux-mêmes, chez les disciples
de
Joachim de Flore, chez les béguines et les béguards des Pays-Bas136,
8944
mes, chez les disciples de Joachim de Flore, chez
les
béguines et les béguards des Pays-Bas136, chez les lollards anglais,
8945
sciples de Joachim de Flore, chez les béguines et
les
béguards des Pays-Bas136, chez les lollards anglais, chez les premier
8946
es béguines et les béguards des Pays-Bas136, chez
les
lollards anglais, chez les premiers frères moraves (sinon chez les hu
8947
ais, chez les premiers frères moraves (sinon chez
les
hussites), mais aussi chez les hérétiques des Églises réformées : Sch
8948
oraves (sinon chez les hussites), mais aussi chez
les
hérétiques des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabapt
8949
es des Églises réformées : Schwenckfeldt, Weigel,
les
anabaptistes, les mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent
8950
ormées : Schwenckfeldt, Weigel, les anabaptistes,
les
mennonites… Luther, Calvin et Zwingli combattirent ces dissidents ave
8951
ent ces dissidents avec une violence qui rappelle
les
procédés de Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne
8952
dents avec une violence qui rappelle les procédés
de
Rome contre ses propres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent le
8953
ropres sectes. Mais ils ne purent ou ne voulurent
les
anéantir totalement : de nos jours, on retrouve çà et là des communau
8954
purent ou ne voulurent les anéantir totalement :
de
nos jours, on retrouve çà et là des communautés mennonites mêlées d’é
8955
trouve çà et là des communautés mennonites mêlées
d’
éléments russes — doukhobors et khlystis — au Canada et jusqu’au Parag
8956
— au Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception
de
l’amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite clé
8957
u Canada et jusqu’au Paraguay. Leur conception de
l’
amour n’a pas varié. Plusieurs auteurs ont supposé qu’une élite cléric
8958
pensent-ils expliquer mieux certaines obscurités
de
la littérature émanée des cercles franciscains et même parfois domini
8959
nsent-ils expliquer mieux certaines obscurités de
la
littérature émanée des cercles franciscains et même parfois dominicai
8960
ciscains et même parfois dominicains. J’avoue que
l’
extension du langage même des cathares peut induire à des rapprochemen
8961
re à des rapprochements souvent troublants : nous
l’
avons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence de preuves presque
8962
: nous l’avons vu à propos des mystiques. Mais en
l’
absence de preuves presque impossibles à établir, je m’en tiendrai à u
8963
vons vu à propos des mystiques. Mais en l’absence
de
preuves presque impossibles à établir, je m’en tiendrai à un jugement
8964
t certainement vrai pour la plupart des cas ; dès
le
xive siècle, la littérature courtoise s’est détachée de ses racines
8965
ai pour la plupart des cas ; dès le xive siècle,
la
littérature courtoise s’est détachée de ses racines mystiques ; elle
8966
siècle, la littérature courtoise s’est détachée
de
ses racines mystiques ; elle s’est alors trouvée réduite à une simple
8967
le s’est alors trouvée réduite à une simple forme
d’
expression, c’est-à-dire à une rhétorique. Mais automatiquement, cette
8968
matiquement, cette rhétorique tendait à idéaliser
les
objets tout profanes qu’elle décrivait. Ce procédé, bientôt ressenti
8969
réaction dite « réaliste ». Double mouvement dont
le
Roman de la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillau
8970
dite « réaliste ». Double mouvement dont le Roman
de
la Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lor
8971
e « réaliste ». Double mouvement dont le Roman de
la
Rose nous donne l’illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris
8972
ble mouvement dont le Roman de la Rose nous donne
l’
illustre témoignage. La Rose de Guillaume de Lorris — dans la première
8973
oman de la Rose nous donne l’illustre témoignage.
La
Rose de Guillaume de Lorris — dans la première partie du roman, dite
8974
première partie du roman, dite courtoise — c’est
l’
amour de la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dan
8975
e partie du roman, dite courtoise — c’est l’amour
de
la femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son ja
8976
artie du roman, dite courtoise — c’est l’amour de
la
femme idéale, vraie femme déjà mais femme inaccessible dans son jardi
8977
éjà mais femme inaccessible dans son jardin givré
d’
allégories. Danger, Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
8978
Male-Bouche et Honte défendent Bel Accueil contre
les
entreprises des galants. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré pa
8979
t Bel Accueil contre les entreprises des galants.
L’
obstacle à l’union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non
8980
contre les entreprises des galants. L’obstacle à
l’
union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non plus du tout
8981
ts. L’obstacle à l’union amoureuse est figuré par
l’
exigence morale, et non plus du tout religieuse. Ce n’est plus une asc
8982
est plus une ascèse mystique, mais un raffinement
de
l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pou
8983
plus une ascèse mystique, mais un raffinement de
l’
esprit, qui doit amener l’amant à mériter le don. Au contraire, pour J
8984
mais un raffinement de l’esprit, qui doit amener
l’
amant à mériter le don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminer
8985
nt de l’esprit, qui doit amener l’amant à mériter
le
don. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman, la Ros
8986
. Au contraire, pour Jean de Meung, qui terminera
le
Roman, la Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plu
8987
aire, pour Jean de Meung, qui terminera le Roman,
la
Rose n’est plus que la volupté physique. Le réalisme le plus franc su
8988
g, qui terminera le Roman, la Rose n’est plus que
la
volupté physique. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises de L
8989
oman, la Rose n’est plus que la volupté physique.
Le
réalisme le plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme
8990
e n’est plus que la volupté physique. Le réalisme
le
plus franc succède aux fadaises de Lorris, le sensualisme au platonis
8991
e. Le réalisme le plus franc succède aux fadaises
de
Lorris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La R
8992
sme le plus franc succède aux fadaises de Lorris,
le
sensualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emp
8993
fadaises de Lorris, le sensualisme au platonisme,
le
cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Natur
8994
orris, le sensualisme au platonisme, le cynisme à
l’
exaltation. La Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
8995
ualisme au platonisme, le cynisme à l’exaltation.
La
Rose est emportée de haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
8996
, le cynisme à l’exaltation. La Rose est emportée
de
haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passi
8997
’exaltation. La Rose est emportée de haute lutte.
La
Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de c
8998
e est emportée de haute lutte. La Nature triomphe
de
l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa
8999
st emportée de haute lutte. La Nature triomphe de
l’
Esprit, et la raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa des
9000
e haute lutte. La Nature triomphe de l’Esprit, et
la
raison de la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De
9001
tte. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison
de
la passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, no
9002
. La Nature triomphe de l’Esprit, et la raison de
la
passion. Chacune de ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous
9003
de l’Esprit, et la raison de la passion. Chacune
de
ces parties aura sa descendance. De Lorris, nous irons par Dante — qu
9004
sion. Chacune de ces parties aura sa descendance.
De
Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être le traduisit — jusqu’à P
9005
. De Lorris, nous irons par Dante — qui peut-être
le
traduisit — jusqu’à Pétrarque et bien au-delà : jusqu’aux romans allé
9006
jusqu’aux romans allégoriques du xviie , jusqu’à
la
Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung, la tradition antique — celle
9007
usqu’à la Nouvelle Héloïse… Et par Jean de Meung,
la
tradition antique — celle qui condamne la passion comme une « maladie
9008
Meung, la tradition antique — celle qui condamne
la
passion comme une « maladie de l’âme » — se transmettra aux parties b
9009
celle qui condamne la passion comme une « maladie
de
l’âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature françai
9010
le qui condamne la passion comme une « maladie de
l’
âme » — se transmettra aux parties basses de la littérature française
9011
ie de l’âme » — se transmettra aux parties basses
de
la littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme, po
9012
de l’âme » — se transmettra aux parties basses de
la
littérature française : gauloiserie, gaillardise, rationalisme, polém
9013
curieusement exaspérée, naturalisme et réduction
de
l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au
9014
rieusement exaspérée, naturalisme et réduction de
l’
homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au my
9015
aturalisme et réduction de l’homme au sexe. C’est
la
défense normale que l’homme païen oppose au mythe de l’amour malheure
9016
de l’homme au sexe. C’est la défense normale que
l’
homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiqu
9017
défense normale que l’homme païen oppose au mythe
de
l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’
9018
ense normale que l’homme païen oppose au mythe de
l’
amour malheureux. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche d’une
9019
x. (Peut-être, pratiquement, est-elle bien proche
d’
une vision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion d’y revenir.)
9020
che d’une vision chrétienne réaliste. Nous aurons
l’
occasion d’y revenir.) 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Ale
9021
ision chrétienne réaliste. Nous aurons l’occasion
d’
y revenir.) 3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de l’
9022
3.Sicile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour
de
l’an 1200, une solide amitié se noue entre Rambaut de Vaqueiras, trou
9023
icile, Italie, Béatrice et Symbole Alentour de
l’
an 1200, une solide amitié se noue entre Rambaut de Vaqueiras, troubad
9024
Rambaut de Vaqueiras, troubadour languedocien, et
le
puissant marquis Alberto Malaspina. Il semble bien qu’un courant très
9025
laspina. Il semble bien qu’un courant très direct
d’
échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse le Midi de la France
9026
urant très direct d’échanges « littéraires » — si
l’
on veut — unisse le Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois
9027
’échanges « littéraires » — si l’on veut — unisse
le
Midi de la France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte d
9028
» — si l’on veut — unisse le Midi de la France à
la
Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de l’influence des troub
9029
a France à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus,
la
carte de l’influence des troubadours se confond avec celle des hérési
9030
à la Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte
de
l’influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un pe
9031
a Lombardo-Vénétie. Une fois de plus, la carte de
l’
influence des troubadours se confond avec celle des hérésies. Un peu p
9032
onfond avec celle des hérésies. Un peu plus tard,
le
mouvement franciscain naîtra d’une conjonction semblable entre les «
9033
Un peu plus tard, le mouvement franciscain naîtra
d’
une conjonction semblable entre les « spirituels » (mais dans l’Église
9034
nciscain naîtra d’une conjonction semblable entre
les
« spirituels » (mais dans l’Église) et les poètes. Cependant qu’autou
9035
ion semblable entre les « spirituels » (mais dans
l’
Église) et les poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II
9036
entre les « spirituels » (mais dans l’Église) et
les
poètes. Cependant qu’autour de Palerme, où Frédéric II tient sa cour,
9037
de Palerme, où Frédéric II tient sa cour, fleurit
l’
école dite des Siciliens. Dans quelle mesure cette poésie courtoise du
9038
urtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours ?
La
question est encore obscure. On ne trouve à la cour de Palerme qu’un
9039
? La question est encore obscure. On ne trouve à
la
cour de Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’h
9040
estion est encore obscure. On ne trouve à la cour
de
Palerme qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute l’hérésie.
9041
qu’un seul poète provençal, et Frédéric persécute
l’
hérésie. De même, on peut se demander dans quelle mesure les Siciliens
9042
. De même, on peut se demander dans quelle mesure
les
Siciliens « savaient » encore ce qu’est l’Amour. N’avaient-ils retenu
9043
esure les Siciliens « savaient » encore ce qu’est
l’
Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que le procédé mystifiant ?
9044
l’Amour. N’avaient-ils retenu du trobar clus que
le
procédé mystifiant ? On serait assez tenté de le croire, lorsqu’on vo
9045
que le procédé mystifiant ? On serait assez tenté
de
le croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre
9046
le procédé mystifiant ? On serait assez tenté de
le
croire, lorsqu’on voit Dante et son ami Cavalcanti s’élever contre le
9047
d’Arezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs
de
l’ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant d
9048
rezzo, et railler ses disciples : « Sectateurs de
l’
ignorance, aveugles qui veulent juger des couleurs, oies essayant de r
9049
les qui veulent juger des couleurs, oies essayant
de
rivaliser avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pa
9050
ger des couleurs, oies essayant de rivaliser avec
l’
aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un de ces pasticheurs infatiga
9051
avec l’aigle… » Au Purgatoire, Dante rencontre un
de
ces pasticheurs infatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion d
9052
fatigables, Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion
de
définir le dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école
9053
Bonagiunta de Lucques. Bonne occasion de définir
le
dolce stil nuovo, le style savant et caressant que l’école du Nord —
9054
s. Bonne occasion de définir le dolce stil nuovo,
le
style savant et caressant que l’école du Nord — novatrice mais qui re
9055
olce stil nuovo, le style savant et caressant que
l’
école du Nord — novatrice mais qui revient aux origines valables — opp
9056
nouvelle école, c’est qu’elle rénove consciemment
le
langage symbolique des troubadours. Les Siciliens étaient tombés dans
9057
nsciemment le langage symbolique des troubadours.
Les
Siciliens étaient tombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
9058
ombés dans un douteux allégorisme : ils parlaient
de
la dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais
9059
és dans un douteux allégorisme : ils parlaient de
la
dame comme d’une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais fr
9060
teux allégorisme : ils parlaient de la dame comme
d’
une femme réelle, ce n’était plus que galanterie mais froide et stéréo
9061
et Cavalcanti, d’autres encore, demandaient plus
de
sincérité et plus de chaleur amoureuse, mais en même temps, ils saven
9062
res encore, demandaient plus de sincérité et plus
de
chaleur amoureuse, mais en même temps, ils savent et disent (dans ce
9063
ême temps, ils savent et disent (dans ce dire est
la
nouveauté) que la Dame est purement symbolique. Tel est le secret par
9064
ent et disent (dans ce dire est la nouveauté) que
la
Dame est purement symbolique. Tel est le secret paradoxal de l’amour
9065
uté) que la Dame est purement symbolique. Tel est
le
secret paradoxal de l’amour courtois : guindé et froid quand il ne va
9066
purement symbolique. Tel est le secret paradoxal
de
l’amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, ma
9067
rement symbolique. Tel est le secret paradoxal de
l’
amour courtois : guindé et froid quand il ne vante que la femme, mais
9068
courtois : guindé et froid quand il ne vante que
la
femme, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse d’am
9069
quand il ne vante que la femme, mais tout ardent
de
sincérité quand il célèbre la Sagesse d’amour : c’est là vraiment que
9070
e, mais tout ardent de sincérité quand il célèbre
la
Sagesse d’amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est
9071
t ardent de sincérité quand il célèbre la Sagesse
d’
amour : c’est là vraiment que bat son cœur. Et Dante n’est jamais plus
9072
Dante n’est jamais plus passionné qu’en chantant
la
Philosophie, si ce n’est quand elle devient la Science sacrée. Sincér
9073
nt la Philosophie, si ce n’est quand elle devient
la
Science sacrée. Sincérité bien propre aux troubadours, et toute contr
9074
e contraire à celle qu’un moderne imagine ! Dante
la
définira dans son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler d’un « b
9075
agine ! Dante la définira dans son Banquet, comme
le
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ». Les cathares savaien
9076
ns son Banquet, comme le secret qu’il faut voiler
d’
un « beau mensonge ». Les cathares savaient bien tout cela. Mais noton
9077
secret qu’il faut voiler d’un « beau mensonge ».
Les
cathares savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne l’ont jamais
9078
es savaient bien tout cela. Mais notons qu’ils ne
l’
ont jamais dit137. C’est parce que Dante et ses amis sont amenés à déf
9079
r leur art, qu’on surprend mieux qu’ailleurs chez
les
poètes italiens le vrai mystère des troubadours, de même que c’est au
9080
rprend mieux qu’ailleurs chez les poètes italiens
le
vrai mystère des troubadours, de même que c’est au crépuscule que se
9081
, de même que c’est au crépuscule que se révèlent
les
sept couleurs dont le grand jour faisait une seule lumière, trompeuse
9082
crépuscule que se révèlent les sept couleurs dont
le
grand jour faisait une seule lumière, trompeuse à force d’évidence. M
9083
jour faisait une seule lumière, trompeuse à force
d’
évidence. Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que le trobar
9084
ce d’évidence. Maintenant nous pouvons distinguer
les
thèmes que le trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symbole
9085
Maintenant nous pouvons distinguer les thèmes que
le
trobar mêlait dans la naïve transparence de ses symboles. Voici les d
9086
s distinguer les thèmes que le trobar mêlait dans
la
naïve transparence de ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cet
9087
s que le trobar mêlait dans la naïve transparence
de
ses symboles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques
9088
dans la naïve transparence de ses symboles. Voici
les
derniers Siciliens. Cette plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur s
9089
oles. Voici les derniers Siciliens. Cette plainte
de
Jacques de Lentino : Mon cœur souvent meurt, et plus douloureusement
9090
n cœur souvent meurt, et plus douloureusement que
de
mort naturelle, pour vous Dame qu’il désire et aime plus que lui-même
9091
ime plus que lui-même… J’ai en moi un feu, qui je
le
crois, jamais ne pourra s’éteindre… Pourquoi ne me consume-t-il point
9092
nte de même : Amour qui, dans ma pensée, me parle
de
ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient de choses telles qu’à
9093
de ma Dame avec grand désir, souvent m’entretient
de
choses telles qu’à leur sujet mon intelligence s’égare. Son langage r
9094
are. Son langage résonne avec tant de douceur que
l’
âme qui l’écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je
9095
angage résonne avec tant de douceur que l’âme qui
l’
écoute et l’entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pa
9096
ne avec tant de douceur que l’âme qui l’écoute et
l’
entend s’écrie : — Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable de
9097
Malheureuse que je suis ! Je ne suis pas capable
de
répéter ce que j’entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de
9098
suis pas capable de répéter ce que j’entends dire
de
ma Dame ! Et qui douterait encore de la signification symbolique de l
9099
entends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore
de
la signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en
9100
ends dire de ma Dame ! Et qui douterait encore de
la
signification symbolique de la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en pa
9101
i douterait encore de la signification symbolique
de
la Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « n
9102
outerait encore de la signification symbolique de
la
Dame, lorsqu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe de « notr
9103
qu’un Guido Guinizelli en parle comme du principe
de
« notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et de no
9104
mme du principe de « notre foi » : Elle passe par
le
chemin, si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil d
9105
notre foi » : Elle passe par le chemin, si pleine
de
grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue
9106
: Elle passe par le chemin, si pleine de grâce et
de
noblesse qu’elle abaisse l’orgueil de celui qu’elle salue [auquel ell
9107
si pleine de grâce et de noblesse qu’elle abaisse
l’
orgueil de celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il
9108
de grâce et de noblesse qu’elle abaisse l’orgueil
de
celui qu’elle salue [auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
9109
[auquel elle donne son salut] et, s’il n’est déjà
de
notre foi, l’y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphémat
9110
onne son salut] et, s’il n’est déjà de notre foi,
l’
y amène. Faut-il penser que Dante n’est qu’un blasphémateur lorsqu’il
9111
’est qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil
de
la Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’In
9112
t qu’un blasphémateur lorsqu’il écrit au seuil de
la
Vita Nuova, cette strophe au sublime départ : Un ange crie en l’Intel
9113
cette strophe au sublime départ : Un ange crie en
l’
Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans le monde se voit une mer
9114
n l’Intelligence divine et dit : — Seigneur, dans
le
monde se voit une merveille en l’acte qui procède d’une âme qui jusqu
9115
Seigneur, dans le monde se voit une merveille en
l’
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manq
9116
monde se voit une merveille en l’acte qui procède
d’
une âme qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose
9117
acte qui procède d’une âme qui jusqu’ici rayonne.
Le
Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seign
9118
qui jusqu’ici rayonne. Le Ciel, qui ne manque que
d’
une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les
9119
e. Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est
de
l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent ce
9120
Le Ciel, qui ne manque que d’une chose — c’est de
l’
avoir —, à son Seigneur la demande, et tous les Saints implorent cette
9121
d’une chose — c’est de l’avoir —, à son Seigneur
la
demande, et tous les Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié pren
9122
de l’avoir —, à son Seigneur la demande, et tous
les
Saints implorent cette faveur. Seule, Pitié prend notre parti, car Di
9123
, Pitié prend notre parti, car Dieu dit, et c’est
de
ma Dame qu’il entend parler : — Mes bien-aimés, ores souffrez en paix
9124
ure, autant qu’il me plaira, là où se trouve plus
d’
un qui s’attend à la perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’
9125
plaira, là où se trouve plus d’un qui s’attend à
la
perdre et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance de
9126
us d’un qui s’attend à la perdre et qui dira dans
l’
enfer : — Ô maudits, j’ai vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il d
9127
e et qui dira dans l’enfer : — Ô maudits, j’ai vu
l’
espérance des bienheureux ! S’agit-il donc de Béatrice comme femme ? E
9128
i vu l’espérance des bienheureux ! S’agit-il donc
de
Béatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous les saints implore
9129
éatrice comme femme ? Est-ce sa présence que tous
les
saints implorent et qui serait « l’espérance des bienheureux » ? Ou s
9130
nce que tous les saints implorent et qui serait «
l’
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de l’Esprit saint so
9131
espérance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt
de
l’Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pi
9132
érance des bienheureux » ? Ou s’agit-il plutôt de
l’
Esprit saint soutenant son Église par la charité du Christ — (la Pitié
9133
plutôt de l’Esprit saint soutenant son Église par
la
charité du Christ — (la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoi
9134
soutenant son Église par la charité du Christ — (
la
Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir la Vie nouvelle138 ? C
9135
la Pitié) — jusqu’à ce que tous aient pu recevoir
la
Vie nouvelle138 ? Ce qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
9136
e qui doit paraître ici-bas blasphématoire, c’est
l’
équivoque malgré tout maintenue. D’où le débat qui oppose Orlandi et C
9137
matoire, c’est l’équivoque malgré tout maintenue.
D’
où le débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir
9138
re, c’est l’équivoque malgré tout maintenue. D’où
le
débat qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait de définir enfi
9139
t qui oppose Orlandi et Cavalcanti : il s’agirait
de
définir enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou mort ? » de
9140
nt le premier. Et le second répond : « Du pouvoir
de
l’amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est
9141
le premier. Et le second répond : « Du pouvoir de
l’
amour provient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si
9142
répond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent
la
mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les
9143
« Du pouvoir de l’amour provient souvent la mort…
L’
amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites d
9144
provient souvent la mort… L’amour existe lorsque
le
désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comm
9145
xiste lorsque le désir est si grand qu’il dépasse
les
limites de l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité,
9146
e le désir est si grand qu’il dépasse les limites
de
l’amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléch
9147
e désir est si grand qu’il dépasse les limites de
l’
amour naturel… Comme il ne provient point de la qualité, il réfléchit
9148
es de l’amour naturel… Comme il ne provient point
de
la qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effe
9149
de l’amour naturel… Comme il ne provient point de
la
qualité, il réfléchit perpétuellement sur lui-même son propre effet.
9150
ontemplation. » Aucun doute ne demeure possible :
l’
Amour est la passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
9151
. » Aucun doute ne demeure possible : l’Amour est
la
passion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de l’amour natu
9152
la passion mystique. Mais encore faut-il définir
le
rôle de l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a
9153
ion mystique. Mais encore faut-il définir le rôle
de
l’amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Da
9154
mystique. Mais encore faut-il définir le rôle de
l’
amour naturel dans cette perspective céleste. C’est ce qu’a fait Davan
9155
ctive céleste. C’est ce qu’a fait Davanzati, vers
la
fin du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable la vraie nature
9156
du xiiie siècle, exprimant dans une petite fable
la
vraie nature de l’amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux fo
9157
, exprimant dans une petite fable la vraie nature
de
l’amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux formes terrestres
9158
xprimant dans une petite fable la vraie nature de
l’
amour qu’il chante et le danger de s’arrêter aux formes terrestres qui
9159
fable la vraie nature de l’amour qu’il chante et
le
danger de s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet
9160
vraie nature de l’amour qu’il chante et le danger
de
s’arrêter aux formes terrestres qui n’en sont qu’un reflet : De même
9161
rrestres qui n’en sont qu’un reflet : De même que
la
tigresse, dans sa grande douleur, se soulage en regardant un miroir e
9162
se soulage en regardant un miroir et croit y voir
l’
image de ses petits qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie
9163
ge en regardant un miroir et croit y voir l’image
de
ses petits qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie le chass
9164
qu’elle va cherchant : par ce plaisir elle oublie
le
chasseur, et reste là, et ne poursuit point ; de même celui qui est p
9165
ne poursuit point ; de même celui qui est pénétré
d’
amour puise la vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soul
9166
int ; de même celui qui est pénétré d’amour puise
la
vie dans la contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande
9167
e celui qui est pénétré d’amour puise la vie dans
la
contemplation de sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
9168
énétré d’amour puise la vie dans la contemplation
de
sa dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
9169
dame, car ainsi il soulage sa grande peine… Mais
la
dame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu
9170
l soulage sa grande peine… Mais la dame n’a point
le
cœur pitoyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au c
9171
peine… Mais la dame n’a point le cœur pitoyable,
le
jour passe et l’espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est
9172
ame n’a point le cœur pitoyable, le jour passe et
l’
espoir est déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien la femme qu
9173
toyable, le jour passe et l’espoir est déçu ! Ici
la
Dame au cœur impitoyable est bien la femme qui détourne l’Amour à son
9174
t déçu ! Ici la Dame au cœur impitoyable est bien
la
femme qui détourne l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé d
9175
u cœur impitoyable est bien la femme qui détourne
l’
Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé de cette époque, je tro
9176
l’Amour à son profit. Dans un Bestiaire moralisé
de
cette époque, je trouve la même fable, avec cette conclusion : Ce fau
9177
un Bestiaire moralisé de cette époque, je trouve
la
même fable, avec cette conclusion : Ce fauve, à mon avis, c’est nous
9178
; ses petits, qu’un chasseur lui a pris, ce sont
les
vertus, et le chasseur c’est le démon, qui nous fait voir ce qui n’es
9179
qu’un chasseur lui a pris, ce sont les vertus, et
le
chasseur c’est le démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là v
9180
a pris, ce sont les vertus, et le chasseur c’est
le
démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des
9181
st le démon, qui nous fait voir ce qui n’est pas.
De
là vient que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers l
9182
ent que bien des hommes ont péri pour avoir tardé
d’
aller vers le Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient a
9183
des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers
le
Seigneur. Le temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du
9184
t péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur.
Le
temps venait où les poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
9185
ardé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait où
les
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de la rhétorique profa
9186
es poètes succomberaient aux charmes du miroir et
de
la rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre
9187
poètes succomberaient aux charmes du miroir et de
la
rhétorique profanée. Nous allons voir Pétrarque se laisser prendre «
9188
er prendre « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à
l’
image de sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le
9189
re « à ce qui n’est pas », c’est-à-dire à l’image
de
sa Laure, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard — le retiendr
9190
, qui trop longtemps — comme il gémit plus tard —
le
retiendra d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur
9191
ngtemps — comme il gémit plus tard — le retiendra
d’
« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti
9192
il gémit plus tard — le retiendra d’« aller vers
le
Seigneur ». 4.Pétrarque, ou le rhéteur converti Aimer une chose
9193
d’« aller vers le Seigneur ». 4.Pétrarque, ou
le
rhéteur converti Aimer une chose mortelle avec une foi Qui à Dieu
9194
et à lui seul convient… « Tout le monde, et sur
le
moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativem
9195
out le monde, et sur le moindre rocher que trempe
la
mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarq
9196
ment amoureux et c’est Pétrarque. Et ce qu’il y a
de
mieux, c’est que c’est vrai… Qu’appelle-t-on un homme simplement amou
9197
’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien
d’
analogue. Lui l’était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire
9198
homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui
l’
était d’une façon extraordinaire, incendiaire, solaire139. » Voilà ce
9199
implement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’était
d’
une façon extraordinaire, incendiaire, solaire139. » Voilà ce qui doit
9200
inoubliable passion animant pour la première fois
les
symboles des troubadours d’un souffle parfaitement païen, et non plus
9201
our la première fois les symboles des troubadours
d’
un souffle parfaitement païen, et non plus du tout hérétique ! On est
9202
u Dante, mais aussi des rhéteurs qu’il attaquait.
Le
« secret » dont je parlais plus haut s’est volatilisé : il ne joue pl
9203
ais plus haut s’est volatilisé : il ne joue plus.
Le
langage de l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cet
9204
ut s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage
de
l’Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profan
9205
s’est volatilisé : il ne joue plus. Le langage de
l’
Amour est enfin devenu la rhétorique du cœur humain. Cette « profanati
9206
joue plus. Le langage de l’Amour est enfin devenu
la
rhétorique du cœur humain. Cette « profanation » radicale doit faire
9207
une poésie plus adéquate que nulle autre à servir
la
mystique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas d’y puiser ses
9208
ique orthodoxe. Et cette dernière ne manquera pas
d’
y puiser ses meilleures métaphores. En vérité, la tentation était trop
9209
d’y puiser ses meilleures métaphores. En vérité,
la
tentation était trop forte. (On en jugera par quelques exemples mis e
9210
et à vrai dire choisis presque au hasard.) Voici
le
Sonnet du premier anniversaire de l’amour de Pétrarque pour Laure :
9211
hasard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire
de
l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heur
9212
sard.) Voici le Sonnet du premier anniversaire de
l’
amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure O
9213
oici le Sonnet du premier anniversaire de l’amour
de
Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps, l’heure Où si hau
9214
re de l’amour de Pétrarque pour Laure : Je bénis
le
lieu, le temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô m
9215
mour de Pétrarque pour Laure : Je bénis le lieu,
le
temps, l’heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, i
9216
trarque pour Laure : Je bénis le lieu, le temps,
l’
heure Où si haut visèrent mes yeux, Et je dis : Ô mon âme, il te faut
9217
e faut rendre grâce Toi qui fus jugée digne alors
d’
un tel honneur. D’Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le
9218
e Toi qui fus jugée digne alors d’un tel honneur.
D’
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu le suis, au plus hau
9219
Elle te vient cet amoureux penser Qui tant que tu
le
suis, au plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’homme dé
9220
plus haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que
l’
homme désire140. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au c
9221
ène Et te fait mépriser ce que l’homme désire140.
D’
Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit se
9222
épriser ce que l’homme désire140. D’Elle te vient
la
grâce généreuse Qui te pousse au ciel par un droit sentier Et fait qu
9223
l par un droit sentier Et fait que je marche fier
de
mon espérance. Où Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
9224
Pétrarque triomphe, c’est quand il prend la harpe
de
Tristan141, c’est dans le cri de la « torture délicieuse », du mal ai
9225
quand il prend la harpe de Tristan141, c’est dans
le
cri de la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume
9226
l prend la harpe de Tristan141, c’est dans le cri
de
la « torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô t
9227
rend la harpe de Tristan141, c’est dans le cri de
la
« torture délicieuse », du mal aimé, du plaisir qui consume : Ô tend
9228
e : Ô tendres, angéliques étincelles, béatitudes
De
ma vie où s’allume le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (L
9229
ques étincelles, béatitudes De ma vie où s’allume
le
plaisir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.)
9230
le plaisir Qui doucement me consume et détruit. (
Les
Yeux de ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux142 Comment as-tu
9231
ir Qui doucement me consume et détruit. (Les Yeux
de
ma dame.) Ô mort vivante, ô mal délicieux142 Comment as-tu sur moi
9232
pouvoir » dont il se plaint tout en sachant qu’il
l’
a voulu fatal : Et pour que mon martyre au port jamais n’arrive Mille
9233
le je nais…143. (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle
de
Laure comme de sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se sé
9234
(Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme
de
sa « bien-aimée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut
9235
imée ennemie », et gémit, tel Tristan se séparant
d’
Iseut lorsqu’il la rend à son époux : Ô dure départie Pourquo
9236
gémit, tel Tristan se séparant d’Iseut lorsqu’il
la
rend à son époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu de mon m
9237
époux : Ô dure départie Pourquoi m’as-tu
de
mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux de Laure présente
9238
i m’as-tu de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car
les
yeux de Laure présente … allumés d’une lueur céleste M’enfla
9239
de mon mal éloigné ? (Sonnet 254.) Car les yeux
de
Laure présente … allumés d’une lueur céleste M’enflamment de
9240
Car les yeux de Laure présente … allumés
d’
une lueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît de brûler144. (
9241
… allumés d’une lueur céleste M’enflamment
de
façon qu’il me plaît de brûler144. (Triomphe de l’amour.) Mais prése
9242
ueur céleste M’enflamment de façon qu’il me plaît
de
brûler144. (Triomphe de l’amour.) Mais présente ou absente — ici enc
9243
t de façon qu’il me plaît de brûler144. (Triomphe
de
l’amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera
9244
e façon qu’il me plaît de brûler144. (Triomphe de
l’
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —, la femme ne sera jam
9245
amour.) Mais présente ou absente — ici encore —,
la
femme ne sera jamais que l’occasion d’une torture qu’il préfère à tou
9246
sente — ici encore —, la femme ne sera jamais que
l’
occasion d’une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon fe
9247
encore —, la femme ne sera jamais que l’occasion
d’
une torture qu’il préfère à tout : Je sais, suivant mon feu partout o
9248
is, suivant mon feu partout où il me fuit, Brûler
de
loin — de près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier ve
9249
t mon feu partout où il me fuit, Brûler de loin —
de
près geler. Tout l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et le
9250
il me fuit, Brûler de loin — de près geler. Tout
l’
amour romantique est dans ce dernier vers. Et le secret de cette mélan
9251
t l’amour romantique est dans ce dernier vers. Et
le
secret de cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les p
9252
romantique est dans ce dernier vers. Et le secret
de
cette mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que les plus lucide
9253
Et le secret de cette mélancolie, Pétrarque a su
l’
analyser mieux que les plus lucides victimes de ce que l’on baptisera
9254
e mélancolie, Pétrarque a su l’analyser mieux que
les
plus lucides victimes de ce que l’on baptisera plus tard le mal du si
9255
su l’analyser mieux que les plus lucides victimes
de
ce que l’on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passion
9256
ser mieux que les plus lucides victimes de ce que
l’
on baptisera plus tard le mal du siècle : Des autres passions, je ress
9257
cides victimes de ce que l’on baptisera plus tard
le
mal du siècle : Des autres passions, je ressens des assauts fréquents
9258
t ces moments-là, pour moi, ne ressemblent plus à
la
lumière et à la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. E
9259
, pour moi, ne ressemblent plus à la lumière et à
la
vie : c’est une nuit infernale et une cruelle mort. Et pourtant ! (vo
9260
. Et pourtant ! (voici bien ce qu’on peut appeler
le
comble des misères !) je me repais de ces peines et de ces douleurs-l
9261
eut appeler le comble des misères !) je me repais
de
ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignan
9262
mble des misères !) je me repais de ces peines et
de
ces douleurs-là avec une sorte de volupté si poignante que, si l’on v
9263
e ces peines et de ces douleurs-là avec une sorte
de
volupté si poignante que, si l’on vient m’en arracher, c’est malgré m
9264
là avec une sorte de volupté si poignante que, si
l’
on vient m’en arracher, c’est malgré moi !145 » Et saint Augustin, ave
9265
répond : « Tu connais très bien ton mal. Tout à
l’
heure, tu en sauras la cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à
9266
s très bien ton mal. Tout à l’heure, tu en sauras
la
cause. Dis-moi : qu’est-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bie
9267
st-ce qui te rend triste à ce point ? Est-ce bien
le
cours des choses de ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien q
9268
iste à ce point ? Est-ce bien le cours des choses
de
ce monde ? Est-ce une douleur physique, ou bien quelque rigueur injus
9269
douleur physique, ou bien quelque rigueur injuste
de
fortune ? Pétrarque. — Rien de tout cela en particulier. C’est le «
9270
ue rigueur injuste de fortune ? Pétrarque. — Rien
de
tout cela en particulier. C’est le « vague des passions » préromanti
9271
arque. — Rien de tout cela en particulier. C’est
le
« vague des passions » préromantique. Et voici l’appel à la mort : «
9272
le « vague des passions » préromantique. Et voici
l’
appel à la mort : « Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui
9273
des passions » préromantique. Et voici l’appel à
la
mort : « Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le
9274
Et voici l’appel à la mort : « Que s’ouvre donc
la
geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chemin vers une telle vie ! »
9275
uvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt
le
chemin vers une telle vie ! » (Chanson 72.) La « nuit infernale » de
9276
t le chemin vers une telle vie ! » (Chanson 72.)
La
« nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle mort » une Vie nouve
9277
! » (Chanson 72.) La « nuit infernale » devient
le
Jour, la « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion n
9278
nson 72.) La « nuit infernale » devient le Jour,
la
« cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque
9279
a « cruelle mort » une Vie nouvelle, et pour qu’à
la
passion ne manque pas le sublime, voici la divinisation. Pétrarque de
9280
e nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas
le
sublime, voici la divinisation. Pétrarque demande comment il se peut
9281
r qu’à la passion ne manque pas le sublime, voici
la
divinisation. Pétrarque demande comment il se peut faire qu’il vive e
9282
l se peut faire qu’il vive encore, quoique séparé
de
sa dame : Mais Amour me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
9283
ur me répond : ne te souvient-il pas que c’est là
le
privilège des amants déliés de toutes les qualités de l’homme146 ? ⁂
9284
l pas que c’est là le privilège des amants déliés
de
toutes les qualités de l’homme146 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse as
9285
c’est là le privilège des amants déliés de toutes
les
qualités de l’homme146 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au
9286
rivilège des amants déliés de toutes les qualités
de
l’homme146 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui
9287
ilège des amants déliés de toutes les qualités de
l’
homme146 ? ⁂ Puis il y eut cette fameuse ascension au Ventoux, qui lu
9288
beaucoup à réfléchir. Il y eut surtout, en 1348,
la
grande peste noire qui ravagea l’Europe : et voilà qui rappelle au po
9289
rtout, en 1348, la grande peste noire qui ravagea
l’
Europe : et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’homme » l
9290
et voilà qui rappelle au poète que ses « qualités
d’
homme » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit
9291
ui rappelle au poète que ses « qualités d’homme »
le
lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa C
9292
le au poète que ses « qualités d’homme » le lient
de
fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
9293
ion pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson
de
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je
9294
pitoyable. C’est ce qu’il dit dans sa Chanson de
la
Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen de conscience : Je va
9295
Chanson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé
de
l’examen de conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille
9296
anson de la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de
l’
examen de conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille une
9297
la Grande Peste, chef-d’œuvre inégalé de l’examen
de
conscience : Je vais pensant — et en pensant m’assaille une pitié de
9298
vais pensant — et en pensant m’assaille une pitié
de
moi-même si forte qu’elle me conduit souvent à d’autres pleurs que ce
9299
s pleurs que ceux dont j’eus coutume : car voyant
la
fin chaque jour plus proche, à Dieu mille fois j’ai demandé ces ailes
9300
s j’ai demandé ces ailes avec lesquelles, hors de
la
mortelle prison, pourrait s’enlever mon esprit au ciel. Mais cela, ju
9301
nds ton parti avec prudence ! Prends ! Et arrache
de
ton cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne le peut jamais ren
9302
ce ! Prends ! Et arrache de ton cœur toute racine
De
ce plaisir qui heureux ne le peut jamais rendre… Il n’a que trop lon
9303
on cœur toute racine De ce plaisir qui heureux ne
le
peut jamais rendre… Il n’a que trop longtemps mis son espoir en « ce
9304
spoir en « cette fausse douceur fugitive » qu’est
l’
amour idéalisé. Et je me sens au cœur venir, heure par heure, une bel
9305
out penser secret monte droit à mon front où tous
le
voient : aimer une chose mortelle, avec une foi qui à Dieu seul est d
9306
r à cet amour blasphématoire, à ce besoin dément
d’
un plaisir que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace d
9307
sphématoire, à ce besoin dément d’un plaisir que
l’
usage en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec l
9308
que l’usage en moi a fait si fort qu’il me donne
l’
audace de négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s
9309
age en moi a fait si fort qu’il me donne l’audace
de
négocier avec la mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le
9310
si fort qu’il me donne l’audace de négocier avec
la
mort ! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret d
9311
’il me donne l’audace de négocier avec la mort !
La
lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe cou
9312
dace de négocier avec la mort ! La lucidité même
d’
un tel cri, où s’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est le s
9313
’avoue le dernier secret du mythe courtois, c’est
le
signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
9314
dernier secret du mythe courtois, c’est le signe
d’
une grâce reçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est la foi se
9315
e signe d’une grâce reçue. Ce qui peut arracher à
l’
espoir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
9316
eçue. Ce qui peut arracher à l’espoir vain, c’est
la
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trou
9317
arracher à l’espoir vain, c’est la foi seule dans
le
pardon. Voici la conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet
9318
ir vain, c’est la foi seule dans le pardon. Voici
la
conversion de l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or
9319
la foi seule dans le pardon. Voici la conversion
de
l’espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers
9320
foi seule dans le pardon. Voici la conversion de
l’
espérance qui trouve enfin son objet véritable : Or lève-toi vers un
9321
-toi vers un espoir plus heureux – en contemplant
le
ciel qui tourne autour de toi Immortel et paré ! S’il est vrai — qu’i
9322
et paré ! S’il est vrai — qu’ici-bas tant joyeux
de
son mal votre désir s’apaise par un coup d’œil, une parole, une chans
9323
d… quel sera l’autre ! 5.Un idéal à rebours :
la
gauloiserie Imposer un style à la vie des passions — ce rêve de to
9324
à rebours : la gauloiserie Imposer un style à
la
vie des passions — ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par l
9325
Imposer un style à la vie des passions — ce rêve
de
tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la s
9326
un style à la vie des passions — ce rêve de tout
le
Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète v
9327
ce rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par
la
loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissanc
9328
ge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est
la
secrète volonté qui devait donner naissance au mythe. Mais la confusi
9329
olonté qui devait donner naissance au mythe. Mais
la
confusion de la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient
9330
vait donner naissance au mythe. Mais la confusion
de
la foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’am
9331
t donner naissance au mythe. Mais la confusion de
la
foi, « qui à Dieu seul est due et à lui seul convient », avec l’amour
9332
Dieu seul est due et à lui seul convient », avec
l’
amour d’« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c
9333
ul est due et à lui seul convient », avec l’amour
d’
« une chose mortelle », en fut la conséquence inévitable. Et c’est bie
9334
», avec l’amour d’« une chose mortelle », en fut
la
conséquence inévitable. Et c’est bien de cette confusion — non de la
9335
, en fut la conséquence inévitable. Et c’est bien
de
cette confusion — non de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
9336
névitable. Et c’est bien de cette confusion — non
de
la doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du
9337
itable. Et c’est bien de cette confusion — non de
la
doctrine orthodoxe — que devait résulter l’opposition tragique du cor
9338
on de la doctrine orthodoxe — que devait résulter
l’
opposition tragique du corps et de l’âme. C’est la tendance ascétique,
9339
devait résulter l’opposition tragique du corps et
de
l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d
9340
ait résulter l’opposition tragique du corps et de
l’
âme. C’est la tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Or
9341
l’opposition tragique du corps et de l’âme. C’est
la
tendance ascétique, orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
9342
e l’âme. C’est la tendance ascétique, orientale —
le
monachisme vient d’Orient — c’est la tendance hérétique des « parfait
9343
ndance ascétique, orientale — le monachisme vient
d’
Orient — c’est la tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la p
9344
orientale — le monachisme vient d’Orient — c’est
la
tendance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise.
9345
a tendance hérétique des « parfaits » qui inspira
la
poésie courtoise. C’est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
9346
est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par
le
moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale.
9347
bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moyen
d’
une littérature idéalisante, l’élite de la société médiévale. D’où la
9348
amina par le moyen d’une littérature idéalisante,
l’
élite de la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne po
9349
r le moyen d’une littérature idéalisante, l’élite
de
la société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait ma
9350
e moyen d’une littérature idéalisante, l’élite de
la
société médiévale. D’où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manqu
9351
ure idéalisante, l’élite de la société médiévale.
D’
où la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle
9352
déalisante, l’élite de la société médiévale. D’où
la
réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer de s’ensuivre. Elle fut
9353
ù la réaction « réaliste » qui ne pouvait manquer
de
s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès le déb
9354
uer de s’ensuivre. Elle fut surtout sensible dans
la
bourgeoisie. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amo
9355
lle fut surtout sensible dans la bourgeoisie. Dès
le
début du xiie siècle, en plein triomphe de l’amour courtois, l’on vo
9356
. Dès le début du xiie siècle, en plein triomphe
de
l’amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle
9357
ès le début du xiie siècle, en plein triomphe de
l’
amour courtois, l’on voit paraître cette tendance contraire, celle qui
9358
e siècle, en plein triomphe de l’amour courtois,
l’
on voit paraître cette tendance contraire, celle qui glorifiera la vol
9359
re cette tendance contraire, celle qui glorifiera
la
volupté avec le même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifi
9360
e contraire, celle qui glorifiera la volupté avec
le
même excès, exactement, que l’autre apporte à glorifier la chasteté.
9361
xcès, exactement, que l’autre apporte à glorifier
la
chasteté. Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
9362
Fabliaux contre poésie, cynisme contre idéalisme.
Le
Débat de l’âme et du corps qui date précisément de cette époque est l
9363
contre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat
de
l’âme et du corps qui date précisément de cette époque est le premier
9364
tre poésie, cynisme contre idéalisme. Le Débat de
l’
âme et du corps qui date précisément de cette époque est le premier té
9365
e Débat de l’âme et du corps qui date précisément
de
cette époque est le premier témoignage d’un conflit que le mariage ch
9366
isément de cette époque est le premier témoignage
d’
un conflit que le mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’â
9367
époque est le premier témoignage d’un conflit que
le
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit l’âme récemment sépa
9368
mariage chrétien était censé résoudre. On y voit
l’
âme récemment séparée de son corps adresser à son compagnon les reproc
9369
censé résoudre. On y voit l’âme récemment séparée
de
son corps adresser à son compagnon les reproches les plus amers : c’e
9370
ent séparée de son corps adresser à son compagnon
les
reproches les plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. M
9371
son corps adresser à son compagnon les reproches
les
plus amers : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais le corps l
9372
s : c’est lui qui aurait causé sa damnation. Mais
le
corps lui retourne l’accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, ré
9373
it causé sa damnation. Mais le corps lui retourne
l’
accusation (il n’a pas tort.) Ainsi vont-ils, récriminant trop tard, a
9374
t trop tard, au-devant du supplice éternel. Issus
de
ce ressentiment du corps, les fabliaux eurent un immense succès (aupr
9375
plice éternel. Issus de ce ressentiment du corps,
les
fabliaux eurent un immense succès (auprès du même public, souvent, qu
9376
mense succès (auprès du même public, souvent, que
les
romans idéalistes). C’étaient des historiettes grivoises colportées e
9377
reprises, avec des variantes infinies, par toute
l’
Europe médiévale. Les fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
9378
variantes infinies, par toute l’Europe médiévale.
Les
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce le roman de mœurs, q
9379
toute l’Europe médiévale. Les fabliaux annoncent
le
roman comique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce le naturali
9380
fabliaux annoncent le roman comique, qui annonce
le
roman de mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècl
9381
annoncent le roman comique, qui annonce le roman
de
mœurs, qui annonce le naturalisme polémique du dernier siècle. Mais j
9382
mique, qui annonce le roman de mœurs, qui annonce
le
naturalisme polémique du dernier siècle. Mais je ne crois pas qu’ils
9383
soient engendrés en ligne directe. Chaque moment
de
cette progression vers le « vrai » se trouve lié, plus étroitement qu
9384
directe. Chaque moment de cette progression vers
le
« vrai » se trouve lié, plus étroitement qu’au précédent, à un moment
9385
tement qu’au précédent, à un moment correspondant
de
la progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par
9386
ent qu’au précédent, à un moment correspondant de
la
progression vers le « précieux », et c’est de cela qu’il naît, par ré
9387
à un moment correspondant de la progression vers
le
« précieux », et c’est de cela qu’il naît, par réaction. Charles Sore
9388
de la progression vers le « précieux », et c’est
de
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de l’Astrée, non de
9389
cela qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît
de
l’Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédie
9390
a qu’il naît, par réaction. Charles Sorel naît de
l’
Astrée, non des fabliaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies d
9391
harles Sorel naît de l’Astrée, non des fabliaux ;
la
Marianne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non de Sorel ; et
9392
liaux ; la Marianne de Marivaux naît des comédies
de
Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantis
9393
ne de Marivaux naît des comédies de Marivaux, non
de
Sorel ; et Zola naît de la décomposition du romantisme, au moins auta
9394
comédies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît
de
la décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup
9395
édies de Marivaux, non de Sorel ; et Zola naît de
la
décomposition du romantisme, au moins autant, si ce n’est beaucoup pl
9396
, au moins autant, si ce n’est beaucoup plus, que
de
Balzac (considéré alors comme réaliste). Pour en revenir au xiiie si
9397
r en revenir au xiiie siècle, a-t-on bien vu que
la
littérature sensuelle et volontiers pornographique des fabliaux souff
9398
souffre du même irréalisme, en fin de compte, que
l’
idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que la « gauloiserie » n’e
9399
l’idéal des épopées courtoises ? Il me paraît que
la
« gauloiserie » n’est qu’un pétrarquisme à rebours. « On aime à oppos
9400
urs. « On aime à opposer — écrit J. Huizinga147 —
l’
esprit gaulois aux conventions de l’amour courtois et à y voir la conc
9401
J. Huizinga147 — l’esprit gaulois aux conventions
de
l’amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en
9402
Huizinga147 — l’esprit gaulois aux conventions de
l’
amour courtois et à y voir la conception naturaliste de l’amour, en op
9403
s aux conventions de l’amour courtois et à y voir
la
conception naturaliste de l’amour, en opposition avec la conception r
9404
ur courtois et à y voir la conception naturaliste
de
l’amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiser
9405
courtois et à y voir la conception naturaliste de
l’
amour, en opposition avec la conception romantique. Or la gauloiserie,
9406
eption naturaliste de l’amour, en opposition avec
la
conception romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que la courtoisi
9407
, en opposition avec la conception romantique. Or
la
gauloiserie, aussi bien que la courtoisie, est une fiction romantique
9408
ion romantique. Or la gauloiserie, aussi bien que
la
courtoisie, est une fiction romantique. La pensée érotique, pour acqu
9409
en que la courtoisie, est une fiction romantique.
La
pensée érotique, pour acquérir une valeur de culture, doit être styli
9410
que. La pensée érotique, pour acquérir une valeur
de
culture, doit être stylisée. Elle doit représenter la réalité complex
9411
ulture, doit être stylisée. Elle doit représenter
la
réalité complexe et pénible sous une forme simplifiée et illusoire. T
9412
me simplifiée et illusoire. Tout ce qui constitue
la
gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes les complic
9413
illusoire. Tout ce qui constitue la gauloiserie :
la
licence fantaisiste, le dédain de toutes les complications naturelles
9414
onstitue la gauloiserie : la licence fantaisiste,
le
dédain de toutes les complications naturelles et sociales de l’amour,
9415
a gauloiserie : la licence fantaisiste, le dédain
de
toutes les complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulge
9416
rie : la licence fantaisiste, le dédain de toutes
les
complications naturelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour le
9417
e toutes les complications naturelles et sociales
de
l’amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie se
9418
outes les complications naturelles et sociales de
l’
amour, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexue
9419
complications naturelles et sociales de l’amour,
l’
indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la v
9420
urelles et sociales de l’amour, l’indulgence pour
les
mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissa
9421
es de l’amour, l’indulgence pour les mensonges et
les
égoïsmes de la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout
9422
, l’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes
de
la vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fai
9423
’indulgence pour les mensonges et les égoïsmes de
la
vie sexuelle, la vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait q
9424
les mensonges et les égoïsmes de la vie sexuelle,
la
vision d’une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfa
9425
ges et les égoïsmes de la vie sexuelle, la vision
d’
une jouissance infinie, tout cela ne fait que donner satisfaction au b
9426
ne fait que donner satisfaction au besoin humain
de
substituer à la réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore
9427
ner satisfaction au besoin humain de substituer à
la
réalité le rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration
9428
ction au besoin humain de substituer à la réalité
le
rêve d’une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie su
9429
besoin humain de substituer à la réalité le rêve
d’
une vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à la vie sublime, t
9430
vie plus heureuse. C’est encore une aspiration à
la
vie sublime, tout comme l’autre, mais cette fois du côté animal. C’es
9431
du côté animal. C’est un idéal quand même : celui
de
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqu
9432
côté animal. C’est un idéal quand même : celui de
la
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué,
9433
uand même : celui de la luxure. » Ce lien profond
de
la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satir
9434
d même : celui de la luxure. » Ce lien profond de
la
gauloiserie et de l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire d
9435
la luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et
de
l’amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle in
9436
luxure. » Ce lien profond de la gauloiserie et de
l’
amour alambiqué, on le surprend dans une satire du xiiie siècle intit
9437
ond de la gauloiserie et de l’amour alambiqué, on
le
surprend dans une satire du xiiie siècle intitulée l’Évangile des fe
9438
rprend dans une satire du xiiie siècle intitulée
l’
Évangile des femmes : c’est une suite de quatrains dont les trois prem
9439
intitulée l’Évangile des femmes : c’est une suite
de
quatrains dont les trois premiers vers exaltent la femme selon le mod
9440
le des femmes : c’est une suite de quatrains dont
les
trois premiers vers exaltent la femme selon le mode courtois, tandis
9441
e quatrains dont les trois premiers vers exaltent
la
femme selon le mode courtois, tandis que le quatrième réfute d’un tra
9442
t les trois premiers vers exaltent la femme selon
le
mode courtois, tandis que le quatrième réfute d’un trait brutal ces é
9443
le mode courtois, tandis que le quatrième réfute
d’
un trait brutal ces éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
9444
d’un trait brutal ces éloges. Autre complicité :
la
gauloiserie démolit le mariage par en bas, alors que la chevalerie le
9445
éloges. Autre complicité : la gauloiserie démolit
le
mariage par en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait d’en haut
9446
loiserie démolit le mariage par en bas, alors que
la
chevalerie le ridiculisait d’en haut, comme on peut le voir, entre au
9447
it le mariage par en bas, alors que la chevalerie
le
ridiculisait d’en haut, comme on peut le voir, entre autres, dans le
9448
r en bas, alors que la chevalerie le ridiculisait
d’
en haut, comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface
9449
evalerie le ridiculisait d’en haut, comme on peut
le
voir, entre autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est le monstr
9450
n haut, comme on peut le voir, entre autres, dans
le
Dit de Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit
9451
comme on peut le voir, entre autres, dans le Dit
de
Chiceface. Chiceface est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que de
9452
e autres, dans le Dit de Chiceface. Chiceface est
le
monstre fabuleux qui ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-i
9453
ace est le monstre fabuleux qui ne se nourrit que
de
femmes fidèles, aussi est-il d’une maigreur effroyable, tandis que so
9454
ne se nourrit que de femmes fidèles, aussi est-il
d’
une maigreur effroyable, tandis que son confrère Bigorne, lequel ne ma
9455
dis que son confrère Bigorne, lequel ne mange que
les
maris soumis, est d’un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces de
9456
igorne, lequel ne mange que les maris soumis, est
d’
un embonpoint sans pareil. Parallèlement à ces deux courants issus du
9457
lement à ces deux courants issus du mythe, notons
la
réaction des clercs : c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui mont
9458
the, notons la réaction des clercs : c’est encore
le
chanoine Pétrarque qui lui montre la voie, en consacrant ses derniers
9459
c’est encore le chanoine Pétrarque qui lui montre
la
voie, en consacrant ses derniers chants à la louange de la Vierge — N
9460
ntre la voie, en consacrant ses derniers chants à
la
louange de la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans v
9461
e, en consacrant ses derniers chants à la louange
de
la Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le mo
9462
en consacrant ses derniers chants à la louange de
la
Vierge — Notre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier le moins
9463
tre Dame opposée à « ma » dame — mais sans varier
le
moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise148. Dante a veng
9464
s sans varier le moins du monde ses lieux communs
de
poésie courtoise148. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettan
9465
eux communs de poésie courtoise148. Dante a vengé
d’
avance les troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie »
9466
ns de poésie courtoise148. Dante a vengé d’avance
les
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers de Marie », moines i
9467
troubadours en mettant en Enfer des « chevaliers
de
Marie », moines italiens appelés aussi « chevaliers joyeux » à cause
9468
solue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite
de
la chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est a
9469
ue, et malgré leur saint patronage. 6.Suite de
la
chevalerie, jusqu’à Cervantès L’influence du roman breton est atte
9470
6.Suite de la chevalerie, jusqu’à Cervantès
L’
influence du roman breton est attestée par des centaines de textes à t
9471
ce du roman breton est attestée par des centaines
de
textes à travers les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la mê
9472
st attestée par des centaines de textes à travers
les
xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre la même étendue que l’infl
9473
rs les xiiie , xive et xve siècles. Elle couvre
la
même étendue que l’influence des troubadours : l’Europe entière. Les
9474
et xve siècles. Elle couvre la même étendue que
l’
influence des troubadours : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteu
9475
la même étendue que l’influence des troubadours :
l’
Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne so
9476
e l’influence des troubadours : l’Europe entière.
Les
minnesänger (chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris de légen
9477
rs : l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs
de
l’Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares149 et par ail
9478
: l’Europe entière. Les minnesänger (chanteurs de
l’
Amour) en Allemagne sont nourris de légendes cathares149 et par ailleu
9479
(chanteurs de l’Amour) en Allemagne sont nourris
de
légendes cathares149 et par ailleurs ne font qu’adapter du français l
9480
49 et par ailleurs ne font qu’adapter du français
les
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans tou
9481
illeurs ne font qu’adapter du français les récits
de
Chrétien de Troyes. On traduit le roman de Tristan dans toutes les la
9482
çais les récits de Chrétien de Troyes. On traduit
le
roman de Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas
9483
récits de Chrétien de Troyes. On traduit le roman
de
Tristan dans toutes les langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory,
9484
royes. On traduit le roman de Tristan dans toutes
les
langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle,
9485
aduit le roman de Tristan dans toutes les langues
d’
Occident. L’Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait
9486
an de Tristan dans toutes les langues d’Occident.
L’
Anglais Thomas Malory, à la fin du xve siècle, en refait une version
9487
es langues d’Occident. L’Anglais Thomas Malory, à
la
fin du xve siècle, en refait une version en prose. Dante considère l
9488
, en refait une version en prose. Dante considère
le
cycle épique et romanesque de la France du Nord comme le modèle unive
9489
se. Dante considère le cycle épique et romanesque
de
la France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative,
9490
Dante considère le cycle épique et romanesque de
la
France du Nord comme le modèle universel de toute prose narrative, et
9491
e épique et romanesque de la France du Nord comme
le
modèle universel de toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
9492
ue de la France du Nord comme le modèle universel
de
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait de Tristan (dans sa
9493
toute prose narrative, et Brunetto Latini extrait
de
Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale. De là, j
9494
to Latini extrait de Tristan (dans sa Rhétorique)
le
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de l
9495
trait de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait
de
la femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
9496
it de Tristan (dans sa Rhétorique) le portrait de
la
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la
9497
ns sa Rhétorique) le portrait de la femme idéale.
De
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des E
9498
portrait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond
de
la Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrabl
9499
trait de la femme idéale. De là, jusqu’au fond de
la
Norvège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables
9500
femme idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège,
de
la Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations,
9501
me idéale. De là, jusqu’au fond de la Norvège, de
la
Russie, de la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, don
9502
De là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie,
de
la Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadi
9503
là, jusqu’au fond de la Norvège, de la Russie, de
la
Hongrie et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont les Amadis p
9504
ège, de la Russie, de la Hongrie et des Espagnes,
d’
innombrables imitations, dont les Amadis portugais (puis espagnols, pu
9505
et des Espagnes, d’innombrables imitations, dont
les
Amadis portugais (puis espagnols, puis français) nous offrent le meil
9506
gais (puis espagnols, puis français) nous offrent
le
meilleur exemple au xve et au xvie siècles. Par un phénomène remarq
9507
is auquel on pouvait s’attendre, certains auteurs
de
ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir le sens original des
9508
e ces imitations se trouvent amenés à redécouvrir
le
sens original des légendes mystiques. Mais alors ils ne peuvent se se
9509
ystiques. Mais alors ils ne peuvent se servir que
d’
une mythologie toute catholique — soit prudence ou incompréhension — a
9510
dence ou incompréhension — assez incompatible, on
l’
a bien vu, avec l’intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un
9511
ension — assez incompatible, on l’a bien vu, avec
l’
intention primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre de Hyeronimo
9512
n primitive. En 1554, en Espagne, paraît un livre
de
Hyeronimo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro de cavalieri
9513
mo de Sempere portant ce titre flamboyant : Libro
de
cavalieria celestial del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient
9514
lamboyant : Libro de cavalieria celestial del pié
de
la rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le
9515
boyant : Libro de cavalieria celestial del pié de
la
rosa fragante. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le che
9516
cavalieria celestial del pié de la rosa fragante.
Le
Christ y devient le chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent,
9517
del pié de la rosa fragante. Le Christ y devient
le
chevalier du Lion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le ch
9518
. Le Christ y devient le chevalier du Lion, Satan
le
chevalier du Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et les ap
9519
ion, Satan le chevalier du Serpent, Jean-Baptiste
le
chevalier du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de la Table
9520
Serpent, Jean-Baptiste le chevalier du Désert, et
les
apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde. L’ésotérisme maniché
9521
-Baptiste le chevalier du Désert, et les apôtres,
les
douze chevaliers de la Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujou
9522
r du Désert, et les apôtres, les douze chevaliers
de
la Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cy
9523
u Désert, et les apôtres, les douze chevaliers de
la
Table ronde. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cycle
9524
apôtres, les douze chevaliers de la Table ronde.
L’
ésotérisme manichéisant, toujours latent dans le cycle breton, renaît
9525
. L’ésotérisme manichéisant, toujours latent dans
le
cycle breton, renaît en filigrane à travers ces symboles. Cervantès n
9526
e à travers ces symboles. Cervantès ne cite point
les
très nombreux romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait de so
9527
Cervantès ne cite point les très nombreux romans
de
« chevalerie célestielle » qu’on lisait de son temps avec passion150.
9528
romans de « chevalerie célestielle » qu’on lisait
de
son temps avec passion150. Il ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’a
9529
ne s’en prend, dans son Quichotte, qu’aux romans
d’
aventures profanes. Cette omission est mystérieuse. Elle militerait en
9530
ion est mystérieuse. Elle militerait en faveur de
la
thèse selon laquelle Cervantès connaissait la signification réelle de
9531
de la thèse selon laquelle Cervantès connaissait
la
signification réelle de la littérature courtoise, et raillait non san
9532
lle Cervantès connaissait la signification réelle
de
la littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries
9533
Cervantès connaissait la signification réelle de
la
littérature courtoise, et raillait non sans désespoir les rêveries de
9534
érature courtoise, et raillait non sans désespoir
les
rêveries de ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaien
9535
oise, et raillait non sans désespoir les rêveries
de
ses contemporains, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu le s
9536
ns, adonnés à une illusion dont ils avaient perdu
le
secret. Don Quichotte ne serait grotesque que parce qu’il veut imiter
9537
uelle il n’est pas initié, et suivre une voie que
le
malheur des temps rend totalement impraticable. L’Église de Rome a tr
9538
e malheur des temps rend totalement impraticable.
L’
Église de Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté a
9539
des temps rend totalement impraticable. L’Église
de
Rome a triomphé. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté avec l’hon
9540
é. Mieux vaut dès lors se mettre du bon côté avec
l’
honnête et réaliste Sancho Pança… 7. Roméo et Juliette. — Milton
9541
osse, leurs traditions resteront vivantes jusqu’à
l’
époque où Macpherson les transcrira en langage moderne. Et en Irlande,
9542
resteront vivantes jusqu’à l’époque où Macpherson
les
transcrira en langage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore de
9543
ngage moderne. Et en Irlande, elles vivent encore
de
nos jours. Je ne puis examiner ici le problème des rapports entre ce
9544
vent encore de nos jours. Je ne puis examiner ici
le
problème des rapports entre ce fonds de légendes celtiques et la litt
9545
miner ici le problème des rapports entre ce fonds
de
légendes celtiques et la littérature anglaise populaire et savante. M
9546
rapports entre ce fonds de légendes celtiques et
la
littérature anglaise populaire et savante. Mais il est significatif q
9547
pulaire et savante. Mais il est significatif qu’à
la
fin du xviie siècle, un bon lettré comme Robert Kirk, théologien et
9548
théologien et humaniste, ait écrit un traité sur
les
fées, sans trace de scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque r
9549
ste, ait écrit un traité sur les fées, sans trace
de
scepticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare —
9550
traité sur les fées, sans trace de scepticisme ou
d’
ironie. Nous ne savons presque rien de Shakespeare — mais nous avons l
9551
pticisme ou d’ironie. Nous ne savons presque rien
de
Shakespeare — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit
9552
ons presque rien de Shakespeare — mais nous avons
le
Songe d’une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nou
9553
ue rien de Shakespeare — mais nous avons le Songe
d’
une Nuit d’été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons R
9554
Shakespeare — mais nous avons le Songe d’une Nuit
d’
été. Et l’on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Jul
9555
e — mais nous avons le Songe d’une Nuit d’été. Et
l’
on dit qu’il était catholique — mais nous avons Roméo et Juliette qui
9556
lique — mais nous avons Roméo et Juliette qui est
la
seule tragédie courtoise, et la plus belle résurrection du mythe avan
9557
Juliette qui est la seule tragédie courtoise, et
la
plus belle résurrection du mythe avant le Tristan de Wagner. Tant qu’
9558
ise, et la plus belle résurrection du mythe avant
le
Tristan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
9559
stan de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout
de
la vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demande
9560
n de Wagner. Tant qu’on ignore à peu près tout de
la
vie, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s
9561
ant qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire
de
l’identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissai
9562
qu’on ignore à peu près tout de la vie, voire de
l’
identité de Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait l
9563
re à peu près tout de la vie, voire de l’identité
de
Shakespeare, il est vain de se demander s’il connaissait la tradition
9564
, voire de l’identité de Shakespeare, il est vain
de
se demander s’il connaissait la tradition secrète des troubadours. Ma
9565
eare, il est vain de se demander s’il connaissait
la
tradition secrète des troubadours. Mais on peut relever ce fait : que
9566
principaux centres du catharisme en Italie. Selon
le
moine Ranieri Saccone, qui fut dix-sept ans hérétique, il y avait à V
9567
one près de cinq-cents « parfaits », sans compter
les
« croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes de c
9568
croyants » en beaucoup plus grand nombre… Comment
les
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des lutte
9569
beaucoup plus grand nombre… Comment les légendes
de
ce temps n’auraient-elles point gardé de traces des luttes violentes
9570
légendes de ce temps n’auraient-elles point gardé
de
traces des luttes violentes qui opposèrent dans la cité les « patarin
9571
e traces des luttes violentes qui opposèrent dans
la
cité les « patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieu
9572
des luttes violentes qui opposèrent dans la cité
les
« patarins » aux orthodoxes ? ⁂ En marge des luttes religieuses du si
9573
des luttes religieuses du siècle, qui refoulaient
les
anciennes hérésies dans une obscurité plus profonde que jamais, la tr
9574
sies dans une obscurité plus profonde que jamais,
la
tragédie des Amants de Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne
9575
plus profonde que jamais, la tragédie des Amants
de
Vérone, c’est le voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de
9576
e jamais, la tragédie des Amants de Vérone, c’est
le
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que l’i
9577
voile un instant déchiré, ne laissant au souvenir
de
nos yeux que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de la méla
9578
déchiré, ne laissant au souvenir de nos yeux que
l’
image négative d’un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi
9579
sant au souvenir de nos yeux que l’image négative
d’
un éclat, « le soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs d
9580
ir de nos yeux que l’image négative d’un éclat, «
le
soleil noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
9581
que l’image négative d’un éclat, « le soleil noir
de
la mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures tra
9582
l’image négative d’un éclat, « le soleil noir de
la
mélancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide de tortures transf
9583
il noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs
de
l’âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’écl
9584
noir de la mélancolie ». Surgi des profondeurs de
l’
âme avide de tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
9585
élancolie ». Surgi des profondeurs de l’âme avide
de
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de l’amour
9586
deurs de l’âme avide de tortures transfigurantes,
de
la nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face imm
9587
rs de l’âme avide de tortures transfigurantes, de
la
nuit abyssale où l’éclair de l’amour illumine parfois une face immobi
9588
tortures transfigurantes, de la nuit abyssale où
l’
éclair de l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante — c
9589
transfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair
de
l’amour illumine parfois une face immobile et fascinante — ce nous-mê
9590
ansfigurantes, de la nuit abyssale où l’éclair de
l’
amour illumine parfois une face immobile et fascinante — ce nous-même
9591
is une face immobile et fascinante — ce nous-même
d’
horreur et de divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ress
9592
mmobile et fascinante — ce nous-même d’horreur et
de
divinité auquel s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité d’un c
9593
el s’adressent nos plus beaux poèmes ; ressuscité
d’
un coup dans sa pleine stature, comme étourdi de sa jeunesse provocant
9594
é d’un coup dans sa pleine stature, comme étourdi
de
sa jeunesse provocante et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
9595
omme étourdi de sa jeunesse provocante et enivrée
de
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici le mythe de nouveau
9596
nte et enivrée de rhétorique, au seuil du tombeau
de
Mantoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une tor
9597
rhétorique, au seuil du tombeau de Mantoue voici
le
mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur d’une torche que tient Rom
9598
antoue voici le mythe de nouveau qui se dresse, à
la
lueur d’une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le
9599
ici le mythe de nouveau qui se dresse, à la lueur
d’
une torche que tient Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
9600
he que tient Roméo. Juliette repose, endormie par
le
philtre. Le fils de Montaigu est entré, et il parle : Combien souven
9601
Roméo. Juliette repose, endormie par le philtre.
Le
fils de Montaigu est entré, et il parle : Combien souvent les hommes
9602
Juliette repose, endormie par le philtre. Le fils
de
Montaigu est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le
9603
ontaigu est entré, et il parle : Combien souvent
les
hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veille
9604
entis joyeux ! Ceux qui veillent sur eux Disent :
l’
éclair avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô
9605
Ceux qui veillent sur eux Disent : l’éclair avant
la
mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma
9606
Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme,
La
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encore sur
9607
rt éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé
le
miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encore sur ta beauté Et tu
9608
r ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel
de
ton haleine Et n’a pas eu de prise encore sur ta beauté Et tu n’es pa
9609
mort a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu
de
prise encore sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne de bea
9610
ise encore sur ta beauté Et tu n’es pas conquise.
L’
enseigne de beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
9611
sur ta beauté Et tu n’es pas conquise. L’enseigne
de
beauté Est encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle dra
9612
st encore cramoisie sur tes lèvres, tes joues, Et
le
pâle drapeau de la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Julie
9613
sie sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau
de
la mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-
9614
sur tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de
la
mort n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu
9615
urquoi es-tu si belle encore ? Dois-je penser Que
la
mort non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te cons
9616
ue la mort non substantielle est amoureuse Et que
le
monstre maigre te conserve Ici pour être ton amant dans la ténèbre ?
9617
e maigre te conserve Ici pour être ton amant dans
la
ténèbre ? Par crainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais de c
9618
rainte de cela je demeure avec toi Et plus jamais
de
ce palais de la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Av
9619
a je demeure avec toi Et plus jamais de ce palais
de
la nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers q
9620
e demeure avec toi Et plus jamais de ce palais de
la
nuit obscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec les vers qui
9621
bscure Je ne repartirai ; ici je veux rester Avec
les
vers qui sont tes serviteurs ; ici, ici Je vais fixer mon repos étern
9622
ici, ici Je vais fixer mon repos éternel, Secouer
l’
influence des étoiles funestes Et sortir de cette chair lasse du monde
9623
ecouer l’influence des étoiles funestes Et sortir
de
cette chair lasse du monde. Mes yeux regardez une dernière fois ! Mes
9624
n légitime baiser Scellez un marché sans âge avec
la
dévorante mort ! Viens amer conducteur. Viens guide repoussant. Toi d
9625
repoussant. Toi désespéré pilote, jette enfin Sur
les
récifs brisants ta barque épuisée, malade de la mer ! Voilà pour mon
9626
Sur les récifs brisants ta barque épuisée, malade
de
la mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta d
9627
les récifs brisants ta barque épuisée, malade de
la
mer ! Voilà pour mon amour ! (Il boit.) … Honnête apothicaire Ta drog
9628
ire Ta drogue est rapide. En un baiser je meurs.
Le
consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais
9629
st rapide. En un baiser je meurs. Le consolament
de
la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’É
9630
rapide. En un baiser je meurs. Le consolament de
la
Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros
9631
eurs. Le consolament de la Mort vient de sceller
le
seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici « l’aube » profan
9632
sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir
l’
Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois, le monde encore une f
9633
mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voici «
l’
aube » profane, encore une fois, le monde encore une fois qui recommen
9634
’Éros. Voici « l’aube » profane, encore une fois,
le
monde encore une fois qui recommence, et le Prince, rendu à son règne
9635
fois, le monde encore une fois qui recommence, et
le
Prince, rendu à son règne sévère : Ce matin nous apporte une paix as
9636
sombrie… Séparons-nous pour nous entretenir encor
de
ces tristesses151. ⁂ Il est certain que Milton quoique puritain subi
9637
Il est certain que Milton quoique puritain subit
l’
influence de doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que
9638
ain que Milton quoique puritain subit l’influence
de
doctrines cabalistiques aussi peu « spiritualistes » que possible. Ma
9639
s aussi peu « spiritualistes » que possible. Mais
la
révolte des « puritains » contre la royauté et les évêques mondanisés
9640
ossible. Mais la révolte des « puritains » contre
la
royauté et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des
9641
la révolte des « puritains » contre la royauté et
les
évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contr
9642
té et les évêques mondanisés, n’évoque-t-elle pas
la
révolte des « purs » contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes d
9643
’évoque-t-elle pas la révolte des « purs » contre
la
féodalité et le clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa
9644
as la révolte des « purs » contre la féodalité et
le
clergé ? Deux poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’All
9645
» contre la féodalité et le clergé ? Deux poèmes
de
Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso exp
9646
poèmes de Milton, qu’il écrivit dans sa jeunesse,
l’
Allegro et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit,
9647
ton, qu’il écrivit dans sa jeunesse, l’Allegro et
le
Penseroso expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et le choix n
9648
sa jeunesse, l’Allegro et le Penseroso expriment
l’
opposition du Jour et de la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas
9649
et le Penseroso expriment l’opposition du Jour et
de
la Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le
9650
le Penseroso expriment l’opposition du Jour et de
la
Nuit, et le choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fer
9651
expriment l’opposition du Jour et de la Nuit, et
le
choix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne le fera sans doute
9652
hoix nécessaire qu’il n’a pas encore fait. (Il ne
le
fera sans doute jamais : du moins pas sans de telles réticences qu’il
9653
ne le fera sans doute jamais : du moins pas sans
de
telles réticences qu’il serait vain de conclure sur ce point plus net
9654
s pas sans de telles réticences qu’il serait vain
de
conclure sur ce point plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
9655
de conclure sur ce point plus nettement qu’il ne
l’
a voulu.) Avant même d’embrasser la cause puritaine, Milton cherchant
9656
nt plus nettement qu’il ne l’a voulu.) Avant même
d’
embrasser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait
9657
ement qu’il ne l’a voulu.) Avant même d’embrasser
la
cause puritaine, Milton cherchant un sujet d’épopée avait envisagé pa
9658
ser la cause puritaine, Milton cherchant un sujet
d’
épopée avait envisagé parfois le thème de la légende celtique d’Arthur
9659
herchant un sujet d’épopée avait envisagé parfois
le
thème de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table r
9660
un sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème
de
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dan
9661
sujet d’épopée avait envisagé parfois le thème de
la
légende celtique d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans s
9662
envisagé parfois le thème de la légende celtique
d’
Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
9663
de la légende celtique d’Arthur et des chevaliers
de
la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne,
9664
la légende celtique d’Arthur et des chevaliers de
la
Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de la Mélancolie nocturne, s’a
9665
iers de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge
de
la Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il l
9666
s de la Table ronde. Dans son Penseroso, éloge de
la
Mélancolie nocturne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il la p
9667
urne, s’adressant à cette « Vierge sérieuse », il
la
prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédai
9668
adressant à cette « Vierge sérieuse », il la prie
d’
évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bag
9669
« Vierge sérieuse », il la prie d’évoquer encore
l’
âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs
9670
rge sérieuse », il la prie d’évoquer encore l’âme
d’
Orphée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiq
9671
se », il la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée,
l’
époux de Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et fi
9672
la prie d’évoquer encore l’âme d’Orphée, l’époux
de
Canacée qui possédait la bague et les miroirs magiques, et finalement
9673
l’âme d’Orphée, l’époux de Canacée qui possédait
la
bague et les miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes »
9674
hée, l’époux de Canacée qui possédait la bague et
les
miroirs magiques, et finalement les « illustres bardes », qui chantè
9675
t la bague et les miroirs magiques, et finalement
les
« illustres bardes », qui chantèrent d’une voix grave et solennelle
9676
alement les « illustres bardes », qui chantèrent
d’
une voix grave et solennelle tournois et trophées remportés, forêts, e
9677
emportés, forêts, enchantements terribles et dont
le
sens dépasse le son. « Where more is meant then meets the ear »… Il
9678
, enchantements terribles et dont le sens dépasse
le
son. « Where more is meant then meets the ear »… Il avait étudié pou
9679
eets the ear »… Il avait étudié pour son Histoire
de
Bretagne la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doct
9680
»… Il avait étudié pour son Histoire de Bretagne
la
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le De doctrina christi
9681
la chronique arthurienne et ses légendes. Et dans
le
De doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créa
9682
chronique arthurienne et ses légendes. Et dans le
De
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre la puissance créatri
9683
doctrina christiana, il s’était insurgé « contre
la
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’
9684
l s’était insurgé « contre la puissance créatrice
de
Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
9685
é « contre la puissance créatrice de Dieu, contre
les
dogmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions t
9686
la puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes
de
la Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologique
9687
puissance créatrice de Dieu, contre les dogmes de
la
Trinité et de l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques t
9688
trice de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et
de
l’Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles
9689
ce de Dieu, contre les dogmes de la Trinité et de
l’
Incarnation… répudiant les définitions théologiques traditionnelles qu
9690
gmes de la Trinité et de l’Incarnation… répudiant
les
définitions théologiques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
9691
ques traditionnelles qui ne trouvaient point dans
la
Bible leur fondement152 ». Mettons à part ce dernier trait, qui malgr
9692
dernier trait, qui malgré tout rattache Milton à
la
Réforme : n’est-ce point la même et unique hérésie que nous trouvons
9693
out rattache Milton à la Réforme : n’est-ce point
la
même et unique hérésie que nous trouvons partout et en tous temps à l
9694
ésie que nous trouvons partout et en tous temps à
l’
origine du grand lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme » de Mil
9695
nd lyrisme passionnel ? Quant au « matérialisme »
de
Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait le croire à une doctrine « c
9696
sme » de Milton, il s’oppose moins qu’on pourrait
le
croire à une doctrine « courtoise » de l’amour. Entre un monisme qui
9697
n pourrait le croire à une doctrine « courtoise »
de
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’in
9698
ourrait le croire à une doctrine « courtoise » de
l’
amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou l’inver
9699
toise » de l’amour. Entre un monisme qui assimile
l’
esprit à la matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la mat
9700
l’amour. Entre un monisme qui assimile l’esprit à
la
matière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom
9701
un monisme qui assimile l’esprit à la matière (ou
l’
inverse), et un dualisme qui condamne la matière au nom de l’esprit, l
9702
tière (ou l’inverse), et un dualisme qui condamne
la
matière au nom de l’esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manic
9703
et un dualisme qui condamne la matière au nom de
l’
esprit, l’histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien q
9704
lisme qui condamne la matière au nom de l’esprit,
l’
histoire des sectes gnostiques et manichéennes montre bien que l’abîme
9705
sectes gnostiques et manichéennes montre bien que
l’
abîme n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de l’éthique. L’i
9706
me n’est pas infranchissable, surtout sur le plan
de
l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposé
9707
n’est pas infranchissable, surtout sur le plan de
l’
éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés c
9708
nfranchissable, surtout sur le plan de l’éthique.
L’
idéalisme et le matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’e
9709
surtout sur le plan de l’éthique. L’idéalisme et
le
matérialisme ont d’importants présupposés communs. L’extrême de la lu
9710
de l’éthique. L’idéalisme et le matérialisme ont
d’
importants présupposés communs. L’extrême de la luxure touche parfois
9711
atérialisme ont d’importants présupposés communs.
L’
extrême de la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée.
9712
e ont d’importants présupposés communs. L’extrême
de
la luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la néga
9713
nt d’importants présupposés communs. L’extrême de
la
luxure touche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négatio
9714
és communs. L’extrême de la luxure touche parfois
l’
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton
9715
. L’extrême de la luxure touche parfois l’extrême
de
la chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le condu
9716
’extrême de la luxure touche parfois l’extrême de
la
chasteté exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton, le conduit
9717
uche parfois l’extrême de la chasteté exaltée. Et
la
négation de la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien p
9718
l’extrême de la chasteté exaltée. Et la négation
de
la mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de ce
9719
extrême de la chasteté exaltée. Et la négation de
la
mort, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celle
9720
exaltée. Et la négation de la mort, chez Milton,
le
conduit à des conclusions bien proches de celles des cathares. Comme
9721
Milton, le conduit à des conclusions bien proches
de
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède
9722
celles des cathares. Comme eux, Milton croit que
le
bon désir procède des principes intellectuels, et qu’il doit nous pur
9723
rincipes intellectuels, et qu’il doit nous purger
de
notre mauvais désir, de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son ma
9724
et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir,
de
la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, ense
9725
qu’il doit nous purger de notre mauvais désir, de
la
sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme, enseign
9726
t Fludd, son maître en occultisme, enseignait que
la
lumière est la matière divine… Il reste cependant que la doctrine de
9727
ître en occultisme, enseignait que la lumière est
la
matière divine… Il reste cependant que la doctrine de Milton est bien
9728
ère est la matière divine… Il reste cependant que
la
doctrine de Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle
9729
atière divine… Il reste cependant que la doctrine
de
Milton est bien plus « rationnelle » et sociale que celle des hérétiq
9730
des hérétiques du Midi. (Il considère par exemple
le
mariage comme un « remède contre l’incontinence ».) Aussi ne devait-e
9731
e par exemple le mariage comme un « remède contre
l’
incontinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser les confusions e
9732
ntinence ».) Aussi ne devait-elle point favoriser
les
confusions extrêmes de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
9733
vait-elle point favoriser les confusions extrêmes
de
la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les
9734
t-elle point favoriser les confusions extrêmes de
la
chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les se
9735
favoriser les confusions extrêmes de la chair et
de
l’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-man
9736
voriser les confusions extrêmes de la chair et de
l’
esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans les sectes néo-manich
9737
de la chair et de l’esprit qui ne manquèrent pas
de
se produire dans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la
9738
’esprit qui ne manquèrent pas de se produire dans
les
sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à la psychol
9739
produire dans les sectes néo-manichéennes. 8.
L’
Astrée : de la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans l
9740
ans les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée :
de
la mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au
9741
les sectes néo-manichéennes. 8. L’Astrée : de
la
mystique à la psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xv
9742
o-manichéennes. 8. L’Astrée : de la mystique à
la
psychologie L’histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle fr
9743
8. L’Astrée : de la mystique à la psychologie
L’
histoire du mythe dans le Roman, au xviie siècle français, peut se ré
9744
ique à la psychologie L’histoire du mythe dans
le
Roman, au xviie siècle français, peut se réduire, hélas, en une form
9745
rançais, peut se réduire, hélas, en une formule :
la
mystique se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet d’u
9746
ule : la mystique se dégrade en pure psychologie.
Le
Roman devient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenè
9747
se dégrade en pure psychologie. Le Roman devient
l’
objet d’une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville e
9748
ade en pure psychologie. Le Roman devient l’objet
d’
une littérature raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Sc
9749
Roman devient l’objet d’une littérature raffinée.
D’
Urfé, La Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre
9750
vient l’objet d’une littérature raffinée. D’Urfé,
La
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus la moindre idée du
9751
e raffinée. D’Urfé, La Calprenède, Gomberville et
les
Scudéry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de la chevaleri
9752
Calprenède, Gomberville et les Scudéry n’ont plus
la
moindre idée du sens ésotérique de la chevalerie légendaire. La natur
9753
éry n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique
de
la chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils repr
9754
n’ont plus la moindre idée du sens ésotérique de
la
chevalerie légendaire. La nature symbolique des sujets qu’ils reprenn
9755
e du sens ésotérique de la chevalerie légendaire.
La
nature symbolique des sujets qu’ils reprennent les induit simplement
9756
La nature symbolique des sujets qu’ils reprennent
les
induit simplement à composer d’interminables romans à clef. Polexandr
9757
u’ils reprennent les induit simplement à composer
d’
interminables romans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est le G
9758
mans à clef. Polexandre est Louis XIII, Cyrus est
le
Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeu
9759
le Grand Condé, Diane est Marie de Médicis, etc.
Le
sujet du roman demeure les « contrariétés » de l’amour mais l’obstacl
9760
Marie de Médicis, etc. Le sujet du roman demeure
les
« contrariétés » de l’amour mais l’obstacle n’est plus la volonté de
9761
c. Le sujet du roman demeure les « contrariétés »
de
l’amour mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et
9762
Le sujet du roman demeure les « contrariétés » de
l’
amour mais l’obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et mét
9763
oman demeure les « contrariétés » de l’amour mais
l’
obstacle n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dan
9764
trariétés » de l’amour mais l’obstacle n’est plus
la
volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simp
9765
de l’amour mais l’obstacle n’est plus la volonté
de
mort, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le p
9766
e et métaphysique dans Tristan : c’est simplement
le
point d’honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus
9767
physique dans Tristan : c’est simplement le point
d’
honneur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est la plus astucieu
9768
mplement le point d’honneur, manie sociale. C’est
l’
héroïne, ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer d
9769
eur, manie sociale. C’est l’héroïne, ici, qui est
la
plus astucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes de séparati
9770
ici, qui est la plus astucieuse lorsqu’il s’agit
d’
imaginer des prétextes de séparation. Elle terrorise avec délices son
9771
ucieuse lorsqu’il s’agit d’imaginer des prétextes
de
séparation. Elle terrorise avec délices son chevaleresque soupirant,
9772
rise avec délices son chevaleresque soupirant, et
l’
on voit Polexandre, dans le roman de Gomberville, parcourir comme un f
9773
leresque soupirant, et l’on voit Polexandre, dans
le
roman de Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du mond
9774
soupirant, et l’on voit Polexandre, dans le roman
de
Gomberville, parcourir comme un fou les cinq parties du monde pour ap
9775
s le roman de Gomberville, parcourir comme un fou
les
cinq parties du monde pour apaiser un regard irrité de sa maîtresse.
9776
nq parties du monde pour apaiser un regard irrité
de
sa maîtresse. Au dénouement, il est encore à se demander si cette « r
9777
e l’Île inaccessible » ne va pas lui faire couper
le
cou. Mais tout finit, en général, par un mariage, prévu dès la premiè
9778
ge, prévu dès la première page et retardé jusqu’à
la
dix-millième lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est le roma
9779
e page et retardé jusqu’à la dix-millième lorsque
l’
auteur est un champion du genre. C’est le roman allégorique du xviie
9780
lorsque l’auteur est un champion du genre. C’est
le
roman allégorique du xviie siècle qui inventa le happy ending. Le vr
9781
le roman allégorique du xviie siècle qui inventa
le
happy ending. Le vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évano
9782
que du xviie siècle qui inventa le happy ending.
Le
vrai roman courtois débouchait dans la mort, s’évanouissait dans une
9783
py ending. Le vrai roman courtois débouchait dans
la
mort, s’évanouissait dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant
9784
dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant,
l’
on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui l’emporte,
9785
monde… Maintenant, l’on veut que tout rentre dans
l’
ordre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne
9786
nt, l’on veut que tout rentre dans l’ordre, c’est
la
société qui l’emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu
9787
ue tout rentre dans l’ordre, c’est la société qui
l’
emporte, et dès lors la fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce
9788
rdre, c’est la société qui l’emporte, et dès lors
la
fin du roman ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus le roma
9789
ne saurait être qu’un retour à ce qui n’est plus
le
roman : au bonheur. Les grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent
9790
retour à ce qui n’est plus le roman : au bonheur.
Les
grands thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans l’Astrée que
9791
thèmes tragiques du mythe n’éveillent guère dans
l’
Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour
9792
l’Astrée que des échos mélancoliques. Il y a bien
les
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chaste
9793
s échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois
d’
Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les
9794
élancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour,
les
séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire les défis à un
9795
douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses,
l’
éloge de la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la
9796
ois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge
de
la chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialecti
9797
d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de
la
chasteté, voire les défis à une mort libératrice. Mais la dialectique
9798
ations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire
les
défis à une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan
9799
eté, voire les défis à une mort libératrice. Mais
la
dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le
9800
une mort libératrice. Mais la dialectique sauvage
de
Tristan n’est plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et de la
9801
age de Tristan n’est plus ici que coquetterie, et
le
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
9802
plus ici que coquetterie, et le combat du Jour et
de
la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux ama
9803
s ici que coquetterie, et le combat du Jour et de
la
Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre le corps des deux amants
9804
combat du Jour et de la Nuit se ramène à des jeux
de
pénombre. Entre le corps des deux amants plus d’épée nue, mais la hou
9805
e la Nuit se ramène à des jeux de pénombre. Entre
le
corps des deux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée de Céla
9806
de pénombre. Entre le corps des deux amants plus
d’
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la b
9807
re le corps des deux amants plus d’épée nue, mais
la
houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un
9808
ux amants plus d’épée nue, mais la houlette dorée
de
Céladon ornée d’une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolis
9809
épée nue, mais la houlette dorée de Céladon ornée
d’
une faveur de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste.
9810
s la houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur
de
la bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième
9811
a houlette dorée de Céladon ornée d’une faveur de
la
bergère. Voici un trait qui symbolise tout le reste. Au cinquième et
9812
de la bergère. Voici un trait qui symbolise tout
le
reste. Au cinquième et dernier volume de ce roman que l’on n’ose nomm
9813
ise tout le reste. Au cinquième et dernier volume
de
ce roman que l’on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parco
9814
e. Au cinquième et dernier volume de ce roman que
l’
on n’ose nommer un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par les
9815
un roman-fleuve, puisqu’il n’est parcouru que par
les
sinuosités d’un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appell
9816
, puisqu’il n’est parcouru que par les sinuosités
d’
un modeste ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; As
9817
uru que par les sinuosités d’un modeste ruisseau,
le
Lignon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée, de son côté conço
9818
te ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle
la
mort ; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
9819
gnon, Céladon désespéré appelle la mort ; Astrée,
de
son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin de leurs ma
9820
éré appelle la mort ; Astrée, de son côté conçoit
la
même pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine de
9821
on côté conçoit la même pensée. Ils vont demander
la
fin de leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et de
9822
conçoit la même pensée. Ils vont demander la fin
de
leurs maux à la Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licor
9823
pensée. Ils vont demander la fin de leurs maux à
la
Fontaine de Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette font
9824
vont demander la fin de leurs maux à la Fontaine
de
Vérité, gardée par des lions et des licornes : cette fontaine ne sera
9825
rnes : cette fontaine ne sera désenchantée, selon
l’
oracle, que par la mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle aman
9826
ine ne sera désenchantée, selon l’oracle, que par
la
mort du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tris
9827
l’oracle, que par la mort du plus fidèle amant et
de
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fata
9828
racle, que par la mort du plus fidèle amant et de
la
plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de la fatalit
9829
fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème
de
Tristan : c’est le rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avanc
9830
la plus fidèle amante. (Thème de Tristan : c’est
le
rachat de la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
9831
idèle amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat
de
la fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions
9832
le amante. (Thème de Tristan : c’est le rachat de
la
fatalité du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
9833
té du philtre.) Céladon s’avance, mais ô miracle,
les
lions et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre g
9834
.) Céladon s’avance, mais ô miracle, les lions et
les
licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le gén
9835
ô miracle, les lions et les licornes se dévorent,
le
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans
9836
et les licornes se dévorent, le ciel s’obscurcit,
le
tonnerre gronde, le génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
9837
évorent, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde,
le
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchante
9838
le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie
de
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Ast
9839
ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, le génie de
l’
Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de l’enchantement. Astrée
9840
génie de l’Amour paraît dans un nuage et annonce
la
fin de l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort mét
9841
de l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin
de
l’enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphoriq
9842
l’Amour paraît dans un nuage et annonce la fin de
l’
enchantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une mort métaphorique)
9843
’est une mort métaphorique) sont transportés chez
le
druide Adamas où ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume de
9844
ils se réveillent, puis s’épousent. On a coutume
de
déclarer inexplicable le succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses
9845
s’épousent. On a coutume de déclarer inexplicable
le
succès prodigieux de l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point iné
9846
ume de déclarer inexplicable le succès prodigieux
de
l’Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos ré
9847
de déclarer inexplicable le succès prodigieux de
l’
Astrée. Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux de nos récen
9848
Pourtant ses charmes ne sont point inégaux à ceux
de
nos récents romans féeriques. Et la psychologie des écrivains françai
9849
négaux à ceux de nos récents romans féeriques. Et
la
psychologie des écrivains français n’a pas cessé de se complaire dans
9850
psychologie des écrivains français n’a pas cessé
de
se complaire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontain
9851
vains français n’a pas cessé de se complaire dans
l’
élégance allégorique : voir Giraudoux. La Fontaine adorait « cette œuv
9852
ire dans l’élégance allégorique : voir Giraudoux.
La
Fontaine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau, de passage à L
9853
ine adorait « cette œuvre exquise ». Et Rousseau,
de
passage à Lyon, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur les r
9854
Rousseau, de passage à Lyon, voulut aller visiter
le
Forez et rechercher sur les rives du Lignon l’ombre des Dianes et des
9855
, voulut aller visiter le Forez et rechercher sur
les
rives du Lignon l’ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se rens
9856
er le Forez et rechercher sur les rives du Lignon
l’
ombre des Dianes et des Silvandre. Comme il se renseignait auprès de s
9857
nseignait auprès de son hôtesse, elle lui dit que
le
Forez était un bon pays de forges et qu’on y travaillait fort bien le
9858
esse, elle lui dit que le Forez était un bon pays
de
forges et qu’on y travaillait fort bien le fer. « Cette bonne femme,
9859
n pays de forges et qu’on y travaillait fort bien
le
fer. « Cette bonne femme, écrit-il tristement, a dû me prendre pour u
9860
serrurier. » ⁂ En vérité je me sens fort capable
d’
entreprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de l’art littérair
9861
é je me sens fort capable d’entreprendre un éloge
de
l’Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite ca
9862
e me sens fort capable d’entreprendre un éloge de
l’
Astrée : du point de vue de l’art littéraire, c’est une réussite capit
9863
treprendre un éloge de l’Astrée : du point de vue
de
l’art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources
9864
prendre un éloge de l’Astrée : du point de vue de
l’
art littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais les ressources d’u
9865
t littéraire, c’est une réussite capitale. Jamais
les
ressources d’une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmoni
9866
’est une réussite capitale. Jamais les ressources
d’
une rhétorique plus savante n’ont été à ce point harmonisées. L’on n’i
9867
ue plus savante n’ont été à ce point harmonisées.
L’
on n’imagine pas de roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans s
9868
nt été à ce point harmonisées. L’on n’imagine pas
de
roman mieux écrit ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur les
9869
t ; plus strictement réglé, dans son progrès, sur
les
lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants
9870
strictement réglé, dans son progrès, sur les lois
d’
une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — le b
9871
progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique.
L’
emploi de « personnages constants » — le berger, la bergère, le volage
9872
sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi
de
« personnages constants » — le berger, la bergère, le volage, la coqu
9873
thétique. L’emploi de « personnages constants » —
le
berger, la bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
9874
’emploi de « personnages constants » — le berger,
la
bergère, le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialecti
9875
personnages constants » — le berger, la bergère,
le
volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sent
9876
s constants » — le berger, la bergère, le volage,
la
coquette, le hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa m
9877
— le berger, la bergère, le volage, la coquette,
le
hardi, etc. — donne à la dialectique des sentiments sa meilleure gara
9878
le volage, la coquette, le hardi, etc. — donne à
la
dialectique des sentiments sa meilleure garantie de précision, et dis
9879
dialectique des sentiments sa meilleure garantie
de
précision, et disons même de vérité. Ici c’est l’art et non « la vie
9880
a meilleure garantie de précision, et disons même
de
vérité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous somme
9881
de précision, et disons même de vérité. Ici c’est
l’
art et non « la vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une créat
9882
t disons même de vérité. Ici c’est l’art et non «
la
vie » qui mène le jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit
9883
érité. Ici c’est l’art et non « la vie » qui mène
le
jeu. Nous sommes en face d’une création de l’esprit, et non d’une con
9884
i mène le jeu. Nous sommes en face d’une création
de
l’esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou
9885
ène le jeu. Nous sommes en face d’une création de
l’
esprit, et non d’une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou mo
9886
sommes en face d’une création de l’esprit, et non
d’
une confusion de reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
9887
’une création de l’esprit, et non d’une confusion
de
reflets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immé
9888
prit, et non d’une confusion de reflets troubles,
d’
aveux plus ou moins indiscrets et de hasards immérités (comme sont les
9889
ets troubles, d’aveux plus ou moins indiscrets et
de
hasards immérités (comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot, l
9890
ns indiscrets et de hasards immérités (comme sont
les
romans d’aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppos
9891
ts et de hasards immérités (comme sont les romans
d’
aujourd’hui). En un mot, l’Astrée est une œuvre. Elle suppose un métie
9892
(comme sont les romans d’aujourd’hui). En un mot,
l’
Astrée est une œuvre. Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
9893
Elle suppose un métier savant, et vingt-cinq ans
d’
application. Le snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que
9894
n métier savant, et vingt-cinq ans d’application.
Le
snobisme qui lui fit un succès était mieux averti que le nôtre. Mais
9895
ieux averti que le nôtre. Mais aussi ce caractère
d’
achèvement nous permet de poser une question nette : que vaut le succè
9896
Mais aussi ce caractère d’achèvement nous permet
de
poser une question nette : que vaut le succès même de l’effort littér
9897
ous permet de poser une question nette : que vaut
le
succès même de l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif,
9898
oser une question nette : que vaut le succès même
de
l’effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée
9899
r une question nette : que vaut le succès même de
l’
effort littéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont l’Astrée rep
9900
e vaut le succès même de l’effort littéraire ? Si
l’
on songe au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes, l’o
9901
ittéraire ? Si l’on songe au mythe primitif, dont
l’
Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
9902
nge au mythe primitif, dont l’Astrée reprend tous
les
thèmes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se d
9903
primitif, dont l’Astrée reprend tous les thèmes,
l’
on est frappé de constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en é
9904
l’Astrée reprend tous les thèmes, l’on est frappé
de
constater que chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le de
9905
les thèmes, l’on est frappé de constater que chez
d’
Urfé le tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romane
9906
mes, l’on est frappé de constater que chez d’Urfé
le
tragique se dégrade en émotion, et le destin en machine romanesque. T
9907
chez d’Urfé le tragique se dégrade en émotion, et
le
destin en machine romanesque. Tout se réduit à moraliser et à plaire.
9908
éduit à moraliser et à plaire. Faut-il penser que
la
littérature la plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est
9909
er et à plaire. Faut-il penser que la littérature
la
plus parfaite, en raison même de sa perfection, n’est qu’un sous-prod
9910
e la littérature la plus parfaite, en raison même
de
sa perfection, n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices de f
9911
n’est qu’un sous-produit des mystiques créatrices
de
formes et de mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever e
9912
ous-produit des mystiques créatrices de formes et
de
mythes ? Et qu’elle suppose, pour fleurir et s’achever en tant qu’œuv
9913
rir et s’achever en tant qu’œuvre d’art autonome,
l’
épuisement temporaire des sources profondes ? N’est-ce point pour cett
9914
s profondes ? N’est-ce point pour cette cause que
la
littérature, si fort qu’elle flatte les passions du cœur, n’offre qu’
9915
cause que la littérature, si fort qu’elle flatte
les
passions du cœur, n’offre qu’une résistance à peu près nulle aux atta
9916
e qu’une résistance à peu près nulle aux attaques
de
l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique comme il app
9917
u’une résistance à peu près nulle aux attaques de
l’
esprit réaliste et de ce qu’on nomme l’intérêt civique comme il appara
9918
u près nulle aux attaques de l’esprit réaliste et
de
ce qu’on nomme l’intérêt civique comme il apparaît de nos jours ? Alo
9919
ttaques de l’esprit réaliste et de ce qu’on nomme
l’
intérêt civique comme il apparaît de nos jours ? Alors que les mystiqu
9920
e qu’on nomme l’intérêt civique comme il apparaît
de
nos jours ? Alors que les mystiques et les religions prennent au cont
9921
ivique comme il apparaît de nos jours ? Alors que
les
mystiques et les religions prennent au contraire une grande vigueur d
9922
pparaît de nos jours ? Alors que les mystiques et
les
religions prennent au contraire une grande vigueur dans les réfutatio
9923
ons prennent au contraire une grande vigueur dans
les
réfutations et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décre
9924
ns et railleries qu’on leur oppose ? Ce fut assez
d’
un décret de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de
9925
ries qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret
de
l’officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman – pour
9926
s qu’on leur oppose ? Ce fut assez d’un décret de
l’
officieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros de Roman – pour ré
9927
Ce fut assez d’un décret de l’officieux Boileau —
le
court Dialogue sur les Héros de Roman – pour réduire au silence et à
9928
et de l’officieux Boileau — le court Dialogue sur
les
Héros de Roman – pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans le
9929
ficieux Boileau — le court Dialogue sur les Héros
de
Roman – pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
9930
les Héros de Roman – pour réduire au silence et à
l’
oubli, jusque dans les manuels de notre siècle, la féerie romanesque n
9931
pour réduire au silence et à l’oubli, jusque dans
les
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le
9932
au silence et à l’oubli, jusque dans les manuels
de
notre siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comiq
9933
l’oubli, jusque dans les manuels de notre siècle,
la
féerie romanesque née de l’Astrée, et le roman comique, son parasite1
9934
manuels de notre siècle, la féerie romanesque née
de
l’Astrée, et le roman comique, son parasite153. Il n’y eut plus qu’un
9935
uels de notre siècle, la féerie romanesque née de
l’
Astrée, et le roman comique, son parasite153. Il n’y eut plus qu’une d
9936
siècle, la féerie romanesque née de l’Astrée, et
le
roman comique, son parasite153. Il n’y eut plus qu’une dernière flamm
9937
une dernière flamme, mince et pure, qui s’appelle
la
Princesse de Clèves. La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
9938
ce et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves.
La
mort s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie fait plac
9939
La mort s’y atténue en séparation volontaire, et
la
chevalerie fait place à la vertu, qui conclut en faveur du monde…
9940
aration volontaire, et la chevalerie fait place à
la
vertu, qui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou le mythe co
9941
ui conclut en faveur du monde… 9.Corneille, ou
le
mythe combattu C’est dans le théâtre classique — donc au cœur même
9942
9.Corneille, ou le mythe combattu C’est dans
le
théâtre classique — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que la
9943
est dans le théâtre classique — donc au cœur même
d’
un ordre intolérant — que la passion devait trouver sa revanche la plu
9944
e — donc au cœur même d’un ordre intolérant — que
la
passion devait trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît le c
9945
érant — que la passion devait trouver sa revanche
la
plus éclatante. On connaît le curieux sujet de la Place royale, coméd
9946
trouver sa revanche la plus éclatante. On connaît
le
curieux sujet de la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor
9947
he la plus éclatante. On connaît le curieux sujet
de
la Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique
9948
la plus éclatante. On connaît le curieux sujet de
la
Place royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant d’Angélique, e
9949
royale, comédie fort désobligeante. Alidor amant
d’
Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’atta
9950
désobligeante. Alidor amant d’Angélique, et aimé
d’
elle, « se trouve incommodé d’un amour qui l’attache trop » et il veut
9951
’Angélique, et aimé d’elle, « se trouve incommodé
d’
un amour qui l’attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtres
9952
aimé d’elle, « se trouve incommodé d’un amour qui
l’
attache trop » et il veut faire en sorte que sa maîtresse se donne à s
9953
rte que sa maîtresse se donne à son ami Cléandre.
D’
où l’on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui a
9954
ue sa maîtresse se donne à son ami Cléandre. D’où
l’
on conclut généralement que Corneille est le premier auteur qui ait vo
9955
lle est le premier auteur qui ait voulu soumettre
la
passion à la raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui
9956
emier auteur qui ait voulu soumettre la passion à
la
raison, sinon à la morale. Il serait donc le premier qui ait échappé
9957
t voulu soumettre la passion à la raison, sinon à
la
morale. Il serait donc le premier qui ait échappé à l’emprise du myth
9958
rale. Il serait donc le premier qui ait échappé à
l’
emprise du mythe. Le cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se pl
9959
le premier qui ait échappé à l’emprise du mythe.
Le
cas vaut d’être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte
9960
qui ait échappé à l’emprise du mythe. Le cas vaut
d’
être analysé. Voici comme Alidor se plaint au premier acte : Ce n’est
9961
m’aimant trop qu’elle me fait mourir : Un moment
de
froideur, et je pourrais guérir ; Une mauvaise œillade, un peu de jal
9962
parfaite, et sa perfection N’approche point encor
de
son affection ; Point de refus pour moi, point d’heures inégales : Ac
9963
n N’approche point encor de son affection ; Point
de
refus pour moi, point d’heures inégales : Accablé de faveurs à mon re
9964
de son affection ; Point de refus pour moi, point
d’
heures inégales : Accablé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ic
9965
refus pour moi, point d’heures inégales : Accablé
de
faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici la tirade : les premiers v
9966
blé de faveurs à mon repos fatales… Arrêtons ici
la
tirade : les premiers vers suffisent à attirer notre méfiance. Quoi,
9967
s suffisent à attirer notre méfiance. Quoi, c’est
le
bonheur qui serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et le malheu
9968
Quoi, c’est le bonheur qui serait fatal au repos
de
cet étrange amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique le guéri
9969
i serait fatal au repos de cet étrange amant ? Et
le
malheur d’être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Al
9970
tal au repos de cet étrange amant ? Et le malheur
d’
être trahi par Angélique le guérirait de son amour ? Cet Alidor serait
9971
amant ? Et le malheur d’être trahi par Angélique
le
guérirait de son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Dison
9972
e malheur d’être trahi par Angélique le guérirait
de
son amour ? Cet Alidor serait un curieux monstre ! Disons plutôt qu’o
9973
isons plutôt qu’on voit trop bien ce qu’il essaie
de
nous dissimuler. Lui aussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne pe
9974
ussi, il ne veut que « brûler » ! Mais il ne peut
l’
avouer qu’en affirmant le contraire, en affirmant qu’il veut guérir :
9975
ûler » ! Mais il ne peut l’avouer qu’en affirmant
le
contraire, en affirmant qu’il veut guérir : car on avoue difficilemen
9976
nt qu’il veut guérir : car on avoue difficilement
le
goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir les maux do
9977
le goût du malheur, à cette époque. « J’ai honte
de
souffrir les maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la
9978
malheur, à cette époque. « J’ai honte de souffrir
les
maux dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc la honte qui es
9979
dont je me plains », dit-il plus bas. C’est donc
la
honte qui est cause de son mensonge. En vérité, il souffre de l’absen
9980
it-il plus bas. C’est donc la honte qui est cause
de
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un obstacle entre
9981
est cause de son mensonge. En vérité, il souffre
de
l’absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même
9982
t cause de son mensonge. En vérité, il souffre de
l’
absence d’un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. I
9983
son mensonge. En vérité, il souffre de l’absence
d’
un obstacle entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. Il manque u
9984
i-même. Il manque un « roi Marc » à ce jeu. C’est
la
situation des amants au terme des trois ans passés dans la forêt. Tri
9985
ion des amants au terme des trois ans passés dans
la
forêt. Tristan avait le recours de rendre Iseut à son mari. Alidor es
9986
des trois ans passés dans la forêt. Tristan avait
le
recours de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer u
9987
ns passés dans la forêt. Tristan avait le recours
de
rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint d’inventer un rival. So
9988
de rendre Iseut à son mari. Alidor est contraint
d’
inventer un rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare d’Angéli
9989
idor est contraint d’inventer un rival. Souffrant
de
ce que plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cett
9990
venter un rival. Souffrant de ce que plus rien ne
le
sépare d’Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagin
9991
rival. Souffrant de ce que plus rien ne le sépare
d’
Angélique, mais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine de se pl
9992
plus rien ne le sépare d’Angélique, mais honteux
d’
avouer cette souffrance, il imagine de se plaindre d’être trop enchaîn
9993
ais honteux d’avouer cette souffrance, il imagine
de
se plaindre d’être trop enchaîné par cette fidélité — alors qu’on voi
9994
vouer cette souffrance, il imagine de se plaindre
d’
être trop enchaîné par cette fidélité — alors qu’on voit tout au contr
9995
lors qu’on voit tout au contraire qu’il désespère
de
ne point l’être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit
9996
oit tout au contraire qu’il désespère de ne point
l’
être assez. Il proclame un besoin d’être libre qui traduit un profond
9997
e de ne point l’être assez. Il proclame un besoin
d’
être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de
9998
besoin d’être libre qui traduit un profond désir
de
n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui se p
9999
duit un profond désir de n’être plus même en état
de
désirer aucune liberté. C’est ce qui se passerait si Angélique faisai
10000
est ce qui se passerait si Angélique faisait mine
de
lui échapper. Mais voyez comme il est habile : Cléandre Vit-on jamai
10001
mme il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant
de
la sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor
10002
il est habile : Cléandre Vit-on jamais amant de
la
sorte enflammé Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ? Alidor Co
10003
re trop aimé ? Alidor Comptes-tu mon esprit entre
les
ordinaires ? Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
10004
-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il
le
prend de haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne
10005
s’arrête aux sentiments vulgaires ? Il le prend
de
haut : méfions-nous. C’est qu’il se dispose à mentir. Il ne faut poi
10006
’il se dispose à mentir. Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous
10007
objet qui nous possède ; Il ne faut point nourrir
d’
amour qui ne nous cède : Je le hais s’il me force : et quand j’aime, j
10008
faut point nourrir d’amour qui ne nous cède : Je
le
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que de ma volonté dépen
10009
hais s’il me force : et quand j’aime, je veux Que
de
ma volonté dépendent tous mes vœux ; Que mon feu m’obéisse, au lieu d
10010
au lieu de me contraindre Que je puisse à mon gré
l’
enflammer, et l’éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-
10011
ntraindre Que je puisse à mon gré l’enflammer, et
l’
éteindre… C’est là le Corneille classique, pensera-t-on : la volonté
10012
e à mon gré l’enflammer, et l’éteindre… C’est là
le
Corneille classique, pensera-t-on : la volonté triomphant de la passi
10013
C’est là le Corneille classique, pensera-t-on :
la
volonté triomphant de la passion. Mais la suite de la comédie, même s
10014
e classique, pensera-t-on : la volonté triomphant
de
la passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les r
10015
lassique, pensera-t-on : la volonté triomphant de
la
passion. Mais la suite de la comédie, même si nous ignorions les ruse
10016
-t-on : la volonté triomphant de la passion. Mais
la
suite de la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous
10017
a volonté triomphant de la passion. Mais la suite
de
la comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bi
10018
olonté triomphant de la passion. Mais la suite de
la
comédie, même si nous ignorions les ruses du mythe, nous ferait bien
10019
is la suite de la comédie, même si nous ignorions
les
ruses du mythe, nous ferait bien voir que la vraie volonté du personn
10020
ons les ruses du mythe, nous ferait bien voir que
la
vraie volonté du personnage est exactement opposée à ces hautaines dé
10021
hautaines déclarations. « Il ne faut point servir
d’
objet qui nous possède » signifie en réalité : « Le seul objet qui vai
10022
’objet qui nous possède » signifie en réalité : «
Le
seul objet qui vaille d’être servi, c’est celui qui nous posséderait
10023
signifie en réalité : « Le seul objet qui vaille
d’
être servi, c’est celui qui nous posséderait totalement et qui, par sa
10024
e davantage — car c’est là notre gré véritable. »
Les
deux derniers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice de rhétor
10025
gré véritable. » Les deux derniers mots : « … et
l’
éteindre » étant pur artifice de rhétorique, destiné à persuader le le
10026
ers mots : « … et l’éteindre » étant pur artifice
de
rhétorique, destiné à persuader le lecteur, ou Cléandre, ou Corneille
10027
t pur artifice de rhétorique, destiné à persuader
le
lecteur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est la liberté qui
10028
ur, ou Cléandre, ou Corneille lui-même, que c’est
la
liberté qui est désirée, alors que c’est évidemment le « feu » ; et n
10029
berté qui est désirée, alors que c’est évidemment
le
« feu » ; et non pas le feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, ré
10030
lors que c’est évidemment le « feu » ; et non pas
le
feu « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-le. Et Corneille
10031
u « obéissant »… On s’y trompe aisément, répétons-
le
. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace de sa pièce, il
10032
tons-le. Et Corneille a tout fait pour cela. Dans
la
dédicace de sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inco
10033
Corneille a tout fait pour cela. Dans la dédicace
de
sa pièce, il s’adresse en ces termes à un personnage inconnu : « C’es
10034
e en ces termes à un personnage inconnu : « C’est
de
vous que j’ai appris que l’amour d’un honnête homme doit être toujour
10035
age inconnu : « C’est de vous que j’ai appris que
l’
amour d’un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit
10036
nnu : « C’est de vous que j’ai appris que l’amour
d’
un honnête homme doit être toujours volontaire ; qu’on ne doit jamais
10037
usque-là, c’est une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ; et qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus d’obligatio
10038
rannie dont il faut secouer le joug ; et qu’enfin
la
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation de notre amour, alor
10039
t qu’enfin la personne aimée nous a beaucoup plus
d’
obligation de notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre
10040
personne aimée nous a beaucoup plus d’obligation
de
notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet de notre choix et de
10041
gation de notre amour, alors qu’elle est toujours
l’
effet de notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une incl
10042
e notre amour, alors qu’elle est toujours l’effet
de
notre choix et de son mérite, que quand elle vient d’une inclination
10043
rs qu’elle est toujours l’effet de notre choix et
de
son mérite, que quand elle vient d’une inclination aveugle, et forcée
10044
otre choix et de son mérite, que quand elle vient
d’
une inclination aveugle, et forcée par quelque ascendant de naissance
10045
lination aveugle, et forcée par quelque ascendant
de
naissance à qui nous ne pouvons résister… On ne donne point ce qu’on
10046
bel et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus
de
la contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est un
10047
et bon. Mais nous n’oublions pas que ce refus de
la
contrainte fatale, cette liberté qui fait le prix du don, c’est une d
10048
s de la contrainte fatale, cette liberté qui fait
le
prix du don, c’est une des exigences fondamentales de l’amour courtoi
10049
rix du don, c’est une des exigences fondamentales
de
l’amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette e
10050
du don, c’est une des exigences fondamentales de
l’
amour courtois (l’un des articles des Leys d’Amors). Et que cette exig
10051
que cette exigence est polémique, dirigée contre
le
mariage. Or Alidor et son amante trop fidèle se trouvent malgré eux d
10052
on amante trop fidèle se trouvent malgré eux dans
l’
état de mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de l
10053
te trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’état
de
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liber
10054
mariés, à quoi notre héros veut échapper non pour
l’
amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion.
10055
à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour
de
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel
10056
uoi notre héros veut échapper non pour l’amour de
la
liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de la passion. À tel pri
10057
l’amour de la liberté — qu’il allègue — mais pour
l’
amour de la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaîn
10058
de la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour
de
la passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De cr
10059
la liberté — qu’il allègue — mais pour l’amour de
la
passion. À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes De crain
10060
tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes
De
crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît d’un amour par force
10061
re mes chaînes De crainte qu’un hymen, m’en ôtant
le
pouvoir, Fît d’un amour par force un amour par devoir. C’est le plus
10062
e crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir, Fît
d’
un amour par force un amour par devoir. C’est le plus pur langage cou
10063
d’un amour par force un amour par devoir. C’est
le
plus pur langage courtois. Mais voyez la curieuse contradiction : aup
10064
. C’est le plus pur langage courtois. Mais voyez
la
curieuse contradiction : auparavant, il voulait le repos, et maintena
10065
a curieuse contradiction : auparavant, il voulait
le
repos, et maintenant il craint le mariage qui lui amènerait le repos…
10066
ant, il voulait le repos, et maintenant il craint
le
mariage qui lui amènerait le repos… Je la veux offenser pour acquéri
10067
maintenant il craint le mariage qui lui amènerait
le
repos… Je la veux offenser pour acquérir sa haine, Tant que j’aurai
10068
craint le mariage qui lui amènerait le repos… Je
la
veux offenser pour acquérir sa haine, Tant que j’aurai chez elle enco
10069
quérir sa haine, Tant que j’aurai chez elle encor
le
moindre accès Mes desseins de guérir n’auront point de succès. Ces «
10070
rai chez elle encor le moindre accès Mes desseins
de
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins de guérir » (entendo
10071
indre accès Mes desseins de guérir n’auront point
de
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons : de brûler donc en fa
10072
guérir n’auront point de succès. Ces « desseins
de
guérir » (entendons : de brûler donc en fait : sa crainte de guérir !
10073
succès. Ces « desseins de guérir » (entendons :
de
brûler donc en fait : sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés
10074
(entendons : de brûler donc en fait : sa crainte
de
guérir !) sont en effet couronnés de succès au cinquième acte. Cornei
10075
: sa crainte de guérir !) sont en effet couronnés
de
succès au cinquième acte. Corneille l’avoue plus tard, tout en feigna
10076
couronnés de succès au cinquième acte. Corneille
l’
avoue plus tard, tout en feignant de s’en étonner, comme il se doit, d
10077
te. Corneille l’avoue plus tard, tout en feignant
de
s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen de sa pièce : « Cet am
10078
de s’en étonner, comme il se doit, dans un Examen
de
sa pièce : « Cet amour de son repos n’empêche point qu’au cinquième a
10079
se doit, dans un Examen de sa pièce : « Cet amour
de
son repos n’empêche point qu’au cinquième acte (Alidor) ne se montre
10080
tre encore passionné pour cette maîtresse, malgré
la
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et les trahisons qu’il
10081
maîtresse, malgré la résolution qu’il avait prise
de
s’en défaire, et les trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il se
10082
résolution qu’il avait prise de s’en défaire, et
les
trahisons qu’il lui a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à l
10083
i a faites ; de sorte qu’il semble ne commencer à
l’
aimer que quand il lui a donné sujet de le haïr. » L’aveu est complet
10084
ommencer à l’aimer que quand il lui a donné sujet
de
le haïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan pureme
10085
encer à l’aimer que quand il lui a donné sujet de
le
haïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement
10086
imer que quand il lui a donné sujet de le haïr. »
L’
aveu est complet cette fois-ci. Mais dans le plan purement psychologiq
10087
ïr. » L’aveu est complet cette fois-ci. Mais dans
le
plan purement psychologique où Corneille se place, le sens du mythe q
10088
lan purement psychologique où Corneille se place,
le
sens du mythe qui gouverne cette action ne peut que lui échapper, et
10089
e logique. « Cela fait, conclut-il, une inégalité
de
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement d
10090
mœurs qui est vicieuse. » Ne nous étonnons point
de
cet aveuglement de l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfait
10091
euse. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement
de
l’auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
10092
e. » Ne nous étonnons point de cet aveuglement de
l’
auteur sur son dessein réel, pourtant si parfaitement mené à chef. L’e
10093
ssein réel, pourtant si parfaitement mené à chef.
L’
essence du mythe de l’amour malheureux, nous le savons, c’est une pass
10094
t si parfaitement mené à chef. L’essence du mythe
de
l’amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’o
10095
i parfaitement mené à chef. L’essence du mythe de
l’
amour malheureux, nous le savons, c’est une passion inavouable. L’orig
10096
f. L’essence du mythe de l’amour malheureux, nous
le
savons, c’est une passion inavouable. L’originalité de Corneille deme
10097
ux, nous le savons, c’est une passion inavouable.
L’
originalité de Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette
10098
vons, c’est une passion inavouable. L’originalité
de
Corneille demeure d’avoir voulu combattre et nier cette passion dont
10099
on inavouable. L’originalité de Corneille demeure
d’
avoir voulu combattre et nier cette passion dont il vivait, et ce myth
10100
ent ses deux plus belles tragédies : Polyeucte et
le
Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de la liberté, c’est-à-di
10101
: Polyeucte et le Cid. Il a voulu sauver au moins
le
principe de la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrif
10102
et le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe
de
la liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefoi
10103
le Cid. Il a voulu sauver au moins le principe de
la
liberté, c’est-à-dire de la personne — sans lui sacrifier toutefois l
10104
au moins le principe de la liberté, c’est-à-dire
de
la personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et to
10105
moins le principe de la liberté, c’est-à-dire de
la
personne — sans lui sacrifier toutefois les effets délicieux et tortu
10106
ire de la personne — sans lui sacrifier toutefois
les
effets délicieux et torturants du fatal « philtre » (ici métaphorique
10107
» (ici métaphorique). Bien mieux : cette volonté
de
liberté est devenue l’agent le plus efficace de la passion qu’elle pr
10108
Bien mieux : cette volonté de liberté est devenue
l’
agent le plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où l
10109
ux : cette volonté de liberté est devenue l’agent
le
plus efficace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tensio
10110
é de liberté est devenue l’agent le plus efficace
de
la passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce
10111
e liberté est devenue l’agent le plus efficace de
la
passion qu’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée de ce « t
10112
efficace de la passion qu’elle prétendait guérir.
D’
où la tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent
10113
ace de la passion qu’elle prétendait guérir. D’où
la
tension inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et l
10114
’elle prétendait guérir. D’où la tension inégalée
de
ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et le réciteront toujour
10115
sion inégalée de ce « théâtre du devoir » — comme
le
récitent et le réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de
10116
e ce « théâtre du devoir » — comme le récitent et
le
réciteront toujours ceux qui ne sont guère capables de l’aimer… 10
10117
citeront toujours ceux qui ne sont guère capables
de
l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
10118
eront toujours ceux qui ne sont guère capables de
l’
aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné L’opposition classique de
10119
sont guère capables de l’aimer… 10.Racine, ou
le
mythe déchaîné L’opposition classique de Racine et de Corneille se
10120
de l’aimer… 10.Racine, ou le mythe déchaîné
L’
opposition classique de Racine et de Corneille se réduit à ceci, touch
10121
e, ou le mythe déchaîné L’opposition classique
de
Racine et de Corneille se réduit à ceci, touchant le mythe : Racine p
10122
e déchaîné L’opposition classique de Racine et
de
Corneille se réduit à ceci, touchant le mythe : Racine part du philtr
10123
Racine et de Corneille se réduit à ceci, touchant
le
mythe : Racine part du philtre comme d’un fait indiscutable privant s
10124
touchant le mythe : Racine part du philtre comme
d’
un fait indiscutable privant ses victimes de toute espèce de responsab
10125
comme d’un fait indiscutable privant ses victimes
de
toute espèce de responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proi
10126
indiscutable privant ses victimes de toute espèce
de
responsabilité : « C’est Vénus tout entière à sa proie attachée », —
10127
eut y voir qu’« une tyrannie dont il faut secouer
le
joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
10128
qu’« une tyrannie dont il faut secouer le joug ».
D’
où l’harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre
10129
une tyrannie dont il faut secouer le joug ». D’où
l’
harmonie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’
10130
ut secouer le joug ». D’où l’harmonie voluptueuse
de
l’un, et la dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au cou
10131
e joug ». D’où l’harmonie voluptueuse de l’un, et
la
dialectique tendue de l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autr
10132
nie voluptueuse de l’un, et la dialectique tendue
de
l’autre ; l’un s’abandonnant au courant, l’autre lui résistant, bien
10133
n qu’entraîné (ou pour mieux se sentir entraîné…)
L’
invitus invitam 154 qui fait le sujet de Bérénice, c’est une formule a
10134
sentir entraîné…) L’invitus invitam 154 qui fait
le
sujet de Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « mod
10135
ntraîné…) L’invitus invitam 154 qui fait le sujet
de
Bérénice, c’est une formule antique interprétée par un « moderne » da
10136
rmule antique interprétée par un « moderne » dans
la
perspective courtoise de l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient
10137
par un « moderne » dans la perspective courtoise
de
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de
10138
r un « moderne » dans la perspective courtoise de
l’
amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle la formule même de not
10139
l’amour réciproque malheureux. Ainsi devient-elle
la
formule même de notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces,
10140
ue malheureux. Ainsi devient-elle la formule même
de
notre mythe. Mais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit la po
10141
ais Racine, dans ses premières pièces, raccourcit
la
portée du mythe à la mesure d’une psychologie exagérément « admissibl
10142
premières pièces, raccourcit la portée du mythe à
la
mesure d’une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point
10143
pièces, raccourcit la portée du mythe à la mesure
d’
une psychologie exagérément « admissible ». « Je n’ai point poussé Bér
10144
on, parce que Bérénice n’ayant pas ici avec Titus
les
derniers engagements que Didon avait avec Énée, elle n’est pas obligé
10145
it avec Énée, elle n’est pas obligée, comme elle,
de
renoncer à la vie. » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « r
10146
elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à
la
vie. » L’on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement »
10147
pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie. »
L’
on sent tout l’artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voi
10148
omme elle, de renoncer à la vie. » L’on sent tout
l’
artifice et la faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la p
10149
renoncer à la vie. » L’on sent tout l’artifice et
la
faiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à la passion de la N
10150
aiblesse du « raisonnement » qui se voit opposé à
la
passion de la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sa
10151
« raisonnement » qui se voit opposé à la passion
de
la Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des m
10152
raisonnement » qui se voit opposé à la passion de
la
Nuit ! « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des mort
10153
s dans une tragédie, ajoute Racine, il suffit que
l’
action en soit grande, que, les acteurs en soient héroïques, que les p
10154
cine, il suffit que l’action en soit grande, que,
les
acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et q
10155
grande, que, les acteurs en soient héroïques, que
les
passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristes
10156
sions y soient excitées, et que tout s’y ressente
de
cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie.
10157
ente de cette tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait t
10158
te tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plai
10159
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie. » Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
10160
» Or cette « tristesse majestueuse qui fait tout
le
plaisir de la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect
10161
« tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir
de
la tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, so
10162
tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de
la
tragédie », ce n’est que la moitié du mythe, son aspect diurne, son r
10163
it tout le plaisir de la tragédie », ce n’est que
la
moitié du mythe, son aspect diurne, son reflet moral dans notre vie d
10164
on aspect diurne, son reflet moral dans notre vie
de
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne, l’épanouissement mys
10165
l dans notre vie de créatures finies. Il y manque
l’
aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie de la N
10166
créatures finies. Il y manque l’aspect nocturne,
l’
épanouissement mystique dans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce
10167
l’aspect nocturne, l’épanouissement mystique dans
la
vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, sym
10168
ne, l’épanouissement mystique dans la vie infinie
de
la Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, «
10169
l’épanouissement mystique dans la vie infinie de
la
Nuit. Il y manque ce que l’on pourrait appeler, symétriquement, « cet
10170
ans la vie infinie de la Nuit. Il y manque ce que
l’
on pourrait appeler, symétriquement, « cette joie majestueuse qui fait
10171
iquement, « cette joie majestueuse qui fait toute
la
douleur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement la pressentir,
10172
se qui fait toute la douleur du Roman ». Car pour
l’
atteindre ou seulement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la
10173
eur du Roman ». Car pour l’atteindre ou seulement
la
pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette mort que Ra
10174
ement la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à
la
mort, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur class
10175
, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire.
La
pudeur classique, tant vantée, ne va pas, quoi qu’on dise, sans un ap
10176
sans un appauvrissement métaphysique, générateur
de
confusions incalculables. Car enfin cette « tristesse » racinienne, s
10177
tristesse » racinienne, si « majestueuse » qu’on
la
veuille, ainsi bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans la joi
10178
i bornée à soi, sans au-delà ni renversement dans
la
joie, acceptée telle qu’elle est dans le monde du jour, et qualifiée
10179
ent dans la joie, acceptée telle qu’elle est dans
le
monde du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir », l’on ne voit pa
10180
est dans le monde du jour, et qualifiée néanmoins
de
« plaisir », l’on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une moro
10181
e du jour, et qualifiée néanmoins de « plaisir »,
l’
on ne voit pas en quoi ce serait davantage qu’une morosa delectatio. C
10182
erait davantage qu’une morosa delectatio. Certes,
l’
on est fondé à contester la vérité dernière de la croyance mystique (m
10183
sa delectatio. Certes, l’on est fondé à contester
la
vérité dernière de la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’ori
10184
es, l’on est fondé à contester la vérité dernière
de
la croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion
10185
l’on est fondé à contester la vérité dernière de
la
croyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
10186
e de la croyance mystique (manichéenne) qui est à
l’
origine de la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaî
10187
oyance mystique (manichéenne) qui est à l’origine
de
la passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que ce
10188
nce mystique (manichéenne) qui est à l’origine de
la
passion et de son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette
10189
manichéenne) qui est à l’origine de la passion et
de
son mythe : du moins faut-il bien reconnaître que cette croyance donn
10190
amants une justification grandiose. S’ils aiment
l’
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un ma
10191
stification grandiose. S’ils aiment l’obstacle et
le
tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la mor
10192
obstacle et le tourment qui en résulte, c’est que
l’
obstacle est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une tr
10193
ui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque
de
la mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant
10194
en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de
la
mort, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où
10195
t que l’obstacle est un masque de la mort, et que
la
mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la
10196
acle est un masque de la mort, et que la mort est
le
gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révè
10197
un masque de la mort, et que la mort est le gage
d’
une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jo
10198
et que la mort est le gage d’une transfiguration,
l’
instant où ce qui était la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d
10199
d’une transfiguration, l’instant où ce qui était
la
Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, u
10200
tion, l’instant où ce qui était la Nuit se révèle
le
Jour absolu. Mais faute d’atteindre cette limite, un Racine se condam
10201
tait la Nuit se révèle le Jour absolu. Mais faute
d’
atteindre cette limite, un Racine se condamne et nous condamne à goûte
10202
condamne et nous condamne à goûter une mélancolie
de
nature essentiellement trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
10203
une mélancolie de nature essentiellement trouble.
L’
Éros courtois voulait nous libérer de la vie matérielle par la mort ;
10204
ent trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer
de
la vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
10205
trouble. L’Éros courtois voulait nous libérer de
la
vie matérielle par la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la
10206
ois voulait nous libérer de la vie matérielle par
la
mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « pass
10207
ous libérer de la vie matérielle par la mort ; et
l’
Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions excitées
10208
r la mort ; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier
la
vie ; mais les « passions excitées » par Racine, cette « tristesse »
10209
l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais
les
« passions excitées » par Racine, cette « tristesse » à laquelle il n
10210
sait quel « plaisir », cela révèle en définitive
d’
assez morbides complaisances à la défaite de l’esprit, à la résignatio
10211
le en définitive d’assez morbides complaisances à
la
défaite de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent
10212
itive d’assez morbides complaisances à la défaite
de
l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet ab
10213
ve d’assez morbides complaisances à la défaite de
l’
esprit, à la résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet aband
10214
orbides complaisances à la défaite de l’esprit, à
la
résignation des sens. Et déjà l’on pressent que cet abandon au « mal
10215
e de l’esprit, à la résignation des sens. Et déjà
l’
on pressent que cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation de la
10216
cet abandon au « mal du siècle » (sécularisation
de
la passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
10217
t abandon au « mal du siècle » (sécularisation de
la
passion) ne peut conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la
10218
conduire Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à
la
forme de mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se tr
10219
Racine qu’au jansénisme, c’est-à-dire à la forme
de
mortification morose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve la m
10220
c’est-à-dire à la forme de mortification morose —
d’
autopunition dira Freud — qui se trouve la mieux adaptée au tempéramen
10221
orose — d’autopunition dira Freud — qui se trouve
la
mieux adaptée au tempérament romantique. Mais cette conversion-là ne
10222
Mais cette conversion-là ne pourra s’opérer qu’à
la
faveur d’une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son
10223
e conversion-là ne pourra s’opérer qu’à la faveur
d’
une crise révélant à Racine lui-même la vraie nature de son délire. Ph
10224
la faveur d’une crise révélant à Racine lui-même
la
vraie nature de son délire. Phèdre est un moment décisif non seulemen
10225
crise révélant à Racine lui-même la vraie nature
de
son délire. Phèdre est un moment décisif non seulement dans la vie du
10226
. Phèdre est un moment décisif non seulement dans
la
vie du poète, mais dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
10227
sif non seulement dans la vie du poète, mais dans
l’
évolution du mythe à travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
10228
u poète, mais dans l’évolution du mythe à travers
l’
histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
10229
is dans l’évolution du mythe à travers l’histoire
de
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort
10230
dans l’évolution du mythe à travers l’histoire de
l’
Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la mort est
10231
travers l’histoire de l’Europe. 11. Phèdre, ou
le
mythe « puni » Le thème de la mort est écarté dans Bérénice par un
10232
l’Europe. 11. Phèdre, ou le mythe « puni »
Le
thème de la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale
10233
. 11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème
de
la mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemmen
10234
11. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de
la
mort est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemment c
10235
par une « censure » morale évidemment chrétienne
d’
origine. Racine ne peut ni ne veut être pleinement lucide. Car sa luci
10236
i ne veut être pleinement lucide. Car sa lucidité
l’
obligerait à condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur le plus
10237
condamner ce qu’il n’ose chérir que dans son cœur
le
plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise de sa passion pour un
10238
érir que dans son cœur le plus secret, et sans se
l’
avouer. Mais la crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être l
10239
on cœur le plus secret, et sans se l’avouer. Mais
la
crise de sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, e
10240
e plus secret, et sans se l’avouer. Mais la crise
de
sa passion pour une femme qui fut peut-être la Champmeslé, et les pre
10241
se de sa passion pour une femme qui fut peut-être
la
Champmeslé, et les premières atteintes d’une vraie foi vont le pousse
10242
ut-être la Champmeslé, et les premières atteintes
d’
une vraie foi vont le pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espéra
10243
, et les premières atteintes d’une vraie foi vont
le
pousser comme malgré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de l
10244
algré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes
de
l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait ma
10245
ré lui, et plus qu’il n’espérait, aux extrêmes de
l’
aveu. Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine le sait maint
10246
’espérait, aux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est
la
revanche de la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécess
10247
ux extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche
de
la mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y
10248
extrêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de
la
mort. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait
10249
Phèdre, c’est la revanche de la mort. Oui, Racine
le
sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des morts
10250
des morts dans une tragédie, si elle a pour sujet
l’
amour-passion. Seulement, cette mort, il ne la désire pas comme une tr
10251
jet l’amour-passion. Seulement, cette mort, il ne
la
désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti du jour, la
10252
désire pas comme une transfiguration : il a pris
le
parti du jour, la mort n’est plus que le châtiment de ses trop longue
10253
une transfiguration : il a pris le parti du jour,
la
mort n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C
10254
l a pris le parti du jour, la mort n’est plus que
le
châtiment de ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est
10255
arti du jour, la mort n’est plus que le châtiment
de
ses trop longues complaisances. C’est la passion, c’est sa propre pas
10256
hâtiment de ses trop longues complaisances. C’est
la
passion, c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort la
10257
c’est sa propre passion, qu’il châtie en vouant à
la
mort la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de so
10258
propre passion, qu’il châtie en vouant à la mort
la
fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet
10259
assion, qu’il châtie en vouant à la mort la fille
de
Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son sujet antique,
10260
t la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous
le
couvert de son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abor
10261
de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert
de
son sujet antique, se punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisan
10262
punit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant
de
l’obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admi
10263
nit doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de
l’
obstacle un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissi
10264
st-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissible
de
vouloir vaincre. L’opinion — à laquelle Racine se montre si sensible
10265
e qu’il n’est plus admissible de vouloir vaincre.
L’
opinion — à laquelle Racine se montre si sensible — l’opinion est touj
10266
inion — à laquelle Racine se montre si sensible —
l’
opinion est toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec le séducteu
10267
ible — l’opinion est toujours avec Tristan contre
le
roi Marc, avec le séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais
10268
st toujours avec Tristan contre le roi Marc, avec
le
séducteur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants i
10269
stan contre le roi Marc, avec le séducteur contre
le
mari trompé ; elle n’est jamais avec les amants incestueux. Ensuite,
10270
ur contre le mari trompé ; elle n’est jamais avec
les
amants incestueux. Ensuite, Racine se punit par personnes interposées
10271
se punit par personnes interposées en refusant à
la
passion de Phèdre toute réciprocité de la part d’Hippolyte. Or Phèdre
10272
ar personnes interposées en refusant à la passion
de
Phèdre toute réciprocité de la part d’Hippolyte. Or Phèdre était écri
10273
r Phèdre était écrite pour Champmeslé, qui y tint
le
rôle de la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se
10274
était écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle
de
la reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhait
10275
ait écrite pour Champmeslé, qui y tint le rôle de
la
reine. Et Hippolyte, c’est Racine tel que maintenant il se souhaite :
10276
insensible au charme mortel… Confondant Phèdre et
la
femme qu’il aime, il se venge de l’objet de sa passion, et il se démo
10277
ondant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge
de
l’objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion
10278
ant Phèdre et la femme qu’il aime, il se venge de
l’
objet de sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion es
10279
re et la femme qu’il aime, il se venge de l’objet
de
sa passion, et il se démontre à lui-même que cette passion est condam
10280
cette passion est condamnable sans appel. Mais je
l’
ai dit, Racine à l’époque de Phèdre est encore en pleine crise, balanç
10281
ondamnable sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à
l’
époque de Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décis
10282
e sans appel. Mais je l’ai dit, Racine à l’époque
de
Phèdre est encore en pleine crise, balançant devant la décision. D’où
10283
èdre est encore en pleine crise, balançant devant
la
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la l
10284
re en pleine crise, balançant devant la décision.
D’
où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu
10285
pleine crise, balançant devant la décision. D’où
la
duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il v
10286
nt devant la décision. D’où la duplicité profonde
de
la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais,
10287
devant la décision. D’où la duplicité profonde de
la
pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, obl
10288
décision. D’où la duplicité profonde de la pièce.
La
loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine
10289
la duplicité profonde de la pièce. La loi morale,
la
loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le je
10290
’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre
le
jeune prince insensible à l’amour de Phèdre. Il déclare donc cet amou
10291
lige Racine à rendre le jeune prince insensible à
l’
amour de Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cett
10292
ine à rendre le jeune prince insensible à l’amour
de
Phèdre. Il déclare donc cet amour incestueux, encore que cette reine
10293
ur incestueux, encore que cette reine ne soit que
la
belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherc
10294
encore que cette reine ne soit que la belle-mère
d’
Hippolyte. Mais le vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner c
10295
reine ne soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais
le
vieil homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qu
10296
e la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme,
le
Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’
10297
herche à tourner cette loi sévère qui, condamnant
l’
inceste, rend impossible la passion. Et voici comment il s’y prend : e
10298
sévère qui, condamnant l’inceste, rend impossible
la
passion. Et voici comment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureu
10299
ment il s’y prend : en rendant Hippolyte amoureux
d’
Aricie, dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée. Le tour est t
10300
dont on va voir qu’elle est une Phèdre déguisée.
Le
tour est très subtil. « Pour ce qui est du personnage d’Hippolyte, éc
10301
est très subtil. « Pour ce qui est du personnage
d’
Hippolyte, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans les anciens
10302
qui est du personnage d’Hippolyte, écrit-il dans
la
Préface, j’avais remarqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripid
10303
, écrit-il dans la Préface, j’avais remarqué dans
les
anciens qu’on reprochait à Euripide de l’avoir représenté comme un ph
10304
rqué dans les anciens qu’on reprochait à Euripide
de
l’avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection :
10305
é dans les anciens qu’on reprochait à Euripide de
l’
avoir représenté comme un philosophe exempt de toute imperfection : ce
10306
de l’avoir représenté comme un philosophe exempt
de
toute imperfection : ce qui faisait que la mort de ce jeune prince ca
10307
exempt de toute imperfection : ce qui faisait que
la
mort de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pi
10308
e toute imperfection : ce qui faisait que la mort
de
ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié. J’a
10309
la mort de ce jeune prince causait beaucoup plus
d’
indignation que de pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse
10310
ne prince causait beaucoup plus d’indignation que
de
pitié. J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui le rendrait u
10311
J’ai cru lui devoir donner quelque faiblesse qui
le
rendrait un peu coupable envers son père, sans pourtant lui rien ôter
10312
able envers son père, sans pourtant lui rien ôter
de
cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et
10313
re, sans pourtant lui rien ôter de cette grandeur
d’
âme avec laquelle il épargne l’honneur de Phèdre, et se laisse opprime
10314
de cette grandeur d’âme avec laquelle il épargne
l’
honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle fai
10315
grandeur d’âme avec laquelle il épargne l’honneur
de
Phèdre, et se laisse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse la
10316
e l’honneur de Phèdre, et se laisse opprimer sans
l’
accuser. J’appelle faiblesse la passion qu’il ressent malgré lui pour
10317
isse opprimer sans l’accuser. J’appelle faiblesse
la
passion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et la
10318
ion qu’il ressent malgré lui pour Aricie, qui est
la
fille et la sœur des ennemis mortels de son père. » Ainsi donc, Arici
10319
ssent malgré lui pour Aricie, qui est la fille et
la
sœur des ennemis mortels de son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l
10320
, qui est la fille et la sœur des ennemis mortels
de
son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que le Père interdit
10321
ortels de son père. » Ainsi donc, Aricie, c’est «
l’
amour que le Père interdit » — un substitut voilé de l’amour incestueu
10322
n père. » Ainsi donc, Aricie, c’est « l’amour que
le
Père interdit » — un substitut voilé de l’amour incestueux155. (La ps
10323
amour que le Père interdit » — un substitut voilé
de
l’amour incestueux155. (La psychanalyse nous a accoutumés à des dégui
10324
ur que le Père interdit » — un substitut voilé de
l’
amour incestueux155. (La psychanalyse nous a accoutumés à des déguisem
10325
» — un substitut voilé de l’amour incestueux155. (
La
psychanalyse nous a accoutumés à des déguisements plus savants !) Mai
10326
es déguisements plus savants !) Mais ce n’est pas
l’
inceste, c’est la passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’aut
10327
lus savants !) Mais ce n’est pas l’inceste, c’est
la
passion qui intéresse — au sens fort — Racine. L’autre moyen qu’il a
10328
n parler voluptueusement, tout en se soumettant à
la
condamnation, c’est l’argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme
10329
t, tout en se soumettant à la condamnation, c’est
l’
argument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe, le « De
10330
ument à toute épreuve du philtre. Ici, comme dans
le
mythe, le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui
10331
ute épreuve du philtre. Ici, comme dans le mythe,
le
« Destin » servira d’alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et
10332
. Ici, comme dans le mythe, le « Destin » servira
d’
alibi à la responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
10333
me dans le mythe, le « Destin » servira d’alibi à
la
responsabilité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’aute
10334
le « Destin » servira d’alibi à la responsabilité
de
ceux qui aiment, et du même coup, à celle de l’auteur. Ah ! Seigneur
10335
lité de ceux qui aiment, et du même coup, à celle
de
l’auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le cie
10336
é de ceux qui aiment, et du même coup, à celle de
l’
auteur. Ah ! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel d
10337
! Seigneur ! si notre heure est une fois marquée
Le
ciel de nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1) Ce n’est pas ce
10338
eur ! si notre heure est une fois marquée Le ciel
de
nos raisons ne sait point s’informer. (I, 1) Ce n’est pas ce ciel-là
10339
ciel-là qu’eût adoré Corneille ! Ni ces dieux que
l’
on dupe, et sur qui l’on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoi
10340
orneille ! Ni ces dieux que l’on dupe, et sur qui
l’
on rejette la faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans
10341
ces dieux que l’on dupe, et sur qui l’on rejette
la
faute : Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc On
10342
ue l’on dupe, et sur qui l’on rejette la faute :
Les
dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé le f
10343
témoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allumé
le
feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici la servante Œnone qui t
10344
le feu fatal à tout mon sang. (II, 3.) Et voici
la
servante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que la servante Bra
10345
.) Et voici la servante Œnone qui tient à Phèdre
le
même langage que la servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne
10346
ante Œnone qui tient à Phèdre le même langage que
la
servante Brangaine à Isolde : Vous aimez. On ne peut vaincre sa dest
10347
licité, ai-je dit, mais à tel point essentielle à
la
pièce, constitutive de la crise même d’où elle est née, qu’il serait
10348
à tel point essentielle à la pièce, constitutive
de
la crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire re
10349
tel point essentielle à la pièce, constitutive de
la
crise même d’où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire repro
10350
ntielle à la pièce, constitutive de la crise même
d’
où elle est née, qu’il serait bien vain d’en faire reproche à son aute
10351
se même d’où elle est née, qu’il serait bien vain
d’
en faire reproche à son auteur. Il fallait Phèdre. Il fallait cet affl
10352
the au jour. Il fallait cette douloureuse poussée
de
la volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossib
10353
au jour. Il fallait cette douloureuse poussée de
la
volonté de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible
10354
l fallait cette douloureuse poussée de la volonté
de
mort cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible aveu, se re
10355
sée de la volonté de mort cherchant à se délivrer
d’
elle-même par l’impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’inst
10356
é de mort cherchant à se délivrer d’elle-même par
l’
impossible aveu, se retenant, s’avouant enfin à l’instant où elle y re
10357
uant enfin à l’instant où elle y renonçait — avec
le
mouvement même de la reine, à trois reprises156. Il fallait cela pour
10358
tant où elle y renonçait — avec le mouvement même
de
la reine, à trois reprises156. Il fallait cela pour que l’amour-passi
10359
t où elle y renonçait — avec le mouvement même de
la
reine, à trois reprises156. Il fallait cela pour que l’amour-passion
10360
ne, à trois reprises156. Il fallait cela pour que
l’
amour-passion succombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est le jo
10361
a pour que l’amour-passion succombât finalement à
la
Norme du Jour. Car c’est le jour terrestre qui pour la première fois,
10362
uccombât finalement à la Norme du Jour. Car c’est
le
jour terrestre qui pour la première fois, depuis l’apparition du myth
10363
jour terrestre qui pour la première fois, depuis
l’
apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de l’amante,
10364
s l’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe
de
la mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de
10365
’apparition du mythe au xiie siècle, triomphe de
la
mort de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Ro
10366
ion du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort
de
l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : E
10367
du mythe au xiie siècle, triomphe de la mort de
l’
amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et l
10368
triomphe de la mort de l’amante, renversant toute
la
dialectique de Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
10369
mort de l’amante, renversant toute la dialectique
de
Tristan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend
10370
te, renversant toute la dialectique de Tristan et
de
Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’il
10371
toute la dialectique de Tristan et de Roméo : Et
la
mort à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’ils souillaient t
10372
tan et de Roméo : Et la mort à mes yeux dérobant
la
clarté Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté. — Elle expir
10373
ient toute sa pureté. — Elle expire, Seigneur ! —
D’
une action si noire Que ne peut avec elle expirer la mémoire ! Malgr
10374
ne action si noire Que ne peut avec elle expirer
la
mémoire ! Malgré tout — malgré même ce dernier trait que Racine a su
10375
que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait
de
tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les m
10376
urer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où
la
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ; les moindres fautes
10377
vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci ;
les
moindres fautes y sont sévèrement punies : la seule pensée du crime y
10378
; les moindres fautes y sont sévèrement punies :
la
seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le cri
10379
seule pensée du crime y est regardée avec autant
d’
horreur que le crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour d
10380
du crime y est regardée avec autant d’horreur que
le
crime même ; les faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faibl
10381
egardée avec autant d’horreur que le crime même ;
les
faiblesses de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passi
10382
tant d’horreur que le crime même ; les faiblesses
de
l’amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont p
10383
t d’horreur que le crime même ; les faiblesses de
l’
amour y passent pour de vraies faiblesses ; les passions n’y sont prés
10384
e même ; les faiblesses de l’amour y passent pour
de
vraies faiblesses ; les passions n’y sont présentées aux yeux que pou
10385
de l’amour y passent pour de vraies faiblesses ;
les
passions n’y sont présentées aux yeux que pour démontrer tout le déso
10386
sont présentées aux yeux que pour démontrer tout
le
désordre dont elles sont cause… » On est loin du dessein d’« exciter
10387
e dont elles sont cause… » On est loin du dessein
d’
« exciter les passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse ma
10388
sont cause… » On est loin du dessein d’« exciter
les
passions » pour « plaire » à un besoin de « tristesse majestueuse ».
10389
xciter les passions » pour « plaire » à un besoin
de
« tristesse majestueuse ». On est tout près de Port-Royal. Racine, co
10390
rès de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était
de
la race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque
10391
de Port-Royal. Racine, comme Pétrarque, était de
la
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour l’amour : presque to
10392
, était de la race des troubadours qui trahissent
l’
Amour pour l’amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le
10393
race des troubadours qui trahissent l’Amour pour
l’
amour : presque tous ont fini en religion. Mais notons-le : dans une r
10394
: presque tous ont fini en religion. Mais notons-
le
: dans une religion de retraite — dernière injure peut-être au jour i
10395
i en religion. Mais notons-le : dans une religion
de
retraite — dernière injure peut-être au jour intolérable… 12.Éclip
10396
Malgré Corneille, malgré Racine jusqu’à Phèdre,
la
fin du xviie siècle français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
10397
e français souffre ou bénéficie, comme on voudra,
d’
une première éclipse du mythe dans les mœurs et la philosophie. La mis
10398
e on voudra, d’une première éclipse du mythe dans
les
mœurs et la philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au p
10399
d’une première éclipse du mythe dans les mœurs et
la
philosophie. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la so
10400
clipse du mythe dans les mœurs et la philosophie.
La
mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de la société féodale pa
10401
. La mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas)
de
la société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez p
10402
a mise en ordre (pour ne pas dire mise au pas) de
la
société féodale par l’État-roi, entraîne des modifications assez prof
10403
e pas dire mise au pas) de la société féodale par
l’
État-roi, entraîne des modifications assez profondes dans les relation
10404
, entraîne des modifications assez profondes dans
les
relations sentimentales et les coutumes. Le mariage redevient l’insti
10405
sez profondes dans les relations sentimentales et
les
coutumes. Le mariage redevient l’institution de base : il atteint un
10406
dans les relations sentimentales et les coutumes.
Le
mariage redevient l’institution de base : il atteint un point d’équil
10407
ntimentales et les coutumes. Le mariage redevient
l’
institution de base : il atteint un point d’équilibre où les siècles s
10408
les coutumes. Le mariage redevient l’institution
de
base : il atteint un point d’équilibre où les siècles suivants auront
10409
vient l’institution de base : il atteint un point
d’
équilibre où les siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, e
10410
tion de base : il atteint un point d’équilibre où
les
siècles suivants auront grand-peine à se maintenir, et que les siècle
10411
uivants auront grand-peine à se maintenir, et que
les
siècles précédents n’ont pas connu. Les « alliances » privées se trai
10412
r, et que les siècles précédents n’ont pas connu.
Les
« alliances » privées se traitent dans les formes, ni plus ni moins q
10413
connu. Les « alliances » privées se traitent dans
les
formes, ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques. L’inclinatio
10414
ni plus ni moins qu’entre parties diplomatiques.
L’
inclination réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément d’exquis
10415
réelle ou supposée n’y ajoute guère qu’un élément
d’
exquise perfection, de luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie q
10416
ajoute guère qu’un élément d’exquise perfection,
de
luxe heureux, dernière touche d’une fantaisie qui sent presque l’impe
10417
uise perfection, de luxe heureux, dernière touche
d’
une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie la jugera v
10418
dernière touche d’une fantaisie qui sent presque
l’
impertinence. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenan
10419
d’une fantaisie qui sent presque l’impertinence. (
Le
xviiie la jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et l
10420
isie qui sent presque l’impertinence. (Le xviiie
la
jugera vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformit
10421
resque l’impertinence. (Le xviiie la jugera vite
de
mauvais goût.) La convenance des rangs et la conformité des « qualité
10422
nce. (Le xviiie la jugera vite de mauvais goût.)
La
convenance des rangs et la conformité des « qualités » devient la mes
10423
vite de mauvais goût.) La convenance des rangs et
la
conformité des « qualités » devient la mesure idéale du bon mariage :
10424
s rangs et la conformité des « qualités » devient
la
mesure idéale du bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et de
10425
re idéale du bon mariage : curieuse analogie avec
la
Chine. Et de fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » q
10426
bon mariage : curieuse analogie avec la Chine. Et
de
fait, c’est à partir de ce xviie siècle « rationnel » que nos mœurs
10427
œurs se séparent des croyances religieuses (comme
l’
avait proposé Confucius) et, sans que nul paraisse y prendre garde, se
10428
nul paraisse y prendre garde, se rangent aux lois
de
la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et no
10429
paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de
la
raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et non p
10430
rangent aux lois de la raison du siècle, reniant
l’
absolu chrétien. Les « mérites » et non plus la grâce imprévisible déc
10431
e la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien.
Les
« mérites » et non plus la grâce imprévisible décident désormais d’un
10432
nt l’absolu chrétien. Les « mérites » et non plus
la
grâce imprévisible décident désormais d’une union, et rendront seuls
10433
non plus la grâce imprévisible décident désormais
d’
une union, et rendront seuls « aimable » un parti soigneusement raison
10434
mable » un parti soigneusement raisonné. Triomphe
de
la morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner,
10435
le » un parti soigneusement raisonné. Triomphe de
la
morale jésuite. C’est le baroque classique qui vient emprisonner, dan
10436
nt raisonné. Triomphe de la morale jésuite. C’est
le
baroque classique qui vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompe
10437
le baroque classique qui vient emprisonner, dans
l’
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la pass
10438
classique qui vient emprisonner, dans l’artifice
de
ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle q
10439
vient emprisonner, dans l’artifice de ses pompes,
le
sentiment. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que la conduit u
10440
artifice de ses pompes, le sentiment. Aussi bien,
l’
analyse de la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction
10441
e ses pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse
de
la passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des caté
10442
es pompes, le sentiment. Aussi bien, l’analyse de
la
passion telle que la conduit un Descartes, sa réduction à des catégor
10443
nt. Aussi bien, l’analyse de la passion telle que
la
conduit un Descartes, sa réduction à des catégories psychologiques ne
10444
tement distinctes, à des hiérarchies rationnelles
de
qualités, mérites et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à l
10445
et facultés, devait-elle aboutir nécessairement à
la
dissolution du mythe et de son dynamisme originel. C’est que le mythe
10446
outir nécessairement à la dissolution du mythe et
de
son dynamisme originel. C’est que le mythe ne déploie son empire que
10447
du mythe et de son dynamisme originel. C’est que
le
mythe ne déploie son empire que là précisément où s’évanouissent tout
10448
mpire que là précisément où s’évanouissent toutes
les
catégories morales — par-delà le Bien et le Mal, dans le transport, e
10449
ouissent toutes les catégories morales — par-delà
le
Bien et le Mal, dans le transport, et dans la transgression du domain
10450
utes les catégories morales — par-delà le Bien et
le
Mal, dans le transport, et dans la transgression du domaine où vaut l
10451
gories morales — par-delà le Bien et le Mal, dans
le
transport, et dans la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ L
10452
elà le Bien et le Mal, dans le transport, et dans
la
transgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas de Spinoza mérit
10453
port, et dans la transgression du domaine où vaut
la
morale. ⁂ Le cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influenc
10454
la transgression du domaine où vaut la morale. ⁂
Le
cas de Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœu
10455
nsgression du domaine où vaut la morale. ⁂ Le cas
de
Spinoza mériterait un chapitre, mais son influence sur les mœurs ne s
10456
za mériterait un chapitre, mais son influence sur
les
mœurs ne s’est guère fait sentir que deux siècles plus tard. (Il a fa
10457
entir que deux siècles plus tard. (Il a fallu que
les
philosophes de Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les
10458
iècles plus tard. (Il a fallu que les philosophes
de
Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’o
10459
Il a fallu que les philosophes de Sturm und Drang
le
traduisissent en allemand pour les poètes, qui l’ont traduit en métap
10460
Sturm und Drang le traduisissent en allemand pour
les
poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimenta
10461
le traduisissent en allemand pour les poètes, qui
l’
ont traduit en métaphores pour les bourgeois sentimentaux, et cela don
10462
les poètes, qui l’ont traduit en métaphores pour
les
bourgeois sentimentaux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
10463
ux, et cela donne finalement tout un verbiage sur
la
divinité des impressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit l’a
10464
ressions champêtres du dimanche.) Spinoza définit
l’
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée d’une cause extérieu
10465
dimanche.) Spinoza définit l’amour : un sentiment
de
joie accompagné de l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un s
10466
définit l’amour : un sentiment de joie accompagné
de
l’idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
10467
init l’amour : un sentiment de joie accompagné de
l’
idée d’une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le
10468
amour : un sentiment de joie accompagné de l’idée
d’
une cause extérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs le seul p
10469
xtérieure. C’est juste en un seul cas, d’ailleurs
le
seul prévu par ce mystique : si la cause extérieure est un Dieu auque
10470
as, d’ailleurs le seul prévu par ce mystique : si
la
cause extérieure est un Dieu auquel notre âme pourrait s’identifier15
10471
pourrait s’identifier157. Mais Spinoza néglige «
l’
obstacle ». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à
10472
ier157. Mais Spinoza néglige « l’obstacle ». Dans
le
fait, nos passions humaines sont toujours liées à des passions contra
10473
ine, et nos plaisirs à nos douleurs. Il n’est pas
de
cause isolée qui nous détermine purement. Entre la joie et sa cause e
10474
e cause isolée qui nous détermine purement. Entre
la
joie et sa cause extérieure il y a toujours quelque séparation et que
10475
toujours quelque séparation et quelque obstacle :
la
société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de l
10476
lque séparation et quelque obstacle : la société,
le
péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ar
10477
ation et quelque obstacle : la société, le péché,
la
vertu, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de la
10478
hé, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et
de
là vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union
10479
, notre corps, notre moi distinct. Et de là vient
l’
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se li
10480
orps, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur
de
la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indisso
10481
s, notre moi distinct. Et de là vient l’ardeur de
la
passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolub
10482
stinct. Et de là vient l’ardeur de la passion. Et
de
là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir
10483
vient l’ardeur de la passion. Et de là vient que
le
désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui
10484
ardeur de la passion. Et de là vient que le désir
d’
union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C
10485
r d’union totale se lie indissolublement au désir
de
la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la d
10486
’union totale se lie indissolublement au désir de
la
mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la doul
10487
t au désir de la mort qui libère. C’est parce que
la
passion n’existe pas sans la douleur qu’elle nous rend désirable notr
10488
ère. C’est parce que la passion n’existe pas sans
la
douleur qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons la Religieu
10489
qu’elle nous rend désirable notre perte. Écoutons
la
Religieuse portugaise, Mariana Alcaforado, comme elle écrit à l’homme
10490
ortugaise, Mariana Alcaforado, comme elle écrit à
l’
homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour
10491
ariana Alcaforado, comme elle écrit à l’homme qui
l’
a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour la désespér
10492
e qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond
de
mon cœur pour la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le rep
10493
: « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour
la
désespérance où vous m’avez jetée, et méprise le repos où je vivais,
10494
la désespérance où vous m’avez jetée, et méprise
le
repos où je vivais, avant de vous avoir connu… Adieu ! Aimez-moi donc
10495
eu ! Aimez-moi donc toujours, faites-moi souffrir
de
pires douleurs encore ! » Vers la fin du xviiie siècle, c’est une au
10496
es-moi souffrir de pires douleurs encore ! » Vers
la
fin du xviiie siècle, c’est une autre femme qui dira : « Je vous aim
10497
dira : « Je vous aime comme on doit aimer : dans
le
désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais le xviiie siècle avant Rou
10498
dans le désespoir » (Julie de Lespinasse). ⁂ Mais
le
xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment l’éclipse totale du Sol
10499
le xviiie siècle avant Rousseau, c’est vraiment
l’
éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et le
10500
u, c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir
de
la Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aima
10501
c’est vraiment l’éclipse totale du Soleil noir de
la
Mélancolie. Les « qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable
10502
l’éclipse totale du Soleil noir de la Mélancolie.
Les
« qualités » et les « mérites » qui rendent « aimable », selon les ro
10503
Soleil noir de la Mélancolie. Les « qualités » et
les
« mérites » qui rendent « aimable », selon les roués de la Régence et
10504
et les « mérites » qui rendent « aimable », selon
les
roués de la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordr
10505
érites » qui rendent « aimable », selon les roués
de
la Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral,
10506
tes » qui rendent « aimable », selon les roués de
la
Régence et du règne de Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mai
10507
able », selon les roués de la Régence et du règne
de
Louis XV, ne sont plus même d’ordre moral, mais intellectuel et physi
10508
égence et du règne de Louis XV, ne sont plus même
d’
ordre moral, mais intellectuel et physique. La distinction de l’esprit
10509
ême d’ordre moral, mais intellectuel et physique.
La
distinction de l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de
10510
al, mais intellectuel et physique. La distinction
de
l’esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de
10511
mais intellectuel et physique. La distinction de
l’
esprit et de la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’â
10512
ectuel et physique. La distinction de l’esprit et
de
la chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante,
10513
uel et physique. La distinction de l’esprit et de
la
chair, succédant à la séparation de l’esprit et de l’âme croyante, ab
10514
stinction de l’esprit et de la chair, succédant à
la
séparation de l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être
10515
’esprit et de la chair, succédant à la séparation
de
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligen
10516
prit et de la chair, succédant à la séparation de
l’
esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence
10517
a chair, succédant à la séparation de l’esprit et
de
l’âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe.
10518
hair, succédant à la séparation de l’esprit et de
l’
âme croyante, aboutit à diviser l’être en intelligence et en sexe. À v
10519
l’esprit et de l’âme croyante, aboutit à diviser
l’
être en intelligence et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit, l
10520
e et en sexe. À vrai dire, tout obstacle détruit,
la
passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ». L
10521
le détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et
l’
on parle de « passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur desti
10522
la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle
de
« passionnettes ». Le dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un e
10523
ù se prendre. Et l’on parle de « passionnettes ».
Le
dieu d’Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Pre
10524
ndre. Et l’on parle de « passionnettes ». Le dieu
d’
Amour n’est plus un dur destin mais un enfant impertinent. Presque plu
10525
ant impertinent. Presque plus rien n’est défendu.
De
la pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétoriqu
10526
impertinent. Presque plus rien n’est défendu. De
la
pudeur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique d
10527
ur, obstacle naturel, on garde ce qu’il faut pour
la
rhétorique du désir, mais non plus même pour celle de l’amour. « Bell
10528
hétorique du désir, mais non plus même pour celle
de
l’amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des ép
10529
orique du désir, mais non plus même pour celle de
l’
amour. « Belle vertu, dit Mme d’Épinay, qu’on s’attache avec des éping
10530
citées par hasard : « Amour vous point », disait
la
rhétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous la Terreur ; mais
10531
point », disait la rhétorique. Un peu plus tard,
le
sang coulera sous la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la «
10532
hétorique. Un peu plus tard, le sang coulera sous
la
Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la « guerre en dentelles
10533
us la Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à
la
« guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
10534
re qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle
de
la Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guéri
10535
qu’à la « guerre en dentelles ».) Or ce siècle de
la
Volupté n’est pas celui de la santé sensuelle, s’il a cru se guérir d
10536
es ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui
de
la santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce
10537
».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de
la
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes de ce te
10538
santé sensuelle, s’il a cru se guérir du mythe. «
Les
femmes de ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tê
10539
elle, s’il a cru se guérir du mythe. « Les femmes
de
ce temps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
10540
mythe. « Les femmes de ce temps n’aiment pas avec
le
cœur, elles aiment avec la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauché
10541
emps n’aiment pas avec le cœur, elles aiment avec
la
tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Wa
10542
as avec le cœur, elles aiment avec la tête », dit
l’
abbé Galiani. Des « débauchées de l’esprit », ajoute Walpole, donnant
10543
c la tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées
de
l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du
10544
a tête », dit l’abbé Galiani. Des « débauchées de
l’
esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être la meilleure formule du do
10545
de l’esprit », ajoute Walpole, donnant peut-être
la
meilleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est la femme qui rêv
10546
lleure formule du don-juanisme féminin. Car c’est
la
femme qui rêve Don Juan, et s’il se trouve pour incarner ce rêve des
10547
des Richelieu et des Casanova, je suis moins sûr
de
leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncou
10548
s Casanova, je suis moins sûr de leur réalité que
de
celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien a
10549
ins sûr de leur réalité que de celle du désir qui
les
crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage
10550
ité que de celle du désir qui les crée. Ce désir,
les
Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la fe
10551
lle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt
l’
ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur la femme au xviii
10552
très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur
la
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions d
10553
femme au xviiie siècle : « Au lieu de lui donner
les
satisfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’am
10554
iècle : « Au lieu de lui donner les satisfactions
de
l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’
10555
le : « Au lieu de lui donner les satisfactions de
l’
amour sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inq
10556
ui donner les satisfactions de l’amour sensuel et
de
la fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse
10557
donner les satisfactions de l’amour sensuel et de
la
fixer dans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’
10558
isfactions de l’amour sensuel et de la fixer dans
la
volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai
10559
e l’amour sensuel et de la fixer dans la volupté,
l’
amour la remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentati
10560
r sensuel et de la fixer dans la volupté, l’amour
la
remplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en t
10561
t de la fixer dans la volupté, l’amour la remplit
d’
inquiétudes, la pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives,
10562
ans la volupté, l’amour la remplit d’inquiétudes,
la
pousse d’essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant
10563
upté, l’amour la remplit d’inquiétudes, la pousse
d’
essai en essai, de tentatives en tentatives, agitant devant elle, à me
10564
emplit d’inquiétudes, la pousse d’essai en essai,
de
tentatives en tentatives, agitant devant elle, à mesure qu’elle fait
10565
t elle, à mesure qu’elle fait un nouveau pas dans
la
honte, la tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal
10566
mesure qu’elle fait un nouveau pas dans la honte,
la
tentation des corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal, le capri
10567
ntation des corruptions spirituelles, un mensonge
d’
idéal, le caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « menso
10568
es corruptions spirituelles, un mensonge d’idéal,
le
caprice insaisissable des rêves de la débauche. » Un « mensonge d’idé
10569
songe d’idéal, le caprice insaisissable des rêves
de
la débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera
10570
ge d’idéal, le caprice insaisissable des rêves de
la
débauche. » Un « mensonge d’idéal », c’est bien à quoi se résumera to
10571
issable des rêves de la débauche. » Un « mensonge
d’
idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours la réaction cynique co
10572
d’idéal », c’est bien à quoi se résumera toujours
la
réaction cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemp
10573
i se résumera toujours la réaction cynique contre
le
mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple. Le xviiie est trop pol
10574
cynique contre le mythe. Nous en avons donné plus
d’
un exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
10575
le mythe. Nous en avons donné plus d’un exemple.
Le
xviiie est trop poli pour admettre la gauloiserie : il la remplace p
10576
n exemple. Le xviiie est trop poli pour admettre
la
gauloiserie : il la remplace par une affectation de facilité voluptue
10577
est trop poli pour admettre la gauloiserie : il
la
remplace par une affectation de facilité voluptueuse. Cette boutade,
10578
gauloiserie : il la remplace par une affectation
de
facilité voluptueuse. Cette boutade, qui réduit tout l’amour au conta
10579
ilité voluptueuse. Cette boutade, qui réduit tout
l’
amour au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation
10580
Cette boutade, qui réduit tout l’amour au contact
de
deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation d’un matérialisme i
10581
au contact de deux épidermes, j’y vois bien moins
l’
affirmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète per
10582
deux épidermes, j’y vois bien moins l’affirmation
d’
un matérialisme inhumain qu’une preuve de la secrète persistance du my
10583
irmation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve
de
la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fal
10584
ation d’un matérialisme inhumain qu’une preuve de
la
secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallai
10585
viiie . Il fallait bien que subsistât quelque peu
d’
illusion amoureuse et d’idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu jug
10586
que subsistât quelque peu d’illusion amoureuse et
d’
idéalisme diffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant » de noter
10587
iffus, pour que Chamfort ait pu juger « piquant »
de
noter cette maxime et de la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce
10588
ait pu juger « piquant » de noter cette maxime et
de
la publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne
10589
pu juger « piquant » de noter cette maxime et de
la
publier. Cela pouvait encore étonner. Ce n’était encore, et ce ne ser
10590
13.Don Juan et Sade Comme on voit, en fermant
les
yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de con
10591
fermant les yeux, une statue noire à la place de
la
blanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire
10592
ux, une statue noire à la place de la blanche que
l’
on vient de considérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître l’a
10593
place de la blanche que l’on vient de considérer,
l’
éclipse du mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue de Trista
10594
dérer, l’éclipse du mythe devait faire apparaître
l’
antithèse absolue de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, u
10595
mythe devait faire apparaître l’antithèse absolue
de
Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xvii
10596
ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage
le
rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine man
10597
il joué par rapport à ce personnage le rôle exact
de
Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’e
10598
personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à
la
Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa fig
10599
exact de Lucifer par rapport à la Création, dans
la
doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Tenorio de
10600
imprimé pour toujours ces deux traits si typiques
de
l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfait
10601
rimé pour toujours ces deux traits si typiques de
l’
époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite d
10602
oujours ces deux traits si typiques de l’époque :
la
noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux ver
10603
x traits si typiques de l’époque : la noirceur et
la
scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour
10604
esse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus
de
l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble q
10605
e. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de
l’
amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que
10606
rfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque :
la
candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce
10607
x vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et
la
courtoisie. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur le cœur d
10608
: la candeur et la courtoisie. ⁂ Il me semble que
la
fascination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit de certa
10609
. ⁂ Il me semble que la fascination qu’exerce sur
le
cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage myth
10610
scination qu’exerce sur le cœur des femmes et sur
l’
esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’ex
10611
qu’exerce sur le cœur des femmes et sur l’esprit
de
certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer p
10612
œur des femmes et sur l’esprit de certains hommes
le
personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature infini
10613
’esprit de certains hommes le personnage mythique
de
Don Juan peut s’expliquer par sa nature infiniment contradictoire. Do
10614
iniment contradictoire. Don Juan, c’est à la fois
l’
espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa dan
10615
ictoire. Don Juan, c’est à la fois l’espèce pure,
la
spontanéité de l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-d
10616
an, c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité
de
l’instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer
10617
c’est à la fois l’espèce pure, la spontanéité de
l’
instinct, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer de
10618
s l’espèce pure, la spontanéité de l’instinct, et
l’
esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’
10619
, et l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus
de
la mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est auss
10620
t l’esprit pur dans sa danse éperdue au-dessus de
la
mer des possibles. C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi l
10621
éperdue au-dessus de la mer des possibles. C’est
l’
infidélité perpétuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche d’un
10622
C’est l’infidélité perpétuelle, mais c’est aussi
la
perpétuelle recherche d’une femme unique, jamais rejointe par l’erreu
10623
tuelle, mais c’est aussi la perpétuelle recherche
d’
une femme unique, jamais rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’
10624
recherche d’une femme unique, jamais rejointe par
l’
erreur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité d’une jeunesse r
10625
rejointe par l’erreur inlassable du désir. C’est
l’
insolente avidité d’une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’e
10626
ur inlassable du désir. C’est l’insolente avidité
d’
une jeunesse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi la secrète
10627
sse renouvelée à chaque rencontre, et c’est aussi
la
secrète faiblesse de celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’es
10628
ue rencontre, et c’est aussi la secrète faiblesse
de
celui qui ne peut pas posséder, parce qu’il n’est pas assez pour avoi
10629
mieux réserver pour plus tard158. Considérons ici
le
Don Juan du théâtre159 comme le reflet inversé de Tristan. Le contras
10630
. Considérons ici le Don Juan du théâtre159 comme
le
reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure ext
10631
le Don Juan du théâtre159 comme le reflet inversé
de
Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des person
10632
du théâtre159 comme le reflet inversé de Tristan.
Le
contraste est d’abord dans l’allure extérieure des personnages, dans
10633
inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans
l’
allure extérieure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Ju
10634
course. Au contraire, Tristan vient en scène avec
l’
espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveil
10635
u contraire, Tristan vient en scène avec l’espèce
de
lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, don
10636
t en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique
de
celui qu’hypnotise un objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
10637
n objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
la
richesse. L’un posséda mille et trois femmes, l’autre une seule femme
10638
trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est
la
multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et posséd
10639
uvre, tandis que dans un être unique et possédé à
l’
infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde
10640
un être unique et possédé à l’infini se concentre
le
monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce qu’il aime ! T
10641
n, toujours aimé, ne peut jamais aimer en retour.
D’
où son angoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amo
10642
ngoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans
l’
acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restan
10643
et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte
d’
amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chast
10644
ourse éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amour
la
volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « p
10645
ue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté
d’
une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » d
10646
profanation, l’autre accomplit en restant chaste
la
« prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et
10647
it en restant chaste la « prouesse » divinisante.
La
tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoir
10648
t chaste la « prouesse » divinisante. La tactique
de
Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abando
10649
sse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est
le
viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain, il
10650
de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée
la
victoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amou
10651
, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne
le
terrain, il s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol
10652
ictoire, il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or
la
règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des cr
10653
il abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle
de
l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la
10654
abandonne le terrain, il s’enfuit. Or la règle de
l’
amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la fél
10655
e de l’amour courtois faisait du viol précisément
le
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un enga
10656
faisait du viol précisément le crime des crimes,
la
félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mor
10657
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et
de
l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime
10658
ime des crimes, la félonie sans rémission ; et de
l’
hommage un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime le crime en
10659
rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à
la
mort. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributair
10660
un engagement jusqu’à la mort. Mais Don Juan aime
le
crime en soi, et par là se rend tributaire de la morale dont il abuse
10661
ime le crime en soi, et par là se rend tributaire
de
la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouve
10662
le crime en soi, et par là se rend tributaire de
la
morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouver g
10663
a grand besoin qu’elle existe pour trouver goût à
la
violer. Tristan, lui, se voit libéré du jeu des règles, des péchés et
10664
du jeu des règles, des péchés et des vertus, par
la
grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ra
10665
es règles, des péchés et des vertus, par la grâce
d’
une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à ce
10666
s vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende
le
monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan e
10667
par la grâce d’une vertu qui transcende le monde
de
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le dém
10668
r la grâce d’une vertu qui transcende le monde de
la
Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
10669
tout se ramène à cette opposition : Don Juan est
le
démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le
10670
ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
de
l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de
10671
ène à cette opposition : Don Juan est le démon de
l’
immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la
10672
tion : Don Juan est le démon de l’immanence pure,
le
prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus
10673
ence pure, le prisonnier des apparences du monde,
le
martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quan
10674
le prisonnier des apparences du monde, le martyr
de
la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan
10675
prisonnier des apparences du monde, le martyr de
la
sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan est
10676
plus décevante et méprisable — quand Tristan est
le
prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravisse
10677
e et méprisable — quand Tristan est le prisonnier
d’
un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mu
10678
Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et
de
la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort
10679
stan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de
la
nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. O
10680
le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit,
le
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut no
10681
ier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr
d’
un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore
10682
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à
la
mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut,
10683
eci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque
la
mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozar
10684
laisante, rit très haut, provoque la mort lorsque
le
Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par
10685
, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend
la
main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâ
10686
e le Commandeur lui tend la main, au dernier acte
de
Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshon
10687
ourageux, n’abdique au contraire son orgueil qu’à
l’
approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : to
10688
’abdique au contraire son orgueil qu’à l’approche
de
la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
10689
dique au contraire son orgueil qu’à l’approche de
la
mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’
10690
e ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
l’
épée à la main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le r
10691
vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée à
la
main. ⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une
10692
trait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂
De
la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocrat
10693
ait commun : tous deux ont l’épée à la main. ⁂ De
la
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve d’une aristocratie
10694
⁂ De la Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur
le
rêve d’une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou
10695
Régence à Louis XVI, Don Juan a régné sur le rêve
d’
une aristocratie déchue de l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzu
10696
uan a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue
de
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute socié
10697
a régné sur le rêve d’une aristocratie déchue de
l’
héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans la plus haute société,
10698
l’héroïsme féodal. Un Richelieu ou un Lauzun dans
la
plus haute société, un Bezenval et un Casanova au niveau de l’aventur
10699
société, un Bezenval et un Casanova au niveau de
l’
aventure scélérate, tels sont les parangons qui prennent la place de l
10700
nova au niveau de l’aventure scélérate, tels sont
les
parangons qui prennent la place de l’idéal détruit par le xviie sièc
10701
e scélérate, tels sont les parangons qui prennent
la
place de l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du myth
10702
te, tels sont les parangons qui prennent la place
de
l’idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’i
10703
tels sont les parangons qui prennent la place de
l’
idéal détruit par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’iron
10704
gons qui prennent la place de l’idéal détruit par
le
xviie siècle. Ce refoulement du mythe par l’ironie universelle, et l
10705
par le xviie siècle. Ce refoulement du mythe par
l’
ironie universelle, et le triomphe applaudi des « félons », préparent
10706
refoulement du mythe par l’ironie universelle, et
le
triomphe applaudi des « félons », préparent les plus étranges retours
10707
et le triomphe applaudi des « félons », préparent
les
plus étranges retours. Parmi tant de facilités, de raffinements intel
10708
s plus étranges retours. Parmi tant de facilités,
de
raffinements intellectuels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoi
10709
tés, de raffinements intellectuels ou voluptueux,
de
satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’homme demeure privé
10710
uels ou voluptueux, de satiétés, l’un des besoins
les
plus profonds de l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le
10711
, de satiétés, l’un des besoins les plus profonds
de
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffri
10712
e satiétés, l’un des besoins les plus profonds de
l’
homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir.
10713
esoins les plus profonds de l’homme demeure privé
d’
assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui le
10714
l’homme demeure privé d’assouvissement, et c’est
le
besoin de souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
10715
emeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin
de
souffrir. Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montr
10716
c’est le besoin de souffrir. Un corps social qui
le
cultive, s’alanguit, comme l’a montré le déclin du Moyen Âge ; mais u
10717
Un corps social qui le cultive, s’alanguit, comme
l’
a montré le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et
10718
cial qui le cultive, s’alanguit, comme l’a montré
le
déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui l’ignore et croit pouv
10719
le déclin du Moyen Âge ; mais un corps social qui
l’
ignore et croit pouvoir le ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien v
10720
ais un corps social qui l’ignore et croit pouvoir
le
ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite. L’esprit conçoit en c
10721
e ridiculiser, se dessèche et s’énerve bien vite.
L’
esprit conçoit en cruauté active les souffrances qu’il interdit au cœu
10722
rve bien vite. L’esprit conçoit en cruauté active
les
souffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point de bonté chez qui
10723
uté active les souffrances qu’il interdit au cœur
de
subir. Point de bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd l
10724
ouffrances qu’il interdit au cœur de subir. Point
de
bonté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd le contact vital,
10725
nté chez qui n’a pas souffert : sa fantaisie perd
le
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus
10726
fantaisie perd le contact vital, et tout pouvoir
de
« sympathie ». La femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « ob
10727
contact vital, et tout pouvoir de « sympathie ».
La
femme n’est plus pour l’homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’
10728
ouvoir de « sympathie ». La femme n’est plus pour
l’
homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes
10729
« objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes :
la
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne l’amour au-delà des
10730
’autre ces extrêmes : la femme-idéal, pur symbole
d’
un Amour qui entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et la femm
10731
femme-idéal, pur symbole d’un Amour qui entraîne
l’
amour au-delà des formes visibles ; et la femme-objet de plaisir, inst
10732
entraîne l’amour au-delà des formes visibles ; et
la
femme-objet de plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensat
10733
r au-delà des formes visibles ; et la femme-objet
de
plaisir, instrument plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
10734
bjet de plaisir, instrument plus ou moins aimable
d’
une sensation qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans la contrad
10735
plus ou moins aimable d’une sensation qui enferme
l’
homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tri
10736
ion qui enferme l’homme en soi… Je distingue dans
la
contradiction de Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportabl
10737
’homme en soi… Je distingue dans la contradiction
de
Don Juan et de Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui
10738
Je distingue dans la contradiction de Don Juan et
de
Tristan, dans la tension insupportable de l’esprit qui vit cette cont
10739
la contradiction de Don Juan et de Tristan, dans
la
tension insupportable de l’esprit qui vit cette contradiction parce q
10740
Juan et de Tristan, dans la tension insupportable
de
l’esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité
10741
n et de Tristan, dans la tension insupportable de
l’
esprit qui vit cette contradiction parce qu’il subit la sensualité et
10742
rit qui vit cette contradiction parce qu’il subit
la
sensualité et désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade
10743
diction parce qu’il subit la sensualité et désire
l’
idéal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et les raisons précise
10744
l subit la sensualité et désire l’idéal courtois,
les
données de l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’
10745
ensualité et désire l’idéal courtois, les données
de
l’œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans le
10746
ualité et désire l’idéal courtois, les données de
l’
œuvre de Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les C
10747
t désire l’idéal courtois, les données de l’œuvre
de
Sade, et les raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
10748
déal courtois, les données de l’œuvre de Sade, et
les
raisons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que
10749
nnées de l’œuvre de Sade, et les raisons précises
de
sa révolte. C’est dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle de s
10750
et les raisons précises de sa révolte. C’est dans
les
Crimes de l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poési
10751
ons précises de sa révolte. C’est dans les Crimes
de
l’amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétra
10752
précises de sa révolte. C’est dans les Crimes de
l’
amour que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarqu
10753
st dans les Crimes de l’amour que Sade nous parle
de
son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle
10754
’amour que Sade nous parle de son admiration pour
la
poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depui
10755
Sade nous parle de son admiration pour la poésie
de
Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le maria
10756
Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis
le
mariage qui avait uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à la
10757
uni Hugues de Sade, ancêtre direct du marquis, à
la
Dame de Pétrarque, Laure de Noves160. Pétrarque semblait ignorer simp
10758
e Noves160. Pétrarque semblait ignorer simplement
l’
existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui
10759
rer simplement l’existence du désir et des corps,
la
réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît tr
10760
ent l’existence du désir et des corps, la réalité
d’
un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît trop bien sa
10761
tone tyrannie. Ce que Pétrarque négligeait, c’est
l’
obstacle physique dont il faut se venger. Il n’existe que trop, cet ob
10762
existe que trop, cet objet, c’est lui qui détient
le
plaisir et le plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n
10763
p, cet objet, c’est lui qui détient le plaisir et
le
plaisir est une fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par l’exc
10764
e fatalité. Comment s’en libérer, si ce n’est par
l’
excès, car tout excès vient de l’esprit ! Rien de plus glacialement ra
10765
si ce n’est par l’excès, car tout excès vient de
l’
esprit ! Rien de plus glacialement rationaliste que les inventions « v
10766
prit ! Rien de plus glacialement rationaliste que
les
inventions « voluptueuses » multipliées par la rage du Marquis. Là où
10767
e les inventions « voluptueuses » multipliées par
la
rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et la s
10768
s » multipliées par la rage du Marquis. Là où est
le
plaisir, là sera la souffrance, et la souffrance est le signe d’un ra
10769
la rage du Marquis. Là où est le plaisir, là sera
la
souffrance, et la souffrance est le signe d’un rachat. Purification p
10770
. Là où est le plaisir, là sera la souffrance, et
la
souffrance est le signe d’un rachat. Purification par le mal : péchon
10771
isir, là sera la souffrance, et la souffrance est
le
signe d’un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire
10772
sera la souffrance, et la souffrance est le signe
d’
un rachat. Purification par le mal : péchons jusqu’à détruire les dern
10773
france est le signe d’un rachat. Purification par
le
mal : péchons jusqu’à détruire les derniers charmes du péché. Au lieu
10774
urification par le mal : péchons jusqu’à détruire
les
derniers charmes du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-le
10775
es derniers charmes du péché. Au lieu de négliger
l’
objet, détruisons-le par des tortures d’où nous tirerons encore quelqu
10776
du péché. Au lieu de négliger l’objet, détruisons-
le
par des tortures d’où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela f
10777
négliger l’objet, détruisons-le par des tortures
d’
où nous tirerons encore quelque plaisir, et cela fait partie de notre
10778
erons encore quelque plaisir, et cela fait partie
de
notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade. Le meurtre se
10779
de notre ascèse ! Une fureur dialectique s’empare
de
Sade. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce
10780
ascèse ! Une fureur dialectique s’empare de Sade.
Le
meurtre seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre de ce qu’on ai
10781
e s’empare de Sade. Le meurtre seul peut rétablir
la
liberté, mais le meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nou
10782
e. Le meurtre seul peut rétablir la liberté, mais
le
meurtre de ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne
10783
re seul peut rétablir la liberté, mais le meurtre
de
ce qu’on aime, puisque c’est cela qui nous enchaîne. On ne tue bien q
10784
que son amour, parce que lui seul est souverain.
Le
crime d’amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette c
10785
amour, parce que lui seul est souverain. Le crime
d’
amour impur sauvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé la déf
10786
eul est souverain. Le crime d’amour impur sauvera
la
pureté. Lisons maintenant avec cette clé la défense morale du meurtre
10787
uvera la pureté. Lisons maintenant avec cette clé
la
défense morale du meurtre telle que la présente Dolmancé dans la Phil
10788
cette clé la défense morale du meurtre telle que
la
présente Dolmancé dans la Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un sou
10789
le du meurtre telle que la présente Dolmancé dans
la
Philosophie du Boudoir : « Eh quoi ! un souverain ambitieux pourra dé
10790
rain ambitieux pourra détruire à son aise et sans
le
moindre scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ?
10791
a détruire à son aise et sans le moindre scrupule
les
ennemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, ar
10792
re scrupule les ennemis qui nuisent à ses projets
de
grandeur ? Des lois cruelles, arbitraires, impérieuses, pourront de m
10793
ont de même assassiner chaque siècle des millions
d’
individus, et nous, faibles et malheureux particuliers, nous ne pourro
10794
à nos vengeances ou à nos caprices ? Est-il rien
de
si barbare, de si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous l
10795
es ou à nos caprices ? Est-il rien de si barbare,
de
si ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous le voile du plus
10796
ridiculement étrange, et ne devons-nous pas, sous
le
voile du plus profond mystère, nous venger amplement de cette ineptie
10797
le du plus profond mystère, nous venger amplement
de
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné.) Si le marquis de Sade
10798
cette ineptie ? » (C’est moi qui ai souligné.) Si
le
marquis de Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets de sa mor
10799
é.) Si le marquis de Sade avait été interrogé sur
les
mobiles secrets de sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derriè
10800
Sade avait été interrogé sur les mobiles secrets
de
sa morale, il se fût sans nul doute réfugié derrière un verbiage cyni
10801
ont transparents : ils signifient avec exactitude
le
contraire de leur sens littéral161. Cette glorification du sexe est u
10802
nts : ils signifient avec exactitude le contraire
de
leur sens littéral161. Cette glorification du sexe est une constante
10803
sexe est une constante et rationnelle profanation
de
la morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée
10804
e est une constante et rationnelle profanation de
la
morale profanée du xviiie . C’est la « voie négative » d’un athée qui
10805
ofanation de la morale profanée du xviiie . C’est
la
« voie négative » d’un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et
10806
e profanée du xviiie . C’est la « voie négative »
d’
un athée qui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie l’amour sp
10807
est la « voie négative » d’un athée qui désespère
d’
échapper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel de se manifester
10808
ui désespère d’échapper à ses liens, et qui défie
l’
amour spirituel de se manifester en tuant le criminel162. Car là seule
10809
apper à ses liens, et qui défie l’amour spirituel
de
se manifester en tuant le criminel162. Car là seulement serait la dél
10810
défie l’amour spirituel de se manifester en tuant
le
criminel162. Car là seulement serait la délivrance — selon la foi des
10811
en tuant le criminel162. Car là seulement serait
la
délivrance — selon la foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse
10812
62. Car là seulement serait la délivrance — selon
la
foi des troubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan de Genève,
10813
délivrance — selon la foi des troubadours… 14.
La
Nouvelle Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à l’influence
10814
roubadours… 14. La Nouvelle Héloïse Paysan
de
Genève, Rousseau échappe à l’influence du don-juanisme citadin, mais
10815
Héloïse Paysan de Genève, Rousseau échappe à
l’
influence du don-juanisme citadin, mais non pas à une littérature qui
10816
complicités bien profondes et qui n’est autre que
le
pétrarquisme. Le roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une
10817
profondes et qui n’est autre que le pétrarquisme.
Le
roman de Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du my
10818
et qui n’est autre que le pétrarquisme. Le roman
de
Rousseau à proprement parler n’est pas une renaissance du mythe primi
10819
arler n’est pas une renaissance du mythe primitif
de
Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de la légende, et encore moin
10820
aissance du mythe primitif de Tristan. Il n’a pas
la
violence sauvage de la légende, et encore moins son arrière-plan ésot
10821
imitif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage
de
la légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit
10822
tif de Tristan. Il n’a pas la violence sauvage de
la
légende, et encore moins son arrière-plan ésotérique. Ce qui revit en
10823
rière-plan ésotérique. Ce qui revit en lui, c’est
l’
état d’âme créé chez les imitateurs des troubadours par une doctrine q
10824
Ce qui revit en lui, c’est l’état d’âme créé chez
les
imitateurs des troubadours par une doctrine qu’ils « sécularisaient »
10825
e qu’ils « sécularisaient », n’en connaissant que
la
rhétorique profane. C’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée pa
10826
n’en connaissant que la rhétorique profane. C’est
l’
acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on
10827
issant que la rhétorique profane. C’est l’acedia,
l’
heureuse mélancolie cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise le
10828
’est l’acedia, l’heureuse mélancolie cultivée par
l’
ermite de Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par
10829
edia, l’heureuse mélancolie cultivée par l’ermite
de
Vaucluse. Qu’on relise les sommaires analytiques joints par un éditeu
10830
e cultivée par l’ermite de Vaucluse. Qu’on relise
les
sommaires analytiques joints par un éditeur zélé à la troisième éditi
10831
un éditeur zélé à la troisième édition du roman :
l’
on y retrouve les situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’e
10832
à la troisième édition du roman : l’on y retrouve
les
situations que prévoyaient les leys de cortezia. C’est le Canzoniere
10833
: l’on y retrouve les situations que prévoyaient
les
leys de cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu e
10834
retrouve les situations que prévoyaient les leys
de
cortezia. C’est le Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeo
10835
tions que prévoyaient les leys de cortezia. C’est
le
Canzoniere mis en prose — et quelque peu embourgeoisé. (Çà et là une
10836
(Çà et là une citation, une allusion, témoignent
de
la connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur
10837
à et là une citation, une allusion, témoignent de
la
connaissance que Rousseau avait de Pétrarque, véritable inventeur du
10838
témoignent de la connaissance que Rousseau avait
de
Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de la nature et du lyrism
10839
it de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment
de
la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie a
10840
de Pétrarque, véritable inventeur du sentiment de
la
nature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avai
10841
inventeur du sentiment de la nature et du lyrisme
de
la solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique
10842
enteur du sentiment de la nature et du lyrisme de
la
solitude.) Avec d’Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique pro
10843
de la nature et du lyrisme de la solitude.) Avec
d’
Urfé, la courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau
10844
ature et du lyrisme de la solitude.) Avec d’Urfé,
la
courtoisie avait tourné en casuistique profane. Chez Rousseau, elle d
10845
ue profane. Chez Rousseau, elle devient une sorte
de
piétisme raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste. L’Héloïse q
10846
evient une sorte de piétisme raffiné. Ici encore,
la
décadence est manifeste. L’Héloïse qui vécut au xiie siècle163 et do
10847
raffiné. Ici encore, la décadence est manifeste.
L’
Héloïse qui vécut au xiie siècle163 et dont nous possédons les lettre
10848
i vécut au xiie siècle163 et dont nous possédons
les
lettres à Abélard, évoque Iseut, Juliette et Mlle de Lespinasse, beau
10849
lus rien du mystique ni du chevalier. Au surplus,
le
roman n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à la passion, et ce
10850
ni du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à
la
mort qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est
10851
man n’aboutit à la mort qu’après un renoncement à
la
passion, et cette mort de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dé
10852
’après un renoncement à la passion, et cette mort
de
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il in
10853
Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre
de
Rousseau. (Il insiste longuement, dans une lettre à son éditeur, sur
10854
re à son éditeur, sur son protestantisme et celui
de
ses héros : mais malgré sa sincérité, l’on ne peut que suspecter un «
10855
et celui de ses héros : mais malgré sa sincérité,
l’
on ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de l’Être suprême
10856
ne peut que suspecter un « calvinisme » qui parle
de
l’Être suprême et paraît ignorer le Christ.) Tout cela ne m’empêchera
10857
peut que suspecter un « calvinisme » qui parle de
l’
Être suprême et paraît ignorer le Christ.) Tout cela ne m’empêchera po
10858
e » qui parle de l’Être suprême et paraît ignorer
le
Christ.) Tout cela ne m’empêchera point de confesser un goût très vif
10859
gnorer le Christ.) Tout cela ne m’empêchera point
de
confesser un goût très vif pour le style de ce roman — seul comparabl
10860
mpêchera point de confesser un goût très vif pour
le
style de ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et u
10861
point de confesser un goût très vif pour le style
de
ce roman — seul comparable à l’Astrée sous ce rapport — et une admira
10862
vif pour le style de ce roman — seul comparable à
l’
Astrée sous ce rapport — et une admiration sérieusement motivée pour s
10863
ur sa lucidité psychologique. On a trop vite jugé
le
« rousseauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman les croyance
10864
te jugé le « rousseauisme » moral en attribuant à
l’
auteur du roman les croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le p
10865
eauisme » moral en attribuant à l’auteur du roman
les
croyances de ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ce
10866
l en attribuant à l’auteur du roman les croyances
de
ses personnages. Si Rousseau fut le premier à décrire ces erreurs, c’
10867
qu’il en souffrit plus que d’autres et avec plus
de
résolution de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conc
10868
frit plus que d’autres et avec plus de résolution
de
s’y soustraire. Mais on néglige habituellement les conclusions de l’œ
10869
de s’y soustraire. Mais on néglige habituellement
les
conclusions de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’ém
10870
e. Mais on néglige habituellement les conclusions
de
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de cer
10871
Mais on néglige habituellement les conclusions de
l’
œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et de certai
10872
ent les conclusions de l’œuvre pour ne garder que
le
souvenir du ton, de l’émotion et de certaines complaisances qu’entraî
10873
de l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton,
de
l’émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesq
10874
l’œuvre pour ne garder que le souvenir du ton, de
l’
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque.
10875
ne garder que le souvenir du ton, de l’émotion et
de
certaines complaisances qu’entraîne le genre romanesque. Il est visib
10876
émotion et de certaines complaisances qu’entraîne
le
genre romanesque. Il est visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque
10877
st visible que Rousseau, pas plus que Pétrarque à
la
fin de sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la
10878
ble que Rousseau, pas plus que Pétrarque à la fin
de
sa vie, n’est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande
10879
plus que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe
de
la « religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie marié
10880
s que Pétrarque à la fin de sa vie, n’est dupe de
la
« religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (
10881
à la fin de sa vie, n’est dupe de la « religion »
d’
amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie mariée (IIIe partie, le
10882
est dupe de la « religion » d’amour. Qu’on relise
la
grande lettre de Julie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant
10883
religion » d’amour. Qu’on relise la grande lettre
de
Julie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant le passé des ama
10884
ie mariée (IIIe partie, lettre XVIII), analysant
le
passé des amants : on ne saurait dépister avec plus de rigueur, quoiq
10885
ssé des amants : on ne saurait dépister avec plus
de
rigueur, quoique féminine, les confusions intéressées de l’Éros et de
10886
dépister avec plus de rigueur, quoique féminine,
les
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si néc
10887
eur, quoique féminine, les confusions intéressées
de
l’Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, q
10888
, quoique féminine, les confusions intéressées de
l’
Éros et de l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quan
10889
féminine, les confusions intéressées de l’Éros et
de
l’Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une
10890
inine, les confusions intéressées de l’Éros et de
l’
Agapè. « La vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fo
10891
confusions intéressées de l’Éros et de l’Agapè. «
La
vertu est si nécessaire à nos cœurs que, quand on a une fois abandonn
10892
re à nos cœurs que, quand on a une fois abandonné
la
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et l’on y tient plus f
10893
véritable, on s’en fait ensuite une à sa mode, et
l’
on y tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est de notre choix.
10894
tient plus fortement peut-être, parce qu’elle est
de
notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
10895
e, parce qu’elle est de notre choix. » Toutefois,
l’
on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si n
10896
st de notre choix. » Toutefois, l’on n’a pas tort
d’
attribuer au « climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xvi
10897
fois, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat »
de
la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté d
10898
s, l’on n’a pas tort d’attribuer au « climat » de
la
Nouvelle Héloïse, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté de c
10899
climat » de la Nouvelle Héloïse, si nouveau pour
le
xviiie siècle, une faculté de contagion contre laquelle les conclusi
10900
e, si nouveau pour le xviiie siècle, une faculté
de
contagion contre laquelle les conclusions de l’auteur ne pouvaient ri
10901
siècle, une faculté de contagion contre laquelle
les
conclusions de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe
10902
ulté de contagion contre laquelle les conclusions
de
l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît,
10903
é de contagion contre laquelle les conclusions de
l’
auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien le mythe qui reparaît, ala
10904
de l’auteur ne pouvaient rien. Et là, c’est bien
le
mythe qui reparaît, alangui, honteux et confus, mais à travers le voi
10905
araît, alangui, honteux et confus, mais à travers
le
voile des larmes vertueuses, reconnaissable à je ne sais quel frisson
10906
, ce ne sont point ces transports que je regrette
le
plus : ah non ! retire s’il le faut ces faveurs enivrantes pour lesqu
10907
ts que je regrette le plus : ah non ! retire s’il
le
faut ces faveurs enivrantes pour lesquelles je donnerais mille vies,
10908
ais rends-moi tout ce qui n’était point elles, et
les
effaçait mille fois. Rends-moi cette étroite union des âmes… Julie, d
10909
je ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye
de
l’équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de
10910
ne t’aime plus ? Quel doute !… » Il s’effraye de
l’
équivoque du soupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte de dép
10911
oupir, mais n’en conclut pas moins avec une sorte
de
dépit à peine voilé : « J’ai pris pour toi des sentiments plus paisib
10912
les, il est vrai, mais plus affectueux et de plus
de
différentes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent les emporteme
10913
lus affectueux et de plus de différentes espèces…
Les
douceurs de l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tris
10914
x et de plus de différentes espèces… Les douceurs
de
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se r
10915
t de plus de différentes espèces… Les douceurs de
l’
amitié tempèrent les emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réve
10916
entes espèces… Les douceurs de l’amitié tempèrent
les
emportements de l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la
10917
s douceurs de l’amitié tempèrent les emportements
de
l’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la
10918
ouceurs de l’amitié tempèrent les emportements de
l’
amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la po
10919
l’amitié tempèrent les emportements de l’amour… »
Le
Tristan qui se réveille en lui après la « faute » de la possession, s
10920
’amour… » Le Tristan qui se réveille en lui après
la
« faute » de la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibl
10921
Tristan qui se réveille en lui après la « faute »
de
la possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi
10922
stan qui se réveille en lui après la « faute » de
la
possession, se passerait bien de ces douceurs paisibles… Lui aussi dé
10923
la « faute » de la possession, se passerait bien
de
ces douceurs paisibles… Lui aussi désirait brûler, et non pas rassasi
10924
pas rassasier son désir. Lui aussi va multiplier
les
obstacles les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situati
10925
son désir. Lui aussi va multiplier les obstacles
les
plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations voluptueus
10926
si va multiplier les obstacles les plus gratuits,
les
prétextes de séparation, les situations voluptueusement inextricables
10927
er les obstacles les plus gratuits, les prétextes
de
séparation, les situations voluptueusement inextricables. D’où l’insi
10928
s les plus gratuits, les prétextes de séparation,
les
situations voluptueusement inextricables. D’où l’insistance pénible e
10929
on, les situations voluptueusement inextricables.
D’
où l’insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me s
10930
es situations voluptueusement inextricables. D’où
l’
insistance pénible et, dès cette date, quelque peu excessive me semble
10931
e date, quelque peu excessive me semble-t-il, sur
la
roture de Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilit
10932
elque peu excessive me semble-t-il, sur la roture
de
Saint-Preux, laquelle est censée interdire toute possibilité d’union
10933
, laquelle est censée interdire toute possibilité
d’
union légale. D’où encore l’assimilation du préjugé social et des exig
10934
ensée interdire toute possibilité d’union légale.
D’
où encore l’assimilation du préjugé social et des exigences d’une vert
10935
ire toute possibilité d’union légale. D’où encore
l’
assimilation du préjugé social et des exigences d’une vertu déclarée r
10936
l’assimilation du préjugé social et des exigences
d’
une vertu déclarée religieuse par opportunité. Mais on distingue les m
10937
rée religieuse par opportunité. Mais on distingue
les
mobiles inavoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de
10938
portunité. Mais on distingue les mobiles inavoués
de
la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui impos
10939
tunité. Mais on distingue les mobiles inavoués de
la
confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
10940
navoués de la confusion. Au xiie siècle, c’était
la
loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bo
10941
de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi
de
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeois
10942
siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait
la
chasteté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de
10943
courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est
la
coutume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et de l’autre, c’es
10944
eté ; ici, c’est la coutume bourgeoise. Mais sous
le
couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dan
10945
c’est la coutume bourgeoise. Mais sous le couvert
de
l’une et de l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre
10946
tume bourgeoise. Mais sous le couvert de l’une et
de
l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée
10947
le couvert de l’une et de l’autre, c’est toujours
le
mythe qui agit. Dans la lettre déjà citée où elle récapitule leurs ép
10948
e l’autre, c’est toujours le mythe qui agit. Dans
la
lettre déjà citée où elle récapitule leurs épreuves, Julie appelle «
10949
e leurs épreuves, Julie appelle « sainte ardeur »
l’
amour chaste qui les ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamna
10950
ulie appelle « sainte ardeur » l’amour chaste qui
les
ravissait — bien qu’il fût dès ce moment condamnable — et « crime »,
10951
« horreurs », « corruption », ce même amour après
la
possession. La faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est cel
10952
corruption », ce même amour après la possession.
La
faute qui compte, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse la
10953
la possession. La faute qui compte, pour eux, on
le
voit bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non la vertu bourg
10954
, pour eux, on le voit bien, c’est celle qui lèse
la
« courtoisie », non la vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ain
10955
bien, c’est celle qui lèse la « courtoisie », non
la
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi de suite : il serait
10956
vertu bourgeoise trop souvent invoquée. Et ainsi
de
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse,
10957
vent invoquée. Et ainsi de suite : il serait aisé
de
reprendre, à propos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tr
10958
suite : il serait aisé de reprendre, à propos de
la
Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique d
10959
ropos de la Nouvelle Héloïse, toute notre exégèse
de
Tristan, notre dialectique de l’obstacle. Il y a pourtant cette diffé
10960
toute notre exégèse de Tristan, notre dialectique
de
l’obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau ab
10961
te notre exégèse de Tristan, notre dialectique de
l’
obstacle. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau about
10962
, c’est-à-dire au triomphe du monde sanctifié par
le
christianisme, alors que la légende glorifiait dans la mort l’entière
10963
u monde sanctifié par le christianisme, alors que
la
légende glorifiait dans la mort l’entière dissolution des liens terre
10964
ristianisme, alors que la légende glorifiait dans
la
mort l’entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme
10965
sme, alors que la légende glorifiait dans la mort
l’
entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme allemand
10966
15.Le romantisme allemand C’est à partir de
l’
état d’âme sentimental — et non mystique164 — des amants de la Nouvell
10967
âme sentimental — et non mystique164 — des amants
de
la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mys
10968
sentimental — et non mystique164 — des amants de
la
Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher de rejoindre une mystiq
10969
tique164 — des amants de la Nouvelle Héloïse, que
le
romantisme va tâcher de rejoindre une mystique primitive qu’il ignore
10970
la Nouvelle Héloïse, que le romantisme va tâcher
de
rejoindre une mystique primitive qu’il ignore, mais dont il redécouvr
10971
’il ignore, mais dont il redécouvre, par éclairs,
la
vertu sacrale et mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et l’As
10972
t mortelle. Du Tristan de Thomas par Pétrarque et
l’
Astrée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrad
10973
istan de Thomas par Pétrarque et l’Astrée jusqu’à
la
tragédie classique, nous avons vu le mythe se dégrader, s’humaniser,
10974
trée jusqu’à la tragédie classique, nous avons vu
le
mythe se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments de moins en mo
10975
se dégrader, s’humaniser, s’analyser en éléments
de
moins en moins mystérieux ; enfin Racine l’abat, non sans avoir reçu
10976
ments de moins en moins mystérieux ; enfin Racine
l’
abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais la plus
10977
l’abat, non sans avoir reçu dans cette lutte avec
l’
ange mauvais la plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la s
10978
s avoir reçu dans cette lutte avec l’ange mauvais
la
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène : de Moliè
10979
plus douloureuse blessure. Et Don Juan bondit sur
la
scène : de Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à
10980
reuse blessure. Et Don Juan bondit sur la scène :
de
Molière à Mozart, c’est la grande éclipse du mythe. Mais à partir du
10981
bondit sur la scène : de Molière à Mozart, c’est
la
grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman de Rousseau, qui naît
10982
a grande éclipse du mythe. Mais à partir du roman
de
Rousseau, qui naît comme en marge du siècle, nous allons parcourir le
10983
t comme en marge du siècle, nous allons parcourir
le
même chemin en sens inverse : par Werther, cette réplique d’Héloïse m
10984
min en sens inverse : par Werther, cette réplique
d’
Héloïse mais qui finit beaucoup plus mal — se rapprochant du modèle pr
10985
up plus mal — se rapprochant du modèle primitif —
l’
on arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de la R
10986
arrive à Jean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans
la
panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, cer
10987
ean-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique
de
la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux
10988
-Paul, à Hölderlin, à Novalis. Dans la panique de
la
Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux de
10989
lin, à Novalis. Dans la panique de la Révolution,
de
la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possib
10990
, à Novalis. Dans la panique de la Révolution, de
la
Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possibles
10991
certaines souffrances osent enfin dire leur nom.
L’
adoration de la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au pla
10992
ouffrances osent enfin dire leur nom. L’adoration
de
la Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la cons
10993
frances osent enfin dire leur nom. L’adoration de
la
Nuit et de la Mort accède pour la première fois au plan de la conscie
10994
nt enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et
de
la Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique
10995
enfin dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de
la
Mort accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. N
10996
t de la Mort accède pour la première fois au plan
de
la conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
10997
e la Mort accède pour la première fois au plan de
la
conscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
10998
onscience lyrique. Napoléon à peine vaincu, voici
l’
envahissement de l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au j
10999
e. Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement
de
l’Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d
11000
Napoléon à peine vaincu, voici l’envahissement de
l’
Europe par une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner, d’un
11001
Jusqu’au jour où Wagner, d’un seul coup, dressera
le
mythe dans sa pleine stature et dans sa virulence totale : la musique
11002
s sa pleine stature et dans sa virulence totale :
la
musique seule pouvait dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystè
11003
virulence totale : la musique seule pouvait dire
l’
indicible, elle a forcé le dernier mystère de Tristan. Mon propos n’es
11004
dire l’indicible, elle a forcé le dernier mystère
de
Tristan. Mon propos n’est point de recenser les innombrables manifest
11005
ernier mystère de Tristan. Mon propos n’est point
de
recenser les innombrables manifestations du mythe dans nos littératur
11006
re de Tristan. Mon propos n’est point de recenser
les
innombrables manifestations du mythe dans nos littératures, surtout m
11007
os littératures, surtout modernes, mais seulement
de
poser des jalons et de réduire certaines contradictions tout apparent
11008
t modernes, mais seulement de poser des jalons et
de
réduire certaines contradictions tout apparentes. On me pardonnera de
11009
contradictions tout apparentes. On me pardonnera
de
ne point multiplier les preuves de l’évidente renaissance du thème co
11010
parentes. On me pardonnera de ne point multiplier
les
preuves de l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour
11011
me pardonnera de ne point multiplier les preuves
de
l’évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque
11012
pardonnera de ne point multiplier les preuves de
l’
évidente renaissance du thème courtois — donc de l’amour réciproque ma
11013
e l’évidente renaissance du thème courtois — donc
de
l’amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands s
11014
’évidente renaissance du thème courtois — donc de
l’
amour réciproque malheureux — chez tous les romantiques allemands sans
11015
donc de l’amour réciproque malheureux — chez tous
les
romantiques allemands sans exception165. Quelques textes choisis entr
11016
extes choisis entre mille en diront plus que tous
les
commentaires ici possibles, et trop tentants. (Dans leur nudité même,
11017
ur nudité même, je sens trop bien qu’ils risquent
de
prendre figure d’arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fa
11018
sens trop bien qu’ils risquent de prendre figure
d’
arguments, à cet endroit de notre voyage, du seul fait de leur trop pa
11019
uent de prendre figure d’arguments, à cet endroit
de
notre voyage, du seul fait de leur trop parfaite convenance à nos déf
11020
ents, à cet endroit de notre voyage, du seul fait
de
leur trop parfaite convenance à nos définitions du mythe…) Lettre de
11021
e convenance à nos définitions du mythe…) Lettre
de
Diotima à Hölderlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur la pas
11022
derlin : Hier soir, j’ai longuement réfléchi sur
la
passion. Sans doute, la passion de l’amour suprême ne trouve jamais s
11023
i longuement réfléchi sur la passion. Sans doute,
la
passion de l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-b
11024
t réfléchi sur la passion. Sans doute, la passion
de
l’amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Compre
11025
éfléchi sur la passion. Sans doute, la passion de
l’
amour suprême ne trouve jamais son accomplissement ici-bas ! Comprends
11026
paraît exalté, et pourtant c’est si vrai !) Voilà
le
seul accomplissement. Mais nous avons des devoirs sacrés en ce bas mo
11027
s en ce bas monde. Il ne nous reste plus rien que
la
confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-
11028
onde. Il ne nous reste plus rien que la confiance
la
plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans la toute-puissante div
11029
a confiance la plus parfaite l’un dans l’autre et
la
foi dans la toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous gui
11030
la plus parfaite l’un dans l’autre et la foi dans
la
toute-puissante divinité de l’Amour qui à jamais nous guidera, invisi
11031
’autre et la foi dans la toute-puissante divinité
de
l’Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cess
11032
tre et la foi dans la toute-puissante divinité de
l’
Amour qui à jamais nous guidera, invisible, et renforcera sans cesse n
11033
cera sans cesse notre union166. Journal intime
de
Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée] la pensée m’
11034
Journal intime de Novalis : Lorsque j’étais sur
le
tombeau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
11035
time de Novalis : Lorsque j’étais sur le tombeau [
de
sa fiancée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité
11036
: Lorsque j’étais sur le tombeau [de sa fiancée]
la
pensée m’est venue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple de f
11037
ée] la pensée m’est venue que ma mort donnerait à
l’
humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en
11038
nue que ma mort donnerait à l’humanité un exemple
de
fidélité éternelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte, la pos
11039
nelle, et qu’elle instaurerait, en quelque sorte,
la
possibilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’
11040
le instaurerait, en quelque sorte, la possibilité
d’
aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne ve
11041
en quelque sorte, la possibilité d’aimer comme je
l’
ai fait. Lorsqu’on fuit la douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Ce
11042
bilité d’aimer comme je l’ai fait. Lorsqu’on fuit
la
douleur, c’est qu’on ne veut plus aimer. Celui qui aime devra ressent
11043
mer. Celui qui aime devra ressentir éternellement
le
vide qui l’environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me cons
11044
ui aime devra ressentir éternellement le vide qui
l’
environne, et garder sa blessure ouverte. Que Dieu me conserve cette d
11045
gement n’était pas pris pour ce monde… Maximes
de
Novalis : Toutes les passions finissent comme une tragédie, tout ce q
11046
ris pour ce monde… Maximes de Novalis : Toutes
les
passions finissent comme une tragédie, tout ce qui est limité finit p
11047
me une tragédie, tout ce qui est limité finit par
la
mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est con
11048
é finit par la mort, toute poésie a quelque chose
de
tragique. Une union qui est conclue même pour la mort est un mariage
11049
de tragique. Une union qui est conclue même pour
la
mort est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est d
11050
t est un mariage qui nous donne une compagne pour
la
Nuit. C’est dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivan
11051
nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans
la
mort que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une n
11052
une compagne pour la Nuit. C’est dans la mort que
l’
amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces
11053
pour la Nuit. C’est dans la mort que l’amour est
le
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
11054
dans la mort que l’amour est le plus doux ; pour
le
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’
11055
rt que l’amour est le plus doux ; pour le vivant,
la
mort est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des
11056
plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit
de
noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut
11057
vivant, la mort est une nuit de noces, un secret
de
doux mystères. L’ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comm
11058
st une nuit de noces, un secret de doux mystères.
L’
ivresse des sens appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à la
11059
stères. L’ivresse des sens appartient peut-être à
l’
amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l
11060
sse des sens appartient peut-être à l’amour comme
le
sommeil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoure
11061
appartient peut-être à l’amour comme le sommeil à
la
vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’homme vigoureux préférera
11062
à l’amour comme le sommeil à la vie. Ce n’est pas
la
plus noble part, et l’homme vigoureux préférera toujours veiller à do
11063
eil à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et
l’
homme vigoureux préférera toujours veiller à dormir. Voici deux texte
11064
n proprement manichéen : On doit séparer Dieu et
la
Nature, Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de la Nat
11065
rer Dieu et la Nature, Dieu n’a rien à faire avec
la
Nature, il est le but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit u
11066
ure, Dieu n’a rien à faire avec la Nature, il est
le
but de la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmonise
11067
eu n’a rien à faire avec la Nature, il est le but
de
la Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous
11068
n’a rien à faire avec la Nature, il est le but de
la
Nature, l’élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous so
11069
faire avec la Nature, il est le but de la Nature,
l’
élément avec lequel elle doit un jour s’harmoniser. Nous sommes des es
11070
jour s’harmoniser. Nous sommes des esprits émanés
de
Dieu, des germes divins. Un jour nous deviendrons ce que notre Père e
11071
drons ce que notre Père est lui-même167. Et dans
les
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaiss
11072
notre Père est lui-même167. Et dans les Hymnes à
la
Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thèm
11073
st lui-même167. Et dans les Hymnes à la Nuit, où
l’
Éros ténébreux supplie que le matin ne renaisse plus (thème des « aube
11074
Hymnes à la Nuit, où l’Éros ténébreux supplie que
le
matin ne renaisse plus (thème des « aubes ») : Que ton feu spirituel
11075
ure alors éternellement notre nuit nuptiale ! Et
l’
on devrait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant l’amour comme
11076
tre nuit nuptiale ! Et l’on devrait citer toutes
les
œuvres de Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, un
11077
ptiale ! Et l’on devrait citer toutes les œuvres
de
Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir, une divine l
11078
ait citer toutes les œuvres de Tieck, définissant
l’
amour comme « une maladie du désir, une divine langueur168… » L’exalta
11079
« une maladie du désir, une divine langueur168… »
L’
exaltation de la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le t
11080
du désir, une divine langueur168… » L’exaltation
de
la mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieu
11081
désir, une divine langueur168… » L’exaltation de
la
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux l
11082
mort volontaire, amoureuse et divinisante, voilà
le
thème religieux le plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise
11083
moureuse et divinisante, voilà le thème religieux
le
plus profond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantis
11084
nisante, voilà le thème religieux le plus profond
de
cette nouvelle hérésie albigeoise que fut le romantisme allemand. La
11085
fond de cette nouvelle hérésie albigeoise que fut
le
romantisme allemand. La mort est le but idéal des « hommes élevés » d
11086
érésie albigeoise que fut le romantisme allemand.
La
mort est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de J
11087
eoise que fut le romantisme allemand. La mort est
le
but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. El
11088
d. La mort est le but idéal des « hommes élevés »
de
la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Nov
11089
La mort est le but idéal des « hommes élevés » de
la
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novali
11090
idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible
de
Jean-Paul. Elle se confond avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour K
11091
Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec
l’
amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist « le seul accomplissement » p
11092
avec l’amour chez Novalis. Elle fut pour Kleist «
le
seul accomplissement » possible d’une « passion d’amour suprême » à l
11093
pour Kleist « le seul accomplissement » possible
d’
une « passion d’amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
11094
e seul accomplissement » possible d’une « passion
d’
amour suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais les poètes ne s
11095
suprême » à laquelle se refusait son corps. Mais
les
poètes ne sont plus les seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philos
11096
refusait son corps. Mais les poètes ne sont plus
les
seuls à tenter l’au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spéc
11097
. Mais les poètes ne sont plus les seuls à tenter
l’
au-delà nocturne : un philosophe comme Schubert spécule sur le Nachtse
11098
cturne : un philosophe comme Schubert spécule sur
le
Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’a
11099
ilosophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite
de
l’existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essen
11100
sophe comme Schubert spécule sur le Nachtseite de
l’
existence. Fichte lui-même donne la définition de l’amour-par-essence-
11101
Nachtseite de l’existence. Fichte lui-même donne
la
définition de l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repou
11102
l’existence. Fichte lui-même donne la définition
de
l’amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet
11103
existence. Fichte lui-même donne la définition de
l’
amour-par-essence-impossible, le vrai amour qui repousse tout objet po
11104
la définition de l’amour-par-essence-impossible,
le
vrai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à l’infini. C’est,
11105
ai amour qui repousse tout objet pour s’élancer à
l’
infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement incon
11106
objet pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, «
le
désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquemen
11107
r s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, « le désir
de
quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un
11108
nfini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose
d’
entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par un besoin, par un ma
11109
ent par un besoin, par un malaise, par un vide, à
la
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir
11110
soin, par un malaise, par un vide, à la recherche
de
ce qui le comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann
11111
un malaise, par un vide, à la recherche de ce qui
le
comblerait, mais ignorant d’où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas
11112
recherche de ce qui le comblerait, mais ignorant
d’
où cela peut venir… » Hoffmann ne dit pas autre chose lorsqu’il baptis
11113
t pas autre chose lorsqu’il baptise cet inconnu :
la
poésie : « Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et écl
11114
ste qui réchauffe et éclaire sans consumer, toute
la
félicité ineffable de la vie supérieure, germée au plus secret de l’â
11115
claire sans consumer, toute la félicité ineffable
de
la vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie m
11116
ire sans consumer, toute la félicité ineffable de
la
vie supérieure, germée au plus secret de l’âme. L’esprit déploie mill
11117
fable de la vie supérieure, germée au plus secret
de
l’âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tis
11118
le de la vie supérieure, germée au plus secret de
l’
âme. L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse
11119
a vie supérieure, germée au plus secret de l’âme.
L’
esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir, tisse son fil
11120
L’esprit déploie mille antennes toutes vibrantes
de
désir, tisse son filet autour de celle qui est apparue, et elle est à
11121
t elle est à lui… et elle n’est jamais à lui, car
la
soif de son aspiration est à jamais insatiable. » C’est toute l’avent
11122
st à lui… et elle n’est jamais à lui, car la soif
de
son aspiration est à jamais insatiable. » C’est toute l’aventure des
11123
aspiration est à jamais insatiable. » C’est toute
l’
aventure des mystiques unitives qui de nouveau prend son départ dans l
11124
ues unitives qui de nouveau prend son départ dans
la
conscience occidentale. C’est l’éternelle hérésie passionnelle, la tr
11125
son départ dans la conscience occidentale. C’est
l’
éternelle hérésie passionnelle, la transgression rêvée de toutes limit
11126
identale. C’est l’éternelle hérésie passionnelle,
la
transgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le
11127
elle hérésie passionnelle, la transgression rêvée
de
toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
11128
lle, la transgression rêvée de toutes limites, et
le
suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se ra
11129
ée de toutes limites, et le suprême désir qui nie
le
monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les éléments ép
11130
le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent
de
tous côtés et se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner
11131
e. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent
les
éléments épars du mythe, que Wagner seul osera nommer, mais alors pou
11132
he, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour
le
recréer dans une synthèse définitive. Rien d’étonnant si le premier p
11133
our le recréer dans une synthèse définitive. Rien
d’
étonnant si le premier poème inspiré par le souvenir des cathares et d
11134
. Rien d’étonnant si le premier poème inspiré par
le
souvenir des cathares et de leur mystique fut composé par l’un des pl
11135
ier poème inspiré par le souvenir des cathares et
de
leur mystique fut composé par l’un des plus purs romantiques : c’est
11136
omposé par l’un des plus purs romantiques : c’est
l’
épopée des albigeois de Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une so
11137
s purs romantiques : c’est l’épopée des albigeois
de
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte de profession de fo
11138
Lenau. On peut y lire ces vers qui sont une sorte
de
profession de foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et se
11139
y lire ces vers qui sont une sorte de profession
de
foi de la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle
11140
ces vers qui sont une sorte de profession de foi
de
la « religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
11141
s vers qui sont une sorte de profession de foi de
la
« religion nouvelle » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi, l’
11142
le » rêvée par Novalis et ses amis : Elle aussi,
l’
ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera, la Nouvelle Alliance sera
11143
i, l’ère du Christ, que Dieu nous voile, Passera,
la
Nouvelle Alliance sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme l’Es
11144
ce sera rompue ; Alors nous concevrons Dieu comme
l’
Esprit. Alors se célébrera l’Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu !
11145
oncevrons Dieu comme l’Esprit. Alors se célébrera
l’
Alliance éternelle. L’Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Com
11146
Esprit. Alors se célébrera l’Alliance éternelle.
L’
Esprit est Dieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre de joie
11147
ieu ! ce cri puissant retentira Comme un tonnerre
de
joie à travers la nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
11148
ant retentira Comme un tonnerre de joie à travers
la
nuit de printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme inti
11149
ntira Comme un tonnerre de joie à travers la nuit
de
printemps ! 16.Intériorisation du mythe Le rythme intime du ro
11150
de printemps ! 16.Intériorisation du mythe
Le
rythme intime du romantisme allemand, la diastole et la systole de so
11151
mythe Le rythme intime du romantisme allemand,
la
diastole et la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la triste
11152
hme intime du romantisme allemand, la diastole et
la
systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysiqu
11153
du romantisme allemand, la diastole et la systole
de
son cœur, c’est l’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la
11154
and, la diastole et la systole de son cœur, c’est
l’
enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssa
11155
t la systole de son cœur, c’est l’enthousiasme et
la
tristesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale de l’hérésie ma
11156
’enthousiasme et la tristesse métaphysique. C’est
la
dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne, le renversement perpét
11157
tesse métaphysique. C’est la dialectique abyssale
de
l’hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et d
11158
se métaphysique. C’est la dialectique abyssale de
l’
hérésie manichéenne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de l
11159
la dialectique abyssale de l’hérésie manichéenne,
le
renversement perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour. Le même
11160
nne, le renversement perpétuel du jour en Nuit et
de
la nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’
11161
, le renversement perpétuel du jour en Nuit et de
la
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’uni
11162
perpétuel du jour en Nuit et de la nuit en Jour.
Le
même élan qui portait l’âme vers la lumière et l’unité divine, consid
11163
t et de la nuit en Jour. Le même élan qui portait
l’
âme vers la lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce
11164
nuit en Jour. Le même élan qui portait l’âme vers
la
lumière et l’unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’es
11165
Le même élan qui portait l’âme vers la lumière et
l’
unité divine, considéré du point de vue de ce monde n’est plus qu’un é
11166
ière et l’unité divine, considéré du point de vue
de
ce monde n’est plus qu’un élan vers la mort, une séparation essentiel
11167
int de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers
la
mort, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie tra
11168
vers la mort, une séparation essentielle. Tel est
le
tragique de l’Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du roman
11169
, une séparation essentielle. Tel est le tragique
de
l’Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette
11170
ne séparation essentielle. Tel est le tragique de
l’
Ironie transcendantale, ce mouvement perpétuel du romantisme, cette pa
11171
ntisme, cette passion qui ruine sans relâche tous
les
objets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé, le
11172
ous les objets qu’elle peut concevoir et désirer (
la
nature, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
11173
ets qu’elle peut concevoir et désirer (la nature,
l’
être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolut
11174
eut concevoir et désirer (la nature, l’être aimé,
le
moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée, la dissolution sans reto
11175
ture, l’être aimé, le moi), tout ce qui n’est pas
l’
Unité incréée, la dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est r
11176
, le moi), tout ce qui n’est pas l’Unité incréée,
la
dissolution sans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est l’« en
11177
ans retour. Mais cet enthousiasme est réel, c’est
l’
« endieusement » des troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
11178
t réel, c’est l’« endieusement » des troubadours,
l’
endiosada des mystiques espagnols, la joy d’amor dans son délire diony
11179
troubadours, l’endiosada des mystiques espagnols,
la
joy d’amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement
11180
ours, l’endiosada des mystiques espagnols, la joy
d’
amor dans son délire dionysiaque. Il en jaillit perpétuellement, au po
11181
. Il en jaillit perpétuellement, au point suprême
de
son élévation, des fantaisies extravagantes. Il y a une gaieté romant
11182
ntique, comme il y a un attendrissement : moments
de
détente, entre deux élancements contradictoires, retours au monde… C’
11183
ontradictoires, retours au monde… C’est ce moment
de
joie bizarre, né de l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romanti
11184
urs au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né
de
l’ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, l
11185
au monde… C’est ce moment de joie bizarre, né de
l’
ironie métaphysique, qui fait défaut au romantisme français. Ici, les
11186
que, qui fait défaut au romantisme français. Ici,
les
données sont les mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va
11187
aut au romantisme français. Ici, les données sont
les
mêmes mais le rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
11188
me français. Ici, les données sont les mêmes mais
le
rythme est moins ample et l’esprit va trop vite au but. La France de
11189
sont les mêmes mais le rythme est moins ample et
l’
esprit va trop vite au but. La France de la Révolution et de l’Empire
11190
est moins ample et l’esprit va trop vite au but.
La
France de la Révolution et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible
11191
a trop vite au but. La France de la Révolution et
de
l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituell
11192
rop vite au but. La France de la Révolution et de
l’
Empire n’a plus d’énergie disponible pour la spéculation spirituelle :
11193
a France de la Révolution et de l’Empire n’a plus
d’
énergie disponible pour la spéculation spirituelle : elle n’a point de
11194
et de l’Empire n’a plus d’énergie disponible pour
la
spéculation spirituelle : elle n’a point de « religion nouvelle », po
11195
pour la spéculation spirituelle : elle n’a point
de
« religion nouvelle », point de philosophes romantiques169, peu ou po
11196
: elle n’a point de « religion nouvelle », point
de
philosophes romantiques169, peu ou point de métaphysique, et peu ou p
11197
point de philosophes romantiques169, peu ou point
de
métaphysique, et peu ou point de fantaisie — cette surabondance de l’
11198
69, peu ou point de métaphysique, et peu ou point
de
fantaisie — cette surabondance de l’esprit exalté par son propre dram
11199
et peu ou point de fantaisie — cette surabondance
de
l’esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aur
11200
peu ou point de fantaisie — cette surabondance de
l’
esprit exalté par son propre drame. ⁂ Le romantisme en France n’aura g
11201
ndance de l’esprit exalté par son propre drame. ⁂
Le
romantisme en France n’aura guère débordé le champ de la psychologie
11202
e. ⁂ Le romantisme en France n’aura guère débordé
le
champ de la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le
11203
omantisme en France n’aura guère débordé le champ
de
la psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit p
11204
ntisme en France n’aura guère débordé le champ de
la
psychologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui le conduit plus
11205
hologie individuelle. Il y gagne une lucidité qui
le
conduit plus rapidement que les Allemands, dans un domaine plus restr
11206
e une lucidité qui le conduit plus rapidement que
les
Allemands, dans un domaine plus restreint, à des conclusions désolées
11207
Certes, Chénier décrit comme un vrai romantique :
L’
enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et la célèbre invocation :
11208
un vrai romantique : L’enthousiasme errant, fils
de
la pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages dé
11209
vrai romantique : L’enthousiasme errant, fils de
la
pâle Nuit. Et la célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages désir
11210
: L’enthousiasme errant, fils de la pâle Nuit. Et
la
célèbre invocation : « Levez-vous vite, orages désirés qui devez empo
11211
vite, orages désirés qui devez emporter René dans
les
espaces d’une autre vie », c’est le chant pur de la passion de la Nui
11212
désirés qui devez emporter René dans les espaces
d’
une autre vie », c’est le chant pur de la passion de la Nuit. Mais il
11213
er René dans les espaces d’une autre vie », c’est
le
chant pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystiq
11214
les espaces d’une autre vie », c’est le chant pur
de
la passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizo
11215
espaces d’une autre vie », c’est le chant pur de
la
passion de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon s
11216
une autre vie », c’est le chant pur de la passion
de
la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, n
11217
autre vie », c’est le chant pur de la passion de
la
Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni d
11218
pur de la passion de la Nuit. Mais il n’est point
d’
aube mystique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au s
11219
de la Nuit. Mais il n’est point d’aube mystique à
l’
horizon spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet de ces élanc
11220
t point d’aube mystique à l’horizon spirituel, ni
de
véritable joie d’amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jam
11221
tique à l’horizon spirituel, ni de véritable joie
d’
amour au sommet de ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il
11222
spirituel, ni de véritable joie d’amour au sommet
de
ces élancements. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’ill
11223
itable joie d’amour au sommet de ces élancements.
Le
moi n’est jamais transcendé, il se refuse à l’illusion dernière d’une
11224
s. Le moi n’est jamais transcendé, il se refuse à
l’
illusion dernière d’une libération cosmique. Il retombe, désenchanté,
11225
is transcendé, il se refuse à l’illusion dernière
d’
une libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse de sa tr
11226
e libération cosmique. Il retombe, désenchanté, à
l’
analyse de sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri,
11227
on cosmique. Il retombe, désenchanté, à l’analyse
de
sa tristesse et de son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
11228
ombe, désenchanté, à l’analyse de sa tristesse et
de
son impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même t
11229
on impuissance lucide. Romantisme mûri, désabusé,
l’
on serait même tenté de dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Pau
11230
Romantisme mûri, désabusé, l’on serait même tenté
de
dire : trop rigoureux… Auprès de lui, Jean-Paul et Novalis feront tou
11231
lui, Jean-Paul et Novalis feront toujours figure
d’
adolescents. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
11232
et Novalis feront toujours figure d’adolescents.
Le
goût de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’es
11233
lis feront toujours figure d’adolescents. Le goût
de
la mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-ê
11234
feront toujours figure d’adolescents. Le goût de
la
mort, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être
11235
rs figure d’adolescents. Le goût de la mort, chez
les
Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus
11236
s. Le goût de la mort, chez les Allemands, exalte
la
saveur de vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assur
11237
de la mort, chez les Allemands, exalte la saveur
de
vivre : c’est peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de la ré
11238
st peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré
de
la réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux form
11239
peut-être qu’il est plus « naïf », plus assuré de
la
réalité de son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes
11240
u’il est plus « naïf », plus assuré de la réalité
de
son au-delà. Voyez-les se reprendre sans cesse aux formes désirables
11241
, plus assuré de la réalité de son au-delà. Voyez-
les
se reprendre sans cesse aux formes désirables de la terre, oublier, p
11242
les se reprendre sans cesse aux formes désirables
de
la terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
11243
se reprendre sans cesse aux formes désirables de
la
terre, oublier, plaisanter follement, tout ardents de curiosité ; d’u
11244
erre, oublier, plaisanter follement, tout ardents
de
curiosité ; d’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le rom
11245
plaisanter follement, tout ardents de curiosité ;
d’
une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit le romantique françai
11246
’une merveilleuse inconséquence… Ce qui appauvrit
le
romantique français, c’est qu’il demeure un sceptique éloquent, c’est
11247
emeure un sceptique éloquent, c’est qu’il redoute
la
naïveté, la vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands
11248
eptique éloquent, c’est qu’il redoute la naïveté,
la
vulgarité foisonnante que les plus purs poètes allemands savaient goû
11249
redoute la naïveté, la vulgarité foisonnante que
les
plus purs poètes allemands savaient goûter malgré leur nostalgie170.
11250
70. René s’amuse un jour à effeuiller une branche
de
saule sur un ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que le cou
11251
ruisseau, attachant une idée à chaque feuille que
le
courant entraîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent les débri
11252
traîne. Il s’intéresse aux accidents qui menacent
les
débris de son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouve
11253
s’intéresse aux accidents qui menacent les débris
de
son rameau… On croit lire un poète allemand, on va retrouver la riche
11254
On croit lire un poète allemand, on va retrouver
la
richesse du monde…Mais déjà l’homme du xviiie se réveille et se juge
11255
d, on va retrouver la richesse du monde…Mais déjà
l’
homme du xviiie se réveille et se juge ridicule : « Voilà donc à quel
11256
e et se juge ridicule : « Voilà donc à quel degré
de
puérilité notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est la « super
11257
notre superbe raison peut descendre ! » Et c’est
la
« superbe raison » qui conclut sur une épigramme : « Et encore est-il
11258
n des hommes attachent leur destinée à des choses
d’
aussi peu de valeur que mes feuilles de saule ». (Le reste de la page,
11259
des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles
de
saule ». (Le reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages dés
11260
aussi peu de valeur que mes feuilles de saule ». (
Le
reste de la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés171.) ⁂ «
11261
de valeur que mes feuilles de saule ». (Le reste
de
la page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés171.) ⁂ « Pour ces
11262
valeur que mes feuilles de saule ». (Le reste de
la
page, admirable, jusqu’aux fameux orages désirés171.) ⁂ « Pour ces ra
11263
es qui n’arrivent point à croire à leurs chimères
les
plus consolantes, l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
11264
t à croire à leurs chimères les plus consolantes,
l’
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de la vie supérieure »
11265
l’amour ne sera pas longtemps félicité ineffable
de
la vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet am
11266
amour ne sera pas longtemps félicité ineffable de
la
vie supérieure » dont parle E. T. A. Hoffmann ; mais plutôt cet amour
11267
aciturne et toujours menacé » des plus beaux vers
de
Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de l
11268
acé » des plus beaux vers de Vigny. Cette absence
d’
intérêt naïf pour les formes quotidiennes de la vie facilitera le déta
11269
vers de Vigny. Cette absence d’intérêt naïf pour
les
formes quotidiennes de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
11270
sence d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes
de
la vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstrai
11271
ce d’intérêt naïf pour les formes quotidiennes de
la
vie facilitera le détachement de l’esprit, la purification abstraite
11272
pour les formes quotidiennes de la vie facilitera
le
détachement de l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les
11273
quotidiennes de la vie facilitera le détachement
de
l’esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les ch
11274
otidiennes de la vie facilitera le détachement de
l’
esprit, la purification abstraite du sentiment. Les êtres et les chose
11275
de la vie facilitera le détachement de l’esprit,
la
purification abstraite du sentiment. Les êtres et les choses, ces pré
11276
l’esprit, la purification abstraite du sentiment.
Les
êtres et les choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, ce
11277
purification abstraite du sentiment. Les êtres et
les
choses, ces prétextes, percés par un regard désabusé, cesseront bient
11278
percés par un regard désabusé, cesseront bientôt
d’
être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieu
11279
par un regard désabusé, cesseront bientôt d’être
les
vrais obstacles. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, dev
11280
cesseront bientôt d’être les vrais obstacles. Et
le
mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en
11281
d’être les vrais obstacles. Et le mythe, appauvri
de
ses formes extérieures, deviendra ce qu’il est en son principe : une
11282
ir joui, dit René ; il reste encore des désirs et
l’
on n’a plus d’illusions… On habite, avec un cœur plein, un monde vide.
11283
ené ; il reste encore des désirs et l’on n’a plus
d’
illusions… On habite, avec un cœur plein, un monde vide. » Alors la fe
11284
abite, avec un cœur plein, un monde vide. » Alors
la
femme elle-même cesse d’être le symbole indispensable de la nostalgie
11285
, un monde vide. » Alors la femme elle-même cesse
d’
être le symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Oberm
11286
nde vide. » Alors la femme elle-même cesse d’être
le
symbole indispensable de la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de
11287
e elle-même cesse d’être le symbole indispensable
de
la nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle »
11288
lle-même cesse d’être le symbole indispensable de
la
nostalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’« obstacle » es
11289
le indispensable de la nostalgie passionnée. Dans
l’
Obermann de Sénancour, l’« obstacle » est purement intérieur, il est d
11290
stalgie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour,
l’
« obstacle » est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui
11291
’« obstacle » est purement intérieur, il est dans
la
dualité du moi qui ne peut ni s’affirmer ni se dissoudre, ni se possé
11292
ait pas Iseut pour elle-même, mais seulement pour
l’
amour de l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’
11293
Iseut pour elle-même, mais seulement pour l’amour
de
l’Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait
11294
ut pour elle-même, mais seulement pour l’amour de
l’
Amour dont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant l’ignorait, e
11295
ont sa beauté lui offrait une image. Lui pourtant
l’
ignorait, et sa passion était naïve et forte. René et surtout Obermann
11296
et surtout Obermann ne peuvent même plus croire à
l’
image : ils ont compris que le drame se passe en eux, entre les lois i
11297
même plus croire à l’image : ils ont compris que
le
drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrest
11298
s ont compris que le drame se passe en eux, entre
les
lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une tr
11299
ame se passe en eux, entre les lois inacceptables
de
la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos lim
11300
se passe en eux, entre les lois inacceptables de
la
vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limite
11301
is inacceptables de la vie terrestre et finie, et
le
désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante.
11302
ptables de la vie terrestre et finie, et le désir
d’
une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares son
11303
rrestre et finie, et le désir d’une transgression
de
nos limites, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois les roma
11304
, mortelle mais divinisante. Rares sont toutefois
les
romantiques français qui atteignirent cette connaissance audacieuse,
11305
, exacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire
de
la mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour
11306
xacte, et plus proche qu’on ne pourrait croire de
la
mystique négative. La plupart reviendront aux illusions de l’amour hu
11307
ue négative. La plupart reviendront aux illusions
de
l’amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Il
11308
négative. La plupart reviendront aux illusions de
l’
amour humain, sans retrouver pourtant la forte naïveté du mythe. Ils r
11309
usions de l’amour humain, sans retrouver pourtant
la
forte naïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement les « prétex
11310
aïveté du mythe. Ils raffineront merveilleusement
les
« prétextes » traditionnels à la séparation des deux amants : du Lys
11311
erveilleusement les « prétextes » traditionnels à
la
séparation des deux amants : du Lys dans la vallée (le plus naïf) jus
11312
els à la séparation des deux amants : du Lys dans
la
vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt l
11313
paration des deux amants : du Lys dans la vallée (
le
plus naïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage e
11314
ys dans la vallée (le plus naïf) jusqu’à Adolphe (
le
plus lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou le devoir socia
11315
ïf) jusqu’à Adolphe (le plus lucide) c’est tantôt
le
mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret
11316
olphe (le plus lucide) c’est tantôt le mariage et
l’
honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique d
11317
lucide) c’est tantôt le mariage et l’honneur, ou
le
devoir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de l’amant, ou
11318
le mariage et l’honneur, ou le devoir social, ou
la
vertu, ou le secret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupule reli
11319
t l’honneur, ou le devoir social, ou la vertu, ou
le
secret mélancolique de l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin
11320
ir social, ou la vertu, ou le secret mélancolique
de
l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… I
11321
social, ou la vertu, ou le secret mélancolique de
l’
amant, ou quelque scrupule religieux, enfin le narcissisme avoué… Inté
11322
de l’amant, ou quelque scrupule religieux, enfin
le
narcissisme avoué… Intériorisation progressive du mythe, à mesure que
11323
ntériorisation progressive du mythe, à mesure que
l’
obstacle invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique,
11324
e dissout dans une critique sceptique, tandis que
les
morales s’abâtardissent, et que tout élément « sacré » disparaît de l
11325
rdissent, et que tout élément « sacré » disparaît
de
la vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du x
11326
ssent, et que tout élément « sacré » disparaît de
la
vie sociale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xvii
11327
» disparaît de la vie sociale. 17.Stendhal, ou
le
fiasco du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche
11328
du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi
la
« touche » du romantisme, et fréquentant d’ailleurs une société des p
11329
ques, Stendhal nous offre un exemple parfait pour
l’
analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la
11330
dhal nous offre un exemple parfait pour l’analyse
de
la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion t
11331
l nous offre un exemple parfait pour l’analyse de
la
profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tour
11332
se de la profanation du mythe. Voici un homme que
le
besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’e
11333
rofanation du mythe. Voici un homme que le besoin
de
la passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire
11334
anation du mythe. Voici un homme que le besoin de
la
passion tourmente : il a découvert dans son « âme », c’est-à-dire dan
11335
vide dont parlait Fichte, cet appel insatiable à
l’
inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnéme
11336
rlait Fichte, cet appel insatiable à l’inconnu, à
l’
Inconnue qui pourrait seule le combler. Aimer passionnément, ce serait
11337
able à l’inconnu, à l’Inconnue qui pourrait seule
le
combler. Aimer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine de très
11338
mer passionnément, ce serait vivre ! Il s’imagine
de
très bonne foi qu’un tel besoin relève de la nature physique. (Et il
11339
imagine de très bonne foi qu’un tel besoin relève
de
la nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication mat
11340
gine de très bonne foi qu’un tel besoin relève de
la
nature physique. (Et il a même là-dessus sa petite explication matéri
11341
ait bien si je lui démontrais que ce n’est là que
l’
empreinte du mythe dans son esprit, une habitude héritée de la culture
11342
te du mythe dans son esprit, une habitude héritée
de
la culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et re
11343
du mythe dans son esprit, une habitude héritée de
la
culture, et spécialement de la littérature, puisque mystique et relig
11344
e habitude héritée de la culture, et spécialement
de
la littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes.
11345
abitude héritée de la culture, et spécialement de
la
littérature, puisque mystique et religion, pour lui, sont mortes. Mai
11346
ligion, pour lui, sont mortes. Mais il est obligé
de
constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le mo
11347
tes. Mais il est obligé de constater que ce désir
de
passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont condam
11348
t obligé de constater que ce désir de passion, et
la
passion elle-même dans le monde où il vit, sont condamnés par la rais
11349
ce désir de passion, et la passion elle-même dans
le
monde où il vit, sont condamnés par la raison et par le scepticisme g
11350
-même dans le monde où il vit, sont condamnés par
la
raison et par le scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de
11351
de où il vit, sont condamnés par la raison et par
le
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve de justifier ce bes
11352
mnés par la raison et par le scepticisme général.
D’
où le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin : d’où son fameux tr
11353
par la raison et par le scepticisme général. D’où
le
besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin : d’où son fameux traité
11354
scepticisme général. D’où le besoin qu’il éprouve
de
justifier ce besoin : d’où son fameux traité De l’Amour. Aux première
11355
le besoin qu’il éprouve de justifier ce besoin :
d’
où son fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de la préface vo
11356
e de justifier ce besoin : d’où son fameux traité
De
l’Amour. Aux premières lignes de la préface vous le sentez en pleine
11357
e justifier ce besoin : d’où son fameux traité De
l’
Amour. Aux premières lignes de la préface vous le sentez en pleine pol
11358
on fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes
de
la préface vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de
11359
fameux traité De l’Amour. Aux premières lignes de
la
préface vous le sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’
11360
l’Amour. Aux premières lignes de la préface vous
le
sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de l’amour, ce petit
11361
e sentez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite
de
l’amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas a
11362
entez en pleine polémique : « Quoiqu’il traite de
l’
amour, ce petit volume n’est point un roman, et surtout n’est pas amus
11363
ut uniment une description exacte et scientifique
d’
une sorte de folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie
11364
ne description exacte et scientifique d’une sorte
de
folie très rare en France… » Stendhal baptise cette folie : l’amour-p
11365
rare en France… » Stendhal baptise cette folie :
l’
amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît la thèse du traité. Il y a quat
11366
folie : l’amour-passion. ⁂ Tout le monde connaît
la
thèse du traité. Il y a quatre amours différents : l’amour-passion, l
11367
hèse du traité. Il y a quatre amours différents :
l’
amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le
11368
l y a quatre amours différents : l’amour-passion,
l’
amour-goût, l’amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul tro
11369
mours différents : l’amour-passion, l’amour-goût,
l’
amour physique et l’amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux
11370
’amour-passion, l’amour-goût, l’amour physique et
l’
amour de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La
11371
assion, l’amour-goût, l’amour physique et l’amour
de
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
11372
de vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux
de
l’auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que
11373
vanité. Le premier seul trouve grâce aux yeux de
l’
auteur. La théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’
11374
e premier seul trouve grâce aux yeux de l’auteur.
La
théorie de la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cr
11375
eul trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie
de
la cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisati
11376
trouve grâce aux yeux de l’auteur. La théorie de
la
cristallisation doit l’expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation,
11377
e l’auteur. La théorie de la cristallisation doit
l’
expliquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’
11378
liquer. « Ce que j’appelle cristallisation, c’est
l’
opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découvert
11379
que j’appelle cristallisation, c’est l’opération
de
l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’obje
11380
e j’appelle cristallisation, c’est l’opération de
l’
esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet a
11381
llisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire
de
tout ce qui se présente la découverte que l’objet aimé a de nouvelles
11382
n de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente
la
découverte que l’objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux m
11383
tire de tout ce qui se présente la découverte que
l’
objet aimé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Sal
11384
qui se présente la découverte que l’objet aimé a
de
nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel de Salzburg, lorsqu’o
11385
imé a de nouvelles perfections. » Ainsi aux mines
de
sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le
11386
e nouvelles perfections. » Ainsi aux mines de sel
de
Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on le retrou
11387
e sel de Salzburg, lorsqu’on jette un rameau dans
l’
eau profonde, on le retrouve trois mois après « garni d’une infinité d
11388
lorsqu’on jette un rameau dans l’eau profonde, on
le
retrouve trois mois après « garni d’une infinité de diamants mobiles
11389
profonde, on le retrouve trois mois après « garni
d’
une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, d
11390
retrouve trois mois après « garni d’une infinité
de
diamants mobiles et éblouissants ». Tomber amoureux, dans cette théor
11391
e possède nullement. Et pourquoi cela ? Parce que
l’
on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus
11392
ement. Et pourquoi cela ? Parce que l’on a besoin
d’
aimer, et qu’on ne peut aimer que la beauté. Disons plus simplement qu
11393
l’on a besoin d’aimer, et qu’on ne peut aimer que
la
beauté. Disons plus simplement que la cristallisation, c’est le momen
11394
t aimer que la beauté. Disons plus simplement que
la
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise la femme aimée. Je
11395
ons plus simplement que la cristallisation, c’est
le
moment où l’on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui
11396
lement que la cristallisation, c’est le moment où
l’
on idéalise la femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné l
11397
cristallisation, c’est le moment où l’on idéalise
la
femme aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné le premier172 q
11398
e aimée. Je crois que c’est Ortega qui a souligné
le
premier172 que cette célèbre théorie revient à faire de l’amour passi
11399
mier172 que cette célèbre théorie revient à faire
de
l’amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tr
11400
r172 que cette célèbre théorie revient à faire de
l’
amour passionné une simple erreur. « Non point que la passion se tromp
11401
mour passionné une simple erreur. « Non point que
la
passion se trompe souvent, précise-t-il, mais elle est en soi une err
11402
t, précise-t-il, mais elle est en soi une erreur…
Le
cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’un homme qui n’aimait pa
11403
ur… Le cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit
d’
un homme qui n’aimait pas réellement, et qui surtout ne fut pas réelle
11404
an était aimé ; mais celui qui n’a du premier que
la
nostalgie, et du second que l’inconstance, se voit amené à définir l’
11405
n’a du premier que la nostalgie, et du second que
l’
inconstance, se voit amené à définir l’amour comme « une maladie de l’
11406
second que l’inconstance, se voit amené à définir
l’
amour comme « une maladie de l’esprit » — dans la pure tradition antiq
11407
voit amené à définir l’amour comme « une maladie
de
l’esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heu
11408
it amené à définir l’amour comme « une maladie de
l’
esprit » — dans la pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureu
11409
l’amour comme « une maladie de l’esprit » — dans
la
pure tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade. L
11410
e tradition antique, sauf qu’il s’affirme heureux
d’
être malade. Le voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie s
11411
ique, sauf qu’il s’affirme heureux d’être malade.
Le
voici donc dans la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les
11412
affirme heureux d’être malade. Le voici donc dans
la
situation d’un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les sin
11413
ux d’être malade. Le voici donc dans la situation
d’
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et les singularités d’u
11414
la situation d’un médecin qui étudie sur lui-même
les
progrès et les singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel173. Un
11415
un médecin qui étudie sur lui-même les progrès et
les
singularités d’un mal qu’il ne croit pas mortel173. Une chose me frap
11416
udie sur lui-même les progrès et les singularités
d’
un mal qu’il ne croit pas mortel173. Une chose me frappe : sa descript
11417
ne chose me frappe : sa description est admirable
de
vivacité, d’exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalem
11418
rappe : sa description est admirable de vivacité,
d’
exactitude, parfois de profondeur ; mais elle est totalement pessimist
11419
est admirable de vivacité, d’exactitude, parfois
de
profondeur ; mais elle est totalement pessimiste — puisque aussi bien
11420
alement pessimiste — puisque aussi bien il s’agit
d’
une erreur et dont il se désole d’être tiré. D’où peut provenir ce pes
11421
bien il s’agit d’une erreur et dont il se désole
d’
être tiré. D’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conce
11422
it d’une erreur et dont il se désole d’être tiré.
D’
où peut provenir ce pessimisme incompatible avec la conception de la v
11423
’où peut provenir ce pessimisme incompatible avec
la
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne
11424
nir ce pessimisme incompatible avec la conception
de
la vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamai
11425
ce pessimisme incompatible avec la conception de
la
vie qu’il s’était faite ? C’est la question qu’il ne se pose jamais.
11426
conception de la vie qu’il s’était faite ? C’est
la
question qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : « Le plaisir ne
11427
on qu’il ne se pose jamais. Il note très bien : «
Le
plaisir ne produit pas la moitié autant d’impression que la douleur,
11428
. Il note très bien : « Le plaisir ne produit pas
la
moitié autant d’impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrém
11429
en : « Le plaisir ne produit pas la moitié autant
d’
impression que la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quant
11430
ne produit pas la moitié autant d’impression que
la
douleur, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité d’émotion, la
11431
ue la douleur, ensuite, outre ce désagrément dans
la
quantité d’émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée
11432
r, ensuite, outre ce désagrément dans la quantité
d’
émotion, la sympathie est au moins la moitié moins excitée par la pein
11433
outre ce désagrément dans la quantité d’émotion,
la
sympathie est au moins la moitié moins excitée par la peinture du bon
11434
la quantité d’émotion, la sympathie est au moins
la
moitié moins excitée par la peinture du bonheur que par celle de l’in
11435
ympathie est au moins la moitié moins excitée par
la
peinture du bonheur que par celle de l’infortune. » Et encore : « Une
11436
excitée par la peinture du bonheur que par celle
de
l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’a
11437
citée par la peinture du bonheur que par celle de
l’
infortune. » Et encore : « Une âme faite pour les passions sent d’abor
11438
e l’infortune. » Et encore : « Une âme faite pour
les
passions sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage) l’ennuie, e
11439
les passions sent d’abord que cette vie heureuse (
le
mariage) l’ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des id
11440
sent d’abord que cette vie heureuse (le mariage)
l’
ennuie, et peut-être aussi qu’elle ne lui donne que des idées communes
11441
t plus loin : « Il y a peu de peines morales dans
la
vie qui ne soient rendues chères par l’émotion qu’elles excitent. » V
11442
ales dans la vie qui ne soient rendues chères par
l’
émotion qu’elles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons la doule
11443
lles excitent. » Voilà qui est vrai : nous aimons
la
douleur, et le bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout natu
11444
» Voilà qui est vrai : nous aimons la douleur, et
le
bonheur nous ennuie un peu… Cela vous paraît tout naturel ? Et pourta
11445
Un Grec ressuscité ne s’en étonnerait pas moins.
D’
où nous viennent donc ce goût et ce dégoût bizarres ? Ne sont-ils pas
11446
ne se pose pas la question, n’étant pas en mesure
de
la résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plu
11447
se pose pas la question, n’étant pas en mesure de
la
résoudre. En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce, la plus f
11448
de la résoudre. En matérialiste grossier — c’est
la
bonne espèce, la plus franche — il supprime simplement tout problème,
11449
En matérialiste grossier — c’est la bonne espèce,
la
plus franche — il supprime simplement tout problème, grâce à sa théor
11450
rime simplement tout problème, grâce à sa théorie
de
la cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à s
11451
e simplement tout problème, grâce à sa théorie de
la
cristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique la passion, à son
11452
e, grâce à sa théorie de la cristallisation, donc
de
l’erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur fa
11453
grâce à sa théorie de la cristallisation, donc de
l’
erreur. Ce qui explique la passion, à son avis, c’est une erreur favor
11454
ristallisation, donc de l’erreur. Ce qui explique
la
passion, à son avis, c’est une erreur favorable au désir, « Ce phénom
11455
orable au désir, « Ce phénomène, dit-il, vient de
la
nature qui nous commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie le san
11456
ène, dit-il, vient de la nature qui nous commande
d’
avoir du plaisir et qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc l
11457
us commande d’avoir du plaisir et qui nous envoie
le
sang au cerveau. » Voilà donc le jugement obscurci, et qui se met à «
11458
qui nous envoie le sang au cerveau. » Voilà donc
le
jugement obscurci, et qui se met à « cristalliser ». Mais on ne voit
11459
t à « cristalliser ». Mais on ne voit pas comment
l’
instinct se déciderait à commettre l’erreur nécessaire à cette opérati
11460
pas comment l’instinct se déciderait à commettre
l’
erreur nécessaire à cette opération rusée. (L’instinct seul, livré à l
11461
tre l’erreur nécessaire à cette opération rusée. (
L’
instinct seul, livré à lui-même.) Je crois, comme Ortega, que la solut
11462
l, livré à lui-même.) Je crois, comme Ortega, que
la
solution stendhalienne est d’abord inexacte, au regard des faits. Il
11463
n amour qui, loin de se tromper, est seul capable
de
découvrir dans l’être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De p
11464
de se tromper, est seul capable de découvrir dans
l’
être aimé les qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce poin
11465
r, est seul capable de découvrir dans l’être aimé
les
qualités réelles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
11466
elles qui s’y cachent. De plus, n’est-ce point là
le
type d’une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur
11467
i s’y cachent. De plus, n’est-ce point là le type
d’
une solution verbale ? Car dire que la passion est une erreur — elle l
11468
là le type d’une solution verbale ? Car dire que
la
passion est une erreur — elle l’est parfois —, ce n’est pas encore ex
11469
e ? Car dire que la passion est une erreur — elle
l’
est parfois —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur. L’instinct
11470
is —, ce n’est pas encore expliquer cette erreur.
L’
instinct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’i
11471
pas encore expliquer cette erreur. L’instinct ou
la
nature n’ont pas coutume de se tromper de la sorte… S’il y a erreur,
11472
erreur. L’instinct ou la nature n’ont pas coutume
de
se tromper de la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’
11473
inct ou la nature n’ont pas coutume de se tromper
de
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vér
11474
t ou la nature n’ont pas coutume de se tromper de
la
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit. La vérité
11475
la sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que
de
l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène
11476
sorte… S’il y a erreur, elle ne peut venir que de
l’
esprit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène sp
11477
l y a erreur, elle ne peut venir que de l’esprit.
La
vérité, c’est que Stendhal est la victime d’un phénomène spirituel qu
11478
ue de l’esprit. La vérité, c’est que Stendhal est
la
victime d’un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne s
11479
rit. La vérité, c’est que Stendhal est la victime
d’
un phénomène spirituel que ses croyances matérialistes ne sont plus en
11480
es croyances matérialistes ne sont plus en mesure
de
justifier. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher d
11481
er. Victime heureuse d’ailleurs, et cela suffit à
l’
empêcher de pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’
11482
heureuse d’ailleurs, et cela suffit à l’empêcher
de
pousser plus avant son enquête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous lai
11483
quête. Qu’est-ce que ce livre qu’il nous laisse ?
Le
témoignage d’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le myth
11484
ce que ce livre qu’il nous laisse ? Le témoignage
d’
une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant le mythe : non qu’il
11485
aisse ? Le témoignage d’une inquiétude qu’éprouve
l’
esprit lucide devant le mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer
11486
’une inquiétude qu’éprouve l’esprit lucide devant
le
mythe : non qu’il désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu la
11487
désire vraiment s’en libérer, mais il en a perdu
la
clé. Ce n’est pas qu’au cours de sa recherche, Stendhal n’ait plusie
11488
ois « brûlé ». Il consacre deux longs chapitres à
l’
amour en Provence au xiie siècle, et reproduit le code d’amour courto
11489
l’amour en Provence au xiie siècle, et reproduit
le
code d’amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de
11490
en Provence au xiie siècle, et reproduit le code
d’
amour courtois en appendice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoqu
11491
dice. (Raynouard et Fauriel venaient de provoquer
la
renaissance des études romanes.) « Singulière civilisation », dit-il.
11492
galanterie aimable, spirituelle et conduite entre
les
deux sexes sur les principes de la justice… » Il finira, bien entendu
11493
spirituelle et conduite entre les deux sexes sur
les
principes de la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ce
11494
t conduite entre les deux sexes sur les principes
de
la justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
11495
onduite entre les deux sexes sur les principes de
la
justice… » Il finira, bien entendu, par les citer, ces anecdotes.
11496
pes de la justice… » Il finira, bien entendu, par
les
citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou l’achèvement « Délivré du m
11497
u, par les citer, ces anecdotes. 18.Wagner, ou
l’
achèvement « Délivré du monde, je te possède enfin, ô toi seule qui
11498
seule qui remplis toute mon âme, suprême volupté
d’
amour ! » L’homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait q
11499
plis toute mon âme, suprême volupté d’amour ! »
L’
homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion
11500
a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que
la
passion est quelque chose de plus que l’erreur : qu’elle est une déci
11501
vait que la passion est quelque chose de plus que
l’
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de l’être, un choix en
11502
l’erreur : qu’elle est une décision fondamentale
de
l’être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d
11503
erreur : qu’elle est une décision fondamentale de
l’
être, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est la libération d’un
11504
ion fondamentale de l’être, un choix en faveur de
la
Mort, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mai
11505
tale de l’être, un choix en faveur de la Mort, si
la
Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace d
11506
re, un choix en faveur de la Mort, si la Mort est
la
libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvr
11507
n faveur de la Mort, si la Mort est la libération
d’
un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celle
11508
la Mort est la libération d’un monde ordonné par
le
mal. Mais l’audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être t
11509
la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais
l’
audace de cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
11510
tion d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace
de
cette œuvre est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
11511
onné par le mal. Mais l’audace de cette œuvre est
de
celles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur d’une totale mépri
11512
e est de celles qui ne peuvent être tolérées qu’à
la
faveur d’une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de
11513
elles qui ne peuvent être tolérées qu’à la faveur
d’
une totale méprise, organisée et entretenue par une sorte de consensus
11514
le méprise, organisée et entretenue par une sorte
de
consensus social, d’aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À
11515
et entretenue par une sorte de consensus social,
d’
aveuglement tout à la fois juré et inconscient. À force de l’entendre
11516
nt tout à la fois juré et inconscient. À force de
l’
entendre répéter par les bons juges, on a fini par croire que le Trist
11517
et inconscient. À force de l’entendre répéter par
les
bons juges, on a fini par croire que le Tristan de Wagner est un dram
11518
éter par les bons juges, on a fini par croire que
le
Tristan de Wagner est un drame du désir sensuel. Qu’un tel jugement a
11519
es, voilà qui est significatif au plus haut point
de
la nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une socié
11520
voilà qui est significatif au plus haut point de
la
nécessité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense d’une société
11521
nt de la nécessité sociale des mythes. (Mensonges
d’
autodéfense d’une société qui veut sauver sa forme, tandis que les ind
11522
sité sociale des mythes. (Mensonges d’autodéfense
d’
une société qui veut sauver sa forme, tandis que les individus qui la
11523
’une société qui veut sauver sa forme, tandis que
les
individus qui la composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’
11524
eut sauver sa forme, tandis que les individus qui
la
composent se prêtent obscurément, sous le couvert d’un refus, aux pas
11525
dus qui la composent se prêtent obscurément, sous
le
couvert d’un refus, aux passions qui tendent à sa perte.) En composan
11526
composent se prêtent obscurément, sous le couvert
d’
un refus, aux passions qui tendent à sa perte.) En composant Tristan,
11527
à sa perte.) En composant Tristan, Wagner a violé
le
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son livret, et p
11528
a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par
les
paroles de son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la
11529
tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles
de
son livret, et plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de la
11530
ivret, et plus encore par sa musique. Il a chanté
la
Nuit de la dissolution des formes et des êtres, la libération du dési
11531
t plus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit
de
la dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’ana
11532
lus encore par sa musique. Il a chanté la Nuit de
la
dissolution des formes et des êtres, la libération du désir, l’anathè
11533
a Nuit de la dissolution des formes et des êtres,
la
libération du désir, l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire
11534
des formes et des êtres, la libération du désir,
l’
anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive
11535
des êtres, la libération du désir, l’anathème sur
le
désir, la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
11536
la libération du désir, l’anathème sur le désir,
la
gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’âme
11537
pusculaire, immensément plaintive et bienheureuse
de
l’âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfiqu
11538
culaire, immensément plaintive et bienheureuse de
l’
âme sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique d
11539
ent plaintive et bienheureuse de l’âme sauvée par
la
blessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique de ce message, il
11540
me sauvée par la blessure mortelle du corps. Mais
le
sens maléfique de ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accue
11541
lessure mortelle du corps. Mais le sens maléfique
de
ce message, il fallait le nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait
11542
Mais le sens maléfique de ce message, il fallait
le
nier pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
11543
ue de ce message, il fallait le nier pour pouvoir
l’
accueillir, il fallait à tout prix le travestir, l’interpréter d’une m
11544
pour pouvoir l’accueillir, il fallait à tout prix
le
travestir, l’interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom
11545
’accueillir, il fallait à tout prix le travestir,
l’
interpréter d’une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens.
11546
l fallait à tout prix le travestir, l’interpréter
d’
une manière tolérable, c’est-à-dire au nom du bon sens. Du mystère bou
11547
-dire au nom du bon sens. Du mystère bouleversant
de
la Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation
11548
re au nom du bon sens. Du mystère bouleversant de
la
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d
11549
u bon sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et
de
la destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre
11550
on sens. Du mystère bouleversant de la Nuit et de
la
destruction des corps, l’on a fait la « sublimation » d’un pauvre sec
11551
ersant de la Nuit et de la destruction des corps,
l’
on a fait la « sublimation » d’un pauvre secret du plein jour : l’attr
11552
Nuit et de la destruction des corps, l’on a fait
la
« sublimation » d’un pauvre secret du plein jour : l’attrait des sexe
11553
ruction des corps, l’on a fait la « sublimation »
d’
un pauvre secret du plein jour : l’attrait des sexes, la loi tout anim
11554
sublimation » d’un pauvre secret du plein jour :
l’
attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la
11555
auvre secret du plein jour : l’attrait des sexes,
la
loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer
11556
, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à
la
société pour procréer et se consolider, ce qu’il faut au bourgeois po
11557
t et complètement ne saurait d’ailleurs témoigner
d’
une vitalité sociale exceptionnelle ; c’est plutôt la frivolité du pub
11558
ne vitalité sociale exceptionnelle ; c’est plutôt
la
frivolité du public ordinaire des théâtres, son sentimentalisme lourd
11559
ourd, et pour tout dire sa faculté exceptionnelle
de
ne pas entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité l’opération. Ai
11560
as entendre ce qu’on lui chante, qui ont facilité
l’
opération. Ainsi le Tristan de Wagner peut être impunément repris deva
11561
n lui chante, qui ont facilité l’opération. Ainsi
le
Tristan de Wagner peut être impunément repris devant des salles émues
11562
des salles émues en toute sécurité ; si forte est
la
certitude générale que personne ne croira son message. ⁂ Le drame déb
11563
de générale que personne ne croira son message. ⁂
Le
drame débute par une évocation monumentale des puissances qui gouvern
11564
ocation monumentale des puissances qui gouvernent
le
monde du jour : haine, orgueil, et violence barbare de l’honneur féod
11565
nde du jour : haine, orgueil, et violence barbare
de
l’honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
11566
du jour : haine, orgueil, et violence barbare de
l’
honneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi. Le
11567
onneur féodal, jusqu’au crime. Isolde veut venger
l’
affront subi. Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le fair
11568
usqu’au crime. Isolde veut venger l’affront subi.
Le
philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
11569
Le philtre qu’elle offre à Tristan est destiné à
le
faire mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
11570
re à Tristan est destiné à le faire mourir : mais
d’
une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
11571
t destiné à le faire mourir : mais d’une mort que
l’
Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance,
11572
re mourir : mais d’une mort que l’Amour condamne,
d’
une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidente
11573
d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon
les
lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sen
11574
ur condamne, d’une mort selon les lois du jour et
de
la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la M
11575
condamne, d’une mort selon les lois du jour et de
la
vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or la Minn
11576
et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée
de
sens mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaine l’erreur qui d
11577
rutale, accidentelle, privée de sens mystique. Or
la
Minne suprême inspire à Brangaine l’erreur qui doit sauver l’Amour. A
11578
mystique. Or la Minne suprême inspire à Brangaine
l’
erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue le
11579
rême inspire à Brangaine l’erreur qui doit sauver
l’
Amour. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ai
11580
aine l’erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre
de
mort, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte uniqu
11581
auver l’Amour. Au philtre de mort, elle substitue
le
breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde
11582
r. Au philtre de mort, elle substitue le breuvage
d’
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt q
11583
t, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi
l’
étreinte unique de Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est
11584
le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique
de
Tristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique d
11585
initiation. Ainsi l’étreinte unique de Tristan et
d’
Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est le baiser unique du sacrement ca
11586
ristan et d’Isolde, aussitôt qu’ils ont bu, c’est
le
baiser unique du sacrement cathare, le consolamentum des Purs ! Dès c
11587
bu, c’est le baiser unique du sacrement cathare,
le
consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
11588
are, le consolamentum des Purs ! Dès cet instant,
les
lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans
11589
tum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour,
la
haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs c
11590
rs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine,
l’
honneur et la vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les
11591
instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et
la
vengeance sont devenues sans force sur leurs cœurs. Les initiés pénèt
11592
ngeance sont devenues sans force sur leurs cœurs.
Les
initiés pénètrent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et le jo
11593
rs cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne
de
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et
11594
cœurs. Les initiés pénètrent au monde nocturne de
l’
extase libératrice. Et le jour qui revient avec le cortège royal et se
11595
ent au monde nocturne de l’extase libératrice. Et
le
jour qui revient avec le cortège royal et ses dissonantes fanfares, l
11596
l’extase libératrice. Et le jour qui revient avec
le
cortège royal et ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus les
11597
vec le cortège royal et ses dissonantes fanfares,
le
jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va le
11598
ses dissonantes fanfares, le jour ne pourra plus
les
ressaisir : au terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la pa
11599
, le jour ne pourra plus les ressaisir : au terme
de
l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà pre
11600
e jour ne pourra plus les ressaisir : au terme de
l’
épreuve qu’il va leur imposer — c’est la passion — ils ont déjà presse
11601
terme de l’épreuve qu’il va leur imposer — c’est
la
passion — ils ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est le seul
11602
ls ont déjà pressenti l’autre mort, celle qui est
le
seul accomplissement de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
11603
autre mort, celle qui est le seul accomplissement
de
leur amour. Le deuxième acte est le chant de la passion des âmes pris
11604
complissement de leur amour. Le deuxième acte est
le
chant de la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstac
11605
ment de leur amour. Le deuxième acte est le chant
de
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmo
11606
t de leur amour. Le deuxième acte est le chant de
la
passion des âmes prisonnières des formes. Tous les obstacles surmonté
11607
la passion des âmes prisonnières des formes. Tous
les
obstacles surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbr
11608
s des formes. Tous les obstacles surmontés, quand
les
amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
11609
surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés
de
ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ense
11610
s amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est
le
désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant il
11611
nveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui
les
sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce
11612
ensemble et pourtant ils sont deux. Il y a ce et
de
Tristan « et » Isolde qui signifie leur dualité créée. À ce moment la
11613
olde qui signifie leur dualité créée. À ce moment
la
musique seule peut exprimer la certitude et la substance de cette dou
11614
créée. À ce moment la musique seule peut exprimer
la
certitude et la substance de cette double nostalgie d’être un. Car se
11615
nt la musique seule peut exprimer la certitude et
la
substance de cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient
11616
seule peut exprimer la certitude et la substance
de
cette double nostalgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir d
11617
rtitude et la substance de cette double nostalgie
d’
être un. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte de
11618
ouble nostalgie d’être un. Car seule elle détient
le
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plain
11619
lgie d’être un. Car seule elle détient le pouvoir
d’
harmoniser la plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique o
11620
n. Car seule elle détient le pouvoir d’harmoniser
la
plainte de deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
11621
e elle détient le pouvoir d’harmoniser la plainte
de
deux voix, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
11622
pouvoir d’harmoniser la plainte de deux voix, et
d’
en faire une plainte unique où déjà vibre la réalité d’un indicible au
11623
x, et d’en faire une plainte unique où déjà vibre
la
réalité d’un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leit
11624
faire une plainte unique où déjà vibre la réalité
d’
un indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du du
11625
e où déjà vibre la réalité d’un indicible au-delà
d’
espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celu
11626
indicible au-delà d’espérance. Et c’est pourquoi
le
leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la mort. Encore une fois r
11627
’espérance. Et c’est pourquoi le leitmotiv du duo
d’
amour est déjà celui de la mort. Encore une fois revient le jour : le
11628
urquoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui
de
la mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot174 blesse
11629
uoi le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de
la
mort. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot174 blesse Tr
11630
st déjà celui de la mort. Encore une fois revient
le
jour : le traître Mélot174 blesse Tristan. Mais la passion a désormai
11631
lui de la mort. Encore une fois revient le jour :
le
traître Mélot174 blesse Tristan. Mais la passion a désormais vaincu,
11632
e jour : le traître Mélot174 blesse Tristan. Mais
la
passion a désormais vaincu, elle vole au jour son apparente victoire
11633
aincu, elle vole au jour son apparente victoire :
de
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de la suprêm
11634
son apparente victoire : de cette blessure par où
la
vie s’écoule, elle fait le gage de la suprême guérison, celle que cha
11635
cette blessure par où la vie s’écoule, elle fait
le
gage de la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
11636
lessure par où la vie s’écoule, elle fait le gage
de
la suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cada
11637
sure par où la vie s’écoule, elle fait le gage de
la
suprême guérison, celle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
11638
uérison, celle que chantera Isolde agonisante sur
le
cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initi
11639
lle que chantera Isolde agonisante sur le cadavre
de
Tristan, dans l’extase de la « joie la plus haute ». Initiation, pass
11640
Isolde agonisante sur le cadavre de Tristan, dans
l’
extase de la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissem
11641
onisante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase
de
la « joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement morte
11642
sante sur le cadavre de Tristan, dans l’extase de
la
« joie la plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel :
11643
le cadavre de Tristan, dans l’extase de la « joie
la
plus haute ». Initiation, passion, accomplissement mortel : ces trois
11644
ner, par une géniale simplification, a su réduire
les
trois actes du drame, exposent la signification profonde du mythe, en
11645
, a su réduire les trois actes du drame, exposent
la
signification profonde du mythe, encore masquée dans les légendes méd
11646
nification profonde du mythe, encore masquée dans
les
légendes médiévales par une foule d’éléments épiques et pittoresques.
11647
asquée dans les légendes médiévales par une foule
d’
éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagne
11648
e d’éléments épiques et pittoresques. ⁂ Cependant
la
forme d’art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibili
11649
nts épiques et pittoresques. ⁂ Cependant la forme
d’
art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de «
11650
a choisie n’est pas sans recréer des possibilités
de
« méprise ». Il fallait que ce fût un opéra, pour deux raisons qui ti
11651
ce fût un opéra, pour deux raisons qui tiennent à
l’
essence même du mythe. De même que le péché du premier homme, et de ch
11652
i tiennent à l’essence même du mythe. De même que
le
péché du premier homme, et de chaque homme, introduit dans le monde l
11653
mythe. De même que le péché du premier homme, et
de
chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que la faute
11654
premier homme, et de chaque homme, introduit dans
le
monde le temps ; de même que la faute des amants légendaires contre l
11655
omme, et de chaque homme, introduit dans le monde
le
temps ; de même que la faute des amants légendaires contre les lois d
11656
e, introduit dans le monde le temps ; de même que
la
faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transf
11657
e même que la faute des amants légendaires contre
les
lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman
11658
e la faute des amants légendaires contre les lois
de
l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman175 — ai
11659
a faute des amants légendaires contre les lois de
l’
amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman175 — ainsi
11660
ires contre les lois de l’amour chaste transforme
l’
hymne des troubadours en un roman175 — ainsi les puissances du jour, é
11661
me l’hymne des troubadours en un roman175 — ainsi
les
puissances du jour, évoquées par le premier acte, introduisent la lut
11662
jour, évoquées par le premier acte, introduisent
la
lutte et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne p
11663
ées par le premier acte, introduisent la lutte et
la
durée, qui sont les éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout
11664
acte, introduisent la lutte et la durée, qui sont
les
éléments du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion d
11665
et la durée, qui sont les éléments du drame. Mais
le
drame ne peut pas tout dire, la religion de la passion étant « essent
11666
ts du drame. Mais le drame ne peut pas tout dire,
la
religion de la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la
11667
Mais le drame ne peut pas tout dire, la religion
de
la passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seu
11668
is le drame ne peut pas tout dire, la religion de
la
passion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors la musique seule
11669
ssion étant « essentiellement lyrique ». Dès lors
la
musique seule sera capable d’exprimer la dialectique transcendantale,
11670
lyrique ». Dès lors la musique seule sera capable
d’
exprimer la dialectique transcendantale, le caractère éperdument contr
11671
Dès lors la musique seule sera capable d’exprimer
la
dialectique transcendantale, le caractère éperdument contradictoire,
11672
apable d’exprimer la dialectique transcendantale,
le
caractère éperdument contradictoire, contrapuntique de la passion de
11673
ractère éperdument contradictoire, contrapuntique
de
la passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition
11674
tère éperdument contradictoire, contrapuntique de
la
passion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition mê
11675
ment contradictoire, contrapuntique de la passion
de
la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la mu
11676
t contradictoire, contrapuntique de la passion de
la
Nuit — qui est l’appel au Jour incréé. La définition même de la musiq
11677
contrapuntique de la passion de la Nuit — qui est
l’
appel au Jour incréé. La définition même de la musique occidentale, c’
11678
sion de la Nuit — qui est l’appel au Jour incréé.
La
définition même de la musique occidentale, c’est l’accord émouvant de
11679
ui est l’appel au Jour incréé. La définition même
de
la musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en t
11680
est l’appel au Jour incréé. La définition même de
la
musique occidentale, c’est l’accord émouvant des contraires ; en term
11681
définition même de la musique occidentale, c’est
l’
accord émouvant des contraires ; en termes de l’art : le contrepoint.
11682
t l’accord émouvant des contraires ; en termes de
l’
art : le contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent a
11683
rd émouvant des contraires ; en termes de l’art :
le
contrepoint. Expression d’un dualisme douloureux, permanent au niveau
11684
; en termes de l’art : le contrepoint. Expression
d’
un dualisme douloureux, permanent au niveau de la vie, mais qui s’évan
11685
d’un dualisme douloureux, permanent au niveau de
la
vie, mais qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la mort p
11686
ent au niveau de la vie, mais qui s’évanouit dans
la
grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or le drame achevé par l
11687
is qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà
de
la mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. A
11688
qui s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de
la
mort physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ains
11689
a grâce lumineuse au-delà de la mort physique. Or
le
drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un
11690
-delà de la mort physique. Or le drame achevé par
la
musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe d
11691
hysique. Or le drame achevé par la musique, c’est
l’
opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe de Tristan et celui
11692
c’est l’opéra. Ainsi, ce n’est point un hasard si
le
mythe de Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expressi
11693
péra. Ainsi, ce n’est point un hasard si le mythe
de
Tristan et celui de Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevé
11694
t point un hasard si le mythe de Tristan et celui
de
Don Juan n’ont pu recevoir leur expression achevée que dans la forme
11695
’ont pu recevoir leur expression achevée que dans
la
forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvr
11696
ecevoir leur expression achevée que dans la forme
de
l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du dram
11697
voir leur expression achevée que dans la forme de
l’
opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame m
11698
me de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné
les
chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu, de l’affinité origine
11699
s chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu,
de
l’affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils su
11700
hefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu, de
l’
affinité originelle de ce mode d’expression et des sujets qu’ils suren
11701
musical, c’est en vertu, de l’affinité originelle
de
ce mode d’expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique
11702
est en vertu, de l’affinité originelle de ce mode
d’
expression et des sujets qu’ils surent choisir. La musique seule peut
11703
d’expression et des sujets qu’ils surent choisir.
La
musique seule peut bien parler de la tragédie, dont elle est la mère
11704
surent choisir. La musique seule peut bien parler
de
la tragédie, dont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans le ca
11705
ent choisir. La musique seule peut bien parler de
la
tragédie, dont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans le cas d
11706
le peut bien parler de la tragédie, dont elle est
la
mère et la fille. Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plasti
11707
n parler de la tragédie, dont elle est la mère et
la
fille. Toutefois, dans le cas de Tristan, l’élément plastique inhéren
11708
ont elle est la mère et la fille. Toutefois, dans
le
cas de Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène th
11709
e est la mère et la fille. Toutefois, dans le cas
de
Tristan, l’élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale
11710
e et la fille. Toutefois, dans le cas de Tristan,
l’
élément plastique inhérent à toute mise en scène théâtrale se trouve r
11711
n scène théâtrale se trouve recréer un obstacle à
la
compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les décors
11712
un obstacle à la compréhension directe du mythe.
Les
acteurs, les costumes, les décors176 retiennent l’attention dans le r
11713
à la compréhension directe du mythe. Les acteurs,
les
costumes, les décors176 retiennent l’attention dans le réel, imposent
11714
sion directe du mythe. Les acteurs, les costumes,
les
décors176 retiennent l’attention dans le réel, imposent la présence d
11715
s acteurs, les costumes, les décors176 retiennent
l’
attention dans le réel, imposent la présence du « jour », contredisent
11716
stumes, les décors176 retiennent l’attention dans
le
réel, imposent la présence du « jour », contredisent fatalement le se
11717
176 retiennent l’attention dans le réel, imposent
la
présence du « jour », contredisent fatalement le sens profond de l’ac
11718
la présence du « jour », contredisent fatalement
le
sens profond de l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
11719
« jour », contredisent fatalement le sens profond
de
l’action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion d
11720
our », contredisent fatalement le sens profond de
l’
action. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de l’illusion des
11721
t le sens profond de l’action. Tant qu’on regarde
la
scène, on est victime de l’illusion des formes — et des plus ridicule
11722
tion. Tant qu’on regarde la scène, on est victime
de
l’illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visible
11723
n. Tant qu’on regarde la scène, on est victime de
l’
illusion des formes — et des plus ridicules. Il n’y a là, « visiblemen
11724
nt guerrier en proie au tourment du désir… Fermez
les
yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement le
11725
au tourment du désir… Fermez les yeux et aussitôt
le
drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement les dimensions d’une t
11726
Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire !
L’
orchestre décrit largement les dimensions d’une tragédie tout intérieu
11727
le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit largement
les
dimensions d’une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversant
11728
ire ! L’orchestre décrit largement les dimensions
d’
une tragédie tout intérieure. La morbidesse bouleversante des mélodies
11729
nt les dimensions d’une tragédie tout intérieure.
La
morbidesse bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir cha
11730
sse bouleversante des mélodies révèle un monde où
le
désir charnel n’est plus qu’une dernière et impure langueur dans l’âm
11731
’est plus qu’une dernière et impure langueur dans
l’
âme qui se guérit de vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième
11732
nière et impure langueur dans l’âme qui se guérit
de
vivre. Seule la lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession j
11733
langueur dans l’âme qui se guérit de vivre. Seule
la
lumière douloureuse du troisième acte — l’obsession jaune des fiévreu
11734
Seule la lumière douloureuse du troisième acte —
l’
obsession jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
11735
ssion jaune des fiévreux — peut traduire à ma vue
le
sens profond de l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’art
11736
fiévreux — peut traduire à ma vue le sens profond
de
l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop
11737
vreux — peut traduire à ma vue le sens profond de
l’
exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop vi
11738
ma vue le sens profond de l’exil des amants dans
l’
extase. Par ce qu’il a d’artificiel, de trop violent, cet éclairage an
11739
e l’exil des amants dans l’extase. Par ce qu’il a
d’
artificiel, de trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt,
11740
mants dans l’extase. Par ce qu’il a d’artificiel,
de
trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà l’
11741
iciel, de trop violent, cet éclairage annonce que
le
jour meurt, et que déjà l’aube n’est plus qu’un crépuscule vainement
11742
éclairage annonce que le jour meurt, et que déjà
l’
aube n’est plus qu’un crépuscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu co
11743
puscule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun
de
la critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui fai
11744
cule vainement exalté. ⁂ Un second lieu commun de
la
critique — d’ailleurs absolument contradictoire avec celui qui faisai
11745
absolument contradictoire avec celui qui faisait
de
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’infl
11746
contradictoire avec celui qui faisait de Tristan
la
glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Sc
11747
Tristan la glorification du désir sensuel — c’est
le
rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu
11748
glorification du désir sensuel — c’est le rappel
de
l’influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Ni
11749
orification du désir sensuel — c’est le rappel de
l’
influence de Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietz
11750
du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence
de
Schopenhauer sur Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wag
11751
e influence est fortement surestimée. Un créateur
de
la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait tr
11752
nfluence est fortement surestimée. Un créateur de
la
taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouv
11753
st fortement surestimée. Un créateur de la taille
de
Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouvé chez Sch
11754
chez Schopenhauer quelques formules reprises par
le
livret, une cohérence intellectuelle justifiant à ses propres yeux ce
11755
minations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir
de
la rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la néga
11756
ations, voilà sans doute ce qu’il faut retenir de
la
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse, la négatio
11757
’il faut retenir de la rencontre, et ce n’est pas
d’
un immense intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé, l’identificat
11758
rencontre, et ce n’est pas d’un immense intérêt.
L’
ascèse, la négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexue
11759
, et ce n’est pas d’un immense intérêt. L’ascèse,
la
négation du monde créé, l’identification de l’attrait sexuel avec le
11760
nse intérêt. L’ascèse, la négation du monde créé,
l’
identification de l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
11761
cèse, la négation du monde créé, l’identification
de
l’attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance,
11762
e, la négation du monde créé, l’identification de
l’
attrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, to
11763
e créé, l’identification de l’attrait sexuel avec
le
vouloir-vivre obscurcissant la connaissance, toute cette mystique que
11764
ttrait sexuel avec le vouloir-vivre obscurcissant
la
connaissance, toute cette mystique que l’on s’empresse de qualifier d
11765
cissant la connaissance, toute cette mystique que
l’
on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’appre
11766
issance, toute cette mystique que l’on s’empresse
de
qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parc
11767
e cette mystique que l’on s’empresse de qualifier
de
bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la po
11768
de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à
l’
apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lui qu’il fut le pr
11769
gner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il
la
portait vivante en lui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
11770
ui qu’il fut le premier à retrouver sa trace dans
les
symboles des minnesänger, dans la légende manichéenne de Parsival, et
11771
sa trace dans les symboles des minnesänger, dans
la
légende manichéenne de Parsival, et par-dessous l’imagerie chrétienne
11772
oles des minnesänger, dans la légende manichéenne
de
Parsival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
11773
a légende manichéenne de Parsival, et par-dessous
l’
imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal, la pierre sacrée des Iranien
11774
sival, et par-dessous l’imagerie chrétienne, dans
le
Saint-Graal, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
11775
ssous l’imagerie chrétienne, dans le Saint-Graal,
la
pierre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe de Gwyon177, div
11776
l, la pierre sacrée des Iraniens et des cathares,
la
coupe de Gwyon177, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le s
11777
rre sacrée des Iraniens et des cathares, la coupe
de
Gwyon177, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
11778
77, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué
le
sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point
11779
eltique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu
de
la légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse
11780
ique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de
la
légende, dans sa virulence intégrale, ce n’est point là une thèse à f
11781
n’est point là une thèse à faire admettre, c’est
l’
évidence largement déclarée par la musique et les paroles de l’opéra.
11782
admettre, c’est l’évidence largement déclarée par
la
musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son
11783
t l’évidence largement déclarée par la musique et
les
paroles de l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mai
11784
largement déclarée par la musique et les paroles
de
l’opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « term
11785
rgement déclarée par la musique et les paroles de
l’
opéra. Par l’opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme »
11786
rée par la musique et les paroles de l’opéra. Par
l’
opéra, le mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux
11787
a musique et les paroles de l’opéra. Par l’opéra,
le
mythe connaît son achèvement. Mais ce « terme » détient deux sens con
11788
nt deux sens contradictoires — comme presque tous
les
termes du vocabulaire de l’existence, décrivant l’être en situation d
11789
es — comme presque tous les termes du vocabulaire
de
l’existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Ac
11790
— comme presque tous les termes du vocabulaire de
l’
existence, décrivant l’être en situation d’agir, non les objets. Achèv
11791
s termes du vocabulaire de l’existence, décrivant
l’
être en situation d’agir, non les objets. Achèvement désigne l’express
11792
ire de l’existence, décrivant l’être en situation
d’
agir, non les objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être
11793
stence, décrivant l’être en situation d’agir, non
les
objets. Achèvement désigne l’expression totale d’un être, d’un mythe
11794
uation d’agir, non les objets. Achèvement désigne
l’
expression totale d’un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part,
11795
es objets. Achèvement désigne l’expression totale
d’
un être, d’un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort.
11796
Achèvement désigne l’expression totale d’un être,
d’
un mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le my
11797
igne l’expression totale d’un être, d’un mythe ou
d’
une œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé »
11798
ne œuvre ; d’autre part, désigne leur mort. Ainsi
le
mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
11799
é » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre
l’
ère de ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie
11800
r Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère
de
ses fantômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut la voie poétiq
11801
antômes. 19.Vulgarisation du mythe Il y eut
la
voie poétique du mythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra l
11802
ythe. Edgar Poe engendra Baudelaire, qui engendra
le
symbolisme, qui engendra des mandragores, des femmes sans corps, des
11803
jeunes Parques, des apparences à peine féminines
de
fuites — comme on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans le r
11804
es à peine féminines de fuites — comme on dit que
l’
eau fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est l
11805
féminines de fuites — comme on dit que l’eau fuit
d’
un bassin : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est la tradition
11806
on dit que l’eau fuit d’un bassin : fissures dans
le
réel, fuites de rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée,
11807
fuit d’un bassin : fissures dans le réel, fuites
de
rêves. C’est la tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. V
11808
n : fissures dans le réel, fuites de rêves. C’est
la
tradition alanguie, intellectualisée, sophistiquée. Voie décidément t
11809
e s’y engage tout entier : aussi déléguera-t-il à
l’
aventure quelques facultés détachées. Ascèse exactement facultative. I
11810
es. Ascèse exactement facultative. Il y eut aussi
la
voie romanesque du mythe : mais elle ne tarda guère à déboucher sur u
11811
à déboucher sur une route nationale encombrée, où
l’
on se promène le dimanche en famille pour voir passer les belles autos
11812
une route nationale encombrée, où l’on se promène
le
dimanche en famille pour voir passer les belles autos, et s’indigner
11813
e promène le dimanche en famille pour voir passer
les
belles autos, et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans la Val
11814
passer les belles autos, et s’indigner des excès
de
vitesse. Le Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, T
11815
elles autos, et s’indigner des excès de vitesse.
Le
Lys dans la Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin
11816
et s’indigner des excès de vitesse. Le Lys dans
la
Vallée, Adolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin, La Porte é
11817
dolphe, Dominique, Madame Bovary, Thérèse Raquin,
La
Porte étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de la dissociati
11818
ovary, Thérèse Raquin, La Porte étroite, Un amour
de
Swann : étapes françaises de la dissociation psychologique, de la dég
11819
te étroite, Un amour de Swann : étapes françaises
de
la dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » ex
11820
étroite, Un amour de Swann : étapes françaises de
la
dissociation psychologique, de la dégradation de « l’obstacle » extér
11821
apes françaises de la dissociation psychologique,
de
la dégradation de « l’obstacle » extérieur, et de la reconnaissance l
11822
s françaises de la dissociation psychologique, de
la
dégradation de « l’obstacle » extérieur, et de la reconnaissance luci
11823
la dissociation psychologique, de la dégradation
de
« l’obstacle » extérieur, et de la reconnaissance lucide — par là mêm
11824
issociation psychologique, de la dégradation de «
l’
obstacle » extérieur, et de la reconnaissance lucide — par là même, an
11825
de la dégradation de « l’obstacle » extérieur, et
de
la reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature
11826
la dégradation de « l’obstacle » extérieur, et de
la
reconnaissance lucide — par là même, antiromanesque — de sa nature pu
11827
nnaissance lucide — par là même, antiromanesque —
de
sa nature purement intime et subjective. (Religieuse dans le cas de G
11828
e purement intime et subjective. (Religieuse dans
le
cas de Gide, quasi physique dans celui de Proust.) Parallèlement, il
11829
ent intime et subjective. (Religieuse dans le cas
de
Gide, quasi physique dans celui de Proust.) Parallèlement, il convien
11830
se dans le cas de Gide, quasi physique dans celui
de
Proust.) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe de la Mort d
11831
dans celui de Proust.) Parallèlement, il convient
de
citer le Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de
11832
i de Proust.) Parallèlement, il convient de citer
le
Triomphe de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner —
11833
) Parallèlement, il convient de citer le Triomphe
de
la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karéni
11834
arallèlement, il convient de citer le Triomphe de
la
Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine,
11835
ment, il convient de citer le Triomphe de la Mort
de
d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et pres
11836
t, il convient de citer le Triomphe de la Mort de
d’
Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et presque
11837
de la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable
de
Wagner — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère vi
11838
irable de Wagner — Anna Karénine, et presque tous
les
grands romans de l’ère victorienne, et surtout des Tess d’Urberville
11839
Anna Karénine, et presque tous les grands romans
de
l’ère victorienne, et surtout des Tess d’Urberville et Jude l’Obscur
11840
na Karénine, et presque tous les grands romans de
l’
ère victorienne, et surtout des Tess d’Urberville et Jude l’Obscur ; e
11841
rtout des Tess d’Urberville et Jude l’Obscur ; et
de
nos jours les romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les che
11842
s d’Urberville et Jude l’Obscur ; et de nos jours
les
romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, dé
11843
’Obscur ; et de nos jours les romans platonisants
d’
un Charles Morgan. ⁂ Mais les chefs-d’œuvre, désormais, nous en appren
11844
s romans platonisants d’un Charles Morgan. ⁂ Mais
les
chefs-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur la descente du
11845
-d’œuvre, désormais, nous en apprennent moins sur
la
descente du mythe dans les mœurs, que les romans de série, le théâtre
11846
en apprennent moins sur la descente du mythe dans
les
mœurs, que les romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. L
11847
oins sur la descente du mythe dans les mœurs, que
les
romans de série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
11848
descente du mythe dans les mœurs, que les romans
de
série, le théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre
11849
du mythe dans les mœurs, que les romans de série,
le
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique de notre époque est
11850
e les romans de série, le théâtre à succès, enfin
le
film. Le vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité.
11851
ans de série, le théâtre à succès, enfin le film.
Le
vrai tragique de notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai
11852
théâtre à succès, enfin le film. Le vrai tragique
de
notre époque est diffus dans la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors,
11853
Le vrai tragique de notre époque est diffus dans
la
médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le re
11854
ue de notre époque est diffus dans la médiocrité.
Le
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance, le rejet ou l’accept
11855
la médiocrité. Le vrai sérieux dès lors, implique
la
connaissance, le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les m
11856
vrai sérieux dès lors, implique la connaissance,
le
rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’an
11857
x dès lors, implique la connaissance, le rejet ou
l’
acceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des g
11858
plique la connaissance, le rejet ou l’acceptation
de
ce qui meut ou émeut les masses, et de l’anonymat des grands courants
11859
le rejet ou l’acceptation de ce qui meut ou émeut
les
masses, et de l’anonymat des grands courants qui roulent les individu
11860
cceptation de ce qui meut ou émeut les masses, et
de
l’anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés, av
11861
ptation de ce qui meut ou émeut les masses, et de
l’
anonymat des grands courants qui roulent les individus détachés, avec
11862
et de l’anonymat des grands courants qui roulent
les
individus détachés, avec une puissance que l’esprit répugne encore à
11863
nt les individus détachés, avec une puissance que
l’
esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement de nos littératures,
11864
puissance que l’esprit répugne encore à mesurer.
L’
envahissement de nos littératures, tant bourgeoises que « prolétarienn
11865
’esprit répugne encore à mesurer. L’envahissement
de
nos littératures, tant bourgeoises que « prolétariennes », par le rom
11866
res, tant bourgeoises que « prolétariennes », par
le
roman, et le roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahisseme
11867
rgeoises que « prolétariennes », par le roman, et
le
roman d’amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre c
11868
que « prolétariennes », par le roman, et le roman
d’
amour s’entend, traduit exactement l’envahissement de notre conscience
11869
et le roman d’amour s’entend, traduit exactement
l’
envahissement de notre conscience par le contenu totalement profané du
11870
mour s’entend, traduit exactement l’envahissement
de
notre conscience par le contenu totalement profané du mythe. Celui-ci
11871
xactement l’envahissement de notre conscience par
le
contenu totalement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs d’être
11872
ement profané du mythe. Celui-ci cesse d’ailleurs
d’
être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et q
11873
rs d’être un vrai mythe dès qu’il se trouve privé
de
son cadre sacral, et que le secret mystique qu’il exprimait en le voi
11874
qu’il se trouve privé de son cadre sacral, et que
le
secret mystique qu’il exprimait en le voilant se vulgarise et se démo
11875
ral, et que le secret mystique qu’il exprimait en
le
voilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à la passion des rom
11876
ait en le voilant se vulgarise et se démocratise.
Le
droit à la passion des romantiques devient alors la vague obsession d
11877
oilant se vulgarise et se démocratise. Le droit à
la
passion des romantiques devient alors la vague obsession de luxe et d
11878
droit à la passion des romantiques devient alors
la
vague obsession de luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un
11879
des romantiques devient alors la vague obsession
de
luxe et d’aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à
11880
iques devient alors la vague obsession de luxe et
d’
aventures exotiques que les romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire
11881
ue obsession de luxe et d’aventures exotiques que
les
romans d’un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n
11882
n de luxe et d’aventures exotiques que les romans
d’
un Dekobra suffisent à satisfaire symboliquement. Que cela n’ait plus
11883
symboliquement. Que cela n’ait plus aucune espèce
de
sens valable, il suffit pour s’en assurer d’imaginer l’impuissance ab
11884
pèce de sens valable, il suffit pour s’en assurer
d’
imaginer l’impuissance absolue où se trouvent les clients de cette lit
11885
s valable, il suffit pour s’en assurer d’imaginer
l’
impuissance absolue où se trouvent les clients de cette littérature à
11886
r d’imaginer l’impuissance absolue où se trouvent
les
clients de cette littérature à concevoir une réalité mystique, une as
11887
l’impuissance absolue où se trouvent les clients
de
cette littérature à concevoir une réalité mystique, une ascèse, un ef
11888
evoir une réalité mystique, une ascèse, un effort
de
l’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoi
11889
ir une réalité mystique, une ascèse, un effort de
l’
esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or la passion courtoise
11890
’esprit pour s’affranchir des liens sensuels : or
la
passion courtoise n’avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
11891
ns sensuels : or la passion courtoise n’avait pas
d’
autre but, et son langage n’avait pas d’autre clé. Perdus et oubliés c
11892
avait pas d’autre but, et son langage n’avait pas
d’
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but, la passion dont le b
11893
autre clé. Perdus et oubliés cette clé et ce but,
la
passion dont le besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une mala
11894
s et oubliés cette clé et ce but, la passion dont
le
besoin revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de l’instinc
11895
revient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie
de
l’instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, t
11896
ient nous tourmenter n’est plus qu’une maladie de
l’
instinct, rarement mortelle, régulièrement toxique et déprimante, tout
11897
ussi dégradée et dégradante, par rapport au mythe
de
Tristan, que le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivres
11898
dégradante, par rapport au mythe de Tristan, que
le
serait par exemple l’alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que ch
11899
rt au mythe de Tristan, que le serait par exemple
l’
alcoolisme par rapport à l’ivresse divine que chantaient les mystiques
11900
le serait par exemple l’alcoolisme par rapport à
l’
ivresse divine que chantaient les mystiques arabes. L’exemple du théât
11901
sme par rapport à l’ivresse divine que chantaient
les
mystiques arabes. L’exemple du théâtre d’avant-guerre détient une sig
11902
resse divine que chantaient les mystiques arabes.
L’
exemple du théâtre d’avant-guerre détient une signification plus riche
11903
taient les mystiques arabes. L’exemple du théâtre
d’
avant-guerre détient une signification plus riche pour notre objet. La
11904
nt une signification plus riche pour notre objet.
La
bourgeoisie du Second Empire eut le mérite de faire une dernière tent
11905
notre objet. La bourgeoisie du Second Empire eut
le
mérite de faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadr
11906
et. La bourgeoisie du Second Empire eut le mérite
de
faire une dernière tentative pour régulariser dans son cadre social l
11907
tentative pour régulariser dans son cadre social
l’
influence anarchisante de la passion. Car celle-ci survivait à toute m
11908
er dans son cadre social l’influence anarchisante
de
la passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équ
11909
dans son cadre social l’influence anarchisante de
la
passion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par la grâce équivo
11910
ion. Car celle-ci survivait à toute mystique, par
la
grâce équivoque du romantisme. L’hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi
11911
e mystique, par la grâce équivoque du romantisme.
L’
hérédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait le virus atténué d
11912
rédité — ou ce qu’on nommait ainsi — transmettait
le
virus atténué du philtre ; la culture littéraire entretenait, dans un
11913
insi — transmettait le virus atténué du philtre ;
la
culture littéraire entretenait, dans une certaine jeunesse tout au mo
11914
tenait, dans une certaine jeunesse tout au moins,
le
besoin d’une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte d
11915
ns une certaine jeunesse tout au moins, le besoin
d’
une brûlure nostalgique ; et tout cela composait une sorte de complexe
11916
re nostalgique ; et tout cela composait une sorte
de
complexe que l’on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne
11917
et tout cela composait une sorte de complexe que
l’
on prenait pour la « nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’
11918
osait une sorte de complexe que l’on prenait pour
la
« nature » elle-même, bien qu’il ne représentât qu’une survivance psy
11919
ne survivance psychologique, voire physiologique.
La
tentative de normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer
11920
psychologique, voire physiologique. La tentative
de
normalisation bourgeoise de la passion, visant à recréer une expressi
11921
logique. La tentative de normalisation bourgeoise
de
la passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc adm
11922
ique. La tentative de normalisation bourgeoise de
la
passion, visant à recréer une expression conventionnelle, donc admiss
11923
e expression conventionnelle, donc admissible par
l’
ordre social — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « piè
11924
elle, donc admissible par l’ordre social — ce fut
le
théâtre de Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages »
11925
admissible par l’ordre social — ce fut le théâtre
de
Dumas à Bataille. La fameuse « pièce à trois personnages », modèle de
11926
e social — ce fut le théâtre de Dumas à Bataille.
La
fameuse « pièce à trois personnages », modèle de presque tous les aut
11927
La fameuse « pièce à trois personnages », modèle
de
presque tous les auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement
11928
èce à trois personnages », modèle de presque tous
les
auteurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du
11929
», modèle de presque tous les auteurs dramatiques
d’
avant-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à la m
11930
eurs dramatiques d’avant-guerre, c’est simplement
l’
adaptation du mythe de Tristan à la mesure d’une société moderne. Le r
11931
nt-guerre, c’est simplement l’adaptation du mythe
de
Tristan à la mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le
11932
est simplement l’adaptation du mythe de Tristan à
la
mesure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Trista
11933
ment l’adaptation du mythe de Tristan à la mesure
d’
une société moderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeun
11934
the de Tristan à la mesure d’une société moderne.
Le
roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ;
11935
ure d’une société moderne. Le roi Marc est devenu
le
Cocu ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatis
11936
oderne. Le roi Marc est devenu le Cocu ; Tristan,
le
jeune premier, ou gigolo ; Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et le
11937
u ; Tristan, le jeune premier, ou gigolo ; Iseut,
l’
épouse insatisfaite, oisive et lectrice de romans. Ici encore, deux mo
11938
Iseut, l’épouse insatisfaite, oisive et lectrice
de
romans. Ici encore, deux morales s’affrontent. Les barons félons de l
11939
de romans. Ici encore, deux morales s’affrontent.
Les
barons félons de la légende sont figurés par les tenants de la morale
11940
ore, deux morales s’affrontent. Les barons félons
de
la légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ».
11941
, deux morales s’affrontent. Les barons félons de
la
légende sont figurés par les tenants de la morale « conformiste ». Il
11942
Les barons félons de la légende sont figurés par
les
tenants de la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourge
11943
félons de la légende sont figurés par les tenants
de
la morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héri
11944
ons de la légende sont figurés par les tenants de
la
morale « conformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritag
11945
nants de la morale « conformiste ». Ils défendent
le
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont d
11946
onformiste ». Ils défendent le mariage bourgeois,
l’
héritage, les convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et don
11947
. Ils défendent le mariage bourgeois, l’héritage,
les
convenances et l’Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement
11948
mariage bourgeois, l’héritage, les convenances et
l’
Ordre. Ils sont du côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais la
11949
côté du mari, et donc légèrement ridicules. Mais
la
morale contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix d’un coup de
11950
contraire triomphe régulièrement — fût-ce au prix
d’
un coup de pistolet. C’est la morale du romantisme, des droits impresc
11951
ent — fût-ce au prix d’un coup de pistolet. C’est
la
morale du romantisme, des droits imprescriptibles de l’amour, et elle
11952
morale du romantisme, des droits imprescriptibles
de
l’amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maître
11953
ale du romantisme, des droits imprescriptibles de
l’
amour, et elle implique la supériorité « spirituelle » de la maîtresse
11954
its imprescriptibles de l’amour, et elle implique
la
supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur l’épouse. Quant au ph
11955
, et elle implique la supériorité « spirituelle »
de
la maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabili
11956
t elle implique la supériorité « spirituelle » de
la
maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité,
11957
a supériorité « spirituelle » de la maîtresse sur
l’
épouse. Quant au philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne le
11958
a maîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi
de
la responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la
11959
aîtresse sur l’épouse. Quant au philtre, alibi de
la
responsabilité, on lui donne le nom romantique de « fatalité de la pa
11960
philtre, alibi de la responsabilité, on lui donne
le
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et les tenants du confo
11961
la responsabilité, on lui donne le nom romantique
de
« fatalité de la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas t
11962
ité, on lui donne le nom romantique de « fatalité
de
la passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assim
11963
, on lui donne le nom romantique de « fatalité de
la
passion ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimile
11964
nom romantique de « fatalité de la passion ». Et
les
tenants du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à la « littératu
11965
n ». Et les tenants du conformisme n’ont pas tort
de
l’assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à
11966
. Et les tenants du conformisme n’ont pas tort de
l’
assimiler à la « littérature » en général, terme de mépris vouant à un
11967
ts du conformisme n’ont pas tort de l’assimiler à
la
« littérature » en général, terme de mépris vouant à une exécration g
11968
’assimiler à la « littérature » en général, terme
de
mépris vouant à une exécration globale les « tendances dissolvantes »
11969
, terme de mépris vouant à une exécration globale
les
« tendances dissolvantes », l’« anarchie », et les idéaux « impossibl
11970
xécration globale les « tendances dissolvantes »,
l’
« anarchie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera
11971
es « tendances dissolvantes », l’« anarchie », et
les
idéaux « impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier la
11972
archie », et les idéaux « impossibles ». Bientôt,
l’
on n’essaiera plus même de nier la complaisance que réclame de ses pro
11973
impossibles ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même
de
nier la complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboratio
11974
les ». Bientôt, l’on n’essaiera plus même de nier
la
complaisance que réclame de ses propres victimes l’élaboration du vie
11975
era plus même de nier la complaisance que réclame
de
ses propres victimes l’élaboration du vieux philtre. Elle est minutie
11976
complaisance que réclame de ses propres victimes
l’
élaboration du vieux philtre. Elle est minutieusement décrite, jusque
11977
ue dans ses ruses inconscientes, en des centaines
de
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour de Swann.) Littératu
11978
pages, par Marcel Proust. (Voir surtout Un Amour
de
Swann.) Littérature bourgeoise ai-je dit : ses conclusions régulièrem
11979
ulièrement antibourgeoises font partie intégrante
de
l’ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet o
11980
èrement antibourgeoises font partie intégrante de
l’
ordre social établi. L’instinct de conservation rend en effet cet ordr
11981
font partie intégrante de l’ordre social établi.
L’
instinct de conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de
11982
e intégrante de l’ordre social établi. L’instinct
de
conservation rend en effet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui fei
11983
ffet cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint
de
le renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entend
11984
t cet ordre tolérant à l’égard de ce qui feint de
le
renier, mais qui en vit. Le calcul est très simple, et bien entendu i
11985
rd de ce qui feint de le renier, mais qui en vit.
Le
calcul est très simple, et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié
11986
cul est très simple, et bien entendu inconscient.
L’
idéal glorifié par la littérature détourne en rêveries voluptueuses le
11987
et bien entendu inconscient. L’idéal glorifié par
la
littérature détourne en rêveries voluptueuses les tendances subversiv
11988
la littérature détourne en rêveries voluptueuses
les
tendances subversives de l’esprit. La morale du mariage en souffre év
11989
n rêveries voluptueuses les tendances subversives
de
l’esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est
11990
êveries voluptueuses les tendances subversives de
l’
esprit. La morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pa
11991
luptueuses les tendances subversives de l’esprit.
La
morale du mariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas d’une gr
11992
ariage en souffre évidemment, mais cela n’est pas
d’
une gravité urgente, puisqu’on sait bien que l’institution matrimonial
11993
as d’une gravité urgente, puisqu’on sait bien que
l’
institution matrimoniale repose sur des bases financières178 et non pl
11994
et non plus religieuses ou morales. À dire vrai,
les
seuls écarts considérés comme intolérables sont ceux qui entraînent u
11995
qui entraînent une dilapidation du « patrimoine »
de
la famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés.
11996
entraînent une dilapidation du « patrimoine » de
la
famille. (Patrimoine ne signifiant plus que fortune et propriétés.) ⁂
11997
plus que fortune et propriétés.) ⁂ Cette volonté
de
jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on la voit s’exprimer en
11998
tés.) ⁂ Cette volonté de jouir du mythe mais sans
le
payer trop cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans le film
11999
e jouir du mythe mais sans le payer trop cher, on
la
voit s’exprimer en toute naïveté dans le film sentimental. Peu de gen
12000
cher, on la voit s’exprimer en toute naïveté dans
le
film sentimental. Peu de genres plus strictement conventionnels et rh
12001
lus strictement conventionnels et rhétoriques que
le
film américain des premières années de l’entre-deux-guerres. C’était
12002
riques que le film américain des premières années
de
l’entre-deux-guerres. C’était l’époque du happy end : tout devait abo
12003
ues que le film américain des premières années de
l’
entre-deux-guerres. C’était l’époque du happy end : tout devait abouti
12004
premières années de l’entre-deux-guerres. C’était
l’
époque du happy end : tout devait aboutir au long baiser final sur fon
12005
tout devait aboutir au long baiser final sur fond
de
roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sa
12006
aboutir au long baiser final sur fond de roses ou
de
tentures luxueuses. Or cette figure de style n’est pas sans relations
12007
e roses ou de tentures luxueuses. Or cette figure
de
style n’est pas sans relations avec le mythe au dernier stade de sa d
12008
tte figure de style n’est pas sans relations avec
le
mythe au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
12009
pas sans relations avec le mythe au dernier stade
de
sa déchéance. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale de deux
12010
au dernier stade de sa déchéance. Elle exprime à
la
perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir
12011
ade de sa déchéance. Elle exprime à la perfection
la
synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’
12012
. Elle exprime à la perfection la synthèse idéale
de
deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir qu
12013
s’arrange — désir romantique et désir bourgeois.
La
profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy end provient pr
12014
. La profonde satisfaction que produit à coup sûr
le
happy end provient précisément du fait qu’il libère le public de ses
12015
ppy end provient précisément du fait qu’il libère
le
public de ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans
12016
ovient précisément du fait qu’il libère le public
de
ses contradictions intimes. En effet : point de roman sans obstacles.
12017
c de ses contradictions intimes. En effet : point
de
roman sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci d’une invrais
12018
mes. En effet : point de roman sans obstacles. On
les
multiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de roma
12019
sans obstacles. On les multiplie donc, sans souci
d’
une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi,
12020
tiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que
le
désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
12021
nc, sans souci d’une invraisemblance que le désir
de
romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le roman
12022
rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux
le
roman pourra rebondir et notre cœur haleter, et c’est ce que nous che
12023
œur haleter, et c’est ce que nous cherchons. Mais
l’
obstacle signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terr
12024
e que nous cherchons. Mais l’obstacle signifie, à
la
limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que no
12025
cherchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite,
la
mort, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulo
12026
. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la mort,
le
renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulons plus,
12027
, dès que cela nous devient clair. Il s’agit donc
de
supprimer l’obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du r
12028
a nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer
l’
obstacle à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du fi
12029
r l’obstacle à temps, ce qui amène par définition
la
fin du roman et du film ; « et ils eurent beaucoup d’enfants » signif
12030
in du roman et du film ; « et ils eurent beaucoup
d’
enfants » signifie qu’il n’y a plus rien à raconter ou bien c’est le b
12031
ie qu’il n’y a plus rien à raconter ou bien c’est
le
baiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de l’im
12032
er ou bien c’est le baiser en gros plan, bouchant
l’
écran et refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’effo
12033
aiser en gros plan, bouchant l’écran et refermant
la
fenêtre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cet
12034
os plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre
de
l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une
12035
plan, bouchant l’écran et refermant la fenêtre de
l’
imagination. Toutefois, l’on s’efforcera de donner à cette fin une atm
12036
refermant la fenêtre de l’imagination. Toutefois,
l’
on s’efforcera de donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui d
12037
tre de l’imagination. Toutefois, l’on s’efforcera
de
donner à cette fin une atmosphère « poétique » qui dissimule le passa
12038
tte fin une atmosphère « poétique » qui dissimule
le
passage à la vie quotidienne, et compense la déception du romantique
12039
tmosphère « poétique » qui dissimule le passage à
la
vie quotidienne, et compense la déception du romantique par le soulag
12040
mule le passage à la vie quotidienne, et compense
la
déception du romantique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans
12041
ienne, et compense la déception du romantique par
le
soulagement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans le roman à suc
12042
ique par le soulagement du bourgeois… Ainsi, dans
le
théâtre, dans le roman à succès et dans le film qui exploitent inlass
12043
gement du bourgeois… Ainsi, dans le théâtre, dans
le
roman à succès et dans le film qui exploitent inlassablement la formu
12044
, dans le théâtre, dans le roman à succès et dans
le
film qui exploitent inlassablement la formule du ménage à trois, l’id
12045
cès et dans le film qui exploitent inlassablement
la
formule du ménage à trois, l’idéalisme tragique du mythe originel n’e
12046
tent inlassablement la formule du ménage à trois,
l’
idéalisme tragique du mythe originel n’est plus qu’une nostalgie assez
12047
lus qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation
de
désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’e
12048
sation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers
la
jouissance des choses, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
12049
s, c’est-à-dire totalement invertis par rapport à
l’
amour courtois. La religion des troubadours se prêtait aux complicités
12050
talement invertis par rapport à l’amour courtois.
La
religion des troubadours se prêtait aux complicités les plus sournois
12051
ligion des troubadours se prêtait aux complicités
les
plus sournoises avec l’instinct, qu’elle excitait par sa volonté même
12052
prêtait aux complicités les plus sournoises avec
l’
instinct, qu’elle excitait par sa volonté même de le nier. L’ambiguïté
12053
l’instinct, qu’elle excitait par sa volonté même
de
le nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire na
12054
instinct, qu’elle excitait par sa volonté même de
le
nier. L’ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naîtr
12055
qu’elle excitait par sa volonté même de le nier.
L’
ambiguïté du langage mystique de l’hérésie devait faire naître, dès le
12056
même de le nier. L’ambiguïté du langage mystique
de
l’hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique p
12057
me de le nier. L’ambiguïté du langage mystique de
l’
hérésie devait faire naître, dès le xiiie siècle, une rhétorique prof
12058
ge mystique de l’hérésie devait faire naître, dès
le
xiiie siècle, une rhétorique profane de la passion. Et c’est la diff
12059
tre, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane
de
la passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature ro
12060
, dès le xiiie siècle, une rhétorique profane de
la
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par la littérature roman
12061
e, une rhétorique profane de la passion. Et c’est
la
diffusion de ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au
12062
ique profane de la passion. Et c’est la diffusion
de
ce langage par la littérature romanesque qui aboutit, au cours du der
12063
passion. Et c’est la diffusion de ce langage par
la
littérature romanesque qui aboutit, au cours du dernier siècle, à ce
12064
du dernier siècle, à ce renversement des rôles :
l’
instinct devenant le vrai support d’une rhétorique dont les figures lu
12065
à ce renversement des rôles : l’instinct devenant
le
vrai support d’une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais
12066
t des rôles : l’instinct devenant le vrai support
d’
une rhétorique dont les figures lui prêtent désormais un semblant d’id
12067
ct devenant le vrai support d’une rhétorique dont
les
figures lui prêtent désormais un semblant d’idéalité. 20.L’instinc
12068
ont les figures lui prêtent désormais un semblant
d’
idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose de Guillaume de
12069
d’idéalité. 20.L’instinct glorifié Comme à
la
rose de Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
12070
ité. 20.L’instinct glorifié Comme à la rose
de
Guillaume de Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à la rhéto
12071
Comme à la rose de Guillaume de Lorris répond
la
rose de Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque
12072
e à la rose de Guillaume de Lorris répond la rose
de
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppos
12073
e Lorris répond la rose de Jean de Meung, comme à
la
rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuel
12074
Jean de Meung, comme à la rhétorique cristalline
de
Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantis
12075
à la rhétorique cristalline de Pétrarque s’oppose
la
fantasmagorie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué de nos j
12076
de Pétrarque s’oppose la fantasmagorie sensuelle
de
Boccace, le romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veu
12077
e s’oppose la fantasmagorie sensuelle de Boccace,
le
romantisme a provoqué de nos jours une révolte qui se veut « primitiv
12078
ie sensuelle de Boccace, le romantisme a provoqué
de
nos jours une révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus le sen
12079
révolte qui se veut « primitive ». Ce n’est plus
le
sentiment que l’on idéalise, c’est l’instinct. Je songe à une certain
12080
eut « primitive ». Ce n’est plus le sentiment que
l’
on idéalise, c’est l’instinct. Je songe à une certaine école de romanc
12081
n’est plus le sentiment que l’on idéalise, c’est
l’
instinct. Je songe à une certaine école de romanciers anglo-américains
12082
, c’est l’instinct. Je songe à une certaine école
de
romanciers anglo-américains, qui fleurit dans l’entre-deux-guerres, u
12083
de romanciers anglo-américains, qui fleurit dans
l’
entre-deux-guerres, un Lawrence, un Caldwell, et leurs imitateurs. Voi
12084
nous disaient ces hommes : « Nous en avons assez
de
souffrir pour des idées, des idéaux, des petites hypocrisies idéalisé
12085
lles personne ne sait plus croire. Vous avez fait
de
la femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos
12086
s personne ne sait plus croire. Vous avez fait de
la
femme une espèce de divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos fem
12087
lus croire. Vous avez fait de la femme une espèce
de
divinité coquette, cruelle et vampirique. Vos femmes fatales, et vos
12088
et vos femmes adultères, et vos femmes desséchées
de
vertu, nous ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « d
12089
et vos femmes desséchées de vertu, nous ont gâté
la
joie de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d
12090
femmes desséchées de vertu, nous ont gâté la joie
de
vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ». La femme est d’abord u
12091
us ont gâté la joie de vivre. Nous nous vengerons
de
vos « divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se
12092
de vivre. Nous nous vengerons de vos « divines ».
La
femme est d’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur le ventr
12093
divines ». La femme est d’abord une femelle. Nous
la
ferons se traîner sur le ventre vers le mâle dominateur179. Au lieu d
12094
’abord une femelle. Nous la ferons se traîner sur
le
ventre vers le mâle dominateur179. Au lieu de chanter la courtoisie,
12095
lle. Nous la ferons se traîner sur le ventre vers
le
mâle dominateur179. Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
12096
re vers le mâle dominateur179. Au lieu de chanter
la
courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise tota
12097
Au lieu de chanter la courtoisie, nous chanterons
les
ruses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la g
12098
oisie, nous chanterons les ruses du désir animal,
l’
emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence bestiale n
12099
ses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur
l’
esprit. Et la grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du
12100
animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et
la
grande innocence bestiale nous guérira de votre goût du péché, cette
12101
rit. Et la grande innocence bestiale nous guérira
de
votre goût du péché, cette maladie de l’instinct génésique. Ce que vo
12102
ous guérira de votre goût du péché, cette maladie
de
l’instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous r
12103
guérira de votre goût du péché, cette maladie de
l’
instinct génésique. Ce que vous appelez morale, c’est ce qui nous rend
12104
méchants, tristes et honteux. Ce que vous appelez
l’
ordure, voilà ce qui peut nous purifier. Vos tabous sont des sacrilège
12105
s purifier. Vos tabous sont des sacrilèges contre
la
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
12106
des sacrilèges contre la vraie divinité, qui est
la
Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissa
12107
èges contre la vraie divinité, qui est la Vie. Et
la
vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire
12108
vraie divinité, qui est la Vie. Et la vie, c’est
l’
instinct libéré de l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et
12109
ui est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré
de
l’esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individ
12110
est la Vie. Et la vie, c’est l’instinct libéré de
l’
esprit, la grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu f
12111
. Et la vie, c’est l’instinct libéré de l’esprit,
la
grande puissance solaire qui broie et magnifie l’individu fécond, la
12112
la grande puissance solaire qui broie et magnifie
l’
individu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophète
12113
solaire qui broie et magnifie l’individu fécond,
la
belle brute déchaînée, etc. » L’un de ces prophètes est allé jusqu’à
12114
idu fécond, la belle brute déchaînée, etc. » L’un
de
ces prophètes est allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant de v
12115
st allé jusqu’à dire : « Je voudrais avoir autant
de
vitalité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de la « Vie » a pu
12116
italité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique
de
la « Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais
12117
lité qu’une vache. » ⁂ Cette nouvelle mystique de
la
« Vie » a pu donner naissance à de belles œuvres littéraires. Mais el
12118
le mystique de la « Vie » a pu donner naissance à
de
belles œuvres littéraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je l
12119
éraires. Mais elle porte un nom « politique ». Je
la
retrouve, étrangement identique, aux origines profondes d’un mouvemen
12120
ve, étrangement identique, aux origines profondes
d’
un mouvement que nous n’avons plus à étudier ni à convaincre. Disons p
12121
plus à étudier ni à convaincre. Disons pour fixer
les
idées qu’il s’appelle national-socialisme (ou si l’on veut fascisme o
12122
idées qu’il s’appelle national-socialisme (ou si
l’
on veut fascisme ou communisme, selon les prétextes économiques ou doc
12123
me (ou si l’on veut fascisme ou communisme, selon
les
prétextes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis de s’emparer d
12124
xtes économiques ou doctrinaux qui lui ont permis
de
s’emparer du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont le but n’
12125
rmis de s’emparer du pouvoir). C’est une négation
de
l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’empa
12126
s de s’emparer du pouvoir). C’est une négation de
l’
au-delà dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer
12127
du pouvoir). C’est une négation de l’au-delà dont
le
but n’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoi
12128
t une négation de l’au-delà dont le but n’est pas
de
supprimer les dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l
12129
n de l’au-delà dont le but n’est pas de supprimer
les
dieux mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perd
12130
dont le but n’est pas de supprimer les dieux mais
de
s’emparer de leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personna
12131
’est pas de supprimer les dieux mais de s’emparer
de
leur pouvoir en divinisant l’ici-bas. Perdre sa personnalité morale e
12132
x mais de s’emparer de leur pouvoir en divinisant
l’
ici-bas. Perdre sa personnalité morale et se retremper dans le flux co
12133
erdre sa personnalité morale et se retremper dans
le
flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivi
12134
lité morale et se retremper dans le flux cosmique
de
l’instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
12135
é morale et se retremper dans le flux cosmique de
l’
instinct, c’est l’idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la
12136
remper dans le flux cosmique de l’instinct, c’est
l’
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette
12137
ans le flux cosmique de l’instinct, c’est l’idéal
de
nos poètes du primitivisme solaire, mais la pratique de cette croyanc
12138
idéal de nos poètes du primitivisme solaire, mais
la
pratique de cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul
12139
poètes du primitivisme solaire, mais la pratique
de
cette croyance n’est pas de nature à nous tromper un seul instant : i
12140
ire, mais la pratique de cette croyance n’est pas
de
nature à nous tromper un seul instant : il n’y a pas de « belles » br
12141
ure à nous tromper un seul instant : il n’y a pas
de
« belles » brutes, il y a des brutes. L’idée de beauté, qu’un Lawrenc
12142
’y a pas de « belles » brutes, il y a des brutes.
L’
idée de beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’hérit
12143
s de « belles » brutes, il y a des brutes. L’idée
de
beauté, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est l’héritage d’u
12144
é, qu’un Lawrence croit encore consistante, c’est
l’
héritage d’une époque en faillite — une dette que plus personne, là-ba
12145
wrence croit encore consistante, c’est l’héritage
d’
une époque en faillite — une dette que plus personne, là-bas, n’est di
12146
là-bas, n’est disposé à reconnaître. On n’a plus
de
comptes à rendre à cet « esprit » platonicien. Il était cause de tout
12147
ndre à cet « esprit » platonicien. Il était cause
de
toute la confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Ma
12148
t « esprit » platonicien. Il était cause de toute
la
confusion, et il l’a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajou
12149
cien. Il était cause de toute la confusion, et il
l’
a payé de sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est
12150
était cause de toute la confusion, et il l’a payé
de
sa vie, voilà qui est clair. Mais j’ajouterai ceci, qui est non moins
12151
non moins clair : quand sous prétexte de détruire
l’
artificiel — rhétorique idéalisante, éthique et mystique du « parfait
12152
idéalisante, éthique et mystique du « parfait » —
l’
on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans le lar
12153
que du « parfait » — l’on prétend s’enfoncer dans
le
flot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
12154
» — l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif
de
l’instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’
12155
l’on prétend s’enfoncer dans le flot primitif de
l’
instinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est
12156
nfoncer dans le flot primitif de l’instinct, dans
le
larvaire, dans le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’in
12157
ot primitif de l’instinct, dans le larvaire, dans
le
non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit r
12158
nstinct, dans le larvaire, dans le non-fait, dans
l’
« infait », c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver l’authent
12159
le non-fait, dans l’« infait », c’est-à-dire dans
l’
infect, l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait
12160
t, dans l’« infait », c’est-à-dire dans l’infect,
l’
on croit retrouver l’authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant q
12161
c’est-à-dire dans l’infect, l’on croit retrouver
l’
authentique de la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au to
12162
dans l’infect, l’on croit retrouver l’authentique
de
la vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déch
12163
s l’infect, l’on croit retrouver l’authentique de
la
vie, et l’on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
12164
l’on croit retrouver l’authentique de la vie, et
l’
on ne fait pourtant que s’abandonner au torrent des déchets de l’ancie
12165
pourtant que s’abandonner au torrent des déchets
de
l’ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plu
12166
urtant que s’abandonner au torrent des déchets de
l’
ancienne culture et de ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus,
12167
r au torrent des déchets de l’ancienne culture et
de
ses mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd
12168
s mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans
l’
homme d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hér
12169
désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’homme
d’
aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, d
12170
est qu’il n’y a plus, dans l’homme d’aujourd’hui,
d’
authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon d
12171
e d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que
l’
on appelle hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que l’Église a
12172
ité primitive. Ce que l’on appelle hérédité, dans
le
jargon de notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela
12173
ive. Ce que l’on appelle hérédité, dans le jargon
de
notre siècle, ce que l’Église appelle péché originel, cela désigne la
12174
hérédité, dans le jargon de notre siècle, ce que
l’
Église appelle péché originel, cela désigne la perte irrémédiable du c
12175
que l’Église appelle péché originel, cela désigne
la
perte irrémédiable du contact immédiat avec nos origines. Et dès lors
12176
dessous de nos morales, ce n’est pas nous libérer
de
leurs interdictions, mais nous livrer à une folie qui répugnerait aux
12177
gnerait aux bêtes fauves. Descendre au-dessous de
l’
expression créée et réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je le
12178
re au-dessous de l’expression créée et réglée par
l’
esprit (même si l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans les v
12179
’expression créée et réglée par l’esprit (même si
l’
esprit, comme je le crois, nous engageait dans les voies irréelles) ce
12180
t réglée par l’esprit (même si l’esprit, comme je
le
crois, nous engageait dans les voies irréelles) ce n’est pas revenir
12181
l’esprit, comme je le crois, nous engageait dans
les
voies irréelles) ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans la
12182
ce n’est pas revenir au réel, mais s’égarer dans
la
zone de terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous
12183
t pas revenir au réel, mais s’égarer dans la zone
de
terreur et dans les terrains vagues où se sont déversés tous les rebu
12184
el, mais s’égarer dans la zone de terreur et dans
les
terrains vagues où se sont déversés tous les rebuts d’une civilisatio
12185
dans les terrains vagues où se sont déversés tous
les
rebuts d’une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir
12186
rrains vagues où se sont déversés tous les rebuts
d’
une civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsè
12187
és tous les rebuts d’une civilisation intoxiquée.
L’
« authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le ret
12188
e civilisation intoxiquée. L’« authentique » dont
le
désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au
12189
» dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas
le
retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à l’instinc
12190
pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme
d’
un mouvement d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la ch
12191
e retrouver. Il n’est pas au terme d’un mouvement
d’
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est p
12192
Il n’est pas au terme d’un mouvement d’abandon à
l’
instinct énervé et au ressentiment de la chair. Il n’est pas caché mai
12193
d’abandon à l’instinct énervé et au ressentiment
de
la chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé pa
12194
abandon à l’instinct énervé et au ressentiment de
la
chair. Il n’est pas caché mais perdu. Il ne peut qu’être recréé par u
12195
ne peut qu’être recréé par un effort contraire à
la
passion, c’est-à-dire par une action, une mise en ordre, une purifica
12196
une mise en ordre, une purification — un retour à
la
sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors d’un monde déclaré diaboli
12197
r à la sobriété. Agir, ce n’est pas s’évader hors
d’
un monde déclaré diabolique. Ce n’est pas tuer ce corps gênant. Mais c
12198
s ce n’est pas non plus tirer son revolver contre
l’
esprit sous prétexte qu’il nous a trompés180. Agir, en vérité, c’est a
12199
ous a trompés180. Agir, en vérité, c’est accepter
les
conditions qui nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et de la
12200
ccepter les conditions qui nous sont faites, dans
le
conflit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter
12201
conditions qui nous sont faites, dans le conflit
de
l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus e
12202
nditions qui nous sont faites, dans le conflit de
l’
esprit et de la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en d
12203
nous sont faites, dans le conflit de l’esprit et
de
la chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant ma
12204
us sont faites, dans le conflit de l’esprit et de
la
chair ; et c’est tenter de les surmonter non plus en détruisant mais
12205
flit de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter
de
les surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissan
12206
t de l’esprit et de la chair ; et c’est tenter de
les
surmonter non plus en détruisant mais en mariant les deux puissances
12207
surmonter non plus en détruisant mais en mariant
les
deux puissances antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de la ch
12208
en mariant les deux puissances antagonistes. Que
l’
esprit vienne au secours de la chair et retrouve en elle son appui, et
12209
nces antagonistes. Que l’esprit vienne au secours
de
la chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à
12210
s antagonistes. Que l’esprit vienne au secours de
la
chair et retrouve en elle son appui, et que la chair se soumette à l’
12211
de la chair et retrouve en elle son appui, et que
la
chair se soumette à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est l
12212
en elle son appui, et que la chair se soumette à
l’
esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est la voie. Éros mortel, Ér
12213
à l’esprit et retrouve par lui sa paix. Telle est
la
voie. Éros mortel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun d’eux
12214
tel, Éros vital — l’un appelle l’autre, et chacun
d’
eux n’a pour fin véritable et pour terminaison réelle que l’autre, qu’
12215
on réelle que l’autre, qu’il voulait détruire ! À
l’
infini, jusqu’à la consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà c
12216
tre, qu’il voulait détruire ! À l’infini, jusqu’à
la
consomption de toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l
12217
ait détruire ! À l’infini, jusqu’à la consomption
de
toute vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se p
12218
l’infini, jusqu’à la consomption de toute vie et
de
tout esprit. Voilà ce que peut faire l’homme qui se prend pour son di
12219
te vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire
l’
homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la pas
12220
t faire l’homme qui se prend pour son dieu. Voilà
le
mouvement dernier de la passion, dont l’exaspération s’appelle la gue
12221
e prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier
de
la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion
12222
rend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de
la
passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion da
12223
u. Voilà le mouvement dernier de la passion, dont
l’
exaspération s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous les domai
12224
nier de la passion, dont l’exaspération s’appelle
la
guerre. 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de
12225
n s’appelle la guerre. 21.La passion dans tous
les
domaines Le mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avai
12226
uerre. 21.La passion dans tous les domaines
Le
mythe sacré de l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonct
12227
passion dans tous les domaines Le mythe sacré
de
l’amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’o
12228
ssion dans tous les domaines Le mythe sacré de
l’
amour courtois, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale d’ordo
12229
, au xiie siècle, avait eu pour fonction sociale
d’
ordonner et de purifier les puissances anarchiques de la passion. Une
12230
cle, avait eu pour fonction sociale d’ordonner et
de
purifier les puissances anarchiques de la passion. Une mystique trans
12231
u pour fonction sociale d’ordonner et de purifier
les
puissances anarchiques de la passion. Une mystique transcendante orie
12232
rdonner et de purifier les puissances anarchiques
de
la passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polaris
12233
nner et de purifier les puissances anarchiques de
la
passion. Une mystique transcendante orientait secrètement, polarisait
12234
nscendante orientait secrètement, polarisait vers
l’
au-delà les nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute un
12235
orientait secrètement, polarisait vers l’au-delà
les
nostalgies de l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie,
12236
ètement, polarisait vers l’au-delà les nostalgies
de
l’humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique
12237
ment, polarisait vers l’au-delà les nostalgies de
l’
humanité souffrante. C’était sans doute une hérésie, mais pacifique, e
12238
oute une hérésie, mais pacifique, et par certains
de
ses aspects, très favorable à l’équilibre civilisateur. Cependant, du
12239
et par certains de ses aspects, très favorable à
l’
équilibre civilisateur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à l
12240
eur. Cependant, du seul fait qu’elle s’opposait à
la
propagation de l’espèce et à la guerre, la société devait la persécut
12241
du seul fait qu’elle s’opposait à la propagation
de
l’espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome
12242
seul fait qu’elle s’opposait à la propagation de
l’
espèce et à la guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qu
12243
elle s’opposait à la propagation de l’espèce et à
la
guerre, la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer
12244
sait à la propagation de l’espèce et à la guerre,
la
société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu
12245
ion de l’espèce et à la guerre, la société devait
la
persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans les provinces
12246
ciété devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta
le
fer et le feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant m
12247
it la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et
le
feu dans les provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellem
12248
uter. Ce fut Rome qui porta le fer et le feu dans
les
provinces gagnées à l’hérésie. En détruisant matériellement cette rel
12249
rta le fer et le feu dans les provinces gagnées à
l’
hérésie. En détruisant matériellement cette religion, l’Église romaine
12250
sie. En détruisant matériellement cette religion,
l’
Église romaine la condamnait à se propager sous la forme la plus ambig
12251
t matériellement cette religion, l’Église romaine
la
condamnait à se propager sous la forme la plus ambiguë et peut-être l
12252
l’Église romaine la condamnait à se propager sous
la
forme la plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refou
12253
romaine la condamnait à se propager sous la forme
la
plus ambiguë et peut-être la plus dangereuse. Traquée, refoulée et dé
12254
opager sous la forme la plus ambiguë et peut-être
la
plus dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée, l’hérésie ne deva
12255
us dangereuse. Traquée, refoulée et désorganisée,
l’
hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer de mille manières. Les con
12256
ée, l’hérésie ne devait pas tarder à se dénaturer
de
mille manières. Les confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette
12257
vait pas tarder à se dénaturer de mille manières.
Les
confusions qu’elle favorisait malgré elle, cette glorification de l’a
12258
’elle favorisait malgré elle, cette glorification
de
l’amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une am
12259
le favorisait malgré elle, cette glorification de
l’
amour humain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage d’une ambig
12260
, cette glorification de l’amour humain qui était
l’
envers de sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentiell
12261
lorification de l’amour humain qui était l’envers
de
sa doctrine, ce langage d’une ambiguïté à la fois essentielle et oppo
12262
ain qui était l’envers de sa doctrine, ce langage
d’
une ambiguïté à la fois essentielle et opportune, qui permettait tous
12263
ois essentielle et opportune, qui permettait tous
les
abus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de l’Inquisition,
12264
bus, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux
de
l’Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe,
12265
, c’est cela qui allait échapper aux tribunaux de
l’
Inquisition, puis envahir la conscience européenne, même orthodoxe, et
12266
pper aux tribunaux de l’Inquisition, puis envahir
la
conscience européenne, même orthodoxe, et par une sorte d’ironie, don
12267
ence européenne, même orthodoxe, et par une sorte
d’
ironie, donner sa rhétorique passionnelle au mysticisme des plus grand
12268
lle au mysticisme des plus grands saints. Lorsque
les
mythes perdent leur caractère ésotérique et leur fonction sacrée, ils
12269
fonction sacrée, ils se résolvent en littérature.
Le
mythe courtois, mieux que tout autre, se prêtait à ce processus, puis
12270
cessus, puisqu’il n’avait pu se traduire que dans
les
termes de l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens
12271
squ’il n’avait pu se traduire que dans les termes
de
l’amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui, r
12272
’il n’avait pu se traduire que dans les termes de
l’
amour humain, bien qu’entendus au sens mystique. Ce sens évanoui, rest
12273
it exprimer nos instincts naturels, mais non sans
les
dévier, tout insensiblement, vers quelque au-delà de plus en plus mys
12274
u-delà de plus en plus mystérieux, apte à séduire
le
besoin d’idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance my
12275
plus en plus mystérieux, apte à séduire le besoin
d’
idéal qu’avait laissé dans la conscience une connaissance mystique rép
12276
à séduire le besoin d’idéal qu’avait laissé dans
la
conscience une connaissance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fu
12277
ssance mystique réprouvée, puis perdue. Telle fut
la
chance de la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’
12278
tique réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance
de
la littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, un
12279
ue réprouvée, puis perdue. Telle fut la chance de
la
littérature en Occident ; et cela seul peut expliquer l’empire, uniqu
12280
érature en Occident ; et cela seul peut expliquer
l’
empire, unique dans l’histoire des cultures, que la littérature a exer
12281
et cela seul peut expliquer l’empire, unique dans
l’
histoire des cultures, que la littérature a exercé jusqu’à nos jours s
12282
’empire, unique dans l’histoire des cultures, que
la
littérature a exercé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur l
12283
que la littérature a exercé jusqu’à nos jours sur
l’
élite et plus tard sur les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
12284
cé jusqu’à nos jours sur l’élite et plus tard sur
les
masses. Toutefois, le classicisme s’efforça d’imposer tout au moins u
12285
r l’élite et plus tard sur les masses. Toutefois,
le
classicisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme d’art à ces p
12286
r les masses. Toutefois, le classicisme s’efforça
d’
imposer tout au moins une forme d’art à ces puissances obscures privée
12287
cisme s’efforça d’imposer tout au moins une forme
d’
art à ces puissances obscures privées de leur forme sacrée. C’est à ce
12288
une forme d’art à ces puissances obscures privées
de
leur forme sacrée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua le rom
12289
rivées de leur forme sacrée. C’est à ces vestiges
de
rites que s’attaqua le romantisme. D’où la violente exaltation dès la
12290
crée. C’est à ces vestiges de rites que s’attaqua
le
romantisme. D’où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle,
12291
es vestiges de rites que s’attaqua le romantisme.
D’
où la violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’
12292
stiges de rites que s’attaqua le romantisme. D’où
la
violente exaltation dès la fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaie
12293
ua le romantisme. D’où la violente exaltation dès
la
fin du xviiie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe
12294
violente exaltation dès la fin du xviiie siècle,
de
tout ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel de Tristan, puis
12295
iie siècle, de tout ce qu’avaient voulu contenir
le
mythe originel de Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe
12296
ut ce qu’avaient voulu contenir le mythe originel
de
Tristan, puis ses substituts littéraires. Le xixe siècle bourgeois v
12297
inel de Tristan, puis ses substituts littéraires.
Le
xixe siècle bourgeois vit se répandre dans la conscience profane l’«
12298
s. Le xixe siècle bourgeois vit se répandre dans
la
conscience profane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’in
12299
rgeois vit se répandre dans la conscience profane
l’
« instinct de mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé
12300
répandre dans la conscience profane l’« instinct
de
mort » longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé dès sa source
12301
ane l’« instinct de mort » longtemps refoulé dans
l’
inconscient ou canalisé dès sa source par un art aristocratique. Et qu
12302
dès sa source par un art aristocratique. Et quand
les
cadres de la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’u
12303
ce par un art aristocratique. Et quand les cadres
de
la société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout aut
12304
par un art aristocratique. Et quand les cadres de
la
société vinrent à craquer — sous l’effet de poussées d’un tout autre
12305
les cadres de la société vinrent à craquer — sous
l’
effet de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du myt
12306
es de la société vinrent à craquer — sous l’effet
de
poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inond
12307
iété vinrent à craquer — sous l’effet de poussées
d’
un tout autre ordre d’ailleurs — le contenu du mythe inonda notre vie
12308
et de poussées d’un tout autre ordre d’ailleurs —
le
contenu du mythe inonda notre vie quotidienne. Nous ne savions plus c
12309
s plus ce que signifiait cette diffuse exaltation
de
l’amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une
12310
lus ce que signifiait cette diffuse exaltation de
l’
amour. Nous la prenions pour un printemps de l’instinct et pour une re
12311
nifiait cette diffuse exaltation de l’amour. Nous
la
prenions pour un printemps de l’instinct et pour une renaissance des
12312
on de l’amour. Nous la prenions pour un printemps
de
l’instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutée
12313
de l’amour. Nous la prenions pour un printemps de
l’
instinct et pour une renaissance des forces dionysiaques persécutées p
12314
ersécutées par un soi-disant christianisme. Toute
la
littérature moderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais d’où l
12315
ristianisme. Toute la littérature moderne entonna
l’
hymne de la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désesp
12316
sme. Toute la littérature moderne entonna l’hymne
de
la « libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Co
12317
. Toute la littérature moderne entonna l’hymne de
la
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comme
12318
oderne entonna l’hymne de la « libération ». Mais
d’
où lui vient alors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que le rom
12319
« libération ». Mais d’où lui vient alors ce ton
de
désespoir ? Comment se fait-il que le roman qui triompha pendant tren
12320
lors ce ton de désespoir ? Comment se fait-il que
le
roman qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes les
12321
qui triompha pendant trente ans, au xxe siècle,
de
toutes les autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse maréc
12322
pha pendant trente ans, au xxe siècle, de toutes
les
autres formes littéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse de n
12323
ittéraires, aboutisse à cette analyse marécageuse
de
nos doutes et de notre vide ? Que signifie cette libération qui nous
12324
isse à cette analyse marécageuse de nos doutes et
de
notre vide ? Que signifie cette libération qui nous laisse tellement
12325
bération qui nous laisse tellement démunis devant
la
propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que le r
12326
nt la propagande des butors ? Ne voit-on pas, dès
les
années 1930, que le roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une
12327
butors ? Ne voit-on pas, dès les années 1930, que
le
roman a perdu toute sève ? qu’il ne retrouve une virulence provisoire
12328
virulence provisoire qu’en se mettant au service
de
mystiques partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
12329
nt au service de mystiques partisanes ? Serait-ce
la
fin du romantisme ? Le spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette co
12330
ues partisanes ? Serait-ce la fin du romantisme ?
Le
spectacle de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise
12331
s ? Serait-ce la fin du romantisme ? Le spectacle
de
nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car la crise actuelle du m
12332
de nos mœurs n’autorise pas cette conclusion. Car
la
crise actuelle du mariage bourgeois, c’est le triomphe à retardement,
12333
Car la crise actuelle du mariage bourgeois, c’est
le
triomphe à retardement, dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de m
12334
’est le triomphe à retardement, dénaturé tant que
l’
on voudra, mais tout de même le triomphe d’une passion profanée. Mais
12335
dénaturé tant que l’on voudra, mais tout de même
le
triomphe d’une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du d
12336
nt que l’on voudra, mais tout de même le triomphe
d’
une passion profanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de la
12337
fanée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine
de
la sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes env
12338
ée. Mais bien au-delà du mariage et du domaine de
la
sexualité proprement dite, le contenu du mythe et ses fantômes envahi
12339
ge et du domaine de la sexualité proprement dite,
le
contenu du mythe et ses fantômes envahissent les domaines les plus di
12340
, le contenu du mythe et ses fantômes envahissent
les
domaines les plus divers : politique, lutte des classes, sentiment na
12341
du mythe et ses fantômes envahissent les domaines
les
plus divers : politique, lutte des classes, sentiment national, tout
12342
iques ». C’est que nous sommes devenus incapables
de
faire la part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur natur
12343
C’est que nous sommes devenus incapables de faire
la
part du feu, d’ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur
12344
ommes devenus incapables de faire la part du feu,
d’
ordonner nos désirs, de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer
12345
s de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs,
de
distinguer leur nature et leur fin, d’imposer une mesure à leurs diva
12346
os désirs, de distinguer leur nature et leur fin,
d’
imposer une mesure à leurs divagations — de les exprimer en figures. L
12347
r fin, d’imposer une mesure à leurs divagations —
de
les exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été bala
12348
in, d’imposer une mesure à leurs divagations — de
les
exprimer en figures. Les dernières formes de l’amour ont été balayées
12349
à leurs divagations — de les exprimer en figures.
Les
dernières formes de l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insi
12350
de les exprimer en figures. Les dernières formes
de
l’amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemp
12351
les exprimer en figures. Les dernières formes de
l’
amour ont été balayées par la guerre. Et j’insisterai sur cet exemple
12352
dernières formes de l’amour ont été balayées par
la
guerre. Et j’insisterai sur cet exemple symbolique : nous ne faisons
12353
sur cet exemple symbolique : nous ne faisons plus
de
« déclarations d’amour » dans le même temps que nous admettons la gue
12354
mbolique : nous ne faisons plus de « déclarations
d’
amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclara
12355
ne faisons plus de « déclarations d’amour » dans
le
même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalabl
12356
s d’amour » dans le même temps que nous admettons
la
guerre sans « déclaration » préalable. Nous revenons au stade du rapt
12357
ous revenons au stade du rapt, du viol, mais sans
les
rites qui accompagnaient ces actes chez les peuplades polynésiennes.
12358
sans les rites qui accompagnaient ces actes chez
les
peuplades polynésiennes. Cette progressive profanation du mythe — sa
12359
tion du mythe — sa conversion en rhétorique, puis
la
dissolution de cette rhétorique et la totale vulgarisation de son con
12360
sa conversion en rhétorique, puis la dissolution
de
cette rhétorique et la totale vulgarisation de son contenu, l’on peut
12361
rique, puis la dissolution de cette rhétorique et
la
totale vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre les étapes d
12362
on de cette rhétorique et la totale vulgarisation
de
son contenu, l’on peut en suivre les étapes dans un domaine en appare
12363
orique et la totale vulgarisation de son contenu,
l’
on peut en suivre les étapes dans un domaine en apparence fort étrange
12364
vulgarisation de son contenu, l’on peut en suivre
les
étapes dans un domaine en apparence fort étranger à ceux que nous ven
12365
ranger à ceux que nous venons de parcourir : dans
l’
évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 135. Je rapp
12366
x que nous venons de parcourir : dans l’évolution
de
la guerre et de ses méthodes en Occident. 135. Je rappelle que j’e
12367
ue nous venons de parcourir : dans l’évolution de
la
guerre et de ses méthodes en Occident. 135. Je rappelle que j’empl
12368
s de parcourir : dans l’évolution de la guerre et
de
ses méthodes en Occident. 135. Je rappelle que j’emploie toujours
12369
elle que j’emploie toujours ce mot au double sens
de
sacrilège et de laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas rec
12370
ie toujours ce mot au double sens de sacrilège et
de
laïcisation (ou « sécularisation ») — pour ne pas recourir à « profan
12371
ofanisation ». 136. Voir Appendice 10. 137. Sur
les
influences « hérétiques » qu’aurait subies Dante, voir Appendice 6.
12372
6. 138. Béatrice a certainement existé, et Dante
l’
a certainement aimée. C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
12373
isté, et Dante l’a certainement aimée. C’est donc
d’
une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passe chez
12374
C’est donc d’une sublimation qu’il s’agit ici, à
l’
inverse de ce qui se passe chez de nombreux troubadours. Béatrice devi
12375
c d’une sublimation qu’il s’agit ici, à l’inverse
de
ce qui se passe chez de nombreux troubadours. Béatrice deviendra succ
12376
l s’agit ici, à l’inverse de ce qui se passe chez
de
nombreux troubadours. Béatrice deviendra successivement la Philosophi
12377
ux troubadours. Béatrice deviendra successivement
la
Philosophie, la Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et e
12378
Béatrice deviendra successivement la Philosophie,
la
Sagesse et la Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les m
12379
ndra successivement la Philosophie, la Sagesse et
la
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique les mystères. 139.
12380
Science sacrée qui mène au Paradis et en explique
les
mystères. 139. C. A. Cingria, Pétrarque. 140. Sainte Thérèse : « Ce
12381
. Sainte Thérèse : « Ces grâces sont accompagnées
d’
un entier détachement des créatures, quant à l’esprit… On se sent alor
12382
es d’un entier détachement des créatures, quant à
l’
esprit… On se sent alors beaucoup plus étranger aux choses de la terre
12383
n se sent alors beaucoup plus étranger aux choses
de
la terre » et passim ! 141. Il connaissait le roman et le cite plus
12384
e sent alors beaucoup plus étranger aux choses de
la
terre » et passim ! 141. Il connaissait le roman et le cite plusieu
12385
s de la terre » et passim ! 141. Il connaissait
le
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’am
12386
e » et passim ! 141. Il connaissait le roman et
le
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de l’amour : « Voic
12387
roman et le cite plusieurs fois. Par exemple dans
le
Triomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie des liv
12388
cite plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe
de
l’amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie des livres — Trista
12389
e plusieurs fois. Par exemple dans le Triomphe de
l’
amour : « Voici ceux qui remplissent de rêverie des livres — Tristan e
12390
riomphe de l’amour : « Voici ceux qui remplissent
de
rêverie des livres — Tristan et Lancelot et les autres errants — auxq
12391
nt de rêverie des livres — Tristan et Lancelot et
les
autres errants — auxquels il faut que le vulgaire errant se plaise !
12392
elot et les autres errants — auxquels il faut que
le
vulgaire errant se plaise ! » 142. Sainte Thérèse : « C’est un marty
12393
is délicieux et cruel. » 143. Sainte Thérèse : «
L’
âme… voudrait ne jamais voir finir son tourment » et : « Une fois livr
12394
supplice, elle voudrait y passer ce qui lui reste
de
vie. » 144. Saint Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout l
12395
Jean de la Croix : « Ô brûlure suave ! » et tout
le
commentaire de ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 145. Sai
12396
ix : « Ô brûlure suave ! » et tout le commentaire
de
ce vers dans la Vive flamme d’amour (II, 1). 145. Sainte Thérèse : «
12397
suave ! » et tout le commentaire de ce vers dans
la
Vive flamme d’amour (II, 1). 145. Sainte Thérèse : « De ce désir qui
12398
out le commentaire de ce vers dans la Vive flamme
d’
amour (II, 1). 145. Sainte Thérèse : « De ce désir qui en un instant
12399
flamme d’amour (II, 1). 145. Sainte Thérèse : «
De
ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
12400
Thérèse : « De ce désir qui en un instant pénètre
l’
âme entière naît une douleur qui la transporte au-dessus d’elle-même e
12401
nstant pénètre l’âme entière naît une douleur qui
la
transporte au-dessus d’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu
12402
ière naît une douleur qui la transporte au-dessus
d’
elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette sol
12403
ouleur qui la transporte au-dessus d’elle-même et
de
tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lu
12404
ui la transporte au-dessus d’elle-même et de tout
le
créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lui parle
12405
e. Qu’on lui parle et qu’elle-même se fasse toute
la
violence possible pour répondre : peine inutile, elle a beau faire, e
12406
Sainte Thérèse : « Quelle souveraineté que celle
d’
une âme qui portée à cette hauteur par Dieu lui-même, considère toutes
12407
es choses sans être enchaînée par aucune. » 147.
Le
Déclin du Moyen Âge. 148. Selon A. Jeanroy (op. cit., II, p. 130), o
12408
ne trouve aucune poésie spécialement consacrée à
la
Vierge avant le deuxième tiers du xiiie siècle. 149. Voir la Croisa
12409
nt le deuxième tiers du xiiie siècle. 149. Voir
la
Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour l’idée ou l’intuition, et Trista
12410
u xiiie siècle. 149. Voir la Croisade du Graal,
d’
Otto Rahn, pour l’idée ou l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber,
12411
149. Voir la Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour
l’
idée ou l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour la démonstrat
12412
la Croisade du Graal, d’Otto Rahn, pour l’idée ou
l’
intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour la démonstration dans l
12413
l’intuition, et Tristan de Gottfried Weber, pour
la
démonstration dans le cas précis de Gottfried de Strasbourg. 150. No
12414
an de Gottfried Weber, pour la démonstration dans
le
cas précis de Gottfried de Strasbourg. 150. Nous avons déjà relevé l
12415
d Weber, pour la démonstration dans le cas précis
de
Gottfried de Strasbourg. 150. Nous avons déjà relevé l’influence de
12416
fried de Strasbourg. 150. Nous avons déjà relevé
l’
influence de cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques esp
12417
asbourg. 150. Nous avons déjà relevé l’influence
de
cette littérature sur sainte Thérèse et les mystiques espagnols en gé
12418
luence de cette littérature sur sainte Thérèse et
les
mystiques espagnols en général. 151. La Tragédie de Roméo et Juliet
12419
èse et les mystiques espagnols en général. 151.
La
Tragédie de Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff.
12420
ystiques espagnols en général. 151. La Tragédie
de
Roméo et Juliette, traduction P.-J. Jouve et G. Pitoëff. 152. Floris
12421
2. Floris Delattre, Milton, 1937. (Introduction à
l’
Allegro, au Penseroso et à Samson Agonistes.) 153. Charles Sorel, aut
12422
à Samson Agonistes.) 153. Charles Sorel, auteur
de
Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenan
12423
3. Charles Sorel, auteur de Francion, avait écrit
l’
Anti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans le registre burles
12424
, auteur de Francion, avait écrit l’Anti-Roman ou
le
Berger extravagant, reprenant dans le registre burlesque, dit « réali
12425
ti-Roman ou le Berger extravagant, reprenant dans
le
registre burlesque, dit « réaliste », toutes les situations conventio
12426
s le registre burlesque, dit « réaliste », toutes
les
situations conventionnelles de l’Astrée. De même Scarron, etc. 154.
12427
éaliste », toutes les situations conventionnelles
de
l’Astrée. De même Scarron, etc. 154. « Titus, qui aimait passionnéme
12428
iste », toutes les situations conventionnelles de
l’
Astrée. De même Scarron, etc. 154. « Titus, qui aimait passionnément
12429
et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis
de
l’épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les prem
12430
qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de
l’
épouser, la renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premier
12431
ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser,
la
renvoya de Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de
12432
royait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya
de
Rome malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire.
12433
malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours
de
son empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface de Bérénice.) 15
12434
n empire. » (Suétone, traduit par Racine, préface
de
Bérénice.) 155. Hippolyte parlant d’Aricie, acte Ier, scène 1re : «
12435
ne, préface de Bérénice.) 155. Hippolyte parlant
d’
Aricie, acte Ier, scène 1re : « Dois-je épouser ses droits contre un p
12436
pouser ses droits contre un père irrité ? » 156.
La
confession du premier acte à la nourrice ; celle du deuxième à Hippol
12437
irrité ? » 156. La confession du premier acte à
la
nourrice ; celle du deuxième à Hippolyte — « Hé bien ! connais donc P
12438
en ! connais donc Phèdre et toute sa fureur… » et
l’
aveu de Thésée, au cinquième acte. 157. Nouvelle vérification de ce q
12439
nnais donc Phèdre et toute sa fureur… » et l’aveu
de
Thésée, au cinquième acte. 157. Nouvelle vérification de ce que nous
12440
e, au cinquième acte. 157. Nouvelle vérification
de
ce que nous disions à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore l
12441
ation de ce que nous disions à propos d’Eckhart :
la
mystique unitive ignore la passion divine. 158. Doctrine fabuleuse,
12442
s à propos d’Eckhart : la mystique unitive ignore
la
passion divine. 158. Doctrine fabuleuse, publié en 1947. 159. Celu
12443
Doctrine fabuleuse, publié en 1947. 159. Celui
de
Mozart plutôt que celui de Molière, beaucoup moins significatif à mon
12444
é en 1947. 159. Celui de Mozart plutôt que celui
de
Molière, beaucoup moins significatif à mon avis, et qui d’ailleurs n’
12445
lleurs n’eut aucun succès au xviie siècle. 160.
L’
abbé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur d’un ouvrage intit
12446
160. L’abbé de Sade, propre oncle du marquis, est
l’
auteur d’un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes franç
12447
bé de Sade, propre oncle du marquis, est l’auteur
d’
un ouvrage intitulé : Remarques sur les premiers poètes français et le
12448
é : Remarques sur les premiers poètes français et
les
troubadours, et de trois volumes (anonymes) de Mémoires sur Pétrarque
12449
s premiers poètes français et les troubadours, et
de
trois volumes (anonymes) de Mémoires sur Pétrarque. 161. « On a de S
12450
t les troubadours, et de trois volumes (anonymes)
de
Mémoires sur Pétrarque. 161. « On a de Sade : Juliette ou les malheu
12451
anonymes) de Mémoires sur Pétrarque. 161. « On a
de
Sade : Juliette ou les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou l
12452
sur Pétrarque. 161. « On a de Sade : Juliette ou
les
malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice.
12453
. 161. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs
de
la vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le co
12454
161. « On a de Sade : Juliette ou les malheurs de
la
vertu (1791), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est le contr
12455
les malheurs de la vertu (1791), puis Justine ou
les
prospérités du vice. C’est le contraire exactement (donc en psychanal
12456
), puis Justine ou les prospérités du vice. C’est
le
contraire exactement (donc en psychanalyse, le contraire aussi de ce
12457
st le contraire exactement (donc en psychanalyse,
le
contraire aussi de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’
12458
ctement (donc en psychanalyse, le contraire aussi
de
ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fort
12459
yse, le contraire aussi de ce contraire, et ainsi
de
suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A.
12460
i de ce contraire, et ainsi de suite) des Remèdes
de
l’une et l’autre fortune de Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.)
12461
de suite) des Remèdes de l’une et l’autre fortune
de
Pétrarque. » (C.-A. Cingria, Pétrarque.) 162. Voir Appendice 11. 1
12462
e.) 162. Voir Appendice 11. 163. Rappelons que
l’
amour fameux d’Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de
12463
Appendice 11. 163. Rappelons que l’amour fameux
d’
Abélard et Héloïse est le premier exemple historique de la passion don
12464
lard et Héloïse est le premier exemple historique
de
la passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse co
12465
d et Héloïse est le premier exemple historique de
la
passion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre d’Héloïse compo
12466
orique de la passion dont nous parlons ici. Voici
le
Chant funèbre d’Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cit
12467
ion dont nous parlons ici. Voici le Chant funèbre
d’
Héloïse composé (par elle-même ?) en vers latins (cité par Rémusat : A
12468
n vers latins (cité par Rémusat : Abélard, t. I).
L’
amante supplie : Soulage-moi de ma croix, Conduis vers la lumière Mon
12469
: Abélard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi
de
ma croix, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des
12470
ard, t. I). L’amante supplie : Soulage-moi de ma
croix
, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieu
12471
supplie : Soulage-moi de ma croix, Conduis vers
la
lumière Mon âme délivrée ! Et le chœur des religieuses reprend : Qu
12472
x, Conduis vers la lumière Mon âme délivrée ! Et
le
chœur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
12473
œur des religieuses reprend : Qu’ils se reposent
de
leur labeur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des
12474
s reprend : Qu’ils se reposent de leur labeur Et
de
leur douloureux amour ! Ils demandaient l’union des habitants des cie
12475
eur Et de leur douloureux amour ! Ils demandaient
l’
union des habitants des cieux : Déjà ils sont entrés dans le sanctuair
12476
s habitants des cieux : Déjà ils sont entrés dans
le
sanctuaire du Sauveur. Abélard répondit assez mal à cette passion. M
12477
hérétique, se rapproche sur des points essentiels
de
la doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il
12478
étique, se rapproche sur des points essentiels de
la
doctrine spiritualiste des cathares. Et dans ses Lamentations, il lai
12479
res. Et dans ses Lamentations, il laisse échapper
le
grand cri du romantisme et de Tristan : « Amoris impulsio, culpæ just
12480
il laisse échapper le grand cri du romantisme et
de
Tristan : « Amoris impulsio, culpæ justificatio. » 164. Est-ce la f
12481
ris impulsio, culpæ justificatio. » 164. Est-ce
la
faute à Rousseau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames d’aujo
12482
eau ? Ou plutôt au symbolisme ? Beaucoup de dames
d’
aujourd’hui croient que « mystique » signifie sentimental. Vitraux, pé
12483
tal. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence
de
l’esprit, rêverie des sens… 165. W. Schlegel commença en 1808 une ré
12484
. Vitraux, pénombre bleue, arpèges, somnolence de
l’
esprit, rêverie des sens… 165. W. Schlegel commença en 1808 une rédac
12485
chlegel commença en 1808 une rédaction modernisée
de
Tristan. Puis Rückert, Immermann, Platen, bien d’autres, esquissèrent
12486
res, esquissèrent des Tristan (poèmes et drames).
Le
poème de Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois con
12487
issèrent des Tristan (poèmes et drames). Le poème
de
Platen débute ainsi : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé la
12488
). Le poème de Platen débute ainsi : « Celui dont
les
yeux ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à la mort… » 166
12489
si : « Celui dont les yeux ont une fois contemplé
la
beauté est déjà voué à la mort… » 166. Les italiques sont dans le te
12490
ont une fois contemplé la beauté est déjà voué à
la
mort… » 166. Les italiques sont dans le texte original. 167. Autre
12491
templé la beauté est déjà voué à la mort… » 166.
Les
italiques sont dans le texte original. 167. Autre vision manichéenne
12492
à voué à la mort… » 166. Les italiques sont dans
le
texte original. 167. Autre vision manichéenne du monde : la grande œ
12493
iginal. 167. Autre vision manichéenne du monde :
la
grande œuvre du peintre Otto Runge, les Quatre Saisons, devait représ
12494
du monde : la grande œuvre du peintre Otto Runge,
les
Quatre Saisons, devait représenter les quatre saisons de l’esprit : l
12495
tto Runge, les Quatre Saisons, devait représenter
les
quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité d
12496
re Saisons, devait représenter les quatre saisons
de
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le j
12497
Saisons, devait représenter les quatre saisons de
l’
esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour
12498
vait représenter les quatre saisons de l’esprit :
le
matin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme ill
12499
es quatre saisons de l’esprit : le matin, qui est
l’
éclairage illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée de la créat
12500
l’esprit : le matin, qui est l’éclairage illimité
de
l’univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négati
12501
sprit : le matin, qui est l’éclairage illimité de
l’
univers ; le jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation
12502
atin, qui est l’éclairage illimité de l’univers ;
le
jour, forme illimitée de la créature ; le soir, négation illimitée de
12503
illimité de l’univers ; le jour, forme illimitée
de
la créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine
12504
limité de l’univers ; le jour, forme illimitée de
la
créature ; le soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de
12505
ivers ; le jour, forme illimitée de la créature ;
le
soir, négation illimitée de l’existence à l’origine de l’univers ; la
12506
itée de la créature ; le soir, négation illimitée
de
l’existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
12507
e de la créature ; le soir, négation illimitée de
l’
existence à l’origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
12508
re ; le soir, négation illimitée de l’existence à
l’
origine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissanc
12509
ir, négation illimitée de l’existence à l’origine
de
l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu,
12510
négation illimitée de l’existence à l’origine de
l’
univers ; la nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, ex
12511
limitée de l’existence à l’origine de l’univers ;
la
nuit, profondeur illimitée de la connaissance de Dieu, existence abso
12512
gine de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée
de
la connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, les Ro
12513
e de l’univers ; la nuit, profondeur illimitée de
la
connaissance de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, les Roman
12514
la nuit, profondeur illimitée de la connaissance
de
Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch, les Romantiques allemands
12515
ce de Dieu, existence absolue. (Cf. Ricarda Huch,
les
Romantiques allemands, p. 285). 168. Tieck raconte l’histoire du tro
12516
mantiques allemands, p. 285). 168. Tieck raconte
l’
histoire du troubadour Jauffré Rudel dans Sternbald, et caractérise lo
12517
é Rudel dans Sternbald, et caractérise longuement
l’
amour courtois dans le Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 169. I
12518
, et caractérise longuement l’amour courtois dans
le
Sabbat des sorcières et dans Phantasus. 169. Il faudra attendre un s
12519
dre un siècle pour en voir un : Bergson, disciple
de
Schelling. 170. Voir le Journal de Novalis, et le portrait qu’il don
12520
r un : Bergson, disciple de Schelling. 170. Voir
le
Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue,
12521
son, disciple de Schelling. 170. Voir le Journal
de
Novalis, et le portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von
12522
e Schelling. 170. Voir le Journal de Novalis, et
le
portrait qu’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 1
12523
le Journal de Novalis, et le portrait qu’il donne
de
sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 16 ans. Il note « ses pla
12524
préférés » et qu’« elle boit volontiers du vin ».
Le
Français hausse les épaules devant de tels enfantillages. 171. On li
12525
elle boit volontiers du vin ». Le Français hausse
les
épaules devant de tels enfantillages. 171. On lit dans le Cantique d
12526
s du vin ». Le Français hausse les épaules devant
de
tels enfantillages. 171. On lit dans le Cantique des Cantiques : « L
12527
s devant de tels enfantillages. 171. On lit dans
le
Cantique des Cantiques : « Levez-vous, aquilons, venez autans ! souff
12528
t Jean de la Croix : « Viens, Auster qui réveille
les
amours, — Aspire à travers mon jardin — Et que s’en répandent les ode
12529
pire à travers mon jardin — Et que s’en répandent
les
odeurs. » (Cantico, XXVI.) 172. José Ortega y Gasset, Uber die Liebe
12530
José Ortega y Gasset, Uber die Liebe. 173. Toute
la
différence entre la cristallisation et l’idéalisation courtoise tient
12531
, Uber die Liebe. 173. Toute la différence entre
la
cristallisation et l’idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal
12532
. Toute la différence entre la cristallisation et
l’
idéalisation courtoise tient en ceci : Stendhal sait qu’il y aura décr
12533
hal sait qu’il y aura décristallisation (retour à
la
lucidité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
12534
y aura décristallisation (retour à la lucidité).
Le
contrepoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité. La tragédie to
12535
ité). Le contrepoison du philtre, pour lui, c’est
l’
infidélité. La tragédie tourne au vaudeville. 174. Mélot le délateur,
12536
epoison du philtre, pour lui, c’est l’infidélité.
La
tragédie tourne au vaudeville. 174. Mélot le délateur, c’est le pers
12537
té. La tragédie tourne au vaudeville. 174. Mélot
le
délateur, c’est le personnage constant des poèmes courtois que les tr
12538
rne au vaudeville. 174. Mélot le délateur, c’est
le
personnage constant des poèmes courtois que les troubadours nommaient
12539
st le personnage constant des poèmes courtois que
les
troubadours nommaient le lozengier. 175. Cf. chap. 11 livre II. Le r
12540
des poèmes courtois que les troubadours nommaient
le
lozengier. 175. Cf. chap. 11 livre II. Le roman est un poème qui n’e
12541
maient le lozengier. 175. Cf. chap. 11 livre II.
Le
roman est un poème qui n’exprime plus l’instant mais la durée. 176.
12542
ivre II. Le roman est un poème qui n’exprime plus
l’
instant mais la durée. 176. Surtout les décors réalistes que nos met
12543
an est un poème qui n’exprime plus l’instant mais
la
durée. 176. Surtout les décors réalistes que nos metteurs en scène
12544
rime plus l’instant mais la durée. 176. Surtout
les
décors réalistes que nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (l
12545
ue nos metteurs en scène s’obstinent à conserver (
la
décoration de la tente au premier acte, le lierre peint sur les murai
12546
s en scène s’obstinent à conserver (la décoration
de
la tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg a
12547
n scène s’obstinent à conserver (la décoration de
la
tente au premier acte, le lierre peint sur les murailles du burg au d
12548
erver (la décoration de la tente au premier acte,
le
lierre peint sur les murailles du burg au deuxième !) Il faudrait un
12549
de la tente au premier acte, le lierre peint sur
les
murailles du burg au deuxième !) Il faudrait un décor simplifié à l’e
12550
g au deuxième !) Il faudrait un décor simplifié à
l’
extrême, abstrait, métaphysique, rêvé. Il faudrait des acteurs hiérati
12551
ques, et non pas cette interminable gesticulation
de
Tristan essoufflé sur sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… No
12552
gesticulation de Tristan essoufflé sur sa couche,
d’
Isolde entravée par ses voiles… Note de 1954 : la mise en scène nouvel
12553
sa couche, d’Isolde entravée par ses voiles… Note
de
1954 : la mise en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre de Wiel
12554
d’Isolde entravée par ses voiles… Note de 1954 :
la
mise en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner
12555
voiles… Note de 1954 : la mise en scène nouvelle
de
Tristan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner, comble les vœux que j’ex
12556
se en scène nouvelle de Tristan à Bayreuth, œuvre
de
Wieland Wagner, comble les vœux que j’exprimais dans la première édit
12557
istan à Bayreuth, œuvre de Wieland Wagner, comble
les
vœux que j’exprimais dans la première édition de ce livre ; elle perm
12558
les vœux que j’exprimais dans la première édition
de
ce livre ; elle permet d’assister les yeux ouverts au deuxième acte.
12559
ans la première édition de ce livre ; elle permet
d’
assister les yeux ouverts au deuxième acte. 177. Guyon (d’où guyon :
12560
ière édition de ce livre ; elle permet d’assister
les
yeux ouverts au deuxième acte. 177. Guyon (d’où guyon : guide, en v
12561
les yeux ouverts au deuxième acte. 177. Guyon (
d’
où guyon : guide, en vieux français) c’est le Führer qui détient les s
12562
yon (d’où guyon : guide, en vieux français) c’est
le
Führer qui détient les secrets d’initiation à la voix divinisante. 1
12563
e, en vieux français) c’est le Führer qui détient
les
secrets d’initiation à la voix divinisante. 178. Héritage, dot, « si
12564
français) c’est le Führer qui détient les secrets
d’
initiation à la voix divinisante. 178. Héritage, dot, « situation » d
12565
le Führer qui détient les secrets d’initiation à
la
voix divinisante. 178. Héritage, dot, « situation » des conjoints, r
12566
tage, dot, « situation » des conjoints, relations
d’
affaires, etc. 179. Scène d’un roman de Caldwell intitulé la Route au
12567
conjoints, relations d’affaires, etc. 179. Scène
d’
un roman de Caldwell intitulé la Route au tabac. 180. On connaît la p
12568
relations d’affaires, etc. 179. Scène d’un roman
de
Caldwell intitulé la Route au tabac. 180. On connaît la phrase d’un
12569
etc. 179. Scène d’un roman de Caldwell intitulé
la
Route au tabac. 180. On connaît la phrase d’un officier hitlérien :
12570
well intitulé la Route au tabac. 180. On connaît
la
phrase d’un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononce
12571
ulé la Route au tabac. 180. On connaît la phrase
d’
un officier hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer le mot G
12572
hitlérien : « Chaque fois que j’entends prononcer
le
mot Geist (esprit), j’arme mon revolver. »
12573
uerre 1.Parallélisme des formes Du désir à
la
mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et
12574
Parallélisme des formes Du désir à la mort par
la
passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous y somme
12575
s Du désir à la mort par la passion, telle est
la
voie du romantisme occidental ; et nous y sommes tous engagés pour au
12576
ommes tributaires — inconsciemment bien entendu —
d’
un ensemble de mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
12577
res — inconsciemment bien entendu — d’un ensemble
de
mœurs et de coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles.
12578
ciemment bien entendu — d’un ensemble de mœurs et
de
coutumes dont la mystique courtoise a créé les symboles. Or passion s
12579
endu — d’un ensemble de mœurs et de coutumes dont
la
mystique courtoise a créé les symboles. Or passion signifie souffranc
12580
et de coutumes dont la mystique courtoise a créé
les
symboles. Or passion signifie souffrance. Notre notion de l’amour, en
12581
les. Or passion signifie souffrance. Notre notion
de
l’amour, enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc
12582
. Or passion signifie souffrance. Notre notion de
l’
amour, enveloppant celle que nous avons de la femme, se trouve donc li
12583
tion de l’amour, enveloppant celle que nous avons
de
la femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde q
12584
n de l’amour, enveloppant celle que nous avons de
la
femme, se trouve donc liée à une notion de la souffrance féconde qui
12585
ons de la femme, se trouve donc liée à une notion
de
la souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus sec
12586
de la femme, se trouve donc liée à une notion de
la
souffrance féconde qui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
12587
ui flatte ou légitime obscurément, au plus secret
de
la conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singul
12588
flatte ou légitime obscurément, au plus secret de
la
conscience occidentale, le goût de la guerre. Cette liaison singulièr
12589
ent, au plus secret de la conscience occidentale,
le
goût de la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la
12590
plus secret de la conscience occidentale, le goût
de
la guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme e
12591
s secret de la conscience occidentale, le goût de
la
guerre. Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d
12592
e, le goût de la guerre. Cette liaison singulière
d’
une certaine idée de la femme et d’une idée correspondante de la guerr
12593
rre. Cette liaison singulière d’une certaine idée
de
la femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entr
12594
. Cette liaison singulière d’une certaine idée de
la
femme et d’une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîn
12595
son singulière d’une certaine idée de la femme et
d’
une idée correspondante de la guerre, en Occident, entraîne de profond
12596
ine idée de la femme et d’une idée correspondante
de
la guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la mo
12597
idée de la femme et d’une idée correspondante de
la
guerre, en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la moral
12598
orrespondante de la guerre, en Occident, entraîne
de
profondes conséquences pour la morale, l’éducation, la politique. Un
12599
Occident, entraîne de profondes conséquences pour
la
morale, l’éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas d
12600
ntraîne de profondes conséquences pour la morale,
l’
éducation, la politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour
12601
ofondes conséquences pour la morale, l’éducation,
la
politique. Un fort gros livre ne serait pas de trop pour en démêler l
12602
n, la politique. Un fort gros livre ne serait pas
de
trop pour en démêler les aspects. On doit souhaiter que ce livre soit
12603
gros livre ne serait pas de trop pour en démêler
les
aspects. On doit souhaiter que ce livre soit écrit, mais sans se diss
12604
que ce livre soit écrit, mais sans se dissimuler
l’
extrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il
12605
rit, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté
de
la tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséde
12606
, mais sans se dissimuler l’extrême difficulté de
la
tâche. Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait de posséder à
12607
xtrême difficulté de la tâche. Car en effet, pour
la
mener à bien, il s’agirait de posséder à fond la matière rapidement e
12608
Car en effet, pour la mener à bien, il s’agirait
de
posséder à fond la matière rapidement explorée dans les pages qui pré
12609
la mener à bien, il s’agirait de posséder à fond
la
matière rapidement explorée dans les pages qui précèdent, puis une so
12610
sséder à fond la matière rapidement explorée dans
les
pages qui précèdent, puis une solide culture militaire, enfin la somm
12611
écèdent, puis une solide culture militaire, enfin
la
somme des recherches psychologiques entreprises depuis le xixe siècl
12612
des recherches psychologiques entreprises depuis
le
xixe siècle sur la question de l’« instinct combatif » dans ses rela
12613
hologiques entreprises depuis le xixe siècle sur
la
question de l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinc
12614
ntreprises depuis le xixe siècle sur la question
de
l’« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel181.
12615
eprises depuis le xixe siècle sur la question de
l’
« instinct combatif » dans ses relations avec l’instinct sexuel181. Fa
12616
e l’« instinct combatif » dans ses relations avec
l’
instinct sexuel181. Faute de quoi, je me bornerai à soulever un certai
12617
ns ses relations avec l’instinct sexuel181. Faute
de
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre de questions, et su
12618
quoi, je me bornerai à soulever un certain nombre
de
questions, et surtout à le situer dans la logique du mythe, qui est m
12619
ever un certain nombre de questions, et surtout à
le
situer dans la logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut pens
12620
nombre de questions, et surtout à le situer dans
la
logique du mythe, qui est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs q
12621
est mon vrai sujet. On peut penser d’ailleurs que
l’
examen des formes n’est pas moins instructif, en ce domaine, que la re
12622
es n’est pas moins instructif, en ce domaine, que
la
recherche des causes, et qu’il est certainement moins trompeur. Il n’
12623
ins trompeur. Il n’est pas nécessaire par exemple
de
recourir aux théories de Freud pour constater que l’instinct de guerr
12624
s nécessaire par exemple de recourir aux théories
de
Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fond
12625
recourir aux théories de Freud pour constater que
l’
instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figu
12626
x théories de Freud pour constater que l’instinct
de
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courant
12627
Freud pour constater que l’instinct de guerre et
l’
érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du langage
12628
guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés :
les
figures courantes du langage le font voir avec plus d’évidence. Laiss
12629
ntalement liés : les figures courantes du langage
le
font voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté les hypothèses
12630
gures courantes du langage le font voir avec plus
d’
évidence. Laissant donc de côté les hypothèses multiples et changeante
12631
le font voir avec plus d’évidence. Laissant donc
de
côté les hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse de
12632
voir avec plus d’évidence. Laissant donc de côté
les
hypothèses multiples et changeantes relatives à la genèse des instinc
12633
s hypothèses multiples et changeantes relatives à
la
genèse des instincts, je m’en tiendrai à quelques rapprochements form
12634
tiendrai à quelques rapprochements formels entre
les
arts d’aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon p
12635
à quelques rapprochements formels entre les arts
d’
aimer et de guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos ét
12636
rapprochements formels entre les arts d’aimer et
de
guerroyer du xiie siècle jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplem
12637
le jusqu’à nos jours. Mon propos étant simplement
de
marquer un parallélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
12638
étant simplement de marquer un parallélisme entre
l’
évolution du mythe et l’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleu
12639
uer un parallélisme entre l’évolution du mythe et
l’
évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’u
12640
lélisme entre l’évolution du mythe et l’évolution
de
la guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’a
12641
isme entre l’évolution du mythe et l’évolution de
la
guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autr
12642
’évolution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs
de
la priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
12643
olution de la guerre, sans préjuger d’ailleurs de
la
priorité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour
12644
a guerre, sans préjuger d’ailleurs de la priorité
de
l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiqu
12645
ns préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou
de
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité, les poè
12646
ité de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier
de
l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrièr
12647
de l’une ou de l’autre. 2.Langage guerrier de
l’
amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières
12648
l’autre. 2.Langage guerrier de l’amour Dès
l’
Antiquité, les poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire le
12649
2.Langage guerrier de l’amour Dès l’Antiquité,
les
poètes ont usé de métaphores guerrières pour décrire les effets de l’
12650
de l’amour Dès l’Antiquité, les poètes ont usé
de
métaphores guerrières pour décrire les effets de l’amour naturel. Le
12651
tes ont usé de métaphores guerrières pour décrire
les
effets de l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche
12652
de métaphores guerrières pour décrire les effets
de
l’amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèche
12653
métaphores guerrières pour décrire les effets de
l’
amour naturel. Le dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches m
12654
ières pour décrire les effets de l’amour naturel.
Le
dieu d’amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femm
12655
ur décrire les effets de l’amour naturel. Le dieu
d’
amour est un archer qui décoche des flèches mortelles. La femme se ren
12656
est un archer qui décoche des flèches mortelles.
La
femme se rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur
12657
décoche des flèches mortelles. La femme se rend à
l’
homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu d
12658
flèches mortelles. La femme se rend à l’homme qui
la
conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
12659
e rend à l’homme qui la conquiert parce qu’il est
le
meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’
12660
a conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier.
L’
enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des
12661
ert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu
de
la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus an
12662
parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de
la
guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus ancie
12663
il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre
de
Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans
12664
lleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est
la
possession d’une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous poss
12665
. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession
d’
une femme. Et l’un des plus anciens romans que nous possédions, le Thé
12666
l’un des plus anciens romans que nous possédions,
le
Théagène et Chariclée d’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « lut
12667
’Héliodore (iiie siècle) parle déjà des « luttes
d’
amour » et de la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les
12668
iie siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et
de
la « délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévit
12669
siècle) parle déjà des « luttes d’amour » et de
la
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous les traits inévitabl
12670
luttes d’amour » et de la « délicieuse défaite »
de
celui « qui tombe sous les traits inévitables d’Éros ». Plutarque fai
12671
« délicieuse défaite » de celui « qui tombe sous
les
traits inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuel
12672
de celui « qui tombe sous les traits inévitables
d’
Éros ». Plutarque fait voir que la morale sexuelle des Spartiates s’or
12673
its inévitables d’Éros ». Plutarque fait voir que
la
morale sexuelle des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire de
12674
des Spartiates s’ordonnait au rendement militaire
de
ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant l
12675
s’ordonnait au rendement militaire de ce peuple.
L’
eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations d
12676
au rendement militaire de ce peuple. L’eugénisme
de
Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’
12677
isme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant
les
relations des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter l’agressivité
12678
inutieuses réglant les relations des époux, n’ont
d’
autre but que d’augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirm
12679
nt les relations des époux, n’ont d’autre but que
d’
augmenter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison nat
12680
ions des époux, n’ont d’autre but que d’augmenter
l’
agressivité des soldats. Tout cela confirme la liaison naturelle, c’es
12681
ter l’agressivité des soldats. Tout cela confirme
la
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel e
12682
la liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique,
de
l’instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de c
12683
liaison naturelle, c’est-à-dire physiologique, de
l’
instinct sexuel et de l’instinct combatif. Mais il serait vain de cher
12684
est-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel et
de
l’instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblance
12685
-à-dire physiologique, de l’instinct sexuel et de
l’
instinct combatif. Mais il serait vain de chercher des ressemblances e
12686
el et de l’instinct combatif. Mais il serait vain
de
chercher des ressemblances entre la tactique des Anciens et leur conc
12687
l serait vain de chercher des ressemblances entre
la
tactique des Anciens et leur conception de l’amour. Les deux domaines
12688
entre la tactique des Anciens et leur conception
de
l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait dist
12689
tre la tactique des Anciens et leur conception de
l’
amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinc
12690
ctique des Anciens et leur conception de l’amour.
Les
deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinctes, et pr
12691
mis à des lois tout à fait distinctes, et privées
de
commune mesure. Il n’en va plus de même dans notre histoire à partir
12692
partir des xiie et xiiie siècles. On voit alors
le
langage amoureux s’enrichir de tournures qui ne désignent plus seulem
12693
les. On voit alors le langage amoureux s’enrichir
de
tournures qui ne désignent plus seulement les gestes élémentaires du
12694
chir de tournures qui ne désignent plus seulement
les
gestes élémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées d’une façon
12695
lémentaires du guerrier, mais qui sont empruntées
d’
une façon très précise à l’art des batailles, à la tactique militaire
12696
is qui sont empruntées d’une façon très précise à
l’
art des batailles, à la tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit p
12697
d’une façon très précise à l’art des batailles, à
la
tactique militaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une o
12698
se à l’art des batailles, à la tactique militaire
de
l’époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou
12699
à l’art des batailles, à la tactique militaire de
l’
époque. Il ne s’agit plus, désormais, d’une origine commune plus ou mo
12700
itaire de l’époque. Il ne s’agit plus, désormais,
d’
une origine commune plus ou moins obscurément ressentie, mais bien d’u
12701
ne plus ou moins obscurément ressentie, mais bien
d’
un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
12702
ressentie, mais bien d’un minutieux parallélisme.
L’
amant fait le siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu
12703
is bien d’un minutieux parallélisme. L’amant fait
le
siège de sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
12704
’un minutieux parallélisme. L’amant fait le siège
de
sa Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près,
12705
lisme. L’amant fait le siège de sa Dame. Il livre
d’
amoureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il la poursuit, il c
12706
Dame. Il livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il
la
serre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières déf
12707
livre d’amoureux assauts à sa vertu. Il la serre
de
près, il la poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de
12708
ureux assauts à sa vertu. Il la serre de près, il
la
poursuit, il cherche à vaincre les dernières défenses de sa pudeur, e
12709
rre de près, il la poursuit, il cherche à vaincre
les
dernières défenses de sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfi
12710
suit, il cherche à vaincre les dernières défenses
de
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin la dame se rend à me
12711
vaincre les dernières défenses de sa pudeur, et à
les
tourner par surprise ; enfin la dame se rend à merci. Mais alors, par
12712
sa pudeur, et à les tourner par surprise ; enfin
la
dame se rend à merci. Mais alors, par une curieuse inversion bien typ
12713
is alors, par une curieuse inversion bien typique
de
la courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps qu
12714
alors, par une curieuse inversion bien typique de
la
courtoisie, c’est l’amant qui sera son prisonnier en même temps que s
12715
se inversion bien typique de la courtoisie, c’est
l’
amant qui sera son prisonnier en même temps que son vainqueur. Il devi
12716
ier en même temps que son vainqueur. Il deviendra
le
vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout
12717
e temps que son vainqueur. Il deviendra le vassal
de
cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c
12718
Il deviendra le vassal de cette suzeraine, selon
la
règle des guerres féodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
12719
éodales, tout comme si c’était lui qui avait subi
la
défaite182. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve de sa vaillance
12720
bi la défaite182. Il ne lui reste plus qu’à faire
la
preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’a
12721
ite182. Il ne lui reste plus qu’à faire la preuve
de
sa vaillance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais l’argot solda
12722
re la preuve de sa vaillance, etc. Tout ceci pour
le
beau langage. Mais l’argot soldatesque et civil nous fournirait une p
12723
llance, etc. Tout ceci pour le beau langage. Mais
l’
argot soldatesque et civil nous fournirait une profusion d’exemples d’
12724
oldatesque et civil nous fournirait une profusion
d’
exemples d’une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’intr
12725
et civil nous fournirait une profusion d’exemples
d’
une verdeur encore plus significative. Et plus tard, l’introduction de
12726
verdeur encore plus significative. Et plus tard,
l’
introduction des armes à feu devait donner lieu à d’innombrables plais
12727
introduction des armes à feu devait donner lieu à
d’
innombrables plaisanteries à double sens. Ce parallélisme d’ailleurs e
12728
élisme d’ailleurs est complaisamment exploité par
les
écrivains. C’est un thème de rhétorique inépuisable, « Ô ! trop heure
12729
amment exploité par les écrivains. C’est un thème
de
rhétorique inépuisable, « Ô ! trop heureux capitaine, écrit Brantôme1
12730
écrit Brantôme183, qui avez combattu et tué tant
d’
hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop h
12731
3, qui avez combattu et tué tant d’hommes ennemis
de
Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une
12732
ombattu et tué tant d’hommes ennemis de Dieu dans
les
armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus
12733
d’hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans
les
villes ! Ô ! trop heureux encore une fois, et plus, qui avez combattu
12734
vez combattu et vaincu à tant d’autres assauts et
de
reprises une si belle Dame entre les pavillons de votre lit ! » Il ne
12735
es assauts et de reprises une si belle Dame entre
les
pavillons de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs
12736
de reprises une si belle Dame entre les pavillons
de
votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si les auteurs mystiques rep
12737
ns de votre lit ! » Il ne faudra pas s’étonner si
les
auteurs mystiques reprennent ces métaphores devenues banales, et les
12738
es reprennent ces métaphores devenues banales, et
les
transposent selon le processus décrit plus haut, dans le domaine de l
12739
phores devenues banales, et les transposent selon
le
processus décrit plus haut, dans le domaine de l’amour divin. Francis
12740
sposent selon le processus décrit plus haut, dans
le
domaine de l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sa
12741
on le processus décrit plus haut, dans le domaine
de
l’amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérès
12742
le processus décrit plus haut, dans le domaine de
l’
amour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse l
12743
mour divin. Francisco de Ossuna (l’un des maîtres
de
sainte Thérèse les plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son
12744
sco de Ossuna (l’un des maîtres de sainte Thérèse
les
plus imbus de rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne
12745
l’un des maîtres de sainte Thérèse les plus imbus
de
rhétorique courtoise) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
12746
) écrit dans son Ley de Amor : « Ne pense pas que
le
combat de l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le
12747
ns son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat
de
l’amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’u
12748
son Ley de Amor : « Ne pense pas que le combat de
l’
amour soit comme les autres batailles où la fureur et le fracas d’une
12749
Ne pense pas que le combat de l’amour soit comme
les
autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable
12750
bat de l’amour soit comme les autres batailles où
la
fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, c
12751
r soit comme les autres batailles où la fureur et
le
fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne
12752
me les autres batailles où la fureur et le fracas
d’
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne combat qu
12753
une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car
l’
amour ne combat qu’à force de caresses et n’a d’autres menaces que ses
12754
es tendres paroles. Ses flèches et ses coups sont
les
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacit
12755
s. Ses flèches et ses coups sont les bienfaits et
les
dons. Sa rencontre est une offre de grande efficacité. Les soupirs co
12756
bienfaits et les dons. Sa rencontre est une offre
de
grande efficacité. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise de
12757
Sa rencontre est une offre de grande efficacité.
Les
soupirs composent son artillerie. Sa prise de possession est un embra
12758
é. Les soupirs composent son artillerie. Sa prise
de
possession est un embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour l
12759
de possession est un embrassement. Sa tuerie est
de
donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise tr
12760
sion est un embrassement. Sa tuerie est de donner
la
vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l
12761
embrassement. Sa tuerie est de donner la vie pour
l’
aimé. » ⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la
12762
est de donner la vie pour l’aimé. » ⁂ On a vu que
la
rhétorique courtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de la
12763
⁂ On a vu que la rhétorique courtoise traduit, à
l’
origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle centra
12764
que la rhétorique courtoise traduit, à l’origine,
la
lutte du Jour et de la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle es
12765
urtoise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et
de
la Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du mond
12766
oise traduit, à l’origine, la lutte du Jour et de
la
Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde e
12767
uit, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit.
La
mort y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la vict
12768
a Nuit. La mort y joue un rôle central : elle est
la
défaite du monde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et mort so
12769
un rôle central : elle est la défaite du monde et
la
victoire de la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse,
12770
ral : elle est la défaite du monde et la victoire
de
la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l
12771
: elle est la défaite du monde et la victoire de
la
vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par l’in
12772
e la vie lumineuse. Amour et mort sont reliés par
l’
ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cett
12773
Amour et mort sont reliés par l’ascèse, comme par
l’
instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse
12774
, ni cette complicité physiologique des instincts
de
combat et de procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des
12775
mplicité physiologique des instincts de combat et
de
procréation ne suffisent à déterminer l’usage précis des expressions
12776
ombat et de procréation ne suffisent à déterminer
l’
usage précis des expressions guerrières dans la littérature érotique d
12777
er l’usage précis des expressions guerrières dans
la
littérature érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existe
12778
pressions guerrières dans la littérature érotique
d’
Occident. Ce qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge d’une r
12779
érotique d’Occident. Ce qui explique tout, c’est
l’
existence au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à l’art d’aim
12780
qui explique tout, c’est l’existence au Moyen Âge
d’
une règle effectivement commune à l’art d’aimer et à l’art militaire,
12781
au Moyen Âge d’une règle effectivement commune à
l’
art d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3
12782
yen Âge d’une règle effectivement commune à l’art
d’
aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La ch
12783
règle effectivement commune à l’art d’aimer et à
l’
art militaire, et qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
12784
rt d’aimer et à l’art militaire, et qui s’appelle
la
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « D
12785
s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi
de
l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est,
12786
appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de
l’
amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, sel
12787
chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et
de
la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizi
12788
valerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de
la
guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga
12789
de l’amour et de la guerre « Donner un style à
l’
amour », telle est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême de la soci
12790
style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga,
l’
aspiration suprême de la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’e
12791
elle est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême
de
la société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité soci
12792
e est, selon J. Huizinga, l’aspiration suprême de
la
société médiévale dans l’ordre éthique. « C’est une nécessité sociale
12793
l’aspiration suprême de la société médiévale dans
l’
ordre éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin d’autant plus
12794
éthique. « C’est une nécessité sociale, un besoin
d’
autant plus impérieux que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
12795
té sociale, un besoin d’autant plus impérieux que
les
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rit
12796
x que les mœurs sont plus féroces. Il faut élever
l’
amour à la hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’e
12797
mœurs sont plus féroces. Il faut élever l’amour à
la
hauteur d’un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À mo
12798
plus féroces. Il faut élever l’amour à la hauteur
d’
un rite, la violence débordante de la passion l’exige. À moins que les
12799
s. Il faut élever l’amour à la hauteur d’un rite,
la
violence débordante de la passion l’exige. À moins que les émotions n
12800
ur à la hauteur d’un rite, la violence débordante
de
la passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer
12801
à la hauteur d’un rite, la violence débordante de
la
passion l’exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dan
12802
r d’un rite, la violence débordante de la passion
l’
exige. À moins que les émotions ne se laissent encadrer dans des forme
12803
nce débordante de la passion l’exige. À moins que
les
émotions ne se laissent encadrer dans des formes et des règles, c’est
12804
ent encadrer dans des formes et des règles, c’est
la
barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la li
12805
dans des formes et des règles, c’est la barbarie.
L’
Église avait pour tâche de réprimer la brutalité et la licence du peup
12806
les, c’est la barbarie. L’Église avait pour tâche
de
réprimer la brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisai
12807
a barbarie. L’Église avait pour tâche de réprimer
la
brutalité et la licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’ari
12808
lise avait pour tâche de réprimer la brutalité et
la
licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas. L’aristocratie, en de
12809
a licence du peuple, mais elle n’y suffisait pas.
L’
aristocratie, en dehors des préceptes de la religion, avait sa culture
12810
sait pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes
de
la religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle
12811
t pas. L’aristocratie, en dehors des préceptes de
la
religion, avait sa culture à elle, à savoir la courtoisie, et elle y
12812
de la religion, avait sa culture à elle, à savoir
la
courtoisie, et elle y puisait les normes de sa conduite184. » (Nous s
12813
à elle, à savoir la courtoisie, et elle y puisait
les
normes de sa conduite184. » (Nous savons en effet que la courtoisie n
12814
avoir la courtoisie, et elle y puisait les normes
de
sa conduite184. » (Nous savons en effet que la courtoisie non seuleme
12815
es de sa conduite184. » (Nous savons en effet que
la
courtoisie non seulement ne devait rien à l’Église, mais s’opposait à
12816
que la courtoisie non seulement ne devait rien à
l’
Église, mais s’opposait à sa morale. Voilà qui peut nous inciter à rév
12817
eut nous inciter à réviser bien des jugements sur
l’
unité spirituelle de la société médiévale !) Or s’il est vrai que cett
12818
éviser bien des jugements sur l’unité spirituelle
de
la société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise n
12819
ser bien des jugements sur l’unité spirituelle de
la
société médiévale !) Or s’il est vrai que cette morale courtoise ne p
12820
e morale courtoise ne parvint guère à transformer
les
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient d’« une rudesse éto
12821
mœurs privées des hautes classes, qui demeuraient
d’
« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal cré
12822
d’« une rudesse étonnante », du moins joua-t-elle
le
rôle d’un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la
12823
rudesse étonnante », du moins joua-t-elle le rôle
d’
un idéal créateur de belles apparences. Elle triompha dans la littérat
12824
du moins joua-t-elle le rôle d’un idéal créateur
de
belles apparences. Elle triompha dans la littérature. Et par ailleurs
12825
créateur de belles apparences. Elle triompha dans
la
littérature. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité l
12826
ture. Et par ailleurs, elle réussit à s’imposer à
la
réalité la plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
12827
r ailleurs, elle réussit à s’imposer à la réalité
la
plus violente du temps, celle de la guerre. Exemple unique d’un ars a
12828
ser à la réalité la plus violente du temps, celle
de
la guerre. Exemple unique d’un ars amandi, qui donne naissance à un a
12829
à la réalité la plus violente du temps, celle de
la
guerre. Exemple unique d’un ars amandi, qui donne naissance à un ars
12830
ente du temps, celle de la guerre. Exemple unique
d’
un ars amandi, qui donne naissance à un ars bellandi. Ce n’est pas seu
12831
ce à un ars bellandi. Ce n’est pas seulement dans
le
détail des règles de combat individuel que se fait sentir l’action de
12832
Ce n’est pas seulement dans le détail des règles
de
combat individuel que se fait sentir l’action de l’idéal chevaleresqu
12833
es règles de combat individuel que se fait sentir
l’
action de l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batail
12834
de combat individuel que se fait sentir l’action
de
l’idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et j
12835
combat individuel que se fait sentir l’action de
l’
idéal chevaleresque, mais dans la conduite même des batailles, et jusq
12836
ntir l’action de l’idéal chevaleresque, mais dans
la
conduite même des batailles, et jusque dans la politique. Le formalis
12837
ns la conduite même des batailles, et jusque dans
la
politique. Le formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’
12838
même des batailles, et jusque dans la politique.
Le
formalisme militaire revêt à cette époque une valeur d’absolu religie
12839
malisme militaire revêt à cette époque une valeur
d’
absolu religieux. Il est fréquent qu’on se laisse tuer pour respecter
12840
’on se laisse tuer pour respecter des conventions
d’
une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de l’Étoile
12841
es conventions d’une merveilleuse extravagance. «
Les
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne re
12842
d’une merveilleuse extravagance. « Les chevaliers
de
l’ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamai
12843
ne merveilleuse extravagance. « Les chevaliers de
l’
ordre de l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais d
12844
illeuse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre
de
l’Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus d
12845
euse extravagance. « Les chevaliers de l’ordre de
l’
Étoile jurent que dans le combat ils ne reculeront jamais de plus de q
12846
chevaliers de l’ordre de l’Étoile jurent que dans
le
combat ils ne reculeront jamais de plus de quatre arpents ; sinon ils
12847
e dans le combat ils ne reculeront jamais de plus
de
quatre arpents ; sinon ils devront mourir ou se rendre. Et cette règl
12848
t mourir ou se rendre. Et cette règle étrange, si
l’
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus d
12849
règle étrange, si l’on en croit Froissart, coûta
la
vie, dès le début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. »
12850
ge, si l’on en croit Froissart, coûta la vie, dès
le
début de l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les
12851
on en croit Froissart, coûta la vie, dès le début
de
l’ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessit
12852
en croit Froissart, coûta la vie, dès le début de
l’
ordre, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
12853
rt, coûta la vie, dès le début de l’ordre, à plus
de
quatre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de la stratégie
12854
, à plus de quatre-vingts d’entre eux. » De même,
les
nécessités de la stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique o
12855
tre-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités
de
la stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de l’honneur
12856
-vingts d’entre eux. » De même, les nécessités de
la
stratégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de l’honneur co
12857
cessités de la stratégie sont sacrifiées à celles
de
l’esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterr
12858
sités de la stratégie sont sacrifiées à celles de
l’
esthétique ou de l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre v
12859
tégie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou
de
l’honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre
12860
ie sont sacrifiées à celles de l’esthétique ou de
l’
honneur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à la rencontre de
12861
ur courtois. « En 1415, Henri V d’Angleterre va à
la
rencontre des Français avant la bataille d’Azincourt. Par erreur, le
12862
d’Angleterre va à la rencontre des Français avant
la
bataille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
12863
va à la rencontre des Français avant la bataille
d’
Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse le village que les fourrage
12864
ançais avant la bataille d’Azincourt. Par erreur,
le
soir, il dépasse le village que les fourrageurs lui ont assigné pour
12865
ille d’Azincourt. Par erreur, le soir, il dépasse
le
village que les fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-
12866
t. Par erreur, le soir, il dépasse le village que
les
fourrageurs lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or le roi «
12867
s lui ont assigné pour y dormir cette nuit-là. Or
le
roi « comme celuy qui gardoit le plus les cérémonies d’honneur très l
12868
ette nuit-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit
le
plus les cérémonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonne
12869
t-là. Or le roi « comme celuy qui gardoit le plus
les
cérémonies d’honneur très loable » vient justement d’ordonner que les
12870
« comme celuy qui gardoit le plus les cérémonies
d’
honneur très loable » vient justement d’ordonner que les chevaliers en
12871
érémonies d’honneur très loable » vient justement
d’
ordonner que les chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’a
12872
neur très loable » vient justement d’ordonner que
les
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte d’armes afin de ne
12873
que les chevaliers en reconnaissance abandonnent
la
cotte d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en
12874
chevaliers en reconnaissance abandonnent la cotte
d’
armes afin de ne pas être, en revenant, obligés de reculer en vêtement
12875
d’armes afin de ne pas être, en revenant, obligés
de
reculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte d’arme
12876
eculer en vêtements guerriers. Maintenant, revêtu
de
sa cotte d’armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la n
12877
tements guerriers. Maintenant, revêtu de sa cotte
d’
armes, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans l’e
12878
s, il ne peut donc revenir sur ses pas ; il passe
la
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde confor
12879
donc revenir sur ses pas ; il passe la nuit dans
l’
endroit où il est, et fait se ranger l’avant-garde conformément à ce n
12880
nuit dans l’endroit où il est, et fait se ranger
l’
avant-garde conformément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent de
12881
r l’avant-garde conformément à ce nouveau plan. »
Les
exemples abondent de carnages inutiles provoqués par des vœux d’une f
12882
mément à ce nouveau plan. » Les exemples abondent
de
carnages inutiles provoqués par des vœux d’une folle outrecuidance et
12883
ndent de carnages inutiles provoqués par des vœux
d’
une folle outrecuidance et que l’on tente d’accomplir au plus grand de
12884
ués par des vœux d’une folle outrecuidance et que
l’
on tente d’accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le
12885
vœux d’une folle outrecuidance et que l’on tente
d’
accomplir au plus grand des périls possibles. C’est bien le péril qu’o
12886
ir au plus grand des périls possibles. C’est bien
le
péril qu’on recherche pour lui-même, car on n’est pas inapte en d’aut
12887
uver des prétextes pour esquiver ses engagements.
La
casuistique courtoise en offre d’excellents. Cette casuistique « ne r
12888
es engagements. La casuistique courtoise en offre
d’
excellents. Cette casuistique « ne régit pas seulement la morale et le
12889
lents. Cette casuistique « ne régit pas seulement
la
morale et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et
12890
casuistique « ne régit pas seulement la morale et
le
droit ; elle s’étend à tous les domaines où le style et la forme sont
12891
ement la morale et le droit ; elle s’étend à tous
les
domaines où le style et la forme sont choses essentielles : les cérém
12892
et le droit ; elle s’étend à tous les domaines où
le
style et la forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étique
12893
; elle s’étend à tous les domaines où le style et
la
forme sont choses essentielles : les cérémonies, l’étiquette, les tou
12894
ù le style et la forme sont choses essentielles :
les
cérémonies, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour.
12895
forme sont choses essentielles : les cérémonies,
l’
étiquette, les tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même e
12896
hoses essentielles : les cérémonies, l’étiquette,
les
tournois, la chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une infl
12897
lles : les cérémonies, l’étiquette, les tournois,
la
chasse et surtout l’amour. » Elle a même exercé une influence détermi
12898
, l’étiquette, les tournois, la chasse et surtout
l’
amour. » Elle a même exercé une influence déterminante sur le droit de
12899
Elle a même exercé une influence déterminante sur
le
droit des gens à sa naissance. « Droit de butin, droit d’attaque — fi
12900
nte sur le droit des gens à sa naissance. « Droit
de
butin, droit d’attaque — fidélité à la parole donnée sont régis par d
12901
des gens à sa naissance. « Droit de butin, droit
d’
attaque — fidélité à la parole donnée sont régis par des règles sembla
12902
e. « Droit de butin, droit d’attaque — fidélité à
la
parole donnée sont régis par des règles semblables à celles qui gouve
12903
par des règles semblables à celles qui gouvernent
le
tournoi et la chasse185 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est u
12904
semblables à celles qui gouvernent le tournoi et
la
chasse185 ». L’Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur l
12905
lles qui gouvernent le tournoi et la chasse185 ».
L’
Arbre des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerr
12906
tournoi et la chasse185 ». L’Arbre des Batailles
d’
Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discu
12907
re des Batailles d’Honoré Bonet est un traité sur
le
droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes
12908
tailles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit
de
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques
12909
oré Bonet est un traité sur le droit de guerre où
l’
on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’article
12910
guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups
de
textes bibliques et d’articles de droit canonique des questions de ce
12911
iscutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et
d’
articles de droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd
12912
le-mêle à coups de textes bibliques et d’articles
de
droit canonique des questions de ce genre : « Si l’on perd dans la mê
12913
es et d’articles de droit canonique des questions
de
ce genre : « Si l’on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on
12914
droit canonique des questions de ce genre : « Si
l’
on perd dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ?
12915
e des questions de ce genre : « Si l’on perd dans
la
mêlée une armure empruntée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permi
12916
d dans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu
de
la rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Va
12917
ans la mêlée une armure empruntée, est-on tenu de
la
rendre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-
12918
untée, est-on tenu de la rendre ? — Est-il permis
de
livrer bataille un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après les
12919
ndre ? — Est-il permis de livrer bataille un jour
de
fête ? — Vaut-il mieux se battre après les repas ou à jeun ? — Dans q
12920
un jour de fête ? — Vaut-il mieux se battre après
les
repas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader de captivité ? »
12921
pas ou à jeun ? — Dans quels cas peut-on s’évader
de
captivité ? » Dans un autre ouvrage, on voit deux capitaines se dispu
12922
deux capitaines se disputer un prisonnier devant
le
chef : « C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et
12923
er un prisonnier devant le chef : « C’est moi qui
l’
ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par la main droite, et lu
12924
C’est moi qui l’ai saisi le premier dit l’un, par
le
bras et par la main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi,
12925
’ai saisi le premier dit l’un, par le bras et par
la
main droite, et lui ai arraché le gant. — Mais à moi, dit l’autre, il
12926
le bras et par la main droite, et lui ai arraché
le
gant. — Mais à moi, dit l’autre, il a donné cette même main avec sa p
12927
t aux idées politiques inspirées au Moyen Âge par
la
conception chevaleresque, ce sont essentiellement, selon Huizinga : l
12928
resque, ce sont essentiellement, selon Huizinga :
la
lutte pour la paix universelle basée sur l’union des rois, la conquêt
12929
t essentiellement, selon Huizinga : la lutte pour
la
paix universelle basée sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem
12930
nga : la lutte pour la paix universelle basée sur
l’
union des rois, la conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idé
12931
r la paix universelle basée sur l’union des rois,
la
conquête de Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mai
12932
iverselle basée sur l’union des rois, la conquête
de
Jérusalem et l’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’emp
12933
sur l’union des rois, la conquête de Jérusalem et
l’
expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera d
12934
’expulsion des Turcs. Idées chimériques mais dont
l’
empire ne cessera de s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, e
12935
. Idées chimériques mais dont l’empire ne cessera
de
s’exercer sur les princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transfor
12936
es mais dont l’empire ne cessera de s’exercer sur
les
princes jusqu’au xve siècle, en dépit des transformations de tous or
12937
usqu’au xve siècle, en dépit des transformations
de
tous ordres survenues entre-temps en Europe, et à l’encontre des inté
12938
mps en Europe, et à l’encontre des intérêts réels
les
plus urgents. C’est ici que se marque le mieux le caractère particuli
12939
s réels les plus urgents. C’est ici que se marque
le
mieux le caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement cont
12940
es plus urgents. C’est ici que se marque le mieux
le
caractère particulier de l’idéal courtois, radicalement contradictoir
12941
i que se marque le mieux le caractère particulier
de
l’idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité
12942
ue se marque le mieux le caractère particulier de
l’
idéal courtois, radicalement contradictoire avec la « dure réalité » d
12943
’idéal courtois, radicalement contradictoire avec
la
« dure réalité » de l’époque : il représente un pôle d’attraction pou
12944
icalement contradictoire avec la « dure réalité »
de
l’époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations sp
12945
lement contradictoire avec la « dure réalité » de
l’
époque : il représente un pôle d’attraction pour les aspirations spiri
12946
ure réalité » de l’époque : il représente un pôle
d’
attraction pour les aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
12947
’époque : il représente un pôle d’attraction pour
les
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme d’évasion romantiqu
12948
aspirations spirituelles brimées. C’est une forme
d’
évasion romantique, en même temps qu’un frein aux instincts. Le formal
12949
antique, en même temps qu’un frein aux instincts.
Le
formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féod
12950
u’un frein aux instincts. Le formalisme minutieux
de
la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la
12951
n frein aux instincts. Le formalisme minutieux de
la
guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la cha
12952
uerre s’oppose aux violences du sang féodal comme
le
culte de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation é
12953
ppose aux violences du sang féodal comme le culte
de
la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique d
12954
se aux violences du sang féodal comme le culte de
la
chasteté, chez les troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du x
12955
u sang féodal comme le culte de la chasteté, chez
les
troubadours, s’oppose à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
12956
de la chasteté, chez les troubadours, s’oppose à
l’
exaltation érotique du xiie siècle. « Dans la conscience du Moyen Âge
12957
e à l’exaltation érotique du xiie siècle. « Dans
la
conscience du Moyen Âge, se forment pour ainsi dire l’une à côté de l
12958
nsi dire l’une à côté de l’autre deux conceptions
de
la vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sent
12959
dire l’une à côté de l’autre deux conceptions de
la
vie : la conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentime
12960
ne à côté de l’autre deux conceptions de la vie :
la
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous les sentiments morau
12961
conception pieuse, ascétique, attire à elle tous
les
sentiments moraux ; la sensualité, abandonnée au diable, se venge ter
12962
tique, attire à elle tous les sentiments moraux ;
la
sensualité, abandonnée au diable, se venge terriblement. Que l’un ou
12963
iable, se venge terriblement. Que l’un ou l’autre
de
ces penchants prédomine, nous avons le saint ou le pécheur ; mais en
12964
ou l’autre de ces penchants prédomine, nous avons
le
saint ou le pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre i
12965
e ces penchants prédomine, nous avons le saint ou
le
pécheur ; mais en général, ils se tiennent en équilibre instable avec
12966
néral, ils se tiennent en équilibre instable avec
d’
énormes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte
12967
nnent en équilibre instable avec d’énormes écarts
de
la balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourta
12968
nt en équilibre instable avec d’énormes écarts de
la
balance. » 4.Les tournois, ou le mythe en acte Il est pourtant
12969
mes écarts de la balance. » 4.Les tournois, ou
le
mythe en acte Il est pourtant un domaine où s’opère la synthèse à
12970
en acte Il est pourtant un domaine où s’opère
la
synthèse à peu près parfaite des instincts érotiques et guerriers et
12971
parfaite des instincts érotiques et guerriers et
de
la règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de
12972
rfaite des instincts érotiques et guerriers et de
la
règle courtoise idéale : c’est le terrain nettement circonscrit de la
12973
guerriers et de la règle courtoise idéale : c’est
le
terrain nettement circonscrit de la lice où se jouent les tournois. L
12974
e idéale : c’est le terrain nettement circonscrit
de
la lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent
12975
déale : c’est le terrain nettement circonscrit de
la
lice où se jouent les tournois. Là, les fureurs du sang se donnent li
12976
ain nettement circonscrit de la lice où se jouent
les
tournois. Là, les fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’
12977
onscrit de la lice où se jouent les tournois. Là,
les
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous l’égide et dans les
12978
fureurs du sang se donnent libre cours mais sous
l’
égide et dans les cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un
12979
se donnent libre cours mais sous l’égide et dans
les
cadres symboliques d’une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sport
12980
mais sous l’égide et dans les cadres symboliques
d’
une cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de la fonction myth
12981
ne cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif
de
la fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : expr
12982
cérémonie sacrale. C’est un équivalent sportif de
la
fonction mythique du Tristan telle que nous la définissions : exprime
12983
de la fonction mythique du Tristan telle que nous
la
définissions : exprimer la passion dans toute sa force, mais en la vo
12984
Tristan telle que nous la définissions : exprimer
la
passion dans toute sa force, mais en la voilant religieusement, de ma
12985
exprimer la passion dans toute sa force, mais en
la
voilant religieusement, de manière à la rendre acceptable au jugement
12986
, mais en la voilant religieusement, de manière à
la
rendre acceptable au jugement de la société. Le tournoi « joue » le m
12987
nt, de manière à la rendre acceptable au jugement
de
la société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les tran
12988
de manière à la rendre acceptable au jugement de
la
société. Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transpo
12989
à la rendre acceptable au jugement de la société.
Le
tournoi « joue » le mythe, physiquement : — « Les transports de l’amo
12990
le au jugement de la société. Le tournoi « joue »
le
mythe, physiquement : — « Les transports de l’amour romanesque ne dev
12991
Le tournoi « joue » le mythe, physiquement : — «
Les
transports de l’amour romanesque ne devaient pas seulement être prése
12992
oue » le mythe, physiquement : — « Les transports
de
l’amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous form
12993
» le mythe, physiquement : — « Les transports de
l’
amour romanesque ne devaient pas seulement être présentés sous forme d
12994
s en spectacle. Ce jeu peut revêtir deux formes :
la
représentation dramatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de
12995
tir deux formes : la représentation dramatique et
le
sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important. Le
12996
amatique et le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge,
de
beaucoup le plus important. Le drame ne traitait encore, en général,
12997
le sport. Celui-ci est, au Moyen Âge, de beaucoup
le
plus important. Le drame ne traitait encore, en général, que la matiè
12998
est, au Moyen Âge, de beaucoup le plus important.
Le
drame ne traitait encore, en général, que la matière sacrée ; l’avent
12999
ant. Le drame ne traitait encore, en général, que
la
matière sacrée ; l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le
13000
itait encore, en général, que la matière sacrée ;
l’
aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle. Le sport médiéval, au
13001
l’aventure amoureuse n’y était qu’exceptionnelle.
Le
sport médiéval, au contraire, et surtout le tournoi, était lui-même d
13002
elle. Le sport médiéval, au contraire, et surtout
le
tournoi, était lui-même dramatique au plus haut point et contenait, e
13003
haut point et contenait, en outre, une forte dose
d’
érotisme. Partout et toujours, le sport a associé ces deux facteurs :
13004
, une forte dose d’érotisme. Partout et toujours,
le
sport a associé ces deux facteurs : dramatiques et amoureux ; mais ta
13005
teurs : dramatiques et amoureux ; mais tandis que
les
sports modernes sont presque retournés à la simplicité grecque, le to
13006
que les sports modernes sont presque retournés à
la
simplicité grecque, le tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riche
13007
s sont presque retournés à la simplicité grecque,
le
tournoi de la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise
13008
que retournés à la simplicité grecque, le tournoi
de
la fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, p
13009
retournés à la simplicité grecque, le tournoi de
la
fin du Moyen Âge, avec ses riches ornements et sa mise en scène, pouv
13010
es ornements et sa mise en scène, pouvait remplir
les
fonctions du drame lui-même186. » Rien ne me paraît plus propre à res
13011
e186. » Rien ne me paraît plus propre à restituer
l’
atmosphère de rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournoi
13012
ne me paraît plus propre à restituer l’atmosphère
de
rêve du Roman de Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut
13013
propre à restituer l’atmosphère de rêve du Roman
de
Tristan que les descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuv
13014
tuer l’atmosphère de rêve du Roman de Tristan que
les
descriptions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastella
13015
de rêve du Roman de Tristan que les descriptions
de
tournois qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et les mémoir
13016
les descriptions de tournois qu’on peut lire dans
les
œuvres de Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous de
13017
tions de tournois qu’on peut lire dans les œuvres
de
Chastellain et les mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux histori
13018
qu’on peut lire dans les œuvres de Chastellain et
les
mémoires d’Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueu
13019
re dans les œuvres de Chastellain et les mémoires
d’
Olivier de la Marche, tous deux historiographes du fastueux et chevale
13020
istoriographes du fastueux et chevaleresque duché
de
Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y marient dans un pays
13021
chevaleresque duché de Bourgogne au xve siècle.
L’
amour et la mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique
13022
que duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et
la
mort s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique de très hau
13023
marient dans un paysage artificiel et symbolique
de
très haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà le motif romane
13024
ificiel et symbolique de très haute mélancolie. «
L’
héroïsme par amour — voilà le motif romanesque qui doit apparaître par
13025
haute mélancolie. « L’héroïsme par amour — voilà
le
motif romanesque qui doit apparaître partout et toujours. C’est la tr
13026
ue qui doit apparaître partout et toujours. C’est
la
transformation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même
13027
mation immédiate du désir sensuel en un sacrifice
de
soi-même qui semble faire partie du domaine de l’éthique… L’expressio
13028
ce de soi-même qui semble faire partie du domaine
de
l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent t
13029
de soi-même qui semble faire partie du domaine de
l’
éthique… L’expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tous
13030
qui semble faire partie du domaine de l’éthique…
L’
expression et la satisfaction du désir, qui paraissent tous deux impos
13031
e partie du domaine de l’éthique… L’expression et
la
satisfaction du désir, qui paraissent tous deux impossibles, se trans
13032
ibles, se transforment en une chose plus élevée :
l’
action entreprise par amour. La mort devient alors la seule alternativ
13033
hose plus élevée : l’action entreprise par amour.
La
mort devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir,
13034
ction entreprise par amour. La mort devient alors
la
seule alternative à l’accomplissement du désir, et la délivrance est
13035
our. La mort devient alors la seule alternative à
l’
accomplissement du désir, et la délivrance est donc de toute manière a
13036
eule alternative à l’accomplissement du désir, et
la
délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scène des
13037
complissement du désir, et la délivrance est donc
de
toute manière assurée. » La mise en scène des tournois emprunte ses i
13038
a délivrance est donc de toute manière assurée. »
La
mise en scène des tournois emprunte ses idées aux romans de la Table
13039
scène des tournois emprunte ses idées aux romans
de
la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fonta
13040
ène des tournois emprunte ses idées aux romans de
la
Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de la Fontaine
13041
romans de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle,
le
Pas d’Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure r
13042
de la Table ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas
d’
Armes dit de la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesq
13043
ronde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit
de
la Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginair
13044
nde. Ainsi, au xve siècle, le Pas d’Armes dit de
la
Fontaine des Pleurs est basé sur une aventure romanesque imaginaire.
13045
st basé sur une aventure romanesque imaginaire. «
La
fontaine est construite à cet effet. Pendant une année entière, tous
13046
is, un chevalier anonyme viendra déployer, devant
la
fontaine, une tente dans laquelle est assise une dame (en effigie nat
13047
e qui porte trois écus. Tout chevalier qui touche
l’
écu s’engage à un combat dans les conditions décrites par les chapitre
13048
valier qui touche l’écu s’engage à un combat dans
les
conditions décrites par les chapitres du pas d’armes. C’est à cheval
13049
gage à un combat dans les conditions décrites par
les
chapitres du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucl
13050
les conditions décrites par les chapitres du pas
d’
armes. C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers : les chevalier
13051
du pas d’armes. C’est à cheval qu’il faut toucher
les
boucliers : les chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à ce
13052
C’est à cheval qu’il faut toucher les boucliers :
les
chevaliers trouveront toujours des chevaux prêts à cet usage. » « Le
13053
eront toujours des chevaux prêts à cet usage. » «
Le
chevalier est toujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », « le c
13054
. » « Le chevalier est toujours inconnu ; c’est «
le
blanc chevalier », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèl
13055
oujours inconnu ; c’est « le blanc chevalier », «
le
chevalier mesconnu », le « chevalier à la pèlerine » ; parfois il app
13056
le blanc chevalier », « le chevalier mesconnu »,
le
« chevalier à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman e
13057
er », « le chevalier mesconnu », le « chevalier à
la
pèlerine » ; parfois il apparaît en héros de roman et s’appelle le ch
13058
er à la pèlerine » ; parfois il apparaît en héros
de
roman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes de Lance
13059
arfois il apparaît en héros de roman et s’appelle
le
chevalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou de
13060
oman et s’appelle le chevalier au cygne, ou porte
les
armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un vo
13061
appelle le chevalier au cygne, ou porte les armes
de
Lancelot, de Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mé
13062
evalier au cygne, ou porte les armes de Lancelot,
de
Tristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est
13063
ne, ou porte les armes de Lancelot, de Tristan ou
de
Palamedes… Le plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur to
13064
es armes de Lancelot, de Tristan ou de Palamedes…
Le
plus souvent, un voile de mélancolie est répandu sur toute l’action :
13065
ristan ou de Palamedes… Le plus souvent, un voile
de
mélancolie est répandu sur toute l’action : le nom de la Fontaine des
13066
ent, un voile de mélancolie est répandu sur toute
l’
action : le nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Le
13067
le de mélancolie est répandu sur toute l’action :
le
nom de la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont
13068
élancolie est répandu sur toute l’action : le nom
de
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs
13069
ncolie est répandu sur toute l’action : le nom de
la
Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif. Les écus sont blancs, v
13070
la Fontaine des Pleurs est éminemment suggestif.
Les
écus sont blancs, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on les
13071
if. Les écus sont blancs, violets et noirs, semés
de
larmes blanches ; on les touche par pitié pour la « Dame des pleurs »
13072
, violets et noirs, semés de larmes blanches ; on
les
touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon,
13073
de larmes blanches ; on les touche par pitié pour
la
« Dame des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à l’occasion du d
13074
s touche par pitié pour la « Dame des pleurs ». À
l’
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ de sa fille Margueri
13075
me des pleurs ». À l’emprise du Dragon, célébré à
l’
occasion du départ de sa fille Marguerite, devenue reine d’Angleterre,
13076
emprise du Dragon, célébré à l’occasion du départ
de
sa fille Marguerite, devenue reine d’Angleterre, le roi René apparaît
13077
sa fille Marguerite, devenue reine d’Angleterre,
le
roi René apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné de noir, av
13078
apparaît en noir, sur un cheval noir caparaçonné
de
noir, avec une lance noire et un écu de sable aux larmes d’argent… Po
13079
paraçonné de noir, avec une lance noire et un écu
de
sable aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont no
13080
vec une lance noire et un écu de sable aux larmes
d’
argent… Pour l’Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux l
13081
oire et un écu de sable aux larmes d’argent… Pour
l’
Arbre Charlemagne, les écus sont noirs et violets aux larmes noires ou
13082
le aux larmes d’argent… Pour l’Arbre Charlemagne,
les
écus sont noirs et violets aux larmes noires ou or. » L’élément éroti
13083
sont noirs et violets aux larmes noires ou or. »
L’
élément érotique du tournoi apparaît encore dans la coutume du chevali
13084
’élément érotique du tournoi apparaît encore dans
la
coutume du chevalier de porter le voile ou une pièce du vêtement de s
13085
rnoi apparaît encore dans la coutume du chevalier
de
porter le voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet
13086
aît encore dans la coutume du chevalier de porter
le
voile ou une pièce du vêtement de sa dame, qu’il lui remet parfois, a
13087
alier de porter le voile ou une pièce du vêtement
de
sa dame, qu’il lui remet parfois, après le combat, tout maculé de son
13088
tement de sa dame, qu’il lui remet parfois, après
le
combat, tout maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
13089
l lui remet parfois, après le combat, tout maculé
de
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
13090
out maculé de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans
les
romans de la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait le
13091
de son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans
de
la Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois
13092
son sang. (Ainsi fait Lancelot dans les romans de
la
Table ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait les tournois ex
13093
it Lancelot dans les romans de la Table ronde.) «
L’
atmosphère de passion qui entourait les tournois explique l’hostilité
13094
ans les romans de la Table ronde.) « L’atmosphère
de
passion qui entourait les tournois explique l’hostilité de l’Église p
13095
e ronde.) « L’atmosphère de passion qui entourait
les
tournois explique l’hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci pr
13096
re de passion qui entourait les tournois explique
l’
hostilité de l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’
13097
n qui entourait les tournois explique l’hostilité
de
l’Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants ad
13098
ui entourait les tournois explique l’hostilité de
l’
Église pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois d’éclatants adult
13099
ise pour ces sports. Ceux-ci provoquaient parfois
d’
éclatants adultères, comme le témoigne à propos du tournois de 1389, l
13100
provoquaient parfois d’éclatants adultères, comme
le
témoigne à propos du tournois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, e
13101
adultères, comme le témoigne à propos du tournois
de
1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci Jean Juv
13102
, comme le témoigne à propos du tournois de 1389,
le
Religieux de Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci Jean Juvénal des
13103
moigne à propos du tournois de 1389, le Religieux
de
Saint-Denis, et sur la foi de celui-ci Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ C
13104
nois de 1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur
la
foi de celui-ci Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vog
13105
1389, le Religieux de Saint-Denis, et sur la foi
de
celui-ci Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant, la grande vogue des
13106
celui-ci Jean Juvénal des Ursins. » ⁂ Cependant,
la
grande vogue des tournois est l’indice d’un déclin de la chevalerie.
13107
. » ⁂ Cependant, la grande vogue des tournois est
l’
indice d’un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début d
13108
endant, la grande vogue des tournois est l’indice
d’
un déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve si
13109
rande vogue des tournois est l’indice d’un déclin
de
la chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (batail
13110
de vogue des tournois est l’indice d’un déclin de
la
chevalerie. Celle-ci se heurte dès le début du xve siècle (bataille
13111
n déclin de la chevalerie. Celle-ci se heurte dès
le
début du xve siècle (bataille d’Azincourt) à des réalités de plus en
13112
i se heurte dès le début du xve siècle (bataille
d’
Azincourt) à des réalités de plus en plus brutales et matérielles qui
13113
lités de plus en plus brutales et matérielles qui
la
rejettent dans la littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « E
13114
lus brutales et matérielles qui la rejettent dans
la
littérature, les fêtes et les jeux symboliques. « En tant que princip
13115
matérielles qui la rejettent dans la littérature,
les
fêtes et les jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la c
13116
ui la rejettent dans la littérature, les fêtes et
les
jeux symboliques. « En tant que principe militaire, la chevalerie éta
13117
ux symboliques. « En tant que principe militaire,
la
chevalerie était devenue insuffisante ; la tactique avait depuis long
13118
taire, la chevalerie était devenue insuffisante ;
la
tactique avait depuis longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
13119
s longtemps renoncé à se conformer à ses règles :
la
guerre, aux xive et xve siècles, était faite d’approches furtives,
13120
la guerre, aux xive et xve siècles, était faite
d’
approches furtives, d’incursions et de raids. » Cependant « vers l’an
13121
t xve siècles, était faite d’approches furtives,
d’
incursions et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimie
13122
était faite d’approches furtives, d’incursions et
de
raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et les blason
13123
ves, d’incursions et de raids. » Cependant « vers
l’
an 1400 encore, les cimiers et les blasons, les bannières et les cris
13124
et de raids. » Cependant « vers l’an 1400 encore,
les
cimiers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conserven
13125
Cependant « vers l’an 1400 encore, les cimiers et
les
blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats u
13126
ers l’an 1400 encore, les cimiers et les blasons,
les
bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère i
13127
ore, les cimiers et les blasons, les bannières et
les
cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’ap
13128
cimiers et les blasons, les bannières et les cris
de
guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’apparence
13129
conservent aux combats un caractère individuel et
l’
apparence d’un noble sport. » Mais dans le courant du xve siècle, l’o
13130
ux combats un caractère individuel et l’apparence
d’
un noble sport. » Mais dans le courant du xve siècle, l’on se met à c
13131
duel et l’apparence d’un noble sport. » Mais dans
le
courant du xve siècle, l’on se met à combattre à pied et en rangs. A
13132
ble sport. » Mais dans le courant du xve siècle,
l’
on se met à combattre à pied et en rangs. Autre transformation signifi
13133
et en rangs. Autre transformation significative à
la
fin du siècle : les lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’or
13134
transformation significative à la fin du siècle :
les
lansquenets introduisent l’usage du tambour, d’origine orientale. « A
13135
à la fin du siècle : les lansquenets introduisent
l’
usage du tambour, d’origine orientale. « Avec son effet hypnotique et
13136
les lansquenets introduisent l’usage du tambour,
d’
origine orientale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux, le tam
13137
ale. « Avec son effet hypnotique et inharmonieux,
le
tambour symbolise la transition entre l’époque de la chevalerie et ce
13138
hypnotique et inharmonieux, le tambour symbolise
la
transition entre l’époque de la chevalerie et celle de l’art militair
13139
monieux, le tambour symbolise la transition entre
l’
époque de la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est u
13140
le tambour symbolise la transition entre l’époque
de
la chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément
13141
tambour symbolise la transition entre l’époque de
la
chevalerie et celle de l’art militaire moderne ; il est un élément da
13142
ansition entre l’époque de la chevalerie et celle
de
l’art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de l
13143
ition entre l’époque de la chevalerie et celle de
l’
art militaire moderne ; il est un élément dans la mécanisation de la g
13144
l’art militaire moderne ; il est un élément dans
la
mécanisation de la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la c
13145
moderne ; il est un élément dans la mécanisation
de
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’
13146
derne ; il est un élément dans la mécanisation de
la
guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’inv
13147
lément dans la mécanisation de la guerre. » Enfin
le
coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artille
13148
ans la mécanisation de la guerre. » Enfin le coup
de
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention de l’artillerie. « E
13149
la guerre. » Enfin le coup de grâce sera porté à
la
chevalerie par l’invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une iro
13150
n le coup de grâce sera porté à la chevalerie par
l’
invention de l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fi
13151
grâce sera porté à la chevalerie par l’invention
de
l’artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette
13152
âce sera porté à la chevalerie par l’invention de
l’
artillerie. « Et n’est-ce pas une ironie du sort qui fit que cette fle
13153
qui fit que cette fleur des chevaliers errants à
la
mode de Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon
13154
que cette fleur des chevaliers errants à la mode
de
Bourgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet de canon ? » ⁂ I
13155
rgogne, Jacques de Lalaing, fut tué par un boulet
de
canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre
13156
boulet de canon ? » ⁂ Il n’en reste pas moins que
les
conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutum
13157
? » ⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions
de
la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales
13158
⁂ Il n’en reste pas moins que les conventions de
la
guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’
13159
ste pas moins que les conventions de la guerre et
de
l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte
13160
pas moins que les conventions de la guerre et de
l’
amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une empreinte qu
13161
ns de la guerre et de l’amour courtois ont marqué
les
coutumes occidentales d’une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au x
13162
our courtois ont marqué les coutumes occidentales
d’
une empreinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée de val
13163
reinte qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle.
L’
idée de valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le
13164
qui ne s’effacera guère qu’au xxe siècle. L’idée
de
valeur individuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et
13165
au xxe siècle. L’idée de valeur individuelle, ou
d’
exploit guerrier, représenté par le duel et la « prouesse » (tournoi,
13166
dividuelle, ou d’exploit guerrier, représenté par
le
duel et la « prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en
13167
ou d’exploit guerrier, représenté par le duel et
la
« prouesse » (tournoi, combat singulier des deux chefs en présence) ;
13168
i, combat singulier des deux chefs en présence) ;
l’
idée de régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la co
13169
at singulier des deux chefs en présence) ; l’idée
de
régler les batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conceptio
13170
er des deux chefs en présence) ; l’idée de régler
les
batailles d’après un protocole quasi sacral ; la conception ascétique
13171
les batailles d’après un protocole quasi sacral ;
la
conception ascétique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’ép
13172
protocole quasi sacral ; la conception ascétique
de
la vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les c
13173
otocole quasi sacral ; la conception ascétique de
la
vie militaire (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ; les conv
13174
tique de la vie militaire (jeûnes prolongés avant
l’
épreuve des armes) ; les conventions permettant de déterminer le vainq
13175
re (jeûnes prolongés avant l’épreuve des armes) ;
les
conventions permettant de déterminer le vainqueur (c’est par exemple
13176
l’épreuve des armes) ; les conventions permettant
de
déterminer le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit su
13177
armes) ; les conventions permettant de déterminer
le
vainqueur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur le champ de
13178
r le vainqueur (c’est par exemple celui qui passe
la
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exa
13179
ur (c’est par exemple celui qui passe la nuit sur
le
champ de bataille) ; enfin et surtout le parallélisme exact des symbo
13180
nuit sur le champ de bataille) ; enfin et surtout
le
parallélisme exact des symboles érotiques et militaires — tout cela n
13181
rotiques et militaires — tout cela ne cessera pas
de
déterminer les modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si
13182
litaires — tout cela ne cessera pas de déterminer
les
modes de guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on p
13183
tout cela ne cessera pas de déterminer les modes
de
guerroyer à travers les siècles suivants. Si bien que l’on pourra con
13184
as de déterminer les modes de guerroyer à travers
les
siècles suivants. Si bien que l’on pourra considérer tout changement
13185
royer à travers les siècles suivants. Si bien que
l’
on pourra considérer tout changement dans la tactique militaire comme
13186
n que l’on pourra considérer tout changement dans
la
tactique militaire comme relatif à un changement dans les conceptions
13187
ique militaire comme relatif à un changement dans
les
conceptions de l’amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons
13188
omme relatif à un changement dans les conceptions
de
l’amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons « L’Italie n’a
13189
e relatif à un changement dans les conceptions de
l’
amour, ou inversement. 5.Condottieri et canons « L’Italie n’avai
13190
, ou inversement. 5.Condottieri et canons «
L’
Italie n’avait jamais été si florissante ni si paisible qu’elle l’étai
13191
jamais été si florissante ni si paisible qu’elle
l’
était vers l’année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces
13192
i florissante ni si paisible qu’elle l’était vers
l’
année 1490. Une paix profonde régnait dans ses provinces : les montagn
13193
0. Une paix profonde régnait dans ses provinces :
les
montagnes et les plaines étaient également fertiles ; riche, bien peu
13194
nde régnait dans ses provinces : les montagnes et
les
plaines étaient également fertiles ; riche, bien peuplée et ne reconn
13195
s ; riche, bien peuplée et ne reconnaissant point
de
domination étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre de la magn
13196
n étrangère, elle tirait encore un nouveau lustre
de
la magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand
13197
trangère, elle tirait encore un nouveau lustre de
la
magnificence de plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nom
13198
irait encore un nouveau lustre de la magnificence
de
plusieurs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes cé
13199
un nouveau lustre de la magnificence de plusieurs
de
ses Princes, de la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
13200
e de la magnificence de plusieurs de ses Princes,
de
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Si
13201
e la magnificence de plusieurs de ses Princes, de
la
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège
13202
ficence de plusieurs de ses Princes, de la beauté
d’
un grand nombre de villes célèbres et de la majesté du Siège de la Rel
13203
rs de ses Princes, de la beauté d’un grand nombre
de
villes célèbres et de la majesté du Siège de la Religion. Les Science
13204
la beauté d’un grand nombre de villes célèbres et
de
la majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleuriss
13205
beauté d’un grand nombre de villes célèbres et de
la
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et les Arts fleurissaie
13206
élèbres et de la majesté du Siège de la Religion.
Les
Sciences et les Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de g
13207
majesté du Siège de la Religion. Les Sciences et
les
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait de grands hommes d’É
13208
Arts fleurissaient dans son sein, elle possédait
de
grands hommes d’État, et même d’excellents capitaines pour ce temps-l
13209
, elle possédait de grands hommes d’État, et même
d’
excellents capitaines pour ce temps-là187. » Ces capitaines, c’étaient
13210
pour ce temps-là187. » Ces capitaines, c’étaient
les
condottieri. Soldats de métier au service des Princes et des papes, i
13211
es capitaines, c’étaient les condottieri. Soldats
de
métier au service des Princes et des papes, ils avaient pour coutume
13212
et des papes, ils avaient pour coutume bien moins
de
faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers
13213
pes, ils avaient pour coutume bien moins de faire
la
guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient
13214
nt pour coutume bien moins de faire la guerre que
d’
empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout d’a
13215
tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant tout
d’
avisés diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un
13216
enturiers étaient avant tout d’avisés diplomates,
d’
astucieux commerçants. Ils savaient le prix d’un soldat. Leur tactique
13217
diplomates, d’astucieux commerçants. Ils savaient
le
prix d’un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire de
13218
es, d’astucieux commerçants. Ils savaient le prix
d’
un soldat. Leur tactique consistait essentiellement à faire des prison
13219
llement à faire des prisonniers et à désorganiser
les
corps ennemis. Parfois — c’était leur suprême réussite — ils parvenai
13220
leur suprême réussite — ils parvenaient à battre
l’
adversaire d’une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemb
13221
réussite — ils parvenaient à battre l’adversaire
d’
une manière vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble de ses for
13222
’une manière vraiment radicale : ils détruisaient
l’
ensemble de ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y
13223
e vraiment radicale : ils détruisaient l’ensemble
de
ses forces en achetant d’un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient
13224
détruisaient l’ensemble de ses forces en achetant
d’
un bloc son armée. Quand ils n’y arrivaient pas, il fallait se résoudr
13225
n danger : « On combat toujours à cheval, couvert
d’
armes et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vai
13226
mbat toujours à cheval, couvert d’armes et assuré
de
la vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque t
13227
t toujours à cheval, couvert d’armes et assuré de
la
vie lorsqu’on se rend prisonnier… La vie des vaincus est presque touj
13228
et assuré de la vie lorsqu’on se rend prisonnier…
La
vie des vaincus est presque toujours respectée. Ils ne sont pas longt
13229
temps prisonniers et ils recouvrent très aisément
la
liberté. Une ville a beau se révolter vingt fois, elle n’est jamais d
13230
révolter vingt fois, elle n’est jamais détruite ;
les
habitants conservent toutes leurs propriétés ; tout ce qu’ils ont à c
13231
propriétés ; tout ce qu’ils ont à craindre, c’est
de
payer une contribution188. » Cet art de guerre exprimait dans son pla
13232
re, c’est de payer une contribution188. » Cet art
de
guerre exprimait dans son plan — alors considéré comme inférieur — un
13233
nt humanisée, une « civilisation » profonde, donc
le
contraire d’une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’a
13234
une « civilisation » profonde, donc le contraire
d’
une « militarisation ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon l’e
13235
onde, donc le contraire d’une « militarisation ».
L’
État était devenu une œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. L
13236
ion ». L’État était devenu une œuvre d’art, selon
l’
expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée dans t
13237
était devenu une œuvre d’art, selon l’expression
de
Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée dans toute la mesur
13238
ne œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt.
La
guerre elle-même s’était civilisée dans toute la mesure où le paradox
13239
La guerre elle-même s’était civilisée dans toute
la
mesure où le paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en
13240
le-même s’était civilisée dans toute la mesure où
le
paradoxe est soutenable. Le duel des chefs était fort en honneur, et
13241
ns toute la mesure où le paradoxe est soutenable.
Le
duel des chefs était fort en honneur, et suffisait à terminer une cam
13242
mpagne. (Ce n’était plus d’ailleurs un « jugement
de
Dieu », mais le triomphe d’une personnalité.) On réprouvait l’usage d
13243
ait plus d’ailleurs un « jugement de Dieu », mais
le
triomphe d’une personnalité.) On réprouvait l’usage des armes à feu c
13244
illeurs un « jugement de Dieu », mais le triomphe
d’
une personnalité.) On réprouvait l’usage des armes à feu comme contrai
13245
is le triomphe d’une personnalité.) On réprouvait
l’
usage des armes à feu comme contraire à la dignité de l’individu. (Le
13246
rouvait l’usage des armes à feu comme contraire à
la
dignité de l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
13247
sage des armes à feu comme contraire à la dignité
de
l’individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’
13248
e des armes à feu comme contraire à la dignité de
l’
individu. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
13249
feu comme contraire à la dignité de l’individu. (
Le
condottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un de ses advers
13250
du. (Le condottiere Paolo Vitelli fit même crever
les
yeux d’un de ses adversaires parce que le misérable avait osé souteni
13251
ondottiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux
d’
un de ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la lég
13252
tiere Paolo Vitelli fit même crever les yeux d’un
de
ses adversaires parce que le misérable avait osé soutenir la légitimi
13253
crever les yeux d’un de ses adversaires parce que
le
misérable avait osé soutenir la légitimité de l’emploi des canons.) E
13254
rsaires parce que le misérable avait osé soutenir
la
légitimité de l’emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ?
13255
que le misérable avait osé soutenir la légitimité
de
l’emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt in
13256
le misérable avait osé soutenir la légitimité de
l’
emploi des canons.) Et comment concevait-on l’amour ? Burckhardt insis
13257
de l’emploi des canons.) Et comment concevait-on
l’
amour ? Burckhardt insiste189 sur le fait que les mariages se concluai
13258
concevait-on l’amour ? Burckhardt insiste189 sur
le
fait que les mariages se concluaient sans drame, après de très courte
13259
n l’amour ? Burckhardt insiste189 sur le fait que
les
mariages se concluaient sans drame, après de très courtes fiançailles
13260
que les mariages se concluaient sans drame, après
de
très courtes fiançailles, et que le droit du mari à la fidélité de l’
13261
drame, après de très courtes fiançailles, et que
le
droit du mari à la fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère
13262
ès courtes fiançailles, et que le droit du mari à
la
fidélité de l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait
13263
iançailles, et que le droit du mari à la fidélité
de
l’épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans le
13264
çailles, et que le droit du mari à la fidélité de
l’
épouse ne revêtait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans les p
13265
ait pas ce caractère absolu qu’il avait pris dans
les
pays nordiques. Les femmes de la haute société recevaient une éducati
13266
absolu qu’il avait pris dans les pays nordiques.
Les
femmes de la haute société recevaient une éducation aussi complète qu
13267
il avait pris dans les pays nordiques. Les femmes
de
la haute société recevaient une éducation aussi complète que celle de
13268
avait pris dans les pays nordiques. Les femmes de
la
haute société recevaient une éducation aussi complète que celle des h
13269
ssi complète que celle des hommes, et jouissaient
d’
une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui se passait en France
13270
s, et jouissaient d’une entière égalité morale, à
l’
inverse de ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par
13271
ssaient d’une entière égalité morale, à l’inverse
de
ce qui se passait en France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
13272
l’inverse de ce qui se passait en France et dans
les
Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dan
13273
n France et dans les Allemagnes. Si par ailleurs,
la
guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale
13274
lleurs, la guerre était devenue diplomatique dans
les
hautes sphères, et vénale dans la pratique, il en allait de même de l
13275
lomatique dans les hautes sphères, et vénale dans
la
pratique, il en allait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
13276
et vénale dans la pratique, il en allait de même
de
l’amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes
13277
vénale dans la pratique, il en allait de même de
l’
amour. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique, les courtisanes jo
13278
llait de même de l’amour. Semblables aux hétaïres
de
la Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérab
13279
it de même de l’amour. Semblables aux hétaïres de
la
Grèce antique, les courtisanes jouaient un rôle parfois considérable
13280
our. Semblables aux hétaïres de la Grèce antique,
les
courtisanes jouaient un rôle parfois considérable dans la vie sociale
13281
isanes jouaient un rôle parfois considérable dans
la
vie sociale. Les plus célèbres se distinguaient par leur culture, réc
13282
un rôle parfois considérable dans la vie sociale.
Les
plus célèbres se distinguaient par leur culture, récitant et faisant
13283
eur culture, récitant et faisant des vers, jouant
d’
un instrument, tenant conversation. Cette paganisation de la vie sexue
13284
strument, tenant conversation. Cette paganisation
de
la vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, u
13285
ument, tenant conversation. Cette paganisation de
la
vie sexuelle dénote un recul sensible des influences courtoises, une
13286
s courtoises, une dépréciation du mythe tragique.
Le
platonisme des petites cours ducales, si bien exprimé par Bembo et pa
13287
à une « mondanité » délicate et toute hédoniste.
La
« courtoisie » prenait son sens moderne de politesse et de civilité.
13288
niste. La « courtoisie » prenait son sens moderne
de
politesse et de civilité. Il n’était plus question de condamner la vi
13289
toisie » prenait son sens moderne de politesse et
de
civilité. Il n’était plus question de condamner la vie. Et « l’instin
13290
olitesse et de civilité. Il n’était plus question
de
condamner la vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’
13291
e civilité. Il n’était plus question de condamner
la
vie. Et « l’instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette
13292
l n’était plus question de condamner la vie. Et «
l’
instinct de mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heure
13293
lus question de condamner la vie. Et « l’instinct
de
mort » semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heureuse, immora
13294
mmorale et très pacifique190 qu’allaient se jeter
les
troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six c
13295
ue190 qu’allaient se jeter les troupes françaises
de
Charles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoq
13296
se jeter les troupes françaises de Charles VIII.
Le
tonnerre de leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la pénins
13297
s troupes françaises de Charles VIII. Le tonnerre
de
leurs trente-six canons de bronze provoqua dans la péninsule une pani
13298
rles VIII. Le tonnerre de leurs trente-six canons
de
bronze provoqua dans la péninsule une panique de fin du monde. « Le p
13299
e leurs trente-six canons de bronze provoqua dans
la
péninsule une panique de fin du monde. « Le passage de ce prince en I
13300
de bronze provoqua dans la péninsule une panique
de
fin du monde. « Le passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fu
13301
dans la péninsule une panique de fin du monde. «
Le
passage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une i
13302
ninsule une panique de fin du monde. « Le passage
de
ce prince en Italie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité de
13303
ssage de ce prince en Italie, dit Guichardin, fut
la
source d’une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent
13304
e prince en Italie, dit Guichardin, fut la source
d’
une infinité de maux et de révolutions. Les États changèrent tout à co
13305
lie, dit Guichardin, fut la source d’une infinité
de
maux et de révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les
13306
ichardin, fut la source d’une infinité de maux et
de
révolutions. Les États changèrent tout à coup de face, les provinces
13307
source d’une infinité de maux et de révolutions.
Les
États changèrent tout à coup de face, les provinces furent ravagées,
13308
utions. Les États changèrent tout à coup de face,
les
provinces furent ravagées, les villes détruites, et tout le pays fut
13309
ut à coup de face, les provinces furent ravagées,
les
villes détruites, et tout le pays fut inondé de sang… L’Italie apprit
13310
es furent ravagées, les villes détruites, et tout
le
pays fut inondé de sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sang
13311
les villes détruites, et tout le pays fut inondé
de
sang… L’Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de fa
13312
es détruites, et tout le pays fut inondé de sang…
L’
Italie apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire la gu
13313
apprit aussi une nouvelle mais sanglante méthode
de
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos p
13314
ussi une nouvelle mais sanglante méthode de faire
la
guerre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces
13315
méthode de faire la guerre… qui troubla tellement
la
paix et l’harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y r
13316
faire la guerre… qui troubla tellement la paix et
l’
harmonie de nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’o
13317
erre… qui troubla tellement la paix et l’harmonie
de
nos provinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et la
13318
onie de nos provinces qu’il fut depuis impossible
d’
y rétablir l’ordre et la tranquillité191. » Ce n’était pas que les Ita
13319
rovinces qu’il fut depuis impossible d’y rétablir
l’
ordre et la tranquillité191. » Ce n’était pas que les Italiens eussent
13320
’il fut depuis impossible d’y rétablir l’ordre et
la
tranquillité191. » Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré l’u
13321
ordre et la tranquillité191. » Ce n’était pas que
les
Italiens eussent ignoré l’usage de l’artillerie jusqu’à cette date, m
13322
» Ce n’était pas que les Italiens eussent ignoré
l’
usage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, com
13323
était pas que les Italiens eussent ignoré l’usage
de
l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’
13324
it pas que les Italiens eussent ignoré l’usage de
l’
artillerie jusqu’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je l’ai
13325
sage de l’artillerie jusqu’à cette date, mais ils
la
méprisaient, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore les invec
13326
u’à cette date, mais ils la méprisaient, comme je
l’
ai dit, et comme le prouvent encore les invectives de l’Arioste contre
13327
s ils la méprisaient, comme je l’ai dit, et comme
le
prouvent encore les invectives de l’Arioste contre les armes à feu. A
13328
t, comme je l’ai dit, et comme le prouvent encore
les
invectives de l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guich
13329
i dit, et comme le prouvent encore les invectives
de
l’Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les F
13330
it, et comme le prouvent encore les invectives de
l’
Arioste contre les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Fran
13331
rouvent encore les invectives de l’Arioste contre
les
armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, « les Français avaient une a
13332
re les armes à feu. Au surplus, dit Guichardin, «
les
Français avaient une artillerie plus légère, et dont les pièces qu’il
13333
nçais avaient une artillerie plus légère, et dont
les
pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes de bronze… Les décharg
13334
es pièces qu’ils appelaient canons étaient toutes
de
bronze… Les décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles fai
13335
u’ils appelaient canons étaient toutes de bronze…
Les
décharges étaient si fréquentes et si fortes qu’elles faisaient en pe
13336
le qu’humaine était aussi utile aux Français dans
les
combats que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : t
13337
ussi utile aux Français dans les combats que dans
les
sièges… » Autre sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans la mil
13338
ns les combats que dans les sièges… » Autre sujet
d’
effroi pour l’Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la
13339
que dans les sièges… » Autre sujet d’effroi pour
l’
Italie : tandis que dans la milice des condottieri « la plupart des ho
13340
re sujet d’effroi pour l’Italie : tandis que dans
la
milice des condottieri « la plupart des hommes d’armes étaient ou pay
13341
la milice des condottieri « la plupart des hommes
d’
armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours suje
13342
plupart des hommes d’armes étaient ou paysans ou
de
la lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui
13343
upart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de
la
lie du peuple, presque toujours sujets d’un autre prince que celui po
13344
s ou de la lie du peuple, presque toujours sujets
d’
un autre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre », et n’
13345
autre prince que celui pour lequel ils faisaient
la
guerre », et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire
13346
et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment
de
gloire ni par aucun motif extérieur », l’armée française se présentai
13347
ntiment de gloire ni par aucun motif extérieur »,
l’
armée française se présentait comme une armée nationale : « Les gens d
13348
çaise se présentait comme une armée nationale : «
Les
gens d’armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce
13349
présentait comme une armée nationale : « Les gens
d’
armes étaient presque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui les
13350
sque tous sujets du Roi et gentilshommes » ce qui
les
empêchait de « changer de maître par ambition ou par avarice ». On pr
13351
ts du Roi et gentilshommes » ce qui les empêchait
de
« changer de maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès
13352
gentilshommes » ce qui les empêchait de « changer
de
maître par ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors d’inévit
13353
ambition ou par avarice ». On pressentit dès lors
d’
inévitables carnages. Et en effet au combat de Rappallo, tout au début
13354
ors d’inévitables carnages. Et en effet au combat
de
Rappallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés,
13355
Et en effet au combat de Rappallo, tout au début
de
la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : «
13356
en effet au combat de Rappallo, tout au début de
la
campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : « No
13357
at de Rappallo, tout au début de la campagne, sur
les
3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : « Nombre considérable
13358
de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus
de
100 furent tués : « Nombre considérable par rapport à la manière dont
13359
furent tués : « Nombre considérable par rapport à
la
manière dont on faisait alors la guerre en Italie » remarque Guichard
13360
le par rapport à la manière dont on faisait alors
la
guerre en Italie » remarque Guichardin. Et ce n’était vraiment qu’un
13361
ait vraiment qu’un début ! Burckhardt affirme que
les
dévastations françaises furent peu de choses en comparaison de celles
13362
mparaison de celles commises un peu plus tard par
les
Espagnols « chez lesquels peut-être un apport de sang non-occidental,
13363
les Espagnols « chez lesquels peut-être un apport
de
sang non-occidental, ou peut-être l’habitude des spectacles de l’Inqu
13364
re un apport de sang non-occidental, ou peut-être
l’
habitude des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné les instinct
13365
ccidental, ou peut-être l’habitude des spectacles
de
l’Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artilleri
13366
dental, ou peut-être l’habitude des spectacles de
l’
Inquisition avaient déchaîné les instincts démoniaques ». Artillerie e
13367
des spectacles de l’Inquisition avaient déchaîné
les
instincts démoniaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerr
13368
émoniaques ». Artillerie et massacre des civils :
la
guerre moderne venait de naître. Elle allait peu à peu transformer le
13369
nait de naître. Elle allait peu à peu transformer
les
chevaliers exaltés et magnifiques en troupes disciplinées et uniforme
13370
linées et uniformes. Évolution qui devait aboutir
de
nos jours à l’annihilation de toute passion guerrière, à mesure que l
13371
rmes. Évolution qui devait aboutir de nos jours à
l’
annihilation de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desse
13372
qui devait aboutir de nos jours à l’annihilation
de
toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machi
13373
hilation de toute passion guerrière, à mesure que
les
hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’
13374
ion guerrière, à mesure que les hommes desservant
les
machines se feraient eux-mêmes des machines, n’exécutant qu’un petit
13375
êmes des machines, n’exécutant qu’un petit nombre
de
mouvements automatiques, destinés à donner la mort à distance, sans c
13376
bre de mouvements automatiques, destinés à donner
la
mort à distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’
13377
sans colère ni pitié. 6.La guerre classique
L’
effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de do
13378
. 6.La guerre classique L’effort des hommes
de
guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre méc
13379
es de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera
de
dominer le monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le c
13380
e, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer
le
monstre mécanique, afin de sauver autant que possible le caractère hu
13381
tre mécanique, afin de sauver autant que possible
le
caractère humain de la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions
13382
de sauver autant que possible le caractère humain
de
la guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’art
13383
sauver autant que possible le caractère humain de
la
guerre. On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’artill
13384
ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à
l’
artillerie, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier les règles
13385
, aux fortifications. Du moins va-t-on multiplier
les
règles de la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
13386
fications. Du moins va-t-on multiplier les règles
de
la tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « vale
13387
ations. Du moins va-t-on multiplier les règles de
la
tactique et de la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur
13388
s va-t-on multiplier les règles de la tactique et
de
la stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs gar
13389
a-t-on multiplier les règles de la tactique et de
la
stratégie, afin que l’intelligence, et la « valeur » des chefs garden
13390
ègles de la tactique et de la stratégie, afin que
l’
intelligence, et la « valeur » des chefs gardent apparemment le premie
13391
e et de la stratégie, afin que l’intelligence, et
la
« valeur » des chefs gardent apparemment le premier rang parmi les fa
13392
s chefs gardent apparemment le premier rang parmi
les
facteurs de la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donne
13393
nt apparemment le premier rang parmi les facteurs
de
la lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à
13394
apparemment le premier rang parmi les facteurs de
la
lutte. La chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’
13395
t le premier rang parmi les facteurs de la lutte.
La
chevalerie représentait un effort pour donner un style à l’instinct.
13396
rie représentait un effort pour donner un style à
l’
instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer
13397
tait un effort pour donner un style à l’instinct.
La
guerre classique est un effort pour conserver et recréer ce style mal
13398
effort pour conserver et recréer ce style malgré
l’
intervention de facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’a
13399
nserver et recréer ce style malgré l’intervention
de
facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire de
13400
tyle malgré l’intervention de facteurs inhumains.
D’
où le formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles192. Avec V
13401
malgré l’intervention de facteurs inhumains. D’où
le
formalisme étonnant de l’art militaire de ces siècles192. Avec Vauban
13402
e facteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant
de
l’art militaire de ces siècles192. Avec Vauban, le siège d’une place
13403
acteurs inhumains. D’où le formalisme étonnant de
l’
art militaire de ces siècles192. Avec Vauban, le siège d’une place for
13404
s. D’où le formalisme étonnant de l’art militaire
de
ces siècles192. Avec Vauban, le siège d’une place forte devient une s
13405
e l’art militaire de ces siècles192. Avec Vauban,
le
siège d’une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit don
13406
ilitaire de ces siècles192. Avec Vauban, le siège
d’
une place forte devient une sorte d’opération de l’esprit dont les pér
13407
ban, le siège d’une place forte devient une sorte
d’
opération de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien di
13408
e d’une place forte devient une sorte d’opération
de
l’esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les
13409
’une place forte devient une sorte d’opération de
l’
esprit dont les péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les ci
13410
te devient une sorte d’opération de l’esprit dont
les
péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes d’une
13411
de l’esprit dont les péripéties se déroulent, on
l’
a bien dit, comme les cinq actes d’une tragédie classique. « C’est alo
13412
s péripéties se déroulent, on l’a bien dit, comme
les
cinq actes d’une tragédie classique. « C’est alors que la guerre ress
13413
déroulent, on l’a bien dit, comme les cinq actes
d’
une tragédie classique. « C’est alors que la guerre ressemble vraiment
13414
actes d’une tragédie classique. « C’est alors que
la
guerre ressemble vraiment à une partie d’échecs. Lorsque après des ma
13415
ors que la guerre ressemble vraiment à une partie
d’
échecs. Lorsque après des manœuvres compliquées, un des adversaires a
13416
rs pièces — villes ou places fortes — alors vient
la
grande bataille : du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout l
13417
rtes — alors vient la grande bataille : du sommet
de
quelque coteau, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout l’éch
13418
du sommet de quelque coteau, où lui apparaît tout
le
terrain du combat, tout l’échiquier, le maréchal fait avancer ou recu
13419
, où lui apparaît tout le terrain du combat, tout
l’
échiquier, le maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux ré
13420
raît tout le terrain du combat, tout l’échiquier,
le
maréchal fait avancer ou reculer habilement ses beaux régiments… Éche
13421
ler habilement ses beaux régiments… Échec et mat,
le
perdant range son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou les rég
13422
Échec et mat, le perdant range son jeu : on remet
les
pions dans leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers d’hiver,
13423
e son jeu : on remet les pions dans leur boîte ou
les
régiments dans leurs quartiers d’hiver, et chacun va à ses petites af
13424
leur boîte ou les régiments dans leurs quartiers
d’
hiver, et chacun va à ses petites affaires en attendant la partie ou l
13425
et chacun va à ses petites affaires en attendant
la
partie ou la campagne suivante193. » Chaque fois que reparaît l’éléme
13426
à ses petites affaires en attendant la partie ou
la
campagne suivante193. » Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dan
13427
campagne suivante193. » Chaque fois que reparaît
l’
élément de jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa
13428
suivante193. » Chaque fois que reparaît l’élément
de
jeu dans la guerre, on peut en déduire que la société et sa culture f
13429
» Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans
la
guerre, on peut en déduire que la société et sa culture font un effor
13430
ent de jeu dans la guerre, on peut en déduire que
la
société et sa culture font un effort pour recréer le mythe de la pass
13431
société et sa culture font un effort pour recréer
le
mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchiq
13432
t sa culture font un effort pour recréer le mythe
de
la passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cad
13433
a culture font un effort pour recréer le mythe de
la
passion, c’est-à-dire pour rendre à la puissance anarchique un cadre
13434
e mythe de la passion, c’est-à-dire pour rendre à
la
puissance anarchique un cadre et des moyens d’expression rituels. Et
13435
à la puissance anarchique un cadre et des moyens
d’
expression rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans le cas du xvi
13436
ion rituels. Et c’est bien ce qui se vérifie dans
le
cas du xviie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée
13437
ie siècle : qu’on se reporte à nos chapitres sur
l’
Astrée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on sp
13438
on se reporte à nos chapitres sur l’Astrée et sur
la
tragédie classique. ⁂ « C’est ici la matière qu’on spiritualise, pour
13439
strée et sur la tragédie classique. ⁂ « C’est ici
la
matière qu’on spiritualise, pour fixer la conduite des combattants, a
13440
est ici la matière qu’on spiritualise, pour fixer
la
conduite des combattants, animés et pensants malgré tout », écrira Fo
13441
t pensants malgré tout », écrira Foch à propos de
la
guerre au xviiie siècle194. Mot étonnant, d’ailleurs repris de von d
13442
viiie siècle194. Mot étonnant, d’ailleurs repris
de
von der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine de citer : « L’err
13443
pris de von der Goltz, dans un passage qu’il vaut
la
peine de citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait
13444
on der Goltz, dans un passage qu’il vaut la peine
de
citer : « L’erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer
13445
dans un passage qu’il vaut la peine de citer : «
L’
erreur (des généraux « formalistes ») consistait à placer l’objet de l
13446
des généraux « formalistes ») consistait à placer
l’
objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et
13447
raux « formalistes ») consistait à placer l’objet
de
la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dan
13448
x « formalistes ») consistait à placer l’objet de
la
guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l
13449
») consistait à placer l’objet de la guerre dans
l’
exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement
13450
it à placer l’objet de la guerre dans l’exécution
de
manœuvres finement combinées et non dans l’anéantissement des forces
13451
ution de manœuvres finement combinées et non dans
l’
anéantissement des forces de l’adversaire. Le monde militaire est touj
13452
combinées et non dans l’anéantissement des forces
de
l’adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs
13453
binées et non dans l’anéantissement des forces de
l’
adversaire. Le monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs qua
13454
dans l’anéantissement des forces de l’adversaire.
Le
monde militaire est toujours tombé dans ces erreurs quand il s’est mi
13455
dans ces erreurs quand il s’est mis à abandonner
la
notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la mat
13456
à abandonner la notion droite et simple des lois
de
la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel
13457
abandonner la notion droite et simple des lois de
la
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des
13458
et simple des lois de la guerre, à spiritualiser
la
matière, en négligeant le sens naturel des choses et l’influence du c
13459
guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant
le
sens naturel des choses et l’influence du cœur humain sur les résolut
13460
ière, en négligeant le sens naturel des choses et
l’
influence du cœur humain sur les résolutions des hommes. » — « Spiritu
13461
urel des choses et l’influence du cœur humain sur
les
résolutions des hommes. » — « Spiritualiser » est peut-être excessif
13462
» est peut-être excessif : il ne s’agissait guère
de
rationaliser. Mais l’expression (méprisante !) est bien typique de la
13463
if : il ne s’agissait guère de rationaliser. Mais
l’
expression (méprisante !) est bien typique de la psychologie qui appar
13464
Mais l’expression (méprisante !) est bien typique
de
la psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaî
13465
s l’expression (méprisante !) est bien typique de
la
psychologie qui apparaîtra dès la Révolution française — ce déchaînem
13466
bien typique de la psychologie qui apparaîtra dès
la
Révolution française — ce déchaînement des instincts collectifs et de
13467
s et des passions catastrophiques. Que reprochent
les
stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est d
13468
ue reprochent les stratèges modernes aux généraux
de
Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en
13469
s stratèges modernes aux généraux de Louis XIV et
de
Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
13470
aux généraux de Louis XIV et de Louis XV ? C’est
d’
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouv
13471
e Louis XIV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé
de
faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’éta
13472
IV et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire
la
guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le
13473
C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant
le
moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civi
13474
avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins
d’
hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation
13475
le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là
le
triomphe d’une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la
13476
ommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe
d’
une civilisation dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature, la m
13477
était là le triomphe d’une civilisation dont tout
l’
effort tendait à ordonner la Nature, la matière, et leurs fatalités, a
13478
ivilisation dont tout l’effort tendait à ordonner
la
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine
13479
dont tout l’effort tendait à ordonner la Nature,
la
matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’in
13480
Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois
de
la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, m
13481
ture, la matière, et leurs fatalités, aux lois de
la
raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais
13482
leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et
de
l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle
13483
rs fatalités, aux lois de la raison humaine et de
l’
intérêt personnel. Illusion si l’on veut, mais sans laquelle nulle civ
13484
on humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si
l’
on veut, mais sans laquelle nulle civilisation et nulle culture ne son
13485
e sont proprement concevables. Racine aussi, nous
l’
avons vu, croyait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime. Le ref
13486
ait qu’on pouvait faire des tragédies sans crime.
Le
refus de trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âg
13487
pouvait faire des tragédies sans crime. Le refus
de
trouver belles les catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classiq
13488
tragédies sans crime. Le refus de trouver belles
les
catastrophes, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerr
13489
r belles les catastrophes, voilà qui peut définir
l’
âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévi
13490
s, voilà qui peut définir l’âge classique. Certes
la
guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs se
13491
peut définir l’âge classique. Certes la guerre et
la
passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs secrètement dés
13492
itables, et d’ailleurs secrètement désirés ; mais
la
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de
13493
d’ailleurs secrètement désirés ; mais la grandeur
de
l’homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utilise
13494
illeurs secrètement désirés ; mais la grandeur de
l’
homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser,
13495
ètement désirés ; mais la grandeur de l’homme est
de
limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on dirait mê
13496
la grandeur de l’homme est de limiter leur champ,
de
les canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à
13497
grandeur de l’homme est de limiter leur champ, de
les
canaliser et de les utiliser, on dirait même de les subordonner à une
13498
me est de limiter leur champ, de les canaliser et
de
les utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art
13499
est de limiter leur champ, de les canaliser et de
les
utiliser, on dirait même de les subordonner à une diplomatie, art de
13500
les canaliser et de les utiliser, on dirait même
de
les subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la
13501
s canaliser et de les utiliser, on dirait même de
les
subordonner à une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la gue
13502
ait même de les subordonner à une diplomatie, art
de
civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et
13503
une diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare
la
guerre sous des prétextes juridiques et personnels, où l’honneur nati
13504
e sous des prétextes juridiques et personnels, où
l’
honneur national n’a rien à voir. Querelles de gendre et de beau-père
13505
où l’honneur national n’a rien à voir. Querelles
de
gendre et de beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même q
13506
national n’a rien à voir. Querelles de gendre et
de
beau-père au sujet de la dot promise. Et c’est de même que l’on « tra
13507
. Querelles de gendre et de beau-père au sujet de
la
dot promise. Et c’est de même que l’on « traite » un mariage : intérê
13508
au sujet de la dot promise. Et c’est de même que
l’
on « traite » un mariage : intérêt, convenance des rangs, apports terr
13509
ce des rangs, apports territoriaux et financiers…
La
passion n’y joue plus le moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs,
13510
ritoriaux et financiers… La passion n’y joue plus
le
moindre rôle. L’amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique.
13511
nciers… La passion n’y joue plus le moindre rôle.
L’
amour lui-même, d’ailleurs, va devenir une tactique. Il perd son auréo
13512
uréole dramatique. 7.La guerre en dentelles
L’
exemple du xviiie siècle est le plus propre à illustrer le parallèle
13513
e en dentelles L’exemple du xviiie siècle est
le
plus propre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre. Il s
13514
du xviiie siècle est le plus propre à illustrer
le
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches
13515
iècle est le plus propre à illustrer le parallèle
de
l’amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiqu
13516
le est le plus propre à illustrer le parallèle de
l’
amour et de la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer.
13517
lus propre à illustrer le parallèle de l’amour et
de
la guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan s
13518
propre à illustrer le parallèle de l’amour et de
la
guerre. Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succ
13519
parallèle de l’amour et de la guerre. Il suffira
de
quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volu
13520
de la guerre. Il suffira de quelques touches pour
l’
indiquer. Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à la passion
13521
ches pour l’indiquer. Don Juan succède à Tristan,
la
volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se
13522
Don Juan succède à Tristan, la volupté perverse à
la
passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profanise » : aux J
13523
an, la volupté perverse à la passion mortelle. Et
la
guerre en même temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu, à la c
13524
re en même temps se « profanise » : aux Jugements
de
Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante,
13525
temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu, à
la
chevalerie sacrée, bardée de fer, ascétique et sanglante, succède une
13526
Jugements de Dieu, à la chevalerie sacrée, bardée
de
fer, ascétique et sanglante, succède une diplomatie retorse, une armé
13527
en dentelle, libertins et bien décidés à sauver «
la
douceur de vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ro
13528
, libertins et bien décidés à sauver « la douceur
de
vivre ». Les légendes épiques et les romans de la Table ronde multipl
13529
et bien décidés à sauver « la douceur de vivre ».
Les
légendes épiques et les romans de la Table ronde multiplient les réci
13530
« la douceur de vivre ». Les légendes épiques et
les
romans de la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
13531
ur de vivre ». Les légendes épiques et les romans
de
la Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
13532
de vivre ». Les légendes épiques et les romans de
la
Table ronde multiplient les récits de tueries inouïes ; la gloire d’u
13533
iques et les romans de la Table ronde multiplient
les
récits de tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nom
13534
s romans de la Table ronde multiplient les récits
de
tueries inouïes ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses
13535
ronde multiplient les récits de tueries inouïes ;
la
gloire d’un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfend
13536
iplient les récits de tueries inouïes ; la gloire
d’
un chevalier est faite du nombre de ses adversaires pourfendus et déca
13537
es ; la gloire d’un chevalier est faite du nombre
de
ses adversaires pourfendus et décapités, et si possible tranchés en d
13538
dus et décapités, et si possible tranchés en deux
de
la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauva
13539
et décapités, et si possible tranchés en deux de
la
tête aux pieds d’un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
13540
si possible tranchés en deux de la tête aux pieds
d’
un formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages de ces récits ne
13541
de la tête aux pieds d’un formidable coup d’épée.
Les
exagérations sauvages de ces récits ne laissent pas de doute sur ce q
13542
formidable coup d’épée. Les exagérations sauvages
de
ces récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte la vraie passio
13543
agérations sauvages de ces récits ne laissent pas
de
doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Glo
13544
récits ne laissent pas de doute sur ce qui flatte
la
vraie passion de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviii
13545
t pas de doute sur ce qui flatte la vraie passion
de
l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considé
13546
as de doute sur ce qui flatte la vraie passion de
l’
homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra
13547
on de l’homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais
le
xviiie siècle considéra comme une réussite glorieuse d’avoir pris un
13548
ie siècle considéra comme une réussite glorieuse
d’
avoir pris une ville assiégée en ne faisant de part et d’autre que tro
13549
use d’avoir pris une ville assiégée en ne faisant
de
part et d’autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honne
13550
pris une ville assiégée en ne faisant de part et
d’
autre que trois morts. C’est l’art savant qui est à l’honneur. Maurice
13551
faisant de part et d’autre que trois morts. C’est
l’
art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis p
13552
tre que trois morts. C’est l’art savant qui est à
l’
honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour les batailles
13553
. Maurice de Saxe écrit : « Je ne suis point pour
les
batailles, surtout au début d’une guerre. Je suis persuadé qu’un bon
13554
e suis point pour les batailles, surtout au début
d’
une guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute s
13555
guerre. Je suis persuadé qu’un bon général pourra
la
faire toute sa vie sans s’y voir obligé. » S’il faut cependant en ven
13556
ne bataille « rangée », un siège « en règle », et
la
tradition chevaleresque dans ce qu’elle a de plus élevé et de plus fo
13557
prestige. Voyez Condé empanaché caracolant parmi
les
troupes ennemies — en véritable héros de l’Astrée qu’il fut. Et cette
13558
t parmi les troupes ennemies — en véritable héros
de
l’Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Font
13559
armi les troupes ennemies — en véritable héros de
l’
Astrée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la mort, à Fonteno
13560
trée qu’il fut. Et cette suprême politesse devant
la
mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre
13561
olitesse devant la mort, à Fontenoy. ⁂ Mais voici
la
totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est L
13562
Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation »
de
la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Rég
13563
ntenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de
la
guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régenc
13564
s voici la totale « profanation » de la guerre et
de
sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui la prop
13565
de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law,
le
financier de la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à so
13566
et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier
de
la Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la mé
13567
de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de
la
Régence qui la propose, reprenant, et sans doute à son insu, la métho
13568
acrée : c’est Law, le financier de la Régence qui
la
propose, reprenant, et sans doute à son insu, la méthode des Condotti
13569
la propose, reprenant, et sans doute à son insu,
la
méthode des Condottieri : « La victoire (lit-on dans ses Œuvres) appa
13570
doute à son insu, la méthode des Condottieri : «
La
victoire (lit-on dans ses Œuvres) appartient toujours à celui qui a l
13571
2 milliards pour vingt ans. Nous n’avons pas plus
de
cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous m
13572
pour vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans
de
guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrièr
13573
ous en coûte pour guerroyer cinq ans. Quel en est
le
résultat ? Car le succès définitif est incertain. Avec bien du bonheu
13574
guerroyer cinq ans. Quel en est le résultat ? Car
le
succès définitif est incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
13575
incertain. Avec bien du bonheur, on peut espérer
de
détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fati
13576
, on peut espérer de détruire 150 000 ennemis par
le
feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la de
13577
t espérer de détruire 150 000 ennemis par le feu,
le
fer, l’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destructio
13578
r de détruire 150 000 ennemis par le feu, le fer,
l’
eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction direct
13579
truire 150 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau,
la
faim, les fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou in
13580
0 000 ennemis par le feu, le fer, l’eau, la faim,
les
fatigues, les maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’
13581
par le feu, le fer, l’eau, la faim, les fatigues,
les
maladies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte d’un soldat alle
13582
’eau, la faim, les fatigues, les maladies. Ainsi,
la
destruction directe ou indirecte d’un soldat allemand nous coûte 20 0
13583
adies. Ainsi, la destruction directe ou indirecte
d’
un soldat allemand nous coûte 20 000 livres sans compter la perte sur
13584
at allemand nous coûte 20 000 livres sans compter
la
perte sur notre population, qui n’est réparée qu’au bout de vingt-cin
13585
cet attirail dispendieux, incommode et dangereux,
d’
une armée permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner les frais e
13586
permanente, ne vaudrait-il pas mieux en épargner
les
frais et acheter l’armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterai
13587
ait-il pas mieux en épargner les frais et acheter
l’
armée ennemie, lorsque l’occasion s’en présenterait. Un Anglais estima
13588
ner les frais et acheter l’armée ennemie, lorsque
l’
occasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres st
13589
lais estimait un homme 480 livres sterling. C’est
la
plus forte évaluation, et ils ne sont pas tous aussi chers, comme on
13590
nt, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans
le
système actuel, on perd celui qu’on avait sans profiter de celui qu’o
13591
e actuel, on perd celui qu’on avait sans profiter
de
celui qu’on a détruit si dispendieusement. » ⁂ Les Goncourt ont très
13592
de celui qu’on a détruit si dispendieusement. » ⁂
Les
Goncourt ont très bien senti l’identité foncière des phénomènes de la
13593
ndieusement. » ⁂ Les Goncourt ont très bien senti
l’
identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie
13594
rès bien senti l’identité foncière des phénomènes
de
la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décri
13595
bien senti l’identité foncière des phénomènes de
la
guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décriven
13596
’identité foncière des phénomènes de la guerre et
de
l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactiq
13597
entité foncière des phénomènes de la guerre et de
l’
amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « tactique
13598
au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent
la
« tactique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce
13599
ls termes ils décrivent la « tactique » des roués
de
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siè
13600
termes ils décrivent la « tactique » des roués de
l’
époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle
13601
de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu
de
l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profond
13602
l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de
l’
amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes,
13603
C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que
le
siècle révèle peut-être ses qualités les plus profondes, ses ressourc
13604
mour, que le siècle révèle peut-être ses qualités
les
plus profondes, ses ressources les plus secrètes, et comme un génie d
13605
e ses qualités les plus profondes, ses ressources
les
plus secrètes, et comme un génie de duplicité tout inattendu du carac
13606
s ressources les plus secrètes, et comme un génie
de
duplicité tout inattendu du caractère français. Que de grands diploma
13607
plicité tout inattendu du caractère français. Que
de
grands diplomates, que de grands politiques sans nom, plus habiles qu
13608
caractère français. Que de grands diplomates, que
de
grands politiques sans nom, plus habiles que Dubois, plus insinuants
13609
s insinuants que Bernis, parmi cette petite bande
d’
hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et
13610
ernis, parmi cette petite bande d’hommes qui font
de
la séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire
13611
is, parmi cette petite bande d’hommes qui font de
la
séduction de la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de
13612
te petite bande d’hommes qui font de la séduction
de
la femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Qu
13613
petite bande d’hommes qui font de la séduction de
la
femme le but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que d
13614
nde d’hommes qui font de la séduction de la femme
le
but de leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combina
13615
ommes qui font de la séduction de la femme le but
de
leurs pensées et la grande affaire de leur vie… Que de combinaisons d
13616
séduction de la femme le but de leurs pensées et
la
grande affaire de leur vie… Que de combinaisons de romancier et de st
13617
emme le but de leurs pensées et la grande affaire
de
leur vie… Que de combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un
13618
urs pensées et la grande affaire de leur vie… Que
de
combinaisons de romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une fe
13619
a grande affaire de leur vie… Que de combinaisons
de
romancier et de stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir f
13620
de leur vie… Que de combinaisons de romancier et
de
stratégiste ! Pas un n’attaque une femme sans avoir fait ce qu’on app
13621
r fait ce qu’on appelle un plan, sans avoir passé
la
nuit à se promener et à retourner la position… Et l’attaque commencée
13622
avoir passé la nuit à se promener et à retourner
la
position… Et l’attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédien
13623
nuit à se promener et à retourner la position… Et
l’
attaque commencée, ils sont jusqu’au bout ces comédiens étonnants, par
13624
soit feint ou dissimulé… « N’omettre rien » c’est
le
précepte de l’un d’eux195. » Devise de général, que les Soubise, par
13625
u dissimulé… « N’omettre rien » c’est le précepte
de
l’un d’eux195. » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’o
13626
ulé… « N’omettre rien » c’est le précepte de l’un
d’
eux195. » Devise de général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaien
13627
en » c’est le précepte de l’un d’eux195. » Devise
de
général, que les Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le
13628
écepte de l’un d’eux195. » Devise de général, que
les
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur le champ de bataille
13629
Soubise, par malheur, n’oubliaient guère que sur
le
champ de bataille. 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau e
13630
8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau et
le
romantisme allemand, c’est-à-dire entre le premier réveil du mythe et
13631
il du mythe et son épanouissement orageux, il y a
la
Révolution française et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le r
13632
sement orageux, il y a la Révolution française et
les
campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la p
13633
, il y a la Révolution française et les campagnes
de
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catast
13634
çaise et les campagnes de Bonaparte, c’est-à-dire
le
retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue p
13635
mpagnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans
la
guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement milit
13636
Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre
de
la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’a
13637
naparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de
la
passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, qu’appo
13638
u point de vue proprement militaire, qu’apportait
la
Révolution ? « Un déchaînement de passion inconnu avant elle », répon
13639
e, qu’apportait la Révolution ? « Un déchaînement
de
passion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de l’ancienne éc
13640
ent de passion inconnu avant elle », répond Foch.
L’
hérésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « fai
13641
sion inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie
de
l’ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la g
13642
n inconnu avant elle », répond Foch. L’hérésie de
l’
ancienne école, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guer
13643
érésie de l’ancienne école, précise-t-il, c’était
d’
avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa
13644
cole, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire
de
la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame e
13645
e, précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de
la
guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effr
13646
une science exacte, méconnaissant sa nature même
de
drame effrayant et passionné (Jomini) ». On sait par ailleurs quelle
13647
(Jomini) ». On sait par ailleurs quelle explosion
de
sentimentalisme précéda et accompagna la Révolution, phénomène beauco
13648
xplosion de sentimentalisme précéda et accompagna
la
Révolution, phénomène beaucoup plus passionnel que politique, au sens
13649
sens strict du terme196. Longtemps contenue dans
les
formes classiques de la guerre, la violence, après le meurtre du Roi
13650
96. Longtemps contenue dans les formes classiques
de
la guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ri
13651
Longtemps contenue dans les formes classiques de
la
guerre, la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et ritue
13652
contenue dans les formes classiques de la guerre,
la
violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans le
13653
ormes classiques de la guerre, la violence, après
le
meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans les sociétés primitiv
13654
e meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dans
les
sociétés primitives — redevient quelque chose d’horrifiant et d’attir
13655
les sociétés primitives — redevient quelque chose
d’
horrifiant et d’attirant à la fois. C’est le culte et le mystère sangl
13656
mitives — redevient quelque chose d’horrifiant et
d’
attirant à la fois. C’est le culte et le mystère sanglant autour duque
13657
chose d’horrifiant et d’attirant à la fois. C’est
le
culte et le mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nou
13658
ifiant et d’attirant à la fois. C’est le culte et
le
mystère sanglant autour duquel se crée une communauté nouvelle : la N
13659
t autour duquel se crée une communauté nouvelle :
la
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de la passion sur le pl
13660
se crée une communauté nouvelle : la Nation. Or
la
Nation, c’est la transposition de la passion sur le plan collectif. À
13661
unauté nouvelle : la Nation. Or la Nation, c’est
la
transposition de la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il es
13662
la Nation. Or la Nation, c’est la transposition
de
la passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
13663
Nation. Or la Nation, c’est la transposition de
la
passion sur le plan collectif. À vrai dire, il est plus facile de le
13664
e plan collectif. À vrai dire, il est plus facile
de
le sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-o
13665
lan collectif. À vrai dire, il est plus facile de
le
sentir que de l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on,
13666
À vrai dire, il est plus facile de le sentir que
de
l’expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux ê
13667
vrai dire, il est plus facile de le sentir que de
l’
expliquer rationnellement. Toute passion, dira-t-on, suppose deux être
13668
Toute passion, dira-t-on, suppose deux êtres, et
l’
on ne voit pas à qui s’adresse la passion assumée par la Nation… Nous
13669
e deux êtres, et l’on ne voit pas à qui s’adresse
la
passion assumée par la Nation… Nous savons toutefois que la passion d
13670
e voit pas à qui s’adresse la passion assumée par
la
Nation… Nous savons toutefois que la passion d’amour, par exemple, es
13671
assumée par la Nation… Nous savons toutefois que
la
passion d’amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexa
13672
r la Nation… Nous savons toutefois que la passion
d’
amour, par exemple, est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
13673
e, est en son fond un narcissisme, autoexaltation
de
l’amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan,
13674
est en son fond un narcissisme, autoexaltation de
l’
amant, bien plus que relation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’e
13675
xaltation de l’amant, bien plus que relation avec
l’
aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que la pos
13676
lation avec l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est
la
brûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intens
13677
l’aimée. Ce que désire Tristan, c’est la brûlure
d’
amour plus que la possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévora
13678
désire Tristan, c’est la brûlure d’amour plus que
la
possession d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion
13679
, c’est la brûlure d’amour plus que la possession
d’
Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de la passion le divinise,
13680
ûlure d’amour plus que la possession d’Iseut. Car
la
brûlure intense et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagn
13681
sion d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante
de
la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « M
13682
n d’Iseut. Car la brûlure intense et dévorante de
la
passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon
13683
Car la brûlure intense et dévorante de la passion
le
divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi
13684
orante de la passion le divinise, et comme Wagner
l’
a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Mo
13685
e la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu,
l’
égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le mon
13686
. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi
le
monde… » La passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aus
13687
rd ravi s’aveugle… Seul je suis — Moi le monde… »
La
passion veut que le moi devienne plus grand que tout, aussi seul et p
13688
eul je suis — Moi le monde… » La passion veut que
le
moi devienne plus grand que tout, aussi seul et puissant que Dieu. El
13689
aussi seul et puissant que Dieu. Elle veut (sans
le
savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
13690
t que Dieu. Elle veut (sans le savoir) qu’au-delà
de
cette gloire, sa mort soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nat
13691
-delà de cette gloire, sa mort soit véritablement
la
fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltatio
13692
e cette gloire, sa mort soit véritablement la fin
de
tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltation, un a
13693
loire, sa mort soit véritablement la fin de tout.
L’
ardeur nationaliste, elle aussi, est une autoexaltation, un amour narc
13694
rarement comme un amour : presque toujours, c’est
la
haine qui apparaît en premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette hai
13695
premier lieu, et qu’on proclame. Mais cette haine
de
l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans les transports de l’am
13696
de l’autre, n’est-elle pas toujours présente dans
les
transports de l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’acc
13697
st-elle pas toujours présente dans les transports
de
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite,
13698
elle pas toujours présente dans les transports de
l’
amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que
13699
l’amour-passion ? Il n’y a donc qu’un déplacement
d’
accent. Ensuite, que veut la passion nationale ? L’exaltation de la fo
13700
onc qu’un déplacement d’accent. Ensuite, que veut
la
passion nationale ? L’exaltation de la force collective ne peut mener
13701
’accent. Ensuite, que veut la passion nationale ?
L’
exaltation de la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l
13702
ite, que veut la passion nationale ? L’exaltation
de
la force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme
13703
, que veut la passion nationale ? L’exaltation de
la
force collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou l’impérialisme tr
13704
rce collective ne peut mener qu’à ce dilemme : ou
l’
impérialisme triomphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou le
13705
à ce dilemme : ou l’impérialisme triomphe — c’est
l’
ambition de s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement,
13706
e : ou l’impérialisme triomphe — c’est l’ambition
de
s’égaler au monde — ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est l
13707
mphe — c’est l’ambition de s’égaler au monde — ou
le
voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre. Or on observe qu
13708
— ou le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est
la
guerre. Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel
13709
re même sans espoir. Elle manifeste ainsi sans se
l’
avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
13710
manifeste ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère
le
risque de mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La libe
13711
ainsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque
de
mort, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la
13712
se l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et
la
mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurl
13713
lle préfère le risque de mort, et la mort même, à
l’
abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobi
13714
e le risque de mort, et la mort même, à l’abandon
de
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heu
13715
rt, et la mort même, à l’abandon de sa passion. «
La
liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces
13716
même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou
la
mort », hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies parai
13717
sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient
les
jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois sup
13718
La liberté ou la mort », hurlaient les jacobins à
l’
heure où les forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’
13719
ou la mort », hurlaient les jacobins à l’heure où
les
forces ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à l’heure où lib
13720
s ennemies paraissaient vingt fois supérieures, à
l’
heure où liberté et mort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
13721
s, à l’heure où liberté et mort étaient bien près
d’
avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Am
13722
eure où liberté et mort étaient bien près d’avoir
le
même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et l
13723
ort étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi
la
nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le
13724
ien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et
la
Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait nationa
13725
ns… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme
l’
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant
13726
a nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et
la
Mort. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerr
13727
re sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais
le
fait national sera le facteur dominant de la guerre. « Celui qui écri
13728
Amour et la Mort. Désormais le fait national sera
le
facteur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et
13729
sormais le fait national sera le facteur dominant
de
la guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devr
13730
mais le fait national sera le facteur dominant de
la
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait
13731
teur dominant de la guerre. « Celui qui écrit sur
la
stratégie et sur la tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’un
13732
guerre. « Celui qui écrit sur la stratégie et sur
la
tactique devrait s’astreindre à n’enseigner qu’une stratégie et une t
13733
e et une tactique nationales, seules susceptibles
d’
être profitables à la nation pour laquelle il écrit ». Ainsi s’exprime
13734
ionales, seules susceptibles d’être profitables à
la
nation pour laquelle il écrit ». Ainsi s’exprime le général von der G
13735
nation pour laquelle il écrit ». Ainsi s’exprime
le
général von der Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé d’aff
13736
insi s’exprime le général von der Goltz, disciple
de
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute la théorie prussien
13737
r Goltz, disciple de Clausewitz, lequel n’a cessé
d’
affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder
13738
Clausewitz, lequel n’a cessé d’affirmer que toute
la
théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des
13739
cessé d’affirmer que toute la théorie prussienne
de
la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révol
13740
ssé d’affirmer que toute la théorie prussienne de
la
guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révoluti
13741
orie prussienne de la guerre devait se fonder sur
l’
expérience des campagnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
13742
e devait se fonder sur l’expérience des campagnes
de
la Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la
13743
evait se fonder sur l’expérience des campagnes de
la
Révolution et de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la pas
13744
ur l’expérience des campagnes de la Révolution et
de
l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la «
13745
l’expérience des campagnes de la Révolution et de
l’
Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « sci
13746
ce des campagnes de la Révolution et de l’Empire.
La
bataille de Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exact
13747
gnes de la Révolution et de l’Empire. La bataille
de
Valmy fut gagnée par la passion contre la « science exacte ». C’est a
13748
de l’Empire. La bataille de Valmy fut gagnée par
la
passion contre la « science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation
13749
ataille de Valmy fut gagnée par la passion contre
la
« science exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que les sans-cul
13750
assion contre la « science exacte ». C’est au cri
de
Vive la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classiq
13751
ontre la « science exacte ». C’est au cri de Vive
la
Nation ! que les sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des
13752
ce exacte ». C’est au cri de Vive la Nation ! que
les
sans-culottes repoussèrent l’armée « classique » des alliés. On conna
13753
ve la Nation ! que les sans-culottes repoussèrent
l’
armée « classique » des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir d
13754
rent l’armée « classique » des alliés. On connaît
le
mot de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, dat
13755
armée « classique » des alliés. On connaît le mot
de
Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une è
13756
des alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir
de
la bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’
13757
s alliés. On connaît le mot de Goethe, au soir de
la
bataille : « De ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’his
13758
naît le mot de Goethe, au soir de la bataille : «
De
ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde.
13759
de Goethe, au soir de la bataille : « De ce lieu,
de
ce jour, date une ère nouvelle dans l’histoire du monde. » Et Foch co
13760
e ce lieu, de ce jour, date une ère nouvelle dans
l’
histoire du monde. » Et Foch commente ainsi cette phrase fameuse : « U
13761
es déchaînées parce qu’elles allaient consacrer à
la
lutte toutes les ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se
13762
rce qu’elles allaient consacrer à la lutte toutes
les
ressources de la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but
13763
laient consacrer à la lutte toutes les ressources
de
la nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérê
13764
ent consacrer à la lutte toutes les ressources de
la
nation ; parce qu’elles allaient se donner comme but non un intérêt d
13765
donner comme but non un intérêt dynastique, mais
la
conquête ou la propagation d’idées philosophiques… d’avantages immaté
13766
ut non un intérêt dynastique, mais la conquête ou
la
propagation d’idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu
13767
êt dynastique, mais la conquête ou la propagation
d’
idées philosophiques… d’avantages immatériels… parce qu’elles allaient
13768
onquête ou la propagation d’idées philosophiques…
d’
avantages immatériels… parce qu’elles allaient mettre en jeu des senti
13769
ntiments, des passions, c’est-à-dire des éléments
de
force jusqu’alors inexploités. » ⁂ Il serait assez curieux de précise
13770
qu’alors inexploités. » ⁂ Il serait assez curieux
de
préciser le parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon
13771
xploités. » ⁂ Il serait assez curieux de préciser
le
parallèle entre les amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part,
13772
rait assez curieux de préciser le parallèle entre
les
amours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’I
13773
curieux de préciser le parallèle entre les amours
de
Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
13774
r le parallèle entre les amours de Bonaparte puis
de
Napoléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’aut
13775
ours de Bonaparte puis de Napoléon d’une part, et
les
campagnes d’Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de
13776
rte puis de Napoléon d’une part, et les campagnes
d’
Italie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille corr
13777
poléon d’une part, et les campagnes d’Italie puis
d’
Autriche, d’autre part. Un certain type de bataille correspond à la sé
13778
ie puis d’Autriche, d’autre part. Un certain type
de
bataille correspond à la séduction de Joséphine — c’est le coup d’aud
13779
re part. Un certain type de bataille correspond à
la
séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui je
13780
ertain type de bataille correspond à la séduction
de
Joséphine — c’est le coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes se
13781
le correspond à la séduction de Joséphine — c’est
le
coup d’audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point déc
13782
spond à la séduction de Joséphine — c’est le coup
d’
audace de l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et
13783
a séduction de Joséphine — c’est le coup d’audace
de
l’inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ;
13784
éduction de Joséphine — c’est le coup d’audace de
l’
inférieur qui jette toutes ses forces au point décisif, et bluffe ; un
13785
orces au point décisif, et bluffe ; un autre type
de
bataille correspond au mariage dynastique avec l’archiduchesse Marie-
13786
de bataille correspond au mariage dynastique avec
l’
archiduchesse Marie-Louise — et c’est la grande partie classique, Wagr
13787
ique avec l’archiduchesse Marie-Louise — et c’est
la
grande partie classique, Wagram par exemple, combinant une science de
13788
mple, combinant une science devenue rhétorique et
la
surprise massive, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus de n
13789
e, brutale… Et il n’est pas sans intérêt non plus
de
noter que Waterloo fut une bataille perdue par excès de science, peut
13790
er que Waterloo fut une bataille perdue par excès
de
science, peut-être, ou par défaut d’élan national-révolutionnaire… Ce
13791
ue par excès de science, peut-être, ou par défaut
d’
élan national-révolutionnaire… Ce qui est certain, c’est que Napoléon
13792
premier à tenir compte du facteur passionnel dans
la
conduite des batailles. D’où ce cri d’un des généraux qu’il venait de
13793
acteur passionnel dans la conduite des batailles.
D’
où ce cri d’un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’
13794
onnel dans la conduite des batailles. D’où ce cri
d’
un des généraux qu’il venait de battre en Italie : « Il n’est pas poss
13795
ait de battre en Italie : « Il n’est pas possible
de
méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
13796
pas possible de méconnaître, comme ce Bonaparte,
les
principes les plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre
13797
de méconnaître, comme ce Bonaparte, les principes
les
plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À
13798
ce Bonaparte, les principes les plus élémentaires
de
l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolut
13799
Bonaparte, les principes les plus élémentaires de
l’
art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution
13800
rte, les principes les plus élémentaires de l’art
de
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on
13801
guerre. » 9.La guerre nationale À partir de
la
Révolution, l’on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-di
13802
La guerre nationale À partir de la Révolution,
l’
on va se battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon
13803
partir de la Révolution, l’on va se battre « avec
le
cœur des soldats » c’est-à-dire d’une façon « farouche et tragique »
13804
battre « avec le cœur des soldats » c’est-à-dire
d’
une façon « farouche et tragique » (Foch). Il faudrait préciser : ce n
13805
que » (Foch). Il faudrait préciser : ce n’est pas
le
cœur de chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d
13806
och). Il faudrait préciser : ce n’est pas le cœur
de
chaque soldat considéré comme un héros qui décidera du sort d’une gue
13807
dat considéré comme un héros qui décidera du sort
d’
une guerre, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissanc
13808
éros qui décidera du sort d’une guerre, mais bien
le
cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de la Nat
13809
ort d’une guerre, mais bien le cœur collectif, si
l’
on ose dire, la puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romant
13810
e, mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire,
la
puissance passionnelle de la Nation. Les poètes romantiques jouèrent
13811
ctif, si l’on ose dire, la puissance passionnelle
de
la Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les g
13812
f, si l’on ose dire, la puissance passionnelle de
la
Nation. Les poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guer
13813
ose dire, la puissance passionnelle de la Nation.
Les
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libér
13814
poètes romantiques jouèrent un rôle notable dans
les
guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les phil
13815
ntiques jouèrent un rôle notable dans les guerres
de
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’
13816
e notable dans les guerres de libération que mena
la
Prusse contre Napoléon. Et les philosophies d’essence passionnelle d’
13817
libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et
les
philosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par ex
13818
na la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies
d’
essence passionnelle d’un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent le
13819
oléon. Et les philosophies d’essence passionnelle
d’
un Fichte et d’un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du na
13820
hilosophies d’essence passionnelle d’un Fichte et
d’
un Hegel, par exemple, furent les premiers appuis du nationalisme alle
13821
ent les premiers appuis du nationalisme allemand.
D’
où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle.
13822
es premiers appuis du nationalisme allemand. D’où
le
caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle. Il ne
13823
nt des guerres du xixe siècle. Il ne s’agit plus
d’
intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or les religions ne tran
13824
xixe siècle. Il ne s’agit plus d’intérêts, mais
de
« religions » antagonistes. Or les religions ne transigent point, à l
13825
’intérêts, mais de « religions » antagonistes. Or
les
religions ne transigent point, à l’inverse des intérêts : elles préfè
13826
gonistes. Or les religions ne transigent point, à
l’
inverse des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temp
13827
point, à l’inverse des intérêts : elles préfèrent
la
mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beau
13828
des intérêts : elles préfèrent la mort héroïque. (
De
tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus viole
13829
elles préfèrent la mort héroïque. (De tous temps
les
guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vau
13830
rent la mort héroïque. (De tous temps les guerres
de
religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les
13831
e. (De tous temps les guerres de religion ont été
de
beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quart
13832
temps les guerres de religion ont été de beaucoup
les
plus violentes.) Ceci vaut pour les trois premiers quarts du siècle e
13833
é de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour
les
trois premiers quarts du siècle et particulièrement pour la période q
13834
remiers quarts du siècle et particulièrement pour
la
période qui va de 1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, p
13835
siècle et particulièrement pour la période qui va
de
1848 à 1870. Après quoi, les passions nationales, provisoirement apai
13836
our la période qui va de 1848 à 1870. Après quoi,
les
passions nationales, provisoirement apaisées, le céderont pendant qua
13837
les passions nationales, provisoirement apaisées,
le
céderont pendant quarante ans aux entreprises du capitalisme et du co
13838
ns aux entreprises du capitalisme et du commerce.
La
violence ne cesse pas de s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont
13839
italisme et du commerce. La violence ne cesse pas
de
s’exercer au nom de la Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts
13840
. La violence ne cesse pas de s’exercer au nom de
la
Nation, mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent le jeu, ains
13841
mais ce sont bel et bien des intérêts qui mènent
le
jeu, ainsi que l’a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Princi
13842
et bien des intérêts qui mènent le jeu, ainsi que
l’
a fort bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
13843
qui mènent le jeu, ainsi que l’a fort bien marqué
le
maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nati
13844
bien marqué le maréchal Foch, dans ses Principes
de
la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et gara
13845
en marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de
la
guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garanti
13846
aréchal Foch, dans ses Principes de la guerre :
La
guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’indépendan
13847
fut nationale au début pour conquérir et garantir
l’
indépendance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols de 1804-1814
13848
et garantir l’indépendance des peuples : Français
de
1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, E
13849
ance des peuples : Français de 1792-93, Espagnols
de
1804-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comp
13850
ançais de 1792-93, Espagnols de 1804-1814, Russes
de
1812, Allemands de 1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manife
13851
Espagnols de 1804-1814, Russes de 1812, Allemands
de
1813, Europe de 1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses
13852
4-1814, Russes de 1812, Allemands de 1813, Europe
de
1814, et comporta alors ces manifestations glorieuses et puissantes d
13853
alors ces manifestations glorieuses et puissantes
de
la passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon,
13854
rs ces manifestations glorieuses et puissantes de
la
passion des peuples qui s’appellent : Valmy, Saragosse, Tarancon, Mos
13855
con, Moscou, Leipzig, etc. Elle fut nationale par
la
suite pour conquérir l’unité des races, la nationalité. C’est la thès
13856
c. Elle fut nationale par la suite pour conquérir
l’
unité des races, la nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Pr
13857
le par la suite pour conquérir l’unité des races,
la
nationalité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 18
13858
onquérir l’unité des races, la nationalité. C’est
la
thèse des Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera la thèse a
13859
ité. C’est la thèse des Italiens et des Prussiens
de
1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle le roi de Prusse deve
13860
Italiens et des Prussiens de 1866, 1870. Ce sera
la
thèse au nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne
13861
e 1866, 1870. Ce sera la thèse au nom de laquelle
le
roi de Prusse devenu empereur d’Allemagne, revendiquera les provinces
13862
nom de laquelle le roi de Prusse devenu empereur
d’
Allemagne, revendiquera les provinces allemandes de l’Autriche. Mais n
13863
Prusse devenu empereur d’Allemagne, revendiquera
les
provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1
13864
’Allemagne, revendiquera les provinces allemandes
de
l’Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, e
13865
lemagne, revendiquera les provinces allemandes de
l’
Autriche. Mais nous la voyons maintenant (1903) encore nationale, et c
13866
les provinces allemandes de l’Autriche. Mais nous
la
voyons maintenant (1903) encore nationale, et cela pour conquérir des
13867
r conquérir des avantages commerciaux des traités
de
commerce avantageux. Après avoir été le moyen violent que les peuples
13868
s traités de commerce avantageux. Après avoir été
le
moyen violent que les peuples employaient pour se faire une place dan
13869
avantageux. Après avoir été le moyen violent que
les
peuples employaient pour se faire une place dans le monde en tant que
13870
peuples employaient pour se faire une place dans
le
monde en tant que nations, elle devient le moyen qu’ils pratiquent en
13871
e dans le monde en tant que nations, elle devient
le
moyen qu’ils pratiquent encore pour s’enrichir. Trade follows the f
13872
encore pour s’enrichir. Trade follows the flag,
le
commerce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période colon
13873
ichir. Trade follows the flag, le commerce suit
le
drapeau, disent les Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière
13874
ows the flag, le commerce suit le drapeau, disent
les
Anglais. Ce fut la période coloniale, la dernière « paix » méritée pa
13875
merce suit le drapeau, disent les Anglais. Ce fut
la
période coloniale, la dernière « paix » méritée par l’Europe. On a ma
13876
riode coloniale, la dernière « paix » méritée par
l’
Europe. On a marqué plus haut (livre IV, chap. XIX) que cette période,
13877
) que cette période, du point de vue des mœurs et
de
leur littérature, se définit par une dernière tentative de mythificat
13878
ittérature, se définit par une dernière tentative
de
mythification de la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer
13879
finit par une dernière tentative de mythification
de
la passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie,
13880
it par une dernière tentative de mythification de
la
passion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bi
13881
tive de mythification de la passion. Réaction que
l’
on n’oserait pas comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît la mêm
13882
ssion. Réaction que l’on n’oserait pas comparer à
la
chevalerie, bien qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à la
13883
as comparer à la chevalerie, bien qu’elle remplît
la
même fonction sociale (mais à la mesure de notre société). Ce n’était
13884
qu’elle remplît la même fonction sociale (mais à
la
mesure de notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spir
13885
emplît la même fonction sociale (mais à la mesure
de
notre société). Ce n’était plus, en effet, un principe spirituel qui
13886
us, en effet, un principe spirituel qui inspirait
les
« formes » et les conventions, mais des calculs d’intérêts privés, in
13887
rincipe spirituel qui inspirait les « formes » et
les
conventions, mais des calculs d’intérêts privés, incapables de fourni
13888
s « formes » et les conventions, mais des calculs
d’
intérêts privés, incapables de fournir les bases d’une communauté soli
13889
s, mais des calculs d’intérêts privés, incapables
de
fournir les bases d’une communauté solide. La nation même que l’on in
13890
calculs d’intérêts privés, incapables de fournir
les
bases d’une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avai
13891
’intérêts privés, incapables de fournir les bases
d’
une communauté solide. La nation même que l’on invoquait avait perdu d
13892
les de fournir les bases d’une communauté solide.
La
nation même que l’on invoquait avait perdu de son prestige romantique
13893
bases d’une communauté solide. La nation même que
l’
on invoquait avait perdu de son prestige romantique : le pavillon couv
13894
de. La nation même que l’on invoquait avait perdu
de
son prestige romantique : le pavillon couvrait les intérêts de l’État
13895
nvoquait avait perdu de son prestige romantique :
le
pavillon couvrait les intérêts de l’État, non les passions ou l’honne
13896
de son prestige romantique : le pavillon couvrait
les
intérêts de l’État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’Ét
13897
ge romantique : le pavillon couvrait les intérêts
de
l’État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait
13898
romantique : le pavillon couvrait les intérêts de
l’
État, non les passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait pl
13899
le pavillon couvrait les intérêts de l’État, non
les
passions ou l’honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
13900
vrait les intérêts de l’État, non les passions ou
l’
honneur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que le rôle honorif
13901
tat, non les passions ou l’honneur des élites. Et
l’
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique d’un conseil d’admin
13902
ur des élites. Et l’État ne jouait plus guère que
le
rôle honorifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pou
13903
État ne jouait plus guère que le rôle honorifique
d’
un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancair
13904
onorifique d’un conseil d’administration, faisant
la
guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre
13905
ant la guerre pour des motifs bancaires (conquête
de
Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation d
13906
ur des motifs bancaires (conquête de Madagascar).
La
guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence
13907
dagascar). La guerre coloniale n’est en somme que
la
continuation de la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreu
13908
erre coloniale n’est en somme que la continuation
de
la concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays,
13909
e coloniale n’est en somme que la continuation de
la
concurrence capitaliste par des moyens plus onéreux pour le pays, sin
13910
ence capitaliste par des moyens plus onéreux pour
le
pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
13911
des moyens plus onéreux pour le pays, sinon pour
les
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle, l’amour197 était dev
13912
le pays, sinon pour les grandes compagnies. Vers
la
fin du xixe siècle, l’amour197 était devenu, dans les classes bourge
13913
grandes compagnies. Vers la fin du xixe siècle,
l’
amour197 était devenu, dans les classes bourgeoises, un bien bizarre m
13914
in du xixe siècle, l’amour197 était devenu, dans
les
classes bourgeoises, un bien bizarre mélange de sentimentalisme à fle
13915
les classes bourgeoises, un bien bizarre mélange
de
sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et de dots
13916
n bien bizarre mélange de sentimentalisme à fleur
de
nerfs et d’histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’
13917
re mélange de sentimentalisme à fleur de nerfs et
d’
histoires de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd
13918
e sentimentalisme à fleur de nerfs et d’histoires
de
rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans le
13919
isme à fleur de nerfs et d’histoires de rentes et
de
dots : ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans les annonces ma
13920
res de rentes et de dots : ce qu’il n’a pas cessé
d’
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales. La sexualité pure n’
13921
: ce qu’il n’a pas cessé d’être aujourd’hui dans
les
annonces matrimoniales. La sexualité pure n’intervenait que pour « tr
13922
être aujourd’hui dans les annonces matrimoniales.
La
sexualité pure n’intervenait que pour « troubler » ces petits calculs
13923
» ces petits calculs et ces « beaux sentiments »
de
série. (Comme une goutte d’eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourq
13924
« beaux sentiments » de série. (Comme une goutte
d’
eau « trouble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est
13925
s » de série. (Comme une goutte d’eau « trouble »
l’
absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que l’eau est impure.) De même l
13926
ble » l’absinthe, et c’est pourquoi Jarry dit que
l’
eau est impure.) De même la guerre était un composé d’excitations de l
13927
pourquoi Jarry dit que l’eau est impure.) De même
la
guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-
13928
u est impure.) De même la guerre était un composé
d’
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sin
13929
De même la guerre était un composé d’excitations
de
l’opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimen
13930
même la guerre était un composé d’excitations de
l’
opinion publique — qu’est-ce que la « revanche », sinon un sentimental
13931
excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que
la
« revanche », sinon un sentimentalisme national ? — et de plans comme
13932
anche », sinon un sentimentalisme national ? — et
de
plans commerciaux ou financiers. L’élément proprement guerrier n’y tr
13933
tional ? — et de plans commerciaux ou financiers.
L’
élément proprement guerrier n’y trouvait plus son compte qu’en contreb
13934
r n’y trouvait plus son compte qu’en contrebande.
La
guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du milit
13935
te qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait.
Le
sang se commercialisait. Le type du militaire apparaissait déjà comme
13936
rre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait.
Le
type du militaire apparaissait déjà comme une anomalie, aux yeux des
13937
s femmes et des badauds curieux. (C’est ainsi que
les
démocraties s’excitent sur les mariages princiers.) Et l’on croyait p
13938
. (C’est ainsi que les démocraties s’excitent sur
les
mariages princiers.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages l
13939
raties s’excitent sur les mariages princiers.) Et
l’
on croyait pouvoir liquider sans dommages le formidable potentiel de f
13940
.) Et l’on croyait pouvoir liquider sans dommages
le
formidable potentiel de frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaien
13941
ir liquider sans dommages le formidable potentiel
de
frénésie et de grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident d
13942
s dommages le formidable potentiel de frénésie et
de
grandeurs sanglantes qu’avaient accumulé en Occident des siècles de c
13943
antes qu’avaient accumulé en Occident des siècles
de
culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les p
13944
aient accumulé en Occident des siècles de culture
de
la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notable
13945
nt accumulé en Occident des siècles de culture de
la
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables d
13946
en Occident des siècles de culture de la passion.
La
guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méco
13947
t des siècles de culture de la passion. La guerre
de
1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissance
13948
passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats
les
plus notables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre total
13949
de 1914 fut l’un des résultats les plus notables
de
cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre totale À partir de
13950
10.La guerre totale À partir de Verdun, que
les
Allemands baptisent la Bataille du matériel (Materialschlacht), il se
13951
À partir de Verdun, que les Allemands baptisent
la
Bataille du matériel (Materialschlacht), il semble que le parallélism
13952
lle du matériel (Materialschlacht), il semble que
le
parallélisme institué par la chevalerie entre les formes de l’amour e
13953
acht), il semble que le parallélisme institué par
la
chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. C
13954
le parallélisme institué par la chevalerie entre
les
formes de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
13955
lisme institué par la chevalerie entre les formes
de
l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la gue
13956
me institué par la chevalerie entre les formes de
l’
amour et de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre
13957
par la chevalerie entre les formes de l’amour et
de
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujou
13958
r la chevalerie entre les formes de l’amour et de
la
guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours
13959
s de l’amour et de la guerre, soit rompu. Certes,
le
but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie
13960
de la guerre, soit rompu. Certes, le but concret
de
la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant
13961
la guerre, soit rompu. Certes, le but concret de
la
guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa
13962
Certes, le but concret de la guerre fut toujours
de
forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer l
13963
e but concret de la guerre fut toujours de forcer
la
résistance ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer la résistan
13964
ce ennemie, en détruisant sa force armée. (Forcer
la
résistance de la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol,
13965
détruisant sa force armée. (Forcer la résistance
de
la femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guer
13966
truisant sa force armée. (Forcer la résistance de
la
femme par la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre.
13967
orce armée. (Forcer la résistance de la femme par
la
séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre.) Mais pour a
13968
la résistance de la femme par la séduction, c’est
la
paix ; par le viol, c’est la guerre.) Mais pour autant, l’on ne détru
13969
de la femme par la séduction, c’est la paix ; par
le
viol, c’est la guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la n
13970
la séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est
la
guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont
13971
par le viol, c’est la guerre.) Mais pour autant,
l’
on ne détruisait pas la nation même dont on voulait se rendre maître :
13972
guerre.) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas
la
nation même dont on voulait se rendre maître : on se bornait à réduir
13973
re ses défenses. Bataille rangée contre une armée
de
métier, siège des ouvrages fortifiés, capture du chef : un système de
13974
ouvrages fortifiés, capture du chef : un système
de
règles précises, donc un art, désignait le vainqueur. Et ce vainqueur
13975
ystème de règles précises, donc un art, désignait
le
vainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou d’un
13976
ésignait le vainqueur. Et ce vainqueur triomphait
d’
un vivant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
13977
ainqueur. Et ce vainqueur triomphait d’un vivant,
d’
un pays ou d’un peuple encore désirables. L’intervention d’une techniq
13978
ce vainqueur triomphait d’un vivant, d’un pays ou
d’
un peuple encore désirables. L’intervention d’une technique inhumaine,
13979
vant, d’un pays ou d’un peuple encore désirables.
L’
intervention d’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les fo
13980
ou d’un peuple encore désirables. L’intervention
d’
une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces d’un État,
13981
’une technique inhumaine, qui met en œuvre toutes
les
forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
13982
que inhumaine, qui met en œuvre toutes les forces
d’
un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre
13983
met en œuvre toutes les forces d’un État, changea
la
face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale »
13984
uvre toutes les forces d’un État, changea la face
de
la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non
13985
e toutes les forces d’un État, changea la face de
la
guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non pl
13986
hangea la face de la guerre à Verdun. Car dès que
la
guerre devient « totale » — et non plus seulement militaire — la dest
13987
nt « totale » — et non plus seulement militaire —
la
destruction des résistances armées signifie l’anéantissement des forc
13988
— la destruction des résistances armées signifie
l’
anéantissement des forces vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés
13989
armées signifie l’anéantissement des forces vives
de
l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui pro
13990
ées signifie l’anéantissement des forces vives de
l’
ennemi : des ouvriers embrigadés dans les usines, des mères qui procré
13991
vives de l’ennemi : des ouvriers embrigadés dans
les
usines, des mères qui procréent des soldats, bref de tous les « moyen
13992
usines, des mères qui procréent des soldats, bref
de
tous les « moyens de production », choses et personnes assimilées. La
13993
des mères qui procréent des soldats, bref de tous
les
« moyens de production », choses et personnes assimilées. La guerre n
13994
procréent des soldats, bref de tous les « moyens
de
production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un
13995
de production », choses et personnes assimilées.
La
guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et h
13996
. La guerre n’est plus un viol mais un assassinat
de
l’objet convoité et hostile — c’est-à-dire un acte « total », détruis
13997
a guerre n’est plus un viol mais un assassinat de
l’
objet convoité et hostile — c’est-à-dire un acte « total », détruisant
13998
emparer. Verdun ne fut d’ailleurs qu’un prodrome
de
cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction
13999
qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque
le
procédé se limita à la destruction méthodique d’un million de soldats
14000
e guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à
la
destruction méthodique d’un million de soldats, non de civils. Mais c
14001
le procédé se limita à la destruction méthodique
d’
un million de soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de met
14002
e limita à la destruction méthodique d’un million
de
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point
14003
struction méthodique d’un million de soldats, non
de
civils. Mais ce Kriegspiel permit de mettre au point un instrument qu
14004
soldats, non de civils. Mais ce Kriegspiel permit
de
mettre au point un instrument qui, par la suite, devait se trouver en
14005
permit de mettre au point un instrument qui, par
la
suite, devait se trouver en mesure d’opérer sur des étendues bien plu
14006
nt qui, par la suite, devait se trouver en mesure
d’
opérer sur des étendues bien plus vastes, comme Londres et Berlin ; no
14007
comme Londres et Berlin ; non plus seulement sur
de
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui e
14008
mme Londres et Berlin ; non plus seulement sur de
la
chair à canon, mais sur la chair qui fabrique les canons, ce qui est
14009
plus seulement sur de la chair à canon, mais sur
la
chair qui fabrique les canons, ce qui est évidemment plus efficace. L
14010
la chair à canon, mais sur la chair qui fabrique
les
canons, ce qui est évidemment plus efficace. La technique de la mort
14011
les canons, ce qui est évidemment plus efficace.
La
technique de la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans
14012
ce qui est évidemment plus efficace. La technique
de
la mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique
14013
qui est évidemment plus efficace. La technique de
la
mort à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique im
14014
ouve son équivalent dans nulle éthique imaginable
de
l’amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle
14015
e son équivalent dans nulle éthique imaginable de
l’
amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se
14016
ns nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que
la
guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la
14017
ginable de l’amour. C’est que la guerre échappe à
l’
homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont e
14018
amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à
l’
instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle est née.
14019
l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre
la
passion même dont elle est née. Et c’est cela, non l’envergure des ma
14020
assion même dont elle est née. Et c’est cela, non
l’
envergure des massacres, qui est nouveau dans l’histoire du monde. Là-
14021
n l’envergure des massacres, qui est nouveau dans
l’
histoire du monde. Là-dessus, trois remarques dont on verra qu’elles n
14022
nt on verra qu’elles ne sont pas sans liens : a)
La
guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’
14023
sont pas sans liens : a) La guerre est née dans
les
campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis
14024
rté leur nom jusqu’à nos jours. Mais depuis 1914,
l’
on assiste à son urbanisation. Pour une bonne part des masses paysanne
14025
mière Guerre mondiale fut un premier contact avec
la
civilisation technique. Une sorte de visite dirigée de l’exposition u
14026
contact avec la civilisation technique. Une sorte
de
visite dirigée de l’exposition universelle des industries et arts app
14027
vilisation technique. Une sorte de visite dirigée
de
l’exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort,
14028
isation technique. Une sorte de visite dirigée de
l’
exposition universelle des industries et arts appliqués de la mort, av
14029
tion universelle des industries et arts appliqués
de
la mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. b) Cette colle
14030
n universelle des industries et arts appliqués de
la
mort, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. b) Cette collecti
14031
de la mort, avec démonstrations quotidiennes sur
le
vif. b) Cette collectivisation des moyens destructifs, mécanisés, eu
14032
des moyens destructifs, mécanisés, eut pour effet
de
neutraliser la passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne
14033
ructifs, mécanisés, eut pour effet de neutraliser
la
passion proprement belliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
14034
elliqueuse des combattants. Il ne s’agissait plus
de
violence du sang, mais de brutalité quantitative, de masses lancées l
14035
. Il ne s’agissait plus de violence du sang, mais
de
brutalité quantitative, de masses lancées les unes contre les autres
14036
violence du sang, mais de brutalité quantitative,
de
masses lancées les unes contre les autres non plus par des mouvements
14037
mais de brutalité quantitative, de masses lancées
les
unes contre les autres non plus par des mouvements de délire passionn
14038
é quantitative, de masses lancées les unes contre
les
autres non plus par des mouvements de délire passionnel, mais bien pa
14039
nes contre les autres non plus par des mouvements
de
délire passionnel, mais bien par des intelligences calculatrices d’in
14040
el, mais bien par des intelligences calculatrices
d’
ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que le servant du matériel ;
14041
elligences calculatrices d’ingénieurs. Désormais,
l’
homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’ét
14042
s d’ingénieurs. Désormais, l’homme n’est plus que
le
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de matériel, d’autan
14043
que le servant du matériel ; il passe lui-même à
l’
état de matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans
14044
servant du matériel ; il passe lui-même à l’état
de
matériel, d’autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réf
14045
atériel ; il passe lui-même à l’état de matériel,
d’
autant plus efficace qu’il sera moins humain dans ses réflexes individ
14046
main dans ses réflexes individuels. Ainsi, malgré
le
dopage entrepris par la propagande, la victoire dépend en fin de comp
14047
ndividuels. Ainsi, malgré le dopage entrepris par
la
propagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécani
14048
si, malgré le dopage entrepris par la propagande,
la
victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que
14049
nde, la victoire dépend en fin de compte des lois
de
la mécanique plutôt que des prévisions, de la psychologie. L’instinct
14050
, la victoire dépend en fin de compte des lois de
la
mécanique plutôt que des prévisions, de la psychologie. L’instinct co
14051
s lois de la mécanique plutôt que des prévisions,
de
la psychologie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explo
14052
ois de la mécanique plutôt que des prévisions, de
la
psychologie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explosio
14053
que plutôt que des prévisions, de la psychologie.
L’
instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918, l’explosion habituelle de
14054
de la psychologie. L’instinct combatif est déçu.
De
1914 à 1918, l’explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les
14055
ie. L’instinct combatif est déçu. De 1914 à 1918,
l’
explosion habituelle de sexualité qui accompagnait les grands conflits
14056
est déçu. De 1914 à 1918, l’explosion habituelle
de
sexualité qui accompagnait les grands conflits ne s’est guère produit
14057
xplosion habituelle de sexualité qui accompagnait
les
grands conflits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans les popul
14058
les grands conflits ne s’est guère produite qu’à
l’
arrière dans les populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme
14059
flits ne s’est guère produite qu’à l’arrière dans
les
populations civiles. En dépit des efforts du lyrisme officiel, d’une
14060
iviles. En dépit des efforts du lyrisme officiel,
d’
une certaine littérature et de l’imagerie populaire, le retour du perm
14061
u lyrisme officiel, d’une certaine littérature et
de
l’imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rie
14062
yrisme officiel, d’une certaine littérature et de
l’
imagerie populaire, le retour du permissionnaire ne ressemble à rien m
14063
certaine littérature et de l’imagerie populaire,
le
retour du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à la ruée du m
14064
du permissionnaire ne ressemble à rien moins qu’à
la
ruée du mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre de médecins
14065
mâle longtemps privé. Des témoignages sans nombre
de
médecins et de soldats prouvent que. la guerre du matériel s’est trad
14066
privé. Des témoignages sans nombre de médecins et
de
soldats prouvent que. la guerre du matériel s’est traduite en réalité
14067
ns nombre de médecins et de soldats prouvent que.
la
guerre du matériel s’est traduite en réalité par une « catastrophe se
14068
e en réalité par une « catastrophe sexuelle198 ».
L’
impuissance généralisée, ou du moins ses prodromes tels qu’onanisme ch
14069
s qu’onanisme chronique et homosexualité, tel fut
le
résultat statistique de quatre années passées dans les tranchées. Et
14070
et homosexualité, tel fut le résultat statistique
de
quatre années passées dans les tranchées. Et de là vient que pour la
14071
ésultat statistique de quatre années passées dans
les
tranchées. Et de là vient que pour la première fois, l’on ait assisté
14072
e de quatre années passées dans les tranchées. Et
de
là vient que pour la première fois, l’on ait assisté à une révolte gé
14073
nchées. Et de là vient que pour la première fois,
l’
on ait assisté à une révolte généralisée des soldats contre la guerre1
14074
isté à une révolte généralisée des soldats contre
la
guerre199, celle-ci ne figurant plus l’exutoire des passions, mais un
14075
ts contre la guerre199, celle-ci ne figurant plus
l’
exutoire des passions, mais une sorte d’immense castration de l’Europe
14076
rant plus l’exutoire des passions, mais une sorte
d’
immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destru
14077
des passions, mais une sorte d’immense castration
de
l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les f
14078
passions, mais une sorte d’immense castration de
l’
Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les form
14079
s une sorte d’immense castration de l’Europe. c)
La
guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionn
14080
tration de l’Europe. c) La guerre totale suppose
la
destruction de toutes les formes conventionnelles de la lutte. À part
14081
rope. c) La guerre totale suppose la destruction
de
toutes les formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on
14082
La guerre totale suppose la destruction de toutes
les
formes conventionnelles de la lutte. À partir de 1920, on ne se soume
14083
destruction de toutes les formes conventionnelles
de
la lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées d
14084
truction de toutes les formes conventionnelles de
la
lutte. À partir de 1920, on ne se soumettra plus aux « simagrées dipl
14085
se soumettra plus aux « simagrées diplomatiques »
de
l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront
14086
soumettra plus aux « simagrées diplomatiques » de
l’
ultimatum et de la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront pl
14087
aux « simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et
de
la « déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennell
14088
« simagrées diplomatiques » de l’ultimatum et de
la
« déclaration » de guerre. Les traités ne seront plus la solennelle c
14089
atiques » de l’ultimatum et de la « déclaration »
de
guerre. Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hosti
14090
e l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre.
Les
traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités. Les d
14091
claration » de guerre. Les traités ne seront plus
la
solennelle conclusion des hostilités. Les distinctions arbitraires en
14092
ont plus la solennelle conclusion des hostilités.
Les
distinctions arbitraires entre villes ouvertes et villes fortifiées,
14093
t villes fortifiées, civils et militaires, moyens
de
destruction permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que la défai
14094
ns de destruction permis ou condamnés, tomberont.
D’
où résulte que la défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphori
14095
permis ou condamnés, tomberont. D’où résulte que
la
défaite d’un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire
14096
condamnés, tomberont. D’où résulte que la défaite
d’
un pays ne sera plus symbolique, métaphorique, c’est-à-dire limitée à
14097
certains signes convenus, mais sera concrètement
la
mort de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de rè
14098
s signes convenus, mais sera concrètement la mort
de
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la
14099
ment la mort de ce pays. Encore une fois, dès que
l’
on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du vio
14100
ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne
l’
idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan d
14101
s. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée
de
règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nati
14102
ne fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles,
la
guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nations, mais b
14103
donne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus
l’
acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’acte du crime sadiqu
14104
l’acte du viol sur le plan des nations, mais bien
l’
acte du crime sadique, la possession d’une victime morte, donc en fait
14105
n des nations, mais bien l’acte du crime sadique,
la
possession d’une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle
14106
mais bien l’acte du crime sadique, la possession
d’
une victime morte, donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
14107
, la possession d’une victime morte, donc en fait
la
non-possession. Elle n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
14108
nc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus
l’
instinct sexuel normal, ni même la passion qui l’utilise et le transce
14109
n’exprime plus l’instinct sexuel normal, ni même
la
passion qui l’utilise et le transcende, mais seulement cette perversi
14110
l’instinct sexuel normal, ni même la passion qui
l’
utilise et le transcende, mais seulement cette perversion de la passio
14111
exuel normal, ni même la passion qui l’utilise et
le
transcende, mais seulement cette perversion de la passion — d’ailleur
14112
et le transcende, mais seulement cette perversion
de
la passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le
14113
le transcende, mais seulement cette perversion de
la
passion — d’ailleurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « c
14114
erversion de la passion — d’ailleurs fatale, nous
l’
avons vu ailleurs — qu’est le « complexe de castration ». 11.La pas
14115
illeurs fatale, nous l’avons vu ailleurs — qu’est
le
« complexe de castration ». 11.La passion transportée dans la poli
14116
, nous l’avons vu ailleurs — qu’est le « complexe
de
castration ». 11.La passion transportée dans la politique Chass
14117
e castration ». 11.La passion transportée dans
la
politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce
14118
transportée dans la politique Chassée du champ
de
la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doi
14119
nsportée dans la politique Chassée du champ de
la
guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l
14120
e la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse
d’
être clos comme doit l’être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une
14121
ue, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit
l’
être un terrain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symbol
14122
mp cesse d’être clos comme doit l’être un terrain
de
jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée de symboles, mais un secteu
14123
rain de jeu, et qu’il n’est plus une lice décorée
de
symboles, mais un secteur de bombardement — la passion a cherché et t
14124
lus une lice décorée de symboles, mais un secteur
de
bombardement — la passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expres
14125
ée de symboles, mais un secteur de bombardement —
la
passion a cherché et trouvé d’autres modes d’expression en actes. Ell
14126
t — la passion a cherché et trouvé d’autres modes
d’
expression en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par la dépréci
14127
en actes. Elle y était d’ailleurs contrainte par
la
dépréciation des résistances morales et privées, non moins que par la
14128
résistances morales et privées, non moins que par
la
dénaturation de la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, l
14129
les et privées, non moins que par la dénaturation
de
la guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont
14130
et privées, non moins que par la dénaturation de
la
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont as
14131
ar la dénaturation de la guerre. D’une part, dans
les
pays démocratiques, les mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles
14132
guerre. D’une part, dans les pays démocratiques,
les
mœurs se sont assouplies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
14133
lies à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus
d’
obstacles absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
14134
rir plus d’obstacles absolus, donc exaltants pour
la
passion ; d’autre part, dans les pays totalitaires, le dressage des j
14135
nc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans
les
pays totalitaires, le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
14136
ssion ; d’autre part, dans les pays totalitaires,
le
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de la vie privée toute
14137
les pays totalitaires, le dressage des jeunes par
l’
État tend à éliminer de la vie privée toute espèce de tragique intime
14138
le dressage des jeunes par l’État tend à éliminer
de
la vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sen
14139
dressage des jeunes par l’État tend à éliminer de
la
vie privée toute espèce de tragique intime et de problématique sentim
14140
tat tend à éliminer de la vie privée toute espèce
de
tragique intime et de problématique sentimentale. L’anarchie des mœur
14141
la vie privée toute espèce de tragique intime et
de
problématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et l’hygiène autorit
14142
tragique intime et de problématique sentimentale.
L’
anarchie des mœurs et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans l
14143
oblématique sentimentale. L’anarchie des mœurs et
l’
hygiène autoritaire agissent à peu près dans le même sens : elles déço
14144
et l’hygiène autoritaire agissent à peu près dans
le
même sens : elles déçoivent le besoin de passion, héréditaire ou acqu
14145
nt à peu près dans le même sens : elles déçoivent
le
besoin de passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles déten
14146
rès dans le même sens : elles déçoivent le besoin
de
passion, héréditaire ou acquis par la culture ; elles détendent ses r
14147
t le besoin de passion, héréditaire ou acquis par
la
culture ; elles détendent ses ressorts intimes et personnels. L’amour
14148
les détendent ses ressorts intimes et personnels.
L’
amour, dans l’entre-deux-guerres, fut un curieux mélange d’intellectua
14149
ses ressorts intimes et personnels. L’amour, dans
l’
entre-deux-guerres, fut un curieux mélange d’intellectualisme angoissé
14150
dans l’entre-deux-guerres, fut un curieux mélange
d’
intellectualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de l’anarchi
14151
mélange d’intellectualisme angoissé (littérature
de
l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste
14152
lange d’intellectualisme angoissé (littérature de
l’
inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Ne
14153
tualisme angoissé (littérature de l’inquiétude et
de
l’anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit
14154
lisme angoissé (littérature de l’inquiétude et de
l’
anarchie bourgeoise) et de cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des
14155
e de l’inquiétude et de l’anarchie bourgeoise) et
de
cynisme matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien
14156
e matérialiste (Neue Sachlichkeit des Allemands).
L’
on vit bien que la passion romantique ne trouvait plus de quoi se comp
14157
ue Sachlichkeit des Allemands). L’on vit bien que
la
passion romantique ne trouvait plus de quoi se composer un mythe ; ne
14158
t bien que la passion romantique ne trouvait plus
de
quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus de résistances choisies
14159
s de quoi se composer un mythe ; ne trouvait plus
de
résistances choisies au sein d’une atmosphère d’orageuse et secrète d
14160
de résistances choisies au sein d’une atmosphère
d’
orageuse et secrète dévotion. La crainte morbide des entraînements « n
14161
d’une atmosphère d’orageuse et secrète dévotion.
La
crainte morbide des entraînements « naïfs » et des « duperies du cœur
14162
s « duperies du cœur », alliée à un désir fébrile
d’
aventure, voilà le climat des principaux romans de cette période. Et c
14163
ur », alliée à un désir fébrile d’aventure, voilà
le
climat des principaux romans de cette période. Et cela signifie sans
14164
d’aventure, voilà le climat des principaux romans
de
cette période. Et cela signifie sans équivoque que les relations indi
14165
ette période. Et cela signifie sans équivoque que
les
relations individuelles des sexes ont cessé d’être le lieu par excell
14166
e les relations individuelles des sexes ont cessé
d’
être le lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît
14167
elations individuelles des sexes ont cessé d’être
le
lieu par excellence où se réalise la passion. Celle-ci paraît se déta
14168
cessé d’être le lieu par excellence où se réalise
la
passion. Celle-ci paraît se détacher de son support. Nous sommes entr
14169
e réalise la passion. Celle-ci paraît se détacher
de
son support. Nous sommes entrés dans l’ère des libidos errantes, en q
14170
détacher de son support. Nous sommes entrés dans
l’
ère des libidos errantes, en quête d’un théâtre nouveau. Et le premier
14171
entrés dans l’ère des libidos errantes, en quête
d’
un théâtre nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est le théâtre p
14172
re nouveau. Et le premier qui s’est offert, c’est
le
théâtre politique. La politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée
14173
ier qui s’est offert, c’est le théâtre politique.
La
politique de masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917, n’est que
14174
offert, c’est le théâtre politique. La politique
de
masses, telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917, n’est que la continuat
14175
re politique. La politique de masses, telle qu’on
l’
a pratiquée depuis 1917, n’est que la continuation de la guerre totale
14176
telle qu’on l’a pratiquée depuis 1917, n’est que
la
continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre
14177
pratiquée depuis 1917, n’est que la continuation
de
la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus
14178
atiquée depuis 1917, n’est que la continuation de
la
guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus, e
14179
utres moyens (pour reprendre une fois de plus, en
l’
inversant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l
14180
(pour reprendre une fois de plus, en l’inversant,
la
célèbre formule de Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà
14181
fois de plus, en l’inversant, la célèbre formule
de
Clausewitz). Le terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
14182
n l’inversant, la célèbre formule de Clausewitz).
Le
terme de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitai
14183
sant, la célèbre formule de Clausewitz). Le terme
de
« fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est
14184
re formule de Clausewitz). Le terme de « fronts »
l’
indique déjà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de
14185
me de « fronts » l’indique déjà. Et par ailleurs,
l’
État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et en
14186
jà. Et par ailleurs, l’État totalitaire n’est que
l’
état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la
14187
par ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état
de
guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation
14188
longé, ou recréé, et entretenu en permanence dans
la
nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passio
14189
t entretenu en permanence dans la nation. Mais si
la
guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne
14190
is si la guerre totale anéantit toute possibilité
de
passion, la politique ne fait que transposer les passions individuell
14191
rre totale anéantit toute possibilité de passion,
la
politique ne fait que transposer les passions individuelles au niveau
14192
é de passion, la politique ne fait que transposer
les
passions individuelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que l’é
14193
ransposer les passions individuelles au niveau de
l’
être collectif. Tout ce que l’éducation totalitaire refuse aux individ
14194
uelles au niveau de l’être collectif. Tout ce que
l’
éducation totalitaire refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
14195
ion totalitaire refuse aux individus isolés, elle
le
reporte sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui
14196
refuse aux individus isolés, elle le reporte sur
la
nation personnifiée. C’est la nation (ou le Parti) qui a des passions
14197
elle le reporte sur la nation personnifiée. C’est
la
nation (ou le Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assu
14198
e sur la nation personnifiée. C’est la nation (ou
le
Parti) qui a des passions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais l
14199
assions. C’est elle (ou lui) qui assume désormais
la
dialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course incon
14200
elle (ou lui) qui assume désormais la dialectique
de
l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mo
14201
e (ou lui) qui assume désormais la dialectique de
l’
obstacle exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort
14202
désormais la dialectique de l’obstacle exaltant,
de
l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante
14203
sormais la dialectique de l’obstacle exaltant, de
l’
ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. T
14204
ialectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et
de
la course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l
14205
ectique de l’obstacle exaltant, de l’ascèse et de
la
course inconsciente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’in
14206
ltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à
la
mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on
14207
ente à la mort héroïque, divinisante. Tandis qu’à
l’
intérieur et à la base, on stérilise les problèmes personnels, à l’ext
14208
roïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à
la
base, on stérilise les problèmes personnels, à l’extérieur et au somm
14209
andis qu’à l’intérieur et à la base, on stérilise
les
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel de pass
14210
la base, on stérilise les problèmes personnels, à
l’
extérieur et au sommet le potentiel de passion s’accroît de jour en jo
14211
problèmes personnels, à l’extérieur et au sommet
le
potentiel de passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe
14212
rsonnels, à l’extérieur et au sommet le potentiel
de
passion s’accroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la moral
14213
ur et au sommet le potentiel de passion s’accroît
de
jour en jour. L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les ci
14214
e potentiel de passion s’accroît de jour en jour.
L’
eugénisme triomphe dans la morale qui concerne les citoyens : et l’eug
14215
ccroît de jour en jour. L’eugénisme triomphe dans
la
morale qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est la négation rat
14216
L’eugénisme triomphe dans la morale qui concerne
les
citoyens : et l’eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce
14217
phe dans la morale qui concerne les citoyens : et
l’
eugénisme est la négation rationnelle de toute espèce d’aventure privé
14218
le qui concerne les citoyens : et l’eugénisme est
la
négation rationnelle de toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne
14219
yens : et l’eugénisme est la négation rationnelle
de
toute espèce d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la ten
14220
nisme est la négation rationnelle de toute espèce
d’
aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de l’ensemb
14221
d’aventure privée. Mais cela ne peut qu’augmenter
la
tension de l’ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’
14222
privée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension
de
l’ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation
14223
vée. Mais cela ne peut qu’augmenter la tension de
l’
ensemble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation d’
14224
menter la tension de l’ensemble, personnifié dans
la
Nation. De 1933 à 1939, l’État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Pr
14225
ension de l’ensemble, personnifié dans la Nation.
De
1933 à 1939, l’État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Procréez ! —
14226
mble, personnifié dans la Nation. De 1933 à 1939,
l’
État-nation d’Hitler dit aux Allemands : Procréez ! — et c’est une nég
14227
ux Allemands : Procréez ! — et c’est une négation
de
la passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nom
14228
Allemands : Procréez ! — et c’est une négation de
la
passion ; mais il dit aux peuples voisins : — Nous sommes trop nombre
14229
s, j’exige donc des terres nouvelles ! — et c’est
la
nouvelle passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à la base vien
14230
es ! — et c’est la nouvelle passion. Ainsi toutes
les
tensions supprimées à la base viennent s’accumuler au sommet. Or il e
14231
e passion. Ainsi toutes les tensions supprimées à
la
base viennent s’accumuler au sommet. Or il est clair que ces volontés
14232
muler au sommet. Or il est clair que ces volontés
de
puissance affrontées — il y a déjà plusieurs États totalitaires — ne
14233
assionnément. Elles deviennent l’une pour l’autre
l’
obstacle. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires
14234
. Elles deviennent l’une pour l’autre l’obstacle.
Le
but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc la
14235
r l’autre l’obstacle. Le but réel, tacite, fatal,
de
ces exaltations totalitaires est donc la guerre, qui signifie la mort
14236
, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc
la
guerre, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la p
14237
ons totalitaires est donc la guerre, qui signifie
la
mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but e
14238
donc la guerre, qui signifie la mort. Et comme on
le
voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié
14239
e, qui signifie la mort. Et comme on le voit dans
le
cas de la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur
14240
signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas
de
la passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les
14241
nifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de
la
passion d’amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les in
14242
rt. Et comme on le voit dans le cas de la passion
d’
amour, ce but est non seulement nié avec vigueur par les intéressés, m
14243
ur, ce but est non seulement nié avec vigueur par
les
intéressés, mais il est réellement inconscient. Personne n’ose dire :
14244
lement inconscient. Personne n’ose dire : je veux
la
guerre ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je
14245
’ose dire : je veux la guerre ; non plus que dans
l’
amour-passion, les amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout
14246
ux la guerre ; non plus que dans l’amour-passion,
les
amants ne disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que l’on fait
14247
s l’amour-passion, les amants ne disent : je veux
la
mort. Seulement, tout ce que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce
14248
disent : je veux la mort. Seulement, tout ce que
l’
on fait prépare cette fin. Et tout ce que l’on exalte y trouve son sen
14249
e que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce que
l’
on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier les pre
14250
’on exalte y trouve son sens réel. Il serait aisé
de
multiplier les preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique
14251
rouve son sens réel. Il serait aisé de multiplier
les
preuves de ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion.
14252
ns réel. Il serait aisé de multiplier les preuves
de
ce nouveau parallélisme entre la politique et la passion. L’ascèse co
14253
lier les preuves de ce nouveau parallélisme entre
la
politique et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrict
14254
de ce nouveau parallélisme entre la politique et
la
passion. L’ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État
14255
au parallélisme entre la politique et la passion.
L’
ascèse collectivisée, ce sont les restrictions que l’État impose au no
14256
ue et la passion. L’ascèse collectivisée, ce sont
les
restrictions que l’État impose au nom de la grandeur nationale. L’hon
14257
scèse collectivisée, ce sont les restrictions que
l’
État impose au nom de la grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c
14258
sont les restrictions que l’État impose au nom de
la
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est l’inquiète suscepti
14259
ue l’État impose au nom de la grandeur nationale.
L’
honneur du chevalier, c’est l’inquiète susceptibilité des Nations tota
14260
grandeur nationale. L’honneur du chevalier, c’est
l’
inquiète susceptibilité des Nations totalitaires. Enfin, je soulignera
14261
je soulignerai un fait assez frappant : c’est que
les
foules réagissent au dictateur, dans un pays donné, de la même manièr
14262
ules réagissent au dictateur, dans un pays donné,
de
la même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
14263
s réagissent au dictateur, dans un pays donné, de
la
même manière que la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
14264
ateur, dans un pays donné, de la même manière que
la
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’homme. J’écrivais
14265
la femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations
de
l’homme. J’écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hit
14266
femme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de
l’
homme. J’écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hitler
14267
sollicitations de l’homme. J’écrivais en 1938 : «
Le
Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de la masse germanique,
14268
ivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès
d’
Hitler auprès de la masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moin
14269
e Français s’étonne des succès d’Hitler auprès de
la
masse germanique, mais il ne s’étonnerait pas moins des façons qui pl
14270
oins des façons qui plaisent aux Allemandes. Chez
les
Latins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteu
14271
i plaisent aux Allemandes. Chez les Latins, faire
la
cour à une femme c’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos h
14272
Chez les Latins, faire la cour à une femme c’est
l’
étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils
14273
atins, faire la cour à une femme c’est l’étourdir
de
paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils courtisent
14274
il ne persuade pas, il envoûte ; il invoque enfin
le
destin et affirme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre la fou
14275
e enfin le destin et affirme qu’il est ce destin…
De
la sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc
14276
nfin le destin et affirme qu’il est ce destin… De
la
sorte, il délivre la foule de la responsabilité de ses actes, donc du
14277
irme qu’il est ce destin… De la sorte, il délivre
la
foule de la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
14278
l est ce destin… De la sorte, il délivre la foule
de
la responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa cu
14279
st ce destin… De la sorte, il délivre la foule de
la
responsabilité de ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpa
14280
a sorte, il délivre la foule de la responsabilité
de
ses actes, donc du sentiment oppressant de sa culpabilité morale. Ell
14281
bilité de ses actes, donc du sentiment oppressant
de
sa culpabilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et le nomme s
14282
ilité morale. Elle se rend au sauveur terrible et
le
nomme son libérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et la possè
14283
sauveur terrible et le nomme son libérateur dans
l’
instant même qu’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que le ter
14284
le nomme son libérateur dans l’instant même qu’il
l’
enchaîne et la possède. N’oublions pas que le terme populaire désignan
14285
ibérateur dans l’instant même qu’il l’enchaîne et
la
possède. N’oublions pas que le terme populaire désignant en Allemagne
14286
u’il l’enchaîne et la possède. N’oublions pas que
le
terme populaire désignant en Allemagne l’acte d’épouser, c’est freien
14287
pas que le terme populaire désignant en Allemagne
l’
acte d’épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libér
14288
le terme populaire désignant en Allemagne l’acte
d’
épouser, c’est freien, verbe qui signifie littéralement : libérer… Hit
14289
erbe qui signifie littéralement : libérer… Hitler
le
sait peut-être un peu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
14290
eu trop bien : Dans sa grande majorité, écrit-il,
le
peuple se trouve dans une disposition et un état d’esprit à tel point
14291
ns et ses actes sont déterminés beaucoup plus par
l’
impression produite sur les sens que par la pure réflexion. La masse e
14292
minés beaucoup plus par l’impression produite sur
les
sens que par la pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées
14293
us par l’impression produite sur les sens que par
la
pure réflexion. La masse est peu accessible aux idées abstraites. Par
14294
produite sur les sens que par la pure réflexion.
La
masse est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoi
14295
u accessible aux idées abstraites. Par contre, on
l’
empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments… De tous tem
14296
Par contre, on l’empoignera plus facilement dans
le
domaine des sentiments… De tous temps, la force qui a mis en mouvemen
14297
a plus facilement dans le domaine des sentiments…
De
tous temps, la force qui a mis en mouvement les révolutions les plus
14298
nt dans le domaine des sentiments… De tous temps,
la
force qui a mis en mouvement les révolutions les plus violentes a rés
14299
s… De tous temps, la force qui a mis en mouvement
les
révolutions les plus violentes a résidé bien moins dans la proclamati
14300
, la force qui a mis en mouvement les révolutions
les
plus violentes a résidé bien moins dans la proclamation d’une idée sc
14301
tions les plus violentes a résidé bien moins dans
la
proclamation d’une idée scientifique qui s’emparait des foules que da
14302
iolentes a résidé bien moins dans la proclamation
d’
une idée scientifique qui s’emparait des foules que dans un fanatisme
14303
isme animateur et dans une véritable hystérie qui
les
emballait follement. (Mein Kampf). Oui, « de tous temps » ce fut ains
14304
qui les emballait follement. (Mein Kampf). Oui, «
de
tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est qu
14305
Kampf). Oui, « de tous temps » ce fut ainsi. Mais
la
nouveauté de notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les mas
14306
« de tous temps » ce fut ainsi. Mais la nouveauté
de
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur les masses, telle qu
14307
insi. Mais la nouveauté de notre temps, c’est que
l’
action passionnelle sur les masses, telle que la définit Hitler, se do
14308
notre temps, c’est que l’action passionnelle sur
les
masses, telle que la définit Hitler, se double désormais d’une action
14309
e l’action passionnelle sur les masses, telle que
la
définit Hitler, se double désormais d’une action rationalisante sur l
14310
telle que la définit Hitler, se double désormais
d’
une action rationalisante sur les individus. En outre, cette action n’
14311
double désormais d’une action rationalisante sur
les
individus. En outre, cette action n’est plus exercée par un meneur qu
14312
t plus exercée par un meneur quelconque, mais par
le
chef qui incarne la Nation. D’où la puissance sans précédent du trans
14313
n meneur quelconque, mais par le chef qui incarne
la
Nation. D’où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du
14314
elconque, mais par le chef qui incarne la Nation.
D’
où la puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au pu
14315
que, mais par le chef qui incarne la Nation. D’où
la
puissance sans précédent du transfert qui s’opère du privé au public.
14316
public. Quel Wagner surhumain sera donc en mesure
d’
orchestrer la grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire
14317
Wagner surhumain sera donc en mesure d’orchestrer
la
grandiose catastrophe de la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous
14318
c en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe
de
la passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conc
14319
n mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe de
la
passion devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil d’une conclus
14320
n devenue totalitaire ? ⁂ Ceci nous mène au seuil
d’
une conclusion que j’étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
14321
étais loin de prévoir en commençant ce livre. Que
l’
on suive l’évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire
14322
de prévoir en commençant ce livre. Que l’on suive
l’
évolution du mythe occidental de la passion dans l’histoire de la litt
14323
e. Que l’on suive l’évolution du mythe occidental
de
la passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des m
14324
Que l’on suive l’évolution du mythe occidental de
la
passion dans l’histoire de la littérature ou dans l’histoire des méth
14325
’évolution du mythe occidental de la passion dans
l’
histoire de la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerr
14326
du mythe occidental de la passion dans l’histoire
de
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la
14327
mythe occidental de la passion dans l’histoire de
la
littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est la mê
14328
passion dans l’histoire de la littérature ou dans
l’
histoire des méthodes de la guerre, c’est la même courbe qui apparaît.
14329
de la littérature ou dans l’histoire des méthodes
de
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareill
14330
la littérature ou dans l’histoire des méthodes de
la
guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareilleme
14331
dans l’histoire des méthodes de la guerre, c’est
la
même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareillement à cet aspect t
14332
la guerre, c’est la même courbe qui apparaît. Et
l’
on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise de notre
14333
’on aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré
de
la crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituée
14334
aboutit pareillement à cet aspect trop ignoré de
la
crise de notre époque, qui est la dissolution des formes instituées p
14335
pareillement à cet aspect trop ignoré de la crise
de
notre époque, qui est la dissolution des formes instituées par la che
14336
trop ignoré de la crise de notre époque, qui est
la
dissolution des formes instituées par la chevalerie. C’est dans le do
14337
qui est la dissolution des formes instituées par
la
chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre, où toute évolution es
14338
s formes instituées par la chevalerie. C’est dans
le
domaine de la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversibl
14339
stituées par la chevalerie. C’est dans le domaine
de
la guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible — alors q
14340
tuées par la chevalerie. C’est dans le domaine de
la
guerre, où toute évolution est pratiquement irréversible — alors qu’i
14341
alors qu’il y a des « retours » littéraires — que
la
nécessité d’une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette
14342
a des « retours » littéraires — que la nécessité
d’
une solution nouvelle est apparue en premier lieu. Cette solution s’ap
14343
apparue en premier lieu. Cette solution s’appelle
l’
État totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né de la guerre, à
14344
ette solution s’appelle l’État totalitaire. C’est
la
réponse du xxe siècle, né de la guerre, à la menace permanente que l
14345
totalitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né
de
la guerre, à la menace permanente que la passion et l’instinct de mor
14346
talitaire. C’est la réponse du xxe siècle, né de
la
guerre, à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort f
14347
est la réponse du xxe siècle, né de la guerre, à
la
menace permanente que la passion et l’instinct de mort font peser sur
14348
ècle, né de la guerre, à la menace permanente que
la
passion et l’instinct de mort font peser sur toute société. La répons
14349
guerre, à la menace permanente que la passion et
l’
instinct de mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siè
14350
la menace permanente que la passion et l’instinct
de
mort font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait é
14351
l’instinct de mort font peser sur toute société.
La
réponse du xiie siècle avait été la chevalerie courtoise, son éthiqu
14352
ute société. La réponse du xiie siècle avait été
la
chevalerie courtoise, son éthique et ses mythes romanesques. La répon
14353
courtoise, son éthique et ses mythes romanesques.
La
réponse du xviie siècle a pour symbole la tragédie classique200. La
14354
sques. La réponse du xviie siècle a pour symbole
la
tragédie classique200. La réponse du xviiie fut le cynisme de Don Ju
14355
siècle a pour symbole la tragédie classique200.
La
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et l’ironie rationalist
14356
tragédie classique200. La réponse du xviiie fut
le
cynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne f
14357
lassique200. La réponse du xviiie fut le cynisme
de
Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une
14358
réponse du xviiie fut le cynisme de Don Juan et
l’
ironie rationaliste. Mais le romantisme ne fut pas une réponse, à moin
14359
ynisme de Don Juan et l’ironie rationaliste. Mais
le
romantisme ne fut pas une réponse, à moins que l’on admette — et c’es
14360
le romantisme ne fut pas une réponse, à moins que
l’
on admette — et c’est possible — que son éloquent abandon aux puissanc
14361
ces nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen
de
le déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense éta
14362
nocturnes du mythe n’ait été un dernier moyen de
le
déprimer par un excès voulu. Quoi qu’il en soit, cette défense était
14363
défense était faible en regard du péril déchaîné.
Les
forces antivitales longtemps contenues par le mythe se répandirent da
14364
é. Les forces antivitales longtemps contenues par
le
mythe se répandirent dans les domaines les plus divers, d’où résulta
14365
gtemps contenues par le mythe se répandirent dans
les
domaines les plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens préc
14366
ues par le mythe se répandirent dans les domaines
les
plus divers, d’où résulta une dissociation, au sens précis de relâche
14367
se répandirent dans les domaines les plus divers,
d’
où résulta une dissociation, au sens précis de relâchement des liens s
14368
rs, d’où résulta une dissociation, au sens précis
de
relâchement des liens sociaux. La première guerre européenne fut le j
14369
liens sociaux. La première guerre européenne fut
le
jugement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et l
14370
ux. La première guerre européenne fut le jugement
d’
un monde qui avait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer d’une
14371
ement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonner
les
formes, et libérer d’une manière anarchique le « contenu » mortel du
14372
ait cru pouvoir abandonner les formes, et libérer
d’
une manière anarchique le « contenu » mortel du mythe. Cependant, je n
14373
r les formes, et libérer d’une manière anarchique
le
« contenu » mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que le draina
14374
» mortel du mythe. Cependant, je ne pense pas que
le
drainage de toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesur
14375
mythe. Cependant, je ne pense pas que le drainage
de
toute passion par la nation soit autre chose qu’une mesure de détress
14376
ne pense pas que le drainage de toute passion par
la
nation soit autre chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser la
14377
sion par la nation soit autre chose qu’une mesure
de
détresse. C’est repousser la menace immédiate, mais l’aggraver alors
14378
chose qu’une mesure de détresse. C’est repousser
la
menace immédiate, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur la vi
14379
tresse. C’est repousser la menace immédiate, mais
l’
aggraver alors en la faisant peser sur la vie même des peuples ainsi c
14380
ser la menace immédiate, mais l’aggraver alors en
la
faisant peser sur la vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
14381
te, mais l’aggraver alors en la faisant peser sur
la
vie même des peuples ainsi constitués en blocs. L’État totalitaire es
14382
a vie même des peuples ainsi constitués en blocs.
L’
État totalitaire est bien une forme recréée, mais une forme trop vaste
14383
trique pour modeler et organiser dans ses limites
la
vie complexe des hommes, même militarisés. Des mesures de police ne f
14384
omplexe des hommes, même militarisés. Des mesures
de
police ne font pas une culture, des slogans ne font pas une morale. E
14385
ulture, des slogans ne font pas une morale. Entre
le
cadre artificiel des grands États et la vie quotidienne des hommes, i
14386
le. Entre le cadre artificiel des grands États et
la
vie quotidienne des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop d’an
14387
e quotidienne des hommes, il subsiste encore trop
de
jeu, trop d’angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résol
14388
des hommes, il subsiste encore trop de jeu, trop
d’
angoisse et trop de possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors :
14389
siste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop
de
possible. Rien n’est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la
14390
est réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera
la
guerre atomique totale, la désintégration physique et morale, et le p
14391
lors : Ou bien ce sera la guerre atomique totale,
la
désintégration physique et morale, et le problème de la passion sera
14392
totale, la désintégration physique et morale, et
le
problème de la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fai
14393
désintégration physique et morale, et le problème
de
la passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; O
14394
intégration physique et morale, et le problème de
la
passion sera supprimé avec la civilisation qui l’a fait naître ; Ou b
14395
, et le problème de la passion sera supprimé avec
la
civilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le pro
14396
la passion sera supprimé avec la civilisation qui
l’
a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
14397
ivilisation qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera
la
paix, et le problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne
14398
qui l’a fait naître ; Ou bien ce sera la paix, et
le
problème renaîtra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse de no
14399
ien ce sera la paix, et le problème renaîtra dans
les
pays totalitaires, comme il ne cesse de nous travailler dans nos soci
14400
tra dans les pays totalitaires, comme il ne cesse
de
nous travailler dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de l
14401
ous travailler dans nos sociétés libérales. C’est
l’
éventualité de la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminau
14402
dans nos sociétés libérales. C’est l’éventualité
de
la paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier
14403
ns nos sociétés libérales. C’est l’éventualité de
la
paix que j’envisagerai dans les deux livres terminaux : le premier si
14404
t l’éventualité de la paix que j’envisagerai dans
les
deux livres terminaux : le premier situant le conflit du mythe et du
14405
ns les deux livres terminaux : le premier situant
le
conflit du mythe et du mariage dans nos mœurs, le second décrivant un
14406
crivant une attitude que je donne bien moins pour
la
réponse décisive, que pour mon choix particulier. 181. On en aura
14407
rticulier. 181. On en aura un aperçu en lisant
les
ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 182. Déf
14408
181. On en aura un aperçu en lisant les ouvrages
de
Freud, et L’Instinct combatif de Pierre Bovet. 182. Défaite se dit
14409
ura un aperçu en lisant les ouvrages de Freud, et
L’
Instinct combatif de Pierre Bovet. 182. Défaite se dit en allemand N
14410
ant les ouvrages de Freud, et L’Instinct combatif
de
Pierre Bovet. 182. Défaite se dit en allemand Niederlage, littérale
14411
en allemand Niederlage, littéralement : position
de
qui gît à terre, de qui est couché au-dessous. (Cf. l’expression « av
14412
age, littéralement : position de qui gît à terre,
de
qui est couché au-dessous. (Cf. l’expression « avoir le dessous ».) R
14413
i gît à terre, de qui est couché au-dessous. (Cf.
l’
expression « avoir le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de la
14414
est couché au-dessous. (Cf. l’expression « avoir
le
dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans le
14415
expression « avoir le dessous ».) Rappelons aussi
le
symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’express
14416
voir le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme
de
la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire
14417
r le dessous ».) Rappelons aussi le symbolisme de
la
Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et l’expression « se faire de
14418
lons aussi le symbolisme de la Tour assiégée dans
le
Roman de la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place
14419
i le symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman
de
la Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 183.
14420
e symbolisme de la Tour assiégée dans le Roman de
la
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans la place ». 183. R
14421
de la Tour assiégée dans le Roman de la Rose, et
l’
expression « se faire des alliés dans la place ». 183. Rodomontades
14422
Rose, et l’expression « se faire des alliés dans
la
place ». 183. Rodomontades espagnoles. 184. Le Déclin du Moyen Âg
14423
a place ». 183. Rodomontades espagnoles. 184.
Le
Déclin du Moyen Âge par J. Huizinga. Cet ouvrage admirable par son in
14424
rage admirable par son information autant que par
l’
intelligence et la fécondité de ses vues critiques renouvelle notre co
14425
son information autant que par l’intelligence et
la
fécondité de ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen
14426
ion autant que par l’intelligence et la fécondité
de
ses vues critiques renouvelle notre conception du Moyen Âge en nous f
14427
e en nous faisant pénétrer par mille chemins dans
la
vie quotidienne des bourgeois et des nobles de l’époque. Les passages
14428
ns la vie quotidienne des bourgeois et des nobles
de
l’époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant
14429
la vie quotidienne des bourgeois et des nobles de
l’
époque. Les passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant son
14430
tidienne des bourgeois et des nobles de l’époque.
Les
passages entre guillemets de ce chapitre et du suivant sont des citat
14431
nobles de l’époque. Les passages entre guillemets
de
ce chapitre et du suivant sont des citations de la traduction françai
14432
s de ce chapitre et du suivant sont des citations
de
la traduction française (Paris, 1932). 185. Qu’on se reporte à notre
14433
e ce chapitre et du suivant sont des citations de
la
traduction française (Paris, 1932). 185. Qu’on se reporte à notre an
14434
. 185. Qu’on se reporte à notre analyse du mythe
de
Tristan : on y trouvera quelques illustrations typiques de ce passage
14435
n : on y trouvera quelques illustrations typiques
de
ce passage (barons « félons », jugement par le fer, justification tan
14436
es de ce passage (barons « félons », jugement par
le
fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de la séparation des a
14437
lons », jugement par le fer, justification tantôt
de
l’adultère tantôt de la séparation des amants). 186. Je serais assez
14438
s », jugement par le fer, justification tantôt de
l’
adultère tantôt de la séparation des amants). 186. Je serais assez te
14439
le fer, justification tantôt de l’adultère tantôt
de
la séparation des amants). 186. Je serais assez tenté de voir dans l
14440
fer, justification tantôt de l’adultère tantôt de
la
séparation des amants). 186. Je serais assez tenté de voir dans la f
14441
paration des amants). 186. Je serais assez tenté
de
voir dans la fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la
14442
amants). 186. Je serais assez tenté de voir dans
la
fonction dramatique du tournoi l’une des origines de la tragédie mode
14443
fonction dramatique du tournoi l’une des origines
de
la tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque
14444
ction dramatique du tournoi l’une des origines de
la
tragédie moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
14445
moderne. Celle-ci s’est constituée précisément à
l’
époque où les tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs
14446
lle-ci s’est constituée précisément à l’époque où
les
tournois passaient de mode, et où se dissociaient leurs éléments guer
14447
précisément à l’époque où les tournois passaient
de
mode, et où se dissociaient leurs éléments guerrier, sportif et théât
14448
ent leurs éléments guerrier, sportif et théâtral.
La
tragédie serait ainsi une « action » privée du risque physique que co
14449
action » privée du risque physique que comportait
le
tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin d’émotion sentime
14450
ique que comportait le tournoi, mais satisfaisant
d’
autant mieux le besoin d’émotion sentimentale et spirituelle. 187. G
14451
tait le tournoi, mais satisfaisant d’autant mieux
le
besoin d’émotion sentimentale et spirituelle. 187. Guichardin, Hist
14452
urnoi, mais satisfaisant d’autant mieux le besoin
d’
émotion sentimentale et spirituelle. 187. Guichardin, Histoire des G
14453
rituelle. 187. Guichardin, Histoire des Guerres
d’
Italie, I, p. 2. 188. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
14454
I, p. 2. 188. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou
la
puissance de l’esprit. 189. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1.
14455
8. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance
de
l’esprit. 189. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 190. Il est j
14456
Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissance de
l’
esprit. 189. Die Kultur der Renaissance, VI, p. 1. 190. Il est just
14457
naissance, VI, p. 1. 190. Il est juste toutefois
de
rappeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais le meurtre y resta
14458
appeler qu’on tuait facilement dans ce pays. Mais
le
meurtre y restait individuel. Alors que dans le monde militarisé, l’i
14459
s le meurtre y restait individuel. Alors que dans
le
monde militarisé, l’individu se voit privé de cette possibilité passi
14460
t individuel. Alors que dans le monde militarisé,
l’
individu se voit privé de cette possibilité passionnelle, transférée à
14461
ans le monde militarisé, l’individu se voit privé
de
cette possibilité passionnelle, transférée à la seule collectivité. C
14462
é de cette possibilité passionnelle, transférée à
la
seule collectivité. Cf. la Défense du crime par Sade. 191. Op. cit.
14463
ionnelle, transférée à la seule collectivité. Cf.
la
Défense du crime par Sade. 191. Op. cit., I, 37-39. Id. pour les ci
14464
ime par Sade. 191. Op. cit., I, 37-39. Id. pour
les
citations qui suivent. 192. G. Ferrero, dans la Fin des aventures, n
14465
les citations qui suivent. 192. G. Ferrero, dans
la
Fin des aventures, note à juste titre qu’à la suite des dévastations
14466
ans la Fin des aventures, note à juste titre qu’à
la
suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les ar
14467
tre qu’à la suite des dévastations qui marquèrent
la
guerre de Trente Ans, les armées s’imposèrent « des règles et des lim
14468
a suite des dévastations qui marquèrent la guerre
de
Trente Ans, les armées s’imposèrent « des règles et des limites qui r
14469
astations qui marquèrent la guerre de Trente Ans,
les
armées s’imposèrent « des règles et des limites qui répondaient en mê
14470
oral et à une nécessité pratique ». Il s’agissait
d’
éviter des dépenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pa
14471
Il s’agissait d’éviter des dépenses excessives —
les
hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de r
14472
épenses excessives — les hommes coûtant cher — et
de
ne pas effrayer les peuples au point de rendre impossible tout recrut
14473
— les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer
les
peuples au point de rendre impossible tout recrutement des volontaire
14474
cher — et de ne pas effrayer les peuples au point
de
rendre impossible tout recrutement des volontaires… 193. J. Boulenge
14475
recrutement des volontaires… 193. J. Boulenger,
Le
Grand Siècle. 194. F. Foch , les Principes de la Guerre (1903, réédi
14476
3. J. Boulenger, Le Grand Siècle. 194. F. Foch ,
les
Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 195. E. et J. de Gon
14477
r, Le Grand Siècle. 194. F. Foch , les Principes
de
la Guerre (1903, réédité en 1929). 195. E. et J. de Goncourt, la Fem
14478
Le Grand Siècle. 194. F. Foch , les Principes de
la
Guerre (1903, réédité en 1929). 195. E. et J. de Goncourt, la Femme
14479
03, réédité en 1929). 195. E. et J. de Goncourt,
la
Femme au xviiie siècle. 196. Sur le sentimentalisme humanitaire qui
14480
e Goncourt, la Femme au xviiie siècle. 196. Sur
le
sentimentalisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir le très c
14481
Sur le sentimentalisme humanitaire qui accompagna
la
Terreur, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond, le Préromanti
14482
lisme humanitaire qui accompagna la Terreur, voir
le
très curieux ouvrage d’André Monglond, le Préromantisme français. 19
14483
compagna la Terreur, voir le très curieux ouvrage
d’
André Monglond, le Préromantisme français. 197. Je parle de cette cho
14484
r, voir le très curieux ouvrage d’André Monglond,
le
Préromantisme français. 197. Je parle de cette chose abstraite et fr
14485
nglond, le Préromantisme français. 197. Je parle
de
cette chose abstraite et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
14486
e et frappante, irréelle mais signifiante, qu’est
la
moyenne des expressions typiques de l’amour à une époque donnée — aus
14487
iante, qu’est la moyenne des expressions typiques
de
l’amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dan
14488
te, qu’est la moyenne des expressions typiques de
l’
amour à une époque donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans l
14489
donnée — aussi irréelle et aussi signifiante dans
le
laid que dans le beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Gran
14490
réelle et aussi signifiante dans le laid que dans
le
beau, pour la fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour
14491
i signifiante dans le laid que dans le beau, pour
la
fin du xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour le vice que po
14492
d que dans le beau, pour la fin du xixe que pour
le
fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour la vertu. Il est des «
14493
u xixe que pour le fameux « Grand Siècle », pour
le
vice que pour la vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l
14494
le fameux « Grand Siècle », pour le vice que pour
la
vertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute l’époque — dans ch
14495
ertu. Il est des « signes » qui ne sont pas toute
l’
époque — dans chacune il y a de tout — mais qui sont d’une époque plut
14496
ne sont pas toute l’époque — dans chacune il y a
de
tout — mais qui sont d’une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis r
14497
que — dans chacune il y a de tout — mais qui sont
d’
une époque plutôt que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de m
14498
a de tout — mais qui sont d’une époque plutôt que
d’
une autre. Je ne dis rien de plus ni rien de moins. 198. Conclusion d
14499
t que d’une autre. Je ne dis rien de plus ni rien
de
moins. 198. Conclusion de l’enquête menée sous la conduite de Magnus
14500
s rien de plus ni rien de moins. 198. Conclusion
de
l’enquête menée sous la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzain
14501
ien de plus ni rien de moins. 198. Conclusion de
l’
enquête menée sous la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine d
14502
e moins. 198. Conclusion de l’enquête menée sous
la
conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands e
14503
8. Conclusion de l’enquête menée sous la conduite
de
Magnus Hirschfeld par une douzaine de savants allemands et autrichien
14504
la conduite de Magnus Hirschfeld par une douzaine
de
savants allemands et autrichiens, et publiée sous le titre de Sitteng
14505
savants allemands et autrichiens, et publiée sous
le
titre de Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
14506
llemands et autrichiens, et publiée sous le titre
de
Sittengeschichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant la guerre
14507
hichte des Weltkriegs (Histoire des mœurs pendant
la
guerre mondiale). 199. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerr
14508
oire des mœurs pendant la guerre mondiale). 199.
Le
lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation d
14509
iale). 199. Le lansquenet moderne, éprouvant que
la
guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alor
14510
, éprouvant que la guerre totale est une négation
de
la passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’
14511
prouvant que la guerre totale est une négation de
la
passion guerrière, se jette alors dans des aventures absurdes, qu’il
14512
recherche en tant qu’absurdes et inhumaines (voir
La
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés d’Ernst von Salomon
14513
ines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et
les
Réprouvés d’Ernst von Salomon). On va se battre pour le plaisir, ou p
14514
Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés
d’
Ernst von Salomon). On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour le
14515
rouvés d’Ernst von Salomon). On va se battre pour
le
plaisir, ou plutôt pour le désespoir, contre n’importe qui. Prolétari
14516
. On va se battre pour le plaisir, ou plutôt pour
le
désespoir, contre n’importe qui. Prolétariat guerrier des « volontair
14517
« volontaires » (Baltikum, Espagne, Chine). C’est
la
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu la passion. Revanche
14518
e, Chine). C’est la débauche désespérée et vénale
de
celui qu’a déçu la passion. Revanche sadique. 200. Bachofen (auteur
14519
débauche désespérée et vénale de celui qu’a déçu
la
passion. Revanche sadique. 200. Bachofen (auteur du Mutterrecht : l
14520
sadique. 200. Bachofen (auteur du Mutterrecht :
le
Matriarcat) expose une théorie analogue à propos de la tragédie grecq
14521
triarcat) expose une théorie analogue à propos de
la
tragédie grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (la discussio
14522
à propos de la tragédie grecque, considérée comme
l’
Auseinandersetzung (la discussion, la querelle, l’explication) entre l
14523
e grecque, considérée comme l’Auseinandersetzung (
la
discussion, la querelle, l’explication) entre la communauté et les pu
14524
idérée comme l’Auseinandersetzung (la discussion,
la
querelle, l’explication) entre la communauté et les puissances du myt
14525
l’Auseinandersetzung (la discussion, la querelle,
l’
explication) entre la communauté et les puissances du mythe.
14526
(la discussion, la querelle, l’explication) entre
la
communauté et les puissances du mythe.
14527
a querelle, l’explication) entre la communauté et
les
puissances du mythe.
14528
Livre VILe mythe contre
le
mariage 1.Crise moderne du mariage Deux morales s’affrontaient
14529
Deux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle
de
la société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une
14530
ux morales s’affrontaient au Moyen Âge : celle de
la
société christianisée, et celle de la courtoisie hérétique. L’une imp
14531
Âge : celle de la société christianisée, et celle
de
la courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit m
14532
: celle de la société christianisée, et celle de
la
courtoisie hérétique. L’une impliquait le mariage, dont elle fit même
14533
elle de la courtoisie hérétique. L’une impliquait
le
mariage, dont elle fit même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemb
14534
même un sacrement ; l’autre exaltait un ensemble
de
valeurs d’où résultait — en principe tout au moins — la condamnation
14535
crement ; l’autre exaltait un ensemble de valeurs
d’
où résultait — en principe tout au moins — la condamnation du mariage.
14536
eurs d’où résultait — en principe tout au moins —
la
condamnation du mariage. Le jugement porté sur l’adultère dans l’une
14537
ncipe tout au moins — la condamnation du mariage.
Le
jugement porté sur l’adultère dans l’une et l’autre perspective, cara
14538
la condamnation du mariage. Le jugement porté sur
l’
adultère dans l’une et l’autre perspective, caractérise fort bien l’op
14539
une et l’autre perspective, caractérise fort bien
l’
opposition. Aux yeux de l’Église, l’adultère était tout à la fois un s
14540
, caractérise fort bien l’opposition. Aux yeux de
l’
Église, l’adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre
14541
ise fort bien l’opposition. Aux yeux de l’Église,
l’
adultère était tout à la fois un sacrilège, un crime contre l’ordre na
14542
tait tout à la fois un sacrilège, un crime contre
l’
ordre naturel et un crime contre l’ordre social. Car le sacrement unis
14543
n crime contre l’ordre naturel et un crime contre
l’
ordre social. Car le sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèl
14544
re naturel et un crime contre l’ordre social. Car
le
sacrement unissait tout à la fois deux âmes fidèles, deux corps aptes
14545
sonnes juridiques. Il se trouvait donc sanctifier
les
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de la cité. Celui q
14546
rouvait donc sanctifier les intérêts fondamentaux
de
l’espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce trip
14547
vait donc sanctifier les intérêts fondamentaux de
l’
espèce et les intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple
14548
nctifier les intérêts fondamentaux de l’espèce et
les
intérêts de la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne
14549
intérêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts
de
la cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait
14550
érêts fondamentaux de l’espèce et les intérêts de
la
cité. Celui qui contrevenait à ce triple engagement ne se rendait pas
14551
as « intéressant », mais pitoyable ou méprisable.
La
synthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et le feu, car on pou
14552
ou méprisable. La synthèse catholique s’efforçait
de
marier l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pèr
14553
ble. La synthèse catholique s’efforçait de marier
l’
eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thè
14554
ynthèse catholique s’efforçait de marier l’eau et
le
feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les thèses les p
14555
, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères
les
thèses les plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — l
14556
uvait tirer des Écritures et des Pères les thèses
les
plus contradictoires sur la sainteté de la procréation — loi de l’esp
14557
des Pères les thèses les plus contradictoires sur
la
sainteté de la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
14558
s thèses les plus contradictoires sur la sainteté
de
la procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité
14559
hèses les plus contradictoires sur la sainteté de
la
procréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité —
14560
dictoires sur la sainteté de la procréation — loi
de
l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
14561
toires sur la sainteté de la procréation — loi de
l’
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’
14562
teté de la procréation — loi de l’espèce — et sur
la
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament,
14563
rocréation — loi de l’espèce — et sur la sainteté
de
la virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple,
14564
réation — loi de l’espèce — et sur la sainteté de
la
virginité — loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, un
14565
espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi
de
l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombr
14566
èce — et sur la sainteté de la virginité — loi de
l’
esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreus
14567
sainteté de la virginité — loi de l’esprit. Pour
l’
Ancien Testament, par exemple, une descendance nombreuse est signe d’é
14568
par exemple, une descendance nombreuse est signe
d’
élection, tandis que pour saint Paul, celui qui reste vierge « fait mi
14569
ux » que celui qui se marie, même chrétiennement.
L’
hérésie liée dès l’origine à la cortezia du Midi s’opposait au mariage
14570
se marie, même chrétiennement. L’hérésie liée dès
l’
origine à la cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les
14571
me chrétiennement. L’hérésie liée dès l’origine à
la
cortezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur les trois chefs
14572
ezia du Midi s’opposait au mariage catholique sur
les
trois chefs que l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sa
14573
ait au mariage catholique sur les trois chefs que
l’
on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord le sacrement, comme n’ét
14574
e l’on vient de rappeler. Elle niait tout d’abord
le
sacrement, comme n’étant établi par aucun texte univoque de l’Évangil
14575
nt, comme n’étant établi par aucun texte univoque
de
l’Évangile201. Elle condamnait la procréation comme relevant de la lo
14576
comme n’étant établi par aucun texte univoque de
l’
Évangile201. Elle condamnait la procréation comme relevant de la loi d
14577
texte univoque de l’Évangile201. Elle condamnait
la
procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-
14578
01. Elle condamnait la procréation comme relevant
de
la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du mon
14579
Elle condamnait la procréation comme relevant de
la
loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du monde
14580
truire un ordre social qui permettait et exigeait
la
guerre, comme expression du vouloir-vivre collectif202. Mais le fonde
14581
me expression du vouloir-vivre collectif202. Mais
le
fondement de ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour,
14582
du vouloir-vivre collectif202. Mais le fondement
de
ces trois refus était en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
14583
s le fondement de ces trois refus était en vérité
la
doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit ét
14584
nt de ces trois refus était en vérité la doctrine
de
l’Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et ang
14585
de ces trois refus était en vérité la doctrine de
l’
Amour, c’est-à-dire de l’Éros divinisant, en conflit éternel et angois
14586
it en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire
de
l’Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de
14587
en vérité la doctrine de l’Amour, c’est-à-dire de
l’
Éros divinisant, en conflit éternel et angoissé avec la créature de ch
14588
s divinisant, en conflit éternel et angoissé avec
la
créature de chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la
14589
, en conflit éternel et angoissé avec la créature
de
chair et ses instincts asservissants. L’apparition de la passion d’Am
14590
créature de chair et ses instincts asservissants.
L’
apparition de la passion d’Amour devait donc transformer radicalement
14591
hair et ses instincts asservissants. L’apparition
de
la passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement p
14592
r et ses instincts asservissants. L’apparition de
la
passion d’Amour devait donc transformer radicalement le jugement port
14593
stincts asservissants. L’apparition de la passion
d’
Amour devait donc transformer radicalement le jugement porté sur l’adu
14594
sion d’Amour devait donc transformer radicalement
le
jugement porté sur l’adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne pr
14595
nc transformer radicalement le jugement porté sur
l’
adultère. Certes, la pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
14596
alement le jugement porté sur l’adultère. Certes,
la
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer la faute en soi, pu
14597
pure doctrine cathare ne prétendait pas légitimer
la
faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait la chasteté. Mais no
14598
faute en soi, puisqu’au contraire elle ordonnait
la
chasteté. Mais nous avons montré que le symbole courtois de l’amour p
14599
ordonnait la chasteté. Mais nous avons montré que
le
symbole courtois de l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidem
14600
é. Mais nous avons montré que le symbole courtois
de
l’amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible av
14601
Mais nous avons montré que le symbole courtois de
l’
amour pour une Dame (spirituelle), amour évidemment incompatible avec
14602
(spirituelle), amour évidemment incompatible avec
le
mariage dans la chair, devait amener des confusions inextricables. Po
14603
mour évidemment incompatible avec le mariage dans
la
chair, devait amener des confusions inextricables. Pour l’amateur non
14604
devait amener des confusions inextricables. Pour
l’
amateur non initié des poèmes provençaux et des romans bretons, l’adul
14605
itié des poèmes provençaux et des romans bretons,
l’
adultère de Tristan reste une faute203, mais il se trouve revêtir en m
14606
èmes provençaux et des romans bretons, l’adultère
de
Tristan reste une faute203, mais il se trouve revêtir en même temps l
14607
faute203, mais il se trouve revêtir en même temps
l’
aspect d’une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyan
14608
mais il se trouve revêtir en même temps l’aspect
d’
une aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour le croyant maniché
14609
même temps l’aspect d’une aventure plus belle que
la
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était l’expression dramati
14610
e aventure plus belle que la morale. Ce qui, pour
le
croyant manichéen, était l’expression dramatique du combat de la foi
14611
morale. Ce qui, pour le croyant manichéen, était
l’
expression dramatique du combat de la foi et du monde, devient alors p
14612
anichéen, était l’expression dramatique du combat
de
la foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équi
14613
chéen, était l’expression dramatique du combat de
la
foi et du monde, devient alors pour le lecteur une « poésie » équivoq
14614
combat de la foi et du monde, devient alors pour
le
lecteur une « poésie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’
14615
sie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane
d’
apparences, dont la puissance de séduction s’accroît encore du fait qu
14616
brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont
la
puissance de séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la si
14617
sie toute profane d’apparences, dont la puissance
de
séduction s’accroît encore du fait que l’on ignore la signification m
14618
issance de séduction s’accroît encore du fait que
l’
on ignore la signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne
14619
éduction s’accroît encore du fait que l’on ignore
la
signification mystique de ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent
14620
du fait que l’on ignore la signification mystique
de
ses symboles, et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que d’un
14621
et que ceux-ci ne paraissent plus révélateurs que
d’
un mystère vague et flatteur. Comment expliquer autrement qu’à partir
14622
ent qu’à partir du xiie siècle, celui qui commet
l’
adultère devienne soudain un personnage intéressant ? Le roi David en
14623
tère devienne soudain un personnage intéressant ?
Le
roi David en volant Bethsabée commet un crime et se rend méprisable.
14624
t donner lieu qu’à des commentaires édifiants sur
le
danger de pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans
14625
ieu qu’à des commentaires édifiants sur le danger
de
pécher et le remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole
14626
commentaires édifiants sur le danger de pécher et
le
remords, devient soudain vertu mystique (dans le symbole), puis se dé
14627
le remords, devient soudain vertu mystique (dans
le
symbole), puis se dégrade (dans la littérature) en aventure troublant
14628
mystique (dans le symbole), puis se dégrade (dans
la
littérature) en aventure troublante et attirante. ⁂ Je n’entends pas
14629
attirante. ⁂ Je n’entends pas ramener directement
la
crise actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et d’une hérésie
14630
rectement la crise actuelle du mariage au conflit
de
l’orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme te
14631
tement la crise actuelle du mariage au conflit de
l’
orthodoxie et d’une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle
14632
actuelle du mariage au conflit de l’orthodoxie et
d’
une hérésie médiévale. Car cette dernière, comme telle, n’existe plus
14633
ette dernière, comme telle, n’existe plus ; et si
l’
orthodoxie existe encore, il faut avouer qu’elle ne joue plus un rôle
14634
t avouer qu’elle ne joue plus un rôle direct dans
la
vie de nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui expliq
14635
r qu’elle ne joue plus un rôle direct dans la vie
de
nos sociétés, qu’elle a tant contribué à former. Ce qui explique, à m
14636
contribué à former. Ce qui explique, à mon sens,
l’
état présent de dé-moralisation générale, c’est la confuse dissension
14637
rmer. Ce qui explique, à mon sens, l’état présent
de
dé-moralisation générale, c’est la confuse dissension au sein de laqu
14638
l’état présent de dé-moralisation générale, c’est
la
confuse dissension au sein de laquelle nous vivons de deux morales, d
14639
onfuse dissension au sein de laquelle nous vivons
de
deux morales, dont l’une est héritée de l’orthodoxie religieuse, mais
14640
us vivons de deux morales, dont l’une est héritée
de
l’orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, e
14641
vivons de deux morales, dont l’une est héritée de
l’
orthodoxie religieuse, mais ne s’appuie plus sur une foi vivante, et d
14642
plus sur une foi vivante, et dont l’autre dérive
d’
une hérésie dont l’expression « essentiellement lyrique » nous parvien
14643
ivante, et dont l’autre dérive d’une hérésie dont
l’
expression « essentiellement lyrique » nous parvient totalement profan
14644
otalement profanée, et par suite dénaturée. Voici
les
forces en présence : d’une part, une morale de l’espèce et de la soci
14645
i les forces en présence : d’une part, une morale
de
l’espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de
14646
es forces en présence : d’une part, une morale de
l’
espèce et de la société en général, mais plus ou moins empreinte de re
14647
présence : d’une part, une morale de l’espèce et
de
la société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’e
14648
ésence : d’une part, une morale de l’espèce et de
la
société en général, mais plus ou moins empreinte de religion — c’est
14649
société en général, mais plus ou moins empreinte
de
religion — c’est ce que l’on nomme la morale bourgeoise ; d’autre par
14650
lus ou moins empreinte de religion — c’est ce que
l’
on nomme la morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
14651
s empreinte de religion — c’est ce que l’on nomme
la
morale bourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par l’ambiance
14652
ourgeoise ; d’autre part, une morale inspirée par
l’
ambiance culturelle, littéraire, artistique — c’est la morale passionn
14653
biance culturelle, littéraire, artistique — c’est
la
morale passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de la bourgeo
14654
c’est la morale passionnelle ou romanesque. Tous
les
adolescents de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du
14655
passionnelle ou romanesque. Tous les adolescents
de
la bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais e
14656
ssionnelle ou romanesque. Tous les adolescents de
la
bourgeoisie occidentale sont élevés dans l’idée du mariage, mais en m
14657
ts de la bourgeoisie occidentale sont élevés dans
l’
idée du mariage, mais en même temps se trouvent baignés dans une atmos
14658
ère romantique entretenue par leurs lectures, par
les
spectacles et par mille allusions quotidiennes, dont le sous-entendu
14659
ctacles et par mille allusions quotidiennes, dont
le
sous-entendu est à peu près : que la passion est l’épreuve suprême, q
14660
iennes, dont le sous-entendu est à peu près : que
la
passion est l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour connaître,
14661
sous-entendu est à peu près : que la passion est
l’
épreuve suprême, que tout homme doit un jour connaître, et que la vie
14662
me, que tout homme doit un jour connaître, et que
la
vie ne saurait être à plein vécue que par ceux qui « ont passé par là
14663
n vécue que par ceux qui « ont passé par là ». Or
la
passion et le mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines
14664
r ceux qui « ont passé par là ». Or la passion et
le
mariage sont par essence incompatibles. Leurs origines et leurs final
14665
es. Leurs origines et leurs finalités s’excluent.
De
leur coexistence dans nos vies surgissent sans fin des problèmes inso
14666
« sécurités » sociales. En d’autres temps, ce fut
la
fonction du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de la comp
14667
n d’autres temps, ce fut la fonction du mythe que
d’
ordonner cette anarchie latente et de la composer symboliquement dans
14668
du mythe que d’ordonner cette anarchie latente et
de
la composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoi
14669
mythe que d’ordonner cette anarchie latente et de
la
composer symboliquement dans nos catégories morales. Rôle d’exutoire,
14670
symboliquement dans nos catégories morales. Rôle
d’
exutoire, rôle civilisateur. Mais le mythe s’est déprimé et profané en
14671
morales. Rôle d’exutoire, rôle civilisateur. Mais
le
mythe s’est déprimé et profané en même temps que les formes sociales
14672
mythe s’est déprimé et profané en même temps que
les
formes sociales dont il tirait ses éléments plastiques. Si maintenant
14673
ses éléments plastiques. Si maintenant il tentait
de
se recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus de résistances as
14674
recomposer, on pressent qu’il ne trouverait plus
de
résistances assez solides pour lui servir de masque et de prétexte. U
14675
plus de résistances assez solides pour lui servir
de
masque et de prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur
14676
tances assez solides pour lui servir de masque et
de
prétexte. Une immense littérature paraît chaque mois sur la « crise d
14677
e. Une immense littérature paraît chaque mois sur
la
« crise du mariage ». Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espè
14678
Mais je doute fort qu’il en résulte aucune espèce
de
solution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire l’inconscience, p
14679
lte aucune espèce de solution pratique : car seul
le
mythe, c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à la passion une
14680
lution pratique : car seul le mythe, c’est-à-dire
l’
inconscience, pourrait fournir à la passion une espèce de modus vivend
14681
, c’est-à-dire l’inconscience, pourrait fournir à
la
passion une espèce de modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au
14682
science, pourrait fournir à la passion une espèce
de
modus vivendi, et tous ces livres, aggravant au contraire notre consc
14683
raire notre conscience du problème, contribuent à
le
rendre insoluble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi de notr
14684
lème, contribuent à le rendre insoluble. Ils sont
les
signes de la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
14685
ibuent à le rendre insoluble. Ils sont les signes
de
la crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadre
14686
ent à le rendre insoluble. Ils sont les signes de
la
crise, mais aussi de notre impuissance à la réduire dans les cadres a
14687
uble. Ils sont les signes de la crise, mais aussi
de
notre impuissance à la réduire dans les cadres actuels. L’institution
14688
es de la crise, mais aussi de notre impuissance à
la
réduire dans les cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondai
14689
mais aussi de notre impuissance à la réduire dans
les
cadres actuels. L’institution matrimoniale se fondait en effet sur tr
14690
impuissance à la réduire dans les cadres actuels.
L’
institution matrimoniale se fondait en effet sur trois groupes de vale
14691
atrimoniale se fondait en effet sur trois groupes
de
valeurs qui lui fournissaient ses « contraintes » — et c’est précisém
14692
t ses « contraintes » — et c’est précisément dans
le
jeu de ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (
14693
contraintes » — et c’est précisément dans le jeu
de
ces contraintes que le mythe puisait ses moyens d’expression (comme o
14694
st précisément dans le jeu de ces contraintes que
le
mythe puisait ses moyens d’expression (comme on l’a vu au livre I). O
14695
e ces contraintes que le mythe puisait ses moyens
d’
expression (comme on l’a vu au livre I). Or voici que ces contraintes
14696
e mythe puisait ses moyens d’expression (comme on
l’
a vu au livre I). Or voici que ces contraintes ou se relâchent, ou dis
14697
, ou disparaissent : 1. — Contraintes sacrées. —
Le
mariage, chez les peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel
14698
t : 1. — Contraintes sacrées. — Le mariage, chez
les
peuples païens, s’est toujours entouré d’un rituel dont nos instituti
14699
, chez les peuples païens, s’est toujours entouré
d’
un rituel dont nos institutions gardèrent longtemps les éléments : rit
14700
rituel dont nos institutions gardèrent longtemps
les
éléments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme.
14701
itutions gardèrent longtemps les éléments : rites
de
l’achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, l
14702
tions gardèrent longtemps les éléments : rites de
l’
achat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la d
14703
ngtemps les éléments : rites de l’achat, du rapt,
de
la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son imp
14704
emps les éléments : rites de l’achat, du rapt, de
la
quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son import
14705
ments : rites de l’achat, du rapt, de la quête et
de
l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par su
14706
ts : rites de l’achat, du rapt, de la quête et de
l’
exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd de son importance, par suite
14707
hat, du rapt, de la quête et de l’exorcisme. Mais
de
nos jours, la dot perd de son importance, par suite de l’instabilité
14708
de la quête et de l’exorcisme. Mais de nos jours,
la
dot perd de son importance, par suite de l’instabilité économique. Le
14709
et de l’exorcisme. Mais de nos jours, la dot perd
de
son importance, par suite de l’instabilité économique. Les coutumes r
14710
ours, la dot perd de son importance, par suite de
l’
instabilité économique. Les coutumes rappelant le rapt nuptial n’exist
14711
mportance, par suite de l’instabilité économique.
Les
coutumes rappelant le rapt nuptial n’existent plus que sous forme de
14712
l’instabilité économique. Les coutumes rappelant
le
rapt nuptial n’existent plus que sous forme de plaisanteries paysanne
14713
t plus que sous forme de plaisanteries paysannes.
La
demande en mariage, avec échange de visites en haut de forme et « déc
14714
es paysannes. La demande en mariage, avec échange
de
visites en haut de forme et « déclaration » officielle, est aussi dém
14715
mande en mariage, avec échange de visites en haut
de
forme et « déclaration » officielle, est aussi démodée que les crinol
14716
« déclaration » officielle, est aussi démodée que
les
crinolines. Et la majorité des couples n’éprouve plus même le besoin
14717
icielle, est aussi démodée que les crinolines. Et
la
majorité des couples n’éprouve plus même le besoin « superstitieux »
14718
s. Et la majorité des couples n’éprouve plus même
le
besoin « superstitieux » d’aller se faire bénir par un prêtre. 2. —
14719
s n’éprouve plus même le besoin « superstitieux »
d’
aller se faire bénir par un prêtre. 2. — Contraintes sociales. — Les
14720
énir par un prêtre. 2. — Contraintes sociales. —
Les
questions de rang, de sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, so
14721
être. 2. — Contraintes sociales. — Les questions
de
rang, de sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, sont en train d
14722
— Contraintes sociales. — Les questions de rang,
de
sang, d’intérêts familiaux et même d’argent, sont en train de passer
14723
intes sociales. — Les questions de rang, de sang,
d’
intérêts familiaux et même d’argent, sont en train de passer au second
14724
ns de rang, de sang, d’intérêts familiaux et même
d’
argent, sont en train de passer au second plan dans les pays démocrati
14725
gent, sont en train de passer au second plan dans
les
pays démocratiques, et par suite les problèmes individuels déterminen
14726
nd plan dans les pays démocratiques, et par suite
les
problèmes individuels déterminent de plus en plus le choix réciproque
14727
problèmes individuels déterminent de plus en plus
le
choix réciproque des conjoints. D’où le nombre croissant des divorces
14728
e plus en plus le choix réciproque des conjoints.
D’
où le nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épi
14729
s en plus le choix réciproque des conjoints. D’où
le
nombre croissant des divorces. En même temps, les cérémonies épithala
14730
le nombre croissant des divorces. En même temps,
les
cérémonies épithalamiques se simplifient ou disparaissent. Il est cur
14731
s se simplifient ou disparaissent. Il est curieux
de
noter que des coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que la «
14732
aissent. Il est curieux de noter que des coutumes
d’
origine lointaine et sacrée telles que la « quasi-publicité du lit nup
14733
coutumes d’origine lointaine et sacrée telles que
la
« quasi-publicité du lit nuptial » (Huizinga) subsistèrent au moins d
14734
t nuptial » (Huizinga) subsistèrent au moins dans
les
provinces, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié les mystère
14735
s, jusqu’en plein xviie siècle : on avait oublié
les
mystères originels, mais les rites gardaient pour effet de socialiser
14736
le : on avait oublié les mystères originels, mais
les
rites gardaient pour effet de socialiser l’acte du mariage, de l’inté
14737
es originels, mais les rites gardaient pour effet
de
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communau
14738
mais les rites gardaient pour effet de socialiser
l’
acte du mariage, de l’intégrer dans l’existence communautaire. À parti
14739
aient pour effet de socialiser l’acte du mariage,
de
l’intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle
14740
nt pour effet de socialiser l’acte du mariage, de
l’
intégrer dans l’existence communautaire. À partir du xviiie siècle, l
14741
socialiser l’acte du mariage, de l’intégrer dans
l’
existence communautaire. À partir du xviiie siècle, le thème du « Cou
14742
stence communautaire. À partir du xviiie siècle,
le
thème du « Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodin
14743
À partir du xviiie siècle, le thème du « Coucher
de
la mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries pictura
14744
artir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de
la
mariée » n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries picturales
14745
Coucher de la mariée » n’est plus qu’une occasion
d’
anodines galanteries picturales. De nos jours enfin, le « voyage de no
14746
u’une occasion d’anodines galanteries picturales.
De
nos jours enfin, le « voyage de noces », pour autant qu’il subsiste e
14747
dines galanteries picturales. De nos jours enfin,
le
« voyage de noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signific
14748
eries picturales. De nos jours enfin, le « voyage
de
noces », pour autant qu’il subsiste et garde une signification, repré
14749
signification, représente bien plutôt une volonté
de
s’évader de l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de
14750
n, représente bien plutôt une volonté de s’évader
de
l’ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on app
14751
représente bien plutôt une volonté de s’évader de
l’
ambiance sociale et de souligner le caractère privé de ce qu’on appell
14752
une volonté de s’évader de l’ambiance sociale et
de
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux
14753
de s’évader de l’ambiance sociale et de souligner
le
caractère privé de ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contr
14754
biance sociale et de souligner le caractère privé
de
ce qu’on appelle le bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses.
14755
souligner le caractère privé de ce qu’on appelle
le
bonheur des époux. 3. — Contraintes religieuses. — Dans la mesure où
14756
des époux. 3. — Contraintes religieuses. — Dans
la
mesure où la conscience moderne comme telle sait encore distinguer le
14757
3. — Contraintes religieuses. — Dans la mesure où
la
conscience moderne comme telle sait encore distinguer le christianism
14758
cience moderne comme telle sait encore distinguer
le
christianisme des contraintes sacrées et sociales, elle le repousse a
14759
ianisme des contraintes sacrées et sociales, elle
le
repousse avec horreur. Car l’engagement religieux est pris « pour le
14760
s et sociales, elle le repousse avec horreur. Car
l’
engagement religieux est pris « pour le temps et l’éternité », c’est-à
14761
rreur. Car l’engagement religieux est pris « pour
le
temps et l’éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des v
14762
’engagement religieux est pris « pour le temps et
l’
éternité », c’est-à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations de
14763
à-dire qu’il ne tient aucun compte des variations
de
tempérament, de caractère, de goûts et de conditions externes qui ne
14764
tient aucun compte des variations de tempérament,
de
caractère, de goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas d
14765
mpte des variations de tempérament, de caractère,
de
goûts et de conditions externes qui ne manqueront pas de se produire
14766
iations de tempérament, de caractère, de goûts et
de
conditions externes qui ne manqueront pas de se produire un jour ou l
14767
s et de conditions externes qui ne manqueront pas
de
se produire un jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est de tou
14768
ueront pas de se produire un jour ou l’autre dans
la
vie du couple. Or c’est de tout cela, justement, que les modernes fon
14769
n jour ou l’autre dans la vie du couple. Or c’est
de
tout cela, justement, que les modernes font dépendre leur « bonheur »
14770
du couple. Or c’est de tout cela, justement, que
les
modernes font dépendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à l’he
14771
épendre leur « bonheur » (nous reviendrons tout à
l’
heure sur cette notion centrale). Cette dépréciation générale des obst
14772
des obstacles institutionnels entraîne une chute
de
tension morale d’où résulte une immense confusion. L’adultère devient
14773
titutionnels entraîne une chute de tension morale
d’
où résulte une immense confusion. L’adultère devient un sujet de délic
14774
ension morale d’où résulte une immense confusion.
L’
adultère devient un sujet de délicates analyses psychologiques, ou de
14775
ne immense confusion. L’adultère devient un sujet
de
délicates analyses psychologiques, ou de plaisanteries vaudevillesque
14776
un sujet de délicates analyses psychologiques, ou
de
plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans le mariage paraît lég
14777
chologiques, ou de plaisanteries vaudevillesques.
La
fidélité dans le mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figu
14778
e plaisanteries vaudevillesques. La fidélité dans
le
mariage paraît légèrement ridicule : elle prend figure de conformisme
14779
ge paraît légèrement ridicule : elle prend figure
de
conformisme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit de deux mora
14780
isme. Il n’y a plus, à proprement parler, conflit
de
deux morales hostiles — et par suite plus de mythe possible — mais on
14781
flit de deux morales hostiles — et par suite plus
de
mythe possible — mais on approche d’un état de neutralisation mutuell
14782
r suite plus de mythe possible — mais on approche
d’
un état de neutralisation mutuelle au terme de la consomption des viei
14783
us de mythe possible — mais on approche d’un état
de
neutralisation mutuelle au terme de la consomption des vieilles valeu
14784
che d’un état de neutralisation mutuelle au terme
de
la consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
14785
d’un état de neutralisation mutuelle au terme de
la
consomption des vieilles valeurs non transcendées mais déprimées.
14786
s mais déprimées. 2.Idée moderne du bonheur
Le
mariage cessant d’être garanti par un système de contraintes sociales
14787
2.Idée moderne du bonheur Le mariage cessant
d’
être garanti par un système de contraintes sociales ne peut plus se fo
14788
Le mariage cessant d’être garanti par un système
de
contraintes sociales ne peut plus se fonder, désormais, que sur des d
14789
it sur une idée individuelle du bonheur, idée que
l’
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas le plus favorable. O
14790
que l’on suppose commune aux deux conjoints dans
le
cas le plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en géné
14791
on suppose commune aux deux conjoints dans le cas
le
plus favorable. Or s’il est assez difficile de définir en général le
14792
as le plus favorable. Or s’il est assez difficile
de
définir en général le bonheur, le problème devient insoluble dès que
14793
Or s’il est assez difficile de définir en général
le
bonheur, le problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté
14794
assez difficile de définir en général le bonheur,
le
problème devient insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’êt
14795
le problème devient insoluble dès que s’y ajoute
la
volonté moderne d’être le maître de son bonheur, ou ce qui revient pe
14796
t insoluble dès que s’y ajoute la volonté moderne
d’
être le maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de
14797
uble dès que s’y ajoute la volonté moderne d’être
le
maître de son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
14798
ue s’y ajoute la volonté moderne d’être le maître
de
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir de quoi i
14799
son bonheur, ou ce qui revient peut-être au même,
de
sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pou
14800
r, ou ce qui revient peut-être au même, de sentir
de
quoi il est fait, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’amé
14801
peut-être au même, de sentir de quoi il est fait,
de
l’analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouc
14802
t-être au même, de sentir de quoi il est fait, de
l’
analyser et de le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches
14803
, de sentir de quoi il est fait, de l’analyser et
de
le goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculée
14804
e sentir de quoi il est fait, de l’analyser et de
le
goûter afin de pouvoir l’améliorer par des retouches bien calculées.
14805
it, de l’analyser et de le goûter afin de pouvoir
l’
améliorer par des retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent le
14806
retouches bien calculées. Votre bonheur, répètent
les
prêches des magazines, dépend de ceci, exige cela — et ceci ou cela,
14807
nheur, répètent les prêches des magazines, dépend
de
ceci, exige cela — et ceci ou cela, c’est toujours quelque chose qu’i
14808
t toujours quelque chose qu’il faut acquérir, par
de
l’argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fo
14809
oujours quelque chose qu’il faut acquérir, par de
l’
argent le plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fois
14810
uelque chose qu’il faut acquérir, par de l’argent
le
plus souvent. Le résultat de cette propagande est à la fois de nous o
14811
l faut acquérir, par de l’argent le plus souvent.
Le
résultat de cette propagande est à la fois de nous obséder par l’idée
14812
rir, par de l’argent le plus souvent. Le résultat
de
cette propagande est à la fois de nous obséder par l’idée d’un bonheu
14813
nt. Le résultat de cette propagande est à la fois
de
nous obséder par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous
14814
ette propagande est à la fois de nous obséder par
l’
idée d’un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le
14815
opagande est à la fois de nous obséder par l’idée
d’
un bonheur facile, et du même coup de nous rendre inaptes à le posséde
14816
r par l’idée d’un bonheur facile, et du même coup
de
nous rendre inaptes à le posséder. Car tout ce qu’on nous propose nou
14817
facile, et du même coup de nous rendre inaptes à
le
posséder. Car tout ce qu’on nous propose nous introduit dans le monde
14818
ar tout ce qu’on nous propose nous introduit dans
le
monde de la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant qu
14819
e qu’on nous propose nous introduit dans le monde
de
la comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme
14820
u’on nous propose nous introduit dans le monde de
la
comparaison, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’homme ne
14821
on, où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que
l’
homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès
14822
ait s’établir, tant que l’homme ne sera pas Dieu.
Le
bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut le saisir. Il
14823
e sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on
l’
a perdu dès qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptat
14824
ur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’on veut
le
saisir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la rev
14825
s qu’on veut le saisir. Il ne peut vivre que dans
l’
acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’ê
14826
peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans
la
revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir : les m
14827
t meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend
de
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont rép
14828
eurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de
l’
être et non de l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété
14829
evendication. C’est qu’il dépend de l’être et non
de
l’avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre tem
14830
ndication. C’est qu’il dépend de l’être et non de
l’
avoir : les moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps
14831
C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir :
les
moralistes de tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte r
14832
pend de l’être et non de l’avoir : les moralistes
de
tous les temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive
14833
l’être et non de l’avoir : les moralistes de tous
les
temps l’ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous fair
14834
non de l’avoir : les moralistes de tous les temps
l’
ont répété, et notre temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
14835
temps n’apporte rien qui doive nous faire changer
d’
avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merc
14836
doive nous faire changer d’avis. Tout bonheur que
l’
on veut sentir, que l’on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comm
14837
er d’avis. Tout bonheur que l’on veut sentir, que
l’
on veut tenir à sa merci — au lieu d’y être comme par grâce — se trans
14838
stantanément en une absence insupportable. Fonder
le
mariage sur un pareil « bonheur » suppose de la part des modernes une
14839
ur » suppose de la part des modernes une capacité
d’
ennui presque morbide — ou l’intention secrète de tricher. Il est prob
14840
odernes une capacité d’ennui presque morbide — ou
l’
intention secrète de tricher. Il est probable que cette intention ou c
14841
d’ennui presque morbide — ou l’intention secrète
de
tricher. Il est probable que cette intention ou cet espoir expliquent
14842
ette intention ou cet espoir expliquent en partie
la
facilité avec laquelle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
14843
ec laquelle on se marie encore « sans y croire ».
Le
rêve de la passion possible agit comme une distraction permanente, an
14844
lle on se marie encore « sans y croire ». Le rêve
de
la passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésia
14845
on se marie encore « sans y croire ». Le rêve de
la
passion possible agit comme une distraction permanente, anesthésiant
14846
it comme une distraction permanente, anesthésiant
les
révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur
14847
distraction permanente, anesthésiant les révoltes
de
l’ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on p
14848
traction permanente, anesthésiant les révoltes de
l’
ennui. On n’ignore pas que la passion serait un malheur — mais on pres
14849
iant les révoltes de l’ennui. On n’ignore pas que
la
passion serait un malheur — mais on pressent que ce serait un malheur
14850
erait un malheur plus beau et plus « vivant » que
la
vie normale, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou l’ennui rési
14851
male, plus exaltant que son « petit bonheur »… Ou
l’
ennui résigné ou la passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos
14852
que son « petit bonheur »… Ou l’ennui résigné ou
la
passion : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée modern
14853
eur »… Ou l’ennui résigné ou la passion : tel est
le
dilemme qu’introduit dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
14854
n : tel est le dilemme qu’introduit dans nos vies
l’
idée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à la ruine du mariag
14855
dans nos vies l’idée moderne du bonheur. Cela va
de
toute manière à la ruine du mariage en tant qu’institution sociale dé
14856
ée moderne du bonheur. Cela va de toute manière à
la
ruine du mariage en tant qu’institution sociale définie par la stabil
14857
ariage en tant qu’institution sociale définie par
la
stabilité. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès le xiie siècle prove
14858
a stabilité. 3.« Aimer, c’est vivre ! » Dès
le
xiie siècle provençal, l’amour était considéré comme noble. Non seul
14859
c’est vivre ! » Dès le xiie siècle provençal,
l’
amour était considéré comme noble. Non seulement il ennoblissait mais
14860
ment il ennoblissait mais encore il anoblissait :
les
troubadours accédaient socialement au niveau de l’aristocratie qui le
14861
s troubadours accédaient socialement au niveau de
l’
aristocratie qui les traitait comme des égaux. C’est peut-être de là q
14862
aient socialement au niveau de l’aristocratie qui
les
traitait comme des égaux. C’est peut-être de là que nous vient, par l
14863
qui les traitait comme des égaux. C’est peut-être
de
là que nous vient, par le canal de la littérature, cette idée toute m
14864
égaux. C’est peut-être de là que nous vient, par
le
canal de la littérature, cette idée toute moderne et romantique que l
14865
’est peut-être de là que nous vient, par le canal
de
la littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion
14866
t peut-être de là que nous vient, par le canal de
la
littérature, cette idée toute moderne et romantique que la passion es
14867
ature, cette idée toute moderne et romantique que
la
passion est une noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois
14868
u-dessus des lois et des coutumes. Celui qui aime
de
passion accède à une humanité plus haute, où les barrières sociales s
14869
e de passion accède à une humanité plus haute, où
les
barrières sociales s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever la princes
14870
haute, où les barrières sociales s’évanouissent.
Le
Tzigane peut enlever la princesse, le mécano épouser l’héritière204.
14871
sociales s’évanouissent. Le Tzigane peut enlever
la
princesse, le mécano épouser l’héritière204. De même, le Prix de Beau
14872
anouissent. Le Tzigane peut enlever la princesse,
le
mécano épouser l’héritière204. De même, le Prix de Beauté a quelque c
14873
gane peut enlever la princesse, le mécano épouser
l’
héritière204. De même, le Prix de Beauté a quelque chance de devenir c
14874
cesse, le mécano épouser l’héritière204. De même,
le
Prix de Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire.
14875
e mécano épouser l’héritière204. De même, le Prix
de
Beauté a quelque chance de devenir comtesse ou milliardaire. C’est un
14876
e204. De même, le Prix de Beauté a quelque chance
de
devenir comtesse ou milliardaire. C’est une « adaptation » moderne —
14877
e. C’est une « adaptation » moderne — pour parler
le
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de l
14878
pour parler le langage du cinéma, seul adéquat en
l’
occurrence — de la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
14879
langage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence —
de
la primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion prof
14880
gage du cinéma, seul adéquat en l’occurrence — de
la
primauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane
14881
ma, seul adéquat en l’occurrence — de la primauté
de
l’amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une ab
14882
seul adéquat en l’occurrence — de la primauté de
l’
amour sur l’ordre social établi. Que la passion profane soit une absur
14883
t en l’occurrence — de la primauté de l’amour sur
l’
ordre social établi. Que la passion profane soit une absurdité, une fo
14884
rimauté de l’amour sur l’ordre social établi. Que
la
passion profane soit une absurdité, une forme d’intoxication, une « m
14885
la passion profane soit une absurdité, une forme
d’
intoxication, une « maladie de l’âme », comme pensaient les Anciens, t
14886
bsurdité, une forme d’intoxication, une « maladie
de
l’âme », comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le rec
14887
rdité, une forme d’intoxication, une « maladie de
l’
âme », comme pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à le reconn
14888
cation, une « maladie de l’âme », comme pensaient
les
Anciens, tout le monde est prêt à le reconnaître, c’est un des lieux
14889
e pensaient les Anciens, tout le monde est prêt à
le
reconnaître, c’est un des lieux communs les plus usés des moralistes
14890
prêt à le reconnaître, c’est un des lieux communs
les
plus usés des moralistes : mais personne ne peut plus le croire, à l’
14891
usés des moralistes : mais personne ne peut plus
le
croire, à l’âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins
14892
alistes : mais personne ne peut plus le croire, à
l’
âge du film et du roman — nous sommes tous plus ou moins intoxiqués —
14893
moins intoxiqués — et cette nuance est décisive.
Le
moderne, l’homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révél
14894
iqués — et cette nuance est décisive. Le moderne,
l’
homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur l
14895
et cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme
de
la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même
14896
cette nuance est décisive. Le moderne, l’homme de
la
passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
14897
cisive. Le moderne, l’homme de la passion, attend
de
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général :
14898
ive. Le moderne, l’homme de la passion, attend de
l’
amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou la vie en général : de
14899
l’amour fatal quelque révélation, sur lui-même ou
la
vie en général : dernier relent de la mystique primitive. De la poési
14900
ur lui-même ou la vie en général : dernier relent
de
la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion
14901
lui-même ou la vie en général : dernier relent de
la
mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’
14902
énéral : dernier relent de la mystique primitive.
De
la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure
14903
ral : dernier relent de la mystique primitive. De
la
poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C
14904
r relent de la mystique primitive. De la poésie à
l’
anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui
14905
ue primitive. De la poésie à l’anecdote piquante,
la
passion c’est toujours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’
14906
à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours
l’
aventure. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu, de ris
14907
jours l’aventure. C’est ce qui va changer ma vie,
l’
enrichir d’imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus
14908
nture. C’est ce qui va changer ma vie, l’enrichir
d’
imprévu, de risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes
14909
t ce qui va changer ma vie, l’enrichir d’imprévu,
de
risques exaltants, de jouissances toujours plus violentes ou flatteus
14910
vie, l’enrichir d’imprévu, de risques exaltants,
de
jouissances toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout le poss
14911
toujours plus violentes ou flatteuses. C’est tout
le
possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir ! Je vais y en
14912
je vais y monter, je vais y être « transporté » !
La
sempiternelle illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ? — la plus
14913
être « transporté » ! La sempiternelle illusion,
la
plus naïve et — j’ai beau dire ? — la plus « naturelle » pensera-t-on
14914
e illusion, la plus naïve et — j’ai beau dire ? —
la
plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion de
14915
? — la plus « naturelle » pensera-t-on… Illusion
de
liberté. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se
14916
» pensera-t-on… Illusion de liberté. Et illusion
de
plénitude. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
14917
. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais
l’
homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, je
14918
merai libre un homme qui se possède. Mais l’homme
de
la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors
14919
ai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de
la
passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté hors de
14920
à être possédé, dépossédé, jeté hors de soi, dans
l’
extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont
14921
é, dépossédé, jeté hors de soi, dans l’extase. Et
de
fait, c’est déjà sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore l’o
14922
l’extase. Et de fait, c’est déjà sa nostalgie qui
le
« démeine » — dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion de lib
14923
sa nostalgie qui le « démeine » — dont il ignore
l’
origine et la fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ign
14924
qui le « démeine » — dont il ignore l’origine et
la
fin. Son illusion de liberté repose sur cette double ignorance. Le pa
14925
dont il ignore l’origine et la fin. Son illusion
de
liberté repose sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’homm
14926
ion de liberté repose sur cette double ignorance.
Le
passionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type de femme » et n’
14927
e sur cette double ignorance. Le passionné, c’est
l’
homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souve
14928
sionné, c’est l’homme qui veut trouver son « type
de
femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’appari
14929
n’aimer qu’elle. Souvenez-vous du rêve de Nerval,
l’
apparition d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance :
14930
le. Souvenez-vous du rêve de Nerval, l’apparition
d’
une noble Dame dans le paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux
14931
êve de Nerval, l’apparition d’une noble Dame dans
le
paysage des souvenirs d’enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses hab
14932
on d’une noble Dame dans le paysage des souvenirs
d’
enfance : Blonde, aux yeux noirs, en ses habits anciens Que dans une
14933
tre J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image
de
la mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêch
14934
J’ai déjà vue, et dont je me souviens… Image de
la
mère, sans nul doute, et la psychanalyse nous apprend quels empêcheme
14935
e souviens… Image de la mère, sans nul doute, et
la
psychanalyse nous apprend quels empêchements tragiques cela peut sign
14936
empêchements tragiques cela peut signifier. Mais
l’
exemple d’un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une il
14937
nts tragiques cela peut signifier. Mais l’exemple
d’
un poète ne vaut rien ou vaut trop. J’entends décrire une illusion app
14938
trop. J’entends décrire une illusion apprise par
la
majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la
14939
té des hommes du xxe siècle : or plus encore que
l’
image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
14940
ommes du xxe siècle : or plus encore que l’image
de
la Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos j
14941
es du xxe siècle : or plus encore que l’image de
la
Mère, ce qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jour
14942
e : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui
les
tyrannise, c’est la « beauté standard ». De nos jours — et ce n’est q
14943
e l’image de la Mère, ce qui les tyrannise, c’est
la
« beauté standard ». De nos jours — et ce n’est qu’un début — un homm
14944
qui les tyrannise, c’est la « beauté standard ».
De
nos jours — et ce n’est qu’un début — un homme qui se prend de passio
14945
— et ce n’est qu’un début — un homme qui se prend
de
passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, est présumé neura
14946
e, est présumé neurasthénique. (Dans x années, on
le
fera soigner.) Certes, la standardisation des types de femmes admis p
14947
que. (Dans x années, on le fera soigner.) Certes,
la
standardisation des types de femmes admis pour « beaux » se produit n
14948
ra soigner.) Certes, la standardisation des types
de
femmes admis pour « beaux » se produit normalement dans chaque généra
14949
dans chaque génération, de même que chaque époque
de
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la
14950
s chaque génération, de même que chaque époque de
la
mode préfère soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit la lig
14951
de même que chaque époque de la mode préfère soit
la
tête, soit le buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le
14952
aque époque de la mode préfère soit la tête, soit
le
buste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme est
14953
la mode préfère soit la tête, soit le buste, soit
la
croupe, soit la ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
14954
soit la tête, soit le buste, soit la croupe, soit
la
ligne sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint de nos jours un
14955
ste, soit la croupe, soit la ligne sportive. Mais
le
panurgisme esthétique atteint de nos jours une puissance inconnue, dé
14956
e sportive. Mais le panurgisme esthétique atteint
de
nos jours une puissance inconnue, développée par tous les moyens tech
14957
jours une puissance inconnue, développée par tous
les
moyens techniques, et parfois politiques, en sorte que le choix d’un
14958
s techniques, et parfois politiques, en sorte que
le
choix d’un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel
14959
ues, et parfois politiques, en sorte que le choix
d’
un type de femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se t
14960
rfois politiques, en sorte que le choix d’un type
de
femme échappe de plus en plus au mystère personnel, et se trouve déte
14961
el, et se trouve déterminé par Hollywood — ou par
l’
État. Double influence de la beauté-standard : elle définit d’avance l
14962
é par Hollywood — ou par l’État. Double influence
de
la beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — dé
14963
ar Hollywood — ou par l’État. Double influence de
la
beauté-standard : elle définit d’avance l’objet de la passion — déper
14964
le influence de la beauté-standard : elle définit
d’
avance l’objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et d
14965
nce de la beauté-standard : elle définit d’avance
l’
objet de la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifi
14966
a beauté-standard : elle définit d’avance l’objet
de
la passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mar
14967
eauté-standard : elle définit d’avance l’objet de
la
passion — dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie le mariag
14968
dépersonnalisé dans cette mesure — et disqualifie
le
mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. Ai
14969
dans cette mesure — et disqualifie le mariage, si
l’
épouse ne ressemble pas à la star la plus obsédante. Ainsi la « libert
14970
alifie le mariage, si l’épouse ne ressemble pas à
la
star la plus obsédante. Ainsi la « liberté » de la passion relève des
14971
e mariage, si l’épouse ne ressemble pas à la star
la
plus obsédante. Ainsi la « liberté » de la passion relève des statist
14972
ressemble pas à la star la plus obsédante. Ainsi
la
« liberté » de la passion relève des statistiques publicitaires. L’ho
14973
à la star la plus obsédante. Ainsi la « liberté »
de
la passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit d
14974
a star la plus obsédante. Ainsi la « liberté » de
la
passion relève des statistiques publicitaires. L’homme qui croit dési
14975
la passion relève des statistiques publicitaires.
L’
homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement dét
14976
icitaires. L’homme qui croit désirer « son » type
de
femme se trouve intimement déterminé par des facteurs de mode ou de c
14977
e se trouve intimement déterminé par des facteurs
de
mode ou de commerce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser Iseu
14978
intimement déterminé par des facteurs de mode ou
de
commerce, c’est-à-dire par la nouveauté. 4.Épouser Iseut ? Supp
14979
facteurs de mode ou de commerce, c’est-à-dire par
la
nouveauté. 4.Épouser Iseut ? Supposons maintenant que, malgré t
14980
Iseut ? Supposons maintenant que, malgré tout,
l’
homme parvienne à se fixer sur un type, compromis entre ce qu’il aime
14981
un type, compromis entre ce qu’il aime et ce que
le
film le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît.
14982
, compromis entre ce qu’il aime et ce que le film
le
persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est el
14983
entre ce qu’il aime et ce que le film le persuade
d’
aimer. Il rencontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
14984
le persuade d’aimer. Il rencontre cette femme, il
la
reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et, de sa plus secrète n
14985
ncontre cette femme, il la reconnaît. C’est elle,
la
femme de son désir et, de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve2
14986
ette femme, il la reconnaît. C’est elle, la femme
de
son désir et, de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve205 ; elle
14987
reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et,
de
sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve205 ; elle est mariée, natu
14988
me de son désir et, de sa plus secrète nostalgie,
l’
Iseut du rêve205 ; elle est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et
14989
est mariée, naturellement. Qu’elle divorce, et il
l’
épousera ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera l’épanouisseme
14990
le divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce sera
la
« vraie vie », ce sera l’épanouissement de ce Tristan qu’il porte en
14991
ra ! Avec elle, ce sera la « vraie vie », ce sera
l’
épanouissement de ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché
14992
e sera la « vraie vie », ce sera l’épanouissement
de
ce Tristan qu’il porte en soi comme son génie caché ! Et plus rien ne
14993
génie caché ! Et plus rien ne compte en regard de
la
révélation mythique. (Pas même la couronne s’il est roi.) Voilà le vr
14994
te en regard de la révélation mythique. (Pas même
la
couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne : l
14995
hique. (Pas même la couronne s’il est roi.) Voilà
le
vrai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais
14996
a couronne s’il est roi.) Voilà le vrai « mariage
d’
amour » moderne : le mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît un
14997
roi.) Voilà le vrai « mariage d’amour » moderne :
le
mariage avec la passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’ent
14998
rai « mariage d’amour » moderne : le mariage avec
la
passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou le pu
14999
a passion ! Mais aussitôt paraît une anxiété dans
l’
entourage (ou le public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette I
15000
aussitôt paraît une anxiété dans l’entourage (ou
le
public) : l’amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois ép
15001
aît une anxiété dans l’entourage (ou le public) :
l’
amant comblé va-t-il encore aimer cette Iseut une fois épousée ? Une n
15002
cette Iseut une fois épousée ? Une nostalgie que
l’
on chérissait est-elle encore désirable une fois rejointe ? Car Iseut,
15003
ble une fois rejointe ? Car Iseut, c’est toujours
l’
étrangère, l’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éterne
15004
rejointe ? Car Iseut, c’est toujours l’étrangère,
l’
étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyan
15005
eut, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même
de
la femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant e
15006
, c’est toujours l’étrangère, l’étrangeté même de
la
femme, et tout ce qu’il y a d’éternellement fuyant, évanouissant et p
15007
’étrangeté même de la femme, et tout ce qu’il y a
d’
éternellement fuyant, évanouissant et presque hostile dans un être, ce
15008
sque hostile dans un être, cela même qui invite à
la
poursuite et qui éveille l’avidité de posséder, plus délicieuse que t
15009
ela même qui invite à la poursuite et qui éveille
l’
avidité de posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l
15010
ui invite à la poursuite et qui éveille l’avidité
de
posséder, plus délicieuse que toute possession au cœur de l’homme en
15011
der, plus délicieuse que toute possession au cœur
de
l’homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la
15012
, plus délicieuse que toute possession au cœur de
l’
homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la per
15013
ssion au cœur de l’homme en proie au mythe. C’est
la
femme-dont-on-est-séparé : on la perd en la possédant. Alors commence
15014
au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on
la
perd en la possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’i
15015
C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en
la
possédant. Alors commence une « passion » nouvelle. On s’ingénie à re
15016
e « passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler
l’
obstacle et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient d
15017
nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’obstacle et
le
combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses bras,
15018
er l’obstacle et le combat. On imagine différente
la
femme que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en
15019
et le combat. On imagine différente la femme que
l’
on tient dans ses bras, on la déguise et on l’éloigne en rêve, on s’ac
15020
férente la femme que l’on tient dans ses bras, on
la
déguise et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentimen
15021
que l’on tient dans ses bras, on la déguise et on
l’
éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser les sentiments qui sont en tr
15022
et on l’éloigne en rêve, on s’acharne à dépayser
les
sentiments qui sont en train de se nouer dans une durée étale et trop
15023
désirer et pour exalter ce désir aux proportions
d’
une passion consciente, intense, infiniment intéressante… Or c’est la
15024
iente, intense, infiniment intéressante… Or c’est
la
douleur seule qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi l’on
15025
te… Or c’est la douleur seule qui rend consciente
la
passion, et c’est pourquoi l’on aime souffrir, et faire souffrir. Lor
15026
qui rend consciente la passion, et c’est pourquoi
l’
on aime souffrir, et faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
15027
faire souffrir. Lorsque Tristan emmène Iseut dans
la
forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de la passion
15028
la forêt, où plus rien ne s’oppose à leur union,
le
génie de la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons
15029
, où plus rien ne s’oppose à leur union, le génie
de
la passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques
15030
ù plus rien ne s’oppose à leur union, le génie de
la
passion dépose entre leurs corps une épée nue. Descendons quelques si
15031
ne épée nue. Descendons quelques siècles et toute
l’
échelle qui va de l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où
15032
endons quelques siècles et toute l’échelle qui va
de
l’héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les
15033
ons quelques siècles et toute l’échelle qui va de
l’
héroïsme religieux à la confusion sans grandeur où se débattent les ho
15034
toute l’échelle qui va de l’héroïsme religieux à
la
confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane :
15035
ieux à la confusion sans grandeur où se débattent
les
hommes du temps profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bo
15036
ébattent les hommes du temps profane : au lieu de
l’
épée du chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici le rêve sourn
15037
s profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre
le
bourgeois et sa femme, voici le rêve sournois du mari qui ne peut plu
15038
chevalier, entre le bourgeois et sa femme, voici
le
rêve sournois du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en l’imagi
15039
s du mari qui ne peut plus désirer sa femme qu’en
l’
imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne la recette, dans sa Physiol
15040
u’en l’imaginant sa maîtresse. (Balzac déjà donne
la
recette, dans sa Physiologie du mariage.) Une innombrable et écœurant
15041
romanesque nous peint ce type du mari qui redoute
la
« platitude », le train-train des liens légitimes où la femme perd so
15042
int ce type du mari qui redoute la « platitude »,
le
train-train des liens légitimes où la femme perd son « attrait », par
15043
latitude », le train-train des liens légitimes où
la
femme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’obstacles entre
15044
emme perd son « attrait », parce qu’il n’est plus
d’
obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’hor
15045
’obstacles entre elle et lui. Pitoyables victimes
d’
un mythe dont l’horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour
15046
elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont
l’
horizon mystique s’est refermé depuis longtemps. Pour Tristan, Iseut n
15047
s longtemps. Pour Tristan, Iseut n’était rien que
le
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante,
15048
symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était
la
mort divinisante, libératrice des liens terrestres. Il fallait donc q
15049
es liens terrestres. Il fallait donc qu’Iseut fût
l’
Impossible, car tout amour possible nous ramène à ces liens, nous rédu
15050
ramène à ces liens, nous réduit aux limites dans
l’
espace et le temps sans lesquelles il n’est point de « créatures » — a
15051
s liens, nous réduit aux limites dans l’espace et
le
temps sans lesquelles il n’est point de « créatures » — alors que le
15052
espace et le temps sans lesquelles il n’est point
de
« créatures » — alors que le seul but de l’amour infini ne peut être
15053
elles il n’est point de « créatures » — alors que
le
seul but de l’amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre id
15054
st point de « créatures » — alors que le seul but
de
l’amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu,
15055
point de « créatures » — alors que le seul but de
l’
amour infini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou
15056
ue le seul but de l’amour infini ne peut être que
le
divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui q
15057
fini ne peut être que le divin : Dieu, notre idée
de
Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter
15058
être que le divin : Dieu, notre idée de Dieu, ou
le
Moi déifié. Mais pour celui que le mythe vient tourmenter sans lui ré
15059
ée de Dieu, ou le Moi déifié. Mais pour celui que
le
mythe vient tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est d’au-del
15060
tourmenter sans lui révéler son secret, il n’est
d’
au-delà de la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment
15061
r sans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà
de
la passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau d
15062
ans lui révéler son secret, il n’est d’au-delà de
la
passion que dans une passion nouvelle — dans le tourment nouveau de l
15063
e la passion que dans une passion nouvelle — dans
le
tourment nouveau de la poursuite d’apparences toujours plus fugitives
15064
s une passion nouvelle — dans le tourment nouveau
de
la poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nat
15065
ne passion nouvelle — dans le tourment nouveau de
la
poursuite d’apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature
15066
uvelle — dans le tourment nouveau de la poursuite
d’
apparences toujours plus fugitives. Il était de la nature essentielle
15067
te d’apparences toujours plus fugitives. Il était
de
la nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin – et c’e
15068
d’apparences toujours plus fugitives. Il était de
la
nature essentielle de la passion mystique d’être sans fin – et c’est
15069
plus fugitives. Il était de la nature essentielle
de
la passion mystique d’être sans fin – et c’est par là que cette passi
15070
s fugitives. Il était de la nature essentielle de
la
passion mystique d’être sans fin – et c’est par là que cette passion
15071
t de la nature essentielle de la passion mystique
d’
être sans fin – et c’est par là que cette passion se détachait des ryt
15072
s du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan
l’
infini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit la conscience doulo
15073
el ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est
l’
éternité sans retour où s’évanouit la conscience douloureuse — pour le
15074
nfini, c’est l’éternité sans retour où s’évanouit
la
conscience douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que le retour
15075
ur où s’évanouit la conscience douloureuse — pour
le
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel d’une ardeur constam
15076
douloureuse — pour le moderne, ce n’est plus que
le
retour sempiternel d’une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait
15077
moderne, ce n’est plus que le retour sempiternel
d’
une ardeur constamment déçue. Le mythe décrivait une fatalité dont ses
15078
etour sempiternel d’une ardeur constamment déçue.
Le
mythe décrivait une fatalité dont ses victimes ne pouvaient se délivr
15079
t se délivrer qu’en échappant au monde fini. Mais
la
passion dite « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent les moder
15080
nde fini. Mais la passion dite « fatale » — c’est
l’
alibi — où se complaisent les modernes, ne sait plus même être fidèle,
15081
te « fatale » — c’est l’alibi — où se complaisent
les
modernes, ne sait plus même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fi
15082
s même être fidèle, puisqu’elle n’a plus pour fin
la
transcendance. Elle épuise l’une après l’autre les illusions que lui
15083
la transcendance. Elle épuise l’une après l’autre
les
illusions que lui proposent divers objets, trop faciles à saisir. Au
15084
objets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à
la
mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un T
15085
a mort, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent
la
dégradation d’un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Pourtant ce n’est pa
15086
dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation
d’
un Tristan qui a plusieurs Iseut ? Pourtant ce n’est pas lui qu’il con
15087
Iseut ? Pourtant ce n’est pas lui qu’il convient
d’
accuser, mais il est la victime d’un ordre social où les obstacles se
15088
est pas lui qu’il convient d’accuser, mais il est
la
victime d’un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cède
15089
qu’il convient d’accuser, mais il est la victime
d’
un ordre social où les obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vit
15090
user, mais il est la victime d’un ordre social où
les
obstacles se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant qu
15091
radés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant que
l’
expérience ait abouti. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
15092
. Sans cesse, il faut recommencer cette ascension
de
l’âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse v
15093
ans cesse, il faut recommencer cette ascension de
l’
âme dressée contre le monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
15094
commencer cette ascension de l’âme dressée contre
le
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers le type contraire du
15095
sion de l’âme dressée contre le monde. Mais alors
le
Tristan moderne glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’homme
15096
monde. Mais alors le Tristan moderne glisse vers
le
type contraire du Don Juan, de l’homme aux amours successives. Les ca
15097
oderne glisse vers le type contraire du Don Juan,
de
l’homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’avent
15098
rne glisse vers le type contraire du Don Juan, de
l’
homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure
15099
e du Don Juan, de l’homme aux amours successives.
Les
catégories se détruisent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul
15100
amours successives. Les catégories se détruisent,
l’
aventure n’est plus même exemplaire. Seul, le Don Juan mythique échapp
15101
ent, l’aventure n’est plus même exemplaire. Seul,
le
Don Juan mythique échappait à cette consomption. Mais Don Juan ne con
15102
à cette consomption. Mais Don Juan ne connaît pas
d’
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déch
15103
omption. Mais Don Juan ne connaît pas d’Iseut, ni
de
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni de déchirements vol
15104
nnaît pas d’Iseut, ni de passion inaccessible, ni
de
passé ni d’avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dan
15105
Iseut, ni de passion inaccessible, ni de passé ni
d’
avenir, ni de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat
15106
passion inaccessible, ni de passé ni d’avenir, ni
de
déchirements voluptueux. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jama
15107
de déchirements voluptueux. Il vit toujours dans
l’
immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et de se souveni
15108
x. Il vit toujours dans l’immédiat, il n’a jamais
le
temps d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il dé
15109
toujours dans l’immédiat, il n’a jamais le temps
d’
aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne l
15110
dans l’immédiat, il n’a jamais le temps d’aimer —
d’
attendre et de se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste
15111
t, il n’a jamais le temps d’aimer — d’attendre et
de
se souvenir — et rien de ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’
15112
d’aimer — d’attendre et de se souvenir — et rien
de
ce qu’il désire ne lui résiste, puisqu’il n’aime pas ce qui lui résis
15113
l n’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens
de
la passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissem
15114
’aime pas ce qui lui résiste. ⁂ Aimer, au sens de
la
passion, c’est alors le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
15115
iste. ⁂ Aimer, au sens de la passion, c’est alors
le
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse s
15116
, au sens de la passion, c’est alors le contraire
de
vivre ! C’est un appauvrissement de l’être, une ascèse sans au-delà,
15117
le contraire de vivre ! C’est un appauvrissement
de
l’être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent s
15118
contraire de vivre ! C’est un appauvrissement de
l’
être, une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
15119
une ascèse sans au-delà, une impuissance à aimer
le
présent sans l’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la po
15120
au-delà, une impuissance à aimer le présent sans
l’
imaginer comme absent, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
15121
’imaginer comme absent, une fuite sans fin devant
la
possession. Aimer d’amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan,
15122
t, une fuite sans fin devant la possession. Aimer
d’
amour-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car la vraie vie qu’i
15123
ur-passion signifiait « vivre » pour Tristan, car
la
vraie vie qu’il appelait, c’était la mort transfigurante. Mais nous a
15124
Tristan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était
la
mort transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort
15125
ait la mort transfigurante. Mais nous avons perdu
la
transcendance. La mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette
15126
igurante. Mais nous avons perdu la transcendance.
La
mort n’est plus qu’une lente consomption. À cette lumière, que jette
15127
À cette lumière, que jette sur nos psychologies
la
connaissance du mythe primitif, les succès du roman et du film appara
15128
s psychologies la connaissance du mythe primitif,
les
succès du roman et du film apparaissent comme les signes certains d’u
15129
les succès du roman et du film apparaissent comme
les
signes certains d’une décadence de la personne chez les modernes, et
15130
et du film apparaissent comme les signes certains
d’
une décadence de la personne chez les modernes, et d’une espèce de mal
15131
aissent comme les signes certains d’une décadence
de
la personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être.
15132
sent comme les signes certains d’une décadence de
la
personne chez les modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Pre
15133
gnes certains d’une décadence de la personne chez
les
modernes, et d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les co
15134
ne décadence de la personne chez les modernes, et
d’
une espèce de maladie de l’être. Presque toutes les complications qui
15135
de la personne chez les modernes, et d’une espèce
de
maladie de l’être. Presque toutes les complications qui servent d’int
15136
nne chez les modernes, et d’une espèce de maladie
de
l’être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à no
15137
chez les modernes, et d’une espèce de maladie de
l’
être. Presque toutes les complications qui servent d’intrigues à nos a
15138
d’une espèce de maladie de l’être. Presque toutes
les
complications qui servent d’intrigues à nos auteurs se ramènent au sc
15139
tre. Presque toutes les complications qui servent
d’
intrigues à nos auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses de la
15140
auteurs se ramènent au schéma monotone des ruses
de
la passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile po
15141
teurs se ramènent au schéma monotone des ruses de
la
passion pour s’« entretenir », — des ruses d’une passion débile pour
15142
de la passion pour s’« entretenir », — des ruses
d’
une passion débile pour s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe
15143
s’inventer de plus secrets obstacles. Je songe à
la
psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désir
15144
plus secrets obstacles. Je songe à la psychologie
de
la jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée,
15145
s secrets obstacles. Je songe à la psychologie de
la
jalousie, qui envahit nos analyses : jalousie désirée, provoquée, sou
15146
t favorisée, et non plus chez l’autre seulement —
la
coquetterie est un peu simple — mais on en vient à désirer que l’être
15147
st un peu simple — mais on en vient à désirer que
l’
être aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau le poursuivre et
15148
e aimé soit infidèle pour qu’on puisse de nouveau
le
poursuivre et « ressentir » l’amour en soi… Tout cela signifie, une f
15149
puisse de nouveau le poursuivre et « ressentir »
l’
amour en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que le mythe des a
15150
en soi… Tout cela signifie, une fois de plus, que
le
mythe des amants « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique. Le r
15151
s « ravis » s’est dégradé en perdant sa mystique.
Le
ravissement n’est plus qu’une sensation — n’aboutit pas. On retombe s
15152
n — n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde
de
la comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes d
15153
n’aboutit pas. On retombe sans cesse au monde de
la
comparaison, qui est le monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès
15154
be sans cesse au monde de la comparaison, qui est
le
monde de la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seui
15155
esse au monde de la comparaison, qui est le monde
de
la jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffre
15156
e au monde de la comparaison, qui est le monde de
la
jalousie. « Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
15157
et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent
de
jalousie », dit un poème tibétain206. C’est que, passant « leur seuil
15158
in206. C’est que, passant « leur seuil », sortant
de
leur être propre et du présent tel qu’il leur est donné, incapables d
15159
t du présent tel qu’il leur est donné, incapables
d’
accepter l’autre tel qu’il est, parce qu’il faudrait tout d’abord s’ac
15160
r, qualités dont ils se sentent privés, et motifs
de
comparaisons qui toujours tournent à leur détriment. Le mari souffre
15161
paraisons qui toujours tournent à leur détriment.
Le
mari souffre des beautés qu’il aperçoit à d’autres femmes, et dont la
15162
et dont la sienne se trouve privée (même si tous
la
jugent la plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aim
15163
a sienne se trouve privée (même si tous la jugent
la
plus belle). C’est qu’il ne sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’i
15164
sait plus posséder, ni plus aimer ce qu’il a dans
le
réel. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de la fidélité.
15165
ni plus aimer ce qu’il a dans le réel. Il a perdu
la
seule chose nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici la fidélit
15166
s le réel. Il a perdu la seule chose nécessaire :
le
sens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation déci
15167
l. Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens
de
la fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’u
15168
Il a perdu la seule chose nécessaire : le sens de
la
fidélité. Car voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un ê
15169
se nécessaire : le sens de la fidélité. Car voici
la
fidélité : c’est l’acceptation décisive d’un être en soi, limité et r
15170
ens de la fidélité. Car voici la fidélité : c’est
l’
acceptation décisive d’un être en soi, limité et réel, que l’on choisi
15171
voici la fidélité : c’est l’acceptation décisive
d’
un être en soi, limité et réel, que l’on choisit non comme prétexte à
15172
on décisive d’un être en soi, limité et réel, que
l’
on choisit non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet de contemp
15173
non comme prétexte à s’exalter, ou comme « objet
de
contemplation », mais comme une existence incomparable et autonome à
15174
incomparable et autonome à son côté, une exigence
d’
amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer la passion : je me borne
15175
ce d’amour actif. ⁂ Je n’entends pas ici attaquer
la
passion : je me borne à la décrire et à la « réciter » comme dit Mont
15176
tends pas ici attaquer la passion : je me borne à
la
décrire et à la « réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien qu
15177
taquer la passion : je me borne à la décrire et à
la
« réciter » comme dit Montaigne, sachant fort bien que je ne convainc
15178
comment cette passion développe un certain nombre
de
fatalités psychologiques dont les effets ne sont plus contestables. Q
15179
n certain nombre de fatalités psychologiques dont
les
effets ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
15180
es dont les effets ne sont plus contestables. Que
l’
on soit partisan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passi
15181
ne sont plus contestables. Que l’on soit partisan
de
l’une ou de l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée mêm
15182
contestables. Que l’on soit partisan de l’une ou
de
l’autre, il faut admettre que la passion ruine l’idée même du mariage
15183
isan de l’une ou de l’autre, il faut admettre que
la
passion ruine l’idée même du mariage dans une époque où l’on tente la
15184
de l’autre, il faut admettre que la passion ruine
l’
idée même du mariage dans une époque où l’on tente la gageure de fonde
15185
n ruine l’idée même du mariage dans une époque où
l’
on tente la gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs
15186
dée même du mariage dans une époque où l’on tente
la
gageure de fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées
15187
mariage dans une époque où l’on tente la gageure
de
fonder le mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éth
15188
ans une époque où l’on tente la gageure de fonder
le
mariage, précisément, sur les valeurs élaborées par une éthique de la
15189
la gageure de fonder le mariage, précisément, sur
les
valeurs élaborées par une éthique de la passion. Certes, il serait ex
15190
sément, sur les valeurs élaborées par une éthique
de
la passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de no
15191
ent, sur les valeurs élaborées par une éthique de
la
passion. Certes, il serait excessif d’estimer que la plupart de nos c
15192
éthique de la passion. Certes, il serait excessif
d’
estimer que la plupart de nos contemporains sont en proie au délire de
15193
part de nos contemporains sont en proie au délire
de
Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire le philtre, et j’en vois
15194
re de Tristan. Bien peu ont assez soif pour boire
le
philtre, et j’en vois moins encore être élus par le sort pour succomb
15195
philtre, et j’en vois moins encore être élus par
le
sort pour succomber au tourment exemplaire. Mais tous ou presque tous
15196
êvassent. Et si brouillée, et défraîchie que soit
l’
empreinte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de l’i
15197
einte du mythe primitif, c’est pourtant là qu’est
le
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne
15198
ythe primitif, c’est pourtant là qu’est le secret
de
l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne a
15199
e primitif, c’est pourtant là qu’est le secret de
l’
inquiétude qui tourmente aujourd’hui les couples. Rien ne répugne auta
15200
secret de l’inquiétude qui tourmente aujourd’hui
les
couples. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée d’une
15201
s. Rien ne répugne autant à un esprit moderne que
l’
idée d’une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte da
15202
ne répugne autant à un esprit moderne que l’idée
d’
une limitation volontairement assumée ; et rien ne le flatte davantage
15203
ne limitation volontairement assumée ; et rien ne
le
flatte davantage que le mirage d’infini dépassement entretenu par le
15204
ment assumée ; et rien ne le flatte davantage que
le
mirage d’infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essay
15205
ée ; et rien ne le flatte davantage que le mirage
d’
infini dépassement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer de pren
15206
que le mirage d’infini dépassement entretenu par
le
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de la nature du phén
15207
ement entretenu par le souvenir du mythe. Essayer
de
prendre conscience de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
15208
souvenir du mythe. Essayer de prendre conscience
de
la nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyse
15209
uvenir du mythe. Essayer de prendre conscience de
la
nature du phénomène, c’est à quoi se résume l’ambition des analyses q
15210
de la nature du phénomène, c’est à quoi se résume
l’
ambition des analyses qui précèdent ; mais je sens bien qu’elles m’ont
15211
trop nos illusions pour souffrir même qu’on nous
les
nomme… 5.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie perm
15212
pour souffrir même qu’on nous les nomme… 5.De
l’
anarchie à l’eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représe
15213
r même qu’on nous les nomme… 5.De l’anarchie à
l’
eugénisme Cependant, l’anarchie permanente que représente le mariag
15214
e… 5.De l’anarchie à l’eugénisme Cependant,
l’
anarchie permanente que représente le mariage moderne fondé — par anti
15215
Cependant, l’anarchie permanente que représente
le
mariage moderne fondé — par antiphrase — sur les débris du mythe, ent
15216
e le mariage moderne fondé — par antiphrase — sur
les
débris du mythe, entraîne des menaces évidemment intolérables pour to
15217
le même pas du danger spirituel que fait courir à
la
personne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les mult
15218
du danger spirituel que fait courir à la personne
l’
éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentat
15219
spirituel que fait courir à la personne l’éthique
de
l’évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentatives de «
15220
rituel que fait courir à la personne l’éthique de
l’
évasion, qui est née du mythe.) D’où les multiples tentatives de « res
15221
ne l’éthique de l’évasion, qui est née du mythe.)
D’
où les multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles
15222
éthique de l’évasion, qui est née du mythe.) D’où
les
multiples tentatives de « restauration » du mariage auxquelles nous a
15223
est née du mythe.) D’où les multiples tentatives
de
« restauration » du mariage auxquelles nous avons assisté depuis la P
15224
assisté depuis la Première Guerre mondiale, début
de
l’ère totalitaire. Les Églises font un honorable effort de redéfiniti
15225
isté depuis la Première Guerre mondiale, début de
l’
ère totalitaire. Les Églises font un honorable effort de redéfinition
15226
ière Guerre mondiale, début de l’ère totalitaire.
Les
Églises font un honorable effort de redéfinition de l’institution et
15227
totalitaire. Les Églises font un honorable effort
de
redéfinition de l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique2
15228
Églises font un honorable effort de redéfinition
de
l’institution et des devoirs moraux qu’elle implique207. Les humanist
15229
lises font un honorable effort de redéfinition de
l’
institution et des devoirs moraux qu’elle implique207. Les humanistes
15230
tution et des devoirs moraux qu’elle implique207.
Les
humanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou d’un Engels en fav
15231
ux qu’elle implique207. Les humanistes reprennent
les
arguments d’un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le
15232
lique207. Les humanistes reprennent les arguments
d’
un Goethe ou d’un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il f
15233
umanistes reprennent les arguments d’un Goethe ou
d’
un Engels en faveur du mariage : selon le premier, il faut y voir la g
15234
eur du mariage : selon le premier, il faut y voir
la
grande conquête de la culture occidentale, et le fondement solide de
15235
lon le premier, il faut y voir la grande conquête
de
la culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnel
15236
le premier, il faut y voir la grande conquête de
la
culture occidentale, et le fondement solide de toute vie personnelle
15237
la grande conquête de la culture occidentale, et
le
fondement solide de toute vie personnelle ; selon le second, l’union
15238
de la culture occidentale, et le fondement solide
de
toute vie personnelle ; selon le second, l’union monogamique serait l
15239
olide de toute vie personnelle ; selon le second,
l’
union monogamique serait la forme la plus rationnelle des relations en
15240
lle ; selon le second, l’union monogamique serait
la
forme la plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une soc
15241
on le second, l’union monogamique serait la forme
la
plus rationnelle des relations entre les sexes, dans une société libé
15242
la forme la plus rationnelle des relations entre
les
sexes, dans une société libérée des contraintes de classes et d’argen
15243
s sexes, dans une société libérée des contraintes
de
classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science
15244
une société libérée des contraintes de classes et
d’
argent. D’autres enfin s’efforcent de fonder une science des rapports
15245
e classes et d’argent. D’autres enfin s’efforcent
de
fonder une science des rapports conjugaux. Jung analyse le « conflit
15246
une science des rapports conjugaux. Jung analyse
le
« conflit psychologique » et les « névroses » qui seraient à l’origin
15247
aux. Jung analyse le « conflit psychologique » et
les
« névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que la
15248
sychologique » et les « névroses » qui seraient à
l’
origine du mal (d’où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tou
15249
les « névroses » qui seraient à l’origine du mal (
d’
où l’on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde o
15250
névroses » qui seraient à l’origine du mal (d’où
l’
on déduit que la médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hir
15251
seraient à l’origine du mal (d’où l’on déduit que
la
médecine mentale guérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient l
15252
uérirait tout). Van de Velde ou Hirschfeld voient
le
remède dans une connaissance plus exacte et largement vulgarisée des
15253
e et largement vulgarisée des phénomènes sexuels.
L’
abondance même de ces recherches208 et de ces recettes me rend sceptiq
15254
lgarisée des phénomènes sexuels. L’abondance même
de
ces recherches208 et de ces recettes me rend sceptique quant à leur e
15255
sexuels. L’abondance même de ces recherches208 et
de
ces recettes me rend sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
15256
d sceptique quant à leur efficacité : elle révèle
l’
étendue du désastre, sans apporter les éléments d’une révolution à sa
15257
elle révèle l’étendue du désastre, sans apporter
les
éléments d’une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de c
15258
l’étendue du désastre, sans apporter les éléments
d’
une révolution à sa mesure. En outre, il est frappant de constater que
15259
révolution à sa mesure. En outre, il est frappant
de
constater que presque tous ces sages auteurs donnent quelques lignes
15260
tous ces sages auteurs donnent quelques lignes à
la
louange de la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pou
15261
ages auteurs donnent quelques lignes à la louange
de
la passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raiso
15262
s auteurs donnent quelques lignes à la louange de
la
passion, ou tout au moins affectent de la tolérer : pour des raisons
15263
louange de la passion, ou tout au moins affectent
de
la tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’a
15264
ange de la passion, ou tout au moins affectent de
la
tolérer : pour des raisons trop faciles à concevoir, on craint d’atta
15265
r des raisons trop faciles à concevoir, on craint
d’
attaquer le lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus so
15266
ns trop faciles à concevoir, on craint d’attaquer
le
lecteur dans ses croyances les plus intimes et les plus solidement an
15267
n craint d’attaquer le lecteur dans ses croyances
les
plus intimes et les plus solidement ancrées. On a peur de paraître «
15268
le lecteur dans ses croyances les plus intimes et
les
plus solidement ancrées. On a peur de paraître « puritain ». On s’eff
15269
intimes et les plus solidement ancrées. On a peur
de
paraître « puritain ». On s’efforce de faire la part du feu, et l’on
15270
On a peur de paraître « puritain ». On s’efforce
de
faire la part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de
15271
r de paraître « puritain ». On s’efforce de faire
la
part du feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
15272
itain ». On s’efforce de faire la part du feu, et
l’
on va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter la passion amoureu
15273
feu, et l’on va même parfois jusqu’à ce paradoxe
de
présenter la passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéal
15274
va même parfois jusqu’à ce paradoxe de présenter
la
passion amoureuse comme le couronnement d’un hymen idéalement réalisé
15275
paradoxe de présenter la passion amoureuse comme
le
couronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Pe
15276
senter la passion amoureuse comme le couronnement
d’
un hymen idéalement réalisé (d’après les recettes). Personne, que je s
15277
uronnement d’un hymen idéalement réalisé (d’après
les
recettes). Personne, que je sache, n’a encore osé dire que l’amour te
15278
. Personne, que je sache, n’a encore osé dire que
l’
amour tel qu’on l’imagine de nos jours est la négation pure et simple
15279
sache, n’a encore osé dire que l’amour tel qu’on
l’
imagine de nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’o
15280
a encore osé dire que l’amour tel qu’on l’imagine
de
nos jours est la négation pure et simple du mariage que l’on prétend
15281
que l’amour tel qu’on l’imagine de nos jours est
la
négation pure et simple du mariage que l’on prétend fonder sur lui. C
15282
urs est la négation pure et simple du mariage que
l’
on prétend fonder sur lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
15283
r lui. C’est qu’on ne sait pas au juste ce qu’est
l’
amour-passion, ni d’où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a l
15284
e sait pas au juste ce qu’est l’amour-passion, ni
d’
où il vient, ni où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose d’in
15285
où il va. On sent bien qu’il y a là quelque chose
d’
inquiétant, mais on a peur, en le combattant, de parler comme un phili
15286
là quelque chose d’inquiétant, mais on a peur, en
le
combattant, de parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatal
15287
e d’inquiétant, mais on a peur, en le combattant,
de
parler comme un philistin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
15288
listin. (Ce qui se produirait fatalement !) Ainsi
l’
on passe avec une feinte légèreté à côté du problème fondamental. « Il
15289
me fondamental. « Il faut se faire lire et gagner
la
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute l’époque ; la passi
15290
e lire et gagner la confiance ; on ne remonte pas
le
courant de toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existe
15291
agner la confiance ; on ne remonte pas le courant
de
toute l’époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc tou
15292
confiance ; on ne remonte pas le courant de toute
l’
époque ; la passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et
15293
on ne remonte pas le courant de toute l’époque ;
la
passion a toujours existé, elle existera donc toujours, et nous ne so
15294
rs, et nous ne sommes pas des Don Quichotte… » Je
le
crois bien ! C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien de sér
15295
C’est même à cause de cela que vous ne ferez rien
de
sérieux. Et comme il faut pourtant que quelque chose se fasse, la seu
15296
omme il faut pourtant que quelque chose se fasse,
la
seule question qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est de sav
15297
e chose se fasse, la seule question qui se pose à
l’
historien, au sociologue, c’est de savoir quel mécanisme va se déclenc
15298
n qui se pose à l’historien, au sociologue, c’est
de
savoir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir la situation — o
15299
oir quel mécanisme va se déclencher pour rétablir
la
situation — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples de grande enve
15300
tion — ou quel réflexe collectif. ⁂ Deux exemples
de
grande envergure nous indiquent un type de réponse, une solution peut
15301
emples de grande envergure nous indiquent un type
de
réponse, une solution peut-être inévitable. La Russie de la Révolutio
15302
pe de réponse, une solution peut-être inévitable.
La
Russie de la Révolution connut un « déchaînement » sexuel de la jeune
15303
e la Révolution connut un « déchaînement » sexuel
de
la jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre
15304
a Révolution connut un « déchaînement » sexuel de
la
jeunesse que l’on serait tenté de juger sans précédent dans notre his
15305
nut un « déchaînement » sexuel de la jeunesse que
l’
on serait tenté de juger sans précédent dans notre histoire européenne
15306
ent » sexuel de la jeunesse que l’on serait tenté
de
juger sans précédent dans notre histoire européenne209. Quant au mari
15307
uant au mariage, il fut en principe balayé durant
la
période des Soviets. La morale des intellectuels nihilistes ou romant
15308
en principe balayé durant la période des Soviets.
La
morale des intellectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait les
15309
lectuels nihilistes ou romantiques, qui inspirait
les
jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans la réalité par une génér
15310
les jeunes chefs bolchéviques, se traduisit dans
la
réalité par une généralisation de l’union libre, de l’avortement, de
15311
traduisit dans la réalité par une généralisation
de
l’union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tou
15312
aduisit dans la réalité par une généralisation de
l’
union libre, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout c
15313
réalité par une généralisation de l’union libre,
de
l’avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait
15314
alité par une généralisation de l’union libre, de
l’
avortement, de l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait co
15315
généralisation de l’union libre, de l’avortement,
de
l’abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux pr
15316
éralisation de l’union libre, de l’avortement, de
l’
abandon des enfants, bref de tout ce qu’on croyait contraire aux préju
15317
, de l’avortement, de l’abandon des enfants, bref
de
tout ce qu’on croyait contraire aux préjugés réactionnaires, qu’on se
15318
s, qu’on se figurait, bien à tort, entretenus par
le
capitalisme. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à la camarad
15319
me. Dans une lettre fameuse adressée par Lénine à
la
camarade Zetkin, le chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste
15320
fameuse adressée par Lénine à la camarade Zetkin,
le
chef décrit ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute l’énergi
15321
ce désastre des mœurs, et il proteste avec toute
l’
énergie d’un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contr
15322
re des mœurs, et il proteste avec toute l’énergie
d’
un « révolutionnaire professionnel » — donc puritain — contre cette an
15323
n — contre cette anarchie sexuelle qu’il qualifie
de
« petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de l’express
15324
alifie de « petite-bourgeoise ». (On n’ignore pas
le
sens marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressemen
15325
e-bourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste
de
l’expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’e
15326
ourgeoise ». (On n’ignore pas le sens marxiste de
l’
expression.) Vingt ans plus tard, le « redressement des mœurs » s’est
15327
s marxiste de l’expression.) Vingt ans plus tard,
le
« redressement des mœurs » s’est opéré, non par quelque sursaut vertu
15328
opéré, non par quelque sursaut vertueux, non par
l’
initiative d’une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dicta
15329
ar quelque sursaut vertueux, non par l’initiative
d’
une ligue philanthropique, mais par les soins d’une dictature exacteme
15330
’initiative d’une ligue philanthropique, mais par
les
soins d’une dictature exactement consciente des conditions de sa duré
15331
e d’une ligue philanthropique, mais par les soins
d’
une dictature exactement consciente des conditions de sa durée. Stalin
15332
ne dictature exactement consciente des conditions
de
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain de refaire des cadr
15333
sa durée. Staline s’est assigné pour but prochain
de
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres, l’économie périclita
15334
refaire des cadres à sa nation. Car sans cadres,
l’
économie périclitait, et la « défense nationale » ne pouvait pas s’org
15335
tion. Car sans cadres, l’économie périclitait, et
la
« défense nationale » ne pouvait pas s’organiser sans un constant rec
15336
ouvait pas s’organiser sans un constant recours à
la
passion des premiers révolutionnaires : or c’était cette passion préc
15337
naires : or c’était cette passion précisément que
l’
on entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer les b
15338
sion précisément que l’on entendait « liquider ».
D’
où l’absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l
15339
précisément que l’on entendait « liquider ». D’où
l’
absolue nécessité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élém
15340
entendait « liquider ». D’où l’absolue nécessité
de
restaurer les bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stab
15341
liquider ». D’où l’absolue nécessité de restaurer
les
bases sociales, c’est-à-dire l’élément statique et stabilisateur au p
15342
ité de restaurer les bases sociales, c’est-à-dire
l’
élément statique et stabilisateur au premier chef qu’est la famille. C
15343
statique et stabilisateur au premier chef qu’est
la
famille. Ce fut le mécanisme de la dictature productiviste qui contra
15344
isateur au premier chef qu’est la famille. Ce fut
le
mécanisme de la dictature productiviste qui contraignit l’État dit so
15345
emier chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme
de
la dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à éd
15346
er chef qu’est la famille. Ce fut le mécanisme de
la
dictature productiviste qui contraignit l’État dit socialiste à édict
15347
sme de la dictature productiviste qui contraignit
l’
État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’
15348
raignit l’État dit socialiste à édicter une série
de
lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l
15349
dit socialiste à édicter une série de lois contre
le
divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’avortement et
15350
orce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre
l’
avortement et contre l’abandon des enfants nés hors mariage. La rigueu
15351
coup plus onéreux), contre l’avortement et contre
l’
abandon des enfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois, l
15352
et contre l’abandon des enfants nés hors mariage.
La
rigueur subite de ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquère
15353
n des enfants nés hors mariage. La rigueur subite
de
ces lois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande,
15354
nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois,
le
choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les mesur
15355
ois, le choc psychologique qu’elles provoquèrent,
la
propagande, et les mesures de contrôle policier de la vie privée, cha
15356
ologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et
les
mesures de contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement
15357
elles provoquèrent, la propagande, et les mesures
de
contrôle policier de la vie privée, changèrent notablement l’ambiance
15358
a propagande, et les mesures de contrôle policier
de
la vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie
15359
ropagande, et les mesures de contrôle policier de
la
vie privée, changèrent notablement l’ambiance morale de la Russie aux
15360
policier de la vie privée, changèrent notablement
l’
ambiance morale de la Russie aux environs de l’année 1936. Le mariage
15361
privée, changèrent notablement l’ambiance morale
de
la Russie aux environs de l’année 1936. Le mariage se trouva restauré
15362
ivée, changèrent notablement l’ambiance morale de
la
Russie aux environs de l’année 1936. Le mariage se trouva restauré su
15363
ement l’ambiance morale de la Russie aux environs
de
l’année 1936. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement
15364
nt l’ambiance morale de la Russie aux environs de
l’
année 1936. Le mariage se trouva restauré sur des bases strictement ut
15365
morale de la Russie aux environs de l’année 1936.
Le
mariage se trouva restauré sur des bases strictement utilitaires, col
15366
tivistes et eugéniques, et dans une atmosphère où
les
problèmes individuels tendaient à perdre toute espèce de dignité, de
15367
lèmes individuels tendaient à perdre toute espèce
de
dignité, de légitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne d’avan
15368
duels tendaient à perdre toute espèce de dignité,
de
légitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne d’avant Hitler att
15369
à perdre toute espèce de dignité, de légitimité,
de
virulence anarchisante. L’Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un
15370
ignité, de légitimité, de virulence anarchisante.
L’
Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle c
15371
égitimité, de virulence anarchisante. L’Allemagne
d’
avant Hitler atteignit-elle un stade d’anarchie sexuelle comparable à
15372
’Allemagne d’avant Hitler atteignit-elle un stade
d’
anarchie sexuelle comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le
15373
e un stade d’anarchie sexuelle comparable à celui
de
la Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles socia
15374
n stade d’anarchie sexuelle comparable à celui de
la
Russie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des obstacles sociaux,
15375
comparable à celui de la Russie jusqu’à Staline ?
Le
processus de ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé san
15376
celui de la Russie jusqu’à Staline ? Le processus
de
ruine des obstacles sociaux, pour s’y être développé sans violences e
15377
nces extérieures, n’avait que plus gravement miné
l’
éthique matrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de la passi
15378
it que plus gravement miné l’éthique matrimoniale
de
la jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du ro
15379
que plus gravement miné l’éthique matrimoniale de
la
jeunesse. La décadence du mythe de la passion dans la patrie du roman
15380
ement miné l’éthique matrimoniale de la jeunesse.
La
décadence du mythe de la passion dans la patrie du romantisme entraîn
15381
atrimoniale de la jeunesse. La décadence du mythe
de
la passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des c
15382
imoniale de la jeunesse. La décadence du mythe de
la
passion dans la patrie du romantisme entraînait d’autre part des cons
15383
eunesse. La décadence du mythe de la passion dans
la
patrie du romantisme entraînait d’autre part des conséquences bien pl
15384
onséquences bien plus complexes que chez nous, et
d’
apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de l’après-guerre all
15385
que chez nous, et d’apparences fort hétéroclites.
Le
cynisme morbide de l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des
15386
’apparences fort hétéroclites. Le cynisme morbide
de
l’après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes litté
15387
parences fort hétéroclites. Le cynisme morbide de
l’
après-guerre allemande, la Neue Sachlichkeit des avant-gardes littérai
15388
. Le cynisme morbide de l’après-guerre allemande,
la
Neue Sachlichkeit des avant-gardes littéraires et artistiques, l’homo
15389
keit des avant-gardes littéraires et artistiques,
l’
homosexualité très générale dans les associations secrètes qui préludè
15390
t artistiques, l’homosexualité très générale dans
les
associations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme, le déchaînement
15391
dans les associations secrètes qui préludèrent à
l’
hitlérisme, le déchaînement sadique des corps francs dans les pays bal
15392
ciations secrètes qui préludèrent à l’hitlérisme,
le
déchaînement sadique des corps francs dans les pays baltes, les crime
15393
me, le déchaînement sadique des corps francs dans
les
pays baltes, les crimes dits « politiques » exécutés par des ligues d
15394
nt sadique des corps francs dans les pays baltes,
les
crimes dits « politiques » exécutés par des ligues de jeunes gens, ce
15395
rimes dits « politiques » exécutés par des ligues
de
jeunes gens, certaines formes de naturisme, les « fiançailles d’essai
15396
s par des ligues de jeunes gens, certaines formes
de
naturisme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume nor
15397
es de jeunes gens, certaines formes de naturisme,
les
« fiançailles d’essai » élevées au rang de coutume normale parmi les
15398
certaines formes de naturisme, les « fiançailles
d’
essai » élevées au rang de coutume normale parmi les étudiants, le sér
15399
isme, les « fiançailles d’essai » élevées au rang
de
coutume normale parmi les étudiants, le sérieux accordé aux conflits
15400
’essai » élevées au rang de coutume normale parmi
les
étudiants, le sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou
15401
s au rang de coutume normale parmi les étudiants,
le
sérieux accordé aux conflits passionnels « à trois » ou « à quatre »
15402
sionnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés
de
la Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle prov
15403
nnels « à trois » ou « à quatre » — renouvelés de
la
Lucinde de Schlegel — autant de signes de la panique sexuelle provoqu
15404
» — renouvelés de la Lucinde de Schlegel — autant
de
signes de la panique sexuelle provoquée par la décadence des contrain
15405
elés de la Lucinde de Schlegel — autant de signes
de
la panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrim
15406
s de la Lucinde de Schlegel — autant de signes de
la
panique sexuelle provoquée par la décadence des contraintes matrimoni
15407
nt de signes de la panique sexuelle provoquée par
la
décadence des contraintes matrimoniales et du mythe de l’amour mortel
15408
cadence des contraintes matrimoniales et du mythe
de
l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et d’
15409
ence des contraintes matrimoniales et du mythe de
l’
amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et d’ana
15410
matrimoniales et du mythe de l’amour mortel. Déjà
l’
on voyait affleurer le fond du désespoir et d’anarchie intime que supp
15411
the de l’amour mortel. Déjà l’on voyait affleurer
le
fond du désespoir et d’anarchie intime que suppose toute morale du «
15412
éjà l’on voyait affleurer le fond du désespoir et
d’
anarchie intime que suppose toute morale du « bonheur » strictement in
15413
orale du « bonheur » strictement individuelle. Or
la
dictature hitlérienne, du fait qu’elle prétendait se fonder sur une b
15414
t militaire, devait se donner pour première tâche
de
surmonter cette crise de mœurs. On commença par opposer à l’idéal ant
15415
nner pour première tâche de surmonter cette crise
de
mœurs. On commença par opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
15416
r cette crise de mœurs. On commença par opposer à
l’
idéal antisocial de « bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal coll
15417
urs. On commença par opposer à l’idéal antisocial
de
« bonheur » et de « vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnu
15418
ar opposer à l’idéal antisocial de « bonheur » et
de
« vie dangereuse » un idéal collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigenn
15419
l collectiviste. Gemeinnutz geht vor Eigennutz ! (
Le
bien commun prime l’intérêt particulier). Et par tous les moyens spec
15420
innutz geht vor Eigennutz ! (Le bien commun prime
l’
intérêt particulier). Et par tous les moyens spectaculaires, pédagogiq
15421
commun prime l’intérêt particulier). Et par tous
les
moyens spectaculaires, pédagogiques, voire religieux, on opéra cet én
15422
e à donner pour seul objet légitime et possible à
la
passion l’idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva l
15423
pour seul objet légitime et possible à la passion
l’
idée de nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme de
15424
ul objet légitime et possible à la passion l’idée
de
nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme de son aur
15425
ible à la passion l’idée de nation symbolisée par
le
Führer. D’abord on priva la femme de son auréole romantique : on la r
15426
nation symbolisée par le Führer. D’abord on priva
la
femme de son auréole romantique : on la réduisit à sa fonction matrim
15427
mbolisée par le Führer. D’abord on priva la femme
de
son auréole romantique : on la réduisit à sa fonction matrimoniale :
15428
on priva la femme de son auréole romantique : on
la
réduisit à sa fonction matrimoniale : faire des enfants, puis les éle
15429
a fonction matrimoniale : faire des enfants, puis
les
élever jusqu’au moment où le Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendan
15430
e des enfants, puis les élever jusqu’au moment où
le
Parti s’en chargera (c’est-à-dire pendant quatre ou cinq ans). Puis o
15431
uatre ou cinq ans). Puis on en vint à des mesures
d’
ordre eugénique. On ouvrit une « école de fiancées » pour les futures
15432
mesures d’ordre eugénique. On ouvrit une « école
de
fiancées » pour les futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escou
15433
génique. On ouvrit une « école de fiancées » pour
les
futures femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades de protection d
15434
res femmes des S. S. (Schutz Staffeln : escouades
de
protection du régime, troupe sélectionnée incarnant l’idéal racial).
15435
otection du régime, troupe sélectionnée incarnant
l’
idéal racial). Ces femmes devaient être blondes, de sang aryen, et mes
15436
’idéal racial). Ces femmes devaient être blondes,
de
sang aryen, et mesurer au moins 1 m. 73. Ainsi le « type de femme » s
15437
de sang aryen, et mesurer au moins 1 m. 73. Ainsi
le
« type de femme » se trouva prescrit non par les souvenirs inconscien
15438
yen, et mesurer au moins 1 m. 73. Ainsi le « type
de
femme » se trouva prescrit non par les souvenirs inconscients, ni par
15439
i le « type de femme » se trouva prescrit non par
les
souvenirs inconscients, ni par des modes étrangères mais par la secti
15440
nconscients, ni par des modes étrangères mais par
la
section scientifique du ministère de la propagande. En 1938, on insti
15441
res mais par la section scientifique du ministère
de
la propagande. En 1938, on institua des écoles analogues pour toutes
15442
mais par la section scientifique du ministère de
la
propagande. En 1938, on institua des écoles analogues pour toutes les
15443
938, on institua des écoles analogues pour toutes
les
femmes allemandes. Et l’on décréta que les mariages seraient contract
15444
s analogues pour toutes les femmes allemandes. Et
l’
on décréta que les mariages seraient contractés dorénavant « au nom de
15445
toutes les femmes allemandes. Et l’on décréta que
les
mariages seraient contractés dorénavant « au nom de l’État ». Le but
15446
riages seraient contractés dorénavant « au nom de
l’
État ». Le but dernier de l’entreprise ne faisait pas de doute : on en
15447
aient contractés dorénavant « au nom de l’État ».
Le
but dernier de l’entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait
15448
s dorénavant « au nom de l’État ». Le but dernier
de
l’entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait à n’autoriser
15449
orénavant « au nom de l’État ». Le but dernier de
l’
entreprise ne faisait pas de doute : on en viendrait à n’autoriser plu
15450
». Le but dernier de l’entreprise ne faisait pas
de
doute : on en viendrait à n’autoriser plus que les unions contractées
15451
de doute : on en viendrait à n’autoriser plus que
les
unions contractées sur une base eugénique, selon certains critères st
15452
dividuels, donc des passions. À chacun sa « fiche
de
mariage ». Alors la science matrimoniale eût trouvé sa juste applicat
15453
passions. À chacun sa « fiche de mariage ». Alors
la
science matrimoniale eût trouvé sa juste application dans l’esprit de
15454
matrimoniale eût trouvé sa juste application dans
l’
esprit de Lycurgue et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de
15455
ale eût trouvé sa juste application dans l’esprit
de
Lycurgue et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de la prépa
15456
sa juste application dans l’esprit de Lycurgue et
de
Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de la préparation militair
15457
et de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres
de
la préparation militaire. ⁂ L’expérience stalinienne a échoué, si l’o
15458
de Sparte : on en eût fait l’un des chapitres de
la
préparation militaire. ⁂ L’expérience stalinienne a échoué, si l’on e
15459
l’un des chapitres de la préparation militaire. ⁂
L’
expérience stalinienne a échoué, si l’on en croit les descriptions de
15460
ilitaire. ⁂ L’expérience stalinienne a échoué, si
l’
on en croit les descriptions de l’état présent des mœurs de la jeuness
15461
expérience stalinienne a échoué, si l’on en croit
les
descriptions de l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le n
15462
ienne a échoué, si l’on en croit les descriptions
de
l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le nazisme appartien
15463
ne a échoué, si l’on en croit les descriptions de
l’
état présent des mœurs de la jeunesse en URSS. Le nazisme appartient a
15464
roit les descriptions de l’état présent des mœurs
de
la jeunesse en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant la tent
15465
t les descriptions de l’état présent des mœurs de
la
jeunesse en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant la tentati
15466
l’état présent des mœurs de la jeunesse en URSS.
Le
nazisme appartient au passé. Pourtant la tentation totalitaire subsis
15467
en URSS. Le nazisme appartient au passé. Pourtant
la
tentation totalitaire subsiste. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’u
15468
ation totalitaire subsiste. Il n’est pas interdit
d’
imaginer qu’un jour nos démocraties y succombent, au nom d’une « scien
15469
craties y succombent, au nom d’une « science » ou
d’
une hygiène sociologique. La pratique forcée de l’eugénisme peut réuss
15470
d’une « science » ou d’une hygiène sociologique.
La
pratique forcée de l’eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales
15471
ou d’une hygiène sociologique. La pratique forcée
de
l’eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales échouent, entraîna
15472
d’une hygiène sociologique. La pratique forcée de
l’
eugénisme peut réussir, là où toutes nos morales échouent, entraînant
15473
ir, là où toutes nos morales échouent, entraînant
l’
effective abolition du besoin « spirituel », et donc artificiel, de la
15474
tion du besoin « spirituel », et donc artificiel,
de
la passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe d
15475
n du besoin « spirituel », et donc artificiel, de
la
passion. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de l
15476
ituel », et donc artificiel, de la passion. Alors
le
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura véc
15477
et donc artificiel, de la passion. Alors le cycle
de
l’amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occ
15478
donc artificiel, de la passion. Alors le cycle de
l’
amour courtois sera fermé. L’Europe de la passion aura vécu. Un Occide
15479
n. Alors le cycle de l’amour courtois sera fermé.
L’
Europe de la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naî
15480
le cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe
de
la passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
15481
cycle de l’amour courtois sera fermé. L’Europe de
la
passion aura vécu. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans les
15482
u. Un Occident nouveau, imprévisible, naîtra dans
les
laboratoires. 6.Sens de la crise Pour mieux voir notre état, re
15483
évisible, naîtra dans les laboratoires. 6.Sens
de
la crise Pour mieux voir notre état, regardons l’Amérique — cette
15484
sible, naîtra dans les laboratoires. 6.Sens de
la
crise Pour mieux voir notre état, regardons l’Amérique — cette Eur
15485
la crise Pour mieux voir notre état, regardons
l’
Amérique — cette Europe délivrée de ses routines, mais aussi de ses fr
15486
tat, regardons l’Amérique — cette Europe délivrée
de
ses routines, mais aussi de ses freins traditionnels. Nulle autre civ
15487
cette Europe délivrée de ses routines, mais aussi
de
ses freins traditionnels. Nulle autre civilisation connue, depuis prè
15488
pt-mille ans qu’elles se succèdent, n’a donné à «
l’
amour » nommé romance 210 cette publicité quotidienne : par l’écran, p
15489
mmé romance 210 cette publicité quotidienne : par
l’
écran, par l’affiche, par le texte et les annonces des magazines, par
15490
10 cette publicité quotidienne : par l’écran, par
l’
affiche, par le texte et les annonces des magazines, par les chansons
15491
ité quotidienne : par l’écran, par l’affiche, par
le
texte et les annonces des magazines, par les chansons et les images,
15492
nne : par l’écran, par l’affiche, par le texte et
les
annonces des magazines, par les chansons et les images, par la morale
15493
, par le texte et les annonces des magazines, par
les
chansons et les images, par la morale courante et ce qui la défie. Nu
15494
t les annonces des magazines, par les chansons et
les
images, par la morale courante et ce qui la défie. Nulle autre non pl
15495
es magazines, par les chansons et les images, par
la
morale courante et ce qui la défie. Nulle autre non plus n’a tenté av
15496
s et les images, par la morale courante et ce qui
la
défie. Nulle autre non plus n’a tenté avec cette naïve assurance l’en
15497
tre non plus n’a tenté avec cette naïve assurance
l’
entreprise périlleuse de faire coïncider le mariage et « l’amour » ain
15498
vec cette naïve assurance l’entreprise périlleuse
de
faire coïncider le mariage et « l’amour » ainsi compris, et de baser
15499
urance l’entreprise périlleuse de faire coïncider
le
mariage et « l’amour » ainsi compris, et de baser le premier sur le s
15500
ise périlleuse de faire coïncider le mariage et «
l’
amour » ainsi compris, et de baser le premier sur le second. Pendant u
15501
cider le mariage et « l’amour » ainsi compris, et
de
baser le premier sur le second. Pendant une grève des téléphones, en
15502
econd. Pendant une grève des téléphones, en 1947,
les
opératrices de la petite ville de White Plains reçurent l’appel suiva
15503
ne grève des téléphones, en 1947, les opératrices
de
la petite ville de White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie
15504
grève des téléphones, en 1947, les opératrices de
la
petite ville de White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie et
15505
ones, en 1947, les opératrices de la petite ville
de
White Plains reçurent l’appel suivant : « Mon amie et moi voulons nou
15506
rices de la petite ville de White Plains reçurent
l’
appel suivant : « Mon amie et moi voulons nous marier. Nous essayons d
15507
on amie et moi voulons nous marier. Nous essayons
de
trouver un juge de paix. N’est-ce pas une urgence »211 ? Les opératri
15508
un juge de paix. N’est-ce pas une urgence »211 ?
Les
opératrices décidèrent aussitôt que c’en était une. Et le journal qui
15509
trices décidèrent aussitôt que c’en était une. Et
le
journal qui rapportait l’histoire l’intitula : L’Amour est classé par
15510
que c’en était une. Et le journal qui rapportait
l’
histoire l’intitula : L’Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce p
15511
tait une. Et le journal qui rapportait l’histoire
l’
intitula : L’Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce petit fait b
15512
le journal qui rapportait l’histoire l’intitula :
L’
Amour est classé parmi les cas d’urgence. Ce petit fait banal illustre
15513
l’histoire l’intitula : L’Amour est classé parmi
les
cas d’urgence. Ce petit fait banal illustre des croyances toutes natu
15514
ire l’intitula : L’Amour est classé parmi les cas
d’
urgence. Ce petit fait banal illustre des croyances toutes naturelles
15515
c’est par là qu’il nous intéresse. Il montre que
les
termes d’« amour » et de mariage sont pratiquement équivalents ; que
15516
là qu’il nous intéresse. Il montre que les termes
d’
« amour » et de mariage sont pratiquement équivalents ; que si l’on «
15517
ntéresse. Il montre que les termes d’« amour » et
de
mariage sont pratiquement équivalents ; que si l’on « aime » il faut
15518
de mariage sont pratiquement équivalents ; que si
l’
on « aime » il faut se marier sur l’heure ; qu’enfin « l’amour » doit
15519
ents ; que si l’on « aime » il faut se marier sur
l’
heure ; qu’enfin « l’amour » doit normalement triompher de tous les ob
15520
aime » il faut se marier sur l’heure ; qu’enfin «
l’
amour » doit normalement triompher de tous les obstacles, ainsi que le
15521
; qu’enfin « l’amour » doit normalement triompher
de
tous les obstacles, ainsi que le font voir journellement films, roman
15522
in « l’amour » doit normalement triompher de tous
les
obstacles, ainsi que le font voir journellement films, romans et comi
15523
lement triompher de tous les obstacles, ainsi que
le
font voir journellement films, romans et comic-strips. De fait, si l’
15524
voir journellement films, romans et comic-strips.
De
fait, si l’amour romanesque triomphe d’une quantité d’obstacles, il e
15525
lement films, romans et comic-strips. De fait, si
l’
amour romanesque triomphe d’une quantité d’obstacles, il en est un con
15526
c-strips. De fait, si l’amour romanesque triomphe
d’
une quantité d’obstacles, il en est un contre lequel il se brisera pre
15527
it, si l’amour romanesque triomphe d’une quantité
d’
obstacles, il en est un contre lequel il se brisera presque toujours :
15528
tre lequel il se brisera presque toujours : c’est
la
durée. Or le mariage est une institution faite pour durer — ou il n’a
15529
se brisera presque toujours : c’est la durée. Or
le
mariage est une institution faite pour durer — ou il n’a pas de sens.
15530
une institution faite pour durer — ou il n’a pas
de
sens. Voilà le premier secret de la crise actuelle, crise qui peut se
15531
— ou il n’a pas de sens. Voilà le premier secret
de
la crise actuelle, crise qui peut se mesurer simplement par les stati
15532
ou il n’a pas de sens. Voilà le premier secret de
la
crise actuelle, crise qui peut se mesurer simplement par les statisti
15533
ctuelle, crise qui peut se mesurer simplement par
les
statistiques de divorce, où l’Amérique tient le premier rang. Vouloir
15534
i peut se mesurer simplement par les statistiques
de
divorce, où l’Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder le maria
15535
er simplement par les statistiques de divorce, où
l’
Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder le mariage sur une form
15536
l’Amérique tient le premier rang. Vouloir fonder
le
mariage sur une forme d’amour instable par définition, c’est travaill
15537
ier rang. Vouloir fonder le mariage sur une forme
d’
amour instable par définition, c’est travailler en fait pour l’État de
15538
ble par définition, c’est travailler en fait pour
l’
État de Nevada. Exiger de n’importe quel film, fût-il sur la bombe ato
15539
travailler en fait pour l’État de Nevada. Exiger
de
n’importe quel film, fût-il sur la bombe atomique, qu’il tienne une c
15540
Nevada. Exiger de n’importe quel film, fût-il sur
la
bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose de la drogue romanesqu
15541
la bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose
de
la drogue romanesque (plus encore qu’érotique) nommé love interest, c
15542
bombe atomique, qu’il tienne une certaine dose de
la
drogue romanesque (plus encore qu’érotique) nommé love interest, c’es
15543
ore qu’érotique) nommé love interest, c’est faire
de
la publicité pour les microbes, non pour le remède, de la maladie du
15544
qu’érotique) nommé love interest, c’est faire de
la
publicité pour les microbes, non pour le remède, de la maladie du mar
15545
é love interest, c’est faire de la publicité pour
les
microbes, non pour le remède, de la maladie du mariage. La romance se
15546
faire de la publicité pour les microbes, non pour
le
remède, de la maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles,
15547
publicité pour les microbes, non pour le remède,
de
la maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles, de brèves e
15548
blicité pour les microbes, non pour le remède, de
la
maladie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles, de brèves exci
15549
es, non pour le remède, de la maladie du mariage.
La
romance se nourrit d’obstacles, de brèves excitations et de séparatio
15550
, de la maladie du mariage. La romance se nourrit
d’
obstacles, de brèves excitations et de séparations ; le mariage, au co
15551
ie du mariage. La romance se nourrit d’obstacles,
de
brèves excitations et de séparations ; le mariage, au contraire, est
15552
se nourrit d’obstacles, de brèves excitations et
de
séparations ; le mariage, au contraire, est fait d’accoutumance, de p
15553
tacles, de brèves excitations et de séparations ;
le
mariage, au contraire, est fait d’accoutumance, de proximité quotidie
15554
séparations ; le mariage, au contraire, est fait
d’
accoutumance, de proximité quotidienne. La romance veut « l’amour de l
15555
e mariage, au contraire, est fait d’accoutumance,
de
proximité quotidienne. La romance veut « l’amour de loin » des trouba
15556
st fait d’accoutumance, de proximité quotidienne.
La
romance veut « l’amour de loin » des troubadours ; le mariage, l’amou
15557
ance, de proximité quotidienne. La romance veut «
l’
amour de loin » des troubadours ; le mariage, l’amour du « prochain ».
15558
proximité quotidienne. La romance veut « l’amour
de
loin » des troubadours ; le mariage, l’amour du « prochain ». Si donc
15559
omance veut « l’amour de loin » des troubadours ;
le
mariage, l’amour du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause d’
15560
« l’amour de loin » des troubadours ; le mariage,
l’
amour du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause d’une romance,
15561
rs ; le mariage, l’amour du « prochain ». Si donc
l’
on s’est marié à cause d’une romance, une fois celle-ci évaporée, il e
15562
du « prochain ». Si donc l’on s’est marié à cause
d’
une romance, une fois celle-ci évaporée, il est normal qu’à la premièr
15563
orée, il est normal qu’à la première constatation
d’
un conflit de caractères ou de goûts, l’on se demande : pourquoi suis-
15564
normal qu’à la première constatation d’un conflit
de
caractères ou de goûts, l’on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et
15565
emière constatation d’un conflit de caractères ou
de
goûts, l’on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et il est non moins
15566
statation d’un conflit de caractères ou de goûts,
l’
on se demande : pourquoi suis-je marié ? Et il est non moins naturel q
15567
marié ? Et il est non moins naturel qu’obsédé par
la
propagande universelle pour la romance, l’on admette la première occa
15568
urel qu’obsédé par la propagande universelle pour
la
romance, l’on admette la première occasion de tomber amoureux de quel
15569
dé par la propagande universelle pour la romance,
l’
on admette la première occasion de tomber amoureux de quelqu’un d’autr
15570
our la romance, l’on admette la première occasion
de
tomber amoureux de quelqu’un d’autre. Et il est parfaitement logique
15571
n admette la première occasion de tomber amoureux
de
quelqu’un d’autre. Et il est parfaitement logique qu’on décide aussit
15572
première occasion de tomber amoureux de quelqu’un
d’
autre. Et il est parfaitement logique qu’on décide aussitôt de divorce
15573
il est parfaitement logique qu’on décide aussitôt
de
divorcer pour trouver dans le nouvel « amour », qui entraîne un nouve
15574
’on décide aussitôt de divorcer pour trouver dans
le
nouvel « amour », qui entraîne un nouveau mariage, une nouvelle prome
15575
ntraîne un nouveau mariage, une nouvelle promesse
de
bonheur ; les trois mots étant synonymes. Ainsi, guérissant son ennui
15576
uveau mariage, une nouvelle promesse de bonheur ;
les
trois mots étant synonymes. Ainsi, guérissant son ennui par une fièvr
15577
pour la deuxième fois, elle pour la quatrième »,
l’
Américain cherche l’ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de
15578
is, elle pour la quatrième », l’Américain cherche
l’
ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de l’ancienne situation
15579
trième », l’Américain cherche l’ajustement. Il ne
le
cherche pas à l’intérieur de l’ancienne situation cependant garantie
15580
ajustement. Il ne le cherche pas à l’intérieur de
l’
ancienne situation cependant garantie « pour le meilleur et pour le pi
15581
de l’ancienne situation cependant garantie « pour
le
meilleur et pour le pire » par un serment. Il le cherche au contraire
15582
ion cependant garantie « pour le meilleur et pour
le
pire » par un serment. Il le cherche au contraire par le moyen d’une
15583
le meilleur et pour le pire » par un serment. Il
le
cherche au contraire par le moyen d’une nouvelle « expérience », cons
15584
» par un serment. Il le cherche au contraire par
le
moyen d’une nouvelle « expérience », considérée comme telle, et d’ail
15585
serment. Il le cherche au contraire par le moyen
d’
une nouvelle « expérience », considérée comme telle, et d’ailleurs aff
15586
onsidérée comme telle, et d’ailleurs affectée dès
le
départ des mêmes motifs d’échec que celles qui ont précédé. C’est pou
15587
’ailleurs affectée dès le départ des mêmes motifs
d’
échec que celles qui ont précédé. C’est pourquoi le divorce revêt en A
15588
’échec que celles qui ont précédé. C’est pourquoi
le
divorce revêt en Amérique un caractère moins désastreux et même plus
15589
ésastreux et même plus normal qu’en Europe. Là où
l’
Européen voit surtout une rupture créant un désordre social, et la per
15590
surtout une rupture créant un désordre social, et
la
perte d’un capital de souvenirs et d’expériences communes, l’Américai
15591
ne rupture créant un désordre social, et la perte
d’
un capital de souvenirs et d’expériences communes, l’Américain a plutô
15592
éant un désordre social, et la perte d’un capital
de
souvenirs et d’expériences communes, l’Américain a plutôt l’impressio
15593
social, et la perte d’un capital de souvenirs et
d’
expériences communes, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met de l
15594
n capital de souvenirs et d’expériences communes,
l’
Américain a plutôt l’impression qu’il met de l’ordre dans sa vie et qu
15595
s et d’expériences communes, l’Américain a plutôt
l’
impression qu’il met de l’ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel
15596
unes, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met
de
l’ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de
15597
s, l’Américain a plutôt l’impression qu’il met de
l’
ordre dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de l’é
15598
re dans sa vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir.
L’
économie de l’épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspi
15599
vie et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie
de
l’épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comm
15600
et qu’il s’ouvre un nouvel avenir. L’économie de
l’
épargne, une fois de plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comme l
15601
e plus, s’oppose ici à celle du gaspillage, comme
le
souci de préserver le passé à celui de faire table rase pour construi
15602
’oppose ici à celle du gaspillage, comme le souci
de
préserver le passé à celui de faire table rase pour construire quelqu
15603
celle du gaspillage, comme le souci de préserver
le
passé à celui de faire table rase pour construire quelque chose de pl
15604
age, comme le souci de préserver le passé à celui
de
faire table rase pour construire quelque chose de plus net, sans comp
15605
uelque chose de plus net, sans compromis. Mais si
l’
on est ennemi des compromis, il est contradictoire de se marier. Et si
15606
n est ennemi des compromis, il est contradictoire
de
se marier. Et si l’on veut tirer une traite sur son avenir, il est fo
15607
promis, il est contradictoire de se marier. Et si
l’
on veut tirer une traite sur son avenir, il est fort imprudent de sugg
15608
une traite sur son avenir, il est fort imprudent
de
suggérer d’avance qu’on se réserve le droit de ne point l’honorer ; c
15609
sur son avenir, il est fort imprudent de suggérer
d’
avance qu’on se réserve le droit de ne point l’honorer ; comme le fit
15610
t imprudent de suggérer d’avance qu’on se réserve
le
droit de ne point l’honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire d
15611
nt de suggérer d’avance qu’on se réserve le droit
de
ne point l’honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire disant aux
15612
er d’avance qu’on se réserve le droit de ne point
l’
honorer ; comme le fit cette jeune milliardaire disant aux journaliste
15613
se réserve le droit de ne point l’honorer ; comme
le
fit cette jeune milliardaire disant aux journalistes, la veille de so
15614
cette jeune milliardaire disant aux journalistes,
la
veille de son mariage : « C’est merveilleux de se marier pour la prem
15615
e milliardaire disant aux journalistes, la veille
de
son mariage : « C’est merveilleux de se marier pour la première fois
15616
s, la veille de son mariage : « C’est merveilleux
de
se marier pour la première fois ! » (Un an plus tard, elle divorçait.
15617
d, elle divorçait.) Sur quoi, plusieurs proposent
d’
interdire le divorce, ou de le rendre au moins très difficile. Mais c’
15618
rçait.) Sur quoi, plusieurs proposent d’interdire
le
divorce, ou de le rendre au moins très difficile. Mais c’est le maria
15619
i, plusieurs proposent d’interdire le divorce, ou
de
le rendre au moins très difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis,
15620
plusieurs proposent d’interdire le divorce, ou de
le
rendre au moins très difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis, qu
15621
de le rendre au moins très difficile. Mais c’est
le
mariage, à mon avis, que l’on a rendu trop facile, en acceptant que «
15622
difficile. Mais c’est le mariage, à mon avis, que
l’
on a rendu trop facile, en acceptant que « l’amour » suffise pour le c
15623
que l’on a rendu trop facile, en acceptant que «
l’
amour » suffise pour le conclure, au dédain des convenances démodées d
15624
facile, en acceptant que « l’amour » suffise pour
le
conclure, au dédain des convenances démodées de milieu social et reli
15625
r le conclure, au dédain des convenances démodées
de
milieu social et religieux, d’éducation et de fortune. On pourrait ce
15626
nvenances démodées de milieu social et religieux,
d’
éducation et de fortune. On pourrait certes imaginer de nouvelles cond
15627
ées de milieu social et religieux, d’éducation et
de
fortune. On pourrait certes imaginer de nouvelles conditions à rempli
15628
cation et de fortune. On pourrait certes imaginer
de
nouvelles conditions à remplir par les candidats au mariage — cette v
15629
es imaginer de nouvelles conditions à remplir par
les
candidats au mariage — cette vraie « coexistence » durable, pacifique
15630
e à toute alliance humaine ses meilleures chances
de
durer : buts et rythmes de vie, vocations comparées, caractères et te
15631
ses meilleures chances de durer : buts et rythmes
de
vie, vocations comparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut le
15632
cations comparées, caractères et tempéraments. Si
l’
on veut le mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal d’en assur
15633
mparées, caractères et tempéraments. Si l’on veut
le
mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal d’en assurer les con
15634
mpéraments. Si l’on veut le mariage, c’est-à-dire
la
durée, il serait normal d’en assurer les conditions. Mais ces réforme
15635
mariage, c’est-à-dire la durée, il serait normal
d’
en assurer les conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu d’effe
15636
st-à-dire la durée, il serait normal d’en assurer
les
conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu d’effet dans un mond
15637
conditions. Mais ces réformes n’auraient que peu
d’
effet dans un monde qui a gardé, sinon la vraie passion, du moins la n
15638
que peu d’effet dans un monde qui a gardé, sinon
la
vraie passion, du moins la nostalgie de la passion, devenue congénita
15639
nde qui a gardé, sinon la vraie passion, du moins
la
nostalgie de la passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le
15640
dé, sinon la vraie passion, du moins la nostalgie
de
la passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le mariage qui
15641
sinon la vraie passion, du moins la nostalgie de
la
passion, devenue congénitale à l’homme occidental. Le mariage qui se
15642
la nostalgie de la passion, devenue congénitale à
l’
homme occidental. Le mariage qui se fondait sur les convenances social
15643
assion, devenue congénitale à l’homme occidental.
Le
mariage qui se fondait sur les convenances sociales, donc du point de
15644
l’homme occidental. Le mariage qui se fondait sur
les
convenances sociales, donc du point de vue de l’individu, sur le hasa
15645
ur les convenances sociales, donc du point de vue
de
l’individu, sur le hasard, avait au moins autant de chances que le ma
15646
les convenances sociales, donc du point de vue de
l’
individu, sur le hasard, avait au moins autant de chances que le maria
15647
sociales, donc du point de vue de l’individu, sur
le
hasard, avait au moins autant de chances que le mariage fondé sur « l
15648
l’individu, sur le hasard, avait au moins autant
de
chances que le mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolu
15649
r le hasard, avait au moins autant de chances que
le
mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution de l’Occid
15650
oins autant de chances que le mariage fondé sur «
l’
amour » seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va de la sagesse tr
15651
le mariage fondé sur « l’amour » seul. Mais toute
l’
évolution de l’Occident va de la sagesse tribale au risque individuel
15652
ondé sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution
de
l’Occident va de la sagesse tribale au risque individuel ; elle est i
15653
é sur « l’amour » seul. Mais toute l’évolution de
l’
Occident va de la sagesse tribale au risque individuel ; elle est irré
15654
r » seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va
de
la sagesse tribale au risque individuel ; elle est irréversible et il
15655
seul. Mais toute l’évolution de l’Occident va de
la
sagesse tribale au risque individuel ; elle est irréversible et il fa
15656
que individuel ; elle est irréversible et il faut
l’
approuver, dans la mesure où elle tend à ordonner le destin collectif
15657
lle est irréversible et il faut l’approuver, dans
la
mesure où elle tend à ordonner le destin collectif ou natif à la déci
15658
approuver, dans la mesure où elle tend à ordonner
le
destin collectif ou natif à la décision personnelle. ⁂ Il est clair q
15659
le tend à ordonner le destin collectif ou natif à
la
décision personnelle. ⁂ Il est clair que la crise présente du mariage
15660
tif à la décision personnelle. ⁂ Il est clair que
la
crise présente du mariage, en Europe comme en Amérique, résulte d’une
15661
du mariage, en Europe comme en Amérique, résulte
d’
une pluralité de causes profondes ou prochaines, dont le culte de la r
15662
Europe comme en Amérique, résulte d’une pluralité
de
causes profondes ou prochaines, dont le culte de la romance n’est qu’
15663
pluralité de causes profondes ou prochaines, dont
le
culte de la romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le sou
15664
de causes profondes ou prochaines, dont le culte
de
la romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le souligner da
15665
causes profondes ou prochaines, dont le culte de
la
romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de le souligner dans
15666
a romance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais
de
le souligner dans cet ouvrage.) La recherche du bonheur individuel pr
15667
omance n’est qu’un exemple. (Mais je me devais de
le
souligner dans cet ouvrage.) La recherche du bonheur individuel prima
15668
s je me devais de le souligner dans cet ouvrage.)
La
recherche du bonheur individuel primant sur la stabilité sociale, et
15669
.) La recherche du bonheur individuel primant sur
la
stabilité sociale, et le respect de l’évolution psychologique primant
15670
r individuel primant sur la stabilité sociale, et
le
respect de l’évolution psychologique primant sur le sens du serment,
15671
l primant sur la stabilité sociale, et le respect
de
l’évolution psychologique primant sur le sens du serment, peuvent êtr
15672
rimant sur la stabilité sociale, et le respect de
l’
évolution psychologique primant sur le sens du serment, peuvent être r
15673
respect de l’évolution psychologique primant sur
le
sens du serment, peuvent être rattachés au complexe romanesque. Mais
15674
et dans d’autres domaines, ou à d’autres niveaux
de
la réalité, tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de la fe
15675
dans d’autres domaines, ou à d’autres niveaux de
la
réalité, tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de la femme
15676
de la réalité, tantôt sociale, tantôt psychique.
L’
émancipation de la femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa
15677
tantôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation
de
la femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa revendication
15678
ntôt sociale, tantôt psychique. L’émancipation de
la
femme (son entrée dans la vie professionnelle et sa revendication d’é
15679
ique. L’émancipation de la femme (son entrée dans
la
vie professionnelle et sa revendication d’égalité) est un facteur non
15680
e dans la vie professionnelle et sa revendication
d’
égalité) est un facteur non négligeable de la crise. La vulgarisation
15681
ication d’égalité) est un facteur non négligeable
de
la crise. La vulgarisation des connaissances psychologiques en est un
15682
tion d’égalité) est un facteur non négligeable de
la
crise. La vulgarisation des connaissances psychologiques en est un au
15683
lité) est un facteur non négligeable de la crise.
La
vulgarisation des connaissances psychologiques en est un autre : l’ho
15684
es connaissances psychologiques en est un autre :
l’
homme et la femme du xxe siècle, même très sommairement informés de l
15685
ances psychologiques en est un autre : l’homme et
la
femme du xxe siècle, même très sommairement informés de l’existence
15686
e du xxe siècle, même très sommairement informés
de
l’existence des complexes freudiens, du jeu des refoulements et de l’
15687
u xxe siècle, même très sommairement informés de
l’
existence des complexes freudiens, du jeu des refoulements et de l’ori
15688
s complexes freudiens, du jeu des refoulements et
de
l’origine des névroses, sont portés à plus d’exigence que leurs ancêt
15689
omplexes freudiens, du jeu des refoulements et de
l’
origine des névroses, sont portés à plus d’exigence que leurs ancêtres
15690
et de l’origine des névroses, sont portés à plus
d’
exigence que leurs ancêtres quant au mariage et à la vie matrimoniale.
15691
exigence que leurs ancêtres quant au mariage et à
la
vie matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec la diffusion des
15692
matrimoniale. Ces exigences iront croissant avec
la
diffusion des « sciences humaines », dont les premiers balbutiements
15693
dont les premiers balbutiements ont déjà modifié
d’
une manière perceptible la conscience de l’Occidental. Enfin, certains
15694
ements ont déjà modifié d’une manière perceptible
la
conscience de l’Occidental. Enfin, certains signes annoncent un phéno
15695
à modifié d’une manière perceptible la conscience
de
l’Occidental. Enfin, certains signes annoncent un phénomène plus prof
15696
odifié d’une manière perceptible la conscience de
l’
Occidental. Enfin, certains signes annoncent un phénomène plus profond
15697
profond, peut-être comparable à celui qui envahit
la
psyché collective du xiie siècle, et que je qualifiais au livre II d
15698
du xiie siècle, et que je qualifiais au livre II
de
« remontée de la shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dan
15699
e, et que je qualifiais au livre II de « remontée
de
la shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans l’Église cat
15700
et que je qualifiais au livre II de « remontée de
la
shakti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans l’Église cathol
15701
lifiais au livre II de « remontée de la shakti ».
Le
puissant renouveau de la mariologie dans l’Église catholique et ses m
15702
« remontée de la shakti ». Le puissant renouveau
de
la mariologie dans l’Église catholique et ses masses populaires ; les
15703
remontée de la shakti ». Le puissant renouveau de
la
mariologie dans l’Église catholique et ses masses populaires ; les tr
15704
ti ». Le puissant renouveau de la mariologie dans
l’
Église catholique et ses masses populaires ; les travaux tout récents
15705
ns l’Église catholique et ses masses populaires ;
les
travaux tout récents de C. G. Jung et de son école sur la Sophia, Sag
15706
ses masses populaires ; les travaux tout récents
de
C. G. Jung et de son école sur la Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éter
15707
aires ; les travaux tout récents de C. G. Jung et
de
son école sur la Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éternelle212 ; et par
15708
ux tout récents de C. G. Jung et de son école sur
la
Sophia, Sagesse et Vierge-Mère éternelle212 ; et par ailleurs (vraime
15709
e212 ; et par ailleurs (vraiment ailleurs !) dans
l’
avant-garde de la littérature européenne, le regain d’intérêt pour le
15710
ailleurs (vraiment ailleurs !) dans l’avant-garde
de
la littérature européenne, le regain d’intérêt pour le catharisme, l’
15711
leurs (vraiment ailleurs !) dans l’avant-garde de
la
littérature européenne, le regain d’intérêt pour le catharisme, l’exa
15712
dans l’avant-garde de la littérature européenne,
le
regain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfan
15713
ant-garde de la littérature européenne, le regain
d’
intérêt pour le catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvat
15714
littérature européenne, le regain d’intérêt pour
le
catharisme, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme
15715
ropéenne, le regain d’intérêt pour le catharisme,
l’
exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou
15716
regain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation
de
la « Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou l’annonce rép
15717
ain d’intérêt pour le catharisme, l’exaltation de
la
« Femme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou l’annonce répété
15718
e, l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice
de
l’homme rationnel, ou l’annonce répétée d’une revanche imminente du p
15719
l’exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de
l’
homme rationnel, ou l’annonce répétée d’une revanche imminente du prin
15720
emme-Enfant » salvatrice de l’homme rationnel, ou
l’
annonce répétée d’une revanche imminente du principe féminin sur le pa
15721
atrice de l’homme rationnel, ou l’annonce répétée
d’
une revanche imminente du principe féminin sur le patriarcat213 — tout
15722
d’une revanche imminente du principe féminin sur
le
patriarcat213 — tout cela fait pressentir la possibilité d’une vaste
15723
sur le patriarcat213 — tout cela fait pressentir
la
possibilité d’une vaste évolution de la psyché moderne, dont le princ
15724
cat213 — tout cela fait pressentir la possibilité
d’
une vaste évolution de la psyché moderne, dont le principe et le sens
15725
t pressentir la possibilité d’une vaste évolution
de
la psyché moderne, dont le principe et le sens nous demeurent cachés,
15726
ressentir la possibilité d’une vaste évolution de
la
psyché moderne, dont le principe et le sens nous demeurent cachés, ma
15727
d’une vaste évolution de la psyché moderne, dont
le
principe et le sens nous demeurent cachés, mais qui donnera peut-être
15728
olution de la psyché moderne, dont le principe et
le
sens nous demeurent cachés, mais qui donnera peut-être aux historiens
15729
mais qui donnera peut-être aux historiens futurs
de
notre société occidentale, la clé d’une crise dont nous ne voyons enc
15730
x historiens futurs de notre société occidentale,
la
clé d’une crise dont nous ne voyons encore que les symptômes superfic
15731
riens futurs de notre société occidentale, la clé
d’
une crise dont nous ne voyons encore que les symptômes superficiels, s
15732
la clé d’une crise dont nous ne voyons encore que
les
symptômes superficiels, sporadiques et incohérents. ⁂ On sent combien
15733
vaine toute tentative actuelle pour « résoudre »
les
contradictions qu’endurent tant d’hommes et de femmes dans leur maria
15734
« résoudre » les contradictions qu’endurent tant
d’
hommes et de femmes dans leur mariage. Des synthèses se préparent, peu
15735
» les contradictions qu’endurent tant d’hommes et
de
femmes dans leur mariage. Des synthèses se préparent, peut-être, obsc
15736
bscurément. Elles échappent encore, par nature, à
la
conscience individuelle. Toute solution que je serais tenté de propos
15737
individuelle. Toute solution que je serais tenté
de
proposer, fût-elle jugée « la bonne » par le siècle à venir, serait a
15738
que je serais tenté de proposer, fût-elle jugée «
la
bonne » par le siècle à venir, serait aujourd’hui frappée d’inefficac
15739
enté de proposer, fût-elle jugée « la bonne » par
le
siècle à venir, serait aujourd’hui frappée d’inefficacité, ou si elle
15740
par le siècle à venir, serait aujourd’hui frappée
d’
inefficacité, ou si elle pouvait agir, ferait plus de mal que de bien.
15741
nefficacité, ou si elle pouvait agir, ferait plus
de
mal que de bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l
15742
, ou si elle pouvait agir, ferait plus de mal que
de
bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l’imposer à
15743
uvait agir, ferait plus de mal que de bien. Si je
l’
avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de l’imposer à mes contemporai
15744
que de bien. Si je l’avais trouvée, et si j’avais
le
pouvoir de l’imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien f
15745
. Si je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir
de
l’imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien faire. C’est
15746
i je l’avais trouvée, et si j’avais le pouvoir de
l’
imposer à mes contemporains, je me garderais d’en rien faire. C’est qu
15747
de l’imposer à mes contemporains, je me garderais
d’
en rien faire. C’est qu’une crise de cet ordre n’est pas un accident.
15748
me garderais d’en rien faire. C’est qu’une crise
de
cet ordre n’est pas un accident. Tenter de la couper, comme on le fai
15749
crise de cet ordre n’est pas un accident. Tenter
de
la couper, comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir
15750
ise de cet ordre n’est pas un accident. Tenter de
la
couper, comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir qu
15751
st pas un accident. Tenter de la couper, comme on
le
fait d’une fièvre, serait bien moins la guérir que nous priver de nos
15752
n accident. Tenter de la couper, comme on le fait
d’
une fièvre, serait bien moins la guérir que nous priver de nos chances
15753
comme on le fait d’une fièvre, serait bien moins
la
guérir que nous priver de nos chances d’en comprendre un jour le secr
15754
èvre, serait bien moins la guérir que nous priver
de
nos chances d’en comprendre un jour le secret. Et ce serait en même t
15755
en moins la guérir que nous priver de nos chances
d’
en comprendre un jour le secret. Et ce serait en même temps une sorte
15756
ous priver de nos chances d’en comprendre un jour
le
secret. Et ce serait en même temps une sorte de tricherie, soit que l
15757
r le secret. Et ce serait en même temps une sorte
de
tricherie, soit que la solution n’apporte en vérité qu’en essai de re
15758
it en même temps une sorte de tricherie, soit que
la
solution n’apporte en vérité qu’en essai de retour à l’équilibre anci
15759
t que la solution n’apporte en vérité qu’en essai
de
retour à l’équilibre ancien, dont la crise même dénonce toute la préc
15760
ution n’apporte en vérité qu’en essai de retour à
l’
équilibre ancien, dont la crise même dénonce toute la précarité ; soit
15761
qu’en essai de retour à l’équilibre ancien, dont
la
crise même dénonce toute la précarité ; soit qu’elle projette sur l’a
15762
quilibre ancien, dont la crise même dénonce toute
la
précarité ; soit qu’elle projette sur l’avenir collectif une théorie
15763
ce toute la précarité ; soit qu’elle projette sur
l’
avenir collectif une théorie ou des préceptes raisonnables, mais dont
15764
théorie ou des préceptes raisonnables, mais dont
les
effets lointains ne sauraient être évalués tant que le sens général d
15765
fets lointains ne sauraient être évalués tant que
le
sens général de la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchi
15766
e sauraient être évalués tant que le sens général
de
la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message
15767
auraient être évalués tant que le sens général de
la
crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message et
15768
l de la crise nous échappe. Il s’agit bien plutôt
de
déchiffrer le message et de décoder patiemment les nouvelles ambiguës
15769
nous échappe. Il s’agit bien plutôt de déchiffrer
le
message et de décoder patiemment les nouvelles ambiguës que la crise
15770
Il s’agit bien plutôt de déchiffrer le message et
de
décoder patiemment les nouvelles ambiguës que la crise nous apporte s
15771
de déchiffrer le message et de décoder patiemment
les
nouvelles ambiguës que la crise nous apporte sur nous-mêmes, sur nos
15772
de décoder patiemment les nouvelles ambiguës que
la
crise nous apporte sur nous-mêmes, sur nos vœux secrets, sur la tenda
15773
apporte sur nous-mêmes, sur nos vœux secrets, sur
la
tendance réelle, peut-être créatrice, que traduisent parfois nos révo
15774
voltes, nos illusions naïves, nos péchés. Essayer
de
résoudre notre crise du mariage par des mesures morales, sociales ou
15775
sociales ou scientifiques, déduites du seul désir
d’
arrêter les dégâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement le cara
15776
u scientifiques, déduites du seul désir d’arrêter
les
dégâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement le caractère qu’el
15777
égâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement
le
caractère qu’elle semble bien avoir : celui de la recherche, presque
15778
nt le caractère qu’elle semble bien avoir : celui
de
la recherche, presque aveugle encore, d’un nouvel équilibre du couple
15779
le caractère qu’elle semble bien avoir : celui de
la
recherche, presque aveugle encore, d’un nouvel équilibre du couple. É
15780
: celui de la recherche, presque aveugle encore,
d’
un nouvel équilibre du couple. Équilibre tendu entre les exigences tou
15781
nouvel équilibre du couple. Équilibre tendu entre
les
exigences toujours simultanées, contraires et légitimes, de la stabil
15782
es toujours simultanées, contraires et légitimes,
de
la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin d
15783
toujours simultanées, contraires et légitimes, de
la
stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l
15784
nées, contraires et légitimes, de la stabilité et
de
l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement
15785
s, contraires et légitimes, de la stabilité et de
l’
évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de
15786
et légitimes, de la stabilité et de l’évolution,
de
l’espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne
15787
légitimes, de la stabilité et de l’évolution, de
l’
espèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne et
15788
de la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et
de
l’individu, enfin de l’accomplissement de la personne et de l’Absolu
15789
la stabilité et de l’évolution, de l’espèce et de
l’
individu, enfin de l’accomplissement de la personne et de l’Absolu qui
15790
l’évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin
de
l’accomplissement de la personne et de l’Absolu qui seul la juge et l
15791
évolution, de l’espèce et de l’individu, enfin de
l’
accomplissement de la personne et de l’Absolu qui seul la juge et la s
15792
pèce et de l’individu, enfin de l’accomplissement
de
la personne et de l’Absolu qui seul la juge et la suscite. 201. Vo
15793
e et de l’individu, enfin de l’accomplissement de
la
personne et de l’Absolu qui seul la juge et la suscite. 201. Voir
15794
idu, enfin de l’accomplissement de la personne et
de
l’Absolu qui seul la juge et la suscite. 201. Voir sur ce point :
15795
, enfin de l’accomplissement de la personne et de
l’
Absolu qui seul la juge et la suscite. 201. Voir sur ce point : R.
15796
plissement de la personne et de l’Absolu qui seul
la
juge et la suscite. 201. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idé
15797
de la personne et de l’Absolu qui seul la juge et
la
suscite. 201. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, « L’idée divine du
15798
cite. 201. Voir sur ce point : R. P. Lavaud, «
L’
idée divine du mariage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186. Le
15799
iage », Études carmélitaines, avril 1938, p. 186.
Le
sacrement catholique se justifierait soit par le récit du miracle de
15800
Le sacrement catholique se justifierait soit par
le
récit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit
15801
ique se justifierait soit par le récit du miracle
de
Cana (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par le passage où Jé
15802
cit du miracle de Cana (« simple hypothèse », dit
l’
auteur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pa
15803
a (« simple hypothèse », dit l’auteur) ; soit par
le
passage où Jésus proclame que l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu
15804
teur) ; soit par le passage où Jésus proclame que
l’
homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens
15805
parer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens
de
Jésus ressuscité et de ses disciples « que les évangélistes et les Ac
15806
; soit par des entretiens de Jésus ressuscité et
de
ses disciples « que les évangélistes et les Actes mentionnent sans le
15807
ens de Jésus ressuscité et de ses disciples « que
les
évangélistes et les Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
15808
ité et de ses disciples « que les évangélistes et
les
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ». L’auteur n’indique
15809
ue les évangélistes et les Actes mentionnent sans
les
rapporter en détail ». L’auteur n’indique rien de plus précis que ces
15810
Actes mentionnent sans les rapporter en détail ».
L’
auteur n’indique rien de plus précis que ces trois « hypothèses » huma
15811
« hypothèses » humaines pour fonder bibliquement
le
dogme traditionnel. 202. Les gnostiques ont souvent exprimé cette op
15812
fonder bibliquement le dogme traditionnel. 202.
Les
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : « Les crimes sont un t
15813
gnostiques ont souvent exprimé cette opinion : «
Les
crimes sont un tribut payé à la vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dok
15814
ette opinion : « Les crimes sont un tribut payé à
la
vie. » (Carpocrates, cf. Schultz, Dokumente der Gnosis.) 203. Encore
15815
Schultz, Dokumente der Gnosis.) 203. Encore que
la
faute soit alors considérée moins par rapport à la morale en soi, que
15816
a faute soit alors considérée moins par rapport à
la
morale en soi, que sous l’aspect du risque et du danger qu’elle fait
15817
ée moins par rapport à la morale en soi, que sous
l’
aspect du risque et du danger qu’elle fait courir à celui qui la comme
15818
sque et du danger qu’elle fait courir à celui qui
la
commet. Tandis que du point de vue des vrais cathares, nous l’avons v
15819
ndis que du point de vue des vrais cathares, nous
l’
avons vu, le véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair
15820
point de vue des vrais cathares, nous l’avons vu,
le
véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans la chair cet adultèr
15821
hares, nous l’avons vu, le véritable crime, c’est
d’
avoir « consommé » dans la chair cet adultère. 204. L’aventure fameus
15822
véritable crime, c’est d’avoir « consommé » dans
la
chair cet adultère. 204. L’aventure fameuse de la princesse de C… do
15823
ir « consommé » dans la chair cet adultère. 204.
L’
aventure fameuse de la princesse de C… donna lieu au début du siècle à
15824
s la chair cet adultère. 204. L’aventure fameuse
de
la princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérat
15825
a chair cet adultère. 204. L’aventure fameuse de
la
princesse de C… donna lieu au début du siècle à toute une littérature
15826
toute une littérature romanesque. Quant au thème
de
l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il fut a
15827
ute une littérature romanesque. Quant au thème de
l’
ouvrier ou du chauffeur qui « mérite » la fille du patron, il fut abon
15828
thème de l’ouvrier ou du chauffeur qui « mérite »
la
fille du patron, il fut abondamment exploité par le film allemand, so
15829
fille du patron, il fut abondamment exploité par
le
film allemand, sous l’hitlérisme. 205. Le titre d’un roman de Max Br
15830
t abondamment exploité par le film allemand, sous
l’
hitlérisme. 205. Le titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der m
15831
té par le film allemand, sous l’hitlérisme. 205.
Le
titre d’un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sichsehnt (la fem
15832
film allemand, sous l’hitlérisme. 205. Le titre
d’
un roman de Max Brod, Die Frau nach der man sichsehnt (la femme que l’
15833
and, sous l’hitlérisme. 205. Le titre d’un roman
de
Max Brod, Die Frau nach der man sichsehnt (la femme que l’on désire,
15834
man de Max Brod, Die Frau nach der man sichsehnt (
la
femme que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure
15835
od, Die Frau nach der man sichsehnt (la femme que
l’
on désire, la femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’
15836
nach der man sichsehnt (la femme que l’on désire,
la
femme de notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amou
15837
man sichsehnt (la femme que l’on désire, la femme
de
notre nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion
15838
que l’on désire, la femme de notre nostalgie) est
la
meilleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut « la Princesse loi
15839
e de notre nostalgie) est la meilleure définition
d’
Iseut. L’amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’am
15840
e nostalgie) est la meilleure définition d’Iseut.
L’
amour-passion veut « la Princesse lointaine » tandis que l’amour chrét
15841
lleure définition d’Iseut. L’amour-passion veut «
la
Princesse lointaine » tandis que l’amour chrétien veut « le prochain
15842
assion veut « la Princesse lointaine » tandis que
l’
amour chrétien veut « le prochain ». 206. Le Dict de Padma. 207. L’e
15843
se lointaine » tandis que l’amour chrétien veut «
le
prochain ». 206. Le Dict de Padma. 207. L’encyclique Casti connubii
15844
que l’amour chrétien veut « le prochain ». 206.
Le
Dict de Padma. 207. L’encyclique Casti connubii a répondu à la décis
15845
ut « le prochain ». 206. Le Dict de Padma. 207.
L’
encyclique Casti connubii a répondu à la décision des évêques anglican
15846
ma. 207. L’encyclique Casti connubii a répondu à
la
décision des évêques anglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniqu
15847
répondu à la décision des évêques anglicans dite
de
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les
15848
a décision des évêques anglicans dite de Lambeth.
Les
Congrès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non
15849
nglicans dite de Lambeth. Les Congrès œcuméniques
de
Stockholm et d’Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également
15850
Lambeth. Les Congrès œcuméniques de Stockholm et
d’
Oxford (toutes les Églises non romaines) ont également touché le probl
15851
grès œcuméniques de Stockholm et d’Oxford (toutes
les
Églises non romaines) ont également touché le problème. 208. Il sera
15852
es les Églises non romaines) ont également touché
le
problème. 208. Il serait curieux de retrouver quel est l’auteur — év
15853
ement touché le problème. 208. Il serait curieux
de
retrouver quel est l’auteur — évidemment moderne — qui a parlé le pre
15854
me. 208. Il serait curieux de retrouver quel est
l’
auteur — évidemment moderne — qui a parlé le premier d’un « problème s
15855
eur — évidemment moderne — qui a parlé le premier
d’
un « problème sexuel ». Fourier peut-être ? Ou Proudhon ? Cela doit se
15856
aux environs des années 1820-1830, pour une série
de
raisons sociologiques et économiques que je ne saurais exposer ici.
15857
rent certaines jeunesses des pays bourgeois après
la
guerre. La différence est qu’en Russie on affichait des principes « é
15858
nes jeunesses des pays bourgeois après la guerre.
La
différence est qu’en Russie on affichait des principes « émancipés »
15859
icile à traduire, bien qu’il rappelle précisément
les
origines romanes (donc le Languedoc des troubadours) du sentiment qu’
15860
l rappelle précisément les origines romanes (donc
le
Languedoc des troubadours) du sentiment qu’il désigne. C’est une comb
15861
désigne. C’est une combinaison à doses variables
de
sentimentalisme et de sexualité, de jeu et de tragique à bon marché,
15862
mbinaison à doses variables de sentimentalisme et
de
sexualité, de jeu et de tragique à bon marché, de glamour et de désir
15863
ses variables de sentimentalisme et de sexualité,
de
jeu et de tragique à bon marché, de glamour et de désir instinctif, d
15864
les de sentimentalisme et de sexualité, de jeu et
de
tragique à bon marché, de glamour et de désir instinctif, de morale c
15865
de sexualité, de jeu et de tragique à bon marché,
de
glamour et de désir instinctif, de morale conformiste et d’aventure p
15866
de jeu et de tragique à bon marché, de glamour et
de
désir instinctif, de morale conformiste et d’aventure personnelle. C’
15867
à bon marché, de glamour et de désir instinctif,
de
morale conformiste et d’aventure personnelle. C’est Hollywood. 211.
15868
et de désir instinctif, de morale conformiste et
d’
aventure personnelle. C’est Hollywood. 211. - My girl and I want to
15869
ocate a Justice of peace. Is it an emergency ? Et
le
titre : Love is classified as an emergency. 212. Cf. Antwort auf Hio
15870
fied as an emergency. 212. Cf. Antwort auf Hiob,
de
C. G. Jung (1952), ouvrage dans lequel l’auteur n’hésite pas à écrire
15871
f Hiob, de C. G. Jung (1952), ouvrage dans lequel
l’
auteur n’hésite pas à écrire que la proclamation en 1950 du dogme de l
15872
ge dans lequel l’auteur n’hésite pas à écrire que
la
proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption de la Vierge marque l’é
15873
pas à écrire que la proclamation en 1950 du dogme
de
l’Assomption de la Vierge marque l’événement religieux le plus import
15874
à écrire que la proclamation en 1950 du dogme de
l’
Assomption de la Vierge marque l’événement religieux le plus important
15875
la proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption
de
la Vierge marque l’événement religieux le plus important depuis la Ré
15876
proclamation en 1950 du dogme de l’Assomption de
la
Vierge marque l’événement religieux le plus important depuis la Réfor
15877
1950 du dogme de l’Assomption de la Vierge marque
l’
événement religieux le plus important depuis la Réforme. Voir aussi l’
15878
omption de la Vierge marque l’événement religieux
le
plus important depuis la Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin s
15879
ue l’événement religieux le plus important depuis
la
Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, i
15880
x le plus important depuis la Réforme. Voir aussi
l’
étude d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue de Culture euro
15881
s important depuis la Réforme. Voir aussi l’étude
d’
Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue de Culture européenne,
15882
la Réforme. Voir aussi l’étude d’Henry Corbin sur
la
Sophia éternelle, in Revue de Culture européenne, 5, 1953. 213. Voir
15883
d’Henry Corbin sur la Sophia éternelle, in Revue
de
Culture européenne, 5, 1953. 213. Voir notamment, outre les ouvrages
15884
européenne, 5, 1953. 213. Voir notamment, outre
les
ouvrages cités plus haut sur le catharisme et l’amour courtois, des l
15885
notamment, outre les ouvrages cités plus haut sur
le
catharisme et l’amour courtois, des livres comme Arcane 17 d’André Br
15886
les ouvrages cités plus haut sur le catharisme et
l’
amour courtois, des livres comme Arcane 17 d’André Breton, les romans
15887
e et l’amour courtois, des livres comme Arcane 17
d’
André Breton, les romans lyriques de Julien Gracq, les recherches de R
15888
rtois, des livres comme Arcane 17 d’André Breton,
les
romans lyriques de Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur
15889
mme Arcane 17 d’André Breton, les romans lyriques
de
Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur la Grande Déesse, e
15890
ndré Breton, les romans lyriques de Julien Gracq,
les
recherches de Robert Graves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel s
15891
s romans lyriques de Julien Gracq, les recherches
de
Robert Graves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur le matriarc
15892
Julien Gracq, les recherches de Robert Graves sur
la
Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur le matriarcat.
15893
herches de Robert Graves sur la Grande Déesse, et
d’
Adrian Turel sur le matriarcat.
15894
raves sur la Grande Déesse, et d’Adrian Turel sur
le
matriarcat.
15895
Livre VIIL’amour action, ou
de
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvra
15896
Livre VIIL’amour action, ou de
la
fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À l’heure où cet ouvrage
15897
L’amour action, ou de la fidélité 1.Nécessité
d’
un parti pris À l’heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il m
15898
la fidélité 1.Nécessité d’un parti pris À
l’
heure où cet ouvrage touche à sa conclusion, il me semble que son dess
15899
che à sa conclusion, il me semble que son dessein
le
plus secret m’échappe encore. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pres
15900
que son dessein le plus secret m’échappe encore.
L’
aveu sera jugé insolite. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
15901
core. L’aveu sera jugé insolite. Mais je pressens
d’
assez profondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire la passion
15902
olite. Mais je pressens d’assez profondes raisons
de
le consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historiq
15903
te. Mais je pressens d’assez profondes raisons de
le
consentir. J’ai voulu décrire la passion comme une entité historique,
15904
ondes raisons de le consentir. J’ai voulu décrire
la
passion comme une entité historique, née dans un temps et dans des li
15905
ns un temps et dans des lieux déterminés, et sous
les
astres dont le cours est calculable. J’ai cru cerner le secret du myt
15906
ans des lieux déterminés, et sous les astres dont
le
cours est calculable. J’ai cru cerner le secret du mythe. La découver
15907
res dont le cours est calculable. J’ai cru cerner
le
secret du mythe. La découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on dé
15908
t calculable. J’ai cru cerner le secret du mythe.
La
découverte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire la passion ? O
15909
verte n’est pas négligeable. Mais peut-on décrire
la
passion ? On ne décrit pas une forme d’existence sans y participer, f
15910
n décrire la passion ? On ne décrit pas une forme
d’
existence sans y participer, fût-ce même par une révolte contre la déc
15911
y participer, fût-ce même par une révolte contre
la
décision dont elle est née. Et pour tout dire, j’ignore encore si cel
15912
si cela peut avoir un sens : approuver ou rejeter
la
passion. Combien serait vaine l’attitude intellectuelle qui se défini
15913
ouver ou rejeter la passion. Combien serait vaine
l’
attitude intellectuelle qui se définirait elle-même comme une condamna
15914
ui se définirait elle-même comme une condamnation
de
la passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion,
15915
se définirait elle-même comme une condamnation de
la
passion : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que la passion, qu
15916
une condamnation de la passion : il suffit, pour
l’
apercevoir, d’observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni
15917
ion de la passion : il suffit, pour l’apercevoir,
d’
observer que la passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avo
15918
on : il suffit, pour l’apercevoir, d’observer que
la
passion, quelle qu’elle soit, ne peut ni ne veut « avoir raison ». Co
15919
raison ». Contre elle, on a toujours raison, dès
l’
instant qu’on parle raison. Car l’homme de la passion est justement ce
15920
urs raison, dès l’instant qu’on parle raison. Car
l’
homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son to
15921
on, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme
de
la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux
15922
dès l’instant qu’on parle raison. Car l’homme de
la
passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, aux yeu
15923
mme de la passion est justement celui qui choisit
d’
être dans son tort, aux yeux du monde — et dans ce tort majeur, irrévo
15924
et dans ce tort majeur, irrévocable, que signifie
le
choix de la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on
15925
e tort majeur, irrévocable, que signifie le choix
de
la mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? P
15926
ort majeur, irrévocable, que signifie le choix de
la
mort contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour
15927
évocable, que signifie le choix de la mort contre
la
vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer la pa
15928
t contre la vie. Et comment échapper au démon que
l’
on fixe ? Pour attaquer la passion dans l’amour il faudrait développer
15929
t échapper au démon que l’on fixe ? Pour attaquer
la
passion dans l’amour il faudrait développer une violence spirituelle
15930
mon que l’on fixe ? Pour attaquer la passion dans
l’
amour il faudrait développer une violence spirituelle qui tuât mieux q
15931
opper une violence spirituelle qui tuât mieux que
la
passion d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie pri
15932
iolence spirituelle qui tuât mieux que la passion
d’
amour : celle au moins de l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mai
15933
uât mieux que la passion d’amour : celle au moins
de
l’orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive,
15934
mieux que la passion d’amour : celle au moins de
l’
orthodoxie contre l’hérésie primitive, mais encore plus agressive, san
15935
n d’amour : celle au moins de l’orthodoxie contre
l’
hérésie primitive, mais encore plus agressive, sans doute, puisqu’il n
15936
ns doute, puisqu’il n’est plus question pour nous
de
recourir au bras séculier. (Sans compter que la Croisade, au total, f
15937
s de recourir au bras séculier. (Sans compter que
la
Croisade, au total, fut un échec dont la passion sut profiter.) C’est
15938
pter que la Croisade, au total, fut un échec dont
la
passion sut profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à l’origine
15939
t profiter.) C’est qu’avant tout et après tout, à
l’
origine et à la fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’h
15940
est qu’avant tout et après tout, à l’origine et à
la
fin de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu —
15941
avant tout et après tout, à l’origine et à la fin
de
la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a forti
15942
nt tout et après tout, à l’origine et à la fin de
la
passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’homme ou Dieu — a fortiori
15943
in de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur
l’
homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décisi
15944
rreur « morale » — mais une décision fondamentale
de
l’homme, qui veut être lui-même son dieu214. La passion brûle dans no
15945
ur « morale » — mais une décision fondamentale de
l’
homme, qui veut être lui-même son dieu214. La passion brûle dans notre
15946
e de l’homme, qui veut être lui-même son dieu214.
La
passion brûle dans notre cœur sitôt que le serpent au sang froid — le
15947
eu214. La passion brûle dans notre cœur sitôt que
le
serpent au sang froid — le cynique pur — insinue sa promesse éternell
15948
s notre cœur sitôt que le serpent au sang froid —
le
cynique pur — insinue sa promesse éternellement trahie : eritis sicut
15949
nie naïveté du moraliste qui prétendait détourner
l’
homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle
15950
eté du moraliste qui prétendait détourner l’homme
de
cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débouch
15951
le débouche dans sa perte, en lui opposant toutes
les
raisons de la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand
15952
dans sa perte, en lui opposant toutes les raisons
de
la terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la t
15953
s sa perte, en lui opposant toutes les raisons de
la
terre, et les conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terr
15954
n lui opposant toutes les raisons de la terre, et
les
conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est mépr
15955
t toutes les raisons de la terre, et les conseils
de
tous nos arts de vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la
15956
ons de la terre, et les conseils de tous nos arts
de
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est la fa
15957
s conseils de tous nos arts de vivre, quand c’est
la
terre qui est méprisée, et la vie qui est la faute à racheter ! Mais
15958
vivre, quand c’est la terre qui est méprisée, et
la
vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se
15959
’est la terre qui est méprisée, et la vie qui est
la
faute à racheter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et le tue
15960
et la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer
l’
homme avant qu’il ne se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être
15961
ter ! Mais tuer l’homme avant qu’il ne se tue, et
le
tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela, de cela seul
15962
’il ne se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut
l’
être, c’est bien de cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut sur
15963
e tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’est bien
de
cela, de cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion.
15964
trement qu’il ne veut l’être, c’est bien de cela,
de
cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser la passion. Quant à s
15965
e cela seul qu’il s’agit, pour qui veut surpasser
la
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où la passion plonge s
15966
qui veut surpasser la passion. Quant à stériliser
le
milieu culturel où la passion plonge ses racines, il est probable que
15967
passion. Quant à stériliser le milieu culturel où
la
passion plonge ses racines, il est probable que l’État s’en chargera,
15968
a passion plonge ses racines, il est probable que
l’
État s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de le
15969
t s’en chargera, c’est son hygiène. Il y a toutes
les
raisons de le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique
15970
era, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons
de
le prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériol
15971
, c’est son hygiène. Il y a toutes les raisons de
le
prévoir, dans une époque où l’on confond thérapeutique et sotériologi
15972
tes les raisons de le prévoir, dans une époque où
l’
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de l’hygiène et doctrin
15973
l’on confond thérapeutique et sotériologie (lois
de
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos
15974
on confond thérapeutique et sotériologie (lois de
l’
hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de nos pas
15975
l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines,
la
guérison de nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui as
15976
doctrine du salut). À vues humaines, la guérison
de
nos passions viendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le po
15977
humaines, la guérison de nos passions viendra de
l’
État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids de toutes nos fautes, e
15978
iendra de l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera
le
poids de toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour le
15979
l’État, ce Sauveur anonyme qui assumera le poids
de
toutes nos fautes, et de la faute initiale de vivre, pour les glorifi
15980
me qui assumera le poids de toutes nos fautes, et
de
la faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom
15981
qui assumera le poids de toutes nos fautes, et de
la
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
15982
ids de toutes nos fautes, et de la faute initiale
de
vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peu
15983
os fautes, et de la faute initiale de vivre, pour
les
glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour
15984
faute initiale de vivre, pour les glorifier dans
la
guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et mainte
15985
ivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de
l’
innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, le problème ne
15986
nce du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant,
le
problème ne comporte pas d’échappatoire dans le temps à venir. S’il n
15987
i, ici et maintenant, le problème ne comporte pas
d’
échappatoire dans le temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible
15988
, le problème ne comporte pas d’échappatoire dans
le
temps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un hom
15989
emps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à
l’
homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de s
15990
e pas possible à l’homme — à un homme déterminé —
de
connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences l
15991
me déterminé — de connaître ses propres désirs et
de
sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins peut-il
15992
res désirs et de sonder en vérité ses préférences
les
plus secrètes, du moins peut-il connaître ses actions, et reconnaître
15993
naître ses actions, et reconnaître à leurs effets
les
décisions qu’il a risquées. C’est donc un parti pris tout personnel q
15994
c un parti pris tout personnel que je vais tenter
de
définir maintenant, et après coup, tel que je le reconnais dans ma vi
15995
de définir maintenant, et après coup, tel que je
le
reconnais dans ma vie. Et ce n’est à aucun degré une solution que je
15996
: on ne se décide jamais que pour son compte — et
le
reste est indiscrétion. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
15997
on. Mais je ne pouvais écrire un livre entier sur
la
passion sans achever ma description par ce trait qui enfin la situe,
15998
ans achever ma description par ce trait qui enfin
la
situe, non dans l’abstrait où la passion ne peut exister — et alors e
15999
ription par ce trait qui enfin la situe, non dans
l’
abstrait où la passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’u
16000
trait qui enfin la situe, non dans l’abstrait où
la
passion ne peut exister — et alors en parler n’est qu’un jeu — mais d
16001
— et alors en parler n’est qu’un jeu — mais dans
le
choix qui détermine une existence. 2.Critique du mariage Si je
16002
ce. 2.Critique du mariage Si je ne vois pas
de
raison qui tienne contre la passion véritable, il m’apparaît en secon
16003
Si je ne vois pas de raison qui tienne contre
la
passion véritable, il m’apparaît en second lieu que la raison n’est g
16004
ssion véritable, il m’apparaît en second lieu que
la
raison n’est guère plus efficace pour légitimer le mariage ; et que l
16005
a raison n’est guère plus efficace pour légitimer
le
mariage ; et que les arguments les plus divers que lui opposent les m
16006
plus efficace pour légitimer le mariage ; et que
les
arguments les plus divers que lui opposent les meilleurs esprits deme
16007
pour légitimer le mariage ; et que les arguments
les
plus divers que lui opposent les meilleurs esprits demeurent absolume
16008
ue les arguments les plus divers que lui opposent
les
meilleurs esprits demeurent absolument valables. De tout temps, les r
16009
meilleurs esprits demeurent absolument valables.
De
tout temps, les raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devan
16010
its demeurent absolument valables. De tout temps,
les
raisons du philistin ont eu mauvaise conscience devant les ironies du
16011
ns du philistin ont eu mauvaise conscience devant
les
ironies du romantique. Mais elles sont mises en pleine déroute par la
16012
ique. Mais elles sont mises en pleine déroute par
la
simple véracité. La fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au ni
16013
t mises en pleine déroute par la simple véracité.
La
fameuse « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau d’une certaine
16014
use « paix du foyer » n’existe guère qu’au niveau
d’
une certaine éloquence moyenne, politicienne, bourgeoise ou édifiante.
16015
iticienne, bourgeoise ou édifiante. Tolstoï, lui,
la
décrit comme un « enfer ». Et je lui fais un plus large crédit ! Étan
16016
e lui fais un plus large crédit ! Étant donné que
les
humains des deux sexes, pris un à un, sont généralement des coquins,
16017
ent-ils des anges une fois appariés ? Ignore-t-on
la
réalité, ou n’a-t-on rien à dire de plus sérieux ? Poussez la premièr
16018
Poussez la première porte venue ! Ce silence que
l’
épouse est censée ménager autour du vaillant travailleur qui rentre le
16019
ménager autour du vaillant travailleur qui rentre
le
soir, harassé, se retremper dans la paix familiale, vous verrez que c
16020
ur qui rentre le soir, harassé, se retremper dans
la
paix familiale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de l’agit
16021
iale, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix,
de
l’agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez
16022
e, vous verrez que cela va, neuf fois sur dix, de
l’
agitation des petits soins à la criaillerie délirante. Enregistrez sur
16023
f fois sur dix, de l’agitation des petits soins à
la
criaillerie délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un de ces e
16024
délirante. Enregistrez sur disque, au hasard, un
de
ces entretiens « paisibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
16025
n de ces entretiens « paisibles » qui agrémentent
le
« foyer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour
16026
isibles » qui agrémentent le « foyer domestique »
d’
un bourgeois ou d’un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se
16027
mentent le « foyer domestique » d’un bourgeois ou
d’
un ouvrier : la censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, l
16028
yer domestique » d’un bourgeois ou d’un ouvrier :
la
censure pour un coup trouverait à se justifier. Oui, les romantiques
16029
sure pour un coup trouverait à se justifier. Oui,
les
romantiques ont raison ; et les réalistes ont raison ; et les clercs
16030
e justifier. Oui, les romantiques ont raison ; et
les
réalistes ont raison ; et les clercs aussi ont raison, quand ils décl
16031
ues ont raison ; et les réalistes ont raison ; et
les
clercs aussi ont raison, quand ils déclarent au nom de leur vocation
16032
larent au nom de leur vocation qu’il faut choisir
de
faire des livres ou des enfants : aut liberi aut libri disait Nietzsc
16033
a raison plus qu’eux tous, lui qui d’abord exalte
la
passion, comme étant la suprême valeur du « stade esthétique » de la
16034
s, lui qui d’abord exalte la passion, comme étant
la
suprême valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis la surmonte e
16035
e étant la suprême valeur du « stade esthétique »
de
la vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du «
16036
tant la suprême valeur du « stade esthétique » de
la
vie ; puis la surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « st
16037
e valeur du « stade esthétique » de la vie ; puis
la
surmonte en exaltant le mariage, suprême valeur du « stade éthique »
16038
étique » de la vie ; puis la surmonte en exaltant
le
mariage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est la « plénitude du
16039
riage, suprême valeur du « stade éthique » (c’est
la
« plénitude du temps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême obs
16040
, puisqu’il nous lie au temps, précisément, quand
la
foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux
16041
nous lie au temps, précisément, quand la foi veut
l’
éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a
16042
homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer
le
philistin et le romantique, et leur donner raison au point de leur fa
16043
it déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et
le
romantique, et leur donner raison au point de leur faire honte d’avoi
16044
et le romantique, et leur donner raison au point
de
leur faire honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin, i
16045
t leur donner raison au point de leur faire honte
d’
avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à la fin, il n’écrase pas seule
16046
u point de leur faire honte d’avoir parfois douté
d’
eux-mêmes ; mais à la fin, il n’écrase pas seulement ce philistin qui
16047
honte d’avoir parfois douté d’eux-mêmes ; mais à
la
fin, il n’écrase pas seulement ce philistin qui se contente d’épouser
16048
écrase pas seulement ce philistin qui se contente
d’
épouser la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi
16049
seulement ce philistin qui se contente d’épouser
la
veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’h
16050
er la veuve du brasseur, ou ce jeune fou qui aime
la
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que la religion devait
16051
r, ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais
l’
homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux,
16052
fille du roi, mais l’homme pieux qui estimait que
la
religion devait être un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
16053
e un amour heureux, un mariage avec sa vertu. Car
l’
amour du pécheur pour Dieu est « essentiellement malheureux », et cett
16054
ent malheureux », et cette passion chrétienne est
la
seule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont le bonheur) ne pe
16055
ule vérité, et tous nos « devoirs » humains (dont
le
bonheur) ne peuvent que nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abo
16056
e nous en détourner. Kierkegaard condamna d’abord
les
pasteurs qui refusaient le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux
16057
aard condamna d’abord les pasteurs qui refusaient
le
célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis les Pères po
16058
; puis Luther et Calvin, tous deux mariés ; puis
les
Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir tol
16059
tous deux mariés ; puis les Pères pour avoir loué
le
mariage ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul le Christ a vé
16060
ur avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour
l’
avoir toléré… (Seul le Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter
16061
ge ; enfin saint Paul, pour l’avoir toléré… (Seul
le
Christ a vécu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ? Les incr
16062
cu en chrétien !) Et comment réfuter ce furieux ?
Les
incroyants sont renvoyés aux arguments des romantiques, qui valent co
16063
omantiques, qui valent contre leur moralisme ; et
les
croyants aux arguments de saint Paul, qui valent contre leur humanism
16064
re leur moralisme ; et les croyants aux arguments
de
saint Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit l’Apôtre ? Je p
16065
t Paul, qui valent contre leur humanisme. Que dit
l’
Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher de fe
16066
e. Que dit l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour
l’
homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicit
16067
it l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’homme
de
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que c
16068
se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
de
femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme e
16069
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter
l’
impudicité, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari…
16070
un ait sa femme et que chaque femme ait son mari…
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
16071
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps
16072
opre corps, mais c’est le mari ; et pareillement,
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne v
16073
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun ac
16074
rps, mais c’est la femme. Ne vous privez pas l’un
de
l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer
16075
. Ne vous privez pas l’un de l’autre, si ce n’est
d’
un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis reto
16076
’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à
la
prière ; puis retournez ensemble de peur que Satan ne vous tente par
16077
n de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble
de
peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. Je dis cela par
16078
ais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que
de
brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite,
16079
se marier que de brûler… Que chacun marche selon
la
part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu…
16080
ue de brûler… Que chacun marche selon la part que
le
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun,
16081
selon la part que le Seigneur lui a faite, selon
l’
appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu da
16082
Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu
de
Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était
16083
ieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans
l’
état où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou marié)… usant du mo
16084
marié)… usant du monde comme n’en usant pas, car
la
figure de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de gr
16085
sant du monde comme n’en usant pas, car la figure
de
ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup de grâce : Celu
16086
de ce monde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici
le
coup de grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Se
16087
onde passe. (I, Cor., 7, 1-32.) Et voici le coup
de
grâce : Celui qui n’est pas marié s’inquiète des choses du Seigneur,
16088
rié s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens
de
plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du m
16089
marié s’inquiète des choses du monde, des moyens
de
plaire à sa femme. (V. 32) ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre le maria
16090
femme. (V. 32) ⁂ Tout ce qu’on peut dire contre
le
mariage est vrai, par conséquent doit être dit, soit du point de vue
16091
re dit, soit du point de vue des romantiques — si
l’
on croit à Iseut — soit du point de vue du clerc parfait — si l’on cro
16092
seut — soit du point de vue du clerc parfait — si
l’
on croit à son œuvre — soit du point de vue spirituel pur, pour ceux q
16093
r, pour ceux qui croient. Il n’est possible alors
d’
affirmer le mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chem
16094
x qui croient. Il n’est possible alors d’affirmer
le
mariage qu’au-delà des deux premières critiques et en chemin vers la
16095
e, c’est-à-dire en maintenant sans cesse présente
l’
exigence inhumaine de perfection, comme une question perpétuelle, un a
16096
intenant sans cesse présente l’exigence inhumaine
de
perfection, comme une question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
16097
ne question perpétuelle, un aiguillon qui empêche
de
retomber sous le coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-del
16098
tuelle, un aiguillon qui empêche de retomber sous
le
coup des objections humaines. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mai
16099
s. Si j’oublie cet au-delà du mariage, mais aussi
de
tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume de Dieu : (« Il n’y aura
16100
e, mais aussi de tout ordre humain, qui s’appelle
le
Royaume de Dieu : (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je born
16101
si de tout ordre humain, qui s’appelle le Royaume
de
Dieu : (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision
16102
vision et mon espoir à une perfection relative, à
l’
équilibre dans l’imperfection que représente le mariage. Alors, si je
16103
oir à une perfection relative, à l’équilibre dans
l’
imperfection que représente le mariage. Alors, si je ne puis l’atteind
16104
à l’équilibre dans l’imperfection que représente
le
mariage. Alors, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que la révo
16105
n que représente le mariage. Alors, si je ne puis
l’
atteindre, il ne me reste que la révolte contre ma condition de créatu
16106
rs, si je ne puis l’atteindre, il ne me reste que
la
révolte contre ma condition de créature ; et au contraire, si je l’at
16107
il ne me reste que la révolte contre ma condition
de
créature ; et au contraire, si je l’atteins trop aisément, je deviend
16108
ma condition de créature ; et au contraire, si je
l’
atteins trop aisément, je deviendrai le philistin que dénoncent les ro
16109
ire, si je l’atteins trop aisément, je deviendrai
le
philistin que dénoncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans l
16110
isément, je deviendrai le philistin que dénoncent
les
romantiques, ou l’homme moral pris dans les rets sociaux, et incapabl
16111
ai le philistin que dénoncent les romantiques, ou
l’
homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de conc
16112
ncent les romantiques, ou l’homme moral pris dans
les
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir les vérités « cruel
16113
ris dans les rets sociaux, et incapable désormais
de
concevoir les vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche.
16114
rets sociaux, et incapable désormais de concevoir
les
vérités « cruelles » de l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sa
16115
e désormais de concevoir les vérités « cruelles »
de
l’esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison
16116
ésormais de concevoir les vérités « cruelles » de
l’
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, e
16117
esprit, dont parle Nietzsche. Mais si je sais que
l’
Apôtre a raison, et si je l’accepte, je considère alors l’équilibre im
16118
. Mais si je sais que l’Apôtre a raison, et si je
l’
accepte, je considère alors l’équilibre imparfait du mariage dans une
16119
a raison, et si je l’accepte, je considère alors
l’
équilibre imparfait du mariage dans une perspective ouverte et dans l’
16120
t du mariage dans une perspective ouverte et dans
l’
attente — heureuse ou malheureuse — du parfait. Je sais que je tente u
16121
e (et en même temps toute naturelle !) pour vivre
le
parfait dans l’imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte
16122
mps toute naturelle !) pour vivre le parfait dans
l’
imparfait. Mais je sais néanmoins que cet effort porte en lui-même une
16123
e excellent. 3.Le mariage comme décision Si
l’
on songe à ce que signifie le choix d’une femme pour toute la vie, l’o
16124
comme décision Si l’on songe à ce que signifie
le
choix d’une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion
16125
ision Si l’on songe à ce que signifie le choix
d’
une femme pour toute la vie, l’on en vient à cette conclusion : choisi
16126
à ce que signifie le choix d’une femme pour toute
la
vie, l’on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est pari
16127
signifie le choix d’une femme pour toute la vie,
l’
on en vient à cette conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or l
16128
conclusion : choisir une femme, c’est parier. Or
la
sagesse populaire et bourgeoise recommande au jeune homme de « réfléc
16129
populaire et bourgeoise recommande au jeune homme
de
« réfléchir » avant de prendre une décision : elle l’entretient ainsi
16130
réfléchir » avant de prendre une décision : elle
l’
entretient ainsi dans l’illusion que le choix d’une femme dépend d’un
16131
endre une décision : elle l’entretient ainsi dans
l’
illusion que le choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raison
16132
ion : elle l’entretient ainsi dans l’illusion que
le
choix d’une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait
16133
e l’entretient ainsi dans l’illusion que le choix
d’
une femme dépend d’un certain nombre de raisons qu’il serait possible
16134
i dans l’illusion que le choix d’une femme dépend
d’
un certain nombre de raisons qu’il serait possible de peser. Cette err
16135
e le choix d’une femme dépend d’un certain nombre
de
raisons qu’il serait possible de peser. Cette erreur du bon sens est
16136
n certain nombre de raisons qu’il serait possible
de
peser. Cette erreur du bon sens est tout à fait grossière. Vous aurez
16137
est tout à fait grossière. Vous aurez beau tenter
de
mettre au départ toutes les chances de votre côté — et je suppose que
16138
Vous aurez beau tenter de mettre au départ toutes
les
chances de votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps
16139
eau tenter de mettre au départ toutes les chances
de
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse le temps de calcule
16140
tes les chances de votre côté — et je suppose que
la
vie vous laisse le temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir
16141
votre côté — et je suppose que la vie vous laisse
le
temps de calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolu
16142
é — et je suppose que la vie vous laisse le temps
de
calculer — jamais vous ne pourrez prévoir votre future évolution, et
16143
oir votre future évolution, et encore moins celle
de
l’épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteu
16144
votre future évolution, et encore moins celle de
l’
épouse choisie, encore bien moins celle du couple formé. Les facteurs
16145
choisie, encore bien moins celle du couple formé.
Les
facteurs mis en jeu sont trop hétéroclites. À supposer que vous puiss
16146
t trop hétéroclites. À supposer que vous puissiez
les
calculer dans le présent (comme si leur nombre était fini) et que vou
16147
s. À supposer que vous puissiez les calculer dans
le
présent (comme si leur nombre était fini) et que vous disposiez d’une
16148
si leur nombre était fini) et que vous disposiez
d’
une telle science de l’humain que leurs valeurs vous soient connues et
16149
t fini) et que vous disposiez d’une telle science
de
l’humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie évi
16150
ini) et que vous disposiez d’une telle science de
l’
humain que leurs valeurs vous soient connues et leur hiérarchie éviden
16151
érarchie évidente, encore ne sauriez-vous prévoir
la
fin d’une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on,
16152
e évidente, encore ne sauriez-vous prévoir la fin
d’
une union faite en connaissance de causes. Il a fallu, dit-on, plusieu
16153
prévoir la fin d’une union faite en connaissance
de
causes. Il a fallu, dit-on, plusieurs centaines de millénaires à la n
16154
e causes. Il a fallu, dit-on, plusieurs centaines
de
millénaires à la nature pour sélectionner les espèces qui nous parais
16155
llu, dit-on, plusieurs centaines de millénaires à
la
nature pour sélectionner les espèces qui nous paraissent adaptées. Et
16156
ines de millénaires à la nature pour sélectionner
les
espèces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions la prétention d
16157
ces qui nous paraissent adaptées. Et nous aurions
la
prétention de résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’
16158
araissent adaptées. Et nous aurions la prétention
de
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de
16159
aptées. Et nous aurions la prétention de résoudre
d’
un coup, en une seule vie, le problème de l’adaptation de deux êtres p
16160
étention de résoudre d’un coup, en une seule vie,
le
problème de l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus h
16161
résoudre d’un coup, en une seule vie, le problème
de
l’adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement org
16162
oudre d’un coup, en une seule vie, le problème de
l’
adaptation de deux êtres physiques et moraux des plus hautement organi
16163
up, en une seule vie, le problème de l’adaptation
de
deux êtres physiques et moraux des plus hautement organisés ! (C’est
16164
és ! (C’est pourtant à cette utopie qu’obéit sans
le
savoir le mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troi
16165
t pourtant à cette utopie qu’obéit sans le savoir
le
mal marié, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième essa
16166
se persuade qu’un second ou qu’un troisième essai
le
rapprochera sensiblement de son « bonheur ». Alors que tout nous mont
16167
qu’un troisième essai le rapprochera sensiblement
de
son « bonheur ». Alors que tout nous montre que cent-mille essais ne
16168
remiers éléments, tout balbutiants et empiriques,
d’
une science du « mariage heureux ». Il faut le reconnaître honnêtement
16169
es, d’une science du « mariage heureux ». Il faut
le
reconnaître honnêtement : le problème qui nous est posé par la nécess
16170
e heureux ». Il faut le reconnaître honnêtement :
le
problème qui nous est posé par la nécessité pratique du mariage appar
16171
e honnêtement : le problème qui nous est posé par
la
nécessité pratique du mariage apparaît d’autant plus insoluble que l’
16172
osé par la nécessité pratique du mariage apparaît
d’
autant plus insoluble que l’on tient davantage à le « résoudre » au se
16173
e du mariage apparaît d’autant plus insoluble que
l’
on tient davantage à le « résoudre » au sens rationnel de ce terme. Ce
16174
’autant plus insoluble que l’on tient davantage à
le
« résoudre » au sens rationnel de ce terme. Certes, il y a du sophism
16175
ent davantage à le « résoudre » au sens rationnel
de
ce terme. Certes, il y a du sophisme dans mon raisonnement : car tout
16176
ophisme dans mon raisonnement : car tout se passe
d’
ordinaire comme si le bonheur des époux dépendait en réalité d’un nomb
16177
onnement : car tout se passe d’ordinaire comme si
le
bonheur des époux dépendait en réalité d’un nombre fini de facteurs :
16178
omme si le bonheur des époux dépendait en réalité
d’
un nombre fini de facteurs : caractère, physique, fortune, rang social
16179
r des époux dépendait en réalité d’un nombre fini
de
facteurs : caractère, physique, fortune, rang social… Mais pour peu q
16180
tune, rang social… Mais pour peu que se précisent
les
exigences individuelles215, ces données extérieures perdent en import
16181
ces données extérieures perdent en importance, et
les
impondérables deviennent décisifs. Le sophisme est alors du côté du b
16182
rtance, et les impondérables deviennent décisifs.
Le
sophisme est alors du côté du bon sens, qui recommandait un choix mûr
16183
es critères impersonnels. Mais enfin ce n’est pas
l’
erreur logique qui est grave, c’est l’erreur morale qu’elle suppose. L
16184
e n’est pas l’erreur logique qui est grave, c’est
l’
erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite les jeunes fiancés à c
16185
l’erreur morale qu’elle suppose. Lorsqu’on incite
les
jeunes fiancés à calculer leurs chances de bonheur, on détourne leur
16186
ncite les jeunes fiancés à calculer leurs chances
de
bonheur, on détourne leur attention du problème proprement éthique. E
16187
ention du problème proprement éthique. En tentant
de
réduire ou de dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement
16188
lème proprement éthique. En tentant de réduire ou
de
dissimuler le caractère de pari que revêt objectivement un choix de c
16189
t éthique. En tentant de réduire ou de dissimuler
le
caractère de pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on d
16190
tentant de réduire ou de dissimuler le caractère
de
pari que revêt objectivement un choix de cet ordre, on donne à croire
16191
aractère de pari que revêt objectivement un choix
de
cet ordre, on donne à croire que tout se ramène à une sagesse, à un s
16192
e qu’imparfait, et provisoire, devrait se doubler
d’
une garantie. Et la seule garantie concevable est dans la force de la
16193
provisoire, devrait se doubler d’une garantie. Et
la
seule garantie concevable est dans la force de la décision en vertu d
16194
arantie. Et la seule garantie concevable est dans
la
force de la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la v
16195
Et la seule garantie concevable est dans la force
de
la décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advi
16196
la seule garantie concevable est dans la force de
la
décision en vertu de laquelle on s’engage pour toute la vie « advienn
16197
ision en vertu de laquelle on s’engage pour toute
la
vie « advienne que pourra ». Mais justement cette décision comme tell
16198
n comme telle paraît secondaire ou superflue dans
la
mesure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je
16199
paraît secondaire ou superflue dans la mesure où
l’
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul. D’où je conclus qu’i
16200
esure où l’on se persuade qu’il s’agit avant tout
de
calcul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mar
16201
on se persuade qu’il s’agit avant tout de calcul.
D’
où je conclus qu’il serait plus conforme à l’essence du mariage, et au
16202
cul. D’où je conclus qu’il serait plus conforme à
l’
essence du mariage, et au réel, d’enseigner aux jeunes gens que leur c
16203
plus conforme à l’essence du mariage, et au réel,
d’
enseigner aux jeunes gens que leur choix relève toujours d’une sorte d
16204
er aux jeunes gens que leur choix relève toujours
d’
une sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heur
16205
s gens que leur choix relève toujours d’une sorte
d’
arbitraire, dont ils s’engagent à assumer les suites, heureuses ou non
16206
sorte d’arbitraire, dont ils s’engagent à assumer
les
suites, heureuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup de tête
16207
reuses ou non. Ce n’est pas là un éloge du « coup
de
tête » : car tant que l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
16208
as là un éloge du « coup de tête » : car tant que
l’
on peut calculer, j’admets qu’il est stupide de s’en priver. Mais je d
16209
ue l’on peut calculer, j’admets qu’il est stupide
de
s’en priver. Mais je dis que la garantie d’une union raisonnable dans
16210
qu’il est stupide de s’en priver. Mais je dis que
la
garantie d’une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dan
16211
upide de s’en priver. Mais je dis que la garantie
d’
une union raisonnable dans les apparences n’est jamais dans ces appare
16212
dis que la garantie d’une union raisonnable dans
les
apparences n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans l’événemen
16213
s n’est jamais dans ces apparences. Elle est dans
l’
événement irrationnel d’une décision prise en dépit de tout, et qui fo
16214
apparences. Elle est dans l’événement irrationnel
d’
une décision prise en dépit de tout, et qui fonde une nouvelle existen
16215
use, ce n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes
l’
idéal de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
16216
n’est pas dire à Mlle Untel : « Vous êtes l’idéal
de
mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes l’Iseut
16217
ous comblez et au-delà tous mes désirs, vous êtes
l’
Iseut toute belle et désirable — et munie d’une dot adéquate — dont je
16218
êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie
d’
une dot adéquate — dont je veux être le Tristan. » Car ce serait là me
16219
— et munie d’une dot adéquate — dont je veux être
le
Tristan. » Car ce serait là mentir et l’on ne peut rien fonder qui du
16220
eux être le Tristan. » Car ce serait là mentir et
l’
on ne peut rien fonder qui dure sur le mensonge. Il n’y a personne au
16221
à mentir et l’on ne peut rien fonder qui dure sur
le
mensonge. Il n’y a personne au monde qui puisse me combler : à peine
16222
ous que je choisis pour partager ma vie, et voilà
la
seule preuve que je vous aime. (Vraiment, pour dire : Ce n’est que ce
16223
Vraiment, pour dire : Ce n’est que cela ! — comme
le
diront beaucoup de jeunes gens qui s’attendent, en vertu du mythe, à
16224
il faut n’avoir connu que peu de solitude et peu
d’
angoisse, très peu de solitaire angoisse.) Seule une décision de cet o
16225
ès peu de solitaire angoisse.) Seule une décision
de
cet ordre, irrationnelle mais non sentimentale, sobre mais sans aucun
16226
ntale, sobre mais sans aucun cynisme, peut servir
de
point de départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidéli
16227
bre mais sans aucun cynisme, peut servir de point
de
départ à une fidélité réelle ; et je ne dis pas à une fidélité qui so
16228
je ne dis pas à une fidélité qui soit une recette
de
« bonheur », mais bien à une fidélité qui soit possible, n’étant pas
16229
n germe par un calcul forcément inexact. 4.Sur
la
fidélité On fausse l’éthique du mariage en faisant de la promesse
16230
cément inexact. 4.Sur la fidélité On fausse
l’
éthique du mariage en faisant de la promesse de fidélité un problème,
16231
lité On fausse l’éthique du mariage en faisant
de
la promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait
16232
é On fausse l’éthique du mariage en faisant de
la
promesse de fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se
16233
se l’éthique du mariage en faisant de la promesse
de
fidélité un problème, alors que le problème ne devrait se poser qu’à
16234
de la promesse de fidélité un problème, alors que
le
problème ne devrait se poser qu’à partir de cette promesse, considéré
16235
rtir de cette promesse, considérée comme absolue.
La
problématique du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. « L’éthiq
16236
e du mariage n’est pas du cur, mais du quomodo. «
L’
éthique ne commence pas, dit Kierkegaard, dans une ignorance qu’il fau
16237
n savoir qui exige sa réalisation. » Ce n’est pas
l’
engagement qui est problématique, mais les conséquences qu’il entraîne
16238
’est pas l’engagement qui est problématique, mais
les
conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse la théologie en parta
16239
s conséquences qu’il entraîne. (De même on fausse
la
théologie en partant du « problème de Dieu » — exactement comme si l’
16240
e on fausse la théologie en partant du « problème
de
Dieu » — exactement comme si l’on ne croyait pas — alors que le seul
16241
ant du « problème de Dieu » — exactement comme si
l’
on ne croyait pas — alors que le seul vrai problème est de savoir comm
16242
actement comme si l’on ne croyait pas — alors que
le
seul vrai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité
16243
croyait pas — alors que le seul vrai problème est
de
savoir comment Lui obéir.) Car la fidélité est sans raisons — ou elle
16244
ai problème est de savoir comment Lui obéir.) Car
la
fidélité est sans raisons — ou elle n’est pas — comme tout ce qui por
16245
le n’est pas — comme tout ce qui porte une chance
de
grandeur. (Comme la passion !) Les moralistes et certains sociologues
16246
tout ce qui porte une chance de grandeur. (Comme
la
passion !) Les moralistes et certains sociologues ont essayé de prouv
16247
orte une chance de grandeur. (Comme la passion !)
Les
moralistes et certains sociologues ont essayé de prouver que la monog
16248
Les moralistes et certains sociologues ont essayé
de
prouver que la monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est saluta
16249
et certains sociologues ont essayé de prouver que
la
monogamie est naturelle, et de plus qu’elle est salutaire. Cela se di
16250
de plus qu’elle est salutaire. Cela se discute à
l’
infini… Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régler
16251
infini… Et cela nous sera des plus utiles dès que
les
hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront p
16252
s plus utiles dès que les hommes se régleront sur
la
raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils
16253
dès que les hommes se régleront sur la raison et
l’
intérêt : quand ils n’auront plus de passions, quand ils cesseront de
16254
la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus
de
passions, quand ils cesseront de préférer l’erreur comme telle, quand
16255
ls n’auront plus de passions, quand ils cesseront
de
préférer l’erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inq
16256
plus de passions, quand ils cesseront de préférer
l’
erreur comme telle, quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
16257
référer l’erreur comme telle, quand ils cesseront
de
mériter cet inquiétant nom d’homme, au sens actuel. Car pour ceux du
16258
quand ils cesseront de mériter cet inquiétant nom
d’
homme, au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que l
16259
el. Car pour ceux du siècle présent, je pense que
la
fidélité se définit comme la moins naturelle des vertus, et la plus d
16260
résent, je pense que la fidélité se définit comme
la
moins naturelle des vertus, et la plus désavantageuse pour le « Bonhe
16261
e définit comme la moins naturelle des vertus, et
la
plus désavantageuse pour le « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur la
16262
urelle des vertus, et la plus désavantageuse pour
le
« Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage, la fidélité conjugale
16263
e « Bonheur ». À leurs yeux et dans leur langage,
la
fidélité conjugale est le succès d’un effort « inhumain ». Leur reven
16264
x et dans leur langage, la fidélité conjugale est
le
succès d’un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leu
16265
leur langage, la fidélité conjugale est le succès
d’
un effort « inhumain ». Leur revendication fondamentale, leur religion
16266
». Leur revendication fondamentale, leur religion
de
la Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme
16267
Leur revendication fondamentale, leur religion de
la
Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent la fidélité comme une
16268
a Vie, s’y oppose diamétralement. Ils considèrent
la
fidélité comme une discipline imposée (aux humeurs et désirs spontané
16269
e une abstention prudente… Ou encore ils y voient
l’
effet d’une impuissance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour le
16270
stention prudente… Ou encore ils y voient l’effet
d’
une impuissance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour le confort
16271
ent l’effet d’une impuissance à vivre largement ;
d’
un goût mesquin pour le confort et le conforme ; d’un défaut d’imagina
16272
ssance à vivre largement ; d’un goût mesquin pour
le
confort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité m
16273
largement ; d’un goût mesquin pour le confort et
le
conforme ; d’un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’
16274
’un goût mesquin pour le confort et le conforme ;
d’
un défaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’in
16275
quin pour le confort et le conforme ; d’un défaut
d’
imagination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordid
16276
fort et le conforme ; d’un défaut d’imagination ;
d’
une timidité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide… L’habitude de
16277
éfaut d’imagination ; d’une timidité méprisable ;
d’
un calcul d’intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acqu
16278
ination ; d’une timidité méprisable ; d’un calcul
d’
intérêt sordide… L’habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d
16279
idité méprisable ; d’un calcul d’intérêt sordide…
L’
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est d’exploiter chaque s
16280
habitude des modernes, leur nature acquise, c’est
d’
exploiter chaque situation au maximum et pour elle-même, sans plus se
16281
se référer à rien qui « juge » et qui « mesure »
la
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de l’ordre social so
16282
jouissance qu’on en tire. Seul un respect acquis
de
l’ordre social soutient encore en fait, l’idée de fidélité. Mais l’ob
16283
uissance qu’on en tire. Seul un respect acquis de
l’
ordre social soutient encore en fait, l’idée de fidélité. Mais l’obsta
16284
acquis de l’ordre social soutient encore en fait,
l’
idée de fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de t
16285
de l’ordre social soutient encore en fait, l’idée
de
fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les
16286
soutient encore en fait, l’idée de fidélité. Mais
l’
obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les
16287
e fidélité. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on
le
tourne de tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui
16288
. Mais l’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne
de
tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa
16289
’obstacle n’est pas sérieux, on le tourne de tous
les
côtés. Voyez les excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ;
16290
as sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez
les
excuses invoquées par le mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : «
16291
e tous les côtés. Voyez les excuses invoquées par
le
mari qui trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas d’importanc
16292
trompe sa femme ; il dit tantôt : « Cela n’a pas
d’
importance, cela ne change rien à nos rapports, c’est une passade, une
16293
rtant que toutes vos petites morales et garanties
de
bonheur bourgeois ! » Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
16294
» Du cynisme au tragique romantique, il n’y a pas
de
contradiction profonde, nous l’avons vu216. Dans les deux cas, il s’a
16295
que, il n’y a pas de contradiction profonde, nous
l’
avons vu216. Dans les deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout eng
16296
contradiction profonde, nous l’avons vu216. Dans
les
deux cas, il s’agit de s’évader hors de tout engagement concret, cons
16297
nous l’avons vu216. Dans les deux cas, il s’agit
de
s’évader hors de tout engagement concret, considéré comme une odieuse
16298
gie rationaliste ou hédoniste, je ne parlerai que
d’
une fidélité observée en vertu de l’absurde, parce qu’on s’y est engag
16299
parlerai que d’une fidélité observée en vertu de
l’
absurde, parce qu’on s’y est engagé, simplement, et que c’est un fait
16300
t, et que c’est un fait absolu, sur quoi se fonde
la
personne même des époux. Il faut bien voir que cette fidélité est à c
16301
rd’hui vénérées par presque tous. Elle représente
le
plus profond non-conformisme. Elle nie la croyance commune en la vale
16302
résente le plus profond non-conformisme. Elle nie
la
croyance commune en la valeur révélatrice du spontané et de la multip
16303
non-conformisme. Elle nie la croyance commune en
la
valeur révélatrice du spontané et de la multiplicité des expériences.
16304
e commune en la valeur révélatrice du spontané et
de
la multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réuni
16305
ommune en la valeur révélatrice du spontané et de
la
multiplicité des expériences. Elle nie que l’être aimé doive réunir,
16306
de la multiplicité des expériences. Elle nie que
l’
être aimé doive réunir, pour être ou pour rester aimable, le plus gran
16307
é doive réunir, pour être ou pour rester aimable,
le
plus grand nombre de qualités possible. Elle nie que le but de la fid
16308
être ou pour rester aimable, le plus grand nombre
de
qualités possible. Elle nie que le but de la fidélité soit le bonheur
16309
s grand nombre de qualités possible. Elle nie que
le
but de la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que
16310
nombre de qualités possible. Elle nie que le but
de
la fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est a
16311
mbre de qualités possible. Elle nie que le but de
la
fidélité soit le bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avan
16312
possible. Elle nie que le but de la fidélité soit
le
bonheur. Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout l’obéissan
16313
Elle affirme scandaleusement que c’est avant tout
l’
obéissance à une Vérité que l’on croit, et en second lieu la volonté d
16314
ue c’est avant tout l’obéissance à une Vérité que
l’
on croit, et en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car la fidé
16315
ce à une Vérité que l’on croit, et en second lieu
la
volonté de faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une esp
16316
rité que l’on croit, et en second lieu la volonté
de
faire une œuvre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce de cons
16317
en second lieu la volonté de faire une œuvre. Car
la
fidélité n’est pas du tout une espèce de conservatisme. Elle est plut
16318
vre. Car la fidélité n’est pas du tout une espèce
de
conservatisme. Elle est plutôt une construction. « Absurde » au moins
16319
une construction. « Absurde » au moins autant que
la
passion, elle se distingue de la passion par un refus constant de sub
16320
au moins autant que la passion, elle se distingue
de
la passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin co
16321
moins autant que la passion, elle se distingue de
la
passion par un refus constant de subir ses rêves, par un besoin const
16322
se distingue de la passion par un refus constant
de
subir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour l’être aimé, par
16323
nstant de subir ses rêves, par un besoin constant
d’
agir pour l’être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle ch
16324
bir ses rêves, par un besoin constant d’agir pour
l’
être aimé, par une constante prise sur le réel, qu’elle cherche à domi
16325
gir pour l’être aimé, par une constante prise sur
le
réel, qu’elle cherche à dominer, non pas à fuir. Je dis qu’une telle
16326
on pas à fuir. Je dis qu’une telle fidélité fonde
la
personne. Car la personne se manifeste comme une œuvre, au sens le pl
16327
dis qu’une telle fidélité fonde la personne. Car
la
personne se manifeste comme une œuvre, au sens le plus large du terme
16328
la personne se manifeste comme une œuvre, au sens
le
plus large du terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à la fav
16329
terme. Elle s’édifie à la manière d’une œuvre, à
la
faveur d’une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la
16330
le s’édifie à la manière d’une œuvre, à la faveur
d’
une œuvre, et aux mêmes conditions, dont la première est la fidélité à
16331
re, et aux mêmes conditions, dont la première est
la
fidélité à quelque chose qui n’était pas, mais que l’on crée. Personn
16332
idélité à quelque chose qui n’était pas, mais que
l’
on crée. Personne, œuvre et fidélité : les trois mots ne sont point sé
16333
mais que l’on crée. Personne, œuvre et fidélité :
les
trois mots ne sont point séparables ou concevables isolément. Et tous
16334
oint séparables ou concevables isolément. Et tous
les
trois supposent un parti pris217, une attitude fondamentale de créate
16335
osent un parti pris217, une attitude fondamentale
de
créateur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse de fidélité int
16336
ne attitude fondamentale de créateur. Ainsi, dans
la
plus humble vie, la promesse de fidélité introduit une chance de fair
16337
tale de créateur. Ainsi, dans la plus humble vie,
la
promesse de fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’éle
16338
teur. Ainsi, dans la plus humble vie, la promesse
de
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
16339
vie, la promesse de fidélité introduit une chance
de
faire œuvre, et de s’élever au plan de la personne. (À condition bien
16340
fidélité introduit une chance de faire œuvre, et
de
s’élever au plan de la personne. (À condition bien entendu que cette
16341
une chance de faire œuvre, et de s’élever au plan
de
la personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas
16342
chance de faire œuvre, et de s’élever au plan de
la
personne. (À condition bien entendu que cette promesse ne soit pas fa
16343
omesse ne soit pas faite pour des « raisons » que
l’
on se réserve de répudier un jour, quand elles cesseront de paraître r
16344
as faite pour des « raisons » que l’on se réserve
de
répudier un jour, quand elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
16345
éserve de répudier un jour, quand elles cesseront
de
paraître raisonnables ! Si la promesse du mariage est le type même de
16346
and elles cesseront de paraître raisonnables ! Si
la
promesse du mariage est le type même de l’acte sérieux, c’est dans la
16347
ître raisonnables ! Si la promesse du mariage est
le
type même de l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite u
16348
bles ! Si la promesse du mariage est le type même
de
l’acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour
16349
s ! Si la promesse du mariage est le type même de
l’
acte sérieux, c’est dans la mesure où elle est faite une fois pour tou
16350
ge est le type même de l’acte sérieux, c’est dans
la
mesure où elle est faite une fois pour toutes. Seul l’irrévocable est
16351
sure où elle est faite une fois pour toutes. Seul
l’
irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle la plus déshéritée, déti
16352
l l’irrévocable est sérieux.) Toute vie, fût-elle
la
plus déshéritée, détient sa chance immédiate de grandeur, et c’est da
16353
e la plus déshéritée, détient sa chance immédiate
de
grandeur, et c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra la réa
16354
nt sa chance immédiate de grandeur, et c’est dans
la
fidélité « absurde » qu’elle pourra la réaliser : quand il y aurait t
16355
c’est dans la fidélité « absurde » qu’elle pourra
la
réaliser : quand il y aurait toutes les raisons du monde de dire oui
16356
lle pourra la réaliser : quand il y aurait toutes
les
raisons du monde de dire oui à cette passion éblouissante, — dire non
16357
r : quand il y aurait toutes les raisons du monde
de
dire oui à cette passion éblouissante, — dire non en vertu de l’absur
16358
ette passion éblouissante, — dire non en vertu de
l’
absurde, en vertu d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine, d’u
16359
u de l’absurde, en vertu d’une promesse ancienne,
d’
une déraison humaine, d’une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu
16360
d’une promesse ancienne, d’une déraison humaine,
d’
une raison de foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et pe
16361
se ancienne, d’une déraison humaine, d’une raison
de
foi, d’une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus
16362
nne, d’une déraison humaine, d’une raison de foi,
d’
une promesse faite à Dieu, gagée par Dieu… (Et peut-être, plus tard, a
16363
e par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup,
l’
homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande
16364
être, plus tard, après coup, l’homme découvre que
la
folie du sacrifice consenti était la plus grande sagesse ; et que le
16365
découvre que la folie du sacrifice consenti était
la
plus grande sagesse ; et que le bonheur qu’il a renoncé lui est rendu
16366
ce consenti était la plus grande sagesse ; et que
le
bonheur qu’il a renoncé lui est rendu, comme Isaac fut rendu à Abraha
16367
it pas ! Et il se peut aussi que rien ne compense
la
perte : nous sommes ici dans un ordre de grandeur où nos mesures et n
16368
compense la perte : nous sommes ici dans un ordre
de
grandeur où nos mesures et nos équivalences n’ont plus cours). Mais s
16369
-nous encore imaginer une grandeur qui n’ait rien
de
romantique ? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ? La fidél
16370
andeur qui n’ait rien de romantique ? Et qui soit
le
contraire d’une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une fo
16371
ait rien de romantique ? Et qui soit le contraire
d’
une ardeur exaltée ? La fidélité dont je parle est une folie, mais la
16372
? Et qui soit le contraire d’une ardeur exaltée ?
La
fidélité dont je parle est une folie, mais la plus sobre et quotidien
16373
e ? La fidélité dont je parle est une folie, mais
la
plus sobre et quotidienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
16374
lie, mais la plus sobre et quotidienne. Une folie
de
sobriété qui mime assez bien la raison — et qui n’est pas un héroïsme
16375
dienne. Une folie de sobriété qui mime assez bien
la
raison — et qui n’est pas un héroïsme, ni un défi, mais une patiente
16376
èle. (Pour ne rien dire des successives fidélités
de
nos « liaisons », et de tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des
16377
des successives fidélités de nos « liaisons », et
de
tous ces Tristans qui ne sont au vrai que des Don Juan au ralenti.) O
16378
u vrai que des Don Juan au ralenti.) Où est alors
la
différence ? Et le mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui
16379
Juan au ralenti.) Où est alors la différence ? Et
le
mari fidèle, ne serait-ce pas simplement celui qui a reconnu dans sa
16380
qui a reconnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque
l’
amant de la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’init
16381
econnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant
de
la légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation,
16382
nnu dans sa femme une Iseut ? Lorsque l’amant de
la
légende manichéenne a traversé les grandes épreuves d’initiation, sou
16383
sque l’amant de la légende manichéenne a traversé
les
grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblo
16384
gende manichéenne a traversé les grandes épreuves
d’
initiation, souvenez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui l’acc
16385
les grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous
de
la « jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « J
16386
s grandes épreuves d’initiation, souvenez-vous de
la
« jeune fille éblouissante » qui l’accueille par ces paroles : « Je s
16387
venez-vous de la « jeune fille éblouissante » qui
l’
accueille par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de la fidélit
16388
le par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi
de
la fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, m
16389
par ces paroles : « Je suis toi-même ! » Ainsi de
la
fidélité du mythe, et de Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais
16390
is toi-même ! » Ainsi de la fidélité du mythe, et
de
Tristan. C’est un narcissisme mystique, mais qui s’ignore, naturellem
16391
nt, et qui croit être un vrai amour pour l’autre.
L’
analyse des légendes courtoises nous a révélé que Tristan n’aime pas I
16392
s nous a révélé que Tristan n’aime pas Iseut mais
l’
amour même, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule dé
16393
an n’aime pas Iseut mais l’amour même, et au-delà
de
cet amour, la mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable
16394
Iseut mais l’amour même, et au-delà de cet amour,
la
mort, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tr
16395
e, et au-delà de cet amour, la mort, c’est-à-dire
la
seule délivrance du moi coupable et asservi. Tristan n’est pas fidèle
16396
seut, mais à sa plus profonde et secrète passion.
Le
mythe s’empare de l’« instinct de mort » inséparable de toute vie cré
16397
us profonde et secrète passion. Le mythe s’empare
de
l’« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le trans
16398
profonde et secrète passion. Le mythe s’empare de
l’
« instinct de mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfig
16399
ecrète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct
de
mort » inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui do
16400
he s’empare de l’« instinct de mort » inséparable
de
toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant un but essentiel
16401
t de mort » inséparable de toute vie créée, et il
le
transfigure en lui donnant un but essentiellement spirituel. Se détru
16402
re, mépriser son bonheur, c’est alors une manière
de
se sauver et d’accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Is
16403
bonheur, c’est alors une manière de se sauver et
d’
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême » d’Isolde agonisante.
16404
e de se sauver et d’accéder à une vie supérieure,
la
« joie suprême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, ma
16405
accéder à une vie supérieure, la « joie suprême »
d’
Isolde agonisante. Fidélité qui consume la vie, mais qui consume aussi
16406
prême » d’Isolde agonisante. Fidélité qui consume
la
vie, mais qui consume aussi la faute, et divinise un moi purifié, « i
16407
délité qui consume la vie, mais qui consume aussi
la
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » ! De ces origines mys
16408
faute, et divinise un moi purifié, « innocent » !
De
ces origines mystiques, la « fidélité passionnée » n’a gardé parmi no
16409
urifié, « innocent » ! De ces origines mystiques,
la
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion d’accéder
16410
« fidélité passionnée » n’a gardé parmi nous que
l’
illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illu
16411
passionnée » n’a gardé parmi nous que l’illusion
d’
accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire de cette illusion trahit
16412
l’illusion d’accéder à une vie plus ardente. Mais
l’
empire de cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la reli
16413
n d’accéder à une vie plus ardente. Mais l’empire
de
cette illusion trahit encore l’obscure survivance de la religion prim
16414
te. Mais l’empire de cette illusion trahit encore
l’
obscure survivance de la religion primitive. Religion antérieure à not
16415
cette illusion trahit encore l’obscure survivance
de
la religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moder
16416
te illusion trahit encore l’obscure survivance de
la
religion primitive. Religion antérieure à notre « instinct » moderne,
16417
eure à notre « instinct » moderne, et qui détient
l’
intime secret de la passion, au-delà de ce que les psychologues peuven
16418
nstinct » moderne, et qui détient l’intime secret
de
la passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Not
16419
inct » moderne, et qui détient l’intime secret de
la
passion, au-delà de ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre
16420
ui détient l’intime secret de la passion, au-delà
de
ce que les psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était p
16421
l’intime secret de la passion, au-delà de ce que
les
psychologues peuvent y lire. « Notre engagement n’était pas pris pou
16422
ivait Novalis songeant à sa fiancée perdue. C’est
l’
émouvante formule de la fidélité courtoise ; une négation sans retour
16423
nt à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule
de
la fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la f
16424
à sa fiancée perdue. C’est l’émouvante formule de
la
fidélité courtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais la fidé
16425
la fidélité courtoise ; une négation sans retour
de
la vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engageme
16426
fidélité courtoise ; une négation sans retour de
la
vie. Mais la fidélité dans le mariage est au contraire un engagement
16427
rtoise ; une négation sans retour de la vie. Mais
la
fidélité dans le mariage est au contraire un engagement pris pour ce
16428
tion sans retour de la vie. Mais la fidélité dans
le
mariage est au contraire un engagement pris pour ce monde. Partant d’
16429
ntraire un engagement pris pour ce monde. Partant
d’
une déraison « mystique » (si l’on veut), indifférente, sinon hostile
16430
ce monde. Partant d’une déraison « mystique » (si
l’
on veut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à l’instinct vital
16431
eut), indifférente, sinon hostile au bonheur et à
l’
instinct vital, elle exige un retour au monde réel, tandis que la fidé
16432
l, elle exige un retour au monde réel, tandis que
la
fidélité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans le mariage, c’e
16433
lité courtoise ne signifiait qu’une évasion. Dans
le
mariage, c’est à l’autre, en même temps qu’à son vrai moi, que celui
16434
ue celui qui aime voue sa fidélité. Et tandis que
la
fidélité de Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure e
16435
aime voue sa fidélité. Et tandis que la fidélité
de
Tristan était un perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier la
16436
de Tristan était un perpétuel refus, une volonté
d’
exclure et de nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde
16437
tait un perpétuel refus, une volonté d’exclure et
de
nier la création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’â
16438
perpétuel refus, une volonté d’exclure et de nier
la
création dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme, la f
16439
exclure et de nier la création dans sa diversité,
d’
empêcher le monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
16440
de nier la création dans sa diversité, d’empêcher
le
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créa
16441
a création dans sa diversité, d’empêcher le monde
d’
envahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la
16442
dans sa diversité, d’empêcher le monde d’envahir
l’
âme, la fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’
16443
a diversité, d’empêcher le monde d’envahir l’âme,
la
fidélité des époux est l’accueil de la créature, la volonté d’accepte
16444
monde d’envahir l’âme, la fidélité des époux est
l’
accueil de la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, d
16445
nvahir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil
de
la créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son in
16446
hir l’âme, la fidélité des époux est l’accueil de
la
créature, la volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intim
16447
fidélité des époux est l’accueil de la créature,
la
volonté d’accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité
16448
es époux est l’accueil de la créature, la volonté
d’
accepter l’autre tel qu’il est, dans son intime singularité. Insistons
16449
’il est, dans son intime singularité. Insistons :
la
fidélité dans le mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’
16450
intime singularité. Insistons : la fidélité dans
le
mariage ne peut pas être cette attitude négative qu’on imagine habitu
16451
t ; elle ne peut être qu’une action. Se contenter
de
ne pas tromper sa femme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
16452
nter de ne pas tromper sa femme serait une preuve
d’
indigence et non d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bi
16453
per sa femme serait une preuve d’indigence et non
d’
amour. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé,
16454
mme serait une preuve d’indigence et non d’amour.
La
fidélité veut bien plus : elle veut le bien de l’être aimé, et lorsqu
16455
n d’amour. La fidélité veut bien plus : elle veut
le
bien de l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée deva
16456
r. La fidélité veut bien plus : elle veut le bien
de
l’être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
16457
La fidélité veut bien plus : elle veut le bien de
l’
être aimé, et lorsqu’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle le
16458
squ’elle agit pour ce bien, elle crée devant elle
le
prochain. Et c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que le moi
16459
c’est alors par ce détour, à travers l’autre, que
le
moi rejoint sa personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi la per
16460
l’autre, que le moi rejoint sa personne — au-delà
de
son propre bonheur. Ainsi la personne des époux est une mutuelle créa
16461
a personne — au-delà de son propre bonheur. Ainsi
la
personne des époux est une mutuelle création, elle est le double abou
16462
nne des époux est une mutuelle création, elle est
le
double aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait l’individu e
16463
tuelle création, elle est le double aboutissement
de
« l’amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c
16464
e création, elle est le double aboutissement de «
l’
amour-action ». Ce qui niait l’individu et son naturel égoïsme, c’est
16465
aboutissement de « l’amour-action ». Ce qui niait
l’
individu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie la personne. À
16466
idu et son naturel égoïsme, c’est cela qui édifie
la
personne. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans le mariage e
16467
édifie la personne. À ce terme, on découvrira que
la
fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
16468
e. À ce terme, on découvrira que la fidélité dans
le
mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie nature
16469
on découvrira que la fidélité dans le mariage est
la
loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
16470
uvrira que la fidélité dans le mariage est la loi
d’
une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la poly
16471
iage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point
de
la vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pou
16472
e est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de
la
vie naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus de la vie pour l
16473
lle ; et non point de la vie naturelle (ce serait
la
polygamie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était la passion d
16474
naturelle (ce serait la polygamie) — et non plus
de
la vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Trist
16475
turelle (ce serait la polygamie) — et non plus de
la
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan
16476
serait la polygamie) — et non plus de la vie pour
la
mort (c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c
16477
ie) — et non plus de la vie pour la mort (c’était
la
passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse
16478
n plus de la vie pour la mort (c’était la passion
de
Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deu
16479
vie pour la mort (c’était la passion de Tristan).
L’
amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son ab
16480
la mort (c’était la passion de Tristan). L’amour
de
Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissem
16481
ait la passion de Tristan). L’amour de Tristan et
d’
Iseut c’était l’angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c
16482
e Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’était
l’
angoisse d’être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute
16483
L’amour de Tristan et d’Iseut c’était l’angoisse
d’
être deux ; et son aboutissement suprême, c’était la chute dans l’illi
16484
être deux ; et son aboutissement suprême, c’était
la
chute dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, l
16485
son aboutissement suprême, c’était la chute dans
l’
illimité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes, les visages, le
16486
ême, c’était la chute dans l’illimité, au sein de
la
Nuit où s’effacent les formes, les visages, les destins singuliers :
16487
dans l’illimité, au sein de la Nuit où s’effacent
les
formes, les visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, pl
16488
ité, au sein de la Nuit où s’effacent les formes,
les
visages, les destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Trista
16489
de la Nuit où s’effacent les formes, les visages,
les
destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus de Tristan, plus aucun
16490
les visages, les destins singuliers : « Non plus
d’
Isolde, plus de Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut qu
16491
es destins singuliers : « Non plus d’Isolde, plus
de
Tristan, plus aucun nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
16492
nom qui nous sépare ! » Il faut que l’autre cesse
d’
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse de me faire souffrir
16493
être l’autre, donc ne soit plus, pour qu’il cesse
de
me faire souffrir, et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
16494
et qu’il n’y ait plus que « moi-le-monde » ! Mais
l’
amour du mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être lim
16495
ue « moi-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est
la
fin de l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m
16496
i-le-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin
de
l’angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appell
16497
e-monde » ! Mais l’amour du mariage est la fin de
l’
angoisse, l’acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
16498
Mais l’amour du mariage est la fin de l’angoisse,
l’
acceptation de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, e
16499
u mariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation
de
l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tou
16500
ariage est la fin de l’angoisse, l’acceptation de
l’
être limité, aimé parce qu’il m’appelle à le créer, et qu’il se tourne
16501
on de l’être limité, aimé parce qu’il m’appelle à
le
créer, et qu’il se tourne avec moi vers le jour afin d’attester notre
16502
elle à le créer, et qu’il se tourne avec moi vers
le
jour afin d’attester notre alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pou
16503
alliance. ⁂ Une vie qui m’est alliée — pour toute
la
vie, voilà le miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant qu
16504
e vie qui m’est alliée — pour toute la vie, voilà
le
miracle du mariage. Une vie qui veut mon bien autant que le sien, par
16505
nfondu avec le sien : et si ce n’était pour toute
la
vie, ce serait encore une menace. (Il y a toujours une telle menace d
16506
ne menace. (Il y a toujours une telle menace dans
l’
échange de plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-il
16507
(Il y a toujours une telle menace dans l’échange
de
plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils la diffé
16508
ujours une telle menace dans l’échange de plaisir
d’
une « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils la différence entre
16509
hange de plaisir d’une « liaison »). Mais combien
d’
hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et
16510
ne « liaison »). Mais combien d’hommes savent-ils
la
différence entre une obsession que l’on subit et un destin que l’on a
16511
savent-ils la différence entre une obsession que
l’
on subit et un destin que l’on assume ? Il faut donc la marquer par un
16512
tre une obsession que l’on subit et un destin que
l’
on assume ? Il faut donc la marquer par un exemple simple. Être amour
16513
subit et un destin que l’on assume ? Il faut donc
la
marquer par un exemple simple. Être amoureux n’est pas nécessairemen
16514
te. On subit un état, mais on décide un acte. Or,
l’
engagement que signifie le mariage ne saurait honnêtement s’appliquer
16515
on décide un acte. Or, l’engagement que signifie
le
mariage ne saurait honnêtement s’appliquer à l’avenir d’un état où l’
16516
e le mariage ne saurait honnêtement s’appliquer à
l’
avenir d’un état où l’on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il do
16517
age ne saurait honnêtement s’appliquer à l’avenir
d’
un état où l’on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliq
16518
t honnêtement s’appliquer à l’avenir d’un état où
l’
on se trouve aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliquer l’avenir
16519
e aujourd’hui ; mais il peut et il doit impliquer
l’
avenir d’actes conscients que l’on assume : aimer, rester fidèle, éduq
16520
’hui ; mais il peut et il doit impliquer l’avenir
d’
actes conscients que l’on assume : aimer, rester fidèle, éduquer ses e
16521
il doit impliquer l’avenir d’actes conscients que
l’
on assume : aimer, rester fidèle, éduquer ses enfants. On voit ici com
16522
ses enfants. On voit ici combien sont différents
les
sens du mot aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè
16523
ombien sont différents les sens du mot aimer dans
le
monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore
16524
nt différents les sens du mot aimer dans le monde
de
l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on c
16525
différents les sens du mot aimer dans le monde de
l’
Éros et dans le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on cons
16526
sens du mot aimer dans le monde de l’Éros et dans
le
monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Die
16527
ot aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde
de
l’Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Éc
16528
aimer dans le monde de l’Éros et dans le monde de
l’
Agapè. On le voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Écrit
16529
e monde de l’Éros et dans le monde de l’Agapè. On
le
voit mieux encore si l’on constate que le Dieu de l’Écriture nous ord
16530
s le monde de l’Agapè. On le voit mieux encore si
l’
on constate que le Dieu de l’Écriture nous ordonne d’aimer. Le premier
16531
apè. On le voit mieux encore si l’on constate que
le
Dieu de l’Écriture nous ordonne d’aimer. Le premier commandement du D
16532
n constate que le Dieu de l’Écriture nous ordonne
d’
aimer. Le premier commandement du Décalogue : « Tu aimeras le Seigneur
16533
premier commandement du Décalogue : « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta p
16534
du Décalogue : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de
tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait co
16535
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de
toute ton âme et de toute ta pensée » ne saurait concerner que des ac
16536
ur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et
de
toute ta pensée » ne saurait concerner que des actes. Il serait total
16537
erner que des actes. Il serait totalement absurde
d’
exiger de l’homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et t
16538
des actes. Il serait totalement absurde d’exiger
de
l’homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton procha
16539
s actes. Il serait totalement absurde d’exiger de
l’
homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain
16540
it totalement absurde d’exiger de l’homme un état
de
sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même »
16541
absurde d’exiger de l’homme un état de sentiment.
L’
impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme toi-même » crée des stru
16542
ton prochain comme toi-même » crée des structures
de
relations actives. L’impératif : « Sois amoureux ! » serait vide de s
16543
-même » crée des structures de relations actives.
L’
impératif : « Sois amoureux ! » serait vide de sens ; ou s’il était ré
16544
es. L’impératif : « Sois amoureux ! » serait vide
de
sens ; ou s’il était réalisable, priverait l’homme de sa liberté.
16545
ide de sens ; ou s’il était réalisable, priverait
l’
homme de sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de cha
16546
ens ; ou s’il était réalisable, priverait l’homme
de
sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité, l’
16547
de sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors
l’
amour de charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin, dans
16548
berté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour
de
charité, l’amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin, dans sa plein
16549
Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité,
l’
amour chrétien, qui est Agapè, paraît enfin, dans sa pleine stature :
16550
pè, paraît enfin, dans sa pleine stature : il est
l’
affirmation de l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour
16551
in, dans sa pleine stature : il est l’affirmation
de
l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a
16552
dans sa pleine stature : il est l’affirmation de
l’
être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion, l’amour païen, qui a rép
16553
t l’affirmation de l’être en acte. Et c’est Éros,
l’
amour-passion, l’amour païen, qui a répandu dans notre monde occidenta
16554
e l’être en acte. Et c’est Éros, l’amour-passion,
l’
amour païen, qui a répandu dans notre monde occidental le poison de l’
16555
païen, qui a répandu dans notre monde occidental
le
poison de l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement re
16556
i a répandu dans notre monde occidental le poison
de
l’ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au
16557
répandu dans notre monde occidental le poison de
l’
ascèse idéaliste — tout ce qu’un Nietzsche injustement reproche au chr
16558
, et non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct
de
mort, et qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en l
16559
a glorifié notre instinct de mort, et qui a voulu
l’
« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sauvant. Car Agapè ne
16560
qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge
d’
Éros en le sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas
16561
lu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en
le
sauvant. Car Agapè ne sait pas détruire et ne veut même pas détruire
16562
ême pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas
la
mort du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’
16563
rt du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à
la
mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition fin
16564
ros s’asservit à la mort parce qu’il veut exalter
la
vie au-dessus de notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi
16565
la mort parce qu’il veut exalter la vie au-dessus
de
notre condition finie et limitée de créatures. Ainsi le même mouvemen
16566
vie au-dessus de notre condition finie et limitée
de
créatures. Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons la vie n
16567
re condition finie et limitée de créatures. Ainsi
le
même mouvement qui fait que nous adorons la vie nous précipite dans s
16568
Ainsi le même mouvement qui fait que nous adorons
la
vie nous précipite dans sa négation. C’est la profonde misère, le dés
16569
ons la vie nous précipite dans sa négation. C’est
la
profonde misère, le désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — e
16570
ipite dans sa négation. C’est la profonde misère,
le
désespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
16571
négation. C’est la profonde misère, le désespoir
d’
Éros, sa servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè l’en délivre
16572
ésespoir d’Éros, sa servitude inexprimable : — en
l’
exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temp
16573
servitude inexprimable : — en l’exprimant, Agapè
l’
en délivre. Agapè sait que la vie terrestre et temporelle ne mérite pa
16574
n l’exprimant, Agapè l’en délivre. Agapè sait que
la
vie terrestre et temporelle ne mérite pas d’être adorée, ni même tuée
16575
que la vie terrestre et temporelle ne mérite pas
d’
être adorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
16576
dorée, ni même tuée, mais peut être acceptée dans
l’
obéissance à l’Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se
16577
tuée, mais peut être acceptée dans l’obéissance à
l’
Éternel. Car après tout c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est su
16578
t c’est ici-bas que notre sort se joue. C’est sur
la
terre qu’il faut aimer. Au-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante,
16579
terre qu’il faut aimer. Au-delà, il n’y aura pas
la
Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’homme naturel ne po
16580
u-delà, il n’y aura pas la Nuit divinisante, mais
le
Jugement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il é
16581
a Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur.
L’
homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était condamné à croire Ér
16582
ement du Créateur. L’homme naturel ne pouvait pas
l’
imaginer. Il était condamné à croire Éros, à se confier dans son désir
16583
ndamné à croire Éros, à se confier dans son désir
le
plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait le
16584
r dans son désir le plus puissant, à lui demander
la
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’hom
16585
e plus puissant, à lui demander la délivrance. Et
l’
Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la
16586
lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait
le
conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Ag
16587
délivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à
la
mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
16588
l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais
l’
homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ou
16589
e conduire qu’à la mort. Mais l’homme qui croit à
la
révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivr
16590
à la mort. Mais l’homme qui croit à la révélation
de
l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi d
16591
a mort. Mais l’homme qui croit à la révélation de
l’
Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de s
16592
qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain
le
cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi de sa religion naturelle.
16593
t soudain le cercle s’ouvrir : il est délivré par
la
foi de sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose,
16594
in le cercle s’ouvrir : il est délivré par la foi
de
sa religion naturelle. Il peut maintenant espérer autre chose, il sai
16595
l est une autre délivrance du péché. Et voici que
l’
Éros à son tour se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré de s
16596
hé. Et voici que l’Éros à son tour se voit relevé
de
sa fonction mortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse d’être
16597
se voit relevé de sa fonction mortelle et délivré
de
son destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse d’être un démon
16598
ortelle et délivré de son destin. Dès qu’il cesse
d’
être un dieu, il cesse d’être un démon 218. Et il retrouve sa juste pl
16599
destin. Dès qu’il cesse d’être un dieu, il cesse
d’
être un démon 218. Et il retrouve sa juste place dans l’économie provi
16600
un démon 218. Et il retrouve sa juste place dans
l’
économie provisoire de la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait a
16601
etrouve sa juste place dans l’économie provisoire
de
la Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire
16602
ouve sa juste place dans l’économie provisoire de
la
Création, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un
16603
place dans l’économie provisoire de la Création,
de
l’humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éro
16604
ace dans l’économie provisoire de la Création, de
l’
humain. Le païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros :
16605
’économie provisoire de la Création, de l’humain.
Le
païen ne pouvait autrement que de faire un dieu de l’Éros : c’était s
16606
n, de l’humain. Le païen ne pouvait autrement que
de
faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus d
16607
e païen ne pouvait autrement que de faire un dieu
de
l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le pl
16608
aïen ne pouvait autrement que de faire un dieu de
l’
Éros : c’était son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et le plus
16609
de faire un dieu de l’Éros : c’était son pouvoir
le
plus fort, le plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondém
16610
ieu de l’Éros : c’était son pouvoir le plus fort,
le
plus dangereux et le plus mystérieux, le plus profondément lié au fai
16611
it son pouvoir le plus fort, le plus dangereux et
le
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes le
16612
us fort, le plus dangereux et le plus mystérieux,
le
plus profondément lié au fait de vivre. Toutes les religions païennes
16613
plus mystérieux, le plus profondément lié au fait
de
vivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir. Toutes cher
16614
le plus profondément lié au fait de vivre. Toutes
les
religions païennes divinisent le Désir. Toutes cherchent un appui et
16615
e vivre. Toutes les religions païennes divinisent
le
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devie
16616
Désir. Toutes cherchent un appui et un salut dans
le
Désir, qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie
16617
s le Désir, qui devient aussitôt, et par là même,
le
pire ennemi de la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Ver
16618
devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi
de
la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait c
16619
vient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de
la
vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chai
16620
ssitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie,
la
séduction du Rien. Mais dès lors que le Verbe s’est fait chair et qu’
16621
e la vie, la séduction du Rien. Mais dès lors que
le
Verbe s’est fait chair et qu’il nous a parlé en mots humains, nous av
16622
, nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas
l’
homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premie
16623
mme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui
l’
a aimé le premier, et qui s’est approché de lui. Le salut n’est plus a
16624
eu qui l’a aimé le premier, et qui s’est approché
de
lui. Le salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans l’ascension
16625
’a aimé le premier, et qui s’est approché de lui.
Le
salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans l’ascension intermi
16626
salut n’est plus au-delà, toujours plus haut dans
l’
ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
16627
ans l’ascension interminable du Désir qui consume
la
vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nou
16628
e du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans
l’
obéissance à la Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir
16629
consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à
la
Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir ? Il perd sa p
16630
? Il perd sa puissance absolue quand nous cessons
de
le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
16631
l perd sa puissance absolue quand nous cessons de
le
diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans le
16632
s cessons de le diviniser. Et c’est ce qu’atteste
l’
expérience de la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde
16633
le diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience
de
la fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement su
16634
diviniser. Et c’est ce qu’atteste l’expérience de
la
fidélité dans le mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur l
16635
st ce qu’atteste l’expérience de la fidélité dans
le
mariage. Car cette fidélité se fonde justement sur le refus initial e
16636
ariage. Car cette fidélité se fonde justement sur
le
refus initial et juré de « cultiver » les illusions de la passion, de
16637
é se fonde justement sur le refus initial et juré
de
« cultiver » les illusions de la passion, de leur rendre un culte sec
16638
ment sur le refus initial et juré de « cultiver »
les
illusions de la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en atte
16639
fus initial et juré de « cultiver » les illusions
de
la passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mysté
16640
initial et juré de « cultiver » les illusions de
la
passion, de leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérie
16641
juré de « cultiver » les illusions de la passion,
de
leur rendre un culte secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
16642
de la passion, de leur rendre un culte secret, et
d’
en attendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de le faire con
16643
e secret, et d’en attendre un mystérieux surcroît
de
vie. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
16644
tendre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai
de
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a p
16645
dre un mystérieux surcroît de vie. J’essaierai de
le
faire concevoir par l’examen d’un fait connu. Le christianisme a proc
16646
oît de vie. J’essaierai de le faire concevoir par
l’
examen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite
16647
e. J’essaierai de le faire concevoir par l’examen
d’
un fait connu. Le christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexe
16648
le faire concevoir par l’examen d’un fait connu.
Le
christianisme a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de la
16649
amen d’un fait connu. Le christianisme a proclamé
l’
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière la plus précise : La
16650
a proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela
de
la manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre
16651
proclamé l’égalité parfaite des sexes, et cela de
la
manière la plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre co
16652
égalité parfaite des sexes, et cela de la manière
la
plus précise : La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c
16653
es sexes, et cela de la manière la plus précise :
La
femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et
16654
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
le
mari ; et pareillement le mari n’a pas autorité sur son propre corps,
16655
ropre corps, mais c’est le mari ; et pareillement
le
mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. (I.
16656
n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est
la
femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut
16657
propre corps, mais c’est la femme. (I. Cor., 7.)
La
femme étant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’
16658
ais c’est la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant
l’
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme219 ». En
16659
t la femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale
de
l’homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme219 ». En même tem
16660
a femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de
l’
homme, elle ne peut donc être « le but de l’homme219 ». En même temps,
16661
tant l’égale de l’homme, elle ne peut donc être «
le
but de l’homme219 ». En même temps, elle échappe à l’abaissement best
16662
égale de l’homme, elle ne peut donc être « le but
de
l’homme219 ». En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui
16663
le de l’homme, elle ne peut donc être « le but de
l’
homme219 ». En même temps, elle échappe à l’abaissement bestial qui tô
16664
ut de l’homme219 ». En même temps, elle échappe à
l’
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation d
16665
happe à l’abaissement bestial qui tôt ou tard est
la
rançon d’une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit
16666
abaissement bestial qui tôt ou tard est la rançon
d’
une divinisation de la créature. Mais cette égalité ne doit pas être e
16667
qui tôt ou tard est la rançon d’une divinisation
de
la créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens mod
16668
i tôt ou tard est la rançon d’une divinisation de
la
créature. Mais cette égalité ne doit pas être entendue au sens modern
16669
moderne et revendicateur. Elle procède du mystère
de
l’amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Ag
16670
erne et revendicateur. Elle procède du mystère de
l’
amour. Elle n’est que le signe et la démonstration du triomphe d’Agapè
16671
lle procède du mystère de l’amour. Elle n’est que
le
signe et la démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour r
16672
du mystère de l’amour. Elle n’est que le signe et
la
démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car l’amour réellement ré
16673
’est que le signe et la démonstration du triomphe
d’
Agapè sur Éros. Car l’amour réellement réciproque exige et crée l’égal
16674
a démonstration du triomphe d’Agapè sur Éros. Car
l’
amour réellement réciproque exige et crée l’égalité de ceux qui s’aime
16675
. Car l’amour réellement réciproque exige et crée
l’
égalité de ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en
16676
our réellement réciproque exige et crée l’égalité
de
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’homme en exigeant
16677
ceux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour
l’
homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ho
16678
manifeste son amour pour l’homme en exigeant que
l’
homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amou
16679
t que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et
l’
homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une pe
16680
t saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne
de
son amour pour une femme en la traitant comme une personne humaine to
16681
t l’homme témoigne de son amour pour une femme en
la
traitant comme une personne humaine totale — non comme une fée de la
16682
e une personne humaine totale — non comme une fée
de
la légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de c
16683
ne personne humaine totale — non comme une fée de
la
légende, mi-déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons de ces
16684
déesse mi-bacchante, rêve et sexe. Mais remontons
de
ces prémisses générales à la psychologie la plus concrète de la relat
16685
sexe. Mais remontons de ces prémisses générales à
la
psychologie la plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de
16686
ntons de ces prémisses générales à la psychologie
la
plus concrète de la relation des égaux. L’exercice de la fidélité env
16687
isses générales à la psychologie la plus concrète
de
la relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme acc
16688
es générales à la psychologie la plus concrète de
la
relation des égaux. L’exercice de la fidélité envers une femme accout
16689
ologie la plus concrète de la relation des égaux.
L’
exercice de la fidélité envers une femme accoutume à considérer les au
16690
lus concrète de la relation des égaux. L’exercice
de
la fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes
16691
concrète de la relation des égaux. L’exercice de
la
fidélité envers une femme accoutume à considérer les autres femmes d’
16692
fidélité envers une femme accoutume à considérer
les
autres femmes d’une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde d
16693
ne femme accoutume à considérer les autres femmes
d’
une manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de l’Éros : comme
16694
e manière tout à fait nouvelle, inconnue du monde
de
l’Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objet
16695
anière tout à fait nouvelle, inconnue du monde de
l’
Éros : comme des personnes, non plus comme des reflets ou des objets.
16696
xercice spirituel » développe des facultés neuves
de
jugement, de possession de soi et de respect220. Au contraire de l’ho
16697
tuel » développe des facultés neuves de jugement,
de
possession de soi et de respect220. Au contraire de l’homme érotique,
16698
pe des facultés neuves de jugement, de possession
de
soi et de respect220. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la
16699
ultés neuves de jugement, de possession de soi et
de
respect220. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de la fidélité
16700
ssession de soi et de respect220. Au contraire de
l’
homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une
16701
de respect220. Au contraire de l’homme érotique,
l’
homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement c
16702
ect220. Au contraire de l’homme érotique, l’homme
de
la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps
16703
220. Au contraire de l’homme érotique, l’homme de
la
fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce corps int
16704
sion fascinante, mais il pressent, à peine tenté,
le
mystère difficile et grave d’une existence autonome, étrangère, d’une
16705
ent, à peine tenté, le mystère difficile et grave
d’
une existence autonome, étrangère, d’une vie totale dont il n’a désiré
16706
ile et grave d’une existence autonome, étrangère,
d’
une vie totale dont il n’a désiré vraiment qu’un illusoire ou fugitif
16707
ct, projeté peut-être par sa seule rêverie. Ainsi
la
tentation se dissipe, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
16708
e, déconcertée, au lieu de se faire obsédante, et
la
fidélité se garantit par la lucidité qu’elle développe. L’empire du m
16709
e faire obsédante, et la fidélité se garantit par
la
lucidité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit d’autant ; et s
16710
té se garantit par la lucidité qu’elle développe.
L’
empire du mythe faiblit d’autant ; et s’il reste improbable qu’il s’ab
16711
dité qu’elle développe. L’empire du mythe faiblit
d’
autant ; et s’il reste improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
16712
e improbable qu’il s’abolisse jamais sans laisser
de
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins
16713
’il s’abolisse jamais sans laisser de traces dans
le
cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins perd-il son ef
16714
olisse jamais sans laisser de traces dans le cœur
d’
un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins perd-il son efficace :
16715
traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué
d’
images — du moins perd-il son efficace : ce n’est plus lui qui détermi
16716
il son efficace : ce n’est plus lui qui détermine
la
personne. En d’autres termes, on pourrait dire que la fidélité se gar
16717
ersonne. En d’autres termes, on pourrait dire que
la
fidélité se garantit elle-même contre l’infidélité du simple fait qu’
16718
dire que la fidélité se garantit elle-même contre
l’
infidélité du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir e
16719
du simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer
le
désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour es
16720
ait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et
l’
amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et di
16721
tue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si
le
désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et difficile, il enga
16722
l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où,
l’
amour est lent et difficile, il engage vraiment toute une vie, et il n
16723
agement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi
l’
homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup
16724
eusement au « coup de foudre », et encore moins à
la
« fatalité » de la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une
16725
up de foudre », et encore moins à la « fatalité »
de
la passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accrédit
16726
de foudre », et encore moins à la « fatalité » de
la
passion. Le « coup de foudre » est sans doute une légende accréditée
16727
et encore moins à la « fatalité » de la passion.
Le
« coup de foudre » est sans doute une légende accréditée par Don Juan
16728
doute une légende accréditée par Don Juan, comme
la
« fatalité » de la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alib
16729
de accréditée par Don Juan, comme la « fatalité »
de
la passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent
16730
accréditée par Don Juan, comme la « fatalité » de
la
passion est accréditée par Tristan. Excuse et alibi qui ne peuvent tr
16731
rompé, parce qu’il y trouve son intérêt ; figures
de
rhétorique romanesque, et acceptables à ce titre, mais qu’il serait a
16732
ables à ce titre, mais qu’il serait assez absurde
de
confondre avec des vérités psychologiques. Notre analyse du mythe nou
16733
Notre analyse du mythe nous a fait voir pourquoi
l’
on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce
16734
ythe nous a fait voir pourquoi l’on aime croire à
la
fatalité, qui est l’alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui
16735
pourquoi l’on aime croire à la fatalité, qui est
l’
alibi de la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, j
16736
i l’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi
de
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y ét
16737
’on aime croire à la fatalité, qui est l’alibi de
la
culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis la faute, je n’y étais
16738
la culpabilité : « Ce n’est pas moi qui ai commis
la
faute, je n’y étais pas, c’est cette puissance fatale qui agissait en
16739
ce de ma personne. » Pieux mensonge221 du servant
d’
Éros. Mais de combien de complaisances secrètes se compose une « fatal
16740
onne. » Pieux mensonge221 du servant d’Éros. Mais
de
combien de complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant
16741
ux mensonge221 du servant d’Éros. Mais de combien
de
complaisances secrètes se compose une « fatalité » ! Quant au coup de
16742
! Quant au coup de foudre, il est censé justifier
les
écarts de Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preu
16743
coup de foudre, il est censé justifier les écarts
de
Don Juan. Toute la littérature nous engage à y voir la preuve d’une t
16744
est censé justifier les écarts de Don Juan. Toute
la
littérature nous engage à y voir la preuve d’une très puissante natur
16745
n Juan. Toute la littérature nous engage à y voir
la
preuve d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des c
16746
ute la littérature nous engage à y voir la preuve
d’
une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups de fo
16747
d’une très puissante nature sensuelle. Don Juan,
l’
homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
16748
nte nature sensuelle. Don Juan, l’homme des coups
de
foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de su
16749
nsuelle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et
de
la vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
16750
elle. Don Juan, l’homme des coups de foudre et de
la
vie « orageuse », serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe d’u
16751
oudre et de la vie « orageuse », serait une sorte
de
surhomme, de surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine l
16752
a vie « orageuse », serait une sorte de surhomme,
de
surmâle. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine les contingenc
16753
, serait une sorte de surhomme, de surmâle. Mythe
d’
une puissance indéfinie et qui domine les contingences morales. Mais a
16754
le. Mythe d’une puissance indéfinie et qui domine
les
contingences morales. Mais alors, on peut être certain qu’un pareil m
16755
s, on peut être certain qu’un pareil mythe est né
de
rêves compensateurs — soit d’une fidélité contrainte et détestée, soi
16756
pareil mythe est né de rêves compensateurs — soit
d’
une fidélité contrainte et détestée, soit d’une jalousie masochiste, s
16757
soit d’une fidélité contrainte et détestée, soit
d’
une jalousie masochiste, soit enfin d’un début d’impuissance. Et en ef
16758
estée, soit d’une jalousie masochiste, soit enfin
d’
un début d’impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien
16759
d’une jalousie masochiste, soit enfin d’un début
d’
impuissance. Et en effet, la conduite de Don Juan est bien typique d’u
16760
soit enfin d’un début d’impuissance. Et en effet,
la
conduite de Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexue
16761
’un début d’impuissance. Et en effet, la conduite
de
Don Juan est bien typique d’une certaine déficience sexuelle. C’est d
16762
n effet, la conduite de Don Juan est bien typique
d’
une certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état de fatigue général
16763
ue d’une certaine déficience sexuelle. C’est dans
l’
état de fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se v
16764
e certaine déficience sexuelle. C’est dans l’état
de
fatigue générale, et sexuellement localisée, que le corps se voit por
16765
fatigue générale, et sexuellement localisée, que
le
corps se voit porté à ces brusques écarts, comparables aux calembours
16766
iots. Par contre, dans un état normal du corps et
de
l’esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il appa
16767
s. Par contre, dans un état normal du corps et de
l’
esprit, le risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaî
16768
tre, dans un état normal du corps et de l’esprit,
le
risque de coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi qu
16769
un état normal du corps et de l’esprit, le risque
de
coup de foudre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que la monog
16770
dre est à peu près éliminé. Il apparaît ainsi que
la
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est la meilleure garanti
16771
. Il apparaît ainsi que la monogamie, normalisant
les
rapports sexuels, est la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
16772
monogamie, normalisant les rapports sexuels, est
la
meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de l’Éros purement charne
16773
st la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire
de
l’Éros purement charnel, et non du tout divinisé222. ⁂ On objecte alo
16774
la meilleure garantie du plaisir, c’est-à-dire de
l’
Éros purement charnel, et non du tout divinisé222. ⁂ On objecte alors
16775
t non du tout divinisé222. ⁂ On objecte alors que
le
mariage ne serait plus que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est enco
16776
n objecte alors que le mariage ne serait plus que
le
« tombeau de l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qu
16777
rs que le mariage ne serait plus que le « tombeau
de
l’amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fai
16778
que le mariage ne serait plus que le « tombeau de
l’
amour ». Mais c’est encore le mythe, naturellement, qui nous le fait c
16779
que le « tombeau de l’amour ». Mais c’est encore
le
mythe, naturellement, qui nous le fait croire, avec son obsession de
16780
is c’est encore le mythe, naturellement, qui nous
le
fait croire, avec son obsession de l’amour contrarié. Il serait plus
16781
ment, qui nous le fait croire, avec son obsession
de
l’amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après Benedetto Croce
16782
t, qui nous le fait croire, avec son obsession de
l’
amour contrarié. Il serait plus vrai de dire après Benedetto Croce que
16783
session de l’amour contrarié. Il serait plus vrai
de
dire après Benedetto Croce que « le mariage est le tombeau de l’amour
16784
ait plus vrai de dire après Benedetto Croce que «
le
mariage est le tombeau de l’amour sauvage223 » (et plus communément d
16785
e dire après Benedetto Croce que « le mariage est
le
tombeau de l’amour sauvage223 » (et plus communément du sentimentalis
16786
s Benedetto Croce que « le mariage est le tombeau
de
l’amour sauvage223 » (et plus communément du sentimentalisme). L’amou
16787
enedetto Croce que « le mariage est le tombeau de
l’
amour sauvage223 » (et plus communément du sentimentalisme). L’amour s
16788
ge223 » (et plus communément du sentimentalisme).
L’
amour sauvage et naturel se manifeste par le viol, preuve d’amour chez
16789
sme). L’amour sauvage et naturel se manifeste par
le
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la p
16790
uvage et naturel se manifeste par le viol, preuve
d’
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle
16791
e manifeste par le viol, preuve d’amour chez tous
les
barbares. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est
16792
viol, preuve d’amour chez tous les barbares. Mais
le
viol, comme la polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesu
16793
amour chez tous les barbares. Mais le viol, comme
la
polygamie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
16794
res. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que
l’
homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personn
16795
ie, révèle que l’homme n’est pas encore en mesure
de
concevoir la réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire
16796
e l’homme n’est pas encore en mesure de concevoir
la
réalité de la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait
16797
’est pas encore en mesure de concevoir la réalité
de
la personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore
16798
t pas encore en mesure de concevoir la réalité de
la
personne chez la femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore ai
16799
esure de concevoir la réalité de la personne chez
la
femme. C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et l
16800
C’est autant dire qu’il ne sait pas encore aimer.
Le
viol et la polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la r
16801
t dire qu’il ne sait pas encore aimer. Le viol et
la
polygamie privent la femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à
16802
pas encore aimer. Le viol et la polygamie privent
la
femme de sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sau
16803
e aimer. Le viol et la polygamie privent la femme
de
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépe
16804
ol et la polygamie privent la femme de sa qualité
d’
égale — en la réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les
16805
gamie privent la femme de sa qualité d’égale — en
la
réduisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise les relations hu
16806
sa qualité d’égale — en la réduisant à son sexe.
L’
amour sauvage dépersonnalise les relations humaines. Par contre, l’hom
16807
uisant à son sexe. L’amour sauvage dépersonnalise
les
relations humaines. Par contre, l’homme qui se domine, ce n’est pas f
16808
épersonnalise les relations humaines. Par contre,
l’
homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tem
16809
omine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens
de
tempérament) mais c’est qu’il aime, justement, et qu’en vertu de cet
16810
justement, et qu’en vertu de cet amour, il refuse
de
s’imposer, il se refuse à une violence qui nie et détruit la personne
16811
r, il se refuse à une violence qui nie et détruit
la
personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien de l’autre. Son
16812
t la personne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord
le
bien de l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est
16813
sonne. Il prouve ainsi qu’il veut d’abord le bien
de
l’autre. Son égoïsme passe par l’autre. On admettra que c’est une rév
16814
on sérieuse. Et nous pourrons maintenant dépasser
la
formule toute négative et privative de Croce, et définir enfin le mar
16815
t dépasser la formule toute négative et privative
de
Croce, et définir enfin le mariage comme cette institution qui contie
16816
négative et privative de Croce, et définir enfin
le
mariage comme cette institution qui contient la passion non plus par
16817
n le mariage comme cette institution qui contient
la
passion non plus par la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
16818
institution qui contient la passion non plus par
la
morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces que
16819
tient la passion non plus par la morale, mais par
l’
amour. 6.Les paradoxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
16820
r la morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes
de
l’Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage met
16821
a morale, mais par l’amour. 6.Les paradoxes de
l’
Occident Ces quelques remarques sur la passion et le mariage metten
16822
doxes de l’Occident Ces quelques remarques sur
la
passion et le mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de
16823
ident Ces quelques remarques sur la passion et
le
mariage mettent en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
16824
s sur la passion et le mariage mettent en lumière
l’
opposition fondamentale de l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux
16825
iage mettent en lumière l’opposition fondamentale
de
l’Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputen
16826
e mettent en lumière l’opposition fondamentale de
l’
Éros et de l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent n
16827
en lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et
de
l’Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occid
16828
lumière l’opposition fondamentale de l’Éros et de
l’
Agapè, c’est-à-dire des deux religions qui se disputent notre Occident
16829
s deux religions qui se disputent notre Occident.
La
connaissance de ce conflit, de ses origines historiques et psychologi
16830
qui se disputent notre Occident. La connaissance
de
ce conflit, de ses origines historiques et psychologiques, de son enj
16831
nt notre Occident. La connaissance de ce conflit,
de
ses origines historiques et psychologiques, de son enjeu spirituel, m
16832
t, de ses origines historiques et psychologiques,
de
son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner la révision d’un cert
16833
e son enjeu spirituel, me paraît devoir entraîner
la
révision d’un certain nombre de jugements courants, dans le domaine d
16834
spirituel, me paraît devoir entraîner la révision
d’
un certain nombre de jugements courants, dans le domaine de l’éthique
16835
devoir entraîner la révision d’un certain nombre
de
jugements courants, dans le domaine de l’éthique d’abord, mais aussi
16836
n d’un certain nombre de jugements courants, dans
le
domaine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
16837
ain nombre de jugements courants, dans le domaine
de
l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philo
16838
nombre de jugements courants, dans le domaine de
l’
éthique d’abord, mais aussi dans celui de la culture et de sa philosop
16839
maine de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui
de
la culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira
16840
ne de l’éthique d’abord, mais aussi dans celui de
la
culture et de sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira san
16841
e d’abord, mais aussi dans celui de la culture et
de
sa philosophie. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute de dég
16842
elui de la culture et de sa philosophie. Au terme
de
cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager le principe de correcti
16843
e. Au terme de cet ouvrage, il suffira sans doute
de
dégager le principe de correction que nos recherches sur la passion p
16844
de cet ouvrage, il suffira sans doute de dégager
le
principe de correction que nos recherches sur la passion peuvent étab
16845
age, il suffira sans doute de dégager le principe
de
correction que nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂ Les O
16846
le principe de correction que nos recherches sur
la
passion peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par l
16847
nos recherches sur la passion peuvent établir. ⁂
Les
Orientaux caractérisent l’Europe par l’importance qu’elle donne aux f
16848
on peuvent établir. ⁂ Les Orientaux caractérisent
l’
Europe par l’importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y
16849
ablir. ⁂ Les Orientaux caractérisent l’Europe par
l’
importance qu’elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient l’héri
16850
elle donne aux forces passionnelles. Ils y voient
l’
héritage du christianisme et le secret de notre dynamisme. Et il est v
16851
lles. Ils y voient l’héritage du christianisme et
le
secret de notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : chri
16852
y voient l’héritage du christianisme et le secret
de
notre dynamisme. Et il est vrai que ces trois termes : christianisme,
16853
namisme, correspondent aux trois traits dominants
de
la psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraîn
16854
isme, correspondent aux trois traits dominants de
la
psyché occidentale. De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
16855
trois traits dominants de la psyché occidentale.
De
là vient l’impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements.
16856
s dominants de la psyché occidentale. De là vient
l’
impression d’évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, s
16857
e la psyché occidentale. De là vient l’impression
d’
évidence qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si les conclus
16858
De là vient l’impression d’évidence qu’entraînent
de
pareils jugements. Cependant, si les conclusions de notre examen du m
16859
qu’entraînent de pareils jugements. Cependant, si
les
conclusions de notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra
16860
pareils jugements. Cependant, si les conclusions
de
notre examen du mythe courtois sont justes, il faudra corriger sensib
16861
justes, il faudra corriger sensiblement ce schéma
de
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui
16862
tes, il faudra corriger sensiblement ce schéma de
l’
Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas le christianisme qui a
16863
l’Occident chrétien. Tout d’abord : ce n’est pas
le
christianisme qui a fait naître la passion, mais c’est une hérésie d’
16864
: ce n’est pas le christianisme qui a fait naître
la
passion, mais c’est une hérésie d’origine orientale. Cette hérésie s’
16865
a fait naître la passion, mais c’est une hérésie
d’
origine orientale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans les contr
16866
entale. Cette hérésie s’est répandue d’abord dans
les
contrées les moins christianisées, précisément, là où les religions p
16867
hérésie s’est répandue d’abord dans les contrées
les
moins christianisées, précisément, là où les religions païennes menai
16868
rées les moins christianisées, précisément, là où
les
religions païennes menaient encore une vie secrète. L’amour-passion n
16869
ligions païennes menaient encore une vie secrète.
L’
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même le « sous-produit du
16870
encore une vie secrète. L’amour-passion n’est pas
l’
amour chrétien, ni même le « sous-produit du christianisme » ou le « c
16871
amour-passion n’est pas l’amour chrétien, ni même
le
« sous-produit du christianisme » ou le « changement d’adresse d’une
16872
, ni même le « sous-produit du christianisme » ou
le
« changement d’adresse d’une force que le christianisme a réveillée e
16873
ous-produit du christianisme » ou le « changement
d’
adresse d’une force que le christianisme a réveillée et orientée vers
16874
t du christianisme » ou le « changement d’adresse
d’
une force que le christianisme a réveillée et orientée vers Dieu224. »
16875
me » ou le « changement d’adresse d’une force que
le
christianisme a réveillée et orientée vers Dieu224. » Il est plutôt l
16876
veillée et orientée vers Dieu224. » Il est plutôt
le
sous-produit de la religion manichéenne. Plus exactement, il est né d
16877
tée vers Dieu224. » Il est plutôt le sous-produit
de
la religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité
16878
vers Dieu224. » Il est plutôt le sous-produit de
la
religion manichéenne. Plus exactement, il est né de la complicité de
16879
religion manichéenne. Plus exactement, il est né
de
la complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et
16880
ligion manichéenne. Plus exactement, il est né de
la
complicité de cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du
16881
enne. Plus exactement, il est né de la complicité
de
cette religion avec nos plus vieilles croyances, et du conflit de l’h
16882
n avec nos plus vieilles croyances, et du conflit
de
l’hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première corre
16883
vec nos plus vieilles croyances, et du conflit de
l’
hérésie qui en résulta avec l’orthodoxie chrétienne. Première correcti
16884
s, et du conflit de l’hérésie qui en résulta avec
l’
orthodoxie chrétienne. Première correction d’importance. Ensuite, il e
16885
avec l’orthodoxie chrétienne. Première correction
d’
importance. Ensuite, il est urgent de rappeler que le fameux « dynamis
16886
e correction d’importance. Ensuite, il est urgent
de
rappeler que le fameux « dynamisme occidental » procède de deux sourc
16887
mportance. Ensuite, il est urgent de rappeler que
le
fameux « dynamisme occidental » procède de deux sources distinctes. S
16888
er que le fameux « dynamisme occidental » procède
de
deux sources distinctes. Si c’est notre délire guerrier que l’on ente
16889
es distinctes. Si c’est notre délire guerrier que
l’
on entend désigner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de la
16890
ner par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache
de
la manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la pa
16891
par ce terme, nous avons vu qu’il se rattache de
la
manière la plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passi
16892
me, nous avons vu qu’il se rattache de la manière
la
plus précise, historiquement, à la passion. Comme la passion, le goût
16893
de la manière la plus précise, historiquement, à
la
passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une concept
16894
plus précise, historiquement, à la passion. Comme
la
passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie arde
16895
, historiquement, à la passion. Comme la passion,
le
goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est
16896
iquement, à la passion. Comme la passion, le goût
de
la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masqu
16897
ement, à la passion. Comme la passion, le goût de
la
guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque d
16898
n. Comme la passion, le goût de la guerre procède
d’
une conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. D
16899
on, le goût de la guerre procède d’une conception
de
la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti,
16900
le goût de la guerre procède d’une conception de
la
vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et
16901
tion de la vie ardente qui est un masque du désir
de
mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect du d
16902
chnique, ne saurait être un seul instant ramené à
la
passion. L’attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la
16903
saurait être un seul instant ramené à la passion.
L’
attitude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de la passion : c
16904
à la passion. L’attitude humaine qu’il révèle est
l’
antithèse exacte de la passion : c’est une affirmation de la valeur de
16905
itude humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte
de
la passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de
16906
de humaine qu’il révèle est l’antithèse exacte de
la
passion : c’est une affirmation de la valeur des choses créées, de la
16907
hèse exacte de la passion : c’est une affirmation
de
la valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’e
16908
e exacte de la passion : c’est une affirmation de
la
valeur des choses créées, de la matière, et une application de l’espr
16909
t une affirmation de la valeur des choses créées,
de
la matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passi
16910
ne affirmation de la valeur des choses créées, de
la
matière, et une application de l’esprit au monde visible. La passion
16911
choses créées, de la matière, et une application
de
l’esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle e
16912
oses créées, de la matière, et une application de
l’
esprit au monde visible. La passion ni la foi hérétique dont elle est
16913
et une application de l’esprit au monde visible.
La
passion ni la foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer c
16914
ation de l’esprit au monde visible. La passion ni
la
foi hérétique dont elle est née ne sauraient proposer comme but à not
16915
t née ne sauraient proposer comme but à notre vie
la
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et la fonction origine
16916
raient proposer comme but à notre vie la maîtrise
de
la Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiu
16917
ent proposer comme but à notre vie la maîtrise de
la
Nature, puisque c’est là le but et la fonction originelle du Démiurge
16918
re vie la maîtrise de la Nature, puisque c’est là
le
but et la fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est ju
16919
maîtrise de la Nature, puisque c’est là le but et
la
fonction originelle du Démiurge, et puisque le salut est justement d’
16920
et la fonction originelle du Démiurge, et puisque
le
salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque225. Faut-il voir à
16921
le du Démiurge, et puisque le salut est justement
d’
échapper à sa loi démoniaque225. Faut-il voir à la source de cet aspec
16922
d’échapper à sa loi démoniaque225. Faut-il voir à
la
source de cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte d
16923
à sa loi démoniaque225. Faut-il voir à la source
de
cet aspect le plus réel de l’activisme européen une sorte de tempéram
16924
niaque225. Faut-il voir à la source de cet aspect
le
plus réel de l’activisme européen une sorte de tempérament continenta
16925
ut-il voir à la source de cet aspect le plus réel
de
l’activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelqu
16926
il voir à la source de cet aspect le plus réel de
l’
activisme européen une sorte de tempérament continental ? Ou quelque i
16927
ct le plus réel de l’activisme européen une sorte
de
tempérament continental ? Ou quelque influence indirecte de l’ambitio
16928
ment continental ? Ou quelque influence indirecte
de
l’ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendr
16929
t continental ? Ou quelque influence indirecte de
l’
ambition chrétienne définie par l’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait
16930
ce indirecte de l’ambition chrétienne définie par
l’
Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi
16931
’Apôtre (Romains, 8), et qui tendrait à restaurer
le
Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chré
16932
rer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par
le
péché ? La volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme
16933
os dans sa loi primitive, troublée par le péché ?
La
volonté chrétienne de transformer le pécheur dans son âme et dans sa
16934
ve, troublée par le péché ? La volonté chrétienne
de
transformer le pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en
16935
r le péché ? La volonté chrétienne de transformer
le
pécheur dans son âme et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idé
16936
on âme et dans sa conduite a entraîné en Occident
l’
idée de transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution),
16937
et dans sa conduite a entraîné en Occident l’idée
de
transformer le milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’i
16938
uite a entraîné en Occident l’idée de transformer
le
milieu humain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée de transfor
16939
Occident l’idée de transformer le milieu humain (
d’
où le mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu natu
16940
dent l’idée de transformer le milieu humain (d’où
le
mythe de la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (
16941
ée de transformer le milieu humain (d’où le mythe
de
la révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la t
16942
de transformer le milieu humain (d’où le mythe de
la
révolution), et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où la tech
16943
ilieu humain (d’où le mythe de la révolution), et
l’
idée de transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à sav
16944
umain (d’où le mythe de la révolution), et l’idée
de
transformer le milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
16945
mythe de la révolution), et l’idée de transformer
le
milieu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si le christianism
16946
ion), et l’idée de transformer le milieu naturel (
d’
où la technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par le
16947
et l’idée de transformer le milieu naturel (d’où
la
technique). Reste à savoir si le christianisme, accueilli par les Ind
16948
eu naturel (d’où la technique). Reste à savoir si
le
christianisme, accueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit les
16949
Reste à savoir si le christianisme, accueilli par
les
Indes ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’
16950
r si le christianisme, accueilli par les Indes ou
la
Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas
16951
ccueilli par les Indes ou la Chine, y eût produit
les
mêmes effets. Mais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit de m
16952
ou la Chine, y eût produit les mêmes effets. Mais
la
réponse n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que les élément
16953
ais la réponse n’importe pas ici : il nous suffit
de
marquer que les éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateur
16954
n’importe pas ici : il nous suffit de marquer que
les
éléments occidentaux-chrétiens (c’est-à-dire créateurs) du dynamisme
16955
ntés par une volonté exactement contraire à celle
de
la passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de f
16956
s par une volonté exactement contraire à celle de
la
passion. Ce qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit de fait
16957
qui peut induire en erreur, et ce qui a introduit
de
fait une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est la collusion d
16958
ce qui a introduit de fait une fatale erreur dans
l’
activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie t
16959
une fatale erreur dans l’activisme moderne, c’est
la
collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Ré
16960
reur dans l’activisme moderne, c’est la collusion
de
la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la
16961
r dans l’activisme moderne, c’est la collusion de
la
guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la gue
16962
visme moderne, c’est la collusion de la guerre et
de
notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant
16963
a guerre et de notre génie technique. À partir de
la
Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration d
16964
notre génie technique. À partir de la Révolution,
la
guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les fo
16965
évolution, la guerre devenant « nationale » exige
la
collaboration de toutes les forces créatrices, et en particulier de l
16966
rre devenant « nationale » exige la collaboration
de
toutes les forces créatrices, et en particulier de la technique. C’es
16967
nt « nationale » exige la collaboration de toutes
les
forces créatrices, et en particulier de la technique. C’est alors la
16968
e toutes les forces créatrices, et en particulier
de
la technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le pr
16969
outes les forces créatrices, et en particulier de
la
technique. C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir le princ
16970
s, et en particulier de la technique. C’est alors
la
passion (guerrière) qui va devenir le principal moteur de la recherch
16971
C’est alors la passion (guerrière) qui va devenir
le
principal moteur de la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 19
16972
on (guerrière) qui va devenir le principal moteur
de
la recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union
16973
(guerrière) qui va devenir le principal moteur de
la
recherche mécanique : on l’a bien vu depuis 1915. Mais cette union to
16974
e principal moteur de la recherche mécanique : on
l’
a bien vu depuis 1915. Mais cette union tout à fait monstrueuse des fo
16975
is cette union tout à fait monstrueuse des forces
de
mort et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre, et le
16976
t et des forces créatrices va dénaturer à la fois
la
guerre, et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion,
16977
s créatrices va dénaturer à la fois la guerre, et
le
génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la techniq
16978
turer à la fois la guerre, et le génie technique.
La
guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant morte
16979
et le génie technique. La guerre mécanisée évacue
la
passion, et la technique en devenant mortelle, trahit les ambitions d
16980
hnique. La guerre mécanisée évacue la passion, et
la
technique en devenant mortelle, trahit les ambitions dont elle est né
16981
ion, et la technique en devenant mortelle, trahit
les
ambitions dont elle est née. Il se peut que l’Occident succombe à ce
16982
t les ambitions dont elle est née. Il se peut que
l’
Occident succombe à ce destin qu’il s’est forgé. Mais il est clair que
16983
l s’est forgé. Mais il est clair que ce n’est pas
le
christianisme — comme le répètent tant de publicistes — qui est respo
16984
t clair que ce n’est pas le christianisme — comme
le
répètent tant de publicistes — qui est responsable de la catastrophe.
16985
épètent tant de publicistes — qui est responsable
de
la catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrét
16986
tent tant de publicistes — qui est responsable de
la
catastrophe. L’esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien
16987
licistes — qui est responsable de la catastrophe.
L’
esprit catastrophique de l’Occident n’est pas chrétien226. Il est tout
16988
nsable de la catastrophe. L’esprit catastrophique
de
l’Occident n’est pas chrétien226. Il est tout au contraire manichéen.
16989
ble de la catastrophe. L’esprit catastrophique de
l’
Occident n’est pas chrétien226. Il est tout au contraire manichéen. C’
16990
st ce qu’ignorent communément ceux qui assimilent
le
christianisme et l’Occident, comme si tout l’Occident était chrétien.
16991
mmunément ceux qui assimilent le christianisme et
l’
Occident, comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc l’Europe su
16992
ent le christianisme et l’Occident, comme si tout
l’
Occident était chrétien. Si donc l’Europe succombe à son mauvais génie
16993
comme si tout l’Occident était chrétien. Si donc
l’
Europe succombe à son mauvais génie, ce sera pour avoir trop longtemps
16994
génie, ce sera pour avoir trop longtemps cultivé
la
religion para ou même antichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclur
16995
s cultivé la religion para ou même antichrétienne
de
la passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation ori
16996
ultivé la religion para ou même antichrétienne de
la
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait la tentation orient
16997
ichrétienne de la passion. ⁂ Faut-il conclure que
la
passion serait la tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai q
16998
passion. ⁂ Faut-il conclure que la passion serait
la
tentation orientale de l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est dé
16999
lure que la passion serait la tentation orientale
de
l’Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre his
17000
e que la passion serait la tentation orientale de
l’
Occident ? S’il est vrai qu’elle ne s’est développée dans notre histoi
17001
s qu’à partir des xiie et xiiie siècles, et par
l’
impulsion décisive de l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du
17002
e et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive
de
l’hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l
17003
et xiiie siècles, et par l’impulsion décisive de
l’
hérésie méridionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de l’Ir
17004
ionale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et
de
l’Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « mo
17005
ale, il apparaît que c’est du Proche-Orient et de
l’
Iran, sources certaines de l’hérésie, que nous sont venues nos « morte
17006
du Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines
de
l’hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dir
17007
Proche-Orient et de l’Iran, sources certaines de
l’
hérésie, que nous sont venues nos « mortelles » croyances. Mais dira-t
17008
dira-t-on, ces mêmes croyances n’ont pas produit
les
mêmes effets parmi les peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont p
17009
royances n’ont pas produit les mêmes effets parmi
les
peuples de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obs
17010
nt pas produit les mêmes effets parmi les peuples
de
l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ai
17011
pas produit les mêmes effets parmi les peuples de
l’
Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes obstacles. Ainsi
17012
s de l’Orient ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé
les
mêmes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
17013
mes obstacles. Ainsi notre chance dramatique est
d’
avoir résisté à la passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Tel
17014
nsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à
la
passion par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut la tentatio
17015
résisté à la passion par des moyens prédestinés à
l’
exalter. Telle fut la tentation permanente d’où jaillirent nos plus be
17016
par des moyens prédestinés à l’exalter. Telle fut
la
tentation permanente d’où jaillirent nos plus belles créations. Mais
17017
és à l’exalter. Telle fut la tentation permanente
d’
où jaillirent nos plus belles créations. Mais ce qui produit la vie pr
17018
nt nos plus belles créations. Mais ce qui produit
la
vie produit aussi la mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
17019
éations. Mais ce qui produit la vie produit aussi
la
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change
17020
mort. Il suffit qu’un accent se déplace pour que
le
dynamisme change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude r
17021
un accent se déplace pour que le dynamisme change
de
signe. ⁂ C’est en fin de compte dans l’attitude religieuse des Occide
17022
me change de signe. ⁂ C’est en fin de compte dans
l’
attitude religieuse des Occidentaux, et dans l’institution la plus typ
17023
ns l’attitude religieuse des Occidentaux, et dans
l’
institution la plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera dé
17024
religieuse des Occidentaux, et dans l’institution
la
plus typique de leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possib
17025
ccidentaux, et dans l’institution la plus typique
de
leur morale : le mariage, qu’il sera désormais possible de repérer av
17026
ns l’institution la plus typique de leur morale :
le
mariage, qu’il sera désormais possible de repérer avec assez de préci
17027
orale : le mariage, qu’il sera désormais possible
de
repérer avec assez de précision ce déplacement d’accent dont tout dép
17028
’il sera désormais possible de repérer avec assez
de
précision ce déplacement d’accent dont tout dépend. Il est certain qu
17029
de repérer avec assez de précision ce déplacement
d’
accent dont tout dépend. Il est certain que l’Occidental christianisé
17030
ent d’accent dont tout dépend. Il est certain que
l’
Occidental christianisé se distingue de l’Oriental par son pouvoir d’a
17031
ertain que l’Occidental christianisé se distingue
de
l’Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
17032
ain que l’Occidental christianisé se distingue de
l’
Oriental par son pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a de
17033
ianisé se distingue de l’Oriental par son pouvoir
d’
approfondir l’être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le
17034
ingue de l’Oriental par son pouvoir d’approfondir
l’
être créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret de notr
17035
pouvoir d’approfondir l’être créé dans ce qu’il a
de
particulier. C’est tout le secret de notre fidélité. La sagesse orien
17036
e créé dans ce qu’il a de particulier. C’est tout
le
secret de notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissanc
17037
s ce qu’il a de particulier. C’est tout le secret
de
notre fidélité. La sagesse orientale cherche la connaissance dans l’a
17038
ticulier. C’est tout le secret de notre fidélité.
La
sagesse orientale cherche la connaissance dans l’abolition progressiv
17039
t de notre fidélité. La sagesse orientale cherche
la
connaissance dans l’abolition progressive du divers. Nous, nous cherc
17040
La sagesse orientale cherche la connaissance dans
l’
abolition progressive du divers. Nous, nous cherchons la densité de l’
17041
ition progressive du divers. Nous, nous cherchons
la
densité de l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie
17042
essive du divers. Nous, nous cherchons la densité
de
l’être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle
17043
ive du divers. Nous, nous cherchons la densité de
l’
être dans la personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
17044
s. Nous, nous cherchons la densité de l’être dans
la
personne distincte, sans cesse approfondie comme telle. « D’autant pl
17045
distincte, sans cesse approfondie comme telle. «
D’
autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n
17046
die comme telle. « D’autant plus nous connaissons
les
choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu », dit Spin
17047
t plus nous connaissons les choses particulières,
d’
autant plus nous connaissons Dieu », dit Spinoza. Cette attitude, qui
17048
, qui définit mon Occident, définit en même temps
les
conditions profondes de la fidélité, de la personne, du mariage — et
17049
t, définit en même temps les conditions profondes
de
la fidélité, de la personne, du mariage — et du refus de la passion.
17050
définit en même temps les conditions profondes de
la
fidélité, de la personne, du mariage — et du refus de la passion. Ell
17051
me temps les conditions profondes de la fidélité,
de
la personne, du mariage — et du refus de la passion. Elle suppose l’a
17052
temps les conditions profondes de la fidélité, de
la
personne, du mariage — et du refus de la passion. Elle suppose l’acce
17053
idélité, de la personne, du mariage — et du refus
de
la passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’inc
17054
lité, de la personne, du mariage — et du refus de
la
passion. Elle suppose l’acceptation du différent, et donc de l’incomp
17055
mariage — et du refus de la passion. Elle suppose
l’
acceptation du différent, et donc de l’incomplet, la prise sur le conc
17056
Elle suppose l’acceptation du différent, et donc
de
l’incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétie
17057
le suppose l’acceptation du différent, et donc de
l’
incomplet, la prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien p
17058
acceptation du différent, et donc de l’incomplet,
la
prise sur le concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde
17059
u différent, et donc de l’incomplet, la prise sur
le
concret dans ses limitations. Le chrétien prend le monde tel qu’il es
17060
et, la prise sur le concret dans ses limitations.
Le
chrétien prend le monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le
17061
e concret dans ses limitations. Le chrétien prend
le
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut le rêver. Son activi
17062
monde tel qu’il est, et non point tel qu’il peut
le
rêver. Son activité « créatrice » consiste alors à retrouver en profo
17063
» consiste alors à retrouver en profondeur toute
la
diversité du monde créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l
17064
e la diversité du monde créé ; et c’est ainsi que
la
Renaissance définit l’homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cett
17065
créé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit
l’
homme : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou
17066
it cette volonté centrale, ou en dévie, compromet
la
fidélité et donne des chances nouvelles à la passion. C’est notre vie
17067
omet la fidélité et donne des chances nouvelles à
la
passion. C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi la crise mo
17068
C’est notre vie et notre mort. Et c’est pourquoi
la
crise moderne du mariage est le signe le moins trompeur d’une décaden
17069
Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est
le
signe le moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autr
17070
pourquoi la crise moderne du mariage est le signe
le
moins trompeur d’une décadence occidentale. Il en est d’autres, certe
17071
moderne du mariage est le signe le moins trompeur
d’
une décadence occidentale. Il en est d’autres, certes, dans les domain
17072
nce occidentale. Il en est d’autres, certes, dans
les
domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion
17073
le. Il en est d’autres, certes, dans les domaines
les
plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahisse
17074
tres, certes, dans les domaines les plus divers :
le
culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la cultur
17075
es domaines les plus divers : le culte du nombre,
la
poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions n
17076
s les plus divers : le culte du nombre, la poésie
de
l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalist
17077
es plus divers : le culte du nombre, la poésie de
l’
évasion, l’envahissement de la culture par les passions nationalistes
17078
ers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion,
l’
envahissement de la culture par les passions nationalistes : tout ce q
17079
u nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement
de
la culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
17080
ombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de
la
culture par les passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la
17081
e de l’évasion, l’envahissement de la culture par
les
passions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner la personne. Mais
17082
assions nationalistes : tout ce qui tend à ruiner
la
personne. Mais ce sont là des phénomènes complexes et collectifs, qui
17083
, qui échappent souvent aux prises individuelles.
Le
signe de la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun
17084
appent souvent aux prises individuelles. Le signe
de
la crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est pl
17085
ent souvent aux prises individuelles. Le signe de
la
crise du mariage nous parle et nous avertit mieux : aucun n’est plus
17086
otidien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà
de
la tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
17087
dien, plus intimement vérifiable. 7.Au-delà de
la
tragédie Cet ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme le
17088
ouvrage, à bien des égards, peut apparaître comme
le
bilan d’une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et co
17089
à bien des égards, peut apparaître comme le bilan
d’
une décadence : mythe dégradé, mariage en crise, formes et conventions
17090
lire passionnel aux domaines où il peut entraîner
la
destruction de notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous mena
17091
aux domaines où il peut entraîner la destruction
de
notre civilisation. Tout cela est, tout cela nous menace, et d’autant
17092
isation. Tout cela est, tout cela nous menace, et
d’
autant plus qu’on voudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises, l
17093
cela nous menace, et d’autant plus qu’on voudrait
le
nier. Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance de ces périls
17094
oudrait le nier. Cependant, à plusieurs reprises,
la
connaissance de ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de
17095
Cependant, à plusieurs reprises, la connaissance
de
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités de les surmonter. P
17096
ces périls nous a fait entrevoir des possibilités
de
les surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise
17097
périls nous a fait entrevoir des possibilités de
les
surmonter. Par exemple, il se peut que l’Europe, après une crise tota
17098
tés de les surmonter. Par exemple, il se peut que
l’
Europe, après une crise totalitaire (et supposé qu’elle n’y succombe p
17099
(et supposé qu’elle n’y succombe point), retrouve
le
sens d’une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la
17100
osé qu’elle n’y succombe point), retrouve le sens
d’
une fidélité gagée au moins sur des institutions solides, à la mesure
17101
té gagée au moins sur des institutions solides, à
la
mesure de la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion p
17102
u moins sur des institutions solides, à la mesure
de
la personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent
17103
oins sur des institutions solides, à la mesure de
la
personne. Il se peut que les excès mêmes de la passion provoquent des
17104
lides, à la mesure de la personne. Il se peut que
les
excès mêmes de la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire de
17105
re de la personne. Il se peut que les excès mêmes
de
la passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvel
17106
de la personne. Il se peut que les excès mêmes de
la
passion provoquent des résistances, c’est-à-dire des formes nouvelles
17107
ais après tout, n’est-ce pas encore une tentation
de
la passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de
17108
après tout, n’est-ce pas encore une tentation de
la
passion que ce souci des lendemains qui obsède aujourd’hui tant de fr
17109
ui tant de fronts ? Notre vie ne se joue pas dans
l’
au-delà temporel, mais dans les décisions toujours actuelles qui fonde
17110
ne se joue pas dans l’au-delà temporel, mais dans
les
décisions toujours actuelles qui fondent notre fidélité. Quoi qu’il a
17111
tre fidélité. Quoi qu’il arrive, heur ou malheur,
le
sort du monde nous importe bien moins que la connaissance de nos devo
17112
eur, le sort du monde nous importe bien moins que
la
connaissance de nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde pas
17113
monde nous importe bien moins que la connaissance
de
nos devoirs présents. Car « la figure de ce monde passe », mais notre
17114
ue la connaissance de nos devoirs présents. Car «
la
figure de ce monde passe », mais notre vocation est toujours hic et n
17115
aissance de nos devoirs présents. Car « la figure
de
ce monde passe », mais notre vocation est toujours hic et nunc, dans
17116
ais notre vocation est toujours hic et nunc, dans
l’
acte de l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexion
17117
re vocation est toujours hic et nunc, dans l’acte
de
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amor
17118
vocation est toujours hic et nunc, dans l’acte de
l’
Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes de réflexions, amorcés
17119
l’Éternel où notre espoir se fonde. ⁂ Deux thèmes
de
réflexions, amorcés çà et là dans ces pages, pourront en constituer l
17120
s çà et là dans ces pages, pourront en constituer
la
conclusion ouverte. J’ai tenté de débrouiller certains problèmes posé
17121
t en constituer la conclusion ouverte. J’ai tenté
de
débrouiller certains problèmes posés en termes d’histoire et de psych
17122
certains problèmes posés en termes d’histoire et
de
psychologie : mais les constatations tout objectives auxquelles je me
17123
sés en termes d’histoire et de psychologie : mais
les
constatations tout objectives auxquelles je me suis vu conduit ne son
17124
le, et qui n’est pas toujours aussi simpliste que
le
dilemme passion-fidélité peut nous le faire croire. De fait, on ne co
17125
mpliste que le dilemme passion-fidélité peut nous
le
faire croire. De fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on
17126
lemme passion-fidélité peut nous le faire croire.
De
fait, on ne connaît jamais que les problèmes dont on pressent au moin
17127
e faire croire. De fait, on ne connaît jamais que
les
problèmes dont on pressent au moins la solution, le dépassement. Or l
17128
amais que les problèmes dont on pressent au moins
la
solution, le dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne sa
17129
problèmes dont on pressent au moins la solution,
le
dépassement. Or le moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la
17130
pressent au moins la solution, le dépassement. Or
le
moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple nég
17131
au moins la solution, le dépassement. Or le moyen
de
dépasser notre dilemme ne saurait être la pure et simple négation de
17132
e moyen de dépasser notre dilemme ne saurait être
la
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y ins
17133
ilemme ne saurait être la pure et simple négation
de
l’un de ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la
17134
e saurait être la pure et simple négation de l’un
de
ses termes. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion
17135
pure et simple négation de l’un de ses termes. Je
l’
ai dit et j’y insiste encore : condamner la passion en principe, ce se
17136
es. Je l’ai dit et j’y insiste encore : condamner
la
passion en principe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles de no
17137
ncipe, ce serait vouloir supprimer l’un des pôles
de
notre tension créatrice. De fait cela n’est pas possible. Le philisti
17138
primer l’un des pôles de notre tension créatrice.
De
fait cela n’est pas possible. Le philistin qui « condamne » de la sor
17139
nsion créatrice. De fait cela n’est pas possible.
Le
philistin qui « condamne » de la sorte et à priori toute passion, c’e
17140
n’est pas possible. Le philistin qui « condamne »
de
la sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune,
17141
st pas possible. Le philistin qui « condamne » de
la
sorte et à priori toute passion, c’est qu’il n’en a connu aucune, et
17142
t qu’il est en deçà du conflit. Pour cet homme-là
le
seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dir
17143
cet homme-là le seul progrès concevable est dans
la
crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel227. Mais
17144
e-là le seul progrès concevable est dans la crise
de
sa sécurité, c’est-à-dire dans le drame passionnel227. Mais au-delà d
17145
t dans la crise de sa sécurité, c’est-à-dire dans
le
drame passionnel227. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à l’impas
17146
-à-dire dans le drame passionnel227. Mais au-delà
de
la passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désorma
17147
dire dans le drame passionnel227. Mais au-delà de
la
passion vécue jusqu’à l’impasse mortelle, que pouvons-nous désormais
17148
nnel227. Mais au-delà de la passion vécue jusqu’à
l’
impasse mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ? Les deux thèm
17149
mortelle, que pouvons-nous désormais entrevoir ?
Les
deux thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies de dépassement
17150
thèmes que je vais esquisser indiquent deux voies
de
dépassement, dans la ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématism
17151
quisser indiquent deux voies de dépassement, dans
la
ligne de cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exp
17152
ndiquent deux voies de dépassement, dans la ligne
de
cet ouvrage, mais au-delà du schématisme inhérent à tout exposé. ⁂ Le
17153
être situé par rapport à un drame personnel dont
les
données biographiques nous sont suffisamment connues. On sait que l’é
17154
iques nous sont suffisamment connues. On sait que
l’
événement qui devint pour Kierkegaard le point de départ de toute sa r
17155
sait que l’événement qui devint pour Kierkegaard
le
point de départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançail
17156
l’événement qui devint pour Kierkegaard le point
de
départ de toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec
17157
nt qui devint pour Kierkegaard le point de départ
de
toute sa réflexion, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine. La
17158
ard le point de départ de toute sa réflexion, fut
la
rupture de ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupt
17159
t de départ de toute sa réflexion, fut la rupture
de
ses fiançailles avec Régine. La cause intime de cette rupture nous de
17160
n, fut la rupture de ses fiançailles avec Régine.
La
cause intime de cette rupture nous demeure en partie mystérieuse : c’
17161
e de ses fiançailles avec Régine. La cause intime
de
cette rupture nous demeure en partie mystérieuse : c’est « le secret
17162
ture nous demeure en partie mystérieuse : c’est «
le
secret » essentiellement impartageable et indicible, qui s’opposait a
17163
ux yeux de Kierkegaard à un mariage heureux selon
le
monde. Ici l’obstacle indispensable à la passion est d’une nature à t
17164
rkegaard à un mariage heureux selon le monde. Ici
l’
obstacle indispensable à la passion est d’une nature à tel point subje
17165
ux selon le monde. Ici l’obstacle indispensable à
la
passion est d’une nature à tel point subjective, singulière et incomp
17166
de. Ici l’obstacle indispensable à la passion est
d’
une nature à tel point subjective, singulière et incomparable, qu’on n
17167
e et incomparable, qu’on ne saurait en pressentir
la
gravité sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini
17168
ne saurait en pressentir la gravité sans invoquer
la
foi de Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait ent
17169
ait en pressentir la gravité sans invoquer la foi
de
Kierkegaard. Selon lui, l’homme fini et pécheur ne saurait entretenir
17170
é sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui,
l’
homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’
17171
eur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est
l’
Éternel et le Saint — que des relations d’amour mortellement malheureu
17172
t entretenir avec son Dieu — qui est l’Éternel et
le
Saint — que des relations d’amour mortellement malheureux. « Dieu cré
17173
qui est l’Éternel et le Saint — que des relations
d’
amour mortellement malheureux. « Dieu crée tout ex nihilo » et celui q
17174
ui que Dieu élit par son amour, « il commence par
le
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de la vie naturelle, D
17175
le réduire à néant ». Du point de vue du monde et
de
la vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». No
17176
réduire à néant ». Du point de vue du monde et de
la
vie naturelle, Dieu apparaît alors comme « mon ennemi mortel ». Nous
17177
e « mon ennemi mortel ». Nous nous heurtons ici à
l’
extrême limite, à l’origine pure de la passion — mais du même coup nou
17178
l ». Nous nous heurtons ici à l’extrême limite, à
l’
origine pure de la passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœ
17179
heurtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure
de
la passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la f
17180
rtons ici à l’extrême limite, à l’origine pure de
la
passion — mais du même coup nous sommes jetés au cœur même de la foi
17181
mais du même coup nous sommes jetés au cœur même
de
la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’am
17182
is du même coup nous sommes jetés au cœur même de
la
foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour
17183
ne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par
l’
amour infini, devra marcher maintenant et vivre dans le monde comme s’
17184
ur infini, devra marcher maintenant et vivre dans
le
monde comme s’il n’avait pas d’autre tâche ni plus urgente ni plus ha
17185
ant et vivre dans le monde comme s’il n’avait pas
d’
autre tâche ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de la foi »,
17186
che ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier
de
la foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « i
17187
ni plus urgente ni plus haute. Ce « chevalier de
la
foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il r
17188
plus haute. Ce « chevalier de la foi », quand on
le
rencontre, n’a l’air de rien de surhumain : « il ressemble à un perce
17189
ier de la foi », quand on le rencontre, n’a l’air
de
rien de surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit co
17190
a foi », quand on le rencontre, n’a l’air de rien
de
surhumain : « il ressemble à un percepteur » et se conduit comme n’im
17191
infinie résignation, et s’il a tout ressaisi par
la
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait
17192
l a tout ressaisi par la suite, c’est en vertu de
l’
absurde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’in
17193
suite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire
de
la foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une tell
17194
ite, c’est en vertu de l’absurde (c’est-à-dire de
la
foi). Il fait sans cesse le saut dans l’infini, mais avec une telle c
17195
urde (c’est-à-dire de la foi). Il fait sans cesse
le
saut dans l’infini, mais avec une telle correction et une telle certi
17196
-dire de la foi). Il fait sans cesse le saut dans
l’
infini, mais avec une telle correction et une telle certitude qu’il re
17197
une telle certitude qu’il retombe sans cesse dans
le
fini, et qu’on ne remarque en lui rien que de fini228 »… Ainsi l’extr
17198
ans le fini, et qu’on ne remarque en lui rien que
de
fini228 »… Ainsi l’extrême de la passion, la mort d’amour, initie une
17199
n ne remarque en lui rien que de fini228 »… Ainsi
l’
extrême de la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la
17200
que en lui rien que de fini228 »… Ainsi l’extrême
de
la passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion n
17201
en lui rien que de fini228 »… Ainsi l’extrême de
la
passion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne c
17202
que de fini228 »… Ainsi l’extrême de la passion,
la
mort d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être
17203
fini228 »… Ainsi l’extrême de la passion, la mort
d’
amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être présente
17204
ion, la mort d’amour, initie une vie nouvelle, où
la
passion ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito le plus jalou
17205
, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse
d’
être présente, mais sous l’incognito le plus jaloux : car elle est bie
17206
où la passion ne cesse d’être présente, mais sous
l’
incognito le plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est
17207
n ne cesse d’être présente, mais sous l’incognito
le
plus jaloux : car elle est bien plus que royale, elle est divine. Et
17208
st bien plus que royale, elle est divine. Et dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel qu
17209
s que royale, elle est divine. Et dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’or
17210
ue royale, elle est divine. Et dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre
17211
e, elle est divine. Et dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion — quel que soit l’ordre où elle
17212
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion — quel que soit l’ordre où elle se manifeste — ne trouve son
17213
ut alors concevoir que la passion — quel que soit
l’
ordre où elle se manifeste — ne trouve son au-delà réel, et son salut,
17214
au-delà réel, et son salut, que par cette action
d’
obéissance qui est la vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le mon
17215
salut, que par cette action d’obéissance qui est
la
vie de fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu
17216
que par cette action d’obéissance qui est la vie
de
fidélité. Vivre alors « comme tout le monde », mais « en vertu de l’a
17217
alors « comme tout le monde », mais « en vertu de
l’
absurde », c’est une scandaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pa
17218
ndaleuse tricherie aux yeux de qui ne croit pas à
l’
absurde ; mais c’est plus qu’une synthèse, et infiniment plus et autre
17219
ion », pour qui croit que Dieu est fidèle, et que
l’
amour ne trompe jamais l’aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ress
17220
Dieu est fidèle, et que l’amour ne trompe jamais
l’
aimé. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir » le monde fini que
17221
é. Certes, Kierkegaard ne parvint à « ressaisir »
le
monde fini que dans la conscience de sa perte, infiniment féconde pou
17222
ne parvint à « ressaisir » le monde fini que dans
la
conscience de sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne rec
17223
ressaisir » le monde fini que dans la conscience
de
sa perte, infiniment féconde pour son génie ; il ne recouvra pas Régi
17224
; il ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais
de
l’aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cett
17225
l ne recouvra pas Régine, mais ne cessa jamais de
l’
aimer et de lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œ
17226
ra pas Régine, mais ne cessa jamais de l’aimer et
de
lui dédier toute son œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
17227
n œuvre. Et c’est peut-être que cette œuvre était
le
lieu de sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que da
17228
Et c’est peut-être que cette œuvre était le lieu
de
sa fidélité la plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vo
17229
être que cette œuvre était le lieu de sa fidélité
la
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans la vocation vraiment
17230
plus réelle. Pourquoi chercher ailleurs que dans
la
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret de son échec humain
17231
ue dans la vocation vraiment unique du Solitaire,
le
secret de son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, é
17232
vocation vraiment unique du Solitaire, le secret
de
son échec humain ? D’autres reçoivent une autre vocation, épousent Ré
17233
reçoivent une autre vocation, épousent Régine, et
la
passion revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de l’absurde »
17234
revit dans leur mariage, mais alors « en vertu de
l’
absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour de leur bonheur. (Ces choses-
17235
rtu de l’absurde ». Et ils s’étonnent chaque jour
de
leur bonheur. (Ces choses-là sont trop simples et totales pour qu’un
17236
our qu’un discours vienne mettre ses délais entre
la
question qu’elles nous posent et la réponse de notre vie.) ⁂ Le secon
17237
délais entre la question qu’elles nous posent et
la
réponse de notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut
17238
re la question qu’elles nous posent et la réponse
de
notre vie.) ⁂ Le second thème que j’esquisserai n’est peut-être pas d
17239
econd thème que j’esquisserai n’est peut-être pas
d’
une nature essentiellement hétérogène. Peut-être même doit-il être con
17240
re conçu comme un aspect particulier du mouvement
de
retour de la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’
17241
omme un aspect particulier du mouvement de retour
de
la passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension
17242
e un aspect particulier du mouvement de retour de
la
passion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spi
17243
ier du mouvement de retour de la passion, tel que
l’
a décrit Kierkegaard. Au sommet de l’ascension spirituelle qu’il nous
17244
assion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet
de
l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus
17245
ion, tel que l’a décrit Kierkegaard. Au sommet de
l’
ascension spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de la plus ar
17246
e l’ascension spirituelle qu’il nous raconte dans
le
langage de la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît qu
17247
on spirituelle qu’il nous raconte dans le langage
de
la plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme att
17248
spirituelle qu’il nous raconte dans le langage de
la
plus ardente passion, saint Jean de la Croix connaît que l’âme attein
17249
dente passion, saint Jean de la Croix connaît que
l’
âme atteint un état de présence parfaite à l’objet aimant de l’amour,
17250
ean de la Croix connaît que l’âme atteint un état
de
présence parfaite à l’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomm
17251
que l’âme atteint un état de présence parfaite à
l’
objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
17252
int un état de présence parfaite à l’objet aimant
de
l’amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se compor
17253
un état de présence parfaite à l’objet aimant de
l’
amour, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique. L’âme se comporte
17254
’objet aimant de l’amour, et c’est ce qu’il nomme
le
mariage mystique. L’âme se comporte alors à l’endroit de son amour av
17255
our, et c’est ce qu’il nomme le mariage mystique.
L’
âme se comporte alors à l’endroit de son amour avec une sorte d’indiff
17256
rte alors à l’endroit de son amour avec une sorte
d’
indifférence quasi divine. Elle est au-delà du doute et de la distinct
17257
érence quasi divine. Elle est au-delà du doute et
de
la distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus r
17258
nce quasi divine. Elle est au-delà du doute et de
la
distinction ressentie comme un déchirement ; elle ne désire plus rien
17259
son amour ne veuille, elle est une avec lui dans
la
dualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et l
17260
ui dans la dualité, qui n’est plus qu’un dialogue
de
grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit a
17261
ualité, qui n’est plus qu’un dialogue de grâce et
d’
obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé
17262
plus qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et
le
désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l
17263
un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir
de
la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte mêm
17264
dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de
la
plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même d
17265
aute passion se voit alors comblé sans cesse dans
l’
acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni m
17266
se voit alors comblé sans cesse dans l’acte même
d’
obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même de consc
17267
l’acte même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en
l’
âme de brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la so
17268
même d’obéir, en sorte qu’il n’est plus en l’âme
de
brûlure, ni même de conscience de l’amour, mais seulement la sobriété
17269
rte qu’il n’est plus en l’âme de brûlure, ni même
de
conscience de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir.
17270
t plus en l’âme de brûlure, ni même de conscience
de
l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analog
17271
lus en l’âme de brûlure, ni même de conscience de
l’
amour, mais seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
17272
ni même de conscience de l’amour, mais seulement
la
sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alo
17273
e de l’amour, mais seulement la sobriété heureuse
de
l’agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la p
17274
e l’amour, mais seulement la sobriété heureuse de
l’
agir. Dans l’analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la pass
17275
is seulement la sobriété heureuse de l’agir. Dans
l’
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du m
17276
t la sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie
de
la foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir
17277
a sobriété heureuse de l’agir. Dans l’analogie de
la
foi, l’on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’
17278
té heureuse de l’agir. Dans l’analogie de la foi,
l’
on peut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union my
17279
analogie de la foi, l’on peut alors concevoir que
la
passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépass
17280
ors concevoir que la passion, née du mortel désir
d’
union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la renco
17281
ue, ne saurait être dépassée et accomplie que par
la
rencontre d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa pers
17282
t être dépassée et accomplie que par la rencontre
d’
un autre, par l’admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout j
17283
et accomplie que par la rencontre d’un autre, par
l’
admission de sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte,
17284
que par la rencontre d’un autre, par l’admission
de
sa vie étrangère, de sa personne à tout jamais distincte, mais qui of
17285
d’un autre, par l’admission de sa vie étrangère,
de
sa personne à tout jamais distincte, mais qui offre une alliance sans
17286
liance sans fin, initiant un dialogue vrai. Alors
l’
angoisse comblée par la réponse, la nostalgie comblée par la présence
17287
nt un dialogue vrai. Alors l’angoisse comblée par
la
réponse, la nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bo
17288
ue vrai. Alors l’angoisse comblée par la réponse,
la
nostalgie comblée par la présence cessent d’appeler un bonheur sensib
17289
comblée par la réponse, la nostalgie comblée par
la
présence cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir,
17290
nse, la nostalgie comblée par la présence cessent
d’
appeler un bonheur sensible, cessent de souffrir, acceptent notre jour
17291
ce cessent d’appeler un bonheur sensible, cessent
de
souffrir, acceptent notre jour. Et alors le mariage est possible. Nou
17292
ssent de souffrir, acceptent notre jour. Et alors
le
mariage est possible. Nous sommes deux dans le contentement. ⁂ Une de
17293
rs le mariage est possible. Nous sommes deux dans
le
contentement. ⁂ Une dernière fois pourtant nous reprendrons un parti
17294
dernière fois pourtant nous reprendrons un parti
de
sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas co
17295
s pourtant nous reprendrons un parti de sobriété.
Les
mariés ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur
17296
e sobriété. Les mariés ne sont pas des saints, et
le
péché n’est pas comme une erreur à laquelle on renoncerait un beau jo
17297
ité meilleure. Nous sommes sans fin ni cesse dans
le
combat de la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux pui
17298
ure. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat
de
la nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux.
17299
. Nous sommes sans fin ni cesse dans le combat de
la
nature et de la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Ma
17300
sans fin ni cesse dans le combat de la nature et
de
la grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon
17301
ns fin ni cesse dans le combat de la nature et de
la
grâce. Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais l’horizon n’e
17302
Sans fin ni cesse, malheureux puis heureux. Mais
l’
horizon n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne ch
17303
alheureux puis heureux. Mais l’horizon n’est plus
le
même. Une fidélité gardée au Nom de ce qui ne change pas comme nous,
17304
on n’est plus le même. Une fidélité gardée au Nom
de
ce qui ne change pas comme nous, révèle peu a peu son mystère : c’est
17305
, révèle peu a peu son mystère : c’est qu’au-delà
de
la tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
17306
évèle peu a peu son mystère : c’est qu’au-delà de
la
tragédie, il y a de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’
17307
’est qu’au-delà de la tragédie, il y a de nouveau
le
bonheur. Un bonheur qui ressemble à l’ancien, mais qui n’appartient p
17308
de nouveau le bonheur. Un bonheur qui ressemble à
l’
ancien, mais qui n’appartient plus à la forme du monde, car c’est lui
17309
essemble à l’ancien, mais qui n’appartient plus à
la
forme du monde, car c’est lui qui transforme le monde. 21 février-21
17310
à la forme du monde, car c’est lui qui transforme
le
monde. 21 février-21 juin 1938 (Révision : 1954.) 214. Je m’en t
17311
ion : 1954.) 214. Je m’en tiens au cas-limite
de
Tristan. Il y a des cas de passion dans le mariage chrétien ; et des
17312
en tiens au cas-limite de Tristan. Il y a des cas
de
passion dans le mariage chrétien ; et des états de mariage dans la pa
17313
limite de Tristan. Il y a des cas de passion dans
le
mariage chrétien ; et des états de mariage dans la passion… 215. Plu
17314
e passion dans le mariage chrétien ; et des états
de
mariage dans la passion… 215. Plus on s’écarte de l’espèce pour se r
17315
e mariage chrétien ; et des états de mariage dans
la
passion… 215. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de la
17316
e mariage dans la passion… 215. Plus on s’écarte
de
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient sin
17317
ariage dans la passion… 215. Plus on s’écarte de
l’
espèce pour se rapprocher de la personne, plus le choix devient singul
17318
. Plus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher
de
la personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisatio
17319
lus on s’écarte de l’espèce pour se rapprocher de
la
personne, plus le choix devient singulier. À cette personnalisation d
17320
l’espèce pour se rapprocher de la personne, plus
le
choix devient singulier. À cette personnalisation de l’être aimé corr
17321
choix devient singulier. À cette personnalisation
de
l’être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’i
17322
ix devient singulier. À cette personnalisation de
l’
être aimé correspond d’ailleurs une spécification croissante de l’inst
17323
orrespond d’ailleurs une spécification croissante
de
l’instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr
17324
espond d’ailleurs une spécification croissante de
l’
instinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est l’argument du Dr Ma
17325
cification croissante de l’instinct, à mesure que
l’
homme se virilise : c’est l’argument du Dr Maranon en faveur de la mon
17326
nstinct, à mesure que l’homme se virilise : c’est
l’
argument du Dr Maranon en faveur de la monogamie. 216. La gauloiserie
17327
ise : c’est l’argument du Dr Maranon en faveur de
la
monogamie. 216. La gauloiserie n’étant pas moins que la passion une
17328
nt du Dr Maranon en faveur de la monogamie. 216.
La
gauloiserie n’étant pas moins que la passion une évasion hors du réel
17329
gamie. 216. La gauloiserie n’étant pas moins que
la
passion une évasion hors du réel, une façon de l’idéaliser. 217. J’e
17330
ue la passion une évasion hors du réel, une façon
de
l’idéaliser. 217. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par
17331
la passion une évasion hors du réel, une façon de
l’
idéaliser. 217. J’emploie ce terme au sens actif et littéral, par opp
17332
littéral, par opposition au sens devenu courant,
de
« préjugé », de « parti imité ». 218. Voir le remarquable essai de R
17333
pposition au sens devenu courant, de « préjugé »,
de
« parti imité ». 218. Voir le remarquable essai de R. de Pury, Éros
17334
t, de « préjugé », de « parti imité ». 218. Voir
le
remarquable essai de R. de Pury, Éros et Agapè dans le recueil collec
17335
« parti imité ». 218. Voir le remarquable essai
de
R. de Pury, Éros et Agapè dans le recueil collectif intitulé Problème
17336
marquable essai de R. de Pury, Éros et Agapè dans
le
recueil collectif intitulé Problèmes de la sexualité (collection « Pr
17337
gapè dans le recueil collectif intitulé Problèmes
de
la sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit
17338
è dans le recueil collectif intitulé Problèmes de
la
sexualité (collection « Présences ») : « Un chrétien peut et doit acc
17339
ement pas en tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas
le
péché ; le péché c’est la sublimation d’Éros ». 219. Comme le croira
17340
n tant qu’Éros sublimé. Éros n’est pas le péché ;
le
péché c’est la sublimation d’Éros ». 219. Comme le croira cependant
17341
sublimé. Éros n’est pas le péché ; le péché c’est
la
sublimation d’Éros ». 219. Comme le croira cependant Novalis, renouv
17342
’est pas le péché ; le péché c’est la sublimation
d’
Éros ». 219. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant la mystiq
17343
péché c’est la sublimation d’Éros ». 219. Comme
le
croira cependant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et les vi
17344
9. Comme le croira cependant Novalis, renouvelant
la
mystique courtoise et les vieilles traditions celtiques. 220. En quo
17345
ant Novalis, renouvelant la mystique courtoise et
les
vieilles traditions celtiques. 220. En quoi consiste le respect, au
17346
lles traditions celtiques. 220. En quoi consiste
le
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans
17347
220. En quoi consiste le respect, au sens où je
le
prends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité d’une
17348
respect, au sens où je le prends ici ? En ce que
l’
on reconnaît dans un être la totalité d’une personne. La personne, sel
17349
rends ici ? En ce que l’on reconnaît dans un être
la
totalité d’une personne. La personne, selon la fameuse définition kan
17350
En ce que l’on reconnaît dans un être la totalité
d’
une personne. La personne, selon la fameuse définition kantienne, c’es
17351
econnaît dans un être la totalité d’une personne.
La
personne, selon la fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut
17352
re la totalité d’une personne. La personne, selon
la
fameuse définition kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l
17353
kantienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par
l’
homme comme une chose, comme un instrument. 221. Sur la liaison absol
17354
e comme une chose, comme un instrument. 221. Sur
la
liaison absolument fondamentale de la passion et du mensonge, voir su
17355
ent. 221. Sur la liaison absolument fondamentale
de
la passion et du mensonge, voir supra chap. 10, livre I et p. 143. 2
17356
. 221. Sur la liaison absolument fondamentale de
la
passion et du mensonge, voir supra chap. 10, livre I et p. 143. 222.
17357
livre I et p. 143. 222. Je répète toutefois que
le
mariage ne saurait être fondé sur des « arguments » de ce genre. Il s
17358
riage ne saurait être fondé sur des « arguments »
de
ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait d’observation qui réfu
17359
guments » de ce genre. Il s’agit ici, simplement,
d’
un fait d’observation qui réfute les croyances courantes, nées du myth
17360
de ce genre. Il s’agit ici, simplement, d’un fait
d’
observation qui réfute les croyances courantes, nées du mythe de Trist
17361
i, simplement, d’un fait d’observation qui réfute
les
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et de son négatif donju
17362
qui réfute les croyances courantes, nées du mythe
de
Tristan et de son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tou
17363
croyances courantes, nées du mythe de Tristan et
de
son négatif donjuanesque. Mais cette « raison » est tout à fait ineff
17364
st tout à fait inefficace aux yeux de qui préfère
le
mythe et veut croire aux révélations de la passion. 223. B. Croce, E
17365
i préfère le mythe et veut croire aux révélations
de
la passion. 223. B. Croce, Etica e Politica. 224. Léo Ferrero, Dése
17366
réfère le mythe et veut croire aux révélations de
la
passion. 223. B. Croce, Etica e Politica. 224. Léo Ferrero, Désespo
17367
Etica e Politica. 224. Léo Ferrero, Désespoirs.
Le
problème de la passion est admirablement défini par ce petit livre da
17368
itica. 224. Léo Ferrero, Désespoirs. Le problème
de
la passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses donné
17369
ca. 224. Léo Ferrero, Désespoirs. Le problème de
la
passion est admirablement défini par ce petit livre dans ses données
17370
elles psychologiques. (Voir Appendice 4.) 225. «
L’
idée antique du travail indigne de l’homme libre se retrouve dans la c
17371
ice 4.) 225. « L’idée antique du travail indigne
de
l’homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne,
17372
4.) 225. « L’idée antique du travail indigne de
l’
homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, His
17373
travail indigne de l’homme libre se retrouve dans
la
chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de l’Europe, p. 113. 226
17374
ns la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire
de
l’Europe, p. 113. 226. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les cata
17375
la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire de
l’
Europe, p. 113. 226. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastr
17376
renne, Histoire de l’Europe, p. 113. 226. Il y a
l’
Apocalypse, dira-t-on. Mais les catastrophes qu’elle annonce représent
17377
. 113. 226. Il y a l’Apocalypse, dira-t-on. Mais
les
catastrophes qu’elle annonce représentent notre châtiment et non pas
17378
âtiment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas
la
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce f
17379
t non pas notre délivrance. Ce n’est pas la mort,
la
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait par D
17380
Ce n’est pas la mort, la désincarnation, qui est
le
salut ; mais l’acte de la grâce fait par Dieu. 227. Faut-il aller e
17381
mort, la désincarnation, qui est le salut ; mais
l’
acte de la grâce fait par Dieu. 227. Faut-il aller encore plus loin
17382
la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte
de
la grâce fait par Dieu. 227. Faut-il aller encore plus loin que Kie
17383
désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de
la
grâce fait par Dieu. 227. Faut-il aller encore plus loin que Kierke
17384
ut-il aller encore plus loin que Kierkegaard dans
le
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et d
17385
le dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive
de
le pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a san
17386
dépassement du « stade éthique » ? Il m’arrive de
le
pressentir, et de penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans d
17387
tade éthique » ? Il m’arrive de le pressentir, et
de
penser : du point de vue de la foi, il n’y a sans doute aucun profit
17388
de le pressentir, et de penser : du point de vue
de
la foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » p
17389
le pressentir, et de penser : du point de vue de
la
foi, il n’y a sans doute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
17390
oute aucun profit au « règlement des mœurs » pour
les
non-chrétiens. C’est une façon de les mettre, au contraire, à l’abri
17391
s mœurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon
de
les mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les
17392
œurs » pour les non-chrétiens. C’est une façon de
les
mettre, au contraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui les con
17393
s. C’est une façon de les mettre, au contraire, à
l’
abri du désespoir réel, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
17394
ontraire, à l’abri du désespoir réel, humain, qui
les
conduirait à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hy
17395
i du désespoir réel, humain, qui les conduirait à
la
foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bou
17396
el, humain, qui les conduirait à la foi. Une cure
d’
âme comprise non pas au sens d’une hygiène morale bourgeoise, mais au
17397
à la foi. Une cure d’âme comprise non pas au sens
d’
une hygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien — la guérison à o
17398
ygiène morale bourgeoise, mais au sens chrétien —
la
guérison à obtenir, c’est que l’infidèle croie — devrait conduire à d
17399
sens chrétien — la guérison à obtenir, c’est que
l’
infidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’homme non chrétien
17400
’infidèle croie — devrait conduire à désirer pour
l’
homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. O
17401
rer pour l’homme non chrétien qu’il traverse tout
le
« bonheur » de la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si
17402
e non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur »
de
la passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seu
17403
on chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de
la
passion. Or on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que le seul a
17404
out le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce
de
le retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en
17405
le « bonheur » de la passion. Or on s’efforce de
le
retenir en deçà. Si bien que le seul au-delà concret qu’il soit en ét
17406
r on s’efforce de le retenir en deçà. Si bien que
le
seul au-delà concret qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
17407
en que le seul au-delà concret qu’il soit en état
de
désirer, d’imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voil
17408
ul au-delà concret qu’il soit en état de désirer,
d’
imaginer, c’est le « dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il f
17409
qu’il soit en état de désirer, d’imaginer, c’est
le
« dérèglement des passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ho
17410
es passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter :
l’
homme livré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peu
17411
ivré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont
le
remède peut très bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que le ren
17412
ir dont le remède peut très bien lui apparaître :
la
loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut
17413
rès bien lui apparaître : la loi. Or ce n’est que
le
renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi.
17414
raître : la loi. Or ce n’est que le renoncement à
la
loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. 228. Crainte e
17415
à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à
la
foi. 228. Crainte et Tremblement, traduit d’après la version allem
17416
. 228. Crainte et Tremblement, traduit d’après
la
version allemande de E. Geismar et R. Marx.
17417
Tremblement, traduit d’après la version allemande
de
E. Geismar et R. Marx.