1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre premier. Le mythe de Tristan
1 celui de M. Bédier, ni d’avoir entendu l’opéra de Wagner , pour subir dans la vie quotidienne l’empire nostalgique d’un tel myt
2 oissant et vampirique crescendo du second acte de Wagner , tel est le premier objet de cet ouvrage ; et le succès qu’il ambitio
3 u seuil de la mort. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’une catastrophe romanesque : il décrit l’ess
4 ès de leur passion une espèce de haine de l’aimé. Wagner l’a vue, bien avant Freud et les modernes psychologues. « Élu par moi
5 lle et grave mélodie » orchestrée par le drame de Wagner  : Elle m’a interrogé un jour, et voici qu’elle me parle encore. Pour
6 de la dégradation du mythe. 17. Dans le drame de Wagner , quand le roi surprend les amants, Tristan répond à ses questions dou
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre II. Les origines religieuses du mythe
7 signol allègrement vient de lancer le trille dont Wagner au deuxième acte de Tristan, fera le cri sublime de Brengaine : « Hab
8 ne vie ou dans une œuvre. 13.Du roman breton à Wagner , en passant par Gottfried La première recréation du mythe, par un
9 préfigure l’espèce de trahison géniale opérée par Wagner six siècles et demi plus tard. Même si l’on ignorait que la source de
10 plus tard. Même si l’on ignorait que la source de Wagner fut le poème de Gottfried, la seule comparaison des textes l’établira
11 losophique et religieux du poème de Gottfried que Wagner va ressusciter par l’opération musicale. Le monde créé appartient au
12 ant de souffrir l’amour : la Joie suprême. Ce que Wagner a repris à Gottfried, c’est tout ce que les Bretons n’avaient pas vou
13 — et le Mal triomphant dans le monde créé. Ce que Wagner , en somme, a repris de Gottfried, c’est son dualisme foncier. Et c’es
14 , ir und ich… niwan ein Tristan und ein Isot » et Wagner , II, 2, toute la fin de la scène : « nicht mehr Tristan !… nicht mehr
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre IV. Le mythe dans la littérature
15 ar une plus insidieuse tyrannie. Jusqu’au jour où Wagner , d’un seul coup, dressera le mythe dans sa pleine stature et dans sa
16 t se rassemblent les éléments épars du mythe, que Wagner seul osera nommer, mais alors pour le recréer dans une synthèse défin
17 ns qui tendent à sa perte.) En composant Tristan, Wagner a violé le tabou : il a tout dit, tout avoué par les paroles de son l
18 ent mortel : ces trois moments mystiques auxquels Wagner , par une géniale simplification, a su réduire les trois actes du dram
19 s et pittoresques. ⁂ Cependant la forme d’art que Wagner a choisie n’est pas sans recréer des possibilités de « méprise ». Il
20 chevée que dans la forme de l’opéra. Si Mozart et Wagner nous ont donné les chefs-d’œuvre du drame musical, c’est en vertu, de
21 ’est le rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner . Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wagner lui-même, il me para
22 Wagner. Quoi qu’en aient pu penser Nietzsche, et Wagner lui-même, il me paraît que cette influence est fortement surestimée.
23 fortement surestimée. Un créateur de la taille de Wagner ne met pas des « idées » en musique. Qu’il ait trouvé chez Schopenhau
24 e que l’on s’empresse de qualifier de bouddhiste, Wagner n’avait pas à l’apprendre. C’est parce qu’il la portait vivante en lu
25 , la coupe de Gwyon177, divinité celtique ! ⁂ Que Wagner ait restitué le sens perdu de la légende, dans sa virulence intégrale
26 désigne leur mort. Ainsi le mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ouvre l’ère de ses fantômes. 19.Vulga
27 la Mort de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner  — Anna Karénine, et presque tous les grands romans de l’ère victorien
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre V. Amour et guerre
28 et dévorante de la passion le divinise, et comme Wagner l’a vu, l’égale au monde. « Mon regard ravi s’aveugle… Seul je suis —
29 du transfert qui s’opère du privé au public. Quel Wagner surhumain sera donc en mesure d’orchestrer la grandiose catastrophe d