1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre premier. Le mythe de Tristan
1 et mort, amour mortel : si ce n’est pas toute la poésie , c’est du moins tout ce qu’il y a de populaire, tout ce qu’il y a d’u
2 is la statistique est cruelle : elle réfute notre poésie . Vivons-nous dans une telle illusion, dans une telle « mystification 
3 vulgarisation. Et tant pis pour le sacrilège. La poésie a d’autres chances. Ma seconde raison n’est pas d’un défenseur de la
4 e souligner Thomas. 13. Fauriel, Histoire de la poésie provençale, I, p. 512. 14. Précisons que : 1° elles sont observées t
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre II. Les origines religieuses du mythe
5 ourtois : troubadours et cathares Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie siècle, c
6 Que toute la poésie européenne soit issue de la poésie des troubadours au xiie siècle, c’est ce dont personne ne saurait pl
7 outer. « Oui, entre les xie et xiie siècles, la poésie d’où qu’elle fût (hongroise, espagnole, portugaise, allemande, sicili
8 jamais été que le provençal30. » Qu’est-ce que la poésie des troubadours ? L’exaltation de l’amour malheureux. « Il n’y a dans
9 i toujours dit non31. » L’Europe n’a pas connu de poésie plus profondément rhétorique : non seulement dans ses formes verbales
10 devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une poésie à formes fixes, très compliquées et raffinées, sans précédent dans to
11 répondre. Tout le monde admet aujourd’hui que la poésie provençale et les conceptions de l’amour qu’elle illustre, « loin de
12 dit-on. Brinkmann et d’autres ont supposé que la poésie latine des xie et xiie siècles avait pu fournir des modèles : tout
13 avaient trop peu de culture pour connaître cette poésie . Ainsi de chaque réponse proposée : le « sérieux » des savants parais
14 nsons d’amour, qui forment les trois quarts de la poésie provençale, une image fidèle de la réalité et un pur assemblage de fo
15 rès Aroux et Péladan, si le secret de toute cette poésie ne devrait pas être cherché beaucoup plus près d’elle qu’on ne l’a fa
16 ’espère le montrer par ce livre.) 7.Hérésie et Poésie Doit-on considérer les troubadours comme des « croyants » de l’Égl
17 e admirablement invariable. On peut concevoir une poésie — même très belle — qui serait faite de lieux communs dont le poète n
18 ours ne parlent point de leurs croyances dans les poésies qui nous restent — il suffit de rappeler que les cathares promettaien
19 ui ! tout comme tel converti dans la plus récente poésie , voue à la Vierge des images qu’il avait inventées pour d’autres. Pei
20 s que l’on compare ces lieux communs à ceux de la poésie cléricale de l’époque. Un spécialiste aussi sceptique que Jeanroy n’a
21 t que l’absence de signification symbolique d’une poésie serait un fait beaucoup plus scandaleux que ne peut être à nos yeux,
22 devrait porter la question… Et enfin toute cette poésie baignait dans l’atmosphère la plus chargée de passions. Les actions q
23 is plus quel érudit qu’il semblerait que toute la poésie des troubadours fût l’œuvre d’un seul auteur louant une Dame unique !
24 e en Arabie, et de plus, s’était exprimée par une poésie religieuse dont les métaphores érotiques offrent les plus frappantes
25 l lui répondit qu’il fallait ignorer à la fois la poésie provençale et l’arabe pour soutenir un pareil paradoxe. Mais Schlegel
26 63 : « Un abîme sépare la forme et l’esprit de la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre sava
27 la poésie romane de la forme et de l’esprit de la poésie arabe. » Un autre savant, Dozy, déclare à cette époque qu’on n’a pas
28 ptoire fait sourire. De Bagdad à l’Andalousie, la poésie arabe est une, par la langue et l’échange continu. L’Andalousie touch
29 langue des clercs, ni dans le parler vulgaire. La poésie courtoise est née de cette rencontre. Et c’est ainsi qu’au dernier co
30 que déterminée. (Rapports entre le soufisme et la poésie courtoise des Arabes ; influence de Freud sur l’école surréaliste). L
31 par plusieurs sectes. Une forme toute nouvelle de poésie naît dans le Midi de la France, patrie cathare : elle célèbre la Dame
32 toulousain, en l’occurrence. 31. A. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, 1934. 32. A. Jeanroy, Introduction à une An
33 thologie des troubadours, 1927. 33. Jeanroy, La Poésie lyrique des troubadours, I, p. 69. 34. E. Wechsler, Das Kulturproble
34 lisé mais « adultère » par les catholiques. 55. Poésie lyrique des troubadours, II, p. 306. 56. Par exemple, le médiéval se
35 lignes d’amour peut être suivi à travers toute la poésie latine du Moyen Âge, jusqu’à la Renaissance, où on le retrouve chez M
36 le breton, plus réellement, je crois, que dans la poésie des troubadours. 93. H. Hubert, les Celtes, II, p. 286. 94. Hubert
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre III. Passion et mystique
37 et visibles, et s’offre à une grâce inconnue. La poésie moderne nous a montré combien d’exemples de ces départs à l’aventure,
38 positions curieuses, mais inévitables Toute la poésie d’Occident procède de l’amour courtois et du roman breton qui en déri
39 on qui en dérive. C’est à cette origine que notre poésie doit son vocabulaire pseudo-mystique ; et c’est dans ce vocabulaire q
40 iée comme hérésie, et passée dans les mœurs comme poésie , que les mystiques chrétiens utiliseront ses métaphores devenues prof
41 ros à Vénus, elle va jusqu’à se confondre avec la poésie d’un amour qui serait tout profane ; les confusions qu’elle entretien
42 harme trompeur de l’art : ils n’en gardent que la poésie  ; et voici que cent ans et trois-cents ans plus tard, ce vêtement don
43 signe d’un ressentiment profond à l’endroit de la poésie , et en général, de toute activité créatrice « donc risquée — de l’esp
44 hommes sans foi, mais bouleversés par sa brûlante poésie , ne cherchera plus dans la mort que la suprême sensation. Et de même,
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre IV. Le mythe dans la littérature
45 cole dite des Siciliens. Dans quelle mesure cette poésie courtoise du Sud s’inspira-t-elle des troubadours ? La question est e
46 faire naître, on a vu pourquoi (au livre II), une poésie plus adéquate que nulle autre à servir la mystique orthodoxe. Et cett
47 endance hérétique des « parfaits » qui inspira la poésie courtoise. C’est donc bien elle, qui, peu à peu, contamina par le moy
48 apporte à glorifier la chasteté. Fabliaux contre poésie , cynisme contre idéalisme. Le Débat de l’âme et du corps qui date pré
49 ans varier le moins du monde ses lieux communs de poésie courtoise148. Dante a vengé d’avance les troubadours en mettant en En
50 our que Sade nous parle de son admiration pour la poésie de Pétrarque. Admiration traditionnelle dans sa famille, depuis le ma
51 , tout ce qui est limité finit par la mort, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est conclue même pour la m
52 as autre chose lorsqu’il baptise cet inconnu : la poésie  : « Et voici que jaillit, pur feu céleste qui réchauffe et éclaire sa
53 anroy (op. cit., II, p. 130), on ne trouve aucune poésie spécialement consacrée à la Vierge avant le deuxième tiers du xiiie
5 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre VI. Le mythe contre le mariage
54 et du monde, devient alors pour le lecteur une «  poésie  » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont la p
55 le lecteur une « poésie » équivoque et brûlante. Poésie toute profane d’apparences, dont la puissance de séduction s’accroît
56  : dernier relent de la mystique primitive. De la poésie à l’anecdote piquante, la passion c’est toujours l’aventure. C’est ce
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Livre VII. L’amour action, ou de la fidélité
57 domaines les plus divers : le culte du nombre, la poésie de l’évasion, l’envahissement de la culture par les passions national