1 Introduction L’objet de cet ouvrage est de décrire l’aventure occidentale de l’homme, d’en ch

2 Introduction L’objet de cet ouvrage est de décrire l’aventure occidentale de l’homme, d’en chercher les principe

3 cet ouvrage est de décrire l’aventure occidentale de l’homme, d’en chercher les principes de cohérence, et de la comparer

4 est de décrire l’aventure occidentale de l’homme, d’ en chercher les principes de cohérence, et de la comparer avec d’autre

5 cidentale de l’homme, d’en chercher les principes de cohérence, et de la comparer avec d’autres dans une perspective mondi

6 mme, d’en chercher les principes de cohérence, et de la comparer avec d’autres dans une perspective mondiale. Je dis bien

7 sur ses résultats actuels feraient encore partie d’ elle-même et de son système de référence. Et je dis l’aventure occiden

8 ats actuels feraient encore partie d’elle-même et de son système de référence. Et je dis l’aventure occidentale, parce que

9 aient encore partie d’elle-même et de son système de référence. Et je dis l’aventure occidentale, parce que je n’entends n

10 ns les plus typiques. Cette attitude se distingue de celles qui ont produit la plupart des autres civilisations, passées e

11 ar une inquiétude fondamentale et par la création de risques toujours accrus, remettant sans cesse en question les certitu

12 ’unité finale du genre humain, quoi qu’il en soit de la question des origines dont nous ne savons encore à peu près rien.

13 la personne et la machine. Réalités hétérogènes, d’ ordre et de nature incomparables, mais typiques de notre culture, non

14 e et la machine. Réalités hétérogènes, d’ordre et de nature incomparables, mais typiques de notre culture, non point parce

15 d’ordre et de nature incomparables, mais typiques de notre culture, non point parce qu’elles en offriraient un raccourci,

16 ude humaine, unique et cohérente, est susceptible d’ expliquer ces deux produits en apparence indépendants. Ceci m’entraîne

17 indépendants. Ceci m’entraîne à étudier la genèse de l’Aventure occidentale, mais en même temps à me demander à quoi elle

18 entraîne nécessairement les deux autres questions d’ où venons-nous ? et où allons-nous ? Il est impossible de répondre à l

19 nons-nous ? et où allons-nous ? Il est impossible de répondre à l’une sans impliquer une réponse aux deux autres. Si je me

20 os produits spécifiques, beaucoup se contenteront de dire ou de penser : le moi est haïssable, ou : la machine est utile,

21 spécifiques, beaucoup se contenteront de dire ou de penser : le moi est haïssable, ou : la machine est utile, mais peut n

22 nous asservir. Ces jugements impliquent une prise de position (sommaire et, ici, négative) quant aux résultats probables d

23 et, ici, négative) quant aux résultats probables de l’Aventure occidentale. Ils préjugent donc de la question où allons-

24 les de l’Aventure occidentale. Ils préjugent donc de la question où allons-nous ? mais ils laissent sans réponse le d’où

25 allons-nous ? mais ils laissent sans réponse le d’ où venons-nous ? c’est-à-dire le problème de la genèse organique des r

26 se le d’où venons-nous ? c’est-à-dire le problème de la genèse organique des réalités ainsi jugées, et de leur nécessité,

27 la genèse organique des réalités ainsi jugées, et de leur nécessité, une fois admises certaines options fondamentales. Or

28 comment pourrions-nous déterminer le sens général de la marche, si nous ignorons d’où nous venons ? Mais à l’inverse, la r

29 er le sens général de la marche, si nous ignorons d’ où nous venons ? Mais à l’inverse, la recherche des origines de notre

30 ons ? Mais à l’inverse, la recherche des origines de notre civilisation ne nous conduit jamais à découvrir un point de dép

31 ation ne nous conduit jamais à découvrir un point de départ indiscutable. Elle nous conduit plutôt à isoler dans le passé

32 nous conduit plutôt à isoler dans le passé autant de points de départ différents qu’il y a d’écoles de pensée dans notre s

33 it plutôt à isoler dans le passé autant de points de départ différents qu’il y a d’écoles de pensée dans notre société act

34 é autant de points de départ différents qu’il y a d’ écoles de pensée dans notre société actuelle. L’un parlera de l’invent

35 de points de départ différents qu’il y a d’écoles de pensée dans notre société actuelle. L’un parlera de l’invention du so

36 pensée dans notre société actuelle. L’un parlera de l’invention du soc, ou de la roue, ou de l’attelage du cheval de sell

37 actuelle. L’un parlera de l’invention du soc, ou de la roue, ou de l’attelage du cheval de selle, l’autre d’une invasion

38 parlera de l’invention du soc, ou de la roue, ou de l’attelage du cheval de selle, l’autre d’une invasion nordique, ou de

39 du soc, ou de la roue, ou de l’attelage du cheval de selle, l’autre d’une invasion nordique, ou de l’apparition d’une nouv

40 oue, ou de l’attelage du cheval de selle, l’autre d’ une invasion nordique, ou de l’apparition d’une nouvelle religion, un

41 val de selle, l’autre d’une invasion nordique, ou de l’apparition d’une nouvelle religion, un troisième choisira de s’arrê

42 autre d’une invasion nordique, ou de l’apparition d’ une nouvelle religion, un troisième choisira de s’arrêter à tel événem

43 on d’une nouvelle religion, un troisième choisira de s’arrêter à tel événement bien daté, qu’il jugera symbolique ou charg

44 ment bien daté, qu’il jugera symbolique ou chargé de conséquences. Et la seule chose qui restera certaine, c’est qu’ils ne

45 ément, et que le problème du commencement précis, de sa date, et de sa nature même, reste insoluble si l’on s’en tient au

46 e problème du commencement précis, de sa date, et de sa nature même, reste insoluble si l’on s’en tient au seul passé. À v

47 e significative que si l’on considère l’évolution d’ ensemble d’une civilisation donnée, les permanences qui s’y révèlent,

48 tive que si l’on considère l’évolution d’ensemble d’ une civilisation donnée, les permanences qui s’y révèlent, les buts co

49 sés. Sa fin seule, lentement dégagée, permet donc de déterminer les éléments vraiment féconds de sa genèse. Tout cela revi

50 donc de déterminer les éléments vraiment féconds de sa genèse. Tout cela revient à dire qu’à la question scolaire de l’or

51 out cela revient à dire qu’à la question scolaire de l’origine d’une civilisation, il nous faudra substituer la question d

52 ent à dire qu’à la question scolaire de l’origine d’ une civilisation, il nous faudra substituer la question des options fo

53 ois initiales et finales, qui déterminent le type d’ aventure ou de Quête où s’engage un certain groupe humain. Tout cela s

54 et finales, qui déterminent le type d’aventure ou de Quête où s’engage un certain groupe humain. Tout cela suggère aussi l

55 a première page a été rédigée, la première touche de couleur posée, les premières mesures notées, ou bien le jour où l’on

56 rouve en classant des papiers, ou à cette émotion d’ adolescent ? Ou simplement à cette commande reçue ? Qui peut en décide

57 cider ? Ce qui demeure certain, c’est qu’à partir d’ une vision initiale de l’œuvre déjà faite en imagination, tous les has

58 certain, c’est qu’à partir d’une vision initiale de l’œuvre déjà faite en imagination, tous les hasards, accidents ou ren

59 u mauvais ? » se repose à propos de chaque touche de pinceau, de chaque phrase ou de chaque mesure, localement, en vertu d

60 » se repose à propos de chaque touche de pinceau, de chaque phrase ou de chaque mesure, localement, en vertu de la techniq

61 de chaque touche de pinceau, de chaque phrase ou de chaque mesure, localement, en vertu de la technique adoptée ; mais el

62 de la technique adoptée ; mais elle se pose aussi d’ une manière plus diffuse en fonction de l’idée d’ensemble ou de la vis

63 d’une manière plus diffuse en fonction de l’idée d’ ensemble ou de la vision directrice. Or cet ensemble, ce but entr’aper

64 plus diffuse en fonction de l’idée d’ensemble ou de la vision directrice. Or cet ensemble, ce but entr’aperçu, ce sens de

65 ice. Or cet ensemble, ce but entr’aperçu, ce sens de l’œuvre, sont prédéterminés dans l’acte insaisissable et par nature n

66 fut conçue. Ils se modifieront peut-être en cours de route. Et peut-être apparaîtront-ils au lecteur ou au spectateur, ou

67 u lecteur ou au spectateur, ou encore au jugement d’ époques lointaines, très différents de ce que l’auteur lui-même imagin

68 au jugement d’époques lointaines, très différents de ce que l’auteur lui-même imaginait. Il n’importe : sans eux, rien n’a

69 présente une civilisation. L’hypothèse directrice de cet ouvrage peut être maintenant formulée en fonction de ces analogie

70 que l’attitude originelle, l’option fondamentale de toute recherche humaine conditionne non seulement les découvertes fut

71 ent les découvertes futures mais encore la nature de ce qu’on tiendra plus tard pour la réalité elle-même. Les résultats f

72 dans laquelle les hommes créateurs et les agents de cette civilisation ont décidé de chercher et persistent à chercher. D

73 rs et les agents de cette civilisation ont décidé de chercher et persistent à chercher. Dis-moi ce que tu trouves, je te d

74 e me trouverais pas si tu n’avais d’abord accepté de me chercher. ⁂ Ce sont les questions simples, celles que l’on considè

75 chées une fois pour toutes, qui permettent seules de découvrir l’essence, le génie propre, ou pour mieux dire : la finalit

76 propre, ou pour mieux dire : la finalité initiale d’ une civilisation donnée. Cette civilisation tient-elle la matière pour

77 à transcender le moi, ou bien à s’en évader comme d’ une prison, ou encore à le priver de son autonomie en l’intégrant dans

78 évader comme d’une prison, ou encore à le priver de son autonomie en l’intégrant dans un corps collectif, administratif o

79 ent données à ces questions, découlent les formes de civilisation occidentale et orientale, leurs antécédents disparus, et

80 oies se séparent « Ce qui s’oppose coopère, et de ce qui diverge procède la plus belle harmonie. » Héraclite. Reconn

81 aclite. Reconnaître nos différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’autres le Soi, ou le Total,

82 « aucune différence », il n’y aurait pas non plus d’ antinomie foncière entre la foi chrétienne de l’Occident et la pensée

83 plus d’antinomie foncière entre la foi chrétienne de l’Occident et la pensée religieuse de l’Asie1. Sur d’autres plans, po

84 chrétienne de l’Occident et la pensée religieuse de l’Asie1. Sur d’autres plans, pourtant, les différences éclatent. Ce

85 ces éclatent. Ce serait faire tort à l’homme que de nier leurs liens avec certaines options fondamentales qu’il a prises

86 a prises au plan religieux. Au nom même du désir d’ union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits

87 s au plan religieux. Au nom même du désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits, il me

88 nom même du désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’admettre

89 désir d’union de l’humanité qui anime de part et d’ autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’admettre en toute fr

90 d’autre les meilleurs esprits, il me paraît vital d’ admettre en toute franchise l’existence historique et spirituelle de d

91 e franchise l’existence historique et spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de

92 e et spirituelle de deux expériences différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine qu

93 différentes, de deux voies longtemps divergentes, de deux types d’aventure humaine que l’on peut désigner par les termes s

94 e deux voies longtemps divergentes, de deux types d’ aventure humaine que l’on peut désigner par les termes symboliques, pl

95 r les termes symboliques, plus que géographiques, d’ Orient et d’Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’obj

96 symboliques, plus que géographiques, d’Orient et d’ Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’objet de mon pr

97 , d’Orient et d’Occident. Contraster les contenus de ces termes sera l’objet de mon premier chapitre. Certains penseront q

98 ontraster les contenus de ces termes sera l’objet de mon premier chapitre. Certains penseront qu’il est dangereux de souli

99 chapitre. Certains penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui n

100 aleur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antit

101  ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antithèses qu’une sagesse supérie

102 de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antithèses qu’une sagesse supérieure saurait conduire à

103 prits ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance de

104 e suppose bien plutôt la connaissance des raisons d’ être de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les pass

105 se bien plutôt la connaissance des raisons d’être de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les passer sous

106 e de ces diversités. Vouloir les ignorer par gain de paix, les passer sous silence ou les minimiser, ce serait perdre d’av

107 r sous silence ou les minimiser, ce serait perdre d’ avance les deux vertus majeures qui dénotent une union véritable : à s

108 esse supérieure et vraiment unitive ne naîtra pas d’ aspirations mal informées, ni du refus de bien voir l’état présent des

109 îtra pas d’aspirations mal informées, ni du refus de bien voir l’état présent des choses, encore moins du recours à quelqu

110 nuit des temps, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit,

111 ets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous les chats sont gris », dit le proverbe.

112 ts sont gris », dit le proverbe. Mauvaise formule d’ union, qui ne peut survivre à l’aube. Si l’Orient et l’Occident doiven

113 oivent un jour converger au lieu de s’ignorer, ou de se combattre, ils le devront bien moins à un « retour aux sources » q

114 et toujours plus lucide vers les buts respectifs de leur double aventure. Mieux compris, mieux réalisés, ces buts se révé

115 , ces buts se révéleront un jour complémentaires, d’ une façon qui nous demeure encore indescriptible, mais dont le pressen

116 essentiment nous accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypothèse d’une origine commune, et d’une

117 externes de l’opposition Admettons l’hypothèse d’ une origine commune, et d’une famille d’idiomes indo-européens dont le

118 Admettons l’hypothèse d’une origine commune, et d’ une famille d’idiomes indo-européens dont le sanscrit serait le plus a

119 hypothèse d’une origine commune, et d’une famille d’ idiomes indo-européens dont le sanscrit serait le plus ancien témoigna

120 tons que le régime des castes, imposé aux peuples de l’Inde par les conquérants aryens, ait son origine en Europe, où Plat

121 s efforts des réformateurs religieux, du Bouddha, de l’islam, mais non pas des Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascensio

122 des Anglais… À l’Ouest, en revanche, l’ascension de l’Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les

123 ’ascension de l’Europe se confond avec les succès de la lutte permanente contre les castes. La démocratie hellénique, l’ex

124 les castes. La démocratie hellénique, l’expansion de la morale chrétienne, la Renaissance et la Révolution française marqu

125 ce et la Révolution française marquent les étapes de cette dissolution du système social tripartite hérité de l’ancêtre ar

126 e dissolution du système social tripartite hérité de l’ancêtre aryen. Sur l’arrière-fond commun, les différences s’accusen

127 n, les différences s’accusent. Elles ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue pa

128 Elles ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien

129 e Moyen Âge a représenté la période « orientale » de l’Occident. Le symbolisme y dominait dans tous les ordres ; les trois

130 s traditions multipliées primaient sur tout essai d’ innovation ou de variation individuelles ; l’au-delà était tenu pour p

131 tipliées primaient sur tout essai d’innovation ou de variation individuelles ; l’au-delà était tenu pour plus réel que l’i

132 nt il convenait par suite de s’évader, plutôt que d’ essayer de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’une raison

133 enait par suite de s’évader, plutôt que d’essayer de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’une raison mal éclair

134 utôt que d’essayer de l’aménager selon les désirs d’ un corps vil et d’une raison mal éclairée ; partout, le collectif-sacr

135 de l’aménager selon les désirs d’un corps vil et d’ une raison mal éclairée ; partout, le collectif-sacral refoulait le ra

136  », la tendance individualiste ne pouvait trouver d’ exutoire que dans l’aventure mystique. Le véritable individu, au Moyen

137 à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la coutume, de la magie, du dogme même, devenant hétérodoxe moins par

138 homme qui se « détache » du clan, de la coutume, de la magie, du dogme même, devenant hétérodoxe moins par la négation de

139 e même, devenant hétérodoxe moins par la négation de l’orthodoxie qu’il croit encore servir, que par son dépassement réali

140 son dépassement réalisé. Mais l’Orient n’a pas eu de Renaissance. La durée même de son Moyen Âge, confronté tout vivant av

141 l’Orient n’a pas eu de Renaissance. La durée même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec notre âge technique, trahit

142 fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidement, pour atteindre à peu près 180° aux

143 dement, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près

144 buts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamétrale des deux mondes s’atteste aux yeux

145 Unis, dont le passé vivant ne remonte pas au-delà d’ une post-Renaissance importée. En Inde, on ne voit partout que pèlerin

146 que pèlerinages, sanctuaires, lieux et quartiers de ville sacrés ; arbres, fleuves, animaux sacrés ; hommes et femmes en

147 selle. En Europe, dans un paysage où les clochers d’ églises dominent encore généralement la silhouette des villages et des

148 s pèlerinages ou lieux sacrés, quelques centaines de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’un s

149 s, quelques centaines de vieux châteaux (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’un sacré dont l’âge fait le prix

150 x (symboles de l’âme pour la mystique) témoignent d’ un sacré dont l’âge fait le prix, mais que l’on isole de la vie, et qu

151 acré dont l’âge fait le prix, mais que l’on isole de la vie, et que cernent impatiemment les grands faubourgs industriels

152 nt les grands faubourgs industriels et les décors de la technique. En Amérique : pas un seul lieu sacré en dehors des égli

153 rs des églises en faux gothique luxueux, dominées de très haut par les gratte-ciel ; pas un seul pèlerinage et pas un vrai

154 rai château. Plaines et villes immenses, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénérat

155 t villes immenses, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, l

156 es, dénudées de mystère, nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, les plantes, les

157 nettoyées de toute trace de religion primitive et de vénération pour les choses, les plantes, les animaux ou le surnaturel

158 rtagé par toutes les classes. L’Occidental retour d’ Orient s’écrie : « Je n’ai vu que des foules, pas une personne ! » Et

159 qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’harmonie, et pas un seul vrai spirituel… Réalités intern

160 voit qu’agitation désordonnée, absence de sens et d’ harmonie, et pas un seul vrai spirituel… Réalités internes de l’opp

161 pas un seul vrai spirituel… Réalités internes de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Ori

162 éalités internes de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Orient et l’Occident ne sont donc pa

163 s de l’opposition a) Symbolisme de l’Orient et de l’Occident 5. — L’Orient et l’Occident ne sont donc pas seulement des

164 l doute, mais ils sont beaucoup plus : deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. P

165 deux voies de l’homme, deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. Pour passer du sens géographique et hist

166 l. Pour passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux ré

167 isionnaires que deux grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur c

168 ue deux grands philosophes religieux de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur ce sujet fonda

169 s ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’ Avicenne est une initiation à l’Orient, monde des Formes de lumière, c

170 e est une initiation à l’Orient, monde des Formes de lumière, contrastant avec l’Occident du monde terrestre et l’Extrême-

171 réside l’univers angélique ; à gauche, l’Occident de la Matière et du soleil couchant, au bord le plus lointain duquel s’é

172 Ceux qui le cultivent viennent d’ailleurs… (Thème de l’Exil.) Et ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, r

173 eurs… (Thème de l’Exil.) Et ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de dis

174 t ce climat est un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes ; joie

175 un lieu de dévastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes ; joie et beauté n’y s

176 évastation, un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes ; joie et beauté n’y sont qu’un emp

177 un désert de sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes ; joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procuré

178 sel, rempli de troubles, de guerres, de disputes, de tumultes ; joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procuré d’un lieu lo

179 s ; joie et beauté n’y sont qu’un emprunt procuré d’ un lieu lointain. » Entre l’Orient et l’Occident (c’est-à-dire au lieu

180 et l’Occident (c’est-à-dire au lieu de rencontre de la matière et de la forme) est une circonscription intermédiaire : « 

181 ’est-à-dire au lieu de rencontre de la matière et de la forme) est une circonscription intermédiaire : « C’est celle que l

182 est celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’Exil occidental de l’âme,

183 l s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’Exil occidental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme,

184 terrestre.) Dans son Récit de l’Exil occidental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme, son « exil » dans le

185 idental de l’âme, Sohrawardi décrit le pèlerinage de l’âme, son « exil » dans les liens de la matière et du corps qui la r

186 pèlerinage de l’âme, son « exil » dans les liens de la matière et du corps qui la retiennent captive dans leurs noires fo

187 eurs noires forteresses, son départ vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ic

188 sses, son départ vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ici les mêmes signifi

189 vers l’Orient de l’illumination, de l’origine et de la délivrance. Et l’on retrouve ici les mêmes significations symboliq

190 retrouve ici les mêmes significations symboliques de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’Avicenne, auquel l’aute

191 s mêmes significations symboliques de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’Avicenne, auquel l’auteur rattache d’a

192 es de l’Orient et de l’Occident que dans le récit d’ Avicenne, auquel l’auteur rattache d’ailleurs son conte, qui est une v

193 on conte, qui est une vision7. Tentons maintenant de dresser une liste des caractères symboliques que ces deux auteurs att

194 à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. N

195 eux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la droit

196 droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange de la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré

197 gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,

198 paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè

199 isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la

200 e par les liens matériels et passionnels, le lieu d’ exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’

201 ’interprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa

202 t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’ impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq

203 d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’ accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l

204 er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l

205 it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’ anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en

206 et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident de la Chine ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! El

207 igurent pas pour autant l’Occident de la Chine ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc

208 cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ

209  ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Mais, du p

210 me, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Mais, du prestige de cet Orient qui n’est pas

211 ion » de la psyché occidentale. Mais, du prestige de cet Orient qui n’est pas celui des atlas, l’Orient réel, qui va de la

212 n’est pas celui des atlas, l’Orient réel, qui va de la Perse au Japon, bénéficie très largement dans nos esprits. Nous ve

213 ement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relevant un défi qui semblait

214 crasant et qu’il se portait à lui-même, acceptant de « s’enfoncer dans la matière », acceptant les passions et les corps à

215 ues pour l’âme et l’esprit, en a tiré le principe d’ une possible grandeur et d’une vérité difficile, qui est l’enjeu de so

216 en a tiré le principe d’une possible grandeur et d’ une vérité difficile, qui est l’enjeu de son aventure. b) Incarnation

217 andeur et d’une vérité difficile, qui est l’enjeu de son aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au pl

218 écues, métaphysiques et religieuses, l’opposition de l’Orient et de l’Occident revêt une valeur différente, encore que par

219 iques et religieuses, l’opposition de l’Orient et de l’Occident revêt une valeur différente, encore que par sa forme elle

220 lle semble correspondre au tableau que l’on vient d’ établir. Un voyageur allemand9 demandait à un yogi : « N’avez-vous pas

221 un yogi : « N’avez-vous pas tenté, en Inde aussi, de calculer la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : « Nous cherch

222 te ainsi ce bref dialogue : « Dans ces deux voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’autre inve

223 dialogue : « Dans ces deux voies de réalisations de soi, l’une allant du cercle au carré, et l’autre inversement, s’expri

224 missions différentes, toutes les deux légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cube — est parto

225 érentes, toutes les deux légitimes, de l’Ouest et de l’Est… (car) : le carré — ou mieux, le cube — est partout le symbole

226 arré — ou mieux, le cube — est partout le symbole de la matière, et le cercle — ou la sphère — celui de l’esprit. En sorte

227 e la matière, et le cercle — ou la sphère — celui de l’esprit. En sorte que la quadrature du cercle est la transformation

228 que la quadrature du cercle est la transformation de l’esprit en matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis

229 l’esprit en matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis que le passage du carré au cercle figure le retour d

230 ue le passage du carré au cercle figure le retour de la matière à l’esprit. La première opération signifie en termes humai

231 is aspects variés. Christ et le Bouddha. Le Fils de Dieu, incréé, transcendant, entre dans l’immanence et dans l’Histoire

232 et dans l’Histoire, se fait corps matériel, chair d’ enfant pauvre, assume les pires souffrances et finalement en meurt, af

233 ler aux hommes dans leur langage, dans les termes de leur existence, et de les sauver là où ils sont, par la seule foi dan

234 ur langage, dans les termes de leur existence, et de les sauver là où ils sont, par la seule foi dans l’action du pardon,

235 s sont, par la seule foi dans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte s

236 seule foi dans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais prin

237 ans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais princier pour al

238 ardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’ un roi de ce monde quitte son palais princier pour aller dans la solit

239 l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d’un roi de ce monde quitte son palais princier pour aller dans la solitude la pl

240 s dénuée, et là découvre que la voie du salut est de refuser le monde, le corps et la souffrance, pour s’élever vers le Ri

241 es ; car il s’agit en réalité dans le premier cas d’ une descente créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un ess

242 lité dans le premier cas d’une descente créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme v

243 créatrice de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’ un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Con

244 de Dieu dans l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance.

245 ns l’homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance. L’Oriental

246 . L’Oriental, tournant le dos au « monde » décide d’ atteindre le salut par tout son moi, mais par son moi seul, détaché, p

247 oi seul, détaché, progressivement illuminé : voie de la connaissance directe de l’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au

248 vement illuminé : voie de la connaissance directe de l’Esprit. L’Occidental, tournant le dos au soleil, en lequel il croit

249 u soleil, en lequel il croit sans le voir, décide d’ imiter Dieu le Créateur en œuvrant dans Sa création : voie de l’obéiss

250 eu le Créateur en œuvrant dans Sa création : voie de l’obéissance active dans l’ombre de la foi. Le danger que court l’Ori

251 éation : voie de l’obéissance active dans l’ombre de la foi. Le danger que court l’Oriental, c’est l’excarnation trop faci

252 cile. (On perd en chemin le monde créé, sa raison d’ être, la connaissance et la maîtrise de ses structures.) Le danger, po

253 sa raison d’être, la connaissance et la maîtrise de ses structures.) Le danger, pour l’Occidental, c’est l’incarnation tr

254 i-même dans la matière et ses structures, on perd de vue les exigences et la maîtrise des réalités spirituelles.) Vérifie

255 és spirituelles.) Vérifier la Voie : deux formes d’ expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’arriver à la connaissance du di

256 eux formes d’expérience. Pour l’Hindou, il s’agit d’ arriver à la connaissance du divin non par le « saut de la foi », qui

257 iver à la connaissance du divin non par le « saut de la foi », qui ne procure pas une connaissance suffisante, n’ouvre pas

258 on puisse librement parcourir ; mais par le moyen d’ une ascèse soumettant le corps et le mental à l’âme, donc délivrant ce

259 mental à l’âme, donc délivrant celle-ci des liens de Prakriti (le monde manifesté, qui est illusion) afin qu’elle aille ve

260 hant ce qu’elle fait. « Ô bien-aimé ! si imprégné de la Connaissance, si détaché, si versé dans la Loi, et si maître de lu

261 e, si détaché, si versé dans la Loi, et si maître de lui qu’il soit, un dieu lui-même ne peut sans le yoga atteindre la li

262 anka.) Pour l’Occidental au contraire, il s’agit de connaître Dieu non pas en écartant le monde manifesté, ou bien en se

263 e manifesté, ou bien en se contentant à son sujet d’ intuitions directes et vagues (sur la nature de l’atome, par exemple)

264 et d’intuitions directes et vagues (sur la nature de l’atome, par exemple) qui ne permettent pas de refaire le chemin à vo

265 re de l’atome, par exemple) qui ne permettent pas de refaire le chemin à volonté par l’intellect et par l’action physique,

266 n efficace, afin de mieux pénétrer la Création et d’ en maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses

267 trer la Création et d’en maîtriser le principe. «  D’ autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus n

268 t plus nous connaissons les choses particulières, d’ autant plus nous connaissons Dieu. » (Spinoza.) Ainsi se croisent les

269 outes, et parfois les méfiances. Car chacun pense de l’autre : est-ce qu’il dit vrai ? trouve-t-il vraiment l’objet de sa

270 -ce qu’il dit vrai ? trouve-t-il vraiment l’objet de sa recherche ? et cet objet lui-même, est-il vraiment réel ? S’identi

271 triser les secrets du cosmos, et peut-être demain de la vie, pense l’Oriental, n’est-ce pas régner sur la Maya ? Et chacun

272 -ce pas régner sur la Maya ? Et chacun sera tenté de tenir pour illusoires les « preuves » dont l’autre se prévaut, puisqu

273 ar l’autre ne sont en vérité que des implications de son option fondamentale. Tautologies que tout cela ! c) Individu et T

274 et l’Orient traditionaliste, il paraît difficile de le mettre en doute10 : tous les auteurs qui traitent de mon sujet s’a

275 mettre en doute10 : tous les auteurs qui traitent de mon sujet s’accordent au moins sur ce point, malgré les divergences d

276 ent au moins sur ce point, malgré les divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de vale

277 oint, malgré les divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose

278 es divergences de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît

279 s de leur vocabulaire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît pas si simple

280 aire, de leur angle de vision ou de leur jugement de valeur. Pourtant la chose ne me paraît pas si simple, et j’y sens une

281 y sens une complexité dont j’essaierai maintenant d’ indiquer la nature en rapportant l’observation suivante, faite en Inde

282 ant l’observation suivante, faite en Inde. « Trop de monde partout ! Trois domestiques pour ma simple chambre d’hôtel. Sep

283 artout ! Trois domestiques pour ma simple chambre d’ hôtel. Sept ou huit hommes, dont un travaille, dans des boutiques minu

284 e le passage des voitures. Les trottoirs couverts de dormeurs pendant la nuit. Et j’ai vu cinq personnes sur une seule bic

285 tiers anciens : celui qui entoure la grande pièce d’ eau sacrée, rectangulaire. Petites rues sinueuses, bordées de maisons

286 e, rectangulaire. Petites rues sinueuses, bordées de maisons étroites, cages d’oiseaux mal superposées. Regards luisants d

287 ues sinueuses, bordées de maisons étroites, cages d’ oiseaux mal superposées. Regards luisants dans la pénombre. Corps tass

288 s recoins. Silence et dignité profonde. Un groupe d’ hommes attentifs dans une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit

289 ’hommes attentifs dans une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit de légendes sacrées. Jamais la vie ne m’a paru plu

290 une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit de légendes sacrées. Jamais la vie ne m’a paru plus solennelle ni plus s

291 olennelle ni plus simplement adorable. Tintements de cloches, irréguliers, seuls bruits. Mais ces petits garages, aux port

292 petits garages, aux portes grillagées, surmontés de clochetons baroques ? Ce sont des temples, dit mon guide. Devant l’id

293 des temples, dit mon guide. Devant l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homm

294 guide. Devant l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homme seul, immobile et d

295 nt l’idole vêtue de soie précieuse et de colliers de verroterie, une femme seule, un homme seul, immobile et debout. Dans

296 prêtre renouvelle les cierges noirs devant le jet d’ eau grêle. Je pense aux holy men, errant dans les campagnes, ou longue

297 uement assis en tailleur dans leurs niches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’église organisée. L’Hindou gréga

298 dans leurs niches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’église organisée. L’Hindou grégaire n’est seul que devant

299 ches… Point de culte public en Inde, de liturgie, d’ église organisée. L’Hindou grégaire n’est seul que devant le divin. L’

300 st seul que devant le divin. L’Occidental, jaloux de sa vie privée, s’assemble dans l’église où l’on chante des chœurs. Me

301 e dans l’église où l’on chante des chœurs. Messes de Mozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen, ni de pl

302 ’on chante des chœurs. Messes de Mozart, Passions de Bach : je ne sais rien de plus européen, ni de plus véritablement com

303 e dois citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mieux traduit l’impression qui submerge l’Europée

304 ’Inde, immergé dans la foule indienne. J’ai parlé de l’Hindou « grégaire » : terme inexact s’il fait penser à « collectif 

305 il fait penser à « collectif », à je ne sais quoi d’ organisé ou d’encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassner m’offr

306 à « collectif », à je ne sais quoi d’organisé ou d’ encadré. Je cherchais à dire autre chose. Kassner m’offre ce mot : le

307 centre. L’homme magique, le corps magique n’a pas d’ ironie ni de paradoxe, parce qu’il n’a ni contraire ni contradiction. 

308 mme magique, le corps magique n’a pas d’ironie ni de paradoxe, parce qu’il n’a ni contraire ni contradiction. » Dépourvu d

309 ’il n’a ni contraire ni contradiction. » Dépourvu de sensibilité au sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esp

310 épourvu de sensibilité au sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’esprit révolutionnaire, ignorant la curiosité

311 sens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’ esprit révolutionnaire, ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure n

312 , ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’une

313 ne peut avoir cure ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’un visage.

314 e ni de ses droits distincts, ni de sa chance, ni d’ un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’un visage. « On peut aller

315 stincts, ni de sa chance, ni d’un miroir, donc ni d’ une personnalité ni d’un visage. « On peut aller jusqu’à prétendre cec

316 ce, ni d’un miroir, donc ni d’une personnalité ni d’ un visage. « On peut aller jusqu’à prétendre ceci : les contradictions

317 rues et des places, l’homme des supercheries, est de son appartenance : il forme le bord, la lisière du monde du saint, co

318 inexprimable, au sein de laquelle nos conceptions de liberté, d’action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni

319 , au sein de laquelle nos conceptions de liberté, d’ action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le m

320 de laquelle nos conceptions de liberté, d’action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magiq

321 conceptions de liberté, d’action, de personne et d’ histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme

322 é, d’action, de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme de Boule, infinie et

323 de personne et d’histoire n’ont plus de pointe ni de but. Le monde magique est en forme de Boule, infinie et tout-engloban

324 ntradiction, tension ou dissension, et ne cessent de refaire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en

325 ou dissension, et ne cessent de refaire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du

326 faire le signe de la Croix. Je disais que la voie de l’individu en Inde, comme celle du mystique médiéval, ne peut être qu

327 a voie consiste à libérer progressivement une âme de l’illusion d’être distincte. Tout se ramène enfin à cette opposition 

328 e à libérer progressivement une âme de l’illusion d’ être distincte. Tout se ramène enfin à cette opposition : panthéisme o

329  : panthéisme ou Dieu personnel. Car il n’est pas de personne sans un Dieu qui interpelle. Et l’Orient ne connaît rien de

330 Dieu qui interpelle. Et l’Orient ne connaît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’y a pas de Dieu — selon le système Sank

331 aît rien de tel. Soit qu’on pense qu’il n’y a pas de Dieu — selon le système Sankya et le bouddhisme — soit qu’on pense, s

332 et accompli (That Thwam Asi) — il n’y a pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct dans le bouddhi

333 pas plus de personne dans la gnose hindouiste que de moi distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’y ait point de Dieu, ou que

334 distinct dans le bouddhisme. Qu’il n’y ait point de Dieu, ou que Je soit le Tout, dans les deux cas l’Autre s’évanouit ;

335 ns les deux cas l’Autre s’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’appel, ni donc de vocation, ni par suite de p

336 ’évanouit ; il n’est pas de dialogue possible, ni d’ appel, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un

337 est pas de dialogue possible, ni d’appel, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un monde de conséqu

338 l, ni donc de vocation, ni par suite de personne. De là découle un monde de conséquences précises — un monde, littéralemen

339 ni par suite de personne. De là découle un monde de conséquences précises — un monde, littéralement, comme j’espère le mo

340 me j’espère le montrer. Revenons à la déclaration de Ramakrishna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’y a aucune

341 déclaration de Ramakrishna que je citais en tête de ce chapitre : « Il n’y a aucune différence, que vous l’appeliez Toi o

342 i. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orientale. Car il est bien certain que l’identi

343 vacue l’existence personnelle, et que la négation de la personne postule la suppression de la différence entre le Toi divi

344 la négation de la personne postule la suppression de la différence entre le Toi divin et le moi de l’homme. En revanche, l

345 ion de la différence entre le Toi divin et le moi de l’homme. En revanche, l’Occident s’atteste et s’actualise là où la di

346 magique. Yin yang Dans le symbole central de la pensée chinoise (le cercle divisé par un grand S qui représente la

347 si montré que l’élément masculin n’est pas absent de la région du yin tandis que l’élément féminin reste présent dans la r

348 yang. Vérifiée par les sexologues, cette relation d’ inter-présence des opposés n’est pas moins évidente dans les zones res

349 est pas moins évidente dans les zones respectives de l’Orient et de l’Occident. Qui voudrait nier, par exemple, qu’il y ai

350 vidente dans les zones respectives de l’Orient et de l’Occident. Qui voudrait nier, par exemple, qu’il y ait en Occident d

351 udrait nier, par exemple, qu’il y ait en Occident de grands spirituels, ou de grands physiciens en Orient ? Mais personne

352 qu’il y ait en Occident de grands spirituels, ou de grands physiciens en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l

353 s physiciens en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankar

354 ns en Orient ? Mais personne n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankara parfois

355 n’a l’idée de parler de l’Orient scientifique, ou de l’Occident mystique. Un Sankara parfois préfigure le thomisme, et il

356 figure le thomisme, et il arrive à Maître Eckhart de s’exprimer comme un bouddhiste. La Bhagavad-Gita fait l’éloge de l’ac

357 omme un bouddhiste. La Bhagavad-Gita fait l’éloge de l’action, le Quiétisme celui de la passivité. Les plus grands mystiqu

358 Gita fait l’éloge de l’action, le Quiétisme celui de la passivité. Les plus grands mystiques de l’Europe ont pu se voir ac

359 celui de la passivité. Les plus grands mystiques de l’Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultime

360 ands mystiques de l’Europe ont pu se voir accuser d’ athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (condamnées et souven

361 rope ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (condamnées et souvent détruites), tandis q

362 et souvent détruites), tandis qu’il ne manque pas d’ écoles hindoues pour affirmer la réalité du Moi, l’action de la Grâce,

363 indoues pour affirmer la réalité du Moi, l’action de la Grâce, voire un Dieu personnel. L’idée de la « voie » ou « loi ind

364 tion de la Grâce, voire un Dieu personnel. L’idée de la « voie » ou « loi individuelle » (Svadharma) semble rappeler l’idé

365 individuelle » (Svadharma) semble rappeler l’idée de vocation personnelle, tandis que nous inventons le collectivisme… Et

366 inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des textes apparemment ruineux pour ma thèse des deux Voies

367 ma thèse des deux Voies. À quelle école mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de cette phrase : « Écarte les chose

368 cole mystique de l’hindouisme appartient l’auteur de cette phrase : « Écarte les choses, ô Amant, ta voie est fuite » ? De

369 Écarte les choses, ô Amant, ta voie est fuite » ? De quelle yâna bouddhique relève celui qui a dit : « Il faut que tu aime

370 ersonne, non-image… un Un pur et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’

371 ns lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’ un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien

372 é tout attachement » et s’être engagé sur la voie de la connaissance divine, « il faut demeurer dans l’action, gardant un

373 t pourtant il serait faux, plus encore que banal, de répéter ici « tout est dans tout ». La partie blanche contient un cer

374 aut un homme ? Et finalement, ce qu’il importe de voir, ce sont les résultantes majeures des complexes doctrinaux dont

375 œurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le p

376 ent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphèr

377 et de nos institutions. Ils représentent le point d’ Orient dans notre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églis

378 otre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’ Églises. La Bible et les Vedas n’ont vraiment rien de commun, et l’usa

379 glises. La Bible et les Vedas n’ont vraiment rien de commun, et l’usage qu’on en fait n’est pas du tout le même. La foule

380 qu’on en fait n’est pas du tout le même. La foule de Bénarès n’est pas la foule de Lourdes, même si l’on pense que Dieu re

381 t le même. La foule de Bénarès n’est pas la foule de Lourdes, même si l’on pense que Dieu reconnaîtra les siens, qu’ils se

382 nse à l’esprit des Occidentaux, mais elle n’a pas d’ effet dans leur vie religieuse, moins encore dans leur vie sociale. Ma

383 qu’on obtient les réponses les plus révélatrices de l’Orient et de l’Occident, et rien n’illustre mieux la divergence rée

384 les réponses les plus révélatrices de l’Orient et de l’Occident, et rien n’illustre mieux la divergence réelle des résulta

385 tre où il décrit le corps magique : Une histoire d’ Hérodote traite d’un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il

386 e corps magique : Une histoire d’Hérodote traite d’ un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il avait fait pour X

387 dote traite d’un grand du royaume qui, en échange de tout ce qu’il avait fait pour Xerxès et son armée, pour l’équipement

388 fait pour Xerxès et son armée, pour l’équipement de la campagne contre les Grecs, demande au roi cette faveur : exempter

389 les Grecs, demande au roi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à

390 de au roi cette faveur : exempter de la guerre un de ses cinq fils. Sur quoi Xerxès, irrité, fait mettre à mort ce seul fi

391 s et couper le corps en deux moitiés dans le sens de la longueur. Et entre ces deux moitiés sectionnées depuis la tête jus

392 nées depuis la tête jusqu’au sexe, comme le corps d’ un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’un boucher, au beau milieu défileron

393 a tête jusqu’au sexe, comme le corps d’un bœuf ou d’ un mouton à l’étal d’un boucher, au beau milieu défileront les armées

394 comme le corps d’un bœuf ou d’un mouton à l’étal d’ un boucher, au beau milieu défileront les armées qui marchent contre l

395 en deux. Ce qui manque ici, c’est l’idée grecque de mesure et, en liaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de l

396 recque de mesure et, en liaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son

397 iaison avec elle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon seco

398 lle, l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon second exemple, e

399 le l’idée de la mesure de l’homme renferme l’idée de son individualité. Mon second exemple, est emprunté à un essai de E

400 té. Mon second exemple, est emprunté à un essai de Ernst Jünger12 : La relation que soutient l’homme avec le libre arbi

401 er dans ses actes et ses opinions. Ce qu’il pense de la personne, du destin, ce qu’il proclame moral ou immoral, son attit

402 ts et gestes. Ceci vaut surtout du cas qu’il fait de la vie même. Lorsqu’en 1194, le comte de Champagne, dans son voyage d

403 u’en 1194, le comte de Champagne, dans son voyage d’ Arménie, toucha le territoire des Assassins, leur grand-maître lui fit

404 x. Ils arrivèrent devant une place forte flanquée de très hautes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient en faction

405 nquée de très hautes tours : deux guetteurs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’elles. Le grand-maître voulut

406 urs vêtus de blanc étaient en faction sur chacune d’ elles. Le grand-maître voulut faire voir au comte que les siens lui ob

407 sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il devait d’ un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux : l’autre

408 ort toute la garde des créneaux : l’autre le pria de n’en rien faire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses

409 ire, tout en confessant qu’il ne saurait attendre de ses vassaux une telle docilité. […] Et chaque Européen éprouvera ici

410 acrifice, ordre et discipline, sont ici arrachées de leur place ; l’horreur d’un monde étranger lui monte au cœur. Cette h

411 ine, sont ici arrachées de leur place ; l’horreur d’ un monde étranger lui monte au cœur. Cette horreur saisira toujours ce

412 a toujours celui qui respecte en l’homme un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’y pas

413 me un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atteinte. Ce qui s’y passe, et ce qui en provient, ne peut naî

414 trainte. Quand ce noyau est lésé, des tourbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’e

415 tourbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notr

416 blissent la même liaison entre le peu de cas fait de la vie humaine, et la négation de la personne, ou simplement de l’ind

417 peu de cas fait de la vie humaine, et la négation de la personne, ou simplement de l’individualité. Pour tous les deux, la

418 ine, et la négation de la personne, ou simplement de l’individualité. Pour tous les deux, la liberté de l’homme a pour con

419 e l’individualité. Pour tous les deux, la liberté de l’homme a pour condition la personne. On dira que l’Occident a fait l

420 es à gaz, tandis que l’Orient professe un respect de la Vie qui va jusqu’au refus de détruire la vermine13. Pourtant, l’ad

421 ofesse un respect de la Vie qui va jusqu’au refus de détruire la vermine13. Pourtant, l’adoration de la vie en général n’e

422 s de détruire la vermine13. Pourtant, l’adoration de la vie en général n’entraîne pas le respect de la vie humaine. La Bha

423 on de la vie en général n’entraîne pas le respect de la vie humaine. La Bhagavad-Gita, qui n’a rien de bouddhique, enseign

424 de la vie humaine. La Bhagavad-Gita, qui n’a rien de bouddhique, enseigne que la mort étant le sort commun, tuer n’est vra

425 nches ou qu’on l’épargne, elle ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un millier ou cent milliers de fois. La méte

426 ’épargne, elle ne sera pas sauvée de la nécessité de renaître un millier ou cent milliers de fois. La métempsycose évacue

427 nécessité de renaître un millier ou cent milliers de fois. La métempsycose évacue les sanctions redoutées de la résurrecti

428 s. La métempsycose évacue les sanctions redoutées de la résurrection : le martyr qui revient, portant sa tête sous le bras

429 ient, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la

430 t ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la personne dans chaque individu, n’en a pas moins connu les tortures

431 eligieux). Elle a même inventé la guerre totale ! D’ où provient alors cette « horreur » et ce « plus violent des refus » q

432 au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans mesure, sans péché, sans

433 . Il y a des différences. Et mon propos n’est pas de les mettre en relief pour inciter le lecteur à des comparaisons tourn

434 lecteur à des comparaisons tournant à l’avantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte

435 des comparaisons tournant à l’avantage de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ce

436 de l’un ou de l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour toutes. I

437 l’autre « camp » : car il n’y a pas de camps, ni de lutte engagée, ceci soit dit ici une fois pour toutes. Il y a seuleme

438 seulement deux expériences globales qu’il importe de déchiffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à

439 importe de déchiffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à n’examiner que des prises partielles et t

440 ai choisi mes exemples dans le domaine religieux, de préférence. N’est-ce pas là que l’irritante question de la « supérior

441 férence. N’est-ce pas là que l’irritante question de la « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fai

442 là que l’irritante question de la « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puis

443 a « supériorité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’éléments

444 ité » de ceci sur cela offre le moins de sens, et de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’éléments mesurables,

445 de fait perd sa pointe, puisqu’on n’y dispose pas d’ éléments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou d

446 éments mesurables, comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exemple ? Je cherchais à cerner le

447 , comme ce serait le cas au plan de l’économie ou de l’état social par exemple ? Je cherchais à cerner les options primord

448 premières ou effets ; qu’elles résument une série de facteurs antécédents, ou qu’au contraire elles initient l’histoire, t

449 nitient l’histoire, tout cela m’importe moins que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’un contraste assez simpl

450 la m’importe moins que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’un contraste assez simple entre deux conceptions de

451 que de les avoir bien vues, et de suivre à partir d’ un contraste assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses

452 ’un contraste assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences ont formé l’Occid

453 assez simple entre deux conceptions de l’homme et de ses fins, celle dont les conséquences ont formé l’Occident. 1. L’O

454 testants européens, qui conçoit Dieu comme le Toi de l’homme ; et l’Asie par ceux des systèmes philosophiques et religieux

455 par ceux des systèmes philosophiques et religieux de l’Inde qui conçoivent que le Tout n’est autre que le Je pleinement ré

456 des auteurs modernes qui se réclament en Occident de la « pensée traditionnelle ». Ces utopistes à rebours projettent dans

457 s projettent dans un passé qui souffre tout, sauf d’ être vérifié, un négatif du présent qu’ils refusent. 3. Celle des Sud

458 hors-castes étant les « résistants » au processus d’ intégration sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que

459 tion sociale. 4. Il y a peut-être en Inde autant d’ idoles que d’habitants, si l’on songe que le nombre des dieux connus d

460 4. Il y a peut-être en Inde autant d’idoles que d’ habitants, si l’on songe que le nombre des dieux connus du panthéon hi

461 chapitre, sauf exception, je demanderai à l’Inde de représenter l’Orient, l’Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a

462 ’Europe chrétienne figurant l’Occident. Il y a là de l’arbitraire, mais comment y échapper sans brouiller le dessin de cet

463 mais comment y échapper sans brouiller le dessin de cet ouvrage ? Voici maintenant quelques raisons qui justifient le pro

464 de a joué en Asie un rôle très comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme

465 comparable à celui de l’Europe en Occident. C’est de l’hindouisme qu’est issu le bouddhisme, pour recouvrir ensuite le Tib

466 r ensuite en Amérique du Nord. À la confrontation de l’Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait

467 érique du Nord. À la confrontation de l’Europe et de l’Inde qui garde une signification centrale, pourrait répondre la con

468 tion centrale, pourrait répondre la confrontation de l’Extrême-Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par deux forme

469 épondre la confrontation de l’Extrême-Occident et de l’Extrême-Orient, représentés par deux formes « hérétiques » de la re

470 rient, représentés par deux formes « hérétiques » de la religion initiale : le moralisme américain et le bouddhisme zen, t

471 est vue retardée pendant longtemps par le barrage de l’islam, et n’a pu s’esquisser qu’à partir du xixe siècle ; la secon

472 onde s’opère sous nos yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-Unis. 6. Cf. Henry Corbin, Avi

473 même auteur : Œuvres philosophiques et mystiques de Sohrawardi, tome I, Téhéran, 1952. On y trouvera le texte des deux ré

474 le texte des deux récits que je mentionne. Celui d’ Avicenne s’intitule : Récit d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : R

475 je mentionne. Celui d’Avicenne s’intitule : Récit d’ Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’Exil occidental de l

476 cenne s’intitule : Récit d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’Exil occidental de l’âme. Le premier date du

477 it d’Havy ibn Yaqzân. Celui de Sohrawardi : Récit de l’Exil occidental de l’âme. Le premier date du xe siècle, le second

478 Celui de Sohrawardi : Récit de l’Exil occidental de l’âme. Le premier date du xe siècle, le second du xiie siècle. 7.

479 r Orient n’est pas l’Inde ou la Chine, mais celui de la mystique « illuminée » de certaines traditions coraniques. 8. Je

480 la Chine, mais celui de la mystique « illuminée » de certaines traditions coraniques. 8. Je pense à Parménide et à Platon

481 intains disciples cathares et « courtois », à Pic de la Mirandole, à Jacob Boehme, aux romantiques allemands philosophes e

482 n avenue l’innovation individuelle, et que le but de la recherche humaine ne peut pas être le progrès ou l’invention, mais

483 du chercheur avec un Objet que l’on situe au-delà de tout changement possible. 11. Rudolf Kassner, Buch der Erinnerung. [

484 a rendre inoffensive en la gorgeant du sang impur d’ un domestique hors-caste, qui se couche le premier dans le lit, se fai

485 abondamment piquer par poux et puces, dispensant de la sorte son maître d’avoir à tuer ces insectes. (Anecdote citée par

486 poux et puces, dispensant de la sorte son maître d’ avoir à tuer ces insectes. (Anecdote citée par R. Kassner, op. cit.)

487 L’Église va donc s’organiser dans les structures de l’Empire, comme la doctrine s’est informée dans les catégories de la

488 me la doctrine s’est informée dans les catégories de la Dialectique. Incarnation, dialectique, ecclesia — Jérusalem, Athèn

489 érusalem, Athènes, Rome — ces trois mots inconnus de l’Orient, ces trois noms chargés de sens historique qui les altèrent

490 mots inconnus de l’Orient, ces trois noms chargés de sens historique qui les altèrent et qui les amplifient, ouvrent le dr

491 robables mais nécessaires, et dans les variations de leur puissance respective, se conçoit et se noue l’histoire de l’Occi

492 ance respective, se conçoit et se noue l’histoire de l’Occident. Il peut sembler parfois qu’elle est tout implicite dans l

493 rfois qu’elle est tout implicite dans l’événement de cette triple rencontre à tant d’égards invraisemblable et dissonante,

494 dans l’événement de cette triple rencontre à tant d’ égards invraisemblable et dissonante, et qu’au principe de ses péripét

495 invraisemblable et dissonante, et qu’au principe de ses péripéties l’on peut imaginer l’espèce d’ardent désir d’un accord

496 ipe de ses péripéties l’on peut imaginer l’espèce d’ ardent désir d’un accord à la quête de sa résolution… Pourtant l’Occid

497 péties l’on peut imaginer l’espèce d’ardent désir d’ un accord à la quête de sa résolution… Pourtant l’Occident n’est pas n

498 er l’espèce d’ardent désir d’un accord à la quête de sa résolution… Pourtant l’Occident n’est pas né comme la réponse à un

499 a réponse à un défi : il lui a manqué ce principe de cohérence originelle. L’Orient trop lointain dans l’espace et si proc

500 un sort inaccepté. Il est né comme une aventure, d’ un fait très insolite et peu croyable, survenu au carrefour hasardeux

501 e et peu croyable, survenu au carrefour hasardeux de traditions diverses, parfois incompatibles. Et ce fait initial nous s

502 us semble accidentel, j’entends qu’il serait vain d’ essayer de le déduire d’une certaine situation d’ensemble ou d’un appe

503 accidentel, j’entends qu’il serait vain d’essayer de le déduire d’une certaine situation d’ensemble ou d’un appel monté du

504 entends qu’il serait vain d’essayer de le déduire d’ une certaine situation d’ensemble ou d’un appel monté du monde antique

505 d’essayer de le déduire d’une certaine situation d’ ensemble ou d’un appel monté du monde antique : nul ne peut démontrer

506 le déduire d’une certaine situation d’ensemble ou d’ un appel monté du monde antique : nul ne peut démontrer qu’il soit ven

507 drame, dont on peut contester après coup l’unité d’ action, non le choc. Car il y eut un choc initial, un commencement so

508 l, un commencement soudain, une grande libération d’ énergie spirituelle et morale, provoquée par l’intégration instantanée

509 t morale, provoquée par l’intégration instantanée de deux réalités radicalement distinctes : le Verbe divin et la chair. «

510 faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. » Ce scandale pour les Grecs, cette folie pour le

511 , et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. » Ce scandale pour les Grecs, cette folie pour les Juifs, ce

512 des Orientaux, allait pourtant sauver l’héritage de Socrate, exaucer l’attente des Prophètes, et créer cette Église qui a

513 créer cette Église qui assumerait les structures de l’ordre impérial défaillant. Quant à l’Orient… L’Orient du Mythe s’ar

514 ouiste, qui est la descente du dieu dans un corps d’ animal ou d’homme, se répète aux temps sombres et catastrophiques : ai

515 est la descente du dieu dans un corps d’animal ou d’ homme, se répète aux temps sombres et catastrophiques : ainsi les dix

516 s et catastrophiques : ainsi les dix incarnations de Vishnu (dont neuf déjà réalisées) sont motivées par le déluge, la men

517 réalisées) sont motivées par le déluge, la menace d’ engloutissement d’un mont sacré, l’urgence d’éliminer un diable trop p

518 tivées par le déluge, la menace d’engloutissement d’ un mont sacré, l’urgence d’éliminer un diable trop puissant, la querel

519 nace d’engloutissement d’un mont sacré, l’urgence d’ éliminer un diable trop puissant, la querelle entre un roi et des dieu

520 a querelle entre un roi et des dieux, la rivalité de deux castes, etc. Bouddha fut la neuvième incarnation ; et la dixième

521 ation ; et la dixième, Kalki, sera le destructeur de notre monde radicalement dégénéré. La Bhagavad-Gita enseigne que Dieu

522 le bien et commence à prédominer. Ainsi le temps de l’avatar hindou est celui du Mythe, non de l’Histoire. L’avatar se ré

523 temps de l’avatar hindou est celui du Mythe, non de l’Histoire. L’avatar se répète, il a lieu « chaque fois que… », il es

524 c situé expressément dans la durée profane, celle de l’Histoire ; et d’une histoire exactement datée : « sous Ponce Pilate

525 t dans la durée profane, celle de l’Histoire ; et d’ une histoire exactement datée : « sous Ponce Pilate ». Voici donc le L

526 Parole — et non point le Silence des mystiques ou de l’Asie hindo-bouddhiste15 — devenue par le même geste de l’Esprit Par

527 ie hindo-bouddhiste15 — devenue par le même geste de l’Esprit Parole de Dieu et forme humaine, indissolublement, dans la P

528 15 — devenue par le même geste de l’Esprit Parole de Dieu et forme humaine, indissolublement, dans la Personne du Fils. Ic

529 de, une ascèse, un système, ce n’est pas le cours d’ un astre, tracé par d’autres astres, ni un chemin qu’il faudra suivre,

530 suis le chemin, la vérité et la vie. » Au terme de la voie sera la Grâce, donnée par un Dieu personnel « qui nous a aimé

531 de prévenante, pardon final, béatitude, condition de salut, et salut. Terme ignoré de l’Antiquité comme de l’Orient. Car l

532 itude, condition de salut, et salut. Terme ignoré de l’Antiquité comme de l’Orient. Car les Grecs n’ont connu que la Chanc

533 alut, et salut. Terme ignoré de l’Antiquité comme de l’Orient. Car les Grecs n’ont connu que la Chance et ses coups ; et l

534 ue, panthéiste, astrologue, n’attend le salut que d’ un effort de l’homme sur son esprit. Pour le chrétien, le paradoxe n’e

535 te, astrologue, n’attend le salut que d’un effort de l’homme sur son esprit. Pour le chrétien, le paradoxe n’est pas seule

536 ien, l’expérience du chemin se confond avec celle de la Foi, qui n’est pas seulement la croyance, ou « la substance des ch

537 s choses que l’on espère », ou la « démonstration de celles qu’on ne voit pas », mais l’anticipation de la grâce finale, e

538 e celles qu’on ne voit pas », mais l’anticipation de la grâce finale, et le seul guide. « C’est par la foi qu’Abraham, lo

539 u’il partit sans savoir où il allait18. » L’homme de la foi sera l’homme en chemin, le viator, l’éternel « voyageur sur la

540 el « voyageur sur la Terre », qui n’a pas ici-bas de cité permanente. Il ne sait pas, il croit. Il n’a pas, il espère. Il

541 route n’est pas définie comme l’orbite invariable d’ une étoile, mais elle est aventure permanente : elle se crée sous les

542 est remplacée par l’Amour. Pour mesurer l’ampleur de cette révolution, il faut imaginer ce qu’était le sacré, ce qu’il est

543 st que rite. Seule la croyance moderne aux « lois de la science » et aux « nécessités techniques » en général peut nous do

544 s techniques » en général peut nous donner l’idée de ce que représente alors l’évidence magico-religieuse, et de ce qu’ent

545 représente alors l’évidence magico-religieuse, et de ce qu’entraîne indiscutablement sa transgression. La faute commise ne

546 ransgression. La faute commise ne peut relever ni de l’opinion, ni d’un jury. Elle est plutôt comme une grossière erreur d

547 faute commise ne peut relever ni de l’opinion, ni d’ un jury. Elle est plutôt comme une grossière erreur de calcul, de mont

548 jury. Elle est plutôt comme une grossière erreur de calcul, de montage ou d’aiguillage, c’est-à-dire qu’elle « ne pardonn

549 est plutôt comme une grossière erreur de calcul, de montage ou d’aiguillage, c’est-à-dire qu’elle « ne pardonne pas » ; e

550 mme une grossière erreur de calcul, de montage ou d’ aiguillage, c’est-à-dire qu’elle « ne pardonne pas » ; elle suspend le

551  ne pardonne pas » ; elle suspend le cours normal de la vie, elle exclut le fautif de la réalité, elle appelle à grands cr

552 le cours normal de la vie, elle exclut le fautif de la réalité, elle appelle à grands cris non point sa repentance mais l

553 oint sa repentance mais le châtiment restaurateur de l’ordre. Tel est le cadre antique, traditionnel (au sens oriental de

554 le cadre antique, traditionnel (au sens oriental de ce mot) que le message chrétien va bouleverser. Avec saint Paul, nous

555 saint Paul, nous passons d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-dire du Rite à l’Amour. « Tout est

556 passons d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-dire du Rite à l’Amour. « Tout est permis, mais tout

557 ionnelle. Elles impliquent en effet que la valeur d’ un acte ne peut être jugée par sa conformité avec les règles du sacré

558 s du sacré ou du social, mais que son sens dépend d’ une attitude intime, d’une libre appréciation de la personne quant à s

559 , mais que son sens dépend d’une attitude intime, d’ une libre appréciation de la personne quant à savoir si l’acte exprime

560 d d’une attitude intime, d’une libre appréciation de la personne quant à savoir si l’acte exprime l’amour, s’il édifie. « 

561 été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte à vivre selon la chair, mais rendez-vous pa

562 uns des autres20. » Ainsi, c’est dans la liberté de chaque individu que s’enracine la solidarité du genre humain. Seul un

563 impersonnelle, que saint Paul a trouvé le secret de l’harmonie des libertés humaines, nostalgie séculaire de la sagesse a

564 rmonie des libertés humaines, nostalgie séculaire de la sagesse antique. Le génie de l’Apôtre est d’avoir résumé les effet

565 stalgie séculaire de la sagesse antique. Le génie de l’Apôtre est d’avoir résumé les effets de l’Incarnation en un fulgura

566 e de la sagesse antique. Le génie de l’Apôtre est d’ avoir résumé les effets de l’Incarnation en un fulgurant raccourci : l

567 e génie de l’Apôtre est d’avoir résumé les effets de l’Incarnation en un fulgurant raccourci : la Foi succédant à la Loi.

568 onde la relation nouvelle des hommes entre eux et de chaque homme avec lui-même. Mais ce n’est pas tout : la Loi était vis

569 cernait l’homme et le définissait par les cadres d’ une cité close. Libéré par la foi de son cadre rituel, l’homme se voit

570 ar les cadres d’une cité close. Libéré par la foi de son cadre rituel, l’homme se voit relié du même coup à l’Amour transc

571 mais responsable au regard de l’amour ; distinct de tous les autres en vertu de ses « dons », mais solidaire dans le péch

572 selon la Loi et sauvé par la Foi. Ainsi le signe de contradiction posé dans l’Histoire par la Croix marquera désormais so

573 era désormais son existence. Si l’homme du clan, de la tribu ou de la caste n’avait qu’une dimension réelle : sa relation

574 on existence. Si l’homme du clan, de la tribu ou de la caste n’avait qu’une dimension réelle : sa relation avec le corps

575 est celle qui fonde en soi l’individu et son mode de relations, la cité, — saint Paul a défini la troisième dimension : le

576 é par la foi même qui l’engage, c’est l’archétype de l’Occident qui naît, c’est la personne. ⁂ Qu’avons-nous établi jusqu’

577 ts-clés du christianisme, la dialectique première de l’homme occidental. Parole et non Silence ; faite chair et non conce

578 chair et non concept. Grâce au lieu de mérite ou de technique de l’âme. Foi, non pas connaissance directe du divin. Histo

579 concept. Grâce au lieu de mérite ou de technique de l’âme. Foi, non pas connaissance directe du divin. Histoire au lieu d

580 te du divin. Histoire au lieu de Mythe. Admission de la chair, et par là de la matière, en tant que réalités de notre vie

581 u lieu de Mythe. Admission de la chair, et par là de la matière, en tant que réalités de notre vie présente. Paradoxe, ten

582 ir, et par là de la matière, en tant que réalités de notre vie présente. Paradoxe, tension, dialectique… Et l’amour du pro

583 ension, dialectique… Et l’amour du prochain comme de soi-même, répondant à l’amour de Dieu, remplaçant le sacré, et fondan

584 u prochain comme de soi-même, répondant à l’amour de Dieu, remplaçant le sacré, et fondant la personne. Ces termes ne défi

585 , mais en est-il une autre en Occident ? Beaucoup d’ hommes, il est vrai, sont sans voie, et surtout dans le monde d’aujour

586 st vrai, sont sans voie, et surtout dans le monde d’ aujourd’hui. Mais ceux qui en cherchent une, et qui refusent la chréti

587 e n’est pas tout l’Occident. Elle prend son point de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais e

588 , et l’ordre impérial des Romains. Utilisant l’un de ces éléments, écartant l’autre, annexant au passage un troisième et s

589 emble, jusqu’à nous, c’est l’Aventure occidentale de l’homme. Certes la voie chrétienne n’y est pas seule active, mais ell

590 es, les apports étrangers, les progrès, la dérive de notre culture. Partant du fait central et initial que pose l’Incarnat

591 ses deux ambitions maîtresses : trouver le secret de l’homme et celui du cosmos. La foi dans un Dieu personnel dont le com

592 u personnel dont le commandement unique est celui de l’amour : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi

593 forme en l’assumant le monde antique, crée l’idée de personne qui permet la synthèse de l’idée grecque d’individu et de l’

594 e, crée l’idée de personne qui permet la synthèse de l’idée grecque d’individu et de l’idée romaine de citoyen, et maintie

595 personne qui permet la synthèse de l’idée grecque d’ individu et de l’idée romaine de citoyen, et maintient au travers de n

596 ermet la synthèse de l’idée grecque d’individu et de l’idée romaine de citoyen, et maintient au travers de nos révolutions

597 de l’idée grecque d’individu et de l’idée romaine de citoyen, et maintient au travers de nos révolutions, anarchistes ou c

598 anarchistes ou collectivistes, l’idéal directeur de l’homme à la fois libre et responsable. L’Incarnation de Dieu dans l’

599 mme à la fois libre et responsable. L’Incarnation de Dieu dans l’espace et le temps, dans le corps d’un homme à telle date

600 de Dieu dans l’espace et le temps, dans le corps d’ un homme à telle date, atteste aux yeux de l’esprit la signification e

601 x yeux de l’esprit la signification et la réalité de la chair et de la matière, et par là même de toute la Création, telle

602 rit la signification et la réalité de la chair et de la matière, et par là même de toute la Création, telle qu’elle attend

603 lité de la chair et de la matière, et par là même de toute la Création, telle qu’elle attend de nous « dans une attente ar

604 à même de toute la Création, telle qu’elle attend de nous « dans une attente ardente », d’être aimée et connue, et finalem

605 elle attend de nous « dans une attente ardente », d’ être aimée et connue, et finalement rachetée par la révélation des enf

606 finalement rachetée par la révélation des enfants de lumière21. Et c’est pourquoi l’homme d’Occident poursuit la science m

607 s enfants de lumière21. Et c’est pourquoi l’homme d’ Occident poursuit la science même quand il en oublie l’impulsion primi

608 derniers. 14. Alexandre était mort depuis plus de trois siècles, Attila ne devait surgir sur le Rhin qu’en 450. 15. Le

609 théologiens auraient beaucoup à dire sur l’usage de la Parole dans l’Orient magico-mythique et dans l’Occident des chréti

610 e, mais aussi sur les dieux. Le logos est recteur d’ action ; au contraire, le mantra, formule sacrée, sert à libérer l’hom

611 le mantra, formule sacrée, sert à libérer l’homme de la Maya et de ses pouvoirs éphémères. Loin de s’incarner, elle dissou

612 mule sacrée, sert à libérer l’homme de la Maya et de ses pouvoirs éphémères. Loin de s’incarner, elle dissout ; elle dissi

613 et l’individu. 16. Malgré certaines affirmations d’ une grâce divine dans le système Vishishtâdvaita : il s’agit d’influen

614 ivine dans le système Vishishtâdvaita : il s’agit d’ influences chrétiennes. 17. Épître aux Philippiens, 2, 12-13. La doct

615 17. Épître aux Philippiens, 2, 12-13. La doctrine de la prédestination accuse encore le paradoxe, en insistant d’un même m

616 stination accuse encore le paradoxe, en insistant d’ un même mouvement sur la totale responsabilité de l’homme qui pèche et

617 d’un même mouvement sur la totale responsabilité de l’homme qui pèche et sur l’éternelle prescience et décision de Dieu q

618 i pèche et sur l’éternelle prescience et décision de Dieu quant au salut de chacun. 18. Hébreux, 1, 1 et 8. 19. I Cor. 1

619 lle prescience et décision de Dieu quant au salut de chacun. 18. Hébreux, 1, 1 et 8. 19. I Cor. 10, 29. Des déclarations

620 ne manquent pas chez les penseurs antiritualistes de l’Inde moderne. 20. Galates, 5, 53. 21. Romains, 8, 19 à 23.

621 pourtant. Mais il est des réalités qui pâtissent d’ être tues ou mal dites. Qu’on les nie, ou seulement qu’on les désigne

622 es. Qu’on les nie, ou seulement qu’on les désigne d’ une manière incorrecte et vague, elles cesseront de « tourner » ou d’ê

623 ’une manière incorrecte et vague, elles cesseront de « tourner » ou d’être actives : ce sont celles qui importent à l’homm

624 recte et vague, elles cesseront de « tourner » ou d’ être actives : ce sont celles qui importent à l’homme, parce qu’elles

625 qui importent à l’homme, parce qu’elles relèvent de sa foi, de son action ou de son sentiment. Ainsi l’amour : il n’est p

626 ent à l’homme, parce qu’elles relèvent de sa foi, de son action ou de son sentiment. Ainsi l’amour : il n’est pas vraiment

627 rce qu’elles relèvent de sa foi, de son action ou de son sentiment. Ainsi l’amour : il n’est pas vraiment là tant qu’il ne

628 double sens du mot. C’est pourquoi je m’inquiète de voir sans cesse confondre les mots individu, individualité, personnal

629 ndividualité, personnalité et personne. Il s’agit d’ une inattention tout à fait générale aujourd’hui, mais qui peut entraî

630 îner des suites graves. La plus légère altération de sens, s’agissant de définitions de l’homme et de son rôle parmi les a

631 es. La plus légère altération de sens, s’agissant de définitions de l’homme et de son rôle parmi les autres hommes, peut e

632 ère altération de sens, s’agissant de définitions de l’homme et de son rôle parmi les autres hommes, peut entraîner des gu

633 de sens, s’agissant de définitions de l’homme et de son rôle parmi les autres hommes, peut entraîner des guerres et des r

634 la sémantique et qu’elle ne se fait point à coups de définitions. Mais elle joue sur nos confusions : n’est-ce pas au nom

635 onfusions : n’est-ce pas au nom de la liberté, ou de la paix, et comme en louvoyant avec ces noms puissants, que les pires

636 t-il vraiment l’Aventure que je décris ? Certains de nos pays, qui ont les meilleurs régimes, ont aussi la plus grande rép

637 t. L’Angleterre met une coquetterie à n’avoir pas de Constitution écrite, ni de Déclaration des droits de l’homme ; et les

638 uetterie à n’avoir pas de Constitution écrite, ni de Déclaration des droits de l’homme ; et les Suisses ont refusé soigneu

639 es ont refusé soigneusement — jusqu’à nos jours — de formuler la doctrine de ce fédéralisme qu’ils ont pourtant vécu penda

640 ent — jusqu’à nos jours — de formuler la doctrine de ce fédéralisme qu’ils ont pourtant vécu pendant des siècles. Mais s’i

641 cu pendant des siècles. Mais s’il peut être utile d’ ignorer ce que l’on vit, et de ne pas déclarer où l’on va, il est bon

642 ’il peut être utile d’ignorer ce que l’on vit, et de ne pas déclarer où l’on va, il est bon de savoir d’où l’on vient. Che

643 vit, et de ne pas déclarer où l’on va, il est bon de savoir d’où l’on vient. Cherchant les origines de la notion de person

644 ne pas déclarer où l’on va, il est bon de savoir d’ où l’on vient. Cherchant les origines de la notion de personne, dont j

645 de savoir d’où l’on vient. Cherchant les origines de la notion de personne, dont j’ai dit qu’elle était proprement constit

646 ù l’on vient. Cherchant les origines de la notion de personne, dont j’ai dit qu’elle était proprement constitutive de l’Oc

647 nt j’ai dit qu’elle était proprement constitutive de l’Occident, je trouve les grands conciles œcuméniques, Nicée, Constan

648 alcédoine, dont les décisions représentent autant de mises au point ou de « communiqués » sur l’état de la question au mom

649 écisions représentent autant de mises au point ou de « communiqués » sur l’état de la question au moment où l’Europe va se

650 e mises au point ou de « communiqués » sur l’état de la question au moment où l’Europe va se détacher du monde antique.

651 e détacher du monde antique. Genèse théologique de la personne Les mémoires d’un Grégoire de Nazianze, les chroniques

652 Genèse théologique de la personne Les mémoires d’ un Grégoire de Nazianze, les chroniques de l’époque et les textes voté

653 émoires d’un Grégoire de Nazianze, les chroniques de l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image

654 s de l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : l

655 s nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : les grands conciles. Qu’on se fig

656 : les grands conciles. Qu’on se figure bien moins de savantes réunions de professeurs et d’érudits, que des séances houleu

657 . Qu’on se figure bien moins de savantes réunions de professeurs et d’érudits, que des séances houleuses de parlements mod

658 bien moins de savantes réunions de professeurs et d’ érudits, que des séances houleuses de parlements modernes, ou même des

659 ofesseurs et d’érudits, que des séances houleuses de parlements modernes, ou même des Conventions de partis, en Amérique.

660 s de parlements modernes, ou même des Conventions de partis, en Amérique. Convoqués par l’empereur de Byzance, les évêques

661 de partis, en Amérique. Convoqués par l’empereur de Byzance, les évêques se rassemblent de tout le Proche-Orient, d’Afriq

662 l’empereur de Byzance, les évêques se rassemblent de tout le Proche-Orient, d’Afrique, de Macédoine, d’Égypte et d’Ibérie.

663 évêques se rassemblent de tout le Proche-Orient, d’ Afrique, de Macédoine, d’Égypte et d’Ibérie. Les chefs de grands parti

664 rassemblent de tout le Proche-Orient, d’Afrique, de Macédoine, d’Égypte et d’Ibérie. Les chefs de grands partis, entourés

665 e tout le Proche-Orient, d’Afrique, de Macédoine, d’ Égypte et d’Ibérie. Les chefs de grands partis, entourés de leurs tena

666 oche-Orient, d’Afrique, de Macédoine, d’Égypte et d’ Ibérie. Les chefs de grands partis, entourés de leurs tenants, les lég

667 ue, de Macédoine, d’Égypte et d’Ibérie. Les chefs de grands partis, entourés de leurs tenants, les légats de l’empereur et

668 et d’Ibérie. Les chefs de grands partis, entourés de leurs tenants, les légats de l’empereur et du pape, font dans la vill

669 nds partis, entourés de leurs tenants, les légats de l’empereur et du pape, font dans la ville choisie des entrées solenne

670 s : la discussion commence par ces démonstrations de la force et du prestige des partis en présence. Des troupes de moines

671 t du prestige des partis en présence. Des troupes de moines fanatiques parcourent les rues. Parfois, comme à Éphèse et Cha

672 ois, comme à Éphèse et Chalcédoine, tout un monde de laïques ambitieux, de soldats, de matelots égyptiens et d’hommes de m

673 Chalcédoine, tout un monde de laïques ambitieux, de soldats, de matelots égyptiens et d’hommes de main, rôde autour de l’

674 , tout un monde de laïques ambitieux, de soldats, de matelots égyptiens et d’hommes de main, rôde autour de l’église où si

675 s ambitieux, de soldats, de matelots égyptiens et d’ hommes de main, rôde autour de l’église où siège le concile, attendant

676 ux, de soldats, de matelots égyptiens et d’hommes de main, rôde autour de l’église où siège le concile, attendant l’occasi

677 ’église où siège le concile, attendant l’occasion d’ intervenir en force. À l’intérieur, les incidents de séance se multipl

678 intervenir en force. À l’intérieur, les incidents de séance se multiplient. « On dirait un essaim de frelons », note Grégo

679 s de séance se multiplient. « On dirait un essaim de frelons », note Grégoire. On s’exclame et l’on s’interpelle avec viol

680 On s’exclame et l’on s’interpelle avec violence, de la gauche et de la droite de la nef où sont massées plusieurs centain

681 l’on s’interpelle avec violence, de la gauche et de la droite de la nef où sont massées plusieurs centaines d’évêques et

682 pelle avec violence, de la gauche et de la droite de la nef où sont massées plusieurs centaines d’évêques et de docteurs,

683 ite de la nef où sont massées plusieurs centaines d’ évêques et de docteurs, tandis que les légats du pape (toujours absent

684 où sont massées plusieurs centaines d’évêques et de docteurs, tandis que les légats du pape (toujours absent) et les fonc

685 s du pape (toujours absent) et les fonctionnaires de l’Empire ont pris place à la balustrade de l’autel. Des tumultes s’él

686 naires de l’Empire ont pris place à la balustrade de l’autel. Des tumultes s’élèvent et les Pères crient : « C’est la vrai

687 voix. Le vote est emporté, mais des négociations de couloirs le remettent en question le lendemain. Un groupe d’évêques m

688 le remettent en question le lendemain. Un groupe d’ évêques menace de s’en aller. On échange des députations. On a signé d

689 question le lendemain. Un groupe d’évêques menace de s’en aller. On échange des députations. On a signé des listes de prés

690 On échange des députations. On a signé des listes de présence qui seront plus tard contestées : sont-elles complètes, sont

691 sont-elles exactes ? n’a-t-on pas ajouté des noms d’ absents ? Il faut maintenant souscrire aux formules adoptées, déposer

692 ans un siège, tenir compte des pressions opposées de l’empereur ou du pape de Rome, déposer ou non le patriarche de Byzanc

693 e des pressions opposées de l’empereur ou du pape de Rome, déposer ou non le patriarche de Byzance — et soudain la tourbe

694 ou du pape de Rome, déposer ou non le patriarche de Byzance — et soudain la tourbe des moines et des nervis fait irruptio

695 e bâton. Au soir, le dogme est proclamé, l’erreur de Nestorius vient d’être condamnée, et la population de la ville éclate

696 e dogme est proclamé, l’erreur de Nestorius vient d’ être condamnée, et la population de la ville éclate en transports d’al

697 estorius vient d’être condamnée, et la population de la ville éclate en transports d’allégresse, acclame les Pères, illumi

698 et la population de la ville éclate en transports d’ allégresse, acclame les Pères, illumine les quartiers, reconduit les é

699 premières assises du christianisme, au lendemain de son triomphe temporel. (Nicée se place douze ans seulement après l’éd

700 (Nicée se place douze ans seulement après l’édit de Constantin, et beaucoup des évêques qui dominent le concile portent l

701 dominent le concile portent les traces physiques de la persécution et des tortures qu’ils ont subies.) Spectacle à vrai d

702 e, discourt et manifeste, proteste, exile, accuse de blasphème ou en est accusé, organise des guets-apens ou y tombe, méla

703 u y tombe, mélange indiscernablement la politique d’ Église ou même d’Empire et la métaphysique la plus subtile, pour n’abo

704 e indiscernablement la politique d’Église ou même d’ Empire et la métaphysique la plus subtile, pour n’aboutir enfin qu’à d

705 définitions à peine différentes des anciennes ou de celles qu’il s’agit d’écarter — les unes comme les autres, d’ailleurs

706 fférentes des anciennes ou de celles qu’il s’agit d’ écarter — les unes comme les autres, d’ailleurs, peu compréhensibles e

707 u’un Athanase lui-même n’a pu le concevoir, faute d’ avoir pu le juger avec les yeux de l’Histoire. Voilà donc l’atmosphère

708 oncevoir, faute d’avoir pu le juger avec les yeux de l’Histoire. Voilà donc l’atmosphère dans laquelle fut nouée la notion

709 t nouée la notion dont descendent nos conceptions de l’homme. En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, que d’un iota 23

710 . En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, que d’ un iota 23, en réalité, de la définition de la personne, à partir des

711 git, lors de Nicée, que d’un iota 23, en réalité, de la définition de la personne, à partir des Personnes divines, et part

712 e, que d’un iota 23, en réalité, de la définition de la personne, à partir des Personnes divines, et particulièrement de c

713 partir des Personnes divines, et particulièrement de celle du Christ, vrai Dieu et vrai homme à la fois. Le problème était

714 ommer les relations intradivines et les relations de Dieu à l’homme révélées par la venue du Christ, Dieu qui est le Père

715 auvegarder à la fois la distinction et la liaison de ces aspects ? Comment éviter à la fois un monothéisme indifférencié,

716 nothéisme indifférencié, évacuant le fait central de l’Incarnation, et un trithéisme mythologique ou rationalisé ? Pour ré

717 ire24 sous la pression croissante des hérésies et de la Gnose en pleine effervescence, les Pères grecs et latins ne dispos

718 Pères grecs et latins ne disposaient en fait que de notions et de mots inadéquats, au surplus difficiles à concilier. L’h

719 t latins ne disposaient en fait que de notions et de mots inadéquats, au surplus difficiles à concilier. L’hellénisme avai

720 concilier. L’hellénisme avait dégagé les notions de l’être distinct, c’est-à-dire de l’Individu, et de la permanence de c

721 gagé les notions de l’être distinct, c’est-à-dire de l’Individu, et de la permanence de cet être à travers ses modalités :

722 e l’être distinct, c’est-à-dire de l’Individu, et de la permanence de cet être à travers ses modalités : essence, substanc

723 , c’est-à-dire de l’Individu, et de la permanence de cet être à travers ses modalités : essence, substance et hypostase. D

724 ses modalités : essence, substance et hypostase. De leur côté, les Romains avaient défini le terme de persona, désignant

725 De leur côté, les Romains avaient défini le terme de persona, désignant au début le masque de l’acteur, puis son rôle, et

726 le terme de persona, désignant au début le masque de l’acteur, puis son rôle, et de là, l’homme lui-même en tant que doté

727 au début le masque de l’acteur, puis son rôle, et de là, l’homme lui-même en tant que doté de droits dans la cité : le cit

728 rôle, et de là, l’homme lui-même en tant que doté de droits dans la cité : le citoyen. Tout homme est un individu, du simp

729 t juridiques dont il est le porteur dans l’État ; d’ où cet adage du droit romain : persona est sui juris, servus non est p

730 stait par soi, l’autre dans ses relations. L’acte de création des grands conciles consista donc à opérer la transmutation

731 onsista donc à opérer la transmutation périlleuse d’ un mot latin et de contenus helléniques en un dogme exprimant la natur

732 rer la transmutation périlleuse d’un mot latin et de contenus helléniques en un dogme exprimant la nature triple et une de

733 ues en un dogme exprimant la nature triple et une de la Divinité révélée en Jésus. Ainsi naquit l’idée de Personne, terme

734 la Divinité révélée en Jésus. Ainsi naquit l’idée de Personne, terme purement théologique aux yeux des Pères de Nicée, mai

735 , après coup, comme le fait spécifique et capital de l’anthropologie occidentale. Genèse de la personne humaine Comm

736 capital de l’anthropologie occidentale. Genèse de la personne humaine Comment expliquer le transfert d’un terme dogm

737 ersonne humaine Comment expliquer le transfert d’ un terme dogmatique, concernant Dieu lui-même, à un niveau de réalité

738 dogmatique, concernant Dieu lui-même, à un niveau de réalité où ce même mot désignera le rôle social de l’homme, autant qu

739 e réalité où ce même mot désignera le rôle social de l’homme, autant que sa dignité métaphysique ? Que ce transfert ait bi

740 ien eu lieu, c’est l’évidence : nous parlons tous de la « personne humaine », et l’on ne pouvait rien faire de tel avant N

741 personne humaine », et l’on ne pouvait rien faire de tel avant Nicée. Mais en se bornant à constater le fait, on perdrait

742 tater le fait, on perdrait la plus belle occasion de situer l’homme occidental au carrefour hasardeux dont je parlais plus

743 r hasardeux dont je parlais plus haut : carrefour de sociétés non moins que de doctrines. Dialectique grecque et juridisme

744 s plus haut : carrefour de sociétés non moins que de doctrines. Dialectique grecque et juridisme romain, catalysés par l’e

745 des sont entrées elles aussi en symbiose, et cela d’ une manière manifeste dès l’époque des conciles œcuméniques. Apport g

746 norant, il sait qu’il n’est pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’autant plus décidé à tirer le meilleur par

747 pas dieu, ne rêve pas de le devenir, mais se sent d’ autant plus décidé à tirer le meilleur parti de sa condition. Entrepre

748 nt d’autant plus décidé à tirer le meilleur parti de sa condition. Entreprenant, curieux jusqu’au défi, navigateur, spécul

749 us égards celui qui définit — l’homme du Verbe et de l’épithète, « la mesure de toutes choses », dira Protagoras, « de cel

750 — l’homme du Verbe et de l’épithète, « la mesure de toutes choses », dira Protagoras, « de celles qui sont en supposant q

751  la mesure de toutes choses », dira Protagoras, «  de celles qui sont en supposant qu’elles sont, de celles qui ne sont pas

752 « de celles qui sont en supposant qu’elles sont, de celles qui ne sont pas en supposant qu’elles ne sont pas ». Juge de t

753 ont pas en supposant qu’elles ne sont pas ». Juge de tout, on le voit, même des dieux. D’où le sens de sa dignité, qui ne

754 pas ». Juge de tout, on le voit, même des dieux. D’ où le sens de sa dignité, qui ne tient à rien qu’à lui-même, au seul f

755 de tout, on le voit, même des dieux. D’où le sens de sa dignité, qui ne tient à rien qu’à lui-même, au seul fait qu’il exi

756 ’à lui-même, au seul fait qu’il existe, distinct. D’ où son orgueil aussi, son astuce égoïste et finalement, cette anarchie

757 sée » à la brutale mise au pas du Romain. Apport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’homme ne tient

758 pport de Rome. — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’homme ne tient plus sa dignité unique de quelque essence i

759 citoyen. L’homme ne tient plus sa dignité unique de quelque essence indestructible, mais du personnage qu’il revêt dans l

760 s. Ce puritanisme social, cette morale du service de l’État, fera la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’âme de ses suje

761 tte morale du service de l’État, fera la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’âme de ses sujets. Si la dissociation menaç

762 État, fera la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’ âme de ses sujets. Si la dissociation menaçait en permanence la cité g

763 fera la grandeur de l’Empire et la pauvreté d’âme de ses sujets. Si la dissociation menaçait en permanence la cité grecque

764 la sclérose collectiviste qui va causer la chute de Rome. C’est au sein de cette société dont les structures rigides n’en

765 nte, parce que ses disciplines ne sont pas celles de l’âme, que naît et se répand le christianisme. Apport chrétien. — La

766 re tout homme, noble ou esclave, des liens sacrés de la caste ou du clan ; en même temps, elle le met au service du procha

767 sclave y trouve la dignité morale qui était celle de l’individu selon les Grecs, et l’honneur de servir, qui était celui d

768 celle de l’individu selon les Grecs, et l’honneur de servir, qui était celui du citoyen romain. Il devient donc un paradox

769 e vécu en vertu de la foi reproduit, dans le plan de l’existence concrète, la forme même des grandes définitions antithéti

770 forme même des grandes définitions antithétiques de Nicée. C’est ainsi que la personne du chrétien imite au plan humain l

771 lyse sociologique est homologue — soulignons-le — de l’analyse philologique de la Personne.) Mais si la personne du chréti

772 logue — soulignons-le — de l’analyse philologique de la Personne.) Mais si la personne du chrétien, dans son équilibre en

773 , dans son équilibre en tension, unit le meilleur de Rome et de la Grèce, elle est aussi menacée, dans le monde du péché,

774 équilibre en tension, unit le meilleur de Rome et de la Grèce, elle est aussi menacée, dans le monde du péché, par un doub

775 e du péché, par un double péril simultané : celui de la fuite vers le salut individuel, et celui de l’abandon au sacré col

776 ui de la fuite vers le salut individuel, et celui de l’abandon au sacré collectif — maladie « grecque » et maladie « romai

777 ctif — maladie « grecque » et maladie « romaine » de la personne. La spire Si dans la Personne du Dieu-homme les deu

778 spirituel et du charnel dans l’homme pécheur ; ni de la liberté et du service dans l’homme converti. Ces antinomies, en ef

779 demeure un pur possible, ou la résultante idéale d’ une tension toujours menacée de relâchements ou de ruptures, lorsque l

780 résultante idéale d’une tension toujours menacée de relâchements ou de ruptures, lorsque l’un de ses pôles vient à faibli

781 d’une tension toujours menacée de relâchements ou de ruptures, lorsque l’un de ses pôles vient à faiblir ou subitement se

782 acée de relâchements ou de ruptures, lorsque l’un de ses pôles vient à faiblir ou subitement se laisse absorber par l’autr

783 nt se laisse absorber par l’autre. Né du complexe de paradoxes et de tensions que nous avons vu se nouer au « carrefour ha

784 orber par l’autre. Né du complexe de paradoxes et de tensions que nous avons vu se nouer au « carrefour hasardeux » du Bas

785 dialectique, qui évoque dans son ensemble l’image d’ une discussion de plus en plus nourrie et mouvementée entre les excès

786 s nourrie et mouvementée entre les excès alternés de l’individualisme et du social. Et dès lors qu’il était issu de contra

787 alisme et du social. Et dès lors qu’il était issu de contradictions peut-être insurmontables dans le plan où l’histoire en

788 au progrès, c’est-à-dire à la recherche sans fin d’ un équilibre dont le secret n’est pas de ce monde. Car s’il est vrai q

789 sans fin d’un équilibre dont le secret n’est pas de ce monde. Car s’il est vrai que la foi doit agir dans ce monde, elle

790 la foi doit agir dans ce monde, elle reste un don de Dieu et l’homme n’en dispose pas. ⁂ Posons maintenant que le But de t

791 n’en dispose pas. ⁂ Posons maintenant que le But de toute l’histoire humaine vue dans la perspective chrétienne est le su

792 al s’est constitué comme tel aux premiers siècles de notre ère, dans une histoire qu’il n’a pas arrêtée, mais dont il a pr

793 a pas interrompu le cours : mais en créant un axe d’ attraction verticale, il a élevé en spire un mouvement naturel qui ten

794 était — ou paraissait — déterminé par une espèce de logique, qu’on peut déduire empiriquement de l’histoire. Voici le sch

795 pèce de logique, qu’on peut déduire empiriquement de l’histoire. Voici le schéma. Le clan, la tribu primitive, lie les êtr

796 êtres nés dans sa sphère par les liens du sang et de la terre où reposent les morts effrayants. Tout participe de tout, da

797 où reposent les morts effrayants. Tout participe de tout, dans la magie, rien ne se détache vraiment de rien, ni le nom d

798 tout, dans la magie, rien ne se détache vraiment de rien, ni le nom de la chose, ni le fils du père, ni le mort du vif. S

799 e, rien ne se détache vraiment de rien, ni le nom de la chose, ni le fils du père, ni le mort du vif. Stade grégaire, où s

800 clan s’éloigne des tombeaux et perd la protection de ses morts redoutés. Rien ne le distingue du criminel, sauf l’idée qu’

801 le distingue du criminel, sauf l’idée qu’il prend de lui-même, enfin distincte. Il court sa chance d’individu, et comme te

802 de lui-même, enfin distincte. Il court sa chance d’ individu, et comme tel il s’allie à d’autres « sans-foyer », aventurie

803 , il doit les supposer universels, garant du sort de tous les hommes qui leur rendent le culte civique. Dès lors, les « li

804 ent le culte civique. Dès lors, les « liturgies » de la cité règlent les droits et les devoirs, selon les lois ou les cont

805 n pour soi ». Voici le temps du cosmopolitisme et de l’individu sans foi ni loi, dont le plus fort ou le plus chanceux se

806 , par décrets militaires. Il libère les individus de l’angoisse d’être libres sans but. Il les encadre, les aligne, les ra

807 militaires. Il libère les individus de l’angoisse d’ être libres sans but. Il les encadre, les aligne, les rassure, les ter

808 s rassure, les terrorise et les flatte à la fois. De leur poussière, l’État fait son ciment. Il prescrit une morale d’État

809 e, l’État fait son ciment. Il prescrit une morale d’ État et compense son défaut de principe intérieur par une répression v

810 prescrit une morale d’État et compense son défaut de principe intérieur par une répression vigilante. Il « reconstitue » l

811 igilante. Il « reconstitue » le sacré, — un sacré d’ État, sans magie, mais non pas sans prestige théâtral, et dont le dieu

812 prêtres. Et les castes qui reparaissent achèvent d’ enfermer l’homme dans sa fonction sociale25. Que pourrait exiger maint

813 sociale25. Que pourrait exiger maintenant ce vide de l’âme qui se déclare, — maladie mortelle de tout Ordre qui n’a su qu’

814 vide de l’âme qui se déclare, — maladie mortelle de tout Ordre qui n’a su qu’encadrer l’anarchie ? Du pain ? L’État l’ass

815 issimes » oisifs sur leurs terres, fonctionnaires de toute classe, miliciens, plèbe des villes, tous vivent aux dépens de

816 èle sa carence essentielle. Elle impose avec trop de rigueur des rites et des symboles trop pauvres et trop froids. Les se

817 peuvent que précipiter la dissolution intérieure d’ une société qui a perdu la magie, embrigadé l’individu, épuisé les ver

818 la magie, embrigadé l’individu, épuisé les vertus de l’ordre. Isis, Mithra, Mani, la Grande Déesse, ne peuvent pas reconst

819 struire une société humaine, puisqu’ils n’offrent d’ autre salut que dans la fuite mystique ou l’archaïsme. Les Barbares ex

820 grégarisme magique et liens du sang, réinvention de l’individu puis de ses excès, vide social, réaction de l’État, dictat

821 et liens du sang, réinvention de l’individu puis de ses excès, vide social, réaction de l’État, dictature, sacré restauré

822 individu puis de ses excès, vide social, réaction de l’État, dictature, sacré restauré, lassitude, vide de l’âme et retour

823 ’État, dictature, sacré restauré, lassitude, vide de l’âme et retour des Barbares… C’est ici qu’intervient le christianis

824 nisme. L’Incarnation, je l’ai dit, ne « résulte » de rien. Isaïe l’avait vue, mais les Juifs l’ont niée, et pas un histori

825 s dates d’après elle, et non l’inverse. Le succès de l’Église, au contraire, paraît s’expliquer après coup. Elle apportait

826 liquer après coup. Elle apportait une foi capable d’ assumer le meilleur de l’héritage grec, et de le sauver de la dissocia

827 e apportait une foi capable d’assumer le meilleur de l’héritage grec, et de le sauver de la dissociation bien mieux que n’

828 able d’assumer le meilleur de l’héritage grec, et de le sauver de la dissociation bien mieux que n’avait su le faire l’ord

829 r le meilleur de l’héritage grec, et de le sauver de la dissociation bien mieux que n’avait su le faire l’ordre impérial.

830 eux nient les états. La Renaissance est un retour de l’hellénisme rationnel et profanateur, et déjà presque de l’aventure

831 lénisme rationnel et profanateur, et déjà presque de l’aventure alexandrine : la découverte du monde y est une conséquence

832 ne : la découverte du monde y est une conséquence de l’idée de l’infini, tout nouvellement admise, délivrant l’esprit éblo

833 couverte du monde y est une conséquence de l’idée de l’infini, tout nouvellement admise, délivrant l’esprit ébloui du mond

834 es coloniales, réduit à l’intérêt tous les motifs de l’âme, et ne croit à rien d’autre qu’à ses droits, cet individualiste

835 érêt tous les motifs de l’âme, et ne croit à rien d’ autre qu’à ses droits, cet individualiste mérite mieux que les Rois la

836 nsuls, et finalement César. Et voici notre époque de Bas-Empire inquiet, divisé dans son âme et devant ses « Barbares »… L

837 âme et devant ses « Barbares »… Le deuxième tour de spire a ramené les mêmes phases dans le même ordre de procession, si

838 pire a ramené les mêmes phases dans le même ordre de procession, si toutefois l’on s’en tient aux grands ensembles. Mais c

839 is chaque phase est ici plus complexe. Et d’abord de la complexité des différents passés qui sont les siens, car elle s’es

840 Aristote, la Renaissance imite ce qu’elle connaît de l’art antique, la Réforme se veut un pur « retour » aux sources, et l

841 éval… Ainsi les phases successives portent le nom de leur innovation, quand elles se seraient donné celui de leur modèle.

842 r innovation, quand elles se seraient donné celui de leur modèle. Signe du conflit permanent qui les sous-tend et les gauc

843 ui les sous-tend et les gauchit perpétuellement : d’ où ce mouvement de spire mouvante qui en résulte à nos yeux d’observat

844 t les gauchit perpétuellement : d’où ce mouvement de spire mouvante qui en résulte à nos yeux d’observateurs distants. Cec

845 ement de spire mouvante qui en résulte à nos yeux d’ observateurs distants. Ceci encore : tous les passés durent en chacune

846 tif et sa magie vivent encore dans la paysannerie de tous les pays de l’Europe — îlots à l’Ouest, larges taches continues

847 ivent encore dans la paysannerie de tous les pays de l’Europe — îlots à l’Ouest, larges taches continues aux confins de l’

848 ts à l’Ouest, larges taches continues aux confins de l’Est et du Sud — comme ils animent nos rêves et parfois tel poète. C

849 tellectuels sont des Hellènes ou des Alexandrins. De nombreux éléments rituels du mithraïsme ont passé dans nos liturgies,

850 passé dans nos liturgies, comme le titre suprême de la Rome païenne, le pontifex, désigne encore les papes. Etc. Stratifi

851 x, désigne encore les papes. Etc. Stratifications de passés ? Oui, s’il ne s’agissait que de reliquats inertes, voire de s

852 fications de passés ? Oui, s’il ne s’agissait que de reliquats inertes, voire de simples réflexes conditionnés par des ges

853 ’il ne s’agissait que de reliquats inertes, voire de simples réflexes conditionnés par des gestes d’exécration qui remonte

854 e de simples réflexes conditionnés par des gestes d’ exécration qui remontent peut-être au paléolithique, comme la main dev

855 nt la bouche si l’on bâille. Mais il s’agit aussi de témoignages demeurés présents et actifs, tels que statues, peintures,

856 , monuments, rites et rêves. Et il s’agit surtout de complexes dynamiques, de formes d’exister qui poursuivent dans nos vi

857 es. Et il s’agit surtout de complexes dynamiques, de formes d’exister qui poursuivent dans nos vies — dans l’atome de duré

858 s’agit surtout de complexes dynamiques, de formes d’ exister qui poursuivent dans nos vies — dans l’atome de durée de chacu

859 ster qui poursuivent dans nos vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dialectique qu’on vient de

860 poursuivent dans nos vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dialectique qu’on vient de voir s’il

861 dans nos vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dialectique qu’on vient de voir s’illustrer par

862 e qu’on vient de voir s’illustrer par grands pans d’ histoire de l’Europe. Certes, nous n’en sommes plus à dessiner des car

863 nt de voir s’illustrer par grands pans d’histoire de l’Europe. Certes, nous n’en sommes plus à dessiner des cartes où l’Eu

864 eu du monde où l’on observe la plus forte densité d’ histoire humaine. Je parle d’une présence simultanée du plus grand nom

865 a plus forte densité d’histoire humaine. Je parle d’ une présence simultanée du plus grand nombre d’expériences au moins di

866 le d’une présence simultanée du plus grand nombre d’ expériences au moins diverses et parfois de sens opposés. L’Asie et la

867 nombre d’expériences au moins diverses et parfois de sens opposés. L’Asie et la Russie n’ont pas connu la Renaissance : el

868 e : elles sont en train de passer sans transition de leur Moyen Âge à l’ère de la technique. Les USA n’ont pas eu de Moyen

869 passer sans transition de leur Moyen Âge à l’ère de la technique. Les USA n’ont pas eu de Moyen Âge27 et sont issus de l’

870 Âge à l’ère de la technique. Les USA n’ont pas eu de Moyen Âge27 et sont issus de l’ère rationaliste-moraliste dont procèd

871 Les USA n’ont pas eu de Moyen Âge27 et sont issus de l’ère rationaliste-moraliste dont procède sans conflits majeurs notre

872 sme, le nationalisme et le socialisme. Elle vient d’ entrer dans l’ère technique en conservant les traces vivantes et les c

873 en conservant les traces vivantes et les conflits de toutes ces phases successives. Cette densité d’histoire est un ressor

874 s de toutes ces phases successives. Cette densité d’ histoire est un ressort puissant de l’aventure occidentale. Les deu

875 Cette densité d’histoire est un ressort puissant de l’aventure occidentale. Les deux communautés On me dira que l’a

876 finir, car les régimes totalitaires risquent bien d’ en poser le terme. Et il est vrai qu’ils sont intervenus dans une phas

877 il est vrai qu’ils sont intervenus dans une phase de notre évolution qui correspond — un tour de spire au-dessus — à celle

878 phase de notre évolution qui correspond — un tour de spire au-dessus — à celle de l’expansion chrétienne. De même que la p

879 correspond — un tour de spire au-dessus — à celle de l’expansion chrétienne. De même que la prédication des « derniers tem

880 même que la prédication des « derniers temps » et d’ une fin du monde imminente fut d’un puissant attrait pour les esclaves

881 niers temps » et d’une fin du monde imminente fut d’ un puissant attrait pour les esclaves de Rome, ainsi voit-on de nos jo

882 nente fut d’un puissant attrait pour les esclaves de Rome, ainsi voit-on de nos jours le message communiste apporter la pr

883 attrait pour les esclaves de Rome, ainsi voit-on de nos jours le message communiste apporter la promesse d’une « fin de l

884 jours le message communiste apporter la promesse d’ une « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’une fin de la souffrance pou

885 ssage communiste apporter la promesse d’une « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’une fin de la souffrance pour les classe

886 romesse d’une « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’ une fin de la souffrance pour les classes victimes du Progrès, et d’un

887 une « fin de l’histoire », c’est-à-dire d’une fin de la souffrance pour les classes victimes du Progrès, et d’une fin de n

888 uffrance pour les classes victimes du Progrès, et d’ une fin de nos conflits politiques et moraux. Faut-il penser que le co

889 our les classes victimes du Progrès, et d’une fin de nos conflits politiques et moraux. Faut-il penser que le communisme f

890 nt » la nouvelle espérance et le nouveau principe de communion humaine, tandis que nos sociétés se désagrègent à l’intérie

891 res sclérosés ? Les données générales du problème de la communauté des hommes en Occident peuvent être résumées en termes

892 mées en termes analogues, qu’il s’agisse du début de notre être ou de ce siècle. Le christianisme apparut en effet au sein

893 alogues, qu’il s’agisse du début de notre être ou de ce siècle. Le christianisme apparut en effet au sein d’une société do

894 t en effet au sein d’une société dont le principe de cohésion semblait épuisé, mais dont les formes institutionnelles étai

895 s. Ainsi voyons-nous aujourd’hui l’Europe chassée de l’Asie, investie par les Russes et minée par les communistes, s’accro

896 ouveraineté nationale — qui l’empêchent à la fois de s’unir pour sa défense et de rallier l’ensemble de ses forces sociale

897 ’empêchent à la fois de s’unir pour sa défense et de rallier l’ensemble de ses forces sociales autour d’un grand principe

898 e s’unir pour sa défense et de rallier l’ensemble de ses forces sociales autour d’un grand principe ou d’un espoir commun.

899 rallier l’ensemble de ses forces sociales autour d’ un grand principe ou d’un espoir commun. Mais le parallèle s’arrête là

900 ses forces sociales autour d’un grand principe ou d’ un espoir commun. Mais le parallèle s’arrête là. Relevons d’abord deux

901 le s’arrête là. Relevons d’abord deux différences de fait. On a cru pouvoir comparer les chrétiens des catacombes à nos co

902 ésentaient à aucun titre la « cinquième colonne » de quelque empire germain ou hun. Cette première différence met en lumiè

903 nt lui qu’une religion civique, frustrant la faim de l’âme. Mais c’est l’inverse qui se produit sous nos yeux. Devant le m

904 le milicien fasciste ou communiste, le même signe de Croix se dresse à l’Occident. Les raisons de sa victoire sous Constan

905 igne de Croix se dresse à l’Occident. Les raisons de sa victoire sous Constantin n’ont pas changé. Et l’écrasant fracas de

906 cas des avions volant bas sur les parades sacrées de la Place Rouge ne couvrira jamais ce murmure obsédant, échappé voici

907 t, échappé voici près de seize siècles des lèvres de l’empereur Julien mourant : Tu as vaincu, Galiléen ! Vicisti Galilaeu

908 Vicisti Galilaeus ! Mais quelle que soit l’issue de la lutte engagée, l’antinomie des buts et des réponses est claire. En

909 des buts et des réponses est claire. En ce point de la spirale ascendante où l’angoisse de l’homme isolé, soumis au-delà

910 n ce point de la spirale ascendante où l’angoisse de l’homme isolé, soumis au-delà de ses forces à la contradiction des id

911 te où l’angoisse de l’homme isolé, soumis au-delà de ses forces à la contradiction des idéaux qu’il n’ose plus croire et d

912 te, une voix s’écrie : « Je te libère du tourment de choisir, obéis ! » ; l’autre dit simplement : « Cherche et tu trouver

913 n d’autres termes : quand l’homme en est au point de ne demander plus rien d’autre qu’un principe de communauté, c’est-à-d

914 l’homme en est au point de ne demander plus rien d’ autre qu’un principe de communauté, c’est-à-dire un moyen quelconque d

915 t de ne demander plus rien d’autre qu’un principe de communauté, c’est-à-dire un moyen quelconque de donner un sens à sa v

916 e de communauté, c’est-à-dire un moyen quelconque de donner un sens à sa vie engagée dans le monde des hommes, le communis

917 combat les goûts personnels, qui seraient source de conflits improductifs, et même éventuellement de sabotage. Nous le vo

918 de conflits improductifs, et même éventuellement de sabotage. Nous le voyons rétablir les castes28 et recréer un sacré sy

919 ion, s’impose par la Terreur : le Soleil invaincu de Dioclétien annonce la swastika d’Hitler, comme la Déesse Raison de Ro

920 Soleil invaincu de Dioclétien annonce la swastika d’ Hitler, comme la Déesse Raison de Robespierre cette Nécessité dialecti

921 once la swastika d’Hitler, comme la Déesse Raison de Robespierre cette Nécessité dialectique invoquée par le « Père des pe

922 ts… Mais l’Église au contraire est une communauté de vocations personnelles, et donc imprescriptibles. Elle appelle à la l

923 bles. Elle appelle à la liberté dans l’obéissance de la foi. Et cette foi n’a jamais cessé d’être le vrai recours de l’hom

924 éissance de la foi. Et cette foi n’a jamais cessé d’ être le vrai recours de l’homme contre la loi, fût-elle sanctionnée pa

925 cette foi n’a jamais cessé d’être le vrai recours de l’homme contre la loi, fût-elle sanctionnée par le pape. C’est pourqu

926 e christianisme, partout où il agit dans l’esprit de son chef éternel, détruit les castes et les barrières de classe, de n

927 chef éternel, détruit les castes et les barrières de classe, de nation, de race et de rang. Certes l’Église, sous toutes s

928 l, détruit les castes et les barrières de classe, de nation, de race et de rang. Certes l’Église, sous toutes ses formes h

929 les castes et les barrières de classe, de nation, de race et de rang. Certes l’Église, sous toutes ses formes historiques,

930 et les barrières de classe, de nation, de race et de rang. Certes l’Église, sous toutes ses formes historiques, non romain

931 dès l’instant qu’il s’arroge les pouvoirs propres d’ une Église29. Au vide de l’âme et à l’angoisse des isolés, l’Église of

932 roge les pouvoirs propres d’une Église29. Au vide de l’âme et à l’angoisse des isolés, l’Église offrait le type absolument

933 olés, l’Église offrait le type absolument nouveau d’ une vie communautaire ouverte et progressive. Le Parti lui aussi offre

934 cycle. Dans l’un et l’autre cas, ce serait la fin de l’Histoire. L’axe Magie, individu, cité, dissociation, réaction

935 Magie, individu, cité, dissociation, réaction de l’État, anarchie intérieure, régime totalitaire (da capo al fine), ch

936 ure, régime totalitaire (da capo al fine), chacun de ces moments dialectiques de notre histoire occidentale pourrait être

937 capo al fine), chacun de ces moments dialectiques de notre histoire occidentale pourrait être illustré par une surabondanc

938 ntale pourrait être illustré par une surabondance de « documents » et de « faits historiques ». Et chacune de ces catégori

939 illustré par une surabondance de « documents » et de « faits historiques ». Et chacune de ces catégories pourrait être lue

940 cuments » et de « faits historiques ». Et chacune de ces catégories pourrait être lue à l’œil nu dans ses témoignages plas

941 iques : le grégarisme médiéval dans l’entassement de pierre d’une vieille cité à l’intérieur de ses murailles circulaires,

942 grégarisme médiéval dans l’entassement de pierre d’ une vieille cité à l’intérieur de ses murailles circulaires, l’individ

943 l’individualisme revendicateur dans les pavillons de banlieue en France, hétéroclites et clôturés (chien méchant) ; le col

944 a-t-on vue ? Catégorie fondamentale et spécifique de l’Occident, serait-elle aussi la seule à ne pouvoir produire ses symb

945 e ses symboles, ses illustrations, et les preuves de son existence ? C’est le cas effectivement, et l’on conçoit sans pein

946 sistance, sans vraie répugnance, les institutions de l’État romain30. » Or l’Église, on l’a vu, apportait, dans une sociét

947 l’Église, on l’a vu, apportait, dans une société de castes, le principe de la fraternité humaine ; elle sauvait le meille

948 pportait, dans une société de castes, le principe de la fraternité humaine ; elle sauvait le meilleur de la Grèce et de Ro

949 la fraternité humaine ; elle sauvait le meilleur de la Grèce et de Rome en opérant l’intégration sans précédent de l’indi

950 humaine ; elle sauvait le meilleur de la Grèce et de Rome en opérant l’intégration sans précédent de l’individu libre et d

951 t de Rome en opérant l’intégration sans précédent de l’individu libre et du citoyen engagé ; elle apportait ainsi le conce

952 citoyen engagé ; elle apportait ainsi le concept de la personne, au nom duquel tous les autres « concepts juridiques et s

953 ous les autres « concepts juridiques et sociaux » de l’Antiquité allaient subir une progressive refonte et une série de ré

954 laient subir une progressive refonte et une série de révolutions. Certes, on peut ne pas voir la personne invisible, mais

955 s voir la personne invisible, mais si l’on refuse d’ y croire sans preuves « documentées » (il y a pourtant les actes des c

956 sans comprendre les faits et les objets visibles de notre histoire. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’

957 de notre histoire. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’avons donc jamais rencontré la personne, pour la

958 onne, pour la raison bien simple quelle est l’axe de la courbe. Elle reste équidistante de chacun de ses points, et son ac

959 e est l’axe de la courbe. Elle reste équidistante de chacun de ses points, et son action s’exerce en chacun d’eux, bien qu

960 e de la courbe. Elle reste équidistante de chacun de ses points, et son action s’exerce en chacun d’eux, bien qu’elle n’y

961 n de ses points, et son action s’exerce en chacun d’ eux, bien qu’elle n’y soit jamais objectivée, introduite ou posée comm

962 riental » et n’eût peut-être pas connu le passage de l’esclave au serf, puis à l’homme libre, le mouvement communal et les

963 bre, le mouvement communal et les Cortès, l’ordre de Saint-François, la chevalerie, — et ce modèle de l’unité dans le dive

964 de Saint-François, la chevalerie, — et ce modèle de l’unité dans le divers qu’est la musique, cette plus pure création de

965 ivers qu’est la musique, cette plus pure création de l’Europe. Elle agit sur la Renaissance, qui sans elle eût perdu la gr

966 du la grande modération — cette forme occidentale de la « sagesse » — qu’on admire dans les œuvres d’un Vitoria, soumettan

967 de la « sagesse » — qu’on admire dans les œuvres d’ un Vitoria, soumettant la raison d’État à la morale chrétienne et posa

968 ans les œuvres d’un Vitoria, soumettant la raison d’ État à la morale chrétienne et posant, dans son De Indis, le principe

969 d’État à la morale chrétienne et posant, dans son De Indis, le principe des devoirs du colonisateur. Elle agit par et dans

970 du colonisateur. Elle agit par et dans la Réforme de Calvin, qui met la vocation au-dessus de la cité. Elle agit au xviiie

971 Réforme de Calvin, qui met la vocation au-dessus de la cité. Elle agit au xviiie siècle, comme un idéal innommé, sur les

972 is sur Rousseau31, sûrement sur Goethe. Elle agit d’ une manière pseudonyme32 dans la passion intellectuelle d’un Kierkegaa

973 nière pseudonyme32 dans la passion intellectuelle d’ un Kierkegaard (malgré Hegel et contre lui) avant d’être nommée et déf

974 un Kierkegaard (malgré Hegel et contre lui) avant d’ être nommée et définie comme telle par les meilleurs esprits du xxe s

975 inspire la première théorie politique qui mérite d’ être qualifiée d’axiale, j’entends le fédéralisme, qui combat à la foi

976 ère théorie politique qui mérite d’être qualifiée d’ axiale, j’entends le fédéralisme, qui combat à la fois la tyrannie de

977 le fédéralisme, qui combat à la fois la tyrannie de l’unité forcée et l’anarchie des intérêts particuliers. On pensera bi

978 qu’à l’approximation : cela tient à la définition de la personne humaine, nous l’avons vu. La personne n’est jamais ici ou

979 tension, dans un élan — plus rarement au principe d’ un équilibre heureux, telle qu’une œuvre de Bach peut en donner le sen

980 incipe d’un équilibre heureux, telle qu’une œuvre de Bach peut en donner le sens. Nulle part pleinement réalisée dans notr

981 réalisée dans notre histoire, partout active. D’ une forme de pensée personnaliste Cependant, l’exercice séculaire d

982 ns notre histoire, partout active. D’une forme de pensée personnaliste Cependant, l’exercice séculaire de cette dial

983 personnaliste Cependant, l’exercice séculaire de cette dialectique à deux termes dont j’ai montré plus haut qu’elle pr

984 s informer dans notre esprit une certaine manière de penser. Ou peut l’appeler « personnaliste », en ce sens qu’elle est l

985 es opérations intellectuelles, du paradoxe vivant de la personne. Et il est remarquable qu’elle ait pris forme au xxe siè

986 ait pris forme au xxe siècle, en pleine période d’ essor du totalitarisme, parfois amenée à la conscience par ce défi — e

987 sons purement « techniques », et dans un contexte de science pure qui semble tout indépendant des circonstances politiques

988 à la forme commune que revêtent les raisonnements de mes contemporains dans les domaines les plus variés de leurs recherch

989 s contemporains dans les domaines les plus variés de leurs recherches et de leur conduite. Le problème des maxima contradi

990 s domaines les plus variés de leurs recherches et de leur conduite. Le problème des maxima contradictoires (ou incompatibl

991 ctoires (ou incompatibles) se posait aux docteurs de Nicée sous cette forme : comment concilier l’unité de l’essence divin

992 icée sous cette forme : comment concilier l’unité de l’essence divine et la diversité des « aspects » du Dieu révélé (Père

993 eux termes, vrai homme et vrai Dieu ? Le résultat de ce débat fondamental fut la notion de Personne divine, plus tard tran

994 Le résultat de ce débat fondamental fut la notion de Personne divine, plus tard transférée par analogie à la personne huma

995 dire à l’individu naturel qui reçoit une vocation de Dieu ; puis à tout être humain considéré dans sa dignité. La dialecti

996 doctrines politiques et juridiques d’une part, et de la pensée scientifique de l’autre. Sautons au xxe siècle. Nous y voy

997 ridiques d’une part, et de la pensée scientifique de l’autre. Sautons au xxe siècle. Nous y voyons posé, dans les domaine

998 les domaines les plus divers, mais cette fois-ci de la manière la plus expresse, le problème des maxima contradictoires.

999 lables. Il est libre mais responsable. Le maximum de liberté correspondrait donc à ses yeux au minimum de responsabilité.

1000 liberté correspondrait donc à ses yeux au minimum de responsabilité. En fait, la liberté de Robinson est d’autant plus vid

1001 au minimum de responsabilité. En fait, la liberté de Robinson est d’autant plus vide qu’elle est plus totale, tandis que l

1002 sponsabilité. En fait, la liberté de Robinson est d’ autant plus vide qu’elle est plus totale, tandis que la responsabilité

1003 plus totale, tandis que la responsabilité maxima d’ un roi idéalement consciencieux (ou de tout homme qui serait entièreme

1004 lité maxima d’un roi idéalement consciencieux (ou de tout homme qui serait entièrement absorbé par son rôle civique) ne la

1005 ment absorbé par son rôle civique) ne laisse plus de place à la vie distincte de l’individu. Comment concilier dans ces co

1006 vique) ne laisse plus de place à la vie distincte de l’individu. Comment concilier dans ces conditions la liberté et l’eng

1007 nditions la liberté et l’engagement ? Le problème de l’éducation est analogue : il s’agit en principe de transmettre à l’e

1008 l’éducation est analogue : il s’agit en principe de transmettre à l’enfant le maximum de conduites et de connaissances ac

1009 en principe de transmettre à l’enfant le maximum de conduites et de connaissances acquises, c’est-à-dire de le préparer à

1010 transmettre à l’enfant le maximum de conduites et de connaissances acquises, c’est-à-dire de le préparer à vivre comme les

1011 duites et de connaissances acquises, c’est-à-dire de le préparer à vivre comme les autres ; mais en même temps il s’agit d

1012 e comme les autres ; mais en même temps il s’agit de l’amener au maximum d’indépendance individuelle, c’est-à-dire de le p

1013 is en même temps il s’agit de l’amener au maximum d’ indépendance individuelle, c’est-à-dire de le préparer à vivre à sa fa

1014 maximum d’indépendance individuelle, c’est-à-dire de le préparer à vivre à sa façon. Dans la vie politique, voici l’antino

1015 la vie politique, voici l’antinomie : le maximum d’ indépendance d’une nation quelconque exclut le maximum de prospérité p

1016 ue, voici l’antinomie : le maximum d’indépendance d’ une nation quelconque exclut le maximum de prospérité pour ses habitan

1017 endance d’une nation quelconque exclut le maximum de prospérité pour ses habitants. Comment concilier la souveraineté abso

1018 dance des nations et leur autonomie ? L’avantage de l’acheteur et celui du vendeur sont des maxima contradictoires de l’é

1019 celui du vendeur sont des maxima contradictoires de l’économie de tous les peuples : en fait, ils se concilient dans un p

1020 eur sont des maxima contradictoires de l’économie de tous les peuples : en fait, ils se concilient dans un prix. Mais aujo

1021 onomie occidentale doit faire face à des conflits d’ un autre ordre, celui de l’initiative privée et du dirigisme, par exem

1022 faire face à des conflits d’un autre ordre, celui de l’initiative privée et du dirigisme, par exemple, ou celui de la démo

1023 ive privée et du dirigisme, par exemple, ou celui de la démocratie économique : donner le plus au plus grand nombre. L’exe

1024 nombre. L’exemple le plus célèbre et le plus net de maxima incompatibles nous est fourni par la physique. Il s’exprime pa

1025 rni par la physique. Il s’exprime par le principe d’ incertitude de Heisenberg, selon lequel on ne peut déterminer avec la

1026 sique. Il s’exprime par le principe d’incertitude de Heisenberg, selon lequel on ne peut déterminer avec la plus grande pr

1027 terminer avec la plus grande précision la vitesse d’ un corpuscule qu’en laissant imprécise sa position, et réciproquement.

1028 par les présocratiques, et que vingt-cinq siècles de pensée n’ont pas encore résolues ? Celle de l’atomisme et du continu,

1029 ècles de pensée n’ont pas encore résolues ? Celle de l’atomisme et du continu, ou celle de l’un et du multiple, qui opposa

1030 ues ? Celle de l’atomisme et du continu, ou celle de l’un et du multiple, qui opposa si passionnément les éléates aux pyth

1031 ensée grecque, hantée par cette forme antinomique de l’entendement, l’aurait transmise aux Pères de l’Église primitive ? L

1032 évêques missionnaires, il y a le fait historique de l’Incarnation. L’Incarnation ne pose pas un problème de logique (sauf

1033 ncarnation. L’Incarnation ne pose pas un problème de logique (sauf s’il s’agit de formuler un dogme), parce qu’elle est l’

1034 pose pas un problème de logique (sauf s’il s’agit de formuler un dogme), parce qu’elle est l’événement de la Médiation. El

1035 formuler un dogme), parce qu’elle est l’événement de la Médiation. Elle n’est nullement l’aboutissement d’un processus dia

1036 a Médiation. Elle n’est nullement l’aboutissement d’ un processus dialectique, mais le point de départ de la foi. Cette Méd

1037 ssement d’un processus dialectique, mais le point de départ de la foi. Cette Médiation réalisée, impensable mais accomplie

1038 un processus dialectique, mais le point de départ de la foi. Cette Médiation réalisée, impensable mais accomplie, fut auss

1039 accomplie, fut aussi la seule plénitude parfaite de la personne. Hors de la foi en elle, dans le monde où elle a paru, la

1040 paru, la Croix qui sauve devient aussi un « Signe de contradiction ». Car en fait, nous nous découvrons incapables de vivr

1041 n ». Car en fait, nous nous découvrons incapables de vivre constamment dans la foi. « Il n’y a pas un juste, pas même un s

1042 igne de croix indélébile, était voué dès le début de son ère aux contradictions, aux conflits nés de la permanente dualité

1043 t de son ère aux contradictions, aux conflits nés de la permanente dualité de l’individu et de sa vocation, et propagés de

1044 ctions, aux conflits nés de la permanente dualité de l’individu et de sa vocation, et propagés de là dans tous les ordres.

1045 its nés de la permanente dualité de l’individu et de sa vocation, et propagés de là dans tous les ordres. Dans ce principe

1046 lité de l’individu et de sa vocation, et propagés de là dans tous les ordres. Dans ce principe d’imperfection, je vois le

1047 agés de là dans tous les ordres. Dans ce principe d’ imperfection, je vois le secret du dynamisme sans répit qui nous trava

1048 répit nous cherchons des synthèses, des méthodes d’ exclusion de la contradiction, des conduites praticables, des garantie

1049 cherchons des synthèses, des méthodes d’exclusion de la contradiction, des conduites praticables, des garanties de repos p

1050 diction, des conduites praticables, des garanties de repos pour l’âme et l’intellect enfin réconciliés. Nous ne trouvons p

1051 réconciliés. Nous ne trouvons pas le repos, mais de nouveaux problèmes que nous posent les succès ambigus de nos recherch

1052 eaux problèmes que nous posent les succès ambigus de nos recherches. Nous ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or e

1053 e nos recherches. Nous ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or et les espaces américains. Nous ne trouvons pas la q

1054 es pour pénétrer bien plus avant dans les secrets de la matière et du cosmos. Nous cherchons des formules d’unité à tout p

1055 matière et du cosmos. Nous cherchons des formules d’ unité à tout prix, et nous trouvons la société totalitaire ou les nati

1056 gel qui proclame qu’il tient la clé et le système d’ une médiation universelle par l’Idée, il y a toujours un Kierkegaard q

1057 je vis dans la contradiction… » Cette description de l’existence occidentale tendrait à la représenter comme « impossible 

1058 t, elle est soutenue par la continuelle invention de solutions relatives et de compromis utiles, c’est-à-dire d’ordres pro

1059 a continuelle invention de solutions relatives et de compromis utiles, c’est-à-dire d’ordres provisoires, bientôt sujets e

1060 ns relatives et de compromis utiles, c’est-à-dire d’ ordres provisoires, bientôt sujets eux-mêmes à de nouvelles révolution

1061 d’ordres provisoires, bientôt sujets eux-mêmes à de nouvelles révolutions, comme on le voit notamment dans le progrès des

1062 s sciences. L’antinomie fondamentale, originelle, de la Personne divine, ne saurait être résolue ni dépassée. Elle doit êt

1063 être assumée par la foi, au prix de ce changement de l’homme lui-même que le christianisme appelle la conversion. De même

1064 e la conversion. De même l’antinomie constitutive de la personne humaine ne peut être évacuée par aucune médiation théoriq

1065 nçue, par exemple, comme une synthèse harmonieuse d’ individualisme et de collectivisme, non plus que la santé ne saurait n

1066 omme une synthèse harmonieuse d’individualisme et de collectivisme, non plus que la santé ne saurait naître d’un heureux c

1067 ctivisme, non plus que la santé ne saurait naître d’ un heureux compromis entre la peste et le choléra. Mais le conflit exi

1068 peste et le choléra. Mais le conflit existentiel de la personne se reflète, ou mieux se projette, dans tout ce que l’homm

1069 e l’homme occidental pense ou fait. Notre passion de la diversité et notre passion de l’unité multiplient les couples anti

1070 t. Notre passion de la diversité et notre passion de l’unité multiplient les couples antinomiques mais aussi découvrent de

1071 omiques mais aussi découvrent des moyens nouveaux de rendre leurs tensions fécondes, ou au contraire de les éliminer, s’il

1072 s’ils se révèlent factices. C’est là le principe de toute la recherche occidentale, et c’est lui qui préside aujourd’hui

1073 réside aujourd’hui aux tentatives les plus riches d’ avenir dans les divers domaines que je viens de signaler. En politique

1074 édéraliste se développe en réponse au double défi de l’anarchie individualiste (ou nationaliste) et de la réaction totalit

1075 de l’anarchie individualiste (ou nationaliste) et de la réaction totalitaire : il s’agit là de la recherche d’un optimum e

1076 ste) et de la réaction totalitaire : il s’agit là de la recherche d’un optimum entre deux maxima contradictoires. En scien

1077 action totalitaire : il s’agit là de la recherche d’ un optimum entre deux maxima contradictoires. En science, au contraire

1078 science, au contraire, une logique nouvelle tente de surmonter les antinomies auxquelles aboutit la physique : il s’agit l

1079 ies auxquelles aboutit la physique : il s’agit là de changer notre entendement, afin de résoudre les contradictions qui ne

1080 Dans ce sens, et dans les limites que l’on vient d’ indiquer, la pensée personnaliste peut être qualifiée de médiatrice, a

1081 quer, la pensée personnaliste peut être qualifiée de médiatrice, autant que d’instigatrice de conflits. Elle représente la

1082 ste peut être qualifiée de médiatrice, autant que d’ instigatrice de conflits. Elle représente la « sagesse » de l’Occident

1083 ualifiée de médiatrice, autant que d’instigatrice de conflits. Elle représente la « sagesse » de l’Occident, sagesse avent

1084 trice de conflits. Elle représente la « sagesse » de l’Occident, sagesse aventureuse et dynamique — non pas sereine — et q

1085 faire mieux comprendre, par contraste, la réalité de la personne : c’est celui de Robinson Crusoé, mythe de l’individu à l

1086 ontraste, la réalité de la personne : c’est celui de Robinson Crusoé, mythe de l’individu à l’état pur. Je parlais de sa l

1087 personne : c’est celui de Robinson Crusoé, mythe de l’individu à l’état pur. Je parlais de sa liberté vide, parce que tot

1088 soé, mythe de l’individu à l’état pur. Je parlais de sa liberté vide, parce que totale. Mais vide de quoi ? Ce qui rend la

1089 s de sa liberté vide, parce que totale. Mais vide de quoi ? Ce qui rend la liberté « vide », c’est l’absence de tout point

1090 Ce qui rend la liberté « vide », c’est l’absence de tout point d’application possible du désir et de la volonté. Faute d’

1091 a liberté « vide », c’est l’absence de tout point d’ application possible du désir et de la volonté. Faute d’un champ d’act

1092 de tout point d’application possible du désir et de la volonté. Faute d’un champ d’action au moins potentiel, dont il se

1093 ication possible du désir et de la volonté. Faute d’ un champ d’action au moins potentiel, dont il se trouve coupé par l’Oc

1094 sible du désir et de la volonté. Faute d’un champ d’ action au moins potentiel, dont il se trouve coupé par l’Océan désert,

1095 Océan désert, Robinson ne peut pas jouir vraiment de la liberté dont il jouit. Dès que la liberté se réalise en actes, ell

1096 ponsabilité. Imaginons maintenant la contrepartie de Robinson : une responsabilité vide parce que totale. Ce qui la rend v

1097 que totale. Ce qui la rend vide, c’est l’absence de toute volonté et de tout désir distincts de leur immédiate applicatio

1098 la rend vide, c’est l’absence de toute volonté et de tout désir distincts de leur immédiate application. Le militant total

1099 sence de toute volonté et de tout désir distincts de leur immédiate application. Le militant totalitaire parfait se trouve

1100 iment la responsabilité dont il est chargé, faute d’ une liberté au moins potentielle, dont il se trouve coupé par le seul

1101 nt il se trouve coupé par le seul fait que l’idée de liberté est liée dans son esprit à l’idée de l’erreur sociale, et sig

1102 idée de liberté est liée dans son esprit à l’idée de l’erreur sociale, et signifie les sanctions immédiates de la Terreur.

1103 eur sociale, et signifie les sanctions immédiates de la Terreur. Ainsi la fuite devant tout engagement et l’absorption com

1104 agement social entraînent identiquement une chute de la tension, et par suite, la perte simultanée de toute vraie liberté

1105 de la tension, et par suite, la perte simultanée de toute vraie liberté et de toute vraie responsabilité. Ou encore : l’i

1106 te, la perte simultanée de toute vraie liberté et de toute vraie responsabilité. Ou encore : l’individualisme étant la ten

1107 re : l’individualisme étant la tendance insulaire de l’homme, le collectivisme, sa tendance totalitaire, le premier semble

1108 un cercle. À la limite, en effet, ces deux formes de fuite devant la personne vont se confondre et s’annuler dans l’impers

1109 elle complicité se trouvent liés celui qui refuse de s’occuper de la chose sociale et celui qui cède à la tyrannie, l’égoï

1110 té se trouvent liés celui qui refuse de s’occuper de la chose sociale et celui qui cède à la tyrannie, l’égoïste et l’embr

1111 ie « l’État pour tous ». Ces deux démissionnaires de la personne, ces deux fuyards devant la vocation, sont au même titre

1112 ant la vocation, sont au même titre les saboteurs de l’Occident. Eux seuls, en se multipliant, seraient capables d’enliser

1113 . Eux seuls, en se multipliant, seraient capables d’ enliser l’Histoire, et de mettre un terme ignominieux à l’Odyssée occi

1114 liant, seraient capables d’enliser l’Histoire, et de mettre un terme ignominieux à l’Odyssée occidentale de l’âme. 22.

1115 ttre un terme ignominieux à l’Odyssée occidentale de l’âme. 22. Hécatombes d’évêques déposés à la suite de certains con

1116 l’Odyssée occidentale de l’âme. 22. Hécatombes d’ évêques déposés à la suite de certains conciles : comment ne pas songe

1117 e le croit les conduites politiques et les façons de penser. 23. Le débat du concile de Nicée porte en effet sur les deux

1118 et les façons de penser. 23. Le débat du concile de Nicée porte en effet sur les deux termes grecs homoousios (de même su

1119 substance) défendu par Athanase, et homoiousios ( de substance semblable) défendu par Eusèbe et les tenants d’Arius. 24.

1120 ance semblable) défendu par Eusèbe et les tenants d’ Arius. 24. Le concile de Nicée se tint en 325. Les grandes disputes c

1121 ar Eusèbe et les tenants d’Arius. 24. Le concile de Nicée se tint en 325. Les grandes disputes christologiques avaient co

1122 sabelliens, docètes, subordinatiens, etc., etc., de l’autre. Plus tard, au ve siècle, renaîtra la querelle du monophysis

1123 éfinitivement assise qu’en 680, par le 6e concile de Constantinople. 25. Rappelons que dans le Bas-Empire, magistrature,

1124 , ouvriers des mines et paysans deviennent autant de castes véritables. On n’y entre plus que par sa naissance, et l’on ne

1125 és par an, passés au Cirque. 27. Les protestants de New York construisent leurs églises en style gothique, alors que les

1126 opéens adoptent pour leurs temples l’architecture de notre époque, verre et béton, et les décorent de fresques d’avant-gar

1127 de notre époque, verre et béton, et les décorent de fresques d’avant-garde. 28. L’exemple hitlérien est connu. Et quant

1128 oque, verre et béton, et les décorent de fresques d’ avant-garde. 28. L’exemple hitlérien est connu. Et quant aux Soviétiq

1129 onnu. Et quant aux Soviétiques : ministres, chefs de trusts, généraux, ingénieurs, écrivains et savants sont leurs brahman

1130 s nobles, bourgeois, déviationnistes et saboteurs de toute espèce qui fournissent la main-d’œuvre du travail forcé, forme

1131 litiques, par « suspect ». 29. Prenons l’exemple de l’épuration des hérétiques excommuniés ; si l’Église la confie à l’Ét

1132 de contre les albigeois, Saint-Barthélemy, bûcher de Servet, exécution de Thomas Morus et de Cranmer, dragonnades, etc.) c

1133 is, Saint-Barthélemy, bûcher de Servet, exécution de Thomas Morus et de Cranmer, dragonnades, etc.) c’est un scandale inex

1134 y, bûcher de Servet, exécution de Thomas Morus et de Cranmer, dragonnades, etc.) c’est un scandale inexcusable aux yeux de

1135 ble aux yeux de la foi, qui en appelle à l’esprit de l’Évangile ; mais si le Parti en fait autant, il se conforme en toute

1136 me en toute rigueur à son génie, comme aux écrits de ses Pères : Marx, Lénine et Staline, contre lesquels le militant est

1137 ez Rousseau, l’on trouve plutôt une juxtaposition d’ individualisme fermé et de totalitarisme sentimental ? de même que che

1138 lutôt une juxtaposition d’individualisme fermé et de totalitarisme sentimental ? de même que chez Machiavel, l’individu ne

1139 ? de même que chez Machiavel, l’individu ne cesse d’ être soumis que pour régner, ou de tirer son épingle du jeu que pour m

1140 dividu ne cesse d’être soumis que pour régner, ou de tirer son épingle du jeu que pour mieux imposer son jeu. 32. Ce que

1141 ondamentale. 33. Voir à ce sujet Accent on Form, de Lancelot L. Whythe, paru dans la série « World Perspectives » en 1955

1142 les antinomies réelles exigent une transformation de l’être entier, qui les assume par la foi au lieu de chercher à les ni

1143 passer idéalement. Tandis que les antinomies nées de nos seuls désirs contradictoires exigent une éducation par la raison

1144 aison qui les discipline ; et celles qui naissent de la seule pensée rationnelle, une transformation de notre entendement,

1145 e la seule pensée rationnelle, une transformation de notre entendement, qui les élimine.

1146 es trois noms me sembleraient y suffire. Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant notre influence, inconcevables

1147 leraient y suffire. Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant notre influence, inconcevables hors du christianisme

1148 uffire. Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’ avant notre influence, inconcevables hors du christianisme quoique dés

1149 christianisme quoique désignant trois tentatives de s’y arracher, tout chargés de prestiges aux yeux de l’Européen et d’u

1150 nt trois tentatives de s’y arracher, tout chargés de prestiges aux yeux de l’Européen et d’un pathos qui ne saurait trompe

1151 ut chargés de prestiges aux yeux de l’Européen et d’ un pathos qui ne saurait tromper, ils représentent dans notre Quête du

1152 l’épisode du Château aventureux. (C’est la grotte de Circé dans l’Odyssée.) Et pour qui serait tenté de mettre en doute le

1153 e Circé dans l’Odyssée.) Et pour qui serait tenté de mettre en doute leur valeur religieuse et sacrée, je lui suggère d’en

1154 leur valeur religieuse et sacrée, je lui suggère d’ en prendre pour mesure sa propre réaction au propos de ces pages. Parl

1155 prendre pour mesure sa propre réaction au propos de ces pages. Parler de la passion autrement qu’en récrivant Wuthering H

1156 sa propre réaction au propos de ces pages. Parler de la passion autrement qu’en récrivant Wuthering Heights ou en ajoutant

1157 ou en ajoutant une sixième lettre aux apocryphes de la religieuse portugaise, essayer au contraire de la décrire par ses

1158 niques, comme l’obsession qu’elle est ; ou parler de la Révolution sans la prêcher ni la maudire, mais en établissant le b

1159 êcher ni la maudire, mais en établissant le bilan de ses effets, par où l’on voit qu’elle met en déficit la liberté ; enfi

1160 qu’elle met en déficit la liberté ; enfin parler de la nation non point comme d’une idole sanguinaire et bornée, mais sim

1161 berté ; enfin parler de la nation non point comme d’ une idole sanguinaire et bornée, mais simplement comme d’une formule q

1162 dole sanguinaire et bornée, mais simplement comme d’ une formule qui a fait son temps, — voilà qui sera ressenti comme sacr

1163 comme sacrilège par l’intelligentsia occidentale, d’ autant plus fortement qu’elle sera moins chrétienne. Il y a donc un sa

1164 oderne. Et ces trois noms révèlent ses puissances d’ envoûtement. Ennemi de la personne et de sa liberté, si j’en juge par

1165 oms révèlent ses puissances d’envoûtement. Ennemi de la personne et de sa liberté, si j’en juge par ses vrais effets, il n

1166 uissances d’envoûtement. Ennemi de la personne et de sa liberté, si j’en juge par ses vrais effets, il n’en demeure pas mo

1167 fets, il n’en demeure pas moins inconcevable hors d’ un monde investi et structuré par la réalité de la personne et de ses

1168 rs d’un monde investi et structuré par la réalité de la personne et de ses « notes » les plus certaines : la vocation, la

1169 sti et structuré par la réalité de la personne et de ses « notes » les plus certaines : la vocation, la conversion, et le

1170 nes : la vocation, la conversion, et le sentiment d’ unicité sans précédent. La Passion, ou la conversion au néant « 

1171 ui de cette remarque fameuse, rappelons une série de faits incontestables — dont j’ai tenté ailleurs d’interpréter les lie

1172 e faits incontestables — dont j’ai tenté ailleurs d’ interpréter les liens34 C’est au début du xiie siècle que se constitu

1173 Lyon, en 1143), les chanoines instituent le culte de la Vierge. Et Notre-Dame répond à la Dame des pensées, comme à la cor

1174 , comme à la cortezia des troubadours la mystique de l’amour divin d’un saint Bernard, et comme à l’histoire exemplaire vé

1175 ezia des troubadours la mystique de l’amour divin d’ un saint Bernard, et comme à l’histoire exemplaire vécue par Héloïse e

1176 exemplaire vécue par Héloïse et Abélard, le mythe de la passion mortelle mis en vers et en prose dès la fin du même siècle

1177 et en prose dès la fin du même siècle : le Roman de Tristan et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrism

1178 tan et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du roman, puis à tou

1179 plus grands érudits l’ont décrite. Mais le roman de Tristan ne fut pas imité par les seuls écrivains depuis près de huit

1180 s près de huit siècles : toute l’expérience vécue de l’amour-passion y a trouvé, jusqu’à nos jours, son langage et ses typ

1181 ouvé, jusqu’à nos jours, son langage et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens de s’avouer, de s’entretenir jusqu’

1182 et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens de s’avouer, de s’entretenir jusqu’à l’exaltation, de mettre au défi la

1183 de conduite, c’est-à-dire les moyens de s’avouer, de s’entretenir jusqu’à l’exaltation, de mettre au défi la morale et fin

1184 e s’avouer, de s’entretenir jusqu’à l’exaltation, de mettre au défi la morale et finalement de lui dérober son prestige le

1185 tation, de mettre au défi la morale et finalement de lui dérober son prestige le plus efficace, l’héroïsme divinisant. Tel

1186 efficace, l’héroïsme divinisant. Tel fut l’essor de la passion, du xiie siècle méridional au romantisme, et nous vivons

1187 et nous vivons encore dans la tiédeur des cendres d’ un interminable incendie. Et je sais bien que de la passion mortelle à

1188 s d’un interminable incendie. Et je sais bien que de la passion mortelle à la romance plus ou moins exciting et de la myst

1189 n mortelle à la romance plus ou moins exciting et de la mystique d’Amour au love interest des films de Hollywood, on ne ve

1190 romance plus ou moins exciting et de la mystique d’ Amour au love interest des films de Hollywood, on ne verra qu’une long

1191 de la mystique d’Amour au love interest des films de Hollywood, on ne verra qu’une longue décadence, une vulgarisation au

1192 ; pourtant, il s’agit du même mythe. Par le moyen de la culture et des modèles qu’elle offre au sentiment, ce mythe a péné

1193 nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’

1194 n emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves et d’ éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des

1195 ndimanché aux martyrs dont le sang fut la semence de l’Église. Le contenu du mythe ne peut être décrit qu’en opposant des

1196 termes eux-mêmes ambivalents : il est exaltation de la vie vers la mort (mais la vie et la mort changent de signe dans le

1197 vie vers la mort (mais la vie et la mort changent de signe dans le langage des passionnés et des mystiques) ; il est impér

1198 he qui provoque ce contenu et qui l’amène au jour de l’existence, comme les règles d’un jeu suffisent à provoquer une arde

1199 l’amène au jour de l’existence, comme les règles d’ un jeu suffisent à provoquer une ardeur insensée à propos de bouts de

1200 à provoquer une ardeur insensée à propos de bouts de bois. Cette forme, cette structure agissent encore sur nous, même qua

1201 rons les origines du mythe et ne soupçonnons rien de sa finalité. Au regard de la Société, le mythe de la passion n’est qu

1202 de sa finalité. Au regard de la Société, le mythe de la passion n’est que révolte et fuite. Il ne peut fomenter que l’indi

1203 qui est le monde des « fidélités ». Tristan pris de passion viole tous les interdits moraux, sociaux et religieux ; Iseut

1204 trahit tous ses serments sacrés, et dans la scène de l’ordalie par le fer rouge, en arrive à duper Dieu lui-même. De fait,

1205 ar le fer rouge, en arrive à duper Dieu lui-même. De fait, le xiie siècle, où la passion « naquit » avec la poésie des tr

1206 la poésie des troubadours, voit un premier retour de l’individualisme dans l’Occident christianisé. Il prédit la Renaissan

1207 iques du luth inventé par Manès. Et cette musique de gnose n’a cessé d’inquiéter le cœur sauvage de l’homme enfermé dans l

1208 té par Manès. Et cette musique de gnose n’a cessé d’ inquiéter le cœur sauvage de l’homme enfermé dans les liens d’un maria

1209 ue de gnose n’a cessé d’inquiéter le cœur sauvage de l’homme enfermé dans les liens d’un mariage de raison avec l’orthodox

1210 le cœur sauvage de l’homme enfermé dans les liens d’ un mariage de raison avec l’orthodoxie. Quant au mariage lui-même, civ

1211 ge de l’homme enfermé dans les liens d’un mariage de raison avec l’orthodoxie. Quant au mariage lui-même, civil et religie

1212 n. Ici paraît la forme religieuse du phénomène et de son mythe. On voit l’homme et la femme entrer dans la passion comme i

1213 et le premier aveu correspondent aux « touches » de l’Esprit, l’étreinte des corps ouvre la Voie mystique, et l’abandon t

1214 s la vraie Minne, la fougueuse déesse, le pénétra de ses ardeurs. Et son cœur brûlant lui révéla la source des peines dont

1215 le saisit comme une grâce exigeante, et le revêt d’ une vocation. L’individu arraché du commun par un souverain caprice de

1216 dividu arraché du commun par un souverain caprice de la Minne, aussitôt ne s’appartient plus. À peine libéré, le voilà con

1217 serve. Écoutons-la chanter par la voix déchaînée de sa prêtresse et magicienne Isolde : « Élu par moi, perdu par moi ! »

1218 solde : « Élu par moi, perdu par moi ! » Vocation de souffrance et de fidélité jusqu’à la mort divinisante, mais un seul ê

1219 moi, perdu par moi ! » Vocation de souffrance et de fidélité jusqu’à la mort divinisante, mais un seul être a pris la pla

1220 rt divinisante, mais un seul être a pris la place de tous, et du monde, et de Dieu lui-même. Tout ici rappelle la personne

1221 eul être a pris la place de tous, et du monde, et de Dieu lui-même. Tout ici rappelle la personne, imite sa forme et repro

1222 e. Il ne lui donne pas un prochain, mais un objet de fascination mortelle. Cependant il l’élit, l’isole et le relie, le tr

1223 ’élit, l’isole et le relie, le transporte au-delà de toute morale profane et lui dit à son tour comme Augustin à celui que

1224 on tour comme Augustin à celui que sa foi délivre de la loi : ama et fac quod vis ! La passion de Tristan ne pouvait se dé

1225 ivre de la loi : ama et fac quod vis ! La passion de Tristan ne pouvait se déclarer dans sa grandeur tragique et obsédante

1226 i avait appris à croire à la valeur irremplaçable d’ un seul être. « Je pensais à toi dans mon agonie. J’ai versé telles go

1227 à toi dans mon agonie. J’ai versé telles gouttes de sang pour toi », dit au croyant le Jésus de Pascal. La passion ne pou

1228 où cette croyance à l’être unique faisait partie de la religion de tous. Son élan fou, qui mime le saut de la foi, ne jet

1229 nce à l’être unique faisait partie de la religion de tous. Son élan fou, qui mime le saut de la foi, ne jette pas l’homme

1230 religion de tous. Son élan fou, qui mime le saut de la foi, ne jette pas l’homme dans son salut vivant ni dans un martyre

1231 ns un martyre salutaire, mais dans la catastrophe de la mort des amants. « Viens, douce mort », chante l’âme apaisée au pl

1232 t », chante l’âme apaisée au plus pur des chorals de Bach. La « Joie suprême » d’Isolde agonisante n’est qu’un dernier déf

1233 plus pur des chorals de Bach. La « Joie suprême » d’ Isolde agonisante n’est qu’un dernier défi au Soleil disparu derrière

1234 r défi au Soleil disparu derrière l’horizon jaune de la mer d’Occident. C’est le cri de l’âme « exilée », qui ne s’arrache

1235 Soleil disparu derrière l’horizon jaune de la mer d’ Occident. C’est le cri de l’âme « exilée », qui ne s’arrache à la mati

1236 ’horizon jaune de la mer d’Occident. C’est le cri de l’âme « exilée », qui ne s’arrache à la matière et à la chair que pou

1237 Mais alors la passion ne serait-elle pas l’échec de l’Aventure occidentale, échec fatal dès que l’âme se refuse à la tota

1238 rnation, à l’abaissement dans le monde fini, lieu de notre expérience salutaire ? Certes, mais il faut voir qu’un tel éche

1239 l soit causé par un refus des options principales de l’Occident. Il ne ramène pas l’âme à l’Orient symbolique, comme par u

1240 Orient ne connaît pas ce tragique absolu qui naît de l’acte irréversible, engageant sans retour la personne. Et pourtant,

1241 ant, la passion réinvente un des profonds secrets de l’évasion spirituelle imaginée par l’Inde et le bouddhisme. Dans son

1242 ginée par l’Inde et le bouddhisme. Dans son refus de la chair fragile et provisoire, et du temps décisif de cette vie dans

1243 chair fragile et provisoire, et du temps décisif de cette vie dans la chair, dans son angélisme essentiel, la passion ne

1244 son angélisme essentiel, la passion ne peut rêver d’ autre horizon d’espoir que celui de la métempsycose. « Notre engagemen

1245 sentiel, la passion ne peut rêver d’autre horizon d’ espoir que celui de la métempsycose. « Notre engagement n’était pas pr

1246 ne peut rêver d’autre horizon d’espoir que celui de la métempsycose. « Notre engagement n’était pas pris pour cette vie »

1247 it pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’Iseut, deux plantes e

1248 ovalis parlant de sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’Iseut, deux plantes en une nuit s’élèvent et s’enlacent.

1249 de sa fiancée perdue. Sur la tombe de Tristan et d’ Iseut, deux plantes en une nuit s’élèvent et s’enlacent. Et ce symbole

1250 it s’élèvent et s’enlacent. Et ce symbole discret de la transmigration noue ses racines aux profondeurs de la passion. Il

1251 a transmigration noue ses racines aux profondeurs de la passion. Il fleurit sur l’abîme qui sépare l’Orient magique de l’O

1252 l fleurit sur l’abîme qui sépare l’Orient magique de l’Occident tragique, et cet abîme n’est autre que le vertige de l’âme

1253 tragique, et cet abîme n’est autre que le vertige de l’âme en proie au refus manichéen de l’Incarnation. La Révolution,

1254 e le vertige de l’âme en proie au refus manichéen de l’Incarnation. La Révolution, ou la passion socialisée Quand le

1255 l se répand dans le corps social, il prend le nom de Révolution. L’idée et la réalité de ce phénomène, je l’ai dit, sont i

1256 prend le nom de Révolution. L’idée et la réalité de ce phénomène, je l’ai dit, sont inconnues dans tout l’Orient, qu’il s

1257 s ou japonais. L’idée ne peut apparaître aux yeux d’ un Asiatique indemne d’influences occidentales, que sous l’aspect d’un

1258 e peut apparaître aux yeux d’un Asiatique indemne d’ influences occidentales, que sous l’aspect d’une indécence profonde, d

1259 emne d’influences occidentales, que sous l’aspect d’ une indécence profonde, d’une blessure à l’ordre cosmique, d’un crime

1260 ales, que sous l’aspect d’une indécence profonde, d’ une blessure à l’ordre cosmique, d’un crime absurde. Quant à la réalit

1261 ence profonde, d’une blessure à l’ordre cosmique, d’ un crime absurde. Quant à la réalité, l’Oriental a connu les grands bo

1262 té, l’Oriental a connu les grands bouleversements d’ empires et les révoltes. Pourtant, que le Grand Khan balaye la Chine d

1263 e soulèvent contre lui, il ne s’agit en aucun cas de révolution, car la subversion vient de l’extérieur, ou vise un pouvoi

1264 ur, ou vise un pouvoir étranger. La notion propre de révolution, impliquant un changement soudain, un renouvellement par l

1265 gement soudain, un renouvellement par l’intérieur de toutes choses et de l’Ordre lui-même, cette notion a la même extensio

1266 enouvellement par l’intérieur de toutes choses et de l’Ordre lui-même, cette notion a la même extension dans l’espace et l

1267 les populations très anciennement christianisées de la côte du Malabar. Prenons la Chine : le père de sa révolution fut l

1268 de la côte du Malabar. Prenons la Chine : le père de sa révolution fut le converti Sun Yat-sen, protestant fanatique à ses

1269 à ses débuts… Tout porte à rattacher le phénomène de la révolution à quelque qualité ou défaut spécifique de l’Occident, o

1270 révolution à quelque qualité ou défaut spécifique de l’Occident, ou de sa religion. De fait, le christianisme nous offre l

1271 ue qualité ou défaut spécifique de l’Occident, ou de sa religion. De fait, le christianisme nous offre le type même du cha

1272 faut spécifique de l’Occident, ou de sa religion. De fait, le christianisme nous offre le type même du changement brusque

1273 du changement brusque et radical, mais survenant de l’intérieur : la conversion, l’éblouissement du chemin de Damas où Sa

1274 érieur : la conversion, l’éblouissement du chemin de Damas où Saul de Tarse devient l’apôtre Paul. Révolution et conversio

1275 produit une crise brusque et rapide, un processus de mort et renaissance, qui revêt la violence d’une catharsis : « Les ch

1276 sus de mort et renaissance, qui revêt la violence d’ une catharsis : « Les choses vieilles sont passées, dit saint Paul ; v

1277 es choses sont devenues nouvelles. » Et les chefs de nos révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque av

1278 usque avènement. Dans les deux cas, la subversion de l’ordre ancien s’opère par un double mouvement : le rejet violent des

1279 et violent des « choses vieilles », l’institution d’ un ordre neuf. Le converti rejette la Loi, morte pour lui — c’est le m

1280 — mais aussitôt la Foi l’engage dans l’obéissance de l’Église — et c’est le moment instituant, communautaire. L’irruption

1281 le moment instituant, communautaire. L’irruption de la foi dans une vie figure donc le modèle spirituel de toute révoluti

1282 foi dans une vie figure donc le modèle spirituel de toute révolution occidentale. Mais il y a plus. Le christianisme appo

1283 el va les changer en revendications) : l’exigence d’ une justice universelle et non plus relative à la caste ou à la classe

1284 s relative à la caste ou à la classe ; l’exigence de la liberté pour tout homme, quel que soit son rang ; le conflit de ce

1285 r tout homme, quel que soit son rang ; le conflit de ces deux exigences, qui est la source à la fois de l’instabilité de n

1286 e ces deux exigences, qui est la source à la fois de l’instabilité de nos régimes politiques et sociaux et d’une recherche

1287 ces, qui est la source à la fois de l’instabilité de nos régimes politiques et sociaux et d’une recherche perpétuelle du v

1288 stabilité de nos régimes politiques et sociaux et d’ une recherche perpétuelle du vrai civisme, inconnue dans les sociétés

1289 ns les sociétés closes et sacrées ; enfin, l’idée de la mission reçue ou vocation, transcendante par rapport à la morale c

1290 par rapport à la morale commune et aux « intérêts de l’État ». Ainsi, le type du révolutionnaire européen se détache sur l

1291 u révolutionnaire européen se détache sur le fond d’ une foi qui tient la liberté et l’action prophétique pour plus vraies

1292 ées. Enfin, l’apparition du Christ et le triomphe de l’Église en Occident ont provoqué dans l’évolution occidentale une di

1293 connu pareille coupure des temps, — cette coupure de l’histoire en deux, qui a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu

1294 ud a duré jusqu’à nous dans la continuité vivante de ses passés, dont nul n’est aboli ni privé de ses temples. Elle évoque

1295 ante de ses passés, dont nul n’est aboli ni privé de ses temples. Elle évoque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous

1296 aboli ni privé de ses temples. Elle évoque l’idée d’ une Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans

1297 s fidèles, Zeus, Aphrodite et Diane, les mystères d’ Éleusis, la Grande Déesse, les cultes initiatiques, l’Odin des Scandin

1298 andinaves et le Dispater des Celtes, les courants de pensées judaïques et arabes, iraniens et manichéens, et vingt écoles

1299 re a créé pour l’Europe un précédent qui ne cesse de hanter son histoire. Conversion, valeurs « subversives », discontinui

1300 n’explique pas tout. Et par exemple : le passage de la conversion à la révolution, c’est-à-dire du modèle spirituel au ph

1301 conduits en « révolutionnaires » au sens moderne de l’expression. Certes, l’Église, organisant les groupes de convertis c

1302 ression. Certes, l’Église, organisant les groupes de convertis créait un type nouveau de relations entre les hommes. Elle

1303 t les groupes de convertis créait un type nouveau de relations entre les hommes. Elle instituait un nouvel ordre qui bient

1304 t un nouvel ordre qui bientôt prendrait la relève de l’Empire défaillant. Mais les premiers chrétiens sont restés « confor

1305 ’en prendre au régime impérial ni à l’institution de l’esclavage, par exemple36, lesquels ne seront pas abolis pour des ra

1306 là même où le christianisme a prouvé sa puissance de subversion, l’on s’avise d’une contradiction flagrante entre la « rév

1307 a prouvé sa puissance de subversion, l’on s’avise d’ une contradiction flagrante entre la « révolution chrétienne » des pre

1308 transformés par la foi. Elle n’avait pas pour but de convertir la société, mais d’unir en un corps les convertis. Et c’est

1309 ’avait pas pour but de convertir la société, mais d’ unir en un corps les convertis. Et c’est accessoirement qu’elle a pu c

1310 iales décidément incompatibles avec sa conception de l’homme37. Nos révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’

1311 me37. Nos révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’un ordre théorique qu’il faut imposer par la force, elles

1312 volutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’ un ordre théorique qu’il faut imposer par la force, elles s’imaginent

1313 lus heureux. Si l’on veut rendre compte à la fois de ces coïncidences et de ces contradictions, il faut remonter à notre d

1314 ut rendre compte à la fois de ces coïncidences et de ces contradictions, il faut remonter à notre dialectique de la person

1315 tradictions, il faut remonter à notre dialectique de la personne. Ce n’est pas la personne qui se détache d’abord du corps

1316 personne qui se détache d’abord du corps magique de la tribu, mais c’est l’individu profanateur. Celui-ci fonde une cité

1317 ire. Ici peut naître la révolution. Deux formules d’ ordre sont en effet concevables à ce moment. Il y a l’Église et sa fra

1318 oit point ». Le Parti au contraire est aux ordres d’ un chef dont la présence visible et matérielle est confirmée sur tous

1319 e foi n’est gagée que sur le sacrifice et la mort de ses adversaires. On entre dans l’Église parce qu’on est converti, don

1320 . Il s’agit donc, dans le cas du révolutionnaire, d’ une conversion non pas de l’être mais du faire ; et de plus, déléguée

1321 cas du révolutionnaire, d’une conversion non pas de l’être mais du faire ; et de plus, déléguée à l’action collective. L’

1322 e à l’action collective. L’individu imite le saut de la conversion, mais au lieu de se retrouver une personne engagée, il

1323 naire soit une exacte parodie (consciente ou non) de l’Église chrétienne, voilà ce que notre temps ne peut plus mettre en

1324 ition, plus efficace que l’autre dans l’épuration de l’hérésie jusqu’aux derniers replis du cervelet. Saint-Just était un

1325 che. Toutefois, les églises politiques ne copient de l’Église que ce qu’elle a de moins chrétien. Aucun des traits communs

1326 olitiques ne copient de l’Église que ce qu’elle a de moins chrétien. Aucun des traits communs qu’on vient d’énumérer n’est

1327 ns chrétien. Aucun des traits communs qu’on vient d’ énumérer n’est proprement évangélique. C’est l’ambition théocratique,

1328 cratique, non l’Agapè, qui hante les doctrinaires de la révolution, et les conduit au césaropapisme. Ambition bridée dans

1329 a vocation transcendante et par le recours direct de l’âme à Dieu. Mais qui peut en appeler des arrêts d’un Parti qui inca

1330 l’âme à Dieu. Mais qui peut en appeler des arrêts d’ un Parti qui incarne la Révolution ? Il n’y a rien au-dessus de lui39.

1331 i incarne la Révolution ? Il n’y a rien au-dessus de lui39. Il n’y a pas de Juge pour ses crimes. Et dès lors qu’il se sai

1332  ? Il n’y a rien au-dessus de lui39. Il n’y a pas de Juge pour ses crimes. Et dès lors qu’il se sait illégitime dans sa pr

1333 uple, le Parti vit dans l’obsession des « ennemis de la liberté », appelant ainsi ceux qui diffèrent et pourraient donc de

1334 i diffèrent et pourraient donc devenir ses juges. D’ où la Terreur inévitable qu’il exerce, étant lui-même terrorisé. D’où

1335 névitable qu’il exerce, étant lui-même terrorisé. D’ où le fait nécessaire et non accidentel — en dépit de l’hypocrisie des

1336 e, est une réalité close et lugubre, une psychose de persécution, la paranoïa de l’Occident. Qui voudrait condamner l’élan

1337 lugubre, une psychose de persécution, la paranoïa de l’Occident. Qui voudrait condamner l’élan communautaire générateur de

1338 oudrait condamner l’élan communautaire générateur de nos révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux

1339 ectivement » servi la liberté, ne font preuve que d’ une belle ignorance de l’histoire. Les grandes révolutions européennes

1340 liberté, ne font preuve que d’une belle ignorance de l’histoire. Les grandes révolutions européennes n’ont jamais renversé

1341 é aucun tyran. Au contraire, elles en ont établi, de très grands et de très sanglants : Napoléon, Hitler, Mussolini, Stali

1342 contraire, elles en ont établi, de très grands et de très sanglants : Napoléon, Hitler, Mussolini, Staline. Ces tyrans n’o

1343 upart furent les bénéficiaires, non les victimes, de nos révolutions « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de rég

1344 ns « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de régimes séniles, et dont la « tyrannie », si on la compare à celle de

1345 annie », si on la compare à celle des disciplines d’ État qui leur ont succédé, fut mainte fois baptisée « douceur de vivre

1346 r ont succédé, fut mainte fois baptisée « douceur de vivre » non seulement par ses survivants mais par les fils de ses bou

1347 on seulement par ses survivants mais par les fils de ses bourreaux. Ici les snobs intellectuels de l’Occident — la jeuness

1348 ils de ses bourreaux. Ici les snobs intellectuels de l’Occident — la jeunesse d’hier — jettent les hauts cris de la vertu

1349 s snobs intellectuels de l’Occident — la jeunesse d’ hier — jettent les hauts cris de la vertu blessée. J’attaque en fait l

1350 ent — la jeunesse d’hier — jettent les hauts cris de la vertu blessée. J’attaque en fait leur religion. Non pas comme un p

1351 e, mais comme une erreur pathétique. Ils rêvaient d’ une communauté, sans oser la vouloir vraiment, faisant leurs dieux de

1352 ans oser la vouloir vraiment, faisant leurs dieux de ceux qui en dictaient les formules dans les termes sadiques et hautai

1353 jours exalté les masochistes. L’éloquence crispée d’ un Saint-Just40 était leur idée de la « pureté », les sentences brutal

1354 oquence crispée d’un Saint-Just40 était leur idée de la « pureté », les sentences brutales d’un Lénine leur idée de la rig

1355 eur idée de la « pureté », les sentences brutales d’ un Lénine leur idée de la rigueur efficace. Un certain extrémisme litt

1356 é », les sentences brutales d’un Lénine leur idée de la rigueur efficace. Un certain extrémisme littéraire leur a longtemp

1357 lieu de spiritualité, et ses prestiges sont loin d’ être épuisés. La guillotine et les camps soviétiques font partie de la

1358 a guillotine et les camps soviétiques font partie de la bonne conscience des sectateurs du Mythe de la Révolution. « Il fa

1359 ie de la bonne conscience des sectateurs du Mythe de la Révolution. « Il faut ce qu’il faut ! », disent-ils d’un air de du

1360 volution. « Il faut ce qu’il faut ! », disent-ils d’ un air de dure sagesse. Il leur faut cela, sans doute. Mais pour quell

1361 « Il faut ce qu’il faut ! », disent-ils d’un air de dure sagesse. Il leur faut cela, sans doute. Mais pour quelles fins a

1362 ouables ? Rappelons-nous qu’il « fallait » ouvrir d’ un coup de poignard d’obsidienne la poitrine des jeunes gens aztèques,

1363 Rappelons-nous qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’obsidienne la poitrine des jeunes gens aztèques, en arrach

1364 us qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’ obsidienne la poitrine des jeunes gens aztèques, en arracher le cœur e

1365 estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que les révolutions européennes, sans aucune exception nota

1366 notable, ont abouti à renforcer la tyrannie soit d’ un homme, soit d’une classe, et toujours de l’État. Adoptant les valeu

1367 uti à renforcer la tyrannie soit d’un homme, soit d’ une classe, et toujours de l’État. Adoptant les valeurs de la Passion

1368 e soit d’un homme, soit d’une classe, et toujours de l’État. Adoptant les valeurs de la Passion — « La liberté ou la mort 

1369 asse, et toujours de l’État. Adoptant les valeurs de la Passion — « La liberté ou la mort ! » s’écriaient les jacobins, et

1370 ait — laissant ensuite se perdre dans les bureaux de l’État l’élan premier vers la communauté, les révolutions de l’Europe

1371 ’élan premier vers la communauté, les révolutions de l’Europe ont fomenté le nationalisme, cette troisième et peut-être mo

1372 oisième et peut-être mortelle frénésie religieuse de l’Occident. La Nation, ou la vocation socialisée Goethe, assist

1373 ion socialisée Goethe, assistant à la bataille de Valmy, s’écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle

1374 , assistant à la bataille de Valmy, s’écriait : «  De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle. » C’est en effet au cr

1375 à la bataille de Valmy, s’écriait : « De ce lieu, de ce jour, on datera l’ère nouvelle. » C’est en effet au cri de « Vive

1376 on datera l’ère nouvelle. » C’est en effet au cri de « Vive la Nation », clamé sur tout le front des troupes, que les Fran

1377 comme une invocation à un dieu nouveau, une sorte de Gott mit uns aussitôt exaucé, puisque par ce seul cri la bataille ser

1378 , c’est donc un idéal, une idéologie, le principe d’ une nouvelle communauté non de naissance, mais d’avenir et de volonté.

1379 ologie, le principe d’une nouvelle communauté non de naissance, mais d’avenir et de volonté. Toutefois, cette idéologie n’

1380 d’une nouvelle communauté non de naissance, mais d’ avenir et de volonté. Toutefois, cette idéologie n’est pas le fait du

1381 lle communauté non de naissance, mais d’avenir et de volonté. Toutefois, cette idéologie n’est pas le fait du peuple entie

1382 déologie n’est pas le fait du peuple entier, mais d’ un parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À l’intérieur du p

1383 , mais d’un parti ; et ce parti agit par le moyen de l’État. À l’intérieur du pays, la première tâche de l’État sera d’écr

1384 l’État. À l’intérieur du pays, la première tâche de l’État sera d’écraser les opposants, car la nation est religion et le

1385 térieur du pays, la première tâche de l’État sera d’ écraser les opposants, car la nation est religion et les religions, en

1386 n du christianisme. L’État se voit donc contraint de renforcer la police, de centraliser tous les éléments du pouvoir, et

1387 at se voit donc contraint de renforcer la police, de centraliser tous les éléments du pouvoir, et de transformer la justic

1388 , de centraliser tous les éléments du pouvoir, et de transformer la justice en instrument de l’idéologie, le tout au nom d

1389 uvoir, et de transformer la justice en instrument de l’idéologie, le tout au nom de la Nation. Mais si, à l’intérieur, l’i

1390 nom de la Nation. Mais si, à l’intérieur, l’idée de nation devient entre les mains de l’État un instrument d’oppression e

1391 térieur, l’idée de nation devient entre les mains de l’État un instrument d’oppression et de guerre civile larvée, à l’ext

1392 n devient entre les mains de l’État un instrument d’ oppression et de guerre civile larvée, à l’extérieur elle va devenir u

1393 les mains de l’État un instrument d’oppression et de guerre civile larvée, à l’extérieur elle va devenir un instrument de

1394 rvée, à l’extérieur elle va devenir un instrument de guerre déclarée. Pourquoi la nation doit-elle faire la guerre ? Tout

1395 me le dira Hegel. Ensuite, parce que la collusion de l’État centralisé et de la nation missionnaire produit comme résultan

1396 e, parce que la collusion de l’État centralisé et de la nation missionnaire produit comme résultante fatale l’impérialisme

1397 e : et voici la France napoléonienne. L’idéologie de la nation est par essence conquérante : elle veut apporter la Liberté

1398 nationale, menée par les soldats « libérateurs » de la Révolution et de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’Eu

1399 r les soldats « libérateurs » de la Révolution et de l’Empire, loin de faire triompher dans toute l’Europe l’idéologie uni

1400 e constituer. Hegel est la contrepartie réflexive de Napoléon. Hegel se représente la nation comme une croisade pour l’idé

1401 e. « Ce ne sont pas les déterminations naturelles de la nation qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit nation

1402 esprit national est « un individu dans la marche de l’Histoire. » Il se fait par sa propre activité, s’épanouit, atteint

1403 domine le peuple qui incarne le plus haut concept de l’Esprit. » Voici donc les peuples élevés à la dignité d’intentions p

1404 rit. » Voici donc les peuples élevés à la dignité d’ intentions particulières de l’Esprit mondial, mais en même temps les v

1405 es élevés à la dignité d’intentions particulières de l’Esprit mondial, mais en même temps les voici privés, sous peine de

1406 voici privés, sous peine de « nullité politique » de la permission de vivre en paix, de « végéter », précise Hegel, dans l

1407 s peine de « nullité politique » de la permission de vivre en paix, de « végéter », précise Hegel, dans le bonheur et sans

1408 té politique » de la permission de vivre en paix, de « végéter », précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire. Nous as

1409 ans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des personnes aux nations. ⁂ Mais cet Ét

1410 re. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des personnes aux nations. ⁂ Mais cet État-nation,

1411 x nations. ⁂ Mais cet État-nation, une fois doué de toute la personnalité dont il tend à priver les hommes réels, comment

1412 -il se comporter dans le monde ? L’idéal primitif de la nation, confisqué par l’État français, a conduit à des guerres d’a

1413 squé par l’État français, a conduit à des guerres d’ agression. Celles-ci ont fait surgir d’autres nationalismes, qui vont

1414 lismes, qui vont revendiquer à leur tour le droit de dominer l’époque. À cette fin, chacun prétendra qu’il incarne « le pl

1415 un prétendra qu’il incarne « le plus haut concept de l’Esprit ». Pour la France, ce seront les « immortels principes ». Po

1416 s « immortels principes ». Pour la Prusse, l’idée de l’État. Pour l’Angleterre, la maîtrise des mers. Pour la Russie, un m

1417 ou synthétique, afin de mieux prouver leur raison d’ être. Nationalisme de reflet, d’imitation, parfois plus proche du vrai

1418 de mieux prouver leur raison d’être. Nationalisme de reflet, d’imitation, parfois plus proche du vrai patriotisme, mais to

1419 ouver leur raison d’être. Nationalisme de reflet, d’ imitation, parfois plus proche du vrai patriotisme, mais tout aussi ja

1420 même hargneux que celui des grands voisins. Aucun de ces « concepts de l’Esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune nation

1421 celui des grands voisins. Aucun de ces « concepts de l’Esprit » ne parvenant à s’imposer, aucune nation ne dominera longte

1422 e », à l’imitation des rois absolus qui n’avaient de comptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessu

1423 ptes à rendre qu’à Dieu seul — mais il n’y a plus de Dieu au-dessus des nations. Le droit divin se traduit donc par le dro

1424 ions. Le droit divin se traduit donc par le droit de l’État le plus fort. Celui-ci ne connaît plus d’autres obligations qu

1425 passés avec ses concurrents, alliances ou traités de commerce révoqués dès qu’ils ne payent plus. C’est ainsi qu’une demi-

1426 ne payent plus. C’est ainsi qu’une demi-douzaine d’ États gangsters, follement susceptibles, dépourvus de tout scrupule co

1427 tats gangsters, follement susceptibles, dépourvus de tout scrupule communautaire, main dans la poche, prêts à tirer, vont

1428 , main dans la poche, prêts à tirer, vont essayer de faire la loi en Europe. On parlera beaucoup de « concert des nations 

1429 n parlera beaucoup de « concert des nations », et de « droit international », mais il est clair que ces États-nations-Indi

1430 on enseignement, en devenant elle-même une source de sacré. L’Aigle, les Trois Couleurs et le Petit Chapeau jouent au débu

1431 ouent au début le rôle du labarum, du crucifix et de la mitre. Les cérémonies viendront plus tard, avec les monuments aux

1432 l’instruction publique obligatoire se chargeront d’ en rédiger les hymnes et le catéchisme. Cette religion nationale, que

1433 era même pas le christianisme, elle se contentera de l’annexer dans les occasions décisives. Certes, l’esprit national est

1434 roit vraiment, puisqu’il peut exiger le sacrifice de la vie même des citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos

1435 des citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’

1436 union vague et puissante, qui permet à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses soucis privés

1437 t à l’individu de dépasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir

1438 e dépasser son horizon restreint, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir comme transporté

1439 t, de s’affranchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir comme transporté dans une espèce de transcendan

1440 anchir de ses soucis privés (en temps de guerre), de se sentir comme transporté dans une espèce de transcendance. À vrai d

1441 e), de se sentir comme transporté dans une espèce de transcendance. À vrai dire, il s’agit encore d’un égoïsme, mais telle

1442 e de transcendance. À vrai dire, il s’agit encore d’ un égoïsme, mais tellement élargi qu’il en devient vertu. On l’enseign

1443 vertu. On l’enseigne dans les écoles sous le nom de « patriotisme ». Il est admis que tout orgueil, toute vanité, et jusq

1444 icites et honorables, dès qu’on les met au compte de la nation où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dir

1445 et au compte de la nation où l’on a pris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de

1446 ris la peine de naître. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette

1447 l n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion demeure bien incapable

1448 dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer l’

1449 . Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’ animer l’existence tout entière de l’homme. « L’orgueil national est l

1450 bien incapable d’animer l’existence tout entière de l’homme. « L’orgueil national est loin de la vie quotidienne », remar

1451 ne donne, infiniment plus, à l’absurde. Principe de haine plus que d’amour, la nation revendique des absolus dont il est

1452 ent plus, à l’absurde. Principe de haine plus que d’ amour, la nation revendique des absolus dont il est manifeste qu’elle

1453 ement indigne et matériellement incapable : celui de la souveraineté sans limites, par exemple, qui est un des attributs d

1454 ns limites, par exemple, qui est un des attributs de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de toute vraisemblance. La «

1455 mple, qui est un des attributs de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de toute vraisemblance. La « France éternelle »

1456 ibuts de Dieu ; ou celui de l’éternité, au mépris de toute vraisemblance. La « France éternelle », « l’Allemagne immortell

1457 ortelle » sont des expressions courantes en temps de guerre. Cette rhétorique émeut des millions d’hommes, qui en oublient

1458 ps de guerre. Cette rhétorique émeut des millions d’ hommes, qui en oublient du même coup leurs rudiments d’histoire. J’ai

1459 mes, qui en oublient du même coup leurs rudiments d’ histoire. J’ai dit que la frénésie pseudo-religieuse du nationalisme p

1460 res, mais aussi l’Occident tout entier. L’absence d’ unité européenne, en effet, déséquilibre le groupement atlantique et m

1461 , déséquilibre le groupement atlantique et menace de livrer la moitié du monde à l’hégémonie des États-Unis. Ceux-ci n’ont

1462 rcer : c’est par là qu’ils différent profondément de Rome, devant cette Grèce agrandie que figure assez bien l’Europe. Une

1463 erait en stabilité, mais perdrait le sens profond de son Aventure. Chacun le sent et le redoute obscurément. Si l’on me de

1464 i par cette phrase qui est la parabole biologique d’ une vérité fondamentale de l’esprit : « Toute plante qui souffre a ten

1465 la parabole biologique d’une vérité fondamentale de l’esprit : « Toute plante qui souffre a tendance à produire fleurs et

1466 ance à produire fleurs et fruits41 » (Un peu plus de souffrance et elle se dessécherait ; plus du tout, son feuillage et s

1467 s fruits.) À cette même crainte se rattache celle de voir s’évanouir, avec l’Europe, la meilleure chance d’un vrai dialogu

1468 ir s’évanouir, avec l’Europe, la meilleure chance d’ un vrai dialogue illuminant entre l’Occident et l’Orient. Or voici jus

1469 aison : c’est que l’Asie tout entière est menacée de « prendre » notre fièvre nationaliste. Certains pays en font une cris

1470 s méthodiquement disséminé par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine s’occidentaliser dans le

1471 ntaliser dans le pire sens du terme, au lendemain d’ une révolution certes réelle mais importée. Il en va du nationalisme o

1472 tionalisme occidental « attrapé » par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mortel aux Polynési

1473 tal « attrapé » par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mortel aux Polynésiens. Le nationalis

1474 par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mortel aux Polynésiens. Le nationalisme en Europe s’

1475 ales politiques et professionnelles. Ces réflexes de défense du corps social ne s’exerçant pas en Orient, la maladie natio

1476 tre notre Occident, au moment même où il commence d’ entrevoir l’étendue de sa propre folie et d’en chercher la cure qu’il

1477 moment même où il commence d’entrevoir l’étendue de sa propre folie et d’en chercher la cure qu’il peut seul inventer.

1478 mence d’entrevoir l’étendue de sa propre folie et d’ en chercher la cure qu’il peut seul inventer. La révolte contre la

1479 dies spécifiques sont les « signes particuliers » de la fiche de l’Europe au dossier de l’Histoire. Mais ce ne sont pas se

1480 ques sont les « signes particuliers » de la fiche de l’Europe au dossier de l’Histoire. Mais ce ne sont pas seulement des

1481 particuliers » de la fiche de l’Europe au dossier de l’Histoire. Mais ce ne sont pas seulement des maladies fiévreuses, ce

1482 nt aussi des hérésies ; vérités dévoyées, isolées de l’ensemble où elles se composaient dans une tension commune vers la r

1483 ujours fuyante. Toutes les trois sont le résultat d’ une transposition abusive de réalités spirituelles soit sur l’individu

1484 rois sont le résultat d’une transposition abusive de réalités spirituelles soit sur l’individu, soit sur la société. Toute

1485 ns. Mais nous reculons aussi devant l’imagination de leur guérison soudaine d’un coup de baguette magique. Couper ces fièv

1486 si devant l’imagination de leur guérison soudaine d’ un coup de baguette magique. Couper ces fièvres aurait un effet dévast

1487 l’imagination de leur guérison soudaine d’un coup de baguette magique. Couper ces fièvres aurait un effet dévastant : ne s

1488 un effet dévastant : ne serait-ce pas nous vider d’ une affectivité qui est devenue la saveur et le sens mêmes de la vie p

1489 tivité qui est devenue la saveur et le sens mêmes de la vie pour des millions de nos contemporains, et des meilleurs ? Ell

1490 veur et le sens mêmes de la vie pour des millions de nos contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et p

1491 acent notre paix, et plus encore l’existence même de l’Occident. Et pourtant l’Occident sans elles apparaît presque inconc

1492 st qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de notre situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure

1493 de notre situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elles sont les longues erreurs inséparables de

1494 ture. Elles sont les longues erreurs inséparables de la périlleuse Odyssée dans laquelle nous sommes nés embarqués. Un der

1495 dernier trait commun à toutes les trois achèvera de mettre en lumière leur relation congénitale au christianisme. Elles r

1496 oi véritable transcende. Elles mesurent la dérive de l’homme occidental quand il cesse de marcher à l’étoile. Elles illust

1497 nt la dérive de l’homme occidental quand il cesse de marcher à l’étoile. Elles illustrent trois formes d’une seule et même

1498 marcher à l’étoile. Elles illustrent trois formes d’ une seule et même révolte contre le But dernier de l’Aventure, qui ne

1499 d’une seule et même révolte contre le But dernier de l’Aventure, qui ne peut jamais être saisi que par la foi. Le christia

1500 isi que par la foi. Le christianisme se distingue de la plupart des autres religions par ce fait qu’il semble impossible à

1501 par ce fait qu’il semble impossible à ses fidèles de satisfaire pleinement ses exigences. Voilà ce qui a mis en marche l’O

1502 ons données et substituant impatiemment à l’objet de son espérance celui d’une immédiate jouissance. La même ardeur l’anim

1503 ant impatiemment à l’objet de son espérance celui d’ une immédiate jouissance. La même ardeur l’anime, le même élan de foi,

1504 jouissance. La même ardeur l’anime, le même élan de foi, mais il croit voir soudain le but tout proche : il le touche de

1505 it voir soudain le but tout proche : il le touche de ses mains, il l’embrasse, et il croit embrasser l’Absolu, parce que s

1506 sser l’Absolu, parce que sa soif n’attendait rien de moins. Mais semblable aux amants tragiques de la légende, avec ce phi

1507 ien de moins. Mais semblable aux amants tragiques de la légende, avec ce philtre enthousiasmant qui annule le Temps, il a

1508 des buts qui ne sont pas le But, c’est la formule de la révolte occidentale. Révolte contre l’Église, qui avait offert le

1509 Révolte contre l’Église, qui avait offert le type d’ une société d’amour et de fraternité, mais n’a pas pu l’actualiser — c

1510 l’Église, qui avait offert le type d’une société d’ amour et de fraternité, mais n’a pas pu l’actualiser — c’est le Scanda

1511 qui avait offert le type d’une société d’amour et de fraternité, mais n’a pas pu l’actualiser — c’est le Scandale. Il en r

1512 liser — c’est le Scandale. Il en reste cette soif d’ une vraie communauté qui déclenche les révolutions et qui entretient l

1513 lenche les révolutions et qui entretient le culte de l’idole nationale. Révolte contre l’Amour de Dieu et du prochain, qui

1514 ulte de l’idole nationale. Révolte contre l’Amour de Dieu et du prochain, qui était le commandement remplaçant toute la Lo

1515 t pas s’y conformer ; pourtant le besoin subsiste de se donner sans réserve, d’aimer dans la totalité de l’être, jusqu’au

1516 ant le besoin subsiste de se donner sans réserve, d’ aimer dans la totalité de l’être, jusqu’au sacrifice éperdu. Alors je

1517 se donner sans réserve, d’aimer dans la totalité de l’être, jusqu’au sacrifice éperdu. Alors je ferai d’Iseut l’absolu du

1518 l’être, jusqu’au sacrifice éperdu. Alors je ferai d’ Iseut l’absolu du désir, et elle le sera tant qu’un obstacle réel ou n

1519 e elle et moi, même embrassés, empêchera l’Absolu d’ échouer dans la durée. Devant l’impossible défi, l’homme dit : c’est t

1520 e lève jamais contre la force à son zénith. Mais, d’ un pouvoir qu’on tient pour affaibli, toute exigence est ressentie com

1521 s révoltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour qui dresse contre le Père les enfants qu’il n’a pas contraint

1522 . Le Dieu du christianisme a laissé l’homme libre de pécher ou de croire au pardon. L’homme se révolte alors contre cette

1523 christianisme a laissé l’homme libre de pécher ou de croire au pardon. L’homme se révolte alors contre cette liberté radic

1524 u’on appelle bien à tort la « dé-christianisation de l’Occident ». On voit maintenant qu’il n’en est rien. L’Occident comm

1525 e ferment du christianisme originel, son exigence de l’absolu réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui nous fuit,

1526 s cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de travailler les âmes depuis vingt siècles. Nos « erreurs » font partie

1527 depuis vingt siècles. Nos « erreurs » font partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de son élan et le propagent e

1528 partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de son élan et le propagent en des régions nouvelles de l’âme, même lors

1529 son élan et le propagent en des régions nouvelles de l’âme, même lorsqu’elles en oublient le vrai but et l’enjeu. Ainsi le

1530 ai but et l’enjeu. Ainsi les hérésies jaillissent de la vraie foi, et s’en écartent, mais disséminent dans des millions d’

1531 s’en écartent, mais disséminent dans des millions d’ esprits inatteints par l’orthodoxie certaines formes mentales, certain

1532 hodoxie certaines formes mentales, certains modes d’ expression, certains types d’expérience spirituelle que la foi seule a

1533 ales, certains modes d’expression, certains types d’ expérience spirituelle que la foi seule a pu créer, et qui l’attendron

1534 i seule a pu créer, et qui l’attendront désormais de toute la force d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi notre

1535 , et qui l’attendront désormais de toute la force d’ une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi notre psyché occidentale

1536 s siècles les atteintes toujours plus pénétrantes de la passion individuelle et collective, pourrait bien se révéler à l’a

1537 uctures qu’elle ne l’était avant le xiie siècle. D’ où l’on ne saurait conclure, en poussant à l’absurde, que l’incroyant

1538 n Âge, mais seulement que la dialectique formelle de la personne est plus profondément active qu’on ne le pensait naguère

1539 ent active qu’on ne le pensait naguère dans l’âme de nos contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des rég

1540 de nos contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de notre existence profane. 34.

1541 et ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de notre existence profane. 34. Cf. L’Amour et l’Occident , 1939. Un

1542 L’Amour et l’Occident , 1939. Une version révisée de cet ouvrage a paru en 1956. 35. Tristan, de Gottfried de Strasbourg

1543 sée de cet ouvrage a paru en 1956. 35. Tristan, de Gottfried de Strasbourg. 36. Bien qu’ils vident l’un et l’autre de l

1544 rasbourg. 36. Bien qu’ils vident l’un et l’autre de leur contenu sacré en refusant de rendre un culte à César et en épous

1545 l’un et l’autre de leur contenu sacré en refusant de rendre un culte à César et en épousant des esclaves. 37. On pourrait

1546 sme n’a été subversif qu’en dépit des prétentions de l’Église à imposer un ordre permanent, une immobilité sacrée, à l’ori

1547 Karl Jaspers le souligne avec raison : « L’Empire de Byzance était un état plus ou moins théocratique. En Occident, il en

1548 oppant sur le plan spirituel, elle fut un facteur de liberté contre les abus du pouvoir temporel. Ainsi le christianisme a

1549 ourager les aspirations libérales des adversaires de l’Église. » (Origine et sens de l’Histoire, p. 79.) 38. Tout homme e

1550 s des adversaires de l’Église. » (Origine et sens de l’Histoire, p. 79.) 38. Tout homme est mon frère, quoi qu’il fasse o

1551 étien. Tout camarade peut à chaque instant cesser de l’être, si je suis communiste. 39. Les chefs soviétiques font récrir

1552 soviétiques font récrire Marx lui-même, craignant de laisser subsister quelque instance supérieure au Parti, fût-elle huma

1553 x plus grands, dans leur culte, — en plein époque de la psychanalyse ! Les auteurs qu’ils admirent le savent, et se garden

1554 urs qu’ils admirent le savent, et se gardent bien de toucher à l’idole, même s’ils n’y croient plus. « Ne mêlons pas, fût-

1555 ns pas, fût-ce une seconde, la personne grandiose de Saint-Just, au triste Marat… », écrit l’un d’eux. L’incroyance, même

1556 ose de Saint-Just, au triste Marat… », écrit l’un d’ eux. L’incroyance, même la plus sereine, a besoin du prestige lié au n

1557 du prestige lié au nom de Saint. 41. Bulletin de la Société d’horticulture de France, janvier 1955.

1558 ié au nom de Saint. 41. Bulletin de la Société d’ horticulture de France, janvier 1955.

1559 int. 41. Bulletin de la Société d’horticulture de France, janvier 1955.

1560 ps historique L’Occident découvre le temps De la Genèse mosaïque jusqu’aux débuts du siècle dernier, les Occidentau

1561 cidentaux n’ont presque pas varié quant à la date de naissance de l’humanité. Un professeur de Cambridge, au xviie siècle

1562 nt presque pas varié quant à la date de naissance de l’humanité. Un professeur de Cambridge, au xviie siècle, crut pouvoi

1563 la date de naissance de l’humanité. Un professeur de Cambridge, au xviie siècle, crut pouvoir la préciser : l’homme avait

1564 23 octobre, à 9 heures du matin. Les professeurs d’ Oxford tenaient pour le 23 mars, même heure et même année. Buffon écri

1565 t un peu plus tard : « Depuis la fin des ouvrages de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’homme, il ne s’est écoulé

1566 ouvrages de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’homme, il ne s’est écoulé que six ou huit-mille ans. » Cuvier parta

1567 xixe siècle, et que les catéchismes ne cesseront d’ enseigner à des générations dont notre enfance a connu les derniers re

1568 eux ? — c’est au moins 600 000 qu’il conviendrait d’ admettre. Centupler brusquement l’âge de l’humanité peut paraître une

1569 viendrait d’admettre. Centupler brusquement l’âge de l’humanité peut paraître une révolution considérable. Mais ce n’est g

1570 sidérable. Mais ce n’est guère qu’un détail dénué d’ intérêt pour peu que l’on considère les dimensions du temps décrites p

1571 s du temps décrites par les anciennes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma 

1572 nes cosmologies de l’Orient. Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-ce

1573 Pour l’Inde, l’unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-cent-vingt-millions d’années s

1574 unité de temps — le Kalpa ou Jour de Brahma — est de quatre-milliards-trois-cent-vingt-millions d’années solaires. Or la v

1575 est de quatre-milliards-trois-cent-vingt-millions d’ années solaires. Or la vie d’un Brahma est de 108 « années », dont cha

1576 -cent-vingt-millions d’années solaires. Or la vie d’ un Brahma est de 108 « années », dont chaque jour et chaque nuit repré

1577 ions d’années solaires. Or la vie d’un Brahma est de 108 « années », dont chaque jour et chaque nuit représentent un Kalpa

1578 e nuit représentent un Kalpa. Après 249 milliards d’ années, le Brahma meurt, l’univers retourne au grand Chaos pour une du

1579 autre Brahma inaugure une ère nouvelle, et ainsi de suite à l’infini. Quant au temps de notre humanité : chaque jour de B

1580 i. Quant au temps de notre humanité : chaque jour de Brahma se divise en mille éons de 4 320 000 ans chacun, et chaque éon

1581 é : chaque jour de Brahma se divise en mille éons de 4 320 000 ans chacun, et chaque éon se subdivise en quatre âges de du

1582 chacun, et chaque éon se subdivise en quatre âges de durées décroissantes. Nous vivons aujourd’hui dans le sixième milléna

1583 ous vivons aujourd’hui dans le sixième millénaire d’ un quatrième âge, ou Kaliyuga, lequel a commencé à minuit précise, le

1584 n du monde et sa reconstruction, qui sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de grandeur, si

1585 uction, qui sera l’œuvre de Kalki, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de grandeur, si prodigieusement différen

1586 i, dernier avatar de Vishnu. En regard des ordres de grandeur, si prodigieusement différents, attribués par les grandes re

1587 t différents, attribués par les grandes religions de l’Orient et de l’Occident au temps cosmique comme au temps des humain

1588 ttribués par les grandes religions de l’Orient et de l’Occident au temps cosmique comme au temps des humains, plaçons main

1589 ains, plaçons maintenant ce double fait : le sens de l’Histoire est caractéristique de l’Occident, et il y tourne même à l

1590 fait : le sens de l’Histoire est caractéristique de l’Occident, et il y tourne même à l’obsession si l’on en juge par not

1591 oute réflexion sur l’Aventure occidentale se doit d’ affronter ce contraste, et d’essayer de l’interpréter. Et en particuli

1592 occidentale se doit d’affronter ce contraste, et d’ essayer de l’interpréter. Et en particulier, toute théorie de l’Histoi

1593 le se doit d’affronter ce contraste, et d’essayer de l’interpréter. Et en particulier, toute théorie de l’Histoire qui nég

1594 e l’interpréter. Et en particulier, toute théorie de l’Histoire qui négligerait d’en rendre compte ou s’en révélerait inca

1595 lier, toute théorie de l’Histoire qui négligerait d’ en rendre compte ou s’en révélerait incapable apparaîtrait inadéquate