1
oi qu’il en soit de la question des origines dont
nous
ne savons encore à peu près rien. Quant à la méthode que je me propos
2
rdre et de nature incomparables, mais typiques de
notre
culture, non point parce qu’elles en offriraient un raccourci, mais p
3
. Si je mentionne la personne et la machine parmi
nos
produits spécifiques, beaucoup se contenteront de dire ou de penser :
4
t haïssable, ou : la machine est utile, mais peut
nous
asservir. Ces jugements impliquent une prise de position (sommaire et
5
aines options fondamentales. Or comment pourrions-
nous
déterminer le sens général de la marche, si nous ignorons d’où nous v
6
-nous déterminer le sens général de la marche, si
nous
ignorons d’où nous venons ? Mais à l’inverse, la recherche des origin
7
sens général de la marche, si nous ignorons d’où
nous
venons ? Mais à l’inverse, la recherche des origines de notre civilis
8
? Mais à l’inverse, la recherche des origines de
notre
civilisation ne nous conduit jamais à découvrir un point de départ in
9
a recherche des origines de notre civilisation ne
nous
conduit jamais à découvrir un point de départ indiscutable. Elle nous
10
à découvrir un point de départ indiscutable. Elle
nous
conduit plutôt à isoler dans le passé autant de points de départ diff
11
part différents qu’il y a d’écoles de pensée dans
notre
société actuelle. L’un parlera de l’invention du soc, ou de la roue,
12
tion scolaire de l’origine d’une civilisation, il
nous
faudra substituer la question des options fondamentales, à la fois in
13
plus belle harmonie. » Héraclite. Reconnaître
nos
différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
14
penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui
nous
distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
15
ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui
nous
est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
16
ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de
nos
diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
17
it des temps, et noyant les problèmes concrets de
notre
siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
18
peut survivre à l’aube. Si l’Orient et l’Occident
doivent
un jour converger au lieu de s’ignorer, ou de se combattre, ils le de
19
au lieu de s’ignorer, ou de se combattre, ils le
devront
bien moins à un « retour aux sources » qu’à un progrès conscient et t
20
véleront un jour complémentaires, d’une façon qui
nous
demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
21
encore indescriptible, mais dont le pressentiment
nous
accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
22
en Europe, où Platon l’idéalisa, tandis que César
devait
en retrouver des traces en Gaule. Cette identité primitive, peut-être
23
les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de
notre
histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
24
e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à
nos
jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
25
même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec
notre
âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
26
e, trahit l’absence des tensions dialectiques qui
devaient
provoquer la fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de div
27
ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du
nôtre
. À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
28
ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de
notre
siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
29
s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans
nos
villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
30
Pour passer du sens géographique et historique de
nos
deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
31
de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi,
nous
ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une in
32
celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de
notre
vie terrestre.) Dans son Récit de l’Exil occidental de l’âme, Sohraw
33
ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à
nos
jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
34
a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à
nos
deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
35
du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes.
Nous
aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
36
terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de
nos
deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
37
la Perse au Japon, bénéficie très largement dans
nos
esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
38
Japon, bénéficie très largement dans nos esprits.
Nous
verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
39
on aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si
nous
passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
40
la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «
Nous
cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
41
on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus
nous
connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
42
nnaissons les choses particulières, d’autant plus
nous
connaissons Dieu. » (Spinoza.) Ainsi se croisent les doutes, et parfo
43
européen, ni de plus véritablement communautaire.
Nous
avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
44
urifient par l’isolement, comme le veut la magie,
nous
prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
45
agie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je
dois
citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mie
46
ns une identité inexprimable, au sein de laquelle
nos
conceptions de liberté, d’action, de personne et d’histoire n’ont plu
47
l’appeliez Toi ou que vous disiez Je suis Lui. »
Nous
y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
48
ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que
nous
inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
49
et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel
nous
devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
50
solu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous
devons
nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse,
51
épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons
nous
enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
52
Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui
nous
rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
53
appeler la richesse en contradictions apparentes.
Nos
mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
54
tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas
nos
mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
55
s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de
nos
croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
56
sur la négation de nos croyances communes, et de
nos
institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
57
itutions. Ils représentent le point d’Orient dans
notre
sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
58
sur le sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il
devait
d’un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux : l’au
59
urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de
nos
deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
60
s occidentaux n’est pas moins significative, pour
notre
objet présent, que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux éta
61
t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de
notre
Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
62
, selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ?
Nous
ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
63
Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais
nous
le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
64
moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car
nous
le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
65
e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne
nous
innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
66
lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire,
notre
foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
67
sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi
nous
condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
68
ans contradiction ni remords. Elle est divine, et
nous
sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
69
ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier
notre
délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
70
ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données
nous
oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
71
partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous
nos
yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
72
us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à
nos
jours. 9. Cf. Hans-Hasso von Veltheim-Ostrau, Tagebücher aus Asien,
73
son sens strict, initiatique et religieux, qui ne
doit
pas être confondu avec « conservateur », « routinier », « réactionnai
74
la paix romaine. L’Occident n’est pas né comme on
nous
dit que naissent les grandes cultures et civilisations, animées par u
75
verses, parfois incompatibles. Et ce fait initial
nous
semble accidentel, j’entends qu’il serait vain d’essayer de le déduir
76
Parole a été faite chair, et elle a habité parmi
nous
, pleine de grâce et de vérité. » Ce scandale pour les Grecs, cette fo
77
on ; et la dixième, Kalki, sera le destructeur de
notre
monde radicalement dégénéré. La Bhagavad-Gita enseigne que Dieu s’inc
78
sera la Grâce, donnée par un Dieu personnel « qui
nous
a aimés le premier ». Et la Grâce est tout à la fois aide prévenante,
79
une grâce pure ; et pourtant l’homme qui l’a reçu
doit
agir comme s’il le gagnait ! Ce que saint Paul exprime dans cette phr
80
e sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il
devait
recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait18. » L
81
et aux « nécessités techniques » en général peut
nous
donner l’idée de ce que représente alors l’évidence magico-religieuse
82
message chrétien va bouleverser. Avec saint Paul,
nous
passons d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-
83
’Occident qui naît, c’est la personne. ⁂ Qu’avons-
nous
établi jusqu’ici ? Si ce n’est par l’énumération des principaux mots-
84
et par là de la matière, en tant que réalités de
notre
vie présente. Paradoxe, tension, dialectique… Et l’amour du prochain
85
d son point de départ dans le choc décisif duquel
nous
datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien rée
86
de départ dans le choc décisif duquel nous datons
notre
histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien réel, déjà forte
87
ement. Et ce mouvement dans son ensemble, jusqu’à
nous
, c’est l’Aventure occidentale de l’homme. Certes la voie chrétienne n
88
ve et reste axiale : c’est par rapport à elle que
nous
pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports étrangers,
89
’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer
nos
oscillations pendulaires, les apports étrangers, les progrès, la déri
90
les apports étrangers, les progrès, la dérive de
notre
culture. Partant du fait central et initial que pose l’Incarnation, l
91
ée romaine de citoyen, et maintient au travers de
nos
révolutions, anarchistes ou collectivistes, l’idéal directeur de l’ho
92
ême de toute la Création, telle qu’elle attend de
nous
« dans une attente ardente », d’être aimée et connue, et finalement r
93
l’impulsion primitive et la liaison sublime avec
nos
buts derniers. 14. Alexandre était mort depuis plus de trois siècle
94
tait mort depuis plus de trois siècles, Attila ne
devait
surgir sur le Rhin qu’en 450. 15. Les théologiens auraient beaucoup
95
point à coups de définitions. Mais elle joue sur
nos
confusions : n’est-ce pas au nom de la liberté, ou de la paix, et com
96
ms puissants, que les pires tyrannies ont rejoint
notre
temps ? Et il est vrai, aussi, que le monde occidental est parti sans
97
l vraiment l’Aventure que je décris ? Certains de
nos
pays, qui ont les meilleurs régimes, ont aussi la plus grande répugna
98
et les Suisses ont refusé soigneusement — jusqu’à
nos
jours — de formuler la doctrine de ce fédéralisme qu’ils ont pourtant
99
e, les chroniques de l’époque et les textes votés
nous
permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christia
100
e l’époque et les textes votés nous permettent de
nous
faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : les gr
101
s moines et des nervis fait irruption, Hilaire ne
doit
son salut qu’à la fuite, Flavien meurt sous les coups de bâton. Au so
102
dans laquelle fut nouée la notion dont descendent
nos
conceptions de l’homme. En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, q
103
théologique aux yeux des Pères de Nicée, mais qui
devait
apparaître, après coup, comme le fait spécifique et capital de l’anth
104
ce transfert ait bien eu lieu, c’est l’évidence :
nous
parlons tous de la « personne humaine », et l’on ne pouvait rien fair
105
e. Né du complexe de paradoxes et de tensions que
nous
avons vu se nouer au « carrefour hasardeux » du Bas-Empire, l’Occiden
106
est pas de ce monde. Car s’il est vrai que la foi
doit
agir dans ce monde, elle reste un don de Dieu et l’homme n’en dispose
107
s’est constitué comme tel aux premiers siècles de
notre
ère, dans une histoire qu’il n’a pas arrêtée, mais dont il a pris la
108
ng-mêlé. Pour faire siens les dieux étrangers, il
doit
les supposer universels, garant du sort de tous les hommes qui leur r
109
liturgies » de la cité règlent les droits et les
devoirs
, selon les lois ou les contrats, et non plus selon la magie. Chacun p
110
le nouveau s’ouvre en spire ascendante et devient
notre
Histoire. Retour des phases, mais modifiées Le Moyen Âge est un
111
ibuns, des consuls, et finalement César. Et voici
notre
époque de Bas-Empire inquiet, divisé dans son âme et devant ses « Bar
112
ù ce mouvement de spire mouvante qui en résulte à
nos
yeux d’observateurs distants. Ceci encore : tous les passés durent en
113
ervateurs distants. Ceci encore : tous les passés
durent
en chacune des phases nouvelles ; l’un refoulé dans quelque inconscie
114
ux confins de l’Est et du Sud — comme ils animent
nos
rêves et parfois tel poète. C. G. Jung retrouve les Indiens dans l’in
115
’inconscient des riches Américaines. Presque tous
nos
intellectuels sont des Hellènes ou des Alexandrins. De nombreux éléme
116
eux éléments rituels du mithraïsme ont passé dans
nos
liturgies, comme le titre suprême de la Rome païenne, le pontifex, dé
117
amiques, de formes d’exister qui poursuivent dans
nos
vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dial
118
ns nos vies — dans l’atome de durée de chacune de
nos
vies — cette même dialectique qu’on vient de voir s’illustrer par gra
119
r par grands pans d’histoire de l’Europe. Certes,
nous
n’en sommes plus à dessiner des cartes où l’Europe est le centre du m
120
iste-moraliste dont procède sans conflits majeurs
notre
technique. L’Europe a derrière elle et porte en elle l’Antiquité gréc
121
est vrai qu’ils sont intervenus dans une phase de
notre
évolution qui correspond — un tour de spire au-dessus — à celle de l’
122
trait pour les esclaves de Rome, ainsi voit-on de
nos
jours le message communiste apporter la promesse d’une « fin de l’his
123
les classes victimes du Progrès, et d’une fin de
nos
conflits politiques et moraux. Faut-il penser que le communisme figur
124
nouveau principe de communion humaine, tandis que
nos
sociétés se désagrègent à l’intérieur de cadres sclérosés ? Les donné
125
s en termes analogues, qu’il s’agisse du début de
notre
être ou de ce siècle. Le christianisme apparut en effet au sein d’une
126
et réduire les chrétiens au-dedans. Ainsi voyons-
nous
aujourd’hui l’Europe chassée de l’Asie, investie par les Russes et mi
127
u pouvoir comparer les chrétiens des catacombes à
nos
communistes plus ou moins clandestins, mais ces chrétiens n’avaient n
128
e l’âme. Mais c’est l’inverse qui se produit sous
nos
yeux. Devant le milicien fasciste ou communiste, le même signe de Cro
129
improductifs, et même éventuellement de sabotage.
Nous
le voyons rétablir les castes28 et recréer un sacré synthétique qui,
130
o al fine), chacun de ces moments dialectiques de
notre
histoire occidentale pourrait être illustré par une surabondance de «
131
ns comprendre les faits et les objets visibles de
notre
histoire. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’avons
132
notre histoire. En suivant le cours manifesté de
notre
spire, nous n’avons donc jamais rencontré la personne, pour la raison
133
re. En suivant le cours manifesté de notre spire,
nous
n’avons donc jamais rencontré la personne, pour la raison bien simple
134
nne et posant, dans son De Indis, le principe des
devoirs
du colonisateur. Elle agit par et dans la Réforme de Calvin, qui met
135
ela tient à la définition de la personne humaine,
nous
l’avons vu. La personne n’est jamais ici ou là, mais dans un acte, da
136
nner le sens. Nulle part pleinement réalisée dans
notre
histoire, partout active. D’une forme de pensée personnaliste C
137
sur le Dieu-homme, n’a pas été sans informer dans
notre
esprit une certaine manière de penser. Ou peut l’appeler « personnali
138
scientifique de l’autre. Sautons au xxe siècle.
Nous
y voyons posé, dans les domaines les plus divers, mais cette fois-ci
139
un prix. Mais aujourd’hui, l’économie occidentale
doit
faire face à des conflits d’un autre ordre, celui de l’initiative pri
140
us célèbre et le plus net de maxima incompatibles
nous
est fourni par la physique. Il s’exprime par le principe d’incertitud
141
aussi un « Signe de contradiction ». Car en fait,
nous
nous découvrons incapables de vivre constamment dans la foi. « Il n’y
142
un « Signe de contradiction ». Car en fait, nous
nous
découvrons incapables de vivre constamment dans la foi. « Il n’y a pa
143
ste, pas même un seul », dit le même Évangile qui
nous
ordonne : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait. » Et c’est p
144
» Et c’est pourquoi le monde occidental, qu’on ne
devrait
jamais appeler « le monde chrétien » mais qui fut marqué le premier p
145
on, je vois le secret du dynamisme sans répit qui
nous
travaille. Sans répit nous cherchons des synthèses, des méthodes d’ex
146
namisme sans répit qui nous travaille. Sans répit
nous
cherchons des synthèses, des méthodes d’exclusion de la contradiction
147
epos pour l’âme et l’intellect enfin réconciliés.
Nous
ne trouvons pas le repos, mais de nouveaux problèmes que nous posent
148
vons pas le repos, mais de nouveaux problèmes que
nous
posent les succès ambigus de nos recherches. Nous ne trouvons pas l’E
149
x problèmes que nous posent les succès ambigus de
nos
recherches. Nous ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or et le
150
nous posent les succès ambigus de nos recherches.
Nous
ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or et les espaces américa
151
do de l’âme, mais l’or et les espaces américains.
Nous
ne trouvons pas la quadrature du cercle, mais des méthodes pour pénét
152
vant dans les secrets de la matière et du cosmos.
Nous
cherchons des formules d’unité à tout prix, et nous trouvons la socié
153
us cherchons des formules d’unité à tout prix, et
nous
trouvons la société totalitaire ou les nations, qui nous divisent. Il
154
ouvons la société totalitaire ou les nations, qui
nous
divisent. Il faudra donc chercher plus loin… Et pour un Hegel qui pro
155
le par l’Idée, il y a toujours un Kierkegaard qui
nous
rappelle qu’entre l’Idée et l’existence surgit le drame : « Tant que
156
divine, ne saurait être résolue ni dépassée. Elle
doit
être assumée par la foi, au prix de ce changement de l’homme lui-même
157
ans tout ce que l’homme occidental pense ou fait.
Notre
passion de la diversité et notre passion de l’unité multiplient les c
158
l pense ou fait. Notre passion de la diversité et
notre
passion de l’unité multiplient les couples antinomiques mais aussi dé
159
les aboutit la physique : il s’agit là de changer
notre
entendement, afin de résoudre les contradictions qui ne tenaient qu’à
160
résoudre les contradictions qui ne tenaient qu’à
nos
catégories inadéquates33. Dans ce sens, et dans les limites que l’on
161
sants. Note sur Robinson Un cas-limite peut
nous
faire mieux comprendre, par contraste, la réalité de la personne : c’
162
ens adoptent pour leurs temples l’architecture de
notre
époque, verre et béton, et les décorent de fresques d’avant-garde. 2
163
ser idéalement. Tandis que les antinomies nées de
nos
seuls désirs contradictoires exigent une éducation par la raison qui
164
a seule pensée rationnelle, une transformation de
notre
entendement, qui les élimine.
165
Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant
notre
influence, inconcevables hors du christianisme quoique désignant troi
166
hos qui ne saurait tromper, ils représentent dans
notre
Quête du Graal l’épisode du Château aventureux. (C’est la grotte de C
167
et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de
notre
lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du roman, puis à toute l’E
168
, sujets et procédés peut être suivie pas à pas :
nos
plus grands érudits l’ont décrite. Mais le roman de Tristan ne fut pa
169
ence vécue de l’amour-passion y a trouvé, jusqu’à
nos
jours, son langage et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens
170
ion, du xiie siècle méridional au romantisme, et
nous
vivons encore dans la tiédeur des cendres d’un interminable incendie.
171
es qu’elle offre au sentiment, ce mythe a pénétré
nos
vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de
172
entiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si
nos
actions échappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves
173
chappent à son emprise, il ne cesse de régner sur
nos
rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionn
174
il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller
nos
nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des siècles les
175
Cette forme, cette structure agissent encore sur
nous
, même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rie
176
te structure agissent encore sur nous, même quand
nous
ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rien de sa finalité.
177
tion, à l’abaissement dans le monde fini, lieu de
notre
expérience salutaire ? Certes, mais il faut voir qu’un tel échec deme
178
horizon d’espoir que celui de la métempsycose. «
Notre
engagement n’était pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de
179
s : mais c’était le chrétien Kagawa. Depuis lors,
nous
avons assisté à l’extension du communisme dans l’Asie. Mais prenons l
180
ent, ou de sa religion. De fait, le christianisme
nous
offre le type même du changement brusque et radical, mais survenant d
181
choses sont devenues nouvelles. » Et les chefs de
nos
révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque avènem
182
, qui est la source à la fois de l’instabilité de
nos
régimes politiques et sociaux et d’une recherche perpétuelle du vrai
183
et c’est une ère nouvelle, comptée à neuf. Toutes
nos
révolutions s’en souviendront. L’Orient n’a pas connu pareille coupur
184
i a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu’à
nous
dans la continuité vivante de ses passés, dont nul n’est aboli ni pri
185
oque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous
nos
yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leur
186
ne Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans
nos
villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leu
187
ent encore sous nos yeux, dans nos villes et dans
nos
campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leurs fidèles, Zeus, A
188
nt incompatibles avec sa conception de l’homme37.
Nos
révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’un ordre théori
189
nces et de ces contradictions, il faut remonter à
notre
dialectique de la personne. Ce n’est pas la personne qui se détache d
190
e est obéissance au Libérateur éternel, mort pour
nous
mais présent dans la foi, cette « ferme assurance des choses qu’on ne
191
ente ou non) de l’Église chrétienne, voilà ce que
notre
temps ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur
192
rait condamner l’élan communautaire générateur de
nos
révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux qui
193
rt furent les bénéficiaires, non les victimes, de
nos
révolutions « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de régimes
194
ute. Mais pour quelles fins avouables ? Rappelons-
nous
qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’obsidienne la poitri
195
sang. Mais si, profanant le mythe et ses tabous,
nous
estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que le
196
us, nous estimons froidement ses résultats, force
nous
est de constater que les révolutions européennes, sans aucune excepti
197
é sur tout le front des troupes, que les Français
durent
la victoire. Remarquons que ce cri, à ce moment-là, ne signifie point
198
e sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme
nous
la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe
199
précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire.
Nous
assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
200
ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans
notre
siècle la Norvège, la Turquie, l’Irlande et Israël restaurer artifici
201
e sacrifice de la vie même des citoyens. Mais que
nous
offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et p
202
citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de
nos
vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’indi
203
re. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le
devoir
sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion demeure bien i
204
e son moi, il a le devoir sacré de le dire de son
nous
. Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer l’existence
205
ue l’Asie tout entière est menacée de « prendre »
notre
fièvre nationaliste. Certains pays en font une crise, encore bénigne,
206
par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que
nous
voyons la Chine s’occidentaliser dans le pire sens du terme, au lende
207
« attrapé » par les peuples de l’Orient comme de
notre
rhume de cerveau, souvent mortel aux Polynésiens. Le nationalisme en
208
irulence inouïe. Tout cela va se retourner contre
notre
Occident, au moment même où il commence d’entrevoir l’étendue de sa p
209
et liées à la mort par une complicité originelle.
Nous
le savons, ou du moins le pressentons. Mais nous reculons aussi devan
210
Nous le savons, ou du moins le pressentons. Mais
nous
reculons aussi devant l’imagination de leur guérison soudaine d’un co
211
vres aurait un effet dévastant : ne serait-ce pas
nous
vider d’une affectivité qui est devenue la saveur et le sens mêmes de
212
r et le sens mêmes de la vie pour des millions de
nos
contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus
213
contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent
notre
paix, et plus encore l’existence même de l’Occident. Et pourtant l’Oc
214
qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de
notre
situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elle
215
situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute
notre
Aventure. Elles sont les longues erreurs inséparables de la périlleus
216
séparables de la périlleuse Odyssée dans laquelle
nous
sommes nés embarqués. Un dernier trait commun à toutes les trois achè
217
nitale au christianisme. Elles ressuscitent parmi
nous
le sacré, c’est-à-dire cet instinct religieux que la foi véritable tr
218
cet appel intime. Il pense alors : c’est Dieu qui
doit
être trop faible pour me contraindre à l’obéissance et à l’amour. La
219
nce est ressentie comme un « abus ». Ainsi toutes
nos
révoltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour qui dresse
220
on, nation : certains ont cru que leur empire sur
nos
esprits mesurait ce qu’on appelle bien à tort la « dé-christianisatio
221
réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui
nous
fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de travail
222
essé de travailler les âmes depuis vingt siècles.
Nos
« erreurs » font partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de
223
e d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi
notre
psyché occidentale, ayant subi durant des siècles les atteintes toujo
224
active qu’on ne le pensait naguère dans l’âme de
nos
contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des régions
225
ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de
notre
existence profane. 34. Cf. L’Amour et l’Occident , 1939. Une vers
226
s ne cesseront d’enseigner à des générations dont
notre
enfance a connu les derniers représentants. Cependant, vers 1950, nul
227
, et ainsi de suite à l’infini. Quant au temps de
notre
humanité : chaque jour de Brahma se divise en mille éons de 4 320 000
228
subdivise en quatre âges de durées décroissantes.
Nous
vivons aujourd’hui dans le sixième millénaire d’un quatrième âge, ou
229
minuit précise, le 18 février 3102 avant J.-C. et
doit
se terminer dans 426 943 ans par la destruction du monde et sa recons
230
l y tourne même à l’obsession si l’on en juge par
notre
siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aie
231
ours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi
notre
influence42. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se doit d’aff
232
42. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se
doit
d’affronter ce contraste, et d’essayer de l’interpréter. Et en partic
233
r cette planète ? Si un démographe génial pouvait
nous
dire demain que la réponse est « de l’ordre de 300 milliards », nous
234
e la réponse est « de l’ordre de 300 milliards »,
nous
en serions moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malais
235
ons moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait
notre
malaise ? Comment ne pas voir qu’il serait intimement lié, chez ceux
236
Presque toutes les cultures et civilisations que
nous
avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècl
237
humées du passé de la Terre ou qui survivent dans
notre
siècle, ont enseigné des théories du temps, et presque toutes décrive
238
en ce temps, attestent l’historicité44. Tout ceci
nous
confirme dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais
239
par le message chrétien, l’humanité occidentale a
dû
trouver les moyens de l’accepter progressivement et d’y adapter ses c
240
lle ne sera vraiment bouleversée qu’aux débuts de
notre
xxe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des Hindous
241
s il se tait sur celle du jugement dernier, « car
nous
ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la
242
pace d’une quarantaine d’années) il se révèle que
notre
humanité n’a pas derrière elle 6000 ans, mais probablement 600 000. E
243
Je dis « cosmos actuel », car de nombreux savants
nous
parlent déjà d’un mouvement de diastole et de systole de l’Univers, q
244
tole de l’Univers, qui se répéterait à l’infini :
nous
serions dans une phase d’expansion. La cosmologie des Hindous paraît
245
les étendus, négligent l’action de la personne et
nous
inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historique », ainsi confi
246
n paria sans voie. Et l’Histoire dans l’esprit de
nos
contemporains prend la place de la Providence, bien qu’elle n’en revê
247
. Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoire de France,
nous
parle déjà d’une Histoire « maîtresse de la vie humaine et de la poli
248
ose : le devenir présent. Elle est plus vraie que
nous
, qui ne faisons que l’habiter pour un atome de temps insignifiant. El
249
c’est le cours même. Et comme ce mouvement pur «
doit
» être dépourvu d’origine et de but connaissable, on ne peut savoir s
250
ferme à toute transcendance, et qui du même coup
nous
enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas
251
ranscendance, et qui du même coup nous enferme et
nous
interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas du monde », disa
252
politique du César détient seule le vrai sens de
nos
vies. Nul scrupule de conscience ou sursaut de belle âme ne saurait é
253
La personne est agent de liberté. Cette Histoire
nous
conduit au fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont-elles pu
254
bligée de l’attitude chrétienne devant le temps ?
Notre
époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historique » que toutes
255
Toynbee est best-seller, les revues et la presse
nous
parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les
256
de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on
nous
dit qu’il faut « être » de toute nécessité, sous peine de n’être pas.
257
le ils se dilatent soudain au-delà de tout ce que
notre
esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous
258
esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie
nos
repères et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque bé
259
figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et
nous
emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque béant, soudain tot
260
héquer sur des millions de crimes ? Elle vient de
notre
angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se conv
261
pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter
notre
angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’imprévu. Bien souvent la
262
vu. Bien souvent la recherche historique projette
nos
désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié
263
d dieu Huitzilopochtli. Dilemme La crise de
notre
sens du temps pose un dilemme. L’Occident succombant au Devenir déifi
264
n que j’ai décrite, si j’essayais d’anticiper sur
nos
lendemains, et ceux-ci ne seront point marqués par nos hypothèses mêm
265
endemains, et ceux-ci ne seront point marqués par
nos
hypothèses même exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la ques
266
marqués par nos hypothèses même exactes, mais par
nos
choix fondamentaux. Car la question n’est pas de savoir « ce qui arri
267
arrivera », mais de savoir dès maintenant ce que
nous
sommes disposés à laisser arriver ou à faire arriver ; la question n’
268
upputer le sens probable d’un devenir fatal, pour
nous
« ajuster » à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au
269
s de deviner l’Histoire, mais de la faire. Seules
nos
options présentes préparent un sens, ménagent d’avance une significat
270
signification aux surprises du temps qui vient à
nous
. Et ces options n’agiront point par la violence de prises de position
271
e de Mircea Eliade auquel les pages qui précèdent
doivent
beaucoup48, l’option centrale de l’âme occidentale est décrite en des
272
plan Schuman, et l’Europe tentait de s’unir. Mais
nos
deux écrivains, fermement convaincus qu’il fallait « être dans l’Hist
273
pemondes dessinées en Europe et qui subsistent de
nos
jours, celle d’Ebstorf (fin du xiiie siècle) et celle de Richard de
274
ortions et contours des terres et mers telles que
nous
les connaissons. Deux révolutions considérables se sont donc produite
275
uel moment la Chine et l’Inde les ont connues par
nous
: ces civilisations rêvaient certainement d’autres choses, plus essen
276
ines à x années-lumière. Ceci dans un cosmos dont
notre
galaxie n’occupe qu’un coin perdu, comme le sont tous les autres : ca
277
ié en retour, l’exploration de l’espace terrestre
nous
ayant révélé récemment des civilisations d’une antiquité insoupçonnée
278
soupçonnée, et l’exploration de l’espace cosmique
nous
habituant à des mesures de temps d’un type nouveau. Et finalement, la
279
dans un même mode d’appréhension de l’univers par
notre
esprit. La terre, une découverte européenne Il est facile de co
280
lus séduisantes. Curieux et téméraires, les Grecs
nous
ont légué le mythe des Argonautes et l’Odyssée. Dans la quête de la T
281
nt que les Hébreux — Palestiniens et Phéniciens —
nous
aient transmis leur inquiétude vagabonde et quelque chose de cet espr
282
s tribulations ou de leur foi. Quant aux Romains,
nous
tenons d’eux, sans nul doute, cette volonté d’étendre au monde entier
283
ul doute, cette volonté d’étendre au monde entier
nos
lois, et d’occuper les lieux que nous découvrons, loin de nous y cond
284
monde entier nos lois, et d’occuper les lieux que
nous
découvrons, loin de nous y conduire en hôtes de passage respectueux d
285
d’occuper les lieux que nous découvrons, loin de
nous
y conduire en hôtes de passage respectueux de coutumes différentes de
286
barrage massif établi par l’islam entre l’Asie et
nous
, forçant nos énergies à se tourner ailleurs, vers le sud africain d’a
287
établi par l’islam entre l’Asie et nous, forçant
nos
énergies à se tourner ailleurs, vers le sud africain d’abord, puis so
288
glise jacobite est une réalité, perpétuée jusqu’à
nos
jours. Au vie siècle, ce sont des moines qui rapportent à Byzance le
289
de ces « causes » variées ? Un exemple précis va
nous
permettre de surprendre à l’état naissant le passage des options fond
290
ouvrir les portes de l’Océan pour y faire passer
notre
Sauveur Jésus-Christ vers ces pays et royaumes lointains jusqu’alors
291
nne ont précédé et seules permis l’expédition qui
devait
aboutir à la conquête. Des rêves fous, nourris d’erreurs et d’hypothè
292
a fin et le commencement de l’entreprise, qu’elle
dût
conduire au développement et à la gloire de la religion chrétienne »,
293
ine. Tous les ressorts de l’Aventure occidentale,
nous
les voyons se tendre dans cette vie exemplaire, durant les seize anné
294
atin de Palos de Moguer. Toutes les ambiguïtés de
nos
motifs profonds et de nos fins humaines sont là. Il y a certes la foi
295
outes les ambiguïtés de nos motifs profonds et de
nos
fins humaines sont là. Il y a certes la foi d’Abraham : Colón l’exalt
296
e, que Son intention était différente et que cela
devait
être compris d’une autre façon, et Il ne donne pas non plus le martyr
297
un complexe d’erreurs — comme le début de toutes
nos
sciences sans exception. Dans ses calculs de la distance par mer qui
298
met de prévoir une terre là où, effectivement, il
doit
en trouver une ! Du rêve et de la foi souvent indiscernables, par l’e
299
l’alchimie médiévale : « Il est fort excellent »,
nous
dit Colon, et « celui qui le possède fait tout ce qu’il veut dans ce
300
ve qui pouvait seul forcer les portes océanes, et
nous
ouvrir le Nouveau Monde. Le centre du monde est dans l’homme Ja
301
aille importe peu, c’est le mouvement qui dure en
nous
et qui ne cesse de rendre nouveau le monde que nous ne cessons de déc
302
us et qui ne cesse de rendre nouveau le monde que
nous
ne cessons de découvrir. Sommes-nous vraiment conscients, à notre tou
303
le monde que nous ne cessons de découvrir. Sommes-
nous
vraiment conscients, à notre tour, de la nature et de la portée de no
304
de découvrir. Sommes-nous vraiment conscients, à
notre
tour, de la nature et de la portée de nos découvertes ? Que signifie
305
ts, à notre tour, de la nature et de la portée de
nos
découvertes ? Que signifie le mythe américain dans cette recherche in
306
ythe américain dans cette recherche indéfinie qui
nous
transforme ? Le produit brut de l’entreprise des Espagnols fut l’or,
307
age. Et pour ceux qui n’aiment pas l’Amérique, de
nos
jours, USA signifie dollar et travail parcellaire à la chaîne. C’est
308
s jusqu’à Rousseau ? En ouvrant « l’Inde », Colón
nous
révélait le passé des sauvages et peut-être un Âge d’or, mais il ouvr
309
pie. Et de même, l’Amérique reste à la fois, pour
nous
, le symbole du capitalisme et celui du Progrès tel que l’imaginèrent
310
histoire enfouie de toutes les races, et celle-ci
nous
ramène enfin à la découverte de l’homme. Ces enchaînements lointains
311
e est juvénile. Car un même mouvement de l’esprit
nous
porte à fouiller les déserts ou la jungle du Yucatan, à construire la
312
u’il s’applique au passé, au cosmos ou à l’atome,
nous
le ressentons identiquement comme un progrès. Mais si l’on nous deman
313
tons identiquement comme un progrès. Mais si l’on
nous
demandait vers quoi tend l’Aventure, aurions-nous mieux à dire que :
314
nous demandait vers quoi tend l’Aventure, aurions-
nous
mieux à dire que : « l’Inde et le Cathay » ? Tout homme de peu de foi
315
reur ou dans l’échec. Quant à l’homme de la foi,
nous
le trouvons en marche comme Abraham qui partit sans savoir où il alla
316
Abraham qui partit sans savoir où il allait. S’il
nous
parle d’une Inde aux cités pavées d’or, sachons qu’il pense à délivre
317
ls motifs bien précis, « bassement utilitaires »,
nos
descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouve
318
récis, « bassement utilitaires », nos descendants
nous
attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons éventuelleme
319
nts nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que
nous
trouverons éventuellement sur les planètes : on dira que nous étions
320
ons éventuellement sur les planètes : on dira que
nous
étions partis à cause de cela ! 53. Salvador de Madariaga, op. cit.,
321
avoir de quelle manière la science, agissant dans
nos
vies, procède des options de Nicée. Le rapport est-il positif, dialec
322
tension, ou mieux par tensions, qui sera jusqu’à
nous
la marque et le ressort de l’esprit de recherche occidental, en contr
323
t de la chair — c’est-à-dire aux futurs objets de
nos
sciences physiques et naturelles — une dignité et une réalité que l’O
324
lité que l’Orient leur dénie par principe. Enfin,
nous
avons vu que la foi met un terme à la magie, aux mythes, aux religion
325
mées et formulées par la théologie d’où procèdent
nos
philosophies, elles ont déterminé dans une large mesure la problémati
326
terminé dans une large mesure la problématique de
nos
sciences. a) La pensée par tensions. — Le dogme du Dieu-homme fut le
327
exige, dès qu’on l’admet, une réforme profonde de
nos
catégories intellectuelles. Si Jésus-Christ est à la foi « vrai Dieu
328
egrés, de proche en proche, sur tous les plans de
notre
pensée occidentale, le « scandale » des réalités contradictoires s’es
329
res couples d’opposés qui se sont multipliés dans
notre
histoire ? La plupart mettent en jeu des réalités purement humaines,
330
t légitime — ni les théologiens ni les savants ne
devraient
l’accepter comme tel — mais je constate primo qu’il a eu lieu, et sec
331
pe de pensée se manifeste aux étapes décisives de
notre
science. Certes, on ne peut dire que le modèle théologique ait précéd
332
tenants de Pythagore remonte au ve siècle avant
notre
ère. Mais entre Parménide et Pythagore, c’est-à-dire entre l’un et le
333
ompatibles. La passion de la synthèse, ressort de
nos
recherches et de tout l’effort scientifique, naît et renaît sans fin
334
el, dont procèdent Marx et ses disciples, jusqu’à
nous
, la doctrine trinitaire n’a cessé de propager dans les domaines de pl
335
hé de son objet primitif, est devenu une forme de
notre
esprit56. b) La valorisation du monde manifesté. — Par son paradoxe
336
enir. Comment nier la réalité de la matière et de
notre
chair, quand Dieu lui-même a choisi de se manifester en elles ? Il es
337
ns cette existence toute charnelle 57 que l’homme
doit
se convertir ; c’est « ici-bas », sans évasion possible, qu’est le li
338
interdirait de comprendre le motif primordial de
notre
science occidentale, et la raison pourquoi Descartes estime qu’un ath
339
nt par la Résurrection. Dès lors le témoignage de
nos
sens n’est pas vain : il est certes affecté d’erreur par le péché, ma
340
tour les rêveries de la raison ; la parenté entre
notre
œil et la lumière, quoique mystérieuse, n’est plus une illusion ; et
341
cohérence, d’ordre et de sens, mais il attend de
nous
, dans une profonde complicité de l’espérance, d’être à son tour inter
342
créé par Dieu. Là, toute chose, belle ou laide à
notre
idée, implique une intention, trahit un sens, est intéressante et val
343
nce fondamentale qui sépare la science grecque de
notre
science moderne, laquelle ne pouvait naître, selon lui, que dans un m
344
le matérialisme, comme position métaphysique, qui
devait
faire éclater en Europe le conflit de la science et de la religion. P
345
opédistes elle se déclare, et jusqu’aux débuts de
notre
siècle, la majorité des savants tiendra pour l’attitude matérialiste
346
plupart61, les hommes de science du xixe siècle
durent
se sentir d’autant plus libres de s’enfoncer dans la matière et son é
347
entre les mythes de l’âme et les cosmogonies que
nous
croyons observer ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cela n’
348
osmogonies que nous croyons observer ou calculer…
Nous
verrons tout à l’heure que cela n’affecte en rien la dialectique tran
349
ont le secret semble perdu, ou comme certaines de
nos
propres coutumes, à notre insu, remontent aux temps de l’animisme. En
350
du, ou comme certaines de nos propres coutumes, à
notre
insu, remontent aux temps de l’animisme. En revanche, les spiritualis
351
dentale, dont la science est la pointe extrême en
notre
siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
352
la science est la pointe extrême en notre siècle,
notre
image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle av
353
, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à
notre
raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière
354
e à notre raison, comme elle avait déjà échappé à
nos
sens. Dépassée la matière, qui était pourtant devenue l’objet princip
355
pourtant devenue l’objet principal de la science,
nous
butons contre le mystère que cette science avait cru pouvoir éliminer
356
le, qu’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens,
nous
dit-on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini) vous iriez aussi lo
357
her, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que
notre
esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. Si le matéri
358
ranscendance. Si le matérialisme immatérialisé de
notre
période einsteinienne revient à constater que la Maya est tout, et qu
359
, n’auront jamais raison de cette Question : elle
nous
juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle
360
raison de cette Question : elle nous juge et pose
nos
limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle pose en même tem
361
mé sur soi. Cette « voie négative » de la science
nous
conduit à l’Inconnaissable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’
362
nnent peut-être qu’à l’insuffisance provisoire de
nos
mesures : ainsi le fait que l’âge de la Terre et du Soleil (3-4 milli
363
s sommairement : la doctrine trinitaire fournit à
notre
esprit le moyen de penser la synthèse dont la christologie éveille l’
364
ique par Lindbergh avait exalté l’Occident : elle
nous
apportait un héros, sur une machine encore insuffisante — d’où la glo
365
tout leur régime social. Mais on ne voit pas que
nos
conquêtes techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habita
366
es techniques aient bouleversé aussi radicalement
notre
habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La
367
ient bouleversé aussi radicalement notre habitat,
nos
mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui
368
ent notre habitat, nos mœurs, et la continuité de
nos
caractères nationaux. La question qui se pose est alors de savoir si
369
emarque générale s’impose : quoique unanime parmi
nos
sages et leur public, cette réaction reste impuissante. Elle a parfoi
370
r des recherches techniques. « L’envahissement de
nos
vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par
371
tretenir la « crise » qui est le thème préféré de
nos
meilleurs esprits. Et pourtant, bien qu’elle reste impuissante, et bi
372
et de la Bombe n’en est pas moins révélatrice de
notre
condition occidentale. Il s’agit, une fois de plus, de savoir si elle
373
olomb, l’architecture hindoue ne le cède pas à la
nôtre
, les industries artisanales du textile, du papier, de l’imprimerie, d
374
u papier, de l’imprimerie, d’abord en retard chez
nous
jusqu’à la Renaissance, ne dépassent guère celles de l’Asie jusqu’à l
375
siècle : le type d’homme qui précisément rédigea
nos
manuels scolaires, et qui n’a jamais rien inventé68. Finalement, de N
376
Spengler, en passant par Scheler et Schubart, on
nous
a représenté une espèce d’homme de proie qui se jette sur la Nature p
377
é. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de
nous
— a-t-il vraiment rêvé de dominer la Nature ? Il est baigné par elle
378
Certes, elle l’oblige à peiner très durement dans
nos
climats occidentaux, pour se nourrir, se protéger du froid, des inond
379
ut en leur obéissant. D’où « l’inadaptation » que
notre
esprit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour
380
réel de l’énorme majorité des inventions, jusqu’à
notre
ère. L’homme crée des outils parce qu’il joue avec les démons cachés
381
des inventions non faites, ou non « utilisées » à
notre
idée, conduirait aux mêmes conclusions. Pourquoi les Mayas ne laboura
382
histoire Redescendons maintenant au présent de
notre
siècle. Toute magie expulsée de la Nature, la technique est en train
383
et quelques insectes sont vaincus.) D’autre part,
nous
nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Invent
384
elques insectes sont vaincus.) D’autre part, nous
nous
découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Inventée pa
385
remière Guerre mondiale. Une proportion infime de
nos
populations eut l’occasion, durant ce laps de temps, d’emprunter le c
386
oute transporté moins de voyageurs que ne le font
nos
avions en une seule année. L’auto, le tank, l’avion et le métro, les
387
éléphone et la radio, n’ont fait leur entrée dans
nos
vies que pendant le premier tiers de ce siècle. Tels sont bien les fa
388
voulu ce qu’ils reçoivent aujourd’hui comme leur
dû
. Que veulent en général les hommes occidentaux ? La santé, un meilleu
389
dons inouïs de la technique. Et certains comblent
nos
désirs secrets, mais beaucoup ne répondent à rien : la technique qui
390
ne répondent à rien : la technique qui les donne
doit
les faire accepter et créer leur besoin dans la masse. Sur la base de
391
D’où vient donc la technique, si ce n’est pas de
nos
besoins matériels et utilitaires, qui n’entrent en jeu qu’après coup
392
ose d’unique se produisit en Europe aux débuts de
notre
ère technique : la rencontre de la science, enfin constituée sur des
393
utre visée que celle qui orientait leurs travaux.
Nous
savons aujourd’hui que le rêve des alchimistes n’était pas de faire d
394
e, la soif du gain sous sa forme moderne que l’on
devait
dénommer capitalisme, se soit emparé de ces données, le contraire eût
395
uant aux moyens. Et quant aux fins : la technique
devait
contribuer à libérer l’homme du travail, c’est-à-dire de la peine req
396
rennent du « progrès technique » une vue lugubre.
Nous
avons assisté, depuis cinquante ans, au développement d’une attitude
397
lacable Technique, personnifiée et mythifiée, qui
nous
domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machin
398
ue, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et
nous
« déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machine trahit un flé
399
e « fatalité ». Les machines sont plus fortes que
nous
, c’est entendu (le marteau est plus dur que la main, les murs de la m
400
a main, les murs de la maison plus résistants que
nos
corps). Mais si vous ne priez plus, ce n’est tout de même pas leur fa
401
ctuel, le lui interdirait à elle seule. La Nature
doit
être sauvée, par le moyen de l’homme sauvé, ayant été soumise à la co
402
ivin dans l’homme ; très mauvais, s’il procède de
notre
orgueil. Le mal n’est pas dans les choses mais dans l’homme. Il est l
403
s dans les choses mais dans l’homme. Il est lié à
notre
liberté. Il tient à notre condition, comme l’envers tient à l’endroit
404
s l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à
notre
condition, comme l’envers tient à l’endroit. Il est dans notre esprit
405
on, comme l’envers tient à l’endroit. Il est dans
notre
esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est là qu’il faut le combattre. C
406
une existence indépendante ? Son mal provient de
notre
faute, et son bien fait partie de l’effort vers le salut. Cessons don
407
salut. Cessons donc de projeter le mal qui est en
nous
sur les choses, machines ou Nature, douées d’intentions autonomes. Ce
408
d’intentions autonomes. Cette démarche magique ne
doit
plus nous tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant
409
ns autonomes. Cette démarche magique ne doit plus
nous
tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant à l’égard
410
r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne
nous
raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
411
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il
nous
faut, c’est un contrôle de l’homme78. » Erreur sur le téléphone. L’e
412
oi. Erreur sur la standardisation du travail. On
nous
répète à droite autant qu’à gauche que le travail à la chaîne déshuma
413
he que le travail à la chaîne déshumanise, et que
nous
vivons dans le monde sans âme de l’uniformité et de la série. Il faut
414
r sur les inventions. « L’homme volant » de Vinci
devait
semer de la neige sur les villes accablées par l’été ; l’avion bombar
415
les villes accablées par l’été ; l’avion bombarde
nos
cités. Les découvertes géniales d’Einstein aboutissent à la Bombe ato
416
par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de
nos
ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés v
417
d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers
nous
ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campag
418
’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et
nous
mourons les yeux tournés vers les campagnes.79 Aujourd’hui, le prog
419
evaux au moyen d’un licol rigide). Ce ne sont pas
nos
protestations contre le travail à la chaîne qui libéreront le proléta
420
concrète la grande question des fins dernières de
notre
existence ici-bas. La technique, répudiant le rêve des alchimistes, s
421
décisions.) L’évolution vers des sociétés closes
nous
paraît d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis pr
422
paraît d’autant plus fatale qu’elle se passe sous
nos
yeux, depuis près d’un demi-siècle. On vient de voir comment la techn
423
uissamment, jusqu’au point où plus rien ne pourra
nous
empêcher de réaliser enfin ses bénéfices humains. Les loisirs. Cette
424
oyen en Europe a passé de 1 en 1800 à 15 en 1950,
nous
dit-on. (On précise qu’il est 10 fois plus élevé en 1954 qu’en 1880.)
425
iplie. (Que signifie le mot vivre si l’on dit que
nous
vivons 10 ou 15 fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui présent
426
l’on dit que nous vivons 10 ou 15 fois mieux que
nos
ancêtres ?) Mais voici qui présente un sens très net : de 1890 à 1954
427
ique. Ce sont maintenant les moyens à trouver qui
devront
s’adapter à cette fin reconnue, non l’inverse comme auparavant. Ces m
428
l’inverse comme auparavant. Ces moyens à trouver,
nous
en tenons les principes : énergie nucléaire, photosynthèse, automatio
429
ne 4 heures de travail par semaine, pour que tous
nos
besoins « matériels » soient satisfaits (et bien mieux qu’aujourd’hui
430
ns l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et
notre
avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment.
431
tant son germe et notre avenir : cet avenir qu’il
nous
faut accepter de dévisager hardiment. On dit : que feront les masses
432
de les refouler parce qu’ils donnent le vertige.
Nous
sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la v
433
i, c’était le travail qui occupait l’essentiel de
nos
jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement
434
upait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait
notre
sort : salaire, nourriture et logement. Si la technique, demain — com
435
mps vide » du loisir83 deviendra le vrai temps de
nos
existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? » ne ser
436
as peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser
nos
descendants. Tout peut changer radicalement et d’ici peu, bien moins
437
ais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de
nos
libres décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue qui compte en
438
e un saut sans précédent, créant une situation où
nos
vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifester
439
récédent, créant une situation où nos vrais vœux,
nos
vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manièr
440
ation où nos vrais vœux, nos vraies orientations,
nos
vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront
441
s orientations que l’on peut essayer d’induire de
notre
état d’esprit actuel. Libéré du labeur matériel, l’Occidental se tour
442
, et l’érotisme. L’expérience des vacances payées
nous
l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court po
443
ingue la suite. Une expérience un peu plus longue
nous
est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège),
444
isent ; toute la peinture mondiale peut venir sur
nos
murs sous forme de reproductions « à s’y méprendre » ; toute la musiq
445
roductions « à s’y méprendre » ; toute la musique
nous
vient à domicile par la radio et par le disque ; les conférences, cau
446
bliques se tiennent par dizaines de milliers dans
nos
pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement doubl
447
echniques, politique, religions84. C’est dire que
nous
multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de
448
ps de chanter — les occasions de mieux comprendre
nos
vies comme aussi de mécomprendre les chefs-d’œuvre. Quant à la qualit
449
le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout
nous
mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est en fin de compte q
450
un prisme diffracteur du sentiment religieux dans
nos
activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et
451
que la technique, pratiquement, comme la science,
nous
ramènera demain aux options religieuses. Et je n’imagine pas de drogu
452
comme en Orient. (En fait, elle est surtout — et
devrait
être — accession à la vérité, et peu importent les moyens.) On voit d
453
ple —, puisque c’est la technique précisément qui
nous
permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle su
454
nnaissance des dogmes et des options premières de
nos
religions sera demain la première condition des hérésies et gnoses qu
455
a passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans
nos
villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme
456
tidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que
nos
plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles.
457
a rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle va
nous
jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus s
458
entera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui
nous
oblige à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. 67.
459
s qui ont produit les grandes inventions, jusqu’à
nos
jours, prouve que l’appât du gain ou du confort n’est presque jamais
460
e sont pur jeu. Ils sont pourtant les ancêtres de
nos
robots d’usine, indispensables pour manipuler les substances radioact
461
isme fut décisif en ce qui concerne la plupart de
nos
progrès techniques. Notons qu’en retour, les deux grands mystiques de
462
répartition des produits, des usines automatisées
devrait
augmenter dans une proportion presque infinie ; or elle peut à peine
463
in. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à
nos
jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techni
464
s. 84. Je ne parle pas ici de la télévision, qui
nous
apporte des pays lointains sans leur odeur ni leur température, sans
465
gieuses n’aura été qu’un phénomène transitoire de
notre
civilisation occidentale. (Voir plus haut ce que j’ai dit sur le maté
466
é dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 86.
Nos
sectes orientalistes me font parfois penser à quelqu’un qui inventera
467
s du progrès Une situation de crise Malgré
notre
illusion de provinciaux du temps, le xxe siècle n’a guère plus de ra
468
ué plus d’hommes que toutes les autres guerres de
notre
Histoire, mais l’humanité s’est accrue sur un rythme sans précédent.
469
aux ambivalences de la science, elles sont liées,
nous
l’avons vu plus haut, à l’essence de cette discipline à la fois systé
470
, mais convaincue de sa valeur universelle. Enfin
nous
constatons le rythme accéléré de l’application sociale des inventions
471
e toute leur efficacité aux imprimés ; tandis que
nous
voyons de nos jours les théories « incompréhensibles » d’Einstein abo
472
ficacité aux imprimés ; tandis que nous voyons de
nos
jours les théories « incompréhensibles » d’Einstein aboutir en un qua
473
sociales de ces recherches. Or c’est précisément
notre
prise de conscience de l’ambiguïté essentielle des résultats de la sc
474
à Manet », « l’évolution de la science de Sumer à
nos
jours », sont devenues des expressions aussi courantes que « l’évolut
475
au début de l’archétype de pensée qui conditionne
notre
idée du Progrès, au sens que lui donne Condorcet dès 1793. Les deux t
476
ait nécessairement, la plupart des évolutions que
nous
essayons de mesurer montrent une courbe ascendante, un sommet, puis u
477
pre à contrarier l’ascension continue du Progrès.
Nous
serions par exemple « gagnés de vitesse par la technique », qui dès l
478
agnés de vitesse par la technique », qui dès lors
nous
asservirait au lieu de nous libérer. De là l’idée d’une trêve des inv
479
nique », qui dès lors nous asservirait au lieu de
nous
libérer. De là l’idée d’une trêve des inventions, proposée par des sa
480
ce de doubler quantitativement dans un délai dont
nos
petits-fils verront le terme ? « On ne peut arrêter la marche du Prog
481
le monde pendant des siècles. Elle est encore, à
notre
époque, celle qu’on imite partout même quand on la combat. Elle est d
482
us de sécurité et beaucoup moins de problèmes que
nos
libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire des
483
ils offrent et imposent des certitudes massives.)
Nous
, au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
484
Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique,
nous
souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle. Nous ne cessons de p
485
souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle.
Nous
ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
486
ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ».
Nous
avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
487
pense même qu’ils remontent aux sources vives de
notre
civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
488
et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à
nos
plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
489
ions : le christianisme et l’esprit scientifique.
Notre
inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
490
esprit scientifique. Notre inquiétude provient de
notre
foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
491
fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et
nos
incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
492
os incertitudes sont créées par la nature même de
nos
certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
493
s un juste, pas même un seul » et que pourtant il
devrait
être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
494
ition prolétarienne, qui en fut l’image moderne à
notre
honte, y pourrait être supprimée dans peu de temps par l’évolution de
495
du Progrès ? C’est qu’il y ait plus de sens dans
nos
vies personnelles : plus de joie à avoir ce qu’on a, à être ce qu’on
496
es, on peut assigner d’autres fins au Progrès, et
nos
élites européennes ne s’en privent pas. Mais elles font preuve des pl
497
stions incriminantes (c’est aux États-Unis, et de
nos
jours) nul honnête homme ne peut nier que de cette première loi à la
498
ure et pratique des lois analogues à la première.
Notre
« crise du Progrès » vit de telles confusions, si elle est née bien a
499
int de vue des matérialistes conséquents, les USA
devraient
représenter le vrai progrès, sans discussion. Du point de vue des spi
500
détient seule à mon sens la formule d’équilibre.
Nous
touchons au cœur du problème. Définition du progrès Toutes les
501
peut causer en peu d’instants la mort certaine de
notre
civilisation. Définition par la culture : multiplier et populariser l
502
d’une civilisation et garantissant l’harmonie de
nos
moyens actuels et de nos buts derniers. Mais toutes les tentatives fa
503
rantissant l’harmonie de nos moyens actuels et de
nos
buts derniers. Mais toutes les tentatives faites de nos jours pour im
504
ts derniers. Mais toutes les tentatives faites de
nos
jours pour imposer un principe d’harmonie ont causé le maximum de dés
505
’appel à quelque chose qui rende un sens commun à
nos
actions et à nos rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujour
506
chose qui rende un sens commun à nos actions et à
nos
rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujours frustrée va s’i
507
de un sens commun à nos actions et à nos rêves, à
notre
vie, à notre mort… Cette faim toujours frustrée va s’inventer d’autre
508
mmun à nos actions et à nos rêves, à notre vie, à
notre
mort… Cette faim toujours frustrée va s’inventer d’autres moyens d’êt
509
, mais aussi, les illusions qu’elle entretient en
nous
. Au principe de ces illusions, je vois notre désir, parfaitement nat
510
t en nous. Au principe de ces illusions, je vois
notre
désir, parfaitement naturel, d’aboutir à des solutions acquises une f
511
autant d’être en tension avec d’autres aspects de
notre
existence. L’illusion serait alors d’imaginer un état stable, un arrê
512
nts à l’Aventure. Et il en va de même pour toutes
nos
tentatives de résoudre une bonne fois nos tensions sociales ou politi
513
toutes nos tentatives de résoudre une bonne fois
nos
tensions sociales ou politiques, culturelles ou religieuses. Nous ne
514
ciales ou politiques, culturelles ou religieuses.
Nous
ne pourrions jamais y parvenir qu’au prix du sacrifice d’un des deux
515
» des sociétés. Un second type d’illusion naît de
notre
habitude d’appliquer l’idée de progrès à des domaines où ce n’est pas
516
n, il n’en résulte pas que la dernière en date de
nos
modes atonales ou bruiteuses représente un progrès sur Mozart. Car on
517
: prisonniers de l’Histoire et de la chronologie,
nous
en sommes arrivés au point de nous figurer que l’extrême avant-garde
518
a chronologie, nous en sommes arrivés au point de
nous
figurer que l’extrême avant-garde équivaut au progrès. Différer nous
519
extrême avant-garde équivaut au progrès. Différer
nous
paraît en soi supérieur à ressembler à quoi que ce soit, surtout lors
520
uloir tous les siècles et tous les artistes avant
nous
. Cet avant-gardisme artistique, fondé dans une croyance abusive à l’H
521
’œuvres signifiantes. L’Orient l’a toujours su et
devrait
nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous copiant. La me
522
signifiantes. L’Orient l’a toujours su et devrait
nous
le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous copiant. La mesure
523
nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en
nous
copiant. La mesure du grand art est l’amour, non le procédé d’express
524
reconnues dans le cours du Progrès sont nées avec
notre
notion de la personne, elle-même issue des débats trinitaires au cour
525
s’il avance, c’est au statut de la personne dans
notre
société qu’on en jugera. La prise de conscience élargie de l’espace e
526
e culture généralisée, tout cela sert-il, ou non,
nos
chances de mieux devenir la personne que nous pourrions être ? La rép
527
non, nos chances de mieux devenir la personne que
nous
pourrions être ? La réponse ne saurait dépendre d’une enquête. La per
528
actif découvre le prochain. Comment mesurer, dans
notre
monde présent, si le phénomène personnel devient plus fréquent et plu
529
gique d’une expertise plus ou moins compétente de
notre
monde comme il va (je n’y ai trouvé partout qu’ambivalence) mais en v
530
Et je n’en connais point d’autre qui ménage mieux
nos
chances de voir un jour s’unir la Voie et l’Aventure. 88. Est-il b
531
ement, confrontation avec la mort. Telle est bien
notre
situation. (Et je parle surtout pour l’Europe, mais les Américains n’
532
gnorent pas que leur santé dépend en partie de la
nôtre
.) Voici l’Europe en crise et désunie, repoussée par les autres contin
533
succès de l’Occident dans l’ère moderne. Toynbee
nous
met en garde contre les illusions de ce qu’on pourrait appeler le nar
534
-romain, des raisons de réfuter la croyance que «
nous
aurions fait dans le monde, au cours des quelques derniers siècles, q
535
l s’est trompé. Mais cette erreur ne peut être la
nôtre
. Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seu
536
nôtre. Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à
nos
jours ? Elle a non seulement rayonné sur la totalité — enfin connue,
537
occidentale qui ont causé la crise dramatique où
nous
vivons depuis 1914, et dont le foyer est le lieu même d’où partit l’A
538
tique compact, le monde arabe hostile, l’Asie qui
nous
expulse. Il a fallu qu’elle se sente menacée pour que l’Europe, qui a
539
lusieurs millions de travailleurs, dans chacun de
nos
plus grands pays, vivent une existence comparable (du point de vue du
540
sournoisement au plein emploi du machinisme ; que
nos
nations renoncent à leur rêve d’autarcie, ouvrent leurs frontières ét
541
des hommes en vue de profits insensés. Mais ceci
nous
rejette au problème général de la culture et de l’éducation : charism
542
ope. Chances comparées En parodiant Lénine,
nous
pouvons dire que stalinisme égale marxisme plus électricité, plus des
543
ns, cuius regio eius religio. Mais simultanément,
nous
voyons le christianisme — et l’Église de Rome elle-même — se délier d
544
r à lui et de devenir des « hommes nouveaux ». Il
doit
donc gagner à long terme — bien qu’un tel pronostic soit encore tribu
545
ien qu’un tel pronostic soit encore tributaire de
nos
très courtes vues humaines. (En fait, il a « gagné » dès que l’homme
546
Amérique et le communisme ont achevé l’œuvre sous
nos
yeux. Désormais, les temps et les rythmes des civilisations et de leu
547
communiste ou le rythme occidental semblent bien
devoir
s’imposer nécessairement à l’Asie mère. Ils la divisent déjà en deux
548
que à bout de course… Mais c’est encore juger par
nos
passions présentes. Il se peut qu’une logique plus générale, régie pa
549
ine d’autant sa fécondité et se met à penser dans
nos
catégories. L’unification relative des deux moitiés de l’humanité va-
550
sprits n’a pas eu lieu. Pourtant, le xixe siècle
devait
créer ses bases, et le xxe siècle devait éliminer le principal obsta
551
siècle devait créer ses bases, et le xxe siècle
devait
éliminer le principal obstacle à son institution. Les études oriental
552
dustrialise, et que le temps des voyages cesse de
nous
séparer (nous faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux a
553
t que le temps des voyages cesse de nous séparer (
nous
faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans du temps de
554
peut détruire autant que féconder. L’adoption de
nos
machines et de certaines croyances, déduites de notre science de la m
555
s machines et de certaines croyances, déduites de
notre
science de la matière, peut faire dépérir dans d’autres civilisations
556
itales. L’Aventure s’approchant de la Voie, l’une
doit
intégrer l’autre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas du tou
557
s ont faim ! » il n’y aurait pas de civilisation.
Nous
serions sans moyens techniques de remédier à la famine. Mais il y a p
558
bitement confronté avec ces résultats partiels de
nos
valeurs, que représentent la technique et les machines, peut certes y
559
que ne le fut l’Occident devant ces mêmes défis.
Nous
étions en défense contre beaucoup d’abus, et cela en vertu même des c
560
trop vite, ou bien ils sont contraints d’adopter
nos
méthodes, et avec elles, mais sans le savoir ni l’assumer, un ensembl
561
ie95. » Cette phrase mérite un examen sérieux. On
nous
disait (soit en Orient, soit dans les cercles occidentaux qui aiment
562
ns les cercles occidentaux qui aiment à parler de
notre
décadence) : « Vous avez négligé l’Esprit et l’Âme, vos valeurs sont
563
alistes et vous ne croyez qu’à la technique. » On
nous
dit aujourd’hui : « Ne venez pas nous parler de vos valeurs humaniste
564
nique. » On nous dit aujourd’hui : « Ne venez pas
nous
parler de vos valeurs humanistes ou spirituelles, quand par millions
565
rs humanistes ou spirituelles, quand par millions
nous
mourons de faim. Sauvez nos corps par vos techniques. » Et certes nou
566
, quand par millions nous mourons de faim. Sauvez
nos
corps par vos techniques. » Et certes nous ne le refuserons pas : ce
567
Sauvez nos corps par vos techniques. » Et certes
nous
ne le refuserons pas : ce serait contraire à nos valeurs comme à nos
568
nous ne le refuserons pas : ce serait contraire à
nos
valeurs comme à nos absolus chrétiens. Mais nos techniques aussi sont
569
s pas : ce serait contraire à nos valeurs comme à
nos
absolus chrétiens. Mais nos techniques aussi sont nées de ces valeurs
570
à nos valeurs comme à nos absolus chrétiens. Mais
nos
techniques aussi sont nées de ces valeurs, que vous avez longtemps re
571
souffrez. Vous exigez maintenant les résultats de
nos
propres valeurs, que vous jugiez mauvaises, pour vous sauver des résu
572
profonde ? N’est-il pas temps de reconnaître que
nos
valeurs n’étaient en somme pas si mauvaises, puisque les résultats qu
573
erreurs de l’Occident. En revanche, l’Occident se
doit
, au nom de ses croyances et dans son plan, de venir en aide aux Orien
574
dit en somme la Bhagavad-Gita96. Tous les chemins
doivent
mener à Rome d’abord, dit l’Église catholique. Et les réformateurs ne
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aliste mais « mystique ». Il faudrait comparer
nos
rêves Au stade présent de l’Aventure occidentale, on dirait qu’il
576
tact… — tout est là, ou peut l’être bientôt. Déjà
nous
volons, transmutons les métaux, dépassons la vitesse du son, prolonge
577
grande distance, et dialoguons avec la lune. Déjà
nous
connaissons les principes théoriques de réalisation de bien d’autres
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iser… En gros et au total, tout se passe comme si
nos
rêves étaient les gages de nos futures réalités, et représentaient ai
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se passe comme si nos rêves étaient les gages de
nos
futures réalités, et représentaient ainsi une sorte de mémoire antici
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tout ce qu’il peut imaginer ; comme si la vérité
devait
devenir un jour ce que nous rêvons qu’elle est, et cela seul. L’homme
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comme si la vérité devait devenir un jour ce que
nous
rêvons qu’elle est, et cela seul. L’homme est défini par ses rêves qu
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onnent son réel. Mais quel est le rêve oriental ?
Nous
voulions contrôler la physis, eux la psyché. Nous avons largement réu
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Nous voulions contrôler la physis, eux la psyché.
Nous
avons largement réussi. Mais ce succès nous pose d’autres questions p
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yché. Nous avons largement réussi. Mais ce succès
nous
pose d’autres questions plus vastes : que faire du monde ainsi domest
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qué, de l’espace, du temps et du loisir conquis ?
Nous
voulions aussi démontrer l’impossibilité de certains phénomènes, ou d
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le signe indubitable — au moment où le danger qui
nous
guette n’est plus celui d’échouer dans notre effort constant, mais au
587
r qui nous guette n’est plus celui d’échouer dans
notre
effort constant, mais au contraire de réussir, et puis après ? — nous
588
, mais au contraire de réussir, et puis après ? —
nous
interrogeons anxieusement la sagesse différente de l’Orient. Aurait-e
589
. Aurait-elle réussi dans son domaine — celui que
nous
avions négligé ? Peut-elle nous protéger contre les conséquences de n
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maine — celui que nous avions négligé ? Peut-elle
nous
protéger contre les conséquences de nos succès vertigineux ? Et nous
591
eut-elle nous protéger contre les conséquences de
nos
succès vertigineux ? Et nous donner le principe d’un équilibre qui no
592
e les conséquences de nos succès vertigineux ? Et
nous
donner le principe d’un équilibre qui nous permettrait peu à peu de n
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x ? Et nous donner le principe d’un équilibre qui
nous
permettrait peu à peu de nous tourner vers d’autres buts, sans verser
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d’un équilibre qui nous permettrait peu à peu de
nous
tourner vers d’autres buts, sans verser dans l’hybris ou la démence ?
595
Je souhaite qu’un Oriental, répondant à ce livre,
nous
décrive à son tour la Voie comme j’ai tenté de le faire pour l’Aventu
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comme j’ai tenté de le faire pour l’Aventure, et
nous
montre la cohérence (ou parfois les contradictions) des grandes optio
597
ule convaincante pour l’Oriental en tant que tel,
nous
semble invérifiable, arbitraire, non probante. En revanche, nos preuv
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érifiable, arbitraire, non probante. En revanche,
nos
preuves paraissent tautologiques. La Bombe éclate, c’est entendu : on
599
ur cela ! Qu’est-ce que cela prouve, sinon ce que
nous
savions déjà ? Serrons encore d’un peu plus près le malentendu, et la
600
multiplié les recettes (psychosomatiques, dirions-
nous
) d’immortalité sur la terre, même lorsqu’ils enseignaient que la vie
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n’est qu’illusion. Mais aucun ne devint immortel.
Nous
cherchons plutôt les moyens de gagner du temps, et les trouvons par l
602
s par la technique. Sur quoi le mandarin visitant
nos
usines : quand vous aurez tout le temps, qu’en ferez-vous ? (Mais lui
603
’emploi du temps libre se posera donc demain, par
notre
fait, dans la réalité sérieuse et quotidienne. Mais voici le paradoxe
604
spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur
nos
techniques et en oublie ses valeurs propres, qui seraient celles dont
605
lie ses valeurs propres, qui seraient celles dont
nous
aurions le plus grand besoin… ⁂ Je vois bien ce qui nous cache encor
606
ions le plus grand besoin… ⁂ Je vois bien ce qui
nous
cache encore la pleine réalité de tels problèmes : c’est la misère en
607
es présentes, je le vois dans la confrontation de
notre
Aventure — prenant alors conscience d’elle-même — et de la Voie tradi
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la Voie traditionnelle, soumise à la question de
notre
présent vivant, dans une perspective mondiale. 92. Des guerres méd
609
ie par R. Rolland). D’autre part, le Brahmo Samaj
devait
ouvrir la voie à la théosophie de Mrs. Annie Beasant, dont les théori
610
Toute réponse décisive annoncerait donc la fin de
notre
civilisation, son épuisement intime, et toujours préalable à l’anéant
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lanche, aventureuse moitié du monde. La Quête est
notre
forme d’exister. Et pourtant, songeant à l’Orient, j’invoquerai le pr