1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Introduction
1 oi qu’il en soit de la question des origines dont nous ne savons encore à peu près rien. Quant à la méthode que je me propos
2 rdre et de nature incomparables, mais typiques de notre culture, non point parce qu’elles en offriraient un raccourci, mais p
3 . Si je mentionne la personne et la machine parmi nos produits spécifiques, beaucoup se contenteront de dire ou de penser :
4 t haïssable, ou : la machine est utile, mais peut nous asservir. Ces jugements impliquent une prise de position (sommaire et
5 aines options fondamentales. Or comment pourrions- nous déterminer le sens général de la marche, si nous ignorons d’où nous v
6 -nous déterminer le sens général de la marche, si nous ignorons d’où nous venons ? Mais à l’inverse, la recherche des origin
7 sens général de la marche, si nous ignorons d’où nous venons ? Mais à l’inverse, la recherche des origines de notre civilis
8  ? Mais à l’inverse, la recherche des origines de notre civilisation ne nous conduit jamais à découvrir un point de départ in
9 a recherche des origines de notre civilisation ne nous conduit jamais à découvrir un point de départ indiscutable. Elle nous
10 à découvrir un point de départ indiscutable. Elle nous conduit plutôt à isoler dans le passé autant de points de départ diff
11 part différents qu’il y a d’écoles de pensée dans notre société actuelle. L’un parlera de l’invention du soc, ou de la roue,
12 tion scolaire de l’origine d’une civilisation, il nous faudra substituer la question des options fondamentales, à la fois in
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Chapitre I. Où les voies se séparent
13 plus belle harmonie. » Héraclite. Reconnaître nos différences Parlant de l’Absolu, que certains appellent Dieu, d’au
14 penseront qu’il est dangereux de souligner ce qui nous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on
15 ous distingue, au lieu de mettre en valeur ce qui nous est commun ; qu’on risque ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer
16 ts ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivantes ; elle suppose bien plutôt la connaissance des ra
17 it des temps, et noyant les problèmes concrets de notre siècle dans une condamnation globale de l’Occident2. « La nuit, tous
18 peut survivre à l’aube. Si l’Orient et l’Occident doivent un jour converger au lieu de s’ignorer, ou de se combattre, ils le de
19 au lieu de s’ignorer, ou de se combattre, ils le devront bien moins à un « retour aux sources » qu’à un progrès conscient et t
20 véleront un jour complémentaires, d’une façon qui nous demeure encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accomp
21 encore indescriptible, mais dont le pressentiment nous accompagne. Réalités externes de l’opposition Admettons l’hypot
22 en Europe, où Platon l’idéalisa, tandis que César devait en retrouver des traces en Gaule. Cette identité primitive, peut-être
23 les ne cesseront de s’affirmer dans l’ensemble de notre histoire, nonobstant la longue parenthèse du Moyen Âge. À bien des ég
24 e c’est d’abord le Bouddha, puis tel guru jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la
25 même de son Moyen Âge, confronté tout vivant avec notre âge technique, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaien
26 e, trahit l’absence des tensions dialectiques qui devaient provoquer la fin du nôtre. À partir de la Renaissance, l’angle de div
27 ons dialectiques qui devaient provoquer la fin du nôtre . À partir de la Renaissance, l’angle de divergence s’agrandit rapidem
28 ent, pour atteindre à peu près 180° aux débuts de notre siècle technique. Alors, la réalité de l’opposition à peu près diamét
29 s une personne ! » Et l’Oriental qui circule dans nos villes songe qu’il n’y voit qu’agitation désordonnée, absence de sens
30 Pour passer du sens géographique et historique de nos deux termes à leur sens symbolique et spirituel, recourons aux récits
31 de l’Iran et de l’Arabie, Avicenne et Sohrawardi, nous ont laissés sur ce sujet fondamental6. Le récit d’Avicenne est une in
32 celle que l’on connaît le mieux… » (Il s’agit de notre vie terrestre.) Dans son Récit de l’Exil occidental de l’âme, Sohraw
33 ons-y les qualificatifs que, des présocratiques à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du
34 a pensée mystique du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antith
35 du Proche-Orient8 ont accolés à nos deux termes. Nous aurons le tableau suivant, formé de quatorze antithèses : Orient : l
36 terprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne saurai
37 la Perse au Japon, bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident his
38 Japon, bénéficie très largement dans nos esprits. Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique, relev
39 on aventure. b) Incarnation et Excarnation. — Si nous passons au plan des réalités vécues, métaphysiques et religieuses, l’
40 la quadrature du cercle ? » Le yogi répondit : «  Nous cherchons au contraire à ramener le carré au cercle. » L’Européen com
41 on et d’en maîtriser le principe. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons
42 nnaissons les choses particulières, d’autant plus nous connaissons Dieu. » (Spinoza.) Ainsi se croisent les doutes, et parfo
43 européen, ni de plus véritablement communautaire. Nous avons inventé l’ecclesia. Et tandis qu’ils se purifient par l’isoleme
44 urifient par l’isolement, comme le veut la magie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, ess
45 agie, nous prions et chantons ensemble. » Ici, je dois citer Rudolf Kassner, essayiste autrichien de génie. Personne n’a mie
46 ns une identité inexprimable, au sein de laquelle nos conceptions de liberté, d’action, de personne et d’histoire n’ont plu
47 l’appeliez Toi ou que vous disiez Je suis Lui. » Nous y lisons maintenant la vraie définition de l’attitude religieuse orie
48 ppeler l’idée de vocation personnelle, tandis que nous inventons le collectivisme… Et l’on aura beau jeu de m’opposer des te
49 et absolu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’i
50 solu, dépourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse,
51 épourvu de toute dualité, dans lequel nous devons nous enfoncer éternellement d’un néant à un néant » ? Et à l’inverse, quel
52 Et à l’inverse, quel est le mystique chrétien qui nous rappelle « qu’après avoir écarté tout attachement » et s’être engagé
53 appeler la richesse en contradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la n
54 tradictions apparentes. Nos mystiques ne font pas nos mœurs, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances c
55 s, en Occident. Ils se fondent sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point
56 sur la négation de nos croyances communes, et de nos institutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. E
57 itutions. Ils représentent le point d’Orient dans notre sphère. En revanche, l’Orient ne connaît pas d’Églises. La Bible et l
58 sur le sol rocheux. Puis il demanda au comte s’il devait d’un second signe livrer à la mort toute la garde des créneaux : l’au
59 urbillons de néant s’en dégagent. La réaction de nos deux auteurs occidentaux n’est pas moins significative, pour notre ob
60 s occidentaux n’est pas moins significative, pour notre objet présent, que les histoires qu’ils rapportent. Tous les deux éta
61 t, portant sa tête sous le bras ! Qu’en est-il de notre Occident ? Certes, l’Europe qui croit à l’absolue valeur de la person
62 , selon Jünger, devant la cruauté des Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous l
63 Orientaux ? Nous ne sommes pas moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la m
64 moins cruels, mais nous le sommes autrement. Car nous le sommes dans le drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nou
65 e drame, eux selon la magie. Nulle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Or
66 lle « sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par sui
67 sse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite sans m
68 ans contradiction ni remords. Elle est divine, et nous sommes criminels. Si le moi n’est qu’une illusion temporaire, celui q
69 ité tenue pour inviolable, rien ne peut justifier notre délire guerrier. Je ne juge pas. Je constate. Il y a des différences.
70 ffrer. Mais l’infinie complexité de leurs données nous oblige à n’examiner que des prises partielles et typiques. On a vu qu
71 partir du xixe siècle ; la seconde s’opère sous nos yeux, provoquée par le choc de la guerre entre le Japon et les États-
72 us les occultistes européens du Moyen Âge jusqu’à nos jours. 9. Cf. Hans-Hasso von Veltheim-Ostrau, Tagebücher aus Asien,
73 son sens strict, initiatique et religieux, qui ne doit pas être confondu avec « conservateur », « routinier », « réactionnai
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Chapitre II. Où le drame se noue
74 la paix romaine. L’Occident n’est pas né comme on nous dit que naissent les grandes cultures et civilisations, animées par u
75 verses, parfois incompatibles. Et ce fait initial nous semble accidentel, j’entends qu’il serait vain d’essayer de le déduir
76 Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous , pleine de grâce et de vérité. » Ce scandale pour les Grecs, cette fo
77 on ; et la dixième, Kalki, sera le destructeur de notre monde radicalement dégénéré. La Bhagavad-Gita enseigne que Dieu s’inc
78 sera la Grâce, donnée par un Dieu personnel « qui nous a aimés le premier ». Et la Grâce est tout à la fois aide prévenante,
79 une grâce pure ; et pourtant l’homme qui l’a reçu doit agir comme s’il le gagnait ! Ce que saint Paul exprime dans cette phr
80 e sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait18. » L
81 et aux « nécessités techniques » en général peut nous donner l’idée de ce que représente alors l’évidence magico-religieuse
82 message chrétien va bouleverser. Avec saint Paul, nous passons d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi, c’est-à-
83 ’Occident qui naît, c’est la personne. ⁂ Qu’avons- nous établi jusqu’ici ? Si ce n’est par l’énumération des principaux mots-
84 et par là de la matière, en tant que réalités de notre vie présente. Paradoxe, tension, dialectique… Et l’amour du prochain
85 d son point de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien rée
86 de départ dans le choc décisif duquel nous datons notre histoire. Mais elle s’est engagée dans un monde bien réel, déjà forte
87 ement. Et ce mouvement dans son ensemble, jusqu’à nous , c’est l’Aventure occidentale de l’homme. Certes la voie chrétienne n
88 ve et reste axiale : c’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports étrangers,
89 ’est par rapport à elle que nous pourrons mesurer nos oscillations pendulaires, les apports étrangers, les progrès, la déri
90 les apports étrangers, les progrès, la dérive de notre culture. Partant du fait central et initial que pose l’Incarnation, l
91 ée romaine de citoyen, et maintient au travers de nos révolutions, anarchistes ou collectivistes, l’idéal directeur de l’ho
92 ême de toute la Création, telle qu’elle attend de nous « dans une attente ardente », d’être aimée et connue, et finalement r
93 l’impulsion primitive et la liaison sublime avec nos buts derniers. 14. Alexandre était mort depuis plus de trois siècle
94 tait mort depuis plus de trois siècles, Attila ne devait surgir sur le Rhin qu’en 450. 15. Les théologiens auraient beaucoup
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre III. La spire et l’axe
95 point à coups de définitions. Mais elle joue sur nos confusions : n’est-ce pas au nom de la liberté, ou de la paix, et com
96 ms puissants, que les pires tyrannies ont rejoint notre temps ? Et il est vrai, aussi, que le monde occidental est parti sans
97 l vraiment l’Aventure que je décris ? Certains de nos pays, qui ont les meilleurs régimes, ont aussi la plus grande répugna
98 et les Suisses ont refusé soigneusement — jusqu’à nos jours — de formuler la doctrine de ce fédéralisme qu’ils ont pourtant
99 e, les chroniques de l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christia
100 e l’époque et les textes votés nous permettent de nous faire une image vivante de ces assises du christianisme grec : les gr
101 s moines et des nervis fait irruption, Hilaire ne doit son salut qu’à la fuite, Flavien meurt sous les coups de bâton. Au so
102 dans laquelle fut nouée la notion dont descendent nos conceptions de l’homme. En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, q
103 théologique aux yeux des Pères de Nicée, mais qui devait apparaître, après coup, comme le fait spécifique et capital de l’anth
104 ce transfert ait bien eu lieu, c’est l’évidence : nous parlons tous de la « personne humaine », et l’on ne pouvait rien fair
105 e. Né du complexe de paradoxes et de tensions que nous avons vu se nouer au « carrefour hasardeux » du Bas-Empire, l’Occiden
106 est pas de ce monde. Car s’il est vrai que la foi doit agir dans ce monde, elle reste un don de Dieu et l’homme n’en dispose
107 s’est constitué comme tel aux premiers siècles de notre ère, dans une histoire qu’il n’a pas arrêtée, mais dont il a pris la
108 ng-mêlé. Pour faire siens les dieux étrangers, il doit les supposer universels, garant du sort de tous les hommes qui leur r
109  liturgies » de la cité règlent les droits et les devoirs , selon les lois ou les contrats, et non plus selon la magie. Chacun p
110 le nouveau s’ouvre en spire ascendante et devient notre Histoire. Retour des phases, mais modifiées Le Moyen Âge est un
111 ibuns, des consuls, et finalement César. Et voici notre époque de Bas-Empire inquiet, divisé dans son âme et devant ses « Bar
112 ù ce mouvement de spire mouvante qui en résulte à nos yeux d’observateurs distants. Ceci encore : tous les passés durent en
113 ervateurs distants. Ceci encore : tous les passés durent en chacune des phases nouvelles ; l’un refoulé dans quelque inconscie
114 ux confins de l’Est et du Sud — comme ils animent nos rêves et parfois tel poète. C. G. Jung retrouve les Indiens dans l’in
115 ’inconscient des riches Américaines. Presque tous nos intellectuels sont des Hellènes ou des Alexandrins. De nombreux éléme
116 eux éléments rituels du mithraïsme ont passé dans nos liturgies, comme le titre suprême de la Rome païenne, le pontifex, dé
117 amiques, de formes d’exister qui poursuivent dans nos vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dial
118 ns nos vies — dans l’atome de durée de chacune de nos vies — cette même dialectique qu’on vient de voir s’illustrer par gra
119 r par grands pans d’histoire de l’Europe. Certes, nous n’en sommes plus à dessiner des cartes où l’Europe est le centre du m
120 iste-moraliste dont procède sans conflits majeurs notre technique. L’Europe a derrière elle et porte en elle l’Antiquité gréc
121 est vrai qu’ils sont intervenus dans une phase de notre évolution qui correspond — un tour de spire au-dessus — à celle de l’
122 trait pour les esclaves de Rome, ainsi voit-on de nos jours le message communiste apporter la promesse d’une « fin de l’his
123 les classes victimes du Progrès, et d’une fin de nos conflits politiques et moraux. Faut-il penser que le communisme figur
124 nouveau principe de communion humaine, tandis que nos sociétés se désagrègent à l’intérieur de cadres sclérosés ? Les donné
125 s en termes analogues, qu’il s’agisse du début de notre être ou de ce siècle. Le christianisme apparut en effet au sein d’une
126 et réduire les chrétiens au-dedans. Ainsi voyons- nous aujourd’hui l’Europe chassée de l’Asie, investie par les Russes et mi
127 u pouvoir comparer les chrétiens des catacombes à nos communistes plus ou moins clandestins, mais ces chrétiens n’avaient n
128 e l’âme. Mais c’est l’inverse qui se produit sous nos yeux. Devant le milicien fasciste ou communiste, le même signe de Cro
129 improductifs, et même éventuellement de sabotage. Nous le voyons rétablir les castes28 et recréer un sacré synthétique qui,
130 o al fine), chacun de ces moments dialectiques de notre histoire occidentale pourrait être illustré par une surabondance de «
131 ns comprendre les faits et les objets visibles de notre histoire. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’avons
132 notre histoire. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’avons donc jamais rencontré la personne, pour la raison
133 re. En suivant le cours manifesté de notre spire, nous n’avons donc jamais rencontré la personne, pour la raison bien simple
134 nne et posant, dans son De Indis, le principe des devoirs du colonisateur. Elle agit par et dans la Réforme de Calvin, qui met
135 ela tient à la définition de la personne humaine, nous l’avons vu. La personne n’est jamais ici ou là, mais dans un acte, da
136 nner le sens. Nulle part pleinement réalisée dans notre histoire, partout active. D’une forme de pensée personnaliste C
137 sur le Dieu-homme, n’a pas été sans informer dans notre esprit une certaine manière de penser. Ou peut l’appeler « personnali
138 scientifique de l’autre. Sautons au xxe siècle. Nous y voyons posé, dans les domaines les plus divers, mais cette fois-ci
139 un prix. Mais aujourd’hui, l’économie occidentale doit faire face à des conflits d’un autre ordre, celui de l’initiative pri
140 us célèbre et le plus net de maxima incompatibles nous est fourni par la physique. Il s’exprime par le principe d’incertitud
141 aussi un « Signe de contradiction ». Car en fait, nous nous découvrons incapables de vivre constamment dans la foi. « Il n’y
142 un « Signe de contradiction ». Car en fait, nous nous découvrons incapables de vivre constamment dans la foi. « Il n’y a pa
143 ste, pas même un seul », dit le même Évangile qui nous ordonne : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait. » Et c’est p
144 » Et c’est pourquoi le monde occidental, qu’on ne devrait jamais appeler « le monde chrétien » mais qui fut marqué le premier p
145 on, je vois le secret du dynamisme sans répit qui nous travaille. Sans répit nous cherchons des synthèses, des méthodes d’ex
146 namisme sans répit qui nous travaille. Sans répit nous cherchons des synthèses, des méthodes d’exclusion de la contradiction
147 epos pour l’âme et l’intellect enfin réconciliés. Nous ne trouvons pas le repos, mais de nouveaux problèmes que nous posent
148 vons pas le repos, mais de nouveaux problèmes que nous posent les succès ambigus de nos recherches. Nous ne trouvons pas l’E
149 x problèmes que nous posent les succès ambigus de nos recherches. Nous ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or et le
150 nous posent les succès ambigus de nos recherches. Nous ne trouvons pas l’Eldorado de l’âme, mais l’or et les espaces américa
151 do de l’âme, mais l’or et les espaces américains. Nous ne trouvons pas la quadrature du cercle, mais des méthodes pour pénét
152 vant dans les secrets de la matière et du cosmos. Nous cherchons des formules d’unité à tout prix, et nous trouvons la socié
153 us cherchons des formules d’unité à tout prix, et nous trouvons la société totalitaire ou les nations, qui nous divisent. Il
154 ouvons la société totalitaire ou les nations, qui nous divisent. Il faudra donc chercher plus loin… Et pour un Hegel qui pro
155 le par l’Idée, il y a toujours un Kierkegaard qui nous rappelle qu’entre l’Idée et l’existence surgit le drame : « Tant que
156 divine, ne saurait être résolue ni dépassée. Elle doit être assumée par la foi, au prix de ce changement de l’homme lui-même
157 ans tout ce que l’homme occidental pense ou fait. Notre passion de la diversité et notre passion de l’unité multiplient les c
158 l pense ou fait. Notre passion de la diversité et notre passion de l’unité multiplient les couples antinomiques mais aussi dé
159 les aboutit la physique : il s’agit là de changer notre entendement, afin de résoudre les contradictions qui ne tenaient qu’à
160 résoudre les contradictions qui ne tenaient qu’à nos catégories inadéquates33. Dans ce sens, et dans les limites que l’on
161 sants. Note sur Robinson Un cas-limite peut nous faire mieux comprendre, par contraste, la réalité de la personne : c’
162 ens adoptent pour leurs temples l’architecture de notre époque, verre et béton, et les décorent de fresques d’avant-garde. 2
163 ser idéalement. Tandis que les antinomies nées de nos seuls désirs contradictoires exigent une éducation par la raison qui
164 a seule pensée rationnelle, une transformation de notre entendement, qui les élimine.
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre IV. Le Château aventureux
165 Inconnus de l’Antiquité comme de l’Orient d’avant notre influence, inconcevables hors du christianisme quoique désignant troi
166 hos qui ne saurait tromper, ils représentent dans notre Quête du Graal l’épisode du Château aventureux. (C’est la grotte de C
167 et Iseut. Du Midi des troubadours, inventeurs de notre lyrisme, au Nord des Trouvères, inventeurs du roman, puis à toute l’E
168 , sujets et procédés peut être suivie pas à pas : nos plus grands érudits l’ont décrite. Mais le roman de Tristan ne fut pa
169 ence vécue de l’amour-passion y a trouvé, jusqu’à nos jours, son langage et ses types de conduite, c’est-à-dire les moyens
170 ion, du xiie siècle méridional au romantisme, et nous vivons encore dans la tiédeur des cendres d’un interminable incendie.
171 es qu’elle offre au sentiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de
172 entiment, ce mythe a pénétré nos vies, et même si nos actions échappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves
173 chappent à son emprise, il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionn
174 il ne cesse de régner sur nos rêves et d’éveiller nos nostalgies. Et c’est ainsi qu’il a conditionné depuis des siècles les
175 Cette forme, cette structure agissent encore sur nous , même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rie
176 te structure agissent encore sur nous, même quand nous ignorons les origines du mythe et ne soupçonnons rien de sa finalité.
177 tion, à l’abaissement dans le monde fini, lieu de notre expérience salutaire ? Certes, mais il faut voir qu’un tel échec deme
178 horizon d’espoir que celui de la métempsycose. «  Notre engagement n’était pas pris pour cette vie », dit Novalis parlant de
179 s : mais c’était le chrétien Kagawa. Depuis lors, nous avons assisté à l’extension du communisme dans l’Asie. Mais prenons l
180 ent, ou de sa religion. De fait, le christianisme nous offre le type même du changement brusque et radical, mais survenant d
181 choses sont devenues nouvelles. » Et les chefs de nos révolutions promettent des « choses nouvelles » par un brusque avènem
182 , qui est la source à la fois de l’instabilité de nos régimes politiques et sociaux et d’une recherche perpétuelle du vrai
183 et c’est une ère nouvelle, comptée à neuf. Toutes nos révolutions s’en souviendront. L’Orient n’a pas connu pareille coupur
184 i a fait l’Histoire. L’Asie du Sud a duré jusqu’à nous dans la continuité vivante de ses passés, dont nul n’est aboli ni pri
185 oque l’idée d’une Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leur
186 ne Europe où vivraient encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leu
187 ent encore sous nos yeux, dans nos villes et dans nos campagnes, avec leurs rites et leurs idoles et leurs fidèles, Zeus, A
188 nt incompatibles avec sa conception de l’homme37. Nos révolutions tentent l’inverse : partant de l’utopie d’un ordre théori
189 nces et de ces contradictions, il faut remonter à notre dialectique de la personne. Ce n’est pas la personne qui se détache d
190 e est obéissance au Libérateur éternel, mort pour nous mais présent dans la foi, cette « ferme assurance des choses qu’on ne
191 ente ou non) de l’Église chrétienne, voilà ce que notre temps ne peut plus mettre en doute. Nazisme et stalinisme ont eu leur
192 rait condamner l’élan communautaire générateur de nos révolutions jugerait dans l’irréel, j’ai dit pourquoi. Mais ceux qui
193 rt furent les bénéficiaires, non les victimes, de nos révolutions « libératrices ». Celles-ci n’ont triomphé que de régimes
194 ute. Mais pour quelles fins avouables ? Rappelons- nous qu’il « fallait » ouvrir d’un coup de poignard d’obsidienne la poitri
195 sang. Mais si, profanant le mythe et ses tabous, nous estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que le
196 us, nous estimons froidement ses résultats, force nous est de constater que les révolutions européennes, sans aucune excepti
197 é sur tout le front des troupes, que les Français durent la victoire. Remarquons que ce cri, à ce moment-là, ne signifie point
198 e sera gagnée. La nation à l’état naissant, comme nous la trouvons à Valmy, c’est donc un idéal, une idéologie, le principe
199 précise Hegel, dans le bonheur et sans histoire. Nous assistons au transfert décisif de l’idée de vocation, passant des per
200 ou même leur langue : c’est ainsi qu’on a vu dans notre siècle la Norvège, la Turquie, l’Irlande et Israël restaurer artifici
201 e sacrifice de la vie même des citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et p
202 citoyens. Mais que nous offre-t-il en échange de nos vies ? Une certaine communion vague et puissante, qui permet à l’indi
203 re. Ce que nul n’oserait dire de son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous. Pourtant, cette religion demeure bien i
204 e son moi, il a le devoir sacré de le dire de son nous . Pourtant, cette religion demeure bien incapable d’animer l’existence
205 ue l’Asie tout entière est menacée de « prendre » notre fièvre nationaliste. Certains pays en font une crise, encore bénigne,
206 par les propagandistes de Moscou. C’est ainsi que nous voyons la Chine s’occidentaliser dans le pire sens du terme, au lende
207 « attrapé » par les peuples de l’Orient comme de notre rhume de cerveau, souvent mortel aux Polynésiens. Le nationalisme en
208 irulence inouïe. Tout cela va se retourner contre notre Occident, au moment même où il commence d’entrevoir l’étendue de sa p
209 et liées à la mort par une complicité originelle. Nous le savons, ou du moins le pressentons. Mais nous reculons aussi devan
210 Nous le savons, ou du moins le pressentons. Mais nous reculons aussi devant l’imagination de leur guérison soudaine d’un co
211 vres aurait un effet dévastant : ne serait-ce pas nous vider d’une affectivité qui est devenue la saveur et le sens mêmes de
212 r et le sens mêmes de la vie pour des millions de nos contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus
213 contemporains, et des meilleurs ? Elles menacent notre paix, et plus encore l’existence même de l’Occident. Et pourtant l’Oc
214 qu’elles tiennent aux motifs les plus profonds de notre situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elle
215 situation dans l’Histoire ; à la genèse de toute notre Aventure. Elles sont les longues erreurs inséparables de la périlleus
216 séparables de la périlleuse Odyssée dans laquelle nous sommes nés embarqués. Un dernier trait commun à toutes les trois achè
217 nitale au christianisme. Elles ressuscitent parmi nous le sacré, c’est-à-dire cet instinct religieux que la foi véritable tr
218 cet appel intime. Il pense alors : c’est Dieu qui doit être trop faible pour me contraindre à l’obéissance et à l’amour. La
219 nce est ressentie comme un « abus ». Ainsi toutes nos révoltes imitent, même sans le savoir, le dépit de l’amour qui dresse
220 on, nation : certains ont cru que leur empire sur nos esprits mesurait ce qu’on appelle bien à tort la « dé-christianisatio
221 réalisé dans cette vie limitée, dans ce temps qui nous fuit, dans cette chair impérieuse et débile, n’a pas cessé de travail
222 essé de travailler les âmes depuis vingt siècles. Nos « erreurs » font partie de la Quête, en ce sens qu’elles procèdent de
223 e d’une inconsciente nostalgie. Et c’est pourquoi notre psyché occidentale, ayant subi durant des siècles les atteintes toujo
224 active qu’on ne le pensait naguère dans l’âme de nos contemporains même incroyants, et ne cesse de s’étendre à des régions
225 ne cesse de s’étendre à des régions nouvelles de notre existence profane. 34. Cf. L’Amour et l’Occident , 1939. Une vers
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre V. L’expérience du temps historique
226 s ne cesseront d’enseigner à des générations dont notre enfance a connu les derniers représentants. Cependant, vers 1950, nul
227 , et ainsi de suite à l’infini. Quant au temps de notre humanité : chaque jour de Brahma se divise en mille éons de 4 320 000
228 subdivise en quatre âges de durées décroissantes. Nous vivons aujourd’hui dans le sixième millénaire d’un quatrième âge, ou
229 minuit précise, le 18 février 3102 avant J.-C. et doit se terminer dans 426 943 ans par la destruction du monde et sa recons
230 l y tourne même à l’obsession si l’on en juge par notre siècle, tandis qu’il a toujours manqué aux Orientaux avant qu’ils aie
231 ours manqué aux Orientaux avant qu’ils aient subi notre influence42. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se doit d’aff
232 42. Toute réflexion sur l’Aventure occidentale se doit d’affronter ce contraste, et d’essayer de l’interpréter. Et en partic
233 r cette planète ? Si un démographe génial pouvait nous dire demain que la réponse est « de l’ordre de 300 milliards », nous
234 e la réponse est « de l’ordre de 300 milliards », nous en serions moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malais
235 ons moins étourdis que gênés. Mais d’où viendrait notre malaise ? Comment ne pas voir qu’il serait intimement lié, chez ceux
236 Presque toutes les cultures et civilisations que nous avons exhumées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècl
237 humées du passé de la Terre ou qui survivent dans notre siècle, ont enseigné des théories du temps, et presque toutes décrive
238 en ce temps, attestent l’historicité44. Tout ceci nous confirme dans la vue que le Moyen Âge, loin de représenter je ne sais
239 par le message chrétien, l’humanité occidentale a trouver les moyens de l’accepter progressivement et d’y adapter ses c
240 lle ne sera vraiment bouleversée qu’aux débuts de notre xxe siècle. Relevons ici que la chronologie vertigineuse des Hindous
241 s il se tait sur celle du jugement dernier, « car nous ne savons ni le jour ni l’heure ». Et c’est pourquoi le progrès de la
242 pace d’une quarantaine d’années) il se révèle que notre humanité n’a pas derrière elle 6000 ans, mais probablement 600 000. E
243 Je dis « cosmos actuel », car de nombreux savants nous parlent déjà d’un mouvement de diastole et de systole de l’Univers, q
244 tole de l’Univers, qui se répéterait à l’infini : nous serions dans une phase d’expansion. La cosmologie des Hindous paraît
245 les étendus, négligent l’action de la personne et nous inclinent à douter de sa réalité. Le « réel historique », ainsi confi
246 n paria sans voie. Et l’Histoire dans l’esprit de nos contemporains prend la place de la Providence, bien qu’elle n’en revê
247 . Bossuet, dans l’Abrégé de l’Histoire de France, nous parle déjà d’une Histoire « maîtresse de la vie humaine et de la poli
248 ose : le devenir présent. Elle est plus vraie que nous , qui ne faisons que l’habiter pour un atome de temps insignifiant. El
249 c’est le cours même. Et comme ce mouvement pur «  doit  » être dépourvu d’origine et de but connaissable, on ne peut savoir s
250 ferme à toute transcendance, et qui du même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas
251 ranscendance, et qui du même coup nous enferme et nous interdit tout recours ? « Au monde comme n’étant pas du monde », disa
252 politique du César détient seule le vrai sens de nos vies. Nul scrupule de conscience ou sursaut de belle âme ne saurait é
253 La personne est agent de liberté. Cette Histoire nous conduit au fatalisme. Comment l’Histoire et la personne ont-elles pu
254 bligée de l’attitude chrétienne devant le temps ? Notre époque aurait-elle simplement l’esprit « plus historique » que toutes
255 Toynbee est best-seller, les revues et la presse nous parlent de Sumer, du paléolithique, des Mayas ou du vase de Vix, les
256 de cette Histoire dans le « sens » de laquelle on nous dit qu’il faut « être » de toute nécessité, sous peine de n’être pas.
257 le ils se dilatent soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous
258 esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque bé
259 figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emporte sans espoir à l’aventure. Devant le risque béant, soudain tot
260 héquer sur des millions de crimes ? Elle vient de notre angoisse devant le temps. Anticiper l’avenir, c’est tenter de se conv
261 pour hâter sa venue bienfaisante, c’est projeter notre angoisse en avant, pour tenter d’asservir l’imprévu. Bien souvent la
262 vu. Bien souvent la recherche historique projette nos désirs en arrière, mais les « leçons du passé » ont rarement justifié
263 d dieu Huitzilopochtli. Dilemme La crise de notre sens du temps pose un dilemme. L’Occident succombant au Devenir déifi
264 n que j’ai décrite, si j’essayais d’anticiper sur nos lendemains, et ceux-ci ne seront point marqués par nos hypothèses mêm
265 endemains, et ceux-ci ne seront point marqués par nos hypothèses même exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la ques
266 marqués par nos hypothèses même exactes, mais par nos choix fondamentaux. Car la question n’est pas de savoir « ce qui arri
267 arrivera », mais de savoir dès maintenant ce que nous sommes disposés à laisser arriver ou à faire arriver ; la question n’
268 upputer le sens probable d’un devenir fatal, pour nous « ajuster » à ses « lois », mais au contraire d’affronter le temps au
269 s de deviner l’Histoire, mais de la faire. Seules nos options présentes préparent un sens, ménagent d’avance une significat
270 signification aux surprises du temps qui vient à nous . Et ces options n’agiront point par la violence de prises de position
271 e de Mircea Eliade auquel les pages qui précèdent doivent beaucoup48, l’option centrale de l’âme occidentale est décrite en des
272 plan Schuman, et l’Europe tentait de s’unir. Mais nos deux écrivains, fermement convaincus qu’il fallait « être dans l’Hist
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre VI. L’expérience de l’espace
273 pemondes dessinées en Europe et qui subsistent de nos jours, celle d’Ebstorf (fin du xiiie siècle) et celle de Richard de
274 ortions et contours des terres et mers telles que nous les connaissons. Deux révolutions considérables se sont donc produite
275 uel moment la Chine et l’Inde les ont connues par nous  : ces civilisations rêvaient certainement d’autres choses, plus essen
276 ines à x années-lumière. Ceci dans un cosmos dont notre galaxie n’occupe qu’un coin perdu, comme le sont tous les autres : ca
277 ié en retour, l’exploration de l’espace terrestre nous ayant révélé récemment des civilisations d’une antiquité insoupçonnée
278 soupçonnée, et l’exploration de l’espace cosmique nous habituant à des mesures de temps d’un type nouveau. Et finalement, la
279 dans un même mode d’appréhension de l’univers par notre esprit. La terre, une découverte européenne Il est facile de co
280 lus séduisantes. Curieux et téméraires, les Grecs nous ont légué le mythe des Argonautes et l’Odyssée. Dans la quête de la T
281 nt que les Hébreux — Palestiniens et Phéniciens — nous aient transmis leur inquiétude vagabonde et quelque chose de cet espr
282 s tribulations ou de leur foi. Quant aux Romains, nous tenons d’eux, sans nul doute, cette volonté d’étendre au monde entier
283 ul doute, cette volonté d’étendre au monde entier nos lois, et d’occuper les lieux que nous découvrons, loin de nous y cond
284 monde entier nos lois, et d’occuper les lieux que nous découvrons, loin de nous y conduire en hôtes de passage respectueux d
285 d’occuper les lieux que nous découvrons, loin de nous y conduire en hôtes de passage respectueux de coutumes différentes de
286 barrage massif établi par l’islam entre l’Asie et nous , forçant nos énergies à se tourner ailleurs, vers le sud africain d’a
287 établi par l’islam entre l’Asie et nous, forçant nos énergies à se tourner ailleurs, vers le sud africain d’abord, puis so
288 glise jacobite est une réalité, perpétuée jusqu’à nos jours. Au vie siècle, ce sont des moines qui rapportent à Byzance le
289 de ces « causes » variées ? Un exemple précis va nous permettre de surprendre à l’état naissant le passage des options fond
290 ouvrir les portes de l’Océan pour y faire passer notre Sauveur Jésus-Christ vers ces pays et royaumes lointains jusqu’alors
291 nne ont précédé et seules permis l’expédition qui devait aboutir à la conquête. Des rêves fous, nourris d’erreurs et d’hypothè
292 a fin et le commencement de l’entreprise, qu’elle dût conduire au développement et à la gloire de la religion chrétienne »,
293 ine. Tous les ressorts de l’Aventure occidentale, nous les voyons se tendre dans cette vie exemplaire, durant les seize anné
294 atin de Palos de Moguer. Toutes les ambiguïtés de nos motifs profonds et de nos fins humaines sont là. Il y a certes la foi
295 outes les ambiguïtés de nos motifs profonds et de nos fins humaines sont là. Il y a certes la foi d’Abraham : Colón l’exalt
296 e, que Son intention était différente et que cela devait être compris d’une autre façon, et Il ne donne pas non plus le martyr
297 un complexe d’erreurs — comme le début de toutes nos sciences sans exception. Dans ses calculs de la distance par mer qui
298 met de prévoir une terre là où, effectivement, il doit en trouver une ! Du rêve et de la foi souvent indiscernables, par l’e
299 l’alchimie médiévale : « Il est fort excellent », nous dit Colon, et « celui qui le possède fait tout ce qu’il veut dans ce
300 ve qui pouvait seul forcer les portes océanes, et nous ouvrir le Nouveau Monde. Le centre du monde est dans l’homme Ja
301 aille importe peu, c’est le mouvement qui dure en nous et qui ne cesse de rendre nouveau le monde que nous ne cessons de déc
302 us et qui ne cesse de rendre nouveau le monde que nous ne cessons de découvrir. Sommes-nous vraiment conscients, à notre tou
303 le monde que nous ne cessons de découvrir. Sommes- nous vraiment conscients, à notre tour, de la nature et de la portée de no
304 de découvrir. Sommes-nous vraiment conscients, à notre tour, de la nature et de la portée de nos découvertes ? Que signifie
305 ts, à notre tour, de la nature et de la portée de nos découvertes ? Que signifie le mythe américain dans cette recherche in
306 ythe américain dans cette recherche indéfinie qui nous transforme ? Le produit brut de l’entreprise des Espagnols fut l’or,
307 age. Et pour ceux qui n’aiment pas l’Amérique, de nos jours, USA signifie dollar et travail parcellaire à la chaîne. C’est
308 s jusqu’à Rousseau ? En ouvrant « l’Inde », Colón nous révélait le passé des sauvages et peut-être un Âge d’or, mais il ouvr
309 pie. Et de même, l’Amérique reste à la fois, pour nous , le symbole du capitalisme et celui du Progrès tel que l’imaginèrent
310 histoire enfouie de toutes les races, et celle-ci nous ramène enfin à la découverte de l’homme. Ces enchaînements lointains
311 e est juvénile. Car un même mouvement de l’esprit nous porte à fouiller les déserts ou la jungle du Yucatan, à construire la
312 u’il s’applique au passé, au cosmos ou à l’atome, nous le ressentons identiquement comme un progrès. Mais si l’on nous deman
313 tons identiquement comme un progrès. Mais si l’on nous demandait vers quoi tend l’Aventure, aurions-nous mieux à dire que :
314 nous demandait vers quoi tend l’Aventure, aurions- nous mieux à dire que : « l’Inde et le Cathay » ? Tout homme de peu de foi
315 reur ou dans l’échec. Quant à l’homme de la foi, nous le trouvons en marche comme Abraham qui partit sans savoir où il alla
316 Abraham qui partit sans savoir où il allait. S’il nous parle d’une Inde aux cités pavées d’or, sachons qu’il pense à délivre
317 ls motifs bien précis, « bassement utilitaires », nos descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouve
318 récis, « bassement utilitaires », nos descendants nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons éventuelleme
319 nts nous attribueront-ils ? Tout dépend de ce que nous trouverons éventuellement sur les planètes : on dira que nous étions
320 ons éventuellement sur les planètes : on dira que nous étions partis à cause de cela ! 53. Salvador de Madariaga, op. cit.,
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre VII. L’exploration de la matière
321 avoir de quelle manière la science, agissant dans nos vies, procède des options de Nicée. Le rapport est-il positif, dialec
322 tension, ou mieux par tensions, qui sera jusqu’à nous la marque et le ressort de l’esprit de recherche occidental, en contr
323 t de la chair — c’est-à-dire aux futurs objets de nos sciences physiques et naturelles — une dignité et une réalité que l’O
324 lité que l’Orient leur dénie par principe. Enfin, nous avons vu que la foi met un terme à la magie, aux mythes, aux religion
325 mées et formulées par la théologie d’où procèdent nos philosophies, elles ont déterminé dans une large mesure la problémati
326 terminé dans une large mesure la problématique de nos sciences. a) La pensée par tensions. — Le dogme du Dieu-homme fut le
327 exige, dès qu’on l’admet, une réforme profonde de nos catégories intellectuelles. Si Jésus-Christ est à la foi « vrai Dieu 
328 egrés, de proche en proche, sur tous les plans de notre pensée occidentale, le « scandale » des réalités contradictoires s’es
329 res couples d’opposés qui se sont multipliés dans notre histoire ? La plupart mettent en jeu des réalités purement humaines,
330 t légitime — ni les théologiens ni les savants ne devraient l’accepter comme tel — mais je constate primo qu’il a eu lieu, et sec
331 pe de pensée se manifeste aux étapes décisives de notre science. Certes, on ne peut dire que le modèle théologique ait précéd
332 tenants de Pythagore remonte au ve siècle avant notre ère. Mais entre Parménide et Pythagore, c’est-à-dire entre l’un et le
333 ompatibles. La passion de la synthèse, ressort de nos recherches et de tout l’effort scientifique, naît et renaît sans fin
334 el, dont procèdent Marx et ses disciples, jusqu’à nous , la doctrine trinitaire n’a cessé de propager dans les domaines de pl
335 hé de son objet primitif, est devenu une forme de notre esprit56. b) La valorisation du monde manifesté. — Par son paradoxe
336 enir. Comment nier la réalité de la matière et de notre chair, quand Dieu lui-même a choisi de se manifester en elles ? Il es
337 ns cette existence toute charnelle 57 que l’homme doit se convertir ; c’est « ici-bas », sans évasion possible, qu’est le li
338 interdirait de comprendre le motif primordial de notre science occidentale, et la raison pourquoi Descartes estime qu’un ath
339 nt par la Résurrection. Dès lors le témoignage de nos sens n’est pas vain : il est certes affecté d’erreur par le péché, ma
340 tour les rêveries de la raison ; la parenté entre notre œil et la lumière, quoique mystérieuse, n’est plus une illusion ; et
341 cohérence, d’ordre et de sens, mais il attend de nous , dans une profonde complicité de l’espérance, d’être à son tour inter
342 créé par Dieu. Là, toute chose, belle ou laide à notre idée, implique une intention, trahit un sens, est intéressante et val
343 nce fondamentale qui sépare la science grecque de notre science moderne, laquelle ne pouvait naître, selon lui, que dans un m
344 le matérialisme, comme position métaphysique, qui devait faire éclater en Europe le conflit de la science et de la religion. P
345 opédistes elle se déclare, et jusqu’aux débuts de notre siècle, la majorité des savants tiendra pour l’attitude matérialiste
346 plupart61, les hommes de science du xixe siècle durent se sentir d’autant plus libres de s’enfoncer dans la matière et son é
347 entre les mythes de l’âme et les cosmogonies que nous croyons observer ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cela n’
348 osmogonies que nous croyons observer ou calculer… Nous verrons tout à l’heure que cela n’affecte en rien la dialectique tran
349 ont le secret semble perdu, ou comme certaines de nos propres coutumes, à notre insu, remontent aux temps de l’animisme. En
350 du, ou comme certaines de nos propres coutumes, à notre insu, remontent aux temps de l’animisme. En revanche, les spiritualis
351 dentale, dont la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison,
352 la science est la pointe extrême en notre siècle, notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle av
353 , notre image du monde s’évanouit. Elle échappe à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière
354 e à notre raison, comme elle avait déjà échappé à nos sens. Dépassée la matière, qui était pourtant devenue l’objet princip
355 pourtant devenue l’objet principal de la science, nous butons contre le mystère que cette science avait cru pouvoir éliminer
356 le, qu’y a-t-il ? Cette question n’a pas de sens, nous dit-on. Dans l’Univers d’Einstein (illimité-fini) vous iriez aussi lo
357 her, ni moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. Si le matéri
358 ranscendance. Si le matérialisme immatérialisé de notre période einsteinienne revient à constater que la Maya est tout, et qu
359 , n’auront jamais raison de cette Question : elle nous juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle
360 raison de cette Question : elle nous juge et pose nos limites, qui sont celles du savoir humain, mais elle pose en même tem
361 mé sur soi. Cette « voie négative » de la science nous conduit à l’Inconnaissable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’
362 nnent peut-être qu’à l’insuffisance provisoire de nos mesures : ainsi le fait que l’âge de la Terre et du Soleil (3-4 milli
363 s sommairement : la doctrine trinitaire fournit à notre esprit le moyen de penser la synthèse dont la christologie éveille l’
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre VIII. L’aventure technique
364 ique par Lindbergh avait exalté l’Occident : elle nous apportait un héros, sur une machine encore insuffisante — d’où la glo
365 tout leur régime social. Mais on ne voit pas que nos conquêtes techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habita
366 es techniques aient bouleversé aussi radicalement notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La
367 ient bouleversé aussi radicalement notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui
368 ent notre habitat, nos mœurs, et la continuité de nos caractères nationaux. La question qui se pose est alors de savoir si
369 emarque générale s’impose : quoique unanime parmi nos sages et leur public, cette réaction reste impuissante. Elle a parfoi
370 r des recherches techniques. « L’envahissement de nos vies par les machines » est freiné par le prix des appareils, non par
371 tretenir la « crise » qui est le thème préféré de nos meilleurs esprits. Et pourtant, bien qu’elle reste impuissante, et bi
372 et de la Bombe n’en est pas moins révélatrice de notre condition occidentale. Il s’agit, une fois de plus, de savoir si elle
373 olomb, l’architecture hindoue ne le cède pas à la nôtre , les industries artisanales du textile, du papier, de l’imprimerie, d
374 u papier, de l’imprimerie, d’abord en retard chez nous jusqu’à la Renaissance, ne dépassent guère celles de l’Asie jusqu’à l
375 siècle : le type d’homme qui précisément rédigea nos manuels scolaires, et qui n’a jamais rien inventé68. Finalement, de N
376 Spengler, en passant par Scheler et Schubart, on nous a représenté une espèce d’homme de proie qui se jette sur la Nature p
377 é. L’homme primitif — qui vit encore en chacun de nous  — a-t-il vraiment rêvé de dominer la Nature ? Il est baigné par elle
378 Certes, elle l’oblige à peiner très durement dans nos climats occidentaux, pour se nourrir, se protéger du froid, des inond
379 ut en leur obéissant. D’où « l’inadaptation » que notre esprit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour
380 réel de l’énorme majorité des inventions, jusqu’à notre ère. L’homme crée des outils parce qu’il joue avec les démons cachés
381 des inventions non faites, ou non « utilisées » à notre idée, conduirait aux mêmes conclusions. Pourquoi les Mayas ne laboura
382 histoire Redescendons maintenant au présent de notre siècle. Toute magie expulsée de la Nature, la technique est en train
383 et quelques insectes sont vaincus.) D’autre part, nous nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Invent
384 elques insectes sont vaincus.) D’autre part, nous nous découvrons les tout premiers contemporains de la machine. Inventée pa
385 remière Guerre mondiale. Une proportion infime de nos populations eut l’occasion, durant ce laps de temps, d’emprunter le c
386 oute transporté moins de voyageurs que ne le font nos avions en une seule année. L’auto, le tank, l’avion et le métro, les
387 éléphone et la radio, n’ont fait leur entrée dans nos vies que pendant le premier tiers de ce siècle. Tels sont bien les fa
388 voulu ce qu’ils reçoivent aujourd’hui comme leur . Que veulent en général les hommes occidentaux ? La santé, un meilleu
389 dons inouïs de la technique. Et certains comblent nos désirs secrets, mais beaucoup ne répondent à rien : la technique qui
390 ne répondent à rien : la technique qui les donne doit les faire accepter et créer leur besoin dans la masse. Sur la base de
391 D’où vient donc la technique, si ce n’est pas de nos besoins matériels et utilitaires, qui n’entrent en jeu qu’après coup 
392 ose d’unique se produisit en Europe aux débuts de notre ère technique : la rencontre de la science, enfin constituée sur des
393 utre visée que celle qui orientait leurs travaux. Nous savons aujourd’hui que le rêve des alchimistes n’était pas de faire d
394 e, la soif du gain sous sa forme moderne que l’on devait dénommer capitalisme, se soit emparé de ces données, le contraire eût
395 uant aux moyens. Et quant aux fins : la technique devait contribuer à libérer l’homme du travail, c’est-à-dire de la peine req
396 rennent du « progrès technique » une vue lugubre. Nous avons assisté, depuis cinquante ans, au développement d’une attitude
397 lacable Technique, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machin
398 ue, personnifiée et mythifiée, qui nous domine et nous « déshumanise ». Cette projection du Mal sur la machine trahit un flé
399 e « fatalité ». Les machines sont plus fortes que nous , c’est entendu (le marteau est plus dur que la main, les murs de la m
400 a main, les murs de la maison plus résistants que nos corps). Mais si vous ne priez plus, ce n’est tout de même pas leur fa
401 ctuel, le lui interdirait à elle seule. La Nature doit être sauvée, par le moyen de l’homme sauvé, ayant été soumise à la co
402 ivin dans l’homme ; très mauvais, s’il procède de notre orgueil. Le mal n’est pas dans les choses mais dans l’homme. Il est l
403 s dans les choses mais dans l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à notre condition, comme l’envers tient à l’endroit
404 s l’homme. Il est lié à notre liberté. Il tient à notre condition, comme l’envers tient à l’endroit. Il est dans notre esprit
405 on, comme l’envers tient à l’endroit. Il est dans notre esprit, n’existe pas ailleurs, et c’est là qu’il faut le combattre. C
406 une existence indépendante ? Son mal provient de notre faute, et son bien fait partie de l’effort vers le salut. Cessons don
407 salut. Cessons donc de projeter le mal qui est en nous sur les choses, machines ou Nature, douées d’intentions autonomes. Ce
408 d’intentions autonomes. Cette démarche magique ne doit plus nous tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant
409 ns autonomes. Cette démarche magique ne doit plus nous tromper. Les penseurs d’aujourd’hui qui adoptent cependant à l’égard
410 r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
411 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme78. » Erreur sur le téléphone. L’e
412 oi. Erreur sur la standardisation du travail. On nous répète à droite autant qu’à gauche que le travail à la chaîne déshuma
413 he que le travail à la chaîne déshumanise, et que nous vivons dans le monde sans âme de l’uniformité et de la série. Il faut
414 r sur les inventions. « L’homme volant » de Vinci devait semer de la neige sur les villes accablées par l’été ; l’avion bombar
415 les villes accablées par l’été ; l’avion bombarde nos cités. Les découvertes géniales d’Einstein aboutissent à la Bombe ato
416 par la bouche d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés v
417 d’un poète de l’époque : L’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campag
418 ’air de nos ateliers nous ronge les poumons, Et nous mourons les yeux tournés vers les campagnes.79 Aujourd’hui, le prog
419 evaux au moyen d’un licol rigide). Ce ne sont pas nos protestations contre le travail à la chaîne qui libéreront le proléta
420 concrète la grande question des fins dernières de notre existence ici-bas. La technique, répudiant le rêve des alchimistes, s
421 décisions.) L’évolution vers des sociétés closes nous paraît d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis pr
422 paraît d’autant plus fatale qu’elle se passe sous nos yeux, depuis près d’un demi-siècle. On vient de voir comment la techn
423 uissamment, jusqu’au point où plus rien ne pourra nous empêcher de réaliser enfin ses bénéfices humains. Les loisirs. Cette
424 oyen en Europe a passé de 1 en 1800 à 15 en 1950, nous dit-on. (On précise qu’il est 10 fois plus élevé en 1954 qu’en 1880.)
425 iplie. (Que signifie le mot vivre si l’on dit que nous vivons 10 ou 15 fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui présent
426 l’on dit que nous vivons 10 ou 15 fois mieux que nos ancêtres ?) Mais voici qui présente un sens très net : de 1890 à 1954
427 ique. Ce sont maintenant les moyens à trouver qui devront s’adapter à cette fin reconnue, non l’inverse comme auparavant. Ces m
428 l’inverse comme auparavant. Ces moyens à trouver, nous en tenons les principes : énergie nucléaire, photosynthèse, automatio
429 ne 4 heures de travail par semaine, pour que tous nos besoins « matériels » soient satisfaits (et bien mieux qu’aujourd’hui
430 ns l’œuf. Mais l’œuf est là, portant son germe et notre avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment.
431 tant son germe et notre avenir : cet avenir qu’il nous faut accepter de dévisager hardiment. On dit : que feront les masses
432 de les refouler parce qu’ils donnent le vertige. Nous sommes au seuil des temps où la culture va devenir le sérieux de la v
433 i, c’était le travail qui occupait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement
434 upait l’essentiel de nos jours, et dont dépendait notre sort : salaire, nourriture et logement. Si la technique, demain — com
435 mps vide » du loisir83 deviendra le vrai temps de nos existences quotidiennes. La question « Que faire de ma vie ? » ne ser
436 as peindre ici quelque utopie qui pourrait amuser nos descendants. Tout peut changer radicalement et d’ici peu, bien moins
437 ais oubliés ou ne saurais prévoir, qu’en vertu de nos libres décisions. (Ce n’est pas l’invention de la roue qui compte en
438 e un saut sans précédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifester
439 récédent, créant une situation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manièr
440 ation où nos vrais vœux, nos vraies orientations, nos vraies options se manifesteront d’une manière transparente et seront
441 s orientations que l’on peut essayer d’induire de notre état d’esprit actuel. Libéré du labeur matériel, l’Occidental se tour
442 , et l’érotisme. L’expérience des vacances payées nous l’a fait voir à une échelle réduite, mais dans un temps trop court po
443 ingue la suite. Une expérience un peu plus longue nous est donnée par les populations du cercle arctique (Suède et Norvège),
444 isent ; toute la peinture mondiale peut venir sur nos murs sous forme de reproductions « à s’y méprendre » ; toute la musiq
445 roductions « à s’y méprendre » ; toute la musique nous vient à domicile par la radio et par le disque ; les conférences, cau
446 bliques se tiennent par dizaines de milliers dans nos pays démocratiques ; et l’instruction publique est heureusement doubl
447 echniques, politique, religions84. C’est dire que nous multiplions déjà — comme en vue de lendemains qui auront le temps de
448 ps de chanter — les occasions de mieux comprendre nos vies comme aussi de mécomprendre les chefs-d’œuvre. Quant à la qualit
449 le meilleur et pour le pire. C’est dire que tout nous mène vers une ère religieuse. Car la culture n’est en fin de compte q
450 un prisme diffracteur du sentiment religieux dans nos activités dites créatrices, des mathématiques pures à la poterie, et
451 que la technique, pratiquement, comme la science, nous ramènera demain aux options religieuses. Et je n’imagine pas de drogu
452 comme en Orient. (En fait, elle est surtout — et devrait être — accession à la vérité, et peu importent les moyens.) On voit d
453 ple —, puisque c’est la technique précisément qui nous permet ce retour en créant du loisir. Et quant à la mystique, elle su
454 nnaissance des dogmes et des options premières de nos religions sera demain la première condition des hérésies et gnoses qu
455 a passion pour l’occulte ne cesse de grandir dans nos villes, occupant rapidement le vide de l’âme créé par le matérialisme
456 tidiens. La preuve qu’il n’en est rien, c’est que nos plus grands mystiques ont vécu dans les pires conditions matérielles.
457 a rien pu contre lui. Je dis seulement qu’elle va nous jeter dans une époque où les questions religieuses deviendront plus s
458 entera un progrès ou un risque nouveau, voilà qui nous oblige à reconsidérer le sens et la nature finale du Progrès. 67.
459 s qui ont produit les grandes inventions, jusqu’à nos jours, prouve que l’appât du gain ou du confort n’est presque jamais
460 e sont pur jeu. Ils sont pourtant les ancêtres de nos robots d’usine, indispensables pour manipuler les substances radioact
461 isme fut décisif en ce qui concerne la plupart de nos progrès techniques. Notons qu’en retour, les deux grands mystiques de
462 répartition des produits, des usines automatisées devrait augmenter dans une proportion presque infinie ; or elle peut à peine
463 in. Cette hiérarchie des valeurs a dominé jusqu’à nos jours. Elle explique en partie la résistance des syndicats aux techni
464 s. 84. Je ne parle pas ici de la télévision, qui nous apporte des pays lointains sans leur odeur ni leur température, sans
465 gieuses n’aura été qu’un phénomène transitoire de notre civilisation occidentale. (Voir plus haut ce que j’ai dit sur le maté
466 é dès 1919, et n’a pas cessé de s’amplifier. 86. Nos sectes orientalistes me font parfois penser à quelqu’un qui inventera
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Chapitre IX. Les ambivalences du progrès
467 s du progrès Une situation de crise Malgré notre illusion de provinciaux du temps, le xxe siècle n’a guère plus de ra
468 ué plus d’hommes que toutes les autres guerres de notre Histoire, mais l’humanité s’est accrue sur un rythme sans précédent.
469 aux ambivalences de la science, elles sont liées, nous l’avons vu plus haut, à l’essence de cette discipline à la fois systé
470 , mais convaincue de sa valeur universelle. Enfin nous constatons le rythme accéléré de l’application sociale des inventions
471 e toute leur efficacité aux imprimés ; tandis que nous voyons de nos jours les théories « incompréhensibles » d’Einstein abo
472 ficacité aux imprimés ; tandis que nous voyons de nos jours les théories « incompréhensibles » d’Einstein aboutir en un qua
473 sociales de ces recherches. Or c’est précisément notre prise de conscience de l’ambiguïté essentielle des résultats de la sc
474 à Manet », « l’évolution de la science de Sumer à nos jours », sont devenues des expressions aussi courantes que « l’évolut
475 au début de l’archétype de pensée qui conditionne notre idée du Progrès, au sens que lui donne Condorcet dès 1793. Les deux t
476 ait nécessairement, la plupart des évolutions que nous essayons de mesurer montrent une courbe ascendante, un sommet, puis u
477 pre à contrarier l’ascension continue du Progrès. Nous serions par exemple « gagnés de vitesse par la technique », qui dès l
478 agnés de vitesse par la technique », qui dès lors nous asservirait au lieu de nous libérer. De là l’idée d’une trêve des inv
479 nique », qui dès lors nous asservirait au lieu de nous libérer. De là l’idée d’une trêve des inventions, proposée par des sa
480 ce de doubler quantitativement dans un délai dont nos petits-fils verront le terme ? « On ne peut arrêter la marche du Prog
481 le monde pendant des siècles. Elle est encore, à notre époque, celle qu’on imite partout même quand on la combat. Elle est d
482 us de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos libres démocraties. (C’est là tout le secret du succès provisoire des
483 ils offrent et imposent des certitudes massives.) Nous , au contraire, en Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, no
484 Occident, et en Europe bien plus qu’en Amérique, nous souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle. Nous ne cessons de p
485 souffrons d’une espèce d’inquiétude essentielle. Nous ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impres
486 ne cessons de parler du « désarroi de l’époque ». Nous avons l’impression de vivre dans un chaos sans cesse croissant, dans
487 pense même qu’ils remontent aux sources vives de notre civilisation, et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos p
488 et qu’ils en sont inséparables. Je les rattache à nos plus grandes traditions : le christianisme et l’esprit scientifique.
489 ions : le christianisme et l’esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par
490 esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certit
491 fique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce par
492 os incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes. Ce paradoxe s’explique d’une manière assez simple. Prenon
493 s un juste, pas même un seul » et que pourtant il devrait être saint. Il sait que le péché consiste à être séparé de la Vérité
494 ition prolétarienne, qui en fut l’image moderne à notre honte, y pourrait être supprimée dans peu de temps par l’évolution de
495 du Progrès ? C’est qu’il y ait plus de sens dans nos vies personnelles : plus de joie à avoir ce qu’on a, à être ce qu’on
496 es, on peut assigner d’autres fins au Progrès, et nos élites européennes ne s’en privent pas. Mais elles font preuve des pl
497 stions incriminantes (c’est aux États-Unis, et de nos jours) nul honnête homme ne peut nier que de cette première loi à la
498 ure et pratique des lois analogues à la première. Notre « crise du Progrès » vit de telles confusions, si elle est née bien a
499 int de vue des matérialistes conséquents, les USA devraient représenter le vrai progrès, sans discussion. Du point de vue des spi
500 détient seule à mon sens la formule d’équilibre. Nous touchons au cœur du problème. Définition du progrès Toutes les
501 peut causer en peu d’instants la mort certaine de notre civilisation. Définition par la culture : multiplier et populariser l
502 d’une civilisation et garantissant l’harmonie de nos moyens actuels et de nos buts derniers. Mais toutes les tentatives fa
503 rantissant l’harmonie de nos moyens actuels et de nos buts derniers. Mais toutes les tentatives faites de nos jours pour im
504 ts derniers. Mais toutes les tentatives faites de nos jours pour imposer un principe d’harmonie ont causé le maximum de dés
505 ’appel à quelque chose qui rende un sens commun à nos actions et à nos rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujour
506 chose qui rende un sens commun à nos actions et à nos rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujours frustrée va s’i
507 de un sens commun à nos actions et à nos rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujours frustrée va s’inventer d’autre
508 mmun à nos actions et à nos rêves, à notre vie, à notre mort… Cette faim toujours frustrée va s’inventer d’autres moyens d’êt
509 , mais aussi, les illusions qu’elle entretient en nous . Au principe de ces illusions, je vois notre désir, parfaitement nat
510 t en nous. Au principe de ces illusions, je vois notre désir, parfaitement naturel, d’aboutir à des solutions acquises une f
511 autant d’être en tension avec d’autres aspects de notre existence. L’illusion serait alors d’imaginer un état stable, un arrê
512 nts à l’Aventure. Et il en va de même pour toutes nos tentatives de résoudre une bonne fois nos tensions sociales ou politi
513 toutes nos tentatives de résoudre une bonne fois nos tensions sociales ou politiques, culturelles ou religieuses. Nous ne
514 ciales ou politiques, culturelles ou religieuses. Nous ne pourrions jamais y parvenir qu’au prix du sacrifice d’un des deux
515 » des sociétés. Un second type d’illusion naît de notre habitude d’appliquer l’idée de progrès à des domaines où ce n’est pas
516 n, il n’en résulte pas que la dernière en date de nos modes atonales ou bruiteuses représente un progrès sur Mozart. Car on
517 : prisonniers de l’Histoire et de la chronologie, nous en sommes arrivés au point de nous figurer que l’extrême avant-garde
518 a chronologie, nous en sommes arrivés au point de nous figurer que l’extrême avant-garde équivaut au progrès. Différer nous
519 extrême avant-garde équivaut au progrès. Différer nous paraît en soi supérieur à ressembler à quoi que ce soit, surtout lors
520 uloir tous les siècles et tous les artistes avant nous . Cet avant-gardisme artistique, fondé dans une croyance abusive à l’H
521 ’œuvres signifiantes. L’Orient l’a toujours su et devrait nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous copiant. La me
522 signifiantes. L’Orient l’a toujours su et devrait nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous copiant. La mesure
523 nous le rapprendre, au lieu de perdre sa vertu en nous copiant. La mesure du grand art est l’amour, non le procédé d’express
524 reconnues dans le cours du Progrès sont nées avec notre notion de la personne, elle-même issue des débats trinitaires au cour
525 s’il avance, c’est au statut de la personne dans notre société qu’on en jugera. La prise de conscience élargie de l’espace e
526 e culture généralisée, tout cela sert-il, ou non, nos chances de mieux devenir la personne que nous pourrions être ? La rép
527 non, nos chances de mieux devenir la personne que nous pourrions être ? La réponse ne saurait dépendre d’une enquête. La per
528 actif découvre le prochain. Comment mesurer, dans notre monde présent, si le phénomène personnel devient plus fréquent et plu
529 gique d’une expertise plus ou moins compétente de notre monde comme il va (je n’y ai trouvé partout qu’ambivalence) mais en v
530 Et je n’en connais point d’autre qui ménage mieux nos chances de voir un jour s’unir la Voie et l’Aventure. 88. Est-il b
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Chapitre X. Le drame occidental
531 ement, confrontation avec la mort. Telle est bien notre situation. (Et je parle surtout pour l’Europe, mais les Américains n’
532 gnorent pas que leur santé dépend en partie de la nôtre .) Voici l’Europe en crise et désunie, repoussée par les autres contin
533 succès de l’Occident dans l’ère moderne. Toynbee nous met en garde contre les illusions de ce qu’on pourrait appeler le nar
534 -romain, des raisons de réfuter la croyance que «  nous aurions fait dans le monde, au cours des quelques derniers siècles, q
535 l s’est trompé. Mais cette erreur ne peut être la nôtre . Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seu
536 nôtre. Qu’a fait l’Europe du xve siècle jusqu’à nos jours ? Elle a non seulement rayonné sur la totalité — enfin connue,
537 occidentale qui ont causé la crise dramatique où nous vivons depuis 1914, et dont le foyer est le lieu même d’où partit l’A
538 tique compact, le monde arabe hostile, l’Asie qui nous expulse. Il a fallu qu’elle se sente menacée pour que l’Europe, qui a
539 lusieurs millions de travailleurs, dans chacun de nos plus grands pays, vivent une existence comparable (du point de vue du
540 sournoisement au plein emploi du machinisme ; que nos nations renoncent à leur rêve d’autarcie, ouvrent leurs frontières ét
541 des hommes en vue de profits insensés. Mais ceci nous rejette au problème général de la culture et de l’éducation : charism
542 ope. Chances comparées En parodiant Lénine, nous pouvons dire que stalinisme égale marxisme plus électricité, plus des
543 ns, cuius regio eius religio. Mais simultanément, nous voyons le christianisme — et l’Église de Rome elle-même — se délier d
544 r à lui et de devenir des « hommes nouveaux ». Il doit donc gagner à long terme — bien qu’un tel pronostic soit encore tribu
545 ien qu’un tel pronostic soit encore tributaire de nos très courtes vues humaines. (En fait, il a « gagné » dès que l’homme
546 Amérique et le communisme ont achevé l’œuvre sous nos yeux. Désormais, les temps et les rythmes des civilisations et de leu
547 communiste ou le rythme occidental semblent bien devoir s’imposer nécessairement à l’Asie mère. Ils la divisent déjà en deux
548 que à bout de course… Mais c’est encore juger par nos passions présentes. Il se peut qu’une logique plus générale, régie pa
549 ine d’autant sa fécondité et se met à penser dans nos catégories. L’unification relative des deux moitiés de l’humanité va-
12 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Chapitre XI. Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
550 sprits n’a pas eu lieu. Pourtant, le xixe siècle devait créer ses bases, et le xxe siècle devait éliminer le principal obsta
551 siècle devait créer ses bases, et le xxe siècle devait éliminer le principal obstacle à son institution. Les études oriental
552 dustrialise, et que le temps des voyages cesse de nous séparer (nous faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux a
553 t que le temps des voyages cesse de nous séparer ( nous faisons en un jour d’avion un trajet qui prenait deux ans du temps de
554 peut détruire autant que féconder. L’adoption de nos machines et de certaines croyances, déduites de notre science de la m
555 s machines et de certaines croyances, déduites de notre science de la matière, peut faire dépérir dans d’autres civilisations
556 itales. L’Aventure s’approchant de la Voie, l’une doit intégrer l’autre (mais au prix de sacrifices dont il n’est pas du tou
557 s ont faim ! » il n’y aurait pas de civilisation. Nous serions sans moyens techniques de remédier à la famine. Mais il y a p
558 bitement confronté avec ces résultats partiels de nos valeurs, que représentent la technique et les machines, peut certes y
559 que ne le fut l’Occident devant ces mêmes défis. Nous étions en défense contre beaucoup d’abus, et cela en vertu même des c
560 trop vite, ou bien ils sont contraints d’adopter nos méthodes, et avec elles, mais sans le savoir ni l’assumer, un ensembl
561 ie95. » Cette phrase mérite un examen sérieux. On nous disait (soit en Orient, soit dans les cercles occidentaux qui aiment
562 ns les cercles occidentaux qui aiment à parler de notre décadence) : « Vous avez négligé l’Esprit et l’Âme, vos valeurs sont
563 alistes et vous ne croyez qu’à la technique. » On nous dit aujourd’hui : « Ne venez pas nous parler de vos valeurs humaniste
564 nique. » On nous dit aujourd’hui : « Ne venez pas nous parler de vos valeurs humanistes ou spirituelles, quand par millions
565 rs humanistes ou spirituelles, quand par millions nous mourons de faim. Sauvez nos corps par vos techniques. » Et certes nou
566 , quand par millions nous mourons de faim. Sauvez nos corps par vos techniques. » Et certes nous ne le refuserons pas : ce
567 Sauvez nos corps par vos techniques. » Et certes nous ne le refuserons pas : ce serait contraire à nos valeurs comme à nos
568 nous ne le refuserons pas : ce serait contraire à nos valeurs comme à nos absolus chrétiens. Mais nos techniques aussi sont
569 s pas : ce serait contraire à nos valeurs comme à nos absolus chrétiens. Mais nos techniques aussi sont nées de ces valeurs
570 à nos valeurs comme à nos absolus chrétiens. Mais nos techniques aussi sont nées de ces valeurs, que vous avez longtemps re
571 souffrez. Vous exigez maintenant les résultats de nos propres valeurs, que vous jugiez mauvaises, pour vous sauver des résu
572 profonde ? N’est-il pas temps de reconnaître que nos valeurs n’étaient en somme pas si mauvaises, puisque les résultats qu
573 erreurs de l’Occident. En revanche, l’Occident se doit , au nom de ses croyances et dans son plan, de venir en aide aux Orien
574 dit en somme la Bhagavad-Gita96. Tous les chemins doivent mener à Rome d’abord, dit l’Église catholique. Et les réformateurs ne
575 aliste mais « mystique ». Il faudrait comparer nos rêves Au stade présent de l’Aventure occidentale, on dirait qu’il
576 tact… — tout est là, ou peut l’être bientôt. Déjà nous volons, transmutons les métaux, dépassons la vitesse du son, prolonge
577 grande distance, et dialoguons avec la lune. Déjà nous connaissons les principes théoriques de réalisation de bien d’autres
578 iser… En gros et au total, tout se passe comme si nos rêves étaient les gages de nos futures réalités, et représentaient ai
579 se passe comme si nos rêves étaient les gages de nos futures réalités, et représentaient ainsi une sorte de mémoire antici
580 tout ce qu’il peut imaginer ; comme si la vérité devait devenir un jour ce que nous rêvons qu’elle est, et cela seul. L’homme
581 comme si la vérité devait devenir un jour ce que nous rêvons qu’elle est, et cela seul. L’homme est défini par ses rêves qu
582 onnent son réel. Mais quel est le rêve oriental ? Nous voulions contrôler la physis, eux la psyché. Nous avons largement réu
583 Nous voulions contrôler la physis, eux la psyché. Nous avons largement réussi. Mais ce succès nous pose d’autres questions p
584 yché. Nous avons largement réussi. Mais ce succès nous pose d’autres questions plus vastes : que faire du monde ainsi domest
585 qué, de l’espace, du temps et du loisir conquis ? Nous voulions aussi démontrer l’impossibilité de certains phénomènes, ou d
586 le signe indubitable — au moment où le danger qui nous guette n’est plus celui d’échouer dans notre effort constant, mais au
587 r qui nous guette n’est plus celui d’échouer dans notre effort constant, mais au contraire de réussir, et puis après ? — nous
588 , mais au contraire de réussir, et puis après ? —  nous interrogeons anxieusement la sagesse différente de l’Orient. Aurait-e
589 . Aurait-elle réussi dans son domaine — celui que nous avions négligé ? Peut-elle nous protéger contre les conséquences de n
590 maine — celui que nous avions négligé ? Peut-elle nous protéger contre les conséquences de nos succès vertigineux ? Et nous
591 eut-elle nous protéger contre les conséquences de nos succès vertigineux ? Et nous donner le principe d’un équilibre qui no
592 e les conséquences de nos succès vertigineux ? Et nous donner le principe d’un équilibre qui nous permettrait peu à peu de n
593 x ? Et nous donner le principe d’un équilibre qui nous permettrait peu à peu de nous tourner vers d’autres buts, sans verser
594 d’un équilibre qui nous permettrait peu à peu de nous tourner vers d’autres buts, sans verser dans l’hybris ou la démence ?
595 Je souhaite qu’un Oriental, répondant à ce livre, nous décrive à son tour la Voie comme j’ai tenté de le faire pour l’Aventu
596 comme j’ai tenté de le faire pour l’Aventure, et nous montre la cohérence (ou parfois les contradictions) des grandes optio
597 ule convaincante pour l’Oriental en tant que tel, nous semble invérifiable, arbitraire, non probante. En revanche, nos preuv
598 érifiable, arbitraire, non probante. En revanche, nos preuves paraissent tautologiques. La Bombe éclate, c’est entendu : on
599 ur cela ! Qu’est-ce que cela prouve, sinon ce que nous savions déjà ? Serrons encore d’un peu plus près le malentendu, et la
600 multiplié les recettes (psychosomatiques, dirions- nous ) d’immortalité sur la terre, même lorsqu’ils enseignaient que la vie
601 n’est qu’illusion. Mais aucun ne devint immortel. Nous cherchons plutôt les moyens de gagner du temps, et les trouvons par l
602 s par la technique. Sur quoi le mandarin visitant nos usines : quand vous aurez tout le temps, qu’en ferez-vous ? (Mais lui
603 ’emploi du temps libre se posera donc demain, par notre fait, dans la réalité sérieuse et quotidienne. Mais voici le paradoxe
604 spirituellement, tandis que l’Orient se jette sur nos techniques et en oublie ses valeurs propres, qui seraient celles dont
605 lie ses valeurs propres, qui seraient celles dont nous aurions le plus grand besoin… ⁂ Je vois bien ce qui nous cache encor
606 ions le plus grand besoin… ⁂ Je vois bien ce qui nous cache encore la pleine réalité de tels problèmes : c’est la misère en
607 es présentes, je le vois dans la confrontation de notre Aventure — prenant alors conscience d’elle-même — et de la Voie tradi
608 la Voie traditionnelle, soumise à la question de notre présent vivant, dans une perspective mondiale. 92. Des guerres méd
609 ie par R. Rolland). D’autre part, le Brahmo Samaj devait ouvrir la voie à la théosophie de Mrs. Annie Beasant, dont les théori
13 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Chapitre XII. La quête sans fin
610 Toute réponse décisive annoncerait donc la fin de notre civilisation, son épuisement intime, et toujours préalable à l’anéant
611 lanche, aventureuse moitié du monde. La Quête est notre forme d’exister. Et pourtant, songeant à l’Orient, j’invoquerai le pr