1
ans la seule mesure où il leur restera fidèle. Ce
sont
à ces motifs et à ces buts que l’on voudrait ici se référer. Qu’est-c
2
t à ces buts que l’on voudrait ici se référer. Qu’
est
-ce donc que cette Europe que nous voulons servir ? Comment la définir
3
la définir ? Qu’apporte-t-elle au monde ? Quelles
sont
les sources de son énergie ? Et comment les canaliser ? Les essais qu
4
s ils n’ont rien de systématique. On verra qu’ils
sont
nés d’occasions très diverses. L’auteur n’a pas tenté de leur donner
5
ous plusieurs angles. Comment définir l’Europe ?
est
le sténogramme d’une conférence donnée le 27 mars 1958 à Nice, au Cen
6
de l’exposé. Mieux vaut dix fois se répéter que d’
être
obscur, quand on parle ou quand on écrit en vue de l’action. Et l’on
7
on. Et l’on voit bien que « l’idée européenne » n’
est
qu’une nostalgie assez vaine, si elle ne commande pas une action — je
8
dont la chaire où je parle ici porte le nom. Je m’
étais
chargé, en 1937, de composer pour une revue française un numéro spéci
9
euple, surtout quand il n’existe pas. Nous qui en
sommes
, nous savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais Neuchâtelois,
10
Nous qui en sommes, nous savons bien que nous ne
sommes
pas Suisses, mais Neuchâtelois, comme vous, ou Vaudois, comme moi, ou
11
distinguons avec soin les uns des autres. Et ce n’
est
pas la moindre ironie de notre sort que tant de précautions n’aboutis
12
aboutissent qu’à nous faire dire à l’étranger : —
Tiens
, vous êtes Suisse ? Comment se fait-il que vous parliez si bien le fr
13
qu’à nous faire dire à l’étranger : — Tiens, vous
êtes
Suisse ? Comment se fait-il que vous parliez si bien le français ? R
14
en le français ? Ramuz concluait que la Suisse n’
est
qu’une entité politique et militaire, fort utile à ses peuples, il es
15
itique et militaire, fort utile à ses peuples, il
est
vrai. Mais il doutait, ou même niait, que cette entité pût avoir une
16
us parler, à cette différence près que l’Europe n’
est
pas même — ou pas encore — une entité politique et militaire. J’imagi
17
ablante entreprise. Il y a plus de dix ans que je
suis
engagé en elle, j’ai donc un certain entraînement. Au surplus, je voi
18
autant. Avouons-le, sans fausse modestie : ce ne
serait
déjà pas si mal ! ⁂ Je me propose d’examiner quelques-unes des défini
19
quelques-unes des définitions de l’Europe qui ont
été
données jusqu’ici, et d’en suggérer une nouvelle. Mais tout d’abord,
20
n interviewer me demande à brûle-pourpoint : « Qu’
est
-ce que l’Europe ? Pouvez-vous me répondre en une phrase ? », j’ai l’h
21
implicité. Ce qu’on appelle « l’idée européenne »
est
en fait une action créatrice. La nécessité d’unir nos peuples résulte
22
les transformations techniques considérables qui
sont
intervenues dans ce siècle, réduisant les distances, abaissant les ba
23
uisant les distances, abaissant les barrières qui
étaient
censées nous protéger, exigeant de grands marchés continentaux et des
24
ques, qui dominent la politique du siècle, et qui
sont
trop chères pour chacun de nos trop petits pays. Il y a enfin l’augme
25
rée, sans barrières intérieures, seule capable de
tenir
son rang ou de le regagner à l’échelle mondiale. Certains disent qu’i
26
agner à l’échelle mondiale. Certains disent qu’il
est
trop tard ; que l’URSS et les USA, ces deux colosses qui se sont élev
27
; que l’URSS et les USA, ces deux colosses qui se
sont
élevés à l’est et à l’ouest de l’Europe pendant que nous étions en tr
28
les USA, ces deux colosses qui se sont élevés à l’
est
et à l’ouest de l’Europe pendant que nous étions en train de nous rui
29
à l’est et à l’ouest de l’Europe pendant que nous
étions
en train de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous écrase
30
ouvent faite depuis une bonne dizaine d’années, n’
est
pas sérieuse ni objective. J’ai l’habitude de poser, au cours de caus
31
uestion suivante : « Combien pensez-vous que nous
soyons
dans cette pauvre petite Europe que l’on dit écrasée entre les deux c
32
que l’on dit écrasée entre les deux colosses de l’
Est
et de l’Ouest ? » On me répond en général que nous devons être au max
33
Ouest ? » On me répond en général que nous devons
être
au maximum 200 millions, que les Américains doivent être au moins 300
34
maximum 200 millions, que les Américains doivent
être
au moins 300 millions et les Russes plus de 400 millions. Un très fai
35
information suffit à corriger ces chiffres : nous
sommes
, en fait, nous les Européens, à l’ouest du rideau de fer, 340 million
36
URSS. Même si nous laissons de côté les pays de l’
Est
, provisoirement, ce chiffre de 340 millions équivaut presque à l’addi
37
néficions pour le moment. Les États-Unis d’Europe
seraient
donc parfaitement capables par leur masse autant que par leur esprit,
38
sse de reposer ces mêmes questions préalables : «
Est
-ce que l’Europe est vraiment une unité de civilisation et de culture
39
êmes questions préalables : « Est-ce que l’Europe
est
vraiment une unité de civilisation et de culture ? En d’autres termes
40
civilisation et de culture ? En d’autres termes,
est
-ce que l’on peut fonder l’union politique et économique de l’Europe s
41
l’Europe comme telle. Tantôt on nous dit : « Nous
sommes
, en Europe, beaucoup trop différents les uns des autres. Nos nations
42
p trop différents les uns des autres. Nos nations
sont
vraiment, par tradition, presque sans commune mesure », un peu dans l
43
e papier la définition suivante : « L’Européen ne
serait
-il pas cet homme étrange, qui se manifeste comme Européen dans la mes
44
opéen dans la mesure précise où il doute qu’il le
soit
, et prétend au contraire s’identifier soit avec l’homme universel, so
45
’il le soit, et prétend au contraire s’identifier
soit
avec l’homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand
46
ntraire s’identifier soit avec l’homme universel,
soit
avec l’homme d’une seule nation du grand complexe européen, dont il r
47
n ne les comprend pas. Car, vue de loin, l’Europe
est
évidente. Tout le problème consiste à se placer à la bonne distance d
48
tudier l’éléphant à l’aide d’un microscope ? Il n’
est
jamais venu à bout de sa description de l’éléphant, dont il n’a pu co
49
grand-chose en commun… Vus d’Amérique, quelle que
soit
notre nation, nous sommes tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas
50
us d’Amérique, quelle que soit notre nation, nous
sommes
tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister, on nou
51
« Bon ! admettons que, vue de très loin, l’Europe
soit
une entité. Mais vous ne pouvez pas la préciser. Où commence-t-elle ?
52
. Où commence-t-elle ? Où finit-elle exactement ?
Est
-ce que la Turquie d’Asie Mineure en fait partie ? Est-ce que l’Afriqu
53
ce que la Turquie d’Asie Mineure en fait partie ?
Est
-ce que l’Afrique du Nord en fait partie ? Est-ce que la Russie en fai
54
e ? Est-ce que l’Afrique du Nord en fait partie ?
Est
-ce que la Russie en fait partie ? Tant que vous ne nous aurez pas don
55
on géographique, nous ne marcherons pas. » Or, il
est
parfaitement clair que les frontières de l’Europe ont considérablemen
56
érablement varié au cours des âges, et que cela n’
est
pas fini. Surtout du côté de l’Est, où n’existent pas ce que l’on a a
57
et que cela n’est pas fini. Surtout du côté de l’
Est
, où n’existent pas ce que l’on a appelé — à tort d’ailleurs — des fro
58
— des frontières naturelles. La frontière avec l’
Est
a toujours été une frontière purement historique, changeante au gré d
59
es naturelles. La frontière avec l’Est a toujours
été
une frontière purement historique, changeante au gré des poussées et
60
et de l’Europe. L’Europe a varié et elle variera.
Est
-ce à dire qu’elle n’existe pas ? Il suffit de rappeler ici que les fr
61
n’existe pas parce que ses frontières varient à l’
Est
», je répondrai que, même si une définition géographique de l’Europe
62
, même si une définition géographique de l’Europe
était
possible, elle ne présenterait pas grand intérêt, car en réalité, ce
63
enterait pas grand intérêt, car en réalité, ce ne
sont
pas des terres que nous devons unir, mais des hommes, des hommes rele
64
et d’un certain type de culture. Or ces hommes ne
sont
pas des produits du sol, quoi qu’en dise une certaine littérature, ma
65
l’Europe notre mère ». Si les critères physiques
sont
vraiment incertains, qu’en est-il des critères moraux ? Il faudrait d
66
ritères physiques sont vraiment incertains, qu’en
est
-il des critères moraux ? Il faudrait donner ici une définition de l’E
67
allusion tout à l’heure, consiste à dire que nous
sommes
trop différents. Il y a trop de diversités de tous ordres en Europe p
68
re européenne synthétique. La troisième objection
est
relative aux langues. Il paraît que nous parlons, en Europe, un trop
69
rsités. Il faut commencer par reconnaître qu’elle
est
exacte, non pas en tant qu’objection, mais en tant qu’observation. L’
70
’objection, mais en tant qu’observation. L’Europe
est
la terre de la diversité, par excellence. Ce fait même, comme vous le
71
urprend, innove, et surtout vous permet de ne pas
être
confondu avec le voisin. Voilà ce qui nous oppose le plus profondémen
72
orte sur l’existence des cultures nationales, qui
seraient
les seules réelles, et sur l’inexistence d’une culture généralement e
73
ture généralement européenne. Cette erreur-là, ce
sont
nos manuels scolaires qui en sont les principaux responsables depuis
74
e erreur-là, ce sont nos manuels scolaires qui en
sont
les principaux responsables depuis un siècle. Il est bien entendu qu
75
les principaux responsables depuis un siècle. Il
est
bien entendu que pour unir l’Europe, il ne saurait être question de m
76
ien entendu que pour unir l’Europe, il ne saurait
être
question de mélanger toutes nos cultures en vue d’obtenir une culture
77
nt impossible, puisque nos cultures nationales ne
sont
, en fait, que des découpages abstraits, le plus souvent erronés, et t
78
souvent erronés, et tout à fait récents, qui ont
été
pratiqués sur le corps de la grande culture commune européenne, laque
79
de la grande culture commune européenne, laquelle
est
beaucoup plus ancienne que toutes nos nations sans exception, étant l
80
s ancienne que toutes nos nations sans exception,
étant
l’œuvre commune et séculaire de tous les Européens réunis. Sur la bas
81
a peinture, la musique, la littérature même — qui
tient
pourtant de si près aux langues — sont nées dans plusieurs foyers sim
82
ême — qui tient pourtant de si près aux langues —
sont
nées dans plusieurs foyers simultanés ou successifs en Europe, se son
83
urs foyers simultanés ou successifs en Europe, se
sont
transportées d’un de ces foyers à l’autre, d’une région à l’autre, on
84
plusieurs foyers de l’Italie du Nord — de ce qui
est
aujourd’hui l’Italie du Nord et qui n’était pas l’Italie — qu’elle se
85
ce qui est aujourd’hui l’Italie du Nord et qui n’
était
pas l’Italie — qu’elle se transporte dans les Flandres en suivant les
86
mposition ; et que finalement, au xxe siècle, ce
sont
des Russes comme Stravinsky (et les ballets de Diaghilev) qui revienn
87
otre Europe de l’Ouest. Le périple de la peinture
est
à peu près le même. Vous voyez que, dans ces deux cas, l’histoire de
88
e la musique si tu veux. » Quant aux sciences, il
serait
simplement absurde de vouloir leur accoler un adjectif national. La s
89
s avons de nations, ou à peu près ; que la nation
est
définie d’abord par une langue ; et que, d’autre part, il y a identit
90
la Corse, bien entendu. En revanche, le français
est
parlé dans trois ou quatre autres pays que la France. Et l’allemand n
91
définit nullement la nation allemande, puisqu’il
est
parlé dans au moins sept autres pays que la République fédérale allem
92
res pays que la République fédérale allemande. Il
est
parlé naturellement dans l’Allemagne de l’Est, mais aussi en Suisse,
93
de Hongrois et de Finlandais — toutes ces langues
sont
profondément parentes, sont de structures comparables, ont des racine
94
— toutes ces langues sont profondément parentes,
sont
de structures comparables, ont des racines communes, un vocabulaire a
95
, beaucoup plus différentes entre elles que ne le
sont
l’allemand, l’anglais, le français, l’espagnol et l’italien. On parle
96
que rien de commun. À tel point que M. Nehru, qui
fut
l’un des créateurs de l’unité indienne, pour avoir contribué à chasse
97
parler à ses administrés qu’en anglais, s’il veut
être
compris dans tout le pays. Bien entendu, il ne suffit pas d’écarter d
98
illustrée par Paul Valéry. Cette définition peut
être
dite traditionnelle, puisqu’on la retrouve déjà dans les œuvres des g
99
de ceux qu’a repris de nos jours Paul Valéry. Il
est
visible que nous résultons, nous autres Européens, d’Athènes, de Rome
100
e et de Jérusalem, dans cette mesure qu’Athènes a
été
l’origine de ce que nous appelons la raison, le sens critique et la n
101
ens critique et la notion d’individu ; que Rome a
été
l’origine de la conception de l’État, du Droit et de la personne du c
102
finition par les trois sources a le désavantage d’
être
incomplète, puisqu’elle laisse de côté tous les apports qui ne sont n
103
uisqu’elle laisse de côté tous les apports qui ne
sont
ni grecs, ni juifs, ni romains, c’est-à-dire les apports germaniques,
104
ques, celtes, arabes, iraniens, et orientaux, qui
sont
venus s’ajouter au cours des âges. Mais surtout, cette définition ris
105
un certain moment pour former l’Europe idéale. Je
tiens
au contraire que cette rencontre a été purement accidentelle. Elle s’
106
éale. Je tiens au contraire que cette rencontre a
été
purement accidentelle. Elle s’est produite dans ce que j’ai nommé « l
107
tte rencontre a été purement accidentelle. Elle s’
est
produite dans ce que j’ai nommé « le carrefour hasardeux des premiers
108
its de notre culture et par ses résultats actuels
est
, elle, purement descriptive et objective. Elle consiste à dresser l’i
109
compréhensible aux Asiatiques, avant qu’ils aient
été
contaminés par les idées occidentales. C’est l’Europe qui a créé l’id
110
ert toute la terre, alors qu’elle-même n’a jamais
été
découverte par d’autres peuples. Et c’est aujourd’hui l’Europe qui a
111
ncé les savants à la conquête du ciel. Même si ce
sont
les Russes et les Américains qui y vont les premiers, ils le feront a
112
ommun à ces produits de notre culture ? Tout cela
est
foncièrement hétéroclite, hétérogène. On voit mal la commune mesure e
113
ue ces deux choses viennent de l’Europe, qu’elles
sont
nées en Europe et ne sont pas nées ailleurs. Mais pourquoi sont-elles
114
t de l’Europe, qu’elles sont nées en Europe et ne
sont
pas nées ailleurs. Mais pourquoi sont-elles nées en Europe et non pas
115
urope et ne sont pas nées ailleurs. Mais pourquoi
sont
-elles nées en Europe et non pas en Asie, par exemple ? Ainsi donc, to
116
insi donc, toute définition statique de l’Europe,
soit
par ses limites géographiques, ou par sa date de naissance dans l’his
117
que son but. Parce que la civilisation européenne
est
essentiellement un complexe de tensions, de contradictions, un mouvem
118
é de définir l’Europe comme une Aventure, et j’en
suis
arrivé aux conclusions que voici : Ce qui définit une civilisation, à
119
es résultats à tel moment donné de l’histoire, ce
sont
ses grandes options de base. Je m’explique. L’attitude originelle, le
120
utures, mais encore la nature même de ce que l’on
tiendra
plus tard pour « la réalité ». Les résultats de fait d’une civilisati
121
tout autre « réalité ». La question, pour moi, n’
est
pas de savoir si notre réalité — ou ce que nous appelons ainsi — est
122
i notre réalité — ou ce que nous appelons ainsi —
est
plus ou moins vraie que ce que les Orientaux appellent réalité. Je ve
123
e veux souligner simplement que ces deux réalités
sont
différentes essentiellement et différentes dès le début. La question,
124
itales. Ils ont décidé que la matière et le corps
sont
des réalités ; que le temps a un sens ; et que l’homme est une person
125
éalités ; que le temps a un sens ; et que l’homme
est
une personne. De ces trois grands choix initiaux découlent presque to
126
tte démonstration, si passionnante qu’elle puisse
être
quand on y va voir d’assez près. Je voudrais seulement vous rappeler
127
nnu que le corps, et la matière qui le constitue,
sont
des réalités reconnues par Dieu lui-même. Dès ce moment, les sciences
128
e moment, les sciences deviennent possibles, s’il
est
vrai que nous nommons « science » l’étude du corps humain et de la ma
129
pour un Kepler, par exemple, le cosmos lui-même n’
est
pas cette fantasmagorie que décrivent les mythologies orientales, mai
130
mythologies orientales, mais une réalité qui doit
être
interprétée, et qui doit même être sauvée par l’homme, par son action
131
alité qui doit être interprétée, et qui doit même
être
sauvée par l’homme, par son action illuminante. L’homme peut étudier
132
re ce cosmos et son esprit, l’un et l’autre ayant
été
créés et voulus par le même Dieu qui s’est incarné dans la matière. A
133
ayant été créés et voulus par le même Dieu qui s’
est
incarné dans la matière. Ainsi donc, l’option de base prise au concil
134
nséquences littéralement incalculables, — tant il
est
certain qu’aucun des Pères de l’Église qui prirent ces décisions dogm
135
que, et finalement nos bombes dites atomiques. Il
est
très remarquable que le plus grand adversaire du christianisme à la f
136
tianisme à la fin du xixe siècle, Nietzsche, ait
été
le premier à l’avoir vu : les sciences physiques n’ont été possibles
137
emier à l’avoir vu : les sciences physiques n’ont
été
possibles qu’à cause du christianisme, en Europe. Deuxième exemple de
138
oire. Presque toutes les civilisations connues se
sont
fait ou se font encore du temps, une idée cyclique. Pour les hindous,
139
res où elle perdrait tout sens. Le temps lui-même
est
supprimé aux yeux de l’esprit. Mais à l’époque des conciles, pour la
140
e la mort du Christ ; ils précisent que le Christ
est
mort « sous Ponce Pilate », manière de souligner expressément l’unici
141
ique et non pas d’un événement mythique, comme le
sont
toujours les apparitions des dieux dans la théogonie hindoue, les « a
142
des Apôtres insistent sur le fait que le Christ s’
est
incarné « une fois pour toutes », dans l’histoire. Alors que les dieu
143
s’incarnent « chaque fois que » cette incarnation
est
rendue nécessaire par des catastrophes ou des crises. C’est à partir
144
l’Histoire devient possible. Elle vaut la peine d’
être
prise au sérieux, enregistrée, racontée, étudiée, puisqu’elle prend u
145
que, dramatique, créatrice de nouveauté, et qui a
été
inaugurée par la vision chrétienne du temps. Du même coup, l’homme de
146
ble de ses actions et de leurs conséquences. Il n’
est
plus soumis à la pure et simple fatalité des astres. Il court son ave
147
erait, où elle mènerait leurs descendants. Rien n’
était
fatal dans ce qui s’est produit. Mais pourtant, nous comprenons mieux
148
urs descendants. Rien n’était fatal dans ce qui s’
est
produit. Mais pourtant, nous comprenons mieux maintenant pourquoi tou
149
pposition, ou le Parlement, ou la révolution, ont
été
conçues et créées par l’Europe et par elle seule. ⁂ On ne peut s’empê
150
avenir de cette culture qui a fait l’Europe — qui
est
l’Europe — avec les yeux des pessimistes qui voient surtout nos divis
151
in une humanité en si rapide croissance ? Faut-il
être
pessimiste ou optimiste ? Bernanos avait coutume de dire à ses amis :
152
it coutume de dire à ses amis : « Les pessimistes
sont
des imbéciles malheureux ; les optimistes sont des imbéciles heureux…
153
es sont des imbéciles malheureux ; les optimistes
sont
des imbéciles heureux… » Je préfère me ranger, pour ma part, dans la
154
e. Nous n’imitons aucune autre culture qui puisse
être
considérée comme supérieure à la culture occidentale, et capable de l
155
caricature très simplifiée de l’Occident, dont il
est
lui-même issu. En revanche, je vois très bien que le reste du monde
156
revanche, je vois très bien que le reste du monde
est
en train de retourner contre nous les armes idéologiques, économiques
157
ion actuelle, c’est-à-dire de l’Europe — l’Europe
étant
le lieu du monde où sont conservés, cultivés et constamment renouvelé
158
de l’Europe — l’Europe étant le lieu du monde où
sont
conservés, cultivés et constamment renouvelés les grands secrets huma
159
ses pouvoirs créateurs et de ses libertés. Rien n’
est
fatal. Les deux éventualités sont possibles : celle d’une nouvelle ro
160
libertés. Rien n’est fatal. Les deux éventualités
sont
possibles : celle d’une nouvelle royauté pacifique de l’Europe sur to
161
s le concret. Cessons donc de demander ce qu’elle
est
, comme si nous n’étions pas personnellement impliqués dans l’affaire.
162
donc de demander ce qu’elle est, comme si nous n’
étions
pas personnellement impliqués dans l’affaire. Prenons en main notre s
163
nons en main notre sort, le sort de l’Europe, qui
est
aussi celui de nos enfants, et à l’éternelle question « Qu’est-ce que
164
ui de nos enfants, et à l’éternelle question « Qu’
est
-ce que l’Europe ? », répondons avec réalisme : l’Europe, c’est ce que
165
s L’énoncé des plus hautes valeurs européennes
tient
dans l’œuvre de Bach et dans celle de Mozart. La Messe en ut mineur r
166
e, elle n’ira pas plus haut, peut-être ; mais qui
serait
en mesure d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’auj
167
le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle
est
loin de tels sommets, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’e
168
l’Europe réelle est loin de tels sommets, mais ce
sont
tout de même ses sommets. Elle n’est pas souvent digne de ces œuvres,
169
ts, mais ce sont tout de même ses sommets. Elle n’
est
pas souvent digne de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. No
170
» l’ignorent ; ils voient plus facilement ce qui
est
beaucoup plus bas, au niveau du contact brutal entre leurs coutumes e
171
ur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés
sont
criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs
172
ais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique
est
le sublime de l’Occident, mais pour l’oreille d’un Oriental, c’est un
173
réflexion sur nos valeurs occidentales ne saurait
être
académique ; elle s’inscrit dans une situation dominée par le malente
174
simple, je crois : la diffusion de nos valeurs n’
est
pas co-extensive à celle de nos produits et n’en est pas non plus con
175
pas co-extensive à celle de nos produits et n’en
est
pas non plus contemporaine ; elle reste loin derrière dans l’espace e
176
este loin derrière dans l’espace et le temps. Tel
est
le drame. Il intéresse l’avenir de tous les peuples de la Terre. D
177
civilisation occidentale, on s’aperçoit qu’elle n’
est
pas loin de recouvrir l’ensemble des terres habitées, mais que la den
178
’Asie Mineure turque, en passant par les Balkans,
est
demeuré sans nul doute moins occidental que ne le sont devenus le Can
179
demeuré sans nul doute moins occidental que ne le
sont
devenus le Canada, le Chili ou l’Australie. Vient ensuite l’empire de
180
dépens de valeurs européennes plus complexes, qui
furent
éliminées avec les anciennes classes, et de valeurs autochtones et po
181
un planisphère, ces zones de diffusion pourraient
être
représentées par une petite tache d’un rouge sombre sur l’Europe médi
182
médiane, tandis que les Amériques et l’Australie
seraient
en rouge vif, les franges sud-est de l’Europe en rose, et l’URSS en q
183
ent, des stries plus ou moins serrées. Le Japon s’
est
notoirement occidentalisé depuis la seconde moitié du xixe siècle. L
184
nos produits et celui de nos valeurs régulatrices
est
en train de fomenter dans le monde entier des tensions inquiétantes,
185
» Une autre fois, il me raconte que sa femme, qui
est
une Hollandaise, donnait des leçons de solfège aux enfants d’une écol
186
jamais entendues. Ainsi, chaque machine exportée
est
, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et reti
187
avec anxiété, non point de les laisser comme ils
sont
, dans leur « sagesse » intacte et leur famine, mais de déclarer nos v
188
la liberté et de la justice, le but de la justice
étant
de protéger les libertés et la garantie interne des libertés consista
189
du prochain. On voit sans peine que nos produits
sont
les plus faciles à exporter et les plus rapidement acceptés hors d’Eu
190
hors d’Europe ; que nos principes de vie publique
sont
officiellement invoqués, mais surtout contre nous, et dans la mesure
191
condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs
sont
difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et sont le plus
192
iles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
sont
le plus souvent totalement ignorées. Il importe donc de montrer comme
193
croyance profonde que le cosmos, créé par Dieu, n’
est
pas absurde ni soumis aux caprices des divinités monstrueuses. Il vau
194
cruter les lois. Et l’univers attend de l’homme d’
être
compris, révélé, voire sauvé : « Car la création tout entière attend,
195
i en illustra la haute portée morale ; la seconde
fut
définie par les premiers conciles, à l’occasion des grands débats sur
196
santes ou socialisantes de nos institutions. Tels
étant
les liens innombrables qui unissent les attitudes fondamentales de la
197
Il ne s’agit nullement ici de politique, et ce n’
est
qu’en vertu d’un accident de l’Histoire que la France paraît seule en
198
se dans cette affaire. Car en réalité le problème
est
mondial. Il concerne tout l’Occident, dans ses relations avec le Mond
199
emps que nos créations. On voit que l’alternative
est
utopique, chacun de ses termes l’étant. Il nous reste à trouver des f
200
’alternative est utopique, chacun de ses termes l’
étant
. Il nous reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tol
201
nité tout entière. 1. Chacun sait que « Naples
est
la seule ville orientale qui n’ait pas de quartier européen ».
202
risque à prendre la parole, ce matin, ce ne peut
être
qu’au seul titre de technicien de la culture générale, producteur et
203
eur d’idées. Pour qu’une rencontre de ce genre ne
soit
pas vaine ou ennuyeuse, il faut, et il suffit peut-être, que l’on tro
204
tretenir des sujets et des intérêts que j’imagine
être
communs à nos professions respectives. Et ce seront tout d’abord, et
205
être communs à nos professions respectives. Et ce
seront
tout d’abord, et tout naturellement, les relations entre la culture g
206
ant par le pétrole et l’électricité, que celle-ci
soit
produite par le charbon ou l’eau, la fission de l’atome ou sa fusion.
207
a technique, dont l’une des fonctions principales
est
de produire et de distribuer l’énergie. Je ne vous apprendrais rien e
208
us apprendrais rien en rappelant que la technique
est
une création de l’Occident, et plus spécialement de l’Europe. Mais je
209
on prend garde à cette question très simple, l’on
est
amené à se demander ce qui a bien pu prédisposer l’Européen à cherche
210
nt l’Occident, cet Occident dont la petite Europe
fut
longtemps le seul centre vivant, et demeure peut-être encore le foyer
211
croit qu’à l’âme. Le symbole de cette différence
est
dans le dogme de l’Incarnation. En effet, lorsqu’ils ont proclamé le
212
e coup, que le corps humain et la matière dont il
est
formé, et par suite le cosmos matériel tout entier, sont bel et bien
213
rmé, et par suite le cosmos matériel tout entier,
sont
bel et bien réels, ne sont pas des illusions, comme le pensait l’Orie
214
matériel tout entier, sont bel et bien réels, ne
sont
pas des illusions, comme le pensait l’Orient, ne sont pas le « Voile
215
pas des illusions, comme le pensait l’Orient, ne
sont
pas le « Voile de Maya » comme l’enseignaient les religions bouddhist
216
le moment où la réalité du corps et de la matière
est
affirmée — mais pas avant ! — la science, nos sciences deviennent pos
217
nce, nos sciences deviennent possibles. Voilà qui
est
évident, puisque nous appelons science l’étude des lois du corps huma
218
i perdre son temps à étudier les lois de ce qui n’
est
qu’illusion ? L’Orient s’est donc voué à l’étude de l’âme et des pouv
219
les lois de ce qui n’est qu’illusion ? L’Orient s’
est
donc voué à l’étude de l’âme et des pouvoirs sur l’âme — et il a trou
220
n toutes les vérités établies, sans laquelle il n’
est
point de recherche féconde, ni d’invention, ni de progrès. Je ne vous
221
ère, théologique, philosophique et politique, que
sont
nées toutes nos sciences, et la technique moderne. Mais, bien que née
222
, les journalistes et l’opinion de nos élites, se
sont
mis à se lamenter sur le matérialisme occidental, sur le déclin des v
223
e faut-il donc penser de cette longue plainte qui
fut
mise à la mode par Bergson il y a cinquante ans de cela, et de ce pes
224
es envahissent nos vies ? Si seulement, car elles
sont
très chères ! Mais jamais une Talbot, une Cadillac, ni une simple 4 c
225
e Talbot, une Cadillac, ni une simple 4 chevaux n’
est
entrée dans ma cour, spontanément, dans l’intention de m’envahir ! Et
226
on oublie simplement que les machines et la Bombe
sont
faites par l’homme et ne feront rien sans lui. J’écrivais au lendemai
227
J’écrivais au lendemain d’Hiroshima : La Bombe n’
est
pas dangereuse du tout. C’est un objet. Ce qui est horriblement dange
228
st pas dangereuse du tout. C’est un objet. Ce qui
est
horriblement dangereux, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe
229
se prépare à l’employer. Le contrôle de la Bombe
est
une absurdité. On nomme des Comités pour la retenir ! C’est comme si
230
anquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se
tiendra
coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce
231
contrôle de l’homme. Observez au surplus qu’il n’
est
pas d’invention, si simple et si utilitaire soit-elle, qui ne puisse
232
n’est pas d’invention, si simple et si utilitaire
soit
-elle, qui ne puisse être mise au service des passions meurtrières de
233
simple et si utilitaire soit-elle, qui ne puisse
être
mise au service des passions meurtrières de l’homme : le couteau de c
234
notre vie quotidienne : l’esclavage du téléphone
est
un des clichés de l’époque. Mais le téléphone, simple appareil, n’a j
235
que chose que vous ne désirez pas manquer. Vous n’
êtes
donc pas esclaves du téléphone, mais de votre seule curiosité. Qu’il
236
yante, ou du téléphone agaçant, vous voyez que ce
sont
nos passions, nos manies, que c’est donc l’homme lui-même qui reste r
237
’a produite. Dire que la machine domine l’homme n’
est
donc qu’une manière de parler, non seulement excessive mais erronée,
238
tretient une illusion courante contre laquelle je
tenais
à mettre en garde. Ce qui par contre ne fut pas une illusion, ni une
239
je tenais à mettre en garde. Ce qui par contre ne
fut
pas une illusion, ni une manière de parler, ce qui fut même une doulo
240
as une illusion, ni une manière de parler, ce qui
fut
même une douloureuse tragédie depuis plus d’un siècle et demi, pour u
241
ur une partie de nos populations occidentales, ce
fut
le sort du travailleur industriel, de cet immense prolétariat, créé p
242
ylorisé, travaillant à la chaîne. Et certes, ce n’
étaient
pas non plus les machines ou les chaînes qui forçaient l’ouvrier à le
243
dentale. Chose étrange et bien remarquable, ce ne
sont
pas les justes indignations d’un Marx, ou l’action politique des part
244
étariat, mais c’est la technique elle-même ! Ce n’
est
pas en freinant les progrès de la technique, mais au contraire en les
245
ue, mais au contraire en les accélérant, que nous
sommes
parvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et peut, pro
246
rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il
est
poussé jusqu’au bout, et qu’il n’a plus besoin d’être servi, mais seu
247
poussé jusqu’au bout, et qu’il n’a plus besoin d’
être
servi, mais seulement surveillé par l’homme. L’exemple de l’automatio
248
urveillé par l’homme. L’exemple de l’automation n’
est
qu’un symbole : il illustre à peu près idéalement les effets bénéfiqu
249
ls ne connaissaient pas le machinisme — dont nous
sommes
les premiers usagers quotidiens — mais ils n’en communiaient pas dava
250
que. Le goût de s’étaler au soleil sur les plages
est
contemporain de l’auto. Mais il y a plus. Le principal produit de la
251
au bureau, obtenue depuis trois quarts de siècle,
est
d’environ deux-mille heures par an aux États-Unis. Ce chiffre se verr
252
avail, c’est même le vrai travail humain. Mais il
est
clair que si le temps libre est augmenté, la consommation de la cultu
253
l humain. Mais il est clair que si le temps libre
est
augmenté, la consommation de la culture augmentera elle aussi, et que
254
suite, les conditions du producteur de la culture
seront
sensiblement améliorées. Donc, tout ce que la technique permet de gag
255
er sur le temps de travail mécanique et routinier
sera
gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où
256
routinier sera gagné pour la culture, ou pourra l’
être
. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativemen
257
ite aux cours de marxisme-léninisme. Mais le fait
est
que les Russes ont lancé les Sputniks, et tout le monde voudra donc l
258
r les sources vives de l’invention technique, qui
tient
, comme j’ai tenté de vous le montrer, à l’ensemble de notre culture.
259
re. Gardons-nous de scier la branche sur laquelle
est
assise notre puissance technique ; elle se nomme culture générale. Le
260
lus grands inventeurs de tous les temps n’ont pas
été
des techniciens au sens étroit, mais des poètes, des philosophes et d
261
oète français un peu loufoque, Charles Cros. Tels
sont
les successeurs modernes d’un Archimède dans son bain et d’un Léonard
262
2° que c’est alors que nous courrons le risque d’
être
spirituellement soumis à nos machines, étant dressés d’avance à les s
263
que d’être spirituellement soumis à nos machines,
étant
dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués pour vivre mieu
264
s, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’
être
éduqués pour vivre mieux en disposant de leurs services. Énergie,
265
n exemple qui vous touche de près : l’énergie. Qu’
est
-ce que l’énergie ? Vous la produisez, vous la distribuez, et vous en
266
et vous en vivez. Mais savez-vous bien ce qu’elle
est
, ce qu’elle signifie dans nos vies ? Et pourriez-vous la définir ? Je
267
t aussitôt nous pose cette question simple : « Qu’
est
-ce que l’énergie ? » Plusieurs d’entre nous essaient de répondre : c’
268
ondre : c’est plutôt vague, c’est maladroit, ce n’
est
rien qui vaille. Alors le colonel nous arrêtant d’un geste sec déclar
269
80 kilomètres. Ce colonel avait raison. L’énergie
est
quelque chose qui sommeille non pas seulement dans l’homme, mais dans
270
re en œuvre, et enfin de la distribuer. L’énergie
est
partout. Elle attend l’homme qui la réveille. Mais la plupart des hom
271
te la Terre — alors qu’eux-mêmes n’avaient jamais
été
découverts par un autre peuple ! Ils inventèrent des armes et des ins
272
a reine incontestée de la Planète. Et pourtant qu’
était
-elle en soi-même ? Physiquement, fort peu de chose à vrai dire : 4 %
273
tte péninsule la conscience et le cœur du monde n’
est
pas clairement lisible sur les cartes, mais le devient dans l’histoir
274
Et du même coup, nous aurons dit que la culture n’
est
pas un luxe pour nos peuples, mais une nécessité vitale. L’Europe, c’
275
pour en tirer une énergie insoupçonnée. L’Europe
est
donc une énergie, que je désignerai par E, et qui est égale au produi
276
donc une énergie, que je désignerai par E, et qui
est
égale au produit de sa faible masse physique, soit m, par une culture
277
est égale au produit de sa faible masse physique,
soit
m, par une culture dont les effets se font sentir en progression géom
278
demande pardon aux esprits scientifiques que vous
êtes
, mais cette espèce de calembour mathématique auquel je viens de me li
279
u loin, par son transfert et sa distribution. Que
serait
une énergie qui ne se transmettrait pas, qui s’épuiserait sur place,
280
n. L’Europe a rayonné dans le monde parce qu’elle
était
un foyer d’énergies de toute espèce. Et ce sont bel et bien ses énerg
281
était un foyer d’énergies de toute espèce. Et ce
sont
bel et bien ses énergies transmises qui ont déclenché le vaste proces
282
n peut le déplorer, on ne peut plus le nier. Nous
sommes
donc en droit de constater que la civilisation européenne est devenue
283
droit de constater que la civilisation européenne
est
devenue au xxe siècle la première civilisation effectivement mondial
284
a Chine l’adopter sous une forme caricaturale, il
est
vrai, importée de la Russie, qui d’ailleurs l’a copiée sur l’Amérique
285
sur l’Europe ; mais n’oublions pas que l’Amérique
est
une invention de l’Europe… Pouvons-nous donc crier victoire ? On sait
286
jourd’hui contre nous. En fait, l’Europe actuelle
est
assiégée. Chassée de l’Asie et d’une partie de l’Afrique, qui menacen
287
ndance. Et dans aucun domaine, notre dépendance n’
est
plus sensible, plus exactement mesurable, que dans le domaine de l’én
288
énergie de plus qu’elle n’en produit. En 1975, ce
sera
37 % de plus. Pour combler cet écart, par des importations de charbon
289
iements ? Que deviendrait son indépendance ? Elle
serait
proprement colonisée, financièrement, politiquement et moralement, pa
290
e dépendance à l’égard des pays arabes. Voilà qui
est
grave, mais il y a pire. Les réserves en pétrole et charbon, corps qu
291
r le moyen d’une prospection systématique ; elles
seront
un jour épuisées. Les experts varient sur la date, non sur la vraisem
292
notre continent — et de l’humanité tout entière —
serait
apparemment sans espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’av
293
ne nouvelle source d’énergie. L’énergie nucléaire
est
la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens, au d
294
nt notre science, notre hygiène et nos techniques
étaient
en train d’accroître au-delà du possible les besoins matériels et les
295
omestiquer l’énergie cachée dans l’atome, il n’en
est
pas moins clair qu’aucun de nos pays ne saurait à lui seul la mettre
296
ses. On s’imagine parfois que l’union de l’Europe
est
une manie de doux rêveurs, d’idéalistes, ou, au contraire, d’impérial
297
e, d’impérialistes européens. L’union de l’Europe
est
simplement une nécessité vitale, la condition de notre survie et de l
298
ment avec les six qui ont commencé ; ou bien nous
serons
colonisés. Et le monde entier, alors, en pâtirait. Car le monde entie
299
énergie de techniciens et d’hommes. 2. Ce qui
est
qualifié de « sérieux », c’est ce qui assure la subsistance de l’homm
300
fera pas l’Europe sans l’aide de sa culture : ce
serait
vouloir la faire sans ce qui la définit. Si elle a dominé le globe du
301
tte péninsule la conscience et le cœur du monde n’
est
pas clairement lisible sur les cartes, mais le devient dans l’histoir
302
Et du même coup, nous aurons dit que la culture n’
est
pas un luxe pour nos peuples, mais une nécessité vitale. Qu’est-ce qu
303
e pour nos peuples, mais une nécessité vitale. Qu’
est
-ce que l’Europe ? Assez peu de choses plus une culture. Et si vous ôt
304
p de l’Asie, 4 % des terres du globe… Tout cela n’
est
pas nouveau, mais on l’oublie souvent, notamment quand on pense en ma
305
On entend bien que la culture dont je parle ici n’
est
pas seulement celle des loisirs, celle que les gens qui en prennent l
306
somment, mais bien plutôt celle qui produit. Ce n’
est
pas seulement l’activité assimilatrice de ceux qui regardent des tabl
307
nent, écrivent, conçoivent et inventent. Car s’il
est
vrai que l’Europe a découvert la Terre, puis toute l’histoire de l’Ho
308
t qu’elle en a collectionné les témoignages, il n’
est
pas moins certain qu’elle a produit elle-même la seule culture ou civ
309
ndiale. Le symbole de l’Europe et de sa culture n’
est
donc pas seulement le Musée : c’est d’abord le Laboratoire. Et si l’o
310
t de cette culture que toute la Terre imite, ce n’
est
pas du Musée d’abord, mais du Laboratoire qu’il faut se préoccuper. (
311
d, mais du Laboratoire qu’il faut se préoccuper. (
Étant
bien entendu que ce Laboratoire a derrière lui toute l’histoire des i
312
termes tout pratiques : l’avenir de notre Europe
étant
lié à l’avenir de sa culture, c’est aux activités de recherche créatr
313
sté dans cette aide indirecte à la culture, qui n’
était
pas sans exercer quelque influence sur son cours. Cependant, un phéno
314
e nos jours : c’est celui de la subvention, qui n’
est
plus l’aide aux créateurs individuels, mais aux instituts de recherch
315
écénat. Notez bien que le problème que j’évoque n’
est
pas posé par la disparition, que l’on allègue, des princes capables d
316
’à la Renaissance ou au Grand Siècle. Le problème
est
posé par le fait que nos virtuels mécènes à l’ancienne mode ne sont p
317
ait que nos virtuels mécènes à l’ancienne mode ne
sont
plus en mesure — sauf de rares exceptions — de savoir par eux-mêmes o
318
et l’instinct de la qualité. Mais aujourd’hui, ce
sont
les éditeurs, les marchands de tableaux et les impresarios qui ont re
319
tourner vers des domaines très différents, où il
est
moins facile de s’orienter. Comment savoir où sont les vrais besoins,
320
est moins facile de s’orienter. Comment savoir où
sont
les vrais besoins, quelles recherches sont nécessaires, et qui pourra
321
oir où sont les vrais besoins, quelles recherches
sont
nécessaires, et qui pourra les diriger ? Il faudrait disposer d’un ét
322
idemment les capacités d’un particulier, si riche
soit
-il, ou d’un ministère national. Elle suppose l’existence d’instituts
323
d’information. La question qui se pose d’urgence
est
celle de l’aide puissante et cohérente qu’il faut donner à cette cult
324
u’il faut donner à cette culture dont la vitalité
sera
décisive. Aide puissante, tout d’abord. Les rares institutions qui se
325
ante, tout d’abord. Les rares institutions qui se
sont
donné pour mission de servir à la fois la culture et l’Europe en sont
326
ion de servir à la fois la culture et l’Europe en
sont
encore réduites à des budgets de misère. Signe hélas trop certain que
327
ses « européennes » dans le domaine de la culture
est
encore plus choquante, si possible, que nos divisions nationales, et
328
, si possible, que nos divisions nationales, et n’
est
pas moins débilitante. Non seulement elle multiplie les doubles emplo
329
ces problèmes depuis une bonne dizaine d’années,
tient
en trois points : 1. Création d’un Conseil européen de la recherche e
330
des fonds jugés par lui nécessaires, — fonds qui
seraient
fournis par le secteur privé (firmes et fondations) et par les organi
331
pour trouver ce qu’il faut. Les besoins devraient
être
formulés dans toute la liberté de l’imagination la mieux nourrie de c
332
és. Un second avantage du Conseil que je propose
serait
d’éliminer l’amateurisme qui menace parfois de caractériser les sugge
333
ne volonté n’y suffit plus. La fonction du mécène
est
devenue collective ; elle relève de la science et non plus de hobbies
334
elève de la science et non plus de hobbies ; elle
est
devenue part intégrante de la stratégie à long terme de notre monde o
335
notamment : a) pensez-vous que le Conseil devrait
être
créé par les Communautés des Six déjà existantes, sur leur initiative
336
t à priori se réjouir de cette prolifération, qui
est
la preuve d’une prise de conscience généralisée de l’utilité des rech
337
que. En fait, on constate que : 1° Ces efforts ne
sont
nullement coordonnés ; il y a souvent duplications, concurrence nuisi
338
pillage des énergies et perte d’efficacité. 2° Il
est
de plus en plus difficile de financer tous ces efforts et projets car
339
organisations culturelles européennes, à laquelle
seraient
invités les responsables des principales institutions indiquées ci-de
340
oyens dont elle dispose. L’objectif de la réunion
serait
en effet de dresser dans ses grandes lignes le plan d’une action cult
341
privés et officiels — existants ou à trouver. Ce
serait
en quelque sorte un budget de l’action culturelle européenne. Documen
342
drait les décisions nécessaires. N.B. Ce projet a
été
adopté par la Fondation européenne de la culture, lors du congrès qu’
343
ropéenne de la culture, lors du congrès qu’elle a
tenu
à Milan du 11 au 14 décembre 1958.