1 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). Note liminaire
1 rme d’une année de recherches en séminaires, dont nos Bulletins ont publié les conclusions, et qui portaient sur des secteu
2 niques d’avant-garde et les méthodes d’union — il nous a paru bon de revenir aux principes qui donnent leur véritable sens à
3 bles et opportunes, c’est l’action quotidienne de notre CEC. Mais cet engagement dans le concret n’aura jamais d’autre valeur
4 i se référer. Qu’est-ce donc que cette Europe que nous voulons servir ? Comment la définir ? Qu’apporte-t-elle au monde ? Qu
5 — je ne dis pas une agitation — visant à fédérer nos énergies.
2 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). Comment définir l’Europe ?
6 is tout naturellement pensé, pour l’introduire, à notre grand C. F. Ramuz. Il m’envoya cette introduction sous la forme d’une
7 pliquer un peuple, surtout quand il n’existe pas. Nous qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais
8 urtout quand il n’existe pas. Nous qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais Neuchâtelois, comme
9 ste pas. Nous qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais Neuchâtelois, comme vous, ou Vaudois, com
10 n’y a que les boîtes aux lettres et l’uniforme de nos milices qui présentent quelque uniformité. Partout ailleurs nous nous
11 i présentent quelque uniformité. Partout ailleurs nous nous distinguons avec soin les uns des autres. Et ce n’est pas la moi
12 sentent quelque uniformité. Partout ailleurs nous nous distinguons avec soin les uns des autres. Et ce n’est pas la moindre
13 des autres. Et ce n’est pas la moindre ironie de notre sort que tant de précautions n’aboutissent qu’à nous faire dire à l’é
14 e sort que tant de précautions n’aboutissent qu’à nous faire dire à l’étranger : — Tiens, vous êtes Suisse ? Comment se fait
15 d’en suggérer une nouvelle. Mais tout d’abord, il nous faudra situer le problème dans sa réalité, c’est-à-dire dans le drame
16 me dans sa réalité, c’est-à-dire dans le drame de notre temps. Quand un interviewer me demande à brûle-pourpoint : « Qu’est-c
17 e de dire : « L’Europe, c’est quelque chose qu’il nous faut unir. » Définition absolument pragmatique, mais qui a le mérite
18 en fait une action créatrice. La nécessité d’unir nos peuples résulte des faits les plus patents et les plus considérables
19 its les plus patents et les plus considérables de notre siècle. Je vais vous en énumérer très rapidement, sans aucun commenta
20 r, au nom d’un nationalisme d’ailleurs emprunté à nos traditions européennes. Il y a la fermentation que vous savez de l’Af
21 e, dont le sol se trouve détenir quelques-unes de nos plus grandes sources d’énergie et de matières premières. Il y a le dé
22 nces, abaissant les barrières qui étaient censées nous protéger, exigeant de grands marchés continentaux et des investisseme
23 du siècle, et qui sont trop chères pour chacun de nos trop petits pays. Il y a enfin l’augmentation vertigineuse de la popu
24 urope même. Tous ces facteurs convergent, et tous nous dictent une seule et unique solution : la création rapide d’une Europ
25 evés à l’est et à l’ouest de l’Europe pendant que nous étions en train de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous
26 t de l’Europe pendant que nous étions en train de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous écraser définitivement.
27 de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous écraser définitivement. Cette prétendue constatation, qu’il semble qu
28 la question suivante : « Combien pensez-vous que nous soyons dans cette pauvre petite Europe que l’on dit écrasée entre les
29 Est et de l’Ouest ? » On me répond en général que nous devons être au maximum 200 millions, que les Américains doivent être
30 t de l’Ouest ? » On me répond en général que nous devons être au maximum 200 millions, que les Américains doivent être au moin
31 être au maximum 200 millions, que les Américains doivent être au moins 300 millions et les Russes plus de 400 millions. Un trè
32 rt d’information suffit à corriger ces chiffres : nous sommes, en fait, nous les Européens, à l’ouest du rideau de fer, 340
33 t à corriger ces chiffres : nous sommes, en fait, nous les Européens, à l’ouest du rideau de fer, 340 millions. Si nous récu
34 ens, à l’ouest du rideau de fer, 340 millions. Si nous récupérions les pays satellites, cela ferait un total de 440 millions
35 que et plus de deux fois celle de l’URSS. Même si nous laissons de côté les pays de l’Est, provisoirement, ce chiffre de 340
36 e qualités. Je ne parle même pas de la qualité de nos artistes, de nos architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de
37 parle même pas de la qualité de nos artistes, de nos architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de la main-d’œuvre
38 a qualité de nos artistes, de nos architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de la main-d’œuvre industrielle, des ar
39 stes, de nos architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de la main-d’œuvre industrielle, des artisans, des savants e
40 artisans, des savants et des philosophes, — dont nous bénéficions pour le moment. Les États-Unis d’Europe seraient donc par
41 nies intellectuelles les plus répandues dans tous nos pays, que cette façon de mettre en doute l’existence même de l’Europe
42 existence même de l’Europe comme telle. Tantôt on nous dit : « Nous sommes, en Europe, beaucoup trop différents les uns des
43 e de l’Europe comme telle. Tantôt on nous dit : «  Nous sommes, en Europe, beaucoup trop différents les uns des autres. Nos n
44 ope, beaucoup trop différents les uns des autres. Nos nations sont vraiment, par tradition, presque sans commune mesure »,
45 dans le passage que je vous ai lu tout à l’heure, nous parlait de nos cantons suisses. Tantôt on nous dit au contraire : « L
46 que je vous ai lu tout à l’heure, nous parlait de nos cantons suisses. Tantôt on nous dit au contraire : « Les Européens n’
47 e, nous parlait de nos cantons suisses. Tantôt on nous dit au contraire : « Les Européens n’ont, au fond, pas de problèmes s
48 ait partie par le seul fait qu’il le conteste ? » Nos intellectuels, nos mandarins, dirai-je, adorent ce genre de jeu. Mais
49 eul fait qu’il le conteste ? » Nos intellectuels, nos mandarins, dirai-je, adorent ce genre de jeu. Mais hors d’Europe, on
50 ien entendu, le caractère. Ainsi en va-t-il entre nous , entre nos trop petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nou
51 le caractère. Ainsi en va-t-il entre nous, entre nos trop petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nous ne voyons
52 re nous, entre nos trop petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nous ne voyons que nos différences. Nous disons :
53 petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nous ne voyons que nos différences. Nous disons : « Quoi de commun entre u
54 nt que nous restons nez à nez, nous ne voyons que nos différences. Nous disons : « Quoi de commun entre un Scandinave du ce
55 ns nez à nez, nous ne voyons que nos différences. Nous disons : « Quoi de commun entre un Scandinave du cercle arctique et u
56 mun entre les Anglais et les Continentaux ? Entre nos chrétiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressist
57 lais et les Continentaux ? Entre nos chrétiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressistes ? Et pire enco
58 ntaux ? Entre nos chrétiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressistes ? Et pire encore, quoi de commun
59 tiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressistes ? Et pire encore, quoi de commun entre des radicaux val
60 des radicaux centre gauche, donc de droite ? » À nous entendre, nous autres Européens de différentes nations, nous autres F
61 entre gauche, donc de droite ? » À nous entendre, nous autres Européens de différentes nations, nous autres Français de diff
62 re, nous autres Européens de différentes nations, nous autres Français de différents partis, ou nous autres Suisses de diffé
63 ns, nous autres Français de différents partis, ou nous autres Suisses de différents cantons, nous n’aurions vraiment pas gra
64 is, ou nous autres Suisses de différents cantons, nous n’aurions vraiment pas grand-chose en commun… Vus d’Amérique, quelle
65 -chose en commun… Vus d’Amérique, quelle que soit notre nation, nous sommes tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas besoi
66 un… Vus d’Amérique, quelle que soit notre nation, nous sommes tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister,
67 ns. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister, on nous confond même avec les Américains. Et, de toute manière, cette unité e
68 Et, de toute manière, cette unité européenne dont nous nous plaisons à douter, les Asiatiques la confirment en nous confonda
69 e toute manière, cette unité européenne dont nous nous plaisons à douter, les Asiatiques la confirment en nous confondant to
70 laisons à douter, les Asiatiques la confirment en nous confondant tous dans une méfiance commune qui va parfois jusqu’au mép
71 e. Cependant les sceptiques ne désarment pas. Ils nous disent : « Bon ! admettons que, vue de très loin, l’Europe soit une e
72 e que la Russie en fait partie ? Tant que vous ne nous aurez pas donné une bonne et précise définition géographique, nous ne
73 nné une bonne et précise définition géographique, nous ne marcherons pas. » Or, il est parfaitement clair que les frontières
74 ffit de rappeler ici que les frontières de toutes nos nations, en Europe, ont varié au cours des âges, et j’entends bien le
75 de même la France. À ces mêmes nationalistes qui nous disent : « Seule la nation existe, parce qu’on sait exactement où ell
76 êt, car en réalité, ce ne sont pas des terres que nous devons unir, mais des hommes, des hommes relevant d’un certain type d
77 ar en réalité, ce ne sont pas des terres que nous devons unir, mais des hommes, des hommes relevant d’un certain type d’humani
78 ommun de tous ceux qui se réclament de « l’Europe notre mère ». Si les critères physiques sont vraiment incertains, qu’en es
79 définition de l’Europe par sa culture. Mais avons- nous vraiment une culture commune ? Là encore, les objections pleuvent. Je
80 sais allusion tout à l’heure, consiste à dire que nous sommes trop différents. Il y a trop de diversités de tous ordres en E
81 p de diversités de tous ordres en Europe pour que nous puissions vraiment former une culture commune. La seconde consiste à
82 dire qu’il n’y a rien de réel, en Europe, hors de nos cultures nationales. Vous n’arriverez jamais à les mélanger pour fair
83 objection est relative aux langues. Il paraît que nous parlons, en Europe, un trop grand nombre de langues trop différentes
84 de langues trop différentes pour arriver jamais à nous entendre. Examinons rapidement ces trois groupes d’objections. La pre
85 s trois groupes d’objections. La première invoque nos diversités. Il faut commencer par reconnaître qu’elle est exacte, non
86 ar excellence. Ce fait même, comme vous le voyez, nous donne une définition de l’Europe, loin de nous prouver que celle-ci n
87 z, nous donne une définition de l’Europe, loin de nous prouver que celle-ci n’existe pas. Je crois qu’il n’y a rien de plus
88 ne pas être confondu avec le voisin. Voilà ce qui nous oppose le plus profondément à toutes les civilisations antiques ou tr
89 généralement européenne. Cette erreur-là, ce sont nos manuels scolaires qui en sont les principaux responsables depuis un s
90 e, il ne saurait être question de mélanger toutes nos cultures en vue d’obtenir une culture européenne. C’est absolument im
91 européenne. C’est absolument impossible, puisque nos cultures nationales ne sont, en fait, que des découpages abstraits, l
92 e, laquelle est beaucoup plus ancienne que toutes nos nations sans exception, étant l’œuvre commune et séculaire de tous le
93 oute l’Europe, et aucune de ces histoires d’un de nos arts, prise en soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos n
94 soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos nations d’aujourd’hui. Si vous prenez, par exemple, l’histoire de la
95 ui reviennent apporter un nouveau style musical à notre Europe de l’Ouest. Le périple de la peinture est à peu près le même.
96 Vous voyez que, dans ces deux cas, l’histoire de nos arts ne coïncide nullement avec l’histoire de la nation, et qu’aucune
97 ent avec l’histoire de la nation, et qu’aucune de nos nations actuelles n’a le droit de dire : « La peinture, c’est à moi,
98 uels et des leçons reçues à l’école primaire, que nous parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nati
99 çons reçues à l’école primaire, que nous parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu
100 arlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu près ; que la nation est définie d’abord p
101 t culture. Mais il y a autre chose. Admettons que nous parlons une vingtaine de langues bien constituées en Europe. Les meil
102 ope, c’est-à-dire de l’unité de base sur laquelle nous pourrons bâtir notre union. À cet égard, on a proposé jusqu’ici deux
103 l’unité de base sur laquelle nous pourrons bâtir notre union. À cet égard, on a proposé jusqu’ici deux types de définitions,
104 itions, l’une se référant aux sources communes de notre culture, l’autre aux produits spécifiques, aux résultats actuels de c
105 n des termes assez voisins de ceux qu’a repris de nos jours Paul Valéry. Il est visible que nous résultons, nous autres Eur
106 pris de nos jours Paul Valéry. Il est visible que nous résultons, nous autres Européens, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem,
107 s Paul Valéry. Il est visible que nous résultons, nous autres Européens, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, dans cette mesu
108 cette mesure qu’Athènes a été l’origine de ce que nous appelons la raison, le sens critique et la notion d’individu ; que Ro
109 sonne du citoyen ; et que, de la tradition juive, nous viennent les notions de la foi, du monothéisme jaloux, et du prophéti
110 « le carrefour hasardeux des premiers siècles de notre ère », et non pas du tout comme l’avènement d’une synthèse organique
111 ques qui ont fait la force, et le drame aussi, de notre Europe. La définition par les produits de notre culture et par ses ré
112 e notre Europe. La définition par les produits de notre culture et par ses résultats actuels est, elle, purement descriptive
113 nt voilà, qu’y a-t-il de commun à ces produits de notre culture ? Tout cela est foncièrement hétéroclite, hétérogène. On voit
114 elque religion totalitaire, et présentant donc, à nos yeux tout au moins, un principe général de cohérence. ⁂ Pour l’Asie,
115 e les sages connaissent. En Europe, au contraire, nous sommes partis pour une aventure sans fin, dont nous ne connaissons pa
116 us sommes partis pour une aventure sans fin, dont nous ne connaissons pas les méandres et oublions souvent le But. Dans un l
117 ue tu appelles, en conséquence, le Réel. Qu’avons- nous cherché en Europe ? Qu’avons-nous cherché sans même bien consciemment
118 Réel. Qu’avons-nous cherché en Europe ? Qu’avons- nous cherché sans même bien consciemment savoir ce que nous voulions cherc
119 cherché sans même bien consciemment savoir ce que nous voulions chercher ? L’Orient, lui, a toujours cherché l’âme, les pouv
120 erchait : des sagesses, des méthodes d’action que nous dirions parapsychiques, et qui nous demeurent souvent obscures et inc
121 d’action que nous dirions parapsychiques, et qui nous demeurent souvent obscures et inconnues. C’est ainsi que l’Inde a tro
122  ». La question, pour moi, n’est pas de savoir si notre réalité — ou ce que nous appelons ainsi — est plus ou moins vraie que
123 n’est pas de savoir si notre réalité — ou ce que nous appelons ainsi — est plus ou moins vraie que ce que les Orientaux app
124 grands conciles, qui va du ive au vie siècle de notre ère. À l’époque des grands conciles, les Européens ont décidé — ou du
125 sciences deviennent possibles, s’il est vrai que nous nommons « science » l’étude du corps humain et de la matière. Il y a
126 les mythologies orientales, mais une réalité qui doit être interprétée, et qui doit même être sauvée par l’homme, par son a
127 ais une réalité qui doit être interprétée, et qui doit même être sauvée par l’homme, par son action illuminante. L’homme peu
128 ui en résulterait au cours des siècles, j’entends nos sciences physiques et naturelles, notre technique, et finalement nos
129 , j’entends nos sciences physiques et naturelles, notre technique, et finalement nos bombes dites atomiques. Il est très rema
130 ues et naturelles, notre technique, et finalement nos bombes dites atomiques. Il est très remarquable que le plus grand adv
131 surer à la fois les libertés de l’individu et ses devoirs communautaires. Troisième exemple d’option de base : c’est celui de l
132 es, ayant lieu une fois pour toutes. À leur tour, nos vocations individuelles prennent un sens dans cette évolution unique,
133 s astres. Il court son aventure à lui. Là encore, nous retrouvons la notion de personne à la fois libre et responsable — adj
134 lexe européen, des résultats les plus typiques de notre culture : les sciences physiques et naturelles, la technique, mais au
135 lité de l’individu dans la communauté. Voici donc notre civilisation européenne définie, non point comme une création préconç
136 toujours de nouveaux problèmes. En un mot, voici notre civilisation définie comme une aventure. Le point de départ de cette
137 t fatal dans ce qui s’est produit. Mais pourtant, nous comprenons mieux maintenant pourquoi toutes ces choses hétéroclites,
138 se demander vers quoi cette aventure peut encore nous mener. Cependant, par définition, tout futur aventureux reste ambigu,
139 bilités de nouvelles découvertes favorables. Mais devons -nous considérer l’avenir de cette culture qui a fait l’Europe — qui e
140 de nouvelles découvertes favorables. Mais devons- nous considérer l’avenir de cette culture qui a fait l’Europe — qui est l’
141 avec les yeux des pessimistes qui voient surtout nos divisions internes et les menaces qui se lèvent de toutes parts autou
142 s menaces qui se lèvent de toutes parts autour de notre continent ? Ou pouvons-nous le considérer avec les yeux des optimiste
143 utes parts autour de notre continent ? Ou pouvons- nous le considérer avec les yeux des optimistes qui voient surtout la diff
144 istes qui voient surtout la diffusion mondiale de notre civilisation européenne et ses sensationnelles conquêtes techniques,
145 délires, comme le nationalisme ? Le monde entier nous imite et nous n’imitons sérieusement personne. Nous n’imitons aucune
146 e le nationalisme ? Le monde entier nous imite et nous n’imitons sérieusement personne. Nous n’imitons aucune autre culture
147 us imite et nous n’imitons sérieusement personne. Nous n’imitons aucune autre culture qui puisse être considérée comme supér
148 ou l’autre. Il n’y a pas de candidat sérieux pour nous évincer de notre rôle universel. Le communisme lui-même ne peut appor
149 ’y a pas de candidat sérieux pour nous évincer de notre rôle universel. Le communisme lui-même ne peut apporter à l’Asie qu’u
150 e reste du monde est en train de retourner contre nous les armes idéologiques, économiques ou militaires que nous lui avons
151 armes idéologiques, économiques ou militaires que nous lui avons fournies, et qu’ainsi nous courons l’immense danger de perd
152 litaires que nous lui avons fournies, et qu’ainsi nous courons l’immense danger de perdre notre indépendance, nation après n
153 qu’ainsi nous courons l’immense danger de perdre notre indépendance, nation après nation, ce qui entraînerait la désagrégati
154 té pacifique de l’Europe sur toute la planète, si nous savons à temps nous unir, et celle d’un asservissement de l’Europe, s
155 rope sur toute la planète, si nous savons à temps nous unir, et celle d’un asservissement de l’Europe, si elle reste divisée
156 t à ma thèse de départ : l’Europe, c’est ce qu’il nous faut unir. Nous avons beaucoup moins à la définir dans l’abstrait qu’
157 départ : l’Europe, c’est ce qu’il nous faut unir. Nous avons beaucoup moins à la définir dans l’abstrait qu’à la faire dans
158 Cessons donc de demander ce qu’elle est, comme si nous n’étions pas personnellement impliqués dans l’affaire. Prenons en mai
159 llement impliqués dans l’affaire. Prenons en main notre sort, le sort de l’Europe, qui est aussi celui de nos enfants, et à l
160 sort, le sort de l’Europe, qui est aussi celui de nos enfants, et à l’éternelle question « Qu’est-ce que l’Europe ? », répo
3 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). … Et dona ferentes (Remarques sur la diffusion inégale de nos valeurs et de nos produits)
161 a ferentes (Remarques sur la diffusion inégale de nos valeurs et de nos produits) L’Asie sourde à nos mélodies L’éno
162 ues sur la diffusion inégale de nos valeurs et de nos produits) L’Asie sourde à nos mélodies L’énoncé des plus haute
163 s valeurs et de nos produits) L’Asie sourde à nos mélodies L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l
164 de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées. Nous l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
165 niveau du contact brutal entre leurs coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont crian
166 coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
167 s armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
168 s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas nos grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
169 Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur nos valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
170 ormule la plus simple, je crois : la diffusion de nos valeurs n’est pas co-extensive à celle de nos produits et n’en est pa
171 de nos valeurs n’est pas co-extensive à celle de nos produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
172 les produits d’ordres divers qui ont caractérisé notre civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
173 cheval de Troie Ce tableau de la diffusion de notre civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
174 d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
175 Ici, l’on se contente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
176 ente d’importer nos machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
177 e fraction de son intelligentsia décide d’adopter nos conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
178 us rarement, secrètement, parfois inconsciemment, nos valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
179 us voyants et les plus récemment mis au point par notre civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
180 ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
181 le rythme d’expansion de nos produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
182 en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous nous envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
183 voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
184 tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
185 jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de notre gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
186 ne faisaient que réinventer les lieux communs de nos chansons européennes, qu’ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaqu
187 achine exportée est, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
188 t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
189 Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
190 nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
191 de l’invention et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
192 et de la compréhension de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
193 ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
194 le plus fort de ce terme. Les trois aspects de notre message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
195 à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui nous demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
196 agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
197 t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
198 ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
199 igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
200 sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
201 ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nous croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
202 réviser sous leur regard méfiant les illusions de notre « universalisme » — ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord
203 rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans nos chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
204 ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que nos produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
205 les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que nos principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais surtout
206 sont officiellement invoqués, mais surtout contre nous , et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
207 contre nous, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
208 sure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
209 ces produits et principes procèdent en réalité de nos valeurs, et ne trouvent que dans le contexte de ces valeurs ou pour m
210 lation des enfants de Dieu. » (Rom. 8-19) Quant à nos principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
211 , plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de nos institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
212 ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie nous en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
213 et radicales se conçoivent : ou bien garder pour nous ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
214 bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
215 es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
216 ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il nous reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
4 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). L’Europe de l’énergie
217 jets et des intérêts que j’imagine être communs à nos professions respectives. Et ce seront tout d’abord, et tout naturelle
218 re plus précise, les relations entre l’énergie et notre société occidentale. Je placerai tout cela sous le signe de l’Europe,
219 patrie surtout de cette culture particulière qui devait inventer ou découvrir toutes les formes modernes de l’énergie, de la
220 rituel que ces peuples avaient atteint bien avant nous , et qu’ils maintiennent encore dans leurs élites ? Aussitôt que l’on
221 foyer créateur, ou en tout cas peut le redevenir. Nous ne trouverons pas de réponse bien convaincante dans les données physi
222 e bien convaincante dans les données physiques de notre continent, c’est-à-dire dans ce qui nous lie au sol, au climat, à la
223 ques de notre continent, c’est-à-dire dans ce qui nous lie au sol, au climat, à la race ; car justement, notre civilisation
224 lie au sol, au climat, à la race ; car justement, notre civilisation européenne se caractérise par son pouvoir d’universalité
225 vers d’autres continents et d’autres peuples. Si notre technique dépendait de nos conditions physiques ou ethniques, comment
226 d’autres peuples. Si notre technique dépendait de nos conditions physiques ou ethniques, comment expliquerait-on que, sur l
227 ifférents l’adoptent avec une telle facilité ? Il nous faut donc chercher beaucoup plus haut l’origine de cette technique oc
228 haut l’origine de cette technique occidentale. Il nous faut aller la chercher dans quelque chose de plus universel, dans une
229 tion, c’est-à-dire Dieu lui-même se manifestant à nous dans un corps d’homme, les grands conciles des premiers siècles de no
230 omme, les grands conciles des premiers siècles de notre ère se trouvent avoir reconnu, du même coup, que le corps humain et l
231 ère est affirmée — mais pas avant ! — la science, nos sciences deviennent possibles. Voilà qui est évident, puisque nous ap
232 iennent possibles. Voilà qui est évident, puisque nous appelons science l’étude des lois du corps humain, de la matière et d
233 étude. La tradition des grands philosophes grecs nous léguait en effet les principes directeurs de toute recherche scientif
234 progrès. Je ne vous retracerai pas l’histoire de notre science, du Moyen Âge scolastique à la Renaissance, siècles où s’opér
235 longue évolution dans une seule phrase : c’est de notre culture entière, théologique, philosophique et politique, que sont né
236 philosophique et politique, que sont nées toutes nos sciences, et la technique moderne. Mais, bien que née de la culture,
237 ’esprit ? Dans la première moitié du xxe siècle, nous avons assisté à ce qu’on l’on nomme souvent l’envahissement de notre
238 à ce qu’on l’on nomme souvent l’envahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs européens, suivis à q
239 nvahissement de notre vie par la machine. Et tous nos grands penseurs européens, suivis à quelques années de distance par l
240 vulgarisateurs, les journalistes et l’opinion de nos élites, se sont mis à se lamenter sur le matérialisme occidental, sur
241 n même… de la technique. Les machines envahissent nos vies ? Si seulement, car elles sont très chères ! Mais jamais une Tal
242 t mettre l’homme en esclavage, ou que la Bombe va nous détruire si nous ne faisons pas attention, on oublie simplement que l
243 en esclavage, ou que la Bombe va nous détruire si nous ne faisons pas attention, on oublie simplement que les machines et la
244 r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
245 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. Observez au surplus qu’il n’est
246 nné ou non, a sûrement fait plus de victimes dans notre histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. Prenons un a
247 nons un autre exemple, moins tragique, et tiré de notre vie quotidienne : l’esclavage du téléphone est un des clichés de l’ép
248 , ou du téléphone agaçant, vous voyez que ce sont nos passions, nos manies, que c’est donc l’homme lui-même qui reste respo
249 one agaçant, vous voyez que ce sont nos passions, nos manies, que c’est donc l’homme lui-même qui reste responsable, et non
250 puis plus d’un siècle et demi, pour une partie de nos populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
251 arler de l’homme esclave de la machine. Mais déjà nous voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
252 chnique, mais au contraire en les accélérant, que nous sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et pe
253 rvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’amélior
254 lle, cette ère qui doit et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
255 ui semblait tellement inhumain tant que l’ouvrier devait y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est p
256 près idéalement les effets bénéfiques que peut et doit produire cette technique que l’on accusait de nous asservir. On nous
257 oit produire cette technique que l’on accusait de nous asservir. On nous disait que la technique tend à séparer l’homme de l
258 technique que l’on accusait de nous asservir. On nous disait que la technique tend à séparer l’homme de la nature, et je vo
259 pagnes aux citadins, ouvriers et bourgeois mêlés. Nos grands-pères se promenaient le dimanche le long des routes, en reding
260 s : ils ne connaissaient pas le machinisme — dont nous sommes les premiers usagers quotidiens — mais ils n’en communiaient p
261 tage avec la nature et ses rythmes. Au contraire, nous voyons aujourd’hui nos villes se mettre au vert, se vider pendant les
262 es rythmes. Au contraire, nous voyons aujourd’hui nos villes se mettre au vert, se vider pendant les week-ends. Nous voyons
263 e mettre au vert, se vider pendant les week-ends. Nous voyons tout un peuple à peu près nu s’éparpiller au loin dans la natu
264 e que se développera l’automation. Imaginons donc notre humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
265 ’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr, nous ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
266 ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être. Nous allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
267 asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais nous voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
268 oyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
269 me j’ai tenté de vous le montrer, à l’ensemble de notre culture. Gardons-nous de scier la branche sur laquelle est assise not
270 e montrer, à l’ensemble de notre culture. Gardons- nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
271 -nous de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
272 lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout notre enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
273 ule formation spécialisée, il en résultera 1° que nous aurons sans doute moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors qu
274 ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que nous courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
275 ourrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
276 ous bien ce qu’elle est, ce qu’elle signifie dans nos vies ? Et pourriez-vous la définir ? Je voudrais évoquer à ce propos
277 ole d’officier dans l’armée suisse. Un jour, dans notre classe de « théorie », le colonel entre à grands pas, nous prenons le
278 se de « théorie », le colonel entre à grands pas, nous prenons le garde-à-vous, il dit : « Repos, assis ! », et aussitôt nou
279 -à-vous, il dit : « Repos, assis ! », et aussitôt nous pose cette question simple : « Qu’est-ce que l’énergie ? » Plusieurs
280 : « Qu’est-ce que l’énergie ? » Plusieurs d’entre nous essaient de répondre : c’est plutôt vague, c’est maladroit, ce n’est
281 droit, ce n’est rien qui vaille. Alors le colonel nous arrêtant d’un geste sec déclare : « Je vais vous le dire. L’énergie,
282 t qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit, et nous sûmes aussitôt ce qui nous attendait le lendemain : une marche de 80
283 . » Puis il sortit, et nous sûmes aussitôt ce qui nous attendait le lendemain : une marche de 80 kilomètres. Ce colonel avai
284 tes, les animaux, la terre, les océans, l’air que nous respirons, et nous. Poussés par une curiosité passionnée, mère de tou
285 a terre, les océans, l’air que nous respirons, et nous . Poussés par une curiosité passionnée, mère de toute science, ils déc
286 devient dans l’histoire de l’esprit et des mœurs. Nous le nommerons pour simplifier : culture. Et du même coup, nous aurons
287 erons pour simplifier : culture. Et du même coup, nous aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais un
288 aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais une nécessité vitale. L’Europe, c’est très peu de chose
289 ’hui le musée et le plus grand laboratoire, il le doit à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants vint ajouter à ses d
290 ession géométrique, et que je désignerai par c2 . Nous voici donc ramenés, comme par hasard, à l’équation la plus célèbre de
291 us d’unification de l’humanité, aux débuts duquel nous assistons. C’est un fait que la technique, née de l’Europe, puissamme
292 nique, née de l’Europe, puissamment développée de nos jours par les États-Unis et la Russie, se répand rapidement dans tous
293 es. On peut le déplorer, on ne peut plus le nier. Nous sommes donc en droit de constater que la civilisation européenne est
294 la première civilisation effectivement mondiale. Nous voyons même la Chine l’adopter sous une forme caricaturale, il est vr
295 l’Amérique est une invention de l’Europe… Pouvons- nous donc crier victoire ? On sait bien que non. Nous avons exporté nos te
296 -nous donc crier victoire ? On sait bien que non. Nous avons exporté nos techniques, nos régimes politiques, nos énergies, m
297 ctoire ? On sait bien que non. Nous avons exporté nos techniques, nos régimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi no
298 bien que non. Nous avons exporté nos techniques, nos régimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi nos folies, comme
299 s exporté nos techniques, nos régimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi nos folies, comme le nationalisme et la ré
300 égimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi nos folies, comme le nationalisme et la révolution. Tout cela se retourne
301 olution. Tout cela se retourne aujourd’hui contre nous . En fait, l’Europe actuelle est assiégée. Chassée de l’Asie et d’une
302 ung, et au nom d’un anticolonialisme qui survit à nos colonies ; menacée de tout près par la Russie, qui occupe ou contrôle
303 Russie, qui occupe ou contrôle près d’un quart de nos peuples ; concurrencée par les États-Unis, qui l’ont généreusement ai
304 iment de son indépendance. Et dans aucun domaine, notre dépendance n’est plus sensible, plus exactement mesurable, que dans l
305 s importations de charbon ou de pétrole, l’Europe devrait alors dépenser, aux prix actuels, environ 5 milliards de dollars. Que
306 ces précisément qui critiquent aujourd’hui encore notre colonialisme d’hier ! Nous courons, aujourd’hui déjà, un danger qu’on
307 nt aujourd’hui encore notre colonialisme d’hier ! Nous courons, aujourd’hui déjà, un danger qu’on ne saurait exagérer du seu
308 danger qu’on ne saurait exagérer du seul fait de notre dépendance à l’égard des pays arabes. Voilà qui est grave, mais il y
309 utôt géométrique qu’arithmétique. La situation de notre continent — et de l’humanité tout entière — serait apparemment sans e
310 paremment sans espoir, si la culture élaborée par notre Europe n’avait pas découvert, une fois de plus, et vraiment au dernie
311 L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre s
312 ire est la réponse, inventée par notre génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre h
313 os savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître
314 péens, au défi d’une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du pos
315 une humanité dont notre science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
316 l’atome, il n’en est pas moins clair qu’aucun de nos pays ne saurait à lui seul la mettre en œuvre. L’Amérique et l’URSS n
317 lui seul la mettre en œuvre. L’Amérique et l’URSS nous dépassent déjà largement, dans ce domaine. Il nous reste une seule so
318 ous dépassent déjà largement, dans ce domaine. Il nous reste une seule solution : fédérer nos faiblesses pour en faire une g
319 maine. Il nous reste une seule solution : fédérer nos faiblesses pour en faire une grande force. Et c’est ce que tentent de
320 simplement une nécessité vitale, la condition de notre survie et de l’avenir de notre culture. Ou bien nous ferons l’Europe,
321 e, la condition de notre survie et de l’avenir de notre culture. Ou bien nous ferons l’Europe, avec tous ses pays et pas seul
322 e survie et de l’avenir de notre culture. Ou bien nous ferons l’Europe, avec tous ses pays et pas seulement avec les six qui
323 seulement avec les six qui ont commencé ; ou bien nous serons colonisés. Et le monde entier, alors, en pâtirait. Car le mond
324 uel point cette technique dépend de l’ensemble de notre culture, et comment notre avenir dépend de notre union. Il me reste à
325 dépend de l’ensemble de notre culture, et comment notre avenir dépend de notre union. Il me reste à souhaiter que plusieurs d
326 notre culture, et comment notre avenir dépend de notre union. Il me reste à souhaiter que plusieurs d’entre vous consacrent
327 qui occupe la plus grande partie de son temps. Or nous venons d’apprendre qu’une actrice de cinéma d’avant-garde apporte à s
5 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). Pour une politique de la recherche
328 devient dans l’histoire de l’esprit et des mœurs. Nous le nommerons pour simplifier culture. Et du même coup, nous aurons di
329 mmerons pour simplifier culture. Et du même coup, nous aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais un
330 aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais une nécessité vitale. Qu’est-ce que l’Europe ? Assez pe
331 ces images en termes tout pratiques : l’avenir de notre Europe étant lié à l’avenir de sa culture, c’est aux activités de rec
332 e, c’est aux activités de recherche créatrice que doit aller d’abord le soutien financier du mécénat européen. Problème g
333 concret, l’aide à la culture créatrice ? Jusqu’à notre temps, c’est bien simple. Certes, on ne finance pas un poème, une int
334 . Cependant, un phénomène nouveau se manifeste de nos jours : c’est celui de la subvention, qui n’est plus l’aide aux créat
335 Rien de pareil au xvie siècle ni, de fait, avant notre époque. Et ceci modifie profondément les méthodes et l’objet du mécén
336 princes capables de dépense. Car il existe parmi nous autant ou plus de grandes fortunes qu’à la Renaissance ou au Grand Si
337 rand Siècle. Le problème est posé par le fait que nos virtuels mécènes à l’ancienne mode ne sont plus en mesure — sauf de r
338 ens commercial que l’on sait. Dès lors le mécénat doit se tourner vers des domaines très différents, où il est moins facile
339 et souvent fort lointains) de son appui. Qu’avons- nous de ce genre, en Europe ? Quantité d’instituts nationaux — ministères,
340 mpitoyable qui s’instaure à l’échelle planétaire. Nous voyons maintenant ce qu’il faut faire : subventionner les entreprises
341 d’intellectuels et des frais d’administration. Et nous voyons que le mécénat privé n’y peut suffire, non certes faute d’arge
342 lture est encore plus choquante, si possible, que nos divisions nationales, et n’est pas moins débilitante. Non seulement e
343 es remarques. Un Conseil européen de la recherche devrait grouper essentiellement des représentants qualifiés (créateurs plutôt
344 inspirer pour trouver ce qu’il faut. Les besoins devraient être formulés dans toute la liberté de l’imagination la mieux nourrie
345 nts domaines envisagés et des perspectives qu’ils nous ouvrent. Après quoi, d’autres comités, composés d’organisateurs, de f
346 e part intégrante de la stratégie à long terme de notre monde occidental. Il faut donc établir en Europe une politique de la
347 effet, il faut absolument que les responsables de notre vie économique et politique saisissent la réalité du xxe siècle : c’
6 1958, Définition, valeurs, énergie, recherche : quatre essais européens (1958). Notes sur deux projets
348 on ? Et notamment : a) pensez-vous que le Conseil devrait être créé par les Communautés des Six déjà existantes, sur leur initi
349 seil de l’Europe et les trois Communautés ? b) ou devrait -il se constituer sur l’initiative privée d’un institut non gouverneme
350 éter ensuite par cooptations ? c) une fois formé, devrait -il rester totalement autonome, ou se rattacher à quelque organisme ex
351 : Fonds culturel du Conseil de l’Europe II. On doit à priori se réjouir de cette prolifération, qui est la preuve d’une p