1
rme d’une année de recherches en séminaires, dont
nos
Bulletins ont publié les conclusions, et qui portaient sur des secteu
2
niques d’avant-garde et les méthodes d’union — il
nous
a paru bon de revenir aux principes qui donnent leur véritable sens à
3
bles et opportunes, c’est l’action quotidienne de
notre
CEC. Mais cet engagement dans le concret n’aura jamais d’autre valeur
4
i se référer. Qu’est-ce donc que cette Europe que
nous
voulons servir ? Comment la définir ? Qu’apporte-t-elle au monde ? Qu
5
— je ne dis pas une agitation — visant à fédérer
nos
énergies.
6
is tout naturellement pensé, pour l’introduire, à
notre
grand C. F. Ramuz. Il m’envoya cette introduction sous la forme d’une
7
pliquer un peuple, surtout quand il n’existe pas.
Nous
qui en sommes, nous savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais
8
urtout quand il n’existe pas. Nous qui en sommes,
nous
savons bien que nous ne sommes pas Suisses, mais Neuchâtelois, comme
9
ste pas. Nous qui en sommes, nous savons bien que
nous
ne sommes pas Suisses, mais Neuchâtelois, comme vous, ou Vaudois, com
10
n’y a que les boîtes aux lettres et l’uniforme de
nos
milices qui présentent quelque uniformité. Partout ailleurs nous nous
11
i présentent quelque uniformité. Partout ailleurs
nous
nous distinguons avec soin les uns des autres. Et ce n’est pas la moi
12
sentent quelque uniformité. Partout ailleurs nous
nous
distinguons avec soin les uns des autres. Et ce n’est pas la moindre
13
des autres. Et ce n’est pas la moindre ironie de
notre
sort que tant de précautions n’aboutissent qu’à nous faire dire à l’é
14
e sort que tant de précautions n’aboutissent qu’à
nous
faire dire à l’étranger : — Tiens, vous êtes Suisse ? Comment se fait
15
d’en suggérer une nouvelle. Mais tout d’abord, il
nous
faudra situer le problème dans sa réalité, c’est-à-dire dans le drame
16
me dans sa réalité, c’est-à-dire dans le drame de
notre
temps. Quand un interviewer me demande à brûle-pourpoint : « Qu’est-c
17
e de dire : « L’Europe, c’est quelque chose qu’il
nous
faut unir. » Définition absolument pragmatique, mais qui a le mérite
18
en fait une action créatrice. La nécessité d’unir
nos
peuples résulte des faits les plus patents et les plus considérables
19
its les plus patents et les plus considérables de
notre
siècle. Je vais vous en énumérer très rapidement, sans aucun commenta
20
r, au nom d’un nationalisme d’ailleurs emprunté à
nos
traditions européennes. Il y a la fermentation que vous savez de l’Af
21
e, dont le sol se trouve détenir quelques-unes de
nos
plus grandes sources d’énergie et de matières premières. Il y a le dé
22
nces, abaissant les barrières qui étaient censées
nous
protéger, exigeant de grands marchés continentaux et des investisseme
23
du siècle, et qui sont trop chères pour chacun de
nos
trop petits pays. Il y a enfin l’augmentation vertigineuse de la popu
24
urope même. Tous ces facteurs convergent, et tous
nous
dictent une seule et unique solution : la création rapide d’une Europ
25
evés à l’est et à l’ouest de l’Europe pendant que
nous
étions en train de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous
26
t de l’Europe pendant que nous étions en train de
nous
ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont nous écraser définitivement.
27
de nous ruiner nous-mêmes par deux guerres, vont
nous
écraser définitivement. Cette prétendue constatation, qu’il semble qu
28
la question suivante : « Combien pensez-vous que
nous
soyons dans cette pauvre petite Europe que l’on dit écrasée entre les
29
Est et de l’Ouest ? » On me répond en général que
nous
devons être au maximum 200 millions, que les Américains doivent être
30
t de l’Ouest ? » On me répond en général que nous
devons
être au maximum 200 millions, que les Américains doivent être au moin
31
être au maximum 200 millions, que les Américains
doivent
être au moins 300 millions et les Russes plus de 400 millions. Un trè
32
rt d’information suffit à corriger ces chiffres :
nous
sommes, en fait, nous les Européens, à l’ouest du rideau de fer, 340
33
t à corriger ces chiffres : nous sommes, en fait,
nous
les Européens, à l’ouest du rideau de fer, 340 millions. Si nous récu
34
ens, à l’ouest du rideau de fer, 340 millions. Si
nous
récupérions les pays satellites, cela ferait un total de 440 millions
35
que et plus de deux fois celle de l’URSS. Même si
nous
laissons de côté les pays de l’Est, provisoirement, ce chiffre de 340
36
e qualités. Je ne parle même pas de la qualité de
nos
artistes, de nos architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de
37
parle même pas de la qualité de nos artistes, de
nos
architectes, de nos éducateurs et de nos paysans, de la main-d’œuvre
38
a qualité de nos artistes, de nos architectes, de
nos
éducateurs et de nos paysans, de la main-d’œuvre industrielle, des ar
39
stes, de nos architectes, de nos éducateurs et de
nos
paysans, de la main-d’œuvre industrielle, des artisans, des savants e
40
artisans, des savants et des philosophes, — dont
nous
bénéficions pour le moment. Les États-Unis d’Europe seraient donc par
41
nies intellectuelles les plus répandues dans tous
nos
pays, que cette façon de mettre en doute l’existence même de l’Europe
42
existence même de l’Europe comme telle. Tantôt on
nous
dit : « Nous sommes, en Europe, beaucoup trop différents les uns des
43
e de l’Europe comme telle. Tantôt on nous dit : «
Nous
sommes, en Europe, beaucoup trop différents les uns des autres. Nos n
44
ope, beaucoup trop différents les uns des autres.
Nos
nations sont vraiment, par tradition, presque sans commune mesure »,
45
dans le passage que je vous ai lu tout à l’heure,
nous
parlait de nos cantons suisses. Tantôt on nous dit au contraire : « L
46
que je vous ai lu tout à l’heure, nous parlait de
nos
cantons suisses. Tantôt on nous dit au contraire : « Les Européens n’
47
e, nous parlait de nos cantons suisses. Tantôt on
nous
dit au contraire : « Les Européens n’ont, au fond, pas de problèmes s
48
ait partie par le seul fait qu’il le conteste ? »
Nos
intellectuels, nos mandarins, dirai-je, adorent ce genre de jeu. Mais
49
eul fait qu’il le conteste ? » Nos intellectuels,
nos
mandarins, dirai-je, adorent ce genre de jeu. Mais hors d’Europe, on
50
ien entendu, le caractère. Ainsi en va-t-il entre
nous
, entre nos trop petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nou
51
le caractère. Ainsi en va-t-il entre nous, entre
nos
trop petites nations. Tant que nous restons nez à nez, nous ne voyons
52
re nous, entre nos trop petites nations. Tant que
nous
restons nez à nez, nous ne voyons que nos différences. Nous disons :
53
petites nations. Tant que nous restons nez à nez,
nous
ne voyons que nos différences. Nous disons : « Quoi de commun entre u
54
nt que nous restons nez à nez, nous ne voyons que
nos
différences. Nous disons : « Quoi de commun entre un Scandinave du ce
55
ns nez à nez, nous ne voyons que nos différences.
Nous
disons : « Quoi de commun entre un Scandinave du cercle arctique et u
56
mun entre les Anglais et les Continentaux ? Entre
nos
chrétiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressist
57
lais et les Continentaux ? Entre nos chrétiens et
nos
athées ? Entre nos réactionnaires et nos progressistes ? Et pire enco
58
ntaux ? Entre nos chrétiens et nos athées ? Entre
nos
réactionnaires et nos progressistes ? Et pire encore, quoi de commun
59
tiens et nos athées ? Entre nos réactionnaires et
nos
progressistes ? Et pire encore, quoi de commun entre des radicaux val
60
des radicaux centre gauche, donc de droite ? » À
nous
entendre, nous autres Européens de différentes nations, nous autres F
61
entre gauche, donc de droite ? » À nous entendre,
nous
autres Européens de différentes nations, nous autres Français de diff
62
re, nous autres Européens de différentes nations,
nous
autres Français de différents partis, ou nous autres Suisses de diffé
63
ns, nous autres Français de différents partis, ou
nous
autres Suisses de différents cantons, nous n’aurions vraiment pas gra
64
is, ou nous autres Suisses de différents cantons,
nous
n’aurions vraiment pas grand-chose en commun… Vus d’Amérique, quelle
65
-chose en commun… Vus d’Amérique, quelle que soit
notre
nation, nous sommes tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas besoi
66
un… Vus d’Amérique, quelle que soit notre nation,
nous
sommes tous des Européens. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister,
67
ns. Vus d’Asie, je n’ai pas besoin d’insister, on
nous
confond même avec les Américains. Et, de toute manière, cette unité e
68
Et, de toute manière, cette unité européenne dont
nous
nous plaisons à douter, les Asiatiques la confirment en nous confonda
69
e toute manière, cette unité européenne dont nous
nous
plaisons à douter, les Asiatiques la confirment en nous confondant to
70
laisons à douter, les Asiatiques la confirment en
nous
confondant tous dans une méfiance commune qui va parfois jusqu’au mép
71
e. Cependant les sceptiques ne désarment pas. Ils
nous
disent : « Bon ! admettons que, vue de très loin, l’Europe soit une e
72
e que la Russie en fait partie ? Tant que vous ne
nous
aurez pas donné une bonne et précise définition géographique, nous ne
73
nné une bonne et précise définition géographique,
nous
ne marcherons pas. » Or, il est parfaitement clair que les frontières
74
ffit de rappeler ici que les frontières de toutes
nos
nations, en Europe, ont varié au cours des âges, et j’entends bien le
75
de même la France. À ces mêmes nationalistes qui
nous
disent : « Seule la nation existe, parce qu’on sait exactement où ell
76
êt, car en réalité, ce ne sont pas des terres que
nous
devons unir, mais des hommes, des hommes relevant d’un certain type d
77
ar en réalité, ce ne sont pas des terres que nous
devons
unir, mais des hommes, des hommes relevant d’un certain type d’humani
78
ommun de tous ceux qui se réclament de « l’Europe
notre
mère ». Si les critères physiques sont vraiment incertains, qu’en es
79
définition de l’Europe par sa culture. Mais avons-
nous
vraiment une culture commune ? Là encore, les objections pleuvent. Je
80
sais allusion tout à l’heure, consiste à dire que
nous
sommes trop différents. Il y a trop de diversités de tous ordres en E
81
p de diversités de tous ordres en Europe pour que
nous
puissions vraiment former une culture commune. La seconde consiste à
82
dire qu’il n’y a rien de réel, en Europe, hors de
nos
cultures nationales. Vous n’arriverez jamais à les mélanger pour fair
83
objection est relative aux langues. Il paraît que
nous
parlons, en Europe, un trop grand nombre de langues trop différentes
84
de langues trop différentes pour arriver jamais à
nous
entendre. Examinons rapidement ces trois groupes d’objections. La pre
85
s trois groupes d’objections. La première invoque
nos
diversités. Il faut commencer par reconnaître qu’elle est exacte, non
86
ar excellence. Ce fait même, comme vous le voyez,
nous
donne une définition de l’Europe, loin de nous prouver que celle-ci n
87
z, nous donne une définition de l’Europe, loin de
nous
prouver que celle-ci n’existe pas. Je crois qu’il n’y a rien de plus
88
ne pas être confondu avec le voisin. Voilà ce qui
nous
oppose le plus profondément à toutes les civilisations antiques ou tr
89
généralement européenne. Cette erreur-là, ce sont
nos
manuels scolaires qui en sont les principaux responsables depuis un s
90
e, il ne saurait être question de mélanger toutes
nos
cultures en vue d’obtenir une culture européenne. C’est absolument im
91
européenne. C’est absolument impossible, puisque
nos
cultures nationales ne sont, en fait, que des découpages abstraits, l
92
e, laquelle est beaucoup plus ancienne que toutes
nos
nations sans exception, étant l’œuvre commune et séculaire de tous le
93
oute l’Europe, et aucune de ces histoires d’un de
nos
arts, prise en soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de nos n
94
soi, ne coïncide avec les frontières d’aucune de
nos
nations d’aujourd’hui. Si vous prenez, par exemple, l’histoire de la
95
ui reviennent apporter un nouveau style musical à
notre
Europe de l’Ouest. Le périple de la peinture est à peu près le même.
96
Vous voyez que, dans ces deux cas, l’histoire de
nos
arts ne coïncide nullement avec l’histoire de la nation, et qu’aucune
97
ent avec l’histoire de la nation, et qu’aucune de
nos
nations actuelles n’a le droit de dire : « La peinture, c’est à moi,
98
uels et des leçons reçues à l’école primaire, que
nous
parlons, nous les Européens, autant de langues que nous avons de nati
99
çons reçues à l’école primaire, que nous parlons,
nous
les Européens, autant de langues que nous avons de nations, ou à peu
100
arlons, nous les Européens, autant de langues que
nous
avons de nations, ou à peu près ; que la nation est définie d’abord p
101
t culture. Mais il y a autre chose. Admettons que
nous
parlons une vingtaine de langues bien constituées en Europe. Les meil
102
ope, c’est-à-dire de l’unité de base sur laquelle
nous
pourrons bâtir notre union. À cet égard, on a proposé jusqu’ici deux
103
l’unité de base sur laquelle nous pourrons bâtir
notre
union. À cet égard, on a proposé jusqu’ici deux types de définitions,
104
itions, l’une se référant aux sources communes de
notre
culture, l’autre aux produits spécifiques, aux résultats actuels de c
105
n des termes assez voisins de ceux qu’a repris de
nos
jours Paul Valéry. Il est visible que nous résultons, nous autres Eur
106
pris de nos jours Paul Valéry. Il est visible que
nous
résultons, nous autres Européens, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem,
107
s Paul Valéry. Il est visible que nous résultons,
nous
autres Européens, d’Athènes, de Rome et de Jérusalem, dans cette mesu
108
cette mesure qu’Athènes a été l’origine de ce que
nous
appelons la raison, le sens critique et la notion d’individu ; que Ro
109
sonne du citoyen ; et que, de la tradition juive,
nous
viennent les notions de la foi, du monothéisme jaloux, et du prophéti
110
« le carrefour hasardeux des premiers siècles de
notre
ère », et non pas du tout comme l’avènement d’une synthèse organique
111
ques qui ont fait la force, et le drame aussi, de
notre
Europe. La définition par les produits de notre culture et par ses ré
112
e notre Europe. La définition par les produits de
notre
culture et par ses résultats actuels est, elle, purement descriptive
113
nt voilà, qu’y a-t-il de commun à ces produits de
notre
culture ? Tout cela est foncièrement hétéroclite, hétérogène. On voit
114
elque religion totalitaire, et présentant donc, à
nos
yeux tout au moins, un principe général de cohérence. ⁂ Pour l’Asie,
115
e les sages connaissent. En Europe, au contraire,
nous
sommes partis pour une aventure sans fin, dont nous ne connaissons pa
116
us sommes partis pour une aventure sans fin, dont
nous
ne connaissons pas les méandres et oublions souvent le But. Dans un l
117
ue tu appelles, en conséquence, le Réel. Qu’avons-
nous
cherché en Europe ? Qu’avons-nous cherché sans même bien consciemment
118
Réel. Qu’avons-nous cherché en Europe ? Qu’avons-
nous
cherché sans même bien consciemment savoir ce que nous voulions cherc
119
cherché sans même bien consciemment savoir ce que
nous
voulions chercher ? L’Orient, lui, a toujours cherché l’âme, les pouv
120
erchait : des sagesses, des méthodes d’action que
nous
dirions parapsychiques, et qui nous demeurent souvent obscures et inc
121
d’action que nous dirions parapsychiques, et qui
nous
demeurent souvent obscures et inconnues. C’est ainsi que l’Inde a tro
122
». La question, pour moi, n’est pas de savoir si
notre
réalité — ou ce que nous appelons ainsi — est plus ou moins vraie que
123
n’est pas de savoir si notre réalité — ou ce que
nous
appelons ainsi — est plus ou moins vraie que ce que les Orientaux app
124
grands conciles, qui va du ive au vie siècle de
notre
ère. À l’époque des grands conciles, les Européens ont décidé — ou du
125
sciences deviennent possibles, s’il est vrai que
nous
nommons « science » l’étude du corps humain et de la matière. Il y a
126
les mythologies orientales, mais une réalité qui
doit
être interprétée, et qui doit même être sauvée par l’homme, par son a
127
ais une réalité qui doit être interprétée, et qui
doit
même être sauvée par l’homme, par son action illuminante. L’homme peu
128
ui en résulterait au cours des siècles, j’entends
nos
sciences physiques et naturelles, notre technique, et finalement nos
129
, j’entends nos sciences physiques et naturelles,
notre
technique, et finalement nos bombes dites atomiques. Il est très rema
130
ues et naturelles, notre technique, et finalement
nos
bombes dites atomiques. Il est très remarquable que le plus grand adv
131
surer à la fois les libertés de l’individu et ses
devoirs
communautaires. Troisième exemple d’option de base : c’est celui de l
132
es, ayant lieu une fois pour toutes. À leur tour,
nos
vocations individuelles prennent un sens dans cette évolution unique,
133
s astres. Il court son aventure à lui. Là encore,
nous
retrouvons la notion de personne à la fois libre et responsable — adj
134
lexe européen, des résultats les plus typiques de
notre
culture : les sciences physiques et naturelles, la technique, mais au
135
lité de l’individu dans la communauté. Voici donc
notre
civilisation européenne définie, non point comme une création préconç
136
toujours de nouveaux problèmes. En un mot, voici
notre
civilisation définie comme une aventure. Le point de départ de cette
137
t fatal dans ce qui s’est produit. Mais pourtant,
nous
comprenons mieux maintenant pourquoi toutes ces choses hétéroclites,
138
se demander vers quoi cette aventure peut encore
nous
mener. Cependant, par définition, tout futur aventureux reste ambigu,
139
bilités de nouvelles découvertes favorables. Mais
devons
-nous considérer l’avenir de cette culture qui a fait l’Europe — qui e
140
de nouvelles découvertes favorables. Mais devons-
nous
considérer l’avenir de cette culture qui a fait l’Europe — qui est l’
141
avec les yeux des pessimistes qui voient surtout
nos
divisions internes et les menaces qui se lèvent de toutes parts autou
142
s menaces qui se lèvent de toutes parts autour de
notre
continent ? Ou pouvons-nous le considérer avec les yeux des optimiste
143
utes parts autour de notre continent ? Ou pouvons-
nous
le considérer avec les yeux des optimistes qui voient surtout la diff
144
istes qui voient surtout la diffusion mondiale de
notre
civilisation européenne et ses sensationnelles conquêtes techniques,
145
délires, comme le nationalisme ? Le monde entier
nous
imite et nous n’imitons sérieusement personne. Nous n’imitons aucune
146
e le nationalisme ? Le monde entier nous imite et
nous
n’imitons sérieusement personne. Nous n’imitons aucune autre culture
147
us imite et nous n’imitons sérieusement personne.
Nous
n’imitons aucune autre culture qui puisse être considérée comme supér
148
ou l’autre. Il n’y a pas de candidat sérieux pour
nous
évincer de notre rôle universel. Le communisme lui-même ne peut appor
149
’y a pas de candidat sérieux pour nous évincer de
notre
rôle universel. Le communisme lui-même ne peut apporter à l’Asie qu’u
150
e reste du monde est en train de retourner contre
nous
les armes idéologiques, économiques ou militaires que nous lui avons
151
armes idéologiques, économiques ou militaires que
nous
lui avons fournies, et qu’ainsi nous courons l’immense danger de perd
152
litaires que nous lui avons fournies, et qu’ainsi
nous
courons l’immense danger de perdre notre indépendance, nation après n
153
qu’ainsi nous courons l’immense danger de perdre
notre
indépendance, nation après nation, ce qui entraînerait la désagrégati
154
té pacifique de l’Europe sur toute la planète, si
nous
savons à temps nous unir, et celle d’un asservissement de l’Europe, s
155
rope sur toute la planète, si nous savons à temps
nous
unir, et celle d’un asservissement de l’Europe, si elle reste divisée
156
t à ma thèse de départ : l’Europe, c’est ce qu’il
nous
faut unir. Nous avons beaucoup moins à la définir dans l’abstrait qu’
157
départ : l’Europe, c’est ce qu’il nous faut unir.
Nous
avons beaucoup moins à la définir dans l’abstrait qu’à la faire dans
158
Cessons donc de demander ce qu’elle est, comme si
nous
n’étions pas personnellement impliqués dans l’affaire. Prenons en mai
159
llement impliqués dans l’affaire. Prenons en main
notre
sort, le sort de l’Europe, qui est aussi celui de nos enfants, et à l
160
sort, le sort de l’Europe, qui est aussi celui de
nos
enfants, et à l’éternelle question « Qu’est-ce que l’Europe ? », répo
161
a ferentes (Remarques sur la diffusion inégale de
nos
valeurs et de nos produits) L’Asie sourde à nos mélodies L’éno
162
ues sur la diffusion inégale de nos valeurs et de
nos
produits) L’Asie sourde à nos mélodies L’énoncé des plus haute
163
s valeurs et de nos produits) L’Asie sourde à
nos
mélodies L’énoncé des plus hautes valeurs européennes tient dans l
164
de ces œuvres, mais c’est elle qui les a créées.
Nous
l’oublions souvent et les « autres » l’ignorent ; ils voient plus fac
165
niveau du contact brutal entre leurs coutumes et
nos
armes, leur sagesse ancestrale et nos machines. Nos péchés sont crian
166
coutumes et nos armes, leur sagesse ancestrale et
nos
machines. Nos péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il
167
s armes, leur sagesse ancestrale et nos machines.
Nos
péchés sont criants, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas n
168
s, et tout Bandung les crie, mais il n’entend pas
nos
grandeurs. Car la musique est le sublime de l’Occident, mais pour l’o
169
Il fallait bien rappeler ici qu’une réflexion sur
nos
valeurs occidentales ne saurait être académique ; elle s’inscrit dans
170
ormule la plus simple, je crois : la diffusion de
nos
valeurs n’est pas co-extensive à celle de nos produits et n’en est pa
171
de nos valeurs n’est pas co-extensive à celle de
nos
produits et n’en est pas non plus contemporaine ; elle reste loin der
172
les produits d’ordres divers qui ont caractérisé
notre
civilisation, des origines jusqu’à ce jour, présente évidemment la de
173
cheval de Troie Ce tableau de la diffusion de
notre
civilisation résume tant d’aspects variés, d’irrégularités de transmi
174
d’un individu. Ici, l’on se contente d’importer
nos
machines et nos armements, là nos formes politiques, partis et parlem
175
Ici, l’on se contente d’importer nos machines et
nos
armements, là nos formes politiques, partis et parlements. Plus tard,
176
ente d’importer nos machines et nos armements, là
nos
formes politiques, partis et parlements. Plus tard, telle nation neuv
177
e fraction de son intelligentsia décide d’adopter
nos
conceptions sécularistes de l’existence, désacralisée, rationalisée,
178
us rarement, secrètement, parfois inconsciemment,
nos
valeurs spécifiques se voient assimilées et retrouvent leur pouvoir c
179
us voyants et les plus récemment mis au point par
notre
civilisation. Le système très complexe des valeurs spirituelles, mora
180
ns cesse croissant entre le rythme d’expansion de
nos
produits et celui de nos valeurs régulatrices est en train de fomente
181
le rythme d’expansion de nos produits et celui de
nos
valeurs régulatrices est en train de fomenter dans le monde entier de
182
en me dit un jour : « Vous autres Européens, vous
nous
envoyez des machines-outils ; c’est très joli, cela nous amuse et c’e
183
voyez des machines-outils ; c’est très joli, cela
nous
amuse et c’est utile, mais pourquoi n’y joignez-vous pas un petit liv
184
tout un monde de valeurs complètement étranger à
nos
croyances traditionnelles ? » Une autre fois, il me raconte que sa fe
185
jakarta ; et quand ils eurent appris les notes de
notre
gamme, elle leur dit : composez maintenant une chanson dans le goût d
186
ne faisaient que réinventer les lieux communs de
nos
chansons européennes, qu’ils n’avaient jamais entendues. Ainsi, chaqu
187
achine exportée est, en fait, un cheval de Troie.
Nous
avons évacué nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ra
188
t, en fait, un cheval de Troie. Nous avons évacué
nos
guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais nous ramenons subreptice
189
Troie. Nous avons évacué nos guerriers et retiré
nos
fonctionnaires, mais nous ramenons subrepticement, et sans le savoir,
190
nos guerriers et retiré nos fonctionnaires, mais
nous
ramenons subrepticement, et sans le savoir, des occupants plus effica
191
de l’invention et de la compréhension de la vie.
Nos
machines et nos raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement tr
192
et de la compréhension de la vie. Nos machines et
nos
raisonnements, nos formes d’art et de gouvernement transportent au lo
193
ion de la vie. Nos machines et nos raisonnements,
nos
formes d’art et de gouvernement transportent au loin des champs de fo
194
le plus fort de ce terme. Les trois aspects de
notre
message Que répondre à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains,
195
à ces Orientaux, et bientôt à ces Africains, qui
nous
demandent avec anxiété, non point de les laisser comme ils sont, dans
196
agesse » intacte et leur famine, mais de déclarer
nos
valeurs ? Ils nous obligent à nous interroger sur ce qui va de soi da
197
t leur famine, mais de déclarer nos valeurs ? Ils
nous
obligent à nous interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de pe
198
ais de déclarer nos valeurs ? Ils nous obligent à
nous
interroger sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et nos cond
199
igent à nous interroger sur ce qui va de soi dans
nos
façons de penser et nos conduites habituées ; à prendre conscience, d
200
sur ce qui va de soi dans nos façons de penser et
nos
conduites habituées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que nou
201
ées ; à prendre conscience, devant eux, de ce que
nous
croyons et voulons ; à réviser sous leur regard méfiant les illusions
202
réviser sous leur regard méfiant les illusions de
notre
« universalisme » — ou à découvrir ses vraies bases. Classons d’abord
203
rsité (ainsi les voix distinctes s’accordent dans
nos
chœurs) ; la reconnaissance de la réalité de la matière et du corps ;
204
ur de Dieu et du prochain. On voit sans peine que
nos
produits sont les plus faciles à exporter et les plus rapidement acce
205
les plus rapidement acceptés hors d’Europe ; que
nos
principes de vie publique sont officiellement invoqués, mais surtout
206
sont officiellement invoqués, mais surtout contre
nous
, et dans la mesure où ils condamnent notre présence ; enfin que nos v
207
contre nous, et dans la mesure où ils condamnent
notre
présence ; enfin que nos valeurs sont difficiles à « vendre » (au sen
208
sure où ils condamnent notre présence ; enfin que
nos
valeurs sont difficiles à « vendre » (au sens américain du verbe) et
209
ces produits et principes procèdent en réalité de
nos
valeurs, et ne trouvent que dans le contexte de ces valeurs ou pour m
210
lation des enfants de Dieu. » (Rom. 8-19) Quant à
nos
principes de vie publique, ils s’inspirèrent tous, d’une manière plus
211
, plus ou moins anarchisantes ou socialisantes de
nos
institutions. Tels étant les liens innombrables qui unissent les atti
212
ion occidentale et des coutumes arabes en Algérie
nous
en donne un exemple tragique. Il ne s’agit nullement ici de politique
213
et radicales se conçoivent : ou bien garder pour
nous
ce qui ne peut que troubler et déséquilibrer les autres, ou bien impo
214
bler et déséquilibrer les autres, ou bien imposer
nos
valeurs en même temps que nos créations. On voit que l’alternative es
215
es, ou bien imposer nos valeurs en même temps que
nos
créations. On voit que l’alternative est utopique, chacun de ses term
216
ve est utopique, chacun de ses termes l’étant. Il
nous
reste à trouver des formules d’équilibre ou de compromis tolérables e
217
jets et des intérêts que j’imagine être communs à
nos
professions respectives. Et ce seront tout d’abord, et tout naturelle
218
re plus précise, les relations entre l’énergie et
notre
société occidentale. Je placerai tout cela sous le signe de l’Europe,
219
patrie surtout de cette culture particulière qui
devait
inventer ou découvrir toutes les formes modernes de l’énergie, de la
220
rituel que ces peuples avaient atteint bien avant
nous
, et qu’ils maintiennent encore dans leurs élites ? Aussitôt que l’on
221
foyer créateur, ou en tout cas peut le redevenir.
Nous
ne trouverons pas de réponse bien convaincante dans les données physi
222
e bien convaincante dans les données physiques de
notre
continent, c’est-à-dire dans ce qui nous lie au sol, au climat, à la
223
ques de notre continent, c’est-à-dire dans ce qui
nous
lie au sol, au climat, à la race ; car justement, notre civilisation
224
lie au sol, au climat, à la race ; car justement,
notre
civilisation européenne se caractérise par son pouvoir d’universalité
225
vers d’autres continents et d’autres peuples. Si
notre
technique dépendait de nos conditions physiques ou ethniques, comment
226
d’autres peuples. Si notre technique dépendait de
nos
conditions physiques ou ethniques, comment expliquerait-on que, sur l
227
ifférents l’adoptent avec une telle facilité ? Il
nous
faut donc chercher beaucoup plus haut l’origine de cette technique oc
228
haut l’origine de cette technique occidentale. Il
nous
faut aller la chercher dans quelque chose de plus universel, dans une
229
tion, c’est-à-dire Dieu lui-même se manifestant à
nous
dans un corps d’homme, les grands conciles des premiers siècles de no
230
omme, les grands conciles des premiers siècles de
notre
ère se trouvent avoir reconnu, du même coup, que le corps humain et l
231
ère est affirmée — mais pas avant ! — la science,
nos
sciences deviennent possibles. Voilà qui est évident, puisque nous ap
232
iennent possibles. Voilà qui est évident, puisque
nous
appelons science l’étude des lois du corps humain, de la matière et d
233
étude. La tradition des grands philosophes grecs
nous
léguait en effet les principes directeurs de toute recherche scientif
234
progrès. Je ne vous retracerai pas l’histoire de
notre
science, du Moyen Âge scolastique à la Renaissance, siècles où s’opér
235
longue évolution dans une seule phrase : c’est de
notre
culture entière, théologique, philosophique et politique, que sont né
236
philosophique et politique, que sont nées toutes
nos
sciences, et la technique moderne. Mais, bien que née de la culture,
237
’esprit ? Dans la première moitié du xxe siècle,
nous
avons assisté à ce qu’on l’on nomme souvent l’envahissement de notre
238
à ce qu’on l’on nomme souvent l’envahissement de
notre
vie par la machine. Et tous nos grands penseurs européens, suivis à q
239
nvahissement de notre vie par la machine. Et tous
nos
grands penseurs européens, suivis à quelques années de distance par l
240
vulgarisateurs, les journalistes et l’opinion de
nos
élites, se sont mis à se lamenter sur le matérialisme occidental, sur
241
n même… de la technique. Les machines envahissent
nos
vies ? Si seulement, car elles sont très chères ! Mais jamais une Tal
242
t mettre l’homme en esclavage, ou que la Bombe va
nous
détruire si nous ne faisons pas attention, on oublie simplement que l
243
en esclavage, ou que la Bombe va nous détruire si
nous
ne faisons pas attention, on oublie simplement que les machines et la
244
r. Elle se tiendra coite dans sa caisse. Qu’on ne
nous
raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
245
on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il
nous
faut, c’est un contrôle de l’homme. Observez au surplus qu’il n’est
246
nné ou non, a sûrement fait plus de victimes dans
notre
histoire que les bombes atomiques larguées sur le Japon. Prenons un a
247
nons un autre exemple, moins tragique, et tiré de
notre
vie quotidienne : l’esclavage du téléphone est un des clichés de l’ép
248
, ou du téléphone agaçant, vous voyez que ce sont
nos
passions, nos manies, que c’est donc l’homme lui-même qui reste respo
249
one agaçant, vous voyez que ce sont nos passions,
nos
manies, que c’est donc l’homme lui-même qui reste responsable, et non
250
puis plus d’un siècle et demi, pour une partie de
nos
populations occidentales, ce fut le sort du travailleur industriel, d
251
arler de l’homme esclave de la machine. Mais déjà
nous
voyons s’approcher la fin de cette ère primitive, inhumaine et cruell
252
chnique, mais au contraire en les accélérant, que
nous
sommes parvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui doit et pe
253
rvenus au seuil d’une ère nouvelle, cette ère qui
doit
et peut, progressivement, nous permettre non plus seulement d’amélior
254
lle, cette ère qui doit et peut, progressivement,
nous
permettre non plus seulement d’améliorer la condition prolétarienne,
255
ui semblait tellement inhumain tant que l’ouvrier
devait
y adapter son rythme, devient au contraire libérateur dès qu’il est p
256
près idéalement les effets bénéfiques que peut et
doit
produire cette technique que l’on accusait de nous asservir. On nous
257
oit produire cette technique que l’on accusait de
nous
asservir. On nous disait que la technique tend à séparer l’homme de l
258
technique que l’on accusait de nous asservir. On
nous
disait que la technique tend à séparer l’homme de la nature, et je vo
259
pagnes aux citadins, ouvriers et bourgeois mêlés.
Nos
grands-pères se promenaient le dimanche le long des routes, en reding
260
s : ils ne connaissaient pas le machinisme — dont
nous
sommes les premiers usagers quotidiens — mais ils n’en communiaient p
261
tage avec la nature et ses rythmes. Au contraire,
nous
voyons aujourd’hui nos villes se mettre au vert, se vider pendant les
262
es rythmes. Au contraire, nous voyons aujourd’hui
nos
villes se mettre au vert, se vider pendant les week-ends. Nous voyons
263
e mettre au vert, se vider pendant les week-ends.
Nous
voyons tout un peuple à peu près nu s’éparpiller au loin dans la natu
264
e que se développera l’automation. Imaginons donc
notre
humanité occidentale partiellement libérée du travail mécanique, pour
265
’elle n’a pas le temps de se cultiver ! Bien sûr,
nous
ne confondrons pas le simple loisir et la culture. La culture ne cons
266
ier sera gagné pour la culture, ou pourra l’être.
Nous
allons vers un temps où les loisirs deviendront quantitativement plus
267
asservisse l’homme et tue la vraie culture ; mais
nous
voyons que les progrès techniques les plus récents nous ramènent au c
268
oyons que les progrès techniques les plus récents
nous
ramènent au contraire vers la culture, et lui donnent un sérieux nouv
269
me j’ai tenté de vous le montrer, à l’ensemble de
notre
culture. Gardons-nous de scier la branche sur laquelle est assise not
270
e montrer, à l’ensemble de notre culture. Gardons-
nous
de scier la branche sur laquelle est assise notre puissance technique
271
-nous de scier la branche sur laquelle est assise
notre
puissance technique ; elle se nomme culture générale. Les plus grands
272
lliers d’ingénieurs, mais si l’on subordonne tout
notre
enseignement à leur seule formation spécialisée, il en résultera 1° q
273
ule formation spécialisée, il en résultera 1° que
nous
aurons sans doute moins de grands inventeurs et 2° que c’est alors qu
274
ns de grands inventeurs et 2° que c’est alors que
nous
courrons le risque d’être spirituellement soumis à nos machines, étan
275
ourrons le risque d’être spirituellement soumis à
nos
machines, étant dressés d’avance à les servir, au lieu d’être éduqués
276
ous bien ce qu’elle est, ce qu’elle signifie dans
nos
vies ? Et pourriez-vous la définir ? Je voudrais évoquer à ce propos
277
ole d’officier dans l’armée suisse. Un jour, dans
notre
classe de « théorie », le colonel entre à grands pas, nous prenons le
278
se de « théorie », le colonel entre à grands pas,
nous
prenons le garde-à-vous, il dit : « Repos, assis ! », et aussitôt nou
279
-à-vous, il dit : « Repos, assis ! », et aussitôt
nous
pose cette question simple : « Qu’est-ce que l’énergie ? » Plusieurs
280
: « Qu’est-ce que l’énergie ? » Plusieurs d’entre
nous
essaient de répondre : c’est plutôt vague, c’est maladroit, ce n’est
281
droit, ce n’est rien qui vaille. Alors le colonel
nous
arrêtant d’un geste sec déclare : « Je vais vous le dire. L’énergie,
282
t qu’il s’agit de réveiller. » Puis il sortit, et
nous
sûmes aussitôt ce qui nous attendait le lendemain : une marche de 80
283
. » Puis il sortit, et nous sûmes aussitôt ce qui
nous
attendait le lendemain : une marche de 80 kilomètres. Ce colonel avai
284
tes, les animaux, la terre, les océans, l’air que
nous
respirons, et nous. Poussés par une curiosité passionnée, mère de tou
285
a terre, les océans, l’air que nous respirons, et
nous
. Poussés par une curiosité passionnée, mère de toute science, ils déc
286
devient dans l’histoire de l’esprit et des mœurs.
Nous
le nommerons pour simplifier : culture. Et du même coup, nous aurons
287
erons pour simplifier : culture. Et du même coup,
nous
aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais un
288
aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour
nos
peuples, mais une nécessité vitale. L’Europe, c’est très peu de chose
289
’hui le musée et le plus grand laboratoire, il le
doit
à ce quelque chose que l’esprit de ses habitants vint ajouter à ses d
290
ession géométrique, et que je désignerai par c2 .
Nous
voici donc ramenés, comme par hasard, à l’équation la plus célèbre de
291
us d’unification de l’humanité, aux débuts duquel
nous
assistons. C’est un fait que la technique, née de l’Europe, puissamme
292
nique, née de l’Europe, puissamment développée de
nos
jours par les États-Unis et la Russie, se répand rapidement dans tous
293
es. On peut le déplorer, on ne peut plus le nier.
Nous
sommes donc en droit de constater que la civilisation européenne est
294
la première civilisation effectivement mondiale.
Nous
voyons même la Chine l’adopter sous une forme caricaturale, il est vr
295
l’Amérique est une invention de l’Europe… Pouvons-
nous
donc crier victoire ? On sait bien que non. Nous avons exporté nos te
296
-nous donc crier victoire ? On sait bien que non.
Nous
avons exporté nos techniques, nos régimes politiques, nos énergies, m
297
ctoire ? On sait bien que non. Nous avons exporté
nos
techniques, nos régimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi no
298
bien que non. Nous avons exporté nos techniques,
nos
régimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi nos folies, comme
299
s exporté nos techniques, nos régimes politiques,
nos
énergies, mais hélas aussi nos folies, comme le nationalisme et la ré
300
égimes politiques, nos énergies, mais hélas aussi
nos
folies, comme le nationalisme et la révolution. Tout cela se retourne
301
olution. Tout cela se retourne aujourd’hui contre
nous
. En fait, l’Europe actuelle est assiégée. Chassée de l’Asie et d’une
302
ung, et au nom d’un anticolonialisme qui survit à
nos
colonies ; menacée de tout près par la Russie, qui occupe ou contrôle
303
Russie, qui occupe ou contrôle près d’un quart de
nos
peuples ; concurrencée par les États-Unis, qui l’ont généreusement ai
304
iment de son indépendance. Et dans aucun domaine,
notre
dépendance n’est plus sensible, plus exactement mesurable, que dans l
305
s importations de charbon ou de pétrole, l’Europe
devrait
alors dépenser, aux prix actuels, environ 5 milliards de dollars. Que
306
ces précisément qui critiquent aujourd’hui encore
notre
colonialisme d’hier ! Nous courons, aujourd’hui déjà, un danger qu’on
307
nt aujourd’hui encore notre colonialisme d’hier !
Nous
courons, aujourd’hui déjà, un danger qu’on ne saurait exagérer du seu
308
danger qu’on ne saurait exagérer du seul fait de
notre
dépendance à l’égard des pays arabes. Voilà qui est grave, mais il y
309
utôt géométrique qu’arithmétique. La situation de
notre
continent — et de l’humanité tout entière — serait apparemment sans e
310
paremment sans espoir, si la culture élaborée par
notre
Europe n’avait pas découvert, une fois de plus, et vraiment au dernie
311
L’énergie nucléaire est la réponse, inventée par
notre
génie, par nos savants européens, au défi d’une humanité dont notre s
312
ire est la réponse, inventée par notre génie, par
nos
savants européens, au défi d’une humanité dont notre science, notre h
313
os savants européens, au défi d’une humanité dont
notre
science, notre hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître
314
péens, au défi d’une humanité dont notre science,
notre
hygiène et nos techniques étaient en train d’accroître au-delà du pos
315
une humanité dont notre science, notre hygiène et
nos
techniques étaient en train d’accroître au-delà du possible les besoi
316
l’atome, il n’en est pas moins clair qu’aucun de
nos
pays ne saurait à lui seul la mettre en œuvre. L’Amérique et l’URSS n
317
lui seul la mettre en œuvre. L’Amérique et l’URSS
nous
dépassent déjà largement, dans ce domaine. Il nous reste une seule so
318
ous dépassent déjà largement, dans ce domaine. Il
nous
reste une seule solution : fédérer nos faiblesses pour en faire une g
319
maine. Il nous reste une seule solution : fédérer
nos
faiblesses pour en faire une grande force. Et c’est ce que tentent de
320
simplement une nécessité vitale, la condition de
notre
survie et de l’avenir de notre culture. Ou bien nous ferons l’Europe,
321
e, la condition de notre survie et de l’avenir de
notre
culture. Ou bien nous ferons l’Europe, avec tous ses pays et pas seul
322
e survie et de l’avenir de notre culture. Ou bien
nous
ferons l’Europe, avec tous ses pays et pas seulement avec les six qui
323
seulement avec les six qui ont commencé ; ou bien
nous
serons colonisés. Et le monde entier, alors, en pâtirait. Car le mond
324
uel point cette technique dépend de l’ensemble de
notre
culture, et comment notre avenir dépend de notre union. Il me reste à
325
dépend de l’ensemble de notre culture, et comment
notre
avenir dépend de notre union. Il me reste à souhaiter que plusieurs d
326
notre culture, et comment notre avenir dépend de
notre
union. Il me reste à souhaiter que plusieurs d’entre vous consacrent
327
qui occupe la plus grande partie de son temps. Or
nous
venons d’apprendre qu’une actrice de cinéma d’avant-garde apporte à s
328
devient dans l’histoire de l’esprit et des mœurs.
Nous
le nommerons pour simplifier culture. Et du même coup, nous aurons di
329
mmerons pour simplifier culture. Et du même coup,
nous
aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour nos peuples, mais un
330
aurons dit que la culture n’est pas un luxe pour
nos
peuples, mais une nécessité vitale. Qu’est-ce que l’Europe ? Assez pe
331
ces images en termes tout pratiques : l’avenir de
notre
Europe étant lié à l’avenir de sa culture, c’est aux activités de rec
332
e, c’est aux activités de recherche créatrice que
doit
aller d’abord le soutien financier du mécénat européen. Problème g
333
concret, l’aide à la culture créatrice ? Jusqu’à
notre
temps, c’est bien simple. Certes, on ne finance pas un poème, une int
334
. Cependant, un phénomène nouveau se manifeste de
nos
jours : c’est celui de la subvention, qui n’est plus l’aide aux créat
335
Rien de pareil au xvie siècle ni, de fait, avant
notre
époque. Et ceci modifie profondément les méthodes et l’objet du mécén
336
princes capables de dépense. Car il existe parmi
nous
autant ou plus de grandes fortunes qu’à la Renaissance ou au Grand Si
337
rand Siècle. Le problème est posé par le fait que
nos
virtuels mécènes à l’ancienne mode ne sont plus en mesure — sauf de r
338
ens commercial que l’on sait. Dès lors le mécénat
doit
se tourner vers des domaines très différents, où il est moins facile
339
et souvent fort lointains) de son appui. Qu’avons-
nous
de ce genre, en Europe ? Quantité d’instituts nationaux — ministères,
340
mpitoyable qui s’instaure à l’échelle planétaire.
Nous
voyons maintenant ce qu’il faut faire : subventionner les entreprises
341
d’intellectuels et des frais d’administration. Et
nous
voyons que le mécénat privé n’y peut suffire, non certes faute d’arge
342
lture est encore plus choquante, si possible, que
nos
divisions nationales, et n’est pas moins débilitante. Non seulement e
343
es remarques. Un Conseil européen de la recherche
devrait
grouper essentiellement des représentants qualifiés (créateurs plutôt
344
inspirer pour trouver ce qu’il faut. Les besoins
devraient
être formulés dans toute la liberté de l’imagination la mieux nourrie
345
nts domaines envisagés et des perspectives qu’ils
nous
ouvrent. Après quoi, d’autres comités, composés d’organisateurs, de f
346
e part intégrante de la stratégie à long terme de
notre
monde occidental. Il faut donc établir en Europe une politique de la
347
effet, il faut absolument que les responsables de
notre
vie économique et politique saisissent la réalité du xxe siècle : c’
348
on ? Et notamment : a) pensez-vous que le Conseil
devrait
être créé par les Communautés des Six déjà existantes, sur leur initi
349
seil de l’Europe et les trois Communautés ? b) ou
devrait
-il se constituer sur l’initiative privée d’un institut non gouverneme
350
éter ensuite par cooptations ? c) une fois formé,
devrait
-il rester totalement autonome, ou se rattacher à quelque organisme ex
351
: Fonds culturel du Conseil de l’Europe II. On
doit
à priori se réjouir de cette prolifération, qui est la preuve d’une p