1 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. Introduction
1 Introduction D’où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement
2 son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? ( Serait -ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coudenhove et
3 s, nous ont servi de guides en des régions qu’ils sont seuls de nos jours à connaître aussi bien, du point de vue qui intére
4 étend pas à l’originalité. Il ne visait, quand il fut entrepris, qu’à introduire une anthologie de textes sur l’Europe, des
5 tion. L’anthologie où l’on retrouvera ces textes est en cours d’élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin de cette an
6 éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont associés sous les auspices du Centre en vue de publier tous ensemble
2 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. I. Protohistoire d’un continent sans nom
7 continent en marécage puis en forêt vierge. Ainsi fut anéantie, vers l’an 8000 av. J.-C., la civilisation qui avait produit
8 et marécages qui reliaient le Danemark à l’Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée,
9 e courant mystique, dont la puissance et la durée sont encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans p
10 Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont certainement proche-orientales. Son élan associe étrangement la conqu
11 s-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituels mystérieux, ils ont profondément implanté, dans la consci
12 mble bien qu’une sorte de civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le ri
13 t étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le rite généralisé de l’incinération. (« Champs d’urnes »
14 ure comme en négatif l’Europe à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux pe
15 gnifiera son nom ? 1. André Varagnac, « Comment est née l’Europe ? », La Table ronde, n° 113.
3 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. II. Le mythe de l’enlèvement d’Europe
16 s parties du monde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans
17 le n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Grecs ap
18 st certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’ est jamais venue dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’Europe
19 n Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de
20 roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme l’étymologie de so
21 cie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme l’étymologie de son nom grec l’indiqu
22 notre ère, en pleine littérature alexandrine. Il est probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et p
23 cilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’ est inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères
24 ence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux que le miel, posé sur les pa
25 terre d’Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre res
26 ue, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son l
27 itait ; car le songe qu’elle venait de voir avait été aussi net que ce que l’on voit quand on veille. Longtemps, la jeune f
28 tout émue, pendant que je dormais doucement ? Qui était cette étrangère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’elle a e
29 même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et étaient associées à tous ses jeux, qu’elle se préparât pour prendre part à un
30 es gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté de
31 éphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans le lit du dieu qui ébranle la terre ; Libye l’avait donné
32 l’avait donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe p
33 ce superbe présent à sa fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il
34 en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle
35 la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur
36 faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarpement du rivage, serrés l’un contre l’autre ; ils
37 transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. A
38 d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ronde, au-dessous de la bordure ci
39 eille ronde, au-dessous de la bordure circulaire, était représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d
40 es couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris
41 de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Ze
42 ea en taureau ; non pas en taureau comme ceux qui sont nourris dans les étables, ni comme ceux qui tirant la charrue recourb
43 chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait a
44 rition n’effraya point les jeunes filles ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la di
45 e Europé ; il lui lécha le cou, et la jeune fille fut sous le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’
46 e, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le p
47 t allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avait en vue ni rivage battu par les
48 es mots : « Où m’emportes-tu, taureau divin ? Qui es -tu ? Comment peux-tu parcourir des chemins dangereux aux animaux qui
49 ournant les pieds, et ne pas craindre la mer ? Ce sont les navires qui courent sur la mer, les navires prompts à fendre les
50 ture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans doute tu es un dieu ; ce que tu fais ressemble à ce que font les dieux. Les dauph
51 voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, grande est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivan
52 riger cette traversée et me tracer la route. Ce n’ est pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle
53 te. Ce n’est pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau aux belles cornes lui
54 e fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ;
55 eus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est
56 que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi
57 mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose acc
58 eurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà apparaissait la Crète ; par un nouveau changeme
59 les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder,
60 ateurs récents du Mythe, dont W. Technau4, Europe fut d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serai
61 ité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serait en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, do
62 un symbole lunaire, tandis que Zeus et le Taureau seraient tous les deux solaires par excellence. Dans les deux cas, Europe res
63 nt qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’
64 n qu’il adopte le décor traditionnel du mythe, il est le premier à lui donner son sens historique et mondial (weltgeschicht
65 de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’ était occupée que des fleurs, et en faisant, habile ouvrière, une couronne
66 ’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis -je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vi
67 lire ! D’où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vierges. Suis-je éveillée, pleurant un
68 e mort est trop légère pour la faute des vierges. Suis -je éveillée, pleurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis-
69 leurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis -je le jouet d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire,
70 es, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséchée, je veux belle encore, nourrir les tigres. Méprisable Europ
71  » Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu. Puis, quand
72 son fils, l’arc détendu. Puis, quand la déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes quer
73 ureau viendra te donner ses cornes à déchirer. Tu es , sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sang
74 voici le mythe attaqué et dénoncé — preuve qu’il est encore bien vivant — par les polémistes chrétiens. Les uns, comme Pru
75 t son immoralité, les autres, comme Lactance, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Eu
76 s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taurea
77 vée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taureau.6 Cependant, Isidore de Séville, au viie siècle, se bor
78 représente la vie du siècle, tandis que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passag
79 e tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à un très ferme appui. Pour le géographe Mercator, dont
80 s, méprisants ces fables la disent (Europe) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure d’un taurea
81 enseignes un taureau. Quelques-uns disent qu’elle fut ainsi appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fill
82 taureau, certes, par lequel ils veulent qu’Europe fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des Europ
83 l à propos les mœurs et naturel des Européens. Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de coule
84 des haras ; de très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, tout
85 s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quas
86 extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des Européens, nommément les plus Septentrionaux. D
87 naux. Dès la Renaissance, cependant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poèt
88 dant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André
89 lus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André Chénier, Victor Hugo, e
90 on plus à Vénus : Et quand la terre, au loin, se fut toute perdue Quand le silencieux espace Ouranien Rayonna, seul ar
91 , nous y aidera mieux que personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de to
92 ns, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme
93 terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès que ce mythe arrive au bord de la Méditer
94 femelle, par une remise en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. El
95 en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’ est -ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Ori
96 déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […]
97 ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […] Zeus-Jupiter devient alor
98 énergies élémentaires, d’hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser. Mais avec lui commence une
99 onide Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent
100 prendra pour première femme l’Océanide Métis, qui est la raison ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’en avoir un
101 et il engendrera par la tête Athéné-Minerve, qui est l’intelligence inventrice, active et artiste, le symbole du génie hel
102 e symbole du génie hellénique. Sa deuxième épouse sera Thémis, la justice. Plus tard, il prendra pour femme Mnémosyne, la mé
103 es. Et la dernière, Junon la jalouse, Héra-Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande
104 ion européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il évo
105 , jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque dans l
106 e interprétation « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant lettre — qui écrit dans son
107 t ravirent la fille du roi, Europe ; ce pouvaient être des Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation de l’Europe, I, p
4 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. III. Le Mythe de Japhet
108 nt reçu en partage les trois parties du monde que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Cette tripartition myth
109 remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de N
110 Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan
111 ité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclav
112 ternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habit
113 u’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils de Sem son
114 Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-
115 partition d’Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afriq
116 ui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 un
117 eu. Le mot sur lequel insistent tous ces exégètes est celui que nous avons souligné dans le verset 27 cité : dilatet selon
118 s, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espagnols. « Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie m
119 de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il n’ est certes pas démontrable, mais possible, que la relation entre Japhet e
120 ible, que la relation entre Japhet et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
121 ” par homophonie. »9 Un lien — problématique, il est vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et
122 blématique, il est vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et la mythologie grecque. L’Europe ferai
123 e. L’Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet,
5 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. IV. Cadmus ou la quête d’Europe
124 Tyr venu d’Égypte pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant ét
125 ils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi de Crète Taurus), les cin
126 , sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent chacun une direction différente. Phoeni
127 aux Punici (de Poeni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son honneur. Cilix va en Cilicie, Phineus aux D
128 ux cinq frères sa réalité géographique. Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! En d’aut
129 ce des deux mythes. Selon Robert Graves10, Agénor est le héros phénicien Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de
130 enance est-africaine, et les Cananéens pourraient être venus en Basse-Égypte de l’Ouganda. La dispersion des fils d’Agénor s
131 eurs aryens et Sémites. On se rappelle que Canaan était ce fils de Cham promis à l’esclavage. Ainsi le mythe japhétique et le
132 blique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Mais que penser du rapprochement que
133 de Prométhée, et donc grand-père de Deucalion qui fut précisément le Noé des Grecs ? L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtr
134 ui fut précisément le Noé des Grecs ? L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtre du genre humain. Audax Japeti genum écrit Horace
6 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. V. Les étymologies
135 es étymologies L’étymologie, trop souvent, nous est donnée pour science par ceux qui la pratiquent sans art. À travers de
136 vers des filiations, des signes et des sons qu’il est parfois possible d’établir sans équivoque, elle se propose de recherc
137 pour plus authentiques que les actuelles, qui en seraient dérivées. En tant que science, elle n’en trouve guère, et recense sur
138 n’en trouve que trop et c’est alors son choix qui est significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre
139 sur le « vrai » sens du mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues p
140 d’Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de don
141 écrit, selon Mercator : Nous voyons qu’à Japhet est promise dilatation, ou, comme d’autres l’interprètent, joie, laquelle
142 r, excellent, Hop, espoir : d’où réussit qu’Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette
143 espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour
144 sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si a elle to
145 répudiée. Mais le mariage, par lequel le Christ s’ est adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon
146 l le Christ s’est adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
147 pu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique :
148 ent. Reynold, qui les cite, ajoute : Leur excuse est qu’ils vivaient en un temps où l’on croyait encore qu’Adam parlait ba
149 e, dérivant Europe de ereb, qui veut dire soir, a été longtemps admise. Ainsi l’historien roumain Nicolas Jorga écrivait en
150 , correspondant à la géographie, cette étymologie est aujourd’hui abandonnée. G. de Reynold11 nous signale toutefois l’exis
151 rbe erephô, couvrir, ombrager, ou encore era, qui est un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il
152 est un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémit
153 our désigner la terre. Il est donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémitique ereb, soir. d) Rest
154 e nom grec, celui de la Fille d’Agénor. Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : « Europe est dans son premier sens un
155 us sommes sur un terrain plus ferme12 : « Europe est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est
156 r sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est le pendant du masculin euruopa ou, plus rarement euruopè, une des épi
157 des mythographes relativement récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif
158 ts. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme accusatif. Ré
159 me accusatif. Régulièrement, le nominatif devrait être  : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : au
160 tre : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : autrement dit, on ne les trouve nulle part dans les t
161 uites par déclinaison. Quant à l’étymologie, elle est facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adje
162 arenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son
163 a pour affluent l’Europos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas pro
164 alificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé
165 pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé du substantif pour devenir lui-même un substantif. Et vo
166 régit le cinquième mois de l’année sacrée14 et il est associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le
167 cienne occupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images pré-helléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant tri
168 halement le taureau solaire, sa victime. La scène est dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cit
169 lité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus changé e
170 d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et
171 otis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et même personnage divin. Callimaque, dans son Épithalame pou
172 s son Épithalame pour Hélène indique que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par le
173 lame pour Hélène indique que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq poin
174 ’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecq
175 lènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (g
176 luge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arrière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le f
177 rière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même qu
178 fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même que la déesse Ishtar, qui selon la mythologie babylonienne au
179 qué le Déluge au 3e millénaire av. J.-C. ; et qui est aussi la déesse des Philistins, peuple venu de Crète en Palestine ver
180 -184. L’année sacrée des Celtes, qui paraît avoir été commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour
7 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VI. Le concept géographique
181 ttribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’ est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souv
182 ce sujet : L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bie
183 ques-uns, d’après Gonzague de Reynold : L’Europe est une grande presqu’île.17 Cette étroite presqu’île qui ne figure sur
184 ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain.18 L’Europe n’est à proprement
185 venue la métropole du genre humain.18 L’Europe n’ est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’ouest le
186 pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’ est qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiat
187 Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe
188 urope était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe. La Grèce a le sol médiocrement fertile,
189 ntourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égy
190 Mais ce parallèle entre l’Europe et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. L
191 ux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont découvert l’Europe, mais bien les Phéniciens, é
192 u, par Phoenix, l’un des frères d’Europe), Hannon était allé jusqu’au Sénégal dès le ve siècle avant notre ère. C’est un aut
193 is des établissements et des villes. Leur coutume était de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une m
194 ent du ciel ne gonflerait la voile. Aussi l’air y est -il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse ca
195 ilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont été les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée p
196 mer Noire. Ainsi Platon fait dire à Socrate : Je suis de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui
197 : Je suis de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’Hercule,
198 ables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain »,
199 te fut le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Eur
200 stent entre eux d’une manière étonnante. Comme il seroit trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développemen
201 idérablement de l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes le
202 est particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des
203 rre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc communément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe, pa
204 e, parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont
205 ’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caract
206 t d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caractères tiennent à la température des saisons, parce que l’Asie, située à l’orient, en
207 tuée à l’orient, entre les deux levers du soleil, est encore également éloignée du chaud et froid. Ainsi donc, ce qui contr
208 t de variations fortes et inopinées. Cependant il est impossible que dans un tel pays les hommes aient la force de corps et
209 les peines d’esprit… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’un caractère plus d
210 sses vives dont les changements violens des corps sont les résultats, et qui impriment enfin à l’homme un caractère plus far
211 vait dans une température toujours égale ; car ce sont les passages rapides d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
212 e l’attribuer à la nature des lois auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois,
213 ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les hommes ne so
214 rois, il en résulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se son
215 urs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mais au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont
216 au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont bien loin de s’occuper du métier des armes, ils ont même grand soin d
217 ar la raison que les dangers (ou les intérêts) ne sont pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont fo
218 t partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de m
219 e de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela
220 courage. La plus forte preuve de ce que j’avance est fournie par l’Asie même, où tous ceux des Grecs et des Barbares qui s
221 , et qui par-là même ne travaillent que pour eux, sont les hommes les plus courageux de tous, pour la raison qu’ils ne s’exp
222 ’exposent que pour leur propre intérêt, et que ce sont eux qui reçoivent le prix de leur bravoure ou qui portent la peine de
223 u qui portent la peine de leur lâcheté. Enfin, il est encore à observer que les Asiatiques même diffèrent entre eux en plus
224 ou en moins de courage ; et que cette différence tient (principalement) au changement des saisons, ainsi que je l’ai déjà di
225 ux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que viv
226 uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est le contraire dans une température très variée. Dans cette dernière, l
227 variée. Dans cette dernière, le corps et l’esprit sont plus disposés à l’action, ce qui fortifie le courage et le génie, com
228 , comme l’uniformité dispose à la lâcheté. Telles sont donc les causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europ
229 bitants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’ est pas moins certain que la forme du gouvernement y contribue aussi, les
230 u gouvernement y contribue aussi, les Européens n’ étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques ; car j’ai déjà ob
231 car j’ai déjà observé que partout où les peuples sont soumis à des rois, ils sont nécessairement très lâches, en raison de
232 artout où les peuples sont soumis à des rois, ils sont nécessairement très lâches, en raison de ce que l’âme asservie ne peu
233 ar la forme et la complexion ; mais cette variété tient aux causes que j’ai déjà assignées à de semblables variations. Le pa
234 ys froids et les différentes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapp
235 ope sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est
236 ils savent mieux conserver leur liberté, mais ils sont incapables d’organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquéri
237 conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage,
238 aires, réunit ces deux sortes de caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libre : elle conserve le
239 ttre à son obéissance toutes les nations, si elle était réunie en un seul État. Après cette étape « hégémonique » vient l’ét
240 gémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon
241 nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube, qu’il nomme Ister :
242 pour axe le Danube, qu’il nomme Ister : L’Ister est le plus grand des fleuves que nous connaissions… On ne doit pas s’éto
243 Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre étant une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes.
244 étant une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni
245  ; l’œcoumène ou terre habitée n’avait pas encore été partagée en trois continents distincts, fait trop marquant qu’il n’eû
246 éussi à faire des montagnes et des rochers où ils étaient confinés un beau et agréable séjour, grâce à leur administration prév
247 telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les u
248 de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour hâte
249 les contrées riantes et fertiles, les populations sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et éne
250 sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans les contrées les plus pauvres, il s’é
251 insi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être , à ce qu’il semble, du côté de ces populations toujours armées et tou
252 reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est , en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les pop
253 j’entends celles qui ont le caractère pacifique, étant les plus nombreuses, la paix a fini par y prévaloir universellement,
254 . Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population nom
255 donc les parfums et les pierres précieuses quelle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut êt
256 es quelle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existen
257 du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existence plus misérable que ne l’est
258 r pour cela une existence plus misérable que ne l’ est en somme celle des peuples qui en regorgent. Ajoutons enfin qu’elle n
259 ugustin, dans la Cité de Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’Europe et l’Afrique
260 is parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts Riphées, puis au fleu
261 puis au fleuve Tanaïs et aux marais Maeotis, qui sont à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional j
262 ster écrit en 1567 dans sa Cosmographie : Europa est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempéré, u
263 euple viril, quelle surpasse Asia et Africa. Elle est partout habitée par les hommes, excepté une petite partie où à cause
264 u’on peut avec cela venir au secours des gens qui sont dans les montagnes. En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Louis
265 . On y lit : On ne peut pas nier que l’Europe ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Monde ; mai
266 avouer en même temps que, dans sa petitesse, elle est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’avoir vu former le pr
267 es du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant
268 e de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asie qui n’a reçu ce bienfait que par préférence ou
269 aire de Moreri, édité en 1759 : Quoique l’Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avanta
270 qui la doivent faire préférer aux autres. L’air y est extrêmement tempéré, et les provinces très fertiles, si l’on excepte
271 ovinces très fertiles, si l’on excepte celles qui sont sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et l
272 n excepte celles qui sont sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairem
273 dante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés et très propres pour les scie
274 sède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humai
275 riales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature
276 la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’ est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s
277 immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’ est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux monde
278 uissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’ est enrichie du butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île qui ne f
279 ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie, est devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’Hippocra
280 qu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’ être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais distingué p
281 il n’en trouve que 34), quoique indéterminée à l’ Est — elle l’est encore au xxe siècle —, elle n’en forme pas moins aux y
282 ve que 34), quoique indéterminée à l’Est — elle l’ est encore au xxe siècle —, elle n’en forme pas moins aux yeux des géogr
283 onzague de Reynold : Physiquement, l’Europe, qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plu
284 de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de
285 colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie po
286 L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre ver
287 ’infini par-dessus l’océan. Les autres continents sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’Europe semble bouger. Son d
288 sur la carte, l’Europe semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dragon ; Camoens, à un corps hum
289 ens, à un corps humain dont la péninsule ibérique serait la tête avec le Portugal pour front. D’autres la représentaient comme
290 ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gas
291 nces. » Mais la représentation la plus symbolique est encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Euro
8 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VII. De la géographie à l’histoire
292 ns se dégagent : le concept géographique d’Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup moin
293 le qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée par les textes à des dates aussi reculées ? On en relèvera q
294 ocrate et Aristote. Mais ces deux grands génies n’ étaient pas l’expression d’une opinion courante ou d’une conscience populaire
295 dant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à
296 alis et pars occidentalis. Il arrive que l’Europe soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie
297 comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 25. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension
298 de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si
299 du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque toujours par oriens des m
300 ccord pour reconnaître une même Loi30. Cette loi serait le monothéisme chrétien, qui, selon Celse, détruirait les diversités
301 c’est l’universalisme des chrétiens. Mais ceci n’ est qu’une parenthèse. Avec Sulpice Sévère, écrivain ecclésiastique né en
302 ’est à ses saints qu’elle le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le
303 isse du nombre et des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute
304 a Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie
305 uppa.) Mais voici le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le
306 s Martel sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années
307 fuerant castra locata… Mais les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers de Charles Martel, après le pillage, n’ont plus
308 rancs. Le recul de l’islam à partir de cette date serait dû, selon E. Berl, à une crise intérieure du monde arabe, et surtout
309 une date décisive dans notre histoire. La preuve est là, qu’au viiie siècle, ceux qui défendent ce continent se voient na
9 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VIII. « Europa vel regnum Caroli »
310 chroniqueur « Des six États du monde », l’Europe était essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne,
311 d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’ est et au nord, ainsi que les Pyrénées à l’Ouest : comment nommer l’empir
312 prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Eur
313 Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quod ipse te exal
314 cime (ou tiare) de l’Europe… père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolu
315 omment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors de Rome, à domination franque i
316 ncontestée — nous dirions franco-germanique. Ce n’ est donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du monde trad
317 r, théologien, astronome et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se tro
318 Charles se trouve plus près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du mon
319 Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’ être consommé — on note un changement bien typique dans les formules des p
320 ent dans l’ombre des intrigues pré-nationales, et sera le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germaniq
321 Empire et papauté, dans les siècles à venir, qui seront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoula
322 ouvoir des Européens, « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que tout
323 parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’ est plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique 
324 miserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europae Caesar Heinrice beate — A
325 evum. (Ô toi, honneur de l’Europe, César Henri, sois bienheureux. Que Celui qui règne en éternité augmente ton empire.) L