1
Introduction D’où vient le nom ? Quel
est
son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement
2
son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (
Serait
-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coudenhove et
3
s, nous ont servi de guides en des régions qu’ils
sont
seuls de nos jours à connaître aussi bien, du point de vue qui intére
4
étend pas à l’originalité. Il ne visait, quand il
fut
entrepris, qu’à introduire une anthologie de textes sur l’Europe, des
5
tion. L’anthologie où l’on retrouvera ces textes
est
en cours d’élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin de cette an
6
éditeurs représentant huit de nos langues, qui se
sont
associés sous les auspices du Centre en vue de publier tous ensemble
7
continent en marécage puis en forêt vierge. Ainsi
fut
anéantie, vers l’an 8000 av. J.-C., la civilisation qui avait produit
8
et marécages qui reliaient le Danemark à l’Écosse
sont
recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée,
9
e courant mystique, dont la puissance et la durée
sont
encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans p
10
Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais
sont
certainement proche-orientales. Son élan associe étrangement la conqu
11
s-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu
être
ces rituels mystérieux, ils ont profondément implanté, dans la consci
12
mble bien qu’une sorte de civilisation commune se
soit
étendue à la majeure partie du continent : elle est marquée par le ri
13
t étendue à la majeure partie du continent : elle
est
marquée par le rite généralisé de l’incinération. (« Champs d’urnes »
14
ure comme en négatif l’Europe à venir : celle qui
sera
conformée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux pe
15
gnifiera son nom ? 1. André Varagnac, « Comment
est
née l’Europe ? », La Table ronde, n° 113.
16
s parties du monde, elle n’avait point de nom. Il
est
certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans
17
le n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe
était
Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Grecs ap
18
st certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’
est
jamais venue dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’Europe
19
n Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe
fut
d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de
20
roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune,
est
son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme l’étymologie de so
21
cie, et descendant de Neptune, est son père. Elle
est
si belle quant aux yeux — comme l’étymologie de son nom grec l’indiqu
22
notre ère, en pleine littérature alexandrine. Il
est
probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et p
23
cilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’
est
inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères
24
ence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore
est
proche, l’heure où le sommeil, plus doux que le miel, posé sur les pa
25
terre d’Asie et la terre d’en face ; leur aspect
était
celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre res
26
ue, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il
était
décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son l
27
itait ; car le songe qu’elle venait de voir avait
été
aussi net que ce que l’on voit quand on veille. Longtemps, la jeune f
28
tout émue, pendant que je dormais doucement ? Qui
était
cette étrangère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’elle a e
29
même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et
étaient
associées à tous ses jeux, qu’elle se préparât pour prendre part à un
30
es gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui
étaient
le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté de
31
éphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle
était
entrée dans le lit du dieu qui ébranle la terre ; Libye l’avait donné
32
l’avait donnée à la toute belle Téléphaassa, qui
était
de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe p
33
ce superbe présent à sa fille non mariée. L’objet
était
orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il
34
en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’elle
était
encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle
35
la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer
était
faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur
36
faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se
tenaient
debout sur l’escarpement du rivage, serrés l’un contre l’autre ; ils
37
transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil
était
d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. A
38
d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il
était
fait en or. Autour de la corbeille ronde, au-dessous de la bordure ci
39
eille ronde, au-dessous de la bordure circulaire,
était
représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d
40
es couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle
était
la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris
41
de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il
fut
dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Ze
42
ea en taureau ; non pas en taureau comme ceux qui
sont
nourris dans les étables, ni comme ceux qui tirant la charrue recourb
43
chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps
était
de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait a
44
rition n’effraya point les jeunes filles ; toutes
furent
prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la di
45
e Europé ; il lui lécha le cou, et la jeune fille
fut
sous le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’
46
e, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne
fût
mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le p
47
t allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle
était
loin de la terre natale ; il n’y avait en vue ni rivage battu par les
48
es mots : « Où m’emportes-tu, taureau divin ? Qui
es
-tu ? Comment peux-tu parcourir des chemins dangereux aux animaux qui
49
ournant les pieds, et ne pas craindre la mer ? Ce
sont
les navires qui courent sur la mer, les navires prompts à fendre les
50
ture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans doute tu
es
un dieu ; ce que tu fais ressemble à ce que font les dieux. Les dauph
51
voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, grande
est
mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivan
52
riger cette traversée et me tracer la route. Ce n’
est
pas sans le vouloir d’un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle
53
te. Ce n’est pas sans le vouloir d’un dieu que je
suis
ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau aux belles cornes lui
54
e fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je
suis
Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ;
55
eus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’
être
un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est
56
que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il
est
en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi
57
mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes,
seront
porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose acc
58
eurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit
était
chose accomplie. Déjà apparaissait la Crète ; par un nouveau changeme
59
les Heures lui préparaient une couche ; elle qui
était
vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder,
60
ateurs récents du Mythe, dont W. Technau4, Europe
fut
d’abord une déité asiatique avant de devenir une héroïne : elle serai
61
ité asiatique avant de devenir une héroïne : elle
serait
en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, do
62
un symbole lunaire, tandis que Zeus et le Taureau
seraient
tous les deux solaires par excellence. Dans les deux cas, Europe res
63
nt qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons
tenu
à citer en entier parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’
64
n qu’il adopte le décor traditionnel du mythe, il
est
le premier à lui donner son sens historique et mondial (weltgeschicht
65
de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’
était
occupée que des fleurs, et en faisant, habile ouvrière, une couronne
66
’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où
suis
-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute des vi
67
lire ! D’où suis-je venue, et où ? Une seule mort
est
trop légère pour la faute des vierges. Suis-je éveillée, pleurant un
68
e mort est trop légère pour la faute des vierges.
Suis
-je éveillée, pleurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche, suis-
69
leurant un acte honteux ? ou bien, sans reproche,
suis
-je le jouet d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire,
70
es, que cette proie, tendre et pleine de sève, se
soit
desséchée, je veux belle encore, nourrir les tigres. Méprisable Europ
71
» Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’elle se
tenait
Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu. Puis, quand
72
son fils, l’arc détendu. Puis, quand la déesse se
fut
assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes quer
73
ureau viendra te donner ses cornes à déchirer. Tu
es
, sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sang
74
voici le mythe attaqué et dénoncé — preuve qu’il
est
encore bien vivant — par les polémistes chrétiens. Les uns, comme Pru
75
t son immoralité, les autres, comme Lactance, qui
sera
suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Eu
76
s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe
fut
enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un taurea
77
vée par les Crétois dans un navire dont l’insigne
était
un taureau.6 Cependant, Isidore de Séville, au viie siècle, se bor
78
représente la vie du siècle, tandis que la Crète
serait
la vie contemplative. Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passag
79
e tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se
tenir
à lui comme à un très ferme appui. Pour le géographe Mercator, dont
80
s, méprisants ces fables la disent (Europe) avoir
été
ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure d’un taurea
81
enseignes un taureau. Quelques-uns disent qu’elle
fut
ainsi appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fill
82
taureau, certes, par lequel ils veulent qu’Europe
fût
portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des Europ
83
l à propos les mœurs et naturel des Européens. Il
est
d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de coule
84
des haras ; de très grande continence, mais s’il
est
amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, tout
85
s’il est amené à sexe dissemblable, il se montre
être
de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quas
86
extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel
est
quasi le naturel des Européens, nommément les plus Septentrionaux. D
87
naux. Dès la Renaissance, cependant, le mythe ne
sera
plus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres, soit pour les poèt
88
dant, le mythe ne sera plus qu’un « beau sujet »,
soit
pour les peintres, soit pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André
89
lus qu’un « beau sujet », soit pour les peintres,
soit
pour les poètes. Rémy Belleau, Ronsard, André Chénier, Victor Hugo, e
90
on plus à Vénus : Et quand la terre, au loin, se
fut
toute perdue Quand le silencieux espace Ouranien Rayonna, seul ar
91
, nous y aidera mieux que personne : Europe nous
est
venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de to
92
ns, génératrice de tous les grands mythes. Europe
est
une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme
93
terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout
est
un et divers à la fois. Dès que ce mythe arrive au bord de la Méditer
94
femelle, par une remise en place des valeurs qui
est
déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. El
95
en place des valeurs qui est déjà européenne. Qu’
est
-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Ori
96
déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe
est
venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […]
97
ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a
été
enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […] Zeus-Jupiter devient alor
98
énergies élémentaires, d’hypostase en hypostase,
sont
arrivées à se concrétiser, à s’humaniser. Mais avec lui commence une
99
onide Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission
est
de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent
100
prendra pour première femme l’Océanide Métis, qui
est
la raison ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’en avoir un
101
et il engendrera par la tête Athéné-Minerve, qui
est
l’intelligence inventrice, active et artiste, le symbole du génie hel
102
e symbole du génie hellénique. Sa deuxième épouse
sera
Thémis, la justice. Plus tard, il prendra pour femme Mnémosyne, la mé
103
es. Et la dernière, Junon la jalouse, Héra-Junon,
sera
la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande
104
ion européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe
est
associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il évo
105
, jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe
sera
l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque dans l
106
e interprétation « rationaliste » de saint Jérôme
était
déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant lettre — qui écrit dans son
107
t ravirent la fille du roi, Europe ; ce pouvaient
être
des Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation de l’Europe, I, p
108
nt reçu en partage les trois parties du monde que
sont
respectivement l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Cette tripartition myth
109
remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
furent
pas traités également, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de N
110
Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre
furent
seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan
111
ité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni
soit
l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclav
112
ternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham)
soit
leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habit
113
u’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan
soit
leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils de Sem son
114
Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils de Sem
sont
bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-
115
partition d’Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet
est
l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afriq
116
ui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem
est
l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 un
117
eu. Le mot sur lequel insistent tous ces exégètes
est
celui que nous avons souligné dans le verset 27 cité : dilatet selon
118
s, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espagnols. « Tels
sont
les peuples de la lignée de Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie m
119
de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il n’
est
certes pas démontrable, mais possible, que la relation entre Japhet e
120
ible, que la relation entre Japhet et l’Europe se
soit
vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
121
” par homophonie. »9 Un lien — problématique, il
est
vrai, et proche du calembour — serait ainsi établi entre la Genèse et
122
blématique, il est vrai, et proche du calembour —
serait
ainsi établi entre la Genèse et la mythologie grecque. L’Europe ferai
123
e. L’Europe ferait partie de l’économie du salut,
serait
donc un concept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet,
124
Tyr venu d’Égypte pour habiter le pays de Canaan,
est
le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant ét
125
ils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant
été
enlevée par le taureau divin (ou par le roi de Crète Taurus), les cin
126
, sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où
est
allé le taureau, ils prennent chacun une direction différente. Phoeni
127
aux Punici (de Poeni) puis revient en Canaan, qui
sera
rebaptisé Phénicie en son honneur. Cilix va en Cilicie, Phineus aux D
128
ux cinq frères sa réalité géographique. Voilà qui
est
plein d’enseignements. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! En d’aut
129
ce des deux mythes. Selon Robert Graves10, Agénor
est
le héros phénicien Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de
130
enance est-africaine, et les Cananéens pourraient
être
venus en Basse-Égypte de l’Ouganda. La dispersion des fils d’Agénor s
131
eurs aryens et Sémites. On se rappelle que Canaan
était
ce fils de Cham promis à l’esclavage. Ainsi le mythe japhétique et le
132
blique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait
été
promis le continent occidental. Mais que penser du rapprochement que
133
de Prométhée, et donc grand-père de Deucalion qui
fut
précisément le Noé des Grecs ? L’Antiquité tenait Japet pour l’ancêtr
134
ui fut précisément le Noé des Grecs ? L’Antiquité
tenait
Japet pour l’ancêtre du genre humain. Audax Japeti genum écrit Horace
135
es étymologies L’étymologie, trop souvent, nous
est
donnée pour science par ceux qui la pratiquent sans art. À travers de
136
vers des filiations, des signes et des sons qu’il
est
parfois possible d’établir sans équivoque, elle se propose de recherc
137
pour plus authentiques que les actuelles, qui en
seraient
dérivées. En tant que science, elle n’en trouve guère, et recense sur
138
n’en trouve que trop et c’est alors son choix qui
est
significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre
139
sur le « vrai » sens du mot. Et c’est pourquoi il
est
intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues p
140
d’Europe vient de l’hébreu et que notre continent
fut
la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de don
141
écrit, selon Mercator : Nous voyons qu’à Japhet
est
promise dilatation, ou, comme d’autres l’interprètent, joie, laquelle
142
r, excellent, Hop, espoir : d’où réussit qu’Europ
soit
espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette
143
espoir excellent d’un mariage légitime, lequel a
été
propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour
144
sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a
été
plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si a elle to
145
répudiée. Mais le mariage, par lequel le Christ s’
est
adjoint l’Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon
146
l le Christ s’est adjoint l’Europe son Église, ne
sera
jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
147
pu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet
est
dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique :
148
ent. Reynold, qui les cite, ajoute : Leur excuse
est
qu’ils vivaient en un temps où l’on croyait encore qu’Adam parlait ba
149
e, dérivant Europe de ereb, qui veut dire soir, a
été
longtemps admise. Ainsi l’historien roumain Nicolas Jorga écrivait en
150
, correspondant à la géographie, cette étymologie
est
aujourd’hui abandonnée. G. de Reynold11 nous signale toutefois l’exis
151
rbe erephô, couvrir, ombrager, ou encore era, qui
est
un terme poétique pour désigner la terre. Il est donc possible qu’il
152
est un terme poétique pour désigner la terre. Il
est
donc possible qu’il soit venu, directement ou indirectement, du sémit
153
our désigner la terre. Il est donc possible qu’il
soit
venu, directement ou indirectement, du sémitique ereb, soir. d) Rest
154
e nom grec, celui de la Fille d’Agénor. Ici, nous
sommes
sur un terrain plus ferme12 : « Europe est dans son premier sens un
155
us sommes sur un terrain plus ferme12 : « Europe
est
dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif est
156
r sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
est
le pendant du masculin euruopa ou, plus rarement euruopè, une des épi
157
des mythographes relativement récents. Ces formes
sont
des vocatifs. Celle d’euruopa est également employée comme nominatif
158
ts. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’euruopa
est
également employée comme nominatif éolien ou bien comme accusatif. Ré
159
me accusatif. Régulièrement, le nominatif devrait
être
: euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes sont hypothétiques : au
160
tre : euruopès, ou euruops ; mais ces deux formes
sont
hypothétiques : autrement dit, on ne les trouve nulle part dans les t
161
uites par déclinaison. Quant à l’étymologie, elle
est
facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adje
162
arenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus
est
ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son
163
a pour affluent l’Europos. Le fait qu’« europe »
est
un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas pro
164
alificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se
serait
pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se serait point séparé
165
pas produit un dédoublement, si l’adjectif ne se
serait
point séparé du substantif pour devenir lui-même un substantif. Et vo
166
régit le cinquième mois de l’année sacrée14 et il
est
associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le
167
cienne occupation de la Crète par les Hellènes, a
été
tiré d’images pré-helléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant tri
168
halement le taureau solaire, sa victime. La scène
est
dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cit
169
lité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe
était
portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus changé e
170
d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe
était
Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un seul et
171
otis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène
sont
un seul et même personnage divin. Callimaque, dans son Épithalame pou
172
s son Épithalame pour Hélène indique que le plane
était
aussi tenu pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par le
173
lame pour Hélène indique que le plane était aussi
tenu
pour l’arbre sacré d’Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq poin
174
’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes —
était
le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecq
175
lènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci
est
le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (g
176
luge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén
est
donc l’arrière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet était le f
177
rière-petit-fils du Japet grec, tandis que Japhet
était
le fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha, serait la même qu
178
fils du Noé biblique. La mère de Hellén, Pyrrha,
serait
la même que la déesse Ishtar, qui selon la mythologie babylonienne au
179
qué le Déluge au 3e millénaire av. J.-C. ; et qui
est
aussi la déesse des Philistins, peuple venu de Crète en Palestine ver
180
-184. L’année sacrée des Celtes, qui paraît avoir
été
commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour
181
ttribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’
est
qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souv
182
ce sujet : L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle
est
en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bie
183
ques-uns, d’après Gonzague de Reynold : L’Europe
est
une grande presqu’île.17 Cette étroite presqu’île qui ne figure sur
184
ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie,
est
devenue la métropole du genre humain.18 L’Europe n’est à proprement
185
venue la métropole du genre humain.18 L’Europe n’
est
à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’ouest le
186
pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’
est
qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiat
187
Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe
était
à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’Europe
188
urope était à l’égard de la terre ce que la Grèce
fut
jadis à l’égard de l’Europe. La Grèce a le sol médiocrement fertile,
189
ntourée de mers, baignée de golfes profonds, elle
tenait
un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égy
190
Mais ce parallèle entre l’Europe et la Grèce doit
être
étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. L
191
ux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne
sont
pas les Grecs qui ont découvert l’Europe, mais bien les Phéniciens, é
192
u, par Phoenix, l’un des frères d’Europe), Hannon
était
allé jusqu’au Sénégal dès le ve siècle avant notre ère. C’est un aut
193
is des établissements et des villes. Leur coutume
était
de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une m
194
ent du ciel ne gonflerait la voile. Aussi l’air y
est
-il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse ca
195
ilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
été
les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée p
196
mer Noire. Ainsi Platon fait dire à Socrate : Je
suis
de plus en plus convaincu que la terre est très vaste et que nous qui
197
: Je suis de plus en plus convaincu que la terre
est
très vaste et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’Hercule,
198
ables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate
fut
le premier philosophe à dire que sa patrie était « le genre humain »,
199
te fut le premier philosophe à dire que sa patrie
était
« le genre humain », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Eur
200
stent entre eux d’une manière étonnante. Comme il
seroit
trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développemen
201
idérablement de l’Europe, non seulement en ce qui
est
particulier aux hommes, mais encore en ce qui est relatif à toutes le
202
est particulier aux hommes, mais encore en ce qui
est
relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des
203
rre. Tous les caractères des différens phénomènes
sont
donc communément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe, pa
204
e, parce que la température la plus habituelle en
est
plus douce ; d’où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont
205
’où il suit encore que les peuples qui l’habitent
sont
d’un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caract
206
t d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caractères
tiennent
à la température des saisons, parce que l’Asie, située à l’orient, en
207
tuée à l’orient, entre les deux levers du soleil,
est
encore également éloignée du chaud et froid. Ainsi donc, ce qui contr
208
t de variations fortes et inopinées. Cependant il
est
impossible que dans un tel pays les hommes aient la force de corps et
209
les peines d’esprit… § 21. Si donc les Asiatiques
sont
pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’un caractère plus d
210
sses vives dont les changements violens des corps
sont
les résultats, et qui impriment enfin à l’homme un caractère plus far
211
vait dans une température toujours égale ; car ce
sont
les passages rapides d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
212
e l’attribuer à la nature des lois auxquelles ils
sont
soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois,
213
ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie
étant
gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les hommes ne so
214
rois, il en résulte que partout où les hommes ne
sont
ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se son
215
urs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se
sont
données, mais au contraire, soumis à des volontés absolues, ils sont
216
au contraire, soumis à des volontés absolues, ils
sont
bien loin de s’occuper du métier des armes, ils ont même grand soin d
217
ar la raison que les dangers (ou les intérêts) ne
sont
pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont fo
218
t partagés. Sous de tels gouvernements les sujets
sont
forcés d’aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de m
219
e de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort
sont
les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela
220
courage. La plus forte preuve de ce que j’avance
est
fournie par l’Asie même, où tous ceux des Grecs et des Barbares qui s
221
, et qui par-là même ne travaillent que pour eux,
sont
les hommes les plus courageux de tous, pour la raison qu’ils ne s’exp
222
’exposent que pour leur propre intérêt, et que ce
sont
eux qui reçoivent le prix de leur bravoure ou qui portent la peine de
223
u qui portent la peine de leur lâcheté. Enfin, il
est
encore à observer que les Asiatiques même diffèrent entre eux en plus
224
ou en moins de courage ; et que cette différence
tient
(principalement) au changement des saisons, ainsi que je l’ai déjà di
225
ux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens
être
d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que viv
226
uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui
est
le contraire dans une température très variée. Dans cette dernière, l
227
variée. Dans cette dernière, le corps et l’esprit
sont
plus disposés à l’action, ce qui fortifie le courage et le génie, com
228
, comme l’uniformité dispose à la lâcheté. Telles
sont
donc les causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europ
229
bitants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’
est
pas moins certain que la forme du gouvernement y contribue aussi, les
230
u gouvernement y contribue aussi, les Européens n’
étant
point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques ; car j’ai déjà ob
231
car j’ai déjà observé que partout où les peuples
sont
soumis à des rois, ils sont nécessairement très lâches, en raison de
232
artout où les peuples sont soumis à des rois, ils
sont
nécessairement très lâches, en raison de ce que l’âme asservie ne peu
233
ar la forme et la complexion ; mais cette variété
tient
aux causes que j’ai déjà assignées à de semblables variations. Le pa
234
ys froids et les différentes contrées de l’Europe
sont
généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapp
235
ope sont généralement pleins de courage, mais ils
sont
inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est
236
ils savent mieux conserver leur liberté, mais ils
sont
incapables d’organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquéri
237
conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie
sont
intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage,
238
aires, réunit ces deux sortes de caractères, elle
est
brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libre : elle conserve le
239
ttre à son obéissance toutes les nations, si elle
était
réunie en un seul État. Après cette étape « hégémonique » vient l’ét
240
gémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle
est
caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon
241
nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui
est
la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube, qu’il nomme Ister :
242
pour axe le Danube, qu’il nomme Ister : L’Ister
est
le plus grand des fleuves que nous connaissions… On ne doit pas s’éto
243
Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre
étant
une on lui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes.
244
étant une on lui donne trois noms différents, qui
sont
des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni
245
; l’œcoumène ou terre habitée n’avait pas encore
été
partagée en trois continents distincts, fait trop marquant qu’il n’eû
246
éussi à faire des montagnes et des rochers où ils
étaient
confinés un beau et agréable séjour, grâce à leur administration prév
247
telle autre cause rendaient presque inhabitables,
sont
parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les u
248
de la partie habitable, là où le sol de l’Europe
est
uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour hâte
249
les contrées riantes et fertiles, les populations
sont
toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et éne
250
sont toujours d’humeur pacifique, tandis qu’elles
sont
belliqueuses et énergiques dans les contrées les plus pauvres, il s’é
251
insi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant
être
, à ce qu’il semble, du côté de ces populations toujours armées et tou
252
reçu de la nature de grands avantages. Comme elle
est
, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les pop
253
j’entends celles qui ont le caractère pacifique,
étant
les plus nombreuses, la paix a fini par y prévaloir universellement,
254
. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe
est
en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population nom
255
donc les parfums et les pierres précieuses quelle
est
obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut êt
256
es quelle est obligée de tirer du dehors, mais ce
sont
là des biens dont on peut être privé sans mener pour cela une existen
257
du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut
être
privé sans mener pour cela une existence plus misérable que ne l’est
258
r pour cela une existence plus misérable que ne l’
est
en somme celle des peuples qui en regorgent. Ajoutons enfin qu’elle n
259
ugustin, dans la Cité de Dieu, pense que le monde
est
partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’Europe et l’Afrique
260
is parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle
est
connue des hommes. Elle commence donc aux monts Riphées, puis au fleu
261
puis au fleuve Tanaïs et aux marais Maeotis, qui
sont
à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional j
262
ster écrit en 1567 dans sa Cosmographie : Europa
est
un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempéré, u
263
euple viril, quelle surpasse Asia et Africa. Elle
est
partout habitée par les hommes, excepté une petite partie où à cause
264
u’on peut avec cela venir au secours des gens qui
sont
dans les montagnes. En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Louis
265
. On y lit : On ne peut pas nier que l’Europe ne
soit
la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Monde ; mai
266
avouer en même temps que, dans sa petitesse, elle
est
la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’avoir vu former le pr
267
es du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir
été
honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant
268
e de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en
est
empruntée pour l’Asie qui n’a reçu ce bienfait que par préférence ou
269
aire de Moreri, édité en 1759 : Quoique l’Europe
soit
la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avanta
270
qui la doivent faire préférer aux autres. L’air y
est
extrêmement tempéré, et les provinces très fertiles, si l’on excepte
271
ovinces très fertiles, si l’on excepte celles qui
sont
sous le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et l
272
n excepte celles qui sont sous le continent. Elle
est
abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairem
273
dante en toutes sortes de biens, et les peuples y
sont
ordinairement doux, honnêtes, civilisés et très propres pour les scie
274
sède le moins de richesses territoriales… nous ne
sommes
riches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humai
275
riales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel
est
néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature
276
la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’
est
peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s
277
immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’
est
couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux monde
278
uissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’
est
enrichie du butin des deux mondes ; cette étroite presqu’île qui ne f
279
ure sur le globe que comme un appendice à l’Asie,
est
devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’Hippocra
280
qu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’
être
conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais distingué p
281
il n’en trouve que 34), quoique indéterminée à l’
Est
— elle l’est encore au xxe siècle —, elle n’en forme pas moins aux y
282
ve que 34), quoique indéterminée à l’Est — elle l’
est
encore au xxe siècle —, elle n’en forme pas moins aux yeux des géogr
283
onzague de Reynold : Physiquement, l’Europe, qui
est
le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plu
284
de la découverte et de la colonisation. L’Europe
est
née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de
285
colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a
été
créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie po
286
L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour
être
le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre ver
287
’infini par-dessus l’océan. Les autres continents
sont
lourds et immobiles. Même sur la carte, l’Europe semble bouger. Son d
288
sur la carte, l’Europe semble bouger. Son dessin
est
évocateur. Strabon la comparait à un dragon ; Camoens, à un corps hum
289
ens, à un corps humain dont la péninsule ibérique
serait
la tête avec le Portugal pour front. D’autres la représentaient comme
290
ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne
était
la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gas
291
nces. » Mais la représentation la plus symbolique
est
encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Euro
292
ns se dégagent : le concept géographique d’Europe
est
beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup moin
293
le qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle
être
attestée par les textes à des dates aussi reculées ? On en relèvera q
294
ocrate et Aristote. Mais ces deux grands génies n’
étaient
pas l’expression d’une opinion courante ou d’une conscience populaire
295
dant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique
est
tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à
296
alis et pars occidentalis. Il arrive que l’Europe
soit
nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie
297
comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 25. Ce ne
sont
là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension
298
de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi
sera
l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si
299
du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux
est
si puissant, que la Vulgate traduit presque toujours par oriens des m
300
ccord pour reconnaître une même Loi30. Cette loi
serait
le monothéisme chrétien, qui, selon Celse, détruirait les diversités
301
c’est l’universalisme des chrétiens. Mais ceci n’
est
qu’une parenthèse. Avec Sulpice Sévère, écrivain ecclésiastique né en
302
’est à ses saints qu’elle le doit. Sulpice Sévère
est
en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le
303
isse du nombre et des vertus de ses saints, il ne
sera
pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute
304
a Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin
était
le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie
305
uppa.) Mais voici le texte capital, que l’on peut
tenir
pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le
306
s Martel sur les Arabes en 732. Il a certainement
été
mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années
307
fuerant castra locata… Mais les tentes des Arabes
sont
vides ; les guerriers de Charles Martel, après le pillage, n’ont plus
308
rancs. Le recul de l’islam à partir de cette date
serait
dû, selon E. Berl, à une crise intérieure du monde arabe, et surtout
309
une date décisive dans notre histoire. La preuve
est
là, qu’au viiie siècle, ceux qui défendent ce continent se voient na
310
chroniqueur « Des six États du monde », l’Europe
était
essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne,
311
d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’
est
et au nord, ainsi que les Pyrénées à l’Ouest : comment nommer l’empir
312
prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’avoir
été
choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Eur
313
Charles, en 775, d’avoir été choisi par Dieu pour
être
élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quod ipse te exal
314
cime (ou tiare) de l’Europe… père suprême » et ce
sont
là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolu
315
omment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle),
est
donc un seul empire chrétien, né hors de Rome, à domination franque i
316
ncontestée — nous dirions franco-germanique. Ce n’
est
donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du monde trad
317
r, théologien, astronome et rhéteur de cour, elle
est
le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se tro
318
Charles se trouve plus près de « l’Orient », qui
est
Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du mon
319
Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’
être
consommé — on note un changement bien typique dans les formules des p
320
ent dans l’ombre des intrigues pré-nationales, et
sera
le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germaniq
321
Empire et papauté, dans les siècles à venir, qui
seront
notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoula
322
ouvoir des Européens, « grands et petits », s’ils
sont
unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que tout
323
parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’
est
plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique
324
miserat). Sur le manteau constellé de l’empereur
était
brodée cette inscription : O decus Europae Caesar Heinrice beate — A
325
evum. (Ô toi, honneur de l’Europe, César Henri,
sois
bienheureux. Que Celui qui règne en éternité augmente ton empire.) L