1 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. Introduction
1 Introduction D’ où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Eur
2 nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou de
3 Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’ Europe  ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coud
4 is Coudenhove et Briand ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plut
5 and ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plutôt les réponses à ce
6 on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au dé
7 ubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur d’ un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons déc
8 iste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’ union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’alle
9 Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’aller beauco
10 tats, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’ aller beaucoup plus haut. Quelques mois de travail nous ont conduits v
11 décidé d’aller beaucoup plus haut. Quelques mois de travail nous ont conduits vers des confins étranges et des temps fabu
12 s temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’ Europe, c’est Hésiode : au viiie siècle avant notre ère. Et le premie
13 temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’ Europe , c’est Hésiode : au viiie siècle avant notre ère. Et le premier qui
14 ’Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’Europe comme unité, et des « Européens » qui la défendent, ne remon
15 , c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’ Europe comme unité, et des « Européens » qui la défendent, ne remonte qu’au
16 remière mention de l’Europe comme unité, et des «  Européens  » qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, aprè
17 qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’Empi
18 ’au viiie siècle de notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’Empire carolingien marque un sommet
19 ieu en 732. L’Empire carolingien marque un sommet de la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres e
20 ire carolingien marque un sommet de la conscience d’ une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d
21 rolingien marque un sommet de la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d’investitu
22 is on redescend vers des guerres et des querelles d’ investitures : notre enquête se termine au xie siècle. C’est le procè
23 se termine au xie siècle. C’est le procès-verbal d’ une recherche étonnée que nous livrons aujourd’hui aux lecteurs de ce
24 étonnée que nous livrons aujourd’hui aux lecteurs de ce bulletin , — avec l’espoir qu’ils partageront nos étonnements. ⁂
25 eux auteurs, entre cent consultés, nous ont servi de guides en des régions qu’ils sont seuls de nos jours à connaître auss
26 servi de guides en des régions qu’ils sont seuls de nos jours à connaître aussi bien, du point de vue qui intéresse notre
27 nquête. Gonzague de Reynold, par le premier tome de sa très belle histoire de la Formation de l’Europe, et par une série
28 ld, par le premier tome de sa très belle histoire de la Formation de l’Europe, et par une série de lettres généreuses en s
29 er tome de sa très belle histoire de la Formation de l’Europe, et par une série de lettres généreuses en suggestions préci
30 me de sa très belle histoire de la Formation de l’ Europe , et par une série de lettres généreuses en suggestions précises et pi
31 ire de la Formation de l’Europe, et par une série de lettres généreuses en suggestions précises et pittoresques, nous a ré
32 thographes antiques. Nous souhaitons aux lecteurs de nos pages trop brèves, qui auront envie d’en savoir davantage, le pla
33 cteurs de nos pages trop brèves, qui auront envie d’ en savoir davantage, le plaisir de se reporter à l’œuvre décisive du g
34 ui auront envie d’en savoir davantage, le plaisir de se reporter à l’œuvre décisive du grand historien suisse. Jürgen Fisc
35 suisse. Jürgen Fischer, le jeune auteur allemand d’ une enquête exhaustive sur les concepts d’Europe, d’Orient et d’Occide
36 llemand d’une enquête exhaustive sur les concepts d’ Europe, d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècl
37 emand d’une enquête exhaustive sur les concepts d’ Europe , d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nou
38 une enquête exhaustive sur les concepts d’Europe, d’ Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a
39 exhaustive sur les concepts d’Europe, d’Orient et d’ Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de sou
40 ur les concepts d’Europe, d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de source principa
41 cepts d’Europe, d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de source principale pour la
42 a fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de source principale pour la période carolingienne et pour les siècles q
43 parent et qui la suivent immédiatement. ⁂ L’essai de synthèse que nous présentons aujourd’hui ne prétend pas à l’originali
44 il fut entrepris, qu’à introduire une anthologie de textes sur l’Europe, des origines à nos jours. Chemin faisant, le com
45 s, qu’à introduire une anthologie de textes sur l’ Europe , des origines à nos jours. Chemin faisant, le commentaire a débordé l
46 fois réduite à quelques mots mais qu’il importait de situer dans une évolution des concepts et des sens hors de laquelle c
47 draient leur vraie valeur et parfois leur pouvoir d’ émotion. L’anthologie où l’on retrouvera ces textes est en cours d’él
48 ologie où l’on retrouvera ces textes est en cours d’ élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin de cette année, par les
49 d’élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin de cette année, par les soins d’un groupe d’éditeurs représentant huit d
50 sans doute à la fin de cette année, par les soins d’ un groupe d’éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont ass
51 la fin de cette année, par les soins d’un groupe d’ éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont associés sous l
52 es soins d’un groupe d’éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont associés sous les auspices du Centre en vue
53 Centre en vue de publier tous ensemble une série d’ ouvrages sur l’Europe. D. R.
54 publier tous ensemble une série d’ouvrages sur l’ Europe . D. R.
2 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. I. Protohistoire d’un continent sans nom
55 I. Protohistoire d’ un continent sans nom La quatrième période glaciaire avait recouvert
56 rt près de la moitié des plaines et des montagnes d’ une épaisse calotte, dont la fonte transforma le continent en marécage
57 avait produit les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et d’Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre c
58 les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et d’ Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre civilisation va
59 u chasseresse — elle envahira d’abord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer
60 ord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer profondément dans sa forêt central
61 qui s’étendent du Portugal jusqu’aux rivages sud de l’Asie Mineure. Le continent prend sa forme actuelle. Vers 6000 av. J
62 Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar
63 s par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar et du Danube pour all
64 e pour aller défricher les fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la va
65 es fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgi
66 noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgique, poussant jusq
67 e, les abandonnent bientôt, brûlent d’autres pans de forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer
68 s de forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer des rives de l’Égypte et du Proche-Orient, remon
69 n autre courant de colons venus par mer des rives de l’Égypte et du Proche-Orient, remonte peu à peu l’Italie et la vallée
70 il établit ses cités lacustres, occupe le bassin de la Seine, et s’aventure même jusqu’en Angleterre. Vers la fin du IIIe
71 i nous cédons la parole à M. André Varagnac, l’un de nos meilleurs guides dans la protohistoire du continent : Avec cette
72 encore attestées par des milliers et des milliers de monuments dans presque toute l’Europe occidentale. Ses origines demeu
73 et des milliers de monuments dans presque toute l’ Europe occidentale. Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont ce
74 à la conquête des âmes, comme feront, après plus de trois-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituel
75 la conscience paysanne, la vénération des morts. De hardis prospecteurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’
76 teurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’Écosse ce culte et son architecture. Ils atteignirent le Jutland, l
77 tentrionale. Avec eux voyageaient armes et outils de cuivre. Ainsi s’établit, dès la première moitié du IIe millénaire ava
78 tié du IIe millénaire avant notre ère, un système d’ échanges maritimes associant à la Méditerranée cette méditerranée du N
79 aire avant notre ère, il semble bien qu’une sorte de civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent
80 ntinent : elle est marquée par le rite généralisé de l’incinération. (« Champs d’urnes ».) Puis la Grèce et l’Italie des É
81 r le rite généralisé de l’incinération. (« Champs d’ urnes ».) Puis la Grèce et l’Italie des Étrusques, quelques siècles pl
82 ent vers l’ouest et le nord les produits raffinés de leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de
83 duits raffinés de leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à l
84 iers : le vase de Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à la civilisation des Celtes, au ve s
85 tes, au ve siècle av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’ Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galat
86 le av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galates parvenus en A
87 tés aux Germains) ont recouvert la majeure partie de la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de l
88 la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions
89 cidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à De
90 de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur empire décentralisé, l
91 le culte druidique, préfigure comme en négatif l’ Europe à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art e
92 rmée, justement, par la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessible aux C
93 la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessible aux Celtes. La conquête d
94 térieusement inaccessible aux Celtes. La conquête de la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du mond
95 onquête de la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du monde continental et du monde méditerranéen. E
96 et du monde méditerranéen. Et cette fusion fera l’ Europe . Quant à la préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient d’indiq
97 préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient d’ indiquer quelques étapes, c’est celle d’un continent sans nom, lenteme
98 on vient d’indiquer quelques étapes, c’est celle d’ un continent sans nom, lentement peuplé, civilisé et travaillé par des
99 on nom ? 1. André Varagnac, « Comment est née l’ Europe  ? », La Table ronde, n° 113.
3 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. II. Le mythe de l’enlèvement d’Europe
100 II. Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on
101 II. Le mythe de l’enlèvement d’ Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où e
102 II. Le mythe de l’enlèvement d’ Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a
103 I. Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’ Europe , il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a tiré ce nom ni qui l
104 t à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’ où elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disio
105 nné, à moins que nous ne disions qu’elle l’a pris d’ Europe de Tyr, car, auparavant, ainsi que les deux autres parties du m
106 deux autres parties du monde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais
107 nde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’ Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Gr
108 dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’ Europe , mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lyc
109 maintenant l’Europe, mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abo
110 s qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abord une déesse, l’une des
111 nicie en Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race saint
112 e, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte de filles qui, avec Apollon et les fleuves, nourrissent la jeunesse des
113 ère nous devons la première mention connue du nom d’ Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océa
114 e nous devons la première mention connue du nom d’ Europe , au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides,
115 mière mention connue du nom d’Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides, Hésiode nomme e
116 core Asie, et Métis ou la Raison, première épouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais
117 ouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais femme légendaire. Agénor, roi de Tyr en Phénicie
118 re. Agénor, roi de Tyr en Phénicie, et descendant de Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme l’éty
119 est si belle quant aux yeux — comme l’étymologie de son nom grec l’indique — et d’une si éclatante blancheur, que Zeus lu
120 comme l’étymologie de son nom grec l’indique — et d’ une si éclatante blancheur, que Zeus lui-même s’en éprend. Métamorphos
121 d. Métamorphosé en taureau, il l’enlève aux rives de l’Asie pour la conduire en Crète, où elle deviendra reine, et mère de
122 Crète, où elle deviendra reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute be
123 deviendra reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres
124 reine, et mère des rois de la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues d
125 ette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’ œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et
126 inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et Thucydide entre a
127 e version grecque tardive : la célèbre « Idylle » de Moschos, qui date du iie siècle avant notre ère, en pleine littératu
128 rine. Il est probable que Moschos, poète sicilien de Syracuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures trad
129 racuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères, vases déc
130 printanier où les poètes, sculpteurs et peintres de vingt siècles occidentaux feront jouer leur imagination sensuelle du
131 nation sensuelle du Mythe, et cela va des métopes de Sélinonte à la décoration d’une gare moderne — celle de Genève — d’Ov
132 cela va des métopes de Sélinonte à la décoration d’ une gare moderne — celle de Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et de l’au
133 inonte à la décoration d’une gare moderne — celle de Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’Aquilé
134 décoration d’une gare moderne — celle de Genève — d’ Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux
135 rne — celle de Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle
136 Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’ Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle, en passant par Véronèse,
137 Lorrain et Tiepolo. Nous empruntons la traduction de l’Idylle au précieux petit livre d’Alfred Lombard intitulé : Un Mythe
138 la traduction de l’Idylle au précieux petit livre d’ Alfred Lombard intitulé : Un Mythe dans l’art et dans la poésie : l’en
139 Mythe dans l’art et dans la poésie : l’enlèvement d’ Europe 3 qui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes de l’ère m
140 the dans l’art et dans la poésie : l’enlèvement d’ Europe 3 qui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes de l’ère moderne
141 ’enlèvement d’Europe 3 qui donne aussi les textes d’ Horace, et des poètes de l’ère moderne. L’Idylle de Moschos Une
142 ui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes de l’ère moderne. L’Idylle de Moschos Une fois, Kypris envoya à Eu
143 orace, et des poètes de l’ère moderne. L’Idylle de Moschos Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était l
144 L’Idylle de Moschos Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la n
145 e. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux q
146 songes véridiques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix, Europé, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, cru
147 iques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix, Europé , qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, crut voir deux terr
148 oir deux terres se disputer à son sujet, la terre d’ Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une
149 disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre d’ en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’
150 e et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait
151 ect était celui de femmes. L’une avait les traits d’ une étrangère ; l’autre ressemblait à une femme du pays ; elle s’attac
152 it mise au jour et que seule elle avait pris soin d’ elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l
153 it pris soin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et
154 oin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et déclarai
155 lle résistât, et déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Cell
156 déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur d’ égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipit
157 lonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’ Europé lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couve
158 nait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couvertures ; elle avait peur, et son cœur palpitait ; car le songe q
159 intive : « Qui, des habitants du ciel, m’a envoyé de semblables visions ? Que signifient les songes, qui, planant dans ma
160 es songes, qui, planant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que
161 ant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que je dormais doucemen
162 angère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir d’ elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection el
163 l ? Quel désir d’elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection elle me faisait accueil et me regarda
164 eva et alla chercher ses compagnes, nobles filles de son âge, nées la même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et éta
165 qu’elle se préparât pour prendre part à un chœur de danse, qu’elle baignât son corps à l’embouchure des rivières, ou qu’e
166 es fleurs ; elles gagnèrent les prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charm
167 prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et
168 e la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et par le bruit des flo
169 ar la beauté des roses et par le bruit des flots. Europé elle-même portait une corbeille d’or magnifique, admirable merveille,
170 des flots. Europé elle-même portait une corbeille d’ or magnifique, admirable merveille, admirable travail d’Héphaistos ; i
171 agnifique, admirable merveille, admirable travail d’ Héphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans l
172 it donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était de son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe prés
173 présent à sa fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait,
174 fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io f
175 mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages d’ orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inac
176 orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’ un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’
177 llant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’ Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait
178 était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme de femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, c
179 e femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal
180 alée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarp
181 qui traversait la mer. Il y avait aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, q
182 t aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches
183 effleurant doucement de la main la génisse fille d’ Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue il transfo
184 lle d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue il transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil étai
185 forma de nouveau en femme ; le cours du Nil était d’ argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Auto
186 emme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ro
187 était représenté Hermès ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Arg
188 ; près de lui gisait tout de son long Argos, orné d’ yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau
189 , orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’ Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore
190 du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore ; il déployait ses pennes — tel un
191 tel un navire qui fend rapidement les flots — et de ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle é
192 s — et de ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé.
193 nnes déployées couvrait les bords de la corbeille d’ or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans l
194 ds de la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes fil
195 d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé . Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes filles se divertissaient
196 tissaient à chercher chacune telle ou telle sorte de fleur ; l’une prenait le narcisse odorant, une autre l’hyacinthe, cel
197 nes mains les roses resplendissantes à la couleur de flamme, attirait parmi elle les regards comme parmi les Charites la d
198 es regards comme parmi les Charites la déesse née de l’écume. Elle ne devait pas longtemps prendre plaisir à ces fleurs, n
199 tacte sa ceinture virginale. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les tra
200 le. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, s
201 rtige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois év
202 par les traits imprévus de Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la ja
203 s lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit u
204 roux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit un masque au dieu, transforma sa personne, se
205 ptés par l’aiguillon, traînent des chars porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exceptio
206 porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait au m
207 son corps était de couleur blonde, à l’exception d’ un cercle blanc pur qui brillait au milieu de son front ; ses yeux, de
208 us, étincelaient et lançaient des éclairs chargés d’ amour ; ses cornes s’élevaient, l’une en face de l’autre, égales au-de
209 aient, l’une en face de l’autre, égales au-dessus de sa tête, pareille au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il
210 de sa tête, pareille au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il vint dans la prairie, et son apparition n’effraya
211 les jeunes filles ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répa
212 s ; toutes furent prises du désir de s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répandant au loin, d
213 pandant au loin, dominait même le souffle embaumé de la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé ; il lui lécha
214 e la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé  ; il lui lécha le cou, et la jeune fille fut sous le charme. Elle le
215 le charme. Elle le caressait, essuyait doucement de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au ta
216 de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au taureau elle donna un baiser. Lui, poussa un tendre
217 aurait cru entendre résonner le chant harmonieux de la flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds d’Europé ; tournant
218 la flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds d’ Europé ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large do
219 a flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds d’ Europé  ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large dos. Ell
220 es tresses : « Venez, chères compagnes, compagnes de mon âge, asseyons-nous sur ce taureau, pour notre divertissement ; à
221 lles allaient en faire autant ; mais il se releva d’ un bond, enlevant celle qu’il voulait, et gagna rapidement la mer. Eur
222 celle qu’il voulait, et gagna rapidement la mer. Europé , se retournant en arrière, appelait ses compagnes et leur tendait les
223 s poissons, alentour, s’ébattaient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l
224 taient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néré
225 in, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, as
226 eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à
227 rgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à la surface des flots, qu’il gouve
228 ui s’assemblaient les tritons, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir
229 ns, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir le chant nuptial. Assise su
230 chant nuptial. Assise sur le dos du taureau Zeus, Europé , d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle ma
231 ptial. Assise sur le dos du taureau Zeus, Europé, d’ une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mainte
232 Zeus, Europé, d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de s
233 d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour
234 autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé p
235 rrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’Europé se gonfla en un
236 e de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’ Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et
237 de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’ Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et allég
238 é se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’ un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était lo
239 comme la voile d’un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avai
240 bas la mer sans limites. Alors, promenant autour d’ elle ses regards, elle fit entendre ces mots : « Où m’emportes-tu, tau
241 s à fendre les flots ; mais les taureaux ont peur de la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourritur
242 nt peur de la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourriture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans dout
243 je pense, tu vas t’élever aussi dans les hauteurs de l’air étincelant et tu voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, gran
244 est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure de mon père, et, suivant ce taureau, accomplis une étrange navigation, e
245 gation, errante et solitaire. Mais toi, souverain de la mer blanchissante, branleur de la terre, montre-toi pour moi bienv
246 toi, souverain de la mer blanchissante, branleur de la terre, montre-toi pour moi bienveillant, toi qu’il me semble voir
247 me tracer la route. Ce n’est pas sans le vouloir d’ un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau au
248 ssure-toi, jeune fille ; ne crains pas les vagues de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ê
249 s de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraî
250 Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C
251 l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi qui m’a poussé à pa
252 parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect d’ un taureau. Mais la Crète te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-mêm
253 e se célébreront tes noces. Et je te rendrai mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. 
254 fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà
255 Zeus reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’ Europé ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge
256 us reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’ Europé  ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge aupar
257 it vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse de Zeus ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos, et dev
258 us ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos, et devint mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’
259 int mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’Idylle qui contient, pour nous tout au moins, la véritable signific
260 ation du mythe ; ces deux terres qui se disputent Europe , « la terre d’Asie et la terre d’en face », le continent civilisé et
261 s deux terres qui se disputent Europe, « la terre d’ Asie et la terre d’en face », le continent civilisé et celui qui n’a p
262 e disputent Europe, « la terre d’Asie et la terre d’ en face », le continent civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui veut
263 ace », le continent civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui veut un nom et un esprit, et qui va l’arracher par la violen
264 l’arracher par la violence, mais non sans l’aide de Zeus lui-même. Selon la plupart des commentateurs récents du Mythe, d
265 ait en somme une manifestation locale et poétique de la Grande Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient et la Médit
266 Un autre érudit, le poète Robert Graves5, traduit Europe par « large face » et y voit un symbole lunaire, tandis que Zeus et l
267 deux solaires par excellence. Dans les deux cas, Europe reste le nom d’une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée
268 cellence. Dans les deux cas, Europe reste le nom d’ une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée par le dieu mâl
269 l’Olympe des Grecs continentaux : le grand masque d’ or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain d
270 x : le grand masque d’or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son
271 e Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la f
272 eus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissanc
273 ontemporain du déclin de la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe
274 e Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe historique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’
275 e, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’ Europe historique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’une civil
276 ue. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’ une civilisation venue du Proche-Orient sur l’obscur continent occiden
277 bscur continent occidental, qui va prendre le nom de sa précieuse proie. Nous ne donnerons pas ici d’autres versions fameu
278 s ne donnerons pas ici d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore : elles ne font qu’im
279 d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle d’ Ovide et celle de Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle de Mosch
280 fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avon
281 le de Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en
282 parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie d’ une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de
283 ure en quelque sorte l’étymologie d’une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse
284 l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse allégorie décorative — le songe du début mis à part —
285 aucune réalité historique ou psychologique. Rien de commun entre l’Idylle et le drame de l’Europe dans l’histoire à venir
286 ogique. Rien de commun entre l’Idylle et le drame de l’Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace.
287 e. Rien de commun entre l’Idylle et le drame de l’ Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace. Bien qu’
288 dans l’émouvante et solennelle apostrophe finale de Vénus : … bene ferre magnum Disce fortunam ; tua sectus orbis Nomina
289 rtunam ; tua sectus orbis Nomina ducet. L’ode d’ Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flan
290 ina ducet. L’ode d’Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les mo
291 insi Europe confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges
292 e confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe , devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges qui l’environ
293 r la mer et les pièges qui l’environnaient, pâlit de son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’était occupée que des
294 uée aux nymphes, maintenant, à la clarté douteuse de la nuit, elle ne voit rien que les astres et les flots. Mais dès qu’e
295 e aux Cent villes : « Ô mon père, dit-elle, ô nom de fille que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je
296 que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’ où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute
297 onteux ? ou bien, sans reproche, suis-je le jouet d’ une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire, m’amène un son
298 t d’une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ ivoire, m’amène un songe ? Valait-il mieux s’en aller à travers les fl
299 colère, ce taureau qui me déshonore, je voudrais, de toutes mes forces, déchirer, briser avec le fer les cornes du monstre
300 ant qu’une affreuse maigreur n’ait envahi l’éclat de mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséch
301 t de mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséchée, je veux belle encore, nourrir les tigres. Mé
302 veux belle encore, nourrir les tigres. Méprisable Europe  ! ton père absent te presse : que tardes-tu à mourir ? Tu peux, à cet
303 pide, à moins que tu n’aimes mieux filer ta tâche d’ esclave. Toi, le sang des rois, livrée à une maîtresse des pays barbar
304 barbares. » Ainsi elle se lamentait, mais à côté d’ elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu
305 déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra t
306 assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra te donner ses c
307 ornes à déchirer. Tu es, sans le savoir, la femme de l’invincible Jupiter. Laisse là les sanglots, apprends à bien porter
308 nce, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent d’ en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans u
309 érôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un ta
310 n deux lignes le récit primitif : il l’introduira de la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles
311 l’introduira de la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactan
312 ogies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu reli
313 écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le
314 Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre
315 ntenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre un contenu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, d
316 enu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment
317 de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment. En voici un exemple touchant : le moine Pierre B
318 que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’ Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éterne
319 e la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’ Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : C
320 Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme…
321 de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âm
322 e Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âme se mua en taureau, c’est-à-dire qu’il prit
323 corporelle en prenant l’humaine chair. Comme l’un de nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’
324 nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à u
325 n « ne représente pas mal à propos le naturel des Européens  ». Il croit moins à la fable divine qu’à la possible valeur ethnograp
326 mythe : Aucuns, méprisants ces fables la disent ( Europe ) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure
327 enlevée en un navire, portant en proue la figure d’ un taureau. Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin
328 Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin tutélaire et du taureau. Palephatus dit qu’un Candiot nommé Tau
329 Palephatus dit qu’un Candiot nommé Taurus enleva d’ Italie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du ro
330 alie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du roi prisonnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion d
331 nnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelqu
332 Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelques-uns d
333 appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance de cette fille ravie. Le taureau, certes, par lequel ils veulent qu’Euro
334 ie. Le taureau, certes, par lequel ils veulent qu’ Europe fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des E
335 résente pas mal à propos les mœurs et naturel des Européens . Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
336 propos les mœurs et naturel des Européens. Il est d’ un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur
337 e un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur blanche, d’un gosier large, d’un col gras, guide et commandeu
338 lent, embelli par ses cornes, de couleur blanche, d’ un gosier large, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de trè
339 es cornes, de couleur blanche, d’un gosier large, d’ un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence
340 e, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il s
341 est amené à sexe dissemblable, il se montre être de chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi l
342 ès chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des Européens , nommément les plus Septentrionaux. Dès la Renaissance, cependant, l
343 rd, André Chénier, Victor Hugo, en font une sorte d’ exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hug
344 hénier, Victor Hugo, en font une sorte d’exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ou
345 ne sorte d’exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la
346 e de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’ Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la p
347 : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la plainte Le taureau blanc l’emporte. Eu
348 oute pas la plainte Le taureau blanc l’emporte. Europe , sans espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’O
349 espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses. Seul, Leconte d
350 eul, Leconte de Lisle retrouve un peu de l’accent d’ Horace, dans le discours qu’il attribue à Zeus lui-même, non plus à Vé
351 iques Où tu célébreras ton hymen glorieux. Et de toi sortiront des Enfants héroïques Qui régiront la terre et devien
352 Entre le mythe primitif et la réalité — le drame de l’Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui s
353 e le mythe primitif et la réalité — le drame de l’ Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui sépare l’a
354 toute la distance qui sépare l’archétype profond de la littérature décorative. Revenons au réel, c’est-à-dire à la relati
355 ythe, l’évolution religieuse qu’il symbolise et l’ Europe naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G.
356 l symbolise et l’Europe naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G. de Reynold, nous y aidera mie
357 . de Reynold, nous y aidera mieux que personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératr
358 idera mieux que personne : Europe nous est venue d’ Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les gr
359 ue personne : Europe nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes.
360 mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premi
361 religions, génératrice de tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthé
362 . Europe est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la
363 r le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers
364 primitif et informe : l’adoration de la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès
365 rencontre avec une intense vie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il
366 une intense vie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel
367 ie maritime, une vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’o
368 e vie de piraterie et de commerce, de conflits et d’ échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’on a longtemps c
369 olore à tel point que l’on a longtemps cru facile de l’expliquer par l’histoire et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le
370 e et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le mythe Europe passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation int
371 he Europe passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation intermédiaire entre la Grèce et l’Asie. État p
372 colonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’ Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce cont
373 olonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’ Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continenta
374 es Minos répand le culte d’Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continentale. Et voici le mom
375 par une remise en place des valeurs qui est déjà européenne . Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée
376 valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’ Europe  ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu
377 qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord.
378 péenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’ Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […] Zeus-Jupi
379 rs le dieu par excellence, le principe, la racine de tout le polythéisme grec. Il maintient l’unité entre toutes ces divin
380 lution durant laquelle les énergies élémentaires, d’ hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser.
381 e Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y v
382 -homme dont la mission est de dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y vivre. Il prendra pour p
383 son ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte d’ en avoir un fils plus fort que lui-même, et il engendrera par la tête
384 Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civi
385 ale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenn
386 le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe e
387 civilisation génératrice de toute la civilisation européenne  ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manife
388 ce de toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation second
389 civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’ Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment v
390 vilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’ Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il
391 rd, se répandre peu à peu dans l’Hellade entière. De Crète, il prend trois directions : vers Corinthe, la Thessalie, puis,
392 avers la Thrace, jusqu’à la partie septentrionale de l’Asie Mineure — vers la Béotie, la Locride, la Phocide, jusque dans
393 Phocide, jusque dans cette Épire montagneuse dont Europe sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque d
394 es et phéniciennes où le mythe retrouve son point de départ. Cependant, les légendes et les traditions s’embrouillent, se
395 odote : livre IV, dédié à Melpomène. 3. Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1946, 32 illustrations. 4. W. Technau, Di
396 auf dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’Europe, tome I, LUF, Fribourg, 1944, et par Jürgen Fischer, Oriens,
397 dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’ Europe , tome I, LUF, Fribourg, 1944, et par Jürgen Fischer, Oriens, Occidens
398 r, Oriens, Occidens, Europa-Begriff und Gedanke «  Europa  » in der späten Antike und im früher Mittelalter, Franz Steiner Verla
399 iner Verlag, Wiesbaden, 1957. Ce dernier ouvrage, d’ une très vivante et précise érudition, donne la bibliographie la plus
400 Notons que cette interprétation « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant lettre —
401 « rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle d’ Hérodote — évhémériste avant lettre — qui écrit dans son premier livre
402 en Phénicie, à Tyr, et ravirent la fille du roi, Europe  ; ce pouvaient être des Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formati
403 s Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation de l’Europe, I, p. 112, 110, 111.
404 tois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation de l’ Europe , I, p. 112, 110, 111.
4 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. III. Le Mythe de Japhet
405 III. Le Mythe de Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt d’Europe se trouve tr
406 e Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt d’ Europe se trouve traduire les grandes données ethnographiques et histo
407 Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt d’ Europe se trouve traduire les grandes données ethnographiques et historiques
408 es grandes données ethnographiques et historiques de la formation de l’Europe, c’est à un autre mythe, bien moins connu, q
409 es ethnographiques et historiques de la formation de l’Europe, c’est à un autre mythe, bien moins connu, que nous devons a
410 hnographiques et historiques de la formation de l’ Europe , c’est à un autre mythe, bien moins connu, que nous devons attribuer
411 s connu, que nous devons attribuer la persistance d’ un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où l
412 nous devons attribuer la persistance d’un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europ
413 devons attribuer la persistance d’un concept de l’ Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europe n’éveil
414 me continent distinct, même aux époques où le nom d’ Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographi
415 continent distinct, même aux époques où le nom d’ Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographique d’
416 dans les esprits, que la seule idée géographique d’ une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bib
417 idée géographique d’une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bible, interprétée par les premiers
418 l’Église, qu’entend remonter, dès le ive siècle de notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appeller
419 siècle de notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Ambrois
420 endante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils de Noé, Sem,
421 Selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, ont reçu en partage les trois parties du mo
422 de que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’ Europe . Cette tripartition mythique de la terre domine toute la géographie d
423 ’Afrique et l’Europe. Cette tripartition mythique de la terre domine toute la géographie du Moyen Âge. Elle se fonde sur l
424 oyen Âge. Elle se fonde sur les chapitres 9 et 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche
425 t 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir to
426 nt les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
427 sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités é
428 nt de leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhe
429 lement, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité de Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Se
430 soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils de Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet,
431 it leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur
432 ssessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambro
433 ave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents »,
434 ). Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, «
435 fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de
436 ents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de ce monde », mais capables de se convertir. Les commentateurs des sièc
437 « attachés aux biens de ce monde », mais capables de se convertir. Les commentateurs des siècles suivants comme Paul Orose
438 e Brescia reprennent et précisent la tripartition d’ Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’O
439 saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’
440 ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’ Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. A
441 Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 une prophétie, « prophetica
442 benedictio », et l’interprète ainsi : les tentes de Sem représentent l’Église ; Japhet, par sa postérité « s’étendra » ju
443 , par sa postérité « s’étendra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mo
444 endra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent to
445  » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’ Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent tous ces ex
446 e latitudo, largeur, expansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’épo
447 xpansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’époque, a pré-formé, selon Is
448 pré-formé, selon Isidore de Séville, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’Europe reçoit ainsi un contenu reli
449 e, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’ Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu g
450 l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’ Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu géograp
451 ographique. Isidore fait entrer dans la postérité de Japhet les Cappadociens, Ciliciens, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espa
452 es, Gaulois et Espagnols. « Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à
453 t Espagnols. « Tels sont les peuples de la lignée de Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à l’Océan Brita
454 e jusqu’à l’Océan Britannique posséderont toute l’ Europe (omnem Europam). » Jürgen Fischer cite une douzaine d’auteurs du ve
455 mnem Europam). » Jürgen Fischer cite une douzaine d’ auteurs du ve au xve siècles, qui rattachent à Japhet et à ses 23 ou
456 s diverses « nations » ou familles qui peuplent l’ Europe , avec leurs langues distinctes. Relevons en passant que certains de c
457 gues distinctes. Relevons en passant que certains de ces auteurs divisent le genre humain en trois classes : Les hommes li
458 humain en trois classes : Les hommes libres, fils de Sem, les soldats, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il
459 Les hommes libres, fils de Sem, les soldats, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il n’est certes pas démontra
460 es soldats, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il n’est certes pas démontrable, mais possible, que la relati
461 mais possible, que la relation entre Japhet et l’ Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction
462 t et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au
463 l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au latin latus (large, étendu) correspond le
464 nt dérive la forme poétique europos, assimilée à “ Europe ” par homophonie. »9 Un lien — problématique, il est vrai, et proche
465 tabli entre la Genèse et la mythologie grecque. L’ Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptab
466 et la mythologie grecque. L’Europe ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des P
467 oncept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe de Japhet, ainsi interprété, exprimerait assez bien l’état du continent
468 z bien l’état du continent dans la seconde moitié de notre premier millénaire : ce mélange originellement « indifférent »
469 ement « indifférent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le n
470 férent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’Europe.
471 toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’ Europe. 8. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op.
472 oujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’ Europe . 8. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op. cit.,
473 d’Europe. 8. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op. cit., p. 10 à 19 : « Die Japhet-Historie ». 9.
5 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. IV. Cadmus ou la quête d’Europe
474 IV. Cadmus ou la quête d’ Europe Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination
475 IV. Cadmus ou la quête d’ Europe Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination entre
476 la quête d’Europe Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le bibl
477 ope Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le biblique. Agénor,
478 , le grec et le biblique. Agénor, roi de Tyr venu d’ Égypte pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’u
479 or, roi de Tyr venu d’Égypte pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette derni
480 gypte pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée p
481 er le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’ une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau di
482 Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe . Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi
483 in (ou par le roi de Crète Taurus), les cinq fils d’ Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ign
484 fils d’Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent ch
485 future Carthage, où il donne son nom aux Punici ( de Poeni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son hon
486 eus aux Dardanelles, Thasus à Olympie puis à Pile de Thasos. Enfin Cadmus, le plus célèbre des cinq frères va d’abord à Rh
487 inq frères va d’abord à Rhodes, puis en Thrace et de là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europ
488 Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europe . La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt u
489 ir où il trouvera Europe. La Pythie lui conseille d’ abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache
490 La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmu
491 ivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achète donc une vache marqu
492 bâtir une ville. Il achète donc une vache marquée d’ une pleine lune blanche sur chaque flanc, la chasse devant lui sans ré
493 ’effondre, épuisée, au lieu où s’élèvera la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légen
494 era la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’ Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausania
495 a la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’ Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se
496 voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se confond avec les voy
497 ien, dès ces débuts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui f
498 buts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver Europe  » ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux c
499 cile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux cinq frères sa réalité géog
500 ères sa réalité géographique. Voilà qui est plein d’ enseignements. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! En d’autres terme
501 Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’ Europe , c’est la faire ! En d’autres termes : c’est la recherche qui la crée
502 en Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-a
503 raît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-africaine, et les C
504 Basse-Égypte de l’Ouganda. La dispersion des fils d’ Agénor semble rappeler la fuite vers l’ouest des Cananéens, au second
505 Sémites. On se rappelle que Canaan était ce fils de Cham promis à l’esclavage. Ainsi le mythe japhétique et le mythe gréc
506 t au moins en ce point, non sans qu’il en résulte de nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ain
507 de nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprét
508 et complexités, puisque Europe descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprétation phénicienne, ta
509 elon la tradition biblique, c’est aux descendants de Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Mais que penser
510 it à son tour) entre le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et don
511 le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deuc
512 Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deucalion qui fut précisément le Noé
6 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. V. Les étymologies
513 des signes et des sons qu’il est parfois possible d’ établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significatio
514 ossible d’établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significations, tenant les primitives pour plus authen
515 st significatif. Elle décrit donc les préférences de celui qui découvre une « vraie » racine, plutôt qu’elle ne statue sur
516 sens du mot. Et c’est pourquoi il est intéressant de rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues par diverses épo
517 tenues par diverses époques pour expliquer ce nom d’ Europe, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découv
518 nues par diverses époques pour expliquer ce nom d’ Europe , dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découvrir le
519 sur la double croyance traditionnelle que le nom d’ Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet.
520 ur la double croyance traditionnelle que le nom d’ Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s
521 nt de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une rac
522 phet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une racine biblique à ce nom qui, autrement, rappellerait fâch
523 t les coupables amours du roi des dieux païens et d’ une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les prophètes.) Go
524 les amours du roi des dieux païens et d’une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les prophètes.) Goropius écrit
525 n mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir : d’ où réussit qu’Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, leque
526 oir : d’où réussit qu’Europ soit espoir excellent d’ un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres,
527 ellent d’un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour sa demeure
528 het pour sa demeure. Car combien que la postérité de Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si
529 été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’ Abraham, si a elle toutefois répudiée. Mais le mariage, par lequel le
530 le mariage, par lequel le Christ s’est adjoint l’ Europe son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
531 jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la
532 orte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite Europe . b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique : dans leur At
533 fantaisiste, voici la celtique : dans leur Atlas de géographie ancienne et moderne publié en 1829, Lapie père et Lapie fi
534 ié en 1829, Lapie père et Lapie fils font dériver Europe du celtique wrab, qui veut dire occident. Reynold, qui les cite, ajou
535 s terrestre. c) L’étymologie sémitique, dérivant Europe de ereb, qui veut dire soir, a été longtemps admise. Ainsi l’historie
536 stre. c) L’étymologie sémitique, dérivant Europe de ereb, qui veut dire soir, a été longtemps admise. Ainsi l’historien r
537 iens peuples orientaux qui vivaient dans les pays d’ où se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on ente
538 lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe , on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumièr
539 ope, on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité, les ténèbres, l’Arip,
540 , mot que l’on doit mettre à côté du sombre Erèbe de la mythologie grecque. En effet, ne pouvant pas déplacer encore davan
541 . de Reynold11 nous signale toutefois l’existence d’ un lien possible entre ereb et Europe : On a cessé de croire à la par
542 fois l’existence d’un lien possible entre ereb et Europe  : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi en
543 lien possible entre ereb et Europe : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parent
544 eb et Europe : On a cessé de croire à la parenté d’ Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle
545 e : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’ Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et
546 : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’ Europe , par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et de la
547 ndre une parenté directe, comme celle du frère et de la sœur. Cependant, il y a un lien indirect, et c’est encore la mytho
548 iode — engendra donc la Nuit. Et la Nuit engendra de terribles enfants : la Détresse, le Trépas, la Mort, les Parques, Ném
549 personne », le Sommeil, les Songes ; mais enfin, de son frère Erèbe lui-même, l’Éther et la Lumière du jour, cette lumièr
550 mière du jour, cette lumière victorieuse qui naît de la nuit pour la tuer. Puis Erèbe prit un sens dérivé : les profondeur
551 tique ereb, soir. d) Reste notre nom grec, celui de la Fille d’Agénor. Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : « 
552 soir. d) Reste notre nom grec, celui de la Fille d’ Agénor. Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : « Europe est d
553 Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : «  Europe est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
554 us rarement euruopè, une des épithètes homériques de Zeus. Euruopa se relève plusieurs fois dans l’Iliade et l’Odyssée : e
555 ment récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle d’ euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme ac
556 ogie, elle est facile. Nous avons là des composés de deux autres mots grecs : l’adjectif eurus, large, ample, spacieux ; l
557 yeux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’ Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
558 eux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’ Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son
559 ge. La parenté d’Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à prod
560 te homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à produire son masculin eurôpos. « Zeus qui
561  » a sa cité divine sur l’Olympe : dans le massif de l’Olympe, le Pénée prend sa source, et il a pour affluent l’Europos.
562 uropos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif de Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublemen
563 lle aussi, des possibilités diverses. Voici l’une d’ elles, explorée par Robert Graves13, dans les notes jointes à son chap
564 aves13, dans les notes jointes à son chapitre sur Europe et Cadmus. Le foisonnement des correspondances étymologiques signalée
565 ues signalées par cet auteur donnera quelque idée de l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », syno
566 quelque idée de l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres d
567 thème : Europe signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres des déesses-Lune, Demeter à Labadie et
568  bien irrigué ». Le saule régit le cinquième mois de l’année sacrée14 et il est associé à la magie et aux rites de fertili
569 acrée14 et il est associé à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappell
570 à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’ Europe … Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation
571 x rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’ Europe par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation de la Crète
572 rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’ Europe par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation de la Crète par l
573 r Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images pré-helléniques de la
574 cupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré d’ images pré-helléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalem
575 les Hellènes, a été tiré d’images pré-helléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalement le taureau solaire, s
576 e. La scène est dépeinte par huit plaques moulées de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’
577 s de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au co
578 énienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie d’ un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe ét
579 idea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée e
580 rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europ
581 de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’ Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Z
582 e fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’ Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus ch
583 était portée en procession. Quant à la séduction d’ Europe par Zeus changé en aigle15, elle rappelle la séduction d’Héra p
584 tait portée en procession. Quant à la séduction d’ Europe par Zeus changé en aigle15, elle rappelle la séduction d’Héra par Zeu
585 eus changé en aigle15, elle rappelle la séduction d’ Héra par Zeus changé en coucou ; et selon Hésychius, Héra portait le t
586 oucou ; et selon Hésychius, Héra portait le titre d’ Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évo
587 le titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’ Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène son
588 e titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’ Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un s
589 que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré d’ Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, rep
590 lène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappe
591 intes de sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’Hélèn
592 Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’ Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deuc
593 que Hellén — masculin d’Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le
594 être éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul re
595 it le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (grâce à l’A
596 une que Prométhée son père lui a fait construire) d’ un déluge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arri
597 des symboles et des mythes ! On n’en finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment
598 es mythes ! On n’en finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtra
599 finirait pas de les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtraient, peut-être, co
600 nt où ils apparaîtraient, peut-être, comme autant de récits véridiques d’une seule et même histoire, vue par divers témoin
601 ent, peut-être, comme autant de récits véridiques d’ une seule et même histoire, vue par divers témoins. 11. Dans une let
602 i paraît avoir été commune aux traditions sacrées de toute l’Europe, commençait un jour après le solstice d’hiver et se di
603 oir été commune aux traditions sacrées de toute l’ Europe , commençait un jour après le solstice d’hiver et se divisait en 13 mo
604 te l’Europe, commençait un jour après le solstice d’ hiver et se divisait en 13 mois désignés chacun par une lettre et par
605 un par une lettre et par un arbre. 15. Il s’agit d’ une autre légende d’Europe, beaucoup moins connue.
606 par un arbre. 15. Il s’agit d’une autre légende d’ Europe, beaucoup moins connue.
607 ar un arbre. 15. Il s’agit d’une autre légende d’ Europe , beaucoup moins connue.
7 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VI. Le concept géographique
608 VI. Le concept géographique On a coutume d’ attribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’est qu’un cap ou « 
609 utume d’attribuer à Paul Valéry la remarque que l’ Europe n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plu
610 ue que l’Europe n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’Europe
611 ci son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’ Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap
612 e un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’ Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
613 u’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste cor
614 partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?16 Ailleurs encore (p. 38,
615 vers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’ un vaste corps ?16 Ailleurs encore (p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’
616 Ailleurs encore (p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’ Europe une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asi
617 (p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’Europe une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit n
618 e cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’un lieu co
619 Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’ un lieu commun des géographes depuis des siècles. Citons-en quelques-u
620 en quelques-uns, d’après Gonzague de Reynold : L’ Europe est une grande presqu’île.17 Cette étroite presqu’île qui ne figure
621 e, est devenue la métropole du genre humain.18 L’ Europe n’est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’oue
622 mine à l’ouest le vaste continent asiatique.19 L’ Europe ne constitue pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’est qu
623 er un tout indépendant. Ce n’est qu’une péninsule de l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiatique.20 Et, dans l
624 lus, Auguste Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’ atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditi
625 e Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditionnelle fai
626 ais une comparaison non moins traditionnelle fait de l’Europe une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe était
627 ne comparaison non moins traditionnelle fait de l’ Europe une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard
628 pe une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’ Europe était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
629 la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’ Europe . La Grèce a le sol médiocrement fertile, la surface variée et coupée,
630 riée et coupée, des limites naturelles ; entourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre
631 es limites naturelles ; entourée de mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Sc
632 onds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers l
633 milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers les plus connues. Mais ce para
634 mers les plus connues. Mais ce parallèle entre l’ Europe et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de l
635 t être étendu à des rapports plus nobles que ceux de la nature corporelle. Le feu mutuel de plusieurs caractères nationaux
636 s que ceux de la nature corporelle. Le feu mutuel de plusieurs caractères nationaux différents et même opposés ; l’esprit
637 s nationaux différents et même opposés ; l’esprit de liberté tant civil que politique : voilà les deux grands points de re
638 ivil que politique : voilà les deux grands points de ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont découvert l’
639 tant ce ne sont pas les Grecs qui ont découvert l’ Europe , mais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur
640 ais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur piraterie et leurs explorations maritimes à toute la M
641 toute la Méditerranée, puis au-delà des Colonnes d’ Hercule jusqu’aux Canaries, à la Bretagne, aux îles Britanniques et à
642 tanniques et à la mer du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie de Tyr (découverte, nous l’avons vu, par Phoenix, l
643 du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie de Tyr (découverte, nous l’avons vu, par Phoenix, l’un des frères d’Euro
644 selon Pline, reçut un siècle plus tard la mission de remonter les côtes atlantiques de l’Europe : « Sicut ad extera Europa
645 tard la mission de remonter les côtes atlantiques de l’Europe : « Sicut ad extera Europae noscenda missus eodem tempore Hi
646 la mission de remonter les côtes atlantiques de l’ Europe  : « Sicut ad extera Europae noscenda missus eodem tempore Himilco ».
647 noscenda missus eodem tempore Himilco ». Un poète de la décadence, Rufius Festus Avienus, devait mettre en vers latin, ver
648 ttre en vers latin, vers 370, le récit du périple d’ Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’Europe, les Carthagi
649 d’Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’ Europe, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des vi
650 Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’ Europe , les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des villes.
651 établissements et des villes. Leur coutume était de construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une mer
652 rapporte qu’en dehors des Colonnes, à l’occident de l’Europe, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des
653 orte qu’en dehors des Colonnes, à l’occident de l’ Europe , s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des horizons
654 it la voile. Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’ un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les
655 Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les flots, et de
656 e brume épaisse cache en tout temps les flots, et de sombres vapeurs y voilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
657 t été les premiers à donner à ce continent le nom de la princesse enlevée par leur dieu aux Phéniciens, précisément : d’ap
658 c’est le savant Hippias d’Élis, inventeur allégué de la mnémotechnie, qui aurait le premier « nommé les parties du monde d
659 mier « nommé les parties du monde d’après Asie et Europe , les Océanides ». Hippias vivait au ve siècle avant notre ère. Avant
660 né vers 540 av. J.-C, avait écrit une Description de la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’Europe, l’autre à l’A
661 e la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’ Europe , l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe ? Tous les aute
662 pe, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe  ? Tous les auteurs du temps, jusqu’à Strabon, nous donnent la même dé
663 qu’à Strabon, nous donnent la même définition : l’ Europe va des Colonnes d’Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni
664 ent la même définition : l’Europe va des Colonnes d’ Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni — petit fleuve qui
665 te et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes d’ Hercule, nous n’en habitons qu’une petite partie, vivant tout autour d
666 mer, comme des fourmis et des grenouilles autour d’ un marécage, et qu’il y a par ailleurs divers et nombreux peuples qui
667 d’autres contrées semblables. C’est ici le lieu de rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie é
668 n », non point sa seule cité natale. Quoi de plus Européen que cet universalisme ? Mais venons-en aux textes grecs. G. de Reynol
669 Reynold22 distingue trois étapes dans le passage de la conception mythique et géographique au plan politique et « culture
670 lan politique et « culturel » (mot qu’il estime «  de mauvaise langue », mais comment le récuser aujourd’hui, et dans ce Bu
671 tin du Centre européen de la culture ?) : l’étape d’ Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : V
672 en de la culture ?) : l’étape d’Hippocrate, celle d’ Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du ve si
673 : l’étape d’Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’ Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du ve siècle av. J.-C., Hipp
674 différents phénomènes qui, par leur dissemblance de caractère, font distinguer l’Asie de l’Europe. Dissemblance qui s’éte
675 ux parties du monde, qu’ils contrastent entre eux d’ une manière étonnante. Comme il seroit trop difficile de traiter ces p
676 manière étonnante. Comme il seroit trop difficile de traiter ces phénomènes dans tous leurs développements, je me bornerai
677 J’avance donc que l’Asie diffère considérablement de l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais en
678 nce donc que l’Asie diffère considérablement de l’ Europe , non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en c
679 re en ce qui est relatif à toutes les productions de la terre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc comm
680 unément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en Europe , parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où
681 empérature la plus habituelle en est plus douce ; d’ où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plu
682 l suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’ un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caractère
683 les qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et d’ un esprit plus pénétrant. Mais ces caractères tiennent à la températur
684 s à l’accroissement et à la bonté des productions de la nature, c’est une température uniforme, où tout se trouve en équil
685 u milieu de tous les extrêmes. […] La température de ce pays ressemble davantage à celle d’un printemps continuel, attendu
686 empérature de ce pays ressemble davantage à celle d’ un printemps continuel, attendu que les saisons n’y éprouvent point de
687 nuel, attendu que les saisons n’y éprouvent point de variations fortes et inopinées. Cependant il est impossible que dans
688 le que dans un tel pays les hommes aient la force de corps et l’énergie de l’âme, et par conséquent, qu’ils supportent le
689 s les hommes aient la force de corps et l’énergie de l’âme, et par conséquent, qu’ils supportent le travail de corps et le
690 , et par conséquent, qu’ils supportent le travail de corps et les peines d’esprit… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusil
691 ’ils supportent le travail de corps et les peines d’ esprit… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanimes, sans courage,
692 t pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et d’ un caractère plus doux que les Européens, c’est encore dans la nature
693 ns belliqueux et d’un caractère plus doux que les Européens , c’est encore dans la nature des saisons qu’il faut chercher la princ
694 faut chercher la principale cause. En Asie, loin d’ éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à-peu-près les mêmes ca
695 her la principale cause. En Asie, loin d’éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à-peu-près les mêmes caractères, p
696 s les mêmes caractères, passant du froid au chaud d’ une manière insensible ; de sorte que dans une telle température la fa
697 toujours égale ; car ce sont les passages rapides d’ un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naî
698 d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie
699 les esprits de l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie et d’insouciance. Mais, non seulement
700 et font naître les idées de s’arracher à son état d’ inertie et d’insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au d
701 e les idées de s’arracher à son état d’inertie et d’ insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pare
702 Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pareils changemens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asiatiqu
703 auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie de l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les
704 ulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres de leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mai
705 uper du métier des armes, ils ont même grand soin de ne point paraître avoir l’inclination guerrière, par la raison que le
706 es intérêts) ne sont pas également partagés. Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en s
707 Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés d’ aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même
708 ments les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’ en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres,
709 à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes
710 ir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à au
711 maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à augmenter et à propag
712 nt donc qu’à augmenter et à propager la puissance de leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu
713 la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste
714 eillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste encore sans culture, autant par l’inertie
715 e reste encore sans culture, autant par l’inertie de leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de so
716 leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de sorte que, quand même il se trouverait parmi eux des h
717 rmi eux des hommes braves et courageux, la nature de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur cour
718 ture de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur courage. La plus forte preuve de ce que j’avance
719 donner essor à leur courage. La plus forte preuve de ce que j’avance est fournie par l’Asie même, où tous ceux des Grecs e
720 que pour eux, sont les hommes les plus courageux de tous, pour la raison qu’ils ne s’exposent que pour leur propre intérê
721 intérêt, et que ce sont eux qui reçoivent le prix de leur bravoure ou qui portent la peine de leur lâcheté. Enfin, il est
722 le prix de leur bravoure ou qui portent la peine de leur lâcheté. Enfin, il est encore à observer que les Asiatiques même
723 ques même diffèrent entre eux en plus ou en moins de courage ; et que cette différence tient (principalement) au changemen
724 avois à dire sur l’Asie. § 23. […] Ce qu’on vient d’ observer à l’égard du caractère du physique, peut aussi s’appliquer au
725 ppliquer aux caractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même qu
726 ractères moraux. Aussi voit-on les Européens être d’ un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que vivant
727 rendent l’homme agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et d’aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme p
728 e agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et d’ aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme plus courageux
729 donc comme plus courageux que les Asiatiques, car de l’influence d’une température uniforme naît l’insouciance et la pares
730 courageux que les Asiatiques, car de l’influence d’ une température uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est
731 causes du caractère plus belliqueux des habitants de l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’est pas moins certain que la f
732 s du caractère plus belliqueux des habitants de l’ Europe que des Asiatiques. Mais il n’est pas moins certain que la forme du g
733 e la forme du gouvernement y contribue aussi, les Européens n’étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques ; car j’ai
734 ce que l’âme asservie ne peut avoir aucune envie de risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’augmenter la puis
735 risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’ augmenter la puissance de qui l’opprime. Ainsi il reste pour certain q
736 autre intérêt que celui d’augmenter la puissance de qui l’opprime. Ainsi il reste pour certain que les gouvernements infl
737 s influent sur le courage ; mais en comparant les Européens aux Asiatiques, je n’ai point eu en vue d’en faire le parallèle parti
738 Européens aux Asiatiques, je n’ai point eu en vue d’ en faire le parallèle particulier. Enfin on remarque encore en Europe
739 arallèle particulier. Enfin on remarque encore en Europe des peuples qui diffèrent entre eux par le courage comme par la forme
740 ariété tient aux causes que j’ai déjà assignées à de semblables variations. Le passage essentiel d’Aristote (384-322 av.
741 à de semblables variations. Le passage essentiel d’ Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’Europe se trouve au livre IV, chapi
742 ge essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’ Europe se trouve au livre IV, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qui
743 ) sur l’Europe se trouve au livre IV, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qui habitent les pays froids et les diffé
744 itent les pays froids et les différentes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieur
745 les pays froids et les différentes contrées de l’ Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le
746 tes contrées de l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence e
747 t inférieurs sous le rapport de l’intelligence et de l’industrie. C’est pour cette raison qu’ils savent mieux conserver le
748 conserver leur liberté, mais ils sont incapables d’ organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquérir les pays voi
749 uvent pas conquérir les pays voisins. Les peuples de l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent
750 gents et propres à l’industrie, mais ils manquent de courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettiss
751 courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Gr
752 qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Grecs, occupant les contrées i
753 s contrées intermédiaires, réunit ces deux sortes de caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libr
754 Après cette étape « hégémonique » vient l’étape de « l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrat
755 on ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’ Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et anc
756 ée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « conféd
757 Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens : On appell
758 de tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens  : On appelle Grecs plutôt les gens qui participent à notre éducation
759 nant la généalogie des descriptions géographiques de l’Europe, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siè
760 la généalogie des descriptions géographiques de l’ Europe , d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siècle av. J
761 logie des descriptions géographiques de l’Europe, d’ Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siècle av. J.-C.
762 dote, écrivain au ve siècle av. J.-C., définit l’ Europe comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est
763 pe comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube,
764 çoive tant de rivières puisqu’il traverse toute l’ Europe . Il prend sa source dans le pays des Celtes… Et après avoir traversé
765 ans le pays des Celtes… Et après avoir traversé l’ Europe entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cepend
766 ’Europe entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre é
767 ui donne trois noms différents, qui sont des noms de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’Europe, n
768 s de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’ Homère, ni l’Europe, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ;
769 n effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’ Europe , ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ; l’œcoumène ou terre
770 fait trop marquant qu’il n’eût certes pas négligé de mentionner. Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’E
771 Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Hér
772 urtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’ Europe . On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous
773 ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous deux allèrent sur le co
774 it au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’ Héré : Tous deux allèrent sur le continent, et le haut des forêts s’a
775 Strabon, Grec du Pont, écrivant sous les règnes d’ Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique
776 ec du Pont, écrivant sous les règnes d’Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe,
777 nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause
778 donne un premier grand tableau géographique de l’ Europe , continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause des condi
779 e l’a placé pour le développement moral et social de ses habitants… Car même dans les régions montagneuses, leur intellige
780 nt vaincu la nature et permis à leur civilisation de se développer. Suit une théorie des climats, qui rappelle Hippocrate
781 eur goût pour les arts et à leur parfaite entente de toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté
782 à leur parfaite entente de toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à
783 les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à leur empire maintes nations restée
784 upaient et que leur âpreté naturelle, leur manque de ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presq
785 preté naturelle, leur manque de ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont
786 t presque inhabitables, sont parvenus à les tirer de leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres, et
787 tres, et à ployer les plus barbares aux habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le s
788 x habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat t
789 ans le reste de la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout f
790 e reste de la partie habitable, là où le sol de l’ Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour
791 ure semble avoir tout fait pour hâter les progrès de la civilisation. Comme il arrive, en effet, que dans les contrées ria
792 iantes et fertiles, les populations sont toujours d’ humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans
793 s’établit entre les unes et les autres un échange de mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux
794 mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux premières qui les aident à leur tour des productions
795 mières qui les aident à leur tour des productions de leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philos
796 eur tour des productions de leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on co
797 sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on conçoit tout le mal qu’elles peuve
798 ’elles peuvent se faire pour peu qu’elles cessent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être,
799 sent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’ un conflit, devant être, à ce qu’il semble, du côté de ces populations
800 lations toujours armées et toujours prêtes à user de violence, à moins pourtant quelles ne succombent sous le nombre. Eh b
801 us le nombre. Eh bien ! à cet égard, là encore, l’ Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, to
802 Eh bien ! à cet égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsem
803 et égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagn
804 antages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilis
805 lle est, en effet, toute parsemée de montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilisées y vivent côt
806 ervir et la propager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté
807 ropager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’ Europe est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population
808 t aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population nombreuse de c
809 en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’ une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte b
810 le-même, puisqu’à côté d’une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés.
811 ôté d’une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces av
812 elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleu
813 és. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleurs et les plus nécessaires à la vie,
814 es meilleurs et les plus nécessaires à la vie, et de ses mines les métaux les plus utiles. Restent donc les parfums et les
815 fums et les pierres précieuses quelle est obligée de tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sa
816 ns enfin qu’elle nourrit une très grande quantité de bétail et fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
817 fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Saint August
818 de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Saint Augustin, dans l
819 ces, et nous aurons achevé de donner de la nature de ce continent une idée générale. Saint Augustin, dans la Cité de Die
820 une idée générale. Saint Augustin, dans la Cité de Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant
821 partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’ Europe et l’Afrique l’autre. Paul Orose, son disciple et continuateur, délim
822 disciple et continuateur, délimite et décrit une Europe assez proche des réalités modernes : Et maintenant je vais parcourir
823 lités modernes : Et maintenant je vais parcourir de la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commenc
824  : Et maintenant je vais parcourir de la plume l’ Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts R
825 i sont à l’orient. Elle se continue par le rivage de l’océan septentrional jusqu’à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui
826 à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui descend de l’occident, puis jusqu’au Danube, que l’on appelle aussi l’ester, qui
827 ble représente cinquante-quatre nations. Sautons de là au xve siècle de notre ère. Sébastian Münster écrit en 1567 dans
828 nte-quatre nations. Sautons de là au xve siècle de notre ère. Sébastian Münster écrit en 1567 dans sa Cosmographie : Eu
829 ian Münster écrit en 1567 dans sa Cosmographie : Europa est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempér
830 é, un ciel doux, et il n’y a dedans nulle pénurie de vin et d’arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de v
831 doux, et il n’y a dedans nulle pénurie de vin et d’ arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châ
832 fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châteaux, villages, et a un peuple viril, quelle surpasse Asi
833 a aussi des régions occupées tout à la ronde par d’ âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’e
834 à la ronde par d’âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent tout
835 ontagnes. En 1679, Robbe, ingénieur et géographe de Louis XIV, fait imprimer à Paris une Méthode pour apprendre facilemen
836 géographie. On y lit : On ne peut pas nier que l’ Europe ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Mon
837 est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante d’ avoir vu former le premier homme par les mains mêmes du Créateur du ci
838 homme par les mains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du
839 ains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et d’ avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du mond
840 ur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours d
841 terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle :
842 la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’Europe dira que c’est une grâce singulière, à la
843 du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’ Europe dira que c’est une grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de
844 ne grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asi
845 ienfait que par préférence ou par bonheur. Mais l’ Europe , sans des bienfaits si extraordinaires, fait elle-même toute sa gloir
846 rendent illustre. Même idée dans le Dictionnaire de Moreri, édité en 1759 : Quoique l’Europe soit la moindre des trois p
847 ictionnaire de Moreri, édité en 1759 : Quoique l’ Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des a
848 uoique l’Europe soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préfére
849 le continent. Elle est abondante en toutes sortes de biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés
850 es termes presque, dans la Géographie universelle de Mantelle et Malte Brun, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
851 un, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains de la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glo
852 ujourd’hui. Petit continent, qui possède le moins de richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel es
853 ichesses territoriales… nous ne sommes riches que d’ emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette régio
854 ches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette région, que la nature n’avait ornée que de for
855 in. Cette région, que la nature n’avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
856 avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrich
857 est peuplée de nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mondes ; cette ét
858 est devenue la métropole du genre humain. Ainsi d’ Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas
859 a métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et d’ Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’être c
860 i d’Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’ Europe physique n’a pas cessé d’être conçue comme un ensemble caractéristiqu
861 usqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’ être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais disting
862 crétois : Gonzague de Reynold : Physiquement, l’ Europe , qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelli
863 t le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qu
864 é, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qui doit se projeter hors de
865 ’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’ Europe , c’est le continent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l
866 nent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation
867 rojeter hors de soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née
868 soi-même, celui de l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle
869 ’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour êt
870 nquête, de la découverte et de la colonisation. L’ Europe est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa lign
871 le a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océa
872 our être le globe. Voyez sa ligne de force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océan. Les autres co
873 ts sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’ Europe semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dr
874 femme assise. Postel, nous dit Moreri à l’article Europe , la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne étai
875 ’article Europe, la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, le
876 neur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le
877 it la tête de cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les br
878 tte femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et
879 provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et la Grande-Bretagne ; le
880 emagne ; la Bohême, le nombril ; et tout le reste de son corps, les autres royaumes et provinces. » Mais la représentation
881 eprésentation la plus symbolique est encore celle de quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la
882 quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’ Europe l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pou
883 ns géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pour cœur la F
884 ne Vierge dont la plaine russe se perdant au fond de l’Asie obscure, représentait la robe aux vastes et vagues plis. La Vi
885 tre européen de la culture en vue de l’anthologie européenne que nous préparons. 23. Traduction de Delavaud, chez Bossange et con
886 ie européenne que nous préparons. 23. Traduction de Delavaud, chez Bossange et consorts, Paris, 1804. 24. Panégyrique,
887 ue, 50. Cf. Georges Mathieu, Les Idées politiques d’ Isocrate, Paris, 1925. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
888 5. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme d’ Isocrate…
8 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VII. De la géographie à l’histoire
889 VII. De la géographie à l’histoire Des pages qui précèdent, deux conclusion
890 conclusions se dégagent : le concept géographique d’ Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques bea
891 nclusions se dégagent : le concept géographique d’ Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup
892 ythes grecs et sémitiques beaucoup moins éloignés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la cons
893 nés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité europé
894 nos jours. Mais la conscience politico-historique d’ une entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peu
895 is la conscience politico-historique d’une entité européenne , c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europ
896 -historique d’une entité européenne, c’est-à-dire d’ une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodo
897 entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la
898 d’une communauté de destin des peuples habitant l’ Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée pa
899 comparaisons globales entre le destin des peuples de l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ce
900 raisons globales entre le destin des peuples de l’ Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux gr
901 obales entre le destin des peuples de l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux grands g
902 ces deux grands génies n’étaient pas l’expression d’ une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouv
903 taient pas l’expression d’une opinion courante ou d’ une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur tem
904 ience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur temps, que dans la croyance religieuse et dans les mythes. Penda
905 et dans les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’ une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’un
906 s les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impéri
907 litique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impériale commune à l’Orient et à l’Occident, moitiés géograp
908 és géographiques et administrativement distinctes d’ un seul et même État : utraque pars, pars orientalis et pars occidenta
909 orientalis et pars occidentalis. Il arrive que l’ Europe soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’
910 nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’Asie en lieu et place de la moitié orientale : ainsi dans
911 de la moitié orientale : ainsi dans l’inscription de l’an 7 av. J.-C., trouvée sur l’île de Philae, en Égypte, et désignan
912 t désignant Auguste comme Seigneur de l’Europe et de l’Asie 25. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie da
913 r de l’Europe et de l’Asie 25. Ce ne sont là ni l’ Europe réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension, mais plutôt d
914 des désignations allégoriques. C’est ici le lieu de remarquer que les termes d’Orient et d’Occident ont subi au cours des
915 es. C’est ici le lieu de remarquer que les termes d’ Orient et d’Occident ont subi au cours des siècles antiques et moderne
916 i le lieu de remarquer que les termes d’Orient et d’ Occident ont subi au cours des siècles antiques et modernes des fluctu
917 es fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’ Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honor
918 fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’ Europe  : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius),
919 e terme d’Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Égl
920 rcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Église (Rome et Byzance), ou enfin vastes et vagues désignations my
921 és lumineuses et spirituelles, l’Occident la nuit de la matière. Relevant les caractères régulièrement attribués à cet Ori
922 t à cet Occident mystiques par les métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis de la Perse avicennienne, et enfin par t
923 es métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis de la Perse avicennienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’
924 Perse avicennienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de
925 opéens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de q
926 », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de quatorze antithèses26 : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la dr
927 droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange de la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré
928 gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,
929 paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè
930 isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la
931 e par les liens matériels et passionnels, le lieu d’ exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’
932 ’interprétation, uniquement favorable à l’Orient, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa
933 t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer d’ impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq
934 d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’ accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l
935 er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l
936 it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou d’ anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en
937 et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident de la Chine27 ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique !
938 urent pas pour autant l’Occident de la Chine27 ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc
939 cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ
940  ! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Ajoutons
941 me, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Ajoutons à tout cela l’influence de plusieurs
942 hé occidentale. Ajoutons à tout cela l’influence de plusieurs passages des psaumes, des prophètes et des évangiles célébr
943 et des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu d’ où vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’O
944 lut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fi
945 jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgat
946 si sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque touj
947 r « germe » ! (ainsi Zacharie 6, 12). Le prestige de l’Orient biblique, métaphysique et occultiste empêchera longtemps que
948 aphysique et occultiste empêchera longtemps que l’ Europe (plus ou moins synonyme d’Occident) prenne un sens autre que géograph
949 ra longtemps que l’Europe (plus ou moins synonyme d’ Occident) prenne un sens autre que géographique, c’est-à-dire prenne l
950 tre que géographique, c’est-à-dire prenne le sens d’ une entité historique et spirituelle que l’on puisse opposer à l’Asie,
951 ologètes. Il faut attendre le début du ve siècle de notre ère pour voir reparaître — et c’est la première fois depuis Hér
952 e fois depuis Hérodote28 — l’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 3
953 s depuis Hérodote28 — l’autonomie historique de l’ Europe . Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et de
954 ’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et demeuré païen) désign
955 t demeuré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’Europe : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere
956 euré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’ Europe  : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere Europa
957 cum barbara Peuce Nutrierat…29 Au iie siècle de notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce lo
958 e de notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce long silence — c’est un polémiste antichrétien, Ce
959 ien, Celse, qui nomme pour la première fois « les Européens  » dans un passage où il repousse toute possibilité que les Asiates,
960 repousse toute possibilité que les Asiates, les Européens et Libyens, les Hellènes ainsi que les Barbares, se mettent jamais d’
961 détruirait les diversités politiques des peuples de la Terre, voulues et garanties par les dieux païens ! Pour cet ancêtr
962 ur cet ancêtre du nationalisme, qui ne manque pas de lucidité, l’ennemi juré c’est l’universalisme des chrétiens. Mais cec
963 vers le milieu du ive siècle et mort vers 410, l’ Europe trouve enfin sa place dans « l’économie du salut », et c’est à ses sa
964 le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe de saint Martin de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de tou
965 de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de toute l’Europe » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon
966 ui passera pour « le plus grand ascète de toute l’ Europe  » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon son laudateur,
967 celle-ci s’enorgueillisse du nombre et des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe
968 des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute l’Asie, grâce
969 l ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’ Europe ne le cède pas à toute l’Asie, grâce au seul Martin.31 À Martin de
970 Martin.31 À Martin de Tours s’ajoutent bientôt d’ innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise
971 de Tours s’ajoutent bientôt d’innombrables saints européens  : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue,
972 t bientôt d’innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue, Eulalie de
973 e Rome, Cécile de Sicile, et finalement tous ceux de la Légion Thébaine, saint Maurice à leur tête, sacrifiés pour leur fo
974 ir, selon les chroniqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à se
975 iqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’ Europe  : omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe d
976 t le tour de presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer
977 re Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’ Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spi
978 rcuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels
979 s saints que l’Europe doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dig
980  l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. D
981 uels — et de revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d
982 e de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’ Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissa
983 de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’ Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissante, j
984 ystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’ Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire d
985 tiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’ Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Char
986 avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Charlemagne, dans les textes solennels des apostrophes au pape, dans
987 00, s’adresse au pape Grégoire comme à « la fleur de toute l’Europe », puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de t
988 se au pape Grégoire comme à « la fleur de toute l’ Europe  », puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églis
989 », puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europae ecclesiar
990 Boniface IV comme au chef de toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europae ecclesiarum capiti). Dans les
991 V comme au chef de toutes les Églises de toute l’ Europe (omnium totius Europae ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgond
992 ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes d’ Avenches (milieu du viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom d
993 viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom de Eurupa, désignant à la fois les peuples francs et le continent arrosé
994 son Histoire des Goths, montre tous les peuples de l’Europe tremblant devant eux. (Hos Europae omnes tremuere gentes.)
995 Histoire des Goths, montre tous les peuples de l’ Europe tremblant devant eux. (Hos Europae omnes tremuere gentes.) L’auteur
996 x. (Hos Europae omnes tremuere gentes.) L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare q
997 ropae omnes tremuere gentes.) L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un
998 gentes.) L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Qu
999 auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Quisnam in Eur
1000 la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Quisnam in Euruppa habi
1001 de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Quisnam in Euruppa habitans…) connaît son nom et la gloire de sa rac
1002 n Euruppa habitans…) connaît son nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce t
1003 nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de
1004 gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuse
1005 rt écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mai
1006 in était le prince de nombreuses régions et cités d’ Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l
1007 était le prince de nombreuses régions et cités d’ Europe . (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l’on pe
1008 le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une
1009 tal, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la f
1010 que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’ Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la fameuse Ch
1011 n le trouve dans une suite à la fameuse Chronique d’ Isidore de Séville, rédigée un siècle plus tôt. Le continuateur anonym
1012 nonyme (Isidor Pacensis, ou Isidore de Badajoz ou de Beja ? on ne sait) décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles
1013 dajoz ou de Beja ? on ne sait) décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles Martel sur les Arabes en 732. Il a certa
1014 sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé de près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années plus tar
1015 lon lui, dura sept jours, au terme desquels les «  Européens  » (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie
1016 Européens » (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie et formant l’armée du maire du Palais) vire
1017 les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers de Charles Martel, après le pillage, n’ont plus qu’à s’en retourner, joy
1018 n suas leti recipiunt patrias.32 Ainsi le terme d’ Européens, pour la première fois dans notre ère, désigne une communaut
1019 suas leti recipiunt patrias.32 Ainsi le terme d’ Européens , pour la première fois dans notre ère, désigne une communauté contine
1020 ntinentale, celle qui englobe dans un même destin de défense contre un même ennemi les peuples vivant au nord des Pyrénées
1021 peut que les historiens qui ramènent la bataille de Poitiers à un « mythe » ou à « un incident sans importance » aient ra
1022 s Arabes n’aient qu’à peine enregistré la défaite d’ Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué
1023 la défaite d’Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’une razzia d
1024 que, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’ une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de ce
1025 se d’une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de cette date serait dû, selon E. Berl, à une crise
1026 t Byzance, dès 71833. Mais il y a cette chronique de l’anonyme espagnol, il y a ce mot Europenses qui suffit à lui seul po
1027 nt naturellement décrits non comme les défenseurs d’ une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la pa
1028 les défenseurs d’une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou pat
1029 devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien c
1030 ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien comme les membres d
1031 patrie particulière, mais bien comme les membres d’ une même famille de peuples. 25. R. Cagnat, Inscriptiones Graecae a
1032 e, mais bien comme les membres d’une même famille de peuples. 25. R. Cagnat, Inscriptiones Graecae ad res Romanas perti
1033 pertinentes, 1906. 26. L’Aventure occidentale de l’homme , Albin Michel, Paris, 1957. 27. L’auteur se trompe sur ce p
1034 econnaissent expressément. 28. Selon la remarque de J. Fischer, op. cit., p. 41. 29. Claudius Claudianus, Paneg. de sex
1035 p. cit., p. 41. 29. Claudius Claudianus, Paneg. de sext. consul. Honorii, Monumenta Germanica AA, X, 239. 30. Cité par
1036 363, 20 et 30. 33. Emmanuel Berl, Les Impostures de l’histoire, Paris, 1959.
9 1959, Les Origines de l’Europe : d’Hésiode à Charlemagne ou du mythe à l’histoire. VIII. « Europa vel regnum Caroli »
1037 VIII. «  Europa vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaça
1038 pa vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou déprécia
1039 l regnum Caroli » Cette conscience commune de l’ Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’Occ
1040 e plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’ Occident — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlema
1041 — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), histori
1042 et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), historien des Anglais e
1043 lais et chroniqueur « Des six États du monde », l’ Europe était essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Es
1044 monde », l’Europe était essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus
1045 urope était essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. L’Angle
1046 iellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. L’Angleterre et la Scandi
1047 arlemagne conquiert les Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, d
1048 Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’anci
1049 titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’ Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et
1050 ’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’ Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et au nord, ainsi
1051 de, dans les limites qu’esquissait Bède — sinon l’ Europe  ? C’est bien ce que font les chroniqueurs et les panégyristes du temp
1052 ine et chrétienne, impérialiste et universaliste, d’ un impossible imperium mundi. Voici le prêtre Cathwulf qui loue Charle
1053 oici le prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775, d’ avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’emp
1054 avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem
1055 oisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni
1056 u pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’ Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni Europae. V
1057 pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’ Europe  » : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni Europae. Voici l
1058 in honorem glorie regni Europae. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 7
1059 ae. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du mo
1060 pereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe… père suprême » et ce s
1061 , les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe… père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’im
1062 titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’ Europe … père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator e
1063 suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’ imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, d
1064 sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europ
1065 e de l’Europe »34 : Rex, pater Europae… Cette «  Europe ou règne de Charles » Europa vel regnum Caroli comme la nomment les A
1066 4 : Rex, pater Europae… Cette « Europe ou règne de Charles » Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fu
1067 er Europae… Cette « Europe ou règne de Charles » Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe
1068 pa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors
1069 n’est donc plus seulement l’une des trois parties de la carte du monde traditionnelle (l’Europe, la Libye ou Afrique, l’As
1070 is parties de la carte du monde traditionnelle (l’ Europe , la Libye ou Afrique, l’Asie), mais une existence autonome et dotée d
1071 ue, l’Asie), mais une existence autonome et dotée de vertus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du pal
1072 rtus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du palais, éducateur, théologien, astronome et rhéteur de cou
1073 lais, éducateur, théologien, astronome et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de
1074 tronome et rhéteur de cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se trouve plus près de
1075 s près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que de « l’Occident » classique, mauvaise moitié du monde… C’est ici le prem
1076 tié du monde… C’est ici le premier épanouissement d’ une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d
1077 ci le premier épanouissement d’une véritable idée européenne , d’une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exc
1078 r épanouissement d’une véritable idée européenne, d’ une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclama
1079 européenne, d’une conscience commune attestée par d’ innombrables expressions exclamatives. Hélas ! printemps prématuré. Tô
1080 Tôt après Charlemagne, en effet, la grande image d’ un « règne européen » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils —
1081 arlemagne, en effet, la grande image d’un « règne européen  » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’em
1082 Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’être consommé — on note un changement bien typique d
1083 le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient d’ être consommé — on note un changement bien typique dans les formules d
1084 um Europae — empire unique —, voici dans un poème de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
1085 e de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius Europae regna potenter habes.3
1086 lf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’ Europe : Tu pius Europae regna potenter habes.35 L’idée du regnum E
1087 (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’ Europe  : Tu pius Europae regna potenter habes.35 L’idée du regnum Europae
1088 er habes.35 L’idée du regnum Europae se détache de l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de reg
1089 5 L’idée du regnum Europae se détache de l’idée d’ un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-
1090 mpire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour s
1091 éjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire d’ une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée
1092 lus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empi
1093 licité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret d’
1094 istincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’ un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret d’une chrétienté papal
1095 d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret d’ une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne
1096 au concret d’une chrétienté papale. Au lieu de l’ Europe unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une
1097 d’une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une confédé
1098 tal et impérial tout à la fois, une confédération de princes occidentaux se dessine vaguement dans l’ombre des intrigues p
1099 re des intrigues pré-nationales, et sera le champ de l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germanique » ; tandi
1100 e champ de l’ambition « romaine » des empereurs «  de nation germanique » ; tandis que l’unité spirituelle deviendra l’autr
1101 l’unité spirituelle deviendra l’autre pôle, celui de la papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople
1102 papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’Europe contre l’Emp
1103 e Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’ Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les si
1104 Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’ Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les siècles
1105 ront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’Europe dans le domaine du mythe
1106 chroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’ Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgi
1107 hroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’ Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du g
1108 t le concept d’Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du grand passé carolingien. Parfois
1109 and passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’ Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, cha
1110 d passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’ Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, chargé pa
1111 nt. Notker le Bègue, chargé par Charles le Simple de rédiger les Gesta Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de
1112 a Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens, « grands et
1113 de Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens , « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les a
1114 unis : … Comme en témoignent les arches du pont de Mayence, que toute l’Europe édifia par une œuvre commune certes, mais
1115 ignent les arches du pont de Mayence, que toute l’ Europe édifia par une œuvre commune certes, mais grâce à une division du tra
1116 ieux ordonnées (ordinatissimae participationis). De cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite
1117 ssimae participationis). De cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’aut
1118 ècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’ auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus
1119 e plusieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de
1120 sieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’ Europe , mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles)
1121 e sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles) ou simplement géographique ; tout cela, le plus souvent, dan
1122 vent, dans un latin douteux. Après le règne agité d’ Othon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple europ
1123 . Après le règne agité d’Othon III, « imperator » d’ imitation, l’idée revit d’un « peuple européen » : des expressions tel
1124 thon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’ un « peuple européen » : des expressions telles que populus Europae, o
1125 perator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple européen  » : des expressions telles que populus Europae, ou totius Europae pop
1126 plume des annalistes : c’est que l’utopie tenace d’ une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers ra
1127 stes : c’est que l’utopie tenace d’une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers rayons furtifs, mai
1128 lemagnes, accompagné seulement, nous dit le récit de l’époque36, par très peu de soldats, c’est-à-dire : … soutenu par ce
1129 ’est-à-dire : … soutenu par ceux-là seuls que la mère Europe avait envoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occ
1130 oyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était b
1131 a occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europae Caesar H
1132 i tibi rex qui regnat in aevum. (Ô toi, honneur de l’Europe, César Henri, sois bienheureux. Que Celui qui règne en étern
1133 i rex qui regnat in aevum. (Ô toi, honneur de l’ Europe , César Henri, sois bienheureux. Que Celui qui règne en éternité augme
1134 t funèbre, rimé par un poète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’Europe : « Que pleure l’Europe décapitée ! 
1135 oète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’Europe : « Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc Europa i
1136 rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’ Europe  : « Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc Europa iam decapi
1137 l’idée carolingienne de l’Europe : « Que pleure l’ Europe décapitée ! » : loret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’écl
1138 « Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — n
1139 iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les
1140 l’éclipse médiévale de la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongole et turque pour
1141 ale de la conscience — non certes de la réalité — européenne . Il faudra les menaces mongole et turque pour réveiller, avec la chré
1142 turque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée d’ Europe. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées.
1143 rque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée d’ Europe . Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées. 34.