1
Introduction
D’
où vient le nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’Eur
2
nom ? Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on
de
l’Europe ? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou de
3
Quel est son sens ? Depuis quand parle-t-on de l’
Europe
? (Serait-ce seulement depuis Victor Hugo et Mazzini ? Ou depuis Coud
4
is Coudenhove et Briand ? Voire depuis le congrès
de
La Haye, au mois de mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plut
5
and ? Voire depuis le congrès de La Haye, au mois
de
mai 1948 ?) Nous avons cherché la réponse ou plutôt les réponses à ce
6
on s’arrête, en général, à Pierre Dubois, juriste
de
Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union de nos États, au dé
7
ubois, juriste de Philippe le Bel, premier auteur
d’
un plan d’union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons déc
8
iste de Philippe le Bel, premier auteur d’un plan
d’
union de nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’alle
9
Philippe le Bel, premier auteur d’un plan d’union
de
nos États, au début du xive siècle. Nous avons décidé d’aller beauco
10
tats, au début du xive siècle. Nous avons décidé
d’
aller beaucoup plus haut. Quelques mois de travail nous ont conduits v
11
décidé d’aller beaucoup plus haut. Quelques mois
de
travail nous ont conduits vers des confins étranges et des temps fabu
12
s temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom
d’
Europe, c’est Hésiode : au viiie siècle avant notre ère. Et le premie
13
temps fabuleux. Le premier qui ait écrit le nom d’
Europe
, c’est Hésiode : au viiie siècle avant notre ère. Et le premier qui
14
’Asie, c’est Hippocrate. Mais la première mention
de
l’Europe comme unité, et des « Européens » qui la défendent, ne remon
15
, c’est Hippocrate. Mais la première mention de l’
Europe
comme unité, et des « Européens » qui la défendent, ne remonte qu’au
16
remière mention de l’Europe comme unité, et des «
Européens
» qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle de notre ère, aprè
17
qui la défendent, ne remonte qu’au viiie siècle
de
notre ère, après la bataille de Poitiers, qui eut lieu en 732. L’Empi
18
’au viiie siècle de notre ère, après la bataille
de
Poitiers, qui eut lieu en 732. L’Empire carolingien marque un sommet
19
ieu en 732. L’Empire carolingien marque un sommet
de
la conscience d’une Europe unie, puis on redescend vers des guerres e
20
ire carolingien marque un sommet de la conscience
d’
une Europe unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d
21
rolingien marque un sommet de la conscience d’une
Europe
unie, puis on redescend vers des guerres et des querelles d’investitu
22
is on redescend vers des guerres et des querelles
d’
investitures : notre enquête se termine au xie siècle. C’est le procè
23
se termine au xie siècle. C’est le procès-verbal
d’
une recherche étonnée que nous livrons aujourd’hui aux lecteurs de ce
24
étonnée que nous livrons aujourd’hui aux lecteurs
de
ce bulletin , — avec l’espoir qu’ils partageront nos étonnements. ⁂
25
eux auteurs, entre cent consultés, nous ont servi
de
guides en des régions qu’ils sont seuls de nos jours à connaître auss
26
servi de guides en des régions qu’ils sont seuls
de
nos jours à connaître aussi bien, du point de vue qui intéresse notre
27
nquête. Gonzague de Reynold, par le premier tome
de
sa très belle histoire de la Formation de l’Europe, et par une série
28
ld, par le premier tome de sa très belle histoire
de
la Formation de l’Europe, et par une série de lettres généreuses en s
29
er tome de sa très belle histoire de la Formation
de
l’Europe, et par une série de lettres généreuses en suggestions préci
30
me de sa très belle histoire de la Formation de l’
Europe
, et par une série de lettres généreuses en suggestions précises et pi
31
ire de la Formation de l’Europe, et par une série
de
lettres généreuses en suggestions précises et pittoresques, nous a ré
32
thographes antiques. Nous souhaitons aux lecteurs
de
nos pages trop brèves, qui auront envie d’en savoir davantage, le pla
33
cteurs de nos pages trop brèves, qui auront envie
d’
en savoir davantage, le plaisir de se reporter à l’œuvre décisive du g
34
ui auront envie d’en savoir davantage, le plaisir
de
se reporter à l’œuvre décisive du grand historien suisse. Jürgen Fisc
35
suisse. Jürgen Fischer, le jeune auteur allemand
d’
une enquête exhaustive sur les concepts d’Europe, d’Orient et d’Occide
36
llemand d’une enquête exhaustive sur les concepts
d’
Europe, d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècl
37
emand d’une enquête exhaustive sur les concepts d’
Europe
, d’Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nou
38
une enquête exhaustive sur les concepts d’Europe,
d’
Orient et d’Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a
39
exhaustive sur les concepts d’Europe, d’Orient et
d’
Occident, de la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de sou
40
ur les concepts d’Europe, d’Orient et d’Occident,
de
la fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de source principa
41
cepts d’Europe, d’Orient et d’Occident, de la fin
de
l’Antiquité au xie siècle, nous a servi de source principale pour la
42
a fin de l’Antiquité au xie siècle, nous a servi
de
source principale pour la période carolingienne et pour les siècles q
43
parent et qui la suivent immédiatement. ⁂ L’essai
de
synthèse que nous présentons aujourd’hui ne prétend pas à l’originali
44
il fut entrepris, qu’à introduire une anthologie
de
textes sur l’Europe, des origines à nos jours. Chemin faisant, le com
45
s, qu’à introduire une anthologie de textes sur l’
Europe
, des origines à nos jours. Chemin faisant, le commentaire a débordé l
46
fois réduite à quelques mots mais qu’il importait
de
situer dans une évolution des concepts et des sens hors de laquelle c
47
draient leur vraie valeur et parfois leur pouvoir
d’
émotion. L’anthologie où l’on retrouvera ces textes est en cours d’él
48
ologie où l’on retrouvera ces textes est en cours
d’
élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin de cette année, par les
49
d’élaboration. Elle paraîtra sans doute à la fin
de
cette année, par les soins d’un groupe d’éditeurs représentant huit d
50
sans doute à la fin de cette année, par les soins
d’
un groupe d’éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont ass
51
la fin de cette année, par les soins d’un groupe
d’
éditeurs représentant huit de nos langues, qui se sont associés sous l
52
es soins d’un groupe d’éditeurs représentant huit
de
nos langues, qui se sont associés sous les auspices du Centre en vue
53
Centre en vue de publier tous ensemble une série
d’
ouvrages sur l’Europe. D. R.
54
publier tous ensemble une série d’ouvrages sur l’
Europe
. D. R.
55
I. Protohistoire
d’
un continent sans nom La quatrième période glaciaire avait recouvert
56
rt près de la moitié des plaines et des montagnes
d’
une épaisse calotte, dont la fonte transforma le continent en marécage
57
avait produit les fascinantes peintures rupestres
de
Lascaux et d’Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre c
58
les fascinantes peintures rupestres de Lascaux et
d’
Altamira. C’est dans le Moyen-Orient qu’une tout autre civilisation va
59
u chasseresse — elle envahira d’abord le pourtour
de
la Méditerranée, pour remonter de là sur notre continent et pénétrer
60
ord le pourtour de la Méditerranée, pour remonter
de
là sur notre continent et pénétrer profondément dans sa forêt central
61
qui s’étendent du Portugal jusqu’aux rivages sud
de
l’Asie Mineure. Le continent prend sa forme actuelle. Vers 6000 av. J
62
Écosse sont recouverts par la mer du Nord. Partis
de
l’Asie Mineure et de l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar
63
s par la mer du Nord. Partis de l’Asie Mineure et
de
l’Égée, des colons remontent le cours du Vardar et du Danube pour all
64
e pour aller défricher les fertiles terres noires
de
l’Ukraine, les rives de la Baltique et de la mer du Nord, enfin la va
65
es fertiles terres noires de l’Ukraine, les rives
de
la Baltique et de la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgi
66
noires de l’Ukraine, les rives de la Baltique et
de
la mer du Nord, enfin la vallée du Rhin et la Belgique, poussant jusq
67
e, les abandonnent bientôt, brûlent d’autres pans
de
forêts, avancent lentement. Un autre courant de colons venus par mer
68
s de forêts, avancent lentement. Un autre courant
de
colons venus par mer des rives de l’Égypte et du Proche-Orient, remon
69
n autre courant de colons venus par mer des rives
de
l’Égypte et du Proche-Orient, remonte peu à peu l’Italie et la vallée
70
il établit ses cités lacustres, occupe le bassin
de
la Seine, et s’aventure même jusqu’en Angleterre. Vers la fin du IIIe
71
i nous cédons la parole à M. André Varagnac, l’un
de
nos meilleurs guides dans la protohistoire du continent : Avec cette
72
encore attestées par des milliers et des milliers
de
monuments dans presque toute l’Europe occidentale. Ses origines demeu
73
et des milliers de monuments dans presque toute l’
Europe
occidentale. Ses origines demeurent encore mystérieuses, mais sont ce
74
à la conquête des âmes, comme feront, après plus
de
trois-mille ans, les conquistadors. Quels qu’aient pu être ces rituel
75
la conscience paysanne, la vénération des morts.
De
hardis prospecteurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord de l’
76
teurs ont porté jusqu’aux îles lointaines du nord
de
l’Écosse ce culte et son architecture. Ils atteignirent le Jutland, l
77
tentrionale. Avec eux voyageaient armes et outils
de
cuivre. Ainsi s’établit, dès la première moitié du IIe millénaire ava
78
tié du IIe millénaire avant notre ère, un système
d’
échanges maritimes associant à la Méditerranée cette méditerranée du N
79
aire avant notre ère, il semble bien qu’une sorte
de
civilisation commune se soit étendue à la majeure partie du continent
80
ntinent : elle est marquée par le rite généralisé
de
l’incinération. (« Champs d’urnes ».) Puis la Grèce et l’Italie des É
81
r le rite généralisé de l’incinération. (« Champs
d’
urnes ».) Puis la Grèce et l’Italie des Étrusques, quelques siècles pl
82
ent vers l’ouest et le nord les produits raffinés
de
leurs arts et métiers : le vase de Vix illustre cette période dite de
83
duits raffinés de leurs arts et métiers : le vase
de
Vix illustre cette période dite de Hallstatt. Celle-ci fera place à l
84
iers : le vase de Vix illustre cette période dite
de
Hallstatt. Celle-ci fera place à la civilisation des Celtes, au ve s
85
tes, au ve siècle av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande,
d’
Angleterre et de Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galat
86
le av. J.-C. Des Gaëls d’Irlande, d’Angleterre et
de
Bretagne, en passant par les Gaulois, jusqu’aux Galates parvenus en A
87
tés aux Germains) ont recouvert la majeure partie
de
la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et de l
88
la péninsule occidentale, à l’exclusion toutefois
de
l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions
89
cidentale, à l’exclusion toutefois de l’Italie et
de
la Grèce, où ils n’ont fait que de rapides incursions (à Rome et à De
90
de l’Italie et de la Grèce, où ils n’ont fait que
de
rapides incursions (à Rome et à Delphes). Leur empire décentralisé, l
91
le culte druidique, préfigure comme en négatif l’
Europe
à venir : celle qui sera conformée, justement, par la pensée, l’art e
92
rmée, justement, par la pensée, l’art et les lois
de
ces deux peuples de la mer du Sud, mystérieusement inaccessible aux C
93
la pensée, l’art et les lois de ces deux peuples
de
la mer du Sud, mystérieusement inaccessible aux Celtes. La conquête d
94
térieusement inaccessible aux Celtes. La conquête
de
la Gaule par César va marquer le début de la fusion séculaire du mond
95
onquête de la Gaule par César va marquer le début
de
la fusion séculaire du monde continental et du monde méditerranéen. E
96
et du monde méditerranéen. Et cette fusion fera l’
Europe
. Quant à la préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient d’indiq
97
préhistoire, ou mieux protohistoire dont on vient
d’
indiquer quelques étapes, c’est celle d’un continent sans nom, lenteme
98
on vient d’indiquer quelques étapes, c’est celle
d’
un continent sans nom, lentement peuplé, civilisé et travaillé par des
99
on nom ? 1. André Varagnac, « Comment est née l’
Europe
? », La Table ronde, n° 113.
100
II. Le mythe
de
l’enlèvement d’Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on
101
II. Le mythe de l’enlèvement
d’
Europe Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où e
102
II. Le mythe de l’enlèvement d’
Europe
Quant à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a
103
I. Le mythe de l’enlèvement d’Europe Quant à l’
Europe
, il ne paraît pas que l’on sache, ni d’où elle a tiré ce nom ni qui l
104
t à l’Europe, il ne paraît pas que l’on sache, ni
d’
où elle a tiré ce nom ni qui le lui a donné, à moins que nous ne disio
105
nné, à moins que nous ne disions qu’elle l’a pris
d’
Europe de Tyr, car, auparavant, ainsi que les deux autres parties du m
106
deux autres parties du monde, elle n’avait point
de
nom. Il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais
107
nde, elle n’avait point de nom. Il est certain qu’
Europe
était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Gr
108
dans ce pays que les Grecs appellent maintenant l’
Europe
, mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et de Crète en Lyc
109
maintenant l’Europe, mais qu’elle passa seulement
de
Phénicie en Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abo
110
s qu’elle passa seulement de Phénicie en Crète et
de
Crète en Lycie.2 Hérodote. Europe fut d’abord une déesse, l’une des
111
nicie en Crète et de Crète en Lycie.2 Hérodote.
Europe
fut d’abord une déesse, l’une des trois-mille Océanides, « race saint
112
e, l’une des trois-mille Océanides, « race sainte
de
filles qui, avec Apollon et les fleuves, nourrissent la jeunesse des
113
ère nous devons la première mention connue du nom
d’
Europe, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océa
114
e nous devons la première mention connue du nom d’
Europe
, au vers 357 de sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides,
115
mière mention connue du nom d’Europe, au vers 357
de
sa Théogonie. Parmi les innombrables sœurs Océanides, Hésiode nomme e
116
core Asie, et Métis ou la Raison, première épouse
de
Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons Europe non plus déesse mais
117
ouse de Zeus. Beaucoup plus tard, nous retrouvons
Europe
non plus déesse mais femme légendaire. Agénor, roi de Tyr en Phénicie
118
re. Agénor, roi de Tyr en Phénicie, et descendant
de
Neptune, est son père. Elle est si belle quant aux yeux — comme l’éty
119
est si belle quant aux yeux — comme l’étymologie
de
son nom grec l’indique — et d’une si éclatante blancheur, que Zeus lu
120
comme l’étymologie de son nom grec l’indique — et
d’
une si éclatante blancheur, que Zeus lui-même s’en éprend. Métamorphos
121
d. Métamorphosé en taureau, il l’enlève aux rives
de
l’Asie pour la conduire en Crète, où elle deviendra reine, et mère de
122
Crète, où elle deviendra reine, et mère des rois
de
la dynastie de Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute be
123
deviendra reine, et mère des rois de la dynastie
de
Minos. De cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres
124
reine, et mère des rois de la dynastie de Minos.
De
cette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues d
125
ette légende, qui inspira sans nul doute beaucoup
d’
œuvres perdues de poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et
126
inspira sans nul doute beaucoup d’œuvres perdues
de
poètes antérieurs, et dont nous parlent Hérodote et Thucydide entre a
127
e version grecque tardive : la célèbre « Idylle »
de
Moschos, qui date du iie siècle avant notre ère, en pleine littératu
128
rine. Il est probable que Moschos, poète sicilien
de
Syracuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré de peintures trad
129
racuse, artiste érudit et précieux, s’est inspiré
de
peintures traditionnelles, fresques, mosaïques ou cratères, vases déc
130
printanier où les poètes, sculpteurs et peintres
de
vingt siècles occidentaux feront jouer leur imagination sensuelle du
131
nation sensuelle du Mythe, et cela va des métopes
de
Sélinonte à la décoration d’une gare moderne — celle de Genève — d’Ov
132
cela va des métopes de Sélinonte à la décoration
d’
une gare moderne — celle de Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et de l’au
133
inonte à la décoration d’une gare moderne — celle
de
Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’Aquilé
134
décoration d’une gare moderne — celle de Genève —
d’
Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux
135
rne — celle de Genève — d’Ovide à Victor Hugo, et
de
l’auteur des mosaïques d’Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle
136
Ovide à Victor Hugo, et de l’auteur des mosaïques
d’
Aquilée jusqu’aux décorateurs du xxe siècle, en passant par Véronèse,
137
Lorrain et Tiepolo. Nous empruntons la traduction
de
l’Idylle au précieux petit livre d’Alfred Lombard intitulé : Un Mythe
138
la traduction de l’Idylle au précieux petit livre
d’
Alfred Lombard intitulé : Un Mythe dans l’art et dans la poésie : l’en
139
Mythe dans l’art et dans la poésie : l’enlèvement
d’
Europe 3 qui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes de l’ère m
140
the dans l’art et dans la poésie : l’enlèvement d’
Europe
3 qui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes de l’ère moderne
141
’enlèvement d’Europe 3 qui donne aussi les textes
d’
Horace, et des poètes de l’ère moderne. L’Idylle de Moschos Une
142
ui donne aussi les textes d’Horace, et des poètes
de
l’ère moderne. L’Idylle de Moschos Une fois, Kypris envoya à Eu
143
orace, et des poètes de l’ère moderne. L’Idylle
de
Moschos Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. C’était l
144
L’Idylle de Moschos Une fois, Kypris envoya à
Europé
un doux songe. C’était l’heure où commence le troisième tiers de la n
145
e. C’était l’heure où commence le troisième tiers
de
la nuit et où l’aurore est proche, l’heure où le sommeil, plus doux q
146
songes véridiques ; alors, la fille encore vierge
de
Phoinix, Europé, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, cru
147
iques ; alors, la fille encore vierge de Phoinix,
Europé
, qui dormait dans sa chambre à l’étage supérieur, crut voir deux terr
148
oir deux terres se disputer à son sujet, la terre
d’
Asie et la terre d’en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une
149
disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre
d’
en face ; leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’
150
e et la terre d’en face ; leur aspect était celui
de
femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait
151
ect était celui de femmes. L’une avait les traits
d’
une étrangère ; l’autre ressemblait à une femme du pays ; elle s’attac
152
it mise au jour et que seule elle avait pris soin
d’
elle ; mais l’autre, la saisissant de force de ses mains puissantes, l
153
it pris soin d’elle ; mais l’autre, la saisissant
de
force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et
154
oin d’elle ; mais l’autre, la saisissant de force
de
ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât, et déclarai
155
lle résistât, et déclarait que, de par la volonté
de
Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Cell
156
déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur
d’
égide, il était décidé qu’Europé lui appartenait. Celle-ci se précipit
157
lonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’
Europé
lui appartenait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni de couve
158
nait. Celle-ci se précipita hors de son lit garni
de
couvertures ; elle avait peur, et son cœur palpitait ; car le songe q
159
intive : « Qui, des habitants du ciel, m’a envoyé
de
semblables visions ? Que signifient les songes, qui, planant dans ma
160
es songes, qui, planant dans ma chambre au-dessus
de
ma couche garnie de couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que
161
ant dans ma chambre au-dessus de ma couche garnie
de
couvertures, m’ont dressée tout émue, pendant que je dormais doucemen
162
angère que j’ai vue dans mon sommeil ? Quel désir
d’
elle a envahi mon âme ! Et elle, de son côté, avec quelle affection el
163
l ? Quel désir d’elle a envahi mon âme ! Et elle,
de
son côté, avec quelle affection elle me faisait accueil et me regarda
164
eva et alla chercher ses compagnes, nobles filles
de
son âge, nées la même année qu’elle, qui plaisaient à son cœur et éta
165
qu’elle se préparât pour prendre part à un chœur
de
danse, qu’elle baignât son corps à l’embouchure des rivières, ou qu’e
166
es fleurs ; elles gagnèrent les prairies voisines
de
la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel de leur troupe, charm
167
prairies voisines de la mer, qui étaient le lieu
de
réunion habituel de leur troupe, charmées par la beauté des roses et
168
e la mer, qui étaient le lieu de réunion habituel
de
leur troupe, charmées par la beauté des roses et par le bruit des flo
169
ar la beauté des roses et par le bruit des flots.
Europé
elle-même portait une corbeille d’or magnifique, admirable merveille,
170
des flots. Europé elle-même portait une corbeille
d’
or magnifique, admirable merveille, admirable travail d’Héphaistos ; i
171
agnifique, admirable merveille, admirable travail
d’
Héphaistos ; il l’avait donnée à Libye, quand elle était entrée dans l
172
it donnée à la toute belle Téléphaassa, qui était
de
son sang ; et Téléphaassa, mère d’Europé, avait remis ce superbe prés
173
présent à sa fille non mariée. L’objet était orné
de
beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait,
174
fille non mariée. L’objet était orné de beaucoup
d’
ouvrages d’orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io f
175
mariée. L’objet était orné de beaucoup d’ouvrages
d’
orfèvrerie brillant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inac
176
orné de beaucoup d’ouvrages d’orfèvrerie brillant
d’
un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille d’Inachos, dans le temps qu’
177
llant d’un vif éclat. Il y avait, en or, Io fille
d’
Inachos, dans le temps qu’elle était encore génisse et qu’elle n’avait
178
était encore génisse et qu’elle n’avait pas forme
de
femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins de la plaine salée, c
179
e femme ; vagabonde elle marchait sur les chemins
de
la plaine salée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite de métal
180
alée, comme si elle eût nagé ; la mer était faite
de
métal azuré. Haut placés, deux hommes se tenaient debout sur l’escarp
181
qui traversait la mer. Il y avait aussi Zeus fils
de
Cronos, effleurant doucement de la main la génisse fille d’Inachos, q
182
t aussi Zeus fils de Cronos, effleurant doucement
de
la main la génisse fille d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches
183
effleurant doucement de la main la génisse fille
d’
Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches, de vache cornue il transfo
184
lle d’Inachos, qu’auprès du Nil aux sept bouches,
de
vache cornue il transforma de nouveau en femme ; le cours du Nil étai
185
forma de nouveau en femme ; le cours du Nil était
d’
argent ; la vache, de bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Auto
186
emme ; le cours du Nil était d’argent ; la vache,
de
bronze ; quant à Zeus, il était fait en or. Autour de la corbeille ro
187
était représenté Hermès ; près de lui gisait tout
de
son long Argos, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Arg
188
; près de lui gisait tout de son long Argos, orné
d’
yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau
189
, orné d’yeux rebelles au sommeil ; du sang rouge
d’
Argos, surgissait un oiseau, fier de son plumage fleuri et multicolore
190
du sang rouge d’Argos, surgissait un oiseau, fier
de
son plumage fleuri et multicolore ; il déployait ses pennes — tel un
191
tel un navire qui fend rapidement les flots — et
de
ses pennes déployées couvrait les bords de la corbeille d’or. Telle é
192
s — et de ses pennes déployées couvrait les bords
de
la corbeille d’or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé.
193
nnes déployées couvrait les bords de la corbeille
d’
or. Telle était la corbeille de la toute belle Europé. Arrivées dans l
194
ds de la corbeille d’or. Telle était la corbeille
de
la toute belle Europé. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes fil
195
d’or. Telle était la corbeille de la toute belle
Europé
. Arrivées dans les prés fleuris, les jeunes filles se divertissaient
196
tissaient à chercher chacune telle ou telle sorte
de
fleur ; l’une prenait le narcisse odorant, une autre l’hyacinthe, cel
197
nes mains les roses resplendissantes à la couleur
de
flamme, attirait parmi elle les regards comme parmi les Charites la d
198
es regards comme parmi les Charites la déesse née
de
l’écume. Elle ne devait pas longtemps prendre plaisir à ces fleurs, n
199
tacte sa ceinture virginale. Aussitôt que le fils
de
Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les tra
200
le. Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue,
de
quel vertige saisi il fut dompté par les traits imprévus de Kypris, s
201
rtige saisi il fut dompté par les traits imprévus
de
Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois év
202
par les traits imprévus de Kypris, seule capable
de
dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux de la ja
203
s lui-même ! Voulant à la fois éviter le courroux
de
la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit u
204
roux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf
de
la jeune fille, il mit un masque au dieu, transforma sa personne, se
205
ptés par l’aiguillon, traînent des chars porteurs
de
lourds fardeaux. Tout son corps était de couleur blonde, à l’exceptio
206
porteurs de lourds fardeaux. Tout son corps était
de
couleur blonde, à l’exception d’un cercle blanc pur qui brillait au m
207
son corps était de couleur blonde, à l’exception
d’
un cercle blanc pur qui brillait au milieu de son front ; ses yeux, de
208
us, étincelaient et lançaient des éclairs chargés
d’
amour ; ses cornes s’élevaient, l’une en face de l’autre, égales au-de
209
aient, l’une en face de l’autre, égales au-dessus
de
sa tête, pareille au croissant demi-circulaire de la lune cornue. Il
210
de sa tête, pareille au croissant demi-circulaire
de
la lune cornue. Il vint dans la prairie, et son apparition n’effraya
211
les jeunes filles ; toutes furent prises du désir
de
s’approcher, de toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répa
212
s ; toutes furent prises du désir de s’approcher,
de
toucher le joli animal, dont la divine odeur, se répandant au loin, d
213
pandant au loin, dominait même le souffle embaumé
de
la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable Europé ; il lui lécha
214
e la prée. Il s’arrêta en face de l’irréprochable
Europé
; il lui lécha le cou, et la jeune fille fut sous le charme. Elle le
215
le charme. Elle le caressait, essuyait doucement
de
ses mains l’écume qui lui tombait, abondante, de la bouche ; et au ta
216
de ses mains l’écume qui lui tombait, abondante,
de
la bouche ; et au taureau elle donna un baiser. Lui, poussa un tendre
217
aurait cru entendre résonner le chant harmonieux
de
la flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds d’Europé ; tournant
218
la flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds
d’
Europé ; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large do
219
a flûte mygdonnienne. Il s’agenouilla aux pieds d’
Europé
; tournant le col, il la regardait et lui montrait son large dos. Ell
220
es tresses : « Venez, chères compagnes, compagnes
de
mon âge, asseyons-nous sur ce taureau, pour notre divertissement ; à
221
lles allaient en faire autant ; mais il se releva
d’
un bond, enlevant celle qu’il voulait, et gagna rapidement la mer. Eur
222
celle qu’il voulait, et gagna rapidement la mer.
Europé
, se retournant en arrière, appelait ses compagnes et leur tendait les
223
s poissons, alentour, s’ébattaient devant les pas
de
Zeus ; le dauphin, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l
224
taient devant les pas de Zeus ; le dauphin, sorti
de
l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus de l’eau qui s’enflait. Les Néré
225
in, sorti de l’abîme, cabriolait joyeux au-dessus
de
l’eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond de l’onde, et, as
226
eau qui s’enflait. Les Néréides surgirent du fond
de
l’onde, et, assises sur le dos de poissons, défilaient en cortège ; à
227
rgirent du fond de l’onde, et, assises sur le dos
de
poissons, défilaient en cortège ; à la surface des flots, qu’il gouve
228
ui s’assemblaient les tritons, bruyants musiciens
de
la mer ; soufflant dans de longs coquillages, ils faisaient retentir
229
ns, bruyants musiciens de la mer ; soufflant dans
de
longs coquillages, ils faisaient retentir le chant nuptial. Assise su
230
chant nuptial. Assise sur le dos du taureau Zeus,
Europé
, d’une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle ma
231
ptial. Assise sur le dos du taureau Zeus, Europé,
d’
une main, serrait la grande corne de la bête ; de l’autre, elle mainte
232
Zeus, Europé, d’une main, serrait la grande corne
de
la bête ; de l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de s
233
d’une main, serrait la grande corne de la bête ;
de
l’autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré de sa robe, pour
234
autre, elle maintenait contre elle le pli pourpré
de
sa robe, pour éviter que, traînant derrière elle, il ne fût mouillé p
235
rrière elle, il ne fût mouillé par l’onde immense
de
la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’Europé se gonfla en un
236
e de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos
d’
Europé se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et
237
de la mer blanchissante. Aux épaules, le péplos d’
Europé
se gonfla en une poche profonde, comme la voile d’un navire, et allég
238
é se gonfla en une poche profonde, comme la voile
d’
un navire, et allégeait le poids de la jeune fille. Déjà elle était lo
239
comme la voile d’un navire, et allégeait le poids
de
la jeune fille. Déjà elle était loin de la terre natale ; il n’y avai
240
bas la mer sans limites. Alors, promenant autour
d’
elle ses regards, elle fit entendre ces mots : « Où m’emportes-tu, tau
241
s à fendre les flots ; mais les taureaux ont peur
de
la voie marine. Quelle boisson capable de te plaire, quelle nourritur
242
nt peur de la voie marine. Quelle boisson capable
de
te plaire, quelle nourriture trouves-tu dans l’onde salée ? Sans dout
243
je pense, tu vas t’élever aussi dans les hauteurs
de
l’air étincelant et tu voleras comme les oiseaux rapides. Hélas, gran
244
est mon infortune, à moi qui ai quitté la demeure
de
mon père, et, suivant ce taureau, accomplis une étrange navigation, e
245
gation, errante et solitaire. Mais toi, souverain
de
la mer blanchissante, branleur de la terre, montre-toi pour moi bienv
246
toi, souverain de la mer blanchissante, branleur
de
la terre, montre-toi pour moi bienveillant, toi qu’il me semble voir
247
me tracer la route. Ce n’est pas sans le vouloir
d’
un dieu que je suis ces humides chemins. » Elle dit ; et le taureau au
248
ssure-toi, jeune fille ; ne crains pas les vagues
de
la mer ; je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air d’ê
249
s de la mer ; je suis Zeus en personne, bien que,
de
près, j’aie l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance de paraî
250
Zeus en personne, bien que, de près, j’aie l’air
d’
être un taureau ; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C
251
l’air d’être un taureau ; il est en ma puissance
de
paraître ce que je veux. C’est mon amour pour toi qui m’a poussé à pa
252
parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect
d’
un taureau. Mais la Crète te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-mêm
253
e se célébreront tes noces. Et je te rendrai mère
de
nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs de sceptre.
254
fils, qui tous, parmi les hommes, seront porteurs
de
sceptre. » Il dit ; et ce qu’il avait dit était chose accomplie. Déjà
255
Zeus reprenait sa figure ; il détacha la ceinture
d’
Europé ; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge
256
us reprenait sa figure ; il détacha la ceinture d’
Europé
; les Heures lui préparaient une couche ; elle qui était vierge aupar
257
it vierge auparavant, sans tarder devint l’épouse
de
Zeus ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils de Cronos, et dev
258
us ; sans tarder, elle conçut des enfants du fils
de
Cronos, et devint mère. C’est sans nul doute le songe du début de l’
259
int mère. C’est sans nul doute le songe du début
de
l’Idylle qui contient, pour nous tout au moins, la véritable signific
260
ation du mythe ; ces deux terres qui se disputent
Europe
, « la terre d’Asie et la terre d’en face », le continent civilisé et
261
s deux terres qui se disputent Europe, « la terre
d’
Asie et la terre d’en face », le continent civilisé et celui qui n’a p
262
e disputent Europe, « la terre d’Asie et la terre
d’
en face », le continent civilisé et celui qui n’a pas de nom, qui veut
263
ace », le continent civilisé et celui qui n’a pas
de
nom, qui veut un nom et un esprit, et qui va l’arracher par la violen
264
l’arracher par la violence, mais non sans l’aide
de
Zeus lui-même. Selon la plupart des commentateurs récents du Mythe, d
265
ait en somme une manifestation locale et poétique
de
la Grande Déesse, dont le culte dominait le Proche-Orient et la Médit
266
Un autre érudit, le poète Robert Graves5, traduit
Europe
par « large face » et y voit un symbole lunaire, tandis que Zeus et l
267
deux solaires par excellence. Dans les deux cas,
Europe
reste le nom d’une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée
268
cellence. Dans les deux cas, Europe reste le nom
d’
une puissance féminine enlevée à l’Asie, puis fécondée par le dieu mâl
269
l’Olympe des Grecs continentaux : le grand masque
d’
or retrouvé sous les ruines de Mycènes, un Zeus solaire contemporain d
270
x : le grand masque d’or retrouvé sous les ruines
de
Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin de la Crète et de son
271
e Mycènes, un Zeus solaire contemporain du déclin
de
la Crète et de son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la f
272
eus solaire contemporain du déclin de la Crète et
de
son culte de la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissanc
273
ontemporain du déclin de la Crète et de son culte
de
la Grande Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’Europe
274
e Mère, éclaire et reflète à la fois la naissance
de
l’Europe historique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’
275
e, éclaire et reflète à la fois la naissance de l’
Europe
historique. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse d’une civil
276
ue. Ainsi le mythe traduit la mutation religieuse
d’
une civilisation venue du Proche-Orient sur l’obscur continent occiden
277
bscur continent occidental, qui va prendre le nom
de
sa précieuse proie. Nous ne donnerons pas ici d’autres versions fameu
278
s ne donnerons pas ici d’autres versions fameuses
de
l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle de Diodore : elles ne font qu’im
279
d’autres versions fameuses de l’Enlèvement, celle
d’
Ovide et celle de Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle de Mosch
280
fameuses de l’Enlèvement, celle d’Ovide et celle
de
Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle de Moschos, que nous avon
281
le de Diodore : elles ne font qu’imiter le modèle
de
Moschos, que nous avons tenu à citer en entier parce qu’il figure en
282
parce qu’il figure en quelque sorte l’étymologie
d’
une tradition de l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de
283
ure en quelque sorte l’étymologie d’une tradition
de
l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits de cette gracieuse
284
l’Art qui traversera les siècles. Mais les traits
de
cette gracieuse allégorie décorative — le songe du début mis à part —
285
aucune réalité historique ou psychologique. Rien
de
commun entre l’Idylle et le drame de l’Europe dans l’histoire à venir
286
ogique. Rien de commun entre l’Idylle et le drame
de
l’Europe dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace.
287
e. Rien de commun entre l’Idylle et le drame de l’
Europe
dans l’histoire à venir. Il n’en va pas de même avec Horace. Bien qu’
288
dans l’émouvante et solennelle apostrophe finale
de
Vénus : … bene ferre magnum Disce fortunam ; tua sectus orbis Nomina
289
rtunam ; tua sectus orbis Nomina ducet. L’ode
d’
Horace À Galatée Ainsi Europe confia au taureau séducteur son flan
290
ina ducet. L’ode d’Horace À Galatée Ainsi
Europe
confia au taureau séducteur son flanc de neige, Europe, devant les mo
291
insi Europe confia au taureau séducteur son flanc
de
neige, Europe, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges
292
e confia au taureau séducteur son flanc de neige,
Europe
, devant les monstres pullulant sur la mer et les pièges qui l’environ
293
r la mer et les pièges qui l’environnaient, pâlit
de
son audace. Elle qui, naguère dans les prés, n’était occupée que des
294
uée aux nymphes, maintenant, à la clarté douteuse
de
la nuit, elle ne voit rien que les astres et les flots. Mais dès qu’e
295
e aux Cent villes : « Ô mon père, dit-elle, ô nom
de
fille que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire ! D’où suis-je
296
que j’ai trahi, ô piété qu’a vaincue mon délire !
D’
où suis-je venue, et où ? Une seule mort est trop légère pour la faute
297
onteux ? ou bien, sans reproche, suis-je le jouet
d’
une image Dont le vol trompeur, par la porte d’ivoire, m’amène un son
298
t d’une image Dont le vol trompeur, par la porte
d’
ivoire, m’amène un songe ? Valait-il mieux s’en aller à travers les fl
299
colère, ce taureau qui me déshonore, je voudrais,
de
toutes mes forces, déchirer, briser avec le fer les cornes du monstre
300
ant qu’une affreuse maigreur n’ait envahi l’éclat
de
mes joues, que cette proie, tendre et pleine de sève, se soit desséch
301
t de mes joues, que cette proie, tendre et pleine
de
sève, se soit desséchée, je veux belle encore, nourrir les tigres. Mé
302
veux belle encore, nourrir les tigres. Méprisable
Europe
! ton père absent te presse : que tardes-tu à mourir ? Tu peux, à cet
303
pide, à moins que tu n’aimes mieux filer ta tâche
d’
esclave. Toi, le sang des rois, livrée à une maîtresse des pays barbar
304
barbares. » Ainsi elle se lamentait, mais à côté
d’
elle se tenait Vénus, souriant malignement, et son fils, l’arc détendu
305
déesse se fut assez divertie : « Trêve, dit-elle,
de
colères et de bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra t
306
assez divertie : « Trêve, dit-elle, de colères et
de
bouillantes querelles, quand l’odieux taureau viendra te donner ses c
307
ornes à déchirer. Tu es, sans le savoir, la femme
de
l’invincible Jupiter. Laisse là les sanglots, apprends à bien porter
308
nce, qui sera suivi par saint Jérôme, s’efforcent
d’
en évacuer le merveilleux : Europe fut enlevée par les Crétois dans u
309
érôme, s’efforcent d’en évacuer le merveilleux :
Europe
fut enlevée par les Crétois dans un navire dont l’insigne était un ta
310
n deux lignes le récit primitif : il l’introduira
de
la sorte, grâce au succès durable de ses Étymologies, dans les écoles
311
l’introduira de la sorte, grâce au succès durable
de
ses Étymologies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactan
312
ogies, dans les écoles du Moyen Âge. À l’inverse
de
Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu reli
313
écoles du Moyen Âge. À l’inverse de Lactance et
de
Jérôme, qui avaient privé le mythe de son contenu religieux païen, le
314
Lactance et de Jérôme, qui avaient privé le mythe
de
son contenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois de lui rendre
315
ntenu religieux païen, le Moyen Âge tente parfois
de
lui rendre un contenu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil, d
316
enu religieux chrétien, un peu comme Simone Weil,
de
nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui de Prométhée notamment
317
de nos jours, le fera pour d’autres mythes, celui
de
Prométhée notamment. En voici un exemple touchant : le moine Pierre B
318
que la Crète serait la vie contemplative. Le rapt
d’
Europe symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éterne
319
e la Crète serait la vie contemplative. Le rapt d’
Europe
symbolise à ses yeux le passage de l’âme du temporel à l’éternel : C
320
Le rapt d’Europe symbolise à ses yeux le passage
de
l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle Europe signifie l’âme…
321
de l’âme du temporel à l’éternel : Cette pucelle
Europe
signifie l’âme… Jupiter signifie le fils de Dieu qui pour sauver l’âm
322
e Europe signifie l’âme… Jupiter signifie le fils
de
Dieu qui pour sauver l’âme se mua en taureau, c’est-à-dire qu’il prit
323
corporelle en prenant l’humaine chair. Comme l’un
de
nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein de tribulations… l’
324
nous il vint demeurer en ce monde terrestre plein
de
tribulations… l’âme dévote doit le suivre et se tenir à lui comme à u
325
n « ne représente pas mal à propos le naturel des
Européens
». Il croit moins à la fable divine qu’à la possible valeur ethnograp
326
mythe : Aucuns, méprisants ces fables la disent (
Europe
) avoir été ravie et enlevée en un navire, portant en proue la figure
327
enlevée en un navire, portant en proue la figure
d’
un taureau. Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie de Jupin
328
Et aucuns reconnaissent la nef, portant l’effigie
de
Jupin tutélaire et du taureau. Palephatus dit qu’un Candiot nommé Tau
329
Palephatus dit qu’un Candiot nommé Taurus enleva
d’
Italie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles, Europe fille du ro
330
alie ou région des Tyrrhènes, avec autres filles,
Europe
fille du roi prisonnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion d
331
nnière. Y en a qui disent, qu’il y eut une légion
de
gens de guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelqu
332
Y en a qui disent, qu’il y eut une légion de gens
de
guerre, qui portait entre autres enseignes un taureau. Quelques-uns d
333
appelée, à cause de sa beauté par la ressemblance
de
cette fille ravie. Le taureau, certes, par lequel ils veulent qu’Euro
334
ie. Le taureau, certes, par lequel ils veulent qu’
Europe
fût portée, ne représente pas mal à propos les mœurs et naturel des E
335
résente pas mal à propos les mœurs et naturel des
Européens
. Il est d’un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
336
propos les mœurs et naturel des Européens. Il est
d’
un courage un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes, de couleur
337
e un peu élevé, insolent, embelli par ses cornes,
de
couleur blanche, d’un gosier large, d’un col gras, guide et commandeu
338
lent, embelli par ses cornes, de couleur blanche,
d’
un gosier large, d’un col gras, guide et commandeur des haras ; de trè
339
es cornes, de couleur blanche, d’un gosier large,
d’
un col gras, guide et commandeur des haras ; de très grande continence
340
e, d’un col gras, guide et commandeur des haras ;
de
très grande continence, mais s’il est amené à sexe dissemblable, il s
341
est amené à sexe dissemblable, il se montre être
de
chaleur extrême, toutefois en après chaste et modéré. Tel est quasi l
342
ès chaste et modéré. Tel est quasi le naturel des
Européens
, nommément les plus Septentrionaux. Dès la Renaissance, cependant, l
343
rd, André Chénier, Victor Hugo, en font une sorte
d’
exercice de description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hug
344
hénier, Victor Hugo, en font une sorte d’exercice
de
description, dans le style de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ou
345
ne sorte d’exercice de description, dans le style
de
l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la
346
e de l’Idylle antique. Citons Hugo : Un ouvrier
d’
Égine a sculpté sur la plinthe Europe dont un dieu n’écoute pas la p
347
: Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plinthe
Europe
dont un dieu n’écoute pas la plainte Le taureau blanc l’emporte. Eu
348
oute pas la plainte Le taureau blanc l’emporte.
Europe
, sans espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir L’O
349
espoir, Crie, et baissant les yeux, s’épouvante
de
voir L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses. Seul, Leconte d
350
eul, Leconte de Lisle retrouve un peu de l’accent
d’
Horace, dans le discours qu’il attribue à Zeus lui-même, non plus à Vé
351
iques Où tu célébreras ton hymen glorieux. Et
de
toi sortiront des Enfants héroïques Qui régiront la terre et devien
352
Entre le mythe primitif et la réalité — le drame
de
l’Europe dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui s
353
e le mythe primitif et la réalité — le drame de l’
Europe
dans l’histoire — ces poètes ont mis toute la distance qui sépare l’a
354
toute la distance qui sépare l’archétype profond
de
la littérature décorative. Revenons au réel, c’est-à-dire à la relati
355
ythe, l’évolution religieuse qu’il symbolise et l’
Europe
naissant à l’histoire. Un de nos grands historiens contemporains, G.
356
l symbolise et l’Europe naissant à l’histoire. Un
de
nos grands historiens contemporains, G. de Reynold, nous y aidera mie
357
. de Reynold, nous y aidera mieux que personne :
Europe
nous est venue d’Asie, mère de toutes les grandes religions, génératr
358
idera mieux que personne : Europe nous est venue
d’
Asie, mère de toutes les grandes religions, génératrice de tous les gr
359
ue personne : Europe nous est venue d’Asie, mère
de
toutes les grandes religions, génératrice de tous les grands mythes.
360
mère de toutes les grandes religions, génératrice
de
tous les grands mythes. Europe est une des formes prises par le premi
361
religions, génératrice de tous les grands mythes.
Europe
est une des formes prises par le premier de ces mythes, par le panthé
362
. Europe est une des formes prises par le premier
de
ces mythes, par le panthéisme primitif et informe : l’adoration de la
363
r le panthéisme primitif et informe : l’adoration
de
la terre et de la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers
364
primitif et informe : l’adoration de la terre et
de
la fécondité, la Grande Mère où tout est un et divers à la fois. Dès
365
rencontre avec une intense vie maritime, une vie
de
piraterie et de commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il
366
une intense vie maritime, une vie de piraterie et
de
commerce, de conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel
367
ie maritime, une vie de piraterie et de commerce,
de
conflits et d’échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’o
368
e vie de piraterie et de commerce, de conflits et
d’
échanges, une vie dont il se colore à tel point que l’on a longtemps c
369
olore à tel point que l’on a longtemps cru facile
de
l’expliquer par l’histoire et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le
370
e et par les mœurs. Sitôt méditerranéen, le mythe
Europe
passe en Crète. Il y devient le symbole de toute une civilisation int
371
he Europe passe en Crète. Il y devient le symbole
de
toute une civilisation intermédiaire entre la Grèce et l’Asie. État p
372
colonisateur, la Crète des Minos répand le culte
d’
Europe associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce cont
373
olonisateur, la Crète des Minos répand le culte d’
Europe
associé à celui de Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continenta
374
es Minos répand le culte d’Europe associé à celui
de
Zeus dans le monde égéen, dans la Grèce continentale. Et voici le mom
375
par une remise en place des valeurs qui est déjà
européenne
. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée
376
valeurs qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’
Europe
? Europe est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu
377
qui est déjà européenne. Qu’est-ce que l’Europe ?
Europe
est venue d’Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord.
378
péenne. Qu’est-ce que l’Europe ? Europe est venue
d’
Asie. Elle a été enlevée à l’Orient par un dieu du Nord. […] Zeus-Jupi
379
rs le dieu par excellence, le principe, la racine
de
tout le polythéisme grec. Il maintient l’unité entre toutes ces divin
380
lution durant laquelle les énergies élémentaires,
d’
hypostase en hypostase, sont arrivées à se concrétiser, à s’humaniser.
381
e Zeus apparaît le dieu-homme dont la mission est
de
dominer le monde et de le gouverner, afin que les hommes puissent y v
382
-homme dont la mission est de dominer le monde et
de
le gouverner, afin que les hommes puissent y vivre. Il prendra pour p
383
son ; mais il l’absorbera en soi, dans la crainte
d’
en avoir un fils plus fort que lui-même, et il engendrera par la tête
384
Junon, sera la morale. Ces mythes ne font-ils pas
de
lui le symbole de la grande civilisation génératrice de toute la civi
385
ale. Ces mythes ne font-ils pas de lui le symbole
de
la grande civilisation génératrice de toute la civilisation européenn
386
le symbole de la grande civilisation génératrice
de
toute la civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’Europe e
387
civilisation génératrice de toute la civilisation
européenne
? Au culte de Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manife
388
ce de toute la civilisation européenne ? Au culte
de
Zeus, celui d’Europe est associé, mais comme une manifestation second
389
civilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui
d’
Europe est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment v
390
vilisation européenne ? Au culte de Zeus, celui d’
Europe
est associé, mais comme une manifestation secondaire. Comment va-t-il
391
rd, se répandre peu à peu dans l’Hellade entière.
De
Crète, il prend trois directions : vers Corinthe, la Thessalie, puis,
392
avers la Thrace, jusqu’à la partie septentrionale
de
l’Asie Mineure — vers la Béotie, la Locride, la Phocide, jusque dans
393
Phocide, jusque dans cette Épire montagneuse dont
Europe
sera l’éponyme — ; enfin, par les îles et le long des côtes, jusque d
394
es et phéniciennes où le mythe retrouve son point
de
départ. Cependant, les légendes et les traditions s’embrouillent, se
395
odote : livre IV, dédié à Melpomène. 3. Éditions
de
la Baconnière, Neuchâtel, 1946, 32 illustrations. 4. W. Technau, Di
396
auf dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation
de
l’Europe, tome I, LUF, Fribourg, 1944, et par Jürgen Fischer, Oriens,
397
dem Stier, cité par G. de Reynold, Formation de l’
Europe
, tome I, LUF, Fribourg, 1944, et par Jürgen Fischer, Oriens, Occidens
398
r, Oriens, Occidens, Europa-Begriff und Gedanke «
Europa
» in der späten Antike und im früher Mittelalter, Franz Steiner Verla
399
iner Verlag, Wiesbaden, 1957. Ce dernier ouvrage,
d’
une très vivante et précise érudition, donne la bibliographie la plus
400
Notons que cette interprétation « rationaliste »
de
saint Jérôme était déjà celle d’Hérodote — évhémériste avant lettre —
401
« rationaliste » de saint Jérôme était déjà celle
d’
Hérodote — évhémériste avant lettre — qui écrit dans son premier livre
402
en Phénicie, à Tyr, et ravirent la fille du roi,
Europe
; ce pouvaient être des Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formati
403
s Crétois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation
de
l’Europe, I, p. 112, 110, 111.
404
tois. » 7. Gonzague de Reynold,La Formation de l’
Europe
, I, p. 112, 110, 111.
405
III. Le Mythe
de
Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt d’Europe se trouve tr
406
e Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt
d’
Europe se trouve traduire les grandes données ethnographiques et histo
407
Japhet8 S’il reste vrai que le mythe du rapt d’
Europe
se trouve traduire les grandes données ethnographiques et historiques
408
es grandes données ethnographiques et historiques
de
la formation de l’Europe, c’est à un autre mythe, bien moins connu, q
409
es ethnographiques et historiques de la formation
de
l’Europe, c’est à un autre mythe, bien moins connu, que nous devons a
410
hnographiques et historiques de la formation de l’
Europe
, c’est à un autre mythe, bien moins connu, que nous devons attribuer
411
s connu, que nous devons attribuer la persistance
d’
un concept de l’Europe comme continent distinct, même aux époques où l
412
nous devons attribuer la persistance d’un concept
de
l’Europe comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europ
413
devons attribuer la persistance d’un concept de l’
Europe
comme continent distinct, même aux époques où le nom d’Europe n’éveil
414
me continent distinct, même aux époques où le nom
d’
Europe n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographi
415
continent distinct, même aux époques où le nom d’
Europe
n’éveillait plus, dans les esprits, que la seule idée géographique d’
416
dans les esprits, que la seule idée géographique
d’
une des trois grandes régions de l’univers alors connu. C’est à la Bib
417
idée géographique d’une des trois grandes régions
de
l’univers alors connu. C’est à la Bible, interprétée par les premiers
418
l’Église, qu’entend remonter, dès le ive siècle
de
notre ère, cette tradition indépendante de la Grèce : nous l’appeller
419
siècle de notre ère, cette tradition indépendante
de
la Grèce : nous l’appellerons le Mythe de Japhet. Selon saint Ambrois
420
endante de la Grèce : nous l’appellerons le Mythe
de
Japhet. Selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils de Noé, Sem,
421
Selon saint Ambroise (né en 340), les trois fils
de
Noé, Sem, Cham et Japhet, ont reçu en partage les trois parties du mo
422
de que sont respectivement l’Asie, l’Afrique et l’
Europe
. Cette tripartition mythique de la terre domine toute la géographie d
423
’Afrique et l’Europe. Cette tripartition mythique
de
la terre domine toute la géographie du Moyen Âge. Elle se fonde sur l
424
oyen Âge. Elle se fonde sur les chapitres 9 et 10
de
la Genèse, qui racontent comment les fils de Noé au sortir de l’Arche
425
t 10 de la Genèse, qui racontent comment les fils
de
Noé au sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre de remplir to
426
nt les fils de Noé au sortir de l’Arche, reçurent
de
leur père l’ordre de remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne
427
sortir de l’Arche, reçurent de leur père l’ordre
de
remplir toute la terre de leur postérité. Ils ne furent pas traités é
428
nt de leur père l’ordre de remplir toute la terre
de
leur postérité. Ils ne furent pas traités également, car Sem et Japhe
429
lement, car Sem et Japhet ayant couvert la nudité
de
Noé ivre furent seuls bénis par lui : Béni soit l’Éternel, Dieu de Se
430
soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan (fils
de
Cham) soit leur esclave ! Que Dieu étende les possessions de Japhet,
431
it leur esclave ! Que Dieu étende les possessions
de
Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur
432
ssessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes
de
Sem, et que Canaan soit leur esclave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambro
433
ave ! (Gen. 9, 26 et 27). Pour Ambroise, les fils
de
Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents »,
434
). Pour Ambroise, les fils de Sem sont bons, ceux
de
Cham mauvais, ceux de Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, «
435
fils de Sem sont bons, ceux de Cham mauvais, ceux
de
Japhet « indifférents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens de
436
ents », c’est-à-dire païens, « attachés aux biens
de
ce monde », mais capables de se convertir. Les commentateurs des sièc
437
« attachés aux biens de ce monde », mais capables
de
se convertir. Les commentateurs des siècles suivants comme Paul Orose
438
e Brescia reprennent et précisent la tripartition
d’
Ambroise. Pour saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples de l’O
439
saint Augustin, Japhet est l’ancêtre des peuples
de
l’Occident, qui comprend l’Europe et l’Afrique, tandis que Sem est l’
440
ancêtre des peuples de l’Occident, qui comprend l’
Europe
et l’Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples de l’Orient. A
441
Afrique, tandis que Sem est l’ancêtre des peuples
de
l’Orient. Augustin voit dans Genèse 9, 27 une prophétie, « prophetica
442
benedictio », et l’interprète ainsi : les tentes
de
Sem représentent l’Église ; Japhet, par sa postérité « s’étendra » ju
443
, par sa postérité « s’étendra » jusqu’au domaine
de
Sem, donc les peuples de l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mo
444
endra » jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples
de
l’Europe se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent to
445
» jusqu’au domaine de Sem, donc les peuples de l’
Europe
se convertiront au vrai Dieu. Le mot sur lequel insistent tous ces ex
446
e latitudo, largeur, expansion. Ainsi l’expansion
de
l’Empire romain en Europe et dans tout l’orbis terrarum connu à l’épo
447
xpansion. Ainsi l’expansion de l’Empire romain en
Europe
et dans tout l’orbis terrarum connu à l’époque, a pré-formé, selon Is
448
pré-formé, selon Isidore de Séville, l’expansion
de
l’Église chrétienne. Le concept d’Europe reçoit ainsi un contenu reli
449
e, l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept
d’
Europe reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu g
450
l’expansion de l’Église chrétienne. Le concept d’
Europe
reçoit ainsi un contenu religieux en même temps qu’un contenu géograp
451
ographique. Isidore fait entrer dans la postérité
de
Japhet les Cappadociens, Ciliciens, Ioniens, Thraces, Gaulois et Espa
452
es, Gaulois et Espagnols. « Tels sont les peuples
de
la lignée de Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à
453
t Espagnols. « Tels sont les peuples de la lignée
de
Japhet, qui, du mont Taurus dans l’Asie médiane jusqu’à l’Océan Brita
454
e jusqu’à l’Océan Britannique posséderont toute l’
Europe
(omnem Europam). » Jürgen Fischer cite une douzaine d’auteurs du ve
455
mnem Europam). » Jürgen Fischer cite une douzaine
d’
auteurs du ve au xve siècles, qui rattachent à Japhet et à ses 23 ou
456
s diverses « nations » ou familles qui peuplent l’
Europe
, avec leurs langues distinctes. Relevons en passant que certains de c
457
gues distinctes. Relevons en passant que certains
de
ces auteurs divisent le genre humain en trois classes : Les hommes li
458
humain en trois classes : Les hommes libres, fils
de
Sem, les soldats, fils de Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il
459
Les hommes libres, fils de Sem, les soldats, fils
de
Japhet, et les esclaves, fils de Cham. « Il n’est certes pas démontra
460
es soldats, fils de Japhet, et les esclaves, fils
de
Cham. « Il n’est certes pas démontrable, mais possible, que la relati
461
mais possible, que la relation entre Japhet et l’
Europe
se soit vue confirmée dans l’esprit de ces auteurs par la traduction
462
t et l’Europe se soit vue confirmée dans l’esprit
de
ces auteurs par la traduction en grec de l’allégorie (biblique) : au
463
l’esprit de ces auteurs par la traduction en grec
de
l’allégorie (biblique) : au latin latus (large, étendu) correspond le
464
nt dérive la forme poétique europos, assimilée à “
Europe
” par homophonie. »9 Un lien — problématique, il est vrai, et proche
465
tabli entre la Genèse et la mythologie grecque. L’
Europe
ferait partie de l’économie du salut, serait donc un concept acceptab
466
et la mythologie grecque. L’Europe ferait partie
de
l’économie du salut, serait donc un concept acceptable aux yeux des P
467
oncept acceptable aux yeux des Pères. Et le mythe
de
Japhet, ainsi interprété, exprimerait assez bien l’état du continent
468
z bien l’état du continent dans la seconde moitié
de
notre premier millénaire : ce mélange originellement « indifférent »
469
ement « indifférent » (à l’égard de la vraie foi)
de
païens et de convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le n
470
férent » (à l’égard de la vraie foi) de païens et
de
convertis toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’Europe.
471
toujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom
d’
Europe. 8. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op.
472
oujours plus nombreux, qui porte en bloc le nom d’
Europe
. 8. Nous suivons ici la démonstration de Jürgen Fischer, op. cit.,
473
d’Europe. 8. Nous suivons ici la démonstration
de
Jürgen Fischer, op. cit., p. 10 à 19 : « Die Japhet-Historie ». 9.
474
IV. Cadmus ou la quête
d’
Europe Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination
475
IV. Cadmus ou la quête d’
Europe
Relevons enfin un autre point de contact ou de contamination entre
476
la quête d’Europe Relevons enfin un autre point
de
contact ou de contamination entre les deux mythes, le grec et le bibl
477
ope Relevons enfin un autre point de contact ou
de
contamination entre les deux mythes, le grec et le biblique. Agénor,
478
, le grec et le biblique. Agénor, roi de Tyr venu
d’
Égypte pour habiter le pays de Canaan, est le père de cinq fils et d’u
479
or, roi de Tyr venu d’Égypte pour habiter le pays
de
Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille : Europe. Cette derni
480
gypte pour habiter le pays de Canaan, est le père
de
cinq fils et d’une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée p
481
er le pays de Canaan, est le père de cinq fils et
d’
une fille : Europe. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau di
482
Canaan, est le père de cinq fils et d’une fille :
Europe
. Cette dernière ayant été enlevée par le taureau divin (ou par le roi
483
in (ou par le roi de Crète Taurus), les cinq fils
d’
Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre de leur père. Comme ils ign
484
fils d’Agénor partent à sa recherche, sur l’ordre
de
leur père. Comme ils ignorent où est allé le taureau, ils prennent ch
485
future Carthage, où il donne son nom aux Punici (
de
Poeni) puis revient en Canaan, qui sera rebaptisé Phénicie en son hon
486
eus aux Dardanelles, Thasus à Olympie puis à Pile
de
Thasos. Enfin Cadmus, le plus célèbre des cinq frères va d’abord à Rh
487
inq frères va d’abord à Rhodes, puis en Thrace et
de
là, à Delphes. Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera Europ
488
Il interroge l’oracle pour savoir où il trouvera
Europe
. La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et de suivre plutôt u
489
ir où il trouvera Europe. La Pythie lui conseille
d’
abandonner sa Quête, et de suivre plutôt une vache : là où cette vache
490
La Pythie lui conseille d’abandonner sa Quête, et
de
suivre plutôt une vache : là où cette vache tombera de fatigue, Cadmu
491
ivre plutôt une vache : là où cette vache tombera
de
fatigue, Cadmus devra bâtir une ville. Il achète donc une vache marqu
492
bâtir une ville. Il achète donc une vache marquée
d’
une pleine lune blanche sur chaque flanc, la chasse devant lui sans ré
493
’effondre, épuisée, au lieu où s’élèvera la ville
de
Thèbes. On voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe de légen
494
era la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête
d’
Europe — selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausania
495
a la ville de Thèbes. On voit donc que la Quête d’
Europe
— selon ce groupe de légendes rapportées notamment par Pausanias — se
496
voit donc que la Quête d’Europe — selon ce groupe
de
légendes rapportées notamment par Pausanias — se confond avec les voy
497
ien, dès ces débuts fabuleux, il paraît difficile
de
« retrouver Europe » ! C’est la poursuite de son image mythique qui f
498
buts fabuleux, il paraît difficile de « retrouver
Europe
» ! C’est la poursuite de son image mythique qui fait découvrir aux c
499
cile de « retrouver Europe » ! C’est la poursuite
de
son image mythique qui fait découvrir aux cinq frères sa réalité géog
500
ères sa réalité géographique. Voilà qui est plein
d’
enseignements. Rechercher l’Europe, c’est la faire ! En d’autres terme
501
Voilà qui est plein d’enseignements. Rechercher l’
Europe
, c’est la faire ! En d’autres termes : c’est la recherche qui la crée
502
en Chnas, qui apparaît dans la Genèse sous le nom
de
Canaan. Nombre de coutumes cananéennes indiquent une provenance est-a
503
raît dans la Genèse sous le nom de Canaan. Nombre
de
coutumes cananéennes indiquent une provenance est-africaine, et les C
504
Basse-Égypte de l’Ouganda. La dispersion des fils
d’
Agénor semble rappeler la fuite vers l’ouest des Cananéens, au second
505
Sémites. On se rappelle que Canaan était ce fils
de
Cham promis à l’esclavage. Ainsi le mythe japhétique et le mythe gréc
506
t au moins en ce point, non sans qu’il en résulte
de
nouvelles incertitudes et complexités, puisque Europe descendrait ain
507
de nouvelles incertitudes et complexités, puisque
Europe
descendrait ainsi de Cham selon la légende classique et son interprét
508
et complexités, puisque Europe descendrait ainsi
de
Cham selon la légende classique et son interprétation phénicienne, ta
509
elon la tradition biblique, c’est aux descendants
de
Japhet qu’aurait été promis le continent occidental. Mais que penser
510
it à son tour) entre le Japhet de la Genèse, fils
de
Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et don
511
le Japhet de la Genèse, fils de Noé, et le Japet
de
la mythologie, ce Titan père de Prométhée, et donc grand-père de Deuc
512
Noé, et le Japet de la mythologie, ce Titan père
de
Prométhée, et donc grand-père de Deucalion qui fut précisément le Noé
513
des signes et des sons qu’il est parfois possible
d’
établir sans équivoque, elle se propose de rechercher des significatio
514
ossible d’établir sans équivoque, elle se propose
de
rechercher des significations, tenant les primitives pour plus authen
515
st significatif. Elle décrit donc les préférences
de
celui qui découvre une « vraie » racine, plutôt qu’elle ne statue sur
516
sens du mot. Et c’est pourquoi il est intéressant
de
rappeler ici quelques-unes des « origines » retenues par diverses épo
517
tenues par diverses époques pour expliquer ce nom
d’
Europe, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découv
518
nues par diverses époques pour expliquer ce nom d’
Europe
, dont Hérodote pensait que nul mortel ne saurait espérer découvrir le
519
sur la double croyance traditionnelle que le nom
d’
Europe vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet.
520
ur la double croyance traditionnelle que le nom d’
Europe
vient de l’hébreu et que notre continent fut la part de Japhet. (Il s
521
nt de l’hébreu et que notre continent fut la part
de
Japhet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut, de donner une rac
522
phet. (Il s’agit donc, comme on l’a vu plus haut,
de
donner une racine biblique à ce nom qui, autrement, rappellerait fâch
523
t les coupables amours du roi des dieux païens et
d’
une fille de Tyr, cette ville cent fois maudite par les prophètes.) Go
524
les amours du roi des dieux païens et d’une fille
de
Tyr, cette ville cent fois maudite par les prophètes.) Goropius écrit
525
n mariage légitime ; Ur, excellent, Hop, espoir :
d’
où réussit qu’Europ soit espoir excellent d’un mariage légitime, leque
526
oir : d’où réussit qu’Europ soit espoir excellent
d’
un mariage légitime, lequel a été propre de cette portion des terres,
527
ellent d’un mariage légitime, lequel a été propre
de
cette portion des terres, laquelle Noé donna à Japhet pour sa demeure
528
het pour sa demeure. Car combien que la postérité
de
Sem a été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race d’Abraham, si
529
été plusieurs siècles alliée avec Dieu en la race
d’
Abraham, si a elle toutefois répudiée. Mais le mariage, par lequel le
530
le mariage, par lequel le Christ s’est adjoint l’
Europe
son Église, ne sera jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
531
jamais rompu : de sorte qu’à bon droit la portion
de
Japhet est dite Europe. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la
532
orte qu’à bon droit la portion de Japhet est dite
Europe
. b) Après l’étymologie fantaisiste, voici la celtique : dans leur At
533
fantaisiste, voici la celtique : dans leur Atlas
de
géographie ancienne et moderne publié en 1829, Lapie père et Lapie fi
534
ié en 1829, Lapie père et Lapie fils font dériver
Europe
du celtique wrab, qui veut dire occident. Reynold, qui les cite, ajou
535
s terrestre. c) L’étymologie sémitique, dérivant
Europe
de ereb, qui veut dire soir, a été longtemps admise. Ainsi l’historie
536
stre. c) L’étymologie sémitique, dérivant Europe
de
ereb, qui veut dire soir, a été longtemps admise. Ainsi l’historien r
537
iens peuples orientaux qui vivaient dans les pays
d’
où se lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot Europe, on ente
538
lève le soleil, c’est-à-dire en Asie, par le mot
Europe
, on entendait le pays où le soleil se couche. De leur côté, la lumièr
539
ope, on entendait le pays où le soleil se couche.
De
leur côté, la lumière ; du nôtre, l’obscurité, les ténèbres, l’Arip,
540
, mot que l’on doit mettre à côté du sombre Erèbe
de
la mythologie grecque. En effet, ne pouvant pas déplacer encore davan
541
. de Reynold11 nous signale toutefois l’existence
d’
un lien possible entre ereb et Europe : On a cessé de croire à la par
542
fois l’existence d’un lien possible entre ereb et
Europe
: On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi en
543
lien possible entre ereb et Europe : On a cessé
de
croire à la parenté d’Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parent
544
eb et Europe : On a cessé de croire à la parenté
d’
Erèbe et d’Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle
545
e : On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et
d’
Europe, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et
546
: On a cessé de croire à la parenté d’Erèbe et d’
Europe
, par quoi entendre une parenté directe, comme celle du frère et de la
547
ndre une parenté directe, comme celle du frère et
de
la sœur. Cependant, il y a un lien indirect, et c’est encore la mytho
548
iode — engendra donc la Nuit. Et la Nuit engendra
de
terribles enfants : la Détresse, le Trépas, la Mort, les Parques, Ném
549
personne », le Sommeil, les Songes ; mais enfin,
de
son frère Erèbe lui-même, l’Éther et la Lumière du jour, cette lumièr
550
mière du jour, cette lumière victorieuse qui naît
de
la nuit pour la tuer. Puis Erèbe prit un sens dérivé : les profondeur
551
tique ereb, soir. d) Reste notre nom grec, celui
de
la Fille d’Agénor. Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : «
552
soir. d) Reste notre nom grec, celui de la Fille
d’
Agénor. Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : « Europe est d
553
Ici, nous sommes sur un terrain plus ferme12 : «
Europe
est dans son premier sens un adjectif féminin : eurôpé. Cet adjectif
554
us rarement euruopè, une des épithètes homériques
de
Zeus. Euruopa se relève plusieurs fois dans l’Iliade et l’Odyssée : e
555
ment récents. Ces formes sont des vocatifs. Celle
d’
euruopa est également employée comme nominatif éolien ou bien comme ac
556
ogie, elle est facile. Nous avons là des composés
de
deux autres mots grecs : l’adjectif eurus, large, ample, spacieux ; l
557
yeux, au beau regard, au beau visage. La parenté
d’
Europe avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
558
eux, au beau regard, au beau visage. La parenté d’
Europe
avec l’épithète homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son
559
ge. La parenté d’Europe avec l’épithète homérique
de
Zeus est ainsi évidente. Eurôpè, de son côté, n’a point tardé à prod
560
te homérique de Zeus est ainsi évidente. Eurôpè,
de
son côté, n’a point tardé à produire son masculin eurôpos. « Zeus qui
561
» a sa cité divine sur l’Olympe : dans le massif
de
l’Olympe, le Pénée prend sa source, et il a pour affluent l’Europos.
562
uropos. Le fait qu’« europe » est un qualificatif
de
Zeus amène à se demander s’il ne se serait pas produit un dédoublemen
563
lle aussi, des possibilités diverses. Voici l’une
d’
elles, explorée par Robert Graves13, dans les notes jointes à son chap
564
aves13, dans les notes jointes à son chapitre sur
Europe
et Cadmus. Le foisonnement des correspondances étymologiques signalée
565
ues signalées par cet auteur donnera quelque idée
de
l’extrême complexité du thème : Europe signifie « large face », syno
566
quelque idée de l’extrême complexité du thème :
Europe
signifie « large face », synonyme de pleine lune et l’un des titres d
567
thème : Europe signifie « large face », synonyme
de
pleine lune et l’un des titres des déesses-Lune, Demeter à Labadie et
568
bien irrigué ». Le saule régit le cinquième mois
de
l’année sacrée14 et il est associé à la magie et aux rites de fertili
569
acrée14 et il est associé à la magie et aux rites
de
fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappell
570
à la magie et aux rites de fertilité dans toute l’
Europe
… Le rapt d’Europe par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation
571
x rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt
d’
Europe par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation de la Crète
572
rites de fertilité dans toute l’Europe… Le rapt d’
Europe
par Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation de la Crète par l
573
r Zeus, qui rappelle une très ancienne occupation
de
la Crète par les Hellènes, a été tiré d’images pré-helléniques de la
574
cupation de la Crète par les Hellènes, a été tiré
d’
images pré-helléniques de la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalem
575
les Hellènes, a été tiré d’images pré-helléniques
de
la Prêtresse lunaire chevauchant triomphalement le taureau solaire, s
576
e. La scène est dépeinte par huit plaques moulées
de
verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne de Midea : il semble qu’
577
s de verre bleu, trouvées dans la cité mycénienne
de
Midea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel de fertilité au co
578
énienne de Midea : il semble qu’elle fasse partie
d’
un rituel de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe ét
579
idea : il semble qu’elle fasse partie d’un rituel
de
fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’Europe était portée e
580
rituel de fertilité au cours duquel la guirlande
de
Mai d’Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europ
581
de fertilité au cours duquel la guirlande de Mai
d’
Europe était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Z
582
e fertilité au cours duquel la guirlande de Mai d’
Europe
était portée en procession. Quant à la séduction d’Europe par Zeus ch
583
était portée en procession. Quant à la séduction
d’
Europe par Zeus changé en aigle15, elle rappelle la séduction d’Héra p
584
tait portée en procession. Quant à la séduction d’
Europe
par Zeus changé en aigle15, elle rappelle la séduction d’Héra par Zeu
585
eus changé en aigle15, elle rappelle la séduction
d’
Héra par Zeus changé en coucou ; et selon Hésychius, Héra portait le t
586
oucou ; et selon Hésychius, Héra portait le titre
d’
Europia. Le nom crétois et corinthien d’Europe était Hellotis, qui évo
587
le titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien
d’
Europe était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène son
588
e titre d’Europia. Le nom crétois et corinthien d’
Europe
était Hellotis, qui évoque Helice (saule) ; Hellé et Hélène sont un s
589
que le plane était aussi tenu pour l’arbre sacré
d’
Hélène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes de sa feuille, rep
590
lène. Sa sainteté s’explique par les cinq pointes
de
sa feuille, représentant les cinq doigts de la déesse… Faut-il rappe
591
intes de sa feuille, représentant les cinq doigts
de
la déesse… Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin d’Hélèn
592
Faut-il rappeler au surplus que Hellén — masculin
d’
Hélène et ancêtre éponyme de tous les Hellènes — était le fils de Deuc
593
que Hellén — masculin d’Hélène et ancêtre éponyme
de
tous les Hellènes — était le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le
594
être éponyme de tous les Hellènes — était le fils
de
Deucalion ? Que celui-ci est le Noé de la mythologie grecque, seul re
595
it le fils de Deucalion ? Que celui-ci est le Noé
de
la mythologie grecque, seul rescapé avec Pyrrha sa femme (grâce à l’A
596
une que Prométhée son père lui a fait construire)
d’
un déluge dont une colombe lui annonça la fin ? Hellén est donc l’arri
597
des symboles et des mythes ! On n’en finirait pas
de
les préciser, de les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment
598
es mythes ! On n’en finirait pas de les préciser,
de
les distinguer, de les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtra
599
finirait pas de les préciser, de les distinguer,
de
les contraster — jusqu’au moment où ils apparaîtraient, peut-être, co
600
nt où ils apparaîtraient, peut-être, comme autant
de
récits véridiques d’une seule et même histoire, vue par divers témoin
601
ent, peut-être, comme autant de récits véridiques
d’
une seule et même histoire, vue par divers témoins. 11. Dans une let
602
i paraît avoir été commune aux traditions sacrées
de
toute l’Europe, commençait un jour après le solstice d’hiver et se di
603
oir été commune aux traditions sacrées de toute l’
Europe
, commençait un jour après le solstice d’hiver et se divisait en 13 mo
604
te l’Europe, commençait un jour après le solstice
d’
hiver et se divisait en 13 mois désignés chacun par une lettre et par
605
un par une lettre et par un arbre. 15. Il s’agit
d’
une autre légende d’Europe, beaucoup moins connue.
606
par un arbre. 15. Il s’agit d’une autre légende
d’
Europe, beaucoup moins connue.
607
ar un arbre. 15. Il s’agit d’une autre légende d’
Europe
, beaucoup moins connue.
608
VI. Le concept géographique On a coutume
d’
attribuer à Paul Valéry la remarque que l’Europe n’est qu’un cap ou «
609
utume d’attribuer à Paul Valéry la remarque que l’
Europe
n’est qu’un cap ou « un appendice de l’Asie ». Voici son texte le plu
610
ue que l’Europe n’est qu’un cap ou « un appendice
de
l’Asie ». Voici son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’Europe
611
ci son texte le plus souvent cité à ce sujet : L’
Europe
deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap
612
e un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’
Europe
restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
613
u’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse
de
l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste cor
614
partie précieuse de l’univers terrestre, la perle
de
la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?16 Ailleurs encore (p. 38,
615
vers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau
d’
un vaste corps ?16 Ailleurs encore (p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’
616
Ailleurs encore (p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’
Europe
une sorte de cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asi
617
(p. 38, op. cit.) Valéry nomme l’Europe une sorte
de
cap du vieux continent, un appendice occidental de l’Asie. Cela fit n
618
e cap du vieux continent, un appendice occidental
de
l’Asie. Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité d’un lieu co
619
Cela fit naguère sensation. Il s’agit en réalité
d’
un lieu commun des géographes depuis des siècles. Citons-en quelques-u
620
en quelques-uns, d’après Gonzague de Reynold : L’
Europe
est une grande presqu’île.17 Cette étroite presqu’île qui ne figure
621
e, est devenue la métropole du genre humain.18 L’
Europe
n’est à proprement parler qu’une grande péninsule qui termine à l’oue
622
mine à l’ouest le vaste continent asiatique.19 L’
Europe
ne constitue pas à proprement parler un tout indépendant. Ce n’est qu
623
er un tout indépendant. Ce n’est qu’une péninsule
de
l’Asie, l’extrémité, la pointe du continent asiatique.20 Et, dans l
624
lus, Auguste Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs
d’
atlas et de manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditi
625
e Himly, Raoul Blanchard, tous auteurs d’atlas et
de
manuels classiques. Mais une comparaison non moins traditionnelle fai
626
ais une comparaison non moins traditionnelle fait
de
l’Europe une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe était
627
ne comparaison non moins traditionnelle fait de l’
Europe
une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’Europe était à l’égard
628
pe une Grèce agrandie21 : On a souvent dit que l’
Europe
était à l’égard de la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
629
la terre ce que la Grèce fut jadis à l’égard de l’
Europe
. La Grèce a le sol médiocrement fertile, la surface variée et coupée,
630
riée et coupée, des limites naturelles ; entourée
de
mers, baignée de golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre
631
es limites naturelles ; entourée de mers, baignée
de
golfes profonds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver de la Sc
632
onds, elle tenait un heureux milieu entre l’hiver
de
la Scythie et les ardeurs de l’Égypte. Elle dominait alors les mers l
633
milieu entre l’hiver de la Scythie et les ardeurs
de
l’Égypte. Elle dominait alors les mers les plus connues. Mais ce para
634
mers les plus connues. Mais ce parallèle entre l’
Europe
et la Grèce doit être étendu à des rapports plus nobles que ceux de l
635
t être étendu à des rapports plus nobles que ceux
de
la nature corporelle. Le feu mutuel de plusieurs caractères nationaux
636
s que ceux de la nature corporelle. Le feu mutuel
de
plusieurs caractères nationaux différents et même opposés ; l’esprit
637
s nationaux différents et même opposés ; l’esprit
de
liberté tant civil que politique : voilà les deux grands points de re
638
ivil que politique : voilà les deux grands points
de
ressemblance. Pourtant ce ne sont pas les Grecs qui ont découvert l’
639
tant ce ne sont pas les Grecs qui ont découvert l’
Europe
, mais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs de commerce, leur
640
ais bien les Phéniciens, étendant leurs comptoirs
de
commerce, leur piraterie et leurs explorations maritimes à toute la M
641
toute la Méditerranée, puis au-delà des Colonnes
d’
Hercule jusqu’aux Canaries, à la Bretagne, aux îles Britanniques et à
642
tanniques et à la mer du Nord, où le Monde cesse…
De
Carthage, colonie de Tyr (découverte, nous l’avons vu, par Phoenix, l
643
du Nord, où le Monde cesse… De Carthage, colonie
de
Tyr (découverte, nous l’avons vu, par Phoenix, l’un des frères d’Euro
644
selon Pline, reçut un siècle plus tard la mission
de
remonter les côtes atlantiques de l’Europe : « Sicut ad extera Europa
645
tard la mission de remonter les côtes atlantiques
de
l’Europe : « Sicut ad extera Europae noscenda missus eodem tempore Hi
646
la mission de remonter les côtes atlantiques de l’
Europe
: « Sicut ad extera Europae noscenda missus eodem tempore Himilco ».
647
noscenda missus eodem tempore Himilco ». Un poète
de
la décadence, Rufius Festus Avienus, devait mettre en vers latin, ver
648
ttre en vers latin, vers 370, le récit du périple
d’
Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’Europe, les Carthagi
649
d’Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages
d’
Europe, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des vi
650
Himilco : Au-delà des Colonnes, sur les plages d’
Europe
, les Carthaginois eurent autrefois des établissements et des villes.
651
établissements et des villes. Leur coutume était
de
construire des navires à carène plate, propres à glisser sur une mer
652
rapporte qu’en dehors des Colonnes, à l’occident
de
l’Europe, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des
653
orte qu’en dehors des Colonnes, à l’occident de l’
Europe
, s’étend une mer sans limites ; l’océan s’y déploie vers des horizons
654
it la voile. Aussi l’air y est-il enveloppé comme
d’
un manteau de brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les
655
Aussi l’air y est-il enveloppé comme d’un manteau
de
brouillards ; une brume épaisse cache en tout temps les flots, et de
656
e brume épaisse cache en tout temps les flots, et
de
sombres vapeurs y voilent la clarté du jour. Cependant les Grecs ont
657
t été les premiers à donner à ce continent le nom
de
la princesse enlevée par leur dieu aux Phéniciens, précisément : d’ap
658
c’est le savant Hippias d’Élis, inventeur allégué
de
la mnémotechnie, qui aurait le premier « nommé les parties du monde d
659
mier « nommé les parties du monde d’après Asie et
Europe
, les Océanides ». Hippias vivait au ve siècle avant notre ère. Avant
660
né vers 540 av. J.-C, avait écrit une Description
de
la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’Europe, l’autre à l’A
661
e la Terre en deux livres, dont l’un consacré à l’
Europe
, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par Europe ? Tous les aute
662
pe, l’autre à l’Asie. Que pouvait-il entendre par
Europe
? Tous les auteurs du temps, jusqu’à Strabon, nous donnent la même dé
663
qu’à Strabon, nous donnent la même définition : l’
Europe
va des Colonnes d’Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni
664
ent la même définition : l’Europe va des Colonnes
d’
Hercule (c’est Gibraltar) jusqu’au Phase — ou Rioni — petit fleuve qui
665
te et que nous qui habitons du Phase aux Colonnes
d’
Hercule, nous n’en habitons qu’une petite partie, vivant tout autour d
666
mer, comme des fourmis et des grenouilles autour
d’
un marécage, et qu’il y a par ailleurs divers et nombreux peuples qui
667
d’autres contrées semblables. C’est ici le lieu
de
rappeler que Socrate fut le premier philosophe à dire que sa patrie é
668
n », non point sa seule cité natale. Quoi de plus
Européen
que cet universalisme ? Mais venons-en aux textes grecs. G. de Reynol
669
Reynold22 distingue trois étapes dans le passage
de
la conception mythique et géographique au plan politique et « culture
670
lan politique et « culturel » (mot qu’il estime «
de
mauvaise langue », mais comment le récuser aujourd’hui, et dans ce Bu
671
tin du Centre européen de la culture ?) : l’étape
d’
Hippocrate, celle d’Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : V
672
en de la culture ?) : l’étape d’Hippocrate, celle
d’
Aristote et celle d’Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du ve si
673
: l’étape d’Hippocrate, celle d’Aristote et celle
d’
Isocrate. Voici les textes : Vers la fin du ve siècle av. J.-C., Hipp
674
différents phénomènes qui, par leur dissemblance
de
caractère, font distinguer l’Asie de l’Europe. Dissemblance qui s’éte
675
ux parties du monde, qu’ils contrastent entre eux
d’
une manière étonnante. Comme il seroit trop difficile de traiter ces p
676
manière étonnante. Comme il seroit trop difficile
de
traiter ces phénomènes dans tous leurs développements, je me bornerai
677
J’avance donc que l’Asie diffère considérablement
de
l’Europe, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais en
678
nce donc que l’Asie diffère considérablement de l’
Europe
, non seulement en ce qui est particulier aux hommes, mais encore en c
679
re en ce qui est relatif à toutes les productions
de
la terre. Tous les caractères des différens phénomènes sont donc comm
680
unément plus beaux et plus parfaits en Asie qu’en
Europe
, parce que la température la plus habituelle en est plus douce ; d’où
681
empérature la plus habituelle en est plus douce ;
d’
où il suit encore que les peuples qui l’habitent sont d’un naturel plu
682
l suit encore que les peuples qui l’habitent sont
d’
un naturel plus doux et d’un esprit plus pénétrant. Mais ces caractère
683
les qui l’habitent sont d’un naturel plus doux et
d’
un esprit plus pénétrant. Mais ces caractères tiennent à la températur
684
s à l’accroissement et à la bonté des productions
de
la nature, c’est une température uniforme, où tout se trouve en équil
685
u milieu de tous les extrêmes. […] La température
de
ce pays ressemble davantage à celle d’un printemps continuel, attendu
686
empérature de ce pays ressemble davantage à celle
d’
un printemps continuel, attendu que les saisons n’y éprouvent point de
687
nuel, attendu que les saisons n’y éprouvent point
de
variations fortes et inopinées. Cependant il est impossible que dans
688
le que dans un tel pays les hommes aient la force
de
corps et l’énergie de l’âme, et par conséquent, qu’ils supportent le
689
s les hommes aient la force de corps et l’énergie
de
l’âme, et par conséquent, qu’ils supportent le travail de corps et le
690
, et par conséquent, qu’ils supportent le travail
de
corps et les peines d’esprit… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusil
691
’ils supportent le travail de corps et les peines
d’
esprit… § 21. Si donc les Asiatiques sont pusillanimes, sans courage,
692
t pusillanimes, sans courage, moins belliqueux et
d’
un caractère plus doux que les Européens, c’est encore dans la nature
693
ns belliqueux et d’un caractère plus doux que les
Européens
, c’est encore dans la nature des saisons qu’il faut chercher la princ
694
faut chercher la principale cause. En Asie, loin
d’
éprouver de fortes tribulations, celles-ci ont à-peu-près les mêmes ca
695
her la principale cause. En Asie, loin d’éprouver
de
fortes tribulations, celles-ci ont à-peu-près les mêmes caractères, p
696
s les mêmes caractères, passant du froid au chaud
d’
une manière insensible ; de sorte que dans une telle température la fa
697
toujours égale ; car ce sont les passages rapides
d’
un extrême à l’autre qui stimulent les esprits de l’homme, et font naî
698
d’un extrême à l’autre qui stimulent les esprits
de
l’homme, et font naître les idées de s’arracher à son état d’inertie
699
les esprits de l’homme, et font naître les idées
de
s’arracher à son état d’inertie et d’insouciance. Mais, non seulement
700
et font naître les idées de s’arracher à son état
d’
inertie et d’insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au d
701
e les idées de s’arracher à son état d’inertie et
d’
insouciance. Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut de pare
702
Mais, non seulement, je pense que c’est au défaut
de
pareils changemens qu’il faut attribuer la pusillanimité des Asiatiqu
703
auxquelles ils sont soumis. La plus grande partie
de
l’Asie étant gouvernée par des rois, il en résulte que partout où les
704
ulte que partout où les hommes ne sont ni maîtres
de
leurs volontés, ni gouvernés par les lois qu’ils se sont données, mai
705
uper du métier des armes, ils ont même grand soin
de
ne point paraître avoir l’inclination guerrière, par la raison que le
706
es intérêts) ne sont pas également partagés. Sous
de
tels gouvernements les sujets sont forcés d’aller à la guerre, d’en s
707
Sous de tels gouvernements les sujets sont forcés
d’
aller à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et de mourir même
708
ments les sujets sont forcés d’aller à la guerre,
d’
en supporter toutes les peines, et de mourir même pour leurs maîtres,
709
à la guerre, d’en supporter toutes les peines, et
de
mourir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes
710
ir même pour leurs maîtres, loin de leurs enfans,
de
leurs femmes et de leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à au
711
maîtres, loin de leurs enfans, de leurs femmes et
de
leurs amis. Leurs exploits ne servent donc qu’à augmenter et à propag
712
nt donc qu’à augmenter et à propager la puissance
de
leurs tyrans, lorsque les dangers et la mort sont les seuls fruits qu
713
la mort sont les seuls fruits qu’ils recueillent
de
leur bravoure. Ajoutez à cela que sous de tels hommes la terre reste
714
eillent de leur bravoure. Ajoutez à cela que sous
de
tels hommes la terre reste encore sans culture, autant par l’inertie
715
e reste encore sans culture, autant par l’inertie
de
leur tempérament, que par la crainte des ravages de la guerre ; de so
716
leur tempérament, que par la crainte des ravages
de
la guerre ; de sorte que, quand même il se trouverait parmi eux des h
717
rmi eux des hommes braves et courageux, la nature
de
leurs lois doit s’ajouter à la répugnance de donner essor à leur cour
718
ture de leurs lois doit s’ajouter à la répugnance
de
donner essor à leur courage. La plus forte preuve de ce que j’avance
719
donner essor à leur courage. La plus forte preuve
de
ce que j’avance est fournie par l’Asie même, où tous ceux des Grecs e
720
que pour eux, sont les hommes les plus courageux
de
tous, pour la raison qu’ils ne s’exposent que pour leur propre intérê
721
intérêt, et que ce sont eux qui reçoivent le prix
de
leur bravoure ou qui portent la peine de leur lâcheté. Enfin, il est
722
le prix de leur bravoure ou qui portent la peine
de
leur lâcheté. Enfin, il est encore à observer que les Asiatiques même
723
ques même diffèrent entre eux en plus ou en moins
de
courage ; et que cette différence tient (principalement) au changemen
724
avois à dire sur l’Asie. § 23. […] Ce qu’on vient
d’
observer à l’égard du caractère du physique, peut aussi s’appliquer au
725
ppliquer aux caractères moraux. Aussi voit-on les
Européens
être d’un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même qu
726
ractères moraux. Aussi voit-on les Européens être
d’
un naturel plus sauvage, insociable, emporté, par cela même que vivant
727
rendent l’homme agreste, et dépouillent ses mœurs
de
douceur et d’aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme p
728
e agreste, et dépouillent ses mœurs de douceur et
d’
aménité. Par la même raison, je les regarde donc comme plus courageux
729
donc comme plus courageux que les Asiatiques, car
de
l’influence d’une température uniforme naît l’insouciance et la pares
730
courageux que les Asiatiques, car de l’influence
d’
une température uniforme naît l’insouciance et la paresse, ce qui est
731
causes du caractère plus belliqueux des habitants
de
l’Europe que des Asiatiques. Mais il n’est pas moins certain que la f
732
s du caractère plus belliqueux des habitants de l’
Europe
que des Asiatiques. Mais il n’est pas moins certain que la forme du g
733
e la forme du gouvernement y contribue aussi, les
Européens
n’étant point gouvernés par des rois, comme les Asiatiques ; car j’ai
734
ce que l’âme asservie ne peut avoir aucune envie
de
risquer sa personne, sans autre intérêt que celui d’augmenter la puis
735
risquer sa personne, sans autre intérêt que celui
d’
augmenter la puissance de qui l’opprime. Ainsi il reste pour certain q
736
autre intérêt que celui d’augmenter la puissance
de
qui l’opprime. Ainsi il reste pour certain que les gouvernements infl
737
s influent sur le courage ; mais en comparant les
Européens
aux Asiatiques, je n’ai point eu en vue d’en faire le parallèle parti
738
Européens aux Asiatiques, je n’ai point eu en vue
d’
en faire le parallèle particulier. Enfin on remarque encore en Europe
739
arallèle particulier. Enfin on remarque encore en
Europe
des peuples qui diffèrent entre eux par le courage comme par la forme
740
ariété tient aux causes que j’ai déjà assignées à
de
semblables variations. Le passage essentiel d’Aristote (384-322 av.
741
à de semblables variations. Le passage essentiel
d’
Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’Europe se trouve au livre IV, chapi
742
ge essentiel d’Aristote (384-322 av. J.-C.) sur l’
Europe
se trouve au livre IV, chapitre 6, de la Politique : Les peuples qui
743
) sur l’Europe se trouve au livre IV, chapitre 6,
de
la Politique : Les peuples qui habitent les pays froids et les diffé
744
itent les pays froids et les différentes contrées
de
l’Europe sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieur
745
les pays froids et les différentes contrées de l’
Europe
sont généralement pleins de courage, mais ils sont inférieurs sous le
746
tes contrées de l’Europe sont généralement pleins
de
courage, mais ils sont inférieurs sous le rapport de l’intelligence e
747
t inférieurs sous le rapport de l’intelligence et
de
l’industrie. C’est pour cette raison qu’ils savent mieux conserver le
748
conserver leur liberté, mais ils sont incapables
d’
organiser un gouvernement et ils ne peuvent pas conquérir les pays voi
749
uvent pas conquérir les pays voisins. Les peuples
de
l’Asie sont intelligents et propres à l’industrie, mais ils manquent
750
gents et propres à l’industrie, mais ils manquent
de
courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas de leur assujettiss
751
courage, et c’est pour cela qu’ils ne sortent pas
de
leur assujettissement et de leur esclavage perpétuels. La race des Gr
752
qu’ils ne sortent pas de leur assujettissement et
de
leur esclavage perpétuels. La race des Grecs, occupant les contrées i
753
s contrées intermédiaires, réunit ces deux sortes
de
caractères, elle est brave et intelligente. Aussi demeure-t-elle libr
754
Après cette étape « hégémonique » vient l’étape
de
« l’adoption ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre d’Isocrat
755
on ». Elle est caractérisée par la phrase célèbre
d’
Isocrate, contemporain de Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et anc
756
ée par la phrase célèbre d’Isocrate, contemporain
de
Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre de tous les « conféd
757
Platon (ve au ive siècle av. J.-C.) et ancêtre
de
tous les « confédéralistes » ou « unionistes » européens : On appell
758
de tous les « confédéralistes » ou « unionistes »
européens
: On appelle Grecs plutôt les gens qui participent à notre éducation
759
nant la généalogie des descriptions géographiques
de
l’Europe, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siè
760
la généalogie des descriptions géographiques de l’
Europe
, d’Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siècle av. J
761
logie des descriptions géographiques de l’Europe,
d’
Hérodote à saint Augustin. Hérodote, écrivain au ve siècle av. J.-C.
762
dote, écrivain au ve siècle av. J.-C., définit l’
Europe
comme une région nordique assez mal distinguée de la Scythie, qui est
763
pe comme une région nordique assez mal distinguée
de
la Scythie, qui est la plaine russe. Il lui donne pour axe le Danube,
764
çoive tant de rivières puisqu’il traverse toute l’
Europe
. Il prend sa source dans le pays des Celtes… Et après avoir traversé
765
ans le pays des Celtes… Et après avoir traversé l’
Europe
entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités. Cepend
766
’Europe entière, il entre dans la Scythie par une
de
ses extrémités. Cependant, Hérodote se demande pourquoi la Terre é
767
ui donne trois noms différents, qui sont des noms
de
femmes. En effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’Europe, n
768
s de femmes. En effet, selon Strabon : Du temps
d’
Homère, ni l’Europe, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ;
769
n effet, selon Strabon : Du temps d’Homère, ni l’
Europe
, ni l’Asie n’avaient reçu leurs noms respectifs ; l’œcoumène ou terre
770
fait trop marquant qu’il n’eût certes pas négligé
de
mentionner. Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’E
771
Et pourtant, il semble qu’Homère ait eu la notion
de
l’Europe. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Hér
772
urtant, il semble qu’Homère ait eu la notion de l’
Europe
. On lit au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous
773
ait eu la notion de l’Europe. On lit au chant XIV
de
l’Iliade, à propos d’Hypnos et d’Héré : Tous deux allèrent sur le co
774
it au chant XIV de l’Iliade, à propos d’Hypnos et
d’
Héré : Tous deux allèrent sur le continent, et le haut des forêts s’a
775
Strabon, Grec du Pont, écrivant sous les règnes
d’
Auguste et de Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique
776
ec du Pont, écrivant sous les règnes d’Auguste et
de
Tibère, nous donne un premier grand tableau géographique de l’Europe,
777
nous donne un premier grand tableau géographique
de
l’Europe, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause
778
donne un premier grand tableau géographique de l’
Europe
, continent supérieur aux deux autres, nous dit-il, à cause des condi
779
e l’a placé pour le développement moral et social
de
ses habitants… Car même dans les régions montagneuses, leur intellige
780
nt vaincu la nature et permis à leur civilisation
de
se développer. Suit une théorie des climats, qui rappelle Hippocrate
781
eur goût pour les arts et à leur parfaite entente
de
toutes les conditions de la vie matérielle. Les Romains, de leur côté
782
à leur parfaite entente de toutes les conditions
de
la vie matérielle. Les Romains, de leur côté, après avoir incorporé à
783
les conditions de la vie matérielle. Les Romains,
de
leur côté, après avoir incorporé à leur empire maintes nations restée
784
upaient et que leur âpreté naturelle, leur manque
de
ports, la rigueur de leur climat ou telle autre cause rendaient presq
785
preté naturelle, leur manque de ports, la rigueur
de
leur climat ou telle autre cause rendaient presque inhabitables, sont
786
t presque inhabitables, sont parvenus à les tirer
de
leur isolement, à les mettre en rapport les unes avec les autres, et
787
tres, et à ployer les plus barbares aux habitudes
de
la vie sociale. Mais dans le reste de la partie habitable, là où le s
788
x habitudes de la vie sociale. Mais dans le reste
de
la partie habitable, là où le sol de l’Europe est uni et son climat t
789
ans le reste de la partie habitable, là où le sol
de
l’Europe est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout f
790
e reste de la partie habitable, là où le sol de l’
Europe
est uni et son climat tempéré, la nature semble avoir tout fait pour
791
ure semble avoir tout fait pour hâter les progrès
de
la civilisation. Comme il arrive, en effet, que dans les contrées ria
792
iantes et fertiles, les populations sont toujours
d’
humeur pacifique, tandis qu’elles sont belliqueuses et énergiques dans
793
s’établit entre les unes et les autres un échange
de
mutuels services, les secondes prêtant le secours de leurs armes aux
794
mutuels services, les secondes prêtant le secours
de
leurs armes aux premières qui les aident à leur tour des productions
795
mières qui les aident à leur tour des productions
de
leur sol, des travaux de leurs artistes et des leçons de leurs philos
796
eur tour des productions de leur sol, des travaux
de
leurs artistes et des leçons de leurs philosophes. En revanche, on co
797
sol, des travaux de leurs artistes et des leçons
de
leurs philosophes. En revanche, on conçoit tout le mal qu’elles peuve
798
’elles peuvent se faire pour peu qu’elles cessent
de
s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas d’un conflit, devant être,
799
sent de s’entraider ainsi, l’avantage dans le cas
d’
un conflit, devant être, à ce qu’il semble, du côté de ces populations
800
lations toujours armées et toujours prêtes à user
de
violence, à moins pourtant quelles ne succombent sous le nombre. Eh b
801
us le nombre. Eh bien ! à cet égard, là encore, l’
Europe
a reçu de la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, to
802
Eh bien ! à cet égard, là encore, l’Europe a reçu
de
la nature de grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsem
803
et égard, là encore, l’Europe a reçu de la nature
de
grands avantages. Comme elle est, en effet, toute parsemée de montagn
804
antages. Comme elle est, en effet, toute parsemée
de
montagnes et de plaines, partout les populations agricoles et civilis
805
lle est, en effet, toute parsemée de montagnes et
de
plaines, partout les populations agricoles et civilisées y vivent côt
806
ervir et la propager. Il s’ensuit aussi qu’en cas
de
guerre, l’Europe est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté
807
ropager. Il s’ensuit aussi qu’en cas de guerre, l’
Europe
est en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population
808
t aussi qu’en cas de guerre, l’Europe est en état
de
se suffire à elle-même, puisqu’à côté d’une population nombreuse de c
809
en état de se suffire à elle-même, puisqu’à côté
d’
une population nombreuse de cultivateurs et de citadins, elle compte b
810
le-même, puisqu’à côté d’une population nombreuse
de
cultivateurs et de citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés.
811
ôté d’une population nombreuse de cultivateurs et
de
citadins, elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre de ces av
812
elle compte beaucoup de soldats exercés. Un autre
de
ces avantages, c’est qu’elle tire de son sol les produits les meilleu
813
és. Un autre de ces avantages, c’est qu’elle tire
de
son sol les produits les meilleurs et les plus nécessaires à la vie,
814
es meilleurs et les plus nécessaires à la vie, et
de
ses mines les métaux les plus utiles. Restent donc les parfums et les
815
fums et les pierres précieuses quelle est obligée
de
tirer du dehors, mais ce sont là des biens dont on peut être privé sa
816
ns enfin qu’elle nourrit une très grande quantité
de
bétail et fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
817
fort peu de bêtes féroces, et nous aurons achevé
de
donner de la nature de ce continent une idée générale. Saint August
818
de bêtes féroces, et nous aurons achevé de donner
de
la nature de ce continent une idée générale. Saint Augustin, dans l
819
ces, et nous aurons achevé de donner de la nature
de
ce continent une idée générale. Saint Augustin, dans la Cité de Die
820
une idée générale. Saint Augustin, dans la Cité
de
Dieu, pense que le monde est partagé en deux moitiés, l’Asie occupant
821
partagé en deux moitiés, l’Asie occupant l’une, l’
Europe
et l’Afrique l’autre. Paul Orose, son disciple et continuateur, délim
822
disciple et continuateur, délimite et décrit une
Europe
assez proche des réalités modernes : Et maintenant je vais parcourir
823
lités modernes : Et maintenant je vais parcourir
de
la plume l’Europe en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commenc
824
: Et maintenant je vais parcourir de la plume l’
Europe
en tant qu’elle est connue des hommes. Elle commence donc aux monts R
825
i sont à l’orient. Elle se continue par le rivage
de
l’océan septentrional jusqu’à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui
826
à la Gaule Belgique et au fleuve Rhin qui descend
de
l’occident, puis jusqu’au Danube, que l’on appelle aussi l’ester, qui
827
ble représente cinquante-quatre nations. Sautons
de
là au xve siècle de notre ère. Sébastian Münster écrit en 1567 dans
828
nte-quatre nations. Sautons de là au xve siècle
de
notre ère. Sébastian Münster écrit en 1567 dans sa Cosmographie : Eu
829
ian Münster écrit en 1567 dans sa Cosmographie :
Europa
est un pays merveilleusement fertile et a un air naturellement tempér
830
é, un ciel doux, et il n’y a dedans nulle pénurie
de
vin et d’arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de v
831
doux, et il n’y a dedans nulle pénurie de vin et
d’
arbres fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné de villes, châ
832
fruitiers. En sus, c’est un beau pays, bien orné
de
villes, châteaux, villages, et a un peuple viril, quelle surpasse Asi
833
a aussi des régions occupées tout à la ronde par
d’
âpres montagnes, et là c’est dur de rester. Mais là où c’est plat, c’e
834
à la ronde par d’âpres montagnes, et là c’est dur
de
rester. Mais là où c’est plat, c’est un bon pays, et y croissent tout
835
ontagnes. En 1679, Robbe, ingénieur et géographe
de
Louis XIV, fait imprimer à Paris une Méthode pour apprendre facilemen
836
géographie. On y lit : On ne peut pas nier que l’
Europe
ne soit la moins étendue des trois parties qui composent l’Ancien Mon
837
est la plus grande en qualité… Si l’Asie se vante
d’
avoir vu former le premier homme par les mains mêmes du Créateur du ci
838
homme par les mains mêmes du Créateur du ciel et
de
la terre, et d’avoir été honorée de la naissance et de la présence du
839
ains mêmes du Créateur du ciel et de la terre, et
d’
avoir été honorée de la naissance et de la présence du Sauveur du mond
840
ur du ciel et de la terre, et d’avoir été honorée
de
la naissance et de la présence du Sauveur du monde pendant le cours d
841
terre, et d’avoir été honorée de la naissance et
de
la présence du Sauveur du monde pendant le cours de sa vie mortelle :
842
la présence du Sauveur du monde pendant le cours
de
sa vie mortelle : l’Europe dira que c’est une grâce singulière, à la
843
du monde pendant le cours de sa vie mortelle : l’
Europe
dira que c’est une grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue de
844
ne grâce singulière, à la vérité, qu’elle a reçue
de
la Sagesse éternelle ; mais que la gloire en est empruntée pour l’Asi
845
ienfait que par préférence ou par bonheur. Mais l’
Europe
, sans des bienfaits si extraordinaires, fait elle-même toute sa gloir
846
rendent illustre. Même idée dans le Dictionnaire
de
Moreri, édité en 1759 : Quoique l’Europe soit la moindre des trois p
847
ictionnaire de Moreri, édité en 1759 : Quoique l’
Europe
soit la moindre des trois parties de continent, elle a pourtant des a
848
uoique l’Europe soit la moindre des trois parties
de
continent, elle a pourtant des avantages qui la doivent faire préfére
849
le continent. Elle est abondante en toutes sortes
de
biens, et les peuples y sont ordinairement doux, honnêtes, civilisés
850
es termes presque, dans la Géographie universelle
de
Mantelle et Malte Brun, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
851
un, parue à Paris en 1816 : En sortant des mains
de
la nature, notre partie du monde n’avait reçu aucun titre à cette glo
852
ujourd’hui. Petit continent, qui possède le moins
de
richesses territoriales… nous ne sommes riches que d’emprunts. Tel es
853
ichesses territoriales… nous ne sommes riches que
d’
emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir de l’esprit humain. Cette régio
854
ches que d’emprunts. Tel est néanmoins le pouvoir
de
l’esprit humain. Cette région, que la nature n’avait ornée que de for
855
in. Cette région, que la nature n’avait ornée que
de
forêts immenses, s’est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
856
avait ornée que de forêts immenses, s’est peuplée
de
nations puissantes, s’est couverte de cités magnifiques, s’est enrich
857
est peuplée de nations puissantes, s’est couverte
de
cités magnifiques, s’est enrichie du butin des deux mondes ; cette ét
858
est devenue la métropole du genre humain. Ainsi
d’
Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas
859
a métropole du genre humain. Ainsi d’Hérodote et
d’
Hippocrate jusqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé d’être c
860
i d’Hérodote et d’Hippocrate jusqu’à nos jours, l’
Europe
physique n’a pas cessé d’être conçue comme un ensemble caractéristiqu
861
usqu’à nos jours, l’Europe physique n’a pas cessé
d’
être conçue comme un ensemble caractéristique, diversifié mais disting
862
crétois : Gonzague de Reynold : Physiquement, l’
Europe
, qui est le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre de l’intelli
863
t le seul continent articulé, semble déjà l’œuvre
de
l’intelligence plus que de la nature. L’Europe, c’est le continent qu
864
é, semble déjà l’œuvre de l’intelligence plus que
de
la nature. L’Europe, c’est le continent qui doit se projeter hors de
865
’œuvre de l’intelligence plus que de la nature. L’
Europe
, c’est le continent qui doit se projeter hors de soi-même, celui de l
866
nent qui doit se projeter hors de soi-même, celui
de
l’expansion et de la conquête, de la découverte et de la colonisation
867
rojeter hors de soi-même, celui de l’expansion et
de
la conquête, de la découverte et de la colonisation. L’Europe est née
868
soi-même, celui de l’expansion et de la conquête,
de
la découverte et de la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle
869
’expansion et de la conquête, de la découverte et
de
la colonisation. L’Europe est née impériale. Elle a été créée pour êt
870
nquête, de la découverte et de la colonisation. L’
Europe
est née impériale. Elle a été créée pour être le globe. Voyez sa lign
871
le a été créée pour être le globe. Voyez sa ligne
de
force sortir de l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océa
872
our être le globe. Voyez sa ligne de force sortir
de
l’Asie pour se tendre vers l’infini par-dessus l’océan. Les autres co
873
ts sont lourds et immobiles. Même sur la carte, l’
Europe
semble bouger. Son dessin est évocateur. Strabon la comparait à un dr
874
femme assise. Postel, nous dit Moreri à l’article
Europe
, la représente ainsi en l’honneur de Charles-Quint : « L’Espagne étai
875
’article Europe, la représente ainsi en l’honneur
de
Charles-Quint : « L’Espagne était la tête de cette femme ; le col, le
876
neur de Charles-Quint : « L’Espagne était la tête
de
cette femme ; le col, les provinces de Languedoc et de Gascogne ; le
877
it la tête de cette femme ; le col, les provinces
de
Languedoc et de Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les br
878
tte femme ; le col, les provinces de Languedoc et
de
Gascogne ; le reste de la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et
879
provinces de Languedoc et de Gascogne ; le reste
de
la Gaule, la poitrine ; les bras, l’Italie et la Grande-Bretagne ; le
880
emagne ; la Bohême, le nombril ; et tout le reste
de
son corps, les autres royaumes et provinces. » Mais la représentation
881
eprésentation la plus symbolique est encore celle
de
quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image de la
882
quelques anciens géographes. Ils voyaient dans l’
Europe
l’image de la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pou
883
ns géographes. Ils voyaient dans l’Europe l’image
de
la Vierge : une Vierge couronnée, pour tête l’Espagne, pour cœur la F
884
ne Vierge dont la plaine russe se perdant au fond
de
l’Asie obscure, représentait la robe aux vastes et vagues plis. La Vi
885
tre européen de la culture en vue de l’anthologie
européenne
que nous préparons. 23. Traduction de Delavaud, chez Bossange et con
886
ie européenne que nous préparons. 23. Traduction
de
Delavaud, chez Bossange et consorts, Paris, 1804. 24. Panégyrique,
887
ue, 50. Cf. Georges Mathieu, Les Idées politiques
d’
Isocrate, Paris, 1925. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
888
5. L’auteur fait des réserves sur l’universalisme
d’
Isocrate…
889
VII.
De
la géographie à l’histoire Des pages qui précèdent, deux conclusion
890
conclusions se dégagent : le concept géographique
d’
Europe est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques bea
891
nclusions se dégagent : le concept géographique d’
Europe
est beaucoup plus ancien, et les mythes grecs et sémitiques beaucoup
892
ythes grecs et sémitiques beaucoup moins éloignés
de
la réalité qu’on ne l’imagine généralement de nos jours. Mais la cons
893
nés de la réalité qu’on ne l’imagine généralement
de
nos jours. Mais la conscience politico-historique d’une entité europé
894
nos jours. Mais la conscience politico-historique
d’
une entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peu
895
is la conscience politico-historique d’une entité
européenne
, c’est-à-dire d’une communauté de destin des peuples habitant l’Europ
896
-historique d’une entité européenne, c’est-à-dire
d’
une communauté de destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodo
897
entité européenne, c’est-à-dire d’une communauté
de
destin des peuples habitant l’Europe telle qu’Hérodote ou Strabon la
898
d’une communauté de destin des peuples habitant l’
Europe
telle qu’Hérodote ou Strabon la décrivent, peut-elle être attestée pa
899
comparaisons globales entre le destin des peuples
de
l’Europe et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ce
900
raisons globales entre le destin des peuples de l’
Europe
et de l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux gr
901
obales entre le destin des peuples de l’Europe et
de
l’Asie, esquissées par Hippocrate et Aristote. Mais ces deux grands g
902
ces deux grands génies n’étaient pas l’expression
d’
une opinion courante ou d’une conscience populaire : celles-ci ne pouv
903
taient pas l’expression d’une opinion courante ou
d’
une conscience populaire : celles-ci ne pouvaient exister, de leur tem
904
ience populaire : celles-ci ne pouvaient exister,
de
leur temps, que dans la croyance religieuse et dans les mythes. Penda
905
et dans les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée
d’
une Europe politique est tout naturellement refoulée par celle de l’un
906
s les mythes. Pendant l’ère romaine, l’idée d’une
Europe
politique est tout naturellement refoulée par celle de l’unité impéri
907
litique est tout naturellement refoulée par celle
de
l’unité impériale commune à l’Orient et à l’Occident, moitiés géograp
908
és géographiques et administrativement distinctes
d’
un seul et même État : utraque pars, pars orientalis et pars occidenta
909
orientalis et pars occidentalis. Il arrive que l’
Europe
soit nommée en lieu et place de la moitié occidentale de l’Empire, l’
910
nommée en lieu et place de la moitié occidentale
de
l’Empire, l’Asie en lieu et place de la moitié orientale : ainsi dans
911
de la moitié orientale : ainsi dans l’inscription
de
l’an 7 av. J.-C., trouvée sur l’île de Philae, en Égypte, et désignan
912
t désignant Auguste comme Seigneur de l’Europe et
de
l’Asie 25. Ce ne sont là ni l’Europe réelle ni encore moins l’Asie da
913
r de l’Europe et de l’Asie 25. Ce ne sont là ni l’
Europe
réelle ni encore moins l’Asie dans toute son extension, mais plutôt d
914
des désignations allégoriques. C’est ici le lieu
de
remarquer que les termes d’Orient et d’Occident ont subi au cours des
915
es. C’est ici le lieu de remarquer que les termes
d’
Orient et d’Occident ont subi au cours des siècles antiques et moderne
916
i le lieu de remarquer que les termes d’Orient et
d’
Occident ont subi au cours des siècles antiques et modernes des fluctu
917
es fluctuations beaucoup plus fortes que le terme
d’
Europe : tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honor
918
fluctuations beaucoup plus fortes que le terme d’
Europe
: tantôt moitiés administratives de l’Empire (Arcadius et Honorius),
919
e terme d’Europe : tantôt moitiés administratives
de
l’Empire (Arcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques de l’Égl
920
rcadius et Honorius), tantôt moitiés théologiques
de
l’Église (Rome et Byzance), ou enfin vastes et vagues désignations my
921
és lumineuses et spirituelles, l’Occident la nuit
de
la matière. Relevant les caractères régulièrement attribués à cet Ori
922
t à cet Occident mystiques par les métaphysiciens
de
la Grèce présocratique, puis de la Perse avicennienne, et enfin par t
923
es métaphysiciens de la Grèce présocratique, puis
de
la Perse avicennienne, et enfin par tous les auteurs européens jusqu’
924
Perse avicennienne, et enfin par tous les auteurs
européens
jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer de « la Tradition », D. de
925
opéens jusqu’à nos jours qui déclarent s’inspirer
de
« la Tradition », D. de Rougemont donne le tableau suivant formé de q
926
», D. de Rougemont donne le tableau suivant formé
de
quatorze antithèses26 : Orient : l’aurore, le matin, le haut, la dr
927
droite, l’extrême raffinement, la lumière, l’Ange
de
la Révélation, le but dernier, l’âme, l’initiation, la sagesse, la ré
928
gauche, l’épaisseur opaque, la pénombre, le démon
de
l’utilitarisme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme,
929
paque, la pénombre, le démon de l’utilitarisme et
de
la puissance aveugle, l’oubli des buts de l’âme, le corps et la matiè
930
isme et de la puissance aveugle, l’oubli des buts
de
l’âme, le corps et la matière, l’activité désordonnée, la passion, la
931
e par les liens matériels et passionnels, le lieu
d’
exil. Cette unanimité dans l’interprétation, uniquement favorable à l’
932
’interprétation, uniquement favorable à l’Orient,
de
nos deux termes symboliques ne peut manquer d’impressionner. On ne sa
933
t, de nos deux termes symboliques ne peut manquer
d’
impressionner. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel, de physiq
934
d’impressionner. On ne saurait la réduire à rien
d’
accidentel, de physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l
935
er. On ne saurait la réduire à rien d’accidentel,
de
physique ou d’anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour l
936
it la réduire à rien d’accidentel, de physique ou
d’
anecdotique. Car si le soleil se lève à l’Orient pour les Grecs, il en
937
et ceux-ci ne figurent pas pour autant l’Occident
de
la Chine27 ou de la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique !
938
urent pas pour autant l’Occident de la Chine27 ou
de
la Malaisie, ni le Japon l’Occident de l’Amérique ! Elle révèle donc
939
cident de l’Amérique ! Elle révèle donc une forme
de
l’âme, une pente de l’âme, voire une « orientation » de la psyché occ
940
! Elle révèle donc une forme de l’âme, une pente
de
l’âme, voire une « orientation » de la psyché occidentale. Ajoutons
941
me, une pente de l’âme, voire une « orientation »
de
la psyché occidentale. Ajoutons à tout cela l’influence de plusieurs
942
hé occidentale. Ajoutons à tout cela l’influence
de
plusieurs passages des psaumes, des prophètes et des évangiles célébr
943
et des évangiles célébrant l’Orient comme le lieu
d’
où vient le salut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part de l’O
944
lut. Ainsi Matthieu 24, 27 : Comme l’éclair part
de
l’Orient et se montre jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fi
945
jusqu’en Occident, ainsi sera l’avènement du Fils
de
l’Homme. Ce thème de l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgat
946
si sera l’avènement du Fils de l’Homme. Ce thème
de
l’ex oriente lux est si puissant, que la Vulgate traduit presque touj
947
r « germe » ! (ainsi Zacharie 6, 12). Le prestige
de
l’Orient biblique, métaphysique et occultiste empêchera longtemps que
948
aphysique et occultiste empêchera longtemps que l’
Europe
(plus ou moins synonyme d’Occident) prenne un sens autre que géograph
949
ra longtemps que l’Europe (plus ou moins synonyme
d’
Occident) prenne un sens autre que géographique, c’est-à-dire prenne l
950
tre que géographique, c’est-à-dire prenne le sens
d’
une entité historique et spirituelle que l’on puisse opposer à l’Asie,
951
ologètes. Il faut attendre le début du ve siècle
de
notre ère pour voir reparaître — et c’est la première fois depuis Hér
952
e fois depuis Hérodote28 — l’autonomie historique
de
l’Europe. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 3
953
s depuis Hérodote28 — l’autonomie historique de l’
Europe
. Un poème latin de Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et de
954
’autonomie historique de l’Europe. Un poème latin
de
Claudius Claudien (né à Alexandrie vers 365, et demeuré païen) désign
955
t demeuré païen) désigne en effet les « ennemis »
de
l’Europe : le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere
956
euré païen) désigne en effet les « ennemis » de l’
Europe
: le maure Gildon et le barbare Alaric : … Duo namque fuere Europa
957
cum barbara Peuce Nutrierat…29 Au iie siècle
de
notre ère — donc 200 ans après l’inscription de Philae : notons ce lo
958
e de notre ère — donc 200 ans après l’inscription
de
Philae : notons ce long silence — c’est un polémiste antichrétien, Ce
959
ien, Celse, qui nomme pour la première fois « les
Européens
» dans un passage où il repousse toute possibilité que les Asiates,
960
repousse toute possibilité que les Asiates, les
Européens
et Libyens, les Hellènes ainsi que les Barbares, se mettent jamais d’
961
détruirait les diversités politiques des peuples
de
la Terre, voulues et garanties par les dieux païens ! Pour cet ancêtr
962
ur cet ancêtre du nationalisme, qui ne manque pas
de
lucidité, l’ennemi juré c’est l’universalisme des chrétiens. Mais cec
963
vers le milieu du ive siècle et mort vers 410, l’
Europe
trouve enfin sa place dans « l’économie du salut », et c’est à ses sa
964
le doit. Sulpice Sévère est en effet le biographe
de
saint Martin de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète de tou
965
de Tours, qui passera pour « le plus grand ascète
de
toute l’Europe » pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon
966
ui passera pour « le plus grand ascète de toute l’
Europe
» pendant les siècles à venir. Et ce seul saint, selon son laudateur,
967
celle-ci s’enorgueillisse du nombre et des vertus
de
ses saints, il ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’Europe
968
des vertus de ses saints, il ne sera pas mauvais
de
lui faire entendre que l’Europe ne le cède pas à toute l’Asie, grâce
969
l ne sera pas mauvais de lui faire entendre que l’
Europe
ne le cède pas à toute l’Asie, grâce au seul Martin.31 À Martin de
970
Martin.31 À Martin de Tours s’ajoutent bientôt
d’
innombrables saints européens : Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise
971
de Tours s’ajoutent bientôt d’innombrables saints
européens
: Vital de Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue,
972
t bientôt d’innombrables saints européens : Vital
de
Ravenne, Gervais et Ambroise de Milan, Justine de Padoue, Eulalie de
973
e Rome, Cécile de Sicile, et finalement tous ceux
de
la Légion Thébaine, saint Maurice à leur tête, sacrifiés pour leur fo
974
ir, selon les chroniqueurs du temps, fait le tour
de
presque toute l’Europe : omne … fere Europa circuita. C’est donc à se
975
iqueurs du temps, fait le tour de presque toute l’
Europe
: omne … fere Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe d
976
t le tour de presque toute l’Europe : omne … fere
Europa
circuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit de se distinguer
977
re Europa circuita. C’est donc à ses saints que l’
Europe
doit de se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spi
978
rcuita. C’est donc à ses saints que l’Europe doit
de
se distinguer enfin de « l’Occident » — si mal vu par les spirituels
979
s saints que l’Europe doit de se distinguer enfin
de
« l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et de revêtir une dig
980
l’Occident » — si mal vu par les spirituels — et
de
revêtir une dignité qui la rapproche de « l’Orient » des mystiques. D
981
uels — et de revêtir une dignité qui la rapproche
de
« l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d
982
e de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom
d’
Europe et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissa
983
de « l’Orient » des mystiques. Dès lors, le nom d’
Europe
et le concept d’Europe vont revenir avec une insistance croissante, j
984
ystiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept
d’
Europe vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire d
985
tiques. Dès lors, le nom d’Europe et le concept d’
Europe
vont revenir avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire de Char
986
avec une insistance croissante, jusqu’à l’Empire
de
Charlemagne, dans les textes solennels des apostrophes au pape, dans
987
00, s’adresse au pape Grégoire comme à « la fleur
de
toute l’Europe », puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de t
988
se au pape Grégoire comme à « la fleur de toute l’
Europe
», puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef de toutes les Églis
989
», puis en 615 au pape Boniface IV comme au chef
de
toutes les Églises de toute l’Europe (omnium totius Europae ecclesiar
990
Boniface IV comme au chef de toutes les Églises
de
toute l’Europe (omnium totius Europae ecclesiarum capiti). Dans les
991
V comme au chef de toutes les Églises de toute l’
Europe
(omnium totius Europae ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgond
992
ecclesiarum capiti). Dans les Annales burgondes
d’
Avenches (milieu du viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom d
993
viie siècle) on lit à plusieurs reprises le nom
de
Eurupa, désignant à la fois les peuples francs et le continent arrosé
994
son Histoire des Goths, montre tous les peuples
de
l’Europe tremblant devant eux. (Hos Europae omnes tremuere gentes.)
995
Histoire des Goths, montre tous les peuples de l’
Europe
tremblant devant eux. (Hos Europae omnes tremuere gentes.) L’auteur
996
x. (Hos Europae omnes tremuere gentes.) L’auteur
de
la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare q
997
ropae omnes tremuere gentes.) L’auteur de la Vie
de
Gertrude, parlant de la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un
998
gentes.) L’auteur de la Vie de Gertrude, parlant
de
la fille de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Qu
999
auteur de la Vie de Gertrude, parlant de la fille
de
Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Quisnam in Eur
1000
la Vie de Gertrude, parlant de la fille de Pépin
de
Landen, déclare que tout un chacun en Europe (Quisnam in Euruppa habi
1001
de Pépin de Landen, déclare que tout un chacun en
Europe
(Quisnam in Euruppa habitans…) connaît son nom et la gloire de sa rac
1002
n Euruppa habitans…) connaît son nom et la gloire
de
sa race ; tandis que l’auteur de la Vie de Landibert écrit : En ce t
1003
nom et la gloire de sa race ; tandis que l’auteur
de
la Vie de Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de
1004
gloire de sa race ; tandis que l’auteur de la Vie
de
Landibert écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince de nombreuse
1005
rt écrit : En ce temps-là, Pépin était le prince
de
nombreuses régions et cités d’Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mai
1006
in était le prince de nombreuses régions et cités
d’
Europe. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l
1007
était le prince de nombreuses régions et cités d’
Europe
. (Il orthographie Eoruppa.) Mais voici le texte capital, que l’on pe
1008
le texte capital, que l’on peut tenir pour l’acte
de
naissance de l’Europe historique et politique : on le trouve dans une
1009
tal, que l’on peut tenir pour l’acte de naissance
de
l’Europe historique et politique : on le trouve dans une suite à la f
1010
que l’on peut tenir pour l’acte de naissance de l’
Europe
historique et politique : on le trouve dans une suite à la fameuse Ch
1011
n le trouve dans une suite à la fameuse Chronique
d’
Isidore de Séville, rédigée un siècle plus tôt. Le continuateur anonym
1012
nonyme (Isidor Pacensis, ou Isidore de Badajoz ou
de
Beja ? on ne sait) décrit la bataille de Poitiers, gagnée par Charles
1013
dajoz ou de Beja ? on ne sait) décrit la bataille
de
Poitiers, gagnée par Charles Martel sur les Arabes en 732. Il a certa
1014
sur les Arabes en 732. Il a certainement été mêlé
de
près à l’événement, qu’il rapporte en détail quelques années plus tar
1015
lon lui, dura sept jours, au terme desquels les «
Européens
» (soldats des contrées diverses allant de l’Aquitaine à la Germanie
1016
Européens » (soldats des contrées diverses allant
de
l’Aquitaine à la Germanie et formant l’armée du maire du Palais) vire
1017
les tentes des Arabes sont vides ; les guerriers
de
Charles Martel, après le pillage, n’ont plus qu’à s’en retourner, joy
1018
n suas leti recipiunt patrias.32 Ainsi le terme
d’
Européens, pour la première fois dans notre ère, désigne une communaut
1019
suas leti recipiunt patrias.32 Ainsi le terme d’
Européens
, pour la première fois dans notre ère, désigne une communauté contine
1020
ntinentale, celle qui englobe dans un même destin
de
défense contre un même ennemi les peuples vivant au nord des Pyrénées
1021
peut que les historiens qui ramènent la bataille
de
Poitiers à un « mythe » ou à « un incident sans importance » aient ra
1022
s Arabes n’aient qu’à peine enregistré la défaite
d’
Abdarrahmân : selon leurs historiens de l’époque, elle n’aurait marqué
1023
la défaite d’Abdarrahmân : selon leurs historiens
de
l’époque, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse d’une razzia d
1024
que, elle n’aurait marqué que l’issue malheureuse
d’
une razzia de plus chez les Francs. Le recul de l’islam à partir de ce
1025
se d’une razzia de plus chez les Francs. Le recul
de
l’islam à partir de cette date serait dû, selon E. Berl, à une crise
1026
t Byzance, dès 71833. Mais il y a cette chronique
de
l’anonyme espagnol, il y a ce mot Europenses qui suffit à lui seul po
1027
nt naturellement décrits non comme les défenseurs
d’
une Romania devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni de la pa
1028
les défenseurs d’une Romania devenue mythique, ni
de
l’Occident en général, ni de la papauté, ni de leur « nation » ou pat
1029
devenue mythique, ni de l’Occident en général, ni
de
la papauté, ni de leur « nation » ou patrie particulière, mais bien c
1030
ni de l’Occident en général, ni de la papauté, ni
de
leur « nation » ou patrie particulière, mais bien comme les membres d
1031
patrie particulière, mais bien comme les membres
d’
une même famille de peuples. 25. R. Cagnat, Inscriptiones Graecae a
1032
e, mais bien comme les membres d’une même famille
de
peuples. 25. R. Cagnat, Inscriptiones Graecae ad res Romanas perti
1033
pertinentes, 1906. 26. L’Aventure occidentale
de
l’homme , Albin Michel, Paris, 1957. 27. L’auteur se trompe sur ce p
1034
econnaissent expressément. 28. Selon la remarque
de
J. Fischer, op. cit., p. 41. 29. Claudius Claudianus, Paneg. de sex
1035
p. cit., p. 41. 29. Claudius Claudianus, Paneg.
de
sext. consul. Honorii, Monumenta Germanica AA, X, 239. 30. Cité par
1036
363, 20 et 30. 33. Emmanuel Berl, Les Impostures
de
l’histoire, Paris, 1959.
1037
VIII. «
Europa
vel regnum Caroli » Cette conscience commune de l’Europe — remplaça
1038
pa vel regnum Caroli » Cette conscience commune
de
l’Europe — remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou déprécia
1039
l regnum Caroli » Cette conscience commune de l’
Europe
— remplaçant de plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif d’Occ
1040
e plus en plus le concept déprécié ou dépréciatif
d’
Occident — va s’affermir et se préciser avec les conquêtes de Charlema
1041
— va s’affermir et se préciser avec les conquêtes
de
Charlemagne, de 768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), histori
1042
et se préciser avec les conquêtes de Charlemagne,
de
768 à 814. Selon Bède le Vénérable (675-755), historien des Anglais e
1043
lais et chroniqueur « Des six États du monde », l’
Europe
était essentiellement composée de la Gaule, de la Germanie et de l’Es
1044
monde », l’Europe était essentiellement composée
de
la Gaule, de la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus
1045
urope était essentiellement composée de la Gaule,
de
la Germanie et de l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. L’Angle
1046
iellement composée de la Gaule, de la Germanie et
de
l’Espagne, l’Italie s’y joignant plus tard. L’Angleterre et la Scandi
1047
arlemagne conquiert les Lombards, ajoute le titre
de
roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, d
1048
Lombards, ajoute le titre de roi d’Italie à ceux
de
roi de Neustrie, d’Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’anci
1049
titre de roi d’Italie à ceux de roi de Neustrie,
d’
Aquitaine et d’Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et
1050
’Italie à ceux de roi de Neustrie, d’Aquitaine et
d’
Austrasie, déborde largement l’ancien limes à l’est et au nord, ainsi
1051
de, dans les limites qu’esquissait Bède — sinon l’
Europe
? C’est bien ce que font les chroniqueurs et les panégyristes du temp
1052
ine et chrétienne, impérialiste et universaliste,
d’
un impossible imperium mundi. Voici le prêtre Cathwulf qui loue Charle
1053
oici le prêtre Cathwulf qui loue Charles, en 775,
d’
avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire de l’emp
1054
avoir été choisi par Dieu pour être élevé au rang
de
« gloire de l’empire d’Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem
1055
oisi par Dieu pour être élevé au rang de « gloire
de
l’empire d’Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni
1056
u pour être élevé au rang de « gloire de l’empire
d’
Europe » : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni Europae. V
1057
pour être élevé au rang de « gloire de l’empire d’
Europe
» : quod ipse te exaltavit in honorem glorie regni Europae. Voici l
1058
in honorem glorie regni Europae. Voici le poète
de
la cour, Angilbert, gendre de l’empereur, qui décerne à Charles, en 7
1059
ae. Voici le poète de la cour, Angilbert, gendre
de
l’empereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres de « tête du mo
1060
pereur, qui décerne à Charles, en 799, les titres
de
« tête du monde…, cime (ou tiare) de l’Europe… père suprême » et ce s
1061
, les titres de « tête du monde…, cime (ou tiare)
de
l’Europe… père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’im
1062
titres de « tête du monde…, cime (ou tiare) de l’
Europe
… père suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués d’imperator e
1063
suprême » et ce sont là titres mêlés et conjugués
d’
imperator et de pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, d
1064
sont là titres mêlés et conjugués d’imperator et
de
pontifex : Rex Carolus caput orbis, amor populique, decusque Europ
1065
e de l’Europe »34 : Rex, pater Europae… Cette «
Europe
ou règne de Charles » Europa vel regnum Caroli comme la nomment les A
1066
4 : Rex, pater Europae… Cette « Europe ou règne
de
Charles » Europa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fu
1067
er Europae… Cette « Europe ou règne de Charles »
Europa
vel regnum Caroli comme la nomment les Annales de Fulda (fin du ixe
1068
pa vel regnum Caroli comme la nomment les Annales
de
Fulda (fin du ixe siècle), est donc un seul empire chrétien, né hors
1069
n’est donc plus seulement l’une des trois parties
de
la carte du monde traditionnelle (l’Europe, la Libye ou Afrique, l’As
1070
is parties de la carte du monde traditionnelle (l’
Europe
, la Libye ou Afrique, l’Asie), mais une existence autonome et dotée d
1071
ue, l’Asie), mais une existence autonome et dotée
de
vertus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître de l’école du pal
1072
rtus spirituelles. Selon Alcuin (735-804), maître
de
l’école du palais, éducateur, théologien, astronome et rhéteur de cou
1073
lais, éducateur, théologien, astronome et rhéteur
de
cour, elle est le continent de la foi. En tant que telle, l’Europe de
1074
tronome et rhéteur de cour, elle est le continent
de
la foi. En tant que telle, l’Europe de Charles se trouve plus près de
1075
s près de « l’Orient », qui est Jésus-Christ, que
de
« l’Occident » classique, mauvaise moitié du monde… C’est ici le prem
1076
tié du monde… C’est ici le premier épanouissement
d’
une véritable idée européenne, d’une conscience commune attestée par d
1077
ci le premier épanouissement d’une véritable idée
européenne
, d’une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exc
1078
r épanouissement d’une véritable idée européenne,
d’
une conscience commune attestée par d’innombrables expressions exclama
1079
européenne, d’une conscience commune attestée par
d’
innombrables expressions exclamatives. Hélas ! printemps prématuré. Tô
1080
Tôt après Charlemagne, en effet, la grande image
d’
un « règne européen » s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils —
1081
arlemagne, en effet, la grande image d’un « règne
européen
» s’estompe. Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage de l’em
1082
Déjà, sous Louis le Pieux, son fils — le partage
de
l’empire vient d’être consommé — on note un changement bien typique d
1083
le Pieux, son fils — le partage de l’empire vient
d’
être consommé — on note un changement bien typique dans les formules d
1084
um Europae — empire unique —, voici dans un poème
de
l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
1085
e de l’Espagnol Theowulf (après 814) l’expression
de
regna, ou royaumes d’Europe : Tu pius Europae regna potenter habes.3
1086
lf (après 814) l’expression de regna, ou royaumes
d’
Europe : Tu pius Europae regna potenter habes.35 L’idée du regnum E
1087
(après 814) l’expression de regna, ou royaumes d’
Europe
: Tu pius Europae regna potenter habes.35 L’idée du regnum Europae
1088
er habes.35 L’idée du regnum Europae se détache
de
l’idée d’un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de reg
1089
5 L’idée du regnum Europae se détache de l’idée
d’
un empire terrestre — qui déjà ne se compose plus que de regna, c’est-
1090
mpire terrestre — qui déjà ne se compose plus que
de
regna, c’est-à-dire d’une multiplicité de royaumes distincts — pour s
1091
éjà ne se compose plus que de regna, c’est-à-dire
d’
une multiplicité de royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée
1092
lus que de regna, c’est-à-dire d’une multiplicité
de
royaumes distincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale d’un empi
1093
licité de royaumes distincts — pour se rapprocher
de
l’idée médiévale d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret d’
1094
istincts — pour se rapprocher de l’idée médiévale
d’
un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret d’une chrétienté papal
1095
d’un empire sur les âmes, c’est-à-dire au concret
d’
une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie de Charlemagne, règne
1096
au concret d’une chrétienté papale. Au lieu de l’
Europe
unie de Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une
1097
d’une chrétienté papale. Au lieu de l’Europe unie
de
Charlemagne, règne sacerdotal et impérial tout à la fois, une confédé
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tal et impérial tout à la fois, une confédération
de
princes occidentaux se dessine vaguement dans l’ombre des intrigues p
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re des intrigues pré-nationales, et sera le champ
de
l’ambition « romaine » des empereurs « de nation germanique » ; tandi
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e champ de l’ambition « romaine » des empereurs «
de
nation germanique » ; tandis que l’unité spirituelle deviendra l’autr
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l’unité spirituelle deviendra l’autre pôle, celui
de
la papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche de Constantinople
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papauté. Dès 843, Léon IV s’oppose au Patriarche
de
Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’Europe contre l’Emp
1103
e Constantinople, en invoquant toutes les Églises
d’
Europe contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les si
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Constantinople, en invoquant toutes les Églises d’
Europe
contre l’Empire romano-byzantin. Empire et papauté, dans les siècles
1105
ront notre Moyen Âge, vont remplir les chroniques
de
leurs luttes, refoulant le concept d’Europe dans le domaine du mythe
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chroniques de leurs luttes, refoulant le concept
d’
Europe dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgi
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hroniques de leurs luttes, refoulant le concept d’
Europe
dans le domaine du mythe et de l’allégorie, ou dans la nostalgie du g
1108
t le concept d’Europe dans le domaine du mythe et
de
l’allégorie, ou dans la nostalgie du grand passé carolingien. Parfois
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and passé carolingien. Parfois, cependant, le nom
d’
Europe affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, cha
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d passé carolingien. Parfois, cependant, le nom d’
Europe
affleure et brille encore pour un instant. Notker le Bègue, chargé pa
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nt. Notker le Bègue, chargé par Charles le Simple
de
rédiger les Gesta Caroli dès 883, célèbre la construction du pont de
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a Caroli dès 883, célèbre la construction du pont
de
Mayence comme une démonstration du pouvoir des Européens, « grands et
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de Mayence comme une démonstration du pouvoir des
Européens
, « grands et petits », s’ils sont unis : … Comme en témoignent les a
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unis : … Comme en témoignent les arches du pont
de
Mayence, que toute l’Europe édifia par une œuvre commune certes, mais
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ignent les arches du pont de Mayence, que toute l’
Europe
édifia par une œuvre commune certes, mais grâce à une division du tra
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ieux ordonnées (ordinatissimae participationis).
De
cette fin du ixe et de tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite
1117
ssimae participationis). De cette fin du ixe et
de
tout le xe siècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines d’aut
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ècle, Jürgen Fischer nous cite plusieurs dizaines
d’
auteurs qui parlent encore de l’Europe, mais le sens du nom n’est plus
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e plusieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore
de
l’Europe, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de
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sieurs dizaines d’auteurs qui parlent encore de l’
Europe
, mais le sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir de Charles)
1121
e sens du nom n’est plus que rhétorique (souvenir
de
Charles) ou simplement géographique ; tout cela, le plus souvent, dan
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vent, dans un latin douteux. Après le règne agité
d’
Othon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple europ
1123
. Après le règne agité d’Othon III, « imperator »
d’
imitation, l’idée revit d’un « peuple européen » : des expressions tel
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thon III, « imperator » d’imitation, l’idée revit
d’
un « peuple européen » : des expressions telles que populus Europae, o
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perator » d’imitation, l’idée revit d’un « peuple
européen
» : des expressions telles que populus Europae, ou totius Europae pop
1126
plume des annalistes : c’est que l’utopie tenace
d’
une rénovation de l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers ra
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stes : c’est que l’utopie tenace d’une rénovation
de
l’Empire romain a provisoirement reculé. Derniers rayons furtifs, mai
1128
lemagnes, accompagné seulement, nous dit le récit
de
l’époque36, par très peu de soldats, c’est-à-dire : … soutenu par ce
1129
’est-à-dire : … soutenu par ceux-là seuls que la
mère Europe
avait envoyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater Europa occ
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oyés à son aide (… exceptis his quos sibi mater
Europa
occurendo admiserat). Sur le manteau constellé de l’empereur était b
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a occurendo admiserat). Sur le manteau constellé
de
l’empereur était brodée cette inscription : O decus Europae Caesar H
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i tibi rex qui regnat in aevum. (Ô toi, honneur
de
l’Europe, César Henri, sois bienheureux. Que Celui qui règne en étern
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i rex qui regnat in aevum. (Ô toi, honneur de l’
Europe
, César Henri, sois bienheureux. Que Celui qui règne en éternité augme
1134
t funèbre, rimé par un poète rhénan, clama la fin
de
l’idée carolingienne de l’Europe : « Que pleure l’Europe décapitée !
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oète rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne
de
l’Europe : « Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc Europa i
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rhénan, clama la fin de l’idée carolingienne de l’
Europe
: « Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc Europa iam decapi
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l’idée carolingienne de l’Europe : « Que pleure l’
Europe
décapitée ! » : loret hunc Europa iam decapitata. Et commença l’écl
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« Que pleure l’Europe décapitée ! » : loret hunc
Europa
iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale de la conscience — n
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iam decapitata. Et commença l’éclipse médiévale
de
la conscience — non certes de la réalité — européenne. Il faudra les
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l’éclipse médiévale de la conscience — non certes
de
la réalité — européenne. Il faudra les menaces mongole et turque pour
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ale de la conscience — non certes de la réalité —
européenne
. Il faudra les menaces mongole et turque pour réveiller, avec la chré
1142
turque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée
d’
Europe. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées.
1143
rque pour réveiller, avec la chrétienté, l’idée d’
Europe
. Ici donc prend fin notre enquête sur les origines attestées. 34.