1
Note liminaire Cet ouvrage prend
la
suite de quelques autres où j’ai parlé de la passion d’amour, des myt
2
Note liminaire Cet ouvrage prend la suite
de
quelques autres où j’ai parlé de la passion d’amour, des mythes de l’
3
e prend la suite de quelques autres où j’ai parlé
de
la passion d’amour, des mythes de l’âme et du mystère de la personne1
4
rend la suite de quelques autres où j’ai parlé de
la
passion d’amour, des mythes de l’âme et du mystère de la personne1 ;
5
te de quelques autres où j’ai parlé de la passion
d’
amour, des mythes de l’âme et du mystère de la personne1 ; il en prolo
6
s où j’ai parlé de la passion d’amour, des mythes
de
l’âme et du mystère de la personne1 ; il en prolonge les lignes, vers
7
ù j’ai parlé de la passion d’amour, des mythes de
l’
âme et du mystère de la personne1 ; il en prolonge les lignes, vers un
8
assion d’amour, des mythes de l’âme et du mystère
de
la personne1 ; il en prolonge les lignes, vers un point de perspectiv
9
ion d’amour, des mythes de l’âme et du mystère de
la
personne1 ; il en prolonge les lignes, vers un point de perspective d
10
me et du mystère de la personne1 ; il en prolonge
les
lignes, vers un point de perspective d’où le regard puisse embrasser
11
sonne1 ; il en prolonge les lignes, vers un point
de
perspective d’où le regard puisse embrasser un champ mieux unifié du
12
prolonge les lignes, vers un point de perspective
d’
où le regard puisse embrasser un champ mieux unifié du phénomène humai
13
nge les lignes, vers un point de perspective d’où
le
regard puisse embrasser un champ mieux unifié du phénomène humain : c
14
ouver dans ces pages des réflexions nouvelles sur
les
mythes érotiques dans la culture occidentale, et sur les personnages
15
éflexions nouvelles sur les mythes érotiques dans
la
culture occidentale, et sur les personnages imaginaires du roman et d
16
hes érotiques dans la culture occidentale, et sur
les
personnages imaginaires du roman et de l’opéra en lesquels s’illustre
17
e, et sur les personnages imaginaires du roman et
de
l’opéra en lesquels s’illustrent ces mythes ; puis une série d’observ
18
et sur les personnages imaginaires du roman et de
l’
opéra en lesquels s’illustrent ces mythes ; puis une série d’observati
19
lesquels s’illustrent ces mythes ; puis une série
d’
observations (au sens clinique) sur des personnes réelles, dont le dra
20
au sens clinique) sur des personnes réelles, dont
le
drame vécu semble avoir épousé la formule dynamique de Don Juan et de
21
s réelles, dont le drame vécu semble avoir épousé
la
formule dynamique de Don Juan et de Tristan ; enfin, l’on reviendra a
22
ame vécu semble avoir épousé la formule dynamique
de
Don Juan et de Tristan ; enfin, l’on reviendra au problème capital, c
23
avoir épousé la formule dynamique de Don Juan et
de
Tristan ; enfin, l’on reviendra au problème capital, celui de la pers
24
mule dynamique de Don Juan et de Tristan ; enfin,
l’
on reviendra au problème capital, celui de la personne en soi, telle q
25
enfin, l’on reviendra au problème capital, celui
de
la personne en soi, telle que les religions majeures la définissent o
26
fin, l’on reviendra au problème capital, celui de
la
personne en soi, telle que les religions majeures la définissent ou l
27
e capital, celui de la personne en soi, telle que
les
religions majeures la définissent ou la nient. Car toute idée de l’ho
28
personne en soi, telle que les religions majeures
la
définissent ou la nient. Car toute idée de l’homme est une idée de l’
29
elle que les religions majeures la définissent ou
la
nient. Car toute idée de l’homme est une idée de l’amour. Cette succe
30
jeures la définissent ou la nient. Car toute idée
de
l’homme est une idée de l’amour. Cette succession pourra surprendre.
31
res la définissent ou la nient. Car toute idée de
l’
homme est une idée de l’amour. Cette succession pourra surprendre. Des
32
la nient. Car toute idée de l’homme est une idée
de
l’amour. Cette succession pourra surprendre. Des transitions logiques
33
nient. Car toute idée de l’homme est une idée de
l’
amour. Cette succession pourra surprendre. Des transitions logiques mé
34
es transitions logiques ménagées après coup entre
les
différents chapitres du recueil ne seraient qu’un faible artifice — e
35
qu’un faible artifice — et j’y renonce au profit
d’
une longue Introduction — s’agissant d’assurer l’unité de l’ouvrage et
36
au profit d’une longue Introduction — s’agissant
d’
assurer l’unité de l’ouvrage et d’en faire accepter le vrai sujet : ce
37
d’une longue Introduction — s’agissant d’assurer
l’
unité de l’ouvrage et d’en faire accepter le vrai sujet : ce mouvement
38
ongue Introduction — s’agissant d’assurer l’unité
de
l’ouvrage et d’en faire accepter le vrai sujet : ce mouvement d’aller
39
ue Introduction — s’agissant d’assurer l’unité de
l’
ouvrage et d’en faire accepter le vrai sujet : ce mouvement d’aller et
40
on — s’agissant d’assurer l’unité de l’ouvrage et
d’
en faire accepter le vrai sujet : ce mouvement d’aller et retour du re
41
surer l’unité de l’ouvrage et d’en faire accepter
le
vrai sujet : ce mouvement d’aller et retour du religieux à l’érotique
42
d’en faire accepter le vrai sujet : ce mouvement
d’
aller et retour du religieux à l’érotique qui est l’un des secrets déc
43
t : ce mouvement d’aller et retour du religieux à
l’
érotique qui est l’un des secrets décisifs de la psycho occidentale. J
44
ux à l’érotique qui est l’un des secrets décisifs
de
la psycho occidentale. Je ne vois guère de domaine, en effet, où les
45
à l’érotique qui est l’un des secrets décisifs de
la
psycho occidentale. Je ne vois guère de domaine, en effet, où les mal
46
cisifs de la psycho occidentale. Je ne vois guère
de
domaine, en effet, où les malentendus invétérés et les préjugés prêts
47
entale. Je ne vois guère de domaine, en effet, où
les
malentendus invétérés et les préjugés prêts au bond retiennent autant
48
omaine, en effet, où les malentendus invétérés et
les
préjugés prêts au bond retiennent autant d’esprits, croyants et incro
49
s et les préjugés prêts au bond retiennent autant
d’
esprits, croyants et incroyants, de faire face à leurs vrais problèmes
50
iennent autant d’esprits, croyants et incroyants,
de
faire face à leurs vrais problèmes ou de souffrir seulement qu’on les
51
royants, de faire face à leurs vrais problèmes ou
de
souffrir seulement qu’on les observe. Freud a décelé quelques-uns des
52
rs vrais problèmes ou de souffrir seulement qu’on
les
observe. Freud a décelé quelques-uns des motifs d’une pareille résist
53
s observe. Freud a décelé quelques-uns des motifs
d’
une pareille résistance à la lucidité ; il les situait dans le conflit
54
elques-uns des motifs d’une pareille résistance à
la
lucidité ; il les situait dans le conflit entre la vie sexuelle et la
55
tifs d’une pareille résistance à la lucidité ; il
les
situait dans le conflit entre la vie sexuelle et la morale sociale. A
56
le résistance à la lucidité ; il les situait dans
le
conflit entre la vie sexuelle et la morale sociale. Avant lui, Marx a
57
a lucidité ; il les situait dans le conflit entre
la
vie sexuelle et la morale sociale. Avant lui, Marx avait osé une anal
58
situait dans le conflit entre la vie sexuelle et
la
morale sociale. Avant lui, Marx avait osé une analyse non moins « cho
59
osé une analyse non moins « choquante » du refus
de
prendre conscience des réalités économiques, en conflit avec l’idéal
60
science des réalités économiques, en conflit avec
l’
idéal de la bourgeoisie victorienne. L’un et l’autre, d’ailleurs, deme
61
des réalités économiques, en conflit avec l’idéal
de
la bourgeoisie victorienne. L’un et l’autre, d’ailleurs, demeuraient
62
réalités économiques, en conflit avec l’idéal de
la
bourgeoisie victorienne. L’un et l’autre, d’ailleurs, demeuraient tri
63
n et l’autre, d’ailleurs, demeuraient tributaires
de
cette même société occidentale dont ils surent génialement dénoncer l
64
occidentale dont ils surent génialement dénoncer
les
« bons motifs » de s’aveugler dans deux domaines vitaux, bien définis
65
s surent génialement dénoncer les « bons motifs »
de
s’aveugler dans deux domaines vitaux, bien définis. Mais ces domaines
66
s. Mais ces domaines (précisément « taboués » par
les
classes dirigeantes de leur temps) n’enferment pas toute la réalité,
67
écisément « taboués » par les classes dirigeantes
de
leur temps) n’enferment pas toute la réalité, ni de l’homme occidenta
68
dirigeantes de leur temps) n’enferment pas toute
la
réalité, ni de l’homme occidental, ni de l’homme en général. Marx et
69
leur temps) n’enferment pas toute la réalité, ni
de
l’homme occidental, ni de l’homme en général. Marx et Freud partageai
70
ur temps) n’enferment pas toute la réalité, ni de
l’
homme occidental, ni de l’homme en général. Marx et Freud partageaient
71
as toute la réalité, ni de l’homme occidental, ni
de
l’homme en général. Marx et Freud partageaient malgré tout avec la so
72
toute la réalité, ni de l’homme occidental, ni de
l’
homme en général. Marx et Freud partageaient malgré tout avec la socié
73
éral. Marx et Freud partageaient malgré tout avec
la
société qu’ils attaquaient un système de pensée et certains préjugés
74
out avec la société qu’ils attaquaient un système
de
pensée et certains préjugés qui devaient à leur tour les aveugler sur
75
sée et certains préjugés qui devaient à leur tour
les
aveugler sur un autre ordre de réalités. J’ai donc tenté de retrouver
76
aient à leur tour les aveugler sur un autre ordre
de
réalités. J’ai donc tenté de retrouver la dialectique de l’amour et d
77
r sur un autre ordre de réalités. J’ai donc tenté
de
retrouver la dialectique de l’amour et de la personne, qui sont les d
78
e ordre de réalités. J’ai donc tenté de retrouver
la
dialectique de l’amour et de la personne, qui sont les deux réalités
79
ités. J’ai donc tenté de retrouver la dialectique
de
l’amour et de la personne, qui sont les deux réalités que ces grands
80
s. J’ai donc tenté de retrouver la dialectique de
l’
amour et de la personne, qui sont les deux réalités que ces grands hom
81
c tenté de retrouver la dialectique de l’amour et
de
la personne, qui sont les deux réalités que ces grands hommes avaient
82
enté de retrouver la dialectique de l’amour et de
la
personne, qui sont les deux réalités que ces grands hommes avaient ét
83
ialectique de l’amour et de la personne, qui sont
les
deux réalités que ces grands hommes avaient été contraints par leur s
84
ts par leur système, à la fois efficace et fermé,
d’
éliminer ou de refouler. Il s’agit ici d’une recherche, et non pas de
85
stème, à la fois efficace et fermé, d’éliminer ou
de
refouler. Il s’agit ici d’une recherche, et non pas de littérature, m
86
t fermé, d’éliminer ou de refouler. Il s’agit ici
d’
une recherche, et non pas de littérature, malgré les multiples exemple
87
fouler. Il s’agit ici d’une recherche, et non pas
de
littérature, malgré les multiples exemples que j’ai pris dans les gra
88
’une recherche, et non pas de littérature, malgré
les
multiples exemples que j’ai pris dans les grands auteurs des xixe et
89
malgré les multiples exemples que j’ai pris dans
les
grands auteurs des xixe et xxe siècles, et cités comme autant de fa
90
des xixe et xxe siècles, et cités comme autant
de
faits. Il s’agit de trouver ou d’inventer non pas des objets de langa
91
iècles, et cités comme autant de faits. Il s’agit
de
trouver ou d’inventer non pas des objets de langage (comme on l’atten
92
és comme autant de faits. Il s’agit de trouver ou
d’
inventer non pas des objets de langage (comme on l’attend de la poésie
93
’agit de trouver ou d’inventer non pas des objets
de
langage (comme on l’attend de la poésie) ni des valeurs (comme on l’a
94
’inventer non pas des objets de langage (comme on
l’
attend de la poésie) ni des valeurs (comme on l’attend des philosophes
95
non pas des objets de langage (comme on l’attend
de
la poésie) ni des valeurs (comme on l’attend des philosophes), mais u
96
n pas des objets de langage (comme on l’attend de
la
poésie) ni des valeurs (comme on l’attend des philosophes), mais une
97
n l’attend de la poésie) ni des valeurs (comme on
l’
attend des philosophes), mais une vision plus vraie, modifiant le suje
98
ilosophes), mais une vision plus vraie, modifiant
le
sujet. Rien d’étonnant si une telle recherche m’a porté plus d’une fo
99
s une vision plus vraie, modifiant le sujet. Rien
d’
étonnant si une telle recherche m’a porté plus d’une fois bien au-delà
100
d’étonnant si une telle recherche m’a porté plus
d’
une fois bien au-delà des conclusions de L’Amour et l’Occident . Cert
101
orté plus d’une fois bien au-delà des conclusions
de
L’Amour et l’Occident . Certains me feront peut-être un reproche d’i
102
plus d’une fois bien au-delà des conclusions de
L’
Amour et l’Occident . Certains me feront peut-être un reproche d’incon
103
fois bien au-delà des conclusions de L’Amour et
l’
Occident . Certains me feront peut-être un reproche d’inconstance. Pou
104
cident . Certains me feront peut-être un reproche
d’
inconstance. Pourtant, à y bien regarder, on verra que mes thèses prim
105
tifiées que niées. Quelques oppositions ont perdu
de
leur tranchant, une fois mieux orientées dans une vue de l’Amour que
106
tranchant, une fois mieux orientées dans une vue
de
l’Amour que je ne crains pas qu’on dise moniste : le seul monisme non
107
anchant, une fois mieux orientées dans une vue de
l’
Amour que je ne crains pas qu’on dise moniste : le seul monisme non co
108
l’Amour que je ne crains pas qu’on dise moniste :
le
seul monisme non contradictoire avec la réalité de la personne étant
109
moniste : le seul monisme non contradictoire avec
la
réalité de la personne étant précisément celui de l’Amour, parce qu’i
110
e seul monisme non contradictoire avec la réalité
de
la personne étant précisément celui de l’Amour, parce qu’il se trouve
111
eul monisme non contradictoire avec la réalité de
la
personne étant précisément celui de l’Amour, parce qu’il se trouve qu
112
la réalité de la personne étant précisément celui
de
l’Amour, parce qu’il se trouve que l’être même de l’Amour — son exist
113
réalité de la personne étant précisément celui de
l’
Amour, parce qu’il se trouve que l’être même de l’Amour — son existenc
114
ément celui de l’Amour, parce qu’il se trouve que
l’
être même de l’Amour — son existence, sa puissance et son essence — re
115
de l’Amour, parce qu’il se trouve que l’être même
de
l’Amour — son existence, sa puissance et son essence — recrée sans ce
116
l’Amour, parce qu’il se trouve que l’être même de
l’
Amour — son existence, sa puissance et son essence — recrée sans cesse
117
, sa puissance et son essence — recrée sans cesse
la
multiplicité non illusoire des personnes, et la préserve au sein de l
118
e la multiplicité non illusoire des personnes, et
la
préserve au sein de l’Unité, afin de l’aimer et d’être aimé par elle.
119
llusoire des personnes, et la préserve au sein de
l’
Unité, afin de l’aimer et d’être aimé par elle. Voilà toute la philoso
120
onnes, et la préserve au sein de l’Unité, afin de
l’
aimer et d’être aimé par elle. Voilà toute la philosophie que je dédui
121
a préserve au sein de l’Unité, afin de l’aimer et
d’
être aimé par elle. Voilà toute la philosophie que je déduis de mes es
122
n de l’aimer et d’être aimé par elle. Voilà toute
la
philosophie que je déduis de mes essais en les relisant, bien qu’elle
123
ar elle. Voilà toute la philosophie que je déduis
de
mes essais en les relisant, bien qu’elle n’y soit traitée qu’en image
124
ute la philosophie que je déduis de mes essais en
les
relisant, bien qu’elle n’y soit traitée qu’en images et symboles. 1
125
traitée qu’en images et symboles. 1. Il s’agit
de
L’Amour et l’Occident (1939 et 1956), de Doctrine fabuleuse (1947
126
itée qu’en images et symboles. 1. Il s’agit de
L’
Amour et l’Occident (1939 et 1956), de Doctrine fabuleuse (1947) et
127
images et symboles. 1. Il s’agit de L’Amour et
l’
Occident (1939 et 1956), de Doctrine fabuleuse (1947) et des Perso
128
s’agit de L’Amour et l’Occident (1939 et 1956),
de
Doctrine fabuleuse (1947) et des Personnes du Drame (1944) notamm
129
IL’amour et
la
personne dans le monde christianisé Éros, qui était un dieu pour le
130
IL’amour et la personne dans
le
monde christianisé Éros, qui était un dieu pour les Anciens, est un
131
monde christianisé Éros, qui était un dieu pour
les
Anciens, est un problème pour les Modernes. Le dieu était ailé, charm
132
it un dieu pour les Anciens, est un problème pour
les
Modernes. Le dieu était ailé, charmant et secondaire ; le problème es
133
r les Anciens, est un problème pour les Modernes.
Le
dieu était ailé, charmant et secondaire ; le problème est sérieux, co
134
nes. Le dieu était ailé, charmant et secondaire ;
le
problème est sérieux, complexe et encombrant. Mais cela n’est vrai qu
135
n’est vrai qu’en Occident, car on n’observe rien
de
tel en Inde, en Chine ou en Afrique. Comment nous expliquer ce fait ?
136
que. Comment nous expliquer ce fait ? Et pourquoi
l’
érotisme est-il devenu synonyme de perversité non seulement dans le ja
137
t ? Et pourquoi l’érotisme est-il devenu synonyme
de
perversité non seulement dans le jargon des lois de l’État laïque, ma
138
devenu synonyme de perversité non seulement dans
le
jargon des lois de l’État laïque, mais aux yeux des chrétiens exigean
139
perversité non seulement dans le jargon des lois
de
l’État laïque, mais aux yeux des chrétiens exigeants et sincères, dep
140
rversité non seulement dans le jargon des lois de
l’
État laïque, mais aux yeux des chrétiens exigeants et sincères, depuis
141
et sincères, depuis des siècles ? Pour comprendre
la
situation problématique de notre temps, il faut remonter aux origines
142
cles ? Pour comprendre la situation problématique
de
notre temps, il faut remonter aux origines du christianisme. Le purit
143
, il faut remonter aux origines du christianisme.
Le
puritanisme chrétien est un peu plus ancien que les évangiles : il se
144
e puritanisme chrétien est un peu plus ancien que
les
évangiles : il se déclare dès les épîtres de saint Paul. Et s’il est
145
plus ancien que les évangiles : il se déclare dès
les
épîtres de saint Paul. Et s’il est remarquable que les évangiles, réd
146
que les évangiles : il se déclare dès les épîtres
de
saint Paul. Et s’il est remarquable que les évangiles, rédigés peu ap
147
pîtres de saint Paul. Et s’il est remarquable que
les
évangiles, rédigés peu après, n’en portent guère de traces, il est co
148
évangiles, rédigés peu après, n’en portent guère
de
traces, il est constant qu’on les a lus pendant des siècles à la lumi
149
en portent guère de traces, il est constant qu’on
les
a lus pendant des siècles à la lumière des polémiques pauliniennes di
150
mière des polémiques pauliniennes dirigées contre
les
gnostiques. Or ce sont les gnostiques qui ont tenté les premiers de p
151
iennes dirigées contre les gnostiques. Or ce sont
les
gnostiques qui ont tenté les premiers de passer de l’Éros à l’Esprit,
152
ce sont les gnostiques qui ont tenté les premiers
de
passer de l’Éros à l’Esprit, par des moyens extrêmes de préférence, a
153
s gnostiques qui ont tenté les premiers de passer
de
l’Éros à l’Esprit, par des moyens extrêmes de préférence, allant de l
154
nostiques qui ont tenté les premiers de passer de
l’
Éros à l’Esprit, par des moyens extrêmes de préférence, allant de la c
155
qui ont tenté les premiers de passer de l’Éros à
l’
Esprit, par des moyens extrêmes de préférence, allant de la castration
156
ser de l’Éros à l’Esprit, par des moyens extrêmes
de
préférence, allant de la castration à la luxure sacrée, ou de la « co
157
it, par des moyens extrêmes de préférence, allant
de
la castration à la luxure sacrée, ou de la « communio spermatica » de
158
par des moyens extrêmes de préférence, allant de
la
castration à la luxure sacrée, ou de la « communio spermatica » de ce
159
extrêmes de préférence, allant de la castration à
la
luxure sacrée, ou de la « communio spermatica » de certaines sectes b
160
e, allant de la castration à la luxure sacrée, ou
de
la « communio spermatica » de certaines sectes basilidiennes au culte
161
allant de la castration à la luxure sacrée, ou de
la
« communio spermatica » de certaines sectes basilidiennes au culte gé
162
a luxure sacrée, ou de la « communio spermatica »
de
certaines sectes basilidiennes au culte général d’une Sophia æterna,
163
e certaines sectes basilidiennes au culte général
d’
une Sophia æterna, Éternel féminin exalté bien au-dessus du Créateur b
164
é. Attaqués sans relâche dans leurs doctrines par
les
Pères de l’Église primitive, rigoureusement persécutés plus tard par
165
rimitive, rigoureusement persécutés plus tard par
le
christianisme établi, ils sont les vrais ancêtres des traditions diff
166
s plus tard par le christianisme établi, ils sont
les
vrais ancêtres des traditions diffuses dans l’hérésie cathare et les
167
t les vrais ancêtres des traditions diffuses dans
l’
hérésie cathare et les mystiques du Nord (ou du moins dans leur vocabu
168
des traditions diffuses dans l’hérésie cathare et
les
mystiques du Nord (ou du moins dans leur vocabulaire) d’où procèdent,
169
iques du Nord (ou du moins dans leur vocabulaire)
d’
où procèdent, par les voies détournées que l’on sait, le lyrisme et le
170
moins dans leur vocabulaire) d’où procèdent, par
les
voies détournées que l’on sait, le lyrisme et le roman modernes, lesq
171
ire) d’où procèdent, par les voies détournées que
l’
on sait, le lyrisme et le roman modernes, lesquels ne parlent guère qu
172
rocèdent, par les voies détournées que l’on sait,
le
lyrisme et le roman modernes, lesquels ne parlent guère que d’un amou
173
les voies détournées que l’on sait, le lyrisme et
le
roman modernes, lesquels ne parlent guère que d’un amour « profane »,
174
le roman modernes, lesquels ne parlent guère que
d’
un amour « profane », sans plus savoir ni d’où il vient ni où il va2.
175
e que d’un amour « profane », sans plus savoir ni
d’
où il vient ni où il va2. L’intransigeante hostilité qui oppose les te
176
, sans plus savoir ni d’où il vient ni où il va2.
L’
intransigeante hostilité qui oppose les tenants de la morale et les éc
177
où il va2. L’intransigeante hostilité qui oppose
les
tenants de la morale et les écrivains érotiques prolonge, à l’insu de
178
L’intransigeante hostilité qui oppose les tenants
de
la morale et les écrivains érotiques prolonge, à l’insu des deux camp
179
ntransigeante hostilité qui oppose les tenants de
la
morale et les écrivains érotiques prolonge, à l’insu des deux camps,
180
hostilité qui oppose les tenants de la morale et
les
écrivains érotiques prolonge, à l’insu des deux camps, un débat vingt
181
la morale et les écrivains érotiques prolonge, à
l’
insu des deux camps, un débat vingt fois séculaire, mais dont les term
182
x camps, un débat vingt fois séculaire, mais dont
les
termes se sont dégradés à mesure qu’on perdait conscience des orienta
183
s orientations spirituelles qu’ils signifiaient à
l’
origine. Rappelons donc ces termes de base, et voyons si vraiment ils
184
gnifiaient à l’origine. Rappelons donc ces termes
de
base, et voyons si vraiment ils permettent d’expliquer pourquoi c’est
185
mes de base, et voyons si vraiment ils permettent
d’
expliquer pourquoi c’est en Europe, et là seulement, que la morale rel
186
er pourquoi c’est en Europe, et là seulement, que
la
morale religieuse et l’érotique en sont venues à ce statut de conflit
187
ope, et là seulement, que la morale religieuse et
l’
érotique en sont venues à ce statut de conflit permanent, de mépris ré
188
ligieuse et l’érotique en sont venues à ce statut
de
conflit permanent, de mépris réciproque, de rigoureuse exclusion mutu
189
en sont venues à ce statut de conflit permanent,
de
mépris réciproque, de rigoureuse exclusion mutuelle. Rien de pareil e
190
tatut de conflit permanent, de mépris réciproque,
de
rigoureuse exclusion mutuelle. Rien de pareil en Inde, répétons-le, n
191
éciproque, de rigoureuse exclusion mutuelle. Rien
de
pareil en Inde, répétons-le, ni d’une manière plus générale dans les
192
lusion mutuelle. Rien de pareil en Inde, répétons-
le
, ni d’une manière plus générale dans les cultures que le christianism
193
mutuelle. Rien de pareil en Inde, répétons-le, ni
d’
une manière plus générale dans les cultures que le christianisme n’a q
194
répétons-le, ni d’une manière plus générale dans
les
cultures que le christianisme n’a que peu ou nullement touchées. I. L
195
d’une manière plus générale dans les cultures que
le
christianisme n’a que peu ou nullement touchées. I. Le christianisme
196
ristianisme n’a que peu ou nullement touchées. I.
Le
christianisme est la religion de l’Amour. — Religion d’un Dieu que l’
197
eu ou nullement touchées. I. Le christianisme est
la
religion de l’Amour. — Religion d’un Dieu que l’Ancien Testament défi
198
ent touchées. I. Le christianisme est la religion
de
l’Amour. — Religion d’un Dieu que l’Ancien Testament définissait comm
199
touchées. I. Le christianisme est la religion de
l’
Amour. — Religion d’un Dieu que l’Ancien Testament définissait comme l
200
istianisme est la religion de l’Amour. — Religion
d’
un Dieu que l’Ancien Testament définissait comme l’Être originel, le C
201
la religion de l’Amour. — Religion d’un Dieu que
l’
Ancien Testament définissait comme l’Être originel, le Créateur du mon
202
’un Dieu que l’Ancien Testament définissait comme
l’
Être originel, le Créateur du monde et le sauveur d’Israël, mais que l
203
cien Testament définissait comme l’Être originel,
le
Créateur du monde et le sauveur d’Israël, mais que le Nouveau Testame
204
it comme l’Être originel, le Créateur du monde et
le
sauveur d’Israël, mais que le Nouveau Testament révèle au cœur de tou
205
Être originel, le Créateur du monde et le sauveur
d’
Israël, mais que le Nouveau Testament révèle au cœur de tous les homme
206
réateur du monde et le sauveur d’Israël, mais que
le
Nouveau Testament révèle au cœur de tous les hommes, et d’une manière
207
aël, mais que le Nouveau Testament révèle au cœur
de
tous les hommes, et d’une manière radicalement nouvelle : « Dieu est
208
s que le Nouveau Testament révèle au cœur de tous
les
hommes, et d’une manière radicalement nouvelle : « Dieu est Amour »,
209
u Testament révèle au cœur de tous les hommes, et
d’
une manière radicalement nouvelle : « Dieu est Amour », répète saint J
210
», répète saint Jean. Religion créée par un acte
de
l’amour : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique…
211
répète saint Jean. Religion créée par un acte de
l’
amour : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » R
212
créée par un acte de l’amour : « Dieu a tant aimé
le
monde qu’il a donné son Fils unique… » Religion dont toute la Loi est
213
il a donné son Fils unique… » Religion dont toute
la
Loi est résumée par Jésus-Christ lui-même, dans un seul et unique com
214
ans un seul et unique commandement : « Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même.3 » Religion qui me
215
mme toi-même.3 » Religion qui met au premier rang
de
toutes les vertus, l’Amour : « Maintenant ces trois choses demeurent,
216
me.3 » Religion qui met au premier rang de toutes
les
vertus, l’Amour : « Maintenant ces trois choses demeurent, la Foi, l’
217
ion qui met au premier rang de toutes les vertus,
l’
Amour : « Maintenant ces trois choses demeurent, la Foi, l’Espérance e
218
’Amour : « Maintenant ces trois choses demeurent,
la
Foi, l’Espérance et l’Amour ; mais la plus grande des trois, c’est l’
219
« Maintenant ces trois choses demeurent, la Foi,
l’
Espérance et l’Amour ; mais la plus grande des trois, c’est l’Amour ».
220
es trois choses demeurent, la Foi, l’Espérance et
l’
Amour ; mais la plus grande des trois, c’est l’Amour ». Et celui qui n
221
demeurent, la Foi, l’Espérance et l’Amour ; mais
la
plus grande des trois, c’est l’Amour ». Et celui qui n’a pas l’Amour
222
et l’Amour ; mais la plus grande des trois, c’est
l’
Amour ». Et celui qui n’a pas l’Amour « n’est qu’une cymbale qui reten
223
des trois, c’est l’Amour ». Et celui qui n’a pas
l’
Amour « n’est qu’une cymbale qui retentit », n’est rien, en vérité spi
224
n vérité spirituelle. 2. Parce qu’il est religion
de
l’Amour, le christianisme implique et pose la réalité de la personne.
225
érité spirituelle. 2. Parce qu’il est religion de
l’
Amour, le christianisme implique et pose la réalité de la personne. —
226
rituelle. 2. Parce qu’il est religion de l’Amour,
le
christianisme implique et pose la réalité de la personne. — Les relat
227
ion de l’Amour, le christianisme implique et pose
la
réalité de la personne. — Les relations qu’il définit entre l’homme e
228
our, le christianisme implique et pose la réalité
de
la personne. — Les relations qu’il définit entre l’homme et « son » D
229
, le christianisme implique et pose la réalité de
la
personne. — Les relations qu’il définit entre l’homme et « son » Dieu
230
sme implique et pose la réalité de la personne. —
Les
relations qu’il définit entre l’homme et « son » Dieu sont personnell
231
la personne. — Les relations qu’il définit entre
l’
homme et « son » Dieu sont personnelles. Dieu est personnel. La Trinit
232
son » Dieu sont personnelles. Dieu est personnel.
La
Trinité est composée de trois Personnes. Le modèle de toute personne
233
lles. Dieu est personnel. La Trinité est composée
de
trois Personnes. Le modèle de toute personne humaine est donné par l’
234
nnel. La Trinité est composée de trois Personnes.
Le
modèle de toute personne humaine est donné par l’Incarnation du Chris
235
rinité est composée de trois Personnes. Le modèle
de
toute personne humaine est donné par l’Incarnation du Christ fils de
236
Le modèle de toute personne humaine est donné par
l’
Incarnation du Christ fils de Dieu, en Jésus fils de Marie — Jésus-Chr
237
umaine est donné par l’Incarnation du Christ fils
de
Dieu, en Jésus fils de Marie — Jésus-Christ étant à la fois « vrai Di
238
Incarnation du Christ fils de Dieu, en Jésus fils
de
Marie — Jésus-Christ étant à la fois « vrai Dieu et vrai homme » selo
239
étant à la fois « vrai Dieu et vrai homme » selon
le
Credo. D’où suit immédiatement que tout homme converti, recréé par l’
240
fois « vrai Dieu et vrai homme » selon le Credo.
D’
où suit immédiatement que tout homme converti, recréé par l’Amour divi
241
immédiatement que tout homme converti, recréé par
l’
Amour divin, va devenir, dans l’imitation de Jésus-Christ, vraie vocat
242
verti, recréé par l’Amour divin, va devenir, dans
l’
imitation de Jésus-Christ, vraie vocation et vrai individu, c’est-à-di
243
é par l’Amour divin, va devenir, dans l’imitation
de
Jésus-Christ, vraie vocation et vrai individu, c’est-à-dire : une per
244
ne distincte mais reliée en même temps par ce qui
la
distingue. Car pour aimer, il faut être distinct de l’objet même de l
245
distingue. Car pour aimer, il faut être distinct
de
l’objet même de l’amour, auquel on voudrait être uni. Et pour que l’h
246
stingue. Car pour aimer, il faut être distinct de
l’
objet même de l’amour, auquel on voudrait être uni. Et pour que l’homm
247
pour aimer, il faut être distinct de l’objet même
de
l’amour, auquel on voudrait être uni. Et pour que l’homme puisse aime
248
r aimer, il faut être distinct de l’objet même de
l’
amour, auquel on voudrait être uni. Et pour que l’homme puisse aimer D
249
l’amour, auquel on voudrait être uni. Et pour que
l’
homme puisse aimer Dieu et tout d’abord en être aimé, il faut que Dieu
250
u soit personnel et qu’il soit « tout autre » que
l’
homme. Et enfin pour que l’homme puisse s’aimer lui-même, il faut qu’i
251
oit « tout autre » que l’homme. Et enfin pour que
l’
homme puisse s’aimer lui-même, il faut qu’il y ait en lui dualité entr
252
ui-même, il faut qu’il y ait en lui dualité entre
l’
homme naturel et l’homme nouveau, recréé par l’appel qu’il reçoit de l
253
’il y ait en lui dualité entre l’homme naturel et
l’
homme nouveau, recréé par l’appel qu’il reçoit de l’Amour. Cet appel e
254
re l’homme naturel et l’homme nouveau, recréé par
l’
appel qu’il reçoit de l’Amour. Cet appel est sa vocation, la vie nouve
255
l’homme nouveau, recréé par l’appel qu’il reçoit
de
l’Amour. Cet appel est sa vocation, la vie nouvelle de sa personne. C
256
homme nouveau, recréé par l’appel qu’il reçoit de
l’
Amour. Cet appel est sa vocation, la vie nouvelle de sa personne. Cett
257
’il reçoit de l’Amour. Cet appel est sa vocation,
la
vie nouvelle de sa personne. Cette vie demeure en partie mystérieuse,
258
Amour. Cet appel est sa vocation, la vie nouvelle
de
sa personne. Cette vie demeure en partie mystérieuse, étant « cachée
259
emeure en partie mystérieuse, étant « cachée avec
le
Christ en Dieu », mais elle se manifeste par des actes, dans l’amour
260
ieu », mais elle se manifeste par des actes, dans
l’
amour du prochain comme de soi-même. Ainsi l’amour distingue et relie
261
ste par des actes, dans l’amour du prochain comme
de
soi-même. Ainsi l’amour distingue et relie à la fois. Il relie au mys
262
dans l’amour du prochain comme de soi-même. Ainsi
l’
amour distingue et relie à la fois. Il relie au mystère divin, mais au
263
Il relie au mystère divin, mais aussi au mystère
de
ce « prochain » visible dont la personne reste invisible… 3. Cette re
264
aussi au mystère de ce « prochain » visible dont
la
personne reste invisible… 3. Cette religion de l’Amour total (amour d
265
nt la personne reste invisible… 3. Cette religion
de
l’Amour total (amour de Dieu, de Soi et du Prochain) n’a pas de livre
266
la personne reste invisible… 3. Cette religion de
l’
Amour total (amour de Dieu, de Soi et du Prochain) n’a pas de livres s
267
isible… 3. Cette religion de l’Amour total (amour
de
Dieu, de Soi et du Prochain) n’a pas de livres sacrés sur l’Amour. —
268
. Cette religion de l’Amour total (amour de Dieu,
de
Soi et du Prochain) n’a pas de livres sacrés sur l’Amour. — Dans cet
269
al (amour de Dieu, de Soi et du Prochain) n’a pas
de
livres sacrés sur l’Amour. — Dans cet ensemble infiniment varié de ph
270
Soi et du Prochain) n’a pas de livres sacrés sur
l’
Amour. — Dans cet ensemble infiniment varié de phénomènes que l’Europe
271
sur l’Amour. — Dans cet ensemble infiniment varié
de
phénomènes que l’Europe seule a désignés par le seul et même terme d’
272
s cet ensemble infiniment varié de phénomènes que
l’
Europe seule a désignés par le seul et même terme d’amour4, considéron
273
é de phénomènes que l’Europe seule a désignés par
le
seul et même terme d’amour4, considérons les raies extrêmes du spectr
274
Europe seule a désignés par le seul et même terme
d’
amour4, considérons les raies extrêmes du spectre : l’ultraviolet du s
275
s par le seul et même terme d’amour4, considérons
les
raies extrêmes du spectre : l’ultraviolet du spirituel et l’infraroug
276
our4, considérons les raies extrêmes du spectre :
l’
ultraviolet du spirituel et l’infrarouge du sexuel. Notre mystique, sc
277
trêmes du spectre : l’ultraviolet du spirituel et
l’
infrarouge du sexuel. Notre mystique, science de l’amour divin, s’est
278
t l’infrarouge du sexuel. Notre mystique, science
de
l’amour divin, s’est développée très tardivement, dans des formes et
279
’infrarouge du sexuel. Notre mystique, science de
l’
amour divin, s’est développée très tardivement, dans des formes et sel
280
des voies presque toujours suspectes aux yeux de
l’
orthodoxie5. Notre éthique sexuelle s’est très longtemps réduite à que
281
réduite à quelques interdits élémentaires et que
l’
on trouve dans presque toutes les sociétés constituées. En dépit des t
282
émentaires et que l’on trouve dans presque toutes
les
sociétés constituées. En dépit des traités de quelques Pères de l’Égl
283
es les sociétés constituées. En dépit des traités
de
quelques Pères de l’Église (prohibant telle position sexuelle parce q
284
ant telle position sexuelle parce que contraire à
la
fécondation) et des gros livres de casuistique des xvie et xviie si
285
ue contraire à la fécondation) et des gros livres
de
casuistique des xvie et xviie siècles, la plupart écrits par des mo
286
e siècles, la plupart écrits par des moines et à
l’
usage des confesseurs, on ne voit pas un seul équivalent chrétien — ex
287
istant ou imaginable — du Kamasutra, des tantras,
de
tant d’autres traités d’érotisme dans les Vedas et les upanishads, re
288
Kamasutra, des tantras, de tant d’autres traités
d’
érotisme dans les Vedas et les upanishads, reliant le sexuel au divin
289
tantras, de tant d’autres traités d’érotisme dans
les
Vedas et les upanishads, reliant le sexuel au divin ; encore moins, d
290
ant d’autres traités d’érotisme dans les Vedas et
les
upanishads, reliant le sexuel au divin ; encore moins, des célèbres s
291
rotisme dans les Vedas et les upanishads, reliant
le
sexuel au divin ; encore moins, des célèbres sculptures aux façades d
292
ux façades des grands temples hindous, illustrant
de
la manière la plus précise les unions des dieux et de leurs femmes, à
293
façades des grands temples hindous, illustrant de
la
manière la plus précise les unions des dieux et de leurs femmes, à de
294
grands temples hindous, illustrant de la manière
la
plus précise les unions des dieux et de leurs femmes, à des fins dida
295
hindous, illustrant de la manière la plus précise
les
unions des dieux et de leurs femmes, à des fins didactiques et religi
296
a manière la plus précise les unions des dieux et
de
leurs femmes, à des fins didactiques et religieuses. Point de méthode
297
mes, à des fins didactiques et religieuses. Point
de
méthodes secrètes ni de magie sexuelle, point de physiologie du pèler
298
ues et religieuses. Point de méthodes secrètes ni
de
magie sexuelle, point de physiologie du pèlerinage mystique, comme ce
299
de méthodes secrètes ni de magie sexuelle, point
de
physiologie du pèlerinage mystique, comme celle que nous décrivent, s
300
que nous décrivent, sans varier depuis mille ans,
les
traités du Hatha Yoga. Et pas de traces non plus, dans le christianis
301
puis mille ans, les traités du Hatha Yoga. Et pas
de
traces non plus, dans le christianisme, de ces cérémonies initiatique
302
és du Hatha Yoga. Et pas de traces non plus, dans
le
christianisme, de ces cérémonies initiatiques, communes à la plupart
303
Et pas de traces non plus, dans le christianisme,
de
ces cérémonies initiatiques, communes à la plupart des autres religio
304
communes à la plupart des autres religions, et où
l’
on sait que les relations entre les sexes jouent un rôle décisif, minu
305
plupart des autres religions, et où l’on sait que
les
relations entre les sexes jouent un rôle décisif, minutieusement pres
306
eligions, et où l’on sait que les relations entre
les
sexes jouent un rôle décisif, minutieusement prescrit. Ainsi les Afri
307
t un rôle décisif, minutieusement prescrit. Ainsi
les
Africains et les Peaux-Rouges, les sauvages de l’Australie d’hier et
308
, minutieusement prescrit. Ainsi les Africains et
les
Peaux-Rouges, les sauvages de l’Australie d’hier et de l’Amazonie d’a
309
rescrit. Ainsi les Africains et les Peaux-Rouges,
les
sauvages de l’Australie d’hier et de l’Amazonie d’aujourd’hui, et mêm
310
i les Africains et les Peaux-Rouges, les sauvages
de
l’Australie d’hier et de l’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primit
311
es Africains et les Peaux-Rouges, les sauvages de
l’
Australie d’hier et de l’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs
312
et les Peaux-Rouges, les sauvages de l’Australie
d’
hier et de l’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs de la Polyn
313
aux-Rouges, les sauvages de l’Australie d’hier et
de
l’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs de la Polynésie, aux
314
-Rouges, les sauvages de l’Australie d’hier et de
l’
Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs de la Polynésie, aux mœu
315
s sauvages de l’Australie d’hier et de l’Amazonie
d’
aujourd’hui, et même les primitifs de la Polynésie, aux mœurs si douce
316
ie d’hier et de l’Amazonie d’aujourd’hui, et même
les
primitifs de la Polynésie, aux mœurs si douces, observent tous des ri
317
e l’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs
de
la Polynésie, aux mœurs si douces, observent tous des rites plus crue
318
’Amazonie d’aujourd’hui, et même les primitifs de
la
Polynésie, aux mœurs si douces, observent tous des rites plus cruels
319
us cruels l’un que l’autre, afin de sacraliser et
de
socialiser l’événement de la puberté. Devant cette même crise endocri
320
que l’autre, afin de sacraliser et de socialiser
l’
événement de la puberté. Devant cette même crise endocrine, le christi
321
, afin de sacraliser et de socialiser l’événement
de
la puberté. Devant cette même crise endocrine, le christianisme se co
322
fin de sacraliser et de socialiser l’événement de
la
puberté. Devant cette même crise endocrine, le christianisme se conte
323
de la puberté. Devant cette même crise endocrine,
le
christianisme se contente de conseils moraux très sévères, et de cons
324
ême crise endocrine, le christianisme se contente
de
conseils moraux très sévères, et de conseils d’hygiène vagues ou aber
325
e se contente de conseils moraux très sévères, et
de
conseils d’hygiène vagues ou aberrants. D’un côté, le rite et les sév
326
e de conseils moraux très sévères, et de conseils
d’
hygiène vagues ou aberrants. D’un côté, le rite et les sévices physiqu
327
es, et de conseils d’hygiène vagues ou aberrants.
D’
un côté, le rite et les sévices physiques, qui règlent tout ; de l’aut
328
onseils d’hygiène vagues ou aberrants. D’un côté,
le
rite et les sévices physiques, qui règlent tout ; de l’autre, les pro
329
ygiène vagues ou aberrants. D’un côté, le rite et
les
sévices physiques, qui règlent tout ; de l’autre, les problèmes et le
330
rite et les sévices physiques, qui règlent tout ;
de
l’autre, les problèmes et les tortures morales… Les Églises chrétienn
331
sévices physiques, qui règlent tout ; de l’autre,
les
problèmes et les tortures morales… Les Églises chrétiennes ont toujou
332
, qui règlent tout ; de l’autre, les problèmes et
les
tortures morales… Les Églises chrétiennes ont toujours mieux réussi d
333
e l’autre, les problèmes et les tortures morales…
Les
Églises chrétiennes ont toujours mieux réussi dans leurs efforts pour
334
ussi dans leurs efforts pour réprimer et contenir
l’
instinct sexuel que dans leurs tentatives (rares et périphériques, voi
335
pour cultiver et ordonner, à des buts spirituels,
l’
érotisme, même dans les limites du mariage. C’est que les théologiens
336
ner, à des buts spirituels, l’érotisme, même dans
les
limites du mariage. C’est que les théologiens redoutaient avant tout
337
isme, même dans les limites du mariage. C’est que
les
théologiens redoutaient avant tout qu’on pût croire que l’Éros divini
338
giens redoutaient avant tout qu’on pût croire que
l’
Éros divinise sans la grâce, et peut conduire à des révélations. « La
339
nt tout qu’on pût croire que l’Éros divinise sans
la
grâce, et peut conduire à des révélations. « La chair ne sert de rien
340
s la grâce, et peut conduire à des révélations. «
La
chair ne sert de rien » (quant au salut), déclare saint Paul. Et l’on
341
ut conduire à des révélations. « La chair ne sert
de
rien » (quant au salut), déclare saint Paul. Et l’on eut bien vite fa
342
e rien » (quant au salut), déclare saint Paul. Et
l’
on eut bien vite fait de réduire au sexuel le sens de « chair » qui, p
343
), déclare saint Paul. Et l’on eut bien vite fait
de
réduire au sexuel le sens de « chair » qui, pour l’Apôtre, désignait
344
. Et l’on eut bien vite fait de réduire au sexuel
le
sens de « chair » qui, pour l’Apôtre, désignait le tout de l’homme (c
345
n eut bien vite fait de réduire au sexuel le sens
de
« chair » qui, pour l’Apôtre, désignait le tout de l’homme (corps, âm
346
réduire au sexuel le sens de « chair » qui, pour
l’
Apôtre, désignait le tout de l’homme (corps, âme, intellect) dans sa r
347
e sens de « chair » qui, pour l’Apôtre, désignait
le
tout de l’homme (corps, âme, intellect) dans sa réalité, naturelle et
348
e « chair » qui, pour l’Apôtre, désignait le tout
de
l’homme (corps, âme, intellect) dans sa réalité, naturelle et déchue.
349
chair » qui, pour l’Apôtre, désignait le tout de
l’
homme (corps, âme, intellect) dans sa réalité, naturelle et déchue. Da
350
llect) dans sa réalité, naturelle et déchue. Dans
la
naissance virginale de Jésus, la tradition et le peuple dévot virent
351
naturelle et déchue. Dans la naissance virginale
de
Jésus, la tradition et le peuple dévot virent l’absence du sexe, donc
352
et déchue. Dans la naissance virginale de Jésus,
la
tradition et le peuple dévot virent l’absence du sexe, donc du péché,
353
la naissance virginale de Jésus, la tradition et
le
peuple dévot virent l’absence du sexe, donc du péché, plutôt que le s
354
de Jésus, la tradition et le peuple dévot virent
l’
absence du sexe, donc du péché, plutôt que le signe positif d’une fili
355
rent l’absence du sexe, donc du péché, plutôt que
le
signe positif d’une filiation divine…6 En revanche, les Églises chré
356
sexe, donc du péché, plutôt que le signe positif
d’
une filiation divine…6 En revanche, les Églises chrétiennes, suivies
357
ne positif d’une filiation divine…6 En revanche,
les
Églises chrétiennes, suivies jusqu’à nos jours par les pouvoirs civil
358
glises chrétiennes, suivies jusqu’à nos jours par
les
pouvoirs civils, ont développé dès la première génération apostolique
359
octrine du mariage tout à fait spécifique, et que
la
Gnose ignore, significativement. Elle se fonde sur quelques versets d
360
es versets des épîtres et des évangiles7 qui dans
l’
ensemble définissent une éthique cohérente de type personnaliste, et n
361
dans l’ensemble définissent une éthique cohérente
de
type personnaliste, et non plus sociale ou sacrée comme dans les autr
362
naliste, et non plus sociale ou sacrée comme dans
les
autres religions. Il n’en est que plus frappant d’observer à quel poi
363
s autres religions. Il n’en est que plus frappant
d’
observer à quel point les motivations spirituelles du mariage diffèren
364
’en est que plus frappant d’observer à quel point
les
motivations spirituelles du mariage diffèrent et même se contredisent
365
edisent chez saint Paul. Tantôt il pose une sorte
d’
analogie mystique entre l’amour des sexes dans le mariage et l’amour d
366
antôt il pose une sorte d’analogie mystique entre
l’
amour des sexes dans le mariage et l’amour de Jésus pour l’ensemble de
367
d’analogie mystique entre l’amour des sexes dans
le
mariage et l’amour de Jésus pour l’ensemble des âmes croyantes : « Ma
368
stique entre l’amour des sexes dans le mariage et
l’
amour de Jésus pour l’ensemble des âmes croyantes : « Maris, aimez vos
369
ntre l’amour des sexes dans le mariage et l’amour
de
Jésus pour l’ensemble des âmes croyantes : « Maris, aimez vos femmes
370
es sexes dans le mariage et l’amour de Jésus pour
l’
ensemble des âmes croyantes : « Maris, aimez vos femmes comme le Chris
371
âmes croyantes : « Maris, aimez vos femmes comme
le
Christ a aimé l’Église. » Tantôt, et plus souvent, il réduit le maria
372
« Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé
l’
Église. » Tantôt, et plus souvent, il réduit le mariage à n’être plus
373
mé l’Église. » Tantôt, et plus souvent, il réduit
le
mariage à n’être plus qu’une concession à la nature, une discipline c
374
duit le mariage à n’être plus qu’une concession à
la
nature, une discipline contre l’incontinence : « Je pense qu’il est b
375
une concession à la nature, une discipline contre
l’
incontinence : « Je pense qu’il est bon pour l’homme de ne point touch
376
re l’incontinence : « Je pense qu’il est bon pour
l’
homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicit
377
ontinence : « Je pense qu’il est bon pour l’homme
de
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que c
378
se qu’il est bon pour l’homme de ne point toucher
de
femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme,
379
ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter
l’
impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari…
380
ais pas un ordre… Car il vaut mieux se marier que
de
brûler. » Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de l’Apôtre, la chastet
381
brûler. » Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de
l’
Apôtre, la chasteté et le célibat conduiraient seuls à la vie spiritue
382
Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de l’Apôtre,
la
chasteté et le célibat conduiraient seuls à la vie spirituelle : « Ce
383
pas moins qu’aux yeux de l’Apôtre, la chasteté et
le
célibat conduiraient seuls à la vie spirituelle : « Celui qui n’est p
384
e, la chasteté et le célibat conduiraient seuls à
la
vie spirituelle : « Celui qui n’est pas marié s’inquiète du Seigneur,
385
’est pas marié s’inquiète du Seigneur, des moyens
de
plaire au Seigneur, et celui qui est marié s’inquiète des choses du m
386
marié s’inquiète des choses du monde, des moyens
de
plaire à sa femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une part comme l’image d
387
a femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une part comme
l’
image de l’amour divin, mais vilipendé d’autre part comme l’ennemi de
388
» 4. Ainsi donc, exalté d’une part comme l’image
de
l’amour divin, mais vilipendé d’autre part comme l’ennemi de la vie s
389
4. Ainsi donc, exalté d’une part comme l’image de
l’
amour divin, mais vilipendé d’autre part comme l’ennemi de la vie spir
390
l’amour divin, mais vilipendé d’autre part comme
l’
ennemi de la vie spirituelle, toléré finalement mais dans les seules l
391
divin, mais vilipendé d’autre part comme l’ennemi
de
la vie spirituelle, toléré finalement mais dans les seules limites du
392
in, mais vilipendé d’autre part comme l’ennemi de
la
vie spirituelle, toléré finalement mais dans les seules limites du ma
393
e la vie spirituelle, toléré finalement mais dans
les
seules limites du mariage le plus strict et consacré, — tout le reste
394
inalement mais dans les seules limites du mariage
le
plus strict et consacré, — tout le reste étant laissé en friche et tr
395
tes du mariage le plus strict et consacré, — tout
le
reste étant laissé en friche et très sommairement condamné sous les n
396
issé en friche et très sommairement condamné sous
les
noms de luxure et d’impudicité ou de « prostitution spirituelle »8, —
397
riche et très sommairement condamné sous les noms
de
luxure et d’impudicité ou de « prostitution spirituelle »8, — l’amour
398
sommairement condamné sous les noms de luxure et
d’
impudicité ou de « prostitution spirituelle »8, — l’amour humain devai
399
ndamné sous les noms de luxure et d’impudicité ou
de
« prostitution spirituelle »8, — l’amour humain devait fatalement dev
400
impudicité ou de « prostitution spirituelle »8, —
l’
amour humain devait fatalement devenir une source intarissable de prob
401
devait fatalement devenir une source intarissable
de
problèmes, tant pour la société que pour l’individu. Au surplus, lié
402
r une source intarissable de problèmes, tant pour
la
société que pour l’individu. Au surplus, lié dès l’origine à la réali
403
sable de problèmes, tant pour la société que pour
l’
individu. Au surplus, lié dès l’origine à la réalité de la personne, l
404
société que pour l’individu. Au surplus, lié dès
l’
origine à la réalité de la personne, l’amour sexuel, sentimental ou sp
405
pour l’individu. Au surplus, lié dès l’origine à
la
réalité de la personne, l’amour sexuel, sentimental ou spirituel (amo
406
ividu. Au surplus, lié dès l’origine à la réalité
de
la personne, l’amour sexuel, sentimental ou spirituel (amour des corp
407
du. Au surplus, lié dès l’origine à la réalité de
la
personne, l’amour sexuel, sentimental ou spirituel (amour des corps,
408
s, lié dès l’origine à la réalité de la personne,
l’
amour sexuel, sentimental ou spirituel (amour des corps, des âmes ou d
409
(amour des corps, des âmes ou des esprits, selon
la
tripartition traditionnelle et non moins paulinienne que gnostique, s
410
t non moins paulinienne que gnostique, soulignons-
le
) se trouvait lié du même coup à la dialectique du salut, c’est-à-dire
411
ue, soulignons-le) se trouvait lié du même coup à
la
dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et de la grâce, — et valo
412
la dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et
de
la grâce, — et valorisé à l’extrême. Ceci ne pouvait se produire — et
413
dialectique du salut, c’est-à-dire du péché et de
la
grâce, — et valorisé à l’extrême. Ceci ne pouvait se produire — et ne
414
t-à-dire du péché et de la grâce, — et valorisé à
l’
extrême. Ceci ne pouvait se produire — et ne s’est pas produit — en de
415
produire — et ne s’est pas produit — en dehors de
la
sphère d’influence du christianisme. C’est pourquoi le phénomène que
416
et ne s’est pas produit — en dehors de la sphère
d’
influence du christianisme. C’est pourquoi le phénomène que je nomme é
417
hère d’influence du christianisme. C’est pourquoi
le
phénomène que je nomme érotisme, englobant le mariage d’amour, la pas
418
uoi le phénomène que je nomme érotisme, englobant
le
mariage d’amour, la passion mystique de Tristan et la licence impie d
419
omène que je nomme érotisme, englobant le mariage
d’
amour, la passion mystique de Tristan et la licence impie de Don Juan
420
je nomme érotisme, englobant le mariage d’amour,
la
passion mystique de Tristan et la licence impie de Don Juan (l’une au
421
englobant le mariage d’amour, la passion mystique
de
Tristan et la licence impie de Don Juan (l’une au-delà et l’autre en
422
ariage d’amour, la passion mystique de Tristan et
la
licence impie de Don Juan (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariag
423
a passion mystique de Tristan et la licence impie
de
Don Juan (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage), ne devait dév
424
es complexités que dans une Europe travaillée par
la
doctrine et la morale chrétiennes, séculairement aux prises avec leur
425
que dans une Europe travaillée par la doctrine et
la
morale chrétiennes, séculairement aux prises avec leurs exigences (sa
426
c leurs exigences (sans cesse mieux codifiées par
les
casuistes), dans une Europe formée par l’Église ou contre elle, et lo
427
es par les casuistes), dans une Europe formée par
l’
Église ou contre elle, et longtemps confondue avec la « chrétienté ».
428
glise ou contre elle, et longtemps confondue avec
la
« chrétienté ». On ne saurait donc interpréter ce phénomène — dans so
429
— qu’à la lumière de ses origines religieuses et
de
ses fins trans-naturelles. 2. Cf. L’Amour et l’Occident, nouvelle
430
ieuses et de ses fins trans-naturelles. 2. Cf.
L’
Amour et l’Occident, nouvelle version, Livre ii . 3. Voici les trois
431
e ses fins trans-naturelles. 2. Cf. L’Amour et
l’
Occident, nouvelle version, Livre ii . 3. Voici les trois textes con
432
Occident, nouvelle version, Livre ii . 3. Voici
les
trois textes convergents de l’Ancien et du Nouveau Testament : « Tu a
433
ivre ii . 3. Voici les trois textes convergents
de
l’Ancien et du Nouveau Testament : « Tu aimeras ton prochain comme to
434
e ii . 3. Voici les trois textes convergents de
l’
Ancien et du Nouveau Testament : « Tu aimeras ton prochain comme toi-m
435
omme toi-même. » Lévitique, XIX, 18. « Tu aimeras
l’
Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta f
436
tique, XIX, 18. « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu,
de
tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Deutéronome,
437
Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur,
de
toute ton âme et de toute ta force. » Deutéronome, VI, 5. « … l’un d’
438
, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et
de
toute ta force. » Deutéronome, VI, 5. « … l’un d’eux, docteur de la l
439
de toute ta force. » Deutéronome, VI, 5. « … l’un
d’
eux, docteur de la loi, lui fit cette question : Maître, quel est le p
440
ce. » Deutéronome, VI, 5. « … l’un d’eux, docteur
de
la loi, lui fit cette question : Maître, quel est le plus grand comma
441
» Deutéronome, VI, 5. « … l’un d’eux, docteur de
la
loi, lui fit cette question : Maître, quel est le plus grand commande
442
la loi, lui fit cette question : Maître, quel est
le
plus grand commandement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras l
443
ion : Maître, quel est le plus grand commandement
de
la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de to
444
: Maître, quel est le plus grand commandement de
la
loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout
445
ement de la loi ? Jésus lui répondit : Tu aimeras
le
Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta
446
lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu,
de
tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premi
447
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur,
de
toute ton âme et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus gran
448
, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et
de
toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et v
449
on âme et de toute ta pensée. C’est le premier et
le
plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable :
450
mblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De
ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » Mat
451
i-même. De ces deux commandements dépendent toute
la
loi et les prophètes. » Matthieu, XXII, 35-40. 4. On sait qu’en gr
452
ces deux commandements dépendent toute la loi et
les
prophètes. » Matthieu, XXII, 35-40. 4. On sait qu’en grec « le mot
453
Matthieu, XXII, 35-40. 4. On sait qu’en grec «
le
mot philia désignait tout sentiment d’attachement et d’affection entr
454
’en grec « le mot philia désignait tout sentiment
d’
attachement et d’affection entre deux personnes, mais les philosophes
455
philia désignait tout sentiment d’attachement et
d’
affection entre deux personnes, mais les philosophes distinguèrent ent
456
chement et d’affection entre deux personnes, mais
les
philosophes distinguèrent entre quatre espèces de philia : la philia
457
es philosophes distinguèrent entre quatre espèces
de
philia : la philia naturelle ou parentale (physikè) unissant les être
458
es distinguèrent entre quatre espèces de philia :
la
philia naturelle ou parentale (physikè) unissant les êtres de même sa
459
philia naturelle ou parentale (physikè) unissant
les
êtres de même sang ; la philia entre les hôtes (xénikè), qui nous rap
460
ntale (physikè) unissant les êtres de même sang ;
la
philia entre les hôtes (xénikè), qui nous rappelle l’importance des v
461
unissant les êtres de même sang ; la philia entre
les
hôtes (xénikè), qui nous rappelle l’importance des vertus d’hospitali
462
hilia entre les hôtes (xénikè), qui nous rappelle
l’
importance des vertus d’hospitalité… ; la philia des amis (hétaïrikè)
463
énikè), qui nous rappelle l’importance des vertus
d’
hospitalité… ; la philia des amis (hétaïrikè) qui seule correspond à l
464
rappelle l’importance des vertus d’hospitalité… ;
la
philia des amis (hétaïrikè) qui seule correspond à l’amitié propremen
465
hilia des amis (hétaïrikè) qui seule correspond à
l’
amitié proprement dite ; enfin la philia amoureuse (erotikè), entre pe
466
ule correspond à l’amitié proprement dite ; enfin
la
philia amoureuse (erotikè), entre personnes du même sexe ou de sexe d
467
ureuse (erotikè), entre personnes du même sexe ou
de
sexe différent. Enfin, pour distinguer les diverses nuances d’amour,
468
sexe ou de sexe différent. Enfin, pour distinguer
les
diverses nuances d’amour, les Grecs disposaient de nombreux mots, en
469
rent. Enfin, pour distinguer les diverses nuances
d’
amour, les Grecs disposaient de nombreux mots, en dehors de philia et
470
in, pour distinguer les diverses nuances d’amour,
les
Grecs disposaient de nombreux mots, en dehors de philia et d’éros : e
471
s diverses nuances d’amour, les Grecs disposaient
de
nombreux mots, en dehors de philia et d’éros : eunoïa désignant le dé
472
posaient de nombreux mots, en dehors de philia et
d’
éros : eunoïa désignant le dévouement ; Agapè, l’affection désintéress
473
en dehors de philia et d’éros : eunoïa désignant
le
dévouement ; Agapè, l’affection désintéressée ; storgè, la tendresse
474
d’éros : eunoïa désignant le dévouement ; Agapè,
l’
affection désintéressée ; storgè, la tendresse ; pothos, l’amour de dé
475
ment ; Agapè, l’affection désintéressée ; storgè,
la
tendresse ; pothos, l’amour de désir ; charis, l’amour de reconnaissa
476
on désintéressée ; storgè, la tendresse ; pothos,
l’
amour de désir ; charis, l’amour de reconnaissance et de complaisance
477
téressée ; storgè, la tendresse ; pothos, l’amour
de
désir ; charis, l’amour de reconnaissance et de complaisance ; mania,
478
la tendresse ; pothos, l’amour de désir ; charis,
l’
amour de reconnaissance et de complaisance ; mania, la passion déchaîn
479
esse ; pothos, l’amour de désir ; charis, l’amour
de
reconnaissance et de complaisance ; mania, la passion déchaînée. Cett
480
r de désir ; charis, l’amour de reconnaissance et
de
complaisance ; mania, la passion déchaînée. Cette énumération n’est d
481
our de reconnaissance et de complaisance ; mania,
la
passion déchaînée. Cette énumération n’est d’ailleurs pas exhaustive.
482
ette énumération n’est d’ailleurs pas exhaustive.
Le
mot Agapè, assez rare dans les textes païens, était promis à un grand
483
urs pas exhaustive. Le mot Agapè, assez rare dans
les
textes païens, était promis à un grand avenir, parce que les premiers
484
grand avenir, parce que les premiers chrétiens et
les
Pères de langue grecque l’emploieront pour désigner l’amour divin et
485
ir, parce que les premiers chrétiens et les Pères
de
langue grecque l’emploieront pour désigner l’amour divin et l’amour f
486
premiers chrétiens et les Pères de langue grecque
l’
emploieront pour désigner l’amour divin et l’amour fraternel qui régna
487
res de langue grecque l’emploieront pour désigner
l’
amour divin et l’amour fraternel qui régnait dans les « agapes ». Ils
488
cque l’emploieront pour désigner l’amour divin et
l’
amour fraternel qui régnait dans les « agapes ». Ils se méfiaient du m
489
amour divin et l’amour fraternel qui régnait dans
les
« agapes ». Ils se méfiaient du mot Éros, et on les comprend. » (R. F
490
s « agapes ». Ils se méfiaient du mot Éros, et on
les
comprend. » (R. Flacelière, l’Amour en Grèce, Paris, 1960). Empédocle
491
u mot Éros, et on les comprend. » (R. Flacelière,
l’
Amour en Grèce, Paris, 1960). Empédocle désigne l’Amour par les mots d
492
l’Amour en Grèce, Paris, 1960). Empédocle désigne
l’
Amour par les mots de philotès (analogue à philia) ou de harmonia. Soc
493
rèce, Paris, 1960). Empédocle désigne l’Amour par
les
mots de philotès (analogue à philia) ou de harmonia. Socrate affirmai
494
is, 1960). Empédocle désigne l’Amour par les mots
de
philotès (analogue à philia) ou de harmonia. Socrate affirmait ne pos
495
r par les mots de philotès (analogue à philia) ou
de
harmonia. Socrate affirmait ne posséder qu’une science, celle de l’ér
496
crate affirmait ne posséder qu’une science, celle
de
l’érotikè. Enfin, les Grecs distinguaient très nettement Aphrodite (d
497
te affirmait ne posséder qu’une science, celle de
l’
érotikè. Enfin, les Grecs distinguaient très nettement Aphrodite (de a
498
sséder qu’une science, celle de l’érotikè. Enfin,
les
Grecs distinguaient très nettement Aphrodite (de aphros, écume, ou sp
499
les Grecs distinguaient très nettement Aphrodite (
de
aphros, écume, ou sperme du dieu mutilé), qui préside à l’amour physi
500
, écume, ou sperme du dieu mutilé), qui préside à
l’
amour physique, et Éros, qui régit le sentiment amoureux. Dira-t-on qu
501
ui préside à l’amour physique, et Éros, qui régit
le
sentiment amoureux. Dira-t-on que nos langues modernes possèdent elle
502
rnes possèdent elles aussi la plupart de ces mots
d’
amitié, de tendresse, de désir, de passion, de compassion, de charité,
503
dent elles aussi la plupart de ces mots d’amitié,
de
tendresse, de désir, de passion, de compassion, de charité, etc. ? Sa
504
si la plupart de ces mots d’amitié, de tendresse,
de
désir, de passion, de compassion, de charité, etc. ? Sans doute, mais
505
art de ces mots d’amitié, de tendresse, de désir,
de
passion, de compassion, de charité, etc. ? Sans doute, mais tout cela
506
ots d’amitié, de tendresse, de désir, de passion,
de
compassion, de charité, etc. ? Sans doute, mais tout cela, elles l’ap
507
e tendresse, de désir, de passion, de compassion,
de
charité, etc. ? Sans doute, mais tout cela, elles l’appellent amour,
508
charité, etc. ? Sans doute, mais tout cela, elles
l’
appellent amour, quitte à varier les adjectifs. Et c’est précisément c
509
ut cela, elles l’appellent amour, quitte à varier
les
adjectifs. Et c’est précisément ce terme unique qui manque au grec, c
510
e terme unique qui manque au grec, comme à toutes
les
langues de l’Asie sans exception. Il est caractéristique de l’Europe
511
ue qui manque au grec, comme à toutes les langues
de
l’Asie sans exception. Il est caractéristique de l’Europe chrétienne
512
qui manque au grec, comme à toutes les langues de
l’
Asie sans exception. Il est caractéristique de l’Europe chrétienne et
513
de l’Asie sans exception. Il est caractéristique
de
l’Europe chrétienne et de l’Occident tout entier que, là seulement, t
514
l’Asie sans exception. Il est caractéristique de
l’
Europe chrétienne et de l’Occident tout entier que, là seulement, tout
515
Il est caractéristique de l’Europe chrétienne et
de
l’Occident tout entier que, là seulement, toutes les formes humaines
516
est caractéristique de l’Europe chrétienne et de
l’
Occident tout entier que, là seulement, toutes les formes humaines de
517
l’Occident tout entier que, là seulement, toutes
les
formes humaines de l’attrait aient pu être comprises sous un vocable
518
ier que, là seulement, toutes les formes humaines
de
l’attrait aient pu être comprises sous un vocable unique, désignant n
519
que, là seulement, toutes les formes humaines de
l’
attrait aient pu être comprises sous un vocable unique, désignant non
520
que substance commune, mais un mouvement créateur
de
l’être, qui se manifeste en elles toutes. Il est inévitable que certa
521
substance commune, mais un mouvement créateur de
l’
être, qui se manifeste en elles toutes. Il est inévitable que certains
522
t inévitable que certains critiques me reprochent
de
« confondre » dans ces pages l’amour divin, la passion et le désir, l
523
ues me reprochent de « confondre » dans ces pages
l’
amour divin, la passion et le désir, l’Agapè, l’éros et l’aphros ; mai
524
nt de « confondre » dans ces pages l’amour divin,
la
passion et le désir, l’Agapè, l’éros et l’aphros ; mais cette apparen
525
dre » dans ces pages l’amour divin, la passion et
le
désir, l’Agapè, l’éros et l’aphros ; mais cette apparente erreur de v
526
ces pages l’amour divin, la passion et le désir,
l’
Agapè, l’éros et l’aphros ; mais cette apparente erreur de vocabulaire
527
s l’amour divin, la passion et le désir, l’Agapè,
l’
éros et l’aphros ; mais cette apparente erreur de vocabulaire est le f
528
divin, la passion et le désir, l’Agapè, l’éros et
l’
aphros ; mais cette apparente erreur de vocabulaire est le fait de tou
529
l’éros et l’aphros ; mais cette apparente erreur
de
vocabulaire est le fait de toute notre culture occidentale. 5. La g
530
; mais cette apparente erreur de vocabulaire est
le
fait de toute notre culture occidentale. 5. La grande mystique chré
531
cette apparente erreur de vocabulaire est le fait
de
toute notre culture occidentale. 5. La grande mystique chrétienne,
532
le fait de toute notre culture occidentale. 5.
La
grande mystique chrétienne, bien qu’annoncée par saint Augustin, ne s
533
c’est-à-dire durant le troisième quart seulement
de
l’ère chrétienne ; et toujours en dehors de la théologie, qui n’a ces
534
est-à-dire durant le troisième quart seulement de
l’
ère chrétienne ; et toujours en dehors de la théologie, qui n’a cessé
535
nt de l’ère chrétienne ; et toujours en dehors de
la
théologie, qui n’a cessé de s’en méfier : je pense aux ultimes conclu
536
toujours en dehors de la théologie, qui n’a cessé
de
s’en méfier : je pense aux ultimes conclusions de Maître Eckhart, de
537
de s’en méfier : je pense aux ultimes conclusions
de
Maître Eckhart, de Ruysbroek l’Admirable, de saint Jean de la Croix,
538
pense aux ultimes conclusions de Maître Eckhart,
de
Ruysbroek l’Admirable, de saint Jean de la Croix, condamnées par l’au
539
ions de Maître Eckhart, de Ruysbroek l’Admirable,
de
saint Jean de la Croix, condamnées par l’autorité ecclésiastique. 6.
540
irable, de saint Jean de la Croix, condamnées par
l’
autorité ecclésiastique. 6. Le dogme de l’Immaculée Conception de la
541
ix, condamnées par l’autorité ecclésiastique. 6.
Le
dogme de l’Immaculée Conception de la Vierge (1871) isole et souligne
542
mnées par l’autorité ecclésiastique. 6. Le dogme
de
l’Immaculée Conception de la Vierge (1871) isole et souligne cet élém
543
es par l’autorité ecclésiastique. 6. Le dogme de
l’
Immaculée Conception de la Vierge (1871) isole et souligne cet élément
544
siastique. 6. Le dogme de l’Immaculée Conception
de
la Vierge (1871) isole et souligne cet élément négatif, puisqu’il ne
545
stique. 6. Le dogme de l’Immaculée Conception de
la
Vierge (1871) isole et souligne cet élément négatif, puisqu’il ne peu
546
ment négatif, puisqu’il ne peut ici être question
d’
une filiation divine de Marie, d’une autre Incarnation que celle du Ch
547
ne peut ici être question d’une filiation divine
de
Marie, d’une autre Incarnation que celle du Christ, ou ce serait entr
548
ci être question d’une filiation divine de Marie,
d’
une autre Incarnation que celle du Christ, ou ce serait entrer dans la
549
ion que celle du Christ, ou ce serait entrer dans
la
Gnose. 7. Voir l’Annexe I. 8. Toute religion différente de l’ortho
550
rist, ou ce serait entrer dans la Gnose. 7. Voir
l’
Annexe I. 8. Toute religion différente de l’orthodoxie judaïque est
551
. Voir l’Annexe I. 8. Toute religion différente
de
l’orthodoxie judaïque est qualifiée de prostitution par les Prophètes
552
oir l’Annexe I. 8. Toute religion différente de
l’
orthodoxie judaïque est qualifiée de prostitution par les Prophètes au
553
différente de l’orthodoxie judaïque est qualifiée
de
prostitution par les Prophètes autant que par les Prêtres (Cf. Ézéchi
554
odoxie judaïque est qualifiée de prostitution par
les
Prophètes autant que par les Prêtres (Cf. Ézéchiel 16, p. ex.). L’exe
555
de prostitution par les Prophètes autant que par
les
Prêtres (Cf. Ézéchiel 16, p. ex.). L’exercice de la vraie religion ou
556
nt que par les Prêtres (Cf. Ézéchiel 16, p. ex.).
L’
exercice de la vraie religion ou Alliance peut donc trouver son analog
557
les Prêtres (Cf. Ézéchiel 16, p. ex.). L’exercice
de
la vraie religion ou Alliance peut donc trouver son analogie dans la
558
Prêtres (Cf. Ézéchiel 16, p. ex.). L’exercice de
la
vraie religion ou Alliance peut donc trouver son analogie dans la vie
559
n ou Alliance peut donc trouver son analogie dans
la
vie sexuelle des époux fidèles à leur serment. De même, l’orthodoxie
560
xuelle des époux fidèles à leur serment. De même,
l’
orthodoxie des Pères de l’Église, se gardant sans cesse des excès spir
561
xcès spiritualistes ou naturalistes, correspond à
la
morale modérée du mariage chrétien, excluant à la fois la « prostitut
562
e modérée du mariage chrétien, excluant à la fois
la
« prostitution spirituelle » et l’ascétisme antivital des gnostiques,
563
uant à la fois la « prostitution spirituelle » et
l’
ascétisme antivital des gnostiques, lesquels en retour ne savent que f
564
uels en retour ne savent que faire du mariage, ou
l’
attaquent.
565
IINaissance
de
l’érotisme occidental Apparu pour la première fois aux lisières méd
566
IINaissance de
l’
érotisme occidental Apparu pour la première fois aux lisières médiév
567
aru pour la première fois aux lisières médiévales
de
l’inconscient, annoncé sous le couvert des symboles et du mythe au xi
568
pour la première fois aux lisières médiévales de
l’
inconscient, annoncé sous le couvert des symboles et du mythe au xiie
569
isières médiévales de l’inconscient, annoncé sous
le
couvert des symboles et du mythe au xiie siècle, animant secrètement
570
au xiie siècle, animant secrètement dès ce temps
la
poésie et les premiers romans (qui prennent leur nom de la Romania de
571
sie et les premiers romans (qui prennent leur nom
de
la Romania des troubadours), l’érotisme n’accède au niveau de la cons
572
et les premiers romans (qui prennent leur nom de
la
Romania des troubadours), l’érotisme n’accède au niveau de la conscie
573
prennent leur nom de la Romania des troubadours),
l’
érotisme n’accède au niveau de la conscience occidentale qu’au début d
574
es troubadours), l’érotisme n’accède au niveau de
la
conscience occidentale qu’au début du xixe siècle : c’est la grande
575
e occidentale qu’au début du xixe siècle : c’est
la
grande découverte des romantiques, qui redécouvrent en même temps le
576
e des romantiques, qui redécouvrent en même temps
le
lyrisme des troubadours, et plusieurs dimensions du fait religieux. K
577
delaire et Wagner furent les premiers à affronter
de
tout leur être les conséquences de cette révolution. Par l’analyse ph
578
furent les premiers à affronter de tout leur être
les
conséquences de cette révolution. Par l’analyse philosophique, la poé
579
rs à affronter de tout leur être les conséquences
de
cette révolution. Par l’analyse philosophique, la poésie et la musiqu
580
ur être les conséquences de cette révolution. Par
l’
analyse philosophique, la poésie et la musique, L’Alternative, Les Fle
581
de cette révolution. Par l’analyse philosophique,
la
poésie et la musique, L’Alternative, Les Fleurs du mal, Tristan, témo
582
lution. Par l’analyse philosophique, la poésie et
la
musique, L’Alternative, Les Fleurs du mal, Tristan, témoignent d’une
583
l’analyse philosophique, la poésie et la musique,
L’
Alternative, Les Fleurs du mal, Tristan, témoignent d’une prise de con
584
sophique, la poésie et la musique, L’Alternative,
Les
Fleurs du mal, Tristan, témoignent d’une prise de conscience très pro
585
ternative, Les Fleurs du mal, Tristan, témoignent
d’
une prise de conscience très profondément renouvelée des relations ent
586
très profondément renouvelée des relations entre
l’
amour humain, la vie de l’âme et la recherche spirituelle. Pour les cl
587
nt renouvelée des relations entre l’amour humain,
la
vie de l’âme et la recherche spirituelle. Pour les classiques, l’amou
588
uvelée des relations entre l’amour humain, la vie
de
l’âme et la recherche spirituelle. Pour les classiques, l’amour ne po
589
lée des relations entre l’amour humain, la vie de
l’
âme et la recherche spirituelle. Pour les classiques, l’amour ne pose
590
elations entre l’amour humain, la vie de l’âme et
la
recherche spirituelle. Pour les classiques, l’amour ne pose guère de
591
la vie de l’âme et la recherche spirituelle. Pour
les
classiques, l’amour ne pose guère de problèmes que s’il entre en conf
592
et la recherche spirituelle. Pour les classiques,
l’
amour ne pose guère de problèmes que s’il entre en conflit avec le dev
593
uelle. Pour les classiques, l’amour ne pose guère
de
problèmes que s’il entre en conflit avec le devoir moral. Il n’est pa
594
guère de problèmes que s’il entre en conflit avec
le
devoir moral. Il n’est pas un problème en soi. On peut tuer par jalou
595
son orgueil (social), mais on ne peut pas mourir
d’
amour (la métaphore elle-même est ridiculisée). La morale officielle,
596
eil (social), mais on ne peut pas mourir d’amour (
la
métaphore elle-même est ridiculisée). La morale officielle, indiscuté
597
d’amour (la métaphore elle-même est ridiculisée).
La
morale officielle, indiscutée, a statué que la raison domine le cœur,
598
). La morale officielle, indiscutée, a statué que
la
raison domine le cœur, et elle ne s’inquiète pas du sexe (l’expressio
599
cielle, indiscutée, a statué que la raison domine
le
cœur, et elle ne s’inquiète pas du sexe (l’expression « vie sexuelle
600
omine le cœur, et elle ne s’inquiète pas du sexe (
l’
expression « vie sexuelle » est encore impensable). Les instincts sont
601
pression « vie sexuelle » est encore impensable).
Les
instincts sont classés, les passions définies, et la religion codifié
602
t encore impensable). Les instincts sont classés,
les
passions définies, et la religion codifiée. Instincts et passions fon
603
instincts sont classés, les passions définies, et
la
religion codifiée. Instincts et passions font « le monde », y renonce
604
a religion codifiée. Instincts et passions font «
le
monde », y renoncer c’est entrer en religion. Rien dans « le monde »,
605
y renoncer c’est entrer en religion. Rien dans «
le
monde », sinon le dégoût qu’on en conçoit pour avoir abusé des « plai
606
entrer en religion. Rien dans « le monde », sinon
le
dégoût qu’on en conçoit pour avoir abusé des « plaisirs » (notons ce
607
usé des « plaisirs » (notons ce mot) ne conduit à
la
religion. Descartes, ayant bien séparé le corps et l’esprit, ne sait
608
nduit à la religion. Descartes, ayant bien séparé
le
corps et l’esprit, ne sait plus comment les relier : éclipse de l’âme
609
eligion. Descartes, ayant bien séparé le corps et
l’
esprit, ne sait plus comment les relier : éclipse de l’âme. L’antithès
610
séparé le corps et l’esprit, ne sait plus comment
les
relier : éclipse de l’âme. L’antithèse radicale de cette époque class
611
esprit, ne sait plus comment les relier : éclipse
de
l’âme. L’antithèse radicale de cette époque classique nous est donnée
612
rit, ne sait plus comment les relier : éclipse de
l’
âme. L’antithèse radicale de cette époque classique nous est donnée pa
613
sait plus comment les relier : éclipse de l’âme.
L’
antithèse radicale de cette époque classique nous est donnée par les p
614
s relier : éclipse de l’âme. L’antithèse radicale
de
cette époque classique nous est donnée par les penseurs-poètes de la
615
ale de cette époque classique nous est donnée par
les
penseurs-poètes de la génération post-romantique. Car la question que
616
classique nous est donnée par les penseurs-poètes
de
la génération post-romantique. Car la question que leur œuvre entrepr
617
ssique nous est donnée par les penseurs-poètes de
la
génération post-romantique. Car la question que leur œuvre entreprend
618
eurs-poètes de la génération post-romantique. Car
la
question que leur œuvre entreprend de résoudre est celle-là même que
619
ntique. Car la question que leur œuvre entreprend
de
résoudre est celle-là même que les classiques éliminaient : comment i
620
uvre entreprend de résoudre est celle-là même que
les
classiques éliminaient : comment intégrer l’amour humain dans une con
621
que les classiques éliminaient : comment intégrer
l’
amour humain dans une conception religieuse de l’existence ? Toute con
622
rer l’amour humain dans une conception religieuse
de
l’existence ? Toute conception de l’amour (sexuel ou passionnel, libe
623
l’amour humain dans une conception religieuse de
l’
existence ? Toute conception de l’amour (sexuel ou passionnel, liberti
624
tion religieuse de l’existence ? Toute conception
de
l’amour (sexuel ou passionnel, libertin ou matrimonial), toute attitu
625
n religieuse de l’existence ? Toute conception de
l’
amour (sexuel ou passionnel, libertin ou matrimonial), toute attitude
626
sionnel, libertin ou matrimonial), toute attitude
de
l’homme devant l’amour, correspond, qu’on le sache ou non, à une atti
627
nnel, libertin ou matrimonial), toute attitude de
l’
homme devant l’amour, correspond, qu’on le sache ou non, à une attitud
628
ou matrimonial), toute attitude de l’homme devant
l’
amour, correspond, qu’on le sache ou non, à une attitude spirituelle,
629
tude de l’homme devant l’amour, correspond, qu’on
le
sache ou non, à une attitude spirituelle, la traduit ou la trahit, la
630
u’on le sache ou non, à une attitude spirituelle,
la
traduit ou la trahit, la conteste ou l’assume, mais n’existerait pas
631
ou non, à une attitude spirituelle, la traduit ou
la
trahit, la conteste ou l’assume, mais n’existerait pas sans elle. Du
632
ne attitude spirituelle, la traduit ou la trahit,
la
conteste ou l’assume, mais n’existerait pas sans elle. Du même coup,
633
rituelle, la traduit ou la trahit, la conteste ou
l’
assume, mais n’existerait pas sans elle. Du même coup, la sexualité9,
634
e, mais n’existerait pas sans elle. Du même coup,
la
sexualité9, enfin reconnue pour autre chose qu’un « bas instinct » ou
635
e fonction physiologique, se trouve qualifiée par
l’
esprit, requise par l’âme, mise en relation dialectique avec les fins
636
ue, se trouve qualifiée par l’esprit, requise par
l’
âme, mise en relation dialectique avec les fins spirituelles de l’âme.
637
uise par l’âme, mise en relation dialectique avec
les
fins spirituelles de l’âme. Par l’expérience de l’amour passionnel, l
638
n relation dialectique avec les fins spirituelles
de
l’âme. Par l’expérience de l’amour passionnel, l’Isolde de Wagner att
639
elation dialectique avec les fins spirituelles de
l’
âme. Par l’expérience de l’amour passionnel, l’Isolde de Wagner attein
640
lectique avec les fins spirituelles de l’âme. Par
l’
expérience de l’amour passionnel, l’Isolde de Wagner atteint la « joie
641
les fins spirituelles de l’âme. Par l’expérience
de
l’amour passionnel, l’Isolde de Wagner atteint la « joie suprême ». P
642
s fins spirituelles de l’âme. Par l’expérience de
l’
amour passionnel, l’Isolde de Wagner atteint la « joie suprême ». Par
643
de l’âme. Par l’expérience de l’amour passionnel,
l’
Isolde de Wagner atteint la « joie suprême ». Par l’expérience de l’am
644
de l’amour passionnel, l’Isolde de Wagner atteint
la
« joie suprême ». Par l’expérience de l’amour dit sexuel, « l’âme ina
645
Isolde de Wagner atteint la « joie suprême ». Par
l’
expérience de l’amour dit sexuel, « l’âme inassouvie » de Baudelaire c
646
ner atteint la « joie suprême ». Par l’expérience
de
l’amour dit sexuel, « l’âme inassouvie » de Baudelaire conçoit « le g
647
atteint la « joie suprême ». Par l’expérience de
l’
amour dit sexuel, « l’âme inassouvie » de Baudelaire conçoit « le goût
648
rême ». Par l’expérience de l’amour dit sexuel, «
l’
âme inassouvie » de Baudelaire conçoit « le goût de l’éternel »10. Et
649
ience de l’amour dit sexuel, « l’âme inassouvie »
de
Baudelaire conçoit « le goût de l’éternel »10. Et dans In vino verita
650
uel, « l’âme inassouvie » de Baudelaire conçoit «
le
goût de l’éternel »10. Et dans In vino veritas, l’un des héros ironiq
651
’âme inassouvie » de Baudelaire conçoit « le goût
de
l’éternel »10. Et dans In vino veritas, l’un des héros ironiques de K
652
e inassouvie » de Baudelaire conçoit « le goût de
l’
éternel »10. Et dans In vino veritas, l’un des héros ironiques de Kier
653
Et dans In vino veritas, l’un des héros ironiques
de
Kierkegaard définit l’amour comme le lieu où « la vie spirituelle la
654
, l’un des héros ironiques de Kierkegaard définit
l’
amour comme le lieu où « la vie spirituelle la plus élevée s’exprime d
655
os ironiques de Kierkegaard définit l’amour comme
le
lieu où « la vie spirituelle la plus élevée s’exprime dans l’antithès
656
de Kierkegaard définit l’amour comme le lieu où «
la
vie spirituelle la plus élevée s’exprime dans l’antithèse la plus ext
657
nit l’amour comme le lieu où « la vie spirituelle
la
plus élevée s’exprime dans l’antithèse la plus extrême, tandis que la
658
la vie spirituelle la plus élevée s’exprime dans
l’
antithèse la plus extrême, tandis que la sensualité prétend représente
659
ituelle la plus élevée s’exprime dans l’antithèse
la
plus extrême, tandis que la sensualité prétend représenter la vie spi
660
rime dans l’antithèse la plus extrême, tandis que
la
sensualité prétend représenter la vie spirituelle la plus élevée. » L
661
ême, tandis que la sensualité prétend représenter
la
vie spirituelle la plus élevée. » Le champ nouveau, dont de telles ph
662
sensualité prétend représenter la vie spirituelle
la
plus élevée. » Le champ nouveau, dont de telles phrases révèlent le r
663
représenter la vie spirituelle la plus élevée. »
Le
champ nouveau, dont de telles phrases révèlent le réseau de tensions,
664
rituelle la plus élevée. » Le champ nouveau, dont
de
telles phrases révèlent le réseau de tensions, détermine un espace in
665
Le champ nouveau, dont de telles phrases révèlent
le
réseau de tensions, détermine un espace intermédiaire entre le corps
666
ouveau, dont de telles phrases révèlent le réseau
de
tensions, détermine un espace intermédiaire entre le corps animal et
667
tensions, détermine un espace intermédiaire entre
le
corps animal et l’esprit. N’est-ce pas l’âme, au sens des gnostiques
668
un espace intermédiaire entre le corps animal et
l’
esprit. N’est-ce pas l’âme, au sens des gnostiques ? C’est en tout cas
669
e entre le corps animal et l’esprit. N’est-ce pas
l’
âme, au sens des gnostiques ? C’est en tout cas le milieu où l’érotism
670
l’âme, au sens des gnostiques ? C’est en tout cas
le
milieu où l’érotisme, qui est dépassement lyrique ou réflexif du sexu
671
s des gnostiques ? C’est en tout cas le milieu où
l’
érotisme, qui est dépassement lyrique ou réflexif du sexuel biologique
672
fs plaisirs profonds, anxieux ou tendres, moments
de
grâce de l’amour humain et couleurs du langage mystique, procèdent de
673
rs profonds, anxieux ou tendres, moments de grâce
de
l’amour humain et couleurs du langage mystique, procèdent de l’imagin
674
profonds, anxieux ou tendres, moments de grâce de
l’
amour humain et couleurs du langage mystique, procèdent de l’imaginati
675
humain et couleurs du langage mystique, procèdent
de
l’imagination. Ils ne sont, de toute évidence, pas plus « physiques »
676
ain et couleurs du langage mystique, procèdent de
l’
imagination. Ils ne sont, de toute évidence, pas plus « physiques » qu
677
ystique, procèdent de l’imagination. Ils ne sont,
de
toute évidence, pas plus « physiques » que spirituels, bien qu’ils ti
678
monde des corps, qui est substantif, ni du monde
de
l’esprit, qui est celui du verbe, mais du monde animé de l’adjectif q
679
nde des corps, qui est substantif, ni du monde de
l’
esprit, qui est celui du verbe, mais du monde animé de l’adjectif qui
680
prit, qui est celui du verbe, mais du monde animé
de
l’adjectif qui est qualification de la substance par l’émotion. Kierk
681
t, qui est celui du verbe, mais du monde animé de
l’
adjectif qui est qualification de la substance par l’émotion. Kierkega
682
u monde animé de l’adjectif qui est qualification
de
la substance par l’émotion. Kierkegaard, dans l’Alternative, montre c
683
onde animé de l’adjectif qui est qualification de
la
substance par l’émotion. Kierkegaard, dans l’Alternative, montre comm
684
djectif qui est qualification de la substance par
l’
émotion. Kierkegaard, dans l’Alternative, montre comment le christiani
685
de la substance par l’émotion. Kierkegaard, dans
l’
Alternative, montre comment le christianisme, en apportant au monde le
686
. Kierkegaard, dans l’Alternative, montre comment
le
christianisme, en apportant au monde le « principe positif de l’Espri
687
e comment le christianisme, en apportant au monde
le
« principe positif de l’Esprit », qui exclut le sensuel, a posé du mê
688
isme, en apportant au monde le « principe positif
de
l’Esprit », qui exclut le sensuel, a posé du même coup le sensuel com
689
e, en apportant au monde le « principe positif de
l’
Esprit », qui exclut le sensuel, a posé du même coup le sensuel comme
690
e le « principe positif de l’Esprit », qui exclut
le
sensuel, a posé du même coup le sensuel comme « catégorie spirituelle
691
rit », qui exclut le sensuel, a posé du même coup
le
sensuel comme « catégorie spirituelle ». (Autrement dit, le christian
692
comme « catégorie spirituelle ». (Autrement dit,
le
christianisme a suscité le problème sexuel et l’érotisme.) Kierkegaar
693
lle ». (Autrement dit, le christianisme a suscité
le
problème sexuel et l’érotisme.) Kierkegaard ne se contente pas de sub
694
le christianisme a suscité le problème sexuel et
l’
érotisme.) Kierkegaard ne se contente pas de substituer cette bipolari
695
el et l’érotisme.) Kierkegaard ne se contente pas
de
substituer cette bipolarité à la simple dualité des classiques. Il dé
696
se contente pas de substituer cette bipolarité à
la
simple dualité des classiques. Il définit en effet l’érotisme (en ter
697
imple dualité des classiques. Il définit en effet
l’
érotisme (en termes étonnamment modernes) comme « une synthèse psycho-
698
modernes) comme « une synthèse psycho-sensible ».
L’
érotisme est donc tout autre chose qu’un euphémisme désignant les aspe
699
donc tout autre chose qu’un euphémisme désignant
les
aspects sexuels de l’amour dans le langage pudique et parfois si péda
700
se qu’un euphémisme désignant les aspects sexuels
de
l’amour dans le langage pudique et parfois si pédant du jeune discipl
701
qu’un euphémisme désignant les aspects sexuels de
l’
amour dans le langage pudique et parfois si pédant du jeune disciple d
702
sme désignant les aspects sexuels de l’amour dans
le
langage pudique et parfois si pédant du jeune disciple de Hegel. Entr
703
ge pudique et parfois si pédant du jeune disciple
de
Hegel. Entre la spontanéité démoniaque du désir, irrité par l’esprit
704
rfois si pédant du jeune disciple de Hegel. Entre
la
spontanéité démoniaque du désir, irrité par l’esprit qui veut l’anéan
705
re la spontanéité démoniaque du désir, irrité par
l’
esprit qui veut l’anéantir, et la spontanéité de l’inclination amoureu
706
démoniaque du désir, irrité par l’esprit qui veut
l’
anéantir, et la spontanéité de l’inclination amoureuse « qui ne reconn
707
ésir, irrité par l’esprit qui veut l’anéantir, et
la
spontanéité de l’inclination amoureuse « qui ne reconnaît comme son é
708
r l’esprit qui veut l’anéantir, et la spontanéité
de
l’inclination amoureuse « qui ne reconnaît comme son égale que la spo
709
’esprit qui veut l’anéantir, et la spontanéité de
l’
inclination amoureuse « qui ne reconnaît comme son égale que la sponta
710
amoureuse « qui ne reconnaît comme son égale que
la
spontanéité religieuse » ; entre les figures contrastées du Séducteur
711
son égale que la spontanéité religieuse » ; entre
les
figures contrastées du Séducteur et du Mari, entre la décision négati
712
igures contrastées du Séducteur et du Mari, entre
la
décision négative et la décision positive du spirituel, l’érotisme ki
713
ducteur et du Mari, entre la décision négative et
la
décision positive du spirituel, l’érotisme kierkegaardien noue sa pro
714
on négative et la décision positive du spirituel,
l’
érotisme kierkegaardien noue sa problématique absolument nouvelle, « p
715
nouvelle, « psycho-sensible », donc incluse dans
la
sphère animique. Or, le langage de l’âme n’est autre que le Mythe. Il
716
ible », donc incluse dans la sphère animique. Or,
le
langage de l’âme n’est autre que le Mythe. Il est donc naturel que Ki
717
c incluse dans la sphère animique. Or, le langage
de
l’âme n’est autre que le Mythe. Il est donc naturel que Kierkegaard,
718
ncluse dans la sphère animique. Or, le langage de
l’
âme n’est autre que le Mythe. Il est donc naturel que Kierkegaard, pou
719
animique. Or, le langage de l’âme n’est autre que
le
Mythe. Il est donc naturel que Kierkegaard, pour décrire la catégorie
720
Il est donc naturel que Kierkegaard, pour décrire
la
catégorie du sensuel pur telle que la pose l’attaque de l’Esprit, et
721
our décrire la catégorie du sensuel pur telle que
la
pose l’attaque de l’Esprit, et Wagner, pour décrire la passion pure t
722
ire la catégorie du sensuel pur telle que la pose
l’
attaque de l’Esprit, et Wagner, pour décrire la passion pure telle que
723
égorie du sensuel pur telle que la pose l’attaque
de
l’Esprit, et Wagner, pour décrire la passion pure telle que la transf
724
rie du sensuel pur telle que la pose l’attaque de
l’
Esprit, et Wagner, pour décrire la passion pure telle que la transfigu
725
se l’attaque de l’Esprit, et Wagner, pour décrire
la
passion pure telle que la transfigure l’élan mystique, aient eu recou
726
et Wagner, pour décrire la passion pure telle que
la
transfigure l’élan mystique, aient eu recours aux mythes extrêmes de
727
décrire la passion pure telle que la transfigure
l’
élan mystique, aient eu recours aux mythes extrêmes de l’érotique occi
728
an mystique, aient eu recours aux mythes extrêmes
de
l’érotique occidentale : Don Juan, Tristan. 9. Le mot apparaît chez
729
mystique, aient eu recours aux mythes extrêmes de
l’
érotique occidentale : Don Juan, Tristan. 9. Le mot apparaît chez Ki
730
l’érotique occidentale : Don Juan, Tristan. 9.
Le
mot apparaît chez Kierkegaard dès 1843. On le trouvait déjà chez Four
731
9. Le mot apparaît chez Kierkegaard dès 1843. On
le
trouvait déjà chez Fourier, mais il est aussi neuf, à cette époque, q
732
énergie nucléaire vers 1939. 10. « Hymne », dans
Les
Fleurs du mal.
733
des mythes et leurs pouvoirs dans divers ordres
D’
où viennent les mythes ? Sont-ils nos inventions, ou nous les leurs ?
734
leurs pouvoirs dans divers ordres D’où viennent
les
mythes ? Sont-ils nos inventions, ou nous les leurs ? Gouvernent-ils
735
ent les mythes ? Sont-ils nos inventions, ou nous
les
leurs ? Gouvernent-ils nos actes et nos sentiments, ou bien paraissen
736
ts, ou bien paraissent-ils après coup, comme pour
les
illustrer et les qualifier, voire tenter de les rendre exemplaires ?
737
ssent-ils après coup, comme pour les illustrer et
les
qualifier, voire tenter de les rendre exemplaires ? Est-ce encore un
738
pour les illustrer et les qualifier, voire tenter
de
les rendre exemplaires ? Est-ce encore un problème de la poule et de
739
r les illustrer et les qualifier, voire tenter de
les
rendre exemplaires ? Est-ce encore un problème de la poule et de l’œu
740
es rendre exemplaires ? Est-ce encore un problème
de
la poule et de l’œuf — qui a commencé ? Ce serait cela si les mythes
741
rendre exemplaires ? Est-ce encore un problème de
la
poule et de l’œuf — qui a commencé ? Ce serait cela si les mythes n’é
742
laires ? Est-ce encore un problème de la poule et
de
l’œuf — qui a commencé ? Ce serait cela si les mythes n’étaient que p
743
res ? Est-ce encore un problème de la poule et de
l’
œuf — qui a commencé ? Ce serait cela si les mythes n’étaient que poés
744
et de l’œuf — qui a commencé ? Ce serait cela si
les
mythes n’étaient que poésie, c’est-à-dire invention de réalités qui n
745
thes n’étaient que poésie, c’est-à-dire invention
de
réalités qui n’existent vraiment que dans leur expression. Mais la pl
746
é exprimés avant nous, s’il est sûr que plusieurs
de
ceux qui nous dominent ne seront exprimés que demain. Une longue duré
747
ue demain. Une longue durée, cependant, n’est pas
l’
éternité. Le même problème se pose d’ailleurs au sujet des complexes e
748
ne longue durée, cependant, n’est pas l’éternité.
Le
même problème se pose d’ailleurs au sujet des complexes et des archét
749
dées platoniciennes éternellement préexistantes à
l’
homme, des lois cosmiques, ni des catégories de l’Esprit ; mais sont-i
750
à l’homme, des lois cosmiques, ni des catégories
de
l’Esprit ; mais sont-ils aussi vieux que l’homme et que les circuits
751
l’homme, des lois cosmiques, ni des catégories de
l’
Esprit ; mais sont-ils aussi vieux que l’homme et que les circuits de
752
ories de l’Esprit ; mais sont-ils aussi vieux que
l’
homme et que les circuits de son cerveau, ou bien sont-ils seulement d
753
it ; mais sont-ils aussi vieux que l’homme et que
les
circuits de son cerveau, ou bien sont-ils seulement des produits évol
754
t-ils aussi vieux que l’homme et que les circuits
de
son cerveau, ou bien sont-ils seulement des produits évolués de la ci
755
, ou bien sont-ils seulement des produits évolués
de
la civilisation néolithique, diffusée de l’Euphrate vers les cinq con
756
u bien sont-ils seulement des produits évolués de
la
civilisation néolithique, diffusée de l’Euphrate vers les cinq contin
757
évolués de la civilisation néolithique, diffusée
de
l’Euphrate vers les cinq continents à partir du cinquième millénaire
758
olués de la civilisation néolithique, diffusée de
l’
Euphrate vers les cinq continents à partir du cinquième millénaire ava
759
lisation néolithique, diffusée de l’Euphrate vers
les
cinq continents à partir du cinquième millénaire avant notre ère, et
760
énaire avant notre ère, et dernier ancêtre commun
de
nos civilisations vivantes ? Ou encore, des symptômes spécifiques de
761
s vivantes ? Ou encore, des symptômes spécifiques
de
notre seule culture européenne ? Il semble à première vue plus facile
762
européenne ? Il semble à première vue plus facile
de
répondre dans le cas des mythes, car les dates de leurs émergences da
763
emble à première vue plus facile de répondre dans
le
cas des mythes, car les dates de leurs émergences dans la littérature
764
us facile de répondre dans le cas des mythes, car
les
dates de leurs émergences dans la littérature mondiale nous sont conn
765
de répondre dans le cas des mythes, car les dates
de
leurs émergences dans la littérature mondiale nous sont connues, et c
766
es mythes, car les dates de leurs émergences dans
la
littérature mondiale nous sont connues, et c’est à partir d’elles qu’
767
ure mondiale nous sont connues, et c’est à partir
d’
elles qu’ils ont vraiment agi et développé tous leurs pouvoirs contagi
768
istan, Faust, Hamlet et Don Juan sont bel et bien
les
créations imaginaires d’un Béroul, d’un Marlowe, d’un Shakespeare et
769
n Juan sont bel et bien les créations imaginaires
d’
un Béroul, d’un Marlowe, d’un Shakespeare et d’un Tirso de Molina, don
770
el et bien les créations imaginaires d’un Béroul,
d’
un Marlowe, d’un Shakespeare et d’un Tirso de Molina, dont les coordon
771
créations imaginaires d’un Béroul, d’un Marlowe,
d’
un Shakespeare et d’un Tirso de Molina, dont les coordonnées dans l’es
772
es d’un Béroul, d’un Marlowe, d’un Shakespeare et
d’
un Tirso de Molina, dont les coordonnées dans l’espace et le temps lai
773
e, d’un Shakespeare et d’un Tirso de Molina, dont
les
coordonnées dans l’espace et le temps laissent assez peu de marge au
774
t d’un Tirso de Molina, dont les coordonnées dans
l’
espace et le temps laissent assez peu de marge au doute critique. Et c
775
de Molina, dont les coordonnées dans l’espace et
le
temps laissent assez peu de marge au doute critique. Et chacun d’eux
776
t assez peu de marge au doute critique. Et chacun
d’
eux décrit l’irruption dramatique d’une force de l’âme dans une sociét
777
e marge au doute critique. Et chacun d’eux décrit
l’
irruption dramatique d’une force de l’âme dans une société bien datée.
778
ue. Et chacun d’eux décrit l’irruption dramatique
d’
une force de l’âme dans une société bien datée. Mais une autre questio
779
n d’eux décrit l’irruption dramatique d’une force
de
l’âme dans une société bien datée. Mais une autre question se pose au
780
’eux décrit l’irruption dramatique d’une force de
l’
âme dans une société bien datée. Mais une autre question se pose aussi
781
personnages ? N’ont-ils pas simplement développé
les
clichés de phénomènes plus anciens, ou plus généralement humains ? No
782
? N’ont-ils pas simplement développé les clichés
de
phénomènes plus anciens, ou plus généralement humains ? Nous voici ra
783
ralement humains ? Nous voici ramenés au problème
de
la genèse historique des complexes. Une différence, toutefois, me par
784
ement humains ? Nous voici ramenés au problème de
la
genèse historique des complexes. Une différence, toutefois, me paraît
785
ne différence, toutefois, me paraît essentielle :
les
complexes et les archétypes sont définis comme des structures de l’in
786
utefois, me paraît essentielle : les complexes et
les
archétypes sont définis comme des structures de l’inconscient, tandis
787
les archétypes sont définis comme des structures
de
l’inconscient, tandis que les mythes parlent de l’âme. Or si le consc
788
s archétypes sont définis comme des structures de
l’
inconscient, tandis que les mythes parlent de l’âme. Or si le conscien
789
comme des structures de l’inconscient, tandis que
les
mythes parlent de l’âme. Or si le conscient et l’inconscient sont des
790
s de l’inconscient, tandis que les mythes parlent
de
l’âme. Or si le conscient et l’inconscient sont des notions constamme
791
e l’inconscient, tandis que les mythes parlent de
l’
âme. Or si le conscient et l’inconscient sont des notions constamment
792
nt, tandis que les mythes parlent de l’âme. Or si
le
conscient et l’inconscient sont des notions constamment relatives au
793
es mythes parlent de l’âme. Or si le conscient et
l’
inconscient sont des notions constamment relatives au degré d’éveil et
794
t sont des notions constamment relatives au degré
d’
éveil et de lucidité de l’intellect, il n’en va pas de même des trois
795
notions constamment relatives au degré d’éveil et
de
lucidité de l’intellect, il n’en va pas de même des trois constituant
796
tamment relatives au degré d’éveil et de lucidité
de
l’intellect, il n’en va pas de même des trois constituants de l’être
797
ment relatives au degré d’éveil et de lucidité de
l’
intellect, il n’en va pas de même des trois constituants de l’être hum
798
ct, il n’en va pas de même des trois constituants
de
l’être humain, le corps, l’âme et l’esprit. Si la pensée (qui est dou
799
il n’en va pas de même des trois constituants de
l’
être humain, le corps, l’âme et l’esprit. Si la pensée (qui est doute
800
de même des trois constituants de l’être humain,
le
corps, l’âme et l’esprit. Si la pensée (qui est doute et certitude) f
801
es trois constituants de l’être humain, le corps,
l’
âme et l’esprit. Si la pensée (qui est doute et certitude) fournit la
802
constituants de l’être humain, le corps, l’âme et
l’
esprit. Si la pensée (qui est doute et certitude) fournit la preuve de
803
de l’être humain, le corps, l’âme et l’esprit. Si
la
pensée (qui est doute et certitude) fournit la preuve de l’esprit, et
804
Si la pensée (qui est doute et certitude) fournit
la
preuve de l’esprit, et la sensation celle du corps, la preuve de l’âm
805
ée (qui est doute et certitude) fournit la preuve
de
l’esprit, et la sensation celle du corps, la preuve de l’âme est l’ém
806
(qui est doute et certitude) fournit la preuve de
l’
esprit, et la sensation celle du corps, la preuve de l’âme est l’émoti
807
e et certitude) fournit la preuve de l’esprit, et
la
sensation celle du corps, la preuve de l’âme est l’émotion. Les mythe
808
euve de l’esprit, et la sensation celle du corps,
la
preuve de l’âme est l’émotion. Les mythes, phénomènes animiques, décr
809
esprit, et la sensation celle du corps, la preuve
de
l’âme est l’émotion. Les mythes, phénomènes animiques, décrivent des
810
rit, et la sensation celle du corps, la preuve de
l’
âme est l’émotion. Les mythes, phénomènes animiques, décrivent des réa
811
sensation celle du corps, la preuve de l’âme est
l’
émotion. Les mythes, phénomènes animiques, décrivent des réalités de l
812
celle du corps, la preuve de l’âme est l’émotion.
Les
mythes, phénomènes animiques, décrivent des réalités de l’affectivité
813
hes, phénomènes animiques, décrivent des réalités
de
l’affectivité, que le sentiment perçoit immédiatement. Et s’ils expri
814
, phénomènes animiques, décrivent des réalités de
l’
affectivité, que le sentiment perçoit immédiatement. Et s’ils exprimen
815
ues, décrivent des réalités de l’affectivité, que
le
sentiment perçoit immédiatement. Et s’ils expriment ces réalités en s
816
n pas en concepts instantanés, entrant ainsi dans
le
champ de la conscience sous une sorte de déguisement qui les voile en
817
concepts instantanés, entrant ainsi dans le champ
de
la conscience sous une sorte de déguisement qui les voile en même tem
818
cepts instantanés, entrant ainsi dans le champ de
la
conscience sous une sorte de déguisement qui les voile en même temps
819
nsi dans le champ de la conscience sous une sorte
de
déguisement qui les voile en même temps qu’il les révèle, cela tient
820
e la conscience sous une sorte de déguisement qui
les
voile en même temps qu’il les révèle, cela tient beaucoup moins à que
821
de déguisement qui les voile en même temps qu’il
les
révèle, cela tient beaucoup moins à quelque répression d’ordre social
822
e, cela tient beaucoup moins à quelque répression
d’
ordre social, moral ou religieux (comme dans le cas des complexes, sel
823
on d’ordre social, moral ou religieux (comme dans
le
cas des complexes, selon Freud) qu’à la nature même de l’âme, dont le
824
omme dans le cas des complexes, selon Freud) qu’à
la
nature même de l’âme, dont le symbole lyrique est le langage normal11
825
s des complexes, selon Freud) qu’à la nature même
de
l’âme, dont le symbole lyrique est le langage normal11. Une chose dem
826
es complexes, selon Freud) qu’à la nature même de
l’
âme, dont le symbole lyrique est le langage normal11. Une chose demeur
827
, selon Freud) qu’à la nature même de l’âme, dont
le
symbole lyrique est le langage normal11. Une chose demeure bien certa
828
nature même de l’âme, dont le symbole lyrique est
le
langage normal11. Une chose demeure bien certaine : les mythes qu’on
829
ngage normal11. Une chose demeure bien certaine :
les
mythes qu’on vient de citer, relativement récents dans leur expressio
830
plusieurs siècles, ils nous attendent, préformant
les
mouvements intimes de notre sensibilité, ou déroulant devant nous les
831
nous attendent, préformant les mouvements intimes
de
notre sensibilité, ou déroulant devant nous les images simplifiées, o
832
es de notre sensibilité, ou déroulant devant nous
les
images simplifiées, ordonnatrices de nos aventures virtuelles12. Médi
833
devant nous les images simplifiées, ordonnatrices
de
nos aventures virtuelles12. Méditer sur les Noms qui leur furent attr
834
trices de nos aventures virtuelles12. Méditer sur
les
Noms qui leur furent attribués (et qui, à l’instar des noms des dieux
835
sur les Noms qui leur furent attribués (et qui, à
l’
instar des noms des dieux antiques, évoquent certains groupes de puiss
836
oms des dieux antiques, évoquent certains groupes
de
puissances), c’est méditer en fait sur des structures de l’âme qui no
837
sances), c’est méditer en fait sur des structures
de
l’âme qui nous inclinent à la manière des astres, c’est-à-dire sans n
838
ces), c’est méditer en fait sur des structures de
l’
âme qui nous inclinent à la manière des astres, c’est-à-dire sans nous
839
nous déterminer : inclinant, non gubernant. Nous
les
reconnaissons, à certains stades de notre évolution psychique ou spir
840
ernant. Nous les reconnaissons, à certains stades
de
notre évolution psychique ou spirituelle, quand subitement nous nous
841
quand subitement nous nous sentons coïncider avec
la
forme ou le mouvement de telle œuvre, poème ou histoire, qui pour la
842
ment nous nous sentons coïncider avec la forme ou
le
mouvement de telle œuvre, poème ou histoire, qui pour la première foi
843
s sentons coïncider avec la forme ou le mouvement
de
telle œuvre, poème ou histoire, qui pour la première fois, bien avant
844
oire, qui pour la première fois, bien avant nous,
les
avait découverts ou inventés, ou qui, tout près de nous, les interprè
845
écouverts ou inventés, ou qui, tout près de nous,
les
interprète en termes de conscience « moderne ». Une émotion particuli
846
culière — excitation, angoisse ou nostalgie, dont
l’
excès nous paraît insolite ou la fascination secrètement familière — n
847
u nostalgie, dont l’excès nous paraît insolite ou
la
fascination secrètement familière — nous avertit de leur apparition.
848
fascination secrètement familière — nous avertit
de
leur apparition. Nous les reconnaissons dans les grands personnages q
849
familière — nous avertit de leur apparition. Nous
les
reconnaissons dans les grands personnages qui leur ont attaché leur n
850
t de leur apparition. Nous les reconnaissons dans
les
grands personnages qui leur ont attaché leur nom de fable, Œdipe ou P
851
grands personnages qui leur ont attaché leur nom
de
fable, Œdipe ou Prométhée, Tristan, Faust ou Don Juan, mais aussi dan
852
thée, Tristan, Faust ou Don Juan, mais aussi dans
les
innombrables descendants que ces héros ont engendrés au sein des œuvr
853
ts que ces héros ont engendrés au sein des œuvres
d’
imagination de la littérature occidentale. Et nous pouvons enfin les r
854
os ont engendrés au sein des œuvres d’imagination
de
la littérature occidentale. Et nous pouvons enfin les reconnaître à l
855
ont engendrés au sein des œuvres d’imagination de
la
littérature occidentale. Et nous pouvons enfin les reconnaître à l’œu
856
la littérature occidentale. Et nous pouvons enfin
les
reconnaître à l’œuvre dans la vie de personnes réelles, de créateurs
857
identale. Et nous pouvons enfin les reconnaître à
l’
œuvre dans la vie de personnes réelles, de créateurs de l’art et de la
858
nous pouvons enfin les reconnaître à l’œuvre dans
la
vie de personnes réelles, de créateurs de l’art et de la pensée, mais
859
uvons enfin les reconnaître à l’œuvre dans la vie
de
personnes réelles, de créateurs de l’art et de la pensée, mais aussi
860
aître à l’œuvre dans la vie de personnes réelles,
de
créateurs de l’art et de la pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoir
861
re dans la vie de personnes réelles, de créateurs
de
l’art et de la pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoire dont les bi
862
dans la vie de personnes réelles, de créateurs de
l’
art et de la pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoire dont les biogr
863
ie de personnes réelles, de créateurs de l’art et
de
la pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoire dont les biographies no
864
de personnes réelles, de créateurs de l’art et de
la
pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoire dont les biographies nous
865
de créateurs de l’art et de la pensée, mais aussi
d’
acteurs de l’histoire dont les biographies nous sont assez connues. (L
866
rs de l’art et de la pensée, mais aussi d’acteurs
de
l’histoire dont les biographies nous sont assez connues. (La biograph
867
de l’art et de la pensée, mais aussi d’acteurs de
l’
histoire dont les biographies nous sont assez connues. (La biographie
868
a pensée, mais aussi d’acteurs de l’histoire dont
les
biographies nous sont assez connues. (La biographie d’un être origina
869
re dont les biographies nous sont assez connues. (
La
biographie d’un être original, fortement personnalisé, étant souvent
870
ographies nous sont assez connues. (La biographie
d’
un être original, fortement personnalisé, étant souvent sa création la
871
fortement personnalisé, étant souvent sa création
la
plus totale et continue.) Certains mythes, c’est par eux ou contre eu
872
Certains mythes, c’est par eux ou contre eux que
la
personne s’est affirmée et reconnue, tout en contribuant à les mieux
873
s’est affirmée et reconnue, tout en contribuant à
les
mieux révéler. Car le triomphe total du mythe ne laisserait subsister
874
nue, tout en contribuant à les mieux révéler. Car
le
triomphe total du mythe ne laisserait subsister qu’un type, suppriman
875
ait subsister qu’un type, supprimant du même coup
l’
individu. Mais ce triomphe n’est pas fatal si l’esprit relève le défi
876
p l’individu. Mais ce triomphe n’est pas fatal si
l’
esprit relève le défi et, malgré l’emprise du mythe qui tend à l’enfer
877
is ce triomphe n’est pas fatal si l’esprit relève
le
défi et, malgré l’emprise du mythe qui tend à l’enfermer dans sa duré
878
t pas fatal si l’esprit relève le défi et, malgré
l’
emprise du mythe qui tend à l’enfermer dans sa durée lyrique, poursuit
879
le défi et, malgré l’emprise du mythe qui tend à
l’
enfermer dans sa durée lyrique, poursuit l’histoire de la personne, qu
880
tend à l’enfermer dans sa durée lyrique, poursuit
l’
histoire de la personne, qui sera celle de sa liberté. Si nous voulons
881
fermer dans sa durée lyrique, poursuit l’histoire
de
la personne, qui sera celle de sa liberté. Si nous voulons savoir et
882
mer dans sa durée lyrique, poursuit l’histoire de
la
personne, qui sera celle de sa liberté. Si nous voulons savoir et voi
883
oursuit l’histoire de la personne, qui sera celle
de
sa liberté. Si nous voulons savoir et voir comment agissent les mythe
884
. Si nous voulons savoir et voir comment agissent
les
mythes, en général, il me paraît que l’étude particulière de l’empire
885
agissent les mythes, en général, il me paraît que
l’
étude particulière de l’empire exercé par les mythes de l’amour peut n
886
en général, il me paraît que l’étude particulière
de
l’empire exercé par les mythes de l’amour peut nous y aider le mieux,
887
général, il me paraît que l’étude particulière de
l’
empire exercé par les mythes de l’amour peut nous y aider le mieux, et
888
t que l’étude particulière de l’empire exercé par
les
mythes de l’amour peut nous y aider le mieux, et cela pour deux raiso
889
de particulière de l’empire exercé par les mythes
de
l’amour peut nous y aider le mieux, et cela pour deux raisons faciles
890
particulière de l’empire exercé par les mythes de
l’
amour peut nous y aider le mieux, et cela pour deux raisons faciles à
891
xercé par les mythes de l’amour peut nous y aider
le
mieux, et cela pour deux raisons faciles à discerner. La première, c’
892
isons faciles à discerner. La première, c’est que
les
mythes de l’amour sont liés à l’expérience individuelle la plus banal
893
es à discerner. La première, c’est que les mythes
de
l’amour sont liés à l’expérience individuelle la plus banale et la pl
894
à discerner. La première, c’est que les mythes de
l’
amour sont liés à l’expérience individuelle la plus banale et la plus
895
ière, c’est que les mythes de l’amour sont liés à
l’
expérience individuelle la plus banale et la plus largement répandue d
896
de l’amour sont liés à l’expérience individuelle
la
plus banale et la plus largement répandue dans notre monde occidental
897
iés à l’expérience individuelle la plus banale et
la
plus largement répandue dans notre monde occidental : qui n’a pas été
898
cidental : qui n’a pas été amoureux ou malheureux
de
l’être pas, ou tout au moins curieux de savoir s’il l’était ? Le prem
899
ental : qui n’a pas été amoureux ou malheureux de
l’
être pas, ou tout au moins curieux de savoir s’il l’était ? Le premier
900
alheureux de l’être pas, ou tout au moins curieux
de
savoir s’il l’était ? Le premier venu n’est pas tenté de se reconnaît
901
être pas, ou tout au moins curieux de savoir s’il
l’
était ? Le premier venu n’est pas tenté de se reconnaître dans Faust o
902
ir s’il l’était ? Le premier venu n’est pas tenté
de
se reconnaître dans Faust ou Prométhée, Hamlet ou Don Quichotte, mais
903
te, mais n’hésite pas à se croire Don Juan s’il a
le
goût de la facilité et du changement ; ou Tristan s’il se sent plus d
904
n’hésite pas à se croire Don Juan s’il a le goût
de
la facilité et du changement ; ou Tristan s’il se sent plus doué pour
905
hésite pas à se croire Don Juan s’il a le goût de
la
facilité et du changement ; ou Tristan s’il se sent plus doué pour le
906
angement ; ou Tristan s’il se sent plus doué pour
le
malheur d’amour, ou la fidélité. La seconde raison tient au fait que
907
ou Tristan s’il se sent plus doué pour le malheur
d’
amour, ou la fidélité. La seconde raison tient au fait que l’amour est
908
’il se sent plus doué pour le malheur d’amour, ou
la
fidélité. La seconde raison tient au fait que l’amour est lié plus qu
909
la fidélité. La seconde raison tient au fait que
l’
amour est lié plus que toute autre conduite, impulsion, sentiment ou a
910
-dire au langage en général, mais sous ses formes
les
plus richement dotées de tournures populaires et suggestives, de clic
911
l, mais sous ses formes les plus richement dotées
de
tournures populaires et suggestives, de clichés, de métaphores, et de
912
nt dotées de tournures populaires et suggestives,
de
clichés, de métaphores, et de symboles convenus. L’amour est à la foi
913
tournures populaires et suggestives, de clichés,
de
métaphores, et de symboles convenus. L’amour est à la fois le meilleu
914
res et suggestives, de clichés, de métaphores, et
de
symboles convenus. L’amour est à la fois le meilleur conducteur et le
915
clichés, de métaphores, et de symboles convenus.
L’
amour est à la fois le meilleur conducteur et le meilleur excitant de
916
s, et de symboles convenus. L’amour est à la fois
le
meilleur conducteur et le meilleur excitant de l’expression. Semblabl
917
. L’amour est à la fois le meilleur conducteur et
le
meilleur excitant de l’expression. Semblable en cela (comme par bien
918
is le meilleur conducteur et le meilleur excitant
de
l’expression. Semblable en cela (comme par bien d’autres traits) à la
919
le meilleur conducteur et le meilleur excitant de
l’
expression. Semblable en cela (comme par bien d’autres traits) à la gu
920
blable en cela (comme par bien d’autres traits) à
la
guerre des époques classiques, il existe à partir de sa « déclaration
921
de sa « déclaration ». Mais il peut naître aussi
de
sa seule évocation : d’une lecture, d’une chanson, d’une image ou d’u
922
Mais il peut naître aussi de sa seule évocation :
d’
une lecture, d’une chanson, d’une image ou d’un mot, qui suffisent à l
923
ître aussi de sa seule évocation : d’une lecture,
d’
une chanson, d’une image ou d’un mot, qui suffisent à l’induire, ou à
924
a seule évocation : d’une lecture, d’une chanson,
d’
une image ou d’un mot, qui suffisent à l’induire, ou à fixer son choix
925
on : d’une lecture, d’une chanson, d’une image ou
d’
un mot, qui suffisent à l’induire, ou à fixer son choix. Ainsi, l’acti
926
chanson, d’une image ou d’un mot, qui suffisent à
l’
induire, ou à fixer son choix. Ainsi, l’action des mythes de l’amour d
927
ffisent à l’induire, ou à fixer son choix. Ainsi,
l’
action des mythes de l’amour devient lisible, dans la mesure où elle c
928
ou à fixer son choix. Ainsi, l’action des mythes
de
l’amour devient lisible, dans la mesure où elle correspond à l’action
929
à fixer son choix. Ainsi, l’action des mythes de
l’
amour devient lisible, dans la mesure où elle correspond à l’action mê
930
ction des mythes de l’amour devient lisible, dans
la
mesure où elle correspond à l’action même du langage. Plus tard, une
931
ient lisible, dans la mesure où elle correspond à
l’
action même du langage. Plus tard, une fois reconnues leurs structures
932
rs structures dynamiques, nous pourrons retrouver
les
plus typiques d’entre elles dans des domaines apparemment indépendant
933
elles dans des domaines apparemment indépendants
de
l’amour et du jeu des sexes, et qui vont de la pensée spéculative rel
934
les dans des domaines apparemment indépendants de
l’
amour et du jeu des sexes, et qui vont de la pensée spéculative religi
935
dants de l’amour et du jeu des sexes, et qui vont
de
la pensée spéculative religieuse ou métaphysique, à l’éthique de l’ac
936
ts de l’amour et du jeu des sexes, et qui vont de
la
pensée spéculative religieuse ou métaphysique, à l’éthique de l’actio
937
pensée spéculative religieuse ou métaphysique, à
l’
éthique de l’action sociale ou de l’aventure individuelle. Je vois ain
938
éculative religieuse ou métaphysique, à l’éthique
de
l’action sociale ou de l’aventure individuelle. Je vois ainsi Don Jua
939
lative religieuse ou métaphysique, à l’éthique de
l’
action sociale ou de l’aventure individuelle. Je vois ainsi Don Juan d
940
métaphysique, à l’éthique de l’action sociale ou
de
l’aventure individuelle. Je vois ainsi Don Juan dans l’allure et le r
941
taphysique, à l’éthique de l’action sociale ou de
l’
aventure individuelle. Je vois ainsi Don Juan dans l’allure et le ryth
942
venture individuelle. Je vois ainsi Don Juan dans
l’
allure et le rythme de la polémique nietzschéenne ; mais aussi dans le
943
viduelle. Je vois ainsi Don Juan dans l’allure et
le
rythme de la polémique nietzschéenne ; mais aussi dans les alternance
944
Je vois ainsi Don Juan dans l’allure et le rythme
de
la polémique nietzschéenne ; mais aussi dans les alternances d’engage
945
vois ainsi Don Juan dans l’allure et le rythme de
la
polémique nietzschéenne ; mais aussi dans les alternances d’engagemen
946
e de la polémique nietzschéenne ; mais aussi dans
les
alternances d’engagements passionnés et de retraits ambigus (déceptio
947
e nietzschéenne ; mais aussi dans les alternances
d’
engagements passionnés et de retraits ambigus (déception ou besoin de
948
dans les alternances d’engagements passionnés et
de
retraits ambigus (déception ou besoin de se libérer ?) qui marquent l
949
onnés et de retraits ambigus (déception ou besoin
de
se libérer ?) qui marquent la carrière d’un certain type nouveau d’av
950
déception ou besoin de se libérer ?) qui marquent
la
carrière d’un certain type nouveau d’aventuriers-penseurs de notre te
951
besoin de se libérer ?) qui marquent la carrière
d’
un certain type nouveau d’aventuriers-penseurs de notre temps. Je vois
952
ui marquent la carrière d’un certain type nouveau
d’
aventuriers-penseurs de notre temps. Je vois Tristan dans la passion i
953
d’un certain type nouveau d’aventuriers-penseurs
de
notre temps. Je vois Tristan dans la passion intellectuelle de Kierke
954
ers-penseurs de notre temps. Je vois Tristan dans
la
passion intellectuelle de Kierkegaard, dont le « paradoxe absolu » es
955
s. Je vois Tristan dans la passion intellectuelle
de
Kierkegaard, dont le « paradoxe absolu » est de « vouloir sa propre p
956
ns la passion intellectuelle de Kierkegaard, dont
le
« paradoxe absolu » est de « vouloir sa propre perte » ; mais aussi,
957
e de Kierkegaard, dont le « paradoxe absolu » est
de
« vouloir sa propre perte » ; mais aussi, comme en filigrane, dans le
958
re perte » ; mais aussi, comme en filigrane, dans
le
dessein secret de tant de romans modernes et dans le destin « fatal »
959
aussi, comme en filigrane, dans le dessein secret
de
tant de romans modernes et dans le destin « fatal » de leur protagoni
960
dessein secret de tant de romans modernes et dans
le
destin « fatal » de leur protagoniste — souvent à l’insu de l’auteur…
961
nt de romans modernes et dans le destin « fatal »
de
leur protagoniste — souvent à l’insu de l’auteur… Et bien d’autres qu
962
destin « fatal » de leur protagoniste — souvent à
l’
insu de l’auteur… Et bien d’autres que moi ont su voir, c’est-à-dire p
963
« fatal » de leur protagoniste — souvent à l’insu
de
l’auteur… Et bien d’autres que moi ont su voir, c’est-à-dire prévoir
964
atal » de leur protagoniste — souvent à l’insu de
l’
auteur… Et bien d’autres que moi ont su voir, c’est-à-dire prévoir Don
965
su voir, c’est-à-dire prévoir Don Quichotte, dans
la
folie grandiose de Christophe Colomb partant pour les Indes du rêve.
966
re prévoir Don Quichotte, dans la folie grandiose
de
Christophe Colomb partant pour les Indes du rêve. Un mot encore, pour
967
folie grandiose de Christophe Colomb partant pour
les
Indes du rêve. Un mot encore, pour ceux qui m’accuseraient de blasphé
968
rêve. Un mot encore, pour ceux qui m’accuseraient
de
blasphémer — et j’en connais — en voyant « Tristan » dans ce siècle.
969
ant « Tristan » dans ce siècle. S’il est vrai que
les
mythes nous en apprennent bien autant sur l’Europe que les statues de
970
que les mythes nous en apprennent bien autant sur
l’
Europe que les statues de dieux animaux ou de Shivas à quatre bras sur
971
s nous en apprennent bien autant sur l’Europe que
les
statues de dieux animaux ou de Shivas à quatre bras sur la civilisati
972
prennent bien autant sur l’Europe que les statues
de
dieux animaux ou de Shivas à quatre bras sur la civilisation de l’Égy
973
sur l’Europe que les statues de dieux animaux ou
de
Shivas à quatre bras sur la civilisation de l’Égypte ou de l’Inde anc
974
s de dieux animaux ou de Shivas à quatre bras sur
la
civilisation de l’Égypte ou de l’Inde anciennes, c’est de la même man
975
ux ou de Shivas à quatre bras sur la civilisation
de
l’Égypte ou de l’Inde anciennes, c’est de la même manière : non par l
976
ou de Shivas à quatre bras sur la civilisation de
l’
Égypte ou de l’Inde anciennes, c’est de la même manière : non par leur
977
à quatre bras sur la civilisation de l’Égypte ou
de
l’Inde anciennes, c’est de la même manière : non par leur « réalisme
978
quatre bras sur la civilisation de l’Égypte ou de
l’
Inde anciennes, c’est de la même manière : non par leur « réalisme » o
979
isation de l’Égypte ou de l’Inde anciennes, c’est
de
la même manière : non par leur « réalisme » ou leur fidélité aux appa
980
tion de l’Égypte ou de l’Inde anciennes, c’est de
la
même manière : non par leur « réalisme » ou leur fidélité aux apparen
981
ux apparences quotidiennes, mais par leur pouvoir
d’
expression du sacré et de l’âme ; non par leur valeur figurée, mais pa
982
s, mais par leur pouvoir d’expression du sacré et
de
l’âme ; non par leur valeur figurée, mais par leur valeur figurante.
983
mais par leur pouvoir d’expression du sacré et de
l’
âme ; non par leur valeur figurée, mais par leur valeur figurante. Nul
984
mais été Tristan, ni Don Juan, — et pas plus dans
le
passé qu’aujourd’hui ; mais sans ces mythes les Européens ne seraient
985
ns le passé qu’aujourd’hui ; mais sans ces mythes
les
Européens ne seraient pas ce qu’ils sont, n’aimeraient pas comme ils
986
s seraient incompréhensibles : car elles naissent
de
leurs rêves et non de leurs doctrines. 11. Il se peut que le rêve e
987
sibles : car elles naissent de leurs rêves et non
de
leurs doctrines. 11. Il se peut que le rêve emprunte à l’âme son im
988
s et non de leurs doctrines. 11. Il se peut que
le
rêve emprunte à l’âme son imagerie, ses emblèmes fixés, comparables a
989
octrines. 11. Il se peut que le rêve emprunte à
l’
âme son imagerie, ses emblèmes fixés, comparables aux lames du Tarot,
990
mes du Tarot, qui sont des mythes figés, extraits
de
leur durée. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour réduire l’âm
991
s ce n’est pas une raison suffisante pour réduire
l’
âme à l’inconscient. La musique est de l’âme, par exemple, et elle n’e
992
st pas une raison suffisante pour réduire l’âme à
l’
inconscient. La musique est de l’âme, par exemple, et elle n’existe pa
993
on suffisante pour réduire l’âme à l’inconscient.
La
musique est de l’âme, par exemple, et elle n’existe pas avant son exp
994
our réduire l’âme à l’inconscient. La musique est
de
l’âme, par exemple, et elle n’existe pas avant son expression ; elle
995
réduire l’âme à l’inconscient. La musique est de
l’
âme, par exemple, et elle n’existe pas avant son expression ; elle n’e
996
t son expression ; elle n’est pas en réserve dans
l’
inconscient. 12. Les mythes ne joueraient-ils pas dans l’animique un
997
lle n’est pas en réserve dans l’inconscient. 12.
Les
mythes ne joueraient-ils pas dans l’animique un rôle comparable à cel
998
cient. 12. Les mythes ne joueraient-ils pas dans
l’
animique un rôle comparable à celui des gènes et des génotypes qui con
999
elui des gènes et des génotypes qui conditionnent
d’
avance la susceptibilité ou la résistance de l’individu à telle maladi
1000
gènes et des génotypes qui conditionnent d’avance
la
susceptibilité ou la résistance de l’individu à telle maladie ? Chacu
1001
s qui conditionnent d’avance la susceptibilité ou
la
résistance de l’individu à telle maladie ? Chacun de nous se trouvera
1002
nnent d’avance la susceptibilité ou la résistance
de
l’individu à telle maladie ? Chacun de nous se trouverait-il ainsi do
1003
nt d’avance la susceptibilité ou la résistance de
l’
individu à telle maladie ? Chacun de nous se trouverait-il ainsi doté
1004
résistance de l’individu à telle maladie ? Chacun
de
nous se trouverait-il ainsi doté dès sa naissance à la vie culturelle
1005
us se trouverait-il ainsi doté dès sa naissance à
la
vie culturelle, intellectuelle, voire spirituelle, d’une susceptibili
1006
ie culturelle, intellectuelle, voire spirituelle,
d’
une susceptibilité ou d’une relative immunité à telle conduite amoureu
1007
uelle, voire spirituelle, d’une susceptibilité ou
d’
une relative immunité à telle conduite amoureuse, à tels choix affecti
1008
IVProblèmes
de
la personne aux prises avec les mythes Que les mythes de l’amour dé
1009
IVProblèmes de
la
personne aux prises avec les mythes Que les mythes de l’amour déter
1010
IVProblèmes de la personne aux prises avec
les
mythes Que les mythes de l’amour déterminent largement nos conduite
1011
s de la personne aux prises avec les mythes Que
les
mythes de l’amour déterminent largement nos conduites individuelles,
1012
sonne aux prises avec les mythes Que les mythes
de
l’amour déterminent largement nos conduites individuelles, les hasard
1013
ne aux prises avec les mythes Que les mythes de
l’
amour déterminent largement nos conduites individuelles, les hasards a
1014
éterminent largement nos conduites individuelles,
les
hasards apparents de nos rencontres, et les choix que nous croyons dé
1015
os conduites individuelles, les hasards apparents
de
nos rencontres, et les choix que nous croyons décider librement — on
1016
lles, les hasards apparents de nos rencontres, et
les
choix que nous croyons décider librement — on admet qu’il serait supe
1017
écider librement — on admet qu’il serait superflu
de
le démontrer une fois de plus. Que cette action soit propagée par la
1018
der librement — on admet qu’il serait superflu de
le
démontrer une fois de plus. Que cette action soit propagée par la cul
1019
fois de plus. Que cette action soit propagée par
la
culture, par les œuvres lyriques ou romanesques qui nous « passionnen
1020
ue cette action soit propagée par la culture, par
les
œuvres lyriques ou romanesques qui nous « passionnent » (nous prédisp
1021
ues qui nous « passionnent » (nous prédisposent à
la
passion), dans la mesure précise où elles obéissent aux mythes, cepen
1022
sionnent » (nous prédisposent à la passion), dans
la
mesure précise où elles obéissent aux mythes, cependant que leurs aut
1023
endant que leurs auteurs croyaient s’abandonner à
la
pleine liberté de leur imagination, —j’en donnerai plus loin quelques
1024
uteurs croyaient s’abandonner à la pleine liberté
de
leur imagination, —j’en donnerai plus loin quelques preuves. Or les m
1025
on, —j’en donnerai plus loin quelques preuves. Or
les
mythes, comme les lois, relèvent du générique, tandis que la personne
1026
plus loin quelques preuves. Or les mythes, comme
les
lois, relèvent du générique, tandis que la personne est unique ou n’e
1027
comme les lois, relèvent du générique, tandis que
la
personne est unique ou n’est pas. Ils nous conduisent au type, tandis
1028
’est pas. Ils nous conduisent au type, tandis que
la
personne est le chemin vers un moi-même sans précédent, seul capable
1029
us conduisent au type, tandis que la personne est
le
chemin vers un moi-même sans précédent, seul capable d’un amour neuf.
1030
min vers un moi-même sans précédent, seul capable
d’
un amour neuf. La personne trouve la preuve de sa vraie liberté dans s
1031
ême sans précédent, seul capable d’un amour neuf.
La
personne trouve la preuve de sa vraie liberté dans ses décisions sing
1032
seul capable d’un amour neuf. La personne trouve
la
preuve de sa vraie liberté dans ses décisions singulières, déterminée
1033
ble d’un amour neuf. La personne trouve la preuve
de
sa vraie liberté dans ses décisions singulières, déterminées non poin
1034
ntes, commune à tous — et dont certes il est sage
de
tenir compte — mais par un but qui n’est qu’à elle, en avant d’elle,
1035
e — mais par un but qui n’est qu’à elle, en avant
d’
elle, un but qu’elle réalise en l’approchant, tout en se réalisant ell
1036
elle, en avant d’elle, un but qu’elle réalise en
l’
approchant, tout en se réalisant elle-même par cette approche. Pour la
1037
n se réalisant elle-même par cette approche. Pour
la
personne aux prises avec les mythes, le problème consistera donc à re
1038
cette approche. Pour la personne aux prises avec
les
mythes, le problème consistera donc à reconnaître tout d’abord leur n
1039
che. Pour la personne aux prises avec les mythes,
le
problème consistera donc à reconnaître tout d’abord leur nature et le
1040
connaître tout d’abord leur nature et leurs modes
d’
action, puis à savoir en jouer à ses fins propres, sous peine de reste
1041
fins propres, sous peine de rester leur jouet, «
le
pantin dont une force inconnue tire les ficelles », dit Kierkegaard.
1042
r jouet, « le pantin dont une force inconnue tire
les
ficelles », dit Kierkegaard. En d’autres termes, la personne doit tou
1043
ficelles », dit Kierkegaard. En d’autres termes,
la
personne doit tout d’abord apprendre à lire le jeu des mythes — dans
1044
s, la personne doit tout d’abord apprendre à lire
le
jeu des mythes — dans sa vie, dans ses rêves et dans les œuvres qui n
1045
des mythes — dans sa vie, dans ses rêves et dans
les
œuvres qui ne cessent de l’influencer — puis tenter d’entraîner dans
1046
dans ses rêves et dans les œuvres qui ne cessent
de
l’influencer — puis tenter d’entraîner dans son jeu propre les formes
1047
ns ses rêves et dans les œuvres qui ne cessent de
l’
influencer — puis tenter d’entraîner dans son jeu propre les formes d’
1048
vres qui ne cessent de l’influencer — puis tenter
d’
entraîner dans son jeu propre les formes d’énergie dont ils sont condu
1049
cer — puis tenter d’entraîner dans son jeu propre
les
formes d’énergie dont ils sont conducteurs. Cette conversion de l’éne
1050
tenter d’entraîner dans son jeu propre les formes
d’
énergie dont ils sont conducteurs. Cette conversion de l’énergie d’Éro
1051
ergie dont ils sont conducteurs. Cette conversion
de
l’énergie d’Éros se révélera peut-être un jour plus importante, pour
1052
ie dont ils sont conducteurs. Cette conversion de
l’
énergie d’Éros se révélera peut-être un jour plus importante, pour l’a
1053
s sont conducteurs. Cette conversion de l’énergie
d’
Éros se révélera peut-être un jour plus importante, pour l’avenir de l
1054
révélera peut-être un jour plus importante, pour
l’
avenir de l’humanité, que l’actuelle domestication de l’énergie nucléa
1055
peut-être un jour plus importante, pour l’avenir
de
l’humanité, que l’actuelle domestication de l’énergie nucléaire et so
1056
ut-être un jour plus importante, pour l’avenir de
l’
humanité, que l’actuelle domestication de l’énergie nucléaire et solai
1057
plus importante, pour l’avenir de l’humanité, que
l’
actuelle domestication de l’énergie nucléaire et solaire. Car si l’une
1058
venir de l’humanité, que l’actuelle domestication
de
l’énergie nucléaire et solaire. Car si l’une doit permettre d’explore
1059
ir de l’humanité, que l’actuelle domestication de
l’
énergie nucléaire et solaire. Car si l’une doit permettre d’explorer l
1060
nucléaire et solaire. Car si l’une doit permettre
d’
explorer l’espace cosmique et de subvenir à l’alimentation des corps,
1061
t solaire. Car si l’une doit permettre d’explorer
l’
espace cosmique et de subvenir à l’alimentation des corps, l’autre peu
1062
ne doit permettre d’explorer l’espace cosmique et
de
subvenir à l’alimentation des corps, l’autre peut permettre à l’espri
1063
tre d’explorer l’espace cosmique et de subvenir à
l’
alimentation des corps, l’autre peut permettre à l’esprit d’explorer l
1064
’alimentation des corps, l’autre peut permettre à
l’
esprit d’explorer les richesses mal connues de l’espace et du temps an
1065
tion des corps, l’autre peut permettre à l’esprit
d’
explorer les richesses mal connues de l’espace et du temps animiques,
1066
rps, l’autre peut permettre à l’esprit d’explorer
les
richesses mal connues de l’espace et du temps animiques, et d’y trouv
1067
e à l’esprit d’explorer les richesses mal connues
de
l’espace et du temps animiques, et d’y trouver de quoi nourrir des fa
1068
l’esprit d’explorer les richesses mal connues de
l’
espace et du temps animiques, et d’y trouver de quoi nourrir des faims
1069
mal connues de l’espace et du temps animiques, et
d’
y trouver de quoi nourrir des faims d’une autre espèce, dès maintenant
1070
de l’espace et du temps animiques, et d’y trouver
de
quoi nourrir des faims d’une autre espèce, dès maintenant éveillées.
1071
imiques, et d’y trouver de quoi nourrir des faims
d’
une autre espèce, dès maintenant éveillées.
1072
VInvasion
de
l’érotisme au xxe siècle Chrétiens traditionnels, moralistes laïqu
1073
VInvasion de
l’
érotisme au xxe siècle Chrétiens traditionnels, moralistes laïques,
1074
t communistes orthodoxes s’unissent pour déplorer
l’
invasion dans nos vies d’une sexualité « obsédante ». Les affiches dan
1075
s’unissent pour déplorer l’invasion dans nos vies
d’
une sexualité « obsédante ». Les affiches dans les rues, les bureaux,
1076
sion dans nos vies d’une sexualité « obsédante ».
Les
affiches dans les rues, les bureaux, les métros, et tout au long des
1077
d’une sexualité « obsédante ». Les affiches dans
les
rues, les bureaux, les métros, et tout au long des autostrades, les m
1078
ualité « obsédante ». Les affiches dans les rues,
les
bureaux, les métros, et tout au long des autostrades, les magazines i
1079
dante ». Les affiches dans les rues, les bureaux,
les
métros, et tout au long des autostrades, les magazines illustrés et l
1080
aux, les métros, et tout au long des autostrades,
les
magazines illustrés et les films, les romans noirs et les albums de n
1081
long des autostrades, les magazines illustrés et
les
films, les romans noirs et les albums de nus, les journaux populaires
1082
utostrades, les magazines illustrés et les films,
les
romans noirs et les albums de nus, les journaux populaires et les ban
1083
zines illustrés et les films, les romans noirs et
les
albums de nus, les journaux populaires et les bandes dessinées, les c
1084
trés et les films, les romans noirs et les albums
de
nus, les journaux populaires et les bandes dessinées, les chansons à
1085
les films, les romans noirs et les albums de nus,
les
journaux populaires et les bandes dessinées, les chansons à la mode,
1086
et les albums de nus, les journaux populaires et
les
bandes dessinées, les chansons à la mode, les danses et les strip-tea
1087
les journaux populaires et les bandes dessinées,
les
chansons à la mode, les danses et les strip-teases : il suffit de reg
1088
opulaires et les bandes dessinées, les chansons à
la
mode, les danses et les strip-teases : il suffit de regarder le décor
1089
et les bandes dessinées, les chansons à la mode,
les
danses et les strip-teases : il suffit de regarder le décor des journ
1090
dessinées, les chansons à la mode, les danses et
les
strip-teases : il suffit de regarder le décor des journées et des nui
1091
mode, les danses et les strip-teases : il suffit
de
regarder le décor des journées et des nuits citadines pour vérifier l
1092
anses et les strip-teases : il suffit de regarder
le
décor des journées et des nuits citadines pour vérifier l’omniprésenc
1093
des journées et des nuits citadines pour vérifier
l’
omniprésence de l’appel au désir sexuel. Ce phénomène mille fois décri
1094
des nuits citadines pour vérifier l’omniprésence
de
l’appel au désir sexuel. Ce phénomène mille fois décrit n’en demeure
1095
s nuits citadines pour vérifier l’omniprésence de
l’
appel au désir sexuel. Ce phénomène mille fois décrit n’en demeure pas
1096
vait des parallèles en d’autres temps, ses moyens
d’
expression, eux, sont sans précédent. La culture commercialisée, qui e
1097
es moyens d’expression, eux, sont sans précédent.
La
culture commercialisée, qui est son véhicule principal, le rend sans
1098
e commercialisée, qui est son véhicule principal,
le
rend sans doute irréversible, et les cultures totalitaires (ou dirigé
1099
le principal, le rend sans doute irréversible, et
les
cultures totalitaires (ou dirigées), normalement puritaines, seront b
1100
puritaines, seront bientôt débordées. Au surplus,
l’
accroissement quantitatif et plus encore qualitatif des temps de loisi
1101
t quantitatif et plus encore qualitatif des temps
de
loisir, accroît aussi — comme l’avait dit Baudelaire avec plus de pré
1102
itatif des temps de loisir, accroît aussi — comme
l’
avait dit Baudelaire avec plus de précision que le proverbe antique su
1103
ît aussi — comme l’avait dit Baudelaire avec plus
de
précision que le proverbe antique sur l’oisiveté mère des vices — les
1104
l’avait dit Baudelaire avec plus de précision que
le
proverbe antique sur l’oisiveté mère des vices — les chances pratique
1105
vec plus de précision que le proverbe antique sur
l’
oisiveté mère des vices — les chances pratiques de l’érotisme. Déplore
1106
proverbe antique sur l’oisiveté mère des vices —
les
chances pratiques de l’érotisme. Déplorer le phénomène est donc vain.
1107
l’oisiveté mère des vices — les chances pratiques
de
l’érotisme. Déplorer le phénomène est donc vain. Il s’agit de compren
1108
isiveté mère des vices — les chances pratiques de
l’
érotisme. Déplorer le phénomène est donc vain. Il s’agit de comprendre
1109
s — les chances pratiques de l’érotisme. Déplorer
le
phénomène est donc vain. Il s’agit de comprendre ses causes, et surto
1110
e. Déplorer le phénomène est donc vain. Il s’agit
de
comprendre ses causes, et surtout ce dont il est signe. Et d’abord, i
1111
rtout ce dont il est signe. Et d’abord, il s’agit
de
lui donner son vrai nom. C’est l’érotisme qui travaille les sociétés
1112
bord, il s’agit de lui donner son vrai nom. C’est
l’
érotisme qui travaille les sociétés occidentales, de l’ouest à l’est,
1113
nner son vrai nom. C’est l’érotisme qui travaille
les
sociétés occidentales, de l’ouest à l’est, et non pas la sexualité pr
1114
érotisme qui travaille les sociétés occidentales,
de
l’ouest à l’est, et non pas la sexualité proprement dite, instinctive
1115
tisme qui travaille les sociétés occidentales, de
l’
ouest à l’est, et non pas la sexualité proprement dite, instinctive et
1116
travaille les sociétés occidentales, de l’ouest à
l’
est, et non pas la sexualité proprement dite, instinctive et procréatr
1117
étés occidentales, de l’ouest à l’est, et non pas
la
sexualité proprement dite, instinctive et procréatrice. Et les moyens
1118
proprement dite, instinctive et procréatrice. Et
les
moyens de l’érotisme sont la littérature, les « salles obscures », le
1119
dite, instinctive et procréatrice. Et les moyens
de
l’érotisme sont la littérature, les « salles obscures », les arts pla
1120
te, instinctive et procréatrice. Et les moyens de
l’
érotisme sont la littérature, les « salles obscures », les arts plasti
1121
et procréatrice. Et les moyens de l’érotisme sont
la
littérature, les « salles obscures », les arts plastiques (dont la ph
1122
Et les moyens de l’érotisme sont la littérature,
les
« salles obscures », les arts plastiques (dont la photographie), la m
1123
sme sont la littérature, les « salles obscures »,
les
arts plastiques (dont la photographie), la musique populaire et la da
1124
es « salles obscures », les arts plastiques (dont
la
photographie), la musique populaire et la danse13, et même certaines
1125
es », les arts plastiques (dont la photographie),
la
musique populaire et la danse13, et même certaines philosophies plus
1126
s (dont la photographie), la musique populaire et
la
danse13, et même certaines philosophies plus poétiques que systématiq
1127
ystématiques : milieux par excellence où agissent
les
mythes de l’âme14. C’est donc avec ces mythes, non pas avec l’instinc
1128
s : milieux par excellence où agissent les mythes
de
l’âme14. C’est donc avec ces mythes, non pas avec l’instinct ou avec
1129
milieux par excellence où agissent les mythes de
l’
âme14. C’est donc avec ces mythes, non pas avec l’instinct ou avec « l
1130
l’âme14. C’est donc avec ces mythes, non pas avec
l’
instinct ou avec « l’éternelle luxure » sans horizon, que la pensée de
1131
vec ces mythes, non pas avec l’instinct ou avec «
l’
éternelle luxure » sans horizon, que la pensée des spirituels se trouv
1132
ou avec « l’éternelle luxure » sans horizon, que
la
pensée des spirituels se trouve aux prises et peut entrer en polémiqu
1133
et peut entrer en polémique intime. Ce n’est pas
l’
immoralité plus ou moins grande de ce siècle qui la concerne, mais bie
1134
e. Ce n’est pas l’immoralité plus ou moins grande
de
ce siècle qui la concerne, mais bien les attitudes (religieuses sans
1135
’immoralité plus ou moins grande de ce siècle qui
la
concerne, mais bien les attitudes (religieuses sans le savoir) qui ju
1136
ns grande de ce siècle qui la concerne, mais bien
les
attitudes (religieuses sans le savoir) qui justifient cette immoralit
1137
ncerne, mais bien les attitudes (religieuses sans
le
savoir) qui justifient cette immoralité ; enfin, ce sont certaines no
1138
tte immoralité ; enfin, ce sont certaines notions
de
l’homme, qu’une élite inconnue de la foule élabore à l’abri de toute
1139
immoralité ; enfin, ce sont certaines notions de
l’
homme, qu’une élite inconnue de la foule élabore à l’abri de toute san
1140
rtaines notions de l’homme, qu’une élite inconnue
de
la foule élabore à l’abri de toute sanction sociale : car c’est là qu
1141
ines notions de l’homme, qu’une élite inconnue de
la
foule élabore à l’abri de toute sanction sociale : car c’est là qu’on
1142
omme, qu’une élite inconnue de la foule élabore à
l’
abri de toute sanction sociale : car c’est là qu’on peut voir apparaît
1143
u’une élite inconnue de la foule élabore à l’abri
de
toute sanction sociale : car c’est là qu’on peut voir apparaître le s
1144
sociale : car c’est là qu’on peut voir apparaître
le
sens réel du phénomène que j’ai rappelé, et qui n’est guère en soi qu
1145
e que j’ai rappelé, et qui n’est guère en soi que
l’
écume d’une vague profonde, surgie de l’âme collective. Derrière les a
1146
ai rappelé, et qui n’est guère en soi que l’écume
d’
une vague profonde, surgie de l’âme collective. Derrière les apparence
1147
e en soi que l’écume d’une vague profonde, surgie
de
l’âme collective. Derrière les apparences de la rue, derrière la tolé
1148
n soi que l’écume d’une vague profonde, surgie de
l’
âme collective. Derrière les apparences de la rue, derrière la toléran
1149
ue profonde, surgie de l’âme collective. Derrière
les
apparences de la rue, derrière la tolérance déjà presque sans bornes
1150
rgie de l’âme collective. Derrière les apparences
de
la rue, derrière la tolérance déjà presque sans bornes accordée à ce
1151
e de l’âme collective. Derrière les apparences de
la
rue, derrière la tolérance déjà presque sans bornes accordée à ce que
1152
tive. Derrière les apparences de la rue, derrière
la
tolérance déjà presque sans bornes accordée à ce que l’on appelait na
1153
érance déjà presque sans bornes accordée à ce que
l’
on appelait naguère pornographie, il y a tout autre chose qu’une réact
1154
e, il y a tout autre chose qu’une réaction contre
la
période victorienne, qu’après tout la jeunesse actuelle n’a pas connu
1155
tion contre la période victorienne, qu’après tout
la
jeunesse actuelle n’a pas connue dans sa vigueur, et dont elle n’a gu
1156
t vrai qu’une révolution n’éclate jamais qu’après
la
mort des vrais tyrans, contre leurs héritiers débiles et qui assurent
1157
et qui assurent que ce n’est pas leur faute… Mais
de
quoi la morale victorienne est-elle morte ? Sans doute, et tout d’abo
1158
ssurent que ce n’est pas leur faute… Mais de quoi
la
morale victorienne est-elle morte ? Sans doute, et tout d’abord, d’av
1159
nne est-elle morte ? Sans doute, et tout d’abord,
d’
avoir eu peur de l’instinct qu’elle voulait réprimer. Au lieu de justi
1160
te ? Sans doute, et tout d’abord, d’avoir eu peur
de
l’instinct qu’elle voulait réprimer. Au lieu de justifier ses rigueur
1161
? Sans doute, et tout d’abord, d’avoir eu peur de
l’
instinct qu’elle voulait réprimer. Au lieu de justifier ses rigueurs e
1162
stifier ses rigueurs en décrivant dans sa réalité
le
danger que la licence sexuelle fait courir à toute société utilitaire
1163
gueurs en décrivant dans sa réalité le danger que
la
licence sexuelle fait courir à toute société utilitaire et laborieuse
1164
ir à toute société utilitaire et laborieuse, dont
la
plus haute valeur n’est pas l’union mystique mais la sobriété spiritu
1165
t laborieuse, dont la plus haute valeur n’est pas
l’
union mystique mais la sobriété spirituelle, elle a voulu fermer les y
1166
plus haute valeur n’est pas l’union mystique mais
la
sobriété spirituelle, elle a voulu fermer les yeux sur la réalité mêm
1167
mais la sobriété spirituelle, elle a voulu fermer
les
yeux sur la réalité même du sexe : interdit d’en parler, sauf du haut
1168
été spirituelle, elle a voulu fermer les yeux sur
la
réalité même du sexe : interdit d’en parler, sauf du haut de la chair
1169
r les yeux sur la réalité même du sexe : interdit
d’
en parler, sauf du haut de la chaire, et sous le seul nom d’impureté.
1170
même du sexe : interdit d’en parler, sauf du haut
de
la chaire, et sous le seul nom d’impureté. C’était vider la morale pu
1171
e du sexe : interdit d’en parler, sauf du haut de
la
chaire, et sous le seul nom d’impureté. C’était vider la morale purit
1172
t d’en parler, sauf du haut de la chaire, et sous
le
seul nom d’impureté. C’était vider la morale puritaine de sa virtu, m
1173
r, sauf du haut de la chaire, et sous le seul nom
d’
impureté. C’était vider la morale puritaine de sa virtu, moins religie
1174
re, et sous le seul nom d’impureté. C’était vider
la
morale puritaine de sa virtu, moins religieuse d’ailleurs que civilis
1175
nom d’impureté. C’était vider la morale puritaine
de
sa virtu, moins religieuse d’ailleurs que civilisatrice. D’où l’effet
1176
u, moins religieuse d’ailleurs que civilisatrice.
D’
où l’effet de révélation que produisit l’œuvre de Freud, l’impression
1177
ins religieuse d’ailleurs que civilisatrice. D’où
l’
effet de révélation que produisit l’œuvre de Freud, l’impression qu’el
1178
gieuse d’ailleurs que civilisatrice. D’où l’effet
de
révélation que produisit l’œuvre de Freud, l’impression qu’elle « exp
1179
satrice. D’où l’effet de révélation que produisit
l’
œuvre de Freud, l’impression qu’elle « expliquait tout », parce qu’ell
1180
D’où l’effet de révélation que produisit l’œuvre
de
Freud, l’impression qu’elle « expliquait tout », parce qu’elle expliq
1181
fet de révélation que produisit l’œuvre de Freud,
l’
impression qu’elle « expliquait tout », parce qu’elle expliquait certa
1182
justement dont nul n’osait parler15. Brochant sur
la
mauvaise conscience d’une bourgeoisie qui n’avait plus le courage de
1183
ait parler15. Brochant sur la mauvaise conscience
d’
une bourgeoisie qui n’avait plus le courage de ses partis pris, la vul
1184
ise conscience d’une bourgeoisie qui n’avait plus
le
courage de ses partis pris, la vulgarisation de la psychanalyse a bea
1185
nce d’une bourgeoisie qui n’avait plus le courage
de
ses partis pris, la vulgarisation de la psychanalyse a beaucoup fait
1186
e qui n’avait plus le courage de ses partis pris,
la
vulgarisation de la psychanalyse a beaucoup fait pour dévaloriser les
1187
s le courage de ses partis pris, la vulgarisation
de
la psychanalyse a beaucoup fait pour dévaloriser les notions mêmes de
1188
e courage de ses partis pris, la vulgarisation de
la
psychanalyse a beaucoup fait pour dévaloriser les notions mêmes de ré
1189
la psychanalyse a beaucoup fait pour dévaloriser
les
notions mêmes de répression et de censure. Les abus dénoncés par Freu
1190
beaucoup fait pour dévaloriser les notions mêmes
de
répression et de censure. Les abus dénoncés par Freud nous ont rendus
1191
ur dévaloriser les notions mêmes de répression et
de
censure. Les abus dénoncés par Freud nous ont rendus méfiants quant à
1192
er les notions mêmes de répression et de censure.
Les
abus dénoncés par Freud nous ont rendus méfiants quant à l’usage des
1193
noncés par Freud nous ont rendus méfiants quant à
l’
usage des disciplines éducatives élémentaires. Ce n’est plus la licenc
1194
isciplines éducatives élémentaires. Ce n’est plus
la
licence qui est l’ennemi, mais le refoulement, générateur de complexe
1195
es élémentaires. Ce n’est plus la licence qui est
l’
ennemi, mais le refoulement, générateur de complexes et de névroses. D
1196
. Ce n’est plus la licence qui est l’ennemi, mais
le
refoulement, générateur de complexes et de névroses. D’où la toléranc
1197
qui est l’ennemi, mais le refoulement, générateur
de
complexes et de névroses. D’où la tolérance que j’ai dite, et qui eff
1198
, mais le refoulement, générateur de complexes et
de
névroses. D’où la tolérance que j’ai dite, et qui effraye tant d’obse
1199
oulement, générateur de complexes et de névroses.
D’
où la tolérance que j’ai dite, et qui effraye tant d’observateurs. Ava
1200
ent, générateur de complexes et de névroses. D’où
la
tolérance que j’ai dite, et qui effraye tant d’observateurs. Avant de
1201
ù la tolérance que j’ai dite, et qui effraye tant
d’
observateurs. Avant de nous effrayer à notre tour, essayons de bien vo
1202
rs. Avant de nous effrayer à notre tour, essayons
de
bien voir ce qui se passe quand les censures officielles périclitent.
1203
tour, essayons de bien voir ce qui se passe quand
les
censures officielles périclitent. Est-il vrai, comme on nous le répèt
1204
ficielles périclitent. Est-il vrai, comme on nous
le
répète, que « la sensualité envahit tout » et que la sexualité défoul
1205
tent. Est-il vrai, comme on nous le répète, que «
la
sensualité envahit tout » et que la sexualité défoulée « se déchaîne
1206
répète, que « la sensualité envahit tout » et que
la
sexualité défoulée « se déchaîne » ? Bien sûr que non. L’instinct ne
1207
lité défoulée « se déchaîne » ? Bien sûr que non.
L’
instinct ne dépend pas des modes, ni la nature de la culture, — du moi
1208
r que non. L’instinct ne dépend pas des modes, ni
la
nature de la culture, — du moins pas si directement. Ce qui se trouve
1209
L’instinct ne dépend pas des modes, ni la nature
de
la culture, — du moins pas si directement. Ce qui se trouve libéré, c
1210
instinct ne dépend pas des modes, ni la nature de
la
culture, — du moins pas si directement. Ce qui se trouve libéré, c’es
1211
as si directement. Ce qui se trouve libéré, c’est
l’
expression, la manière de parler des choses de l’amour, de spéculer à
1212
ent. Ce qui se trouve libéré, c’est l’expression,
la
manière de parler des choses de l’amour, de spéculer à leur propos ou
1213
se trouve libéré, c’est l’expression, la manière
de
parler des choses de l’amour, de spéculer à leur propos ou de les mon
1214
est l’expression, la manière de parler des choses
de
l’amour, de spéculer à leur propos ou de les montrer sur l’écran. Ce
1215
l’expression, la manière de parler des choses de
l’
amour, de spéculer à leur propos ou de les montrer sur l’écran. Ce n’e
1216
sion, la manière de parler des choses de l’amour,
de
spéculer à leur propos ou de les montrer sur l’écran. Ce n’est donc p
1217
s choses de l’amour, de spéculer à leur propos ou
de
les montrer sur l’écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais l’érotisme,
1218
hoses de l’amour, de spéculer à leur propos ou de
les
montrer sur l’écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais l’érotisme, ni l
1219
, de spéculer à leur propos ou de les montrer sur
l’
écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais l’érotisme, ni la sensualité, m
1220
ou de les montrer sur l’écran. Ce n’est donc pas
le
sexe, mais l’érotisme, ni la sensualité, mais son aveu public, sa pro
1221
trer sur l’écran. Ce n’est donc pas le sexe, mais
l’
érotisme, ni la sensualité, mais son aveu public, sa projection devant
1222
n. Ce n’est donc pas le sexe, mais l’érotisme, ni
la
sensualité, mais son aveu public, sa projection devant nous, qui soud
1223
de conscience trop longtemps différée. Mozart est
le
plus grand interprète de Don Juan, mais ce n’est pas lui qui a « déch
1224
mps différée. Mozart est le plus grand interprète
de
Don Juan, mais ce n’est pas lui qui a « déchaîné » Casanova : il lui
1225
Casanova : il lui a seulement fait entrevoir, sur
le
tard, le sens du « dramma giocoso » de sa carrière de séducteur. Kier
1226
: il lui a seulement fait entrevoir, sur le tard,
le
sens du « dramma giocoso » de sa carrière de séducteur. Kierkegaard,
1227
evoir, sur le tard, le sens du « dramma giocoso »
de
sa carrière de séducteur. Kierkegaard, Baudelaire et Wagner, en plein
1228
ard, le sens du « dramma giocoso » de sa carrière
de
séducteur. Kierkegaard, Baudelaire et Wagner, en pleine période de ce
1229
rkegaard, Baudelaire et Wagner, en pleine période
de
censure rationnelle, puritaine et utilitaire, nous révèlent comme des
1230
utilitaire, nous révèlent comme des sismographes
les
mouvements souterrains de l’âme refoulée. Quant aux écrivains d’aujou
1231
comme des sismographes les mouvements souterrains
de
l’âme refoulée. Quant aux écrivains d’aujourd’hui, grands romanciers,
1232
me des sismographes les mouvements souterrains de
l’
âme refoulée. Quant aux écrivains d’aujourd’hui, grands romanciers, po
1233
outerrains de l’âme refoulée. Quant aux écrivains
d’
aujourd’hui, grands romanciers, poètes et philosophes que l’on dit « o
1234
hui, grands romanciers, poètes et philosophes que
l’
on dit « obsédés par l’érotisme », loin d’être les fauteurs du phénomè
1235
poètes et philosophes que l’on dit « obsédés par
l’
érotisme », loin d’être les fauteurs du phénomène dont j’ai rappelé pl
1236
hes que l’on dit « obsédés par l’érotisme », loin
d’
être les fauteurs du phénomène dont j’ai rappelé plus haut les signes
1237
l’on dit « obsédés par l’érotisme », loin d’être
les
fauteurs du phénomène dont j’ai rappelé plus haut les signes évidents
1238
fauteurs du phénomène dont j’ai rappelé plus haut
les
signes évidents, ils agissent à leur tour comme les révélateurs de ce
1239
s signes évidents, ils agissent à leur tour comme
les
révélateurs de ce qui se trouve en jeu et monte à la conscience, derr
1240
s, ils agissent à leur tour comme les révélateurs
de
ce qui se trouve en jeu et monte à la conscience, derrière ces appare
1241
révélateurs de ce qui se trouve en jeu et monte à
la
conscience, derrière ces apparences triviales. Émetteurs de messages
1242
nce, derrière ces apparences triviales. Émetteurs
de
messages qu’il reste à décoder, ils s’avancent masqués par le scandal
1243
qu’il reste à décoder, ils s’avancent masqués par
le
scandale qui assure au début leur succès ; mais ce qu’ils cachent ain
1244
rent sans pudeur, — j’entends plus subversif dans
l’
ordre spirituel que choquant aux yeux de la morale. Quelques-uns le pr
1245
f dans l’ordre spirituel que choquant aux yeux de
la
morale. Quelques-uns le proclament non sans solennité. Plusieurs autr
1246
que choquant aux yeux de la morale. Quelques-uns
le
proclament non sans solennité. Plusieurs autres l’ignorent, ou refuse
1247
e proclament non sans solennité. Plusieurs autres
l’
ignorent, ou refuseraient de l’admettre. (Moi, religieux ? Vous voulez
1248
ité. Plusieurs autres l’ignorent, ou refuseraient
de
l’admettre. (Moi, religieux ? Vous voulez rire !) Il leur arrive de p
1249
. Plusieurs autres l’ignorent, ou refuseraient de
l’
admettre. (Moi, religieux ? Vous voulez rire !) Il leur arrive de part
1250
i, religieux ? Vous voulez rire !) Il leur arrive
de
partager les préjugés de leurs critiques, pour le plaisir de les viol
1251
? Vous voulez rire !) Il leur arrive de partager
les
préjugés de leurs critiques, pour le plaisir de les violer. Certains
1252
z rire !) Il leur arrive de partager les préjugés
de
leurs critiques, pour le plaisir de les violer. Certains des plus sér
1253
de partager les préjugés de leurs critiques, pour
le
plaisir de les violer. Certains des plus sérieux ou révolutionnaires
1254
les préjugés de leurs critiques, pour le plaisir
de
les violer. Certains des plus sérieux ou révolutionnaires montrent le
1255
s préjugés de leurs critiques, pour le plaisir de
les
violer. Certains des plus sérieux ou révolutionnaires montrent les sy
1256
ins des plus sérieux ou révolutionnaires montrent
les
symptômes d’une névrose attribuable au refoulement du spirituel. Tand
1257
érieux ou révolutionnaires montrent les symptômes
d’
une névrose attribuable au refoulement du spirituel. Tandis que d’autr
1258
e d’autres, au contraire, professent avec passion
la
foi gnostique : l’Éternel féminin les entraîne, vers un Ciel qui n’es
1259
raire, professent avec passion la foi gnostique :
l’
Éternel féminin les entraîne, vers un Ciel qui n’est pas ce qu’un chré
1260
avec passion la foi gnostique : l’Éternel féminin
les
entraîne, vers un Ciel qui n’est pas ce qu’un chrétien moyen pense, m
1261
qui n’est pas ce qu’un chrétien moyen pense, mais
le
lieu des vrais spirituels… Quelles que soient en fin de compte leurs
1262
guisées, quelles que soient leurs « résistances à
l’
analyse » ou leurs complaisances banales à ce qui choque, donc excite
1263
imisent leur rôle —, ils signifient quelque chose
d’
important dans l’évolution de la culture et de l’anthropologie occiden
1264
—, ils signifient quelque chose d’important dans
l’
évolution de la culture et de l’anthropologie occidentales. C’est l’ét
1265
ifient quelque chose d’important dans l’évolution
de
la culture et de l’anthropologie occidentales. C’est l’éternel débat
1266
ent quelque chose d’important dans l’évolution de
la
culture et de l’anthropologie occidentales. C’est l’éternel débat ent
1267
ose d’important dans l’évolution de la culture et
de
l’anthropologie occidentales. C’est l’éternel débat entre la Gnose ar
1268
d’important dans l’évolution de la culture et de
l’
anthropologie occidentales. C’est l’éternel débat entre la Gnose arden
1269
culture et de l’anthropologie occidentales. C’est
l’
éternel débat entre la Gnose ardente et la Sagesse modératrice de l’Ég
1270
pologie occidentales. C’est l’éternel débat entre
la
Gnose ardente et la Sagesse modératrice de l’Église, entre l’aventure
1271
. C’est l’éternel débat entre la Gnose ardente et
la
Sagesse modératrice de l’Église, entre l’aventure personnelle et l’or
1272
entre la Gnose ardente et la Sagesse modératrice
de
l’Église, entre l’aventure personnelle et l’orthodoxie collective, qu
1273
tre la Gnose ardente et la Sagesse modératrice de
l’
Église, entre l’aventure personnelle et l’orthodoxie collective, que v
1274
ente et la Sagesse modératrice de l’Église, entre
l’
aventure personnelle et l’orthodoxie collective, que vient rénover par
1275
rice de l’Église, entre l’aventure personnelle et
l’
orthodoxie collective, que vient rénover parmi nous la marée montante
1276
thodoxie collective, que vient rénover parmi nous
la
marée montante de l’Éros. Et je ne prends pas ici de parti général et
1277
e, que vient rénover parmi nous la marée montante
de
l’Éros. Et je ne prends pas ici de parti général et sans appel, chacu
1278
que vient rénover parmi nous la marée montante de
l’
Éros. Et je ne prends pas ici de parti général et sans appel, chacun d
1279
marée montante de l’Éros. Et je ne prends pas ici
de
parti général et sans appel, chacun des termes, que je viens d’oppose
1280
al et sans appel, chacun des termes, que je viens
d’
opposer, m’apparaissant valable et nécessaire, cependant que la vérité
1281
apparaissant valable et nécessaire, cependant que
la
vérité est sûrement au-delà d’eux tous, soit dans la résultante de le
1282
ire, cependant que la vérité est sûrement au-delà
d’
eux tous, soit dans la résultante de leurs tensions, comme j’incline à
1283
vérité est sûrement au-delà d’eux tous, soit dans
la
résultante de leurs tensions, comme j’incline à le croire en tant qu’
1284
ement au-delà d’eux tous, soit dans la résultante
de
leurs tensions, comme j’incline à le croire en tant qu’Occidental, so
1285
a résultante de leurs tensions, comme j’incline à
le
croire en tant qu’Occidental, soit dans cette vision purifiée dont no
1286
soit dans cette vision purifiée dont nous parlent
les
Orientaux, et qui ramènerait tout à l’Un sans distinction. Les essais
1287
, et qui ramènerait tout à l’Un sans distinction.
Les
essais réunis dans ce livre ne sont pas des mises en jugement de tel
1288
s dans ce livre ne sont pas des mises en jugement
de
tel penseur particulier ou de telle attitude générale, mais des reche
1289
s mises en jugement de tel penseur particulier ou
de
telle attitude générale, mais des recherches sur la nature et les mot
1290
telle attitude générale, mais des recherches sur
la
nature et les motifs des options caractéristiques d’une personne ou d
1291
de générale, mais des recherches sur la nature et
les
motifs des options caractéristiques d’une personne ou d’un personnage
1292
nature et les motifs des options caractéristiques
d’
une personne ou d’un personnage, et du style qui les définit ; sur la
1293
fs des options caractéristiques d’une personne ou
d’
un personnage, et du style qui les définit ; sur la notion de l’homme
1294
’une personne ou d’un personnage, et du style qui
les
définit ; sur la notion de l’homme qu’elles impliquent et supposent,
1295
’un personnage, et du style qui les définit ; sur
la
notion de l’homme qu’elles impliquent et supposent, nolens volens. Pr
1296
nage, et du style qui les définit ; sur la notion
de
l’homme qu’elles impliquent et supposent, nolens volens. Prendre cons
1297
e, et du style qui les définit ; sur la notion de
l’
homme qu’elles impliquent et supposent, nolens volens. Prendre conscie
1298
t et supposent, nolens volens. Prendre conscience
de
ces motivations dans des cas bien concrets mais exemplaires, peut aid
1299
re son risque, à mieux assumer sa personne. 13.
La
grande musique, de Mozart à nos jours, est érotique ; elle annonce le
1300
eux assumer sa personne. 13. La grande musique,
de
Mozart à nos jours, est érotique ; elle annonce les très rares révolu
1301
e Mozart à nos jours, est érotique ; elle annonce
les
très rares révolutions et surtout les modes de l’amour. Il est d’auta
1302
lle annonce les très rares révolutions et surtout
les
modes de l’amour. Il est d’autant plus remarquable qu’à partir du mil
1303
e les très rares révolutions et surtout les modes
de
l’amour. Il est d’autant plus remarquable qu’à partir du milieu du xx
1304
es très rares révolutions et surtout les modes de
l’
amour. Il est d’autant plus remarquable qu’à partir du milieu du xxe
1305
volutions et surtout les modes de l’amour. Il est
d’
autant plus remarquable qu’à partir du milieu du xxe siècle, la musiq
1306
remarquable qu’à partir du milieu du xxe siècle,
la
musique expérimentale déserte le domaine de l’animique pour celui de
1307
du xxe siècle, la musique expérimentale déserte
le
domaine de l’animique pour celui de la physique et du calcul, et devi
1308
ècle, la musique expérimentale déserte le domaine
de
l’animique pour celui de la physique et du calcul, et devienne une af
1309
e, la musique expérimentale déserte le domaine de
l’
animique pour celui de la physique et du calcul, et devienne une affai
1310
ntale déserte le domaine de l’animique pour celui
de
la physique et du calcul, et devienne une affaire d’ingénieurs philos
1311
le déserte le domaine de l’animique pour celui de
la
physique et du calcul, et devienne une affaire d’ingénieurs philosoph
1312
la physique et du calcul, et devienne une affaire
d’
ingénieurs philosophes. La peinture abstraite n’est pas moins puritain
1313
et devienne une affaire d’ingénieurs philosophes.
La
peinture abstraite n’est pas moins puritaine, en apparence, mais on v
1314
isme : elle décrit une introversion systématique.
La
musique était chose de l’âme. Mais si elle devient la chose de spécia
1315
introversion systématique. La musique était chose
de
l’âme. Mais si elle devient la chose de spécialistes acharnés à nier
1316
roversion systématique. La musique était chose de
l’
âme. Mais si elle devient la chose de spécialistes acharnés à nier l’â
1317
usique était chose de l’âme. Mais si elle devient
la
chose de spécialistes acharnés à nier l’âme, — cette luxure nous dise
1318
ait chose de l’âme. Mais si elle devient la chose
de
spécialistes acharnés à nier l’âme, — cette luxure nous disent-ils —,
1319
devient la chose de spécialistes acharnés à nier
l’
âme, — cette luxure nous disent-ils —, on est en devoir de leur demand
1320
cette luxure nous disent-ils —, on est en devoir
de
leur demander ce qu’ils visent : pas un seul ne l’a dit jusqu’ici. 1
1321
e leur demander ce qu’ils visent : pas un seul ne
l’
a dit jusqu’ici. 14. Les mass médias, ensuite, répandent ces œuvres,
1322
s visent : pas un seul ne l’a dit jusqu’ici. 14.
Les
mass médias, ensuite, répandent ces œuvres, à la rencontre d’un « app
1323
Les mass médias, ensuite, répandent ces œuvres, à
la
rencontre d’un « appel » préexistant, qu’ils contribuent à rendre un
1324
as, ensuite, répandent ces œuvres, à la rencontre
d’
un « appel » préexistant, qu’ils contribuent à rendre un peu plus exig
1325
nt à rendre un peu plus exigeant, tout en rendant
les
créateurs moins exigeants, moins sincères et trop adaptés… Mais inven
1326
ins sincères et trop adaptés… Mais inventez, dans
le
domaine de la culture, il en reste toujours quelque chose. Ainsi le s
1327
s et trop adaptés… Mais inventez, dans le domaine
de
la culture, il en reste toujours quelque chose. Ainsi le style des vi
1328
t trop adaptés… Mais inventez, dans le domaine de
la
culture, il en reste toujours quelque chose. Ainsi le style des vitri
1329
ulture, il en reste toujours quelque chose. Ainsi
le
style des vitrines actuelles procède des grandes expositions surréali
1330
andes expositions surréalistes. 15. Marx produit
le
même effet illuminant en recourant, pour expliquer l’histoire, à l’au
1331
ême effet illuminant en recourant, pour expliquer
l’
histoire, à l’autre facteur refoulé : l’intérêt matériel, le gain, l’a
1332
expliquer l’histoire, à l’autre facteur refoulé :
l’
intérêt matériel, le gain, l’argent. N’oublions pas qu’une théorie qui
1333
, à l’autre facteur refoulé : l’intérêt matériel,
le
gain, l’argent. N’oublions pas qu’une théorie qui « explique tout » n
1334
re facteur refoulé : l’intérêt matériel, le gain,
l’
argent. N’oublions pas qu’une théorie qui « explique tout » nous laiss
1335
VISoulèvement des puissances animiques Mais
la
soudaine turbulence de l’Éros, avant de nous poser ces problèmes, est
1336
uissances animiques Mais la soudaine turbulence
de
l’Éros, avant de nous poser ces problèmes, est d’abord un grand fait
1337
sances animiques Mais la soudaine turbulence de
l’
Éros, avant de nous poser ces problèmes, est d’abord un grand fait psy
1338
d un grand fait psychique ; ou tout au moins elle
le
signale et elle le signe. Je n’ignore pas le fait démographique, un h
1339
chique ; ou tout au moins elle le signale et elle
le
signe. Je n’ignore pas le fait démographique, un homme au mètre carré
1340
elle le signale et elle le signe. Je n’ignore pas
le
fait démographique, un homme au mètre carré d’ici quatre-cents ans, s
1341
e au mètre carré d’ici quatre-cents ans, si toute
l’
humanité continue d’obéir à l’instinct de reproduction ; — cette menac
1342
ci quatre-cents ans, si toute l’humanité continue
d’
obéir à l’instinct de reproduction ; — cette menace peut nous inciter
1343
cents ans, si toute l’humanité continue d’obéir à
l’
instinct de reproduction ; — cette menace peut nous inciter à séparer
1344
si toute l’humanité continue d’obéir à l’instinct
de
reproduction ; — cette menace peut nous inciter à séparer de plus en
1345
enace peut nous inciter à séparer de plus en plus
le
sexuel pur de l’érotique, et peut-être agit-elle déjà sur l’inconscie
1346
s inciter à séparer de plus en plus le sexuel pur
de
l’érotique, et peut-être agit-elle déjà sur l’inconscient des hommes
1347
nciter à séparer de plus en plus le sexuel pur de
l’
érotique, et peut-être agit-elle déjà sur l’inconscient des hommes et
1348
ur de l’érotique, et peut-être agit-elle déjà sur
l’
inconscient des hommes et des femmes d’aujourd’hui ; mais le phénomène
1349
e déjà sur l’inconscient des hommes et des femmes
d’
aujourd’hui ; mais le phénomène qui nous occupe est antérieur. Je n’ig
1350
ent des hommes et des femmes d’aujourd’hui ; mais
le
phénomène qui nous occupe est antérieur. Je n’ignore pas non plus le
1351
us occupe est antérieur. Je n’ignore pas non plus
le
fait technique. Je pense que l’habitus mental qu’il nous impose exagè
1352
nore pas non plus le fait technique. Je pense que
l’
habitus mental qu’il nous impose exagère à tel point la tyrannie de l’
1353
itus mental qu’il nous impose exagère à tel point
la
tyrannie de l’horaire, du rendement mesurable, des disciplines social
1354
qu’il nous impose exagère à tel point la tyrannie
de
l’horaire, du rendement mesurable, des disciplines sociales, et d’une
1355
il nous impose exagère à tel point la tyrannie de
l’
horaire, du rendement mesurable, des disciplines sociales, et d’une ma
1356
rendement mesurable, des disciplines sociales, et
d’
une manière générale des comportements rationnels, qu’un soulèvement d
1357
e des comportements rationnels, qu’un soulèvement
de
l’âme devient inévitable, à titre de compensation : « L’invasion de n
1358
es comportements rationnels, qu’un soulèvement de
l’
âme devient inévitable, à titre de compensation : « L’invasion de nos
1359
e devient inévitable, à titre de compensation : «
L’
invasion de nos vies par la technique » provoquerait-elle ce « déchaîn
1360
névitable, à titre de compensation : « L’invasion
de
nos vies par la technique » provoquerait-elle ce « déchaînement de l’
1361
re de compensation : « L’invasion de nos vies par
la
technique » provoquerait-elle ce « déchaînement de l’érotisme » qui t
1362
a technique » provoquerait-elle ce « déchaînement
de
l’érotisme » qui tendrait à neutraliser ses effets déshumanisants ? O
1363
echnique » provoquerait-elle ce « déchaînement de
l’
érotisme » qui tendrait à neutraliser ses effets déshumanisants ? On p
1364
à neutraliser ses effets déshumanisants ? On peut
l’
imaginer d’une manière statistique, mais non pas le vérifier dans nos
1365
er ses effets déshumanisants ? On peut l’imaginer
d’
une manière statistique, mais non pas le vérifier dans nos vies person
1366
’imaginer d’une manière statistique, mais non pas
le
vérifier dans nos vies personnelles. Faut-il donc accepter l’hypothès
1367
dans nos vies personnelles. Faut-il donc accepter
l’
hypothèse d’une âme collective qui aurait sa vie à elle, et qui exerce
1368
s personnelles. Faut-il donc accepter l’hypothèse
d’
une âme collective qui aurait sa vie à elle, et qui exercerait sur les
1369
e qui aurait sa vie à elle, et qui exercerait sur
les
hommes un pouvoir comparable à l’action de la Lune sur l’océan et dan
1370
exercerait sur les hommes un pouvoir comparable à
l’
action de la Lune sur l’océan et dans le corps des femmes ? Mais qu’es
1371
t sur les hommes un pouvoir comparable à l’action
de
la Lune sur l’océan et dans le corps des femmes ? Mais qu’est-ce que
1372
ur les hommes un pouvoir comparable à l’action de
la
Lune sur l’océan et dans le corps des femmes ? Mais qu’est-ce que l’â
1373
s un pouvoir comparable à l’action de la Lune sur
l’
océan et dans le corps des femmes ? Mais qu’est-ce que l’âme ? Je ne p
1374
parable à l’action de la Lune sur l’océan et dans
le
corps des femmes ? Mais qu’est-ce que l’âme ? Je ne prends pas le mot
1375
et dans le corps des femmes ? Mais qu’est-ce que
l’
âme ? Je ne prends pas le mot dans le sens noble et vague, et encore m
1376
mes ? Mais qu’est-ce que l’âme ? Je ne prends pas
le
mot dans le sens noble et vague, et encore moins dans le sens religie
1377
u’est-ce que l’âme ? Je ne prends pas le mot dans
le
sens noble et vague, et encore moins dans le sens religieux que lui d
1378
dans le sens noble et vague, et encore moins dans
le
sens religieux que lui donnent tant de nos expressions courantes, com
1379
le âme », ou « salut des âmes », ou « immortalité
de
l’âme » (désignant la personne ou l’esprit), mais dans le sens beauco
1380
âme », ou « salut des âmes », ou « immortalité de
l’
âme » (désignant la personne ou l’esprit), mais dans le sens beaucoup
1381
es âmes », ou « immortalité de l’âme » (désignant
la
personne ou l’esprit), mais dans le sens beaucoup plus précis que con
1382
immortalité de l’âme » (désignant la personne ou
l’
esprit), mais dans le sens beaucoup plus précis que conservent des dér
1383
» (désignant la personne ou l’esprit), mais dans
le
sens beaucoup plus précis que conservent des dérivés tels qu’animatio
1384
ivés tels qu’animation, animosité, animadversion.
Le
jeu « animé » d’un musicien manifeste par des moyens physiques une ré
1385
ation, animosité, animadversion. Le jeu « animé »
d’
un musicien manifeste par des moyens physiques une réalité qui n’est n
1386
pirituelle, qui n’est pas celle du corps ni celle
de
l’intellect, mais plutôt celle du « cœur », comme on dit, — celle de
1387
ituelle, qui n’est pas celle du corps ni celle de
l’
intellect, mais plutôt celle du « cœur », comme on dit, — celle de l’â
1388
s plutôt celle du « cœur », comme on dit, — celle
de
l’âme. L’âme est le domaine des impulsions qui outrepassent les exige
1389
lutôt celle du « cœur », comme on dit, — celle de
l’
âme. L’âme est le domaine des impulsions qui outrepassent les exigence
1390
elle du « cœur », comme on dit, — celle de l’âme.
L’
âme est le domaine des impulsions qui outrepassent les exigences de l’
1391
cœur », comme on dit, — celle de l’âme. L’âme est
le
domaine des impulsions qui outrepassent les exigences de l’instinct e
1392
me est le domaine des impulsions qui outrepassent
les
exigences de l’instinct et se heurtent aux décrets du social. Elle es
1393
ine des impulsions qui outrepassent les exigences
de
l’instinct et se heurtent aux décrets du social. Elle est aussi le do
1394
des impulsions qui outrepassent les exigences de
l’
instinct et se heurtent aux décrets du social. Elle est aussi le domai
1395
se heurtent aux décrets du social. Elle est aussi
le
domaine de ces passions qui déjouent les « programmes » de vie physio
1396
aux décrets du social. Elle est aussi le domaine
de
ces passions qui déjouent les « programmes » de vie physiologique enr
1397
est aussi le domaine de ces passions qui déjouent
les
« programmes » de vie physiologique enregistrés par nos chaînes de ch
1398
e de ces passions qui déjouent les « programmes »
de
vie physiologique enregistrés par nos chaînes de chromosomes, démente
1399
de vie physiologique enregistrés par nos chaînes
de
chromosomes, démentent les prévisions de l’économie et troublent nos
1400
gistrés par nos chaînes de chromosomes, démentent
les
prévisions de l’économie et troublent nos systèmes de communications
1401
chaînes de chromosomes, démentent les prévisions
de
l’économie et troublent nos systèmes de communications rationnelles e
1402
aînes de chromosomes, démentent les prévisions de
l’
économie et troublent nos systèmes de communications rationnelles et s
1403
révisions de l’économie et troublent nos systèmes
de
communications rationnelles et spirituelles, à la manière des explosi
1404
s solaires. Trop longtemps négligées ou niées par
la
pensée occidentale, qui ne prenait au sérieux que l’esprit et le corp
1405
pensée occidentale, qui ne prenait au sérieux que
l’
esprit et le corps, les forces animiques sont en pleine offensive au x
1406
entale, qui ne prenait au sérieux que l’esprit et
le
corps, les forces animiques sont en pleine offensive au xxe siècle.
1407
i ne prenait au sérieux que l’esprit et le corps,
les
forces animiques sont en pleine offensive au xxe siècle. Leurs premi
1408
ement anarchiques, névrotiques ou pathologiques :
la
nappe profonde projette d’abord des boues. Révolutions et délires col
1409
social ; décri des lois et conventions dans tous
les
ordres, maladies mentales, racisme, vogue immense des superstitions e
1410
ales, racisme, vogue immense des superstitions et
de
la magie des charlatans, voilà la boue. La vague de l’érotisme vient
1411
s, racisme, vogue immense des superstitions et de
la
magie des charlatans, voilà la boue. La vague de l’érotisme vient ens
1412
uperstitions et de la magie des charlatans, voilà
la
boue. La vague de l’érotisme vient ensuite, encore trouble et tumultu
1413
ons et de la magie des charlatans, voilà la boue.
La
vague de l’érotisme vient ensuite, encore trouble et tumultueuse. Si
1414
la magie des charlatans, voilà la boue. La vague
de
l’érotisme vient ensuite, encore trouble et tumultueuse. Si les digue
1415
magie des charlatans, voilà la boue. La vague de
l’
érotisme vient ensuite, encore trouble et tumultueuse. Si les digues o
1416
vient ensuite, encore trouble et tumultueuse. Si
les
digues ont sauté, c’est qu’elles étaient trop faibles, pour une pouss
1417
ne poussée nouvelle soudain trop forte. Il s’agit
d’
inventer maintenant un nouveau système de canaux pour transformer l’in
1418
l s’agit d’inventer maintenant un nouveau système
de
canaux pour transformer l’inondation en irrigation vivifiante. C’est
1419
ant un nouveau système de canaux pour transformer
l’
inondation en irrigation vivifiante. C’est l’amour qui est remis en qu
1420
rmer l’inondation en irrigation vivifiante. C’est
l’
amour qui est remis en question — tout l’amour : sexuel ou passionnel,
1421
e. C’est l’amour qui est remis en question — tout
l’
amour : sexuel ou passionnel, normal ou aberrant, matrimonial ou spiri
1422
, normal ou aberrant, matrimonial ou spirituel. «
L’
amour est à réinventer », disait Rimbaud. Cette espèce-là de révolutio
1423
t à réinventer », disait Rimbaud. Cette espèce-là
de
révolution psychique n’a qu’un précédent dans l’histoire de la cultur
1424
de révolution psychique n’a qu’un précédent dans
l’
histoire de la culture occidentale : il se situe de la manière la plus
1425
ion psychique n’a qu’un précédent dans l’histoire
de
la culture occidentale : il se situe de la manière la plus précise au
1426
psychique n’a qu’un précédent dans l’histoire de
la
culture occidentale : il se situe de la manière la plus précise au xi
1427
’histoire de la culture occidentale : il se situe
de
la manière la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin de l’Empire
1428
stoire de la culture occidentale : il se situe de
la
manière la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin de l’Empire ro
1429
a culture occidentale : il se situe de la manière
la
plus précise au xiie siècle. Depuis la fin de l’Empire romain, on n’
1430
a manière la plus précise au xiie siècle. Depuis
la
fin de l’Empire romain, on n’avait plus écrit de poèmes d’amour ni de
1431
re la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin
de
l’Empire romain, on n’avait plus écrit de poèmes d’amour ni de traité
1432
la plus précise au xiie siècle. Depuis la fin de
l’
Empire romain, on n’avait plus écrit de poèmes d’amour ni de traités d
1433
la fin de l’Empire romain, on n’avait plus écrit
de
poèmes d’amour ni de traités de mystique originaux. La vie sexuelle s
1434
l’Empire romain, on n’avait plus écrit de poèmes
d’
amour ni de traités de mystique originaux. La vie sexuelle semblait ré
1435
omain, on n’avait plus écrit de poèmes d’amour ni
de
traités de mystique originaux. La vie sexuelle semblait réduite à l’o
1436
’avait plus écrit de poèmes d’amour ni de traités
de
mystique originaux. La vie sexuelle semblait réduite à l’obscure anim
1437
èmes d’amour ni de traités de mystique originaux.
La
vie sexuelle semblait réduite à l’obscure animalité. Le mariage ne po
1438
que originaux. La vie sexuelle semblait réduite à
l’
obscure animalité. Le mariage ne posait que des problèmes d’héritages
1439
sexuelle semblait réduite à l’obscure animalité.
Le
mariage ne posait que des problèmes d’héritages et de consanguinité s
1440
animalité. Le mariage ne posait que des problèmes
d’
héritages et de consanguinité souvent invraisemblables, justifiant des
1441
ariage ne posait que des problèmes d’héritages et
de
consanguinité souvent invraisemblables, justifiant des divorces causé
1442
raisemblables, justifiant des divorces causés par
l’
intérêt mais jamais par le sentiment. Et subitement voici les troubado
1443
des divorces causés par l’intérêt mais jamais par
le
sentiment. Et subitement voici les troubadours et l’invention du dési
1444
mais jamais par le sentiment. Et subitement voici
les
troubadours et l’invention du désir sublimé, saint Bernard de Clairva
1445
sentiment. Et subitement voici les troubadours et
l’
invention du désir sublimé, saint Bernard de Clairvaux et la mystique
1446
n du désir sublimé, saint Bernard de Clairvaux et
la
mystique d’amour, Héloïse et la passion vécue, Tristan et la passion
1447
ublimé, saint Bernard de Clairvaux et la mystique
d’
amour, Héloïse et la passion vécue, Tristan et la passion rêvée, le cu
1448
d de Clairvaux et la mystique d’amour, Héloïse et
la
passion vécue, Tristan et la passion rêvée, le culte de la Dame et le
1449
d’amour, Héloïse et la passion vécue, Tristan et
la
passion rêvée, le culte de la Dame et le culte de la Vierge, les héré
1450
et la passion vécue, Tristan et la passion rêvée,
le
culte de la Dame et le culte de la Vierge, les hérésies gnostiques ra
1451
sion vécue, Tristan et la passion rêvée, le culte
de
la Dame et le culte de la Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et
1452
n vécue, Tristan et la passion rêvée, le culte de
la
Dame et le culte de la Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et le
1453
istan et la passion rêvée, le culte de la Dame et
le
culte de la Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et le cynisme li
1454
la passion rêvée, le culte de la Dame et le culte
de
la Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et le cynisme libertin na
1455
passion rêvée, le culte de la Dame et le culte de
la
Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et le cynisme libertin naiss
1456
ée, le culte de la Dame et le culte de la Vierge,
les
hérésies gnostiques ravivées et le cynisme libertin naissant, le céli
1457
de la Vierge, les hérésies gnostiques ravivées et
le
cynisme libertin naissant, le célibat des prêtres et les « Lois d’Amo
1458
stiques ravivées et le cynisme libertin naissant,
le
célibat des prêtres et les « Lois d’Amour », bref, le lyrisme, l’érot
1459
isme libertin naissant, le célibat des prêtres et
les
« Lois d’Amour », bref, le lyrisme, l’érotisme et la mystique déchaîn
1460
in naissant, le célibat des prêtres et les « Lois
d’
Amour », bref, le lyrisme, l’érotisme et la mystique déchaînés sur l’E
1461
élibat des prêtres et les « Lois d’Amour », bref,
le
lyrisme, l’érotisme et la mystique déchaînés sur l’Europe entière, et
1462
rêtres et les « Lois d’Amour », bref, le lyrisme,
l’
érotisme et la mystique déchaînés sur l’Europe entière, et parlant une
1463
« Lois d’Amour », bref, le lyrisme, l’érotisme et
la
mystique déchaînés sur l’Europe entière, et parlant une même langue n
1464
lyrisme, l’érotisme et la mystique déchaînés sur
l’
Europe entière, et parlant une même langue nouvelle, rénovant d’un seu
1465
ouvelle, rénovant d’un seul coup pour des siècles
la
musique et la poésie, le roman, la piété, et les mœurs. Tout cela se
1466
ant d’un seul coup pour des siècles la musique et
la
poésie, le roman, la piété, et les mœurs. Tout cela se passait dans l
1467
ul coup pour des siècles la musique et la poésie,
le
roman, la piété, et les mœurs. Tout cela se passait dans les élites c
1468
ur des siècles la musique et la poésie, le roman,
la
piété, et les mœurs. Tout cela se passait dans les élites cultivées,
1469
s la musique et la poésie, le roman, la piété, et
les
mœurs. Tout cela se passait dans les élites cultivées, — les jongleur
1470
la piété, et les mœurs. Tout cela se passait dans
les
élites cultivées, — les jongleurs et prédicateurs étant les seuls « m
1471
Tout cela se passait dans les élites cultivées, —
les
jongleurs et prédicateurs étant les seuls « moyens de diffusion » per
1472
cultivées, — les jongleurs et prédicateurs étant
les
seuls « moyens de diffusion » permettant de toucher les peuples. Cett
1473
ongleurs et prédicateurs étant les seuls « moyens
de
diffusion » permettant de toucher les peuples. Cette première grande
1474
tant les seuls « moyens de diffusion » permettant
de
toucher les peuples. Cette première grande révolution de l’Amour, si
1475
uls « moyens de diffusion » permettant de toucher
les
peuples. Cette première grande révolution de l’Amour, si soudaine dan
1476
her les peuples. Cette première grande révolution
de
l’Amour, si soudaine dans son explosion, fut lente à propager ses eff
1477
les peuples. Cette première grande révolution de
l’
Amour, si soudaine dans son explosion, fut lente à propager ses effets
1478
ut lente à propager ses effets bouleversants dans
les
mœurs de la masse inculte et dans les habitudes de pensée. Le travail
1479
propager ses effets bouleversants dans les mœurs
de
la masse inculte et dans les habitudes de pensée. Le travail de décan
1480
opager ses effets bouleversants dans les mœurs de
la
masse inculte et dans les habitudes de pensée. Le travail de décantat
1481
rsants dans les mœurs de la masse inculte et dans
les
habitudes de pensée. Le travail de décantation, d’adaptation psycholo
1482
s mœurs de la masse inculte et dans les habitudes
de
pensée. Le travail de décantation, d’adaptation psychologique et de r
1483
la masse inculte et dans les habitudes de pensée.
Le
travail de décantation, d’adaptation psychologique et de remise en or
1484
culte et dans les habitudes de pensée. Le travail
de
décantation, d’adaptation psychologique et de remise en ordre morale
1485
s habitudes de pensée. Le travail de décantation,
d’
adaptation psychologique et de remise en ordre morale et spirituelle d
1486
ail de décantation, d’adaptation psychologique et
de
remise en ordre morale et spirituelle devait prendre des siècles, et
1487
it prendre des siècles, et n’est pas terminé. Car
la
révolution que nous sommes en train de vivre renouvelle en partie cel
1488
tie celle du xiie siècle, submerge quelques-unes
de
ses conquêtes, mais surtout la déborde largement. Elle éclate dans un
1489
erge quelques-unes de ses conquêtes, mais surtout
la
déborde largement. Elle éclate dans une société beaucoup moins cloiso
1490
sation enregistrable est instantanément propagée.
L’
imprimé bon marché, le film et la radio ne laissent plus de délais ni
1491
st instantanément propagée. L’imprimé bon marché,
le
film et la radio ne laissent plus de délais ni d’angles morts. Les ef
1492
nément propagée. L’imprimé bon marché, le film et
la
radio ne laissent plus de délais ni d’angles morts. Les effets atteig
1493
bon marché, le film et la radio ne laissent plus
de
délais ni d’angles morts. Les effets atteignent nos sens avant que le
1494
le film et la radio ne laissent plus de délais ni
d’
angles morts. Les effets atteignent nos sens avant que les causes aien
1495
dio ne laissent plus de délais ni d’angles morts.
Les
effets atteignent nos sens avant que les causes aient émergé à nos co
1496
s morts. Les effets atteignent nos sens avant que
les
causes aient émergé à nos consciences. D’où le scandale, et c’est peu
1497
nt que les causes aient émergé à nos consciences.
D’
où le scandale, et c’est peu dire — d’où l’angoisse et la mauvaise con
1498
e les causes aient émergé à nos consciences. D’où
le
scandale, et c’est peu dire — d’où l’angoisse et la mauvaise conscien
1499
onsciences. D’où le scandale, et c’est peu dire —
d’
où l’angoisse et la mauvaise conscience qui caractérisent à la fois ce
1500
ences. D’où le scandale, et c’est peu dire — d’où
l’
angoisse et la mauvaise conscience qui caractérisent à la fois ceux qu
1501
scandale, et c’est peu dire — d’où l’angoisse et
la
mauvaise conscience qui caractérisent à la fois ceux qui expriment la
1502
ce qui caractérisent à la fois ceux qui expriment
la
révolution et ceux qui en subissent les effets. Prenez un Européen cu
1503
expriment la révolution et ceux qui en subissent
les
effets. Prenez un Européen cultivé — homme ou femme — formé par la mo
1504
un Européen cultivé — homme ou femme — formé par
la
morale bourgeoise, d’ailleurs croyant ou non, plus ou moins respectue
1505
illeurs croyant ou non, plus ou moins respectueux
de
la science et du progrès, donc normal et moyen selon les standards du
1506
eurs croyant ou non, plus ou moins respectueux de
la
science et du progrès, donc normal et moyen selon les standards du si
1507
science et du progrès, donc normal et moyen selon
les
standards du siècle ; confrontez-le avec les œuvres, apparues depuis
1508
moyen selon les standards du siècle ; confrontez-
le
avec les œuvres, apparues depuis cinquante ans, de Freud et des école
1509
elon les standards du siècle ; confrontez-le avec
les
œuvres, apparues depuis cinquante ans, de Freud et des écoles qui en
1510
e avec les œuvres, apparues depuis cinquante ans,
de
Freud et des écoles qui en dérivent, de Proust et de Joyce, de D. H.
1511
ante ans, de Freud et des écoles qui en dérivent,
de
Proust et de Joyce, de D. H. Lawrence et de Jean Genêt, d’André Breto
1512
Freud et des écoles qui en dérivent, de Proust et
de
Joyce, de D. H. Lawrence et de Jean Genêt, d’André Breton et de Rober
1513
es écoles qui en dérivent, de Proust et de Joyce,
de
D. H. Lawrence et de Jean Genêt, d’André Breton et de Robert Musil, d
1514
vent, de Proust et de Joyce, de D. H. Lawrence et
de
Jean Genêt, d’André Breton et de Robert Musil, d’Henry Miller et de L
1515
et de Joyce, de D. H. Lawrence et de Jean Genêt,
d’
André Breton et de Robert Musil, d’Henry Miller et de Lawrence Durell,
1516
. H. Lawrence et de Jean Genêt, d’André Breton et
de
Robert Musil, d’Henry Miller et de Lawrence Durell, pour ne citer que
1517
de Jean Genêt, d’André Breton et de Robert Musil,
d’
Henry Miller et de Lawrence Durell, pour ne citer que très peu de noms
1518
ndré Breton et de Robert Musil, d’Henry Miller et
de
Lawrence Durell, pour ne citer que très peu de noms des plus connus ;
1519
e très peu de noms des plus connus ; sans oublier
la
fameuse « Histoire d’O », les essais de George Bataille et de P. Klos
1520
plus connus ; sans oublier la fameuse « Histoire
d’
O », les essais de George Bataille et de P. Klossowski pour les initié
1521
onnus ; sans oublier la fameuse « Histoire d’O »,
les
essais de George Bataille et de P. Klossowski pour les initiés ; les
1522
s oublier la fameuse « Histoire d’O », les essais
de
George Bataille et de P. Klossowski pour les initiés ; les romans pol
1523
Histoire d’O », les essais de George Bataille et
de
P. Klossowski pour les initiés ; les romans policiers de l’école « no
1524
ssais de George Bataille et de P. Klossowski pour
les
initiés ; les romans policiers de l’école « noire » et les films de l
1525
e Bataille et de P. Klossowski pour les initiés ;
les
romans policiers de l’école « noire » et les films de la Nouvelle Vag
1526
lossowski pour les initiés ; les romans policiers
de
l’école « noire » et les films de la Nouvelle Vague internationale, p
1527
sowski pour les initiés ; les romans policiers de
l’
école « noire » et les films de la Nouvelle Vague internationale, pour
1528
és ; les romans policiers de l’école « noire » et
les
films de la Nouvelle Vague internationale, pour le grand public. Que
1529
omans policiers de l’école « noire » et les films
de
la Nouvelle Vague internationale, pour le grand public. Que verra dan
1530
ns policiers de l’école « noire » et les films de
la
Nouvelle Vague internationale, pour le grand public. Que verra dans t
1531
s films de la Nouvelle Vague internationale, pour
le
grand public. Que verra dans tout cela, de prime abord, le témoin nor
1532
, pour le grand public. Que verra dans tout cela,
de
prime abord, le témoin normal et moyen ? La libido partout à l’œuvre,
1533
public. Que verra dans tout cela, de prime abord,
le
témoin normal et moyen ? La libido partout à l’œuvre, la névrose pris
1534
cela, de prime abord, le témoin normal et moyen ?
La
libido partout à l’œuvre, la névrose prise pour thème normal, la néga
1535
, le témoin normal et moyen ? La libido partout à
l’
œuvre, la névrose prise pour thème normal, la négation de l’innocence,
1536
in normal et moyen ? La libido partout à l’œuvre,
la
névrose prise pour thème normal, la négation de l’innocence, même enf
1537
ut à l’œuvre, la névrose prise pour thème normal,
la
négation de l’innocence, même enfantine ; la pariade primitive, ou, a
1538
, la névrose prise pour thème normal, la négation
de
l’innocence, même enfantine ; la pariade primitive, ou, au contraire,
1539
a névrose prise pour thème normal, la négation de
l’
innocence, même enfantine ; la pariade primitive, ou, au contraire, la
1540
mal, la négation de l’innocence, même enfantine ;
la
pariade primitive, ou, au contraire, la passion la plus insolite, exa
1541
fantine ; la pariade primitive, ou, au contraire,
la
passion la plus insolite, exaltées comme étant la vraie pureté ; le s
1542
a pariade primitive, ou, au contraire, la passion
la
plus insolite, exaltées comme étant la vraie pureté ; le sadisme et l
1543
la passion la plus insolite, exaltées comme étant
la
vraie pureté ; le sadisme et le masochisme, l’homosexualité et l’ince
1544
insolite, exaltées comme étant la vraie pureté ;
le
sadisme et le masochisme, l’homosexualité et l’inceste ; et toutes le
1545
ltées comme étant la vraie pureté ; le sadisme et
le
masochisme, l’homosexualité et l’inceste ; et toutes les formes d’exh
1546
nt la vraie pureté ; le sadisme et le masochisme,
l’
homosexualité et l’inceste ; et toutes les formes d’exhibitionnisme et
1547
; le sadisme et le masochisme, l’homosexualité et
l’
inceste ; et toutes les formes d’exhibitionnisme et de raffinements pe
1548
ochisme, l’homosexualité et l’inceste ; et toutes
les
formes d’exhibitionnisme et de raffinements pervers qui attendent enc
1549
homosexualité et l’inceste ; et toutes les formes
d’
exhibitionnisme et de raffinements pervers qui attendent encore leur n
1550
ceste ; et toutes les formes d’exhibitionnisme et
de
raffinements pervers qui attendent encore leur nom ; bref, la luxure,
1551
nts pervers qui attendent encore leur nom ; bref,
la
luxure, anxieuse ou complaisante, sophistiquée ou commerciale, non se
1552
re chose qu’une immense dépravation, qu’un manque
de
tenue mais aussi de légèreté, de vraie tendresse mais de « saine gaul
1553
nse dépravation, qu’un manque de tenue mais aussi
de
légèreté, de vraie tendresse mais de « saine gauloiserie » ? Et comme
1554
on, qu’un manque de tenue mais aussi de légèreté,
de
vraie tendresse mais de « saine gauloiserie » ? Et comment pourrait-i
1555
e mais aussi de légèreté, de vraie tendresse mais
de
« saine gauloiserie » ? Et comment pourrait-il y voir ce « soulèvemen
1556
? Et comment pourrait-il y voir ce « soulèvement
de
l’âme », ce retour d’âme, dont certains esprits aberrants osent parle
1557
Et comment pourrait-il y voir ce « soulèvement de
l’
âme », ce retour d’âme, dont certains esprits aberrants osent parler ?
1558
-il y voir ce « soulèvement de l’âme », ce retour
d’
âme, dont certains esprits aberrants osent parler ? Lui dira-t-on qu’i
1559
er ? Lui dira-t-on qu’il y a bien autre chose que
la
pédérastie dans Proust, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller,
1560
a bien autre chose que la pédérastie dans Proust,
l’
inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’am
1561
la pédérastie dans Proust, l’inceste dans Musil,
la
luxure dans Miller, ou le simple coït dans l’amour ? Il voit d’abord
1562
, l’inceste dans Musil, la luxure dans Miller, ou
le
simple coït dans l’amour ? Il voit d’abord ce qui le choque, qui est
1563
il, la luxure dans Miller, ou le simple coït dans
l’
amour ? Il voit d’abord ce qui le choque, qui est aussi ce qui le tent
1564
simple coït dans l’amour ? Il voit d’abord ce qui
le
choque, qui est aussi ce qui le tente. Devant « l’indiscipline des mœ
1565
it d’abord ce qui le choque, qui est aussi ce qui
le
tente. Devant « l’indiscipline des mœurs » et la « pornographie » qui
1566
e choque, qui est aussi ce qui le tente. Devant «
l’
indiscipline des mœurs » et la « pornographie » qui en serait la cause
1567
le tente. Devant « l’indiscipline des mœurs » et
la
« pornographie » qui en serait la cause, il se sent indigné et inquie
1568
des mœurs » et la « pornographie » qui en serait
la
cause, il se sent indigné et inquiet. S’il est sérieux, s’il voit plu
1569
eux, s’il voit plus loin, cela peut aller jusqu’à
l’
angoisse. Or ces dispositions se trouvent être les mêmes que celles de
1570
l’angoisse. Or ces dispositions se trouvent être
les
mêmes que celles des auteurs érotiques, quoique ces derniers aient de
1571
s, quoique ces derniers aient des motifs inverses
d’
être indignés, inquiets ou angoissés. Les deux camps se rendent bien l
1572
inverses d’être indignés, inquiets ou angoissés.
Les
deux camps se rendent bien leur mépris, et chacun refuse de tolérer f
1573
mps se rendent bien leur mépris, et chacun refuse
de
tolérer fût-ce un instant, par simple hypothèse de dialogue, les bonn
1574
e tolérer fût-ce un instant, par simple hypothèse
de
dialogue, les bonnes raisons que peut invoquer l’autre. C’est à parti
1575
-ce un instant, par simple hypothèse de dialogue,
les
bonnes raisons que peut invoquer l’autre. C’est à partir de là que j’
1576
voquer l’autre. C’est à partir de là que j’essaie
de
réfléchir, d’élucider l’amour tel qu’on l’écrit de mon temps.
1577
. C’est à partir de là que j’essaie de réfléchir,
d’
élucider l’amour tel qu’on l’écrit de mon temps.
1578
artir de là que j’essaie de réfléchir, d’élucider
l’
amour tel qu’on l’écrit de mon temps.
1579
essaie de réfléchir, d’élucider l’amour tel qu’on
l’
écrit de mon temps.
1580
e réfléchir, d’élucider l’amour tel qu’on l’écrit
de
mon temps.
1581
VIIParenthèse sur
le
sens des mots À la clé de cette Introduction, j’aurais aimé pouvoir
1582
VIIParenthèse sur le sens des mots À
la
clé de cette Introduction, j’aurais aimé pouvoir inscrire un signe d’
1583
VIIParenthèse sur le sens des mots À la clé
de
cette Introduction, j’aurais aimé pouvoir inscrire un signe d’objecti
1584
oduction, j’aurais aimé pouvoir inscrire un signe
d’
objectivité, annonçant qu’ici l’on décrit, avant de juger. Qu’il reste
1585
inscrire un signe d’objectivité, annonçant qu’ici
l’
on décrit, avant de juger. Qu’il reste donc bien entendu que, dans ces
1586
en entendu que, dans ces pages liminaires et dans
les
essais qui les suivent, je n’utilise jamais les termes de morale bour
1587
dans ces pages liminaires et dans les essais qui
les
suivent, je n’utilise jamais les termes de morale bourgeoise et de pu
1588
s les essais qui les suivent, je n’utilise jamais
les
termes de morale bourgeoise et de puritanisme comme des injures, ni c
1589
s qui les suivent, je n’utilise jamais les termes
de
morale bourgeoise et de puritanisme comme des injures, ni comme des é
1590
utilise jamais les termes de morale bourgeoise et
de
puritanisme comme des injures, ni comme des épithètes nécessairement
1591
thètes nécessairement dépréciatives. En revanche,
le
terme d’érotisme ne définit pour moi ni le bien ni le mal, mais un ph
1592
cessairement dépréciatives. En revanche, le terme
d’
érotisme ne définit pour moi ni le bien ni le mal, mais un phénomène p
1593
anche, le terme d’érotisme ne définit pour moi ni
le
bien ni le mal, mais un phénomène passionnant par excellence, dont j’
1594
erme d’érotisme ne définit pour moi ni le bien ni
le
mal, mais un phénomène passionnant par excellence, dont j’essaie, ava
1595
ssionnant par excellence, dont j’essaie, avant de
l’
évaluer, de mieux voir ce qu’il est, d’où il vient, où il va. J’entend
1596
ar excellence, dont j’essaie, avant de l’évaluer,
de
mieux voir ce qu’il est, d’où il vient, où il va. J’entends bien que
1597
, avant de l’évaluer, de mieux voir ce qu’il est,
d’
où il vient, où il va. J’entends bien que la littérature contemporaine
1598
est, d’où il vient, où il va. J’entends bien que
la
littérature contemporaine méprise les puritains et les tient pour des
1599
nds bien que la littérature contemporaine méprise
les
puritains et les tient pour des fous, à la fois ridicules et dangereu
1600
ittérature contemporaine méprise les puritains et
les
tient pour des fous, à la fois ridicules et dangereux. Mais je n’oubl
1601
cules et dangereux. Mais je n’oublie pas que sans
la
discipline sexuelle que les tendances dites puritaines ont su nous im
1602
n’oublie pas que sans la discipline sexuelle que
les
tendances dites puritaines ont su nous imposer dès les débuts de l’Eu
1603
endances dites puritaines ont su nous imposer dès
les
débuts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisatio
1604
tes puritaines ont su nous imposer dès les débuts
de
l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans
1605
puritaines ont su nous imposer dès les débuts de
l’
Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans ce
1606
eloppées, et sans doute moins : il n’y aurait pas
le
travail, l’effort organisé, ni la technique qui ont fait le monde act
1607
sans doute moins : il n’y aurait pas le travail,
l’
effort organisé, ni la technique qui ont fait le monde actuel. Il n’y
1608
n’y aurait pas le travail, l’effort organisé, ni
la
technique qui ont fait le monde actuel. Il n’y aurait pas non plus le
1609
, l’effort organisé, ni la technique qui ont fait
le
monde actuel. Il n’y aurait pas non plus le problème de l’érotisme !
1610
fait le monde actuel. Il n’y aurait pas non plus
le
problème de l’érotisme ! Les auteurs érotiques l’oublient très naïvem
1611
de actuel. Il n’y aurait pas non plus le problème
de
l’érotisme ! Les auteurs érotiques l’oublient très naïvement, tout à
1612
actuel. Il n’y aurait pas non plus le problème de
l’
érotisme ! Les auteurs érotiques l’oublient très naïvement, tout à leu
1613
y aurait pas non plus le problème de l’érotisme !
Les
auteurs érotiques l’oublient très naïvement, tout à leur passion poét
1614
le problème de l’érotisme ! Les auteurs érotiques
l’
oublient très naïvement, tout à leur passion poétique ou moraliste ret
1615
moraliste retournée, qui leur cache trop souvent
les
« faits de la vie » — comme l’anglais nomme les faits sexuels —, et l
1616
etournée, qui leur cache trop souvent les « faits
de
la vie » — comme l’anglais nomme les faits sexuels —, et leurs multip
1617
urnée, qui leur cache trop souvent les « faits de
la
vie » — comme l’anglais nomme les faits sexuels —, et leurs multiples
1618
ache trop souvent les « faits de la vie » — comme
l’
anglais nomme les faits sexuels —, et leurs multiples liens avec l’éco
1619
t les « faits de la vie » — comme l’anglais nomme
les
faits sexuels —, et leurs multiples liens avec l’économie, la société
1620
es faits sexuels —, et leurs multiples liens avec
l’
économie, la société et la culture. En revanche, sans l’érotisme et le
1621
uels —, et leurs multiples liens avec l’économie,
la
société et la culture. En revanche, sans l’érotisme et les libertés q
1622
rs multiples liens avec l’économie, la société et
la
culture. En revanche, sans l’érotisme et les libertés qu’il suppose,
1623
omie, la société et la culture. En revanche, sans
l’
érotisme et les libertés qu’il suppose, notre culture vaudrait-elle mi
1624
té et la culture. En revanche, sans l’érotisme et
les
libertés qu’il suppose, notre culture vaudrait-elle mieux que celle q
1625
eux que celle qu’un Staline, qu’un Mao, ont tenté
d’
imposer par décrets ? Elle serait strictement adaptée à la production
1626
r par décrets ? Elle serait strictement adaptée à
la
production matérielle, à la procréation socialisée. Et cela, nos puri
1627
strictement adaptée à la production matérielle, à
la
procréation socialisée. Et cela, nos puritains l’oublient non moins s
1628
la procréation socialisée. Et cela, nos puritains
l’
oublient non moins souvent. Je pose donc un problème au plus haut poin
1629
nc un problème au plus haut point concret, et que
l’
angoisse compréhensible des Occidentaux d’aujourd’hui conduit en génér
1630
et que l’angoisse compréhensible des Occidentaux
d’
aujourd’hui conduit en général à trancher brutalement avant de l’avoir
1631
onduit en général à trancher brutalement avant de
l’
avoir considéré.
1632
VIIIPour une mythanalyse
de
la culture La littérature érotique embrasse plus de réalités psycho
1633
VIIIPour une mythanalyse de
la
culture La littérature érotique embrasse plus de réalités psycholog
1634
VIIIPour une mythanalyse de la culture
La
littérature érotique embrasse plus de réalités psychologiques que la
1635
a culture La littérature érotique embrasse plus
de
réalités psychologiques que la morale bourgeoise ne voulait en connaî
1636
ique embrasse plus de réalités psychologiques que
la
morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que le puritanisme n’en
1637
morale bourgeoise ne voulait en connaître, et que
le
puritanisme n’en tolère. Or ces réalités, quoi qu’on en juge, sont au
1638
ont au moins aussi quotidiennes et obsédantes que
les
réalités économiques, qui d’ailleurs en dépendent dans une certaine m
1639
eurs en dépendent dans une certaine mesure, comme
le
confort dépend de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous p
1640
dans une certaine mesure, comme le confort dépend
de
notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problème
1641
us posent des problèmes qu’on ne résoudra plus en
les
niant. Les découvertes de l’analyse des profondeurs, l’affaiblissemen
1642
es problèmes qu’on ne résoudra plus en les niant.
Les
découvertes de l’analyse des profondeurs, l’affaiblissement des tabou
1643
on ne résoudra plus en les niant. Les découvertes
de
l’analyse des profondeurs, l’affaiblissement des tabous sexuels, l’ac
1644
ne résoudra plus en les niant. Les découvertes de
l’
analyse des profondeurs, l’affaiblissement des tabous sexuels, l’accro
1645
nt. Les découvertes de l’analyse des profondeurs,
l’
affaiblissement des tabous sexuels, l’accroissement du confort et des
1646
rofondeurs, l’affaiblissement des tabous sexuels,
l’
accroissement du confort et des loisirs, le birth control, les mass mé
1647
xuels, l’accroissement du confort et des loisirs,
le
birth control, les mass médias, tout agit dans le même sens, irrévers
1648
ment du confort et des loisirs, le birth control,
les
mass médias, tout agit dans le même sens, irréversible. Je vois bien
1649
le birth control, les mass médias, tout agit dans
le
même sens, irréversible. Je vois bien qu’en remettant en question l’e
1650
ersible. Je vois bien qu’en remettant en question
l’
ensemble des rapports personnels et sociaux, éthiques et spirituels, q
1651
sociaux, éthiques et spirituels, qui constituent
l’
amour, la littérature érotique réagit à des phénomènes qu’elle n’a pas
1652
éthiques et spirituels, qui constituent l’amour,
la
littérature érotique réagit à des phénomènes qu’elle n’a pas provoqué
1653
t à des phénomènes qu’elle n’a pas provoqués, qui
la
dépassent, mais dont elle tente de formuler et d’illustrer les exigen
1654
provoqués, qui la dépassent, mais dont elle tente
de
formuler et d’illustrer les exigences encore désordonnées. Et je vois
1655
la dépassent, mais dont elle tente de formuler et
d’
illustrer les exigences encore désordonnées. Et je vois bien que du dé
1656
, mais dont elle tente de formuler et d’illustrer
les
exigences encore désordonnées. Et je vois bien que du désordre inévit
1657
je vois bien que du désordre inévitable résultant
d’
une évolution aussi rapide, on ne pourra sortir qu’en avant, et non po
1658
ant, et non point par des retours aux disciplines
d’
antan. Mais comment ordonner tout d’abord la recherche et la réflexion
1659
lines d’antan. Mais comment ordonner tout d’abord
la
recherche et la réflexion ? Je me suis proposé deux méthodes d’analys
1660
ais comment ordonner tout d’abord la recherche et
la
réflexion ? Je me suis proposé deux méthodes d’analyse, dont on trouv
1661
t la réflexion ? Je me suis proposé deux méthodes
d’
analyse, dont on trouvera dans cet ouvrage quelques applications nouve
1662
cations nouvelles, ou renouvelées : 1° Rechercher
les
correspondances religieuses et philosophiques des attitudes décrites
1663
losophiques des attitudes décrites ou prônées par
la
littérature actuelle traitant de l’amour ; et voir comment ces attitu
1664
s ou prônées par la littérature actuelle traitant
de
l’amour ; et voir comment ces attitudes s’ordonnent ou non à certaine
1665
u prônées par la littérature actuelle traitant de
l’
amour ; et voir comment ces attitudes s’ordonnent ou non à certaines c
1666
nent ou non à certaines conceptions fondamentales
de
l’homme définies par les grandes religions, par leurs métaphysiques,
1667
t ou non à certaines conceptions fondamentales de
l’
homme définies par les grandes religions, par leurs métaphysiques, et
1668
conceptions fondamentales de l’homme définies par
les
grandes religions, par leurs métaphysiques, et par leurs hérésies.
1669
par leurs métaphysiques, et par leurs hérésies.
L’
Amour et l’Occident illustrait cette approche, partant d’un raisonnem
1670
étaphysiques, et par leurs hérésies. L’Amour et
l’
Occident illustrait cette approche, partant d’un raisonnement dont je
1671
et l’Occident illustrait cette approche, partant
d’
un raisonnement dont je rappelle le schéma : l’érotisme commence où l’
1672
roche, partant d’un raisonnement dont je rappelle
le
schéma : l’érotisme commence où l’émotion sexuelle devient, au-delà d
1673
nt d’un raisonnement dont je rappelle le schéma :
l’
érotisme commence où l’émotion sexuelle devient, au-delà de sa fin pro
1674
nt je rappelle le schéma : l’érotisme commence où
l’
émotion sexuelle devient, au-delà de sa fin procréatrice, une fin en s
1675
e commence où l’émotion sexuelle devient, au-delà
de
sa fin procréatrice, une fin en soi ou un moyen de l’âme ; — or les c
1676
e sa fin procréatrice, une fin en soi ou un moyen
de
l’âme ; — or les croyances gnostiques et manichéennes ne décrient pas
1677
a fin procréatrice, une fin en soi ou un moyen de
l’
âme ; — or les croyances gnostiques et manichéennes ne décrient pas le
1678
trice, une fin en soi ou un moyen de l’âme ; — or
les
croyances gnostiques et manichéennes ne décrient pas le plaisir sexue
1679
yances gnostiques et manichéennes ne décrient pas
le
plaisir sexuel, et ne découragent pas la passion, bien au contraire,
1680
ient pas le plaisir sexuel, et ne découragent pas
la
passion, bien au contraire, mais seulement la procréation, par laquel
1681
pas la passion, bien au contraire, mais seulement
la
procréation, par laquelle un ange de plus est enfermé dans un corps v
1682
un ange de plus est enfermé dans un corps vil ; —
l’
érotisme, véritable invention du xiie siècle, a donc toutes chances d
1683
invention du xiie siècle, a donc toutes chances
de
correspondre à des attitudes religieuses manichéennes et gnostiques,
1684
itudes religieuses manichéennes et gnostiques, et
les
jugements que l’on peut porter sur lui traduisent une prise de positi
1685
manichéennes et gnostiques, et les jugements que
l’
on peut porter sur lui traduisent une prise de position spirituelle po
1686
que l’on peut porter sur lui traduisent une prise
de
position spirituelle pour ou contre ces attitudes, qu’on le sache ou
1687
n spirituelle pour ou contre ces attitudes, qu’on
le
sache ou non ; et mieux vaut le savoir. Il s’agit, on le voit, d’exp
1688
attitudes, qu’on le sache ou non ; et mieux vaut
le
savoir. Il s’agit, on le voit, d’expliciter des motifs religieux gén
1689
ou non ; et mieux vaut le savoir. Il s’agit, on
le
voit, d’expliciter des motifs religieux généralement refoulés, ou tou
1690
et mieux vaut le savoir. Il s’agit, on le voit,
d’
expliciter des motifs religieux généralement refoulés, ou tout simplem
1691
ut simplement ignorés. Méthode exactement inverse
de
celle de Freud, mais qui lui est par là même comparable. 2° Apprendre
1692
ment ignorés. Méthode exactement inverse de celle
de
Freud, mais qui lui est par là même comparable. 2° Apprendre à lire e
1693
même comparable. 2° Apprendre à lire en filigrane
le
jeu des mythes, dans les troubles complexités et les intrigues appare
1694
endre à lire en filigrane le jeu des mythes, dans
les
troubles complexités et les intrigues apparemment insanes de l’érotiq
1695
jeu des mythes, dans les troubles complexités et
les
intrigues apparemment insanes de l’érotique contemporaine. Entre les
1696
complexités et les intrigues apparemment insanes
de
l’érotique contemporaine. Entre les sciences du corps et de l’esprit,
1697
mplexités et les intrigues apparemment insanes de
l’
érotique contemporaine. Entre les sciences du corps et de l’esprit, en
1698
emment insanes de l’érotique contemporaine. Entre
les
sciences du corps et de l’esprit, entre la biologie et la théologie,
1699
que contemporaine. Entre les sciences du corps et
de
l’esprit, entre la biologie et la théologie, au-delà des nécessités d
1700
contemporaine. Entre les sciences du corps et de
l’
esprit, entre la biologie et la théologie, au-delà des nécessités de l
1701
Entre les sciences du corps et de l’esprit, entre
la
biologie et la théologie, au-delà des nécessités de l’espèce, mais en
1702
ces du corps et de l’esprit, entre la biologie et
la
théologie, au-delà des nécessités de l’espèce, mais en deçà du Bien e
1703
biologie et la théologie, au-delà des nécessités
de
l’espèce, mais en deçà du Bien et du Mal, sans lois ni dogmes, mais n
1704
ologie et la théologie, au-delà des nécessités de
l’
espèce, mais en deçà du Bien et du Mal, sans lois ni dogmes, mais non
1705
s non sans symboles gouvernant notre vie émotive,
la
mythologie mène son jeu, — qui est jeu de l’âme. Grandes formes simpl
1706
motive, la mythologie mène son jeu, — qui est jeu
de
l’âme. Grandes formes simples et ordonnatrices, symboles actifs et vé
1707
ive, la mythologie mène son jeu, — qui est jeu de
l’
âme. Grandes formes simples et ordonnatrices, symboles actifs et véhic
1708
oles actifs et véhicules des puissances animiques
d’
Éros, les mythes peuvent nous servir de guides dans la Comédie inferna
1709
ifs et véhicules des puissances animiques d’Éros,
les
mythes peuvent nous servir de guides dans la Comédie infernale, purga
1710
animiques d’Éros, les mythes peuvent nous servir
de
guides dans la Comédie infernale, purgative ou sublime de nos désirs,
1711
os, les mythes peuvent nous servir de guides dans
la
Comédie infernale, purgative ou sublime de nos désirs, de nos passion
1712
s dans la Comédie infernale, purgative ou sublime
de
nos désirs, de nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur
1713
ie infernale, purgative ou sublime de nos désirs,
de
nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils no
1714
gative ou sublime de nos désirs, de nos passions,
de
notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils nous gouvernent san
1715
nous gouvernent sans pitié et nous égarent. Mais
les
identifier, connaître leur langage et les tours et détours dont ils s
1716
t. Mais les identifier, connaître leur langage et
les
tours et détours dont ils sont coutumiers peut nous permettre de trou
1717
ours dont ils sont coutumiers peut nous permettre
de
trouver le fil rouge des trames où nous sommes engagés, et de nous or
1718
ls sont coutumiers peut nous permettre de trouver
le
fil rouge des trames où nous sommes engagés, et de nous orienter dans
1719
e fil rouge des trames où nous sommes engagés, et
de
nous orienter dans la forêt obscure de nos phantasmes, vers l’issue d
1720
où nous sommes engagés, et de nous orienter dans
la
forêt obscure de nos phantasmes, vers l’issue de lumière et notre vra
1721
ngagés, et de nous orienter dans la forêt obscure
de
nos phantasmes, vers l’issue de lumière et notre vrai Désir. Je propo
1722
ter dans la forêt obscure de nos phantasmes, vers
l’
issue de lumière et notre vrai Désir. Je propose une mythanalyse, qui
1723
la forêt obscure de nos phantasmes, vers l’issue
de
lumière et notre vrai Désir. Je propose une mythanalyse, qui puisse ê
1724
non seulement aux personnes, mais aux personnages
de
l’art, et à certaines formules de vie ; l’objectif immédiat d’une tel
1725
seulement aux personnes, mais aux personnages de
l’
art, et à certaines formules de vie ; l’objectif immédiat d’une telle
1726
aux personnages de l’art, et à certaines formules
de
vie ; l’objectif immédiat d’une telle méthode étant d’élucider les mo
1727
nnages de l’art, et à certaines formules de vie ;
l’
objectif immédiat d’une telle méthode étant d’élucider les motifs de n
1728
à certaines formules de vie ; l’objectif immédiat
d’
une telle méthode étant d’élucider les motifs de nos choix et leurs im
1729
e ; l’objectif immédiat d’une telle méthode étant
d’
élucider les motifs de nos choix et leurs implications trop souvent in
1730
tif immédiat d’une telle méthode étant d’élucider
les
motifs de nos choix et leurs implications trop souvent inconscientes,
1731
t d’une telle méthode étant d’élucider les motifs
de
nos choix et leurs implications trop souvent inconscientes, spirituel
1732
rriverons alors, en connaissance de cause, devant
le
vrai problème éthique et religieux, celui qui demande une décision ou
1733
ande une décision ou un pari : faut-il croire que
la
liberté ne puisse être conquise que par le détachement de nos liens a
1734
re que la liberté ne puisse être conquise que par
le
détachement de nos liens avec la chair, avec le monde, et avec notre
1735
té ne puisse être conquise que par le détachement
de
nos liens avec la chair, avec le monde, et avec notre moi distinct ?
1736
conquise que par le détachement de nos liens avec
la
chair, avec le monde, et avec notre moi distinct ? Ou bien faut-il pl
1737
r le détachement de nos liens avec la chair, avec
le
monde, et avec notre moi distinct ? Ou bien faut-il plutôt ordonner c
1738
ces relations au But suprême, qui suscite en nous
la
personne ? Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde, mais plut
1739
pas du monde, mais plutôt comme étant destinés à
le
transformer sans relâche (d’où la technique) pour d’autres tâches qui
1740
mme étant destinés à le transformer sans relâche (
d’
où la technique) pour d’autres tâches qui nous dépassent et en même te
1741
tant destinés à le transformer sans relâche (d’où
la
technique) pour d’autres tâches qui nous dépassent et en même temps n
1742
t. J’en déduis que notre vocation est bel et bien
d’
aller ailleurs, mais avec tout ce que nous sommes ; et qu’elle est moi
1743
ec tout ce que nous sommes ; et qu’elle est moins
d’
ascèse que de transmutation ; et qu’elle n’est pas de fuite mais de pr
1744
e nous sommes ; et qu’elle est moins d’ascèse que
de
transmutation ; et qu’elle n’est pas de fuite mais de prise de consci
1745
scèse que de transmutation ; et qu’elle n’est pas
de
fuite mais de prise de conscience, de prise de possession de nous-mêm
1746
ransmutation ; et qu’elle n’est pas de fuite mais
de
prise de conscience, de prise de possession de nous-mêmes et des chos
1747
e n’est pas de fuite mais de prise de conscience,
de
prise de possession de nous-mêmes et des choses, au nom d’un sens qui
1748
as de fuite mais de prise de conscience, de prise
de
possession de nous-mêmes et des choses, au nom d’un sens qui nous soi
1749
is de prise de conscience, de prise de possession
de
nous-mêmes et des choses, au nom d’un sens qui nous soit propre et si
1750
opre et singulier, et par lequel nous atteindrons
l’
universel. Nier les mythes et leur empire serait néfaste. Tenter de le
1751
et par lequel nous atteindrons l’universel. Nier
les
mythes et leur empire serait néfaste. Tenter de leur échapper en les
1752
les mythes et leur empire serait néfaste. Tenter
de
leur échapper en les taxant d’erreur — théologique ou rationnelle — e
1753
empire serait néfaste. Tenter de leur échapper en
les
taxant d’erreur — théologique ou rationnelle — est une entreprise ill
1754
it néfaste. Tenter de leur échapper en les taxant
d’
erreur — théologique ou rationnelle — est une entreprise illusoire. Il
1755
onnelle — est une entreprise illusoire. Il s’agit
de
comprendre et sentir leurs pouvoirs, puis de les traiter de la manièr
1756
agit de comprendre et sentir leurs pouvoirs, puis
de
les traiter de la manière dont il convient à l’homme de traiter la Na
1757
t de comprendre et sentir leurs pouvoirs, puis de
les
traiter de la manière dont il convient à l’homme de traiter la Nature
1758
dre et sentir leurs pouvoirs, puis de les traiter
de
la manière dont il convient à l’homme de traiter la Nature : on ne sa
1759
et sentir leurs pouvoirs, puis de les traiter de
la
manière dont il convient à l’homme de traiter la Nature : on ne saura
1760
s de les traiter de la manière dont il convient à
l’
homme de traiter la Nature : on ne saurait lui commander qu’en obéissa
1761
traiter de la manière dont il convient à l’homme
de
traiter la Nature : on ne saurait lui commander qu’en obéissant d’abo
1762
la manière dont il convient à l’homme de traiter
la
Nature : on ne saurait lui commander qu’en obéissant d’abord à ses lo
1763
lois et structures. Quand nous connaîtrons mieux
les
mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique
1764
us connaîtrons mieux les mythes qui nous tentent,
d’
où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, peut-être sero
1765
uit, peut-être serons-nous un peu mieux en mesure
de
courir notre risque personnel, d’assumer notre amour et d’aller vers
1766
mieux en mesure de courir notre risque personnel,
d’
assumer notre amour et d’aller vers nous-mêmes. Peut-être serons-nous
1767
notre risque personnel, d’assumer notre amour et
d’
aller vers nous-mêmes. Peut-être serons-nous un peu plus libres.
1768
Nouvelles métamorphoses
de
Tristan La passion est cette forme de l’amour qui refuse l’immédiat
1769
Nouvelles métamorphoses de Tristan
La
passion est cette forme de l’amour qui refuse l’immédiat, fuit le pro
1770
morphoses de Tristan La passion est cette forme
de
l’amour qui refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et
1771
phoses de Tristan La passion est cette forme de
l’
amour qui refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l’i
1772
La passion est cette forme de l’amour qui refuse
l’
immédiat, fuit le prochain, veut la distance et l’invente au besoin, p
1773
ette forme de l’amour qui refuse l’immédiat, fuit
le
prochain, veut la distance et l’invente au besoin, pour mieux se ress
1774
our qui refuse l’immédiat, fuit le prochain, veut
la
distance et l’invente au besoin, pour mieux se ressentir et s’exalter
1775
l’immédiat, fuit le prochain, veut la distance et
l’
invente au besoin, pour mieux se ressentir et s’exalter. Cette définit
1776
sentir et s’exalter. Cette définition rend compte
de
la plupart des vrais romans, par quoi j’entends non point les meilleu
1777
rt des vrais romans, par quoi j’entends non point
les
meilleures œuvres qu’on est convenu de ranger dans ce genre littérair
1778
non point les meilleures œuvres qu’on est convenu
de
ranger dans ce genre littéraire, mais, indépendamment de leur qualité
1779
er dans ce genre littéraire, mais, indépendamment
de
leur qualité d’art, de leur notoriété ou de leur portée humaine, ces
1780
littéraire, mais, indépendamment de leur qualité
d’
art, de leur notoriété ou de leur portée humaine, ces œuvres seules où
1781
aire, mais, indépendamment de leur qualité d’art,
de
leur notoriété ou de leur portée humaine, ces œuvres seules où transp
1782
mment de leur qualité d’art, de leur notoriété ou
de
leur portée humaine, ces œuvres seules où transparaît, dominateur, l’
1783
ne, ces œuvres seules où transparaît, dominateur,
l’
archétype médiéval de Tristan. Je ne sais à vrai dire si la passion na
1784
où transparaît, dominateur, l’archétype médiéval
de
Tristan. Je ne sais à vrai dire si la passion naît de la distance, ou
1785
pe médiéval de Tristan. Je ne sais à vrai dire si
la
passion naît de la distance, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est
1786
ristan. Je ne sais à vrai dire si la passion naît
de
la distance, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est que le roman occ
1787
tan. Je ne sais à vrai dire si la passion naît de
la
distance, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est que le roman occide
1788
à vrai dire si la passion naît de la distance, ou
l’
inverse. Ce qui est certain, c’est que le roman occidental n’a jamais
1789
ance, ou l’inverse. Ce qui est certain, c’est que
le
roman occidental n’a jamais décrit, jusqu’ici, de passion qui s’enfla
1790
le roman occidental n’a jamais décrit, jusqu’ici,
de
passion qui s’enflamme pour un objet tout proche, aisément accessible
1791
moralement permis, ou généralement toléré. Comme
la
nature et le nombre de ces tolérances et des interdits qui subsistent
1792
ermis, ou généralement toléré. Comme la nature et
le
nombre de ces tolérances et des interdits qui subsistent varient selo
1793
généralement toléré. Comme la nature et le nombre
de
ces tolérances et des interdits qui subsistent varient selon les soci
1794
ces et des interdits qui subsistent varient selon
les
sociétés (qu’on a pu caractériser par leurs tabous : ainsi, la bourge
1795
qu’on a pu caractériser par leurs tabous : ainsi,
la
bourgeoisie du xixe s’interdisant de parler de l’argent et du sexe,
1796
us : ainsi, la bourgeoisie du xixe s’interdisant
de
parler de l’argent et du sexe, d’où le choc révélateur produit par Ma
1797
, la bourgeoisie du xixe s’interdisant de parler
de
l’argent et du sexe, d’où le choc révélateur produit par Marx et Freu
1798
a bourgeoisie du xixe s’interdisant de parler de
l’
argent et du sexe, d’où le choc révélateur produit par Marx et Freud),
1799
s’interdisant de parler de l’argent et du sexe,
d’
où le choc révélateur produit par Marx et Freud), la passion qui est t
1800
nterdisant de parler de l’argent et du sexe, d’où
le
choc révélateur produit par Marx et Freud), la passion qui est toujou
1801
où le choc révélateur produit par Marx et Freud),
la
passion qui est toujours antisociale reçoit cependant de la société m
1802
ion qui est toujours antisociale reçoit cependant
de
la société même — et d’elle seule, par un assez beau paradoxe — ses o
1803
qui est toujours antisociale reçoit cependant de
la
société même — et d’elle seule, par un assez beau paradoxe — ses obje
1804
isociale reçoit cependant de la société même — et
d’
elle seule, par un assez beau paradoxe — ses objets, différents selon
1805
ssez beau paradoxe — ses objets, différents selon
l’
état des mœurs. Point de passion concevable ou déclarée en fait, dans
1806
objets, différents selon l’état des mœurs. Point
de
passion concevable ou déclarée en fait, dans un monde où tout est per
1807
ée en fait, dans un monde où tout est permis. Car
la
passion suppose toujours, entre le sujet et l’objet, un tiers qui fai
1808
st permis. Car la passion suppose toujours, entre
le
sujet et l’objet, un tiers qui fait obstacle à leur étreinte, — un ro
1809
ar la passion suppose toujours, entre le sujet et
l’
objet, un tiers qui fait obstacle à leur étreinte, — un roi Marc qui s
1810
einte, — un roi Marc qui sépare Tristan d’Iseut —
l’
obstacle étant généralement social (moral ou coutumier, voire politiqu
1811
ou coutumier, voire politique) à tel point qu’on
le
voit se confondre à la limite avec la Société elle-même, encore qu’il
1812
litique) à tel point qu’on le voit se confondre à
la
limite avec la Société elle-même, encore qu’il soit le plus souvent s
1813
point qu’on le voit se confondre à la limite avec
la
Société elle-même, encore qu’il soit le plus souvent symbolisé par un
1814
mite avec la Société elle-même, encore qu’il soit
le
plus souvent symbolisé par une dramatis persona, pour les besoins de
1815
souvent symbolisé par une dramatis persona, pour
les
besoins de la narration et de la rhétorique du récit. Dans une sociét
1816
bolisé par une dramatis persona, pour les besoins
de
la narration et de la rhétorique du récit. Dans une société comme la
1817
isé par une dramatis persona, pour les besoins de
la
narration et de la rhétorique du récit. Dans une société comme la nôt
1818
atis persona, pour les besoins de la narration et
de
la rhétorique du récit. Dans une société comme la nôtre, l’amour-pass
1819
s persona, pour les besoins de la narration et de
la
rhétorique du récit. Dans une société comme la nôtre, l’amour-passion
1820
de la rhétorique du récit. Dans une société comme
la
nôtre, l’amour-passion peut-il encore trouver des interdits assez red
1821
orique du récit. Dans une société comme la nôtre,
l’
amour-passion peut-il encore trouver des interdits assez redoutables,
1822
pour que son délire se déclare ? J’entends parler
de
la société occidentale, c’est-à-dire de l’Europe et de ses prolongeme
1823
r que son délire se déclare ? J’entends parler de
la
société occidentale, c’est-à-dire de l’Europe et de ses prolongements
1824
ds parler de la société occidentale, c’est-à-dire
de
l’Europe et de ses prolongements en Amérique et en Russie ; société t
1825
parler de la société occidentale, c’est-à-dire de
l’
Europe et de ses prolongements en Amérique et en Russie ; société trav
1826
société occidentale, c’est-à-dire de l’Europe et
de
ses prolongements en Amérique et en Russie ; société travaillée et fo
1827
llée et formée par une polémique millénaire entre
le
sacré, créateur des tabous, et le profane, qui naît de leur violation
1828
illénaire entre le sacré, créateur des tabous, et
le
profane, qui naît de leur violation, mais aussi entre la sagesse et l
1829
cré, créateur des tabous, et le profane, qui naît
de
leur violation, mais aussi entre la sagesse et la politique, la grâce
1830
ane, qui naît de leur violation, mais aussi entre
la
sagesse et la politique, la grâce et le mérite, la mystique et la mor
1831
de leur violation, mais aussi entre la sagesse et
la
politique, la grâce et le mérite, la mystique et la morale, la croyan
1832
ion, mais aussi entre la sagesse et la politique,
la
grâce et le mérite, la mystique et la morale, la croyance et la scien
1833
ssi entre la sagesse et la politique, la grâce et
le
mérite, la mystique et la morale, la croyance et la science, l’absolu
1834
a sagesse et la politique, la grâce et le mérite,
la
mystique et la morale, la croyance et la science, l’absolu et le rais
1835
politique, la grâce et le mérite, la mystique et
la
morale, la croyance et la science, l’absolu et le raisonnable, enfin
1836
la grâce et le mérite, la mystique et la morale,
la
croyance et la science, l’absolu et le raisonnable, enfin l’amour-pas
1837
mérite, la mystique et la morale, la croyance et
la
science, l’absolu et le raisonnable, enfin l’amour-passion et le mari
1838
mystique et la morale, la croyance et la science,
l’
absolu et le raisonnable, enfin l’amour-passion et le mariage. N’en so
1839
la morale, la croyance et la science, l’absolu et
le
raisonnable, enfin l’amour-passion et le mariage. N’en sommes-nous pa
1840
et la science, l’absolu et le raisonnable, enfin
l’
amour-passion et le mariage. N’en sommes-nous pas au point de notre év
1841
bsolu et le raisonnable, enfin l’amour-passion et
le
mariage. N’en sommes-nous pas au point de notre évolution où, tout ét
1842
sion et le mariage. N’en sommes-nous pas au point
de
notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » comme on dit, pro
1843
uses, névrotiques ou sentimentales, et soumis par
l’
intermédiaire d’analyses toujours plus indiscrètes aux règles de l’hyg
1844
s ou sentimentales, et soumis par l’intermédiaire
d’
analyses toujours plus indiscrètes aux règles de l’hygiène et de la so
1845
e d’analyses toujours plus indiscrètes aux règles
de
l’hygiène et de la sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne
1846
’analyses toujours plus indiscrètes aux règles de
l’
hygiène et de la sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne nui
1847
jours plus indiscrètes aux règles de l’hygiène et
de
la sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne nuirait pas à la
1848
rs plus indiscrètes aux règles de l’hygiène et de
la
sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne nuirait pas à la sa
1849
ène et de la sociologie — tout nous semble permis
de
ce qui ne nuirait pas à la santé et à la productivité ? (Tout le rest
1850
out nous semble permis de ce qui ne nuirait pas à
la
santé et à la productivité ? (Tout le reste étant, d’ailleurs, de mie
1851
e permis de ce qui ne nuirait pas à la santé et à
la
productivité ? (Tout le reste étant, d’ailleurs, de mieux en mieux pr
1852
irait pas à la santé et à la productivité ? (Tout
le
reste étant, d’ailleurs, de mieux en mieux prescrit.) J’entrevoyais,
1853
productivité ? (Tout le reste étant, d’ailleurs,
de
mieux en mieux prescrit.) J’entrevoyais, il y a vingt ans, quand j’éc
1854
’entrevoyais, il y a vingt ans, quand j’écrivais
L’
Amour et l’Occident , qu’une culture trop consciente de ses fins et mo
1855
s, il y a vingt ans, quand j’écrivais L’Amour et
l’
Occident , qu’une culture trop consciente de ses fins et moyens, c’est
1856
ur et l’Occident , qu’une culture trop consciente
de
ses fins et moyens, c’est-à-dire trop sociologique, ne laisserait plu
1857
’est-à-dire trop sociologique, ne laisserait plus
de
place à l’amour passionné, tel qu’il fut inventé au xiie siècle par
1858
trop sociologique, ne laisserait plus de place à
l’
amour passionné, tel qu’il fut inventé au xiie siècle par les troubad
1859
sionné, tel qu’il fut inventé au xiie siècle par
les
troubadours du Languedoc et romancé par les Bretons. C’était faire tr
1860
e par les troubadours du Languedoc et romancé par
les
Bretons. C’était faire trop d’honneur aux seuls tabous moraux de l’ép
1861
oc et romancé par les Bretons. C’était faire trop
d’
honneur aux seuls tabous moraux de l’époque victorienne et bourgeoise,
1862
tait faire trop d’honneur aux seuls tabous moraux
de
l’époque victorienne et bourgeoise, et aux succès des analystes et de
1863
t faire trop d’honneur aux seuls tabous moraux de
l’
époque victorienne et bourgeoise, et aux succès des analystes et des m
1864
ous subsistent, ou se sont reformés, sur lesquels
la
passion se jette pour y trouver de nouveaux prétextes à se consumer g
1865
, sur lesquels la passion se jette pour y trouver
de
nouveaux prétextes à se consumer glorieusement, à défier la morale du
1866
x prétextes à se consumer glorieusement, à défier
la
morale du Jour au nom de la mystique de la Nuit, et la vie d’action r
1867
orieusement, à défier la morale du Jour au nom de
la
mystique de la Nuit, et la vie d’action raisonnable au nom de l’extas
1868
à défier la morale du Jour au nom de la mystique
de
la Nuit, et la vie d’action raisonnable au nom de l’extase et de la m
1869
défier la morale du Jour au nom de la mystique de
la
Nuit, et la vie d’action raisonnable au nom de l’extase et de la mort
1870
rale du Jour au nom de la mystique de la Nuit, et
la
vie d’action raisonnable au nom de l’extase et de la mort enthousiasm
1871
Jour au nom de la mystique de la Nuit, et la vie
d’
action raisonnable au nom de l’extase et de la mort enthousiasmante.
1872
la Nuit, et la vie d’action raisonnable au nom de
l’
extase et de la mort enthousiasmante. ITrois vrais romans d’amour-pa
1873
la vie d’action raisonnable au nom de l’extase et
de
la mort enthousiasmante. ITrois vrais romans d’amour-passion au xxe
1874
vie d’action raisonnable au nom de l’extase et de
la
mort enthousiasmante. ITrois vrais romans d’amour-passion au xxe s
1875
de la mort enthousiasmante. ITrois vrais romans
d’
amour-passion au xxe siècle Trois œuvres où transparaît l’archétyp
1876
ion au xxe siècle Trois œuvres où transparaît
l’
archétype de Tristan nous sont données vers ce milieu du siècle par l’
1877
siècle Trois œuvres où transparaît l’archétype
de
Tristan nous sont données vers ce milieu du siècle par l’Europe, l’Am
1878
an nous sont données vers ce milieu du siècle par
l’
Europe, l’Amérique et la Russie. De chacune d’elles on a pu dire, non
1879
nt données vers ce milieu du siècle par l’Europe,
l’
Amérique et la Russie. De chacune d’elles on a pu dire, non sans raiso
1880
s ce milieu du siècle par l’Europe, l’Amérique et
la
Russie. De chacune d’elles on a pu dire, non sans raison, qu’elle éta
1881
du siècle par l’Europe, l’Amérique et la Russie.
De
chacune d’elles on a pu dire, non sans raison, qu’elle était « en réa
1882
par l’Europe, l’Amérique et la Russie. De chacune
d’
elles on a pu dire, non sans raison, qu’elle était « en réalité » une
1883
té » une description sociale, morale ou politique
de
l’Autriche impériale, ou des États-Unis, ou de la Révolution et de se
1884
» une description sociale, morale ou politique de
l’
Autriche impériale, ou des États-Unis, ou de la Révolution et de ses s
1885
ue de l’Autriche impériale, ou des États-Unis, ou
de
la Révolution et de ses suites en URSS. Mais chacune d’elles aussi a
1886
de l’Autriche impériale, ou des États-Unis, ou de
la
Révolution et de ses suites en URSS. Mais chacune d’elles aussi a pu
1887
ériale, ou des États-Unis, ou de la Révolution et
de
ses suites en URSS. Mais chacune d’elles aussi a pu être décrite comm
1888
Révolution et de ses suites en URSS. Mais chacune
d’
elles aussi a pu être décrite comme le dernier roman d’amour-passion d
1889
es aussi a pu être décrite comme le dernier roman
d’
amour-passion de la littérature occidentale. Le Docteur Jivago de Bori
1890
re décrite comme le dernier roman d’amour-passion
de
la littérature occidentale. Le Docteur Jivago de Boris Pasternak n’es
1891
décrite comme le dernier roman d’amour-passion de
la
littérature occidentale. Le Docteur Jivago de Boris Pasternak n’est p
1892
an d’amour-passion de la littérature occidentale.
Le
Docteur Jivago de Boris Pasternak n’est pas un acte politique, selon
1893
, selon Camus, mais au contraire « un grand livre
d’
amour ». L’essai que Lionel Trilling consacre à Lolita de Vladimir Nab
1894
us, mais au contraire « un grand livre d’amour ».
L’
essai que Lionel Trilling consacre à Lolita de Vladimir Nabokov, s’int
1895
imir Nabokov, s’intitule « Le dernier amant ». Et
l’
héroïne de L’Homme sans qualités de Robert Musil, dit à plusieurs repr
1896
ov, s’intitule « Le dernier amant ». Et l’héroïne
de
L’Homme sans qualités de Robert Musil, dit à plusieurs reprises d’ell
1897
s’intitule « Le dernier amant ». Et l’héroïne de
L’
Homme sans qualités de Robert Musil, dit à plusieurs reprises d’elle-m
1898
er amant ». Et l’héroïne de L’Homme sans qualités
de
Robert Musil, dit à plusieurs reprises d’elle-même et de son frère :
1899
ualités de Robert Musil, dit à plusieurs reprises
d’
elle-même et de son frère : « Nous aurons été les derniers romantiques
1900
rt Musil, dit à plusieurs reprises d’elle-même et
de
son frère : « Nous aurons été les derniers romantiques de l’amour… Au
1901
s d’elle-même et de son frère : « Nous aurons été
les
derniers romantiques de l’amour… Au fond, c’est la dernière histoire
1902
rère : « Nous aurons été les derniers romantiques
de
l’amour… Au fond, c’est la dernière histoire d’amour possible… Sans d
1903
e : « Nous aurons été les derniers romantiques de
l’
amour… Au fond, c’est la dernière histoire d’amour possible… Sans dout
1904
s de l’amour… Au fond, c’est la dernière histoire
d’
amour possible… Sans doute serons-nous une sorte de Derniers Mohicans
1905
’amour possible… Sans doute serons-nous une sorte
de
Derniers Mohicans de l’amour. » Je ne fais pas ici de critique littér
1906
doute serons-nous une sorte de Derniers Mohicans
de
l’amour. » Je ne fais pas ici de critique littéraire, n’ayant d’autre
1907
ute serons-nous une sorte de Derniers Mohicans de
l’
amour. » Je ne fais pas ici de critique littéraire, n’ayant d’autre pr
1908
erniers Mohicans de l’amour. » Je ne fais pas ici
de
critique littéraire, n’ayant d’autre propos que d’illustrer un thème
1909
e ne fais pas ici de critique littéraire, n’ayant
d’
autre propos que d’illustrer un thème dont on verra bientôt que je ne
1910
e critique littéraire, n’ayant d’autre propos que
d’
illustrer un thème dont on verra bientôt que je ne suis pas le dernier
1911
rra bientôt que je ne suis pas le dernier à subir
les
prestiges et le charme fatal. Est-il besoin de souligner que ce grand
1912
e ne suis pas le dernier à subir les prestiges et
le
charme fatal. Est-il besoin de souligner que ce grand thème est l’uni
1913
r les prestiges et le charme fatal. Est-il besoin
de
souligner que ce grand thème est l’unique justification de mon essai
1914
Est-il besoin de souligner que ce grand thème est
l’
unique justification de mon essai ? Mythe passionnel à part, tout dist
1915
ner que ce grand thème est l’unique justification
de
mon essai ? Mythe passionnel à part, tout distingue les trois œuvres
1916
n essai ? Mythe passionnel à part, tout distingue
les
trois œuvres que je considère dans ces pages. Et l’on ne sent que tro
1917
trois œuvres que je considère dans ces pages. Et
l’
on ne sent que trop les bonnes et graves raisons que j’ai de redouter
1918
onsidère dans ces pages. Et l’on ne sent que trop
les
bonnes et graves raisons que j’ai de redouter que leur simple rapproc
1919
nt que trop les bonnes et graves raisons que j’ai
de
redouter que leur simple rapprochement choque le sens esthétique du l
1920
de redouter que leur simple rapprochement choque
le
sens esthétique du lecteur et révolte son sens moral… Mais il se peut
1921
révolte son sens moral… Mais il se peut aussi que
l’
incongruité d’une telle comparaison fasse tout son prix. D’autant plus
1922
ns moral… Mais il se peut aussi que l’incongruité
d’
une telle comparaison fasse tout son prix. D’autant plus différents à
1923
uité d’une telle comparaison fasse tout son prix.
D’
autant plus différents à tous égards, sauf à un seul, seront les trois
1924
différents à tous égards, sauf à un seul, seront
les
trois ouvrages examinés, d’autant plus significative l’action du myth
1925
uf à un seul, seront les trois ouvrages examinés,
d’
autant plus significative l’action du mythe qui s’y trahit, et qui est
1926
is ouvrages examinés, d’autant plus significative
l’
action du mythe qui s’y trahit, et qui est leur seule commune mesure.
1927
ne m’attacherai donc, dans ces trois œuvres, qu’à
l’
apparition de Tristan, dictant impérieusement — à l’insu des auteurs —
1928
ai donc, dans ces trois œuvres, qu’à l’apparition
de
Tristan, dictant impérieusement — à l’insu des auteurs — la rhétoriqu
1929
apparition de Tristan, dictant impérieusement — à
l’
insu des auteurs — la rhétorique profonde de leur composition. Passons
1930
, dictant impérieusement — à l’insu des auteurs —
la
rhétorique profonde de leur composition. Passons à l’expérience sans
1931
t — à l’insu des auteurs — la rhétorique profonde
de
leur composition. Passons à l’expérience sans plus de précautions. Vo
1932
hétorique profonde de leur composition. Passons à
l’
expérience sans plus de précautions. Voici la fiche archétypique des t
1933
ns à l’expérience sans plus de précautions. Voici
la
fiche archétypique des trois romans, telle que leurs auteurs mêmes au
1934
romans, telle que leurs auteurs mêmes auraient pu
l’
établir, en se plaçant par hypothèse sous l’angle de vision que je pro
1935
nt pu l’établir, en se plaçant par hypothèse sous
l’
angle de vision que je propose : Vladimir Nabokov. — Aux yeux du « vi
1936
établir, en se plaçant par hypothèse sous l’angle
de
vision que je propose : Vladimir Nabokov. — Aux yeux du « vieil Euro
1937
yeux du « vieil Européen » que je me trouve être
de
naissance, l’Amérique est patrie d’accueil, plus que d’exil. Le lecte
1938
il Européen » que je me trouve être de naissance,
l’
Amérique est patrie d’accueil, plus que d’exil. Le lecteur devinera qu
1939
e trouve être de naissance, l’Amérique est patrie
d’
accueil, plus que d’exil. Le lecteur devinera que je l’aime, malgré to
1940
ssance, l’Amérique est patrie d’accueil, plus que
d’
exil. Le lecteur devinera que je l’aime, malgré tout ce qui m’irrite e
1941
l’Amérique est patrie d’accueil, plus que d’exil.
Le
lecteur devinera que je l’aime, malgré tout ce qui m’irrite en elle,
1942
ueil, plus que d’exil. Le lecteur devinera que je
l’
aime, malgré tout ce qui m’irrite en elle, et en dépit de ce qu’elle v
1943
qu’elle est. Son immaturité perverse me fascine.
Le
scandaleux héros (par antiphrase) de mon roman (éduqué en Europe, j’y
1944
me fascine. Le scandaleux héros (par antiphrase)
de
mon roman (éduqué en Europe, j’y insiste) n’épouse l’american way of
1945
on roman (éduqué en Europe, j’y insiste) n’épouse
l’
american way of life, en la personne d’une bourgeoise accomplie, que p
1946
j’y insiste) n’épouse l’american way of life, en
la
personne d’une bourgeoise accomplie, que pour l’amour fou de sa fille
1947
) n’épouse l’american way of life, en la personne
d’
une bourgeoise accomplie, que pour l’amour fou de sa fille. Mais cet a
1948
la personne d’une bourgeoise accomplie, que pour
l’
amour fou de sa fille. Mais cet amour est impossible, car Lolita n’a p
1949
d’une bourgeoise accomplie, que pour l’amour fou
de
sa fille. Mais cet amour est impossible, car Lolita n’a pas 13 ans. C
1950
, car Lolita n’a pas 13 ans. Cependant, mon héros
l’
enlève et il fuit avec elle, de motel en hôtel, à travers tout le cont
1951
pendant, mon héros l’enlève et il fuit avec elle,
de
motel en hôtel, à travers tout le continent américain qu’il découvre
1952
fuit avec elle, de motel en hôtel, à travers tout
le
continent américain qu’il découvre et décrit ainsi mieux que personne
1953
découvre et décrit ainsi mieux que personne, dans
le
même temps qu’il se voit rejeté par le milieu social, ses lois et ses
1954
onne, dans le même temps qu’il se voit rejeté par
le
milieu social, ses lois et ses coutumes. Abandonné par sa nymphet, il
1955
mes. Abandonné par sa nymphet, il commet un crime
de
dément et meurt ivre d’amour, dans sa prison, après avoir écrit ce li
1956
mphet, il commet un crime de dément et meurt ivre
d’
amour, dans sa prison, après avoir écrit ce livre posthume. Robert Mu
1957
— J’ai aimé mon Autriche « impériale et royale »
d’
un amour exigeant, lucide et ironique. Mais elle appartenait à un mili
1958
l à la fois décadent et conventionnel, qui devait
la
livrer à la guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste roman dont
1959
décadent et conventionnel, qui devait la livrer à
la
guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste roman dont le personna
1960
qui devait la livrer à la guerre, puis à pire. Je
l’
ai dit dans un vaste roman dont le personnage central, Ulrich von X, q
1961
puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste roman dont
le
personnage central, Ulrich von X, qui me ressemble comme un frère, re
1962
ble comme un frère, reporte sa passion, déçue par
la
réalité, sur sa propre sœur, c’est-à-dire sur le seul prochain qu’il
1963
la réalité, sur sa propre sœur, c’est-à-dire sur
le
seul prochain qu’il parvienne à aimer comme lui-même, dans sa patrie.
1964
sa patrie. Mais ce prochain est « interdit » par
la
morale. Aimant sa sœur, Ulrich veut toucher l’interdit et posséder l’
1965
ar la morale. Aimant sa sœur, Ulrich veut toucher
l’
interdit et posséder l’inaccessible, qui est le plus vrai, puisqu’il o
1966
sœur, Ulrich veut toucher l’interdit et posséder
l’
inaccessible, qui est le plus vrai, puisqu’il ouvre l’accès à la vie d
1967
er l’interdit et posséder l’inaccessible, qui est
le
plus vrai, puisqu’il ouvre l’accès à la vie d’extase, mais qui le sép
1968
accessible, qui est le plus vrai, puisqu’il ouvre
l’
accès à la vie d’extase, mais qui le sépare en fait de la vie sociale.
1969
, qui est le plus vrai, puisqu’il ouvre l’accès à
la
vie d’extase, mais qui le sépare en fait de la vie sociale. Mon héros
1970
st le plus vrai, puisqu’il ouvre l’accès à la vie
d’
extase, mais qui le sépare en fait de la vie sociale. Mon héros devien
1971
isqu’il ouvre l’accès à la vie d’extase, mais qui
le
sépare en fait de la vie sociale. Mon héros devient moralement un exi
1972
cès à la vie d’extase, mais qui le sépare en fait
de
la vie sociale. Mon héros devient moralement un exilé de l’intérieur,
1973
à la vie d’extase, mais qui le sépare en fait de
la
vie sociale. Mon héros devient moralement un exilé de l’intérieur, co
1974
ie sociale. Mon héros devient moralement un exilé
de
l’intérieur, comme je suis devenu un exilé tout court16. Boris Paste
1975
sociale. Mon héros devient moralement un exilé de
l’
intérieur, comme je suis devenu un exilé tout court16. Boris Pasterna
1976
ment ma Russie et je voudrais en être aimé, comme
le
docteur Jivago aime Lara et en est aimé. Mais, comme Lara, la Russie
1977
ivago aime Lara et en est aimé. Mais, comme Lara,
la
Russie a dû suivre un Maître cynique et brutal, qui l’a séduite et hu
1978
ssie a dû suivre un Maître cynique et brutal, qui
l’
a séduite et humiliée. Il m’interdit de lui parler. Je lui dis pourtan
1979
rutal, qui l’a séduite et humiliée. Il m’interdit
de
lui parler. Je lui dis pourtant mon amour sous le couvert d’un roman
1980
de lui parler. Je lui dis pourtant mon amour sous
le
couvert d’un roman plein d’allusions et de symboles qu’elle comprendr
1981
er. Je lui dis pourtant mon amour sous le couvert
d’
un roman plein d’allusions et de symboles qu’elle comprendra. Et voici
1982
urtant mon amour sous le couvert d’un roman plein
d’
allusions et de symboles qu’elle comprendra. Et voici que l’on fait un
1983
r sous le couvert d’un roman plein d’allusions et
de
symboles qu’elle comprendra. Et voici que l’on fait un triomphe à ma
1984
s et de symboles qu’elle comprendra. Et voici que
l’
on fait un triomphe à ma déclaration d’amour ! Le Maître prétend aussi
1985
voici que l’on fait un triomphe à ma déclaration
d’
amour ! Le Maître prétend aussitôt que j’ai insulté la Russie. C’est a
1986
l’on fait un triomphe à ma déclaration d’amour !
Le
Maître prétend aussitôt que j’ai insulté la Russie. C’est au nom de c
1987
our ! Le Maître prétend aussitôt que j’ai insulté
la
Russie. C’est au nom de celle que j’aime qu’il me repousse et qu’il m
1988
elle que j’aime qu’il me repousse et qu’il menace
de
m’exiler. Mais tel est mon amour que je saurai mentir : je demanderai
1989
je saurai mentir : je demanderai pardon au tyran,
le
suppliant de me laisser vivre encore un peu dans le voisinage de cell
1990
tir : je demanderai pardon au tyran, le suppliant
de
me laisser vivre encore un peu dans le voisinage de celle qui doit me
1991
suppliant de me laisser vivre encore un peu dans
le
voisinage de celle qui doit me rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pa
1992
me laisser vivre encore un peu dans le voisinage
de
celle qui doit me rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pas de sens, c’
1993
voisinage de celle qui doit me rejeter, car loin
d’
elle ma vie n’a pas de sens, c’est près d’elle que je veux me taire. A
1994
i doit me rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pas
de
sens, c’est près d’elle que je veux me taire. Ainsi réduits à leur di
1995
ar loin d’elle ma vie n’a pas de sens, c’est près
d’
elle que je veux me taire. Ainsi réduits à leur diagramme mythique — o
1996
duits à leur diagramme mythique — on aura reconnu
les
personnages du drame, ces Tristan séparés d’une Iseut « interdite » p
1997
nnu les personnages du drame, ces Tristan séparés
d’
une Iseut « interdite » par un roi Marc qui est la Morale commune, la
1998
d’une Iseut « interdite » par un roi Marc qui est
la
Morale commune, la Société ou le Régime — ces trois romans trahissent
1999
dite » par un roi Marc qui est la Morale commune,
la
Société ou le Régime — ces trois romans trahissent une même ambiguïté
2000
roi Marc qui est la Morale commune, la Société ou
le
Régime — ces trois romans trahissent une même ambiguïté quant à la vr
2001
rois romans trahissent une même ambiguïté quant à
la
vraie nature, sinon de leur sujet, du moins de l’intérêt principal qu
2002
une même ambiguïté quant à la vraie nature, sinon
de
leur sujet, du moins de l’intérêt principal qu’ils se trouvent offrir
2003
à la vraie nature, sinon de leur sujet, du moins
de
l’intérêt principal qu’ils se trouvent offrir au lecteur : critique d
2004
la vraie nature, sinon de leur sujet, du moins de
l’
intérêt principal qu’ils se trouvent offrir au lecteur : critique d’un
2005
l qu’ils se trouvent offrir au lecteur : critique
d’
une société ou récit d’une passion ? On connaît ces paysages fantastiq
2006
frir au lecteur : critique d’une société ou récit
d’
une passion ? On connaît ces paysages fantastiques de la Renaissance q
2007
ne passion ? On connaît ces paysages fantastiques
de
la Renaissance qui, tournés d’une certaine manière, révèlent soudain
2008
passion ? On connaît ces paysages fantastiques de
la
Renaissance qui, tournés d’une certaine manière, révèlent soudain les
2009
sages fantastiques de la Renaissance qui, tournés
d’
une certaine manière, révèlent soudain les traits d’une tête humaine.
2010
tournés d’une certaine manière, révèlent soudain
les
traits d’une tête humaine. C’est le phénomène inverse qui se produit
2011
une certaine manière, révèlent soudain les traits
d’
une tête humaine. C’est le phénomène inverse qui se produit à la lectu
2012
lent soudain les traits d’une tête humaine. C’est
le
phénomène inverse qui se produit à la lecture des trois romans : vous
2013
aine. C’est le phénomène inverse qui se produit à
la
lecture des trois romans : vous regardez longuement ce visage de femm
2014
trois romans : vous regardez longuement ce visage
de
femme et, peu à peu, c’est un paysage, c’est un pays, c’est une socié
2015
re qui transparaît, se recompose, et envahit tout
le
tableau. Vous reprenez votre lecture et, non, c’était vraiment une fe
2016
t, non, c’était vraiment une femme… Qu’est-ce que
l’
auteur a voulu dire ? Tout ce que nous voyons là, sans doute, et plus
2017
ons là, sans doute, et plus encore. S’il avait pu
le
dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais la
2018
plus encore. S’il avait pu le dire autrement, il
l’
aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais la réponse de l’écrivain
2019
u le dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne
le
lirions pas). Mais la réponse de l’écrivain ne suffit pas, bien que s
2020
l l’aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais
la
réponse de l’écrivain ne suffit pas, bien que sincère. Car il faut vo
2021
fait (et nous ne le lirions pas). Mais la réponse
de
l’écrivain ne suffit pas, bien que sincère. Car il faut voir que cett
2022
t (et nous ne le lirions pas). Mais la réponse de
l’
écrivain ne suffit pas, bien que sincère. Car il faut voir que cette a
2023
t accidentelle. Elle ne résulte pas, j’y insiste,
de
quelque hésitation prolongée de l’auteur entre deux thèmes centraux,
2024
pas, j’y insiste, de quelque hésitation prolongée
de
l’auteur entre deux thèmes centraux, ou deux genres littéraires, ou d
2025
, j’y insiste, de quelque hésitation prolongée de
l’
auteur entre deux thèmes centraux, ou deux genres littéraires, ou deux
2026
raux, ou deux genres littéraires, ou deux sphères
d’
imagination. Elle exprime et traduit irrésistiblement l’ambiguïté fond
2027
ination. Elle exprime et traduit irrésistiblement
l’
ambiguïté fondamentale de la passion, antisociale par définition, donc
2028
traduit irrésistiblement l’ambiguïté fondamentale
de
la passion, antisociale par définition, donc liée au milieu social pa
2029
duit irrésistiblement l’ambiguïté fondamentale de
la
passion, antisociale par définition, donc liée au milieu social par u
2030
sterait point, et dont ce milieu même circonscrit
l’
occasion, dicte l’objet ou fournit le prétexte. Comme le fera voir l’a
2031
dont ce milieu même circonscrit l’occasion, dicte
l’
objet ou fournit le prétexte. Comme le fera voir l’application aux tro
2032
circonscrit l’occasion, dicte l’objet ou fournit
le
prétexte. Comme le fera voir l’application aux trois romans de l’anal
2033
sion, dicte l’objet ou fournit le prétexte. Comme
le
fera voir l’application aux trois romans de l’analyse mythologique pr
2034
’objet ou fournit le prétexte. Comme le fera voir
l’
application aux trois romans de l’analyse mythologique proposée par L
2035
Comme le fera voir l’application aux trois romans
de
l’analyse mythologique proposée par L’Amour et l’Occident . IILol
2036
me le fera voir l’application aux trois romans de
l’
analyse mythologique proposée par L’Amour et l’Occident . IILolita
2037
is romans de l’analyse mythologique proposée par
L’
Amour et l’Occident . IILolita ou le scandale « Entre les limite
2038
e l’analyse mythologique proposée par L’Amour et
l’
Occident . IILolita ou le scandale « Entre les limites d’âge de
2039
posée par L’Amour et l’Occident . IILolita ou
le
scandale « Entre les limites d’âge de 9 et 14 ans apparaissent des
2040
’Occident . IILolita ou le scandale « Entre
les
limites d’âge de 9 et 14 ans apparaissent des fillettes qui, aux yeux
2041
IILolita ou le scandale « Entre les limites
d’
âge de 9 et 14 ans apparaissent des fillettes qui, aux yeux de certain
2042
olita ou le scandale « Entre les limites d’âge
de
9 et 14 ans apparaissent des fillettes qui, aux yeux de certains voya
2043
ue) ; et, pour ces créatures choisies, je propose
le
nom de nymphets. » Lolita, 12 ans et sept mois, a le charme inquiétan
2044
t, pour ces créatures choisies, je propose le nom
de
nymphets. » Lolita, 12 ans et sept mois, a le charme inquiétant, l’im
2045
nom de nymphets. » Lolita, 12 ans et sept mois, a
le
charme inquiétant, l’impudeur innocente et la pointe de vulgarité qui
2046
ita, 12 ans et sept mois, a le charme inquiétant,
l’
impudeur innocente et la pointe de vulgarité qui caractérise la nymphe
2047
, a le charme inquiétant, l’impudeur innocente et
la
pointe de vulgarité qui caractérise la nymphet. Humbert Humbert, Euro
2048
rme inquiétant, l’impudeur innocente et la pointe
de
vulgarité qui caractérise la nymphet. Humbert Humbert, Européen, la q
2049
nocente et la pointe de vulgarité qui caractérise
la
nymphet. Humbert Humbert, Européen, la quarantaine, vivant depuis peu
2050
aractérise la nymphet. Humbert Humbert, Européen,
la
quarantaine, vivant depuis peu en Amérique, la découvre dans une peti
2051
n, la quarantaine, vivant depuis peu en Amérique,
la
découvre dans une petite ville où il prend ses vacances. Coup de foud
2052
s une petite ville où il prend ses vacances. Coup
de
foudre. Intrigue démente pour posséder l’enfant, dont il épouse d’abo
2053
s. Coup de foudre. Intrigue démente pour posséder
l’
enfant, dont il épouse d’abord la mère. Cette malheureuse mourra bient
2054
te pour posséder l’enfant, dont il épouse d’abord
la
mère. Cette malheureuse mourra bientôt, renversée par une auto. H. H.
2055
par une auto. H. H. emmène Lolita dans un hôtel à
l’
enseigne des Chasseurs enchantés. Il lui fait boire un somnifère, mais
2056
fait boire un somnifère, mais n’ose pas profiter
de
son sommeil. Au matin, c’est elle qui le séduit ! Commence la longue
2057
profiter de son sommeil. Au matin, c’est elle qui
le
séduit ! Commence la longue fuite du beau-père et de la fille, traqué
2058
il. Au matin, c’est elle qui le séduit ! Commence
la
longue fuite du beau-père et de la fille, traqués par leur secrète cu
2059
séduit ! Commence la longue fuite du beau-père et
de
la fille, traqués par leur secrète culpabilité, d’un bout à l’autre d
2060
uit ! Commence la longue fuite du beau-père et de
la
fille, traqués par leur secrète culpabilité, d’un bout à l’autre des
2061
e la fille, traqués par leur secrète culpabilité,
d’
un bout à l’autre des États-Unis17. Jusqu’au jour où Lolita s’échappe,
2062
r où Lolita s’échappe, séduite par un autre homme
d’
âge mûr qu’Humbert tuera. À 17 ans, mariée depuis peu avec un jeune et
2063
après Humbert, auquel une crise cardiaque épargne
la
peine capitale. Je n’entends pas voiler ni excuser le caractère scand
2064
eine capitale. Je n’entends pas voiler ni excuser
le
caractère scandaleux du roman, car il apparaît essentiel, et l’auteur
2065
candaleux du roman, car il apparaît essentiel, et
l’
auteur ne manque pas une occasion de le souligner et de l’accentuer, s
2066
essentiel, et l’auteur ne manque pas une occasion
de
le souligner et de l’accentuer, soit en accablant son héros dans une
2067
entiel, et l’auteur ne manque pas une occasion de
le
souligner et de l’accentuer, soit en accablant son héros dans une pré
2068
eur ne manque pas une occasion de le souligner et
de
l’accentuer, soit en accablant son héros dans une préface d’ailleurs
2069
ne manque pas une occasion de le souligner et de
l’
accentuer, soit en accablant son héros dans une préface d’ailleurs att
2070
lleurs attribuée à un psychiatre américain, soit,
d’
une manière plus convaincante, par la cynique désinvolture du style de
2071
icain, soit, d’une manière plus convaincante, par
la
cynique désinvolture du style des mémoires de Humbert Humbert. Si l’a
2072
par la cynique désinvolture du style des mémoires
de
Humbert Humbert. Si l’amour des nymphets n’était pas, de nos jours, l
2073
ture du style des mémoires de Humbert Humbert. Si
l’
amour des nymphets n’était pas, de nos jours, l’un des derniers tabous
2074
ert Humbert. Si l’amour des nymphets n’était pas,
de
nos jours, l’un des derniers tabous sexuels qui tiennent encore (avec
2075
derniers tabous sexuels qui tiennent encore (avec
l’
inceste), il n’y aurait ni passion ni roman véritables, au sens « tris
2076
ssion ni roman véritables, au sens « tristanien »
de
ces termes. Car il manquerait entre les deux protagonistes l’obstacle
2077
istanien » de ces termes. Car il manquerait entre
les
deux protagonistes l’obstacle nécessaire, la distance nécessaire pour
2078
s. Car il manquerait entre les deux protagonistes
l’
obstacle nécessaire, la distance nécessaire pour que l’attrait mutuel,
2079
tre les deux protagonistes l’obstacle nécessaire,
la
distance nécessaire pour que l’attrait mutuel, au lieu de s’apaiser o
2080
tacle nécessaire, la distance nécessaire pour que
l’
attrait mutuel, au lieu de s’apaiser ou de s’épuiser par la satisfacti
2081
our que l’attrait mutuel, au lieu de s’apaiser ou
de
s’épuiser par la satisfaction des sens, se métamorphose en passion. C
2082
mutuel, au lieu de s’apaiser ou de s’épuiser par
la
satisfaction des sens, se métamorphose en passion. C’est d’abord et s
2083
métamorphose en passion. C’est d’abord et surtout
le
scandale évident, le caractère profanateur de l’amour de H. H. pour L
2084
on. C’est d’abord et surtout le scandale évident,
le
caractère profanateur de l’amour de H. H. pour Lolita, qui trahit la
2085
out le scandale évident, le caractère profanateur
de
l’amour de H. H. pour Lolita, qui trahit la présence du Mythe. Négli
2086
le scandale évident, le caractère profanateur de
l’
amour de H. H. pour Lolita, qui trahit la présence du Mythe. Négligeo
2087
dale évident, le caractère profanateur de l’amour
de
H. H. pour Lolita, qui trahit la présence du Mythe. Négligeons pour
2088
ateur de l’amour de H. H. pour Lolita, qui trahit
la
présence du Mythe. Négligeons pour l’instant les différences profond
2089
qui trahit la présence du Mythe. Négligeons pour
l’
instant les différences profondes qui séparent ce roman sarcastique et
2090
la présence du Mythe. Négligeons pour l’instant
les
différences profondes qui séparent ce roman sarcastique et pétulant d
2091
des qui séparent ce roman sarcastique et pétulant
de
la sombre épopée, simple et drue, d’un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pa
2092
qui séparent ce roman sarcastique et pétulant de
la
sombre épopée, simple et drue, d’un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pas :
2093
et pétulant de la sombre épopée, simple et drue,
d’
un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pas : le roman de Tristan n’était pas m
2094
e et drue, d’un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pas :
le
roman de Tristan n’était pas moins choquant au xiie siècle que ne l’
2095
, d’un Béroul. Qu’on ne s’y trompe pas : le roman
de
Tristan n’était pas moins choquant au xiie siècle que ne l’est aujou
2096
n’était pas moins choquant au xiie siècle que ne
l’
est aujourd’hui Lolita. Ce que l’habitude et l’illusion anachronique,
2097
e siècle que ne l’est aujourd’hui Lolita. Ce que
l’
habitude et l’illusion anachronique, aidées par la version moderne de
2098
ne l’est aujourd’hui Lolita. Ce que l’habitude et
l’
illusion anachronique, aidées par la version moderne de Bédier, nous f
2099
l’habitude et l’illusion anachronique, aidées par
la
version moderne de Bédier, nous font prendre trop facilement pour la
2100
usion anachronique, aidées par la version moderne
de
Bédier, nous font prendre trop facilement pour la touchante histoire
2101
de Bédier, nous font prendre trop facilement pour
la
touchante histoire d’un amour presque chaste et conçu fortuitement ho
2102
rendre trop facilement pour la touchante histoire
d’
un amour presque chaste et conçu fortuitement hors du mariage, recelai
2103
ement hors du mariage, recelait à vrai dire, pour
les
lecteurs du temps, des pouvoirs autrement bouleversants ! Les premièr
2104
autrement bouleversants ! Les premières versions
de
Tristan glorifiaient une forme d’amour non seulement opposée au maria
2105
mières versions de Tristan glorifiaient une forme
d’
amour non seulement opposée au mariage, mais ne pouvant exister que ho
2106
ent »18 au nom de ce nouvel Amour toute une série
d’
actions tenues pour crimes : astuce blasphématoire de l’ordalie truqué
2107
ctions tenues pour crimes : astuce blasphématoire
de
l’ordalie truquée, violation répétée des allégeances et de la foi jur
2108
ons tenues pour crimes : astuce blasphématoire de
l’
ordalie truquée, violation répétée des allégeances et de la foi jurée,
2109
lie truquée, violation répétée des allégeances et
de
la foi jurée, profanation du sacré féodal et des sacrements catholiqu
2110
truquée, violation répétée des allégeances et de
la
foi jurée, profanation du sacré féodal et des sacrements catholiques,
2111
, sorcellerie, magie noire. Tout cela sur un fond
d’
hérésie bien plus dangereuse alors que ne le sont aujourd’hui les frén
2112
fond d’hérésie bien plus dangereuse alors que ne
le
sont aujourd’hui les frénésies qui affectent une partie de la jeuness
2113
plus dangereuse alors que ne le sont aujourd’hui
les
frénésies qui affectent une partie de la jeunesse, modes passagères d
2114
ujourd’hui les frénésies qui affectent une partie
de
la jeunesse, modes passagères dont l’édition et le cinéma me paraisse
2115
urd’hui les frénésies qui affectent une partie de
la
jeunesse, modes passagères dont l’édition et le cinéma me paraissent
2116
une partie de la jeunesse, modes passagères dont
l’
édition et le cinéma me paraissent profiter davantage que la société n
2117
e la jeunesse, modes passagères dont l’édition et
le
cinéma me paraissent profiter davantage que la société n’en pâtit. En
2118
et le cinéma me paraissent profiter davantage que
la
société n’en pâtit. En revanche, l’amour passionné pour une fille enc
2119
davantage que la société n’en pâtit. En revanche,
l’
amour passionné pour une fille encore impubère n’aurait guère pu surpr
2120
it guère pu surprendre au Moyen Âge. On a coutume
de
vénérer l’amour de Dante pour Béatrice âgée de 9 ans, la passion de P
2121
surprendre au Moyen Âge. On a coutume de vénérer
l’
amour de Dante pour Béatrice âgée de 9 ans, la passion de Pétrarque po
2122
dre au Moyen Âge. On a coutume de vénérer l’amour
de
Dante pour Béatrice âgée de 9 ans, la passion de Pétrarque pour Laure
2123
me de vénérer l’amour de Dante pour Béatrice âgée
de
9 ans, la passion de Pétrarque pour Laure âgée de 12 ans ; ces deux e
2124
rer l’amour de Dante pour Béatrice âgée de 9 ans,
la
passion de Pétrarque pour Laure âgée de 12 ans ; ces deux exemples fo
2125
de Dante pour Béatrice âgée de 9 ans, la passion
de
Pétrarque pour Laure âgée de 12 ans ; ces deux exemples fondent une t
2126
de 9 ans, la passion de Pétrarque pour Laure âgée
de
12 ans ; ces deux exemples fondent une tradition de la haute littérat
2127
12 ans ; ces deux exemples fondent une tradition
de
la haute littérature européenne, qu’illustreront plus près de nous un
2128
ans ; ces deux exemples fondent une tradition de
la
haute littérature européenne, qu’illustreront plus près de nous un Go
2129
u’illustreront plus près de nous un Goethe créant
le
personnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuvre à l’amour de Sophi
2130
plus près de nous un Goethe créant le personnage
de
Mignon, un Novalis dédiant son œuvre à l’amour de Sophie von Kuhn, mo
2131
sonnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuvre à
l’
amour de Sophie von Kuhn, morte à 11 ans, un Edgar Poe qui épouse une
2132
de Mignon, un Novalis dédiant son œuvre à l’amour
de
Sophie von Kuhn, morte à 11 ans, un Edgar Poe qui épouse une fille de
2133
morte à 11 ans, un Edgar Poe qui épouse une fille
de
14 ans, et le génial Lewis Carroll : Alice au Pays des Merveilles est
2134
, un Edgar Poe qui épouse une fille de 14 ans, et
le
génial Lewis Carroll : Alice au Pays des Merveilles est née de l’amou
2135
is Carroll : Alice au Pays des Merveilles est née
de
l’amour des « nymphets », refoulé par la conscience pure du clergyman
2136
Carroll : Alice au Pays des Merveilles est née de
l’
amour des « nymphets », refoulé par la conscience pure du clergyman, m
2137
est née de l’amour des « nymphets », refoulé par
la
conscience pure du clergyman, mais avoué par certains de ses poèmes e
2138
cience pure du clergyman, mais avoué par certains
de
ses poèmes et trahi par les plaisanteries souvent féroces de ses lett
2139
ais avoué par certains de ses poèmes et trahi par
les
plaisanteries souvent féroces de ses lettres à des petites filles. L’
2140
es et trahi par les plaisanteries souvent féroces
de
ses lettres à des petites filles. L’adultère, de nos jours, ne condui
2141
vent féroces de ses lettres à des petites filles.
L’
adultère, de nos jours, ne conduit qu’au divorce, ou s’épuise en liais
2142
de ses lettres à des petites filles. L’adultère,
de
nos jours, ne conduit qu’au divorce, ou s’épuise en liaisons banales.
2143
, ou s’épuise en liaisons banales. Il n’offre pas
de
support sérieux à ce que Freud a nommé un jour l’élan mortel, secret
2144
de support sérieux à ce que Freud a nommé un jour
l’
élan mortel, secret de l’amour tristanien. Et l’absence de sacré extén
2145
e que Freud a nommé un jour l’élan mortel, secret
de
l’amour tristanien. Et l’absence de sacré exténue les passions, que l
2146
ue Freud a nommé un jour l’élan mortel, secret de
l’
amour tristanien. Et l’absence de sacré exténue les passions, que la c
2147
r l’élan mortel, secret de l’amour tristanien. Et
l’
absence de sacré exténue les passions, que la conscience d’une profana
2148
ortel, secret de l’amour tristanien. Et l’absence
de
sacré exténue les passions, que la conscience d’une profanation faisa
2149
l’amour tristanien. Et l’absence de sacré exténue
les
passions, que la conscience d’une profanation faisait flamber. Nous r
2150
. Et l’absence de sacré exténue les passions, que
la
conscience d’une profanation faisait flamber. Nous restent deux tabou
2151
de sacré exténue les passions, que la conscience
d’
une profanation faisait flamber. Nous restent deux tabous sexuels, cur
2152
du sacré primitif vers une hygiène scientifique :
l’
amour des petites nymphes et l’inceste. Ces deux amours seraient-ils c
2153
ène scientifique : l’amour des petites nymphes et
l’
inceste. Ces deux amours seraient-ils contraires à la nature ? On les
2154
nceste. Ces deux amours seraient-ils contraires à
la
nature ? On les voit largement pratiqués dans le monde animal et dans
2155
x amours seraient-ils contraires à la nature ? On
les
voit largement pratiqués dans le monde animal et dans la grande major
2156
la nature ? On les voit largement pratiqués dans
le
monde animal et dans la grande majorité des sociétés humaines connues
2157
largement pratiqués dans le monde animal et dans
la
grande majorité des sociétés humaines connues, les classes bourgeoise
2158
la grande majorité des sociétés humaines connues,
les
classes bourgeoises de l’Occident constituant l’exception la plus rem
2159
ociétés humaines connues, les classes bourgeoises
de
l’Occident constituant l’exception la plus remarquable. Ils sont bien
2160
étés humaines connues, les classes bourgeoises de
l’
Occident constituant l’exception la plus remarquable. Ils sont bien mo
2161
les classes bourgeoises de l’Occident constituant
l’
exception la plus remarquable. Ils sont bien moins contre nature que c
2162
bourgeoises de l’Occident constituant l’exception
la
plus remarquable. Ils sont bien moins contre nature que contre-civili
2163
Nabokov fait dire à son héros : « Mon sort a été
de
grandir dans une civilisation qui autorise un homme de 25 ans à court
2164
andir dans une civilisation qui autorise un homme
de
25 ans à courtiser une fille de 16 ans, mais non pas une fille de 12
2165
autorise un homme de 25 ans à courtiser une fille
de
16 ans, mais non pas une fille de 12 ans. » Humbert raconte, au début
2166
tiser une fille de 16 ans, mais non pas une fille
de
12 ans. » Humbert raconte, au début de ses mémoires, l’amour qu’il co
2167
une fille de 12 ans. » Humbert raconte, au début
de
ses mémoires, l’amour qu’il conçut à 12 ans pour une petite fille de
2168
ans. » Humbert raconte, au début de ses mémoires,
l’
amour qu’il conçut à 12 ans pour une petite fille de 9 ans qui s’appel
2169
amour qu’il conçut à 12 ans pour une petite fille
de
9 ans qui s’appelait Annabel, et qui mourut bientôt — rappel de Poe.
2170
’appelait Annabel, et qui mourut bientôt — rappel
de
Poe. Ainsi, l’eros de cet adulte, par ailleurs sexuellement normal, s
2171
el, et qui mourut bientôt — rappel de Poe. Ainsi,
l’
eros de cet adulte, par ailleurs sexuellement normal, s’est trouvé fix
2172
qui mourut bientôt — rappel de Poe. Ainsi, l’eros
de
cet adulte, par ailleurs sexuellement normal, s’est trouvé fixé sur l
2173
lleurs sexuellement normal, s’est trouvé fixé sur
la
femme-enfant, rendue doublement inaccessible par la différence d’âge
2174
femme-enfant, rendue doublement inaccessible par
la
différence d’âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que la « nymph
2175
rendue doublement inaccessible par la différence
d’
âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut deve
2176
ement inaccessible par la différence d’âge et par
l’
idée de la mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir le suppor
2177
naccessible par la différence d’âge et par l’idée
de
la mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir le support de l’
2178
cessible par la différence d’âge et par l’idée de
la
mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir le support de l’amo
2179
e d’âge et par l’idée de la mort. C’est ainsi que
la
« nymphet » peut devenir le support de l’amour-passion, c’est-à-dire
2180
mort. C’est ainsi que la « nymphet » peut devenir
le
support de l’amour-passion, c’est-à-dire du désir infini qui échappe
2181
ainsi que la « nymphet » peut devenir le support
de
l’amour-passion, c’est-à-dire du désir infini qui échappe aux rythmes
2182
nsi que la « nymphet » peut devenir le support de
l’
amour-passion, c’est-à-dire du désir infini qui échappe aux rythmes na
2183
r infini qui échappe aux rythmes naturels et joue
le
rôle d’un absolu préférable à la vie elle-même. La possession de cet
2184
qui échappe aux rythmes naturels et joue le rôle
d’
un absolu préférable à la vie elle-même. La possession de cet inaccess
2185
naturels et joue le rôle d’un absolu préférable à
la
vie elle-même. La possession de cet inaccessible devient alors l’exta
2186
e rôle d’un absolu préférable à la vie elle-même.
La
possession de cet inaccessible devient alors l’extase, « la joie supr
2187
solu préférable à la vie elle-même. La possession
de
cet inaccessible devient alors l’extase, « la joie suprême », la « Hö
2188
. La possession de cet inaccessible devient alors
l’
extase, « la joie suprême », la « Höchste Lust » d’Isolde agonisante.
2189
ion de cet inaccessible devient alors l’extase, «
la
joie suprême », la « Höchste Lust » d’Isolde agonisante. Cependant, c
2190
ible devient alors l’extase, « la joie suprême »,
la
« Höchste Lust » d’Isolde agonisante. Cependant, ceux qui ont lu Loli
2191
’extase, « la joie suprême », la « Höchste Lust »
d’
Isolde agonisante. Cependant, ceux qui ont lu Lolita avec plus d’amuse
2192
ante. Cependant, ceux qui ont lu Lolita avec plus
d’
amusement pervers que d’émotion, seront en droit de douter de la légit
2193
i ont lu Lolita avec plus d’amusement pervers que
d’
émotion, seront en droit de douter de la légitimité d’une interprétati
2194
’amusement pervers que d’émotion, seront en droit
de
douter de la légitimité d’une interprétation si solennelle. Certes, d
2195
pervers que d’émotion, seront en droit de douter
de
la légitimité d’une interprétation si solennelle. Certes, du coup de
2196
rvers que d’émotion, seront en droit de douter de
la
légitimité d’une interprétation si solennelle. Certes, du coup de fou
2197
otion, seront en droit de douter de la légitimité
d’
une interprétation si solennelle. Certes, du coup de foudre initial ju
2198
nnelle. Certes, du coup de foudre initial jusqu’à
la
mort des amants séparés, conséquence d’un amour interdit qui les exil
2199
l jusqu’à la mort des amants séparés, conséquence
d’
un amour interdit qui les exile de la communauté et les consume sans l
2200
ants séparés, conséquence d’un amour interdit qui
les
exile de la communauté et les consume sans les unir vraiment, on aura
2201
és, conséquence d’un amour interdit qui les exile
de
la communauté et les consume sans les unir vraiment, on aura reconnu
2202
conséquence d’un amour interdit qui les exile de
la
communauté et les consume sans les unir vraiment, on aura reconnu les
2203
amour interdit qui les exile de la communauté et
les
consume sans les unir vraiment, on aura reconnu les grands moments du
2204
ui les exile de la communauté et les consume sans
les
unir vraiment, on aura reconnu les grands moments du Mythe. L’auteur
2205
s consume sans les unir vraiment, on aura reconnu
les
grands moments du Mythe. L’auteur en a-t-il eu conscience ? Certains
2206
ent, on aura reconnu les grands moments du Mythe.
L’
auteur en a-t-il eu conscience ? Certains épisodes du roman le donnent
2207
a-t-il eu conscience ? Certains épisodes du roman
le
donnent à croire, allusions aux péripéties et situations les plus typ
2208
à croire, allusions aux péripéties et situations
les
plus typiques de la légende de Tristan. Mais il est curieux de noter
2209
ns aux péripéties et situations les plus typiques
de
la légende de Tristan. Mais il est curieux de noter qu’à chaque fois
2210
aux péripéties et situations les plus typiques de
la
légende de Tristan. Mais il est curieux de noter qu’à chaque fois un
2211
ies et situations les plus typiques de la légende
de
Tristan. Mais il est curieux de noter qu’à chaque fois un point d’iro
2212
ues de la légende de Tristan. Mais il est curieux
de
noter qu’à chaque fois un point d’ironie frappe l’allusion. Ainsi, la
2213
il est curieux de noter qu’à chaque fois un point
d’
ironie frappe l’allusion. Ainsi, la mère du héros meurt très tôt (comm
2214
e noter qu’à chaque fois un point d’ironie frappe
l’
allusion. Ainsi, la mère du héros meurt très tôt (comme dans Tristan),
2215
fois un point d’ironie frappe l’allusion. Ainsi,
la
mère du héros meurt très tôt (comme dans Tristan), mais voici le ton
2216
s meurt très tôt (comme dans Tristan), mais voici
le
ton du récit : « Ma très photogénique mère mourut dans un accident ca
2217
éclair) quand j’avais 3 ans. » (Qu’on se rappelle
le
ton lugubre de destin, la « vieille et grave mélodie » qui marque la
2218
’avais 3 ans. » (Qu’on se rappelle le ton lugubre
de
destin, la « vieille et grave mélodie » qui marque la mort de la mère
2219
s. » (Qu’on se rappelle le ton lugubre de destin,
la
« vieille et grave mélodie » qui marque la mort de la mère dans Trist
2220
estin, la « vieille et grave mélodie » qui marque
la
mort de la mère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où se passe la nuit
2221
a « vieille et grave mélodie » qui marque la mort
de
la mère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où se passe la nuit de la s
2222
vieille et grave mélodie » qui marque la mort de
la
mère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où se passe la nuit de la sédu
2223
e » qui marque la mort de la mère dans Tristan !)
Le
nom de l’hôtel où se passe la nuit de la séduction, les Chasseurs enc
2224
marque la mort de la mère dans Tristan !) Le nom
de
l’hôtel où se passe la nuit de la séduction, les Chasseurs enchantés,
2225
rque la mort de la mère dans Tristan !) Le nom de
l’
hôtel où se passe la nuit de la séduction, les Chasseurs enchantés, ra
2226
ère dans Tristan !) Le nom de l’hôtel où se passe
la
nuit de la séduction, les Chasseurs enchantés, rappelle visiblement l
2227
Tristan !) Le nom de l’hôtel où se passe la nuit
de
la séduction, les Chasseurs enchantés, rappelle visiblement l’état de
2228
istan !) Le nom de l’hôtel où se passe la nuit de
la
séduction, les Chasseurs enchantés, rappelle visiblement l’état de tr
2229
m de l’hôtel où se passe la nuit de la séduction,
les
Chasseurs enchantés, rappelle visiblement l’état de transe de la scèn
2230
on, les Chasseurs enchantés, rappelle visiblement
l’
état de transe de la scène des aveux dans Tristan, mais toute la descr
2231
Chasseurs enchantés, rappelle visiblement l’état
de
transe de la scène des aveux dans Tristan, mais toute la description
2232
enchantés, rappelle visiblement l’état de transe
de
la scène des aveux dans Tristan, mais toute la description du lieu vi
2233
chantés, rappelle visiblement l’état de transe de
la
scène des aveux dans Tristan, mais toute la description du lieu vise
2234
se de la scène des aveux dans Tristan, mais toute
la
description du lieu vise précisément à le désenchanter. L’épisode du
2235
s toute la description du lieu vise précisément à
le
désenchanter. L’épisode du philtre est présent, mais ridiculisé par s
2236
ption du lieu vise précisément à le désenchanter.
L’
épisode du philtre est présent, mais ridiculisé par son échec : il ne
2237
mais ridiculisé par son échec : il ne s’agit que
d’
un somnifère que H. H. fait prendre par ruse à Lolita, et qui se révèl
2238
Lolita, et qui se révèle d’ailleurs trop faible,
le
médecin qui l’a procuré s’étant trompé d’étiquette ou ayant trompé so
2239
se révèle d’ailleurs trop faible, le médecin qui
l’
a procuré s’étant trompé d’étiquette ou ayant trompé son client. (Inve
2240
faible, le médecin qui l’a procuré s’étant trompé
d’
étiquette ou ayant trompé son client. (Inversion point par point, et q
2241
pé son client. (Inversion point par point, et que
l’
on peut croire délibérée, du récit de l’erreur « fatale » de Brangien.
2242
oint, et que l’on peut croire délibérée, du récit
de
l’erreur « fatale » de Brangien.) Comme dans Tristan, il est vrai, la
2243
t, et que l’on peut croire délibérée, du récit de
l’
erreur « fatale » de Brangien.) Comme dans Tristan, il est vrai, la po
2244
croire délibérée, du récit de l’erreur « fatale »
de
Brangien.) Comme dans Tristan, il est vrai, la polémique contre le ma
2245
» de Brangien.) Comme dans Tristan, il est vrai,
la
polémique contre le mariage au nom de l’amour-passion anime tout le r
2246
me dans Tristan, il est vrai, la polémique contre
le
mariage au nom de l’amour-passion anime tout le récit. Comme dans Tri
2247
st vrai, la polémique contre le mariage au nom de
l’
amour-passion anime tout le récit. Comme dans Tristan, l’on sent que l
2248
e le mariage au nom de l’amour-passion anime tout
le
récit. Comme dans Tristan, l’on sent que l’auteur n’est pas intéressé
2249
-passion anime tout le récit. Comme dans Tristan,
l’
on sent que l’auteur n’est pas intéressé par le côté sexuel de son his
2250
tout le récit. Comme dans Tristan, l’on sent que
l’
auteur n’est pas intéressé par le côté sexuel de son histoire, mais un
2251
n, l’on sent que l’auteur n’est pas intéressé par
le
côté sexuel de son histoire, mais uniquement par la magie de l’Éros,
2252
e l’auteur n’est pas intéressé par le côté sexuel
de
son histoire, mais uniquement par la magie de l’Éros, et il le dit19.
2253
côté sexuel de son histoire, mais uniquement par
la
magie de l’Éros, et il le dit19. Comme dans Tristan, « les amants fui
2254
uel de son histoire, mais uniquement par la magie
de
l’Éros, et il le dit19. Comme dans Tristan, « les amants fuient le mo
2255
de son histoire, mais uniquement par la magie de
l’
Éros, et il le dit19. Comme dans Tristan, « les amants fuient le monde
2256
re, mais uniquement par la magie de l’Éros, et il
le
dit19. Comme dans Tristan, « les amants fuient le monde et lui, eux »
2257
de l’Éros, et il le dit19. Comme dans Tristan, «
les
amants fuient le monde et lui, eux ». Enfin, comme dans Tristan, ils
2258
le dit19. Comme dans Tristan, « les amants fuient
le
monde et lui, eux ». Enfin, comme dans Tristan, ils meurent à peu de
2259
mme dans Tristan, ils meurent à peu de temps l’un
de
l’autre, séparés. Mais leur mort est aussi sordide que fut grandiose,
2260
ur mort est aussi sordide que fut grandiose, dans
les
versions du xiie siècle et dans Wagner, la Mort des Amants légendair
2261
dans les versions du xiie siècle et dans Wagner,
la
Mort des Amants légendaires. C’est qu’en réalité, H. H. et Lolita n’o
2262
. et Lolita n’ont jamais connu ce que j’appelle «
l’
amour réciproque malheureux ». Lolita n’a jamais répondu à la passion
2263
iproque malheureux ». Lolita n’a jamais répondu à
la
passion tendre et sauvage de son aîné. De là l’échec du Mythe et par
2264
n’a jamais répondu à la passion tendre et sauvage
de
son aîné. De là l’échec du Mythe et par compensation le ton « férocem
2265
pondu à la passion tendre et sauvage de son aîné.
De
là l’échec du Mythe et par compensation le ton « férocement facétieux
2266
à la passion tendre et sauvage de son aîné. De là
l’
échec du Mythe et par compensation le ton « férocement facétieux » du
2267
aîné. De là l’échec du Mythe et par compensation
le
ton « férocement facétieux » du roman, son réalisme impitoyable et se
2268
able et ses plaisanteries un peu folles, sauvées (
de
justesse parfois) de la vulgarité par une étourdissante virtuosité ve
2269
ries un peu folles, sauvées (de justesse parfois)
de
la vulgarité par une étourdissante virtuosité verbale. Si Lolita avai
2270
s un peu folles, sauvées (de justesse parfois) de
la
vulgarité par une étourdissante virtuosité verbale. Si Lolita avait a
2271
dissante virtuosité verbale. Si Lolita avait aimé
le
narrateur, si elle avait été son Iseut, le roman réaliste eût fait pl
2272
t aimé le narrateur, si elle avait été son Iseut,
le
roman réaliste eût fait place au poème et la satire sociale au lyrism
2273
eut, le roman réaliste eût fait place au poème et
la
satire sociale au lyrisme intérieur. L’hypothèse n’est pas arbitraire
2274
poème et la satire sociale au lyrisme intérieur.
L’
hypothèse n’est pas arbitraire, car c’est précisément ainsi que les ch
2275
t pas arbitraire, car c’est précisément ainsi que
les
choses se passent dans le grand livre de Musil, comme on le verra tou
2276
précisément ainsi que les choses se passent dans
le
grand livre de Musil, comme on le verra tout à l’heure. Mais l’absenc
2277
nsi que les choses se passent dans le grand livre
de
Musil, comme on le verra tout à l’heure. Mais l’absence, ici très fra
2278
se passent dans le grand livre de Musil, comme on
le
verra tout à l’heure. Mais l’absence, ici très frappante, non seuleme
2279
le grand livre de Musil, comme on le verra tout à
l’
heure. Mais l’absence, ici très frappante, non seulement de toute espè
2280
de Musil, comme on le verra tout à l’heure. Mais
l’
absence, ici très frappante, non seulement de toute espèce d’impureté
2281
Mais l’absence, ici très frappante, non seulement
de
toute espèce d’impureté sentimentale, mais aussi de tout horizon spir
2282
ici très frappante, non seulement de toute espèce
d’
impureté sentimentale, mais aussi de tout horizon spirituel, réduit le
2283
toute espèce d’impureté sentimentale, mais aussi
de
tout horizon spirituel, réduit le roman aux dimensions d’un tableau d
2284
ale, mais aussi de tout horizon spirituel, réduit
le
roman aux dimensions d’un tableau de mœurs à la Hogarth. On partage l
2285
horizon spirituel, réduit le roman aux dimensions
d’
un tableau de mœurs à la Hogarth. On partage les irritations de l’aute
2286
tuel, réduit le roman aux dimensions d’un tableau
de
mœurs à la Hogarth. On partage les irritations de l’auteur, on acclam
2287
t le roman aux dimensions d’un tableau de mœurs à
la
Hogarth. On partage les irritations de l’auteur, on acclame sa syntax
2288
ns d’un tableau de mœurs à la Hogarth. On partage
les
irritations de l’auteur, on acclame sa syntaxe et son vocabulaire, on
2289
de mœurs à la Hogarth. On partage les irritations
de
l’auteur, on acclame sa syntaxe et son vocabulaire, on rit souvent, o
2290
mœurs à la Hogarth. On partage les irritations de
l’
auteur, on acclame sa syntaxe et son vocabulaire, on rit souvent, on n
2291
reste, aussi, un Tristan manqué. Et cela tient à
l’
immaturité de l’objet même de la passion décrite ; mais sans cette imm
2292
, un Tristan manqué. Et cela tient à l’immaturité
de
l’objet même de la passion décrite ; mais sans cette immaturité, poin
2293
n Tristan manqué. Et cela tient à l’immaturité de
l’
objet même de la passion décrite ; mais sans cette immaturité, point d
2294
qué. Et cela tient à l’immaturité de l’objet même
de
la passion décrite ; mais sans cette immaturité, point d’obstacle et
2295
. Et cela tient à l’immaturité de l’objet même de
la
passion décrite ; mais sans cette immaturité, point d’obstacle et don
2296
ssion décrite ; mais sans cette immaturité, point
d’
obstacle et donc point de passion… Peut-être le livre, après tout, n’e
2297
cette immaturité, point d’obstacle et donc point
de
passion… Peut-être le livre, après tout, n’est-il vraiment vicieux qu
2298
nt d’obstacle et donc point de passion… Peut-être
le
livre, après tout, n’est-il vraiment vicieux que par ce cercle. II
2299
vicieux que par ce cercle. IIIRobert Musil et
le
« Règne millénaire » Ingénieur, officier, philosophe, écrivain, es
2300
ris, et son œuvre, en partie posthume, ne cessera
de
monter à l’horizon de la littérature européenne. Le comique dévastant
2301
œuvre, en partie posthume, ne cessera de monter à
l’
horizon de la littérature européenne. Le comique dévastant, la lucidit
2302
partie posthume, ne cessera de monter à l’horizon
de
la littérature européenne. Le comique dévastant, la lucidité calme, l
2303
tie posthume, ne cessera de monter à l’horizon de
la
littérature européenne. Le comique dévastant, la lucidité calme, le l
2304
monter à l’horizon de la littérature européenne.
Le
comique dévastant, la lucidité calme, le lyrisme qui sourd en dépit d
2305
la littérature européenne. Le comique dévastant,
la
lucidité calme, le lyrisme qui sourd en dépit de l’acuité d’un regard
2306
opéenne. Le comique dévastant, la lucidité calme,
le
lyrisme qui sourd en dépit de l’acuité d’un regard constamment critiq
2307
lucidité calme, le lyrisme qui sourd en dépit de
l’
acuité d’un regard constamment critique, l’infinie variété de l’invest
2308
calme, le lyrisme qui sourd en dépit de l’acuité
d’
un regard constamment critique, l’infinie variété de l’investigation d
2309
pit de l’acuité d’un regard constamment critique,
l’
infinie variété de l’investigation des relations humaines, des rôles s
2310
un regard constamment critique, l’infinie variété
de
l’investigation des relations humaines, des rôles sociaux, des problè
2311
regard constamment critique, l’infinie variété de
l’
investigation des relations humaines, des rôles sociaux, des problèmes
2312
ations humaines, des rôles sociaux, des problèmes
de
l’amour et des buts de la vie confèrent aux deux-mille pages de son d
2313
ons humaines, des rôles sociaux, des problèmes de
l’
amour et des buts de la vie confèrent aux deux-mille pages de son dern
2314
les sociaux, des problèmes de l’amour et des buts
de
la vie confèrent aux deux-mille pages de son dernier ouvrage20 une pu
2315
sociaux, des problèmes de l’amour et des buts de
la
vie confèrent aux deux-mille pages de son dernier ouvrage20 une puiss
2316
des buts de la vie confèrent aux deux-mille pages
de
son dernier ouvrage20 une puissance d’envoûtement que je n’avais pas
2317
ille pages de son dernier ouvrage20 une puissance
d’
envoûtement que je n’avais pas subie depuis l’œuvre de Proust, mieux a
2318
nce d’envoûtement que je n’avais pas subie depuis
l’
œuvre de Proust, mieux achevée sans doute et d’accès combien plus faci
2319
voûtement que je n’avais pas subie depuis l’œuvre
de
Proust, mieux achevée sans doute et d’accès combien plus facile, mais
2320
is l’œuvre de Proust, mieux achevée sans doute et
d’
accès combien plus facile, mais d’une moindre vertu spirituelle. J’aur
2321
e sans doute et d’accès combien plus facile, mais
d’
une moindre vertu spirituelle. J’aurais aimé parler de Musil, mais de
2322
e moindre vertu spirituelle. J’aurais aimé parler
de
Musil, mais de lui seul… Et j’ai quelque scrupule à le faire figurer
2323
spirituelle. J’aurais aimé parler de Musil, mais
de
lui seul… Et j’ai quelque scrupule à le faire figurer dans un context
2324
sil, mais de lui seul… Et j’ai quelque scrupule à
le
faire figurer dans un contexte qu’il dépasse, d’autant plus qu’il s’a
2325
le faire figurer dans un contexte qu’il dépasse,
d’
autant plus qu’il s’agit ici d’aborder son chef-d’œuvre sans fin sous
2326
xte qu’il dépasse, d’autant plus qu’il s’agit ici
d’
aborder son chef-d’œuvre sans fin sous le seul angle de l’amour-passio
2327
agit ici d’aborder son chef-d’œuvre sans fin sous
le
seul angle de l’amour-passion. Par bonheur, il se trouve que Musil a
2328
rder son chef-d’œuvre sans fin sous le seul angle
de
l’amour-passion. Par bonheur, il se trouve que Musil a décrit cette d
2329
r son chef-d’œuvre sans fin sous le seul angle de
l’
amour-passion. Par bonheur, il se trouve que Musil a décrit cette disp
2330
e disposition para-mystique dans un langage plein
de
correspondances avec celui de mes analyses du Mythe, et d’une précisi
2331
ns un langage plein de correspondances avec celui
de
mes analyses du Mythe, et d’une précision si constante qu’elle me per
2332
pondances avec celui de mes analyses du Mythe, et
d’
une précision si constante qu’elle me permettra, bien souvent, de subs
2333
si constante qu’elle me permettra, bien souvent,
de
substituer la citation au commentaire. Mais une chance plus bizarre v
2334
qu’elle me permettra, bien souvent, de substituer
la
citation au commentaire. Mais une chance plus bizarre vient servir mo
2335
t que Musil, non seulement touche à deux reprises
le
thème de l’amour passionné pour une enfant, mais surtout veut y voir
2336
il, non seulement touche à deux reprises le thème
de
l’amour passionné pour une enfant, mais surtout veut y voir une préfi
2337
non seulement touche à deux reprises le thème de
l’
amour passionné pour une enfant, mais surtout veut y voir une préfigur
2338
nfant, mais surtout veut y voir une préfiguration
de
l’amour interdit qui unira ses héros : Ulrich et Agathe, frère et sœu
2339
nt, mais surtout veut y voir une préfiguration de
l’
amour interdit qui unira ses héros : Ulrich et Agathe, frère et sœur.
2340
dmirable coïncidence, qu’il faut bien attribuer à
la
logique du Mythe, en l’absence de tout autre élément qui autorise la
2341
’il faut bien attribuer à la logique du Mythe, en
l’
absence de tout autre élément qui autorise la comparaison de deux œuvr
2342
ien attribuer à la logique du Mythe, en l’absence
de
tout autre élément qui autorise la comparaison de deux œuvres à ce po
2343
, en l’absence de tout autre élément qui autorise
la
comparaison de deux œuvres à ce point inégales par le climat et l’amb
2344
de tout autre élément qui autorise la comparaison
de
deux œuvres à ce point inégales par le climat et l’ambition. Ulrich v
2345
omparaison de deux œuvres à ce point inégales par
le
climat et l’ambition. Ulrich von X converse avec sa sœur Agathe, dont
2346
deux œuvres à ce point inégales par le climat et
l’
ambition. Ulrich von X converse avec sa sœur Agathe, dont il sent qu’i
2347
vec sa sœur Agathe, dont il sent qu’il commence à
l’
aimer, et lui raconte, sans trop savoir pourquoi, ce souvenir : « C’ét
2348
monta, elle avait peut-être 12 ans, en compagnie
d’
un père très jeune ou frère aîné. Sa façon d’entrer, de s’asseoir, de
2349
gnie d’un père très jeune ou frère aîné. Sa façon
d’
entrer, de s’asseoir, de tendre négligemment au contrôleur l’argent de
2350
père très jeune ou frère aîné. Sa façon d’entrer,
de
s’asseoir, de tendre négligemment au contrôleur l’argent de deux parc
2351
e ou frère aîné. Sa façon d’entrer, de s’asseoir,
de
tendre négligemment au contrôleur l’argent de deux parcours, c’était
2352
e s’asseoir, de tendre négligemment au contrôleur
l’
argent de deux parcours, c’était déjà une dame, mais sans trace d’affe
2353
ir, de tendre négligemment au contrôleur l’argent
de
deux parcours, c’était déjà une dame, mais sans trace d’affectation p
2354
parcours, c’était déjà une dame, mais sans trace
d’
affectation puérile… Elle était merveilleusement belle : brune, des lè
2355
rveilleusement belle : brune, des lèvres pleines,
de
forts sourcils, un nez légèrement retroussé : une Polonaise noiraude
2356
olonaise noiraude peut-être, ou une Slave du Sud…
D’
une pareille apparition, on peut tomber passionnément, mortellement am
2357
nnément, mortellement amoureux, sans que s’y mêle
la
moindre convoitise. Je me souviens d’avoir regardé timidement les aut
2358
ue s’y mêle la moindre convoitise. Je me souviens
d’
avoir regardé timidement les autres voyageurs, parce que j’avais l’imp
2359
oitise. Je me souviens d’avoir regardé timidement
les
autres voyageurs, parce que j’avais l’impression que tout le monde m’
2360
imidement les autres voyageurs, parce que j’avais
l’
impression que tout le monde m’avait fui. Puis je suis descendu derriè
2361
monde m’avait fui. Puis je suis descendu derrière
la
fillette, et je l’ai perdue dans la foule… — Comment accordes-tu cela
2362
Puis je suis descendu derrière la fillette, et je
l’
ai perdue dans la foule… — Comment accordes-tu cela, dit Agathe, avec
2363
endu derrière la fillette, et je l’ai perdue dans
la
foule… — Comment accordes-tu cela, dit Agathe, avec le fait que l’amo
2364
ule… — Comment accordes-tu cela, dit Agathe, avec
le
fait que l’amour n’existe plus, que seules demeurent la sexualité et
2365
nt accordes-tu cela, dit Agathe, avec le fait que
l’
amour n’existe plus, que seules demeurent la sexualité et la camarader
2366
t que l’amour n’existe plus, que seules demeurent
la
sexualité et la camaraderie ? — Cela ne s’accorde pas du tout ! s’écr
2367
existe plus, que seules demeurent la sexualité et
la
camaraderie ? — Cela ne s’accorde pas du tout ! s’écria Ulrich en ria
2368
du tout ! s’écria Ulrich en riant. » On voit que
l’
amour-passion est seul en jeu, et que le seul exemple qu’en trouve le
2369
voit que l’amour-passion est seul en jeu, et que
le
seul exemple qu’en trouve le héros est celui de l’attrait « mortel »
2370
seul en jeu, et que le seul exemple qu’en trouve
le
héros est celui de l’attrait « mortel » pour une nymphet. Une autre f
2371
e le seul exemple qu’en trouve le héros est celui
de
l’attrait « mortel » pour une nymphet. Une autre fois, parlant encore
2372
e seul exemple qu’en trouve le héros est celui de
l’
attrait « mortel » pour une nymphet. Une autre fois, parlant encore av
2373
utre fois, parlant encore avec sa sœur des formes
de
l’amour « insaisissables » qui lui semblent d’ailleurs traduire « des
2374
e fois, parlant encore avec sa sœur des formes de
l’
amour « insaisissables » qui lui semblent d’ailleurs traduire « des re
2375
duire « des relations déficientes et tendues avec
le
monde », Ulrich conte de nouveau l’histoire de « la femme la plus mer
2376
tendues avec le monde », Ulrich conte de nouveau
l’
histoire de « la femme la plus merveilleuse qu’il eût croisée sur sa r
2377
ec le monde », Ulrich conte de nouveau l’histoire
de
« la femme la plus merveilleuse qu’il eût croisée sur sa route » : «
2378
monde », Ulrich conte de nouveau l’histoire de «
la
femme la plus merveilleuse qu’il eût croisée sur sa route » : « Elle
2379
Ulrich conte de nouveau l’histoire de « la femme
la
plus merveilleuse qu’il eût croisée sur sa route » : « Elle l’avait r
2380
illeuse qu’il eût croisée sur sa route » : « Elle
l’
avait ravi comme un poème d’amour écrit en secret, dont les allusions
2381
r sa route » : « Elle l’avait ravi comme un poème
d’
amour écrit en secret, dont les allusions sont chargées d’un bonheur e
2382
ravi comme un poème d’amour écrit en secret, dont
les
allusions sont chargées d’un bonheur encore inconnu… — N’est-il pas c
2383
écrit en secret, dont les allusions sont chargées
d’
un bonheur encore inconnu… — N’est-il pas contre nature de rapporter d
2384
heur encore inconnu… — N’est-il pas contre nature
de
rapporter de telles émotions à une enfant ? dit Agathe. — Seule une c
2385
nconnu… — N’est-il pas contre nature de rapporter
de
telles émotions à une enfant ? dit Agathe. — Seule une convoitise gro
2386
nt directe serait contre nature, répondit Ulrich.
L’
homme qui en serait capable engagerait la créature, désarmée et inache
2387
Ulrich. L’homme qui en serait capable engagerait
la
créature, désarmée et inachevée encore, dans des histoires pour quoi
2388
lle n’est pas faite. Il devrait faire abstraction
de
l’immaturité de ce corps et de cet esprit en formation, jouer sa pass
2389
n’est pas faite. Il devrait faire abstraction de
l’
immaturité de ce corps et de cet esprit en formation, jouer sa passion
2390
ite. Il devrait faire abstraction de l’immaturité
de
ce corps et de cet esprit en formation, jouer sa passion avec un part
2391
faire abstraction de l’immaturité de ce corps et
de
cet esprit en formation, jouer sa passion avec un partenaire muet et
2392
t et caché21… C’est une tout autre attitude, avec
de
tout autres suites ! » Et, comme il sent encore une sorte de réprobat
2393
res suites ! » Et, comme il sent encore une sorte
de
réprobation, jalouse peut-être, chez Agathe, il ajoute : « Si j’ai ra
2394
é cette histoire, c’est qu’elle est une préface à
l’
amour fraternel ! » Je renonce à souligner les mots révélateurs dans l
2395
ce à l’amour fraternel ! » Je renonce à souligner
les
mots révélateurs dans le contexte de notre analyse : tout y passerait
2396
Je renonce à souligner les mots révélateurs dans
le
contexte de notre analyse : tout y passerait ! Non seulement ces deux
2397
à souligner les mots révélateurs dans le contexte
de
notre analyse : tout y passerait ! Non seulement ces deux pages se tr
2398
es se trouvent préfigurer une critique pénétrante
de
Lolita, mais elles introduisent un dialogue qui mène au cœur du drame
2399
ntroduisent un dialogue qui mène au cœur du drame
de
la passion : L’amour fraternel ? demanda Agathe, comme si elle enten
2400
oduisent un dialogue qui mène au cœur du drame de
la
passion : L’amour fraternel ? demanda Agathe, comme si elle entendai
2401
alogue qui mène au cœur du drame de la passion :
L’
amour fraternel ? demanda Agathe, comme si elle entendait ce terme pou
2402
mière fois… Ulrich dit brusquement : — Celui dont
les
excitations les plus fortes sont liées à des expériences qui sont tou
2403
ch dit brusquement : — Celui dont les excitations
les
plus fortes sont liées à des expériences qui sont toutes d’une manièr
2404
rtes sont liées à des expériences qui sont toutes
d’
une manière ou d’une autre impossibles, refuse les expériences possibl
2405
des expériences qui sont toutes d’une manière ou
d’
une autre impossibles, refuse les expériences possibles ! Il se peut q
2406
d’une manière ou d’une autre impossibles, refuse
les
expériences possibles ! Il se peut que l’imagination soit une fuite d
2407
refuse les expériences possibles ! Il se peut que
l’
imagination soit une fuite devant la vie, un refuge pour la lâcheté et
2408
l se peut que l’imagination soit une fuite devant
la
vie, un refuge pour la lâcheté et une caverne de vices, comme beaucou
2409
tion soit une fuite devant la vie, un refuge pour
la
lâcheté et une caverne de vices, comme beaucoup le prétendent. Je cro
2410
la vie, un refuge pour la lâcheté et une caverne
de
vices, comme beaucoup le prétendent. Je crois que l’histoire de la pe
2411
a lâcheté et une caverne de vices, comme beaucoup
le
prétendent. Je crois que l’histoire de la petite fille, et tous les a
2412
vices, comme beaucoup le prétendent. Je crois que
l’
histoire de la petite fille, et tous les autres exemples dont nous avo
2413
e beaucoup le prétendent. Je crois que l’histoire
de
la petite fille, et tous les autres exemples dont nous avons parlé, l
2414
eaucoup le prétendent. Je crois que l’histoire de
la
petite fille, et tous les autres exemples dont nous avons parlé, loin
2415
crois que l’histoire de la petite fille, et tous
les
autres exemples dont nous avons parlé, loin de relever de la monstruo
2416
s exemples dont nous avons parlé, loin de relever
de
la monstruosité ou de la faiblesse, révèlent un refus du profane, une
2417
xemples dont nous avons parlé, loin de relever de
la
monstruosité ou de la faiblesse, révèlent un refus du profane, une in
2418
vons parlé, loin de relever de la monstruosité ou
de
la faiblesse, révèlent un refus du profane, une insubordination, un d
2419
s parlé, loin de relever de la monstruosité ou de
la
faiblesse, révèlent un refus du profane, une insubordination, un dési
2420
tion, un désir démesuré et démesurément passionné
d’
amour ! L’expérience impossible dans laquelle s’engage Ulrich se prés
2421
sir démesuré et démesurément passionné d’amour !
L’
expérience impossible dans laquelle s’engage Ulrich se présente d’abor
2422
e Ulrich se présente d’abord à sa méditation sous
la
forme d’un besoin d’amour « délivré des contre-courants et des aversi
2423
se présente d’abord à sa méditation sous la forme
d’
un besoin d’amour « délivré des contre-courants et des aversions socia
2424
d’abord à sa méditation sous la forme d’un besoin
d’
amour « délivré des contre-courants et des aversions sociales et sexue
2425
es aversions sociales et sexuelles » : Il rêvait
d’
une femme absolument inaccessible. Elle flottait devant ses yeux comme
2426
Elle flottait devant ses yeux comme ces journées
d’
arrière-automne à la montagne où l’air a quelque chose d’exsangue, d’a
2427
t ses yeux comme ces journées d’arrière-automne à
la
montagne où l’air a quelque chose d’exsangue, d’agonisant, tandis que
2428
e ces journées d’arrière-automne à la montagne où
l’
air a quelque chose d’exsangue, d’agonisant, tandis que les couleurs b
2429
re-automne à la montagne où l’air a quelque chose
d’
exsangue, d’agonisant, tandis que les couleurs brûlent à l’extrême de
2430
la montagne où l’air a quelque chose d’exsangue,
d’
agonisant, tandis que les couleurs brûlent à l’extrême de la passion.
2431
quelque chose d’exsangue, d’agonisant, tandis que
les
couleurs brûlent à l’extrême de la passion. À cette rêverie se mêle
2432
e, d’agonisant, tandis que les couleurs brûlent à
l’
extrême de la passion. À cette rêverie se mêle l’image de sa sœur Ag
2433
sant, tandis que les couleurs brûlent à l’extrême
de
la passion. À cette rêverie se mêle l’image de sa sœur Agathe, retr
2434
t, tandis que les couleurs brûlent à l’extrême de
la
passion. À cette rêverie se mêle l’image de sa sœur Agathe, retrouv
2435
’extrême de la passion. À cette rêverie se mêle
l’
image de sa sœur Agathe, retrouvée après de longues années, et qui, fu
2436
de la passion. À cette rêverie se mêle l’image
de
sa sœur Agathe, retrouvée après de longues années, et qui, fuyant son
2437
e mêle l’image de sa sœur Agathe, retrouvée après
de
longues années, et qui, fuyant son mari, vient habiter le petit hôtel
2438
es années, et qui, fuyant son mari, vient habiter
le
petit hôtel rococo qu’il possède au milieu d’un beau parc, dans Vienn
2439
d’un beau parc, dans Vienne. Souvent, même dans
les
années où Ulrich avait cherché sa voie seul et non sans insolence, le
2440
avait cherché sa voie seul et non sans insolence,
le
mot de sœur avait été chargé pour lui d’une nostalgie vague, bien qu’
2441
herché sa voie seul et non sans insolence, le mot
de
sœur avait été chargé pour lui d’une nostalgie vague, bien qu’il n’eû
2442
solence, le mot de sœur avait été chargé pour lui
d’
une nostalgie vague, bien qu’il n’eût jamais songé, alors, qu’il possé
2443
es phénomènes analogues sont fréquents. Dans plus
d’
une existence, la sœur imaginaire n’est que la forme juvénile, insaisi
2444
logues sont fréquents. Dans plus d’une existence,
la
sœur imaginaire n’est que la forme juvénile, insaisissable, d’un beso
2445
lus d’une existence, la sœur imaginaire n’est que
la
forme juvénile, insaisissable, d’un besoin d’amour qui, plus tard, le
2446
naire n’est que la forme juvénile, insaisissable,
d’
un besoin d’amour qui, plus tard, les rêves refroidis, se contentera d
2447
que la forme juvénile, insaisissable, d’un besoin
d’
amour qui, plus tard, les rêves refroidis, se contentera d’un oiseau,
2448
nsaisissable, d’un besoin d’amour qui, plus tard,
les
rêves refroidis, se contentera d’un oiseau, d’un animal quelconque, o
2449
ui, plus tard, les rêves refroidis, se contentera
d’
un oiseau, d’un animal quelconque, ou se tournera vers l’humanité et l
2450
, les rêves refroidis, se contentera d’un oiseau,
d’
un animal quelconque, ou se tournera vers l’humanité et le prochain.
2451
seau, d’un animal quelconque, ou se tournera vers
l’
humanité et le prochain. De Chateaubriand à d’Annunzio et à Thomas Ma
2452
mal quelconque, ou se tournera vers l’humanité et
le
prochain. De Chateaubriand à d’Annunzio et à Thomas Mann, en passant
2453
, ou se tournera vers l’humanité et le prochain.
De
Chateaubriand à d’Annunzio et à Thomas Mann, en passant par le romant
2454
rs l’humanité et le prochain. De Chateaubriand à
d’
Annunzio et à Thomas Mann, en passant par le romantisme allemand, fran
2455
and à d’Annunzio et à Thomas Mann, en passant par
le
romantisme allemand, français et anglais, on sait assez la fortune li
2456
isme allemand, français et anglais, on sait assez
la
fortune littéraire de cette forme d’amour interdit, dont il serait cu
2457
s et anglais, on sait assez la fortune littéraire
de
cette forme d’amour interdit, dont il serait curieux de chercher pour
2458
n sait assez la fortune littéraire de cette forme
d’
amour interdit, dont il serait curieux de chercher pourquoi l’époque o
2459
te forme d’amour interdit, dont il serait curieux
de
chercher pourquoi l’époque où se passe le roman de Musil — veille de
2460
rdit, dont il serait curieux de chercher pourquoi
l’
époque où se passe le roman de Musil — veille de la guerre de 1914 — c
2461
curieux de chercher pourquoi l’époque où se passe
le
roman de Musil — veille de la guerre de 1914 — connut peut-être les d
2462
e chercher pourquoi l’époque où se passe le roman
de
Musil — veille de la guerre de 1914 — connut peut-être les derniers p
2463
i l’époque où se passe le roman de Musil — veille
de
la guerre de 1914 — connut peut-être les derniers prestiges. La lente
2464
’époque où se passe le roman de Musil — veille de
la
guerre de 1914 — connut peut-être les derniers prestiges. La lente et
2465
se passe le roman de Musil — veille de la guerre
de
1914 — connut peut-être les derniers prestiges. La lente et fascinant
2466
— veille de la guerre de 1914 — connut peut-être
les
derniers prestiges. La lente et fascinante histoire de la prise de co
2467
e 1914 — connut peut-être les derniers prestiges.
La
lente et fascinante histoire de la prise de conscience, puis du choix
2468
rniers prestiges. La lente et fascinante histoire
de
la prise de conscience, puis du choix de cet amour, par deux êtres en
2469
ers prestiges. La lente et fascinante histoire de
la
prise de conscience, puis du choix de cet amour, par deux êtres en to
2470
histoire de la prise de conscience, puis du choix
de
cet amour, par deux êtres en tout point normaux, supérieurement intel
2471
rmaux, supérieurement intelligents, intégrés dans
la
vie sociale d’une capitale européenne mais irrités par son insignifia
2472
rement intelligents, intégrés dans la vie sociale
d’
une capitale européenne mais irrités par son insignifiance, remplit la
2473
par son insignifiance, remplit la seconde partie
de
ce vaste roman. La réserve savante des descriptions, l’humour impitoy
2474
nce, remplit la seconde partie de ce vaste roman.
La
réserve savante des descriptions, l’humour impitoyable des réflexions
2475
vaste roman. La réserve savante des descriptions,
l’
humour impitoyable des réflexions échangées par le frère et la sœur, l
2476
l’humour impitoyable des réflexions échangées par
le
frère et la sœur, la qualité de leurs exigences morales et de leurs n
2477
itoyable des réflexions échangées par le frère et
la
sœur, la qualité de leurs exigences morales et de leurs nostalgies sp
2478
des réflexions échangées par le frère et la sœur,
la
qualité de leurs exigences morales et de leurs nostalgies spirituelle
2479
ons échangées par le frère et la sœur, la qualité
de
leurs exigences morales et de leurs nostalgies spirituelles composent
2480
la sœur, la qualité de leurs exigences morales et
de
leurs nostalgies spirituelles composent un philtre d’une efficacité i
2481
eurs nostalgies spirituelles composent un philtre
d’
une efficacité inégalée dans la littérature contemporaine. Ce n’est pa
2482
mposent un philtre d’une efficacité inégalée dans
la
littérature contemporaine. Ce n’est pas René et ce n’est pas Byron, c
2483
st pas décadent ni scandaleux. S’agirait-il moins
d’
un inceste que des relations entre Animus et Anima, comme l’avancent d
2484
te que des relations entre Animus et Anima, comme
l’
avancent des commentateurs ? Il ne s’agit, pour moi, que de la passion
2485
t des commentateurs ? Il ne s’agit, pour moi, que
de
la passion, c’est-à-dire d’un secret fondamental de la psyché europée
2486
es commentateurs ? Il ne s’agit, pour moi, que de
la
passion, c’est-à-dire d’un secret fondamental de la psyché européenne
2487
s’agit, pour moi, que de la passion, c’est-à-dire
d’
un secret fondamental de la psyché européenne. L’inceste n’est ici que
2488
la passion, c’est-à-dire d’un secret fondamental
de
la psyché européenne. L’inceste n’est ici que la condition même de la
2489
passion, c’est-à-dire d’un secret fondamental de
la
psyché européenne. L’inceste n’est ici que la condition même de la «
2490
d’un secret fondamental de la psyché européenne.
L’
inceste n’est ici que la condition même de la « dernière histoire d’am
2491
de la psyché européenne. L’inceste n’est ici que
la
condition même de la « dernière histoire d’amour possible », et d’une
2492
péenne. L’inceste n’est ici que la condition même
de
la « dernière histoire d’amour possible », et d’une admirable analyse
2493
nne. L’inceste n’est ici que la condition même de
la
« dernière histoire d’amour possible », et d’une admirable analyse du
2494
i que la condition même de la « dernière histoire
d’
amour possible », et d’une admirable analyse du spectre spirituel de l
2495
de la « dernière histoire d’amour possible », et
d’
une admirable analyse du spectre spirituel de l’Occident. Voici la dia
2496
, et d’une admirable analyse du spectre spirituel
de
l’Occident. Voici la dialectique d’Éros et d’Agapè, la lutte entre l’
2497
t d’une admirable analyse du spectre spirituel de
l’
Occident. Voici la dialectique d’Éros et d’Agapè, la lutte entre l’éla
2498
analyse du spectre spirituel de l’Occident. Voici
la
dialectique d’Éros et d’Agapè, la lutte entre l’élan qui porte l’homm
2499
tre spirituel de l’Occident. Voici la dialectique
d’
Éros et d’Agapè, la lutte entre l’élan qui porte l’homme vers l’ange,
2500
uel de l’Occident. Voici la dialectique d’Éros et
d’
Agapè, la lutte entre l’élan qui porte l’homme vers l’ange, et le devo
2501
Occident. Voici la dialectique d’Éros et d’Agapè,
la
lutte entre l’élan qui porte l’homme vers l’ange, et le devoir d’aime
2502
la dialectique d’Éros et d’Agapè, la lutte entre
l’
élan qui porte l’homme vers l’ange, et le devoir d’aimer les autres, f
2503
’Éros et d’Agapè, la lutte entre l’élan qui porte
l’
homme vers l’ange, et le devoir d’aimer les autres, fondement de toute
2504
apè, la lutte entre l’élan qui porte l’homme vers
l’
ange, et le devoir d’aimer les autres, fondement de toute société. « A
2505
te entre l’élan qui porte l’homme vers l’ange, et
le
devoir d’aimer les autres, fondement de toute société. « Avec une obj
2506
’élan qui porte l’homme vers l’ange, et le devoir
d’
aimer les autres, fondement de toute société. « Avec une objectivité r
2507
i porte l’homme vers l’ange, et le devoir d’aimer
les
autres, fondement de toute société. « Avec une objectivité relative,
2508
’ange, et le devoir d’aimer les autres, fondement
de
toute société. « Avec une objectivité relative, il s’avoua que les re
2509
. « Avec une objectivité relative, il s’avoua que
les
relations entre Agathe et lui avaient comporté dès le début une bonne
2510
elations entre Agathe et lui avaient comporté dès
le
début une bonne dose d’aversion pour la société… » Et Musil, dans une
2511
lui avaient comporté dès le début une bonne dose
d’
aversion pour la société… » Et Musil, dans une note pour l’un des chap
2512
porté dès le début une bonne dose d’aversion pour
la
société… » Et Musil, dans une note pour l’un des chapitres non termin
2513
e pour l’un des chapitres non terminés, ajoute :
L’
homme qui tend à Dieu, selon Adler, est celui qui est privé de sens co
2514
tend à Dieu, selon Adler, est celui qui est privé
de
sens communautaire — selon Schleiermacher, celui qui est indifférent
2515
selon Schleiermacher, celui qui est indifférent à
la
morale… Je dois t’aimer (pense Agathe) parce que je ne puis aimer les
2516
t’aimer (pense Agathe) parce que je ne puis aimer
les
autres. Dieu et l’antisocial. Dès le début, son amour pour Ulrich a m
2517
e) parce que je ne puis aimer les autres. Dieu et
l’
antisocial. Dès le début, son amour pour Ulrich a mobilisé son hostili
2518
puis aimer les autres. Dieu et l’antisocial. Dès
le
début, son amour pour Ulrich a mobilisé son hostilité à l’égard du mo
2519
ich a mobilisé son hostilité à l’égard du monde.
Le
moment négateur du monde et du social, inhérent à toute vraie passion
2520
ent brûler. Et ils croient découvrir, aux époques
les
plus différentes, que c’est l’état présent de la société qui condamne
2521
vrir, aux époques les plus différentes, que c’est
l’
état présent de la société qui condamne la passion et rabat au mariage
2522
es les plus différentes, que c’est l’état présent
de
la société qui condamne la passion et rabat au mariage. Notre temps,
2523
les plus différentes, que c’est l’état présent de
la
société qui condamne la passion et rabat au mariage. Notre temps, qu
2524
e c’est l’état présent de la société qui condamne
la
passion et rabat au mariage. Notre temps, qui a probablement perdu l
2525
u mariage. Notre temps, qui a probablement perdu
la
notion de passion amoureuse, parce que celle-ci est plus religieuse q
2526
Notre temps, qui a probablement perdu la notion
de
passion amoureuse, parce que celle-ci est plus religieuse que sexuell
2527
-ci est plus religieuse que sexuelle, juge puéril
de
se préoccuper encore d’amour, mais voue tous ses efforts au mariage,
2528
que sexuelle, juge puéril de se préoccuper encore
d’
amour, mais voue tous ses efforts au mariage, dont il analyse le proce
2529
voue tous ses efforts au mariage, dont il analyse
le
processus naturel avec une méticuleuse vigueur. Déjà alors étaient pa
2530
iculeuse vigueur. Déjà alors étaient parus nombre
de
ces livres qui parlent, avec la candeur loyale d’un maître de gymnast
2531
ient parus nombre de ces livres qui parlent, avec
la
candeur loyale d’un maître de gymnastique, des « révolutions de la vi
2532
de ces livres qui parlent, avec la candeur loyale
d’
un maître de gymnastique, des « révolutions de la vie sexuelle », et v
2533
s qui parlent, avec la candeur loyale d’un maître
de
gymnastique, des « révolutions de la vie sexuelle », et veulent aider
2534
ale d’un maître de gymnastique, des « révolutions
de
la vie sexuelle », et veulent aider les hommes à être mariés, et néan
2535
d’un maître de gymnastique, des « révolutions de
la
vie sexuelle », et veulent aider les hommes à être mariés, et néanmoi
2536
évolutions de la vie sexuelle », et veulent aider
les
hommes à être mariés, et néanmoins contents. L’homme et la femme n’y
2537
les hommes à être mariés, et néanmoins contents.
L’
homme et la femme n’y sont plus que « porteurs de germe mâle ou femell
2538
à être mariés, et néanmoins contents. L’homme et
la
femme n’y sont plus que « porteurs de germe mâle ou femelle » ou enco
2539
L’homme et la femme n’y sont plus que « porteurs
de
germe mâle ou femelle » ou encore « partenaires sexuels » et l’on bap
2540
ou femelle » ou encore « partenaires sexuels » et
l’
on baptise « problème sexuel » l’ennui qu’il s’agit de bannir de leurs
2541
res sexuels » et l’on baptise « problème sexuel »
l’
ennui qu’il s’agit de bannir de leurs rapports par toute espèce de var
2542
baptise « problème sexuel » l’ennui qu’il s’agit
de
bannir de leurs rapports par toute espèce de variantes physiques ou p
2543
problème sexuel » l’ennui qu’il s’agit de bannir
de
leurs rapports par toute espèce de variantes physiques ou psychiques.
2544
agit de bannir de leurs rapports par toute espèce
de
variantes physiques ou psychiques. Mais le besoin de passion, rencon
2545
spèce de variantes physiques ou psychiques. Mais
le
besoin de passion, rencontrant l’interdit, qui est l’antisocial par e
2546
ariantes physiques ou psychiques. Mais le besoin
de
passion, rencontrant l’interdit, qui est l’antisocial par excellence,
2547
ychiques. Mais le besoin de passion, rencontrant
l’
interdit, qui est l’antisocial par excellence, projette immédiatement
2548
esoin de passion, rencontrant l’interdit, qui est
l’
antisocial par excellence, projette immédiatement sur lui sa nostalgie
2549
ence, projette immédiatement sur lui sa nostalgie
d’
un désir infini, quitte à nommer destin cette projection. C’est alors
2550
tte à nommer destin cette projection. C’est alors
la
dialectique de la pure passion tristanienne qui prend son essor : thè
2551
stin cette projection. C’est alors la dialectique
de
la pure passion tristanienne qui prend son essor : thèmes du regard,
2552
n cette projection. C’est alors la dialectique de
la
pure passion tristanienne qui prend son essor : thèmes du regard, de
2553
stanienne qui prend son essor : thèmes du regard,
de
la tempête, et de l’épée de chasteté entre les corps : Lorsque leurs
2554
nienne qui prend son essor : thèmes du regard, de
la
tempête, et de l’épée de chasteté entre les corps : Lorsque leurs re
2555
d son essor : thèmes du regard, de la tempête, et
de
l’épée de chasteté entre les corps : Lorsque leurs regards se croisè
2556
on essor : thèmes du regard, de la tempête, et de
l’
épée de chasteté entre les corps : Lorsque leurs regards se croisèren
2557
r : thèmes du regard, de la tempête, et de l’épée
de
chasteté entre les corps : Lorsque leurs regards se croisèrent, il n
2558
rd, de la tempête, et de l’épée de chasteté entre
les
corps : Lorsque leurs regards se croisèrent, il n’y eut plus entre e
2559
rtitude : c’est que tout était décidé et que tous
les
interdits, maintenant, leur étaient indifférents… Chacune de leurs re
2560
s, maintenant, leur étaient indifférents… Chacune
de
leurs respirations leur publiait leur connivence ; ils subissaient, e
2561
subissaient, en bravant autrui, ce besoin commun
de
se délivrer enfin de la tristesse du désir, mais le subir avait déjà
2562
ant autrui, ce besoin commun de se délivrer enfin
de
la tristesse du désir, mais le subir avait déjà tant de douceur que l
2563
autrui, ce besoin commun de se délivrer enfin de
la
tristesse du désir, mais le subir avait déjà tant de douceur que les
2564
se délivrer enfin de la tristesse du désir, mais
le
subir avait déjà tant de douceur que les images de l’accomplissement
2565
sir, mais le subir avait déjà tant de douceur que
les
images de l’accomplissement étaient bien près de se détacher d’eux et
2566
e subir avait déjà tant de douceur que les images
de
l’accomplissement étaient bien près de se détacher d’eux et les uniss
2567
ubir avait déjà tant de douceur que les images de
l’
accomplissement étaient bien près de se détacher d’eux et les unissaie
2568
’accomplissement étaient bien près de se détacher
d’
eux et les unissaient déjà dans leur imagination, comme la tempête, de
2569
ssement étaient bien près de se détacher d’eux et
les
unissaient déjà dans leur imagination, comme la tempête, devant les v
2570
les unissaient déjà dans leur imagination, comme
la
tempête, devant les vagues, cravache un voile d’écume ; une exigence
2571
à dans leur imagination, comme la tempête, devant
les
vagues, cravache un voile d’écume ; une exigence plus forte encore le
2572
la tempête, devant les vagues, cravache un voile
d’
écume ; une exigence plus forte encore leur commandait le calme, et il
2573
; une exigence plus forte encore leur commandait
le
calme, et ils furent incapables de se toucher de nouveau. L’équivoqu
2574
eur commandait le calme, et ils furent incapables
de
se toucher de nouveau. L’équivoque essentielle entre l’amour projeté
2575
ils furent incapables de se toucher de nouveau.
L’
équivoque essentielle entre l’amour projeté sur l’autre et le refus de
2576
oucher de nouveau. L’équivoque essentielle entre
l’
amour projeté sur l’autre et le refus de la possession qui mettrait un
2577
essentielle entre l’amour projeté sur l’autre et
le
refus de la possession qui mettrait un terme au désir, explique le ch
2578
lle entre l’amour projeté sur l’autre et le refus
de
la possession qui mettrait un terme au désir, explique le choix d’un
2579
entre l’amour projeté sur l’autre et le refus de
la
possession qui mettrait un terme au désir, explique le choix d’un obj
2580
ssession qui mettrait un terme au désir, explique
le
choix d’un objet interdit, recréant sans cesse la distance nécessaire
2581
qui mettrait un terme au désir, explique le choix
d’
un objet interdit, recréant sans cesse la distance nécessaire à « l’am
2582
le choix d’un objet interdit, recréant sans cesse
la
distance nécessaire à « l’amour de loin » des troubadours. Mais quel
2583
t, recréant sans cesse la distance nécessaire à «
l’
amour de loin » des troubadours. Mais quel est ce désir ? Est-il désir
2584
ant sans cesse la distance nécessaire à « l’amour
de
loin » des troubadours. Mais quel est ce désir ? Est-il désir de l’au
2585
roubadours. Mais quel est ce désir ? Est-il désir
de
l’autre, ou seulement Désir en soi ? Les héros de Musil en parlent av
2586
-il désir de l’autre, ou seulement Désir en soi ?
Les
héros de Musil en parlent avec une sorte de lucidité toute goethéenne
2587
de l’autre, ou seulement Désir en soi ? Les héros
de
Musil en parlent avec une sorte de lucidité toute goethéenne, voire u
2588
oi ? Les héros de Musil en parlent avec une sorte
de
lucidité toute goethéenne, voire un peu didactique par endroit : Dir
2589
es bras, alors que ce qu’on aime réellement c’est
la
personne provoquée par la passion, cette idole barbare, qui n’est pas
2590
n aime réellement c’est la personne provoquée par
la
passion, cette idole barbare, qui n’est pas la même ! — À t’entendre,
2591
ar la passion, cette idole barbare, qui n’est pas
la
même ! — À t’entendre, dit Agathe, il faudrait croire qu’on n’aime pa
2592
e, il faudrait croire qu’on n’aime pas réellement
la
personne réelle et qu’on aime réellement une personne irréelle ? — Là
2593
aime réellement une personne irréelle ? — Là est
le
nœud de l’affaire : dans tous les rapports extérieurs, la personne ré
2594
ellement une personne irréelle ? — Là est le nœud
de
l’affaire : dans tous les rapports extérieurs, la personne réelle doi
2595
ement une personne irréelle ? — Là est le nœud de
l’
affaire : dans tous les rapports extérieurs, la personne réelle doit r
2596
éelle ? — Là est le nœud de l’affaire : dans tous
les
rapports extérieurs, la personne réelle doit représenter la personne
2597
de l’affaire : dans tous les rapports extérieurs,
la
personne réelle doit représenter la personne rêvée et même ne faire q
2598
s extérieurs, la personne réelle doit représenter
la
personne rêvée et même ne faire qu’un avec elle. D’où les innombrable
2599
personne rêvée et même ne faire qu’un avec elle.
D’
où les innombrables confusions qui donnent au naïf commerce de l’amour
2600
onne rêvée et même ne faire qu’un avec elle. D’où
les
innombrables confusions qui donnent au naïf commerce de l’amour un ca
2601
ombrables confusions qui donnent au naïf commerce
de
l’amour un caractère spectral si fascinant. C’est pourquoi les amant
2602
rables confusions qui donnent au naïf commerce de
l’
amour un caractère spectral si fascinant. C’est pourquoi les amants p
2603
caractère spectral si fascinant. C’est pourquoi
les
amants passionnés en viennent toujours à invoquer le mythe platonicie
2604
amants passionnés en viennent toujours à invoquer
le
mythe platonicien des deux moitiés de l’être qui se cherchent : Ce d
2605
à invoquer le mythe platonicien des deux moitiés
de
l’être qui se cherchent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui n
2606
invoquer le mythe platonicien des deux moitiés de
l’
être qui se cherchent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui nous
2607
ux moitiés de l’être qui se cherchent : Ce désir
d’
un double de l’autre sexe qui nous ressemble absolument tout en étant
2608
e l’être qui se cherchent : Ce désir d’un double
de
l’autre sexe qui nous ressemble absolument tout en étant un autre, d’
2609
nous ressemble absolument tout en étant un autre,
d’
une créature magique qui soit nous tout en possédant l’avantage, sur t
2610
créature magique qui soit nous tout en possédant
l’
avantage, sur toutes nos imaginations, d’une existence autonome… on en
2611
ossédant l’avantage, sur toutes nos imaginations,
d’
une existence autonome… on en retrouve des traces jusque dans les circ
2612
e autonome… on en retrouve des traces jusque dans
les
circonstances les plus banales de l’amour : dans l’attrait lié à tout
2613
retrouve des traces jusque dans les circonstances
les
plus banales de l’amour : dans l’attrait lié à tout changement, à tou
2614
es jusque dans les circonstances les plus banales
de
l’amour : dans l’attrait lié à tout changement, à tout travesti, comm
2615
jusque dans les circonstances les plus banales de
l’
amour : dans l’attrait lié à tout changement, à tout travesti, comme d
2616
circonstances les plus banales de l’amour : dans
l’
attrait lié à tout changement, à tout travesti, comme dans l’importanc
2617
ié à tout changement, à tout travesti, comme dans
l’
importance de l’unisson et de la répétition de soi dans l’autre… Les g
2618
ngement, à tout travesti, comme dans l’importance
de
l’unisson et de la répétition de soi dans l’autre… Les grandes, les i
2619
ment, à tout travesti, comme dans l’importance de
l’
unisson et de la répétition de soi dans l’autre… Les grandes, les impl
2620
travesti, comme dans l’importance de l’unisson et
de
la répétition de soi dans l’autre… Les grandes, les implacables passi
2621
vesti, comme dans l’importance de l’unisson et de
la
répétition de soi dans l’autre… Les grandes, les implacables passions
2622
ans l’importance de l’unisson et de la répétition
de
soi dans l’autre… Les grandes, les implacables passions amoureuses so
2623
’unisson et de la répétition de soi dans l’autre…
Les
grandes, les implacables passions amoureuses sont toutes liées au fai
2624
e la répétition de soi dans l’autre… Les grandes,
les
implacables passions amoureuses sont toutes liées au fait qu’un être
2625
s liées au fait qu’un être s’imagine voir son moi
le
plus secret l’épier derrière le rideau des yeux d’un autre. D’où l’i
2626
qu’un être s’imagine voir son moi le plus secret
l’
épier derrière le rideau des yeux d’un autre. D’où l’illusion que le
2627
gine voir son moi le plus secret l’épier derrière
le
rideau des yeux d’un autre. D’où l’illusion que le Moi s’abolit dans
2628
e plus secret l’épier derrière le rideau des yeux
d’
un autre. D’où l’illusion que le Moi s’abolit dans cette Nuit de l’in
2629
l’épier derrière le rideau des yeux d’un autre.
D’
où l’illusion que le Moi s’abolit dans cette Nuit de l’indistinction q
2630
ier derrière le rideau des yeux d’un autre. D’où
l’
illusion que le Moi s’abolit dans cette Nuit de l’indistinction que ch
2631
rideau des yeux d’un autre. D’où l’illusion que
le
Moi s’abolit dans cette Nuit de l’indistinction que chante le deuxièm
2632
où l’illusion que le Moi s’abolit dans cette Nuit
de
l’indistinction que chante le deuxième acte de Tristan : La nuit bri
2633
l’illusion que le Moi s’abolit dans cette Nuit de
l’
indistinction que chante le deuxième acte de Tristan : La nuit brilla
2634
it de l’indistinction que chante le deuxième acte
de
Tristan : La nuit brillante enferme en ses bras maternels toutes les
2635
inction que chante le deuxième acte de Tristan :
La
nuit brillante enferme en ses bras maternels toutes les contradiction
2636
it brillante enferme en ses bras maternels toutes
les
contradictions, et sur son cœur, il n’est plus de parole vraie ou fau
2637
es contradictions, et sur son cœur, il n’est plus
de
parole vraie ou fausse, chacune étant, hors de l’obscur, l’incomparab
2638
de parole vraie ou fausse, chacune étant, hors de
l’
obscur, l’incomparable naissance de l’esprit, celle que l’homme connaî
2639
vraie ou fausse, chacune étant, hors de l’obscur,
l’
incomparable naissance de l’esprit, celle que l’homme connaît dans l’i
2640
étant, hors de l’obscur, l’incomparable naissance
de
l’esprit, celle que l’homme connaît dans l’invention d’une pensée… Da
2641
nt, hors de l’obscur, l’incomparable naissance de
l’
esprit, celle que l’homme connaît dans l’invention d’une pensée… Dans
2642
, l’incomparable naissance de l’esprit, celle que
l’
homme connaît dans l’invention d’une pensée… Dans ces nuits-là, le Moi
2643
sance de l’esprit, celle que l’homme connaît dans
l’
invention d’une pensée… Dans ces nuits-là, le Moi ne retient rien en l
2644
sprit, celle que l’homme connaît dans l’invention
d’
une pensée… Dans ces nuits-là, le Moi ne retient rien en lui-même… le
2645
dans l’invention d’une pensée… Dans ces nuits-là,
le
Moi ne retient rien en lui-même… le Soi-même exalté rayonne dans un o
2646
ces nuits-là, le Moi ne retient rien en lui-même…
le
Soi-même exalté rayonne dans un oubli infini de soi-même… » Mais Agat
2647
… le Soi-même exalté rayonne dans un oubli infini
de
soi-même… » Mais Agathe dit un peu plus tard : « Pourquoi ne connais-
2648
qui, au dernier moment, nous sépare ? Mais ici,
le
roman de Musil s’engage dans deux voies divergentes : il nous en rest
2649
dernier moment, nous sépare ? Mais ici, le roman
de
Musil s’engage dans deux voies divergentes : il nous en reste des fra
2650
ement poussés, inconciliables. Première version :
le
frère et la sœur cèdent à leur amour, réfugiés sans passeports dans u
2651
s, inconciliables. Première version : le frère et
la
sœur cèdent à leur amour, réfugiés sans passeports dans une île de l’
2652
ns passeports dans une île de l’Adriatique. Notes
de
Musil, pour un chapitre intitulé Le Voyage au Paradis : C’est notre
2653
atique. Notes de Musil, pour un chapitre intitulé
Le
Voyage au Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons-nous ce qu
2654
est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant
d’
avoir fait une tentative extrême. Le monde est fugace, fluide : fais c
2655
ons pas avant d’avoir fait une tentative extrême.
Le
monde est fugace, fluide : fais ce que veux… Un homme ne va jamais si
2656
enant sur un haut balcon, entrelacés et enlacés à
l’
indicible comme deux amants qui, l’instant d’après, se précipiteront d
2657
s et enlacés à l’indicible comme deux amants qui,
l’
instant d’après, se précipiteront dans le vide. Ils se précipitèrent.
2658
nts qui, l’instant d’après, se précipiteront dans
le
vide. Ils se précipitèrent. Et le vide les porta. L’instant demeura i
2659
cipiteront dans le vide. Ils se précipitèrent. Et
le
vide les porta. L’instant demeura immobile, sans monter ni descendre.
2660
nt dans le vide. Ils se précipitèrent. Et le vide
les
porta. L’instant demeura immobile, sans monter ni descendre. Agathe e
2661
vide. Ils se précipitèrent. Et le vide les porta.
L’
instant demeura immobile, sans monter ni descendre. Agathe et Ulrich r
2662
nt un bonheur dont ils ne savaient pas si c’était
de
la tristesse ; seule la conviction d’être élus pour vivre l’exception
2663
un bonheur dont ils ne savaient pas si c’était de
la
tristesse ; seule la conviction d’être élus pour vivre l’exceptionnel
2664
e savaient pas si c’était de la tristesse ; seule
la
conviction d’être élus pour vivre l’exceptionnel retint leurs larmes…
2665
si c’était de la tristesse ; seule la conviction
d’
être élus pour vivre l’exceptionnel retint leurs larmes… Avec les form
2666
esse ; seule la conviction d’être élus pour vivre
l’
exceptionnel retint leurs larmes… Avec les formes limitatives s’étaien
2667
ur vivre l’exceptionnel retint leurs larmes… Avec
les
formes limitatives s’étaient perdues toutes les limites et, comme ils
2668
c les formes limitatives s’étaient perdues toutes
les
limites et, comme ils ne percevaient plus aucune séparation, ni en eu
2669
evaient plus aucune séparation, ni en eux ni dans
les
choses, ils ne formaient plus qu’un seul être. Mais cet accomplissem
2670
s qu’un seul être. Mais cet accomplissement dans
l’
Ile, symbolique de l’abolition du social, dévoile l’échec fondamental
2671
Mais cet accomplissement dans l’Ile, symbolique
de
l’abolition du social, dévoile l’échec fondamental de toute passion :
2672
ais cet accomplissement dans l’Ile, symbolique de
l’
abolition du social, dévoile l’échec fondamental de toute passion : E
2673
Ile, symbolique de l’abolition du social, dévoile
l’
échec fondamental de toute passion : Entre deux êtres isolés, il n’y
2674
’abolition du social, dévoile l’échec fondamental
de
toute passion : Entre deux êtres isolés, il n’y a pas d’amour possib
2675
passion : Entre deux êtres isolés, il n’y a pas
d’
amour possible » reconnaît Ulrich. « Un amour peut naître par défi, il
2676
amour peut naître par défi, il ne peut être fait
de
défi. Il faut qu’il soit inséré dans une société. Il n’est pas un con
2677
inséré dans une société. Il n’est pas un contenu
de
vie, mais une négation, une exception faite à tous les contenus de vi
2678
ie, mais une négation, une exception faite à tous
les
contenus de vie. Or il faut à une exception quelque chose dont elle s
2679
négation, une exception faite à tous les contenus
de
vie. Or il faut à une exception quelque chose dont elle soit l’except
2680
faut à une exception quelque chose dont elle soit
l’
exception. On ne peut vivre d’une négation pure. Sous une forme intel
2681
hose dont elle soit l’exception. On ne peut vivre
d’
une négation pure. Sous une forme intellectualisée — il s’agit de sim
2682
ure. Sous une forme intellectualisée — il s’agit
de
simples notes pour une suite à écrire — Musil transpose ici l’épisode
2683
tes pour une suite à écrire — Musil transpose ici
l’
épisode des amants légendaires bannis dans la forêt du Morois : le phi
2684
ici l’épisode des amants légendaires bannis dans
la
forêt du Morois : le philtre ayant cessé d’agir après trois ans, ils
2685
ants légendaires bannis dans la forêt du Morois :
le
philtre ayant cessé d’agir après trois ans, ils découvrent que le mon
2686
dans la forêt du Morois : le philtre ayant cessé
d’
agir après trois ans, ils découvrent que le monde existe encore et les
2687
cessé d’agir après trois ans, ils découvrent que
le
monde existe encore et les appelle… « Deh ! dit Tristan, quelle dépar
2688
ans, ils découvrent que le monde existe encore et
les
appelle… « Deh ! dit Tristan, quelle départie ! ». Mais il y a plus.
2689
t Tristan, quelle départie ! ». Mais il y a plus.
La
lucidité de Musil s’attaque ici à la formule même du Roman et la détr
2690
uelle départie ! ». Mais il y a plus. La lucidité
de
Musil s’attaque ici à la formule même du Roman et la détruit. Si la p
2691
il y a plus. La lucidité de Musil s’attaque ici à
la
formule même du Roman et la détruit. Si la passion ne conduit pas à l
2692
Musil s’attaque ici à la formule même du Roman et
la
détruit. Si la passion ne conduit pas à la mort, si le Jour peut repr
2693
ici à la formule même du Roman et la détruit. Si
la
passion ne conduit pas à la mort, si le Jour peut reprendre ses droit
2694
man et la détruit. Si la passion ne conduit pas à
la
mort, si le Jour peut reprendre ses droits, l’expérience de l’amour i
2695
truit. Si la passion ne conduit pas à la mort, si
le
Jour peut reprendre ses droits, l’expérience de l’amour interdit écho
2696
à la mort, si le Jour peut reprendre ses droits,
l’
expérience de l’amour interdit échoue dans la réalité, et le Roman dan
2697
i le Jour peut reprendre ses droits, l’expérience
de
l’amour interdit échoue dans la réalité, et le Roman dans l’analyse p
2698
e Jour peut reprendre ses droits, l’expérience de
l’
amour interdit échoue dans la réalité, et le Roman dans l’analyse psyc
2699
its, l’expérience de l’amour interdit échoue dans
la
réalité, et le Roman dans l’analyse psychologique la plus banale et d
2700
ce de l’amour interdit échoue dans la réalité, et
le
Roman dans l’analyse psychologique la plus banale et déprimante. C’es
2701
interdit échoue dans la réalité, et le Roman dans
l’
analyse psychologique la plus banale et déprimante. C’est pourquoi Mus
2702
réalité, et le Roman dans l’analyse psychologique
la
plus banale et déprimante. C’est pourquoi Musil semble bien avoir éca
2703
semble bien avoir écarté cette fin-là, conforme à
la
logique du Mythe, pour s’engager dans la voie difficile d’une recherc
2704
nforme à la logique du Mythe, pour s’engager dans
la
voie difficile d’une recherche de l’amour mystique : c’est ce qu’il n
2705
e du Mythe, pour s’engager dans la voie difficile
d’
une recherche de l’amour mystique : c’est ce qu’il nomme le règne mill
2706
s’engager dans la voie difficile d’une recherche
de
l’amour mystique : c’est ce qu’il nomme le règne millénaire ou l’acce
2707
engager dans la voie difficile d’une recherche de
l’
amour mystique : c’est ce qu’il nomme le règne millénaire ou l’accessi
2708
herche de l’amour mystique : c’est ce qu’il nomme
le
règne millénaire ou l’accession à l’« autre vie », à l’état d’amour p
2709
que : c’est ce qu’il nomme le règne millénaire ou
l’
accession à l’« autre vie », à l’état d’amour pur, à l’extase d’un amo
2710
qu’il nomme le règne millénaire ou l’accession à
l’
« autre vie », à l’état d’amour pur, à l’extase d’un amour non plus ég
2711
ne millénaire ou l’accession à l’« autre vie », à
l’
état d’amour pur, à l’extase d’un amour non plus égocentrique, mais bi
2712
énaire ou l’accession à l’« autre vie », à l’état
d’
amour pur, à l’extase d’un amour non plus égocentrique, mais bien allo
2713
ession à l’« autre vie », à l’état d’amour pur, à
l’
extase d’un amour non plus égocentrique, mais bien allocentrique : « N
2714
l’« autre vie », à l’état d’amour pur, à l’extase
d’
un amour non plus égocentrique, mais bien allocentrique : « N’avoir pl
2715
ntrique, mais bien allocentrique : « N’avoir plus
de
centre du tout, participer au monde sans réserve, sans rien garder po
2716
ien garder pour soi, au sommet, cesser simplement
d’
être. » Cette attitude, qui rejoint le détachement bouddhique, mais qu
2717
simplement d’être. » Cette attitude, qui rejoint
le
détachement bouddhique, mais qui pourrait aussi manifester la rédempt
2718
nt bouddhique, mais qui pourrait aussi manifester
la
rédemption de la passion par l’amour vrai, est décrite au somptueux c
2719
mais qui pourrait aussi manifester la rédemption
de
la passion par l’amour vrai, est décrite au somptueux chapitre intitu
2720
is qui pourrait aussi manifester la rédemption de
la
passion par l’amour vrai, est décrite au somptueux chapitre intitulé
2721
aussi manifester la rédemption de la passion par
l’
amour vrai, est décrite au somptueux chapitre intitulé Souffles d’un j
2722
t décrite au somptueux chapitre intitulé Souffles
d’
un jour d’été. Il ne s’y passe rien qu’une longue conversation entre l
2723
au somptueux chapitre intitulé Souffles d’un jour
d’
été. Il ne s’y passe rien qu’une longue conversation entre le frère et
2724
e s’y passe rien qu’une longue conversation entre
le
frère et la sœur qui s’aiment, dans leur jardin où choit sans fin du
2725
rien qu’une longue conversation entre le frère et
la
sœur qui s’aiment, dans leur jardin où choit sans fin du haut des arb
2726
r jardin où choit sans fin du haut des arbres sur
le
vert assombri des pelouses le fleuve silencieux d’une neige de fleurs
2727
haut des arbres sur le vert assombri des pelouses
le
fleuve silencieux d’une neige de fleurs. À ce point, la passion fait
2728
e vert assombri des pelouses le fleuve silencieux
d’
une neige de fleurs. À ce point, la passion fait place à la présence,
2729
bri des pelouses le fleuve silencieux d’une neige
de
fleurs. À ce point, la passion fait place à la présence, la souffranc
2730
uve silencieux d’une neige de fleurs. À ce point,
la
passion fait place à la présence, la souffrance du désir à l’extase p
2731
ge de fleurs. À ce point, la passion fait place à
la
présence, la souffrance du désir à l’extase partagée — mais aussi le
2732
À ce point, la passion fait place à la présence,
la
souffrance du désir à l’extase partagée — mais aussi le roman au poèm
2733
ait place à la présence, la souffrance du désir à
l’
extase partagée — mais aussi le roman au poème. Quelques instants avan
2734
ffrance du désir à l’extase partagée — mais aussi
le
roman au poème. Quelques instants avant sa mort, Musil travaillait à
2735
llait à ce chapitre, qui eût été, selon certains,
le
couronnement de l’œuvre. Ainsi le Jardin clos de la présence mystique
2736
tre, qui eût été, selon certains, le couronnement
de
l’œuvre. Ainsi le Jardin clos de la présence mystique eût pris la pla
2737
, qui eût été, selon certains, le couronnement de
l’
œuvre. Ainsi le Jardin clos de la présence mystique eût pris la place
2738
selon certains, le couronnement de l’œuvre. Ainsi
le
Jardin clos de la présence mystique eût pris la place de l’Ile de la
2739
le couronnement de l’œuvre. Ainsi le Jardin clos
de
la présence mystique eût pris la place de l’Ile de la passion mortell
2740
couronnement de l’œuvre. Ainsi le Jardin clos de
la
présence mystique eût pris la place de l’Ile de la passion mortelle.
2741
i le Jardin clos de la présence mystique eût pris
la
place de l’Ile de la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de l’a
2742
in clos de la présence mystique eût pris la place
de
l’Ile de la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de l’ancienne é
2743
clos de la présence mystique eût pris la place de
l’
Ile de la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de l’ancienne ébau
2744
e la présence mystique eût pris la place de l’Ile
de
la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de l’ancienne ébauche fû
2745
a présence mystique eût pris la place de l’Ile de
la
passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de l’ancienne ébauche fût d
2746
pris la place de l’Ile de la passion mortelle. Et
le
Voyage au Paradis de l’ancienne ébauche fût devenu le « Voyage vers D
2747
e de la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis
de
l’ancienne ébauche fût devenu le « Voyage vers Dieu » auquel font all
2748
e la passion mortelle. Et le Voyage au Paradis de
l’
ancienne ébauche fût devenu le « Voyage vers Dieu » auquel font allusi
2749
oyage au Paradis de l’ancienne ébauche fût devenu
le
« Voyage vers Dieu » auquel font allusion plusieurs notes pour le liv
2750
Dieu » auquel font allusion plusieurs notes pour
le
livre. Au terme d’un périple romanesque où tous les thèmes constants
2751
allusion plusieurs notes pour le livre. Au terme
d’
un périple romanesque où tous les thèmes constants de la passion sont
2752
e livre. Au terme d’un périple romanesque où tous
les
thèmes constants de la passion sont apparus et ont grandi l’un après
2753
n périple romanesque où tous les thèmes constants
de
la passion sont apparus et ont grandi l’un après l’autre, pour s’évan
2754
ériple romanesque où tous les thèmes constants de
la
passion sont apparus et ont grandi l’un après l’autre, pour s’évanoui
2755
e comme des îles dépassées, ce Jardin clos serait
l’
Ithaque d’une moderne Odyssée spirituelle. Mais cette présence heureus
2756
s îles dépassées, ce Jardin clos serait l’Ithaque
d’
une moderne Odyssée spirituelle. Mais cette présence heureuse dans l’a
2757
ée spirituelle. Mais cette présence heureuse dans
l’
amour partagé n’évoque-t-elle pas aussi un mystère plus prochain, une
2758
si un mystère plus prochain, une autre rédemption
de
l’éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant de l’amour sororal n’aurait
2759
un mystère plus prochain, une autre rédemption de
l’
éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant de l’amour sororal n’aurait-il
2760
plus prochain, une autre rédemption de l’éros par
l’
Agapè ? L’interdit fascinant de l’amour sororal n’aurait-il pas été le
2761
ain, une autre rédemption de l’éros par l’Agapè ?
L’
interdit fascinant de l’amour sororal n’aurait-il pas été le travesti
2762
tion de l’éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant
de
l’amour sororal n’aurait-il pas été le travesti — tout à fait inconsc
2763
n de l’éros par l’Agapè ? L’interdit fascinant de
l’
amour sororal n’aurait-il pas été le travesti — tout à fait inconscien
2764
fascinant de l’amour sororal n’aurait-il pas été
le
travesti — tout à fait inconscient, j’en suis sûr — d’un amour trop r
2765
avesti — tout à fait inconscient, j’en suis sûr —
d’
un amour trop réel pour oser dire son nom dans un roman ? L’amour heur
2766
trop réel pour oser dire son nom dans un roman ?
L’
amour heureux n’a pas d’histoire, chacun sait cela depuis qu’on écrit
2767
e son nom dans un roman ? L’amour heureux n’a pas
d’
histoire, chacun sait cela depuis qu’on écrit des romans et qui passio
2768
ent. Mais cette convention littéraire, condamnant
le
mariage accompli, n’est-elle pas un tabou bien autrement redoutable,
2769
s un tabou bien autrement redoutable, aux yeux de
l’
écrivain et du lecteur, que toute espèce d’inceste ou de passion maudi
2770
eux de l’écrivain et du lecteur, que toute espèce
d’
inceste ou de passion maudite ? L’érotique du mariage est une terre in
2771
vain et du lecteur, que toute espèce d’inceste ou
de
passion maudite ? L’érotique du mariage est une terre inconnue pour l
2772
ue toute espèce d’inceste ou de passion maudite ?
L’
érotique du mariage est une terre inconnue pour la littérature occiden
2773
L’érotique du mariage est une terre inconnue pour
la
littérature occidentale. Il se peut que Musil, à son insu, l’ait appr
2774
re occidentale. Il se peut que Musil, à son insu,
l’
ait approchée plus que nul autre. Je signale au génie de demain ce pré
2775
approchée plus que nul autre. Je signale au génie
de
demain ce précurseur considérable, que sa lucidité a seule retenu d’a
2776
seur considérable, que sa lucidité a seule retenu
d’
achever l’un des plus beaux romans de l’Europe de naguère. IVLa pas
2777
seule retenu d’achever l’un des plus beaux romans
de
l’Europe de naguère. IVLa passion Boris Pasternak Il résulte d’
2778
le retenu d’achever l’un des plus beaux romans de
l’
Europe de naguère. IVLa passion Boris Pasternak Il résulte d’une
2779
d’achever l’un des plus beaux romans de l’Europe
de
naguère. IVLa passion Boris Pasternak Il résulte d’une enquête
2780
re. IVLa passion Boris Pasternak Il résulte
d’
une enquête récente, conduite dans le public américain, que les préfér
2781
Il résulte d’une enquête récente, conduite dans
le
public américain, que les préférences du grand nombre vont aux romans
2782
e récente, conduite dans le public américain, que
les
préférences du grand nombre vont aux romans écrits à la première pers
2783
que « chacun a vécus ou pourrait vivre », évitant
l’
exotisme, louant le way of life américain et confirmant sa morale opti
2784
s ou pourrait vivre », évitant l’exotisme, louant
le
way of life américain et confirmant sa morale optimiste. Tels étant l
2785
ain et confirmant sa morale optimiste. Tels étant
les
goûts du public, telles seraient donc, selon l’enquête, les condition
2786
les goûts du public, telles seraient donc, selon
l’
enquête, les conditions requises pour un succès de vente. En même temp
2787
du public, telles seraient donc, selon l’enquête,
les
conditions requises pour un succès de vente. En même temps paraissaie
2788
l’enquête, les conditions requises pour un succès
de
vente. En même temps paraissaient à New York deux romans écrits par d
2789
l’autre des sentiments et obsessions que bien peu
d’
hommes et moins encore de femmes ont pu vivre aux États-Unis ; l’un ra
2790
obsessions que bien peu d’hommes et moins encore
de
femmes ont pu vivre aux États-Unis ; l’un raillant cruellement le way
2791
vivre aux États-Unis ; l’un raillant cruellement
le
way of life américain, l’autre l’ignorant parfaitement ; tous les deu
2792
ant cruellement le way of life américain, l’autre
l’
ignorant parfaitement ; tous les deux s’achevant sur un échec tragique
2793
américain, l’autre l’ignorant parfaitement ; tous
les
deux s’achevant sur un échec tragique, et condamnant implicitement la
2794
ur un échec tragique, et condamnant implicitement
la
société qui écrase le personnage central. Or, dans la liste des best-
2795
et condamnant implicitement la société qui écrase
le
personnage central. Or, dans la liste des best-sellers américains, ce
2796
ociété qui écrase le personnage central. Or, dans
la
liste des best-sellers américains, ces deux romans se disputent depui
2797
leurs que cette fortune subite (réduisant à néant
les
dires d’experts) soit le seul trait commun aux deux ouvrages : elle m
2798
cette fortune subite (réduisant à néant les dires
d’
experts) soit le seul trait commun aux deux ouvrages : elle m’en paraî
2799
bite (réduisant à néant les dires d’experts) soit
le
seul trait commun aux deux ouvrages : elle m’en paraît d’autant plus
2800
trait commun aux deux ouvrages : elle m’en paraît
d’
autant plus surprenante. Je vois bien qu’on peut l’attribuer à des mot
2801
’autant plus surprenante. Je vois bien qu’on peut
l’
attribuer à des motifs accidentels et différents, scandale moral dans
2802
fs accidentels et différents, scandale moral dans
le
cas de Lolita, manifestation politique dans le cas du Docteur Jivago.
2803
dentels et différents, scandale moral dans le cas
de
Lolita, manifestation politique dans le cas du Docteur Jivago. Mais c
2804
ns le cas de Lolita, manifestation politique dans
le
cas du Docteur Jivago. Mais cela n’explique pas tout, même si c’est v
2805
t, même si c’est vrai, ce dont je doute. Pourquoi
l’
enquête est-elle muette sur ce qui fait depuis des siècles (depuis le
2806
muette sur ce qui fait depuis des siècles (depuis
le
xiie siècle exactement) qu’un roman soit vraiment un roman, et nous
2807
roman soit vraiment un roman, et nous passionne ?
Les
préférences qu’avoue le public interrogé devraient le porter, si l’on
2808
man, et nous passionne ? Les préférences qu’avoue
le
public interrogé devraient le porter, si l’on en croit l’enquête, ver
2809
références qu’avoue le public interrogé devraient
le
porter, si l’on en croit l’enquête, vers une version américaine du «
2810
avoue le public interrogé devraient le porter, si
l’
on en croit l’enquête, vers une version américaine du « réalisme socia
2811
c interrogé devraient le porter, si l’on en croit
l’
enquête, vers une version américaine du « réalisme socialiste », d’où
2812
ne version américaine du « réalisme socialiste »,
d’
où l’amour-passion est exclu. Or je vois triompher dans ce même public
2813
rsion américaine du « réalisme socialiste », d’où
l’
amour-passion est exclu. Or je vois triompher dans ce même public deux
2814
je vois triompher dans ce même public deux romans
de
l’amour-passion. Dira-t-on qu’il s’agit d’un refoulement ? Ou simplem
2815
vois triompher dans ce même public deux romans de
l’
amour-passion. Dira-t-on qu’il s’agit d’un refoulement ? Ou simplement
2816
romans de l’amour-passion. Dira-t-on qu’il s’agit
d’
un refoulement ? Ou simplement que les questions posées suggéraient de
2817
qu’il s’agit d’un refoulement ? Ou simplement que
les
questions posées suggéraient des réponses conformes aux préjugés du m
2818
ses conformes aux préjugés du magazine qui a fait
l’
enquête ? Ce qui est sûr, c’est que l’amour-passion demeure mal vu, ma
2819
qui a fait l’enquête ? Ce qui est sûr, c’est que
l’
amour-passion demeure mal vu, mais n’en fascine que mieux l’homme et l
2820
ssion demeure mal vu, mais n’en fascine que mieux
l’
homme et la femme du xxe siècle américain, nonobstant les progrès de
2821
re mal vu, mais n’en fascine que mieux l’homme et
la
femme du xxe siècle américain, nonobstant les progrès de l’éducation
2822
et la femme du xxe siècle américain, nonobstant
les
progrès de l’éducation sexuelle et la préparation rationnelle au mari
2823
du xxe siècle américain, nonobstant les progrès
de
l’éducation sexuelle et la préparation rationnelle au mariage dès les
2824
xxe siècle américain, nonobstant les progrès de
l’
éducation sexuelle et la préparation rationnelle au mariage dès les ba
2825
nonobstant les progrès de l’éducation sexuelle et
la
préparation rationnelle au mariage dès les bancs de l’école primaire.
2826
elle et la préparation rationnelle au mariage dès
les
bancs de l’école primaire. Cependant, l’attribution du prix Nobel aya
2827
préparation rationnelle au mariage dès les bancs
de
l’école primaire. Cependant, l’attribution du prix Nobel ayant fait d
2828
éparation rationnelle au mariage dès les bancs de
l’
école primaire. Cependant, l’attribution du prix Nobel ayant fait du D
2829
age dès les bancs de l’école primaire. Cependant,
l’
attribution du prix Nobel ayant fait du Docteur Jivago l’objet d’une p
2830
bution du prix Nobel ayant fait du Docteur Jivago
l’
objet d’une polémique mondiale où l’URSS et l’Ouest s’affrontent une f
2831
u prix Nobel ayant fait du Docteur Jivago l’objet
d’
une polémique mondiale où l’URSS et l’Ouest s’affrontent une fois de p
2832
octeur Jivago l’objet d’une polémique mondiale où
l’
URSS et l’Ouest s’affrontent une fois de plus, pour des raisons, d’ail
2833
ago l’objet d’une polémique mondiale où l’URSS et
l’
Ouest s’affrontent une fois de plus, pour des raisons, d’ailleurs, qui
2834
, d’ailleurs, qui ne sont pas dans ce livre, plus
d’
un lecteur sera sincèrement choqué de m’en voir parler comme d’un roma
2835
livre, plus d’un lecteur sera sincèrement choqué
de
m’en voir parler comme d’un roman d’amour. À vrai dire, ma thèse va p
2836
sera sincèrement choqué de m’en voir parler comme
d’
un roman d’amour. À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est « l’affai
2837
ement choqué de m’en voir parler comme d’un roman
d’
amour. À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est « l’affaire Pasterna
2838
our. À vrai dire, ma thèse va plus loin : c’est «
l’
affaire Pasternak » dans son ensemble, j’entends le drame entre l’aute
2839
’affaire Pasternak » dans son ensemble, j’entends
le
drame entre l’auteur, le peuple russe et le régime, drame préfiguré d
2840
nak » dans son ensemble, j’entends le drame entre
l’
auteur, le peuple russe et le régime, drame préfiguré dans le roman lu
2841
son ensemble, j’entends le drame entre l’auteur,
le
peuple russe et le régime, drame préfiguré dans le roman lui-même, qu
2842
tends le drame entre l’auteur, le peuple russe et
le
régime, drame préfiguré dans le roman lui-même, que j’interprète comm
2843
e peuple russe et le régime, drame préfiguré dans
le
roman lui-même, que j’interprète comme une affaire d’amour-passion. V
2844
oman lui-même, que j’interprète comme une affaire
d’
amour-passion. Voyons les faits. Pasternak écrit un énorme roman (dont
2845
erprète comme une affaire d’amour-passion. Voyons
les
faits. Pasternak écrit un énorme roman (dont une partie seulement ser
2846
dont une partie seulement sera publiée) décrivant
les
prodromes de la révolution russe, puis les luttes des années héroïque
2847
e seulement sera publiée) décrivant les prodromes
de
la révolution russe, puis les luttes des années héroïques, jusqu’à la
2848
eulement sera publiée) décrivant les prodromes de
la
révolution russe, puis les luttes des années héroïques, jusqu’à la NE
2849
rivant les prodromes de la révolution russe, puis
les
luttes des années héroïques, jusqu’à la NEP, tout cela sans prendre p
2850
se, puis les luttes des années héroïques, jusqu’à
la
NEP, tout cela sans prendre parti pour les vertus des Rouges contre l
2851
jusqu’à la NEP, tout cela sans prendre parti pour
les
vertus des Rouges contre les vices des Blancs. Il est normal que le r
2852
s prendre parti pour les vertus des Rouges contre
les
vices des Blancs. Il est normal que le régime, étant ce qu’il est, co
2853
es contre les vices des Blancs. Il est normal que
le
régime, étant ce qu’il est, condamne ce livre. Il est normal que le r
2854
e qu’il est, condamne ce livre. Il est normal que
le
roman condamné ne puisse paraître qu’en Europe. Il est normal que le
2855
e puisse paraître qu’en Europe. Il est normal que
le
jury du prix Nobel le couronne parce que c’est un beau livre et parce
2856
n Europe. Il est normal que le jury du prix Nobel
le
couronne parce que c’est un beau livre et parce que son auteur est re
2857
uteur est resté un homme libre. Il est normal que
l’
URSS, au lieu de l’interpréter comme un hommage rendu à son libéralism
2858
homme libre. Il est normal que l’URSS, au lieu de
l’
interpréter comme un hommage rendu à son libéralisme, voie dans ce ges
2859
este une offense à son autorité. Normal enfin que
le
syndicat des écrivains déguise en loyauté sa jalousie et rejette le g
2860
rivains déguise en loyauté sa jalousie et rejette
le
glorieux confrère en le couvrant d’insultes officielles. Dans le conc
2861
té sa jalousie et rejette le glorieux confrère en
le
couvrant d’insultes officielles. Dans le concert mondial qui s’ensuit
2862
ie et rejette le glorieux confrère en le couvrant
d’
insultes officielles. Dans le concert mondial qui s’ensuit, hommages e
2863
frère en le couvrant d’insultes officielles. Dans
le
concert mondial qui s’ensuit, hommages en Occident, outrages en URSS
2864
hommages en Occident, outrages en URSS et lettres
de
cosaques zaporogues au Kremlin, tout est scandaleusement normal, jusq
2865
est scandaleusement normal, jusque-là. Mais voici
l’
insolite : les autorités soviétiques ayant annoncé qu’elles ne mettrai
2866
sement normal, jusque-là. Mais voici l’insolite :
les
autorités soviétiques ayant annoncé qu’elles ne mettraient aucun obst
2867
é qu’elles ne mettraient aucun obstacle au départ
de
l’écrivain — ce qui laissait prévoir un décret d’expulsion — Boris Pa
2868
u’elles ne mettraient aucun obstacle au départ de
l’
écrivain — ce qui laissait prévoir un décret d’expulsion — Boris Paste
2869
de l’écrivain — ce qui laissait prévoir un décret
d’
expulsion — Boris Pasternak adresse au Maître de la Russie une lettre
2870
au Maître de la Russie une lettre pathétique dont
l’
essentiel tient en ces deux phrases : « Le départ hors des frontières
2871
ue dont l’essentiel tient en ces deux phrases : «
Le
départ hors des frontières de ma patrie équivaudrait pour moi à la mo
2872
es deux phrases : « Le départ hors des frontières
de
ma patrie équivaudrait pour moi à la mort, et c’est pourquoi je vous
2873
s frontières de ma patrie équivaudrait pour moi à
la
mort, et c’est pourquoi je vous supplie de ne pas prendre à mon égard
2874
moi à la mort, et c’est pourquoi je vous supplie
de
ne pas prendre à mon égard cette mesure extrême… J’insiste, la main s
2875
ndre à mon égard cette mesure extrême… J’insiste,
la
main sur le cœur, que j’ai contribué à la littérature soviétique et q
2876
gard cette mesure extrême… J’insiste, la main sur
le
cœur, que j’ai contribué à la littérature soviétique et que je puis e
2877
nsiste, la main sur le cœur, que j’ai contribué à
la
littérature soviétique et que je puis encore lui être utile. » Il a r
2878
que je puis encore lui être utile. » Il a refusé
le
Prix, il est prêt à renier ce qui déplaît au régime dans son livre, p
2879
ui déplaît au régime dans son livre, pourvu qu’on
le
laisse, lui, Pasternak, en communion avec son peuple. Comment compren
2880
peuple. Comment comprendre cette démarche, venant
d’
un homme qu’on ne peut soupçonner de lâcheté ? Le peuple russe condamn
2881
arche, venant d’un homme qu’on ne peut soupçonner
de
lâcheté ? Le peuple russe condamne Pasternak pour avoir mal parlé des
2882
d’un homme qu’on ne peut soupçonner de lâcheté ?
Le
peuple russe condamne Pasternak pour avoir mal parlé des commissaires
2883
avoir mal parlé des commissaires. Mais Pasternak
les
attaquait pour avoir trahi le peuple russe. Si maintenant il les appr
2884
es. Mais Pasternak les attaquait pour avoir trahi
le
peuple russe. Si maintenant il les approuve afin de rentrer dans la f
2885
our avoir trahi le peuple russe. Si maintenant il
les
approuve afin de rentrer dans la faveur publique, n’est-ce pas lui qu
2886
i maintenant il les approuve afin de rentrer dans
la
faveur publique, n’est-ce pas lui qui trahit le peuple ? Ce serait le
2887
s la faveur publique, n’est-ce pas lui qui trahit
le
peuple ? Ce serait le cas, en effet, si Le Docteur Jivago était un ac
2888
n’est-ce pas lui qui trahit le peuple ? Ce serait
le
cas, en effet, si Le Docteur Jivago était un acte politique, comme on
2889
trahit le peuple ? Ce serait le cas, en effet, si
Le
Docteur Jivago était un acte politique, comme on a voulu le croire de
2890
Jivago était un acte politique, comme on a voulu
le
croire de part et d’autre. Sensible à la présence cachée d’une logiqu
2891
ait un acte politique, comme on a voulu le croire
de
part et d’autre. Sensible à la présence cachée d’une logique totaleme
2892
politique, comme on a voulu le croire de part et
d’
autre. Sensible à la présence cachée d’une logique totalement différen
2893
a voulu le croire de part et d’autre. Sensible à
la
présence cachée d’une logique totalement différente de celle qui dict
2894
de part et d’autre. Sensible à la présence cachée
d’
une logique totalement différente de celle qui dicte normalement les p
2895
ésence cachée d’une logique totalement différente
de
celle qui dicte normalement les prises de position et gestes politiqu
2896
alement différente de celle qui dicte normalement
les
prises de position et gestes politiques, mais n’ayant encore lu, lors
2897
férente de celle qui dicte normalement les prises
de
position et gestes politiques, mais n’ayant encore lu, lorsque éclata
2898
olitiques, mais n’ayant encore lu, lorsque éclata
la
crise, que les cent premières pages du roman, je me disais : — Tout s
2899
s n’ayant encore lu, lorsque éclata la crise, que
les
cent premières pages du roman, je me disais : — Tout se passe comme s
2900
interdite ; comme s’il préférait tout, y compris
le
reniement, à se voir séparé de l’objet de son amour, dût-il vivre aup
2901
it tout, y compris le reniement, à se voir séparé
de
l’objet de son amour, dût-il vivre auprès de lui dans un silence humi
2902
tout, y compris le reniement, à se voir séparé de
l’
objet de son amour, dût-il vivre auprès de lui dans un silence humilié
2903
compris le reniement, à se voir séparé de l’objet
de
son amour, dût-il vivre auprès de lui dans un silence humilié et sans
2904
nce humilié et sans espoir. Mais quelle peut être
la
nature de cette « Iseut » inaccessible, dont il semble être le Trista
2905
é et sans espoir. Mais quelle peut être la nature
de
cette « Iseut » inaccessible, dont il semble être le Tristan ? Et que
2906
cette « Iseut » inaccessible, dont il semble être
le
Tristan ? Et quel est le roi Marc qui l’en sépare ? Je me mis à lire
2907
ble, dont il semble être le Tristan ? Et quel est
le
roi Marc qui l’en sépare ? Je me mis à lire plus avant. Une jeune fil
2908
ble être le Tristan ? Et quel est le roi Marc qui
l’
en sépare ? Je me mis à lire plus avant. Une jeune fille, Lara, éveill
2909
à lire plus avant. Une jeune fille, Lara, éveille
la
nostalgie du docteur Jivago, qu’elle soigne dans un hôpital, mais ell
2910
le épouse un révolutionnaire et disparaît. Jivago
la
retrouve beaucoup plus tard. Leur amour se déclare. Liaison clandesti
2911
ison clandestine. Ils sont de nouveau séparés par
les
péripéties de la guerre civile. Finalement, le hasard les réunit dans
2912
e. Ils sont de nouveau séparés par les péripéties
de
la guerre civile. Finalement, le hasard les réunit dans une maison pe
2913
Ils sont de nouveau séparés par les péripéties de
la
guerre civile. Finalement, le hasard les réunit dans une maison perdu
2914
r les péripéties de la guerre civile. Finalement,
le
hasard les réunit dans une maison perdue au fond des bois où Jivago s
2915
péties de la guerre civile. Finalement, le hasard
les
réunit dans une maison perdue au fond des bois où Jivago se cache, tr
2916
e au fond des bois où Jivago se cache, traqué par
la
nouvelle police d’un régime qu’il a pourtant servi. On leur offre un
2917
où Jivago se cache, traqué par la nouvelle police
d’
un régime qu’il a pourtant servi. On leur offre un moyen clandestin de
2918
pourtant servi. On leur offre un moyen clandestin
de
sortir de Russie : Jivago refuse. Lara lui est enlevée par un puissan
2919
ervi. On leur offre un moyen clandestin de sortir
de
Russie : Jivago refuse. Lara lui est enlevée par un puissant politici
2920
ra lui est enlevée par un puissant politicien qui
l’
avait séduite quand elle était encore « une gamine ». Le docteur réuss
2921
t séduite quand elle était encore « une gamine ».
Le
docteur réussit à rejoindre Moscou, où il vit misérable et caché. Il
2922
épouse sans amour une jeune fille qui s’occupait
de
son ménage, puis la quitte et meurt dans la foule. Inexplicablement r
2923
ne jeune fille qui s’occupait de son ménage, puis
la
quitte et meurt dans la foule. Inexplicablement reparue à cette heure
2924
upait de son ménage, puis la quitte et meurt dans
la
foule. Inexplicablement reparue à cette heure, Lara vient pleurer sur
2925
e peu après, et va mourir en Sibérie. Ainsi, tous
les
moments de la Légende transparaissent et se recomposent l’un après l’
2926
et va mourir en Sibérie. Ainsi, tous les moments
de
la Légende transparaissent et se recomposent l’un après l’autre, avec
2927
va mourir en Sibérie. Ainsi, tous les moments de
la
Légende transparaissent et se recomposent l’un après l’autre, avec un
2928
ès l’autre, avec une mystérieuse précision. Iseut
la
guérisseuse, la nostalgie lointaine, la maîtresse clandestine, interd
2929
une mystérieuse précision. Iseut la guérisseuse,
la
nostalgie lointaine, la maîtresse clandestine, interdite, enlevée à T
2930
on. Iseut la guérisseuse, la nostalgie lointaine,
la
maîtresse clandestine, interdite, enlevée à Tristan par l’homme qui s
2931
sse clandestine, interdite, enlevée à Tristan par
l’
homme qui symbolise le Pouvoir régnant, — la fuite dans la forêt, le s
2932
dite, enlevée à Tristan par l’homme qui symbolise
le
Pouvoir régnant, — la fuite dans la forêt, le second mariage, la dern
2933
n par l’homme qui symbolise le Pouvoir régnant, —
la
fuite dans la forêt, le second mariage, la dernière réunion des amant
2934
qui symbolise le Pouvoir régnant, — la fuite dans
la
forêt, le second mariage, la dernière réunion des amants dans la mort
2935
cond mariage, la dernière réunion des amants dans
la
mort… Il n’y a qu’un seul roman dans nos littératures ! Une seule pas
2936
dans nos littératures ! Une seule passion dictant
les
mêmes péripéties dans tous les temps depuis Tristan, depuis l’épiphan
2937
le passion dictant les mêmes péripéties dans tous
les
temps depuis Tristan, depuis l’épiphanie grandiose et décisive de l’a
2938
péties dans tous les temps depuis Tristan, depuis
l’
épiphanie grandiose et décisive de l’archétype de la passion, au xiie
2939
Tristan, depuis l’épiphanie grandiose et décisive
de
l’archétype de la passion, au xiie siècle. Écoutez-la, cette « vieil
2940
stan, depuis l’épiphanie grandiose et décisive de
l’
archétype de la passion, au xiie siècle. Écoutez-la, cette « vieille
2941
l’épiphanie grandiose et décisive de l’archétype
de
la passion, au xiie siècle. Écoutez-la, cette « vieille et grave mél
2942
épiphanie grandiose et décisive de l’archétype de
la
passion, au xiie siècle. Écoutez-la, cette « vieille et grave mélodi
2943
archétype de la passion, au xiie siècle. Écoutez-
la
, cette « vieille et grave mélodie » renouvelée du Tristan de Wagner.
2944
dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes
de
la nuit, grande et pacifique comme le nom de l’Océan d’Asie. Ce n’est
2945
ons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de
la
nuit, grande et pacifique comme le nom de l’Océan d’Asie. Ce n’est pa
2946
es secrètes de la nuit, grande et pacifique comme
le
nom de l’Océan d’Asie. Ce n’est pas un hasard si tu es là, au terme d
2947
ètes de la nuit, grande et pacifique comme le nom
de
l’Océan d’Asie. Ce n’est pas un hasard si tu es là, au terme de ma vi
2948
s de la nuit, grande et pacifique comme le nom de
l’
Océan d’Asie. Ce n’est pas un hasard si tu es là, au terme de ma vie,
2949
nuit, grande et pacifique comme le nom de l’Océan
d’
Asie. Ce n’est pas un hasard si tu es là, au terme de ma vie, mon ange
2950
sie. Ce n’est pas un hasard si tu es là, au terme
de
ma vie, mon ange secret, mon ange interdit, sous un ciel de guerres e
2951
mon ange secret, mon ange interdit, sous un ciel
de
guerres et d’insurrections ; il y a bien longtemps, au commencement d
2952
et, mon ange interdit, sous un ciel de guerres et
d’
insurrections ; il y a bien longtemps, au commencement de ma vie, sous
2953
rections ; il y a bien longtemps, au commencement
de
ma vie, sous le ciel paisible de mon enfance, tu es apparue de la mêm
2954
a bien longtemps, au commencement de ma vie, sous
le
ciel paisible de mon enfance, tu es apparue de la même manière… Souve
2955
au commencement de ma vie, sous le ciel paisible
de
mon enfance, tu es apparue de la même manière… Souvent, plus tard, au
2956
us le ciel paisible de mon enfance, tu es apparue
de
la même manière… Souvent, plus tard, au cours de ma vie, j’ai tenté d
2957
le ciel paisible de mon enfance, tu es apparue de
la
même manière… Souvent, plus tard, au cours de ma vie, j’ai tenté de d
2958
ouvent, plus tard, au cours de ma vie, j’ai tenté
de
définir, de donner un nom au sortilège lumineux que tu avais jeté dan
2959
tard, au cours de ma vie, j’ai tenté de définir,
de
donner un nom au sortilège lumineux que tu avais jeté dans mon âme, à
2960
t fondue avec mon existence même, qui est devenue
la
clé de toutes les portes du monde, grâce à toi. Une fois de plus, la
2961
e avec mon existence même, qui est devenue la clé
de
toutes les portes du monde, grâce à toi. Une fois de plus, la passio
2962
existence même, qui est devenue la clé de toutes
les
portes du monde, grâce à toi. Une fois de plus, la passion sépare du
2963
portes du monde, grâce à toi. Une fois de plus,
la
passion sépare du monde : Jivago et Lara détestent « les principes d’
2964
sion sépare du monde : Jivago et Lara détestent «
les
principes d’un culte menteur de la société, transformé en politique »
2965
monde : Jivago et Lara détestent « les principes
d’
un culte menteur de la société, transformé en politique ». Une fois de
2966
Lara détestent « les principes d’un culte menteur
de
la société, transformé en politique ». Une fois de plus, la passion s
2967
a détestent « les principes d’un culte menteur de
la
société, transformé en politique ». Une fois de plus, la passion se r
2968
été, transformé en politique ». Une fois de plus,
la
passion se révèle d’abord comme une protestation contre la société :
2969
n se révèle d’abord comme une protestation contre
la
société : Plus encore que leur communauté d’âme, l’abîme qui les sép
2970
tre la société : Plus encore que leur communauté
d’
âme, l’abîme qui les séparait du monde les unissait. Tous deux avaient
2971
société : Plus encore que leur communauté d’âme,
l’
abîme qui les séparait du monde les unissait. Tous deux avaient la mêm
2972
lus encore que leur communauté d’âme, l’abîme qui
les
séparait du monde les unissait. Tous deux avaient la même aversion po
2973
mmunauté d’âme, l’abîme qui les séparait du monde
les
unissait. Tous deux avaient la même aversion pour tout ce que l’homme
2974
séparait du monde les unissait. Tous deux avaient
la
même aversion pour tout ce que l’homme contemporain a de fatalement t
2975
us deux avaient la même aversion pour tout ce que
l’
homme contemporain a de fatalement typique, pour son enthousiasme de c
2976
aversion pour tout ce que l’homme contemporain a
de
fatalement typique, pour son enthousiasme de commande, pour son empha
2977
in a de fatalement typique, pour son enthousiasme
de
commande, pour son emphase criarde… Ils faisaient exception… le souff
2978
our son emphase criarde… Ils faisaient exception…
le
souffle de la passion se posait sur leur existence condamnée… Mais q
2979
hase criarde… Ils faisaient exception… le souffle
de
la passion se posait sur leur existence condamnée… Mais qui est Lara
2980
e criarde… Ils faisaient exception… le souffle de
la
passion se posait sur leur existence condamnée… Mais qui est Lara ?
2981
leur existence condamnée… Mais qui est Lara ? En
la
perdant, dit Jivago, « il perdrait sa raison de vivre et peut-être mê
2982
n la perdant, dit Jivago, « il perdrait sa raison
de
vivre et peut-être même la vie. » Exagération romantique ? Non, c’est
2983
il perdrait sa raison de vivre et peut-être même
la
vie. » Exagération romantique ? Non, c’est la vérité vitale d’un poèt
2984
ême la vie. » Exagération romantique ? Non, c’est
la
vérité vitale d’un poète. « Depuis son enfance, il aimait la forêt lo
2985
gération romantique ? Non, c’est la vérité vitale
d’
un poète. « Depuis son enfance, il aimait la forêt lorsque le soir ell
2986
itale d’un poète. « Depuis son enfance, il aimait
la
forêt lorsque le soir elle est transpercée par le feu du couchant »,
2987
« Depuis son enfance, il aimait la forêt lorsque
le
soir elle est transpercée par le feu du couchant », et les scènes déc
2988
la forêt lorsque le soir elle est transpercée par
le
feu du couchant », et les scènes décisives de ce roman de poète sont
2989
elle est transpercée par le feu du couchant », et
les
scènes décisives de ce roman de poète sont toujours éclairées par le
2990
par le feu du couchant », et les scènes décisives
de
ce roman de poète sont toujours éclairées par le même soleil rouge so
2991
u couchant », et les scènes décisives de ce roman
de
poète sont toujours éclairées par le même soleil rouge sortant au bas
2992
de ce roman de poète sont toujours éclairées par
le
même soleil rouge sortant au bas des nuages et rasant la forêt de ses
2993
soleil rouge sortant au bas des nuages et rasant
la
forêt de ses derniers rayons. C’est cette image qui lui fait voir « d
2994
ouge sortant au bas des nuages et rasant la forêt
de
ses derniers rayons. C’est cette image qui lui fait voir « dans la na
2995
ayons. C’est cette image qui lui fait voir « dans
la
nature, dans le couchant, dans tout le monde visible le visage immens
2996
te image qui lui fait voir « dans la nature, dans
le
couchant, dans tout le monde visible le visage immense et innocent d’
2997
ure, dans le couchant, dans tout le monde visible
le
visage immense et innocent d’une petite fille ». Mais voici l’aveu d
2998
ut le monde visible le visage immense et innocent
d’
une petite fille ». Mais voici l’aveu décisif ; et cette ambiguïté qu
2999
nse et innocent d’une petite fille ». Mais voici
l’
aveu décisif ; et cette ambiguïté qui m’arrêtait (parlent-ils donc, ce
3000
qui m’arrêtait (parlent-ils donc, ces romanciers,
d’
une société, d’un paysage de l’âme, ou d’une femme ?) se fond dans une
3001
(parlent-ils donc, ces romanciers, d’une société,
d’
un paysage de l’âme, ou d’une femme ?) se fond dans une identité lyriq
3002
donc, ces romanciers, d’une société, d’un paysage
de
l’âme, ou d’une femme ?) se fond dans une identité lyrique : Au fait
3003
c, ces romanciers, d’une société, d’un paysage de
l’
âme, ou d’une femme ?) se fond dans une identité lyrique : Au fait, q
3004
anciers, d’une société, d’un paysage de l’âme, ou
d’
une femme ?) se fond dans une identité lyrique : Au fait, qu’était-el
3005
vait toujours une réponse prête. C’est une soirée
de
printemps. L’air est tout piqué de sons. Les voix des enfants qui jou
3006
une réponse prête. C’est une soirée de printemps.
L’
air est tout piqué de sons. Les voix des enfants qui jouent sont éparp
3007
est une soirée de printemps. L’air est tout piqué
de
sons. Les voix des enfants qui jouent sont éparpillées un peu partout
3008
oirée de printemps. L’air est tout piqué de sons.
Les
voix des enfants qui jouent sont éparpillées un peu partout comme pou
3009
éparpillées un peu partout comme pour montrer que
l’
espace est palpitant de vie. Et ce lointain, c’est la Russie, cette mè
3010
out comme pour montrer que l’espace est palpitant
de
vie. Et ce lointain, c’est la Russie, cette mère glorieuse, incompara
3011
space est palpitant de vie. Et ce lointain, c’est
la
Russie, cette mère glorieuse, incomparable, dont la renommée s’étend
3012
Russie, cette mère glorieuse, incomparable, dont
la
renommée s’étend au-delà des mers, cette martyre, têtue, extravagante
3013
is sublimes et tragiques ! Oh ! comme il est doux
d’
exister. Comme il est doux de vivre sur la terre et d’aimer la vie ! O
3014
! comme il est doux d’exister. Comme il est doux
de
vivre sur la terre et d’aimer la vie ! Oh ! comme l’on voudrait dire
3015
st doux d’exister. Comme il est doux de vivre sur
la
terre et d’aimer la vie ! Oh ! comme l’on voudrait dire merci à la vi
3016
ister. Comme il est doux de vivre sur la terre et
d’
aimer la vie ! Oh ! comme l’on voudrait dire merci à la vie même, à l’
3017
omme il est doux de vivre sur la terre et d’aimer
la
vie ! Oh ! comme l’on voudrait dire merci à la vie même, à l’existenc
3018
vivre sur la terre et d’aimer la vie ! Oh ! comme
l’
on voudrait dire merci à la vie même, à l’existence même, le leur dire
3019
er la vie ! Oh ! comme l’on voudrait dire merci à
la
vie même, à l’existence même, le leur dire à elles, et en face. Oui,
3020
! comme l’on voudrait dire merci à la vie même, à
l’
existence même, le leur dire à elles, et en face. Oui, Lara, c’est tou
3021
ait dire merci à la vie même, à l’existence même,
le
leur dire à elles, et en face. Oui, Lara, c’est tout cela. Puisqu’on
3022
’est tout cela. Puisqu’on ne peut communiquer par
la
parole avec ces forces cachées, Lara est leur représentante, leur sym
3023
r représentante, leur symbole. Elle est à la fois
l’
ouïe et la parole offertes en don aux principes muets de l’existence.
3024
tante, leur symbole. Elle est à la fois l’ouïe et
la
parole offertes en don aux principes muets de l’existence. Dès cet i
3025
et la parole offertes en don aux principes muets
de
l’existence. Dès cet instant, dès cet aveu, dès que l’identité de La
3026
la parole offertes en don aux principes muets de
l’
existence. Dès cet instant, dès cet aveu, dès que l’identité de Lara
3027
xistence. Dès cet instant, dès cet aveu, dès que
l’
identité de Lara et de la Russie est expressément déclarée, tout s’écl
3028
Dès cet instant, dès cet aveu, dès que l’identité
de
Lara et de la Russie est expressément déclarée, tout s’éclaire de ce
3029
tant, dès cet aveu, dès que l’identité de Lara et
de
la Russie est expressément déclarée, tout s’éclaire de ce qui vient d
3030
t, dès cet aveu, dès que l’identité de Lara et de
la
Russie est expressément déclarée, tout s’éclaire de ce qui vient de s
3031
Russie est expressément déclarée, tout s’éclaire
de
ce qui vient de se passer dans la vie de Boris Pasternak. Sa lettre a
3032
tout s’éclaire de ce qui vient de se passer dans
la
vie de Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin, nous en lison
3033
’éclaire de ce qui vient de se passer dans la vie
de
Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin, nous en lisons les t
3034
k. Sa lettre au Maître du Kremlin, nous en lisons
les
termes anticipés dans la scène où Komarovski (l’intrigant qui a su dé
3035
Kremlin, nous en lisons les termes anticipés dans
la
scène où Komarovski (l’intrigant qui a su détourner à son profit le P
3036
les termes anticipés dans la scène où Komarovski (
l’
intrigant qui a su détourner à son profit le Pouvoir né de la révoluti
3037
vski (l’intrigant qui a su détourner à son profit
le
Pouvoir né de la révolution et qui va confisquer Lara) offre l’exil à
3038
ant qui a su détourner à son profit le Pouvoir né
de
la révolution et qui va confisquer Lara) offre l’exil à Jivago. Ce de
3039
qui a su détourner à son profit le Pouvoir né de
la
révolution et qui va confisquer Lara) offre l’exil à Jivago. Ce derni
3040
de la révolution et qui va confisquer Lara) offre
l’
exil à Jivago. Ce dernier lui répond, sans motiver son refus : « De mo
3041
Ce dernier lui répond, sans motiver son refus : «
De
mon départ, il ne saurait être question. » Mais il ajoute un peu plus
3042
t me traîner humblement à vos pieds pour recevoir
de
vos mains Lara, la vie, le moyen de retrouver ma famille, le salut… L
3043
ment à vos pieds pour recevoir de vos mains Lara,
la
vie, le moyen de retrouver ma famille, le salut… La nouvelle que vous
3044
os pieds pour recevoir de vos mains Lara, la vie,
le
moyen de retrouver ma famille, le salut… La nouvelle que vous m’annon
3045
pour recevoir de vos mains Lara, la vie, le moyen
de
retrouver ma famille, le salut… La nouvelle que vous m’annoncez m’aba
3046
s Lara, la vie, le moyen de retrouver ma famille,
le
salut… La nouvelle que vous m’annoncez m’abasourdit. Je suis écrasé p
3047
vie, le moyen de retrouver ma famille, le salut…
La
nouvelle que vous m’annoncez m’abasourdit. Je suis écrasé par une sou
3048
t. Je suis écrasé par une souffrance qui m’enlève
la
capacité déjuger… La seule chose que je puisse faire maintenant, c’es
3049
une souffrance qui m’enlève la capacité déjuger…
La
seule chose que je puisse faire maintenant, c’est de vous approuver m
3050
seule chose que je puisse faire maintenant, c’est
de
vous approuver machinalement et de m’en remettre à vous aveuglément.
3051
ntenant, c’est de vous approuver machinalement et
de
m’en remettre à vous aveuglément. Ainsi, pour le bien de Lara, je vai
3052
de m’en remettre à vous aveuglément. Ainsi, pour
le
bien de Lara, je vais jouer la comédie… VPassion et société To
3053
remettre à vous aveuglément. Ainsi, pour le bien
de
Lara, je vais jouer la comédie… VPassion et société Toute pass
3054
ément. Ainsi, pour le bien de Lara, je vais jouer
la
comédie… VPassion et société Toute passion se nourrit de négat
3055
VPassion et société Toute passion se nourrit
de
négation, parce qu’elle assume et souffre l’exception, au sens kierke
3056
rrit de négation, parce qu’elle assume et souffre
l’
exception, au sens kierkegaardien du terme. Elle exile celui qui la vi
3057
ens kierkegaardien du terme. Elle exile celui qui
la
vit. Elle le destine à contester comme il respire tout ce qui règle o
3058
rdien du terme. Elle exile celui qui la vit. Elle
le
destine à contester comme il respire tout ce qui règle officiellement
3059
comme il respire tout ce qui règle officiellement
la
vie sociale. D’où la présence continuelle, dans nos trois romans tris
3060
tout ce qui règle officiellement la vie sociale.
D’
où la présence continuelle, dans nos trois romans tristaniens, de la S
3061
ce qui règle officiellement la vie sociale. D’où
la
présence continuelle, dans nos trois romans tristaniens, de la Sociét
3062
e continuelle, dans nos trois romans tristaniens,
de
la Société et de ses conventions ; d’où la critique mordante à laquel
3063
ontinuelle, dans nos trois romans tristaniens, de
la
Société et de ses conventions ; d’où la critique mordante à laquelle
3064
ns nos trois romans tristaniens, de la Société et
de
ses conventions ; d’où la critique mordante à laquelle les soumet le
3065
ristaniens, de la Société et de ses conventions ;
d’
où la critique mordante à laquelle les soumet le héros, parlant pour l
3066
niens, de la Société et de ses conventions ; d’où
la
critique mordante à laquelle les soumet le héros, parlant pour l’aute
3067
onventions ; d’où la critique mordante à laquelle
les
soumet le héros, parlant pour l’auteur : cette critique fait partie d
3068
; d’où la critique mordante à laquelle les soumet
le
héros, parlant pour l’auteur : cette critique fait partie de la justi
3069
ante à laquelle les soumet le héros, parlant pour
l’
auteur : cette critique fait partie de la justification de la passion,
3070
arlant pour l’auteur : cette critique fait partie
de
la justification de la passion, bien plus qu’elle ne relève d’un syst
3071
ant pour l’auteur : cette critique fait partie de
la
justification de la passion, bien plus qu’elle ne relève d’un système
3072
: cette critique fait partie de la justification
de
la passion, bien plus qu’elle ne relève d’un système politique ou soc
3073
cette critique fait partie de la justification de
la
passion, bien plus qu’elle ne relève d’un système politique ou social
3074
cation de la passion, bien plus qu’elle ne relève
d’
un système politique ou social différent ; en d’autres termes, l’hosti
3075
litique ou social différent ; en d’autres termes,
l’
hostilité du passionné est dirigée contre le social en soi, et non poi
3076
rmes, l’hostilité du passionné est dirigée contre
le
social en soi, et non point provoquée par la nature particulière du r
3077
ntre le social en soi, et non point provoquée par
la
nature particulière du régime politique au pouvoir. Ainsi, Tristan, m
3078
insi, Tristan, modèle du chevalier, est contraint
de
violer le sacré féodal, devient traître et félon et se voit exilé de
3079
tan, modèle du chevalier, est contraint de violer
le
sacré féodal, devient traître et félon et se voit exilé de la communa
3080
féodal, devient traître et félon et se voit exilé
de
la communauté des preux, non point parce qu’il approuve quelque nouve
3081
dal, devient traître et félon et se voit exilé de
la
communauté des preux, non point parce qu’il approuve quelque nouvelle
3082
approuve quelque nouvelle doctrine annonciatrice
de
subversions sociales — comme il n’en manquait pas au xiie siècle — m
3083
pas au xiie siècle — mais parce qu’il est devenu
la
proie d’un pouvoir beaucoup plus absolu : l’état de passion. J’ai mon
3084
ie siècle — mais parce qu’il est devenu la proie
d’
un pouvoir beaucoup plus absolu : l’état de passion. J’ai montré dans
3085
venu la proie d’un pouvoir beaucoup plus absolu :
l’
état de passion. J’ai montré dans L’Amour et l’Occident comment cet
3086
proie d’un pouvoir beaucoup plus absolu : l’état
de
passion. J’ai montré dans L’Amour et l’Occident comment cet état pr
3087
lus absolu : l’état de passion. J’ai montré dans
L’
Amour et l’Occident comment cet état préexiste à tout objet déterminé
3088
: l’état de passion. J’ai montré dans L’Amour et
l’
Occident comment cet état préexiste à tout objet déterminé, comment i
3089
terminé, comment il crée son objet idéal avant de
l’
identifier à quelque être réel par une erreur essentiellement inévitab
3090
le, qu’on attribue donc au Destin. (Mes citations
de
Musil ont illustré ce point.) C’est l’état de passion qu’on aime d’ab
3091
citations de Musil ont illustré ce point.) C’est
l’
état de passion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’Iseut l’inaccess
3092
ons de Musil ont illustré ce point.) C’est l’état
de
passion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’Iseut l’inaccessible. C
3093
ssion qu’on aime d’abord, en soi, plutôt qu’Iseut
l’
inaccessible. Cet état dans lequel les vrais amants, poètes, mystiques
3094
tôt qu’Iseut l’inaccessible. Cet état dans lequel
les
vrais amants, poètes, mystiques et créateurs, voudraient se maintenir
3095
réateurs, voudraient se maintenir une fois qu’ils
l’
ont connu, tout en sachant que l’on ne peut y vivre, est décrit par eu
3096
une fois qu’ils l’ont connu, tout en sachant que
l’
on ne peut y vivre, est décrit par eux tous comme indicible. Tantôt il
3097
x tous comme indicible. Tantôt il plonge ceux qui
le
subissent dans un mutisme gémissant, tantôt il les excite à une loqua
3098
le subissent dans un mutisme gémissant, tantôt il
les
excite à une loquacité intarissable — lettres d’amour, traités mystiq
3099
les excite à une loquacité intarissable — lettres
d’
amour, traités mystiques — et procédant généralement par antithèses et
3100
tithèses et paradoxes. Car on n’aura jamais assez
de
mots et de métaphores, et de clichés réinventés, et de symboles entre
3101
paradoxes. Car on n’aura jamais assez de mots et
de
métaphores, et de clichés réinventés, et de symboles entrecroisés pou
3102
n’aura jamais assez de mots et de métaphores, et
de
clichés réinventés, et de symboles entrecroisés pour tenter de cerner
3103
ts et de métaphores, et de clichés réinventés, et
de
symboles entrecroisés pour tenter de cerner cet indicible qu’on voudr
3104
inventés, et de symboles entrecroisés pour tenter
de
cerner cet indicible qu’on voudrait mais qu’on ne peut communiquer. D
3105
le qu’on voudrait mais qu’on ne peut communiquer.
De
là que la forme de passion la plus commune, parce que la mieux commun
3106
oudrait mais qu’on ne peut communiquer. De là que
la
forme de passion la plus commune, parce que la mieux communicable, so
3107
ais qu’on ne peut communiquer. De là que la forme
de
passion la plus commune, parce que la mieux communicable, soit celle
3108
e peut communiquer. De là que la forme de passion
la
plus commune, parce que la mieux communicable, soit celle qui fait éc
3109
ue la forme de passion la plus commune, parce que
la
mieux communicable, soit celle qui fait écrire des romans, celle dont
3110
soit celle qui fait écrire des romans, celle dont
la
contagion, rarement mortelle mais délicieuse, atteint tous ceux qui o
3111
t tous ceux qui ont ressenti, un jour ou l’autre,
la
différence entre un désir sexuel et l’état d’âme, l’état d’être amour
3112
u l’autre, la différence entre un désir sexuel et
l’
état d’âme, l’état d’être amoureux. La passion amoureuse est, de toute
3113
différence entre un désir sexuel et l’état d’âme,
l’
état d’être amoureux. La passion amoureuse est, de toutes, celle qui s
3114
nce entre un désir sexuel et l’état d’âme, l’état
d’
être amoureux. La passion amoureuse est, de toutes, celle qui se prête
3115
r sexuel et l’état d’âme, l’état d’être amoureux.
La
passion amoureuse est, de toutes, celle qui se prête le mieux au réci
3116
l’état d’être amoureux. La passion amoureuse est,
de
toutes, celle qui se prête le mieux au récit. La sexualité pure et l’
3117
sion amoureuse est, de toutes, celle qui se prête
le
mieux au récit. La sexualité pure et l’amour du prochain ne sont vrai
3118
de toutes, celle qui se prête le mieux au récit.
La
sexualité pure et l’amour du prochain ne sont vrais qu’en acte, et le
3119
se prête le mieux au récit. La sexualité pure et
l’
amour du prochain ne sont vrais qu’en acte, et leur description ennuie
3120
rais qu’en acte, et leur description ennuie vite.
La
passion de l’Éros est vraie d’abord en rêve, et n’existe peut-être ja
3121
acte, et leur description ennuie vite. La passion
de
l’Éros est vraie d’abord en rêve, et n’existe peut-être jamais mieux
3122
e, et leur description ennuie vite. La passion de
l’
Éros est vraie d’abord en rêve, et n’existe peut-être jamais mieux que
3123
rêve, et n’existe peut-être jamais mieux que dans
l’
élan lyrique de son récit. Lié plus que tout autre à la littérature p
3124
te peut-être jamais mieux que dans l’élan lyrique
de
son récit. Lié plus que tout autre à la littérature par une complici
3125
lyrique de son récit. Lié plus que tout autre à
la
littérature par une complicité d’origine et d’essence, l’amour-passio
3126
ue tout autre à la littérature par une complicité
d’
origine et d’essence, l’amour-passion, nous l’avons vu, n’est guère mo
3127
à la littérature par une complicité d’origine et
d’
essence, l’amour-passion, nous l’avons vu, n’est guère moins dépendant
3128
rature par une complicité d’origine et d’essence,
l’
amour-passion, nous l’avons vu, n’est guère moins dépendant de cette s
3129
ité d’origine et d’essence, l’amour-passion, nous
l’
avons vu, n’est guère moins dépendant de cette société qu’il récuse :
3130
ion, nous l’avons vu, n’est guère moins dépendant
de
cette société qu’il récuse : c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à nos
3131
: c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à nos jours,
les
obstacles indispensables. Sur ce point, deux observations encore. Il
3132
deux observations encore. Il est remarquable que
la
passion n’utilise interdits et tabous qu’au moment où ceux-ci commenc
3133
qu’au moment où ceux-ci commencent à faiblir, où
les
violer est encore scandaleux mais n’entraîne pas la mise à mort insta
3134
violer est encore scandaleux mais n’entraîne pas
la
mise à mort instantanée, physique ou sociale, du fauteur. La liberté
3135
ort instantanée, physique ou sociale, du fauteur.
La
liberté sexuelle des très jeunes gens dans l’Amérique contemporaine,
3136
ur. La liberté sexuelle des très jeunes gens dans
l’
Amérique contemporaine, certaines modes littéraires de l’époque 1900,
3137
érique contemporaine, certaines modes littéraires
de
l’époque 1900, permettent à un Nabokov, à un Musil, d’aller dans leur
3138
que contemporaine, certaines modes littéraires de
l’
époque 1900, permettent à un Nabokov, à un Musil, d’aller dans leurs r
3139
époque 1900, permettent à un Nabokov, à un Musil,
d’
aller dans leurs romans jusqu’au point périlleux où le scandale reste
3140
ler dans leurs romans jusqu’au point périlleux où
le
scandale reste efficace tandis que la censure hésite. Le Roman de Tri
3141
érilleux où le scandale reste efficace tandis que
la
censure hésite. Le Roman de Tristan n’apparut dans l’histoire qu’au t
3142
dale reste efficace tandis que la censure hésite.
Le
Roman de Tristan n’apparut dans l’histoire qu’au temps où la réforme
3143
e efficace tandis que la censure hésite. Le Roman
de
Tristan n’apparut dans l’histoire qu’au temps où la réforme grégorien
3144
ensure hésite. Le Roman de Tristan n’apparut dans
l’
histoire qu’au temps où la réforme grégorienne et les abus qu’elle com
3145
Tristan n’apparut dans l’histoire qu’au temps où
la
réforme grégorienne et les abus qu’elle combattait venaient de dresse
3146
histoire qu’au temps où la réforme grégorienne et
les
abus qu’elle combattait venaient de dresser contre les lois matrimoni
3147
bus qu’elle combattait venaient de dresser contre
les
lois matrimoniales non seulement l’hérésie du Midi, mais l’élite cult
3148
esser contre les lois matrimoniales non seulement
l’
hérésie du Midi, mais l’élite culturelle de l’Europe. Ainsi, le roman
3149
trimoniales non seulement l’hérésie du Midi, mais
l’
élite culturelle de l’Europe. Ainsi, le roman de Pasternak ne vint au
3150
lement l’hérésie du Midi, mais l’élite culturelle
de
l’Europe. Ainsi, le roman de Pasternak ne vint au jour qu’au lendemai
3151
ent l’hérésie du Midi, mais l’élite culturelle de
l’
Europe. Ainsi, le roman de Pasternak ne vint au jour qu’au lendemain d
3152
Midi, mais l’élite culturelle de l’Europe. Ainsi,
le
roman de Pasternak ne vint au jour qu’au lendemain du « dégel » sovié
3153
s l’élite culturelle de l’Europe. Ainsi, le roman
de
Pasternak ne vint au jour qu’au lendemain du « dégel » soviétique : r
3154
elques-uns déjà peuvent avouer quelque chose sous
le
couvert du mythe. Tel est le « terrain » biologique où le roman trouv
3155
r quelque chose sous le couvert du mythe. Tel est
le
« terrain » biologique où le roman trouve les meilleures chances à la
3156
rt du mythe. Tel est le « terrain » biologique où
le
roman trouve les meilleures chances à la fois de se déclarer et de pr
3157
est le « terrain » biologique où le roman trouve
les
meilleures chances à la fois de se déclarer et de propager sa contagi
3158
le roman trouve les meilleures chances à la fois
de
se déclarer et de propager sa contagion. Il y a plus. La nature des i
3159
es meilleures chances à la fois de se déclarer et
de
propager sa contagion. Il y a plus. La nature des interdits sociaux d
3160
éclarer et de propager sa contagion. Il y a plus.
La
nature des interdits sociaux détermine le niveau psychologique et le
3161
a plus. La nature des interdits sociaux détermine
le
niveau psychologique et le style même d’un roman. Le Docteur Jivago,
3162
dits sociaux détermine le niveau psychologique et
le
style même d’un roman. Le Docteur Jivago, par exemple, est de beaucou
3163
étermine le niveau psychologique et le style même
d’
un roman. Le Docteur Jivago, par exemple, est de beaucoup le plus trad
3164
niveau psychologique et le style même d’un roman.
Le
Docteur Jivago, par exemple, est de beaucoup le plus traditionnel des
3165
e d’un roman. Le Docteur Jivago, par exemple, est
de
beaucoup le plus traditionnel des trois romans qu’on vient de considé
3166
. Le Docteur Jivago, par exemple, est de beaucoup
le
plus traditionnel des trois romans qu’on vient de considérer. L’ouvra
3167
onnel des trois romans qu’on vient de considérer.
L’
ouvrage de Musil, au contraire, déploie tant de raffinements formels,
3168
trois romans qu’on vient de considérer. L’ouvrage
de
Musil, au contraire, déploie tant de raffinements formels, intellectu
3169
intellectuels et même mystiques, qu’il échappe à
la
fin au romanesque et nous fait entrevoir un genre nouveau, qui pourra
3170
voir un genre nouveau, qui pourrait intégrer dans
la
littérature les démarches de la science et de la psychologie les plus
3171
ouveau, qui pourrait intégrer dans la littérature
les
démarches de la science et de la psychologie les plus récentes. C’est
3172
urrait intégrer dans la littérature les démarches
de
la science et de la psychologie les plus récentes. C’est que la natur
3173
ait intégrer dans la littérature les démarches de
la
science et de la psychologie les plus récentes. C’est que la nature d
3174
ans la littérature les démarches de la science et
de
la psychologie les plus récentes. C’est que la nature des obstacles d
3175
la littérature les démarches de la science et de
la
psychologie les plus récentes. C’est que la nature des obstacles diff
3176
les démarches de la science et de la psychologie
les
plus récentes. C’est que la nature des obstacles diffère du tout dans
3177
et de la psychologie les plus récentes. C’est que
la
nature des obstacles diffère du tout dans les deux cas. Politique et
3178
que la nature des obstacles diffère du tout dans
les
deux cas. Politique et sociale en URSS, donc extérieure, plus primiti
3179
primitive en quelque sorte, elle ne met pas enjeu
les
mêmes ressources que dans une société plus libérale ou relâchée, ou d
3180
été plus libérale ou relâchée, ou décadente : là,
l’
obstacle s’intériorise, l’action devient introspection, et l’intrigue
3181
hée, ou décadente : là, l’obstacle s’intériorise,
l’
action devient introspection, et l’intrigue aventure spirituelle… Ce p
3182
s’intériorise, l’action devient introspection, et
l’
intrigue aventure spirituelle… Ce processus est-il irréversible ? Fait
3183
e processus est-il irréversible ? Fait-il prévoir
la
fin d’un genre, qui serait aussi la fin de cette forme de passion don
3184
ssus est-il irréversible ? Fait-il prévoir la fin
d’
un genre, qui serait aussi la fin de cette forme de passion dont la li
3185
it-il prévoir la fin d’un genre, qui serait aussi
la
fin de cette forme de passion dont la littérature entretenait le cult
3186
révoir la fin d’un genre, qui serait aussi la fin
de
cette forme de passion dont la littérature entretenait le culte ? Que
3187
’un genre, qui serait aussi la fin de cette forme
de
passion dont la littérature entretenait le culte ? Quels tabous subsi
3188
erait aussi la fin de cette forme de passion dont
la
littérature entretenait le culte ? Quels tabous subsistant de nos jou
3189
forme de passion dont la littérature entretenait
le
culte ? Quels tabous subsistant de nos jours pourraient-ils encore pr
3190
re entretenait le culte ? Quels tabous subsistant
de
nos jours pourraient-ils encore provoquer les épiphanies romanesques
3191
tant de nos jours pourraient-ils encore provoquer
les
épiphanies romanesques de Tristan et de l’amour-passion ? Le totalita
3192
t-ils encore provoquer les épiphanies romanesques
de
Tristan et de l’amour-passion ? Le totalitarisme soviétique et le con
3193
rovoquer les épiphanies romanesques de Tristan et
de
l’amour-passion ? Le totalitarisme soviétique et le conformisme des m
3194
oquer les épiphanies romanesques de Tristan et de
l’
amour-passion ? Le totalitarisme soviétique et le conformisme des mœur
3195
es romanesques de Tristan et de l’amour-passion ?
Le
totalitarisme soviétique et le conformisme des mœurs dans les démocra
3196
l’amour-passion ? Le totalitarisme soviétique et
le
conformisme des mœurs dans les démocraties de l’Occident ne sont plus
3197
risme soviétique et le conformisme des mœurs dans
les
démocraties de l’Occident ne sont plus défendus sans scrupules par le
3198
et le conformisme des mœurs dans les démocraties
de
l’Occident ne sont plus défendus sans scrupules par les élites des de
3199
le conformisme des mœurs dans les démocraties de
l’
Occident ne sont plus défendus sans scrupules par les élites des deux
3200
Occident ne sont plus défendus sans scrupules par
les
élites des deux partis. Je ne vois guère d’autres interdits vraiment
3201
utres interdits vraiment redoutables, aux yeux de
l’
homme du xxe siècle, que ceux que la Science et l’Hygiène pourraient
3202
aux yeux de l’homme du xxe siècle, que ceux que
la
Science et l’Hygiène pourraient faire prononcer par l’État. La passio
3203
’homme du xxe siècle, que ceux que la Science et
l’
Hygiène pourraient faire prononcer par l’État. La passion qui voudrait
3204
ience et l’Hygiène pourraient faire prononcer par
l’
État. La passion qui voudrait les violer ne serait plus condamnée, mai
3205
l’Hygiène pourraient faire prononcer par l’État.
La
passion qui voudrait les violer ne serait plus condamnée, mais simple
3206
ire prononcer par l’État. La passion qui voudrait
les
violer ne serait plus condamnée, mais simplement soignée, aux frais d
3207
lus condamnée, mais simplement soignée, aux frais
de
la Sécurité sociale. Quel génie saura-t-il déjouer ce plan d’asepsie
3208
condamnée, mais simplement soignée, aux frais de
la
Sécurité sociale. Quel génie saura-t-il déjouer ce plan d’asepsie spi
3209
té sociale. Quel génie saura-t-il déjouer ce plan
d’
asepsie spirituelle ? Mais j’imagine parfois d’autres obstacles, plus
3210
s d’autres obstacles, plus subtils et tenaces que
les
tabous sociaux. J’y ai fait allusion à propos de Musil. S’il est vrai
3211
ait allusion à propos de Musil. S’il est vrai que
la
passion cherche l’inaccessible, et s’il est vrai que l’Autre en tant
3212
os de Musil. S’il est vrai que la passion cherche
l’
inaccessible, et s’il est vrai que l’Autre en tant que tel reste aux y
3213
t vrai que l’Autre en tant que tel reste aux yeux
d’
un amour exigeant le mystère le mieux défendu, — Éros et Agapè ne pour
3214
n tant que tel reste aux yeux d’un amour exigeant
le
mystère le mieux défendu, — Éros et Agapè ne pourraient-ils nouer une
3215
tel reste aux yeux d’un amour exigeant le mystère
le
mieux défendu, — Éros et Agapè ne pourraient-ils nouer une alliance p
3216
même du mariage accepté ? Tout Autre n’est-il pas
l’
Inaccessible, et toute femme aimée une Iseut, même si nul interdit mor
3217
rdit moral ou nul tabou ne vient symboliser, pour
les
besoins de la fable et la commodité du romancier, l’essence même de l
3218
u nul tabou ne vient symboliser, pour les besoins
de
la fable et la commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle e
3219
ul tabou ne vient symboliser, pour les besoins de
la
fable et la commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle exci
3220
vient symboliser, pour les besoins de la fable et
la
commodité du romancier, l’essence même de l’obstacle excitant, celui
3221
besoins de la fable et la commodité du romancier,
l’
essence même de l’obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que
3222
able et la commodité du romancier, l’essence même
de
l’obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de l’être même
3223
e et la commodité du romancier, l’essence même de
l’
obstacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de l’être même : l
3224
stacle excitant, celui qui ne dépendra jamais que
de
l’être même : l’autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascina
3225
cle excitant, celui qui ne dépendra jamais que de
l’
être même : l’autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascinante
3226
celui qui ne dépendra jamais que de l’être même :
l’
autonomie de la personne aimée, son étrangeté fascinante ?6 16. On
3227
dépendra jamais que de l’être même : l’autonomie
de
la personne aimée, son étrangeté fascinante ?6 16. On sait que Mu
3228
pendra jamais que de l’être même : l’autonomie de
la
personne aimée, son étrangeté fascinante ?6 16. On sait que Musil
3229
16. On sait que Musil est mort à Genève, dans
la
misère, en 1942. 17. Toute cette partie « géographique » du livre év
3230
graphique » du livre évoque une parodie du voyage
de
Nils Holgersson à travers la Suède. 18. D’une manière implicite ou v
3231
ne parodie du voyage de Nils Holgersson à travers
la
Suède. 18. D’une manière implicite ou voilée dans Béroul et Thomas,
3232
oyage de Nils Holgersson à travers la Suède. 18.
D’
une manière implicite ou voilée dans Béroul et Thomas, explicite et ag
3233
érique). N’importe qui peut imaginer ces éléments
d’
animalité. C’est une plus grande entreprise qui me tente : fixer une f
3234
reprise qui me tente : fixer une fois pour toutes
la
périlleuse magie des nymphets. » 20. Der Mann ohne Eigenschaften, c
3235
» 20. Der Mann ohne Eigenschaften, c’est-à-dire
l’
Homme sans caractères propres, ou mieux, sans particularités : c’est à
3236
s : c’est à peu près ainsi que Valéry définissait
le
génie. La belle traduction française de Philippe Jaccottet s’intitule
3237
à peu près ainsi que Valéry définissait le génie.
La
belle traduction française de Philippe Jaccottet s’intitule : L’Homme
3238
finissait le génie. La belle traduction française
de
Philippe Jaccottet s’intitule : L’Homme sans qualités. 21. Ailleurs,
3239
tion française de Philippe Jaccottet s’intitule :
L’
Homme sans qualités. 21. Ailleurs, Musil revient sur ce thème : « Un
3240
urs, Musil revient sur ce thème : « Un partenaire
de
valeur inégale déséquilibre l’amour ; seulement, il faudrait ajouter
3241
: « Un partenaire de valeur inégale déséquilibre
l’
amour ; seulement, il faudrait ajouter que, bien souvent, c’est un dés
3242
, c’est un déséquilibre du sentiment qui entraîne
le
choix d’un tel objet. » Voir ma remarque sur le cercle vicieux de Lol
3243
n déséquilibre du sentiment qui entraîne le choix
d’
un tel objet. » Voir ma remarque sur le cercle vicieux de Lolita.
3244
e le choix d’un tel objet. » Voir ma remarque sur
le
cercle vicieux de Lolita.
3245
l objet. » Voir ma remarque sur le cercle vicieux
de
Lolita.
3246
Deux princes danois Kierkegaard et Hamlet
La
carrière de Søren Kierkegaard s’est déroulée en une douzaine d’années
3247
rinces danois Kierkegaard et Hamlet La carrière
de
Søren Kierkegaard s’est déroulée en une douzaine d’années comme un dr
3248
Søren Kierkegaard s’est déroulée en une douzaine
d’
années comme un drame unique, intense, inexorablement motivé à chaque
3249
, intense, inexorablement motivé à chaque instant
de
son progrès. Sa première œuvre importante, L’Alternative, parut en 18
3250
ant de son progrès. Sa première œuvre importante,
L’
Alternative, parut en 1843, lorsqu’il avait trente ans, et connut un i
3251
ais, à mesure qu’il se fit mieux comprendre, dans
la
suite de ses ouvrages composés et publiés au rythme accéléré de trois
3252
sure qu’il se fit mieux comprendre, dans la suite
de
ses ouvrages composés et publiés au rythme accéléré de trois ou quatr
3253
s ouvrages composés et publiés au rythme accéléré
de
trois ou quatre volumes par an, le public s’écarta, effrayé. Et, lors
3254
ythme accéléré de trois ou quatre volumes par an,
le
public s’écarta, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua de front le c
3255
s’écarta, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua
de
front le christianisme officiel et les évêques, qui avaient loué ses
3256
, effrayé. Et, lorsqu’en 1854 il attaqua de front
le
christianisme officiel et les évêques, qui avaient loué ses premières
3257
il attaqua de front le christianisme officiel et
les
évêques, qui avaient loué ses premières œuvres, il se vit abandonné d
3258
ué ses premières œuvres, il se vit abandonné dans
la
plus complète solitude qu’ait jamais connue un grand esprit. Un an pl
3259
épuisé par ce duel qu’il menait seul contre toute
l’
opinion, il s’effondra dans la rue au cours d’une promenade. On le tra
3260
t seul contre toute l’opinion, il s’effondra dans
la
rue au cours d’une promenade. On le transporta dans un hôpital où il
3261
ute l’opinion, il s’effondra dans la rue au cours
d’
une promenade. On le transporta dans un hôpital où il mourut en quelqu
3262
effondra dans la rue au cours d’une promenade. On
le
transporta dans un hôpital où il mourut en quelques semaines, âgé de
3263
un hôpital où il mourut en quelques semaines, âgé
de
42 ans. Le seul événement extérieur de ce drame fut la rupture de ses
3264
où il mourut en quelques semaines, âgé de 42 ans.
Le
seul événement extérieur de ce drame fut la rupture de ses fiançaille
3265
aines, âgé de 42 ans. Le seul événement extérieur
de
ce drame fut la rupture de ses fiançailles avec Régine Olsen, crise i
3266
ans. Le seul événement extérieur de ce drame fut
la
rupture de ses fiançailles avec Régine Olsen, crise initiale qui libé
3267
ul événement extérieur de ce drame fut la rupture
de
ses fiançailles avec Régine Olsen, crise initiale qui libéra le jaill
3268
lles avec Régine Olsen, crise initiale qui libéra
le
jaillissement de toute son œuvre. Mais l’acte que cette œuvre prépara
3269
Olsen, crise initiale qui libéra le jaillissement
de
toute son œuvre. Mais l’acte que cette œuvre préparait, cet acte aprè
3270
libéra le jaillissement de toute son œuvre. Mais
l’
acte que cette œuvre préparait, cet acte après lequel, semblable au pr
3271
ce Hamlet — autre Danois — il put mourir, certain
d’
avoir accompli sa mission, ce fut son attaque contre le christianisme
3272
ir accompli sa mission, ce fut son attaque contre
le
christianisme moderne au nom du Christ de l’Évangile. Tous ses ouvrag
3273
eudonymes symboliques. Il qualifiait ces ouvrages
de
« communications indirectes » ; et ces pseudonymes figuraient les per
3274
ions indirectes » ; et ces pseudonymes figuraient
les
personnes d’un drame dont lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à la
3275
s » ; et ces pseudonymes figuraient les personnes
d’
un drame dont lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à la fin de sa vi
3276
t les personnes d’un drame dont lui seul détenait
la
clé. Ce ne fut qu’à la fin de sa vie qu’il s’offrit sans masque à la
3277
ame dont lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à
la
fin de sa vie qu’il s’offrit sans masque à la lutte, au cours de la p
3278
t lui seul détenait la clé. Ce ne fut qu’à la fin
de
sa vie qu’il s’offrit sans masque à la lutte, au cours de la polémiqu
3279
u’à la fin de sa vie qu’il s’offrit sans masque à
la
lutte, au cours de la polémique décisive qui devait le mener à la mor
3280
u’il s’offrit sans masque à la lutte, au cours de
la
polémique décisive qui devait le mener à la mort. Ainsi, le drame de
3281
tte, au cours de la polémique décisive qui devait
le
mener à la mort. Ainsi, le drame de Kierkegaard fut typiquement celui
3282
rs de la polémique décisive qui devait le mener à
la
mort. Ainsi, le drame de Kierkegaard fut typiquement celui d’une voca
3283
ue décisive qui devait le mener à la mort. Ainsi,
le
drame de Kierkegaard fut typiquement celui d’une vocation. Toute son
3284
ve qui devait le mener à la mort. Ainsi, le drame
de
Kierkegaard fut typiquement celui d’une vocation. Toute son intrigue
3285
si, le drame de Kierkegaard fut typiquement celui
d’
une vocation. Toute son intrigue consiste dans le dévoilement progress
3286
d’une vocation. Toute son intrigue consiste dans
le
dévoilement progressif du sens et de la fin de cette vocation, secrèt
3287
onsiste dans le dévoilement progressif du sens et
de
la fin de cette vocation, secrètement orientée, dès le début, vers un
3288
iste dans le dévoilement progressif du sens et de
la
fin de cette vocation, secrètement orientée, dès le début, vers une a
3289
ns le dévoilement progressif du sens et de la fin
de
cette vocation, secrètement orientée, dès le début, vers une action u
3290
fin de cette vocation, secrètement orientée, dès
le
début, vers une action unique et éclatante, à laquelle le héros se pr
3291
, vers une action unique et éclatante, à laquelle
le
héros se prépare longuement, devant laquelle il hésite et recule, jus
3292
e qu’un incident secondaire en apparence provoque
le
saut final, l’accomplissement, que le héros paie de sa vie. Or il exi
3293
t secondaire en apparence provoque le saut final,
l’
accomplissement, que le héros paie de sa vie. Or il existe, dans la li
3294
ce provoque le saut final, l’accomplissement, que
le
héros paie de sa vie. Or il existe, dans la littérature occidentale,
3295
saut final, l’accomplissement, que le héros paie
de
sa vie. Or il existe, dans la littérature occidentale, un prototype d
3296
, que le héros paie de sa vie. Or il existe, dans
la
littérature occidentale, un prototype de cette action tragique, une p
3297
te, dans la littérature occidentale, un prototype
de
cette action tragique, une pièce célèbre dont il nous apparaît que la
3298
ique, une pièce célèbre dont il nous apparaît que
la
forme et le progrès même présentent avec la biographie de Kierkegaard
3299
èce célèbre dont il nous apparaît que la forme et
le
progrès même présentent avec la biographie de Kierkegaard les plus fr
3300
t que la forme et le progrès même présentent avec
la
biographie de Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans nous at
3301
et le progrès même présentent avec la biographie
de
Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur la
3302
même présentent avec la biographie de Kierkegaard
les
plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur la coïncidence qui
3303
plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur
la
coïncidence qui fait d’Hamlet un prince danois — et l’on peut rêver l
3304
s. Sans nous attarder sur la coïncidence qui fait
d’
Hamlet un prince danois — et l’on peut rêver là-dessus — rappelons d’a
3305
ïncidence qui fait d’Hamlet un prince danois — et
l’
on peut rêver là-dessus — rappelons d’abord les traits les plus sailla
3306
et l’on peut rêver là-dessus — rappelons d’abord
les
traits les plus saillants du drame inventé par Shakespeare, ceux qui
3307
ut rêver là-dessus — rappelons d’abord les traits
les
plus saillants du drame inventé par Shakespeare, ceux qui évoquent à
3308
par Shakespeare, ceux qui évoquent à première vue
le
drame vécu par Kierkegaard et nous suggèrent un parallèle possible. L
3309
rkegaard et nous suggèrent un parallèle possible.
L’
histoire d’Hamlet peut se résumer ainsi : un jeune homme profondément
3310
nous suggèrent un parallèle possible. L’histoire
d’
Hamlet peut se résumer ainsi : un jeune homme profondément mélancoliqu
3311
mission, qu’il ne peut révéler qu’indirectement,
l’
isole de ses semblables, l’oblige à rompre ses fiançailles avec la trè
3312
, qu’il ne peut révéler qu’indirectement, l’isole
de
ses semblables, l’oblige à rompre ses fiançailles avec la très jeune
3313
éler qu’indirectement, l’isole de ses semblables,
l’
oblige à rompre ses fiançailles avec la très jeune Ophélia et le fait
3314
emblables, l’oblige à rompre ses fiançailles avec
la
très jeune Ophélia et le fait passer pour un dangereux exalté. Finale
3315
pre ses fiançailles avec la très jeune Ophélia et
le
fait passer pour un dangereux exalté. Finalement, il se voit contrain
3316
voit contraint, par des circonstances fortuites,
de
réaliser l’acte unique devant lequel il balançait. Il tue l’usurpateu
3317
int, par des circonstances fortuites, de réaliser
l’
acte unique devant lequel il balançait. Il tue l’usurpateur et périt d
3318
l’acte unique devant lequel il balançait. Il tue
l’
usurpateur et périt dans ce combat. Mélancolie, secret qu’il faut gard
3319
ncolie, secret qu’il faut garder tout en essayant
de
le faire deviner, rupture des fiançailles, enfin dénonciation éclatan
3320
lie, secret qu’il faut garder tout en essayant de
le
faire deviner, rupture des fiançailles, enfin dénonciation éclatante
3321
ure des fiançailles, enfin dénonciation éclatante
d’
une usurpation que tout le monde s’accordait à passer sous silence : c
3322
nde s’accordait à passer sous silence : ce résumé
d’
Hamlet ne vaut-il pas identiquement comme résumé de la biographie de K
3323
’Hamlet ne vaut-il pas identiquement comme résumé
de
la biographie de Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de p
3324
mlet ne vaut-il pas identiquement comme résumé de
la
biographie de Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de pous
3325
l pas identiquement comme résumé de la biographie
de
Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible de pousser ce parallè
3326
e Kierkegaard ? Il reste à voir s’il est possible
de
pousser ce parallèle beaucoup plus loin dans le détail. Ce serait peu
3327
e de pousser ce parallèle beaucoup plus loin dans
le
détail. Ce serait peut-être un bon moyen d’illustrer à la fois la pen
3328
dans le détail. Ce serait peut-être un bon moyen
d’
illustrer à la fois la pensée et la vie de Kierkegaard et, d’une maniè
3329
rait peut-être un bon moyen d’illustrer à la fois
la
pensée et la vie de Kierkegaard et, d’une manière générale, ce que l’
3330
e un bon moyen d’illustrer à la fois la pensée et
la
vie de Kierkegaard et, d’une manière générale, ce que l’on pourrait n
3331
n moyen d’illustrer à la fois la pensée et la vie
de
Kierkegaard et, d’une manière générale, ce que l’on pourrait nommer l
3332
à la fois la pensée et la vie de Kierkegaard et,
d’
une manière générale, ce que l’on pourrait nommer les lois ou la psych
3333
de Kierkegaard et, d’une manière générale, ce que
l’
on pourrait nommer les lois ou la psychologie d’une vocation. Considér
3334
une manière générale, ce que l’on pourrait nommer
les
lois ou la psychologie d’une vocation. Considérons d’abord le caractè
3335
générale, ce que l’on pourrait nommer les lois ou
la
psychologie d’une vocation. Considérons d’abord le caractère des deux
3336
e l’on pourrait nommer les lois ou la psychologie
d’
une vocation. Considérons d’abord le caractère des deux héros, l’un fi
3337
a psychologie d’une vocation. Considérons d’abord
le
caractère des deux héros, l’un fictif et l’autre réel. Hamlet, jeune
3338
, jeune prince royal, est un intellectuel. Il n’a
d’
autre désir que de retourner à l’Université de Wittenberg, pour s’y li
3339
al, est un intellectuel. Il n’a d’autre désir que
de
retourner à l’Université de Wittenberg, pour s’y livrer à la philosop
3340
llectuel. Il n’a d’autre désir que de retourner à
l’
Université de Wittenberg, pour s’y livrer à la philosophie. S’il demeu
3341
n’a d’autre désir que de retourner à l’Université
de
Wittenberg, pour s’y livrer à la philosophie. S’il demeure à la cour,
3342
r à l’Université de Wittenberg, pour s’y livrer à
la
philosophie. S’il demeure à la cour, c’est uniquement par obéissance
3343
pour s’y livrer à la philosophie. S’il demeure à
la
cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs de sa mère. Il ne pe
3344
cour, c’est uniquement par obéissance aux désirs
de
sa mère. Il ne peut prendre son parti de la commune condition humaine
3345
x désirs de sa mère. Il ne peut prendre son parti
de
la commune condition humaine. Une incurable mélancolie le possède et
3346
ésirs de sa mère. Il ne peut prendre son parti de
la
commune condition humaine. Une incurable mélancolie le possède et lui
3347
mmune condition humaine. Une incurable mélancolie
le
possède et lui fait trouver les biens de ce monde « fastidieux, usés
3348
curable mélancolie le possède et lui fait trouver
les
biens de ce monde « fastidieux, usés et vulgaires ». Le suicide le te
3349
lancolie le possède et lui fait trouver les biens
de
ce monde « fastidieux, usés et vulgaires ». Le suicide le tente. Mais
3350
ns de ce monde « fastidieux, usés et vulgaires ».
Le
suicide le tente. Mais il réussit à masquer cette mélancolie sous des
3351
nde « fastidieux, usés et vulgaires ». Le suicide
le
tente. Mais il réussit à masquer cette mélancolie sous des dehors d’u
3352
éussit à masquer cette mélancolie sous des dehors
d’
une gaieté sarcastique, d’un esprit pétulant, prompt à l’ironie et aux
3353
ancolie sous des dehors d’une gaieté sarcastique,
d’
un esprit pétulant, prompt à l’ironie et aux métaphores baroques. Voyo
3354
aieté sarcastique, d’un esprit pétulant, prompt à
l’
ironie et aux métaphores baroques. Voyons maintenant dans quels termes
3355
i aussi se sent un prince. « Il y a quelque chose
de
royal dans mon être », fait-il dire à l’un de ses pseudonymes. Lui au
3356
ose de royal dans mon être », fait-il dire à l’un
de
ses pseudonymes. Lui aussi voudrait « retourner à Wittenberg », c’est
3357
s’abandonner à son génie dialectique, aux projets
de
poète et de philosophe qu’il avait conçus pendant son séjour à l’Acad
3358
à son génie dialectique, aux projets de poète et
de
philosophe qu’il avait conçus pendant son séjour à l’Académie de Berl
3359
hilosophe qu’il avait conçus pendant son séjour à
l’
Académie de Berlin ; mais il se résout à passer simplement son examen
3360
u’il avait conçus pendant son séjour à l’Académie
de
Berlin ; mais il se résout à passer simplement son examen de théologi
3361
mais il se résout à passer simplement son examen
de
théologie, par obéissance aux désirs de son père. Et surtout, lui aus
3362
on examen de théologie, par obéissance aux désirs
de
son père. Et surtout, lui aussi se sait la victime d’une sorte de neu
3363
désirs de son père. Et surtout, lui aussi se sait
la
victime d’une sorte de neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes anné
3364
on père. Et surtout, lui aussi se sait la victime
d’
une sorte de neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’e
3365
surtout, lui aussi se sait la victime d’une sorte
de
neurasthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’empire d’une
3366
asthénie : « J’ai vécu dès mes jeunes années sous
l’
empire d’une immense mélancolie, dont la profondeur n’a d’égale que ma
3367
: « J’ai vécu dès mes jeunes années sous l’empire
d’
une immense mélancolie, dont la profondeur n’a d’égale que ma faculté
3368
nées sous l’empire d’une immense mélancolie, dont
la
profondeur n’a d’égale que ma faculté de la dissimuler sous des appar
3369
d’une immense mélancolie, dont la profondeur n’a
d’
égale que ma faculté de la dissimuler sous des apparences de gaieté. »
3370
ie, dont la profondeur n’a d’égale que ma faculté
de
la dissimuler sous des apparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais
3371
dont la profondeur n’a d’égale que ma faculté de
la
dissimuler sous des apparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais arm
3372
e ma faculté de la dissimuler sous des apparences
de
gaieté. » Ou encore : « J’étais armé d’une foi presque téméraire en m
3373
pparences de gaieté. » Ou encore : « J’étais armé
d’
une foi presque téméraire en ma capacité de pouvoir toutes choses, sau
3374
s armé d’une foi presque téméraire en ma capacité
de
pouvoir toutes choses, sauf une : devenir un oiseau libre, ne fût-ce
3375
n oiseau libre, ne fût-ce qu’un seul jour, rompre
les
chaînes de la mélancolie, où une autre puissance me retenait. » Cette
3376
re, ne fût-ce qu’un seul jour, rompre les chaînes
de
la mélancolie, où une autre puissance me retenait. » Cette dispositio
3377
ne fût-ce qu’un seul jour, rompre les chaînes de
la
mélancolie, où une autre puissance me retenait. » Cette disposition,
3378
ce me retenait. » Cette disposition, ajoute-t-il,
l’
a condamné à observer, à réfléchir la vie, à l’imiter au lieu de la vi
3379
ajoute-t-il, l’a condamné à observer, à réfléchir
la
vie, à l’imiter au lieu de la vivre réellement ; mais, quoique prison
3380
l, l’a condamné à observer, à réfléchir la vie, à
l’
imiter au lieu de la vivre réellement ; mais, quoique prisonnier de so
3381
server, à réfléchir la vie, à l’imiter au lieu de
la
vivre réellement ; mais, quoique prisonnier de son tourment, il a reç
3382
de la vivre réellement ; mais, quoique prisonnier
de
son tourment, il a reçu « la liberté illimitée de pouvoir donner le c
3383
, quoique prisonnier de son tourment, il a reçu «
la
liberté illimitée de pouvoir donner le change ». Voici donc Hamlet te
3384
de son tourment, il a reçu « la liberté illimitée
de
pouvoir donner le change ». Voici donc Hamlet tel que nous le décrive
3385
l a reçu « la liberté illimitée de pouvoir donner
le
change ». Voici donc Hamlet tel que nous le décrivent les premières s
3386
onner le change ». Voici donc Hamlet tel que nous
le
décrivent les premières scènes du drame de Shakespeare, et Kierkegaar
3387
e nous le décrivent les premières scènes du drame
de
Shakespeare, et Kierkegaard tel qu’il se montre dans son premier ouvr
3388
ard tel qu’il se montre dans son premier ouvrage,
L’
Alternative : deux princes vraiment, deux êtres d’exception, pleins de
3389
L’Alternative : deux princes vraiment, deux êtres
d’
exception, pleins de hardiesse et de fierté, mais inaptes à la vie com
3390
princes vraiment, deux êtres d’exception, pleins
de
hardiesse et de fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause d’une
3391
t, deux êtres d’exception, pleins de hardiesse et
de
fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause d’une mystérieuse méla
3392
pleins de hardiesse et de fierté, mais inaptes à
la
vie commune, à cause d’une mystérieuse mélancolie qu’ils dissimulent
3393
de fierté, mais inaptes à la vie commune, à cause
d’
une mystérieuse mélancolie qu’ils dissimulent sous un masque ironique.
3394
onique. Et voici que ces deux individus, pour qui
la
vie en soi est déjà un problème, reçoivent en outre une mission redou
3395
reçoivent en outre une mission redoutable et qui
les
condamnera, bien plus encore que leur nature psychologique, à devenir
3396
ue leur nature psychologique, à devenir des êtres
d’
exception. Hamlet reçoit sa mission de son père, qui lui apparaît sous
3397
r des êtres d’exception. Hamlet reçoit sa mission
de
son père, qui lui apparaît sous la forme d’un spectre. Assassiné, dit
3398
oit sa mission de son père, qui lui apparaît sous
la
forme d’un spectre. Assassiné, dit-il, par le roi actuel, qui n’est d
3399
ssion de son père, qui lui apparaît sous la forme
d’
un spectre. Assassiné, dit-il, par le roi actuel, qui n’est donc qu’un
3400
ous la forme d’un spectre. Assassiné, dit-il, par
le
roi actuel, qui n’est donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fils
3401
r le roi actuel, qui n’est donc qu’un usurpateur,
le
père ordonne au fils de le venger. Hamlet revient vers ses compagnons
3402
st donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fils
de
le venger. Hamlet revient vers ses compagnons, qui assistaient de loi
3403
donc qu’un usurpateur, le père ordonne au fils de
le
venger. Hamlet revient vers ses compagnons, qui assistaient de loin à
3404
mlet revient vers ses compagnons, qui assistaient
de
loin à la scène, et leur fait jurer par trois fois de garder le secre
3405
nt vers ses compagnons, qui assistaient de loin à
la
scène, et leur fait jurer par trois fois de garder le secret sur cett
3406
oin à la scène, et leur fait jurer par trois fois
de
garder le secret sur cette révélation. Kierkegaard, lui aussi, reçut
3407
cène, et leur fait jurer par trois fois de garder
le
secret sur cette révélation. Kierkegaard, lui aussi, reçut dès sa jeu
3408
d, lui aussi, reçut dès sa jeunesse communication
d’
un secret, auquel il se réfère souvent, mais dont il n’a jamais expliq
3409
réfère souvent, mais dont il n’a jamais expliqué
la
nature. Nous savons cependant que le secret était lié à la mémoire de
3410
ais expliqué la nature. Nous savons cependant que
le
secret était lié à la mémoire de son père. Il qualifie cette révélati
3411
mémoire de son père. Il qualifie cette révélation
de
« grand tremblement de terre » dans sa vie. C’est bien ainsi qu’Hamle
3412
qualifie cette révélation de « grand tremblement
de
terre » dans sa vie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler de la
3413
a vie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler
de
la scène du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence de son père
3414
ie. C’est bien ainsi qu’Hamlet pourrait parler de
la
scène du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence de son père qui
3415
r de la scène du spectre. Et, d’autre part, c’est
l’
influence de son père qui ouvrit les yeux de Kierkegaard sur l’absolu
3416
e du spectre. Et, d’autre part, c’est l’influence
de
son père qui ouvrit les yeux de Kierkegaard sur l’absolu du christian
3417
re part, c’est l’influence de son père qui ouvrit
les
yeux de Kierkegaard sur l’absolu du christianisme véritable et lui pe
3418
c’est l’influence de son père qui ouvrit les yeux
de
Kierkegaard sur l’absolu du christianisme véritable et lui permit de
3419
e son père qui ouvrit les yeux de Kierkegaard sur
l’
absolu du christianisme véritable et lui permit de découvrir cette vér
3420
l’absolu du christianisme véritable et lui permit
de
découvrir cette vérité terrible : le prétendu christianisme des temps
3421
t lui permit de découvrir cette vérité terrible :
le
prétendu christianisme des temps modernes est une tromperie, une imme
3422
le pas davantage à celui du Nouveau Testament que
le
salon du petit-bourgeois ou la salle de jeu des enfants aux décisions
3423
veau Testament que le salon du petit-bourgeois ou
la
salle de jeu des enfants aux décisions les plus terribles de la réali
3424
ament que le salon du petit-bourgeois ou la salle
de
jeu des enfants aux décisions les plus terribles de la réalité la plu
3425
eois ou la salle de jeu des enfants aux décisions
les
plus terribles de la réalité la plus cruelle ». Nous avons dénaturé l
3426
jeu des enfants aux décisions les plus terribles
de
la réalité la plus cruelle ». Nous avons dénaturé le christianisme, n
3427
u des enfants aux décisions les plus terribles de
la
réalité la plus cruelle ». Nous avons dénaturé le christianisme, nous
3428
ts aux décisions les plus terribles de la réalité
la
plus cruelle ». Nous avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pr
3429
la réalité la plus cruelle ». Nous avons dénaturé
le
christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au Heu de nous en reco
3430
lle ». Nous avons dénaturé le christianisme, nous
l’
avons pris à bon marché, au Heu de nous en reconnaître indignes et d’a
3431
stianisme, nous l’avons pris à bon marché, au Heu
de
nous en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer
3432
marché, au Heu de nous en reconnaître indignes et
d’
avouer que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard
3433
econnaître indignes et d’avouer que nous refusons
d’
en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majest
3434
indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer
le
prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de lèse-majesté qualifié
3435
er le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime
de
lèse-majesté qualifié ». Il y a donc usurpation. Le christianisme off
3436
lèse-majesté qualifié ». Il y a donc usurpation.
Le
christianisme officiel, de nos jours, joue de la sorte, aux yeux de K
3437
l y a donc usurpation. Le christianisme officiel,
de
nos jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle qu
3438
on. Le christianisme officiel, de nos jours, joue
de
la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le roi Claudius a
3439
Le christianisme officiel, de nos jours, joue de
la
sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le roi Claudius aux
3440
jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard,
le
même rôle que le roi Claudius aux yeux d’Hamlet. Seulement, tandis qu
3441
sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que
le
roi Claudius aux yeux d’Hamlet. Seulement, tandis que le roi Claudius
3442
egaard, le même rôle que le roi Claudius aux yeux
d’
Hamlet. Seulement, tandis que le roi Claudius avait séduit la reine, c
3443
Claudius aux yeux d’Hamlet. Seulement, tandis que
le
roi Claudius avait séduit la reine, c’est de l’Église qu’abuse la doc
3444
eulement, tandis que le roi Claudius avait séduit
la
reine, c’est de l’Église qu’abuse la doctrine édulcorée que la foule,
3445
que le roi Claudius avait séduit la reine, c’est
de
l’Église qu’abuse la doctrine édulcorée que la foule, aujourd’hui, pr
3446
e le roi Claudius avait séduit la reine, c’est de
l’
Église qu’abuse la doctrine édulcorée que la foule, aujourd’hui, prend
3447
avait séduit la reine, c’est de l’Église qu’abuse
la
doctrine édulcorée que la foule, aujourd’hui, prend pour du christian
3448
st de l’Église qu’abuse la doctrine édulcorée que
la
foule, aujourd’hui, prend pour du christianisme. Hamlet connaît maint
3449
connaît maintenant sa mission et son acte : tuer
l’
usurpateur, afin de rétablir la légitimité. Et Kierkegaard pressent sa
3450
et son acte : tuer l’usurpateur, afin de rétablir
la
légitimité. Et Kierkegaard pressent sa vocation, qui sera de dénoncer
3451
té. Et Kierkegaard pressent sa vocation, qui sera
de
dénoncer l’usurpation religieuse, afin de rétablir dans sa pureté pre
3452
egaard pressent sa vocation, qui sera de dénoncer
l’
usurpation religieuse, afin de rétablir dans sa pureté première l’exig
3453
igieuse, afin de rétablir dans sa pureté première
l’
exigence absolue de l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous
3454
tablir dans sa pureté première l’exigence absolue
de
l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux hér
3455
lir dans sa pureté première l’exigence absolue de
l’
Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux héros
3456
pureté première l’exigence absolue de l’Évangile.
La
tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux héros gémir sous l
3457
ile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons
les
deux héros gémir sous le faix qui leur est imposé : « L’époque est dé
3458
humaine. Et nous voyons les deux héros gémir sous
le
faix qui leur est imposé : « L’époque est détraquée, hélas ! pourquoi
3459
héros gémir sous le faix qui leur est imposé : «
L’
époque est détraquée, hélas ! pourquoi faut-il que je sois né pour la
3460
uée, hélas ! pourquoi faut-il que je sois né pour
la
rajuster ! », s’écrie Hamlet. Et Kierkegaard ne cesse de répéter sur
3461
ster ! », s’écrie Hamlet. Et Kierkegaard ne cesse
de
répéter sur tous les tons la même idée : il est né pour forcer notre
3462
mlet. Et Kierkegaard ne cesse de répéter sur tous
les
tons la même idée : il est né pour forcer notre époque détraquée à re
3463
Kierkegaard ne cesse de répéter sur tous les tons
la
même idée : il est né pour forcer notre époque détraquée à reconnaîtr
3464
pour forcer notre époque détraquée à reconnaître
l’
absolu chrétien et, sinon à lui obéir, tout au moins à cesser de se di
3465
ien et, sinon à lui obéir, tout au moins à cesser
de
se dire chrétienne « à bon marché ». Tous les deux pensent qu’« il y
3466
sser de se dire chrétienne « à bon marché ». Tous
les
deux pensent qu’« il y a quelque chose de pourri dans le royaume de D
3467
. Tous les deux pensent qu’« il y a quelque chose
de
pourri dans le royaume de Danemark » et que leur destin sera de dénon
3468
pensent qu’« il y a quelque chose de pourri dans
le
royaume de Danemark » et que leur destin sera de dénoncer cette situa
3469
’« il y a quelque chose de pourri dans le royaume
de
Danemark » et que leur destin sera de dénoncer cette situation, advie
3470
le royaume de Danemark » et que leur destin sera
de
dénoncer cette situation, advienne que pourra… Les caractères étant d
3471
de dénoncer cette situation, advienne que pourra…
Les
caractères étant donnés, la mission définie dès le début du drame, vo
3472
advienne que pourra… Les caractères étant donnés,
la
mission définie dès le début du drame, voyons maintenant le progrès d
3473
s caractères étant donnés, la mission définie dès
le
début du drame, voyons maintenant le progrès de l’action. Il faut rel
3474
définie dès le début du drame, voyons maintenant
le
progrès de l’action. Il faut relever d’abord le rôle que joue le secr
3475
s le début du drame, voyons maintenant le progrès
de
l’action. Il faut relever d’abord le rôle que joue le secret dans les
3476
e début du drame, voyons maintenant le progrès de
l’
action. Il faut relever d’abord le rôle que joue le secret dans les de
3477
t le progrès de l’action. Il faut relever d’abord
le
rôle que joue le secret dans les deux cas. Pour Hamlet, c’est très si
3478
’action. Il faut relever d’abord le rôle que joue
le
secret dans les deux cas. Pour Hamlet, c’est très simple : il doit se
3479
t relever d’abord le rôle que joue le secret dans
les
deux cas. Pour Hamlet, c’est très simple : il doit se taire, sinon Cl
3480
st très simple : il doit se taire, sinon Claudius
le
fera sans aucun doute assassiner. Pour Kierkegaard, c’est plus comple
3481
c’est plus complexe. S’il passait tout de suite à
l’
attaque, personne ne l’écouterait. Il faut donc qu’il commence par séd
3482
il passait tout de suite à l’attaque, personne ne
l’
écouterait. Il faut donc qu’il commence par séduire le public, qu’il l
3483
outerait. Il faut donc qu’il commence par séduire
le
public, qu’il le force à devenir attentif, toutefois sans trahir l’in
3484
donc qu’il commence par séduire le public, qu’il
le
force à devenir attentif, toutefois sans trahir l’intention réelle de
3485
e force à devenir attentif, toutefois sans trahir
l’
intention réelle de son œuvre. Kierkegaard dresse ses plans en conséqu
3486
ttentif, toutefois sans trahir l’intention réelle
de
son œuvre. Kierkegaard dresse ses plans en conséquence. Il publiera d
3487
paradoxaux, apparemment cyniques, et tous signés
de
divers pseudonymes. Le message chrétien, qui lui importe seul, y sera
3488
t cyniques, et tous signés de divers pseudonymes.
Le
message chrétien, qui lui importe seul, y sera toujours présent, mais
3489
a toujours présent, mais soigneusement dissimulé.
De
la sorte, il attirera le public et l’amènera à son insu au point le p
3490
oujours présent, mais soigneusement dissimulé. De
la
sorte, il attirera le public et l’amènera à son insu au point le plus
3491
soigneusement dissimulé. De la sorte, il attirera
le
public et l’amènera à son insu au point le plus favorable pour l’atta
3492
dissimulé. De la sorte, il attirera le public et
l’
amènera à son insu au point le plus favorable pour l’attaque décisive.
3493
tirera le public et l’amènera à son insu au point
le
plus favorable pour l’attaque décisive. Or on se rappelle qu’Hamlet d
3494
mènera à son insu au point le plus favorable pour
l’
attaque décisive. Or on se rappelle qu’Hamlet dresse un plan analogue.
3495
lle qu’Hamlet dresse un plan analogue. Il imagine
de
faire jouer devant la cour une pantomime représentant l’assassinat de
3496
n plan analogue. Il imagine de faire jouer devant
la
cour une pantomime représentant l’assassinat de son père et l’usurpat
3497
e jouer devant la cour une pantomime représentant
l’
assassinat de son père et l’usurpation. « Cette représentation, dit-il
3498
t la cour une pantomime représentant l’assassinat
de
son père et l’usurpation. « Cette représentation, dit-il, est le moye
3499
antomime représentant l’assassinat de son père et
l’
usurpation. « Cette représentation, dit-il, est le moyen par lequel je
3500
l’usurpation. « Cette représentation, dit-il, est
le
moyen par lequel je surprendrai la conscience du roi. » Tous les deux
3501
n, dit-il, est le moyen par lequel je surprendrai
la
conscience du roi. » Tous les deux choisissent donc des moyens indire
3502
equel je surprendrai la conscience du roi. » Tous
les
deux choisissent donc des moyens indirects — Hamlet des comédiens, Ki
3503
donymes — pour intéresser tout en inquiétant dans
le
sens voulu, pour suggérer le secret sans le dire, enfin pour forcer l
3504
t en inquiétant dans le sens voulu, pour suggérer
le
secret sans le dire, enfin pour forcer le public ou la cour « à deven
3505
dans le sens voulu, pour suggérer le secret sans
le
dire, enfin pour forcer le public ou la cour « à devenir attentifs »
3506
uggérer le secret sans le dire, enfin pour forcer
le
public ou la cour « à devenir attentifs » malgré eux. (Mundus vult de
3507
cret sans le dire, enfin pour forcer le public ou
la
cour « à devenir attentifs » malgré eux. (Mundus vult decipi, le mond
3508
enir attentifs » malgré eux. (Mundus vult decipi,
le
monde veut être trompé, constate Kierkegaard à plusieurs reprises.) M
3509
s.) Mais à ce jeu ils risquent gros. Ils risquent
de
créer les pires malentendus. Et ils risquent aussi leur bonheur. Ici,
3510
à ce jeu ils risquent gros. Ils risquent de créer
les
pires malentendus. Et ils risquent aussi leur bonheur. Ici, le parall
3511
ntendus. Et ils risquent aussi leur bonheur. Ici,
le
parallèle semble parfait. Le bonheur, la pleine participation à la vi
3512
i leur bonheur. Ici, le parallèle semble parfait.
Le
bonheur, la pleine participation à la vie, le signe de l’accession à
3513
ur. Ici, le parallèle semble parfait. Le bonheur,
la
pleine participation à la vie, le signe de l’accession à la commune c
3514
le parfait. Le bonheur, la pleine participation à
la
vie, le signe de l’accession à la commune condition humaine, c’est à
3515
it. Le bonheur, la pleine participation à la vie,
le
signe de l’accession à la commune condition humaine, c’est à leurs ye
3516
nheur, la pleine participation à la vie, le signe
de
l’accession à la commune condition humaine, c’est à leurs yeux la fem
3517
ur, la pleine participation à la vie, le signe de
l’
accession à la commune condition humaine, c’est à leurs yeux la femme,
3518
participation à la vie, le signe de l’accession à
la
commune condition humaine, c’est à leurs yeux la femme, l’amour et le
3519
la commune condition humaine, c’est à leurs yeux
la
femme, l’amour et le mariage. Or tous les deux se voient contraints d
3520
e condition humaine, c’est à leurs yeux la femme,
l’
amour et le mariage. Or tous les deux se voient contraints d’y renonce
3521
humaine, c’est à leurs yeux la femme, l’amour et
le
mariage. Or tous les deux se voient contraints d’y renoncer, à cause
3522
urs yeux la femme, l’amour et le mariage. Or tous
les
deux se voient contraints d’y renoncer, à cause de leur mission, de l
3523
le mariage. Or tous les deux se voient contraints
d’
y renoncer, à cause de leur mission, de leur secret — peut-être aussi
3524
contraints d’y renoncer, à cause de leur mission,
de
leur secret — peut-être aussi à cause de leur nature profondément mél
3525
rofondément mélancolique, et sur ce dernier point
le
doute reste le même dans les deux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur
3526
ancolique, et sur ce dernier point le doute reste
le
même dans les deux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur la rupture de
3527
sur ce dernier point le doute reste le même dans
les
deux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur la rupture de ses fiançaille
3528
dans les deux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur
la
rupture de ses fiançailles avec Régine. Il s’est expliqué, peut-on di
3529
ux cas. Kierkegaard s’est expliqué sur la rupture
de
ses fiançailles avec Régine. Il s’est expliqué, peut-on dire, dans to
3530
ls que Coupable-Non coupable, qui sont en réalité
le
récit à peine déguisé de ses fiançailles et l’analyse interminable de
3531
ble, qui sont en réalité le récit à peine déguisé
de
ses fiançailles et l’analyse interminable des motifs de la rupture. S
3532
té le récit à peine déguisé de ses fiançailles et
l’
analyse interminable des motifs de la rupture. Shakespeare, au contrai
3533
fiançailles et l’analyse interminable des motifs
de
la rupture. Shakespeare, au contraire, ne motive guère l’attitude d’H
3534
ançailles et l’analyse interminable des motifs de
la
rupture. Shakespeare, au contraire, ne motive guère l’attitude d’Haml
3535
pture. Shakespeare, au contraire, ne motive guère
l’
attitude d’Hamlet à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Ki
3536
espeare, au contraire, ne motive guère l’attitude
d’
Hamlet à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard q
3537
attitude d’Hamlet à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est
l’
exemple vécu de Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kierkeg
3538
et à l’égard d’Ophélia. Ici, c’est l’exemple vécu
de
Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régin
3539
ndre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille
de
17 ans et il en est aimé. Mais il a son secret ambigu, le secret de s
3540
s et il en est aimé. Mais il a son secret ambigu,
le
secret de sa vocation et celui de sa mélancolie. Or il comprend bient
3541
est aimé. Mais il a son secret ambigu, le secret
de
sa vocation et celui de sa mélancolie. Or il comprend bientôt que le
3542
secret ambigu, le secret de sa vocation et celui
de
sa mélancolie. Or il comprend bientôt que le secret serait trop lourd
3543
elui de sa mélancolie. Or il comprend bientôt que
le
secret serait trop lourd pour la jeune fille. Naïve et spontanée, ell
3544
rend bientôt que le secret serait trop lourd pour
la
jeune fille. Naïve et spontanée, elle tenterait simplement, s’il le l
3545
ïve et spontanée, elle tenterait simplement, s’il
le
lui révélait, de ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de l’ex
3546
elle tenterait simplement, s’il le lui révélait,
de
ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de l’existence et de la
3547
, de ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise
de
l’existence et de la religion. Elle minerait son courage, déprimerait
3548
e ramener son fiancé à une vue plus bourgeoise de
l’
existence et de la religion. Elle minerait son courage, déprimerait sa
3549
iancé à une vue plus bourgeoise de l’existence et
de
la religion. Elle minerait son courage, déprimerait sa résolution et
3550
cé à une vue plus bourgeoise de l’existence et de
la
religion. Elle minerait son courage, déprimerait sa résolution et dev
3551
courage, déprimerait sa résolution et deviendrait
le
pire obstacle intime à l’exercice de son étrange vocation. Peut-on se
3552
solution et deviendrait le pire obstacle intime à
l’
exercice de son étrange vocation. Peut-on se marier si l’on veut être
3553
deviendrait le pire obstacle intime à l’exercice
de
son étrange vocation. Peut-on se marier si l’on veut être un témoin d
3554
ice de son étrange vocation. Peut-on se marier si
l’
on veut être un témoin de la vérité ? Un soldat à la frontière devrait
3555
on. Peut-on se marier si l’on veut être un témoin
de
la vérité ? Un soldat à la frontière devrait-il être marié ? se deman
3556
Peut-on se marier si l’on veut être un témoin de
la
vérité ? Un soldat à la frontière devrait-il être marié ? se demande
3557
on veut être un témoin de la vérité ? Un soldat à
la
frontière devrait-il être marié ? se demande Kierkegaard. Et lui, qui
3558
lui, qui se bat aux avant-postes, aux frontières
de
l’esprit ? D’autre part, il redoute d’initier sa fiancée à l’« esclav
3559
i, qui se bat aux avant-postes, aux frontières de
l’
esprit ? D’autre part, il redoute d’initier sa fiancée à l’« esclavage
3560
frontières de l’esprit ? D’autre part, il redoute
d’
initier sa fiancée à l’« esclavage de la mélancolie » : il ne se sent
3561
? D’autre part, il redoute d’initier sa fiancée à
l’
« esclavage de la mélancolie » : il ne se sent pas le droit de trouble
3562
, il redoute d’initier sa fiancée à l’« esclavage
de
la mélancolie » : il ne se sent pas le droit de troubler cette enfant
3563
l redoute d’initier sa fiancée à l’« esclavage de
la
mélancolie » : il ne se sent pas le droit de troubler cette enfant, d
3564
esclavage de la mélancolie » : il ne se sent pas
le
droit de troubler cette enfant, de l’entraîner dans des tourments aux
3565
e de la mélancolie » : il ne se sent pas le droit
de
troubler cette enfant, de l’entraîner dans des tourments auxquels lui
3566
ne se sent pas le droit de troubler cette enfant,
de
l’entraîner dans des tourments auxquels lui-même risque parfois de su
3567
se sent pas le droit de troubler cette enfant, de
l’
entraîner dans des tourments auxquels lui-même risque parfois de succo
3568
ns des tourments auxquels lui-même risque parfois
de
succomber. « Qui peut comprendre, écrit-il, cette contradiction de la
3569
ui peut comprendre, écrit-il, cette contradiction
de
la douleur : ne point se révéler et faire mourir l’amour ; se révéler
3570
peut comprendre, écrit-il, cette contradiction de
la
douleur : ne point se révéler et faire mourir l’amour ; se révéler et
3571
la douleur : ne point se révéler et faire mourir
l’
amour ; se révéler et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit d’être la
3572
faire mourir l’amour ; se révéler et faire mourir
l’
aimée ? » S’il choisit d’être la victime, une seule issue lui reste ou
3573
révéler et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit
d’
être la victime, une seule issue lui reste ouverte : rompre avec la je
3574
r et faire mourir l’aimée ? » S’il choisit d’être
la
victime, une seule issue lui reste ouverte : rompre avec la jeune fil
3575
, une seule issue lui reste ouverte : rompre avec
la
jeune fille qu’il aime, mais sans lui laisser soupçonner un instant l
3576
aime, mais sans lui laisser soupçonner un instant
la
nature de son double secret ; et pour cela faire croire à sa fiancée
3577
sans lui laisser soupçonner un instant la nature
de
son double secret ; et pour cela faire croire à sa fiancée qu’il ne l
3578
; et pour cela faire croire à sa fiancée qu’il ne
l’
aime plus. On sait la comédie que Kierkegaard s’imposa de jouer devant
3579
croire à sa fiancée qu’il ne l’aime plus. On sait
la
comédie que Kierkegaard s’imposa de jouer devant Régine. Il se peint
3580
plus. On sait la comédie que Kierkegaard s’imposa
de
jouer devant Régine. Il se peint à ses yeux comme une sorte de roué,
3581
nt Régine. Il se peint à ses yeux comme une sorte
de
roué, de séducteur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur la
3582
. Il se peint à ses yeux comme une sorte de roué,
de
séducteur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur la conscienc
3583
te de roué, de séducteur cynique, qui a peut-être
de
graves méfaits sur la conscience et qui renonce au mariage pour mieux
3584
ur cynique, qui a peut-être de graves méfaits sur
la
conscience et qui renonce au mariage pour mieux jouir de sa vie de ga
3585
cience et qui renonce au mariage pour mieux jouir
de
sa vie de garçon. Il a des mots atroces lors de leur séparation : « E
3586
qui renonce au mariage pour mieux jouir de sa vie
de
garçon. Il a des mots atroces lors de leur séparation : « Elle me dem
3587
rier ? Je répondis : « Oui, dans dix ans, quand »
le
feu de la jeunesse sera passé : il me faudra une » demoiselle au sang
3588
Je répondis : « Oui, dans dix ans, quand » le feu
de
la jeunesse sera passé : il me faudra une » demoiselle au sang frais
3589
répondis : « Oui, dans dix ans, quand » le feu de
la
jeunesse sera passé : il me faudra une » demoiselle au sang frais pou
3590
commentant ce récit : « Cruauté nécessaire ! » Il
la
quitte avec une froideur affectée, puis court au théâtre et, rentré c
3591
ourt au théâtre et, rentré chez lui, pleure toute
la
nuit. « Mais le lendemain, écrit-il, je fus comme d’ordinaire, et mêm
3592
et, rentré chez lui, pleure toute la nuit. « Mais
le
lendemain, écrit-il, je fus comme d’ordinaire, et même plus pétillant
3593
nuit. « Mais le lendemain, écrit-il, je fus comme
d’
ordinaire, et même plus pétillant d’esprit que jamais : c’était nécess
3594
je fus comme d’ordinaire, et même plus pétillant
d’
esprit que jamais : c’était nécessaire… » Il me semble que cette condu
3595
é plus douloureuse que scandaleuse, ne manque pas
d’
analogies précises avec la conduite d’Hamlet devant cette autre enfant
3596
ndaleuse, ne manque pas d’analogies précises avec
la
conduite d’Hamlet devant cette autre enfant qu’est Ophélia. Hamlet a
3597
manque pas d’analogies précises avec la conduite
d’
Hamlet devant cette autre enfant qu’est Ophélia. Hamlet a compris lui
3598
nt qu’est Ophélia. Hamlet a compris lui aussi que
l’
amour spontané et naïf d’Ophélia ferait obstacle à ses desseins secret
3599
a compris lui aussi que l’amour spontané et naïf
d’
Ophélia ferait obstacle à ses desseins secrets. C’est à lui que pensai
3600
éros tout théorique qu’il imagine : « Je vois que
l’
idée de mon existence fait naufrage sur cette jeune fille, ergo la jeu
3601
ut théorique qu’il imagine : « Je vois que l’idée
de
mon existence fait naufrage sur cette jeune fille, ergo la jeune fill
3602
istence fait naufrage sur cette jeune fille, ergo
la
jeune fille doit disparaître. Sur sa perte passe ma route vers un gra
3603
Hamlet, comme Kierkegaard, se noircir aux yeux de
la
jeune fille, prétendre qu’il ne l’aime pas, lui tenir les propos les
3604
ir aux yeux de la jeune fille, prétendre qu’il ne
l’
aime pas, lui tenir les propos les plus cyniques, s’écrier ensuite : «
3605
e fille, prétendre qu’il ne l’aime pas, lui tenir
les
propos les plus cyniques, s’écrier ensuite : « Comment ferait-on pour
3606
étendre qu’il ne l’aime pas, lui tenir les propos
les
plus cyniques, s’écrier ensuite : « Comment ferait-on pour n’être pas
3607
cruel, mais c’est pour être tendre… » Il convient
de
marquer ici, en toute justice, une différence profonde entre Kierkega
3608
e ne souffre pas, il a voulu prendre sur lui tout
le
drame, et il croit y avoir réussi, puisqu’il peut écrire, non sans am
3609
peut écrire, non sans amertume : « Elle a choisi
le
cri, j’ai gardé la douleur », tandis qu’Hamlet pousse Ophélia au suic
3610
ans amertume : « Elle a choisi le cri, j’ai gardé
la
douleur », tandis qu’Hamlet pousse Ophélia au suicide et semble indif
3611
dénouement du drame. Un incident banal déclenche
la
catastrophe dans Hamlet : c’est un simple assaut de fleuret. Seulemen
3612
catastrophe dans Hamlet : c’est un simple assaut
de
fleuret. Seulement, le fleuret de Laerte est empoisonné : le duel spo
3613
t : c’est un simple assaut de fleuret. Seulement,
le
fleuret de Laerte est empoisonné : le duel sportif tourne au duel à m
3614
n simple assaut de fleuret. Seulement, le fleuret
de
Laerte est empoisonné : le duel sportif tourne au duel à mort. Blessé
3615
Seulement, le fleuret de Laerte est empoisonné :
le
duel sportif tourne au duel à mort. Blessé, Hamlet ne peut plus hésit
3616
mort. Blessé, Hamlet ne peut plus hésiter. Il tue
le
roi. Quel fut, chez Kierkegaard, l’équivalent de ce sommet du drame,
3617
siter. Il tue le roi. Quel fut, chez Kierkegaard,
l’
équivalent de ce sommet du drame, ou de cette « chute » tragique ? Un
3618
le roi. Quel fut, chez Kierkegaard, l’équivalent
de
ce sommet du drame, ou de cette « chute » tragique ? Un incident mini
3619
erkegaard, l’équivalent de ce sommet du drame, ou
de
cette « chute » tragique ? Un incident minime, une simple phrase, et
3620
er pour un cliché dans un discours très officiel.
L’
évêque Mynster, primat de l’Église danoise, venait de mourir. Et le pr
3621
discours très officiel. L’évêque Mynster, primat
de
l’Église danoise, venait de mourir. Et le professeur Martensen, prono
3622
scours très officiel. L’évêque Mynster, primat de
l’
Église danoise, venait de mourir. Et le professeur Martensen, prononça
3623
primat de l’Église danoise, venait de mourir. Et
le
professeur Martensen, prononçant son éloge funèbre, crut devoir salue
3624
unèbre, crut devoir saluer sa mémoire comme celle
d’
un « vrai témoin de la vérité ». Dans cette phrase était le poison, po
3625
saluer sa mémoire comme celle d’un « vrai témoin
de
la vérité ». Dans cette phrase était le poison, pour Kierkegaard. Car
3626
luer sa mémoire comme celle d’un « vrai témoin de
la
vérité ». Dans cette phrase était le poison, pour Kierkegaard. Car to
3627
ai témoin de la vérité ». Dans cette phrase était
le
poison, pour Kierkegaard. Car toute son œuvre, toute sa carrière d’au
3628
erkegaard. Car toute son œuvre, toute sa carrière
d’
auteur n’avait eu d’autre sens, à ses yeux, que de rétablir dans sa pu
3629
son œuvre, toute sa carrière d’auteur n’avait eu
d’
autre sens, à ses yeux, que de rétablir dans sa pureté apostolique le
3630
d’auteur n’avait eu d’autre sens, à ses yeux, que
de
rétablir dans sa pureté apostolique le concept de témoin de la vérité
3631
yeux, que de rétablir dans sa pureté apostolique
le
concept de témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr.
3632
de rétablir dans sa pureté apostolique le concept
de
témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque
3633
r dans sa pureté apostolique le concept de témoin
de
la vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque Mynster a
3634
ans sa pureté apostolique le concept de témoin de
la
vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or l’évêque Mynster avai
3635
de témoin de la vérité, c’est-à-dire pratiquement
de
martyr. Or l’évêque Mynster avait été un grand prélat, chargé de titr
3636
a vérité, c’est-à-dire pratiquement de martyr. Or
l’
évêque Mynster avait été un grand prélat, chargé de titres et d’honneu
3637
’évêque Mynster avait été un grand prélat, chargé
de
titres et d’honneurs, un fin lettré, un humaniste, un homme comblé de
3638
er avait été un grand prélat, chargé de titres et
d’
honneurs, un fin lettré, un humaniste, un homme comblé des biens de ce
3639
n lettré, un humaniste, un homme comblé des biens
de
ce monde. L’appeler témoin de la vérité, c’était commettre à l’égard
3640
humaniste, un homme comblé des biens de ce monde.
L’
appeler témoin de la vérité, c’était commettre à l’égard de l’absolu c
3641
me comblé des biens de ce monde. L’appeler témoin
de
la vérité, c’était commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime
3642
comblé des biens de ce monde. L’appeler témoin de
la
vérité, c’était commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime de
3643
moin de la vérité, c’était commettre à l’égard de
l’
absolu chrétien le crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer d
3644
c’était commettre à l’égard de l’absolu chrétien
le
crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de l’Évangile, c’ét
3645
commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime
de
lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de l’Évangile, c’était recon
3646
crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer
de
l’Évangile, c’était reconnaître et sanctionner l’usurpation. Kierkega
3647
me de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de
l’
Évangile, c’était reconnaître et sanctionner l’usurpation. Kierkegaard
3648
de l’Évangile, c’était reconnaître et sanctionner
l’
usurpation. Kierkegaard se sentit provoqué. Et, là encore, ce qui aura
3649
encore, ce qui aurait pu rester un simple assaut
de
fleuret, une polémique comme une autre, tourna soudain au duel à mort
3650
ort. Kierkegaard écrivit immédiatement un article
d’
une extrême violence. Il attendit des mois avant de le publier, il att
3651
e extrême violence. Il attendit des mois avant de
le
publier, il attendit que le professeur Martensen fût devenu évêque à
3652
dit des mois avant de le publier, il attendit que
le
professeur Martensen fût devenu évêque à son tour, succédant à Mynste
3653
e à son tour, succédant à Mynster. Puis il publia
l’
article. Et cet article fut son acte, l’attaque directe, décisive et m
3654
il publia l’article. Et cet article fut son acte,
l’
attaque directe, décisive et mortelle, aussi « exagérée » que peut l’ê
3655
décisive et mortelle, aussi « exagérée » que peut
l’
être l’élan d’un combattant qui joue sa vie sur un seul coup. Voici un
3656
e et mortelle, aussi « exagérée » que peut l’être
l’
élan d’un combattant qui joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrai
3657
rtelle, aussi « exagérée » que peut l’être l’élan
d’
un combattant qui joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrait de ce
3658
ui joue sa vie sur un seul coup. Voici un extrait
de
cet article : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est
3659
oup. Voici un extrait de cet article : Un témoin
de
la vérité, c’est un homme dont la vie est, du commencement à la fin,
3660
. Voici un extrait de cet article : Un témoin de
la
vérité, c’est un homme dont la vie est, du commencement à la fin, fam
3661
le : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont
la
vie est, du commencement à la fin, familière avec toute espèce de sou
3662
c’est un homme dont la vie est, du commencement à
la
fin, familière avec toute espèce de souffrance — avec les luttes inté
3663
ommencement à la fin, familière avec toute espèce
de
souffrance — avec les luttes intérieures, avec la crainte et le tremb
3664
familière avec toute espèce de souffrance — avec
les
luttes intérieures, avec la crainte et le tremblement, les frémisseme
3665
de souffrance — avec les luttes intérieures, avec
la
crainte et le tremblement, les frémissements, les scrupules, les ango
3666
— avec les luttes intérieures, avec la crainte et
le
tremblement, les frémissements, les scrupules, les angoisses de l’âme
3667
s intérieures, avec la crainte et le tremblement,
les
frémissements, les scrupules, les angoisses de l’âme, les tourments d
3668
la crainte et le tremblement, les frémissements,
les
scrupules, les angoisses de l’âme, les tourments de l’esprit et, de p
3669
le tremblement, les frémissements, les scrupules,
les
angoisses de l’âme, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes les
3670
, les frémissements, les scrupules, les angoisses
de
l’âme, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes les souffrances
3671
es frémissements, les scrupules, les angoisses de
l’
âme, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes les souffrances don
3672
issements, les scrupules, les angoisses de l’âme,
les
tourments de l’esprit et, de plus, toutes les souffrances dont on par
3673
scrupules, les angoisses de l’âme, les tourments
de
l’esprit et, de plus, toutes les souffrances dont on parle généraleme
3674
rupules, les angoisses de l’âme, les tourments de
l’
esprit et, de plus, toutes les souffrances dont on parle généralement
3675
me, les tourments de l’esprit et, de plus, toutes
les
souffrances dont on parle généralement dans le monde. Un témoin de la
3676
s les souffrances dont on parle généralement dans
le
monde. Un témoin de la vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dé
3677
nt on parle généralement dans le monde. Un témoin
de
la vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dénuement, dans la mis
3678
on parle généralement dans le monde. Un témoin de
la
vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dénuement, dans la misère
3679
in de la vérité, c’est un homme qui témoigne dans
le
dénuement, dans la misère, dans l’abaissement et l’humiliation, homme
3680
est un homme qui témoigne dans le dénuement, dans
la
misère, dans l’abaissement et l’humiliation, homme méconnu, haï, déte
3681
témoigne dans le dénuement, dans la misère, dans
l’
abaissement et l’humiliation, homme méconnu, haï, détesté, insulté, ou
3682
dénuement, dans la misère, dans l’abaissement et
l’
humiliation, homme méconnu, haï, détesté, insulté, outragé, bafoué ; c
3683
c’est un homme qui est flagellé, torturé, traîné
de
prison en prison, et puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoi
3684
prison en prison, et puis enfin — car c’est bien
d’
un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur Martense
3685
puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoin
de
la vérité que nous parle le professeur Martensen — et puis enfin cruc
3686
s enfin — car c’est bien d’un véritable témoin de
la
vérité que nous parle le professeur Martensen — et puis enfin crucifi
3687
d’un véritable témoin de la vérité que nous parle
le
professeur Martensen — et puis enfin crucifié, décapité, brûlé ou rôt
3688
ié, décapité, brûlé ou rôti sur un gril, jeté par
le
bourreau dans un endroit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin d
3689
ndroit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin
de
la vérité, sa vie et son existence, sa mort et son enterrement — et l
3690
oit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin de
la
vérité, sa vie et son existence, sa mort et son enterrement — et l’év
3691
et son existence, sa mort et son enterrement — et
l’
évêque Mynster, dit le professeur Martensen, fut un des vrais témoins
3692
ort et son enterrement — et l’évêque Mynster, dit
le
professeur Martensen, fut un des vrais témoins de la vérité. En vérit
3693
le professeur Martensen, fut un des vrais témoins
de
la vérité. En vérité, il y a quelque chose de plus contraire au chris
3694
professeur Martensen, fut un des vrais témoins de
la
vérité. En vérité, il y a quelque chose de plus contraire au christia
3695
elle hérésie ou n’importe quel schisme — et c’est
de
jouer au christianisme, d’en écarter les dangers et de jouer ensuite
3696
uel schisme — et c’est de jouer au christianisme,
d’
en écarter les dangers et de jouer ensuite au jeu que l’évêque Mynster
3697
et c’est de jouer au christianisme, d’en écarter
les
dangers et de jouer ensuite au jeu que l’évêque Mynster était un témo
3698
uer au christianisme, d’en écarter les dangers et
de
jouer ensuite au jeu que l’évêque Mynster était un témoin de la vérit
3699
carter les dangers et de jouer ensuite au jeu que
l’
évêque Mynster était un témoin de la vérité. Une polémique furieuse s
3700
suite au jeu que l’évêque Mynster était un témoin
de
la vérité. Une polémique furieuse s’éleva de toutes parts. L’opinion
3701
te au jeu que l’évêque Mynster était un témoin de
la
vérité. Une polémique furieuse s’éleva de toutes parts. L’opinion da
3702
Une polémique furieuse s’éleva de toutes parts.
L’
opinion danoise et scandinave fut secouée d’une vertueuse indignation.
3703
arts. L’opinion danoise et scandinave fut secouée
d’
une vertueuse indignation. Kierkegaard luttait seul contre tous. Il la
3704
e tous. Il lança un pamphlet périodique, intitulé
L’
Instant, pour élargir et pour intensifier son offensive. Après un an d
3705
ir et pour intensifier son offensive. Après un an
de
bataille, il succomba. Il avait osé l’acte ; il avait réussi : l’usu
3706
rès un an de bataille, il succomba. Il avait osé
l’
acte ; il avait réussi : l’usurpation s’était vue dénoncée, et il avai
3707
uccomba. Il avait osé l’acte ; il avait réussi :
l’
usurpation s’était vue dénoncée, et il avait forcé le grand public à d
3708
surpation s’était vue dénoncée, et il avait forcé
le
grand public à devenir attentif à son message. Mais, au lieu de se fa
3709
au lieu de se faire meurtrier, c’est lui qui paya
de
sa vie. Il devint lui-même le martyr que son œuvre avait appelé. Soul
3710
c’est lui qui paya de sa vie. Il devint lui-même
le
martyr que son œuvre avait appelé. Soulignons ce titre : L’Instant. D
3711
que son œuvre avait appelé. Soulignons ce titre :
L’
Instant. Depuis longtemps, la pensée de Kierkegaard était comme fascin
3712
oulignons ce titre : L’Instant. Depuis longtemps,
la
pensée de Kierkegaard était comme fascinée par les deux concepts d’in
3713
ce titre : L’Instant. Depuis longtemps, la pensée
de
Kierkegaard était comme fascinée par les deux concepts d’instant et d
3714
la pensée de Kierkegaard était comme fascinée par
les
deux concepts d’instant et de saut. L’instant, c’était pour lui le te
3715
egaard était comme fascinée par les deux concepts
d’
instant et de saut. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi, le
3716
comme fascinée par les deux concepts d’instant et
de
saut. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi, le contact du t
3717
cinée par les deux concepts d’instant et de saut.
L’
instant, c’était pour lui le temps de la foi, le contact du temps et d
3718
d’instant et de saut. L’instant, c’était pour lui
le
temps de la foi, le contact du temps et de l’éternité ou, comme il le
3719
et de saut. L’instant, c’était pour lui le temps
de
la foi, le contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait :
3720
de saut. L’instant, c’était pour lui le temps de
la
foi, le contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait : «
3721
. L’instant, c’était pour lui le temps de la foi,
le
contact du temps et de l’éternité ou, comme il le disait : « la pléni
3722
ur lui le temps de la foi, le contact du temps et
de
l’éternité ou, comme il le disait : « la plénitude du temps, quand la
3723
lui le temps de la foi, le contact du temps et de
l’
éternité ou, comme il le disait : « la plénitude du temps, quand la dé
3724
le contact du temps et de l’éternité ou, comme il
le
disait : « la plénitude du temps, quand la décision éternelle se réal
3725
temps et de l’éternité ou, comme il le disait : «
la
plénitude du temps, quand la décision éternelle se réalise dans l’iné
3726
mme il le disait : « la plénitude du temps, quand
la
décision éternelle se réalise dans l’inégale occasion ». Le saut, c’é
3727
emps, quand la décision éternelle se réalise dans
l’
inégale occasion ». Le saut, c’était le mouvement propre de la foi, ir
3728
n éternelle se réalise dans l’inégale occasion ».
Le
saut, c’était le mouvement propre de la foi, irrationnel, instantané,
3729
alise dans l’inégale occasion ». Le saut, c’était
le
mouvement propre de la foi, irrationnel, instantané, concret, ce mouv
3730
occasion ». Le saut, c’était le mouvement propre
de
la foi, irrationnel, instantané, concret, ce mouvement que le moindre
3731
casion ». Le saut, c’était le mouvement propre de
la
foi, irrationnel, instantané, concret, ce mouvement que le moindre do
3732
rrationnel, instantané, concret, ce mouvement que
le
moindre doute fait échouer, ce risque pur dans lequel on peut sombrer
3733
ue pur dans lequel on peut sombrer, mais faute de
l’
oser, on n’a rien22. Plongé comme je l’étais, en écrivant les pages qu
3734
s faute de l’oser, on n’a rien22. Plongé comme je
l’
étais, en écrivant les pages qui précèdent, dans la lecture alternée d
3735
n’a rien22. Plongé comme je l’étais, en écrivant
les
pages qui précèdent, dans la lecture alternée de Kierkegaard et de Sh
3736
’étais, en écrivant les pages qui précèdent, dans
la
lecture alternée de Kierkegaard et de Shakespeare, j’avoue qu’il m’es
3737
les pages qui précèdent, dans la lecture alternée
de
Kierkegaard et de Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une
3738
èdent, dans la lecture alternée de Kierkegaard et
de
Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une fois de ne plus bi
3739
t de Shakespeare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus
d’
une fois de ne plus bien savoir lequel des deux parlait et de m’imagin
3740
peare, j’avoue qu’il m’est arrivé plus d’une fois
de
ne plus bien savoir lequel des deux parlait et de m’imaginer qu’Hamle
3741
de ne plus bien savoir lequel des deux parlait et
de
m’imaginer qu’Hamlet avait été écrit par Kierkegaard, voire qu’à l’in
3742
amlet avait été écrit par Kierkegaard, voire qu’à
l’
inverse la biographie de Kierkegaard avait été mise à la scène deux si
3743
t été écrit par Kierkegaard, voire qu’à l’inverse
la
biographie de Kierkegaard avait été mise à la scène deux siècles et d
3744
r Kierkegaard, voire qu’à l’inverse la biographie
de
Kierkegaard avait été mise à la scène deux siècles et demi avant d’êt
3745
rse la biographie de Kierkegaard avait été mise à
la
scène deux siècles et demi avant d’être vécue. Le style élisabéthain
3746
it été mise à la scène deux siècles et demi avant
d’
être vécue. Le style élisabéthain de Kierkegaard, son lyrisme énergiqu
3747
la scène deux siècles et demi avant d’être vécue.
Le
style élisabéthain de Kierkegaard, son lyrisme énergique, mêlant le t
3748
et demi avant d’être vécue. Le style élisabéthain
de
Kierkegaard, son lyrisme énergique, mêlant le trivial aux clichés poé
3749
ain de Kierkegaard, son lyrisme énergique, mêlant
le
trivial aux clichés poétiques, les métaphores aux calembours, les éla
3750
ergique, mêlant le trivial aux clichés poétiques,
les
métaphores aux calembours, les élans d’éloquence aux préciosités dial
3751
clichés poétiques, les métaphores aux calembours,
les
élans d’éloquence aux préciosités dialectiques, tout concourait à l’i
3752
étiques, les métaphores aux calembours, les élans
d’
éloquence aux préciosités dialectiques, tout concourait à l’illusion…
3753
e aux préciosités dialectiques, tout concourait à
l’
illusion… Jusqu’au moment où je tombai sur une note de Kierkegaard lui
3754
lusion… Jusqu’au moment où je tombai sur une note
de
Kierkegaard lui-même au sujet d’Hamlet, qui rétablit les différences.
3755
bai sur une note de Kierkegaard lui-même au sujet
d’
Hamlet, qui rétablit les différences. Chose curieuse, cette note de de
3756
rkegaard lui-même au sujet d’Hamlet, qui rétablit
les
différences. Chose curieuse, cette note de deux pages est publiée en
3757
ablit les différences. Chose curieuse, cette note
de
deux pages est publiée en appendice au livre dans lequel Kierkegaard
3758
ppendice au livre dans lequel Kierkegaard raconte
le
drame de ses fiançailles. Il semble donc que le parallèle que j’ai ri
3759
au livre dans lequel Kierkegaard raconte le drame
de
ses fiançailles. Il semble donc que le parallèle que j’ai risqué se s
3760
e le drame de ses fiançailles. Il semble donc que
le
parallèle que j’ai risqué se soit offert à l’esprit de Kierkegaard, e
3761
que le parallèle que j’ai risqué se soit offert à
l’
esprit de Kierkegaard, et qu’il ait tenu à le corriger lui-même. Voici
3762
rallèle que j’ai risqué se soit offert à l’esprit
de
Kierkegaard, et qu’il ait tenu à le corriger lui-même. Voici en bref
3763
rt à l’esprit de Kierkegaard, et qu’il ait tenu à
le
corriger lui-même. Voici en bref le contenu de la note, intitulée : R
3764
il ait tenu à le corriger lui-même. Voici en bref
le
contenu de la note, intitulée : Regard oblique sur l’Hamlet de Shakes
3765
à le corriger lui-même. Voici en bref le contenu
de
la note, intitulée : Regard oblique sur l’Hamlet de Shakespeare. Kier
3766
le corriger lui-même. Voici en bref le contenu de
la
note, intitulée : Regard oblique sur l’Hamlet de Shakespeare. Kierkeg
3767
ontenu de la note, intitulée : Regard oblique sur
l’
Hamlet de Shakespeare. Kierkegaard reproche à Shakespeare de n’avoir p
3768
e Shakespeare. Kierkegaard reproche à Shakespeare
de
n’avoir pas fait d’Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules d
3769
egaard reproche à Shakespeare de n’avoir pas fait
d’
Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules d’Hamlet ne sont pas
3770
oir pas fait d’Hamlet un drame religieux. Car, si
les
scrupules d’Hamlet ne sont pas d’ordre religieux, le héros cesse d’êt
3771
’Hamlet un drame religieux. Car, si les scrupules
d’
Hamlet ne sont pas d’ordre religieux, le héros cesse d’être vraiment t
3772
gieux. Car, si les scrupules d’Hamlet ne sont pas
d’
ordre religieux, le héros cesse d’être vraiment tragique. Il frise le
3773
scrupules d’Hamlet ne sont pas d’ordre religieux,
le
héros cesse d’être vraiment tragique. Il frise le comique. Si, au con
3774
let ne sont pas d’ordre religieux, le héros cesse
d’
être vraiment tragique. Il frise le comique. Si, au contraire, ses ter
3775
le héros cesse d’être vraiment tragique. Il frise
le
comique. Si, au contraire, ses tergiversations relevaient de motifs r
3776
Si, au contraire, ses tergiversations relevaient
de
motifs religieux, elles deviendraient infiniment intéressantes, mais
3777
ment intéressantes, mais alors il n’y aurait plus
de
drame, au sens technique et esthétique du terme. En effet, « dans l’o
3778
echnique et esthétique du terme. En effet, « dans
l’
ordre esthétique, l’obstacle doit être hors du héros, non pas en lui »
3779
ue du terme. En effet, « dans l’ordre esthétique,
l’
obstacle doit être hors du héros, non pas en lui ». Si l’obstacle à so
3780
cle doit être hors du héros, non pas en lui ». Si
l’
obstacle à son acte est en lui, il s’agit d’un scrupule religieux. Dan
3781
». Si l’obstacle à son acte est en lui, il s’agit
d’
un scrupule religieux. Dans ce cas, le héros n’est grand que par sa so
3782
, il s’agit d’un scrupule religieux. Dans ce cas,
le
héros n’est grand que par sa souffrance, non par son triomphe. Il n’y
3783
a souffrance, non par son triomphe. Il n’y a plus
de
jeu poétique exaltant, il n’y a plus que le sérieux, l’existentiel… T
3784
plus de jeu poétique exaltant, il n’y a plus que
le
sérieux, l’existentiel… Traduisons cela en d’autres termes : si Hamle
3785
poétique exaltant, il n’y a plus que le sérieux,
l’
existentiel… Traduisons cela en d’autres termes : si Hamlet était reli
3786
es : si Hamlet était religieux, il n’y aurait pas
l’
Hamlet de Shakespeare, mais on rejoindrait purement et simplement la b
3787
peare, mais on rejoindrait purement et simplement
la
biographie de Kierkegaard. Le drame de Kierkegaard n’a pas été fictif
3788
rejoindrait purement et simplement la biographie
de
Kierkegaard. Le drame de Kierkegaard n’a pas été fictif. Il n’a pas é
3789
ement et simplement la biographie de Kierkegaard.
Le
drame de Kierkegaard n’a pas été fictif. Il n’a pas été joué et ne sa
3790
simplement la biographie de Kierkegaard. Le drame
de
Kierkegaard n’a pas été fictif. Il n’a pas été joué et ne saurait l’ê
3791
pas été fictif. Il n’a pas été joué et ne saurait
l’
être. Il a été vécu et souffert consciemment (avec une conscience foll
3792
ec une conscience folle, pourrait-on dire), comme
le
drame pur d’une vocation chrétienne. Ici prend fin, ici « échoue sur
3793
ence folle, pourrait-on dire), comme le drame pur
d’
une vocation chrétienne. Ici prend fin, ici « échoue sur l’existence »
3794
ation chrétienne. Ici prend fin, ici « échoue sur
l’
existence » le parallèle que je viens d’esquisser. J’ai tenté d’illus
3795
ne. Ici prend fin, ici « échoue sur l’existence »
le
parallèle que je viens d’esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le m
3796
choue sur l’existence » le parallèle que je viens
d’
esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le moyen d’images connues de t
3797
e parallèle que je viens d’esquisser. J’ai tenté
d’
illustrer, par le moyen d’images connues de tous, celles de Shakespear
3798
e viens d’esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par
le
moyen d’images connues de tous, celles de Shakespeare, certains momen
3799
’esquisser. J’ai tenté d’illustrer, par le moyen
d’
images connues de tous, celles de Shakespeare, certains moments mystér
3800
tenté d’illustrer, par le moyen d’images connues
de
tous, celles de Shakespeare, certains moments mystérieux d’une dialec
3801
er, par le moyen d’images connues de tous, celles
de
Shakespeare, certains moments mystérieux d’une dialectique tout intér
3802
elles de Shakespeare, certains moments mystérieux
d’
une dialectique tout intérieure. On sent le risque de l’entreprise : c
3803
érieux d’une dialectique tout intérieure. On sent
le
risque de l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque tech
3804
ne dialectique tout intérieure. On sent le risque
de
l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque technique, pou
3805
dialectique tout intérieure. On sent le risque de
l’
entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est le risque technique, pour a
3806
rieure. On sent le risque de l’entreprise : celui
de
l’ingéniosité. C’est le risque technique, pour ainsi dire, de toute «
3807
ure. On sent le risque de l’entreprise : celui de
l’
ingéniosité. C’est le risque technique, pour ainsi dire, de toute « co
3808
e de l’entreprise : celui de l’ingéniosité. C’est
le
risque technique, pour ainsi dire, de toute « communication indirecte
3809
sité. C’est le risque technique, pour ainsi dire,
de
toute « communication indirecte ». Et maintenant, par fidélité à la m
3810
cation indirecte ». Et maintenant, par fidélité à
la
méthode de Kierkegaard, passons sans transition à l’« énoncé direct »
3811
recte ». Et maintenant, par fidélité à la méthode
de
Kierkegaard, passons sans transition à l’« énoncé direct », à l’exame
3812
méthode de Kierkegaard, passons sans transition à
l’
« énoncé direct », à l’examen de la nature ou du mystère d’une vocatio
3813
passons sans transition à l’« énoncé direct », à
l’
examen de la nature ou du mystère d’une vocation historiquement vécue.
3814
sans transition à l’« énoncé direct », à l’examen
de
la nature ou du mystère d’une vocation historiquement vécue. Le premi
3815
s transition à l’« énoncé direct », à l’examen de
la
nature ou du mystère d’une vocation historiquement vécue. Le premier
3816
é direct », à l’examen de la nature ou du mystère
d’
une vocation historiquement vécue. Le premier caractère d’une vocation
3817
cation historiquement vécue. Le premier caractère
d’
une vocation réelle consiste en son ambiguïté. Celle-ci paraît immédia
3818
t immédiatement dans notre usage courant du terme
de
vocation. On dit ainsi d’un jeune garçon qu’il a une vocation d’avoca
3819
usage courant du terme de vocation. On dit ainsi
d’
un jeune garçon qu’il a une vocation d’avocat, ou de poète ; c’est qu’
3820
dit ainsi d’un jeune garçon qu’il a une vocation
d’
avocat, ou de poète ; c’est qu’il aime à discuter ou qu’il tient des p
3821
un jeune garçon qu’il a une vocation d’avocat, ou
de
poète ; c’est qu’il aime à discuter ou qu’il tient des propos fantais
3822
omposait des menuets à sept ans, avait sans doute
la
vocation d’un musicien. Il ne s’agit ici que du don naturel et des di
3823
menuets à sept ans, avait sans doute la vocation
d’
un musicien. Il ne s’agit ici que du don naturel et des dispositions n
3824
ens bien différent du terme. Quand Jérémie reçoit
de
l’Éternel l’ordre de parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’
3825
bien différent du terme. Quand Jérémie reçoit de
l’
Éternel l’ordre de parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’un
3826
érent du terme. Quand Jérémie reçoit de l’Éternel
l’
ordre de parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’un enfant, vo
3827
terme. Quand Jérémie reçoit de l’Éternel l’ordre
de
parler aux nations, il répond : « Je ne suis qu’un enfant, voici, je
3828
e sais point parler. » Nous dirions qu’il n’a pas
la
vocation. Précisément, il la reçoit. Elle lui est adressée en dépit d
3829
irions qu’il n’a pas la vocation. Précisément, il
la
reçoit. Elle lui est adressée en dépit de ce qu’il est. « Et l’Éterne
3830
e lui est adressée en dépit de ce qu’il est. « Et
l’
Éternel me dit : « Ne dis pas : Je ne suis qu’un enfant. Car tu iras v
3831
aroles dans ta bouche. » Il est rarement possible
d’
isoler dans le vif ces deux mouvements contradictoires : la poussée de
3832
bouche. » Il est rarement possible d’isoler dans
le
vif ces deux mouvements contradictoires : la poussée de la nature et
3833
dans le vif ces deux mouvements contradictoires :
la
poussée de la nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambi
3834
ces deux mouvements contradictoires : la poussée
de
la nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsi
3835
s deux mouvements contradictoires : la poussée de
la
nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste
3836
ents contradictoires : la poussée de la nature et
l’
appel de l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons
3837
tradictoires : la poussée de la nature et l’appel
de
l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons vu que s
3838
dictoires : la poussée de la nature et l’appel de
l’
esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons vu que sa m
3839
nature et l’appel de l’esprit. Chez Kierkegaard,
l’
ambiguïté subsiste. Nous avons vu que sa mélancolie profonde le sépare
3840
ubsiste. Nous avons vu que sa mélancolie profonde
le
sépare des autres et, dès l’enfance, fait de lui une nature d’excepti
3841
mélancolie profonde le sépare des autres et, dès
l’
enfance, fait de lui une nature d’exception. Mais l’appel religieux qu
3842
onde le sépare des autres et, dès l’enfance, fait
de
lui une nature d’exception. Mais l’appel religieux qui vient l’attein
3843
autres et, dès l’enfance, fait de lui une nature
d’
exception. Mais l’appel religieux qui vient l’atteindre au début de sa
3844
enfance, fait de lui une nature d’exception. Mais
l’
appel religieux qui vient l’atteindre au début de sa carrière d’écriva
3845
ure d’exception. Mais l’appel religieux qui vient
l’
atteindre au début de sa carrière d’écrivain, et qui le charge d’une m
3846
l’appel religieux qui vient l’atteindre au début
de
sa carrière d’écrivain, et qui le charge d’une mission unique, le ren
3847
eux qui vient l’atteindre au début de sa carrière
d’
écrivain, et qui le charge d’une mission unique, le rend une exception
3848
eindre au début de sa carrière d’écrivain, et qui
le
charge d’une mission unique, le rend une exception au second degré, l
3849
début de sa carrière d’écrivain, et qui le charge
d’
une mission unique, le rend une exception au second degré, le met à pa
3850
’écrivain, et qui le charge d’une mission unique,
le
rend une exception au second degré, le met à part une seconde fois, p
3851
on unique, le rend une exception au second degré,
le
met à part une seconde fois, pour des raisons qui sont celles de l’es
3852
ne seconde fois, pour des raisons qui sont celles
de
l’esprit — bien que, dans ce cas particulier, la nature et l’appel re
3853
seconde fois, pour des raisons qui sont celles de
l’
esprit — bien que, dans ce cas particulier, la nature et l’appel reçu
3854
de l’esprit — bien que, dans ce cas particulier,
la
nature et l’appel reçu semblent pousser et tirer dans le même sens. O
3855
— bien que, dans ce cas particulier, la nature et
l’
appel reçu semblent pousser et tirer dans le même sens. On pourra donc
3856
re et l’appel reçu semblent pousser et tirer dans
le
même sens. On pourra donc interpréter cette vocation de deux manières
3857
e sens. On pourra donc interpréter cette vocation
de
deux manières tout opposées. On pourra toujours dire de Kierkegaard s
3858
x manières tout opposées. On pourra toujours dire
de
Kierkegaard soit qu’il fut un neurasthénique, et que son cas relève d
3859
u’il fut un neurasthénique, et que son cas relève
de
la psychanalyse, soit qu’il fut un prophète, né pour être poète et ph
3860
l fut un neurasthénique, et que son cas relève de
la
psychanalyse, soit qu’il fut un prophète, né pour être poète et philo
3861
our être poète et philosophe, mais contraint, par
l’
appel transcendant, à devenir un témoin de la vérité. Cependant, cette
3862
nt, par l’appel transcendant, à devenir un témoin
de
la vérité. Cependant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la
3863
par l’appel transcendant, à devenir un témoin de
la
vérité. Cependant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la voc
3864
pendant, cette ambiguïté dans notre idée courante
de
la vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard. Il en a distingu
3865
dant, cette ambiguïté dans notre idée courante de
la
vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard. Il en a distingué u
3866
, qui ne tient plus au double sens du mot, mais à
l’
existence même d’une vocation reçue. L’homme, en effet, qui reçoit voc
3867
us au double sens du mot, mais à l’existence même
d’
une vocation reçue. L’homme, en effet, qui reçoit vocation, se trouve
3868
ot, mais à l’existence même d’une vocation reçue.
L’
homme, en effet, qui reçoit vocation, se trouve jeté dans une incertit
3869
e trouve jeté dans une incertitude inévitable par
l’
appel qu’il a cru entendre. Et son incertitude n’est pas le fait d’un
3870
u’il a cru entendre. Et son incertitude n’est pas
le
fait d’un manque d’information, d’une conscience vague ou d’une volon
3871
ru entendre. Et son incertitude n’est pas le fait
d’
un manque d’information, d’une conscience vague ou d’une volonté vacil
3872
Et son incertitude n’est pas le fait d’un manque
d’
information, d’une conscience vague ou d’une volonté vacillante, mais
3873
tude n’est pas le fait d’un manque d’information,
d’
une conscience vague ou d’une volonté vacillante, mais elle provient d
3874
n manque d’information, d’une conscience vague ou
d’
une volonté vacillante, mais elle provient de ce qu’il n’y a pas de pr
3875
e ou d’une volonté vacillante, mais elle provient
de
ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la r
3876
illante, mais elle provient de ce qu’il n’y a pas
de
preuve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. I
3877
ais elle provient de ce qu’il n’y a pas de preuve
de
la réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit d
3878
elle provient de ce qu’il n’y a pas de preuve de
la
réalité de l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc
3879
ent de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité
de
l’appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon
3880
de ce qu’il n’y a pas de preuve de la réalité de
l’
appel reçu ni de la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon Ki
3881
a pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni
de
la réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une
3882
pas de preuve de la réalité de l’appel reçu ni de
la
réalité de son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une in
3883
ve de la réalité de l’appel reçu ni de la réalité
de
son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard, d’une incertitude o
3884
son objet. Il s’agit donc ici, selon Kierkegaard,
d’
une incertitude objective. De même qu’on ne saurait prouver l’existenc
3885
itude objective. De même qu’on ne saurait prouver
l’
existence de Dieu, on ne peut démontrer la nature transcendante d’une
3886
ive. De même qu’on ne saurait prouver l’existence
de
Dieu, on ne peut démontrer la nature transcendante d’une vocation. De
3887
prouver l’existence de Dieu, on ne peut démontrer
la
nature transcendante d’une vocation. Devant Jésus-Christ, l’un dira :
3888
ieu, on ne peut démontrer la nature transcendante
d’
une vocation. Devant Jésus-Christ, l’un dira : « C’est un nommé Jésus,
3889
Jésus-Christ, l’un dira : « C’est un nommé Jésus,
le
fils d’un charpentier de Nazareth » et l’autre confessera : « C’est l
3890
rist, l’un dira : « C’est un nommé Jésus, le fils
d’
un charpentier de Nazareth » et l’autre confessera : « C’est le Christ
3891
« C’est un nommé Jésus, le fils d’un charpentier
de
Nazareth » et l’autre confessera : « C’est le Christ, le Fils de Dieu
3892
ier de Nazareth » et l’autre confessera : « C’est
le
Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’ince
3893
reth » et l’autre confessera : « C’est le Christ,
le
Fils de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’incertitude obj
3894
t l’autre confessera : « C’est le Christ, le Fils
de
Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. » L’incertitude objective,
3895
le Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne
de
la Trinité. » L’incertitude objective, telle que la définit Kierkegaa
3896
Christ, le Fils de Dieu, la Deuxième Personne de
la
Trinité. » L’incertitude objective, telle que la définit Kierkegaard,
3897
ls de Dieu, la Deuxième Personne de la Trinité. »
L’
incertitude objective, telle que la définit Kierkegaard, est donc une
3898
la Trinité. » L’incertitude objective, telle que
la
définit Kierkegaard, est donc une périphrase philosophique pour désig
3899
t donc une périphrase philosophique pour désigner
la
foi et sa nécessité. On ne peut que « croire » en Dieu, et l’on ne pe
3900
nécessité. On ne peut que « croire » en Dieu, et
l’
on ne peut que « croire » une vocation, celle d’un autre, mais aussi e
3901
t l’on ne peut que « croire » une vocation, celle
d’
un autre, mais aussi et d’abord celle que l’on « croit » avoir reçue s
3902
celle d’un autre, mais aussi et d’abord celle que
l’
on « croit » avoir reçue soi-même. Ainsi l’incertitude est objective d
3903
le que l’on « croit » avoir reçue soi-même. Ainsi
l’
incertitude est objective dans la mesure où l’objet de la conviction q
3904
soi-même. Ainsi l’incertitude est objective dans
la
mesure où l’objet de la conviction qu’on entretient n’est pas démontr
3905
nsi l’incertitude est objective dans la mesure où
l’
objet de la conviction qu’on entretient n’est pas démontrable ; dans l
3906
certitude est objective dans la mesure où l’objet
de
la conviction qu’on entretient n’est pas démontrable ; dans la mesure
3907
titude est objective dans la mesure où l’objet de
la
conviction qu’on entretient n’est pas démontrable ; dans la mesure, a
3908
ion qu’on entretient n’est pas démontrable ; dans
la
mesure, aussi, où l’enjeu de la vocation reste passible d’être mis en
3909
n’est pas démontrable ; dans la mesure, aussi, où
l’
enjeu de la vocation reste passible d’être mis en doute, ou même nié ;
3910
s démontrable ; dans la mesure, aussi, où l’enjeu
de
la vocation reste passible d’être mis en doute, ou même nié ; dans la
3911
émontrable ; dans la mesure, aussi, où l’enjeu de
la
vocation reste passible d’être mis en doute, ou même nié ; dans la me
3912
, aussi, où l’enjeu de la vocation reste passible
d’
être mis en doute, ou même nié ; dans la mesure où cet enjeu risque, a
3913
passible d’être mis en doute, ou même nié ; dans
la
mesure où cet enjeu risque, après tout, d’être purement imaginaire. À
3914
; dans la mesure où cet enjeu risque, après tout,
d’
être purement imaginaire. À cela, nous ajouterons l’incertitude subjec
3915
être purement imaginaire. À cela, nous ajouterons
l’
incertitude subjective, celle qui concerne les motifs qui peuvent pous
3916
rons l’incertitude subjective, celle qui concerne
les
motifs qui peuvent pousser l’individu à faire ceci ou cela : « Est-ce
3917
celle qui concerne les motifs qui peuvent pousser
l’
individu à faire ceci ou cela : « Est-ce ma nature secrète ou l’esprit
3918
aire ceci ou cela : « Est-ce ma nature secrète ou
l’
esprit qui a parlé ? » En fait, l’homme de la vocation se trouve plong
3919
ture secrète ou l’esprit qui a parlé ? » En fait,
l’
homme de la vocation se trouve plongé dans une double incertitude et d
3920
rète ou l’esprit qui a parlé ? » En fait, l’homme
de
la vocation se trouve plongé dans une double incertitude et dans un r
3921
e ou l’esprit qui a parlé ? » En fait, l’homme de
la
vocation se trouve plongé dans une double incertitude et dans un risq
3922
rtitude et dans un risque permanent. Il n’est pas
de
méthode éprouvée ni de raisonnement qui puisse l’aider. L’homme engag
3923
ue permanent. Il n’est pas de méthode éprouvée ni
de
raisonnement qui puisse l’aider. L’homme engage son action et parie t
3924
de méthode éprouvée ni de raisonnement qui puisse
l’
aider. L’homme engage son action et parie tout sur quelque chose qui l
3925
e éprouvée ni de raisonnement qui puisse l’aider.
L’
homme engage son action et parie tout sur quelque chose qui lui demeur
3926
dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que
la
mission reçue par Hamlet n’est pas une véritable vocation, en ce sens
3927
able vocation, en ce sens qu’elle ne présente pas
le
caractère d’incertitude objective lié à tout acte de foi. Hamlet sait
3928
, en ce sens qu’elle ne présente pas le caractère
d’
incertitude objective lié à tout acte de foi. Hamlet sait exactement c
3929
caractère d’incertitude objective lié à tout acte
de
foi. Hamlet sait exactement ce qu’il doit faire : tuer l’usurpateur,
3930
Hamlet sait exactement ce qu’il doit faire : tuer
l’
usurpateur, venger le roi assassiné. Son but est donc sans équivoque,
3931
t ce qu’il doit faire : tuer l’usurpateur, venger
le
roi assassiné. Son but est donc sans équivoque, son rôle clairement t
3932
nc sans équivoque, son rôle clairement tracé dans
l’
action générale. L’incertitude n’affecte en lui que les moyens à mettr
3933
son rôle clairement tracé dans l’action générale.
L’
incertitude n’affecte en lui que les moyens à mettre en œuvre et, par
3934
tion générale. L’incertitude n’affecte en lui que
les
moyens à mettre en œuvre et, par suite, le succès final. Chez Kierkeg
3935
i que les moyens à mettre en œuvre et, par suite,
le
succès final. Chez Kierkegaard, chez le chrétien en général, il en va
3936
ar suite, le succès final. Chez Kierkegaard, chez
le
chrétien en général, il en va différemment. Il s’agit de découvrir le
3937
tien en général, il en va différemment. Il s’agit
de
découvrir le rôle qu’on devra jouer dans un drame infini, aussi vaste
3938
al, il en va différemment. Il s’agit de découvrir
le
rôle qu’on devra jouer dans un drame infini, aussi vaste que l’histoi
3939
devra jouer dans un drame infini, aussi vaste que
l’
histoire humaine, dont nul ne peut connaître la trame ni l’ensemble —
3940
ue l’histoire humaine, dont nul ne peut connaître
la
trame ni l’ensemble — et cependant il faut jouer, nous sommes au mond
3941
e humaine, dont nul ne peut connaître la trame ni
l’
ensemble — et cependant il faut jouer, nous sommes au monde, nous somm
3942
onde, nous sommes en scène malgré nous… Telle est
l’
angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Kierkegaard, dès
3943
sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse
de
la vocation. Je disais tout à l’heure que Kierkegaard, dès ses premiè
3944
mes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de
la
vocation. Je disais tout à l’heure que Kierkegaard, dès ses premières
3945
e est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à
l’
heure que Kierkegaard, dès ses premières publications, s’était tracé u
3946
ses premières publications, s’était tracé un plan
d’
action comportant toute une stratégie de pseudonymes et de « tromperie
3947
é un plan d’action comportant toute une stratégie
de
pseudonymes et de « tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci
3948
comportant toute une stratégie de pseudonymes et
de
« tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci nous porterait à c
3949
eudonymes et de « tromperies » — comme il tient à
le
répéter. Ceci nous porterait à croire que, d’entrée de jeu, tout comm
3950
t à le répéter. Ceci nous porterait à croire que,
d’
entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait vu clairement l’acte histor
3951
péter. Ceci nous porterait à croire que, d’entrée
de
jeu, tout comme Hamlet, il avait vu clairement l’acte historique qu’i
3952
de jeu, tout comme Hamlet, il avait vu clairement
l’
acte historique qu’il était chargé d’accomplir. Mais les choses de la
3953
u clairement l’acte historique qu’il était chargé
d’
accomplir. Mais les choses de la vie ne sont pas aussi simples. C’est
3954
e historique qu’il était chargé d’accomplir. Mais
les
choses de la vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup, le plus
3955
e qu’il était chargé d’accomplir. Mais les choses
de
la vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup, le plus souvent,
3956
u’il était chargé d’accomplir. Mais les choses de
la
vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup, le plus souvent, que
3957
vie ne sont pas aussi simples. C’est après coup,
le
plus souvent, que nos actions apparaissent organisées par une intenti
3958
ntention générale. Celle-ci, certes, agissait dès
le
départ obscurément, mais ce n’est qu’en marchant qu’on l’a sentie à l
3959
t obscurément, mais ce n’est qu’en marchant qu’on
l’
a sentie à l’œuvre. Kierkegaard l’a bien su et l’a dit dans sa brochur
3960
, mais ce n’est qu’en marchant qu’on l’a sentie à
l’
œuvre. Kierkegaard l’a bien su et l’a dit dans sa brochure intitulée P
3961
marchant qu’on l’a sentie à l’œuvre. Kierkegaard
l’
a bien su et l’a dit dans sa brochure intitulée Point de vue sur mon a
3962
l’a sentie à l’œuvre. Kierkegaard l’a bien su et
l’
a dit dans sa brochure intitulée Point de vue sur mon activité d’auteu
3963
brochure intitulée Point de vue sur mon activité
d’
auteur : Il me faut préciser la part de la Providence dans mon œuvre.
3964
sur mon activité d’auteur : Il me faut préciser
la
part de la Providence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable de
3965
activité d’auteur : Il me faut préciser la part
de
la Providence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable de déloyaut
3966
tivité d’auteur : Il me faut préciser la part de
la
Providence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable de déloyauté e
3967
dence dans mon œuvre. Car je me rendrais coupable
de
déloyauté envers Dieu si je prétendais avoir eu dès le début une vue
3968
loyauté envers Dieu si je prétendais avoir eu dès
le
début une vue d’ensemble de toute la structure dialectique de mon œuv
3969
eu si je prétendais avoir eu dès le début une vue
d’
ensemble de toute la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois
3970
étendais avoir eu dès le début une vue d’ensemble
de
toute la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire fra
3971
avoir eu dès le début une vue d’ensemble de toute
la
structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire franchement,
3972
vue d’ensemble de toute la structure dialectique
de
mon œuvre… Non, je dois le dire franchement, ce qui m’échappe, c’est
3973
structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois
le
dire franchement, ce qui m’échappe, c’est que je puis maintenant avoi
3974
qui m’échappe, c’est que je puis maintenant avoir
l’
intelligence de l’ensemble, sans toutefois pouvoir affirmer qu’au débu
3975
c’est que je puis maintenant avoir l’intelligence
de
l’ensemble, sans toutefois pouvoir affirmer qu’au début je l’ai saisi
3976
st que je puis maintenant avoir l’intelligence de
l’
ensemble, sans toutefois pouvoir affirmer qu’au début je l’ai saisie a
3977
e, sans toutefois pouvoir affirmer qu’au début je
l’
ai saisie avec cette netteté : et pourtant c’est bien moi qui ai accom
3978
ant c’est bien moi qui ai accompli cette œuvre et
l’
ai menée à chef, pas à pas, avec ma réflexion. … S’il me fallait expri
3979
réflexion. … S’il me fallait exprimer avec toute
la
rigueur et toute la précision possibles la part de la Providence dans
3980
e fallait exprimer avec toute la rigueur et toute
la
précision possibles la part de la Providence dans mon œuvre entière,
3981
toute la rigueur et toute la précision possibles
la
part de la Providence dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner
3982
a rigueur et toute la précision possibles la part
de
la Providence dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner de formu
3983
igueur et toute la précision possibles la part de
la
Providence dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner de formule
3984
ce dans mon œuvre entière, je n’en saurais donner
de
formule plus adéquate ou plus décisive que celle-ci : la Providence a
3985
ule plus adéquate ou plus décisive que celle-ci :
la
Providence a fait mon éducation, qui se réfléchit dans le processus d
3986
dence a fait mon éducation, qui se réfléchit dans
le
processus de ma production. Ainsi sont infirmées dans une certaine me
3987
mon éducation, qui se réfléchit dans le processus
de
ma production. Ainsi sont infirmées dans une certaine mesure les vues
3988
on. Ainsi sont infirmées dans une certaine mesure
les
vues que j’ai précédemment exposées, à savoir que toute ma production
3989
fraude ; car cette formule concède un peu trop à
la
conscience. Mais elle n’est pas tout à fait fausse non plus, car j’ai
3990
ut à fait fausse non plus, car j’ai eu conscience
de
moi au cours de cette éducation et dès le début. … Dès le premier mom
3991
science de moi au cours de cette éducation et dès
le
début. … Dès le premier moment l’élément religieux est donné de façon
3992
ducation et dès le début. … Dès le premier moment
l’
élément religieux est donné de façon décisive ; il a sans contredit la
3993
s le premier moment l’élément religieux est donné
de
façon décisive ; il a sans contredit la suprématie, mais il attend pa
3994
est donné de façon décisive ; il a sans contredit
la
suprématie, mais il attend patiemment que le poète ait fini de s’épan
3995
edit la suprématie, mais il attend patiemment que
le
poète ait fini de s’épancher, tout en veillant avec des yeux d’Argus
3996
, mais il attend patiemment que le poète ait fini
de
s’épancher, tout en veillant avec des yeux d’Argus à ne pas se laisse
3997
ini de s’épancher, tout en veillant avec des yeux
d’
Argus à ne pas se laisser duper dans une œuvre où se proclame le poète
3998
as se laisser duper dans une œuvre où se proclame
le
poète. Enfin, aux dernières pages du livre, il ajoute ceci : « Toute
3999
oppement ; c’est en elle que j’ai pris conscience
de
mon idée, de ma tâche. Dans un autre passage du même livre, il nous
4000
est en elle que j’ai pris conscience de mon idée,
de
ma tâche. Dans un autre passage du même livre, il nous décrit ce que
4001
utre passage du même livre, il nous décrit ce que
l’
on pourrait appeler la psychologie d’une vocation en exercice. Il parl
4002
ivre, il nous décrit ce que l’on pourrait appeler
la
psychologie d’une vocation en exercice. Il parle de sa totale solitud
4003
écrit ce que l’on pourrait appeler la psychologie
d’
une vocation en exercice. Il parle de sa totale solitude. Il se dépein
4004
psychologie d’une vocation en exercice. Il parle
de
sa totale solitude. Il se dépeint non seulement privé de confident, m
4005
otale solitude. Il se dépeint non seulement privé
de
confident, mais seul avec un moi qu’il ne comprend même plus : … Vai
4006
e comprend même plus : … Vainement essaierais-je
de
raconter les occasions où Dieu m’a fait sentir son secours. Une chose
4007
ême plus : … Vainement essaierais-je de raconter
les
occasions où Dieu m’a fait sentir son secours. Une chose m’est bien s
4008
: quand je faisais ce dont il m’était impossible
de
donner la raison, ne songeant pas même à la chercher ; quand je suiva
4009
e faisais ce dont il m’était impossible de donner
la
raison, ne songeant pas même à la chercher ; quand je suivais les imp
4010
sible de donner la raison, ne songeant pas même à
la
chercher ; quand je suivais les impulsions de ma nature, ce qui avait
4011
ongeant pas même à la chercher ; quand je suivais
les
impulsions de ma nature, ce qui avait ainsi pour moi une valeur stric
4012
e à la chercher ; quand je suivais les impulsions
de
ma nature, ce qui avait ainsi pour moi une valeur strictement personn
4013
me auteur. Je n’arrivais pas à comprendre comment
de
petites circonstances, en apparence toutes fortuites, de ma vie et qu
4014
tes circonstances, en apparence toutes fortuites,
de
ma vie et qui, mon imagination aidant, prenaient d’immenses proportio
4015
ma vie et qui, mon imagination aidant, prenaient
d’
immenses proportions, me mettaient dans une disposition précise ; je n
4016
n précise ; je ne comprenais pas, je tombais dans
la
mélancolie et, chose curieuse, il en résultait précisément et à point
4017
use, il en résultait précisément et à point nommé
la
disposition nécessaire au travail dont je m’occupais. En un sens, j’a
4018
uit toute mon œuvre comme si je n’avais rien fait
d’
autre que de copier chaque jour des fragments déterminés d’un livre dé
4019
n œuvre comme si je n’avais rien fait d’autre que
de
copier chaque jour des fragments déterminés d’un livre déjà imprimé.
4020
ue de copier chaque jour des fragments déterminés
d’
un livre déjà imprimé. Ainsi la vocation organise les hasards et fait
4021
gments déterminés d’un livre déjà imprimé. Ainsi
la
vocation organise les hasards et fait flèche de tout bois, souvent à
4022
n livre déjà imprimé. Ainsi la vocation organise
les
hasards et fait flèche de tout bois, souvent à notre insu. Mais ce qu
4023
i la vocation organise les hasards et fait flèche
de
tout bois, souvent à notre insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce pa
4024
Mais ce qu’illustre avant tout ce passage, c’est
le
paradoxe essentiel de toute vocation : il s’agit de suivre un chemin
4025
vant tout ce passage, c’est le paradoxe essentiel
de
toute vocation : il s’agit de suivre un chemin que l’on a l’impressio
4026
paradoxe essentiel de toute vocation : il s’agit
de
suivre un chemin que l’on a l’impression d’inventer, un chemin qui de
4027
oute vocation : il s’agit de suivre un chemin que
l’
on a l’impression d’inventer, un chemin qui demeure invisible tant qu’
4028
cation : il s’agit de suivre un chemin que l’on a
l’
impression d’inventer, un chemin qui demeure invisible tant qu’on ne s
4029
’agit de suivre un chemin que l’on a l’impression
d’
inventer, un chemin qui demeure invisible tant qu’on ne se risque pas
4030
ière sur mon sentier », dont nous parle un psaume
de
David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’avance : non, elle est
4031
e de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée
d’
avance : non, elle est « à mes pieds » seulement, elle ne peut révéler
4032
le ne peut révéler que le premier pas à faire, et
le
sentier se crée sous les pas qui le foulent. Ici, la seule expérience
4033
e premier pas à faire, et le sentier se crée sous
les
pas qui le foulent. Ici, la seule expérience humaine à laquelle on pu
4034
s à faire, et le sentier se crée sous les pas qui
le
foulent. Ici, la seule expérience humaine à laquelle on puisse en app
4035
sentier se crée sous les pas qui le foulent. Ici,
la
seule expérience humaine à laquelle on puisse en appeler par analogie
4036
on puisse en appeler par analogie me paraît être
l’
expérience poétique. Car le poète, lui non plus, ne sait et ne saura j
4037
nalogie me paraît être l’expérience poétique. Car
le
poète, lui non plus, ne sait et ne saura jamais s’il ne fait qu’épous
4038
s’il ne fait qu’épouser un rythme errant, ou s’il
le
crée tout en croyant le suivre. S’avancer ainsi dans la vie, c’est pr
4039
un rythme errant, ou s’il le crée tout en croyant
le
suivre. S’avancer ainsi dans la vie, c’est pratiquement vivre dans l’
4040
e tout en croyant le suivre. S’avancer ainsi dans
la
vie, c’est pratiquement vivre dans l’improbable, c’est être toujours
4041
ainsi dans la vie, c’est pratiquement vivre dans
l’
improbable, c’est être toujours prêt à affronter l’invraisemblable. Si
4042
’improbable, c’est être toujours prêt à affronter
l’
invraisemblable. Si l’incertitude objective est le premier caractère d
4043
e toujours prêt à affronter l’invraisemblable. Si
l’
incertitude objective est le premier caractère d’une vocation réelle,
4044
l’incertitude objective est le premier caractère
d’
une vocation réelle, l’acceptation de l’invraisemblable en est la cons
4045
e est le premier caractère d’une vocation réelle,
l’
acceptation de l’invraisemblable en est la conséquence nécessaire. Kie
4046
er caractère d’une vocation réelle, l’acceptation
de
l’invraisemblable en est la conséquence nécessaire. Kierkegaard ne se
4047
caractère d’une vocation réelle, l’acceptation de
l’
invraisemblable en est la conséquence nécessaire. Kierkegaard ne se la
4048
réelle, l’acceptation de l’invraisemblable en est
la
conséquence nécessaire. Kierkegaard ne se lasse pas d’insister sur ce
4049
nséquence nécessaire. Kierkegaard ne se lasse pas
d’
insister sur cette dernière catégorie. « Celui qui ne renonce pas à la
4050
dernière catégorie. « Celui qui ne renonce pas à
la
vraisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu. » Si Abraham n’av
4051
ation avec Dieu. » Si Abraham n’avait pas accepté
l’
invraisemblable, il ne serait jamais parti pour un pays dont il ne sav
4052
our un pays dont il ne savait rien. Mais accepter
l’
invraisemblable, il faut bien voir que c’est renoncer non seulement au
4053
unes du succès, mais à toute justification devant
l’
opinion, et même, dans certains cas, à la morale. C’est courir un risq
4054
n devant l’opinion, et même, dans certains cas, à
la
morale. C’est courir un risque absolu. Quelles aides, quels repères,
4055
eurs nous offrira donc Kierkegaard ? À vrai dire,
le
seul guide qu’il nous propose, c’est la souffrance, lorsqu’il écrit c
4056
rai dire, le seul guide qu’il nous propose, c’est
la
souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de sens : « Ce n’est
4057
a souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde
de
sens : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais c’est le diff
4058
crit cette phrase lourde de sens : « Ce n’est pas
le
chemin qui est difficile, mais c’est le difficile qui est le chemin.
4059
n’est pas le chemin qui est difficile, mais c’est
le
difficile qui est le chemin. » On voit ici que la notion de vocation,
4060
ui est difficile, mais c’est le difficile qui est
le
chemin. » On voit ici que la notion de vocation, chez Kierkegaard, s’
4061
le difficile qui est le chemin. » On voit ici que
la
notion de vocation, chez Kierkegaard, s’oppose diamétralement à la no
4062
le qui est le chemin. » On voit ici que la notion
de
vocation, chez Kierkegaard, s’oppose diamétralement à la notion coura
4063
tion, chez Kierkegaard, s’oppose diamétralement à
la
notion courante. Car, selon cette dernière, suivre sa vocation, c’est
4064
te dernière, suivre sa vocation, c’est aller dans
le
sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos «
4065
, suivre sa vocation, c’est aller dans le sens où
la
nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités »
4066
aller dans le sens où la nature nous pousse, dans
le
sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nou
4067
ns le sens où la nature nous pousse, dans le sens
de
nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propos
4068
nature nous pousse, dans le sens de nos talents,
de
nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance
4069
facilités », tandis que Kierkegaard nous propose
la
souffrance non pas seulement comme signe et garantie de la vraie voie
4070
ffrance non pas seulement comme signe et garantie
de
la vraie voie, mais plus radicalement, comme la voie même… 22. Cett
4071
ance non pas seulement comme signe et garantie de
la
vraie voie, mais plus radicalement, comme la voie même… 22. Cette i
4072
e de la vraie voie, mais plus radicalement, comme
la
voie même… 22. Cette image du saut me fait songer à la scène finale
4073
même… 22. Cette image du saut me fait songer à
la
scène finale du beau film que Laurence Olivier a tiré d’Hamlet. Hamle
4074
e finale du beau film que Laurence Olivier a tiré
d’
Hamlet. Hamlet blessé, enfin résolu à l’action, monte sur une sorte de
4075
er a tiré d’Hamlet. Hamlet blessé, enfin résolu à
l’
action, monte sur une sorte de tribune élevée, et, de là, d’un saut pr
4076
ssé, enfin résolu à l’action, monte sur une sorte
de
tribune élevée, et, de là, d’un saut prodigieux, se jette dans le vid
4077
ction, monte sur une sorte de tribune élevée, et,
de
là, d’un saut prodigieux, se jette dans le vide, l’épée brandie, pour
4078
monte sur une sorte de tribune élevée, et, de là,
d’
un saut prodigieux, se jette dans le vide, l’épée brandie, pour tomber
4079
e, et, de là, d’un saut prodigieux, se jette dans
le
vide, l’épée brandie, pour tomber sur le roi, qu’il tue. Parfaite tra
4080
là, d’un saut prodigieux, se jette dans le vide,
l’
épée brandie, pour tomber sur le roi, qu’il tue. Parfaite traduction p
4081
tte dans le vide, l’épée brandie, pour tomber sur
le
roi, qu’il tue. Parfaite traduction plastique des concepts favoris de
4082
arfaite traduction plastique des concepts favoris
de
Kierkegaard.
4083
Don Juan Lorsqu’il paraît brillant
d’
or et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté de
4084
Don Juan Lorsqu’il paraît brillant d’or et
de
soie, dressé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté de ne voir
4085
t brillant d’or et de soie, dressé sur ses ergots
de
grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du d
4086
et de soie, dressé sur ses ergots de grand ténor,
l’
on est tenté de ne voir en lui que le feu naturel du désir, une espèce
4087
ssé sur ses ergots de grand ténor, l’on est tenté
de
ne voir en lui que le feu naturel du désir, une espèce d’animalité vé
4088
grand ténor, l’on est tenté de ne voir en lui que
le
feu naturel du désir, une espèce d’animalité véhémente, et comme inno
4089
ir en lui que le feu naturel du désir, une espèce
d’
animalité véhémente, et comme innocente… Mais jamais la Nature n’a rie
4090
malité véhémente, et comme innocente… Mais jamais
la
Nature n’a rien produit de pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démo
4091
innocente… Mais jamais la Nature n’a rien produit
de
pareil. Vous sentez bien qu’il y a du démoniaque dans son cas, une so
4092
n qu’il y a du démoniaque dans son cas, une sorte
de
polémique anxieuse, de méchanceté et de défi : la main tendue au Comm
4093
ue dans son cas, une sorte de polémique anxieuse,
de
méchanceté et de défi : la main tendue au Commandeur, dans le dernier
4094
une sorte de polémique anxieuse, de méchanceté et
de
défi : la main tendue au Commandeur, dans le dernier acte de Mozart.
4095
de polémique anxieuse, de méchanceté et de défi :
la
main tendue au Commandeur, dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’
4096
a main tendue au Commandeur, dans le dernier acte
de
Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais l’homme, et non d’avant, mai
4097
dans le dernier acte de Mozart. Non, ce n’est pas
l’
animal, mais l’homme, et non d’avant, mais d’après la morale. Point de
4098
acte de Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais
l’
homme, et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni ch
4099
Non, ce n’est pas l’animal, mais l’homme, et non
d’
avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sa
4100
nimal, mais l’homme, et non d’avant, mais d’après
la
morale. Point de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les «
4101
me, et non d’avant, mais d’après la morale. Point
de
Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’o
4102
mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez
les
« bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Ju
4103
de Don Juan ni chez les « bons sauvages » ni chez
les
« primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombr
4104
us décrit. Don Juan suppose une société encombrée
de
règles précises dont elle rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dan
4105
encombrée de règles précises dont elle rêve moins
de
se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaî
4106
précises dont elle rêve moins de se délivrer que
d’
abuser. Dans le vertige de l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneu
4107
elle rêve moins de se délivrer que d’abuser. Dans
le
vertige de l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jama
4108
oins de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige
de
l’anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang
4109
s de se délivrer que d’abuser. Dans le vertige de
l’
anarchie où il se plaît, ce grand seigneur n’oublie jamais son rang. S
4110
neur n’oublie jamais son rang. Son naturel, c’est
le
mépris ; rien n’est plus loin de la nature. Voyez comme il se sert de
4111
aturel, c’est le mépris ; rien n’est plus loin de
la
nature. Voyez comme il se sert des femmes : incapable de les posséder
4112
re. Voyez comme il se sert des femmes : incapable
de
les posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’anim
4113
Voyez comme il se sert des femmes : incapable de
les
posséder, il les viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal ;
4114
e sert des femmes : incapable de les posséder, il
les
viole d’abord moralement pour s’imposer à l’animal ; et aussitôt pris
4115
il les viole d’abord moralement pour s’imposer à
l’
animal ; et aussitôt prises les rejette, comme si c’était le fait du c
4116
nt pour s’imposer à l’animal ; et aussitôt prises
les
rejette, comme si c’était le fait du crime plus encore que le plaisir
4117
et aussitôt prises les rejette, comme si c’était
le
fait du crime plus encore que le plaisir qu’il cherchait. Polémiste p
4118
comme si c’était le fait du crime plus encore que
le
plaisir qu’il cherchait. Polémiste perpétuel, il se trouve entièremen
4119
perpétuel, il se trouve entièrement déterminé par
le
bon et le juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient p
4120
il se trouve entièrement déterminé par le bon et
le
juste — contre eux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il les
4121
déterminé par le bon et le juste — contre eux. Si
les
lois de la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les viole
4122
par le bon et le juste — contre eux. Si les lois
de
la morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’
4123
r le bon et le juste — contre eux. Si les lois de
la
morale n’existaient pas, il les inventerait pour les violer. Et c’est
4124
ux. Si les lois de la morale n’existaient pas, il
les
inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir l
4125
morale n’existaient pas, il les inventerait pour
les
violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle
4126
es violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir
la
nature spirituelle de son secret, si bien masqué par le prétexte de l
4127
la qui nous fait pressentir la nature spirituelle
de
son secret, si bien masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets
4128
ure spirituelle de son secret, si bien masqué par
le
prétexte de l’instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nie
4129
lle de son secret, si bien masqué par le prétexte
de
l’instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent
4130
de son secret, si bien masqué par le prétexte de
l’
instinct. Aux sommets de l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent an
4131
masqué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets
de
l’esprit révolté, on verra Nietzsche, cent ans plus tard, renouveler
4132
qué par le prétexte de l’instinct. Aux sommets de
l’
esprit révolté, on verra Nietzsche, cent ans plus tard, renouveler ce
4133
défi mortel. Mais quoi ! faut-il aller si haut ?
La
recherche « toute naturelle » de l’intensité du désir ne peut-elle ex
4134
aller si haut ? La recherche « toute naturelle »
de
l’intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette incons
4135
ler si haut ? La recherche « toute naturelle » de
l’
intensité du désir ne peut-elle expliquer à elle seule cette inconstan
4136
ette inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait
l’
homme de la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La n
4137
onstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’homme
de
la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La nouveauté
4138
Don Juan serait l’homme de la première rencontre,
de
la plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme
4139
Juan serait l’homme de la première rencontre, de
la
plus excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme »,
4140
ière rencontre, de la plus excitante victoire ? «
La
nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais
4141
e la plus excitante victoire ? « La nouveauté est
le
tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plu
4142
excitante victoire ? « La nouveauté est le tyran
de
notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme
4143
« La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit
le
vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme de plaisir qui parle
4144
écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus
l’
homme de plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence
4145
e vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme
de
plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà
4146
ce n’est plus l’homme de plaisir qui parle ainsi.
La
volupté du vrai sensuel commence au-delà de ces moments que Don Juan
4147
insi. La volupté du vrai sensuel commence au-delà
de
ces moments que Don Juan fuit à peine atteints. Faudra-t-il se résoud
4148
ine atteints. Faudra-t-il se résoudre à soumettre
le
cas aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Il
4149
soudre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets
de
l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux
4150
dre à soumettre le cas aux docteurs indiscrets de
l’
école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux au
4151
as aux docteurs indiscrets de l’école viennoise ?
Le
beau sujet ! Ils ne l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait
4152
ets de l’école viennoise ? Le beau sujet ! Ils ne
l’
ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que
4153
l’ont pas manqué. Pour eux aussi, Don Juan serait
le
contraire de ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète
4154
qué. Pour eux aussi, Don Juan serait le contraire
de
ce que l’on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine
4155
eux aussi, Don Juan serait le contraire de ce que
l’
on croit, il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de l’impui
4156
le contraire de ce que l’on croit, il souffrirait
d’
une anxiété secrète déjà voisine de l’impuissance. Et il est vrai que
4157
il souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine
de
l’impuissance. Et il est vrai que celui qui cède à cet attrait superf
4158
souffrirait d’une anxiété secrète déjà voisine de
l’
impuissance. Et il est vrai que celui qui cède à cet attrait superfici
4159
cède à cet attrait superficiel que presque toutes
les
jolies femmes peuvent exercer sur presque tous les hommes, n’évoque p
4160
es jolies femmes peuvent exercer sur presque tous
les
hommes, n’évoque pas une idée de santé. Mais dans cette furie insolen
4161
ur presque tous les hommes, n’évoque pas une idée
de
santé. Mais dans cette furie insolente, dans cette jactance batailleu
4162
critères spirituels ? Don Juan serait par exemple
le
type de l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait
4163
spirituels ? Don Juan serait par exemple le type
de
l’homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait se manif
4164
irituels ? Don Juan serait par exemple le type de
l’
homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait se manifest
4165
mple le type de l’homme qui n’atteint pas au plan
de
la personne où pourrait se manifester ce qu’il y a d’unique dans un ê
4166
e le type de l’homme qui n’atteint pas au plan de
la
personne où pourrait se manifester ce qu’il y a d’unique dans un être
4167
a personne où pourrait se manifester ce qu’il y a
d’
unique dans un être. Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans
4168
que dans un être. Pourquoi ne peut-il désirer que
la
nouveauté dans la femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouv
4169
Pourquoi ne peut-il désirer que la nouveauté dans
la
femme ? Et pourquoi désire-t-on du nouveau, du nouveau à tout prix, q
4170
eut-être aussi qu’il n’est pas ? Celui qui a, vit
de
sa possession et ne l’abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’
4171
est pas ? Celui qui a, vit de sa possession et ne
l’
abandonne pas pour l’incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Do
4172
, vit de sa possession et ne l’abandonne pas pour
l’
incertain, — entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’homme
4173
entendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait
l’
homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord choisir, et
4174
r choisir il faudrait être, et il n’est pas. Mais
le
contraire n’est pas moins vraisemblable : Don Juan cherchant partout
4175
on Juan cherchant partout son idéal, son « type »
de
beauté féminine (souvenir inconscient de la mère) — trop vite séduit
4176
« type » de beauté féminine (souvenir inconscient
de
la mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujou
4177
ype » de beauté féminine (souvenir inconscient de
la
mère) — trop vite séduit par la plus fugitive ressemblance, toujours
4178
ir inconscient de la mère) — trop vite séduit par
la
plus fugitive ressemblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il l’
4179
la plus fugitive ressemblance, toujours déçu par
la
réalité dès qu’il l’approche, et déjà s’élançant vers d’autres appare
4180
semblance, toujours déçu par la réalité dès qu’il
l’
approche, et déjà s’élançant vers d’autres apparences, de plus en plus
4181
parences, de plus en plus angoissé et cruel… S’il
le
trouvait, ce « type » de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. O
4182
angoissé et cruel… S’il le trouvait, ce « type »
de
femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. On le voit interrompre sa
4183
de femme rêvé ! J’imagine cette métamorphose. On
le
voit interrompre sa course, changer soudain de contenance, baisser la
4184
On le voit interrompre sa course, changer soudain
de
contenance, baisser la tête, s’assombrir, comme saisi d’une timidité,
4185
sa course, changer soudain de contenance, baisser
la
tête, s’assombrir, comme saisi d’une timidité, et fasciné pour la pre
4186
enance, baisser la tête, s’assombrir, comme saisi
d’
une timidité, et fasciné pour la première fois par la révélation d’amo
4187
ne timidité, et fasciné pour la première fois par
la
révélation d’amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouver
4188
t fasciné pour la première fois par la révélation
d’
amour, se muer en l’image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est
4189
emière fois par la révélation d’amour, se muer en
l’
image de Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on
4190
ois par la révélation d’amour, se muer en l’image
de
Tristan. Mais il ne trouvera pas. Il est Don Juan parce qu’on sait qu
4191
sance à se fixer, soit impuissance à se déprendre
d’
une image à lui-même secrète. Et de là vient sa puissance apparente, s
4192
à se déprendre d’une image à lui-même secrète. Et
de
là vient sa puissance apparente, sa furia, son rythme dionysiaque… Or
4193
pparente, sa furia, son rythme dionysiaque… Or si
le
don-juanisme est une passion de l’esprit, et non pas comme nous aimio
4194
ionysiaque… Or si le don-juanisme est une passion
de
l’esprit, et non pas comme nous aimions le croire une exultation de l
4195
ysiaque… Or si le don-juanisme est une passion de
l’
esprit, et non pas comme nous aimions le croire une exultation de l’in
4196
assion de l’esprit, et non pas comme nous aimions
le
croire une exultation de l’instinct, tout porte à supposer que cette
4197
n pas comme nous aimions le croire une exultation
de
l’instinct, tout porte à supposer que cette passion n’est pas toujour
4198
as comme nous aimions le croire une exultation de
l’
instinct, tout porte à supposer que cette passion n’est pas toujours l
4199
ours liée au sexe. Et même il faut se demander si
la
sensualité, précisément, ne serait pas le domaine où Don Juan se révè
4200
nder si la sensualité, précisément, ne serait pas
le
domaine où Don Juan se révèle le moins dangereux. (Appelons ici dange
4201
t, ne serait pas le domaine où Don Juan se révèle
le
moins dangereux. (Appelons ici danger ce qui peut compromettre un cer
4202
peut compromettre un certain équilibre social que
les
mœurs ont pour but de maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon o
4203
rtain équilibre social que les mœurs ont pour but
de
maintenir, cet équilibre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que
4204
libre étant d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que
le
désir de nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’esprit insat
4205
nt d’ailleurs bon ou mauvais.) C’est que le désir
de
nouveauté et de changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable l’e
4206
n ou mauvais.) C’est que le désir de nouveauté et
de
changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable l’excite, devient u
4207
de nouveauté et de changement perpétuel, dès que
l’
esprit insatiable l’excite, devient une menace pour la vie. En dérivan
4208
changement perpétuel, dès que l’esprit insatiable
l’
excite, devient une menace pour la vie. En dérivant cette passion vers
4209
prit insatiable l’excite, devient une menace pour
la
vie. En dérivant cette passion vers le plaisir, la société se trouve
4210
enace pour la vie. En dérivant cette passion vers
le
plaisir, la société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épu
4211
a vie. En dérivant cette passion vers le plaisir,
la
société se trouve lui ménager des satisfactions qui l’épuisent, sans
4212
ciété se trouve lui ménager des satisfactions qui
l’
épuisent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir d’une dépense imp
4213
énager des satisfactions qui l’épuisent, sans que
l’
ordre des choses ait à souffrir d’une dépense improductive. Certes Don
4214
isent, sans que l’ordre des choses ait à souffrir
d’
une dépense improductive. Certes Don Juan est un tricheur, et même il
4215
s Don Juan est un tricheur, et même il ne vit que
de
cela (La banque de pharaon était la grande ressource financière de Ca
4216
n est un tricheur, et même il ne vit que de cela (
La
banque de pharaon était la grande ressource financière de Casanova :
4217
richeur, et même il ne vit que de cela (La banque
de
pharaon était la grande ressource financière de Casanova : symbole do
4218
il ne vit que de cela (La banque de pharaon était
la
grande ressource financière de Casanova : symbole dont il nous donne
4219
e de pharaon était la grande ressource financière
de
Casanova : symbole dont il nous donne maintes fois la clé). Mais une
4220
asanova : symbole dont il nous donne maintes fois
la
clé). Mais une tricherie constante est moins dangereuse que les faibl
4221
une tricherie constante est moins dangereuse que
les
faiblesses subites d’un honnête homme. On est en garde, et l’on conna
4222
e est moins dangereuse que les faiblesses subites
d’
un honnête homme. On est en garde, et l’on connaît le système, entière
4223
s subites d’un honnête homme. On est en garde, et
l’
on connaît le système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginon
4224
n honnête homme. On est en garde, et l’on connaît
le
système, entièrement relatif aux règles du jeu. Imaginons un don-juan
4225
Imaginons un don-juanisme plus secret, une table
de
pharaon où l’on met sur les cartes des « valeurs » invisibles au lieu
4226
don-juanisme plus secret, une table de pharaon où
l’
on met sur les cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces son
4227
plus secret, une table de pharaon où l’on met sur
les
cartes des « valeurs » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors
4228
s » invisibles au lieu d’espèces sonnantes. Alors
la
tricherie cesse d’être une habileté vulgaire et profitable. Elle peut
4229
ieu d’espèces sonnantes. Alors la tricherie cesse
d’
être une habileté vulgaire et profitable. Elle peut devenir l’acte hér
4230
abileté vulgaire et profitable. Elle peut devenir
l’
acte héroïque d’une loyauté sans scrupules, toutefois considérée comme
4231
et profitable. Elle peut devenir l’acte héroïque
d’
une loyauté sans scrupules, toutefois considérée comme criminelle du f
4232
fait qu’elle institue un nouvel ordre, par décret
de
rigueur subversive. Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et l’adver
4233
ersive. Nietzsche s’est dressé face au siècle. Et
l’
adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids
4234
siècle. Et l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est
l’
esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de re
4235
t l’adversaire qu’il s’est choisi, c’est l’esprit
de
lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement
4236
eur, notre poids naturel, notre faculté naturelle
de
retombement dans la coutume. L’immoraliste est, comme le moraliste, u
4237
urel, notre faculté naturelle de retombement dans
la
coutume. L’immoraliste est, comme le moraliste, un ennemi vigilant de
4238
faculté naturelle de retombement dans la coutume.
L’
immoraliste est, comme le moraliste, un ennemi vigilant de l’instinct
4239
mbement dans la coutume. L’immoraliste est, comme
le
moraliste, un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il le glorifie, c
4240
liste est, comme le moraliste, un ennemi vigilant
de
l’instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit de polémique, c’e
4241
te est, comme le moraliste, un ennemi vigilant de
l’
instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit de polémique, c’est
4242
iste, un ennemi vigilant de l’instinct : car s’il
le
glorifie, c’est par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer la n
4243
instinct : car s’il le glorifie, c’est par esprit
de
polémique, c’est qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne l’a f
4244
par esprit de polémique, c’est qu’il veut forcer
la
nature autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui. Il va de défi en défi
4245
st qu’il veut forcer la nature autrement qu’on ne
l’
a fait jusqu’à lui. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par le
4246
re autrement qu’on ne l’a fait jusqu’à lui. Il va
de
défi en défi, excité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de
4247
. Il va de défi en défi, excité puis exaspéré par
le
silence ou les lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au c
4248
i en défi, excité puis exaspéré par le silence ou
les
lâchetés de l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esp
4249
cité puis exaspéré par le silence ou les lâchetés
de
l’adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y
4250
é puis exaspéré par le silence ou les lâchetés de
l’
adversaire. Les idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a
4251
é par le silence ou les lâchetés de l’adversaire.
Les
idées se retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus de vérité
4252
l’adversaire. Les idées se retournent au caprice
de
l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent
4253
adversaire. Les idées se retournent au caprice de
l’
esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou
4254
retournent au caprice de l’esprit : il n’y a plus
de
vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le doute à l
4255
de l’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne.
Les
hommes se rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’
4256
qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans
le
doute à la première séduction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a
4257
ou tombent dans le doute à la première séduction
d’
une hypothèse scientifique. Il n’y a plus de foi qui affirme et qui ma
4258
ction d’une hypothèse scientifique. Il n’y a plus
de
foi qui affirme et qui maintienne en vertu de l’absurde. Ah ! comme o
4259
de foi qui affirme et qui maintienne en vertu de
l’
absurde. Ah ! comme on se lasse de gagner à tout coup pour peu qu’on a
4260
nne en vertu de l’absurde. Ah ! comme on se lasse
de
gagner à tout coup pour peu qu’on ait l’envie de nier des règles que
4261
se lasse de gagner à tout coup pour peu qu’on ait
l’
envie de nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qu
4262
de gagner à tout coup pour peu qu’on ait l’envie
de
nier des règles que personne n’ose plus dire inviolables ! Qui donc s
4263
er pour une vertu dont on ne sait plus quelle est
la
fin ? Et toutes ces vérités qu’ils respectaient, voyez comme elles on
4264
ra donc s’en prendre à Dieu et à son Fils. Déjà «
le
Dieu moral est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est dans la vie du D
4265
al est réfuté ». Que va dire l’Autre ? C’est dans
la
vie du Don Juan des vérités, l’heure de l’invitation au Commandeur !
4266
utre ? C’est dans la vie du Don Juan des vérités,
l’
heure de l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pa
4267
’est dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure
de
l’invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas le déf
4268
t dans la vie du Don Juan des vérités, l’heure de
l’
invitation au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas le défi.
4269
au Commandeur ! Or Dieu se tait. Il ne relève pas
le
défi. Nietzsche attend dans la nuit désertique des hauteurs. Une aube
4270
. Il ne relève pas le défi. Nietzsche attend dans
la
nuit désertique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de
4271
rtique des hauteurs. Une aube vient. C’est encore
l’
aube de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée,
4272
des hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube
de
la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaq
4273
hauteurs. Une aube vient. C’est encore l’aube de
la
terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée, de chaque
4274
de la terre. Personne n’a parlé. Dieu est mort !
De
chaque idée, de chaque croyance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu
4275
rsonne n’a parlé. Dieu est mort ! De chaque idée,
de
chaque croyance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret
4276
eu est mort ! De chaque idée, de chaque croyance,
de
chaque valeur, Nietzsche a voulu violer le secret ; et leur défaite r
4277
yance, de chaque valeur, Nietzsche a voulu violer
le
secret ; et leur défaite rapide les rend toutes méprisables après la
4278
a voulu violer le secret ; et leur défaite rapide
les
rend toutes méprisables après la première possession. Pourquoi s’atta
4279
’attarderait-il ? Elles n’étaient excitantes pour
l’
esprit que par la fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’el
4280
Elles n’étaient excitantes pour l’esprit que par
la
fausse vertu qu’on leur prêtait. Mais aussitôt qu’elles ont trahi leu
4281
ssitôt qu’elles ont trahi leur commune vulgarité,
le
triomphe perd toute saveur. Il faut détruire maintenant les valeurs n
4282
he perd toute saveur. Il faut détruire maintenant
les
valeurs neuves qu’on avait inventées pour la lutte. Il faut rejeter a
4283
ant les valeurs neuves qu’on avait inventées pour
la
lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait de toute sa f
4284
pour la lutte. Il faut rejeter avec dégoût ce que
l’
on désirait de toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successe
4285
Il faut rejeter avec dégoût ce que l’on désirait
de
toute sa fougue ; et se rire des suiveurs, des successeurs, de ces di
4286
ougue ; et se rire des suiveurs, des successeurs,
de
ces disciples enhardis par le triomphe ardent d’un autre, et qui déjà
4287
s, des successeurs, de ces disciples enhardis par
le
triomphe ardent d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses
4288
de ces disciples enhardis par le triomphe ardent
d’
un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser de ses victimes. Mille et
4289
nt d’un autre, et qui déjà croient pouvoir abuser
de
ses victimes. Mille et trois vérités se sont rendues, et pas une seul
4290
vérités se sont rendues, et pas une seule n’a su
le
retenir. Qu’importent les « contradictions » ! Ce n’est pas pour bâti
4291
et pas une seule n’a su le retenir. Qu’importent
les
« contradictions » ! Ce n’est pas pour bâtir un système qu’il réfute,
4292
tème qu’il réfute, dénonce et détruit, c’est pour
la
joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de la Mère, Nietzsc
4293
pour la joie du viol intellectuel. Comme Don Juan
l’
image de la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même in
4294
joie du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image
de
la Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même infiniment
4295
e du viol intellectuel. Comme Don Juan l’image de
la
Mère, Nietzsche poursuit l’image obscure, et à lui-même infiniment se
4296
e Don Juan l’image de la Mère, Nietzsche poursuit
l’
image obscure, et à lui-même infiniment secrète, d’une Vérité qui ne s
4297
’image obscure, et à lui-même infiniment secrète,
d’
une Vérité qui ne se rendrait point, mais qui le posséderait à tout ja
4298
, d’une Vérité qui ne se rendrait point, mais qui
le
posséderait à tout jamais, digne enfin de sa vraie passion ! Il traqu
4299
ais qui le posséderait à tout jamais, digne enfin
de
sa vraie passion ! Il traque sans relâche tout ce qui bouge, tout ce
4300
ouge, tout ce qui s’arrête, tout ce qui fait mine
de
résister… Voluptés brèves — le temps d’un aphorisme — fulgurations to
4301
t ce qui fait mine de résister… Voluptés brèves —
le
temps d’un aphorisme — fulgurations toujours décevantes : ce n’est pa
4302
fait mine de résister… Voluptés brèves — le temps
d’
un aphorisme — fulgurations toujours décevantes : ce n’est pas elle qu
4303
e n’est pas elle qu’il vient de posséder… Ô haine
de
leurs vérités faibles ! La Vérité est morte ! Revivra-t-elle ? Car si
4304
t de posséder… Ô haine de leurs vérités faibles !
La
Vérité est morte ! Revivra-t-elle ? Car si ce Dieu est mort, à tout j
4305
si ce Dieu est mort, à tout jamais, il n’y a plus
d’
amour possible. Il faut inventer un amour qui permette au moins de haï
4306
. Il faut inventer un amour qui permette au moins
de
haïr tout ce qui passe, tout ce qui cède, toute l’impudeur et la lour
4307
e haïr tout ce qui passe, tout ce qui cède, toute
l’
impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque
4308
qui passe, tout ce qui cède, toute l’impudeur et
la
lourdeur du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de
4309
’impudeur et la lourdeur du monde. C’est au point
de
fureur dionysiaque où la joie de détruire devient douleur, et dans l’
4310
du monde. C’est au point de fureur dionysiaque où
la
joie de détruire devient douleur, et dans l’angoisse d’une puissance
4311
. C’est au point de fureur dionysiaque où la joie
de
détruire devient douleur, et dans l’angoisse d’une puissance anéantie
4312
e où la joie de détruire devient douleur, et dans
l’
angoisse d’une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a renc
4313
e de détruire devient douleur, et dans l’angoisse
d’
une puissance anéantie par son succès, que Nietzsche a rencontré souda
4314
par son succès, que Nietzsche a rencontré soudain
la
fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on le
4315
dain la fascinante idée du Retour éternel. Devant
le
roc de Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de conten
4316
fascinante idée du Retour éternel. Devant le roc
de
Sils-Maria on le voit interrompre sa course, changer de contenance, e
4317
du Retour éternel. Devant le roc de Sils-Maria on
le
voit interrompre sa course, changer de contenance, et pour la premièr
4318
s-Maria on le voit interrompre sa course, changer
de
contenance, et pour la première fois baisser la tête et adorer. Tout
4319
r de contenance, et pour la première fois baisser
la
tête et adorer. Tout reviendra éternellement à cette minute, à cet in
4320
dra éternellement à cette minute, à cet instant !
L’
Éternité, c’est le retour des temps ; et non plus la victoire sur le t
4321
à cette minute, à cet instant ! L’Éternité, c’est
le
retour des temps ; et non plus la victoire sur le temps… Mais dans le
4322
Éternité, c’est le retour des temps ; et non plus
la
victoire sur le temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort.
4323
le retour des temps ; et non plus la victoire sur
le
temps… Mais dans le temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort
4324
; et non plus la victoire sur le temps… Mais dans
le
temps, disait-il, Dieu est mort. Si Dieu est mort, c’est donc qu’il a
4325
u revivra éternellement ! Ainsi Nietzsche devient
le
Tristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par l’amour éternellem
4326
ternellement ! Ainsi Nietzsche devient le Tristan
d’
un Destin qu’il ne peut posséder que par l’amour éternellement lointai
4327
ristan d’un Destin qu’il ne peut posséder que par
l’
amour éternellement lointain. Don Juan tricheur, aime sans amour. S’il
4328
ur, aime sans amour. S’il gagne, c’est en violant
la
vérité des êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent les règle
4329
êtres. Nietzsche pose des valeurs qui détruisent
les
règles anciennes, mais qui ne valent que par ces règles et dans la me
4330
es, mais qui ne valent que par ces règles et dans
la
mesure où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose,
4331
ne valent que par ces règles et dans la mesure où
l’
on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent
4332
es règles et dans la mesure où l’on sent qu’elles
les
violent. Pour peu qu’il les impose, elles perdent leur sens, puisque
4333
où l’on sent qu’elles les violent. Pour peu qu’il
les
impose, elles perdent leur sens, puisque le système qui les mesurait
4334
u’il les impose, elles perdent leur sens, puisque
le
système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, p
4335
, elles perdent leur sens, puisque le système qui
les
mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes l
4336
système qui les mesurait n’existe plus. Par-delà
le
bien et le mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une pas
4337
i les mesurait n’existe plus. Par-delà le bien et
le
mal, par-delà toutes les règles du jeu, il faut qu’une passion se rév
4338
plus. Par-delà le bien et le mal, par-delà toutes
les
règles du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort ou la vi
4339
les du jeu, il faut qu’une passion se révèle ; ou
la
mort ou la vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car
4340
il faut qu’une passion se révèle ; ou la mort ou
la
vie éternelle. Il faut donc que Don Juan disparaisse (car Don Juan ne
4341
uan ne gagnait qu’en trichant, et s’il n’y a plus
de
règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être la clé du mystère :
4342
règles, on ne peut plus tricher). Voici peut-être
la
clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne po
4343
la clé du mystère : c’est qu’en respectant toutes
les
règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous sero
4344
s notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent
de
leur grâce. Les voici donc contraints de gagner dans le temps de leur
4345
Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce.
Les
voici donc contraints de gagner dans le temps de leur vie — d’où la t
4346
doutent de leur grâce. Les voici donc contraints
de
gagner dans le temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leu
4347
r grâce. Les voici donc contraints de gagner dans
le
temps de leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la
4348
Les voici donc contraints de gagner dans le temps
de
leur vie — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des t
4349
contraints de gagner dans le temps de leur vie —
d’
où la tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps, le règle
4350
raints de gagner dans le temps de leur vie — d’où
la
tricherie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps, le règlement
4351
e — d’où la tricherie ; ou bien il leur faut nier
la
fin des temps, le règlement final, le jugement dernier — d’où l’idée
4352
rie ; ou bien il leur faut nier la fin des temps,
le
règlement final, le jugement dernier — d’où l’idée du retour éternel.
4353
r faut nier la fin des temps, le règlement final,
le
jugement dernier — d’où l’idée du retour éternel. Comme je parlais de
4354
temps, le règlement final, le jugement dernier —
d’
où l’idée du retour éternel. Comme je parlais de ces choses à une amie
4355
s, le règlement final, le jugement dernier — d’où
l’
idée du retour éternel. Comme je parlais de ces choses à une amie : «
4356
— d’où l’idée du retour éternel. Comme je parlais
de
ces choses à une amie : « J’ai connu, me dit-elle, un homme marié ave
4357
vous ajoute à ma liste des mille e tre. C’étaient
les
femmes qu’il n’avait pas eues par fidélité à la sienne. » Où est la t
4358
avait pas eues par fidélité à la sienne. » Où est
la
tricherie ? Dans le défi, installé au cœur de la règle ?
4359
idélité à la sienne. » Où est la tricherie ? Dans
le
défi, installé au cœur de la règle ?
4360
est la tricherie ? Dans le défi, installé au cœur
de
la règle ?
4361
la tricherie ? Dans le défi, installé au cœur de
la
règle ?
4362
mythes I Méditation au carrefour fabuleux Dans
la
forêt de Gribskov, il est un lieu nommé « le Coin des Huit-Chemins ».
4363
Méditation au carrefour fabuleux Dans la forêt
de
Gribskov, il est un lieu nommé « le Coin des Huit-Chemins ». Seul le
4364
Dans la forêt de Gribskov, il est un lieu nommé «
le
Coin des Huit-Chemins ». Seul le trouve celui qui le cherche avec bea
4365
un lieu nommé « le Coin des Huit-Chemins ». Seul
le
trouve celui qui le cherche avec beaucoup de soin et de finesse, car
4366
Coin des Huit-Chemins ». Seul le trouve celui qui
le
cherche avec beaucoup de soin et de finesse, car aucune carte ne l’in
4367
uve celui qui le cherche avec beaucoup de soin et
de
finesse, car aucune carte ne l’indique. Son nom même est une contradi
4368
aucoup de soin et de finesse, car aucune carte ne
l’
indique. Son nom même est une contradiction, car comment le croisement
4369
. Son nom même est une contradiction, car comment
le
croisement de huit chemins publics peut-il former un « coin » solitai
4370
est une contradiction, car comment le croisement
de
huit chemins publics peut-il former un « coin » solitaire et dérobé ?
4371
ut-il former un « coin » solitaire et dérobé ? Si
la
rencontre de trois routes suffit à donner son nom à tout ce que crain
4372
un « coin » solitaire et dérobé ? Si la rencontre
de
trois routes suffit à donner son nom à tout ce que craint un solitair
4373
onner son nom à tout ce que craint un solitaire :
la
trivialité, combien plus triviale encore doit être la rencontre de hu
4374
rivialité, combien plus triviale encore doit être
la
rencontre de huit routes ! Pourtant, il en est bien ainsi : huit rout
4375
mbien plus triviale encore doit être la rencontre
de
huit routes ! Pourtant, il en est bien ainsi : huit routes et quelle
4376
le solitude ! … Tout près de là, un bosquet fermé
de
haies, porte le nom d’« Enclos fatal »… L’animation des huit chemins
4377
Tout près de là, un bosquet fermé de haies, porte
le
nom d’« Enclos fatal »… L’animation des huit chemins n’est qu’une pur
4378
ès de là, un bosquet fermé de haies, porte le nom
d’
« Enclos fatal »… L’animation des huit chemins n’est qu’une pure possi
4379
fermé de haies, porte le nom d’« Enclos fatal »…
L’
animation des huit chemins n’est qu’une pure possibilité, — possibilit
4380
n’est qu’une pure possibilité, — possibilité pour
l’
esprit. Car personne ne fréquente ce lieu, sauf un petit insecte qui s
4381
lente festinans… Nul ne hante ces routes, hormis
le
vent dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va. (In Vino Veritas)
4382
nte ces routes, hormis le vent dont on ne sait ni
d’
où il vient ni où il va. (In Vino Veritas) Kierkegaard a vécu l’amour
4383
i où il va. (In Vino Veritas) Kierkegaard a vécu
l’
amour unique, la passion malheureuse de Tristan, mais ses premiers gra
4384
Vino Veritas) Kierkegaard a vécu l’amour unique,
la
passion malheureuse de Tristan, mais ses premiers grands livres pseud
4385
ard a vécu l’amour unique, la passion malheureuse
de
Tristan, mais ses premiers grands livres pseudonymes évoquent le vol
4386
s ses premiers grands livres pseudonymes évoquent
le
vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme de Don Juan. Nietzsche
4387
remiers grands livres pseudonymes évoquent le vol
d’
un sombre papillon fasciné par la flamme de Don Juan. Nietzsche a vécu
4388
évoquent le vol d’un sombre papillon fasciné par
la
flamme de Don Juan. Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins
4389
le vol d’un sombre papillon fasciné par la flamme
de
Don Juan. Nietzsche a vécu plus seul encore, et guère moins chaste, m
4390
et guère moins chaste, mais toute son œuvre mène
le
train d’enfer d’un « Don Juan de la connaissance », jusqu’au jour où
4391
moins chaste, mais toute son œuvre mène le train
d’
enfer d’un « Don Juan de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrê
4392
haste, mais toute son œuvre mène le train d’enfer
d’
un « Don Juan de la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cl
4393
e son œuvre mène le train d’enfer d’un « Don Juan
de
la connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le se
4394
on œuvre mène le train d’enfer d’un « Don Juan de
la
connaissance », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le seuil
4395
e », jusqu’au jour où il s’arrête, « cloué », sur
le
seuil d’une Éternité en laquelle il découvre son Isolde. Pour l’un et
4396
u’au jour où il s’arrête, « cloué », sur le seuil
d’
une Éternité en laquelle il découvre son Isolde. Pour l’un et l’autre
4397
elle il découvre son Isolde. Pour l’un et l’autre
la
pensée est une passion, et l’expression totale de la passion ne peut
4398
our l’un et l’autre la pensée est une passion, et
l’
expression totale de la passion ne peut être que musicale. « Par la mu
4399
la pensée est une passion, et l’expression totale
de
la passion ne peut être que musicale. « Par la musique, les passions
4400
pensée est une passion, et l’expression totale de
la
passion ne peut être que musicale. « Par la musique, les passions jou
4401
le de la passion ne peut être que musicale. « Par
la
musique, les passions jouissent d’elles-mêmes.23 » L’un par Mozart et
4402
sion ne peut être que musicale. « Par la musique,
les
passions jouissent d’elles-mêmes.23 » L’un par Mozart et l’autre par
4403
usicale. « Par la musique, les passions jouissent
d’
elles-mêmes.23 » L’un par Mozart et l’autre par Wagner accède au cœur
4404
et qui est son Ombre. J’ai cherché bien longtemps
le
point de perspective d’où le regard puisse embrasser à la fois ces de
4405
t son Ombre. J’ai cherché bien longtemps le point
de
perspective d’où le regard puisse embrasser à la fois ces deux vies d
4406
ai cherché bien longtemps le point de perspective
d’
où le regard puisse embrasser à la fois ces deux vies dénuées et ces d
4407
erché bien longtemps le point de perspective d’où
le
regard puisse embrasser à la fois ces deux vies dénuées et ces deux œ
4408
la fois ces deux vies dénuées et ces deux œuvres
d’
une richesse inépuisable ; ces deux mythes majeurs de l’amour et leurs
4409
ne richesse inépuisable ; ces deux mythes majeurs
de
l’amour et leurs épiphanies les plus parfaites dans le lyrisme occide
4410
richesse inépuisable ; ces deux mythes majeurs de
l’
amour et leurs épiphanies les plus parfaites dans le lyrisme occidenta
4411
eux mythes majeurs de l’amour et leurs épiphanies
les
plus parfaites dans le lyrisme occidental. À la quête spirituelle d’u
4412
amour et leurs épiphanies les plus parfaites dans
le
lyrisme occidental. À la quête spirituelle d’une vision juste, ou peu
4413
les plus parfaites dans le lyrisme occidental. À
la
quête spirituelle d’une vision juste, ou peut-être seulement d’une qu
4414
ans le lyrisme occidental. À la quête spirituelle
d’
une vision juste, ou peut-être seulement d’une qualité heureuse et pén
4415
tuelle d’une vision juste, ou peut-être seulement
d’
une qualité heureuse et pénétrante du regard, situant en vérité celui
4416
vérité celui qui voit, il arrive qu’on pressente
l’
invite d’une étape significative, — et « l’enclos fatal » n’est pas lo
4417
elui qui voit, il arrive qu’on pressente l’invite
d’
une étape significative, — et « l’enclos fatal » n’est pas loin, mais
4418
ssente l’invite d’une étape significative, — et «
l’
enclos fatal » n’est pas loin, mais en même temps s’ouvrent des avenue
4419
Ces carrefours « qu’aucune carte n’indique » sont
les
lieux les plus émouvants, pour celui qui chevauche à l’aventure au pr
4420
ours « qu’aucune carte n’indique » sont les lieux
les
plus émouvants, pour celui qui chevauche à l’aventure au profond des
4421
ux les plus émouvants, pour celui qui chevauche à
l’
aventure au profond des forêts de l’âme occidentale. Arrêtons-nous ici
4422
qui chevauche à l’aventure au profond des forêts
de
l’âme occidentale. Arrêtons-nous ici pour méditer. Et nous suivrons t
4423
i chevauche à l’aventure au profond des forêts de
l’
âme occidentale. Arrêtons-nous ici pour méditer. Et nous suivrons tant
4424
pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée
de
lumière frayée dans les hautes futaies par les rayons obliques de l’a
4425
uivrons tantôt cette allée de lumière frayée dans
les
hautes futaies par les rayons obliques de l’après-midi, tantôt cette
4426
lée de lumière frayée dans les hautes futaies par
les
rayons obliques de l’après-midi, tantôt cette allée assombrie et qui
4427
e dans les hautes futaies par les rayons obliques
de
l’après-midi, tantôt cette allée assombrie et qui s’anime au gré d’un
4428
ans les hautes futaies par les rayons obliques de
l’
après-midi, tantôt cette allée assombrie et qui s’anime au gré d’un ve
4429
antôt cette allée assombrie et qui s’anime au gré
d’
un vent soudain, dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va. IKier
4430
nime au gré d’un vent soudain, dont on ne sait ni
d’
où il vient ni où il va. IKierkegaard et Don Juan C’est au cœur d
4431
ur des grands bois du Nord de la Seeland, un soir
d’
été, que les convives du Banquet se réunissent devant le seuil d’un pa
4432
ds bois du Nord de la Seeland, un soir d’été, que
les
convives du Banquet se réunissent devant le seuil d’un pavillon de ch
4433
que les convives du Banquet se réunissent devant
le
seuil d’un pavillon de chasse. Les portes s’ouvrirent à deux battant
4434
convives du Banquet se réunissent devant le seuil
d’
un pavillon de chasse. Les portes s’ouvrirent à deux battants ; l’écl
4435
nquet se réunissent devant le seuil d’un pavillon
de
chasse. Les portes s’ouvrirent à deux battants ; l’éclairage étincel
4436
nissent devant le seuil d’un pavillon de chasse.
Les
portes s’ouvrirent à deux battants ; l’éclairage étincelant, la fraîc
4437
chasse. Les portes s’ouvrirent à deux battants ;
l’
éclairage étincelant, la fraîcheur se déversant à flots, la séduction
4438
vrirent à deux battants ; l’éclairage étincelant,
la
fraîcheur se déversant à flots, la séduction fascinante des parfums,
4439
ge étincelant, la fraîcheur se déversant à flots,
la
séduction fascinante des parfums, et le goût impeccable du service sa
4440
à flots, la séduction fascinante des parfums, et
le
goût impeccable du service saisirent les convives qui entraient, et t
4441
rfums, et le goût impeccable du service saisirent
les
convives qui entraient, et tandis que l’orchestre attaquait la musiqu
4442
isirent les convives qui entraient, et tandis que
l’
orchestre attaquait la musique du ballet de Don Juan, ils se sentirent
4443
ui entraient, et tandis que l’orchestre attaquait
la
musique du ballet de Don Juan, ils se sentirent transfigurés, et comm
4444
is que l’orchestre attaquait la musique du ballet
de
Don Juan, ils se sentirent transfigurés, et comme frappés de respect
4445
, ils se sentirent transfigurés, et comme frappés
de
respect pour un esprit invisible, ils s’arrêtèrent un instant, sembla
4446
s s’arrêtèrent un instant, semblables à celui que
l’
enthousiasme a réveillé et qui ressuscite en plein enthousiasme. Cett
4447
e en plein enthousiasme. Cette page introduisant
les
discours sur l’amour qui composent In Vino Veritas, donne le ton de l
4448
siasme. Cette page introduisant les discours sur
l’
amour qui composent In Vino Veritas, donne le ton de la passion de Kie
4449
sur l’amour qui composent In Vino Veritas, donne
le
ton de la passion de Kierkegaard pour le Don Giovanni de Mozart. Dans
4450
amour qui composent In Vino Veritas, donne le ton
de
la passion de Kierkegaard pour le Don Giovanni de Mozart. Dans le Jou
4451
ur qui composent In Vino Veritas, donne le ton de
la
passion de Kierkegaard pour le Don Giovanni de Mozart. Dans le Journa
4452
osent In Vino Veritas, donne le ton de la passion
de
Kierkegaard pour le Don Giovanni de Mozart. Dans le Journal de 1839,
4453
s, donne le ton de la passion de Kierkegaard pour
le
Don Giovanni de Mozart. Dans le Journal de 1839, on lit déjà : D’une
4454
Kierkegaard pour le Don Giovanni de Mozart. Dans
le
Journal de 1839, on lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de
4455
d pour le Don Giovanni de Mozart. Dans le Journal
de
1839, on lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire de Don Juan,
4456
e Mozart. Dans le Journal de 1839, on lit déjà :
D’
une certaine façon, je puis dire de Don Juan, comme Elvire : — Toi, me
4457
on lit déjà : D’une certaine façon, je puis dire
de
Don Juan, comme Elvire : — Toi, meurtrier de mon bonheur ! Car en vér
4458
dire de Don Juan, comme Elvire : — Toi, meurtrier
de
mon bonheur ! Car en vérité, cette pièce s’est emparée de moi d’une f
4459
onheur ! Car en vérité, cette pièce s’est emparée
de
moi d’une façon si diabolique que je ne pourrai plus jamais l’oublier
4460
! Car en vérité, cette pièce s’est emparée de moi
d’
une façon si diabolique que je ne pourrai plus jamais l’oublier. C’est
4461
façon si diabolique que je ne pourrai plus jamais
l’
oublier. C’est elle qui m’a poussé, comme Elvire, hors de la nuit tran
4462
C’est elle qui m’a poussé, comme Elvire, hors de
la
nuit tranquille du cloître. Enfin, c’est à Mozart, écrira-t-il plus
4463
fin, c’est à Mozart, écrira-t-il plus tard — dans
les
Étapes — qu’il aura dû de n’avoir pas vécu sans aimer, « quoique d’un
4464
-t-il plus tard — dans les Étapes — qu’il aura dû
de
n’avoir pas vécu sans aimer, « quoique d’un amour malheureux ». Relié
4465
aura dû de n’avoir pas vécu sans aimer, « quoique
d’
un amour malheureux ». Reliée par ces derniers mots à la vie trop réel
4466
mour malheureux ». Reliée par ces derniers mots à
la
vie trop réelle du Solitaire, la fascination du mythe révèle ici sa v
4467
derniers mots à la vie trop réelle du Solitaire,
la
fascination du mythe révèle ici sa vraie nature de virtualité existen
4468
a fascination du mythe révèle ici sa vraie nature
de
virtualité existentielle. La vie réelle de Kierkegaard s’est qualifié
4469
ici sa vraie nature de virtualité existentielle.
La
vie réelle de Kierkegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de D
4470
nature de virtualité existentielle. La vie réelle
de
Kierkegaard s’est qualifiée par son refus du mythe de Don Juan, tenta
4471
ierkegaard s’est qualifiée par son refus du mythe
de
Don Juan, tentation permanente et toujours refoulée. C’est pourquoi p
4472
nte et toujours refoulée. C’est pourquoi personne
d’
autre n’a mieux jugé ce mythe. La thèse de Kierkegaard sur Don Juan re
4473
ourquoi personne d’autre n’a mieux jugé ce mythe.
La
thèse de Kierkegaard sur Don Juan rejoint Mozart dans sa génialité :
4474
ersonne d’autre n’a mieux jugé ce mythe. La thèse
de
Kierkegaard sur Don Juan rejoint Mozart dans sa génialité : elle réin
4475
rejoint Mozart dans sa génialité : elle réinvente
la
structure du drame comme par une création de logique intrépide. Elle
4476
ente la structure du drame comme par une création
de
logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu d’une cohérence ino
4477
ation de logique intrépide. Elle nous impose, par
la
vertu d’une cohérence inoubliable une interprétation triple et unique
4478
logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu
d’
une cohérence inoubliable une interprétation triple et unique de l’opé
4479
e inoubliable une interprétation triple et unique
de
l’opéra, du mythe, et de l’essence de la musique occidentale. En voic
4480
noubliable une interprétation triple et unique de
l’
opéra, du mythe, et de l’essence de la musique occidentale. En voici l
4481
étation triple et unique de l’opéra, du mythe, et
de
l’essence de la musique occidentale. En voici l’argument condensé. Le
4482
tion triple et unique de l’opéra, du mythe, et de
l’
essence de la musique occidentale. En voici l’argument condensé. Le ch
4483
e et unique de l’opéra, du mythe, et de l’essence
de
la musique occidentale. En voici l’argument condensé. Le christianism
4484
t unique de l’opéra, du mythe, et de l’essence de
la
musique occidentale. En voici l’argument condensé. Le christianisme,
4485
de l’essence de la musique occidentale. En voici
l’
argument condensé. Le christianisme, étant esprit, a posé dans le mond
4486
usique occidentale. En voici l’argument condensé.
Le
christianisme, étant esprit, a posé dans le monde la sensualité. Parc
4487
ensé. Le christianisme, étant esprit, a posé dans
le
monde la sensualité. Parce qu’il l’excluait en principe, il l’a posée
4488
christianisme, étant esprit, a posé dans le monde
la
sensualité. Parce qu’il l’excluait en principe, il l’a posée comme pr
4489
, a posé dans le monde la sensualité. Parce qu’il
l’
excluait en principe, il l’a posée comme principe et comme catégorie s
4490
ensualité. Parce qu’il l’excluait en principe, il
l’
a posée comme principe et comme catégorie spirituelle. L’érotisme, « s
4491
ée comme principe et comme catégorie spirituelle.
L’
érotisme, « synthèse psycho-sensible » et déterminée par l’esprit, exi
4492
e, « synthèse psycho-sensible » et déterminée par
l’
esprit, exige désormais un langage capable de traduire sa spontanéité.
4493
par l’esprit, exige désormais un langage capable
de
traduire sa spontanéité. La musique seule va s’y prêter. Car elle est
4494
is un langage capable de traduire sa spontanéité.
La
musique seule va s’y prêter. Car elle est un langage des sens, mais l
4495
’y prêter. Car elle est un langage des sens, mais
le
sens de l’ouïe, plus que tout autre, est « déterminé par l’esprit ».
4496
r. Car elle est un langage des sens, mais le sens
de
l’ouïe, plus que tout autre, est « déterminé par l’esprit ». La musiq
4497
Car elle est un langage des sens, mais le sens de
l’
ouïe, plus que tout autre, est « déterminé par l’esprit ». La musique,
4498
l’ouïe, plus que tout autre, est « déterminé par
l’
esprit ». La musique, au surplus, est, après la parole, le médium le m
4499
s que tout autre, est « déterminé par l’esprit ».
La
musique, au surplus, est, après la parole, le médium le moins matérie
4500
ar l’esprit ». La musique, au surplus, est, après
la
parole, le médium le moins matériel de l’idée : elle n’existe que dan
4501
». La musique, au surplus, est, après la parole,
le
médium le moins matériel de l’idée : elle n’existe que dans le temps,
4502
ique, au surplus, est, après la parole, le médium
le
moins matériel de l’idée : elle n’existe que dans le temps, dans une
4503
est, après la parole, le médium le moins matériel
de
l’idée : elle n’existe que dans le temps, dans une succession de mome
4504
, après la parole, le médium le moins matériel de
l’
idée : elle n’existe que dans le temps, dans une succession de moments
4505
moins matériel de l’idée : elle n’existe que dans
le
temps, dans une succession de moments, puis disparaît, contrairement
4506
e n’existe que dans le temps, dans une succession
de
moments, puis disparaît, contrairement à l’œuvre plastique, peinte ou
4507
ssion de moments, puis disparaît, contrairement à
l’
œuvre plastique, peinte ou sculptée. L’érotisme, exclu par l’esprit, t
4508
airement à l’œuvre plastique, peinte ou sculptée.
L’
érotisme, exclu par l’esprit, trouvera donc son « médium absolu », non
4509
stique, peinte ou sculptée. L’érotisme, exclu par
l’
esprit, trouvera donc son « médium absolu », non pas dans la parole, m
4510
trouvera donc son « médium absolu », non pas dans
la
parole, mais bien dans la musique ; et de même la musique trouvera da
4511
absolu », non pas dans la parole, mais bien dans
la
musique ; et de même la musique trouvera dans le génie sensuel son «
4512
la parole, mais bien dans la musique ; et de même
la
musique trouvera dans le génie sensuel son « objet absolu », car « l’
4513
la musique ; et de même la musique trouvera dans
le
génie sensuel son « objet absolu », car « l’état d’âme sensuel est tr
4514
dans le génie sensuel son « objet absolu », car «
l’
état d’âme sensuel est trop lourd et trop dense pour être porté par la
4515
est trop lourd et trop dense pour être porté par
la
parole ; seule la musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représente l
4516
trop dense pour être porté par la parole ; seule
la
musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représente le désir pur, dans
4517
être porté par la parole ; seule la musique peut
l’
exprimer ». Si Don Juan représente le désir pur, dans sa génialité irr
4518
musique peut l’exprimer ». Si Don Juan représente
le
désir pur, dans sa génialité irrésistible et démoniaque, « déterminé
4519
alité irrésistible et démoniaque, « déterminé par
l’
esprit comme étant ce que l’esprit exclut », l’expression de Don Juan
4520
aque, « déterminé par l’esprit comme étant ce que
l’
esprit exclut », l’expression de Don Juan ne peut être que musicale. E
4521
ar l’esprit comme étant ce que l’esprit exclut »,
l’
expression de Don Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le
4522
omme étant ce que l’esprit exclut », l’expression
de
Don Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi le seul Don Jua
4523
Juan ne peut être que musicale. Et c’est pourquoi
le
seul Don Juan conforme au mythe24, c’est le Don Giovanni de Mozart. V
4524
rquoi le seul Don Juan conforme au mythe24, c’est
le
Don Giovanni de Mozart. Voici son signalement selon Kierkegaard. Don
4525
uan est conçu musicalement, j’entends en lui tout
l’
infini, mais aussi la puissance infinie de la passion, à laquelle rien
4526
ement, j’entends en lui tout l’infini, mais aussi
la
puissance infinie de la passion, à laquelle rien ne peut résister ; j
4527
ui tout l’infini, mais aussi la puissance infinie
de
la passion, à laquelle rien ne peut résister ; j’entends la convoitis
4528
tout l’infini, mais aussi la puissance infinie de
la
passion, à laquelle rien ne peut résister ; j’entends la convoitise e
4529
ion, à laquelle rien ne peut résister ; j’entends
la
convoitise effrénée du désir, mais aussi le triomphe absolu de ce dés
4530
tends la convoitise effrénée du désir, mais aussi
le
triomphe absolu de ce désir, triomphe auquel il serait vain de s’oppo
4531
effrénée du désir, mais aussi le triomphe absolu
de
ce désir, triomphe auquel il serait vain de s’opposer. Si d’aventure
4532
bsolu de ce désir, triomphe auquel il serait vain
de
s’opposer. Si d’aventure la pensée s’attarde à l’obstacle, celui-ci t
4533
, triomphe auquel il serait vain de s’opposer. Si
d’
aventure la pensée s’attarde à l’obstacle, celui-ci tire son importanc
4534
auquel il serait vain de s’opposer. Si d’aventure
la
pensée s’attarde à l’obstacle, celui-ci tire son importance d’exciter
4535
de s’opposer. Si d’aventure la pensée s’attarde à
l’
obstacle, celui-ci tire son importance d’exciter la passion plutôt que
4536
ttarde à l’obstacle, celui-ci tire son importance
d’
exciter la passion plutôt que de s’y opposer réellement ; la jouissanc
4537
’obstacle, celui-ci tire son importance d’exciter
la
passion plutôt que de s’y opposer réellement ; la jouissance en est a
4538
re son importance d’exciter la passion plutôt que
de
s’y opposer réellement ; la jouissance en est accrue, la victoire est
4539
la passion plutôt que de s’y opposer réellement ;
la
jouissance en est accrue, la victoire est certaine et l’obstacle n’es
4540
opposer réellement ; la jouissance en est accrue,
la
victoire est certaine et l’obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve
4541
ssance en est accrue, la victoire est certaine et
l’
obstacle n’est qu’un stimulant. Je trouve en Don Juan une vie ainsi an
4542
ulant. Je trouve en Don Juan une vie ainsi animée
d’
un démoniaque puissant et irrésistible, à la façon d’un élément. Telle
4543
nimée d’un démoniaque puissant et irrésistible, à
la
façon d’un élément. Telle est son idéalité dont je puis me réjouir tr
4544
n démoniaque puissant et irrésistible, à la façon
d’
un élément. Telle est son idéalité dont je puis me réjouir tranquillem
4545
dont je puis me réjouir tranquillement, parce que
la
musique ne me le représente pas comme personne ou individu, mais comm
4546
éjouir tranquillement, parce que la musique ne me
le
représente pas comme personne ou individu, mais comme puissance.25
4547
t plus rien. Lancé comme une pierre qui ricoche à
la
surface de l’eau, il s’enfonce instantanément dans l’abîme du néant,
4548
. Lancé comme une pierre qui ricoche à la surface
de
l’eau, il s’enfonce instantanément dans l’abîme du néant, après le de
4549
ancé comme une pierre qui ricoche à la surface de
l’
eau, il s’enfonce instantanément dans l’abîme du néant, après le derni
4550
urface de l’eau, il s’enfonce instantanément dans
l’
abîme du néant, après le dernier ricochet. Irresponsable comme toute f
4551
toute force naturelle, Don Juan incarne donc, si
l’
on ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit par la seule énergie
4552
turelle, Don Juan incarne donc, si l’on ose dire,
l’
absolu nihilisme moral. Il séduit par la seule énergie du désir. « Je
4553
ose dire, l’absolu nihilisme moral. Il séduit par
la
seule énergie du désir. « Je ne l’imagine pas du tout comme quelqu’un
4554
Il séduit par la seule énergie du désir. « Je ne
l’
imagine pas du tout comme quelqu’un qui forme ses projets sournoisemen
4555
ournoisement, et calcule avec ruse ses intrigues…
La
réflexion lui fait défaut… Il n’a besoin d’aucun préparatif, d’aucun
4556
gues… La réflexion lui fait défaut… Il n’a besoin
d’
aucun préparatif, d’aucun plan, d’aucun temps, car il est toujours prê
4557
ui fait défaut… Il n’a besoin d’aucun préparatif,
d’
aucun plan, d’aucun temps, car il est toujours prêt, l’énergie est con
4558
… Il n’a besoin d’aucun préparatif, d’aucun plan,
d’
aucun temps, car il est toujours prêt, l’énergie est constamment prése
4559
un plan, d’aucun temps, car il est toujours prêt,
l’
énergie est constamment présente en lui et le désir aussi. » Il n’étou
4560
rêt, l’énergie est constamment présente en lui et
le
désir aussi. » Il n’étourdit pas Zerline de belles paroles, il l’invi
4561
ui et le désir aussi. » Il n’étourdit pas Zerline
de
belles paroles, il l’invite à entrer, fait un geste. « II ne séduit p
4562
» Il n’étourdit pas Zerline de belles paroles, il
l’
invite à entrer, fait un geste. « II ne séduit pas, mais il désire, et
4563
il a du succès auprès des femmes, mais encore il
les
rend heureuses — et malheureuses ; chose étrange, c’est là ce qu’elle
4564
ce qu’elles veulent, et celle qui ne rêverait pas
de
devenir malheureuse pour avoir été une fois heureuse avec Don Juan se
4565
it une pauvre fille. Don Juan est convaincu que «
l’
expression véritable de la femme consiste en sa volonté d’être séduite
4566
n Juan est convaincu que « l’expression véritable
de
la femme consiste en sa volonté d’être séduite… C’est pourquoi elle n
4567
uan est convaincu que « l’expression véritable de
la
femme consiste en sa volonté d’être séduite… C’est pourquoi elle ne s
4568
sion véritable de la femme consiste en sa volonté
d’
être séduite… C’est pourquoi elle ne se fâche jamais contre son séduct
4569
fâche jamais contre son séducteur, du moins s’il
l’
a vraiment séduite.26 » L’érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros anti
4570
ducteur, du moins s’il l’a vraiment séduite.26 »
L’
érotisme de Don Juan s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et
4571
moins s’il l’a vraiment séduite.26 » L’érotisme
de
Don Juan s’oppose à l’Éros antique, qui était psychique et non sensue
4572
t séduite.26 » L’érotisme de Don Juan s’oppose à
l’
Éros antique, qui était psychique et non sensuel, « et c’est ce qui in
4573
se tout amour grec »27. Il s’oppose plus encore à
l’
amour courtois, essentiellement fidèle. « L’amour psychique est existe
4574
ore à l’amour courtois, essentiellement fidèle. «
L’
amour psychique est existence dans le temps, l’amour sensuel dispariti
4575
nt fidèle. « L’amour psychique est existence dans
le
temps, l’amour sensuel disparition dans le temps », d’où vient que la
4576
« L’amour psychique est existence dans le temps,
l’
amour sensuel disparition dans le temps », d’où vient que la musique e
4577
e dans le temps, l’amour sensuel disparition dans
le
temps », d’où vient que la musique est son parfait médium. Pour Don J
4578
mps, l’amour sensuel disparition dans le temps »,
d’
où vient que la musique est son parfait médium. Pour Don Juan, « la fé
4579
nsuel disparition dans le temps », d’où vient que
la
musique est son parfait médium. Pour Don Juan, « la féminité tout à f
4580
musique est son parfait médium. Pour Don Juan, «
la
féminité tout à fait abstraite est l’essentiel », l’individualité n’e
4581
Don Juan, « la féminité tout à fait abstraite est
l’
essentiel », l’individualité n’existe pas : il n’y aura jamais à ses y
4582
féminité tout à fait abstraite est l’essentiel »,
l’
individualité n’existe pas : il n’y aura jamais à ses yeux ni infidéli
4583
on et multiplicité. Sa vie n’étant qu’« une somme
de
moments distincts… une addition d’instants », Don Juan ne saurait avo
4584
qu’« une somme de moments distincts… une addition
d’
instants », Don Juan ne saurait avoir de biographie : le doter d’une e
4585
addition d’instants », Don Juan ne saurait avoir
de
biographie : le doter d’une enfance et d’une jeunesse fut l’erreur fa
4586
ants », Don Juan ne saurait avoir de biographie :
le
doter d’une enfance et d’une jeunesse fut l’erreur fatale de Byron. I
4587
on Juan ne saurait avoir de biographie : le doter
d’
une enfance et d’une jeunesse fut l’erreur fatale de Byron. Il est le
4588
t avoir de biographie : le doter d’une enfance et
d’
une jeunesse fut l’erreur fatale de Byron. Il est le génie de l’instan
4589
ie : le doter d’une enfance et d’une jeunesse fut
l’
erreur fatale de Byron. Il est le génie de l’instant. Ses conquêtes so
4590
une enfance et d’une jeunesse fut l’erreur fatale
de
Byron. Il est le génie de l’instant. Ses conquêtes sont sans histoire
4591
une jeunesse fut l’erreur fatale de Byron. Il est
le
génie de l’instant. Ses conquêtes sont sans histoire, « car le temps
4592
sse fut l’erreur fatale de Byron. Il est le génie
de
l’instant. Ses conquêtes sont sans histoire, « car le temps lui manqu
4593
fut l’erreur fatale de Byron. Il est le génie de
l’
instant. Ses conquêtes sont sans histoire, « car le temps lui manque »
4594
’instant. Ses conquêtes sont sans histoire, « car
le
temps lui manque ». « La voir et l’aimer sont une seule chose… et aus
4595
ont sans histoire, « car le temps lui manque ». «
La
voir et l’aimer sont une seule chose… et aussitôt tout est fini, puis
4596
stoire, « car le temps lui manque ». « La voir et
l’
aimer sont une seule chose… et aussitôt tout est fini, puis cela se ré
4597
et aussitôt tout est fini, puis cela se répète à
l’
infini. » Sans passé, sans mémoire (il lui faut le Catalogue !), sans
4598
l’infini. » Sans passé, sans mémoire (il lui faut
le
Catalogue !), sans lendemain et sans nostalgie, il court, vole et se
4599
le et se réjouit, jusqu’à ce qu’il butte contre «
la
pierre d’achoppement », la statue de pierre du Commandeur. Mais le Co
4600
éjouit, jusqu’à ce qu’il butte contre « la pierre
d’
achoppement », la statue de pierre du Commandeur. Mais le Commandeur e
4601
e qu’il butte contre « la pierre d’achoppement »,
la
statue de pierre du Commandeur. Mais le Commandeur est un esprit ! C’
4602
tte contre « la pierre d’achoppement », la statue
de
pierre du Commandeur. Mais le Commandeur est un esprit ! C’est même u
4603
pement », la statue de pierre du Commandeur. Mais
le
Commandeur est un esprit ! C’est même un revenant, donc un retour du
4604
revenant, donc un retour du passé. Il représente
la
négation spirituelle du génie spontané de l’instant. Il est donc seul
4605
résente la négation spirituelle du génie spontané
de
l’instant. Il est donc seul capable de dompter Don Juan, nulle puissa
4606
ente la négation spirituelle du génie spontané de
l’
instant. Il est donc seul capable de dompter Don Juan, nulle puissance
4607
e spontané de l’instant. Il est donc seul capable
de
dompter Don Juan, nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cet
4608
ythe par Kierkegaard n’est pas seulement inspirée
de
Mozart : elle a pour but de démontrer que l’opéra de Mozart est le my
4609
as seulement inspirée de Mozart : elle a pour but
de
démontrer que l’opéra de Mozart est le mythe pur, intégralement manif
4610
irée de Mozart : elle a pour but de démontrer que
l’
opéra de Mozart est le mythe pur, intégralement manifesté en chaque dé
4611
Mozart : elle a pour but de démontrer que l’opéra
de
Mozart est le mythe pur, intégralement manifesté en chaque détail com
4612
a pour but de démontrer que l’opéra de Mozart est
le
mythe pur, intégralement manifesté en chaque détail comme dans le sty
4613
tégralement manifesté en chaque détail comme dans
le
style et la structure de l’ensemble. On a pu varier les interprétatio
4614
manifesté en chaque détail comme dans le style et
la
structure de l’ensemble. On a pu varier les interprétations de la lég
4615
chaque détail comme dans le style et la structure
de
l’ensemble. On a pu varier les interprétations de la légende, « jusqu
4616
que détail comme dans le style et la structure de
l’
ensemble. On a pu varier les interprétations de la légende, « jusqu’à
4617
yle et la structure de l’ensemble. On a pu varier
les
interprétations de la légende, « jusqu’à ce que Mozart en ait découve
4618
de l’ensemble. On a pu varier les interprétations
de
la légende, « jusqu’à ce que Mozart en ait découvert à la fois le méd
4619
l’ensemble. On a pu varier les interprétations de
la
légende, « jusqu’à ce que Mozart en ait découvert à la fois le médium
4620
jusqu’à ce que Mozart en ait découvert à la fois
le
médium et l’idée », d’où « la valeur classique absolue » de son opéra
4621
ue Mozart en ait découvert à la fois le médium et
l’
idée », d’où « la valeur classique absolue » de son opéra. On pourra m
4622
en ait découvert à la fois le médium et l’idée »,
d’
où « la valeur classique absolue » de son opéra. On pourra multiplier
4623
découvert à la fois le médium et l’idée », d’où «
la
valeur classique absolue » de son opéra. On pourra multiplier les Fau
4624
et l’idée », d’où « la valeur classique absolue »
de
son opéra. On pourra multiplier les Faust 28, car « l’idée de Faust s
4625
ique absolue » de son opéra. On pourra multiplier
les
Faust 28, car « l’idée de Faust suppose une telle maturité d’esprit q
4626
n opéra. On pourra multiplier les Faust 28, car «
l’
idée de Faust suppose une telle maturité d’esprit qu’il est naturel qu
4627
. On pourra multiplier les Faust 28, car « l’idée
de
Faust suppose une telle maturité d’esprit qu’il est naturel qu’il y e
4628
car « l’idée de Faust suppose une telle maturité
d’
esprit qu’il est naturel qu’il y en ait plusieurs conceptions », chacu
4629
tre « parfaite » pour une génération ; tandis que
le
Don Juan de Mozart, « par le caractère abstrait de l’idée, vivra éter
4630
ération ; tandis que le Don Juan de Mozart, « par
le
caractère abstrait de l’idée, vivra éternellement et dans tous les te
4631
e Don Juan de Mozart, « par le caractère abstrait
de
l’idée, vivra éternellement et dans tous les temps ». En récrire un a
4632
on Juan de Mozart, « par le caractère abstrait de
l’
idée, vivra éternellement et dans tous les temps ». En récrire un aprè
4633
trait de l’idée, vivra éternellement et dans tous
les
temps ». En récrire un après Mozart équivaudrait à produire une Ilias
4634
à produire une Ilias post Homerum. Du commentaire
de
l’opéra lui-même (dont la pénétration proprement musicale est stupéfi
4635
roduire une Ilias post Homerum. Du commentaire de
l’
opéra lui-même (dont la pénétration proprement musicale est stupéfiant
4636
Homerum. Du commentaire de l’opéra lui-même (dont
la
pénétration proprement musicale est stupéfiante, Kierkegaard se disan
4637
n centrale : « Don Juan donne leur intérêt à tous
les
autres personnages… Sa passion met la passion des autres en mouvement
4638
rêt à tous les autres personnages… Sa passion met
la
passion des autres en mouvement. Elle résonne partout ». Don Juan n’é
4639
is puissance et vie, donc « absolument musical »,
les
autres personnages, qui ne sont que passions déterminées par Don Juan
4640
e mesure même musicaux. « On peut arriver pendant
la
représentation, on est immédiatement au centre, par ce que ce centre,
4641
iatement au centre, par ce que ce centre, qui est
la
vitalité de Don Juan, se trouve partout. » Le seul personnage qui sem
4642
centre, par ce que ce centre, qui est la vitalité
de
Don Juan, se trouve partout. » Le seul personnage qui semble faire ex
4643
est la vitalité de Don Juan, se trouve partout. »
Le
seul personnage qui semble faire exception est naturellement le Comma
4644
nage qui semble faire exception est naturellement
le
Commandeur, mais, d’une certaine manière (que précise l’analyse des t
4645
exception est naturellement le Commandeur, mais,
d’
une certaine manière (que précise l’analyse des thèmes musicaux), il e
4646
andeur, mais, d’une certaine manière (que précise
l’
analyse des thèmes musicaux), il est « placé en dehors de la pièce, ou
4647
des thèmes musicaux), il est « placé en dehors de
la
pièce, ou il la circonscrit ». Comme le temps est circonscrit par l’é
4648
aux), il est « placé en dehors de la pièce, ou il
la
circonscrit ». Comme le temps est circonscrit par l’éternité. IIKi
4649
dehors de la pièce, ou il la circonscrit ». Comme
le
temps est circonscrit par l’éternité. IIKierkegaard et Tristan
4650
circonscrit ». Comme le temps est circonscrit par
l’
éternité. IIKierkegaard et Tristan Kierkegaard fut pourtant le c
4651
ierkegaard et Tristan Kierkegaard fut pourtant
le
contraire d’un Don Juan. Dans ses rapports avec son œuvre, son action
4652
Tristan Kierkegaard fut pourtant le contraire
d’
un Don Juan. Dans ses rapports avec son œuvre, son action publique, et
4653
Cependant, je n’ai trouvé dans tout son œuvre que
de
rares allusions à l’Hamlet de Shakespeare, et pas une mention de Tris
4654
ouvé dans tout son œuvre que de rares allusions à
l’
Hamlet de Shakespeare, et pas une mention de Tristan — pour des centai
4655
ons à l’Hamlet de Shakespeare, et pas une mention
de
Tristan — pour des centaines de pages enthousiastes et lyriques sur l
4656
t pas une mention de Tristan — pour des centaines
de
pages enthousiastes et lyriques sur le Don Juan de la légende et de M
4657
centaines de pages enthousiastes et lyriques sur
le
Don Juan de la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrét
4658
e pages enthousiastes et lyriques sur le Don Juan
de
la légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voire c
4659
ages enthousiastes et lyriques sur le Don Juan de
la
légende et de Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voire ce m
4660
stes et lyriques sur le Don Juan de la légende et
de
Mozart. Le contraste entre cette discrétion, voire ce mutisme, et cet
4661
iques sur le Don Juan de la légende et de Mozart.
Le
contraste entre cette discrétion, voire ce mutisme, et cette luxurian
4662
oire ce mutisme, et cette luxuriance verbale, est
de
ceux qui expriment à coup sûr les données essentielles d’une personne
4663
nce verbale, est de ceux qui expriment à coup sûr
les
données essentielles d’une personne. Qu’est-ce que Don Juan pour ce c
4664
qui expriment à coup sûr les données essentielles
d’
une personne. Qu’est-ce que Don Juan pour ce célibataire parfaitement
4665
e Don Juan pour ce célibataire parfaitement libre
de
mener sa vie comme il lui plaît, riche et oisif, brillant esprit, cur
4666
i plaît, riche et oisif, brillant esprit, curieux
de
tout, mais en même temps de complexion plutôt malingre (« Qu’on me do
4667
llant esprit, curieux de tout, mais en même temps
de
complexion plutôt malingre (« Qu’on me donne un corps ! », gémit-il d
4668
it-il dans son Journal) et qui pressent son génie
d’
écrivain et sa vocation religieuse ? Don Juan est de toute évidence la
4669
écrivain et sa vocation religieuse ? Don Juan est
de
toute évidence la figure de lui-même qui le tente le plus : c’est son
4670
ation religieuse ? Don Juan est de toute évidence
la
figure de lui-même qui le tente le plus : c’est son moi potentiel, pr
4671
gieuse ? Don Juan est de toute évidence la figure
de
lui-même qui le tente le plus : c’est son moi potentiel, prestigieux,
4672
n est de toute évidence la figure de lui-même qui
le
tente le plus : c’est son moi potentiel, prestigieux, désiré, mais qu
4673
toute évidence la figure de lui-même qui le tente
le
plus : c’est son moi potentiel, prestigieux, désiré, mais qu’il ne pe
4674
ais qu’il ne peut et qu’il ne veut actualiser. En
l’
écartant de soi, en le refusant, il le voit et le définit mieux que pe
4675
e peut et qu’il ne veut actualiser. En l’écartant
de
soi, en le refusant, il le voit et le définit mieux que personne ; du
4676
u’il ne veut actualiser. En l’écartant de soi, en
le
refusant, il le voit et le définit mieux que personne ; du même coup,
4677
ualiser. En l’écartant de soi, en le refusant, il
le
voit et le définit mieux que personne ; du même coup, il se définit,
4678
l’écartant de soi, en le refusant, il le voit et
le
définit mieux que personne ; du même coup, il se définit, contre lui
4679
non pas sans lui. Il ne conçoit que deux manières
de
vivre dignes de l’absolu et possibles pour lui : ou bien le séducteur
4680
. Il ne conçoit que deux manières de vivre dignes
de
l’absolu et possibles pour lui : ou bien le séducteur, ou bien l’anac
4681
l ne conçoit que deux manières de vivre dignes de
l’
absolu et possibles pour lui : ou bien le séducteur, ou bien l’anachor
4682
ignes de l’absolu et possibles pour lui : ou bien
le
séducteur, ou bien l’anachorète 29. L’une et l’autre excluent le mari
4683
ossibles pour lui : ou bien le séducteur, ou bien
l’
anachorète 29. L’une et l’autre excluent le mariage, « suprême express
4684
u bien l’anachorète 29. L’une et l’autre excluent
le
mariage, « suprême expression de l’amour », à laquelle il a dû renonc
4685
l’autre excluent le mariage, « suprême expression
de
l’amour », à laquelle il a dû renoncer pour une raison qui reste son
4686
utre excluent le mariage, « suprême expression de
l’
amour », à laquelle il a dû renoncer pour une raison qui reste son sec
4687
cer pour une raison qui reste son secret dernier.
Le
mariage étant écarté, s’il choisit d’être anachorète, le séducteur de
4688
et dernier. Le mariage étant écarté, s’il choisit
d’
être anachorète, le séducteur devient son mythe. Don Juan devient son
4689
age étant écarté, s’il choisit d’être anachorète,
le
séducteur devient son mythe. Don Juan devient son ombre, plus brillan
4690
était pas ce qu’il subit et souffre, et s’efforce
de
dépasser vers l’absolu, vers ce qu’il veut devenir selon l’esprit. Si
4691
l subit et souffre, et s’efforce de dépasser vers
l’
absolu, vers ce qu’il veut devenir selon l’esprit. Si tel est bien son
4692
r vers l’absolu, vers ce qu’il veut devenir selon
l’
esprit. Si tel est bien son mythe, son Éros virtuel, quelle est alors
4693
ien son mythe, son Éros virtuel, quelle est alors
la
forme actuelle, historiquement vécue, de son Éros ? C’est la passion
4694
st alors la forme actuelle, historiquement vécue,
de
son Éros ? C’est la passion unique, totale, et malheureuse ; et par c
4695
tuelle, historiquement vécue, de son Éros ? C’est
la
passion unique, totale, et malheureuse ; et par ce malheur même, salv
4696
alheureuse ; et par ce malheur même, salvatrice.
L’
amour humain repose sur un instinct qui, élevé au rang d’inclination,
4697
humain repose sur un instinct qui, élevé au rang
d’
inclination, trouve son expression suprême, unique et absolue, poétiqu
4698
me, unique et absolue, poétiquement absolue, dans
le
fait qu’il n’y a au monde qu’un seul être bien-aimé, et que cette « s
4699
seul être bien-aimé, et que cette « seule fois »
de
l’amour est l’amour, et que la « seconde fois » n’est rien… Une fois
4700
ul être bien-aimé, et que cette « seule fois » de
l’
amour est l’amour, et que la « seconde fois » n’est rien… Une fois est
4701
-aimé, et que cette « seule fois » de l’amour est
l’
amour, et que la « seconde fois » n’est rien… Une fois est le tout abs
4702
tte « seule fois » de l’amour est l’amour, et que
la
« seconde fois » n’est rien… Une fois est le tout absolu, et la secon
4703
que la « seconde fois » n’est rien… Une fois est
le
tout absolu, et la seconde fois la ruine absolue de tout.30 Certes,
4704
… Une fois est le tout absolu, et la seconde fois
la
ruine absolue de tout.30 Certes, le Jeune Homme d’In Vino Veritas,
4705
tout absolu, et la seconde fois la ruine absolue
de
tout.30 Certes, le Jeune Homme d’In Vino Veritas, qui n’a jamais en
4706
econde fois la ruine absolue de tout.30 Certes,
le
Jeune Homme d’In Vino Veritas, qui n’a jamais encore aimé, a beau jeu
4707
ruine absolue de tout.30 Certes, le Jeune Homme
d’
In Vino Veritas, qui n’a jamais encore aimé, a beau jeu de faire éclat
4708
o Veritas, qui n’a jamais encore aimé, a beau jeu
de
faire éclater l’absurdité tragi-comique de ce choix sans appel de la
4709
a jamais encore aimé, a beau jeu de faire éclater
l’
absurdité tragi-comique de ce choix sans appel de la passion, qui est
4710
au jeu de faire éclater l’absurdité tragi-comique
de
ce choix sans appel de la passion, qui est d’une importance capitale
4711
l’absurdité tragi-comique de ce choix sans appel
de
la passion, qui est d’une importance capitale et qu’on ne peut faire
4712
absurdité tragi-comique de ce choix sans appel de
la
passion, qui est d’une importance capitale et qu’on ne peut faire « q
4713
que de ce choix sans appel de la passion, qui est
d’
une importance capitale et qu’on ne peut faire « qu’à l’aveuglette ».
4714
e ». Comment expliquer « un acte aussi monstrueux
de
sélection » ? L’amoureux passionné, dans son choix exclusif, n’est-il
4715
iquer « un acte aussi monstrueux de sélection » ?
L’
amoureux passionné, dans son choix exclusif, n’est-il pas « un pantin
4716
usif, n’est-il pas « un pantin dont quelque chose
d’
inexplicable tire les ficelles » ? Un tel point de vue, réplique Johan
4717
un pantin dont quelque chose d’inexplicable tire
les
ficelles » ? Un tel point de vue, réplique Johannès, le Séducteur, pr
4718
elles » ? Un tel point de vue, réplique Johannès,
le
Séducteur, prouve simplement que « notre jeune ami reste au-dehors »,
4719
entretient encore que des rapports abstraits avec
la
vie, car « la résolution, la résolution de la convoitise, est la poin
4720
ore que des rapports abstraits avec la vie, car «
la
résolution, la résolution de la convoitise, est la pointe de l’existe
4721
ports abstraits avec la vie, car « la résolution,
la
résolution de la convoitise, est la pointe de l’existence ». Il faut
4722
s avec la vie, car « la résolution, la résolution
de
la convoitise, est la pointe de l’existence ». Il faut choisir pour e
4723
vec la vie, car « la résolution, la résolution de
la
convoitise, est la pointe de l’existence ». Il faut choisir pour exis
4724
a résolution, la résolution de la convoitise, est
la
pointe de l’existence ». Il faut choisir pour exister. Le Séducteur c
4725
on, la résolution de la convoitise, est la pointe
de
l’existence ». Il faut choisir pour exister. Le Séducteur choisit d’a
4726
la résolution de la convoitise, est la pointe de
l’
existence ». Il faut choisir pour exister. Le Séducteur choisit d’aime
4727
e de l’existence ». Il faut choisir pour exister.
Le
Séducteur choisit d’aimer le plus souvent qu’il le pourra, car c’est
4728
l faut choisir pour exister. Le Séducteur choisit
d’
aimer le plus souvent qu’il le pourra, car c’est la femme qu’il aime,
4729
hoisir pour exister. Le Séducteur choisit d’aimer
le
plus souvent qu’il le pourra, car c’est la femme qu’il aime, et dans
4730
e Séducteur choisit d’aimer le plus souvent qu’il
le
pourra, car c’est la femme qu’il aime, et dans chaque femme réelle, c
4731
’aimer le plus souvent qu’il le pourra, car c’est
la
femme qu’il aime, et dans chaque femme réelle, c’est ce qui veut être
4732
lle, c’est ce qui veut être séduit et qui ne peut
l’
être qu’une fois. Au contraire, le Mari, qui prendra la parole dans la
4733
et qui ne peut l’être qu’une fois. Au contraire,
le
Mari, qui prendra la parole dans la seconde partie des Étapes, choisi
4734
e qu’une fois. Au contraire, le Mari, qui prendra
la
parole dans la seconde partie des Étapes, choisit d’aimer une seule f
4735
parole dans la seconde partie des Étapes, choisit
d’
aimer une seule femme et de l’épouser, car le mariage est cette décisi
4736
ie des Étapes, choisit d’aimer une seule femme et
de
l’épouser, car le mariage est cette décision qui « traduit l’exaltati
4737
des Étapes, choisit d’aimer une seule femme et de
l’
épouser, car le mariage est cette décision qui « traduit l’exaltation
4738
isit d’aimer une seule femme et de l’épouser, car
le
mariage est cette décision qui « traduit l’exaltation en réalité. » L
4739
, car le mariage est cette décision qui « traduit
l’
exaltation en réalité. » Loin d’appauvrir l’expérience de la vie, elle
4740
ion qui « traduit l’exaltation en réalité. » Loin
d’
appauvrir l’expérience de la vie, elle peut seule y introduire. Elle e
4741
aduit l’exaltation en réalité. » Loin d’appauvrir
l’
expérience de la vie, elle peut seule y introduire. Elle est la décisi
4742
ation en réalité. » Loin d’appauvrir l’expérience
de
la vie, elle peut seule y introduire. Elle est la décision par excell
4743
on en réalité. » Loin d’appauvrir l’expérience de
la
vie, elle peut seule y introduire. Elle est la décision par excellenc
4744
de la vie, elle peut seule y introduire. Elle est
la
décision par excellence, qui rend l’existence concrète. Par elle, la
4745
re. Elle est la décision par excellence, qui rend
l’
existence concrète. Par elle, la vie dans le mariage devient « la plén
4746
ellence, qui rend l’existence concrète. Par elle,
la
vie dans le mariage devient « la plénitude du temps » — ce temps qui
4747
rend l’existence concrète. Par elle, la vie dans
le
mariage devient « la plénitude du temps » — ce temps qui toujours « m
4748
crète. Par elle, la vie dans le mariage devient «
la
plénitude du temps » — ce temps qui toujours « manque » à Don Juan. C
4749
ps qui toujours « manque » à Don Juan. Cependant,
le
Mari n’entend pas éluder la difficulté fondamentale du mariage, et mê
4750
Don Juan. Cependant, le Mari n’entend pas éluder
la
difficulté fondamentale du mariage, et même il la formule d’entrée de
4751
la difficulté fondamentale du mariage, et même il
la
formule d’entrée de jeu : « L’amour et l’inclination amoureuse sont t
4752
té fondamentale du mariage, et même il la formule
d’
entrée de jeu : « L’amour et l’inclination amoureuse sont tout à fait
4753
entale du mariage, et même il la formule d’entrée
de
jeu : « L’amour et l’inclination amoureuse sont tout à fait spontanés
4754
ariage, et même il la formule d’entrée de jeu : «
L’
amour et l’inclination amoureuse sont tout à fait spontanés, le mariag
4755
même il la formule d’entrée de jeu : « L’amour et
l’
inclination amoureuse sont tout à fait spontanés, le mariage est une d
4756
inclination amoureuse sont tout à fait spontanés,
le
mariage est une décision ; vouloir se marier, cela veut dire que ce q
4757
u’il y a de plus spontané doit être en même temps
la
décision la plus libre… En outre, l’une de ces choses ne doit pas sui
4758
plus spontané doit être en même temps la décision
la
plus libre… En outre, l’une de ces choses ne doit pas suivre l’autre,
4759
temps la décision la plus libre… En outre, l’une
de
ces choses ne doit pas suivre l’autre, la décision ne doit pas arrive
4760
, l’une de ces choses ne doit pas suivre l’autre,
la
décision ne doit pas arriver par-derrière à pas de loup : le tout doi
4761
a décision ne doit pas arriver par-derrière à pas
de
loup : le tout doit avoir lieu simultanément. » Suivent cent pages au
4762
ne doit pas arriver par-derrière à pas de loup :
le
tout doit avoir lieu simultanément. » Suivent cent pages au cours des
4763
anément. » Suivent cent pages au cours desquelles
le
Mari réitère à coup d’arguments philosophiques que la décision ne sau
4764
pages au cours desquelles le Mari réitère à coup
d’
arguments philosophiques que la décision ne saurait être fondée dans l
4765
ari réitère à coup d’arguments philosophiques que
la
décision ne saurait être fondée dans l’argumentation. Rien d’étonnant
4766
iques que la décision ne saurait être fondée dans
l’
argumentation. Rien d’étonnant si cet ouvrage ne convainc guère : Kier
4767
ne saurait être fondée dans l’argumentation. Rien
d’
étonnant si cet ouvrage ne convainc guère : Kierkegaard est derrière l
4768
rage ne convainc guère : Kierkegaard est derrière
les
pseudonymes, exaltant un Don Juan qu’il refuse, mais qui demeure sa p
4769
ui demeure sa possibilité ; il n’est pas derrière
le
Mari. Car celui-ci représente et défend l’impossibilité que Kierkegaa
4770
rrière le Mari. Car celui-ci représente et défend
l’
impossibilité que Kierkegaard subit, et qu’il va tenter d’expliquer —
4771
ibilité que Kierkegaard subit, et qu’il va tenter
d’
expliquer — de justifier — dans tout le reste de son œuvre. Admettons
4772
erkegaard subit, et qu’il va tenter d’expliquer —
de
justifier — dans tout le reste de son œuvre. Admettons que l’amour vr
4773
va tenter d’expliquer — de justifier — dans tout
le
reste de son œuvre. Admettons que l’amour vrai soit la passion unique
4774
r d’expliquer — de justifier — dans tout le reste
de
son œuvre. Admettons que l’amour vrai soit la passion unique et parta
4775
— dans tout le reste de son œuvre. Admettons que
l’
amour vrai soit la passion unique et partagée. Pour être heureux, dans
4776
ste de son œuvre. Admettons que l’amour vrai soit
la
passion unique et partagée. Pour être heureux, dans un mariage par ex
4777
un mariage par exemple, cet amour devrait opérer
le
miracle de « faire du différent l’égal », créant ainsi la possibilité
4778
par exemple, cet amour devrait opérer le miracle
de
« faire du différent l’égal », créant ainsi la possibilité d’une comp
4779
devrait opérer le miracle de « faire du différent
l’
égal », créant ainsi la possibilité d’une compréhension véritable. Mai
4780
le de « faire du différent l’égal », créant ainsi
la
possibilité d’une compréhension véritable. Mais cela reste théorique.
4781
u différent l’égal », créant ainsi la possibilité
d’
une compréhension véritable. Mais cela reste théorique. On le comprend
4782
éhension véritable. Mais cela reste théorique. On
le
comprendra par le détour de la théologie de Kierkegaard. Dans ses ouv
4783
. Mais cela reste théorique. On le comprendra par
le
détour de la théologie de Kierkegaard. Dans ses ouvrages religieux, i
4784
a reste théorique. On le comprendra par le détour
de
la théologie de Kierkegaard. Dans ses ouvrages religieux, il revient
4785
este théorique. On le comprendra par le détour de
la
théologie de Kierkegaard. Dans ses ouvrages religieux, il revient san
4786
e. On le comprendra par le détour de la théologie
de
Kierkegaard. Dans ses ouvrages religieux, il revient sans cesse sur «
4787
s ouvrages religieux, il revient sans cesse sur «
la
différence qualitative infinie entre Dieu et l’homme », qui fait des
4788
« la différence qualitative infinie entre Dieu et
l’
homme », qui fait des relations entre l’homme et Dieu un amour essenti
4789
e Dieu et l’homme », qui fait des relations entre
l’
homme et Dieu un amour essentiellement malheureux. Cet amour serait mê
4790
Cet amour serait même impossible hors du paradoxe
de
la foi, laquelle est un mouvement de passion, un saut. Toute communic
4791
amour serait même impossible hors du paradoxe de
la
foi, laquelle est un mouvement de passion, un saut. Toute communicati
4792
du paradoxe de la foi, laquelle est un mouvement
de
passion, un saut. Toute communication directe de Dieu à l’homme tuera
4793
de passion, un saut. Toute communication directe
de
Dieu à l’homme tuerait l’homme, c’est-à-dire tuerait en lui son pouvo
4794
n, un saut. Toute communication directe de Dieu à
l’
homme tuerait l’homme, c’est-à-dire tuerait en lui son pouvoir d’appro
4795
e communication directe de Dieu à l’homme tuerait
l’
homme, c’est-à-dire tuerait en lui son pouvoir d’appropriation subject
4796
l’homme, c’est-à-dire tuerait en lui son pouvoir
d’
appropriation subjective et libre de la vérité. C’est donc l’amour div
4797
i son pouvoir d’appropriation subjective et libre
de
la vérité. C’est donc l’amour divin lui-même qui exige la communicati
4798
on pouvoir d’appropriation subjective et libre de
la
vérité. C’est donc l’amour divin lui-même qui exige la communication
4799
tion subjective et libre de la vérité. C’est donc
l’
amour divin lui-même qui exige la communication indirecte, voilée, rej
4800
rité. C’est donc l’amour divin lui-même qui exige
la
communication indirecte, voilée, rejoignant l’homme là où il existe,
4801
ge la communication indirecte, voilée, rejoignant
l’
homme là où il existe, dans sa finitude, et lui parlant la langue qu’i
4802
là où il existe, dans sa finitude, et lui parlant
la
langue qu’il entend. Mais alors le message devient énigmatique dans l
4803
et lui parlant la langue qu’il entend. Mais alors
le
message devient énigmatique dans la mesure même où il a su se rendre
4804
d. Mais alors le message devient énigmatique dans
la
mesure même où il a su se rendre perceptible… Ce qui se passe entre K
4805
se entre Kierkegaard et sa fiancée semble relever
d’
une structure analogue du possible et de l’impossible dans la communic
4806
e relever d’une structure analogue du possible et
de
l’impossible dans la communication. Il l’aime, elle l’aime, mais le s
4807
elever d’une structure analogue du possible et de
l’
impossible dans la communication. Il l’aime, elle l’aime, mais le secr
4808
ture analogue du possible et de l’impossible dans
la
communication. Il l’aime, elle l’aime, mais le secret qu’il porte en
4809
ible et de l’impossible dans la communication. Il
l’
aime, elle l’aime, mais le secret qu’il porte en lui (sa « mélancolie
4810
impossible dans la communication. Il l’aime, elle
l’
aime, mais le secret qu’il porte en lui (sa « mélancolie » comme il di
4811
ns la communication. Il l’aime, elle l’aime, mais
le
secret qu’il porte en lui (sa « mélancolie » comme il dit, mais aussi
4812
n lui (sa « mélancolie » comme il dit, mais aussi
le
pressentiment de sa vocation exceptionnelle) lui interdit d’entrer av
4813
colie » comme il dit, mais aussi le pressentiment
de
sa vocation exceptionnelle) lui interdit d’entrer avec elle dans ce r
4814
iment de sa vocation exceptionnelle) lui interdit
d’
entrer avec elle dans ce rapport de communication directe, égalisante,
4815
) lui interdit d’entrer avec elle dans ce rapport
de
communication directe, égalisante, en quoi consiste à ses yeux le mar
4816
directe, égalisante, en quoi consiste à ses yeux
le
mariage. Par amour pour Régine, il doit donc s’éloigner, bien qu’il n
4817
ine, il doit donc s’éloigner, bien qu’il ne cesse
de
s’adresser à elle, sous le couvert de ses pseudonymes, et de lui dédi
4818
r, bien qu’il ne cesse de s’adresser à elle, sous
le
couvert de ses pseudonymes, et de lui dédier toutes ses œuvres, comme
4819
il ne cesse de s’adresser à elle, sous le couvert
de
ses pseudonymes, et de lui dédier toutes ses œuvres, comme autant de
4820
er à elle, sous le couvert de ses pseudonymes, et
de
lui dédier toutes ses œuvres, comme autant de justifications de la ru
4821
et de lui dédier toutes ses œuvres, comme autant
de
justifications de la rupture et d’assurances de sa fidélité. « Qui co
4822
toutes ses œuvres, comme autant de justifications
de
la rupture et d’assurances de sa fidélité. « Qui comprendra cette con
4823
tes ses œuvres, comme autant de justifications de
la
rupture et d’assurances de sa fidélité. « Qui comprendra cette contra
4824
, comme autant de justifications de la rupture et
d’
assurances de sa fidélité. « Qui comprendra cette contradiction de la
4825
t de justifications de la rupture et d’assurances
de
sa fidélité. « Qui comprendra cette contradiction de la douleur : ne
4826
sa fidélité. « Qui comprendra cette contradiction
de
la douleur : ne point se révéler, et faire mourir l’amour ; se révéle
4827
fidélité. « Qui comprendra cette contradiction de
la
douleur : ne point se révéler, et faire mourir l’amour ; se révéler e
4828
la douleur : ne point se révéler, et faire mourir
l’
amour ; se révéler et faire mourir l’aimée ?31 » Tenter d’établir, en
4829
faire mourir l’amour ; se révéler et faire mourir
l’
aimée ?31 » Tenter d’établir, en ce point, si l’attitude théologique d
4830
; se révéler et faire mourir l’aimée ?31 » Tenter
d’
établir, en ce point, si l’attitude théologique de Kierkegaard « expli
4831
r l’aimée ?31 » Tenter d’établir, en ce point, si
l’
attitude théologique de Kierkegaard « explique » sa conduite amoureuse
4832
d’établir, en ce point, si l’attitude théologique
de
Kierkegaard « explique » sa conduite amoureuse, ou si ce n’est pas pl
4833
sa conduite amoureuse, ou si ce n’est pas plutôt
l’
inverse, — ne correspondrait à rien dans notre perspective, et n’aider
4834
vérifiable. En effet, tout homme pensant dispose
d’
un système, plus ou moins « original » mais toujours unique, d’appréhe
4835
plus ou moins « original » mais toujours unique,
d’
appréhension de la réalité sous toutes ses formes. Ce système définit
4836
« original » mais toujours unique, d’appréhension
de
la réalité sous toutes ses formes. Ce système définit son individuali
4837
riginal » mais toujours unique, d’appréhension de
la
réalité sous toutes ses formes. Ce système définit son individualité.
4838
n individualité. Or je ne regarde ici et n’essaie
de
saisir qu’une certaine structure dynamique : Kierkegaard dans sa vie
4839
indissociables ; et je vois qu’elle est disposée
de
telle manière que « l’esthétique » et le « religieux » y sont constam
4840
vois qu’elle est disposée de telle manière que «
l’
esthétique » et le « religieux » y sont constamment homologues, tous l
4841
disposée de telle manière que « l’esthétique » et
le
« religieux » y sont constamment homologues, tous les deux irrigués d
4842
« religieux » y sont constamment homologues, tous
les
deux irrigués d’énergie passionnelle, tandis que « l’éthique », le st
4843
nt constamment homologues, tous les deux irrigués
d’
énergie passionnelle, tandis que « l’éthique », le stade intermédiaire
4844
eux irrigués d’énergie passionnelle, tandis que «
l’
éthique », le stade intermédiaire, paraît exsangue, schématique et peu
4845
d’énergie passionnelle, tandis que « l’éthique »,
le
stade intermédiaire, paraît exsangue, schématique et peu structuré. U
4846
, schématique et peu structuré. Un seul exemple :
la
décision fondant le mariage symbolisait aussi, nous l’avons vu, le fo
4847
structuré. Un seul exemple : la décision fondant
le
mariage symbolisait aussi, nous l’avons vu, le fondement même de tout
4848
cision fondant le mariage symbolisait aussi, nous
l’
avons vu, le fondement même de toute éthique existentielle. Mais voici
4849
nt le mariage symbolisait aussi, nous l’avons vu,
le
fondement même de toute éthique existentielle. Mais voici que cette d
4850
olisait aussi, nous l’avons vu, le fondement même
de
toute éthique existentielle. Mais voici que cette décision échappe à
4851
entielle. Mais voici que cette décision échappe à
l’
homme, donc à l’éthique temporelle et autonome : La décision n’est pa
4852
oici que cette décision échappe à l’homme, donc à
l’
éthique temporelle et autonome : La décision n’est pas pouvoir de l’h
4853
homme, donc à l’éthique temporelle et autonome :
La
décision n’est pas pouvoir de l’homme, de son courage, ni de son habi
4854
elle et autonome : La décision n’est pas pouvoir
de
l’homme, de son courage, ni de son habileté… mais elle est un point d
4855
e et autonome : La décision n’est pas pouvoir de
l’
homme, de son courage, ni de son habileté… mais elle est un point de d
4856
nome : La décision n’est pas pouvoir de l’homme,
de
son courage, ni de son habileté… mais elle est un point de départ rel
4857
n’est pas pouvoir de l’homme, de son courage, ni
de
son habileté… mais elle est un point de départ religieux ; si elle n’
4858
urage, ni de son habileté… mais elle est un point
de
départ religieux ; si elle n’est pas cela, celui qui décide n’a été r
4859
rendu fini que dans sa réflexion, il n’a pas pris
de
vitesse l’inclination amoureuse, mais est resté en cours de route, et
4860
que dans sa réflexion, il n’a pas pris de vitesse
l’
inclination amoureuse, mais est resté en cours de route, et une telle
4861
l’inclination amoureuse, mais est resté en cours
de
route, et une telle décision est trop misérable pour que l’inclinatio
4862
et une telle décision est trop misérable pour que
l’
inclination amoureuse ne la méprise et ne préfère se fier à elle-même
4863
rop misérable pour que l’inclination amoureuse ne
la
méprise et ne préfère se fier à elle-même plutôt que de se livrer aux
4864
rise et ne préfère se fier à elle-même plutôt que
de
se livrer aux directives d’un tel faux savant. La spontanéité de l’in
4865
elle-même plutôt que de se livrer aux directives
d’
un tel faux savant. La spontanéité de l’inclination amoureuse ne recon
4866
de se livrer aux directives d’un tel faux savant.
La
spontanéité de l’inclination amoureuse ne reconnaît qu’une seule spon
4867
x directives d’un tel faux savant. La spontanéité
de
l’inclination amoureuse ne reconnaît qu’une seule spontanéité comme l
4868
irectives d’un tel faux savant. La spontanéité de
l’
inclination amoureuse ne reconnaît qu’une seule spontanéité comme lui
4869
u’une seule spontanéité comme lui étant égale par
le
rang, c’est la spontanéité religieuse.32 Ainsi, comme Kierkegaard l
4870
ntanéité comme lui étant égale par le rang, c’est
la
spontanéité religieuse.32 Ainsi, comme Kierkegaard le réitère un pe
4871
ntanéité religieuse.32 Ainsi, comme Kierkegaard
le
réitère un peu plus loin, « l’absurdité de l’inclination amoureuse ar
4872
comme Kierkegaard le réitère un peu plus loin, «
l’
absurdité de l’inclination amoureuse arrive à une entente divine avec
4873
egaard le réitère un peu plus loin, « l’absurdité
de
l’inclination amoureuse arrive à une entente divine avec l’absurdité
4874
ard le réitère un peu plus loin, « l’absurdité de
l’
inclination amoureuse arrive à une entente divine avec l’absurdité du
4875
nation amoureuse arrive à une entente divine avec
l’
absurdité du sentiment religieux ». Mais on comprend qu’elle n’y arriv
4876
s avec une morale sans passion. Je vois enfin que
la
personne de Kierkegaard est ce système qui se définit par la mise en
4877
orale sans passion. Je vois enfin que la personne
de
Kierkegaard est ce système qui se définit par la mise en tension et l
4878
de Kierkegaard est ce système qui se définit par
la
mise en tension et l’interdépendance de trois réalités hétérogènes :
4879
système qui se définit par la mise en tension et
l’
interdépendance de trois réalités hétérogènes : — sa croyance en l’alt
4880
finit par la mise en tension et l’interdépendance
de
trois réalités hétérogènes : — sa croyance en l’altérité totale de Di
4881
de trois réalités hétérogènes : — sa croyance en
l’
altérité totale de Dieu et en l’unicité de l’amour humain ; — la « mél
4882
hétérogènes : — sa croyance en l’altérité totale
de
Dieu et en l’unicité de l’amour humain ; — la « mélancolie » qui l’ac
4883
— sa croyance en l’altérité totale de Dieu et en
l’
unicité de l’amour humain ; — la « mélancolie » qui l’accable et lui r
4884
ance en l’altérité totale de Dieu et en l’unicité
de
l’amour humain ; — la « mélancolie » qui l’accable et lui rend ce mar
4885
e en l’altérité totale de Dieu et en l’unicité de
l’
amour humain ; — la « mélancolie » qui l’accable et lui rend ce mariag
4886
ale de Dieu et en l’unicité de l’amour humain ; —
la
« mélancolie » qui l’accable et lui rend ce mariage impossible ; — en
4887
icité de l’amour humain ; — la « mélancolie » qui
l’
accable et lui rend ce mariage impossible ; — enfin sa vocation except
4888
impossible ; — enfin sa vocation exceptionnelle.
Le
mariage est interdit à celui qui doit être l’Exception : Au soldat q
4889
le. Le mariage est interdit à celui qui doit être
l’
Exception : Au soldat qui monte la garde aux frontières, est-il permi
4890
qui doit être l’Exception : Au soldat qui monte
la
garde aux frontières, est-il permis de se marier ? Un tel soldat ose-
4891
qui monte la garde aux frontières, est-il permis
de
se marier ? Un tel soldat ose-t-il — ceci soit dit dans un sens spiri
4892
, s’il doit jour et nuit se battre non pas contre
les
Tartares et les Scythes, mais contre les hordes de brigands d’une mél
4893
et nuit se battre non pas contre les Tartares et
les
Scythes, mais contre les hordes de brigands d’une mélancolie innée ?3
4894
s contre les Tartares et les Scythes, mais contre
les
hordes de brigands d’une mélancolie innée ?33 L’amour n’en est pas
4895
s Tartares et les Scythes, mais contre les hordes
de
brigands d’une mélancolie innée ?33 L’amour n’en est pas moins l’ag
4896
t les Scythes, mais contre les hordes de brigands
d’
une mélancolie innée ?33 L’amour n’en est pas moins l’agent privilég
4897
s hordes de brigands d’une mélancolie innée ?33
L’
amour n’en est pas moins l’agent privilégié du progrès spirituel de «
4898
mélancolie innée ?33 L’amour n’en est pas moins
l’
agent privilégié du progrès spirituel de « l’homme supérieur » — toute
4899
pas moins l’agent privilégié du progrès spirituel
de
« l’homme supérieur » — toutefois à condition de n’être pas « heureux
4900
oins l’agent privilégié du progrès spirituel de «
l’
homme supérieur » — toutefois à condition de n’être pas « heureux » :
4901
coup des saints — mais pas un ne fut un génie par
la
jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que conseiller d
4902
posséda, car par elle il ne devint que conseiller
d’
État ; pas un ne fut un héros par la jeune fille qu’il posséda, car pa
4903
ue conseiller d’État ; pas un ne fut un héros par
la
jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que général ; pa
4904
l ne devint que général ; pas un ne fut poète par
la
jeune fille qu’il posséda, car par elle il ne devint que père ; et pa
4905
e devint que père ; et pas un ne fut un saint par
la
jeune fille qu’il posséda, car il n’en posséda aucune, et ne voulut e
4906
u’une seule, qu’il n’obtint pas, de même que tous
les
autres devinrent des génies, des héros, des poètes grâce à la jeune f
4907
vinrent des génies, des héros, des poètes grâce à
la
jeune fille qu’ils ne possédèrent pas. Si l’idéalité que la femme por
4908
ce à la jeune fille qu’ils ne possédèrent pas. Si
l’
idéalité que la femme porte en elle a éveillé l’enthousiasme chez l’ho
4909
ille qu’ils ne possédèrent pas. Si l’idéalité que
la
femme porte en elle a éveillé l’enthousiasme chez l’homme, à cette fe
4910
i l’idéalité que la femme porte en elle a éveillé
l’
enthousiasme chez l’homme, à cette femme qui l’a ainsi enthousiasmé, i
4911
femme porte en elle a éveillé l’enthousiasme chez
l’
homme, à cette femme qui l’a ainsi enthousiasmé, il aurait dû pourtant
4912
lé l’enthousiasme chez l’homme, à cette femme qui
l’
a ainsi enthousiasmé, il aurait dû pourtant s’unir pour la vie. Mais l
4913
i enthousiasmé, il aurait dû pourtant s’unir pour
la
vie. Mais l’existence l’énonce autrement. Tout cela signifie donc que
4914
é, il aurait dû pourtant s’unir pour la vie. Mais
l’
existence l’énonce autrement. Tout cela signifie donc que c’est dans u
4915
dû pourtant s’unir pour la vie. Mais l’existence
l’
énonce autrement. Tout cela signifie donc que c’est dans un rapport né
4916
gnifie donc que c’est dans un rapport négatif que
la
femme rend l’homme productif dans l’idéalité. Ainsi comprise, la femm
4917
e c’est dans un rapport négatif que la femme rend
l’
homme productif dans l’idéalité. Ainsi comprise, la femme entraîne ver
4918
négatif que la femme rend l’homme productif dans
l’
idéalité. Ainsi comprise, la femme entraîne vers la hauteur. Cet amou
4919
’homme productif dans l’idéalité. Ainsi comprise,
la
femme entraîne vers la hauteur. Cet amour qui « entraîne » et transf
4920
’idéalité. Ainsi comprise, la femme entraîne vers
la
hauteur. Cet amour qui « entraîne » et transfigure dans la mesure où
4921
. Cet amour qui « entraîne » et transfigure dans
la
mesure où il est par essence malheureux, ce n’est pas l’Éternel fémin
4922
re où il est par essence malheureux, ce n’est pas
l’
Éternel féminin mystique du Second Faust. C’est la passion dans son in
4923
l’Éternel féminin mystique du Second Faust. C’est
la
passion dans son intransigeance et dans sa ruse avec la vie. Et c’est
4924
sion dans son intransigeance et dans sa ruse avec
la
vie. Et c’est le mythe de Tristan qui reparaît enfin ! ⁂ On sait asse
4925
ransigeance et dans sa ruse avec la vie. Et c’est
le
mythe de Tristan qui reparaît enfin ! ⁂ On sait assez que le paradoxe
4926
ce et dans sa ruse avec la vie. Et c’est le mythe
de
Tristan qui reparaît enfin ! ⁂ On sait assez que le paradoxe est la c
4927
Tristan qui reparaît enfin ! ⁂ On sait assez que
le
paradoxe est la catégorie fondamentale de la pensée de Kierkegaard. O
4928
araît enfin ! ⁂ On sait assez que le paradoxe est
la
catégorie fondamentale de la pensée de Kierkegaard. Or voici ce qu’il
4929
sez que le paradoxe est la catégorie fondamentale
de
la pensée de Kierkegaard. Or voici ce qu’il en dit dans l’un de ses o
4930
que le paradoxe est la catégorie fondamentale de
la
pensée de Kierkegaard. Or voici ce qu’il en dit dans l’un de ses ouvr
4931
radoxe est la catégorie fondamentale de la pensée
de
Kierkegaard. Or voici ce qu’il en dit dans l’un de ses ouvrages les p
4932
e Kierkegaard. Or voici ce qu’il en dit dans l’un
de
ses ouvrages les plus achevés, les Riens philosophiques 34 : Il ne f
4933
r voici ce qu’il en dit dans l’un de ses ouvrages
les
plus achevés, les Riens philosophiques 34 : Il ne faut pas penser de
4934
n dit dans l’un de ses ouvrages les plus achevés,
les
Riens philosophiques 34 : Il ne faut pas penser de mal du paradoxe,
4935
Riens philosophiques 34 : Il ne faut pas penser
de
mal du paradoxe, cette passion de la pensée, et les penseurs qui en m
4936
faut pas penser de mal du paradoxe, cette passion
de
la pensée, et les penseurs qui en manquent sont comme des amants sans
4937
t pas penser de mal du paradoxe, cette passion de
la
pensée, et les penseurs qui en manquent sont comme des amants sans pa
4938
e mal du paradoxe, cette passion de la pensée, et
les
penseurs qui en manquent sont comme des amants sans passion, c’est-à-
4939
sont comme des amants sans passion, c’est-à-dire
de
piètres partenaires. Mais le paroxysme de toute passion est toujours
4940
assion, c’est-à-dire de piètres partenaires. Mais
le
paroxysme de toute passion est toujours de vouloir sa propre perte… C
4941
-à-dire de piètres partenaires. Mais le paroxysme
de
toute passion est toujours de vouloir sa propre perte… C’est là le pa
4942
. Mais le paroxysme de toute passion est toujours
de
vouloir sa propre perte… C’est là le paradoxe suprême de la pensée, q
4943
est toujours de vouloir sa propre perte… C’est là
le
paradoxe suprême de la pensée, que de vouloir découvrir quelque chose
4944
oir sa propre perte… C’est là le paradoxe suprême
de
la pensée, que de vouloir découvrir quelque chose qu’elle-même ne pui
4945
sa propre perte… C’est là le paradoxe suprême de
la
pensée, que de vouloir découvrir quelque chose qu’elle-même ne puisse
4946
e… C’est là le paradoxe suprême de la pensée, que
de
vouloir découvrir quelque chose qu’elle-même ne puisse penser. Et pl
4947
. Et plus loin : Regardons ce qui se passe dans
l’
amour, quoiqu’il ne rende qu’imparfaitement la situation. L’égoïsme es
4948
ans l’amour, quoiqu’il ne rende qu’imparfaitement
la
situation. L’égoïsme est à l’origine du sentiment pour autrui, mais q
4949
uoiqu’il ne rende qu’imparfaitement la situation.
L’
égoïsme est à l’origine du sentiment pour autrui, mais quand sa passio
4950
e qu’imparfaitement la situation. L’égoïsme est à
l’
origine du sentiment pour autrui, mais quand sa passion paradoxale cul
4951
cisément sa propre perte. C’est ce que veut aussi
l’
amour, ainsi ces deux puissances s’entendent dans la passion de l’inst
4952
amour, ainsi ces deux puissances s’entendent dans
la
passion de l’instant, et cette puissance est justement l’amour. Cet
4953
i ces deux puissances s’entendent dans la passion
de
l’instant, et cette puissance est justement l’amour. Cette forme de
4954
es deux puissances s’entendent dans la passion de
l’
instant, et cette puissance est justement l’amour. Cette forme de pe
4955
on de l’instant, et cette puissance est justement
l’
amour. Cette forme de pensée est tristanienne. Elle est d’abord une
4956
te puissance est justement l’amour. Cette forme
de
pensée est tristanienne. Elle est d’abord une forme d’existence. Elle
4957
nsée est tristanienne. Elle est d’abord une forme
d’
existence. Elle s’illustre dans les relations malheureuses — mais spir
4958
abord une forme d’existence. Elle s’illustre dans
les
relations malheureuses — mais spirituellement créatrices — entre Kier
4959
éatrices — entre Kierkegaard et Régine. Il n’a pu
l’
aimer que de loin, dans la perte, choisie par lui, de toute présence a
4960
ntre Kierkegaard et Régine. Il n’a pu l’aimer que
de
loin, dans la perte, choisie par lui, de toute présence autre que nos
4961
rd et Régine. Il n’a pu l’aimer que de loin, dans
la
perte, choisie par lui, de toute présence autre que nostalgique. (Et
4962
imer que de loin, dans la perte, choisie par lui,
de
toute présence autre que nostalgique. (Et déjà, durant les fiançaille
4963
présence autre que nostalgique. (Et déjà, durant
les
fiançailles, il lui écrit pour s’excuser d’un rendez-vous manqué : il
4964
rant les fiançailles, il lui écrit pour s’excuser
d’
un rendez-vous manqué : il est allé tout seul à la campagne, ce jour-l
4965
d’un rendez-vous manqué : il est allé tout seul à
la
campagne, ce jour-là, « à Fredensborg où souvenir et nostalgie s’embr
4966
ue j’aime tant. » Et il ajoute que lorsqu’il peut
la
dire « sienne » dans la solitude de son cœur, « c’est alors seulement
4967
ajoute que lorsqu’il peut la dire « sienne » dans
la
solitude de son cœur, « c’est alors seulement que nous sommes unis ».
4968
orsqu’il peut la dire « sienne » dans la solitude
de
son cœur, « c’est alors seulement que nous sommes unis ».) Régine s’e
4969
mariée ailleurs. Le dernier appel qu’il ait tenté
de
lui adresser — par l’intermédiaire du mari ! — ne l’a pas atteinte. U
4970
rnier appel qu’il ait tenté de lui adresser — par
l’
intermédiaire du mari ! — ne l’a pas atteinte. Une dernière fois, ils
4971
lui adresser — par l’intermédiaire du mari ! — ne
l’
a pas atteinte. Une dernière fois, ils se sont rencontrés, mais par ha
4972
is, ils se sont rencontrés, mais par hasard, dans
la
rue. Elle l’a salué, et il a répondu à son salut, mais ils n’ont pas
4973
nt rencontrés, mais par hasard, dans la rue. Elle
l’
a salué, et il a répondu à son salut, mais ils n’ont pas pu se parler.
4974
n salut, mais ils n’ont pas pu se parler. C’était
le
7 mars 1855, à la veille du départ de Régine pour un long voyage aux
4975
n’ont pas pu se parler. C’était le 7 mars 1855, à
la
veille du départ de Régine pour un long voyage aux Antilles. Il mouru
4976
er. C’était le 7 mars 1855, à la veille du départ
de
Régine pour un long voyage aux Antilles. Il mourut le 11 novembre de
4977
égine pour un long voyage aux Antilles. Il mourut
le
11 novembre de la même année. Régine était au-delà des mers, dans une
4978
ong voyage aux Antilles. Il mourut le 11 novembre
de
la même année. Régine était au-delà des mers, dans une autre île. Que
4979
voyage aux Antilles. Il mourut le 11 novembre de
la
même année. Régine était au-delà des mers, dans une autre île. Que ce
4980
elà des mers, dans une autre île. Que cette forme
d’
amour nostalgique et de possession par la perte transparaisse égalemen
4981
autre île. Que cette forme d’amour nostalgique et
de
possession par la perte transparaisse également dans la dialectique e
4982
te forme d’amour nostalgique et de possession par
la
perte transparaisse également dans la dialectique existentielle et da
4983
session par la perte transparaisse également dans
la
dialectique existentielle et dans la pensée proprement religieuse de
4984
alement dans la dialectique existentielle et dans
la
pensée proprement religieuse de Kierkegaard, apparaît désormais trop
4985
tentielle et dans la pensée proprement religieuse
de
Kierkegaard, apparaît désormais trop évident pour qu’il y ait lieu d’
4986
raît désormais trop évident pour qu’il y ait lieu
d’
en reprendre la démonstration en termes de théologie. J’en donnerai to
4987
trop évident pour qu’il y ait lieu d’en reprendre
la
démonstration en termes de théologie. J’en donnerai toutefois un exem
4988
donnerai toutefois un exemple, qui touche au cœur
de
mon sujet. Dans ses Œuvres de l’amour, Kierkegaard marque le contrast
4989
qui touche au cœur de mon sujet. Dans ses Œuvres
de
l’amour, Kierkegaard marque le contraste, apparemment insurmontable,
4990
i touche au cœur de mon sujet. Dans ses Œuvres de
l’
amour, Kierkegaard marque le contraste, apparemment insurmontable, ent
4991
t. Dans ses Œuvres de l’amour, Kierkegaard marque
le
contraste, apparemment insurmontable, entre l’amour-passion (ou amour
4992
ue le contraste, apparemment insurmontable, entre
l’
amour-passion (ou amour poétique), qui élit un seul être bien-aimé, et
4993
ur poétique), qui élit un seul être bien-aimé, et
l’
amour du prochain (amour chrétien), dont le commandement est d’aimer t
4994
mé, et l’amour du prochain (amour chrétien), dont
le
commandement est d’aimer tous les hommes, sans distinction, non par s
4995
ochain (amour chrétien), dont le commandement est
d’
aimer tous les hommes, sans distinction, non par sympathie élective to
4996
chrétien), dont le commandement est d’aimer tous
les
hommes, sans distinction, non par sympathie élective toujours égoïste
4997
tive toujours égoïste et « charnelle », mais dans
l’
égalité de tous devant Dieu. On s’étonne : cet amour général, imperson
4998
urs égoïste et « charnelle », mais dans l’égalité
de
tous devant Dieu. On s’étonne : cet amour général, impersonnel, et qu
4999
al humanitaire, serait-il vraiment chrétien selon
la
conception kierkegaardienne ? Le développement qui suit rétablit l’ex
5000
t chrétien selon la conception kierkegaardienne ?
Le
développement qui suit rétablit l’exigence existentielle. Le sujet du
5001
kegaardienne ? Le développement qui suit rétablit
l’
exigence existentielle. Le sujet du « Tu dois aimer » ne saurait être,
5002
ement qui suit rétablit l’exigence existentielle.
Le
sujet du « Tu dois aimer » ne saurait être, en effet, que l’Individu.
5003
« Tu dois aimer » ne saurait être, en effet, que
l’
Individu. Or on sait que cette catégorie kierkegaardienne par excellen
5004
catégorie kierkegaardienne par excellence désigne
l’
homme isolé par l’esprit, — isolé de la foule, « qui est mensonge ». E
5005
ardienne par excellence désigne l’homme isolé par
l’
esprit, — isolé de la foule, « qui est mensonge ». Et l’objet, le proc
5006
lence désigne l’homme isolé par l’esprit, — isolé
de
la foule, « qui est mensonge ». Et l’objet, le prochain — celui qu’il
5007
ce désigne l’homme isolé par l’esprit, — isolé de
la
foule, « qui est mensonge ». Et l’objet, le prochain — celui qu’il fa
5008
it, — isolé de la foule, « qui est mensonge ». Et
l’
objet, le prochain — celui qu’il faut aider, selon la parabole évangél
5009
lé de la foule, « qui est mensonge ». Et l’objet,
le
prochain — celui qu’il faut aider, selon la parabole évangélique — ne
5010
bjet, le prochain — celui qu’il faut aider, selon
la
parabole évangélique — ne saurait être à son tour que l’expression de
5011
bole évangélique — ne saurait être à son tour que
l’
expression de l’esprit en tout homme. Seul donc celui qui s’est connu
5012
que — ne saurait être à son tour que l’expression
de
l’esprit en tout homme. Seul donc celui qui s’est connu et accepté en
5013
— ne saurait être à son tour que l’expression de
l’
esprit en tout homme. Seul donc celui qui s’est connu et accepté en ta
5014
est connu et accepté en tant qu’esprit, celui qui
de
la sorte se trouve séparé de la communauté naturelle, — comme ayant c
5015
connu et accepté en tant qu’esprit, celui qui de
la
sorte se trouve séparé de la communauté naturelle, — comme ayant choi
5016
qu’esprit, celui qui de la sorte se trouve séparé
de
la communauté naturelle, — comme ayant choisi de la perdre — peut vra
5017
esprit, celui qui de la sorte se trouve séparé de
la
communauté naturelle, — comme ayant choisi de la perdre — peut vraime
5018
de la communauté naturelle, — comme ayant choisi
de
la perdre — peut vraiment aimer le prochain. Seul, il peut discerner,
5019
la communauté naturelle, — comme ayant choisi de
la
perdre — peut vraiment aimer le prochain. Seul, il peut discerner, ap
5020
e ayant choisi de la perdre — peut vraiment aimer
le
prochain. Seul, il peut discerner, appeler, aimer en l’autre, l’espri
5021
ul, il peut discerner, appeler, aimer en l’autre,
l’
esprit qui crée l’Individu. Tel est le paradoxe proprement kierkegaard
5022
ner, appeler, aimer en l’autre, l’esprit qui crée
l’
Individu. Tel est le paradoxe proprement kierkegaardien. L’amour ne va
5023
en l’autre, l’esprit qui crée l’Individu. Tel est
le
paradoxe proprement kierkegaardien. L’amour ne va pas de n’importe qu
5024
u. Tel est le paradoxe proprement kierkegaardien.
L’
amour ne va pas de n’importe qui à tout le monde, mais d’un seul, dist
5025
doxe proprement kierkegaardien. L’amour ne va pas
de
n’importe qui à tout le monde, mais d’un seul, distingué par l’esprit
5026
ne va pas de n’importe qui à tout le monde, mais
d’
un seul, distingué par l’esprit, à chacun de ceux, quels qu’ils soient
5027
ui à tout le monde, mais d’un seul, distingué par
l’
esprit, à chacun de ceux, quels qu’ils soient, également existants par
5028
mais d’un seul, distingué par l’esprit, à chacun
de
ceux, quels qu’ils soient, également existants par l’esprit. Mais ici
5029
eux, quels qu’ils soient, également existants par
l’
esprit. Mais ici, comment ne pas rappeler que la première mention de l
5030
, comment ne pas rappeler que la première mention
de
l’Individu figure dans la dédicace des Discours religieux de 1843, so
5031
omment ne pas rappeler que la première mention de
l’
Individu figure dans la dédicace des Discours religieux de 1843, sous
5032
que la première mention de l’Individu figure dans
la
dédicace des Discours religieux de 1843, sous cette forme : « À l’Ind
5033
du figure dans la dédicace des Discours religieux
de
1843, sous cette forme : « À l’Individu qu’avec joie et reconnaissanc
5034
iscours religieux de 1843, sous cette forme : « À
l’
Individu qu’avec joie et reconnaissance, j’appelle mon lecteur. » C’ét
5035
connaissance, j’appelle mon lecteur. » C’était là
le
prochain par excellence, et — nous le savons par le Journal — c’était
5036
C’était là le prochain par excellence, et — nous
le
savons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’indi
5037
prochain par excellence, et — nous le savons par
le
Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’individu s’univers
5038
vons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard,
le
concept d’individu s’universalise (paradoxalement !) et s’approfondit
5039
Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept
d’
individu s’universalise (paradoxalement !) et s’approfondit. Il est la
5040
alise (paradoxalement !) et s’approfondit. Il est
la
signature de l’homme spirituel, distingué dans la foule anonyme, séqu
5041
xalement !) et s’approfondit. Il est la signature
de
l’homme spirituel, distingué dans la foule anonyme, séquestré par sa
5042
ement !) et s’approfondit. Il est la signature de
l’
homme spirituel, distingué dans la foule anonyme, séquestré par sa voc
5043
la signature de l’homme spirituel, distingué dans
la
foule anonyme, séquestré par sa vocation, mais en même temps relié pa
5044
sa vocation, mais en même temps relié par elle à
la
communauté nouvelle des esprits — et c’est lui que j’appelle la perso
5045
nouvelle des esprits — et c’est lui que j’appelle
la
personne. Finalement, cet Individu s’exemplifie dans le destin, ou po
5046
sonne. Finalement, cet Individu s’exemplifie dans
le
destin, ou pour mieux dire : la vocation exceptionnelle de Søren Kier
5047
s’exemplifie dans le destin, ou pour mieux dire :
la
vocation exceptionnelle de Søren Kierkegaard lui-même. Vocation qui d
5048
, ou pour mieux dire : la vocation exceptionnelle
de
Søren Kierkegaard lui-même. Vocation qui devait le mener à sa perte,
5049
e Søren Kierkegaard lui-même. Vocation qui devait
le
mener à sa perte, puisqu’il mourut d’une longue passion unique pour l
5050
qui devait le mener à sa perte, puisqu’il mourut
d’
une longue passion unique pour l’intériorité de la Vérité. IIINietz
5051
puisqu’il mourut d’une longue passion unique pour
l’
intériorité de la Vérité. IIINietzsche et son ombre Deux vies dé
5052
ut d’une longue passion unique pour l’intériorité
de
la Vérité. IIINietzsche et son ombre Deux vies dénuées. Deux cé
5053
d’une longue passion unique pour l’intériorité de
la
Vérité. IIINietzsche et son ombre Deux vies dénuées. Deux célib
5054
élibataires maladifs, chastes sans vœux, frustrés
de
toute tendresse quotidienne, souffrant tous les tourments de la passi
5055
és de toute tendresse quotidienne, souffrant tous
les
tourments de la passion poétique mais pour l’Idée, aventuriers de l’e
5056
ndresse quotidienne, souffrant tous les tourments
de
la passion poétique mais pour l’Idée, aventuriers de l’esprit seul. D
5057
esse quotidienne, souffrant tous les tourments de
la
passion poétique mais pour l’Idée, aventuriers de l’esprit seul. Deux
5058
us les tourments de la passion poétique mais pour
l’
Idée, aventuriers de l’esprit seul. Deux existences à peu près dépourv
5059
la passion poétique mais pour l’Idée, aventuriers
de
l’esprit seul. Deux existences à peu près dépourvues de péripéties ex
5060
passion poétique mais pour l’Idée, aventuriers de
l’
esprit seul. Deux existences à peu près dépourvues de péripéties extér
5061
sprit seul. Deux existences à peu près dépourvues
de
péripéties extérieures. Pour l’un, la rupture des fiançailles, l’atta
5062
dépourvues de péripéties extérieures. Pour l’un,
la
rupture des fiançailles, l’attaque finale contre l’Église et la mort
5063
térieures. Pour l’un, la rupture des fiançailles,
l’
attaque finale contre l’Église et la mort à 42 ans. Pour l’autre, moin
5064
rupture des fiançailles, l’attaque finale contre
l’
Église et la mort à 42 ans. Pour l’autre, moins encore : quelques anné
5065
fiançailles, l’attaque finale contre l’Église et
la
mort à 42 ans. Pour l’autre, moins encore : quelques années de profes
5066
ans. Pour l’autre, moins encore : quelques années
de
professorat, une longue solitude errante, la folie à 44 ans. L’un et
5067
nées de professorat, une longue solitude errante,
la
folie à 44 ans. L’un et l’autre ont produit en une quinzaine d’années
5068
ans. L’un et l’autre ont produit en une quinzaine
d’
années leur œuvre difficile et foisonnante, et n’ont forcé qu’in extre
5069
t foisonnante, et n’ont forcé qu’in extremis, par
le
scandale, l’attention de quelques-uns de leurs contemporains. Ce dépo
5070
, et n’ont forcé qu’in extremis, par le scandale,
l’
attention de quelques-uns de leurs contemporains. Ce dépouillement ext
5071
orcé qu’in extremis, par le scandale, l’attention
de
quelques-uns de leurs contemporains. Ce dépouillement extérieur contr
5072
mis, par le scandale, l’attention de quelques-uns
de
leurs contemporains. Ce dépouillement extérieur contrastant avec tant
5073
ces existences exemplaires : deux tensions pures.
Le
grand jeu des puissances mythiques y révèle mieux qu’ailleurs ses len
5074
s y révèle mieux qu’ailleurs ses lents mouvements
d’
approche, d’émergences et d’éclipses alternées. Ces deux chastes ont b
5075
ieux qu’ailleurs ses lents mouvements d’approche,
d’
émergences et d’éclipses alternées. Ces deux chastes ont beaucoup médi
5076
ses lents mouvements d’approche, d’émergences et
d’
éclipses alternées. Ces deux chastes ont beaucoup médité sur l’amour,
5077
ternées. Ces deux chastes ont beaucoup médité sur
l’
amour, sur la femme et sur le mariage. Nietzsche en a, certes, moins l
5078
deux chastes ont beaucoup médité sur l’amour, sur
la
femme et sur le mariage. Nietzsche en a, certes, moins longuement écr
5079
beaucoup médité sur l’amour, sur la femme et sur
le
mariage. Nietzsche en a, certes, moins longuement écrit que Kierkegaa
5080
res, sur ces trois thèmes. Il est remarquable que
les
contradictions de Nietzsche offrent un raccourci fidèle de celles de
5081
thèmes. Il est remarquable que les contradictions
de
Nietzsche offrent un raccourci fidèle de celles de Kierkegaard, qui à
5082
dictions de Nietzsche offrent un raccourci fidèle
de
celles de Kierkegaard, qui à leur tour répétaient celles de saint Pau
5083
e Nietzsche offrent un raccourci fidèle de celles
de
Kierkegaard, qui à leur tour répétaient celles de saint Paul lui-même
5084
de Kierkegaard, qui à leur tour répétaient celles
de
saint Paul lui-même ! Sur le mariage, par exemple, voici chez Nietzsc
5085
ur répétaient celles de saint Paul lui-même ! Sur
le
mariage, par exemple, voici chez Nietzsche qui rappelle à la fois la
5086
mple, voici chez Nietzsche qui rappelle à la fois
la
« difficulté » initiale et la réponse du Mari des Étapes. L’institut
5087
rappelle à la fois la « difficulté » initiale et
la
réponse du Mari des Étapes. L’institution du mariage maintient opini
5088
lté » initiale et la réponse du Mari des Étapes.
L’
institution du mariage maintient opiniâtrement la croyance que l’amour
5089
L’institution du mariage maintient opiniâtrement
la
croyance que l’amour, bien qu’il soit une passion, est cependant susc
5090
u mariage maintient opiniâtrement la croyance que
l’
amour, bien qu’il soit une passion, est cependant susceptible de durer
5091
qu’il soit une passion, est cependant susceptible
de
durer en tant que passion et que l’amour à vie peut être considéré co
5092
t susceptible de durer en tant que passion et que
l’
amour à vie peut être considéré comme la règle. Par cette ténacité d’u
5093
on et que l’amour à vie peut être considéré comme
la
règle. Par cette ténacité d’une noble croyance, maintenue malgré des
5094
être considéré comme la règle. Par cette ténacité
d’
une noble croyance, maintenue malgré des réfutations si fréquentes qu’
5095
s réfutations si fréquentes qu’elles sont presque
la
règle, et qui en font par conséquent une pia fraus, l’institution a c
5096
gle, et qui en font par conséquent une pia fraus,
l’
institution a conféré à l’amour une noblesse supérieure. Toutes les in
5097
nséquent une pia fraus, l’institution a conféré à
l’
amour une noblesse supérieure. Toutes les institutions qui ont concédé
5098
conféré à l’amour une noblesse supérieure. Toutes
les
institutions qui ont concédé à une passion la croyance en la durée de
5099
es les institutions qui ont concédé à une passion
la
croyance en la durée de celle-ci, et la responsabilité de la durée, m
5100
ions qui ont concédé à une passion la croyance en
la
durée de celle-ci, et la responsabilité de la durée, malgré l’essence
5101
ont concédé à une passion la croyance en la durée
de
celle-ci, et la responsabilité de la durée, malgré l’essence même de
5102
e passion la croyance en la durée de celle-ci, et
la
responsabilité de la durée, malgré l’essence même de la passion, lui
5103
nce en la durée de celle-ci, et la responsabilité
de
la durée, malgré l’essence même de la passion, lui ont procuré un ran
5104
en la durée de celle-ci, et la responsabilité de
la
durée, malgré l’essence même de la passion, lui ont procuré un rang n
5105
elle-ci, et la responsabilité de la durée, malgré
l’
essence même de la passion, lui ont procuré un rang nouveau…35 Comme
5106
responsabilité de la durée, malgré l’essence même
de
la passion, lui ont procuré un rang nouveau…35 Comme pour le Mari d
5107
ponsabilité de la durée, malgré l’essence même de
la
passion, lui ont procuré un rang nouveau…35 Comme pour le Mari des
5108
, lui ont procuré un rang nouveau…35 Comme pour
le
Mari des Étapes, qui voulait voir dans la synthèse d’une décision et
5109
me pour le Mari des Étapes, qui voulait voir dans
la
synthèse d’une décision et d’une inclination le plus haut risque, et
5110
ari des Étapes, qui voulait voir dans la synthèse
d’
une décision et d’une inclination le plus haut risque, et même un risq
5111
i voulait voir dans la synthèse d’une décision et
d’
une inclination le plus haut risque, et même un risque plus qu’humain,
5112
s la synthèse d’une décision et d’une inclination
le
plus haut risque, et même un risque plus qu’humain, le mariage est ic
5113
us haut risque, et même un risque plus qu’humain,
le
mariage est ici aux yeux de Nietzsche « une conception surhumaine qui
5114
e Nietzsche « une conception surhumaine qui élève
l’
homme. » Mais combien plus précisément kierkegaardienne tant par l’esp
5115
ombien plus précisément kierkegaardienne tant par
l’
esprit que par le ton, et par l’évocation de Socrate — cette attaque f
5116
sément kierkegaardienne tant par l’esprit que par
le
ton, et par l’évocation de Socrate — cette attaque frontale : Le phi
5117
ardienne tant par l’esprit que par le ton, et par
l’
évocation de Socrate — cette attaque frontale : Le philosophe a horre
5118
t par l’esprit que par le ton, et par l’évocation
de
Socrate — cette attaque frontale : Le philosophe a horreur du mariag
5119
’évocation de Socrate — cette attaque frontale :
Le
philosophe a horreur du mariage et de tout ce qui pourrait l’y condui
5120
frontale : Le philosophe a horreur du mariage et
de
tout ce qui pourrait l’y conduire, — du mariage en tant qu’obstacle f
5121
e a horreur du mariage et de tout ce qui pourrait
l’
y conduire, — du mariage en tant qu’obstacle fatal sur sa route vers l
5122
riage en tant qu’obstacle fatal sur sa route vers
l’
optimum. Parmi les grands philosophes, lequel était marié ? Héraclite,
5123
obstacle fatal sur sa route vers l’optimum. Parmi
les
grands philosophes, lequel était marié ? Héraclite, Platon, Descartes
5124
es, Spinoza, Leibniz, Kant, Schopenhauer — ils ne
le
furent point ; bien plus, on ne pourrait même se les imaginer mariés.
5125
furent point ; bien plus, on ne pourrait même se
les
imaginer mariés. Un philosophe marié a sa place dans la comédie, tell
5126
giner mariés. Un philosophe marié a sa place dans
la
comédie, telle est ma thèse ; et Socrate, seule exception, le malicie
5127
telle est ma thèse ; et Socrate, seule exception,
le
malicieux Socrate, s’est semble-t-il marié par ironie, précisément po
5128
t-il marié par ironie, précisément pour démontrer
la
vérité de cette thèse.36 « Marie-toi, ne te marie pas, dans les deu
5129
par ironie, précisément pour démontrer la vérité
de
cette thèse.36 « Marie-toi, ne te marie pas, dans les deux cas tu l
5130
tte thèse.36 « Marie-toi, ne te marie pas, dans
les
deux cas tu le regretteras », disait Socrate. « Celui qui se marie fa
5131
Marie-toi, ne te marie pas, dans les deux cas tu
le
regretteras », disait Socrate. « Celui qui se marie fait bien, mais c
5132
t Paul, parlant en tant que Spirituel, — et c’est
le
point de vue qu’adopteront personnellement Kierkegaard en tant qu’Exc
5133
naturellement misogyne que Kierkegaard : « Toutes
les
grandes choses qui ont été faites par l’humanité antique tiraient leu
5134
Toutes les grandes choses qui ont été faites par
l’
humanité antique tiraient leur force du fait que l’homme se trouvait à
5135
’humanité antique tiraient leur force du fait que
l’
homme se trouvait à côté de l’homme et qu’aucune femme ne pouvait élev
5136
r force du fait que l’homme se trouvait à côté de
l’
homme et qu’aucune femme ne pouvait élever la prétention d’être pour l
5137
é de l’homme et qu’aucune femme ne pouvait élever
la
prétention d’être pour l’homme l’objet de l’amour le plus proche et l
5138
t qu’aucune femme ne pouvait élever la prétention
d’
être pour l’homme l’objet de l’amour le plus proche et le plus haut, o
5139
femme ne pouvait élever la prétention d’être pour
l’
homme l’objet de l’amour le plus proche et le plus haut, ou même l’obj
5140
pouvait élever la prétention d’être pour l’homme
l’
objet de l’amour le plus proche et le plus haut, ou même l’objet uniqu
5141
élever la prétention d’être pour l’homme l’objet
de
l’amour le plus proche et le plus haut, ou même l’objet unique — comm
5142
ever la prétention d’être pour l’homme l’objet de
l’
amour le plus proche et le plus haut, ou même l’objet unique — comme l
5143
prétention d’être pour l’homme l’objet de l’amour
le
plus proche et le plus haut, ou même l’objet unique — comme l’enseign
5144
pour l’homme l’objet de l’amour le plus proche et
le
plus haut, ou même l’objet unique — comme l’enseigne la passion.37 »
5145
e l’amour le plus proche et le plus haut, ou même
l’
objet unique — comme l’enseigne la passion.37 » Kierkegaard au contrai
5146
e et le plus haut, ou même l’objet unique — comme
l’
enseigne la passion.37 » Kierkegaard au contraire pense que c’est par
5147
s haut, ou même l’objet unique — comme l’enseigne
la
passion.37 » Kierkegaard au contraire pense que c’est par la femme ai
5148
37 » Kierkegaard au contraire pense que c’est par
la
femme aimée de passion que l’homme s’élève, à condition cependant qu’
5149
d au contraire pense que c’est par la femme aimée
de
passion que l’homme s’élève, à condition cependant qu’il ne l’épouse
5150
pense que c’est par la femme aimée de passion que
l’
homme s’élève, à condition cependant qu’il ne l’épouse pas. Dans ses m
5151
e l’homme s’élève, à condition cependant qu’il ne
l’
épouse pas. Dans ses moments « d’équilibre doré » et d’évaluation créa
5152
pendant qu’il ne l’épouse pas. Dans ses moments «
d’
équilibre doré » et d’évaluation créatrice de la morale et de la civil
5153
use pas. Dans ses moments « d’équilibre doré » et
d’
évaluation créatrice de la morale et de la civilisation, Nietzsche met
5154
ts « d’équilibre doré » et d’évaluation créatrice
de
la morale et de la civilisation, Nietzsche met tout l’accent non sur
5155
« d’équilibre doré » et d’évaluation créatrice de
la
morale et de la civilisation, Nietzsche met tout l’accent non sur l’a
5156
doré » et d’évaluation créatrice de la morale et
de
la civilisation, Nietzsche met tout l’accent non sur l’ascèse, mais s
5157
ré » et d’évaluation créatrice de la morale et de
la
civilisation, Nietzsche met tout l’accent non sur l’ascèse, mais sur
5158
morale et de la civilisation, Nietzsche met tout
l’
accent non sur l’ascèse, mais sur la maîtrise des instincts : La civ
5159
civilisation, Nietzsche met tout l’accent non sur
l’
ascèse, mais sur la maîtrise des instincts : La civilisation d’un pe
5160
sche met tout l’accent non sur l’ascèse, mais sur
la
maîtrise des instincts : La civilisation d’un peuple se manifeste d
5161
l’ascèse, mais sur la maîtrise des instincts :
La
civilisation d’un peuple se manifeste dans l’unité disciplinée des in
5162
sur la maîtrise des instincts : La civilisation
d’
un peuple se manifeste dans l’unité disciplinée des instincts de ce pe
5163
: La civilisation d’un peuple se manifeste dans
l’
unité disciplinée des instincts de ce peuple : la philosophie maîtrise
5164
manifeste dans l’unité disciplinée des instincts
de
ce peuple : la philosophie maîtrise l’instinct de connaissance, l’art
5165
l’unité disciplinée des instincts de ce peuple :
la
philosophie maîtrise l’instinct de connaissance, l’art maîtrise l’ins
5166
instincts de ce peuple : la philosophie maîtrise
l’
instinct de connaissance, l’art maîtrise l’instinct créateur de formes
5167
de ce peuple : la philosophie maîtrise l’instinct
de
connaissance, l’art maîtrise l’instinct créateur de formes et l’extas
5168
philosophie maîtrise l’instinct de connaissance,
l’
art maîtrise l’instinct créateur de formes et l’extase, l’Agapè maîtri
5169
îtrise l’instinct de connaissance, l’art maîtrise
l’
instinct créateur de formes et l’extase, l’Agapè maîtrise l’Éros, etc.
5170
connaissance, l’art maîtrise l’instinct créateur
de
formes et l’extase, l’Agapè maîtrise l’Éros, etc.38 L’Agapè dont i
5171
, l’art maîtrise l’instinct créateur de formes et
l’
extase, l’Agapè maîtrise l’Éros, etc.38 L’Agapè dont il est ici que
5172
îtrise l’instinct créateur de formes et l’extase,
l’
Agapè maîtrise l’Éros, etc.38 L’Agapè dont il est ici question n’es
5173
créateur de formes et l’extase, l’Agapè maîtrise
l’
Éros, etc.38 L’Agapè dont il est ici question n’est encore pour les
5174
s et l’extase, l’Agapè maîtrise l’Éros, etc.38
L’
Agapè dont il est ici question n’est encore pour les Grecs que l’amour
5175
’Agapè dont il est ici question n’est encore pour
les
Grecs que l’amour désintéressé ; mais dans l’esprit de Nietzsche, ell
5176
est ici question n’est encore pour les Grecs que
l’
amour désintéressé ; mais dans l’esprit de Nietzsche, elle désigne déj
5177
ur les Grecs que l’amour désintéressé ; mais dans
l’
esprit de Nietzsche, elle désigne déjà cette passion « noble » qui dès
5178
ecs que l’amour désintéressé ; mais dans l’esprit
de
Nietzsche, elle désigne déjà cette passion « noble » qui dès le xiie
5179
elle désigne déjà cette passion « noble » qui dès
le
xiie siècle a fait porter au premier rang les valeurs d’art et l’ent
5180
dès le xiie siècle a fait porter au premier rang
les
valeurs d’art et l’enthousiasme dans la vénération, plutôt que la rev
5181
siècle a fait porter au premier rang les valeurs
d’
art et l’enthousiasme dans la vénération, plutôt que la revendication
5182
fait porter au premier rang les valeurs d’art et
l’
enthousiasme dans la vénération, plutôt que la revendication d’une lib
5183
ier rang les valeurs d’art et l’enthousiasme dans
la
vénération, plutôt que la revendication d’une liberté des mœurs, qui
5184
et l’enthousiasme dans la vénération, plutôt que
la
revendication d’une liberté des mœurs, qui appartient à la « morale d
5185
e dans la vénération, plutôt que la revendication
d’
une liberté des mœurs, qui appartient à la « morale des esclaves. » M
5186
ication d’une liberté des mœurs, qui appartient à
la
« morale des esclaves. » Maintenant l’on comprendra sans plus d’expl
5187
artient à la « morale des esclaves. » Maintenant
l’
on comprendra sans plus d’explications pourquoi l’amour en tant que pa
5188
esclaves. » Maintenant l’on comprendra sans plus
d’
explications pourquoi l’amour en tant que passion — notre spécialité e
5189
l’on comprendra sans plus d’explications pourquoi
l’
amour en tant que passion — notre spécialité européenne — doit être né
5190
spécialité européenne — doit être nécessairement
d’
origine noble. On sait que son invention doit être attribuée aux cheva
5191
ommes magnifiques et ingénieux du gai saber à qui
l’
Europe est redevable de tant de choses et presque d’elle-même.39 Plu
5192
génieux du gai saber à qui l’Europe est redevable
de
tant de choses et presque d’elle-même.39 Plus tard, ayant énuméré s
5193
Europe est redevable de tant de choses et presque
d’
elle-même.39 Plus tard, ayant énuméré six moyens de brider la violen
5194
lle-même.39 Plus tard, ayant énuméré six moyens
de
brider la violence de l’instinct sexuel (éviter les occasions, implan
5195
9 Plus tard, ayant énuméré six moyens de brider
la
violence de l’instinct sexuel (éviter les occasions, implanter la règ
5196
d, ayant énuméré six moyens de brider la violence
de
l’instinct sexuel (éviter les occasions, implanter la règle dans l’in
5197
ayant énuméré six moyens de brider la violence de
l’
instinct sexuel (éviter les occasions, implanter la règle dans l’insti
5198
e brider la violence de l’instinct sexuel (éviter
les
occasions, implanter la règle dans l’instinct, créer le dégoût par la
5199
’instinct sexuel (éviter les occasions, implanter
la
règle dans l’instinct, créer le dégoût par la satiété, associer à l’i
5200
el (éviter les occasions, implanter la règle dans
l’
instinct, créer le dégoût par la satiété, associer à l’instinct une id
5201
asions, implanter la règle dans l’instinct, créer
le
dégoût par la satiété, associer à l’instinct une idée martyrisante ou
5202
ter la règle dans l’instinct, créer le dégoût par
la
satiété, associer à l’instinct une idée martyrisante ou de honte, dis
5203
tinct, créer le dégoût par la satiété, associer à
l’
instinct une idée martyrisante ou de honte, dissocier et disperser ses
5204
é, associer à l’instinct une idée martyrisante ou
de
honte, dissocier et disperser ses forces, enfin s’affaiblir et se dép
5205
), Nietzsche en vient à découvrir qu’en réalité «
la
volonté de combattre la violence d’un instinct est en dehors de notre
5206
e en vient à découvrir qu’en réalité « la volonté
de
combattre la violence d’un instinct est en dehors de notre puissance
5207
découvrir qu’en réalité « la volonté de combattre
la
violence d’un instinct est en dehors de notre puissance ». Dans le pr
5208
’en réalité « la volonté de combattre la violence
d’
un instinct est en dehors de notre puissance ». Dans le procès de maît
5209
instinct est en dehors de notre puissance ». Dans
le
procès de maîtrise d’un instinct : … l’intellect n’est que l’instru
5210
st en dehors de notre puissance ». Dans le procès
de
maîtrise d’un instinct : … l’intellect n’est que l’instrument aveug
5211
de notre puissance ». Dans le procès de maîtrise
d’
un instinct : … l’intellect n’est que l’instrument aveugle d’un autr
5212
». Dans le procès de maîtrise d’un instinct : …
l’
intellect n’est que l’instrument aveugle d’un autre instinct, qui est
5213
aîtrise d’un instinct : … l’intellect n’est que
l’
instrument aveugle d’un autre instinct, qui est le rival de celui dont
5214
: … l’intellect n’est que l’instrument aveugle
d’
un autre instinct, qui est le rival de celui dont la violence nous tou
5215
l’instrument aveugle d’un autre instinct, qui est
le
rival de celui dont la violence nous tourmente, que ce soit le besoin
5216
ent aveugle d’un autre instinct, qui est le rival
de
celui dont la violence nous tourmente, que ce soit le besoin de repos
5217
un autre instinct, qui est le rival de celui dont
la
violence nous tourmente, que ce soit le besoin de repos, ou la craint
5218
elui dont la violence nous tourmente, que ce soit
le
besoin de repos, ou la crainte de la honte et d’autres suites néfaste
5219
la violence nous tourmente, que ce soit le besoin
de
repos, ou la crainte de la honte et d’autres suites néfastes, ou bien
5220
ous tourmente, que ce soit le besoin de repos, ou
la
crainte de la honte et d’autres suites néfastes, ou bien encore l’amo
5221
te, que ce soit le besoin de repos, ou la crainte
de
la honte et d’autres suites néfastes, ou bien encore l’amour. Donc, t
5222
que ce soit le besoin de repos, ou la crainte de
la
honte et d’autres suites néfastes, ou bien encore l’amour. Donc, tand
5223
honte et d’autres suites néfastes, ou bien encore
l’
amour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un
5224
mour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre
de
la violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui se plaint d’
5225
r. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de
la
violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui se plaint d’un
5226
dis que nous croyons nous plaindre de la violence
d’
un instinct, c’est au fond un instinct qui se plaint d’un autre instin
5227
instinct, c’est au fond un instinct qui se plaint
d’
un autre instinct.40 Passage capital pour mon propos ! Ce que Nietzs
5228
fait à deux possibilités ou puissances rivales en
l’
homme : l’érotisme sexuel et l’amour. Or, ni la passion érotique d’un
5229
x possibilités ou puissances rivales en l’homme :
l’
érotisme sexuel et l’amour. Or, ni la passion érotique d’un Byron ou d
5230
ssances rivales en l’homme : l’érotisme sexuel et
l’
amour. Or, ni la passion érotique d’un Byron ou d’un Napoléon — cités
5231
en l’homme : l’érotisme sexuel et l’amour. Or, ni
la
passion érotique d’un Byron ou d’un Napoléon — cités peu avant — ni l
5232
sme sexuel et l’amour. Or, ni la passion érotique
d’
un Byron ou d’un Napoléon — cités peu avant — ni l’amour qu’on invoque
5233
l’amour. Or, ni la passion érotique d’un Byron ou
d’
un Napoléon — cités peu avant — ni l’amour qu’on invoque ici, ne sont,
5234
’un Byron ou d’un Napoléon — cités peu avant — ni
l’
amour qu’on invoque ici, ne sont, à parler proprement, des instincts.
5235
ici, ne sont, à parler proprement, des instincts.
L’
érotisme commence précisément avec l’usage non instinctif du sexe (j’e
5236
s instincts. L’érotisme commence précisément avec
l’
usage non instinctif du sexe (j’entends l’usage non nécessaire biologi
5237
nt avec l’usage non instinctif du sexe (j’entends
l’
usage non nécessaire biologiquement). Et l’amour, que Nietzsche suggèr
5238
ntends l’usage non nécessaire biologiquement). Et
l’
amour, que Nietzsche suggère comme un possible instinct rival, est la
5239
che suggère comme un possible instinct rival, est
la
passion de l’âme par excellence. La lutte entre les deux « instincts
5240
comme un possible instinct rival, est la passion
de
l’âme par excellence. La lutte entre les deux « instincts » n’est don
5241
mme un possible instinct rival, est la passion de
l’
âme par excellence. La lutte entre les deux « instincts » n’est donc p
5242
ct rival, est la passion de l’âme par excellence.
La
lutte entre les deux « instincts » n’est donc pas autre chose que la
5243
a passion de l’âme par excellence. La lutte entre
les
deux « instincts » n’est donc pas autre chose que la lutte entre les
5244
deux « instincts » n’est donc pas autre chose que
la
lutte entre les deux puissances de l’Éros animique que symbolisent le
5245
s » n’est donc pas autre chose que la lutte entre
les
deux puissances de l’Éros animique que symbolisent les mythes de Don
5246
utre chose que la lutte entre les deux puissances
de
l’Éros animique que symbolisent les mythes de Don Juan et de Tristan.
5247
e chose que la lutte entre les deux puissances de
l’
Éros animique que symbolisent les mythes de Don Juan et de Tristan. Su
5248
eux puissances de l’Éros animique que symbolisent
les
mythes de Don Juan et de Tristan. Suivons maintenant les phases de le
5249
ces de l’Éros animique que symbolisent les mythes
de
Don Juan et de Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande
5250
nimique que symbolisent les mythes de Don Juan et
de
Tristan. Suivons maintenant les phases de leur grande polémique dans
5251
hes de Don Juan et de Tristan. Suivons maintenant
les
phases de leur grande polémique dans l’œuvre et dans la vie de Nietzs
5252
Juan et de Tristan. Suivons maintenant les phases
de
leur grande polémique dans l’œuvre et dans la vie de Nietzsche. ⁂ « P
5253
intenant les phases de leur grande polémique dans
l’
œuvre et dans la vie de Nietzsche. ⁂ « Par la musique, les passions jo
5254
ses de leur grande polémique dans l’œuvre et dans
la
vie de Nietzsche. ⁂ « Par la musique, les passions jouissent d’elles-
5255
leur grande polémique dans l’œuvre et dans la vie
de
Nietzsche. ⁂ « Par la musique, les passions jouissent d’elles-mêmes.
5256
dans l’œuvre et dans la vie de Nietzsche. ⁂ « Par
la
musique, les passions jouissent d’elles-mêmes. » Il est curieux de re
5257
et dans la vie de Nietzsche. ⁂ « Par la musique,
les
passions jouissent d’elles-mêmes. » Il est curieux de relever que Nie
5258
zsche. ⁂ « Par la musique, les passions jouissent
d’
elles-mêmes. » Il est curieux de relever que Nietzsche, comme Kierkega
5259
assions jouissent d’elles-mêmes. » Il est curieux
de
relever que Nietzsche, comme Kierkegaard, commence sa carrière d’aute
5260
ietzsche, comme Kierkegaard, commence sa carrière
d’
auteur par un ouvrage sur la musique, la tragédie lyrique et le mythe
5261
commence sa carrière d’auteur par un ouvrage sur
la
musique, la tragédie lyrique et le mythe : c’est L’Origine de la trag
5262
carrière d’auteur par un ouvrage sur la musique,
la
tragédie lyrique et le mythe : c’est L’Origine de la tragédie, qu’il
5263
un ouvrage sur la musique, la tragédie lyrique et
le
mythe : c’est L’Origine de la tragédie, qu’il publie à 28 ans. Au mêm
5264
musique, la tragédie lyrique et le mythe : c’est
L’
Origine de la tragédie, qu’il publie à 28 ans. Au même âge, Kierkegaar
5265
la tragédie lyrique et le mythe : c’est L’Origine
de
la tragédie, qu’il publie à 28 ans. Au même âge, Kierkegaard écrit Ou
5266
tragédie lyrique et le mythe : c’est L’Origine de
la
tragédie, qu’il publie à 28 ans. Au même âge, Kierkegaard écrit Ou bi
5267
Ou bien… ou bien. Et tandis que l’un trouve dans
le
Don Giovanni de Mozart l’expression parfaite et unique de la spontané
5268
is que l’un trouve dans le Don Giovanni de Mozart
l’
expression parfaite et unique de la spontanéité passionnée, l’autre ne
5269
iovanni de Mozart l’expression parfaite et unique
de
la spontanéité passionnée, l’autre ne veut prendre à témoin que le se
5270
anni de Mozart l’expression parfaite et unique de
la
spontanéité passionnée, l’autre ne veut prendre à témoin que le seul
5271
passionnée, l’autre ne veut prendre à témoin que
le
seul Tristan de Wagner, comme expression exemplaire du mythe et de la
5272
e Wagner, comme expression exemplaire du mythe et
de
la musique dionysiaque. L’un et l’autre tiennent le langage pour impu
5273
agner, comme expression exemplaire du mythe et de
la
musique dionysiaque. L’un et l’autre tiennent le langage pour impuiss
5274
la musique dionysiaque. L’un et l’autre tiennent
le
langage pour impuissant à traduire l’essence de la musique, en laquel
5275
re tiennent le langage pour impuissant à traduire
l’
essence de la musique, en laquelle l’un voit l’expression de la sponta
5276
t le langage pour impuissant à traduire l’essence
de
la musique, en laquelle l’un voit l’expression de la spontanéité sens
5277
e langage pour impuissant à traduire l’essence de
la
musique, en laquelle l’un voit l’expression de la spontanéité sensuel
5278
re l’essence de la musique, en laquelle l’un voit
l’
expression de la spontanéité sensuelle, et l’autre l’expression de « l
5279
de la musique, en laquelle l’un voit l’expression
de
la spontanéité sensuelle, et l’autre l’expression de « l’esprit diony
5280
la musique, en laquelle l’un voit l’expression de
la
spontanéité sensuelle, et l’autre l’expression de « l’esprit dionysie
5281
xpression de la spontanéité sensuelle, et l’autre
l’
expression de « l’esprit dionysien », de la spontanéité orgiastique. P
5282
la spontanéité sensuelle, et l’autre l’expression
de
« l’esprit dionysien », de la spontanéité orgiastique. Pour l’un et l
5283
ontanéité sensuelle, et l’autre l’expression de «
l’
esprit dionysien », de la spontanéité orgiastique. Pour l’un et l’autr
5284
t l’autre l’expression de « l’esprit dionysien »,
de
la spontanéité orgiastique. Pour l’un et l’autre, « seule, la musique
5285
’autre l’expression de « l’esprit dionysien », de
la
spontanéité orgiastique. Pour l’un et l’autre, « seule, la musique »
5286
néité orgiastique. Pour l’un et l’autre, « seule,
la
musique » peut dire d’une manière immédiate, le secret de l’éros et d
5287
l’un et l’autre, « seule, la musique » peut dire
d’
une manière immédiate, le secret de l’éros et de ses mythes. Mais seul
5288
, la musique » peut dire d’une manière immédiate,
le
secret de l’éros et de ses mythes. Mais seule aussi, elle peut régéné
5289
ue » peut dire d’une manière immédiate, le secret
de
l’éros et de ses mythes. Mais seule aussi, elle peut régénérer la tra
5290
» peut dire d’une manière immédiate, le secret de
l’
éros et de ses mythes. Mais seule aussi, elle peut régénérer la tragéd
5291
e d’une manière immédiate, le secret de l’éros et
de
ses mythes. Mais seule aussi, elle peut régénérer la tragédie. « Une
5292
ses mythes. Mais seule aussi, elle peut régénérer
la
tragédie. « Une harmonie préétablie règne entre la musique et le dram
5293
a tragédie. « Une harmonie préétablie règne entre
la
musique et le drame parfait. » Nietzsche voit dans le mythe en généra
5294
Une harmonie préétablie règne entre la musique et
le
drame parfait. » Nietzsche voit dans le mythe en général « le but rée
5295
usique et le drame parfait. » Nietzsche voit dans
le
mythe en général « le but réel de la science », s’il est vrai que « l
5296
fait. » Nietzsche voit dans le mythe en général «
le
but réel de la science », s’il est vrai que « la cause finale de la s
5297
zsche voit dans le mythe en général « le but réel
de
la science », s’il est vrai que « la cause finale de la science est d
5298
he voit dans le mythe en général « le but réel de
la
science », s’il est vrai que « la cause finale de la science est de r
5299
le but réel de la science », s’il est vrai que «
la
cause finale de la science est de rendre l’existence concevable ». Le
5300
la science », s’il est vrai que « la cause finale
de
la science est de rendre l’existence concevable ». Le mythe est une «
5301
science », s’il est vrai que « la cause finale de
la
science est de rendre l’existence concevable ». Le mythe est une « im
5302
est vrai que « la cause finale de la science est
de
rendre l’existence concevable ». Le mythe est une « image du monde en
5303
que « la cause finale de la science est de rendre
l’
existence concevable ». Le mythe est une « image du monde en raccourci
5304
a science est de rendre l’existence concevable ».
Le
mythe est une « image du monde en raccourci » et, sans le mythe, « to
5305
est une « image du monde en raccourci » et, sans
le
mythe, « toute culture est dépossédée de sa force naturelle, saine et
5306
et, sans le mythe, « toute culture est dépossédée
de
sa force naturelle, saine et créatrice ; seul un horizon constellé de
5307
e, saine et créatrice ; seul un horizon constellé
de
mythes parachève l’unité d’une époque de culture. Le seul mythe peut
5308
e ; seul un horizon constellé de mythes parachève
l’
unité d’une époque de culture. Le seul mythe peut préserver de l’incoh
5309
un horizon constellé de mythes parachève l’unité
d’
une époque de culture. Le seul mythe peut préserver de l’incohérence d
5310
onstellé de mythes parachève l’unité d’une époque
de
culture. Le seul mythe peut préserver de l’incohérence d’une activité
5311
mythes parachève l’unité d’une époque de culture.
Le
seul mythe peut préserver de l’incohérence d’une activité sans but le
5312
e époque de culture. Le seul mythe peut préserver
de
l’incohérence d’une activité sans but les facultés de l’imagination…
5313
poque de culture. Le seul mythe peut préserver de
l’
incohérence d’une activité sans but les facultés de l’imagination… Les
5314
re. Le seul mythe peut préserver de l’incohérence
d’
une activité sans but les facultés de l’imagination… Les images du myt
5315
réserver de l’incohérence d’une activité sans but
les
facultés de l’imagination… Les images du mythe doivent être les espri
5316
’incohérence d’une activité sans but les facultés
de
l’imagination… Les images du mythe doivent être les esprits tutélaire
5317
cohérence d’une activité sans but les facultés de
l’
imagination… Les images du mythe doivent être les esprits tutélaires i
5318
activité sans but les facultés de l’imagination…
Les
images du mythe doivent être les esprits tutélaires invisibles et omn
5319
e l’imagination… Les images du mythe doivent être
les
esprits tutélaires invisibles et omniprésents, propices au développem
5320
sibles et omniprésents, propices au développement
de
l’âme adolescente, et dont les signes annoncent et expliquent à l’hom
5321
les et omniprésents, propices au développement de
l’
âme adolescente, et dont les signes annoncent et expliquent à l’homme
5322
es au développement de l’âme adolescente, et dont
les
signes annoncent et expliquent à l’homme fait sa vie et ses combats.4
5323
nte, et dont les signes annoncent et expliquent à
l’
homme fait sa vie et ses combats.41 » Et voici les relations entre le
5324
l’homme fait sa vie et ses combats.41 » Et voici
les
relations entre le mythe tragique et la musique : La Tragédie absorb
5325
et ses combats.41 » Et voici les relations entre
le
mythe tragique et la musique : La Tragédie absorbe en elle le délire
5326
Et voici les relations entre le mythe tragique et
la
musique : La Tragédie absorbe en elle le délire orgiastique de la mu
5327
elations entre le mythe tragique et la musique :
La
Tragédie absorbe en elle le délire orgiastique de la musique, portant
5328
ique et la musique : La Tragédie absorbe en elle
le
délire orgiastique de la musique, portant ainsi du premier coup la mu
5329
La Tragédie absorbe en elle le délire orgiastique
de
la musique, portant ainsi du premier coup la musique à sa perfection,
5330
Tragédie absorbe en elle le délire orgiastique de
la
musique, portant ainsi du premier coup la musique à sa perfection, ch
5331
ique de la musique, portant ainsi du premier coup
la
musique à sa perfection, chez les Grecs comme parmi nous, mais elle y
5332
du premier coup la musique à sa perfection, chez
les
Grecs comme parmi nous, mais elle y ajoute aussitôt le mythe tragique
5333
ecs comme parmi nous, mais elle y ajoute aussitôt
le
mythe tragique, et le héros tragique qui, pareil à un formidable Tita
5334
mais elle y ajoute aussitôt le mythe tragique, et
le
héros tragique qui, pareil à un formidable Titan, prend sur ses épaul
5335
reil à un formidable Titan, prend sur ses épaules
le
fardeau du monde dionysien et nous en délivre. … Entre la portée univ
5336
au du monde dionysien et nous en délivre. … Entre
la
portée universelle de sa musique et l’auditeur soumis à l’influence d
5337
et nous en délivre. … Entre la portée universelle
de
sa musique et l’auditeur soumis à l’influence dionysiaque, la Tragédi
5338
e. … Entre la portée universelle de sa musique et
l’
auditeur soumis à l’influence dionysiaque, la Tragédie introduit un sy
5339
universelle de sa musique et l’auditeur soumis à
l’
influence dionysiaque, la Tragédie introduit un symbole sublime, le my
5340
e et l’auditeur soumis à l’influence dionysiaque,
la
Tragédie introduit un symbole sublime, le mythe ; et elle suscite che
5341
siaque, la Tragédie introduit un symbole sublime,
le
mythe ; et elle suscite chez celui-là l’illusion que la musique ne so
5342
sublime, le mythe ; et elle suscite chez celui-là
l’
illusion que la musique ne soit qu’un admirable procédé, un inégalable
5343
he ; et elle suscite chez celui-là l’illusion que
la
musique ne soit qu’un admirable procédé, un inégalable moyen de donne
5344
soit qu’un admirable procédé, un inégalable moyen
de
donner la vie au monde plastique du mythe. Ce noble subterfuge permet
5345
admirable procédé, un inégalable moyen de donner
la
vie au monde plastique du mythe. Ce noble subterfuge permet alors à l
5346
ique du mythe. Ce noble subterfuge permet alors à
la
musique d’assouplir ses allures aux rythmes des danses dithyrambiques
5347
he. Ce noble subterfuge permet alors à la musique
d’
assouplir ses allures aux rythmes des danses dithyrambiques, de s’aban
5348
es allures aux rythmes des danses dithyrambiques,
de
s’abandonner impunément à un sentiment orgiastique de liberté auquel,
5349
’abandonner impunément à un sentiment orgiastique
de
liberté auquel, en tant que musique en soi, il lui serait interdit d’
5350
n tant que musique en soi, il lui serait interdit
d’
oser se livrer avec une telle licence, sans la sauvegarde de cette ill
5351
dit d’oser se livrer avec une telle licence, sans
la
sauvegarde de cette illusion. Le mythe nous protège contre la musique
5352
livrer avec une telle licence, sans la sauvegarde
de
cette illusion. Le mythe nous protège contre la musique, et lui seul,
5353
le licence, sans la sauvegarde de cette illusion.
Le
mythe nous protège contre la musique, et lui seul, d’autre part, donn
5354
e de cette illusion. Le mythe nous protège contre
la
musique, et lui seul, d’autre part, donne à celle-ci la suprême liber
5355
ique, et lui seul, d’autre part, donne à celle-ci
la
suprême liberté. La musique, en retour, confère au mythe tragique une
5356
’autre part, donne à celle-ci la suprême liberté.
La
musique, en retour, confère au mythe tragique une portée métaphysique
5357
e et si décisive que, sans cet auxiliaire unique,
la
parole et l’image fussent demeurées à jamais impuissantes à l’atteind
5358
ive que, sans cet auxiliaire unique, la parole et
l’
image fussent demeurées à jamais impuissantes à l’atteindre. Et c’est
5359
l’image fussent demeurées à jamais impuissantes à
l’
atteindre. Et c’est tout spécialement par l’effet de la musique que le
5360
tes à l’atteindre. Et c’est tout spécialement par
l’
effet de la musique que le spectateur de la Tragédie est envahi de ce
5361
atteindre. Et c’est tout spécialement par l’effet
de
la musique que le spectateur de la Tragédie est envahi de ce sûr pres
5362
eindre. Et c’est tout spécialement par l’effet de
la
musique que le spectateur de la Tragédie est envahi de ce sûr pressen
5363
t tout spécialement par l’effet de la musique que
le
spectateur de la Tragédie est envahi de ce sûr pressentiment d’une jo
5364
ement par l’effet de la musique que le spectateur
de
la Tragédie est envahi de ce sûr pressentiment d’une joie suprême, à
5365
nt par l’effet de la musique que le spectateur de
la
Tragédie est envahi de ce sûr pressentiment d’une joie suprême, à laq
5366
sique que le spectateur de la Tragédie est envahi
de
ce sûr pressentiment d’une joie suprême, à laquelle aboutit ce chemin
5367
de la Tragédie est envahi de ce sûr pressentiment
d’
une joie suprême, à laquelle aboutit ce chemin de ruine et de déceptio
5368
d’une joie suprême, à laquelle aboutit ce chemin
de
ruine et de déception, de sorte qu’il croit entendre la voix la plus
5369
suprême, à laquelle aboutit ce chemin de ruine et
de
déception, de sorte qu’il croit entendre la voix la plus secrète des
5370
ne et de déception, de sorte qu’il croit entendre
la
voix la plus secrète des choses qui, du fond de l’abîme, lui parle in
5371
déception, de sorte qu’il croit entendre la voix
la
plus secrète des choses qui, du fond de l’abîme, lui parle intelligib
5372
e la voix la plus secrète des choses qui, du fond
de
l’abîme, lui parle intelligiblement.42 Sans les paroles et l’image
5373
a voix la plus secrète des choses qui, du fond de
l’
abîme, lui parle intelligiblement.42 Sans les paroles et l’image scé
5374
de l’abîme, lui parle intelligiblement.42 Sans
les
paroles et l’image scénique, Nietzsche imagine qu’il ne pourrait supp
5375
i parle intelligiblement.42 Sans les paroles et
l’
image scénique, Nietzsche imagine qu’il ne pourrait supporter l’auditi
5376
ue, Nietzsche imagine qu’il ne pourrait supporter
l’
audition du troisième acte de Tristan « à moins de suffoquer sous la t
5377
e pourrait supporter l’audition du troisième acte
de
Tristan « à moins de suffoquer sous la tension convulsive de toutes l
5378
l’audition du troisième acte de Tristan « à moins
de
suffoquer sous la tension convulsive de toutes les fibres de son âme
5379
sième acte de Tristan « à moins de suffoquer sous
la
tension convulsive de toutes les fibres de son âme ». Cet ouvrage de
5380
« à moins de suffoquer sous la tension convulsive
de
toutes les fibres de son âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque l’apog
5381
de suffoquer sous la tension convulsive de toutes
les
fibres de son âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque l’apogée de l’ami
5382
r sous la tension convulsive de toutes les fibres
de
son âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque l’apogée de l’amitié avec W
5383
ve de toutes les fibres de son âme ». Cet ouvrage
de
jeunesse marque l’apogée de l’amitié avec Wagner et de l’admiration p
5384
bres de son âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque
l’
apogée de l’amitié avec Wagner et de l’admiration pour Schopenhauer, l
5385
on âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque l’apogée
de
l’amitié avec Wagner et de l’admiration pour Schopenhauer, leur maîtr
5386
âme ». Cet ouvrage de jeunesse marque l’apogée de
l’
amitié avec Wagner et de l’admiration pour Schopenhauer, leur maître c
5387
unesse marque l’apogée de l’amitié avec Wagner et
de
l’admiration pour Schopenhauer, leur maître commun. « J’aime en Wagne
5388
sse marque l’apogée de l’amitié avec Wagner et de
l’
admiration pour Schopenhauer, leur maître commun. « J’aime en Wagner —
5389
6 à Erwin Rohde — ce que j’aime en Schopenhauer :
le
souffle éthique, la croix, la mort, l’abîme… » Mais quelques années p
5390
que j’aime en Schopenhauer : le souffle éthique,
la
croix, la mort, l’abîme… » Mais quelques années plus tard, à Peter Ga
5391
e j’aime en Schopenhauer : le souffle éthique, la
croix
, la mort, l’abîme… » Mais quelques années plus tard, à Peter Gast : «
5392
e en Schopenhauer : le souffle éthique, la croix,
la
mort, l’abîme… » Mais quelques années plus tard, à Peter Gast : « Viv
5393
penhauer : le souffle éthique, la croix, la mort,
l’
abîme… » Mais quelques années plus tard, à Peter Gast : « Vive la libe
5394
quelques années plus tard, à Peter Gast : « Vive
la
liberté, la gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus de nous afi
5395
nées plus tard, à Peter Gast : « Vive la liberté,
la
gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus de nous afin de pouvoir
5396
ard, à Peter Gast : « Vive la liberté, la gaieté,
l’
irresponsabilité ! Vivons au-dessus de nous afin de pouvoir vivre avec
5397
la gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus
de
nous afin de pouvoir vivre avec nous-mêmes ! » Que s’est-il passé ent
5398
us-mêmes ! » Que s’est-il passé entre-temps ? Sur
la
scène tout au moins — et l’on veut dire : dans ce que Nietzsche expri
5399
ssé entre-temps ? Sur la scène tout au moins — et
l’
on veut dire : dans ce que Nietzsche exprime consciemment —, Tristan s
5400
ine tout. Wagner n’est plus « mon noble compagnon
d’
armes » mais « l’asphyxie par le rabâchage de toutes les absurdités mo
5401
n’est plus « mon noble compagnon d’armes » mais «
l’
asphyxie par le rabâchage de toutes les absurdités morales et religieu
5402
n noble compagnon d’armes » mais « l’asphyxie par
le
rabâchage de toutes les absurdités morales et religieuses ». Loin de
5403
gnon d’armes » mais « l’asphyxie par le rabâchage
de
toutes les absurdités morales et religieuses ». Loin de Bâle, loin de
5404
es » mais « l’asphyxie par le rabâchage de toutes
les
absurdités morales et religieuses ». Loin de Bâle, loin de Triebschen
5405
loin de Triebschen, loin de Bayreuth surtout — où
l’
auteur de Tristan est l’époux comblé de Cosima… — loin du Nord désorma
5406
riebschen, loin de Bayreuth surtout — où l’auteur
de
Tristan est l’époux comblé de Cosima… — loin du Nord désormais détest
5407
de Bayreuth surtout — où l’auteur de Tristan est
l’
époux comblé de Cosima… — loin du Nord désormais détesté, Nietzsche vi
5408
rtout — où l’auteur de Tristan est l’époux comblé
de
Cosima… — loin du Nord désormais détesté, Nietzsche vit à Gênes, et i
5409
ênes, et il écrit Aurore. « Presque chaque phrase
de
ce livre a été pensée et comme capturée dans les mille recoins de ce
5410
e de ce livre a été pensée et comme capturée dans
les
mille recoins de ce chaos de rochers près de Gênes, où je vivais tout
5411
é pensée et comme capturée dans les mille recoins
de
ce chaos de rochers près de Gênes, où je vivais tout seul, en une fam
5412
comme capturée dans les mille recoins de ce chaos
de
rochers près de Gênes, où je vivais tout seul, en une familière intim
5413
vivais tout seul, en une familière intimité avec
la
mer.43 » Il vit aussi à Sils-Maria, dans l’air sec et la limpidezza d
5414
avec la mer.43 » Il vit aussi à Sils-Maria, dans
l’
air sec et la limpidezza des hauteurs, et il y termine la première par
5415
43 » Il vit aussi à Sils-Maria, dans l’air sec et
la
limpidezza des hauteurs, et il y termine la première partie de Zarath
5416
des hauteurs, et il y termine la première partie
de
Zarathoustra, à « l’heure sainte » — tiendra-t-il à préciser plus tar
5417
y termine la première partie de Zarathoustra, à «
l’
heure sainte » — tiendra-t-il à préciser plus tard — où Richard Wagner
5418
Insouciant et railleur, violent — ainsi nous veut
la
sagesse. Elle est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore d’effic
5419
e est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore
d’
efficace contre l’amour que ce vieux remède radical : l’amour en retou
5420
dit Aurore ? « Il n’y a encore d’efficace contre
l’
amour que ce vieux remède radical : l’amour en retour ! » Et que peut
5421
cace contre l’amour que ce vieux remède radical :
l’
amour en retour ! » Et que peut enseigner cette Carmen de Bizet, que N
5422
a « comme une antithèse ironique » au marécage, à
la
magie, à l’histrionisme, au germanisme, à la chasteté douteuse, à la
5423
e antithèse ironique » au marécage, à la magie, à
l’
histrionisme, au germanisme, à la chasteté douteuse, à la religiosité
5424
e, à la magie, à l’histrionisme, au germanisme, à
la
chasteté douteuse, à la religiosité décadente et aux « Sursum ! Boubo
5425
ionisme, au germanisme, à la chasteté douteuse, à
la
religiosité décadente et aux « Sursum ! Bouboum ! » de Wagner ? Elle
5426
ligiosité décadente et aux « Sursum ! Bouboum ! »
de
Wagner ? Elle enseigne l’amour « remis à sa place dans la nature ! No
5427
« Sursum ! Bouboum ! » de Wagner ? Elle enseigne
l’
amour « remis à sa place dans la nature ! Non pas l’amour d’une femme
5428
r ? Elle enseigne l’amour « remis à sa place dans
la
nature ! Non pas l’amour d’une femme « idéale » !… Au contraire, l’am
5429
amour « remis à sa place dans la nature ! Non pas
l’
amour d’une femme « idéale » !… Au contraire, l’amour dans ce qu’il a
5430
remis à sa place dans la nature ! Non pas l’amour
d’
une femme « idéale » !… Au contraire, l’amour dans ce qu’il a de fatal
5431
s l’amour d’une femme « idéale » !… Au contraire,
l’
amour dans ce qu’il a de fatal, de cynique, de candide, de cruel… L’am
5432
idéale » !… Au contraire, l’amour dans ce qu’il a
de
fatal, de cynique, de candide, de cruel… L’amour dont la guerre est l
5433
… Au contraire, l’amour dans ce qu’il a de fatal,
de
cynique, de candide, de cruel… L’amour dont la guerre est le moyen, d
5434
re, l’amour dans ce qu’il a de fatal, de cynique,
de
candide, de cruel… L’amour dont la guerre est le moyen, dont la haine
5435
dans ce qu’il a de fatal, de cynique, de candide,
de
cruel… L’amour dont la guerre est le moyen, dont la haine mortelle de
5436
’il a de fatal, de cynique, de candide, de cruel…
L’
amour dont la guerre est le moyen, dont la haine mortelle des sexes es
5437
l, de cynique, de candide, de cruel… L’amour dont
la
guerre est le moyen, dont la haine mortelle des sexes est la base.45
5438
de candide, de cruel… L’amour dont la guerre est
le
moyen, dont la haine mortelle des sexes est la base.45 » Cet amour do
5439
cruel… L’amour dont la guerre est le moyen, dont
la
haine mortelle des sexes est la base.45 » Cet amour dont Benjamin Con
5440
st le moyen, dont la haine mortelle des sexes est
la
base.45 » Cet amour dont Benjamin Constant a bien dit qu’il est de to
5441
amour dont Benjamin Constant a bien dit qu’il est
de
tous les sentiments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la Don J
5442
nt Benjamin Constant a bien dit qu’il est de tous
les
sentiments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à la Don Juan. Il y
5443
stant a bien dit qu’il est de tous les sentiments
le
plus égoïste, — l’amour « naturel » à la Don Juan. Il y a plus. Le do
5444
’il est de tous les sentiments le plus égoïste, —
l’
amour « naturel » à la Don Juan. Il y a plus. Le don-juanisme érotique
5445
ntiments le plus égoïste, — l’amour « naturel » à
la
Don Juan. Il y a plus. Le don-juanisme érotique n’est guère pour Niet
5446
— l’amour « naturel » à la Don Juan. Il y a plus.
Le
don-juanisme érotique n’est guère pour Nietzsche qu’une image, voire
5447
ui-même, en tant que philosophe, en tant qu’amant
de
la « Sagesse », qui se croit devenu Don Juan, et qui se définit comme
5448
même, en tant que philosophe, en tant qu’amant de
la
« Sagesse », qui se croit devenu Don Juan, et qui se définit comme te
5449
it devenu Don Juan, et qui se définit comme tel !
Les
philosophes de l’avenir réclameront le titre de « séducteurs ». Ils s
5450
an, et qui se définit comme tel ! Les philosophes
de
l’avenir réclameront le titre de « séducteurs ». Ils seront « curieux
5451
et qui se définit comme tel ! Les philosophes de
l’
avenir réclameront le titre de « séducteurs ». Ils seront « curieux ju
5452
mme tel ! Les philosophes de l’avenir réclameront
le
titre de « séducteurs ». Ils seront « curieux jusqu’au vice, chercheu
5453
Les philosophes de l’avenir réclameront le titre
de
« séducteurs ». Ils seront « curieux jusqu’au vice, chercheurs jusqu’
5454
eront « curieux jusqu’au vice, chercheurs jusqu’à
la
cruauté, avec des doigts audacieux pour l’insaisissable… prêts à n’im
5455
usqu’à la cruauté, avec des doigts audacieux pour
l’
insaisissable… prêts à n’importe quelle aventure grâce à un excès de l
5456
rêts à n’importe quelle aventure grâce à un excès
de
libre jugement… Cachés sous le manteau de la lumière… des conquérants
5457
e grâce à un excès de libre jugement… Cachés sous
le
manteau de la lumière… des conquérants ! » Et leur morale, au-delà du
5458
n excès de libre jugement… Cachés sous le manteau
de
la lumière… des conquérants ! » Et leur morale, au-delà du bien et du
5459
xcès de libre jugement… Cachés sous le manteau de
la
lumière… des conquérants ! » Et leur morale, au-delà du bien et du ma
5460
Et leur morale, au-delà du bien et du mal, sera «
la
danse dans l’esprit.46 » Voici sans doute le texte capital : Une f
5461
, au-delà du bien et du mal, sera « la danse dans
l’
esprit.46 » Voici sans doute le texte capital : Une fable. — Le Don
5462
a « la danse dans l’esprit.46 » Voici sans doute
le
texte capital : Une fable. — Le Don Juan de la connaissance : aucun
5463
oici sans doute le texte capital : Une fable. —
Le
Don Juan de la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a en
5464
ute le texte capital : Une fable. — Le Don Juan
de
la connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore découve
5465
le texte capital : Une fable. — Le Don Juan de
la
connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne l’a encore découvert.
5466
a connaissance : aucun philosophe, aucun poète ne
l’
a encore découvert. Il lui manque l’amour des choses qu’il découvre, m
5467
ucun poète ne l’a encore découvert. Il lui manque
l’
amour des choses qu’il découvre, mais il a de l’esprit et de la volupt
5468
nque l’amour des choses qu’il découvre, mais il a
de
l’esprit et de la volupté et il jouit des chasses et des intrigues de
5469
e l’amour des choses qu’il découvre, mais il a de
l’
esprit et de la volupté et il jouit des chasses et des intrigues de la
5470
s choses qu’il découvre, mais il a de l’esprit et
de
la volupté et il jouit des chasses et des intrigues de la connaissanc
5471
hoses qu’il découvre, mais il a de l’esprit et de
la
volupté et il jouit des chasses et des intrigues de la connaissance —
5472
volupté et il jouit des chasses et des intrigues
de
la connaissance — qu’il poursuit jusqu’aux étoiles les plus hautes et
5473
lupté et il jouit des chasses et des intrigues de
la
connaissance — qu’il poursuit jusqu’aux étoiles les plus hautes et le
5474
a connaissance — qu’il poursuit jusqu’aux étoiles
les
plus hautes et les plus lointaines ! — jusqu’à ce qu’enfin il ne lui
5475
’il poursuit jusqu’aux étoiles les plus hautes et
les
plus lointaines ! — jusqu’à ce qu’enfin il ne lui reste plus rien à c
5476
ste plus rien à chasser, si ce n’est ce qu’il y a
d’
absolument douloureux dans la connaissance, comme l’ivrogne qui finit
5477
e n’est ce qu’il y a d’absolument douloureux dans
la
connaissance, comme l’ivrogne qui finit par boire de l’absinthe et de
5478
absolument douloureux dans la connaissance, comme
l’
ivrogne qui finit par boire de l’absinthe et de l’eau-forte. C’est pou
5479
connaissance, comme l’ivrogne qui finit par boire
de
l’absinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’e
5480
naissance, comme l’ivrogne qui finit par boire de
l’
absinthe et de l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfe
5481
me l’ivrogne qui finit par boire de l’absinthe et
de
l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer, — c’est la
5482
l’ivrogne qui finit par boire de l’absinthe et de
l’
eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer l’enfer, — c’est la der
5483
l’eau-forte. C’est pourquoi il finit par désirer
l’
enfer, — c’est la dernière connaissance qui le séduit. Peut-être qu’el
5484
rer l’enfer, — c’est la dernière connaissance qui
le
séduit. Peut-être qu’elle aussi le désappointera comme tout ce qu’il
5485
nnaissance qui le séduit. Peut-être qu’elle aussi
le
désappointera comme tout ce qu’il a connu ! Alors il lui faudra s’arr
5486
connu ! Alors il lui faudra s’arrêter pour toute
l’
éternité, cloué à la déception et devenu lui-même l’hôte de pierre, et
5487
i faudra s’arrêter pour toute l’éternité, cloué à
la
déception et devenu lui-même l’hôte de pierre, et il éprouvera le dés
5488
éternité, cloué à la déception et devenu lui-même
l’
hôte de pierre, et il éprouvera le désir d’un repas du soir de la conn
5489
é, cloué à la déception et devenu lui-même l’hôte
de
pierre, et il éprouvera le désir d’un repas du soir de la connaissanc
5490
devenu lui-même l’hôte de pierre, et il éprouvera
le
désir d’un repas du soir de la connaissance ! qui jamais plus ne lui
5491
i-même l’hôte de pierre, et il éprouvera le désir
d’
un repas du soir de la connaissance ! qui jamais plus ne lui tombera e
5492
erre, et il éprouvera le désir d’un repas du soir
de
la connaissance ! qui jamais plus ne lui tombera en partage ! « — Car
5493
e, et il éprouvera le désir d’un repas du soir de
la
connaissance ! qui jamais plus ne lui tombera en partage ! « — Car le
5494
i jamais plus ne lui tombera en partage ! « — Car
le
monde des choses tout entier ne trouvera plus une bouchée à donner à
5495
uvera plus une bouchée à donner à cet affamé.47
Le
rythme allègre ou endiablé, le presto de Don Juan, son humeur insolen
5496
à cet affamé.47 Le rythme allègre ou endiablé,
le
presto de Don Juan, son humeur insolente et gaie, la désinvolture de
5497
amé.47 Le rythme allègre ou endiablé, le presto
de
Don Juan, son humeur insolente et gaie, la désinvolture de grand seig
5498
presto de Don Juan, son humeur insolente et gaie,
la
désinvolture de grand seigneur avec laquelle on « laisse tomber » une
5499
an, son humeur insolente et gaie, la désinvolture
de
grand seigneur avec laquelle on « laisse tomber » une vérité dès qu’u
5500
érité dès qu’une autre paraît plus excitante pour
l’
esprit, tout cela domine les recueils d’aphorismes, d’Humain, trop hum
5501
ît plus excitante pour l’esprit, tout cela domine
les
recueils d’aphorismes, d’Humain, trop humain au Gai Savoir et à la Gé
5502
ante pour l’esprit, tout cela domine les recueils
d’
aphorismes, d’Humain, trop humain au Gai Savoir et à la Généalogie de
5503
prit, tout cela domine les recueils d’aphorismes,
d’
Humain, trop humain au Gai Savoir et à la Généalogie de la Morale. Mai
5504
orismes, d’Humain, trop humain au Gai Savoir et à
la
Généalogie de la Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don
5505
ain, trop humain au Gai Savoir et à la Généalogie
de
la Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan de la con
5506
, trop humain au Gai Savoir et à la Généalogie de
la
Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan de la connai
5507
e la Morale. Mais déjà dans Aurore, il arrive que
le
Don Juan de la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le dr
5508
Mais déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan
de
la connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil du p
5509
is déjà dans Aurore, il arrive que le Don Juan de
la
connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans le droit fil du pers
5510
connaissance s’interroge, et cela n’est pas dans
le
droit fil du personnage. Ou bien veut-il aller plus outre dans son se
5511
plus outre dans son sens, emporté par sa frénésie
de
découvertes et de négations triomphantes ? La dernière va le jeter da
5512
n sens, emporté par sa frénésie de découvertes et
de
négations triomphantes ? La dernière va le jeter dans cela même dont
5513
tes et de négations triomphantes ? La dernière va
le
jeter dans cela même dont il incarnait le refus : La nouvelle passi
5514
ière va le jeter dans cela même dont il incarnait
le
refus : La nouvelle passion. — Pourquoi craignons-nous et haïssons-
5515
ter dans cela même dont il incarnait le refus :
La
nouvelle passion. — Pourquoi craignons-nous et haïssons-nous la possi
5516
ssion. — Pourquoi craignons-nous et haïssons-nous
la
possibilité d’un retour à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce que
5517
oi craignons-nous et haïssons-nous la possibilité
d’
un retour à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce que la barbarie re
5518
ous et haïssons-nous la possibilité d’un retour à
la
barbarie ? Serait-ce peut-être parce que la barbarie rendrait les hom
5519
our à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce que
la
barbarie rendrait les hommes plus malheureux qu’ils ne le sont ? Héla
5520
erait-ce peut-être parce que la barbarie rendrait
les
hommes plus malheureux qu’ils ne le sont ? Hélas, non ! Les barbares
5521
rie rendrait les hommes plus malheureux qu’ils ne
le
sont ? Hélas, non ! Les barbares de tous les temps avaient plus de bo
5522
plus malheureux qu’ils ne le sont ? Hélas, non !
Les
barbares de tous les temps avaient plus de bonheur : ne nous y trompo
5523
eux qu’ils ne le sont ? Hélas, non ! Les barbares
de
tous les temps avaient plus de bonheur : ne nous y trompons pas. — Ma
5524
ls ne le sont ? Hélas, non ! Les barbares de tous
les
temps avaient plus de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est
5525
non ! Les barbares de tous les temps avaient plus
de
bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de conn
5526
nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct
de
connaissance qui est trop développé pour que nous puissions encore ap
5527
éveloppé pour que nous puissions encore apprécier
le
bonheur sans connaissance, ou bien le bonheur d’une illusion solide e
5528
e apprécier le bonheur sans connaissance, ou bien
le
bonheur d’une illusion solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’
5529
le bonheur sans connaissance, ou bien le bonheur
d’
une illusion solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à nous repr
5530
qu’à nous représenter un pareil état de choses !
L’
inquiétude de la découverte et de la divination a pris pour nous autan
5531
présenter un pareil état de choses ! L’inquiétude
de
la découverte et de la divination a pris pour nous autant de charme e
5532
senter un pareil état de choses ! L’inquiétude de
la
découverte et de la divination a pris pour nous autant de charme et n
5533
état de choses ! L’inquiétude de la découverte et
de
la divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue t
5534
t de choses ! L’inquiétude de la découverte et de
la
divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue tout
5535
verte et de la divination a pris pour nous autant
de
charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne l’est, pou
5536
nous est devenue tout aussi indispensable que ne
l’
est, pour l’amoureux, l’amour malheureux : à aucun prix il n’aimerait
5537
venue tout aussi indispensable que ne l’est, pour
l’
amoureux, l’amour malheureux : à aucun prix il n’aimerait l’abandonner
5538
ussi indispensable que ne l’est, pour l’amoureux,
l’
amour malheureux : à aucun prix il n’aimerait l’abandonner pour l’état
5539
, l’amour malheureux : à aucun prix il n’aimerait
l’
abandonner pour l’état d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous,
5540
ux : à aucun prix il n’aimerait l’abandonner pour
l’
état d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous, nous aussi, des am
5541
aucun prix il n’aimerait l’abandonner pour l’état
d’
indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous, nous aussi, des amants ma
5542
e sommes-nous, nous aussi, des amants malheureux.
La
connaissance s’est transformée chez nous en passion qui ne s’effraie
5543
transformée chez nous en passion qui ne s’effraie
d’
aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une seule crainte, celle de s’étei
5544
fice et n’a, au fond, qu’une seule crainte, celle
de
s’éteindre elle-même… Mais la passion de la connaissance peut faire
5545
ule crainte, celle de s’éteindre elle-même… Mais
la
passion de la connaissance peut faire périr l’humanité ? Qu’à cela ne
5546
, celle de s’éteindre elle-même… Mais la passion
de
la connaissance peut faire périr l’humanité ? Qu’à cela ne tienne ! «
5547
elle de s’éteindre elle-même… Mais la passion de
la
connaissance peut faire périr l’humanité ? Qu’à cela ne tienne ! « Ce
5548
is la passion de la connaissance peut faire périr
l’
humanité ? Qu’à cela ne tienne ! « Cette pensée, elle aussi, est sans
5549
pensée, elle aussi, est sans puissance sur nous.
Le
christianisme s’est-il donc effrayé d’idées semblables ? La passion e
5550
sur nous. Le christianisme s’est-il donc effrayé
d’
idées semblables ? La passion et la mort ne sont-elles pas sœurs ?48 »
5551
anisme s’est-il donc effrayé d’idées semblables ?
La
passion et la mort ne sont-elles pas sœurs ?48 » Au comble du défi, D
5552
l donc effrayé d’idées semblables ? La passion et
la
mort ne sont-elles pas sœurs ?48 » Au comble du défi, Don Juan vient
5553
» Au comble du défi, Don Juan vient de surprendre
la
vérité secrète de son pire Adversaire. Qui sait s’il ne va pas l’aime
5554
i, Don Juan vient de surprendre la vérité secrète
de
son pire Adversaire. Qui sait s’il ne va pas l’aimer ? ⁂ Dans la troi
5555
e de son pire Adversaire. Qui sait s’il ne va pas
l’
aimer ? ⁂ Dans la troisième partie d’Ainsi parlait Zarathoustra se pro
5556
il ne va pas l’aimer ? ⁂ Dans la troisième partie
d’
Ainsi parlait Zarathoustra se produit le coup de théâtre préparé par c
5557
me partie d’Ainsi parlait Zarathoustra se produit
le
coup de théâtre préparé par ces quelques accords dissonants, dont la
5558
e d’Ainsi parlait Zarathoustra se produit le coup
de
théâtre préparé par ces quelques accords dissonants, dont la sourde i
5559
préparé par ces quelques accords dissonants, dont
la
sourde interrogation n’a pu manquer de réveiller dans la mémoire de N
5560
ants, dont la sourde interrogation n’a pu manquer
de
réveiller dans la mémoire de Nietzsche les motifs tristaniens du Dési
5561
de interrogation n’a pu manquer de réveiller dans
la
mémoire de Nietzsche les motifs tristaniens du Désir, de l’Invocation
5562
ation n’a pu manquer de réveiller dans la mémoire
de
Nietzsche les motifs tristaniens du Désir, de l’Invocation à la Nuit,
5563
manquer de réveiller dans la mémoire de Nietzsche
les
motifs tristaniens du Désir, de l’Invocation à la Nuit, de la Délivra
5564
ire de Nietzsche les motifs tristaniens du Désir,
de
l’Invocation à la Nuit, de la Délivrance du Temps et de l’Extase. Sub
5565
de Nietzsche les motifs tristaniens du Désir, de
l’
Invocation à la Nuit, de la Délivrance du Temps et de l’Extase. Subite
5566
es motifs tristaniens du Désir, de l’Invocation à
la
Nuit, de la Délivrance du Temps et de l’Extase. Subitement, ce qui pa
5567
tristaniens du Désir, de l’Invocation à la Nuit,
de
la Délivrance du Temps et de l’Extase. Subitement, ce qui parle, c’es
5568
istaniens du Désir, de l’Invocation à la Nuit, de
la
Délivrance du Temps et de l’Extase. Subitement, ce qui parle, c’est l
5569
nvocation à la Nuit, de la Délivrance du Temps et
de
l’Extase. Subitement, ce qui parle, c’est l’Ombre, c’est son ombre :
5570
cation à la Nuit, de la Délivrance du Temps et de
l’
Extase. Subitement, ce qui parle, c’est l’Ombre, c’est son ombre : O
5571
s et de l’Extase. Subitement, ce qui parle, c’est
l’
Ombre, c’est son ombre : O Homme, prends garde ! Que dit Minuit profo
5572
Minuit profond ? J’ai dormi, j’ai dormi — Du fond
d’
un songe je m’éveille : Profond est le monde Et plus profond que le jo
5573
i — Du fond d’un songe je m’éveille : Profond est
le
monde Et plus profond que le jour ne l’a cru. Profonde est sa douleur
5574
veille : Profond est le monde Et plus profond que
le
jour ne l’a cru. Profonde est sa douleur — Mais la joie plus profonde
5575
ofond est le monde Et plus profond que le jour ne
l’
a cru. Profonde est sa douleur — Mais la joie plus profonde encore que
5576
e jour ne l’a cru. Profonde est sa douleur — Mais
la
joie plus profonde encore que la peine La douleur dit : Passe et fini
5577
a douleur — Mais la joie plus profonde encore que
la
peine La douleur dit : Passe et finis ! Mais toute joie veut l’éterni
5578
— Mais la joie plus profonde encore que la peine
La
douleur dit : Passe et finis ! Mais toute joie veut l’éternité, Veut
5579
uleur dit : Passe et finis ! Mais toute joie veut
l’
éternité, Veut la profonde, profonde éternité ! La voici, la « nouvel
5580
et finis ! Mais toute joie veut l’éternité, Veut
la
profonde, profonde éternité ! La voici, la « nouvelle passion » qu’a
5581
’éternité, Veut la profonde, profonde éternité !
La
voici, la « nouvelle passion » qu’annonçait le fragment d’Aurore : c’
5582
Veut la profonde, profonde éternité ! La voici,
la
« nouvelle passion » qu’annonçait le fragment d’Aurore : c’est le ret
5583
! La voici, la « nouvelle passion » qu’annonçait
le
fragment d’Aurore : c’est le retour du mythe mortel de l’Amour qui tr
5584
la « nouvelle passion » qu’annonçait le fragment
d’
Aurore : c’est le retour du mythe mortel de l’Amour qui transfixe et t
5585
ssion » qu’annonçait le fragment d’Aurore : c’est
le
retour du mythe mortel de l’Amour qui transfixe et transfigure. C’est
5586
agment d’Aurore : c’est le retour du mythe mortel
de
l’Amour qui transfixe et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluan
5587
ent d’Aurore : c’est le retour du mythe mortel de
l’
Amour qui transfixe et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluant l
5588
el de l’Amour qui transfixe et transfigure. C’est
le
Chant de Minuit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le temp
5589
mour qui transfixe et transfigure. C’est le Chant
de
Minuit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le temps et la s
5590
et transfigure. C’est le Chant de Minuit saluant
l’
Éternité, quand Don Juan meurt avec le temps et la succession des mome
5591
uit saluant l’Éternité, quand Don Juan meurt avec
le
temps et la succession des moments. C’est la vision du Retour éternel
5592
l’Éternité, quand Don Juan meurt avec le temps et
la
succession des moments. C’est la vision du Retour éternel qui subitem
5593
avec le temps et la succession des moments. C’est
la
vision du Retour éternel qui subitement « cloue » le Don Juan de la c
5594
vision du Retour éternel qui subitement « cloue »
le
Don Juan de la connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend la mai
5595
tour éternel qui subitement « cloue » le Don Juan
de
la connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend la main au Command
5596
r éternel qui subitement « cloue » le Don Juan de
la
connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend la main au Commandeur
5597
a connaissance. C’est Nietzsche lui-même qui tend
la
main au Commandeur — à l’Éternel Revenant, au Père ! — dans un suprêm
5598
zsche lui-même qui tend la main au Commandeur — à
l’
Éternel Revenant, au Père ! — dans un suprême défi, et pour sombrer. E
5599
suprême défi, et pour sombrer. Et ce sera bientôt
l’
aveu presque posthume, le dernier appel à Isolde, ce billet qu’il écri
5600
lde, ce billet qu’il écrit pour Cosima au jour où
la
démence éclate : « Ariane, je t’aime ! signé : Dionysos. » Le Cas Wag
5601
clate : « Ariane, je t’aime ! signé : Dionysos. »
Le
Cas Wagner — qui est un dernier Anti-Tristan — venait d’être envoyé à
5602
Wagner — qui est un dernier Anti-Tristan — venait
d’
être envoyé à l’impression. Dans Aurore, je relis : « Que celui qui v
5603
un dernier Anti-Tristan — venait d’être envoyé à
l’
impression. Dans Aurore, je relis : « Que celui qui veut tuer son adv
5604
rsaire considère si ce ne serait pas là une façon
de
l’éterniser en soi-même ». ⁂ Le « cas Nietzsche » n’a pas été tranché
5605
ire considère si ce ne serait pas là une façon de
l’
éterniser en soi-même ». ⁂ Le « cas Nietzsche » n’a pas été tranché pa
5606
pas là une façon de l’éterniser en soi-même ». ⁂
Le
« cas Nietzsche » n’a pas été tranché par la folie. Et personne n’en
5607
». ⁂ Le « cas Nietzsche » n’a pas été tranché par
la
folie. Et personne n’en a mieux formulé les données que Nietzsche lui
5608
hé par la folie. Et personne n’en a mieux formulé
les
données que Nietzsche lui-même. Le dernier aphorisme d’Aurore se term
5609
nées que Nietzsche lui-même. Le dernier aphorisme
d’
Aurore se termine ainsi : Où voulons-nous aller ? Voulons-nous donc f
5610
ù voulons-nous aller ? Voulons-nous donc franchir
la
mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous s
5611
uoi ce vol éperdu dans cette même direction, vers
le
point où jusqu’à présent tous les soleils déclinèrent et s’éteigniren
5612
direction, vers le point où jusqu’à présent tous
les
soleils déclinèrent et s’éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour de
5613
nt et s’éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour
de
nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérion
5614
de nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers
l’
ouest, nous espérions atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était
5615
Inde inconnue, — mais que c’était notre destinée
d’
échouer devant l’infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ? Dans Ecce Ho
5616
mais que c’était notre destinée d’échouer devant
l’
infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ? Dans Ecce Homo, Nietzsche com
5617
Ce livre se termine par un « Ou bien ? » — c’est
le
seul livre au monde qui finisse par : « Ou bien ? » Il ignorait sans
5618
s cette alternative : — ou bien Don Juan, ou bien
le
Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietzsche « d’éch
5619
, ou bien le Tristan de la Foi. Était-ce vraiment
la
destinée de Nietzsche « d’échouer devant l’infini » ? Ou au contraire
5620
Tristan de la Foi. Était-ce vraiment la destinée
de
Nietzsche « d’échouer devant l’infini » ? Ou au contraire son choix d
5621
Foi. Était-ce vraiment la destinée de Nietzsche «
d’
échouer devant l’infini » ? Ou au contraire son choix délibéré ? Ou bi
5622
iment la destinée de Nietzsche « d’échouer devant
l’
infini » ? Ou au contraire son choix délibéré ? Ou bien… a-t-il attein
5623
aire son choix délibéré ? Ou bien… a-t-il atteint
l’
Inde inconnue ? IVAlternative ou alternance ? L’antinomie Don Ju
5624
de inconnue ? IVAlternative ou alternance ?
L’
antinomie Don Juan-Tristan, telle que je l’ai formulée ailleurs, doit
5625
e ? L’antinomie Don Juan-Tristan, telle que je
l’
ai formulée ailleurs, doit être ici rappelée en quelques phrases : Co
5626
e ici rappelée en quelques phrases : Considérons
le
Don Juan du théâtre comme le reflet inversé de Tristan. Le contraste
5627
rases : Considérons le Don Juan du théâtre comme
le
reflet inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure ext
5628
ns le Don Juan du théâtre comme le reflet inversé
de
Tristan. Le contraste est d’abord dans l’allure extérieure des person
5629
an du théâtre comme le reflet inversé de Tristan.
Le
contraste est d’abord dans l’allure extérieure des personnages, dans
5630
inversé de Tristan. Le contraste est d’abord dans
l’
allure extérieure des personnages, dans leur rythme. On imagine Don Ju
5631
course. Au contraire, Tristan vient en scène avec
l’
espèce de lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveil
5632
u contraire, Tristan vient en scène avec l’espèce
de
lenteur somnambulique de celui qu’hypnotise un objet merveilleux, don
5633
t en scène avec l’espèce de lenteur somnambulique
de
celui qu’hypnotise un objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
5634
n objet merveilleux, dont il n’aura jamais épuisé
la
richesse. L’un posséda mille et trois femmes, l’autre une seule femme
5635
trois femmes, l’autre une seule femme. Mais c’est
la
multiplicité qui est pauvre, tandis que dans un être unique et posséd
5636
uvre, tandis que dans un être unique et possédé à
l’
infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde
5637
un être unique et possédé à l’infini se concentre
le
monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce qu’il aime ! T
5638
Don Juan, toujours aimé, ne peut aimer en retour.
D’
où son angoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amo
5639
ngoisse et sa course éperdue. L’un recherche dans
l’
acte d’amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restan
5640
et sa course éperdue. L’un recherche dans l’acte
d’
amour la volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chast
5641
ourse éperdue. L’un recherche dans l’acte d’amour
la
volupté d’une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « p
5642
ue. L’un recherche dans l’acte d’amour la volupté
d’
une profanation, l’autre accomplit en restant chaste la « prouesse » d
5643
profanation, l’autre accomplit en restant chaste
la
« prouesse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est le viol, et
5644
it en restant chaste la « prouesse » divinisante.
La
tactique de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoir
5645
t chaste la « prouesse » divinisante. La tactique
de
Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée la victoire, il abando
5646
sse » divinisante. La tactique de Don Juan, c’est
le
viol, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne le terrain et s
5647
de Don Juan, c’est le viol, et aussitôt remportée
la
victoire, il abandonne le terrain et s’enfuit. Or la règle de l’amour
5648
, et aussitôt remportée la victoire, il abandonne
le
terrain et s’enfuit. Or la règle de l’amour courtois faisait du viol
5649
victoire, il abandonne le terrain et s’enfuit. Or
la
règle de l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des cr
5650
il abandonne le terrain et s’enfuit. Or la règle
de
l’amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la
5651
abandonne le terrain et s’enfuit. Or la règle de
l’
amour courtois faisait du viol précisément le crime des crimes, la fél
5652
e de l’amour courtois faisait du viol précisément
le
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et de l’hommage un enga
5653
faisait du viol précisément le crime des crimes,
la
félonie sans rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la mor
5654
crime des crimes, la félonie sans rémission ; et
de
l’hommage un engagement jusqu’à la mort. Don Juan se rend donc tribut
5655
ime des crimes, la félonie sans rémission ; et de
l’
hommage un engagement jusqu’à la mort. Don Juan se rend donc tributair
5656
rémission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à
la
mort. Don Juan se rend donc tributaire de la morale dont il abuse. Il
5657
jusqu’à la mort. Don Juan se rend donc tributaire
de
la morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouve
5658
qu’à la mort. Don Juan se rend donc tributaire de
la
morale dont il abuse. Il a grand besoin qu’elle existe pour trouver g
5659
a grand besoin qu’elle existe pour trouver goût à
la
violer. Tristan, lui, se voit libéré du jeu des règles, des péchés et
5660
du jeu des règles, des péchés et des vertus, par
la
grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ra
5661
es règles, des péchés et des vertus, par la grâce
d’
une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à ce
5662
s vertus, par la grâce d’une vertu qui transcende
le
monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan e
5663
par la grâce d’une vertu qui transcende le monde
de
la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le dém
5664
r la grâce d’une vertu qui transcende le monde de
la
Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
5665
tout se ramène à cette opposition : Don Juan est
le
démon de l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le
5666
ramène à cette opposition : Don Juan est le démon
de
l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de
5667
ène à cette opposition : Don Juan est le démon de
l’
immanence pure, le prisonnier des apparences du monde, le martyr de la
5668
tion : Don Juan est le démon de l’immanence pure,
le
prisonnier des apparences du monde, le martyr de la sensation de plus
5669
ence pure, le prisonnier des apparences du monde,
le
martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quan
5670
le prisonnier des apparences du monde, le martyr
de
la sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan
5671
prisonnier des apparences du monde, le martyr de
la
sensation de plus en plus décevante et méprisable — quand Tristan est
5672
plus décevante et méprisable — quand Tristan est
le
prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravisse
5673
e et méprisable — quand Tristan est le prisonnier
d’
un au-delà du jour et de la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mu
5674
Tristan est le prisonnier d’un au-delà du jour et
de
la nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort
5675
stan est le prisonnier d’un au-delà du jour et de
la
nuit, le martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. O
5676
le prisonnier d’un au-delà du jour et de la nuit,
le
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut no
5677
ier d’un au-delà du jour et de la nuit, le martyr
d’
un ravissement qui se mue en joie pure à la mort. On peut noter encore
5678
martyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à
la
mort. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut,
5679
eci : Don Juan plaisante, rit très haut, provoque
la
mort lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozar
5680
laisante, rit très haut, provoque la mort lorsque
le
Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, rachetant par
5681
, provoque la mort lorsque le Commandeur lui tend
la
main, au dernier acte de Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâ
5682
e le Commandeur lui tend la main, au dernier acte
de
Mozart, rachetant par cet ultime défi des lâchetés qui eussent déshon
5683
ourageux, n’abdique au contraire son orgueil qu’à
l’
approche de la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : to
5684
’abdique au contraire son orgueil qu’à l’approche
de
la mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
5685
dique au contraire son orgueil qu’à l’approche de
la
mort lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’
5686
e ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont
l’
épée à la main.49 Ou simplement en quelques mots : Tristan, triste t
5687
vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée à
la
main.49 Ou simplement en quelques mots : Tristan, triste temps, joy
5688
se éternité. — Don Juan, joyeux moments, éternité
d’
enfer. Un contraste aussi pur, terme à terme, implique évidemment un l
5689
i pur, terme à terme, implique évidemment un lien
d’
interaction ; bien plus : une relation complémentaire au sens de la ph
5690
; bien plus : une relation complémentaire au sens
de
la physique actuelle. Don Juan n’est pas concevable sans Tristan, et
5691
ien plus : une relation complémentaire au sens de
la
physique actuelle. Don Juan n’est pas concevable sans Tristan, et san
5692
concevable sans Tristan, et sans lui n’eût pas vu
le
jour. Mais ce lien de genèse réciproque ne saurait s’exprimer de la m
5693
n, et sans lui n’eût pas vu le jour. Mais ce lien
de
genèse réciproque ne saurait s’exprimer de la même manière en termes
5694
e lien de genèse réciproque ne saurait s’exprimer
de
la même manière en termes d’histoire, d’éthique, ou de psychologie. L
5695
ien de genèse réciproque ne saurait s’exprimer de
la
même manière en termes d’histoire, d’éthique, ou de psychologie. L’Hi
5696
exprimer de la même manière en termes d’histoire,
d’
éthique, ou de psychologie. L’Histoire constate la filiation des mythe
5697
même manière en termes d’histoire, d’éthique, ou
de
psychologie. L’Histoire constate la filiation des mythes, puis leurs
5698
termes d’histoire, d’éthique, ou de psychologie.
L’
Histoire constate la filiation des mythes, puis leurs retours, et enfi
5699
d’éthique, ou de psychologie. L’Histoire constate
la
filiation des mythes, puis leurs retours, et enfin leur coexistence s
5700
tours, et enfin leur coexistence statistique dans
l’
ensemble d’une société aussi complexe que la nôtre. L’Éthique condamne
5701
nfin leur coexistence statistique dans l’ensemble
d’
une société aussi complexe que la nôtre. L’Éthique condamne en princip
5702
dans l’ensemble d’une société aussi complexe que
la
nôtre. L’Éthique condamne en principe les deux mythes. En fait, elle
5703
semble d’une société aussi complexe que la nôtre.
L’
Éthique condamne en principe les deux mythes. En fait, elle exige qu’à
5704
lexe que la nôtre. L’Éthique condamne en principe
les
deux mythes. En fait, elle exige qu’à tout le moins, si l’un des deux
5705
pe les deux mythes. En fait, elle exige qu’à tout
le
moins, si l’un des deux prétend faire valoir sa vertu, ce soit au pri
5706
prétend faire valoir sa vertu, ce soit au prix de
l’
exclusion d’autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un Don Juan, pir
5707
e valoir sa vertu, ce soit au prix de l’exclusion
d’
autant plus radicale de l’autre. (Pire qu’un Don Juan, pire qu’un Tris
5708
oit au prix de l’exclusion d’autant plus radicale
de
l’autre. (Pire qu’un Don Juan, pire qu’un Tristan, seraient un Don Ju
5709
on Juan marié ou un Tristan coureur.) Enfin, pour
la
Psychologie, toute apparition de l’un des mythes au niveau de la cons
5710
ur.) Enfin, pour la Psychologie, toute apparition
de
l’un des mythes au niveau de la conscience individuelle correspond à
5711
toute apparition de l’un des mythes au niveau de
la
conscience individuelle correspond à l’occultation de l’autre en l’in
5712
niveau de la conscience individuelle correspond à
l’
occultation de l’autre en l’inconscient. La possibilité d’une inversio
5713
onscience individuelle correspond à l’occultation
de
l’autre en l’inconscient. La possibilité d’une inversion du rapport s
5714
viduelle correspond à l’occultation de l’autre en
l’
inconscient. La possibilité d’une inversion du rapport subsiste donc e
5715
pond à l’occultation de l’autre en l’inconscient.
La
possibilité d’une inversion du rapport subsiste donc en permanence. A
5716
ation de l’autre en l’inconscient. La possibilité
d’
une inversion du rapport subsiste donc en permanence. Au surplus, dans
5717
ort subsiste donc en permanence. Au surplus, dans
la
mesure où la conduite, la pensée et l’affectivité d’un même individu
5718
donc en permanence. Au surplus, dans la mesure où
la
conduite, la pensée et l’affectivité d’un même individu sont dissocié
5719
nence. Au surplus, dans la mesure où la conduite,
la
pensée et l’affectivité d’un même individu sont dissociées, Don Juan
5720
plus, dans la mesure où la conduite, la pensée et
l’
affectivité d’un même individu sont dissociées, Don Juan peut régir te
5721
mesure où la conduite, la pensée et l’affectivité
d’
un même individu sont dissociées, Don Juan peut régir telle d’entre el
5722
t régir telle d’entre elles, Tristan telle autre.
La
filiation des mythes ne pose guère de problèmes. La légende de Trista
5723
elle autre. La filiation des mythes ne pose guère
de
problèmes. La légende de Tristan date du xiie siècle, celle de Don J
5724
filiation des mythes ne pose guère de problèmes.
La
légende de Tristan date du xiie siècle, celle de Don Juan ne remonte
5725
des mythes ne pose guère de problèmes. La légende
de
Tristan date du xiie siècle, celle de Don Juan ne remonte guère qu’à
5726
La légende de Tristan date du xiie siècle, celle
de
Don Juan ne remonte guère qu’à la Renaissance, et ne s’est vraiment c
5727
siècle, celle de Don Juan ne remonte guère qu’à
la
Renaissance, et ne s’est vraiment constituée qu’à la faveur du refoul
5728
Renaissance, et ne s’est vraiment constituée qu’à
la
faveur du refoulement temporaire de la « noble » passion dont parlait
5729
nstituée qu’à la faveur du refoulement temporaire
de
la « noble » passion dont parlait Nietzsche, pendant le siècle des Lu
5730
ituée qu’à la faveur du refoulement temporaire de
la
« noble » passion dont parlait Nietzsche, pendant le siècle des Lumiè
5731
« noble » passion dont parlait Nietzsche, pendant
le
siècle des Lumières. « Comme on voit, en fermant les yeux, une statue
5732
siècle des Lumières. « Comme on voit, en fermant
les
yeux, une statue noire à la place de la blanche que l’on vient de con
5733
fermant les yeux, une statue noire à la place de
la
blanche que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe de la passio
5734
ux, une statue noire à la place de la blanche que
l’
on vient de considérer, l’éclipse du mythe de la passion devait faire
5735
place de la blanche que l’on vient de considérer,
l’
éclipse du mythe de la passion devait faire apparaître l’antithèse de
5736
que l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe
de
la passion devait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si Don Jua
5737
e l’on vient de considérer, l’éclipse du mythe de
la
passion devait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si Don Juan n
5738
se du mythe de la passion devait faire apparaître
l’
antithèse de Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une inven
5739
de la passion devait faire apparaître l’antithèse
de
Tristan. Si Don Juan n’est pas, historiquement, une invention du xvii
5740
ce siècle a-t-il joué par rapport à ce personnage
le
rôle exact de Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine man
5741
il joué par rapport à ce personnage le rôle exact
de
Lucifer par rapport à la Création, dans la doctrine manichéenne : c’e
5742
personnage le rôle exact de Lucifer par rapport à
la
Création, dans la doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa fig
5743
exact de Lucifer par rapport à la Création, dans
la
doctrine manichéenne : c’est lui qui a donné sa figure au Burlador de
5744
imprimé pour toujours ces deux traits si typiques
de
l’époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfait
5745
rimé pour toujours ces deux traits si typiques de
l’
époque : la noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite d
5746
oujours ces deux traits si typiques de l’époque :
la
noirceur et la scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux ver
5747
x traits si typiques de l’époque : la noirceur et
la
scélératesse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de l’amour
5748
esse. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus
de
l’amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie.50. » Observons a
5749
e. Antithèse vraiment parfaite des deux vertus de
l’
amour chevaleresque : la candeur et la courtoisie.50. » Observons auss
5750
rfaite des deux vertus de l’amour chevaleresque :
la
candeur et la courtoisie.50. » Observons aussi que Don Juan succède n
5751
x vertus de l’amour chevaleresque : la candeur et
la
courtoisie.50. » Observons aussi que Don Juan succède normalement à T
5752
que Don Juan succède normalement à Tristan, comme
le
cosmopolite au féodal. Si Tristan quitte ses terres, s’éloigne de la
5753
u féodal. Si Tristan quitte ses terres, s’éloigne
de
la Cour, son « errance » traduit dans l’espace la Quête ou l’Exil spi
5754
éodal. Si Tristan quitte ses terres, s’éloigne de
la
Cour, son « errance » traduit dans l’espace la Quête ou l’Exil spirit
5755
’éloigne de la Cour, son « errance » traduit dans
l’
espace la Quête ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de Don Ju
5756
de la Cour, son « errance » traduit dans l’espace
la
Quête ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de Don Juan ne rel
5757
son « errance » traduit dans l’espace la Quête ou
l’
Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse de Don Juan ne relève que du n
5758
dans l’espace la Quête ou l’Exil spirituel. Mais
l’
humeur voyageuse de Don Juan ne relève que du nomadisme ; elle traduit
5759
uête ou l’Exil spirituel. Mais l’humeur voyageuse
de
Don Juan ne relève que du nomadisme ; elle traduit l’infidélité systé
5760
on Juan ne relève que du nomadisme ; elle traduit
l’
infidélité systématique du rationaliste éclairé aux coutumes, préjugés
5761
coutumes, préjugés et principes du groupe natif,
de
la tribu ou de la nation. C’est pourquoi le retour de la passion mort
5762
utumes, préjugés et principes du groupe natif, de
la
tribu ou de la nation. C’est pourquoi le retour de la passion mortell
5763
ugés et principes du groupe natif, de la tribu ou
de
la nation. C’est pourquoi le retour de la passion mortelle vers le mi
5764
s et principes du groupe natif, de la tribu ou de
la
nation. C’est pourquoi le retour de la passion mortelle vers le milie
5765
atif, de la tribu ou de la nation. C’est pourquoi
le
retour de la passion mortelle vers le milieu du xixe , s’il est d’abo
5766
a tribu ou de la nation. C’est pourquoi le retour
de
la passion mortelle vers le milieu du xixe , s’il est d’abord le fait
5767
ribu ou de la nation. C’est pourquoi le retour de
la
passion mortelle vers le milieu du xixe , s’il est d’abord le fait du
5768
st pourquoi le retour de la passion mortelle vers
le
milieu du xixe , s’il est d’abord le fait du romantisme, ne coïncide
5769
ortelle vers le milieu du xixe , s’il est d’abord
le
fait du romantisme, ne coïncide point par hasard avec l’essor de la p
5770
du romantisme, ne coïncide point par hasard avec
l’
essor de la passion nationaliste, qui est sa transposition au niveau p
5771
ntisme, ne coïncide point par hasard avec l’essor
de
la passion nationaliste, qui est sa transposition au niveau politique
5772
sme, ne coïncide point par hasard avec l’essor de
la
passion nationaliste, qui est sa transposition au niveau politique51.
5773
est sa transposition au niveau politique51. Mais
le
nomadisme de Don Juan n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne
5774
position au niveau politique51. Mais le nomadisme
de
Don Juan n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne. Les succès
5775
n’est pas seulement cosmopolite et donc moderne.
Les
succès du héros, comme ceux de Casanova, ne sont pas seulement le fai
5776
et donc moderne. Les succès du héros, comme ceux
de
Casanova, ne sont pas seulement le fait d’un charme individuel. Des c
5777
os, comme ceux de Casanova, ne sont pas seulement
le
fait d’un charme individuel. Des coutumes ancestrales, oubliées depui
5778
e ceux de Casanova, ne sont pas seulement le fait
d’
un charme individuel. Des coutumes ancestrales, oubliées depuis des si
5779
iècles, sont subitement réactivées par sa qualité
d’
Étranger. À la question d’une femme qu’il veut séduire : « Ah ciel ! H
5780
ubitement réactivées par sa qualité d’Étranger. À
la
question d’une femme qu’il veut séduire : « Ah ciel ! Homme, qui es-t
5781
activées par sa qualité d’Étranger. À la question
d’
une femme qu’il veut séduire : « Ah ciel ! Homme, qui es-tu ? » le Don
5782
l veut séduire : « Ah ciel ! Homme, qui es-tu ? »
le
Don Juan de Tirso de Molina répond : « Qui je suis ? Un homme sans no
5783
mme sans nom, sans passé ni lendemain, c’est l’un
de
ces cavaliers sortis des temps où les hordes nomades apparaissaient s
5784
, c’est l’un de ces cavaliers sortis des temps où
les
hordes nomades apparaissaient soudain sur les terres des premiers séd
5785
où les hordes nomades apparaissaient soudain sur
les
terres des premiers sédentaires, pillaient, prenaient les femmes, leu
5786
es des premiers sédentaires, pillaient, prenaient
les
femmes, leur révélaient le plaisir dans l’acuité de l’épouvante, et f
5787
pillaient, prenaient les femmes, leur révélaient
le
plaisir dans l’acuité de l’épouvante, et fuyaient au galop vers leur
5788
aient les femmes, leur révélaient le plaisir dans
l’
acuité de l’épouvante, et fuyaient au galop vers leur désert. Et c’est
5789
femmes, leur révélaient le plaisir dans l’acuité
de
l’épouvante, et fuyaient au galop vers leur désert. Et c’est aussi le
5790
mmes, leur révélaient le plaisir dans l’acuité de
l’
épouvante, et fuyaient au galop vers leur désert. Et c’est aussi le pr
5791
uyaient au galop vers leur désert. Et c’est aussi
le
prêtre ou le héros divin dans les religions antiques et primitives :
5792
lop vers leur désert. Et c’est aussi le prêtre ou
le
héros divin dans les religions antiques et primitives : celui qui est
5793
. Et c’est aussi le prêtre ou le héros divin dans
les
religions antiques et primitives : celui qui est assez saint ou assez
5794
i est assez saint ou assez fort pour oser assumer
les
périls supposés de l’acte de défloration, — périls de l’âme, perte de
5795
assez fort pour oser assumer les périls supposés
de
l’acte de défloration, — périls de l’âme, perte de la mana. Ainsi le
5796
sez fort pour oser assumer les périls supposés de
l’
acte de défloration, — périls de l’âme, perte de la mana. Ainsi le jus
5797
t pour oser assumer les périls supposés de l’acte
de
défloration, — périls de l’âme, perte de la mana. Ainsi le jus primæ
5798
érils supposés de l’acte de défloration, — périls
de
l’âme, perte de la mana. Ainsi le jus primæ noctis serait plutôt une
5799
ls supposés de l’acte de défloration, — périls de
l’
âme, perte de la mana. Ainsi le jus primæ noctis serait plutôt une sor
5800
e l’acte de défloration, — périls de l’âme, perte
de
la mana. Ainsi le jus primæ noctis serait plutôt une sorte de devoir
5801
’acte de défloration, — périls de l’âme, perte de
la
mana. Ainsi le jus primæ noctis serait plutôt une sorte de devoir lit
5802
ation, — périls de l’âme, perte de la mana. Ainsi
le
jus primæ noctis serait plutôt une sorte de devoir littéralement « re
5803
Ainsi le jus primæ noctis serait plutôt une sorte
de
devoir littéralement « religieux » du seigneur. Dans la nuit, sous le
5804
oir littéralement « religieux » du seigneur. Dans
la
nuit, sous le masque, hors la loi ou sacré, « l’homme sans nom » vien
5805
ent « religieux » du seigneur. Dans la nuit, sous
le
masque, hors la loi ou sacré, « l’homme sans nom » vient d’ailleurs c
5806
» du seigneur. Dans la nuit, sous le masque, hors
la
loi ou sacré, « l’homme sans nom » vient d’ailleurs comme un ange, pa
5807
la nuit, sous le masque, hors la loi ou sacré, «
l’
homme sans nom » vient d’ailleurs comme un ange, passe, étreint, dit l
5808
ent d’ailleurs comme un ange, passe, étreint, dit
le
mot, révèle, et disparaît. Don Ottavio s’indigne au nom de la morale,
5809
le, et disparaît. Don Ottavio s’indigne au nom de
la
morale, mais le paysan Mazetto semble savoir un peu ce qu’il en est.
5810
. Don Ottavio s’indigne au nom de la morale, mais
le
paysan Mazetto semble savoir un peu ce qu’il en est. En ce sens, uniq
5811
en est. En ce sens, uniquement, Don Juan procède
d’
un état de civilisation bien antérieur au christianisme, et plus encor
5812
n ce sens, uniquement, Don Juan procède d’un état
de
civilisation bien antérieur au christianisme, et plus encore à la che
5813
bien antérieur au christianisme, et plus encore à
la
chevalerie courtoise. Du point de vue de la psychologie individuelle,
5814
encore à la chevalerie courtoise. Du point de vue
de
la psychologie individuelle, l’antériorité de Tristan apparaît encore
5815
ore à la chevalerie courtoise. Du point de vue de
la
psychologie individuelle, l’antériorité de Tristan apparaît encore pl
5816
. Du point de vue de la psychologie individuelle,
l’
antériorité de Tristan apparaît encore plus évidente. L’amour-passion
5817
vue de la psychologie individuelle, l’antériorité
de
Tristan apparaît encore plus évidente. L’amour-passion n’est ressenti
5818
riorité de Tristan apparaît encore plus évidente.
L’
amour-passion n’est ressenti dans sa pureté animique que par la prime
5819
on n’est ressenti dans sa pureté animique que par
la
prime adolescence. Il est alors sentiment pur, douleur-joie pure, et
5820
, et ne sera plus jamais aussi nettement distinct
de
toute autre douleur ou joie. Le sentiment qu’expriment les troubadour
5821
ettement distinct de toute autre douleur ou joie.
Le
sentiment qu’expriment les troubadours est typiquement adolescent, et
5822
autre douleur ou joie. Le sentiment qu’expriment
les
troubadours est typiquement adolescent, et comme indépendant du sexe.
5823
uit normalement au mariage, c’est-à-dire au point
de
départ d’une dialectique des plus complexes, dont les termes de base
5824
ement au mariage, c’est-à-dire au point de départ
d’
une dialectique des plus complexes, dont les termes de base sont le se
5825
départ d’une dialectique des plus complexes, dont
les
termes de base sont le sexuel, le social et le sentimental. Supposons
5826
e dialectique des plus complexes, dont les termes
de
base sont le sexuel, le social et le sentimental. Supposons que la sy
5827
des plus complexes, dont les termes de base sont
le
sexuel, le social et le sentimental. Supposons que la synthèse des tr
5828
omplexes, dont les termes de base sont le sexuel,
le
social et le sentimental. Supposons que la synthèse des trois termes
5829
t les termes de base sont le sexuel, le social et
le
sentimental. Supposons que la synthèse des trois termes s’opère, et q
5830
exuel, le social et le sentimental. Supposons que
la
synthèse des trois termes s’opère, et qu’il en résulte un vrai couple
5831
ela signifie qu’au sein de cette entité nouvelle,
les
relations entre les trois termes — échanges sexuels, échanges affecti
5832
ein de cette entité nouvelle, les relations entre
les
trois termes — échanges sexuels, échanges affectifs, échanges avec la
5833
hanges sexuels, échanges affectifs, échanges avec
la
société — aient trouvé leur régime d’équilibre en mouvement, et que l
5834
hanges avec la société — aient trouvé leur régime
d’
équilibre en mouvement, et que la résultante de ce système d’échanges
5835
ouvé leur régime d’équilibre en mouvement, et que
la
résultante de ce système d’échanges soit positive, pour l’une et l’au
5836
me d’équilibre en mouvement, et que la résultante
de
ce système d’échanges soit positive, pour l’une et l’autre des person
5837
en mouvement, et que la résultante de ce système
d’
échanges soit positive, pour l’une et l’autre des personnes composant
5838
ve, pour l’une et l’autre des personnes composant
le
couple. Une telle synthèse peut devenir plus ou moins stable, mais ne
5839
ne saurait être en aucun cas statique, au sens où
la
supposent la morale sociale et ses lois laïques ou religieuses. Car e
5840
re en aucun cas statique, au sens où la supposent
la
morale sociale et ses lois laïques ou religieuses. Car elle sera bien
5841
s ou religieuses. Car elle sera bientôt soumise à
l’
épreuve imprévue de la durée, qui modifie nécessairement l’importance
5842
ar elle sera bientôt soumise à l’épreuve imprévue
de
la durée, qui modifie nécessairement l’importance relative de chacun
5843
elle sera bientôt soumise à l’épreuve imprévue de
la
durée, qui modifie nécessairement l’importance relative de chacun des
5844
imprévue de la durée, qui modifie nécessairement
l’
importance relative de chacun des trois termes, et cela chez deux être
5845
qui modifie nécessairement l’importance relative
de
chacun des trois termes, et cela chez deux être différents. (Calculez
5846
mes, et cela chez deux être différents. (Calculez
le
nombre des combinaisons et des permutations possibles : ce n’est pas
5847
ossibles : ce n’est pas ici mon sujet, mais celui
d’
un traité du mariage.) Si au contraire le sentiment, dans son essor ve
5848
is celui d’un traité du mariage.) Si au contraire
le
sentiment, dans son essor vers le mariage, est arrêté par des obstacl
5849
Si au contraire le sentiment, dans son essor vers
le
mariage, est arrêté par des obstacles insurmontables, qui sont généra
5850
s obstacles insurmontables, qui sont généralement
de
nature sociale : ou bien il s’exalte et les nie — ou bien il renonce
5851
lement de nature sociale : ou bien il s’exalte et
les
nie — ou bien il renonce et les hait. Bientôt aimanté par le sexe, il
5852
en il s’exalte et les nie — ou bien il renonce et
les
hait. Bientôt aimanté par le sexe, il y prend une nouvelle énergie, o
5853
bien il renonce et les hait. Bientôt aimanté par
le
sexe, il y prend une nouvelle énergie, ou des raisons nouvelles de se
5854
nd une nouvelle énergie, ou des raisons nouvelles
de
se renier. C’est alors que les mythes s’emparent de lui. Dans les deu
5855
s raisons nouvelles de se renier. C’est alors que
les
mythes s’emparent de lui. Dans les deux cas, le mariage est condamné
5856
se renier. C’est alors que les mythes s’emparent
de
lui. Dans les deux cas, le mariage est condamné : puisqu’il est la du
5857
’est alors que les mythes s’emparent de lui. Dans
les
deux cas, le mariage est condamné : puisqu’il est la durée sociale, l
5858
les mythes s’emparent de lui. Dans les deux cas,
le
mariage est condamné : puisqu’il est la durée sociale, l’un des deux
5859
deux cas, le mariage est condamné : puisqu’il est
la
durée sociale, l’un des deux mythes pousse à le dépasser, l’autre à l
5860
t la durée sociale, l’un des deux mythes pousse à
le
dépasser, l’autre à le miner. L’un veut plus, infiniment plus, en dir
5861
n des deux mythes pousse à le dépasser, l’autre à
le
miner. L’un veut plus, infiniment plus, en direction du sentiment dev
5862
on du sentiment devenu passion : il oppose donc à
la
durée une éternité angélique. L’autre prétend que le sexe lui suffit
5863
durée une éternité angélique. L’autre prétend que
le
sexe lui suffit : à la durée il n’oppose que l’instant des brèves ren
5864
lique. L’autre prétend que le sexe lui suffit : à
la
durée il n’oppose que l’instant des brèves rencontres érotiques. De c
5865
e le sexe lui suffit : à la durée il n’oppose que
l’
instant des brèves rencontres érotiques. De ce point de vue, Tristan s
5866
se que l’instant des brèves rencontres érotiques.
De
ce point de vue, Tristan serait un mari manqué pour avoir manqué le s
5867
, Tristan serait un mari manqué pour avoir manqué
le
social et surcompensé cet échec par la passion ; tandis que Don Juan
5868
oir manqué le social et surcompensé cet échec par
la
passion ; tandis que Don Juan serait un Tristan manqué, pour avoir re
5869
ristan manqué, pour avoir reculé à la fois devant
le
social et le sentimental52. Mais comme il n’est guère de mariage qui
5870
, pour avoir reculé à la fois devant le social et
le
sentimental52. Mais comme il n’est guère de mariage qui parvienne à m
5871
al et le sentimental52. Mais comme il n’est guère
de
mariage qui parvienne à maintenir sans crise une synthèse dans la dur
5872
arvienne à maintenir sans crise une synthèse dans
la
durée des éléments variés dont nos deux mythes symbolisent l’excès ou
5873
éléments variés dont nos deux mythes symbolisent
l’
excès ou l’échec, la plupart des couples réels sont soumis dans leurs
5874
ariés dont nos deux mythes symbolisent l’excès ou
l’
échec, la plupart des couples réels sont soumis dans leurs crises à l’
5875
des couples réels sont soumis dans leurs crises à
l’
action de l’un des deux. La morale et la société prononcent alors leur
5876
es réels sont soumis dans leurs crises à l’action
de
l’un des deux. La morale et la société prononcent alors leurs décrets
5877
is dans leurs crises à l’action de l’un des deux.
La
morale et la société prononcent alors leurs décrets. S’ils suffisent
5878
crises à l’action de l’un des deux. La morale et
la
société prononcent alors leurs décrets. S’ils suffisent à maintenir l
5879
alors leurs décrets. S’ils suffisent à maintenir
l’
équilibre du couple, le mythanalyste se tait. S’ils conduisent au divo
5880
’ils suffisent à maintenir l’équilibre du couple,
le
mythanalyste se tait. S’ils conduisent au divorce ou à l’électrochoc,
5881
nalyste se tait. S’ils conduisent au divorce ou à
l’
électrochoc, il demande à être écouté : non comme médecin psychiatre,
5882
s comme juge, mais simplement parce qu’il connaît
le
signalement des protagonistes invisibles du drame toujours latent qui
5883
e se déclarer. ⁂ Il fallait donc d’abord préciser
le
contraste des deux mythes les plus contraignants que subit la psyché
5884
onc d’abord préciser le contraste des deux mythes
les
plus contraignants que subit la psyché occidentale. La fonction civil
5885
des deux mythes les plus contraignants que subit
la
psyché occidentale. La fonction civilisatrice, ordonnatrice et dynami
5886
us contraignants que subit la psyché occidentale.
La
fonction civilisatrice, ordonnatrice et dynamique qui pourrait aussi
5887
natrice et dynamique qui pourrait aussi bien être
la
leur, exige une prise de conscience objective de leur véritable natur
5888
la leur, exige une prise de conscience objective
de
leur véritable nature, et des fins vers lesquelles nous conduisent le
5889
nous conduisent leurs structures. Du point de vue
de
l’histoire et de la psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est l’
5890
s conduisent leurs structures. Du point de vue de
l’
histoire et de la psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est l’alt
5891
eurs structures. Du point de vue de l’histoire et
de
la psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est l’alternance des my
5892
s structures. Du point de vue de l’histoire et de
la
psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est l’alternance des mythe
5893
la psychologie — phylogenèse, ontogenèse —, c’est
l’
alternance des mythes qui est manifeste — leur interdépendance génétiq
5894
eur coexistence dialectique —, l’un agissant dans
l’
ombre quand l’autre agit au jour. Tout diagnostic d’une situation, tou
5895
ombre quand l’autre agit au jour. Tout diagnostic
d’
une situation, tout pronostic sur son évolution, devront donc s’établi
5896
rsonnelle considérée dans sa durée biographique :
les
exemples évoqués ici l’ont établi. En revanche, aux heures de crise q
5897
sa durée biographique : les exemples évoqués ici
l’
ont établi. En revanche, aux heures de crise que les célibataires comm
5898
évoqués ici l’ont établi. En revanche, aux heures
de
crise que les célibataires comme les couples mariés traversent quelqu
5899
’ont établi. En revanche, aux heures de crise que
les
célibataires comme les couples mariés traversent quelquefois, c’est s
5900
e, aux heures de crise que les célibataires comme
les
couples mariés traversent quelquefois, c’est sous la forme d’une alte
5901
couples mariés traversent quelquefois, c’est sous
la
forme d’une alternative que le drame s’impose, qu’il est vécu, et que
5902
ariés traversent quelquefois, c’est sous la forme
d’
une alternative que le drame s’impose, qu’il est vécu, et que la moral
5903
uefois, c’est sous la forme d’une alternative que
le
drame s’impose, qu’il est vécu, et que la morale formule ses exigence
5904
ive que le drame s’impose, qu’il est vécu, et que
la
morale formule ses exigences. Or, on ne saurait trancher l’alternativ
5905
formule ses exigences. Or, on ne saurait trancher
l’
alternative qu’en connaissance des fins auxquelles chacun de ses terme
5906
ive qu’en connaissance des fins auxquelles chacun
de
ses termes s’ordonne et nous incline, selon sa loi. Mais il se peut a
5907
se peut aussi qu’une fois ces fins reconnues, on
les
découvre essentiellement complémentaires. Ce ne serait plus alors d’u
5908
ellement complémentaires. Ce ne serait plus alors
d’
un dilemme à trancher qu’il s’agirait, mais d’une tension à restaurer
5909
ors d’un dilemme à trancher qu’il s’agirait, mais
d’
une tension à restaurer dans son équilibre vital… VSens final des d
5910
l… VSens final des deux mythes Quelles sont
les
fins de nos vies au-delà de survivre, travailler et gagner de l’argen
5911
ns final des deux mythes Quelles sont les fins
de
nos vies au-delà de survivre, travailler et gagner de l’argent, qui n
5912
thes Quelles sont les fins de nos vies au-delà
de
survivre, travailler et gagner de l’argent, qui ne sont au vrai que d
5913
os vies au-delà de survivre, travailler et gagner
de
l’argent, qui ne sont au vrai que des moyens ? Limitons-nous aux quat
5914
vies au-delà de survivre, travailler et gagner de
l’
argent, qui ne sont au vrai que des moyens ? Limitons-nous aux quatre
5915
des moyens ? Limitons-nous aux quatre que voici :
la
durée, le bonheur, la liberté, l’amour. La durée. — Tout homme qui o
5916
? Limitons-nous aux quatre que voici : la durée,
le
bonheur, la liberté, l’amour. La durée. — Tout homme qui obtient ce
5917
nous aux quatre que voici : la durée, le bonheur,
la
liberté, l’amour. La durée. — Tout homme qui obtient ce qu’il désire
5918
tre que voici : la durée, le bonheur, la liberté,
l’
amour. La durée. — Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va
5919
ici : la durée, le bonheur, la liberté, l’amour.
La
durée. — Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va l’obtenir,
5920
Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va
l’
obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que les serments prodigu
5921
btient ce qu’il désire, ou qui va l’obtenir, veut
la
durée : rien de plus naturel que les serments prodigués par les amour
5922
obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que
les
serments prodigués par les amoureux. Le bonheur spontané veut la duré
5923
en de plus naturel que les serments prodigués par
les
amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée naît l’
5924
urel que les serments prodigués par les amoureux.
Le
bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée naît l’ennui : c’est
5925
digués par les amoureux. Le bonheur spontané veut
la
durée. Mais de la durée naît l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les co
5926
amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais
de
la durée naît l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. J’ima
5927
ureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de
la
durée naît l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. J’imagin
5928
eur spontané veut la durée. Mais de la durée naît
l’
ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. J’imagine cependant de
5929
e la durée naît l’ennui : c’est pourquoi beaucoup
les
confondent. J’imagine cependant deux raisons non médiocres de refuser
5930
t. J’imagine cependant deux raisons non médiocres
de
refuser la durée normale ; ou plutôt deux tempéraments qui ne pourron
5931
e cependant deux raisons non médiocres de refuser
la
durée normale ; ou plutôt deux tempéraments qui ne pourront jamais s’
5932
qui ne pourront jamais s’y accommoder. L’un exige
l’
intensité toujours accrue, l’autre l’excitation toujours nouvelle. L’u
5933
. L’un exige l’intensité toujours accrue, l’autre
l’
excitation toujours nouvelle. L’un cherchera le drame et l’autre la su
5934
re l’excitation toujours nouvelle. L’un cherchera
le
drame et l’autre la surprise. Que ce soit par dépit devant leur impui
5935
ours nouvelle. L’un cherchera le drame et l’autre
la
surprise. Que ce soit par dépit devant leur impuissance à intégrer l’
5936
soit par dépit devant leur impuissance à intégrer
l’
amour dans l’existence normale, ou par goût de l’excès en soi, l’un pr
5937
t devant leur impuissance à intégrer l’amour dans
l’
existence normale, ou par goût de l’excès en soi, l’un prétendra trans
5938
rer l’amour dans l’existence normale, ou par goût
de
l’excès en soi, l’un prétendra transcender la durée, l’autre en faire
5939
l’amour dans l’existence normale, ou par goût de
l’
excès en soi, l’un prétendra transcender la durée, l’autre en faire fi
5940
oût de l’excès en soi, l’un prétendra transcender
la
durée, l’autre en faire fi. L’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan.
5941
Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans
l’
instant, la nouveauté et le changement, et qu’il n’a jamais souhaité m
5942
us chante qu’il n’est heureux que dans l’instant,
la
nouveauté et le changement, et qu’il n’a jamais souhaité mieux. « Le
5943
n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et
le
changement, et qu’il n’a jamais souhaité mieux. « Le croire malheureu
5944
changement, et qu’il n’a jamais souhaité mieux. «
Le
croire malheureux parce qu’il va de l’une à l’autre, c’est le croire
5945
aité mieux. « Le croire malheureux parce qu’il va
de
l’une à l’autre, c’est le croire malheureux parce qu’il n’atteint pas
5946
lheureux parce qu’il va de l’une à l’autre, c’est
le
croire malheureux parce qu’il n’atteint pas un but qu’il ne poursuit
5947
nt pas un but qu’il ne poursuit pas », écrit l’un
de
ses apologistes53, qui ajoute aussitôt : « Il est heureux jusque dans
5948
ui ajoute aussitôt : « Il est heureux jusque dans
les
échecs de sa chasse, puisque son plaisir est dans la chasse plus que
5949
ussitôt : « Il est heureux jusque dans les échecs
de
sa chasse, puisque son plaisir est dans la chasse plus que dans la pr
5950
échecs de sa chasse, puisque son plaisir est dans
la
chasse plus que dans la prise. » L’excitation de la chasse lui suffit
5951
sque son plaisir est dans la chasse plus que dans
la
prise. » L’excitation de la chasse lui suffit donc, et, l’on insiste
5952
isir est dans la chasse plus que dans la prise. »
L’
excitation de la chasse lui suffit donc, et, l’on insiste : elle est m
5953
la chasse plus que dans la prise. » L’excitation
de
la chasse lui suffit donc, et, l’on insiste : elle est même pour lui
5954
chasse plus que dans la prise. » L’excitation de
la
chasse lui suffit donc, et, l’on insiste : elle est même pour lui « l
5955
» L’excitation de la chasse lui suffit donc, et,
l’
on insiste : elle est même pour lui « l’essentiel ». Cet instinct « na
5956
donc, et, l’on insiste : elle est même pour lui «
l’
essentiel ». Cet instinct « naturel du mâle » serait aussi un « instin
5957
e cette nouveauté.) « J’ai cueilli une pomme ; je
l’
ai trouvée bonne. J’en vois une autre : rien de plus raisonnable que d
5958
’en vois une autre : rien de plus raisonnable que
de
la cueillir aussi. » Il est vrai que Don Juan « raisonne » ainsi, en
5959
vois une autre : rien de plus raisonnable que de
la
cueillir aussi. » Il est vrai que Don Juan « raisonne » ainsi, en cha
5960
t vrai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun
de
nous à ses heures. C’est qu’il oublie qu’une femme n’est pas une pomm
5961
Et qu’elle en voudra mortellement à celui qui ne
l’
aura pas « prise », s’étant contenté de la « goûter ». Dona Anna pours
5962
lui qui ne l’aura pas « prise », s’étant contenté
de
la « goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan de sa haine, parce que, se
5963
qui ne l’aura pas « prise », s’étant contenté de
la
« goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan de sa haine, parce que, selon
5964
nté de la « goûter ». Dona Anna poursuit Don Juan
de
sa haine, parce que, selon la légende primitive — que nous rappelle u
5965
a poursuit Don Juan de sa haine, parce que, selon
la
légende primitive — que nous rappelle un analyste freudien — « il ne
5966
le un analyste freudien — « il ne lui a pas donné
l’
âme qu’il lui devait… Il a trompé la femme en elle, en abusant de son
5967
i a pas donné l’âme qu’il lui devait… Il a trompé
la
femme en elle, en abusant de son rôle divin d’animateur pour satisfai
5968
devait… Il a trompé la femme en elle, en abusant
de
son rôle divin d’animateur pour satisfaire seulement le plaisir de se
5969
pé la femme en elle, en abusant de son rôle divin
d’
animateur pour satisfaire seulement le plaisir de ses sens.54 » Toute
5970
rôle divin d’animateur pour satisfaire seulement
le
plaisir de ses sens.54 » Toute magie sexuelle mise à part, le « divin
5971
d’animateur pour satisfaire seulement le plaisir
de
ses sens.54 » Toute magie sexuelle mise à part, le « divin » ramené à
5972
e ses sens.54 » Toute magie sexuelle mise à part,
le
« divin » ramené à l’humain, et l’âme n’étant plus confondue avec l’e
5973
magie sexuelle mise à part, le « divin » ramené à
l’
humain, et l’âme n’étant plus confondue avec l’esprit ou la personne,
5974
e mise à part, le « divin » ramené à l’humain, et
l’
âme n’étant plus confondue avec l’esprit ou la personne, le sens est c
5975
à l’humain, et l’âme n’étant plus confondue avec
l’
esprit ou la personne, le sens est clair : le refus de la durée, chez
5976
et l’âme n’étant plus confondue avec l’esprit ou
la
personne, le sens est clair : le refus de la durée, chez Don Juan, éq
5977
tant plus confondue avec l’esprit ou la personne,
le
sens est clair : le refus de la durée, chez Don Juan, équivaut au ref
5978
avec l’esprit ou la personne, le sens est clair :
le
refus de la durée, chez Don Juan, équivaut au refus de la vraie posse
5979
prit ou la personne, le sens est clair : le refus
de
la durée, chez Don Juan, équivaut au refus de la vraie possession, qu
5980
t ou la personne, le sens est clair : le refus de
la
durée, chez Don Juan, équivaut au refus de la vraie possession, qui i
5981
fus de la durée, chez Don Juan, équivaut au refus
de
la vraie possession, qui implique échange et don, entre humains tout
5982
de la durée, chez Don Juan, équivaut au refus de
la
vraie possession, qui implique échange et don, entre humains tout au
5983
échange et don, entre humains tout au moins ; et
l’
on n’en finit pas si vite ! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs q
5984
l’on n’en finit pas si vite ! Il n’est que juste
d’
observer d’ailleurs que le Don Juan mangeur de pommes, qu’on vient de
5985
te ! Il n’est que juste d’observer d’ailleurs que
le
Don Juan mangeur de pommes, qu’on vient de citer, reste un peu court.
5986
ste d’observer d’ailleurs que le Don Juan mangeur
de
pommes, qu’on vient de citer, reste un peu court. Il n’accédera jamai
5987
citer, reste un peu court. Il n’accédera jamais à
l’
érotisme, qui est dépassement de l’instinct et des faims animales. Il
5988
accédera jamais à l’érotisme, qui est dépassement
de
l’instinct et des faims animales. Il n’intéresse pas plus que les par
5989
édera jamais à l’érotisme, qui est dépassement de
l’
instinct et des faims animales. Il n’intéresse pas plus que les pariad
5990
t des faims animales. Il n’intéresse pas plus que
les
pariades des autres, et n’a pas de prestige pour l’imagination. Mozar
5991
pas plus que les pariades des autres, et n’a pas
de
prestige pour l’imagination. Mozart n’en eût rien fait, ni même Da Po
5992
pariades des autres, et n’a pas de prestige pour
l’
imagination. Mozart n’en eût rien fait, ni même Da Ponte. Il sert ici
5993
n’en eût rien fait, ni même Da Ponte. Il sert ici
d’
exemple extrême, pour déceler une certaine faiblesse intime de l’éroti
5994
trême, pour déceler une certaine faiblesse intime
de
l’érotisme donjuanesque, même dans ses manifestations les plus altièr
5995
me, pour déceler une certaine faiblesse intime de
l’
érotisme donjuanesque, même dans ses manifestations les plus altières
5996
otisme donjuanesque, même dans ses manifestations
les
plus altières et les plus fascinantes pour l’esprit. Il nous rappelle
5997
même dans ses manifestations les plus altières et
les
plus fascinantes pour l’esprit. Il nous rappelle aussi que la durée n
5998
ns les plus altières et les plus fascinantes pour
l’
esprit. Il nous rappelle aussi que la durée n’est pas seulement la réa
5999
inantes pour l’esprit. Il nous rappelle aussi que
la
durée n’est pas seulement la réalité du couple, mais celle de l’objet
6000
s rappelle aussi que la durée n’est pas seulement
la
réalité du couple, mais celle de l’objet désiré. La plupart des rêver
6001
st pas seulement la réalité du couple, mais celle
de
l’objet désiré. La plupart des rêveries érotiques échouent devant la
6002
pas seulement la réalité du couple, mais celle de
l’
objet désiré. La plupart des rêveries érotiques échouent devant la con
6003
La plupart des rêveries érotiques échouent devant
la
constatation que l’objet humain vit encore, dure encore, et demeure l
6004
ies érotiques échouent devant la constatation que
l’
objet humain vit encore, dure encore, et demeure lui-même avec tout ce
6005
ure lui-même avec tout ce que cela peut comporter
de
gênant ou d’insupportable, après l’accomplissement du phantasme excit
6006
avec tout ce que cela peut comporter de gênant ou
d’
insupportable, après l’accomplissement du phantasme excitant. Et c’est
6007
eut comporter de gênant ou d’insupportable, après
l’
accomplissement du phantasme excitant. Et c’est pourquoi l’impératrice
6008
issement du phantasme excitant. Et c’est pourquoi
l’
impératrice Théodora faisait tuer avant l’aube ses amants d’une nuit.
6009
ourquoi l’impératrice Théodora faisait tuer avant
l’
aube ses amants d’une nuit. Tristan veut au contraire l’éternité, car
6010
ice Théodora faisait tuer avant l’aube ses amants
d’
une nuit. Tristan veut au contraire l’éternité, car il veut échapper à
6011
ses amants d’une nuit. Tristan veut au contraire
l’
éternité, car il veut échapper à la souffrance, et la souffrance est l
6012
t au contraire l’éternité, car il veut échapper à
la
souffrance, et la souffrance est liée au temps et à l’espace, qui mod
6013
ternité, car il veut échapper à la souffrance, et
la
souffrance est liée au temps et à l’espace, qui modifient, distinguen
6014
uffrance, et la souffrance est liée au temps et à
l’
espace, qui modifient, distinguent et séparent — « mais toute joie veu
6015
distinguent et séparent — « mais toute joie veut
l’
éternité, veut la profonde éternité ». Telle est la forme de son évasi
6016
éparent — « mais toute joie veut l’éternité, veut
la
profonde éternité ». Telle est la forme de son évasion, de son refus
6017
’éternité, veut la profonde éternité ». Telle est
la
forme de son évasion, de son refus de la durée incarnée. Il veut plus
6018
, veut la profonde éternité ». Telle est la forme
de
son évasion, de son refus de la durée incarnée. Il veut plus, et non
6019
de éternité ». Telle est la forme de son évasion,
de
son refus de la durée incarnée. Il veut plus, et non moins, que le ma
6020
. Telle est la forme de son évasion, de son refus
de
la durée incarnée. Il veut plus, et non moins, que le mariage ; plus,
6021
elle est la forme de son évasion, de son refus de
la
durée incarnée. Il veut plus, et non moins, que le mariage ; plus, et
6022
a durée incarnée. Il veut plus, et non moins, que
le
mariage ; plus, et non moins, que la possession de « la vérité dans u
6023
n moins, que le mariage ; plus, et non moins, que
la
possession de « la vérité dans une âme et un corps » comme dit Rimbau
6024
e mariage ; plus, et non moins, que la possession
de
« la vérité dans une âme et un corps » comme dit Rimbaud. L’excitatio
6025
iage ; plus, et non moins, que la possession de «
la
vérité dans une âme et un corps » comme dit Rimbaud. L’excitation de
6026
ité dans une âme et un corps » comme dit Rimbaud.
L’
excitation de la nouveauté, il la trouve dans le drame renouvelé d’une
6027
âme et un corps » comme dit Rimbaud. L’excitation
de
la nouveauté, il la trouve dans le drame renouvelé d’une seule passio
6028
et un corps » comme dit Rimbaud. L’excitation de
la
nouveauté, il la trouve dans le drame renouvelé d’une seule passion m
6029
mme dit Rimbaud. L’excitation de la nouveauté, il
la
trouve dans le drame renouvelé d’une seule passion mais toujours plus
6030
. L’excitation de la nouveauté, il la trouve dans
le
drame renouvelé d’une seule passion mais toujours plus intense, brûla
6031
a nouveauté, il la trouve dans le drame renouvelé
d’
une seule passion mais toujours plus intense, brûlant la vie. Psychose
6032
seule passion mais toujours plus intense, brûlant
la
vie. Psychose ou spiritualité ? Faiblesse ou force véritable ? Seule
6033
rce véritable ? Seule une estimation bien assurée
de
notre vie dans ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous
6034
on bien assurée de notre vie dans ce monde-ci, et
de
son sens ou de son absurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si
6035
de notre vie dans ce monde-ci, et de son sens ou
de
son absurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnat
6036
sens ou de son absurdité, nous mettrait en mesure
de
répondre. Si notre incarnation présente n’est que souffrance et illus
6037
ue souffrance et illusion — souffrance à cause de
l’
illusion, dit le bouddhisme — c’est Tristan qui a raison contre le mar
6038
illusion — souffrance à cause de l’illusion, dit
le
bouddhisme — c’est Tristan qui a raison contre le mariage. S’il n’est
6039
le bouddhisme — c’est Tristan qui a raison contre
le
mariage. S’il n’est pas d’autre vie ni d’autre réalité qu’historique,
6040
an qui a raison contre le mariage. S’il n’est pas
d’
autre vie ni d’autre réalité qu’historique, matérielle et biologique,
6041
contre le mariage. S’il n’est pas d’autre vie ni
d’
autre réalité qu’historique, matérielle et biologique, le mariage est
6042
réalité qu’historique, matérielle et biologique,
le
mariage est un devoir civique, et Don Juan serait alors la liberté, u
6043
e est un devoir civique, et Don Juan serait alors
la
liberté, un reflet inversé de l’esprit que l’on nie. On peut aussi pe
6044
n Juan serait alors la liberté, un reflet inversé
de
l’esprit que l’on nie. On peut aussi penser que le mariage est « la p
6045
uan serait alors la liberté, un reflet inversé de
l’
esprit que l’on nie. On peut aussi penser que le mariage est « la plén
6046
ors la liberté, un reflet inversé de l’esprit que
l’
on nie. On peut aussi penser que le mariage est « la plénitude du temp
6047
e l’esprit que l’on nie. On peut aussi penser que
le
mariage est « la plénitude du temps », comme le dit le Mari de Kierke
6048
on nie. On peut aussi penser que le mariage est «
la
plénitude du temps », comme le dit le Mari de Kierkegaard, la synthès
6049
e le mariage est « la plénitude du temps », comme
le
dit le Mari de Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant, de la d
6050
riage est « la plénitude du temps », comme le dit
le
Mari de Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant, de la durée et
6051
t « la plénitude du temps », comme le dit le Mari
de
Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant, de la durée et de l’ét
6052
du temps », comme le dit le Mari de Kierkegaard,
la
synthèse vivante de l’instant, de la durée et de l’éternité. Celui qu
6053
e dit le Mari de Kierkegaard, la synthèse vivante
de
l’instant, de la durée et de l’éternité. Celui qui a résolu ce problè
6054
it le Mari de Kierkegaard, la synthèse vivante de
l’
instant, de la durée et de l’éternité. Celui qui a résolu ce problème
6055
de Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant,
de
la durée et de l’éternité. Celui qui a résolu ce problème dans sa vie
6056
Kierkegaard, la synthèse vivante de l’instant, de
la
durée et de l’éternité. Celui qui a résolu ce problème dans sa vie es
6057
la synthèse vivante de l’instant, de la durée et
de
l’éternité. Celui qui a résolu ce problème dans sa vie est seul en me
6058
synthèse vivante de l’instant, de la durée et de
l’
éternité. Celui qui a résolu ce problème dans sa vie est seul en mesur
6059
résolu ce problème dans sa vie est seul en mesure
de
condamner Don Juan et Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raisons
6060
Don Juan et Tristan à la fois ; mais il n’a plus
de
raisons de le faire… Le Bonheur. — Moments de grand plaisir multipli
6061
t Tristan à la fois ; mais il n’a plus de raisons
de
le faire… Le Bonheur. — Moments de grand plaisir multipliés par les
6062
ristan à la fois ; mais il n’a plus de raisons de
le
faire… Le Bonheur. — Moments de grand plaisir multipliés par les ave
6063
fois ; mais il n’a plus de raisons de le faire…
Le
Bonheur. — Moments de grand plaisir multipliés par les aventures sans
6064
us de raisons de le faire… Le Bonheur. — Moments
de
grand plaisir multipliés par les aventures sans lendemain, couples he
6065
onheur. — Moments de grand plaisir multipliés par
les
aventures sans lendemain, couples heureux dans la durée de leur amour
6066
es aventures sans lendemain, couples heureux dans
la
durée de leur amour, tourments bienheureux de la passion : l’argument
6067
res sans lendemain, couples heureux dans la durée
de
leur amour, tourments bienheureux de la passion : l’argument du bonhe
6068
ans la durée de leur amour, tourments bienheureux
de
la passion : l’argument du bonheur sert à tous. Et ce n’est pas une r
6069
la durée de leur amour, tourments bienheureux de
la
passion : l’argument du bonheur sert à tous. Et ce n’est pas une rais
6070
leur amour, tourments bienheureux de la passion :
l’
argument du bonheur sert à tous. Et ce n’est pas une raison pour qu’il
6071
oit faux. Il n’en fait pas moins ricaner ceux que
l’
ennui, la satiété, la jalousie, la trahison, les frustrations ou l’imp
6072
Il n’en fait pas moins ricaner ceux que l’ennui,
la
satiété, la jalousie, la trahison, les frustrations ou l’impuissance,
6073
t pas moins ricaner ceux que l’ennui, la satiété,
la
jalousie, la trahison, les frustrations ou l’impuissance, la solitude
6074
icaner ceux que l’ennui, la satiété, la jalousie,
la
trahison, les frustrations ou l’impuissance, la solitude ou l’obsessi
6075
ue l’ennui, la satiété, la jalousie, la trahison,
les
frustrations ou l’impuissance, la solitude ou l’obsession de l’abando
6076
té, la jalousie, la trahison, les frustrations ou
l’
impuissance, la solitude ou l’obsession de l’abandon, l’angoisse ou la
6077
, la trahison, les frustrations ou l’impuissance,
la
solitude ou l’obsession de l’abandon, l’angoisse ou la vulgarité d’es
6078
les frustrations ou l’impuissance, la solitude ou
l’
obsession de l’abandon, l’angoisse ou la vulgarité d’esprit et d’âme —
6079
ions ou l’impuissance, la solitude ou l’obsession
de
l’abandon, l’angoisse ou la vulgarité d’esprit et d’âme — ces deux ca
6080
s ou l’impuissance, la solitude ou l’obsession de
l’
abandon, l’angoisse ou la vulgarité d’esprit et d’âme — ces deux cas s
6081
issance, la solitude ou l’obsession de l’abandon,
l’
angoisse ou la vulgarité d’esprit et d’âme — ces deux cas sont les plu
6082
litude ou l’obsession de l’abandon, l’angoisse ou
la
vulgarité d’esprit et d’âme — ces deux cas sont les plus généraux — e
6083
bsession de l’abandon, l’angoisse ou la vulgarité
d’
esprit et d’âme — ces deux cas sont les plus généraux — empêchent de j
6084
l’abandon, l’angoisse ou la vulgarité d’esprit et
d’
âme — ces deux cas sont les plus généraux — empêchent de jouer un rôle
6085
a vulgarité d’esprit et d’âme — ces deux cas sont
les
plus généraux — empêchent de jouer un rôle « heureux » dans le mariag
6086
— ces deux cas sont les plus généraux — empêchent
de
jouer un rôle « heureux » dans le mariage, ou le libertinage, ou la p
6087
aux — empêchent de jouer un rôle « heureux » dans
le
mariage, ou le libertinage, ou la passion. Sans parler du ressentimen
6088
de jouer un rôle « heureux » dans le mariage, ou
le
libertinage, ou la passion. Sans parler du ressentiment qu’il arrive
6089
heureux » dans le mariage, ou le libertinage, ou
la
passion. Sans parler du ressentiment qu’il arrive à chacun des trois
6090
’il arrive à chacun des trois types, même réussi,
d’
éprouver à l’endroit des deux autres : j’étais né pour ceci ou pour ce
6091
chacun des trois types, même réussi, d’éprouver à
l’
endroit des deux autres : j’étais né pour ceci ou pour cela (le contra
6092
deux autres : j’étais né pour ceci ou pour cela (
le
contraire de ce que je suis en train de vivre), j’ai toujours rêvé de
6093
: j’étais né pour ceci ou pour cela (le contraire
de
ce que je suis en train de vivre), j’ai toujours rêvé de…, si je pouv
6094
ue je suis en train de vivre), j’ai toujours rêvé
de
…, si je pouvais refaire ma vie… Mais rêver d’autre chose est normal.
6095
êvé de…, si je pouvais refaire ma vie… Mais rêver
d’
autre chose est normal. Une certaine dualité est normale, dans la mesu
6096
st normal. Une certaine dualité est normale, dans
la
mesure où elle ne fait que traduire la formule même de la vie sur tou
6097
male, dans la mesure où elle ne fait que traduire
la
formule même de la vie sur tous les plans : spirituel, animique, biol
6098
sure où elle ne fait que traduire la formule même
de
la vie sur tous les plans : spirituel, animique, biologique et physiq
6099
e où elle ne fait que traduire la formule même de
la
vie sur tous les plans : spirituel, animique, biologique et physique.
6100
t que traduire la formule même de la vie sur tous
les
plans : spirituel, animique, biologique et physique. En effet, nulle
6101
que. En effet, nulle vie n’est concevable hors de
la
tension permanente, voire de la lutte (latente ou déclarée) entre au
6102
t concevable hors de la tension permanente, voire
de
la lutte (latente ou déclarée) entre au moins deux tendances antagoni
6103
oncevable hors de la tension permanente, voire de
la
lutte (latente ou déclarée) entre au moins deux tendances antagoniste
6104
au moins deux tendances antagonistes. Prenons ici
l’
exemple élémentaire et primordial, celui de la vie d’une cellule. On s
6105
ns ici l’exemple élémentaire et primordial, celui
de
la vie d’une cellule. On sait aujourd’hui que cette vie dépend de l’a
6106
ici l’exemple élémentaire et primordial, celui de
la
vie d’une cellule. On sait aujourd’hui que cette vie dépend de l’acti
6107
xemple élémentaire et primordial, celui de la vie
d’
une cellule. On sait aujourd’hui que cette vie dépend de l’action simu
6108
cellule. On sait aujourd’hui que cette vie dépend
de
l’action simultanée de deux acides nucléiques, concentrés dans le noy
6109
lule. On sait aujourd’hui que cette vie dépend de
l’
action simultanée de deux acides nucléiques, concentrés dans le noyau
6110
d’hui que cette vie dépend de l’action simultanée
de
deux acides nucléiques, concentrés dans le noyau mais également à l’œ
6111
ltanée de deux acides nucléiques, concentrés dans
le
noyau mais également à l’œuvre dans le cytoplasme, où ils sont les ag
6112
éiques, concentrés dans le noyau mais également à
l’
œuvre dans le cytoplasme, où ils sont les agents d’induction de la syn
6113
ntrés dans le noyau mais également à l’œuvre dans
le
cytoplasme, où ils sont les agents d’induction de la synthèse des pro
6114
alement à l’œuvre dans le cytoplasme, où ils sont
les
agents d’induction de la synthèse des protéines. Tant que les deux so
6115
’œuvre dans le cytoplasme, où ils sont les agents
d’
induction de la synthèse des protéines. Tant que les deux sont à l’œuv
6116
le cytoplasme, où ils sont les agents d’induction
de
la synthèse des protéines. Tant que les deux sont à l’œuvre, la cellu
6117
cytoplasme, où ils sont les agents d’induction de
la
synthèse des protéines. Tant que les deux sont à l’œuvre, la cellule
6118
’induction de la synthèse des protéines. Tant que
les
deux sont à l’œuvre, la cellule fonctionne bien, son régime d’échange
6119
synthèse des protéines. Tant que les deux sont à
l’
œuvre, la cellule fonctionne bien, son régime d’échanges et de synthès
6120
des protéines. Tant que les deux sont à l’œuvre,
la
cellule fonctionne bien, son régime d’échanges et de synthèses est cr
6121
à l’œuvre, la cellule fonctionne bien, son régime
d’
échanges et de synthèses est créateur : on pourrait dire qu’elle est «
6122
cellule fonctionne bien, son régime d’échanges et
de
synthèses est créateur : on pourrait dire qu’elle est « heureuse ». M
6123
ureuse ». Mais voici qu’un virus y pénètre : elle
le
digère, le désintègre et l’assimile, — il n’est plus là, matérielleme
6124
ais voici qu’un virus y pénètre : elle le digère,
le
désintègre et l’assimile, — il n’est plus là, matériellement. Et puis
6125
irus y pénètre : elle le digère, le désintègre et
l’
assimile, — il n’est plus là, matériellement. Et puis, quelques minute
6126
lques minutes ou quelques heures plus tard, c’est
la
cellule elle-même, modifiée dans son « âme » (c’est-à-dire dans le pr
6127
ême, modifiée dans son « âme » (c’est-à-dire dans
le
programme d’activité dont ses chromosomes sont porteurs) qui se met à
6128
dans son « âme » (c’est-à-dire dans le programme
d’
activité dont ses chromosomes sont porteurs) qui se met à fabriquer le
6129
chromosomes sont porteurs) qui se met à fabriquer
le
virus disparu —jusqu’à ce qu’elle meure par éclatement, infectant les
6130
usqu’à ce qu’elle meure par éclatement, infectant
les
cellules voisines. Ainsi se propage la contagion dans un organe. Mais
6131
infectant les cellules voisines. Ainsi se propage
la
contagion dans un organe. Mais après tout, qu’est-ce qu’un virus ? Vo
6132
e. Mais après tout, qu’est-ce qu’un virus ? Voilà
le
point. Un virus est un composé de substances analogues à celles de la
6133
n virus ? Voilà le point. Un virus est un composé
de
substances analogues à celles de la cellule, sauf en ceci qu’il ne re
6134
s est un composé de substances analogues à celles
de
la cellule, sauf en ceci qu’il ne renferme qu’un seul des acides nucl
6135
st un composé de substances analogues à celles de
la
cellule, sauf en ceci qu’il ne renferme qu’un seul des acides nucléiq
6136
À cela tient toute sa nocivité. (Notons aussi que
le
virus ne peut se propager et se reproduire qu’aux dépens de cellules
6137
lule sociale » : son bonheur sera conditionné par
la
présence des deux tendances antagonistes, et sa durée sera le produit
6138
des deux tendances antagonistes, et sa durée sera
le
produit des synthèses qu’elles induisent en permanence. Qu’un seul de
6139
n seul des mythes vienne à convaincre et modifier
le
cœur secret, le « noyau » de cette âme, et voici la névrose déclarée,
6140
s vienne à convaincre et modifier le cœur secret,
le
« noyau » de cette âme, et voici la névrose déclarée, le drame et l’é
6141
nvaincre et modifier le cœur secret, le « noyau »
de
cette âme, et voici la névrose déclarée, le drame et l’éclatement du
6142
cœur secret, le « noyau » de cette âme, et voici
la
névrose déclarée, le drame et l’éclatement du couple. Si au contraire
6143
yau » de cette âme, et voici la névrose déclarée,
le
drame et l’éclatement du couple. Si au contraire l’âme résiste, elle
6144
te âme, et voici la névrose déclarée, le drame et
l’
éclatement du couple. Si au contraire l’âme résiste, elle sera désorma
6145
drame et l’éclatement du couple. Si au contraire
l’
âme résiste, elle sera désormais immunisée. Ou bien encore, l’effet no
6146
e, elle sera désormais immunisée. Ou bien encore,
l’
effet nocif du mythe est simplement mis en latence, mais demeure susce
6147
mplement mis en latence, mais demeure susceptible
de
ressusciter sous l’effet d’un choc émotif. Cette analogie biologique
6148
nce, mais demeure susceptible de ressusciter sous
l’
effet d’un choc émotif. Cette analogie biologique n’explique pas, on s
6149
s demeure susceptible de ressusciter sous l’effet
d’
un choc émotif. Cette analogie biologique n’explique pas, on s’en dout
6150
nalogie biologique n’explique pas, on s’en doute,
la
nature en soi de nos mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle
6151
e n’explique pas, on s’en doute, la nature en soi
de
nos mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux
6152
nature en soi de nos mythes, qui sont phénomènes
de
l’âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer le processus de leur acti
6153
ture en soi de nos mythes, qui sont phénomènes de
l’
âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer le processus de leur action
6154
es de l’âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer
le
processus de leur action ; peut-être aussi de leurs éclipses apparent
6155
Mais elle nous aide à mieux imaginer le processus
de
leur action ; peut-être aussi de leurs éclipses apparentes, et de leu
6156
ner le processus de leur action ; peut-être aussi
de
leurs éclipses apparentes, et de leurs soudaines récurrences dans une
6157
peut-être aussi de leurs éclipses apparentes, et
de
leurs soudaines récurrences dans une vie. (Je songe par exemple au ch
6158
Je songe par exemple au choc reçu par Nietzsche à
l’
annonce de la mort de Wagner : le motif de Tristan reparaît peu après
6159
ar exemple au choc reçu par Nietzsche à l’annonce
de
la mort de Wagner : le motif de Tristan reparaît peu après dans le se
6160
exemple au choc reçu par Nietzsche à l’annonce de
la
mort de Wagner : le motif de Tristan reparaît peu après dans le secon
6161
au choc reçu par Nietzsche à l’annonce de la mort
de
Wagner : le motif de Tristan reparaît peu après dans le second Zarath
6162
par Nietzsche à l’annonce de la mort de Wagner :
le
motif de Tristan reparaît peu après dans le second Zarathoustra : « C
6163
zsche à l’annonce de la mort de Wagner : le motif
de
Tristan reparaît peu après dans le second Zarathoustra : « Car je t’a
6164
ertaine dialectique formelle étant commune à tous
les
phénomènes qui relèvent de la vie en général, pourquoi refuser l’hypo
6165
étant commune à tous les phénomènes qui relèvent
de
la vie en général, pourquoi refuser l’hypothèse que les agents « morb
6166
ant commune à tous les phénomènes qui relèvent de
la
vie en général, pourquoi refuser l’hypothèse que les agents « morbide
6167
i relèvent de la vie en général, pourquoi refuser
l’
hypothèse que les agents « morbides » se comportent eux aussi d’une ma
6168
vie en général, pourquoi refuser l’hypothèse que
les
agents « morbides » se comportent eux aussi d’une manière formellemen
6169
e les agents « morbides » se comportent eux aussi
d’
une manière formellement analogue, quel que soit le niveau de la vie c
6170
’une manière formellement analogue, quel que soit
le
niveau de la vie considéré ? Je ne citerai — et en passant — qu’un se
6171
re formellement analogue, quel que soit le niveau
de
la vie considéré ? Je ne citerai — et en passant — qu’un seul exemple
6172
formellement analogue, quel que soit le niveau de
la
vie considéré ? Je ne citerai — et en passant — qu’un seul exemple d’
6173
e ne citerai — et en passant — qu’un seul exemple
d’
application de cette même dialectique à la vie politique. Le totalitar
6174
et en passant — qu’un seul exemple d’application
de
cette même dialectique à la vie politique. Le totalitarisme est carac
6175
exemple d’application de cette même dialectique à
la
vie politique. Le totalitarisme est caractérisé par sa prétention uni
6176
ion de cette même dialectique à la vie politique.
Le
totalitarisme est caractérisé par sa prétention unitaire et son refus
6177
ractérisé par sa prétention unitaire et son refus
de
composer avec aucune espèce d’opposition. Ce qui le distingue de tout
6178
taire et son refus de composer avec aucune espèce
d’
opposition. Ce qui le distingue de tout autre régime — quelles que soi
6179
composer avec aucune espèce d’opposition. Ce qui
le
distingue de tout autre régime — quelles que soient ses ressemblances
6180
c aucune espèce d’opposition. Ce qui le distingue
de
tout autre régime — quelles que soient ses ressemblances avec plusieu
6181
ressemblances avec plusieurs d’entre eux — c’est,
d’
une manière précise, qu’il n’admet qu’une tendance, la centralisation
6182
e manière précise, qu’il n’admet qu’une tendance,
la
centralisation universelle. Le fédéralisme, au contraire, se définit
6183
t qu’une tendance, la centralisation universelle.
Le
fédéralisme, au contraire, se définit comme la synthèse perpétuelle d
6184
e. Le fédéralisme, au contraire, se définit comme
la
synthèse perpétuelle de deux tendances antagonistes : l’autorité cent
6185
ntraire, se définit comme la synthèse perpétuelle
de
deux tendances antagonistes : l’autorité centrale et l’autonomie des
6186
hèse perpétuelle de deux tendances antagonistes :
l’
autorité centrale et l’autonomie des régions, l’union et la diversité.
6187
x tendances antagonistes : l’autorité centrale et
l’
autonomie des régions, l’union et la diversité. Le fédéralisme figure
6188
: l’autorité centrale et l’autonomie des régions,
l’
union et la diversité. Le fédéralisme figure la santé du corps politiq
6189
é centrale et l’autonomie des régions, l’union et
la
diversité. Le fédéralisme figure la santé du corps politique, ou son
6190
l’autonomie des régions, l’union et la diversité.
Le
fédéralisme figure la santé du corps politique, ou son bonheur ; le t
6191
s, l’union et la diversité. Le fédéralisme figure
la
santé du corps politique, ou son bonheur ; le totalitarisme, sa malad
6192
ure la santé du corps politique, ou son bonheur ;
le
totalitarisme, sa maladie mortelle. Ayant vécu près d’une année en Al
6193
talitarisme, sa maladie mortelle. Ayant vécu près
d’
une année en Allemagne hitlérienne, j’avais coutume de dire à ceux qui
6194
e année en Allemagne hitlérienne, j’avais coutume
de
dire à ceux qui me questionnaient sur les motifs de l’adhésion réelle
6195
coutume de dire à ceux qui me questionnaient sur
les
motifs de l’adhésion réelle de tant d’Allemands à une doctrine évidem
6196
dire à ceux qui me questionnaient sur les motifs
de
l’adhésion réelle de tant d’Allemands à une doctrine évidemment démen
6197
re à ceux qui me questionnaient sur les motifs de
l’
adhésion réelle de tant d’Allemands à une doctrine évidemment démente
6198
uestionnaient sur les motifs de l’adhésion réelle
de
tant d’Allemands à une doctrine évidemment démente : « J’ai vu certai
6199
aient sur les motifs de l’adhésion réelle de tant
d’
Allemands à une doctrine évidemment démente : « J’ai vu certains de me
6200
doctrine évidemment démente : « J’ai vu certains
de
mes étudiants devenir nazis. J’ai vu qu’ils changeaient physiquement.
6201
« objectif », ce teint pâle, cette lourdeur dans
le
bas du visage, qui permet de reconnaître au premier regard un chef na
6202
cette lourdeur dans le bas du visage, qui permet
de
reconnaître au premier regard un chef nazi. Si peu sérieux que cela p
6203
rieux que cela puisse vous paraître, je crois que
le
totalitarisme est un virus, et si vous l’attrapez, vous n’y pourrez p
6204
ois que le totalitarisme est un virus, et si vous
l’
attrapez, vous n’y pourrez plus rien. » Je ne croyais pas si bien dire
6205
z plus rien. » Je ne croyais pas si bien dire55.
La
liberté. — Sur les premières mesures du Menuet en sourdine — la musiq
6206
Sur les premières mesures du Menuet en sourdine —
la
musique vient de l’intérieur du palais —, les trois Masques vengeurs
6207
sures du Menuet en sourdine — la musique vient de
l’
intérieur du palais —, les trois Masques vengeurs s’avancent en pleine
6208
ne — la musique vient de l’intérieur du palais —,
les
trois Masques vengeurs s’avancent en pleine lumière, et Don Juan les
6209
engeurs s’avancent en pleine lumière, et Don Juan
les
invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.) La
6210
leine lumière, et Don Juan les invite, provoquant
le
destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.) La fête tragique commence
6211
es invite, provoquant le destin. (Nul doute qu’il
les
ait reconnus.) La fête tragique commence, l’excitation grandit, l’orc
6212
nt le destin. (Nul doute qu’il les ait reconnus.)
La
fête tragique commence, l’excitation grandit, l’orchestre multiplie l
6213
’il les ait reconnus.) La fête tragique commence,
l’
excitation grandit, l’orchestre multiplie les appels au plaisir. (Nous
6214
La fête tragique commence, l’excitation grandit,
l’
orchestre multiplie les appels au plaisir. (Nous sommes maintenant dan
6215
ence, l’excitation grandit, l’orchestre multiplie
les
appels au plaisir. (Nous sommes maintenant dans le palais.) Brusqueme
6216
s appels au plaisir. (Nous sommes maintenant dans
le
palais.) Brusquement tout s’arrête à l’entrée du Trio. Quelques accor
6217
nant dans le palais.) Brusquement tout s’arrête à
l’
entrée du Trio. Quelques accords puissants, un échange de saluts comme
6218
e du Trio. Quelques accords puissants, un échange
de
saluts comme on croise l’épée, toutes forces en alerte, et Don Juan d
6219
s puissants, un échange de saluts comme on croise
l’
épée, toutes forces en alerte, et Don Juan d’une voix forte s’écrie :
6220
oise l’épée, toutes forces en alerte, et Don Juan
d’
une voix forte s’écrie : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive la libert
6221
rte s’écrie : « Que ce lieu s’ouvre à tous ! Vive
la
liberté ! » Et voici l’étonnant : toutes les voix relèvent ce défi, e
6222
ieu s’ouvre à tous ! Vive la liberté ! » Et voici
l’
étonnant : toutes les voix relèvent ce défi, et chacune le reprend dan
6223
Vive la liberté ! » Et voici l’étonnant : toutes
les
voix relèvent ce défi, et chacune le reprend dans son registre ! Les
6224
nt : toutes les voix relèvent ce défi, et chacune
le
reprend dans son registre ! Les trois Masques, Zerline et son fiancé
6225
e défi, et chacune le reprend dans son registre !
Les
trois Masques, Zerline et son fiancé se joignent à Don Juan et à Lepo
6226
iancé se joignent à Don Juan et à Leporello. Viva
la
libertà éclate à douze reprises, clamé par des voix différentes, alte
6227
! — Mais que peut signifier cette harmonie ? Car
la
liberté, pour les Masques, c’est de tuer le traître séducteur et de s
6228
t signifier cette harmonie ? Car la liberté, pour
les
Masques, c’est de tuer le traître séducteur et de se faire les exécut
6229
armonie ? Car la liberté, pour les Masques, c’est
de
tuer le traître séducteur et de se faire les exécutants d’un destin q
6230
? Car la liberté, pour les Masques, c’est de tuer
le
traître séducteur et de se faire les exécutants d’un destin qui les t
6231
es Masques, c’est de tuer le traître séducteur et
de
se faire les exécutants d’un destin qui les terrifie ; pour le valet,
6232
c’est de tuer le traître séducteur et de se faire
les
exécutants d’un destin qui les terrifie ; pour le valet, c’est de ser
6233
e traître séducteur et de se faire les exécutants
d’
un destin qui les terrifie ; pour le valet, c’est de servir son maître
6234
eur et de se faire les exécutants d’un destin qui
les
terrifie ; pour le valet, c’est de servir son maître tant qu’il le pa
6235
es exécutants d’un destin qui les terrifie ; pour
le
valet, c’est de servir son maître tant qu’il le paye, et de le trahir
6236
un destin qui les terrifie ; pour le valet, c’est
de
servir son maître tant qu’il le paye, et de le trahir si les choses t
6237
r le valet, c’est de servir son maître tant qu’il
le
paye, et de le trahir si les choses tournent mal ; pour Mazetto, c’es
6238
c’est de servir son maître tant qu’il le paye, et
de
le trahir si les choses tournent mal ; pour Mazetto, c’est d’empêcher
6239
st de servir son maître tant qu’il le paye, et de
le
trahir si les choses tournent mal ; pour Mazetto, c’est d’empêcher Ze
6240
son maître tant qu’il le paye, et de le trahir si
les
choses tournent mal ; pour Mazetto, c’est d’empêcher Zerline de succo
6241
si les choses tournent mal ; pour Mazetto, c’est
d’
empêcher Zerline de succomber aux entreprises du seigneur ; pour Zerli
6242
nent mal ; pour Mazetto, c’est d’empêcher Zerline
de
succomber aux entreprises du seigneur ; pour Zerline, c’est de succom
6243
aux entreprises du seigneur ; pour Zerline, c’est
de
succomber ; et pour Don Juan de conquérir. Ici donc la morale des pri
6244
ur Zerline, c’est de succomber ; et pour Don Juan
de
conquérir. Ici donc la morale des principes, la morale des esclaves e
6245
ccomber ; et pour Don Juan de conquérir. Ici donc
la
morale des principes, la morale des esclaves et la morale des maîtres
6246
n de conquérir. Ici donc la morale des principes,
la
morale des esclaves et la morale des maîtres réclament ensemble et re
6247
a morale des principes, la morale des esclaves et
la
morale des maîtres réclament ensemble et revendiquent leur liberté, e
6248
t toutes, à des degrés divers, ne font que servir
l’
ordre assigné à chacun. En somme, elles crient toutes : Vive la Loi !
6249
né à chacun. En somme, elles crient toutes : Vive
la
Loi ! Seule la liberté de Don Juan, qui d’ailleurs mène le chœur, fai
6250
somme, elles crient toutes : Vive la Loi ! Seule
la
liberté de Don Juan, qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : e
6251
es crient toutes : Vive la Loi ! Seule la liberté
de
Don Juan, qui d’ailleurs mène le chœur, fait exception : elle veut br
6252
Seule la liberté de Don Juan, qui d’ailleurs mène
le
chœur, fait exception : elle veut braver le destin, mais elle y succo
6253
mène le chœur, fait exception : elle veut braver
le
destin, mais elle y succombera. Or cette liberté seule nous intéresse
6254
ccombera. Or cette liberté seule nous intéresse ;
les
autres ne sont guère que revendications déterminées dans l’homme par
6255
ne sont guère que revendications déterminées dans
l’
homme par son « emploi » social ou son éthique utilitaire. N’y a-t-il
6256
al ou son éthique utilitaire. N’y a-t-il donc pas
de
liberté ? Ou bien la seule vraie liberté serait-elle dans le défi du
6257
litaire. N’y a-t-il donc pas de liberté ? Ou bien
la
seule vraie liberté serait-elle dans le défi du Libertin à tout ce qu
6258
? Ou bien la seule vraie liberté serait-elle dans
le
défi du Libertin à tout ce que le commun des hommes tient pour vrai,
6259
erait-elle dans le défi du Libertin à tout ce que
le
commun des hommes tient pour vrai, nécessaire et sacré ? Lorsque les
6260
s tient pour vrai, nécessaire et sacré ? Lorsque
les
croisés se heurtèrent en Orient à l’invincible ordre des Assassins —
6261
? Lorsque les croisés se heurtèrent en Orient à
l’
invincible ordre des Assassins — écrivait Nietzsche en humeur donjuane
6262
ne sais par quelle voie, quelques indications sur
le
fameux symbole, le principe essentiel dont la connaissance était rése
6263
voie, quelques indications sur le fameux symbole,
le
principe essentiel dont la connaissance était réservée aux esprits su
6264
sur le fameux symbole, le principe essentiel dont
la
connaissance était réservée aux esprits supérieurs, seuls dépositaire
6265
servée aux esprits supérieurs, seuls dépositaires
de
cet ultime secret : Rien n’est vrai, tout est permis. C’était là de l
6266
et : Rien n’est vrai, tout est permis. C’était là
de
la vraie liberté d’esprit, une parole qui mettait en question la foi
6267
: Rien n’est vrai, tout est permis. C’était là de
la
vraie liberté d’esprit, une parole qui mettait en question la foi mêm
6268
, tout est permis. C’était là de la vraie liberté
d’
esprit, une parole qui mettait en question la foi même de la vérité.56
6269
erté d’esprit, une parole qui mettait en question
la
foi même de la vérité.56 On ne peut aller plus loin, on ne peut all
6270
t, une parole qui mettait en question la foi même
de
la vérité.56 On ne peut aller plus loin, on ne peut aller plus haut
6271
une parole qui mettait en question la foi même de
la
vérité.56 On ne peut aller plus loin, on ne peut aller plus haut —
6272
ut — mais peut-être est-ce aller trop haut — dans
la
défense et dans l’illustration du libertinage de l’esprit, contre la
6273
est-ce aller trop haut — dans la défense et dans
l’
illustration du libertinage de l’esprit, contre la liberté chrétienne
6274
la défense et dans l’illustration du libertinage
de
l’esprit, contre la liberté chrétienne d’une part, qui est obéissance
6275
défense et dans l’illustration du libertinage de
l’
esprit, contre la liberté chrétienne d’une part, qui est obéissance au
6276
l’illustration du libertinage de l’esprit, contre
la
liberté chrétienne d’une part, qui est obéissance au Révélé, et d’aut
6277
est obéissance au Révélé, et d’autre part contre
l’
ascèse scientifique, qui est elle aussi, à sa manière, une foi dans le
6278
e, qui est elle aussi, à sa manière, une foi dans
le
vrai objectif, une obéissance au vérifiable. Pourtant, la liberté que
6279
objectif, une obéissance au vérifiable. Pourtant,
la
liberté que Nietzsche veut aimer cessera vite d’être désirable quand
6280
la liberté que Nietzsche veut aimer cessera vite
d’
être désirable quand il aura tué la vérité elle-même : pas de « vraie
6281
r cessera vite d’être désirable quand il aura tué
la
vérité elle-même : pas de « vraie » liberté sans vérité. Comme Nietzs
6282
rable quand il aura tué la vérité elle-même : pas
de
« vraie » liberté sans vérité. Comme Nietzsche l’indique — pour l’oub
6283
de « vraie » liberté sans vérité. Comme Nietzsche
l’
indique — pour l’oublier tout aussitôt lorsqu’il attaque l’esprit chré
6284
rté sans vérité. Comme Nietzsche l’indique — pour
l’
oublier tout aussitôt lorsqu’il attaque l’esprit chrétien, métaphysiqu
6285
— pour l’oublier tout aussitôt lorsqu’il attaque
l’
esprit chrétien, métaphysique et ascétique, et le « petit faitalisme »
6286
l’esprit chrétien, métaphysique et ascétique, et
le
« petit faitalisme » scientifique — le « Rien n’est vrai, tout est pe
6287
étique, et le « petit faitalisme » scientifique —
le
« Rien n’est vrai, tout est permis » est une connaissance réservée, u
6288
l. « Aime et fais ce que tu veux », dit Augustin.
L’
Orient hindouiste et bouddhiste n’a pas dit autre chose avant eux, ni
6289
bouddhiste n’a pas dit autre chose avant eux, ni
les
mystiques de l’islam après eux. Cette connaissance ne peut être obten
6290
a pas dit autre chose avant eux, ni les mystiques
de
l’islam après eux. Cette connaissance ne peut être obtenue par un déf
6291
as dit autre chose avant eux, ni les mystiques de
l’
islam après eux. Cette connaissance ne peut être obtenue par un défi à
6292
e connaissance ne peut être obtenue par un défi à
la
morale courante, ni même par une révolte contre la Loi, à laquelle to
6293
a morale courante, ni même par une révolte contre
la
Loi, à laquelle tous les vrais spirituels sont « morts… de sorte qu’i
6294
me par une révolte contre la Loi, à laquelle tous
les
vrais spirituels sont « morts… de sorte qu’ils servent dans un esprit
6295
qu’ils servent dans un esprit nouveau, non selon
la
lettre.57 » Cette liberté seule « vraie » ne peut être le terme d’auc
6296
e.57 » Cette liberté seule « vraie » ne peut être
le
terme d’aucune espèce de revendication, nécessairement tournée vers l
6297
tte liberté seule « vraie » ne peut être le terme
d’
aucune espèce de revendication, nécessairement tournée vers l’extérieu
6298
e « vraie » ne peut être le terme d’aucune espèce
de
revendication, nécessairement tournée vers l’extérieur, vers les véri
6299
èce de revendication, nécessairement tournée vers
l’
extérieur, vers les vérités constituées : car celles-ci ne sont pas «
6300
on, nécessairement tournée vers l’extérieur, vers
les
vérités constituées : car celles-ci ne sont pas « vraies » (si elles
6301
) et leur renversement ne suffirait pas à révéler
la
Vérité, moins encore à la réfuter. Atteindre à la vraie liberté suppo
6302
suffirait pas à révéler la Vérité, moins encore à
la
réfuter. Atteindre à la vraie liberté suppose un changement intérieur
6303
la Vérité, moins encore à la réfuter. Atteindre à
la
vraie liberté suppose un changement intérieur — instantané comme dans
6304
e un changement intérieur — instantané comme dans
la
conversion chrétienne et l’illumination bouddhiste, ou lentement acqu
6305
instantané comme dans la conversion chrétienne et
l’
illumination bouddhiste, ou lentement acquis par le yoga. Atteindre à
6306
’illumination bouddhiste, ou lentement acquis par
le
yoga. Atteindre à la vraie liberté suppose donc une libération. Libé
6307
ste, ou lentement acquis par le yoga. Atteindre à
la
vraie liberté suppose donc une libération. Libération est la voie de
6308
erté suppose donc une libération. Libération est
la
voie de Tristan. Sa passion veut aimer sans limites au-delà des forme
6309
pose donc une libération. Libération est la voie
de
Tristan. Sa passion veut aimer sans limites au-delà des formes et du
6310
mps, au-delà du moi distinct et désirant, au-delà
de
tous les attachements terrestres, — elle veut ce ciel où l’amant et l
6311
delà du moi distinct et désirant, au-delà de tous
les
attachements terrestres, — elle veut ce ciel où l’amant et l’aimée se
6312
s attachements terrestres, — elle veut ce ciel où
l’
amant et l’aimée se confondent en un seul être, dans le règne sans fin
6313
nts terrestres, — elle veut ce ciel où l’amant et
l’
aimée se confondent en un seul être, dans le règne sans fin de l’Amour
6314
nt et l’aimée se confondent en un seul être, dans
le
règne sans fin de l’Amour sans réveil. Là, rien n’est plus ni vrai ni
6315
onfondent en un seul être, dans le règne sans fin
de
l’Amour sans réveil. Là, rien n’est plus ni vrai ni faux, ni tien ni
6316
ondent en un seul être, dans le règne sans fin de
l’
Amour sans réveil. Là, rien n’est plus ni vrai ni faux, ni tien ni mie
6317
ni séparé ni interdit, dans l’Un sans nom : Dans
le
flot houleux Dans l’éclat sonore Dans la tourmente infinie Du souffle
6318
, dans l’Un sans nom : Dans le flot houleux Dans
l’
éclat sonore Dans la tourmente infinie Du souffle du Monde S’engloutir
6319
: Dans le flot houleux Dans l’éclat sonore Dans
la
tourmente infinie Du souffle du Monde S’engloutir S’abîmer Inconscien
6320
ir S’abîmer Inconscient Joie suprême58 ! Mais si
le
moi est dépassé, qui est libre ? Et qui peut encore aimer qui ? C’est
6321
libre ? Et qui peut encore aimer qui ? C’est dans
l’
énigme jamais résolue de ce nirvana romantique (où le Souffle du Monde
6322
re aimer qui ? C’est dans l’énigme jamais résolue
de
ce nirvana romantique (où le Souffle du Monde est encore une « tourme
6323
nigme jamais résolue de ce nirvana romantique (où
le
Souffle du Monde est encore une « tourmente » !) que nous laissent le
6324
est encore une « tourmente » !) que nous laissent
les
dernières mesures de Tristan. L’amour. — Ici la dialectique des deux
6325
ente » !) que nous laissent les dernières mesures
de
Tristan. L’amour. — Ici la dialectique des deux mythes se resserre.
6326
nous laissent les dernières mesures de Tristan.
L’
amour. — Ici la dialectique des deux mythes se resserre. Elle atteint
6327
les dernières mesures de Tristan. L’amour. — Ici
la
dialectique des deux mythes se resserre. Elle atteint sa formulation
6328
x mythes se resserre. Elle atteint sa formulation
la
plus abstraite au moment de rejoindre enfin ce que l’on croyait son o
6329
lus abstraite au moment de rejoindre enfin ce que
l’
on croyait son origine concrète, et qui lui échappe. Point d’amour pou
6330
t son origine concrète, et qui lui échappe. Point
d’
amour pour Don Juan, le désir seul ; ni de prochain, mais seulement de
6331
et qui lui échappe. Point d’amour pour Don Juan,
le
désir seul ; ni de prochain, mais seulement des objets. Mais pour Tri
6332
. Point d’amour pour Don Juan, le désir seul ; ni
de
prochain, mais seulement des objets. Mais pour Tristan, si le dernier
6333
dernier obstacle qui nourrit sa passion est dans
le
moi distinct, et si ce moi doit s’abîmer dans l’inconscient tout-engl
6334
le moi distinct, et si ce moi doit s’abîmer dans
l’
inconscient tout-englobant, il n’y a plus d’objet, ni de prochain. Il
6335
dans l’inconscient tout-englobant, il n’y a plus
d’
objet, ni de prochain. Il n’y a plus que l’amour de l’amour dans un su
6336
nscient tout-englobant, il n’y a plus d’objet, ni
de
prochain. Il n’y a plus que l’amour de l’amour dans un sujet qui, lui
6337
a plus d’objet, ni de prochain. Il n’y a plus que
l’
amour de l’amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que re
6338
’objet, ni de prochain. Il n’y a plus que l’amour
de
l’amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t-il
6339
jet, ni de prochain. Il n’y a plus que l’amour de
l’
amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t-il ?
6340
l ? Comme d’autres perdent, pour sauver leur vie,
les
raisons de vivre, Tristan perd, à cause de l’amour les raisons humain
6341
autres perdent, pour sauver leur vie, les raisons
de
vivre, Tristan perd, à cause de l’amour les raisons humaines d’aimer.
6342
e, les raisons de vivre, Tristan perd, à cause de
l’
amour les raisons humaines d’aimer. Dans la pureté de leur expression
6343
aisons de vivre, Tristan perd, à cause de l’amour
les
raisons humaines d’aimer. Dans la pureté de leur expression mythique
6344
tan perd, à cause de l’amour les raisons humaines
d’
aimer. Dans la pureté de leur expression mythique, l’extraversion de
6345
se de l’amour les raisons humaines d’aimer. Dans
la
pureté de leur expression mythique, l’extraversion de Don Juan et l’i
6346
our les raisons humaines d’aimer. Dans la pureté
de
leur expression mythique, l’extraversion de Don Juan et l’introversio
6347
mer. Dans la pureté de leur expression mythique,
l’
extraversion de Don Juan et l’introversion de Tristan anéantissent, ch
6348
ureté de leur expression mythique, l’extraversion
de
Don Juan et l’introversion de Tristan anéantissent, chacun à sa maniè
6349
xpression mythique, l’extraversion de Don Juan et
l’
introversion de Tristan anéantissent, chacun à sa manière, la réalité
6350
que, l’extraversion de Don Juan et l’introversion
de
Tristan anéantissent, chacun à sa manière, la réalité du prochain. Do
6351
ion de Tristan anéantissent, chacun à sa manière,
la
réalité du prochain. Don Juan et Tristan, symboles de l’âme, ne sont
6352
éalité du prochain. Don Juan et Tristan, symboles
de
l’âme, ne sont en fait que deux manières d’aimer sans aimer le procha
6353
ité du prochain. Don Juan et Tristan, symboles de
l’
âme, ne sont en fait que deux manières d’aimer sans aimer le prochain.
6354
boles de l’âme, ne sont en fait que deux manières
d’
aimer sans aimer le prochain. N’étant pas des personnes, mais des puis
6355
sont en fait que deux manières d’aimer sans aimer
le
prochain. N’étant pas des personnes, mais des puissances, ils ne saur
6356
s, ils ne sauraient s’aimer eux-mêmes, ce qui est
la
condition de l’amour d’un autre, et donc de tout amour réel : car san
6357
raient s’aimer eux-mêmes, ce qui est la condition
de
l’amour d’un autre, et donc de tout amour réel : car sans prochain, l
6358
ent s’aimer eux-mêmes, ce qui est la condition de
l’
amour d’un autre, et donc de tout amour réel : car sans prochain, l’am
6359
mer eux-mêmes, ce qui est la condition de l’amour
d’
un autre, et donc de tout amour réel : car sans prochain, l’amour ne s
6360
i est la condition de l’amour d’un autre, et donc
de
tout amour réel : car sans prochain, l’amour ne sait plus où se prend
6361
, et donc de tout amour réel : car sans prochain,
l’
amour ne sait plus où se prendre. Tout amour véritable est relation ré
6362
t d’abord à l’intérieur de chaque personne, entre
l’
individu, qui est l’objet naturel, et la vocation qu’il reçoit, sujet
6363
eur de chaque personne, entre l’individu, qui est
l’
objet naturel, et la vocation qu’il reçoit, sujet nouveau, — et tel es
6364
ne, entre l’individu, qui est l’objet naturel, et
la
vocation qu’il reçoit, sujet nouveau, — et tel est l’amour de soi-mêm
6365
ocation qu’il reçoit, sujet nouveau, — et tel est
l’
amour de soi-même. Elle s’établit ensuite à l’intérieur du couple, ent
6366
qu’il reçoit, sujet nouveau, — et tel est l’amour
de
soi-même. Elle s’établit ensuite à l’intérieur du couple, entre les d
6367
est l’amour de soi-même. Elle s’établit ensuite à
l’
intérieur du couple, entre les deux sujets-objets que constituent les
6368
s’établit ensuite à l’intérieur du couple, entre
les
deux sujets-objets que constituent les deux personnes mariées. Elle s
6369
ple, entre les deux sujets-objets que constituent
les
deux personnes mariées. Elle s’établit enfin entre le couple et la co
6370
eux personnes mariées. Elle s’établit enfin entre
le
couple et la communauté humaine. Telle est la plénitude de l’amour —
6371
mariées. Elle s’établit enfin entre le couple et
la
communauté humaine. Telle est la plénitude de l’amour — et sa rareté
6372
tre le couple et la communauté humaine. Telle est
la
plénitude de l’amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts deva
6373
et la communauté humaine. Telle est la plénitude
de
l’amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts devant elle ont t
6374
la communauté humaine. Telle est la plénitude de
l’
amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts devant elle ont touj
6375
reculé. Et nos littératures, impuissantes à créer
le
mythe du mariage idéal, ont vécu de ses maladies… ⁂ En ce terme d’une
6376
antes à créer le mythe du mariage idéal, ont vécu
de
ses maladies… ⁂ En ce terme d’une longue méditation au carrefour fabu
6377
ge idéal, ont vécu de ses maladies… ⁂ En ce terme
d’
une longue méditation au carrefour fabuleux qu’aucune carte n’indique,
6378
eux qu’aucune carte n’indique, une conclusion que
l’
on n’était pas sans pressentir dévoile enfin son visage ambigu. Les de
6379
sans pressentir dévoile enfin son visage ambigu.
Les
deux mythes les plus prestigieux de l’amour que l’on rêve en Occident
6380
dévoile enfin son visage ambigu. Les deux mythes
les
plus prestigieux de l’amour que l’on rêve en Occident sont en réalité
6381
sage ambigu. Les deux mythes les plus prestigieux
de
l’amour que l’on rêve en Occident sont en réalité deux négations de l
6382
e ambigu. Les deux mythes les plus prestigieux de
l’
amour que l’on rêve en Occident sont en réalité deux négations de l’am
6383
s deux mythes les plus prestigieux de l’amour que
l’
on rêve en Occident sont en réalité deux négations de l’amour vrai dan
6384
n rêve en Occident sont en réalité deux négations
de
l’amour vrai dans le mariage, bien qu’ils en soient inséparables : il
6385
êve en Occident sont en réalité deux négations de
l’
amour vrai dans le mariage, bien qu’ils en soient inséparables : ils s
6386
nt en réalité deux négations de l’amour vrai dans
le
mariage, bien qu’ils en soient inséparables : ils sont nés de lui, co
6387
bien qu’ils en soient inséparables : ils sont nés
de
lui, contre lui, et ne pourraient se perpétuer sans lui. Mais ici se
6388
nos tentations majeures, mais des signes chargés
de
sens. Qu’ils se lèvent soudain devant nous, fascinants comme un rêve
6389
d’autres nuits, au lieu de nous accompagner dans
l’
ombre, et nous savons que le moment est venu de virer de cap, ou bien
6390
nous accompagner dans l’ombre, et nous savons que
le
moment est venu de virer de cap, ou bien d’affronter la tempête et le
6391
e, et nous savons que le moment est venu de virer
de
cap, ou bien d’affronter la tempête et les orages désirés. Tous les d
6392
s que le moment est venu de virer de cap, ou bien
d’
affronter la tempête et les orages désirés. Tous les deux ont raison c
6393
ent est venu de virer de cap, ou bien d’affronter
la
tempête et les orages désirés. Tous les deux ont raison contre la vie
6394
e virer de cap, ou bien d’affronter la tempête et
les
orages désirés. Tous les deux ont raison contre la vie, dès qu’elle r
6395
’affronter la tempête et les orages désirés. Tous
les
deux ont raison contre la vie, dès qu’elle relâche ses tensions. Tous
6396
s orages désirés. Tous les deux ont raison contre
la
vie, dès qu’elle relâche ses tensions. Tous les deux ont raison contr
6397
re la vie, dès qu’elle relâche ses tensions. Tous
les
deux ont raison contre l’amour, sitôt qu’il se ramène en soi, cessant
6398
che ses tensions. Tous les deux ont raison contre
l’
amour, sitôt qu’il se ramène en soi, cessant d’être un échange vivant.
6399
re l’amour, sitôt qu’il se ramène en soi, cessant
d’
être un échange vivant. Enfin tous les deux ont raison contre nos mora
6400
soi, cessant d’être un échange vivant. Enfin tous
les
deux ont raison contre nos morales de série, hygiéniques, étatiques,
6401
Enfin tous les deux ont raison contre nos morales
de
série, hygiéniques, étatiques, et sans style ni virtu. Dès qu’un désé
6402
bre se trahit en nous, ou provoque une crise dans
le
couple, ils s’y jettent et l’aggravent à plaisir. Que l’un des deux g
6403
oque une crise dans le couple, ils s’y jettent et
l’
aggravent à plaisir. Que l’un des deux gagne à la main, il aura tôt fa
6404
l’aggravent à plaisir. Que l’un des deux gagne à
la
main, il aura tôt fait de ruiner mariage, modération, personne, et la
6405
e l’un des deux gagne à la main, il aura tôt fait
de
ruiner mariage, modération, personne, et la vie même. Mais sans eux,
6406
fait de ruiner mariage, modération, personne, et
la
vie même. Mais sans eux, que seraient nos amours ? 23. Nietzsche,
6407
seraient nos amours ? 23. Nietzsche, Par-delà
le
bien et le mal, n° 106. 24. Kierkegaard dit en termes hégéliens : co
6408
s amours ? 23. Nietzsche, Par-delà le bien et
le
mal, n° 106. 24. Kierkegaard dit en termes hégéliens : conforme à l’
6409
Kierkegaard dit en termes hégéliens : conforme à
l’
idée pure, à l’idéalité, à la catégorie. Il n’a pas de peine à démontr
6410
t en termes hégéliens : conforme à l’idée pure, à
l’
idéalité, à la catégorie. Il n’a pas de peine à démontrer que les Don
6411
géliens : conforme à l’idée pure, à l’idéalité, à
la
catégorie. Il n’a pas de peine à démontrer que les Don Juan de Molièr
6412
ée pure, à l’idéalité, à la catégorie. Il n’a pas
de
peine à démontrer que les Don Juan de Molière, de Heiberg, de Byron s
6413
la catégorie. Il n’a pas de peine à démontrer que
les
Don Juan de Molière, de Heiberg, de Byron sont à cet égard loin de co
6414
de peine à démontrer que les Don Juan de Molière,
de
Heiberg, de Byron sont à cet égard loin de compte. 25. Ou bien… ou
6415
émontrer que les Don Juan de Molière, de Heiberg,
de
Byron sont à cet égard loin de compte. 25. Ou bien… ou bien, « Les
6416
t égard loin de compte. 25. Ou bien… ou bien, «
Les
stades de l’érotique spontané ou l’érotique musical » (troisième stad
6417
n de compte. 25. Ou bien… ou bien, « Les stades
de
l’érotique spontané ou l’érotique musical » (troisième stade). 26.
6418
e compte. 25. Ou bien… ou bien, « Les stades de
l’
érotique spontané ou l’érotique musical » (troisième stade). 26. Ét
6419
… ou bien, « Les stades de l’érotique spontané ou
l’
érotique musical » (troisième stade). 26. Étapes sur le chemin de l
6420
ue musical » (troisième stade). 26. Étapes sur
le
chemin de la vie, « In Vino Veritas », discours de Johannes le Séduct
6421
» (troisième stade). 26. Étapes sur le chemin
de
la vie, « In Vino Veritas », discours de Johannes le Séducteur. Casan
6422
(troisième stade). 26. Étapes sur le chemin de
la
vie, « In Vino Veritas », discours de Johannes le Séducteur. Casanova
6423
e chemin de la vie, « In Vino Veritas », discours
de
Johannes le Séducteur. Casanova serait beaucoup plus conforme au type
6424
e selon Kierkegaard — sinon selon Mozart ! —, que
les
Valmont et autres séducteurs machiavéliques du xviiie siècle, qui ne
6425
re eux que colère, honte et mépris. Casanova aime
les
femmes, Valmont ne cherche qu’à gagner des parties. C’est un des lieu
6426
’à gagner des parties. C’est un des lieux communs
de
la critique moderne que de nier le caractère donjuanesque du personna
6427
gagner des parties. C’est un des lieux communs de
la
critique moderne que de nier le caractère donjuanesque du personnage
6428
t un des lieux communs de la critique moderne que
de
nier le caractère donjuanesque du personnage de Casanova. Certes, Cas
6429
lieux communs de la critique moderne que de nier
le
caractère donjuanesque du personnage de Casanova. Certes, Casanova n’
6430
e de nier le caractère donjuanesque du personnage
de
Casanova. Certes, Casanova n’est pas impie, n’est pas démon, ne provo
6431
as impie, n’est pas démon, ne provoque ni Dieu ni
les
hommes. Il n’est pas révolutionnaire, et n’est pas non plus grand sei
6432
holique à bon compte mais pas athée, occultiste à
l’
esbroufe mais très superstitieux. Enfin, il se contente de conquêtes f
6433
fe mais très superstitieux. Enfin, il se contente
de
conquêtes faciles. (Mais je ne sais où l’on prend que Don Juan les dé
6434
ontente de conquêtes faciles. (Mais je ne sais où
l’
on prend que Don Juan les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogu
6435
iles. (Mais je ne sais où l’on prend que Don Juan
les
dédaigne ? N’aurait-on jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé pou
6436
que Don Juan les dédaigne ? N’aurait-on jamais lu
le
Catalogue ?) Entendu, accordé pour l’essentiel. Mais quoi ! Don Juan
6437
n jamais lu le Catalogue ?) Entendu, accordé pour
l’
essentiel. Mais quoi ! Don Juan n’a jamais existé, il est un mythe ; e
6438
Don Juan n’a jamais existé, il est un mythe ; et
la
plus grande différence entre Casanova et le mythe, c’est que les Mémo
6439
; et la plus grande différence entre Casanova et
le
mythe, c’est que les Mémoires existent bel et bien. Quant aux points
6440
différence entre Casanova et le mythe, c’est que
les
Mémoires existent bel et bien. Quant aux points de contact historique
6441
s Mémoires existent bel et bien. Quant aux points
de
contact historiques entre le Vénitien et Don Giovanni, qu’il suffise
6442
en. Quant aux points de contact historiques entre
le
Vénitien et Don Giovanni, qu’il suffise de rappeler l’amitié qui liai
6443
entre le Vénitien et Don Giovanni, qu’il suffise
de
rappeler l’amitié qui liait Da Ponte et Casanova au moment où l’abbé
6444
nitien et Don Giovanni, qu’il suffise de rappeler
l’
amitié qui liait Da Ponte et Casanova au moment où l’abbé écrivit son
6445
mitié qui liait Da Ponte et Casanova au moment où
l’
abbé écrivit son livret, la visite que les deux compères firent alors
6446
Casanova au moment où l’abbé écrivit son livret,
la
visite que les deux compères firent alors à Mozart, la présence de Ca
6447
oment où l’abbé écrivit son livret, la visite que
les
deux compères firent alors à Mozart, la présence de Casanova lors de
6448
site que les deux compères firent alors à Mozart,
la
présence de Casanova lors de la première de Don Giovanni à Prague, en
6449
deux compères firent alors à Mozart, la présence
de
Casanova lors de la première de Don Giovanni à Prague, enfin une vers
6450
zart, la présence de Casanova lors de la première
de
Don Giovanni à Prague, enfin une version différente du sextuor du IIe
6451
rouvée dans ses papiers à Dux. 27. À rapprocher
de
Nietzsche : « Le mot le plus pudique que j’aie jamais entendu : — Dan
6452
apiers à Dux. 27. À rapprocher de Nietzsche : «
Le
mot le plus pudique que j’aie jamais entendu : — Dans le véritable am
6453
à Dux. 27. À rapprocher de Nietzsche : « Le mot
le
plus pudique que j’aie jamais entendu : — Dans le véritable amour, c’
6454
le plus pudique que j’aie jamais entendu : — Dans
le
véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe le corps. » (Par-delà le b
6455
jamais entendu : — Dans le véritable amour, c’est
l’
âme qui enveloppe le corps. » (Par-delà le bien et le mal, 142.) 28.
6456
ans le véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe
le
corps. » (Par-delà le bien et le mal, 142.) 28. Kierkegaard voit trè
6457
, c’est l’âme qui enveloppe le corps. » (Par-delà
le
bien et le mal, 142.) 28. Kierkegaard voit très bien la parenté des
6458
me qui enveloppe le corps. » (Par-delà le bien et
le
mal, 142.) 28. Kierkegaard voit très bien la parenté des mythes de F
6459
et le mal, 142.) 28. Kierkegaard voit très bien
la
parenté des mythes de Faust et de Don Juan (voir notamment le dévelop
6460
Kierkegaard voit très bien la parenté des mythes
de
Faust et de Don Juan (voir notamment le développement sur Marguerite,
6461
voit très bien la parenté des mythes de Faust et
de
Don Juan (voir notamment le développement sur Marguerite, dans Ou bie
6462
es mythes de Faust et de Don Juan (voir notamment
le
développement sur Marguerite, dans Ou bien… ou bien, « Tracés d’ombre
6463
t sur Marguerite, dans Ou bien… ou bien, « Tracés
d’
ombre »). Dans l’ouvrage si intelligent et si bien informé de Mlle Mic
6464
dans Ou bien… ou bien, « Tracés d’ombre »). Dans
l’
ouvrage si intelligent et si bien informé de Mlle Micheline Sauvage :
6465
Dans l’ouvrage si intelligent et si bien informé
de
Mlle Micheline Sauvage : Le Cas Don Juan (une seule lacune, presque i
6466
nt et si bien informé de Mlle Micheline Sauvage :
Le
Cas Don Juan (une seule lacune, presque incroyable : Kierkegaard n’y
6467
nt des gémeaux mythiques… moitiés complémentaires
d’
un être double… Don Juan est intelligent, épris de clair savoir, il a
6468
d’un être double… Don Juan est intelligent, épris
de
clair savoir, il a une tête faustienne, Faust est voluptueux, désireu
6469
e tête faustienne, Faust est voluptueux, désireux
d’
amour, il a des sens et un cœur donjuanesques… Faust est l’intelligenc
6470
il a des sens et un cœur donjuanesques… Faust est
l’
intelligence de Don Juan ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romant
6471
t un cœur donjuanesques… Faust est l’intelligence
de
Don Juan ; Don Juan est l’érotisme de Faust… Le romantisme conclura q
6472
ust est l’intelligence de Don Juan ; Don Juan est
l’
érotisme de Faust… Le romantisme conclura que Don Juan et Faust cherch
6473
ntelligence de Don Juan ; Don Juan est l’érotisme
de
Faust… Le romantisme conclura que Don Juan et Faust cherchent tous de
6474
e de Don Juan ; Don Juan est l’érotisme de Faust…
Le
romantisme conclura que Don Juan et Faust cherchent tous deux l’absol
6475
onclura que Don Juan et Faust cherchent tous deux
l’
absolu, et que le héros unique s’appelle Faust quand il demande cet ab
6476
uan et Faust cherchent tous deux l’absolu, et que
le
héros unique s’appelle Faust quand il demande cet absolu à la science
6477
que s’appelle Faust quand il demande cet absolu à
la
science, Don Juan quand il le demande à la volupté. » Etc. 29. Étap
6478
emande cet absolu à la science, Don Juan quand il
le
demande à la volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin de la Vie, «
6479
solu à la science, Don Juan quand il le demande à
la
volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin de la Vie, « Propos sur le
6480
le demande à la volupté. » Etc. 29. Étapes sur
le
Chemin de la Vie, « Propos sur le mariage ». 30. Les Œuvres de l’am
6481
e à la volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin
de
la Vie, « Propos sur le mariage ». 30. Les Œuvres de l’amour, 1847.
6482
la volupté. » Etc. 29. Étapes sur le Chemin de
la
Vie, « Propos sur le mariage ». 30. Les Œuvres de l’amour, 1847. 3
6483
29. Étapes sur le Chemin de la Vie, « Propos sur
le
mariage ». 30. Les Œuvres de l’amour, 1847. 31. Riens philosophiq
6484
hemin de la Vie, « Propos sur le mariage ». 30.
Les
Œuvres de l’amour, 1847. 31. Riens philosophiques, « Le Dieu comme
6485
Vie, « Propos sur le mariage ». 30. Les Œuvres
de
l’amour, 1847. 31. Riens philosophiques, « Le Dieu comme maître et
6486
e, « Propos sur le mariage ». 30. Les Œuvres de
l’
amour, 1847. 31. Riens philosophiques, « Le Dieu comme maître et sau
6487
s de l’amour, 1847. 31. Riens philosophiques, «
Le
Dieu comme maître et sauveur ». 32. Étapes, « Problèmes du mariage
6488
, « Coupable ? non coupable ? » 34. Chap. III, «
Le
Paradoxe absolu (une chimère métaphysique) ». 35. Aurore, n° 27. 3
6489
hysique) ». 35. Aurore, n° 27. 36. Généalogie
de
la Morale, « Quel est le sens de tout idéal ascétique ? », 7. 37. A
6490
ique) ». 35. Aurore, n° 27. 36. Généalogie de
la
Morale, « Quel est le sens de tout idéal ascétique ? », 7. 37. Auro
6491
n° 27. 36. Généalogie de la Morale, « Quel est
le
sens de tout idéal ascétique ? », 7. 37. Aurore, n° 503. 38. La N
6492
36. Généalogie de la Morale, « Quel est le sens
de
tout idéal ascétique ? », 7. 37. Aurore, n° 503. 38. La Naissance
6493
éal ascétique ? », 7. 37. Aurore, n° 503. 38.
La
Naissance de la philosophie à l’époque de la tragédie grecque, chap.
6494
? », 7. 37. Aurore, n° 503. 38. La Naissance
de
la philosophie à l’époque de la tragédie grecque, chap. II. 39. Par
6495
», 7. 37. Aurore, n° 503. 38. La Naissance de
la
philosophie à l’époque de la tragédie grecque, chap. II. 39. Par-de
6496
e, n° 503. 38. La Naissance de la philosophie à
l’
époque de la tragédie grecque, chap. II. 39. Par-delà…, n° 260 fin.
6497
. 38. La Naissance de la philosophie à l’époque
de
la tragédie grecque, chap. II. 39. Par-delà…, n° 260 fin. 40. Aur
6498
38. La Naissance de la philosophie à l’époque de
la
tragédie grecque, chap. II. 39. Par-delà…, n° 260 fin. 40. Aurore
6499
ar-delà…, n° 260 fin. 40. Aurore, n° 109. 41.
L’
Origine de la tragédie (1869-1872), p. 137, 207, 208, trad. française,
6500
n° 260 fin. 40. Aurore, n° 109. 41. L’Origine
de
la tragédie (1869-1872), p. 137, 207, 208, trad. française, Mercure d
6501
260 fin. 40. Aurore, n° 109. 41. L’Origine de
la
tragédie (1869-1872), p. 137, 207, 208, trad. française, Mercure de F
6502
7, 208, trad. française, Mercure de France. 42.
L’
Origine de la tragédie, p. 190-191. 43. Ecce Homo. 44. Le choc prof
6503
ad. française, Mercure de France. 42. L’Origine
de
la tragédie, p. 190-191. 43. Ecce Homo. 44. Le choc profond que du
6504
française, Mercure de France. 42. L’Origine de
la
tragédie, p. 190-191. 43. Ecce Homo. 44. Le choc profond que dut é
6505
de la tragédie, p. 190-191. 43. Ecce Homo. 44.
Le
choc profond que dut éprouver Nietzsche, à cette nouvelle, précède do
6506
prouver Nietzsche, à cette nouvelle, précède donc
de
très peu l’illumination de Sils-Maria, le renversement spectaculaire
6507
zsche, à cette nouvelle, précède donc de très peu
l’
illumination de Sils-Maria, le renversement spectaculaire dont la seco
6508
nouvelle, précède donc de très peu l’illumination
de
Sils-Maria, le renversement spectaculaire dont la seconde partie de Z
6509
de donc de très peu l’illumination de Sils-Maria,
le
renversement spectaculaire dont la seconde partie de Zarathoustra va
6510
renversement spectaculaire dont la seconde partie
de
Zarathoustra va témoigner. Cf. infra, p. 153. 45. Le Cas Wagner, d
6511
athoustra va témoigner. Cf. infra, p. 153. 45.
Le
Cas Wagner, dans Le Crépuscule des Idoles (1888). 46. Par-delà le b
6512
er. Cf. infra, p. 153. 45. Le Cas Wagner, dans
Le
Crépuscule des Idoles (1888). 46. Par-delà le bien et le mal, passi
6513
s Le Crépuscule des Idoles (1888). 46. Par-delà
le
bien et le mal, passim. 47. Aurore, n° 327. 48. Aurore, n° 429.
6514
cule des Idoles (1888). 46. Par-delà le bien et
le
mal, passim. 47. Aurore, n° 327. 48. Aurore, n° 429. 49. L’Amo
6515
47. Aurore, n° 327. 48. Aurore, n° 429. 49.
L’
Amour et l’Occident . 50. L’Amour et l’Occident 51. L’homme poli
6516
, n° 327. 48. Aurore, n° 429. 49. L’Amour et
l’
Occident . 50. L’Amour et l’Occident 51. L’homme politique oppor
6517
re, n° 429. 49. L’Amour et l’Occident . 50.
L’
Amour et l’Occident 51. L’homme politique opportuniste et joueur re
6518
49. L’Amour et l’Occident . 50. L’Amour et
l’
Occident 51. L’homme politique opportuniste et joueur relève du typ
6519
l’Occident . 50. L’Amour et l’Occident 51.
L’
homme politique opportuniste et joueur relève du type donjuanesque. À
6520
r relève du type donjuanesque. À l’autre extrême,
le
général de Gaulle est tristanien dans son nationalisme. Son Iseut, c’
6521
ristanien dans son nationalisme. Son Iseut, c’est
la
France, il est bien près de le dire en plus d’une page de ses mémoire
6522
. Son Iseut, c’est la France, il est bien près de
le
dire en plus d’une page de ses mémoires, et pas seulement aux premièr
6523
st la France, il est bien près de le dire en plus
d’
une page de ses mémoires, et pas seulement aux premières phrases où il
6524
e, il est bien près de le dire en plus d’une page
de
ses mémoires, et pas seulement aux premières phrases où il compare la
6525
pas seulement aux premières phrases où il compare
la
France à la « princesse des contes…, vouée à une destinée éminente et
6526
t aux premières phrases où il compare la France à
la
« princesse des contes…, vouée à une destinée éminente et exceptionne
6527
le », — fût-ce à « des malheurs exemplaires ». Il
l’
a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il l’a ramenée au Mari légit
6528
es malheurs exemplaires ». Il l’a longtemps aimée
de
loin, dans son exil. Il l’a ramenée au Mari légitime, représenté par
6529
Il l’a longtemps aimée de loin, dans son exil. Il
l’
a ramenée au Mari légitime, représenté par la Légalité de l’État, aprè
6530
. Il l’a ramenée au Mari légitime, représenté par
la
Légalité de l’État, après l’avoir délivrée de haute lutte en terrassa
6531
enée au Mari légitime, représenté par la Légalité
de
l’État, après l’avoir délivrée de haute lutte en terrassant le géant
6532
e au Mari légitime, représenté par la Légalité de
l’
État, après l’avoir délivrée de haute lutte en terrassant le géant qui
6533
time, représenté par la Légalité de l’État, après
l’
avoir délivrée de haute lutte en terrassant le géant qui la tenait cap
6534
par la Légalité de l’État, après l’avoir délivrée
de
haute lutte en terrassant le géant qui la tenait captive et qui exige
6535
rès l’avoir délivrée de haute lutte en terrassant
le
géant qui la tenait captive et qui exigeait son tribut de jeunes gens
6536
élivrée de haute lutte en terrassant le géant qui
la
tenait captive et qui exigeait son tribut de jeunes gens (Minotaure-M
6537
qui la tenait captive et qui exigeait son tribut
de
jeunes gens (Minotaure-Morholt-Hitler). Puis il a dû s’éloigner de no
6538
). Puis il a dû s’éloigner de nouveau, écœuré par
l’
intrigue des barons félons. Certes, il est revenu à son appel. Mais la
6539
s félons. Certes, il est revenu à son appel. Mais
la
vraie passion tristanienne se nourrit de retraits et d’obstacles, qui
6540
el. Mais la vraie passion tristanienne se nourrit
de
retraits et d’obstacles, quitte à les susciter s’ils semblent faire d
6541
ie passion tristanienne se nourrit de retraits et
d’
obstacles, quitte à les susciter s’ils semblent faire défaut. Entre la
6542
e se nourrit de retraits et d’obstacles, quitte à
les
susciter s’ils semblent faire défaut. Entre la France et lui, quand i
6543
à les susciter s’ils semblent faire défaut. Entre
la
France et lui, quand il était le plus fort — Tristan plus fort que le
6544
re défaut. Entre la France et lui, quand il était
le
plus fort — Tristan plus fort que le roi Marc —, n’a-t-il pas déposé
6545
and il était le plus fort — Tristan plus fort que
le
roi Marc —, n’a-t-il pas déposé une épée symbolique ? Pour qu’une pas
6546
déposé une épée symbolique ? Pour qu’une passion
de
cette nature n’aboutisse point à quelque « malheur exemplaire », il f
6547
xemplaire », il faudrait qu’un heureux « accident
de
l’histoire » vienne déjouer la logique du Mythe. 52. « Celui qui ne
6548
plaire », il faudrait qu’un heureux « accident de
l’
histoire » vienne déjouer la logique du Mythe. 52. « Celui qui ne sai
6549
heureux « accident de l’histoire » vienne déjouer
la
logique du Mythe. 52. « Celui qui ne sait pas trouver le chemin qui
6550
ue du Mythe. 52. « Celui qui ne sait pas trouver
le
chemin qui conduit à son idéal, vit de façon plus frivole, plus insol
6551
as trouver le chemin qui conduit à son idéal, vit
de
façon plus frivole, plus insolente, que l’être sans idéal », observe
6552
l, vit de façon plus frivole, plus insolente, que
l’
être sans idéal », observe Nietzsche. (Par-delà… n° 133). 53. H. de M
6553
(Par-delà… n° 133). 53. H. de Montherlant : Sur
les
femmes. 54. Otto Rank : Don Juan, une étude sur le double, 1922. — À
6554
femmes. 54. Otto Rank : Don Juan, une étude sur
le
double, 1922. — À propos de Dona Anna : les biographes de Mozart nous
6555
de sur le double, 1922. — À propos de Dona Anna :
les
biographes de Mozart nous assurent que ses contemporains ne doutaient
6556
e, 1922. — À propos de Dona Anna : les biographes
de
Mozart nous assurent que ses contemporains ne doutaient pas un instan
6557
Dona Anna ait cédé à Don Juan, prenant (ou non) «
l’
homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de l’obscurité. Mais c’es
6558
t (ou non) « l’homme inconnu » pour son fiancé, à
la
faveur de l’obscurité. Mais c’est Dona Anna qui appelle son père, au
6559
« l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur
de
l’obscurité. Mais c’est Dona Anna qui appelle son père, au moment où
6560
l’homme inconnu » pour son fiancé, à la faveur de
l’
obscurité. Mais c’est Dona Anna qui appelle son père, au moment où ell
6561
peu trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi »
de
la sorte. Il a mieux aimé ses conquêtes et elles l’ont mieux conquis
6562
u trop vite. Je ne vois pas Casanova « trahi » de
la
sorte. Il a mieux aimé ses conquêtes et elles l’ont mieux conquis : o
6563
la sorte. Il a mieux aimé ses conquêtes et elles
l’
ont mieux conquis : on se sépare heureux, dans les Mémoires. — Notons
6564
l’ont mieux conquis : on se sépare heureux, dans
les
Mémoires. — Notons aussi que Dona Anna, si elle déclare sa haine pour
6565
déclare sa haine pour Don Juan, n’est pas pressée
d’
épouser Don Ottavio… 55. Mon Journal d’Allemagne ne fait qu’une ou
6566
pressée d’épouser Don Ottavio… 55. Mon Journal
d’
Allemagne ne fait qu’une ou deux allusions très voilées à cette trans
6567
Il faut croire que mon hypothèse se lisait entre
les
lignes, néanmoins, puisque Eugène Ionesco a pu dire que mon livre lui
6568
Ionesco a pu dire que mon livre lui avait suggéré
le
sujet de son Rhinocéros. 56. Généalogie de la morale, III, 24. 57.
6569
pu dire que mon livre lui avait suggéré le sujet
de
son Rhinocéros. 56. Généalogie de la morale, III, 24. 57. Romains,
6570
géré le sujet de son Rhinocéros. 56. Généalogie
de
la morale, III, 24. 57. Romains, 7, 6. 58. Derniers vers du livret
6571
é le sujet de son Rhinocéros. 56. Généalogie de
la
morale, III, 24. 57. Romains, 7, 6. 58. Derniers vers du livret de
6572
57. Romains, 7, 6. 58. Derniers vers du livret
de
Tristan.
6573
Dialectique des mythes II
Les
deux âmes d’André Gide … à présent que j’y vois un peu plus clair…
6574
Dialectique des mythes II Les deux âmes
d’
André Gide … à présent que j’y vois un peu plus clair… Et nunc man
6575
u plus clair… Et nunc manet in te. Au lendemain
de
la mort d’André Gide, j’avais écrit pour un Hommage collectif quelque
6576
lus clair… Et nunc manet in te. Au lendemain de
la
mort d’André Gide, j’avais écrit pour un Hommage collectif quelques p
6577
r… Et nunc manet in te. Au lendemain de la mort
d’
André Gide, j’avais écrit pour un Hommage collectif quelques pages don
6578
rit pour un Hommage collectif quelques pages dont
le
ton personnel me paraissait convenir à l’occasion. Je vais les redonn
6579
es dont le ton personnel me paraissait convenir à
l’
occasion. Je vais les redonner sans modifications, non point qu’elles
6580
nnel me paraissait convenir à l’occasion. Je vais
les
redonner sans modifications, non point qu’elles le méritent en soi, b
6581
s redonner sans modifications, non point qu’elles
le
méritent en soi, bien au contraire : c’est leur insuffisance qui m’in
6582
suffisance qui m’intéresse ici, certain flou dans
la
prise de vues et certaines erreurs d’éclairage, et leur possible mise
6583
e qui m’intéresse ici, certain flou dans la prise
de
vues et certaines erreurs d’éclairage, et leur possible mise au point
6584
n flou dans la prise de vues et certaines erreurs
d’
éclairage, et leur possible mise au point par un regard mieux informé.
6585
mise au point par un regard mieux informé. Voici
le
problème : une connaissance plus intime des mythes peut-elle permettr
6586
s peut-elle permettre une connaissance plus juste
de
quelqu’un qui a vécu sous vos yeux, qui a beaucoup parlé de lui-même
6587
un qui a vécu sous vos yeux, qui a beaucoup parlé
de
lui-même et vous a livré des aveux que vous pensiez avoir compris, ma
6588
faite pour confirmer, par recoupement, mes essais
de
mythanalyse portant sur des personnes que je n’ai pas connues et sur
6589
s et sur des personnages fictifs, donc incapables
de
me réfuter. Un complot de protestants Tout compte fait, nous nou
6590
tifs, donc incapables de me réfuter. Un complot
de
protestants Tout compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour
6591
compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour
de
juin 39 où, dans le hall de la rue Sébastien-Bottin, j’étais en train
6592
ous connaissions peu, ce jour de juin 39 où, dans
le
hall de la rue Sébastien-Bottin, j’étais en train de téléphoner, quan
6593
aissions peu, ce jour de juin 39 où, dans le hall
de
la rue Sébastien-Bottin, j’étais en train de téléphoner, quand je le
6594
sions peu, ce jour de juin 39 où, dans le hall de
la
rue Sébastien-Bottin, j’étais en train de téléphoner, quand je le voi
6595
-Bottin, j’étais en train de téléphoner, quand je
le
vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrê
6596
n train de téléphoner, quand je le vois descendre
l’
escalier. Je parle en le suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît atte
6597
uand je le vois descendre l’escalier. Je parle en
le
suivant d’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose le récepte
6598
vois descendre l’escalier. Je parle en le suivant
d’
un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous
6599
’un œil. Il s’arrête, il paraît attendre. Je pose
le
récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-
6600
ous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain.
Les
autos passent tout près. Il articule dans le bruit : « Où habitez-vou
6601
in. Les autos passent tout près. Il articule dans
le
bruit : « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que je l’ignore, dev
6602
: « Où habitez-vous maintenant ? » Je crie que je
l’
ignore, devant quitter demain la maison de Charles Du Bos qui rentre d
6603
» Je crie que je l’ignore, devant quitter demain
la
maison de Charles Du Bos qui rentre d’Amérique, et je viens d’apprend
6604
que je l’ignore, devant quitter demain la maison
de
Charles Du Bos qui rentre d’Amérique, et je viens d’apprendre au télé
6605
ter demain la maison de Charles Du Bos qui rentre
d’
Amérique, et je viens d’apprendre au téléphone que « cela ne va plus »
6606
Charles Du Bos qui rentre d’Amérique, et je viens
d’
apprendre au téléphone que « cela ne va plus » pour un appartement pro
6607
sé. Et soudain, en se levant : « Eh bien ! allons
le
voir de ce pas ! » Alors, seulement, je comprends qu’il avait dit : «
6608
oudain, en se levant : « Eh bien ! allons le voir
de
ce pas ! » Alors, seulement, je comprends qu’il avait dit : « J’ai un
6609
comprends qu’il avait dit : « J’ai un studio… ».
Le
lendemain, très tôt, nous arrivons chez lui. Le studio est vaste et p
6610
. Le lendemain, très tôt, nous arrivons chez lui.
Le
studio est vaste et plaisant, agrémenté d’un escalier conduisant à un
6611
z lui. Le studio est vaste et plaisant, agrémenté
d’
un escalier conduisant à une large galerie. Par une porte capitonnée q
6612
e galerie. Par une porte capitonnée qui donne sur
la
bibliothèque où il travaille, Gide apparaît en robe de chambre grise,
6613
ravaille, Gide apparaît en robe de chambre grise,
le
corps un peu tassé et de large carrure, sa belle tête de moine tibéta
6614
n robe de chambre grise, le corps un peu tassé et
de
large carrure, sa belle tête de moine tibétain barrée d’un sourire mi
6615
s un peu tassé et de large carrure, sa belle tête
de
moine tibétain barrée d’un sourire mince et pourtant amical. Il fait
6616
e carrure, sa belle tête de moine tibétain barrée
d’
un sourire mince et pourtant amical. Il fait très chaud. De ses poches
6617
ire mince et pourtant amical. Il fait très chaud.
De
ses poches, il tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au mi
6618
rès chaud. De ses poches, il tire deux bouteilles
de
bière et nous les offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide s’
6619
poches, il tire deux bouteilles de bière et nous
les
offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide s’y appuie des deux
6620
c’est inquiétant… Cela me ferait presque croire à
la
Providence !… Mais dites-moi, quand on saura que vous habitez ici, qu
6621
ire ?… » avec un sourire inquisiteur. Je me garde
de
répondre. Finalement, Gide, en riant : « On va dire que c’est un comp
6622
ide, en riant : « On va dire que c’est un complot
de
protestants ! » Le mot ne manque pas de pertinence. Tous les matins,
6623
n va dire que c’est un complot de protestants ! »
Le
mot ne manque pas de pertinence. Tous les matins, vers onze heures, i
6624
n complot de protestants ! » Le mot ne manque pas
de
pertinence. Tous les matins, vers onze heures, il viendra entr’ouvrir
6625
ants ! » Le mot ne manque pas de pertinence. Tous
les
matins, vers onze heures, il viendra entr’ouvrir la porte capitonnée,
6626
matins, vers onze heures, il viendra entr’ouvrir
la
porte capitonnée, en s’annonçant par un profond « Allô ! Allô ! » et
6627
par un profond « Allô ! Allô ! » et me demandera
de
passer chez lui pour quelques instants. Chaque fois, il orientera la
6628
pour quelques instants. Chaque fois, il orientera
la
conversation vers des sujets religieux ou même théologiques, comme si
6629
tait précisément pour m’en parler qu’il m’offrait
l’
hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée même d’orthodox
6630
l’hospitalité. Saint Paul reste sa bête noire. Et
l’
idée même d’orthodoxie. Il nie vivement que l’expression d’orthodoxie
6631
é. Saint Paul reste sa bête noire. Et l’idée même
d’
orthodoxie. Il nie vivement que l’expression d’orthodoxie protestante
6632
Et l’idée même d’orthodoxie. Il nie vivement que
l’
expression d’orthodoxie protestante puisse avoir un sens. Le protestan
6633
me d’orthodoxie. Il nie vivement que l’expression
d’
orthodoxie protestante puisse avoir un sens. Le protestant, pour lui,
6634
on d’orthodoxie protestante puisse avoir un sens.
Le
protestant, pour lui, c’est l’opposant (comme on le croit généralemen
6635
sse avoir un sens. Le protestant, pour lui, c’est
l’
opposant (comme on le croit généralement en France). Les gênes féconde
6636
protestant, pour lui, c’est l’opposant (comme on
le
croit généralement en France). Les gênes fécondes qu’il demandait jad
6637
osant (comme on le croit généralement en France).
Les
gênes fécondes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’art, la « critiq
6638
ênes fécondes qu’il demandait jadis qu’on rende à
l’
art, la « critique dogmatique » des grandes époques, ne sont plus que
6639
condes qu’il demandait jadis qu’on rende à l’art,
la
« critique dogmatique » des grandes époques, ne sont plus que mensong
6640
es, ne sont plus que mensonges à ses yeux dès que
l’
on passe à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ?
6641
lus que mensonges à ses yeux dès que l’on passe à
l’
ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à la morale ? « En somme,
6642
à l’ordre spirituel. Peut-être ne songe-t-il qu’à
la
morale ? « En somme, lui dis-je, vous vous en tenez au protestantisme
6643
-je, vous vous en tenez au protestantisme libéral
de
la fin du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du
6644
, vous vous en tenez au protestantisme libéral de
la
fin du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela, la position du pas
6645
in du xixe siècle ? » — « Oui, c’est assez cela,
la
position du pasteur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par les
6646
teur Roberty, que j’aimais bien. » Vite lassé par
les
débats d’idées, il semble répugner à toute pensée qui par le style d’
6647
y, que j’aimais bien. » Vite lassé par les débats
d’
idées, il semble répugner à toute pensée qui par le style d’abord ne l
6648
’idées, il semble répugner à toute pensée qui par
le
style d’abord ne l’ait séduit. Il me parle souvent des Variations de
6649
pugner à toute pensée qui par le style d’abord ne
l’
ait séduit. Il me parle souvent des Variations de Bossuet, avec une vi
6650
l’ait séduit. Il me parle souvent des Variations
de
Bossuet, avec une vive admiration, mais se refuse à Kierkegaard, qu’i
6651
. Marquant ainsi bien franchement ses limites, et
les
moyens particuliers de sa recherche. Sur un seul de ces entretiens, j
6652
anchement ses limites, et les moyens particuliers
de
sa recherche. Sur un seul de ces entretiens, j’ai pris des notes. C’e
6653
moyens particuliers de sa recherche. Sur un seul
de
ces entretiens, j’ai pris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais
6654
ris des notes. C’est celui du 20 juin. J’avais eu
l’
impression ce jour-là que Gide passait la prudence dans l’aveu, qu’il
6655
avais eu l’impression ce jour-là que Gide passait
la
prudence dans l’aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’
6656
sion ce jour-là que Gide passait la prudence dans
l’
aveu, qu’il me disait ce qu’il ne pouvait dire, et n’a peut-être jamai
6657
ne pouvait dire, et n’a peut-être jamais répété.
La
conversation s’engage sur L’Amour et l’Occident , qu’il est en train
6658
être jamais répété. La conversation s’engage sur
L’
Amour et l’Occident , qu’il est en train de lire59, et dont il me décl
6659
répété. La conversation s’engage sur L’Amour et
l’
Occident , qu’il est en train de lire59, et dont il me déclare, à ma p
6660
ise, qu’il y trouve une explication des « erreurs
de
sa vie de jeune homme ». En phrases lentes et difficultueuses, coupée
6661
y trouve une explication des « erreurs de sa vie
de
jeune homme ». En phrases lentes et difficultueuses, coupées de silen
6662
». En phrases lentes et difficultueuses, coupées
de
silences et de reniflements, il se met à parler du « drame de sa vie
6663
lentes et difficultueuses, coupées de silences et
de
reniflements, il se met à parler du « drame de sa vie ». Jeune homme,
6664
et de reniflements, il se met à parler du « drame
de
sa vie ». Jeune homme, épris et puritain, il a voulu disjoindre l’amo
6665
e homme, épris et puritain, il a voulu disjoindre
l’
amour et le plaisir. Il croyait que « l’amour hétérosexuel » était d’a
6666
ris et puritain, il a voulu disjoindre l’amour et
le
plaisir. Il croyait que « l’amour hétérosexuel » était d’autant plus
6667
isjoindre l’amour et le plaisir. Il croyait que «
l’
amour hétérosexuel » était d’autant plus pur que rien de charnel ne s’
6668
ir. Il croyait que « l’amour hétérosexuel » était
d’
autant plus pur que rien de charnel ne s’y mêlait60. « C’est ainsi que
6669
r hétérosexuel » était d’autant plus pur que rien
de
charnel ne s’y mêlait60. « C’est ainsi que je me suis complètement bl
6670
accentuant, circonflexant le dernier mot. Ce qui
l’
a souvent frappé chez bien des femmes, c’est leur manière « de s’offus
6671
frappé chez bien des femmes, c’est leur manière «
de
s’offusquer du désir de l’homme. » Plusieurs, mariées, lui ont confié
6672
mes, c’est leur manière « de s’offusquer du désir
de
l’homme. » Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient la
6673
, c’est leur manière « de s’offusquer du désir de
l’
homme. » Plusieurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient la lib
6674
eurs, mariées, lui ont confié « qu’elles tenaient
la
libido de leur mari pour quelque chose de morbide. Cela recommence to
6675
ées, lui ont confié « qu’elles tenaient la libido
de
leur mari pour quelque chose de morbide. Cela recommence tout le temp
6676
enaient la libido de leur mari pour quelque chose
de
morbide. Cela recommence tout le temps ! disaient-elles. » Il hoche l
6677
ur quelque chose de morbide. Cela recommence tout
le
temps ! disaient-elles. » Il hoche la tête, trouve cela très curieux,
6678
mmence tout le temps ! disaient-elles. » Il hoche
la
tête, trouve cela très curieux, n’est-ce pas ? — un éclair de malice
6679
uve cela très curieux, n’est-ce pas ? — un éclair
de
malice au coin de l’œil. Puis il a quelques phrases obscures, apparem
6680
: « J’ai trop longtemps gardé cette illusion que
la
femme n’avait pas besoin du commerce physique, pas autant que nous… H
6681
! je n’y voyais pas clair… On se trompe ainsi, et
les
conséquences… J’ai été assez bête pour croire cela ! Il ne faut jamai
6682
. « Je vous parle très sincèrement, je vous parle
de
choses qui ont joué un rôle très grave dans ma vie. » (Frappé par le
6683
oué un rôle très grave dans ma vie. » (Frappé par
le
ton de confession, par le ton « c’était mal » de ses propos.) Et, sub
6684
rôle très grave dans ma vie. » (Frappé par le ton
de
confession, par le ton « c’était mal » de ses propos.) Et, subitement
6685
s ma vie. » (Frappé par le ton de confession, par
le
ton « c’était mal » de ses propos.) Et, subitement, après un silence
6686
le ton de confession, par le ton « c’était mal »
de
ses propos.) Et, subitement, après un silence : « C’est ainsi que j’a
6687
ainsi que j’ai commis, à cette époque — je parle
de
mon premier séjour en Afrique —, une terrible erreur d’aiguillage ! »
6688
premier séjour en Afrique —, une terrible erreur
d’
aiguillage ! » Puis il tousse, se plaint de fumer trop, et de n’arrive
6689
erreur d’aiguillage ! » Puis il tousse, se plaint
de
fumer trop, et de n’arriver point à se contraindre. Les jours suivant
6690
e ! » Puis il tousse, se plaint de fumer trop, et
de
n’arriver point à se contraindre. Les jours suivants, il me donne à l
6691
mer trop, et de n’arriver point à se contraindre.
Les
jours suivants, il me donne à lire par paquets les épreuves de son Jo
6692
es jours suivants, il me donne à lire par paquets
les
épreuves de son Journal en cours d’impression, et sur lequel je vais
6693
ants, il me donne à lire par paquets les épreuves
de
son Journal en cours d’impression, et sur lequel je vais écrire un ar
6694
par paquets les épreuves de son Journal en cours
d’
impression, et sur lequel je vais écrire un article pour la NRF. Il in
6695
ion, et sur lequel je vais écrire un article pour
la
NRF. Il insiste — comme il sait insister ! — sur les suppressions qu’
6696
NRF. Il insiste — comme il sait insister ! — sur
les
suppressions qu’il y a faites. Tout ce qui concerne intimement sa fem
6697
tes. Tout ce qui concerne intimement sa femme — «
le
seul être, dit-il, que j’aie vraiment aimé » — tous ces passages ont
6698
ent aimé » — tous ces passages ont été coupés. On
les
lira plus tard. Il les a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. U
6699
assages ont été coupés. On les lira plus tard. Il
les
a recopiés dans deux cahiers gris d’écolier. Un soir il vient m’avert
6700
us tard. Il les a recopiés dans deux cahiers gris
d’
écolier. Un soir il vient m’avertir qu’il compte s’absenter pour huit
6701
o me restera ouvert ; que j’y vienne prendre tous
les
livres dont je pourrais avoir besoin… Dès le lendemain, j’y pénètre,
6702
ous les livres dont je pourrais avoir besoin… Dès
le
lendemain, j’y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent les meubles, u
6703
main, j’y pénètre, bien sûr. Des housses couvrent
les
meubles, une sorte de vieux drap son grand bureau. Sur l’étoffe, bien
6704
sûr. Des housses couvrent les meubles, une sorte
de
vieux drap son grand bureau. Sur l’étoffe, bien en évidence, un fort
6705
es, une sorte de vieux drap son grand bureau. Sur
l’
étoffe, bien en évidence, un fort cahier gris d’écolier. J’ai lu les p
6706
r l’étoffe, bien en évidence, un fort cahier gris
d’
écolier. J’ai lu les premières lignes, pour vérifier, et j’ai vite ref
6707
ières lignes, pour vérifier, et j’ai vite refermé
la
couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans le piège ? Les deux,
6708
a couverture. Pudeur, ou répugnance à donner dans
le
piège ? Les deux, sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après la g
6709
e. Pudeur, ou répugnance à donner dans le piège ?
Les
deux, sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après la guerre ? Souv
6710
ner dans le piège ? Les deux, sans doute. Combien
de
fois l’ai-je revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les li
6711
le piège ? Les deux, sans doute. Combien de fois
l’
ai-je revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les
6712
x, sans doute. Combien de fois l’ai-je revu après
la
guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux les plus divers, « Au V
6713
revu après la guerre ? Souvent, en somme, et dans
les
lieux les plus divers, « Au Vaneau », près de Lausanne, à Neuchâtel,
6714
la guerre ? Souvent, en somme, et dans les lieux
les
plus divers, « Au Vaneau », près de Lausanne, à Neuchâtel, à Berne. M
6715
à Neuchâtel, à Berne. Mais je n’ai plus souvenir
d’
aucune conversation qui mérite d’être rapportée, j’entends : qui modif
6716
ai plus souvenir d’aucune conversation qui mérite
d’
être rapportée, j’entends : qui modifie le moins du monde l’image que
6717
mérite d’être rapportée, j’entends : qui modifie
le
moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style,
6718
portée, j’entends : qui modifie le moins du monde
l’
image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phras
6719
tends : qui modifie le moins du monde l’image que
l’
on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phrases, Littré.
6720
odifie le moins du monde l’image que l’on connaît
de
lui. Nous parlions style, tournures de phrases, Littré. Et quelquefoi
6721
on connaît de lui. Nous parlions style, tournures
de
phrases, Littré. Et quelquefois, littérature. (Mais il s’en détachait
6722
ement, n’admirant plus, avec quelque ferveur, que
les
ouvrages qu’il se sentait le plus incapable d’écrire : ceux d’un Marc
6723
uelque ferveur, que les ouvrages qu’il se sentait
le
plus incapable d’écrire : ceux d’un Marcel Aymé, d’un Simenon). À Ber
6724
e les ouvrages qu’il se sentait le plus incapable
d’
écrire : ceux d’un Marcel Aymé, d’un Simenon). À Berne, pendant un déj
6725
u’il se sentait le plus incapable d’écrire : ceux
d’
un Marcel Aymé, d’un Simenon). À Berne, pendant un déjeuner, il s’enqu
6726
plus incapable d’écrire : ceux d’un Marcel Aymé,
d’
un Simenon). À Berne, pendant un déjeuner, il s’enquit avec insistance
6727
pendant un déjeuner, il s’enquit avec insistance
de
mon opinion sur Strindberg, et je lui fis une réponse assez vague, m’
6728
i fis une réponse assez vague, m’étonnant surtout
de
la question. Huit jours plus tard, il recevait le prix Nobel. Chez Ri
6729
is une réponse assez vague, m’étonnant surtout de
la
question. Huit jours plus tard, il recevait le prix Nobel. Chez Richa
6730
de la question. Huit jours plus tard, il recevait
le
prix Nobel. Chez Richard Heyd, un soir, à Neuchâtel, l’on jouait au «
6731
x Nobel. Chez Richard Heyd, un soir, à Neuchâtel,
l’
on jouait au « cadavre exquis ». L’un écrit trois questions, l’autre e
6732
me temps trois réponses, puis on lit à haute voix
les
papiers. Jeu de télépathie plutôt que de hasard. J’avais écrit, derni
6733
ponses, puis on lit à haute voix les papiers. Jeu
de
télépathie plutôt que de hasard. J’avais écrit, dernière question : «
6734
te voix les papiers. Jeu de télépathie plutôt que
de
hasard. J’avais écrit, dernière question : « Qu’est-ce que le style ?
6735
’avais écrit, dernière question : « Qu’est-ce que
le
style ? » Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : « L’original
6736
Catherine, sa fille, lut sa dernière réponse : «
L’
originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on l’appelait dans ce groupe.
6737
: « L’originalité du Bipède. » (C’est ainsi qu’on
l’
appelait dans ce groupe.) Gide s’éclaircit la voix pour observer que l
6738
u’on l’appelait dans ce groupe.) Gide s’éclaircit
la
voix pour observer que le jeu devenait bien personnel, et proposa des
6739
oupe.) Gide s’éclaircit la voix pour observer que
le
jeu devenait bien personnel, et proposa des bouts-rimés. « Car j’y ex
6740
ts-rimés. « Car j’y excelle ! » annonça-t-il. Peu
d’
hommes m’ont donné l’impression que le problème religieux existait dan
6741
a-t-il. Peu d’hommes m’ont donné l’impression que
le
problème religieux existait dans leur vie en tant que problème perman
6742
tant que problème permanent. Écarté, refoulé chez
les
uns ; et chez les autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’il tor
6743
permanent. Écarté, refoulé chez les uns ; et chez
les
autres résolu, croient-ils. Je ne dis pas qu’il torturait Gide, hors
6744
turait Gide, hors quelques crises dont nous avons
les
témoignages, mais il restait, pour lui, un problème. Gide avait peu d
6745
il restait, pour lui, un problème. Gide avait peu
d’
instinct religieux, et moins encore de goût pour la métaphysique. Il p
6746
e avait peu d’instinct religieux, et moins encore
de
goût pour la métaphysique. Il préférait ce qu’il jugeait important à
6747
’instinct religieux, et moins encore de goût pour
la
métaphysique. Il préférait ce qu’il jugeait important à ce que d’autr
6748
tant à ce que d’autres jugent profond. Son défaut
de
sens poétique me paraît presque inégalé depuis Montaigne. (Je ne nie
6749
yrisme.) Et c’est ainsi qu’il réussit à remplacer
le
tragique par la perplexité. Tout cela peut éclairer son attitude enve
6750
t ainsi qu’il réussit à remplacer le tragique par
la
perplexité. Tout cela peut éclairer son attitude envers le christiani
6751
xité. Tout cela peut éclairer son attitude envers
le
christianisme et son mystère. Peu d’instinct religieux chez cet homme
6752
itude envers le christianisme et son mystère. Peu
d’
instinct religieux chez cet homme, alors que le christianisme, l’Églis
6753
eu d’instinct religieux chez cet homme, alors que
le
christianisme, l’Église et l’Évangile furent ses constants sujets d’i
6754
gieux chez cet homme, alors que le christianisme,
l’
Église et l’Évangile furent ses constants sujets d’irritation, de ferv
6755
et homme, alors que le christianisme, l’Église et
l’
Évangile furent ses constants sujets d’irritation, de ferveur ou de no
6756
’Église et l’Évangile furent ses constants sujets
d’
irritation, de ferveur ou de nostalgie ? Le paradoxe n’est qu’apparent
6757
vangile furent ses constants sujets d’irritation,
de
ferveur ou de nostalgie ? Le paradoxe n’est qu’apparent. Qu’on n’oubl
6758
ses constants sujets d’irritation, de ferveur ou
de
nostalgie ? Le paradoxe n’est qu’apparent. Qu’on n’oublie pas sa form
6759
sujets d’irritation, de ferveur ou de nostalgie ?
Le
paradoxe n’est qu’apparent. Qu’on n’oublie pas sa formation chrétienn
6760
ses lectures prolongées et sans cesse renouvelées
de
l’Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante
6761
lectures prolongées et sans cesse renouvelées de
l’
Écriture ; son amour pour le style biblique ; la confusion courante —
6762
cesse renouvelées de l’Écriture ; son amour pour
le
style biblique ; la confusion courante — non seulement puritaine — en
6763
e l’Écriture ; son amour pour le style biblique ;
la
confusion courante — non seulement puritaine — entretenue chez les je
6764
rante — non seulement puritaine — entretenue chez
les
jeunes bourgeois — et non seulement de son époque — entre tabous sexu
6765
enue chez les jeunes bourgeois — et non seulement
de
son époque — entre tabous sexuels et spiritualité, d’où sa polémique
6766
on époque — entre tabous sexuels et spiritualité,
d’
où sa polémique inlassable contre l’orthodoxie telle qu’il l’imaginait
6767
spiritualité, d’où sa polémique inlassable contre
l’
orthodoxie telle qu’il l’imaginait et dans laquelle il voyait (par err
6768
émique inlassable contre l’orthodoxie telle qu’il
l’
imaginait et dans laquelle il voyait (par erreur) la sanction d’une ce
6769
imaginait et dans laquelle il voyait (par erreur)
la
sanction d’une certaine éthique ; la conversion de quelques-uns de se
6770
dans laquelle il voyait (par erreur) la sanction
d’
une certaine éthique ; la conversion de quelques-uns de ses amis ; enf
6771
(par erreur) la sanction d’une certaine éthique ;
la
conversion de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme.
6772
a sanction d’une certaine éthique ; la conversion
de
quelques-uns de ses amis ; enfin la piété de sa femme. Ces données bi
6773
certaine éthique ; la conversion de quelques-uns
de
ses amis ; enfin la piété de sa femme. Ces données biographiques ne f
6774
la conversion de quelques-uns de ses amis ; enfin
la
piété de sa femme. Ces données biographiques ne font point une nature
6775
sion de quelques-uns de ses amis ; enfin la piété
de
sa femme. Ces données biographiques ne font point une nature. Elles e
6776
ont point une nature. Elles expliquent simplement
l’
insistance du problème aux stades les plus variés de l’évolution de Gi
6777
nt simplement l’insistance du problème aux stades
les
plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’es
6778
insistance du problème aux stades les plus variés
de
l’évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, no
6779
istance du problème aux stades les plus variés de
l’
évolution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non l
6780
roblème aux stades les plus variés de l’évolution
de
Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux
6781
es les plus variés de l’évolution de Gide. Ce qui
l’
a vraiment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ; la justificati
6782
ution de Gide. Ce qui l’a vraiment torturé, c’est
l’
éthique, non le religieux ; la justification, non le salut ; ce que l’
6783
Ce qui l’a vraiment torturé, c’est l’éthique, non
le
religieux ; la justification, non le salut ; ce que l’on vit et comme
6784
ment torturé, c’est l’éthique, non le religieux ;
la
justification, non le salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non
6785
éthique, non le religieux ; la justification, non
le
salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non la connaissance pure,
6786
ligieux ; la justification, non le salut ; ce que
l’
on vit et comment on juge, non la connaissance pure, ni le mystère. Ré
6787
e salut ; ce que l’on vit et comment on juge, non
la
connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à la moral
6788
et comment on juge, non la connaissance pure, ni
le
mystère. Réduisait-il la religion à la morale ? Je pense plutôt que l
6789
la connaissance pure, ni le mystère. Réduisait-il
la
religion à la morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de
6790
e pure, ni le mystère. Réduisait-il la religion à
la
morale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu de son vrai dram
6791
-il la religion à la morale ? Je pense plutôt que
la
morale était le lieu de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher
6792
à la morale ? Je pense plutôt que la morale était
le
lieu de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher la religion que
6793
ale ? Je pense plutôt que la morale était le lieu
de
son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher la religion que dans ce
6794
de son vrai drame, et qu’il ne pouvait approcher
la
religion que dans ce drame. Ainsi, devenir ou redevenir chrétien, ne
6795
venir chrétien, ne pouvait signifier pour lui que
la
sainteté, et non pas l’accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo.
6796
it signifier pour lui que la sainteté, et non pas
l’
accueil du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne la preuve : a
6797
la sainteté, et non pas l’accueil du mystère, ni
l’
adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir la foi sans être sai
6798
du mystère, ni l’adhésion à un credo. J’en donne
la
preuve : avoir la foi sans être saint lui paraissait la tricherie mêm
6799
adhésion à un credo. J’en donne la preuve : avoir
la
foi sans être saint lui paraissait la tricherie même, tandis qu’il eû
6800
uve : avoir la foi sans être saint lui paraissait
la
tricherie même, tandis qu’il eût admis la sainteté sans foi. Que dis-
6801
aissait la tricherie même, tandis qu’il eût admis
la
sainteté sans foi. Que dis-je ? Il l’a souhaitée expressément. Mais c
6802
l eût admis la sainteté sans foi. Que dis-je ? Il
l’
a souhaitée expressément. Mais comment définir un saint qui ne croit p
6803
éfinir un saint qui ne croit pas ? Un saint privé
de
foi autant que de religion, ni chrétien ni hindou, sans mystique ni m
6804
i ne croit pas ? Un saint privé de foi autant que
de
religion, ni chrétien ni hindou, sans mystique ni mystère ? Ne serait
6805
partis pris éthiques ? Ce débat nous éloignerait
de
la réalité de Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au
6806
rtis pris éthiques ? Ce débat nous éloignerait de
la
réalité de Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au mon
6807
thiques ? Ce débat nous éloignerait de la réalité
de
Gide. Une intense affectivité le liait, le reliait, au monde du chris
6808
it de la réalité de Gide. Une intense affectivité
le
liait, le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait l
6809
éalité de Gide. Une intense affectivité le liait,
le
reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensi
6810
au monde du christianisme, même s’il en refusait
les
dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait d’une certaine « prof
6811
s dimensions profondes. J’ai dit qu’il se méfiait
d’
une certaine « profondeur », qui mesure parfois la distance entre l’ét
6812
d’une certaine « profondeur », qui mesure parfois
la
distance entre l’éthique et la mystique, mais qui souvent n’est qu’un
6813
rofondeur », qui mesure parfois la distance entre
l’
éthique et la mystique, mais qui souvent n’est qu’un concept bâtard, e
6814
qui mesure parfois la distance entre l’éthique et
la
mystique, mais qui souvent n’est qu’un concept bâtard, engendré par l
6815
souvent n’est qu’un concept bâtard, engendré par
le
romantisme. Gide recherchait plutôt la rectitude, qu’il tenait pour l
6816
gendré par le romantisme. Gide recherchait plutôt
la
rectitude, qu’il tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’ar
6817
echerchait plutôt la rectitude, qu’il tenait pour
la
vérité. Il lui arrivait ainsi de s’arrêter à la logique exotérique d’
6818
u’il tenait pour la vérité. Il lui arrivait ainsi
de
s’arrêter à la logique exotérique d’un texte sacré, disons à son seul
6819
r la vérité. Il lui arrivait ainsi de s’arrêter à
la
logique exotérique d’un texte sacré, disons à son seul sens éthique.
6820
rivait ainsi de s’arrêter à la logique exotérique
d’
un texte sacré, disons à son seul sens éthique. Penchant bien protesta
6821
e. Penchant bien protestant, ou simplement rançon
d’
une stricte sobriété. Ses connaissances bibliques me stupéfiaient. L’u
6822
été. Ses connaissances bibliques me stupéfiaient.
L’
usage qu’il en faisait me semblait décevant. Là où Claudel prend son é
6823
écusé, Gide objectait, déduisait, s’émouvait… Peu
d’
écrivains, même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour l’Évangil
6824
même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour
l’
Évangile, et cela jusque dans les années où il doutait de l’existence
6825
pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans
les
années où il doutait de l’existence de Dieu. Mais il croyait à l’homm
6826
ile, et cela jusque dans les années où il doutait
de
l’existence de Dieu. Mais il croyait à l’homme individuel, et cette c
6827
, et cela jusque dans les années où il doutait de
l’
existence de Dieu. Mais il croyait à l’homme individuel, et cette croy
6828
sque dans les années où il doutait de l’existence
de
Dieu. Mais il croyait à l’homme individuel, et cette croyance est née
6829
doutait de l’existence de Dieu. Mais il croyait à
l’
homme individuel, et cette croyance est née de la synthèse du christia
6830
t à l’homme individuel, et cette croyance est née
de
la synthèse du christianisme. Elle n’existe pas hors de lui, et n’est
6831
l’homme individuel, et cette croyance est née de
la
synthèse du christianisme. Elle n’existe pas hors de lui, et n’est pa
6832
était individualiste. Savons-nous encore mesurer
le
sens et la portée de cette banalité, en vérité bizarre et unique dans
6833
vidualiste. Savons-nous encore mesurer le sens et
la
portée de cette banalité, en vérité bizarre et unique dans l’Histoire
6834
. Savons-nous encore mesurer le sens et la portée
de
cette banalité, en vérité bizarre et unique dans l’Histoire, une civi
6835
cette banalité, en vérité bizarre et unique dans
l’
Histoire, une civilisation sur vingt et une connues l’ayant rendue pos
6836
stoire, une civilisation sur vingt et une connues
l’
ayant rendue possible et acceptable ? « Hérétique entre les hérétiques
6837
rendue possible et acceptable ? « Hérétique entre
les
hérétiques », toujours soucieux de différer mais de légitimer sa diff
6838
rétique entre les hérétiques », toujours soucieux
de
différer mais de légitimer sa différence, on ne pouvait être plus occ
6839
hérétiques », toujours soucieux de différer mais
de
légitimer sa différence, on ne pouvait être plus occidental. On ne po
6840
traditionnelles, au sens du mythe, des astres et
de
l’ordre cosmique, ou bien encore au sens des lois fatales et collecti
6841
aditionnelles, au sens du mythe, des astres et de
l’
ordre cosmique, ou bien encore au sens des lois fatales et collectives
6842
ectives interprétées par un Parti. C’est pourquoi
le
problème religieux, tel qu’il se pose au monde christianisé, et à lui
6843
u monde christianisé, et à lui seul, libéré « par
la
foi » de l’empire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ign
6844
hristianisé, et à lui seul, libéré « par la foi »
de
l’empire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’
6845
stianisé, et à lui seul, libéré « par la foi » de
l’
empire des mythes, n’a cessé d’occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est
6846
« par la foi » de l’empire des mythes, n’a cessé
d’
occuper sa pensée. Et j’ignore si c’est mal ou bien : je constate simp
6847
ore si c’est mal ou bien : je constate simplement
le
phénomène. Je ne tiens pas la foi pour une vertu plus que l’absence d
6848
constate simplement le phénomène. Je ne tiens pas
la
foi pour une vertu plus que l’absence de foi pour une preuve de coura
6849
e. Je ne tiens pas la foi pour une vertu plus que
l’
absence de foi pour une preuve de courage. Des vertus et des vices, da
6850
iens pas la foi pour une vertu plus que l’absence
de
foi pour une preuve de courage. Des vertus et des vices, dans un mili
6851
e vertu plus que l’absence de foi pour une preuve
de
courage. Des vertus et des vices, dans un milieu donné, tout le monde
6852
ans un milieu donné, tout le monde reste en droit
de
juger au nom des normes établies. Mais la foi, le salut personnel n’o
6853
n droit de juger au nom des normes établies. Mais
la
foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne s
6854
de juger au nom des normes établies. Mais la foi,
le
salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas
6855
la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec
la
bienséance, et ne sont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi
6856
nt rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas
de
l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas
6857
rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de
l’
ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : « Ne jugez pas ! »
6858
al, ou plutôt que je réprouve ces discussions sur
la
croyance ou non d’un homme célèbre, multipliées et prolongées après s
6859
e réprouve ces discussions sur la croyance ou non
d’
un homme célèbre, multipliées et prolongées après sa mort dans notre s
6860
s après sa mort dans notre siècle. Elles relèvent
de
l’esprit de parti, qui est le contraire de l’amour du prochain. Elles
6861
près sa mort dans notre siècle. Elles relèvent de
l’
esprit de parti, qui est le contraire de l’amour du prochain. Elles ne
6862
ort dans notre siècle. Elles relèvent de l’esprit
de
parti, qui est le contraire de l’amour du prochain. Elles ne sont ni
6863
cle. Elles relèvent de l’esprit de parti, qui est
le
contraire de l’amour du prochain. Elles ne sont ni chrétiennes ni sim
6864
lèvent de l’esprit de parti, qui est le contraire
de
l’amour du prochain. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnê
6865
ent de l’esprit de parti, qui est le contraire de
l’
amour du prochain. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes
6866
ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. «
Le
Seigneur seul connaît les siens », dit l’Écriture : si l’on est chrét
6867
êtes. « Le Seigneur seul connaît les siens », dit
l’
Écriture : si l’on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroy
6868
eur seul connaît les siens », dit l’Écriture : si
l’
on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de
6869
rétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants
le
droit de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? S
6870
u’on croie cela, laissant aux incroyants le droit
de
mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous
6871
que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir
d’
argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre in
6872
et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper
la
place du Juge, ou mêler vanités et salut. Si Gide a refusé totalement
6873
refusé totalement quelque chose, c’est justement
le
totalitarisme, qui est l’esprit de parti logiquement développé. Et d’
6874
chose, c’est justement le totalitarisme, qui est
l’
esprit de parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le
6875
’est justement le totalitarisme, qui est l’esprit
de
parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le vrai cro
6876
t de parti logiquement développé. Et d’abord dans
la
religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera di
6877
giquement développé. Et d’abord dans la religion.
Le
vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire : « Je ne
6878
elui qui osera dire : « Je ne crois pas ! » quand
l’
État contre l’homme invoquera les nécessités de l’Histoire ? Il n’est
6879
dire : « Je ne crois pas ! » quand l’État contre
l’
homme invoquera les nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie f
6880
ois pas ! » quand l’État contre l’homme invoquera
les
nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute,
6881
nd l’État contre l’homme invoquera les nécessités
de
l’Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’
6882
l’État contre l’homme invoquera les nécessités de
l’
Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est
6883
quera les nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas
de
vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est de lumière sans ombre. Et
6884
as de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est
de
lumière sans ombre. Et je n’entends pas dire que Gide fut un croyant,
6885
limite Pour ma part, je gardais mes doutes sur
la
validité des conclusions que j’avais cru pouvoir tirer de mes entreti
6886
ité des conclusions que j’avais cru pouvoir tirer
de
mes entretiens avec Gide, touchant sa vie intime, ses jugements sur l
6887
ême, ou son attitude religieuse. Et par exemple :
de
cette confession surprenante dont j’ai donné la relation fidèle, la l
6888
: de cette confession surprenante dont j’ai donné
la
relation fidèle, la lecture de L’Amour et l’Occident n’avait-elle é
6889
n surprenante dont j’ai donné la relation fidèle,
la
lecture de L’Amour et l’Occident n’avait-elle été que le prétexte —
6890
te dont j’ai donné la relation fidèle, la lecture
de
L’Amour et l’Occident n’avait-elle été que le prétexte — ou la moti
6891
ont j’ai donné la relation fidèle, la lecture de
L’
Amour et l’Occident n’avait-elle été que le prétexte — ou la motivati
6892
nné la relation fidèle, la lecture de L’Amour et
l’
Occident n’avait-elle été que le prétexte — ou la motivation réelle ?
6893
e de L’Amour et l’Occident n’avait-elle été que
le
prétexte — ou la motivation réelle ? Gide avait-il seulement cédé à c
6894
l’Occident n’avait-elle été que le prétexte — ou
la
motivation réelle ? Gide avait-il seulement cédé à ce curieux besoin
6895
é à ce curieux besoin (dont il se plaint souvent)
d’
abonder dans le sens de l’interlocuteur — quitte à se reprendre tôt ap
6896
besoin (dont il se plaint souvent) d’abonder dans
le
sens de l’interlocuteur — quitte à se reprendre tôt après, tête à têt
6897
dont il se plaint souvent) d’abonder dans le sens
de
l’interlocuteur — quitte à se reprendre tôt après, tête à tête avec s
6898
t il se plaint souvent) d’abonder dans le sens de
l’
interlocuteur — quitte à se reprendre tôt après, tête à tête avec son
6899
ête à tête avec son Journal ? Ne cherchait-il que
l’
occasion d’un aveu qui le tentait depuis longtemps ? Ou bien venait-il
6900
avec son Journal ? Ne cherchait-il que l’occasion
d’
un aveu qui le tentait depuis longtemps ? Ou bien venait-il vraiment d
6901
al ? Ne cherchait-il que l’occasion d’un aveu qui
le
tentait depuis longtemps ? Ou bien venait-il vraiment de découvrir un
6902
ait depuis longtemps ? Ou bien venait-il vraiment
de
découvrir une « explication » convaincante de ses « erreurs » ? Ce de
6903
ent de découvrir une « explication » convaincante
de
ses « erreurs » ? Ce dernier mot lui-même, à cet instant, comment l’e
6904
? Ce dernier mot lui-même, à cet instant, comment
l’
entendait-il, l’assumait-il ? En moraliste qui se jugeait et condamnai
6905
lui-même, à cet instant, comment l’entendait-il,
l’
assumait-il ? En moraliste qui se jugeait et condamnait, ou en natural
6906
condamnait, ou en naturaliste qui se constatait ?
Le
passionnant ouvrage de Jean Delay sur La Jeunesse d’André Gide m’a pe
6907
aliste qui se constatait ? Le passionnant ouvrage
de
Jean Delay sur La Jeunesse d’André Gide m’a permis de lever une parti
6908
tatait ? Le passionnant ouvrage de Jean Delay sur
La
Jeunesse d’André Gide m’a permis de lever une partie de ces doutes. A
6909
passionnant ouvrage de Jean Delay sur La Jeunesse
d’
André Gide m’a permis de lever une partie de ces doutes. Au cours d’un
6910
ean Delay sur La Jeunesse d’André Gide m’a permis
de
lever une partie de ces doutes. Au cours d’une conversation qui prend
6911
nesse d’André Gide m’a permis de lever une partie
de
ces doutes. Au cours d’une conversation qui prend place dans les dern
6912
ermis de lever une partie de ces doutes. Au cours
d’
une conversation qui prend place dans les derniers temps de sa vie (un
6913
Au cours d’une conversation qui prend place dans
les
derniers temps de sa vie (une bonne dizaine d’années après nos entret
6914
versation qui prend place dans les derniers temps
de
sa vie (une bonne dizaine d’années après nos entretiens) Gide, écrit
6915
s les derniers temps de sa vie (une bonne dizaine
d’
années après nos entretiens) Gide, écrit le Dr Delay « me dit attacher
6916
izaine d’années après nos entretiens) Gide, écrit
le
Dr Delay « me dit attacher une importance toute particulière » à L’A
6917
t attacher une importance toute particulière » à
L’
Amour et l’Occident et à ses analyses du mythe de Tristan. « C’est là
6918
une importance toute particulière » à L’Amour et
l’
Occident et à ses analyses du mythe de Tristan. « C’est là, ajouta-t-
6919
L’Amour et l’Occident et à ses analyses du mythe
de
Tristan. « C’est là, ajouta-t-il, et non dans les ouvrages des psycha
6920
de Tristan. « C’est là, ajouta-t-il, et non dans
les
ouvrages des psychanalystes, que j’ai trouvé l’explication de quelque
6921
les ouvrages des psychanalystes, que j’ai trouvé
l’
explication de quelques-unes de mes erreurs, et des plus anciennes61 »
6922
des psychanalystes, que j’ai trouvé l’explication
de
quelques-unes de mes erreurs, et des plus anciennes61 ». Partant de l
6923
s, que j’ai trouvé l’explication de quelques-unes
de
mes erreurs, et des plus anciennes61 ». Partant de là, Jean Delay rec
6924
e mes erreurs, et des plus anciennes61 ». Partant
de
là, Jean Delay reconstitue la psychologie tristanienne, si typique de
6925
iennes61 ». Partant de là, Jean Delay reconstitue
la
psychologie tristanienne, si typique des Cahiers d’André Walter et de
6926
psychologie tristanienne, si typique des Cahiers
d’
André Walter et des premiers « traités » de Gide, mais dont la persist
6927
ahiers d’André Walter et des premiers « traités »
de
Gide, mais dont la persistance à travers toute une vie est attestée p
6928
er et des premiers « traités » de Gide, mais dont
la
persistance à travers toute une vie est attestée par la publication p
6929
sistance à travers toute une vie est attestée par
la
publication posthume de fragments du Journal intime, et de Et nunc ma
6930
une vie est attestée par la publication posthume
de
fragments du Journal intime, et de Et nunc manet in te. Confirmation
6931
ation posthume de fragments du Journal intime, et
de
Et nunc manet in te. Confirmation précieuse et qui m’invite à reprend
6932
invite à reprendre à mon tour, dans son ensemble,
le
cas-limite que figure à mes yeux la vie de Gide : un exemple à peu pr
6933
son ensemble, le cas-limite que figure à mes yeux
la
vie de Gide : un exemple à peu près parfait de dissociation de la per
6934
emble, le cas-limite que figure à mes yeux la vie
de
Gide : un exemple à peu près parfait de dissociation de la personne,
6935
ux la vie de Gide : un exemple à peu près parfait
de
dissociation de la personne, permettant la coexistence — l’actualité
6936
e : un exemple à peu près parfait de dissociation
de
la personne, permettant la coexistence — l’actualité simultanée — des
6937
un exemple à peu près parfait de dissociation de
la
personne, permettant la coexistence — l’actualité simultanée — des de
6938
arfait de dissociation de la personne, permettant
la
coexistence — l’actualité simultanée — des deux mythes normalement ex
6939
ation de la personne, permettant la coexistence —
l’
actualité simultanée — des deux mythes normalement exclusifs l’un de l
6940
anée — des deux mythes normalement exclusifs l’un
de
l’autre de Tristan et de Don Juan62. André Walter, ou l’angélisme
6941
deux mythes normalement exclusifs l’un de l’autre
de
Tristan et de Don Juan62. André Walter, ou l’angélisme Dès le p
6942
rmalement exclusifs l’un de l’autre de Tristan et
de
Don Juan62. André Walter, ou l’angélisme Dès le premier livre d
6943
de Tristan et de Don Juan62. André Walter, ou
l’
angélisme Dès le premier livre de Gide, toutes les « notes » de Tri
6944
ré Walter, ou l’angélisme Dès le premier livre
de
Gide, toutes les « notes » de Tristan sont manifestes. L’amour est li
6945
angélisme Dès le premier livre de Gide, toutes
les
« notes » de Tristan sont manifestes. L’amour est lié à la séparation
6946
ès le premier livre de Gide, toutes les « notes »
de
Tristan sont manifestes. L’amour est lié à la séparation des deux ama
6947
toutes les « notes » de Tristan sont manifestes.
L’
amour est lié à la séparation des deux amants : la mère d’André Walter
6948
s » de Tristan sont manifestes. L’amour est lié à
la
séparation des deux amants : la mère d’André Walter s’est opposée à s
6949
L’amour est lié à la séparation des deux amants :
la
mère d’André Walter s’est opposée à son amour pour Emmanuèle ; celle-
6950
ien, et qui n’est là, visiblement, que pour tenir
le
rôle obligé du roi Marc. L’extrême de la séparation étant la mort, Em
6951
ement, que pour tenir le rôle obligé du roi Marc.
L’
extrême de la séparation étant la mort, Emmanuèle devra mourir, et And
6952
pour tenir le rôle obligé du roi Marc. L’extrême
de
la séparation étant la mort, Emmanuèle devra mourir, et André note (d
6953
ur tenir le rôle obligé du roi Marc. L’extrême de
la
séparation étant la mort, Emmanuèle devra mourir, et André note (dans
6954
igé du roi Marc. L’extrême de la séparation étant
la
mort, Emmanuèle devra mourir, et André note (dans un projet de roman,
6955
nuèle devra mourir, et André note (dans un projet
de
roman, anticipant la réalité) : « Elle meurt, donc il la possède… Tan
6956
t André note (dans un projet de roman, anticipant
la
réalité) : « Elle meurt, donc il la possède… Tant que le corps vivra,
6957
n, anticipant la réalité) : « Elle meurt, donc il
la
possède… Tant que le corps vivra, l’amour sera contraint, mais aussit
6958
ité) : « Elle meurt, donc il la possède… Tant que
le
corps vivra, l’amour sera contraint, mais aussitôt la mort venue, l’a
6959
urt, donc il la possède… Tant que le corps vivra,
l’
amour sera contraint, mais aussitôt la mort venue, l’amour triomphera
6960
orps vivra, l’amour sera contraint, mais aussitôt
la
mort venue, l’amour triomphera de toutes les entraves. » Cet amour do
6961
mour sera contraint, mais aussitôt la mort venue,
l’
amour triomphera de toutes les entraves. » Cet amour doit s’élever à u
6962
, mais aussitôt la mort venue, l’amour triomphera
de
toutes les entraves. » Cet amour doit s’élever à une extase libératri
6963
sitôt la mort venue, l’amour triomphera de toutes
les
entraves. » Cet amour doit s’élever à une extase libératrice : « un n
6964
extase libératrice : « un nirvana prodigieux, où
le
moi entier se fondrait, s’abîmerait en extase, et garderait pourtant
6965
ait, s’abîmerait en extase, et garderait pourtant
la
volontaire conscience de son évanouissement ; ce serait comme un néan
6966
e, et garderait pourtant la volontaire conscience
de
son évanouissement ; ce serait comme un néant voluptueusement percept
6967
t comme un néant voluptueusement perceptible63 ».
La
femme aimée est idéale : c’est « Béatrice », c’est l’éternelle fiancé
6968
emme aimée est idéale : c’est « Béatrice », c’est
l’
éternelle fiancée, c’est « une Dame élue, immatériellement pure ». C’e
6969
t « une Dame élue, immatériellement pure ». C’est
l’
Âme, en somme, et une âme conçue comme « adversaire » de la chair. Mai
6970
en somme, et une âme conçue comme « adversaire »
de
la chair. Mais la vertu de ce mot âme « s’épuise à force de le répéte
6971
somme, et une âme conçue comme « adversaire » de
la
chair. Mais la vertu de ce mot âme « s’épuise à force de le répéter :
6972
âme conçue comme « adversaire » de la chair. Mais
la
vertu de ce mot âme « s’épuise à force de le répéter : il faudrait di
6973
e comme « adversaire » de la chair. Mais la vertu
de
ce mot âme « s’épuise à force de le répéter : il faudrait dire l’ange
6974
Mais la vertu de ce mot âme « s’épuise à force de
le
répéter : il faudrait dire l’ange ». Elle est donc l’Ange, mais en mê
6975
s’épuise à force de le répéter : il faudrait dire
l’
ange ». Elle est donc l’Ange, mais en même temps le « but » de l’ange,
6976
épéter : il faudrait dire l’ange ». Elle est donc
l’
Ange, mais en même temps le « but » de l’ange, « l’essor de l’ange » c
6977
’ange ». Elle est donc l’Ange, mais en même temps
le
« but » de l’ange, « l’essor de l’ange » chez son amant. Elle n’est j
6978
le est donc l’Ange, mais en même temps le « but »
de
l’ange, « l’essor de l’ange » chez son amant. Elle n’est jamais un mo
6979
est donc l’Ange, mais en même temps le « but » de
l’
ange, « l’essor de l’ange » chez son amant. Elle n’est jamais un moi d
6980
’Ange, mais en même temps le « but » de l’ange, «
l’
essor de l’ange » chez son amant. Elle n’est jamais un moi distinct, i
6981
ais en même temps le « but » de l’ange, « l’essor
de
l’ange » chez son amant. Elle n’est jamais un moi distinct, indépenda
6982
en même temps le « but » de l’ange, « l’essor de
l’
ange » chez son amant. Elle n’est jamais un moi distinct, indépendant,
6983
mé dans sa réalité, mais une projection déguisée,
le
Double féminin du moi d’André : « Voilée de noir, au crépuscule, je t
6984
une projection déguisée, le Double féminin du moi
d’
André : « Voilée de noir, au crépuscule, je t’ai vue accoudée au cheve
6985
isée, le Double féminin du moi d’André : « Voilée
de
noir, au crépuscule, je t’ai vue accoudée au chevet de mon lit, telle
6986
ir, au crépuscule, je t’ai vue accoudée au chevet
de
mon lit, telle qu’une ombre silencieuse… J’eus peur, et la vision s’é
6987
t, telle qu’une ombre silencieuse… J’eus peur, et
la
vision s’évanouit. » Ailleurs — et plus d’une fois — elle se confond
6988
ur, et la vision s’évanouit. » Ailleurs — et plus
d’
une fois — elle se confond avec l’image de la mère : « Le soir je retr
6989
leurs — et plus d’une fois — elle se confond avec
l’
image de la mère : « Le soir je retrouvais son profil disparu dans l’o
6990
et plus d’une fois — elle se confond avec l’image
de
la mère : « Le soir je retrouvais son profil disparu dans l’ombre de
6991
plus d’une fois — elle se confond avec l’image de
la
mère : « Le soir je retrouvais son profil disparu dans l’ombre de ta
6992
ois — elle se confond avec l’image de la mère : «
Le
soir je retrouvais son profil disparu dans l’ombre de ta tête penchée
6993
: « Le soir je retrouvais son profil disparu dans
l’
ombre de ta tête penchée… ta voix quand tu parlais me faisait souvenir
6994
oir je retrouvais son profil disparu dans l’ombre
de
ta tête penchée… ta voix quand tu parlais me faisait souvenir. Et bie
6995
se confondait, indécise. » Parce qu’il a « peur »
de
cette reconnaissance et du double interdit qui s’y attache, il ne peu
6996
che, il ne peut vivre avec celle qu’il aime. Tous
les
prétextes lui seront bons pour éviter le mariage, la vie commune ; et
6997
e. Tous les prétextes lui seront bons pour éviter
le
mariage, la vie commune ; et faute d’obstacles extérieurs empêchant q
6998
prétextes lui seront bons pour éviter le mariage,
la
vie commune ; et faute d’obstacles extérieurs empêchant que l’amour «
6999
pour éviter le mariage, la vie commune ; et faute
d’
obstacles extérieurs empêchant que l’amour « tourne à réalité » (comme
7000
e ; et faute d’obstacles extérieurs empêchant que
l’
amour « tourne à réalité » (comme s’exprimaient les troubadours) il sa
7001
l’amour « tourne à réalité » (comme s’exprimaient
les
troubadours) il saura bien en susciter de plus secrets. Dans l’œuvre
7002
) il saura bien en susciter de plus secrets. Dans
l’
œuvre écrite, la vie rêvée, il mariera Emmanuèle à T. Et dans la vie r
7003
en susciter de plus secrets. Dans l’œuvre écrite,
la
vie rêvée, il mariera Emmanuèle à T. Et dans la vie réelle, tout va s
7004
, la vie rêvée, il mariera Emmanuèle à T. Et dans
la
vie réelle, tout va se passer comme le mythe veut que les choses se p
7005
T. Et dans la vie réelle, tout va se passer comme
le
mythe veut que les choses se passent : le mariage auquel rien ne s’op
7006
réelle, tout va se passer comme le mythe veut que
les
choses se passent : le mariage auquel rien ne s’oppose64 est d’abord
7007
r comme le mythe veut que les choses se passent :
le
mariage auquel rien ne s’oppose64 est d’abord retardé par des scrupul
7008
scrupules étranges (qu’on nommera puritains pour
la
simple raison que les fiancés sont protestants) ; puis, quand il sera
7009
qu’on nommera puritains pour la simple raison que
les
fiancés sont protestants) ; puis, quand il sera conclu — trop tard, n
7010
tard, naturellement — il ne sera jamais consommé.
Les
voyages du mari et la « fragile » santé de la femme, les goûts de l’u
7011
l ne sera jamais consommé. Les voyages du mari et
la
« fragile » santé de la femme, les goûts de l’un et les silences de l
7012
ommé. Les voyages du mari et la « fragile » santé
de
la femme, les goûts de l’un et les silences de l’autre — quand un mot
7013
é. Les voyages du mari et la « fragile » santé de
la
femme, les goûts de l’un et les silences de l’autre — quand un mot po
7014
ages du mari et la « fragile » santé de la femme,
les
goûts de l’un et les silences de l’autre — quand un mot pouvait tout
7015
ri et la « fragile » santé de la femme, les goûts
de
l’un et les silences de l’autre — quand un mot pouvait tout dénouer !
7016
fragile » santé de la femme, les goûts de l’un et
les
silences de l’autre — quand un mot pouvait tout dénouer ! — les donné
7017
té de la femme, les goûts de l’un et les silences
de
l’autre — quand un mot pouvait tout dénouer ! — les données naturelle
7018
e l’autre — quand un mot pouvait tout dénouer ! —
les
données naturelles et les comportements les plus fibres en apparence,
7019
ouvait tout dénouer ! — les données naturelles et
les
comportements les plus fibres en apparence, tout concourt à sauver la
7020
r ! — les données naturelles et les comportements
les
plus fibres en apparence, tout concourt à sauver la loi non de la mor
7021
plus fibres en apparence, tout concourt à sauver
la
loi non de la morale mais du mythe : car il est inconcevable à jamais
7022
s en apparence, tout concourt à sauver la loi non
de
la morale mais du mythe : car il est inconcevable à jamais que Trista
7023
n apparence, tout concourt à sauver la loi non de
la
morale mais du mythe : car il est inconcevable à jamais que Tristan e
7024
à jamais que Tristan et Iseut se marient et s’ils
le
font pourtant, ce ne sera qu’apparence. La vérité particulière de leu
7025
s’ils le font pourtant, ce ne sera qu’apparence.
La
vérité particulière de leur amour interdit cette réalité. Ils mourron
7026
, ce ne sera qu’apparence. La vérité particulière
de
leur amour interdit cette réalité. Ils mourront donc comme ils auront
7027
ourront donc comme ils auront vécu : séparés l’un
de
l’autre et s’aimant65. Telle est la mystérieuse complicité de la vie
7028
séparés l’un de l’autre et s’aimant65. Telle est
la
mystérieuse complicité de la vie contingente et du mythe : mystérieus
7029
t s’aimant65. Telle est la mystérieuse complicité
de
la vie contingente et du mythe : mystérieuse en ce sens qu’il demeure
7030
’aimant65. Telle est la mystérieuse complicité de
la
vie contingente et du mythe : mystérieuse en ce sens qu’il demeure im
7031
: mystérieuse en ce sens qu’il demeure impossible
de
décider si c’est le mythe qui a fait la vie, ou si la vie se trouvait
7032
sens qu’il demeure impossible de décider si c’est
le
mythe qui a fait la vie, ou si la vie se trouvait disposée par accide
7033
mpossible de décider si c’est le mythe qui a fait
la
vie, ou si la vie se trouvait disposée par accident dans le sens du m
7034
écider si c’est le mythe qui a fait la vie, ou si
la
vie se trouvait disposée par accident dans le sens du mythe. Comme Ki
7035
si la vie se trouvait disposée par accident dans
le
sens du mythe. Comme Kierkegaard, Gide s’est plaint très souvent d’un
7036
Comme Kierkegaard, Gide s’est plaint très souvent
d’
une « écharde dans la chair » qui, pensait-il, le rendait inapte au ma
7037
de s’est plaint très souvent d’une « écharde dans
la
chair » qui, pensait-il, le rendait inapte au mariage. Cause ou effet
7038
d’une « écharde dans la chair » qui, pensait-il,
le
rendait inapte au mariage. Cause ou effet de l’emprise du mythe ? La
7039
-il, le rendait inapte au mariage. Cause ou effet
de
l’emprise du mythe ? La question n’a peut-être pas de sens. On ne peu
7040
, le rendait inapte au mariage. Cause ou effet de
l’
emprise du mythe ? La question n’a peut-être pas de sens. On ne peut s
7041
u mariage. Cause ou effet de l’emprise du mythe ?
La
question n’a peut-être pas de sens. On ne peut se retenir de penser q
7042
’emprise du mythe ? La question n’a peut-être pas
de
sens. On ne peut se retenir de penser qu’un conseil judicieux, quelqu
7043
n’a peut-être pas de sens. On ne peut se retenir
de
penser qu’un conseil judicieux, quelques mots dits à temps à ce jeune
7044
homme élevé dans une folle ignorance des réalités
de
la chair, eussent au moins prévenu le drame du mariage blanc. Mais ju
7045
me élevé dans une folle ignorance des réalités de
la
chair, eussent au moins prévenu le drame du mariage blanc. Mais juste
7046
es réalités de la chair, eussent au moins prévenu
le
drame du mariage blanc. Mais justement le mythe existe, le mythe est
7047
prévenu le drame du mariage blanc. Mais justement
le
mythe existe, le mythe est là, dans cette complicité des circonstance
7048
du mariage blanc. Mais justement le mythe existe,
le
mythe est là, dans cette complicité des circonstances, dans ce complo
7049
lable à un destin, et qui écarte par enchantement
les
conseils et les accidents qui eussent ouvert les yeux de sa victime c
7050
n, et qui écarte par enchantement les conseils et
les
accidents qui eussent ouvert les yeux de sa victime consentante… L
7051
les conseils et les accidents qui eussent ouvert
les
yeux de sa victime consentante… Le nomadisme, ou Don Juan « Bon
7052
eils et les accidents qui eussent ouvert les yeux
de
sa victime consentante… Le nomadisme, ou Don Juan « Bondir à l’
7053
ent ouvert les yeux de sa victime consentante…
Le
nomadisme, ou Don Juan « Bondir à l’autre extrémité de soi-même »
7054
isme, ou Don Juan « Bondir à l’autre extrémité
de
soi-même » étant l’un des mouvements les plus typiques de Gide66, con
7055
extrémité de soi-même » étant l’un des mouvements
les
plus typiques de Gide66, considérons en lui sans transition, Don Juan
7056
ême » étant l’un des mouvements les plus typiques
de
Gide66, considérons en lui sans transition, Don Juan. C’est pendant s
7057
ns transition, Don Juan. C’est pendant son voyage
de
noces, pendant qu’il vit l’échec atroce de son mariage, que Gide écri
7058
st pendant son voyage de noces, pendant qu’il vit
l’
échec atroce de son mariage, que Gide écrit Les Nourritures terrestres
7059
voyage de noces, pendant qu’il vit l’échec atroce
de
son mariage, que Gide écrit Les Nourritures terrestres, bréviaire du
7060
vit l’échec atroce de son mariage, que Gide écrit
Les
Nourritures terrestres, bréviaire du nomadisme dionysiaque. Don Juan
7061
me dionysiaque. Don Juan surgit comme pour venger
la
douleur inhumaine de Tristan. Il se déguise un peu, pour mieux se fai
7062
uan surgit comme pour venger la douleur inhumaine
de
Tristan. Il se déguise un peu, pour mieux se faire admettre. Il préte
7063
nd tout d’abord que sa doctrine est justifiée par
la
religion de Gide : « L’Évangile y mène, dit Euclide ; on appellera ta
7064
ord que sa doctrine est justifiée par la religion
de
Gide : « L’Évangile y mène, dit Euclide ; on appellera ta doctrine No
7065
octrine est justifiée par la religion de Gide : «
L’
Évangile y mène, dit Euclide ; on appellera ta doctrine Nomadisme, du
7066
mos, pâturage67. » Ensuite, il substitue au terme
de
nomadisme, qui évoquerait l’infidélité — et ce scrupule est tristanie
7067
l substitue au terme de nomadisme, qui évoquerait
l’
infidélité — et ce scrupule est tristanien — la « disponibilité », qui
7068
it l’infidélité — et ce scrupule est tristanien —
la
« disponibilité », qui a je ne sais quel relent de charité générale,
7069
a « disponibilité », qui a je ne sais quel relent
de
charité générale, d’ouverture généreuse, voire d’amour du prochain. E
7070
qui a je ne sais quel relent de charité générale,
d’
ouverture généreuse, voire d’amour du prochain. En fait, il s’agit bie
7071
de charité générale, d’ouverture généreuse, voire
d’
amour du prochain. En fait, il s’agit bien du refus de la durée et du
7072
our du prochain. En fait, il s’agit bien du refus
de
la durée et du refus d’assumer l’autre, caractéristiques de Don Juan.
7073
du prochain. En fait, il s’agit bien du refus de
la
durée et du refus d’assumer l’autre, caractéristiques de Don Juan. «
7074
, il s’agit bien du refus de la durée et du refus
d’
assumer l’autre, caractéristiques de Don Juan. « Gide ne tient pas en
7075
e et du refus d’assumer l’autre, caractéristiques
de
Don Juan. « Gide ne tient pas en place — note Jean Paulhan. Il préfèr
7076
ient pas en place — note Jean Paulhan. Il préfère
la
chasse à la prise ». Impatience de l’Aventurier et d’un certain type
7077
place — note Jean Paulhan. Il préfère la chasse à
la
prise ». Impatience de l’Aventurier et d’un certain type de sensuels.
7078
an. Il préfère la chasse à la prise ». Impatience
de
l’Aventurier et d’un certain type de sensuels. « Le voluptueux Ménalq
7079
Il préfère la chasse à la prise ». Impatience de
l’
Aventurier et d’un certain type de sensuels. « Le voluptueux Ménalque
7080
hasse à la prise ». Impatience de l’Aventurier et
d’
un certain type de sensuels. « Le voluptueux Ménalque veut oublier le
7081
. Impatience de l’Aventurier et d’un certain type
de
sensuels. « Le voluptueux Ménalque veut oublier le passé comme il veu
7082
l’Aventurier et d’un certain type de sensuels. «
Le
voluptueux Ménalque veut oublier le passé comme il veut ignorer l’ave
7083
e sensuels. « Le voluptueux Ménalque veut oublier
le
passé comme il veut ignorer l’avenir, il veut « le parfait oubli d’hi
7084
alque veut oublier le passé comme il veut ignorer
l’
avenir, il veut « le parfait oubli d’hier » et « n’importe quel avenir
7085
e passé comme il veut ignorer l’avenir, il veut «
le
parfait oubli d’hier » et « n’importe quel avenir », pour jouir total
7086
veut ignorer l’avenir, il veut « le parfait oubli
d’
hier » et « n’importe quel avenir », pour jouir totalement de l’instan
7087
« n’importe quel avenir », pour jouir totalement
de
l’instant présent et lui appartenir sans restriction, dans une « stup
7088
n’importe quel avenir », pour jouir totalement de
l’
instant présent et lui appartenir sans restriction, dans une « stupéfa
7089
Ces fantaisies ou ces phantasmes voluptueux sont
le
fait d’un tempérament plus excitable que bien maîtrisé : « Pour moi…
7090
taisies ou ces phantasmes voluptueux sont le fait
d’
un tempérament plus excitable que bien maîtrisé : « Pour moi… que souv
7091
risé : « Pour moi… que souvent, pareil à Whitman,
le
plus furtif contact satisfait » peut-on lire dans Si le grain ne meur
7092
s furtif contact satisfait » peut-on lire dans Si
le
grain ne meurt. Satisfactions rapides et sans lendemain, presto et fu
7093
es et sans lendemain, presto et fuite perpétuelle
de
Don Juan ! Ici l’artiste et l’homme se confondent, dans la même impat
7094
in, presto et fuite perpétuelle de Don Juan ! Ici
l’
artiste et l’homme se confondent, dans la même impatience des « redite
7095
fuite perpétuelle de Don Juan ! Ici l’artiste et
l’
homme se confondent, dans la même impatience des « redites », car c’es
7096
an ! Ici l’artiste et l’homme se confondent, dans
la
même impatience des « redites », car c’est ainsi que Gide qualifie to
7097
liquerait quelque durée. (Il n’a d’ailleurs cessé
de
le redire, — mais en des endroits différents.) Et voici le trait fina
7098
uerait quelque durée. (Il n’a d’ailleurs cessé de
le
redire, — mais en des endroits différents.) Et voici le trait final,
7099
ire, — mais en des endroits différents.) Et voici
le
trait final, décisif : le désir pur doit être sans amour. (Donc l’amo
7100
s différents.) Et voici le trait final, décisif :
le
désir pur doit être sans amour. (Donc l’amour pur doit être sans dési
7101
écisif : le désir pur doit être sans amour. (Donc
l’
amour pur doit être sans désir). Dans Si le grain ne meurt, à la page
7102
(Donc l’amour pur doit être sans désir). Dans Si
le
grain ne meurt, à la page où il décrit sa première expérience avec un
7103
it être sans désir). Dans Si le grain ne meurt, à
la
page où il décrit sa première expérience avec un jeune garçon, il pro
7104
expérience avec un jeune garçon, il proclame sur
le
mode majeur cela même dont il gémira en tant d’autres pages de son œu
7105
r cela même dont il gémira en tant d’autres pages
de
son œuvre : « Ma joie fut immense et telle que je ne la pusse imagine
7106
œuvre : « Ma joie fut immense et telle que je ne
la
pusse imaginer plus pleine si de l’amour s’y fût mêlé. Comment eût-il
7107
telle que je ne la pusse imaginer plus pleine si
de
l’amour s’y fût mêlé. Comment eût-il été question d’amour ? Comment e
7108
lle que je ne la pusse imaginer plus pleine si de
l’
amour s’y fût mêlé. Comment eût-il été question d’amour ? Comment euss
7109
l’amour s’y fût mêlé. Comment eût-il été question
d’
amour ? Comment eussè-je laissé le désir disposer de mon cœur ? Mon pl
7110
il été question d’amour ? Comment eussè-je laissé
le
désir disposer de mon cœur ? Mon plaisir était sans arrière-pensée et
7111
amour ? Comment eussè-je laissé le désir disposer
de
mon cœur ? Mon plaisir était sans arrière-pensée et ne devait être su
7112
était sans arrière-pensée et ne devait être suivi
d’
aucun remords.69 » C’est de cette « joie immense » que Gide voulait pa
7113
t ne devait être suivi d’aucun remords.69 » C’est
de
cette « joie immense » que Gide voulait parler, lorsqu’il me dit, dan
7114
» que Gide voulait parler, lorsqu’il me dit, dans
l’
entretien que j’ai rapporté, qu’il avait commis, ce jour-là, « une ter
7115
l avait commis, ce jour-là, « une terrible erreur
d’
aiguillage. » Le désir et l’amour dissociés Désirer ceux que l’o
7116
jour-là, « une terrible erreur d’aiguillage. »
Le
désir et l’amour dissociés Désirer ceux que l’on n’aime pas, aimer
7117
ne terrible erreur d’aiguillage. » Le désir et
l’
amour dissociés Désirer ceux que l’on n’aime pas, aimer celle qu’on
7118
Le désir et l’amour dissociés Désirer ceux que
l’
on n’aime pas, aimer celle qu’on ne désire pas : ce drame de la vie d’
7119
e pas, aimer celle qu’on ne désire pas : ce drame
de
la vie d’André Gide est celui d’une dissociation presque totale de la
7120
as, aimer celle qu’on ne désire pas : ce drame de
la
vie d’André Gide est celui d’une dissociation presque totale de la pe
7121
er celle qu’on ne désire pas : ce drame de la vie
d’
André Gide est celui d’une dissociation presque totale de la personne,
7122
e pas : ce drame de la vie d’André Gide est celui
d’
une dissociation presque totale de la personne, et qui l’a livré sans
7123
Gide est celui d’une dissociation presque totale
de
la personne, et qui l’a livré sans défense à la tyrannie de deux myth
7124
de est celui d’une dissociation presque totale de
la
personne, et qui l’a livré sans défense à la tyrannie de deux mythes,
7125
issociation presque totale de la personne, et qui
l’
a livré sans défense à la tyrannie de deux mythes, — quand un seul suf
7126
e de la personne, et qui l’a livré sans défense à
la
tyrannie de deux mythes, — quand un seul suffit bien au malheur d’un
7127
onne, et qui l’a livré sans défense à la tyrannie
de
deux mythes, — quand un seul suffit bien au malheur d’un seul homme o
7128
ux mythes, — quand un seul suffit bien au malheur
d’
un seul homme ou à la passion d’un personnage romanesque. Dans quelle
7129
seul suffit bien au malheur d’un seul homme ou à
la
passion d’un personnage romanesque. Dans quelle mesure peut-on tenir
7130
t bien au malheur d’un seul homme ou à la passion
d’
un personnage romanesque. Dans quelle mesure peut-on tenir Gide pour r
7131
quelle mesure peut-on tenir Gide pour responsable
de
cette « inhabileté foncière à mêler l’esprit et les sens70 » dont il
7132
esponsable de cette « inhabileté foncière à mêler
l’
esprit et les sens70 » dont il fut dès le début très conscient ? Il en
7133
e cette « inhabileté foncière à mêler l’esprit et
les
sens70 » dont il fut dès le début très conscient ? Il en a tiré le me
7134
à mêler l’esprit et les sens70 » dont il fut dès
le
début très conscient ? Il en a tiré le meilleur de sa création littér
7135
il fut dès le début très conscient ? Il en a tiré
le
meilleur de sa création littéraire, il l’a subie comme une « écharde
7136
e début très conscient ? Il en a tiré le meilleur
de
sa création littéraire, il l’a subie comme une « écharde dans la chai
7137
a tiré le meilleur de sa création littéraire, il
l’
a subie comme une « écharde dans la chair », elle a ruiné sa vie intim
7138
littéraire, il l’a subie comme une « écharde dans
la
chair », elle a ruiné sa vie intime et son mariage et peut-être la vi
7139
a ruiné sa vie intime et son mariage et peut-être
la
vie de sa femme. Il en parle tantôt comme d’un destin cruel, tantôt c
7140
sa vie intime et son mariage et peut-être la vie
de
sa femme. Il en parle tantôt comme d’un destin cruel, tantôt comme de
7141
être la vie de sa femme. Il en parle tantôt comme
d’
un destin cruel, tantôt comme de son choix « quasi mystique » et final
7142
arle tantôt comme d’un destin cruel, tantôt comme
de
son choix « quasi mystique » et finalement comme d’une « erreur » mor
7143
son choix « quasi mystique » et finalement comme
d’
une « erreur » morale. Dans cette perplexité fondamentale, dans ce reg
7144
lexité fondamentale, dans ce regard critique qu’à
de
certains moments il porte sur ses deux lui-même dissociés — et qui n’
7145
ociés — et qui n’entrent vraiment en conflit qu’à
la
faveur de cette mise en question comme par un Tiers, oui : dans ce Ti
7146
qui n’entrent vraiment en conflit qu’à la faveur
de
cette mise en question comme par un Tiers, oui : dans ce Tiers exclu
7147
ion comme par un Tiers, oui : dans ce Tiers exclu
de
ses amours réside sans doute la vraie personne d’André Gide71. Dès le
7148
ns ce Tiers exclu de ses amours réside sans doute
la
vraie personne d’André Gide71. Dès les Cahiers d’André Walter, il se
7149
de ses amours réside sans doute la vraie personne
d’
André Gide71. Dès les Cahiers d’André Walter, il se sent et se connaît
7150
sans doute la vraie personne d’André Gide71. Dès
les
Cahiers d’André Walter, il se sent et se connaît double : « Puis je l
7151
la vraie personne d’André Gide71. Dès les Cahiers
d’
André Walter, il se sent et se connaît double : « Puis je les ai tant
7152
lter, il se sent et se connaît double : « Puis je
les
ai tant séparés que maintenant je n’en suis plus le maître ; ils vont
7153
ai tant séparés que maintenant je n’en suis plus
le
maître ; ils vont chacun de leur côté, le corps et l’âme. Elle rêve d
7154
ant je n’en suis plus le maître ; ils vont chacun
de
leur côté, le corps et l’âme. Elle rêve de caresses toujours plus cha
7155
is plus le maître ; ils vont chacun de leur côté,
le
corps et l’âme. Elle rêve de caresses toujours plus chastes ; lui s’a
7156
aître ; ils vont chacun de leur côté, le corps et
l’
âme. Elle rêve de caresses toujours plus chastes ; lui s’abandonne à l
7157
chacun de leur côté, le corps et l’âme. Elle rêve
de
caresses toujours plus chastes ; lui s’abandonne à la dérive. La sage
7158
aresses toujours plus chastes ; lui s’abandonne à
la
dérive. La sagesse, sans doute, voudrait qu’on les mène ensemble, qu’
7159
jours plus chastes ; lui s’abandonne à la dérive.
La
sagesse, sans doute, voudrait qu’on les mène ensemble, qu’on fasse co
7160
la dérive. La sagesse, sans doute, voudrait qu’on
les
mène ensemble, qu’on fasse converger leurs poursuites… ». Est-ce bien
7161
rs poursuites… ». Est-ce bien lui, cependant, qui
les
a séparés, jusqu’à n’en être plus le maître — l’un devenant la proie
7162
endant, qui les a séparés, jusqu’à n’en être plus
le
maître — l’un devenant la proie de « Tristan » et l’autre de « Don Ju
7163
jusqu’à n’en être plus le maître — l’un devenant
la
proie de « Tristan » et l’autre de « Don Juan » ? A-t-il été victime
7164
n’en être plus le maître — l’un devenant la proie
de
« Tristan » et l’autre de « Don Juan » ? A-t-il été victime des dieux
7165
l’un devenant la proie de « Tristan » et l’autre
de
« Don Juan » ? A-t-il été victime des dieux, j’entends des mythes ? O
7166
été victime des dieux, j’entends des mythes ? Ou
d’
une originelle erreur sur la personne ? Ou simplement, de son éducatio
7167
tends des mythes ? Ou d’une originelle erreur sur
la
personne ? Ou simplement, de son éducation et de la morale puritaine
7168
riginelle erreur sur la personne ? Ou simplement,
de
son éducation et de la morale puritaine ? La troisième hypothèse est
7169
la personne ? Ou simplement, de son éducation et
de
la morale puritaine ? La troisième hypothèse est la plus vraisemblabl
7170
personne ? Ou simplement, de son éducation et de
la
morale puritaine ? La troisième hypothèse est la plus vraisemblable à
7171
la morale puritaine ? La troisième hypothèse est
la
plus vraisemblable à première vue. « Mon éducation puritaine avait fa
7172
uritaine avait fait un monstre des revendications
de
la chair »72. Non seulement c’était mal, mais c’était le Péché. Et da
7173
taine avait fait un monstre des revendications de
la
chair »72. Non seulement c’était mal, mais c’était le Péché. Et dans
7174
hair »72. Non seulement c’était mal, mais c’était
le
Péché. Et dans le Péché en général, il existe un péché pire que tout
7175
ement c’était mal, mais c’était le Péché. Et dans
le
Péché en général, il existe un péché pire que tout autre, — et que nu
7176
ché pire que tout autre, — et que nul ne se vante
d’
avoir commis par forfanterie d’immoraliste. Or le jeune Gide, en press
7177
ue nul ne se vante d’avoir commis par forfanterie
d’
immoraliste. Or le jeune Gide, en pressent l’épouvante, s’il vient à d
7178
d’avoir commis par forfanterie d’immoraliste. Or
le
jeune Gide, en pressent l’épouvante, s’il vient à désirer une femme q
7179
erie d’immoraliste. Or le jeune Gide, en pressent
l’
épouvante, s’il vient à désirer une femme qu’il aime. Tout à la fin de
7180
s’il vient à désirer une femme qu’il aime. Tout à
la
fin de sa vie, parlant de ses rêves, Gide remarque : « … mais dans le
7181
ent à désirer une femme qu’il aime. Tout à la fin
de
sa vie, parlant de ses rêves, Gide remarque : « … mais dans le rêve s
7182
emme qu’il aime. Tout à la fin de sa vie, parlant
de
ses rêves, Gide remarque : « … mais dans le rêve seulement, la figure
7183
rlant de ses rêves, Gide remarque : « … mais dans
le
rêve seulement, la figure de ma femme se substitue parfois, subtileme
7184
Gide remarque : « … mais dans le rêve seulement,
la
figure de ma femme se substitue parfois, subtilement et comme mystiqu
7185
rque : « … mais dans le rêve seulement, la figure
de
ma femme se substitue parfois, subtilement et comme mystiquement, à c
7186
rfois, subtilement et comme mystiquement, à celle
de
ma mère, sans que j’en sois très étonné. Les contours des visages ne
7187
celle de ma mère, sans que j’en sois très étonné.
Les
contours des visages ne sont pas assez nets pour me retenir de passer
7188
es visages ne sont pas assez nets pour me retenir
de
passer de l’une à l’autre… bien plus : le rôle que l’une ou l’autre j
7189
ne sont pas assez nets pour me retenir de passer
de
l’une à l’autre… bien plus : le rôle que l’une ou l’autre joue dans l
7190
retenir de passer de l’une à l’autre… bien plus :
le
rôle que l’une ou l’autre joue dans l’action du rêve reste à peu près
7191
ien plus : le rôle que l’une ou l’autre joue dans
l’
action du rêve reste à peu près le même, c’est-à-dire un rôle d’inhibi
7192
autre joue dans l’action du rêve reste à peu près
le
même, c’est-à-dire un rôle d’inhibition, ce qui explique ou motive la
7193
ve reste à peu près le même, c’est-à-dire un rôle
d’
inhibition, ce qui explique ou motive la substitution.73 » Élevé par
7194
e un rôle d’inhibition, ce qui explique ou motive
la
substitution.73 » Élevé par des femmes qui furent toutes, nous dit-i
7195
par des femmes qui furent toutes, nous dit-il, «
d’
admirables figures chrétiennes » — sa mère, sa gouvernante et deux tan
7196
gouvernante et deux tantes maternelles — « à qui
le
prêt du moindre trouble de la chair eût fait injure, me semblait-il »
7197
maternelles — « à qui le prêt du moindre trouble
de
la chair eût fait injure, me semblait-il » — puis confondant avec l’i
7198
ternelles — « à qui le prêt du moindre trouble de
la
chair eût fait injure, me semblait-il » — puis confondant avec l’imag
7199
t injure, me semblait-il » — puis confondant avec
l’
image de sa mère celle de sa proche cousine Madeleine, qu’il épousera
7200
, me semblait-il » — puis confondant avec l’image
de
sa mère celle de sa proche cousine Madeleine, qu’il épousera malgré t
7201
» — puis confondant avec l’image de sa mère celle
de
sa proche cousine Madeleine, qu’il épousera malgré tout — comment Gid
7202
ra malgré tout — comment Gide eût-il pu surmonter
l’
interdit jeté de la sorte sur la femme ? Incapable de révoquer les don
7203
comment Gide eût-il pu surmonter l’interdit jeté
de
la sorte sur la femme ? Incapable de révoquer les données mêmes de ce
7204
mment Gide eût-il pu surmonter l’interdit jeté de
la
sorte sur la femme ? Incapable de révoquer les données mêmes de ce dr
7205
t-il pu surmonter l’interdit jeté de la sorte sur
la
femme ? Incapable de révoquer les données mêmes de ce drame, cherchan
7206
nterdit jeté de la sorte sur la femme ? Incapable
de
révoquer les données mêmes de ce drame, cherchant son salut dans la f
7207
de la sorte sur la femme ? Incapable de révoquer
les
données mêmes de ce drame, cherchant son salut dans la fuite, il reco
7208
a femme ? Incapable de révoquer les données mêmes
de
ce drame, cherchant son salut dans la fuite, il recourt au moyen d’Ul
7209
nnées mêmes de ce drame, cherchant son salut dans
la
fuite, il recourt au moyen d’Ulysse : — « Je n’y suis pas. Je ne suis
7210
hant son salut dans la fuite, il recourt au moyen
d’
Ulysse : — « Je n’y suis pas. Je ne suis personne ! » Devant l’imminen
7211
« Je n’y suis pas. Je ne suis personne ! » Devant
l’
imminence du péril tapi tout près du seuil de sa conscience, il se sci
7212
vant l’imminence du péril tapi tout près du seuil
de
sa conscience, il se scinde en deux êtres distincts : le Monstre ne l
7213
onscience, il se scinde en deux êtres distincts :
le
Monstre ne le trouvera plus ! Il ne saura plus où le prendre ! Je sui
7214
se scinde en deux êtres distincts : le Monstre ne
le
trouvera plus ! Il ne saura plus où le prendre ! Je suis Tristan, voy
7215
Monstre ne le trouvera plus ! Il ne saura plus où
le
prendre ! Je suis Tristan, voyez mon âme, c’est un ange. Je suis Don
7216
ocente… Ce qui se traduit en termes de morale par
les
deux « raisonnements » suivants, presque inconscients, cela va sans d
7217
surpris lorsqu’il en trouvera beaucoup plus tard
la
clef74. 1° Aimer l’image de sa mère reste permis, tant que le « désir
7218
n trouvera beaucoup plus tard la clef74. 1° Aimer
l’
image de sa mère reste permis, tant que le « désir charnel » est inhib
7219
ra beaucoup plus tard la clef74. 1° Aimer l’image
de
sa mère reste permis, tant que le « désir charnel » est inhibé. 2° En
7220
° Aimer l’image de sa mère reste permis, tant que
le
« désir charnel » est inhibé. 2° En revanche, désirer les corps bruni
7221
sir charnel » est inhibé. 2° En revanche, désirer
les
corps brunis de jeunes « vauriens » qu’on ne reverra jamais n’est cer
7222
inhibé. 2° En revanche, désirer les corps brunis
de
jeunes « vauriens » qu’on ne reverra jamais n’est certes pas bien vu
7223
dans « nos milieux », mais du moins ne viole pas
le
suprême interdit. Cette grande audace de notre immoraliste est le typ
7224
iole pas le suprême interdit. Cette grande audace
de
notre immoraliste est le type même de la demi-mesure, du compromis d’
7225
dit. Cette grande audace de notre immoraliste est
le
type même de la demi-mesure, du compromis d’ailleurs vital, entre le
7226
ande audace de notre immoraliste est le type même
de
la demi-mesure, du compromis d’ailleurs vital, entre le désir naturel
7227
e audace de notre immoraliste est le type même de
la
demi-mesure, du compromis d’ailleurs vital, entre le désir naturel et
7228
demi-mesure, du compromis d’ailleurs vital, entre
le
désir naturel et une morale absolument intransigeante, bien antérieur
7229
ritanisme victorien ; au surplus, sanctionnée par
la
Mère. Donc Gide « prend son parti de dissocier le plaisir de l’amour
7230
ctionnée par la Mère. Donc Gide « prend son parti
de
dissocier le plaisir de l’amour ». Et même il fait de cette nécessité
7231
la Mère. Donc Gide « prend son parti de dissocier
le
plaisir de l’amour ». Et même il fait de cette nécessité vertu : « Il
7232
nc Gide « prend son parti de dissocier le plaisir
de
l’amour ». Et même il fait de cette nécessité vertu : « Il me paraiss
7233
Gide « prend son parti de dissocier le plaisir de
l’
amour ». Et même il fait de cette nécessité vertu : « Il me paraissait
7234
issocier le plaisir de l’amour ». Et même il fait
de
cette nécessité vertu : « Il me paraissait que ce divorce était souha
7235
paraissait que ce divorce était souhaitable, que
le
plaisir était ainsi plus pur, l’amour plus parfait, si le cœur et la
7236
souhaitable, que le plaisir était ainsi plus pur,
l’
amour plus parfait, si le cœur et la chair ne s’entr’engageaient point
7237
ir était ainsi plus pur, l’amour plus parfait, si
le
cœur et la chair ne s’entr’engageaient point75. » C’est le moyen qu’i
7238
nsi plus pur, l’amour plus parfait, si le cœur et
la
chair ne s’entr’engageaient point75. » C’est le moyen qu’il a trouvé
7239
t la chair ne s’entr’engageaient point75. » C’est
le
moyen qu’il a trouvé de ménager à la fois l’amour et le plaisir sans
7240
ageaient point75. » C’est le moyen qu’il a trouvé
de
ménager à la fois l’amour et le plaisir sans violer le tabou de l’inc
7241
’est le moyen qu’il a trouvé de ménager à la fois
l’
amour et le plaisir sans violer le tabou de l’inceste et en s’accommod
7242
en qu’il a trouvé de ménager à la fois l’amour et
le
plaisir sans violer le tabou de l’inceste et en s’accommodant, en que
7243
nager à la fois l’amour et le plaisir sans violer
le
tabou de l’inceste et en s’accommodant, en quelque sorte, aux structu
7244
a fois l’amour et le plaisir sans violer le tabou
de
l’inceste et en s’accommodant, en quelque sorte, aux structures impos
7245
ois l’amour et le plaisir sans violer le tabou de
l’
inceste et en s’accommodant, en quelque sorte, aux structures imposées
7246
sorte, aux structures imposées à sa jeunesse par
le
puritanisme maternel. Un complexe d’Œdipe mieux noué, plus « normal »
7247
jeunesse par le puritanisme maternel. Un complexe
d’
Œdipe mieux noué, plus « normal », dirais-je, eût peut-être donné à Gi
7248
« normal », dirais-je, eût peut-être donné à Gide
l’
agressivité nécessaire pour briser ces structures puritaines, comme l’
7249
aire pour briser ces structures puritaines, comme
l’
ont fait après tout d’innombrables jeunes gens élevés dans la même tra
7250
tructures puritaines, comme l’ont fait après tout
d’
innombrables jeunes gens élevés dans la même tradition : mais quand so
7251
après tout d’innombrables jeunes gens élevés dans
la
même tradition : mais quand son père mourut — homme libéral et bon, e
7252
ut — homme libéral et bon, et par bien des traits
de
caractère moins « viril », dirait-on, que la mère, du moins telle que
7253
aits de caractère moins « viril », dirait-on, que
la
mère, du moins telle que Gide l’a décrite — le petit André allait avo
7254
, dirait-on, que la mère, du moins telle que Gide
l’
a décrite — le petit André allait avoir 11 ans. Sa mère le prit sur se
7255
ue la mère, du moins telle que Gide l’a décrite —
le
petit André allait avoir 11 ans. Sa mère le prit sur ses genoux pour
7256
ite — le petit André allait avoir 11 ans. Sa mère
le
prit sur ses genoux pour consoler l’enfant qui sanglotait : « et je m
7257
ans. Sa mère le prit sur ses genoux pour consoler
l’
enfant qui sanglotait : « et je me sentis soudain tout enveloppé par c
7258
et amour, qui désormais se refermait sur moi.76 »
Les
derniers mots ne sont pas seulement touchants… Dès cet instant, les j
7259
ne sont pas seulement touchants… Dès cet instant,
les
jeux sont faits. L’alternance, et la fuite de l’âme Cette espèc
7260
uchants… Dès cet instant, les jeux sont faits.
L’
alternance, et la fuite de l’âme Cette espèce de sécurité dans l’al
7261
instant, les jeux sont faits. L’alternance, et
la
fuite de l’âme Cette espèce de sécurité dans l’alternance de ses m
7262
les jeux sont faits. L’alternance, et la fuite
de
l’âme Cette espèce de sécurité dans l’alternance de ses moi dissoc
7263
jeux sont faits. L’alternance, et la fuite de
l’
âme Cette espèce de sécurité dans l’alternance de ses moi dissociés
7264
’alternance, et la fuite de l’âme Cette espèce
de
sécurité dans l’alternance de ses moi dissociés — j’allais dire qu’au
7265
a fuite de l’âme Cette espèce de sécurité dans
l’
alternance de ses moi dissociés — j’allais dire qu’au sens littéral Gi
7266
âme Cette espèce de sécurité dans l’alternance
de
ses moi dissociés — j’allais dire qu’au sens littéral Gide l’a payée
7267
issociés — j’allais dire qu’au sens littéral Gide
l’
a payée de sa personne. L’expression, pour être toute faite, est pourt
7268
j’allais dire qu’au sens littéral Gide l’a payée
de
sa personne. L’expression, pour être toute faite, est pourtant fausse
7269
u’au sens littéral Gide l’a payée de sa personne.
L’
expression, pour être toute faite, est pourtant fausse. C’est l’âme de
7270
pour être toute faite, est pourtant fausse. C’est
l’
âme de Gide qui a fait les frais de sa ruse vitale. Il faut s’entendre
7271
tre toute faite, est pourtant fausse. C’est l’âme
de
Gide qui a fait les frais de sa ruse vitale. Il faut s’entendre, évid
7272
t pourtant fausse. C’est l’âme de Gide qui a fait
les
frais de sa ruse vitale. Il faut s’entendre, évidemment, sur ce mot d
7273
fausse. C’est l’âme de Gide qui a fait les frais
de
sa ruse vitale. Il faut s’entendre, évidemment, sur ce mot d’âme. Je
7274
itale. Il faut s’entendre, évidemment, sur ce mot
d’
âme. Je le prends ici au sens de Nietzsche, et de Gide lui-même dans s
7275
faut s’entendre, évidemment, sur ce mot d’âme. Je
le
prends ici au sens de Nietzsche, et de Gide lui-même dans sa maturité
7276
mment, sur ce mot d’âme. Je le prends ici au sens
de
Nietzsche, et de Gide lui-même dans sa maturité. Selon la conception
7277
d’âme. Je le prends ici au sens de Nietzsche, et
de
Gide lui-même dans sa maturité. Selon la conception traditionnelle de
7278
sche, et de Gide lui-même dans sa maturité. Selon
la
conception traditionnelle des gnostiques et même de saint Paul, l’hom
7279
conception traditionnelle des gnostiques et même
de
saint Paul, l’homme consiste en un corps physique, un corps psychique
7280
ditionnelle des gnostiques et même de saint Paul,
l’
homme consiste en un corps physique, un corps psychique, un corps ment
7281
un corps psychique, un corps mental ou spirituel.
Le
psychique est, pour Nietzsche, « l’âme mortelle… l’âme coordonnatrice
7282
ou spirituel. Le psychique est, pour Nietzsche, «
l’
âme mortelle… l’âme coordonnatrice des instincts et passions ». Pour G
7283
psychique est, pour Nietzsche, « l’âme mortelle…
l’
âme coordonnatrice des instincts et passions ». Pour Gide, « un faisce
7284
instincts et passions ». Pour Gide, « un faisceau
d’
émotions, de tendances, de susceptibilités, dont le lien n’est peut-êt
7285
passions ». Pour Gide, « un faisceau d’émotions,
de
tendances, de susceptibilités, dont le lien n’est peut-être que physi
7286
our Gide, « un faisceau d’émotions, de tendances,
de
susceptibilités, dont le lien n’est peut-être que physiologique ». C’
7287
’émotions, de tendances, de susceptibilités, dont
le
lien n’est peut-être que physiologique ». C’est le siège de l’amour s
7288
e lien n’est peut-être que physiologique ». C’est
le
siège de l’amour sous ses formes diverses : amour de désir ou de don
7289
est peut-être que physiologique ». C’est le siège
de
l’amour sous ses formes diverses : amour de désir ou de don (« Le gli
7290
peut-être que physiologique ». C’est le siège de
l’
amour sous ses formes diverses : amour de désir ou de don (« Le glisse
7291
siège de l’amour sous ses formes diverses : amour
de
désir ou de don (« Le glissement de l’un à l’autre reste toujours pos
7292
mour sous ses formes diverses : amour de désir ou
de
don (« Le glissement de l’un à l’autre reste toujours possible77 »).
7293
ses formes diverses : amour de désir ou de don («
Le
glissement de l’un à l’autre reste toujours possible77 »). Gide ne di
7294
erses : amour de désir ou de don (« Le glissement
de
l’un à l’autre reste toujours possible77 »). Gide ne distingue pas da
7295
us, Animum, Anima… ces discriminations me donnent
le
vertige. » On le voit de reste, lorsqu’il écrit un peu plus loin, par
7296
… ces discriminations me donnent le vertige. » On
le
voit de reste, lorsqu’il écrit un peu plus loin, parlant de sa femme
7297
scriminations me donnent le vertige. » On le voit
de
reste, lorsqu’il écrit un peu plus loin, parlant de sa femme : « C’ét
7298
reste, lorsqu’il écrit un peu plus loin, parlant
de
sa femme : « C’était son âme que j’aimais ; et cette âme, je n’y croy
7299
cette âme, je n’y croyais pas. Je ne crois pas à
l’
âme séparée du corps78. » (Comprenons qu’il ne croyait plus à l’esprit
7300
du corps78. » (Comprenons qu’il ne croyait plus à
l’
esprit distinct, personnel, qui sera sauvé ou détruit après la mort de
7301
tinct, personnel, qui sera sauvé ou détruit après
la
mort des corps physique et animique, et que le langage moderne, même
7302
ès la mort des corps physique et animique, et que
le
langage moderne, même religieux, ne cesse de confondre avec l’âme.)
7303
que le langage moderne, même religieux, ne cesse
de
confondre avec l’âme.) Cet aveu pathétique est l’un de ces moments o
7304
derne, même religieux, ne cesse de confondre avec
l’
âme.) Cet aveu pathétique est l’un de ces moments où Gide existe, « i
7305
fondre avec l’âme.) Cet aveu pathétique est l’un
de
ces moments où Gide existe, « irremplaçable », où il rejoint sa vraie
7306
en lui, qui est son vrai moi final, assume enfin
l’
insoluble conflit de ses deux âmes. Songeant à ces « extrêmes » si lon
7307
vrai moi final, assume enfin l’insoluble conflit
de
ses deux âmes. Songeant à ces « extrêmes » si longtemps ménagés, cult
7308
mes » si longtemps ménagés, cultivés, isolés l’un
de
l’autre — et que symbolisent nos deux mythes —, j’oserai dire à mon t
7309
, j’oserai dire à mon tour, inversant son aveu et
le
rapportant à lui-même : — c’était en ses deux âmes qu’il avait cru, e
7310
es deux âmes qu’il avait cru, et ses deux âmes ne
l’
aimaient plus. Je parle ici du Gide achevé, équilibré dans son dialogu
7311
age. Celui que nous avons pu connaître n’était ni
le
mari transi d’Emmanuèle, ni le nomade en chasse de brefs plaisirs sol
7312
nous avons pu connaître n’était ni le mari transi
d’
Emmanuèle, ni le nomade en chasse de brefs plaisirs solaires, ni André
7313
nnaître n’était ni le mari transi d’Emmanuèle, ni
le
nomade en chasse de brefs plaisirs solaires, ni André Walter, ni Ména
7314
e mari transi d’Emmanuèle, ni le nomade en chasse
de
brefs plaisirs solaires, ni André Walter, ni Ménalque. Il eût semblé
7315
Walter, ni Ménalque. Il eût semblé bien incongru
d’
évoquer devant lui, en sa présence « d’inflexible Mongol à tête de sca
7316
n incongru d’évoquer devant lui, en sa présence «
d’
inflexible Mongol à tête de scarabée79 » les figures alternées de Tris
7317
lui, en sa présence « d’inflexible Mongol à tête
de
scarabée79 » les figures alternées de Tristan et Don Juan. Ces deux «
7318
ence « d’inflexible Mongol à tête de scarabée79 »
les
figures alternées de Tristan et Don Juan. Ces deux « extrêmes » dont
7319
ngol à tête de scarabée79 » les figures alternées
de
Tristan et Don Juan. Ces deux « extrêmes » dont il s’était loué d’avo
7320
Juan. Ces deux « extrêmes » dont il s’était loué
d’
avoir su protéger la « cohabitation » semblaient s’être absentés de lu
7321
trêmes » dont il s’était loué d’avoir su protéger
la
« cohabitation » semblaient s’être absentés de lui-même, entraînant a
7322
er la « cohabitation » semblaient s’être absentés
de
lui-même, entraînant avec eux son âme divisée. Comme évacués de sa pe
7323
ntraînant avec eux son âme divisée. Comme évacués
de
sa personne, ils étaient devenus personnages de ses œuvres. Encore qu
7324
s de sa personne, ils étaient devenus personnages
de
ses œuvres. Encore qu’en aucune d’elles — sauf le Journal — ils aient
7325
us personnages de ses œuvres. Encore qu’en aucune
d’
elles — sauf le Journal — ils aient jamais « cohabité », d’où l’absenc
7326
de ses œuvres. Encore qu’en aucune d’elles — sauf
le
Journal — ils aient jamais « cohabité », d’où l’absence de tension pr
7327
sauf le Journal — ils aient jamais « cohabité »,
d’
où l’absence de tension profonde qui a sans nul doute favorisé les per
7328
le Journal — ils aient jamais « cohabité », d’où
l’
absence de tension profonde qui a sans nul doute favorisé les perfecti
7329
l — ils aient jamais « cohabité », d’où l’absence
de
tension profonde qui a sans nul doute favorisé les perfections formel
7330
de tension profonde qui a sans nul doute favorisé
les
perfections formelles et l’harmonie que l’on sait, aux dépens du pouv
7331
s nul doute favorisé les perfections formelles et
l’
harmonie que l’on sait, aux dépens du pouvoir tragique. D’avoir été sé
7332
orisé les perfections formelles et l’harmonie que
l’
on sait, aux dépens du pouvoir tragique. D’avoir été séparément mais s
7333
ie que l’on sait, aux dépens du pouvoir tragique.
D’
avoir été séparément mais simultanément actualisés, ils avaient privé
7334
simultanément actualisés, ils avaient privé Gide
de
cette Ombre qui est le refoulement d’une part virtuelle de l’âme, — d
7335
és, ils avaient privé Gide de cette Ombre qui est
le
refoulement d’une part virtuelle de l’âme, — donc sa présence encore,
7336
Ombre qui est le refoulement d’une part virtuelle
de
l’âme, — donc sa présence encore, secrète mais active. Ils avaient ce
7337
re qui est le refoulement d’une part virtuelle de
l’
âme, — donc sa présence encore, secrète mais active. Ils avaient cessé
7338
ce encore, secrète mais active. Ils avaient cessé
de
le toucher. Et trop bien isolés l’un de l’autre en ses œuvres, loin d
7339
encore, secrète mais active. Ils avaient cessé de
le
toucher. Et trop bien isolés l’un de l’autre en ses œuvres, loin de s
7340
ent cessé de le toucher. Et trop bien isolés l’un
de
l’autre en ses œuvres, loin de s’y prêter force en secret, ils exténu
7341
orce en secret, ils exténuaient leur énergie dans
la
pureté d’un jeu bien alterné. Demeurait la perplexité, sereine ou tou
7342
cret, ils exténuaient leur énergie dans la pureté
d’
un jeu bien alterné. Demeurait la perplexité, sereine ou tourmentée, m
7343
e dans la pureté d’un jeu bien alterné. Demeurait
la
perplexité, sereine ou tourmentée, malicieuse ou maussade, selon les
7344
eine ou tourmentée, malicieuse ou maussade, selon
les
jours ou l’interlocuteur. Beaucoup de petits problèmes de langage ou
7345
entée, malicieuse ou maussade, selon les jours ou
l’
interlocuteur. Beaucoup de petits problèmes de langage ou de morale, m
7346
ou l’interlocuteur. Beaucoup de petits problèmes
de
langage ou de morale, mais dont le débat tournait souvent à l’argutie
7347
uteur. Beaucoup de petits problèmes de langage ou
de
morale, mais dont le débat tournait souvent à l’argutie, — ou bien il
7348
tits problèmes de langage ou de morale, mais dont
le
débat tournait souvent à l’argutie, — ou bien il vous rendait les arm
7349
de morale, mais dont le débat tournait souvent à
l’
argutie, — ou bien il vous rendait les armes un peu trop vite. Beaucou
7350
it souvent à l’argutie, — ou bien il vous rendait
les
armes un peu trop vite. Beaucoup d’arrière-pensées, qu’il ne voulait
7351
vous rendait les armes un peu trop vite. Beaucoup
d’
arrière-pensées, qu’il ne voulait plus suivre, et c’étaient elles pour
7352
lait plus suivre, et c’étaient elles pourtant qui
le
faisaient encore si attachant, et parfois émouvant, pour ceux qui ava
7353
Bref, en dépit de sa curiosité demeurée vive, et
de
sa générosité, un refus quasi instinctif d’approfondir et d’élargir,
7354
e, et de sa générosité, un refus quasi instinctif
d’
approfondir et d’élargir, d’intégrer et de prolonger, doublé d’une pro
7355
osité, un refus quasi instinctif d’approfondir et
d’
élargir, d’intégrer et de prolonger, doublé d’une propension de plus e
7356
efus quasi instinctif d’approfondir et d’élargir,
d’
intégrer et de prolonger, doublé d’une propension de plus en plus marq
7357
tinctif d’approfondir et d’élargir, d’intégrer et
de
prolonger, doublé d’une propension de plus en plus marquée à vouloir
7358
et d’élargir, d’intégrer et de prolonger, doublé
d’
une propension de plus en plus marquée à vouloir le contraire de tout
7359
’une propension de plus en plus marquée à vouloir
le
contraire de tout cela, c’est-à-dire à cerner et limiter, dissocier e
7360
on de plus en plus marquée à vouloir le contraire
de
tout cela, c’est-à-dire à cerner et limiter, dissocier et démystifier
7361
nommer — « à présent que j’y vois plus clair » il
le
faut bien — un certain assèchement de l’âme et de ses pouvoirs d’expa
7362
clair » il le faut bien — un certain assèchement
de
l’âme et de ses pouvoirs d’expansion. De là cette impression que j’av
7363
air » il le faut bien — un certain assèchement de
l’
âme et de ses pouvoirs d’expansion. De là cette impression que j’avais
7364
le faut bien — un certain assèchement de l’âme et
de
ses pouvoirs d’expansion. De là cette impression que j’avais gardée d
7365
n certain assèchement de l’âme et de ses pouvoirs
d’
expansion. De là cette impression que j’avais gardée de lui, et que je
7366
èchement de l’âme et de ses pouvoirs d’expansion.
De
là cette impression que j’avais gardée de lui, et que je traduisais e
7367
ansion. De là cette impression que j’avais gardée
de
lui, et que je traduisais en parlant d’un défaut d’imagination spirit
7368
is gardée de lui, et que je traduisais en parlant
d’
un défaut d’imagination spirituelle, — pour moi le vrai sens poétique.
7369
lui, et que je traduisais en parlant d’un défaut
d’
imagination spirituelle, — pour moi le vrai sens poétique. (Lui préfér
7370
d’un défaut d’imagination spirituelle, — pour moi
le
vrai sens poétique. (Lui préférait parler de son « refus d’accueil »
7371
moi le vrai sens poétique. (Lui préférait parler
de
son « refus d’accueil » à toute espèce de réalité inaccessible au « r
7372
ns poétique. (Lui préférait parler de son « refus
d’
accueil » à toute espèce de réalité inaccessible au « raisonnable ».)
7373
parler de son « refus d’accueil » à toute espèce
de
réalité inaccessible au « raisonnable ».) Je distingue mieux, aujourd
7374
raisonnable ».) Je distingue mieux, aujourd’hui,
les
origines fonctionnelles de cette fuite de l’âme dédoublée, et comment
7375
e mieux, aujourd’hui, les origines fonctionnelles
de
cette fuite de l’âme dédoublée, et comment elle devait se produire à
7376
d’hui, les origines fonctionnelles de cette fuite
de
l’âme dédoublée, et comment elle devait se produire à la longue dans
7377
ui, les origines fonctionnelles de cette fuite de
l’
âme dédoublée, et comment elle devait se produire à la longue dans l’é
7378
comment elle devait se produire à la longue dans
l’
évolution de sa personne. Gide fut-il la victime d’une fin d’époque cr
7379
e devait se produire à la longue dans l’évolution
de
sa personne. Gide fut-il la victime d’une fin d’époque cruelle et déj
7380
ngue dans l’évolution de sa personne. Gide fut-il
la
victime d’une fin d’époque cruelle et déjà tout absurde à nos yeux, c
7381
’évolution de sa personne. Gide fut-il la victime
d’
une fin d’époque cruelle et déjà tout absurde à nos yeux, comme peuven
7382
de sa personne. Gide fut-il la victime d’une fin
d’
époque cruelle et déjà tout absurde à nos yeux, comme peuvent paraître
7383
s yeux, comme peuvent paraître absurdes ou dénués
d’
intérêt les conflits entretenus dans la vie d’un Aztèque par les décre
7384
mme peuvent paraître absurdes ou dénués d’intérêt
les
conflits entretenus dans la vie d’un Aztèque par les décrets de dieux
7385
ou dénués d’intérêt les conflits entretenus dans
la
vie d’un Aztèque par les décrets de dieux déments, et qui sont morts
7386
ués d’intérêt les conflits entretenus dans la vie
d’
un Aztèque par les décrets de dieux déments, et qui sont morts ? Fut-i
7387
conflits entretenus dans la vie d’un Aztèque par
les
décrets de dieux déments, et qui sont morts ? Fut-il plutôt l’acteur,
7388
tretenus dans la vie d’un Aztèque par les décrets
de
dieux déments, et qui sont morts ? Fut-il plutôt l’acteur, sacrifié à
7389
dieux déments, et qui sont morts ? Fut-il plutôt
l’
acteur, sacrifié à son rôle, d’une dramatique de l’âme qui vivra bien
7390
ts ? Fut-il plutôt l’acteur, sacrifié à son rôle,
d’
une dramatique de l’âme qui vivra bien autant que notre Occident et se
7391
t l’acteur, sacrifié à son rôle, d’une dramatique
de
l’âme qui vivra bien autant que notre Occident et ses mythes ? Nietzs
7392
’acteur, sacrifié à son rôle, d’une dramatique de
l’
âme qui vivra bien autant que notre Occident et ses mythes ? Nietzsche
7393
tre Occident et ses mythes ? Nietzsche se vantait
d’
avoir écrit le seul ouvrage au monde qui se termine par ou bien ? — Gi
7394
t ses mythes ? Nietzsche se vantait d’avoir écrit
le
seul ouvrage au monde qui se termine par ou bien ? — Gide ici l’a rej
7395
au monde qui se termine par ou bien ? — Gide ici
l’
a rejoint, mais par sa vie. 59. — « Vous allez croire que je suis u
7396
iant, mais vos troubadours, je ne puis m’empêcher
de
penser qu’ils devaient être homosexuels pour la plupart. » Je réponds
7397
. » Je réponds qu’en effet, plusieurs d’entre eux
le
furent. 60. Dans Et nunc manet in te : p. 27, je lis : « Je sus bien
7398
ar ailleurs, prouver que je n’étais pas incapable
d’
élan (je parle de l’élan qui procrée), mais à condition que rien d’int
7399
ver que je n’étais pas incapable d’élan (je parle
de
l’élan qui procrée), mais à condition que rien d’intellectuel ou de s
7400
que je n’étais pas incapable d’élan (je parle de
l’
élan qui procrée), mais à condition que rien d’intellectuel ou de sent
7401
de l’élan qui procrée), mais à condition que rien
d’
intellectuel ou de sentimental ne s’y mêlât. » (Note de 1960.) 61. L
7402
rée), mais à condition que rien d’intellectuel ou
de
sentimental ne s’y mêlât. » (Note de 1960.) 61. La Jeunesse d’André
7403
ellectuel ou de sentimental ne s’y mêlât. » (Note
de
1960.) 61. La Jeunesse d’André Gide, tome I, p. 505, 1956. 62. Not
7404
sentimental ne s’y mêlât. » (Note de 1960.) 61.
La
Jeunesse d’André Gide, tome I, p. 505, 1956. 62. Noter que Gide n’a
7405
ne s’y mêlât. » (Note de 1960.) 61. La Jeunesse
d’
André Gide, tome I, p. 505, 1956. 62. Noter que Gide n’a jamais parlé
7406
r, « une aversion passionnée ». Quant à Don Juan,
le
personnage était bien fait pour le scandaliser. L’action de nos deux
7407
nt à Don Juan, le personnage était bien fait pour
le
scandaliser. L’action de nos deux mythes, dans l’existence de Gide, n
7408
e personnage était bien fait pour le scandaliser.
L’
action de nos deux mythes, dans l’existence de Gide, n’est donc ni « l
7409
age était bien fait pour le scandaliser. L’action
de
nos deux mythes, dans l’existence de Gide, n’est donc ni « littéraire
7410
le scandaliser. L’action de nos deux mythes, dans
l’
existence de Gide, n’est donc ni « littéraire », ni musicale, comme ch
7411
er. L’action de nos deux mythes, dans l’existence
de
Gide, n’est donc ni « littéraire », ni musicale, comme chez Kierkegaa
7412
. Delay, citant cette phrase, note qu’elle trahit
l’
influence de la lecture de Schopenhauer. Or on sait que cette même lec
7413
ant cette phrase, note qu’elle trahit l’influence
de
la lecture de Schopenhauer. Or on sait que cette même lecture fut déc
7414
cette phrase, note qu’elle trahit l’influence de
la
lecture de Schopenhauer. Or on sait que cette même lecture fut décisi
7415
se, note qu’elle trahit l’influence de la lecture
de
Schopenhauer. Or on sait que cette même lecture fut décisive pour Wag
7416
cture fut décisive pour Wagner écrivant Tristan :
le
nirvana qu’invoque André Walter, c’est la « joie suprême » d’Isolde.
7417
istan : le nirvana qu’invoque André Walter, c’est
la
« joie suprême » d’Isolde. 64. J. Delay, op. cit., II, p. 22. 65.
7418
u’invoque André Walter, c’est la « joie suprême »
d’
Isolde. 64. J. Delay, op. cit., II, p. 22. 65. Et nunc manet in te
7419
je me suis dit : mais elle est morte ! » 66. Si
le
Grain ne meurt, p. 251. 67. (Telle était l’épigraphe de Ménalque qua
7420
Si le Grain ne meurt, p. 251. 67. (Telle était
l’
épigraphe de Ménalque quand ce fragment central des Nourritures parut
7421
n ne meurt, p. 251. 67. (Telle était l’épigraphe
de
Ménalque quand ce fragment central des Nourritures parut en revue.) L
7422
.) L’un des premiers titres choisis par Gide pour
La
Porte étroite était Essai de bien mourir. Les Nourritures terrestres
7423
hoisis par Gide pour La Porte étroite était Essai
de
bien mourir. Les Nourritures terrestres traduisent la volonté d’oppos
7424
pour La Porte étroite était Essai de bien mourir.
Les
Nourritures terrestres traduisent la volonté d’opposer brutalement l’
7425
ien mourir. Les Nourritures terrestres traduisent
la
volonté d’opposer brutalement l’ici-bas de Don Juan à l’au-delà angél
7426
Les Nourritures terrestres traduisent la volonté
d’
opposer brutalement l’ici-bas de Don Juan à l’au-delà angélique de Tri
7427
stres traduisent la volonté d’opposer brutalement
l’
ici-bas de Don Juan à l’au-delà angélique de Tristan. 68. J. Delay,
7428
uisent la volonté d’opposer brutalement l’ici-bas
de
Don Juan à l’au-delà angélique de Tristan. 68. J. Delay, op. cit.,
7429
nté d’opposer brutalement l’ici-bas de Don Juan à
l’
au-delà angélique de Tristan. 68. J. Delay, op. cit., II, p. 598. 6
7430
ement l’ici-bas de Don Juan à l’au-delà angélique
de
Tristan. 68. J. Delay, op. cit., II, p. 598. 69. Si le grain ne m
7431
n. 68. J. Delay, op. cit., II, p. 598. 69. Si
le
grain ne meurt, p. 346. 70. Si le grain ne meurt, p. 173. 71. « …
7432
598. 69. Si le grain ne meurt, p. 346. 70. Si
le
grain ne meurt, p. 173. 71. « … et protégeant en moi, à la fois, le
7433
p. 173. 71. « … et protégeant en moi, à la fois,
le
meilleur et le pire, c’est en écartelé que j’ai vécu… Les tendances l
7434
… et protégeant en moi, à la fois, le meilleur et
le
pire, c’est en écartelé que j’ai vécu… Les tendances les plus opposée
7435
leur et le pire, c’est en écartelé que j’ai vécu…
Les
tendances les plus opposées n’ont jamais réussi à faire de moi un êtr
7436
e, c’est en écartelé que j’ai vécu… Les tendances
les
plus opposées n’ont jamais réussi à faire de moi un être tourmenté, m
7437
ces les plus opposées n’ont jamais réussi à faire
de
moi un être tourmenté, mais perplexe… Cet état de dialogue… devenait
7438
de moi un être tourmenté, mais perplexe… Cet état
de
dialogue… devenait pour moi nécessaire… il m’invitait à l’œuvre d’art
7439
ue… devenait pour moi nécessaire… il m’invitait à
l’
œuvre d’art. » Morceaux choisis, p. 434. 72. Si le grain ne meurt, p
7440
nait pour moi nécessaire… il m’invitait à l’œuvre
d’
art. » Morceaux choisis, p. 434. 72. Si le grain ne meurt, p. 247.
7441
œuvre d’art. » Morceaux choisis, p. 434. 72. Si
le
grain ne meurt, p. 247. 73. Ainsi soit-il, ou les jeux sont faits,
7442
e grain ne meurt, p. 247. 73. Ainsi soit-il, ou
les
jeux sont faits, p. 128. Les premiers mots de la citation — « dans le
7443
ou les jeux sont faits, p. 128. Les premiers mots
de
la citation — « dans le rêve seulement » — sont un curieux exemple de
7444
les jeux sont faits, p. 128. Les premiers mots de
la
citation — « dans le rêve seulement » — sont un curieux exemple de re
7445
p. 128. Les premiers mots de la citation — « dans
le
rêve seulement » — sont un curieux exemple de refoulement. J. Delay c
7446
ans le rêve seulement » — sont un curieux exemple
de
refoulement. J. Delay cite en effet plusieurs phrases telles que cell
7447
s telles que celle-ci (tirée du journal manuscrit
de
Gide, 1er janvier 1886) : « Que de fois Madeleine étant dans la chamb
7448
rnal manuscrit de Gide, 1er janvier 1886) : « Que
de
fois Madeleine étant dans la chambre voisine, je l’ai confondue avec
7449
anvier 1886) : « Que de fois Madeleine étant dans
la
chambre voisine, je l’ai confondue avec ma mère. » Notons que les deu
7450
fois Madeleine étant dans la chambre voisine, je
l’
ai confondue avec ma mère. » Notons que les deux femmes ne se ressembl
7451
ine, je l’ai confondue avec ma mère. » Notons que
les
deux femmes ne se ressemblaient en rien, ni physiquement, ni moraleme
7452
ers mots : « explique ou motive… » : ils marquent
la
méfiance de Gide à l’égard des relations de causalité à sens unique p
7453
explique ou motive… » : ils marquent la méfiance
de
Gide à l’égard des relations de causalité à sens unique posées par Fr
7454
quent la méfiance de Gide à l’égard des relations
de
causalité à sens unique posées par Freud — et par tout le xixe s. 7
7455
lité à sens unique posées par Freud — et par tout
le
xixe s. 74. Il note, dans Ainsi soit-il, p. 132 : « Je me souviens
7456
te, dans Ainsi soit-il, p. 132 : « Je me souviens
d’
avoir déjà parlé ailleurs de ceci, qui reste pour moi incompréhensible
7457
32 : « Je me souviens d’avoir déjà parlé ailleurs
de
ceci, qui reste pour moi incompréhensible : que l’on puisse à la fois
7458
e ceci, qui reste pour moi incompréhensible : que
l’
on puisse à la fois fournir soi-même tous les éléments de la surprise,
7459
: que l’on puisse à la fois fournir soi-même tous
les
éléments de la surprise, et être surpris… » 75. Si le grain ne meur
7460
isse à la fois fournir soi-même tous les éléments
de
la surprise, et être surpris… » 75. Si le grain ne meurt, p. 289.
7461
e à la fois fournir soi-même tous les éléments de
la
surprise, et être surpris… » 75. Si le grain ne meurt, p. 289. 76.
7462
ments de la surprise, et être surpris… » 75. Si
le
grain ne meurt, p. 289. 76. Si le grain ne meurt, p. 94. 77. Jour
7463
s… » 75. Si le grain ne meurt, p. 289. 76. Si
le
grain ne meurt, p. 94. 77. Journal, 16 sept. 1942. 78. Ibid., 15
7464
78. Ibid., 15 mai 1949. 79. Jean Paulhan, dans
l’
Hommage de la NRF .
7465
., 15 mai 1949. 79. Jean Paulhan, dans l’Hommage
de
la NRF .
7466
15 mai 1949. 79. Jean Paulhan, dans l’Hommage de
la
NRF .
7467
Rudolf Kassner et
la
grandeur humaine Rudolf Kassner vient de mourir à l’âge de 86 ans,
7468
andeur humaine Rudolf Kassner vient de mourir à
l’
âge de 86 ans, au comble de sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang
7469
humaine Rudolf Kassner vient de mourir à l’âge
de
86 ans, au comble de sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang dans n
7470
sner vient de mourir à l’âge de 86 ans, au comble
de
sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang dans notre siècle ? Les mei
7471
ge de 86 ans, au comble de sa gloire secrète. Qui
l’
a mis à son rang dans notre siècle ? Les meilleurs, certes, mais presq
7472
crète. Qui l’a mis à son rang dans notre siècle ?
Les
meilleurs, certes, mais presque seuls : Valéry, Gide, Eliot, Auden, P
7473
, Saint-John Perse, Keyserling, C. J. Burckhardt.
La
France l’ignore encore, malgré trois traductions80 qui suffiraient à
7474
hn Perse, Keyserling, C. J. Burckhardt. La France
l’
ignore encore, malgré trois traductions80 qui suffiraient à résumer so
7475
n œuvre, laquelle compte environ quarante volumes
d’
une séduisante difficulté. (Il a traduit aussi Platon, Pouchkine et Go
7476
n, Pouchkine et Gogol, Laurence Sterne et Newman,
le
Philoctète de Gide et les Éloges de Saint-John Perse.) Intimement hé
7477
urence Sterne et Newman, le Philoctète de Gide et
les
Éloges de Saint-John Perse.) Intimement hé avec Rilke et avec Hofmann
7478
ne et Newman, le Philoctète de Gide et les Éloges
de
Saint-John Perse.) Intimement hé avec Rilke et avec Hofmannsthal, il
7479
l, il procède à la fois, par un étrange paradoxe,
de
la dialectique kierkegaardienne, comme son cadet Kafka, et de la soci
7480
il procède à la fois, par un étrange paradoxe, de
la
dialectique kierkegaardienne, comme son cadet Kafka, et de la société
7481
tique kierkegaardienne, comme son cadet Kafka, et
de
la société autrichienne d’avant 1914, comme Robert Musil. Ces cinq no
7482
ue kierkegaardienne, comme son cadet Kafka, et de
la
société autrichienne d’avant 1914, comme Robert Musil. Ces cinq noms
7483
me son cadet Kafka, et de la société autrichienne
d’
avant 1914, comme Robert Musil. Ces cinq noms que l’Autriche a donnés
7484
avant 1914, comme Robert Musil. Ces cinq noms que
l’
Autriche a donnés à l’Europe sont parmi les plus grands des Lettres de
7485
rt Musil. Ces cinq noms que l’Autriche a donnés à
l’
Europe sont parmi les plus grands des Lettres de ce temps. Ils illustr
7486
oms que l’Autriche a donnés à l’Europe sont parmi
les
plus grands des Lettres de ce temps. Ils illustrent, au même titre qu
7487
à l’Europe sont parmi les plus grands des Lettres
de
ce temps. Ils illustrent, au même titre que ceux qu’on a cités d’entr
7488
ent, au même titre que ceux qu’on a cités d’entre
les
amis de Kassner, la seule littérature digne du nom ; et l’on ne s’éto
7489
ême titre que ceux qu’on a cités d’entre les amis
de
Kassner, la seule littérature digne du nom ; et l’on ne s’étonnera pa
7490
e ceux qu’on a cités d’entre les amis de Kassner,
la
seule littérature digne du nom ; et l’on ne s’étonnera pas que Kassne
7491
e Kassner, la seule littérature digne du nom ; et
l’
on ne s’étonnera pas que Kassner soit resté, jusqu’ici, le moins connu
7492
s’étonnera pas que Kassner soit resté, jusqu’ici,
le
moins connu d’entre eux, si l’on songe à ce dont parle la presse dans
7493
resté, jusqu’ici, le moins connu d’entre eux, si
l’
on songe à ce dont parle la presse dans ses rubriques dites « littérai
7494
connu d’entre eux, si l’on songe à ce dont parle
la
presse dans ses rubriques dites « littéraires ». Première approche
7495
riques dites « littéraires ». Première approche
de
l’œuvre Ces premiers textes de Kassner, lus en français dans une p
7496
ues dites « littéraires ». Première approche de
l’
œuvre Ces premiers textes de Kassner, lus en français dans une préc
7497
emière approche de l’œuvre Ces premiers textes
de
Kassner, lus en français dans une précieuse et simple traduction81, l
7498
récieuse et simple traduction81, lorsque j’essaie
de
me remémorer l’espèce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot m
7499
le traduction81, lorsque j’essaie de me remémorer
l’
espèce de choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à l’espr
7500
tion81, lorsque j’essaie de me remémorer l’espèce
de
choc que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à l’esprit : auto
7501
que j’en reçus, à 25 ans, un seul mot me vient à
l’
esprit : autorité. Avant d’avoir compris ce qui était dit — j’entends
7502
un seul mot me vient à l’esprit : autorité. Avant
d’
avoir compris ce qui était dit — j’entends compris à la manière intell
7503
ir compris ce qui était dit — j’entends compris à
la
manière intellectuelle et discursive, ramenant à des catégories, à de
7504
à des catégories, à des clichés — j’avais reconnu
la
grandeur d’un ton, d’un style, d’une impatience rigoureuse. Une maniè
7505
ries, à des clichés — j’avais reconnu la grandeur
d’
un ton, d’un style, d’une impatience rigoureuse. Une manière d’occuper
7506
s clichés — j’avais reconnu la grandeur d’un ton,
d’
un style, d’une impatience rigoureuse. Une manière d’occuper la scène
7507
j’avais reconnu la grandeur d’un ton, d’un style,
d’
une impatience rigoureuse. Une manière d’occuper la scène en deux répl
7508
n style, d’une impatience rigoureuse. Une manière
d’
occuper la scène en deux répliques, d’imposer une allure bien « rassem
7509
’une impatience rigoureuse. Une manière d’occuper
la
scène en deux répliques, d’imposer une allure bien « rassemblée », n’
7510
Une manière d’occuper la scène en deux répliques,
d’
imposer une allure bien « rassemblée », n’admettant que des gestes net
7511
’admettant que des gestes nets et maîtrisés, puis
de
la briser soudain par une cascade d’ellipses saisissantes qui laissai
7512
mettant que des gestes nets et maîtrisés, puis de
la
briser soudain par une cascade d’ellipses saisissantes qui laissaient
7513
trisés, puis de la briser soudain par une cascade
d’
ellipses saisissantes qui laissaient le lecteur pantois, comme l’antiq
7514
ne cascade d’ellipses saisissantes qui laissaient
le
lecteur pantois, comme l’antique injonction du Sphinx : devine, ou je
7515
issantes qui laissaient le lecteur pantois, comme
l’
antique injonction du Sphinx : devine, ou je te dévore ! Une constante
7516
: devine, ou je te dévore ! Une constante énergie
de
l’énoncé. Et une grande force d’exclusion. Seuls les mondains, pensai
7517
evine, ou je te dévore ! Une constante énergie de
l’
énoncé. Et une grande force d’exclusion. Seuls les mondains, pensais-j
7518
onstante énergie de l’énoncé. Et une grande force
d’
exclusion. Seuls les mondains, pensais-je, savent encore exclure avec
7519
l’énoncé. Et une grande force d’exclusion. Seuls
les
mondains, pensais-je, savent encore exclure avec cette parfaite assur
7520
manie, au nom d’une mode. Ici, tout au contraire,
la
force simplificatrice, l’intolérance instantanée à l’égard du doute f
7521
Ici, tout au contraire, la force simplificatrice,
l’
intolérance instantanée à l’égard du doute faible, de l’adjectif incer
7522
ntolérance instantanée à l’égard du doute faible,
de
l’adjectif incertain, et en général des complaisances « artistes » ou
7523
lérance instantanée à l’égard du doute faible, de
l’
adjectif incertain, et en général des complaisances « artistes » ou de
7524
réflexion passionnément originale. Et je tentais
de
décrire — dans le premier article, je crois bien, publié en France su
7525
, je crois bien, publié en France sur Kassner — «
l’
acuité lente de la réflexion, l’alliage précieux de hauteur, de rigueu
7526
, publié en France sur Kassner — « l’acuité lente
de
la réflexion, l’alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié h
7527
ublié en France sur Kassner — « l’acuité lente de
la
réflexion, l’alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié huma
7528
e sur Kassner — « l’acuité lente de la réflexion,
l’
alliage précieux de hauteur, de rigueur et de pitié humaine, la retenu
7529
’acuité lente de la réflexion, l’alliage précieux
de
hauteur, de rigueur et de pitié humaine, la retenue presque solennell
7530
e de la réflexion, l’alliage précieux de hauteur,
de
rigueur et de pitié humaine, la retenue presque solennelle mais qui s
7531
ion, l’alliage précieux de hauteur, de rigueur et
de
pitié humaine, la retenue presque solennelle mais qui sans cesse frôl
7532
cieux de hauteur, de rigueur et de pitié humaine,
la
retenue presque solennelle mais qui sans cesse frôle l’humour, et par
7533
enue presque solennelle mais qui sans cesse frôle
l’
humour, et parfois tourne en sournoise malice » qui composaient, au se
7534
malice » qui composaient, au sens magique du mot,
les
charmes de cette prose et son autorité. Voici donc cette première app
7535
composaient, au sens magique du mot, les charmes
de
cette prose et son autorité. Voici donc cette première approche. ⁂ Da
7536
orité. Voici donc cette première approche. ⁂ Dans
la
mesure même où Kassner se montre disciple de Kierkegaard, sa pensée p
7537
Dans la mesure même où Kassner se montre disciple
de
Kierkegaard, sa pensée paraît réfractaire à toute description, car el
7538
sur des formules explicites. Même dans son essai
le
plus discursif, relativement, celui qui donne son titre au recueil, l
7539
lativement, celui qui donne son titre au recueil,
les
mots-clés : mesure, forme, grandeur, métamorphose, miroir, limite, sa
7540
définis que par leurs rapports mutuels et tirent
de
cette interdépendance leur valeur originale. Kassner reprend un des t
7541
des thèmes essentiels du pré-romantisme allemand,
l’
opposition de l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire
7542
sentiels du pré-romantisme allemand, l’opposition
de
l’antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le f
7543
tiels du pré-romantisme allemand, l’opposition de
l’
antique et du moderne, non du point de vue littéraire comme on le fit
7544
moderne, non du point de vue littéraire comme on
le
fit en France, mais du point de vue des valeurs vitales (problème que
7545
tales (problème que notre xviie siècle se devait
de
ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il
7546
e notre xviie siècle se devait de ne pas poser).
L’
homme antique peut atteindre la grandeur parce qu’il possède la mesure
7547
de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre
la
grandeur parce qu’il possède la mesure au sein d’un tout fini : Fami
7548
ue peut atteindre la grandeur parce qu’il possède
la
mesure au sein d’un tout fini : Famille, dieux, nature, tout lui com
7549
fini : Famille, dieux, nature, tout lui commande
d’
être grand. Grand pour la loi, grand pour le Tout. Il ne se recherche
7550
ature, tout lui commande d’être grand. Grand pour
la
loi, grand pour le Tout. Il ne se recherche pas soi-même, il vise à
7551
mande d’être grand. Grand pour la loi, grand pour
le
Tout. Il ne se recherche pas soi-même, il vise à la plénitude élémen
7552
Tout. Il ne se recherche pas soi-même, il vise à
la
plénitude élémentaire, définie par la loi, par son astre. L’homme chr
7553
, il vise à la plénitude élémentaire, définie par
la
loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit ê
7554
e élémentaire, définie par la loi, par son astre.
L’
homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans
7555
oi, par son astre. L’homme chrétien au contraire,
l’
homme qui doit être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’il « veu
7556
ntraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans
la
démesure, et lorsqu’il « veut prendre mesure de lui-même, il se sent
7557
s la démesure, et lorsqu’il « veut prendre mesure
de
lui-même, il se sent aussitôt incomplet et coupable. Il est donc poss
7558
sitôt incomplet et coupable. Il est donc possible
de
dire que le péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien
7559
let et coupable. Il est donc possible de dire que
le
péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas
7560
le. Il est donc possible de dire que le péché est
la
mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre gran
7561
e le péché est la mesure du démesuré, et que pour
le
chrétien il n’est pas d’autre grandeur. » Ainsi le chrétien existe en
7562
du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas
d’
autre grandeur. » Ainsi le chrétien existe en tant que le péché crée u
7563
e chrétien il n’est pas d’autre grandeur. » Ainsi
le
chrétien existe en tant que le péché crée une tension entre lui et Di
7564
grandeur. » Ainsi le chrétien existe en tant que
le
péché crée une tension entre lui et Dieu. Mais le péché ne devient ré
7565
le péché crée une tension entre lui et Dieu. Mais
le
péché ne devient réalité que pour le converti ; c’est donc la convers
7566
t Dieu. Mais le péché ne devient réalité que pour
le
converti ; c’est donc la conversion qui figure l’acte par excellence
7567
devient réalité que pour le converti ; c’est donc
la
conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien, hors duquel
7568
le converti ; c’est donc la conversion qui figure
l’
acte par excellence du chrétien, hors duquel il n’est pour lui ni mesu
7569
orme, mais seulement chimères et incohérence. Que
l’
on considère en effet l’homme moderne, l’homme sans mesure naturelle :
7570
mères et incohérence. Que l’on considère en effet
l’
homme moderne, l’homme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas de
7571
nce. Que l’on considère en effet l’homme moderne,
l’
homme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas de loi interne et d
7572
omme sans mesure naturelle : s’il ne retrouve pas
de
loi interne et de tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans
7573
aturelle : s’il ne retrouve pas de loi interne et
de
tension par le péché, il n’est plus qu’un être sans destinée, un Indi
7574
ne retrouve pas de loi interne et de tension par
le
péché, il n’est plus qu’un être sans destinée, un Indiscret. Sa subs
7575
t crevassée et divisée. Son œuvre, souvent pleine
de
charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne
7576
ndiscret est distrait, et sa distraction vient de
l’
intérieur… Il ne peut jamais sortir de son moi sans trahison et chaque
7577
on vient de l’intérieur… Il ne peut jamais sortir
de
son moi sans trahison et chaque manifestation de son essence intime r
7578
de son moi sans trahison et chaque manifestation
de
son essence intime ressemble par quelque côté à un outrage, voire à u
7579
elque côté à un outrage, voire à une impudeur. À
l’
opposition du Beau objectif et de l’intéressant sentimental qui pour S
7580
une impudeur. À l’opposition du Beau objectif et
de
l’intéressant sentimental qui pour Schiller et surtout pour Schlegel
7581
impudeur. À l’opposition du Beau objectif et de
l’
intéressant sentimental qui pour Schiller et surtout pour Schlegel sym
7582
hiller et surtout pour Schlegel symbolisait celle
de
l’antique et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposit
7583
ler et surtout pour Schlegel symbolisait celle de
l’
antique et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition
7584
et du moderne, Kassner répondrait aujourd’hui par
l’
opposition de la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique8
7585
, Kassner répondrait aujourd’hui par l’opposition
de
la grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique82. La férocit
7586
assner répondrait aujourd’hui par l’opposition de
la
grandeur mesurée et de l’indiscrétion journalistique82. La férocité r
7587
rd’hui par l’opposition de la grandeur mesurée et
de
l’indiscrétion journalistique82. La férocité réfléchie qui préside à
7588
hui par l’opposition de la grandeur mesurée et de
l’
indiscrétion journalistique82. La férocité réfléchie qui préside à son
7589
ur mesurée et de l’indiscrétion journalistique82.
La
férocité réfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut
7590
. La férocité réfléchie qui préside à son analyse
de
l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ic
7591
a férocité réfléchie qui préside à son analyse de
l’
indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici,
7592
une description inégalable du mal du siècle. Ici,
le
mépris ne porte aucune atteinte à la perspicacité parce qu’il est vra
7593
siècle. Ici, le mépris ne porte aucune atteinte à
la
perspicacité parce qu’il est vraiment souverain. Peut-être faut-il re
7594
eut-être faut-il reconnaître à ce seul philosophe
le
privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudo
7595
-il reconnaître à ce seul philosophe le privilège
d’
avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner do
7596
osophe le privilège d’avoir parlé sans complicité
de
ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près un
7597
ité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne
la
sensation à peu près unique en ce temps d’une pensée autoritaire. Ent
7598
donne la sensation à peu près unique en ce temps
d’
une pensée autoritaire. Entendons que, pour lui, penser n’est pas se d
7599
rlementarisme intérieur qui nous mène lentement à
l’
impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que la réa
7600
Si Kassner exprime un tourment, c’est en tant que
la
réalité humaine, non sa pensée privée, est tourmentée.) Penser n’est
7601
plus s’ingénier sur des idées et des combinaisons
d’
idées : mais créer de tout son être spirituel des faits nouveaux et vr
7602
es idées et des combinaisons d’idées : mais créer
de
tout son être spirituel des faits nouveaux et vrais, dans un certain
7603
vrais, dans un certain style. Car il n’est point
de
vérité sans forme. Quelques pages étranges et puissantes sur les chim
7604
forme. Quelques pages étranges et puissantes sur
les
chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de qu
7605
ues pages étranges et puissantes sur les chimères
de
Notre-Dame illustrent ce réalisme de la forme, hors de quoi il n’est
7606
les chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme
de
la forme, hors de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clé
7607
chimères de Notre-Dame illustrent ce réalisme de
la
forme, hors de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clé de
7608
rs de quoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre
la
clé de la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité.
7609
uoi il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clé
de
la pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité. D’où pr
7610
il n’est qu’indiscrétion, et qui livre la clé de
la
pensée de Kassner, comme aussi de son apparente obscurité. D’où provi
7611
qu’indiscrétion, et qui livre la clé de la pensée
de
Kassner, comme aussi de son apparente obscurité. D’où provient cette
7612
livre la clé de la pensée de Kassner, comme aussi
de
son apparente obscurité. D’où provient cette obscurité si fascinante
7613
Kassner, comme aussi de son apparente obscurité.
D’
où provient cette obscurité si fascinante ? De cela sans doute que Rud
7614
té. D’où provient cette obscurité si fascinante ?
De
cela sans doute que Rudolf Kassner se garde bien de poser les problèm
7615
cela sans doute que Rudolf Kassner se garde bien
de
poser les problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout
7616
s doute que Rudolf Kassner se garde bien de poser
les
problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des b
7617
Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule
la
vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique du monde. Il faut savoir
7618
e philosophie qui postule la vision, c’est-à-dire
l’
appréhension poétique du monde. Il faut savoir être secret pour penser
7619
ut savoir taire ce qui permettrait aux indiscrets
de
comprendre intellectuellement sans « réaliser ». Il faut que les pens
7620
intellectuellement sans « réaliser ». Il faut que
les
pensées créées ne soient concevables qu’en elles-mêmes, et comme à l’
7621
soient concevables qu’en elles-mêmes, et comme à
l’
état sauvage, non par une explication qui les réduise et qui les domes
7622
mme à l’état sauvage, non par une explication qui
les
réduise et qui les domestique. Une pensée neuve ne saurait être compr
7623
e, non par une explication qui les réduise et qui
les
domestique. Une pensée neuve ne saurait être comprise à moins d’être
7624
Une pensée neuve ne saurait être comprise à moins
d’
être recréée dans sa forme — ce dont certaine clarté dispense le lecte
7625
dans sa forme — ce dont certaine clarté dispense
le
lecteur. On pourrait dire aussi que l’indiscret est celui qui se préo
7626
é dispense le lecteur. On pourrait dire aussi que
l’
indiscret est celui qui se préoccupe de défendre plutôt que d’illustre
7627
aussi que l’indiscret est celui qui se préoccupe
de
défendre plutôt que d’illustrer. Ainsi, selon Kierkegaard, le premier
7628
est celui qui se préoccupe de défendre plutôt que
d’
illustrer. Ainsi, selon Kierkegaard, le premier homme qui s’avisa de d
7629
, selon Kierkegaard, le premier homme qui s’avisa
de
défendre la religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro deux. C
7630
kegaard, le premier homme qui s’avisa de défendre
la
religion mériterait-il d’être appelé Judas numéro deux. Car il ne s’a
7631
qui s’avisa de défendre la religion mériterait-il
d’
être appelé Judas numéro deux. Car il ne s’agit pas de professer une c
7632
re appelé Judas numéro deux. Car il ne s’agit pas
de
professer une chose mais d’être la chose. Le rare, c’est que chez Kas
7633
Car il ne s’agit pas de professer une chose mais
d’
être la chose. Le rare, c’est que chez Kassner, comme chez Kierkegaard
7634
ne s’agit pas de professer une chose mais d’être
la
chose. Le rare, c’est que chez Kassner, comme chez Kierkegaard, cette
7635
pas de professer une chose mais d’être la chose.
Le
rare, c’est que chez Kassner, comme chez Kierkegaard, cette présence
7636
omme chez Kierkegaard, cette présence s’accommode
d’
une ironie qui chez d’autres serait plutôt le fait du détachement. Une
7637
mode d’une ironie qui chez d’autres serait plutôt
le
fait du détachement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui les fou
7638
erait plutôt le fait du détachement. Une ironie à
l’
intérieur des choses, qui les fouille et les purifie, une ironie née d
7639
chement. Une ironie à l’intérieur des choses, qui
les
fouille et les purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepti
7640
onie à l’intérieur des choses, qui les fouille et
les
purifie, une ironie née de la rigueur et non du scepticisme. Le dialo
7641
s, qui les fouille et les purifie, une ironie née
de
la rigueur et non du scepticisme. Le dialogue de Laurence Sterne et d
7642
qui les fouille et les purifie, une ironie née de
la
rigueur et non du scepticisme. Le dialogue de Laurence Sterne et du r
7643
e ironie née de la rigueur et non du scepticisme.
Le
dialogue de Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Paro
7644
de la rigueur et non du scepticisme. Le dialogue
de
Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et la Parole est à cet
7645
Laurence Sterne et du recteur Krooks sur Judas et
la
Parole est à cet égard d’une saveur particulièrement riche et complex
7646
eur Krooks sur Judas et la Parole est à cet égard
d’
une saveur particulièrement riche et complexe : Les bavards ne tirent
7647
’une saveur particulièrement riche et complexe :
Les
bavards ne tirent pas d’eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent
7648
nt riche et complexe : Les bavards ne tirent pas
d’
eux-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ; ils les reçoivent des
7649
e : Les bavards ne tirent pas d’eux-mêmes toutes
les
paroles qu’ils profèrent ; ils les reçoivent des prophètes ; s’il n’y
7650
x-mêmes toutes les paroles qu’ils profèrent ; ils
les
reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes, les bavard
7651
les reçoivent des prophètes ; s’il n’y avait pas
de
prophètes, les bavards seraient peut-être des créatures très silencie
7652
des prophètes ; s’il n’y avait pas de prophètes,
les
bavards seraient peut-être des créatures très silencieuses, comme les
7653
peut-être des créatures très silencieuses, comme
les
belettes ou les étoiles filantes. Mais plus encore que leur concepti
7654
réatures très silencieuses, comme les belettes ou
les
étoiles filantes. Mais plus encore que leur conception de l’« existe
7655
s filantes. Mais plus encore que leur conception
de
l’« existence » et que leur ironie, ce qui rapproche Kassner et son m
7656
ilantes. Mais plus encore que leur conception de
l’
« existence » et que leur ironie, ce qui rapproche Kassner et son maît
7657
son maître, c’est leur vision tragique du péché.
Le
Lépreux, journal apocryphe de l’empereur Alexandre Ier de Russie, n’e
7658
tragique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe
de
l’empereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite de méditations
7659
agique du péché. Le Lépreux, journal apocryphe de
l’
empereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite de méditations su
7660
ereur Alexandre Ier de Russie, n’est qu’une suite
de
méditations sur le thème du tout-ou-rien moral qui caractérise Kierke
7661
de Russie, n’est qu’une suite de méditations sur
le
thème du tout-ou-rien moral qui caractérise Kierkegaard. On ne peut d
7662
actérise Kierkegaard. On ne peut dire précisément
de
Kassner qu’il réfute ses adversaires — Freud en particulier, dans Chr
7663
dversaires — Freud en particulier, dans Christ et
l’
Âme du monde — mais bien plutôt qu’à force d’approfondir leur domaine
7664
t et l’Âme du monde — mais bien plutôt qu’à force
d’
approfondir leur domaine propre, il les mine et les ruine intérieureme
7665
qu’à force d’approfondir leur domaine propre, il
les
mine et les ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une réa
7666
d’approfondir leur domaine propre, il les mine et
les
ruine intérieurement ; ou encore les dissout dans une réalité plus ab
7667
les mine et les ruine intérieurement ; ou encore
les
dissout dans une réalité plus absolue. Telle est la forme des dialogu
7668
dissout dans une réalité plus absolue. Telle est
la
forme des dialogues où culmine son art. De ces dialogues, où chaque i
7669
le est la forme des dialogues où culmine son art.
De
ces dialogues, où chaque interlocuteur, tour à tour, atteint à l’expr
7670
, où chaque interlocuteur, tour à tour, atteint à
l’
expression la plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion
7671
nterlocuteur, tour à tour, atteint à l’expression
la
plus virulente de sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être
7672
à tour, atteint à l’expression la plus virulente
de
sa vérité — si bien que la conclusion ne peut être qu’implicite et fo
7673
sion la plus virulente de sa vérité — si bien que
la
conclusion ne peut être qu’implicite et fonction d’une hiérarchie de
7674
conclusion ne peut être qu’implicite et fonction
d’
une hiérarchie de valeurs, non de la seule exactitude des pensées — no
7675
ut être qu’implicite et fonction d’une hiérarchie
de
valeurs, non de la seule exactitude des pensées — nous connaissons le
7676
cite et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non
de
la seule exactitude des pensées — nous connaissons le modèle immortel
7677
e et fonction d’une hiérarchie de valeurs, non de
la
seule exactitude des pensées — nous connaissons le modèle immortel, l
7678
a seule exactitude des pensées — nous connaissons
le
modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la fi
7679
es pensées — nous connaissons le modèle immortel,
le
Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au So
7680
s — nous connaissons le modèle immortel, le Livre
de
Job. Il serait curieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de
7681
dèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux
d’
en suivre la filiation, jusqu’au Soulier de satin, de Claudel : ce ser
7682
l, le Livre de Job. Il serait curieux d’en suivre
la
filiation, jusqu’au Soulier de satin, de Claudel : ce serait une sort
7683
urieux d’en suivre la filiation, jusqu’au Soulier
de
satin, de Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poé
7684
n suivre la filiation, jusqu’au Soulier de satin,
de
Claudel : ce serait une sorte de généalogie du réalisme poétique. ⁂ T
7685
oulier de satin, de Claudel : ce serait une sorte
de
généalogie du réalisme poétique. ⁂ Telle fut ma première impression.
7686
poétique. ⁂ Telle fut ma première impression. Je
la
vois aujourd’hui confirmée par un commerce rarement interrompu avec u
7687
commerce rarement interrompu avec une œuvre dont
la
difficulté, précisément, n’a pas cessé de me séduire et inciter. Je s
7688
re dont la difficulté, précisément, n’a pas cessé
de
me séduire et inciter. Je suppose qu’il est devenu banal de déplorer
7689
ire et inciter. Je suppose qu’il est devenu banal
de
déplorer l’obscurité des essais et dialogues de Kassner. Elle est pou
7690
er. Je suppose qu’il est devenu banal de déplorer
l’
obscurité des essais et dialogues de Kassner. Elle est pourtant la gar
7691
l de déplorer l’obscurité des essais et dialogues
de
Kassner. Elle est pourtant la garantie de leur pouvoir, et ne saurait
7692
essais et dialogues de Kassner. Elle est pourtant
la
garantie de leur pouvoir, et ne saurait traduire, à mon avis, qu’une
7693
alogues de Kassner. Elle est pourtant la garantie
de
leur pouvoir, et ne saurait traduire, à mon avis, qu’une intention pr
7694
tention profondément délibérée. Car il s’agit ici
d’
une maïeutique, s’exerçant sur les mythes de l’âme. Je parlais tout à
7695
ar il s’agit ici d’une maïeutique, s’exerçant sur
les
mythes de l’âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes
7696
t ici d’une maïeutique, s’exerçant sur les mythes
de
l’âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes » et c’éta
7697
ci d’une maïeutique, s’exerçant sur les mythes de
l’
âme. Je parlais tout à l’heure d’ellipses « saisissantes » et c’était
7698
erçant sur les mythes de l’âme. Je parlais tout à
l’
heure d’ellipses « saisissantes » et c’était au sens littéral, non pat
7699
ur les mythes de l’âme. Je parlais tout à l’heure
d’
ellipses « saisissantes » et c’était au sens littéral, non pathétique,
7700
es » et c’était au sens littéral, non pathétique,
de
l’adjectif. L’ellipse de pensée n’est nullement, chez Kassner, un pro
7701
» et c’était au sens littéral, non pathétique, de
l’
adjectif. L’ellipse de pensée n’est nullement, chez Kassner, un procéd
7702
au sens littéral, non pathétique, de l’adjectif.
L’
ellipse de pensée n’est nullement, chez Kassner, un procédé de rhétori
7703
ittéral, non pathétique, de l’adjectif. L’ellipse
de
pensée n’est nullement, chez Kassner, un procédé de rhétorique, une m
7704
pensée n’est nullement, chez Kassner, un procédé
de
rhétorique, une manière de sauter les évidences ou platitudes intermé
7705
ez Kassner, un procédé de rhétorique, une manière
de
sauter les évidences ou platitudes intermédiaires. Elle est un acte d
7706
, un procédé de rhétorique, une manière de sauter
les
évidences ou platitudes intermédiaires. Elle est un acte de vision. N
7707
es ou platitudes intermédiaires. Elle est un acte
de
vision. Nous montrant d’un seul coup, sans transition, plusieurs obje
7708
seul coup, sans transition, plusieurs objets que
la
coutume sépare, non seulement elle oblige à les voir d’un œil neuf, m
7709
ue la coutume sépare, non seulement elle oblige à
les
voir d’un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir l’angle parti
7710
tume sépare, non seulement elle oblige à les voir
d’
un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir l’angle particulier s
7711
’un œil neuf, mais encore elle excite à découvrir
l’
angle particulier sous lequel a pu les voir, proches ou confondues, so
7712
à découvrir l’angle particulier sous lequel a pu
les
voir, proches ou confondues, son auteur. (Cet angle de vision étant s
7713
ir, proches ou confondues, son auteur. (Cet angle
de
vision étant son vrai message.) Elle propose donc à l’imagination un
7714
sion étant son vrai message.) Elle propose donc à
l’
imagination un exercice spirituel, assez analogue, il me semble, à ceu
7715
e, il me semble, à ceux qu’imposent aux néophytes
les
moines bouddhistes de la secte du zen. Pourtant, le thème profond, om
7716
qu’imposent aux néophytes les moines bouddhistes
de
la secte du zen. Pourtant, le thème profond, omniprésent, de l’œuvre,
7717
’imposent aux néophytes les moines bouddhistes de
la
secte du zen. Pourtant, le thème profond, omniprésent, de l’œuvre, c’
7718
moines bouddhistes de la secte du zen. Pourtant,
le
thème profond, omniprésent, de l’œuvre, c’est à l’inverse du bouddhis
7719
du zen. Pourtant, le thème profond, omniprésent,
de
l’œuvre, c’est à l’inverse du bouddhisme, en apparence, le problème c
7720
zen. Pourtant, le thème profond, omniprésent, de
l’
œuvre, c’est à l’inverse du bouddhisme, en apparence, le problème chré
7721
e thème profond, omniprésent, de l’œuvre, c’est à
l’
inverse du bouddhisme, en apparence, le problème chrétien du Dieu-Homm
7722
e, c’est à l’inverse du bouddhisme, en apparence,
le
problème chrétien du Dieu-Homme, d’où naît celui de la personne, géné
7723
en apparence, le problème chrétien du Dieu-Homme,
d’
où naît celui de la personne, générateur de l’Occident. Problème ambig
7724
problème chrétien du Dieu-Homme, d’où naît celui
de
la personne, générateur de l’Occident. Problème ambigu s’il en fut, e
7725
oblème chrétien du Dieu-Homme, d’où naît celui de
la
personne, générateur de l’Occident. Problème ambigu s’il en fut, et q
7726
Homme, d’où naît celui de la personne, générateur
de
l’Occident. Problème ambigu s’il en fut, et qui échappe par définitio
7727
me, d’où naît celui de la personne, générateur de
l’
Occident. Problème ambigu s’il en fut, et qui échappe par définition à
7728
bigu s’il en fut, et qui échappe par définition à
la
pensée systématique et discursive : point de réponse rationnelle au c
7729
on à la pensée systématique et discursive : point
de
réponse rationnelle au cur deus homo de saint Anselme. Kassner gravit
7730
e : point de réponse rationnelle au cur deus homo
de
saint Anselme. Kassner gravite autour de ce mystère, l’approche par l
7731
nt Anselme. Kassner gravite autour de ce mystère,
l’
approche par le moyen de paraboles, de questions, de comparaisons. De
7732
sner gravite autour de ce mystère, l’approche par
le
moyen de paraboles, de questions, de comparaisons. De quels autres mo
7733
ite autour de ce mystère, l’approche par le moyen
de
paraboles, de questions, de comparaisons. De quels autres moyens disp
7734
ce mystère, l’approche par le moyen de paraboles,
de
questions, de comparaisons. De quels autres moyens disposons-nous, qu
7735
approche par le moyen de paraboles, de questions,
de
comparaisons. De quels autres moyens disposons-nous, qui soient ordon
7736
oyen de paraboles, de questions, de comparaisons.
De
quels autres moyens disposons-nous, qui soient ordonnés à cette fin ?
7737
qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens
de
poésie, c’est-à-dire d’âme, inadéquats sans doute, s’agissant de l’Es
7738
ette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-dire
d’
âme, inadéquats sans doute, s’agissant de l’Esprit… « La faculté princ
7739
t-à-dire d’âme, inadéquats sans doute, s’agissant
de
l’Esprit… « La faculté principale de l’âme est de comparer », remarqu
7740
-dire d’âme, inadéquats sans doute, s’agissant de
l’
Esprit… « La faculté principale de l’âme est de comparer », remarque M
7741
inadéquats sans doute, s’agissant de l’Esprit… «
La
faculté principale de l’âme est de comparer », remarque Montesquieu,
7742
, s’agissant de l’Esprit… « La faculté principale
de
l’âme est de comparer », remarque Montesquieu, et il ajoute : « Ce qu
7743
’agissant de l’Esprit… « La faculté principale de
l’
âme est de comparer », remarque Montesquieu, et il ajoute : « Ce qui f
7744
de l’Esprit… « La faculté principale de l’âme est
de
comparer », remarque Montesquieu, et il ajoute : « Ce qui fait ordina
7745
ombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout
d’
un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. »
7746
dialogues, mesure antique et démesure moderne, ou
les
grandes intuitions tautologiques de l’Inde et les conséquences « dram
7747
moderne, ou les grandes intuitions tautologiques
de
l’Inde et les conséquences « dramatiques » de l’incarnation de la Par
7748
derne, ou les grandes intuitions tautologiques de
l’
Inde et les conséquences « dramatiques » de l’incarnation de la Parole
7749
les grandes intuitions tautologiques de l’Inde et
les
conséquences « dramatiques » de l’incarnation de la Parole : par leur
7750
ues de l’Inde et les conséquences « dramatiques »
de
l’incarnation de la Parole : par leurs images plutôt que leurs concep
7751
de l’Inde et les conséquences « dramatiques » de
l’
incarnation de la Parole : par leurs images plutôt que leurs concepts
7752
les conséquences « dramatiques » de l’incarnation
de
la Parole : par leurs images plutôt que leurs concepts ; sans conclus
7753
conséquences « dramatiques » de l’incarnation de
la
Parole : par leurs images plutôt que leurs concepts ; sans conclusion
7754
plutôt que leurs concepts ; sans conclusion. Mais
l’
angle de vision s’est imposé. Et l’imagination, irrésistiblement, s’or
7755
ue leurs concepts ; sans conclusion. Mais l’angle
de
vision s’est imposé. Et l’imagination, irrésistiblement, s’oriente ve
7756
nclusion. Mais l’angle de vision s’est imposé. Et
l’
imagination, irrésistiblement, s’oriente vers le mystère crucial. S’ag
7757
t l’imagination, irrésistiblement, s’oriente vers
le
mystère crucial. S’agirait-il d’une théologie ? Kassner veut voir. D’
7758
, s’oriente vers le mystère crucial. S’agirait-il
d’
une théologie ? Kassner veut voir. D’une gnose, alors ? On pourrait le
7759
S’agirait-il d’une théologie ? Kassner veut voir.
D’
une gnose, alors ? On pourrait le penser. De poésie ? Très certainemen
7760
ssner veut voir. D’une gnose, alors ? On pourrait
le
penser. De poésie ? Très certainement. Mais encore faudrait-il s’ente
7761
voir. D’une gnose, alors ? On pourrait le penser.
De
poésie ? Très certainement. Mais encore faudrait-il s’entendre sur le
7762
tainement. Mais encore faudrait-il s’entendre sur
le
sens authentique de ce mot. Disons, pour couper court à de longs déve
7763
re faudrait-il s’entendre sur le sens authentique
de
ce mot. Disons, pour couper court à de longs développements, que ceux
7764
uthentique de ce mot. Disons, pour couper court à
de
longs développements, que ceux-là seuls qui se font de la poésie une
7765
ngs développements, que ceux-là seuls qui se font
de
la poésie une idée finalement plus favorable au Livre de Job et aux p
7766
développements, que ceux-là seuls qui se font de
la
poésie une idée finalement plus favorable au Livre de Job et aux prov
7767
oésie une idée finalement plus favorable au Livre
de
Job et aux proverbes zen qu’à Lamartine ou même à Rilke, reconnaîtron
7768
u’à Lamartine ou même à Rilke, reconnaîtront dans
les
dialogues et les paraboles de Kassner son irréfutable présence. Bâ
7769
même à Rilke, reconnaîtront dans les dialogues et
les
paraboles de Kassner son irréfutable présence. Bâtons rompus Au
7770
reconnaîtront dans les dialogues et les paraboles
de
Kassner son irréfutable présence. Bâtons rompus Au lendemain de
7771
utable présence. Bâtons rompus Au lendemain
de
la dernière guerre, des amis lui avaient ménagé une assez plaisante r
7772
avaient ménagé une assez plaisante retraite dans
le
bourg de Sierre-en-Valais, non loin de cette tour de Muzot où Rilke p
7773
ménagé une assez plaisante retraite dans le bourg
de
Sierre-en-Valais, non loin de cette tour de Muzot où Rilke passa la f
7774
bourg de Sierre-en-Valais, non loin de cette tour
de
Muzot où Rilke passa la fin de sa vie. À travers les longs corridors
7775
s, non loin de cette tour de Muzot où Rilke passa
la
fin de sa vie. À travers les longs corridors d’un château renaissant
7776
loin de cette tour de Muzot où Rilke passa la fin
de
sa vie. À travers les longs corridors d’un château renaissant transfo
7777
Muzot où Rilke passa la fin de sa vie. À travers
les
longs corridors d’un château renaissant transformé en hôtel, un domes
7778
a la fin de sa vie. À travers les longs corridors
d’
un château renaissant transformé en hôtel, un domestique poussait à vi
7779
ssait à vive allure son fauteuil roulant, jusqu’à
l’
ombrage des marronniers de la terrasse. Là, Kassner recevait presque c
7780
uteuil roulant, jusqu’à l’ombrage des marronniers
de
la terrasse. Là, Kassner recevait presque chaque jour des visiteurs v
7781
uil roulant, jusqu’à l’ombrage des marronniers de
la
terrasse. Là, Kassner recevait presque chaque jour des visiteurs venu
7782
chaque jour des visiteurs venus des quatre coins
de
l’Europe. Pourquoi n’y suis-je allé que si rarement ? Sans doute à ca
7783
aque jour des visiteurs venus des quatre coins de
l’
Europe. Pourquoi n’y suis-je allé que si rarement ? Sans doute à cause
7784
s-je allé que si rarement ? Sans doute à cause de
la
réserve qu’inspirent les plus profondes admirations. Mais peut-être a
7785
t ? Sans doute à cause de la réserve qu’inspirent
les
plus profondes admirations. Mais peut-être aussi, et surtout, parce q
7786
être aussi, et surtout, parce que je m’étais fait
de
Kassner l’image d’un maître spirituel, d’un guru comme disent les Hin
7787
et surtout, parce que je m’étais fait de Kassner
l’
image d’un maître spirituel, d’un guru comme disent les Hindous. Je le
7788
out, parce que je m’étais fait de Kassner l’image
d’
un maître spirituel, d’un guru comme disent les Hindous. Je le confess
7789
is fait de Kassner l’image d’un maître spirituel,
d’
un guru comme disent les Hindous. Je le confesse cum grano salis, tong
7790
age d’un maître spirituel, d’un guru comme disent
les
Hindous. Je le confesse cum grano salis, tongue in the cheek — quelle
7791
spirituel, d’un guru comme disent les Hindous. Je
le
confesse cum grano salis, tongue in the cheek — quelle serait donc l’
7792
o salis, tongue in the cheek — quelle serait donc
l’
expression française ? — amusé de retrouver en moi cette persistance d
7793
elle serait donc l’expression française ? — amusé
de
retrouver en moi cette persistance du premier choc reçu par mon adole
7794
ransposant vingt-cinq ans en arrière une relation
de
maître à disciple qui avait été réelle dans mon esprit seulement et q
7795
n esprit seulement et qui ne pouvait ni ne devait
l’
être autrement, je le voyais bien, je jouais encore avec l’idée que ce
7796
qui ne pouvait ni ne devait l’être autrement, je
le
voyais bien, je jouais encore avec l’idée que cette relation devait e
7797
trement, je le voyais bien, je jouais encore avec
l’
idée que cette relation devait exclure tout bavardage et comporter que
7798
ntence énigmatique à méditer, sans jamais oublier
le
risque du coup de bâton appliqué par le maître au disciple, si ce der
7799
s oublier le risque du coup de bâton appliqué par
le
maître au disciple, si ce dernier propose une réponse erronée. (Ainsi
7800
propose une réponse erronée. (Ainsi fait-on dans
les
couvents bouddhistes du Japon)83. Et justement Kassner serrait deux c
7801
assner serrait deux cannes dans ses énormes mains
d’
infirme — paralysé des jambes dès le berceau — mais sa maîtrise n’exer
7802
énormes mains d’infirme — paralysé des jambes dès
le
berceau — mais sa maîtrise n’exerçait d’autres sanctions, sur les tro
7803
is sa maîtrise n’exerçait d’autres sanctions, sur
les
trop nombreux visiteurs, que celles d’un bref regard pénétrant de mal
7804
ions, sur les trop nombreux visiteurs, que celles
d’
un bref regard pénétrant de malice, d’un éclat de voix sardonique ou d
7805
visiteurs, que celles d’un bref regard pénétrant
de
malice, d’un éclat de voix sardonique ou d’un subit changement de suj
7806
que celles d’un bref regard pénétrant de malice,
d’
un éclat de voix sardonique ou d’un subit changement de sujet. Après t
7807
d’un bref regard pénétrant de malice, d’un éclat
de
voix sardonique ou d’un subit changement de sujet. Après tout, n’étai
7808
trant de malice, d’un éclat de voix sardonique ou
d’
un subit changement de sujet. Après tout, n’était-ce pas ce que j’atte
7809
éclat de voix sardonique ou d’un subit changement
de
sujet. Après tout, n’était-ce pas ce que j’attendais ? Il parlait à b
7810
que j’attendais ? Il parlait à bâtons rompus sur
le
dos des fervents indiscrets ! Et n’avais-je pas cédé à l’illusion ban
7811
es fervents indiscrets ! Et n’avais-je pas cédé à
l’
illusion banale qui veut que l’auteur et l’œuvre soient pareils, alors
7812
vais-je pas cédé à l’illusion banale qui veut que
l’
auteur et l’œuvre soient pareils, alors qu’ils sont toujours en tensio
7813
cédé à l’illusion banale qui veut que l’auteur et
l’
œuvre soient pareils, alors qu’ils sont toujours en tension dialectiqu
7814
tique, ou pour mieux dire allègrement disciplinée
de
dominer son grand malheur physique et de refuser que ce malheur l’iso
7815
ciplinée de dominer son grand malheur physique et
de
refuser que ce malheur l’isole dans la seule profondeur de sa vision8
7816
and malheur physique et de refuser que ce malheur
l’
isole dans la seule profondeur de sa vision84. D’où sa curiosité avide
7817
hysique et de refuser que ce malheur l’isole dans
la
seule profondeur de sa vision84. D’où sa curiosité avide et amusée po
7818
r que ce malheur l’isole dans la seule profondeur
de
sa vision84. D’où sa curiosité avide et amusée pour tous ceux que l’o
7819
l’isole dans la seule profondeur de sa vision84.
D’
où sa curiosité avide et amusée pour tous ceux que l’on pouvait connaî
7820
ù sa curiosité avide et amusée pour tous ceux que
l’
on pouvait connaître, ne fût-ce que de réputation, qu’il avait bien co
7821
us ceux que l’on pouvait connaître, ne fût-ce que
de
réputation, qu’il avait bien connus lui-même ou rencontrés dans ses v
7822
bles en Europe, en Russie, en Inde. Il ne cessait
de
mettre et de remettre à jour son tableau d’une certaine société finis
7823
e, en Russie, en Inde. Il ne cessait de mettre et
de
remettre à jour son tableau d’une certaine société finissante, compos
7824
ssait de mettre et de remettre à jour son tableau
d’
une certaine société finissante, composée certes des meilleurs esprits
7825
t des plus authentiques grandes dames, mais aussi
d’
une foule de figures touchantes, excentriques ou typiques, qu’il se di
7826
uthentiques grandes dames, mais aussi d’une foule
de
figures touchantes, excentriques ou typiques, qu’il se divertissait à
7827
ques ou typiques, qu’il se divertissait à évoquer
d’
un seul trait fortement appuyé — et l’on devinait alors qu’ils étaient
7828
t à évoquer d’un seul trait fortement appuyé — et
l’
on devinait alors qu’ils étaient les modèles des personnages de ses Di
7829
nt appuyé — et l’on devinait alors qu’ils étaient
les
modèles des personnages de ses Dialogues et récits physiognomoniques,
7830
alors qu’ils étaient les modèles des personnages
de
ses Dialogues et récits physiognomoniques, officiers, acteurs ou arti
7831
officiers, acteurs ou artistes, grands maniaques
de
la chasse ou du jeu, courtisans, courtisanes, ascètes, « indiscrets »
7832
ficiers, acteurs ou artistes, grands maniaques de
la
chasse ou du jeu, courtisans, courtisanes, ascètes, « indiscrets » ou
7833
discrets » ou ratés exemplaires. Cette collection
de
types de notre siècle puisait dans l’Europe de naguère — surtout vien
7834
» ou ratés exemplaires. Cette collection de types
de
notre siècle puisait dans l’Europe de naguère — surtout viennoise — s
7835
collection de types de notre siècle puisait dans
l’
Europe de naguère — surtout viennoise — ses éléments anecdotiques ou r
7836
on de types de notre siècle puisait dans l’Europe
de
naguère — surtout viennoise — ses éléments anecdotiques ou réalistes
7837
ses éléments anecdotiques ou réalistes ; mais il
la
transformait en une mythologie évoquant le grouillement des créatures
7838
ais il la transformait en une mythologie évoquant
le
grouillement des créatures qui décorent l’extérieur des grands temple
7839
oquant le grouillement des créatures qui décorent
l’
extérieur des grands temples de l’Inde. Je relève encore ceci dans ses
7840
tures qui décorent l’extérieur des grands temples
de
l’Inde. Je relève encore ceci dans ses Propos, confirmant les souveni
7841
es qui décorent l’extérieur des grands temples de
l’
Inde. Je relève encore ceci dans ses Propos, confirmant les souvenirs
7842
Je relève encore ceci dans ses Propos, confirmant
les
souvenirs que je viens d’interpréter : « Le Witz (la boutade, le trai
7843
ses Propos, confirmant les souvenirs que je viens
d’
interpréter : « Le Witz (la boutade, le trait d’esprit) est la forme l
7844
mant les souvenirs que je viens d’interpréter : «
Le
Witz (la boutade, le trait d’esprit) est la forme logique et naturell
7845
souvenirs que je viens d’interpréter : « Le Witz (
la
boutade, le trait d’esprit) est la forme logique et naturelle que rev
7846
e je viens d’interpréter : « Le Witz (la boutade,
le
trait d’esprit) est la forme logique et naturelle que revêt la sociab
7847
s d’interpréter : « Le Witz (la boutade, le trait
d’
esprit) est la forme logique et naturelle que revêt la sociabilité che
7848
r : « Le Witz (la boutade, le trait d’esprit) est
la
forme logique et naturelle que revêt la sociabilité chez le solitaire
7849
prit) est la forme logique et naturelle que revêt
la
sociabilité chez le solitaire qui garde ses distances… » Finalement,
7850
ogique et naturelle que revêt la sociabilité chez
le
solitaire qui garde ses distances… » Finalement, je crois bien que Ka
7851
alement, je crois bien que Kassner est à peu près
le
seul homme que j’aie connu dont je ne puisse imaginer qu’il ait dit o
7852
même en bavardant, une platitude. Qu’il s’agisse
de
ses pages les plus denses ou des anecdotes qu’il contait avec un humo
7853
rdant, une platitude. Qu’il s’agisse de ses pages
les
plus denses ou des anecdotes qu’il contait avec un humour énergique (
7854
ique (ces deux mots accolés me rappellent son ton
de
voix), tout en lui, l’œuvre et l’homme, évoquait la présence d’une ma
7855
olés me rappellent son ton de voix), tout en lui,
l’
œuvre et l’homme, évoquait la présence d’une maîtrise achevée, comme i
7856
pellent son ton de voix), tout en lui, l’œuvre et
l’
homme, évoquait la présence d’une maîtrise achevée, comme infaillible.
7857
voix), tout en lui, l’œuvre et l’homme, évoquait
la
présence d’une maîtrise achevée, comme infaillible. D’où l’image qui
7858
en lui, l’œuvre et l’homme, évoquait la présence
d’
une maîtrise achevée, comme infaillible. D’où l’image qui me vint à l’
7859
ésence d’une maîtrise achevée, comme infaillible.
D’
où l’image qui me vint à l’esprit, pendant notre première rencontre, d
7860
e d’une maîtrise achevée, comme infaillible. D’où
l’
image qui me vint à l’esprit, pendant notre première rencontre, de cet
7861
ée, comme infaillible. D’où l’image qui me vint à
l’
esprit, pendant notre première rencontre, de cet archer qui tire les y
7862
int à l’esprit, pendant notre première rencontre,
de
cet archer qui tire les yeux fermés et atteint à chaque coup le centr
7863
notre première rencontre, de cet archer qui tire
les
yeux fermés et atteint à chaque coup le centre de la cible. D’où mes
7864
qui tire les yeux fermés et atteint à chaque coup
le
centre de la cible. D’où mes allusions répétées à la technique du zen
7865
es yeux fermés et atteint à chaque coup le centre
de
la cible. D’où mes allusions répétées à la technique du zen-bouddhism
7866
yeux fermés et atteint à chaque coup le centre de
la
cible. D’où mes allusions répétées à la technique du zen-bouddhisme —
7867
s et atteint à chaque coup le centre de la cible.
D’
où mes allusions répétées à la technique du zen-bouddhisme — que je vo
7868
centre de la cible. D’où mes allusions répétées à
la
technique du zen-bouddhisme — que je voudrais maintenant expliciter.
7869
drais maintenant expliciter. Kassner, Rilke et
le
zen Une amitié des plus complexes, pour ne pas dire ambivalente, a
7870
ia Rilke. Elle remonte aux années qui précédèrent
la
guerre de 1914, et plusieurs témoignages importants nous en demeurent
7871
Elle remonte aux années qui précédèrent la guerre
de
1914, et plusieurs témoignages importants nous en demeurent : lettres
7872
émoignages importants nous en demeurent : lettres
de
Rilke à leur amie commune, la princesse de Tour et Taxis, dédicace à
7873
demeurent : lettres de Rilke à leur amie commune,
la
princesse de Tour et Taxis, dédicace à Kassner de la Huitième Élégie
7874
la princesse de Tour et Taxis, dédicace à Kassner
de
la Huitième Élégie de Duino, fin des Cahiers de Malte Laurids Brigge,
7875
t Taxis, dédicace à Kassner de la Huitième Élégie
de
Duino, fin des Cahiers de Malte Laurids Brigge, portant les traces vi
7876
r de la Huitième Élégie de Duino, fin des Cahiers
de
Malte Laurids Brigge, portant les traces visibles de l’influence kass
7877
fin des Cahiers de Malte Laurids Brigge, portant
les
traces visibles de l’influence kassnérienne ; et les sept essais succ
7878
Malte Laurids Brigge, portant les traces visibles
de
l’influence kassnérienne ; et les sept essais successifs consacrés pa
7879
te Laurids Brigge, portant les traces visibles de
l’
influence kassnérienne ; et les sept essais successifs consacrés par K
7880
traces visibles de l’influence kassnérienne ; et
les
sept essais successifs consacrés par Kassner à Rilke, de 1926, au len
7881
essais successifs consacrés par Kassner à Rilke,
de
1926, au lendemain de la mort du poète, jusqu’au trentième anniversai
7882
sacrés par Kassner à Rilke, de 1926, au lendemain
de
la mort du poète, jusqu’au trentième anniversaire de cette mort. Dès
7883
rés par Kassner à Rilke, de 1926, au lendemain de
la
mort du poète, jusqu’au trentième anniversaire de cette mort. Dès le
7884
la mort du poète, jusqu’au trentième anniversaire
de
cette mort. Dès le premier de ces essais, Kassner, tout en mettant le
7885
ntième anniversaire de cette mort. Dès le premier
de
ces essais, Kassner, tout en mettant le Poète au plus haut comme pur
7886
e premier de ces essais, Kassner, tout en mettant
le
Poète au plus haut comme pur lyrique sans faille et sans clichés, pre
7887
es distances : Rilke, écrit-il, a toujours refusé
l’
idée fondamentale du sacrifice, seul chemin qui permet de passer de l’
7888
fondamentale du sacrifice, seul chemin qui permet
de
passer de l’intériorité fervente à la grandeur. Relisons les essais q
7889
le du sacrifice, seul chemin qui permet de passer
de
l’intériorité fervente à la grandeur. Relisons les essais qui suivent
7890
du sacrifice, seul chemin qui permet de passer de
l’
intériorité fervente à la grandeur. Relisons les essais qui suivent :
7891
qui permet de passer de l’intériorité fervente à
la
grandeur. Relisons les essais qui suivent : nous y voyons que, pour K
7892
de l’intériorité fervente à la grandeur. Relisons
les
essais qui suivent : nous y voyons que, pour Kassner, Rilke appartien
7893
nde « phallique » aussi, « mélange très singulier
de
candeur enfantine et de perversion », monde spatial, antihistorique,
7894
« mélange très singulier de candeur enfantine et
de
perversion », monde spatial, antihistorique, désincarné, lunaire, mon
7895
atial, antihistorique, désincarné, lunaire, monde
de
l’âme et non de l’esprit, profondément antipaulinien, et qui permet s
7896
al, antihistorique, désincarné, lunaire, monde de
l’
âme et non de l’esprit, profondément antipaulinien, et qui permet seul
7897
rique, désincarné, lunaire, monde de l’âme et non
de
l’esprit, profondément antipaulinien, et qui permet seul de comprendr
7898
ue, désincarné, lunaire, monde de l’âme et non de
l’
esprit, profondément antipaulinien, et qui permet seul de comprendre c
7899
t, profondément antipaulinien, et qui permet seul
de
comprendre chez Rilke « son hostilité au Christ, qui blesse les uns,
7900
chez Rilke « son hostilité au Christ, qui blesse
les
uns, paraît folle aux autres »… Je ne fais ici qu’énumérer les expres
7901
ît folle aux autres »… Je ne fais ici qu’énumérer
les
expressions souvent répétées, mais de plus en plus sévères à mesure q
7902
pétées, mais de plus en plus sévères à mesure que
le
temps passe, auxquelles Kassner recourt pour se différencier de celui
7903
, auxquelles Kassner recourt pour se différencier
de
celui que, pourtant, il ne cesse de tenir pour l’un des plus grands d
7904
différencier de celui que, pourtant, il ne cesse
de
tenir pour l’un des plus grands depuis Dante. Le monde de Kassner, au
7905
de tenir pour l’un des plus grands depuis Dante.
Le
monde de Kassner, au contraire, est le monde du Fils, de la Parole qu
7906
pour l’un des plus grands depuis Dante. Le monde
de
Kassner, au contraire, est le monde du Fils, de la Parole qui tranche
7907
uis Dante. Le monde de Kassner, au contraire, est
le
monde du Fils, de la Parole qui tranche et institue le drame, le mond
7908
e de Kassner, au contraire, est le monde du Fils,
de
la Parole qui tranche et institue le drame, le monde ouvert par la tr
7909
e Kassner, au contraire, est le monde du Fils, de
la
Parole qui tranche et institue le drame, le monde ouvert par la tragé
7910
nde du Fils, de la Parole qui tranche et institue
le
drame, le monde ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde
7911
s, de la Parole qui tranche et institue le drame,
le
monde ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-H
7912
tranche et institue le drame, le monde ouvert par
la
tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-Homme et du paradoxe,
7913
ame, le monde ouvert par la tragédie grecque, par
l’
Évangile, monde du Dieu-Homme et du paradoxe, du sacrifice et du Retou
7914
du paradoxe, du sacrifice et du Retour (Umkehr),
de
la Personne et de la Liberté. Monde viril où ne peut régner que « cet
7915
paradoxe, du sacrifice et du Retour (Umkehr), de
la
Personne et de la Liberté. Monde viril où ne peut régner que « cette
7916
acrifice et du Retour (Umkehr), de la Personne et
de
la Liberté. Monde viril où ne peut régner que « cette prose qui exclu
7917
ifice et du Retour (Umkehr), de la Personne et de
la
Liberté. Monde viril où ne peut régner que « cette prose qui exclut l
7918
il où ne peut régner que « cette prose qui exclut
les
vers : Blaise Pascal, Laurence Sterne et Søren Kierkegaard. En tous t
7919
posthumes bien d’autres notes qui s’y rapportent.
L’
essai porte un titre curieux : Rilke, le zen et moi 86 et il est curie
7920
pportent. L’essai porte un titre curieux : Rilke,
le
zen et moi 86 et il est curieusement décousu. À propos de l’influence
7921
oi 86 et il est curieusement décousu. À propos de
l’
influence qu’on lui attribue sur Rilke, Kassner cite de nouveau la phr
7922
n lui attribue sur Rilke, Kassner cite de nouveau
la
phrase de ses Proverbes du yogi : « Le chemin de l’intériorité à la g
7923
ibue sur Rilke, Kassner cite de nouveau la phrase
de
ses Proverbes du yogi : « Le chemin de l’intériorité à la grandeur pa
7924
de nouveau la phrase de ses Proverbes du yogi : «
Le
chemin de l’intériorité à la grandeur passe par le sacrifice », phras
7925
la phrase de ses Proverbes du yogi : « Le chemin
de
l’intériorité à la grandeur passe par le sacrifice », phrase dont Ril
7926
phrase de ses Proverbes du yogi : « Le chemin de
l’
intériorité à la grandeur passe par le sacrifice », phrase dont Rilke
7927
roverbes du yogi : « Le chemin de l’intériorité à
la
grandeur passe par le sacrifice », phrase dont Rilke lui avait dit da
7928
e chemin de l’intériorité à la grandeur passe par
le
sacrifice », phrase dont Rilke lui avait dit dans une lettre qu’il la
7929
se dont Rilke lui avait dit dans une lettre qu’il
la
sentait « écrite pour lui, et contre lui ». Il suggère en passant un
7930
parallèle entre Kierkegaard et Hamlet « qui tous
les
deux luttèrent pour la grandeur, non point à partir du Mythe, mais à
7931
aard et Hamlet « qui tous les deux luttèrent pour
la
grandeur, non point à partir du Mythe, mais à partir de la Personne,
7932
ur, non point à partir du Mythe, mais à partir de
la
Personne, par désespoir »87. Suit une digression sur la Duse, et subi
7933
sonne, par désespoir »87. Suit une digression sur
la
Duse, et subitement, Kassner en vient à l’aspect « asiatique » du mon
7934
on sur la Duse, et subitement, Kassner en vient à
l’
aspect « asiatique » du monde rilkéen, et au bouddhisme. Il a toujours
7935
nde rilkéen, et au bouddhisme. Il a toujours aimé
le
Bouddha, dit-il. Il a suivi ses traces en Inde, sans bien connaître s
7936
en, qui n’est resté qu’un nom pour lui. Mais dans
le
recueil d’hommages publié pour ses 80 ans (le Gedenkbuch déjà cité),
7937
st resté qu’un nom pour lui. Mais dans le recueil
d’
hommages publié pour ses 80 ans (le Gedenkbuch déjà cité), le rapproch
7938
ans le recueil d’hommages publié pour ses 80 ans (
le
Gedenkbuch déjà cité), le rapprochement que je suggérais entre le zen
7939
publié pour ses 80 ans (le Gedenkbuch déjà cité),
le
rapprochement que je suggérais entre le zen et sa propre pensée l’a f
7940
jà cité), le rapprochement que je suggérais entre
le
zen et sa propre pensée l’a frappé : Cela resta fixé dans ma mémoire
7941
que je suggérais entre le zen et sa propre pensée
l’
a frappé : Cela resta fixé dans ma mémoire, écrit-il, me tint alerté…
7942
qu’à ce que, peu de temps après, je fusse informé
de
l’existence d’une école du zen dont les maîtres parviendraient à ceci
7943
à ce que, peu de temps après, je fusse informé de
l’
existence d’une école du zen dont les maîtres parviendraient à ceci :
7944
u de temps après, je fusse informé de l’existence
d’
une école du zen dont les maîtres parviendraient à ceci : atteindre le
7945
se informé de l’existence d’une école du zen dont
les
maîtres parviendraient à ceci : atteindre le but sans le voir, placer
7946
ont les maîtres parviendraient à ceci : atteindre
le
but sans le voir, placer la flèche au centre de la cible, les yeux fe
7947
res parviendraient à ceci : atteindre le but sans
le
voir, placer la flèche au centre de la cible, les yeux fermés… Je pre
7948
nt à ceci : atteindre le but sans le voir, placer
la
flèche au centre de la cible, les yeux fermés… Je pressentais mainten
7949
e le but sans le voir, placer la flèche au centre
de
la cible, les yeux fermés… Je pressentais maintenant ce que le zen si
7950
e but sans le voir, placer la flèche au centre de
la
cible, les yeux fermés… Je pressentais maintenant ce que le zen signi
7951
le voir, placer la flèche au centre de la cible,
les
yeux fermés… Je pressentais maintenant ce que le zen signifiait et da
7952
les yeux fermés… Je pressentais maintenant ce que
le
zen signifiait et dans quel rapport il pouvait être avec mon œuvre, q
7953
avec mon œuvre, qui comptait à ce moment-là plus
d’
un demi-siècle. Atteindre le but sans le voir (blind), celui qui peut
7954
t à ce moment-là plus d’un demi-siècle. Atteindre
le
but sans le voir (blind), celui qui peut cela ne doit-il pas avoir le
7955
t-là plus d’un demi-siècle. Atteindre le but sans
le
voir (blind), celui qui peut cela ne doit-il pas avoir le but en lui-
7956
(blind), celui qui peut cela ne doit-il pas avoir
le
but en lui-même ?… Le zen, le tir aveugle, est acte, mais cet acte es
7957
t cela ne doit-il pas avoir le but en lui-même ?…
Le
zen, le tir aveugle, est acte, mais cet acte est en outre notre pensé
7958
e doit-il pas avoir le but en lui-même ?… Le zen,
le
tir aveugle, est acte, mais cet acte est en outre notre pensée la plu
7959
est acte, mais cet acte est en outre notre pensée
la
plus profonde, l’ultime, et, le dirai-je, la pensée sans limites… Le
7960
acte est en outre notre pensée la plus profonde,
l’
ultime, et, le dirai-je, la pensée sans limites… Le zen suppose la di
7961
utre notre pensée la plus profonde, l’ultime, et,
le
dirai-je, la pensée sans limites… Le zen suppose la dissolution, l’é
7962
nsée la plus profonde, l’ultime, et, le dirai-je,
la
pensée sans limites… Le zen suppose la dissolution, l’éclatement de
7963
ultime, et, le dirai-je, la pensée sans limites…
Le
zen suppose la dissolution, l’éclatement de tout le conceptuel. Le po
7964
dirai-je, la pensée sans limites… Le zen suppose
la
dissolution, l’éclatement de tout le conceptuel. Le point noir qu’att
7965
sée sans limites… Le zen suppose la dissolution,
l’
éclatement de tout le conceptuel. Le point noir qu’atteint la flèche d
7966
tes… Le zen suppose la dissolution, l’éclatement
de
tout le conceptuel. Le point noir qu’atteint la flèche du tireur aux
7967
zen suppose la dissolution, l’éclatement de tout
le
conceptuel. Le point noir qu’atteint la flèche du tireur aux yeux ban
7968
dissolution, l’éclatement de tout le conceptuel.
Le
point noir qu’atteint la flèche du tireur aux yeux bandés est le poin
7969
t de tout le conceptuel. Le point noir qu’atteint
la
flèche du tireur aux yeux bandés est le point zéro de la cible, le Né
7970
u’atteint la flèche du tireur aux yeux bandés est
le
point zéro de la cible, le Néant qui est en même temps le Tout… Que s
7971
lèche du tireur aux yeux bandés est le point zéro
de
la cible, le Néant qui est en même temps le Tout… Que signifie encore
7972
he du tireur aux yeux bandés est le point zéro de
la
cible, le Néant qui est en même temps le Tout… Que signifie encore le
7973
ur aux yeux bandés est le point zéro de la cible,
le
Néant qui est en même temps le Tout… Que signifie encore le zen, sino
7974
zéro de la cible, le Néant qui est en même temps
le
Tout… Que signifie encore le zen, sinon l’élimination de la fortune,
7975
ui est en même temps le Tout… Que signifie encore
le
zen, sinon l’élimination de la fortune, au sens antique, c’est-à-dire
7976
temps le Tout… Que signifie encore le zen, sinon
l’
élimination de la fortune, au sens antique, c’est-à-dire de la chance,
7977
… Que signifie encore le zen, sinon l’élimination
de
la fortune, au sens antique, c’est-à-dire de la chance, du hasard, et
7978
ue signifie encore le zen, sinon l’élimination de
la
fortune, au sens antique, c’est-à-dire de la chance, du hasard, et ce
7979
tion de la fortune, au sens antique, c’est-à-dire
de
la chance, du hasard, et celui-là seul peut y arriver qui ne sépare p
7980
n de la fortune, au sens antique, c’est-à-dire de
la
chance, du hasard, et celui-là seul peut y arriver qui ne sépare plus
7981
t celui-là seul peut y arriver qui ne sépare plus
l’
acte de l’ascèse. Ceci est absolument hindou, ajoute Kassner, apparti
7982
-là seul peut y arriver qui ne sépare plus l’acte
de
l’ascèse. Ceci est absolument hindou, ajoute Kassner, appartient à l
7983
seul peut y arriver qui ne sépare plus l’acte de
l’
ascèse. Ceci est absolument hindou, ajoute Kassner, appartient à l’As
7984
t absolument hindou, ajoute Kassner, appartient à
l’
Asie, et n’eût été compris que par peu de Grecs, par les éléates, et p
7985
e, et n’eût été compris que par peu de Grecs, par
les
éléates, et par aucun Romain. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus :
7986
main. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus : sur
la
flèche du vieux Zénon, qui n’atteint pas le but, et sur le tireur ave
7987
: sur la flèche du vieux Zénon, qui n’atteint pas
le
but, et sur le tireur aveugle qui l’atteint, qui, sans le voir, l’att
7988
du vieux Zénon, qui n’atteint pas le but, et sur
le
tireur aveugle qui l’atteint, qui, sans le voir, l’atteint. Dans les
7989
’atteint pas le but, et sur le tireur aveugle qui
l’
atteint, qui, sans le voir, l’atteint. Dans les deux cas, il s’agit du
7990
et sur le tireur aveugle qui l’atteint, qui, sans
le
voir, l’atteint. Dans les deux cas, il s’agit du concept, de l’idée e
7991
tireur aveugle qui l’atteint, qui, sans le voir,
l’
atteint. Dans les deux cas, il s’agit du concept, de l’idée et de l’ex
7992
qui l’atteint, qui, sans le voir, l’atteint. Dans
les
deux cas, il s’agit du concept, de l’idée et de l’existence de l’Infi
7993
atteint. Dans les deux cas, il s’agit du concept,
de
l’idée et de l’existence de l’Infini, dès que la parole cesse d’être
7994
eint. Dans les deux cas, il s’agit du concept, de
l’
idée et de l’existence de l’Infini, dès que la parole cesse d’être une
7995
les deux cas, il s’agit du concept, de l’idée et
de
l’existence de l’Infini, dès que la parole cesse d’être une simple co
7996
s deux cas, il s’agit du concept, de l’idée et de
l’
existence de l’Infini, dès que la parole cesse d’être une simple coque
7997
il s’agit du concept, de l’idée et de l’existence
de
l’Infini, dès que la parole cesse d’être une simple coque ; et il s’a
7998
s’agit du concept, de l’idée et de l’existence de
l’
Infini, dès que la parole cesse d’être une simple coque ; et il s’agit
7999
de l’idée et de l’existence de l’Infini, dès que
la
parole cesse d’être une simple coque ; et il s’agit aussi de l’union
8000
l’existence de l’Infini, dès que la parole cesse
d’
être une simple coque ; et il s’agit aussi de l’union ultime du But et
8001
esse d’être une simple coque ; et il s’agit aussi
de
l’union ultime du But et du Sens. Si je m’en tiens à cette interpréta
8002
e d’être une simple coque ; et il s’agit aussi de
l’
union ultime du But et du Sens. Si je m’en tiens à cette interprétatio
8003
s tous mes écrits, à commencer par cette « Morale
de
la musique » qui aujourd’hui, à cause de cela, remonte vers moi dans
8004
ous mes écrits, à commencer par cette « Morale de
la
musique » qui aujourd’hui, à cause de cela, remonte vers moi dans mon
8005
et rajeuni. Kassner rappelle alors sa conception
de
la musique comme absorption totale du contenu dans la forme, où il vo
8006
rajeuni. Kassner rappelle alors sa conception de
la
musique comme absorption totale du contenu dans la forme, où il voit
8007
a musique comme absorption totale du contenu dans
la
forme, où il voit un équivalent de l’unité du Tout et du Rien, mainte
8008
u contenu dans la forme, où il voit un équivalent
de
l’unité du Tout et du Rien, maintenus ensemble et assumés par la seul
8009
ontenu dans la forme, où il voit un équivalent de
l’
unité du Tout et du Rien, maintenus ensemble et assumés par la seule f
8010
out et du Rien, maintenus ensemble et assumés par
la
seule force de l’Imagination. Et il poursuit : Le zen nie le Dieu pe
8011
maintenus ensemble et assumés par la seule force
de
l’Imagination. Et il poursuit : Le zen nie le Dieu personnel, il ne
8012
intenus ensemble et assumés par la seule force de
l’
Imagination. Et il poursuit : Le zen nie le Dieu personnel, il ne le
8013
a seule force de l’Imagination. Et il poursuit :
Le
zen nie le Dieu personnel, il ne le nie pas au nom du rationalisme, o
8014
ce de l’Imagination. Et il poursuit : Le zen nie
le
Dieu personnel, il ne le nie pas au nom du rationalisme, oh ! pas du
8015
l poursuit : Le zen nie le Dieu personnel, il ne
le
nie pas au nom du rationalisme, oh ! pas du tout, mais en vertu de so
8016
isme, oh ! pas du tout, mais en vertu de son idée
de
l’Infini, du trans-conceptuel, de l’inconcevable, en vertu de l’Imagi
8017
e, oh ! pas du tout, mais en vertu de son idée de
l’
Infini, du trans-conceptuel, de l’inconcevable, en vertu de l’Imaginat
8018
rtu de son idée de l’Infini, du trans-conceptuel,
de
l’inconcevable, en vertu de l’Imagination créatrice, qui est pour lui
8019
de son idée de l’Infini, du trans-conceptuel, de
l’
inconcevable, en vertu de l’Imagination créatrice, qui est pour lui la
8020
trans-conceptuel, de l’inconcevable, en vertu de
l’
Imagination créatrice, qui est pour lui la seule forme possible de la
8021
ertu de l’Imagination créatrice, qui est pour lui
la
seule forme possible de la foi. Et certes, il m’est souvent venu à l
8022
éatrice, qui est pour lui la seule forme possible
de
la foi. Et certes, il m’est souvent venu à l’esprit que cette Einbil
8023
rice, qui est pour lui la seule forme possible de
la
foi. Et certes, il m’est souvent venu à l’esprit que cette Einbildun
8024
le de la foi. Et certes, il m’est souvent venu à
l’
esprit que cette Einbildungskraft 88, qui joue dans toute son œuvre un
8025
ans toute son œuvre un rôle aussi fondamental que
la
libido chez un Freud, pourrait bien être pour Kassner d’abord la seul
8026
un Freud, pourrait bien être pour Kassner d’abord
la
seule forme possible de la foi — ce qui est plus gnostique qu’orthodo
8027
être pour Kassner d’abord la seule forme possible
de
la foi — ce qui est plus gnostique qu’orthodoxe… Ne tire-t-il pas le
8028
e pour Kassner d’abord la seule forme possible de
la
foi — ce qui est plus gnostique qu’orthodoxe… Ne tire-t-il pas le zen
8029
est plus gnostique qu’orthodoxe… Ne tire-t-il pas
le
zen de son côté ? Il ajoute d’ailleurs aussitôt qu’on ne saurait croi
8030
s gnostique qu’orthodoxe… Ne tire-t-il pas le zen
de
son côté ? Il ajoute d’ailleurs aussitôt qu’on ne saurait croire un s
8031
un extravagant maître du zen » ! Il n’a que faire
d’
une doctrine ou d’un système ; mais peut-être, dans certains de ses li
8032
tre du zen » ! Il n’a que faire d’une doctrine ou
d’
un système ; mais peut-être, dans certains de ses livres, a-t-il jeté
8033
e ou d’un système ; mais peut-être, dans certains
de
ses livres, a-t-il jeté un pont, une arche par-dessus continents et m
8034
r-dessus continents et millénaires, reliant ainsi
les
représentations de l’ancienne Asie à celles de l’Occident chrétien. C
8035
et millénaires, reliant ainsi les représentations
de
l’ancienne Asie à celles de l’Occident chrétien. Ce qui lui semble, e
8036
millénaires, reliant ainsi les représentations de
l’
ancienne Asie à celles de l’Occident chrétien. Ce qui lui semble, en f
8037
i les représentations de l’ancienne Asie à celles
de
l’Occident chrétien. Ce qui lui semble, en fin de compte, relier au z
8038
es représentations de l’ancienne Asie à celles de
l’
Occident chrétien. Ce qui lui semble, en fin de compte, relier au zen
8039
, c’est que l’un et l’autre se soucient davantage
de
limites que de causes. Et cette notion de limite, si importante pour
8040
n et l’autre se soucient davantage de limites que
de
causes. Et cette notion de limite, si importante pour lui, le ramène
8041
vantage de limites que de causes. Et cette notion
de
limite, si importante pour lui, le ramène à Rilke, dont il cite ce ve
8042
t cette notion de limite, si importante pour lui,
le
ramène à Rilke, dont il cite ce vers : Si le boire te semble amer, d
8043
ui, le ramène à Rilke, dont il cite ce vers : Si
le
boire te semble amer, deviens Vin. Ici, dit-il, plus de théâtre… Il s
8044
re te semble amer, deviens Vin. Ici, dit-il, plus
de
théâtre… Il s’agit de limites, d’abîme, de centre et d’absence de cen
8045
iens Vin. Ici, dit-il, plus de théâtre… Il s’agit
de
limites, d’abîme, de centre et d’absence de centre. Il s’agit égaleme
8046
i, dit-il, plus de théâtre… Il s’agit de limites,
d’
abîme, de centre et d’absence de centre. Il s’agit également de la lim
8047
, plus de théâtre… Il s’agit de limites, d’abîme,
de
centre et d’absence de centre. Il s’agit également de la limite entre
8048
âtre… Il s’agit de limites, d’abîme, de centre et
d’
absence de centre. Il s’agit également de la limite entre existence et
8049
’agit de limites, d’abîme, de centre et d’absence
de
centre. Il s’agit également de la limite entre existence et poésie, o
8050
entre et d’absence de centre. Il s’agit également
de
la limite entre existence et poésie, ou de la poésie comme existence,
8051
re et d’absence de centre. Il s’agit également de
la
limite entre existence et poésie, ou de la poésie comme existence, ce
8052
lement de la limite entre existence et poésie, ou
de
la poésie comme existence, ce qui donne une parfaite question zen, la
8053
ent de la limite entre existence et poésie, ou de
la
poésie comme existence, ce qui donne une parfaite question zen, la qu
8054
xistence, ce qui donne une parfaite question zen,
la
question dernière, peut-être, pour les hommes auxquels la Langue a ét
8055
estion zen, la question dernière, peut-être, pour
les
hommes auxquels la Langue a été donnée. C’est cette question que le 2
8056
ion dernière, peut-être, pour les hommes auxquels
la
Langue a été donnée. C’est cette question que le 23e des « Sonnets à
8057
la Langue a été donnée. C’est cette question que
le
23e des « Sonnets à Orphée » pose, ou tout au moins, comme il convien
8058
: C’est lorsqu’un pur essor vers où ? Aura vaincu
l’
orgueil puéril Qu’enfin, submergé par son gain Celui qui s’est approch
8059
. Voilà qui est zen, conclut Kassner, ou solution
d’
un problème zen par le poète, par la langue, la langue vivante des ima
8060
onclut Kassner, ou solution d’un problème zen par
le
poète, par la langue, la langue vivante des images, non des concepts.
8061
, ou solution d’un problème zen par le poète, par
la
langue, la langue vivante des images, non des concepts. C’est ainsi,
8062
on d’un problème zen par le poète, par la langue,
la
langue vivante des images, non des concepts. C’est ainsi, finalement
8063
, non des concepts. C’est ainsi, finalement, par
le
détour du zen, que le Kassner des derniers temps de sa vie a pu relie
8064
’est ainsi, finalement, par le détour du zen, que
le
Kassner des derniers temps de sa vie a pu relier son monde et celui d
8065
détour du zen, que le Kassner des derniers temps
de
sa vie a pu relier son monde et celui de Rilke. Par un suprême dépass
8066
rs temps de sa vie a pu relier son monde et celui
de
Rilke. Par un suprême dépassement des concepts, au nom du Sens qui es
8067
dépassement des concepts, au nom du Sens qui est
le
But à l’infini. Le but, la flèche et l’homme Kassner avait sans
8068
ent des concepts, au nom du Sens qui est le But à
l’
infini. Le but, la flèche et l’homme Kassner avait sans doute pr
8069
pts, au nom du Sens qui est le But à l’infini.
Le
but, la flèche et l’homme Kassner avait sans doute pris connaissan
8070
nom du Sens qui est le But à l’infini. Le but,
la
flèche et l’homme Kassner avait sans doute pris connaissance du ze
8071
ui est le But à l’infini. Le but, la flèche et
l’
homme Kassner avait sans doute pris connaissance du zen par le fame
8072
ner avait sans doute pris connaissance du zen par
le
fameux petit livre d’Herrigel sur L’Art chevaleresque du tir à l’arc
8073
ris connaissance du zen par le fameux petit livre
d’
Herrigel sur L’Art chevaleresque du tir à l’arc 89. Le vers de Rilke s
8074
e du zen par le fameux petit livre d’Herrigel sur
L’
Art chevaleresque du tir à l’arc 89. Le vers de Rilke sur le vin a don
8075
livre d’Herrigel sur L’Art chevaleresque du tir à
l’
arc 89. Le vers de Rilke sur le vin a donc pu lui rappeler ce précepte
8076
rrigel sur L’Art chevaleresque du tir à l’arc 89.
Le
vers de Rilke sur le vin a donc pu lui rappeler ce précepte donné par
8077
ur L’Art chevaleresque du tir à l’arc 89. Le vers
de
Rilke sur le vin a donc pu lui rappeler ce précepte donné par un maît
8078
aleresque du tir à l’arc 89. Le vers de Rilke sur
le
vin a donc pu lui rappeler ce précepte donné par un maître à un peint
8079
epte donné par un maître à un peintre : Observe
le
bambou pendant dix ans, deviens bambou toi-même, puis, oublie tout et
8080
toi-même, puis, oublie tout et peins. (Problème
de
la limite entre existence et art, ou de l’art comme existence.) D’aut
8081
i-même, puis, oublie tout et peins. (Problème de
la
limite entre existence et art, ou de l’art comme existence.) D’autres
8082
(Problème de la limite entre existence et art, ou
de
l’art comme existence.) D’autres correspondances ont pu le frapper. N
8083
oblème de la limite entre existence et art, ou de
l’
art comme existence.) D’autres correspondances ont pu le frapper. N’a-
8084
comme existence.) D’autres correspondances ont pu
le
frapper. N’a-t-il par reconnu le style même, et sinon le son de sa vo
8085
pondances ont pu le frapper. N’a-t-il par reconnu
le
style même, et sinon le son de sa voix qu’on est seul à ne pas reconn
8086
per. N’a-t-il par reconnu le style même, et sinon
le
son de sa voix qu’on est seul à ne pas reconnaître, du moins le mouve
8087
a-t-il par reconnu le style même, et sinon le son
de
sa voix qu’on est seul à ne pas reconnaître, du moins le mouvement de
8088
oix qu’on est seul à ne pas reconnaître, du moins
le
mouvement de pensée de ses Dialogues et Paraboles dans ces paroles d’
8089
seul à ne pas reconnaître, du moins le mouvement
de
pensée de ses Dialogues et Paraboles dans ces paroles d’un maître zen
8090
pas reconnaître, du moins le mouvement de pensée
de
ses Dialogues et Paraboles dans ces paroles d’un maître zen sur le ti
8091
ée de ses Dialogues et Paraboles dans ces paroles
d’
un maître zen sur le tir à l’arc : Celui qui est capable de tirer ave
8092
et Paraboles dans ces paroles d’un maître zen sur
le
tir à l’arc : Celui qui est capable de tirer avec l’écaille du lièvr
8093
les dans ces paroles d’un maître zen sur le tir à
l’
arc : Celui qui est capable de tirer avec l’écaille du lièvre et le p
8094
e zen sur le tir à l’arc : Celui qui est capable
de
tirer avec l’écaille du lièvre et le poil de la tortue, c’est-à-dire
8095
ir à l’arc : Celui qui est capable de tirer avec
l’
écaille du lièvre et le poil de la tortue, c’est-à-dire d’atteindre le
8096
est capable de tirer avec l’écaille du lièvre et
le
poil de la tortue, c’est-à-dire d’atteindre le centre de la cible san
8097
able de tirer avec l’écaille du lièvre et le poil
de
la tortue, c’est-à-dire d’atteindre le centre de la cible sans arc (é
8098
e de tirer avec l’écaille du lièvre et le poil de
la
tortue, c’est-à-dire d’atteindre le centre de la cible sans arc (écai
8099
e du lièvre et le poil de la tortue, c’est-à-dire
d’
atteindre le centre de la cible sans arc (écaille) et sans flèche (poi
8100
et le poil de la tortue, c’est-à-dire d’atteindre
le
centre de la cible sans arc (écaille) et sans flèche (poil), ce derni
8101
de la tortue, c’est-à-dire d’atteindre le centre
de
la cible sans arc (écaille) et sans flèche (poil), ce dernier est Maî
8102
la tortue, c’est-à-dire d’atteindre le centre de
la
cible sans arc (écaille) et sans flèche (poil), ce dernier est Maître
8103
t sans flèche (poil), ce dernier est Maître, dans
l’
acception la plus élevée du terme, Maître de l’art sans art, mieux, il
8104
e (poil), ce dernier est Maître, dans l’acception
la
plus élevée du terme, Maître de l’art sans art, mieux, il est l’art s
8105
dans l’acception la plus élevée du terme, Maître
de
l’art sans art, mieux, il est l’art sans art, à la fois ainsi Maître
8106
ns l’acception la plus élevée du terme, Maître de
l’
art sans art, mieux, il est l’art sans art, à la fois ainsi Maître et
8107
du terme, Maître de l’art sans art, mieux, il est
l’
art sans art, à la fois ainsi Maître et non-Maître. Par ce revirement,
8108
en tant que mouvement immobile, danse sans danse,
le
tir à l’arc se fond dans le zen. Mais voici le plus remarquable. Il
8109
ue mouvement immobile, danse sans danse, le tir à
l’
arc se fond dans le zen. Mais voici le plus remarquable. Il semble qu
8110
le, danse sans danse, le tir à l’arc se fond dans
le
zen. Mais voici le plus remarquable. Il semble que Kassner ne se soi
8111
, le tir à l’arc se fond dans le zen. Mais voici
le
plus remarquable. Il semble que Kassner ne se soit pas souvenu d’avoi
8112
ble. Il semble que Kassner ne se soit pas souvenu
d’
avoir écrit lui-même dans ses Proverbes du yogi 90 les phrases suivant
8113
voir écrit lui-même dans ses Proverbes du yogi 90
les
phrases suivantes : Quand je décoche une flèche, le but que je vise
8114
phrases suivantes : Quand je décoche une flèche,
le
but que je vise est toujours dans le fini. Le point où tombe la flèch
8115
une flèche, le but que je vise est toujours dans
le
fini. Le point où tombe la flèche, c’est le fini (sans limites). À la
8116
he, le but que je vise est toujours dans le fini.
Le
point où tombe la flèche, c’est le fini (sans limites). À la place de
8117
vise est toujours dans le fini. Le point où tombe
la
flèche, c’est le fini (sans limites). À la place de ce fini (sans lim
8118
dans le fini. Le point où tombe la flèche, c’est
le
fini (sans limites). À la place de ce fini (sans limites) posons l’in
8119
tes). À la place de ce fini (sans limites) posons
l’
infini (la liberté) ; le but deviendra le sens. Mais la flèche, dans c
8120
place de ce fini (sans limites) posons l’infini (
la
liberté) ; le but deviendra le sens. Mais la flèche, dans ce cas, c’e
8121
ini (sans limites) posons l’infini (la liberté) ;
le
but deviendra le sens. Mais la flèche, dans ce cas, c’est l’homme.91
8122
) posons l’infini (la liberté) ; le but deviendra
le
sens. Mais la flèche, dans ce cas, c’est l’homme.91 Relisons maint
8123
ini (la liberté) ; le but deviendra le sens. Mais
la
flèche, dans ce cas, c’est l’homme.91 Relisons maintenant Herrigel
8124
endra le sens. Mais la flèche, dans ce cas, c’est
l’
homme.91 Relisons maintenant Herrigel, ce philosophe allemand qui e
8125
on pour s’initier au zen en s’entraînant au tir à
l’
arc. « Vos flèches manquent de portée (fait remarquer le Maître au déb
8126
entraînant au tir à l’arc. « Vos flèches manquent
de
portée (fait remarquer le Maître au débutant) parce que spirituelleme
8127
« Vos flèches manquent de portée (fait remarquer
le
Maître au débutant) parce que spirituellement vous ne portez pas asse
8128
ne portez pas assez loin. Comportez-vous comme si
le
but était l’infini… Un bon archer tire plus loin avec un arc de moyen
8129
assez loin. Comportez-vous comme si le but était
l’
infini… Un bon archer tire plus loin avec un arc de moyenne puissance
8130
’infini… Un bon archer tire plus loin avec un arc
de
moyenne puissance qu’un archer sans âme avec l’arc le plus fort. Le r
8131
c de moyenne puissance qu’un archer sans âme avec
l’
arc le plus fort. Le résultat ne dépend pas de l’arc mais de la « prés
8132
oyenne puissance qu’un archer sans âme avec l’arc
le
plus fort. Le résultat ne dépend pas de l’arc mais de la « présence d
8133
ce qu’un archer sans âme avec l’arc le plus fort.
Le
résultat ne dépend pas de l’arc mais de la « présence d’esprit », du
8134
vec l’arc le plus fort. Le résultat ne dépend pas
de
l’arc mais de la « présence d’esprit », du dynamisme et de la faculté
8135
l’arc le plus fort. Le résultat ne dépend pas de
l’
arc mais de la « présence d’esprit », du dynamisme et de la faculté d’
8136
lus fort. Le résultat ne dépend pas de l’arc mais
de
la « présence d’esprit », du dynamisme et de la faculté d’éveil avec
8137
fort. Le résultat ne dépend pas de l’arc mais de
la
« présence d’esprit », du dynamisme et de la faculté d’éveil avec laq
8138
ltat ne dépend pas de l’arc mais de la « présence
d’
esprit », du dynamisme et de la faculté d’éveil avec laquelle vous tir
8139
mais de la « présence d’esprit », du dynamisme et
de
la faculté d’éveil avec laquelle vous tirez. » Ou encore : « La Grand
8140
s de la « présence d’esprit », du dynamisme et de
la
faculté d’éveil avec laquelle vous tirez. » Ou encore : « La Grande D
8141
résence d’esprit », du dynamisme et de la faculté
d’
éveil avec laquelle vous tirez. » Ou encore : « La Grande Doctrine du
8142
d’éveil avec laquelle vous tirez. » Ou encore : «
La
Grande Doctrine du tir à l’arc ignore tout d’une cible dressée à une
8143
irez. » Ou encore : « La Grande Doctrine du tir à
l’
arc ignore tout d’une cible dressée à une distance déterminée ; elle n
8144
: « La Grande Doctrine du tir à l’arc ignore tout
d’
une cible dressée à une distance déterminée ; elle ne connaît que le b
8145
e à une distance déterminée ; elle ne connaît que
le
but, qui ne s’atteint d’aucune manière technique, et si elle lui donn
8146
ée ; elle ne connaît que le but, qui ne s’atteint
d’
aucune manière technique, et si elle lui donne un nom, ce sera : Boudd
8147
ha. » Enfin ceci, qui devait combler chez Kassner
le
penseur existentiel autant que le physiognomoniste : le disciple dit
8148
er chez Kassner le penseur existentiel autant que
le
physiognomoniste : le disciple dit au maître : « Je crains de ne plus
8149
seur existentiel autant que le physiognomoniste :
le
disciple dit au maître : « Je crains de ne plus rien comprendre… Est-
8150
moniste : le disciple dit au maître : « Je crains
de
ne plus rien comprendre… Est-ce moi qui touche le but ou bien le but
8151
de ne plus rien comprendre… Est-ce moi qui touche
le
but ou bien le but qui m’atteint ? Ce que vous appelez le « quelque c
8152
comprendre… Est-ce moi qui touche le but ou bien
le
but qui m’atteint ? Ce que vous appelez le « quelque chose » (qui tir
8153
u bien le but qui m’atteint ? Ce que vous appelez
le
« quelque chose » (qui tire) est-il de nature spirituelle aux yeux du
8154
us appelez le « quelque chose » (qui tire) est-il
de
nature spirituelle aux yeux du corps, ou corporelle aux yeux de l’esp
8155
elle aux yeux du corps, ou corporelle aux yeux de
l’
esprit ? Ou les deux à la fois ? Ou bien ni l’un ni l’autre ? Toutes c
8156
du corps, ou corporelle aux yeux de l’esprit ? Ou
les
deux à la fois ? Ou bien ni l’un ni l’autre ? Toutes ces choses, arc,
8157
’amalgament tellement que je ne suis plus capable
de
les séparer… Le Maître m’interrompit alors et dit : Voilà justement l
8158
algament tellement que je ne suis plus capable de
les
séparer… Le Maître m’interrompit alors et dit : Voilà justement la co
8159
ement que je ne suis plus capable de les séparer…
Le
Maître m’interrompit alors et dit : Voilà justement la corde de l’arc
8160
ître m’interrompit alors et dit : Voilà justement
la
corde de l’arc qui vient de vous traverser ! » Mais je n’en finirais
8161
terrompit alors et dit : Voilà justement la corde
de
l’arc qui vient de vous traverser ! » Mais je n’en finirais pas de ci
8162
rompit alors et dit : Voilà justement la corde de
l’
arc qui vient de vous traverser ! » Mais je n’en finirais pas de citer
8163
t de vous traverser ! » Mais je n’en finirais pas
de
citer tantôt Kassner, tantôt les maîtres du zen, au risque de confond
8164
n’en finirais pas de citer tantôt Kassner, tantôt
les
maîtres du zen, au risque de confondre leurs énigmes et leurs réponse
8165
es renvoient toujours ailleurs, au tout unique, à
l’
infini, où se rejoignent d’un seul coup dans l’illumination de la visi
8166
à l’infini, où se rejoignent d’un seul coup dans
l’
illumination de la vision (dirait Kassner), du satori (disent les boud
8167
se rejoignent d’un seul coup dans l’illumination
de
la vision (dirait Kassner), du satori (disent les bouddhistes), l’Un
8168
rejoignent d’un seul coup dans l’illumination de
la
vision (dirait Kassner), du satori (disent les bouddhistes), l’Un et
8169
de la vision (dirait Kassner), du satori (disent
les
bouddhistes), l’Un et le Tout, l’individu et le sens final92. J’en re
8170
ner), du satori (disent les bouddhistes), l’Un et
le
Tout, l’individu et le sens final92. J’en reviens donc à l’homme que
8171
satori (disent les bouddhistes), l’Un et le Tout,
l’
individu et le sens final92. J’en reviens donc à l’homme que j’essaie
8172
les bouddhistes), l’Un et le Tout, l’individu et
le
sens final92. J’en reviens donc à l’homme que j’essaie de décrire par
8173
’individu et le sens final92. J’en reviens donc à
l’
homme que j’essaie de décrire par le biais d’une vision particulière q
8174
final92. J’en reviens donc à l’homme que j’essaie
de
décrire par le biais d’une vision particulière que j’eus de lui, et d
8175
eviens donc à l’homme que j’essaie de décrire par
le
biais d’une vision particulière que j’eus de lui, et dans laquelle il
8176
nc à l’homme que j’essaie de décrire par le biais
d’
une vision particulière que j’eus de lui, et dans laquelle il semble b
8177
par le biais d’une vision particulière que j’eus
de
lui, et dans laquelle il semble bien qu’il se soit finalement reconnu
8178
en qu’il se soit finalement reconnu. J’ai dit que
l’
image d’un maître zen m’était venue en écoutant parler Kassner. Et voi
8179
se soit finalement reconnu. J’ai dit que l’image
d’
un maître zen m’était venue en écoutant parler Kassner. Et voici ce qu
8180
nt parler Kassner. Et voici ce qu’il dit lui-même
de
la conversation telle qu’il l’entend et la pratique : Je suis toujou
8181
parler Kassner. Et voici ce qu’il dit lui-même de
la
conversation telle qu’il l’entend et la pratique : Je suis toujours
8182
qu’il dit lui-même de la conversation telle qu’il
l’
entend et la pratique : Je suis toujours chargé (comme un fusil) quan
8183
i-même de la conversation telle qu’il l’entend et
la
pratique : Je suis toujours chargé (comme un fusil) quand je suis ré
8184
fusil) quand je suis réellement alerté, éveillé.
Le
dialogue, la dialectique sont alors les moyens convenables pour provo
8185
je suis réellement alerté, éveillé. Le dialogue,
la
dialectique sont alors les moyens convenables pour provoquer l’étince
8186
, éveillé. Le dialogue, la dialectique sont alors
les
moyens convenables pour provoquer l’étincelle, la détente, le drame d
8187
sont alors les moyens convenables pour provoquer
l’
étincelle, la détente, le drame du rejaillissement d’une image, d’une
8188
es moyens convenables pour provoquer l’étincelle,
la
détente, le drame du rejaillissement d’une image, d’une idée survenan
8189
nvenables pour provoquer l’étincelle, la détente,
le
drame du rejaillissement d’une image, d’une idée survenant, d’un prin
8190
tincelle, la détente, le drame du rejaillissement
d’
une image, d’une idée survenant, d’un principe ; le coup est parti, to
8191
détente, le drame du rejaillissement d’une image,
d’
une idée survenant, d’un principe ; le coup est parti, tout de suite,
8192
ejaillissement d’une image, d’une idée survenant,
d’
un principe ; le coup est parti, tout de suite, cela jaillit et puis,
8193
’une image, d’une idée survenant, d’un principe ;
le
coup est parti, tout de suite, cela jaillit et puis, parfois, cela to
8194
suite, cela jaillit et puis, parfois, cela touche
le
noir. De là mon « Tireur zen », mon zen… L’arc est toujours tendu. Eh
8195
la jaillit et puis, parfois, cela touche le noir.
De
là mon « Tireur zen », mon zen… L’arc est toujours tendu. Eh oui, bie
8196
ouche le noir. De là mon « Tireur zen », mon zen…
L’
arc est toujours tendu. Eh oui, bien sûr, pourquoi ne pas penser ici a
8197
oui, bien sûr, pourquoi ne pas penser ici au bios
d’
Héraclite, qui signifie Vie et Arc, vie qui appelle et produit, et arc
8198
Arc, vie qui appelle et produit, et arc qui donne
la
mort ? Mais il ajoute aussitôt que le silence est pour lui une vérit
8199
qui donne la mort ? Mais il ajoute aussitôt que
le
silence est pour lui une véritable volupté — pendant des heures, chaq
8200
c’est bien cette volupté qu’on pourrait qualifier
de
bouddhiste… Si j’avais pu revoir Kassner, l’hiver dernier, venant de
8201
fier de bouddhiste… Si j’avais pu revoir Kassner,
l’
hiver dernier, venant de lire son essai sur le zen et Rilke, je lui au
8202
’avais pu revoir Kassner, l’hiver dernier, venant
de
lire son essai sur le zen et Rilke, je lui aurais posé des questions
8203
er, l’hiver dernier, venant de lire son essai sur
le
zen et Rilke, je lui aurais posé des questions qu’il laisse à jamais
8204
mais sans réponse. Je lui aurais dit sans doute :
le
but du zen est de nous libérer du moi conscient, mais le sens dernier
8205
Je lui aurais dit sans doute : le but du zen est
de
nous libérer du moi conscient, mais le sens dernier de votre œuvre es
8206
du zen est de nous libérer du moi conscient, mais
le
sens dernier de votre œuvre est de libérer ce moi conscient (qui est
8207
us libérer du moi conscient, mais le sens dernier
de
votre œuvre est de libérer ce moi conscient (qui est la personne) du
8208
onscient, mais le sens dernier de votre œuvre est
de
libérer ce moi conscient (qui est la personne) du moi factice, du per
8209
re œuvre est de libérer ce moi conscient (qui est
la
personne) du moi factice, du personnage et de son masque, laissant al
8210
est la personne) du moi factice, du personnage et
de
son masque, laissant alors paraître le visage. Entre les deux « abîme
8211
sonnage et de son masque, laissant alors paraître
le
visage. Entre les deux « abîmes » du monde magique, qui est le monde
8212
masque, laissant alors paraître le visage. Entre
les
deux « abîmes » du monde magique, qui est le monde sans mesure d’avan
8213
tre les deux « abîmes » du monde magique, qui est
le
monde sans mesure d’avant le drame, d’avant l’idée et la Parole — et
8214
» du monde magique, qui est le monde sans mesure
d’
avant le drame, d’avant l’idée et la Parole — et du monde collectif, q
8215
nde magique, qui est le monde sans mesure d’avant
le
drame, d’avant l’idée et la Parole — et du monde collectif, qui est s
8216
e, qui est le monde sans mesure d’avant le drame,
d’
avant l’idée et la Parole — et du monde collectif, qui est sa contrepa
8217
st le monde sans mesure d’avant le drame, d’avant
l’
idée et la Parole — et du monde collectif, qui est sa contrepartie pla
8218
e sans mesure d’avant le drame, d’avant l’idée et
la
Parole — et du monde collectif, qui est sa contrepartie plate et abst
8219
ouvent « magie à rebours », vous nous avez montré
la
voie de la personne, le passage vers l’esprit et vers la liberté, qui
8220
magie à rebours », vous nous avez montré la voie
de
la personne, le passage vers l’esprit et vers la liberté, qui est sou
8221
gie à rebours », vous nous avez montré la voie de
la
personne, le passage vers l’esprit et vers la liberté, qui est souffr
8222
», vous nous avez montré la voie de la personne,
le
passage vers l’esprit et vers la liberté, qui est souffrance et visio
8223
ez montré la voie de la personne, le passage vers
l’
esprit et vers la liberté, qui est souffrance et vision, tension et sa
8224
de la personne, le passage vers l’esprit et vers
la
liberté, qui est souffrance et vision, tension et sacrifice, incarnat
8225
ance et vision, tension et sacrifice, incarnation
de
la Parole dans l’histoire. Maintenant, comment passer de cette réalit
8226
e et vision, tension et sacrifice, incarnation de
la
Parole dans l’histoire. Maintenant, comment passer de cette réalité q
8227
nsion et sacrifice, incarnation de la Parole dans
l’
histoire. Maintenant, comment passer de cette réalité qui est liberté
8228
arole dans l’histoire. Maintenant, comment passer
de
cette réalité qui est liberté de la personne, à celle du zen qui est
8229
, comment passer de cette réalité qui est liberté
de
la personne, à celle du zen qui est négation du personnel ? Ou plutôt
8230
omment passer de cette réalité qui est liberté de
la
personne, à celle du zen qui est négation du personnel ? Ou plutôt, s
8231
ersonnel ? Ou plutôt, saurez-vous nous faire voir
l’
unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous, vous seul sans
8232
n’est plus là. Mais j’imagine que ses Propos, que
l’
on commence à publier, vont apporter des éléments sans prix pour le Gr
8233
ublier, vont apporter des éléments sans prix pour
le
Grand Œuvre de ce temps, la transmutation créatrice des valeurs de l’
8234
porter des éléments sans prix pour le Grand Œuvre
de
ce temps, la transmutation créatrice des valeurs de l’Orient et de l’
8235
éments sans prix pour le Grand Œuvre de ce temps,
la
transmutation créatrice des valeurs de l’Orient et de l’Occident. ⁂ J
8236
ce temps, la transmutation créatrice des valeurs
de
l’Orient et de l’Occident. ⁂ Je ne pouvais présenter Kassner à des le
8237
temps, la transmutation créatrice des valeurs de
l’
Orient et de l’Occident. ⁂ Je ne pouvais présenter Kassner à des lecte
8238
ransmutation créatrice des valeurs de l’Orient et
de
l’Occident. ⁂ Je ne pouvais présenter Kassner à des lecteurs dont la
8239
smutation créatrice des valeurs de l’Orient et de
l’
Occident. ⁂ Je ne pouvais présenter Kassner à des lecteurs dont la plu
8240
ésenter Kassner à des lecteurs dont la plupart ne
l’
ont pas lu, en suivant la méthode usuelle : car on ne le trouverait pa
8241
teurs dont la plupart ne l’ont pas lu, en suivant
la
méthode usuelle : car on ne le trouverait pas, on ne toucherait rien
8242
pas lu, en suivant la méthode usuelle : car on ne
le
trouverait pas, on ne toucherait rien de lui en partant de généralité
8243
ar on ne le trouverait pas, on ne toucherait rien
de
lui en partant de généralités. Il est par excellence l’auteur incompa
8244
rait pas, on ne toucherait rien de lui en partant
de
généralités. Il est par excellence l’auteur incomparable. Et de même,
8245
en partant de généralités. Il est par excellence
l’
auteur incomparable. Et de même, son œuvre défie toute espèce de catég
8246
parable. Et de même, son œuvre défie toute espèce
de
catégorie. Ni philosophe professionnel, ni romancier, ni dramaturge,
8247
r, ni dramaturge, ni poète, il demeure à mes yeux
le
type même du créateur au xxe siècle. En abordant cette œuvre diffici
8248
ficile et mal connue (surtout en France) par l’un
de
ses aspects les plus particuliers, j’entends par sa relation récemmen
8249
onnue (surtout en France) par l’un de ses aspects
les
plus particuliers, j’entends par sa relation récemment entrevue avec
8250
relation récemment entrevue avec ce qui semblait
le
plus éloigné d’elle, j’ai tenté d’épouser son style et son mouvement,
8251
ent entrevue avec ce qui semblait le plus éloigné
d’
elle, j’ai tenté d’épouser son style et son mouvement, essentiellement
8252
e qui semblait le plus éloigné d’elle, j’ai tenté
d’
épouser son style et son mouvement, essentiellement paradoxaux, dans l
8253
t son mouvement, essentiellement paradoxaux, dans
l’
espoir d’alerter quelques esprits, curieux d’une grandeur authentique.
8254
vement, essentiellement paradoxaux, dans l’espoir
d’
alerter quelques esprits, curieux d’une grandeur authentique. Je pensa
8255
dans l’espoir d’alerter quelques esprits, curieux
d’
une grandeur authentique. Je pensais à ce personnage du plus beau dial
8256
Je pensais à ce personnage du plus beau dialogue
de
Kassner93, l’oncle Hammond Sterne, de Bath, qui haïssait les boutons
8257
ce personnage du plus beau dialogue de Kassner93,
l’
oncle Hammond Sterne, de Bath, qui haïssait les boutons et n’admettait
8258
au dialogue de Kassner93, l’oncle Hammond Sterne,
de
Bath, qui haïssait les boutons et n’admettait au monde que les boucle
8259
93, l’oncle Hammond Sterne, de Bath, qui haïssait
les
boutons et n’admettait au monde que les boucles : Mon oncle s’agitai
8260
haïssait les boutons et n’admettait au monde que
les
boucles : Mon oncle s’agitait tout particulièrement et s’abandonnait
8261
’agitait tout particulièrement et s’abandonnait à
de
sombres pensées lorsqu’il lui arrivait de parler de quatre grands bou
8262
nnait à de sombres pensées lorsqu’il lui arrivait
de
parler de quatre grands boutons de nacre, fixés à l’habit d’un clown
8263
sombres pensées lorsqu’il lui arrivait de parler
de
quatre grands boutons de nacre, fixés à l’habit d’un clown célèbre de
8264
l lui arrivait de parler de quatre grands boutons
de
nacre, fixés à l’habit d’un clown célèbre de son temps, Big Button. L
8265
parler de quatre grands boutons de nacre, fixés à
l’
habit d’un clown célèbre de son temps, Big Button. Les pensées que ces
8266
e quatre grands boutons de nacre, fixés à l’habit
d’
un clown célèbre de son temps, Big Button. Les pensées que ces quatre
8267
tons de nacre, fixés à l’habit d’un clown célèbre
de
son temps, Big Button. Les pensées que ces quatre boutons éveillaient
8268
abit d’un clown célèbre de son temps, Big Button.
Les
pensées que ces quatre boutons éveillaient dans l’esprit de l’oncle H
8269
s pensées que ces quatre boutons éveillaient dans
l’
esprit de l’oncle Hammond étaient absolument originales et ne tarissai
8270
que ces quatre boutons éveillaient dans l’esprit
de
l’oncle Hammond étaient absolument originales et ne tarissaient pas.
8271
e ces quatre boutons éveillaient dans l’esprit de
l’
oncle Hammond étaient absolument originales et ne tarissaient pas. L’o
8272
ient absolument originales et ne tarissaient pas.
L’
oncle Hammond pouvait, à partir de ces boutons, penser dans toutes les
8273
vait, à partir de ces boutons, penser dans toutes
les
directions, jusqu’à Dieu ; il fallait donc considérer comme un grand
8274
érer comme un grand bonheur pour lui qu’il eût pu
les
voir. 80. Les Éléments de la grandeur humaine, NRF, 1931 ; Le Li
8275
bonheur pour lui qu’il eût pu les voir. 80.
Les
Éléments de la grandeur humaine, NRF, 1931 ; Le Livre du souvenir, St
8276
lui qu’il eût pu les voir. 80. Les Éléments
de
la grandeur humaine, NRF, 1931 ; Le Livre du souvenir, Stock, 1942 ;
8277
i qu’il eût pu les voir. 80. Les Éléments de
la
grandeur humaine, NRF, 1931 ; Le Livre du souvenir, Stock, 1942 ; Évo
8278
Les Éléments de la grandeur humaine, NRF, 1931 ;
Le
Livre du souvenir, Stock, 1942 ; Évocations et paraboles, Plon, 1956.
8279
1942 ; Évocations et paraboles, Plon, 1956. 81.
Les
Éléments de la grandeur humaine, traduction anonyme, que je crois due
8280
ions et paraboles, Plon, 1956. 81. Les Éléments
de
la grandeur humaine, traduction anonyme, que je crois due aux soins c
8281
s et paraboles, Plon, 1956. 81. Les Éléments de
la
grandeur humaine, traduction anonyme, que je crois due aux soins conj
8282
ion anonyme, que je crois due aux soins conjugués
de
Bernard Groethuysen et de Jean Paulhan. 82. « Je ne songe pas ici —
8283
due aux soins conjugués de Bernard Groethuysen et
de
Jean Paulhan. 82. « Je ne songe pas ici — écrit Kassner — au journal
8284
rit Kassner — au journaliste anonyme, mais bien à
l’
auteur qui écrit des drames, des romans, des systèmes. Ce journaliste-
8285
omans, des systèmes. Ce journaliste-là, préoccupé
d’
une immortalité tout à fait impossible, est indiscret, l’autre ne fait
8286
ue son devoir. » 83. Je viens de lire des propos
de
Kassner (recueillis par M. Kensik, Neue Zürcher Zeitung, 11 septembre
8287
Zeitung, 11 septembre 1958) sur sa propre manière
de
concevoir les visites : « Surtout, dit-il, pas de cérémonies. Pour l’
8288
eptembre 1958) sur sa propre manière de concevoir
les
visites : « Surtout, dit-il, pas de cérémonies. Pour l’amour du ciel,
8289
de concevoir les visites : « Surtout, dit-il, pas
de
cérémonies. Pour l’amour du ciel, pas de cérémonies ! » Il aime qu’on
8290
ites : « Surtout, dit-il, pas de cérémonies. Pour
l’
amour du ciel, pas de cérémonies ! » Il aime qu’on arrive et s’en aill
8291
-il, pas de cérémonies. Pour l’amour du ciel, pas
de
cérémonies ! » Il aime qu’on arrive et s’en aille à l’improviste, que
8292
me qu’on arrive et s’en aille à l’improviste, que
les
récits soient brefs — surtout pas d’analyses ! — les propos vifs, spo
8293
oviste, que les récits soient brefs — surtout pas
d’
analyses ! — les propos vifs, spontanés, sautant d’un objet ou d’un pa
8294
récits soient brefs — surtout pas d’analyses ! —
les
propos vifs, spontanés, sautant d’un objet ou d’un paradoxe à un autr
8295
’analyses ! — les propos vifs, spontanés, sautant
d’
un objet ou d’un paradoxe à un autre, et qu’on prenne congé sans étrei
8296
les propos vifs, spontanés, sautant d’un objet ou
d’
un paradoxe à un autre, et qu’on prenne congé sans étreintes, excuses,
8297
et mains palpées… Mais un cérémonial, tel que je
l’
entends, devrait permettre justement d’éviter ces « cérémonies » ; de
8298
tel que je l’entends, devrait permettre justement
d’
éviter ces « cérémonies » ; de saluer, de parler, d’écouter, et de s’e
8299
permettre justement d’éviter ces « cérémonies » ;
de
saluer, de parler, d’écouter, et de s’en aller sans bavures. 84. Kas
8300
ustement d’éviter ces « cérémonies » ; de saluer,
de
parler, d’écouter, et de s’en aller sans bavures. 84. Kassner s’obli
8301
éviter ces « cérémonies » ; de saluer, de parler,
d’
écouter, et de s’en aller sans bavures. 84. Kassner s’obligeait à mar
8302
érémonies » ; de saluer, de parler, d’écouter, et
de
s’en aller sans bavures. 84. Kassner s’obligeait à marcher sur ses c
8303
r ses cannes plusieurs heures par jour : « Depuis
le
temps de mon semestre à Berlin, en 1895, pendant plus d’un demi-siècl
8304
nes plusieurs heures par jour : « Depuis le temps
de
mon semestre à Berlin, en 1895, pendant plus d’un demi-siècle, j’ai m
8305
s de mon semestre à Berlin, en 1895, pendant plus
d’
un demi-siècle, j’ai marché trois heures par jour ou parfois plus… Si
8306
marché trois heures par jour ou parfois plus… Si
l’
on calculait cela en kilomètres, on obtiendrait un chiffre considérabl
8307
on obtiendrait un chiffre considérable. À défaut
d’
une autre gloire, n’est-ce pas, je garderai peut-être celle d’avoir ét
8308
gloire, n’est-ce pas, je garderai peut-être celle
d’
avoir été le plus grand promeneur de la littérature universelle, malgr
8309
t-ce pas, je garderai peut-être celle d’avoir été
le
plus grand promeneur de la littérature universelle, malgré mes cannes
8310
ut-être celle d’avoir été le plus grand promeneur
de
la littérature universelle, malgré mes cannes ou à cause d’elles. Ce
8311
être celle d’avoir été le plus grand promeneur de
la
littérature universelle, malgré mes cannes ou à cause d’elles. Ce qui
8312
érature universelle, malgré mes cannes ou à cause
d’
elles. Ce qui ne signifie pas grand-chose pour la littérature, mais be
8313
d’elles. Ce qui ne signifie pas grand-chose pour
la
littérature, mais beaucoup pour moi… Ma vision, ma pensée, sont liées
8314
coup pour moi… Ma vision, ma pensée, sont liées à
la
marche, au chemin. Inséparables !… » (A. Cl. Kensik : « Entretiens av
8315
zum achtzigsten Geburtstag, Zürich, 1953.) 85.
Le
Livre du souvenir, p. 161. 86. Recueilli dans Geistige Welten, Ullst
8316
in, 1958. 87. Ce parallèle est déjà indiqué dans
les
Propos recueillis par Kensik (Gedenkbuch, 1954) où je lis à propos de
8317
enkbuch, 1954) où je lis à propos de Kierkegaard,
de
son père, de sa fiancée, de sa mélancolie et de son angoisse : « De m
8318
) où je lis à propos de Kierkegaard, de son père,
de
sa fiancée, de sa mélancolie et de son angoisse : « De même qu’Hamlet
8319
ropos de Kierkegaard, de son père, de sa fiancée,
de
sa mélancolie et de son angoisse : « De même qu’Hamlet est une génial
8320
, de son père, de sa fiancée, de sa mélancolie et
de
son angoisse : « De même qu’Hamlet est une géniale conception de Shak
8321
: « De même qu’Hamlet est une géniale conception
de
Shakespeare, on pourrait appeler Kierkegaard une géniale conception d
8322
urrait appeler Kierkegaard une géniale conception
de
Dieu… ou bien devrait-on le nommer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme,
8323
ne géniale conception de Dieu… ou bien devrait-on
le
nommer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée de foi ?…
8324
conception de Dieu… ou bien devrait-on le nommer
l’
Hamlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée de foi ?… » Je déve
8325
on de Dieu… ou bien devrait-on le nommer l’Hamlet
de
l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée de foi ?… » Je développais c
8326
de Dieu… ou bien devrait-on le nommer l’Hamlet de
l’
idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée de foi ?… » Je développais cett
8327
it-on le nommer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme,
l’
Hamlet de l’idée de foi ?… » Je développais cette même idée dans mon e
8328
nommer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet
de
l’idée de foi ?… » Je développais cette même idée dans mon essai sur
8329
mer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de
l’
idée de foi ?… » Je développais cette même idée dans mon essai sur Kie
8330
amlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée
de
foi ?… » Je développais cette même idée dans mon essai sur Kierkegaar
8331
2 et suiv.) 88. Il serait absolument insuffisant
de
traduire Einbildungskraft par imagination : chez Kassner, il s’agit d
8332
gskraft par imagination : chez Kassner, il s’agit
d’
une force, de la vraie force créatrice, de l’acte même qui relie l’hom
8333
magination : chez Kassner, il s’agit d’une force,
de
la vraie force créatrice, de l’acte même qui relie l’homme à sa visio
8334
ination : chez Kassner, il s’agit d’une force, de
la
vraie force créatrice, de l’acte même qui relie l’homme à sa vision,
8335
s’agit d’une force, de la vraie force créatrice,
de
l’acte même qui relie l’homme à sa vision, à l’infini ; donc du « pou
8336
agit d’une force, de la vraie force créatrice, de
l’
acte même qui relie l’homme à sa vision, à l’infini ; donc du « pouvoi
8337
a vraie force créatrice, de l’acte même qui relie
l’
homme à sa vision, à l’infini ; donc du « pouvoir de transformer » par
8338
, de l’acte même qui relie l’homme à sa vision, à
l’
infini ; donc du « pouvoir de transformer » par excellence. C’est elle
8339
homme à sa vision, à l’infini ; donc du « pouvoir
de
transformer » par excellence. C’est elle qui nous permet de passer du
8340
rmer » par excellence. C’est elle qui nous permet
de
passer du monde magico-mythique à celui de la personne et de la liber
8341
permet de passer du monde magico-mythique à celui
de
la personne et de la liberté. 89. C’est là qu’on trouvera la scène d
8342
met de passer du monde magico-mythique à celui de
la
personne et de la liberté. 89. C’est là qu’on trouvera la scène du M
8343
u monde magico-mythique à celui de la personne et
de
la liberté. 89. C’est là qu’on trouvera la scène du Maître qui tire,
8344
onde magico-mythique à celui de la personne et de
la
liberté. 89. C’est là qu’on trouvera la scène du Maître qui tire, da
8345
ne et de la liberté. 89. C’est là qu’on trouvera
la
scène du Maître qui tire, dans l’obscurité, une première flèche au ce
8346
qu’on trouvera la scène du Maître qui tire, dans
l’
obscurité, une première flèche au centre de la cible, puis une seconde
8347
, dans l’obscurité, une première flèche au centre
de
la cible, puis une seconde qui perce la première. Il dit ensuite : «
8348
ans l’obscurité, une première flèche au centre de
la
cible, puis une seconde qui perce la première. Il dit ensuite : « Que
8349
dit ensuite : « Quelque chose » a tiré et touché
le
but. Inclinons-nous devant le but comme devant Bouddha. » 90. « Aus
8350
» a tiré et touché le but. Inclinons-nous devant
le
but comme devant Bouddha. » 90. « Aus den Sätzen des Ioghi », publié
8351
» 90. « Aus den Sätzen des Ioghi », publiés dans
le
recueil intitulé Umgang der Jahre (Commerce des Ans), E. Rentsch, Zür
8352
Ans), E. Rentsch, Zürich, 1949. Une bonne partie
de
ces proverbes étaient écrits avant la guerre de 1914 et avaient paru
8353
onne partie de ces proverbes étaient écrits avant
la
guerre de 1914 et avaient paru en revue. Je rappelle que Kassner n’a
8354
e de ces proverbes étaient écrits avant la guerre
de
1914 et avaient paru en revue. Je rappelle que Kassner n’a découvert
8355
u en revue. Je rappelle que Kassner n’a découvert
le
zen qu’à partir de 1954 ! 91. Traduction française par Geneviève Bia
8356
1956. 92. Kassner joue à plusieurs reprises sur
les
mots Alleinheit (état d’isolement de l’homme spirituel, de l’Individu
8357
plusieurs reprises sur les mots Alleinheit (état
d’
isolement de l’homme spirituel, de l’Individu kierkegaardien) et All-E
8358
eprises sur les mots Alleinheit (état d’isolement
de
l’homme spirituel, de l’Individu kierkegaardien) et All-Einheit (unit
8359
ises sur les mots Alleinheit (état d’isolement de
l’
homme spirituel, de l’Individu kierkegaardien) et All-Einheit (unité t
8360
lleinheit (état d’isolement de l’homme spirituel,
de
l’Individu kierkegaardien) et All-Einheit (unité tout-embrassante).
8361
inheit (état d’isolement de l’homme spirituel, de
l’
Individu kierkegaardien) et All-Einheit (unité tout-embrassante). 93.
8362
) et All-Einheit (unité tout-embrassante). 93. «
La
chimère » dans Les Éléments de la grandeur humaine.
8363
unité tout-embrassante). 93. « La chimère » dans
Les
Éléments de la grandeur humaine.
8364
brassante). 93. « La chimère » dans Les Éléments
de
la grandeur humaine.
8365
ssante). 93. « La chimère » dans Les Éléments de
la
grandeur humaine.
8366
La
personne, l’ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient Un di
8367
La personne,
l’
ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient Un dialogue mal en
8368
La personne, l’ange et
l’
absolu ou Le dialogue Occident-Orient Un dialogue mal engagé L’
8369
La personne, l’ange et l’absolu ou
Le
dialogue Occident-Orient Un dialogue mal engagé L’Occident déc
8370
gue Occident-Orient Un dialogue mal engagé
L’
Occident découvre le zen au moment où les couvents zen se vident au Ja
8371
Un dialogue mal engagé L’Occident découvre
le
zen au moment où les couvents zen se vident au Japon. (Mais il y a be
8372
engagé L’Occident découvre le zen au moment où
les
couvents zen se vident au Japon. (Mais il y a beaucoup plus de chréti
8373
en se vident au Japon. (Mais il y a beaucoup plus
de
chrétiens japonais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occ
8374
is il y a beaucoup plus de chrétiens japonais que
de
sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre la sagesse
8375
nais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.)
L’
Occident découvre la sagesse hindoue, grâce aux présentations quelque
8376
rs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident découvre
la
sagesse hindoue, grâce aux présentations quelque peu christianisées q
8377
ntations quelque peu christianisées qu’en donnent
les
successeurs de Ramakrishna ; mais déjà l’intelligentzia de l’Inde se
8378
peu christianisées qu’en donnent les successeurs
de
Ramakrishna ; mais déjà l’intelligentzia de l’Inde se préoccupe des p
8379
onnent les successeurs de Ramakrishna ; mais déjà
l’
intelligentzia de l’Inde se préoccupe des problèmes qui lui sont impos
8380
seurs de Ramakrishna ; mais déjà l’intelligentzia
de
l’Inde se préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par la techniq
8381
rs de Ramakrishna ; mais déjà l’intelligentzia de
l’
Inde se préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par la technique
8382
préoccupe des problèmes qui lui sont imposés par
la
technique et par l’hygiène occidentale, et cherche à les résoudre à l
8383
èmes qui lui sont imposés par la technique et par
l’
hygiène occidentale, et cherche à les résoudre à l’aide d’un socialism
8384
hnique et par l’hygiène occidentale, et cherche à
les
résoudre à l’aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occi
8385
’hygiène occidentale, et cherche à les résoudre à
l’
aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occident découvre
8386
e occidentale, et cherche à les résoudre à l’aide
d’
un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occident découvre Zoroast
8387
aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara.
L’
Occident découvre Zoroastre à la suite de Nietzsche, et publie les gra
8388
uvre Zoroastre à la suite de Nietzsche, et publie
les
grands textes des mystiques soufis, mais l’Iran, l’Arabie sont en ple
8389
blie les grands textes des mystiques soufis, mais
l’
Iran, l’Arabie sont en pleine crise d’adaptation à l’habitus capitalis
8390
grands textes des mystiques soufis, mais l’Iran,
l’
Arabie sont en pleine crise d’adaptation à l’habitus capitaliste. L’Oc
8391
oufis, mais l’Iran, l’Arabie sont en pleine crise
d’
adaptation à l’habitus capitaliste. L’Occident découvre et publie le H
8392
ran, l’Arabie sont en pleine crise d’adaptation à
l’
habitus capitaliste. L’Occident découvre et publie le Hi-King, tandis
8393
leine crise d’adaptation à l’habitus capitaliste.
L’
Occident découvre et publie le Hi-King, tandis que la Chine s’industri
8394
abitus capitaliste. L’Occident découvre et publie
le
Hi-King, tandis que la Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme
8395
ccident découvre et publie le Hi-King, tandis que
la
Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandar
8396
notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin,
l’
Occident n’a pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie
8397
nat. Enfin, l’Occident n’a pas plus tôt découvert
l’
art nègre, les masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se préc
8398
’Occident n’a pas plus tôt découvert l’art nègre,
les
masques, la magie, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le
8399
pas plus tôt découvert l’art nègre, les masques,
la
magie, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le nationalisme
8400
tôt découvert l’art nègre, les masques, la magie,
le
jazz, que l’Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux
8401
l’art nègre, les masques, la magie, le jazz, que
l’
Afrique noire se précipite dans le nationalisme, les jeux parlementair
8402
e, le jazz, que l’Afrique noire se précipite dans
le
nationalisme, les jeux parlementaires, et l’exploitation par elle-mêm
8403
’Afrique noire se précipite dans le nationalisme,
les
jeux parlementaires, et l’exploitation par elle-même de ses ressource
8404
dans le nationalisme, les jeux parlementaires, et
l’
exploitation par elle-même de ses ressources matérielles. Ce que nous
8405
x parlementaires, et l’exploitation par elle-même
de
ses ressources matérielles. Ce que nous découvrons avec passion dans
8406
rielles. Ce que nous découvrons avec passion dans
le
tiers-monde, ce n’est pas ce dont il vivait, c’est ce qui manquait à
8407
s ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que
le
tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses pr
8408
tuels en même temps que leur misère, qui en était
la
rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernemen
8409
n. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés
de
gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions spirituelle
8410
s de gouvernement et nos techniques, mais non pas
les
tensions spirituelles qui en étaient le moteur secret. Ce qui était p
8411
non pas les tensions spirituelles qui en étaient
le
moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes d’innombrables pous
8412
moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes
d’
innombrables poussées et résistances, malaisément équilibrées mais len
8413
lectuels et spirituels ? Presque rien, sinon dire
l’
essentiel, qui n’agira guère sur l’histoire dans son devenir immédiat,
8414
en, sinon dire l’essentiel, qui n’agira guère sur
l’
histoire dans son devenir immédiat, mais peut orienter la conscience d
8415
ire dans son devenir immédiat, mais peut orienter
la
conscience de quelques-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel
8416
evenir immédiat, mais peut orienter la conscience
de
quelques-uns de ceux qui la feront demain. L’essentiel du dialogue né
8417
mais peut orienter la conscience de quelques-uns
de
ceux qui la feront demain. L’essentiel du dialogue nécessaire et déso
8418
rienter la conscience de quelques-uns de ceux qui
la
feront demain. L’essentiel du dialogue nécessaire et désormais inévit
8419
nce de quelques-uns de ceux qui la feront demain.
L’
essentiel du dialogue nécessaire et désormais inévitable, pour mal eng
8420
inévitable, pour mal engagé qu’il soit, porte sur
l’
homme et sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie le moi, qui est
8421
e sur l’homme et sa définition. S’il est vrai que
l’
Orient nie le moi, qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doi
8422
et sa définition. S’il est vrai que l’Orient nie
le
moi, qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doit en résulter
8423
ient nie le moi, qui est une valeur centrale pour
l’
Occident, il doit en résulter d’infinies conséquences dans tous les do
8424
eur centrale pour l’Occident, il doit en résulter
d’
infinies conséquences dans tous les domaines du réel, du spirituel au
8425
oit en résulter d’infinies conséquences dans tous
les
domaines du réel, du spirituel au politique ; mais dans quelle mesure
8426
; mais dans quelle mesure est-ce vrai ? Quel est
le
moi qui s’affirme d’une part, et quel est le moi qu’on nie de l’autre
8427
est le moi qui s’affirme d’une part, et quel est
le
moi qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ? La personne Le
8428
’affirme d’une part, et quel est le moi qu’on nie
de
l’autre ? Est-ce bien le même ? La personne Le christianisme a
8429
uel est le moi qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien
le
même ? La personne Le christianisme a formé l’Occident, en form
8430
i qu’on nie de l’autre ? Est-ce bien le même ?
La
personne Le christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les
8431
l’autre ? Est-ce bien le même ? La personne
Le
christianisme a formé l’Occident, en formant, dès les premiers concil
8432
même ? La personne Le christianisme a formé
l’
Occident, en formant, dès les premiers conciles, ses modèles de pensée
8433
n formant, dès les premiers conciles, ses modèles
de
pensée en tension : Incarnation, Personnes divines à la fois distinct
8434
ersonnes divines à la fois distinctes et reliées.
D’
où la définition de la personne humaine ou du vrai moi, reprise et pré
8435
nes divines à la fois distinctes et reliées. D’où
la
définition de la personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée
8436
la fois distinctes et reliées. D’où la définition
de
la personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes le
8437
fois distinctes et reliées. D’où la définition de
la
personne humaine ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes les g
8438
ne ou du vrai moi, reprise et précisée par toutes
les
grandes époques de la théologie et de la philosophie, et toujours opp
8439
eprise et précisée par toutes les grandes époques
de
la théologie et de la philosophie, et toujours opposée à l’homme natu
8440
ise et précisée par toutes les grandes époques de
la
théologie et de la philosophie, et toujours opposée à l’homme naturel
8441
par toutes les grandes époques de la théologie et
de
la philosophie, et toujours opposée à l’homme naturel, animal plus ou
8442
toutes les grandes époques de la théologie et de
la
philosophie, et toujours opposée à l’homme naturel, animal plus ou mo
8443
logie et de la philosophie, et toujours opposée à
l’
homme naturel, animal plus ou moins raisonnable et simple exemplaire d
8444
al plus ou moins raisonnable et simple exemplaire
de
l’espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’homme nouveau, « appelé
8445
plus ou moins raisonnable et simple exemplaire de
l’
espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est l’homme nouveau, « appelé » p
8446
t simple exemplaire de l’espèce. Pour saint Paul,
le
vrai moi est l’homme nouveau, « appelé » par un Dieu personnel, donc
8447
ire de l’espèce. Pour saint Paul, le vrai moi est
l’
homme nouveau, « appelé » par un Dieu personnel, donc créé par une voc
8448
nc créé par une vocation, et il ne tombe pas sous
le
sens comme le « vieil homme », puisque sa vie « nouvelle » est à la f
8449
e vocation, et il ne tombe pas sous le sens comme
le
« vieil homme », puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans le mo
8450
», puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans
le
monde et hors du monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et
8451
manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec
le
Christ en Dieu ». (Colossiens, III, 3.) Dès les Pères grecs et le lat
8452
ec le Christ en Dieu ». (Colossiens, III, 3.) Dès
les
Pères grecs et le latin Boèce, à travers Jean Scot Erigène, jusqu’à R
8453
u ». (Colossiens, III, 3.) Dès les Pères grecs et
le
latin Boèce, à travers Jean Scot Erigène, jusqu’à Richard de Saint-Vi
8454
igène, jusqu’à Richard de Saint-Victor, puis dans
le
thomisme, on peut suivre l’évolution du concept et du terme de person
8455
int-Victor, puis dans le thomisme, on peut suivre
l’
évolution du concept et du terme de personne, forgé par la doctrine tr
8456
on peut suivre l’évolution du concept et du terme
de
personne, forgé par la doctrine trinitaire : il s’appliquera de mieux
8457
ion du concept et du terme de personne, forgé par
la
doctrine trinitaire : il s’appliquera de mieux en mieux à l’homme nou
8458
orgé par la doctrine trinitaire : il s’appliquera
de
mieux en mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit d
8459
trinitaire : il s’appliquera de mieux en mieux à
l’
homme nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit dans l’individu natur
8460
appliquera de mieux en mieux à l’homme nouveau, à
l’
ens sibi suscité par l’esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes,
8461
mieux à l’homme nouveau, à l’ens sibi suscité par
l’
esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi, c’est « l
8462
e nouveau, à l’ens sibi suscité par l’esprit dans
l’
individu naturel. Pour Descartes, le vrai moi, c’est « l’âme », mais i
8463
l’esprit dans l’individu naturel. Pour Descartes,
le
vrai moi, c’est « l’âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuel
8464
idu naturel. Pour Descartes, le vrai moi, c’est «
l’
âme », mais il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont « la nature
8465
tes, le vrai moi, c’est « l’âme », mais il s’agit
d’
une âme tout intellectuelle, dont « la nature n’est que de penser » et
8466
s il s’agit d’une âme tout intellectuelle, dont «
la
nature n’est que de penser » et qui reste entièrement distincte du co
8467
e tout intellectuelle, dont « la nature n’est que
de
penser » et qui reste entièrement distincte du corps. Avec Kant, le v
8468
reste entièrement distincte du corps. Avec Kant,
le
vrai moi, nouménal, s’oppose au moi phénoménal, et reprend le nom de
8469
nouménal, s’oppose au moi phénoménal, et reprend
le
nom de personne. Chez Renouvier, la personne apparaît comme « fonctio
8470
al, s’oppose au moi phénoménal, et reprend le nom
de
personne. Chez Renouvier, la personne apparaît comme « fonction à plu
8471
l, et reprend le nom de personne. Chez Renouvier,
la
personne apparaît comme « fonction à plusieurs variables », par là do
8472
« fonction à plusieurs variables », par là douée
d’
une liberté que n’aura jamais l’individu, simple objet du déterminisme
8473
s », par là douée d’une liberté que n’aura jamais
l’
individu, simple objet du déterminisme universel. Et quant à la scienc
8474
imple objet du déterminisme universel. Et quant à
la
science d’aujourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le Moi
8475
du déterminisme universel. Et quant à la science
d’
aujourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde le Moi que pour le
8476
jourd’hui, dont on a pu penser « qu’elle n’aborde
le
Moi que pour le disjoindre »94 il me semble plutôt qu’elle élague le
8477
on a pu penser « qu’elle n’aborde le Moi que pour
le
disjoindre »94 il me semble plutôt qu’elle élague le vrai moi, qu’ell
8478
disjoindre »94 il me semble plutôt qu’elle élague
le
vrai moi, qu’elle en disjoint ce qui appartient en propre au collecti
8479
isjoint ce qui appartient en propre au collectif (
l’
inconscient, le surmoi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité,
8480
appartient en propre au collectif (l’inconscient,
le
surmoi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité, l’équilibre end
8481
en propre au collectif (l’inconscient, le surmoi,
les
archétypes) ou au biologique (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), e
8482
ent, le surmoi, les archétypes) ou au biologique (
l’
hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus di
8483
oi, les archétypes) ou au biologique (l’hérédité,
l’
équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus distinct, dans
8484
ue (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous
le
montre d’autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisante
8485
dité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre
d’
autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisante, dans son
8486
fonction centrale, totalisante, dans son pouvoir
d’
intégration de l’être. Loin de dissocier le moi, les recherches psycho
8487
rale, totalisante, dans son pouvoir d’intégration
de
l’être. Loin de dissocier le moi, les recherches psychologiques du xx
8488
e, totalisante, dans son pouvoir d’intégration de
l’
être. Loin de dissocier le moi, les recherches psychologiques du xxe
8489
ouvoir d’intégration de l’être. Loin de dissocier
le
moi, les recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncen
8490
’intégration de l’être. Loin de dissocier le moi,
les
recherches psychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent les for
8491
sychologiques du xxe siècle nomment et dénoncent
les
forces qui tendent à le dissocier, les névroses qui l’assiègent de to
8492
cle nomment et dénoncent les forces qui tendent à
le
dissocier, les névroses qui l’assiègent de toutes parts, et retrouven
8493
dénoncent les forces qui tendent à le dissocier,
les
névroses qui l’assiègent de toutes parts, et retrouvent par le détour
8494
rces qui tendent à le dissocier, les névroses qui
l’
assiègent de toutes parts, et retrouvent par le détour de leurs descri
8495
ui l’assiègent de toutes parts, et retrouvent par
le
détour de leurs descriptions « objectives » l’opposition paulinienne
8496
gent de toutes parts, et retrouvent par le détour
de
leurs descriptions « objectives » l’opposition paulinienne des « deux
8497
ar le détour de leurs descriptions « objectives »
l’
opposition paulinienne des « deux hommes en moi » : le naturel tyranni
8498
position paulinienne des « deux hommes en moi » :
le
naturel tyrannisant (et tyrannisé par la loi) et le spirituel libérat
8499
moi » : le naturel tyrannisant (et tyrannisé par
la
loi) et le spirituel libérateur. S’il est vrai que le langage courant
8500
naturel tyrannisant (et tyrannisé par la loi) et
le
spirituel libérateur. S’il est vrai que le langage courant confond sa
8501
oi) et le spirituel libérateur. S’il est vrai que
le
langage courant confond sans l’ombre d’un scrupule la personne et tou
8502
S’il est vrai que le langage courant confond sans
l’
ombre d’un scrupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’indiv
8503
vrai que le langage courant confond sans l’ombre
d’
un scrupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’individu, la
8504
angage courant confond sans l’ombre d’un scrupule
la
personne et tout ce qu’elle n’est pas — l’individu, la persona, la «
8505
rupule la personne et tout ce qu’elle n’est pas —
l’
individu, la persona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’i
8506
rsonne et tout ce qu’elle n’est pas — l’individu,
la
persona, la « forte individualité », l’âme sensitive, l’intellect, l’
8507
ut ce qu’elle n’est pas — l’individu, la persona,
la
« forte individualité », l’âme sensitive, l’intellect, l’élémentaire
8508
individu, la persona, la « forte individualité »,
l’
âme sensitive, l’intellect, l’élémentaire et souvent si trompeuse cons
8509
ona, la « forte individualité », l’âme sensitive,
l’
intellect, l’élémentaire et souvent si trompeuse conscience de soi — r
8510
te individualité », l’âme sensitive, l’intellect,
l’
élémentaire et souvent si trompeuse conscience de soi — reste que la c
8511
l’élémentaire et souvent si trompeuse conscience
de
soi — reste que la croyance au moi distinct et le recours à la « vale
8512
ouvent si trompeuse conscience de soi — reste que
la
croyance au moi distinct et le recours à la « valeur absolue de la pe
8513
de soi — reste que la croyance au moi distinct et
le
recours à la « valeur absolue de la personne » sont à peu près univer
8514
e que la croyance au moi distinct et le recours à
la
« valeur absolue de la personne » sont à peu près universels en Occid
8515
moi distinct et le recours à la « valeur absolue
de
la personne » sont à peu près universels en Occident. Comme l’atteste
8516
i distinct et le recours à la « valeur absolue de
la
personne » sont à peu près universels en Occident. Comme l’attestent
8517
e » sont à peu près universels en Occident. Comme
l’
attestent tant de notions considérées comme allant de soi — et tant de
8518
ttestent tant de notions considérées comme allant
de
soi — et tant de réalités « bien vues » à l’Ouest, mais que l’Est se
8519
lant de soi — et tant de réalités « bien vues » à
l’
Ouest, mais que l’Est se devait d’ignorer, voire de condamner, telles
8520
ant de réalités « bien vues » à l’Ouest, mais que
l’
Est se devait d’ignorer, voire de condamner, telles que l’originalité,
8521
« bien vues » à l’Ouest, mais que l’Est se devait
d’
ignorer, voire de condamner, telles que l’originalité, les droits de l
8522
’Ouest, mais que l’Est se devait d’ignorer, voire
de
condamner, telles que l’originalité, les droits de l’homme, le record
8523
devait d’ignorer, voire de condamner, telles que
l’
originalité, les droits de l’homme, le record, la gloire personnelle,
8524
er, voire de condamner, telles que l’originalité,
les
droits de l’homme, le record, la gloire personnelle, la biographie et
8525
telles que l’originalité, les droits de l’homme,
le
record, la gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prièr
8526
l’originalité, les droits de l’homme, le record,
la
gloire personnelle, la biographie et le portrait, la prière pour un t
8527
its de l’homme, le record, la gloire personnelle,
la
biographie et le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les m
8528
e record, la gloire personnelle, la biographie et
le
portrait, la prière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’att
8529
gloire personnelle, la biographie et le portrait,
la
prière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme l’attestent non mo
8530
le portrait, la prière pour un tel vivant ou pour
les
morts… Comme l’attestent non moins la mauvaise réputation que nous fa
8531
rière pour un tel vivant ou pour les morts… Comme
l’
attestent non moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’anonym
8532
nt ou pour les morts… Comme l’attestent non moins
la
mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par
8533
n moins la mauvaise réputation que nous faisons à
l’
anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de
8534
mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme,
la
condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité
8535
mnation par nos critiques du style impersonnel ou
de
la banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diat
8536
tion par nos critiques du style impersonnel ou de
la
banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatrib
8537
critiques du style impersonnel ou de la banalité,
la
dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes
8538
le impersonnel ou de la banalité, la dénonciation
de
l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénat
8539
impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de
l’
on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénation
8540
, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et
les
diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme l’atteste enfin not
8541
os philosophes, et les diatribes marxistes contre
l’
aliénation. Et comme l’atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi
8542
diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme
l’
atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi j’entends venir plus l
8543
aliénation. Et comme l’atteste enfin notre notion
de
l’amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ange Quelle est
8544
énation. Et comme l’atteste enfin notre notion de
l’
amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ange Quelle est cet
8545
e l’amour, — à quoi j’entends venir plus loin.
L’
ange Quelle est cette part de la personne dès maintenant libérée du
8546
nir plus loin. L’ange Quelle est cette part
de
la personne dès maintenant libérée du monde où elle vit encore en exi
8547
plus loin. L’ange Quelle est cette part de
la
personne dès maintenant libérée du monde où elle vit encore en exil,
8548
héritière du Royaume », dès maintenant « portant
l’
image céleste », « glorifiée », « revêtue » de lumière, d’incorruptibi
8549
ant l’image céleste », « glorifiée », « revêtue »
de
lumière, d’incorruptibilité et d’immortalité ; dès maintenant donc «
8550
céleste », « glorifiée », « revêtue » de lumière,
d’
incorruptibilité et d’immortalité ; dès maintenant donc « ressuscitée
8551
», « revêtue » de lumière, d’incorruptibilité et
d’
immortalité ; dès maintenant donc « ressuscitée avec le Christ », bien
8552
ortalité ; dès maintenant donc « ressuscitée avec
le
Christ », bien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènem
8553
suscitée avec le Christ », bien que « cachée avec
le
Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répon
8554
ien que « cachée avec le Christ en Dieu » jusqu’à
l’
avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’I
8555
chée avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement
de
l’Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdé
8556
e avec le Christ en Dieu » jusqu’à l’avènement de
l’
Amour ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéism
8557
en Dieu » jusqu’à l’avènement de l’Amour ? C’est
l’
Ange, répond l’Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des mystiqu
8558
u’à l’avènement de l’Amour ? C’est l’Ange, répond
l’
Iran des spirituels, l’Iran du mazdéisme et des mystiques soufis, proc
8559
our ? C’est l’Ange, répond l’Iran des spirituels,
l’
Iran du mazdéisme et des mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté
8560
n du mazdéisme et des mystiques soufis, proche de
l’
Inde mais enté sur le tronc abrahamique, d’où sont issus les Juifs, le
8561
mystiques soufis, proche de l’Inde mais enté sur
le
tronc abrahamique, d’où sont issus les Juifs, les chrétiens, et l’isl
8562
che de l’Inde mais enté sur le tronc abrahamique,
d’
où sont issus les Juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange
8563
is enté sur le tronc abrahamique, d’où sont issus
les
Juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psycholo
8564
le tronc abrahamique, d’où sont issus les Juifs,
les
chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une
8565
que, d’où sont issus les Juifs, les chrétiens, et
l’
islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi
8566
les Juifs, les chrétiens, et l’islam. Que serait
l’
Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi individuel ou colle
8567
e projection du moi individuel ou collectif. Pour
les
sages de l’Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit
8568
on du moi individuel ou collectif. Pour les sages
de
l’Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 :
8569
du moi individuel ou collectif. Pour les sages de
l’
Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à l’islam, écrit en 1165 : «
8570
s de l’Iran, il est ce moi. Barakat, juif passé à
l’
islam, écrit en 1165 : « … pour chaque âme individuelle, ou peut-être
8571
finité, il y a un être spirituel qui tout au long
de
leur existence assume envers cette âme ou ce groupe d’âmes une sollic
8572
ur existence assume envers cette âme ou ce groupe
d’
âmes une sollicitude et une tendresse spéciales ; c’est lui qui les in
8573
citude et une tendresse spéciales ; c’est lui qui
les
initie à la connaissance, les protège, les guide, les défend, les réc
8574
tendresse spéciales ; c’est lui qui les initie à
la
connaissance, les protège, les guide, les défend, les réconforte, les
8575
les ; c’est lui qui les initie à la connaissance,
les
protège, les guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, e
8576
ui qui les initie à la connaissance, les protège,
les
guide, les défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet ê
8577
initie à la connaissance, les protège, les guide,
les
défend, les réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils
8578
connaissance, les protège, les guide, les défend,
les
réconforte, les fait triompher, et c’est cet être qu’ils appelaient N
8579
s protège, les guide, les défend, les réconforte,
les
fait triompher, et c’est cet être qu’ils appelaient Nature Parfaite.
8580
t être qu’ils appelaient Nature Parfaite. » C’est
le
vrai moi, c’est l’Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transm
8581
aient Nature Parfaite. » C’est le vrai moi, c’est
l’
Ange. « Il ne s’agit plus du simple messager transmettant les ordres,
8582
Il ne s’agit plus du simple messager transmettant
les
ordres, ni de l’idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « q
8583
us du simple messager transmettant les ordres, ni
de
l’idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme so
8584
du simple messager transmettant les ordres, ni de
l’
idée courante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous
8585
er transmettant les ordres, ni de l’idée courante
de
l’Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous laquelle chacun
8586
transmettant les ordres, ni de l’idée courante de
l’
Ange gardien », mais de ceci : « que la Forme sous laquelle chacun des
8587
, ni de l’idée courante de l’Ange gardien », mais
de
ceci : « que la Forme sous laquelle chacun des spirituels connaît Die
8588
ourante de l’Ange gardien », mais de ceci : « que
la
Forme sous laquelle chacun des spirituels connaît Dieu est aussi la f
8589
elle chacun des spirituels connaît Dieu est aussi
la
forme sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’elle est la forme sous
8590
onnaît Dieu est aussi la forme sous laquelle Dieu
le
connaît, parce qu’elle est la forme sous laquelle Dieu se révèle à so
8591
sous laquelle Dieu le connaît, parce qu’elle est
la
forme sous laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui… C’est la « part
8592
laquelle Dieu se révèle à soi-même en lui… C’est
la
« part allotie » à chaque Spirituel, son individualité absolue, le No
8593
» à chaque Spirituel, son individualité absolue,
le
Nom divin, investi en lui.95 » Ainsi donc, et selon les admirables co
8594
m divin, investi en lui.95 » Ainsi donc, et selon
les
admirables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de la mystique sou
8595
dmirables commentaires qu’Henry Corbin nous donne
de
la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas seulemen
8596
rables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de
la
mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas seulement c
8597
u’Henry Corbin nous donne de la mystique soufi, «
la
totalité de notre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous
8598
in nous donne de la mystique soufi, « la totalité
de
notre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous appelons pré
8599
idualité éternelle », notre « Nom divin », ce que
le
vieil Iran désignait comme Fravarti 96. » L’Ange des soufis n’évoque
8600
que le vieil Iran désignait comme Fravarti 96. »
L’
Ange des soufis n’évoque pas seulement cette part initiante de l’être
8601
oufis n’évoque pas seulement cette part initiante
de
l’être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon le christianisme, m
8602
is n’évoque pas seulement cette part initiante de
l’
être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon le christianisme, mais
8603
l’être renouvelé qui demeure cachée en Dieu selon
le
christianisme, mais encore, et d’une manière plus précise dans l’homo
8604
e en Dieu selon le christianisme, mais encore, et
d’
une manière plus précise dans l’homologie, ces entités célestes, fémin
8605
, mais encore, et d’une manière plus précise dans
l’
homologie, ces entités célestes, féminines, que la religion de Zarathu
8606
l’homologie, ces entités célestes, féminines, que
la
religion de Zarathustra nommait les Fravartis, « celles qui ont chois
8607
ces entités célestes, féminines, que la religion
de
Zarathustra nommait les Fravartis, « celles qui ont choisi » (c’est-à
8608
féminines, que la religion de Zarathustra nommait
les
Fravartis, « celles qui ont choisi » (c’est-à-dire choisi de combattr
8609
s, « celles qui ont choisi » (c’est-à-dire choisi
de
combattre pour venir en aide à Ohrmazd) et qui sont à la fois les arc
8610
ur venir en aide à Ohrmazd) et qui sont à la fois
les
archétypes célestes des êtres et leurs anges tutélaires. Il y a plus
8611
es et leurs anges tutélaires. Il y a plus : selon
le
mazdéisme « chaque entité physique ou morale, chaque être complet ou
8612
e ou morale, chaque être complet ou chaque groupe
d’
êtres appartenant au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Di
8613
let ou chaque groupe d’êtres appartenant au monde
de
Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sie
8614
nt au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd,
le
Dieu lumineux a lui-même la sienne97. La Terre physique et tous les ê
8615
Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même
la
sienne97. La Terre physique et tous les êtres qui l’habitent apparais
8616
Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la sienne97.
La
Terre physique et tous les êtres qui l’habitent apparaissent ainsi co
8617
a lui-même la sienne97. La Terre physique et tous
les
êtres qui l’habitent apparaissent ainsi comme la contrepartie visible
8618
sienne97. La Terre physique et tous les êtres qui
l’
habitent apparaissent ainsi comme la contrepartie visible du monde inv
8619
les êtres qui l’habitent apparaissent ainsi comme
la
contrepartie visible du monde invisible, mais premier, des archétypes
8620
du monde invisible, mais premier, des archétypes.
L’
événement majeur, la scène capitale du drame de la personne ainsi cons
8621
mais premier, des archétypes. L’événement majeur,
la
scène capitale du drame de la personne ainsi constituée se produit à
8622
s. L’événement majeur, la scène capitale du drame
de
la personne ainsi constituée se produit à l’aube de la troisième nuit
8623
L’événement majeur, la scène capitale du drame de
la
personne ainsi constituée se produit à l’aube de la troisième nuit qu
8624
rame de la personne ainsi constituée se produit à
l’
aube de la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencon
8625
la personne ainsi constituée se produit à l’aube
de
la troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de
8626
se produit à l’aube de la troisième nuit qui suit
la
mort terrestre : c’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à l
8627
troisième nuit qui suit la mort terrestre : c’est
la
rencontre de l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. D
8628
t qui suit la mort terrestre : c’est la rencontre
de
l’âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysag
8629
ui suit la mort terrestre : c’est la rencontre de
l’
âme avec son moi céleste à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage n
8630
’est la rencontre de l’âme avec son moi céleste à
l’
entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de la Lumière-de-Gloire
8631
à l’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé
de
la Lumière-de-Gloire restituant toutes choses et tous les êtres dans
8632
’entrée du pont Chinvat. Dans un paysage nimbé de
la
Lumière-de-Gloire restituant toutes choses et tous les êtres dans leu
8633
umière-de-Gloire restituant toutes choses et tous
les
êtres dans leur pureté paradisiaque, « dans un décor de montagnes fla
8634
es dans leur pureté paradisiaque, « dans un décor
de
montagnes flamboyant aux aurores, d’eaux célestes où croissent les pl
8635
ans un décor de montagnes flamboyant aux aurores,
d’
eaux célestes où croissent les plantes d’immortalité », au centre du m
8636
mboyant aux aurores, d’eaux célestes où croissent
les
plantes d’immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le mon
8637
aurores, d’eaux célestes où croissent les plantes
d’
immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des
8638
ortalité », au centre du monde spirituel (qui est
le
monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’élance, reliant un somm
8639
spirituel (qui est le monde réel des Archétypes),
le
pont Chinvat s’élance, reliant un sommet au monde des Lumières infini
8640
Lumières infinies. À son entrée, se dresse devant
l’
âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme d’une beauté resplendissant
8641
vant l’âme sa Dâenâ, son moi céleste, jeune femme
d’
une beauté resplendissante et qui lui dit : — Je suis toi-même ! Mais
8642
nte et qui lui dit : — Je suis toi-même ! Mais si
l’
homme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est
8643
ui dit : — Je suis toi-même ! Mais si l’homme sur
la
Terre a maltraité son moi, au lieu de la Fravarti, c’est une appariti
8644
omme sur la Terre a maltraité son moi, au lieu de
la
Fravarti, c’est une apparition monstrueuse et défigurée qui reflète s
8645
strueuse et défigurée qui reflète son état déchu.
La
« rencontre aurorale » avec le moi céleste figure donc une pesée des
8646
te son état déchu. La « rencontre aurorale » avec
le
moi céleste figure donc une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus
8647
ec le moi céleste figure donc une pesée des âmes.
Le
mazdéisme, comme plus tard les soufis, et comme le christianisme véri
8648
une pesée des âmes. Le mazdéisme, comme plus tard
les
soufis, et comme le christianisme véritable, ne demande pas d’abord c
8649
e mazdéisme, comme plus tard les soufis, et comme
le
christianisme véritable, ne demande pas d’abord ce qu’est l’homme, ma
8650
nisme véritable, ne demande pas d’abord ce qu’est
l’
homme, mais qui es-tu ? Toute réalité dernière est personnelle. Le vra
8651
i es-tu ? Toute réalité dernière est personnelle.
Le
vrai moi est Ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou la nég
8652
vrai moi est Ailleurs, mais son drame ici-bas.
L’
absolu, ou la négation du moi Les peuples des régions que l’Europe
8653
Ailleurs, mais son drame ici-bas. L’absolu, ou
la
négation du moi Les peuples des régions que l’Europe nomme Asie di
8654
me ici-bas. L’absolu, ou la négation du moi
Les
peuples des régions que l’Europe nomme Asie diffèrent bien plus entre
8655
la négation du moi Les peuples des régions que
l’
Europe nomme Asie diffèrent bien plus entre eux que les peuples de l’E
8656
rope nomme Asie diffèrent bien plus entre eux que
les
peuples de l’Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en co
8657
sie diffèrent bien plus entre eux que les peuples
de
l’Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun, c’est
8658
diffèrent bien plus entre eux que les peuples de
l’
Europe, mais s’il est une croyance qu’ils ont tous en commun, c’est la
8659
est une croyance qu’ils ont tous en commun, c’est
la
croyance à la métempsychose, à la transmigration des âmes. Or elle no
8660
ce qu’ils ont tous en commun, c’est la croyance à
la
métempsychose, à la transmigration des âmes. Or elle nous semble à pr
8661
n commun, c’est la croyance à la métempsychose, à
la
transmigration des âmes. Or elle nous semble à première vue impliquer
8662
nous semble à première vue impliquer comme allant
de
soi la croyance en un moi reconnaissable au travers de ses vies succe
8663
mble à première vue impliquer comme allant de soi
la
croyance en un moi reconnaissable au travers de ses vies successives.
8664
ssable au travers de ses vies successives. Car si
le
moi n’existe pas, qu’est-ce qui transmigre98 ? Mais ce moi, cet ego,
8665
cette entité distincte, voilà précisément ce que
les
doctrines de l’Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent d
8666
distincte, voilà précisément ce que les doctrines
de
l’Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent depuis des mil
8667
tincte, voilà précisément ce que les doctrines de
l’
Inde, ou nées en Inde comme le bouddhisme, dénoncent depuis des millén
8668
ue les doctrines de l’Inde, ou nées en Inde comme
le
bouddhisme, dénoncent depuis des millénaires comme l’illusion fondame
8669
ouddhisme, dénoncent depuis des millénaires comme
l’
illusion fondamentale. Il y aurait donc malentendu fondamental entre l
8670
le. Il y aurait donc malentendu fondamental entre
les
peuples et leurs sages, entre la religion des uns et la métaphysique
8671
ndamental entre les peuples et leurs sages, entre
la
religion des uns et la métaphysique des autres ? En fait, on ne voit
8672
ples et leurs sages, entre la religion des uns et
la
métaphysique des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de l’Asie
8673
métaphysique des autres ? En fait, on ne voit pas
les
Sages de l’Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre
8674
ue des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages
de
l’Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre, les cro
8675
des autres ? En fait, on ne voit pas les Sages de
l’
Asie dénoncer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre, les croyan
8676
cer sans relâche, comme on pourrait s’y attendre,
les
croyances populaires de leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre id
8677
n pourrait s’y attendre, les croyances populaires
de
leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’ils
8678
e leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée
de
la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu
8679
eurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de
la
personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai malentendu se
8680
la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi.
Le
vrai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous ? Entre cela
8681
s pensent que nous croyons lorsque nous affirmons
le
moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous
8682
réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en
le
niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représen
8683
premiers commentaires aux Vedas, il apparaît que
la
négation du moi porte d’abord contre le moi « phénoménal », c’est-à-d
8684
araît que la négation du moi porte d’abord contre
le
moi « phénoménal », c’est-à-dire contre l’homme naturel, exemplaire a
8685
contre le moi « phénoménal », c’est-à-dire contre
l’
homme naturel, exemplaire animal transitoire et « aveugle », enveloppe
8686
nsitoire et « aveugle », enveloppe obscurcissante
d’
une âme divine. Ainsi parlent tous les upanishads, et les premiers écr
8687
scurcissante d’une âme divine. Ainsi parlent tous
les
upanishads, et les premiers écrits canoniques du bouddhisme : il faut
8688
crits canoniques du bouddhisme : il faut éteindre
le
désir individuel, cause de l’erreur, des souffrances et de la mort, d
8689
sme : il faut éteindre le désir individuel, cause
de
l’erreur, des souffrances et de la mort, dissiper cet écran de matièr
8690
: il faut éteindre le désir individuel, cause de
l’
erreur, des souffrances et de la mort, dissiper cet écran de matière e
8691
individuel, cause de l’erreur, des souffrances et
de
la mort, dissiper cet écran de matière entre l’âme et la Réalité. On
8692
ividuel, cause de l’erreur, des souffrances et de
la
mort, dissiper cet écran de matière entre l’âme et la Réalité. On peu
8693
des souffrances et de la mort, dissiper cet écran
de
matière entre l’âme et la Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien i
8694
t de la mort, dissiper cet écran de matière entre
l’
âme et la Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de la même « m
8695
ort, dissiper cet écran de matière entre l’âme et
la
Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de la même « mort au mo
8696
la Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici
de
la même « mort au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses di
8697
Réalité. On peut penser qu’il s’agit bien ici de
la
même « mort au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses disci
8698
ci de la même « mort au monde et à soi-même » que
le
Christ exige de ses disciples, et qui est la condition de leur access
8699
mort au monde et à soi-même » que le Christ exige
de
ses disciples, et qui est la condition de leur accession à leur vrai
8700
que le Christ exige de ses disciples, et qui est
la
condition de leur accession à leur vrai moi spirituel, celui qui doit
8701
t exige de ses disciples, et qui est la condition
de
leur accession à leur vrai moi spirituel, celui qui doit ressusciter
8702
ivaïtes, en Inde, admettent une âme individuelle (
le
jîva) mais « obscurcie » par son union avec le corps. Elle doit tendr
8703
e (le jîva) mais « obscurcie » par son union avec
le
corps. Elle doit tendre à se libérer du phénomène individuel au lieu
8704
à se libérer du phénomène individuel au lieu que
l’
âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la ch
8705
mène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit
le
transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de mêm
8706
lieu que l’âme chrétienne doit le transfigurer, —
d’
où la « résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhism
8707
que l’âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où
la
« résurrection de la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme ori
8708
ne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection
de
la chair ». Il en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce q
8709
doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de
la
chair ». Il en va de même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que
8710
résurrection de la chair ». Il en va de même pour
le
bouddhisme originel. Qu’est-ce que l’homme ? Un ensemble transitoire
8711
e même pour le bouddhisme originel. Qu’est-ce que
l’
homme ? Un ensemble transitoire d’agrégats matériels et de formations
8712
. Qu’est-ce que l’homme ? Un ensemble transitoire
d’
agrégats matériels et de formations mentales en proie au désir égoïste
8713
? Un ensemble transitoire d’agrégats matériels et
de
formations mentales en proie au désir égoïste, qui naît de l’ignoranc
8714
ions mentales en proie au désir égoïste, qui naît
de
l’ignorance et qui entraîne fatalement les attachements à l’illusoire
8715
s mentales en proie au désir égoïste, qui naît de
l’
ignorance et qui entraîne fatalement les attachements à l’illusoire ;
8716
ui naît de l’ignorance et qui entraîne fatalement
les
attachements à l’illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et l
8717
nce et qui entraîne fatalement les attachements à
l’
illusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours
8718
raîne fatalement les attachements à l’illusoire ;
d’
où l’action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « I
8719
fatalement les attachements à l’illusoire ; d’où
l’
action, le devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconn
8720
t les attachements à l’illusoire ; d’où l’action,
le
devenir, la mort, et la roue des retours sans fin. « Inconnaissable e
8721
ements à l’illusoire ; d’où l’action, le devenir,
la
mort, et la roue des retours sans fin. « Inconnaissable est le commen
8722
llusoire ; d’où l’action, le devenir, la mort, et
la
roue des retours sans fin. « Inconnaissable est le commencement des ê
8723
a roue des retours sans fin. « Inconnaissable est
le
commencement des êtres enveloppés par l’ignorance, et que le désir co
8724
able est le commencement des êtres enveloppés par
l’
ignorance, et que le désir conduit à de criminelles renaissances. »99
8725
ment des êtres enveloppés par l’ignorance, et que
le
désir conduit à de criminelles renaissances. »99 Le but est donc « de
8726
loppés par l’ignorance, et que le désir conduit à
de
criminelles renaissances. »99 Le but est donc « de nous apprendre le
8727
désir conduit à de criminelles renaissances. »99
Le
but est donc « de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous
8728
e criminelles renaissances. »99 Le but est donc «
de
nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne in
8729
issances. »99 Le but est donc « de nous apprendre
le
moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddh
8730
»99 Le but est donc « de nous apprendre le moyen
de
ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddhisme tibé
8731
du continent, un interprète du zen fait écho : «
La
négation de l’Atman énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’
8732
t, un interprète du zen fait écho : « La négation
de
l’Atman énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman de l’e
8733
un interprète du zen fait écho : « La négation de
l’
Atman énoncée par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman de l’ego
8734
an énoncée par les premiers bouddhistes porte sur
l’
Atman de l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après
8735
ée par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman
de
l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’expér
8736
par les premiers bouddhistes porte sur l’Atman de
l’
ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’expérien
8737
istes porte sur l’Atman de l’ego relatif, non sur
l’
Atman de l’ego absolu, l’ego d’après l’expérience illuminante.101 » Ou
8738
rte sur l’Atman de l’ego relatif, non sur l’Atman
de
l’ego absolu, l’ego d’après l’expérience illuminante.101 » Ou dans le
8739
sur l’Atman de l’ego relatif, non sur l’Atman de
l’
ego absolu, l’ego d’après l’expérience illuminante.101 » Ou dans le sa
8740
e l’ego relatif, non sur l’Atman de l’ego absolu,
l’
ego d’après l’expérience illuminante.101 » Ou dans le sanscrit du Boud
8741
f, non sur l’Atman de l’ego absolu, l’ego d’après
l’
expérience illuminante.101 » Ou dans le sanscrit du Bouddha : Sabbe s
8742
go d’après l’expérience illuminante.101 » Ou dans
le
sanscrit du Bouddha : Sabbe sankhâra anicca Sabbe sankhâra dukkha Sa
8743
s Toutes choses composées sont souffrantes Toutes
les
choses sont sans moi.102) Si D. T. Suzuki peut écrire après cela : «
8744
2) Si D. T. Suzuki peut écrire après cela : « On
le
voit, l’expérience personnelle est le fondement de la philosophie bou
8745
T. Suzuki peut écrire après cela : « On le voit,
l’
expérience personnelle est le fondement de la philosophie bouddhiste »
8746
cela : « On le voit, l’expérience personnelle est
le
fondement de la philosophie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pou
8747
e voit, l’expérience personnelle est le fondement
de
la philosophie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pour lui d’une e
8748
oit, l’expérience personnelle est le fondement de
la
philosophie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pour lui d’une expé
8749
ie bouddhiste », comprenons qu’il s’agit pour lui
d’
une expérience rigoureusement spirituelle. En somme, l’adversaire prin
8750
expérience rigoureusement spirituelle. En somme,
l’
adversaire principal des védantins comme des premiers bouddhistes, ce
8751
mme des premiers bouddhistes, ce n’est pas encore
la
personne, mais l’obstination de l’ego qui veut durer au-delà de la mo
8752
ouddhistes, ce n’est pas encore la personne, mais
l’
obstination de l’ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien compr
8753
n’est pas encore la personne, mais l’obstination
de
l’ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien comprendre aux cond
8754
est pas encore la personne, mais l’obstination de
l’
ego qui veut durer au-delà de la mort sans rien comprendre aux conditi
8755
ais l’obstination de l’ego qui veut durer au-delà
de
la mort sans rien comprendre aux conditions de cette survie, sans pur
8756
l’obstination de l’ego qui veut durer au-delà de
la
mort sans rien comprendre aux conditions de cette survie, sans purifi
8757
là de la mort sans rien comprendre aux conditions
de
cette survie, sans purifier d’avance son jîva, — sans s’ordonner d’av
8758
dre aux conditions de cette survie, sans purifier
d’
avance son jîva, — sans s’ordonner d’avance, dirions-nous, aux exigenc
8759
ans purifier d’avance son jîva, — sans s’ordonner
d’
avance, dirions-nous, aux exigences du vrai moi, qui est notre réponda
8760
n des buts majeurs des méthodes spirituelles soit
de
l’empêcher de renaître103 ! Mais vient le second stade, où les spiri
8761
es buts majeurs des méthodes spirituelles soit de
l’
empêcher de renaître103 ! Mais vient le second stade, où les spiritue
8762
eurs des méthodes spirituelles soit de l’empêcher
de
renaître103 ! Mais vient le second stade, où les spirituels s’oppose
8763
de renaître103 ! Mais vient le second stade, où
les
spirituels s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité de l’âme dist
8764
second stade, où les spirituels s’opposent même à
l’
ego absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun se confo
8765
les spirituels s’opposent même à l’ego absolu, à
la
réalité de l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi d
8766
uels s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité
de
l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensi
8767
s s’opposent même à l’ego absolu, à la réalité de
l’
âme distincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensité,
8768
à l’ego absolu, à la réalité de l’âme distincte.
Le
soi de chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu
8769
o absolu, à la réalité de l’âme distincte. Le soi
de
chacun se confond avec le Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce
8770
l’âme distincte. Le soi de chacun se confond avec
le
Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade di
8771
istincte. Le soi de chacun se confond avec le Soi
de
l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade disent le
8772
incte. Le soi de chacun se confond avec le Soi de
l’
Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade disent les u
8773
e Soi de l’Immensité, ou du Brahma. Qu’est-ce que
l’
âme ? Une monade disent les uns. Un reflet du Brahma disent les autres
8774
u Brahma. Qu’est-ce que l’âme ? Une monade disent
les
uns. Un reflet du Brahma disent les autres. Non, répondent les advaït
8775
monade disent les uns. Un reflet du Brahma disent
les
autres. Non, répondent les advaïtins : il n’y a que brahman. Et tu n’
8776
eflet du Brahma disent les autres. Non, répondent
les
advaïtins : il n’y a que brahman. Et tu n’es rien. Et de leur côté le
8777
ïtins : il n’y a que brahman. Et tu n’es rien. Et
de
leur côté les bouddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon di
8778
y a que brahman. Et tu n’es rien. Et de leur côté
les
bouddhistes (mais le tao chinois et le shinto nippon disent à peu prè
8779
n’es rien. Et de leur côté les bouddhistes (mais
le
tao chinois et le shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases)
8780
leur côté les bouddhistes (mais le tao chinois et
le
shinto nippon disent à peu près les mêmes phrases) : « Nagasena, exis
8781
tao chinois et le shinto nippon disent à peu près
les
mêmes phrases) : « Nagasena, existe-t-il un être qui transmigre de ce
8782
: « Nagasena, existe-t-il un être qui transmigre
de
ce corps dans un autre ? — Non, il n’y en a point. — S’il n’y a pas d
8783
utre ? — Non, il n’y en a point. — S’il n’y a pas
de
transmigration, peut-il y avoir une réincarnation ? — Oui, c’est pos
8784
e réincarnation ? — Oui, c’est possible. » Voici
l’
explication : « Le Roi dit : Nagasena, y a-t-il quelqu’un qui ne repre
8785
— Oui, c’est possible. » Voici l’explication : «
Le
Roi dit : Nagasena, y a-t-il quelqu’un qui ne reprenne point l’indivi
8786
agasena, y a-t-il quelqu’un qui ne reprenne point
l’
individualité après la mort ? Nagasena répondit : Celui qui a péché re
8787
qu’un qui ne reprenne point l’individualité après
la
mort ? Nagasena répondit : Celui qui a péché reprend une individualit
8788
être pur. — O Nagasena, dis-moi s’il existe rien
de
semblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’âme.104 » Un tex
8789
Nagasena, dis-moi s’il existe rien de semblable à
l’
âme ? — Il n’y a rien de semblable à l’âme.104 » Un texte zen chinois
8790
xiste rien de semblable à l’âme ? — Il n’y a rien
de
semblable à l’âme.104 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y a-t-il
8791
emblable à l’âme ? — Il n’y a rien de semblable à
l’
âme.104 » Un texte zen chinois surenchérit : « Y a-t-il un enseignemen
8792
ne jamais au peuple cette leçon. On s’en garde !)
Les
spirituels hindous cherchent le samahdi, qui est l’absorption totale
8793
On s’en garde !) Les spirituels hindous cherchent
le
samahdi, qui est l’absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand
8794
spirituels hindous cherchent le samahdi, qui est
l’
absorption totale dans l’Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement a
8795
hent le samahdi, qui est l’absorption totale dans
l’
Absolu du Soi : le grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut app
8796
ui est l’absorption totale dans l’Absolu du Soi :
le
grand sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler l’enstase. Et
8797
sommeil, lentement atteint, et qu’on peut appeler
l’
enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent l’extase. Quant aux boud
8798
ment atteint, et qu’on peut appeler l’enstase. Et
les
mystiques chrétiens cherchent l’extase. Quant aux bouddhistes zen, on
8799
r l’enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent
l’
extase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en tiennent à la
8800
bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en tiennent à
la
stase pure et simple : faire face au fait, signe du Tout, et donc du
8801
, signe du Tout, et donc du Vide. Leur satori est
le
contraire du samahdi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De
8802
ire du samahdi : c’est un éveil instantané. Éveil
de
quoi ? De la vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et se jou
8803
ahdi : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ?
De
la vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et se joue à traver
8804
i : c’est un éveil instantané. Éveil de quoi ? De
la
vision-en-soi, du Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers n
8805
sonnel et se joue à travers notre moi. Ainsi tout
l’
Orient des doctrines… Et en même temps l’Orient des peuples et sa croy
8806
nsi tout l’Orient des doctrines… Et en même temps
l’
Orient des peuples et sa croyance en la transmigration… Mais voici le
8807
même temps l’Orient des peuples et sa croyance en
la
transmigration… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout l’Orie
8808
s et sa croyance en la transmigration… Mais voici
le
moment d’ajuster la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il di
8809
oyance en la transmigration… Mais voici le moment
d’
ajuster la vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il dit cent-mil
8810
la transmigration… Mais voici le moment d’ajuster
la
vision. Tout l’Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-million
8811
n… Mais voici le moment d’ajuster la vision. Tout
l’
Orient exagère ses formules. Il dit cent-mille-millions pour dire : be
8812
té pour dire longévité. Notre hygiène, augmentant
de
cinquante ans la durée moyenne de la vie, serait alors une « recette
8813
évité. Notre hygiène, augmentant de cinquante ans
la
durée moyenne de la vie, serait alors une « recette d’immortalité ».
8814
ène, augmentant de cinquante ans la durée moyenne
de
la vie, serait alors une « recette d’immortalité ». Et même la seule
8815
, augmentant de cinquante ans la durée moyenne de
la
vie, serait alors une « recette d’immortalité ». Et même la seule qui
8816
rée moyenne de la vie, serait alors une « recette
d’
immortalité ». Et même la seule qui ait réussi. Apprenons donc à lire
8817
rait alors une « recette d’immortalité ». Et même
la
seule qui ait réussi. Apprenons donc à lire dans leur optique. Le mêm
8818
réussi. Apprenons donc à lire dans leur optique.
Le
même Kitaro Nishida qui écrit ceci : « La valeur religieuse signifie
8819
ptique. Le même Kitaro Nishida qui écrit ceci : «
La
valeur religieuse signifie l’absolue négation du moi », ajoute trois
8820
qui écrit ceci : « La valeur religieuse signifie
l’
absolue négation du moi », ajoute trois pages plus loin : « Nous deven
8821
plus loin : « Nous devenons vraies personnes dans
la
mesure où nous faisons face à l’Un tout-transcendant.105 » (Ce qui es
8822
Un tout-transcendant.105 » (Ce qui est chrétien.)
Le
même Chang Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois, j’arrache la personn
8823
g Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois, j’arrache
la
personne mais sauve l’objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve la
8824
koan : Parfois, j’arrache la personne mais sauve
l’
objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve la personne. Parfois, j’a
8825
la personne mais sauve l’objet. Parfois j’arrache
l’
objet, mais sauve la personne. Parfois, j’arrache en même temps l’obje
8826
ve l’objet. Parfois j’arrache l’objet, mais sauve
la
personne. Parfois, j’arrache en même temps l’objet et la personne. Pa
8827
uve la personne. Parfois, j’arrache en même temps
l’
objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne.
8828
onne. Parfois, j’arrache en même temps l’objet et
la
personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne. le même c
8829
l’objet et la personne. Parfois, je n’arrache ni
l’
objet ni la personne. le même commente : Supprimer la personne et sa
8830
la personne. Parfois, je n’arrache ni l’objet ni
la
personne. le même commente : Supprimer la personne et sauver l’obje
8831
Parfois, je n’arrache ni l’objet ni la personne.
le
même commente : Supprimer la personne et sauver l’objet signifie : é
8832
et ni la personne. le même commente : Supprimer
la
personne et sauver l’objet signifie : éliminer le questionneur, non s
8833
même commente : Supprimer la personne et sauver
l’
objet signifie : éliminer le questionneur, non sa question. Et les tro
8834
la personne et sauver l’objet signifie : éliminer
le
questionneur, non sa question. Et les trois autres distinctions s’exp
8835
e : éliminer le questionneur, non sa question. Et
les
trois autres distinctions s’expliquent de la même manière. Puis il a
8836
on. Et les trois autres distinctions s’expliquent
de
la même manière. Puis il ajoute : Si le disciple est exceptionnelle
8837
Et les trois autres distinctions s’expliquent de
la
même manière. Puis il ajoute : Si le disciple est exceptionnellemen
8838
liquent de la même manière. Puis il ajoute : Si
le
disciple est exceptionnellement doué, le maître ne touche ni à la per
8839
te : Si le disciple est exceptionnellement doué,
le
maître ne touche ni à la personne, ni à l’objet. Enfin ceci : « Ains
8840
exceptionnellement doué, le maître ne touche ni à
la
personne, ni à l’objet. Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fon
8841
doué, le maître ne touche ni à la personne, ni à
l’
objet. Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen) l’a
8842
à l’objet. Enfin ceci : « Ainsi que Bodhidharma (
le
fondateur du zen) l’a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur
8843
i : « Ainsi que Bodhidharma (le fondateur du zen)
l’
a déclaré, zen ne se soucie pas de disserter sur des notions abstruses
8844
ndateur du zen) l’a déclaré, zen ne se soucie pas
de
disserter sur des notions abstruses telles que Dieu, la Vérité ; ce q
8845
serter sur des notions abstruses telles que Dieu,
la
Vérité ; ce que zen demande au disciple, c’est de voir sa propre phys
8846
la Vérité ; ce que zen demande au disciple, c’est
de
voir sa propre physionomie. » Ou, comme le disait le sixième Patriarc
8847
c’est de voir sa propre physionomie. » Ou, comme
le
disait le sixième Patriarche de la secte (638-713) : « Ne pense pas a
8848
omie. » Ou, comme le disait le sixième Patriarche
de
la secte (638-713) : « Ne pense pas au bien ni au mal, mais regarde c
8849
e. » Ou, comme le disait le sixième Patriarche de
la
secte (638-713) : « Ne pense pas au bien ni au mal, mais regarde ce q
8850
ionomie originelle, celle que tu avais avant même
d’
être né.106 » Par où nous rejoignons un certain christianisme — à par
8851
us rejoignons un certain christianisme — à partir
d’
un certain bouddhisme — et certainement le mazdéisme et les soufis : i
8852
partir d’un certain bouddhisme — et certainement
le
mazdéisme et les soufis : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, do
8853
tain bouddhisme — et certainement le mazdéisme et
les
soufis : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l
8854
rtainement le mazdéisme et les soufis : il s’agit
d’
une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même.
8855
éisme et les soufis : il s’agit d’une seule quête
de
l’esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences
8856
me et les soufis : il s’agit d’une seule quête de
l’
esprit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne
8857
s : il s’agit d’une seule quête de l’esprit, dont
le
Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas
8858
d’une seule quête de l’esprit, dont le Graal, ou
l’
Ange, est : toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas où l’on croya
8859
prit, dont le Graal, ou l’Ange, est : toi-même. ⁂
Les
différences ne sont donc pas où l’on croyait, ne sont jamais exacteme
8860
: toi-même. ⁂ Les différences ne sont donc pas où
l’
on croyait, ne sont jamais exactement ce que l’on croyait. Si nous sou
8861
où l’on croyait, ne sont jamais exactement ce que
l’
on croyait. Si nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les no
8862
nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans
les
notions de l’amour traduisant ces trois conceptions que nous avons le
8863
tons préciser leur nature, c’est dans les notions
de
l’amour traduisant ces trois conceptions que nous avons les plus gran
8864
s préciser leur nature, c’est dans les notions de
l’
amour traduisant ces trois conceptions que nous avons les plus grandes
8865
r traduisant ces trois conceptions que nous avons
les
plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute différenc
8866
nceptions que nous avons les plus grandes chances
de
les trouver. Dans ce domaine, toute différence reconnue peut être vér
8867
ptions que nous avons les plus grandes chances de
les
trouver. Dans ce domaine, toute différence reconnue peut être vérifié
8868
toute différence reconnue peut être vérifiée par
l’
expérience intime, et promet au dialogue des spirituels un élargisseme
8869
romet au dialogue des spirituels un élargissement
de
la conscience que chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de l’
8870
et au dialogue des spirituels un élargissement de
la
conscience que chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de l’ant
8871
élargissement de la conscience que chacun prendra
de
son bien. Tandis qu’au plan de l’anthropologie plus ou moins « scient
8872
que chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan
de
l’anthropologie plus ou moins « scientifique » de ce siècle, il sembl
8873
chacun prendra de son bien. Tandis qu’au plan de
l’
anthropologie plus ou moins « scientifique » de ce siècle, il semblera
8874
de l’anthropologie plus ou moins « scientifique »
de
ce siècle, il semblerait que les négations du moi selon les écoles or
8875
« scientifique » de ce siècle, il semblerait que
les
négations du moi selon les écoles orientales correspondent simplement
8876
cle, il semblerait que les négations du moi selon
les
écoles orientales correspondent simplement aux névroses de la psychan
8877
orientales correspondent simplement aux névroses
de
la psychanalyse freudienne : elles seraient autant de « rationalisati
8878
ientales correspondent simplement aux névroses de
la
psychanalyse freudienne : elles seraient autant de « rationalisations
8879
a psychanalyse freudienne : elles seraient autant
de
« rationalisations » des attitudes « dysfonctionnelles » qui menacent
8880
des attitudes « dysfonctionnelles » qui menacent
l’
intégrité du moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais l’Orient
8881
ent l’intégrité du moi et qui nient ou détruisent
la
personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes.
8882
moi et qui nient ou détruisent la personne… Mais
l’
Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de l
8883
et nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles
de
l’amour Si l’amour est le premier moteur non seulement de l’homme
8884
nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de
l’
amour Si l’amour est le premier moteur non seulement de l’homme mai
8885
nos » problèmes. Trois écoles de l’amour Si
l’
amour est le premier moteur non seulement de l’homme mais du monde, c’
8886
Si l’amour est le premier moteur non seulement
de
l’homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi q
8887
Si l’amour est le premier moteur non seulement de
l’
homme mais du monde, c’est son action qui configure l’idée du moi que
8888
mme mais du monde, c’est son action qui configure
l’
idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour
8889
ue nous nous faisons, et cette idée du moi révèle
l’
amour, comme la structure de l’atome traduit certaines propriétés de l
8890
isons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme
la
structure de l’atome traduit certaines propriétés de l’énergie. « C’e
8891
te idée du moi révèle l’amour, comme la structure
de
l’atome traduit certaines propriétés de l’énergie. « C’est l’amour do
8892
idée du moi révèle l’amour, comme la structure de
l’
atome traduit certaines propriétés de l’énergie. « C’est l’amour domin
8893
structure de l’atome traduit certaines propriétés
de
l’énergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’homme… L’homme est abs
8894
ucture de l’atome traduit certaines propriétés de
l’
énergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’homme… L’homme est absolu
8895
raduit certaines propriétés de l’énergie. « C’est
l’
amour dominant qui fait l’homme… L’homme est absolument tel qu’est l’a
8896
s de l’énergie. « C’est l’amour dominant qui fait
l’
homme… L’homme est absolument tel qu’est l’amour dominant de sa vie :
8897
ergie. « C’est l’amour dominant qui fait l’homme…
L’
homme est absolument tel qu’est l’amour dominant de sa vie : selon (ce
8898
i fait l’homme… L’homme est absolument tel qu’est
l’
amour dominant de sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’il es
8899
’homme est absolument tel qu’est l’amour dominant
de
sa vie : selon (cet amour) se fait son ciel, s’il est bon, ou son enf
8900
on enfer, s’il est mauvais », dit Swedenborg dans
La
Nouvelle Jérusalem. Et dans De Cœlo, il ajoute : « Le corps de chaque
8901
it Swedenborg dans La Nouvelle Jérusalem. Et dans
De
Cœlo, il ajoute : « Le corps de chaque esprit et de chaque ange est l
8902
ouvelle Jérusalem. Et dans De Cœlo, il ajoute : «
Le
corps de chaque esprit et de chaque ange est la forme de son amour.10
8903
érusalem. Et dans De Cœlo, il ajoute : « Le corps
de
chaque esprit et de chaque ange est la forme de son amour.107 » Les t
8904
Cœlo, il ajoute : « Le corps de chaque esprit et
de
chaque ange est la forme de son amour.107 » Les trois notions de l’ho
8905
« Le corps de chaque esprit et de chaque ange est
la
forme de son amour.107 » Les trois notions de l’homme que l’on vient
8906
s de chaque esprit et de chaque ange est la forme
de
son amour.107 » Les trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer
8907
et de chaque ange est la forme de son amour.107 »
Les
trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent a
8908
est la forme de son amour.107 » Les trois notions
de
l’homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant
8909
la forme de son amour.107 » Les trois notions de
l’
homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de
8910
son amour.107 » Les trois notions de l’homme que
l’
on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de modèles d’u
8911
107 » Les trois notions de l’homme que l’on vient
d’
évoquer nous apparaissent alors comme autant de modèles d’une énergéti
8912
nt d’évoquer nous apparaissent alors comme autant
de
modèles d’une énergétique de l’amour, ou comme autant d’effets de son
8913
r nous apparaissent alors comme autant de modèles
d’
une énergétique de l’amour, ou comme autant d’effets de son action con
8914
t alors comme autant de modèles d’une énergétique
de
l’amour, ou comme autant d’effets de son action configurante et compo
8915
lors comme autant de modèles d’une énergétique de
l’
amour, ou comme autant d’effets de son action configurante et composan
8916
les d’une énergétique de l’amour, ou comme autant
d’
effets de son action configurante et composante. Et nous les voyons di
8917
énergétique de l’amour, ou comme autant d’effets
de
son action configurante et composante. Et nous les voyons différer d’
8918
de son action configurante et composante. Et nous
les
voyons différer d’une manière subtile mais précise par la forme des r
8919
urante et composante. Et nous les voyons différer
d’
une manière subtile mais précise par la forme des rapports qu’elles im
8920
s différer d’une manière subtile mais précise par
la
forme des rapports qu’elles imaginent entre le moi naturel et le vrai
8921
ar la forme des rapports qu’elles imaginent entre
le
moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre le
8922
pports qu’elles imaginent entre le moi naturel et
le
vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre les phénomènes et le
8923
le moi naturel et le vrai moi, c’est-à-dire selon
les
langages, entre les phénomènes et le noumène, l’individu et la person
8924
vrai moi, c’est-à-dire selon les langages, entre
les
phénomènes et le noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange,
8925
-dire selon les langages, entre les phénomènes et
le
noumène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi.
8926
les langages, entre les phénomènes et le noumène,
l’
individu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons q
8927
entre les phénomènes et le noumène, l’individu et
la
personne, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois p
8928
nomènes et le noumène, l’individu et la personne,
l’
âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une
8929
t le noumène, l’individu et la personne, l’âme et
l’
ange, l’ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité s
8930
mène, l’individu et la personne, l’âme et l’ange,
l’
ego et le Soi. Observons que les trois partent d’une dualité sans laqu
8931
ndividu et la personne, l’âme et l’ange, l’ego et
le
Soi. Observons que les trois partent d’une dualité sans laquelle ni l
8932
, l’âme et l’ange, l’ego et le Soi. Observons que
les
trois partent d’une dualité sans laquelle ni l’homme ni l’amour ne se
8933
l’ego et le Soi. Observons que les trois partent
d’
une dualité sans laquelle ni l’homme ni l’amour ne seraient même conce
8934
les trois partent d’une dualité sans laquelle ni
l’
homme ni l’amour ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni du
8935
partent d’une dualité sans laquelle ni l’homme ni
l’
amour ne seraient même concevables. Il ne s’agit ici ni du dualisme tr
8936
ualisme trop facilement nommé manichéen, opposant
le
Bien et le Mal comme deux principes préexistants ; ni tout à fait des
8937
p facilement nommé manichéen, opposant le Bien et
le
Mal comme deux principes préexistants ; ni tout à fait des « deux hom
8938
; ni tout à fait des « deux hommes en moi » dont
la
lutte fait gémir saint Paul ; mais, préalablement à tout jugement mor
8939
s, préalablement à tout jugement moral, il s’agit
de
la reconnaissance d’une bipolarité, d’une tension permanente entre l’
8940
préalablement à tout jugement moral, il s’agit de
la
reconnaissance d’une bipolarité, d’une tension permanente entre l’ind
8941
ut jugement moral, il s’agit de la reconnaissance
d’
une bipolarité, d’une tension permanente entre l’individu et le « vrai
8942
il s’agit de la reconnaissance d’une bipolarité,
d’
une tension permanente entre l’individu et le « vrai moi ». (L’individ
8943
d’une bipolarité, d’une tension permanente entre
l’
individu et le « vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi : il
8944
ité, d’une tension permanente entre l’individu et
le
« vrai moi ». (L’individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mau
8945
permanente entre l’individu et le « vrai moi ». (
L’
individu n’est pas le mal en soi : il ne devient mauvais que dans la s
8946
ndividu et le « vrai moi ». (L’individu n’est pas
le
mal en soi : il ne devient mauvais que dans la seule mesure où il se
8947
as le mal en soi : il ne devient mauvais que dans
la
seule mesure où il se referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à l’amo
8948
ù il se referme sur soi, c’est-à-dire se refuse à
l’
amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas le bien en soi, car il peu
8949
soi, c’est-à-dire se refuse à l’amour. Et de même
le
« vrai moi » n’est pas le bien en soi, car il peut devenir un monstre
8950
e à l’amour. Et de même le « vrai moi » n’est pas
le
bien en soi, car il peut devenir un monstre.) Pour aimer, il faut êt
8951
un monstre.) Pour aimer, il faut être deux, dit
la
sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour l’amour de soi-même, s
8952
la sagesse des nations. Et cela vaut d’abord pour
l’
amour de soi-même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous les mor
8953
se des nations. Et cela vaut d’abord pour l’amour
de
soi-même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous les moralistes
8954
abord pour l’amour de soi-même, sans lequel point
d’
amour du prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les s
8955
même, sans lequel point d’amour du prochain. Tous
les
moralistes du monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamn
8956
in. Tous les moralistes du monde s’accordent avec
les
spirituels dans leur condamnation de l’égoïsme, qui est l’impérialism
8957
ordent avec les spirituels dans leur condamnation
de
l’égoïsme, qui est l’impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture au
8958
ent avec les spirituels dans leur condamnation de
l’
égoïsme, qui est l’impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture autar
8959
uels dans leur condamnation de l’égoïsme, qui est
l’
impérialisme de l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les mot
8960
condamnation de l’égoïsme, qui est l’impérialisme
de
l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs de cette co
8961
damnation de l’égoïsme, qui est l’impérialisme de
l’
ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs de cette conda
8962
de l’ego naturel et sa fermeture autarcique. Mais
les
motifs de cette condamnation ne sont pas les mêmes : les moralistes j
8963
turel et sa fermeture autarcique. Mais les motifs
de
cette condamnation ne sont pas les mêmes : les moralistes jugent au n
8964
Mais les motifs de cette condamnation ne sont pas
les
mêmes : les moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au
8965
ifs de cette condamnation ne sont pas les mêmes :
les
moralistes jugent au nom de la société, les spirituels au nom de l’am
8966
t pas les mêmes : les moralistes jugent au nom de
la
société, les spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que
8967
mes : les moralistes jugent au nom de la société,
les
spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds.
8968
nt au nom de la société, les spirituels au nom de
l’
amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds. L’école chrétienne
8969
amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds.
L’
école chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi
8970
L’école chrétienne Dans une vue chrétienne
de
l’homme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le
8971
L’école chrétienne Dans une vue chrétienne de
l’
homme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le vr
8972
chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme,
l’
amour de soi est le rapport positif entre l’individu et le vrai moi. L
8973
ne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’amour
de
soi est le rapport positif entre l’individu et le vrai moi. Le second
8974
une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi est
le
rapport positif entre l’individu et le vrai moi. Le second commandeme
8975
omme, l’amour de soi est le rapport positif entre
l’
individu et le vrai moi. Le second commandement qui résume toute la Lo
8976
de soi est le rapport positif entre l’individu et
le
vrai moi. Le second commandement qui résume toute la Loi et les Proph
8977
vrai moi. Le second commandement qui résume toute
la
Loi et les Prophètes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », su
8978
Le second commandement qui résume toute la Loi et
les
Prophètes : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », suppose évide
8979
», suppose évidemment un moi duel, au sein duquel
l’
amour s’instaure d’une manière telle que s’aimer et aimer le prochain
8980
nt un moi duel, au sein duquel l’amour s’instaure
d’
une manière telle que s’aimer et aimer le prochain soit un même acte :
8981
instaure d’une manière telle que s’aimer et aimer
le
prochain soit un même acte : sinon le comme n’aurait pas son plein se
8982
er et aimer le prochain soit un même acte : sinon
le
comme n’aurait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même, l’homme
8983
sinon le comme n’aurait pas son plein sens. Dans
l’
amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spir
8984
e comme n’aurait pas son plein sens. Dans l’amour
de
soi-même, l’homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spirituel et
8985
ait pas son plein sens. Dans l’amour de soi-même,
l’
homme naturel s’ouvre à l’action du vrai moi spirituel et se laisse tr
8986
ns l’amour de soi-même, l’homme naturel s’ouvre à
l’
action du vrai moi spirituel et se laisse transformer, réorienter par
8987
se laisse transformer, réorienter par lui. C’est
le
vrai moi qui aime, qui est l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut
8988
nter par lui. C’est le vrai moi qui aime, qui est
l’
agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que s
8989
lui. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’agent
de
l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que seul il d
8990
i. C’est le vrai moi qui aime, qui est l’agent de
l’
amour. Ce vrai moi seul peut aimer le prochain, parce que seul il disc
8991
t l’agent de l’amour. Ce vrai moi seul peut aimer
le
prochain, parce que seul il discerne en l’autre le même amour. « Aime
8992
e prochain, parce que seul il discerne en l’autre
le
même amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter le meilleur de c
8993
e amour. « Aimer, c’est soutenir, deviner, porter
le
meilleur de ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur de l’autre
8994
imer, c’est soutenir, deviner, porter le meilleur
de
ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur de l’autre — comme de s
8995
le meilleur de ce qu’on aime », disait Alain. Or
le
meilleur de l’autre — comme de soi — est sa vocation singulière. Aime
8996
de ce qu’on aime », disait Alain. Or le meilleur
de
l’autre — comme de soi — est sa vocation singulière. Aimer le prochai
8997
, disait Alain. Or le meilleur de l’autre — comme
de
soi — est sa vocation singulière. Aimer le prochain dans sa personne,
8998
comme de soi — est sa vocation singulière. Aimer
le
prochain dans sa personne, c’est discerner sa singularité, sa vocatio
8999
rner sa singularité, sa vocation, même virtuelle,
la
soutenir et l’aider à naître. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, i
9000
rité, sa vocation, même virtuelle, la soutenir et
l’
aider à naître. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, intégrant l’anim
9001
virtuelle, la soutenir et l’aider à naître. Ainsi
l’
amour dans sa réalité totale, intégrant l’animique au spirituel, va to
9002
. Ainsi l’amour dans sa réalité totale, intégrant
l’
animique au spirituel, va toujours de personne à personne. Mais alors,
9003
e, intégrant l’animique au spirituel, va toujours
de
personne à personne. Mais alors, d’où vient la personne ? Quel que so
9004
, va toujours de personne à personne. Mais alors,
d’
où vient la personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les troi
9005
rs de personne à personne. Mais alors, d’où vient
la
personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné les trois religions
9006
ais alors, d’où vient la personne ? Quel que soit
le
nom que lui ont donné les trois religions abrahamiques, le vrai moi e
9007
personne ? Quel que soit le nom que lui ont donné
les
trois religions abrahamiques, le vrai moi est toujours suscité par l’
9008
e lui ont donné les trois religions abrahamiques,
le
vrai moi est toujours suscité par l’amour même : « Dieu nous a aimés
9009
brahamiques, le vrai moi est toujours suscité par
l’
amour même : « Dieu nous a aimés le premier ». Pour le chrétien, c’est
9010
our même : « Dieu nous a aimés le premier ». Pour
le
chrétien, c’est parce que Dieu, qui est Amour, est un Dieu personnel
9011
our, est un Dieu personnel dans sa tri-unité, que
l’
amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si la plus haute valeur
9012
ans sa tri-unité, que l’amour spirituel crée dans
l’
homme la personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’es
9013
ri-unité, que l’amour spirituel crée dans l’homme
la
personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la
9014
amour spirituel crée dans l’homme la personne. Si
la
plus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la connaissance dé
9015
dans l’homme la personne. Si la plus haute valeur
de
l’Occident chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrif
9016
s l’homme la personne. Si la plus haute valeur de
l’
Occident chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrifice
9017
lus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas
la
connaissance détachée mais le sacrifice personnel, et si le sacrifice
9018
chrétien n’est pas la connaissance détachée mais
le
sacrifice personnel, et si le sacrifice diffère du suicide — la natur
9019
sance détachée mais le sacrifice personnel, et si
le
sacrifice diffère du suicide — la nature de l’amour véritable l’expli
9020
ersonnel, et si le sacrifice diffère du suicide —
la
nature de l’amour véritable l’explique seule. « Personne n’a un plus
9021
et si le sacrifice diffère du suicide — la nature
de
l’amour véritable l’explique seule. « Personne n’a un plus grand amou
9022
si le sacrifice diffère du suicide — la nature de
l’
amour véritable l’explique seule. « Personne n’a un plus grand amour q
9023
ffère du suicide — la nature de l’amour véritable
l’
explique seule. « Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vi
9024
que seule. « Personne n’a un plus grand amour que
de
donner sa vie pour ceux qu’il aime. » Se sacrifier pour l’autre aimé,
9025
c’est d’abord sacrifier son moi à son vrai moi, —
l’
ordonner à sa vocation. Ou c’est encore : se sacrifier tel que l’on es
9026
vocation. Ou c’est encore : se sacrifier tel que
l’
on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoind
9027
crifier tel que l’on est, à soi-même tel qu’on va
le
devenir par l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être
9028
l’on est, à soi-même tel qu’on va le devenir par
l’
esprit. C’est rejoindre la forme immortelle de son être au travers d’u
9029
qu’on va le devenir par l’esprit. C’est rejoindre
la
forme immortelle de son être au travers d’une « mort à soi-même » tra
9030
par l’esprit. C’est rejoindre la forme immortelle
de
son être au travers d’une « mort à soi-même » transfigurante. Ce modè
9031
oindre la forme immortelle de son être au travers
d’
une « mort à soi-même » transfigurante. Ce modèle de l’amour et du vra
9032
une « mort à soi-même » transfigurante. Ce modèle
de
l’amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la probléma
9033
« mort à soi-même » transfigurante. Ce modèle de
l’
amour et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et la problématiq
9034
nte. Ce modèle de l’amour et du vrai moi instaure
le
normal, le sublime, et la problématique de l’Occident chrétien. Il co
9035
èle de l’amour et du vrai moi instaure le normal,
le
sublime, et la problématique de l’Occident chrétien. Il conditionne a
9036
et du vrai moi instaure le normal, le sublime, et
la
problématique de l’Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviat
9037
staure le normal, le sublime, et la problématique
de
l’Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviations de l’amour e
9038
ure le normal, le sublime, et la problématique de
l’
Occident chrétien. Il conditionne aussi les déviations de l’amour et l
9039
ique de l’Occident chrétien. Il conditionne aussi
les
déviations de l’amour et les formes particulières que prennent en Occ
9040
ent chrétien. Il conditionne aussi les déviations
de
l’amour et les formes particulières que prennent en Occident certaine
9041
chrétien. Il conditionne aussi les déviations de
l’
amour et les formes particulières que prennent en Occident certaines t
9042
Il conditionne aussi les déviations de l’amour et
les
formes particulières que prennent en Occident certaines tendances mor
9043
iées à tel point qu’il devient parfois impossible
d’
en reconnaître ailleurs les homologues. En voici deux exemples extrême
9044
ient parfois impossible d’en reconnaître ailleurs
les
homologues. En voici deux exemples extrêmes. Le masochisme religieux
9045
les homologues. En voici deux exemples extrêmes.
Le
masochisme religieux, ou haine de soi. — Dans son langage dramatique,
9046
ples extrêmes. Le masochisme religieux, ou haine
de
soi. — Dans son langage dramatique, saint Paul parle parfois de la ha
9047
son langage dramatique, saint Paul parle parfois
de
la haine de soi-même, formule reprise au pied de la lettre par tous l
9048
n langage dramatique, saint Paul parle parfois de
la
haine de soi-même, formule reprise au pied de la lettre par tous les
9049
dramatique, saint Paul parle parfois de la haine
de
soi-même, formule reprise au pied de la lettre par tous les spirituel
9050
de la haine de soi-même, formule reprise au pied
de
la lettre par tous les spirituels de tendance ascétique, avec une com
9051
la haine de soi-même, formule reprise au pied de
la
lettre par tous les spirituels de tendance ascétique, avec une compla
9052
me, formule reprise au pied de la lettre par tous
les
spirituels de tendance ascétique, avec une complaisance croissante. J
9053
rise au pied de la lettre par tous les spirituels
de
tendance ascétique, avec une complaisance croissante. Je sais bien qu
9054
vec une complaisance croissante. Je sais bien que
la
haine est l’envers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par le dé
9055
aisance croissante. Je sais bien que la haine est
l’
envers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’
9056
roissante. Je sais bien que la haine est l’envers
de
l’amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’il aime p
9057
ssante. Je sais bien que la haine est l’envers de
l’
amour, mais comment l’amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut
9058
ue la haine est l’envers de l’amour, mais comment
l’
amour fasciné par le désir de ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce q
9059
vers de l’amour, mais comment l’amour fasciné par
le
désir de ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ?
9060
’amour, mais comment l’amour fasciné par le désir
de
ce qu’il aime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ? Le masoch
9061
ime peut-il haïr vraiment ce qu’il lui sacrifie ?
Le
masochisme n’est-il pas le moment de retombement de l’âme frustrée, q
9062
e qu’il lui sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas
le
moment de retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelai
9063
i sacrifie ? Le masochisme n’est-il pas le moment
de
retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de
9064
masochisme n’est-il pas le moment de retombement
de
l’âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de la diriger dan
9065
sochisme n’est-il pas le moment de retombement de
l’
âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans s
9066
le moment de retombement de l’âme frustrée, quand
l’
esprit qui l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai m
9067
retombement de l’âme frustrée, quand l’esprit qui
l’
appelait cesse de la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle vou
9068
âme frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse
de
la diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il l
9069
frustrée, quand l’esprit qui l’appelait cesse de
la
diriger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui
9070
l’appelait cesse de la diriger dans son élan vers
le
vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite
9071
ger dans son élan vers le vrai moi ? Elle voulait
l’
ange. Il lui reste la nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désor
9072
s le vrai moi ? Elle voulait l’ange. Il lui reste
la
nostalgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais le vieil homme e
9073
? Elle voulait l’ange. Il lui reste la nostalgie
d’
une fuite hors du moi naturel. Désormais le vieil homme est jugé : n’a
9074
talgie d’une fuite hors du moi naturel. Désormais
le
vieil homme est jugé : n’ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien
9075
l. Désormais le vieil homme est jugé : n’ayant pu
l’
entraîner avec elle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme l’ac
9076
n’ayant pu l’entraîner avec elle vers son bien et
l’
animer de son amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sai
9077
u l’entraîner avec elle vers son bien et l’animer
de
son amour, l’âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu
9078
avec elle vers son bien et l’animer de son amour,
l’
âme l’accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont parti
9079
lle vers son bien et l’animer de son amour, l’âme
l’
accuse de volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont partie liée
9080
son bien et l’animer de son amour, l’âme l’accuse
de
volonté mauvaise. Mais elle sait bien qu’ils ont partie liée, et qu’e
9081
qu’ils ont partie liée, et qu’elle mourra si elle
le
tue. Elle se contente alors de le maudire, de le traiter en « corps d
9082
lle mourra si elle le tue. Elle se contente alors
de
le maudire, de le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’
9083
mourra si elle le tue. Elle se contente alors de
le
maudire, de le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’emp
9084
lle le tue. Elle se contente alors de le maudire,
de
le traiter en « corps de mort », et leurs relations s’empoisonnent. L
9085
le tue. Elle se contente alors de le maudire, de
le
traiter en « corps de mort », et leurs relations s’empoisonnent. La p
9086
nte alors de le maudire, de le traiter en « corps
de
mort », et leurs relations s’empoisonnent. La plupart des névroses di
9087
ns cette discorde permanente, — dans ce refus que
l’
âme oppose au corps, vu comme signe et symbole de la « prison » du moi
9088
l’âme oppose au corps, vu comme signe et symbole
de
la « prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphos
9089
âme oppose au corps, vu comme signe et symbole de
la
« prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé d’une métamorphose a
9090
et symbole de la « prison » du moi. Et c’est que
l’
âme avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand l’esprit lui demand
9091
« prison » du moi. Et c’est que l’âme avait rêvé
d’
une métamorphose angélique, quand l’esprit lui demandait seulement d’o
9092
me avait rêvé d’une métamorphose angélique, quand
l’
esprit lui demandait seulement d’ordonner tout le moi terrestre et tem
9093
angélique, quand l’esprit lui demandait seulement
d’
ordonner tout le moi terrestre et temporel à la vocation de l’amour. M
9094
l’esprit lui demandait seulement d’ordonner tout
le
moi terrestre et temporel à la vocation de l’amour. Mais celui qui se
9095
nt d’ordonner tout le moi terrestre et temporel à
la
vocation de l’amour. Mais celui qui se hait de cette manière ne peut
9096
r tout le moi terrestre et temporel à la vocation
de
l’amour. Mais celui qui se hait de cette manière ne peut pas aimer le
9097
out le moi terrestre et temporel à la vocation de
l’
amour. Mais celui qui se hait de cette manière ne peut pas aimer le pr
9098
à la vocation de l’amour. Mais celui qui se hait
de
cette manière ne peut pas aimer le prochain : il ne peut voir en lui
9099
ui qui se hait de cette manière ne peut pas aimer
le
prochain : il ne peut voir en lui que son semblable — un corps « vil
9100
corps « vil » et une âme qui se veut ange —, non
le
vrai moi dans son autonomie. Si le corps lui paraît désirable, il ser
9101
ut ange —, non le vrai moi dans son autonomie. Si
le
corps lui paraît désirable, il sera parfois tenté d’attribuer ce mouv
9102
corps lui paraît désirable, il sera parfois tenté
d’
attribuer ce mouvement, né de l’instinct, à la révélation d’un amour a
9103
l sera parfois tenté d’attribuer ce mouvement, né
de
l’instinct, à la révélation d’un amour angélique. La passion romantiq
9104
era parfois tenté d’attribuer ce mouvement, né de
l’
instinct, à la révélation d’un amour angélique. La passion romantique
9105
nté d’attribuer ce mouvement, né de l’instinct, à
la
révélation d’un amour angélique. La passion romantique trouve ici sa
9106
r ce mouvement, né de l’instinct, à la révélation
d’
un amour angélique. La passion romantique trouve ici sa genèse. Exalté
9107
l’instinct, à la révélation d’un amour angélique.
La
passion romantique trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique
9108
romantique trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à
la
mystique de l’ascèse autopunitive, elle finit par confondre avec les
9109
trouve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique
de
l’ascèse autopunitive, elle finit par confondre avec les exigences de
9110
uve ici sa genèse. Exaltée jusqu’à la mystique de
l’
ascèse autopunitive, elle finit par confondre avec les exigences de la
9111
scèse autopunitive, elle finit par confondre avec
les
exigences de la mort au faux-moi, l’instinct de mort… Contre cet ascé
9112
tive, elle finit par confondre avec les exigences
de
la mort au faux-moi, l’instinct de mort… Contre cet ascétisme non tra
9113
e, elle finit par confondre avec les exigences de
la
mort au faux-moi, l’instinct de mort… Contre cet ascétisme non transf
9114
fondre avec les exigences de la mort au faux-moi,
l’
instinct de mort… Contre cet ascétisme non transfigurant, Nietzsche n’
9115
les exigences de la mort au faux-moi, l’instinct
de
mort… Contre cet ascétisme non transfigurant, Nietzsche n’écrit pas s
9116
indre celui qui se hait lui-même, car nous serons
les
victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induir
9117
ui se hait lui-même, car nous serons les victimes
de
sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour
9118
ême, car nous serons les victimes de sa colère et
de
sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour de lui-même108 »
9119
de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin
de
l’induire à l’amour de lui-même108 ». L’érotisme sensuel est l’autre
9120
sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin de
l’
induire à l’amour de lui-même108 ». L’érotisme sensuel est l’autre ex
9121
t de sa vengeance. Ayons donc soin de l’induire à
l’
amour de lui-même108 ». L’érotisme sensuel est l’autre extrême où se
9122
vengeance. Ayons donc soin de l’induire à l’amour
de
lui-même108 ». L’érotisme sensuel est l’autre extrême où se porte l’
9123
nc soin de l’induire à l’amour de lui-même108 ».
L’
érotisme sensuel est l’autre extrême où se porte l’âme irritée mais no
9124
’érotisme sensuel est l’autre extrême où se porte
l’
âme irritée mais non pas convertie par l’esprit — comme l’a si bien vu
9125
se porte l’âme irritée mais non pas convertie par
l’
esprit — comme l’a si bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procèd
9126
ritée mais non pas convertie par l’esprit — comme
l’
a si bien vu Kierkegaard. Tout amour véritable procède du vrai moi et
9127
r véritable procède du vrai moi et se dirige vers
le
vrai moi de l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, q
9128
procède du vrai moi et se dirige vers le vrai moi
de
l’autre. Mais il peut arriver qu’il s’arrête en chemin, que son élan
9129
river qu’il s’arrête en chemin, que son élan vers
la
personne singulière retombe au plan de l’individuel, du générique. Ca
9130
élan vers la personne singulière retombe au plan
de
l’individuel, du générique. Capté par l’instinct qu’il excite au-delà
9131
an vers la personne singulière retombe au plan de
l’
individuel, du générique. Capté par l’instinct qu’il excite au-delà de
9132
au plan de l’individuel, du générique. Capté par
l’
instinct qu’il excite au-delà des exigences naturelles, il ira fatalem
9133
nces naturelles, il ira fatalement s’épuiser dans
l’
illusoire multiplicité des « aventures sans lendemain ». Limitant son
9134
à ces désirs qu’une possession rapide anesthésie,
l’
âme retombe alors dans les liens de l’instinct, qui est la puissance i
9135
ssion rapide anesthésie, l’âme retombe alors dans
les
liens de l’instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellenc
9136
de anesthésie, l’âme retombe alors dans les liens
de
l’instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellence, et s’é
9137
anesthésie, l’âme retombe alors dans les liens de
l’
instinct, qui est la puissance impersonnelle par excellence, et s’épui
9138
tombe alors dans les liens de l’instinct, qui est
la
puissance impersonnelle par excellence, et s’épuise à s’en libérer pa
9139
le par excellence, et s’épuise à s’en libérer par
le
changement de l’excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C
9140
nce, et s’épuise à s’en libérer par le changement
de
l’excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la libert
9141
, et s’épuise à s’en libérer par le changement de
l’
excitation, par le défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté n
9142
en libérer par le changement de l’excitation, par
le
défi perpétuel aux attachements. C’est la liberté négative revendiqué
9143
on, par le défi perpétuel aux attachements. C’est
la
liberté négative revendiquée par Don Juan contre les conventions de l
9144
liberté négative revendiquée par Don Juan contre
les
conventions de la morale commune — qu’il est déjà trop « spirituel »
9145
e revendiquée par Don Juan contre les conventions
de
la morale commune — qu’il est déjà trop « spirituel » pour respecter
9146
evendiquée par Don Juan contre les conventions de
la
morale commune — qu’il est déjà trop « spirituel » pour respecter — m
9147
« spirituel » pour respecter — mais aussi contre
le
respect du mystère exigeant de l’Autre — qu’il n’est pas assez « spir
9148
mais aussi contre le respect du mystère exigeant
de
l’Autre — qu’il n’est pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais s’il
9149
st pas assez « spirituel » pour aimer. (Mais s’il
l’
était assez, il retrouverait aussi la justification de certaines conve
9150
. (Mais s’il l’était assez, il retrouverait aussi
la
justification de certaines conventions, protégeant chez la brute et l
9151
ait assez, il retrouverait aussi la justification
de
certaines conventions, protégeant chez la brute et l’innocent les pre
9152
ication de certaines conventions, protégeant chez
la
brute et l’innocent les premières chances de l’esprit, — ou mettant à
9153
ertaines conventions, protégeant chez la brute et
l’
innocent les premières chances de l’esprit, — ou mettant à l’abri des
9154
chez la brute et l’innocent les premières chances
de
l’esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes de l’esprit l’indispens
9155
z la brute et l’innocent les premières chances de
l’
esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes de l’esprit l’indispensabl
9156
les premières chances de l’esprit, — ou mettant à
l’
abri des atteintes de l’esprit l’indispensable tissu conjonctif de tou
9157
de l’esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes
de
l’esprit l’indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui
9158
l’esprit, — ou mettant à l’abri des atteintes de
l’
esprit l’indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui ne
9159
, — ou mettant à l’abri des atteintes de l’esprit
l’
indispensable tissu conjonctif de toutes les sociétés qui ne sont pas
9160
ntes de l’esprit l’indispensable tissu conjonctif
de
toutes les sociétés qui ne sont pas un ordre.) ⁂ L’école iranienne
9161
esprit l’indispensable tissu conjonctif de toutes
les
sociétés qui ne sont pas un ordre.) ⁂ L’école iranienne Il n’ex
9162
utes les sociétés qui ne sont pas un ordre.) ⁂
L’
école iranienne Il n’existe plus de communauté humaine, d’unité de
9163
rdre.) ⁂ L’école iranienne Il n’existe plus
de
communauté humaine, d’unité de civilisation qui s’inspire du mazdéism
9164
nienne Il n’existe plus de communauté humaine,
d’
unité de civilisation qui s’inspire du mazdéisme de Zarathustra ; et n
9165
Il n’existe plus de communauté humaine, d’unité
de
civilisation qui s’inspire du mazdéisme de Zarathustra ; et nulle ne
9166
’unité de civilisation qui s’inspire du mazdéisme
de
Zarathustra ; et nulle ne s’inspira jamais de la mystique des soufis,
9167
sme de Zarathustra ; et nulle ne s’inspira jamais
de
la mystique des soufis, et pour cause. Si je les fais intervenir ici,
9168
de Zarathustra ; et nulle ne s’inspira jamais de
la
mystique des soufis, et pour cause. Si je les fais intervenir ici, c’
9169
s de la mystique des soufis, et pour cause. Si je
les
fais intervenir ici, c’est à titre d’évocation d’une dimension virtue
9170
use. Si je les fais intervenir ici, c’est à titre
d’
évocation d’une dimension virtuelle, intemporelle, et donc permanente
9171
es fais intervenir ici, c’est à titre d’évocation
d’
une dimension virtuelle, intemporelle, et donc permanente de l’esprit
9172
nsion virtuelle, intemporelle, et donc permanente
de
l’esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’ho
9173
on virtuelle, intemporelle, et donc permanente de
l’
esprit : le mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme
9174
e, intemporelle, et donc permanente de l’esprit :
le
mazdéisme et les soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’am
9175
et donc permanente de l’esprit : le mazdéisme et
les
soufis ont proposé des notions de l’homme et de l’amour homologues au
9176
e mazdéisme et les soufis ont proposé des notions
de
l’homme et de l’amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme
9177
azdéisme et les soufis ont proposé des notions de
l’
homme et de l’amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme tra
9178
les soufis ont proposé des notions de l’homme et
de
l’amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme transposées te
9179
s soufis ont proposé des notions de l’homme et de
l’
amour homologues aux notions chrétiennes, mais comme transposées terme
9180
chrétiennes, mais comme transposées terme à terme
d’
un degré vers le « ciel » des archétypes : ainsi la dualité ego-vrai m
9181
s comme transposées terme à terme d’un degré vers
le
« ciel » des archétypes : ainsi la dualité ego-vrai moi y devient cel
9182
’un degré vers le « ciel » des archétypes : ainsi
la
dualité ego-vrai moi y devient celle de l’âme et de son ange. Pour si
9183
s : ainsi la dualité ego-vrai moi y devient celle
de
l’âme et de son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le p
9184
ainsi la dualité ego-vrai moi y devient celle de
l’
âme et de son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le pers
9185
dualité ego-vrai moi y devient celle de l’âme et
de
son ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel le personnalisme
9186
ange. Pour situer dans son vrai climat spirituel
le
personnalisme essentiel de ces doctrines109, citons ce verset du Cora
9187
vrai climat spirituel le personnalisme essentiel
de
ces doctrines109, citons ce verset du Coran (24-41) qui pose comme un
9188
e comme une clef musicale : « Chaque être connaît
le
mode de prière et de glorification qui lui est propre. » Toute person
9189
une clef musicale : « Chaque être connaît le mode
de
prière et de glorification qui lui est propre. » Toute personne s’ori
9190
cale : « Chaque être connaît le mode de prière et
de
glorification qui lui est propre. » Toute personne s’origine en Dieu,
9191
t propre. » Toute personne s’origine en Dieu, qui
l’
a créée afin d’être connu par elle et de devenir en elle l’objet de Sa
9192
Dieu, qui l’a créée afin d’être connu par elle et
de
devenir en elle l’objet de Sa propre connaissance. C’est donc en Dieu
9193
afin d’être connu par elle et de devenir en elle
l’
objet de Sa propre connaissance. C’est donc en Dieu que tout amour peu
9194
être connu par elle et de devenir en elle l’objet
de
Sa propre connaissance. C’est donc en Dieu que tout amour peut reconn
9195
’est donc en Dieu que tout amour peut reconnaître
la
personne de l’autre et l’aimer « comme soi-même », — comme étant née
9196
Dieu que tout amour peut reconnaître la personne
de
l’autre et l’aimer « comme soi-même », — comme étant née du même amou
9197
amour peut reconnaître la personne de l’autre et
l’
aimer « comme soi-même », — comme étant née du même amour qui m’a créé
9198
au regard de chaque amant… car il est impossible
d’
aimer un être sans se représenter en lui la divinité… Un être n’aime e
9199
ssible d’aimer un être sans se représenter en lui
la
divinité… Un être n’aime en réalité personne d’autre que son créateur
9200
i la divinité… Un être n’aime en réalité personne
d’
autre que son créateur ?110 » Ibn Arabi distingue trois amours : l’amo
9201
réateur ?110 » Ibn Arabi distingue trois amours :
l’
amour divin du Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ; l’amour
9202
: l’amour divin du Créateur pour sa créature, et
d’
elle pour Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en la créature t
9203
u Créateur pour sa créature, et d’elle pour Lui ;
l’
amour spirituel « dont le siège est en la créature toujours à la quête
9204
re, et d’elle pour Lui ; l’amour spirituel « dont
le
siège est en la créature toujours à la quête de l’être dont elle déco
9205
ur Lui ; l’amour spirituel « dont le siège est en
la
créature toujours à la quête de l’être dont elle découvre en elle l’I
9206
uel « dont le siège est en la créature toujours à
la
quête de l’être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se d
9207
t le siège est en la créature toujours à la quête
de
l’être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se découvre c
9208
e siège est en la créature toujours à la quête de
l’
être dont elle découvre en elle l’Image, ou dont elle se découvre comm
9209
s à la quête de l’être dont elle découvre en elle
l’
Image, ou dont elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin l’amour
9210
lle l’Image, ou dont elle se découvre comme étant
l’
Image » ; enfin l’amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses
9211
nt elle se découvre comme étant l’Image » ; enfin
l’
amour naturel, qui recherche la satisfaction de ses désirs sans souci
9212
l’Image » ; enfin l’amour naturel, qui recherche
la
satisfaction de ses désirs sans souci de l’agrément de l’Aimé. « Et t
9213
in l’amour naturel, qui recherche la satisfaction
de
ses désirs sans souci de l’agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas !
9214
echerche la satisfaction de ses désirs sans souci
de
l’agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manièr
9215
erche la satisfaction de ses désirs sans souci de
l’
agrément de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière d
9216
tisfaction de ses désirs sans souci de l’agrément
de
l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière dont la plup
9217
faction de ses désirs sans souci de l’agrément de
l’
Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi, la manière dont la plupart
9218
de l’Aimé. « Et telle est hélas ! dit Ibn Arabi,
la
manière dont la plupart des gens d’aujourd’hui comprennent l’amour. »
9219
it Ibn Arabi, la manière dont la plupart des gens
d’
aujourd’hui comprennent l’amour. » Comment réconcilier l’amour naturel
9220
ont la plupart des gens d’aujourd’hui comprennent
l’
amour. » Comment réconcilier l’amour naturel (ou physique, comme on le
9221
rd’hui comprennent l’amour. » Comment réconcilier
l’
amour naturel (ou physique, comme on le dit improprement) avec l’amour
9222
éconcilier l’amour naturel (ou physique, comme on
le
dit improprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour
9223
(ou physique, comme on le dit improprement) avec
l’
amour spirituel ? Qui aime en nous, et pour qui ? « Ibn Arabi observe
9224
me en nous, et pour qui ? « Ibn Arabi observe que
les
plus parfaits amants mystiques sont ceux qui aiment Dieu simultanémen
9225
x-mêmes, parce que cette capacité révèle chez eux
l’
unification de leur double nature (le dénouement de la « conscience ma
9226
que cette capacité révèle chez eux l’unification
de
leur double nature (le dénouement de la « conscience malheureuse » en
9227
èle chez eux l’unification de leur double nature (
le
dénouement de la « conscience malheureuse » en proie aux déchirements
9228
’unification de leur double nature (le dénouement
de
la « conscience malheureuse » en proie aux déchirements). » Telle est
9229
ification de leur double nature (le dénouement de
la
« conscience malheureuse » en proie aux déchirements). » Telle est do
9230
se » en proie aux déchirements). » Telle est donc
la
personne unifiée et tel est son amour de soi-même. Quant à l’amour-pa
9231
est donc la personne unifiée et tel est son amour
de
soi-même. Quant à l’amour-passion (ici, non romantique !) il se situe
9232
unifiée et tel est son amour de soi-même. Quant à
l’
amour-passion (ici, non romantique !) il se situe au point où le regar
9233
n (ici, non romantique !) il se situe au point où
le
regard de l’âme reconnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du
9234
n romantique !) il se situe au point où le regard
de
l’âme reconnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du divin, ce
9235
omantique !) il se situe au point où le regard de
l’
âme reconnaît soudain dans l’Aimé cette Forme sensible du divin, cette
9236
oint où le regard de l’âme reconnaît soudain dans
l’
Aimé cette Forme sensible du divin, cette théophanie que l’âme peut ai
9237
tte Forme sensible du divin, cette théophanie que
l’
âme peut aimer dans toutes les dimensions de l’amour unifié. L’Aimé n’
9238
cette théophanie que l’âme peut aimer dans toutes
les
dimensions de l’amour unifié. L’Aimé n’est plus alors un simple objet
9239
e que l’âme peut aimer dans toutes les dimensions
de
l’amour unifié. L’Aimé n’est plus alors un simple objet — comme il es
9240
ue l’âme peut aimer dans toutes les dimensions de
l’
amour unifié. L’Aimé n’est plus alors un simple objet — comme il est p
9241
mer dans toutes les dimensions de l’amour unifié.
L’
Aimé n’est plus alors un simple objet — comme il est pour l’amour natu
9242
st plus alors un simple objet — comme il est pour
l’
amour naturel, possessif — mais une virtualité divine que l’amant « im
9243
turel, possessif — mais une virtualité divine que
l’
amant « imagine » (dont il devine l’Image) et qu’il tend à faire exist
9244
té divine que l’amant « imagine » (dont il devine
l’
Image) et qu’il tend à faire exister dans l’être aimé, par l’efficace
9245
evine l’Image) et qu’il tend à faire exister dans
l’
être aimé, par l’efficace de son amour pré-figurant. C’est préciséme
9246
qu’il tend à faire exister dans l’être aimé, par
l’
efficace de son amour pré-figurant. C’est précisément là que s’origi
9247
à faire exister dans l’être aimé, par l’efficace
de
son amour pré-figurant. C’est précisément là que s’origine la plus
9248
ré-figurant. C’est précisément là que s’origine
la
plus haute fonction de l’amour humain, celle-là même qui assure la co
9249
écisément là que s’origine la plus haute fonction
de
l’amour humain, celle-là même qui assure la coalescence de ce que l’o
9250
sément là que s’origine la plus haute fonction de
l’
amour humain, celle-là même qui assure la coalescence de ce que l’on a
9251
ction de l’amour humain, celle-là même qui assure
la
coalescence de ce que l’on a désigné historiquement comme amour court
9252
r humain, celle-là même qui assure la coalescence
de
ce que l’on a désigné historiquement comme amour courtois et amour my
9253
celle-là même qui assure la coalescence de ce que
l’
on a désigné historiquement comme amour courtois et amour mystique. Ca
9254
ement comme amour courtois et amour mystique. Car
l’
amour tend à la transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’ado
9255
ur courtois et amour mystique. Car l’amour tend à
la
transfiguration de la figure aimée terrestre, en l’adossant à une lum
9256
r mystique. Car l’amour tend à la transfiguration
de
la figure aimée terrestre, en l’adossant à une lumière qui en fasse é
9257
ystique. Car l’amour tend à la transfiguration de
la
figure aimée terrestre, en l’adossant à une lumière qui en fasse éclo
9258
transfiguration de la figure aimée terrestre, en
l’
adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes les virtualités surh
9259
adossant à une lumière qui en fasse éclore toutes
les
virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir de la fonction théophaniq
9260
clore toutes les virtualités surhumaines, jusqu’à
l’
investir de la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été de
9261
s les virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir
de
la fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été des Figures f
9262
es virtualités surhumaines, jusqu’à l’investir de
la
fonction théophanique de l’Ange (ainsi en a-t-il été des Figures fémi
9263
s, jusqu’à l’investir de la fonction théophanique
de
l’Ange (ainsi en a-t-il été des Figures féminines célébrées par les F
9264
jusqu’à l’investir de la fonction théophanique de
l’
Ange (ainsi en a-t-il été des Figures féminines célébrées par les Fede
9265
en a-t-il été des Figures féminines célébrées par
les
Fedeli d’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-il été de celle qu
9266
té des Figures féminines célébrées par les Fedeli
d’
amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-il été de celle qui apparut
9267
ines célébrées par les Fedeli d’amore, compagnons
de
Dante ; ainsi en a-t-il été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Me
9268
’amore, compagnons de Dante ; ainsi en a-t-il été
de
celle qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de la Sophia
9269
en a-t-il été de celle qui apparut à Ibn Arabi, à
la
Mekke, comme figure de la Sophia divine). Que l’amant tende à contemp
9270
qui apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure
de
la Sophia divine). Que l’amant tende à contempler l’être aimé, à s’un
9271
apparut à Ibn Arabi, à la Mekke, comme figure de
la
Sophia divine). Que l’amant tende à contempler l’être aimé, à s’unir
9272
la Mekke, comme figure de la Sophia divine). Que
l’
amant tende à contempler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer
9273
la Sophia divine). Que l’amant tende à contempler
l’
être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer la présence, son amour tend
9274
pler l’être aimé, à s’unir en lui, à en perpétuer
la
présence, son amour tend toujours à faire exister quelque chose qui n
9275
quelque chose qui n’est pas encore existant dans
l’
Aimé.111 On reconnaît ici les « notes » de l’amour du prochain selon
9276
ncore existant dans l’Aimé.111 On reconnaît ici
les
« notes » de l’amour du prochain selon Kierkegaard112, mais aussi sel
9277
dans l’Aimé.111 On reconnaît ici les « notes »
de
l’amour du prochain selon Kierkegaard112, mais aussi selon Swedenborg
9278
ns l’Aimé.111 On reconnaît ici les « notes » de
l’
amour du prochain selon Kierkegaard112, mais aussi selon Swedenborg :
9279
wedenborg : Comme tout bien procède du Seigneur,
le
Seigneur est, dans le sens suprême et au degré le plus éminent, le Pr
9280
t bien procède du Seigneur, le Seigneur est, dans
le
sens suprême et au degré le plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’
9281
le Seigneur est, dans le sens suprême et au degré
le
plus éminent, le Prochain ; c’est donc d’après Lui que s’établissent
9282
dans le sens suprême et au degré le plus éminent,
le
Prochain ; c’est donc d’après Lui que s’établissent toutes les distin
9283
; c’est donc d’après Lui que s’établissent toutes
les
distinctions relatives au prochain, c’est-à-dire que chacun est le pr
9284
elatives au prochain, c’est-à-dire que chacun est
le
prochain en proportion de ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui
9285
t-à-dire que chacun est le prochain en proportion
de
ce qu’il a quelque chose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit
9286
hose du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit
de
la même manière le bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un
9287
e du Seigneur en lui ; or, comme nul ne reçoit de
la
même manière le bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’
9288
lui ; or, comme nul ne reçoit de la même manière
le
bien qui procède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le proch
9289
ocède du Seigneur, il s’ensuit que l’un n’est pas
le
prochain de la même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux
9290
gneur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain
de
la même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux personnes un
9291
ur, il s’ensuit que l’un n’est pas le prochain de
la
même manière que l’autre… ; il n’y a jamais chez deux personnes un bi
9292
eux personnes un bien absolument identique… C’est
l’
amour qui fait le prochain, et chacun est le prochain selon la qualité
9293
bien absolument identique… C’est l’amour qui fait
le
prochain, et chacun est le prochain selon la qualité de son amour.113
9294
C’est l’amour qui fait le prochain, et chacun est
le
prochain selon la qualité de son amour.113 En dépit de tout ce qui
9295
fait le prochain, et chacun est le prochain selon
la
qualité de son amour.113 En dépit de tout ce qui distingue la tran
9296
chain, et chacun est le prochain selon la qualité
de
son amour.113 En dépit de tout ce qui distingue la transparence (p
9297
on amour.113 En dépit de tout ce qui distingue
la
transparence (parfois trompeuse) du latin de l’ingénieur-philosophe S
9298
ngue la transparence (parfois trompeuse) du latin
de
l’ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe, l’an
9299
e la transparence (parfois trompeuse) du latin de
l’
ingénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe, l’analo
9300
du latin de l’ingénieur-philosophe Swedenborg et
la
poésie dense de l’Arabe, l’analogie des énoncés est indéniable. Si le
9301
ngénieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense
de
l’Arabe, l’analogie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme conc
9302
nieur-philosophe Swedenborg et la poésie dense de
l’
Arabe, l’analogie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme concret
9303
losophe Swedenborg et la poésie dense de l’Arabe,
l’
analogie des énoncés est indéniable. Si le symbolisme concret des souf
9304
’Arabe, l’analogie des énoncés est indéniable. Si
le
symbolisme concret des soufis transpose doublement tous les termes à
9305
isme concret des soufis transpose doublement tous
les
termes à la fois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans le sen
9306
anspose doublement tous les termes à la fois dans
le
surnaturel (ou monde céleste) et dans le sensible terrestre, la struc
9307
ois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans
le
sensible terrestre, la structure des relations entre Dieu, le vrai mo
9308
(ou monde céleste) et dans le sensible terrestre,
la
structure des relations entre Dieu, le vrai moi et le prochain reste
9309
terrestre, la structure des relations entre Dieu,
le
vrai moi et le prochain reste exactement comparable, comme le sont le
9310
tructure des relations entre Dieu, le vrai moi et
le
prochain reste exactement comparable, comme le sont les trois formes
9311
et le prochain reste exactement comparable, comme
le
sont les trois formes de l’amour que manifeste cette structure. Mais
9312
ochain reste exactement comparable, comme le sont
les
trois formes de l’amour que manifeste cette structure. Mais « l’Imagi
9313
tement comparable, comme le sont les trois formes
de
l’amour que manifeste cette structure. Mais « l’Imagination créatrice
9314
ent comparable, comme le sont les trois formes de
l’
amour que manifeste cette structure. Mais « l’Imagination créatrice »
9315
de l’amour que manifeste cette structure. Mais «
l’
Imagination créatrice » des soufis, comme l’angélologie du mazdéisme,
9316
ais « l’Imagination créatrice » des soufis, comme
l’
angélologie du mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité
9317
u mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement
l’
unité première et finale de tout amour ! Peut-être aussi nous fera-tel
9318
combien plus vivement l’unité première et finale
de
tout amour ! Peut-être aussi nous fera-telle entrevoir comment le myt
9319
Peut-être aussi nous fera-telle entrevoir comment
le
mythe de Tristan — en dépit du pseudo-bouddhisme tardivement emprunté
9320
aussi nous fera-telle entrevoir comment le mythe
de
Tristan — en dépit du pseudo-bouddhisme tardivement emprunté par Wagn
9321
ien » et trouve en lui ses origines archétypales.
La
passion du héros, que l’on peut interpréter (dans la légende primitiv
9322
s origines archétypales. La passion du héros, que
l’
on peut interpréter (dans la légende primitive et l’opéra) comme un am
9323
passion du héros, que l’on peut interpréter (dans
la
légende primitive et l’opéra) comme un amour dédié à sa propre âme114
9324
on peut interpréter (dans la légende primitive et
l’
opéra) comme un amour dédié à sa propre âme114, dont Iseut ne serait q
9325
édié à sa propre âme114, dont Iseut ne serait que
l’
image sensible, — et c’est pourquoi j’ai osé dire que Tristan n’aimait
9326
Iseut — cette passion n’est-elle pas mieux vue si
l’
on évoque les Fravarti du mazdéisme, les figures angéliques du vrai mo
9327
e passion n’est-elle pas mieux vue si l’on évoque
les
Fravarti du mazdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans le mys
9328
eux vue si l’on évoque les Fravarti du mazdéisme,
les
figures angéliques du vrai moi dans le mysticisme soufi, et même la «
9329
azdéisme, les figures angéliques du vrai moi dans
le
mysticisme soufi, et même la « rencontre aurorale » de l’âme et de sa
9330
ues du vrai moi dans le mysticisme soufi, et même
la
« rencontre aurorale » de l’âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n
9331
sticisme soufi, et même la « rencontre aurorale »
de
l’âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir dés
9332
cisme soufi, et même la « rencontre aurorale » de
l’
âme et de sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré
9333
fi, et même la « rencontre aurorale » de l’âme et
de
sa Dâenâ au pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour
9334
pont Chinvat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré
l’
amour de l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à déc
9335
invat ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour
de
l’Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir q
9336
at ? Et n’est-ce pas pour avoir désiré l’amour de
l’
Ange que les amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que
9337
st-ce pas pour avoir désiré l’amour de l’Ange que
les
amants de la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur p
9338
our avoir désiré l’amour de l’Ange que les amants
de
la forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion mêm
9339
avoir désiré l’amour de l’Ange que les amants de
la
forêt du Morois en viennent à découvrir que c’est leur passion même q
9340
vie », mais pour l’autre ? S’il est une « erreur
de
Tristan », motivant le malheur essentiel de sa passion, ce serait alo
9341
re ? S’il est une « erreur de Tristan », motivant
le
malheur essentiel de sa passion, ce serait alors dans le mode de la t
9342
rreur de Tristan », motivant le malheur essentiel
de
sa passion, ce serait alors dans le mode de la transposition du « cie
9343
eur essentiel de sa passion, ce serait alors dans
le
mode de la transposition du « ciel » sur Terre et de l’Ange en la fem
9344
ntiel de sa passion, ce serait alors dans le mode
de
la transposition du « ciel » sur Terre et de l’Ange en la femme, que
9345
el de sa passion, ce serait alors dans le mode de
la
transposition du « ciel » sur Terre et de l’Ange en la femme, que l’o
9346
mode de la transposition du « ciel » sur Terre et
de
l’Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret.
9347
e de la transposition du « ciel » sur Terre et de
l’
Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ic
9348
ansposition du « ciel » sur Terre et de l’Ange en
la
femme, que l’on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc, t
9349
« ciel » sur Terre et de l’Ange en la femme, que
l’
on pourrait en pressentir l’ultime secret. (Ici, donc, toute morale co
9350
Ange en la femme, que l’on pourrait en pressentir
l’
ultime secret. (Ici, donc, toute morale commune ou rationnelle, non st
9351
onnaliste, ne peut évidemment que se récuser.)
L’
école orientale La plupart des doctrines hindoues, et l’unanimité d
9352
rientale La plupart des doctrines hindoues, et
l’
unanimité des écoles bouddhistes, comme on l’a vu, nient la personne o
9353
, et l’unanimité des écoles bouddhistes, comme on
l’
a vu, nient la personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout
9354
té des écoles bouddhistes, comme on l’a vu, nient
la
personne ou la survolent, ne connaissent que l’ego tout transitoire e
9355
ouddhistes, comme on l’a vu, nient la personne ou
la
survolent, ne connaissent que l’ego tout transitoire et le Soi tout i
9356
t la personne ou la survolent, ne connaissent que
l’
ego tout transitoire et le Soi tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi
9357
ent, ne connaissent que l’ego tout transitoire et
le
Soi tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi pour tous les êtres. 115
9358
tout impersonnel : « Il n’est qu’un Soi pour tous
les
êtres. 115 » L’individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit
9359
: « Il n’est qu’un Soi pour tous les êtres. 115 »
L’
individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit être exténuée m
9360
115 » L’individualité qui est là, qui tombe sous
le
sens, doit être exténuée méthodiquement (non point transfigurée ou gl
9361
n point transfigurée ou glorifiée) pour atteindre
le
Soi sans distinction, la Réalité sans visage, qui n’est ni ceci ni ce
9362
lorifiée) pour atteindre le Soi sans distinction,
la
Réalité sans visage, qui n’est ni ceci ni cela, mais qui est l’Immens
9363
s visage, qui n’est ni ceci ni cela, mais qui est
l’
Immensité, disent les hindous, et qui est le Vide disent les bouddhist
9364
ni ceci ni cela, mais qui est l’Immensité, disent
les
hindous, et qui est le Vide disent les bouddhistes. Du même coup se t
9365
i est l’Immensité, disent les hindous, et qui est
le
Vide disent les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les pro
9366
té, disent les hindous, et qui est le Vide disent
les
bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués les problèmes de l’amou
9367
les bouddhistes. Du même coup se trouvent évacués
les
problèmes de l’amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain
9368
s. Du même coup se trouvent évacués les problèmes
de
l’amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain : faute de p
9369
Du même coup se trouvent évacués les problèmes de
l’
amour de soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain : faute de prot
9370
coup se trouvent évacués les problèmes de l’amour
de
soi-même et de l’amour de Dieu et du prochain : faute de protagoniste
9371
t évacués les problèmes de l’amour de soi-même et
de
l’amour de Dieu et du prochain : faute de protagonistes bien réels, c
9372
vacués les problèmes de l’amour de soi-même et de
l’
amour de Dieu et du prochain : faute de protagonistes bien réels, ces
9373
es problèmes de l’amour de soi-même et de l’amour
de
Dieu et du prochain : faute de protagonistes bien réels, ces problème
9374
nt avoir lieu (ou du moins être pris au sérieux).
L’
amour même est évacué. Il n’est plus que l’attrait des sexes agissant
9375
ieux). L’amour même est évacué. Il n’est plus que
l’
attrait des sexes agissant fatalement sur des milliards d’agrégats éph
9376
t des sexes agissant fatalement sur des milliards
d’
agrégats éphémères, combinés et défaits selon le cours des astres et l
9377
s d’agrégats éphémères, combinés et défaits selon
le
cours des astres et le Karma. Il ne peut être, pour l’esprit, qu’indi
9378
combinés et défaits selon le cours des astres et
le
Karma. Il ne peut être, pour l’esprit, qu’indifférent. (Quoique la mo
9379
urs des astres et le Karma. Il ne peut être, pour
l’
esprit, qu’indifférent. (Quoique la morale sociale condamne radicaleme
9380
eut être, pour l’esprit, qu’indifférent. (Quoique
la
morale sociale condamne radicalement l’adultère de la femme mariée ;
9381
(Quoique la morale sociale condamne radicalement
l’
adultère de la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on
9382
a morale sociale condamne radicalement l’adultère
de
la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on le pense bi
9383
orale sociale condamne radicalement l’adultère de
la
femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on le pense bien)
9384
de la femme mariée ; mais ce n’est pas au nom de
l’
amour, on le pense bien). « Écarte les choses, ô amant, ta voie est fu
9385
mariée ; mais ce n’est pas au nom de l’amour, on
le
pense bien). « Écarte les choses, ô amant, ta voie est fuite ! » s’éc
9386
as au nom de l’amour, on le pense bien). « Écarte
les
choses, ô amant, ta voie est fuite ! » s’écriait saint Jean de la Cro
9387
uite ! » s’écriait saint Jean de la Croix. Écarte
le
prochain ! ajoutent les spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’
9388
t Jean de la Croix. Écarte le prochain ! ajoutent
les
spirituels du védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que « la not
9389
védantisme et du bouddhisme. S’il est vrai que «
la
notion de Moi n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit
9390
e et du bouddhisme. S’il est vrai que « la notion
de
Moi n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte
9391
ddhisme. S’il est vrai que « la notion de Moi n’a
d’
accès que dans la pensée des sots », comme le dit un texte tibétain, l
9392
vrai que « la notion de Moi n’a d’accès que dans
la
pensée des sots », comme le dit un texte tibétain, la notion de Toi n
9393
n’a d’accès que dans la pensée des sots », comme
le
dit un texte tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. « La moral
9394
ensée des sots », comme le dit un texte tibétain,
la
notion de Toi ne vaut pas mieux. « La morale bouddhique, qui est une
9395
sots », comme le dit un texte tibétain, la notion
de
Toi ne vaut pas mieux. « La morale bouddhique, qui est une sorte d’hy
9396
e tibétain, la notion de Toi ne vaut pas mieux. «
La
morale bouddhique, qui est une sorte d’hygiène spirituelle, tend à dé
9397
mieux. « La morale bouddhique, qui est une sorte
d’
hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous, les causes de souffranc
9398
d’hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous,
les
causes de souffrance pour autrui.116 » « On ne peut comprendre la nat
9399
spirituelle, tend à détruire, en nous, les causes
de
souffrance pour autrui.116 » « On ne peut comprendre la nature de l’u
9400
ffrance pour autrui.116 » « On ne peut comprendre
la
nature de l’ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement in
9401
ur autrui.116 » « On ne peut comprendre la nature
de
l’ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement inné ou acqu
9402
autrui.116 » « On ne peut comprendre la nature de
l’
ultime réalité qu’après avoir détruit tout attachement inné ou acquis,
9403
ment inné ou acquis, pour ses semblables…117 » Et
le
Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes d’amours a cent sortes de doul
9404
17 » Et le Bouddha lui-même : « Qui a cent sortes
d’
amours a cent sortes de douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui
9405
même : « Qui a cent sortes d’amours a cent sortes
de
douleurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’a pas d’amour n’a pas
9406
eurs ; qui a un amour a une douleur ; qui n’a pas
d’
amour n’a pas de douleur. » Si l’on s’en tient aux textes, la cause es
9407
amour a une douleur ; qui n’a pas d’amour n’a pas
de
douleur. » Si l’on s’en tient aux textes, la cause est entendue : l’A
9408
ur ; qui n’a pas d’amour n’a pas de douleur. » Si
l’
on s’en tient aux textes, la cause est entendue : l’Asie métaphysique
9409
pas de douleur. » Si l’on s’en tient aux textes,
la
cause est entendue : l’Asie métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’
9410
on s’en tient aux textes, la cause est entendue :
l’
Asie métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’entends l’amour de Dieu,
9411
est entendue : l’Asie métaphysique ne connaît pas
l’
amour, — j’entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-pas
9412
métaphysique ne connaît pas l’amour, — j’entends
l’
amour de Dieu, de soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’amour
9413
sique ne connaît pas l’amour, — j’entends l’amour
de
Dieu, de soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’amour matrimo
9414
connaît pas l’amour, — j’entends l’amour de Dieu,
de
soi et du prochain, l’amour-passion, et même l’amour matrimonial. Mai
9415
j’entends l’amour de Dieu, de soi et du prochain,
l’
amour-passion, et même l’amour matrimonial. Mais on me dira que l’Asie
9416
, de soi et du prochain, l’amour-passion, et même
l’
amour matrimonial. Mais on me dira que l’Asie n’est pas toute spiritue
9417
et même l’amour matrimonial. Mais on me dira que
l’
Asie n’est pas toute spirituelle, et que la vie ne s’en tient pas aux
9418
ra que l’Asie n’est pas toute spirituelle, et que
la
vie ne s’en tient pas aux textes. On ajoutera peut-être qu’on ne voit
9419
x textes. On ajoutera peut-être qu’on ne voit pas
de
raisons pour que l’Orient réel soit plus conforme aux sermons du Boud
9420
a peut-être qu’on ne voit pas de raisons pour que
l’
Orient réel soit plus conforme aux sermons du Bouddha, que l’Europe au
9421
el soit plus conforme aux sermons du Bouddha, que
l’
Europe au Sermon sur la montagne. On aura tort. Car les grandes doctri
9422
ux sermons du Bouddha, que l’Europe au Sermon sur
la
montagne. On aura tort. Car les grandes doctrines religieuses de l’As
9423
rope au Sermon sur la montagne. On aura tort. Car
les
grandes doctrines religieuses de l’Asie n’ont jamais été révolutionna
9424
aura tort. Car les grandes doctrines religieuses
de
l’Asie n’ont jamais été révolutionnaires. Elles n’ont jamais prétendu
9425
ra tort. Car les grandes doctrines religieuses de
l’
Asie n’ont jamais été révolutionnaires. Elles n’ont jamais prétendu tr
9426
onnaires. Elles n’ont jamais prétendu transformer
l’
ensemble des réalités humaines : sociales, économiques et politiques,
9427
e religions), elles expriment ces réalités, elles
les
fixent et elles les consacrent (par les idoles et les yantras — signe
9428
expriment ces réalités, elles les fixent et elles
les
consacrent (par les idoles et les yantras — signes magiques et invari
9429
és, elles les fixent et elles les consacrent (par
les
idoles et les yantras — signes magiques et invariables —, par les rit
9430
fixent et elles les consacrent (par les idoles et
les
yantras — signes magiques et invariables —, par les rites quotidiens
9431
s yantras — signes magiques et invariables —, par
les
rites quotidiens omniprésents, par le régime des castes et la condamn
9432
les —, par les rites quotidiens omniprésents, par
le
régime des castes et la condamnation de toute curiosité du monde) ; d
9433
tidiens omniprésents, par le régime des castes et
la
condamnation de toute curiosité du monde) ; d’autre part, en tant que
9434
ents, par le régime des castes et la condamnation
de
toute curiosité du monde) ; d’autre part, en tant que doctrines elles
9435
tant que doctrines elles proposent aux spirituels
les
moyens de s’en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les
9436
ctrines elles proposent aux spirituels les moyens
de
s’en évader en dérangeant le moins de choses possible. Les religions
9437
pirituels les moyens de s’en évader en dérangeant
le
moins de choses possible. Les religions abrahamiques, au contraire, m
9438
les moyens de s’en évader en dérangeant le moins
de
choses possible. Les religions abrahamiques, au contraire, monothéist
9439
évader en dérangeant le moins de choses possible.
Les
religions abrahamiques, au contraire, monothéistes et communautaires,
9440
traire, monothéistes et communautaires, attaquent
l’
ensemble des relations humaines et prennent à partie, un à un, tout in
9441
un à un, tout individu tel qu’il est, décidées à
le
transformer en vérité118. Elles provoquent d’innombrables réactions.
9442
s à le transformer en vérité118. Elles provoquent
d’
innombrables réactions. Il est par suite inévitable que l’existence ré
9443
rables réactions. Il est par suite inévitable que
l’
existence réelle, en Occident, ressemble moins à la doctrine que ce n’
9444
’existence réelle, en Occident, ressemble moins à
la
doctrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l
9445
ent, ressemble moins à la doctrine que ce n’était
le
cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le
9446
était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons
l’
exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en
9447
as, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple
de
l’érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de
9448
jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de
l’
érotisme. Le shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de sex
9449
jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme.
Le
shivaïsme explique le cosmos tout entier en termes de sexualité : il
9450
ns l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme explique
le
cosmos tout entier en termes de sexualité : il pose le désir à la bas
9451
smos tout entier en termes de sexualité : il pose
le
désir à la base de tout. « Nous ne désirons des choses que dans la me
9452
ntier en termes de sexualité : il pose le désir à
la
base de tout. « Nous ne désirons des choses que dans la mesure où ell
9453
termes de sexualité : il pose le désir à la base
de
tout. « Nous ne désirons des choses que dans la mesure où elles nous
9454
e de tout. « Nous ne désirons des choses que dans
la
mesure où elles nous procurent une jouissance. La divinité n’est un o
9455
la mesure où elles nous procurent une jouissance.
La
divinité n’est un objet d’amour que parce qu’elle représente une volu
9456
curent une jouissance. La divinité n’est un objet
d’
amour que parce qu’elle représente une volupté sans mélange… Le désir
9457
arce qu’elle représente une volupté sans mélange…
Le
désir du luxurieux pour la femme n’existe que parce qu’il voit en ell
9458
volupté sans mélange… Le désir du luxurieux pour
la
femme n’existe que parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir,
9459
ur la femme n’existe que parce qu’il voit en elle
la
forme de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la
9460
me n’existe que parce qu’il voit en elle la forme
de
son plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie de la possessio
9461
parce qu’il voit en elle la forme de son plaisir,
la
source de sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance
9462
l voit en elle la forme de son plaisir, la source
de
sa jouissance. Dans la joie de la possession, la souffrance du désir
9463
de son plaisir, la source de sa jouissance. Dans
la
joie de la possession, la souffrance du désir est pour un instant apa
9464
plaisir, la source de sa jouissance. Dans la joie
de
la possession, la souffrance du désir est pour un instant apaisée… et
9465
isir, la source de sa jouissance. Dans la joie de
la
possession, la souffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’
9466
de sa jouissance. Dans la joie de la possession,
la
souffrance du désir est pour un instant apaisée… et l’homme perçoit d
9467
uffrance du désir est pour un instant apaisée… et
l’
homme perçoit dans le plaisir sa propre nature essentielle, qui est la
9468
pour un instant apaisée… et l’homme perçoit dans
le
plaisir sa propre nature essentielle, qui est la joie. Toute jouissan
9469
le plaisir sa propre nature essentielle, qui est
la
joie. Toute jouissance, tout plaisir est une expérience du divin… Mai
9470
e, tout plaisir est une expérience du divin… Mais
l’
amour parfait est celui dont l’objet n’est pas limité. C’est cet amour
9471
nce du divin… Mais l’amour parfait est celui dont
l’
objet n’est pas limité. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour d
9472
l’objet n’est pas limité. C’est cet amour qui est
l’
amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour de l’Être-de-volupté trans
9473
pas limité. C’est cet amour qui est l’amour pur,
l’
amour de l’amour même, l’amour de l’Être-de-volupté transcendant »119.
9474
ité. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour
de
l’amour même, l’amour de l’Être-de-volupté transcendant »119. Kâma, l
9475
. C’est cet amour qui est l’amour pur, l’amour de
l’
amour même, l’amour de l’Être-de-volupté transcendant »119. Kâma, le d
9476
our qui est l’amour pur, l’amour de l’amour même,
l’
amour de l’Être-de-volupté transcendant »119. Kâma, le dieu du plaisir
9477
est l’amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour
de
l’Être-de-volupté transcendant »119. Kâma, le dieu du plaisir érotiqu
9478
l’amour pur, l’amour de l’amour même, l’amour de
l’
Être-de-volupté transcendant »119. Kâma, le dieu du plaisir érotique,
9479
our de l’Être-de-volupté transcendant »119. Kâma,
le
dieu du plaisir érotique, est vénéré par les yogis, « car c’est lui s
9480
Kâma, le dieu du plaisir érotique, est vénéré par
les
yogis, « car c’est lui seul, lorsqu’il est satisfait, qui peut libére
9481
i seul, lorsqu’il est satisfait, qui peut libérer
l’
esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie l’homme
9482
qui peut libérer l’esprit du désir… Ce n’est pas
le
plaisir mais le désir qui lie l’homme et qui est un obstacle à son pr
9483
r l’esprit du désir… Ce n’est pas le plaisir mais
le
désir qui lie l’homme et qui est un obstacle à son progrès spirituel.
9484
ir… Ce n’est pas le plaisir mais le désir qui lie
l’
homme et qui est un obstacle à son progrès spirituel.120 » Et encore :
9485
s spirituel.120 » Et encore : « Celui qui cherche
l’
amour dans l’espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage
9486
20 » Et encore : « Celui qui cherche l’amour dans
l’
espoir d’une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les p
9487
ncore : « Celui qui cherche l’amour dans l’espoir
d’
une jouissance est la victime du désir. Le sage accepte les plaisirs s
9488
herche l’amour dans l’espoir d’une jouissance est
la
victime du désir. Le sage accepte les plaisirs sensuels quand ils vie
9489
’espoir d’une jouissance est la victime du désir.
Le
sage accepte les plaisirs sensuels quand ils viennent, mais avec un c
9490
uissance est la victime du désir. Le sage accepte
les
plaisirs sensuels quand ils viennent, mais avec un cœur détaché. Il n
9491
n du plaisir comme expérience du divin, comparons-
les
aux diatribes d’un saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée
9492
expérience du divin, comparons-les aux diatribes
d’
un saint Paul annonçant la « colère de Dieu, révélée du Ciel » contre
9493
arons-les aux diatribes d’un saint Paul annonçant
la
« colère de Dieu, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les
9494
x diatribes d’un saint Paul annonçant la « colère
de
Dieu, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et les « infâmes »,
9495
ant la « colère de Dieu, révélée du Ciel » contre
les
« impudiques » et les « infâmes », contre « tous ceux qui se sont liv
9496
u, révélée du Ciel » contre les « impudiques » et
les
« infâmes », contre « tous ceux qui se sont livrés à l’impureté, selo
9497
nfâmes », contre « tous ceux qui se sont livrés à
l’
impureté, selon les convoitises de leur cœur. » Comparons le Shiva Pur
9498
tous ceux qui se sont livrés à l’impureté, selon
les
convoitises de leur cœur. » Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra,
9499
e sont livrés à l’impureté, selon les convoitises
de
leur cœur. » Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata,
9500
, selon les convoitises de leur cœur. » Comparons
le
Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires
9501
itises de leur cœur. » Comparons le Shiva Purana,
le
Kamasutra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du p
9502
cœur. » Comparons le Shiva Purana, le Kamasutra,
le
Mahabharata, les copieux commentaires sur le culte du phallus, aux tr
9503
ns le Shiva Purana, le Kamasutra, le Mahabharata,
les
copieux commentaires sur le culte du phallus, aux traités des Pères d
9504
tra, le Mahabharata, les copieux commentaires sur
le
culte du phallus, aux traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et s
9505
du phallus, aux traités des Pères de l’Église sur
l’
ascèse et sur la chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaa
9506
traités des Pères de l’Église sur l’ascèse et sur
la
chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaard voyait juste
9507
oint Kierkegaard voyait juste quand il disait que
le
christianisme, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit, l’a po
9508
and il disait que le christianisme, en condamnant
la
sensualité au nom de l’esprit, l’a posée comme réalité et catégorie s
9509
istianisme, en condamnant la sensualité au nom de
l’
esprit, l’a posée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les lit
9510
, en condamnant la sensualité au nom de l’esprit,
l’
a posée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans les littératures
9511
osée comme réalité et catégorie spirituelle. Dans
les
littératures de l’Asie, on trouvera peu d’exemples convaincants — pou
9512
é et catégorie spirituelle. Dans les littératures
de
l’Asie, on trouvera peu d’exemples convaincants — pour ma part, je n’
9513
t catégorie spirituelle. Dans les littératures de
l’
Asie, on trouvera peu d’exemples convaincants — pour ma part, je n’en
9514
Dans les littératures de l’Asie, on trouvera peu
d’
exemples convaincants — pour ma part, je n’en connais point — de ce qu
9515
vaincants — pour ma part, je n’en connais point —
de
ce que nous baptisons amour-passion, et l’on sait à quel point cette
9516
oint — de ce que nous baptisons amour-passion, et
l’
on sait à quel point cette forme de l’amour est liée à ses expressions
9517
ur-passion, et l’on sait à quel point cette forme
de
l’amour est liée à ses expressions. La passion et l’amour mystique, l
9518
passion, et l’on sait à quel point cette forme de
l’
amour est liée à ses expressions. La passion et l’amour mystique, l’ér
9519
ette forme de l’amour est liée à ses expressions.
La
passion et l’amour mystique, l’érotisme et l’amour du prochain, sont
9520
l’amour est liée à ses expressions. La passion et
l’
amour mystique, l’érotisme et l’amour du prochain, sont des problèmes
9521
ses expressions. La passion et l’amour mystique,
l’
érotisme et l’amour du prochain, sont des problèmes occidentaux, posés
9522
ns. La passion et l’amour mystique, l’érotisme et
l’
amour du prochain, sont des problèmes occidentaux, posés à tous par le
9523
sont des problèmes occidentaux, posés à tous par
les
rigueurs mal tolérées de dogmes et de doctrines impératives, cependan
9524
ntaux, posés à tous par les rigueurs mal tolérées
de
dogmes et de doctrines impératives, cependant que les voies de sagess
9525
à tous par les rigueurs mal tolérées de dogmes et
de
doctrines impératives, cependant que les voies de sagesse asiatiques
9526
dogmes et de doctrines impératives, cependant que
les
voies de sagesse asiatiques sont seulement proposées, — à quelques-un
9527
de doctrines impératives, cependant que les voies
de
sagesse asiatiques sont seulement proposées, — à quelques-uns. Les re
9528
iques sont seulement proposées, — à quelques-uns.
Les
recettes de plaisir, ou d’immortalité par la rétention du semen, sont
9529
ulement proposées, — à quelques-uns. Les recettes
de
plaisir, ou d’immortalité par la rétention du semen, sont liées en As
9530
es, — à quelques-uns. Les recettes de plaisir, ou
d’
immortalité par la rétention du semen, sont liées en Asie à la piété,
9531
ns. Les recettes de plaisir, ou d’immortalité par
la
rétention du semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos cou
9532
é par la rétention du semen, sont liées en Asie à
la
piété, tandis que nos coutumes viennent d’un vieux fond païen et que
9533
Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennent
d’
un vieux fond païen et que notre hygiène moderne se veut « scientifiqu
9534
iène moderne se veut « scientifique ». À cause de
la
nature du christianisme et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhi
9535
fique ». À cause de la nature du christianisme et
de
la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occide
9536
ue ». À cause de la nature du christianisme et de
la
nature de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident
9537
use de la nature du christianisme et de la nature
de
l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en con
9538
de la nature du christianisme et de la nature de
l’
hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de l’Occident est en confli
9539
et de la nature de l’hindouisme ou du bouddhisme,
la
vie réelle de l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vi
9540
e de l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle
de
l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’
9541
e l’hindouisme ou du bouddhisme, la vie réelle de
l’
Occident est en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de l’Asi
9542
, la vie réelle de l’Occident est en conflit avec
la
foi, tandis que la vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses reli
9543
l’Occident est en conflit avec la foi, tandis que
la
vie réelle de l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la sym
9544
en conflit avec la foi, tandis que la vie réelle
de
l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces f
9545
conflit avec la foi, tandis que la vie réelle de
l’
Asie est en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie de ces form
9546
l’Asie est en symbiose avec ses religions. Et si
la
symétrie de ces formules inquiète, revenons au quotidien banal, pris
9547
en symbiose avec ses religions. Et si la symétrie
de
ces formules inquiète, revenons au quotidien banal, pris sur le vif :
9548
s inquiète, revenons au quotidien banal, pris sur
le
vif : plutôt qu’une infinie bibliographie rameutée à l’appui de mes d
9549
te notation plaisante dans un roman moderne, dont
l’
auteur se trouve être un brahmane védantin : « J’avais vécu en Europe,
9550
usé une Européenne : apparemment, cela me donnait
l’
invraisemblable privilège de comprendre les choses de l’amour.122 » C
9551
ment, cela me donnait l’invraisemblable privilège
de
comprendre les choses de l’amour.122 » Ceci encore : le cliché Orien
9552
donnait l’invraisemblable privilège de comprendre
les
choses de l’amour.122 » Ceci encore : le cliché Orient — Occident =
9553
nvraisemblable privilège de comprendre les choses
de
l’amour.122 » Ceci encore : le cliché Orient — Occident = non-moi —
9554
aisemblable privilège de comprendre les choses de
l’
amour.122 » Ceci encore : le cliché Orient — Occident = non-moi — per
9555
rendre les choses de l’amour.122 » Ceci encore :
le
cliché Orient — Occident = non-moi — personne, qui a peut-être moins
9556
e moins cours en Orient que dans certains milieux
d’
Europe et d’Amérique sérieusement éperdus de sagesse asiatique, me par
9557
s en Orient que dans certains milieux d’Europe et
d’
Amérique sérieusement éperdus de sagesse asiatique, me paraît appeler
9558
lieux d’Europe et d’Amérique sérieusement éperdus
de
sagesse asiatique, me paraît appeler deux remarques, à vrai dire d’in
9559
ue, me paraît appeler deux remarques, à vrai dire
d’
inégale importance, et qu’on voudrait déconcertantes. 1. Précaution de
9560
, et qu’on voudrait déconcertantes. 1. Précaution
de
méthode dialectique. — Au défi de dogmes sublimes et qui prétendent t
9561
. 1. Précaution de méthode dialectique. — Au défi
de
dogmes sublimes et qui prétendent transfigurer la vie concrète, l’Occ
9562
de dogmes sublimes et qui prétendent transfigurer
la
vie concrète, l’Occident répond par des mythes symbolisant ses résist
9563
s et qui prétendent transfigurer la vie concrète,
l’
Occident répond par des mythes symbolisant ses résistances naturelles,
9564
mbolisant ses résistances naturelles, et qui font
l’
intérêt de sa vie amoureuse. Mais l’Orient se contente de proposer des
9565
ses résistances naturelles, et qui font l’intérêt
de
sa vie amoureuse. Mais l’Orient se contente de proposer des voies aux
9566
, et qui font l’intérêt de sa vie amoureuse. Mais
l’
Orient se contente de proposer des voies aux Renonçants (ou sannyasins
9567
êt de sa vie amoureuse. Mais l’Orient se contente
de
proposer des voies aux Renonçants (ou sannyasins) qui ont épuisé la c
9568
ies aux Renonçants (ou sannyasins) qui ont épuisé
la
coupe, ou la dédaignent. Pas de drame, encore moins de tragique, et s
9569
çants (ou sannyasins) qui ont épuisé la coupe, ou
la
dédaignent. Pas de drame, encore moins de tragique, et surtout pas de
9570
s) qui ont épuisé la coupe, ou la dédaignent. Pas
de
drame, encore moins de tragique, et surtout pas de tout ou rien, mais
9571
upe, ou la dédaignent. Pas de drame, encore moins
de
tragique, et surtout pas de tout ou rien, mais d’innombrables variété
9572
e drame, encore moins de tragique, et surtout pas
de
tout ou rien, mais d’innombrables variétés dans l’approche de l’ultim
9573
de tragique, et surtout pas de tout ou rien, mais
d’
innombrables variétés dans l’approche de l’ultime réalité. Où nous ver
9574
e tout ou rien, mais d’innombrables variétés dans
l’
approche de l’ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomi
9575
ien, mais d’innombrables variétés dans l’approche
de
l’ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomie, ils ne m
9576
, mais d’innombrables variétés dans l’approche de
l’
ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomie, ils ne mont
9577
nces ne s’opposent pas. S’il arrive que certaines
de
leurs croyances semblent bien se confondre avec les nôtres (semblent
9578
les nôtres (semblent bien affirmer, par exemple,
la
réalité de la personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’ell
9579
(semblent bien affirmer, par exemple, la réalité
de
la personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’elles excluent
9580
emblent bien affirmer, par exemple, la réalité de
la
personne ou du prochain) on n’en saurait déduire qu’elles excluent le
9581
déduire qu’elles excluent leur contraire, ou que
l’
on s’était mépris sur le vrai sens de leurs affirmations répétées du c
9582
nt leur contraire, ou que l’on s’était mépris sur
le
vrai sens de leurs affirmations répétées du contraire (comme la non-e
9583
aire, ou que l’on s’était mépris sur le vrai sens
de
leurs affirmations répétées du contraire (comme la non-existence du m
9584
e leurs affirmations répétées du contraire (comme
la
non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée de vocation personnell
9585
(comme la non-existence du moi). Illustrons cela.
L’
idée de vocation personnelle accomplie aux dépens de l’individu est lo
9586
la non-existence du moi). Illustrons cela. L’idée
de
vocation personnelle accomplie aux dépens de l’individu est loin d’êt
9587
e de vocation personnelle accomplie aux dépens de
l’
individu est loin d’être absente de la Bhagavad-Gita : Sois détaché e
9588
nelle accomplie aux dépens de l’individu est loin
d’
être absente de la Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis l’action
9589
aux dépens de l’individu est loin d’être absente
de
la Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis l’action qui est ton de
9590
x dépens de l’individu est loin d’être absente de
la
Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis l’action qui est ton devoi
9591
de la Bhagavad-Gita : Sois détaché et accomplis
l’
action qui est ton devoir, car en accomplissant l’action sans attachem
9592
l’action qui est ton devoir, car en accomplissant
l’
action sans attachement, l’homme obtient le but suprême. (III, 19.) No
9593
, car en accomplissant l’action sans attachement,
l’
homme obtient le but suprême. (III, 19.) Notre propre devoir, si humbl
9594
issant l’action sans attachement, l’homme obtient
le
but suprême. (III, 19.) Notre propre devoir, si humble qu’il soit, va
9595
opre devoir, si humble qu’il soit, vaut mieux que
le
devoir parfaitement accompli d’un autre. Le dharma d’un autre est ple
9596
t, vaut mieux que le devoir parfaitement accompli
d’
un autre. Le dharma d’un autre est plein de dangers. (III, 35.) Et da
9597
x que le devoir parfaitement accompli d’un autre.
Le
dharma d’un autre est plein de dangers. (III, 35.) Et dans les upani
9598
evoir parfaitement accompli d’un autre. Le dharma
d’
un autre est plein de dangers. (III, 35.) Et dans les upanishads : L
9599
compli d’un autre. Le dharma d’un autre est plein
de
dangers. (III, 35.) Et dans les upanishads : La vie n’a servi de ri
9600
n autre est plein de dangers. (III, 35.) Et dans
les
upanishads : La vie n’a servi de rien à celui qui quitte ce monde sa
9601
de dangers. (III, 35.) Et dans les upanishads :
La
vie n’a servi de rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé
9602
35.) Et dans les upanishads : La vie n’a servi
de
rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé son propre monde
9603
propre monde intérieur. Elle reste invécue, comme
les
Vedas non récités, ou toute action non accomplie. (Brihad-âranyaka Up
9604
oute action non accomplie. (Brihad-âranyaka Up.)
La
notion de l’amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer au
9605
n non accomplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion
de
l’amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son en
9606
on accomplie. (Brihad-âranyaka Up.) La notion de
l’
amour du prochain, et l’injonction évangélique d’aimer aussi son ennem
9607
anyaka Up.) La notion de l’amour du prochain, et
l’
injonction évangélique d’aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes d
9608
l’amour du prochain, et l’injonction évangélique
d’
aimer aussi son ennemi ne sont pas absentes du bouddhisme : car l’enne
9609
n ennemi ne sont pas absentes du bouddhisme : car
l’
ennemi et toi-même ne diffèrent que par les attachements du moi phénom
9610
e : car l’ennemi et toi-même ne diffèrent que par
les
attachements du moi phénoménal, tandis qu’ils participent du même Soi
9611
même Soi véritable, qui seul importe. « Surmonte
le
mal par le bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me n
9612
éritable, qui seul importe. « Surmonte le mal par
le
bien », dit le Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me
9613
eul importe. « Surmonte le mal par le bien », dit
le
Bouddha. « Que ceux qui me calomnient, me nuisent, me raillent, et to
9614
i me calomnient, me nuisent, me raillent, et tous
les
autres, obtiennent l’illumination spirituelle », dit Shantideva. Et S
9615
sent, me raillent, et tous les autres, obtiennent
l’
illumination spirituelle », dit Shantideva. Et Suzuki, qui enseigna le
9616
tuelle », dit Shantideva. Et Suzuki, qui enseigna
le
zen à toutes les Amériques dégoûtées de l’Occident, et de plus en plu
9617
antideva. Et Suzuki, qui enseigna le zen à toutes
les
Amériques dégoûtées de l’Occident, et de plus en plus à l’Europe, va
9618
enseigna le zen à toutes les Amériques dégoûtées
de
l’Occident, et de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que la mét
9619
seigna le zen à toutes les Amériques dégoûtées de
l’
Occident, et de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que la méthod
9620
ues dégoûtées de l’Occident, et de plus en plus à
l’
Europe, va jusqu’à dire que la méthode bouddhiste « consiste à transfo
9621
t de plus en plus à l’Europe, va jusqu’à dire que
la
méthode bouddhiste « consiste à transformer Éros en Agapè 123 ». Je r
9622
philosophie sans dogmatique. Nous parlerons alors
d’
inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-elle pas inventé plus
9623
utre ? Elles ne se contredisent pas davantage que
les
énoncés spirituels correspondant à différents niveaux d’évolution, à
9624
cés spirituels correspondant à différents niveaux
d’
évolution, à différents degrés d’éveil de la conscience… 2. Mise en qu
9625
fférents niveaux d’évolution, à différents degrés
d’
éveil de la conscience… 2. Mise en question par l’expérience vécue. —
9626
niveaux d’évolution, à différents degrés d’éveil
de
la conscience… 2. Mise en question par l’expérience vécue. — Dans le
9627
veaux d’évolution, à différents degrés d’éveil de
la
conscience… 2. Mise en question par l’expérience vécue. — Dans le rom
9628
d’éveil de la conscience… 2. Mise en question par
l’
expérience vécue. — Dans le roman de Raja Rao qu’on vient de citer, ce
9629
. Mise en question par l’expérience vécue. — Dans
le
roman de Raja Rao qu’on vient de citer, cette sentence d’un upanishad
9630
question par l’expérience vécue. — Dans le roman
de
Raja Rao qu’on vient de citer, cette sentence d’un upanishad reparaît
9631
de Raja Rao qu’on vient de citer, cette sentence
d’
un upanishad reparaît à plusieurs reprises : En vérité, à quoi se rap
9632
usieurs reprises : En vérité, à quoi se rapporte
l’
amour d’un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais en vérité a
9633
reprises : En vérité, à quoi se rapporte l’amour
d’
un mari pour sa femme ? Non point à la femme, mais en vérité au Soi qu
9634
rte l’amour d’un mari pour sa femme ? Non point à
la
femme, mais en vérité au Soi qui est en elle.124 En présence d’une
9635
ence d’une telle phrase, j’éprouve d’abord ceci :
le
sentiment d’une immédiate et vive reconnaissance. Car toute vérité su
9636
lle phrase, j’éprouve d’abord ceci : le sentiment
d’
une immédiate et vive reconnaissance. Car toute vérité sur l’amour est
9637
iate et vive reconnaissance. Car toute vérité sur
l’
amour est immédiatement reconnue par celui qui s’est mis en quête d’un
9638
atement reconnue par celui qui s’est mis en quête
d’
un savoir de l’amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de
9639
nnue par celui qui s’est mis en quête d’un savoir
de
l’amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’es
9640
e par celui qui s’est mis en quête d’un savoir de
l’
amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est p
9641
e l’amour qu’il vit. N’importe qui m’avertira que
le
Soi de l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel
9642
ur qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi
de
l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel. On co
9643
qu’il vit. N’importe qui m’avertira que le Soi de
l’
Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel. On conna
9644
rte qui m’avertira que le Soi de l’Inde n’est pas
le
vrai Dieu des chrétiens, qui est personnel. On connaît les définition
9645
Dieu des chrétiens, qui est personnel. On connaît
les
définitions. Mais je retrouve ici mon expérience. C’est seulement à p
9646
artir de là que nos questions deviennent capables
de
réponses. Sur cette phrase des upanishads, sur le dialogue qui peut s
9647
de réponses. Sur cette phrase des upanishads, sur
le
dialogue qui peut s’instituer à partir d’expériences reconnues, on po
9648
ds, sur le dialogue qui peut s’instituer à partir
d’
expériences reconnues, on pourrait écrire tout un livre. (Mais si c’ét
9649
récisément, ici, touche à sa fin ?) Je disais que
l’
amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour l’avoir reconnu tout d
9650
l’amour vrai, c’est discerner dans l’autre — pour
l’
avoir reconnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour
9651
— pour l’avoir reconnu tout d’abord en soi-même —
le
vrai moi, sujet de l’amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’
9652
nnu tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet
de
l’amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’il est ou peut deve
9653
tout d’abord en soi-même — le vrai moi, sujet de
l’
amour, et l’aider à prendre conscience de ce qu’il est ou peut devenir
9654
d en soi-même — le vrai moi, sujet de l’amour, et
l’
aider à prendre conscience de ce qu’il est ou peut devenir. N’est-ce p
9655
sujet de l’amour, et l’aider à prendre conscience
de
ce qu’il est ou peut devenir. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lum
9656
nce de ce qu’il est ou peut devenir. N’est-ce pas
l’
aider à réfléchir la lumière de l’amour créateur ? Non, ce serait-là t
9657
ou peut devenir. N’est-ce pas l’aider à réfléchir
la
lumière de l’amour créateur ? Non, ce serait-là trop dire, et pas ass
9658
enir. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lumière
de
l’amour créateur ? Non, ce serait-là trop dire, et pas assez. Aimer,
9659
r. N’est-ce pas l’aider à réfléchir la lumière de
l’
amour créateur ? Non, ce serait-là trop dire, et pas assez. Aimer, c’e
9660
as assez. Aimer, c’est aider l’autre à se’ situer
de
telle manière que la lumière se voie en lui, mais qu’en même temps le
9661
t aider l’autre à se’ situer de telle manière que
la
lumière se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de l’amant
9662
la lumière se voie en lui, mais qu’en même temps
le
vrai moi de l’amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtil
9663
se voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi
de
l’amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtilement changé
9664
voie en lui, mais qu’en même temps le vrai moi de
l’
amant s’y découvre, autrement éclairé, et par là subtilement changé, u
9665
gé, un peu plus lui-même qu’avant : amour mutuel.
L’
expérience est la même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière
9666
ui-même qu’avant : amour mutuel. L’expérience est
la
même, ou du moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom q
9667
mutuel. L’expérience est la même, ou du moins je
la
sens telle. Mais la lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui diffè
9668
e est la même, ou du moins je la sens telle. Mais
la
lumière ? Est-ce le Nom qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autr
9669
moins je la sens telle. Mais la lumière ? Est-ce
le
Nom qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autre ? Le point du dial
9670
-ce le Nom qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi
d’
autre ? Le point du dialogue est ici. Un point seulement, sans étendue
9671
qu’on lui donne qui diffère, — ou quoi d’autre ?
Le
point du dialogue est ici. Un point seulement, sans étendue, mais sel
9672
ici. Un point seulement, sans étendue, mais selon
le
regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre :
9673
tons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre :
l’
Occidental ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté
9674
en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou
l’
Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payon
9675
nde ou l’autre : l’Occidental ou l’Oriental. Tous
les
risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses
9676
re : l’Occidental ou l’Oriental. Tous les risques
d’
erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêti
9677
tal ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont
de
notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirit
9678
ous les risques d’erreur sont de notre côté, nous
les
payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont telleme
9679
d’erreur sont de notre côté, nous les payons par
les
névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont tellement en garde con
9680
e notre côté, nous les payons par les névroses ou
l’
abêtissement spirituel. Eux sont tellement en garde contre l’illusion,
9681
ent spirituel. Eux sont tellement en garde contre
l’
illusion, qu’ils l’ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe
9682
sont tellement en garde contre l’illusion, qu’ils
l’
ont mise en facteur commun dans tout ce qui existe (à tel point que le
9683
r commun dans tout ce qui existe (à tel point que
le
seul fait d’exister devient pour eux l’équivalent de notre péché orig
9684
tout ce qui existe (à tel point que le seul fait
d’
exister devient pour eux l’équivalent de notre péché originel). Ils en
9685
point que le seul fait d’exister devient pour eux
l’
équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les n
9686
seul fait d’exister devient pour eux l’équivalent
de
notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s
9687
otre péché originel). Ils en ont fait autant pour
les
névroses qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos a
9688
qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels :
le
cosmos actuel tout entier semble résulter — selon leurs sages — d’une
9689
tout entier semble résulter — selon leurs sages —
d’
une gigantesque schizophrénie du Soi. (Mais il sera finalement résorbé
9690
é, tout s’arrangera.) Ils en ont fait autant pour
les
personnes potentialisées dans une seule Personne-cosmique (Purusha do
9691
es dans une seule Personne-cosmique (Purusha dont
la
contrepartie actualisante est Prakriti), finalement dissociée et fond
9692
est Prakriti), finalement dissociée et fondu dans
le
Soi : « Tu es Cela ». Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais
9693
dissociée et fondu dans le Soi : « Tu es Cela ».
Le
drame individuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est le contraire
9694
« Tu es Cela ». Le drame individuel est noyé dans
le
Tout. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erre
9695
. Le drame individuel est noyé dans le Tout. Mais
le
Tout est le contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à
9696
ndividuel est noyé dans le Tout. Mais le Tout est
le
contraire du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour
9697
out. Mais le Tout est le contraire du drame. Tous
les
risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’amour est passio
9698
Tout est le contraire du drame. Tous les risques
d’
erreur sont liés à notre amour ; et plus l’amour est passionné, exigea
9699
isques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus
l’
amour est passionné, exigeant, singulier, plus grand le risque. Ce que
9700
ur est passionné, exigeant, singulier, plus grand
le
risque. Ce que nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’imag
9701
e nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou
l’
image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous
9702
royons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image
de
notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions
9703
à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous
les
psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’être ai
9704
tre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous
l’
ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pi
9705
ojetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit :
l’
erreur sur la personne de l’être aimé est la source des pires conflits
9706
les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur
la
personne de l’être aimé est la source des pires conflits, une violenc
9707
alystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne
de
l’être aimé est la source des pires conflits, une violence faite à l’
9708
stes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de
l’
être aimé est la source des pires conflits, une violence faite à l’âme
9709
dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est
la
source des pires conflits, une violence faite à l’âme de l’autre, à s
9710
a source des pires conflits, une violence faite à
l’
âme de l’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi tota
9711
ce des pires conflits, une violence faite à l’âme
de
l’autre, à son corps ou à son esprit — ou encore à son moi total non
9712
on reconnu, non respecté dans son autonomie. Ici,
le
brahmane intervient : — Si tu cherches le Soi à travers elle, si tu a
9713
e. Ici, le brahmane intervient : — Si tu cherches
le
Soi à travers elle, si tu as compris l’impermanence et t’exerces aux
9714
cherches le Soi à travers elle, si tu as compris
l’
impermanence et t’exerces aux « vues justes » comme disait le Bouddha
9715
nce et t’exerces aux « vues justes » comme disait
le
Bouddha — qui était l’un des nôtres, un Indien —, si tu vois bien ce
9716
tu vois bien ce que tu vois et portes ton amour à
l’
immuable seul, toutes ces erreurs que tu craignais sont illusoires. Co
9717
s erreurs que tu craignais sont illusoires. Comme
le
moi. — La vue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le troub
9718
que tu craignais sont illusoires. Comme le moi. —
La
vue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier le trouble. Dans c
9719
ue juste distingue et juge, mais ne peut pas nier
le
trouble. Dans ce moi peu ou point différencié que la vie nous offre,
9720
trouble. Dans ce moi peu ou point différencié que
la
vie nous offre, avec son programme génétique insondablement plus anci
9721
notre individu naturel, et qui lui survivra dans
le
cours des siècles, sans surprises et mille fois réincarné — la vue ju
9722
siècles, sans surprises et mille fois réincarné —
la
vue juste imagine — au sens fort — la personne. Il ne faut pas jeter
9723
réincarné — la vue juste imagine — au sens fort —
la
personne. Il ne faut pas jeter la vie avec l’erreur, mais aimer mieux
9724
au sens fort — la personne. Il ne faut pas jeter
la
vie avec l’erreur, mais aimer mieux. Non pas éteindre ou dépasser, ma
9725
t — la personne. Il ne faut pas jeter la vie avec
l’
erreur, mais aimer mieux. Non pas éteindre ou dépasser, mais transmute
9726
igurer ! Aimer mieux, c’est apprendre à discerner
la
raison d’être — donc d’être unique — de l’autre aimé, comme de soi-mê
9727
imer mieux, c’est apprendre à discerner la raison
d’
être — donc d’être unique — de l’autre aimé, comme de soi-même. Ce cor
9728
est apprendre à discerner la raison d’être — donc
d’
être unique — de l’autre aimé, comme de soi-même. Ce corps visible que
9729
discerner la raison d’être — donc d’être unique —
de
l’autre aimé, comme de soi-même. Ce corps visible que vient animer un
9730
tre — donc d’être unique — de l’autre aimé, comme
de
soi-même. Ce corps visible que vient animer un mouvement singulier et
9731
vient animer un mouvement singulier et fascinant
de
l’être… « Aimer ce que jamais on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’es
9732
ent animer un mouvement singulier et fascinant de
l’
être… « Aimer ce que jamais on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’est v
9733
on ne verra deux fois ! » — Aimer, c’est vouloir
l’
immortel, non l’éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite l’amour. C
9734
x fois ! » — Aimer, c’est vouloir l’immortel, non
l’
éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite l’amour. Cela n’empêche pa
9735
non l’éphémère, lequel n’a rien en soi qui mérite
l’
amour. Cela n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni le désir
9736
ien en soi qui mérite l’amour. Cela n’empêche pas
la
poésie, les amours poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont
9737
qui mérite l’amour. Cela n’empêche pas la poésie,
les
amours poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont la femme a b
9738
n’empêche pas la poésie, les amours poétiques, ni
le
désir, ni « cette adoration dont la femme a besoin pour s’accomplir,
9739
poétiques, ni le désir, ni « cette adoration dont
la
femme a besoin pour s’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons
9740
e que nous lui rendons, nous arrivons à connaître
le
monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva,
9741
rendons, nous arrivons à connaître le monde et à
l’
anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est d
9742
arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en
l’
absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le
9743
ir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva,
la
femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas êt
9744
ue nous devenions Shiva, la femme est dissoute et
le
monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.12
9745
la femme est dissoute et le monde avec elle. Car
le
monde ne doit pas être refusé mais dissous.125 » — Je veux voir l’aut
9746
le à la fois ce que je vois et ce qui fait que je
la
vois unique : ce vrai moi pressenti par l’amour seul, et qui est elle
9747
que je la vois unique : ce vrai moi pressenti par
l’
amour seul, et qui est elle-même. Tu dis le Soi, ce n’est personne. —
9748
ti par l’amour seul, et qui est elle-même. Tu dis
le
Soi, ce n’est personne. — Il n’y a personne. Personne ne peut aimer,
9749
— Il n’y a personne. Personne ne peut aimer, sauf
l’
égoïste. Il y a l’amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et t
9750
e. Personne ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a
l’
amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et tu sais bien que tu
9751
on « Dieu » dans ses créatures, puisqu’il est dit
de
Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous
9752
e comme personnes bien distinctes. Tu ne vois pas
la
femme que tu crois aimer. — Quand je saurai aimer le Soi en elle, je
9753
femme que tu crois aimer. — Quand je saurai aimer
le
Soi en elle, je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et les die
9754
je ne serai plus moi, elle ne sera plus elle, et
les
dieux mêmes me serviront. Tout et tous L’Orient voudrait exténu
9755
les dieux mêmes me serviront. Tout et tous
L’
Orient voudrait exténuer, « émacier le réel tangible126 », pour rejoin
9756
et tous L’Orient voudrait exténuer, « émacier
le
réel tangible126 », pour rejoindre l’Un primordial. Quand ses dieux m
9757
nt fait leur office et fait leur temps, il y aura
le
Soi seul en tout. À la consommation des temps, répond saint Paul, « D
9758
fait leur temps, il y aura le Soi seul en tout. À
la
consommation des temps, répond saint Paul, « Dieu sera tout en tous.
9759
Dieu sera tout en tous. » Depuis six millénaires,
les
sages de l’Asie n’ont pas varié dans leur croyance en la dualité de l
9760
tout en tous. » Depuis six millénaires, les sages
de
l’Asie n’ont pas varié dans leur croyance en la dualité de l’Un et du
9761
t en tous. » Depuis six millénaires, les sages de
l’
Asie n’ont pas varié dans leur croyance en la dualité de l’Un et du Mu
9762
s de l’Asie n’ont pas varié dans leur croyance en
la
dualité de l’Un et du Multiple, dualité finalement illusoire puisqu’u
9763
n’ont pas varié dans leur croyance en la dualité
de
l’Un et du Multiple, dualité finalement illusoire puisqu’un jour — do
9764
lement illusoire puisqu’un jour — dont ils savent
la
date — la vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul,
9765
usoire puisqu’un jour — dont ils savent la date —
la
vie, le cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans lais
9766
uisqu’un jour — dont ils savent la date — la vie,
le
cosmos et les dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans laisser aucu
9767
— dont ils savent la date — la vie, le cosmos et
les
dieux seront résorbés dans l’Un seul, sans laisser aucune trace, comm
9768
laisser aucune trace, comme n’ayant pas eu lieu.
Le
triomphe de ces spirituels et de leur eschatologie se confondra ce jo
9769
une trace, comme n’ayant pas eu lieu. Le triomphe
de
ces spirituels et de leur eschatologie se confondra ce jour-là avec l
9770
ant pas eu lieu. Le triomphe de ces spirituels et
de
leur eschatologie se confondra ce jour-là avec l’aboutissement d’un p
9771
de leur eschatologie se confondra ce jour-là avec
l’
aboutissement d’un processus entièrement matériel calculé par la scien
9772
ogie se confondra ce jour-là avec l’aboutissement
d’
un processus entièrement matériel calculé par la science occidentale :
9773
t d’un processus entièrement matériel calculé par
la
science occidentale : mais personne ne sera là pour constater que leu
9774
ne sera là pour constater que leurs doctrines sur
la
Lumière finale et sur le Vide n’auront été, dans leur ensemble, qu’un
9775
que leurs doctrines sur la Lumière finale et sur
le
Vide n’auront été, dans leur ensemble, qu’une immense transposition s
9776
s leur ensemble, qu’une immense transposition sur
les
plans poétique et religieux du second principe de la thermodynamique.
9777
es plans poétique et religieux du second principe
de
la thermodynamique. L’autre moitié de l’humanité croit dur comme fer
9778
plans poétique et religieux du second principe de
la
thermodynamique. L’autre moitié de l’humanité croit dur comme fer à l
9779
nd principe de la thermodynamique. L’autre moitié
de
l’humanité croit dur comme fer à la réalité tangible, insuffisante, p
9780
principe de la thermodynamique. L’autre moitié de
l’
humanité croit dur comme fer à la réalité tangible, insuffisante, plei
9781
’autre moitié de l’humanité croit dur comme fer à
la
réalité tangible, insuffisante, pleine de mystères, des apparences ac
9782
e fer à la réalité tangible, insuffisante, pleine
de
mystères, des apparences actuelles, qu’elle s’évertue en conséquence
9783
nséquence à scruter et à modifier. Elle parie sur
la
vie et contre l’entropie127. Elle ne sait plus d’où lui vient cette p
9784
er et à modifier. Elle parie sur la vie et contre
l’
entropie127. Elle ne sait plus d’où lui vient cette passion qui a prod
9785
la vie et contre l’entropie127. Elle ne sait plus
d’
où lui vient cette passion qui a produit la technique et les sciences,
9786
t plus d’où lui vient cette passion qui a produit
la
technique et les sciences, mais aussi nos structures sociales et poli
9787
vient cette passion qui a produit la technique et
les
sciences, mais aussi nos structures sociales et politiques, les droit
9788
mais aussi nos structures sociales et politiques,
les
droits de l’homme et une extraordinaire avidité. Le sens réel de l’av
9789
droits de l’homme et une extraordinaire avidité.
Le
sens réel de l’aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîn
9790
homme et une extraordinaire avidité. Le sens réel
de
l’aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîne. Et il est
9791
me et une extraordinaire avidité. Le sens réel de
l’
aventure échappe à la majorité de ceux qu’elle entraîne. Et il est vra
9792
ire avidité. Le sens réel de l’aventure échappe à
la
majorité de ceux qu’elle entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait gu
9793
Le sens réel de l’aventure échappe à la majorité
de
ceux qu’elle entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait guère le conce
9794
e entraîne. Et il est vrai qu’on ne saurait guère
le
concevoir sans une vision de sa fin anticipée. La petite phrase de sa
9795
’on ne saurait guère le concevoir sans une vision
de
sa fin anticipée. La petite phrase de saint Paul au début de notre èr
9796
le concevoir sans une vision de sa fin anticipée.
La
petite phrase de saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tou
9797
une vision de sa fin anticipée. La petite phrase
de
saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tous », d’un seul tr
9798
nticipée. La petite phrase de saint Paul au début
de
notre ère, « Dieu tout en tous », d’un seul trait fulgurant décrit ce
9799
aul au début de notre ère, « Dieu tout en tous »,
d’
un seul trait fulgurant décrit cette fin. Dès lors, au duel de l’Un et
9800
ait fulgurant décrit cette fin. Dès lors, au duel
de
l’Un et du Multiple est substitué le drame de l’Un et des uniques —
9801
ors, au duel de l’Un et du Multiple est substitué
le
drame de l’Un et des uniques — à l’anéantissement final dans l’uniss
9802
uel de l’Un et du Multiple est substitué le drame
de
l’Un et des uniques — à l’anéantissement final dans l’unisson, l’har
9803
st substitué le drame de l’Un et des uniques — à
l’
anéantissement final dans l’unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; —
9804
n et des uniques — à l’anéantissement final dans
l’
unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; — à la régressive extinction d
9805
iques — à l’anéantissement final dans l’unisson,
l’
harmonie d’un chœur infini ; — à la régressive extinction des différen
9806
l’anéantissement final dans l’unisson, l’harmonie
d’
un chœur infini ; — à la régressive extinction des différences éphémèr
9807
ans l’unisson, l’harmonie d’un chœur infini ; — à
la
régressive extinction des différences éphémères, leur mort et transfi
9808
ces éphémères, leur mort et transfiguration ; — à
l’
individuel aboli par une longue aspiration de l’Atman, le personnel ét
9809
— à l’individuel aboli par une longue aspiration
de
l’Atman, le personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’Imaginatio
9810
à l’individuel aboli par une longue aspiration de
l’
Atman, le personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’Imagination.
9811
iduel aboli par une longue aspiration de l’Atman,
le
personnel éternisé par l’effort vivifiant de l’Imagination. Ce sont l
9812
aspiration de l’Atman, le personnel éternisé par
l’
effort vivifiant de l’Imagination. Ce sont là deux doctrines, deux vue
9813
man, le personnel éternisé par l’effort vivifiant
de
l’Imagination. Ce sont là deux doctrines, deux vues des spirituels. Q
9814
, le personnel éternisé par l’effort vivifiant de
l’
Imagination. Ce sont là deux doctrines, deux vues des spirituels. Quel
9815
x doctrines, deux vues des spirituels. Quelle est
la
vraie ? Si les sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vé
9816
eux vues des spirituels. Quelle est la vraie ? Si
les
sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la con
9817
es spirituels. Quelle est la vraie ? Si les sages
de
l’Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation
9818
spirituels. Quelle est la vraie ? Si les sages de
l’
Orient ont raison, personne ne pourra le vérifier à la consommation de
9819
sages de l’Orient ont raison, personne ne pourra
le
vérifier à la consommation des temps, pas même le Soi qui dormira dan
9820
ient ont raison, personne ne pourra le vérifier à
la
consommation des temps, pas même le Soi qui dormira dans un sommeil s
9821
le vérifier à la consommation des temps, pas même
le
Soi qui dormira dans un sommeil sans rêves — leur idée du bonheur — e
9822
r — entre deux Créations totalement insensées. Si
les
saints de l’Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le s
9823
eux Créations totalement insensées. Si les saints
de
l’Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La
9824
Créations totalement insensées. Si les saints de
l’
Occident ont raison, ils seront seuls à être là pour le savoir. La doc
9825
ident ont raison, ils seront seuls à être là pour
le
savoir. La doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisi
9826
aison, ils seront seuls à être là pour le savoir.
La
doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisirons, en vé
9827
e sera celle que nous choisirons, en vérité vécue
de
conscience et d’action. Les résultats actuels et historiques sont amb
9828
nous choisirons, en vérité vécue de conscience et
d’
action. Les résultats actuels et historiques sont ambigus à l’infini,
9829
irons, en vérité vécue de conscience et d’action.
Les
résultats actuels et historiques sont ambigus à l’infini, pour nos me
9830
s résultats actuels et historiques sont ambigus à
l’
infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ignorance malheureus
9831
riques sont ambigus à l’infini, pour nos mesures.
Les
peuples sont dans l’ignorance malheureuse des origines et des fins de
9832
l’infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans
l’
ignorance malheureuse des origines et des fins de ce qu’ils croient, b
9833
l’ignorance malheureuse des origines et des fins
de
ce qu’ils croient, bien qu’ils en vivent plus ou moins bien, et même
9834
parfois pour leurs croyances. Nous voyons ce que
l’
Orient est resté jusqu’ici, et que ses doctrines d’extinction n’ont pa
9835
’Orient est resté jusqu’ici, et que ses doctrines
d’
extinction n’ont pas tué l’illusion du moi ; au contraire, ce moi sans
9836
, et que ses doctrines d’extinction n’ont pas tué
l’
illusion du moi ; au contraire, ce moi sans valeur est en train de fai
9837
aloir ses revendications, par plusieurs centaines
de
millions de bouches à nourrir, et demain de cerveaux à diriger. Nous
9838
vendications, par plusieurs centaines de millions
de
bouches à nourrir, et demain de cerveaux à diriger. Nous pressentons
9839
aines de millions de bouches à nourrir, et demain
de
cerveaux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et l’espérance c
9840
main de cerveaux à diriger. Nous pressentons dans
la
terreur et l’espérance ce que l’Occident peut devenir : soit s’englou
9841
ux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et
l’
espérance ce que l’Occident peut devenir : soit s’engloutir dans l’ill
9842
pressentons dans la terreur et l’espérance ce que
l’
Occident peut devenir : soit s’engloutir dans l’illusion de la matière
9843
e l’Occident peut devenir : soit s’engloutir dans
l’
illusion de la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir
9844
t peut devenir : soit s’engloutir dans l’illusion
de
la matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation
9845
eut devenir : soit s’engloutir dans l’illusion de
la
matière (et l’Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation av
9846
oit s’engloutir dans l’illusion de la matière (et
l’
Orient aurait eu raison), soit accomplir sa vocation aventureuse, — dé
9847
t accomplir sa vocation aventureuse, — déchiffrer
l’
Être dans le singulier et les structures de l’énergie universelle. Car
9848
sa vocation aventureuse, — déchiffrer l’Être dans
le
singulier et les structures de l’énergie universelle. Car c’est au se
9849
tureuse, — déchiffrer l’Être dans le singulier et
les
structures de l’énergie universelle. Car c’est au secret des personne
9850
iffrer l’Être dans le singulier et les structures
de
l’énergie universelle. Car c’est au secret des personnes que nous ten
9851
rer l’Être dans le singulier et les structures de
l’
énergie universelle. Car c’est au secret des personnes que nous tenton
9852
ar c’est au secret des personnes que nous tentons
d’
écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le
9853
u secret des personnes que nous tentons d’écouter
la
Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. « D’a
9854
us tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans
la
matière que nous cherchons le Soi. « D’autant plus nous connaissons l
9855
ne, mais c’est dans la matière que nous cherchons
le
Soi. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, dit S
9856
’est dans la matière que nous cherchons le Soi. «
D’
autant plus nous connaissons les choses particulières, dit Spinoza, d’
9857
herchons le Soi. « D’autant plus nous connaissons
les
choses particulières, dit Spinoza, d’autant plus nous connaissons Die
9858
onnaissons les choses particulières, dit Spinoza,
d’
autant plus nous connaissons Dieu. » La création tout entière, « soumi
9859
t Spinoza, d’autant plus nous connaissons Dieu. »
La
création tout entière, « soumise à la vanité » mais travaillée par «
9860
ons Dieu. » La création tout entière, « soumise à
la
vanité » mais travaillée par « un ardent désir, attend la révélation
9861
é » mais travaillée par « un ardent désir, attend
la
révélation des fils de Dieu » (Romains, 8). Et saint Justin, l’œcumén
9862
« un ardent désir, attend la révélation des fils
de
Dieu » (Romains, 8). Et saint Justin, l’œcuménique du iie siècle, os
9863
des fils de Dieu » (Romains, 8). Et saint Justin,
l’
œcuménique du iie siècle, ose parler d’un salut de la Matière. À forc
9864
t Justin, l’œcuménique du iie siècle, ose parler
d’
un salut de la Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mes
9865
’œcuménique du iie siècle, ose parler d’un salut
de
la Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la
9866
uménique du iie siècle, ose parler d’un salut de
la
Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par la vu
9867
, ose parler d’un salut de la Matière. À force de
l’
étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et d
9868
d’un salut de la Matière. À force de l’étreindre
de
ses mains, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recompo
9869
la Matière. À force de l’étreindre de ses mains,
de
la mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épie
9870
Matière. À force de l’étreindre de ses mains, de
la
mesurer par la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier d
9871
ce de l’étreindre de ses mains, de la mesurer par
la
vue, de la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secr
9872
étreindre de ses mains, de la mesurer par la vue,
de
la dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, com
9873
eindre de ses mains, de la mesurer par la vue, de
la
dissoudre et de la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme
9874
ins, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et
de
la recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, ce
9875
, de la mesurer par la vue, de la dissoudre et de
la
recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette
9876
par la vue, de la dissoudre et de la recomposer,
de
l’épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière du cos
9877
r la vue, de la dissoudre et de la recomposer, de
l’
épier dans sa vie secrète, comme l’alchimiste, cette matière du cosmos
9878
recomposer, de l’épier dans sa vie secrète, comme
l’
alchimiste, cette matière du cosmos en expansion, de l’atome élusif, d
9879
alchimiste, cette matière du cosmos en expansion,
de
l’atome élusif, des corps vivants, l’homme d’Occident ne cherche pas
9880
himiste, cette matière du cosmos en expansion, de
l’
atome élusif, des corps vivants, l’homme d’Occident ne cherche pas seu
9881
expansion, de l’atome élusif, des corps vivants,
l’
homme d’Occident ne cherche pas seulement à dévoiler ses lois secrètes
9882
on, de l’atome élusif, des corps vivants, l’homme
d’
Occident ne cherche pas seulement à dévoiler ses lois secrètes, mais à
9883
cette voie, qu’il aille jusqu’au bout ! Pour lui
la
Réalité est dans l’individuel, et l’Être dans les raisons d’être des
9884
ille jusqu’au bout ! Pour lui la Réalité est dans
l’
individuel, et l’Être dans les raisons d’être des uniques. Or ce choix
9885
t ! Pour lui la Réalité est dans l’individuel, et
l’
Être dans les raisons d’être des uniques. Or ce choix est celui de l’a
9886
la Réalité est dans l’individuel, et l’Être dans
les
raisons d’être des uniques. Or ce choix est celui de l’amour, de la c
9887
est dans l’individuel, et l’Être dans les raisons
d’
être des uniques. Or ce choix est celui de l’amour, de la connaissance
9888
raisons d’être des uniques. Or ce choix est celui
de
l’amour, de la connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est u
9889
sons d’être des uniques. Or ce choix est celui de
l’
amour, de la connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est uniq
9890
re des uniques. Or ce choix est celui de l’amour,
de
la connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est unique, à voi
9891
des uniques. Or ce choix est celui de l’amour, de
la
connaissance par l’amour, car tout ce qui existe est unique, à voir d
9892
hoix est celui de l’amour, de la connaissance par
l’
amour, car tout ce qui existe est unique, à voir de près, comme voit l
9893
’amour, car tout ce qui existe est unique, à voir
de
près, comme voit l’amour. 94. Cf. Charles Baudoin : Découverte de
9894
qui existe est unique, à voir de près, comme voit
l’
amour. 94. Cf. Charles Baudoin : Découverte de la Personne, p. 22.
9895
l’amour. 94. Cf. Charles Baudoin : Découverte
de
la Personne, p. 22. (Cet ouvrage est le meilleur exposé du personnali
9896
amour. 94. Cf. Charles Baudoin : Découverte de
la
Personne, p. 22. (Cet ouvrage est le meilleur exposé du personnalisme
9897
écouverte de la Personne, p. 22. (Cet ouvrage est
le
meilleur exposé du personnalisme moderne, par un psychanalyste assez
9898
si Ch. Baudoin me paraît un peu trop pessimiste,
de
son propre point de vue, D. T. Suzuki passe la mesure dans l’autre se
9899
e, de son propre point de vue, D. T. Suzuki passe
la
mesure dans l’autre sens lorsqu’il écrit avec une évidente satisfacti
9900
orsqu’il écrit avec une évidente satisfaction : «
La
psychologie moderne, en fait, a éliminé l’ego comme entité. » (Mystic
9901
on : « La psychologie moderne, en fait, a éliminé
l’
ego comme entité. » (Mysticism : Christian and Buddhist, p. 39.) La ps
9902
é. » (Mysticism : Christian and Buddhist, p. 39.)
La
psychologie dont il parle est occidentale. Cherchant à guérir les « m
9903
dont il parle est occidentale. Cherchant à guérir
les
« maladies du moi », elle le confirme comme entité et le renforce, lo
9904
Cherchant à guérir les « maladies du moi », elle
le
confirme comme entité et le renforce, loin de l’éliminer. 95. Henry
9905
ladies du moi », elle le confirme comme entité et
le
renforce, loin de l’éliminer. 95. Henry Corbin : L’Imagination créat
9906
le confirme comme entité et le renforce, loin de
l’
éliminer. 95. Henry Corbin : L’Imagination créatrice dans le soufisme
9907
renforce, loin de l’éliminer. 95. Henry Corbin :
L’
Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi, 1958, p. 28 et 50.
9908
95. Henry Corbin : L’Imagination créatrice dans
le
soufisme d’Ibn Arabi, 1958, p. 28 et 50. 96. Ibid., p. 131. 97. He
9909
Corbin : L’Imagination créatrice dans le soufisme
d’
Ibn Arabi, 1958, p. 28 et 50. 96. Ibid., p. 131. 97. Henry Corbin :
9910
. 131. 97. Henry Corbin : Terre céleste et corps
de
résurrection, 1960, p. 31. 98. Sur les solutions proposées par l’Ind
9911
e et corps de résurrection, 1960, p. 31. 98. Sur
les
solutions proposées par l’Inde, le taoïsme, et le bouddhisme tibétain
9912
1960, p. 31. 98. Sur les solutions proposées par
l’
Inde, le taoïsme, et le bouddhisme tibétain, voir A, David-Neel : Immo
9913
31. 98. Sur les solutions proposées par l’Inde,
le
taoïsme, et le bouddhisme tibétain, voir A, David-Neel : Immortalité
9914
es solutions proposées par l’Inde, le taoïsme, et
le
bouddhisme tibétain, voir A, David-Neel : Immortalité et Réincarnatio
9915
ion, 1961. 99. Parole attribuée au Bouddha, dans
la
tradition des Théravadins (hynayânistes). 100. Cf. Alexandra David-N
9916
(hynayânistes). 100. Cf. Alexandra David-Neel :
Le
Bouddhisme du Bouddha, 1960, p. 51-59. 101. D. T. Suzuki : Mysticis
9917
cism : Christian and Buddhist, 1956, p. 47. 102.
Le
Dhamma pada, trad. angl. Radakrishnan. 103. A. David-Neel donne un
9918
103. A. David-Neel donne une Parabole tibétaine
de
la « personne » dans l’op. cit. « Une personne » ressemble à une ass
9919
3. A. David-Neel donne une Parabole tibétaine de
la
« personne » dans l’op. cit. « Une personne » ressemble à une assemb
9920
ne une Parabole tibétaine de la « personne » dans
l’
op. cit. « Une personne » ressemble à une assemblée composée d’une qu
9921
Une personne » ressemble à une assemblée composée
d’
une quantité de membres. La discussion ne cesse jamais. Parfois, un de
9922
ressemble à une assemblée composée d’une quantité
de
membres. La discussion ne cesse jamais. Parfois, un de ses membres se
9923
une assemblée composée d’une quantité de membres.
La
discussion ne cesse jamais. Parfois, un de ses membres se lève, prono
9924
mbres. La discussion ne cesse jamais. Parfois, un
de
ses membres se lève, prononce un discours, préconise une action ; ses
9925
un discours, préconise une action ; ses collègues
l’
approuvent et il est décidé qu’il sera fait suivant ce qu’il a proposé
9926
qu’il a proposé. D’autres fois, plusieurs membres
de
l’assemblée se lèvent ensemble, proposent des choses différentes et c
9927
il a proposé. D’autres fois, plusieurs membres de
l’
assemblée se lèvent ensemble, proposent des choses différentes et chac
9928
emble, proposent des choses différentes et chacun
d’
eux appuie ses propositions sur des raisons particulières. On en vient
9929
collègues. Il advient aussi que certains membres
de
l’assemblée la quittent d’eux-mêmes ; d’autres sont graduellement pou
9930
llègues. Il advient aussi que certains membres de
l’
assemblée la quittent d’eux-mêmes ; d’autres sont graduellement poussé
9931
advient aussi que certains membres de l’assemblée
la
quittent d’eux-mêmes ; d’autres sont graduellement poussés au-dehors
9932
i que certains membres de l’assemblée la quittent
d’
eux-mêmes ; d’autres sont graduellement poussés au-dehors et d’autres,
9933
ssés au-dehors et d’autres, encore, sont expulsés
de
force par leurs collègues. Pendant ce temps, de nouveaux venus s’intr
9934
s de force par leurs collègues. Pendant ce temps,
de
nouveaux venus s’introduisent dans l’assemblée, soit en s’y glissant
9935
t ce temps, de nouveaux venus s’introduisent dans
l’
assemblée, soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant les porte
9936
soit en s’y glissant doucement, soit en enfonçant
les
portes. On remarque encore que certains membres de l’assemblée dépéri
9937
s portes. On remarque encore que certains membres
de
l’assemblée dépérissent lentement ; leur voix devient faible, on fini
9938
ortes. On remarque encore que certains membres de
l’
assemblée dépérissent lentement ; leur voix devient faible, on finit p
9939
; leur voix devient faible, on finit par ne plus
l’
entendre. Au contraire, d’autres qui étaient débiles et timides se for
9940
dissent, et finissent par s’instituer dictateurs.
Les
membres de cette assemblée, ce sont les éléments physiques et mentaux
9941
finissent par s’instituer dictateurs. Les membres
de
cette assemblée, ce sont les éléments physiques et mentaux qui consti
9942
ctateurs. Les membres de cette assemblée, ce sont
les
éléments physiques et mentaux qui constituent la « personne » ; ce so
9943
les éléments physiques et mentaux qui constituent
la
« personne » ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos c
9944
nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun
de
ceux-ci se trouve être, de par les causes qui l’ont engendré, le desc
9945
rs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par
les
causes qui l’ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples l
9946
de ceux-ci se trouve être, de par les causes qui
l’
ont engendré, le descendant et l’héritier de multiples lignes de cause
9947
rouve être, de par les causes qui l’ont engendré,
le
descendant et l’héritier de multiples lignes de causes, de multiples
9948
r les causes qui l’ont engendré, le descendant et
l’
héritier de multiples lignes de causes, de multiples séries de phénomè
9949
s qui l’ont engendré, le descendant et l’héritier
de
multiples lignes de causes, de multiples séries de phénomènes remonta
9950
, le descendant et l’héritier de multiples lignes
de
causes, de multiples séries de phénomènes remontant loin dans le pass
9951
dant et l’héritier de multiples lignes de causes,
de
multiples séries de phénomènes remontant loin dans le passé et dont l
9952
e multiples lignes de causes, de multiples séries
de
phénomènes remontant loin dans le passé et dont les traces se perdent
9953
ultiples séries de phénomènes remontant loin dans
le
passé et dont les traces se perdent dans les profondeurs de l’éternit
9954
e phénomènes remontant loin dans le passé et dont
les
traces se perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaiss
9955
dans le passé et dont les traces se perdent dans
les
profondeurs de l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occi
9956
t dont les traces se perdent dans les profondeurs
de
l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck
9957
ont les traces se perdent dans les profondeurs de
l’
éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck écr
9958
n Occident. Bismarck écrit : « Faust se plaignait
d’
avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule d’âmes turbulentes. Et t
9959
t d’avoir deux âmes en lui. J’ai en moi une foule
d’
âmes turbulentes. Et tout se passe comme dans une république. » À rega
9960
sse comme dans une république. » À regarder ainsi
le
moi, on le perd assurément et par méthode. Car il est forme dominante
9961
ans une république. » À regarder ainsi le moi, on
le
perd assurément et par méthode. Car il est forme dominante et gouvern
9962
est forme dominante et gouvernante. Si on tentait
de
l’observer à l’aide d’un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait p
9963
forme dominante et gouvernante. Si on tentait de
l’
observer à l’aide d’un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait plus
9964
nte et gouvernante. Si on tentait de l’observer à
l’
aide d’un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait plus qu’une vaste
9965
gouvernante. Si on tentait de l’observer à l’aide
d’
un microscope, l’éléphant lui aussi ne serait plus qu’une vaste illusi
9966
n tentait de l’observer à l’aide d’un microscope,
l’
éléphant lui aussi ne serait plus qu’une vaste illusion. 104. Les Q
9967
ssi ne serait plus qu’une vaste illusion. 104.
Les
Questions de Milinda (Milindahunha), Ier siècle A. D. Milinda est le
9968
plus qu’une vaste illusion. 104. Les Questions
de
Milinda (Milindahunha), Ier siècle A. D. Milinda est le roi indo-grec
9969
inda (Milindahunha), Ier siècle A. D. Milinda est
le
roi indo-grec Ménandre, qui vivait au IIe siècle av. J.-C. Nagasena,
9970
304-305. 107. Ces deux phrases sont à rapprocher
de
cette vue d’un soufi : « Le paradis du gnostique fidèle, c’est son co
9971
. Ces deux phrases sont à rapprocher de cette vue
d’
un soufi : « Le paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et
9972
ses sont à rapprocher de cette vue d’un soufi : «
Le
paradis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de l’ho
9973
dis du gnostique fidèle, c’est son corps même, et
l’
enfer de l’homme sans foi ni connaissance c’est également son corps mê
9974
nostique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer
de
l’homme sans foi ni connaissance c’est également son corps même. » (C
9975
tique fidèle, c’est son corps même, et l’enfer de
l’
homme sans foi ni connaissance c’est également son corps même. » (Cit.
9976
161.) 108. Aurore, 517. 109. Voir sur ce point
les
beaux essais de Hans Heinrich Schaeder recueillis dans Der Mensch in
9977
re, 517. 109. Voir sur ce point les beaux essais
de
Hans Heinrich Schaeder recueillis dans Der Mensch in Orient und Okzid
9978
ividuum in islam. 110. Ibn Arabi, in H. Corbin,
L’
Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn’Arabi, p. III. 111. Id.
9979
Arabi, in H. Corbin, L’Imagination créatrice dans
le
soufisme d’Ibn’Arabi, p. III. 111. Id. ibid., p. 117. 112. Cf. sup
9980
Corbin, L’Imagination créatrice dans le soufisme
d’
Ibn’Arabi, p. III. 111. Id. ibid., p. 117. 112. Cf. supra, p. 125 à
9981
supra, p. 125 à 127. 113. Emmanuel Swedenborg :
La
Nouvelle Jérusalem et sa doctrine céleste, § 86 à 89. 114. C’est à p
9982
», et qui n’est tel qu’aux yeux de celui qui nie
l’
âme ; mais alors, d’où viendrait cet amour, à qui irait-il ? La passio
9983
qu’aux yeux de celui qui nie l’âme ; mais alors,
d’
où viendrait cet amour, à qui irait-il ? La passion de Tristan est la
9984
alors, d’où viendrait cet amour, à qui irait-il ?
La
passion de Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fût jamais. 115.
9985
viendrait cet amour, à qui irait-il ? La passion
de
Tristan est la preuve de l’âme, s’il en fût jamais. 115. Katha upani
9986
amour, à qui irait-il ? La passion de Tristan est
la
preuve de l’âme, s’il en fût jamais. 115. Katha upanishad. 116. Ale
9987
ui irait-il ? La passion de Tristan est la preuve
de
l’âme, s’il en fût jamais. 115. Katha upanishad. 116. Alexandra Dav
9988
irait-il ? La passion de Tristan est la preuve de
l’
âme, s’il en fût jamais. 115. Katha upanishad. 116. Alexandra David-
9989
115. Katha upanishad. 116. Alexandra David-Neel,
Le
Bouddhisme du Bouddha, p. 45. 117. Chang Chen-Chi, The Practice of
9990
i, The Practice of zen. 118. Tout cela vaut pour
l’
islam, bien entendu, au moins autant que pour le christianisme et le j
9991
r l’islam, bien entendu, au moins autant que pour
le
christianisme et le judaïsme. « Dans l’Arabe, tout est colère », écri
9992
ndu, au moins autant que pour le christianisme et
le
judaïsme. « Dans l’Arabe, tout est colère », écrit Henri Michaux. « S
9993
que pour le christianisme et le judaïsme. « Dans
l’
Arabe, tout est colère », écrit Henri Michaux. « Son bonjour : « Que l
9994
ère », écrit Henri Michaux. « Son bonjour : « Que
le
salut soit sur quiconque suit la vraie religion ». (La vraie ! Aux au
9995
bonjour : « Que le salut soit sur quiconque suit
la
vraie religion ». (La vraie ! Aux autres, pas de bonjour.) » 119. L
9996
lut soit sur quiconque suit la vraie religion ». (
La
vraie ! Aux autres, pas de bonjour.) » 119. Lingopasanâ rahasya. 1
9997
la vraie religion ». (La vraie ! Aux autres, pas
de
bonjour.) » 119. Lingopasanâ rahasya. 120. Alain Daniélou, Le Poly
9998
119. Lingopasanâ rahasya. 120. Alain Daniélou,
Le
Polythéisme hindou, p. 474. 121. Gopala-uttara-tapîni upanishad. 1
9999
Gopala-uttara-tapîni upanishad. 122. Raja Rao,
Le
Serpent et la Corde, 1959, p. 28. Je ne saurais trop inciter mes lect
10000
a-tapîni upanishad. 122. Raja Rao, Le Serpent et
la
Corde, 1959, p. 28. Je ne saurais trop inciter mes lecteurs à lire ce
10001
lecteurs à lire ce beau roman autobiographique :
la
fraîcheur poétique ou mieux, l’euphorie spirituelle qui baigne l’œuvr
10002
utobiographique : la fraîcheur poétique ou mieux,
l’
euphorie spirituelle qui baigne l’œuvre, situe dans la réalité ce que
10003
tique ou mieux, l’euphorie spirituelle qui baigne
l’
œuvre, situe dans la réalité ce que je n’entends ici que formuler. Je
10004
phorie spirituelle qui baigne l’œuvre, situe dans
la
réalité ce que je n’entends ici que formuler. Je ne connais rien dans
10005
entends ici que formuler. Je ne connais rien dans
la
littérature qui confronte avec plus de tendresse et de rigueur l’Est
10006
rien dans la littérature qui confronte avec plus
de
tendresse et de rigueur l’Est et l’Ouest. Lire aussi, mais c’est beau
10007
ttérature qui confronte avec plus de tendresse et
de
rigueur l’Est et l’Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendr
10008
ui confronte avec plus de tendresse et de rigueur
l’
Est et l’Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les
10009
nte avec plus de tendresse et de rigueur l’Est et
l’
Ouest. Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour les deux, c’e
10010
Lire aussi, mais c’est beaucoup moins tendre pour
les
deux, c’est même féroce, le chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare
10011
up moins tendre pour les deux, c’est même féroce,
le
chef-d’œuvre d’Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudol
10012
pour les deux, c’est même féroce, le chef-d’œuvre
d’
Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner, Le Li
10013
e d’Henri Michaux, Un Barbare en Asie. Lire enfin
de
Rudolf Kassner, Le Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’in
10014
Un Barbare en Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner,
Le
Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « cor
10015
e en Asie. Lire enfin de Rudolf Kassner, Le Livre
de
ma Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable, le « corps magiqu
10016
Le Livre de ma Vie. Puis aller en Inde et sentir
l’
innombrable, le « corps magique ». 123. D. T. Suzuki, Mysticism : Ch
10017
Vie. Puis aller en Inde et sentir l’innombrable,
le
« corps magique ». 123. D. T. Suzuki, Mysticism : Christian and Bud
10018
sm : Christian and Buddhist, p. 73. Je crains que
l’
auteur ne vienne ici à la rencontre des catégories de L’Amour et l’Oc
10019
st, p. 73. Je crains que l’auteur ne vienne ici à
la
rencontre des catégories de L’Amour et l’Occident un peu plus qu’il
10020
uteur ne vienne ici à la rencontre des catégories
de
L’Amour et l’Occident un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de s
10021
r ne vienne ici à la rencontre des catégories de
L’
Amour et l’Occident un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de son p
10022
ici à la rencontre des catégories de L’Amour et
l’
Occident un peu plus qu’il ne serait souhaitable, de son propre point
10023
ccident un peu plus qu’il ne serait souhaitable,
de
son propre point de vue. 124. On pourra retrouver ce passage dans la
10024
de vue. 124. On pourra retrouver ce passage dans
la
Brihad-arânyaka upanishad, au cours des dialogues entre l’illustre sa
10025
-arânyaka upanishad, au cours des dialogues entre
l’
illustre sage légendaire Yajnavalkya et son épouse Maitreyi, qui l’int
10026
égendaire Yajnavalkya et son épouse Maitreyi, qui
l’
interroge sur l’immortalité. 125. Phrases empruntées comme plusieurs
10027
alkya et son épouse Maitreyi, qui l’interroge sur
l’
immortalité. 125. Phrases empruntées comme plusieurs ici au roman de
10028
. Phrases empruntées comme plusieurs ici au roman
de
Raja Rao, Le Serpent et la Corde. 126. P. Teilhard de Chardin : La
10029
runtées comme plusieurs ici au roman de Raja Rao,
Le
Serpent et la Corde. 126. P. Teilhard de Chardin : La Route de l’Ou
10030
plusieurs ici au roman de Raja Rao, Le Serpent et
la
Corde. 126. P. Teilhard de Chardin : La Route de l’Ouest (inédit).
10031
pent et la Corde. 126. P. Teilhard de Chardin :
La
Route de l’Ouest (inédit). 127. Il serait peut-être fécond d’interpr
10032
a Corde. 126. P. Teilhard de Chardin : La Route
de
l’Ouest (inédit). 127. Il serait peut-être fécond d’interpréter le p
10033
orde. 126. P. Teilhard de Chardin : La Route de
l’
Ouest (inédit). 127. Il serait peut-être fécond d’interpréter le prin
10034
’Ouest (inédit). 127. Il serait peut-être fécond
d’
interpréter le principe de Carnot-Clausius (accroissement général de l
10035
). 127. Il serait peut-être fécond d’interpréter
le
principe de Carnot-Clausius (accroissement général de l’entropie, mor
10036
serait peut-être fécond d’interpréter le principe
de
Carnot-Clausius (accroissement général de l’entropie, mort lumineuse)
10037
rincipe de Carnot-Clausius (accroissement général
de
l’entropie, mort lumineuse) en termes de métaphysique orientale, et l
10038
cipe de Carnot-Clausius (accroissement général de
l’
entropie, mort lumineuse) en termes de métaphysique orientale, et le p
10039
umineuse) en termes de métaphysique orientale, et
le
principe d’exclusion de Pauli (individuation des électrons, condition
10040
termes de métaphysique orientale, et le principe
d’
exclusion de Pauli (individuation des électrons, conditionnant la « vi
10041
étaphysique orientale, et le principe d’exclusion
de
Pauli (individuation des électrons, conditionnant la « vie ») en term
10042
Pauli (individuation des électrons, conditionnant
la
« vie ») en termes de métaphysique occidentale. Mais Stéphane Lupasco
10043
L’
amour même ILes quatre couleurs de l’amour (Schéma philosophique a
10044
L’amour même ILes quatre couleurs
de
l’amour (Schéma philosophique abstrait, orné d’une illustration.)
10045
L’amour même ILes quatre couleurs de
l’
amour (Schéma philosophique abstrait, orné d’une illustration.) L’a
10046
s de l’amour (Schéma philosophique abstrait, orné
d’
une illustration.) L’amour étant l’initiateur de tout ce qui existe
10047
losophique abstrait, orné d’une illustration.)
L’
amour étant l’initiateur de tout ce qui existe, on appellera néant l’a
10048
trait, orné d’une illustration.) L’amour étant
l’
initiateur de tout ce qui existe, on appellera néant l’absence d’amour
10049
’une illustration.) L’amour étant l’initiateur
de
tout ce qui existe, on appellera néant l’absence d’amour. Les degrés
10050
tiateur de tout ce qui existe, on appellera néant
l’
absence d’amour. Les degrés d’existence de l’amour sont ceux de la cré
10051
tout ce qui existe, on appellera néant l’absence
d’
amour. Les degrés d’existence de l’amour sont ceux de la création à l’
10052
qui existe, on appellera néant l’absence d’amour.
Les
degrés d’existence de l’amour sont ceux de la création à l’œuvre, san
10053
on appellera néant l’absence d’amour. Les degrés
d’
existence de l’amour sont ceux de la création à l’œuvre, sans laquelle
10054
a néant l’absence d’amour. Les degrés d’existence
de
l’amour sont ceux de la création à l’œuvre, sans laquelle le néant ne
10055
éant l’absence d’amour. Les degrés d’existence de
l’
amour sont ceux de la création à l’œuvre, sans laquelle le néant ne se
10056
mour. Les degrés d’existence de l’amour sont ceux
de
la création à l’œuvre, sans laquelle le néant ne serait pas conçu, ni
10057
r. Les degrés d’existence de l’amour sont ceux de
la
création à l’œuvre, sans laquelle le néant ne serait pas conçu, ni l’
10058
d’existence de l’amour sont ceux de la création à
l’
œuvre, sans laquelle le néant ne serait pas conçu, ni l’être. L’amour
10059
sont ceux de la création à l’œuvre, sans laquelle
le
néant ne serait pas conçu, ni l’être. L’amour divin, venant de Dieu,
10060
e, sans laquelle le néant ne serait pas conçu, ni
l’
être. L’amour divin, venant de Dieu, retourne à Dieu, posant en son po
10061
laquelle le néant ne serait pas conçu, ni l’être.
L’
amour divin, venant de Dieu, retourne à Dieu, posant en son point de r
10062
erait pas conçu, ni l’être. L’amour divin, venant
de
Dieu, retourne à Dieu, posant en son point de réflexion et de résonan
10063
ant de Dieu, retourne à Dieu, posant en son point
de
réflexion et de résonance dans la créature, un moi nouveau qui transc
10064
ourne à Dieu, posant en son point de réflexion et
de
résonance dans la créature, un moi nouveau qui transcende l’ancien pa
10065
nt en son point de réflexion et de résonance dans
la
créature, un moi nouveau qui transcende l’ancien parce qu’il le total
10066
e dans la créature, un moi nouveau qui transcende
l’
ancien parce qu’il le totalise et l’ordonne à l’esprit. (Cette action
10067
n moi nouveau qui transcende l’ancien parce qu’il
le
totalise et l’ordonne à l’esprit. (Cette action d’ordonnance, d’orien
10068
ui transcende l’ancien parce qu’il le totalise et
l’
ordonne à l’esprit. (Cette action d’ordonnance, d’orientation de soi d
10069
e l’ancien parce qu’il le totalise et l’ordonne à
l’
esprit. (Cette action d’ordonnance, d’orientation de soi dans l’axe d’
10070
e totalise et l’ordonne à l’esprit. (Cette action
d’
ordonnance, d’orientation de soi dans l’axe d’efficacité majeure, est
10071
l’ordonne à l’esprit. (Cette action d’ordonnance,
d’
orientation de soi dans l’axe d’efficacité majeure, est la prière. Pri
10072
esprit. (Cette action d’ordonnance, d’orientation
de
soi dans l’axe d’efficacité majeure, est la prière. Prier n’est pas d
10073
te action d’ordonnance, d’orientation de soi dans
l’
axe d’efficacité majeure, est la prière. Prier n’est pas demander mais
10074
ion d’ordonnance, d’orientation de soi dans l’axe
d’
efficacité majeure, est la prière. Prier n’est pas demander mais s’ori
10075
ation de soi dans l’axe d’efficacité majeure, est
la
prière. Prier n’est pas demander mais s’orienter, de manière à recevo
10076
s’orienter, de manière à recevoir et à réaliser.)
Le
moi posé, quelle est la voie de l’amour en l’homme ? L’expérience méd
10077
recevoir et à réaliser.) Le moi posé, quelle est
la
voie de l’amour en l’homme ? L’expérience méditée — et que j’espère b
10078
r et à réaliser.) Le moi posé, quelle est la voie
de
l’amour en l’homme ? L’expérience méditée — et que j’espère banale (a
10079
t à réaliser.) Le moi posé, quelle est la voie de
l’
amour en l’homme ? L’expérience méditée — et que j’espère banale (au s
10080
r.) Le moi posé, quelle est la voie de l’amour en
l’
homme ? L’expérience méditée — et que j’espère banale (au sens propre)
10081
posé, quelle est la voie de l’amour en l’homme ?
L’
expérience méditée — et que j’espère banale (au sens propre), dans sa
10082
s sa forme du moins — me suggère quatre états que
l’
on peut distinguer par leur ordre d’apparition. Ils se mêleront et com
10083
tre états que l’on peut distinguer par leur ordre
d’
apparition. Ils se mêleront et combineront dans l’homme achevé. 1. La
10084
d’apparition. Ils se mêleront et combineront dans
l’
homme achevé. 1. La vision intuitive. — Cette forme de l’amour est l’
10085
mêleront et combineront dans l’homme achevé. 1.
La
vision intuitive. — Cette forme de l’amour est l’acte de l’esprit ; e
10086
me achevé. 1. La vision intuitive. — Cette forme
de
l’amour est l’acte de l’esprit ; et elle est connaissance active en m
10087
achevé. 1. La vision intuitive. — Cette forme de
l’
amour est l’acte de l’esprit ; et elle est connaissance active en même
10088
La vision intuitive. — Cette forme de l’amour est
l’
acte de l’esprit ; et elle est connaissance active en même temps que r
10089
on intuitive. — Cette forme de l’amour est l’acte
de
l’esprit ; et elle est connaissance active en même temps que reconnai
10090
intuitive. — Cette forme de l’amour est l’acte de
l’
esprit ; et elle est connaissance active en même temps que reconnaissa
10091
couvre en moi, mais devine aussitôt dans l’autre,
la
personne. L’amour lui-même, qui m’a créé sujet, tend à discerner dans
10092
, mais devine aussitôt dans l’autre, la personne.
L’
amour lui-même, qui m’a créé sujet, tend à discerner dans autrui le su
10093
qui m’a créé sujet, tend à discerner dans autrui
le
sujet qui pourra lui répondre. Son regard tend à susciter ce qui peut
10094
tte action du regard quand elle est confirmée par
l’
interaction des personnes que l’amour met en résonance, est la philia,
10095
est confirmée par l’interaction des personnes que
l’
amour met en résonance, est la philia, l’amitié spirituelle. Elle est
10096
n des personnes que l’amour met en résonance, est
la
philia, l’amitié spirituelle. Elle est agent de différenciation par e
10097
nnes que l’amour met en résonance, est la philia,
l’
amitié spirituelle. Elle est agent de différenciation par excellence,
10098
t la philia, l’amitié spirituelle. Elle est agent
de
différenciation par excellence, du fait qu’elle voit — ou cherche à v
10099
lle voit — ou cherche à voir, ou sollicite — dans
les
individus leur vraie personne ; la vocation qui les distingue absolum
10100
licite — dans les individus leur vraie personne ;
la
vocation qui les distingue absolument ; la nouveauté — fût-elle imper
10101
s individus leur vraie personne ; la vocation qui
les
distingue absolument ; la nouveauté — fût-elle imperceptible ; l’irre
10102
onne ; la vocation qui les distingue absolument ;
la
nouveauté — fût-elle imperceptible ; l’irremplaçable que chaque être
10103
olument ; la nouveauté — fût-elle imperceptible ;
l’
irremplaçable que chaque être humain, s’il y est appelé, peut devenir.
10104
que être humain, s’il y est appelé, peut devenir.
Le
désir du regard intuitif est appel, donc attente agissante d’une répo
10105
regard intuitif est appel, donc attente agissante
d’
une réponse, et, par suite, de l’échange qui est l’action de l’amour.
10106
c attente agissante d’une réponse, et, par suite,
de
l’échange qui est l’action de l’amour. Quand ce désir et ce besoin d’
10107
ttente agissante d’une réponse, et, par suite, de
l’
échange qui est l’action de l’amour. Quand ce désir et ce besoin d’agi
10108
’une réponse, et, par suite, de l’échange qui est
l’
action de l’amour. Quand ce désir et ce besoin d’agir sur l’autre excè
10109
nse, et, par suite, de l’échange qui est l’action
de
l’amour. Quand ce désir et ce besoin d’agir sur l’autre excèdent la c
10110
, et, par suite, de l’échange qui est l’action de
l’
amour. Quand ce désir et ce besoin d’agir sur l’autre excèdent la cons
10111
l’action de l’amour. Quand ce désir et ce besoin
d’
agir sur l’autre excèdent la conscience de soi-même et le respect de s
10112
ce désir et ce besoin d’agir sur l’autre excèdent
la
conscience de soi-même et le respect de sa propre personne en tant qu
10113
besoin d’agir sur l’autre excèdent la conscience
de
soi-même et le respect de sa propre personne en tant que vocation uni
10114
sur l’autre excèdent la conscience de soi-même et
le
respect de sa propre personne en tant que vocation unique, cet amour
10115
excèdent la conscience de soi-même et le respect
de
sa propre personne en tant que vocation unique, cet amour du prochain
10116
cation unique, cet amour du prochain peut changer
de
signe, et du coup sa fonction s’inverse : il se mue en impérialisme,
10117
il se mue en impérialisme, et devient donc agent
d’
uniformisation, tout d’abord dans l’échange de personne à personne, co
10118
nt donc agent d’uniformisation, tout d’abord dans
l’
échange de personne à personne, comme l’amitié, l’éducation et le mari
10119
ent d’uniformisation, tout d’abord dans l’échange
de
personne à personne, comme l’amitié, l’éducation et le mariage, mais
10120
bord dans l’échange de personne à personne, comme
l’
amitié, l’éducation et le mariage, mais bientôt dans le domaine collec
10121
l’échange de personne à personne, comme l’amitié,
l’
éducation et le mariage, mais bientôt dans le domaine collectif, la so
10122
rsonne à personne, comme l’amitié, l’éducation et
le
mariage, mais bientôt dans le domaine collectif, la société, la polit
10123
tié, l’éducation et le mariage, mais bientôt dans
le
domaine collectif, la société, la politique, l’Église. À la limite, i
10124
mariage, mais bientôt dans le domaine collectif,
la
société, la politique, l’Église. À la limite, il devient haine ou cri
10125
is bientôt dans le domaine collectif, la société,
la
politique, l’Église. À la limite, il devient haine ou crime, comme l’
10126
s le domaine collectif, la société, la politique,
l’
Église. À la limite, il devient haine ou crime, comme l’ont montré tan
10127
collectif, la société, la politique, l’Église. À
la
limite, il devient haine ou crime, comme l’ont montré tant de persécu
10128
se. À la limite, il devient haine ou crime, comme
l’
ont montré tant de persécutions religieuses ou philosophiques pour le
10129
e persécutions religieuses ou philosophiques pour
le
bien de l’âme de ceux qu’on massacrait, et comme nous le montre aujou
10130
utions religieuses ou philosophiques pour le bien
de
l’âme de ceux qu’on massacrait, et comme nous le montre aujourd’hui l
10131
ons religieuses ou philosophiques pour le bien de
l’
âme de ceux qu’on massacrait, et comme nous le montre aujourd’hui la «
10132
ligieuses ou philosophiques pour le bien de l’âme
de
ceux qu’on massacrait, et comme nous le montre aujourd’hui la « vertu
10133
de l’âme de ceux qu’on massacrait, et comme nous
le
montre aujourd’hui la « vertu » des États totalitaires. Celui qui ne
10134
n massacrait, et comme nous le montre aujourd’hui
la
« vertu » des États totalitaires. Celui qui ne s’aime pas lui-même ne
10135
ui ne s’aime pas lui-même ne vaut rien pour aimer
les
autres. Nul, en effet, ne peut aimer autrui s’il se méprise ou se ren
10136
ise ou se renie, c’est-à-dire s’il méprise ou nie
la
personne qu’il peut devenir, au lieu de chercher à mieux connaître et
10137
tre et dominer ce qui, dans sa nature déterminée,
l’
empêche d’aimer. Nul ne peut distinguer le bien d’autrui s’il n’a su d
10138
iner ce qui, dans sa nature déterminée, l’empêche
d’
aimer. Nul ne peut distinguer le bien d’autrui s’il n’a su distinguer
10139
rminée, l’empêche d’aimer. Nul ne peut distinguer
le
bien d’autrui s’il n’a su distinguer d’abord son propre bien. Qui s’a
10140
l’empêche d’aimer. Nul ne peut distinguer le bien
d’
autrui s’il n’a su distinguer d’abord son propre bien. Qui s’aime mal,
10141
er d’abord son propre bien. Qui s’aime mal, comme
l’
égoïste, ne peut que mal aimer les autres et penser que « l’enfer c’es
10142
’aime mal, comme l’égoïste, ne peut que mal aimer
les
autres et penser que « l’enfer c’est les autres » : c’est qu’il se cr
10143
ne peut que mal aimer les autres et penser que «
l’
enfer c’est les autres » : c’est qu’il se croit inacceptable et se vou
10144
al aimer les autres et penser que « l’enfer c’est
les
autres » : c’est qu’il se croit inacceptable et se voudrait (inconsci
10145
se voudrait (inconsciemment) anéanti. Nul ne voit
la
personne chez autrui s’il ne l’a vue d’abord en soi : or, aimer c’est
10146
anti. Nul ne voit la personne chez autrui s’il ne
l’
a vue d’abord en soi : or, aimer c’est vouloir que la personne unique
10147
vue d’abord en soi : or, aimer c’est vouloir que
la
personne unique s’édifie dans l’individu. Cette règle d’or est la nor
10148
’est vouloir que la personne unique s’édifie dans
l’
individu. Cette règle d’or est la norme morale, par excellence, en tou
10149
onne unique s’édifie dans l’individu. Cette règle
d’
or est la norme morale, par excellence, en tout domaine, aussi bien da
10150
ue s’édifie dans l’individu. Cette règle d’or est
la
norme morale, par excellence, en tout domaine, aussi bien dans celui
10151
xcellence, en tout domaine, aussi bien dans celui
de
l’érotique que dans l’éducation, l’amitié et le mariage. Au point d’é
10152
llence, en tout domaine, aussi bien dans celui de
l’
érotique que dans l’éducation, l’amitié et le mariage. Au point d’équi
10153
ine, aussi bien dans celui de l’érotique que dans
l’
éducation, l’amitié et le mariage. Au point d’équilibre idéal entre la
10154
en dans celui de l’érotique que dans l’éducation,
l’
amitié et le mariage. Au point d’équilibre idéal entre la retenue qui
10155
i de l’érotique que dans l’éducation, l’amitié et
le
mariage. Au point d’équilibre idéal entre la retenue qui naît de l’am
10156
ans l’éducation, l’amitié et le mariage. Au point
d’
équilibre idéal entre la retenue qui naît de l’amour de soi et l’élan
10157
é et le mariage. Au point d’équilibre idéal entre
la
retenue qui naît de l’amour de soi et l’élan vers le moi d’autrui, l’
10158
point d’équilibre idéal entre la retenue qui naît
de
l’amour de soi et l’élan vers le moi d’autrui, l’amour du prochain co
10159
nt d’équilibre idéal entre la retenue qui naît de
l’
amour de soi et l’élan vers le moi d’autrui, l’amour du prochain const
10160
ilibre idéal entre la retenue qui naît de l’amour
de
soi et l’élan vers le moi d’autrui, l’amour du prochain constitue le
10161
al entre la retenue qui naît de l’amour de soi et
l’
élan vers le moi d’autrui, l’amour du prochain constitue le modèle cré
10162
retenue qui naît de l’amour de soi et l’élan vers
le
moi d’autrui, l’amour du prochain constitue le modèle créateur de tou
10163
qui naît de l’amour de soi et l’élan vers le moi
d’
autrui, l’amour du prochain constitue le modèle créateur de toute comm
10164
de l’amour de soi et l’élan vers le moi d’autrui,
l’
amour du prochain constitue le modèle créateur de toute communauté, et
10165
rs le moi d’autrui, l’amour du prochain constitue
le
modèle créateur de toute communauté, et l’image organisatrice d’une b
10166
l’amour du prochain constitue le modèle créateur
de
toute communauté, et l’image organisatrice d’une biologie de l’humani
10167
stitue le modèle créateur de toute communauté, et
l’
image organisatrice d’une biologie de l’humanité en tant que celle-ci
10168
eur de toute communauté, et l’image organisatrice
d’
une biologie de l’humanité en tant que celle-ci forme un tout. L’amour
10169
mmunauté, et l’image organisatrice d’une biologie
de
l’humanité en tant que celle-ci forme un tout. L’amour d’autrui comme
10170
nauté, et l’image organisatrice d’une biologie de
l’
humanité en tant que celle-ci forme un tout. L’amour d’autrui comme de
10171
de l’humanité en tant que celle-ci forme un tout.
L’
amour d’autrui comme de soi-même pouvant seul assurer la santé et régl
10172
anité en tant que celle-ci forme un tout. L’amour
d’
autrui comme de soi-même pouvant seul assurer la santé et régler le mé
10173
ue celle-ci forme un tout. L’amour d’autrui comme
de
soi-même pouvant seul assurer la santé et régler le métabolisme du gr
10174
r d’autrui comme de soi-même pouvant seul assurer
la
santé et régler le métabolisme du grand corps. 2. L’émotion, ou l’Éro
10175
soi-même pouvant seul assurer la santé et régler
le
métabolisme du grand corps. 2. L’émotion, ou l’Éros. — Cette seconde
10176
santé et régler le métabolisme du grand corps. 2.
L’
émotion, ou l’Éros. — Cette seconde forme de l’amour procède de l’âme.
10177
r le métabolisme du grand corps. 2. L’émotion, ou
l’
Éros. — Cette seconde forme de l’amour procède de l’âme. Elle est moin
10178
s. 2. L’émotion, ou l’Éros. — Cette seconde forme
de
l’amour procède de l’âme. Elle est moins sélective que le regard intu
10179
2. L’émotion, ou l’Éros. — Cette seconde forme de
l’
amour procède de l’âme. Elle est moins sélective que le regard intuiti
10180
l’Éros. — Cette seconde forme de l’amour procède
de
l’âme. Elle est moins sélective que le regard intuitif, puisqu’elle n
10181
Éros. — Cette seconde forme de l’amour procède de
l’
âme. Elle est moins sélective que le regard intuitif, puisqu’elle ne v
10182
ur procède de l’âme. Elle est moins sélective que
le
regard intuitif, puisqu’elle ne va pas vers l’unique, mais plus limit
10183
ue le regard intuitif, puisqu’elle ne va pas vers
l’
unique, mais plus limitative aussi, en ce sens qu’aussitôt qu’elle exi
10184
existe et tant que dure sa plénitude, elle exclut
de
sa réalité tout ce qui n’est ni l’objet ni le sujet de l’émotion : à
10185
e, elle exclut de sa réalité tout ce qui n’est ni
l’
objet ni le sujet de l’émotion : à ces deux se réduit pour elle l’univ
10186
lut de sa réalité tout ce qui n’est ni l’objet ni
le
sujet de l’émotion : à ces deux se réduit pour elle l’univers. Dans s
10187
réalité tout ce qui n’est ni l’objet ni le sujet
de
l’émotion : à ces deux se réduit pour elle l’univers. Dans sa genèse,
10188
alité tout ce qui n’est ni l’objet ni le sujet de
l’
émotion : à ces deux se réduit pour elle l’univers. Dans sa genèse, el
10189
jet de l’émotion : à ces deux se réduit pour elle
l’
univers. Dans sa genèse, elle correspond, quel que soit l’âge, à l’éta
10190
s. Dans sa genèse, elle correspond, quel que soit
l’
âge, à l’état de première adolescence, quand l’amour « point le cœur »
10191
a genèse, elle correspond, quel que soit l’âge, à
l’
état de première adolescence, quand l’amour « point le cœur », oppress
10192
e, elle correspond, quel que soit l’âge, à l’état
de
première adolescence, quand l’amour « point le cœur », oppresse le so
10193
it l’âge, à l’état de première adolescence, quand
l’
amour « point le cœur », oppresse le souffle, brûle en rêve, et reste
10194
at de première adolescence, quand l’amour « point
le
cœur », oppresse le souffle, brûle en rêve, et reste loin d’imaginer
10195
scence, quand l’amour « point le cœur », oppresse
le
souffle, brûle en rêve, et reste loin d’imaginer la possession. (C’es
10196
oppresse le souffle, brûle en rêve, et reste loin
d’
imaginer la possession. (C’est un aspect de l’amour courtois, non le p
10197
souffle, brûle en rêve, et reste loin d’imaginer
la
possession. (C’est un aspect de l’amour courtois, non le plus spécifi
10198
e loin d’imaginer la possession. (C’est un aspect
de
l’amour courtois, non le plus spécifique, ni le plus insolite). Mais
10199
oin d’imaginer la possession. (C’est un aspect de
l’
amour courtois, non le plus spécifique, ni le plus insolite). Mais s’i
10200
ession. (C’est un aspect de l’amour courtois, non
le
plus spécifique, ni le plus insolite). Mais s’il précède le désir, di
10201
t de l’amour courtois, non le plus spécifique, ni
le
plus insolite). Mais s’il précède le désir, dit physique, je crois bi
10202
écifique, ni le plus insolite). Mais s’il précède
le
désir, dit physique, je crois bien que l’amour émotif animique n’appa
10203
précède le désir, dit physique, je crois bien que
l’
amour émotif animique n’apparaît guère sans que l’ait éveillé un premi
10204
l’amour émotif animique n’apparaît guère sans que
l’
ait éveillé un premier regard de l’intuition. Les très jeunes gens l’i
10205
ît guère sans que l’ait éveillé un premier regard
de
l’intuition. Les très jeunes gens l’ignorent encore ; la plupart des
10206
guère sans que l’ait éveillé un premier regard de
l’
intuition. Les très jeunes gens l’ignorent encore ; la plupart des adu
10207
e l’ait éveillé un premier regard de l’intuition.
Les
très jeunes gens l’ignorent encore ; la plupart des adultes ont cessé
10208
emier regard de l’intuition. Les très jeunes gens
l’
ignorent encore ; la plupart des adultes ont cessé de le sentir ; mais
10209
gnorent encore ; la plupart des adultes ont cessé
de
le sentir ; mais un homme qui se connaît bien et les femmes surtout s
10210
rent encore ; la plupart des adultes ont cessé de
le
sentir ; mais un homme qui se connaît bien et les femmes surtout save
10211
le sentir ; mais un homme qui se connaît bien et
les
femmes surtout savent cela : une certaine perception instantanée du s
10212
rtaine perception instantanée du secret singulier
de
l’autre — et surtout s’il paraît lui-même l’ignorer — est la conditio
10213
lier de l’autre — et surtout s’il paraît lui-même
l’
ignorer — est la condition nécessaire de l’émotion vraiment envahissan
10214
— et surtout s’il paraît lui-même l’ignorer — est
la
condition nécessaire de l’émotion vraiment envahissante. Dans ce doma
10215
lui-même l’ignorer — est la condition nécessaire
de
l’émotion vraiment envahissante. Dans ce domaine de l’âme intermédiai
10216
i-même l’ignorer — est la condition nécessaire de
l’
émotion vraiment envahissante. Dans ce domaine de l’âme intermédiaire
10217
l’émotion vraiment envahissante. Dans ce domaine
de
l’âme intermédiaire entre le spirituel et le sensuel, les risques d’e
10218
émotion vraiment envahissante. Dans ce domaine de
l’
âme intermédiaire entre le spirituel et le sensuel, les risques d’erre
10219
nte. Dans ce domaine de l’âme intermédiaire entre
le
spirituel et le sensuel, les risques d’erreur sont plus grands, parce
10220
aine de l’âme intermédiaire entre le spirituel et
le
sensuel, les risques d’erreur sont plus grands, parce que l’émotion l
10221
e intermédiaire entre le spirituel et le sensuel,
les
risques d’erreur sont plus grands, parce que l’émotion la plus vive p
10222
ire entre le spirituel et le sensuel, les risques
d’
erreur sont plus grands, parce que l’émotion la plus vive peut très bi
10223
les risques d’erreur sont plus grands, parce que
l’
émotion la plus vive peut très bien se suffire en soi. L’intuition qui
10224
es d’erreur sont plus grands, parce que l’émotion
la
plus vive peut très bien se suffire en soi. L’intuition qui se trompe
10225
on la plus vive peut très bien se suffire en soi.
L’
intuition qui se trompe n’est rien, le désir non comblé n’est pas une
10226
ire en soi. L’intuition qui se trompe n’est rien,
le
désir non comblé n’est pas une sensation, mais l’émotion trouve en el
10227
le désir non comblé n’est pas une sensation, mais
l’
émotion trouve en elle-même et dans la seule intensité, sa preuve et s
10228
ation, mais l’émotion trouve en elle-même et dans
la
seule intensité, sa preuve et son accomplissement ; même si l’objet a
10229
nsité, sa preuve et son accomplissement ; même si
l’
objet aimé ne « justifie » pas l’amour, si on l’a mal vu, si on l’imag
10230
sement ; même si l’objet aimé ne « justifie » pas
l’
amour, si on l’a mal vu, si on l’imagine autre qu’il n’est, ou si l’on
10231
i l’objet aimé ne « justifie » pas l’amour, si on
l’
a mal vu, si on l’imagine autre qu’il n’est, ou si l’on ne fait que pr
10232
« justifie » pas l’amour, si on l’a mal vu, si on
l’
imagine autre qu’il n’est, ou si l’on ne fait que projeter sur lui l’i
10233
mal vu, si on l’imagine autre qu’il n’est, ou si
l’
on ne fait que projeter sur lui l’image du soi que l’on aime et qui le
10234
il n’est, ou si l’on ne fait que projeter sur lui
l’
image du soi que l’on aime et qui le cache. Philia devine, attend l’éc
10235
n ne fait que projeter sur lui l’image du soi que
l’
on aime et qui le cache. Philia devine, attend l’échange, le vrai dial
10236
jeter sur lui l’image du soi que l’on aime et qui
le
cache. Philia devine, attend l’échange, le vrai dialogue ; Éros élit,
10237
l’on aime et qui le cache. Philia devine, attend
l’
échange, le vrai dialogue ; Éros élit, s’émeut, et « le reste est sile
10238
et qui le cache. Philia devine, attend l’échange,
le
vrai dialogue ; Éros élit, s’émeut, et « le reste est silence ». Au d
10239
ange, le vrai dialogue ; Éros élit, s’émeut, et «
le
reste est silence ». Au degré de la passion, l’âme va se détacher du
10240
t, s’émeut, et « le reste est silence ». Au degré
de
la passion, l’âme va se détacher du spirituel et du sensuel, pour le
10241
s’émeut, et « le reste est silence ». Au degré de
la
passion, l’âme va se détacher du spirituel et du sensuel, pour le pla
10242
« le reste est silence ». Au degré de la passion,
l’
âme va se détacher du spirituel et du sensuel, pour le plaisir et la d
10243
e va se détacher du spirituel et du sensuel, pour
le
plaisir et la douleur de mieux brûler. L’amour-passion oriente le moi
10244
er du spirituel et du sensuel, pour le plaisir et
la
douleur de mieux brûler. L’amour-passion oriente le moi vers un objet
10245
tuel et du sensuel, pour le plaisir et la douleur
de
mieux brûler. L’amour-passion oriente le moi vers un objet qu’il veut
10246
l, pour le plaisir et la douleur de mieux brûler.
L’
amour-passion oriente le moi vers un objet qu’il veut unique, infinime
10247
douleur de mieux brûler. L’amour-passion oriente
le
moi vers un objet qu’il veut unique, infiniment différencié de tous l
10248
n objet qu’il veut unique, infiniment différencié
de
tous les autres, et dans lequel s’investissent bientôt toute la prése
10249
qu’il veut unique, infiniment différencié de tous
les
autres, et dans lequel s’investissent bientôt toute la présence et to
10250
tres, et dans lequel s’investissent bientôt toute
la
présence et toute la valeur peu à peu retirées aux autres existences.
10251
s’investissent bientôt toute la présence et toute
la
valeur peu à peu retirées aux autres existences. « Écarte les choses,
10252
eu à peu retirées aux autres existences. « Écarte
les
choses, ô amant ! » Jusqu’au point où l’Élue, devenant le monde — « O
10253
Écarte les choses, ô amant ! » Jusqu’au point où
l’
Élue, devenant le monde — « On est seul avec tout ce que l’on aime » —
10254
s, ô amant ! » Jusqu’au point où l’Élue, devenant
le
monde — « On est seul avec tout ce que l’on aime » — l’amour confond
10255
evenant le monde — « On est seul avec tout ce que
l’
on aime » — l’amour confond le moi et son objet, et enfin « Seul je su
10256
de — « On est seul avec tout ce que l’on aime » —
l’
amour confond le moi et son objet, et enfin « Seul je suis, moi, le Mo
10257
ul avec tout ce que l’on aime » — l’amour confond
le
moi et son objet, et enfin « Seul je suis, moi, le Monde ! » À cette
10258
e moi et son objet, et enfin « Seul je suis, moi,
le
Monde ! » À cette limite de l’extrême différence actualisée, tout ce
10259
« Seul je suis, moi, le Monde ! » À cette limite
de
l’extrême différence actualisée, tout ce qui avait été refoulé, écart
10260
Seul je suis, moi, le Monde ! » À cette limite de
l’
extrême différence actualisée, tout ce qui avait été refoulé, écarté e
10261
qui avait été refoulé, écarté et virtualisé dans
la
nuit de l’indifférencié, d’un seul coup submerge l’amant : il s’abîme
10262
it été refoulé, écarté et virtualisé dans la nuit
de
l’indifférencié, d’un seul coup submerge l’amant : il s’abîme dans le
10263
été refoulé, écarté et virtualisé dans la nuit de
l’
indifférencié, d’un seul coup submerge l’amant : il s’abîme dans le «
10264
nuit de l’indifférencié, d’un seul coup submerge
l’
amant : il s’abîme dans le « flot houleux » et dans la « tourmente du
10265
d’un seul coup submerge l’amant : il s’abîme dans
le
« flot houleux » et dans la « tourmente du Monde » — sa mort d’amour,
10266
ant : il s’abîme dans le « flot houleux » et dans
la
« tourmente du Monde » — sa mort d’amour, sa « Joie suprême 128. » 3.
10267
eux » et dans la « tourmente du Monde » — sa mort
d’
amour, sa « Joie suprême 128. » 3. Le plaisir sexuel. — Cette troisièm
10268
» — sa mort d’amour, sa « Joie suprême 128. » 3.
Le
plaisir sexuel. — Cette troisième forme de l’amour est dite physique,
10269
. » 3. Le plaisir sexuel. — Cette troisième forme
de
l’amour est dite physique, encore que nous sachions très bien que le
10270
3. Le plaisir sexuel. — Cette troisième forme de
l’
amour est dite physique, encore que nous sachions très bien que le sex
10271
physique, encore que nous sachions très bien que
le
sexe est lié comme nulle autre fonction à la volonté de l’intellect,
10272
que le sexe est lié comme nulle autre fonction à
la
volonté de l’intellect, à l’âme et à l’imaginaire ; et qu’en tant qu’
10273
e est lié comme nulle autre fonction à la volonté
de
l’intellect, à l’âme et à l’imaginaire ; et qu’en tant qu’il ne serai
10274
st lié comme nulle autre fonction à la volonté de
l’
intellect, à l’âme et à l’imaginaire ; et qu’en tant qu’il ne serait q
10275
lle autre fonction à la volonté de l’intellect, à
l’
âme et à l’imaginaire ; et qu’en tant qu’il ne serait qu’un instinct a
10276
onction à la volonté de l’intellect, à l’âme et à
l’
imaginaire ; et qu’en tant qu’il ne serait qu’un instinct animal, il n
10277
’un instinct animal, il n’aurait rien à voir avec
l’
amour. Les animaux ne font pas l’amour, mais subissent la sexualité qu
10278
nct animal, il n’aurait rien à voir avec l’amour.
Les
animaux ne font pas l’amour, mais subissent la sexualité quand vient
10279
rien à voir avec l’amour. Les animaux ne font pas
l’
amour, mais subissent la sexualité quand vient son temps. Les confusio
10280
. Les animaux ne font pas l’amour, mais subissent
la
sexualité quand vient son temps. Les confusions de notre langage cour
10281
ais subissent la sexualité quand vient son temps.
Les
confusions de notre langage courant semblent parfois assimiler l’amou
10282
a sexualité quand vient son temps. Les confusions
de
notre langage courant semblent parfois assimiler l’amour au sexe, mai
10283
notre langage courant semblent parfois assimiler
l’
amour au sexe, mais elles proviennent d’une contamination en sens inve
10284
assimiler l’amour au sexe, mais elles proviennent
d’
une contamination en sens inverse : si la sexualité peut signifier l’a
10285
viennent d’une contamination en sens inverse : si
la
sexualité peut signifier l’amour, c’est parce qu’elle est, chez l’hom
10286
en sens inverse : si la sexualité peut signifier
l’
amour, c’est parce qu’elle est, chez l’homme, autre chose que l’instin
10287
signifier l’amour, c’est parce qu’elle est, chez
l’
homme, autre chose que l’instinct. Dans la mesure où, sans perdre l’in
10288
parce qu’elle est, chez l’homme, autre chose que
l’
instinct. Dans la mesure où, sans perdre l’instinct, elle s’ordonne à
10289
t, chez l’homme, autre chose que l’instinct. Dans
la
mesure où, sans perdre l’instinct, elle s’ordonne à des fins nouvelle
10290
se que l’instinct. Dans la mesure où, sans perdre
l’
instinct, elle s’ordonne à des fins nouvelles qui ne sont plus celles
10291
onne à des fins nouvelles qui ne sont plus celles
de
l’espèce mais de la personne, la sexualité mérite ce nom d’amour que
10292
e à des fins nouvelles qui ne sont plus celles de
l’
espèce mais de la personne, la sexualité mérite ce nom d’amour que lui
10293
ouvelles qui ne sont plus celles de l’espèce mais
de
la personne, la sexualité mérite ce nom d’amour que lui donne l’Occid
10294
elles qui ne sont plus celles de l’espèce mais de
la
personne, la sexualité mérite ce nom d’amour que lui donne l’Occident
10295
sont plus celles de l’espèce mais de la personne,
la
sexualité mérite ce nom d’amour que lui donne l’Occident moderne, — q
10296
e mais de la personne, la sexualité mérite ce nom
d’
amour que lui donne l’Occident moderne, — quoi qu’en pense la morale m
10297
la sexualité mérite ce nom d’amour que lui donne
l’
Occident moderne, — quoi qu’en pense la morale moyenne (très rarement
10298
lui donne l’Occident moderne, — quoi qu’en pense
la
morale moyenne (très rarement codifiée, longuement invétérée) qui for
10299
arement codifiée, longuement invétérée) qui forme
le
climat des milieux bien-pensants dans le peuple et la bourgeoisie, ca
10300
ui forme le climat des milieux bien-pensants dans
le
peuple et la bourgeoisie, catholiques, protestants ou laïques. Cette
10301
limat des milieux bien-pensants dans le peuple et
la
bourgeoisie, catholiques, protestants ou laïques. Cette morale tient
10302
iques, protestants ou laïques. Cette morale tient
le
sexe pour mauvais en principe. Comme elle sent qu’une telle attitude
10303
ue rationnelle et « scientifique », elle se garde
de
la déclarer, mais trahit constamment son intime conviction par des ju
10304
rationnelle et « scientifique », elle se garde de
la
déclarer, mais trahit constamment son intime conviction par des jugem
10305
re à des réflexes conditionnés. Voici un test : à
la
lecture des phrases suivantes, comment allez-vous réagir ? Celui qui
10306
éagir ? Celui qui voit, qui comprend, qui désire
le
Soi, qui joue avec le Soi, qui fait l’amour au Soi, qui atteint son p
10307
t, qui comprend, qui désire le Soi, qui joue avec
le
Soi, qui fait l’amour au Soi, qui atteint son plaisir dans le Soi, de
10308
qui désire le Soi, qui joue avec le Soi, qui fait
l’
amour au Soi, qui atteint son plaisir dans le Soi, devient son propre
10309
fait l’amour au Soi, qui atteint son plaisir dans
le
Soi, devient son propre maître et se meut à sa fantaisie parmi les mo
10310
son propre maître et se meut à sa fantaisie parmi
les
mondes. Mais celui qui pense autrement reste dépendant. Il demeure da
10311
pense autrement reste dépendant. Il demeure dans
les
sphères périssables et ne peut en sortir quand il veut. (Chandogya up
10312
t. (Chandogya upanishad, 7, 25.) Pensez-vous que
la
comparaison qui est faite ici entre l’acte de la connaissance religie
10313
z-vous que la comparaison qui est faite ici entre
l’
acte de la connaissance religieuse et l’acte de l’union sexuelle, raba
10314
que la comparaison qui est faite ici entre l’acte
de
la connaissance religieuse et l’acte de l’union sexuelle, rabaisse le
10315
la comparaison qui est faite ici entre l’acte de
la
connaissance religieuse et l’acte de l’union sexuelle, rabaisse le sp
10316
ici entre l’acte de la connaissance religieuse et
l’
acte de l’union sexuelle, rabaisse le spirituel ou élève l’érotique ?
10317
re l’acte de la connaissance religieuse et l’acte
de
l’union sexuelle, rabaisse le spirituel ou élève l’érotique ? (J’ente
10318
l’acte de la connaissance religieuse et l’acte de
l’
union sexuelle, rabaisse le spirituel ou élève l’érotique ? (J’entends
10319
eligieuse et l’acte de l’union sexuelle, rabaisse
le
spirituel ou élève l’érotique ? (J’entends bien : élève l’érotique au
10320
l’union sexuelle, rabaisse le spirituel ou élève
l’
érotique ? (J’entends bien : élève l’érotique au niveau de significati
10321
uel ou élève l’érotique ? (J’entends bien : élève
l’
érotique au niveau de signification où l’homme spirituel doit atteindr
10322
: élève l’érotique au niveau de signification où
l’
homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble de ses facultés.) La se
10323
fication où l’homme spirituel doit atteindre avec
l’
ensemble de ses facultés.) La sexualité en elle-même ne me paraît pas
10324
l’homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble
de
ses facultés.) La sexualité en elle-même ne me paraît pas indifférent
10325
doit atteindre avec l’ensemble de ses facultés.)
La
sexualité en elle-même ne me paraît pas indifférente pour l’esprit. M
10326
é en elle-même ne me paraît pas indifférente pour
l’
esprit. Mais elle n’est ni mauvaise ni bonne : en tant que fonction, j
10327
t ni mauvaise ni bonne : en tant que fonction, je
la
verrais moralement neutre. Et cependant, dès qu’elle accède à la libe
10328
lement neutre. Et cependant, dès qu’elle accède à
la
liberté de l’érotisme (qui transcende la fonction naturelle et vitale
10329
re. Et cependant, dès qu’elle accède à la liberté
de
l’érotisme (qui transcende la fonction naturelle et vitale) elle devi
10330
Et cependant, dès qu’elle accède à la liberté de
l’
érotisme (qui transcende la fonction naturelle et vitale) elle devient
10331
accède à la liberté de l’érotisme (qui transcende
la
fonction naturelle et vitale) elle devient justiciable à la fois de l
10332
lle et vitale) elle devient justiciable à la fois
de
la morale et de l’esprit, comme tout autre élément impliqué dans la s
10333
et vitale) elle devient justiciable à la fois de
la
morale et de l’esprit, comme tout autre élément impliqué dans la synt
10334
lle devient justiciable à la fois de la morale et
de
l’esprit, comme tout autre élément impliqué dans la synthèse de la pe
10335
devient justiciable à la fois de la morale et de
l’
esprit, comme tout autre élément impliqué dans la synthèse de la perso
10336
l’esprit, comme tout autre élément impliqué dans
la
synthèse de la personne. Deux déviations morales, symétriques, la ten
10337
omme tout autre élément impliqué dans la synthèse
de
la personne. Deux déviations morales, symétriques, la tentent dès lor
10338
e tout autre élément impliqué dans la synthèse de
la
personne. Deux déviations morales, symétriques, la tentent dès lors e
10339
a personne. Deux déviations morales, symétriques,
la
tentent dès lors en permanence : a) La sexualité condamnée. Ceux qui
10340
métriques, la tentent dès lors en permanence : a)
La
sexualité condamnée. Ceux qui ont peur de leur sexualité et qui ne vo
10341
ce : a) La sexualité condamnée. Ceux qui ont peur
de
leur sexualité et qui ne voient qu’ignominie dans l’érotisme, expulse
10342
leur sexualité et qui ne voient qu’ignominie dans
l’
érotisme, expulsent de leur propre personne (et de celle d’autrui s’il
10343
ne voient qu’ignominie dans l’érotisme, expulsent
de
leur propre personne (et de celle d’autrui s’ils le peuvent !) cette
10344
l’érotisme, expulsent de leur propre personne (et
de
celle d’autrui s’ils le peuvent !) cette troisième forme de l’amour.
10345
e, expulsent de leur propre personne (et de celle
d’
autrui s’ils le peuvent !) cette troisième forme de l’amour. Ils la co
10346
leur propre personne (et de celle d’autrui s’ils
le
peuvent !) cette troisième forme de l’amour. Ils la condamnent ainsi
10347
’autrui s’ils le peuvent !) cette troisième forme
de
l’amour. Ils la condamnent ainsi à rester indifférenciée, inculte, no
10348
trui s’ils le peuvent !) cette troisième forme de
l’
amour. Ils la condamnent ainsi à rester indifférenciée, inculte, non i
10349
peuvent !) cette troisième forme de l’amour. Ils
la
condamnent ainsi à rester indifférenciée, inculte, non intégrée donc
10350
une force mauvaise, obscure et menaçante, aliénée
de
la personne : or ce sont là les caractères et la genèse d’un démon. I
10351
force mauvaise, obscure et menaçante, aliénée de
la
personne : or ce sont là les caractères et la genèse d’un démon. Ils
10352
menaçante, aliénée de la personne : or ce sont là
les
caractères et la genèse d’un démon. Ils verront ce démon apparaître p
10353
de la personne : or ce sont là les caractères et
la
genèse d’un démon. Ils verront ce démon apparaître partout, passant l
10354
sonne : or ce sont là les caractères et la genèse
d’
un démon. Ils verront ce démon apparaître partout, passant le bout de
10355
Ils verront ce démon apparaître partout, passant
le
bout de l’oreille entre ces lignes, par exemple ; et certains semblen
10356
ront ce démon apparaître partout, passant le bout
de
l’oreille entre ces lignes, par exemple ; et certains semblent bien ê
10357
t ce démon apparaître partout, passant le bout de
l’
oreille entre ces lignes, par exemple ; et certains semblent bien être
10358
le ; et certains semblent bien être allés jusqu’à
le
matérialiser, si l’on en croit les récits de vies d’anachorètes. À le
10359
blent bien être allés jusqu’à le matérialiser, si
l’
on en croit les récits de vies d’anachorètes. À leur intention, je me
10360
e allés jusqu’à le matérialiser, si l’on en croit
les
récits de vies d’anachorètes. À leur intention, je me répète. « Faire
10361
qu’à le matérialiser, si l’on en croit les récits
de
vies d’anachorètes. À leur intention, je me répète. « Faire l’amour »
10362
matérialiser, si l’on en croit les récits de vies
d’
anachorètes. À leur intention, je me répète. « Faire l’amour » peut-êt
10363
chorètes. À leur intention, je me répète. « Faire
l’
amour » peut-être : aimer son prochain ou lui faire du mal tout en se
10364
sans rencontrer personne, aveuglément, comme dans
la
nuit ; peut donc être : amour, égoïsme, bienfait ou crime, libération
10365
me, libération ou servitude, ou simplement erreur
de
part et d’autre, accident ridicule mais sans suites. Ce n’est en soi
10366
ion ou servitude, ou simplement erreur de part et
d’
autre, accident ridicule mais sans suites. Ce n’est en soi ni bien ni
10367
ans suites. Ce n’est en soi ni bien ni mal. Seul,
le
degré d’amour réel (personnifiant, lié à la personne) peut qualifier
10368
s. Ce n’est en soi ni bien ni mal. Seul, le degré
d’
amour réel (personnifiant, lié à la personne) peut qualifier l’acte se
10369
Seul, le degré d’amour réel (personnifiant, lié à
la
personne) peut qualifier l’acte sexuel. Et je ne vois pas d’autre cri
10370
(personnifiant, lié à la personne) peut qualifier
l’
acte sexuel. Et je ne vois pas d’autre critère qui tienne, ou ne soit
10371
) peut qualifier l’acte sexuel. Et je ne vois pas
d’
autre critère qui tienne, ou ne soit réductible à celui-là. b) La sexu
10372
qui tienne, ou ne soit réductible à celui-là. b)
La
sexualité séparée. Dès qu’il est dissocié de l’amour d’intuition et d
10373
. b) La sexualité séparée. Dès qu’il est dissocié
de
l’amour d’intuition et de l’amour de sentiment, qui le précèdent et l
10374
) La sexualité séparée. Dès qu’il est dissocié de
l’
amour d’intuition et de l’amour de sentiment, qui le précèdent et le s
10375
ualité séparée. Dès qu’il est dissocié de l’amour
d’
intuition et de l’amour de sentiment, qui le précèdent et le situent d
10376
Dès qu’il est dissocié de l’amour d’intuition et
de
l’amour de sentiment, qui le précèdent et le situent dans l’amour vra
10377
s qu’il est dissocié de l’amour d’intuition et de
l’
amour de sentiment, qui le précèdent et le situent dans l’amour vrai,
10378
est dissocié de l’amour d’intuition et de l’amour
de
sentiment, qui le précèdent et le situent dans l’amour vrai, le désir
10379
amour d’intuition et de l’amour de sentiment, qui
le
précèdent et le situent dans l’amour vrai, le désir sensuel tend auss
10380
n et de l’amour de sentiment, qui le précèdent et
le
situent dans l’amour vrai, le désir sensuel tend aussitôt à redescend
10381
de sentiment, qui le précèdent et le situent dans
l’
amour vrai, le désir sensuel tend aussitôt à redescendre au plan de l’
10382
qui le précèdent et le situent dans l’amour vrai,
le
désir sensuel tend aussitôt à redescendre au plan de l’instinct. Mais
10383
désir sensuel tend aussitôt à redescendre au plan
de
l’instinct. Mais alors que le désir animal est simplement déterminé p
10384
ir sensuel tend aussitôt à redescendre au plan de
l’
instinct. Mais alors que le désir animal est simplement déterminé par
10385
redescendre au plan de l’instinct. Mais alors que
le
désir animal est simplement déterminé par le renouvellement de l’espè
10386
que le désir animal est simplement déterminé par
le
renouvellement de l’espèce, le désir sensuel-érotique est devenu forc
10387
al est simplement déterminé par le renouvellement
de
l’espèce, le désir sensuel-érotique est devenu force libre, autonome,
10388
est simplement déterminé par le renouvellement de
l’
espèce, le désir sensuel-érotique est devenu force libre, autonome, et
10389
ment déterminé par le renouvellement de l’espèce,
le
désir sensuel-érotique est devenu force libre, autonome, et qui agit
10390
rce libre, autonome, et qui agit désormais contre
l’
amour en tant que force d’individuation. Don Juan ne choisit pas, il d
10391
i agit désormais contre l’amour en tant que force
d’
individuation. Don Juan ne choisit pas, il désire toutes les femmes, e
10392
uation. Don Juan ne choisit pas, il désire toutes
les
femmes, et ce désir fait, de chacune, la femme en tant que sexe en gé
10393
s, il désire toutes les femmes, et ce désir fait,
de
chacune, la femme en tant que sexe en général. (Au contraire, l’amour
10394
toutes les femmes, et ce désir fait, de chacune,
la
femme en tant que sexe en général. (Au contraire, l’amour de Tristan
10395
femme en tant que sexe en général. (Au contraire,
l’
amour de Tristan faisait d’une seule, élue, la Femme unique.) Cette fo
10396
tant que sexe en général. (Au contraire, l’amour
de
Tristan faisait d’une seule, élue, la Femme unique.) Cette forme du d
10397
énéral. (Au contraire, l’amour de Tristan faisait
d’
une seule, élue, la Femme unique.) Cette forme du désir part de l’amou
10398
re, l’amour de Tristan faisait d’une seule, élue,
la
Femme unique.) Cette forme du désir part de l’amour mais en direction
10399
élue, la Femme unique.) Cette forme du désir part
de
l’amour mais en direction du néant : elle accroît l’indifférencié, el
10400
e, la Femme unique.) Cette forme du désir part de
l’
amour mais en direction du néant : elle accroît l’indifférencié, elle
10401
l’amour mais en direction du néant : elle accroît
l’
indifférencié, elle accroît l’entropie du monde. À l’extrême, que le M
10402
éant : elle accroît l’indifférencié, elle accroît
l’
entropie du monde. À l’extrême, que le Mythe symbolise avec une grande
10403
ndifférencié, elle accroît l’entropie du monde. À
l’
extrême, que le Mythe symbolise avec une grande simplicité dans l’opér
10404
lle accroît l’entropie du monde. À l’extrême, que
le
Mythe symbolise avec une grande simplicité dans l’opéra, Don Juan n’e
10405
e Mythe symbolise avec une grande simplicité dans
l’
opéra, Don Juan n’est plus qu’un corps, qu’on nous montre mangeant, bu
10406
, qu’on nous montre mangeant, buvant et célébrant
les
femmes. L’esprit entièrement refoulé (virtualisé) se voit donc provoq
10407
montre mangeant, buvant et célébrant les femmes.
L’
esprit entièrement refoulé (virtualisé) se voit donc provoqué au plus
10408
t donc provoqué au plus violent retour : et c’est
l’
apparition du Commandeur. Le contact de ce Double d’antimatière anéant
10409
ent retour : et c’est l’apparition du Commandeur.
Le
contact de ce Double d’antimatière anéantit le corps physique. (La ma
10410
: et c’est l’apparition du Commandeur. Le contact
de
ce Double d’antimatière anéantit le corps physique. (La main saisie,
10411
apparition du Commandeur. Le contact de ce Double
d’
antimatière anéantit le corps physique. (La main saisie, l’éclair, la
10412
r. Le contact de ce Double d’antimatière anéantit
le
corps physique. (La main saisie, l’éclair, la trappe.) 4. L’énergie c
10413
Double d’antimatière anéantit le corps physique. (
La
main saisie, l’éclair, la trappe.) 4. L’énergie cosmique. — La derniè
10414
ière anéantit le corps physique. (La main saisie,
l’
éclair, la trappe.) 4. L’énergie cosmique. — La dernière forme de l’am
10415
tit le corps physique. (La main saisie, l’éclair,
la
trappe.) 4. L’énergie cosmique. — La dernière forme de l’amour n’est
10416
ysique. (La main saisie, l’éclair, la trappe.) 4.
L’
énergie cosmique. — La dernière forme de l’amour n’est atteinte que pa
10417
appe.) 4. L’énergie cosmique. — La dernière forme
de
l’amour n’est atteinte que par la pensée, mais à travers le monde des
10418
e.) 4. L’énergie cosmique. — La dernière forme de
l’
amour n’est atteinte que par la pensée, mais à travers le monde des se
10419
dernière forme de l’amour n’est atteinte que par
la
pensée, mais à travers le monde des sensations, lorsque au-delà des c
10420
n’est atteinte que par la pensée, mais à travers
le
monde des sensations, lorsque au-delà des corps à notre échelle, au-d
10421
elà des corps à notre échelle, au-delà du domaine
de
l’individuation, au-delà même de la matière que l’on dit brute, mais
10422
des corps à notre échelle, au-delà du domaine de
l’
individuation, au-delà même de la matière que l’on dit brute, mais enc
10423
-delà du domaine de l’individuation, au-delà même
de
la matière que l’on dit brute, mais encore tangible et sensible, elle
10424
là du domaine de l’individuation, au-delà même de
la
matière que l’on dit brute, mais encore tangible et sensible, elle dé
10425
e l’individuation, au-delà même de la matière que
l’
on dit brute, mais encore tangible et sensible, elle découvre et mesur
10426
ore tangible et sensible, elle découvre et mesure
l’
énergie et le mystère de l’attraction universelle. Et il est beau que
10427
et sensible, elle découvre et mesure l’énergie et
le
mystère de l’attraction universelle. Et il est beau que l’aventure de
10428
, elle découvre et mesure l’énergie et le mystère
de
l’attraction universelle. Et il est beau que l’aventure de l’intellec
10429
lle découvre et mesure l’énergie et le mystère de
l’
attraction universelle. Et il est beau que l’aventure de l’intellect,
10430
e de l’attraction universelle. Et il est beau que
l’
aventure de l’intellect, descendant des clartés instantanées de l’espr
10431
action universelle. Et il est beau que l’aventure
de
l’intellect, descendant des clartés instantanées de l’esprit intuitif
10432
ion universelle. Et il est beau que l’aventure de
l’
intellect, descendant des clartés instantanées de l’esprit intuitif au
10433
l’intellect, descendant des clartés instantanées
de
l’esprit intuitif au clair-obscur de l’âme, à l’obscur de la chair, à
10434
intellect, descendant des clartés instantanées de
l’
esprit intuitif au clair-obscur de l’âme, à l’obscur de la chair, à l’
10435
instantanées de l’esprit intuitif au clair-obscur
de
l’âme, à l’obscur de la chair, à l’opaque de la matière et au noir ab
10436
tantanées de l’esprit intuitif au clair-obscur de
l’
âme, à l’obscur de la chair, à l’opaque de la matière et au noir absol
10437
de l’esprit intuitif au clair-obscur de l’âme, à
l’
obscur de la chair, à l’opaque de la matière et au noir absolu de l’es
10438
rit intuitif au clair-obscur de l’âme, à l’obscur
de
la chair, à l’opaque de la matière et au noir absolu de l’espace élec
10439
intuitif au clair-obscur de l’âme, à l’obscur de
la
chair, à l’opaque de la matière et au noir absolu de l’espace électro
10440
clair-obscur de l’âme, à l’obscur de la chair, à
l’
opaque de la matière et au noir absolu de l’espace électronique, débou
10441
scur de l’âme, à l’obscur de la chair, à l’opaque
de
la matière et au noir absolu de l’espace électronique, débouche enfin
10442
r de l’âme, à l’obscur de la chair, à l’opaque de
la
matière et au noir absolu de l’espace électronique, débouche enfin su
10443
chair, à l’opaque de la matière et au noir absolu
de
l’espace électronique, débouche enfin sur des lueurs nouvelles qui so
10444
ir, à l’opaque de la matière et au noir absolu de
l’
espace électronique, débouche enfin sur des lueurs nouvelles qui sont
10445
velles qui sont peut-être celles qu’entrevoyaient
les
sages de l’Inde et de la Grèce, et que Dante dit avoir contemplées au
10446
sont peut-être celles qu’entrevoyaient les sages
de
l’Inde et de la Grèce, et que Dante dit avoir contemplées au prix de
10447
nt peut-être celles qu’entrevoyaient les sages de
l’
Inde et de la Grèce, et que Dante dit avoir contemplées au prix de sa
10448
re celles qu’entrevoyaient les sages de l’Inde et
de
la Grèce, et que Dante dit avoir contemplées au prix de sa vue « cons
10449
celles qu’entrevoyaient les sages de l’Inde et de
la
Grèce, et que Dante dit avoir contemplées au prix de sa vue « consumé
10450
ma volonté étaient mus — comme une roue tournant
d’
une manière uniforme — par l’Amour qui meut aussi le soleil et les aut
10451
me une roue tournant d’une manière uniforme — par
l’
Amour qui meut aussi le soleil et les autres étoiles. La forme de pe
10452
une manière uniforme — par l’Amour qui meut aussi
le
soleil et les autres étoiles. La forme de pensée qui se révèle ici
10453
niforme — par l’Amour qui meut aussi le soleil et
les
autres étoiles. La forme de pensée qui se révèle ici transcende la
10454
qui meut aussi le soleil et les autres étoiles.
La
forme de pensée qui se révèle ici transcende la recherche moderne d’u
10455
aussi le soleil et les autres étoiles. La forme
de
pensée qui se révèle ici transcende la recherche moderne d’une formul
10456
La forme de pensée qui se révèle ici transcende
la
recherche moderne d’une formule du champ unitaire. Elle implique l’éq
10457
qui se révèle ici transcende la recherche moderne
d’
une formule du champ unitaire. Elle implique l’équation plus générale
10458
ne d’une formule du champ unitaire. Elle implique
l’
équation plus générale encore qui embrasserait à la fois le phénomène
10459
n plus générale encore qui embrasserait à la fois
le
phénomène humain, les lois cosmiques, et l’amour créateur. Théorie de
10460
e qui embrasserait à la fois le phénomène humain,
les
lois cosmiques, et l’amour créateur. Théorie de l’amour unifiant, c’e
10461
fois le phénomène humain, les lois cosmiques, et
l’
amour créateur. Théorie de l’amour unifiant, c’est autant dire de l’Am
10462
les lois cosmiques, et l’amour créateur. Théorie
de
l’amour unifiant, c’est autant dire de l’Amour même. La science actue
10463
s lois cosmiques, et l’amour créateur. Théorie de
l’
amour unifiant, c’est autant dire de l’Amour même. La science actuelle
10464
r. Théorie de l’amour unifiant, c’est autant dire
de
l’Amour même. La science actuelle, guidée par l’intuition d’Einstein,
10465
Théorie de l’amour unifiant, c’est autant dire de
l’
Amour même. La science actuelle, guidée par l’intuition d’Einstein, co
10466
mour unifiant, c’est autant dire de l’Amour même.
La
science actuelle, guidée par l’intuition d’Einstein, conçoit déjà la
10467
de l’Amour même. La science actuelle, guidée par
l’
intuition d’Einstein, conçoit déjà la possibilité d’une explication un
10468
même. La science actuelle, guidée par l’intuition
d’
Einstein, conçoit déjà la possibilité d’une explication unifiée des ph
10469
, guidée par l’intuition d’Einstein, conçoit déjà
la
possibilité d’une explication unifiée des phénomènes gravitationnels
10470
intuition d’Einstein, conçoit déjà la possibilité
d’
une explication unifiée des phénomènes gravitationnels et magnétiques,
10471
avitationnels et magnétiques, mais elle admet que
l’
affectif demeure pour elle le plus impénétrable des mystères. Il est c
10472
mais elle admet que l’affectif demeure pour elle
le
plus impénétrable des mystères. Il est capital qu’elle l’admette. Ce
10473
impénétrable des mystères. Il est capital qu’elle
l’
admette. Ce qui était écarté depuis des siècles, renvoyé au chapitre d
10474
envoyé au chapitre des magies puériles, redevient
l’
objet fascinant des spéculations créatrices. Déjà, les grandes « école
10475
bjet fascinant des spéculations créatrices. Déjà,
les
grandes « écoles » de mathématiciens, de physiciens et d’astronomes,
10476
ulations créatrices. Déjà, les grandes « écoles »
de
mathématiciens, de physiciens et d’astronomes, reconnaissent qu’elles
10477
. Déjà, les grandes « écoles » de mathématiciens,
de
physiciens et d’astronomes, reconnaissent qu’elles diffèrent essentie
10478
es « écoles » de mathématiciens, de physiciens et
d’
astronomes, reconnaissent qu’elles diffèrent essentiellement par leurs
10479
tiellement par leurs options métaphysiques. Ainsi
l’
extrême de l’amour cognitif, de la passion de savoir, d’inventer le sa
10480
par leurs options métaphysiques. Ainsi l’extrême
de
l’amour cognitif, de la passion de savoir, d’inventer le savoir et d’
10481
r leurs options métaphysiques. Ainsi l’extrême de
l’
amour cognitif, de la passion de savoir, d’inventer le savoir et d’y s
10482
taphysiques. Ainsi l’extrême de l’amour cognitif,
de
la passion de savoir, d’inventer le savoir et d’y soumettre la pensée
10483
hysiques. Ainsi l’extrême de l’amour cognitif, de
la
passion de savoir, d’inventer le savoir et d’y soumettre la pensée, p
10484
insi l’extrême de l’amour cognitif, de la passion
de
savoir, d’inventer le savoir et d’y soumettre la pensée, poussé jusqu
10485
ême de l’amour cognitif, de la passion de savoir,
d’
inventer le savoir et d’y soumettre la pensée, poussé jusqu’au dernier
10486
our cognitif, de la passion de savoir, d’inventer
le
savoir et d’y soumettre la pensée, poussé jusqu’au dernier degré de l
10487
de la passion de savoir, d’inventer le savoir et
d’
y soumettre la pensée, poussé jusqu’au dernier degré de l’abstraction
10488
de savoir, d’inventer le savoir et d’y soumettre
la
pensée, poussé jusqu’au dernier degré de l’abstraction et de l’audace
10489
oumettre la pensée, poussé jusqu’au dernier degré
de
l’abstraction et de l’audace logique, semble en voie de rejoindre en
10490
ettre la pensée, poussé jusqu’au dernier degré de
l’
abstraction et de l’audace logique, semble en voie de rejoindre en per
10491
poussé jusqu’au dernier degré de l’abstraction et
de
l’audace logique, semble en voie de rejoindre en perspective l’extrêm
10492
ssé jusqu’au dernier degré de l’abstraction et de
l’
audace logique, semble en voie de rejoindre en perspective l’extrême d
10493
bstraction et de l’audace logique, semble en voie
de
rejoindre en perspective l’extrême de l’amour intuitif : la vue mysti
10494
gique, semble en voie de rejoindre en perspective
l’
extrême de l’amour intuitif : la vue mystique. ⁂ Une illustration. — T
10495
ble en voie de rejoindre en perspective l’extrême
de
l’amour intuitif : la vue mystique. ⁂ Une illustration. — Tout le mon
10496
en voie de rejoindre en perspective l’extrême de
l’
amour intuitif : la vue mystique. ⁂ Une illustration. — Tout le monde
10497
re en perspective l’extrême de l’amour intuitif :
la
vue mystique. ⁂ Une illustration. — Tout le monde connaît les cartes
10498
ique. ⁂ Une illustration. — Tout le monde connaît
les
cartes à jouer, au moins de vue, mais presque personne ne les voit. P
10499
out le monde connaît les cartes à jouer, au moins
de
vue, mais presque personne ne les voit. Presque personne ne prend la
10500
jouer, au moins de vue, mais presque personne ne
les
voit. Presque personne ne prend la peine ou le plaisir d’en déchiffre
10501
e les voit. Presque personne ne prend la peine ou
le
plaisir d’en déchiffrer l’idéogramme. C’est trop sérieux pour les jou
10502
Presque personne ne prend la peine ou le plaisir
d’
en déchiffrer l’idéogramme. C’est trop sérieux pour les joueurs, et po
10503
e ne prend la peine ou le plaisir d’en déchiffrer
l’
idéogramme. C’est trop sérieux pour les joueurs, et pour les sérieux c
10504
déchiffrer l’idéogramme. C’est trop sérieux pour
les
joueurs, et pour les sérieux ce n’est qu’un jeu. Pourtant, si l’on re
10505
mme. C’est trop sérieux pour les joueurs, et pour
les
sérieux ce n’est qu’un jeu. Pourtant, si l’on regarde un moment, mais
10506
pour les sérieux ce n’est qu’un jeu. Pourtant, si
l’
on regarde un moment, mais sans jouer, les « couleurs » du jeu de cart
10507
tant, si l’on regarde un moment, mais sans jouer,
les
« couleurs » du jeu de cartes ordinaire, on ne tardera pas à découvri
10508
moment, mais sans jouer, les « couleurs » du jeu
de
cartes ordinaire, on ne tardera pas à découvrir qu’elles corresponden
10509
rait pour trait aux quatre amours que nous venons
d’
identifier. (Et si l’on remonte aux tarots, on verra qu’il ne s’agit p
10510
uatre amours que nous venons d’identifier. (Et si
l’
on remonte aux tarots, on verra qu’il ne s’agit pas d’un hasard ou d’u
10511
remonte aux tarots, on verra qu’il ne s’agit pas
d’
un hasard ou d’une fantaisie, comme l’ont montré les belles études de
10512
rots, on verra qu’il ne s’agit pas d’un hasard ou
d’
une fantaisie, comme l’ont montré les belles études de l’indianiste He
10513
s’agit pas d’un hasard ou d’une fantaisie, comme
l’
ont montré les belles études de l’indianiste Heinrich Zimmer).
10514
’un hasard ou d’une fantaisie, comme l’ont montré
les
belles études de l’indianiste Heinrich Zimmer). Les quatre amo
10515
e fantaisie, comme l’ont montré les belles études
de
l’indianiste Heinrich Zimmer). Les quatre amours Pique ♠ La fo
10516
antaisie, comme l’ont montré les belles études de
l’
indianiste Heinrich Zimmer). Les quatre amours Pique ♠ La forme
10517
s études de l’indianiste Heinrich Zimmer).
Les
quatre amours Pique ♠ La forme indique le nombre 1. Elle suggère : pé
10518
einrich Zimmer). Les quatre amours Pique ♠
La
forme indique le nombre 1. Elle suggère : pénétrer, traverser, voler
10519
Les quatre amours Pique ♠ La forme indique
le
nombre 1. Elle suggère : pénétrer, traverser, voler d’un trait, bless
10520
mbre 1. Elle suggère : pénétrer, traverser, voler
d’
un trait, blesser, tuer, féconder. Correspond à l’ Esprit et à l’int
10521
’un trait, blesser, tuer, féconder. Correspond à
l’
Esprit et à l’intuition (Amour spirituel, regard intuitif, philia, A
10522
er, tuer, féconder. Correspond à l’ Esprit et à
l’
intuition (Amour spirituel, regard intuitif, philia, Agapè). Tempéram
10523
viations typiques : impérialisme et sadisme, ou à
l’
inverse, ascétisme et goût de l’autosacrifice ; vers l’autre : crime ;
10524
sme et sadisme, ou à l’inverse, ascétisme et goût
de
l’autosacrifice ; vers l’autre : crime ; vers soi : suicide. Concept
10525
et sadisme, ou à l’inverse, ascétisme et goût de
l’
autosacrifice ; vers l’autre : crime ; vers soi : suicide. Conception
10526
l’autre : crime ; vers soi : suicide. Conception
de
l’amour : un roi de pique dira que « l’Amour n’est pas un sentiment,
10527
utre : crime ; vers soi : suicide. Conception de
l’
amour : un roi de pique dira que « l’Amour n’est pas un sentiment, mai
10528
rs soi : suicide. Conception de l’amour : un roi
de
pique dira que « l’Amour n’est pas un sentiment, mais la situation to
10529
onception de l’amour : un roi de pique dira que «
l’
Amour n’est pas un sentiment, mais la situation totale de celui qui ai
10530
e dira que « l’Amour n’est pas un sentiment, mais
la
situation totale de celui qui aime, orienté vers la vérité. » Preuve
10531
n’est pas un sentiment, mais la situation totale
de
celui qui aime, orienté vers la vérité. » Preuve de validité de cet
10532
situation totale de celui qui aime, orienté vers
la
vérité. » Preuve de validité de cet amour : le regard juste. Cœur ♥
10533
celui qui aime, orienté vers la vérité. » Preuve
de
validité de cet amour : le regard juste. Cœur ♥ La forme indique le n
10534
me, orienté vers la vérité. » Preuve de validité
de
cet amour : le regard juste. Cœur ♥ La forme indique le nombre 2. Ell
10535
s la vérité. » Preuve de validité de cet amour :
le
regard juste. Cœur ♥ La forme indique le nombre 2. Elle suggère : pal
10536
e validité de cet amour : le regard juste. Cœur ♥
La
forme indique le nombre 2. Elle suggère : palpiter, contracter-dilate
10537
amour : le regard juste. Cœur ♥ La forme indique
le
nombre 2. Elle suggère : palpiter, contracter-dilater, être vulnérabl
10538
nspercé par une pique (« Une épée te transpercera
l’
âme », dit Siméon à Marie). Correspond à l’Âme et au sentiment (Amour
10539
rcera l’âme », dit Siméon à Marie). Correspond à
l’
Âme et au sentiment (Amour-passion, tendresse, Éros). Tempérament : é
10540
iques : Masochisme. (Seul celui qui a une âme, et
le
sait, a lieu d’être masochiste et de s’en réjouir.) Goût de la mort à
10541
me. (Seul celui qui a une âme, et le sait, a lieu
d’
être masochiste et de s’en réjouir.) Goût de la mort à deux. Paranoïa.
10542
une âme, et le sait, a lieu d’être masochiste et
de
s’en réjouir.) Goût de la mort à deux. Paranoïa. Conception de l’amo
10543
lieu d’être masochiste et de s’en réjouir.) Goût
de
la mort à deux. Paranoïa. Conception de l’amour : « La beauté fait p
10544
eu d’être masochiste et de s’en réjouir.) Goût de
la
mort à deux. Paranoïa. Conception de l’amour : « La beauté fait pleu
10545
r.) Goût de la mort à deux. Paranoïa. Conception
de
l’amour : « La beauté fait pleurer les meilleures larmes ». — Tristan
10546
Goût de la mort à deux. Paranoïa. Conception de
l’
amour : « La beauté fait pleurer les meilleures larmes ». — Tristan.
10547
mort à deux. Paranoïa. Conception de l’amour : «
La
beauté fait pleurer les meilleures larmes ». — Tristan. Preuve : sen
10548
Conception de l’amour : « La beauté fait pleurer
les
meilleures larmes ». — Tristan. Preuve : sentir intensément. Trèfle
10549
— Tristan. Preuve : sentir intensément. Trèfle ♣
La
forme indique le nombre 3. Elle suggère : pousser, enlacer, s’épanoui
10550
e : sentir intensément. Trèfle ♣ La forme indique
le
nombre 3. Elle suggère : pousser, enlacer, s’épanouir dans les trois
10551
Elle suggère : pousser, enlacer, s’épanouir dans
les
trois dimensions (esprit, âme, chair) sans perdre l’instinct, s’attac
10552
trois dimensions (esprit, âme, chair) sans perdre
l’
instinct, s’attacher, se flétrir. Correspond au Corps et à la sensati
10553
s’attacher, se flétrir. Correspond au Corps et à
la
sensation. (« Toute chair est comme l’herbe. » Amour de la chair pour
10554
Corps et à la sensation. (« Toute chair est comme
l’
herbe. » Amour de la chair pour ce qui la transcende et l’anime, car l
10555
sation. (« Toute chair est comme l’herbe. » Amour
de
la chair pour ce qui la transcende et l’anime, car la poussée vient d
10556
ion. (« Toute chair est comme l’herbe. » Amour de
la
chair pour ce qui la transcende et l’anime, car la poussée vient d’en
10557
st comme l’herbe. » Amour de la chair pour ce qui
la
transcende et l’anime, car la poussée vient d’en bas, mais l’éclosion
10558
» Amour de la chair pour ce qui la transcende et
l’
anime, car la poussée vient d’en bas, mais l’éclosion et l’épanouissem
10559
a chair pour ce qui la transcende et l’anime, car
la
poussée vient d’en bas, mais l’éclosion et l’épanouissement dépendent
10560
ui la transcende et l’anime, car la poussée vient
d’
en bas, mais l’éclosion et l’épanouissement dépendent de la lumière re
10561
e et l’anime, car la poussée vient d’en bas, mais
l’
éclosion et l’épanouissement dépendent de la lumière reçue, de l’air e
10562
car la poussée vient d’en bas, mais l’éclosion et
l’
épanouissement dépendent de la lumière reçue, de l’air et de la rosée.
10563
as, mais l’éclosion et l’épanouissement dépendent
de
la lumière reçue, de l’air et de la rosée.) Tempérament : sensuel-im
10564
mais l’éclosion et l’épanouissement dépendent de
la
lumière reçue, de l’air et de la rosée.) Tempérament : sensuel-impul
10565
t l’épanouissement dépendent de la lumière reçue,
de
l’air et de la rosée.) Tempérament : sensuel-impulsif-curieux ; préd
10566
’épanouissement dépendent de la lumière reçue, de
l’
air et de la rosée.) Tempérament : sensuel-impulsif-curieux ; prédate
10567
sement dépendent de la lumière reçue, de l’air et
de
la rosée.) Tempérament : sensuel-impulsif-curieux ; prédateur-exclus
10568
ent dépendent de la lumière reçue, de l’air et de
la
rosée.) Tempérament : sensuel-impulsif-curieux ; prédateur-exclusif-
10569
mpulsif-curieux ; prédateur-exclusif-fabricateur (
d’
objets, non de concepts.) Déviations typiques : Don Juan. Aberrations
10570
x ; prédateur-exclusif-fabricateur (d’objets, non
de
concepts.) Déviations typiques : Don Juan. Aberrations de l’instinct
10571
ts.) Déviations typiques : Don Juan. Aberrations
de
l’instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magique, quelquefois
10572
) Déviations typiques : Don Juan. Aberrations de
l’
instinct. Naturisme mystique. (C’est l’utopie magique, quelquefois réa
10573
rations de l’instinct. Naturisme mystique. (C’est
l’
utopie magique, quelquefois réalisée, du trèfle à quatre : transformer
10574
uefois réalisée, du trèfle à quatre : transformer
la
tige de l’instinct en quatrième feuille). Conception de l’amour : la
10575
éalisée, du trèfle à quatre : transformer la tige
de
l’instinct en quatrième feuille). Conception de l’amour : la gourman
10576
isée, du trèfle à quatre : transformer la tige de
l’
instinct en quatrième feuille). Conception de l’amour : la gourmandis
10577
de l’instinct en quatrième feuille). Conception
de
l’amour : la gourmandise. « Ce qui est vrai, ce qui est beau, c’est c
10578
l’instinct en quatrième feuille). Conception de
l’
amour : la gourmandise. « Ce qui est vrai, ce qui est beau, c’est ce q
10579
t en quatrième feuille). Conception de l’amour :
la
gourmandise. « Ce qui est vrai, ce qui est beau, c’est ce qui m’est b
10580
est bon. » Preuve :toucher, étreindre. Carreau ♦
La
forme indique le nombre 4. Elle suggère : définir, délimiter (le carr
10581
e :toucher, étreindre. Carreau ♦ La forme indique
le
nombre 4. Elle suggère : définir, délimiter (le carré), mais aussi pé
10582
e le nombre 4. Elle suggère : définir, délimiter (
le
carré), mais aussi pénétrer partout, dans tous les sens (angles aigui
10583
le carré), mais aussi pénétrer partout, dans tous
les
sens (angles aiguisés, rappelant que ce carré fut d’abord un carreau
10584
és, rappelant que ce carré fut d’abord un carreau
d’
arbalète, une flèche à quatre pans) ; contredire et mettre en parallèl
10585
parallèle, opposer pour équilibrer. Correspond à
l’
Intellect, à la pensée (Amour du juste et passion de la découverte).
10586
ser pour équilibrer. Correspond à l’Intellect, à
la
pensée (Amour du juste et passion de la découverte). Tempérament : e
10587
Intellect, à la pensée (Amour du juste et passion
de
la découverte). Tempérament : exclusif, bâtisseur, critique, prudent
10588
ellect, à la pensée (Amour du juste et passion de
la
découverte). Tempérament : exclusif, bâtisseur, critique, prudent («
10589
») ; abstracteur, classique, impudent, inventif (
de
structures et de concepts). Déviations typiques : Schizophrénie. Goû
10590
, classique, impudent, inventif (de structures et
de
concepts). Déviations typiques : Schizophrénie. Goût du viol. Impuis
10591
. Goût du viol. Impuissance sexuelle par méfiance
de
l’âme. (L’Intellectuel, au mauvais sens, est celui qui est coupé de l
10592
oût du viol. Impuissance sexuelle par méfiance de
l’
âme. (L’Intellectuel, au mauvais sens, est celui qui est coupé de l’âm
10593
iol. Impuissance sexuelle par méfiance de l’âme. (
L’
Intellectuel, au mauvais sens, est celui qui est coupé de l’âme, ou ne
10594
lectuel, au mauvais sens, est celui qui est coupé
de
l’âme, ou ne sait qu’en faire et la nie.) Conception de l’amour : l’
10595
tuel, au mauvais sens, est celui qui est coupé de
l’
âme, ou ne sait qu’en faire et la nie.) Conception de l’amour : l’équ
10596
qui est coupé de l’âme, ou ne sait qu’en faire et
la
nie.) Conception de l’amour : l’équilibre exigeant l’échange, le mai
10597
e, ou ne sait qu’en faire et la nie.) Conception
de
l’amour : l’équilibre exigeant l’échange, le maintien de chacun dans
10598
ou ne sait qu’en faire et la nie.) Conception de
l’
amour : l’équilibre exigeant l’échange, le maintien de chacun dans ses
10599
qu’en faire et la nie.) Conception de l’amour :
l’
équilibre exigeant l’échange, le maintien de chacun dans ses justes li
10600
e.) Conception de l’amour : l’équilibre exigeant
l’
échange, le maintien de chacun dans ses justes limites. Preuve : comp
10601
tion de l’amour : l’équilibre exigeant l’échange,
le
maintien de chacun dans ses justes limites. Preuve : comprendre (ou
10602
our : l’équilibre exigeant l’échange, le maintien
de
chacun dans ses justes limites. Preuve : comprendre (ou au contraire
10603
critique). Note. On aura reconnu au passage
les
quatre fonctions fondamentales de C. G. Jung : pensée, sensation, int
10604
nnu au passage les quatre fonctions fondamentales
de
C. G. Jung : pensée, sensation, intuition, sentiment, bien que placée
10605
es ici dans une succession différente, traduisant
la
logique particulière et l’ontogenèse de l’amour. Ces quatre fonctions
10606
différente, traduisant la logique particulière et
l’
ontogenèse de l’amour. Ces quatre fonctions coexistent dans la vie de
10607
raduisant la logique particulière et l’ontogenèse
de
l’amour. Ces quatre fonctions coexistent dans la vie de tout homme no
10608
uisant la logique particulière et l’ontogenèse de
l’
amour. Ces quatre fonctions coexistent dans la vie de tout homme norma
10609
de l’amour. Ces quatre fonctions coexistent dans
la
vie de tout homme normal, mais l’une, en général, est dominante, plus
10610
mour. Ces quatre fonctions coexistent dans la vie
de
tout homme normal, mais l’une, en général, est dominante, plus fortem
10611
actualisée ; par là même, elle potentialise dans
l’
inconscient la fonction la plus différente d’elle-même. Les couples d’
10612
par là même, elle potentialise dans l’inconscient
la
fonction la plus différente d’elle-même. Les couples d’opposés décrit
10613
elle potentialise dans l’inconscient la fonction
la
plus différente d’elle-même. Les couples d’opposés décrits par Jung :
10614
dans l’inconscient la fonction la plus différente
d’
elle-même. Les couples d’opposés décrits par Jung : intuition-sensatio
10615
cient la fonction la plus différente d’elle-même.
Les
couples d’opposés décrits par Jung : intuition-sensation (signes noir
10616
ction la plus différente d’elle-même. Les couples
d’
opposés décrits par Jung : intuition-sensation (signes noirs du jeu de
10617
r Jung : intuition-sensation (signes noirs du jeu
de
cartes) et sentiment-pensée (signes rouges) se retrouvent dans mon sc
10618
a. Je me suis limité aux interprétations touchant
l’
amour, celles qui peuvent illustrer les pages précédentes. Je n’ai con
10619
ns touchant l’amour, celles qui peuvent illustrer
les
pages précédentes. Je n’ai considéré que les as. Il y a bien d’autres
10620
trer les pages précédentes. Je n’ai considéré que
les
as. Il y a bien d’autres choses dans les figures des cartes. IIEnt
10621
déré que les as. Il y a bien d’autres choses dans
les
figures des cartes. IIEntre le vide et le royaume Que toute la
10622
es choses dans les figures des cartes. IIEntre
le
vide et le royaume Que toute la matière du cosmos, rassemblée, pui
10623
ans les figures des cartes. IIEntre le vide et
le
royaume Que toute la matière du cosmos, rassemblée, puisse tenir d
10624
es. IIEntre le vide et le royaume Que toute
la
matière du cosmos, rassemblée, puisse tenir dans un dé ; que sur cett
10625
un dé ; que sur cette petite Terre suspendue dans
le
vide, nous marchions sur du vide et vers le vide, n’étant nous-mêmes
10626
dans le vide, nous marchions sur du vide et vers
le
vide, n’étant nous-mêmes que furtifs agrégats d’infimes tourbillons s
10627
le vide, n’étant nous-mêmes que furtifs agrégats
d’
infimes tourbillons statistiques ; que tout soit vide en vérité de sci
10628
llons statistiques ; que tout soit vide en vérité
de
science, dans les dimensions de l’Univers (millions d’années-lumière
10629
s ; que tout soit vide en vérité de science, dans
les
dimensions de l’Univers (millions d’années-lumière dans l’espace, mil
10630
it vide en vérité de science, dans les dimensions
de
l’Univers (millions d’années-lumière dans l’espace, milliards d’année
10631
vide en vérité de science, dans les dimensions de
l’
Univers (millions d’années-lumière dans l’espace, milliards d’années t
10632
ience, dans les dimensions de l’Univers (millions
d’
années-lumière dans l’espace, milliards d’années terrestres dans le te
10633
ions de l’Univers (millions d’années-lumière dans
l’
espace, milliards d’années terrestres dans le temps), et qu’au fond du
10634
illions d’années-lumière dans l’espace, milliards
d’
années terrestres dans le temps), et qu’au fond du réel calculé soit l
10635
dans l’espace, milliards d’années terrestres dans
le
temps), et qu’au fond du réel calculé soit le Vide — mais que, scinti
10636
ans le temps), et qu’au fond du réel calculé soit
le
Vide — mais que, scintillements d’une seconde dans l’histoire de ce g
10637
l calculé soit le Vide — mais que, scintillements
d’
une seconde dans l’histoire de ce grain, notre Terre, des civilisation
10638
ide — mais que, scintillements d’une seconde dans
l’
histoire de ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous appa
10639
que, scintillements d’une seconde dans l’histoire
de
ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous apparaissent gr
10640
grandes et majestueuses ; bien plus, qu’au détour
d’
un sentier suivi dans la forêt d’avril nous attende une révélation du
10641
; bien plus, qu’au détour d’un sentier suivi dans
la
forêt d’avril nous attende une révélation du bonheur pur ; qu’il ait
10642
us, qu’au détour d’un sentier suivi dans la forêt
d’
avril nous attende une révélation du bonheur pur ; qu’il ait suffi de
10643
e une révélation du bonheur pur ; qu’il ait suffi
de
l’inflexion d’une voix pour que cette rencontre, demain, soit soudain
10644
ne révélation du bonheur pur ; qu’il ait suffi de
l’
inflexion d’une voix pour que cette rencontre, demain, soit soudain le
10645
n du bonheur pur ; qu’il ait suffi de l’inflexion
d’
une voix pour que cette rencontre, demain, soit soudain le point de la
10646
ix pour que cette rencontre, demain, soit soudain
le
point de la vie ; qu’il y ait tels moments où nous sommes convaincus
10647
ue cette rencontre, demain, soit soudain le point
de
la vie ; qu’il y ait tels moments où nous sommes convaincus que « tou
10648
cette rencontre, demain, soit soudain le point de
la
vie ; qu’il y ait tels moments où nous sommes convaincus que « tout »
10649
nts où nous sommes convaincus que « tout » dépend
d’
une décision à prendre ; qu’un monde coloré, déployé, dense et stable
10650
dans sa durée ; — qu’il y ait donc tout cela mais
le
vide, tout cela dans le vide et composé de vide, compénétré et imprég
10651
y ait donc tout cela mais le vide, tout cela dans
le
vide et composé de vide, compénétré et imprégné de vacuité, ce vertig
10652
a mais le vide, tout cela dans le vide et composé
de
vide, compénétré et imprégné de vacuité, ce vertige accompagne en sil
10653
e vide et composé de vide, compénétré et imprégné
de
vacuité, ce vertige accompagne en silence la pensée des hommes d’aujo
10654
égné de vacuité, ce vertige accompagne en silence
la
pensée des hommes d’aujourd’hui et leur action. Le miracle est qu’il
10655
ertige accompagne en silence la pensée des hommes
d’
aujourd’hui et leur action. Le miracle est qu’il y ait des formes ! Qu
10656
a pensée des hommes d’aujourd’hui et leur action.
Le
miracle est qu’il y ait des formes ! Qu’il y ait de la consistance, d
10657
miracle est qu’il y ait des formes ! Qu’il y ait
de
la consistance, des paysages, des visages, une Nature, autour de nous
10658
racle est qu’il y ait des formes ! Qu’il y ait de
la
consistance, des paysages, des visages, une Nature, autour de nous, q
10659
raît désormais grâce et don, miraculeuse ; et que
la
Vacuité ait pu donner naissance à la plénitude des corps, que la lumi
10660
use ; et que la Vacuité ait pu donner naissance à
la
plénitude des corps, que la lumière soit devenue vision, l’énergie se
10661
pu donner naissance à la plénitude des corps, que
la
lumière soit devenue vision, l’énergie sentiment, la structure mythe,
10662
de des corps, que la lumière soit devenue vision,
l’
énergie sentiment, la structure mythe, et la gravitation désir. Ce qui
10663
lumière soit devenue vision, l’énergie sentiment,
la
structure mythe, et la gravitation désir. Ce qui trouble d’abord et e
10664
sion, l’énergie sentiment, la structure mythe, et
la
gravitation désir. Ce qui trouble d’abord et enfin scandalise l’espri
10665
désir. Ce qui trouble d’abord et enfin scandalise
l’
esprit du mystique oriental, c’est cela justement qui fait ma joie, et
10666
, c’est cela justement qui fait ma joie, et c’est
le
passage du tourbillon de billions d’agrégats divisibles au désir d’un
10667
i fait ma joie, et c’est le passage du tourbillon
de
billions d’agrégats divisibles au désir d’un corps animé, d’une forme
10668
ie, et c’est le passage du tourbillon de billions
d’
agrégats divisibles au désir d’un corps animé, d’une forme unique, lib
10669
billon de billions d’agrégats divisibles au désir
d’
un corps animé, d’une forme unique, libérée pour un peu de temps de ce
10670
d’agrégats divisibles au désir d’un corps animé,
d’
une forme unique, libérée pour un peu de temps de cette transparence i
10671
ps animé, d’une forme unique, libérée pour un peu
de
temps de cette transparence incolore qui est la malédiction originell
10672
d’une forme unique, libérée pour un peu de temps
de
cette transparence incolore qui est la malédiction originelle, l’enfe
10673
u de temps de cette transparence incolore qui est
la
malédiction originelle, l’enfer cosmique. L’incarnation présente est
10674
rence incolore qui est la malédiction originelle,
l’
enfer cosmique. L’incarnation présente est notre grâce. Elle seule cré
10675
est la malédiction originelle, l’enfer cosmique.
L’
incarnation présente est notre grâce. Elle seule crée du même coup la
10676
nte est notre grâce. Elle seule crée du même coup
la
couleur, le toucher, la vue lointaine et la musique, la souple résist
10677
e grâce. Elle seule crée du même coup la couleur,
le
toucher, la vue lointaine et la musique, la souple résistance de la c
10678
e seule crée du même coup la couleur, le toucher,
la
vue lointaine et la musique, la souple résistance de la chair, et le
10679
coup la couleur, le toucher, la vue lointaine et
la
musique, la souple résistance de la chair, et le désir qui ne s’arrêt
10680
leur, le toucher, la vue lointaine et la musique,
la
souple résistance de la chair, et le désir qui ne s’arrêtera plus dan
10681
vue lointaine et la musique, la souple résistance
de
la chair, et le désir qui ne s’arrêtera plus dans sa lancée vers un a
10682
lointaine et la musique, la souple résistance de
la
chair, et le désir qui ne s’arrêtera plus dans sa lancée vers un au-d
10683
la musique, la souple résistance de la chair, et
le
désir qui ne s’arrêtera plus dans sa lancée vers un au-delà de plénit
10684
ne s’arrêtera plus dans sa lancée vers un au-delà
de
plénitude, vers le Plérome. Car cette Nature qui nous paraît miracule
10685
dans sa lancée vers un au-delà de plénitude, vers
le
Plérome. Car cette Nature qui nous paraît miraculeuse n’est encore qu
10686
miraculeuse n’est encore qu’un mirage reflété sur
le
Vide, si elle n’est pas une parabole de l’éternel. Ces formes demeure
10687
flété sur le Vide, si elle n’est pas une parabole
de
l’éternel. Ces formes demeurent allusives, ces corps souffrent et meu
10688
té sur le Vide, si elle n’est pas une parabole de
l’
éternel. Ces formes demeurent allusives, ces corps souffrent et meuren
10689
ntiments s’égarent, ce désir exige un Ailleurs où
la
possession soit entière. Certes, la science nous donne, dès maintenan
10690
n Ailleurs où la possession soit entière. Certes,
la
science nous donne, dès maintenant, des « ailleurs » dont les siècles
10691
nous donne, dès maintenant, des « ailleurs » dont
les
siècles derniers croyaient avoir banni jusqu’à la possibilité : elle
10692
es siècles derniers croyaient avoir banni jusqu’à
la
possibilité : elle les calcule exactement. Que sont-ils pour notre dé
10693
oyaient avoir banni jusqu’à la possibilité : elle
les
calcule exactement. Que sont-ils pour notre désir ? Ce Vide qui baign
10694
-ils pour notre désir ? Ce Vide qui baigne tout ?
L’
antimatière ? D’autres mondes parallèles, qui seraient le nôtre en cre
10695
ui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons
l’
au-delà, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos joies, l’a
10696
n creux ? Mais nous voulons l’au-delà, et non pas
le
contraire de nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme
10697
s nous voulons l’au-delà, et non pas le contraire
de
nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un
10698
delà, et non pas le contraire de nos angoisses et
de
nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un reflet ! Un poète m
10699
as le contraire de nos angoisses et de nos joies,
l’
au-delà qui transforme et non pas un reflet ! Un poète mineur et parfa
10700
et non pas un reflet ! Un poète mineur et parfait
de
ce temps l’a découvert un jour, non sans stupeur : Il y a un autre m
10701
n reflet ! Un poète mineur et parfait de ce temps
l’
a découvert un jour, non sans stupeur : Il y a un autre monde, mais i
10702
nde ? Et pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Il y a
le
monde du Vide, l’autre monde de la science : il est là, parmi nous et
10703
il qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’autre monde
de
la science : il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et mai
10704
qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’autre monde de
la
science : il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et mainte
10705
out autour de nous, ici et maintenant, et nous ne
le
voyons pas, quoique étant assurés de sa présence instante. Il n’est p
10706
, et nous ne le voyons pas, quoique étant assurés
de
sa présence instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royau
10707
instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous
le
Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce monde », et qui pourtant e
10708
n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royaume !
Le
Royaume « qui n’est pas de ce monde », et qui pourtant est « au-dedan
10709
a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas
de
ce monde », et qui pourtant est « au-dedans de nous », car il est plu
10710
us nous-mêmes que nous, parce qu’il est en chacun
de
ceux qui le reçoivent « le Fils de Dieu », la part céleste, le répond
10711
s que nous, parce qu’il est en chacun de ceux qui
le
reçoivent « le Fils de Dieu », la part céleste, le répondant de l’Ang
10712
ce qu’il est en chacun de ceux qui le reçoivent «
le
Fils de Dieu », la part céleste, le répondant de l’Ange qui sera « no
10713
est en chacun de ceux qui le reçoivent « le Fils
de
Dieu », la part céleste, le répondant de l’Ange qui sera « notre effi
10714
cun de ceux qui le reçoivent « le Fils de Dieu »,
la
part céleste, le répondant de l’Ange qui sera « notre effigie » au ce
10715
e reçoivent « le Fils de Dieu », la part céleste,
le
répondant de l’Ange qui sera « notre effigie » au cercle de feu qu’a
10716
le Fils de Dieu », la part céleste, le répondant
de
l’Ange qui sera « notre effigie » au cercle de feu qu’a vu Dante. Et
10717
Fils de Dieu », la part céleste, le répondant de
l’
Ange qui sera « notre effigie » au cercle de feu qu’a vu Dante. Et par
10718
nt de l’Ange qui sera « notre effigie » au cercle
de
feu qu’a vu Dante. Et par quelle parabole le représenterons-nous ? «
10719
rcle de feu qu’a vu Dante. Et par quelle parabole
le
représenterons-nous ? « Il est semblable à un grain de sénevé, la plu
10720
présenterons-nous ? « Il est semblable à un grain
de
sénevé, la plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre,
10721
s-nous ? « Il est semblable à un grain de sénevé,
la
plus petite de toutes les semences qui sont sur la terre, mais lorsqu
10722
st semblable à un grain de sénevé, la plus petite
de
toutes les semences qui sont sur la terre, mais lorsqu’il a été semé,
10723
le à un grain de sénevé, la plus petite de toutes
les
semences qui sont sur la terre, mais lorsqu’il a été semé, il monte…
10724
a plus petite de toutes les semences qui sont sur
la
terre, mais lorsqu’il a été semé, il monte… et pousse de grandes bran
10725
e, mais lorsqu’il a été semé, il monte… et pousse
de
grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel (les anges) peuven
10726
onte… et pousse de grandes branches, en sorte que
les
oiseaux du ciel (les anges) peuvent habiter sous son ombre130 » Il n’
10727
andes branches, en sorte que les oiseaux du ciel (
les
anges) peuvent habiter sous son ombre130 » Il n’est pas dans l’espace
10728
ent habiter sous son ombre130 » Il n’est pas dans
l’
espace et le temps, qui étendent le Vide aux dimensions de l’univers ;
10729
sous son ombre130 » Il n’est pas dans l’espace et
le
temps, qui étendent le Vide aux dimensions de l’univers ; il n’est pa
10730
n’est pas dans l’espace et le temps, qui étendent
le
Vide aux dimensions de l’univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à pré
10731
et le temps, qui étendent le Vide aux dimensions
de
l’univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent, du monde des form
10732
le temps, qui étendent le Vide aux dimensions de
l’
univers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent, du monde des formes,
10733
ensions de l’univers ; il n’est pas loin d’ici ou
d’
à présent, du monde des formes, qui est la Nature, la Parabole — mais
10734
’ici ou d’à présent, du monde des formes, qui est
la
Nature, la Parabole — mais ici, maintenant, et en toi-même. Le Royaum
10735
présent, du monde des formes, qui est la Nature,
la
Parabole — mais ici, maintenant, et en toi-même. Le Royaume du ciel e
10736
Parabole — mais ici, maintenant, et en toi-même.
Le
Royaume du ciel est un point, le point d’éternité posé dans toi, la s
10737
et en toi-même. Le Royaume du ciel est un point,
le
point d’éternité posé dans toi, la semence du Plérome à venir, quand
10738
i-même. Le Royaume du ciel est un point, le point
d’
éternité posé dans toi, la semence du Plérome à venir, quand « la figu
10739
est un point, le point d’éternité posé dans toi,
la
semence du Plérome à venir, quand « la figure de ce monde passera »,
10740
dans toi, la semence du Plérome à venir, quand «
la
figure de ce monde passera », et que l’invisible sera vu. Quand tu le
10741
la semence du Plérome à venir, quand « la figure
de
ce monde passera », et que l’invisible sera vu. Quand tu le sais, l’a
10742
, quand « la figure de ce monde passera », et que
l’
invisible sera vu. Quand tu le sais, l’amour commence, l’amour a déjà
10743
e passera », et que l’invisible sera vu. Quand tu
le
sais, l’amour commence, l’amour a déjà commencé, car c’est lui qui le
10744
», et que l’invisible sera vu. Quand tu le sais,
l’
amour commence, l’amour a déjà commencé, car c’est lui qui le sait dan
10745
ible sera vu. Quand tu le sais, l’amour commence,
l’
amour a déjà commencé, car c’est lui qui le sait dans toi. À la questi
10746
mence, l’amour a déjà commencé, car c’est lui qui
le
sait dans toi. À la question fondamentale que pose le vide : Pourquoi
10747
à commencé, car c’est lui qui le sait dans toi. À
la
question fondamentale que pose le vide : Pourquoi pas rien ? — si la
10748
ait dans toi. À la question fondamentale que pose
le
vide : Pourquoi pas rien ? — si la pensée ne trouve pas de réponse, e
10749
ntale que pose le vide : Pourquoi pas rien ? — si
la
pensée ne trouve pas de réponse, elle se rend au vide et s’annule. Ce
10750
Pourquoi pas rien ? — si la pensée ne trouve pas
de
réponse, elle se rend au vide et s’annule. Ce qui peut la retenir au
10751
se, elle se rend au vide et s’annule. Ce qui peut
la
retenir au bord du rien, c’est l’intuition directe de l’amour. C’est
10752
le. Ce qui peut la retenir au bord du rien, c’est
l’
intuition directe de l’amour. C’est à cause de l’amour qu’il y a quelq
10753
etenir au bord du rien, c’est l’intuition directe
de
l’amour. C’est à cause de l’amour qu’il y a quelque chose, que le vid
10754
nir au bord du rien, c’est l’intuition directe de
l’
amour. C’est à cause de l’amour qu’il y a quelque chose, que le vide s
10755
l’intuition directe de l’amour. C’est à cause de
l’
amour qu’il y a quelque chose, que le vide s’anime et se différencie,
10756
t à cause de l’amour qu’il y a quelque chose, que
le
vide s’anime et se différencie, qu’il y a des forces qui s’attirent e
10757
suite forme et mouvement, proche et lointain dans
l’
espace et le temps, monde et personne, désir, souffrance et joie. Et n
10758
et mouvement, proche et lointain dans l’espace et
le
temps, monde et personne, désir, souffrance et joie. Et nous pouvons
10759
joie. Et nous pouvons aimer ces formes parce que
l’
amour les a formées : nous le reconnaissons en elles, comme il les app
10760
t nous pouvons aimer ces formes parce que l’amour
les
a formées : nous le reconnaissons en elles, comme il les appelait en
10761
ces formes parce que l’amour les a formées : nous
le
reconnaissons en elles, comme il les appelait en nous. L’amour seul e
10762
ormées : nous le reconnaissons en elles, comme il
les
appelait en nous. L’amour seul explique tout, et l’être-en-soi n’est
10763
naissons en elles, comme il les appelait en nous.
L’
amour seul explique tout, et l’être-en-soi n’est qu’un mot désignant l
10764
appelait en nous. L’amour seul explique tout, et
l’
être-en-soi n’est qu’un mot désignant l’inconcevable : ce qui serait s
10765
tout, et l’être-en-soi n’est qu’un mot désignant
l’
inconcevable : ce qui serait sans l’amour, « ce qui est » moins l’amou
10766
mot désignant l’inconcevable : ce qui serait sans
l’
amour, « ce qui est » moins l’amour par qui seul il y a quelque chose.
10767
ce qui serait sans l’amour, « ce qui est » moins
l’
amour par qui seul il y a quelque chose. L’amour seul peut donc dire :
10768
moins l’amour par qui seul il y a quelque chose.
L’
amour seul peut donc dire : je suis. Sans l’amour, il n’y aurait pas m
10769
hose. L’amour seul peut donc dire : je suis. Sans
l’
amour, il n’y aurait pas même le vide. L’amour a créé le vide en déplo
10770
e : je suis. Sans l’amour, il n’y aurait pas même
le
vide. L’amour a créé le vide en déployant l’attrait, que l’on nomme é
10771
is. Sans l’amour, il n’y aurait pas même le vide.
L’
amour a créé le vide en déployant l’attrait, que l’on nomme énergie ou
10772
r, il n’y aurait pas même le vide. L’amour a créé
le
vide en déployant l’attrait, que l’on nomme énergie ou désir, selon l
10773
même le vide. L’amour a créé le vide en déployant
l’
attrait, que l’on nomme énergie ou désir, selon l’ordre physique ou an
10774
’amour a créé le vide en déployant l’attrait, que
l’
on nomme énergie ou désir, selon l’ordre physique ou animique. Et cela
10775
l’attrait, que l’on nomme énergie ou désir, selon
l’
ordre physique ou animique. Et cela seul donne un sens à tout : au vid
10776
à tout : au vide cosmique où danse tel brouillard
d’
électrons empruntés à droite et à gauche et qui tout d’un coup peut di
10777
ctrons empruntés à droite et à gauche et qui tout
d’
un coup peut dire moi, peut dire toi quand il voit le moi dans l’autre
10778
n coup peut dire moi, peut dire toi quand il voit
le
moi dans l’autre ; peut dire : je suis ; mais aussi à ce coin de sent
10779
utre ; peut dire : je suis ; mais aussi à ce coin
de
sentier perdu dans la forêt d’avril, petit monde complexe et fortuit,
10780
suis ; mais aussi à ce coin de sentier perdu dans
la
forêt d’avril, petit monde complexe et fortuit, terre et pierres, her
10781
is aussi à ce coin de sentier perdu dans la forêt
d’
avril, petit monde complexe et fortuit, terre et pierres, herbe humide
10782
terre et pierres, herbe humide, ciel clair entre
les
branches, aubépines, profondeur des bois, ici, nulle part, et pourquo
10783
profondeur des bois, ici, nulle part, et pourquoi
l’
ai-je aimé ? Pourquoi pas rien ? Parce que ce coin de sentier m’a fait
10784
i-je aimé ? Pourquoi pas rien ? Parce que ce coin
de
sentier m’a fait un signe et fut un signe à cet instant pour moi, exi
10785
connaissance, et que tout signe ou sens manifeste
l’
amour ; et rien d’autre n’importe en vérité : rien d’autre au monde ne
10786
ue tout signe ou sens manifeste l’amour ; et rien
d’
autre n’importe en vérité : rien d’autre au monde ne m’appelle. J’ai p
10787
mour ; et rien d’autre n’importe en vérité : rien
d’
autre au monde ne m’appelle. J’ai pu douter de l’être, et du devenir,
10788
ien d’autre au monde ne m’appelle. J’ai pu douter
de
l’être, et du devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai j
10789
d’autre au monde ne m’appelle. J’ai pu douter de
l’
être, et du devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai jama
10790
elle. J’ai pu douter de l’être, et du devenir, et
de
toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté de l’amour même.
10791
utes nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté
de
l’amour même. J’ai pu douter jusqu’au vertige de presque toutes les v
10792
s nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté de
l’
amour même. J’ai pu douter jusqu’au vertige de presque toutes les véri
10793
de l’amour même. J’ai pu douter jusqu’au vertige
de
presque toutes les vérités de la morale et de la culture occidentales
10794
J’ai pu douter jusqu’au vertige de presque toutes
les
vérités de la morale et de la culture occidentales, — avant d’en retr
10795
er jusqu’au vertige de presque toutes les vérités
de
la morale et de la culture occidentales, — avant d’en retrouver quelq
10796
jusqu’au vertige de presque toutes les vérités de
la
morale et de la culture occidentales, — avant d’en retrouver quelques
10797
ige de presque toutes les vérités de la morale et
de
la culture occidentales, — avant d’en retrouver quelques-unes mieux c
10798
de presque toutes les vérités de la morale et de
la
culture occidentales, — avant d’en retrouver quelques-unes mieux comp
10799
la morale et de la culture occidentales, — avant
d’
en retrouver quelques-unes mieux comprises, au retour d’un Orient de l
10800
etrouver quelques-unes mieux comprises, au retour
d’
un Orient de l’esprit. J’ai douté de la plupart des vérités successive
10801
lques-unes mieux comprises, au retour d’un Orient
de
l’esprit. J’ai douté de la plupart des vérités successivement démontr
10802
es-unes mieux comprises, au retour d’un Orient de
l’
esprit. J’ai douté de la plupart des vérités successivement démontrées
10803
es, au retour d’un Orient de l’esprit. J’ai douté
de
la plupart des vérités successivement démontrées par nos sciences ; e
10804
ment démontrées par nos sciences ; et je ne cesse
de
douter de notre image du monde, du vide et des distances inconcevable
10805
trées par nos sciences ; et je ne cesse de douter
de
notre image du monde, du vide et des distances inconcevables calculée
10806
lculées à partir de nos formes. (Je pressens trop
de
raccourcis, et qu’on trouvera !) Mais je crois bien n’avoir jamais do
10807
ouvera !) Mais je crois bien n’avoir jamais douté
de
tout cela, qu’en vertu et au nom de l’Amour. Il est la grâce indubita
10808
mais douté de tout cela, qu’en vertu et au nom de
l’
Amour. Il est la grâce indubitable. Je n’ai pas d’autre foi certaine,
10809
ut cela, qu’en vertu et au nom de l’Amour. Il est
la
grâce indubitable. Je n’ai pas d’autre foi certaine, d’autre espéranc
10810
l’Amour. Il est la grâce indubitable. Je n’ai pas
d’
autre foi certaine, d’autre espérance, et je ne vois pas de sens hors
10811
ce indubitable. Je n’ai pas d’autre foi certaine,
d’
autre espérance, et je ne vois pas de sens hors d’elle, ni d’autres ra
10812
oi certaine, d’autre espérance, et je ne vois pas
de
sens hors d’elle, ni d’autres raisons de douter, je veux dire : de ch
10813
d’autre espérance, et je ne vois pas de sens hors
d’
elle, ni d’autres raisons de douter, je veux dire : de chercher jusqu’
10814
vois pas de sens hors d’elle, ni d’autres raisons
de
douter, je veux dire : de chercher jusqu’au bout ce qu’un jour nous p
10815
le, ni d’autres raisons de douter, je veux dire :
de
chercher jusqu’au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer de tout notr
10816
r jusqu’au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer
de
tout notre être enfin réalisé, dans le Tout enfin contemplé. Quand l’
10817
rons aimer de tout notre être enfin réalisé, dans
le
Tout enfin contemplé. Quand l’Amour sera tout en tous, lors du renouv
10818
nfin réalisé, dans le Tout enfin contemplé. Quand
l’
Amour sera tout en tous, lors du renouvellement de toutes les choses.
10819
l’Amour sera tout en tous, lors du renouvellement
de
toutes les choses. FIN 128. Les citations sont de saint Jean de la
10820
ra tout en tous, lors du renouvellement de toutes
les
choses. FIN 128. Les citations sont de saint Jean de la Croix, Nov
10821
renouvellement de toutes les choses. FIN 128.
Les
citations sont de saint Jean de la Croix, Novalis, et Wagner (dans Tr
10822
toutes les choses. FIN 128. Les citations sont
de
saint Jean de la Croix, Novalis, et Wagner (dans Tristan). 129. Paul
10823
Annexe IL’amour selon
les
évangiles Je disais dans mon introduction que les préceptes évangél
10824
s évangiles Je disais dans mon introduction que
les
préceptes évangéliques sur l’amour, le mariage et la sexualité tienne
10825
n introduction que les préceptes évangéliques sur
l’
amour, le mariage et la sexualité tiennent en peu de pages. Les voici.
10826
ction que les préceptes évangéliques sur l’amour,
le
mariage et la sexualité tiennent en peu de pages. Les voici. Amour
10827
préceptes évangéliques sur l’amour, le mariage et
la
sexualité tiennent en peu de pages. Les voici. Amour divin Dieu
10828
mariage et la sexualité tiennent en peu de pages.
Les
voici. Amour divin Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son f
10829
ges. Les voici. Amour divin Dieu a tant aimé
le
monde qu’il a donné son fils unique… (Luc, III, 16). Le Père m’aime p
10830
de qu’il a donné son fils unique… (Luc, III, 16).
Le
Père m’aime parce que je donne ma vie (Luc, X, 17). Comme le Père m’a
10831
ime parce que je donne ma vie (Luc, X, 17). Comme
le
Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés… Il n’y a pas de plus grand amo
10832
aussi aimés… Il n’y a pas de plus grand amour que
de
donner sa vie pour ses amis… Je vous ai appelés amis parce que je vou
10833
je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris
de
mon Père. (Jean, XV, 9, 13, 15.) Celui qui garde mes commandements, c
10834
t connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. (
Jean
, XV, 9, 13, 15.) Celui qui garde mes commandements, c’est celui qui m
10835
celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé
de
mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître de lui. (Jean, XV, 15
10836
e ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je
l’
aimerai et je me ferai connaître de lui. (Jean, XV, 15). Celui qui aim
10837
e mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître
de
lui. (Jean, XV, 15). Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui ha
10838
e, je l’aimerai et je me ferai connaître de lui. (
Jean
, XV, 15). Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie d
10839
tre de lui. (Jean, XV, 15). Celui qui aime sa vie
la
perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la sauvera pour la vie
10840
la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde
la
sauvera pour la vie éternelle (Jean, XII, 25). Jésus sachant son heur
10841
lui qui hait sa vie dans ce monde la sauvera pour
la
vie éternelle (Jean, XII, 25). Jésus sachant son heure venue de passe
10842
e dans ce monde la sauvera pour la vie éternelle (
Jean
, XII, 25). Jésus sachant son heure venue de passer de ce monde au Pèr
10843
XII, 25). Jésus sachant son heure venue de passer
de
ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde,
10844
au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans
le
monde, mit le comble à son amour pour eux. (Suit le récit du lavement
10845
ant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit
le
comble à son amour pour eux. (Suit le récit du lavement des pieds des
10846
monde, mit le comble à son amour pour eux. (Suit
le
récit du lavement des pieds des disciples.) (Jean, XIII, 1). Enfin,
10847
t le récit du lavement des pieds des disciples.) (
Jean
, XIII, 1). Enfin, ce passage capital de l’Épître de Jean I, 4, 7-21
10848
les.) (Jean, XIII, 1). Enfin, ce passage capital
de
l’Épître de Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons-nous les uns les aut
10849
.) (Jean, XIII, 1). Enfin, ce passage capital de
l’
Épître de Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres
10850
XIII, 1). Enfin, ce passage capital de l’Épître
de
Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car l’
10851
ître de Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons-nous
les
uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de
10852
Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons-nous les uns
les
autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et
10853
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car
l’
amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. C
10854
aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est
de
Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’a
10855
car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né
de
Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Di
10856
nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer
les
uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les
10857
ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns
les
autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les
10858
Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons
les
uns les autres, Dieu demeure en nous. L’amour parfait bannit la crain
10859
n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns
les
autres, Dieu demeure en nous. L’amour parfait bannit la crainte. Si q
10860
aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous.
L’
amour parfait bannit la crainte. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu
10861
res, Dieu demeure en nous. L’amour parfait bannit
la
crainte. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c
10862
e vous donne ce commandement nouveau : Aimez-vous
les
uns les autres, comme je vous ai aimés (Jean, XIII, 34-35). L’un des
10863
onne ce commandement nouveau : Aimez-vous les uns
les
autres, comme je vous ai aimés (Jean, XIII, 34-35). L’un des pharisie
10864
-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés (
Jean
, XIII, 34-35). L’un des pharisiens, docteur de la Loi, lui fit cette
10865
teur de la Loi, lui fit cette question : quel est
le
plus grand commandement ? Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur
10866
nd commandement ? Jésus lui répondit : Tu aimeras
le
Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta
10867
s lui répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu,
de
tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le prem
10868
u aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur,
de
toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus gra
10869
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et
de
toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et v
10870
n âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et
le
plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable :
10871
mblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De
ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes (Matt.
10872
i-même. De ces deux commandements dépendent toute
la
Loi et les Prophètes (Matt., XXII, 35-40). Et qui est mon prochain ?
10873
ces deux commandements dépendent toute la Loi et
les
Prophètes (Matt., XXII, 35-40). Et qui est mon prochain ? (demande un
10874
n ? (demande un autre docteur de la Loi). Réponse
de
Jésus : Celui qui a secouru le blessé trouvé au bord du chemin, celui
10875
e la Loi). Réponse de Jésus : Celui qui a secouru
le
blessé trouvé au bord du chemin, celui qui a « exercé la miséricorde
10876
sé trouvé au bord du chemin, celui qui a « exercé
la
miséricorde envers lui » (Luc, X, 29-37). Vous avez appris qu’il a ét
10877
ux qui vous maltraitent, afin que vous soyez fils
de
votre Père qui est dans les cieux (Matt., V, 43). L’amour du prochai
10878
in que vous soyez fils de votre Père qui est dans
les
cieux (Matt., V, 43). L’amour du prochain est spirituel, totalement
10879
otre Père qui est dans les cieux (Matt., V, 43).
L’
amour du prochain est spirituel, totalement étranger aux attachements
10880
ent étranger aux attachements naturels, aux liens
de
la chair : Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense mér
10881
étranger aux attachements naturels, aux liens de
la
chair : Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense mérite
10882
on fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne
de
moi (Matt., X, 37). Quelqu’un lui dit : Ta mère et tes frères sont de
10883
st ma mère et qui sont mes frères ? Puis étendant
la
main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères (Matt.,
10884
(Luc, XIV, 26). Mariage, adultère, divorce
Les
pharisiens l’abordèrent, et dirent, pour l’éprouver : Est-il permis à
10885
. Mariage, adultère, divorce Les pharisiens
l’
abordèrent, et dirent, pour l’éprouver : Est-il permis à un homme de r
10886
e Les pharisiens l’abordèrent, et dirent, pour
l’
éprouver : Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif
10887
irent, pour l’éprouver : Est-il permis à un homme
de
répudier sa femme pour un motif quelconque ? Il répondit : N’avez-vou
10888
quelconque ? Il répondit : N’avez-vous pas lu que
le
Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit : C’e
10889
vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit
l’
homme et la femme et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son p
10890
que le Créateur, au commencement, fit l’homme et
la
femme et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa m
10891
l’homme et la femme et qu’il dit : C’est pourquoi
l’
homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les
10892
on père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et
les
deux deviendront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais
10893
ont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que
l’
homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint (Matt., XIX, 3-6). Vous a
10894
vez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas
d’
adultère. Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la
10895
je vous dis que quiconque regarde une femme pour
la
convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur (Matt., V
10896
devant Jésus une femme surprise en flagrant délit
d’
adultère. Faut-il la lapider ? Qu’en pense-il ? Mais Jésus, s’étant ba
10897
me surprise en flagrant délit d’adultère. Faut-il
la
lapider ? Qu’en pense-il ? Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec
10898
se-il ? Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec
le
doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se rele
10899
Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur
la
terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur di
10900
c le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à
l’
interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans
10901
’interroger, il se releva et leur dit : Que celui
de
vous qui est sans péché jette, le premier, la pierre contre elle. Jé
10902
lui de vous qui est sans péché jette, le premier,
la
pierre contre elle. Jésus se remet à écrire sur la terre. Tous s’en
10903
pierre contre elle. Jésus se remet à écrire sur
la
terre. Tous s’en vont. Resté seul avec la femme : Personne ne t’a-t-
10904
ire sur la terre. Tous s’en vont. Resté seul avec
la
femme : Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit : Non, Seigne
10905
te condamne pas non plus ; va, et ne pèche plus (
Jean
, VIII, 3-11). Il a été dit (par Moïse) : Que celui qui répudie sa fem
10906
e celui qui répudie sa femme lui donne une lettre
de
divorce. Mais moi je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf po
10907
s que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause
d’
infidélité, l’expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une f
10908
i répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité,
l’
expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée
10909
t vie spirituelle Une femme a eu sept maris. À
la
résurrection, duquel sera-t-elle la femme ? demandent à Jésus les sad
10910
sept maris. À la résurrection, duquel sera-t-elle
la
femme ? demandent à Jésus les sadducéens. Jésus leur répondit : les e
10911
, duquel sera-t-elle la femme ? demandent à Jésus
les
sadducéens. Jésus leur répondit : les enfants de ce siècle prennent d
10912
ent à Jésus les sadducéens. Jésus leur répondit :
les
enfants de ce siècle prennent des femmes et des maris, mais ceux qui
10913
les sadducéens. Jésus leur répondit : les enfants
de
ce siècle prennent des femmes et des maris, mais ceux qui seront trou
10914
et des maris, mais ceux qui seront trouvés dignes
d’
avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendro
10915
rouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à
la
résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris. Car ils ne po
10916
eront semblables aux anges, et qu’ils seront fils
de
Dieu, étant fils de la Résurrection (Luc, XX, 34-36). Ses disciples l
10917
anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils
de
la Résurrection (Luc, XX, 34-36). Ses disciples lui dirent : Si telle
10918
ges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de
la
Résurrection (Luc, XX, 34-36). Ses disciples lui dirent : Si telle es
10919
, 34-36). Ses disciples lui dirent : Si telle est
la
condition de l’homme à l’égard de la femme (interdiction de divorcer,
10920
disciples lui dirent : Si telle est la condition
de
l’homme à l’égard de la femme (interdiction de divorcer, sauf pour ca
10921
sciples lui dirent : Si telle est la condition de
l’
homme à l’égard de la femme (interdiction de divorcer, sauf pour cause
10922
Si telle est la condition de l’homme à l’égard de
la
femme (interdiction de divorcer, sauf pour cause d’infidélité), il n’
10923
on de l’homme à l’égard de la femme (interdiction
de
divorcer, sauf pour cause d’infidélité), il n’est pas avantageux de s
10924
femme (interdiction de divorcer, sauf pour cause
d’
infidélité), il n’est pas avantageux de se marier. Il leur répondit :
10925
pour cause d’infidélité), il n’est pas avantageux
de
se marier. Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, m
10926
à qui cela est donné. Car il y a des eunuques qui
le
sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par l
10927
st donné. Car il y a des eunuques qui le sont dès
le
ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ;
10928
Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre
de
leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en
10929
e sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui
le
sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eu
10930
de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par
les
hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du r
10931
att., XIX, 10-12). Une « femme pécheresse », dit
le
récit, vient voir Jésus qui est à la table d’un pharisien. Elle pleur
10932
resse », dit le récit, vient voir Jésus qui est à
la
table d’un pharisien. Elle pleure, essuie les pieds de Jésus de ses c
10933
dit le récit, vient voir Jésus qui est à la table
d’
un pharisien. Elle pleure, essuie les pieds de Jésus de ses cheveux, l
10934
st à la table d’un pharisien. Elle pleure, essuie
les
pieds de Jésus de ses cheveux, les baise et les oint de parfum. Le ph
10935
ble d’un pharisien. Elle pleure, essuie les pieds
de
Jésus de ses cheveux, les baise et les oint de parfum. Le pharisien s
10936
pharisien. Elle pleure, essuie les pieds de Jésus
de
ses cheveux, les baise et les oint de parfum. Le pharisien se dit en
10937
pleure, essuie les pieds de Jésus de ses cheveux,
les
baise et les oint de parfum. Le pharisien se dit en lui-même : Si cet
10938
e les pieds de Jésus de ses cheveux, les baise et
les
oint de parfum. Le pharisien se dit en lui-même : Si cet homme était
10939
ds de Jésus de ses cheveux, les baise et les oint
de
parfum. Le pharisien se dit en lui-même : Si cet homme était un proph
10940
de ses cheveux, les baise et les oint de parfum.
Le
pharisien se dit en lui-même : Si cet homme était un prophète, il con
10941
: Si cet homme était un prophète, il connaîtrait
de
quelle espèce est la femme qui le touche et que c’est une pécheresse.
10942
un prophète, il connaîtrait de quelle espèce est
la
femme qui le touche et que c’est une pécheresse. Jésus lui dit : Ses
10943
il connaîtrait de quelle espèce est la femme qui
le
touche et que c’est une pécheresse. Jésus lui dit : Ses nombreux péc
10944
ui à qui on pardonne peu aime peu… Et Jésus dit à
la
femme : « Ta foi t’a sauvée, va en paix » (Luc, VII, 36-50). « Car el
10945
« Car elle a beaucoup aimé » signifie donc, dans
le
contexte : elle a montré beaucoup d’amour pour moi, parce qu’elle se
10946
e donc, dans le contexte : elle a montré beaucoup
d’
amour pour moi, parce qu’elle se sentait pardonnée et qu’elle a cru à
10947
, fatigué, s’arrête au bord d’un puits. Une femme
de
Samarie survient. S’engage un entretien, en termes paraboliques, sur
10948
’engage un entretien, en termes paraboliques, sur
l’
eau du puits et l’eau de la vie éternelle. La Samaritaine comprend. Jé
10949
en, en termes paraboliques, sur l’eau du puits et
l’
eau de la vie éternelle. La Samaritaine comprend. Jésus lui dit : « —
10950
termes paraboliques, sur l’eau du puits et l’eau
de
la vie éternelle. La Samaritaine comprend. Jésus lui dit : « — Tu as
10951
rmes paraboliques, sur l’eau du puits et l’eau de
la
vie éternelle. La Samaritaine comprend. Jésus lui dit : « — Tu as eu
10952
sur l’eau du puits et l’eau de la vie éternelle.
La
Samaritaine comprend. Jésus lui dit : « — Tu as eu cinq maris, et cel
10953
ntenant n’est point ton mari. — Seigneur, lui dit
la
femme, je vois que tu es prophète. » Et c’est à elle que Jésus dit al
10954
pitale : Dieu est esprit, et il faut que ceux qui
l’
adorent, l’adorent en esprit et en vérité (Jean, IV, 24). Ces textes r
10955
eu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent,
l’
adorent en esprit et en vérité (Jean, IV, 24). Ces textes représentent
10956
qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité (
Jean
, IV, 24). Ces textes représentent l’essentiel, et presque la totalité
10957
en vérité (Jean, IV, 24). Ces textes représentent
l’
essentiel, et presque la totalité, des déclarations de l’Évangile sur
10958
. Ces textes représentent l’essentiel, et presque
la
totalité, des déclarations de l’Évangile sur l’amour. Je n’ai omis, j
10959
sentiel, et presque la totalité, des déclarations
de
l’Évangile sur l’amour. Je n’ai omis, je crois, que les développement
10960
tiel, et presque la totalité, des déclarations de
l’
Évangile sur l’amour. Je n’ai omis, je crois, que les développements d
10961
e la totalité, des déclarations de l’Évangile sur
l’
amour. Je n’ai omis, je crois, que les développements de Jean sur l’am
10962
Évangile sur l’amour. Je n’ai omis, je crois, que
les
développements de Jean sur l’amour divin (aux chapitres 14, 15 et 17)
10963
r. Je n’ai omis, je crois, que les développements
de
Jean sur l’amour divin (aux chapitres 14, 15 et 17) et les répétition
10964
Je n’ai omis, je crois, que les développements de
Jean
sur l’amour divin (aux chapitres 14, 15 et 17) et les répétitions, da
10965
mis, je crois, que les développements de Jean sur
l’
amour divin (aux chapitres 14, 15 et 17) et les répétitions, dans les
10966
sur l’amour divin (aux chapitres 14, 15 et 17) et
les
répétitions, dans les deux autres évangiles synoptiques, des passages
10967
chapitres 14, 15 et 17) et les répétitions, dans
les
deux autres évangiles synoptiques, des passages cités de l’un des tro
10968
autres évangiles synoptiques, des passages cités
de
l’un des trois. Quelques observations : 1. Tous les textes cités, dan
10969
e l’un des trois. Quelques observations : 1. Tous
les
textes cités, dans le contexte général des évangiles, doivent être in
10970
ues observations : 1. Tous les textes cités, dans
le
contexte général des évangiles, doivent être interprétés « en esprit
10971
e, mais tout se réfère au Royaume spirituel, dont
la
« petite semence » est posée dans « ce siècle », dans le monde appare
10972
tite semence » est posée dans « ce siècle », dans
le
monde apparent où nous vivons. 2. Jésus n’a jamais parlé de sa naissa
10973
pparent où nous vivons. 2. Jésus n’a jamais parlé
de
sa naissance virginale. Pas une seule fois. Mais constamment, de sa f
10974
virginale. Pas une seule fois. Mais constamment,
de
sa filiation céleste, aussi promise à ceux qui aiment, « car quiconqu
10975
se à ceux qui aiment, « car quiconque aime est né
de
Dieu. » 3. Le passage sur les « eunuques… à cause du Royaume » ne ces
10976
aiment, « car quiconque aime est né de Dieu. » 3.
Le
passage sur les « eunuques… à cause du Royaume » ne cesserait d’être
10977
uiconque aime est né de Dieu. » 3. Le passage sur
les
« eunuques… à cause du Royaume » ne cesserait d’être mystérieux que s
10978
les « eunuques… à cause du Royaume » ne cesserait
d’
être mystérieux que s’il était interprété en termes « charnels », comm
10979
il était interprété en termes « charnels », comme
le
fit Origène. 4. Jésus donne quelques-unes de ses révélations les plus
10980
omme le fit Origène. 4. Jésus donne quelques-unes
de
ses révélations les plus profondes à des « gens de mauvaise vie » (do
10981
. 4. Jésus donne quelques-unes de ses révélations
les
plus profondes à des « gens de mauvaise vie » (dont plusieurs femmes)
10982
e ses révélations les plus profondes à des « gens
de
mauvaise vie » (dont plusieurs femmes), que les doctes lui reprochent
10983
ns de mauvaise vie » (dont plusieurs femmes), que
les
doctes lui reprochent de fréquenter de préférence ; or ce sont les «
10984
plusieurs femmes), que les doctes lui reprochent
de
fréquenter de préférence ; or ce sont les « hommes de mœurs impures »
10985
mes), que les doctes lui reprochent de fréquenter
de
préférence ; or ce sont les « hommes de mœurs impures » que saint Pau
10986
prochent de fréquenter de préférence ; or ce sont
les
« hommes de mœurs impures » que saint Paul ordonne à ses disciples no
10987
réquenter de préférence ; or ce sont les « hommes
de
mœurs impures » que saint Paul ordonne à ses disciples non seulement
10988
saint Paul ordonne à ses disciples non seulement
de
« ne pas fréquenter », mais de « livrer à Satan. » 5. Saint Paul écri
10989
ples non seulement de « ne pas fréquenter », mais
de
« livrer à Satan. » 5. Saint Paul écrit que « les impudiques n’entrer
10990
de « livrer à Satan. » 5. Saint Paul écrit que «
les
impudiques n’entreront pas dans le royaume ». Mais Jésus dit cela des
10991
l écrit que « les impudiques n’entreront pas dans
le
royaume ». Mais Jésus dit cela des « riches ». L’Occident n’a retenu
10992
le royaume ». Mais Jésus dit cela des « riches ».
L’
Occident n’a retenu que la phrase de saint Paul. 6. Le péché signifie
10993
it cela des « riches ». L’Occident n’a retenu que
la
phrase de saint Paul. 6. Le péché signifie de nos jours, pour le chré
10994
s « riches ». L’Occident n’a retenu que la phrase
de
saint Paul. 6. Le péché signifie de nos jours, pour le chrétien moyen
10995
cident n’a retenu que la phrase de saint Paul. 6.
Le
péché signifie de nos jours, pour le chrétien moyen (si l’on ose dire
10996
que la phrase de saint Paul. 6. Le péché signifie
de
nos jours, pour le chrétien moyen (si l’on ose dire) essentiellement
10997
int Paul. 6. Le péché signifie de nos jours, pour
le
chrétien moyen (si l’on ose dire) essentiellement l’immoralité, non p
10998
signifie de nos jours, pour le chrétien moyen (si
l’
on ose dire) essentiellement l’immoralité, non pas le manque de sens d
10999
chrétien moyen (si l’on ose dire) essentiellement
l’
immoralité, non pas le manque de sens du spirituel ; et le premier exe
11000
n ose dire) essentiellement l’immoralité, non pas
le
manque de sens du spirituel ; et le premier exemple d’immoralité qui
11001
) essentiellement l’immoralité, non pas le manque
de
sens du spirituel ; et le premier exemple d’immoralité qui vienne à l
11002
nque de sens du spirituel ; et le premier exemple
d’
immoralité qui vienne à l’esprit du chrétien moyen, c’est la contraven
11003
; et le premier exemple d’immoralité qui vienne à
l’
esprit du chrétien moyen, c’est la contravention aux « lois » de la vi
11004
té qui vienne à l’esprit du chrétien moyen, c’est
la
contravention aux « lois » de la vie sexuelle. On voit donc où le bât
11005
rétien moyen, c’est la contravention aux « lois »
de
la vie sexuelle. On voit donc où le bât nous blesse, en Occident. 7.
11006
ien moyen, c’est la contravention aux « lois » de
la
vie sexuelle. On voit donc où le bât nous blesse, en Occident. 7. En
11007
aux « lois » de la vie sexuelle. On voit donc où
le
bât nous blesse, en Occident. 7. En regard des déclarations constante
11008
ccident. 7. En regard des déclarations constantes
de
Jésus sur l’amour spirituel, seul décisif, et de ses rares jugements
11009
n regard des déclarations constantes de Jésus sur
l’
amour spirituel, seul décisif, et de ses rares jugements (autant de pa
11010
de Jésus sur l’amour spirituel, seul décisif, et
de
ses rares jugements (autant de pardons, d’ailleurs) sur l’amour sexue
11011
, seul décisif, et de ses rares jugements (autant
de
pardons, d’ailleurs) sur l’amour sexuel « irrégulier », contrastant a
11012
res jugements (autant de pardons, d’ailleurs) sur
l’
amour sexuel « irrégulier », contrastant avec sa sévérité envers les a
11013
irrégulier », contrastant avec sa sévérité envers
les
autres « attachements » de la chair, tels que les liens familiaux, vo
11014
ec sa sévérité envers les autres « attachements »
de
la chair, tels que les liens familiaux, voici dans l’Évangile une « o
11015
sa sévérité envers les autres « attachements » de
la
chair, tels que les liens familiaux, voici dans l’Évangile une « omis
11016
les autres « attachements » de la chair, tels que
les
liens familiaux, voici dans l’Évangile une « omission » qui doit fair
11017
a chair, tels que les liens familiaux, voici dans
l’
Évangile une « omission » qui doit faire réfléchir puritains et ascète
11018
it faire réfléchir puritains et ascètes : lorsque
le
diable tente Jésus qui a jeûné quarante jours dans le désert, il le t
11019
iable tente Jésus qui a jeûné quarante jours dans
le
désert, il le tente par la faim (transforme ces pierres en pains), pa
11020
sus qui a jeûné quarante jours dans le désert, il
le
tente par la faim (transforme ces pierres en pains), par la magie (je
11021
né quarante jours dans le désert, il le tente par
la
faim (transforme ces pierres en pains), par la magie (jette-toi dans
11022
ar la faim (transforme ces pierres en pains), par
la
magie (jette-toi dans le vide du haut du Temple et les anges te porte
11023
s pierres en pains), par la magie (jette-toi dans
le
vide du haut du Temple et les anges te porteront), et par la puissanc
11024
agie (jette-toi dans le vide du haut du Temple et
les
anges te porteront), et par la puissance (je te donnerai tous les roy
11025
haut du Temple et les anges te porteront), et par
la
puissance (je te donnerai tous les royaumes du monde). Mais non point
11026
teront), et par la puissance (je te donnerai tous
les
royaumes du monde). Mais non point par cela qui, pour tous les ascète
11027
du monde). Mais non point par cela qui, pour tous
les
ascètes et puritains, figure la tentation par excellence.
11028
a qui, pour tous les ascètes et puritains, figure
la
tentation par excellence.
11029
Annexe IIMisère et grandeur
de
saint Paul Du point de vue de la psychologie du xxe siècle, la mor
11030
isère et grandeur de saint Paul Du point de vue
de
la psychologie du xxe siècle, la morale sexuelle de saint Paul sembl
11031
re et grandeur de saint Paul Du point de vue de
la
psychologie du xxe siècle, la morale sexuelle de saint Paul semble c
11032
Du point de vue de la psychologie du xxe siècle,
la
morale sexuelle de saint Paul semble conditionnée par une névrose, sa
11033
la psychologie du xxe siècle, la morale sexuelle
de
saint Paul semble conditionnée par une névrose, sans doute liée à cet
11034
e névrose, sans doute liée à cette « écharde dans
la
chair » dont il se plaint souvent mais en termes obscurs. Haine du co
11035
corps et du sexe, méfiance profonde à l’égard de
la
femme, besoin constant de s’humilier (« moi, l’avorton ») mais aussit
11036
e profonde à l’égard de la femme, besoin constant
de
s’humilier (« moi, l’avorton ») mais aussitôt de justifier et d’exalt
11037
e la femme, besoin constant de s’humilier (« moi,
l’
avorton ») mais aussitôt de justifier et d’exalter son rôle (« j’ai do
11038
de s’humilier (« moi, l’avorton ») mais aussitôt
de
justifier et d’exalter son rôle (« j’ai donc sujet de me glorifier »)
11039
« moi, l’avorton ») mais aussitôt de justifier et
d’
exalter son rôle (« j’ai donc sujet de me glorifier ») : ces comportem
11040
ustifier et d’exalter son rôle (« j’ai donc sujet
de
me glorifier ») : ces comportements sont classiques en psychiatrie. L
11041
ces comportements sont classiques en psychiatrie.
Les
raisons qu’il invoque contre la femme relèvent d’une logique constern
11042
en psychiatrie. Les raisons qu’il invoque contre
la
femme relèvent d’une logique consternante131, si elles ne comportent
11043
es raisons qu’il invoque contre la femme relèvent
d’
une logique consternante131, si elles ne comportent pas un sens ésotér
11044
ens ésotérique qui nous échappe. Une bonne moitié
de
ses épîtres consiste en imprécations contre les « impudiques » et con
11045
ié de ses épîtres consiste en imprécations contre
les
« impudiques » et contre les « faux docteurs ». (Le ton est le même d
11046
imprécations contre les « impudiques » et contre
les
« faux docteurs ». (Le ton est le même dans les deux cas, l’assimilat
11047
« impudiques » et contre les « faux docteurs ». (
Le
ton est le même dans les deux cas, l’assimilation de l’impudicité et
11048
es » et contre les « faux docteurs ». (Le ton est
le
même dans les deux cas, l’assimilation de l’impudicité et de l’impude
11049
e les « faux docteurs ». (Le ton est le même dans
les
deux cas, l’assimilation de l’impudicité et de l’impudence spirituell
11050
octeurs ». (Le ton est le même dans les deux cas,
l’
assimilation de l’impudicité et de l’impudence spirituelle est évident
11051
ton est le même dans les deux cas, l’assimilation
de
l’impudicité et de l’impudence spirituelle est évidente). Celui qui v
11052
est le même dans les deux cas, l’assimilation de
l’
impudicité et de l’impudence spirituelle est évidente). Celui qui vien
11053
s les deux cas, l’assimilation de l’impudicité et
de
l’impudence spirituelle est évidente). Celui qui vient de lire les év
11054
es deux cas, l’assimilation de l’impudicité et de
l’
impudence spirituelle est évidente). Celui qui vient de lire les évang
11055
pirituelle est évidente). Celui qui vient de lire
les
évangiles et qui aborde l’Épître aux Romains se sent tomber de la pri
11056
lui qui vient de lire les évangiles et qui aborde
l’
Épître aux Romains se sent tomber de la prière dans l’éloquence polémi
11057
et qui aborde l’Épître aux Romains se sent tomber
de
la prière dans l’éloquence polémique, de l’exposé souverain de la vér
11058
qui aborde l’Épître aux Romains se sent tomber de
la
prière dans l’éloquence polémique, de l’exposé souverain de la vérité
11059
ître aux Romains se sent tomber de la prière dans
l’
éloquence polémique, de l’exposé souverain de la vérité en acte (et he
11060
t tomber de la prière dans l’éloquence polémique,
de
l’exposé souverain de la vérité en acte (et heureux seront ceux qui L
11061
omber de la prière dans l’éloquence polémique, de
l’
exposé souverain de la vérité en acte (et heureux seront ceux qui La c
11062
dans l’éloquence polémique, de l’exposé souverain
de
la vérité en acte (et heureux seront ceux qui La croient) dans l’obju
11063
s l’éloquence polémique, de l’exposé souverain de
la
vérité en acte (et heureux seront ceux qui La croient) dans l’objurga
11064
de la vérité en acte (et heureux seront ceux qui
La
croient) dans l’objurgation pathétique, tandis que l’indignation mora
11065
acte (et heureux seront ceux qui La croient) dans
l’
objurgation pathétique, tandis que l’indignation morale et les règleme
11066
roient) dans l’objurgation pathétique, tandis que
l’
indignation morale et les règlements de comptes théologiques alternent
11067
on pathétique, tandis que l’indignation morale et
les
règlements de comptes théologiques alternent leurs motifs, entrecoupé
11068
tandis que l’indignation morale et les règlements
de
comptes théologiques alternent leurs motifs, entrecoupés d’appels au
11069
théologiques alternent leurs motifs, entrecoupés
d’
appels au secours (« Qui me délivrera de ce corps de mort ? » ou de «
11070
trecoupés d’appels au secours (« Qui me délivrera
de
ce corps de mort ? » ou de « ce corps d’humiliation ») et de rares hy
11071
appels au secours (« Qui me délivrera de ce corps
de
mort ? » ou de « ce corps d’humiliation ») et de rares hymnes de vict
11072
rs (« Qui me délivrera de ce corps de mort ? » ou
de
« ce corps d’humiliation ») et de rares hymnes de victoire et d’actio
11073
élivrera de ce corps de mort ? » ou de « ce corps
d’
humiliation ») et de rares hymnes de victoire et d’action de grâces, b
11074
de mort ? » ou de « ce corps d’humiliation ») et
de
rares hymnes de victoire et d’action de grâces, brefs et sublimes dan
11075
de « ce corps d’humiliation ») et de rares hymnes
de
victoire et d’action de grâces, brefs et sublimes dans leur élan. Mai
11076
’humiliation ») et de rares hymnes de victoire et
d’
action de grâces, brefs et sublimes dans leur élan. Mais du point de v
11077
ion ») et de rares hymnes de victoire et d’action
de
grâces, brefs et sublimes dans leur élan. Mais du point de vue de l’h
11078
et sublimes dans leur élan. Mais du point de vue
de
l’histoire, tout change. C’est que Paul se battait pour fonder une Ég
11079
sublimes dans leur élan. Mais du point de vue de
l’
histoire, tout change. C’est que Paul se battait pour fonder une Églis
11080
pour fonder une Église, pour imposer une doctrine
de
l’homme, et pour épurer sans relâche ses petits groupes de militants
11081
r fonder une Église, pour imposer une doctrine de
l’
homme, et pour épurer sans relâche ses petits groupes de militants loc
11082
e, et pour épurer sans relâche ses petits groupes
de
militants locaux, convertis de la première heure, mal ressuyés de leu
11083
ses petits groupes de militants locaux, convertis
de
la première heure, mal ressuyés de leur éducation hellénistique ou ju
11084
aux, convertis de la première heure, mal ressuyés
de
leur éducation hellénistique ou judaïque, et tentés par la gnose nais
11085
ducation hellénistique ou judaïque, et tentés par
la
gnose naissante. Les hommes étant ce qu’ils sont, lâches et vulgaires
11086
ue ou judaïque, et tentés par la gnose naissante.
Les
hommes étant ce qu’ils sont, lâches et vulgaires, facilement entraîné
11087
et vulgaires, facilement entraînés « à tout vent
de
doctrine », et toujours prêts à retourner aux coutumes de leurs pères
11088
ine », et toujours prêts à retourner aux coutumes
de
leurs pères ou de leur tribu « comme le chien à son vomissement », le
11089
prêts à retourner aux coutumes de leurs pères ou
de
leur tribu « comme le chien à son vomissement », le puritanisme agres
11090
coutumes de leurs pères ou de leur tribu « comme
le
chien à son vomissement », le puritanisme agressif et l’orthodoxie om
11091
leur tribu « comme le chien à son vomissement »,
le
puritanisme agressif et l’orthodoxie ombrageuse sont des nécessités i
11092
n à son vomissement », le puritanisme agressif et
l’
orthodoxie ombrageuse sont des nécessités indiscutables de l’action ré
11093
oxie ombrageuse sont des nécessités indiscutables
de
l’action révolutionnaire et missionnaire, sous tous les deux et de to
11094
e ombrageuse sont des nécessités indiscutables de
l’
action révolutionnaire et missionnaire, sous tous les deux et de tous
11095
action révolutionnaire et missionnaire, sous tous
les
deux et de tous les temps. Juger saint Paul à la manière dont un crit
11096
utionnaire et missionnaire, sous tous les deux et
de
tous les temps. Juger saint Paul à la manière dont un critique littér
11097
re et missionnaire, sous tous les deux et de tous
les
temps. Juger saint Paul à la manière dont un critique littéraire ou u
11098
les deux et de tous les temps. Juger saint Paul à
la
manière dont un critique littéraire ou un psychanalyste jugeraient un
11099
e ou un psychanalyste jugeraient un grand penseur
de
notre époque, serait d’un naïf et ridicule anachronisme. Mais accepte
11100
geraient un grand penseur de notre époque, serait
d’
un naïf et ridicule anachronisme. Mais accepter « comme parole d’Évang
11101
dicule anachronisme. Mais accepter « comme parole
d’
Évangile » pour tous les temps, à tout jamais, sans nulle critique, de
11102
is accepter « comme parole d’Évangile » pour tous
les
temps, à tout jamais, sans nulle critique, des préceptes, attitudes e
11103
titudes et jugements moraux évidemment dictés par
les
circonstances, par la passion d’un chef réaliste, par une névrose peu
11104
raux évidemment dictés par les circonstances, par
la
passion d’un chef réaliste, par une névrose peut-être assez commune e
11105
ment dictés par les circonstances, par la passion
d’
un chef réaliste, par une névrose peut-être assez commune et par une f
11106
rreur spirituelle ? N’est-ce pas entretenir, sous
le
nom de religion, des règlements de mœurs « toujours bons pour la mass
11107
pirituelle ? N’est-ce pas entretenir, sous le nom
de
religion, des règlements de mœurs « toujours bons pour la masse », et
11108
tretenir, sous le nom de religion, des règlements
de
mœurs « toujours bons pour la masse », et sans doute défendables, voi
11109
ion, des règlements de mœurs « toujours bons pour
la
masse », et sans doute défendables, voire nécessaires, mais tels qu’o
11110
e défendables, voire nécessaires, mais tels qu’on
les
présente, sans valeur spirituelle ? En posant cette question, je n’en
11111
ends pas un instant proposer une nouvelle échelle
de
valeurs, subordonnant la Vérité aux contingences de l’histoire, voire
11112
ser une nouvelle échelle de valeurs, subordonnant
la
Vérité aux contingences de l’histoire, voire aux aléas de la culture.
11113
valeurs, subordonnant la Vérité aux contingences
de
l’histoire, voire aux aléas de la culture. Je propose au contraire qu
11114
leurs, subordonnant la Vérité aux contingences de
l’
histoire, voire aux aléas de la culture. Je propose au contraire que l
11115
é aux contingences de l’histoire, voire aux aléas
de
la culture. Je propose au contraire que l’on cesse de confondre avec
11116
ux contingences de l’histoire, voire aux aléas de
la
culture. Je propose au contraire que l’on cesse de confondre avec la
11117
aléas de la culture. Je propose au contraire que
l’
on cesse de confondre avec la vérité de l’Esprit le puritanisme et la
11118
a culture. Je propose au contraire que l’on cesse
de
confondre avec la vérité de l’Esprit le puritanisme et la misogynie d
11119
ose au contraire que l’on cesse de confondre avec
la
vérité de l’Esprit le puritanisme et la misogynie de l’Apôtre, qui me
11120
traire que l’on cesse de confondre avec la vérité
de
l’Esprit le puritanisme et la misogynie de l’Apôtre, qui me paraissen
11121
ire que l’on cesse de confondre avec la vérité de
l’
Esprit le puritanisme et la misogynie de l’Apôtre, qui me paraissent d
11122
’on cesse de confondre avec la vérité de l’Esprit
le
puritanisme et la misogynie de l’Apôtre, qui me paraissent dépendre e
11123
ndre avec la vérité de l’Esprit le puritanisme et
la
misogynie de l’Apôtre, qui me paraissent dépendre en premier lieu de
11124
vérité de l’Esprit le puritanisme et la misogynie
de
l’Apôtre, qui me paraissent dépendre en premier lieu de contingences
11125
ité de l’Esprit le puritanisme et la misogynie de
l’
Apôtre, qui me paraissent dépendre en premier lieu de contingences tou
11126
pôtre, qui me paraissent dépendre en premier lieu
de
contingences tout historiques et personnelles. Je propose d’appliquer
11127
nces tout historiques et personnelles. Je propose
d’
appliquer à la morale paulinienne la critique qu’il recommandait lui-m
11128
oriques et personnelles. Je propose d’appliquer à
la
morale paulinienne la critique qu’il recommandait lui-même d’applique
11129
s. Je propose d’appliquer à la morale paulinienne
la
critique qu’il recommandait lui-même d’appliquer aux morales ritualis
11130
ulinienne la critique qu’il recommandait lui-même
d’
appliquer aux morales ritualistes et magiques de son temps. Il nommait
11131
e d’appliquer aux morales ritualistes et magiques
de
son temps. Il nommait cela : « discerner les esprits ». Et il disait
11132
iques de son temps. Il nommait cela : « discerner
les
esprits ». Et il disait aussi qu’il tenait du Seigneur que « rien n’e
11133
, et qu’une chose n’est impure que pour celui qui
la
croit telle » (Rom., XII, 14). « Tout est permis, mais tout n’édifie
11134
édifie pas »… 131. Cf. I Corinthiens, II, 4-16.
La
femme doit se voiler la tête ou sinon, « c’est comme si elle était ra
11135
I Corinthiens, II, 4-16. La femme doit se voiler
la
tête ou sinon, « c’est comme si elle était rasée… L’homme ne doit pas
11136
tête ou sinon, « c’est comme si elle était rasée…
L’
homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image de la gloi
11137
elle était rasée… L’homme ne doit pas se couvrir
la
tête, puisqu’il est l’image de la gloire de Dieu, tandis que la femme
11138
mme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est
l’
image de la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’hom
11139
oit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image
de
la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En e
11140
pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image de
la
gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effe
11141
uvrir la tête, puisqu’il est l’image de la gloire
de
Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme
11142
u’il est l’image de la gloire de Dieu, tandis que
la
femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de
11143
age de la gloire de Dieu, tandis que la femme est
la
gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, ma
11144
gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire
de
l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femm
11145
ire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de
l’
homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme d
11146
que la femme est la gloire de l’homme. En effet,
l’
homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme de l’homme… C’est po
11147
re de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré
de
la femme, mais la femme de l’homme… C’est pourquoi la femme, à cause
11148
de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de
la
femme, mais la femme de l’homme… C’est pourquoi la femme, à cause des
11149
effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais
la
femme de l’homme… C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit av
11150
homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme
de
l’homme… C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur l
11151
me n’a pas été tiré de la femme, mais la femme de
l’
homme… C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la t
11152
a femme, mais la femme de l’homme… C’est pourquoi
la
femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’auto
11153
rquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur
la
tête une marque de l’autorité dont elle dépend ». C’est une honte pou
11154
ause des anges, doit avoir sur la tête une marque
de
l’autorité dont elle dépend ». C’est une honte pour l’homme de porter
11155
e des anges, doit avoir sur la tête une marque de
l’
autorité dont elle dépend ». C’est une honte pour l’homme de porter de
11156
autorité dont elle dépend ». C’est une honte pour
l’
homme de porter de longs cheveux, mais une gloire pour la femme, « par
11157
dont elle dépend ». C’est une honte pour l’homme
de
porter de longs cheveux, mais une gloire pour la femme, « parce que l
11158
dépend ». C’est une honte pour l’homme de porter
de
longs cheveux, mais une gloire pour la femme, « parce que la chevelur
11159
de porter de longs cheveux, mais une gloire pour
la
femme, « parce que la chevelure lui a été donnée comme voile ». Et qu
11160
eveux, mais une gloire pour la femme, « parce que
la
chevelure lui a été donnée comme voile ». Et qui nous enseigne ces gr
11161
ile ». Et qui nous enseigne ces grandes vérités ?
La
Nature ! (v. 15). Comme s’il sentait la faiblesse de l’argument, surt
11162
vérités ? La Nature ! (v. 15). Comme s’il sentait
la
faiblesse de l’argument, surtout venant de la part d’un furieux conte
11163
Nature ! (v. 15). Comme s’il sentait la faiblesse
de
l’argument, surtout venant de la part d’un furieux contempteur de la
11164
ure ! (v. 15). Comme s’il sentait la faiblesse de
l’
argument, surtout venant de la part d’un furieux contempteur de la Nat
11165
urtout venant de la part d’un furieux contempteur
de
la Nature, Paul conclut : « Si quelqu’un se plaît à contester, nous n
11166
out venant de la part d’un furieux contempteur de
la
Nature, Paul conclut : « Si quelqu’un se plaît à contester, nous n’av
11167
Annexe IIIPost-scriptum IUne querelle
de
famille Dans sa Jeunesse d’André Gide, Jean Delay cite une lettre
11168
IUne querelle de famille Dans sa Jeunesse
d’
André Gide, Jean Delay cite une lettre inédite qu’adressait le fameux
11169
, Jean Delay cite une lettre inédite qu’adressait
le
fameux économiste Charles Gide à son neveu André, le futur prix Nobel
11170
fameux économiste Charles Gide à son neveu André,
le
futur prix Nobel. André venait d’avouer à son oncle qu’il avait eu, à
11171
on neveu André, le futur prix Nobel. André venait
d’
avouer à son oncle qu’il avait eu, à 25 ans et pour la première fois,
11172
xuelles » avec une Ouled-Naïl. Charles Gide écrit
le
20 janvier 1895 : Tu as besoin de revenir aux vérités élémentaires d
11173
les Gide écrit le 20 janvier 1895 : Tu as besoin
de
revenir aux vérités élémentaires de la morale que vos spéculations ph
11174
Tu as besoin de revenir aux vérités élémentaires
de
la morale que vos spéculations philosophiques et littéraires ont comp
11175
as besoin de revenir aux vérités élémentaires de
la
morale que vos spéculations philosophiques et littéraires ont complèt
11176
mes beaucoup, dans André Walter du moins, à citer
l’
Évangile. Or, l’Évangile dit : « Les impudiques n’entreront point dans
11177
ns André Walter du moins, à citer l’Évangile. Or,
l’
Évangile dit : « Les impudiques n’entreront point dans le Royaume de D
11178
moins, à citer l’Évangile. Or, l’Évangile dit : «
Les
impudiques n’entreront point dans le Royaume de Dieu ». Voilà qui est
11179
ile dit : « Les impudiques n’entreront point dans
le
Royaume de Dieu ». Voilà qui est simple et clair. J’entends bien que
11180
Les impudiques n’entreront point dans le Royaume
de
Dieu ». Voilà qui est simple et clair. J’entends bien que ton explica
11181
bien que ton explication tend à établir que, dans
les
circonstances particulières où il a été fait, cet acte était moral, p
11182
e était moral, presque religieux… mais ce sont là
de
misérables sophismes. En admettant qu’il ne t’ait pas laissé de souve
11183
sophismes. En admettant qu’il ne t’ait pas laissé
de
souvenir voluptueux, il t’aura laissé d’obscènes images : c’est l’un
11184
s laissé de souvenir voluptueux, il t’aura laissé
d’
obscènes images : c’est l’un ou l’autre. Avec ce raisonnement-là, d’ai
11185
isonnement-là, d’ailleurs, ce n’est pas seulement
l’
acte sexuel, mais les vices contre nature qui pourraient aussi bien êt
11186
leurs, ce n’est pas seulement l’acte sexuel, mais
les
vices contre nature qui pourraient aussi bien être recherchés et expé
11187
en être recherchés et expérimentés dans un esprit
de
curiosité scientifique ou d’éducation morale… Dans tout pays, coucher
11188
entés dans un esprit de curiosité scientifique ou
d’
éducation morale… Dans tout pays, coucher avec une femme sans l’aimer
11189
rale… Dans tout pays, coucher avec une femme sans
l’
aimer est le dernier degré de l’avilissement qu’on puisse lui infliger
11190
avec une femme sans l’aimer est le dernier degré
de
l’avilissement qu’on puisse lui infliger… Mais en voilà assez. « What
11191
ec une femme sans l’aimer est le dernier degré de
l’
avilissement qu’on puisse lui infliger… Mais en voilà assez. « What is
11192
ot be undone », dit Lady Macbeth en parlant aussi
d’
une tache que rien ne pouvait effacer. Or, en couchant avec la jolie
11193
ue rien ne pouvait effacer. Or, en couchant avec
la
jolie Mériem, fille de joie, Gide avait justement essayé de normalise
11194
cer. Or, en couchant avec la jolie Mériem, fille
de
joie, Gide avait justement essayé de normaliser ses goûts sexuels. Et
11195
ériem, fille de joie, Gide avait justement essayé
de
normaliser ses goûts sexuels. Et l’on sait que l’arrivée à Biskra (un
11196
tement essayé de normaliser ses goûts sexuels. Et
l’
on sait que l’arrivée à Biskra (un peu trop tôt) et la malencontreuse
11197
de normaliser ses goûts sexuels. Et l’on sait que
l’
arrivée à Biskra (un peu trop tôt) et la malencontreuse intervention d
11198
sait que l’arrivée à Biskra (un peu trop tôt) et
la
malencontreuse intervention de sa mère mirent un terme à cette tentat
11199
n peu trop tôt) et la malencontreuse intervention
de
sa mère mirent un terme à cette tentative. En jugeant André au nom de
11200
. En jugeant André au nom de sa morale puritaine,
la
mère le rejetait aux « vices contre nature », et en condamnant « l’im
11201
eant André au nom de sa morale puritaine, la mère
le
rejetait aux « vices contre nature », et en condamnant « l’impudique
11202
t aux « vices contre nature », et en condamnant «
l’
impudique » au nom de l’Évangile et du Royaume de Dieu, l’oncle le rej
11203
ure », et en condamnant « l’impudique » au nom de
l’
Évangile et du Royaume de Dieu, l’oncle le rejetait à l’incroyance. An
11204
l’impudique » au nom de l’Évangile et du Royaume
de
Dieu, l’oncle le rejetait à l’incroyance. André Gide jugea la lettre
11205
que » au nom de l’Évangile et du Royaume de Dieu,
l’
oncle le rejetait à l’incroyance. André Gide jugea la lettre de son on
11206
nom de l’Évangile et du Royaume de Dieu, l’oncle
le
rejetait à l’incroyance. André Gide jugea la lettre de son oncle « ad
11207
gile et du Royaume de Dieu, l’oncle le rejetait à
l’
incroyance. André Gide jugea la lettre de son oncle « admirable ». Ell
11208
ncle le rejetait à l’incroyance. André Gide jugea
la
lettre de son oncle « admirable ». Elle le condamnait certes, mais av
11209
jetait à l’incroyance. André Gide jugea la lettre
de
son oncle « admirable ». Elle le condamnait certes, mais avec quelle
11210
jugea la lettre de son oncle « admirable ». Elle
le
condamnait certes, mais avec quelle virtú paternelle — qui jouait d’a
11211
lle virtú paternelle — qui jouait d’ailleurs dans
le
sens d’un complexe d’Œdipe jamais élucidé ou éliminé. On peut penser
11212
ú paternelle — qui jouait d’ailleurs dans le sens
d’
un complexe d’Œdipe jamais élucidé ou éliminé. On peut penser aussi qu
11213
qui jouait d’ailleurs dans le sens d’un complexe
d’
Œdipe jamais élucidé ou éliminé. On peut penser aussi que la sévérité
11214
mais élucidé ou éliminé. On peut penser aussi que
la
sévérité de l’oncle à l’occasion d’une aventure féminine ne pouvait p
11215
ou éliminé. On peut penser aussi que la sévérité
de
l’oncle à l’occasion d’une aventure féminine ne pouvait pas déplaire
11216
éliminé. On peut penser aussi que la sévérité de
l’
oncle à l’occasion d’une aventure féminine ne pouvait pas déplaire à l
11217
On peut penser aussi que la sévérité de l’oncle à
l’
occasion d’une aventure féminine ne pouvait pas déplaire à l’homosexue
11218
ser aussi que la sévérité de l’oncle à l’occasion
d’
une aventure féminine ne pouvait pas déplaire à l’homosexuel que Gide
11219
d’une aventure féminine ne pouvait pas déplaire à
l’
homosexuel que Gide venait de découvrir en lui-même. Il ne trouva rien
11220
urtant, il connaissait son Évangile, sur ce point
l’
oncle Charles avait raison. Que n’a-t-il répondu à cet oncle en lui ci
11221
ets non moins « simples et clairs » : — « Heureux
les
pauvres, car le Royaume de Dieu est à eux » et : « Il est plus facile
11222
imples et clairs » : — « Heureux les pauvres, car
le
Royaume de Dieu est à eux » et : « Il est plus facile à un chameau de
11223
lairs » : — « Heureux les pauvres, car le Royaume
de
Dieu est à eux » et : « Il est plus facile à un chameau de passer par
11224
st à eux » et : « Il est plus facile à un chameau
de
passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Roya
11225
: « Il est plus facile à un chameau de passer par
le
trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. »
11226
st plus facile à un chameau de passer par le trou
d’
une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » Charles
11227
e passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche
d’
entrer dans le Royaume de Dieu. » Charles Gide était économiste. L’éco
11228
e trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans
le
Royaume de Dieu. » Charles Gide était économiste. L’économie s’occupe
11229
e aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume
de
Dieu. » Charles Gide était économiste. L’économie s’occupe de nos ric
11230
Royaume de Dieu. » Charles Gide était économiste.
L’
économie s’occupe de nos richesses, production et répartition. Admetto
11231
harles Gide était économiste. L’économie s’occupe
de
nos richesses, production et répartition. Admettons que « l’impudicit
11232
esses, production et répartition. Admettons que «
l’
impudicité » selon l’Évangile ne concerne rien d’autre que les relatio
11233
répartition. Admettons que « l’impudicité » selon
l’
Évangile ne concerne rien d’autre que les relations sexuelles (ce dont
11234
l’impudicité » selon l’Évangile ne concerne rien
d’
autre que les relations sexuelles (ce dont je doute fort). Or l’Évangi
11235
é » selon l’Évangile ne concerne rien d’autre que
les
relations sexuelles (ce dont je doute fort). Or l’Évangile, selon la
11236
s relations sexuelles (ce dont je doute fort). Or
l’
Évangile, selon la version de l’oncle, dit que l’impudique n’entre pas
11237
les (ce dont je doute fort). Or l’Évangile, selon
la
version de l’oncle, dit que l’impudique n’entre pas au Royaume, mais
11238
t je doute fort). Or l’Évangile, selon la version
de
l’oncle, dit que l’impudique n’entre pas au Royaume, mais il dit auss
11239
e doute fort). Or l’Évangile, selon la version de
l’
oncle, dit que l’impudique n’entre pas au Royaume, mais il dit aussi,
11240
l’Évangile, selon la version de l’oncle, dit que
l’
impudique n’entre pas au Royaume, mais il dit aussi, et surtout, que l
11241
as au Royaume, mais il dit aussi, et surtout, que
le
riche ne peut pas y entrer. Celui qui s’occupe d’érotisme et celui qu
11242
le riche ne peut pas y entrer. Celui qui s’occupe
d’
érotisme et celui qui s’occupe d’économie seraient donc sur le même pl
11243
lui qui s’occupe d’érotisme et celui qui s’occupe
d’
économie seraient donc sur le même plan, s’agissant du salut ? Sophism
11244
t celui qui s’occupe d’économie seraient donc sur
le
même plan, s’agissant du salut ? Sophisme ! s’écrient les bourgeois.
11245
plan, s’agissant du salut ? Sophisme ! s’écrient
les
bourgeois. C’est qu’ils ont deux poids et deux mesures. D’une part la
11246
qu’ils ont deux poids et deux mesures. D’une part
la
chose est claire, de l’autre il faut, nuancer. Je demande pourquoi. J
11247
et deux mesures. D’une part la chose est claire,
de
l’autre il faut, nuancer. Je demande pourquoi. Je propose que dans le
11248
nuancer. Je demande pourquoi. Je propose que dans
les
deux cas, on essaie d’évaluer, d’interpréter d’ordonner les moyens à
11249
quoi. Je propose que dans les deux cas, on essaie
d’
évaluer, d’interpréter d’ordonner les moyens à la fin spirituelle. And
11250
opose que dans les deux cas, on essaie d’évaluer,
d’
interpréter d’ordonner les moyens à la fin spirituelle. André Gide, co
11251
les deux cas, on essaie d’évaluer, d’interpréter
d’
ordonner les moyens à la fin spirituelle. André Gide, connaissant les
11252
as, on essaie d’évaluer, d’interpréter d’ordonner
les
moyens à la fin spirituelle. André Gide, connaissant les Écritures, e
11253
d’évaluer, d’interpréter d’ordonner les moyens à
la
fin spirituelle. André Gide, connaissant les Écritures, eût aussi pu
11254
ens à la fin spirituelle. André Gide, connaissant
les
Écritures, eût aussi pu répondre à l’Oncle Charles que le texte si «
11255
onnaissant les Écritures, eût aussi pu répondre à
l’
Oncle Charles que le texte si « simple et clair » qu’il invoquait, n’e
11256
ures, eût aussi pu répondre à l’Oncle Charles que
le
texte si « simple et clair » qu’il invoquait, n’existe pas dans l’Éva
11257
ple et clair » qu’il invoquait, n’existe pas dans
l’
Évangile. On le trouve au contraire dans saint Paul (I Corinthiens 6,
11258
qu’il invoquait, n’existe pas dans l’Évangile. On
le
trouve au contraire dans saint Paul (I Corinthiens 6, 10 et 11) : « N
11259
hiens 6, 10 et 11) : « Ne vous y trompez pas : ni
les
impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni
11260
: « Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni
les
idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les
11261
pez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni
les
adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les c
11262
mpudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni
les
efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivr
11263
idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni
les
infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outr
11264
s adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni
les
voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ra
11265
les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni
les
cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’héri
11266
i les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni
les
ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le Royaum
11267
les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni
les
outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le Royaume de Dieu. » Les
11268
es cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni
les
ravisseurs, n’hériteront le Royaume de Dieu. » Les impudiques sont ci
11269
ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront
le
Royaume de Dieu. » Les impudiques sont cités en premier, les voleurs
11270
ageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le Royaume
de
Dieu. » Les impudiques sont cités en premier, les voleurs viennent en
11271
es ravisseurs, n’hériteront le Royaume de Dieu. »
Les
impudiques sont cités en premier, les voleurs viennent ensuite, et le
11272
de Dieu. » Les impudiques sont cités en premier,
les
voleurs viennent ensuite, et les riches sont omis. Cette hiérarchie n
11273
ités en premier, les voleurs viennent ensuite, et
les
riches sont omis. Cette hiérarchie n’a rien d’évangélique. II« Cro
11274
t les riches sont omis. Cette hiérarchie n’a rien
d’
évangélique. II« Croissez et multipliez » Vu sous l’aspect physi
11275
lique. II« Croissez et multipliez » Vu sous
l’
aspect physiologique, l’érotisme est l’usage de la sexualité pour d’au
11276
t multipliez » Vu sous l’aspect physiologique,
l’
érotisme est l’usage de la sexualité pour d’autres fins que la procréa
11277
Vu sous l’aspect physiologique, l’érotisme est
l’
usage de la sexualité pour d’autres fins que la procréation. Les Églis
11278
us l’aspect physiologique, l’érotisme est l’usage
de
la sexualité pour d’autres fins que la procréation. Les Églises le co
11279
l’aspect physiologique, l’érotisme est l’usage de
la
sexualité pour d’autres fins que la procréation. Les Églises le conda
11280
st l’usage de la sexualité pour d’autres fins que
la
procréation. Les Églises le condamnent — entre autres attendus — au n
11281
sexualité pour d’autres fins que la procréation.
Les
Églises le condamnent — entre autres attendus — au nom du commandemen
11282
our d’autres fins que la procréation. Les Églises
le
condamnent — entre autres attendus — au nom du commandement donné aux
11283
attendus — au nom du commandement donné aux Juifs
de
croître et de multiplier. C’est aussi l’argument que l’on opposa aux
11284
nom du commandement donné aux Juifs de croître et
de
multiplier. C’est aussi l’argument que l’on opposa aux cathares et au
11285
ux Juifs de croître et de multiplier. C’est aussi
l’
argument que l’on opposa aux cathares et aux manichéens professant des
11286
ître et de multiplier. C’est aussi l’argument que
l’
on opposa aux cathares et aux manichéens professant des doctrines ascé
11287
ofessant des doctrines ascétiques : ils voulaient
l’
extinction du genre humain. Mais au fait, qui prétendait cela ? Des mo
11288
i prétendait cela ? Des moines, eux-mêmes voués à
l’
abstinence, à l’époque où le pape Grégoire venait d’imposer le célibat
11289
a ? Des moines, eux-mêmes voués à l’abstinence, à
l’
époque où le pape Grégoire venait d’imposer le célibat à tous les prêt
11290
es, eux-mêmes voués à l’abstinence, à l’époque où
le
pape Grégoire venait d’imposer le célibat à tous les prêtres séculier
11291
abstinence, à l’époque où le pape Grégoire venait
d’
imposer le célibat à tous les prêtres séculiers. Parce qu’il fut dit a
11292
, à l’époque où le pape Grégoire venait d’imposer
le
célibat à tous les prêtres séculiers. Parce qu’il fut dit aux Hébreux
11293
pape Grégoire venait d’imposer le célibat à tous
les
prêtres séculiers. Parce qu’il fut dit aux Hébreux d’il y a trois mil
11294
rêtres séculiers. Parce qu’il fut dit aux Hébreux
d’
il y a trois millénaires : « Croissez et multipliez ! », nombre de bon
11295
illénaires : « Croissez et multipliez ! », nombre
de
bons chrétiens croient encore aujourd’hui que la limitation volontair
11296
de bons chrétiens croient encore aujourd’hui que
la
limitation volontaire des naissances est un péché. Mais à l’époque où
11297
on volontaire des naissances est un péché. Mais à
l’
époque où fut donné ce commandement, les Douze Tribus n’étaient qu’un
11298
hé. Mais à l’époque où fut donné ce commandement,
les
Douze Tribus n’étaient qu’un groupe infime dans une population mondia
11299
un groupe infime dans une population mondiale que
l’
on estime à 30 millions, — chiffre qui ne prétend qu’à indiquer un ord
11300
, — chiffre qui ne prétend qu’à indiquer un ordre
de
grandeur, comparative. Près de 3 milliards d’hommes vivent aujourd’hu
11301
dre de grandeur, comparative. Près de 3 milliards
d’
hommes vivent aujourd’hui. Ils seront 6 milliards en l’an 2000. S’ils
11302
mes vivent aujourd’hui. Ils seront 6 milliards en
l’
an 2000. S’ils devaient continuer de croître et de multiplier au rythm
11303
milliards en l’an 2000. S’ils devaient continuer
de
croître et de multiplier au rythme actuel (la population mondiale dou
11304
l’an 2000. S’ils devaient continuer de croître et
de
multiplier au rythme actuel (la population mondiale doublant tous les
11305
uer de croître et de multiplier au rythme actuel (
la
population mondiale doublant tous les quarante ans) ils seraient donc
11306
thme actuel (la population mondiale doublant tous
les
quarante ans) ils seraient donc 700 milliards dans trois-cents ans. L
11307
seraient donc 700 milliards dans trois-cents ans.
La
surface habitable (aujourd’hui) de la Terre étant de 7 milliards d’he
11308
ois-cents ans. La surface habitable (aujourd’hui)
de
la Terre étant de 7 milliards d’hectares, il y aurait donc un homme t
11309
-cents ans. La surface habitable (aujourd’hui) de
la
Terre étant de 7 milliards d’hectares, il y aurait donc un homme tous
11310
surface habitable (aujourd’hui) de la Terre étant
de
7 milliards d’hectares, il y aurait donc un homme tous les dix mètres
11311
le (aujourd’hui) de la Terre étant de 7 milliards
d’
hectares, il y aurait donc un homme tous les dix mètres vers l’an 2260
11312
liards d’hectares, il y aurait donc un homme tous
les
dix mètres vers l’an 2260. Puis un homme par mètre carré vers 2400. M
11313
l y aurait donc un homme tous les dix mètres vers
l’
an 2260. Puis un homme par mètre carré vers 2400. Moins de cent ans pl
11314
0. Puis un homme par mètre carré vers 2400. Moins
de
cent ans plus tard, ils se touchent tous. Ces chiffres sont absurdes
11315
hiffres sont absurdes : ils montrent en effet que
l’
instinct parfaitement animal de croître et de multiplier, si la croyan
11316
trent en effet que l’instinct parfaitement animal
de
croître et de multiplier, si la croyance aveugle au commandement bibl
11317
que l’instinct parfaitement animal de croître et
de
multiplier, si la croyance aveugle au commandement biblique interdisa
11318
rfaitement animal de croître et de multiplier, si
la
croyance aveugle au commandement biblique interdisait effectivement d
11319
u commandement biblique interdisait effectivement
de
le maîtriser, mènerait l’humanité d’une main ferme à sa perte, la mèn
11320
ommandement biblique interdisait effectivement de
le
maîtriser, mènerait l’humanité d’une main ferme à sa perte, la mènera
11321
terdisait effectivement de le maîtriser, mènerait
l’
humanité d’une main ferme à sa perte, la mènerait à l’enfer sur la Ter
11322
ffectivement de le maîtriser, mènerait l’humanité
d’
une main ferme à sa perte, la mènerait à l’enfer sur la Terre ; et que
11323
mènerait l’humanité d’une main ferme à sa perte,
la
mènerait à l’enfer sur la Terre ; et que le seul espoir d’y échapper
11324
manité d’une main ferme à sa perte, la mènerait à
l’
enfer sur la Terre ; et que le seul espoir d’y échapper sans crime ne
11325
main ferme à sa perte, la mènerait à l’enfer sur
la
Terre ; et que le seul espoir d’y échapper sans crime ne pourrait êtr
11326
erte, la mènerait à l’enfer sur la Terre ; et que
le
seul espoir d’y échapper sans crime ne pourrait être mis, par les « c
11327
it à l’enfer sur la Terre ; et que le seul espoir
d’
y échapper sans crime ne pourrait être mis, par les « croyants » que j
11328
d’y échapper sans crime ne pourrait être mis, par
les
« croyants » que j’ai dit, que dans une Providence qui se manifestera
11329
par des catastrophes naturelles ou des épidémies
d’
une ampleur inouïe. Ou bien, serait-ce Elle qui inciterait un général
11330
ait-ce Elle qui inciterait un général à décrocher
le
fameux téléphone rouge déclenchant la guerre atomique ? Saint Chrysos
11331
à décrocher le fameux téléphone rouge déclenchant
la
guerre atomique ? Saint Chrysostome écrivait au ive siècle : Il y a
11332
ve siècle : Il y a deux raisons pour lesquelles
le
mariage a été institué : … pour amener l’homme à se contenter d’une s
11333
quelles le mariage a été institué : … pour amener
l’
homme à se contenter d’une seule femme, et pour nous donner des enfant
11334
é institué : … pour amener l’homme à se contenter
d’
une seule femme, et pour nous donner des enfants : mais c’est la premi
11335
nner des enfants : mais c’est la première qui est
la
principale… Quant à la procréation, le mariage ne l’entraîne pas abso
11336
c’est la première qui est la principale… Quant à
la
procréation, le mariage ne l’entraîne pas absolument… La preuve en es
11337
re qui est la principale… Quant à la procréation,
le
mariage ne l’entraîne pas absolument… La preuve en est dans les nombr
11338
principale… Quant à la procréation, le mariage ne
l’
entraîne pas absolument… La preuve en est dans les nombreux mariages q
11339
réation, le mariage ne l’entraîne pas absolument…
La
preuve en est dans les nombreux mariages qui ne peuvent avoir d’enfan
11340
l’entraîne pas absolument… La preuve en est dans
les
nombreux mariages qui ne peuvent avoir d’enfant. C’est pourquoi la pr
11341
t dans les nombreux mariages qui ne peuvent avoir
d’
enfant. C’est pourquoi la première raison du mariage, c’est de régler
11342
est pourquoi la première raison du mariage, c’est
de
régler la concupiscence, maintenant surtout que le genre humain a rem
11343
oi la première raison du mariage, c’est de régler
la
concupiscence, maintenant surtout que le genre humain a rempli toute
11344
e régler la concupiscence, maintenant surtout que
le
genre humain a rempli toute la terre.132 IIIÉrotisme et sexualit
11345
tenant surtout que le genre humain a rempli toute
la
terre.132 IIIÉrotisme et sexualité Je trouve ceci dans un ouv
11346
Je trouve ceci dans un ouvrage occidental sur
le
yoga : « Il faut convenir que l’exaltation effrénée de la sexualité,
11347
e occidental sur le yoga : « Il faut convenir que
l’
exaltation effrénée de la sexualité, dans la société contemporaine est
11348
ga : « Il faut convenir que l’exaltation effrénée
de
la sexualité, dans la société contemporaine est sans doute plus catas
11349
: « Il faut convenir que l’exaltation effrénée de
la
sexualité, dans la société contemporaine est sans doute plus catastro
11350
r que l’exaltation effrénée de la sexualité, dans
la
société contemporaine est sans doute plus catastrophique, pour beauco
11351
ans doute plus catastrophique, pour beaucoup, que
l’
hypocrisie et les tabous du siècle passé. » L’affirmation paraît tout
11352
atastrophique, pour beaucoup, que l’hypocrisie et
les
tabous du siècle passé. » L’affirmation paraît tout arbitraire, en ce
11353
que l’hypocrisie et les tabous du siècle passé. »
L’
affirmation paraît tout arbitraire, en ce sens qu’elle ne repose sur a
11354
aucune preuve ou enquête, et nous laisse ignorer
la
nature de la catastrophe alléguée : serait-elle physique, morale, ou
11355
euve ou enquête, et nous laisse ignorer la nature
de
la catastrophe alléguée : serait-elle physique, morale, ou spirituell
11356
e ou enquête, et nous laisse ignorer la nature de
la
catastrophe alléguée : serait-elle physique, morale, ou spirituelle ?
11357
s chances pour qu’une telle phrase traduise moins
la
réalité que les préjugés antioccidentaux des sectateurs d’une discipl
11358
qu’une telle phrase traduise moins la réalité que
les
préjugés antioccidentaux des sectateurs d’une discipline venue d’Orie
11359
é que les préjugés antioccidentaux des sectateurs
d’
une discipline venue d’Orient et qui se répand de nos jours sur toute
11360
occidentaux des sectateurs d’une discipline venue
d’
Orient et qui se répand de nos jours sur toute la Terre. Mais un autre
11361
d’une discipline venue d’Orient et qui se répand
de
nos jours sur toute la Terre. Mais un autre passage du même livre nou
11362
d’Orient et qui se répand de nos jours sur toute
la
Terre. Mais un autre passage du même livre nous révèle ce dont il s’a
11363
e du même livre nous révèle ce dont il s’agit : «
Les
vrais yogis professent que le spasme sexuel, pour les hommes, en rais
11364
dont il s’agit : « Les vrais yogis professent que
le
spasme sexuel, pour les hommes, en raison de la perte de liqueur sémi
11365
vrais yogis professent que le spasme sexuel, pour
les
hommes, en raison de la perte de liqueur séminale, est un des princip
11366
e le spasme sexuel, pour les hommes, en raison de
la
perte de liqueur séminale, est un des principaux facteurs de diminuti
11367
me sexuel, pour les hommes, en raison de la perte
de
liqueur séminale, est un des principaux facteurs de diminution du cap
11368
liqueur séminale, est un des principaux facteurs
de
diminution du capital vital. Pour éviter cette déperdition, ils arrêt
11369
ital. Pour éviter cette déperdition, ils arrêtent
l’
éjaculation par un effort de volonté et la transforment en un épanchem
11370
rdition, ils arrêtent l’éjaculation par un effort
de
volonté et la transforment en un épanchement intérieur qui ne les pri
11371
rrêtent l’éjaculation par un effort de volonté et
la
transforment en un épanchement intérieur qui ne les prive pas du plai
11372
a transforment en un épanchement intérieur qui ne
les
prive pas du plaisir et qui, par ailleurs, reverse dans leur organism
11373
et qui, par ailleurs, reverse dans leur organisme
les
hormones contenues dans le sperme. » Ce procédé est bien connu de l’I
11374
e dans leur organisme les hormones contenues dans
le
sperme. » Ce procédé est bien connu de l’Inde : les upanishads et les
11375
enues dans le sperme. » Ce procédé est bien connu
de
l’Inde : les upanishads et les écrits tantriques le désignent sous le
11376
es dans le sperme. » Ce procédé est bien connu de
l’
Inde : les upanishads et les écrits tantriques le désignent sous le no
11377
e sperme. » Ce procédé est bien connu de l’Inde :
les
upanishads et les écrits tantriques le désignent sous le nom de vajro
11378
cédé est bien connu de l’Inde : les upanishads et
les
écrits tantriques le désignent sous le nom de vajrolî mudrâ ou « gest
11379
l’Inde : les upanishads et les écrits tantriques
le
désignent sous le nom de vajrolî mudrâ ou « geste de l’éclair » qui,
11380
ishads et les écrits tantriques le désignent sous
le
nom de vajrolî mudrâ ou « geste de l’éclair » qui, selon le Shiva sam
11381
et les écrits tantriques le désignent sous le nom
de
vajrolî mudrâ ou « geste de l’éclair » qui, selon le Shiva samhita «
11382
désignent sous le nom de vajrolî mudrâ ou « geste
de
l’éclair » qui, selon le Shiva samhita « détruit la Ténèbre du monde
11383
ignent sous le nom de vajrolî mudrâ ou « geste de
l’
éclair » qui, selon le Shiva samhita « détruit la Ténèbre du monde et
11384
vajrolî mudrâ ou « geste de l’éclair » qui, selon
le
Shiva samhita « détruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour le
11385
l’éclair » qui, selon le Shiva samhita « détruit
la
Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secrets ». Dans
11386
étruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour
le
secret des secrets ». Dans la seconde version de L’Amour et l’Occiden
11387
le secret des secrets ». Dans la seconde version
de
L’Amour et l’Occident (pages 100 à 108), je soutenais l’hypothèse qu’
11388
secret des secrets ». Dans la seconde version de
L’
Amour et l’Occident (pages 100 à 108), je soutenais l’hypothèse qu’un
11389
secrets ». Dans la seconde version de L’Amour et
l’
Occident (pages 100 à 108), je soutenais l’hypothèse qu’un pareil proc
11390
our et l’Occident (pages 100 à 108), je soutenais
l’
hypothèse qu’un pareil procédé fût aussi l’un des secrets de l’amour c
11391
e qu’un pareil procédé fût aussi l’un des secrets
de
l’amour courtois. La forme tantrique ou courtoise de l’érotisme peut
11392
u’un pareil procédé fût aussi l’un des secrets de
l’
amour courtois. La forme tantrique ou courtoise de l’érotisme peut êtr
11393
é fût aussi l’un des secrets de l’amour courtois.
La
forme tantrique ou courtoise de l’érotisme peut être interprétée de d
11394
l’amour courtois. La forme tantrique ou courtoise
de
l’érotisme peut être interprétée de deux manières, soit qu’on la cons
11395
mour courtois. La forme tantrique ou courtoise de
l’
érotisme peut être interprétée de deux manières, soit qu’on la considè
11396
ou courtoise de l’érotisme peut être interprétée
de
deux manières, soit qu’on la considère comme résultant d’une crainte
11397
eut être interprétée de deux manières, soit qu’on
la
considère comme résultant d’une crainte magique, soit qu’on la consid
11398
manières, soit qu’on la considère comme résultant
d’
une crainte magique, soit qu’on la considère comme visant à « élever »
11399
comme résultant d’une crainte magique, soit qu’on
la
considère comme visant à « élever » et « animer » le jeu d’amour, à d
11400
considère comme visant à « élever » et « animer »
le
jeu d’amour, à des fins proprement érotiques, que certains tiennent m
11401
re comme visant à « élever » et « animer » le jeu
d’
amour, à des fins proprement érotiques, que certains tiennent même pou
11402
que certains tiennent même pour spirituelles. 1.
La
peur de perdre sa vitalité en perdant le semen correspond chez nous —
11403
tains tiennent même pour spirituelles. 1. La peur
de
perdre sa vitalité en perdant le semen correspond chez nous — me dise
11404
lles. 1. La peur de perdre sa vitalité en perdant
le
semen correspond chez nous — me disent les psychiatres — à un symptôm
11405
perdant le semen correspond chez nous — me disent
les
psychiatres — à un symptôme de névrose caractérisée. Cette peur est p
11406
nous — me disent les psychiatres — à un symptôme
de
névrose caractérisée. Cette peur est plus ouvertement avouée, voire c
11407
plus visiblement active en Orient qu’en Occident.
Le
sentiment de faute qui, pour un Oriental, peut s’attacher à l’acte se
11408
ent active en Orient qu’en Occident. Le sentiment
de
faute qui, pour un Oriental, peut s’attacher à l’acte sexuel, reste d
11409
de faute qui, pour un Oriental, peut s’attacher à
l’
acte sexuel, reste de l’ordre naturel, pour ainsi dire physiologique,
11410
Oriental, peut s’attacher à l’acte sexuel, reste
de
l’ordre naturel, pour ainsi dire physiologique, tandis que chez l’Occ
11411
iental, peut s’attacher à l’acte sexuel, reste de
l’
ordre naturel, pour ainsi dire physiologique, tandis que chez l’Occide
11412
l, pour ainsi dire physiologique, tandis que chez
l’
Occidental il est masqué et relégué aux arrière-plans de la conscience
11413
dental il est masqué et relégué aux arrière-plans
de
la conscience par un sentiment de culpabilité d’ordre moral. Les reli
11414
tal il est masqué et relégué aux arrière-plans de
la
conscience par un sentiment de culpabilité d’ordre moral. Les religio
11415
x arrière-plans de la conscience par un sentiment
de
culpabilité d’ordre moral. Les religions hindouistes et surtout boudd
11416
de la conscience par un sentiment de culpabilité
d’
ordre moral. Les religions hindouistes et surtout bouddhistes, ayant p
11417
ce par un sentiment de culpabilité d’ordre moral.
Les
religions hindouistes et surtout bouddhistes, ayant pour fin suprême
11418
es et surtout bouddhistes, ayant pour fin suprême
d’
éteindre le Désir, cause d’attachements à l’éphémère, se gardent bien
11419
ut bouddhistes, ayant pour fin suprême d’éteindre
le
Désir, cause d’attachements à l’éphémère, se gardent bien de brider l
11420
ayant pour fin suprême d’éteindre le Désir, cause
d’
attachements à l’éphémère, se gardent bien de brider la sexualité : le
11421
prême d’éteindre le Désir, cause d’attachements à
l’
éphémère, se gardent bien de brider la sexualité : leur morale est à c
11422
ause d’attachements à l’éphémère, se gardent bien
de
brider la sexualité : leur morale est à cet égard plus que laxiste :
11423
achements à l’éphémère, se gardent bien de brider
la
sexualité : leur morale est à cet égard plus que laxiste : elle est p
11424
le est prodigue en bonnes recettes. Au contraire,
les
doctrines morales déduites à tort ou à raison des évangiles, mais sur
11425
es à tort ou à raison des évangiles, mais surtout
de
saint Paul, entendent discipliner le désir naturel dans le seul cadre
11426
mais surtout de saint Paul, entendent discipliner
le
désir naturel dans le seul cadre du mariage procréateur, et interdise
11427
Paul, entendent discipliner le désir naturel dans
le
seul cadre du mariage procréateur, et interdisent toute relation sexu
11428
lle hors de ses liens. Ainsi renforcé et fouetté,
le
désir sexuel passe outre et surmonte les vieilles craintes magiques,
11429
fouetté, le désir sexuel passe outre et surmonte
les
vieilles craintes magiques, — sauf dans le cas des névroses mentionné
11430
monte les vieilles craintes magiques, — sauf dans
le
cas des névroses mentionnées. Ceci dit, le vajrolî mudrâ ou le tour d
11431
f dans le cas des névroses mentionnées. Ceci dit,
le
vajrolî mudrâ ou le tour de force des yogis reversant dans leur corps
11432
vroses mentionnées. Ceci dit, le vajrolî mudrâ ou
le
tour de force des yogis reversant dans leur corps le semen (s’ils n’o
11433
entionnées. Ceci dit, le vajrolî mudrâ ou le tour
de
force des yogis reversant dans leur corps le semen (s’ils n’ont pas p
11434
tour de force des yogis reversant dans leur corps
le
semen (s’ils n’ont pas pu ou pas voulu le retenir) ne nous semble pas
11435
r corps le semen (s’ils n’ont pas pu ou pas voulu
le
retenir) ne nous semble pas correspondre à des réalités physiologique
11436
e pas correspondre à des réalités physiologiques.
Le
semen ne revient pas en son lieu, mais dans le canal de l’urètre, d’o
11437
s. Le semen ne revient pas en son lieu, mais dans
le
canal de l’urètre, d’où il sera bientôt éliminé. Le procédé physique
11438
en ne revient pas en son lieu, mais dans le canal
de
l’urètre, d’où il sera bientôt éliminé. Le procédé physique comporte
11439
ne revient pas en son lieu, mais dans le canal de
l’
urètre, d’où il sera bientôt éliminé. Le procédé physique comporte don
11440
pas en son lieu, mais dans le canal de l’urètre,
d’
où il sera bientôt éliminé. Le procédé physique comporte donc une erre
11441
canal de l’urètre, d’où il sera bientôt éliminé.
Le
procédé physique comporte donc une erreur ou tricherie biologique, do
11442
rte donc une erreur ou tricherie biologique, dont
la
« vertu » serait au mieux psychologique. 2. Il n’en reste pas moins q
11443
ntièrement différent, quand elle devient un moyen
de
l’érotisme, un moyen de maîtriser l’instinct pour l’ordonner à certai
11444
èrement différent, quand elle devient un moyen de
l’
érotisme, un moyen de maîtriser l’instinct pour l’ordonner à certaines
11445
and elle devient un moyen de l’érotisme, un moyen
de
maîtriser l’instinct pour l’ordonner à certaines fins plus « idéales
11446
ent un moyen de l’érotisme, un moyen de maîtriser
l’
instinct pour l’ordonner à certaines fins plus « idéales », — nous dir
11447
l’érotisme, un moyen de maîtriser l’instinct pour
l’
ordonner à certaines fins plus « idéales », — nous dirions : pour le s
11448
ines fins plus « idéales », — nous dirions : pour
le
sublimer, soit en plaisir détaché de l’instinct, soit en amour, soit
11449
rions : pour le sublimer, soit en plaisir détaché
de
l’instinct, soit en amour, soit en adoration de l’Éternel féminin au
11450
ns : pour le sublimer, soit en plaisir détaché de
l’
instinct, soit en amour, soit en adoration de l’Éternel féminin au sen
11451
é de l’instinct, soit en amour, soit en adoration
de
l’Éternel féminin au sens mystique. La maithuna tantrique (union sexu
11452
e l’instinct, soit en amour, soit en adoration de
l’
Éternel féminin au sens mystique. La maithuna tantrique (union sexuell
11453
adoration de l’Éternel féminin au sens mystique.
La
maithuna tantrique (union sexuelle sacrée) et la cortezia des troubad
11454
La maithuna tantrique (union sexuelle sacrée) et
la
cortezia des troubadours correspondent à ce second sens. Les épreuves
11455
a des troubadours correspondent à ce second sens.
Les
épreuves que le tantrisme fait subir à l’amant ont pour but de le fai
11456
correspondent à ce second sens. Les épreuves que
le
tantrisme fait subir à l’amant ont pour but de le faire accéder à une
11457
sens. Les épreuves que le tantrisme fait subir à
l’
amant ont pour but de le faire accéder à une maîtrise de soi telle que
11458
ue le tantrisme fait subir à l’amant ont pour but
de
le faire accéder à une maîtrise de soi telle que le jeu d’amour puiss
11459
le tantrisme fait subir à l’amant ont pour but de
le
faire accéder à une maîtrise de soi telle que le jeu d’amour puisse s
11460
t ont pour but de le faire accéder à une maîtrise
de
soi telle que le jeu d’amour puisse se prolonger très longtemps sans
11461
le faire accéder à une maîtrise de soi telle que
le
jeu d’amour puisse se prolonger très longtemps sans achèvement physiq
11462
re accéder à une maîtrise de soi telle que le jeu
d’
amour puisse se prolonger très longtemps sans achèvement physique, et
11463
longtemps sans achèvement physique, et sans perte
de
semen ou bindu. À ceux qui peuvent y parvenir est promise « l’immorta
11464
indu. À ceux qui peuvent y parvenir est promise «
l’
immortalité conquise en quinze jours » (lisons, comme le texte y invit
11465
rtalité conquise en quinze jours » (lisons, comme
le
texte y invite, quelques lignes plus bas : « une vie prolongée ») par
11466
s lignes plus bas : « une vie prolongée ») par où
l’
on rejoint la croyance magique ; mais aussi un progrès dans la Voie sp
11467
bas : « une vie prolongée ») par où l’on rejoint
la
croyance magique ; mais aussi un progrès dans la Voie spirituelle, ve
11468
la croyance magique ; mais aussi un progrès dans
la
Voie spirituelle, vers le détachement du concret par l’effet d’un dés
11469
s aussi un progrès dans la Voie spirituelle, vers
le
détachement du concret par l’effet d’un désir détaché de l’instinct e
11470
e spirituelle, vers le détachement du concret par
l’
effet d’un désir détaché de l’instinct et tourné vers l’essence divine
11471
uelle, vers le détachement du concret par l’effet
d’
un désir détaché de l’instinct et tourné vers l’essence divine. La cor
11472
chement du concret par l’effet d’un désir détaché
de
l’instinct et tourné vers l’essence divine. La cortezia des troubadou
11473
ment du concret par l’effet d’un désir détaché de
l’
instinct et tourné vers l’essence divine. La cortezia des troubadours
11474
t d’un désir détaché de l’instinct et tourné vers
l’
essence divine. La cortezia des troubadours décrit à mots couverts (ma
11475
hé de l’instinct et tourné vers l’essence divine.
La
cortezia des troubadours décrit à mots couverts (mais bien assez préc
11476
ais bien assez précis, pour qui sait lire) ce que
l’
on a longtemps pris pour simple « joie d’amour », et qui était en fait
11477
) ce que l’on a longtemps pris pour simple « joie
d’
amour », et qui était en fait « le jeu d’amour133 », un moyen de le pr
11478
r simple « joie d’amour », et qui était en fait «
le
jeu d’amour133 », un moyen de le prolonger « sans fin », sans « achèv
11479
e « joie d’amour », et qui était en fait « le jeu
d’
amour133 », un moyen de le prolonger « sans fin », sans « achèvement »
11480
qui était en fait « le jeu d’amour133 », un moyen
de
le prolonger « sans fin », sans « achèvement », et d’élever ainsi le
11481
était en fait « le jeu d’amour133 », un moyen de
le
prolonger « sans fin », sans « achèvement », et d’élever ainsi le dés
11482
e prolonger « sans fin », sans « achèvement », et
d’
élever ainsi le désir à la hauteur de l’amour animique et du culte ren
11483
ans fin », sans « achèvement », et d’élever ainsi
le
désir à la hauteur de l’amour animique et du culte rendu à la Dame (c
11484
sans « achèvement », et d’élever ainsi le désir à
la
hauteur de l’amour animique et du culte rendu à la Dame (considérée n
11485
vement », et d’élever ainsi le désir à la hauteur
de
l’amour animique et du culte rendu à la Dame (considérée non pas comm
11486
ent », et d’élever ainsi le désir à la hauteur de
l’
amour animique et du culte rendu à la Dame (considérée non pas comme f
11487
a hauteur de l’amour animique et du culte rendu à
la
Dame (considérée non pas comme femme et comme personne, mais comme sy
11488
comme femme et comme personne, mais comme symbole
de
l’Anima) tout en échappant aux « conséquences », — lesquelles étaient
11489
me femme et comme personne, mais comme symbole de
l’
Anima) tout en échappant aux « conséquences », — lesquelles étaient ob
11490
quences », — lesquelles étaient obligatoires dans
le
mariage, mais condamnées par le manichéisme des cathares. C’est dans
11491
obligatoires dans le mariage, mais condamnées par
le
manichéisme des cathares. C’est dans la cortezia que je vois l’origin
11492
mnées par le manichéisme des cathares. C’est dans
la
cortezia que je vois l’origine de l’érotisme occidental, et des probl
11493
des cathares. C’est dans la cortezia que je vois
l’
origine de l’érotisme occidental, et des problèmes qu’il ne cesse de p
11494
res. C’est dans la cortezia que je vois l’origine
de
l’érotisme occidental, et des problèmes qu’il ne cesse de poser et de
11495
. C’est dans la cortezia que je vois l’origine de
l’
érotisme occidental, et des problèmes qu’il ne cesse de poser et de re
11496
tisme occidental, et des problèmes qu’il ne cesse
de
poser et de reposer dans tous les ordres, à notre civilisation. D’où
11497
ntal, et des problèmes qu’il ne cesse de poser et
de
reposer dans tous les ordres, à notre civilisation. D’où la nécessité
11498
s qu’il ne cesse de poser et de reposer dans tous
les
ordres, à notre civilisation. D’où la nécessité de ce rappel techniqu
11499
poser dans tous les ordres, à notre civilisation.
D’
où la nécessité de ce rappel technique, au terme d’un ouvrage dont le
11500
dans tous les ordres, à notre civilisation. D’où
la
nécessité de ce rappel technique, au terme d’un ouvrage dont le sujet
11501
s ordres, à notre civilisation. D’où la nécessité
de
ce rappel technique, au terme d’un ouvrage dont le sujet n’était null
11502
’où la nécessité de ce rappel technique, au terme
d’
un ouvrage dont le sujet n’était nullement la sexualité, mais bien l’a
11503
e ce rappel technique, au terme d’un ouvrage dont
le
sujet n’était nullement la sexualité, mais bien l’amour. ⁂ Est-il bes
11504
erme d’un ouvrage dont le sujet n’était nullement
la
sexualité, mais bien l’amour. ⁂ Est-il besoin de préciser que cet ouv
11505
e sujet n’était nullement la sexualité, mais bien
l’
amour. ⁂ Est-il besoin de préciser que cet ouvrage n’est pas un manuel
11506
la sexualité, mais bien l’amour. ⁂ Est-il besoin
de
préciser que cet ouvrage n’est pas un manuel de morale et n’entend pa
11507
n de préciser que cet ouvrage n’est pas un manuel
de
morale et n’entend pas donner de conseils à qui que ce soit ? (Et enc
11508
st pas un manuel de morale et n’entend pas donner
de
conseils à qui que ce soit ? (Et encore moins, de permissions ! Celui
11509
de conseils à qui que ce soit ? (Et encore moins,
de
permissions ! Celui qui en demande prouvant en général, et par là mêm
11510
l, et par là même, qu’il n’y a pas encore droit).
Le
libre usage d’Éros peut être un bien pour les sages qui voudraient in
11511
me, qu’il n’y a pas encore droit). Le libre usage
d’
Éros peut être un bien pour les sages qui voudraient intégrer sa vertu
11512
it). Le libre usage d’Éros peut être un bien pour
les
sages qui voudraient intégrer sa vertu dans une orientation qu’indiqu
11513
intégrer sa vertu dans une orientation qu’indique
l’
esprit : mais ceux-là ne cherchent plus de recettes morales, sachant b
11514
indique l’esprit : mais ceux-là ne cherchent plus
de
recettes morales, sachant bien que leur personne est en jeu, et qu’il
11515
’y a pas au monde deux personnes identiques. Pour
les
autres, une morale générale et très stricte, catholique, puritaine, m
11516
tholique, puritaine, musulmane ou marxiste, selon
la
coutume du pays, m’apparaît nécessaire dans la mesure exacte où elle
11517
on la coutume du pays, m’apparaît nécessaire dans
la
mesure exacte où elle se révèle suffisante. Certes, l’éducation n’a d
11518
sure exacte où elle se révèle suffisante. Certes,
l’
éducation n’a d’autre fin dernière que de rendre l’individu apte à mie
11519
lle se révèle suffisante. Certes, l’éducation n’a
d’
autre fin dernière que de rendre l’individu apte à mieux assumer la li
11520
Certes, l’éducation n’a d’autre fin dernière que
de
rendre l’individu apte à mieux assumer la liberté de la personne resp
11521
’éducation n’a d’autre fin dernière que de rendre
l’
individu apte à mieux assumer la liberté de la personne responsable d’
11522
ère que de rendre l’individu apte à mieux assumer
la
liberté de la personne responsable d’elle-même ; celle qui peut recon
11523
rendre l’individu apte à mieux assumer la liberté
de
la personne responsable d’elle-même ; celle qui peut reconnaître le p
11524
dre l’individu apte à mieux assumer la liberté de
la
personne responsable d’elle-même ; celle qui peut reconnaître le proc
11525
eux assumer la liberté de la personne responsable
d’
elle-même ; celle qui peut reconnaître le prochain et donc l’aimer. Ma
11526
ponsable d’elle-même ; celle qui peut reconnaître
le
prochain et donc l’aimer. Mais si l’on croit à la personne on croit a
11527
; celle qui peut reconnaître le prochain et donc
l’
aimer. Mais si l’on croit à la personne on croit aussi à l’absolue néc
11528
reconnaître le prochain et donc l’aimer. Mais si
l’
on croit à la personne on croit aussi à l’absolue nécessité de maîtris
11529
le prochain et donc l’aimer. Mais si l’on croit à
la
personne on croit aussi à l’absolue nécessité de maîtriser l’individu
11530
Mais si l’on croit à la personne on croit aussi à
l’
absolue nécessité de maîtriser l’individu, qui est son support insépar
11531
la personne on croit aussi à l’absolue nécessité
de
maîtriser l’individu, qui est son support inséparable, et qu’elle tra
11532
on croit aussi à l’absolue nécessité de maîtriser
l’
individu, qui est son support inséparable, et qu’elle transformera plu
11533
u’elle transformera plus tard à sa manière. Point
d’
aristocratie sans disciplines, ni de démocratie non plus : mais ce ne
11534
anière. Point d’aristocratie sans disciplines, ni
de
démocratie non plus : mais ce ne sont pas les mêmes disciplines. Car
11535
, ni de démocratie non plus : mais ce ne sont pas
les
mêmes disciplines. Car les unes sont particulières, opératives, les a
11536
: mais ce ne sont pas les mêmes disciplines. Car
les
unes sont particulières, opératives, les autres générales, préparatoi
11537
nes. Car les unes sont particulières, opératives,
les
autres générales, préparatoires. Au niveau de la personne, ce qui est
11538
les autres générales, préparatoires. Au niveau de
la
personne, ce qui est remède pour l’un sera peut-être poison pour l’au
11539
e, ou simplement indifférent. Or, nous savons que
l’
amour est le fait des personnes, et qu’il n’en est pas deux interchang
11540
ment indifférent. Or, nous savons que l’amour est
le
fait des personnes, et qu’il n’en est pas deux interchangeables. D’où
11541
nes, et qu’il n’en est pas deux interchangeables.
D’
où la difficulté de concevoir une morale générale de l’amour, des règl
11542
et qu’il n’en est pas deux interchangeables. D’où
la
difficulté de concevoir une morale générale de l’amour, des règles gé
11543
est pas deux interchangeables. D’où la difficulté
de
concevoir une morale générale de l’amour, des règles générales imposé
11544
où la difficulté de concevoir une morale générale
de
l’amour, des règles générales imposées à l’amour — au nom de quoi, qu
11545
la difficulté de concevoir une morale générale de
l’
amour, des règles générales imposées à l’amour — au nom de quoi, qui s
11546
érale de l’amour, des règles générales imposées à
l’
amour — au nom de quoi, qui serait plus vrai ? Les normes valent pour
11547
l’amour — au nom de quoi, qui serait plus vrai ?
Les
normes valent pour tout, sauf pour l’amour — comme l’entrevit le roma
11548
lus vrai ? Les normes valent pour tout, sauf pour
l’
amour — comme l’entrevit le romantisme, qui en tira des conclusions fa
11549
ormes valent pour tout, sauf pour l’amour — comme
l’
entrevit le romantisme, qui en tira des conclusions fausses. Elles val
11550
t pour tout, sauf pour l’amour — comme l’entrevit
le
romantisme, qui en tira des conclusions fausses. Elles valent pour la
11551
n tira des conclusions fausses. Elles valent pour
la
sexualité proprement dite, le social et l’éducation ; pour tout ce qu
11552
. Elles valent pour la sexualité proprement dite,
le
social et l’éducation ; pour tout ce qu’il y a de social et de sexuel
11553
t pour la sexualité proprement dite, le social et
l’
éducation ; pour tout ce qu’il y a de social et de sexuel dans le mari
11554
le social et l’éducation ; pour tout ce qu’il y a
de
social et de sexuel dans le mariage, les liaisons, etc. Non pour l’am
11555
l’éducation ; pour tout ce qu’il y a de social et
de
sexuel dans le mariage, les liaisons, etc. Non pour l’amour propremen
11556
our tout ce qu’il y a de social et de sexuel dans
le
mariage, les liaisons, etc. Non pour l’amour proprement dit. Car c’es
11557
qu’il y a de social et de sexuel dans le mariage,
les
liaisons, etc. Non pour l’amour proprement dit. Car c’est l’amour qui
11558
xuel dans le mariage, les liaisons, etc. Non pour
l’
amour proprement dit. Car c’est l’amour qui pose les normes, qui est l
11559
, etc. Non pour l’amour proprement dit. Car c’est
l’
amour qui pose les normes, qui est la norme finale, première, universe
11560
’amour proprement dit. Car c’est l’amour qui pose
les
normes, qui est la norme finale, première, universelle. Autrement dit
11561
t. Car c’est l’amour qui pose les normes, qui est
la
norme finale, première, universelle. Autrement dit : l’éducation a po
11562
me finale, première, universelle. Autrement dit :
l’
éducation a pour fin véritable la personne, mais dans la mesure où la
11563
Autrement dit : l’éducation a pour fin véritable
la
personne, mais dans la mesure où la personne se réalise, devient donc
11564
ation a pour fin véritable la personne, mais dans
la
mesure où la personne se réalise, devient donc libre et responsable,
11565
fin véritable la personne, mais dans la mesure où
la
personne se réalise, devient donc libre et responsable, la morale ne
11566
ne se réalise, devient donc libre et responsable,
la
morale ne peut plus l’aider. Parce que la vraie personne est posée pa
11567
donc libre et responsable, la morale ne peut plus
l’
aider. Parce que la vraie personne est posée par l’amour, existe par u
11568
nsable, la morale ne peut plus l’aider. Parce que
la
vraie personne est posée par l’amour, existe par un acte de l’amour,
11569
’aider. Parce que la vraie personne est posée par
l’
amour, existe par un acte de l’amour, et que l’amour la fait unique. T
11570
ersonne est posée par l’amour, existe par un acte
de
l’amour, et que l’amour la fait unique. Toute morale qui n’est pas un
11571
onne est posée par l’amour, existe par un acte de
l’
amour, et que l’amour la fait unique. Toute morale qui n’est pas une é
11572
ar l’amour, existe par un acte de l’amour, et que
l’
amour la fait unique. Toute morale qui n’est pas une école — ouverte s
11573
ur, existe par un acte de l’amour, et que l’amour
la
fait unique. Toute morale qui n’est pas une école — ouverte sur la li
11574
oute morale qui n’est pas une école — ouverte sur
la
liberté future — est une prison, si « laxiste » soit-elle. Voilà qui
11575
ement au paradoxe évangélique et paulinien : pour
le
vrai spirituel, la Loi est abolie, bien que pas un iota n’en soit ret
11576
vangélique et paulinien : pour le vrai spirituel,
la
Loi est abolie, bien que pas un iota n’en soit retiré. Mais l’amour s
11577
olie, bien que pas un iota n’en soit retiré. Mais
l’
amour seul peut le comprendre en vérité. 132. Discours sur le mari
11578
un iota n’en soit retiré. Mais l’amour seul peut
le
comprendre en vérité. 132. Discours sur le mariage, trad. abbé F.
11579
ut le comprendre en vérité. 132. Discours sur
le
mariage, trad. abbé F. Martin, Garnier, p. 139. 133. Cf. Charles Cam
11580
tin, Garnier, p. 139. 133. Cf. Charles Camproux,
La
Joie civilisatrice chez les troubadours (La Table ronde, janvier 1956
11581
Cf. Charles Camproux, La Joie civilisatrice chez
les
troubadours (La Table ronde, janvier 1956) et La Joie d’amour et l’Oc
11582
roux, La Joie civilisatrice chez les troubadours (
La
Table ronde, janvier 1956) et La Joie d’amour et l’Occident (Les Cahi
11583
les troubadours (La Table ronde, janvier 1956) et
La
Joie d’amour et l’Occident (Les Cahiers du Sud, n° 348). L’auteur mon
11584
badours (La Table ronde, janvier 1956) et La Joie
d’
amour et l’Occident (Les Cahiers du Sud, n° 348). L’auteur montre que
11585
Table ronde, janvier 1956) et La Joie d’amour et
l’
Occident (Les Cahiers du Sud, n° 348). L’auteur montre que le mot joi
11586
, janvier 1956) et La Joie d’amour et l’Occident (
Les
Cahiers du Sud, n° 348). L’auteur montre que le mot joi est masculin,
11587
amour et l’Occident (Les Cahiers du Sud, n° 348).
L’
auteur montre que le mot joi est masculin, et désigne non pas un senti
11588
(Les Cahiers du Sud, n° 348). L’auteur montre que
le
mot joi est masculin, et désigne non pas un sentiment mais un jeu, do
11589
et désigne non pas un sentiment mais un jeu, dont
la
maîtrise « donne à l’individu une sensation de liberté. » M. Camproux
11590
sentiment mais un jeu, dont la maîtrise « donne à
l’
individu une sensation de liberté. » M. Camproux estime, bien à tort s
11591
nt la maîtrise « donne à l’individu une sensation
de
liberté. » M. Camproux estime, bien à tort selon moi, que cette inter
11592
n s’oppose « absolument » à celle que j’ai donnée
de
« l’Éros sans fin » et de l’amour réciproque malheureux. C’est qu’il
11593
ppose « absolument » à celle que j’ai donnée de «
l’
Éros sans fin » et de l’amour réciproque malheureux. C’est qu’il veut
11594
à celle que j’ai donnée de « l’Éros sans fin » et
de
l’amour réciproque malheureux. C’est qu’il veut limiter la cortezia à
11595
elle que j’ai donnée de « l’Éros sans fin » et de
l’
amour réciproque malheureux. C’est qu’il veut limiter la cortezia à un
11596
r réciproque malheureux. C’est qu’il veut limiter
la
cortezia à une sorte de technique érotique, tandis que je montrais so
11597
C’est qu’il veut limiter la cortezia à une sorte
de
technique érotique, tandis que je montrais son horizon mystique ; et
11598
n mystique ; et certes l’un n’exclut pas l’autre,
le
suppose même, encore que la relation dans laquelle ils se trouvent de
11599
n’exclut pas l’autre, le suppose même, encore que
la
relation dans laquelle ils se trouvent depuis des siècles en Occident
11600
puis des siècles en Occident, et notamment depuis
le
romantisme, puisse et doive être modifiée. Mais d’abord il s’agit de
11601
se et doive être modifiée. Mais d’abord il s’agit
de
mieux la voir, comme j’ai tenté de le faire dans ce livre.
11602
ve être modifiée. Mais d’abord il s’agit de mieux
la
voir, comme j’ai tenté de le faire dans ce livre.
11603
bord il s’agit de mieux la voir, comme j’ai tenté
de
le faire dans ce livre.
11604
d il s’agit de mieux la voir, comme j’ai tenté de
le
faire dans ce livre.