1 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — I. L’amour et la personne dans le monde christianisé
1 rgon des lois de l’État laïque, mais aux yeux des chrétiens exigeants et sincères, depuis des siècles ? Pour comprendre la situat
2 ter aux origines du christianisme. Le puritanisme chrétien est un peu plus ancien que les évangiles : il se déclare dès les épît
3 es confesseurs, on ne voit pas un seul équivalent chrétien — existant ou imaginable — du Kamasutra, des tantras, de tant d’autre
4 es problèmes et les tortures morales… Les Églises chrétiennes ont toujours mieux réussi dans leurs efforts pour réprimer et conteni
5 ’une filiation divine…6 En revanche, les Églises chrétiennes , suivies jusqu’à nos jours par les pouvoirs civils, ont développé dès
6 ne Europe travaillée par la doctrine et la morale chrétiennes , séculairement aux prises avec leurs exigences (sans cesse mieux codi
7 promis à un grand avenir, parce que les premiers chrétiens et les Pères de langue grecque l’emploieront pour désigner l’amour di
8 ans exception. Il est caractéristique de l’Europe chrétienne et de l’Occident tout entier que, là seulement, toutes les formes hum
9 otre culture occidentale. 5. La grande mystique chrétienne , bien qu’annoncée par saint Augustin, ne s’est vraiment constituée et
10 dire durant le troisième quart seulement de l’ère chrétienne  ; et toujours en dehors de la théologie, qui n’a cessé de s’en méfier
11 listes, correspond à la morale modérée du mariage chrétien , excluant à la fois la « prostitution spirituelle » et l’ascétisme an
2 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — V. Invasion de l’érotisme au xxe siècle
12 VInvasion de l’érotisme au xxe siècle Chrétiens traditionnels, moralistes laïques, rationalistes libéraux et communis
13 les entraîne, vers un Ciel qui n’est pas ce qu’un chrétien moyen pense, mais le lieu des vrais spirituels… Quelles que soient en
3 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Deux princes danois. Kierkegaard et Hamlet
14 cer notre époque détraquée à reconnaître l’absolu chrétien et, sinon à lui obéir, tout au moins à cesser de se dire chrétienne «
15 on à lui obéir, tout au moins à cesser de se dire chrétienne « à bon marché ». Tous les deux pensent qu’« il y a quelque chose de
16 et tous signés de divers pseudonymes. Le message chrétien , qui lui importe seul, y sera toujours présent, mais soigneusement di
17 a vérité, c’était commettre à l’égard de l’absolu chrétien le crime de lèse-majesté qualifié, c’était se moquer de l’Évangile, c
18 rrait-on dire), comme le drame pur d’une vocation chrétienne . Ici prend fin, ici « échoue sur l’existence » le parallèle que je vi
19 suite, le succès final. Chez Kierkegaard, chez le chrétien en général, il en va différemment. Il s’agit de découvrir le rôle qu’
4 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes I. Méditation au carrefour fabuleux
20 eul être bien-aimé, et l’amour du prochain (amour chrétien ), dont le commandement est d’aimer tous les hommes, sans distinction,
21 ec un sens social humanitaire, serait-il vraiment chrétien selon la conception kierkegaardienne ? Le développement qui suit réta
22 ion du libertinage de l’esprit, contre la liberté chrétienne d’une part, qui est obéissance au Révélé, et d’autre part contre l’as
23 ’oublier tout aussitôt lorsqu’il attaque l’esprit chrétien , métaphysique et ascétique, et le « petit faitalisme » scientifique —
24 t intérieur — instantané comme dans la conversion chrétienne et l’illumination bouddhiste, ou lentement acquis par le yoga. Attein
5 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes II. Les deux âmes d’André Gide
25 ’est qu’apparent. Qu’on n’oublie pas sa formation chrétienne  ; ses lectures prolongées et sans cesse renouvelées de l’Écriture ; s
26 on que dans ce drame. Ainsi, devenir ou redevenir chrétien , ne pouvait signifier pour lui que la sainteté, et non pas l’accueil
27 Un saint privé de foi autant que de religion, ni chrétien ni hindou, sans mystique ni mystère ? Ne serait-il pas un homme tout
28 ait, déduisait, s’émouvait… Peu d’écrivains, même chrétiens , nous ont montré pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans le
29 explicable sang lui. (Je ne dis pas qu’elle soit chrétienne pour autant.) Gide était individualiste. Savons-nous encore mesurer l
30 ontraire de l’amour du prochain. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. « Le Seigneur seul connaît les siens », dit l
31 connaît les siens », dit l’Écriture : si l’on est chrétien , qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de mieux savoir.
32 urent toutes, nous dit-il, « d’admirables figures chrétiennes  » — sa mère, sa gouvernante et deux tantes maternelles — « à qui le p
6 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — Rudolf Kassner et la grandeur humaine
33 taire, définie par la loi, par son astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans la démesure, e
34 e péché est la mesure du démesuré, et que pour le chrétien il n’est pas d’autre grandeur. » Ainsi le chrétien existe en tant que
35 hrétien il n’est pas d’autre grandeur. » Ainsi le chrétien existe en tant que le péché crée une tension entre lui et Dieu. Mais
36 la conversion qui figure l’acte par excellence du chrétien , hors duquel il n’est pour lui ni mesure, ni grandeur, ni forme, mais
37 ’inverse du bouddhisme, en apparence, le problème chrétien du Dieu-Homme, d’où naît celui de la personne, générateur de l’Occide
38 tations de l’ancienne Asie à celles de l’Occident chrétien . Ce qui lui semble, en fin de compte, relier au zen sa propre pensée
7 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — La personne, l’ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient
39 se vident au Japon. (Mais il y a beaucoup plus de chrétiens japonais que de sectateurs du Dr Suzuki en Amérique.) L’Occident déco
40 tronc abrahamique, d’où sont issus les Juifs, les chrétiens , et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection
41 libérer du phénomène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en v
42 et qu’on peut appeler l’enstase. Et les mystiques chrétiens cherchent l’extase. Quant aux bouddhistes zen, on dirait qu’ils s’en
43 s face à l’Un tout-transcendant.105 » (Ce qui est chrétien .) Le même Chang Chen-Chi qui cite ce koan : Parfois, j’arrache la pe
44 ous n’invoquerons ici que les seconds. L’école chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi est le rapport
45 es seconds. L’école chrétienne Dans une vue chrétienne de l’homme, l’amour de soi est le rapport positif entre l’individu et
46 même : « Dieu nous a aimés le premier ». Pour le chrétien , c’est parce que Dieu, qui est Amour, est un Dieu personnel dans sa t
47 a personne. Si la plus haute valeur de l’Occident chrétien n’est pas la connaissance détachée mais le sacrifice personnel, et si
48 al, le sublime, et la problématique de l’Occident chrétien . Il conditionne aussi les déviations de l’amour et les formes particu
49 s de l’homme et de l’amour homologues aux notions chrétiennes , mais comme transposées terme à terme d’un degré vers le « ciel » des
50 a que le Soi de l’Inde n’est pas le vrai Dieu des chrétiens , qui est personnel. On connaît les définitions. Mais je retrouve ici
8 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — L’amour même
51 sent qu’une telle attitude est plus hérétique que chrétienne , ou plus religieuse que rationnelle et « scientifique », elle se gard
9 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Annexe I. L’amour selon les évangiles
52 Paul. 6. Le péché signifie de nos jours, pour le chrétien moyen (si l’on ose dire) essentiellement l’immoralité, non pas le man
53 ier exemple d’immoralité qui vienne à l’esprit du chrétien moyen, c’est la contravention aux « lois » de la vie sexuelle. On voi
10 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Annexe III. Post-scriptum
54 es : « Croissez et multipliez ! », nombre de bons chrétiens croient encore aujourd’hui que la limitation volontaire des naissance