1 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Note liminaire
1 ent un système de pensée et certains préjugés qui devaient à leur tour les aveugler sur un autre ordre de réalités. J’ai donc te
2 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — I. L’amour et la personne dans le monde christianisé
2 n de tel en Inde, en Chine ou en Afrique. Comment nous expliquer ce fait ? Et pourquoi l’érotisme est-il devenu synonyme de
3 s ? Pour comprendre la situation problématique de notre temps, il faut remonter aux origines du christianisme. Le puritanisme
4 traviolet du spirituel et l’infrarouge du sexuel. Notre mystique, science de l’amour divin, s’est développée très tardivement
5 que toujours suspectes aux yeux de l’orthodoxie5. Notre éthique sexuelle s’est très longtemps réduite à quelques interdits él
6 ysiologie du pèlerinage mystique, comme celle que nous décrivent, sans varier depuis mille ans, les traités du Hatha Yoga. E
7 evanche, les Églises chrétiennes, suivies jusqu’à nos jours par les pouvoirs civils, ont développé dès la première générati
8 e « prostitution spirituelle »8, — l’amour humain devait fatalement devenir une source intarissable de problèmes, tant pour la
9 (l’une au-delà et l’autre en deçà du mariage), ne devait développer toutes ses complexités que dans une Europe travaillée par
10 me sang ; la philia entre les hôtes (xénikè), qui nous rappelle l’importance des vertus d’hospitalité… ; la philia des amis
11 s, qui régit le sentiment amoureux. Dira-t-on que nos langues modernes possèdent elles aussi la plupart de ces mots d’amiti
12 arente erreur de vocabulaire est le fait de toute notre culture occidentale. 5. La grande mystique chrétienne, bien qu’anno
3 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — II. Naissance de l’érotisme occidental
13 re de problèmes que s’il entre en conflit avec le devoir moral. Il n’est pas un problème en soi. On peut tuer par jalousie, ou
14 e. L’antithèse radicale de cette époque classique nous est donnée par les penseurs-poètes de la génération post-romantique.
4 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — III. Présence des mythes et leurs pouvoirs dans divers ordres
15 vers ordres D’où viennent les mythes ? Sont-ils nos inventions, ou nous les leurs ? Gouvernent-ils nos actes et nos senti
16 viennent les mythes ? Sont-ils nos inventions, ou nous les leurs ? Gouvernent-ils nos actes et nos sentiments, ou bien parai
17 os inventions, ou nous les leurs ? Gouvernent-ils nos actes et nos sentiments, ou bien paraissent-ils après coup, comme pou
18 , ou nous les leurs ? Gouvernent-ils nos actes et nos sentiments, ou bien paraissent-ils après coup, comme pour les illustr
19 ression. Mais la plupart des mythes agissant dans nos vies ont été exprimés avant nous, s’il est sûr que plusieurs de ceux
20 hes agissant dans nos vies ont été exprimés avant nous , s’il est sûr que plusieurs de ceux qui nous dominent ne seront expri
21 vant nous, s’il est sûr que plusieurs de ceux qui nous dominent ne seront exprimés que demain. Une longue durée, cependant,
22 continents à partir du cinquième millénaire avant notre ère, et dernier ancêtre commun de nos civilisations vivantes ? Ou enc
23 ire avant notre ère, et dernier ancêtre commun de nos civilisations vivantes ? Ou encore, des symptômes spécifiques de notr
24 ivantes ? Ou encore, des symptômes spécifiques de notre seule culture européenne ? Il semble à première vue plus facile de ré
25 de leurs émergences dans la littérature mondiale nous sont connues, et c’est à partir d’elles qu’ils ont vraiment agi et dé
26 ènes plus anciens, ou plus généralement humains ? Nous voici ramenés au problème de la genèse historique des complexes. Une
27 sion culturelle, sont très largement antérieurs à nos problèmes individuels. Ils sont là depuis plusieurs siècles, ils nous
28 iduels. Ils sont là depuis plusieurs siècles, ils nous attendent, préformant les mouvements intimes de notre sensibilité, ou
29 s attendent, préformant les mouvements intimes de notre sensibilité, ou déroulant devant nous les images simplifiées, ordonna
30 intimes de notre sensibilité, ou déroulant devant nous les images simplifiées, ordonnatrices de nos aventures virtuelles12.
31 ant nous les images simplifiées, ordonnatrices de nos aventures virtuelles12. Méditer sur les Noms qui leur furent attribué
32 t méditer en fait sur des structures de l’âme qui nous inclinent à la manière des astres, c’est-à-dire sans nous déterminer 
33 linent à la manière des astres, c’est-à-dire sans nous déterminer : inclinant, non gubernant. Nous les reconnaissons, à cert
34 sans nous déterminer : inclinant, non gubernant. Nous les reconnaissons, à certains stades de notre évolution psychique ou
35 ant. Nous les reconnaissons, à certains stades de notre évolution psychique ou spirituelle, quand subitement nous nous senton
36 lution psychique ou spirituelle, quand subitement nous nous sentons coïncider avec la forme ou le mouvement de telle œuvre,
37 n psychique ou spirituelle, quand subitement nous nous sentons coïncider avec la forme ou le mouvement de telle œuvre, poème
38 u histoire, qui pour la première fois, bien avant nous , les avait découverts ou inventés, ou qui, tout près de nous, les int
39 vait découverts ou inventés, ou qui, tout près de nous , les interprète en termes de conscience « moderne ». Une émotion part
40 — excitation, angoisse ou nostalgie, dont l’excès nous paraît insolite ou la fascination secrètement familière — nous averti
41 nsolite ou la fascination secrètement familière — nous avertit de leur apparition. Nous les reconnaissons dans les grands pe
42 ment familière — nous avertit de leur apparition. Nous les reconnaissons dans les grands personnages qui leur ont attaché le
43 s d’imagination de la littérature occidentale. Et nous pouvons enfin les reconnaître à l’œuvre dans la vie de personnes réel
44 ussi d’acteurs de l’histoire dont les biographies nous sont assez connues. (La biographie d’un être original, fortement pers
45 de la personne, qui sera celle de sa liberté. Si nous voulons savoir et voir comment agissent les mythes, en général, il me
46 de l’empire exercé par les mythes de l’amour peut nous y aider le mieux, et cela pour deux raisons faciles à discerner. La p
47 la plus banale et la plus largement répandue dans notre monde occidental : qui n’a pas été amoureux ou malheureux de l’être p
48 , une fois reconnues leurs structures dynamiques, nous pourrons retrouver les plus typiques d’entre elles dans des domaines
49 un certain type nouveau d’aventuriers-penseurs de notre temps. Je vois Tristan dans la passion intellectuelle de Kierkegaard,
50 an » dans ce siècle. S’il est vrai que les mythes nous en apprennent bien autant sur l’Europe que les statues de dieux anima
51 istance de l’individu à telle maladie ? Chacun de nous se trouverait-il ainsi doté dès sa naissance à la vie culturelle, int
5 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — IV. Problèmes de la personne aux prises avec les mythes
52 Que les mythes de l’amour déterminent largement nos conduites individuelles, les hasards apparents de nos rencontres, et
53 conduites individuelles, les hasards apparents de nos rencontres, et les choix que nous croyons décider librement — on adme
54 rds apparents de nos rencontres, et les choix que nous croyons décider librement — on admet qu’il serait superflu de le démo
55 lture, par les œuvres lyriques ou romanesques qui nous « passionnent » (nous prédisposent à la passion), dans la mesure préc
56 lyriques ou romanesques qui nous « passionnent » ( nous prédisposent à la passion), dans la mesure précise où elles obéissent
57 ndis que la personne est unique ou n’est pas. Ils nous conduisent au type, tandis que la personne est le chemin vers un moi-
58 dit Kierkegaard. En d’autres termes, la personne doit tout d’abord apprendre à lire le jeu des mythes — dans sa vie, dans s
59 n de l’énergie nucléaire et solaire. Car si l’une doit permettre d’explorer l’espace cosmique et de subvenir à l’alimentatio
6 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — V. Invasion de l’érotisme au xxe siècle
60 thodoxes s’unissent pour déplorer l’invasion dans nos vies d’une sexualité « obsédante ». Les affiches dans les rues, les b
61 ession et de censure. Les abus dénoncés par Freud nous ont rendus méfiants quant à l’usage des disciplines éducatives élémen
62 ite, et qui effraye tant d’observateurs. Avant de nous effrayer à notre tour, essayons de bien voir ce qui se passe quand le
63 aye tant d’observateurs. Avant de nous effrayer à notre tour, essayons de bien voir ce qui se passe quand les censures offici
64 es officielles périclitent. Est-il vrai, comme on nous le répète, que « la sensualité envahit tout » et que la sexualité déf
65 alité, mais son aveu public, sa projection devant nous , qui soudain nous provoque à une prise de conscience trop longtemps d
66 eu public, sa projection devant nous, qui soudain nous provoque à une prise de conscience trop longtemps différée. Mozart es
67 de censure rationnelle, puritaine et utilitaire, nous révèlent comme des sismographes les mouvements souterrains de l’âme r
68 l’orthodoxie collective, que vient rénover parmi nous la marée montante de l’Éros. Et je ne prends pas ici de parti général
69 ’Occidental, soit dans cette vision purifiée dont nous parlent les Orientaux, et qui ramènerait tout à l’Un sans distinction
70 sa personne. 13. La grande musique, de Mozart à nos jours, est érotique ; elle annonce les très rares révolutions et surt
71 pécialistes acharnés à nier l’âme, — cette luxure nous disent-ils —, on est en devoir de leur demander ce qu’ils visent : pa
72 ’âme, — cette luxure nous disent-ils —, on est en devoir de leur demander ce qu’ils visent : pas un seul ne l’a dit jusqu’ici.
73 oublions pas qu’une théorie qui « explique tout » nous laisse en fait à expliquer chaque phénomène particulier, en tant que
7 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — VI. Soulèvement des puissances animiques
74 Mais la soudaine turbulence de l’Éros, avant de nous poser ces problèmes, est d’abord un grand fait psychique ; ou tout au
75 l’instinct de reproduction ; — cette menace peut nous inciter à séparer de plus en plus le sexuel pur de l’érotique, et peu
76 des femmes d’aujourd’hui ; mais le phénomène qui nous occupe est antérieur. Je n’ignore pas non plus le fait technique. Je
77 it technique. Je pense que l’habitus mental qu’il nous impose exagère à tel point la tyrannie de l’horaire, du rendement mes
78 itable, à titre de compensation : « L’invasion de nos vies par la technique » provoquerait-elle ce « déchaînement de l’érot
79 anière statistique, mais non pas le vérifier dans nos vies personnelles. Faut-il donc accepter l’hypothèse d’une âme collec
80 ns dans le sens religieux que lui donnent tant de nos expressions courantes, comme « belle âme », ou « salut des âmes », ou
81 programmes » de vie physiologique enregistrés par nos chaînes de chromosomes, démentent les prévisions de l’économie et tro
82 mentent les prévisions de l’économie et troublent nos systèmes de communications rationnelles et spirituelles, à la manière
83 gique et de remise en ordre morale et spirituelle devait prendre des siècles, et n’est pas terminé. Car la révolution que nous
84 cles, et n’est pas terminé. Car la révolution que nous sommes en train de vivre renouvelle en partie celle du xiie siècle,
85 e délais ni d’angles morts. Les effets atteignent nos sens avant que les causes aient émergé à nos consciences. D’où le sca
86 nent nos sens avant que les causes aient émergé à nos consciences. D’où le scandale, et c’est peu dire — d’où l’angoisse et
87 , non seulement étudiée, mais justifiée ! Comment notre homme distinguerait-il, dans tout cela, autre chose qu’une immense dé
8 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — VII. Parenthèse sur le sens des mots
88 exuelle que les tendances dites puritaines ont su nous imposer dès les débuts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans n
89 buts de l’Europe, il n’y aurait rien de plus dans notre civilisation que dans celles des nations qu’on dit sous-développées,
90 e, sans l’érotisme et les libertés qu’il suppose, notre culture vaudrait-elle mieux que celle qu’un Staline, qu’un Mao, ont t
91 matérielle, à la procréation socialisée. Et cela, nos puritains l’oublient non moins souvent. Je pose donc un problème au p
9 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — VIII. Pour une mythanalyse de la culture
92 s une certaine mesure, comme le confort dépend de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problèmes qu’o
93 d de notre psychologie. Une fois reconnues, elles nous posent des problèmes qu’on ne résoudra plus en les niant. Les découve
94 lois ni dogmes, mais non sans symboles gouvernant notre vie émotive, la mythologie mène son jeu, — qui est jeu de l’âme. Gran
95 s puissances animiques d’Éros, les mythes peuvent nous servir de guides dans la Comédie infernale, purgative ou sublime de n
96 ans la Comédie infernale, purgative ou sublime de nos désirs, de nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur nat
97 infernale, purgative ou sublime de nos désirs, de nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils nous g
98 ive ou sublime de nos désirs, de nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils nous gouvernent sans piti
99 os désirs, de nos passions, de notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils nous gouvernent sans pitié et nous égarent.
100 notre amour. Quand nous ignorons leur nature, ils nous gouvernent sans pitié et nous égarent. Mais les identifier, connaître
101 ns leur nature, ils nous gouvernent sans pitié et nous égarent. Mais les identifier, connaître leur langage et les tours et
102 es tours et détours dont ils sont coutumiers peut nous permettre de trouver le fil rouge des trames où nous sommes engagés,
103 s permettre de trouver le fil rouge des trames où nous sommes engagés, et de nous orienter dans la forêt obscure de nos phan
104 il rouge des trames où nous sommes engagés, et de nous orienter dans la forêt obscure de nos phantasmes, vers l’issue de lum
105 gés, et de nous orienter dans la forêt obscure de nos phantasmes, vers l’issue de lumière et notre vrai Désir. Je propose u
106 ure de nos phantasmes, vers l’issue de lumière et notre vrai Désir. Je propose une mythanalyse, qui puisse être appliquée non
107 ’une telle méthode étant d’élucider les motifs de nos choix et leurs implications trop souvent inconscientes, spirituelles
108 inconscientes, spirituelles autant que sociales. Nous arriverons alors, en connaissance de cause, devant le vrai problème é
109 ne puisse être conquise que par le détachement de nos liens avec la chair, avec le monde, et avec notre moi distinct ? Ou b
110 e nos liens avec la chair, avec le monde, et avec notre moi distinct ? Ou bien faut-il plutôt ordonner ces relations au But s
111 nner ces relations au But suprême, qui suscite en nous la personne ? Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde, mais p
112 au But suprême, qui suscite en nous la personne ? Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde, mais plutôt comme étant d
113 âche (d’où la technique) pour d’autres tâches qui nous dépassent et en même temps nous réalisent. J’en déduis que notre voca
114 autres tâches qui nous dépassent et en même temps nous réalisent. J’en déduis que notre vocation est bel et bien d’aller ail
115 et en même temps nous réalisent. J’en déduis que notre vocation est bel et bien d’aller ailleurs, mais avec tout ce que nous
116 l et bien d’aller ailleurs, mais avec tout ce que nous sommes ; et qu’elle est moins d’ascèse que de transmutation ; et qu’e
117 de nous-mêmes et des choses, au nom d’un sens qui nous soit propre et singulier, et par lequel nous atteindrons l’universel.
118 qui nous soit propre et singulier, et par lequel nous atteindrons l’universel. Nier les mythes et leur empire serait néfast
119 obéissant d’abord à ses lois et structures. Quand nous connaîtrons mieux les mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et v
120 ures. Quand nous connaîtrons mieux les mythes qui nous tentent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, pe
121 tent, d’où ils viennent et vers quoi leur logique nous conduit, peut-être serons-nous un peu mieux en mesure de courir notre
122 quoi leur logique nous conduit, peut-être serons- nous un peu mieux en mesure de courir notre risque personnel, d’assumer no
123 être serons-nous un peu mieux en mesure de courir notre risque personnel, d’assumer notre amour et d’aller vers nous-mêmes. P
124 esure de courir notre risque personnel, d’assumer notre amour et d’aller vers nous-mêmes. Peut-être serons-nous un peu plus l
125 mour et d’aller vers nous-mêmes. Peut-être serons- nous un peu plus libres.
10 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Nouvelles métamorphoses de Tristan
126 la rhétorique du récit. Dans une société comme la nôtre , l’amour-passion peut-il encore trouver des interdits assez redoutabl
127 enfin l’amour-passion et le mariage. N’en sommes- nous pas au point de notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » c
128 n et le mariage. N’en sommes-nous pas au point de notre évolution où, tout étant réduit, « ramené à » comme on dit, profané,
129 ux règles de l’hygiène et de la sociologie — tout nous semble permis de ce qui ne nuirait pas à la santé et à la productivit
130 rois œuvres où transparaît l’archétype de Tristan nous sont données vers ce milieu du siècle par l’Europe, l’Amérique et la
131 lusieurs reprises d’elle-même et de son frère : «  Nous aurons été les derniers romantiques de l’amour… Au fond, c’est la der
132 ière histoire d’amour possible… Sans doute serons- nous une sorte de Derniers Mohicans de l’amour. » Je ne fais pas ici de cr
133 culturel à la fois décadent et conventionnel, qui devait la livrer à la guerre, puis à pire. Je l’ai dit dans un vaste roman d
134 ara et en est aimé. Mais, comme Lara, la Russie a suivre un Maître cynique et brutal, qui l’a séduite et humiliée. Il m
135 ivre encore un peu dans le voisinage de celle qui doit me rejeter, car loin d’elle ma vie n’a pas de sens, c’est près d’elle
136 Qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? Tout ce que nous voyons là, sans doute, et plus encore. S’il avait pu le dire autremen
137 avait pu le dire autrement, il l’aurait fait (et nous ne le lirions pas). Mais la réponse de l’écrivain ne suffit pas, bien
138 cère. Car il faut voir que cette ambiguïté, qu’il nous propose malgré lui, n’est pas du tout accidentelle. Elle ne résulte p
139 Humbert. Si l’amour des nymphets n’était pas, de nos jours, l’un des derniers tabous sexuels qui tiennent encore (avec l’i
140 ronique, aidées par la version moderne de Bédier, nous font prendre trop facilement pour la touchante histoire d’un amour pr
141 térature européenne, qu’illustreront plus près de nous un Goethe créant le personnage de Mignon, un Novalis dédiant son œuvr
142 ses lettres à des petites filles. L’adultère, de nos jours, ne conduit qu’au divorce, ou s’épuise en liaisons banales. Il
143 la conscience d’une profanation faisait flamber. Nous restent deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en
144 t deux tabous sexuels, curieusement respectés par nos mœurs en transition rapide du sacré primitif vers une hygiène scienti
145 des histoires pour quoi elle n’est pas faite. Il devrait faire abstraction de l’immaturité de ce corps et de cet esprit en for
146 ouligner les mots révélateurs dans le contexte de notre analyse : tout y passerait ! Non seulement ces deux pages se trouvent
147 la petite fille, et tous les autres exemples dont nous avons parlé, loin de relever de la monstruosité ou de la faiblesse, r
148 entre l’élan qui porte l’homme vers l’ange, et le devoir d’aimer les autres, fondement de toute société. « Avec une objectivit
149 macher, celui qui est indifférent à la morale… Je dois t’aimer (pense Agathe) parce que je ne puis aimer les autres. Dieu et
150 été qui condamne la passion et rabat au mariage. Notre temps, qui a probablement perdu la notion de passion amoureuse, parce
151 tous les rapports extérieurs, la personne réelle doit représenter la personne rêvée et même ne faire qu’un avec elle. D’où
152 chent : Ce désir d’un double de l’autre sexe qui nous ressemble absolument tout en étant un autre, d’une créature magique q
153 n étant un autre, d’une créature magique qui soit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations, d’une exis
154 oit nous tout en possédant l’avantage, sur toutes nos imaginations, d’une existence autonome… on en retrouve des traces jus
155 pas un philtre contre ce qui, au dernier moment, nous sépare ? Mais ici, le roman de Musil s’engage dans deux voies diverg
156 e Musil s’engage dans deux voies divergentes : il nous en reste des fragments inégalement poussés, inconciliables. Première
157 n chapitre intitulé Le Voyage au Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous
158 Paradis : C’est notre destin : peut-être aimons- nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait
159 : peut-être aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le mond
160 tre aimons-nous ce qui est interdit. Mais nous ne nous tuerons pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le monde est fu
161 xactement) qu’un roman soit vraiment un roman, et nous passionne ? Les préférences qu’avoue le public interrogé devraient le
162 ne ? Les préférences qu’avoue le public interrogé devraient le porter, si l’on en croit l’enquête, vers une version américaine du
163 iement, à se voir séparé de l’objet de son amour, dût -il vivre auprès de lui dans un silence humilié et sans espoir. Mais q
164 ants dans la mort… Il n’y a qu’un seul roman dans nos littératures ! Une seule passion dictant les mêmes péripéties dans to
165 dans leur retraite forestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’
166 orestière : … Disons adieu à nos espoirs, disons- nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paro
167 à nos espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, gr
168 s espoirs, disons-nous adieu l’un à l’autre. Nous nous dirons encore l’un à l’autre nos paroles secrètes de la nuit, grande
169 Boris Pasternak. Sa lettre au Maître du Kremlin, nous en lisons les termes anticipés dans la scène où Komarovski (l’intriga
170 Il est probable qu’un jour, à bout de forces, je devrai étouffer mon orgueil et mon amour-propre, et me traîner humblement à
171 a vie sociale. D’où la présence continuelle, dans nos trois romans tristaniens, de la Société et de ses conventions ; d’où
172 mplicité d’origine et d’essence, l’amour-passion, nous l’avons vu, n’est guère moins dépendant de cette société qu’il récuse
173 ’il récuse : c’est elle qui lui a fourni, jusqu’à nos jours, les obstacles indispensables. Sur ce point, deux observations
174 ystiques, qu’il échappe à la fin au romanesque et nous fait entrevoir un genre nouveau, qui pourrait intégrer dans la littér
175 entretenait le culte ? Quels tabous subsistant de nos jours pourraient-ils encore provoquer les épiphanies romanesques de T
11 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Deux princes danois. Kierkegaard et Hamlet
176 à la lutte, au cours de la polémique décisive qui devait le mener à la mort. Ainsi, le drame de Kierkegaard fut typiquement ce
177 cette action tragique, une pièce célèbre dont il nous apparaît que la forme et le progrès même présentent avec la biographi
178 e Kierkegaard les plus frappantes analogies. Sans nous attarder sur la coïncidence qui fait d’Hamlet un prince danois — et l
179 t à première vue le drame vécu par Kierkegaard et nous suggèrent un parallèle possible. L’histoire d’Hamlet peut se résumer
180 oir donner le change ». Voici donc Hamlet tel que nous le décrivent les premières scènes du drame de Shakespeare, et Kierkeg
181 vent, mais dont il n’a jamais expliqué la nature. Nous savons cependant que le secret était lié à la mémoire de son père. Il
182 s plus terribles de la réalité la plus cruelle ». Nous avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au H
183 cruelle ». Nous avons dénaturé le christianisme, nous l’avons pris à bon marché, au Heu de nous en reconnaître indignes et
184 anisme, nous l’avons pris à bon marché, au Heu de nous en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer le p
185 u de nous en reconnaître indignes et d’avouer que nous refusons d’en payer le prix. C’est là, dit Kierkegaard, « un crime de
186 a donc usurpation. Le christianisme officiel, de nos jours, joue de la sorte, aux yeux de Kierkegaard, le même rôle que le
187 e de l’Évangile. La tâche apparaît surhumaine. Et nous voyons les deux héros gémir sous le faix qui leur est imposé : « L’ép
188 ous les tons la même idée : il est né pour forcer notre époque détraquée à reconnaître l’absolu chrétien et, sinon à lui obéi
189 les deux cas. Pour Hamlet, c’est très simple : il doit se taire, sinon Claudius le fera sans aucun doute assassiner. Pour Ki
190 lia. Ici, c’est l’exemple vécu de Kierkegaard qui nous aide à comprendre Hamlet. Kierkegaard aime Régine, jeune fille de 17
191 un témoin de la vérité ? Un soldat à la frontière devrait -il être marié ? se demande Kierkegaard. Et lui, qui se bat aux avant-
192 ufrage sur cette jeune fille, ergo la jeune fille doit disparaître. Sur sa perte passe ma route vers un grand but. » Et nous
193 r sa perte passe ma route vers un grand but. » Et nous voyons Hamlet, comme Kierkegaard, se noircir aux yeux de la jeune fil
194 as gai ! » Cependant qu’il avoue en aparté : « Je dois être cruel, mais c’est pour être tendre… » Il convient de marquer ici
195 eur Martensen, prononçant son éloge funèbre, crut devoir saluer sa mémoire comme celle d’un « vrai témoin de la vérité ». Dans
196 c’est bien d’un véritable témoin de la vérité que nous parle le professeur Martensen — et puis enfin crucifié, décapité, brû
197 . En effet, « dans l’ordre esthétique, l’obstacle doit être hors du héros, non pas en lui ». Si l’obstacle à son acte est en
198 son ambiguïté. Celle-ci paraît immédiatement dans notre usage courant du terme de vocation. On dit ainsi d’un jeune garçon qu
199 s qu’un enfant, voici, je ne sais point parler. » Nous dirions qu’il n’a pas la vocation. Précisément, il la reçoit. Elle lu
200 l’esprit. Chez Kierkegaard, l’ambiguïté subsiste. Nous avons vu que sa mélancolie profonde le sépare des autres et, dès l’en
201 oin de la vérité. Cependant, cette ambiguïté dans notre idée courante de la vocation n’est pas celle qui retient Kierkegaard.
202 , après tout, d’être purement imaginaire. À cela, nous ajouterons l’incertitude subjective, celle qui concerne les motifs qu
203 tant que hors de lui. Reprenons une dernière fois notre parallèle dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que la mission
204 une dernière fois notre parallèle dramatique. Il nous faut reconnaître, enfin, que la mission reçue par Hamlet n’est pas un
205 tout acte de foi. Hamlet sait exactement ce qu’il doit faire : tuer l’usurpateur, venger le roi assassiné. Son but est donc
206 ifféremment. Il s’agit de découvrir le rôle qu’on devra jouer dans un drame infini, aussi vaste que l’histoire humaine, dont
207 trame ni l’ensemble — et cependant il faut jouer, nous sommes au monde, nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angois
208 et cependant il faut jouer, nous sommes au monde, nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de la vocation. Je
209 nous sommes au monde, nous sommes en scène malgré nous … Telle est l’angoisse de la vocation. Je disais tout à l’heure que Ki
210  tromperies » — comme il tient à le répéter. Ceci nous porterait à croire que, d’entrée de jeu, tout comme Hamlet, il avait
211 i simples. C’est après coup, le plus souvent, que nos actions apparaissent organisées par une intention générale. Celle-ci,
212 te la structure dialectique de mon œuvre… Non, je dois le dire franchement, ce qui m’échappe, c’est que je puis maintenant a
213 a tâche. Dans un autre passage du même livre, il nous décrit ce que l’on pourrait appeler la psychologie d’une vocation en
214 privé se trouvaient être justement celles que je devais faire comme auteur. Je n’arrivais pas à comprendre comment de petites
215 es hasards et fait flèche de tout bois, souvent à notre insu. Mais ce qu’illustre avant tout ce passage, c’est le paradoxe es
216 marcher. Cette « lumière sur mon sentier », dont nous parle un psaume de David, n’éclaire pas au loin une voie tracée d’ava
217 aides, quels repères, quels principes directeurs nous offrira donc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous prop
218 nc Kierkegaard ? À vrai dire, le seul guide qu’il nous propose, c’est la souffrance, lorsqu’il écrit cette phrase lourde de
219 a vocation, c’est aller dans le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que
220 le sens où la nature nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la
221 ture nous pousse, dans le sens de nos talents, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance non
222 nts, de nos « facilités », tandis que Kierkegaard nous propose la souffrance non pas seulement comme signe et garantie de la
12 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Don Juan
223 « bons sauvages » ni chez les « primitifs » qu’on nous décrit. Don Juan suppose une société encombrée de règles précises don
224 es inventerait pour les violer. Et c’est cela qui nous fait pressentir la nature spirituelle de son secret, si bien masqué p
225 citante victoire ? « La nouveauté est le tyran de notre âme », écrit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’homme de pl
226 sme est une passion de l’esprit, et non pas comme nous aimions le croire une exultation de l’instinct, tout porte à supposer
227 essource financière de Casanova : symbole dont il nous donne maintes fois la clé). Mais une tricherie constante est moins da
228 e qu’il s’est choisi, c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume
229 c’est l’esprit de lourdeur, notre poids naturel, notre faculté naturelle de retombement dans la coutume. L’immoraliste est,
230 stère : c’est qu’en respectant toutes les règles, nous ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous serons condamnés,
231 us ne pourrons jamais que perdre. Alors : ou bien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche
232 e. Alors : ou bien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâ
233 ien nous serons condamnés, ou bien nous recevrons notre grâce. Mais Nietzsche et Don Juan doutent de leur grâce. Les voici do
13 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes I. Méditation au carrefour fabuleux
234 ire : la trivialité, combien plus triviale encore doit être la rencontre de huit routes ! Pourtant, il en est bien ainsi : h
235 profond des forêts de l’âme occidentale. Arrêtons- nous ici pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée de lumière fray
236 e occidentale. Arrêtons-nous ici pour méditer. Et nous suivrons tantôt cette allée de lumière frayée dans les hautes futaies
237 ira-t-il plus tard — dans les Étapes — qu’il aura de n’avoir pas vécu sans aimer, « quoique d’un amour malheureux ». Re
238 comme par une création de logique intrépide. Elle nous impose, par la vertu d’une cohérence inoubliable une interprétation t
239  suprême expression de l’amour », à laquelle il a renoncer pour une raison qui reste son secret dernier. Le mariage éta
240 son ombre, plus brillante que lui-même, et qu’il doit exalter et condamner sans cesse, car elle est lui autant que lui, mai
241 e Johannès, le Séducteur, prouve simplement que «  notre jeune ami reste au-dehors », c’est-à-dire n’entretient encore que des
242 cela veut dire que ce qu’il y a de plus spontané doit être en même temps la décision la plus libre… En outre, l’une de ces
243 n la plus libre… En outre, l’une de ces choses ne doit pas suivre l’autre, la décision ne doit pas arriver par-derrière à pa
244 choses ne doit pas suivre l’autre, la décision ne doit pas arriver par-derrière à pas de loup : le tout doit avoir lieu simu
245 pas arriver par-derrière à pas de loup : le tout doit avoir lieu simultanément. » Suivent cent pages au cours desquelles le
246 e heureux, dans un mariage par exemple, cet amour devrait opérer le miracle de « faire du différent l’égal », créant ainsi la p
247 à ses yeux le mariage. Par amour pour Régine, il doit donc s’éloigner, bien qu’il ne cesse de s’adresser à elle, sous le co
248 plutôt l’inverse, — ne correspondrait à rien dans notre perspective, et n’aiderait à déceler aucun sens vérifiable. En effet,
249 la décision fondant le mariage symbolisait aussi, nous l’avons vu, le fondement même de toute éthique existentielle. Mais vo
250 ceptionnelle. Le mariage est interdit à celui qui doit être l’Exception : Au soldat qui monte la garde aux frontières, est-
251 soit dit dans un sens spirituel — se marier, s’il doit jour et nuit se battre non pas contre les Tartares et les Scythes, ma
252 cette femme qui l’a ainsi enthousiasmé, il aurait pourtant s’unir pour la vie. Mais l’existence l’énonce autrement. Tou
253 solitude de son cœur, « c’est alors seulement que nous sommes unis ».) Régine s’est mariée ailleurs. Le dernier appel qu’il
254 tablit l’exigence existentielle. Le sujet du « Tu dois aimer » ne saurait être, en effet, que l’Individu. Or on sait que cet
255 ur. » C’était là le prochain par excellence, et —  nous le savons par le Journal — c’était Régine ! Plus tard, le concept d’i
256 nelle de Søren Kierkegaard lui-même. Vocation qui devait le mener à sa perte, puisqu’il mourut d’une longue passion unique pou
257 plications pourquoi l’amour en tant que passion —  notre spécialité européenne — doit être nécessairement d’origine noble. On
258 tant que passion — notre spécialité européenne — doit être nécessairement d’origine noble. On sait que son invention doit ê
259 rement d’origine noble. On sait que son invention doit être attribuée aux chevaliers-poètes provençaux, ces hommes magnifiqu
260 battre la violence d’un instinct est en dehors de notre puissance ». Dans le procès de maîtrise d’un instinct : … l’intelle
261 tinct, qui est le rival de celui dont la violence nous tourmente, que ce soit le besoin de repos, ou la crainte de la honte
262 éfastes, ou bien encore l’amour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un
263 ien encore l’amour. Donc, tandis que nous croyons nous plaindre de la violence d’un instinct, c’est au fond un instinct qui
264 es facultés de l’imagination… Les images du mythe doivent être les esprits tutélaires invisibles et omniprésents, propices au d
265 sique à sa perfection, chez les Grecs comme parmi nous , mais elle y ajoute aussitôt le mythe tragique, et le héros tragique
266 sur ses épaules le fardeau du monde dionysien et nous en délivre. … Entre la portée universelle de sa musique et l’auditeur
267 e, sans la sauvegarde de cette illusion. Le mythe nous protège contre la musique, et lui seul, d’autre part, donne à celle-c
268 gaieté, l’irresponsabilité ! Vivons au-dessus de nous afin de pouvoir vivre avec nous-mêmes ! » Que s’est-il passé entre-te
269 ustra ? « Insouciant et railleur, violent — ainsi nous veut la sagesse. Elle est femme… » Que dit Aurore ? « Il n’y a encore
270 fus : La nouvelle passion. — Pourquoi craignons- nous et haïssons-nous la possibilité d’un retour à la barbarie ? Serait-ce
271 le passion. — Pourquoi craignons-nous et haïssons- nous la possibilité d’un retour à la barbarie ? Serait-ce peut-être parce
272 es de tous les temps avaient plus de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est t
273 de bonheur : ne nous y trompons pas. — Mais c’est notre instinct de connaissance qui est trop développé pour que nous puissio
274 t de connaissance qui est trop développé pour que nous puissions encore apprécier le bonheur sans connaissance, ou bien le b
275 le bonheur d’une illusion solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à nous représenter un pareil état de choses ! L’inq
276 n solide et vigoureuse ; nous souffrons rien qu’à nous représenter un pareil état de choses ! L’inquiétude de la découverte
277 de la découverte et de la divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne
278 a divination a pris pour nous autant de charme et nous est devenue tout aussi indispensable que ne l’est, pour l’amoureux, l
279 r l’état d’indifférence ; — oui, peut-être sommes- nous , nous aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée
280 at d’indifférence ; — oui, peut-être sommes-nous, nous aussi, des amants malheureux. La connaissance s’est transformée chez
281 alheureux. La connaissance s’est transformée chez nous en passion qui ne s’effraie d’aucun sacrifice et n’a, au fond, qu’une
282  Cette pensée, elle aussi, est sans puissance sur nous . Le christianisme s’est-il donc effrayé d’idées semblables ? La passi
283 aphorisme d’Aurore se termine ainsi : Où voulons- nous aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette pa
284 termine ainsi : Où voulons-nous aller ? Voulons- nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui
285 us aller ? Voulons-nous donc franchir la mer ? Où nous entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous sur toute autre
286 entraîne cette passion puissante, qui prime pour nous sur toute autre passion ? Pourquoi ce vol éperdu dans cette même dire
287 et s’éteignirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions att
288 nirent ? Dira-t-on peut-être un jour de nous que, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une
289 ue, nous aussi, gouvernant toujours vers l’ouest, nous espérions atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était notre desti
290 s atteindre une Inde inconnue, — mais que c’était notre destinée d’échouer devant l’infini ? Ou bien, mes frères, ou bien ?
291 uan-Tristan, telle que je l’ai formulée ailleurs, doit être ici rappelée en quelques phrases : Considérons le Don Juan du t
292 ns l’ensemble d’une société aussi complexe que la nôtre . L’Éthique condamne en principe les deux mythes. En fait, elle exige
293 t de considérer, l’éclipse du mythe de la passion devait faire apparaître l’antithèse de Tristan. Si Don Juan n’est pas, histo
294 si le jus primæ noctis serait plutôt une sorte de devoir littéralement « religieux » du seigneur. Dans la nuit, sous le masque
295 e synthèse dans la durée des éléments variés dont nos deux mythes symbolisent l’excès ou l’échec, la plupart des couples ré
296 eur véritable nature, et des fins vers lesquelles nous conduisent leurs structures. Du point de vue de l’histoire et de la p
297 ’une situation, tout pronostic sur son évolution, devront donc s’établir sur cette base. Il en va de même pour une vie personne
298 fins auxquelles chacun de ses termes s’ordonne et nous incline, selon sa loi. Mais il se peut aussi qu’une fois ces fins rec
299 final des deux mythes Quelles sont les fins de nos vies au-delà de survivre, travailler et gagner de l’argent, qui ne so
300 nt, qui ne sont au vrai que des moyens ? Limitons- nous aux quatre que voici : la durée, le bonheur, la liberté, l’amour. La
301 ’un se voudra Tristan, l’autre Don Juan. Don Juan nous chante qu’il n’est heureux que dans l’instant, la nouveauté et le cha
302 rai que Don Juan « raisonne » ainsi, en chacun de nous à ses heures. C’est qu’il oublie qu’une femme n’est pas une pomme. Et
303 aine, parce que, selon la légende primitive — que nous rappelle un analyste freudien — « il ne lui a pas donné l’âme qu’il l
304 reudien — « il ne lui a pas donné l’âme qu’il lui devait … Il a trompé la femme en elle, en abusant de son rôle divin d’animate
305 ltières et les plus fascinantes pour l’esprit. Il nous rappelle aussi que la durée n’est pas seulement la réalité du couple,
306 véritable ? Seule une estimation bien assurée de notre vie dans ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettra
307 ce monde-ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnation présente n’est q
308 bsurdité, nous mettrait en mesure de répondre. Si notre incarnation présente n’est que souffrance et illusion — souffrance à
309 ique, matérielle et biologique, le mariage est un devoir civique, et Don Juan serait alors la liberté, un reflet inversé de l’
310 ’explique pas, on s’en doute, la nature en soi de nos mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux ima
311 s mythes, qui sont phénomènes de l’âme. Mais elle nous aide à mieux imaginer le processus de leur action ; peut-être aussi d
312 it, l’orchestre multiplie les appels au plaisir. ( Nous sommes maintenant dans le palais.) Brusquement tout s’arrête à l’entr
313 n, mais elle y succombera. Or cette liberté seule nous intéresse ; les autres ne sont guère que revendications déterminées d
314 ffle du Monde est encore une « tourmente » !) que nous laissent les dernières mesures de Tristan. L’amour. — Ici la dialect
315 sa passion est dans le moi distinct, et si ce moi doit s’abîmer dans l’inconscient tout-englobant, il n’y a plus d’objet, ni
316 l’amour de l’amour dans un sujet qui, lui aussi, doit s’évanouir. Que reste-t-il ? Comme d’autres perdent, pour sauver leur
317 ude de l’amour — et sa rareté merveilleuse ! Mais nos arts devant elle ont toujours reculé. Et nos littératures, impuissant
318 Mais nos arts devant elle ont toujours reculé. Et nos littératures, impuissantes à créer le mythe du mariage idéal, ont véc
319 fonction proprement vitale, ou devenue telle dans notre évolution. Ils ne sont pas seulement nos tentations majeures, mais de
320 e dans notre évolution. Ils ne sont pas seulement nos tentations majeures, mais des signes chargés de sens. Qu’ils se lèven
321 chargés de sens. Qu’ils se lèvent soudain devant nous , fascinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de nous accompagner
322 scinants comme un rêve d’autres nuits, au lieu de nous accompagner dans l’ombre, et nous savons que le moment est venu de vi
323 its, au lieu de nous accompagner dans l’ombre, et nous savons que le moment est venu de virer de cap, ou bien d’affronter la
324 nge vivant. Enfin tous les deux ont raison contre nos morales de série, hygiéniques, étatiques, et sans style ni virtu. Dès
325 yle ni virtu. Dès qu’un déséquilibre se trahit en nous , ou provoque une crise dans le couple, ils s’y jettent et l’aggravent
326 onne, et la vie même. Mais sans eux, que seraient nos amours ? 23. Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, n° 106. 24.
327 90-191. 43. Ecce Homo. 44. Le choc profond que dut éprouver Nietzsche, à cette nouvelle, précède donc de très peu l’illu
328 jeunes gens (Minotaure-Morholt-Hitler). Puis il a s’éloigner de nouveau, écœuré par l’intrigue des barons félons. Certe
329  À propos de Dona Anna : les biographes de Mozart nous assurent que ses contemporains ne doutaient pas un instant que Dona A
14 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes II. Les deux âmes d’André Gide
330 Un complot de protestants Tout compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour de juin 39 où, dans le hall de la rue
331 complot de protestants Tout compte fait, nous nous connaissions peu, ce jour de juin 39 où, dans le hall de la rue Sébas
332 rête, il paraît attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos
333 t attendre. Je pose le récepteur et nous sortons. Nous voici sur un banc du boulevard Saint-Germain. Les autos passent tout
334 it : « J’ai un studio… ». Le lendemain, très tôt, nous arrivons chez lui. Le studio est vaste et plaisant, agrémenté d’un es
335 e ses poches, il tire deux bouteilles de bière et nous les offre. Au milieu du studio pend un trapèze. Gide s’y appuie des d
336 ’y appuie des deux mains, se balance en regardant nos valises. « Tout cela s’est arrangé si soudainement, dit-il, c’est inq
337 t pas besoin du commerce physique, pas autant que nous … Hélas ! je n’y voyais pas clair… On se trompe ainsi, et les conséque
338 roire cela ! Il ne faut jamais croire ce qu’elles nous disent… ». Il a pris une expression angoissée et crispée. « Je vous p
339 e moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de phrases, Littré. Et quelquefois, littéra
340 s qu’il torturait Gide, hors quelques crises dont nous avons les témoignages, mais il restait, pour lui, un problème. Gide a
341 réduit à quelques partis pris éthiques ? Ce débat nous éloignerait de la réalité de Gide. Une intense affectivité le liait,
342 ait, s’émouvait… Peu d’écrivains, même chrétiens, nous ont montré pareil amour pour l’Évangile, et cela jusque dans les anné
343 e pour autant.) Gide était individualiste. Savons- nous encore mesurer le sens et la portée de cette banalité, en vérité biza
344 bre, multipliées et prolongées après sa mort dans notre siècle. Elles relèvent de l’esprit de parti, qui est le contraire de
345 de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement da
346 t qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dan
347 bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parc
348 vir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer n
349 nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’
350 incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du
351 temps de sa vie (une bonne dizaine d’années après nos entretiens) Gide, écrit le Dr Delay « me dit attacher une importance
352 extrême de la séparation étant la mort, Emmanuèle devra mourir, et André note (dans un projet de roman, anticipant la réalité
353 ur triomphera de toutes les entraves. » Cet amour doit s’élever à une extase libératrice : « un nirvana prodigieux, où le mo
354 ) Et voici le trait final, décisif : le désir pur doit être sans amour. (Donc l’amour pur doit être sans désir). Dans Si le
355 désir pur doit être sans amour. (Donc l’amour pur doit être sans désir). Dans Si le grain ne meurt, à la page où il décrit s
356 œur ? Mon plaisir était sans arrière-pensée et ne devait être suivi d’aucun remords.69 » C’est de cette « joie immense » que G
357 ion.73 » Élevé par des femmes qui furent toutes, nous dit-il, « d’admirables figures chrétiennes » — sa mère, sa gouvernant
358 ne reverra jamais n’est certes pas bien vu dans «  nos milieux », mais du moins ne viole pas le suprême interdit. Cette gran
359 e pas le suprême interdit. Cette grande audace de notre immoraliste est le type même de la demi-mesure, du compromis d’ailleu
360 ivés, isolés l’un de l’autre — et que symbolisent nos deux mythes —, j’oserai dire à mon tour, inversant son aveu et le rap
361 pporté qui ne confirme une telle image. Celui que nous avons pu connaître n’était ni le mari transi d’Emmanuèle, ni le nomad
362 e cette fuite de l’âme dédoublée, et comment elle devait se produire à la longue dans l’évolution de sa personne. Gide fut-il
363 d’une fin d’époque cruelle et déjà tout absurde à nos yeux, comme peuvent paraître absurdes ou dénués d’intérêt les conflit
364 une dramatique de l’âme qui vivra bien autant que notre Occident et ses mythes ? Nietzsche se vantait d’avoir écrit le seul o
365 oubadours, je ne puis m’empêcher de penser qu’ils devaient être homosexuels pour la plupart. » Je réponds qu’en effet, plusieurs
366 était bien fait pour le scandaliser. L’action de nos deux mythes, dans l’existence de Gide, n’est donc ni « littéraire »,
15 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — Rudolf Kassner et la grandeur humaine
367 de sa gloire secrète. Qui l’a mis à son rang dans notre siècle ? Les meilleurs, certes, mais presque seuls : Valéry, Gide, El
368 du point de vue des valeurs vitales (problème que notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut attein
369 eurs vitales (problème que notre xviie siècle se devait de ne pas poser). L’homme antique peut atteindre la grandeur parce qu
370 astre. L’homme chrétien au contraire, l’homme qui doit être surpassé, vit dans la démesure, et lorsqu’il « veut prendre mesu
371 de charme mais sans forme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais… Cet homme indiscret est dist
372 rme et sans but, peut bien nous stimuler, mais ne nous détermine jamais… Cet homme indiscret est distrait, et sa distraction
373 éfléchie qui préside à son analyse de l’indiscret nous vaut une description inégalable du mal du siècle. Ici, le mépris ne p
374 privilège d’avoir parlé sans complicité de ce qui nous détruit : Rudolf Kassner donne la sensation à peu près unique en ce t
375 tions personnelles, parlementarisme intérieur qui nous mène lentement à l’impuissance. (Si Kassner exprime un tourment, c’es
376 Kassner se garde bien de poser les problèmes dans nos catégories psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont
377 s psychologiques. Il prend tout par des biais qui nous sont peu familiers. Et puis enfin, voilà une philosophie qui postule
378 valeurs, non de la seule exactitude des pensées — nous connaissons le modèle immortel, le Livre de Job. Il serait curieux d’
379 tudes intermédiaires. Elle est un acte de vision. Nous montrant d’un seul coup, sans transition, plusieurs objets que la cou
380 de comparaisons. De quels autres moyens disposons- nous , qui soient ordonnés à cette fin ? Ce sont moyens de poésie, c’est-à-
381 i en fait voir un grand nombre d’autres, et qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’aprè
382 t qu’on nous fait découvrir tout d’un coup ce que nous ne pouvions espérer qu’après une grande lecture. » Ainsi s’opposent e
383 dans mon esprit seulement et qui ne pouvait ni ne devait l’être autrement, je le voyais bien, je jouais encore avec l’idée que
384 , je jouais encore avec l’idée que cette relation devait exclure tout bavardage et comporter quelque cérémonial : seul devant
385 n tension dialectique — du moins s’ils comptent ? Nos trop rares entretiens m’ont appris sur Kassner cela surtout qu’il a s
386 u ratés exemplaires. Cette collection de types de notre siècle puisait dans l’Europe de naguère — surtout viennoise — ses élé
387 ble. D’où l’image qui me vint à l’esprit, pendant notre première rencontre, de cet archer qui tire les yeux fermés et atteint
388 erre de 1914, et plusieurs témoignages importants nous en demeurent : lettres de Rilke à leur amie commune, la princesse de
389 à la grandeur. Relisons les essais qui suivent : nous y voyons que, pour Kassner, Rilke appartient décidément au monde du P
390 but sans le voir (blind), celui qui peut cela ne doit -il pas avoir le but en lui-même ?… Le zen, le tir aveugle, est acte,
391 tir aveugle, est acte, mais cet acte est en outre notre pensée la plus profonde, l’ultime, et, le dirai-je, la pensée sans li
392 onne un nom, ce sera : Bouddha. » Enfin ceci, qui devait combler chez Kassner le penseur existentiel autant que le physiognomo
393 lui aurais dit sans doute : le but du zen est de nous libérer du moi conscient, mais le sens dernier de votre œuvre est de
394 que vous nommez souvent « magie à rebours », vous nous avez montré la voie de la personne, le passage vers l’esprit et vers
395 st négation du personnel ? Ou plutôt, saurez-vous nous faire voir l’unité finale des deux voies ? Nul autre mieux que vous,
396 randeur humaine, traduction anonyme, que je crois due aux soins conjugués de Bernard Groethuysen et de Jean Paulhan. 82. «
397 mpossible, est indiscret, l’autre ne fait que son devoir . » 83. Je viens de lire des propos de Kassner (recueillis par M. Ken
398 alpées… Mais un cérémonial, tel que je l’entends, devrait permettre justement d’éviter ces « cérémonies » ; de saluer, de parle
399 erkegaard une géniale conception de Dieu… ou bien devrait -on le nommer l’Hamlet de l’idée du Dieu-Homme, l’Hamlet de l’idée de
400 r de transformer » par excellence. C’est elle qui nous permet de passer du monde magico-mythique à celui de la personne et d
401 uelque chose » a tiré et touché le but. Inclinons- nous devant le but comme devant Bouddha. » 90. « Aus den Sätzen des Ioghi
16 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — La personne, l’ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient
402 he à les résoudre à l’aide d’un socialisme qui ne doit rien à Shankara. L’Occident découvre Zoroastre à la suite de Nietzsch
403 ng, tandis que la Chine s’industrialise, s’impose notre marxisme et oblitère son mandarinat. Enfin, l’Occident n’a pas plus t
404 r elle-même de ses ressources matérielles. Ce que nous découvrons avec passion dans le tiers-monde, ce n’est pas ce dont il
405 st pas ce dont il vivait, c’est ce qui manquait à nos élites, ou qu’elles ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que l
406 élites, ou qu’elles ne savaient plus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativi
407 lus trouver dans notre foi. Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous déco
408 Ce que le tiers-monde nous emprunte, ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous découvrons leurs secrets spiritue
409 ce n’est pas notre créativité, mais ses produits. Nous découvrons leurs secrets spirituels en même temps que leur misère, qu
410 leur misère, qui en était la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais
411 tait la rançon. Ils adoptent nos formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions
412 formes sociales, nos procédés de gouvernement et nos techniques, mais non pas les tensions spirituelles qui en étaient le
413 ui en étaient le moteur secret. Ce qui était pour nous résultantes d’innombrables poussées et résistances, malaisément équil
414 , qui est une valeur centrale pour l’Occident, il doit en résulter d’infinies conséquences dans tous les domaines du réel, d
415 logique (l’hérédité, l’équilibre endocrinien), et nous le montre d’autant plus distinct, dans sa fonction centrale, totalisa
416 alités « bien vues » à l’Ouest, mais que l’Est se devait d’ignorer, voire de condamner, telles que l’originalité, les droits d
417 l’attestent non moins la mauvaise réputation que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style imper
418 que nous faisons à l’anonyme, la condamnation par nos critiques du style impersonnel ou de la banalité, la dénonciation de
419 el ou de la banalité, la dénonciation de l’on par nos philosophes, et les diatribes marxistes contre l’aliénation. Et comme
420 tes contre l’aliénation. Et comme l’atteste enfin notre notion de l’amour, — à quoi j’entends venir plus loin. L’ange Q
421 les chrétiens, et l’islam. Que serait l’Ange pour nos psychologues ? Une projection du moi individuel ou collectif. Pour le
422 selon les admirables commentaires qu’Henry Corbin nous donne de la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas
423 nous donne de la mystique soufi, « la totalité de notre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous appelons présentem
424 tre être, ce n’est pas seulement cette partie que nous appelons présentement notre personne, car cette totalité inclut égale
425 ement cette partie que nous appelons présentement notre personne, car cette totalité inclut également une autre personne, une
426 utre personne, une contrepartie transcendante qui nous demeure invisible, ce qu’Ibn Arabi désigne comme notre « individualit
427 demeure invisible, ce qu’Ibn Arabi désigne comme notre « individualité éternelle », notre « Nom divin », ce que le vieil Ira
428 désigne comme notre « individualité éternelle », notre « Nom divin », ce que le vieil Iran désignait comme Fravarti 96. » L’
429 empsychose, à la transmigration des âmes. Or elle nous semble à première vue impliquer comme allant de soi la croyance en un
430 opulaires de leurs contrées ; c’est bien plutôt à notre idée de la personne qu’ils opposent leur idée du non-moi. Le vrai mal
431 rai malentendu se serait-il instauré entre eux et nous  ? Entre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons l
432 entre eux et nous ? Entre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons
433 ntre cela qu’ils pensent que nous croyons lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le
434 s lorsque nous affirmons le moi réel, et cela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu
435 ela que nous pensons qu’ils croient en le niant ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représenter contre qu
436 ? Nous avancerons peut-être un peu en cherchant à nous représenter contre quoi se dirigeaient leurs négations, aux temps anc
437 dirigeaient leurs négations, aux temps anciens où nos affirmations n’existaient pas, ou leur demeuraient inconnues. Dès les
438 ur accession à leur vrai moi spirituel, celui qui doit ressusciter en corps glorieux. Védantistes, vishnouites et shivaïtes,
439 s « obscurcie » par son union avec le corps. Elle doit tendre à se libérer du phénomène individuel au lieu que l’âme chrétie
440 phénomène individuel au lieu que l’âme chrétienne doit le transfigurer, — d’où la « résurrection de la chair ». Il en va de
441 riminelles renaissances. »99 Le but est donc « de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interpr
442  de nous apprendre le moyen de ne pas renaître », nous dit une moderne interprète du bouddhisme tibétain100. À l’autre extré
443 nce son jîva, — sans s’ordonner d’avance, dirions- nous , aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-
444 dirions-nous, aux exigences du vrai moi, qui est notre répondant céleste. Et faut-il qu’il existe et qu’il soit fort, ce moi
445 Cela qui n’est pas personnel et se joue à travers notre moi. Ainsi tout l’Orient des doctrines… Et en même temps l’Orient des
446 ut se méfier, et immortalité pour dire longévité. Notre hygiène, augmentant de cinquante ans la durée moyenne de la vie, sera
447 gation du moi », ajoute trois pages plus loin : «  Nous devenons vraies personnes dans la mesure où nous faisons face à l’Un
448  Nous devenons vraies personnes dans la mesure où nous faisons face à l’Un tout-transcendant.105 » (Ce qui est chrétien.) Le
449 e que tu avais avant même d’être né.106 » Par où nous rejoignons un certain christianisme — à partir d’un certain bouddhism
450 ne sont jamais exactement ce que l’on croyait. Si nous souhaitons préciser leur nature, c’est dans les notions de l’amour tr
451 s de l’amour traduisant ces trois conceptions que nous avons les plus grandes chances de les trouver. Dans ce domaine, toute
452 détruisent la personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse « nos » problèmes. Trois écoles de l’amour Si l’amour es
453 personne… Mais l’Oriental sourit et nous laisse «  nos  » problèmes. Trois écoles de l’amour Si l’amour est le premier
454 c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure
455 t son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons, et cette idée du moi révèle l’amour, comme la structure de l
456 trois notions de l’homme que l’on vient d’évoquer nous apparaissent alors comme autant de modèles d’une énergétique de l’amo
457 fets de son action configurante et composante. Et nous les voyons différer d’une manière subtile mais précise par la forme d
458 de la société, les spirituels au nom de l’amour. Nous n’invoquerons ici que les seconds. L’école chrétienne Dans une
459 oi est toujours suscité par l’amour même : « Dieu nous a aimés le premier ». Pour le chrétien, c’est parce que Dieu, qui est
460  Il faut craindre celui qui se hait lui-même, car nous serons les victimes de sa colère et de sa vengeance. Ayons donc soin
461 mproprement) avec l’amour spirituel ? Qui aime en nous , et pour qui ? « Ibn Arabi observe que les plus parfaits amants mysti
462 e » des soufis, comme l’angélologie du mazdéisme, nous fait voir combien plus vivement l’unité première et finale de tout am
463 remière et finale de tout amour ! Peut-être aussi nous fera-telle entrevoir comment le mythe de Tristan — en dépit du pseudo
464 individualité qui est là, qui tombe sous le sens, doit être exténuée méthodiquement (non point transfigurée ou glorifiée) po
465 sorte d’hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous , les causes de souffrance pour autrui.116 » « On ne peut comprendre l
466 oins à la doctrine que ce n’était le cas, jusqu’à nos jours, en Asie. Prenons l’exemple de l’érotisme. Le shivaïsme expliqu
467 sexualité : il pose le désir à la base de tout. «  Nous ne désirons des choses que dans la mesure où elles nous procurent une
468 e désirons des choses que dans la mesure où elles nous procurent une jouissance. La divinité n’est un objet d’amour que parc
469 s de l’Église sur l’ascèse et sur la chasteté, et nous comprendrons à quel point Kierkegaard voyait juste quand il disait qu
470 — pour ma part, je n’en connais point — de ce que nous baptisons amour-passion, et l’on sait à quel point cette forme de l’a
471 semen, sont liées en Asie à la piété, tandis que nos coutumes viennent d’un vieux fond païen et que notre hygiène moderne
472 os coutumes viennent d’un vieux fond païen et que notre hygiène moderne se veut « scientifique ». À cause de la nature du chr
473 variétés dans l’approche de l’ultime réalité. Où nous verrions contradiction, antinomie, ils ne montent pas sur leurs grand
474 harma », sa religion particulière. C’est pourquoi nos contradictions restent si farouchement liées au dogme, tandis que leu
475 e leurs croyances semblent bien se confondre avec les nôtres (semblent bien affirmer, par exemple, la réalité de la personne ou du
476 : Sois détaché et accomplis l’action qui est ton devoir , car en accomplissant l’action sans attachement, l’homme obtient le b
477 ement, l’homme obtient le but suprême. (III, 19.) Notre propre devoir, si humble qu’il soit, vaut mieux que le devoir parfait
478 e obtient le but suprême. (III, 19.) Notre propre devoir , si humble qu’il soit, vaut mieux que le devoir parfaitement accompli
479 e devoir, si humble qu’il soit, vaut mieux que le devoir parfaitement accompli d’un autre. Le dharma d’un autre est plein de d
480 radictoire, dans une philosophie sans dogmatique. Nous parlerons alors d’inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-el
481 us parlerons alors d’inconséquence logique ? Mais notre science n’a-t-elle pas inventé plusieurs logiques, aussi valables l’u
482 on expérience. C’est seulement à partir de là que nos questions deviennent capables de réponses. Sur cette phrase des upani
483 seulement, sans étendue, mais selon le regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou
484 ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. E
485 al. Tous les risques d’erreur sont de notre côté, nous les payons par les névroses ou l’abêtissement spirituel. Eux sont tel
486 l fait d’exister devient pour eux l’équivalent de notre péché originel). Ils en ont fait autant pour les névroses qui s’attaq
487 t fait autant pour les névroses qui s’attaquent à nos « agrégats » individuels : le cosmos actuel tout entier semble résult
488 e du drame. Tous les risques d’erreur sont liés à notre amour ; et plus l’amour est passionné, exigeant, singulier, plus gran
489 exigeant, singulier, plus grand le risque. Ce que nous croyons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce
490 ons aimer en elle, est-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-
491 st-ce elle-même ou l’image de notre ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens,
492 ange ? Ce que nous avons cru voir en elle, et que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous l
493 que nous déifions peut-être à ses dépens, est-ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur su
494 ce notre anima projetée ? Tous les psychanalystes nous l’ont dit : l’erreur sur la personne de l’être aimé est la source des
495 . Dans ce moi peu ou point différencié que la vie nous offre, avec son programme génétique insondablement plus ancien que no
496 rogramme génétique insondablement plus ancien que notre individu naturel, et qui lui survivra dans le cours des siècles, sans
497 me a besoin pour s’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’
498 ’accomplir, et par ce culte que nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais qu
499 le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le
500 t dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.125 » — Je veux voir l’autre en sa réali
501 ne peut aimer, sauf l’égoïste. Il y a l’amour, et nous pouvons seulement devenir amour. Et tu sais bien que tu ne dois aimer
502 eulement devenir amour. Et tu sais bien que tu ne dois aimer que ton « Dieu » dans ses créatures, puisqu’il est dit de Lui q
503 est dit de Lui qu’il est amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous crée comme personnes bien distinctes. Tu ne
504 amour. — Mais Dieu pour nous est une Personne, et nous crée comme personnes bien distinctes. Tu ne vois pas la femme que tu
505 produit la technique et les sciences, mais aussi nos structures sociales et politiques, les droits de l’homme et une extra
506 cipée. La petite phrase de saint Paul au début de notre ère, « Dieu tout en tous », d’un seul trait fulgurant décrit cette fi
507 La doctrine qui peut devenir vraie sera celle que nous choisirons, en vérité vécue de conscience et d’action. Les résultats
508 uels et historiques sont ambigus à l’infini, pour nos mesures. Les peuples sont dans l’ignorance malheureuse des origines e
509 même qu’ils meurent parfois pour leurs croyances. Nous voyons ce que l’Orient est resté jusqu’ici, et que ses doctrines d’ex
510 uches à nourrir, et demain de cerveaux à diriger. Nous pressentons dans la terreur et l’espérance ce que l’Occident peut dev
511 niverselle. Car c’est au secret des personnes que nous tentons d’écouter la Personne, mais c’est dans la matière que nous ch
512 outer la Personne, mais c’est dans la matière que nous cherchons le Soi. « D’autant plus nous connaissons les choses particu
513 atière que nous cherchons le Soi. « D’autant plus nous connaissons les choses particulières, dit Spinoza, d’autant plus nous
514 choses particulières, dit Spinoza, d’autant plus nous connaissons Dieu. » La création tout entière, « soumise à la vanité »
515 mentaux qui constituent la « personne » ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc.
516 stituent la « personne » ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-
517 ersonne » ; ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve êt
518 ce sont nos instincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par
519 stincts, nos tendances, nos idées, nos croyances, nos désirs, etc. Chacun de ceux-ci se trouve être, de par les causes qui
520 se perdent dans les profondeurs de l’éternité. » Nous connaissons assez bien cela en Occident. Bismarck écrit : « Faust se
17 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — L’amour même
521 bien de l’âme de ceux qu’on massacrait, et comme nous le montre aujourd’hui la « vertu » des États totalitaires. Celui qui
522 me forme de l’amour est dite physique, encore que nous sachions très bien que le sexe est lié comme nulle autre fonction à l
523 exualité quand vient son temps. Les confusions de notre langage courant semblent parfois assimiler l’amour au sexe, mais elle
524 e au niveau de signification où l’homme spirituel doit atteindre avec l’ensemble de ses facultés.) La sexualité en elle-même
525 s l’opéra, Don Juan n’est plus qu’un corps, qu’on nous montre mangeant, buvant et célébrant les femmes. L’esprit entièrement
526 monde des sensations, lorsque au-delà des corps à notre échelle, au-delà du domaine de l’individuation, au-delà même de la ma
527 respondent trait pour trait aux quatre amours que nous venons d’identifier. (Et si l’on remonte aux tarots, on verra qu’il n
528 ue sur cette petite Terre suspendue dans le vide, nous marchions sur du vide et vers le vide, n’étant nous-mêmes que furtifs
529 ements d’une seconde dans l’histoire de ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous apparaissent grandes et majestu
530 ce grain, notre Terre, des civilisations passées nous apparaissent grandes et majestueuses ; bien plus, qu’au détour d’un s
531 u détour d’un sentier suivi dans la forêt d’avril nous attende une révélation du bonheur pur ; qu’il ait suffi de l’inflexio
532 le point de la vie ; qu’il y ait tels moments où nous sommes convaincus que « tout » dépend d’une décision à prendre ; qu’u
533 loré, déployé, dense et stable s’étende autour de nous qui allons dans sa durée ; — qu’il y ait donc tout cela mais le vide,
534 des paysages, des visages, une Nature, autour de nous , qui apparaît désormais grâce et don, miraculeuse ; et que la Vacuité
535 lle, l’enfer cosmique. L’incarnation présente est notre grâce. Elle seule crée du même coup la couleur, le toucher, la vue lo
536 plénitude, vers le Plérome. Car cette Nature qui nous paraît miraculeuse n’est encore qu’un mirage reflété sur le Vide, si
537 où la possession soit entière. Certes, la science nous donne, dès maintenant, des « ailleurs » dont les siècles derniers cro
538  : elle les calcule exactement. Que sont-ils pour notre désir ? Ce Vide qui baigne tout ? L’antimatière ? D’autres mondes par
539 atière ? D’autres mondes parallèles, qui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de no
540 parallèles, qui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos
541 ous voulons l’au-delà, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un ref
542 à, et non pas le contraire de nos angoisses et de nos joies, l’au-delà qui transforme et non pas un reflet ! Un poète mineu
543 e, l’autre monde de la science : il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et maintenant, et nous ne le voyons pas,
544 science : il est là, parmi nous et tout autour de nous , ici et maintenant, et nous ne le voyons pas, quoique étant assurés d
545 ous et tout autour de nous, ici et maintenant, et nous ne le voyons pas, quoique étant assurés de sa présence instante. Il n
546 ant assurés de sa présence instante. Il n’est pas nous . Mais il y a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce mo
547 sence instante. Il n’est pas nous. Mais il y a en nous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce monde », et qui pourtan
548 de ce monde », et qui pourtant est « au-dedans de nous  », car il est plus nous-mêmes que nous, parce qu’il est en chacun de
549 -dedans de nous », car il est plus nous-mêmes que nous , parce qu’il est en chacun de ceux qui le reçoivent « le Fils de Dieu
550 a part céleste, le répondant de l’Ange qui sera «  notre effigie » au cercle de feu qu’a vu Dante. Et par quelle parabole le r
551 u Dante. Et par quelle parabole le représenterons- nous  ? « Il est semblable à un grain de sénevé, la plus petite de toutes l
552 monde et personne, désir, souffrance et joie. Et nous pouvons aimer ces formes parce que l’amour les a formées : nous le re
553 imer ces formes parce que l’amour les a formées : nous le reconnaissons en elles, comme il les appelait en nous. L’amour seu
554 reconnaissons en elles, comme il les appelait en nous . L’amour seul explique tout, et l’être-en-soi n’est qu’un mot désigna
555 pu douter de l’être, et du devenir, et de toutes nos idées sur « Dieu », je n’ai jamais douté de l’amour même. J’ai pu dou
556 plupart des vérités successivement démontrées par nos sciences ; et je ne cesse de douter de notre image du monde, du vide
557 es par nos sciences ; et je ne cesse de douter de notre image du monde, du vide et des distances inconcevables calculées à pa
558 des distances inconcevables calculées à partir de nos formes. (Je pressens trop de raccourcis, et qu’on trouvera !) Mais je
559 ux dire : de chercher jusqu’au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer de tout notre être enfin réalisé, dans le Tout enfin c
560 au bout ce qu’un jour nous pourrons aimer de tout notre être enfin réalisé, dans le Tout enfin contemplé. Quand l’Amour sera
18 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Annexe I. L’amour selon les évangiles
561 l’Épître de Jean I, 4, 7-21 : Bien-aimés, aimons- nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est n
562 our. … Et cet amour consiste non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés le premier… Si Dieu no
563 en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés le premier… Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nou
564 mais en ce qu’il nous a aimés le premier… Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Perso
565 s a aimés le premier… Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Di
566 imés le premier… Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si
567 er… Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous
568 uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. L’amour parfait
569 les autres. Personne n’a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. L’amour parfait bann
570 s nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous . L’amour parfait bannit la crainte. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, e
571 es cités, dans le contexte général des évangiles, doivent être interprétés « en esprit et en vérité » : on n’y trouve pas un se
572 sée dans « ce siècle », dans le monde apparent où nous vivons. 2. Jésus n’a jamais parlé de sa naissance virginale. Pas une
573 la phrase de saint Paul. 6. Le péché signifie de nos jours, pour le chrétien moyen (si l’on ose dire) essentiellement l’im
574 lois » de la vie sexuelle. On voit donc où le bât nous blesse, en Occident. 7. En regard des déclarations constantes de Jésu
575 liaux, voici dans l’Évangile une « omission » qui doit faire réfléchir puritains et ascètes : lorsque le diable tente Jésus
19 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Annexe II. Misère et grandeur de saint Paul
576 si elles ne comportent pas un sens ésotérique qui nous échappe. Une bonne moitié de ses épîtres consiste en imprécations con
577 u un psychanalyste jugeraient un grand penseur de notre époque, serait d’un naïf et ridicule anachronisme. Mais accepter « co
578 s »… 131. Cf. I Corinthiens, II, 4-16. La femme doit se voiler la tête ou sinon, « c’est comme si elle était rasée… L’homm
579 on, « c’est comme si elle était rasée… L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image de la gloire de Dieu, t
580 omme… C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend ». C’est
581 chevelure lui a été donnée comme voile ». Et qui nous enseigne ces grandes vérités ? La Nature ! (v. 15). Comme s’il sentai
582 ul conclut : « Si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude… ».
20 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Annexe III. Post-scriptum
583 les Gide était économiste. L’économie s’occupe de nos richesses, production et répartition. Admettons que « l’impudicité »
584 d’hui. Ils seront 6 milliards en l’an 2000. S’ils devaient continuer de croître et de multiplier au rythme actuel (la population
585 l’homme à se contenter d’une seule femme, et pour nous donner des enfants : mais c’est la première qui est la principale… Qu
586 u’elle ne repose sur aucune preuve ou enquête, et nous laisse ignorer la nature de la catastrophe alléguée : serait-elle phy
587 une discipline venue d’Orient et qui se répand de nos jours sur toute la Terre. Mais un autre passage du même livre nous ré
588 ute la Terre. Mais un autre passage du même livre nous révèle ce dont il s’agit : « Les vrais yogis professent que le spasme
589 le Shiva samhita « détruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secrets ». Dans la seconde version de L’
590 e sa vitalité en perdant le semen correspond chez nous — me disent les psychiatres — à un symptôme de névrose caractérisée.
591 n (s’ils n’ont pas pu ou pas voulu le retenir) ne nous semble pas correspondre à des réalités physiologiques. Le semen ne re
592 r l’ordonner à certaines fins plus « idéales », —  nous dirions : pour le sublimer, soit en plaisir détaché de l’instinct, so
593 se de poser et de reposer dans tous les ordres, à notre civilisation. D’où la nécessité de ce rappel technique, au terme d’un
594 re au même dosage, ou simplement indifférent. Or, nous savons que l’amour est le fait des personnes, et qu’il n’en est pas d
595 t une prison, si « laxiste » soit-elle. Voilà qui nous ramène irrésistiblement au paradoxe évangélique et paulinien : pour l
596 ent, et notamment depuis le romantisme, puisse et doive être modifiée. Mais d’abord il s’agit de mieux la voir, comme j’ai te